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mardi, 19 février 2019

Le féminisme US par-delà le rien et le mâle

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Le féminisme US par-delà le rien et le mâle

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Les médias expliquent qu’on demande, qu’on exige une présidente féministe en Amérique… Ah, ces élues du congrès en blanc, comme elles les auront émus, ces médias…

Je n’étonnerai personne en écrivant que 90% des antisystèmes sont des hommes, et que lorsqu’on trouve des femmes dans les rangs antisystèmes, c’est essentiellement par islamophobie. Ceci concédé, notre monde aux affaires repose sur les valeurs féminines : « pleurnicherie humanitaire » (Muray), hystérie belliciste, autoritarisme tortueux (Merkel, Clinton…). Sans oublier la haine du sexe et de la reproduction, qui sont devenues des valeurs féministes. Dans l’Espagne féministe-socialiste de Sanchez, le sexe doit se faire avec notaire.

Le Deep State et l’empire nous préparent un après-Trump (je laisse de côté le gros poisson décevant) qui sera pire que la candidate hilarante. On pense à la Cortez-machin et à ses clones ; on aura alors un bolchévisme écologiste et belliciste à la sauce féministe et antiraciste aux affaires. L’Amérique pourra-t-elle le supporter ? On espère que non et qu’elle s’écroulera avec son gnosticisme politique – sauf si elle nous emporte dans sa chute. Toujours est-il que cette montée planétaire et quelque peu comique du féminisme aboutira de toute manière à l’extinction de l’occident et sans doute du monde. On s’en moque d’ailleurs car on ne regrettera pas ce qui est devenu si méprisable. La multiplication des hommes-enfants politiques de type Macron, Sanchez, Obama, Rivera et autres (des « macroncitos » comme on dit en Espagne) montrent ce triomphe de la cause féministe qui repose sur une alliance avec les lobbies ultras des minorités sexuelles.

Nous allons nous citer dans cette affaire :

« Autoritaire et humanitaire, Angela Merkel incarne le péril féministe ; voyez L’Express qui évoqua dans une manchette débile ces femmes qui sauvent le monde. En réalité si nous avions eu Hillary Clinton au pouvoir, nous aurions déjà la guerre mondiale. Merkel incarne l’esprit de la nursery décrit en 1921 par Chesterton lors de son voyage en Amérique. Pour Chesterton la féministe (la fasciste ou la bolchéviste au féminin) considère le citoyen comme un enfant, pas comme un citoyen :

“And as there can be no laws or liberties in a nursery, the extension of feminism means that there shall be no more laws or liberties in a state than there are in a nursery.”

C’est ainsi du reste que fonctionne la démocratie en Europe bruxelloise : comme dans une nursery, avec des peuples infantiles et bien soumis, sauf la minorité machiste-populiste-raciste qui horrifie  raisonnablement les medias bien-pensants. Le féminisme devient le noyau du totalitarisme postmoderne. On retrouve comme toujours Tocqueville et son pouvoir prévoyant, tutélaire et doux, qui cherche à nous fixer dans l’enfance.

J’ajoutais alors :

« Les froides fonctionnaires sans enfant remplissent nûment leur tâche ingrate, oubliant au passage que l’homme a été créé égal à la femme, l’électeur à son élu.

Evoquons les harpies bellicistes… Sur ce sujet Philippe Grasset remarquait « la tendance  d’Obama à s’entourer de créatures essentiellement féminines, les Harpies diverses, Nuland, Rice, Flournoy, Clinton, Power, les personnages les plus extrémistes de toutes les administrations depuis des décennies, sinon les plus extrémistes de toute l’histoire de la diplomatie US. »

Emmanuel Todd avait dénoncé la dérive féministe de la diplomatie américaine. Il analysait les agendas du féminisme ombrageux dans son presque impeccable Après l’empire :

« L'Amérique, dont le féminisme est devenu, au cours des années, de plus en plus dogmatique, de plus en plus agressif, et dont la tolérance à la diversité effective du monde baisse sans cesse, était d'une certaine manière programmée pour entrer en conflit avec le monde arabe, ou plus généralement avec la partie du monde musulman dont les structures familiales ressemblent à celles du monde arabe, ce que l'on peut nommer le monde arabo-musulman. »

Todd ajoutait :

« Il y a quelque chose d'inquiétant à voir une telle dimension devenir un facteur structurant des relations internationales. Ce conflit culturel a pris depuis le 11 septembre un côté bouffon et à nouveau théâtral, du genre comédie de boulevard mondialisée. D'un côté, l'Amérique, pays des femmes castratrices, dont le précédent président avait dû passer devant une commission pour prouver qu'il n'avait pas couché avec une stagiaire ; de l'autre, Ben Laden, un terroriste polygame avec ses innombrables demi-frères et demi-sœurs. Nous sommes ici dans la caricature d'un monde qui disparaît. Le monde musulman n'a pas besoin des conseils de l'Amérique pour évoluer sur le plan des mœurs. »

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L’anthropologue et démographe voyait aussi la dégénérescence gagner le monde scientifique anglo-saxon/occidental à cause de cette idéologisation féministe ; comme on sait toutes les sciences sont compromises en occident PC maintenant, aussi bien les humaines que les dures ou la génétique, ce qui confirme la Chine et la Russie dans leur suprématie technologique et militaire.

Emmanuel Todd donc :

« Le conflit entre le monde anglo-saxon et le monde arabo-musulman est profond. Et il y a pire que les prises de position féministes de Mmes Bush et Blair concernant les femmes afghanes. L'anthropologie sociale ou culturelle anglo-saxonne laisse apparaître quelques signes de dégénérescence (…) Si une science se met à distribuer des bons et des mauvais points, comment attendre de la sérénité de la part des gouvernements et des armées ? »

Si la suite est facile à prévoir (guerre mondiale contre les machos russes-chinois-iraniens, extinction démographique, migrations pleurnichardes, et explosion de la dépense/dette sociale), ce qui précédait ce désastre est à rappeler – et on le retrouvera une fois de plus chez Tocqueville. On relira son ami Gustave de Beaumont avec profit aussi (1). 

Notre génie écrivait, beaucoup plus perspicace que Marx ou Engels dans cette affaire :

« Aux États-Unis, les doctrines du protestantisme viennent se combiner avec une Constitution très libre et un état social très démocratique ; et nulle part la jeune fille n’est plus promptement ni plus complètement livrée à elle-même. »

La femme américaine est plus affranchie que l’homme :

« Longtemps avant que la jeune Américaine ait atteint l’âge nubile, on commence à l’affranchir peu à peu de la tutelle maternelle ; elle n’est point encore entièrement sortie de l’enfance, que déjà elle pense par elle-même, parle librement et agit seule ; devant elle est exposé sans cesse le grand tableau du monde ; loin de chercher à lui en dérober la vue, on le découvre chaque jour de plus en plus à ses regards, et on lui apprend à le considérer d’un œil ferme et tranquille. Ainsi, les vices et les périls que la société présente ne tardent pas à lui être révélés ; elle les voit clairement, les juge sans illusion et les affronte sans crainte ; car elle est pleine de confiance dans ses forces, et sa confiance semble partagée par tous ceux qui l’environnent. »

La conséquence :

« Il ne faut donc presque jamais s’attendre à rencontrer chez la jeune fille d’Amérique cette candeur virginale au milieu des naissants désirs, non plus que ces grâces naïves et ingénues qui accompagnent d’ordinaire chez l’Européenne le passage de l’enfance à la jeunesse. Il est rare que l’Américaine, quel que soit son âge, montre une timidité et une ignorance puériles. Comme la jeune fille d’Europe, elle veut plaire, mais elle sait précisément à quel prix. »

Et cette constatation redoutable :

« Si elle ne se livre pas au mal, du moins elle le connaît ; elle a des mœurs pures plutôt qu’un esprit chaste. »

Ce mixte « d’esprit peu chaste » et de « mœurs très pures » est devenu le fondement de notre société orwellienne et fanatique de la censure. On cherche la petite bête immonde et on châtie. C’est finalement une police politique et même sexuelle qui envahit notre quotidien vitrifié : en France on poursuit les hommes qu’on aurait entendu siffler des filles… En Andalousie, le mari doit avoir un suivi psychiatrique dans le cadre de la loi de la violence de genre… il va de soi que l’homme qui accepte ce type de couvre-feu anti-masculin n’est plus tout à fait un homme. Mais après des siècles de progrès et de libération…

Restons sur Tocqueville ; bien avant toutes ces blanches sages du congrès américain, la jeune fille US effraie notre juriste voyageur (et abominable macho) : « J’ai souvent été surpris et presque effrayé en voyant la dextérité singulière et l’heureuse audace avec lesquelles ces jeunes filles d’Amérique savaient conduire leurs pensées et leurs paroles au milieu des écueils d’une conversation enjouée ; un philosophe aurait bronché cent fois sur l’étroit chemin qu’elles parcouraient sans accidents et sans peine… »

Le monde postmoderne repose sur le ressentiment, celui des ex-esclaves, des ex-colonisés, des ex-femmes, des ex-persécutés, des ex-animaux…, et il ne s’en remettra pas, puisqu’à la destruction intérieure des pays doit s’ajouter la grande guerre sainte extérieure. Il faut épurer/refonder ce monde, et dites-vous qu’elles (et ils) iront jusqu’au bout.

bst.jpgNota : si l’américaine est née comme ça, gnostique en fait –cf. les filles du Dr March ou la péroreuse Beecher-Stowe, l’européenne a dû être transformée, travaillée. Un Nietzsche remonté écrivait dans par-delà le bien… et le mâle : « Sans doute, il existe, parmi les ânes savants du sexe masculin, assez d’imbéciles, amis et corrupteurs des femmes, qui conseillent à ces dernières de dépouiller la femme et d’imiter toutes les bêtises dont souffre aujourd’hui en Europe « l’homme », la « virilité » européenne, — qui aimerait avilir la femme jusqu’à la « culture générale », ou même jusqu’à la lecture des journaux et jusqu’à la politique. On veut même, de ci de là, changer les femmes en libres penseurs et en gens de lettres. »

Et Nietzsche d’ajouter justement dans son splendide texte : « tout cela est la révélation, sinon d’une déchéance de l’instinct féminin, d’une mutilation de la femme. »

Et on ne parlera pas de la mutilation/déchéance des hommes !

Note

(1) Gustave de Beaumont écrit sur cette femme américaine isolée, abstraite et gnostique : « Sa vie est intellectuelle. Ce jeune homme et cette jeune fille si dissemblables s'unissent un jour par le mariage. Le premier, suivant le cours de ses habitudes, passe son temps à la banque ou dans son magasin ; la seconde, qui tombe dans l'isolement le jour où elle prend un époux, compare la vie réelle qui lui est échue à l'existence qu'elle avait rêvée. Comme rien dans ce monde nouveau qui s'offre à elle ne parle à son cœur, elle se nourrit de chimères, et lit des romans. Ayant peu de bonheur, elle est très religieuse, et lit des sermons. »

Sources

Alexis de Tocqueville, De la démocratie, II, troisième partie, chapitre 9 (classiques.uqac.ca)

Gustave de Beaumont – Marie, ou de l’esclavage (classiques.uqac.ca)

Nietzsche – Par-delà le bien et le mal, § 239

Gilbert Keith Chesterton – What I saw in America (Gutenberg.org)

Nicolas Bonnal – Machiavel et les armes de migration massive ; Nietzsche et la guerre des sexes ; les grands westerns américains, une approche traditionnelle et rebelle (Amazon.fr)

Emmanuel Todd – Après l’empire (Gallimard)

11:38 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, féminisme, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

D'une conférence à l'autre, la guerre américaine en Europe

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D'une conférence à l'autre, la guerre américaine en Europe

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Lors de la récente conférence de Varsovie organisée par Washington avec les bons services de la Pologne,  les Américains avaient tenté de former un front uni pour « Promouvoir la Paix et la sécurité au Moyen Orient ».

En fait il s'agissait de définir les modalités d'une véritable guerre contre l'Iran, que Donald Trump s'est promis de détruire. La conférence fut un échec. A part Israël et les monarchies arabes du pétro-dollar, aucun des Etats Européens ne s'y firent représenter, sauf par des fonctionnaires sans pouvoir, non plus que Federica Mogherini qui dirige le service diplomatique de l'UE.

L'objectif en était de démontrer que l'Iran veut mettre en place un « corridor d'influence » entre l'Irak, la Syrie et le Liban, que le vice-président américain Mike Pence a décrit comme un « corridor de soutien au terrorisme ». Il s'agissait dans un premier temps d'exiger des Européens qu'ils se retirent de l'accord de 2015 avec l'Iran entérinant le fait que celle-ci avait renoncé à l'arme nucléaire, ce qu'ils refusent de faire. Mais il s'agissait aussi d'obliger les Européens à imposer à Téhéran un blocus complet, ce qui aurait été un véritable acte de guerre.

Les Européens s'y refusent, malgré les « sanctions » américaines visant leurs entreprises opérant en Iran. On notera qu'en fait de terrorisme, c'est l'Iran qui en est pour le moment la victime, puisqu'un attentat non revendiqué à la bombe avait fait pendant la conférence de Varsovie 27 morts parmi des militaires iraniens appartenant à la Garde Révolutionnaire iranienne.

55e Conférence de Munich sur la Sécurité

Mais Washington malgré cet échec diplomatique ne renonce pas. Lors de la 55e Conférence de Munich sur la Sécurité, qui a toujours été conçue par les Etats-Unis comme une préparation à la guerre contre Moscou et qui s'est ouverte le 15 février, le Munich Security Report 2019, désormais disponible, largement inspiré par le Pentagone, n'a rien de rassurant. Il présente comme inévitable une guerre entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, qui nécessairement dégénérait en conflit nucléaire. Il n'aborde en rien la question de savoir comment éviter cette guerre, mais comment s'y préparer et les mesures à prendre pour en limiter les dégâts.

Le président allemand de la conférence, Wolfgang Ischinger, est un diplomate, ancien ambassadeur d'Allemagne à Washington. Il a toujours été très proche des Etats-Unis. Il vient de déclarer en introduction qu'un nouvelle ère de compétition entre Grandes Puissances, Etats-Unis, Chine et Russie s'était désormais ouverte . Elle était accompagnée d'un vide dans le leadership mondial au niveau de ce qui a été nommé l'ordre libéral international. La suite de ses propos recommande une augmentation de la puissance destinée à intimider les Etats menaçants. Chacun a compris qu'il s'agissait de la puissance militaire.

L'Allemagne, la Grande Bretagne et la France ont décidé récemment d'augmenter leur puissance militaire. Elles n'ont pas précisé la menace contre laquelle elles veulent réagir. Depuis longtemps, Washington souhaite que ces armes prennent le relais des siennes en Europe. Il n'est pas certain que les populations européennes soient prêtes à accepter les destructions et les morts qui résulteraient d'un conflit sur le Continent avec la Russie et la Chine, fut-il non-nucléaire. Manifestement la nouvelle Conférence de Munich sur la Sécurité vise à préparer les esprits européens à l'acceptation d'un tel conflit.

PS. Concernant l'<Allemagne et l'Otan, voir
http://www.spacewar.com/reports/Germany_to_let_NATO_use_i...

Les médias et la vérité, le grand mensonge...

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Les médias et la vérité, le grand mensonge...

par Vivien Hoch

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Vivien Hoch, cueilli sur Polémia et consacré au rapport ambigu des médias à la vérité. Docteur en philosophie, Vivie Hoch est entrepreneur.

La devise du New York Times énonce : « Toutes les nouvelles qui méritent d’être imprimées ». Il n’y a rien de plus faux. Chaque jour, le journaliste détermine ce qui est important, ce que nous devrions savoir. Il fait le tri entre les informations et choisit la manière de les présenter.

Les journalistes des grands journaux se targuent de maîtriser leurs préjugés et de fournir une information « experte ». « Ils se voient comme les défenseurs des valeurs occidentales progressistes, nous protégeant des nouvelles qui ne méritent pas d’être imprimées, pornographie, propagande ou publicités déguisées en informations. Tels des conservateurs de musée, les rédacteurs du NYT organisent notre vision du monde », écrit Scott Galloway, professeur à la New York University, qui a été au comité de direction du New York Times [1]. « Lorsqu’ils sélectionnent les informations qui feront la une, ils établissent le programme des journaux radio et télévisés, la vision dominante de l’actualité partagée par la planète ».

Eugénisme médiatique

Cette emprise des grands médias sur l’agenda démocratique, ce dépistage des événements avant qu’ils ne naissent comme information, tout cela constitue un eugénisme médiatique. Ne naissent que les informations sélectionnées ; les autres sont écartées, supprimées, passées sous silence. C’est une ontologie de la radiographie : tout événement est transformé en fonction de l’éclairage – ou de l’obscurité – qu’on lui donne. On ne peut pas comprendre le contexte général de Fake news, sans parler des Ghost news (nouvelles fantômes), ces événements ou ces propositions (partis politiques, mobilisations, associations) délaissés par les médias nationaux, passées sous les lumières médiatiques, devenues par-là fantomatiques. Il y a pire que d’être roulé dans la boue par les médias : il y a le fait de ne même pas avoir d’existence à leurs yeux, ce qui bloque toute possibilité de participer au débat démocratique.

Au fond, comme l’écrit Umberto Eco, la télévision « parle de moins en moins du monde extérieur. Elle parle d’elle-même et du contact qu’elle est en train d’établir avec son public. » [2]. Elle tente de survivre au pouvoir d’un téléspectateur qui est devenu actif, en devant plus agressive, en parlant plus d’elle-même. Cela se traduit dans les débats TV qui commentent l’actualité : les journalistes invitent des… journalistes pour discuter des thèmes choisis par des… journalistes. Nulle part n’intervient le monde extérieur. Nulle part un micro est tendu en-dehors de la sphère médiatique. L’un des signes de la radicalisation des médias est cet enfermement sur soi-même, cet entre-soi, qui contredisent l’essence même du média – être un médiateur.

Cet enfermement médiatique remet en question profondément le fonctionnement démocratique. Le débat se déroule sur le terrain médiatique, qui est le lieu de confrontation des paroles et des vécus. Les médias vivent cette mission avec une contradiction intérieure, une double injonction. D’une part le journaliste veut rendre compte des faits le plus loyalement possible, d’autre part il se doit de respecter les versions des uns et des autres, parfois multiples et contradictoires, d’un même fait.Dans cette contradiction, le pouvoir médiatique a tranché : il est le garant de la véracité des débats parce qu’il est l’ « expert des faits ». Pour cela, il lutte contre les fausses informations : il fait de la « vérification de faits« (fact-checking). Ce qui résiste au fact-checking des médias et des experts médiatiques est qualifié de « faits alternatifs » (alternative facts). Il est vrai que le politique ne s’embarrasse pas toujours du souci la vérité,et lui préfère souvent l’efficacité et la communication : c’est le règne de la post-vérité (post-truth).

Post-vérité, faits alternatifs et fact-checking sont les nouvelles topiques du monde médiatique. Leur signification profonde et la raison pour laquelle ils sont utilisés abondamment doivent être connus et maîtrisés. Revenons rapidement sur leur signification.

La post-vérité, la vérité du monde

La notion de vérité est au cœur de notre démocratie. Elle est le terrain de manipulation de toutes les dictatures et de tous les totalitarismes, qui prétendent la posséder et l’imposer. Cette disputatio démocratique entérine le règne de la « post-vérité ». Elle est aujourd’hui toujours au cœur de la guerre sémantique que se livrent une partie du peuple et le conglomérat de médias, d’intellectuels et autres ayants-droits qui pensent pour lui.  C’est surtout depuis l’apparition de Donald Trump et de ses militants que les journalistes ont commencé à parler du concept de post-vérité dans le débat politique. La post-vérité, tous les méchants la pratiquent – Donald Trump, les « populistes », les réactionnaires, les conservateurs. Le règne de la post-vérité, c’est l’apparition de personnalités qui manipulent l’opposition en exagérant les faits, en les travestissant ou encore en les imposants. C’est aussi cette masse immense de flux d’information sur les réseaux sociaux, qui échappe au contrôle des institutions et des médias classiques.

En 2016, le dictionnaire d’Oxford a désigné l’expression post-truth comme mot de l’année [3]. Elle est définit comme « relative aux circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence sur la formation de l’opinion publique que l’appel aux émotions et aux croyances personnelles ». La définition est intéressante, car elle suppose qu’une objectivité des faits est possible, et que cette objectivité a une relation spécifique avec l’opinion publique. Evidemment, le constat d’une contestation contemporaine de l’existence d’une vérité absolue, soit le relativisme généralisé, n’est pas nouveau. Les « circonstances » qui font que la vérité est devenue négligeable, volatile, malléable, c’est notre culture toute entière. La post-vérité est une caractéristique de notre époque toute entière. La post-vérité est la vérité de notre monde. La Doxa, l’opinion fluide et contingente, soumise aux aléas a gagné sa bataille plurimillénaire contre le philosophe.

En liant la post-vérité à la manipulation, les théoriciens du monde moderne ne sont pas si modernes. C’est une manière finalement assez classique de comprendre le politique depuis Machiavel [4]. Mais il est intéressant de noter que la post-vérité est associée à la manipulation de l’opinion via les émotions.Ainsi peut-on lire dans les médias que l’insécurité n’est que « ressentie », suggérant implicitement qu’objectivement elle n’existe pas. On comprend pourquoi la répression judiciaire s’abat sur les –phobies – techniquement des peurs, donc des sentiments, des états émotionnels. Ces derniers deviennent des faits objectifs susceptibles  d’être condamnées. Le monde du sentiment devient judiciarisable, donc contrôlable. La post-vérité est en cela une condition de possibilité du biopouvoir, qui désigne l’ensemble des techniques qui étendent leur contrôle sur la vie et les corps humains.

Les faits alternatifs (alternative fact) : la coexistence des contraires

Si on creuse l’idiosyncrasie mise en place pour décrire le règne de la post-vérité, on rencontre l’expression de « faits alternatifs ». La post-vérité, c’est l’utilisation systématique des « faits alternatifs » à des buts politiques. Le fait alternatif est plus que la possibilité de l’erreur ou la volonté de mentir : c’est la substitution coercitive d’une version des faits sur une autre. Une interprétation chasse l’autre, une version étouffe les autres versions, la coexistence des interprétations est impossible. Un fait alternatif n’est pas une erreur, c’est la possibilité ouverte qu’un fait soit autrement qu’il n’est réellement. Le concept de “faits alternatifs” veut dire non pas qu’il y a diverses interprétations, ou plusieurs versions des faits, mais désigne l’existence de faits et en même temps l’existence de la possibilité qu’il y ait d’autres faits à ceux-ci. Comme si la réalité possédait plusieurs facettes, qui coexistent au même moment, et qui sont parfois contradictoires. En 2017, la conseillère du président Trump, Kellyanne Conway, faisait référence à Nietzsche devant la presse pour justifier que les faits que voient les journalistes ne sont peut-être pas les faits que voient les gens. Selon le philosophe allemand, le réel est un jeu de forces contradictoires et mouvantes créant une multiplicité, et non une belle harmonie de «faits» identifiés et triés par « ceux qui savent ». Tout comme Nietzsche, le trumpisme détruit le piédestal de ceux qui imposent leur version des faits ; il introduit des alternatives là où on ne nous présentait que l’unilatéral et le commun.

Le fact-checking : la pharmacopée du mensonge

Chaque commentaire politique se présente avec une dimension heuristique, c’est-à-dire de recherche de la vérité. L’expert décrète la vérité des choses et des paroles. « Ceci est vrai ou faux / ce qu’il dit est un mensonge ou une vérité ». Les journalistes ont ainsi créé des cellules de riposte pour « vérifier les faits » ; autrement dit, pour dire si ce qui est dit coïncide avec leur propre version des faits, leur propre interprétation des textes et des chiffres. Ainsi les journalistes ne sont plus les rapporteurs des faits et des paroles, leur éditeurs, leurs commentateurs, mais ils sont devenus leurs juges. Les fonctionnaires du fact-checking irriguent une gigantesque pharmacopée virtuelle contre les prétendus « Fake News ».

Selon eux, les populistes sont ainsi désignés parce qu’ils travestissent les faits afin de mentir sciemment. De nombreuses personnes accusent à leur tour les médias d’être malhonnêtes et de présenter les choses faussement. Dans cette violente dialectique, il n’y a pas de part au droit à l’interprétation. Aucune partie ne semble vouloir admettre la simple existence d’une “version des faits”. Ces parties se retrouvent souvent au tribunal, jugées à l’aune de lois souvent liberticides, qui consacrent la judiciarisation du débat public.

Les Ghost-news ou le pouvoir d’invisiblisation

Dans son histoire politique de la vérité, Michel Foucault montre « que la vérité n’est pas libre par nature, ni l’erreur serve, mais que sa production est tout entière traversée par des rapports de pouvoir » [5]. C’est le pouvoir, au sens large, qui impose sa version des faits avec toute la coercition dont il dispose : celle de la force en dernier lieu, pour le pouvoir politique, mais aussi celle de la masse, pour les médias importants, celle de l’expertise « irréfutable », pour les experts. C’est la fameuse formule de Thomas Hobbes, dans le Leviathan : « Auctoritas, non veritas facit legem – c’est l’autorité et non la vérité qui fait la loi » [6]. Alors que la force est l’autorité du politique, l’irréfutabilité est celle de l’expert, celle des médias est la visibilisation.

Quand les médias tournent en boucle sur un sujet, salissant un tel ou tel, adorant tel ou tel, la puissance est phénoménale. Quand les médias, à l’inverse, passent volontairement sous silence un événement, une initiative ou une démarche, il est quasiment mort-né.Les médias ont le pouvoir de rendre visible un événement, mais aussi de l’invisibiliser. C’est la Ghost-news.

Quelle vérité ?

On pourrait se demander quel est le concept de vérité qui fait les frais de ce dépassement (post-vérité), de la fausseté (Fake news) et du checking (factchecking). Pour le comprendre, il faut revenir à la définition pluriséculaire de la vérité – « Veritas est adaequatio rei et intellectus » – qui relève, à l’origine, de la théologie. Saint Thomas d’Aquin, dans la question 1 de son magistral De Veritate, interprète cette définition comme l’adéquation de l’intelligence divine avec les choses. Pour la créature, c’est un peu plus compliqué : ce que nous formulons des choses ne sont pas les choses. Il y a une inadéquation fondamentale, et c’est à cause de cette insuffisance gnoséologique que la vérité pleine et entière n’est pas accessible – sinon par la vie théologale – et suppose donc une perpétuelle auto-interprétation : c’est-à-dire une histoire.

L’expert et son totalitarisme interprétatif

Le problème de la vérité médiatique ne tient pas tant à l’adéquation du discours politique avec les faits, qu’à la manière dont le discours politique s’énonce et aux conditions dans lesquelles il est reçu. Les faits, lorsqu’ils sont humains – c’est-à-dire économiques, sociaux, éthiques, religieux – sont irréductibles à toute adéquation et à toute objectivité. On explique un événement physique, on comprend un événement humain. L’expertise réduit le fait humain à une explication causaliste. Sur le plateau de TV, l’expert, avec ses chiffres et son panache,pose son interprétation dans le marbre de la vérité médiatique. Il est indiscutable. Mais il ne rend pas compte de la profondeur du réel et des complexités humaines.La vérité de l’expert cache en fait un totalitarisme sémantique, qui empêche toute opinion concurrente de se manifester.

***

Le média prétend donc restituer des faits objectifs sous le règne de la post-vérité, où il n’y a ni faits, ni objectivité. Il prétend confronter les interprétations, alors qu’il est un biopouvoir, où il domine et contrôle. Il prétend adresser un message à  un consommateur passif et captif, alors que, déjà, les consommateurs sont actifs et libres. Les individus hypermodernes ne poursuivent plus un bien commun univoque, un récit général. Il n’y a plus de grand récit collectif, et les compteurs – les médias institutionnels – sont en retard de plusieurs pages.

Les grandes utopies qu’ils nous comptaient ne trouvent plus d’emprise sur le réel, parce qu’elles n’existent plus. Chacun poursuit désormais sa micro-utopie, et est en droit de médiatiser son vécu. L’uberisation de la prise de parole politique a définitivement éclaté les canaux habituels. Il suffit d’un smartphone pour ouvrir une chaine Youtube politique, qui a potentiellement des millions de vues ; les initiatives se sont décentralisées, les prises de parole ont abondées, le sens est devenu multiple. On assiste à la fois à l’émergence massive d’une vague d’auto-entreprenariat médiatique, où chacun s’exprime directement, et à la radicalisation des contestations du pouvoir.S’accrocher aux récits collectifs racontés par les médias institutionnels, c’est trainer les pattes derrière l’autoroute de l’histoire.

Il nous manque peut-être une rigueur personnelle qui permettrait de nous libérer de ces grands récits médiatiques. Qui nous transformerait définitivement, non plus spectateur, mais en acteur du monde.

Vivien Hoch (Polémia, 11 février 2019)

Notes:

[1] Scott Galloway, Le règne des quatre, trad. Fr. Edito, 17 mai 2018, p. 172

[2] Umberto Eco, « TV : la transparence perdue », La Guerre du faux, Poche, 1985, p. 197

[3] https://en.oxforddictionaries.com/word-of-the-year/word-o...

[4] Machiavel, Le Prince, chap. XVIII « Il faut que le prince ait l’esprit assez flexible pour se tourner à toutes choses, selon le vent et les accidents de la fortune le commandent ».

[5]  Michel Foucault, La Volonté de savoir, Gallimard, 1976, p. 81

[6] Thomas Hobbes, Léviathan, trad. G. Mairet, chap. XXVI, « Des lois civiles », Paris, Gallimard (coll. « Folio Essais »), 2000 : « Dans une cité constituée, l’interprétation des lois de nature ne dépend pas des docteurs, des écrivains qui ont traité de philosophie morale, mais de l’autorité de la cité. En effet, les doctrines peuvent être vraies : mais c’est l’autorité, non la vérité, qui fait la loi. »

lundi, 18 février 2019

Caracas voit double

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Caracas voit double

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 23 janvier 2019, le président de l’Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaidó, issu des rangs de l’opposition majoritaire, s’auto-proclame président et exige le départ immédiat du président de la République en titre, Nicolas Maduro, successeur de feu Hugo Chavez. Immédiatement, Donald Trump, élu avec près de trois millions de voix de moins que Hillary Clinton, reconnaît le nouveau dirigeant par intérim, bientôt suivi par ses caniches habituels (Colombie, Brésil, Chili, Canada, etc.). En Italie, la situation vénézuélienne a déclenché une nouvelle divergence entre la Lega, au tropisme de plus en plus trumpiste, qui soutient Guaidó, et le Mouvement 5 Étoiles qui n’entend pas approuver le putsch. Quant aux nantis en fin de mandat d’un Parlement dit européen souvent élu avec une abstention frôlant les 90 % en Europe centrale, ils s’alignent sur Washington.

Le président Maduro bénéficie, lui, de la bienveillance de la Russie, de la Chine et de la Turquie. Ces puissances continentales s’opposent aux manœuvres déstabilisatrices de l’hégémonie thalassocratique. Bras armé des multinationales de l’énergie, les États-Unis lorgnent avec gourmandise sur les immenses réserves pétrolières. Ils mènent une implacable guerre secrète, économique, culturelle et médiatique, depuis ce 11 avril 2002, jour où le président du patronat, Pedro Carmona, prit le pouvoir pendant 48 h. avant que le peuple vénézuélien ne rétablissât Hugo Chavez dans ses fonctions. Un sabotage économique minutieux provoque une réelle pénurie des biens de première nécessité ainsi qu’une hyper-inflation monstrueuse.

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Norberto Ceresole

Le coup d’éclat de Guaido ne doit pas masquer l’échec du post-chavisme à la sauce Maduro. Le régime bolivarien paie ainsi une kleptocratie florissante, une absence criante de diversification économique, un mono-investissement aujourd’hui tragique dans PDVSA, la compagnie pétrolière nationale, et l’influence excessive de Cuba. La responsabilité posthume du président Chavez est grande dans ce fiasco. Sur l’insistance pressante de son entourage (l’un de ses frères militait chez les communistes), il préféra se tourner vers Fidel Castro plutôt qu’écouter son éphémère conseiller politique, l’Argentin Norberto Ceresole (1943 – 2003).

nc-livre.jpgLe nouveau président vénézuélien désavoua rapidement ce nationaliste-révolutionnaire péroniste et anti-atlantiste radical et le fit expulser dès 1999. Les idées tercéristes de Ceresole indisposaient les nombreux progressistes gravitant autour d’Hugo Chavez. Si celui-ci appliqua en diplomatie une conception assez proche des idées de Ceresole (hostilité aux États-Unis et au libéralisme prédateur, pan-américanisme institutionnel, rapprochement avec la Russie, l’Iran, le Bélarus et la Chine, soutien au Hezbollah et à la cause palestinienne), il gâcha tous ces atouts en politique intérieure comme l’avait prévenu dès 2007 Raul Baduel, son vieux frère d’arme entré ensuite dans un « chavisme d’opposition » et longtemps incarcéré.

La situation complexe au Venezuela ne correspond donc pas à la version diffusée par l’Occident. Il est par conséquent risible que Manu, le disc-jockey de l’Élysée, qualifie sur Twitter d’« élection illégitime » la reconduction du mandat présidentiel de Nicolas Maduro alors que sa propre élection du printemps 2017 reste entachée de faits troublants (procès verbaux réécrits, enquêtes judiciaires contre des candidats, formidable déferlement médiatique en faveur d’un candidat bien particulier…). Si le président Nicolas Maduro est illégitime, Manu l’est tout autant sinon plus… Dans ces circonstances exceptionnelles et fort de ce précédent, le seul et véritable président légitime de la République se nomme Éric Drouet et son incontestable Premier ministre Jérôme Rodrigues.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 112, mise en ligne sur TV Libertés, le 11 février 2019.

Singulier contre-roman

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Singulier contre-roman

par Georges FELTIN-TRACOL

Longtemps responsable de la revue Contrelittérature, Alain Santacreu a publié chez Alexipharmaque, sympathique éditeur en Béarn, un étonnant roman (à clé ?) qui se palce dans le sillage de Raymond Abellio et de Jean Parvulesco, Opera Palas. La forme romanesque y est en effet triturée, malaxée, décantée au point de tendre vers l’essai qui ne s’avoue pas !

operapallas.jpgLes personnages de cet essai romanesque (le narrateur travaille sur Opera Palas – belle mise en abyme , le journaliste étatsunien Julius Wood qui fait plus que du journalisme) pratiquent à leur façon l’impersonnalité active. Toutefois, bien que mise en arrière-plan, c’est une œuvre d’art qui focalise l’attention : Le Grand Verre de Marcel Duchamp, aussi connu sous le nom de La Mariée mise à nu par ses célibataires, même. Réalisé entre 1915 et 1923 sur du verre (fils de plomb, feuilles et peinture), cette œuvre inachevée et fêlée présente une riche polysémie propice aux interprétations érotiques, psychanalytiques ou ésotériques. C’est dans ce dernier champ qu’intervient principalement Opera Palas.

Chaque chapitre – il y en a vingt-sept – commence par une lettre de l’alphabet hébraïque. Raymond Abellio rappelait souvent que ces lettres se calculent, d’où la guématrie qu’il pratiquait régulièrement. L’écrivain n’oubliait pas pour l’occasion ses années polytechniciennes. La référence n’est pas inutile. « L’écriture abellienne est une décantation humaine, un processus alchimique qui va transfigurer Soulès en Abellio. Œuvre polymorphe, constituée de romans, d’essais et de mémoires, dont la combinatoire des genres participe d’un processus de purification (p. 199). » Alain Santacreu souligne que Montségur fut sa seule pièce de théâtre. « De son vrai nom Georges Soulès, le romancier avait pris le pseudonyme d’Abellio en référence au dieu solaire celtibère vénéré dans les Pyrénées de ses ancêtres (p. 191). » Si son engagement politique avant 1939 est mentionné au sein de la SFIO parmi les courants les plus marxistes (La Bataille socialiste de Jean Zyromski, puis le Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert), il n’est pas évoqué que sous l’Occupation il fut proche d’Eugène Deloncle, qu’il milita au Mouvement social révolutionnaire et qu’il se lia avec certains réseaux de résistance. Avec André Mahé, il signa en 1943 La Fin du nihilisme, apologie planiste d’un grand continent autocentré eurafricain.

Action d’écrire

La présence en tête de chapitre d’une lettre hébraïque signifie-t-elle une réhabilitation de l’écrit à un moment où « la lettre a perdu sa substance matérielle et sa relation directe au corps, son tracé sensible qui rassemblait l’œil et la main (p. 21) » ? Interrogation légitime quand on sait que presque plus personne n’écrit à la main d’abord sur une feuille de brouillon un texte long et construit. En saisissant sur le clavier de l’ordinateur ses pensées, il en vient à oublier le frottement de la pointe du stylo sur le papier, le changement régulier des cartouches, les mains salies fréquemment par l’encre… Il en omet même la tenue correcte du stylographe. Dans bien des écoles d’Occident, stylo et papier sont maintenant remplacés par des tablettes numériques, des tableaux interactifs et des écrans digitaux. Jean Cau remarquait que « mon contemporain, lui,“ écrit ” (?) à la machine. Soit ! Mais imagine-t-on Racine écrivant Bérénice, toc, toc, toc, à la machine ? […] Ses doigts volent, légers, sur les touches et, comme il aime le bruit de toutes les mécaniques, le toc toc toc de son engin lui est agréable (Éloge incongru du lourd qui précède Contre-attaques, Le Labyrinthe, 1993, pp. 53 – 54) ». Pour sa part, « je m’ébahis […] d’être ce moine qui écrit à la main, à l’encre (je préfère ne pas connaître sa composition…) sur du papier (même observation), à l’aide d’un lourd stylo à la plume en or 18 carats (Idem, p. 53) ». « Écrire, selon Julius Wood, était une aventure mystique, une quête vers le point de jonction des deux livres, l’intérieur et l’extérieur (p. 12). » Est-ce toujours le cas devant son écran et le clavier ?

Alain Santacreu se préoccupe tout particulièrement du conflit civil espagnol entre 1936 et 1939. « La guerre d’Espagne a ouvert l’ère apocalyptique de la fiction absolue (p. 162). » À l’instar d’Eric Blair alias George Orwell qui comprit sur place les manigances criminelles du communisme soviétique, l’auteur estime qu’« en 1936, en Espagne, le système techno-industriel de l’idéologie libérale a été mis en péril par un mouvement révolutionnaire impulsé par les anarchistes (p. 162) ». Parce qu’« il y a deux nationalismes, l’un civique, égoïste et chauvin, l’autre culturel et universel où s’affirment les qualités intrinsèques d’un peuple (p. 171) », il rêve rétrospectivement d’une alliance révolutionnaire et nationale entre la CNT anarchiste et la Phalange espagnole de José Antonio Primo de Riviera, influencé par les non-conformistes français des années 1930 (la revue L’Ordre nouveau et la « Jeune Droite »), et de Ramiro Ledesma Ramos, père du « national-syndicalisme [qui] se fonde sur un double rejet du capitalisme et du marxisme. Le système démocratique libéral est illusoire car il repose sur la liberté supposée du citoyen soumis à la volonté générale, les techniques de manipulation de l’opinion restant à la dispositions des puissances financières (pp. 168 – 169) ». Cette convergence était-elle plausible ? Un tel rapprochement anarcho-phalangiste aurait modifié l’histoire de l’Espagne. L’hypothèse n’est pas absurde. Anarchisme, phalangisme et même indépendantismes basque et catalan proviennent du même terreau politique, le carlisme dont les foyers de prédilection se trouvaient au Pays basque et en Catalogne. La défense des fueros n’est-elle pas une critique empirique du centralisme et de l’étatisme ainsi qu’un appel (illusoire ?) au sursaut des corps intermédiaires traditionnels ?

Entre Espagne et Russie

Opera Palas expose aussi la grande diversité théorique et géographique de l’anarchisme ibérique tiraillé entre la Catalogne et l’Andalousie d’une part, entre le fédéralisme mutualiste de Proudhon, l’anti-étatisme radical de Bakounine et le communalisme de Kropotkine qu’on retrouve aujourd’hui via l’influence posthume de Murray Bookchin au Rojava kurde en Syrie, d’autre part. C’est avec raison qu’il établit un parallèle entre la révolte de Cronstadt en 1921 et l’épuration de Barcelone en 1937. « Cronstadt voulait faire revivre le mir et l’artel. La révolte anarcho-populiste est dans la lignée des narodniki de la seconde moitié du XIXe siècle pour lesquels la commune rurale et la coopérative ouvrière sont les fondement de la société communiste, le moyen pour la Russie de sauter l’étape du capitalisme et de parvenir par ses voies propres à l’état social parfait. Supprimer le mir archaïque signifiait supprimer des millions de paysans, c’est ce que feront les bolchéviques, par le crime et la famine (p. 253). » Outre l’Espagne, un second tropisme géo-spirituel s’invite : la Russie, en particulier celle d’avant 1917. Comme dans Comment réaménager notre Russie ? (1990) d’Alexandre Soljenitsyne, on devine que « dans l’autocratie, il y a une perspective anarchiste, une aversion pour la politique et pour l’exercice du pouvoir (p. 265) ». D’autres phrases pourraient être d’Alexandre Douguine. « À la base du slavophilisme se trouve l’orthodoxie russe et non la byzantine, distingue Alain Santacreu. L’âme russe est infiniment distincte de l’âme byzantine; en elle, il n’y a ni la malignité, ni l’obséquiosité devant les puissants, ni le culte de l’étatisme (p. 264). » Mieux encore, « contre le bureaucratisme ecclésial, les slavophiles affirment la communion – sobornost – ecclésiale ; à leurs yeux, le peuple est le centre de gravité de l’Église. Ils ne reconnaissent aucun autre chef de l’Église en dehors du Christ. Le tsar est investi des pouvoirs que le peuple lui a confiés (pp. 264 – 265) ». Dans cette perspective bouleversante, l’entente entre Buenaventura Durutti et José Antonio aurait-elle eu des répercussions jusqu’en Russie ? À la chute de l’URSS s’esquissa une association entre les « Rouges » et les « Blancs » brisée nette lors de la crise sanglante d’octobre 1993. En tout cas, « si la Guerre d’Espagne fut la tragédie de notre temps, la deuxième guerre mondiale en aura été le drame et, depuis Yalta, nous sommes tombés dans la farce – une farce sanglante et spectaculaire qui semble s’éterniser ! (p. 199) ».

C’est donc tout le monde actuel qu’il faut remettre en question. L’auteur le pense sans pour autant souscrire aux Protocoles des Sages de Sion, un faux incontestable dont l’énoncé n’en dévoile pas moins une actualité certaine. Complotisme ? Pas du tout, surtout si « le complot pour réussir doit rester ignoré. Il est donc indispensable pour le pouvoir et ses mandarins de le dénier et d’en ridiculiser l’idée, afin de s’assurer son succès et de s’en réserver l’avantage (p. 248) ». Alain Santacreu prend un risque en suggérant que, comme l’avait bien perçu Martin Heidegger, l’esprit hébraïque est l’une des sources de la modernité. « La prépondérance de l’élément juif dans l’essor moderne de la finance remonte au califat abbasside (p. 208). » Le hassidisme, les sabbatéens, les frankistes, les karaïtes, voire « le sionisme [qui] a provoqué l’état de séparation entre l’âme juive et son corps (p. 260) » constituent des adaptations circonstanciées pour ce Golem guère contrôlable qu’est le monde contemporain. Il en ressort une division du judaïsme actuel en trois factions rivales : un mondialisme globalitaire, un sionisme en mutation qui consacre les thèses de Vladimir Jabotinsky, et un organicisme juif traditionnel anti-sioniste. Mais qu’on se rassure ! Toute cela n’est bien sûr que du contre-roman !

On comprendra qu’Opera Palas déroute, agace, étonne. Ne s’agit-il pas finalement d’« une édification gnostique qui s’affirme non seulement comme une incarnation dans l’intériorité, mais aussi comme une tâche historique inscrite dans le destin de l’Occident, son but civilisationnel ultime, à la fois couronnement et négation de son histoire (p. 199) »?

Georges Feltin-Tracol

• Alain Santacreu, Opera Palas, Alexipharmaque, coll. « Les narratives », 2017, 300 p., 19 €.

Cioran’s On France: Thriving Amidst Decay

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Cioran’s On France: Thriving Amidst Decay

Emil Cioran
De la France 
Paris: L’Herne, 2015

This is a strange, vile little book as only Emil Cioran [2] knew how to produce. It was only recently published, in both the original Romanian and in French translation,[1] [3] having been written in 1941 and left to languish for decades in some cardboard box in the Cioran archives. Cioran wrote the book in the wake of France’s pathetic defeat in 1940, inspired by his conversations in Parisian cafés and his bicycling through the villages of the French countryside. Contemporary political events are quite understated, however. For Cioran, there is no question of engaging in puerile journalism; in his view, France’s decay was many centuries in the making.

I first read the book some time ago and remembered nothing except a feeling of revulsion. I recently reread it, this time taking notes. As so often with Cioran, when I gather my notes, my initial revulsion gives way as I see the bigger picture and glimmers of hope, and the work ends up being strangely endearing to me.

I don’t know if the author ever meant for the text, which was written in pencil, to be published at all, let alone in its current form. It seems likely it was written in a few inspired bursts of Cioran’s brilliant and morbid Muse. It is a conversion note. Before 1941, Cioran thought in German, had wished he could have been German, and wrote in Romanian, oscillating between despair and the mad hope that a new barbarism could save Romania from irrelevance and Europe from decadence. After 1945, Cioran had settled into his Parisian home and would henceforth write exclusively in French, as a “lucid” aesthete of nihilism and decline.

Why would someone want such an intellectual destiny for oneself? On France explains it. This is a prolonged meditation upon France, her greatness, vanity, and decay, a book-long portrait of the past glories and the steady and pathetic decline of a great nation. Cioran has in fact fallen in love with his adoptive land; it is indeed a love letter. His prose is often overwritten, but quite insightful: “I perceive France rightly by all that is rotten within me” (40). France is decadent, lifeless, and over-intellectual, just like himself. The book opens with an apt anonymous quotation in French: “Collection d’exagérations maladives” (a collection of sickly/obsessive exaggerations). Rest assured there is a point to all of this, if one bears with it.

ecfrance.jpgCioran, like Nietzsche, writes with a kind of visceral identification with human history and the evolution of our consciousness as recorded in our literature and philosophy. For Cioran, how could one live without being part of a great nation? For him, a nation is a social, linguistic, and ethnic reality culminating in a shared psychic reality; a great nation is an agent influencing the course of human history, rather than a collection of individuals. A nation is a kind of conversation, a shared mind, extending across the centuries; at the same time, nations are equally mortal and artificial creations. Hence for Cioran, “France,” “Germany,” and “Romania” are entities which are at once conventional and whose potentialities and defects are intimately felt, about which the stakes could not be higher.

Cioran’s actual observations on France can be stereotypical or overwritten, but they are often on point and insightful. France had been the quintessential nation, a historical agent like no other, “a nation afflicted with good fortune” (28), which had known a stable and “regular” development (unlike the stagnation of the Balkans, or the erratic history of Germany and Russia). France was a nation which had never been “humiliated by comparisons,” whose people had never felt themselves to be “deracinated” by foreign influences, who had never felt the material or psychological need to emigrate (27). France was a world unto itself, psychologically self-sufficient, and in that sense strangely provincial, at the same time setting the tone for the entire world: “France – like ancient Greece – has been a universal province” (24). The nation could happily develop at her own, leisurely pace, for she was the world.

In this sense, all of Europe, and indeed much of the world, existed in France’s shadow. For all those formless populaces which wanted to be nations, France set the tone for what was “normal.” France had been the “soul of Europe,” a cultural and even political hegemon. Cioran delights in the decline of the “Grande Nation”: “From the Frenchmen of the Crusades, they have become the Frenchmen of the kitchen and the bistrot: bien-être and boredom” (53).

I recently had reason to observe that I don’t know what it is like to have been born in a second-rate or failed nation. France’s (and the West’s) standard-setting “normality” is in fact highly exceptional [4].

By the time of the Enlightenment, French confidence was also grounded in a belief in reason and progress. This was an “acosmic” culture not troubled by the sublimity and dread of metaphysics, too comfortable in reason, a formal classicism, and an “anti-Dionysian” (80) culture of the head, not of the heart,[2] [5] and committed to the “sterile perfection” of writing (24). It became the nation of self-satisfied Alexandrianism.

All that was over and done with. In the late Middle Ages, France had wavered “between the monastery and the salon” (17), before decisively opting for the latter. The French, since the Enlightenment and in particular during the Revolution, were a perfect example of the weakness of “reason” as a guide for a people. France had degenerated from a nation into a mere populace of selfish individualists, hence sterile, and long given to chatter, overrefinement, and gastronomy (one appreciates the overgeneralizations here). The French gave no place to the unconscious, they were not “deep,” and they had become skeptical and unwilling to die for any ideal (38). Because at this time Cioran seems to only have cared for intensity of feeling and belief, he sees the only remaining vitality left in France in Communism and the working class, although her “revolutionary career” was probably over, anyway (73; hence also some Slavophile sentiments, since Cioran never really distinguished between Russians and Communism, 41).

visuel-cioran.jpgCioran, a voracious reader with a vast intellectual culture, is extremely critical of French thought and culture throughout history. Cioran foresees a great convergence: France’s bourgeois decadence indicates where all the other nations are heading, and by that decadence she will also really become a “normal” country, as afflicted by doubt and inferiority complexes as all the rest (45, 49). Cioran writes implausibly, “Her decline, obvious for almost a century, has not been opposed by any of her sons with a desperate protest” (63).

By this point, one could fairly accuse the wretch Cioran of sadism. Some kids like to tear the wings off of flies, others just like to watch a once-beautiful flower slowly rot from blight.

Cioran has perhaps only one unambiguously positive thing to say about France, the embrace of fleeting beauty:

France’s divinity: Taste. Good taste.

According to which the world – to exist – must please; must be well-made; consolidate itself aesthetically; have limits; be a graspable enchantment; a sweet flowering [fleurissment] of finitude. (14-15)

He observes that France is “the country of the phenomenon in itself,” of impression, before adding, “If appearances are everything, France is right” (78). Very Zen and very true, no? If life is but a succession of fleeting moments, let them be beautiful.

Cioran luxuriates in France’s decay, and some of the passages are frankly revolting in embellishing – as Alain Soral has complained [6] – spiritual and civilizational rot:

[France] can only live up to [her past] if she accepts her end with style, by masterfully refining a crepuscular culture, by extinguishing herself with intelligence and even with splendor – not without corrupting the freshness of her neighbors or of the world through her decadent infiltrations and dangerous insinuations. (47-48)

There are fecund disintegrations and sterile ones. A great civilization which provincializes itself diminishes its spiritual volume; but, when it spreads the elements of its dissolution, when it universalizes its failure, the twilight retains some symbols of the mind and saves the appearance of nobility. (75)

He also writes, “Of France’s twilight we can only speak in aesthetic terms; we do not feel it, and the French do not feel it either” (59). Well, perhaps a metic could feel this way, but not a Frenchman raised in the knowledge that his country was a great nation among the lights of the world, passed down to us as a sacred patrimony by the sacrifice of millions of French soldiers and peasants. Let us recall Charles de Gaulle’s famous words:

All my life, I have had a certain idea of France. I am inspired in this as much by sentiment as by reason. . . . I instinctively have the impression that Providence has created her for consummate achievements or exemplary misfortunes. If mediocrity marks her deeds and actions, however, I have the feeling of an absurd anomaly, attributable to the faults of the French and not to the genius of the fatherland. But also, the positive side of my mind convinces me that France is only truly herself when she is at the first rank; that only vast enterprises can compensate for the ferments of dispersion which her people carries; that our country, as it is, among the others, as they are us, must, under penalty of death, aim high and stand tall. In short, by my lights, France cannot be France without greatness.

Let it be said that Charles de Gaulle, for all his failures [7], passed this conviction on to the more earnest and impressionable minds of the younger generation through this myth – those who only-too-naïvely took their elders’ words at face value, and who could therefore only be shocked by the nation’s decomposition and slouching into mediocrity. And are de Gaulle’s words not also true, to a great extent, for Europeans in general, who always yearn to dedicate themselves heart and soul to a great cause, without which they are prone to living like dogs? And I cannot tell you how many idealistic young Europeans I have met, who are among the best of our race, who dedicate themselves to the Third World, for there can still be found struggle, sacrifice, and emotional depth and intensity, which can only contrast with the superficiality and barrenness – a rare spiritual oblivion – of coddled life in the post-war West.

I can see a point in Cioran’s musing, but there is also something disgusting – and in some respects simply noxious – for both France and Europe. Cioran, in fact, seems torn: generally favoring belief and fanaticism as the antithesis of decadence (hence sympathy for Hitlerism and Bolshevism), but occasionally observing that perhaps Europe needs a bit of doubt, which France could bring (65).

Cioran is convinced of the catastrophic effects of the illusions of “reason” and “progress.” But if France, the pioneer-nation of the Enlightenment, would cease to believe in such follies . . . surely Western man could finally awaken from these self-satisfied, sterilizing slogans! Or, at least, Cioran believes he, as an “intellectual vampire” (60), could be a lucid and fecund writer in this context. He leapfrogs centuries of history:

Hailing from primitive lands, the Wallachian underworld, with the pessimism of youth, and then arriving in an overly ripe civilization, what a source of shivers before such a contrast! Without a past amidst an enormous past . . . From the pasture to the salon, from the shepherd to Alcibiades! (66)

Hence, Cioran loves France because she has fallen from self-assured greatness into a doubt and pessimism much like his own. Whereas he had previously loved Hitlerian Germany for its irrational faith, he now presents France as a mirror image of himself, an entire nihilist country in which he might be able to achieve the highest lucidity:

An entire country which no longer believes in anything, what an exalting and degrading spectacle! To hear them, from the lowest of citizens to the most lucid, say the obvious with detachment: “La France n’exist plus,” “Nous sommes finis,” “Nous n’avons plus d’avenir, “Nous sommes un pays en décadence,” what a reinvigorating lesson, when you are no longer a devotee of delusions! (69)

ciorantala.jpgFrance is “a consoling space” for Cioran: “With what impatience I have awaited this outcome, so fertile for melancholic inspiration!” (70). The wandering and soon-to-be stateless Cioran wants to limit himself to a particular culture and place: “He who embraces too much falsifies the world, but in the first instance, himself . . . A great soul enclosed in the French forms, what a fecund type of humanity!” (87). France’s comfortable decadence will shield Cioran from his own excesses: “Let her measure cure us of pathetic and fatal wanderings” (32), “A country’s lack of life will protect us against the dangers of life” (88). Crepuscular France will finally give Cioran the opportunity to be in harmony with his time: “Alexandrianism is erudite debauchery as a system, theoretical breathing at the twilight, a moaning of concepts – and the only moment when the soul can harmonize its darkness with the objective unfolding of the culture” (70).

In short, Cioran seizes the opportunity to join a decadent, highly intellectual nation, so as to explore the depths of nihilism and see where one emerges. I can appreciate this kind of personal and philosophical project.

Cioran carves a role out for himself as a fertilizing maggot in the corpse of French civilization. Cioran, not disinterestedly, affirms that the greatness of a nation can be measured by its ability to inspire metics to join and serve it, which I suppose is partly true (92-94). Cioran then foresees his own destiny in this new home:

What would I do if I were French? I would rest in Cynicism. (40)

France needs a pathetic and cynical Paul Valéry, an absolute artist of the void and of lucidity. (48)

My destiny is to wrap myself in the dregs of civilizations. How can I show my strength except by resisting in the midst of rot? The relationship between barbarism and neurasthenia balances this formula. An aesthete of the twilight of cultures, I turn my gaze of storm and dreams upon the dead waters of the mind . . . (65)

To refuse to go extinct, even though we have delighted in the inevitable march towards extinction. (82)

A kind of moribund fury lies in the aesthetes of decadence. (84)

Cioran affirms that decadence can only be overcome, not through sentimental nostalgia or insincere conservatism, but by uncompromisingly going deeper . . . perhaps then nihilism will be transcended? That which is falling ought to be pushed, that which doesn’t kill us, and so on.

On France seems to be a book-long philosophical exercise. There are well-established traditions in this kind of morbid meditation in both Stoicism and Buddhism, schools which strongly resonated with Cioran. In Stoic analysis, one breaks down an object to its most essential, unappetizing forms so as to overcome our desires with objectivity. As Marcus Aurelius wrote in his Meditations:

When you have savories and fine dishes set before you, you will gain an idea of their nature if you tell yourself that this is the corpse of a fish, and that the corpse of a bird or a pig; or again, that fine Falernian wine is merely grape juice, and this purple robe some sheep’s wool dipped in the blood of a shellfish; and as for sexual intercourse, it is the friction of a piece of gut and, following a sort of convulsion, the expulsion of some mucus. Thoughts such as these reach through to the things themselves and strike to the heart of them, allowing us to see them as they truly are. So follow this practice throughout your life, and where things seem most worthy of your approval, lay them naked, and see how cheap they are, and strip them of the pretenses of which they are so vain. (Marcus Aurelius, Meditations, 6.13)

The Buddhists attribute a similar meditative exercise to Gautama: contemplating the various aspects of our being (mind, body, actions, including defecation and urination), breaking down our body into parts, and indeed contemplating our body subject to various degrees of decomposition (notably in the Satipatṭhāna Sutta). By this, one attains a certain objectivity and imperviousness, one is learning to look the truth in the face without flinching.

On France appears to be the fruit of this kind of philosophical exercise. By stripping France of her pretensions and even the usual dignities necessary for a nation or an individual’s self-respect, Cioran sees his new home objectively. This is indeed one of Cioran’s “nay-saying, corrosive books,” a challenge, the overcoming of which will make us stronger.

In the 1920s and ’30s, no one denied the decadence which already afflicted the France of the Third Republic. No one today can deny that all Europe is decadent, unashamed of her impotence and dedicated to the most impoverished materialist and humanitarian principles, consecrated to the Last Man foreseen by Nietzsche, and with no end in sight. Given all this, Cioran’s observations and his challenge remain deeply relevant to us. Cioran is torn, but points to the need for decidedly modern barbarians: “I dream of a culture of oracles in logic, of lucid Pythias . . . and of a man who would control his reflexes with a supplement of life, and not through austerity” (89).

En guise de conclusion, I recall the words of the Buddha:

Just as a sweet-smelling and pleasant lotus grows on a heap of refuse flung on the high road, so a disciple of the Fully Awakened One shines resplendent in wisdom among the blind multitude, the refuse of beings. (Dhammapada, 58-59)

Some translated excerpts from this book will be published at Counter-Currents in the coming days.

Notes

[1] [8] The French edition is incidentally quite elegant and has been printed using blue ink.

[2] [9] Cioran often writes of nations having or lacking vigor “in the blood,” using this word strangely more in a psychological than hereditarian sense.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[2] Emil Cioran: https://www.counter-currents.com/2019/01/cioran-germany-hitler/

[3] [1]: #_ftn1

[4] standard-setting “normality” is in fact highly exceptional: http://www.unz.com/gdurocher/the-convergence-hoax/

[5] [2]: #_ftn2

[6] Alain Soral has complained: https://www.counter-currents.com/2019/01/cioran-aesthete-of-despair/

[7] his failures: http://www.counter-currents.com/2016/04/de-gaulles-failure/

[8] [1]: #_ftnref1

[9] [2]: #_ftnref2

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dimanche, 17 février 2019

TERRE & PEUPLE Magazine n°78

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Communiqué de "Terre & Peuple - Wallonie":

TERRE & PEUPLE Magazine n°78

Le numéro 78 du TP Mag est centré sur le thème '1914-1918, la fin d'un monde'.

Dans son éditorial intitulé 'La cassure', Pierre Vial évoque la rupture entre le pays légal et le pays réel.  Il cite Jean-Claude Michéa, pour qui le gouvernement français, cynique, est prêt aux pires extrémités à l'égard de ceux d'en bas, et Michel Onfray, qui avertit que les institutionnels vont tout tenter pour déconsidérer la démocratie directe des Gilets Jaunes, comme ils l'ont fait hier pour les Bonnets Rouges.

Dans les brèves, celle qui traite des Camps de la mort d'Eisenhower cite le numéro 239 de la Lettre de Jeune Nation, avec le témoignage de Martin Brech, un jeune soldat américain qui a été gardien d'un camp de prisonniers de guerre allemands, à Andernach, en 1945.  Ils y étaient parqués en plein air, sans abri et sans couverture.  La mortalité y était effarante.  "Il y avait, parmi les gardiens, des tueurs de sang-froid, animés d'une haine qui se voulait morale : les Allemands étaient des sous-hommes qui méritaient d'être exterminés."

Pierre Vial poursuit son étude 'Un modèle identitaire : les Juifs'.  Leur dernière révolte armée a lieu sous l'empereur Hadrien, lequel leur avait interdit la circoncision et avait voué la ville de Jérusalem à Jupiter, la rebaptisant Aelia Capitolina.  Grâce à un large appui populaire, la ville tombe aux mains des révoltés qui voient là une confirmation de la protection divine.  Hadrien réagit vigoureusement : Jérusalem est nettoyée et les rebelles sont traqués jusque dans le désert.  Des centaines de milliers de Juifs sont tués et les survivants sont vendus comme esclaves.  Jérusalem, repeuplée par des Gentils, est interdite aux Juifs.  Le centre de la vie juive se déplace alors en Galilée, épargnée par les troubles.  Un groupe de sages y fonde, à Jabneh près de la côte, un nouveau Sanhédrin dont l'autorité s'étend bientôt à toute la Diaspora.  Au cours des siècles suivant, il s'emploiera à codifier la tradition sous deux formes: le midrash (méthode didactique) et la Mishna (forme écrite) dont l'autorité s'imposa vite et fit l'objet de commentaires écrits dans la Gemara.  Mishna et Gemara forment le Talmud.  Les parties normatives du Talmud constituent la Halacha et les parties narratives la Aggada.  On observe alors un repli d'Israël sur lui-même.  Sa religion cesse d'être missionnaire, les catastrophes de 70 et de 135 ayant éveillé la haine du Gentil.  L'identité juive, brimée en Palestine, s'affirme alors dans les grandes villes de la Diaspora, Antioche, Alexandrie, Rome, où les Juifs disposent d'organisations propres (juridictions, cimetières, etc), dans un isolationnisme méprisant.  Avec la disparition du patriarcat, en 425, le centre du judaïsme se déplace hors de l'Empire, en Mésopotamie.  La traduction grecque de la Bible des Septante est récupérée par les chrétiens en même temps que les prétentions universalistes.  Constantin avait promulgué des lois contre le judaïsme et il avait construit, sur les hauts-lieux de Palestine, des églises qui deviennent des centres de pèlerinage.  Au moyen-âge, ils seront des terres d'islam, où les chrétiens deviennent en tant que monothéistes des dhimmis (protégés) contre le paiement d’un impôt.  Les Juifs sont autorisés à revenir à Jérusalem, mais c’est à Tibériade que s’installe une Yéshiva (académie), bientôt considérée comme l’héritière légitime du Sanhédrin et dont le Gaon qui la préside fixe le calendrier des fêtes pour les Juifs du monde entier.  Sous la dynastie chiite des Fatimides (969-1029), les Juifs occupent des charges officielles, certains devenant même des ‘Juifs de cour’.  En Espagne, la Reconquête chrétienne et le règne des dynasties fanatiques Almoravides et Almohades incitent nombre de Juifs à se réfugier dans le nord chrétien.  Toutefois, au XIIIe siècle, le roi Jacques 1er leur impose un signe distinctif infamant, que le pape Innocent III appliquera à tous les Juifs, peuple non plus élu de Dieu, mais indigne.  L’Eglise défend de persécuter les Juifs, mais juge juste de les maintenir dans un statut d’infériorité.  En France, les Juifs sont protégés.  On leur confie des fonctions -ils prêtent à intérêt, ce qui est interdit aux chrétiens-, mais ils sont lourdement taxés en échange de cette protection.  Les ashkénazes, qui parlent yiddish (dérivé de l’allemand), vivent en Allemagne, Bohème, Pologne et Russie, sur les grands axes commerciaux, Rhin, Danube et Elbe, où ils obtiennent la liberté de culte et des quartiers séparés.  En Allemagne, ils sont protégés par l’Empereur, mais ne peuvent pas porter d’armes.  En Angleterre, ils sont prêteurs à intérêt et le roi Henri II doit au banquier Aaron de Lincoln l’équivalent d’une année de l’impôt royal.  Mais Edouard Ier, un siècle plus tard, interdit aux Juifs d’encore prêter et peu après les expulse, comme l’avait fait en France saint Louis IX.  En Espagne, la Reconquista terminée, les rois d’Aragon et de Castille ordonnent aux juifs de se convertir ou de partir, ce qui donne de l’ampleur à la catégorie des Anoussim (forcés), ces conversos qu’on désigne de préférence par le terme disqualifiant marranos (cochon).  Certains marranes zélés se sont intégrés à la hiérarchie ecclésiastique, dont le Dominicain Tomas de Torquemada, moteur de l’Inquisition.  Aux XVIe et XVIIe siècles, de nombreux marranes croient préférable de quitter l’Espagne, dont un grand nombre s’installent en France, en particulier à Bayonne et à Bordeaux.  Des marranes ont accompagné Christophe Colomb, lui-même descendant de Juifs convertis.  Il a accueilli de nombreux Juifs à la Jamaïque.  Au XVIe siècle, un grand nombre de marranes s’établissent au Mexique et au Brésil, alors portugais.  Mais, quand les Hollandais s’emparent de ces territoires brésiliens, ces marranes reviennent ouvertement au judaïsme.  La reconquête par les Portugais provoque un grand départ des Juifs du Brésil, dont un groupe fonde la Nouvelle Amsterdam, ensuite rebaptisée New York.  La tolérance des protestants hollandais fait affluer les marranes à Amsterdam.  Au XVIIe siècle, la communauté juive d’Amsterdam est la plus importante de l’Europe de l’ouest.  Elle sera bientôt renforcée par les ashkénazes qui fuient les pogroms de Pologne.  Les sépharades d’Amsterdam forment une classe de négociants internationaux.  L’imprimeur érudit Manasseh ben Israël, marrane espagnol réfugié à Amsterdam, persuada Cromwell de permettre aux Juifs de revenir en Angleterre.  Le philosophe Baruch Spinoza, fils de marranes portugais réfugiés à Amsterdam, applique son rationalisme à une critique de la Bible poussée jusqu’à mettre en doute la révélation divine, inséminant en Europe des courants de pensée qui déboucheront sur des remises en cause auxquelles les Juifs prendront une large part.

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Jean-Patrick Arteault poursuit son exposé sur ‘L’identité et le communautarisme albo-européen’ : soit nous réalisons un saut qualitatif soit nous disparaissons. 

Préalable à notre quête : un réalisme débarrassé de toute nostalgie, car la population a changé en esprit.  Telle la médecine de champ de bataille, nous ne pourrons pas sauver tout le monde.  Avec ceux qui sont proches, contentons-t-nous de coopérer sur l’un ou l’autre point et ne gaspillons pas d’énergie à tenter de les séduire.  Avec ceux qui sont sains, mais baignent dans le mainstream, il faut les convaincre avec les formes qu’ils peuvent admettre.  L’enjeu de la renaissance est là.  Terre et peuple, sol et sang sont essentiels à condition d’y joindre l’esprit, mais seuls le sang et l’esprit, la Race et la Vision du monde, sont indispensables, alors que la Terre, le continent européen, ne l’est pas et ne l’a pas toujours été.  Modèle du peuple juif : quand l’Esprit se souvient, la race se maintient et la Terre peut être recouvrée.  Partir est peut-être une option.  L’acte de guerre le plus efficace est de fonder une famille nombreuse éduquée dans la vision albo-européenne, car deux éléments décisifs sur le long terme sont la démographie et l’éducation.  Or l’Afrique est en explosion démographique et l’Europe en implosion : des jeunes avides face à des vieux repus.  Un nombre faible ne peut l’emporter qu’avec une volonté forte de la population pour soutenir ses gouvernants contre ses moralistes.  Le cran a manqué jusqu’ici pour faire taire les renégats.  Ce qu’ose Viktor Orban, nos ‘élites’ l’ont refusé et le Grand Remplacement est en voie de réalisation.  En 1965, 85% de la population des Etats-Unis étaient d’origine européenne.  Au cours de la décennie 2030-2040, elle passera sous la barre des 50%.  Ce qui empêche les Albo-Européens de faire les choix qui assureraient leur survie, c’est leur vision du monde.  Elle semble se fixer entre leurs 15 et 25 ans et il y a peu de chance d’assister par la suite à un virement de bord.  Les vrais basculements idéologiques sont lents.  ll faudra inévitablement une période pendant laquelle le destin des Albo-Européens sera en risque et encore faut-il un processus de survie communautaire dès maintenant.  Il faut commencer par envisager les scénarios possibles.  Il n’y en a en réalité qu’un seul, avec des variantes selon le contexte économique, financier, géopolitique et la capacité du système en place à contrôler correctement, faiblement ou pas du tout.  La première variante est celle de l’effondrement du Système occidental.  Hypothèse à ne pas négliger, elle n’est pas la plus probable et elle est démobilisatrice.  On envisagera plutôt une succession de crises, plus ou moins bien gérées, qui aggraveront la situation des classes moyennes et populaires autochtones.  La gestion d’une société multi-ethnique absorbe un volume énorme de ressources, notamment l’achat du calme dans les banlieues, l’assistance médicale, la restauration des destructions, la sécurité et le gardiennage éducatif et pénitentiaire. Il faudra probablement encore lâcher du lest.  Si le régime n’arrose plus, les allochtones seront tentés de se payer sur la bête.  Le scénario le plus probable est la libanisation du territoire entre les diverses communautés ethno-religieuses, dans des relations pacifiques ou conflictuelles selon les moments et les sujets, sous l’égide d’un état qui tente de représenter le pays en les contrôlant ou en s’en faisant contrôler.  Les autres éventualités sont la mort, la soumission ou la fuite vers l’Est.  Le communautarisme est un principe d’organisation général.  La question fondamentale aujourd’hui est : les Albo-Européens seront-ils demain contraints à l’exil, voire éliminés ?  Le communautarisme, qui est à la fois la base de l’organisation sociale et celle du fédéralisme politique, est régi par deux principes : l’auto-organisation et la subsidiarité, le tout inscrit dans une vision du monde holiste (non-individualiste) et enracinée (non-univeraliste).  Mais l’unité dans la diversité est un problème délicat et les empires historiques ont échoué, notamment l’Empire austro-hongrois.  L’état royal fonctionnait selon le principe de subsidiarité.  L’organisation communautariste était la règle jusqu’à la Révolution française.  Un modèle communautariste et fédéraliste n’est pas impensable pour le nouveau projet continental, mais l’invasion migratoire n’a pas amélioré la donne.  Il ne s’agit pas que de survivre, mais de redevenir l’aile marchante de nos peuples.  Notre premier devoir est de transmettre la vie en abondance par des familles nombreuses, à qui transmettre en les éduquant, tout en apprenant à dissimuler, car le classement social se fera sur la base du corpus idéologique de l’adversaire.  Il faut éduquer dans une double pensée à un savoir caché propre à la communauté des Albo-Européens, car 99% du corps enseignant est hostile, tout en se gardant des camarades qui ne sont pas sûrs.  Il faut enseigner qu’il faut s’exercer au combat, mais refuser l’affrontement quand on est en infériorité, secourir les nôtres qui sont attaqués, mais décrocher.  Il faut regarder en face la guerre qui s’impose à nous, mais suivre le modèle d’Ulysse, prudent et rusé, plutôt que celui d’Achille.  Il est recommandé d’éduquer aux sports de combat (en équipe : rugby), à la langue russe et au cyrillique, aux codes de l’orthodoxie et aux métiers techniques universellement utiles et aux apprentissages manuels pratiques et utiles.  On ne peut envisager de survivre en autarcie sur la base d’une famille ou d’un petit groupe, mais bien d’augmenter sa résilience.  Toutefois, en cas de crise violente débouchant sur une libanisation, nos réseaux et BAD ne suffiront que s’ils sont capables de devenir des noyaux de protection à l’image des mottes féodales.  Cela ne peut s’envisager qu’à l’écart des zones périurbaines et des axes de circulation.  L’idée de Base est liée à celle du clan et de la colonisation.  Autonomie ne signifie pas autarcie : la BAD est le nouveau noyau politique, qui doit fonctionner en système avec d’autres BAD pour augmenter la résilience aux chocs des crises, pour revenir à l’équilibre et réduire les risques d’effondrement.  Il est prudent de se garantir aujourd’hui un mois de survie, ce qui devrait suffire au système pour retrouver un certain équilibre. S’il ne l’a pas retrouvé, ce n’est plus une simple crise et il faut craindre que chacun doive trouver à s’adapter comme il le pourra, seul ou en groupe, s’il est encore vivant.  Il faut tout faire pour que la dégradation soit progressive et coïncide avec notre renforcement.  BAD et Clan ne sont que des points d’appui défensifs, tournés vers l’intérieur.  Il faut aussi développer une dynamique conquérante, vers l’extérieur, en mettant en œuvre l’esprit (puissance spirituelle et/ou intellectuelle), la force (capacité de contraindre) et l’argent (puissance matérielle) et en procédant en réseau d’abord dans les domaines pratiques, par la collaboration, l’entraide, la réciprocité, la discrimination positive. Il y a beaucoup à apprendre du modèle juif.  Sauf à se reconnaître une infériorité, les Albo-Européens devraient en être capables.  Après les domaines pratiques, il y a ceux de l’éducation, de la transmission culturelle, de la création intellectuelle.  Nous avons nos chances comme les autres.  Là où il y a une volonté, il y a un chemin.

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Pierre Vial ouvre le dossier central ‘1914-1918, la fin d’un monde’, en rappelant que la ‘victoire’ n’était que la première étape d’une descente des peuples européens aux enfers, par la faute d’élites irresponsables ou perverses.  Ebranlées, les structures européennes ont subi après 1945 les pressions déterminantes de l’omnipotente ploutocratie.  Les Européens se sont retrouvés sous la pesante hégémonie de leurs alliés américains.  Pourrons-nous faire renaître de ses cendres le phénix ?

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Jean-Patrick Arteault dévoile ‘Les origines secrètes de la Première Guerre Mondiale’ à partir du livre que les historiens écossais Gerry Docherty et Jim McGregor ont consacré aux révélations de Caroll Quigley dans son ‘Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine’.  Il y précisait le rôle de celle-ci dans les événements qui ont préparé et provoqué la guerre, notamment la part de ce que Quigley appelle le Groupe de Milner et qu’ils nomment l’Elite secrète.  L’article complète l’étude fouillée du même auteur parue dans les numéros 43, 44, 45, 46, 47, 49, 50, et 60 du TPMag sur le rôle de Cecil Rhodes, d’Alfred Milner, de Reginald Brett et du ‘Jardin d’enfants de Milner’.  Les deux historiens dévoilent la responsabilité écrasante de ceux-ci dans la guerre de destruction à mener contre l’Allemagne et le rôle insoupçonné du Prince de Galles, le futur Edouard VII.  A la différence de la Reine Victoria, grand-mère de l’Empereur Guillaume II qu’elle adorait, le Prince était violemment germanophobe comme son épouse la Princesse Alexandra de Danemark.  Viveur et friand de ‘petites femmes parisiennes’, fêtard et panier percé, il a été une proie facile pour les financiers de l’Elite secrète, dont Nathaniel de Rotschild à qui il ouvrira ensuite des marchés internationaux.  Mais le viveur dissimulait, en même temps qu’une vive intelligence, culture, don des langues et sens de la diplomatie : recruté par l’Elite secrète, il en devint un des principaux animateurs.  Il a été l’acteur capital de l’Entente cordiale avec la France, signée le 8 avril 1904 malgré un contentieux historique chargé (envenimé en 1898 par l’Affaire de Fachoda qui avait failli tourner au conflit armé !).  Soucieuse de conserver la maîtrise des mers et du commerce international, l’Elite secrète est consciente de la menace de la puissance russe montante vers la Méditerranée sur les lignes de communications vers les Indes et vers l’Asie centrale.  Elle redoute la constitution d’une grande puissance continentale qui pourrait devenir une concurrente maritime.  Elle anticipe sur la théorie du géopolitologue écossais Halford J. Mackinder  ‘Qui domine le continent européen domine l’île mondiale (l’Eurasieafrique) et contrôle le monde’.  Il était urgent d’empêcher l’union d’un Heartland de l’Allemagne à la Russie.  L’Angleterre manquait de soldats pour affronter l’Allemagne.  L’obsession française à l’endroit de l’Alsace-Lorraine a servi de levier pour son Entente cordiale.  Il s’agissait de plus que la Russie et l’Allemagne soient ennemis.  En août 1907, l’Elite secrète obtient une convention anglo-russe, base d’une alliance contre l’Allemagne, ouvrant l’accès à un nouveau réservoir de chair à canon.  L’Empire allemand soutenait l’Empire ottoman déliquescent, que les Britanniques souhaitaient démembrer pour des motifs pétroliers.  On n’attendait que le brulot balkanique pour mettre le feu aux poudres.  L’Elite secrète n’a certes pas programmé la guerre avec ses millions de morts, mais elle l’a préparée et ses objectifs ont été globalement atteints.

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Pierre Vial rappelle que le paysan est l’homme du pays, enraciné dans la terre de son pays, mais aussi dans le peuple de ses pays et payses.  C’est cela que les apôtres du déracinement veulent voir disparaître.  Le Grand Suicide de 1914-1918 y a porté le premier coup, témoins les monuments aux morts dans les villages. A joué ensuite le mirage de la vie citadine, surtout sur les jeunes filles, ce qui a éteint les lignées : sans successeur, à quoi bon s’échiner.  Mais le monde paysan n’est pas mort sans avoir réagi.  Pierre Vial cite Henri Dorgères, fils de boucher qui, en 1926, devient journaliste et dirige Le Progrès Agricole de l’Ouest, autour de qui s’organise les comités de défense paysanne, les ‘Chemises vertes’ et qui publie un livre ‘Haut les fourches !’  Chaud partisan de Mussolini, Dorgères a fait l’objet de 69 inculpations.  Il qualifiait de ‘Maréchal paysan’ Pétain qui avait dit ; « La terre, elle, ne ment pas. »  Il n’en a pas moins été élu ensuite député poujadiste et il a créé le Rassemblement paysan.  C’est toutefois à cette époque que l’exploitation capitaliste a fait des paysans des ‘exploitants agricoles’ et que le Crédit Agricole les a encouragés à s’endetter pour réaliser des productions intensives, rendant les agriculteurs prisonniers d’un système où des manipulateurs cassent les prix comme les consciences : le MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne) très ancré à gauche a organisé des formations au marxisme !  Aujourd’hui, la mise en place de structures communautaires autour d’une économie localiste axée sur des produits de terroir ouvre une voie de salut au monde paysan.

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Robert Dragan accuse la Révolution moderne de ‘Destruction programmée de la famille’.   Il souligne les fragilités de l’espèce humaine -les périodes de fécondité des femelles sont brèves ; pas plus que les mâles, elles ne sont pas monogames de nature ; elles sont plus dépendantes, non seulement durant les grossesses, mais surtout pendant la très longue période où les petits ne sont pas encore autonomes.  Il en conclut : la société est une nécessité vitale.  Les femmes ont intérêt à diversifier leurs partenaires dans des petits groupes d’apparentés sur trois générations pratiquant l’entraide et la division des tâches.  Ce qu’Aristote définissait déjà par « l’homme est un animal politique ».  Dans nombre de société primitives, le matriarcat (de la mère centre du foyer) a précédé le patriarcat (lié à la guerre).  Dans la société guerrière indo-européenne, le guerrier structure la société, démocratique comme aristocratique (voir Athènes et Rome).  Un frein est mis à son vagabondage sexuel et les femmes deviennent gardiennes de la pureté lignagère et du type du mâle à convoiter.  Les modernistes fustigent ce type civilisationnel, qui se pratique chez les sémites arabisés, les Turcs, les Mongols.  Les féministes affirment avec Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient, » prétendant que les caractères et dispositions des deux sexes seraient semblables, indépendamment de la testostérone, et que les différences seraient le produit, dans l’enfance, d’un conditionnement qui vise à inférioriser la femme et maintenir la domination masculine sur la société :  le patriarcat est immoral et infondé.  La Révolution française a légalisé le divorce, introduisant une redistribution constante, qui a libéralisé les rapports dans le sens d’une consommation sexuelle récréative.  En 1918, Lénine promettait que, dans l’Etat socialiste, le rapport sexuel serait aussi simple que consommer un verre d’eau.  On n’a su que faire des orphelins nés de cette ‘liberté’.  Avec la pilule, l’Occident du XXe siècle a pu s’offrir les joies d’une copulation sans frein.  Les mères célibataires bénéficient de diverses aides sociales.  La GPA (gestation pour autrui) vient compléter le mariage homosexuel et néglige les névroses identitaires des enfants ainsi conçus.  La libération sexuelle a créé plus de frustration que d’épanouissement, a multiplié les divorces et les familles monoparentales ou recomposées et perturbé un nombre énorme d’enfants, avec des répercussions sur l’apprentissage scolaire et le risque d’abus sexuels.  La recherche d’un partenaire stable est le problème majeur.  L’âge moyen (immigrées comprises) des accouchées de leur premier enfant est trente ans !  Comment, avec des passés encombrés, assurer la stabilité de vie des enfants futurs ?  La presse féminine, qui est féministe, préconise la recherche du bonheur et la « beauté de l’histoire » et, pour les enfants, les services sociaux et les grands-parents.  L’enfant moderne ne connaît guère ses grands-parents et juge leur expérience négligeable et, dans bien des cas, elle l’est.

Celui de nos amis qui signe Thodinor prononce une imprécation majeure contre les acteurs de la ‘décomposition anthropologique’ de la France et contre l’état qui persécute la famille française et la philia, cette amitié confiante, dont les racines sont nécessairement tribales.  Il rappelle le postulat de l’Ecole de Francfort : « La communauté juive sera toujours menacée dans une société homogène blanche. »  Et aussi le Nouvel Ordre Mondial promis par Josiah Macy, avec la programmation d’un homme anti-autoritaire, le zombie blanc fabriqué avec du LSD, du titytainment et de l’Etat de droit.  Il cite Carl Schmitt (Tout droit est le droit d’un peuple particulier) et Guillaume Faye (Le nous, c’est l’héritage des ancêtres plus l’avenir de nos enfants.)

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Jean-Patrick Arteault souligne, dans le dernier ouvrage de Jean-Yves Le Gallou ‘Européen d’abord’, son essai sur la préférence de civilisation liée au peuplement ancestral de l’Europe.  Ciblant clairement l’invasion migratoire, Le Gallou avait jusqu’ici surtout mis en exergue la préférence nationale.  Une réserve toutefois sur son jugement relatif à l’atout du christianisme.  On comprendra les raisons tactiques de ce choix par le risque d’interruption volontaire de civilisation que présente l’islamisation : dans les milieux identitaires que ciblent sa fondation Polemia et son émission sur TV Libertés, la conscience chrétienne opère en effet un retour.  On doit toutefois se demander si le christianisme en général et le catholicisme en particulier sont des bons points d’appui dans la bataille pour la civilisation européenne.  Dans les valeurs basiques de celle-ci, la pluralité des opinions et le débat ne furent que tardivement des valeurs chrétiennes.  Ensemble de religions universalistes dont la principale, le catholicisme, porte même ce trait dans son nom, le christianisme n’a aucun caractère identitaire spécifiquement européen.  Saint Paul ne dit-il pas aux Galates : « Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni homme ni femme.  Vous êtes tous un en Jésus-Christ, postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. »  Mais Jean-Yves Le Gallou a raison d’insister sur l’empreinte chrétienne dans l’art et la culture européens.  La forme prise par cette empreinte n’est-elle pas le résultat d’un compromis entre la vision populaire native et le discours chrétien des autorités, un long combat de la réforme grégorienne à Vatican II ?  Si la culture chrétienne porte une partie de l’esprit européen, ce serait plutôt malgré le christianisme, ce que le cosmopolitisme du pape François ne peut que confirmer, faisant plutôt partie du problème que de la solution.

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Didier Carette passe en revue l’œuvre du cinéaste-poète Andreï Tarkovski, qu’il qualifie de soviétique sans être communiste, son avant-garde étant l’art de la révolution et non celui de l’Etat.  Tarkovski est l’auteur de sept films, dont une brochette a décroché des distinctions internationales, notamment Andreï Roublev, sur la vie d’un peintre d’icônes du XVe siècle, mouvementée entre invasions tatares, survivances païennes et sectarismes.  Le film vaudra à son auteur trois années d’exil.  Solaris, réplique à 2001, Odyssée de l’espace, décrochera un prix à Cannes en 1972.  Le Miroir, en 1975, consacre ses différends avec les autorités : il sera déprogrammé au festival de Moscou.  Stalker, en 1979, présente la Zone tabou où subsistent les traces d’un passé mythique oublié depuis une destruction inexpliquée d’une tradition qui aurait préféré la futilité aux valeurs sacrées.  On y pressent cependant l’espérance d’une renaissance.  Tarkovski, qui a alors été invité par la RAI, s’installe en Italie pour collaborer avec le dialoguiste d’Antonioni à un nouveau film, Nostalghia.  L’oeuvre traite de la crise de civilisation de l’Ouest, faillite de l’intelligence et progrès illusoire.  Il obtient un grand Prix à Cannes en 1983.  C’est alors qu’Ingmar Bergman invite Tarkovski en Suède, où il va réaliser son dernier film, Le Sacrifice.  Tarkovski meurt en 1986 d’un cancer du poumon ?  Il n’a encore que 54 ans.

Jean-Patrick Arteault épingle le jeune philosophe coté de Science Po Gaspard Koenig, qui a jugé le moment venu d’approuver l’idée, pas toute neuve, de légaliser le cannabis.  Outre la garantie de qualité et de sécurité sanitaire des produits, la mesure aurait la vertu de transformer racailles et malfrats en honnêtes exploitants, en réintégrant dans les circuits officiels et fiscalisés des centaines de milliards de dollars, et de policer des maffias, oligarchies en voie d’émergence.  Il y a aussi que l’innovation technologique dans les industries de masse rend surnuméraire une fraction inutilisable de la population.  Le cannabis est réputé pour ses effets calmants inhibiteurs d’énergies.  Depuis 1995 déjà, Zbigniew Brzezinski prescrit le Titytainment pour calmer les angoisses existentielles et désamorcer les révoltes des masses inutiles : Peace and Love

samedi, 16 février 2019

Presseschau / Februar 2019

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Presseschau

Februar 2019

AUßENPOLITISCHES

Schuldenmonitor des IIF

Die Welt steckt in der Schuldenfalle

https://boerse.ard.de/anlagestrategie/geldanlage/die-welt-steckt-in-der-schuldenfalle100.html

 

Zeiten ändern sich – Doch Gold ist beständig

https://www.goldseiten.de/artikel/401654--Zeiten-aendern-sich---Doch-Gold-ist-bestaendig.html?seite=1

 

(Mit Oxfam und mehr Linkssozialismus gegen Rechtspopulismus...) Tiefer Graben zwischen Arm und Reich - „Nährboden für Nationalismus“

https://web.de/magazine/wirtschaft/tiefer-graben-arm-reic...

 

Vergemeinschaftung der Sozialsysteme

Juncker für europäische Arbeitslosenversicherung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/juncker-fuer-europaeische-arbeitslosenversicherung/

 

Ausschreitungen in Frankreich

Regierungssprecher flieht vor Angriff der „Gelbwesten“

 https://www.welt.de/politik/ausland/article186592086/Fran...

 

Frankreich: Gelbwesten zerstören 60 Prozent der Blitzer

 http://www.pi-news.net/2019/01/frankreich-gelbwesten-zers...

 

Französische Regierung: Ausland unterstützt „Gelbwesten“ Frankreich vermutet, dass andere Staaten den „Gelbwesten“ bei ihren Protesten helfen. Als Beispiel führt der französische Regierungssprecher Italien an.

https://www.handelsblatt.com/politik/international/paris-franzoesische-regierung-ausland-unterstuetzt-gelbwesten/23847298.html?ticket=ST-2343584-zAeeWcmgoNIjew460G7k-ap4

 

Frankreich

Manifest der Gelbwesten: Ende der Austeritätspolitik, Volksentscheide, Begrenzung der Mietpreise

https://deutsch.rt.com/europa/80823-manifest-gelbwesten-e...

 

Klimaschutz

Schweden verbietet ab 2030 Diesel- und Benzinautos

 https://www.welt.de/wirtschaft/article187498672/Klimaschu...

 

Namensstreit um Mazedonien – Mehr als 100.000 Griechen demonstrieren in Athen

 https://www.zdf.de/nachrichten/heute/zehntausende-grieche...

 

Athen: Verletzte bei Protesten gegen Umbenennung Mazedoniens https://www.zeit.de/politik/ausland/2019-01/athen-demonstration-umbenennung-mazedonien-nordmazedonien-griechenland

 

Vor Abzug aus Syrien

Trump droht Türkei mit „wirtschaftlicher Vernichtung“

 https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/trump-droht...

 

Abkommen mit Russland

USA steigen aus INF-Abrüstungsvertrag aus

http://www.spiegel.de/politik/ausland/usa-kuendigen-ausstieg-aus-inf-abruestungsvertrag-mit-russland-an-a-1251108.html

 

Vorfall am Lincoln-Memorial

Fake-News-Kampagne gegen friedliche Schüler

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/fake-news-kampagne-gegen-friedliche-schueler/

 

(Dazu...)

Sonntagsheld (94) – So lach doch mal

https://sezession.de/60082/sonntagsheld-94-so-lach-doch-mal

 

Oberster Gerichtshof bestätigt Transgender-Verbot im US-Militär https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/oberster-gerichtshof-bestaetigt-transgender-verbot-im-us-militaer/

 

(Über 100.000 Dollar für den Quadratmeter)

New York

Milliardär kauft teuerste US-Wohnung aller Zeiten

https://www.goldreporter.de/milliardaer-kauft-teuerste-us...

 

Notlage in Venezuela : 1,3 Millionen Prozent Inflation

https://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/arm-und-reich/wie-...

 

(Haft in Venezuela)

JF-TV Spezial1

#freebilly: Freiheit für Billy Six!

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/freebilly-freiheit-fuer-billy-six/

 

Weitere Journalisten in Venezuela festgenommen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/weitere-journalisten-in-venezuela-festgenommen/

 

Präsident Jair Bolsonaro

Brasilien steigt aus dem UN-Migrationspakt aus

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/brasilien-steigt-aus-dem-un-migrationspakt-aus/

 

Notfalls mit Gewalt

China droht Taiwan mit Wiedervereinigung

https://www.tagesschau.de/ausland/china-taiwan-121.html

 

Chinesische Kriegsrhetorik: Droht ein Krieg um Taiwan? https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/droht-ein-krieg-um-taiwan-15968934.html

 

Kambodscha

Lebenslang für zwei Anführer der Roten Khmer

https://www.welt.de/geschichte/video183952010/Urteile-Lebenslang-fuer-zwei-Anfuehrer-der-Roten-Khmer.html

 

Kambodscha : Rote Khmer-Führer wegen Völkermords zu lebenslanger Haft verurteilt

https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/kambodscha-ro...

 

Thailänder wegen Falschmeldung über Smog-Opfer festgenommen

https://www.greenpeace-magazin.de/ticker/thailaender-wege...

 

Indien

She Wanted to ‚Understand the Forest More.‘ So She Made History Dhanya Sanal named as first woman to scale sacred Agasthyakoodam mountain

http://www.newser.com/story/270084/only-men-climbed-this-...

 

Zwei Wochen Zwangspause

Internet-Blackout legt Tonga lahm

https://www.n-tv.de/panorama/Internet-Blackout-legt-Tonga-lahm-article20840547.html

 

KLF19-2.jpg

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Uno-Untersuchung

Deutsche zahlen ganz gern Steuern

Viele Bürger klagen oft über hohe Abgaben. Eine von der Uno veröffentlichte Untersuchung kommt aber zu dem Schluss: Die Akzeptanz des Steuersystems ist in Deutschland hoch – verglichen mit anderen Ländern.

http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/steuern-deutsche-zahlen-im-internationalen-vergleich-gerne-a-1246243.html

 

Milliarden-Steuersenkung geplant

Finanzministerium wappnet sich für Wirtschaftskrise

https://www.n-tv.de/wirtschaft/Finanzministerium-wappnet-...

 

Finanzen

402 Millionen Euro Kindergeld fließen ins Ausland

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/402-mil...

 

Entscheidung ist gefallen: Ulm wird Standort für neues Nato-Hauptquartier

 https://www.schwaebische.de/landkreis/alb-donau-kreis/ulm...

 

Flüchtlingspolitik

Merkel: „Das Land war vielleicht nie so versöhnt, wie man dachte“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/merkel-...

 

Unter der Herrschaft einer Form der milden Funktionärsdiktatur Der Niedergang der klassischen Volksparteien ist unaufhaltsam – Teil 2

https://www.heise.de/tp/features/Unter-der-Herrschaft-ein...

 

Lage 2019 (I): Der Feind

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/60086/lage-2019-i-der-feind

 

Sonntagsheld (95) – Überlebt, oder sterbt!

https://sezession.de/60095/sonntagsheld-95-ueberlebt-oder-sterbt

 

Das von den Grünen gelöschte Video

Grünen-Chef Robert Habeck erklärt Thüringen zur Diktatur

 http://www.pi-news.net/2019/01/gruenen-chef-robert-habeck...

 

Grüne

Der Öko-Jetset ist beleidigt

von Birgit Kelle

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/der-oeko-jetset-ist-beleidigt/

 

Grüner wird Cheflobbyist für Glyphosat

http://www.pi-news.net/2019/01/gruener-wird-cheflobbyist-fuer-glyphosat/

 

„Gibt keine wissenschaftliche Begründung“

Lungenärzte schreiben Brandbrief gegen Feinstaub-Grenzwerte

 https://jungefreiheit.de/allgemein/2019/lungenaerzte-schr...

 

Massiver Diebstahl.

Datenleck betrifft deutsche Politiker „aller Ebenen“ – auch Merkel

https://www.welt.de/politik/deutschland/article186533478/...

 

Mehrere Stunden Befragung

19-Jähriger wegen Hackerangriff vernommen

https://www.n-tv.de/politik/19-Jaehriger-wegen-Hackerangriff-vernommen-article20799099.html

 

BKA und Generalstaatsanwalt: „Doxxing“-Angriff war Tat eines Einzelnen – Verärgerung als Motiv

https://www.gmx.net/magazine/politik/hackerangriff-live-t...

 

(Dazu...)

Sonntagsheld (91) – Gottes Werk und Teufels Beitrag

https://sezession.de/60045/sonntagsheld-91-gottes-werk-un...

 

(Dazu... Zitat: „Bei mir Mordaufruf, keine Reaktion. Martin Schulz ruft jemand auf der `privaten Telefonnummer´ an, und sofort republikweiter Riesenskandal und der Staatsschutz schaltet sich ein. Der Typ, der da anrief, war nicht mal unfreundlich oder bedrohlich.“)

https://blog.fefe.de/

 

Medienpräsenz von Politikern

Grünen-Chefs sind Talkshow-Lieblinge

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/gruenen-chefs-sind-talkshow-lieblinge/

 

AfD-Anfrage

Flüchtlingskrise: Millionenkosten für externe Berater

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/fluecht...

 

AfD-Spitze sperrt Poggenburg zwei Jahre lang für alle Ämter

https://www.gmx.net/magazine/politik/afd-spitze-sperrt-po...

 

Parteineugründung geplant

André Poggenburg verläßt die AfD

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/andre-poggenburg-verlaesst-die-afd/

 

Poggenburg? Ein „Aufbruch“ als Warnschuß

https://sezession.de/60055/poggenburg-ein-aufbruch-als-warnschuss

 

Stadtparlamentarier in der Kritik

Wirft AfD den Heusenstammer Carsten Härle aus der Partei?

https://www.op-online.de/region/heusenstamm/wirft-heusens...

 

Bundesrat

Berlin plant Gesetz für straffreies Schwarzfahren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/berlin-plant-gesetz-fuer-straffreies-schwarzfahren/

 

Merkel bleibt beliebteste Politikerin

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/merkel-bleibt-beliebteste-politikerin/

 

Das Gemälde, das Angela Merkel ablehnte

Künstlerin Maribel Brandis wollte es ihr schenken. Doch im Kanzleramt fehlt der Platz dafür. Aus Berlin kam eine freundliche Absage.

http://www.ln-online.de/Lokales/Ostholstein/Das-Gemaelde-das-Angela-Merkel-ablehnte

 

Afrikanisches Viertel

Berlin: Anwohner wehren sich gegen Straßenumbenennungen

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/berlin-anwohner-wehr...

 

Max Otte: Deutschland im Spannungsfeld der Globalisierung und Geopolitik

https://www.youtube.com/watch?v=5UtlRPsoPTs

 

30 Jahre 1989. Wider die Geschichtsklitterung

https://www.achgut.com/artikel/30_jahre_1989._wider_die_geschichtsklitterung

 

(Linksradikale „Friedensplattform“ fordert positivere Würdigung der kommunistischen Novemberrevolutionäre)

Hanau

Friedensplattform kritisiert Darstellung der Revolution von 1918 Empörung über „militaristische Ausstellung“

https://www.op-online.de/region/hanau/empoerung-ueber-militaristische-ausstellung-11041835.html

 

Hanau

„Kein Militarismus“:

Kritisierte Weltkriegs-Ausstellung bekommt Unterstützung

https://www.op-online.de/region/hanau/hanau-kritisierte-w...

 

Nach Rede im Bayerischen Landtag

AfD: Knobloch mißbraucht Andenken der NS-Opfer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/afd-kno...

 

(Zu Knoblochs Eklat ein treffender Kommentar...) Gedenkveranstaltung

Das schlechte Gewissen der Charlotte K.

Von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/das-schlechte-gewissen-der-charlotte-k/

 

Gemeinsame Erklärung

Deutschland entschädigt Überlebende der Blockade Leningrads

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/deutsch...

 

(Vergangenheitsbewältigungs-Kitsch mit Schülern) Mühlheim

Friedrich-Ebert-Schüler

Gefangen in der Stille

https://www.op-online.de/region/muehlheim/friedrich-ebert-schueler-muehlheim-gefangen-stille-11543234.html

 

KLF19-3.jpg

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

Im Visier der Populisten

„Erklärung der Vielen“ gegen Intoleranz und Rassismus

 https://www.op-online.de/region/frankfurt/frankfurt-erkla...

 

Jongen: „Die Vielen“ und deren Unterstützer aus der Kulturszene sind besessen vom Wahnbild des Rechtspopulismus

https://www.afdbundestag.de/jongen-die-vielen-und-deren-unterstuetzer-aus-der-kulturszene-sind-besessen-vom-wahnbild-des-rechtspopulismus/

 

Impotenter Konformismus statt kreativer Kunst

Das Elend des politisch-korrekten Kulturbetriebs

http://www.pi-news.net/2019/02/das-elend-des-politisch-korrekten-kulturbetriebs/

 

Null Toleranz für Hassparolen und Extremisten

Skandalöse Sonderrechte für linke Zentren in Frankfurt

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1369

 

Aussteigerprogramm für Linksextreme

Burschenschafter sorgt für linken Sturm im Blätterwald von Alexander Graf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/burschenschafter-sorgt-fuer-linken-sturm-im-blaetterwald/

 

„Vaterlandslose Gesellen“

Anti-Deutschland-Kaffeebecher: Shitstorm gegen Jusos

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/anti-de...

 

(Öffentlich-rechtlicher Kameramann sympathisiert mit Linksradikalen) Dreimal besonders lang und in Großaufnahme gezeigt Danisch zum Antifa-Kameramann des ZDF: Das war kein Versehe

http://www.pi-news.net/2019/01/danisch-zum-antifa-kameram...

http://www.danisch.de/blog/2018/12/31/das-zdf-der-kameram...

 

MDR verteidigt Mitarbeiter mit Anti-AfD-Shirt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/mdr-verteidigt-mitarbeiter-mit-anti-afd-shirt/

 

Tontechniker mit „FCK AFD“-Shirt: MDR rudert zurück

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/tontechniker-...

 

Hunderte demonstrieren in Gedenken an Oury Jalloh in Dessau Mehr als 800 Menschen haben in Dessau an den Todestag des vor 14 Jahren verbrannten Asylbewerbers Oury Jalloh erinnert. Die Anwältin von Jallohs Familie strebt ein neues Gerichtsverfahren an.

https://www.mdr.de/sachsen-anhalt/dessau/dessau-rosslau/demo-oury-jalloh-todestag-100.html

 

(Kritik an „Feine Sahne Fischfilet“ und deren Anhängern) „Anständiger Punk“ – ein Dokument

https://sezession.de/60057/anstaendiger-punk-ein-dokument

 

Bundesweite Aktionen

Symbolischer Protest der Identitären Bewegung gegen linke Gewalt

http://www.pi-news.net/2019/01/symbolischer-protest-der-i...

 

„Unfaßbare Übertreibung“

Aktion gegen „taz“: Identitäre Bewegung weist Vorwürfe zurück

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/aktion-...

 

(Dazu ...mal wieder Hanning Voigts)

Aktion der Identitären Bewegung

Haltungsritter im Antlitz des Schreckens

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/haltungsritter-im-antlitz-des-schreckens/

 

(...mal wieder Ulla Jelpke)

Sicherheitsgefühl der Bevölkerung

Jelpke: AfD ist für Zunahme von Waffenscheinen verantwortlich

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/jelpke-...

 

(Schwache Antifa-Proteste in Schnellroda)

Winterakademie in Schnellroda – Wir und die anderen

https://sezession.de/60070/winterakademie-in-schnellroda-...

 

Die Nazi-Mentalität auf Nazi-Suche, x.-te Folge

von Michael Klonovsky

https://www.michael-klonovsky.de/acta-diurna/item/1056-1-februar-2019

 

Hauptversammlung der Siemens-Aktionäre

Siemens-Chef Kaeser muß sich wegen AfD-Kritik verantworten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/siemens...

 

„Flügel“ und JA Verdachtsfälle

Verfassungsschutz nimmt AfD bundesweit ins Visier

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/verfass...

 

Der Verfassungsschutz als Instrument

Der neue Verfassungsschutzpräsident Thomas Haldenwang hat wie erwartet geliefert

https://sezession.de/60062/der-verfassungsschutz-als-inst...

 

Verfassungsschutz und AfD

Die Richtung ist klar

von Jörg Kürschner

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/die-richtung-ist-klar/

 

»Prüffall« – Einsatz ungesetzlicher Mittel?

https://sezession.de/60072/prueffall-einsatz-ungesetzlichen-mitteln

 

Wir veröffentlichen das Verfassungsschutz-Gutachten zur AfD Der Verfassungsschutz sieht Anhaltspunkte dafür, dass die AfD verfassungsfeindlich ist. Das geht aus einem detaillierten und geheimen Gutachten hervor, das wir in voller Länge veröffentlichen. Das Dokument gehört in die Öffentlichkeit und nicht in einen Panzerschrank, aus vielen Gründen.

https://netzpolitik.org/2019/wir-veroeffentlichen-das-verfassungsschutz-gutachten-zur-afd/

 

Zahlreiche regionale Medien analysieren das Verfassungsschutz-Gutachten zur AfD Mehrere Medien haben sich mit dem Gutachten des Verfassungsschutzes zur AfD beschäftigt. In ihren Artikeln beleuchten sie Aspekte, die gerade für lokale Leserinnen und Leser relevant sind. Das zeigt, wie wichtig es ist, Dokumente im Ganzen zu veröffentlichen.

https://netzpolitik.org/2019/zahlreiche-regionale-medien-analysieren-das-verfassungsschutz-gutachten-zur-afd/

 

Gutachten des Verfassungsschutzes

Einer Demokratie unwürdig

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2019/einer-demokratie-unwuerdig/

 

Abrechnung mit Ex-Partei

AfD-Gründer Bernd Lucke wollte in den Hungerstreik treten AfD-Gründungsvater Bernd Lucke geht in einem Interview hart mit seiner Ex-Partei ins Gericht. Sie sei „eine latent fremdenfeindliche, deutschnationale Partei mit rechtsradikalen Einsprengseln“, so der Wirtschaftswissenschaftler.

https://www.stern.de/politik/deutschland/afd-mitbegruender-bernd-lucke-fuer-ueberwachung-der-partei-8557816.html

 

Gewerkschaft der Polizei

Polizisten auf AfD-Wahllisten sollen sich von Höcke distanzieren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/polizis...

 

Diskussion um Verfassungsschutz

Niedersachsens Innenminister sieht Beamte in der AfD kritisch

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/nieders...

 

TV-Kritik zu „Maischberger“

Gaulands Erfolgsrezept ist der Empörungseifer der anderen

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/gaulands-erfo...

 

Weidels Umarmung schlägt weiter hohe Wellen

Sind Henryk M. Broder und Neue Zürcher ein Fall von „Rechts“?

http://www.pi-news.net/2019/02/sind-henryk-m-broder-und-n...

 

(Was will meinem Dieter Kosslick damit sagen? Dass AfD-Abgeordnete noch nie etwas vom Warschauer Ghetto gehört haben? Oder dass er den Durchblick hat?..)

Berlinale-Direktor lädt AfD zu Film über Warschauer Ghetto ein

https://www.sueddeutsche.de/kultur/berlinale-afd-holocaus...

 

Leipzig

Sachsens Justizminister verurteilt Anschlag auf Gerichtsgebäude

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/sachsen...

 

Linksextremismus

Aufruf zu Anschlägen auf AfD-Politiker: Anleitung zum perfekten Mord

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/aufruf-...

 

Politisches Klima in Deutschland

Jeder fünfte Einwanderer toleriert Gewalt gegen die AfD https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/jeder-fuenfte-einwanderer-toleriert-gewalt-gegen-die-afd/

 

Explosion vor AfD-Büro in Döbeln – Hintergründe unklar

https://www.gmx.net/magazine/panorama/explosion-afd-buero...

 

Vorfall in Döbeln

SPD-Mann nach Explosion vor Parteibüro: „Dieser Anschlag hilft der AfD“

https://www.merkur.de/politik/doebeln-sachsen-anschlag-au...

 

Spirale der Gewalt

Sprengstoffattentat auf AfD-Bürgerbüro im sächsischen Döbeln

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/sprengsto...

 

AfD-Abgeordneter Magnitz bleibt nach Angriff im Krankenhaus

https://www.gmx.net/magazine/politik/afd-abgeordneter-mag...

 

Brutaler Mordanschlag auf Bremer AfD-Bundestagsabgeordneten

http://www.pi-news.net/2019/01/brutaler-mordanschlag-auf-...

 

AntiFa Bremen bekennt sich zu Anschlag auf AfD-Politiker Magnitz

http://www.pi-news.net/2019/01/antifa-bremen-bekennt-sich...

 

(Veronika Kracher)

Magnitz‐Attentat: Journalistin schockiert mit Billigung linksextremer Gewalt

https://www.tagesstimme.com/2019/01/08/magnitz-attentat-j...

 

(Bremen als Brutstätte linksextremer Hetze und Gewalt) Weimar 2.0: Attentat auf Bremer AfD-Landesvorsitzenden

https://www.achgut.com/artikel/weimar_2.0_attentat_auf_br...

 

(Kommentar, der leider ein frommer Wunsch bleiben wird...) Angriff auf AfD-Bundestagsabgeordneten

Ein Innehalten ist dringend notwendig

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/ein-innehalten-ist-dringend-notwendig/

 

(Dazu...)

Nicht nur die Tat von drei Kriminellen

Der Anschlag des Ausgrenzungsstaates

http://www.pi-news.net/2019/01/der-anschlag-des-ausgrenzungsstaates/

 

(Dazu...)

taz, Döbeln, Magnitz, taz …

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/60049/taz-doebeln-magnitz-taz

 

Linksextreme Kracher

#Zusammengelatzt – taz-Autorin begrüßt Anschlag auf AfD-Magnitz

http://www.pi-news.net/2019/01/zusammengelatzt-taz-autori...

 

Überfälle, Brandanschläge, Farbattacken: Gewalt gegen AfD Der Fall Magnitz ist kein Einzelfall

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/der-fall-magnitz-ist-kein-einzelfall/

 

(Womöglich soll eine solche Meldung zu diesem Zeitpunkt suggerieren, dass es doch nur einen Kriminellen getroffen hat...)

Untreueverdacht: Ermittlungen gegen Bremer AfD-Chef Magnitz

https://www.gmx.net/magazine/politik/untreueverdacht-ermi...

 

Fall Magnitz: Alles ein bisschen anders

Hat die AfD den Angriff auf ihren Politiker falsch dargestellt? Das hatten viele Medien behauptet. Stimmt das? Ein Faktencheck

https://www.publicomag.com/2019/01/fall-magnitz-alles-ein-bisschen-anders/?fbclid=IwAR2GvndsP1vfaXnpWY7hS1fKe-SAuV50qoTzri5jsS_gSf8AK163XVXvz0E

 

Gewalt gegen AfD

Früchte linker Hypermoral

von Kurt Zach

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/fruechte-linker-hypermoral/

 

Veranstaltung im „Käfig“

Stuttgart: „Antifa“ stört massiv AfD-Mahnwache gegen Gewalt

http://www.pi-news.net/2019/01/stuttgart-antifa-stoert-ma...

 

(Nicole Diekmann)

„Nazis raus“

ZDF-Reporterin Nicole Diekmann als Taktgeberin für Straßenterror

http://www.pi-news.net/2019/01/zdf-reporterin-nicole-diek...

 

Leverkusen

Vermummte brechen Tür samt Rahmen von AfD-Mitglied aus der Wand und bedrohen es mit Messer

https://juergenfritz.com/2017/12/21/ueberfall-auf-afd-ler/

 

Autor der Amadeu-Antonio-Stiftung

Rechtsextremismusexperte soll Brandanschlag begangen haben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/rechtse...

 

Politische Gewalt in Berlin-Neukölln eskaliert

Nazi-Experte soll Brandanschlag auf AfD-Politiker verübt haben

https://www.tagesspiegel.de/berlin/politische-gewalt-in-b...

 

AfD-Fraktionschefin Alice Weidel

Die SPD hat ein Linksextremismus-Problem

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/die-spd-hat-ein-linksextremismus-problem/

 

Leipzig: Brandanschlag auf Auto von Alex Malenki („Laut Gedacht“)

 http://www.pi-news.net/2019/01/leipzig-brandanschlag-auf-...

 

Linksextremismus

Leipzig-Ausschreitungen: Polizei startet neuen Fahndungsaufruf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/leipzig...

 

Während Demonstration

Linksradikale stürmen Kölner Stadthaus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/linksra...

https://www.welt.de/politik/deutschland/article188070243/...

 

KLF19-4.jpg

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

(Andreas Zick – Propaganda...)

Studie zur Zuwanderung

Deutsche wünschen sich wieder mehr Willkommenskultur

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/deutsch...

 

Wenn Aeneas vor der Wahl steht

https://sezession.de/59595/wenn-aeneas-vor-der-wahl-steht

 

Keine Konsequenzen

Falschangaben im Asylverfahren bleiben straffrei

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/falschangaben-im-asylverfahren-bleiben-straffrei/

 

Mittelmeerroute

Linke Politiker fordern Aufnahme weiterer Flüchtlinge

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/linke-polit...

 

Vatikan

Papst fordert Aufnahme von Sea-Watch-Migranten

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/papst-forde...

 

Migranten auf Malta

Deutschland nimmt 60 Bootsflüchtlinge auf – Jubel auf „Sea Watch“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/deutsch...

 

„Seenotrettung“

Kardinal Marx spendet erneut an „Mission Lifeline“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/kardina...

 

(Schlepper)

Schweden

Rostocker Diakon wegen Menschenschmuggels verurteilt

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/rostocker-d...

https://www.ndr.de/nachrichten/mecklenburg-vorpommern/Men...

 

Kirchenasyl

Solinger Kirchengemeinde verhindert Abschiebung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/solinge...

 

Aufnahme verweigert

Afghanistan schickt Mehrfachtäter zurück nach Deutschland

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/afghanistan...

 

Privatjet

Abschiebung zweier Afrikaner kostet 165.000 Euro

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/abschie...

 

Frankfurter Flughafen

Syrer verhindert Abschiebung mit Nagelfeile

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/syrer-verhindert-abschiebung-mit-nagelfeile/

 

(Winterurlauber)

Köln: Zahl der „Winter-Flüchtlinge“ auf Rekordhoch

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/koeln-z...

 

(Zahlen dürfen immer die anderen...)

Bund und Länder

Steuerzahler sollen für Flüchtlingsbürgschaften aufkommen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/steuerz...

 

Modellprojekt in Baden-Württemberg

Grünes Verkehrsministerium bildet Flüchtlinge zu Lokführern aus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/gruenes...

 

(Satire)

Fluchtursache Nr. 1 = Outdoor Illner?

https://www.youtube.com/watch?v=fHoXBO-AU4k

 

Haftbefehl aufgehoben

Clan-Chef Arafat Abou-Chaker ist wieder frei: Was bedeutet das für Bushido?

https://www.rtl.de/cms/was-bedeutet-arafat-abou-chakers-f...

 

Hochzeitsgesellschaft blockiert A8 bei Esslingen

Mehrere Fahrzeuge halten hupend auf der Autobahn an

https://www.esslinger-zeitung.de/region/polizei_artikel,-...

 

Eine Hochzeitsgesellschaft hat am Samstagnachmittag die Autobahn A8 bei Esslingen blockiert. Mehrere Fahrzeuge hielten auf allen drei Spuren den Verkehr an.

https://www.esslinger-zeitung.de/region/polizei_artikel,-hochzeitsgesellschaft-blockiert-a8-bei-esslingen-_arid,2241265.html

 

Bottroper Amokfahrt: Grüne warnen vor rechtsextremem Netzwerk

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/bottrop...

 

Martin Sellner: Bottrop war kein „Terroranschlag“

http://www.pi-news.net/2019/01/sellner-bottrop-war-kein-t...

 

Wie deutsche und ausländische Täter unterschiedlich behandelt werden Ruhrgebiet: Politik und Medien instrumentalisieren Amokfahrt

http://www.pi-news.net/2019/01/ruhrgebiet-politik-und-med...

 

Bottrop, Bottrop und nochmal Bottrop!

Kampf um Relotius-Preis 2019 voll entbrannt

http://www.pi-news.net/2019/01/kampf-um-relotius-preis-2019-voll-entbrannt/

 

Kriminalität

Hoher Ausländeranteil in deutschen Gefängnissen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/hoher-auslaenderanteil-in-deutschen-gefaengissen/

 

Ausländergewalt

Stadt Cottbus nach Messerangriff: „Ticket in die Heimat lösen“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/stadt-c...

 

Asylbewerber schlagen zu

Prügel-Orgie in Amberg: Bürgermeister stellt im „heute journal“ Forderung – und verteidigt sich

https://www.op-online.de/politik/amberg-pruegel-orgie-dur...

 

Weiterer Schlag gegen das Sicherheitsgefühl der Einheimischen Die Kopftreter von Amberg zeigen uns die Zukunft Deutschlands

http://www.pi-news.net/2019/01/die-kopftreter-von-amberg-...

 

Hetzjagd von Amberg

Bis zum nächsten Einzelfall

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/bis-zum-naechsten-einzelfall/

 

Nach Asylantengewalt

Stadt Amberg: Es gibt keine rechtsextreme Bürgerwehr

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/stadt-a...

 

Polizei sucht Silvester-Messertäter nach Mordversuch Kassel: Lebensgefährlicher Bauchstich nach Spuckattacke in Bahn

http://www.pi-news.net/2019/01/kassel-lebensgefaehrlicher...

 

(Der Kasseler Täter wurde gefasst...)

38 Jahre altes Opfer nicht mehr in Lebensgefahr

Nach brutaler Messerattacke in Kasseler Tram: Polizei verhaftet 23-Jährigen in Gießen

https://www.hna.de/welt/messerattacke-kassel-polizei-verh...

 

Bad Kreuznach

Ungeborenes Kind stirbt nach Stichen auf Schwangere

https://www.nrz.de/panorama/bad-kreuznach-ungeborenes-sti...

 

Freiburg

Gruppenvergewaltigung: Polizei sucht elften Verdächtigen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/gruppen...

 

Migrant prügelt auf Busfahrer ein

http://www.politikversagen.net/migrant-pruegelt-auf-busfahrer-ein

 

Dritter Frauenmord 2019 in Niederösterreich

16jährige getötet und im Park versteckt: Syrer festgenommen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/16jaehrige-...

 

Thüringen

Seniorin getötet: Haftbefehl gegen 23jährigen Afghanen erlassen

 https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/seniori...

 

Zwei Verletzte

Streit vor Kölner Hauptbahnhof eskaliert

http://www.general-anzeiger-bonn.de/region/koeln-und-rheinland/Streit-vor-K%C3%B6lner-Hauptbahnhof-eskaliert-article4008705.html

 

Gelsenkirchen: Junge Migranten randalieren im Hauptbahnhof

 https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/gelsenk...

 

Minden

Bus überrollt Mädchen nach Attacke durch Flüchtling

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/bus-ueb...

 

Wien-Favoriten

Schüler verprügelt drei Lehrer am Zeugnistag

Weil der 14-Jährige nicht die Hände vom Handy lassen konnte, wurde er zum Direktor zitiert. Am Gang rastete der Bursch aus, attackierte und verletzte drei Pädagogen.

https://www.heute.at/oesterreich/wien/story/Schueler-verpruegelt-drei-Lehrer-am-Zeugnistag-Pernerstorfergasse-Favoriten-44287917

 

KL-5.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Moderne Architektur

Menschenfeindlich, kalt, lieblos – die Misere der deutschen Stadt

https://www.welt.de/kultur/kunst-und-architektur/article1...

 

„Weniger ist weniger“

Von Rainer Haubrich

In vielen Städten werden monotone Rasterbauten kritisiert. Was diesen fehlt, zeigt sich an zwei aktuellen Beispielen in Berlin. Less is more, sagte einst der berühmte Architekt Mies van der Rohe. Doch meistens stimmt das einfach nicht.

https://berliner-schloss.de/blog/pressespiegel/weniger-ist-weniger/

 

Vorschlag für Raum der Stille von Hermann Parzinger Wie das Humboldt Forum des kolonialen Unrechts gedenken will

https://www.rbb24.de/kultur/beitrag/2019/01/berlin-humbol...

 

Bildung und Gerechtigkeit

Gastbeitrag von Heino Bosselmann

Unwillkürlich gelangt auf konservative Positionen, wer die Bestandsverluste innerhalb der Bildung in den Blick nimmt.

https://sezession.de/60083/bildung-und-gerechtigkeit

 

Frauenquote im Bundestag

Sie werden plaziert

von Michael Klonovsky

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/sie-werden-plaziert-sonntag/

 

Brandenburg

Landtag beschließt paritätische Listenaufstellung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/landtag-beschliesst-paritaetische-listenaufstellung/

 

Bayern

Biologisches Geschlecht: Erster transidenter Abgeordneter fordert Gesetzesreform

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/biologi...

 

Sexuelle Vielfalt

Bayern: Grundschulen bekommen Toiletten fürs dritte Geschlecht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/bayern-...

 

#metoo

Gillette warnt vor „toxischer Männlichkeit“

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/gillette-warnt-vor-toxischer-maennlichkeit/

 

Geschlechterunterschiede

„Toxische Maskulinät“ ist ein Phantom

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/toxische-maskulinaet-ist-ein-phantom/

 

England

Erste Studienabschlüsse in Queer History vergeben

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/erste-s...

 

„Der*die Ingenieur*in“11

Stadt Hannover führt „geschlechtsumfassende“ Sprache ein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/stadt-h...

 

Deutsche Rechtschreibung

Jury hat gewählt: „Gendersternchen“ ist „Anglizismus des Jahres“

 https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/jury-ha...

 

Unwort des Jahres

Linke Sprach-Hegemonie überwinden

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/linke-sprach-hegemonie-ueberwinden/

 

Wahl der Freien Medien

„Hetzjagden und Zusammenrottungen“ ist alternatives Unwort 2018

http://www.pi-news.net/2019/01/hetzjagden-zusammenrottung...

 

Stellungnahme von Dr. Viktor Heese

Autor deckt hohe ARD-Gehälter auf und wird von „Heise“ entlassen

http://www.pi-news.net/2019/01/autor-deckt-hohe-ard-gehae...

 

Deutsche Einheit

Vaatz: ARD und ZDF senden aus einer Parallelwelt heraus

 https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/vaatz-a...

 

Öffentliche-rechtliche Medien

Furchtbar teure Meinung

von Jürgen Liminski

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/furchtbar-teure-meinung/

 

WhatsApp schränkt Weiterleitungen ein – wegen Falschmeldungen

https://www.welt.de/wirtschaft/webwelt/article187464126/W...

 

Blogger Rainer Meyer

Medienpreis: Claudia Roth sieht Jury-Berufung von „Don Alphonso“ kritisch

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/medienpreis-c...

 

Anja Reschke

Miss Gratismut und die alten weißen Männer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/miss-gratismust-und-die-alten-weissen-maenner/

 

Politische Machtstrukturen

Lieber über Blutwurst diskutieren

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/lieber-ueber-blutwurst-diskutieren/

 

WM-Botschafter Stefan Kretzschmar

Handball-Ikone: „Haben keine Meinungsfreiheit mehr“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/handbal...

 

Stefan Kretzschmar und die Meinungsfreiheit

Furcht vor der Isolation

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2019/furcht-vor-der-isolation/

 

Meinungsfreiheit

Jürgen von der Lippe sind Islam-Witze zu heikel

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/juergen-von-der-lippe-sind-islam-witze-zu-heikel/

 

Karl-Valentin-Orden

Streit um Auszeichnung für Volkssänger Gabalier

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/streit-um-auszeichnung-fuer-volkssaenger-gabalier/

 

„Vor allem ausgrenzend“

Kardinal Marx kritisiert den Begriff „christliches Abendland“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/kardina...

 

Robert Menasse

Zwischen Sendungsbewußtsein und Größenwahn

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/zwischen-sendungsbewusstsein-und-groessenwahn/

 

Carl-Zuckmayer-Preis

AfD-Fraktion: Keine Ehrung für Autor Robert Menasse

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/afd-fraktion-keine-e...

 

Ulrike Guérot und Robert Menasse

Das Relotius-Nationalstaaten-Abschafferpärchen der EU

http://www.pi-news.net/2019/01/das-relotius-nationalstaat...

 

Moral ist Beschränkung

https://sezession.de/60077/moral-ist-beschraenkung

 

(Zum geistigen Zustand der etablierten politischen Klasse) Zum neuen Jahr

https://sezession.de/60027/zum-neuen-jahr

 

Unter der Regenbogenfahne der entgrenzten Toleranz Von Damir del Monte

https://www.achgut.com/artikel/unter_der_regenbogenfahne_der_entgrenzten_toleranz

 

(Filmanalyse)

Geschichtsfälschung: Film zeigt Schwarze, die wichtige Positionen in der Geschichte einnehmen

http://unser-mitteleuropa.com/2019/01/31/geschichtsfaelsc...

 

Noah Becker

Gericht verurteilt AfD-Politiker zu Schmerzensgeld

 https://www.gmx.net/magazine/panorama/gericht-verurteilt-...

 

Gauland in Schnellroda – Populismus und Demokratie

https://sezession.de/60075/gauland-in-schnellroda-populis...

 

Karlheinz Weißmann wird sechzig

Das Denken mit dem Handeln verbinden

von Christian Vollradt

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/das-denken-mit-dem-handeln-verbinden/

 

Bürger für Frankfurt

Interview mit Wolfgang Hübner: „Wir sehen die AfD als Konkurrenz an“

https://www.fnp.de/frankfurt/interview-wolfgang-huebner-w...

 

Nobelpreisträger

Biologe verliert Titel nach Aussagen über Intelligenz von Schwarzen

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/biologe-verliert-tit...

 

Sport als „zu deutsch“ empfunden

Deutscher Handball will vielfältiger werden

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/deutscher-handball-will-vielfaeltiger-werden/

 

Steaks und Datenhacker

Kommentar: Alle wollen „Alexa“

https://www.op-online.de/wirtschaft/kommentar-alle-wollen-alexa-11131276.html

 

Feinstaubbelastung an Silvester: Umwelthilfe will jetzt auch Böller und Raketen verbieten

https://rp-online.de/politik/deutschland/umwelthilfe-ford...

 

Feinstaub nach Silvester: Diese Städte waren 2019 am schmutzigsten

https://utopia.de/silvester-neujahr-luftverschmutzung-fei...

 

(Zur Medien-Kampagne um Greta Thunberg)

Greta-Glorifizierung

Die berühmteste Klimaschutzaktivistin unserer Zeit hat unrealistische Forderungen. Im Hintergrund wird sie von vielen PR-Agenturen „gesteuert“

https://bazonline.ch/news/standard/gretaglorifizierung/story/10851567

 

Schweden

Klimaschutz: Professorin empfiehlt vegetarische Diät für Haustiere

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/klimaschutz...

 

„Ocean Cleanup“

Plastikmüllfänger im Meer funktioniert noch nicht

http://www.spiegel.de/wissenschaft/natur/ocean-cleanup-pl...

 

Plastikmüll-Fänger im Pazifik

Vorläufiges Aus für „Ocean Cleanup“

https://www.tagesschau.de/ausland/cleanup-aus-101.html

 

Verschmutzung der Ozeane

Taucherin entdeckt Zehntausende Golfbälle im Meer vor Kalifornien

 https://www.welt.de/vermischtes/article187531486/Kaliforn...

 

Juli Zeh bemängelt Rückständigkeit auf dem Land

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/juli-zeh-bemaengelt-...

 

Juli Zeh als Verfassungsrichterin in Brandenburg vereidigt

http://www.maz-online.de/Brandenburg/Juli-Zeh-als-Verfass...

 

Politische Korrektheit

US-Uni verhüllt Columbus-Gemälde wegen Rassismus-Vorwürfen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/us-uni-verh...

 

„Relotius“ bis in alle Ewigkeit

Wie die „Trümmerfrauen“ von Phoenix zertrümmert wurden

http://www.pi-news.net/2019/01/wie-die-truemmerfrauen-von...

 

Frankfurter Zeitung 01.01.1919 : So hausten Matrosen in des Kaisers Schloss

https://www.faz.net/aktuell/politik/der-erste-weltkrieg/h...

 

Bildergeschichten: Das Spukschloss an der Spree

Wir stellen jede Woche ein Bild vor und erzählen seine Geschichte. Diesmal gehen wir zurück in das Jahr 1918: Revolutionäre hausen im Berliner Schloss

https://www.dw.com/de/bildergeschichten-das-spukschloss-an-der-spree/a-17016028

 

Medien Virtuelle Realität: Doku soll Hitlers Führerbunker erlebbar machen

https://www.nw.de/blogs/games_und_netzwelt/22351363_Virtu...

 

Geschichte der Völkerwanderung:

Aber diese Fremden da sind nicht von hier!

https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/hoch-schule/zukunftsweisende-modellstudie-bestimmt-voelkerwanderung-anhand-von-dna-analysen-15946878.html

 

Die Gelben, die Schwarzen, die Weißen.

Von Bettina Gruber.

https://www.achgut.com/artikel/die_gelben_die_schwarzen_die_weissen

 

 

Un manuel de combat pour la guerre cognitive totale

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Un manuel de combat pour la guerre cognitive totale

 

Par Iurie Roșca, Président de l’Université Populaire de Moldavie.

Préface à la traduction en roumain de « Neuro-Pirates – Réflexions sur l’ingénierie sociale », de Lucien Cerise

Ce livre de Lucien Cerise est le premier de cet auteur traduit en roumain. Il succède aux autres ouvrages édités par l’Université Populaire et signés par nos amis français, que j’ai le plaisir de rappeler ici : Jean Parvulesco « Vladimir Poutine et l’Eurasie », Hervé Juvin « Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé », Jean-Michel Vernochet « La guerre civile froide : La théogonie républicaine de Robespierre à Macron », Ivan Blot « L’Europe colonisée », Valérie Bugault & Jean Rémi « Du Nouvel Esprit des Lois et de la Monnaie », Youssef Hindi « La Mystique de la Laïcité. Généalogie de la religion républicaine de Junius Frey à Vincent Peillon », Hervé Juvin « Le gouvernement du désir ».

LC-livre.jpgCes livres ont été publiés en l’espace d’un an. Ils appartiennent au même courant d’opinion antimondialiste et manifestent des approches similaires face aux grands défis de notre époque. Tous ces auteurs français font partie de ce qu’on appelle depuis quelques années la nouvelle dissidence occidentale qui a émergé dans le monde de l’après-guerre froide.

L’émergence de ces travaux fondamentaux est d’une urgence extrême non seulement pour la France, mais aussi pour l’espace roumanophone car nous sommes également touchés par les effets néfastes d’un Occident globalisé, destructeur et même génocidaire. La capacité à pénétrer l’essence d’un système pervers, extrêmement complexe et multiforme, associé, non sans raison, avec l’empire mondial américain et son extension régionale, l’Union Européenne, est totalement censurée par l’oligarchie mondialiste, qui parvient à imposer un contrôle quasi total de la perception de la réalité.

Dans cette perspective, le livre de notre ami Lucien Cerise fait partie des outils de combat de la guerre cognitive, culturelle, idéologique, identitaire et psychologique en cours, qui englobe tous les peuples du monde sans exception. En ce sens, l’avertissement de Lucien Cerise – « La Patrie est en danger ! Toutes les Patries sont en danger ! » – est pleinement justifié et définit aussi clairement que possible l’abîme où toute l’humanité risque de s’effondrer si nous n’agissons pas.

Comme toute guerre, celle dans laquelle nous sommes engagés sans réserve nécessite une mobilisation totale. Et comme toujours dans l’histoire, les porteurs de vérité sont peu nombreux. Ils assument le rôle d’avant-garde sur le front intellectuel, portant la responsabilité morale d’une élite authentique de guider leur nation vers l’objectif consistant à se libérer du joug de ce nouveau type d’impérialisme extraterritorial. Lucien Cerise défie fermement toutes les limitations imposées par la dictature du politiquement correct. Il parvient à détruire jusque dans les moindres détails le fonctionnement du Système dans ses dimensions géopolitique, militaire, économique, culturelle, éducative et médiatique. L’enjeu de cette guerre totale est sans précédent dans l’histoire de l’humanité puisqu’il s’agit, ni plus ni moins, de sauver l’espèce humaine de son extinction.

Les efforts de certains chercheurs comme Lucien Cerise méritent d’être appréciés non seulement pour leur érudition exceptionnelle, qui transcende toute approche sectorielle, partielle ou incomplète. Rassembler le puzzle d’une réalité aussi complexe et protéiforme, qui tente de masquer sa véritable essence sous une infinie variété de masques honorables, n’est possible que pour quelqu’un qui comprend que seul le dépassement des spécialités professionnelles et l’étude de tous les domaines de la vie humaine sont à même de leur offrir une image à peu près complète du monde. Son mérite est avant tout d’assumer la vocation de combattant qui connaît très bien son ennemi et sait à quel point il est puissant, perfide et dangereux.

Une des tâches de premier ordre assumée par l’auteur est donc de définir l’ennemi. Vous ne pouvez vaincre que si vous savez que le principe « Connais ton ennemi » est à la base de toute victoire. Qui sont les neuro-pirates, qui essayent de pirater notre capacité de réflexion, quels sont leurs enjeux, et comment les repousser ? Telle est la tâche de ce travail. Comment gérer les perceptions et le comportement, comment appliquer des techniques d’ingénierie sociale négative, quels sont les moyens de briser par effraction nos codes culturels, comment sont dissous nos traditions, l’identité, les frontières morales et les attachements naturels à la patrie et au prochain, tout cela est décodé de manière pertinente par Lucien Cerise. Mais pour renforcer, ou peut-être même retrouver, la capacité d’assimiler ces vérités bouleversantes, l’auteur nous invite à un premier acte de volonté minimum, consistant à sortir de la portée de l’arme de destruction massive qu’est la télévision.

« Comme nous sommes dans une guerre culturelle, il faut veiller à notre hygiène mentale. À ce niveau, la priorité absolue, qui ne coûte rien, au contraire, consiste à se séparer définitivement de la télévision, qui reste le principal outil de management de perceptions du Pouvoir. Pour ma part, je n’ai plus de télé depuis des années, ça change la vie, car vous n’êtes plus sous l’influence virtualisante des images qui vous dépossèdent de votre propre vie mentale. Sans télé, vous récupérez votre souveraineté cognitive, vous gagnez en ”réalisme”, en capacité à voir les choses comme elle sont, et pas comme on vous dit de les voir. »

Ayant pour ma part cessé de regarder la télévision, j’ai eu le plaisir de découvrir, parmi les amis de différents pays que j’ai acquis au cours des dernières années, des personnalités tout aussi hostiles que moi au téléviseur. C’est pourquoi mon ami français, Lucien Cerise, m’est cher notamment pour avoir rejeté la télévision qui détruit la capacité intellectuelle, anéantit l’esprit critique et liquéfie toute possibilité d’exercice intellectuel autonome et pertinent. J’insiste sur le besoin urgent de briser la fascination et la séduction exercées par les instruments de contrôle mental audiovisuel, car sans prendre nos distances face à ce tsunami cognitif, nous ne pouvons pas vraiment vaincre la condition « d’esclave heureux » (Ovidiu Hurduzeu). Heureux, car il ne réalise pas sa condition d’esclave. La suggestion de l’auteur est tout à fait valable pour les consommateurs de médias moldaves, en particulier pour ceux qui ont l’illusion que si vous regardez une chaîne de télévision opposée au gouvernement, vous obtenez des informations alternatives. Illusions ! Nous ne pouvons l’obtenir que par des sources « dissidentes », sur internet ou, peut-être tout d’abord, dans des livres qui vont au-delà des approches spécialisées.

LCL2.jpgTous les efforts des intellectuels de marque, que j’ai découverts au cours des dernières années et dont je recommande les ouvrages aux lecteurs de langue roumaine, visent à clarifier les conditions de la gouvernance par le chaos, pour utiliser une expression pertinente de Lucien Cerise. Dans l’espace ex-communiste, même si nous avons finalement échappé à la dictature cognitive du régime, nous sommes, d’une certaine manière, désavantagés par rapport aux Européens qui vivaient de l’autre côté du « rideau de fer ». Nous avons naïvement pensé que le nouveau régime capitaliste, qui s’est étendu à notre espace, nous apporterait liberté, justice et dignité, tant personnelles que nationales. Mais après trois décennies de capitalisme, nous sommes tombés dans un désastre économique, politique, culturel et avant tout axiologique, bien pire que celui que nous avons connu sous les soviets. L’inertie de la pensée, le confort intellectuel et le manque de perspective empêchent encore beaucoup d’entre nous de réaliser l’ampleur de la catastrophe qui nous frappe. Nous vivons encore avec l’illusion que, pour éliminer un gouvernement corrompu et incompétent, il suffira de voter ou d’organiser des manifestations de masse et que tout sera résolu. Et ce genre de naïveté est un piège extrêmement dangereux.

L’eurolâtrie est encore en pleine vogue dans notre pays. Le message promu par le « nouveau clergé » (experts, analystes, journalistes, politiciens et autres idiots utiles du Système) à propos d’un Occident prospère, d’une Union Européenne vue comme une station terminale de notre succès, d’une démocratie libérale et d’une économie de marché au fonctionnement impeccable à l’Ouest, a des effets dévastateurs. Nous errons dans un faux système de référence et attendons notre salut terrestre en nous référant aux paramètres qu’il impose.

Le livre « Neuro-pirates » présente également une autre vertu qui peut être d’une grande utilité pour les théoriciens du phénomène identitaire en République de Moldavie. L’auteur analyse soigneusement le concept et la pratique de ce qu’on appelle le conflit triangulé (ou triangulaire), c’est-à-dire la technique d’instrumentalisation d’animosités inconciliables entre divers groupes sociaux présentant des différences identitaires mineures, afin de prendre le contrôle des deux camps belligérants. Le principe du conflit triangulé consiste en la collision des deux angles à la base du triangle, mais avec la préservation obligatoire du caractère anonyme et furtif de l’angle supérieur, qui est à la fois l’instigateur véritable et le bénéficiaire de ce conflit. En d’autres termes, les deux camps sont utilisés à l’aveugle, dans un conflit épuisant et stérile, permettant au sommet supérieur du triangle d’appliquer l’ancien principe impérial « Diviser pour dominer ». L’auteur écrit : « Cette ”division du bas” s’appuie notamment sur ce que René Girard a repéré sous le terme de ”rivalité mimétique” ou ”capture imaginaire” dans le vocabulaire de Jacques Lacan. Il s’agit du processus de montée aux extrêmes et de crescendo de violence qui saisit deux acteurs engagés dans un rapport de forces, mécanisme de vengeance et de vendetta parfaitement résume dans la loi du Talion : ”Œil pour œil, dent pour dent”. »

Dans notre cas, cela évoque l’exacerbation maladive des obsessions et des traumatismes des communautés roumanophone et russophone en nourrissant des représentations catastrophiques sur certaines périodes historiques. L’une des parties du conflit occupe la place de la victime, et l’autre partie a le rôle de bourreau, chacune des parties ayant sur sa propre identité une perception narcissique en symétrie inversée dans une structure duelle où les rôles bourreau-victime sont interchangeables. Ainsi, le sentiment de frustration suscité par une injustice réelle ou imaginaire se transforme en une soif de vengeance par annihilation du groupe bourreau, associé au mal absolu. Ce procédé d’ingénierie sociale négative connaît un succès majeur en République de Moldavie en raison de la rivalité d’influence entre la Russie et la Roumanie sur notre territoire, historiquement explicable, mais contre-productive et exploitée avec perversité à l’heure actuelle. Par conséquence, les russophiles qui sont obligatoirement roumanophobes se confrontent avec les roumanophiles qui sont par définition russophobes, les moldovenistes sont en guerre avec les unionistes identitaires, et cela dure depuis des décennies. Et les efforts d’éclaircissements sur le caractère stérile de cette guerre d’identité sans fin sont rejetés avec agressivité et dans l’opacité totale. Qui profite de cette bataille absurde de deux camps également perdants ? Il existe deux niveaux d’acteurs gagnants qui restent plus ou moins dissimulés.

Le premier groupe d’acteurs gagnants de ce conflit triangulé est le plus facile à repérer. Ce sont les politiciens locaux qui partagent aisément l’une des deux niches électorales : la niche des soutiens de la Russie, qui sont automatiquement des adversaires de la Roumanie, et vice versa. Cet état de fait ouvre un champ de manœuvres très large aux manipulateurs. Avec ces tireurs de ficelles locaux, les choses sont claires.

LCL3.jpgMais identifier les tireurs des ficelles externes, qui sont les grands profiteurs de ce jeu sordide, est beaucoup plus difficile pour le moment. Ce sont précisément ceux-là qui se tiennent dans le coin supérieur du conflit triangulé, en restant loin des yeux du grand public. Ce sont les centres de pouvoir occidentaux, qui ont tracé le chemin à sens unique qui mène à notre ruine. Nous pouvons appeler cela oligarchie planétaire, corporatocratie, élite mondiale, la mafia des banquiers ou Grand Capital, mais tous ces noms peuvent paraître abstraits et, en outre, – horribile dictu ! – être associés avec la « théorie du complot ». Or, nous sommes des gens civilisés et ne croyons pas à l’existence de ce genre des choses. Nous allons donc mentionner les noms des outils institutionnels de cette entité apparemment nébuleuse : l’Union Européenne, les USA, l’OTAN, le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation Mondiale du Commerce, le Conseil de l’Europe, la malsaine mafia internationale du « réseau Soros », etc. Ce sont précisément ces centres de pouvoir qui ont imposé le modèle suivi avec docilité par les sociétés post-communistes. Leurs dogmes sont gardés avec soin, car leur application aux nations captives leur permet une domination sans entrave. Résumons les dogmes du nouveau catéchisme idéologique : économie ultralibérale, soit libre circulation des capitaux, des biens, des services, des personnes et du travail, donc libre-échange sans frontières et sans limites, c’est-à-dire annihilation de la capacité de l’État à se protéger face aux géants économiques étrangers, maintien de la Banque nationale sous contrôle externe (sous prétexte d’être une entité indépendante des autorités politiques nationales), inoculation du féminisme dans les structures politiques et étatiques, « théorie du genre » qui affirme que le sexe n’est qu’une construction sociale artificielle, donc optionnelle, tolérance à l’égard des soi-disant « minorités sexuelles » et du LGBT, planification familiale et stimulation de l’avortement, en fait, un génocide planifié pour réduire la population, etc.

Conclusion : tant que les acteurs politiques nationaux resteront concentrés aveuglément sur les jeux de pouvoir et captifs d’un système de références imposé de l’extérieur comme une norme absolue et indiscutable, alors les prestidigitateurs invisibles au sommet du triangle peuvent être certains que le principe « Diviser pour régner » fonctionnera parfaitement et que la colonie moldave ne déviera pas du chemin qui mène à l’abattoir.

Or, notre émancipation nationale ne pourra commencer qu’avec l’abandon des anciens et stupides clivages politiques et idéologiques, quand les combattants de cette guerre fratricide se réconcilieront en levant les yeux vers le sommet de la pyramide, surmontant ainsi le conflit triangulé. Réorienter le conflit d’horizontal à vertical, de la base vers le haut, marquera le début de notre chemin vers la conquête de la vraie souveraineté. Gardons à l’esprit que notre souveraineté politique est conditionnée par la souveraineté économique, mais que l’une et l’autre doivent nécessairement être précédées par le rétablissement de la souveraineté cognitive, c’est-à-dire la capacité de raisonner de manière indépendante et en harmonie avec la réalité, et non avec ses simulacres. Les lecteurs qui souhaitent approfondir la compréhension de cette thématique se reporteront au chapitre V de la première partie du livre, intitulé « Ingénierie sociale du conflit identitaire », dont voici un extrait pour illustrer notre argumentation : « À l’opposé, l’ingénierie sociale négative consiste à produire de la violence, ou au moins du séparatisme, de l’envie de se séparer. Comment ? Dans un premier temps, en s’appuyant sur ce que Freud a appelé les ”petites différences narcissiques” pour les exacerber au maximum et les rendre insupportables. Aucune société n’étant parfaitement homogène, il suffira de repérer les éléments hétérogènes pour les stimuler, les cultiver, les amplifier, les grossir. Rompre la coexistence pacifique de gens qui se ressemblent, mais pas totalement, en soulignant leurs petites différences afin d’aboutir à la constitution de camps tranchés, opposés et irréconciliables. »

Schématiquement, lorsque deux acteurs sociaux se battent, il en existe un troisième, qui tire profit de cette confrontation qu’il a lui-même provoquée. Tel est le véritable enjeu du conflit identitaire qui a été induit artificiellement dans notre espace roumanophone.

Lorsque Lucien Cerise affirme fermement que son pays, la France, pour s’affranchir du statut de colonie, doit immédiatement sortir de l’Union Européenne, de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’OTAN et de l’Organisation mondiale du commerce, afin de rétablir ses frontières en appliquant un protectionnisme économique sévère, un grand nombre de lecteurs pourraient subir un véritable choc. Et si oui, alors j’aimerais que ce livre soit considéré comme un traitement du type « thérapie de choc », si nécessaire à nos sociétés tellement déboussolées et intellectuellement colonisées. La fin des tabous sur ces sujets est le moyen le plus direct de retrouver notre santé mentale. Notre dé-provincialisation dépend de notre ouverture sur le monde, d’une capacité d’analyse supérieure, qui devrait dépasser celle des individus qui constitue la faune politique et leurs mercenaires des médias.

Il y a trois décennies, nous espérions nous débarrasser du communisme, perçu comme une malédiction historique. Il est temps aujourd’hui de s’engager activement dans la grande bataille contre le mondialisme. Dès que nous aurons assimilé la vérité soulignée par notre auteur selon laquelle le mondialisme, et non les gouvernements successifs, est la cause première de tous nos malheurs, nous ressentirons également le besoin urgent de faire partie de ce front planétaire de la nouvelle vague de décolonisation des peuples. La ruine économique que nous subissons, le chômage, l’exode massif de la population, le désastre démographique, la corruption, la dépravation morale et l’incapacité de l’État à résoudre les problèmes sociaux les plus élémentaires n’ont pas de causes majeures autres que celles décrites avec brio par Lucien Cerise.

L’auteur souligne que la principale cause de tous les maux est le capitalisme. Le lecteur pourrait se demander avec inquiétude : « Comment ? Allons-nous revenir au communisme ? » Non. Lucien Cerise explique à juste titre que les anciens systèmes politiques et idéologiques qui dominaient le XXème siècle n’ont aucun avenir. Ni le communisme, ni le nazisme ou le fascisme, ni même le capitalisme. C’est la clé ! Lucien Cerise propose une approche non idéologique, réaliste et de bon sens. Toute organisation sociale qui possède au moins une valeur supérieure à l’argent est meilleure que le capitalisme, dit-il. En effet, n’est-ce pas cet état de fait qui nous exaspère le plus ? N’est-il pas vrai que l’argent fait la loi dans tous les secteurs de la société ? Et quand nous nous révoltons contre les oligarques qui ont émergé après la chute du communisme, nous devons comprendre que les gangsters qui ont accumulé une richesse astronomique à Chisinau ou à Bucarest ne sont qu’une pâle émanation de l’oligarchie financière mondiale.

Penser globalement et agir localement, voici un autre principe précieux souligné par Lucien Cerise. La vraie reconquête de la souveraineté nationale, ou renationalisation de tous les pays ne peut advenir que par un nationalisme authentique, qu’il appelle « nationalisme permaculturel ». Je ne développerai pas ce concept inspiré de l’écologie, vous le trouverez dans le livre. Je tiens simplement à mentionner que j’ai eu l’agréable surprise de trouver des idées dans cet ouvrage que j’avais également soutenues ces dernières années pour la République de Moldavie. Ce genre de nationalisme n’a rien à voir avec l’exclusivisme ethnique. C’est un nationalisme qui ne sépare pas mais qui solidarise autour d’un projet concret consistant à « prendre soin » de la nation. Nous parlons essentiellement de nationalisme économique et de protection de notre peuple contre l’ouverture excessive, qui met toujours en péril les communautés à moyen et à long terme.

L’un des mérites incontestables de ce livre est que l’auteur ne s’arrête pas à la critique de la situation actuelle. Il offre des solutions pratiques pour engager le combat. Comme je l’ai dit, c’est une bataille d’idées, qui peut être pratiquée par tout le monde. Le terme utilisé par la nouvelle dissidence française est la réinformation. Autrement dit, chacun de nous peut contribuer à la désintoxication de son entourage et à l’amélioration intellectuelle de son environnement humain en démasquant les procédés de manipulation de masse. Comment ? En communiquant directement avec nos familles, amis et collègues, en utilisant les réseaux sociaux, en diffusant des informations concernant les sites, les textes et les vidéos qui rétablissent la vérité, en lisant et en popularisant des livres comme celui-ci.

Je termine par une citation de Lucien Cerise, qui honorerait tout combattant, tout patriote, quels que soient le lieu et le moment historique où ces paroles sont prononcées : « Notre ennemi doit le savoir : nous allons nous battre. Cela tombe bien car nous aimons nous battre, nous adorons ça, nous n’aimons que ça, c’est le sens de notre vie, nous n’arrêterons donc jamais car la paix nous ennuie. Le combat, le polemos, c’est la vie, comme disait Héraclite. C’est dans le combat que nous nous sentons vivre et que nous sommes heureux. La perspective de l’affrontement nous remplis de bonheur, nous commençons à sourire, et nos yeux brillent quand l’heure de la bataille approche. Et nous ne sommes jamais fatigués, jamais découragés, et nous revenons toujours à l’assaut car la victoire n’est même pas le but, car nous aimons le combat pour le combat et qu’il est en lui-même la récompense. C’est ainsi que ceux qui aiment la vie en tant qu’elle est combat deviennent invincibles et ne peuvent que gagner. Car la victoire, c’est de se battre. »

J’ai trouvé dans ces lignes le même optimisme, le même courage, le même enthousiasme vigoureux que chez Radu Gyr, cet exceptionnel poète roumain, ancien prisonnier politique sous le régime communiste pendant 21 ans. Les deux écrivains procèdent différemment, l’un avec les moyens de la science, l’autre avec ceux de la poésie, mais ils convergent dans le même esprit et la même manière de comprendre les significations supérieures de la vie.

PROMETEO Y LA ELPIS COMO PROGNÓSIS

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PROMETEO Y LA ELPIS COMO PROGNÓSIS

 
 
Ex: http://www.geopolitica.ru 

Prometeo, el astuto, es hijo de uno de los primeros siete titanes, Jápeto, que junto con Cronos lucharon contra Zeus, y Clímene, la de los bellos tobillos. Tuvo tres hermanos: Epimeteo, el torpe, esposo de Pandora; Atlas, el intrépido, condenado a sostener el cielo con su espalda y Menecio, el temerario que fue muerto por el rayo de Zeus y enviado al Tártaro. Prometeo y Epimeteo lucharon a favor de Zeus y Atlas y Menecio lo hicieron en su contra.

Desde siempre Prometeo ha sido el más estudiado por las riquezas interpretativas que ofrecen los textos de Hesíodo en la Teogonía y en los Trabajos=Erga.

Es sabido que los griegos a diferencia de los cristianos y judíos no han tenido textos sagrados, pero los que más se le aproximan son los de Homero, la Ilíada y la Odisea, y los mencionados de Hesíodo.[1]

Los griegos los conocían como “los poetas más divinos”(Certamen, ab ovo) y como tales los trataron y los citaron ad nauseam.

Ambos fueron coetáneos y vivieron en el último cuarto del siglo VIII a.C. y es imposible entender la cultura occidental tanto griega, latina como cristiana sin ellos dos. Homero porque la sitúa respecto Oriente y Hesíodo porque abre la puerta a la conciencia individual del hombre antiguo. Ellos aparecen en el momento en que los griegos pasan de la tribu a la polis, momento propiciado por las colonizaciones y el comercio marítimo y el reconocimiento de un derecho sancionado por las divinidades griegas.

Es digno de notar que para esa misma época se produce un cambio en la forma de combate, se pasa del combate individual a la aparición de las formaciones de hoplitas y de la caballería lo que crea una conciencia de pertenencia a una comunidad o polis.

El mito de Prometeo está compuesto por dos momentos:[2] la picardía de Prometeo que engaña a Zeus con la grasa y los huesos de un toro y el robo del fuego en un momento de distracción de Zeus. Éste lo castiga creando a Pandora=toda regalo o la que da todo, y encadenádolo a un peñasco.

Prometeo, el previsor, como dijimos es uno de los siete titanes encabezados por Cronos que enfrentaron y fueron derrotados por Zeus. En esa lucha estuvo del lado de vencedor, pero Zeus siempre desconfió de él por su astucia e inteligencia.

Un día se produjo una discusión acerca de que partes de un toro debían ofrecer a los dioses y cuales reservar a los hombres, entonces Prometeo carneo al toro y guardó la carne en una parte del cuero y los huesos y la grasa en otra que resultó más grande, y ofreció a Zeus que eligiera. Éste, naturalmente, tomó el saco mayor y cuando cayó en la cuenta del engaño exclamó: “que coman carne cruda” y los privó del fuego. Desde entonces los hombres queman grasa o prenden velas en honor a los dioses.

Prometeo se puso a al búsqueda del fuego, pues intuía que estaba en el Olimpo y no en la creencia que estaba en el interior de los árboles como se pensaba entonces, pues ya se barruntaba que se podía conseguirlo por la fricción de dos maderas.

Pidió a Atenea que lo dejara ingresar secretamente al Olimpo y allí robó el fuego de Zeus en un carbón encendido dentro de la médula de una cañaheja y entregó el fuego a los hombres, quienes a partir de entonces pudieron comer carne asada.

Zeus montó en cólera y “ordenó al muy ilustre Hefesto mezclar cuanto antes tierra y agua, infundirle voz y vida humana y hacer una linda y encantadora figura de doncella…luego encargó a Atenea que le enseñara sus labores, a tejer la tela de finos encajes. A la dorada Afrodita mandó rodear su cabeza de gracia, irresistible sensualidad y halagos cautivadores y a Hermes le encargó dotarle de una mente cínica y un carácter voluble”(Erga, 60-70). Y así nació Pandora, “de donde desciende la funesta estirpe y la tribu de las mujeres”(Teogonía, 591, que fue enviada inmediatamente como regalo a Epimeteo, quien no haciendo caso el consejo de su hermano de no aceptar nunca un regalo de Zeus, la aceptó como su esposa.

Pandora, poseedora de una curiosidad insaciable, andando por la casa observó una gran jarra donde, trabajosamente Prometeo había encerrado todos los males que podían perjudicar al hombre, y quitó con sus manos la tapa de la jarra dejando escapar todos los males menos uno: ElpiV=Elpis, término que ha sido traducido equivocadamente por esperanza. Pero pensándolo bien no tiene ningún sentido que se encontrara junto a todos los males dentro de la jarra, pues la esperanza no es un mal. Se produce una contradicción flagrante dado que la esperanza no es un mal para el hombre sino mas bien un bien.

La mejor versión que tenemos de elpis es nuestra propuesta de traducir el término por “espera”. Así lo hacen varios mitólogos contemporáneos (Verdenius, Pérez Jiménez, etc.) Así, si la espera queda dentro de la jarra, los hombres recibirán los males sin advertirlo. Los eruditos llegan hasta acá y para allí, no siguen razonando o especulando.

Pero la espera de suyo tampoco es un mal. Es un simple estar a la expectativa de algo que puede suceder. Pero, sí es un mal la causa de la espera que es la capacidad de precognición o prognosis.

En este último sentido tiene que entenderse la elpis de Hesíodo. En ese estar a la expectativa de algo por venir, porque para el hombre es un mal la prognosis o prospectiva, porque ¿qué humanidad tendríamos si supiéramos cuando nos vamos a morir, dónde radicaría nuestra libertad si supiéramos de antemano qué nos va a suceder?

La prognosis y no la esperanza es el mal que quedó encerrado en la jarra donde lo introdujo Prometeo, el previsor y no Zeus, como erróneamente confunden muchos mitólogos.

Este es nuestro pequeño aporte al comentario de un mito que ya tiene 2800 años.

El segundo momento del mito se produce cuando Prometeo le roba, escondido en el hueco de una cañaheja,  el fuego que Zeus tenía oculto a los hombres. Percatado Zeus del robo manda encadenar a Prometeo desnudo a un peñasco en las montañas del Cáucaso, donde durante el día un buitre le comía el hígado que luego crecía por la noche. Viendo su excesivo sufrimiento Heracles mata al buitre y lo libera de las cadenas, pero, si bien Zeus le concedió el perdón, para que Prometeo siguiese pareciendo un prisionero le impuso llevar un anillo realizado con un eslabón de su cadena con una piedra caucásica engarzada. Desde entonces la humanidad comenzó a llevar anillos en homenaje a Prometeo y recordar que el hombre es, en cierta media, un prisionero en esta tierra.

Lo que llama la atención de este segundo momento es el conocimiento de medicina que ya tenían los griegos del siglo VIII a.C. en el sentido que sabían que el hígado de reponía a sí mismo. Este dato se confirma científicamente recién en el siglo XVIII.

Como son casi infinitas las conclusiones que se han sacado de este mito: a) se lo comparó con Cristo, en tanto liberador de la humanidad. b) las consecuencias morales de la teoría de la culpa. c) los dioses no son tales sino solo proyecciones de los hombres. d) Pandora como nueva Eva y la introducción del mal en el mundo y un sin número de alii. Nosotros dejamos libre el campo de las múltiples interpretaciones y nos inclinamos por la apertura de la conciencia individual del hombre antiguo.

 


[1] Los trabajos que nos llegaron de Hesíodo son: Teogonía, Trabajos y días, Fragmentos, y Certamen.

[2] Para los eruditos el mito está formado por mitos etiológicos: a) por qué los hombres se reservan la carne y dan a los dioses la grasa y los huesos. b) cómo encontraron el fuego y c) el origen de la mujer como ruina para los hombres.

Michel Houellebecq le réactionnaire !

Qu’il soit un petit peu réactionnaire sur les bords n’a pas l’air de trop ennuyer les médias français ; la meilleure preuve c’est que tous les journalistes parlent de Michel Houellebecq. Son dernier livre a mérité des articles assez élogieux dans plusieurs journaux nationaux, et même internationaux ! Un journaliste anglais a bien raison quand il affirme qu’« il n’y a pas d’équivalent britannique à Michel Houellebecq. Après des années à l’éviter, l’establishment français l’a complètement accepté. »(1)

Que ce soit sur la décadence sexuelle de la société ou la soumission de la France à l’islam, Houellebecq paraît mieux comprendre les maux qui rongent la société française que tous ces experts et technocrates sortis de l’ENA. Son dernier livre, Sérotonine, sur l’abandon de la France périphérique, montre qu’une fois encore Houellebecq a anticipé ce que le peuple ressentait sans savoir comment l’exprimer, à savoir, la réelle distance entre les élites parisiennes et les Français de base. Houellebecq l’exprime comme il le sait en écrivant. Le peuple l’exprime comme il le peut en se révoltant (les Gilets Jaunes).

Et c’est justement à cause de cette capacité à cerner le monde actuel que je vous conseille de lire le dernier article de Houellebecq sur le président Donald Trump, au titre provocateur de Donald Trump Is a Good President(2). Donald Trump, un bon Président ? Décidément, Houellebecq va à contre-courant de l’intelligentsia occidentale.

N’est-il pas surprenant de le présenter comme un bon président alors que les médias occidentaux passent leurs temps à le présenter comme un incompétent, raciste et misogyne, homophobe et transphobe ? (Pardonnez-moi ce néologisme, mais on vit dans la « cage aux phobes »).

Ne serait-ce pas parce que tout simplement le président Trump comprend que le monde a changé, dirigeant donc les EUA avec en tête ce changement de statu quo… Le monde est devenu multipolaire, les EUA (États-Unis d’Amérique) ne sont plus l’hyperpuissance des années quatre-vingt-dix, d’où la politique de désengagement international menée par Trump. Et pour Houellebecq, ceci est une très bonne nouvelle pour le reste du monde.

Contrairement à un George W. Bush, Donald Trump ne se préoccupe pas de forcer des dictateurs à accepter la liberté de la presse. Sa seule préoccupation, c’est le peuple américain et son bien-être, ce qui le différencie de la plupart des leaders de l’Europe Occidentale.

Le président américain déchire les traités commerciaux qu’il juge mauvais pour les intérêts des travailleurs américains car, comme nous le dit Houellebecq, le « Président Trump a été élu pour défendre les intérêts des travailleurs américains ; et il défend les intérêts des travailleurs américains. Durant les cinquante dernières années en Franceon aurait aimé voir ce genre d’attitude plus souvent » de la part des chefs d’État.(3)

Mais les préoccupations d’ordre patriotique ne sont pas les seuls points positifs de Donald Trump, car Houellebecq renchérit, surtout lorsqu’il dit que « contrairement aux libéraux […] le président Trump ne considère pas le libre marché mondial comme le summum du développement humain […] »(4)

On comprend en lisant ce texte que Houellebecq voit Donald Trump comme la continuation d’une série de revers que les pro-mondialistes ont subi ces dernières années, le rejet du Traité de Lisbonne(5), le Brexit, les populistes en Europe Centrale, etc.

Et si les Américains ont osé élire Donald Trump, pour les Français le prochain pas est la sortie de l’Union Européenne, une façon de réentrer dans l’histoire. Car l’histoire revient toujours, et l’écrivain nous le rappelle quand il affirme qu’une des constantes de la « longue Histoire Européenne est la lutte contre l’Islam ; aujourd’hui cette lutte est simplement revenue au-devant de la scène. »(6)

Tout indique que l’écrivain français attend impatiemment l’arrivée d’un Donald Trump à la française, patriote comme lui, moins grossier, mais tout aussi courageux dans sa volonté de protéger le peuple qui l’aura élu. Espérons seulement que le prochain livre de Houellebecq aura le titre de Renaissance. Étant donné ses capacités prophétiques, ce titre serait de bon augure.

Notes                       

(1) Dans l’original : « There’s no British equivalent to Houellebecq. After years of being shunned by the French establishment, he has now been fully embraced by it. » Sexton, David (10 janvier 2019), Book of the week : Sérotonine by Michel Houellebecq, Evening Standard, UK, (cliquez ici).

(2) En français le titre veut dire « Donald Trump est un bon président ». Cet article peut être lu gratuitement sur le site du Harpers Magazine du mois de décembre, mais en anglais seulement. Houellebecq, Michel, traduit par Cullen, John (2018), Donald Trump Is a Good Président, Harper’s Magazine, USA (cliquez ici).

(3) Dans l’original : President Trump was elected to safeguard the interests of American workers ; he’s safeguarding the interests of American workers. During the past fifty years in France, one would have wished to come upon this sort of attitude more often.

(4) Dans l’original : Unlike free-market liberals (who are, in their way, as fanatical as communists), President Trump doesn’t consider global free trade the be-all and end-all of human progress. When free trade favors American interests, President Trump is in favor of free trade ; in the contrary case, he finds old-fashioned protectionist measures entirely appropriate.

(5) Honteusement voté par l’Assemblée Nationale, ce qui montre bien le respect que les élites ont de la démocratie directe…

(6) Dans l’original : « […] in Europe’s long history is the struggle against Islam ; today, that struggle has simply returned to the foreground ». Curieusement, les articles du Figaro et du Monde ou même du New York Times qui ont traité ce sujet ont oublié de citer cette phrase qui est, à mon avis, une des plus importante du texte. Pour Michel Houellebecq, il n’y a pas de différence entre le discours des leaders comme Salvini et les discours des leaders du Groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République Tchéque), les préoccupations sont les mêmes. La lutte contre l’Islam, l’immigration, les identités reviennent. Il aurait été intéressant que les journalistes s’arrêtent deux minutes sur cette partie du texte.

vendredi, 15 février 2019

Livr'arbitres: un numéro consacré à Ernst Jünger

Le dernier numéro de Livr'arbitres est consacré à Ernst Jünger !

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Effondrement civilisationnel et Katechon

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Effondrement civilisationnel et Katechon

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com 

Nous avons fait remarquer ailleurs dans ce blog que le monde était en voie d’entropisation. Pour comprendre les notions d’entropie et de néguentropie (ce qui s’oppose à l’entropie), on peut s’imaginer un jardinier aux prises avec la nature environnante. Généralement, le jardinier commence par humaniser un coin de cette nature, traçant une frontière entre le monde ordonné de son jardin et le monde extérieur, désordonné. Puis dans ce monde ordonné, son potager par exemple, il trace de nouvelles frontières : des allées, des parcelles pour les différentes variétés, un lieu pour le compost, etc. Imaginons que le jardinier décède ou soit malade. Immédiatement, les mauvaises herbes vont affluer, les ronces de l’extérieur vont pénétrer le jardin, les différentes variétés vont se mélanger ou disparaître, des nuisibles vont proliférer, etc. Bref le potager va retourner à l’état de nature. Dans notre schéma, ce processus de retour au désordre, au chaos, au mélange, à la confusion, ce processus de déstructuration et d’abolition des séparations, s’appelle l’entropie. Le jardinier, quant à lui, qui lutte pour conserver un ordre fondé sur des distinctions et qui s’oppose donc à ce processus de dissolution peut être considéré comme une force néguentropique.

Les cosmogonies de toutes les religions imaginent un dieu ou des dieux, voire des forces, qui au début des temps entrent en jeu pour ordonner le chaos (ou le Rien qui est le summum du chaos), et ainsi créer l’Univers, le monde et la vie. Ces forces ne procèdent pas autrement que notre jardinier : elles séparent les différents éléments (dans la cosmogonie biblique Dieu sépare le ciel de la terre, la lumière des ténèbres, les végétaux de la terre, la femme de l’homme….), elles distinguent et créent un ordre harmonieux que seule une force contraire et négative (Satan) cherche à contrecarrer. L’objectif de Satan est que le monde retourne au chaos originel, à la confusion et au désordre.  

A l’évidence, Satan représente l’entropie et les forces à l’origine de monde représentent la néguentropie. Ici, les religions paraissent diverger sur la manière de contrecarrer l’entropie. Imaginons une maison. Laissée à l’abandon celle-ci va subir le processus d’entropie : les tapisseries vont se décoller, les meubles vont pourrir, le toit va s’effondrer, les murs vont s’écrouler… quelques décennies plus tard, la maison n’est plus qu’un tas informe de gravats où tout se mélange dans l’indistinction : meubles, murs, toiture, matériaux… bref, la maison est devenue un chaos. Toutes les religions disent que la maison ne doit pas devenir chaos, mais elles ne le disent pas de la même façon. 

Le judaïsme et l’islam contrecarrent l’entropie par des commandements. Le propriétaire de la maison ne doit pas réfléchir à leur bien fondé, il n’est même pas utile qu’il croit en leur utilité : il doit simplement les exécuter de manière immédiate et passive. Sous peine de punition il devra refaire tous les dix ans les tapisseries et les peintures, il devra laver tous les jours les sols, il devra visiter tous les ans la toiture et tous les mois il devra racler les mousses qui s’accrochent à la façade (etc.).

Le christianisme contrecarre l’entropie par la foi dans les œuvres. Jésus ne commande pas, il ne révoque pas l’ancienne loi vétéro-testamentaire (les anciens commandements) mais il s’attend à que chacun, convaincu de l’utilité d’entretenir sa maison, le fasse naturellement et sans contrainte légale.

Le paganisme européen, quant à lui, contrecarre l’entropie par l’esthétique. Il tient en substance ce discours : « de toute manière, quoi que tu fasses, ta maison ressemblera tôt ou tard à un monticule de gravats. Maintenant, tu as deux solutions : soit vivre dans un taudis, soit entretenir ta maison. La mort nous attend tous, mais on peut être autre chose qu’une larve vivant dans de la crasse ».

En fait, les païens avaient raison : l’entropie finira par l’emporter. Quoi que fasse le jardinier, son potager  bien ordonné retournera tôt ou tard à l’état de nature désordonné. C’est ainsi. Mais les païens disent aussi que la victoire de l’entropie est temporaire car sitôt victorieuse un nouveau cycle néguentropique s’annonce. L’histoire est sans fin. Elle est faite de recommencements, comme les saisons.

Le christianisme dit presque la même chose. Il annonce la venue de l’Antéchrist, c’est-à-dire, en langage non théologique, la victoire de l’entropie. Il annonce aussi, après l’Antéchrist, la venue du Christ, c’est-à-dire la victoire définitive de la néguentropie. Au contraire de l’Histoire cyclique et sans fin des païens, l’Histoire chrétienne est linéaire, avec un début et une fin : paradis originel et règne de l’ordre néguentropique /  arrivée du Serpent et chute dans un monde où règne l’entropie : c’est le début de l’Histoire / première venue du Christ : l’entropie est contrecarrée / arrivée de l’Antéchrist et  victoire de l’entropie / retour du Christ et retour au paradis originel : c’est le règne définitif des forces néguentropiques, c’est aussi la fin de l’Histoire.

C’est dans cette histoire linéaire chrétienne que s’insère le concept de « Katechon » (prononcer Katékone). Dans le Nouveau Testament, le terme apparaît dans la seconde lettre aux Thessaloniciens (2 Thessaloniciens 2.6-7). Il signifie, en grec, « ce qui le retient » ou « celui qui le retient ». Saint Paul explique ici que l’Antéchrist ne pourra venir qu’après la suppression de « ce qui le retient ». Toutefois, il n’explique pas ce qu’est ce « quelque chose » ou ce « quelqu’un »  qui empêche la venue de l’Antéchrist. Paul tient cependant pour acquis que les Thessaloniciens le « savent » : « Et  maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps ». La tradition chrétienne a pensé trouver une indication dans l’Epître aux Romains (13.1-7) : « celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre que Dieu a établi ». Autrement dit, l’Empire et l’empereur romains seraient le Katechon. Celui qui leur résisterait, résisterait à l’ordre établi par Dieu pour contrecarrer le désordre entropique. Mais de ce point de vue, l’Eglise et l’ordre chrétien peuvent également être vus comme le Katechon, ainsi que plus tard l’empire carolingien, le Saint Empire romain germanique, ou les monarchies européennes de droit divin.

Dans son Journal, à la date du 19 décembre 1947, Carl Schmitt, juriste et penseur politique allemand (1885-1988) écrit : «Je crois au katechon (…) Il faut pouvoir nommer le katechon pour chaque époque des 1948 dernières années. Le lieu n'a jamais été vide, sinon nous n'existerions plus.". Pour Carl Schmitt, le Katechon (Théologie politique, 1922) peut être une nation, un peuple, un Etat, un homme ou un groupe d’hommes. Par son action, l’exemple qu’il donne ou la résistance dont il fait preuve face au déclin des valeurs morales, religieuses et civiques, face à la destruction de l’ordre social, face à la déstructuration des sociétés comme des individus (anomie), le Katechon freine la satanisation du monde, l’installation du chaos et l’arrivée de l’Antéchrist.

Carl Schmitt pointe d’une part ceux qui sont les serviteurs de l’Antéchrist (ceux qui œuvrent à l’entropie du monde et à  la dissolution des sociétés) et ceux qui freinent l’arrivée du « fils de la perdition » (les forces katechoniques). Pour le philosophe catholique il ne fait aucun doute : il faut s’opposer à l’Antéchrist, il faut faire partie du Katechon ! Pour d’autres catholiques au contraire, il faut laisser faire, car il faut passer par l’Antéchrist pour retrouver le Christ. On se demande, de ce point de vue, si Vatican II n’a pas pris, par calcul diabolique, le parti des forces dissolvantes, de l’Antéchrist,  pour hâter, peut-être, le retour du Christ !

Pour illustrer l’action des forces entropiques et la résistance des forces katechoniques, prenons l’exemple de l’institution du mariage. Le mariage est un des piliers de l’ordre social.  Abattre ce pilier mettra en danger tout l’édifice. Le mariage a été institué pour que la femme puisse mettre au monde et élever ses enfants avec l’assurance qu’elle ne sera pas abandonnée mais au contraire qu’elle sera protégée par son époux. Le mariage institue un lien sacré devant Dieu. Il est énergiquement néguentropique. Néanmoins, l’entropie démoniaque va fortement et prioritairement s’attaquer à lui. La révolution “française“ va transformer le lien sacré devant Dieu en contrat devant Monsieur le Maire. Puis la République va décider que ce contrat est révocable, même pour « simple incompatibilité d’humeur ». Ensuite, la République va décider que ce contrat révocable qui  unit traditionnellement un homme et une femme, peut unir aussi, au nom de l’Amour, deux hommes ou deux femmes. Nous n’en resterons sans doute pas là et, entropie (et islam) aidant, il est probable que le mariage pourra unir un jour davantage que deux individus (trois, quatre, cinq ?). Encore un cran plus bas et nous pouvons imaginer que le mariage puisse unir des hommes à des animaux. Si j’aime ma chienne d’un amour réciproque, pourquoi ne pourrais-je pas me marier avec elle et en faire mon unique héritière ? Et pourquoi ne pourrait-on pas adjoindre à ce couple merveilleux ma voisine (déjà mariée à mon voisin) et son poney, puisque nous nous aimons tous ? Croire que l’entropie s’arrête en chemin est une illusion. L’entropie va toujours au bout de sa logique, et cette logique suppose à terme le chaos total. Nous n’avons encore rien vu !

Donc, l’épisode du mariage pour tous à mis face à face d’une part des serviteurs de l’entropie (gouvernement, lobby LGBT, journalistes…) et d’autre part des gens qui ont tenté de retenir le plus longtemps possible les forces du déclin et de la déstructuration. Ces gens, ceux qui ont freiné l’adoption de la loi, ceux qui ont « retenu » l’Antéchrist, ont été le Katechon.

Carl Schmitt dit que le Katechon s’est manifesté à chaque époque et que si tel n’avait pas été le cas l’humanité aurait disparu. Mais qui aujourd’hui retient ce Système qui dissout les peuples, déstructure les Etats, désintègre l’ordre sociétal, anéantit les cultures, mélange les lignées, standardise l’humain, éradique les religions, dévalorise les valeurs spirituelles, amoindrit les appartenances, transgresse les frontières et sème le chaos partout où il s’installe, dans les pays comme dans les esprits ? A l’évidence, face aux Etats-Unis-Système, face à l’Europe-Système,  la Russie est aujourd’hui le Katechon. Seul cet Etat est encore debout sur le rempart, défendant ouvertement des valeurs katechonique qui sont aux antipodes des valeurs entropiques du Système. L’Eglise, quant à elle, semble s’être définitivement soumises aux forces dissolvantes. Elle se tait, quand elle ne pactise pas.

Mais la Russie n’est pas seule. Tous ceux qui d’une manière ou d’une autre retiennent la progression de l’entropie-Antéchrist font partie du Katechon. Tous ceux qui défendent pied à pied les valeurs spirituelles et l’ordre social autochtone traditionnels sont le Katechon. Les serviteurs-Système de l’Antéchrist ne s’y trompent pas. La guerre est totale. Et cette guerre est moins politique qu’eschatologique : mieux vaut en être conscient pour comprendre les enjeux surhumain de cette lutte absolue.

Pour tous les hommes, le choix est donc simple : faire partie du Katechon ou servir l’entropie. Certes, démonter, casser, détruire est beaucoup plus facile qu’entretenir, conserver et rebâtir. Néanmoins, notre honneur ne se trouve pas dans la facilité, mais dans le courage de se tenir droit. Droit sur le rempart, face au mal absolu.

Antonin Campana

WHAT TO EXPECT FROM THE TALKS BETWEEN PUTIN, ERDOGAN AND ROUHANI?

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WHAT TO EXPECT FROM THE TALKS BETWEEN PUTIN, ERDOGAN AND ROUHANI?

 
 
Ex: http://www.katehon.com

Vladimir Putin, Hassan Rouhani and Recep Erdogan рфмк ф ьууештп in Sochi today. The main issues on the agenda are the withdrawal of US troops from Syria, the situation in Idlib and in the east of the Euphrates. Each of the three players - Russia, Turkey and Iran - has controversial issues. Are the participants of the "Astana trio" ready for a compromise?

Three powers are returning from where they started last fall. The last meeting of Vladimir Putin, Hassan Rouhani and Recep Erdogan, held on September 7 in Tehran, not only did not lead to the result, but resulted in a skirmish. Rouhani’s desire to launch a military operation against the last stronghold of the Syrian opposition in the province of Idlib, which Putin supported, angered Erdogan. By mistake, the host of the summit of the Iranian side, this part of the broadcast was in free access, and the differences between Iran and Russia with Turkey appeared in full glory.

New Variables

Since then, some variables have changed. Ten days later, Putin separately with Erdogan, without Rouhani, in Sochi agreed to create a demilitarization zone in Idlib 20 km wide. In fact, Putin decided to restrain the “hawkish” ambitions of Iran, which intends to force Bashar Assad to return the entire territory of Syria, and take a pause so as not to ruin the alliance with Turkey. According to the Sochi deal, Ankara needed to take care of the withdrawal of all heavy weapons and terrorists from the demilitarization zone. However, Turkey has not yet managed its task. Moreover, the terrorists from Hayat Tahrir al-Sham intensified in the provinces and killed the pro-Turkish groups of the National Liberation Front and Hurras ad-Din. Terrorists control, according to various sources, from 65 to 80 percent of the territory of Idlib. This state of affairs is increasingly convincing Moscow that it is necessary to deal with the terrorists themselves, without Turkey - what the Iranians are proposing.

The second event that makes adjustments to tomorrow's meeting is the fact that the United States has announced its departure from Syria. The forces of the Kurdish National Self-Defense Forces (YPG) located behind the Euphrates fear that after the withdrawal of the US troops, Turkey will go on the offensive. Erdogan almost daily repeats that today, not so, tomorrow Turkish special forces will enter Manbij. In addition, Ankara plans to create a “security zone” beyond the euphrates 30 km wide. Concerned about the growing risk of a Turkish offensive, the Kurds began negotiations with Damascus. In December, they agreed to transfer control over Manbidge to the Syrian army. In the west of the city is already located the Russian police. In parallel, Damascus through Moscow is trying to establish contact with Arab tribes in Rakka and Manbij. Just as in Idlib, outside the Euphrates, the positions of Iran and Russia coincide and consist in the transfer of these regions to Assad. Turkey intends to independently deal with the YPG in north-eastern Syria, and then, under its strict supervision, transfer this territory to the Arab opposition. Moscow and Tehran see this as an attempt to occupy the Syrian land by Ankara.

Differences between Russia and Iran

Despite the coincidence of the positions of the “hawk” of Iran and “moderate” Russia, there are even problems between them. After the latest rocket attacks on Israel in Syria, under which pro-Iranian militia were killed, Iran began to accuse Russia of having C-400 and C-300 in the region, allowing Israel to bomb the Iranians and allegedly give the IDF their coordinates. Tehran is also annoyed by Moscow’s attempts to bring Arab countries into the Syrian settlement - Saudi Arabia, the UAE, Bahrain, Qatar and Egypt. The latter have already begun to recognize Bashar al-Assad as the legal representative of Syria and may participate in the restoration of the state destroyed by the war.

Contrary to Russia's dissatisfaction with the “mess” in Idlib, which Turkey is not able to cope with, and the desire of Ankara to expand its influence in Syria, the alliance with Erdogan at this stage also has its advantages. It allows Moscow to balance the strengthening of Iranian influence in Syria, which in the future could be dangerous for Russia itself. Secondly, playing the "Turkish card" is useful in order to work together to speed up the withdrawal of the United States. Despite statements by pressure from militarists from the Pentagon John Bolton, Israel and France, Trump slowed down the evacuation of troops. The existence of disagreements between the United States and Turkey and joint Russian-Turkish projects (Akkuyu NPP, sales of C-400, Turkish Stream) still justify imitating Putin-Erdogan allied relations.

"Weak link" and a possible compromise

Turkey will not give up trying to take Manbij. Erdogan still believes that Assad should withdraw from this area, and Iran and Russia should not oppose this. The Turks will try in every way to convince Iran to give up Assad’s control over Manbij. There are contradictions between Russia and Iran over Israel. Iranians continue to insist that they should be close to Damascus, the Golan Heights and the territories bordering Israel. Russia does not agree with this, because it has its own agreements with Israel.

The biggest problem in the tripartite contradictions lies in the position of the United States and the West, which do not abandon attempts to split the “Astana format”.

Apparently, for tomorrow's meeting, Putin, Erdogan and Rouhani will come with rather big baggage of contradictions. Russia has always played the role of mediator in this trio. Probably, Putin will be able to find a “middle ground” for Erdogan and Rouhani. How exactly it will look, we learn after tomorrow’s talks. Perhaps Russia will give Turkey one more, but the last postponement in creating a demilitarization zone. This “respite” will not only turn away from Idlib a military operation that threatens Turkey with a refugee crisis, but will give the Kurds time to swear allegiance to Assad, until Erdogan turned to decisive action.

La France, le moment politique par Hervé Juvin

Hervé Juvin est économiste et essayiste. Il a notamment publié L’Occident mondialiséLa Grande Séparation, Pour une écologie des civilisations. Avec ce nouvel opus intitulé La France le moment politique et sous-titré manifeste écologique et social, l’auteur nous propose un véritable plaidoyer pour la France et ses particularismes. Concrètement, nous découvrons un véritable projet politique pour notre pays qui tarde malheureusement à entrer dans le XXIe siècle.

Dès les premières lignes, Juvin pose un constat lucide : « En 2017 la France a été la grande oubliée d’une élection présidentielle qui s’est abîmée dans la procédure et la manœuvre. »

Il ajoute même une idée très pertinente que nous partageons : « Pour la première fois, l’existence de la France semble aussi directement menacée en temps de paix qu’elle a pu l’être dans le passé par la guerre et par l’occupation étrangère ». Juvin rappelle une évidence que certains oublient : « Aucun pays ne s’affirme ennemi de la France. La France vit en paix depuis deux générations. Pourtant nombreux sont les Français qui ont le sentiment de vivre une invasion lente et de subir une nouvelle occupation ». Les unes de nos journaux nous le rappellent quotidiennement.

La-France-le-moment-politique-HerveJuvin.jpgAlors certes, officiellement aucun pays n’a récemment déclaré la guerre au nôtre. Toutefois, les faits sont là et l’auteur écrit : « Pour la première fois, depuis combien de décennies, la sécurité des Français en France et dans le monde n’est plus assurée. La première des sécurités, celle de la vie, est menacée, moins par le terrorisme que par un effondrement des systèmes vivants et des services de la nature qui aurait semblé inconcevable voici quelques décennies. »

Pour quelles raisons les Français doivent-ils s’interroger sur leur situation et celle de leur pays ? Juvin répond à cette interrogation de la manière suivante : « La question est vitale. La France est la première richesse de tous les Français. La France est leur premier bien commun, la première garante de leur liberté, et combien de ceux qui ne s’en doutent pas, qui ne le reconnaissent pas, lui doivent la vie ! ». Pour l’auteur, la repentance éternelle et l’autoflagellation n’entrent pas en ligne de compte. En réalité, il appelle à une prise de conscience qui doit déboucher sur un sursaut collectif.

Juvin dévoile sa théorie et exprime l’idée que notre civilisation vit un véritable tournant : « Le moment politique est écologique. Parce que seuls l’État et la Nation peuvent affronter la crise des ressources vitales qui vient. Parce que la guerre contre les limites de la nature et de la vie est une guerre contre l’humanité elle-même, ce siècle sera celui de l’écologie politique, celui du pouvoir des sociétés sur leur économie, ou bien il sera celui de la fin de l’aventure humaine. Rien moins que notre existence à tous est en jeu ; et la réponse ne sera, elle ne peut être que politique. »

Il poursuit son examen en expliquant que « l’union profonde des Français et des territoires de la France, c’est l’unité d’un combat pour la vie. Le combat pour la souveraineté nationale, c’est le combat pour la diversité des sociétés humaines, des cultures et des civilisations, et c’est le combat pour la diversité des êtres vivants ! »

Il précise également qu’aimer la France et les Français ne signifie pas, comme certains esprits étriqués le pérorent, détester ceux qui ne nous ressemblent pas. À ce titre, Juvin tient un propos évident : « ce n’est pas un combat contre les autres, confondus dans une hostilité générale, c’est le combat pour que les autres demeurent ce qu’ils sont, comme nous, nous voulons demeurer français ! »

Il développe son étude en répétant une notion essentielle et de bon sens : « la diversité des sociétés, des valeurs, des lois, est la condition politique de l’humanité tout entière, et de la civilisation qui n’est pas, si elle n’est pas plurielle ». Effectivement, nous ne pouvons que lui donner raison. L’uniformisation de la pensée, de la musique, des modes, de l’architecture revient à tuer la richesse et la diversité humaines. De fait, Juvin précise que « jamais tous les hommes ne vivront comme un Californien ; et d’ailleurs, ils ne le désireraient pas, s’ils ne se voyaient pas ordonner de le faire ». Ainsi, forcer les Africains à vivre comme des Européens nous semble réellement criminel.

Juvin tonne contre les individus qui se réclament de l’écologie, mais qui en oublient les principes essentiels : « Par quel dévoiement, par quelle confusion mentale, ceux qui se disent écologistes peuvent-ils appeler à l’ouverture des frontières, prôner l’accueil sans mesure des migrants économiques, quand l’écologie enseigne la séparation vitale des organismes et la protection de la diversité ? ».

Il continue de pousser son avantage de manière brillante : « La diversité sociale, politique, humaine qu’incarne la France serait-elle moins précieuse que la diversité des grenouilles ou des papillons ? » Il n’est donc guère étonnant de constater que « le hold-up réalisé par la gauche de l’individu de droit, hors sol, dénaturé, sur l’écologie politique est l’un des paradoxes les plus étonnants de la vie politique française ».

Il précise une idée majeure qui démontre la pertinence de son exposé : « seuls, ceux qui acceptent le lien entre un homme et un territoire, ce que beaucoup nomment enracinement ; seuls, ceux qui font l’éloge des frontières contrôlées comme moyen de la diversité culturelle, politique et sociale ; seuls enfin, ceux qui voient la diversité des mœurs, des lois, des croyances, comme le garant de la survie de l’humanité peuvent se réclamer de l’écologie humaine, la vraie, celle qui commande le salut de la France, celle qui crie “et que vive la France” devant tous les mondialistes niais et les promoteurs de l’uniformisation marchande ». Avis on ne peut plus clairvoyant auquel nous souscrivons sans réserve.

Au fil des pages, Juvin expose des opinions justes. Un autre extrait permet de pointer du doigt un des problèmes majeurs de notre société. Cependant que l’auteur nous permette d’écrire ce qui suit : il eut été préférable dans le passage cité de remplacer le terme France par République, afin de respecter la vérité historique. En effet, le caractère intrinsèque de cette institution, plus que l’essence de la France, a permis cet état de fait. Nous citons : « La France aura commis une erreur majeure depuis quarante ans. C’est d’avoir traité bien plus durement les Français, d’avoir condamné bien plus cruellement les Français qui défendaient la France, et d’avoir puni plus sévèrement des policiers, des gendarmes, voire des soldats, chaque fois qu’ils utilisaient la force, que ceux qui envahissent des parties de son territoire et le plient à leurs lois. Forte contre les siens, faible contre les occupants, les colons et les pillards nomades : voilà l’erreur de la France anesthésiée par la religion globalisée et sa fabrique d’esclaves. »

L’auteur succombe au républicanisme – qui constitue pourtant un des maux de la France – quand il stipule : « Qu’est français qui reconnaît que la loi de la République est la seule loi qui s’applique sur le territoire, et que cette loi unique est la condition de la liberté de toutes et de tous. »

De même, son laïcisme se montre en totale contradiction avec notre longue histoire nationale qui commence, ne l’oublions pas, avec le baptême de Clovis : « ceux qui entendent qu’une loi religieuse a la primauté sur la loi de la République, dans n’importe quel domaine se mettent hors de la République et de la France. C’est vrai de la charia, comme c’est vrai de tout autre code alimentaire, vestimentaire ou moral qui prétendrait régir le comportement des Françaises et des Français par référence à une loi religieuse et à des interdits d’origine religieuse ou idéologique. »

À titre personnel, nous considérons que le Décalogue et le Sermon sur la montagne sont supérieurs au Code civil et à la loi des Hommes.

Dans le même ordre de constat, Juvin pense que « chaque français est conscient de l’unité de civilisation qui unit les enfants de Jérusalem, d’Athènes, de Rome et Constantinople, de Brest à Vladivostok. Cette unité dessine le cercle de la civilisation européenne autour du monde tempéré ».

Il nous paraît difficile de parler de civilisation européenne, si les peuples cités ne sont pas européens. De même, les fondements de notre civilisation européenne sont grecs, latins et chrétiens, non asiatiques ou orientaux. Il nous importe de le rappeler.

Nonobstant certaines différences intellectuelles que nous avons relevées, nous approuvons Juvin quand il pense que la France a encore un message à délivrer au monde. Il écrit à ce sujet : « maints peuples d’Afrique le disent à leurs amis français : jamais ils n’ont été aussi en paix, jamais ils n’ont mieux vécu que quand les Français étaient là, que quand ils étaient Français ! Je me souviens de ce maire d’une commune du grand Sud malgache qui me demandait : quand est-ce que les Français vont revenir ? Il n’était pas seul à attendre la France : j’ai entendu la même question à Alep, Beyrouth, à Pondichéry, et même à Constantine et dans les Aurès ! ».

Que les choses soient claires, il n’est nullement question d’ingérence ou de retour à la politique coloniale d’inspiration républicaine dans l’esprit de Juvin. Cependant, la France doit occuper « la place qui est la sienne, et celle qu’elle devrait tenir. Aux avant-gardes. Voilà le rôle qui a été le sien, et le rôle qu’elle doit tenir. Celle d’une Nation pionnière. Ni par la puissance, ni par le nombre, mais par la liberté au service de la justice, et par le respect de la souveraineté des nations ».

À l’heure où la confusion reste savamment entretenue par les européistes, il énonce une autre vérité lourde de sens : « L’Europe n’est pas une Nation. Elle ne le sera pas. Ceux qui ont donné leur vie pour leur patrie l’ont donnée pour l’Allemagne, pour la France, pour la Russie, pour l’Angleterre, pas pour l’Europe. Les résistants se sont battus pour la France, pas pour l’Europe, encore moins une Europe allemande. S’ils avaient su ! ».

Nous connaissons les périls qui nous assaillent chaque jour et ceux qui planent déjà à l’horizon. Quant à ceux qui les ignorent, la lecture de cette œuvre passionnante leur permettra de combler cette lacune.

En somme, l’ouvrage commis par Juvin permet de tirer non pas une conclusion mais deux importants préalables. Si les Français ne défendent pas la France, qui le fera ? Si la France ne promeut pas la diversité des cultures, si elle n’incarne plus cette voie raisonnable et raisonnée dans le concert des Nations, qui le fera ? Il poursuit son analyse que nous validons : « l’influence de la France, la puissance de la France, ne sont plus l’affaire de quelques-uns, dans des palais, des officines ou des ambassades. C’est l’affaire de tous. Les Français ont été partout dans le monde : il n’y a pas de port, de brousse, de désert, pas d’île perdue ou de jungle profonde où des Français n’aient pas exploré, travaillé, défriché et porté la France. »

Soyons fiers de l’héritage laissé par nos ancêtres. Le redressement de la France doit concerner l’ensemble des Français.

Il s’agit à la fois d’un cri du cœur et d’un cri d’alarme que Juvin nous transmet avec ce livre, véritable déclaration d’amour à notre pays. Loin de se complaire dans le défaitisme et les constats lucides, il défend des propositions intéressantes pour répondre aux défis d’aujourd’hui et d’après-demain. De nombreux sujets sont abordés : diplomatie, économie, écologie, relations extérieures, sécurité nationale, monde agricole et de l’entreprise, etc. Le style se montre vif, percutant et agréable. Nous prenons un réel plaisir à parcourir ces pages, qui témoignent de la hauteur de point de vue avec laquelle Juvin se place pour s’adonner à cet exercice difficile de la proposition politique.

Nonobstant un républicanisme et un libéralisme assumés, dont nous sommes très éloignés, cet ouvrage mérite vraiment d’être lu car il rend un vibrant hommage à la France et à ceux qui l’ont faite. Ce manifeste politique offre un vent d’optimisme rafraîchissant dans la morosité ambiante. Comme le dit l’auteur : « le temps du “je” s’achève, le temps du “nous” commence. Le retour de l’histoire détermine le moment politique exceptionnel que va vivre la France. »

À nous Français de dessiner l’horizon de demain pour que « la France reste la France ».

Julien Rochedy: "Klare Kante zeigen!"

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Julien Rochedy: "Klare Kante zeigen!"

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Unzählige NGOs und Aktivisten betätigen sich als illegale „Fluchthelfer“. Der französische Autor und Politikanalyst Julien Rochedy sieht darin eine der großen Gefahren für den europäischen Kontinent.

Herr Rochedy, die US-amerikanische NGO „Advocats Abroad“ wurde von der kanadischen Bloggerin Lauren Southern überführt, illegale Migranten in Grie­chenland zu wahrheitswidrigen An­gaben angestiftet zu haben, um sie vor einer Abschiebung zu bewahren. Über­rascht Sie das?

Rochedy: Mich überrascht das nicht. Mich überrascht hingegen die oftmals theatralische „Überraschung“ vieler, die so tun, als sei das alles gar nicht klar ­gewesen. Eine ganze Armada an so­genannten Nichtregierungsorganisatio­nen (NGOs) ist im Feld der „Schleuserei“ von Migranten nach Europa auf verschie­denen Ebenen tätig.

Was meinen Sie damit?

Rochedy: In ganz Europa sind unzäh­lige sogenannte „zivilgesellschaftliche“ Initiativen dabei, die Grenzen nach ­Europa durchlässig zu lassen. Dazu zäh­len auch die sogenannten „Seerettungs“-NGOs, die auf dem Mittelmeer eine Art Shuttle-Service für illegale Bootsmigranten betreiben. Die Grenzen zwischen „Flüchtlingshelfern“ und „Flucht­helfern“ verlaufen hierbei fließend.

Ist das nicht illegal?

Rochedy: Die Frage nach Legalität und Illegalität erscheint heute nicht mehr wichtig. War denn die Entscheidung der deutschen Bundeskanzlerin Angela Merkel rechtens, 2015 die Grenzen für den Massenansturm von Migranten zu öffnen? Soweit ich informiert bin, streiten sich darüber die Rechtsexperten in Deutschland. Und wenn es tatsächlich „illegal“ war, was hat Merkel dann zu befürchten? Die Frage bringt uns also kaum weiter. Aber das deutsche Beispiel führt in die richtige Richtung.

Wie meinen Sie das?

Rochedy: Wenn die Regierungschefin der wichtigsten europäischen Industrie­nation sich über solche Fragen einfach hinwegsetzen kann, warum sollten ­diese dann für irgendwelche NGO-Aktivisten plötzlich eine Rolle spielen? Wenn eine ganze Reihe europäischer Staatschefs dem UN-Migrationspakt in Marrakesch zustimmt, der Migration quasi zu ei­nem „Menschenrecht“ erklärt, nicht mehr von illegaler und legaler Migra­tion spricht, sondern nur von regulärer und irregulärer Migration, warum soll­ten dann all jene NGOs und Pro-Asyl-Gruppen hinter dem zurückbleiben? Ich meine: Die große Richtung wird von den Regierungen Deutschlands, aber auch Frankreichs vorgegeben, die NGO-Aktivisten fühlen sich – leider völ­lig zu Recht – als eine Art „ausführendes Organ“ der großen Politik. Die etablier­ten Medien befeuern das sogar noch mehr. Fluchthelfer, die vorsätzlich das Recht brechen und Illegale in das Herz Europas schleusen, werden zu „selbst­losen Helden“ hochgeschrieben. Hier ist eine Kampagne im Gang, an der Re­gierungen, Massenmedien und NGOs beteiligt sind. Im Prinzip ist schon die Bezeichnung „Nichtregierungsorganisa­tionen“ irreführend. Denn diese Organi­sationen betätigen sich ja quasi als ir­reguläre Regierungsorganisationen.

Im Zusammenhang mit den Begriffen Zivilgesellschaft und NGO taucht immer wieder der Name des amerikanisch-ungarischen Börsenspekulanten George Soros auf…

Rochedy: Kein Wunder, er scheint ja auch ein großes Interesse daran zu ­haben, mehr mit seinen „philanthro­pischen“ Projekten in Verbindung ge­bracht zu werden als mit seinen Investment-Aktivitäten. Soros betreibt ein ganzes Netzwerk an sogenannten „Open Society“-Organisationen und -Initiati­ven, die – wie der Name bereits verrät – das Modell der „Offenen Gesellschaft“ propagieren. Das klingt für viele Men­schen auch erst einmal sympathisch, weil sie sich darunter recht wenig vor­stellen können. Es ist aber ein Gesellschaftssystem, das keine kollektiven Identitäten duldet, weder religiöse noch kulturelle. Auch kleinste Zusammenschlüsse wie beispielsweise die traditio­nelle Familie geraten da ins Visier. Es ist also nicht verwunderlich, daß Soros-Stiftungen und -NGOs in allen Berei­chen tätig sind, in denen traditionelle, kollektive Identitäten aufgeweicht oder bekämpft werden. Soros fördert Schwulen- und Lesbenvereine und linksliberale Oppositionsgruppen in vielen Ländern – das ist alles kein Geheiminis. An den sogenannten „Farbrevolutionen“ in Osteuropa waren stets Gruppen und Organisationen beteiligt, die von Soros finanziert wurden. Ein bekanntes Bei­spiel hierfür ist die serbische Organisa­tion „Otpor!“ („Widerstand“), die Ende der 1990er Jahren in Serbien gegründet worden war. Sie wurde zu einem wich­tigen Teil der Oppositionsbewegung ge­gen Slobodan Miloševic in Serbien, der im Jahr 2000 gestürzt wurde. Multi­millionär Soros gehörte zu den bedeu­tendsten Sponsoren von „Otpor!“. Sogenannte „Oppositionstrainer“ aus Serbien schulten später auch Aktivisten in den früheren Sowjetrepubliken und in Nordafrika, wo 2011 der „Arabische Frühling“ begann. Man kann also zu­sammenfassen: Überall dort, wo es dar­um ging oder geht, Gesellschaften zu destabilisieren, sie quasi „aufzuknacken“, war und ist George Soros aktiv. Das gleiche gilt natürlich auch beim Thema „Einwanderung“: Im Herbst 2015 – also während des Massen­ansturms von Migranten auf Europa – forderte Soros die EU auf, innerhalb der nächsten Jahre mindestens eine Million „Flüchtlinge“ pro Jahr aufzunehmen, sie zu versorgen und ihnen die Wahl ihres Wohnortes zuzugestehen. Die Denk­fabrik mit dem eher harmlosen Namen „European Stability Initiative“ (ESI), die maßgeblich den als „Merkel-Plan“ bekannt gewordenen Flüchtlingsdeal mit der Türkei entwarf, wird von Soros’ „Open Society Foundations“ finanziell gefördert.

Das alles mit der Motivation, etwas „Gutes“ zu tun?

Rochedy: (lacht) Das ist, was die mei­sten Anhänger und Sympathisanten von Soros und den von ihm geförder­ten NGOs und Aktivistengruppen ger­ne glauben. Und das ist nicht verwun­derlich: Wer ist denn nicht gerne auf der Seite der „Guten“ und kämpft ge­gen das „Böse“? Doch was meistens unter den Teppich gekehrt wird, ist, daß die Kehrseite der „offenen Gesellschaft“ mit ihren „offenen Grenzen“ auch der „offene, barrierefreie Markt“ ist. Und genau hier klingelt die Kasse von angeblichen Philanthropen wie Soros. Denn „Philanthropie“ ist für ihn eben ein Investment. Wenn ein Staat destabilisiert ist und brodelt, fallen eben auch protektionistische Han­delsgesetze, die von Soros und seinen Anhängern stets plakativ als „nationalistisch“ bezeichnet werden.

Das ungarische Parlament hat im Juni letzten Jahres ein sogenanntes „STOP-Soros-Paket“ verabschiedet, zu dem auch Gesetze gehören, die „Fluchthelfer“-NGOs die Arbeit erheblich erschweren sollen. Ist das der einzige Weg?

Rochedy: Ungarn nimmt insgesamt hier eine Vorreiterrolle in Europa ein. NGO-Mitarbeiter und -Aktivisten ma­chen sich demnach strafbar, wenn sie „Beihilfe zur illegalen Migration“ leisten. Die im Gesetz enthaltene Änderung des Strafgesetzbuchs sieht Arrest­strafen sowie im Wiederholungsfall Freiheitsstrafen von bis zu einem Jahr vor. Darüber hinaus gilt in Ungarn be­reits seit 2017 ein Gesetz, das allen NGOs, die jährlich mehr als 23.000 Euro Förderung aus dem Ausland erhalten, vorschreibt, sich in Publikationen und Internet-Auftritten als „vom Ausland unterstützte Organisation“ zu bezeichnen.

Die europäische Mainstream-Presse läuft gegen diese Gesetze Sturm…

Rochedy: …was deren Richtigkeit und Notwendigkeit zeigt. Ich meine das völlig ernst. NGOs wie „Advocats ­Abroad“, die angeblichen „Seenot­retter“-Schiffe oder auch die Soros-finanzierte Einwanderungslobby ge­hen ja nicht nur einem Spleen oder Hobby nach. Es geht hier nicht um ir­gendeine Spinnerei, sondern darum, das Gesicht Europas unumkehrbar zu verändern. Da muß man fragen: Wer hat diese Leute dazu autorisiert? Wer hat sie gewählt? Wenn ein Staat wie Ungarn hier klare Kante zeigt, ist das nur zu begrüßen. Wir brauchen eine solche Gesetz­gebung eigentlich auf europäischer Ebene. Im Prinzip wäre das eine der ganz wenigen sinnvollen EU-Gesetzes­initiativen, die ich mir vorstellen könnte.

Würde das von Washington einfach so hingenommen werden? Immerhin finanzieren oftmals US-Stiftungen oder einzelne US-Geldgeber in Europa tätige NGOs…

Rochedy: Ich glaube nicht, daß man sich ernsthaft an den Reaktionen aus den USA orientieren sollte. Aber wenn man schon gerne über den Atlantik schaut, um sich von dort Inspiration zu holen, dann lohnt sich ein Blick in die US-amerikanische NGO-Gesetzgebung. Denn auch in den USA gibt es ein ­Gesetz über ausländische Agenten – den Foreign Agents Registration Act (FARA). Das amerikanische Gesetz wurde 1938 verabschiedet, um gegen Propagandisten aus Deutschland vor­gehen zu können. 1966 angenommene Änderungen zielten in erster Linie auf politische Lobbyisten ab, die im Auftrag fremder Länder tätig sind. Hätten wir ein solches Gesetz in der EU, hätten wir wahrscheinlich weit weniger Probleme – auch in bezug auf die sogenannten Fluchthilfe-NGOs.

Herr Rochedy, vielen Dank für das Gespräch.

jeudi, 14 février 2019

Du mémoriel à la repentance, l’esprit en déroute...

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Du mémoriel à la repentance, l’esprit en déroute...

Ouverture libre

Nous ne sommes plus historiens, ni moins encore mémorialistes, nous sommes “mémoriels” ; c’est-à-dire que nous élargissons l’Histoire, ou bien nous la réduisions, à notre vaste mémoire qui est quelque chose de tout à fait actuel et qui doit servir les causes actuelles en cours de développement hystérique. Tout cela doit aboutir à une narrative de l’Histoire-du-monde telle qu’acceptable aujourd’hui selon le Système ; lequel Système, en cours d’effondrement, est surpuissant et auto-destructeur parallèlement, autrement dit complètement fou.

Attachons-nous à un seul cas parmi les myriades de désordre qui secouent nos relations, nos psychologies, nos jugements, nos certitudes qui sont toutes grosses d’une incertitude au-delà du concevable. L’État de Virginie, aux USA pour être précis et post-Civil War, le monde politique et la moraline psychologiques tremblent sur leurs bases. Cela se situe dans les effets de la révélation que le gouverneur démocrate de l’État, Ralph Northam, s’était grimé en “noir” (“Blackface”) en 1988, photo à l’appui, mais difficilement en raison de la difficulté de reconnaître le coupable derrière sa couche de cirage noir. Exigences de démission partout, y compris chez les n°2 et n°3 de l’État, qui ont depuis, eux-mêmes, été accusés d’avoir fait du Blackface, et ainsi de suite... Northam a répliqué en soulevant un point d’histoire, savoir que les premiers Noirs arrivés en Virginie (en 1619) n’étaient pas nommés “esclaves” (terme adopté en 1661, semble-t-il) mais “serviteurs sous contrats” (IS, ou Independent Servants). Quelques mots sur ces dernières péripéties, où l’on reconnait l’habile tartufferie à la fois puritaine et capitaliste... 

 « Déjà confronté à des appels à démissionner à la suite du scandale “blackface”, le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, a suscité une nouvelle vague d’indignation, de moquerie et une vérification sérieuse des faits [historiques], après avoir qualifié les premiers Africains aux États-Unis de “serviteurs sous contrat”.

» Quelque 400 ans après que les premiers Africains eussent été amenés à Point Comfort, connu aujourd'hui sous le nom de Fort Monroe à Hampton, en Virginie, la société américaine reste divisée sur son héritage amer, – ainsi que sur la sémantique du terme ”esclavage”. La [polémique] des premiers esclaves noirs a éclaté dimanche, après que le gouverneur Northam eut présenté sa perception de l'histoire de l'État de Virginie. »

Voilà pour ce qui semble être les faits de cette fascinante polémique, – enfin peut-être les faits véridiques, qui sait, – et nous laissons à chacun, sans grandeur mais aussi sans intérêt aucun pour le cas, le soin de trancher.... 

Passons à autre chose.

Qu’est-ce que font tous ces gens ? Ceux qui s’étripent aux USA, ceux qui s’étripent en Europe, au sein et autour de la civilisation du bloc-BAO ? Qui le font en apparence à propos de l’Histoire, en vérité à propos de l’instant présent et réduit à Rien d’autre, de l’Histoire du Big Now et de l’Histoire réduite au Big Now ?  Rien avant, Rien après, un Grand Tout qui est un Grand-Rien dans le Big Now, – et Avant Nous, et Après Nous le Déluge, et En avant/En arrière la zizique... L’Histoire réduite aux seules polémiques, affrontements, écharnements d’hybris de l’immédiat, Moment immobile de la postmodernité réduite à elle-seule.

Dans les temps anciens, l’historien se nommait “historien” ou bien, d’une façon plus large, “mémorialiste”. Dans ce dernier cas, le mot avait à voir avec le souvenir d’une chose passée ou avec un témoignage sur son temps, avec toutes les possibilités du simulacre de la subjectivité (quand la subjectivité se fait simulacre), complotistes et accidentelles que cela suppose et dont chacun avait la possibilité à l’esprit, – à cet esprit-là qu’on nomme en général, entre “honnête homme” au sens du XVIIème siècle, un “esprit critique” : « Mémorialiste : Auteur de mémoires historiques (chroniqueur, historien) ou d'un témoignage sur son temps. » En aucun cas, sinon simulacre né de la subjectivité, accidentellement ou par esprit de complot, n’entrait en jeu d’une façon impérative une dimension morale et objective. Le “mémorialiste” était historien “à la fortune du pot”, selon son intelligence, son honnêteté, ses principes, les normes de l’harmonie et de l’équilibre des choses et des formes qu’il voulait respecter , etc.

Aujourd’hui, nous avons, – quasi-pléonasme, nous n’avons trouvé qu’une seule référence, sans aucun intérêt, – le “mémoriéliste”, le personnage chargé universellement du “devoir mémoriel”, ou “devoir de mémoire”.

(Les tartuffe qui abondent-en-marche aujourd’hui vont jusqu’à dire “Faisons mémoire ensemble”, ou mieux, comme au début de début de l’interview dite Le Grand Jury de Richard Ferrand, le 28 janvier 2019 : « Je voulais faire mémoire avec vous ». La première question posée concernait la présence du président LREM de l’Assemblée Nationale à la manifestation des “Bonnets Rougies“ anti-Gilets-Jaunes. Ferrand dit toute sa sympathie aux premiers mais que son devoir de réserve empêchait une telle participation ; mais certes, il dit d’abord, s’adressant aux journalistes présents, qu’il voulait « faire mémoire avec [eux] » pour le 75èmeanniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Pour encore mieux faire, Ferrand aurait pu saluer l’Armée Rouge qui fut la libératrice du camp le même jour où prenait fin la bataille de Leningrad avec ses 400 000-1 500 000 morts en 900 jours. Mais les Russes méritent-ils aujourd’hui de partager ce même “faire mémoire” de l’exemplaire serviteur de la République qu’est Ferrand ?)

L’“Histoire” a changé de nature, en France, comme accidentellement par rapport aux énormes effets qui ne cessent de se multiplier, par le vote en 1990 d’un amendement à une loi dite depuis “Loi Gayssot” dont on connaît bien la définition. Diana Johnstone en entretenait parfaitement Noam Chomsky le 13 juin 2010 dans une “Lettre ouverte”, au paragraphe dit « La “Loi Gayssot” et la religion d’État », où se trouve les deux mots essentiels de “mémoire” et de “pénitence” : 

« Personne ne pouvait être pleinement conscient à l’époque, au début des années 1980, de jusqu'où mènerait “l’affaire Faurisson”. Le scandale suscité par le professeur de littérature qui entreprit de contester la réalité de l’utilisation des chambres à gaz pour exterminer les juifs dans les camps nazis s’est avéré être un moment clé dans un processus qui a mené à l’établissement du génocide des juifs, sous la désignation de “Shoah”, comme religion de mémoire et de pénitence, promue au statut de dogme officiel.

» Loin de suivre vos conseils, en juillet 1990, l’Assemblée nationale adopta un amendement à la loi de 1881 sur la liberté de la presse appelé la loi Gayssot, d'après le nom du membre du Parti communiste qui l’avait introduit. Selon cet amendement, seront punis “ceux qui auront contesté […] l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité, tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international” de Nuremberg, commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle par ce statut, “soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale”. »

Dès lors, et quelles que soient ici les circonstances et les soi-disant nécessités, l’histoire avait complètement changé de nature. Dans ce cas de l’institution d’une “religion d’État”, elle se définissait d’un point de vue moral et objectif sans révision possible d’aucune sorte, – d’où le caractère quasi-diabolique que cette “religion d’État” mit aussitôt dans le thème de “révisionnisme” immédiatement mis en équivalence du terme nihiliste de “négationnisme”, tout cela selon une pratique pseudo-historique promise à un immense succès, qui est la politique de la repentance. Dès lors, l’histoire n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait été, et le mémorialiste, personne dont l’intérêt est tourné vers la compréhension de l’instant passé, devint un “mémoriéliste”, personne dont l’intérêt se définit par la capacité de ramener l’instant passé aux normes présentes, actuelles, aux normes du Big Now si l’on veut.

Le problème de cette mutation est que l’histoire devenue “religion d’État”, et manifestement religion monothéiste, se mettait en place au momentoù se développaient, postmodernité oblige et continue à obliger, le multiculturalisme, le multi-ethnisme, les diverses facettes de l’antiracisme et du “genrisme” et ainsi de suite, tout cela à la lumière de la bienpensance-Système. A ce moment, l’histoire passait de l’enquête sur le passé et le souvenir à l’affirmation d’une mémoire du Big Now devant adapter tout le contenu mémoriel aux exigences idéologiques du susdit Big Now. Ainsi se trouve confronté le dogme d’une religion d’État, ou disons plus postmoderne d’une religion du Big Now aux exigences infiniment multiples de toutes les catégories énoncées. 

Tout cela nous ramène à l’affaire initiale qui nous paraît à première vue si dérisoire et si évidente du point de vue du phénomène nommé “esclavage”, pour être confrontée à l’appréciation d’une école historique africaine réclamant que la lumière soit faite et acceptée, et adoubée pourrait-on dire en termes religieux, sur la responsabilité des “nations arabo-musulmanes” quant à la carastrophe de leur “leur traite négrière”. Les “esclaves” africains venus aux USA et devenus Africains-Américains sont nombreux aujourd’hui à se tourner vers l’Islam (The Nation of Islam, de Louis Farrakhan) et en même temps à demander réparation aux Blancs (Caucasiens-Américains, ou WASP) ; mais savent-ils ce que vaut la référence islamique dans leur cas du fait du sort de leurs ancêtres africains ?

Il ne s’agit pas ici, en aucun cas parce que notre cible reste le Système et la situation qu’il impose, de prendre position mais de poser la question de la relation existante entre la condamnation de toute approche “trop” (?) critique (islamophobie) du comportement de ce qu’on nomme “l’Islam en général” par rapport à ce que l’on doit penser (antiracisme) de ce que l’on nomme “l’esclavage en général”, toutes choses selon les consignes du Système ; et, ayant posé cette question, de constater l’impossibilité d’une réponse acceptable qui ne contienne pas, d’une façon ou l’autre et dans un sens ou l’autre, une contrainte, une mise à l’index, un attentat meurtrier et catastrophique contre “l’esprit critique”, – pour ne point parler des débris de ce qui fut la liberté du jugement.

Cette question sans réponse pour notre compte, – nous laissons le Système surpuissant face à ses contradictions autodestructrices, – est illustrée ici par une interview du 9 février 2019 par le site suisse LesObservateurs.ch du « Chercheur, anthropologue, économiste et écrivain franco-sénégalais, Tidiane N’Diaye [qui] a publié de nombreux essais sur l’esclavage des Noirs. L’un d’eux, Le Génocide voilé (2008), est une brillante enquête historique sur les traites négrières arabo-musulmanes. » (Le titre initial de l’interview est « Que les nations arabo-musulmanes se penchent enfin sur leurs traites négrières ».)

dedefensa.org

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Interview de Tidiane N’Diaye

Dans Mémoire d’errance (1998), vous aviez écrit que « malgré son  isolement, l’Afrique a vu de grandes civilisations se développer sur son sol. Mais elle est longtemps restée méconnue de l’Europe et plus généralement du monde ». En savons-nous maintenant plus sur ces civilisations ? 

Tidiane N’Diaye : Avant d’être asservie, l’Afrique fut le siège de civilisations grandioses. Selon certains scientifiques, qui font de l’Afrique le berceau de l’humanité, l’histoire des peuples noirs commence même bien avant celle des peuples indo-européens. Il est temps de revisiter ces remarquables civilisations que sont les royaumes du Grand Zimbabwe, de l’Egypte négro-africaine (25ème dynastie nubienne des pharaons noirs), d’Ethiopie, du Ghana, du Mali. L’Empire du Ghana est considéré comme le premier Etat structuré de l’Afrique de l’Ouest. L’Empire du Mali a été fondé au XIIe siècle. Tombouctou, ville du Mali, a connu un âge d’or au cours duquel des milliers de livres auraient été écrits. Ces livres, près de 100 000 manuscrits qui commencent à être exhumés, vont permettre de mieux connaître l’histoire de l’Afrique. Leurs contenus, qui couvrent les domaines de l’astronomie, de la musique, de la botanique, du droit, des sciences, de l’histoire, de la religion, du commerce, témoignent d’une Afrique qui écrit sa propre histoire. Hélas, l’histoire des royaumes subsahariens des deux derniers millénaires, est mal connue par manque de sources écrites ou de vestiges archéologiques.

Au début du VIIe siècle, dans quel état se trouve l’Afrique? 

Tidiane N’Diaye : Pendant plusieurs siècles, le continent noir a vécu en quasi-autarcie. Il fut coupé du reste du monde du néolithique à l’âge de fer. Grecs et Romains n’avaient visité que les régions de la partie nord, sans pousser plus en avant leurs entreprises. L’usage de l’oralité n’a jamais empêché la pratique de bon nombre de disciplines scientifiques au sein des civilisations africaines. Pendant très longtemps, cette tradition orale a également servi de vecteur naturel dans la transmission des connaissances en Europe où, jusqu’au XIIIe siècle, seule une minorité d’aristocrates savait lire et écrire. À Tombouctou, haut lieu de culture, dès le XIIe siècle l’université de Sankoré soutenait avantageusement la comparaison avec les universités européennes. Là s’enseignait depuis bien longtemps la géométrie, l’astronomie et l’arithmétique.

ndiayelivre.jpgDans Le Génocide voilé (2008), vous situez le début de la traite négrière arabo-musulmane au moment de l’islamisation du continent. Vous évoquez l’année 711, où les Arabes reviennent de la péninsule ibérique pour islamiser les peuples africains…

Tidiane N’Diaye : La conquête arabe du continent s’était déroulée à l’Est et au Nord. Selon des sources orales que nous avons difficilement vérifiées, il semblerait qu’au moment où, sous le commandement du gouverneur Hasan, les Arabes occupaient l’Afrique du Nord en 703, une autre tentative d’invasion militaire ait eu lieu vers le Sud du continent. Mais elle fut stoppée par la mouche tsé-tsé, qui sévit dans les forêts. Si cette bestiole a la particularité de transmettre la maladie du sommeil à l’homme, elle tue les chevaux. Ainsi, l’action des forces d’invasion arabes s’arrêtera, dans un premier temps, aux territoires situés à la limite du Sahara et, d’une façon marginale, à l’Est africain. Par la suite, les Arabes, ayant conquis l’Égypte, allaient y asservir de nombreux peuples venant de la Nubie, de Somalie et du Mozambique ou d’ailleurs, au cours de la première expansion islamique.

Pour les soldats de la guerre sainte islamique, le monde est divisé en deux parties : il y a les territoires de l’Islam et le reste. Pour ces fous de Dieux, il était du devoir des musulmans de soumettre et de convertir tous ceux qui ne l’étaient pas. Aussi, devant les assauts répétés des « djihadistes » arabes, les Nubiens préférèrent négocier la paix en concluant en 652 un traité connu sous le nom de « Bakht ». Ce traité inaugurait une traite négrière en grand, car l’émir et général Abdallah ben Saïd imposa aux Nubiens, par ce « Bakht », la livraison annuelle et forcée de 360 esclaves. La majorité des hommes objets de ce contrat, était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d’une énorme ponction humaine, qui sera effectuée non seulement dans toute la bande soudanaise, mais aussi de l’océan Atlantique à la mer Rouge passant par l’Afrique orientale. Cette ponction se répartira soit localement, soit beaucoup plus loin que toutes les régions du monde musulman et ce, du VIIe au XXe siècle.

Dix-sept millions de victimes tuées, castrées ou asservies pendant plus de treize siècles sans interruption. Le Génocide voilé contient de nombreuses horreurs qui font froid dans le dos. Comment se fait-il que cette page sombre de l’Histoire reste encore peu connue ? 

Tidiane N’Diaye : Un tel génocide, chose curieuse, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient le voir recouvert à jamais du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse voire politique. L’Afrique compte aujourd’hui entre 500 et 600 millions de musulmans. Raison pour laquelle la plupart des historiens africains ou autres, ont restreint le champ de leurs recherches sur les traites négrières à celle pratiquée par les nations occidentales. Notre propos n’a rien de moralisateur, car comment comparer ce qui fut, compte tenu des mentalités et des sensibilités de l’époque, avec notre présent. Le souhait est que les générations futures soient informées de l’antériorité et de la dimension de la traite transsaharienne et orientale. Et que les nations arabo-musulmanes se penchent enfin sur cette sinistre page de leur histoire, assument leur responsabilité pleine, entière et prononcent un jour leur aggiornamento comme les autres et c’est cela aussi, l’Histoire.

Vous avez écrit trois ouvrages sur la traite transatlantique. On ne peut donc absolument pas vous soupçonner de complaisance envers cette dernière. Mais vous racontez dans Le Génocide voilé que c’est la colonisation européenne, notamment française, qui a mis fin à la traite arabo-musulmane… 

Tidiane N’Diaye : Après les abolitions occidentales, des traités furent signés pour éradiquer cette ignominie. Au congrès de Vienne, en 1815, et à celui de Vérone, en 1822, l’horreur de la traite négrière fut dénoncée comme « un fléau qui a longtemps désolé l’Afrique, dégradé l’Europe et affligé l’humanité ». Par la suite, la publication des récits de voyages de David Livingstone et de Henry Stanley incita sans doute le roi des Belges, Léopold II, à agir. Du moment que la traite arabe ne pouvait plus trouver de débouchés sur l’océan Indien, le souverain belge se proposait d’en extirper les dernières racines dans l’Est du Congo. Il entreprit d’inviter à Bruxelles la Conférence internationale de Géographie. Préparée par Émile Banning, cette rencontre se déroula du 12 au 19 septembre 1876 et rassemblait des personnalités aussi éminentes que Georg Schweinfurth (Allemagne), Verney Cameron (Grande-Bretagne) et le vice-amiral de la Roncière-le Noury (France). Une « Association Internationale pour l’Exploration et la Civilisation de l’Afrique centrale » fut créée. Les Arabes seront battus et chassés du Congo. Le 1er aout 1890, les Anglais poussèrent officiellement – comme les Français en Afrique du Nord – le sultan de Zanzibar à promulguer un décret, interdisant la traite et l’esclavage.

Ceci étant, l’abolition de la traite transatlantique n’a pas mis fin à des rapports pervers et déshumanisants entre colons français et colonisés africains. Sans même se référer à des études historiques, il suffit de relire l’aventure coloniale de Céline en Afrique relatée dans Voyage au bout de la nuit pour en avoir le cœur net…

Tidiane N’Diaye : Au XIXe siècle, l’Europe était en pleine révolution industrielle et urbaine. Ses puissances tentaient de convaincre qu’un tel tournant dans l’histoire de l’humanité était lié au triomphe de leur civilisation. Du fait de la toute nouvelle industrialisation, comme des avancées scientifiques et techniques, elles prétendaient apporter le progrès à des « peuples attardés ». Alors qu’après l’abolition de l’esclavage, l’intérêt que ces pays portaient encore à l’Afrique, était éminemment mercantile. L’horreur passée, que des raisons économiques avaient engendrée, les mêmes raisons aidèrent tout simplement à la défaire. L’abolition de l’esclavage devait beaucoup plus à l’économie qu’à la morale. Elle intervenait, à un moment où la révolution industrielle opérait une grande mutation. Et les industries de transformations nées de cette révolution avaient besoin d’autres choses que de bras serviles à mener par le fouet. Elles étaient tributaires d’un nouveau type de main-d’œuvre, de matières premières et de débouchés. Comme par malédiction, tous ces éléments indispensables à la nouvelle économie se trouvaient encore en Afrique. Les rapports entre Européens et Africains seront donc pendant longtemps ceux de dominants à dominés.

L’actuel racisme anti-noirs des pays du Maghreb est-il lié aux très longues traites arabo-musulmane auxquelles ces pays ont participé ? 

Tidiane N’Diaye : Dans l’inconscient des Maghrébins, cette histoire a laissé tellement de traces que, pour eux, un « nègre » reste un esclave. Ils ne peuvent pas concevoir de noirs chez eux. Regardons ce qui se passe en Lybie, au Maroc ou ailleurs dans les pays du Golfe. On retrouve des marchés d’esclaves en Libye ! Seul le débat permettrait de dépasser cette situation-là. En France, pendant la traite et l’esclavage, il y a eu des philosophes des Lumières, comme l’abbé Grégoire ou même Montesquieu, qui ont pris la défense des noirs alors que, dans le monde arabo-musulman, les intellectuels les plus respectés, comme Ibn Khaldoun, étaient aussi des plus obscurantistes et affirmaient que les « nègres » étaient des animaux. Cette posture a survécu au temps et dans l’esprit des arabo-musulmans en général.

Revenons chez nous : le 7 novembre 2018, la Cour de Cassation de Paris a rejeté une demande de réparation et d’indemnisation des descendants  d’esclaves de la traite transatlantique. Que vous inspire le rejet de cette demande ? 

Tidiane N’Diaye : Les Antilles françaises ont enregistré un boom économique sans précédent grâce aux esclaves africains. Le travail de ces déportés a fait la fortune des colons et des maîtres créoles mais aussi de la France. À la fin du XVIIIe siècle, les échanges de la Martinique, de la Guadeloupe et de Saint-Domingue avec l’étranger, constituaient les deux tiers du commerce extérieur français. Grâce à l’économie des îles antillaises, la France des négociants de 1787 était le plus grand distributeur d’Europe de produits exotiques. Après l’abolition, en compensation de leur « perte de main d’œuvre », la France a versé aux anciens maîtres esclavagistes, la somme de 6 millions de francs, ce qui, en franc constant converti à l’Euro actuel, est énorme. Dans le même temps, les noirs ou « nouveaux libres », seront jetés dans la rue comme si la liberté seule pouvait gommer toutes les horreurs du passé. A ces esclaves libérés, rien ne fut accordé. Au demeurant, si réparations il doit y avoir, cela devrait concerner avant tout les descendants de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes, dont la vie a basculé sans retour dans l’horreur et la désolation. Ils vivent aujourd’hui aux Antilles, en Guyane et à la Réunion. Quelles formes pourraient prendre ces réparations ? Aux autorités françaises d’examiner un jour la question.

Attali et sa surclasse contre les Français

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Attali et sa surclasse contre les Français

Les Carnets de Nicolas Bonnal

La brutalité des méthodes de la surclasse en France commence à étonner le monde. Par hasard je suis tombé sur un article très commenté de Zerohedge.com et sur un reportage de la chaîne Cuatro en Espagne. Mais même si les médias étrangers réagissent, je pense qu’en France on ira jusqu’au bout : coup d’Etat et massacres. J’en mets ma main à couper ou plutôt à arracher. Avec la bénédiction de Bruxelles, du Figaro et des soixante-huitards bourgeoisement et pieusement réunis pour fêter le triomphe de leur champion face à un peuple réveillé trop tard.

On ne peut pas dire que le mentor du macaron ne nous avait pas prévenus. Il se nomme Attali, avait très mal conseillé Mitterrand en 1981, et, passé depuis à la déification du golem de marché, il écrivait voici vingt ans ce texte sur la surclasse dont Gille Chatelet s’est trop moqué – car il est plus inquiétant que drôle. Nous sommes le 7 mars 1999 et voici à quelle sauce le Français et l’Américains vont se faire manger :

« Un capitalisme entraîné par des forces nouvelles où émergera une élite nouvelle et où se prolétarisera l’ensemble des classes traditionnelles. »

Je voyais une émission à la télé espagnole sur des expatriés en Amérique, qui confirmait les évaluations de Michael Snyder sur son site apocalyptique : 40 000 dollars une opération chirurgicale, 36 dollars la douzaine de donuts (à bouffer debout dans un local sale), 40 000 dollars l’année d’études et un million une baraque moyenne (on était dans le Maine). La moitié des gens ne se chauffent pas ; le tout sur fond de célébration du rêve américain… On comprend pourquoi 60 000 américains crèvent des opiacés chaque année. C’est en effet le seul moyen de supporter ce système et sa surclasse.

Euphorique, Attali écrit (nous sommes je le rappelle le 7 mars 1999) :

« Aux Etats-Unis, la classe ouvrière est rapidement dissoute par la concurrence de la technologie du Nord et des salaires du Sud. Le salaire moyen ouvrier baisse depuis vingt ans. En dix ans, la proportion d’emplois précaires a quadruplé, et la probabilité d’être au chômage au moins une fois dans les cinq ans à venir a triplé. Cette précarisation touche peu à peu aussi la classe moyenne : ingénieurs, commerçants, employés, cadres sont menacés par l’entrée de l’informatique dans les services et par la concurrence de leurs homologues du Sud, qu’accélèrent les télécommunications. »

Et le bougre d’ajouter sur cette prolétarisation générale :

« Il n’y aura plus bientôt, à la place du salariat, qu’un vaste prolétariat déclassé. Même les fonctionnaires rejoindront cette cohorte, les déficits publics entraînant la quasi-faillite du budget fédéral. A l’inverse, les rémunérations de certains nouveaux venus n’ont jamais été aussi élevées. »

Je précise que pour moi la précarisation est générale. Les hasards de la vie ont fait que j’ai connu beaucoup de millionnaires en euros et qu’ils vivent tous de plus en plus mal, enfants, vieux, malades y compris (et ce pour les raisons citées plus haut). Prolétarisation des millionnaires…

Attali devient ensuite plus carnassier : « Ces fortunes nouvelles ne sont pas l’apanage de capitalistes traditionnels ni de dirigeants de grands groupes, mais plutôt des détenteurs ou de créateurs de rentes informationnelles, capables de disposer, même pour un temps bref, d’un savoir ou d’un savoir-faire unique. »

Il continue sans rappeler Robert Reich (dont j’ai parlé ici) et qui a inspiré avec ses « manipulateurs de symboles » toute cette envolée : 

« Dans ce capitalisme global de haute compétition et de faible inflation, il faudra disposer de capitaux liquides, n’avoir ni dettes ni immobilisations et, surtout, disposer d’une rente de situation technologique (un savoir, une compétence, une opportunité d’être un intermédiaire utile à la valorisation ou à la circulation de l’information, une innovation dans le placement de titres, la génétique, le spectacle ou l’art). »

Après c’est l’extase. On se croirait dans cet épisode de Star Trek où les dominants vivent sur une autre planète (Cloud minders, nuages) :

« Ceux qui seront les maîtres de ces rentes constitueront ce que j’appelle une surclasse parce qu’ils ne se regroupent pas en une classe dont les privilèges sont liés à la propriété des moyens de production et à transmission. Les théories libérales ou marxistes ne s’appliqueront pas à eux : ils ne sont ni entrepreneurs-créateurs d’emplois et de richesses collectives ni capitalistes-exploiteurs de la classe ouvrière. Ils ne possèdent pas les entreprises, ni les terres, ni les postes administratifs. »

Eloge de l’éphémère et du nomadisme (qui consiste à passer son temps au téléphone, dans les aéroports, les bagnoles, les avions, les hôtels…) :

 « Ils sont riches d’un actif nomade, monétaire ou intellectuel et l’utilisent de façon nomade pour eux-mêmes, mobilisant rapidement du capital et des compétences en des ensembles changeants pour des finalités éphémères où l’Etat n’a pas de rôle. Ils ne veulent pas diriger les affaires publiques (la célébrité politique est, pour eux, une malédiction). »

Après on se rapproche guilleret de l’actuel président et de son hugolienne cour des miracles :

« Ils aiment créer, jouir, bouger ; ils ne se préoccupent pas de léguer fortune ou pouvoir à leurs enfants : chacun pour soi. Riches de surcroît, ils vivent luxueusement, souvent sans payer ce qu’ils consomment. »

Et puis on passe aux aveux. Avis aux gilets jaunes ! Cette société d’accapareurs hédonistes repose sur la violence :

« Ils portent avec eux le meilleur et le pire de demain, installant une société volatile, insouciante de l’avenir, égoïste et hédoniste, dans le rêve et la violence. »

Dans ce bolchévisme de marché, tout sera balayé, surtout les restes de la civilisation agricole :

« Les élites traditionnelles européennes seront, elles aussi, balayées par ces nouveaux venus. Civilisation agricole, l’Europe est en effet beaucoup moins bien placée que l’Amérique pour cette victoire de la mobilité. Elle aura plus de mal à accepter que le pouvoir économique ne soit plus réservé aux propriétaires de sols, des murs, d’usines ou de diplômes. Ses élites, qui cumulent ces propriétés devenues anachroniques, seront peu à peu déclassées. »

Ici on se moque du monde : en France la surclasse ne vient pas de la technologie mais des milliardaires enrichis par Mitterrand/Balladur/DSK et des hauts fonctionnaires dévoyés façon Minc-Attali (lisez Sophie Coignard…). Et Attali d’enfoncer encore la France périphérique de Guilluy et des paysans :

« La France est particulièrement mal préparée à cet avenir. C’est une nation paysanne et étatique (étatique parce que paysanne). Les élites en place feront tout pour barrer le passage à la surclasse. La France se méfiera d’elle, qu’elle confondra au mieux avec des saltimbanques et au pis avec des parasites. »

En vérité il y a eu fusion ! Et de nous faire le coup classique des lendemains qui chantent :

« Pourtant, il faut accepter cette mutation, car cette surclasse porte la créativité et le bien-être de demain. Certes, il ne faut pas faire de l’Amérique un modèle à suivre à l’identique. Là-bas, une surclasse triomphante flottera sur les eaux boueuses de la misère, et la réussite de quelques-uns se paiera au prix de la marginalisation du plus grand nombre et de la violence des déclassés. »

C’est Houellebecq qui écrit que le néolibéralisme millénariste projette, comme le bolchévisme, dans le futur une prospérité qui n’arrivera jamais, car elle ne peut arriver…

Attali explique que plus d’inégalités et de destructions mèneront à plus d’égalité :

« L’Europe ne doit pas avoir de complexes. Dans la formidable phase de croissance qui commence, et qui durera trente ans, l’Europe a toutes les chances d’être la première puissance du XXIe siècle. A condition de permettre à une surclasse européenne de s’exprimer librement et de mettre ses compétences créatives au service du long terme et de la solidarité. »

Schumpeter (le père incompris de la destruction créatrice), que de crimes décidément on commet en ton nom et en tes livres si peu/mal lus !

Après, comme Mao, Attali nous souhaite de gober une révolution culturelle dévoreuse :

« Pour cela, c’est plus qu’un programme politique qu’il faut imaginer, c’est une révolution culturelle : l’acceptation du neuf comme une bonne nouvelle, de la précarité comme une valeur, de l’instabilité comme une urgence et du métissage comme une richesse, la création de ces tribus de nomades sans cesse adaptables, libérant mille énergies et porteuse de solidarités originales. »

La suite est facile à prévoir : détruire (on appelle ça changer, disait Philippe Muray) ce qui existe :

« Il faut pour cela tout changer, et vite, dans le système fiscal, éducatif et social. Il faut une fiscalité favorisant la création plus que la possession de richesses, l’innovation plus que la routine, le travail à haute valeur ajoutée plus que le travail non qualifié. Il est absurde de ne s’intéresser qu’au travail non qualifié en baissant les charges qui pèsent sur lui alors que le chômage le plus dangereux pour l’avenir de nos sociétés est celui des jeunes diplômés, membres potentiels de cette surclasse nécessaire et créateurs futurs d’emplois non qualifiés. Il faut favoriser par tous les moyens les créations de produits, d’idées, d’entreprises pour que naissent des emplois valorisants et que chacun puisse exprimer ses potentialités. »

Blague finale, on nous reparle de justice sociale :

« En contrepartie, il faut imposer une justice sociale plus exigeante qui assure à chacun l’égalité des chances d’accéder à cette surclasse. C’est-à-dire cesser de confondre sécurité et immobilisme et donner à chacun au minimum les moyens de manger, d’apprendre et de se loger. »

On rappellera à Attali que même le porte-parole Griveaux a du mal à se loger dans la ville de Paris asphyxiée (et c’est mérité) par le siège tenace des gilets jaunes.

Je ne me lancerai pas dans un débat sur la surclasse ; j’en ai parlé ici à propos de Robert Reich, qui comme Christopher Lasch soulignait la rupture entre les profiteurs (ex-élites) économiques et le peuple dans chaque pays occidental. Je rappellerai que, pour la surclasse, la France, ruinée et désindustrialisée, ne doit servir que de destination luxueuse aux oligarques. Et je me contenterai de rappeler cette phrase de Marx qui explique beaucoup mieux qu’Attali ce qui nous est arrivé depuis un petit demi-siècle :

« Le progrès industriel, qui suit la marche de l'accumulation, non seulement réduit de plus en plus le nombre des ouvriers nécessaires pour mettre en œuvre une masse croissante de moyens de production, il augmente en même temps la quantité de travail que l'ouvrier individuel doit fournir. A mesure qu'il développe les pouvoirs productifs du travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l'homme par la femme, l'adulte par l'adolescent et l'enfant, un Yankee par trois Chinois. »

Ajoutons avec Joseph Stiglitz que le seul vrai garant de notre niveau de vie était jusqu’à la fin des années 80 l’union soviétique. Et que depuis son effondrement (de l’URSS et de notre niveau de vie), la surclasse, c’est-à-dire la vielle bourgeoisie rapace bien maquillée avec sa garde-chiourme informatique, n’en a fait qu’à sa tête en revenant à son siècle préféré, le dix-neuvième. 

Sources

Attali – la surclasse, l’express, 7 mars 999

Nicolas Bonnal – Chroniques sur la Fin de l’Histoire (Amazon.fr) 

Karl Marx – le capital, I, section VI

Robert Reich – The Work of nations

Christopher Lasch – la révolte des élites (Flammarion)

Marche républicaine à l’universel : la société ouverte et remplaciste

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Marche républicaine à l’universel : la société ouverte et remplaciste

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’idée de «société ouverte » dont parle Georges Soros n’est pas sortie spontanément de l’esprit nauséeux de ce spéculateur. Cette idée n’est pas davantage une invention du groupe de Bilderberg, de la Trilatérale, du Forum de Davos ou même de Karl Popper (et quoi qu’en dise Georges Soros). Popper a peut-être forgé l’expression « société ouverte » mais n’est à l’origine ni de  l’idée qui la sous-tend, ni de sa mise en application concrète.

La paternité de la « société ouverte » revient sans aucun doute à la révolution “française“. Non que cette révolution bourgeoise ait inventé stricto sensu cette idée stupide d’ouvrir la société aux quatre vents. Celle-ci courait chez les philosophes des lumières depuis un certain temps. Bien plutôt, la révolution “française“ a pour la première fois appliqué cette idée concrètement, lui donnant ainsi chair et vie. Les suivants et les suiveurs, les Popper, les Soros, n’ont fait que reprendre et étendre la recette républicaine.

On le sait, la bourgeoisie d’affaire qui prend le pouvoir à la fin du XVIIIe siècle est essentiellement représentée dans les assemblées révolutionnaires par des hommes de loi. Cette bourgeoisie d’affaire et ces hommes de loi (avocats, greffiers, conseillers d’Etats…) évoluent dans un monde où la notion de « contrat » est centrale : contrats de négoce, contrat de change, contrat de bail, contrat de prestation de service, contrat de mariage…. Dans ce monde, le contrat organise la vie des hommes et assure le bon fonctionnement de la vie en société. Naturellement, cette bourgeoisie d’affaire sera donc très sensible aux idées d’un Rousseau qui fera du « contrat social » le moyen de fonder une société libre et harmonieuse, voire de « régénérer » les sociétés traditionnelles fondées sur une identité culturelle.

Que dit en substance Rousseau ? Rousseau prétend qu’une juste société est une société produite par le rassemblement d’individus autour d’un contrat social préservant leurs droits naturels : la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. Pour Rousseau, tout autre type de socialisation corrompt la bonté originelle de l’homme.

Rousseau ne parle ni des Français, ni des Chinois, ni des Lapons en particulier. Rousseau parle de l’Homme en général. Ce qu’énonce le philosophe est valable pour tous les hommes. La société fondée sur le contrat et sur la loi, et non sur une quelconque identité, ne discrimine pas selon l’origine, la religion ou la couleur de peau. Elle distingue ceux qui adhèrent au pacte social de ceux qui n’y adhèrent pas. Le corps politique est un club dont il suffit d’accepter le règlement intérieur pour devenir un de ses membres. Notons que ce règlement est acceptable par tous les hommes, puisque traduisant leur nature universelle, et non leurs cultures particulières. 

Par définition, la juste société est donc une société ouverte. Le contrat social est l’image philosophique du « pacte républicain » et le pacte républicain est la traduction politique du contrat social. La république est fondée sur le pacte républicain, et le pacte républicain, fondé sur le principe d’universalité, est ouvert à tous les hommes sans distinction d’origine, de race ou de religion. C’est pourquoi la république ouverte peut se dire « universelle ». Tous ceux qui souscrivent au pacte républicain « appartiennent » au corps politique qui en est l’émanation. C’est ainsi que, dès 1790, les Français deviennent, individuellement par le Grand Transfert, des « associés » dissociés de leur identité, et que peu après les Juifs deviennent des « Français ». Autrement dit, l’appartenance ne dépend plus de l’identité mais d’un acte juridico-administratif ouvert à tous ceux qui l’acceptent. L’appartenance est ouverte et ne nécessite plus une assimilation identitaire préalable.

Notons au passage que la francité perd sa dimension culturelle et devient une catégorie juridique. Etre Français a désormais une signification au niveau du Droit (l’appartenance à un Etat), mais ne veut plus rien dire du point de vue de l’identité ou de la lignée. La doctrine du Pacte républicain a donc bien détruit la francité.

La capacité à intégrer librement un corps politique s’organisant selon des valeurs universelles relevant de la nature de l’Homme, et non des valeurs particulières relevant d’une identité spécifique, est la marque des « sociétés ouvertes ». La révolution française a créé le premier modèle de société ouverte. Elle a expérimenté son principe d’universalité avec les populations juives, puis avec certains habitants des colonies, avant de le systématiser à travers le processus immigration-inclusion-naturalisation-changement ethnique du corps électoral.

En 1791, Adrien Duport (un des rédacteurs de la déclaration des droits de l’homme) dira, devant l’Assemblée, que le principe de citoyenneté n’autorise « aucune distinction ». En conséquence de quoi, ajoutait-il : « les Turcs, les Musulmans, les hommes de toutes les sectes sont admis à jouir en France des droits politiques ». Ce principe de citoyenneté, dissocié de l’identité, associé au principe d’universalité, n’annonce-t-il pas le destin funeste de notre pays et le Grand Remplacement qui vient ?

Antonin Campana

Macron en pleine radicalisation autoritaire ?...

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Macron en pleine radicalisation autoritaire ?...

par Michel Geoffroy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la dérive autoritaire du président de la République... Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

L’évolution autoritaire de la présidence Macron en 10 points

Selon un récent sondage, Emmanuel Macron « inquiète » une proportion croissante de nos concitoyens : 62 %  exactement, soit 6 points de plus depuis juillet 2018 [1]. Retour sur dix bonnes raisons, au moins, de s’inquiéter de l’évolution autoritaire de la présidence Macron.

1er sujet d’inquiétude : la loi sur les fake news

Emmanuel Macron a fait voter une loi contre les fake news [2] qui a officiellement pour objet la censure par un juge unique statuant en urgence, des informations qui seraient jugées fausses, en période électorale.

Mais la notion d’information « fausse » reste très imprécise et ouvre la voie à la censure judiciaire des informations qui pourraient gêner le Pouvoir lorsqu’il se présentera devant les électeurs.

La loi sur les fake news vise en réalité les médias alternatifs qui diffusent une information concurrente de celle des médias mainstream, lesquels voient justement leur crédibilité diminuer constamment dans l’opinion, à cause de leur évidente partialité.

Et contrairement à ce que l’on entend dire parfois, cette loi sera appliquée sinon on ne voit pas pourquoi le président l’aurait initiée avec autant de constance.

2e sujet d’inquiétude :  la surveillance numérique par la police de la pensée

Le gouvernement a passé un accord avec Facebook [3] au terme duquel des « régulateurs » français assisteront le personnel de la plate-forme dans la répression des contenus dits « racistes, antisémites, homophobes ou sexistes ». Mais il faut rappeler que Facebook n’autorise pas « les critiques à l’égard des politiques d’immigration et les arguments qui consistent à restreindre ces politiques »… Donc il s’agit de censurer ceux qui critiquent la folle politique d’immigration de l’Union européenne.

Le gouvernement français soutient d’ailleurs  l’adoption du règlement européen  dit « censure terroriste » , écrit en collaboration avec Google et Facebook , qui vise à soumettre tous les hébergeurs à des obligations très strictes, notamment le retrait en une heure des contenus désignés par ….une autorité nationale. Donc par le gouvernement.

Et il a signé le Pacte de Marrakech sur les migrations qui prévoit aussi la répression des médias qui critiqueront l’immigration .

3e sujet d’inquiétude : le renforcement des pouvoirs de censure du CSA

La loi sur les fake news prévoit un renforcement des pouvoirs de contrôle du CSA, pourtant déjà étendus, qui sera aussi chargé de la refonte de la loi de 1986 sur l’audiovisuel.

Le nouveau président du CSA, nommé par Emmanuel Macron, n’a d’ailleurs pas caché son ambition d’étendre son « pouvoir de régulation » -et donc de censure- aux réseaux sociaux.

La mise au pas du dernier espace de liberté est donc en marche !

4e sujet d’inquiétude : la reprise en main  des médias mainstream

Les médias mainstream ont fait l’élection d’Emmanuel Macron mais cela ne semble plus lui suffire. Car à l’occasion du mouvement des gilets jaunes et de l’affaire Benalla Emmanuel Macron leur a reproché de leur donner encore trop d’importance.

Dans des propos rapportés par l’hebdomadaire Le Point [4], Emmanuel Macron affirme d’ailleurs que « le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. Le bien public, ce n’est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c’est l’information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité ».

Ce qui revient à préconiser une sorte de nationalisation des médias pour s’assurer qu’ils diffusent une information conforme à ce que souhaite le pouvoir. En d’autres termes Emmanuel Macron veut le retour de l’ORTF à son profit!

5e sujet d’inquiétude : l’affaire Benalla

L’affaire Benalla, qui connaît d’incessants rebondissements depuis juillet 2018 malgré les multiples tentatives pour l’étouffer, a mis en lumière non seulement le comportement violent de certains collaborateurs de la présidence de la république mais surtout les curieuses protections dont ils semblent avoir  bénéficié au plus haut niveau de l’Etat et au sein des pouvoirs publics.

Cette affaire inquiète, car elle démontre l’existence d’un véritable« Etat profond » français, parallèle aux institutions et agissant en toute impunité. Mais au service de qui ?

mackim.jpg6ème sujet d’inquiétude :  la violente répression policière et judiciaire des Gilets jaunes

Le mouvement populaire et social des Gilets Jaunes lancé en novembre 2018 a fait l’objet d’une répression policière et judiciaire sans équivalent dans notre pays depuis la guerre d’Algérie.

Le ministre de l’Intérieur s’est comporté en outre comme s’il pouvait donner des directives (en réclamant «des réponses judiciaires sévères» )à l’autorité judiciaire , en violation de la séparation des pouvoirs comme l’a relevé un collectif d’avocats [5] , s’inquiétant par ailleurs de nombreuses anomalies de procédure vis à vis des Gilets Jaunes interpellés.

Une sévérité qui tranche avec le traitement habituellement réservé aux racailles de banlieues, aux casseurs d’extrême-gauche ou aux délinquants multirécidivistes.

Pourquoi , sinon pour  intimider la France périphérique ?

7e sujet d’inquiétude : les restrictions au droit de manifester

Avec le mouvement des gilets jaunes les forces de police et de gendarmerie , à rebours de ce qui se pratiquait auparavant, se sont efforcées de bloquer les manifestations plutôt que d’assurer leur sécurité : notamment par l’usage de gaz lacrymogènes , de canons à eau, par le « nassage » des manifestants ou par la mise en œuvre d’interpellations préventives [6]. Et à l’occasion des déplacements présidentiels dans le cadre du « Grand Débat » les forces de police ont notamment menacé d’amendes illégales les porteurs de gilets jaunes.

Le gouvernement vient au surplus de faire voter une nouvelle loi dite « anti-casseurs », liberticide, qui prévoit notamment de donner aux préfet -agent public nommé par le gouvernement- le pouvoir d’interdire de manifestation certaines personnes et l’établissement d’un fichage politique des manifestants.

Veut-on dissuader de manifester contre Emmanuel Macron ?

8e sujet d’inquiétude :  la diabolisation officielle des opposants

La diabolisation des opposants au Système était jusqu’alors avant tout effectuée par les médias de propagande. Désormais Emmanuel Macron et ses ministres n’hésitent plus à s’en charger eux-mêmes.

De plus en plus souvent ils affirment que les opposants à la politique libérale/libertaire et européiste qu’ils conduisent, diffusent des fausses nouvelles, qu’ils sont complotistes ou qu’ils sont manipulés par l’étranger. Emmanuel Macron a d’ailleurs significativement affirmé à propos du Brexit, qu’il s’agissait d’un « référendum qui a été manipulé, manipulé de l’extérieur » [7], mais il tient des propos comparables vis-à-vis des gilets jaunes.

Et alors que la répression policière a fait de très nombreux blessés parmi les gilets jaunes , Emmanuel Macron et ses ministres n’ont eu aucun mot de commisération à leur égard. Au contraire ils n’ont vu en eux qu’une « foule haineuse [8]» , la peste brune ou des factieux qui veulent renverser la république.

Tandis qu’à l’Assemblée nationale, les incidents contre l’opposition parlementaire sont désormais courants.

De proche en proche toute critique d’Emmanuel Macron et de sa politique se trouve assimilée non pas à une opinion mais à un délitou à une folie complotiste ; ce qui traduit un inquiétant refus du débat démocratique.

9e sujet d’inquiétude : le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes

Le « grand débat national » donne déjà une piètre idée de la façon dont le président de la république conçoit la consultation des Français : un long monologue présidentiel, des questions cadrées par avance et un public sélectionné pour ne pas déplaire au pouvoir.

Mais si le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes,devait se confirmer, il conduirait en réalité à priver le peuple français d’un débat sur l’Union Européenne, au moment même où elle est de plus en plus contestée en Europe.

Officiellement ce projet de référendum serait destiné à mettre un terme à la crise des Gilets Jaunes .

Mais ne s’agit-il pas aussi d’empêcher à tout prix une remise en cause de la ligne mondialiste et atlantiste de l’Europe de Bruxelles, qu’impose la Davocratie et que soutien Emmanuel Macron ?

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10e sujet d’inquiétude : le mépris ostensible du peuple français

Malgré les conseils de ses communicants, Emmanuel Macron ne peut s’empêcher de critiquer les Français et notamment ceux de la France périphérique. Et donc d’exprimer un arrogant mépris de classe, alors même que les sondages montrent que deux Français sur trois au moins ,ont une mauvaise opinion du président de la république et de sa politique.

Car, à la différence de la racaille de banlieue qui « quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire » [9], les Français ne trouvent jamais grâce à ses yeux.

Mais ce mépris de classe cache aussi celui ,plus inquiétant , de la démocratie , entendue comme la souveraineté du peuple.

De plus en plus de soutiens à Emmanuel Macron cherchent d’ailleurs à relativiser le principe de la souveraineté populaire. Tel Bernard-Henry Lévy affirmant : « Mais arrêtons de sacraliser le peuple. En Europe, le peuple ne doit pas être le seul souverain! » [10].

Emmanuel Macron lui-même n’a-t-il pas déclaré que « toutes les paroles ne se valent pas » [11] et que « toujours j’écouterai,  j’expliquerai,  je respecterai, mais toujours à la fin je ferai » [12] ?

Emmanuel Macron n’a manifestement nullement l’intention d’infléchir sa politique, quelle que soit l’ampleur du désaveu populaire et il ne s’en cache pas !

Nos concitoyens ont donc de bonnes raisons de s’inquiéter !

Michel Geoffroy  (Polémia, 11 février 2019)

Notes :

[1] Sondage Ifop Opinion Fiducial, Cnews, Sud Radio  des 29 et 30 janvier 2019

[2] Le 10 octobre 2018

[3] Annoncé le 12 novembre 2018 lors du forum sur la gouvernance d’internet

[4] Le Point du 3 février 2019

[5] Tribune du 2 février 2019 sur le site de France info

[6] La ministre de la justice a reconnu le recours aux interpellations préventives de gilets jaunes sur  BFM TV du 7 décembre 2018

[7] Le 15 janvier 2019 devant des maires de l’Eure

[8] Vœux du 31 décembre 2018

[9] Macron à Saint Martin le 1er octobre 2018

[10] Interview au  Temps  du 23 janvier 2019

[11] Le 3 janvier 2018 lors de ses vœux à la presse

[12] Vœux du 31 décembre 2017

mercredi, 13 février 2019

Historical Crossover Defines Changing Rules Of “Left” And “Right” Parties

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Historical Crossover Defines Changing Rules Of “Left” And “Right” Parties

Whenever an historical event of truly massive proportions not just manifests but reveals itself, the maneuvering begins. Existing interests do their best to position themselves to be the winning side of the arc of history in the small, and alignments change.

Our current age provides an example of such an event. A vast sea change has been underway for some time. The postwar order of world liberal democracy, seemingly the last man standing, has been in crisis since the 1980s, just one generation after the war ended.

Nonetheless it took time for the effects to become visible to more than those on the cutting edge. When your most intellectually sensitive citizens notice something, you are looking at the top one percent or less, and the rest will take years to figure it out.

When the war ended, it seemed that the world had finally united upon a common “System” that had outlasted all the others (think of the end of Willy Wonka And The Chocolate Factory). We thought great benefits would come from this kind of connectivity.

Then in turn when the Wall fell and the Soviet Union collapsed, we thought that our last opposition was gone, which allowed us to stop discriminating against our own home-grown versions of those ideas, like American and European socialism.

Europe, of course, had gone socialist in the years after the war because everyone was desperately poor and relied on the food trucks from government to survive since farms, businesses, and charities had all been demolished by the war.

This meant that by 1991 the world could unite on a “conservative” vision of the future that included both socialism and civil rights, despite those having origins in Leftist theory. Those Left-leaning ideas were substitutes for caste systems and natural rights, respectively.

Although its citizens were increasingly becoming miserable, this order moved ahead simply because nothing else could challenge it. Then only a decade later, it started to show signs of internal instability just as former third world powers rose to challenge it.

That shows us a fairly typical pattern which is that as soon as one system becomes dominant, it extends itself to its full logical conclusion, and at that point reveals its instability and begins to break down, encouraging others to challenge it.

Its inner doom came about through existential misery which was clear by the 1950s: on the surface, life was shiny, technology, safe, trustworthy, and new. Underneath, we saw the unfulfilled desires of humanity emerging in twisted ways.

Ours became a society of fetishes. Life under “capitalism” had become as regimented as life under “Communism”: you went to school, got some certs, then went to a job until you died. If you spoke out against the official dogma, you lost everything.

This quickly separated our political perspective into two groups: those who supported the status quo and therefore denied any serious problems with it, and those who saw the current state of things as moribund and destructive.

In this sense, the conservatives of today are acting out the role of the Leftists of yesterday by opposing established power and suggesting an alternate method. However, the conservative alternate is based on principle and history, not theory.

We have seen this kind of shift where the political “sides” changed roles before in American history:

One of them has to be the 1896 election, when the Democratic Party fused with the People’s Party, and the incumbent Grover Cleveland, a rather conservative Democrat, was displaced by the young and fiery William Jennings Bryan, whose rhetoric emphasized the importance of social justice in the priorities of the federal government. The next time the Democrats had a Congressional majority, with the start of Wilson’s presidency in 1913, they passed a raft of Bryanish legislation, including the income tax and the Federal Reserve Act. And the next Democratic president after that was FDR. So from Bryan onward, the Democratic Party looks much more like the modern Democratic Party than it does like the party of the 1870s.

Oddly though, during the first part of this period, i.e., the time of Bryan, the Republican Party does not immediately, in reaction, become the party of smaller government; there’s no do-si-do. Instead, for a couple of decades, both parties are promising an augmented federal government devoted in various ways to the cause of social justice. It’s not until the 1920s, and the era of Coolidge especially, that the Republican Party begins to sound like the modern Republican Party, rhetorically devoted to smaller government.

In other words, government captured one party and made it the advocate for more government. Bureaucracy expands to fill all space and resources available, and so as government became more powerful and centralized following the Civil War, it captured the party whose nature beliefs were closest to those required by big government.

The thing about government is that it needs a pretext. Per the idea of the social contract, government offers something to its citizens; if that needs to be more than mere stewardship of the existing natural and organic culture, government must offer a promise of something better, sort of like Utopia.

With Abraham Lincoln, America found a Soviet-style leader who would promise ideological purity and a quest toward Utopia through equality in exchange for greater control. No previous president had exercised as much authority as Lincoln did, nor had any attempted to make government as close to a European-style dictatorship as he did.

Bureaucracy thrives on impossible missions like “make everyone equal.” Since it cannot be done, they can never fail, only come back with more reasons why they need more money and more power in order to keep fighting the problem.

Inevitably, bureaucracy falls back on the idea of “progress,” or coming out of the natural state into a humanistic one where everything is better or, if we are honest, safer. The individual will be safe from the judgments of others when we achieve equality.

This type of ideological quest always causes a shift in polarities when one side gains control of government (or vice-versa!) and therefore, becomes a target of reformers and naysayers:

The world, he argues, is now split into two bitterly opposed camps: the New Conservatives and the New Radicals.

Their essential critique is that Britain’s establishment — in politics, in culture, in the public sector, in some big businesses — is decadent: that it continues to party while Rome burns; that it is pathologically self-absorbed; that it behaves as if the world owes it a favour, as if it deserves all of its privileges, as if the current order will go on forever even though it is clear that it is fast unravelling.

Our opponents are the New Conservatives, people who are:

…wedded to the status quo, who don’t really believe that there is much that is wrong with our society that a few tweaks cannot address. Until the Brexit referendum, such people generally thought we were moving in the right direction; today, they drift in a state of shock, stunned that progress, as they define it, isn’t inevitable, and that many want to upset the applecart.

These New Conservatives (which I think is where the name falls down slightly) still cleave to the Whiggish narrative of history as a process of continual improvement known as “progress”.

In this case, conservatives are naysayers. They do not promise a better future by affirmatively doing something, but by negatively doing something. If we remove big government and ideology, they argue, life will be better.

The populist crusade can be summarized in that simple statement. It wants to revoke the ideological mandate and massive bureaucracies of the postwar era, and possibly tear down government further until we reach the 1800s America of few rules and much opportunity.

That directly clashes with egalitarianism and the notion of progress. Egalitarianism says that our goal is to make everyone equal; nothing about peeling back the layers of government says that we are going to try to make anyone equal. Instead, we are rejecting equality entirely.

Our founding fathers did the same thing when they used the curious language “all men are created equal.” This does not mean that they are equal, or can be equal, but that the only equality which they are going to get is that they were all created. In other words, the Creator has a plan, each of us has a place, and in that place, we should be able to do what is appropriate for our role.

That entirely clashes with the 1860s and 1960s era Civil Rights acts which make government into an agency dedicated entirely to promoting and enforcing equality. In that government, everyone must treat everyone else equally or government will come destroy them.

At this point in time, we have to ask who the establishment really is. Trump answers this by calling them the “deep state” or “entrenched bureaucracy,” meaning those who are employed by big government and persist across administrations to enforce the mutual mission of equality.

However, the Right has defected from the notions of equality and progress. To it, progress consists of removing progress, and sticking with what works by keeping government at bay. This creates a flip in alignments.

Where the Left once saw government as the enemy and feared mainstream society, therefore argued that as a minority, it deserved “tolerance,” it now sees the government and mainstream as united against radicals who want to remove bureaucratic government and its ideology.

Conservatives, who have traditionally tried to conserve the best of the past and therefore always try to preserve institutions, including government, against the Leftist desire to tear them up, can no longer defend government. They want it gone.

Rebels are defined relative to what they rebel against, which means that they must be a weaker party assailing a stronger power. However, not all rebels are alike. Some promise Utopia, and others want to escape that quest for Utopia that destroys all civilizations.

Our current crop of rebels are anti-liberal, meaning that they reject egalitarianism and everything associated with making it work. Where conservatives were Leftist during the last century, in this century they have turned back toward conservatism.

That in turn has forced the Left to consolidate from the center through the extremes and, since it is now the majority, it has no idea of what it believes, and so the extremes win out because they are clearer than any other statement from the Left.

There are no new Conservatives and new Radicals. There is only Left and Right. The Left are egalitarians; the Right want order larger than the individual. Now, however, wanting anything other than Leftism is a rebellion against the established order.

You can find out where you stand easily. If you want equal rights as the basis of government, you are a Leftist; if you would prefer a hierarchical society with roles and privileges instead, and want government to protect that instead of changing it, you are on the Right.

This shows us the importance of understanding historical flips so that we can understand our current one. The parties have not changed views, only changed from offense to defense and vice-versa.

That in turn means that we can look at who is playing defense and see which ideology currently grips the world, and in turn, realize that this ideology is falling and will soon be replaced. The only progress is to un-do “progress.”

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Nous avons rencontré Marcel Gauchet

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Nous avons rencontré Marcel Gauchet

Par Pierre Ramond et Uriel Gadessaud

Source : Le Grand Continent, Pierre Ramond et Uriel Gadessaud
Ex: https://www.les-crises.fr

Rédacteur en chef de la revue Le Débat, le philosophe Marcel Gauchet est l’auteur d’ouvrages majeurs de la pensée contemporaine: Le Désenchantement du monde, L’Avènement de la démocratie ou plus récemment, Robespierre, l’homme qui nous divise le plus.

Dans cet entretien, il dresse le constat d’une Union européenne qui, faute de stratégie politique, se montre incapable de répondre à la déstabilisation identitaire engendrée par la mondialisation et par l’émergence de nouveaux rapports de force à l’échelle mondiale.

Le Grand Continent : Vous portez un discours assez critique vis-à-vis de l’Union européenne. Que lui reprochez-vous ? Pensez-vous qu’elle affaiblit les États nations ?

Marcel Gauchet : Je crois que c’est une mauvaise manière de prendre le problème que de se focaliser sur l’affaiblissement des États-nations. Il faut parler du résultat global du processus. S’il y avait affaiblissement des États-nations au profit de la collectivité des États-nations réunis dans l’Union européenne, il s’agirait d’un indéniable succès politique.

La bonne question est celle de l’efficacité globale du processus européen. La construction européenne promettait une efficacité supérieure à celle des États-nations, or, tel qu’elle fonctionne aujourd’hui, l’Union européenne affaiblit la créativité européenne en général, plus encore qu’elle n’affaiblit les États-nations en tant que tels. Qu’est-ce que l’Europe ? Le continent de l’invention de la modernité – politique, intellectuelle et scientifique, économique et technique (1) . Je sais que c’est pécher par « eurocentrisme » que de le rappeler, mais je n’ai pas de complexe à braver cette fatwa grotesque. Le problème fondamental de l’Europe est celui de sa capacité à continuer de contribuer à cette invention devenue désormais un bien commun planétaire, au-delà des catastrophes suicidaires du XXe siècle Or il me semble que l’Union européenne, loin de relever ce défi, a anesthésié ce qui a été le ressort de cette créativité, à savoir la dialectique de la coopération et de la concurrence entre les nations qui la composent. Voilà la critique majeure qu’on peut lui faire.

Le vice fondamental de l’Union européenne est d’avoir construit une entité apolitique et a-stratégique.

mgcpol.jpgLe problème de l’Union européenne est l’inversion de l’idée selon laquelle l’union fait la force. Or je dirais, dans le cas précis : l’union fait la faiblesse. Et ce sur tous les plans.

Le vice fondamental de l’Union européenne est d’avoir construit une entité apolitique et a-stratégique, qui ne permet pas aux Européens de se situer dans le monde. Je précise que la dimension stratégique n’implique pas nécessairement une dimension militaire. La puissance aujourd’hui n’a plus primordialement un sens militaire. La puissance militaire des États-Unis ne lui sert pas à grand chose, on pourrait même soutenir qu’elle est devenue contre-productive, en revanche les dépenses militaires américaines servent à fabriquer une industrie très puissante. Le keynésianisme militaire américain est très efficace ! Cela éclaire une autre erreur stratégique des Européens, qui se sont empressés d’empocher après 1991 les dividendes de la paix, en sacrifiant leurs dépenses militaires. Pendant ce temps, on voit que les dépenses militaires américaines, avec leurs ramifications multiples, ont servi à fabriquer une industrie numérique, qui est aujourd’hui le vrai secret de la puissance américaine. En la matière, les européens ont complètement raté le coche, faute d’une réflexion stratégique, et c’est une des raisons de leur affaiblissement durable.

L’un des échecs de l’Union européenne est justement d’avoir été incapable, au moment de l’effondrement de l’URSS, de définir une stratégie vis-à-vis de l’Europe de l’Est.

Dans cette perspective, que pensez-vous du projet d’armée européenne défendu par Emmanuel Macron ?

C’est une erreur politique grossière, en plus d’un vœu inconsistant ! Aujourd’hui, l’affichage de cette volonté de créer une armée européenne revient à entrer dans le jeu américain, qui consiste à faire de Poutine le repoussoir qui justifie des dépenses militaires servant à tout autre chose qu’à des buts militaires. Certes, dans l’abstrait, on ne peut que soutenir l’idée que les européens doivent être capables de se défendre par leurs propres moyens . Mais en pratique à quoi servirait cette armée européenne ? Nous ne sommes pas menacés par la Turquie ou par les pays du Maghreb ! Le seul adversaire sérieux serait éventuellement la Russie, mais est-il réaliste de la regarder comme une menace militaire directe ?

L’un des échecs de l’Union européenne est justement d’avoir été incapable, au moment de l’effondrement de l’URSS, de définir une stratégie vis-à-vis de l’Europe de l’Est. On a laissé faire les Américains, qui ont multiplié les erreurs, alors qu’il s’agissait de notre voisinage vital vis-à-vis duquel nous devions arrêter une ligne de conduite claire. Les États-Unis sont et doivent demeurer des alliés, mais cela ne doit pas empêcher les Européens de développer une réflexion indépendante sur leur environnement et leurs priorités, et de faire valoir leurs conclusions auprès de leur grand allié. Au lieu de quoi les Européens se laissent passivement mener par les États-Unis, qui poursuivent des buts qui leurs sont propres.

« Ce n’est pas l’Europe qui a bâti la paix, mais l’inverse : l’Europe s’est bâtie grâce à la paix assurée par la Guerre froide » écrivez-vous dans Comprendre le malheur français. Vous semblez ainsi remettre en question l’idée, chère aux europhiles, selon laquelle l’Union serait un rempart contre les conflits armés.

Cette idée est une vulgate propagandiste d’une telle absurdité historique que sa longévité me stupéfie. Soyons sérieux : une possible guerre européenne aurait concerné trois pays : la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Or de 1945 à 1948, aucune de ces trois nations n’était en mesure de mener une guerre quelconque, avec une armée américaine omniprésente et une armée rouge stationnant à trois cents kilomètres de Strasbourg.

Je ne suis pas sûr que sans la Guerre froide l’impératif de la construction européenne aurait eu la même vigueur.

mgdem.jpgAvec la guerre froide, cette pression s’est encore accentuée. Même en imaginant un retour sur le devant de la scène politique de bellicistes, qui n’étaient pas au rendez-vous, et pour cause, comment auraient-ils pu mener une guerre ? Le projet européen est d’abord bâti comme un moyen de résister à l’URSS en renforçant la cohésion de l’Ouest. Un des points trop souvent oubliés est le rôle majeur des États-Unis dans la construction européenne. Le plan Marshall n’était pas un geste philanthropique et désintéressé des Américains. Il avait une finalité très précise : renforcer l’Europe de l’Ouest à un moment où elle semblait menacée. La paix s’imposait donc aux Européens. Dans l’ensemble, ils étaient alignés sur les États-Unis, et il était parfaitement raisonnable de l’être. Il y avait une évidence stratégique du renforcement de l’Union à l’intérieur de l’OTAN.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la politique gaullienne ; Elle fut une tentative de desserrer l’étreinte que représentait la Guerre froide. Elle fut rendue possible seulement par les débuts de la Détente.

Je ne suis pas sûr que sans la Guerre froide l’impératif de la construction européenne aurait eu la même vigueur. Il n’aurait pas eu de ressort suffisant pour rompre avec les politiques institutionnelles propres à chaque pays.

Les nouveaux mouvements néo-nationalistes européens peuvent être définis comme des nationalistes internationalistes en ce qu’ils n’ont pas de visées expansionnistes, mais bien plutôt tissent des alliances avec leurs voisins. Pour ce faire, des pays comme la Hongrie s’appuient de plus en plus sur une rhétorique imprégnée de références eschatologiques. Quel regard portez-vous sur le renouveau de la spiritualité en politique ?

Premièrement, il y a une grande difficulté à définir une nébuleuse, elle-même très confuse. C’est une grande différence avec les totalitarismes du vingtième siècle, qui avaient une dimension idéologique très marquée, notamment le communisme.

Les « néo-nationalistes » appartiennent à des mouvements plus affectivo-identitaires que politiques […] Ils sont à peine politiques, au sens où ils sont plus réactifs que programmatiques.

Que dire sur le discours d’Orban ? C’est un potage démagogique qui agite classiquement des motivations très fortes : le sentiment d’un danger et la nécessité d’un pouvoir fort pour s’en défendre. C’est un discours décourageant sur le plan de l’analyse idéologique, mais qui met le doigt là où ça fait mal ! Il ne réussit pas par hasard. De manière générale, vos « néo-nationalistes » appartiennent à des mouvements plus affectivo-identitaires que politiques, au sens classique du terme, avec des programmes et des visées bien identifiables.

Deuxièmement, l’élément religieux que vous pointez existe effectivement à l’échelle globale, mais il concerne essentiellement le continent américain, avec l’électorat évangéliste. Quand Trump déplace l’ambassade américaine à Jérusalem, c’est pour plaire à une fraction bien déterminée de l’électorat. Plus largement, l’eschatologie est inscrite dans l’identité américaine avec l’idée de Destinée manifeste (2). Ce qui est nouveau, c’est la percée de l’eschatologie au sud du continent américain. Cette dimension pourrait jouer un rôle très important pour la suite, je n’en disconviens pas.

Le christianisme d’Orban me semble beaucoup moins eschatologique qu’identitaire.

mgdés.jpgEn revanche, quand Orban parle de la Hongrie chrétienne, son christianisme me semble beaucoup moins eschatologique qu’identitaire. La perspective qu’il mobilise, c’est la défense de la culture chrétienne contre la culture musulmane. Tous les électeurs comprennent que quand on parle de culture chrétienne, on parle d’une culture sans-les-musulmans ! Si vous parlez d’eschatologie aux électeurs de Salvini, je doute même qu’ils sachent de quoi il est question.

En somme, il me semble que les mouvements « néo-nationalistes » sont à peine politiques, au sens où ils sont plus réactifs que programmatiques. Trump et Bolsonaro n’ont pas de projet, mais réagissent à une situation, la globalisation, avec ses traductions locales particulières.

La déstabilisation identitaire provoquée par la mondialisation est un ressort tout à fait nouveau qui est le vrai cœur des mouvements qualifiés un peu vite de populistes.

La mondialisation constitue un double défi identitaire pour l’ensemble des sociétés du monde, plus ou moins ressenti selon le degré de cohésion identitaire et culturel qu’elles ont. En effet, elle les oblige à se définir par rapport à l’extérieur comme elles n’ont jamais eu à le faire dans le passé. La réponse à la question : « qui sommes-nous ? » passait essentiellement par l’histoire, par l’héritage, par la continuité d’une tradition et dans une moindre mesure par la comparaison avec ses voisins immédiats. Cette réponse classique est balayée par l’inscription obligée dans une géographie globale. Cette exigence de redéfinition interne sous la pression de l’extérieur est un élément qui joue diversement selon le degré où les gens se sentent atteints dans leur définition traditionnelle.

Les ex-puissances coloniales ont une certaine habitude du monde. Pour des Hongrois ou des Polonais, en revanche, il s’agit d’un choc brutal. Même les États-Unis sont concernés, car s’ils jouent un rôle dans le monde depuis un siècle, ils l’ont toujours fait par projection à l’extérieur. Avec le 11 septembre, le monde arrive sur le sol américain. À la limite, au fond de l’Iowa on pouvait pratiquement ignorer qu’il y avait eu des guerres mondiales. En tout cas, si on le savait, cela ne faisait que conforter la définition interne de l’Amérique dans sa vocation providentielle. La nouveauté, c’est cette irruption du monde extérieur avec ce qu’elle appelle de redéfinition en profondeur.

Quand on parle de définition stratégique, cela ne concerne donc plus seulement des diplomates ou des militaires, mais n’importe qui œuvrant, en tant que citoyen, dans un champ culturel et politique. J’ajoute que dans cette mondialisation technico-économique il y a un phénomène d’uniformisation qui ébranle gravement les manières de faire locales. Elle introduit une norme très contraignante à tous les niveaux qui s’impose à tous les acteurs en rupture avec des coutumes, des façons de faire, de penser qui étaient très établies.

La déstabilisation identitaire provoquée par la mondialisation me paraît le grand facteur méconnu par la plupart des analyses politiques. On est là dans un ressort tout à fait nouveau qui est le vrai cœur de ces mouvements qualifiés un peu vite de populistes.

Vous parlez de puissances qui ne sont pas habituées au monde et qui vivent un bouleversement identitaire face à la globalisation. Dès lors, il peut sembler étonnant que le Royaume-Uni ait voté majoritairement le Brexit, alors même qu’il s’agit d’une puissance habituée au monde, par son empire passé, et son ouverture économique et culturelle internationale.

Le peuple anglais fait partie des quelques peuples politiques de la planète. Tous les peuples ne sont pas politiques, au sens où ils n’ont pas tous une forme de tradition historique, nourrie par une longue réflexion collective, sur la manière de se conduire à l’égard du monde extérieur. Or en la matière, la tradition anglaise est très déterminée : elle a consisté à tirer les ficelles de la politique continentale tout en se tenant à l’écart. Cette tradition a été ébranlée par les deux guerres mondiales mais elle reste ancrée profondément. Elle a encore présidé à l’entrée dans la communauté européenne, après une expectative prolongée. Elle y a très bien fonctionné, d’ailleurs, jusqu’à ce que l’inertie de la machine ne finisse par la digérer. D’où le réveil brutal le jour où cette absorption est devenue palpable. Le refus de se diluer dans une politique européenne collégiale me paraît le ressort fondamental pour comprendre la diversité des rejets qui se sont coalisés, des déclassés de Birmingham aux conservateurs les mieux nantis, dont on ne voit pas en quoi l’Union a pu les léser en quoi que ce soit !

L’appartenance à l’Union a ébranlé quelque chose de la vision que les Britanniques avaient d’eux-mêmes.

Une des erreurs d’analyse courante est de douter de leur sincérité et d’attribuer leur euroscepticisme à des manœuvres politiciennes. C’est ne pas voir comment l’appartenance à l’Union a fini par ébranler quelque chose de la vision qu’ils avaient d’eux-mêmes, surtout depuis son élargissement. Cette classe dominante avait l’habitude d’un monde qu’elle avait le sentiment de maîtriser et la voilà confrontée à un monde qui lui échappe, même si elle en profite.

Ne peut-on aussi penser que l’accueil des migrants a renforcé la méfiance contre l’Union européenne ?

C’est en effet un facteur qui a joué un rôle important, manifestement, mais pas forcément celui qu’on croit – la simple xénophobie. Il y a là une bizarrerie qui doit faire réfléchir. L’immigration ex coloniale ne posait de problèmes particuliers. Ce qui a posé un problème, ce sont les polonais ! Comment peut-il se faire que l’immigration polonaise, bien que plus proche géographiquement et culturellement que l’immigration pakistanaise ou indienne, ait représenté un défi plus grand pour les Britanniques ? C’est le signe que ce ne sont pas des spécificités culturelles inassimilables qui ont fait la question, mais le mécanisme politique non maîtrisé qui a présidé à cette immigration et la signification que cela lui a donné. Au contraire, quand on bâtit un empire, on conçoit que le contrôle de certaines régions entraîne en retour une certaine immigration.

Ce ne sont pas des spécificités culturelles inassimilables qui ont fait la question migratoire, mais le mécanisme politique non maîtrisé qui a présidé à cette immigration et la signification que cela lui a donné.

Faites-vous la même analyse concernant l’Union européenne ?

mglib.jpgDe manière générale, oui. Pour ses peuples, l’Union se présente comme un ensemble qui n’a aucun contrôle direct de son environnement direct, au Sud. L’absence de maîtrise de cet environnement est mise en évidence par des flux migratoires incontrôlés.

La population européenne représente 7 % de la population mondiale. Les Européens sont en train de se rendre compte confusément de la petitesse de leur « Grand continent », comme vous dites, à l’échelle globale. Ils sont comparativement très riches, mais leur poids relatif est mince et ils sont faibles. C’est un élément crucial de leur perception d’eux-mêmes et des perspectives que cela dessine quant à leur destin. Ajoutez-y cet élément culturel, qui prend les Européens à contre-pied par rapport à leur propre éloignement de la religion, que constitue l’effervescence de l’Islam et vous n’avez pas de peine à comprendre l’inquiétude qui les travaille. Le problème de l’Union, désormais, c’est qu’elle ne paraît pas faite pour répondre à cette inquiétude.

Pour ses peuples, l’Union se présente comme un ensemble qui n’a aucun contrôle direct de son environnement direct, au Sud.

L’Union s’est absorbée dans un processus interne alors que la demande des peuples, dans le contexte de la mondialisation, est, très logiquement, une demande de réponse à la pression de l’extérieur. Dans ce contexte-là, le libre-échange tel qu’il est conçu à Bruxelles et tel qu’il est pratiqué, apparaît comme un irénisme naïf. Non que des accords de libre-échange ne puissent être une arme stratégique de première importance. Encore faut-il qu’ils s’inscrivent dans un cadre intellectuel solidement pensé comme une manière de défendre et d’affirmer sa position dans le monde.

À terme les mouvements affectivo-identitaires ne risquent-ils pas de gagner sur les positionnements européistes ? Comment renverser la tendance, si ce n’est en développant, comme vous le suggérez, une vision stratégique de ce que doit être l’Union européenne ?

L’histoire est ouverte, mais si on continue sans rien faire, les mouvements affectivo-identitaires l’emporteront – encore qu’ils aient un problème de crédibilité politique évident – ou constitueront un facteur de blocage insurmontable, ce qui n’est pas beaucoup mieux. C’est une course de vitesse à beaucoup d’égards. Tout tient dans la réponse qu’on peut leur apporter. Je vous avoue que je suis tristement sceptique sur cette capacité : nous n’avons pas de dirigeants politiques qui ont une vraie conscience de ces enjeux, je ne vois pas dans la technocratie européenne telle qu’elle fonctionne des gens qui aient des idées sur la question. L’Europe est aussi tragiquement somnambulique en 2019 que ses milieux dirigeants pouvaient l’être en 1914.

Si on continue sans rien faire, les mouvements affectivo-identitaires l’emporteront ou constitueront un facteur de blocage insurmontable.

mgeprtot.jpgJe vous recommande le livre de Luuk Van Middelaar : Quand l’Europe improvise (3). C’est un livre passionnant mais accablant par rapport à cet autisme situation bureaucratique. Il le résume en disant en substance : « L’UE ne sait pratiquer qu’une politique de la règle, alors que ce qui lui est demandé est une politique de l’événement ». Ma différence avec lui, qui me rend plus pessimiste, serait que la politique de l’événement ne suffit pas. Elle se contente de faire face à des situations qui s’imposent, alors qu’une politique stratégique est celle qui permet d’anticiper ces événements et de parer à toute éventualité. A ce jour nous n’en avons aucune. Et je ne vois pas par quelles voies le Conseil des chefs d’État qui s’est imposé comme l’instance la moins inadéquate de riposte aux crises, Van Middelaar le montre bien, pourrait en élaborer une.

Ce qui est un peu vivant en Europe, ce sont les mouvements protestataires. Mais sur l’Europe ils sont prisonniers d’une contradiction paralysante. Les politiques redistributives qu’ils préconisent supposent pour être acceptées un cadre politique arrêté et reconnu. Or, leur idéologie universaliste s’oppose à la définition d’un tel cadre. Ce qui fait que c’est le plus petit dénominateur commun qui l’emporte : un petit peu de social, un petit peu d’Europe mais pas trop. Le statu quo l’emporte de tous les côtés.

Il y a eu en Europe l’invention d’un modèle politique, social, intellectuel et culturel préférable à celui qui règne partout ailleurs dans le monde : c’est ce que pense l’immense majorité des Européens, mais ils n’ont pas le droit de le dire !

« On a inventé la modernité », dîtes-vous. Pourquoi ne pas mettre en avant, pour renforcer notre soft power, l’invention de la démocratie libérale, afin de faire (re)naître une forme d’orgueil européen ?

Ce devrait être en effet notre ligne de conduite. Mais cette histoire n’est pas assumée par les Européens, ou du moins par leurs élites. C’est la folie de la situation que nous connaissons. Le discours académique dominant s’emploie en sens inverse à dénoncer l’eurocentrisme et son prolongement pratique, la domination coloniale. Ce n’est pas ce que l’Europe a fait de plus glorieux, c’est évident – mais le visage de notre passé qui en épuise le sens.

Qu’il y ait une invention de la modernité, d’un modèle politique, social, intellectuel et culturel préférable à celui qui règne partout ailleurs dans le monde, c’est ce que pense l’immense majorité des Européens in petto, mais ils n’ont pas le droit de le dire ! Il s’agit pourtant d’un sentiment sur lequel il serait essentiel de s’appuyer, si l’on souhaitait mener une construction européenne vivante. Qui sommes-nous ? Certainement plus les maîtres du monde ! Au fond, tout le monde est très content de ne plus l’être. Personne ne rêve de recommencer la grande aventure impérialiste. Tout cela est derrière nous. Mais il y a un legs de notre histoire qui est tout à fait avouable et dont le sens d’une construction européenne digne de ce nom serait de le porter à un plus grand degré d’achèvement.

Il faut trouver une manière d’assumer cette qualité spécifique de l’invention européenne, dont les Européens n’ont pas à rougir, en commençant par nouer un rapport critique intelligent avec le passé. Ce rapport des Européens à leur histoire, c’est en quelque sorte le vrai défi, car c’est la clef de la réponse à la question « Qui sommes-nous par rapport au reste du monde ? ».

C’est sur cette base là que l’on pourrait, par exemple, développer une vraie politique d’accueil, en sachant ce qu’on veut obtenir dans cet accueil, en ayant à l’esprit des raisons d’accueillir. Ce n’est pas seulement parce que nous disposons d’un niveau de vie par habitant plus élevé que nous devons accueillir des réfugiés. Si l’on commence à réfléchir de la sorte, on est rapidement entraîné à mettre les victimes en concurrence : les défavorisés de chez nous contre les défavorisés de la planète. On ne s’en sort pas ! En revanche, si le sens collectif de l’accueil est déterminé par une fierté civique, pourquoi pas ? Cela change tout : nous savons que c’est un comportement sensé d’avoir envie de venir chez nous et de s’y installer pour contribuer à cette qualité européenne, et pas simplement pour venir profiter des allocations familiales ou d’un cadre économique plus favorable.

Les défenseurs d’une politique d’accueil élargie invoquent régulièrement les droits de l’homme. Or, vous êtes assez critique des droits de l’homme, dès lors qu’on essaie de les ériger en une politique (4). Pouvez-vous développer ce thème ?

mgmalh.jpgDroits de l’homme et politique : toute la question est celle de l’alliance des deux termes et du passage de l’un à l’autre. Je ne suis pas critique à l’égard de l’idée des droits de l’homme en elle-même. La question porte sur les conditions de leur utilisation et de leur application : qu’en fait-on ? J’ai assez écrit sur lesdits droits de l’homme pour qu’on ne me suspecte pas de penser qu’il y a mieux à côté ! Qu’on les aime ou non, il faut faire avec. C’est le principe de légitimité inventé par la modernité et qui est en train de devenir planétaire. J’ai bien dit : en train.

Les droits de l’homme sont le principe de légitimité qui se substitue au principe de légitimité religieux : c’est le cœur de l’invention européenne.

Si j’ai consacré beaucoup de temps à cette problématique des droits de l’homme, c’est d’abord pour identifier ce qu’elle représente et ce qui s’y joue. Le grand problème des droits de l’homme, c’est que ceux qui s’en réclament avec le plus de véhémence ne s’interrogent pas sur ce qu’ils veulent dire, sur ce qu’est leur fonction. Les droits de l’homme sont le principe de légitimité qui se substitue au principe de légitimité religieux : c’est le cœur de l’invention européenne (5).

Puisque les droits de l’homme sont la source du pouvoir au sein des États européens, ne suffit-il pas de les respecter pour mettre en oeuvre une politique cohérente ?

Les droits de l’homme peuvent-ils à eux seuls fournir la clef de construction d’une cité juste ? L’histoire et l’analyse me semblent établir que non, car les droits de l’homme sont faits pour s’appliquer à une matière politique et à une réalité sociale qui leur est hétérogène. Le problème politique de nos régimes, dès lors, réside dans la composition de ces impératifs distincts. C’est là le vrai pluralisme des sociétés modernes. Il y a le principe de légitimité, il y a un cadre politique dont on voit bien qu’il ne répond pas spontanément, de manière nécessaire, aux dits droits de l’homme. S’enfermer dans la politique des droits de l’homme, c’est s’interdire de penser ce qu’il y a en-dehors d’eux, qui conditionne pourtant leur expression.

Peut-on honnêtement espérer retrouver la maîtrise de l’économie par un programme tiré des droits de l’homme ?

L’économie est un élément de cette politique, elle est même devenue son principal objet, puisque l’économie a pris le pas sur la politique. Le problème de la politique est de retrouver la maîtrise sur l’économie. Peut-on honnêtement espérer retrouver la maîtrise de l’économie par un programme tiré des droits de l’homme ? Il définira à la rigueur l’objectif, et encore, mais certainement pas les moyens. Les normes d’efficacité du monde économique sont extrinsèques à la problématique des droits de l’homme. Elles ont leur parfaite justification dans leur ordre, une économie se doit d’être efficace ou elle est dépourvue de sens. Le problème est l’ajustement de ces réalités : comment rendre le salariat compatible avec les droits des individus, qui sont par principe menacés dans la relation salariale. Mais on voit bien qu’il ne peut y avoir d’économie sans organisation hiérarchique au sein des entreprises. Donc il faut trouver les moyens de rendre compatible la structure de commandement que suppose une entreprise avec le respect de la dignité de ses salariés.

Le problème est analogue dans le champ politique avec la structure de commandement qu’est un État, qu’il s’agit d’ajuster avec l’impératif de liberté des citoyens. Or la politique des droits de l’homme escamote ce problème en posant comme postulat que tout doit s’aligner ou découler dans la vie collective de ses normes premières. Certes, elles sont une indispensable source de légitimité mais elles ne définissent pas le cadre politique. Au nom des droits de l’homme, comment voulez-vous justifier la représentation politique ? Si l’on pose au départ des individus également libres, pourquoi certains auraient-ils plus de capacités normatives que d’autres ? C’est insoluble. De la même façon, les droits de l’homme permettent-ils de choisir un système électoral, dont on sait pourtant qu’il est la pièce déterminante d’un régime ? Pourquoi plutôt la proportionnelle ou le scrutin majoritaire ? La réponse est d’un autre ordre.

L’enjeu de la question des droits de l’homme est de circonscrire leur domaine d’application et de comprendre la fonction qu’ils jouent, ce qu’on peut en tirer et comment s’en servir. C’est cette démarche nécessaire que la notion de politique des droits de l’homme escamote complètement.

Propos recueillis par Pierre Ramond et Uriel Gadessaud.

Suite à lire sur : Le Grand Continent, Pierre Ramond et Uriel Gadessaud, 06-02-2019


NOTES

1. Marcel Gauchet définit la modernité européenne comme le passage à la structuration sociale autonome, en fonction du processus de sortie de la religion et de la structuration hétéronome à laquelle elle est associée. Lire « Pourquoi l’avènement de la démocratie ? », Le Débat, n°193 (2017)

2. Dans le contexte de la sécession texane du Mexique puis de son rattachement aux Etats-Unis en 1845, à la fin du mandat de John Tyler, le journaliste John O’Sullivan publie un article dans le Democratic review où il défend l’idée d’une “Destinée manifeste”. Une vingtaine d’années après la doctrine Monroe (1823), il réaffirme le lien unissant les Etats-Unis et le continent américain. Elus par Dieu, les premiers auraient pour mission de s’étendre sur le continent américain pour y implanter leurs institutions.

3. Luuke Van Middelaar, Quand l’Europe improvise, Gallimard, 2018. Lire aussi Dieter Grimm « L’Europe par le droit: jusqu’où », Le Débat, n°187 (2015) et Dieter Grimm « Quand le juge dissout l’électeur », Le Monde diplomatique (juillet 2017)

4. Lire « Les Droits de l’homme ne sont pas une politique », Le Débat, n°3 (1980) et « Quand les droits de l’homme deviennent une politique », Le Débat, n°110 (2000)

5. Ici, Marcel Gauchet s’intéresse à la religion non comme croyance individuelle mais comme mode de structuration des communautés humaines fondées sur l’hétéronomie, ou pour ainsi dire, déterminées du dehors. Parler de « fin de la religion » revient alors non à postuler l’avènement d’un monde sans croyant, mais l’émergence de sociétés fonctionnant en dehors du religieux comme principe régulateur, dans un double mouvement d’autonomisation de l’ici-bas et d’internalisation de l’au-delà. Lire « Fin de la religion » , Le Débat, n°28 (1984).

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]

Karlheinz Weißmann: Der Konservative und die Rechte - Ein gespanntes Verhaeltnis

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Karlheinz Weißmann: Der Konservative und die Rechte - Ein gespanntes Verhaeltnis

 
Der Historiker Karlheinz Weißmann sprach am 31. Januar 2019 zur Thematik „Der Konservative und die Rechte – Ein gespanntes Verhältnis“. Sein Vortrag diente der Klärung der Begriffe und der damit verknüpften Inhalte, um zu einer Versachlichung der Debatte beizutragen. Weißmann stellte zunächst die historische Entwicklung des politischen Spektrums in links, liberal und rechts dar. Konservatismus sei dabei eine von drei politischen Hauptströmungen innerhalb der Rechten, die sich grundlegend von den anderen beiden (Bonapartisten und Völkische) unterscheide.
 

Pour mieux saisir la post-vérité, relire Hannah Arendt

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Pour mieux saisir la post-vérité, relire Hannah Arendt

par Mazarine Pingeot

Source : The Conversation, Mazarine Pingeot

M’interrogeant sur la « post-vérité », ou ce qu’on appelle ainsi, j’ouvris la page Wikipédiafort documentée et anormalement longue (détaillée et passionnante) pour une notion aussi récente. Sans doute la longueur des articles du net sur le net est-elle à proportion de la contemporanéité, pour ne pas dire de l’actualité bien que les deux notions aient tendance à fusionner, du concept. Un concept encore assez mal défini, et qui fut forgé en réaction à une série d’événements politiques et géopolitiques dont le mensonge de Bush Junior à propos des armes de destruction massive en Irak est le préalable, mais dont la multiplication, de la propagande du Brexit au grand déballage de « Bullshit » de Trump sont la consécration.

Raison pour laquelle l’expression d’ère « post-vérité » a été élue « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire d’Oxford, qui la définit ainsi :

« ce qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. »

Ère post-vérité, ère de l’indifférence

Et si j’utilise le terme de « bullshit », c’est que Wikipédia me rappelle justement le titre de l’article du philosophe américain Harry Frankfurt, publié en 1986 : « De l’art de dire des conneries », où il distingue le mensonge qui s’appuie sur une reconnaissance de la vérité et la connerie qui se fiche éperdument de la simple distinction entre vérité et mensonge.

 

Or cette indifférence à la vérité a été très précisément analysée par Hannah Arendt dans « vérité et politique » où elle revient en philosophe sur le monde qu’Orwell avait décrit en romancier. C’est même là son point central, et je ne résiste pas à la tentation de la citer,

« … le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit. » (« Vérité et politique », dans La crise de la culture, folio poche p. 327-328).

Autrement dit, le danger de la post-vérité n’est pas le mensonge, qui en soit peut même constituer une forme de liberté par rapport au factuel, mais bien l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. Nous parlons ici de « vérité de fait », et si la prétention à la vérité peut aussi être un danger pour le politique en ce que le réel est soumis à des interprétations diverses et contradictoires, elle doit demeurer une idée régulatrice à moins de sombrer dans un parfait cynisme.

hartot.jpgLes traces du totalitarisme

Si Hannah Arendt me semble être une source stimulante pour comprendre l’ère post-vérité, ce n’est pas seulement parce qu’elle a écrit ce texte en 1964, (et déjà, dans les Origines du totalitarismes publié en 1951 elle en faisait état) et qu’à ce titre, on peut admettre soit qu’elle était visionnaire, soit que le concept de post-vérité remonte malheureusement bien plus loin que les lubies d’un Donald Trump adossées à l’exponentielle prolifération de la rumeur et de l’opinion indépendamment de tout fact checking que représente la Toile ; la post-vérité est la vérité de tout totalitarisme, autrement dit de toute politique où l’idéologie tend à se substituer intégralement au réel.

Totalitarisme dont l’école de Francfort, et Hannah Arendt elle-même montrent que certaines de ses tendances perdurent en démocratie, du fait de la structure de masse : la masse est la condition de possibilité du régime totalitaire, elle l’est aussi du capitalisme libéral – la publicité par exemple substituant là aussi à la valeur réelle d’une chose, une simple image, et peu importe que cette image soit fausse.

Homme privé – homme public

Revenons alors à la deuxième raison pour laquelle j’en appelle à Hannah Arendt, et à sa conception de la vie privée dans son opposition à la vie publique qu’elle emprunte à la philosophie grecque – ce qu’elle expose dans la Condition de l’homme moderne, paru en 1958 ; opposition qui me semble particulièrement pertinente pour comprendre la victoire de l’ère post-vérité.

Les Grecs distinguaient la vie privée et la vie publique de façon très différente de la nôtre, qui a vu émerger le phénomène du social, dépassant, voire abolissant cette distinction : la vie privée est celle de l’homme économique, indépendamment de son inscription dans le monde humain, c’est-à-dire le monde où l’on produit du sens reconnu et manifeste, des objets, et des œuvres, et tout ce qui, étant public, transcende l’homme privé aliéné à la seule nature.

« Vivre une vie entièrement privée, c’est avant tout être privé de choses essentielles à une vie véritablement humaine : être privé de la réalité qui provient de ce que l’on est vu et entendu par autrui, être privé d’une relation “objective” avec les autres, qui provient de ce que l’on est relié aux objets communs, être privé de la possibilité d’accomplir quelque chose de plus permanent que la vie. La privation tient à l’absence des autres ; en ce qui les concerne l’homme privé n’apparaît point, c’est donc comme s’il n’existait pas. » écrit Hannah Arendt (éd. Pocket, p. 99).

Et voilà que l’homme privé est devenu tout puissant. Tout puissant, mais demeurant privé, privé de cette transcendance qui caractérise le monde humain. L’ascension de l’homme économique est allée de pair avec la destruction du monde commun et du politique tout à la fois. Or « la réalité » est étroitement liée à l’idée de monde commun comme seul lieu d’une véritable existence humaine. C’est dans cet espace-là que peut avoir encore du sens la notion de vérité de fait, dans sa relation à la réalité humaine (et non scientifique) :

« Notre sens du réel dépend entièrement de l’apparence, et donc de l’existence d’un domaine public où les choses peuvent apparaître en échappant aux ténèbres de la vie cachée ».

Et dans « apparence », il ne faut pas entendre l’apparaître dans son opposition à l’être, mais au contraire comme sa révélation.

« Pour nous l’apparence – ce qui est vu et entendu par autrui comme par nous mêmes – constitue la réalité. Comparées à la réalité que confèrent la vue et l’ouïe, les plus grandes forces de la vie intime – les passions, les pensées, les plaisirs des sens – mènent une vague existence d’ombres tant qu’elles ne sont pas transformées (arrachées au privé, désindividualisées pour ainsi dire) en objets dignes de paraître en public. (…). C’est la présence des autres voyant ce que nous voyons, entendant ce que nous entendons, qui nous assure de la réalité du monde et de nous-mêmes (…) ».

Mise en scène du « moi privé »

Mais si l’individu privé, non pas dans sa singularité mais dans son conformisme, se substitue, à travers sa duplication, et la guise de relation que constitue le réseau, au monde commun, si la structure de « masse », remplace la notion de « commun » corrélative de pluralité, alors la réalité en effet n’a plus lieu d’être, sinon à s’éparpiller en de multiples points de vue, dont la vue ne porte pas sur une réalité commune, comme le proposerait le modèle monadologique de Leibniz, mais sur le point de vue lui-même, dans un reflet à l’infini de l’œil : le point de vue qui ne reflète plus le monde, mais bien le moi privé.

Et de fait, c’est encore le moi privé que la télévision vient mettre en scène aujourd’hui, non seulement celui d’anonymes qui par ce biais deviennent ce qu’il est convenu d’appeler des « people » ou « demi-people », exposant leur intimité et déplaçant ce qui auparavant n’était pas digne d’appartenir à la sphère publique, vers ce nouvel espace, où les choses apparaissent, mais délestées de toute possibilité de transcendance.

Cet espace d’apparaître est devenu le champ du public, et de ce fait la mort du public. Le privé l’a emporté, cédant la place à l’intimité de l’homme politique au détriment de son discours – aux émotions et à la psychologie au détriment de la pensée.

À ce titre, je citerais volontiers la phrase de Guy Carcassonne, constitutionnaliste, et trouvée sur Wikipédia, tiré du papier d’Éric Aeschimann dans Libération le 14 juillet 2004 :

« À tort ou à raison, les hommes politiques ont l’impression que l’appréciation que les Français vont porter sur eux ne sera pas liée à la qualité de ce qu’ils disent, mais à la rapidité et à l’intensité de leur émotion. »

ou encore Claude Poissenot dans The Conversation du 22 novembre 2016 :

« Les individus sont désormais définis par un « moi émotionnel ». Devenir soi-même est devenu une norme. (…) Le populisme de « l’après-vérité » (est) un effet pervers de la modernité qui invite les individus à se construire eux-mêmes »

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Faillite du commun, faillite du langage

L’homme privé était jadis l’esclave. Il l’est encore aujourd’hui. C’est l’esclavage qui est devenu public, et de ce fait vertu. L’aliénation à des « valeurs » qui n’ont rien de partageable en tant que valeurs communes, puisqu’elles consacrent l’individualisme – ce qui est « à moi » et non aux autres, de la richesse à l’enfance, de la femme ou des enfants à la coiffure. Bref, tout ce qui était exclu du champ du politique et du monde humain par les Grecs.

La réalité commune qui définissait le monde humain, champ de l’action et de la parole, a fait faillite : chacun a la sienne, les communautés ont les leurs, les algorithmes s’occupent de ne les faire jamais se rencontrer. Faillite de l’idée même de vrai, et de toute prétention à établir quelque chose de commun à partir du réel.

Car pour établir quelque chose de commun, encore faut-il parler le même langage : faillite donc du langage qui s’est déconnecté de sa vocation à dire, au profit d’un simple accompagnement d’émotions, et qui pourrait en réalité se réduire à des interjections ou des onomatopées, mais auxquelles on a rajouté des story tellings. Le plaisir du récit n’a pas totalement disparu.

harcult.jpgCar si l’on est dans une ère post-vérité, c’est donc qu’on est dans une ère post-langage. Certes, déjà les sophistes usaient du langage comme d’un simple outil de pouvoir, au demeurant fort rémunérateur (cf. Les Zemmour qui en font profession et gagnent très bien leur vie, à proportion de leurs outrances – l’outrance est aujourd’hui économiquement rentable) – ce qui tendrait à relativiser le préfixe de « post ».

Il semble pourtant que le phénomène se soit accentué. Et s’il est vrai que la Raison est soumise à un perpétuel mouvement dialectique, disons que nous sommes confrontés à sa figure la plus triste, à sa fixité la plus morbide, avant qu’elle-même ne se réinvente pour se libérer de ce qu’elle est devenue : la technique autonome d’un côté, la crédulité dans la parole humaine et sa valeur de l’autre.

Platon s’était érigé contre les sophistes pour asseoir l’idée du vrai qui sauverait et le logos et la pensée ; Descartes s’était érigé contre les sceptiques pour sauver la philosophie et la science ; c’est lors de crises majeures de la vérité que la philosophie s’est refondée. On peut espérer voir surgir le nouveau héraut du « critère ».

La reconnaissance du vrai contre l’opinion

Pourtant, la société de masse semble être un phénomène nouveau au regard des millénaires passés, et rendre le différend d’autant plus irréductible : car lorsque le commun n’est plus, lorsque le moi est érigé en norme et dupliqué à l’envi, lorsque les réseaux et la toile offrent aux pulsions la possibilité d’immédiatement s’exprimer, lorsqu’il n’est plus de sanction face au mensonge puisqu’il se présente comme une opinion et que l’opinion est devenue toute puissante (le moi émotionnel étant son fondement inattaquable), puisque l’émotion elle-même n’entre pas dans le champ de la vérité ni celle du mensonge, et se dégage ainsi de tout débat pour le remplacer, dans ces conditions, qu’importe en effet la vérité ?

Ou la tentative d’ajuster ses propos à une réalité qui serait communément reconnue ? Comment résister à l’autonomie pure du discours qui se détache de ses conditions de validation ou de vérification. L’acte même de vérification est rendu caduc par l’indifférence au vrai.

Cette indifférence n’est pas universellement partagée, bien sûr, et il demeure des soldats de la reconnaissance du Vrai (parfois même fanatiques), qui vérifient incessamment, prennent des risques, recoupent leurs sources, mais la conséquence de leur action n’aura d’intérêt que pour ceux qui tiennent la vérité pour une valeur commune.

Les négationnistes ne font pas autre chose : le principe de contradiction n’a pas de prise sur eux ; la démonstration scientifique, le témoignage humain, rien ne peut les faire changer d’avis puisque leur avis relève d’une croyance, dont la clé d’intelligibilité n’est pas à chercher du côté de la passion scientifique, mais d’une passion d’un autre ordre. Le réel n’a pas de prise sur eux. Comme il n’en a pas sur les électeurs de Trump ou de Marine Le Pen.

La démocratie contre le « mensonge complet »

La vraie question devient alors : qu’est-ce que l’avenir d’une démocratie si ce que Arendt appelle la « vérité de fait » n’a plus lieu d’être ? Car « la possibilité du mensonge complet et définitif, qui était méconnu aux époques antérieures, est le danger qui naît de la manipulation des faits ».

Qu’en sera-t-il en outre pour les historiens, si

« Les chances qu’a la vérité de fait de survivre à l’assaut du pouvoir sont effectivement très minces : elle est toujours en danger d’être mise hors du monde, par des manœuvres, non seulement pour un temps, mais, virtuellement, pour toujours. » (p. 294) ; et en effet, « qu’est-ce qui empêche ces histoires, images et non-faits nouveaux de devenir un substitut adéquat de la réalité et de la factualité ? »
(Arendt, « Vérité et politique » p. 323)

Source : The Conversation, Mazarine Pingeot, 20-01-2017

mardi, 12 février 2019

Pourquoi le Venezuela doit être détruit

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Pourquoi le Venezuela doit être détruit

Les Carnets de Dimitri Orlov

La semaine dernière, Trump, son vice-président Mike Pence, le directeur du département d’État américain Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, ainsi qu’un groupe de pays d’Amérique centrale, qui sont grosso modo des colonies américaines et qui n’ont pas de politique étrangère propre, ont annoncé, en même temps, que le Venezuela avait un nouveau président : une non-entité virtuelle nommée Juan Guaidó, qui ne s’était jamais présenté à ce poste, mais qui a été en quelque sorte formé pour ce poste aux États-Unis. Guaidó est apparu lors d’un rassemblement à Caracas, flanqué d’une petite clique de flagorneurs très bien rémunérés. Il avait l’air très effrayé lorsqu’il s’est autoproclamé président du Venezuela et s’est mis à remplir ses fonctions présidentielles en allant se cacher immédiatement.

On ne savait pas où il se trouvait jusqu’à ce qu’il fasse surface lors d’une conférence de presse, au cours de laquelle il n’a pas répondu à la question de savoir s’il avait été contraint de se déclarer président ou s’il l’avait fait de son propre gré, sans hésiter. Il y a beaucoup de choses à la fois tragiques et comiques dans cette histoire, alors démontons-la morceau par morceau. Ensuite, nous passerons à la question de savoir pourquoi le Venezuela doit être détruit (du point de vue de l’establishment américain).

Ce qui ressort immédiatement, c’est la combinaison de l’incompétence et du désespoir dont font preuve toutes les personnalités publiques et non-publiques mentionnées ci-dessus. Pompeo, en exprimant sa reconnaissance à Guaidó, l’appelant “guido”, qui est une insulte ethnique contre les Italiens, tandis que Bolton a fait mieux en l’appelant guiado, cequi pourrait être compris en espagnol par “contrôlé à distance”. Pour ne pas être en reste, Pence a prononcé tout un petit discours sur le Venezuela – une sorte d’adresse au peuple vénézuélien – qui était truffé d’un pseudo charabia espagnol vraiment atroce et qui s’est terminé par un “¡Vaya con Dios !”tout à fait incongru, comme sorti d’un western des années 1950.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a également été l’occasion de se divertir, le représentant russe Vasily Nebenzya, toujours redoutable, soulignant que la situation au Venezuela ne constituait pas une menace pour la sécurité internationale et ne relevait donc pas de la compétence du Conseil de sécurité. Il posa ensuite une question pointue à Pompeo, qui était présent à la réunion : « Les États-Unis envisagent-ils de violer une fois de plus la Charte des Nations Unies ».

Pompeo n’a pas donné de réponse. Il s’est assis là, ayant l’air d’un chat qui fait semblant de ne pas mâcher un canari, puis il s’est rapidement enfui. Mais tout récemment, alors qu’il sortait probablement d’une réunion sur la sécurité nationale et se rendait à pied à une conférence de presse de la Maison-Blanche, Bolton a accidentellement montré son bloc-notes devant les caméras des journalistes. On y trouvait les mots “5000 soldats en Colombie”(il s’agit d’une base militaire/colonie de narcotrafiquants américaine à la frontière nord du Venezuela). Était-ce un moment de sénilité de Bolton ? Quoi qu’il en soit, cela semble répondre par l’affirmative à la question de Nebenzya. La nomination au poste d’envoyé spécial au Venezuela d’Elliott Abrams, un criminel reconnu coupable d’être complice de la précédente tentative de coup d’État au Venezuela contre Hugo Chávez, ce qui l’a automatiquement rendu persona non grataau Venezuela, est également un signe d’intention hostile.

Il serait tout à fait pardonnable que vous confondiez cette opération de changement de régime avec une sorte de performance d’art abscon. C’est certainement un peu trop abstrait pour les complexités du monde réel de l’ordre international. Un pauvre larbin effrayé est projeté devant une caméra et se déclare président de Narnia, puis trois larbins (Pence, Pompeo et Bolton) et Bozo le Trump sautent tous sur l’occasion et crient “Oui-oui-oui, c’est sûrement lui”! Et un retraité qui a déjà raté son coup est sorti de sa maison de retraite, dépoussiéré et envoyé en mission dans un pays qui ne veut pas de lui.

Pendant ce temps, dans le monde réel, l’armée vénézuélienne et les tribunaux vénézuéliens restent fermement derrière le président élu Nicolas Maduro et une liste de pays qui constituent la grande majorité de la population mondiale, dont la Chine ; la Russie ; l’Inde ; le Mexique ; la Turquie ; l’Afrique du Sud et quelques autres parlent d’un soutien à Maduro. Même les habitants des pays d’Amérique centrale contrôlés à distance savent très bien à quel point une telle opération de changement de régime créerait un dangereux précédent si elle devait réussir, et ils se disent : “Bon là c’est le Venezuela, demain, ça sera notre tour !”.

Pour être complet, examinons les arguments utilisés pour faire avancer cette opération de changement de régime. Certains prétendent que Nicolas Maduro n’est pas un président légitime parce que les élections de l’année dernière, où il a été soutenu par 68% des électeurs, ont manqué de transparence et ont été boycottées par certains partis d’opposition, alors que la déclaration de Juan Guaidó est 100% légale malgré lui et son Assemblée nationale sans importance qui, selon les sondages de l’opposition, est contestée par 70% des Vénézuéliens. Il y a également eu des allégations non-fondées de “bourrage des urnes” – du fait notamment que les Vénézuéliens n’utilisent pas de bulletins de vote en papier, alors que selon l’observateur électoral international et ancien président américain Jimmy Carter, “le processus électoral au Venezuela est le meilleur au monde”.

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Certains prétendent que Maduro a mal géré l’économie vénézuélienne, ce qui a entraîné une hyperinflation, un taux de chômage élevé, une pénurie de produits de base (notamment de médicaments) et une crise des réfugiés. Il y a du vrai dans ces affirmations, mais nous devons aussi noter que certains voisins du Venezuela font encore pire à bien des égards, même si Maduro n’est pas leur président. En outre, de nombreuses difficultés économiques du Venezuela ont été causées par les sanctions américaines à son encontre. Par exemple, à l’heure actuelle, environ 8 milliards de dollars de l’argent du Venezuela sont bloqués, destinés à financer une armée mercenaire qui devrait envahir et tenter de détruire le Venezuela comme cela a été fait avec la Syrie.

Enfin, une grande partie de la situation difficile du Venezuela est liée à la malédiction du pétrole. Le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole au monde, mais son pétrole est très visqueux et donc coûteux à produire. Pendant une période où le prix du pétrole était élevé, les Vénézuéliens sont devenus dépendants des largesses pétrolières que le gouvernement avait l’habitude d’utiliser pour sortir des millions de personnes d’une pauvreté abjecte et de les faire sortir des bidonvilles pour les mettre dans des logements sociaux. Et maintenant, le prix beaucoup plus bas du pétrole a provoqué une crise. Si le Venezuela parvient à survivre à cette période, il sera en mesure de se redresser une fois que les prix du pétrole se seront redressés (ce qui sera le cas une fois que le foutu système de Ponzi aux États-Unis aura fait son temps). Nous reviendrons plus tard sur le pétrole vénézuélien.

En passant, beaucoup de gens ont exprimé l’opinion que les malheurs du Venezuela sont dus au socialisme. Selon eux, c’est bien si beaucoup de gens souffrent tant que leur gouvernement est capitaliste, mais s’il est socialiste, ce n’est pas le bon type de souffrance et leur gouvernement mérite d’être renversé, même si tous ont voté pour lui. Par exemple, le site ZeroHedge, qui publie souvent des informations et des analyses utiles, a poussé cette ligne de pensée ad nauseam. Il est malheureux que certaines personnes s’imaginent qu’elles ont des principes et qu’elles ont raison alors qu’elles ne sont au mieux que des idiots stupides et au pire des idiots utiles. Ce n’est pas à elles de décider de la politique des autres nations et elles devraient cesser de nous faire perdre notre temps avec leurs absurdités.

Cette tentative bien visible de changement de régime créerait un précédent très dangereux pour les États-Unis eux-mêmes. La doctrine de la jurisprudence n’est nullement universelle. Elle nous vient du sombre âge de la common lawtribale anglaise et n’est suivie que dans les anciennes colonies britanniques. Pour le reste du monde, c’est une forme barbare d’injustice parce qu’elle accorde un pouvoir arbitraire aux juges et aux avocats. Les tribunaux ne doivent pas être autorisés à écrire ou à modifier des lois, mais seulement à les suivre. Si votre cause peut être tranchée en fonction d’une autre cause qui n’a rien à voir avec vous, alors pourquoi ne pas laisser quelqu’un d’autre payer vos frais juridiques et vos amendes et purger votre peine pour vous ? Mais il existe un principe fondamental du droit international, à savoir que les nations souveraines ont le droit de respecter leurs propres lois et traditions juridiques. Par conséquent, les États-Unis seront liés par les précédents qu’ils établissent. Voyons comment ça marcherait.

Le précédent établi par la reconnaissance de Juan Guaidó par le gouvernement américain permet à Nicolas Maduro de déclarer la présidence de Donald Trump illégitime pour pratiquement toutes les mêmes raisons. Trump n’a pas réussi à remporter le vote populaire, mais n’a obtenu la présidence qu’en raison d’un système électoral corrompu et truffé d’irrégularités. En outre, certains candidats de l’opposition ont été traités injustement au cours du processus électoral. Trump est aussi une honte et un échec : 43 millions de personnes vivent grâce à des coupons alimentaires ; près de 100 millions font partie des chômeurs de longue durée (pudiquement appelés des « sans emploi ») ; la situation des sans-abris est endémique et des villages entiers de tentes sont apparus dans plusieurs villes américaines ; de nombreuses entreprises américaines sont au bord de la faillite ; et Trump ne semble même pas être capable de maintenir le gouvernement fédéral ouvert ! C’est un désastre pour son pays ! Maduro reconnaît donc Bernie Sanders comme le président légitime des États-Unis.

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Vladimir Poutine pourrait alors s’appuyer sur ces deux précédents en reconnaissant également Bernie Sanders comme le président américain légitime. Dans un discours public, il pourrait dire ce qui suit : « J’admets librement que nous avons installé Donald Trump en tant que président américain, comme c’était notre droit sur la base des nombreux précédents établis par les États-Unis eux-mêmes. Malheureusement, l’expérience Trump n’a pas fonctionné comme prévu. Mueller peut prendre sa retraite, car cette clé USB contient tout ce qui est nécessaire pour annuler l’intronisation de Trump. Donny, désolé que ça n’ait pas marché ! Ton passeport russe est prêt, tu peux le retirer à notre ambassade, tout comme les clés de ta chambre à Rostov, juste à côté de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch qui a été violemment changé-de-régime par votre prédécesseur Obama. »

Pourquoi cette hâte inconvenante à faire sauter le Venezuela ?L’explication est simple : il s’agit du pétrole. « Cela fera une grande différence pour les États-Unis sur le plan économique si les compagnies pétrolières américaines peuvent investir et produire du pétrole au Venezuela », a déclaré John Bolton dans une émission sur Fox News. Vous voyez, le pétrole vénézuélien ne peut être produit de façon rentable sans des prix élevés du pétrole – si élevés que de nombreux consommateurs dépendant du pétrole feraient faillite – mais il peut certainement être produit en quantités beaucoup plus importantes et avec d’énormes pertes financières.

D’énormes pertes financières ne gêneraient certainement pas les compagnies pétrolières américaines qui ont jusqu’à présent généré une perte de 300 milliards de dollars en utilisant la fracturation hydraulique, financée par le pillage de l’épargne-retraite des américains, en imposant aux générations futures une lourde dette et d’autres plans néfastes. N’oubliez pas non plus que le plus gros consommateur de pétrole au monde est le ministère américain de la Défense, et s’il doit payer un peu plus cher pour le pétrole afin de continuer à faire exploser des pays, il le fera. Ou plutôt, vous le ferez. C’est la même chose pour eux. Les États-Unis sont déjà bien au-delà de la faillite, mais leurs dirigeants sont prêts à tout pour faire durer la fête pendant encore quelques temps.

Voilà le vrai problème : la fête autour du pétrole de schiste se termine. La plupart des puits les plus productifs ont déjà été exploités ; les nouveaux puits s’épuisent plus rapidement et produisent moins tout en coûtant plus cher ; les prochaines vagues de fracturation, si elles se produisaient, gaspilleraient 500 milliards de dollars, puis 1 000, puis 2 000… Le rythme de forage ralentit déjà et a commencé à ralentir même lorsque les prix du pétrole étaient encore élevés. Pendant ce temps, le pic de production de pétrole conventionnel (non fracturé) a eu lieu en 2005-2006 et seuls quelques pays n’ont pas encore atteint leur pic. La Russie a annoncé qu’elle commencerait à réduire sa production dans seulement deux ans et l’Arabie saoudite n’a plus de capacité disponible.

Une pénurie de pétrole assez importante s’annonce, et elle affectera plus particulièrement les États-Unis, qui brûlent 20% du pétrole mondial (avec seulement 5% de la population mondiale). Une fois l’effondrement survenu, les États-Unis passeront de 2,5 millions de barils par jour devant être importés à au moins 10 millions de barils devant entre importés, mais ce pétrole n’existera plus. Auparavant, les États-Unis étaient capables de résoudre ce problème en faisant exploser des pays et en volant leur pétrole : la destruction de l’Irak et de la Libye a permis aux compagnies pétrolières américaines de se remettre sur pied pendant un certain temps et a empêché l’effondrement du système financier. Mais l’effort pour faire sauter la Syrie a échoué, et la tentative de faire sauter le Venezuela est susceptible d’échouer aussi parce que, gardez cela à l’esprit, le Venezuela a entre 7 et 9 millions de Chavistes imprégnés de l’esprit révolutionnaire bolivarien, une armée importante et bien équipée et ce pays est généralement d’un voisinage très dur.

Auparavant, les États-Unis avaient eu recours à diverses ruses pour légitimer leur agression contre les pays riches en pétrole et le vol subséquent de leurs ressources naturelles. Il y avait cette fiole de talc hautement toxique que Colin Powell a secouée à l’ONU pour que le Conseil de sécurité votait en faveur de la destruction de l’Irak et du vol de son pétrole. Il y a eu l’histoire inventée d’atrocités humanitaires en Libye pour obtenir les votes en faveur d’une zone d’exclusion aérienne (qui s’est avérée être une campagne de bombardements suivie d’un renversement du gouvernement). Mais avec le Venezuela, il n’y a pas de feuille de vigne. Tout ce que nous avons, ce sont des menaces ouvertes d’agression pure et des mensonges flagrants auxquels personne ne croit, livrés maladroitement par des clowns, des larbins et des vieux sur le retour.

Si le plan A (voler le pétrole vénézuélien) échoue, alors le plan B est de prendre tous vos chiffons de papier libellés en dollars américains – espèces ; actions ; obligations ; actes ; polices d’assurance ; billets au porteur, etc. et de les brûler dans des poubelles pour essayer de rester au chaud. Il y a une nette bouffée de désespoir dans toute cette affaire. L’hégémonie mondiale est brisée ; elle est tombée et ne peut plus se relever.

S’il reste un doute dans votre esprit sur la raison pour laquelle le Venezuela doit être détruit, et pourquoi le peuple vénézuélien ne compte pas du tout, c’est Trump lui-même qui l’a dit.

(Le 29 janvier 2019, Club Orlov– Traduction du Sakerfrancophone.)