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mardi, 29 octobre 2013

Les écoles de commerce, responsables majeures de la déroute du monde financier

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Les écoles de commerce, responsables majeures de la déroute du monde financier

Ex: http://zejournal.mobi

Les études commerciales ont la fâcheuse tendance d'enseigner l'inquiétude à de futurs commerciaux crédules, n'ayant jamais ressenti l'envie d'une vie sans prix.

La conjoncture déprimée de notre beau système économique n'est pas une grande surprise. Bien des penseurs de ce monde avaient vu venir un choc violent en ce début de millénaire, on ne pouvait pas prévoir d'où cela viendrait, ni quand, mais quelque chose d'anormal se passait, c'était indéniable. Le cœur de cette déroute, dans son sens purement mécanique, est le monde financier. Etant d'origine constitué d'agents spécialistes de l'argent au service d'une économie en besoin permanent de financement, le monde de la finance a petit à petit dérivé vers un système bien sombre, presque invisible de ceux qui n'y ont pas été invité.

Souvenez-vous ce temps où la finance n'était qu'un vent porteur que personne ne voyait mais que chacun estimait. Ce vent, plus ou moins chaud selon les saisons et les caprices divers de notre système lunatique, propulsait les richesses de nos nations vers des sommets artificiels mais bien réels. On dit souvent que l'argent a perdu sa valeur parce qu'elle n'est que virtuelle et volatile, mais il n'y a pas plus concret que ces gratte-ciels de métropoles et ces villas du lac Léman, jamais la minorité supérieure n'a été aussi dominante envers ses gueux. L'argent est bien réelle mais elle est invisible, elle peut être miraculeuse comme destructrice, tel un vent souple aux origines méconnus distribuant sa forces sur les voiliers qu'elle a choisit et faisant chavirer ceux qu'elle a bannit.

Mais voilà que l'on découvre que l'argent ne vient pas des cieux, n'a rien de si mystérieux et n'est en fait que le jeu de bille avec lequel des gosses s'amusent à défier leurs semblables. L'égayement est médiocre tant les conséquences en sont influentes. Il arrive un jour où le calo tombe dans un trou pour figer le jeu sans arrêter les billes, les métropoles s’arrêtent pendant que l'humanité continue de s'agiter. Derrière ce jeu il y a les joueurs, quelques jeunes "tronches" en quête du plus fou des délires. Mais d'où sortent donc ces énergumènes avares ? Qui a eu l'audace de vomir de telles injures ? Ils n'ont pas été dépassés par les machines, ils ont voulu être plus intelligent qu'elles, et en sont devenu des abrutis.

Il y a dans les écoles de commerce une atmosphère de guérison, une sorte de bonheur résiduel qui donne confiance à tous ses locataires. On s'y amuse, on y découvre les plaisirs de la vie qui n'ont pas de prix, et pourtant on y apprend les théories du prix sans jamais y apprendre leur valeur. Car c'est bien cette notion que les financiers ignorent depuis le jour où ils ne l'ont pas appris, les valeurs des choses.

Il y a dans les théories économiques un vrai débat philosophique, qui devrait d'ailleurs avoir une place beaucoup plus prenante dans les débats du grand public, mais les financiers en font l'impasse, car ce qui théorise leur volonté n'est pas de savoir comment faire des économies mais comment l'exploiter pour en profiter. Ils n’apprennent pas que faire de cette richesse condamnée à être acquise, mais pourtant leur désir d’en posséder en est trop fort.

Les écoles de commerce sont des viviers de futurs dirigeants n'ayant pas passé une seule minute de leur jeunesse à se questionner sur leur volonté humaine, puisque la cupidité triomphe telle une religion inextricable. Ces écoles sont responsables de cette ambiance tendue et instable que connaissent aujourd'hui les marchés financiers. Cette incompétence aveugle de jeunes prodiges se prenant pour des "régulateurs" des besoins de l'humanité alors qu'ils ne savent que faire de leur propre richesse. Si ce n'est le dépenser dans des superficiels gadgets ne donnant à leur vie qu'une valeur commercialement rentable et socialement présentable.

Cet article est un message de prise de conscience sur la responsabilité des consciences que les écoles de commerces ont dessiné durant ces 30 dernières années. Peut-être faudrait-il songer à réécrire l'histoire en changeant la langue d'écriture de ses écrivains, simplement pour que sa lecture présente puisse être à la portée de tous.

- Source : Agoravox

Le panopticon électronique

 

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Le panopticon électronique: le «Réseau Ėchelon»
 
Résister. Par quels moyens ?

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr
Dans la « guerre hors limite », la ligne démarquant la surveillance des ennemis de l’Ėtat, potentiels ou jugés comme tels, et les citoyens lambda est ténue. Aux États-Unis, à partir de 1967, en pleine guerre du Vietnam, des pacifistes, des militants pour l’égalité des droits civiques (Martin Luther King et Malcom X) font l’objet d’écoutes systématiques  (opération Minaret). Les actes de résistance au système Ėchelon sont isolés, désordonnés, limités à un groupe d’internautes militants et leur portée symbolique. A partir des années 1950, un mouvement de protestation pacifiste, proche du modèle français des militants ayant refusé l’installation du camp militaire du Larzac, marque son opposition à la présence de bases américaines, notamment sur le site de Menwith Hill. 

Dans le contexte de la Guerre Froide et de la guerre du Vietnam, ces personnes rejettent principalement l’ingérence américaine. A partir de 1994, un groupe de militantes, dont le noyau a atteint l’âge mûr, multiplie les démonstrations non violentes (manifestations, enchaînement aux grilles du camp, etc.). La répression de ces mouvements par le gouvernement britannique est implacable, plus de 1700 interpellations , 183 condamnations, pour 27 acquittements entre 1988 et 1994 . Ces femmes, installées dans un camp de fortune appelé Women Peace Camp, n’hésitent pas à s’introduire dans la base pour y dérober des informations secrètes en fouillant les poubelles (des photocopies ou des impressions ratées de documents).

Ces renseignements ont mis à jour plus de 250 systèmes opérant à Menwith Hill, et plusieurs bases secrètes implantées sur le sol britannique. Ces actions, certes localisées, ont connu une forte mobilisation principalement en raison de la publication de l’article fondateur du journaliste écossais, Duncan Campbell, Somebody’s listening, paru dans la revue New Statesman, le 12 août 1988.  Les écrits de Campbell, seront suivis par l’ouvrage du néo-zélandais Nicky Hager (1996) et  les publications d’un groupe de chercheurs de l’université George Washington qui ont extrait d’archives déclassifiées des documents attestant les missions de surveillance électronique opérées à partir de la base de Sugar Grove en Virginie (1999).  

D’autres actions revendicatives ont été initiées par des utilisateurs d’Internet. Un groupe de militants a lancé une « cyber-campagne de mobilisation » et proposé de saturer le réseau d’interception en adressant un grand nombre de courriels comportant les mots clés supposés être détectés par Ėchelon . Le 21 octobre 1999,  le Jam Echelon Day est un échec qui met en évidence la solidité du système. 

Des doutes subsistent sur les risques de manipulations de ces groupes, dont on ignore les sources réelles de financement. La prise de conscience sur les atteintes portées aux libertés publiques a débuté aux États-Unis sous l’influence de la National Security Archives et a impulsé le Freedom Act demandant l’ouverture des archives, dont on ignore les éventuels tri préliminaires qui auraient pu y être faits par le service versant. Les autorités américaines et australiennes jouent la transparence pour dissimuler au public l’existence d’un second réseau entre les membres de l’UK-USA, portant sur l’analyse et l’échange de renseignements traités. Par ailleurs, la redondance et le faible nombre des documents signifieraient que ceux-ci proviendraient d’une seule et unique source. 

Confrontés à la collusion entre les entreprises de logiciel et les États, les citoyens n’auraient comme recours que la cryptographie indépendante. La cryptologie sécurise les messages en faisant perdre la valeur de l’information par la perte de temps consacrée au déchiffrement du message, car le « chiffre indéchiffrable » est une utopie. Au milieu des années 1970 (Whitfield Diffie, Martin Hellman et Ralph Merkle) ont imaginé de crypter l’information avec des fonctions mathématiques difficilement réversibles, puis l’apparition du chiffrement asymétrique   (système RSA, pour Ron Rivest, Adi Shamir, Leonard Adleman, ses inventeurs) compliquait encore le décryptage. Mais, à cette époque, ces procédés ingénieux n’inquiétaient aucunement le gouvernement américain qui jouissait du monopole d’un réseau Internet naissant. Cependant, au début des années 1990, Phil Zimmerman suggéra d’échanger des messages cryptés avec des chiffres symétriques d’un déchiffrement plus rapide et de transmettre la clé de chiffrement via le système de clés publiques. Dans ce cas, l’émetteur crypte la clé de déchiffrement avec la clé publique du receveur et le receveur utilise sa clé privée pour décrypter la clé de déchiffrement et utilise ensuite un système de clé symétrique (IDEA) pour décrypter le message. La superposition des deux systèmes de chiffrement offrait certainement une résistance aux moyens de décryptage de la NSA et lorsque Phil Zimmermann se mit a distribuer gratuitement son logiciel (PGP) sur Internet (1991), ses ennuis judiciaires ont commencé. Une enquête criminelle a été aussitôt diligentée par le gouvernement pour transgression des règles d'export des logiciels de cryptographie. Les procès intentés contre lui ont conduit à l’impasse et le gouvernement fédéral a retiré sa plainte (1996). 

ech11.jpgDans les mois et les années qui suivirent, Phil Zimmermann accumule les honneurs et créé une société pour diffuser commercialement son produit . Ce succès, et surtout l’aval donné par les autorités américaines à la dernière version de son logiciel laisse planer le doute d’une entente entre le concepteur et les agences fédérales, entente peut-être matérialisée par la présence d’une « porte dérobée ». L’ « affaire Zimmermann » témoigne de l’intérêt porté par les gouvernements sur la cryptographie, et surtout du rôle important qu’aurait à jouer la cryptographie indépendante et militante, au risque que cette innovation soit exploitée par le crime organisé, des réseaux terroristes, ou autres malfaisants ! Soulignons encore que le chiffrement à l’aide de clés publiques pose le problème de l’identification de l’émetteur, et par conséquent la mise en place d’une autorité d’authentification. Cette dernière mettrait les clés des utilisateurs sous séquestre et ne pourraient communiquer qu’aux  autorités policières ou judiciaires. Les clés de chiffrement restent un dilemme.

En 2013, le réseau Ėchelon est toujours l’atout majeur du système de renseignement électronique nord-américain qui ne cesse de développer, et nous le savons grâce aux révélations de Edward J. Snowden, des moyens toujours supérieurs de collecte et de traitement d’informations fermées. Précurseur dans ce domaine, Ėchelon a été imité par de nombreux pays développés dans le cadre de partenariats publics-privés, parfois transnationaux. Cette prolifération est particulièrement inquiétante, parce qu’elle multiplie les acteurs du renseignement et du contrôle et, potentiellement, les risques d’atteintes à la vie privée. Mais, la définition extensible qui peut être faite de l’« ennemi de l’intérieur », du « terroriste », du « subversif », ou du « déviant »  laissent en l’état de latence les velléités d’une dérive totalitaire au service de la politique impériale nord-américaine. Restons vigilants !


Le site d’information en langue française sur le réseau « Echelon On Line, Connaître le réseau Echelon » est logé à l’adresse suivante : echelononline.free.fr

Trop de droit d'asile tue le droit d'asile

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Trop de droit d'asile tue le droit d'asile

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr

Depuis le 9 octobre, l'opinion française aura été focalisée sur ce qu'on considère désormais comme l'affaire de Léonarda Dibrani et celle de sa famille. D'une façon tout à fait artificielle le ton a monté. On a voulu, agiter une fois de plus, et selon l'expression opportune de Jean-Pierre Chevènement, la "dictature de l'émotion". (1)⇓

On le fait de manière systématique en France depuis une bonne, ou plutôt une mauvaise trentaine d'années. (2)⇓

Les cibles favorites de ce genre de dispositifs se recrutent à l'évidence chez les adolescents de notre époque nulle et molle.

Dans un tel contexte, la "gauche de la gauche" s'est emparée de cette affaire pour cristalliser un peu plus l'affrontement, désormais permanent, entre le ministre de l'Intérieur et ses homologues bien-pensants de la Justice, du Logement, de l'Éducation, etc. Ce jeu de rôles aboutit d'ailleurs à ce que Manuel Valls adopte la posture qui lui semble impartie, au nom de la "République".

Tous les protestataires entendent d'ailleurs enchaîner le gros mollasson faisant office de président à son alliance avec le parti communiste.

Tout d'abord on a donc présenté cette jeune fille comme "kossovare", comme s'il s'agissait d'une nationalité intouchable, à la fois improbable et de ce fait inexpulsable. Rappelons quand même que ce territoire arraché à la république de Serbie l'ancienne Yougoslavie, au nom du droit de la majorité albanaise comptait diverses minorités, dont des Tziganes, des Slaves musulmans "goranis", etc.

À la suite de la brillante expédition droitdelhommiste de 1999, tous ont eu tendance, pour fuir le "bon" fanatisme des "gentils" Albanais à se regrouper aux côtés des "méchants" Serbes et notamment dans le bastion de Mitrovitsa. C'est là que réside aujourd'hui la famille Dibrani, bien que son chef reconnaisse désormais avoir menti à l'administration française.

Soulignons aussi que ni l'Albanie, ni le Kossovo, ni même à ce jour la république de Serbie n'appartiennent à l'Union européenne ni, moins encore à l'espace Schengen.

Le séjour européen de cette famille manifestement "rom" et non Albanaise "kossovare" ne relèvent donc pas des règles de libre circulation au sein de l'Union européenne mais du droit d'asile.

La curiosité bien significative est que les filles Dibrani, étant nées en Italie, auraient pu a priori se revendiquer de l'Europe : or, leur père a préféré falsifier ses déclarations et invoquer faussement le droit d'asile, le sachant plus favorable.

Même le très bien-pensant "Huffington Post" posait donc la question ce 17 octobre : "Faut-il réformer le droit le droit d'asile ?" (3)⇓

Répondons-lui : il ne faut pas le "réformer". Il convient de l'abroger en sa qualité de "faux droit".

En effet, celui-ci est réglementé à partir d'une Convention internationale floue, remontant à 1951, signée dans des conditions complètement dépassées.

Celle-ci donne lieu à d'innombrables abus au détriment de nos pays. Elle génère une incroyable administration, manifestement submergée, dont les bâtiments jouxtent à Paris ceux de la délivrance des permis de conduire, 92 boulevard Ney, dans le 18e arrondissement, près de l'accueillante porte de Clignancourt. Je conseille aux curieux de s'y rendre et d'en prendre la température.

La doctrine du droit d'asile ainsi généralisé énonce qu'on ne le refuse pas au ressortissant d'un pays en état de conflit : de la sorte, nous considérons-nous comme contraints d'accueillir quiconque se réclame d'une nationalité secouée par des troubles, Afghans, Irakiens, Tchétchènes, Somaliens, Érythréens, Syriens etc. même s'il s'agit d'imposteurs.

Et le père de Léonarda a reconnu lui-même appartenir à cette dernière catégorie.

Les passeurs qui exercent leur joli métier à partir de quelques pays complaisants ou complices, Maghreb, Turquie, etc. savent d'ailleurs conseiller leurs clients, en général très bien renseignés. Il devient donc de plus en plus urgent de se retirer de carcan. Le moins que l'on puisse dire est que ni la France ni l'Europe ne semblent consentir à prendre ce chemin.

Curieusement, des territoires immenses comme ceux des États-Unis 9,3 millions de km2, ou du Brésil 8,5 millions de km2 ne pratiquent pas l'hospitalité forcée imposée au Vieux Continent. Et ils consentent encore moins aux très attractives pratiques de notre "modèle social français", de plus en plus coûteux pour les cotisants régnicoles, de plus en plus généreux pour les bénéficiaires venus d'ailleurs.

Pour tout un chacun l'asile politique concerne au départ d'attachantes personnalités individuelles, victimes d'un coup d'État en Amérique latine, tel le général Alcazar chassé par son rival Tapioca dans les albums de Tintin. On l'accueille donc chrétiennement et libéralement, en attendant que l'affreux Chavez meure (il est mort mais son État demeure) ou que le castrisme s'effondre à Cuba. Bienvenue aux quelques poètes fuyant d'authentiques dictatures comme aux Russes blancs d'hier ou aux Européens de l'est franchissant le rideau de fer. Cet accueil hospitalier ne devrait d'ailleurs même pas être tenu pour un "droit" mais pour une libéralité traditionnelle de l'Europe chrétienne : elle entraîne comme contrepartie que son bénéficiaire observe une certaine réserve de bon sens et de bon goût.

Tout cela est périmé. Quelques bandes de jeunes ignorantins, lycéens boutonneux, agités du bocal d'associations subventionnaires, femmes du monde, gauchistes de sacristie, etc. s'emparent du sujet comme si l'Hexagone n'avait désormais vocation qu'à subir l'invasion sans broncher, et qu'un seul devoir celui d'accueillir "toute la misère du monde" au risque de s'y noyer.

Ne confondons pas le vrai droit universel à l'émigration avec un faux droit à l'immigration chez le voisin. Ce faux droit est celui des squatteurs, des pillards et des destructeurs : en un mot, celui qui sied aux socialistes.

JG Malliarakis
       

Apostilles

  1. cf. Libération en ligne le 16 octobre.
  2. Jules Monnerot souligne le rôle éminemment subversif de l'émotionnel au service de la dialectique marxiste. Il en expose la logique dans le tome III de sa "Sociologie du communisme", laquelle décrit la lutte inéluctable de la religion séculière marxiste à la conquête de "L'Imperium mundi". Ceci fonctionna au cours du XXe siècle comme l'islam médiéval, et comme les islamistes du XXIe siècle voudraient sans doute le renouveler.
  3. où Mme Anne Sinclair exerce depuis 2012, retour des États-Unis, ses immenses talents.

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lundi, 28 octobre 2013

Remplacer les fêtes chrétiennes par Yom Kippour et l’Aïd

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Remplacer les fêtes chrétiennes par Yom Kippour et l’Aïd : 80% des français disent non

Ex: http://zejournal.mobi

La France est un pays de culture et de tradition catholique, sous un régime républicain et démocratique. Je mérite sûrement la guillotine, bien affûtée, de la libre parole républicaine pour ces propos nauséabonds. Plus besoin de guillotine, elle est désormais implantée directement dans les âmes et consciences, et ce, dès l’enfance, grâce à la « ligne Buisson » de la laïcité de Vincent Peillon, et la pastorale républicaine qu’il met en place à l’école. Prochaine étape : la suppression des fêtes chrétiennes. On y vient très vite, on y est : une «sociologue» convertie à l’islam, membre de l’Observatoire de la laïcité, vient de proposer de remplacer deux fêtes chrétiennes par une fête juive et une fête musulmane…

L’Observatoire de la laïcité, organisme étatique dépendant directement du Premier Ministre de la République, a été créé en 2007, sûrement pour contrer, au moins en tant que « poudre aux yeux », la problématique du culte musulman au cœur du quotidien des citoyens. Aujourd’hui, au main des socialistes, cet observatoire devient très dangereux – comme pour nombre de lois prises sous la droite, que la droite applaudissait, et qu’elle se prend aujourd’hui en pleine poire. Dounia Bouzar, qui a été nommée dimanche à l’observatoire de la laïcité par le Premier ministre, qui est une anthropologue spécialiste du fait religieux, propose, dans un entretien à Challenges, de remplacer deux fêtes chrétiennes (au choix) par Yom Kippour et l’Aïd…

Cette experte, donc, nous informe que « la France a montré l’exemple de la laïcité au monde en instaurant la première la liberté de conscience » [sauf pour les pharmaciens ou les maires - ajout de l’ami Michel Janva]. Liberté de conscience, soit dit en passant, qui existait dès la grèce antique, sinon avant, et qui trouve d’ailleurs dans la théologie médiévale des arguments étayés. Il suffit d’ouvrir saint Thomas d’Aquin pour comprendre que l’homme créé à l’image de Dieu veut dire qu’il en est l’image en tant qu’il est libre, comme Lui, de ses actes et de ses pensées.

À la fin de cet entretien sur les cas posés par la problématique musulmane au travail et dans les cantines, le journaliste lui demande quand même s’il faut ajouter deux fêtes en plus ; et notre experte en laïcité de répondre : « le clergé y a longtemps été opposé mais il a évolué et n’y est plus hostile car il y a beaucoup de fêtes chrétiennes ». Il a « évolué ». Comprenez : le clergé sort enfin des siècles sombres, moyenâgeux et lugubres dans lesquels il était enfermé, et il en sort sous l’impulsion du « sens de l’histoire », qui file en droite ligne vers le Grand Soir socialiste, le paradis terrestre, enfin délivré de toute croyance et de toute vérité des cieux.

Et, comme toute histoire a ses prophètes, je vous en offre deux qui avait tout prévu : le prophète Jacques Attali disait déjà, en février 2003, qu’« il convient (…) d’enlever de notre société laïque les derniers restes de ses désignations d’origine religieuse. »… Pas mieux que l’autre prophète, Vincent Peillon, qui affirmait dans une vidéo de 2005 qu’il fallait détruire la religion catholique, pour imposer sa « religion laïque et républicaine » (l’équivalent, chez lui, de « socialiste »). L’enjeu, dit Peillon, est « de forger une religion qui soit non seulement, plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force, de séduction, de persuasion et d’adhésion, que lui. ». La chose est claire ? Il parle exclusivement du catholicisme, et non des autres religions : la rivalité mimétique de la République et de l’Église, dès la Révolution française – qui n’est pas terminée, rappelons-le, est un combat, une guerre des religions qui est strictement polarisée par ces deux-là. L’islam est là de surcroit, comme un allié objectif de la République dans ce combat, quoi qu’on puisse en penser.

L’objectif est donc clairement de bâtir une société anti-chrétienne. Pourquoi autant de pessimisme et de fermeture, me direz-vous : l’espace social n’est-il pas le lieu de la « cohabitation des différences » et du « multiculturalisme » ? Oui, très bien, et alors il ne resterait qu’à nous, chrétiens, de convaincre les autres – sans pouvoir trop en parler publiquement, en se cachant dans les caves, en évitant d’être trop « visible », se faisant tout petit, et en n’intervenant surout pas dans les débats publics.  Comment voulez qu’une lampe éclaire le monde si elle est placée sous la table ? Comment voulez-vous que l’avenir de la France se batisse sans son passé ? Comment voulez-vous construire une maison sans ses fondations ? Point n’est besoin de fondation, d’historicité et de continuité, puisque, dans leurs esprit peilloniens, tout commence par la Révolution, et tout finira avec la Révolution achevée : une Révolution, selon le grand-maître Peillon, qui est « un événement religieux », une « nouvelle genèse »  un « nouveau commencement du monde », une « nouvelle espérance », une « incarnation théologico-politique », qu’il faut porter à son terme, à savoir : « la transformation socialiste et progressiste de la société toute entière » (La révolution française n’est pas terminée, p. 195).

« c’est encore une religion, sinon une certaine forme de religiosité, qui est encore à l’œuvre dans ce médiocre spectacle dit laïque  »

Que les musulmans (et les juifs) ne se réjouissent donc pas trop vite : ils sont aujourd’hui les idiots utiles de la République, plus que les alliés objectifs. Une République qui se sert de l’islam, à sa droite, et du « multiculturalisme », à sa gauche, pour imposer sa propre religion, mais qui veut les fendre toutes, et, au premier chef, l’Église, dont elle est depuis le début la copie mondaine et le décalque horizontal.  Elle veut et n’existe que pour s’imposer elle-même comme religiosité, et, grâce à Vincent Peillon, dont on peut reconnaître, au moins, la franchise, cela est rendu public. Oui il faudra répandre la bonne parole, selon le rapport de l’Observatoire de la laïcité remis le 25 juin au Premier ministre : « favoriser la diffusion de guides de la laïcité dans les municipalités, hopitaux, maternité, entreprises privées », « inventer une charte laïque » ou encore « enseigner la morale laïque à l’école » (p. 4), tout cela en s’appuyant « sur la lutte contre toutes les discriminations économiques, sociales, urbaines ». L’homme nouveau, républicain et socialiste, ouvert à tout sans n’être à rien, subissant toutes les cultures du monde sans avoir le droit à la sienne, étant partout « chez autrui » plutôt que « chez lui », sera lisse et livide, sans visage et sans porosité, homme relatif et relativiste, où tout se vaut, dans une angoisse permanente et suffoquante. Rien à quoi se rattacher. Sinon à la République laïque et socialiste qui est là, et qui tend les bras.

Oui, c’est encore une religion, sinon une certaine forme de religiosité, qui est encore à l’œuvre dans ce médiocre spectacle dit « laïque ». Les petits rituels narcissiques, ludiques ou névrotiques de l’homo festivus sont désormais les grandes-messes du monde post-moderne, avec leurs prêtres, leurs thuriféraires, leurs porte-croix, leurs fêtes de Bacchus, leurs processions infâmes et leurs vêpres télévisuelles débilisantes. Et les sermons servis au cours de ces messes profanes sont d’une violence inouïe pour toute personne attachée à la continuité, la verticalité, la transcendance et le sérieux de la vie en société. Chrétiens, vous n’êtes pas les bienvenues : vous représentez le passé, le mur, l’échaffaud sur lequel, certes – et encore ! – on a bâti la civilisation, mais qu’il faut désormais rejeter. Place aux autres, à tout le monde, sauf à vous, déchets moyenâgeux.

- Faites donc une « croix » sur deux fêtes (au choix, mais ne rêvez pas trop pour un réferundum) :

Lundi de Pâques (21 avril pour 2014)

Jeudi de l’Ascension (29 mai pour 2014)

Lundi de Pentecôte (9 juin pour 2014)

Assomption (15 août)

Toussaint (1er novembre)

Noël (25 décembre)

Puis tournez-vous vers le dieu républicain, ses valeurs « humanistes » et immanentes, cette « transcendance flottante », cette réduction anthropologique, gage de paix, de sérénité, et surtout, comme nous le voyons tous les jours dans notre société, de beau, de vrai et de bien. Amen.

 - Source : Nouvelles de France

Draghi: 'Trop en savoir sur nos grandes banques pourrait provoquer la panique'

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Draghi: 'Trop en savoir sur nos grandes banques pourrait provoquer la panique'

Ex: http://zejournal.mobi

Tout le monde sait que les banques européennes sont en grande difficulté, et qu’en conséquence, elles ont réduit les montants des prêts qu’elles accordent aux entreprises européennes, mais personne ne sait exactement jusqu’à quel point. Le Fond Monétaire International a évoqué la possibilité que les banques italiennes et espagnoles subissent des pertes de 230 milliards d’euros au cours des prochaines années. En outre, on ne sait pas encore quels sont ceux que l'UE choisira de faire payer pour les prochaines opérations de sauvetage, les différents ministres des Finances de la zone euro réunis la semaine dernière à Washington n’étant pas d’accord sur les méthodes à employer. La BCE doit débuter bientôt un audit de 130 des plus grandes banques de la zone euro, mais il a été décidé de se mettre d’accord sur la méthode de recapitalisation (plan de sauvetage, ponction sur les comptes des déposants les plus fortunés, ou autre) avant la fin de cet audit, c'est-à-dire avant que les montants des pertes ne soient connus.

« Les banques européennes ont été, comme toutes les autres banques, des boîtes noires hermétiquement fermées. Si quelqu’un parvenait à en ouvrir ne serait-ce qu’un tout petit coin, les miasmes des actifs pourris qui s’en échappaient étaient si forts que le coin était immédiatement refermé. Mais lorsque le coin n’était pas refermé assez rapidement, et que trop de miasmes s’étaient répandus, la banque entière s’effondrait et il ne restait plus aux contribuables, souvent d’autres pays, qu’à lui accorder un plan de sauvetage ; c’est plus facile de cette manière », écrit Wolf Richter sur son blog Testosterone Pit.

« Le FMI, qui ne peut que renifler à la surface des banques, a déterminé que les banques italiennes et espagnoles seules devraient comptabiliser 230 milliards d’euros de pertes additionnelles sur les deux prochaines années. Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, les pertes réelles des banques sont toujours bien pires lorsque la vérité finit par être révélée, et cela n’arrive jamais avant que la banque ne s’effondre et que quelqu’un de l’extérieur s’avise à compter ce qui reste ».

« L'année prochaine, il y aura un moment de vérité, pour ainsi dire, lorsque la BCE deviendra le régulateur officiel des 130 plus grandes banques de sa paroisse. Dotée de nouveaux pouvoirs, elle pourra les soumettre à une évaluation réaliste plutôt que les «stress tests» du passé qui n’étaient rien d’autre que de l’agit-prop, en espérant que certaines banques espagnoles et italiennes parviendront à se maintenir debout d’ici là ».

L'union bancaire européenne, qui permettrait à une banque en difficulté, à ses investisseurs et ses épargnants de ressortir indemnes d’une défaillance grâce aux contribuables européens, ou en tous cas, ceux des Etats membres qui n’ont pas encore été soumis eux-mêmes à un plan de sauvetage, n’existe pas encore, explique Wolf. Et c’est un problème, parce que la vérité sur l'état réel du secteur bancaire est peut-être bien pire que ce à quoi l’on doit s’attendre, elle est peut être politiquement inacceptable, semble-t-il dire. C'est ainsi qu’il explique pourquoi Draghi a déclaré que « Ces arrangements devront être en place avant que nous n’achevions nos audits », c'est-à-dire que la décision sur la méthode à employer pour le plan de sauvetage sera prise avant de connaître l’ampleur des sommes en cause.

«La vérité ne sera pas connue avant que les Eurocrates ne décident qui devra payer pour ces plans de sauvetage. Et les audits des banques ne seront pas achevés avant cela, parce que si quelque chose concernant ces audits devait filtrer, tout le jeu de cartes viendrait à s’effondrer, et aucun contribuable ne serait d’accord pour payer la facture, maintenant que son total d’une ampleur énorme serait connu ! »

L’article de Wolf a suscité quelques commentaires, dont une citation pertinente de l'industriel américain Henry Ford: «C'est une bonne chose que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et notre système monétaire, parce que si c’était le cas, ce serait la révolution avant demain matin ».

- Source : Express.be

Revolten in der islamischen Welt – Türkei, Syrien und Ägypten – Endstation arabischer Frühling?

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Revolten in der islamischen Welt – Türkei, Syrien und Ägypten – Endstation arabischer Frühling?

Ex: http://www.andreas-moelzer.at

Gut drei Jahre nach Beginn der Welle von Protesten, Aufständen und Revolutionen gegen die autoritär herrschenden Regimes etlicher Staaten im Nahen Osten und Nordafrika ist Ernüchterung eingekehrt. Die erwartete Demokratie und den erträumten Wohlstand hat der „Arabische Frühling“ keinem Land gebracht. Ganz im Gegenteil: Die islamische Welt scheint sich schwer zu tun mit der Demokratisierung, daran können auch Abermillionen an Subventionen aus dem Westen nichts ändern. Und auch die sogenannte „islamisch geprägte Demokratie“ des Musterknaben Türkei hat jüngst gezeigt, wie weit man tatsächlich vom westlichen Demokratieverständnis entfernt ist.

Der Preis der Arabellion – Teures Öl

Aus Angst vor politischen Umstürzen halten die Regierungen ölreicher Länder ihre Bevölkerung mit Vergünstigungen bei Laune, dafür verzichten die Bürger auf ihr Recht auf politische Partizipation. Die dafür anfallenden erhöhten Ausgaben belasten die Budgets der Ölförderländer. Und das wiederum treibt den Ölpreis in die Höhe. Ebenso wie die finanziellen Unterstützungen der Ölstaaten für die syrischen Rebellen und das ägyptische Militär finanziert werden müssen. Auch die Syrien-Krise und die Spannungen im Sudan wirken sich negativ auf die Ölversorgung aus. Ein Präventivkrieg Israels und der USA gegen den Iran (um die Anlagen des iranischen Atomprogramms zu zerstören) würde den Ölpreis gar in lichte Höhen katapultieren.

Türkische Schein-Demokratie

Gewiss, verglichen mit den Diktaturen und Mullah-Regimes anderer Länder mag das Land am Bosporus mit seiner islamisch geprägten Demokratie tatsächlich ein Fortschritt sein. Allerdings hat Premier Erdogan jüngst sein wahres Gesicht derart gezeigt, sodass selbst die größten EUphoriker in Brüssel nicht länger schönreden können, dass Ankara sich kaum in Richtung Europäische Union bewegt und es hinsichtlich der Grund- und Menschenrechte, die laut den Kopenhagener Kriterien Grundvoraussetzung für einen EU-Beitritt sind, große Mankos gibt.

Schon der Prozess gegen die angeblichen „Ergenekon-Verschwörer“ mit einer ganzen Reihe von Missachtungen rechtsstaatlicher Prinzipien hat gezeigt, wie ernst es Erdogan mit der Demokratie wirklich ist. Ergenekon wurde als Freibrief missbraucht, gegen all jene vorzugehen, die sich der Ideologie der Regierung widersetzten. Nach wie vor ist die Türkei hinsichtlich Meinungs- und Pressefreiheit eher mit einem Dritte-Welt-Staat als mit einem europäischen Land zu vergleichen. Seit dem dritten Wahlsieg der AKP vor zwei Jahren braucht Erdogan die Medien nicht länger mit einer Klageflut einzudecken. Aus Angst, keine staatlichen Inseratenaufträge mehr zu erhalten, oder wirtschaftlich ruiniert zu werden, wagt keiner mehr auch nur die leiseste Regierungskritik. Als die Mehrheit der türkischen Presse die Proteste um den Istanbuler Gezi-Park im Mai einfach ignorierte und die Behörden brutal gegen die Demonstranten vorgingen, da konnte selbst Brüssel nicht länger so tun, als wäre alles eitle Wonne. Auch der Friedensprozess, den Ankara und die kurdische PKK gerade erst im Frühjahr vereinbarten, scheint gescheitert. Bestenfalls gibt es Alibi-Zugeständnisse an die Kurden. Und anders als die Bürokraten im fernen Brüssel, welche Reformen auf dem Papier oft für bare Münze nehmen, ließen sich die Kurden nicht mit leeren Worten abspeisen. Die Christen werden weiter diskriminiert, der Armenier-Genozid wird geleugnet, das Zypernproblem ist völlig ungelöst, und natürlich ist die Türkei auch ein Frontstaat zu Syrien, was für Europa auch ungeahnte Probleme brächte, wenn sie Mitglied wäre.

Die Lira-Flaute

Mit seinem Vorgehen gegenüber den Demonstranten hat Erdogan viel an internationalem Vertrauen verspielt. Dabei ist die Türkei auf den kontinuierlichen Kapitalstrom aus dem Ausland angewiesen. Hinzu kommt, dass die Lira seit langem unter enormen Abwertungsdruck steht. Außerdem ist das Land stark von Energieimporten abhängig, was angesichts steigender Erdölpreise zusätzlich auf die Lira drückt.

Nachdem die Kombination aus kränkelnder Währung und tiefen Zinsen keine neuen Investoren lockt und in den letzten Jahren notwendige Reformen verabsäumt wurden, wird es wohl auch mit der Türkei wirtschaftlich bergab gehen. Gerade dem (durch EU-Vorbeitritts-hilfen mitfinanzierten) steigenden Wohlstand hat Erdogan indes seinen Aufstieg zu verdanken. Und wie wird er dann erst mit den zu erwartenden sozialen Unruhen und Protesten umgehen?

Unregierbares Ägypten

Nach dem Militärputsch gegen Mursi, der zwar auf demokratischen Wege zum Präsidenten gewählt wurde, indes undemokratisch regierte und es verabsäumte, sich um die strukturellen Probleme zu kümmern, war das Land in zwei unversöhnliche Lager gespaltet. Die USA waren mehr um die Entwicklung des ägyptischen Militärs besorgt, das sie seit Jahren großzügig unterstützten, und multilaterale Kreditgeber verlangten Finanzreformen, während die Unterstützung der ohnedies bereits angeschlagenen Wirtschaft in den Hintergrund geriet. Die politischen und wirtschaftlichen Probleme des Landes schaukeln sich seitdem gegenseitig hoch. Damit mutierte Ägypten zu einem weitgehend unregierbaren Land, das nach wie vor auf großzügige Spenden aus dem Ausland angewiesen ist. Jener Demokratisierungsprozess, der einst als Vorbild für andere arabische Länder galt, liegt nun also in Scherben.

Ratloser Westen

Der demokratisch gewählte Muslim-Präsident Mursi in Haft während der Ex-Diktator entlassen wurde – das gilt als symbolisches Ende der Demokratie-bestrebungen Ägyptens. Unterdessen werden die Muslimbrüder immer mehr niedergeschlagen und in die Illegalität getrieben. Damit wiederum steigt die Gefahr der Radikalisierung.

Als Reaktion auf die anhaltende Gewalt in Ägypten hat die EU ihre Waffenlieferungen ausgesetzt. Drohungen, den Geldhahn zuzusperren, verpuffen erfolglos. Denn die Muslimbrüderschaft, die mit Mursi vorübergehend an der Macht war, wird seitens der arabischen Monarchen als Bedrohung für den eigenen Herrschaftsanspruch angesehen. Solange jedoch das ägyptische Militär von den arabischen Ölstaaten finanziert wird, bleibt der Westen ohnmächtig.

Blutiger Bürgerkrieg in Syrien

Als er im Vorjahr eine „rote Linie“ definierte – dem Einsatz von Chemiewaffen – ließ US-Präsident Obama in dem seit mehr als zwei Jahren tobenden syrischen Bürgerkrieg nur eine Option für einen Militäreinsatz offen. Da es indes in Syrien nichts zu gewinnen gibt und sich das Chaos im Falle einer Intervention nur vergrößern (schlimmstenfalls sogar die ganze Region destabilisieren) könnte, wurde weltweit nach Auswegen gesucht, um dem mit dem Giftgas-Angriff (bei dem es noch dazu jede Menge Ungereimtheiten gibt) unter Zugzwang stehenden Obama eine Möglichkeit zu bieten, sich aus dieser Sackgasse wieder heraus zu manövrieren. Schließlich hat niemand Interesse dran, dass der Westen auch Kämpfern al-Quaida-naher Gruppen, die ja im syrischen Bürgerkrieg eine große Rolle spielen, quasi Feuerschutz gibt.

Christenverfolgung

Christen sind nachweislich die weltweit am meisten verfolgte Gruppe. Immer mehr werden Christen zur Zielscheibe der Rebellen in Syrien. Oft werden sie entführt - mit hohen Lösegeldforderungen. Wie Ägypten und Libyen zeigen, steht auf Sicht in Syrien keine Demokratie im westlichen Sinne zu erwarten. Die EU darf sich jedenfalls nicht in den Syrien-Konflikt hineinziehen lassen und muss eine Strategie für ein Post-Assad-Syrien mit Schwerpunkt auf eine Verbesserung der Lage der Christen entwickeln.

Ist Demokratie in arabischen Ländern möglich?

All diese Beispiele führen deutlich vor Augen: Weder Millionen-Subventionen noch der sogenannte Annäherungsprozess an die EU bringen zwangsläufig mehr Demokratie in ein Land. Das sind Werte, für die die Bürger selbst kämpfen müssen, demokratische Prinzipien müssen von einer Gesellschaft getragen werden, die sich für die Einhaltung dieser Spielregeln auch einsetzt. Und Demokratie sowie Verbesserungen der Lebensbedingungen brauchen Zeit. Die Geduld dafür haben aber die wütenden Menschen in den arabischen Staaten nicht. Manche Experten sind der Ansicht, dass die Trennung von Staat und Religion, wie sie sich in Europa mühsam entwickelte, das Fundament ist, auf dem eine Demokratie erst gebaut werden kann. Und genau gegen diese Trennung in der Türkei, den sogenannten Laizismus, ist Erdogan unter dem Vorwand der Demokratisierung und des EU-Beitrittes vorgegangen, indem er das Militär, traditioneller Hüter der türkischen Laizität, unter zustimmenden Jubel der Brüsseler Granden aus den Machtpositionen hievte. Die Türkei betreibt durch ihre Regierung eine Politik der Islamisierung im Inneren und nach außen hin eine neo-osmanische Machtpolitik. Wir müssen uns also klar sein, dass diese Beitrittsverhandlungen im Grunde ein Hohn sind, der schnellstmöglich abzubrechen ist. Wir müssen uns klar sein, dass die Türkei natürlich ein wichtiger Partner für die EU ist, aber sicher kein europäisches Land. Sie wird es auch nicht werden.

dimanche, 27 octobre 2013

Saudi Arabië dreigt te breken met VS

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Saudi Arabië dreigt te breken met VS vanwege Iran, Egypte en Syrië

Saudi's spreken van 'schaamteloos verraderlijke' deal met Rusland - Palestijnse leider Mahmoud Abbas sluit overeenkomst met Syrische president Assad

In 2009 boog Obama opzichtig voor de Saudische koning Abdullah. In Riyad is men nu heel wat minder blij met hun protegé in het Witte Huis. Inzet: Prins Bandar bin Sultan bezweert dat een breuk met de VS zeer grote gevolgen zal hebben.

Als er een land is dat Saudi Arabië en Iran nog meer haten dan Israël, dan is het elkaar. De Saudi's waren erg boos toen president Obama openlijk de Moslim Broederschap in Egypte begon te steunen, en ronduit woedend toe hij terugkwam op een zeker lijkende aanval op Syrië. Nu het Witte Huis ook nog eens toenadering zoekt tot aartsvijand Iran en bereid lijkt om tenminste een deel van het nucleaire programma van de Islamitische Republiek te accepteren, hebben leden van het Saudische koningshuis gedreigd om de toch al onder grote druk staande banden met de VS te verbreken.

Prins Bandar bin Sultan, het hoofd van de Saudische inlichtingendiensten, bezwoer dat er een 'grote verandering' in de relaties met de VS aankomt, als protest tegen Obama's beleid ten aanzien van Iran, Egypte en Syrië. Ook voelen de Saudi's zich door hun Westerse bondgenoot in de steek gelaten toen het Witte Huis weigerde zijn steun uit te spreken voor het neerslaan van de Shi'itische opstand door Saudische troepen in buurlandje Bahrein in 2011.

'Schaamteloos verraderlijke' deal met Rusland

'De breuk met de VS is fors,' aldus een bron. 'De Saudi's willen niet langer in een afhankelijke situatie zitten.' Ook prins Turki al-Faisal noemde in Washington Obama's Syriëbeleid 'betreurenswaardig'. Tevens bespotte hij de Amerikaanse deal met Rusland over de Syrische chemische wapens, en zei dat dit een list was om militair ingrijpen te voorkomen.

'De huidige schertsvertoning over internationale controle over Bashars chemische arsenaal zou grappig zijn, als het niet zo schaamteloos verraderlijk zou zijn. Het werd niet alleen opgesteld om Obama de gelegenheid te geven om zich terug te trekken (van een militaire aanval), maar ook om Assad te helpen zijn volk af te slachten,' aldus Turki, voormalig directeur van de Saudische inlichtingendienst.

Saudi's weigeren VN-Veiligheidsraadzetel om Syrië

Het is de derde keer dat er grote spanningen zijn tussen de VS en Saudi Arabië, die al sinds 1932 bondgenoten zijn. De eerste crisis leidde in 1973 tot een olie-embargo, omdat het Westen Israël steunde in de Yom Kippuroorlog. De tweede crisis was vlak na de aanslagen op 9/11 (2001), toen bleek dat de vermeende daders uit Saudi Arabië kwamen.

Het weigeren van een tijdelijke zetel in de VN Veiligheidsraad vorig week was een duidelijk signaal dat het de Saudi's menens is. Prins Turki gaf aan dat zijn land niet van plan is om terug te komen op dat besluit. Saudi Arabië eist dat de VN eerst alles doet om president Assad te stoppen. Daarnaast willen de Saudi's dat hun 'vredes'plan voor het Israëlisch-Palestijnse conflict dwingend aan de Joodse staat wordt opgelegd.

Palestijnse leider Abbas sluit deal met Assad

Het is de vraag of de Saudiërs ook hun onvoorwaardelijke steun aan de Palestijnen gaan herzien, nu militaire en inlichtingenbronnen melden dat de Palestijnse president Mahmoud Abbas een geheim samenwerkingsakkoord met president Assad heeft gesloten. Noch Israël, noch de VS waren hiervan op de hoogte. Abbas heeft Assad beloofd dat de Palestijnse strijders niet langer met de Syrische rebellen zullen meevechten en hun wapens zullen neerleggen (2).

'Grote gevolgen voor wapenaankopen en olie-export'

Prins Bandar suggereerde dat de geplande herziening van de relaties met de VS verregaande gevolgen zal hebben voor de Saudische wapenaankopen en olie-export. De Saudische centrale bank heeft zo'n $ 690 miljard aan (olie)dollar'assets' op de balans staan, voornamelijk Amerikaanse staatsobligaties. Riyad koopt regelmatig voor tientallen miljarden dollars Amerikaanse vliegtuigen en ander wapentuig.

'Bandar gaf Syrische rebellen chemische wapens'

Tevens zei de inlichtingenchef dat er in de oorlog in Syrië niet langer met de VS zal worden samengewerkt. De Saudi's steunen de Al-Qaeda rebellen in Syrië met geld en wapens. Ook de chemische wapens waarmee de beruchte aanval in Damascus werd uitgevoerd, waren volgens Syrische bronnen en enkele Westerse journalisten afkomstig uit Saudi Arabië. AP/BBC schrijver Dale Gavlak en Yahya Ababneh schreven onlangs op MintPress News dat prins Bandar deze wapens inderdaad aan de rebellen lijkt te hebben gegeven.

'Machten der duisternis stevig geworteld in Teheran'

Saudi Arabië zeer bezorgd over een eventuele verzoening tussen de VS en Iran, dat in Syrië, Libanon, Jemen, Irak en Bahrein probeert om de rivaliserende Shi'itische moslims te laten zegevieren. 'Of (de Iraanse president) Rouhani het zal lukken om Iran een verstandige koers op te sturen, wordt in Iran al betwist. De machten der duisternis zijn stevig geworteld in Qom en Teheran.'

Xander

(1) Daily Mail
(2) DEBKA

On the Military Alliance of Israel and Saudi Arabia against Iran

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On the Military Alliance of Israel and Saudi Arabia against Iran

Nikolai BOBKIN

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Saudi Arabia's ministry of defense has placed an order with the U.S. for the delivery of high-tech cruise missiles and aerial bombs totaling 6.8 billion dollars. It is expected that the contract will be signed within a month after the request is approved by Congress. In the opinion of the Pentagon's Defense Security Cooperation Agency (DSCA), the arms shipment will not change the military balance in the region and does not create a threat to neighboring states. But is that true? Now, when Israel and Saudi Arabia are discussing the possibility of a military alliance against Iran, this deal looks like military reinforcement of this Arab-Israeli alliance, the likelihood of whose creation is becoming more realistic…

Tel Aviv and Riyadh perceived the U.S. refusal to make a military strike against Syria and President Obama's first steps toward normalizing relations with Tehran as the White House's commencement of a new stage in transforming the geopolitical structure of the Middle East. The Saudi royal family, displeased with Obama's course, responded to Washington asymmetrically by challenging the United Nations. The Kingdom of Saudi Arabia (KSA) became the first state to reject a seat on the UN Security Council, complaining about the council's activities. Riyadh is displeased that Bashar al-Asad still remains in power, there has been no success in resolving the Palestinian-Israeli conflict, and furthermore, in the opinion of Saudi diplomats, the UN has not made enough effort to make the Middle East a zone free of weapons of mass destruction (in reference to Iran's nuclear program). 

The Russian Ministry of Foreign Affairs called the Saudi demarche «strange». It is quite obvious that the reproaches against the Security Council in the context of the Syrian crisis have an anti-Russian orientation. Previously Russia and China blocked Security Council resolutions to toughen sanctions against Syria three times. Arab UN members do not hide their perplexity at Saudi Arabia's rejection of this honored status either, and urge Riyadh to reconsider, at least in order to provide the Arab world with representation in the Security Council. Saudi leaders, however, claim that «the manner, the mechanisms of action and double standards existing in the Security Council prevent it from performing its duties and assuming its responsibilities toward preserving international peace and security as required.» That is the monarchy's reaction to the UN not acting on Saudi Arabia's calls to military intervention in the Syrian conflict and resolution of the Iranian nuclear problem using military force.

Riyadh has more than once declared its claims to dominance in the Middle Eastern region. It has now come to the point where in the days of the Syrian standoff the Saudi government proposed to Barack Obama that the U.S. pay for a military operation against Syria, as if they were talking about the services of a hired killer. The White House's refusal to take punitive military measures against the Syrian government was deeply disappointing to the Arab sheikhs. Washington was criticized for its inability to follow through on its own threats. 

Dissatisfaction with Obama's policy was made even plainer in Saudi assessments of the first signs of a thaw in Iranian-American relations. Riyadh has come to the conclusion that the U.S. and Iran are secretly planning a strategic alliance aimed at weakening Saudi influence. There is nothing unexpected in the fact that rapprochement with Iran could serve America's regional interests. The Americans themselves believe that a means of controlling the Middle East such that no one country can become the absolute military leader and lay claim to the role of a regional superpower is advantageous to the U.S. The classic way to reach this goal is to support the balance of powers while preserving constant tension in the relations between rival states, in this case Saudi Arabia and Iran. 

Many years of a one-sided orientation toward Saudi Arabia in the Islamic world has caused the U.S. to lose influence among Shiites, while Sunni Islam, which is under Saudi influence, has taken an anti-American course. Not only does Riyadh finance foreign military intervention in Syria, but Saudi intelligence supports Sunnite terrorist groups in countries from Algeria to Pakistan, including the Taliban movement which is now fighting against the Americans in Afghanistan. Further unconditional friendship with Riyadh has become dangerous for the U.S., and the conjecture that Washington's foreign policy will soon cease to serve the interests of Saudi Arabia is looking more and more justified. 

Of course, a rapprochement between Washington and Tehran is no guarantee that the position of the U.S. in the world of Shiite Islam will be substantially stronger, but there exists a chance that anti-American sentiment in a number of countries in the «Greater Middle East», such as Iraq, Lebanon, Syria, Bahrain and Afghanistan, will be reduced. Furthermore, the «reset» of relations with Iran would allow the United States to avoid the risk of being drawn into a war to protect Saudi Arabia through alliance obligations. Nevertheless, Washington still allows for the possibility of «closing» Iran's nuclear dossier by force through making strikes against Iranian nuclear infrastructure sites. Israel categorically insists on this scenario. Saudi Arabia does not hide its interest in the military destruction of the IRI's nuclear sites either. 

Tel Aviv has declared that it is prepared to conduct an independent operation against the IRI. Directing strikes against Iran through the territory of the KSA is one of the main options being considered by the Israeli military. Besides enmity toward Iran, Israel and Saudi Arabia share the common goal of overthrowing the regime in Syria, Tel Aviv and Riyadh are united in supporting the military government in Egypt, and they have also found common ground with regard to the unacceptability of an increase in the geopolitical role of their common rival Turkey. Information about secret negotiations between Israel and Saudi Arabia stopped being sensational years ago. Despite U.S. plans, the world could become a witness to the appearance of a seemingly unlikely Arab-Israeli alliance which would lay claim to the role of a «collective superpower» in the region. 

This autumn has in general brought chaos to the ranks of America's allies. The plans for U.S. military action in Syria was not supported by its most loyal ally, Great Britain; the great majority of NATO countries refused to take part in this venture; the leaders of many other allied countries have shrunk from solidarity with President Obama; and now longstanding Middle Eastern partners are acting independently on the issue of war with Iran.

Examples of Israeli independent action are becoming numerous. Over a quarter of a century ago, in 1981, Israel destroyed Iraq's Osirak nuclear reactor not long before its commissioning. The Reagan administration officially condemned this attack at the time, but the Israelis consider it one of their most successful military operations. In 2007 Israel made air strikes against the alleged al-Kibar reactor which the Syrians were building in a desert area in the eastern part of the country and about which the IAEA supposedly did not know in order to demonstrate its resolve to destroy nuclear sites in neighboring countries in the early stages. At that time the Bush administration was divided in its assessment of this attack, but many high-ranking politicians in the U.S. feel that the raid was premature. In May of this year Israel made a strike against Damascus' airport, as well as several missile bases in Syria. The true goal of the Israeli air strikes against Syrian military sites was to test the possibility of flying over this Arab country to make a strike against Iranian nuclear sites. Tel Aviv is conducting such rehearsals for the beginning of war without a backward glance at the reaction of the global community. The UN has not reacted properly to a single recent Israeli military action in Syria. 

Saudi Arabia, unlike Israel, is now making its public debut as a subverter of UN authority for the first time, but the royal family has been preparing to start out on this dangerous path for many years, closely tying its foreign policy activities to support for international terrorist organizations. No one speaks of the moral principles of Saudi diplomacy anymore, so Saudi Arabia's agreeing to provide the Israelis a military corridor may be considered participation in strikes against Iran. 

Temporary basing of aircraft at Saudi air bases is also involved. Transport planes of the Israeli air force have already been seen in Saudi Arabia unloading ammunition, which in the case of war with Iran it will be convenient to have right there nearby. And it will be even better for Israel if the Saudi military pays for the cruise missiles and aerial bombs for these purposes and ships them from the U.S. itself. This is the main reason for the KSA Defense Department's new almost 7-billion-dollar order. 90% of the deliverables are ammunition for American-built fighter planes, which are standard in the air forces of both Israel and Saudi Arabia. By approving this contract, the U.S. Congress will be giving the green light to the dangerous plans of Tel Aviv and Riyadh, and the American troops in the Persian Gulf will be drawn into the dangerous scheme of two out-of-control allies.

 
Tags: Al Qaeda Gulf Cooperation Council Iran Israel Saudi Arabia US

 

samedi, 26 octobre 2013

L’Arabie et Bandar, faiseurs de désordre aux abois

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L’Arabie et Bandar, faiseurs de désordre aux abois

Ex: http://www.dedefensa.org

La relation très privilégiée entre les USA et l’Arabie se trouve dans un grand état d’agitation. Plusieurs faits, commentaires, affirmations, “révélations” de ces derniers jours en témoignent sans qu’on puisse dégager une ligne claire de commentaire, – sinon celui du désordre... Cette situation a notamment le potentiel d’une crise affectant l’une des plus vieilles et des plus importantes relations extérieures informelles des USA, portant à la fois sur la stabilité de la sécurité d’une zone-clef, sur la puissance d’intérêts financiers innombrables et très diversifiés, sur des entreprises de déstabilisation clandestine sans nombre.

Cette relation a été établie informellement en février 1945, à bord du USS Augusta transportant un Roosevelt agonisant, retour de la conférence de Yalta. Le croiseur de l’US Navy avait jeté l’ancre près d’Alexandrie, en Égypte, et le président US avait reçu le roi Ibn Saoud d’Arabie. Les USA s’étaient engagés à assurer la sécurité du royaume contre des garanties de production et d’approvisionnement en pétrole. Ce fut le premier acte fondamental de la politique d’expansion des USA de l’après-guerre, exercée d’une façon gigantesque hors de sa zone d’influence traditionnelle s’avant 1941, dans les deux Amériques et sur quelques points stratégiques comme les Philippines. La relation s’est largement diversifiée avec de puissants intérêts financiers croisés, dans le secteur privé US (pétrole, armement, etc.) avec le soutien des pouvoirs politiques et la participation d’innombrables princes saoudiens et de divers dirigeants politiques US (dont la famille Bush au sein de conglomérats type-Carlysle) ; avec, à partir des années 1980 (opération de soutien à la rébellion afghane, fondatrice des nébuleuse al Qaïda, taliban, etc.), de puissants intérêts opérationnels communs dans de très nombreuses opérations secrètes de déstabilisation et de terrorisme, avec la CIA comme un des principaux interlocuteurs de l’Arabie et, à partir de cette époque le rôle prééminent de Prince Bandar comme intermédiaire-animateur, à son poste d’ambassadeur saoudien aux USA, puis, très récemment, de chef des services de sécurité saoudiens.

Depuis plusieurs jours sinon quelques semaines, plusieurs actes et événements divers ont marqué l’intense inquiétude et la considérable préoccupation des Saoudiens à l’encontre des USA. Deux événements de la part des USA motivent cette attitude : l’attaque avortée des USA contre la Syrie, au profit d’un accord avec la Russie et du lancement de la neutralisation des armements chimiques syriens ; l’amélioration sensible des relations des USA (du groupe P5+1) avec l’Iran, avec des perspectives d’une possibilité d’une résolution de la crise du nucléaire iranien. Parmi ces événements récents, on notera ceux-ci :

• Il y a eu d’abord des bruits d’une “alliance” anti-iranienne entre l’Arabie et Israël (voir Antiwar.com, le 3 octobre 2013). On a aussi des échos de cette perspective dans notre texte du 18 octobre 2013. Le point le plus remarquable de ces rumeurs est évidemment qu’une telle hypothèse se fait en-dehors des USA, sinon presque en position antagoniste. (Reuters, du 9 octobre 2013, citant Mustapha Alani, analyste du Gulf Research Center de Djedda, présenté comme proche de la direction saoudienne : «Usually the Saudis will not make any decision against U.S. advice or interests. I think we're past this stage. If it isn't in our interests, we feel no necessity to bow to their wishes...»)

• Il y a eu l’annonce que l’Arabie Saoudite refusait le siège de non-permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU pour l’attribution duquel elle avait dépensé (au propre et au figuré) des trésors de pressions d’influence. (Voir le Guardian du 18 octobre 2013.) Cette position n’a pas encore été actée officiellement. Selon le Wall Street Journal (le 21 octobre 2013), Prince Bandar aurait précisé –à un diplomate européen : «This was a message for the U.S., not the UN», – et un “message” très négatif on s’en doute.

• Il y a eu, justement, cet article du Wall Street Journal (WSJ) du 21 octobre 2013, qui a été largement cité et commenté. Il est centré sur Prince Bandar et évoque les diverses manigances du personnage, qui semble en train de passer du statut officiel de “notre homme à Ryhad” de la CIA à “notre principal adversaire à Ryhad” de l’administration Obama. Encore faut-il évoquer les multiples facettes, manœuvres, coups fourrés dans tous les sens de Prince Bandar, aussi bien que des hypothèses de désaccords au sein du richissime souk qu’est la direction saoudienne, – cela pouvant être interprété comme la suggestion que la ligne Bandar n’est pas nécessairement la ligne saoudienne. (Un article de Reuters, du 22 octobre 2013, renvoie aux mêmes circonstances, notamment à partir de confidences de Bandar, citées aussi par le WSJ, toujours à un diplomate européen, – est-ce le même ? – au cours d’un week-end à Djedda.) A noter tout de même dans l’article du WSJ deux points concrets bien entendu non officialisés, qui alimenteraient la supposée fureur saoudienne dans le sens qu’ils constitueraient une gravissime entorse à l’alliance verbale Roosevelt-Saoud de février 1945 ...

«Diplomats and officials familiar with events recounted two previously undisclosed episodes during the buildup to the aborted Western strike on Syria that allegedly further unsettled the Saudi-U.S. relationship. In the run-up to the expected U.S. strikes, Saudi leaders asked for detailed U.S. plans for posting Navy ships to guard the Saudi oil center, the Eastern Province, during any strike on Syria, an official familiar with that discussion said. The Saudis were surprised when the Americans told them U.S. ships wouldn't be able to fully protect the oil region, the official said. [...]

»In the second episode, one Western diplomat described Saudi Arabia as eager to be a military partner in what was to have been the U.S.-led military strikes on Syria. As part of that, the Saudis asked to be given the list of military targets for the proposed strikes. The Saudis indicated they never got the information, the diplomat said.»

• Il y a eu de nombreux commentaires suivant l’article du WSJ. On peut lire celui de The Moon of Alabama, du 22 octobre 2013. Celui de ZeroHedge du 22 octobre 2013 est intéressant à méditer pour son hypothèse, dans la chronique “désordre” dans laquelle s’inscrit cette affaire. Tyler Durden décrit un Prince Bandar “furieux” et rappelle la fameuse (et soi-disant secrète) visite de Bandar à Poutine. (Voir sur notre site, le 24 août 2013.) A partir de là, Durden donne cette interprétation des événements divers que nous mentionnons :

»Fair enough: but what can it do? It is no secret, that as the primary hub of the petrodollar system which is instrumental to keeping the dollar's reserve status, Saudi has no choice but to cooperate with the US, or else risk even further deterioration of the USD reserve status. A development which would certainly please China... and Russia, both of which are actively engaging in Plan B preparations for the day when the USD is merely the latest dethroned reserve currency on the scrap heap of all such formerly world-dominant currencies.

»Perhaps the only party that Saudi can lash out at, since it certainly fears escalating its animosity with the US even more, is Russia. And perhaps it did yesterday, when as we reported, a suicide-bombing terrorist incident captured on a dashcam killed many people, and was supposedly organized by an Islamist extremist - of the kind that Bandar told Putin several months ago are controlled and funded by Saudi intelligence chief.

»If true, and if Saudi wants to project its impotence vis-a-vis the US by attacking Russia, this will likely culminate with the Sochi winter Olympics. So will Prince Bandar be crazy enough to take on none other than the former KGB chief? And more importantly, just like in the US Syrian fiasco, what happens when and if Putin retaliates against the true power that holds the USD in place?»

• Il y a enfin cette rencontre de Kerry et du ministre des affaires étrangères saoudien, hier à Paris. Rencontre d’explication sur tous les méchants bruits en cours. (Kerry, mielleux et conciliant, en mode-explication partout ; avec al-Fayçal, mais aussi avec les Français pour leur vanter tous les charmes de la NSA derrière une apparence un peu rude.) Probablement rien de décisif durant les deux heures d’entretien, les deux hommes manœuvrant en mode-déflection pour limiter les dégâts de communication. Dans le Guardian du 23 octobre 2013, cette déclaration de Kerry à la fois franche et lénifiante : «We know that the Saudis were obviously disappointed that the [Syria] strike didn't take place... It is our obligation to work closely with them – as I am doing... The president asked me to come and have the conversations that we have had.»

Il est bien entendu non seulement impossible mais absurde d’essayer de tirer de ces divers “événements” quelque enseignement assuré, quelque conclusion ferme. Des guillemets pour “événements” sont employés ici parce qu’ils sont nécessaires, parce que combien de ces “événements” sont véridiques, combien sont des actes, combien relèvent de la seule communication et de sa guerre, etc. ? Ils témoignent d’abord de l’ordinaire désordre qui caractérise absolument les diverses situation des relations internationales, et particulièrement celles qui semblent, ou semblaient les plus assurées, les plus “taillées dans le marbre”, – ou dans le pétrole et le dollar lorsqu’il s’agit de la relation USA-Arabie. Cette relation-là est si vieille, si fondée, si réciproquement nécessaire qu’elle paraîtrait pérenne pour un peu, si l’emploi d’un mot qui renvoie à l’idée de “principe” n’avait pas un accent un peu obscène dans un rapport qui relève du racket et du gangstérisme des deux côtés, et rien que cela. (Aucune caricature dans ces mots : War Is a Racket disait et écrivait dans les années 1930 le général des Marines devenu “dissident” Smedley Butler, exceptionnellement distingué par deux Médailles d’Honneur du Congrès.)

Certes, la relation USA-Arabie est si nécessaire à la puissance et à l’établissement de ce qu’ils nomment “empire” avec son hybris, mais qui n’est autre en vérité que le Système tout entier dans sa folle équation surpuissance-autodestruction. Par conséquent, tout est possible puisque rien n’est plus assuré de rien dans cet épisode du destin du Système. Le “désordre ordinaire” dont nous parlons n’est ordinaire que parce qu’il est désormais constant, général, omniprésent. Ce “désordre ordinaire” est donc, jugé dans l’absolu, complètement extraordinaire. C’est pour cela qu’il existe bel et bien et qu’il occupe cette place qu’on décrit, effectivement dans une époque extraordinaire. Également extraordinaire la politique devenue erratique de l’Arabie, d’un royaume conservateur, rétrograde et immobile dans sa course richissime et corrompue depuis 1945, – mais avec son côté paradoxal d’extrémisme religieux, – désormais aux abois de ses paniques de déstabilisations internes ; l'Arabie engagée contre tous ses penchants de prudence avaricieuse dans une politique ouvertement offensive dans divers azimuts, répandant des schémas de “Grands Jeux” stratégiques à bouleverser le monde, ne rêvant désormais à ciel ouvert que plaies et bosses pour les autres, devenu quasiment amateur publiquement affirmé de guerres à faire-faire derrière le sourire cyniquement méphistophélique de Prince Bandar, – mais quoi, War Is a Racket...

Agitprop occidental sobre Siria, un arte en el que nada se deja al azar

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Agitprop occidental sobre Siria, un arte en el que nada se deja al azar

BAHAR KIMYONGUR



Hay que reconocerlo: en asuntos internos al igual que en geopolítica, nuestros medios, intelectuales y estrategas mainstream manejan a la perfección el arte, por no decir el arma, de la retórica de la inversión. Queriendo por un lado enfrentarse a cualquier precio con el gobierno de Damasco, y por el otro purgar el espacio público de las voces críticas y disidentes sobre el conflicto sirio, no temen adherir a ideologías, propagandas y militantismos dignos de las compañías de teatro soviéticas de agitprop. Encontraremos bajo sus plumas, por aquí y por allá, un toque autocrítico para darse aires libertarios y de pluralismo. Pero conscientemente o no, nos vuelven a servir la vieja sopa de siempre en sus fiambreras de soldados del sistema. Pongamos el foco en la guerra del lenguaje llevada a cabo por nuestros “expertos” empotrados en Siria. Sin blindado y sin camuflaje.

Ya fue el caso del conflicto libio en 2011. Un joven de las afueras de Bengazi, reclutado en una mezquita salafista y haciendo un gesto de degollar el cuello con su pulgar mientras grita Allah ou Akbar, se convertía de manera milagrosa en un encantador luchador por la libertad.

En cambio, sus compañeros franceses del “gang de Roubaix” o de “Forsane Al Izza” no fueron objeto de los mismos elogios. Recordemos que las unidades del RAID no se anduvieron con miramientos
para “neutralizar” al hermano tolosano del barbudo de Benghazi.

Entonces, imaginad la cara y el discurso de los presentadores de telenoticias de TF1, imaginad la actitud del ejército francés si entre 6.000 a 8.000 Mohamed Merah se desplegasen en Paris, Marsella o Lyon, como eso sucede en Homs, Damasco o Alepo.

Ídem respecto a los comandos catarís, saudíes o egipcios que fueron a emprender el yihad contra la Libia verde de Muamar El Gadafi. Todos aquellos legionarios fueron descritos como humanistas apasionados por la democracia. Sin embargo, un militante panafricano de origen nigeriano, maliense o saharaui que combatía al lado de Moammar Gadafi se transformaba en vulgar mercenario, preferentemente “violador”, para conservar la fantasía del Negro libidinoso. Con cargamentos de viagra suministrados por el coronel, ¡por favor!

En lo que se refiere a Libia, ha habido tanta desinformación como arena en el desierto de Sirte...

Es la misma historia en Siria.

Al yihadista sirio armado por Riad y Doha que remata a su víctima según prácticas satánicas, se le disfraza como un guerrillero romántico bajo el teclado mágico de nuestros “spin doctors”. Pero un soldado sirio que resiste a una invasión extranjera es presentado secamente como una especie de SS a sueldo de la “secta alauí”. Un civil armado progubernamental que defiende su barrio contra las incursiones terroristas, contra los secuestradores de rehenes, y los ladrones, es de oficio un chabbiha (partidario
armado del régimen) “quebrantador de huesos y cráneos”.

Incluso el miliciano disciplinado y patriota del Hezbollah libanés que se encuentra en su tierra, se convierte en un odioso terrorista “auxiliar de la dictadura alauí”.

Otra comparación: cuando nuestros soldados matan inocentes, a eso se le llama un error.

A los milicianos del Ejército sirio libre (ESL), por ser nuestros protegidos, las masacres que cometen se maquillan en errores incluso cuando sus salvas tienen como objetivo los barrios residenciales, hospitales, escuelas, y cuando asesinan al periodista Gilles Jaquier, al igual que a nueve manifestantes pro-Assad en Homs.

Al contrario, cuando es el ejército sirio quien mata a inocentes, lo que desafortunadamente sucede muy a menudo, a eso se le llama una masacre premeditada.

Un cazabombardero de la OTAN lleva a cabo golpes dirigidos, quirúrgicos, se nos dirá, aun a riesgo de hacer un pleonasmo.

Pero cuando el ejército sirio envía sus MIG o acciona su artillería contra terroristas y mercenarios después de haber evacuado a la población civil (si los secuestradores lo permiten) para evitar las victimas colaterales, a eso se le llama un “machaque intensivo”, una “masacre”, o una “carnicería”.

Otro descubrimiento brillante de nuestros fabricantes del prêt-à-penser, el terrorismo existiría en todas partes del mundo excepto en Siria, donde esa etiqueta sería una exclusividad del régimen de Damasco.

Mejor aún, el terrorismo que hace estragos
en Siria desde mucho antes del comienzo de la primavera árabe sería una “profecía que se auto cumple”, o de cómo la prensa occidental inventa leyendas urbanas. [1]

Puede entenderse fácilmente la falta de afán por parte de Occidente en reconocer ese tipo de terrorismo: implicaría un reconocimiento del derecho del régimen sirio a la legítima defensa.

Para hacer conocer la realidad del terrorismo anti-sirio a pesar del catecismo maniqueo dentro del que algunos “expertos” de Siria pretenden encerrarnos, publiqué, en abril de 2012, un texto titulado El terrorismo anti-sirio y sus conexiones internacionales, en el que describía la consanguinidad entre los tres movimientos yihadistas anti-sirios de antaño, de ayer y de hoy. Es decir, entre los Hermanos musulmanes sirios que devastaron el país en los años 70 y 80 antes de ser eliminados en 1982 en Hama por el ejército sirio; los movimientos anti-chiíes como Ousbat al Ansar, Fatah Al Islam o Jound Al Cham que contaminaron los campos palestinos del Líbano al comienzo de los años 2000, y que luego vieron incrementarse sus fuerzas tras la partida de las tropas sirias del país del Cedro ( abril 2005), sobre todo por la zona de Trípoli, hasta el punto de acosar al ejército sirio en su propio territorio y golpear Damasco; y por fin, las actuales filiales de Al Qaeda en Siria, como el Frente al Nosrah, Ahrar Al Cham, la Brigada Tawhid ,etc. que van viento en popa gracias a la pretendida “primavera siria”.

Salvo algunos medios alternativos, nadie de la gran prensa se ha interesado en la génesis del terrorismo anti-sirio. Hay como una especie de tabú respecto a ese tema.

A tal punto que, desde el comienzo de la primavera siria, algunos “expertos” quisieron hacernos creer que en Siria no existía tradición del Islam takfirista y conquistador.

Por mucho que quisiéramos recordarles que los mayores Inquisidores del Oriente medieval eran sirios, en especial Ibn Taymiyya, al igual que sus discípulos Ibn Kathir y Ibn Qayyim, que algunas regiones del país se ven inundadas a diario de las prédicas retransmitidas por cadenas satélites saudíes como Iqraa, Wessal o Safa TV, que describen a los alauíes como más viles que los judíos y los cristianos, y que exigen “purificar” el país de los “impíos”, que por esa razón, en algunos lugares recónditos de Siria, especialmente en la periferia de las zonas de población alauí, los no suníes e incluso los suníes laicos no son bienvenidos desde hace lustros, según nuestra prensa oficial sería el gobierno laico y multi-confesional de Damasco el responsable a pesar de todo de la “comunitarizacion”
del conflicto sirio.

Nos preguntamos qué interés podría tener Damasco alimentando la hostilidad hacia la población suní mientras que el grueso de los efectivos militares y en lo esencial la élite política y económica del país es suní.

¿Por qué pues un gobierno que se beneficia del apoyo de la mayoría suní del país querría alienarse esa mayoría?

Los que conocen el país saben perfectamente bien que la ideología oficial no tolera de ningún modo el discurso sectario. Toda propaganda de carácter « ta’ifiyyé » (sectario) está sometida al castigo penal en Siria.

Ahora bien, sólo la oposición utiliza la retórica sectaria, designa a los alauíes como a “los enemigos” o los responsables de la represión y de las injusticias reales o supuestas, acusa a los drusos y a los cristianos de colusiones con el “régimen alauí” y amenaza a los suníes que ocupan un lugar en el gobierno con represalias por su pretendida traición hacia sus correligionarios.

Llevadas de la mano por las potencias suníes (Turquía, Jordania, Estados miembros del Consejo de cooperación del Golfo), la oposición siria es el único bando que verdaderamente puede sacar provecho de la “confesionalización” del conflicto.

En realidad, el fermento que une a todas esas fuerzas contra el régimen sirio no tiene nada que ver con la democracia.

Es esencialmente la guerra contra Irán y sus apoyos políticos (Siria) y religiosos (Hezbollah) lo que interesa a los socios capitalistas de la “revolución siria”. [2]

Conviene recordar aquí que el odio anti-chií destilado por los regímenes reaccionarios árabes de inspiración suní se exacerbó en particular después de las dos victorias de Hezbollah frente a Israel, la del 25 de mayo de 2000 que permitió liberar el Sur del Líbano de la ocupación sionista, y la que coronó la “Guerra de los 33 días” durante el verano de 2006.

Aquellas dos victorias fueron obtenidas gracias al apoyo infalible de Damasco. Desde entonces, las fotos de Hassan Nasrallah, secretario-general de Hezbollah, al lado de Bachar El-Assad, florecieron por todo el país, lo que no satisfizo a todo el mundo.

Efectivamente, el refuerzo de la fraternidad estratégica e ideológica entre la Siria resistente y el Líbano resistente fue el argumento esgrimido por los fundamentalistas suníes apasionados por las teorías del “complot chií” como amenaza para « Ahl Al Sunna », la comunidad de los suníes.

Gracias a nuestra prensa, la gran mayoría de la opinión pública occidental ignora que los reyezuelos del Golfo se asustaron a tal punto de ver a un movimiento chií humillar a Israel y generar una simpatía supra-confesional en la opinión árabe, que le acusaron de “aventurista”, “provocador” e “irresponsable”.

Después de esta precisión necesaria, volvamos a otros casos de abuso de lenguaje de nuestra prensa desplazada al frente sirio.

Cuando a un país aliado se le ataca por grupos armados, estos últimos son de oficio terroristas.
Así, el 5 de agosto de 2012, dieciséis militares egipcios fueron asesinados en el Sinaí, no por rebeldes sino por “terroristas”. [3]

En cambio, los miles de soldados sirios asesinados en el mismo tipo de emboscadas son los objetivos legítimos de los “revolucionarios” y de los “rebeldes”.

Un periodista del bando enemigo asesinado por terroristas también es un objetivo legítimo ya que no es más que una vulgar “herramienta de propaganda”. [4]

Reducidos al estado de simples objetos, de engranajes inertes, los periodistas que trabajan para las cadenas públicas sirias no pueden pues esperar la menor compasión por parte de sus colegas occidentales.

El silencio observado por las organizaciones internacionales de defensa de la prensa respecto a la censura impuesta por la Liga árabe a las cadenas públicas sirias no tiene entonces nada de sorprendente.

Para descalificar de manera definitiva a un enemigo, nada mejor que una buena dosis de reductio ad hitlerum stalinumque.

El anti-hitlerismo y el anti-estalinismo son dos productos inamovibles de lo que Noam Chomsky llama “la fábrica del consentimiento”.

Las exacciones cometidas por la policía política del régimen de Damasco se asimilan de ese modo a las prácticas “gestapistas” o “estalinianas” [5] pero jamás a la represión que tuvo lugar en la guerra de la Vandea, ni a los horrores perpetrados por Francia durante la insurrección malgacha de 1947, ni al uso masivo de la tortura mediante la aplicación de descargas eléctricas contra el pueblo argelino o en Indochina, ni a las torturas y ejecuciones perpetradas por el ejército US en Vietnam, en Bagram en Afganistan, en Abou Ghraib en Irak o en América Latina.

Nuestra prensa no osaría nunca tratar a nuestros aliados regionales de nazis, ni a la Arabia wahabí de la dinastía Saud poblada de príncipes sádicos y de predicadores del odio, ni al emir golpista y esclavista de Catar, ni al régimen militar-islamista de Ankara. Sin embargo, esos tres regímenes reprimen, torturan y aprisionan.

Dicho esto, es cierto que el primero nos provee petróleo, el segundo nos suministra gas y compra nuestros clubs de fútbol y nuestros bonitos barrios, y el tercero tiene una tasa de crecimiento económico de dos cifras. Y, además, los tres son Israel friendly.

En los medios atlantistas, ya sean de izquierda o de derechas, es de buen tono referirse al antifascismo para “ayudar” al lector profano a descifrar el conflicto sirio.

Para Thomas Pierret, maestro (indiscutido) de conferencias en islam contemporáneo en la universidad de Edimburgo, los yihadistas que convergen en Siria para combatir al régimen “impío” en Siria hacen pensar en las “Brigadas internacionales” movilizadas al lado de la República durante la guerra civil española de 1936-39. [6]

Pero no se le ocurriría comparar a esos combatientes con los reclutas de la División de Granaderos SS Charlemagne que fueron a enfrentarse contra el bolchevismo en el Frente del Este durante la segunda guerra mundial o con los Contras que combatieron al gobierno sandinista de Nicaragua con el apoyo financiero... ¡de Arabia Saudí!

La utilización abusiva de la guerra antifascista española se ha convertido en un clásico de los marcadores ideológicos que permiten distinguir a los buenos de los malos.

Recordemos que, hace dos años, el filósofo mercenario franco-israelí Bernard-Henri Levy se tomó por la reencarnación de André Malraux enfrentándose a las balas franquistas en las trincheras de la República española. Aquel Don Quijote súper-millonario había confundido incluso a las Brigadas internacionales de inspiración comunista con los ejércitos coloniales de la OTAN y sus refuerzos
al qaedistas.

Los rebeldes sirios y sus aliados yihadistas llegados para “morir en Alepo” han tenido derecho en nuestra prensa a verdaderos cantares de gesta donde se les ha comparado periódicamente a los antifascistas del mundo entero que fueron a “morir a Madrid” frente a las tropas de Franco. [7]

Dudo que BHL se digne a ofrecer una imagen tan épica de la Internacional yihadista que combate y muere de manera igualmente “heroica” en Yemen o en Pakistána la sombra de los drones americanos.

Y luego, está ese lenguaje tan devastador como las bombas...

Tras el atentado del 18 de julio que tuvo como objetivo las oficinas de la seguridad de Damasco, el periodista de Le Figaro Pierre Prier interrogó al bloguero asociado del periódico Le Monde, Ignace Leverrier, cuyo nombre verdadero es Wladimir Glassman, el famoso sionista tuerto que echa « una mirada (de tuerto) a Siria ».[8]

Los dos comparsas están de acuerdo al afirmar que el general Daoud Rajha, víctima del atentado era un “aval cristiano” y “un idiota útil” del régimen. Para el señor Leverrier/Glassman y para muchos otros observadores, el régimen sirio procede mediante cálculos étnicos para « corromper » a las minorías y volverlas responsables de su « política de terror ».

En cambio, no se les oirá utilizar los mismos términos insultantes hacia el kurdo Abdel Basset Sayda, quien no fue elegido a la cabeza del Consejo nacional sirio (CNS) sino para seducir a los kurdos sirios y para de esa forma dar un sello pluralista a una oposición dominada por los Hermanos musulmanes.

Sin embargo, Sayda, en adelante el gran amigo de Sarkozy, es el idiota útil por excelencia, un perfecto desconocido que una gran mayoría de kurdos sirios rechazan a la vez porque no tiene ningún pedigrí militante y porque reside
en una estructura próxima a los servicios secretos turcos.

Volvamos al campo de batalla de la guerra del lenguaje. Un imam suní apoyando al gobierno de Bachar El-Assad es un agente del régimen. Pero no se utilizará jamás esa palabra infamante a propósito de un imam de la oposición, inspirada por las prédicasanti chiíes y sometida al wahabismo.

Un gobierno enemigo siempre es calificado de “régimen”. Nunca se nos ocurriría la idea de hablar de “régimen” de Londres, de Paris, de Berlín o de Washington.

Un gobierno enemigo debe inspirar odio y desprecio de manera continua. Por eso, se le debe mostrar bajo su aspecto más repugnante.

Por consiguiente, Siria que es a la vez un Estado del Bienestar inspirado del modelo soviético en el que la política regula en gran parte la economía, en el que la masa de funcionarios es pletórica, en el que la enseñanza es gratuita y de calidad al igual que el sistema de salud, un Estado no endeudado en nuestras instancias económicas y por ello liberado de la dictadura financiera occidental, un Estado autosuficiente promotor de la soberanía alimentaria, un Estado tercermundista y pro palestino, un Estado laico y multi confesional, pero también un Estado policial donde la tortura y las ejecuciones sumarias son moneda corriente, esta Siria de múltiples facetas es reducida en nuestra prensa a su único perfil represivo. Los atributos del Estado sirio que le convierten en algo menos repulsivo serían, según nuestros ideólogos, lisa y llanamente fabricados, simulados, manipulados y falsificados.

Un gobierno enemigo es profundamente maquiavélico. Es la encarnación del Mal. Mata a sus enemigos pero también a sus propios amigos para acusar a sus enemigos. El asesinato del hijo del muftí pro-Bachar, ¡es Bachar! El atentado contra los generales de Bachar, ¡es Bachar! Los yihadistas anti-Bachar, ¡una obra de Bachar! Los estudiantes pro-Bachar asesinados en la universidad por anti-Bachar, ¡una jugadade Bachar! Las masacres de aldeanos, obreros, funcionarios, periodistas, profesores, cineastas, deportistas pro-Bachar, ¡un crimen de Bachar! Nuestros medios no retroceden ante ninguna teoría del complot a propósito del enemigo.

En las redacciones occidentales al igual que en la calle, aquel que no asocie los términos “cínico”, “brutal”, “totalitario”, “feroz”, “mafioso”, “sanguinario”, “odioso”, “bárbaro”, “sectario”, “corrompido”, “asesino”, etc. al Estado sirio, es sospechoso de simpatizar con el enemigo.

A menos que uno se llame Kofi Annan, defender la paz, la moderación, la reconciliación en Siria como lo hizo el difunto (primer) presidente argelino Ben Bella para poner fin a la guerra civil que desgarró a su país, se convierte en algo sospechoso. Maccarthysmo, el retorno.

Un gobierno enemigo esta “aislado” incluso si disfruta del apoyo de los BRICS (Brasil, Rusia, India, China, Sudáfrica), es decir de las naciones que contabilizan más del 40% de la población mundial. Añadan a esa dinámica los Estados-miembros del ALBA, Argelia, Irán o aún Bielorrusia y se acercarán a la mitad de la humanidad. Después de todo, son muchos amigos para un Estado puesto en cuarentena.

Un gobierno enemigo como el de Damasco tiene como único apoyo popular a una banda de “oportunistas”, de “clientes” y de “apparatchiks” [9] pero los opositores comprados a precio de oro en el mercado de Riad y Doha son, por supuesto, demócratas sinceros y desinteresados.

Respecto al pueblo, siempre según nuestros medios, es la oposición quien tendría su exclusividad. En cambio, el otro pueblo, el que rechaza participar en la anarquía, que muestra un apoyo total o condicional al gobierno, que encarna la mayoría silenciosa, ese pueblo, no existe. Como mucho, se le menciona vagamenteen algunos raros artículos de análisis.

En el caso de la guerra civil siria, la lista de palabras cuyo significado es desviado por la corriente de pensamiento dominante es larga, y el tema merecería que se le dedicase un diccionario.

Los pocos ejemplos citados en este texto muestran que en una guerra, el lenguaje no es neutro. Su opción está determinada por nuestras convicciones. Es la prolongación, el espejo de nuestras ideas, de nuestra sensibilidad. Los periodistas de guerra no contravienen las normas. Sus palabras, fuentes o interlocutores no se escogen al azar. Tener una ideología y hacer propaganda no es sorprendente en sí, cuando se tiene por misión interesar a un público sobre acontecimientos políticos que contienen una pesada carga emotiva. Son los intereses subyacentes los que deberían plantearnos una interrogación, e incitarnos a seguir vigilantes, sobre todo cuando el así llamado periodista disimula su propaganda bajo los atavíos de una moral superior pretendidamente universal.

Bahar Kimyongur es el autor del libro Syriana, la conquête continue

Fuente: michelcollon.info

Traducción : Collectif Investig'Action


Notas:
[1] Alain Jaulmes, Le Figaro, 31 julio 2012
[2] No siempre es fácil separar la política de la religión. Las corrientes ortodoxas como las heterodoxas acumulan a menudo una dimensión a la vez política y religiosa.
[3] France 24, 11 agosto 2011
[4] AFP, 6 agosto 2012
[5] Koen Vidal, De Morgen, 3 julio 2012
[6] Le Vif, 6 agosto 2012, Gokan Gunes, Syrie : qui sont ces djihadistes dont se sert Damas ?
[7] Mourir en Madrid est un famoso documental de Frédéric Rossif consagrado a la guerra civil española.
[8] Le Figaro, 19 julio 2012
[9] Le Soir, 30 enero 2012

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Niet Piet maar de Sint is het probleem

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Ex: http://visionairbelgie.wordpress.com/2013/10/24/piet/

Niet Piet maar de Sint is het probleem

Shepherd

Nog maar net is het stofwolkje rond mijn kritiek op het moraalridderdom van de humanitaire gemeenschap gaan liggen, of daar komt mevrouw Verene Shepherd met een heuse VN-delegatie naar Nederland (dus niet naar België of waar dan ook, maar het vrijdenkende Holland) om te onderzoeken of die Zwarte Piet wel geen vermomde Surinaamse slaaf zou kunnen zijn.

Ik kan haar bij voorbaat gerust stellen: neen, Piet is geen Creool uit de omstreken van Paramaribo, de Hollanders zullen op een andere manier met hun koloniaal verleden moeten klaarkomen.

Wel stuitend is deze nieuwe opstoot van mondiale political correctness en mensenrechterlijke haarklieverij. Niet dus tegenover het Indische kastensysteem dat nog steeds zeer verbreid is. Niet tegen de vaginale verminking wereldwijd of de kinderarbeid of de slavernij van vandaag, of de onthoofding van homo’s in

Saudi-Arabië, of het heksengeloof dat in Afrika nog altijd vrouwen en kinderen letterlijk de woestijn in drijft. Maar dus wel tegen de 6 december-folklore waar trouwens geen enkel kind nog in gelooft, al doen ze alsof om hun ouders een goed gevoel te geven.

Afbleekmiddel

Om die Hollandse pietenhysterie te duiden, ondertussen goed voor anderhalf miljoen FaceOdinbooklikes, is het goed om even de herkomst van de traditie op te frissen. En het gaat wel degelijk over kleuren. De Christelijke Klaasfiguur is gebaseerd op de legendes rond de semi-fictieve Nicolaas van Myra, een bisschop die in de 4de eeuw zou geleefd hebben, en vooral gereputeerd was als helper-in-nood voor onbemiddelde meisjes die in de prostitutie dreigen verzeild te geraken (belangrijk voor het vervolg van ons verhaal).

De Zwarte Piet is een ander verhaal, of toch weer niet. De andere, heidense Nicolaas, die men omwille van de zieltjeswinnerij vermengde met de Christelijke versie, is namelijk een gedaante van de Germaanse oppergod Wotan, een nachtridder die met zijn achtpotige Sleipnir vooral in de twaalf donkerste dagen van het jaar de buurt onveilig maakte en in ruil voor bescherming loon-in-natura eiste. Geen gever dus, maar een nemer.

Probleem voor de Christelijke iconologie: na de nuttige vermenging van de twee klazen moest dat zwart-maffieus tintje er wel terug uit, teneinde weer een proper, deugdelijk afkooksel te bekomen dat zonder problemen in de Biblioteca Sanctorum paste.

En zo ontstond het olijke duo van de bebaarde Goedheilige Man alias de gecastreerde Wotan, en zijn donkerhuidige dommekracht, in Vlaanderen nog steeds Nicodemus genoemd. In de Angelsaksische wereld heeft men alleen Santa Claus overgehouden en de Piet zedigheidshalve gedumpt. Maar het lijdt geen twijfel: Pieterman is een afsplitsel van Sinterklaas zelf, en herinnert aan de fratsen van de seksbeluste Wotanfiguur. Mevrouw Shepherd wil dus eigenlijk de geamputeerde penis (de roe) van de weldoener op sterk water. Gevaarlijk werk voor meisjes, me dunkt.

Kinderlokker en meisjesgek

Zo zijn we direct waar we moeten wezen: niet de zwartheid van Piet is het probleem, mKlaasaar wel de witter-dan-witheid van Klaas, wiens schijnvroomheid veel stof tot contestatie biedt, zonder dat men er het racisme hoeft bij te sleuren. Er zijn m.a.w. een boel redenen om dat Klaasgedoe eens door de mangel te draaien, zomaar, zonder tussenkomst van de Verenigde Naties.

Vooreerst is het stuitend dat dit icoon van de Christelijke caritas altijd al een conservatieve functie heeft gehad: hij moest de rijken aanzetten tot vrijgevigheid, in hun eigen belang, opdat de armen niet opstandig zouden worden. In de 19de eeuw zou die meritocratische achtergrond absoluut primeren: wie rijk is, heeft dat ook verdiend, en wie arm is al evenzeer. De schoentjes van de deugdzamen worden het best gevuld, omdat ze hun mérites voor deze maatschappij bewezen hebben. De anderen moeten maar wat harder werken, eventueel aangespoord door de roe.

Vandaag stoort mij vooral de permanente ongelijkheid in het Sinterklaasverhaal, de afzichtelijke commercialisering van het ritueel, en het feit dat de vrijgevigheid van de Sint, als PR-man van de speelgoedindustrie, vooral met de draagkracht van de ouderlijke beurs is verbonden. Er zij dus kinderen die gewoon niks krijgen, nada, noppes, met de impliciete motivatie dat het met hun slecht gedrag te maken heeft. Ze zijn zwart, gebrandmerkt, veel meer dan de geschminkte Piet.

Terecht geven kinderen bij dit vertoon hun eigen onschuld maar wat graag op. Het zijn uiteindelijk zij die de Sint wandelen moeten sturen, als een verhaal vol ranzige kantjes.

In een bredere context is de link tussen braafheid en giften krijgen ronduit ranzig. Het creëert afhankelijkheid én onderdanigheid. Het maakt van de Sint een usurpator en kinderlokker, wat hij eigenlijk altijd al was. Zijn voorkeur voor jonge meisjes –liefst arm, die zijn gewilliger- is een rode draad in alle Sintlegendes, ook de Christelijke. Zijn Piet hangt er niet zo maar bij, maar is een wezenlijk onderdeel van een seksuele toeëigening die als dusdanig niet herkend wordt, juist door de tweeledigheid, de scheiding tussen wit en zwart.

Dat Pietencirkus dient dus vooral om de aandacht van de handen van de goedgeilige man zelf af te leiden. Men kan er nochtans moeilijk naast kijken, als buitenstaander. Altijd weer die kindjes op schoot, hun gekrijs omdat ze voelen dat er iets niet klopt, de witte handschoenen, het gefriemel en gefezel in het rode pluche, het grote zondenboek, de geënsceneerde aankomst per boot, het debiel-vrolijke geneuzel van Bart Peeters er rond (“Piet is zwart vanwege de schoorsteen”), de verhullende witte baard waarboven toch de uitpuilende ogen hangen van Jan Decleir, de belachelijke leugens en het gemonkel van de volwassenen,- heel dat ziekelijk vertoon is een beschaving onwaardig.

Terecht geven kinderen bij dit vertoon hun eigen onschuld maar wat graag op. Het zijn uiteindelijk zij die de Sint wandelen moeten sturen. De twaalfjarige Mozart voerde de dubieuze weldoener al ten tonele in zijn opera “Bastien und Bastienne”, gebaseerd op J.J. Rousseau’s “Le devin du village”, waar hij als Colas het herderinnetje Bastienne belooft om te bemiddelen in een ruzie met haar vriendje, maar eigenlijk zichzelf opdringt als meester en inwijder.

Sint-killer

Terug naar de negritude. Op 30 juni 1960 hield Patrice Lumumba, de eerste premier van hlumumba_speechet onafhankelijke Congo, een vlijmscherpe, niet-aangekondigde speech tegen de wandaden van de Belgische weldoener en kolonisator. Koning Boudewijn zat op de eerst rij en keerde in koude razernij huiswaarts. Het heeft toen niet veel gescheeld of Zwarte Piet werd verboden in het Koninkrijk België. Gelukkig spaarde onze diepbetreurde vorst zijn roe en gaf de opdracht om Lumumba zelf te liquideren, letterlijk: hij werd geëxecuteerd en zijn lijk opgelost in zwavelzuur. De weg voor de corrupte Joseph Mobutu lag open. De rol van de CIA, de Britse geheime dienst én het Belgische hof is in deze ondertussen historisch uitgeklaard, België bood in 2002 zelfs excuses aan. Case closed… of toch niet?

De reden waarom wij in Vlaanderen geen zin hebben om Piet te bannen, is nu net zijn subversieve betekenis. Nog altijd is een zwarte bij ons niet alleen een neger, maar het wijst tegelijk op een politiek-foute paria, iemand die men geen hand geeft zonder de handen nadien te wassen. Meteen blijkt, hoe die mevrouw Shepherd eigenlijk het omgekeerde doet van wat ze voorwendt: ze elimineert de zwarte, waarna de witte als Santa Claus het rijk voor zich alleen heeft. Vreemd geval van zelfhaat.

De reden waarom wij in Vlaanderen geen zin hebben om Piet te bannen, is nu net de dreiging die hij uitstraalt tegenover de witte weldoener.

Want in hun coëxistentie zit net de mogelijkheid van een omslag. Op elk moment kan de knecht de meester van het dak gooien of in de haard verbranden, dat gevaar is inherent aan hun relatie. Het is voor mij ook het enige motief om de doodsstrijd van Nicolaas te rekken en te wachten tot hét gebeurt: het exploot van de Sint-killer. Wat Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) al omschreef als de meester-knecht-dialectiek, nl. het feit dat gezagsrelaties altijd labiel zijn omdat de meerdere de mindere nodig heeft om zijn macht te bevestigen, bevat de dreiging van een grote vadermoord. Nicodemus alias Lumumba zal dan, zelfs als hij daarvoor achteraf wordt terecht gesteld, blijven spoken in de speelgoedwinkel en de dromen van de machthebbers teisteren.

Zwarte poes

Laten we voor de rest niet vergeten dat dit een verschrikkelijke mannenzaak is, van in de oorsprong. Na de moord op Klaas lijkt me een nieuw element van verering op zijn plaats, als we in deze donkere tijden toch moeten wegdromen: geen Zwarte Piet maar Zwarte Poes, het vrouwelijk geslacht dat als een origine du monde geeft zonder te nemen, zonder voorwaarden te stellen, zonder gehoorzaamheid te eisen, genereus en absoluut. Geen pietenschmink maar echte, diepe negritude met een matriarchale inslag. Verene Shepherd zou er best voor kunnen doorgaan, als ze toch maar die bedillerige en rancuneuze zwavelzuurtoon achterwege kon laten die ze, dat weet ik heel zeker, in het blanke maatpakkenuniversum heeft opgelopen.

vendredi, 25 octobre 2013

Le Grand Marché Transatlantique contre notre liberté

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Le Grand Marché Transatlantique contre notre liberté

par Claude BOURRINET

 

La « crise » précipite les choses, aux deux sens du verbe : accélère leur cours, et les révèle, comme dans un tube à essai où se mélangent divers liquides. Ce qui semblait presque une vue de l’esprit il y a quelques lustres, et augures improbables dignes de Cassandre, devient redoutablement concret. Il fallait le temps que certains nœuds se défassent, que des résistances faiblissent, qu’une génération disparaisse. Les esprits n’étaient pas encore mûrs, expliquent les progressistes. Les temps sont désormais consommés, et la parousie est imminente.

 

La ruine et le terrorisme, les chantages à la guerre et à la misère, l’invocation de la nécessité du marché, comme jadis on expliquait les hécatombes humaines par les dieux ou le destin, pèsent comme un couvercle sur l’esprit des peuples. Les fieffés coquins nous mènent savent par le bout du nez, les partis 1 et 2, en maestros du mensonge, de la perfidie et du mépris, en tricheurs maniant avec dextérité leurs cartes, embobinent les masses, et les mènent à leur perte.

 

Après le putsch budgétaire européen de l’an dernier, et le basculement vers le fédéralisme ultralibéral, c’est la fusion des parties occidentales et orientales de l’Atlantique Nord qui est projetée. L’absorption de l’Europe par les États-Unis est proche, elle est pour demain, pour 2014 ou 2015. Les échéances sont fixées : dans deux ans, nous auront achevé notre temps, notre destin, notre existence, et nous n’aurons plus aucun pouvoir sur notre avenir.

 

Comme toujours, l’Union européenne et les États-Unis ont manigancé leur coup par-dessus les peuples. Sans qu’ils en aient été avisés, et qu’on leur ait donné la parole, on leur annoncera bientôt une libéralisation quasi totale des échanges commerciaux et financiers, et une harmonisation complète des politiques judiciaires et sécuritaires. On agitera comme il faut la presse propagandiste, on ne prendra pas le risque du référendum, les parlements voteront comme un seul traître, et l’affaire sera pliée.

 

Le coup est pourtant préparé de longue date. Mais en catimini. En 2004, en effet, le P.D.G. d’Unilever, président européen du Transatlantic Business Dialogue (T.A.B.D.) et son homologue américain, P.D.G. d’U.P.S., rencontraient à Dublin les présidents Bush, Prodi et le Premier ministre irlandais dont le pays assumait la présidence tournante de l’Union européenne. Il fut question de lever les « obstacles à l’intégration » dans le domaine du commerce, des investissements et de la réglementation.

 

Dans un autre domaine, la bonne volonté collaboratrice des bureaucrates de Bruxelles avait été jusqu’à échanger avec les services américains de sécurité les données sur les passagers empruntant les lignes transatlantiques. Sans réciprocité, bien sûr.

 

Le projet bloquait néanmoins, notamment au niveau des biotechnologies, des problèmes environnementaux et de ceux liés à la consommation, les normes américaines de protection et de qualité étant, comme l’on sait, très laxistes (commerce et lobbies obligent). La pression des associations et des protestataires alternatifs ont sans doute eu quelque effet sur l’opinion. Les résurgences d’une guerre commerciale plus ou moins ouverte avec les U.S.A., notamment au sujet de l’acier, mettaient aussi un frein au projet.

 

Mais les commissaires mondialistes Erkki Liikanen et Pascal Lamy veillaient, aidés efficacement par Elmar Brok, député européen chrétien démocrate allemand qui présidait la Commission des Affaires étrangères du Parlement. Tout ce beau monde agit par le truchement plus ou moins occulte, mais bien pourvu financièrement, du Réseau politique transatlantique (T.P.N.), un « groupe de réflexion » qui rassemblait en 2004 plus de quatre-vingt parlementaires européens et environ quarante-cinq membres du Congrès ainsi que trente-cinq entreprises géantes dont A.B.B., Daimler Chrysler, B.P., Nestlé, U.P.S., I.B.M., Boeing, Microsoft, Philips et Unilever.

 

À son tour, le mai 2008, le Parlement européen a prévu pour 2015 la création d’un grand marché transatlantique, avec , de facto, dans la plupart des secteurs, l’application du droit états-unien.

 

L’objectif est bien sûr économique, et obéit à la pensée unique ultralibérale qui domine actuellement, aux dépens des peuples. Mais il est évident que l’idéologie atlantiste des responsables politiques européens y trouve sa place, l’Union européenne s’étant systématiquement alignée sur la ligne de la diplomatie étrangère américaine, en l’appuyant et en participant, via l’O.T.A.N., à ses aventures guerrières.

 

L’intégration de la France au commandement intégré de l’Organisation de l’Atlantique Nord a fait sauter tous les obstacles. Le prestige français, animé par l’esprit d’indépendance gaullien, n’est plus qu’un souvenir. Pour paraphraser Tacite, comme le Sénat romain, l’élite de notre pays, comme du reste l’oligarchie de l’Europe occidentale, suivie par la partie abusée du peuple, se rue vers la servitude.

 

À terme, c’est une plus grande symbiose entre les politiques et les législations américaines et européennes qui va être à l’œuvre. Mais l’on ne voit pas pourquoi et comment l’hyper-puissance yankee n’imposerait pas ses normes et ses usages, dans la « protection » de l’environnement et des consommateurs, dans le domaine de la santé, au sujet du problème très sensible des O.G.M., , de la législation sur les produits chimiques. Tout cela se traduira inévitablement par une régression, à la grande satisfaction de ceux qui tentent, avec une obstination remarquable, de déréguler tous ces secteurs, sans trop de succès jusqu’à maintenant. Il est assuré que le Traité transatlantique va leur donner le sésame pour ouvrir toutes les portes, d’autant plus que ces combinaisons sont ficelées sans contrôle démocratique.

 

Ce traité achève donc la perte de la souveraineté de l’Europe, qui, pour autant, n’en a eu que dans l’étroite marge que lui laissait la puissance américaine. Celle des vingt-sept nations européennes a pris fin l’an dernier, par le Traité d’équilibre budgétaire européen. Or, les lois qui régissent les relations internationales sont comme celles de la nature, nonobstant l’inévitable hypocrisie inhérente à l’espèce humaine. Le plus fort impose sa volonté, que l’on essaiera d’incarner, par exemple, par l’usage obligatoire de l’anglais comme langue maternelle.

 

Parallèlement, la création d’un espace commun de contrôle des populations, d’une aire de coopération transatlantique en matière de « liberté de sécurité et de justice » est prévue d’ici 2014, surtout au profit de l’ultra-sécuritaire État américain, obsédé par le terrorisme et encouragé par le Military Commissions Act de 2006, qui permet de poursuivre toute personne quelle qu’elle soit, y compris non américaine, considérée comme ennemi, « combattant illégal ».

 

L’étape suivante sera la réalisation d’un pouvoir exécutif, qui sera institué dans les dix ans, et qui usera comme il l’entend de la force judiciaire, policière et militaire. Les peuples devront se plier. Et comme le processus de domestication ne s’effectuera pas sans réactions, il est probable que des révoltes auront lieu, sans doute violentes, avec des réponses répressives adéquates. Une ère de dictature s’annonce.

 

Nous sommes, nous, Français, Européens, à un tournant de notre histoire. Sera-t-il dit que nous ne savions pas, et que, quand il sera trop tard, nous n’ayons d’autre choix qu’entre la servitude et la mort ?

 

Claude Bourrinet

 

• D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 2 février 2013.

 


 

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Conversations with History: Robert Fisk

Conversations with History: Robert Fisk

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Conseil de l’Europe et circoncision

Conseil de l’Europe et circoncision : l’incroyable affaire
par Guillaume Faye

http://www.gfaye.com

Le Conseil de l’Europe a publié une résolution condamnant la circoncision sur les jeunes enfants mâles – comme mutilation sexuelle. Cette pratique est fondamentale dans la religion juive et constitue même un élément central de son identité. Immédiatement, le Congrès Juif Mondial (World Jewish Congress) épaulé par le CRIF et le Congrès Juif européen ont publié dans les médias des communiqués (1) pour dire qu’ils étaient « profondément choqués par la résolution du Conseil de l’Europe  condamnant la pratique de la circoncision sur de jeunes enfants ».

Curieusement, les musulmans ne sont pas (pour l’instant) montés au créneau, eux qui pratiquent aussi la circoncision, mais plus tard. Mais il est vrai que les musulmans pratiquent la stratégie de la ruse.

L’argumentaire du WJC tient en plusieurs points : 1) la circoncision n’est pas médicalement une mutilation mais peut protéger de certaines pathologies. 2) Il n’est pas sérieux d’assimiler circoncision et excision (pour les filles) qui, elle, est une véritable mutilation sexuelle. 3) Beaucoup de chrétiens américains pratiquent la circoncision (2). Enfin, le WJC indique dans son communiqué : « prétendre même que le choix de la religion devrait être fait à la majorité [ à 18 ans] c’est nier le rôle incontournable des parents dans l’éducation des enfants ». Il s’agit donc ici d’un choix traditionnaliste, opposé à la mentalité ”moderne”. Pourtant le WJC. affirme aussi : « le respect de la liberté religieuse de chacun impose que cette résolution ne soit pas mise en œuvre et que chacun se mobilise pour défendre la liberté de conscience que cette résolution met dangereusement en cause ».

Il y a là une évidente contradiction : d’une part, un nouveau-né ne peut pas avoir de ”liberté de conscience”, contrairement à  l’argument faible du WJC. D’autre part, on ne peut pas obliger, sérieusement, une religion à attendre l’âge de la majorité pour proposer, rationnellement, à ses adeptes, le suivi de ses rituels. Et là, le Conseil de l’Europe est dans le délire.   

**************

Cette polémique est révélatrice de notre époque de confusion complète, où une modernité essoufflée se heurte au retour des traditions archaïques.  Le Conseil de l’Europe a-t-il eu conscience que sa résolution (qui n’a aucune chance d’aboutir à quoi ce soit) pouvait être interprétée comme subrepticement antisémite, plus exactement antijuive ? Impossible de répondre à cette question. D’après plusieurs réactions, cette résolution du Conseil de l’Europe, assez incroyable à vrai dire, serait le résultat d’un lobbying antijuif puissant et subtil. Une nouveauté. (3)

Pour protester contre cette résolution anti-circoncision, le WJC termine ainsi dans son communiqué :  «  au moment où le monde fait face à tant de menaces, tant de guerres civiles, où les morts se comptent par centaines de milliers, le combat initié par le Conseil de l’Europe paraît bien dérisoire ». Effectivement, le Conseil de l’Europe, défenseur des « droits de l’Homme », est bien muet sur les persécutions des chrétiens au Moyen-Orient. Muet aussi sur l’immigration incontrôlée, sur les excisions des filles africaines en Europe, sur la persistance de l’esclavage, sur les ravages de la polygamie, sur l’explosion de la criminalité, etc.

La circoncision des nouveaux-nés juifs : pour quelle mystérieuse raison le Conseil de l’Europe a-t-il perdu son temps (qui coûte cher au contribuable) à se pencher sur ce faux problème qui, pour l’immense majorité des Européens, est dépourvu de la moindre signification ?

NOTES

(1)Cf. « Non à la remise en cause de la circoncision », communiqué en pleine page dans plusieurs quotidiens et journaux européens et sur le Net . Interventions de Roger Cukierman, (président du CRIF), Ronald Lauder (président du WJC) et Moshé Kantor (président du Congrès Juif européen).

(2) Beaucoup d’Américains protestants (pas catholiques) pratiquent la circoncision par tradition biblique, avec des arguments hygiénistes. Ça ne dérange personne. 

(3) Une nouveauté d’autant plus étonnante que les attaques contre la circoncision des nouveaux-nés ont toujours été un axe critique de l’antijudaïsme. Les membres du Conseil de l’Europe  l’ignoraient-ils ?        

Eurasian Union: Substance and the Subtext

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Eurasian Union: Substance and the Subtext


Ph.D., Professor of the School of International Studies, Jawaharlal Nehru University, New Delhi, India.
 
Ex: http://www.geopolitica.ru
 

The Eurasian Union has come to the present stage in its evolution within a remarkably compressed time-frame. Although the idea was first mooted by the Kazakh president Nursultan Nazarbaev in 1994, it hibernated for long years.[1] It was only in late 2011 that Vladimir Putin revived the idea; visualised it as one of the major centres of economic power alongside the EU, the US, China and APEC; and initiated the process of its implementation. In November 2011, the presidents of Russia, Kazakhstan and Belarus signed an agreement to establish the Eurasian Economic Space (EES) that would graduate towards the Eurasian Union. The EES came into existence on 1 January 2012. The paper proposes to examine the origin of the idea and assess its implementation todate with an analysis of the substance and subtext of the organization.

Eurasian Union: The Origins

On 3 October 2011, Vladimir Putin published a signed article in the daily newspaper Izvestia titled “New Integration Project in Eurasia: Making the Future Today.” Putin was the Russian Prime Minister at that time and set to take over the Russian Presidency. The article can thus be interpreted as the assignment he set for himself in his second tenure. On the ground, the “Treaty on the Creation of a Union State of Russia and Belarus” already existed. The Treaty envisaged a federation between the two countries with a common constitution, flag, national anthem, citizenship, currency, president, parliament and army. On 26 January 2000, the Treaty came into effect after the due ratifications by the Russian Duma and the Belarus Assembly. It provided for political union of the two, creating a single political entity. Whether the Treaty laid down a proto Eurasian Union remains to be seen.

The European Union (EU) announcement in 2008 of its Eastern Partnership Programme (EPP) may also have inspired the Russian drive towards reintegration of the Eurasian space. The EPP was initiated to improve political and economic relations between the EU and six "strategic" post-Soviet states -- Armenia, Azerbaijan, Belarus, Georgia, Moldova and Ukraine -- in the core areas of democracy, the rule of law, human rights, the promotion of a market economy, and sustainable development.[2]  There was much debate over whether to include Belarus, whose authoritarian dictatorship disqualified it. The eventual invitation to Belarus was the concern over an excessive Russian influence in that country.

The US plan to deploy the NATO missile defence system in Poland and Czech Republic was already a source of concern for the Russians. China was emerging as a serious player in the region through its heavy investments in energy and infrastructure. The Russian determination to keep the post-Soviet states away from the US, the EU and China made the Eurasian project a priority in its foreign policy. The Treaty between Russia and Belarus intended to keep the latter into the Russian fold.[3]

 Eurasianism: The Idea

Eurasianism as an idea predates the Soviet Union. The Russian identity has been contested by the Occidentalists, the Slavophils and the Eurasianists. The latter claim Russia as the core of the Eurasian civilization. Today, the former Soviet states accept the Russian centrality but not the core-periphery division bet Russia and the rest.

Within Russia itself, the Eurasianists always considered the Soviet Union to be a Greater Russia. With the collapse of the Soviet Union, the Eurasian political project is to reunite the Russians from the former Soviet territories and ultimately to establish a Russian state for all the Russians. Aleksander Dugin is an ideologue and activist for neo-Eurasianism in Russia. His political activities are directed at restoring the Soviet space and unification of the Russian-speaking people. The South Ossetian President Eduard Kokoity is a sworn Eurasianist himself and eager to make his country a part of Russia.

Organization and Accomplishments

The Eurasian Economic Commission (EEC), the governing body of the EES is set up in Moscow for the time being. Kazakhstan has already staked its claim to host its permanent headquarters. The formula under which the 350-member body would be filled allots Russians 84 percent of staff, the Kazakhs 10 percent and the Belarusians a mere 6 percent. The formula has been worked out on the basis of the population in the three countries. The expenses towards accommodation and infrastructure would be borne by Russia.

The EEC will be eligible to make decisions with regard to customs policies, as also the issues relating to macroeconomics, regulation of economic competition, energy policy, and financial policy. The Commission will also be involved in government procurement and labour migration control.[4] The right of the EEC to sign contracts on behalf of all of them is contested.

The Supreme Eurasian Union Council will be the apex body of the group. The vice- premiers of the three countries would be leading their countries’ delegations in this body. There are differing opinions on the powers of its apex body.

Eurasian Union is an economic grouping. Its objective is to expand markets and rebuild some of the manufacturing chains destroyed by the collapse of the Soviet Union. The Customs Union of Russia, Kazakhstan and Belarus had set the process toward this goal and the Eurasian Union is a continuation of the same process.[5]

The EEC has made some progress, in the meantime. It has simplified the trade rules, eliminated border customs and facilitated free movement of goods, services and capital. It has also encouraged migration of labour among its signatories. The trade among the three is estimated to have gone up by forty percent last year alone. Russia has benefitted from cheaper products and labour force from the rest of the two and several hundred Russian enterprises have re-registered in Kazakhstan to avail cheaper tax rates. Kazakhs and Belarusians have found a large market for their products in Russia.

Major hurdles still remain. A common currency has not been agreed to. The pace of economic integration is yet another point of debate among the three. Belarus would not be comfortable with market integration, which would require economic reforms. Eventually, the economic reforms could lead to political reforms and even changes in political system. Belarus is least prepared for such an eventuality.

Russia, Belarus and Kazakhstan         

Within Russia, the Eurasianism still holds an appeal; and not just among the marginal groups. The Eurasian Union is perceived as an expression of Eurasianism that would lead to the state of Russia for all Russians. There are calls to invite countries like Bulgaria, Czech Republic, Hungary, Finland and even China and Mongolia to join the Eurasian Union. At the leadership level, Putin may also prefer ruling over an expanded space encompassing the entire or most of the former Soviet territory.

The Russian raison d’état for the Eurasian Union cannot be traced to such feelings alone. The missionary zeal to reach out to the neighbours involves subsidizing them. As a general rule, economic integration must necessarily involve mutual benefits for all the parties - even when the benefits are not in equal measure. An economic arrangement does not only eliminate tariffs and other restrictive trade barriers among the signatories, it also formulates and implements tariffs and trade barriers against the non-signatories. Facilitating trade among themselves and restricting trade with the outsiders is the dual track of any economic group. 

As regional integration proceeds in much of the world (not just through the EU but also via NAFTA, ASEAN and Washington’s proposed Trans-Pacific Partnership, among others), the post-Soviet space remains largely on the sidelines. A lack of horizontal trading links and isolation from global markets contribute to the region’s persistent underdevelopment. By reorienting members’ economies to focus on the post-Soviet space, a Eurasian Union would create new barriers between member states and the outside world.[6] Russia is particularly worried about the Chinese forays into its neighbourhood. And the EU Eastern Partnership Programme threatens to encroach into the space that Moscow considers its own sphere of influence.

A second powerful reason for Russia to reach out to its neighbours is that the neighbours are steadily making Russia their home. The influx of migrants from the former Soviet territories has generated a lot of resentment and will soon become a serious political issue. In the circumstances, helping to improve the economic situation beyond the Russian borders and assimilate the new arrivals in a common citizenship is being considered. The then president Dmitry Medvedev explicitly linked the issue of immigrants to the expansion of the state borders. He spoke of the time when the giant state had to comprise different nationalities that created “Soviet People”. "We should not be shy when bringing back the ideas of ethnic unity. Yes, we are all different but we have common values and a desire to live in a single big state," he said.[7]

Russia is not single-mindedly committed to the Eurasian Union. It has initiated and nurtured several other multi-lateral organizations and become a member of scores of others initiated by others. The Collective Security Treaty Organization (CSTO) consisting of Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Russia, Tajikistan and Uzbekistan[8] is one such. So is the Commonwealth of Independent States comprising most of the post-Soviet countries. It is a member of the Shanghai Cooperation Organization that is clearly a China-led group. The Quadrilateral Forum comprising Russia, Tajikistan, Afghanistan and Pakistan is a Russian project.

It has not shied away from making deals with the EU, either. In 2003, it entered into an agreement with the EU to create four common spaces: 1. of freedom, security and justice; 2. cooperation in the field of external security; 3. economy; and 4. research, education and cultural exchange. Since the formalisation of the Customs Union, Putin has insisted that the EU formalise its relations with the Customs Union before a new basic treaty between the EU and Russia could be formalised. At the EU-Russia Summit in June 2012, he also sought the EU support for the Kazakh and Belarusian bids to join the WTO.[9]

Kazakhstan has formulated and pursued a “multivector” foreign policy since independence. It seeks good relations with its two large neighbours as also with the West. Its operational idiom, therefore, is “diversify, diversify and diversify”.

Its relations with the US are centred on counter-terrorism. In Central Asia, it is now the most favoured US partner in the war on terror. It has welcomed the US-sponsored New Silk Road. The Aktau Sea port is expected to emerge as the capital city on this cross-Caspian Road as the central point for transportation, regional educational cooperation and tourism. The Transportation and Logistics Centre is being developed in the city. Aktau hopes to play a role within the New Silk Road that Samarkand played in the Old Silk Road.[10]

Its relations with Europe are as good. Its bilateral cooperation with the EU dates back to 1999, when it entered into the Partnership and Cooperation Agreement with it. The European Commission has agreed to support its application for membership of the WTO. On 1 January 2010, Kazakhstan became the first post-Soviet state to assume the chairmanship of the 56-member Vienna-based Organization for Security and Cooperation in Europe. Its trade with the EU accounts for as much as the trade of all the Central Asian countries put together. France has a trade agreement with it that is worth $2 billion under which France would help build a space station and cooperate on nuclear development.

It is its close ties – in fact, too close ties – with China that explains its active membership of the Eurasian Union. China’s presence in the country is pervasive. In 2005, the Asatu-Alashanku oil pipeline between the two countries went into use. The second stage of the same from Kenkyiak to Kumkol is already in works. A gas pipeline is being discussed. In the same year, China bought Petrokazakhstan that was the former Soviet Union’s largest independent oil company. At $4.18 billion, it was the largest foreign purchase ever by a Chinese company. In 2009, it gained a stake in the MangistauMunaiGas, a subsidiary of the KazMunaiGas, which is the Kazakh national upstream and downstream operator representing the interests of the state in the petroleum sector. Even as economic ties get stronger, there could be a point of friction between the two regarding the Uighur-based East Turkestan Islamic Movement in the Xinjiang province of China. There are 180,000 Kazakhs of Uighur descent, which is a source of discomfort to China.

Belarus is a landlocked country and dependent on Russia for import of raw materials and export to the foreign markets. Its dependence on Russia is aggravated by the fact that the US has passed the “Belarus Democracy Act”, which authorizes funding for pro-democracy Belarusian NGOs and prevents loans to the government. The EU has imposed a visa ban on its president Alexander Lukashenko. Even as the Belarus’s dependence on Russia is overwhelming, their bilateral relations have gone through severe frictions. In 2004, there was a gas dispute as Russia stopped the gas supply for six months before a compromise on the price was worked out.

In 2009, the two fought what has come to be called “milk wars”. Moscow banned import of Belarusian dairy products, claiming that they did not meet Russian packaging standards, a non-tariff measure allowed under the common customs code. The disagreement cost Belarus approximately $1 billion. The real problem was that Belarusian farmers were heavily subsidized, meaning that the cost of milk production in Belarus was substantially lower than that in Russia. As a result, Russian dairy producers were on the verge of bankruptcy and looked to their government for support. In response to Russian action, Belarus introduced a ban on the purchase of Russian agricultural machinery, accusing Russia of not providing leasing for Belarusian tractors (a major source of income for Belarus).[11]

Destination Ukraine?

Ukraine is the raison d’être for the entire Eurasian project, according to many. “Once past the verbal hype, it becomes clear that in fact it [Eurasian Union] has nothing to do with Eurasia and has everything to do with a single country, which, incidentally, is situated in Europe of all places: Ukraine,” according to an analyst.[12] Its key task is to draw Kiev into the integration project.

The primary reason for Russian stake in Ukraine is the Ukraine-Russia-Turkmen gas pipeline. Till the break-up of the Soviet Union, it was a domestic grid. Today, the gas trade between Turkmenistan, Russia and Ukraine is not just a commercial proposition, but an illustration of triangular dependencies of the three countries. The key issues in terms of transit are that all Turkmenistan’s gas exports outside Central Asia pass through Russia, which puts the latter in complete control of around three-quarters of Turkmenistan’s exports. Russia’s position vis-à-vis Ukraine is extremely vulnerable in that more than ninety percent of its gas exports to Europe pass through that country.

Thus, Ukraine is the transit point as well as the choke point of the Turkmen and Russian exports. It has also been a leaking point of the deliveries. In early 1990s, there were serious disruptions as Ukraine pilfered the gas for its own domestic use. Since then the gas deliveries have become an important issue in the political and security relationship between Russia and Ukraine, having featured in the package of agreements which have included issues such as the future of the Black Sea Fleet and Ukrainian nuclear weapons. There was a serious stand-off between the two in 2009, when the Russians cut off natural gas supplies to Ukraine over price dispute. A compromise was reached only after Ukraine agreed to pay more for the gas that was, till then, subsidised.[13]

The second most important Russian stake in Ukraine is that Ukraine’s Crimea peninsula hosts a Russian navy base whose lease term was extended for twenty-five years in 2010 by a special agreement between Presidents Dmitry Medvedev and Viktor Yanukovych, despite an unresolved gas dispute. This facility provides Moscow with strategic military capabilities in an area that Russia once considered crucial for the security of its southwestern borders and its geopolitical influence near the “warm seas.”[14] In return for the extension of the lease, Russia agreed to a thirty percent drop in the price of natural gas it sold to Ukraine.

A third reason for Russian interest in Ukraine could be that the latter represents a promising market of 45 million potential consumers, in the context where Russia seeks to diversify its own economy and export destinations.

Russian diplomacy to retain control over Ukraine and the US diplomacy to extend its control over the same have repeatedly to come to a clash. Till recently, Ukraine was pointedly excluded from both the EU and the NATO expansions[15]; as also from the list of possible invitees. Since the “Orange Revolution”, the situation has radically changed. How the energy pipeline politics plays out in the changed circumstances remains to be seen.

For its part, Ukraine has not closed its options between the EU and the Eurasian Union. Its prime minister Mykola Azarov, speaking at a meeting to discuss “Ukraine at the Crossroads: The EU and/or the Eurasian Union: Benefits and Challenges” said, “Ukraine has never contrasted one economic organization with the other and we cannot do that from many points of view. We are in ‘between’ and we must have friends both here and there.”[16]

Conclusions

There is no Eurasian Union todate. And yet, it has been the subject of intense scholarly scrutiny as also of prescriptive analysis. Its future membership, the direction of its evolution and the gamut of its activities must remain speculative in the meanwhile.

In lieu of the final conclusions, some tentative recapitulation of the above is in order. The Russians aim to retain the former Soviet space within their own sphere of influence, seeking to diminish the US, Chinese and the EU presence out of it to the extent possible. The Kazakhs are keeping all their options open: seeking a central role in the US-sponsored war on terror and the New Silk Road, permitting pervasive Chinese presence in their economy, promoting bilateral and institutional ties with the EU, and becoming a member of the Eurasian Union. “Diversify” is the name of the Kazakh game. Belarus is landlocked and dependent on Russia for its trade exports and imports, and the Belarus president is persona non grata in much of the West. Under the circumstances, the Eurasian Union is a solution to much of its problems.

Ukraine has signed a Memorandum of Understanding on trade cooperation with Eurasian Economic Commission. Much will depend on whether and when Ukraine decides to join the Eurasian Union.

Published in Journal of Eurasian Affairs


[1] The Kazakh people like to point out that Kazakhstan’s president Nursultan Nazabaev was the first leader to propose the Eurasian Union in 1994. Chinara Esengul, “Regional Cooperation”, March 27, 2012. http://www.asiapathways-adbi.org/2012/03/does-the-eurasian-union-have-a-future/

[2] Kambiz Behi and Daniel Wagner, “Russia’s Growing Economic Influence in Europe and beyond”,  23 July 2012. 

http://www.huffingtonpost.com/kambiz-behi/russias-growing-economic-influence_b_1696304.html

[3]  On 30 September 2011, Belarus withdrew from the EU initiative citing discrimination and substitution of the founding principles. Three days thereafter, it refuted its decision to withdraw. The EU-Russia competition was obviously at work in quick turnarounds in Belarusian position.

[4] Retrieved from news.mail.ru and kremlin.ru in Russian. Quoted in Wikipedia, “Eurasian Union”.

[5] The Customs Union came into existence on 1 January 2010. Removing the customs barriers among them, the countries took the first step towards economic integration.

[6]Jeffrey Mankoff, “What a Eurasian Union Means for Washington”, National Interest  http://nationalinterest.org/commentary/what-eurasian-union-means-washington-6821

[7] Gleb Bryanski, “Putin, Medvedev Praise Values of the Soviet Union”, Reuters, 17 November 2011,  http://in.reuters.com/article/2011/11/17/idINIndia-60590820111117   

[8] In June 2012, Uzbekistan decided to suspend its membership of the CSTO.

[9] http://www.euractiv.com/europes-east/putin-promotes-eurasian-union-eu-news-513123 “Putin Promotes Eurasian Union at the EU Summit”, 5 June 2012

[11] Behi and Wagner, n. 2

[12] Fyodor Lukyanov, gazeta.ru. 17 September 2012. Quoted in http://www.telegraph.co.uk/sponsored/russianow/opinion/9548428/eurasian-union-explanation.html   

[13] The Ukrainian prime minister at that time, Yulia Tomashenko, has since been sentenced to seven years in prison for abusing the authority and signing the deal.

[14]  Georgiy Voloshin, “Russia’s Eurasian Union: A Bid for Hegemony?”, http://www.geopoliticalmonitor.com/russias-eurasian-union-a-bid-for-hegemony-4730

[15] Putin was reported to have declared at the NATO-Russian Summit in 2008 that if Ukraine were to join the NATO, he would consider annexing the Eastern Ukraine and Crimea in retaliation.

 

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jeudi, 24 octobre 2013

L'échec de la transition énergétique

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L'EUROPE RETIRE LA PRISE DE SON FUTUR VERT
 
L'échec de la transition énergétique

Benny Peiser*
Ex: http://metamag.fr
 
Tandis que les uns après les autres chaque pays abandonne, restreint ou renonce à ses généreuses subventions aux énergies renouvelables, l'Europe commence à se rendre compte que sa stratégie sur les énergies vertes est sur le point d'échouer. Les rêves verts cèdent la place aux dures réalités économiques.

Lentement mais progressivement, l'Europe prend conscience qu'elle fait face à une crise de l'énergie verte et à une débâcle économique et politique qu'elle s'est totalement infligée.

Les médias traditionnels, qui habituellement encouragent les énergies renouvelables avec enthousiasme, commencent à dégriser. De plus en plus de fissures commencent à apparaître. De nombreux journaux reviennent à leur rôle de quatrième pouvoir en exposant les pièges du pari de l'Europe sur l'énergie verte et ouvrent leurs pages à des analyses approfondies et aux débats. Aujourd'hui, les médias européens sont remplis de nouvelles et de commentaires sur les problèmes d'une stratégie mal conçue qui est de plus en plus fragile et source de discorde.

Une étude menée par British relations publiques conseil CCGroup a analysé 138 articles sur les énergies renouvelables publiés en juillet l'année dernière dans les cinq plus grands journaux britanniques nationaux: The Sun, The Times, The Daily Telegraph, Daily Mail et le Daily Mirror, dont l'édition quotidienne combinée est d'environ 6,5 millions d'exemplaires.

"L'analyse a révélé un certain nombre de tendances sur les nouvelles énergies renouvelables», selon l'étude. «Tout d'abord, la confiance des médias envers l'industrie des énergies renouvelables est faible. Plus de 51 pour cent des 138 articles analysés étaient négatifs ou très négatifs envers cette industrie." Plus de 80 pour cent des articles sont parus dans les titres grand format tels que The Times, le Daily Telegraph et le Daily Mail, indique le rapport, "mais 55 pour cent de ces articles étaient soit négatifs ou très négatifs sur cette industrie".

Les États membres de l'UE ont dépensé environ 600 Mds€ sur des projets d'énergie renouvelable depuis 2005, selon Bloomberg New Energy Finance. La transition vers l'énergie verte de l'Allemagne à elle seule pourrait coûter aux consommateurs jusqu'à 1000 milliards d'euros (1000 Mds€) en 2030, a récemment averti le gouvernement allemand.

Ces centaines de milliards sont payés par les familles ordinaires et les petites et moyennes entreprises dans ce qui est sans doute l'un des plus gros transferts de richesse des pauvres vers les riches dans l'histoire récente de l'Europe. La hausse des factures d'énergie freine les dépenses des consommateurs, un développement toxique pour un continent aux prises avec une crise économique et financière grave.

L'association allemande de consommateurs d'énergie estime que jusqu'à 800.000 Allemands ont eu l'électricité coupée parce qu'ils ne pouvaient pas payer la hausse des factures d'électricité du pays. Parmi eux, le journal allemand Der Spiegel, en Octobre dernier, a recensé 200.000 chômeurs de longue durée.

Comme le rédacteur Charles Lane du Washington Post l'observait à l'époque: "C'est une chose de perdre son emploi parce qu'une entreprise concurrente a construit un meilleur matériel, c'en est une autre, injuste, de le perdre parce qu'un concurrent a mis le gouvernement de son côté."

L'Espagne est un exemple particulièrement édifiant. En omettant de contrôler le coût des subventions garanties, le pays doit faire face à 126 Md€ d'obligations envers les investisseurs des énergies renouvelables. Maintenant que le gouvernement espagnol a considérablement réduit ces subventions, même rétrospectivement, et plus de 50.000 entrepreneurs solaires font face à un désastre financier et à la faillite.

Toutefois, l'Allemagne est le pays qui a poussé le plus loin les énergies renouvelables et qui se bat le plus avec les dégâts involontaires de la transition énergétique vers l'énergie verte, nommée Energiewende. Les prélèvements pour les énergies renouvelables en l'Allemagne, qui subventionnent la production d'énergie verte, sont passées de 14 Md€ à 20 Md€ en un an en raison de l'expansion à marche forcée des projets éoliens et solaires. Depuis l'introduction de la taxe en 2000, la facture d'électricité des consommateurs allemands a doublé.

Les ménages allemands vont payer une surtaxe sur les énergies renouvelables de 7,2 milliards € pour cette seule année. En outre, les consommateurs seront affectés par les coûts indirects parce que l'industrie et le commerce incluent leurs coûts énergétiques en hausse dans le prix des produits. Et parce que les subventions à l'énergie verte sont garanties pendant 20 ans, les coûts risquent d'augmenter beaucoup plus que les prévisions établies par les modèles. La précarité énergétique est en hausse et les politiques d'énergies renouvelables doivent faire face à une réaction du public de plus en plus opposée. 

L'Allemagne a l'électricité la plus chère d'Europe, avec un prix moyen de 26,8 centimes d'euro par kilowattheure. Pas étonnant que la chancelière Angela Merkel a averti que l'expansion rapide des programmes d'énergie verte affaiblit l'avantage compétitif de l'Allemagne dans l'économie mondiale.

L'Union Européenne recule aussi sur les énergies renouvelables, dont les dirigeants reconnaissent aujourd'hui qu'elles ont augmenté les prix de l'énergie à travers le continent. Lors de leur sommet à Bruxelles en mai dernier, les dirigeants ont indiqué qu'ils avaient l'intention de donner la priorité à la question de l'énergie abordable sur la réduction des gaz à effet de serre.

Le sommet de l'UE a annoncé que l'Europe avait l'intention de restaurer sa compétitivité en déclin en soutenant le développement des énergies pas chères, y compris le gaz de schiste, tout en réduisant les subventions à l'énergie verte. Toutefois, les ministres européens de l'Environnement sont alarmés à cette perspective de marche arrière. Ils veulent empêcher le développement des gaz de schiste de l'UE en essayant d'introduire des barrières environnementales à l'échelle européenne.

Jusqu'à récemment, l'Europe s'était positionnée comme le leader mondial dans la protection du climat et des énergies renouvelables, l'Allemagne en tête, avec des objectifs ambitieux et des subventions généreuses qui ont stimulé l'énergie solaire et l'énergie éolienne. Plus de la moitié des panneaux solaires dans le monde sont installés en Allemagne. Le 6 juin 2013, la production d'énergie solaire de l'Allemagne a touché un nouveau record de 23,4 gigawatts, soit près de 40 pour cent de la totalité de la demande de pointe en électricité du pays. Mais pour comprendre que ce record est tout à fait dénué de sens, il faut considérer une période de l'hiver dernier. Pendant plusieurs semaines en décembre et janvier, 1,1 million de systèmes d'énergie solaire de l'Allemagne n'ont presque pas produit d'électricité. Pendant une grande partie de ces mois d'hiver couverts de nuages, les panneaux solaires ont quasiment cessé de produire de l'électricité. Pour éviter les pannes, les opérateurs du réseau ont dû importer de l'énergie nucléaire de France et de la République tchèque et ils ont dû remettre en route une vieille centrale électrique au fuel en Autriche.

Pour arrêter le boom solaire, le gouvernement a réduit les tarifs de rachat pour les panneaux photovoltaïques dans les dernières années. Depuis 2010, cependant, plus de 5000 entreprises impliquées dans le secteur solaire ont fermé leurs portes, détruisant des dizaines de milliers d'emplois verts.

Les plus grandes entreprises allemandes, telles que Siemens et Bosch, abandonnent cette industrie aussi. Leurs stratégies d'énergies renouvelables ont entraîné des débâcles coûteuses. Siemens, la plus grande société d'ingénierie de l'Europe, a annoncé en juin qu'elle allait fermer la totalité de sa division solaire, avec une perte d'environ un Md€. Le mois dernier, le conseil d'administration de Siemens a limogé son PDG, Peter Löscher. Son naufrage spectaculaire est à replacer dans le contexte  d'investissements désastreux menés dans le secteur de l'énergie verte. Pour Bosch, un autre géant allemand, son positionnement dans le solaire a aussi abouti à un désastre qui a coûté environ 2,4 Md€, encore plus que Siemens. Maintenant, l'Allemagne prévoit de supprimer progressivement totalement les subventions, et son industrie solaire est susceptible de disparaître d'ici la fin de la décennie.

La plupart des observateurs étaient convaincus il y a deux ans que l'écart dans le domaine de l'énergie causé par la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire serait compensé par le vent et l'énergie solaire. Presque personne ne s'est rendu compte que le boom extraordinaire dans la construction des énergies renouvelables pourrait engendrer un boom du charbon aussi.

En fait, les émissions allemandes de CO2 ont augmenté pendant deux années consécutives tandis que le charbon connaît une renaissance. Mais les émissions de CO2 dans l'UE dans son ensemble sont susceptibles d'augmenter en raison de l'augmentation de la combustion du charbon dans les centrales électriques. La révélation a embarrassé le gouvernement allemand et le public ébahi, qui ne comprennent pas comment une nation qui a soutenu les énergies renouvelables plus que tout autre pays constate sur son sol la construction de 20 centrales électriques au charbon. Dans une grande partie de l'Europe, le charbon est devenu beaucoup moins cher que le gaz naturel pour les producteurs d'électricité. La raison en est l'effondrement du système d'échange d'émissions de l'UE et la baisse des prix du carbone, ce qui rend les centrales à charbon plus économiques que les centrales au gaz.

Jusqu'ici le système d'échange d'émissions de l'Europe a coûté aux consommateurs plus de 300 Mds€. Des quantités massives d'investissements verts prévus à l'origine sur la base d'un prix élevé du carbone ont été mis en veilleuse et ne sont plus réalisables. Il ne fait guère de doute que la politique climatique phare de l'Europe s'est transformée en un échec total. Dans une évaluation réaliste de l'évolution politique de l'Europe, l'Agence internationale de l'énergie a récemment noté que «le changement climatique est franchement passé au second plan des priorités politiques".

De toutes les conséquences  de la "Energiewende" en Allemagne, la plus extraordinaire est peut-être l'effet néfaste du vent et des systèmes solaires sur le prix de l'électricité produite par le gaz naturel. Près de 20 pour cent des centrales à gaz en Allemagne sont devenues non rentables et doivent être fermées tandis que les énergies renouvelables inondent le réseau avec de l'électricité "préférentielle" (dont l'achat à prix élevé a été rendu obligatoire par la loi). Pour éviter les pannes d'électricité, le gouvernement a dû subventionner le gaz non rentable et les centrales à charbon afin qu'ils puissent être utilisés en soutien lorsque le soleil ne brille pas, que le vent ne souffle pas et que les énergies renouvelables ne parviennent pas à générer suffisamment d'électricité.

Le désordre oblige les producteurs a examiner des solutions encore plus radicales. E.ON, la plus grande société énergétique de l'Allemagne, envisage de démanteler certaines de ses centrales à gaz en Europe, mises en veilleuse parce qu'elles ne sont plus rentables, pour les relocaliser à l'extérieur de l'UE. Ces considérations burlesques deviennent symptomatiques des conséquences imprévues causées par l'expansion rapide des énergies renouvelables.

L'hypothèse naïve des décideurs croyant que les principaux concurrents de l'Europe suivraient la transition des combustibles fossiles bon marché vers l'énergie verte coûteuse ne s'est pas matérialisée. Le Washington Post a récemment mis en garde : "L'Europe est devenu un cas désespéré d'énergie verte. Au lieu d'un modèle pour le monde à imiter, l'Europe est devenue un modèle de ce qu'il ne faut pas faire."

La stratégie de l'Europe a été fondée sur deux craintes : premièrement, que le réchauffement climatique était une menace urgente qui devait être empêchée rapidement et à tout prix, et, deuxièmement, que le monde était à court de combustibles fossiles, ce qui signifiait que le pétrole et le gaz deviendraient de plus en plus coûteux. Les deux conjectures, cependant, se sont avérées fausses.

Le résultat d'un pari basé sur la peur de l'avenir industriel du continent est un désastre coûteux qui menace de saper la situation économique et politique de l'Europe dans un monde qui manifestement refuse de suivre son exemple.

La stratégie de l'énergie verte de l'Allemagne est susceptible de changer de manière significative après les résultats des élections fédérales du 22 Septembre. A. Merkel a promis aux électeurs, durant sa campagne, de réduire considérablement la charge de 20 Mds€ qu'ils doivent payer chaque année aux investisseurs dans les énergies renouvelables.

Sur la transition énergétique, l’Allemagne imposera-t-elle son modèle à l’Europe ?

Le temps des guerres non conventionnelles

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Le temps des guerres non conventionnelles

par Georges FELTIN-TRACOL

Les guerres de la Révolution et de l’Empire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe achèvent la « guerre en dentelles » et bouleverse la réflexion stratégique européenne. De ces grandes transformations sort un abondant corpus théorique avec les écrits de Clausewitz et de Jomini. Les états-majors tant d’Europe qu’Amérique (pensons aux généraux de la Guerre U.S. de Sécession ou aux officiers chiliens de la Guerre du Pacifique contre le Pérou et la Bolivie) y puisent les moyens de remporter une victoire éclatante.
 
La guerre s’organise de manière dite conventionnelle avec l’affrontement de deux armées sans atteindre les non-combattants. Or, dès le commencement du XXe siècle, la nature du conflit évolue du fait de l’implication croissante des populations civiles et du surgissement de la « guerre totale », mobilisatrice de tout le potentiel économique, financier, humain des États belligérants. Les deux guerres mondiales confirment la montée technique aux extrêmes. Après 1945, la menace de l’arme nucléaire fige les protagonistes dans un équilibre de la terreur qui favorise des conflits locaux de basse ou de moyenne intensité (Corée, Viêtnam, Afghanistan). En dépit de la multiplication des théâtres d’opération, les militaires des deux blocs formulent toujours leurs prévisions – offensives et défensives – dans un schéma conventionnel de chocs entre armées utilisant, le cas échéant, des armements nucléaires tactiques, chimiques et/ou bactériologiques.
 
La fin de la « Guerre froide » remet en cause toutes ces considérations et l’Occident, après avoir parié (et perdu) sur les « dividendes de la paix », se lance dans des opérations extérieures pour lesquelles les critères habituels de la guerre conventionnelle deviennent au mieux inopérants, au pis facteurs certains de défaite.
 
Installées en Lorraine, les éditions Le Polémarque publient deux essais qui remettent en cause le conservatisme des stratèges occidentaux. Le lieutenant français Pierre-Marie Léoutre explique Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres. Quant à l’universitaire suisse Bernard Wicht, il s’interroge sur l’avenir incertain du continent européen avec le risque de déboucher sur Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?.
 
Malgré des centres d’intérêt différents, ces deux ouvrages présentent d’indéniables convergences, à savoir la mutation en cours de l’art de la guerre. Certes, le livre de Pierre-Marie Léoutre est plus concret, plus tactique, plus optimiste aussi alors que l’essai de Bernard Wicht, plus pessimiste, se veut d’abord une réflexion philosophique.

Penser les guerres asymétriques
 
Pierre-Marie Léoutre entame sa réflexion à partir du bilan désastreux des interventions occidentales en Afghanistan et en Irak. Il constate que « l’arme nucléaire, si elle est efficace dans son rôle de dissuasion contre les États, apparaît inutile contre des organisations terroristes ou des mouvements de guérilla sans réelle assise territoriale (p. 11) ». La forme conventionnelle de la guerre restée au face-à-face de deux armées a été d’urgence remplacée dans les montagnes du Pamir et de l’Hindou Kouch et en Mésopotamie par de nouveaux types de conflits appelés « asymétriques » qui « mettent en exergue une des difficultés du mode de pensée occidental : il n’est plus possible dans certains cas de l’emporter par un choc décisif, car l’adversaire l’évite (p. 17) ». Ce nouveau genre de guerre rend les armées occidentales très fragiles d’autant qu’« un autre élément particulièrement visible du modèle occidental de la guerre est la recherche de la supériorité technologique (p. 23) », ce que les guérillas n’ont pas. En outre, les sévères restrictions budgétaires font que les armées occidentales ne disposent plus d’unités complètement autonomes, ce qui accroît leur handicap.
 
Non préparées aux terrains irakien et afghan, les forces occidentales ne pourraient qu’échouer, elles qui « s’entraînèrent […] pendant cinquante ans à une guerre qui n’eut pas lieu et ne risquait guère d’advenir… et elles allèrent, hors de cette Europe qui monopolisait toutes les attentions mais était totalement gelée, de défaite en défaite car “ non adaptées ” aux guerres non conventionnelles qu’elles menaient sur le reste de la planète (p. 42) ». Préfigurations de l’Afghanistan et de l’Irak, ces défaites cinglantes s’appellent l’Indochine, l’Algérie, le Viêtnam. L’auteur aurait pu y ajouter les guerres africaines du Portugal. loin de réadapter le format des armées au lendemain de la fin de la Guerre froide, les responsables militaires ont gardé de vieux schémas en accordant une plus grande attention aux « Forces Spéciales (F.S.) [qui] sont devenues une véritable obsession des états-majors occidentaux (p. 29) ». Mais leur emploi dans une guerre asymétrique se doit d’être ponctuel. Les F.S. ne peuvent pallier les déficiences matérielles et morales des autres troupes. Elles n’arriveront jamais à vaincre les partisans de la « petite guerre », car leur logique ne correspond pas à celle de l’ennemi. Pour Pierre-Marie Léoutre, « l’objectif d’une guérilla au XXIe siècle n’est […] plus de libérer le pays uniquement par les armes. L’objectif actuel est de parvenir à l’abdication du pouvoir loyaliste (p. 49) ». Malgré leur professionnalisme, leur vaillance et leur abnégation, les unités spéciales n’arrêteront jamais une guérilla qui se fond dans la population. Cette dernière est son « biotope » qui lui sert à la fois de refuge, de centre de recrutement, de milieu de renseignement et de source de financement. L’appui qu’elle lui procure peut être contraint par la terreur ou volontaire grâce à une « contagion idéologique », fruit d’un long travail d’encadrement psychologique de masse. Toute guérilla véritable s’organise autour de structures militaires souples et une O.P.A. (organisation politico-administrative) en prise sur la société. Dans le monde musulman, « l’O.P.A. a un avatar : il s’agit des personnes qui soutiennent activement la rébellion en lui fournissant des renseignements, des caches, des notables qui poussent la population civile à aider les djihadistes, à les cacher, de djihadistes qui habitent tel ou tel village et servent de contact pour les bandes en maraude, les informant, les guidant, leur indiquant les représailles à effectuer pour s’assurer la collaboration, bien souvent forcée, des habitants de la zone (p. 57) ».
 
Paul-Marie Léoutre rapporte l’embarras des militaires occidentaux face à des situations singulières. Pourtant, ce ne devrait pas être une nouveauté pour eux. Leurs prédécesseurs avaient trouvé une réponse appropriée à cet enjeu : « La guerre révolutionnaire encore appelée guerre subversive ou guerre psychologique (p. 11). » Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres évoque explicitement des praticiens, souvent français, de cette forme spécifique de lutte : le général Jacques Hogard (1918 – 1999) et les colonels Charles Lacheroy (1906 – 2005) et Roger Trinquier (1908 – 1986). On ignore en effet que « la France dispose […] si ce n’est d’un savoir-faire, du moins d’une expérience particulièrement intéressante de la guerre révolutionnaire et de l’arme psychologique. Elle doit pouvoir s’appuyer sur celle-ci pour relever les nouveaux défis du monde actuel (pp. 43 – 44) ».
 
Il ne s’agit surtout pas de répéter la guerre d’Algérie, mais de s’en inspirer. La guerre psychologique implique une grande flexibilité au sein de l’armée. Or, depuis quelques années, elle s’ouvre au monde marchand et en adopte les règles. L’auteur observe qu’« en voulant faire du combattant un professionnel avant tout, en livrant le monde militaire aux méthodes entrepreneuriales, on a, finalement, ouvert le marché (p. 77) », d’où le rôle croissant des S.M.P. (sociétés militaires privées) qui méconnaissent le plus souvent le b.a.-ba de la contre-guérilla…
 
L’Occident a beau mené, avec l’intégration de ses systèmes d’armes, d’information et de communication, une « guerre en réseau », il se révèle incapable de gagner une guerre subversive. S’imposerait une remise en cause des décisions prises. Déjà, partant des cas afghan et irakien et de la valorisation des unités spéciales qui « ont un entraînement plus poussé, jamais sacrifié à des tâches indues, et plus spécifique que les autres unités des forces armées occidentales. Leurs crédits sont bien plus élevés. Les F.S. disposent donc d’une polyvalence extrême et d’une importante capacité au combat interarmes et interarmées. À l’opposé, les forces “ régulières ” n’ont plus l’habitude de travailler avec toute la gamme des outils militaires (p. 30) », Pierre-Marie Léoutre estime que « la guerre subversive oblige l’armée à s’adapter en modifiant profondément sa structure interne (p. 60) ».

Les nouvelles formes de guérilla
 
Il suggère par conséquent la constitution d’une armée à deux niveaux opérationnels. D’une part, des unités mobiles, si possible héliportées, qui pourchassent les guérilleros. De l’autre, des unités territoriales ou de secteur qui amalgament Occidentaux et autochtones et dont le rôle n’est pas que militaire : il est aussi caritatif, sanitaire et éducatif. Les liens noués avec la population par ces soldats parlant la langue locale et fins connaisseurs des coutumes favorisent le contact, puis la récolte de renseignements et, au final, la réussite de la contre-guérilla. Cette mise en œuvre exige aussi de rendre les frontières imperméables à la logistique de la guérilla afin d’étouffer les maquis. Si « dans la lutte contre-insurrectionnelle, le renseignement joue un rôle crucial (p. 67) », l’auteur jongle avec les échelles et remarque que « la société du XXe siècle est celle de l’information et l’information est une des armes de la guerre psychologique (p. 86) ». C’est un point déterminant de sa réflexion. « La redécouverte de la doctrine de la guerre révolutionnaire doit également permettre de se réapproprier l’arme psychologique : elle est nécessaire à toute victoire puisqu’elle conditionne l’efficacité de toute opération militaire au niveau des esprits (p. 99). »
 
Pierre-Marie Léoutre évoque à cette occasion la nécessité de maîtriser l’opinion publique et mentionne la portée subversive des célèbres « révolutions de couleur » préparées via les médiats de masse par quelques officines perturbatrices d’outre-Atlantique (Open Society Institute de George Soros, International Republican Institute ou National Endowment for Democracy, U.S.Aid aussi, etc.). À côté de la terre, de la mer, de l’air, de l’espace et du cyberespace, un sixième champ théorique d’affrontement s’offre aux stratèges militaires : le contrôle de la population et de ses représentations. Citant Gustave Le Bon, Serge Tchakhotine ou Jacques Ellul, il pense que la nouvelle guerre psychologique est tout autant contre-insurrectionnelle que médiatique. Elle suppose toutefois au préalable que l’État qui l’utilise ait la volonté de réaliser ses objectifs. Mais la structure stato-nationale est-elle toujours pertinente ?
 
Bernard Wicht pose cette question implicite dans son bref essai. Il constate d’abord « la faillite au XXe siècle du système interétatique européen, source jusque-là de compétition et d’émulation à la base du dynamisme de l’Occident (p. 13) ». Ce nouveau contexte peut susciter des troubles internes, voire des guerres. Mais, rassure-t-il, « une Troisième Guerre mondiale semble peu probable, les États européens n’en ayant plus les capacités ni économiques ni militaires. Pour faire court, les armées d’Europe occidentale ne sont plus aujourd’hui que des échantillonnages d’unités relativement disparates, essentiellement orientées vers les missions de maintien de la paix à l’extérieur et manquant généralement de la chaîne logistique nécessaire à des opérations de longue durée (p. 9) ». Cela ne l’empêche pas d’examiner la macro-histoire et de remarquer que « l’hypothèse d’une guerre en Europe a été abandonnée avec la fin de la Guerre froide (p. 7) ». Néanmoins, « nos sociétés sont devenues très complexes, et que les sociétés complexes sont fragiles, que les sociétés fragiles sont instables et que les sociétés instables sont imprévisibles ! (pp. 21 – 22) ». Il craint par conséquent que le naufrage de la zone euro engendre des désordres dans toute l’Europe qui plongerait dès lors dans un long chaos comme le fut pour la Mitteleuropa et le monde germanique la Guerre de Trente Ans (1618 – 1648).

L’Europe en phase instable
 
mad-max.jpgLe raisonnement de Bernard Wicht repose sur une probabilité économique : la fin de la monnaie unique. « La crise de la zone euro est sans doute le chant du cygne de la Modernité occidentale, l’U.E. représentant l’ultime avatar de la construction étatique moderne avec sa bureaucratie supra-étatique et son centralisme à l’échelle continentale. Et dans l’immédiat, la crise devrait encore renforcer ce centralisme bureaucratique; la Commission s’est fait donner le mandat (certes temporairement limité) d’un contrôle économique des États membres. Ceci signifie un renforcement considérable du pouvoir supra-étatique de l’U.E. Mais paradoxalement, ce renforcement représente probablement l’épilogue de l’histoire de l’État moderne, le dernier acte d’une pièce qui s’est jouée pendant environ 500 ans, le dernier coup d’éclat d’un institution sur le déclin (p. 27). » L’affirmation de ce despotisme technocratique provoquerait certainement de vives résistances nationales, populaires et sociales, aboutissant par des tentatives armées de sécession. Les gouvernants ont dès à présent envisagé ce scénario en prévoyant dans le traité de Lisbonne une Eurogendfor (European Gendarmerie Force), une police militaire européenne composée de détachements français, italiens, néerlandais, portugais, espagnols et roumains, destinée à intervenir dans un État-membre en cas de grandes instabilités intérieures. On peut aussi imaginer que le maintien de l’« ordre » marchand s’exercerait aussi grâce aux S.M.P. On assiste au grand retour sur le vieux continent des condottiere sous la forme de contractors. Bernard Wicht souligne que la place de Londres, haut-lieu thalassocratique, héberge la plupart de ces entreprises régulièrement payées en prestations versées par d’autres compagnies appartenant à la même holding
 
La séparation armée de pans entiers de l’Europe déboucheraient-elles sur une guerre généralisée et le renversement des États inaptes à garantir la sûreté des populations civiles ? L’auteur le pense. Assez optimiste sur ce point, il espère qu’« une nouvelle Guerre de Trente Ans jouerait le rôle de sas de décompression d’une Europe post-moderne, bureaucratique et supra-étatique vers un nouveau Moyen Âge global […] (p. 31). » Afin d’appuyer sa thèse, il fait référence à une histoire peu connue en France liée à ce long conflit, la « Guerre de Dix Ans (1634 – 1644) » qui ravagea la Franche-Comté alors possession des Habsbourg d’Espagne.

Vers l’auto-gestion armée ?
 
La présence de « grandes compagnies de routiers » brigands, les raids incessants et l’incapacité des institutions franc-comtoises à protéger les civils obligèrent le peuple à s’armer, à se donner des chefs et à combattre ! « Deux priorités semblent cependant guider l’ensemble de ces mesures : protéger la population des pillages et des exactions, harceler l’adversaire à chaque fois que possible (p. 44). » Ce conflit local au sein de la grande guerre européenne ne présente aucune facture conventionnelle, ni même la marque d’une quelconque guerre asymétrique. « Il s’agit ainsi d’une guerre sans front, se déroulant sur l’ensemble du pays en même temps (forçant le défenseur à constituer des réduits et des sanctuaires), mêlant étroitement jusqu’à la confusion des genres combattants et population (les chefs de bande devenant avec le temps des chefs politiques), mettant en œuvre à la fois les procédés de la guerre classique (sièges, batailles), la terreur, le massacre de civils, la destruction des récoltes, le tout conjugué à ces armes de destruction massive que sont alors la peste et la famine (p. 36). » Cette configuration propre aux guerres civiles a frappé le Liban entre 1975 et 1990 et frappe, à l’heure actuelle, la Syrie où des territoires en guerre cohabitent avec des havres pacifiés ou en paix.
 
En citoyen helvète, Bernard Wicht ne croit pas en l’avenir de l’armée professionnelle, ni en sa pérennité, y compris si disparaissaient les autorités officielles. Il souscrit en revanche au citoyen en arme qui défend son espace de vie à côté de ses voisins. Il juge surtout indispensable de « réussir à réduire la complexité de nos formes d’organisation, parvenir à se recomposer en fonction des besoins de l’autodéfense et de la survie, se réarmer pour finalement se libérer (p. 47) ». désireux de développer cette nouvelle considération, Bernard Wicht évoque la T.A.Z. (zone autonome temporaire) théorisée par l’anarchiste Hakim Bey. Or la T.A.Z. correspond parfaitement aux modalités du monde ultra-moderne, à sa fluidité et à sa fugacité. On ne construit pas du solide sur des actions éphémères. Il faut rapprocher les intentions de Bernard Wicht de la notion de B.A.D. (base autonome durable) qui a l’avantage de cumuler une « conception de la liberté (de contournement plutôt que de confrontation), d’un tel état d’esprit (le salut vient des marges), de telles attitudes (agir dans la marge d’erreur du système) et associations d’idées (créer la culture, laisser faire le travail) que pourrait naître l’élément dynamique de la nouvelle donne stratégique, c’est-à-dire une volonté de découvrir de “ nouveaux territoires ”, d’agir par soi-même hors des appareils complexes et des modèles dominants (pp. 53 – 54) ».
 
Si Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres contredit Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?, ces deux livres n’en sont pas moins complémentaires. Le second imagine une situation désordonnée complexe surtout si les conseils du premier n’ont pas été assimilés, ce qui pourrait entraîner la déflagration des régimes en place. De la sophistication technologique, l’art de la guerre deviendra-t-il bientôt rudimentaire, psychologique et populaire ? On peut soit le redouter, soit l’espérer…

Georges Feltin-Tracol
 
• Pierre-Marie Léoutre, Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres, Le Polémarque, Nancy, 2013, 123 p., 10 €.
• Bernard Wicht, Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexions et hypothèse sur la crise actuelle, Le Polémarque, Nancy, 2013, 57 p., 8 €.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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mercredi, 23 octobre 2013

Crépuscule de LA civilisation

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Crépuscule de LA civilisation

Ex: http://www.dedefensa.org

On s’attache ici, d’abord et pour nous situer dans ce que nous nommerions une “actualité civilisationnelle”, à un texte d’analyse de Paul Craig Roberts, moins pour ce qu’il nous apporte de nouveau que pour ce qu’il nous signifie de l’état de l’esprit et de l’état des choses, au cœur de ce qu’on a coutume de nommer la “civilisation occidentale”. Roberts s’y attache en évoluant sur le terrain qu’il connaît bien, qui est celui de l’économie et de l’application du capitalisme libéral, devenu une sorte de monstre qu'on nommerait “hyper-capitalisme”..

Roberts fut le numéro deux du département du trésor de l’administration Reagan, puis titulaire, c’est-à-dire dans un ministère qui a pour tâche de définir les orientations de l’économie, la politique fiscale, etc. Ainsi le site iranien PressTV.ir peut-il le qualifier de «co-founder of Reaganomics», le terme Reaganomics qualifiant, lui, la “révolution économique” (ultralibérale) de l’époque Reagan, de la décennie des années 1980. En tant que commentateur politique et économique, Roberts collabora au Wall Street Journal et à Business Week... Tout cela fait de lui un homme de formation capitaliste impeccable, à l’origine conceptuellement favorable à l’hyper-capitalisme anglo-saxon. Sa furieuse critique de l’état des choses du point de vue économique et financier n’est pas nouvelle car il y a bien plus d’une décennie que Roberts est devenu lui-même un critique radical de cette politique qu’il avait contribuée à établir, et bien plus d’une décennie qu’il publie des textes dans ce sens (et des livres, tel son dernier qui vient d’être publié, sous le titre très significatif de The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West). On ne cherchera pas ici à mesurer les responsabilités des uns et des autres (de Roberts, en tant que reaganien dans les années 1980) mais à signifier que cet auteur est particulièrement qualifié par la connaissance de la cause de la catastrophe, pour mesurer et décrire cette catastrophe.

En effet, c’est le cas dans son dernier texte du 14 octobre 2014, sur son site PaulCraigRoberts.com, sous le titre Whatever Became Of Western Civilization?, texte repris le même 14 octobre 2013 par PressTV.ir. Roberts s’attaque au fait principal de cette crise ultime de la “civilisation occidentale”, – en fait, la “civilisation du ‘monde globalisé’”, puisqu’aucune alternative n’existe et ne peut exister tant que le modèle, ou Système comme nous le désignons, ne s’est pas effondré complètement. (On justifiera plus loin ce propos.) Il s’agit de la complète dissolution du “bien public”, du fait du gouvernement au-dessus des intérêts particuliers, du domaine régalien et des principes (souveraineté et légitimité) qui le soutiennent. Roberts signifie qu’aujourd’hui les gouvernements sont les complices actifs et même imaginatifs du monstre hyper-capitaliste devenu une nébuleuse de déstructuration par le pillage, l’illégalité, la corruption, un modèle mafieux établi à l’échelle du monde et dans lequel s’insèrent désormais sans la moindre hésitation tous les pouvoirs exécutifs et pouvoirs public démocratiquement issus de la volonté des peuples, lesquels sont ainsi détruits dans leur essence, dans leur identité, par ces activités développées par ceux qu'ils ont appelés au pouvoir.

«Not that long ago government and free market proponents were at sword’s point, but no more. With little left in the private sector to rip off, the financial gangsters have turned to the public sector and put to work for them the free market economists’ advocacy of privatization. Governments themselves became part of the conspiracy once the politicians realized that looting public assets was an efficient way to reward their private benefactors.»

La crise générale conduit ces gouvernements à solder littéralement tout ce qui ressort du “bien public”, y compris tout ce qui marque le passé historique, culturel et spirituel dont cette étrange “civilisation” prétend fort étrangement être l’héritière. (Mais le prétend-elle encore ? Elle n’a même plus l’esprit de chercher à dissimuler sa véritable nature, et s'empresse donc de rompre avec tout legs et tout héritage, mémoire ainsi dispersée et également soldée pour combler la dette.) Roberts développe l’exemple de la privatisation de la Royal Mail britannique, le service public des postes, mis à l’encan pour l’avantage des divers investisseurs-gangsters par le complice-robot de service (David Cameron). Le schéma est tellement commun aujourd’hui qu’il s’affiche dans toute son impudence inconsciente. Le conseiller, ou “consultant” comme l’on dit, du gouvernement britannique pour cette opération est Goldman Sachs, pour une facture de $33.5 millions, ces millions qui feront une petite part de l’investissement que Goldman Sachs fait en sous-main pour la mise à sac du service postal.

Paul-Craig-Roberts.jpgBien, le cas est lumineux. Paul Craig Roberts (photo) termine tout cela par une description générale de cet effondrement civilisationnel principalement dans le chef, pour le domaine, des activités des divers “gouvernements” occidentaux, du bloc BAO comme nous disons. Aucune surprise à éprouver là non plus, et dans des termes (de Roberts) qui seraient évidemment pris à son compte par n’importe quel “souverainiste”, notamment français, puisque la chose existe encore dans les ruines des gouvernements successifs de liquidation de la Vième République.

«...Wall Street and the City of London, the two world financial centers so beloved and misrepresented by free market economists as financiers of investment and economic growth, are in fact legal, government supported, Mafia gangs that loot. Their profits come from looting.

»We are seeing them at work in Greece, where the sanctity of financial profits requires public assets to be sold at bargain basement prices to private interests. The deal requires protected islands of the national heritage be turned over to real estate developers, and public assets such as water companies, ports, and the state lottery be sold at lucrative prices to private interests consisting of the private banks and their clients. In Italy government indebtedness is forcing the sale to private investors of historic castles and villas and the Island of San Giacomo in one of Venice’s lagoons. These national treasures will be turned into hotels, restaurants, and resorts for the one percent.

»Are the British Museum and the Smithsonian next to be privatized?

»In America prisons are privatized despite the incentive this gives to produce inmates. Public schools are being privatized in the form of “charter schools.” Charter schools are a scheme to eliminate public sector teachers unions, and to convert their pay into private profits by bringing in contract hires to teach for a few years before they are replaced by a new group of contract hires.

»Western civilization, to the extent than any civilization remains, is confronted with a total collapse of economic and government morality. Looting and exploitation rule, and the presstitute media does its best to hide the fact. Western civilization has been reduced to remnants–historical artifacts, picturesque villages in England and France, German efficiency, joie de vivre and good food in France and Italy, and architectural masterpieces and classical music created before our lifetime. In addition to Wall Street’s mechanisms for looting, America contributes technology for putting the entire world under constant surveillance, exploiting the information for economic benefit and for silencing dissenters.

»Western civilization has lost its attractiveness. As nothing remains but a shadow of its former self, it will not be missed as it disappears into a bottomless pit of corruption.»

Le désastre est complet, total, irrésistible, inarrêtable, – et réalisé d’une façon techniquement quasi-parfaite... Cette méthode, cette “quasi-perfection” nous conduit à accepter l’observation de Roberts qu’il y a donc “conspiration” de factoGovernments themselves became part of the conspiracy...»), simplement par constat de la coordination, de l’intégration de cette dynamique. Le texte de Roberts est une bonne mise à jour du phénomène, sans emportement excessif, simplement par l’emploi des termes qui conviennent (gangsters, mafia, etc.), effectivement un constat de la chose. On peut même ajouter que ces termes sont finalement insuffisants pour mesurer l’ampleur du cataclysme, et des intentions du Système : comparer l’hyper-capitalisme et le Système à un système mafieux, c'est se montrer fort injuste à l’égard des exemples mafieux historiques (la Mafia italienne, la Cosa Nostra aux USA). Ces regroupements de type mafieux évitent la déstructuration des sociétés dont ils vivent, sachant effectivement qu’une société structurée, et une certaine prospérité sont nécessaires à la bonne marche “des affaires”. A côté de comportements barbares, cruels, impitoyables, etc., les structures mafieuses originelles, aussi bien européennes que des USA, sont respectueuses de certaines tendances traditionnelles, des structures et des hiérarchies familiales, de la religion, etc. Ce n’est en rien le cas général du Système et de ses moyens opérationnels de l’hyper-capitalisme, dans le cas spécifique exposé ici.

La radicalité, l’universalité du jugement font effectivement accepter l’idée qu’il y a “conspiration”... Bien entendu, il s’agit d’un constat technique et symbolique à la fois, même si des générations d’explorateurs des dessous du monde croient suivre les traces plus ou moins fraîches de “centres” conspirationnels tout à fait humains... Bien entendu, il va sans dire, mais peut-être mieux en le répétant, que notre appréciation offre l’hypothèse fondamentale d’une “conspiration” certainement pas de nature humaine dans son inspiration fondamentale, même si le sapiens s’est activé à son application, de Goldman Sachs à Cameron pour prendre le fait du jour. Nous jugeons donc cette “conspiration” aussi bien organisée qu’inspirée par une dynamique irrésistible, surpuissante et autodestructrice à la fois (déstructuration, dissolution et entropisation [dd&e]), dont le schéma métahistorique est souvent exposé sur ce site, du “déchaînement de la Matière” au Système.

Mais nous utilisons également le texte de Paul Craig Roberts, qui illustre une préoccupation très actuelle qui pèse de tout son poids sur nos esprits, pour introduire la publication d’un extrait de la cinquième Partie du deuxième tome de La Grâce de l’Histoire (non encore mis en ligne, certes), pour s’y référer, nous l’espérons, d’une façon constructive et révélatrice. Dans cet Partie du récit de La Grâce dont nous publions un extrait, nous analysons la question de la “civilisation occidentale” à la lumière de celles (les civilisations de ceux que nous nommons “les Anciens”) qui l’ont précédée. Bien entendu, l’emploi du terme “civilisation occidentale” ne doit pas dissimuler que nous gardons nos références fondamentales, et surtout celle de la division de cette soi-disant “civilisation” en deux, à partir du “déchaînement de la Matière” de la fin du XVIIIème siècle qui nous fait basculer dans une forme très spécifique et unique, que nous avons baptisée “contre-civilisation”.

Dans cet extrait, qui ne peut être pris bien entendu pour l’exposé complet de la thèse, nous discutons les conceptions d’Arnold Toynbee, ce philosophe de l’histoire que nous apprécions particulièrement. Des réflexions sur Toynbee ont déjà été publiées sur ce site (voir par exemple les 19 juin 2002 et 27 juillet 2002). Dans ce cadre de La Grâce, nous développons, élargissons et approfondissons cette réflexion sur les conceptions de Toynbee selon des axes qui permettent aussi bien d’examiner le désastre civilisationnel actuel (dans son “actualité civilisationnelle” si l’on veut) que dans la perspective de ses racines les plus anciennes.

La réflexion développée ci-dessous concerne le constat que fait Toynbee, dans les années 1945-1950, au soir de sa vie intellectuelle, du lancement d’une grande entreprise d’“occidentalisation” du monde, essentiellement sinon exclusivement par les pays anglo-saxons (“anglo-saxonnisme” ou américanisme). Le constat, pour notre compte, que Paul Craig Roberts nous invite à faire par ailleurs, est que ce mouvement d’“occidentalisation” du monde qui s’est évidemment réalisé, est en train d’exposer sa complète absurdité, ou son caractère d’entropisation jusqu’à l’entropisation de lui-même, sous les pressions à la fois de la crise générale d’effondrement et du nihilisme absolu qui caractérise ses supplétifs-sapiens. Cette absurdité et cette entropisation se manifestent sous la forme d’un cercle vicieux accompli, qui n’est rien de moins que l’“occidentalisation” de l’Occident”, ou plutôt, la “sur-occidentalisation de l’Occident” jusqu’à l’achèvement de la dissolution et de l’entropisation, – comme le décrit Paul Craig Roberts. Toynbee pensait que l’Occident (en fait les anglo-Saxons) partait à la conquête du monde sous la forme de son “occidentalisation” ; il n’allait pas jusqu’à prévoir, – ou peut-être n’osait-il pas exprimer cette pensée à haute voix, – que cette “occidentalisation” finirait par revenir sur l’Occident lui-même, pour faire subir au coupable lui-même le sort qu’il promettait à sa victime.

Ces réflexions diverses sur Toynbee nous fournissent, nous semble-t-il, les arguments pour avancer les deux hypothèses essentielles qui caractérisent notre destin actuel, savoir 1) que notre “civilisation” (notre “contre-civilisation”) est trop puissante pour qu’une alternative ou un successeur puisse se manifester et s’imposer (surpuissance), et 2) que notre “civilisation” (notre “contre-civilisation”) est trop complètement dépourvue de sens et trop complètement attachée et prisonnière d’une matière (au propre et au figuré) dépourvue de sens pour qu’elle parvienne à éviter de se détruire elle-même (autodestruction). Par conséquent, la compréhension de son éventuelle succession dépend absolument de sa destruction réalisée. (Cette destruction, d’ailleurs et comme nous le répétons souvent, n’a nul besoin de se réaliser sous la forme apocalyptique, ou disons explosive, très affectionnée par l’esprit même de cette “contre-civilisation”, y compris de certains de ses appendices religieux, comme pour s’interdire de soulever la possibilité de sa fin inéluctable.)

Avant la citation de l’extrait, on notera que la thèse générale de ce passage de La Grâce met en évidence deux arguments à partir de la lecture critique de Toynbee, et des enseignements de notre époque, deux tiers de siècle plus tard.

• L’“occidentalisation” du monde est entamée justement, selon Toynbee, juste après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le paradoxe est que ce démarrage coïncide exactement avec le début de la décolonisation (indépendance de l’Inde en 1947, guerre d’Indochine, etc.). Cela nous conduit à considérer l’“occidentalisation”, non comme la poursuite de la colonisation, comme on l’avance souvent, mais bien comme quelque chose de tout à fait différent de la colonisation. En fait, la décolonisation, c’est-à-dire la destruction de la colonisation, était nécessaire pour permettre le lancement de l’occidentalisation. Il n’y a pas complémentarité ni substitution, mais bien opposition entre les deux termes. (Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système... Il n’y a pas de condamnation plus forte du colonialisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre l’occidentalisation, ou “anglosaxonisation”/américanisation.)

• La notion de “racisme anglo-saxon” avancée par Toynbee doit être appréciée avec une extrême attention. Pour nous, les Anglo-Saxons ne sont pas racistes, ils sont suprématistes, le suprématisme n’étant pas une catégorie du racisme, mais un caractère en soi... Pour nous, le racisme se définit par rapport aux autres, de diverses façons, dans un univers relatif et circonstanciel ; le suprématisme se définit par rapport à soi, et à soi seul à l’exclusion du reste, comme un caractère identitaire dans un univers absolu. (Le racisme ne conduit pas nécessairement à l’oppression et il peut changer, évoluer, éventuellement disparaître ; le suprématisme ne peut évoluer par définition et conduit nécessairement à l’oppression.) L’Anglosaxonisme, ou panaméricanisme, est suprématiste, comme le fut le pangermanisme et son rejeton catastrophique que fut le nazisme. (Le même avertissement que dans le point précédent peut être repris pour ce point : “Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système... Il n’y a pas de condamnation plus forte du racisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre le suprématisme occidental, ou ‘anglosaxonisation’/américanisation”.)

L’extrait commence après la suggestion faite par nous que Toynbee, dans les textes cités (série de conférence, textes de réflexions, réunis dans La civilisation à l’épreuve, dans sa traduction française de 1951), montrait une réelle ambiguïté en présentant cette “occidentalisation” à la fois sous un jour favorable mais selon un jugement qu’on pouvait deviner extrêmement défavorable...

Extrait de La Grâce de l’Histoire

« ...Le point fondamental de cette ambiguïté est bien en ceci qu’en même temps qu’il prévoit cette “occidentalisation” du monde, disons d’une façon objective, sans trop paraître en faire la critique malgré tout, Toynbee réalise une critique disons indirecte mais à potentialité fondamentale et bouleversante de cette civilisation occidentale-mondiale. Nous dirions qu’il s’agit, à cet égard, de sa position la plus intéressante et la plus enrichissante, celle où il reste pleinement historien des civilisations tout en considérant l’“actualité civilisationnelle”. Ainsi, en remettant constamment la civilisation occidentale à sa place, c’est-à-dire comme un élément de la relativité de l’histoire des civilisations et non comme quelque chose de différent, d’unique, voire de sublime comme l’esprit de la modernité s’est accoutumé à en faire la promotion jusqu’à faire de ses “valeurs” des éléments objectifs sinon supra-humains de la condition humaine réalisée et qui ne peut donc se réaliser qu’au sein de cette civilisation, Toynbee détaille pour son analyse quelques considérations qui ne semblent servir qu’à l’argumentaire qui paraîtrait de circonstance, et qui sont en réalité fondamentales. Il en va dans ce sens lorsqu’il explique cette subjectivité “objectivée” de facto du regard de l’Occidental sur sa propre civilisation, c’est-à-dire pour nous cette déformation du regard du moderne sur l’accomplissement de la modernité : le regard déformé de l’Occidental dépend d’un « horizon historique [qui] s’est largement étendu, à la fois dans les deux dimensions de l'espace et du temps », mais dont la vision historique «s’est rapidement réduite au champ étroit de ce qu’un cheval voit entre ses œillères, ou de ce qu’un commandant de sous-marin aperçoit dans son périscope ».

» Lui-même, Toynbee, élargit son regard dans la continuité historique pour apprécier comment notre civilisation pourrait s’inclure dans la continuité des civilisations qu’il a étudiées, classées, rangées et organisées ; en d’autres termes, il veut intégrer son (notre) “actualité civilisationnelle” dans la “continuité civilisationnelle”. L’historien des civilisations observe que l'histoire de l'humanité organisée, avec son partage entre ces mouvements nommés “civilisations”, se déroule au long d'une vingtaine de ces civilisations, dont nous constituerions la vingt-et-unième. Sa vision des rapports entre ces civilisations est du type cyclique ou s’en rapprochant, avec des rapports qu’il juge établis entre les civilisations. Il note aussitôt le reproche fait par la pensée occidentale, ou « juive et zoroastrienne», à cette conception cyclique : elle réduirait l’histoire à « un récit fait par un idiot et ne signifiant rien » remarque-t-il, paraphrasant Shakespeare ; au contraire, la conception judéo-zoroastrienne voit dans l'histoire « l’exécution progressive et conduite de main de maître ... d'un plan divin ... » Faut-il trancher entre l’une et l'autre ? Toynbee tend à suggérer des compromis, – « Après tout, pour qu’un véhicule avance sur la route que son conducteur a choisi, il faut qu’il soit porté par des roues qui tournent en décrivant des cercles et encore des cercles », – suggérant en cela une conception cyclique de l'histoire en spirale (chaque passage à un même point vertical se fait dans un plan horizontal supérieur). C’est finalement la thèse qu’il recommande, en acceptant l’idée d’un sens général de progrès mais qui se constituerait au travers d'expériences accumulées d'affirmations et de chutes successives de civilisations, correspondant effectivement au schéma cyclique. Notons enfin ceci qui vaut aujourd'hui, qui n’existait pas en 1945-47, qui est un sentiment contemporain qui ne cesse de gagner en force, en ce début du XXIème siècle, qui dévaste les certitudes et les espérances, – qui justifie, en un mot, ce récit que nous menons... Il est avéré dans l’esprit public en général que le sens progressiste de l'histoire lié absolument et irrémédiablement à notre civilisation et à nulle autre, et contredisant la théorie cyclique de Toynbee comme d’autres conceptions d’ailleurs, est une notion devenue de plus en plus critiquable et vulnérable par sa propre irréalisation, par sa démonstration de plus en plus catastrophique du contraire par elle-même.

» Bien sûr, ce débat sur le “sens de l’histoire” et tout ce qui en dépend, au profit exclusif de notre civilisation, est satisfaisant pour l’esprit et sa rhétorique, et pour l’animation des diverses ambitions civilisationnelles et religieuses, mais on peut également lui trouver l’allure d’une querelle byzantine. Toynbee lui-même en convient, sans vraiment le chercher en un sens, sans conscience aigue de la chose pour ce cas, lorsqu’il glisse dans une phrase déjà citée, cette précision (soulignée pour nous en gras dans la reprise de la citation) : « ... mouvement [...] par lequel la civilisation occidentale ne vise à rien moins qu'à l'incorporation de toute l'humanité en une grande société unique, et au contrôle de tout ce que, sur terre, sur mer et dans l'air, l'humanité peut exploiter grâce à la technique occidentale moderne. » Il y revient ensuite, et là en pleine conscience, lorsqu’il s’attache un peu plus à notre civilisation et mesure les moyens mis à sa disposition pour animer sa puissance, ce qui est par ailleurs désigné par d’autres comme son entraînement progressiste, sa mission civilisatrice, – lorsqu’il parle de « ce récent et énorme accroissement du pouvoir de l'homme occidental sur la nature, — le stupéfiant progrès de son “savoir-faire technique” — et c'est justement cela qui avait donné à nos pères l'illusoire imagination d'une histoire terminée pour eux ». Soudain, cette spécificité occidentale jusqu’alors mentionnée comme un moyen somme toute innocent apparaît comme d’une importance tout simplement fondamentale, une importance que nous qualifierions de rupturielle. Elle apparaît effectivement, on s’en aperçoit, comme la cause de ce qui se dessine comme une interruption de la marche cyclique que l’historien des civilisations Toynbee définit comme les rapports des civilisations, par laquelle il mesure la possibilité de l’humanité de progresser par le moyen de cette succession de civilisations. Elle apparaît comme une sorte d’événement de rupture, de ce qu’on nommerait, selon l’idée de Toynbee, la rupture de la respiration civilisationnelle, – la civilisation, souffle coupé si l’on veut, en rupture brutale de rythme, – certes, toujours réapparaît ce concept de rupture...

» « Pourquoi la civilisation ne peut-elle continuer à avancer, tout en trébuchant, d’échec en échec, sur le chemin pénible et dégradant, mais qui n’est tout de même pas complètement celui du suicide, et qu’elle n’a cessé de suivre pendant les quelques premiers milliers d'années de son existence? La réponse se trouve dans les récentes inventions techniques de la bourgeoisie moderne occidentale. » Surgit ainsi ce fait fondamental, ce qui remet tout en cause, détruit l’harmonie de la succession des civilisations, ébranle la superbe architecture toynbiste ; surgit et s’impose cet irréfragable constat que notre puissance technicienne, transmutée en une affirmation soi-disant civilisatrice passant par la technologie, pulvérise les règles de l’évolution des civilisations et bouleverse leur succession.

» On ne sait pas précisément ce que Toynbee fait de ce constat, s’il s’en réjouit ou s’il s’en désole. Il insiste ici et là sur la responsabilité particulière de la civilisation occidentale, ce qui est une évidence à la lumière de ce qu'il nous expose, mais il ne prononce ni diagnostic, ni jugement définitif ; surtout, il passe sous silence cette possibilité d'un jugement ou d'un diagnostic. On le sent gêné ou prudent, comme s'il estimait devoir respecter quelque chose qui ressemblerait à une consigne ou simplement n’est-il pas en position de pouvoir spéculer trop précisément. Lorsqu’il évoque, a contrario dirions-nous, une hypothèse défavorable à notre civilisation, il se récrie aussitôt mais sans donner le moindre argument de poids et, surtout, en écartant la principale règle de sa philosophie des civilisations qui est cet enchaînement de civilisation en civilisation impliquant que chaque civilisation connaît une décadence et une chute, que chacune alimente la suivante en lui cédant la place et en s’effaçant dans sa décadence et sa chute qui sont alors un accident de l’Histoire et nullement une rupture... Ainsi, lorsqu’il observe : « De plus, quand nous étudions en détail les histoires de ces civilisations défuntes ou moribondes, et quand nous les comparons entre elles, nous trouvons l'indication de quelque chose qui ressemble à une forme récurrente dans le processus de leurs dislocations, de leurs déclins, de leurs chutes. [...] Cette forme de déclin et de chute est-elle gardée en réserve pour nous, comme une sentence à laquelle aucune civilisation ne peut échapper ? Dans l'opinion de l'auteur, la réponse est absolument négative. » ... Et pourquoi donc, s’il vous plaît ? (Qui plus est : question absolument justifiée, sinon impérativement nécessaire plus d’un demi-siècle plus tard, dans les temps catastrophiques nous vivions.)

» Si nous disons notre malaise avec cette attitude de Toynbee, c’est qu’à d’autres occasions où le biais est différent, où la “civilisation occidentale” moins désignée en tant que telle, si pas désignée du tout, sa réflexion est si différente qu’elle en devient l’opposé. On pourrait juger de son soutient à la civilisation occidentale telle qu’il la décrit un peu comme Sainte-Beuve jugeait du soutien de Tocqueville à la démocratie, en se référant à Pascal, et la paraphrase donnerait alors ceci : “Toynbee m’a tout l’air de s’attacher à la civilisation occidentale comme Tocqueville à la démocratie et Pascal à la croix : en enrageant. [...] Pour la vérité et la plénitude de la conviction cela donne à penser.”

» L’on comprend cela lorsque Toynbee revient à l’Islam, avec une succession de constatations sur les rapports de l’Occident et de l’Islam et, dans le cas qui nous importe ainsi, avec une réflexion et un jugement parallèles sur les deux. Nous nous arrêtons à cette considération où Toynbee, après avoir constaté que l’une des grandes vertus de l’Islam est d’avoir écarté les haines entre les races (le racisme lorsqu’il se découvre suprématisme), poursuit, passant à la civilisation occidentale, – dont il précise aussitôt, et cela pour notre plus grande satisfaction car la chose doit être impérativement comprise, qu’il s’agit de la civilisation occidentale d’inspiration anglo-saxonne... « [L]e triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité; mais, en ce qui concerne ce dangereux préjugé de race, on ne peut guère contester que ce triomphe ait été néfaste. Les nations de langue anglaise qui se sont établies outremer dans le Nouveau Monde n’ont pas, en général, fait office de “bons mélangeurs”. La plupart du temps, elles ont balayé, chassé les primitifs qui les précédaient; et là où elles ont permis à une population primitive de survivre, comme en Afrique du Sud, ou bien importé du “matériel humain” primitif, comme en Amérique du Nord... [...] En outre, là où on ne pratiquait pas l'extermination ou la ségrégation, on pratiquait l'exclusion ... [...] A cet égard, le triomphe des peuples de langue anglaise a donc soulevé pour l'humanité une “question raciale”, ce qui n'aurait guère été le cas, tout au moins sous une forme aussi aiguë, et dans une aire aussi vaste, si les Français, par exemple, au lieu des Anglais, étaient sortis victorieux de la lutte pour la possession de l'Inde et de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Au point où en sont les choses, les champions de l'intolérance raciale sont dans leur phase ascendante, et si leur attitude à l’égard de la question raciale devait prévaloir, cela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale. »

» Ainsi en est-il... Alors qu’en général, il fait une apologie certes incertaine d’une civilisation destinée à dominer, à “occidentaliser” et à intégrer le monde en une sorte de “fin de l’Histoire”, dont on sait désormais avec sûreté qu’elle est technicienne et technologique, et qu’elle est dans son esprit encore plus que dans les faits complètement anglo-saxonne, voilà que Toynbee met en garde, dans ce texte, contre le “racisme” des Anglo-Saxons, – en fait, leur suprématisme, qui pourrait conduire à « une catastrophe générale ». (On comprend combien cette idée pourrait être acceptée, exploitée, manipulée, développée, aujourd'hui, dans notre début de XXIème siècle.) Comment concilier deux jugements pratiquement dits dans un même souffle et presque dans une même phrase, dans un passage qui commence par « [L]e triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité » et qui se termine par « [C]ela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale », – alors que l’on parle de la même chose, que le “cela” de la fin du passage renvoie bien, même si indirectement, au “triomphe des peuples de langue anglaise” ?

» A la lumière d’une telle démonstration de contradiction, il nous semble justifié de montrer quelque réticence pour la démarche de Toynbee, et de voir plutôt une bonne part de convenu dans ses jugements généraux. Ces textes sont écrits et même dits (conférences) à un moment crucial pour un Britannique, à la fois de triomphe de l’anglo-saxonisme (USA), à la fois du déclin de l’Empire britannique (perte des Indes et la suite) ; on ne reprochera pas à Toynbee de montrer quelque attention pour les psychologies britanniques dans un passage si délicat (“Right or wrong, my country”...). Par contre, les diverses remarques apportées ici et là, selon des approches différentes ou indirectes, nous paraissent suffisantes pour finalement constituer un dossier intéressant, et particulièrement s'il s'agit, comme c’est notre ambition, d’avancer une appréciation extrêmement spécifique sur la situation de notre civilisation dans une époque si propice à être interprétée comme un temps de rupture. C’est donc à ce point que nous réunirons nos arguments pour résumer l’essentiel de notre interprétation des propos de Toynbee, ceux qui sont réellement novateurs, de portée générale, ceux qui nous paraissent véritablement féconds. C’est en effet de cette façon qu’ayant saisi ce qui nous paraît être la substantifique moelle de la démarche de Toynbee, nous nous proposons de faire entrer cette démarche dans notre propre récit... Cela commence par les trois enseignements que nous retenons, à notre estime et sous notre responsabilité, des propos d’Arnold Toynbee.

» • Son idée d'une approche en partie cyclique de l’évolution des civilisations nous paraît très intéressante en ce sens qu’elle convient bien à notre perception et rencontre justement notre intuition. Pour nous, par conséquent et en élargissant le propos de Toynbee pour notre compte, cette idée implique qu’on ne peut, si l’on tient à un rangement vertueux de notre évolution civilisationnelle, envisager l’évolution des civilisations indépendamment les unes des autres ; qu’il existe une certaine continuité de l’ordre du spirituel autant, sinon plus, que de l’ordre de l’historique “accidentel” ; que toute civilisation, et c’est l'essentiel de cet aspect-là, a une sorte de responsabilité spirituelle par rapport à l'histoire, y compris dans son décadentisme, dans sa façon d'être décadente ; comme si on ne pouvait être décadent et chuter qu’en assumant sa responsabilité métahistorique d’assurer la continuité et d’ouvrir la voie, d’une façon ou l’autre, à la civilisation suivante ... En un sens, c’est dire qu’être une civilisation éventuellement sinon nécessairement dominante d’une partie de la métahistoire, “cela se paye” d’une fidélité fondamentale à l’Unité originelle, avec la responsabilité structurelle qui va avec. Il s’agit, selon notre interprétation d’une sorte d’acquiescement à un destin commun, de ce sens unificateur des solidarités qui justifie d’être dans la métahistoire.

» • La deuxième idée de Toynbee comme nous la concevons, concernant notre civilisation, est que la disposition d'une telle puissance technique et technologique utilisable dans tous les recoins et dans une géographie terrestre totalement maîtrisée et contrôlée impose à cette “notre-civilisation” (les guillemets deviennent nécessaires, par prudence) une ligne de développement même si ce développement s'avère vicié et qu'elle interdit tout développement d'une civilisation alternative et/ou successible. On retrouve ici une correspondance certaine avec notre propre schéma à partir du “déchaînement de la Matière” et, en nous référant à la classification de Ferrero, une correspondance chronologique certaine avec le destin de l’“idéal de puissance” qui passe justement, avec l’effondrement allemand de 1945, son flambeau du pangermanisme à l’anglo-saxonisme, ou panaméricanisme. On comprend alors que la contradiction relevée plus haut (Toynbee annonce une offensive d’“occidentalisation” du monde au moment où s’amorce la décolonisation) n’en est pas vraiment une : l’“occidentalisation” n’a pas tant à voir avec le colonialisme, avec la saga des colonies au XIXème siècle, etc., qu’avec la disposition du technologisme, de la puissance technicienne, bref de l’“idéal de puissance” devenu le premier instrument, et l’esprit même de l’“occidentalisation” du monde, – et complètement “anglosaxonnisé” à partir de 1945.

» • Une dernière idée, implicite dans les considérations de Toynbee mais déjà très fortement présente, qui nous semble renforcée de nombreux arguments aujourd'hui, voire du simple constat de bon sens, est ce constat, justement, que l'hypertrophie technologique de notre civilisation, qui est aussi la clef de voute et l’inspiration de l’“occidentalisation” du monde, s'est accompagnée d’une atrophie des comportements et des valeurs intellectuelles et spirituelles de civilisation, que ce soit du domaine de la culture au sens le plus large, de la pensée, de l’intuition haute, de la foi au sens le plus haut. Toynbee nous le suggère lorsqu’il dit ce qu’il dit des Anglo-Saxons, qui mènent cette civilisation, de leur racisme-suprématisme qui conduit éventuellement aux pires catastrophes par opposition à ce qu’auraient pu en faire les musulmans et (c'est plus notable et intéressant) par opposition à ce qu’auraient pu en faire les Français. (Dans ce cas et en actualisant notre critique aux temps courants de ce début de XXIème siècle où les choses sont clairement dites, nous n’enfermons pas le “racisme” dans l’esprit-Système du mot, dont l’usage est invertie puisqu’il constitue, dans ce cadre, une arme de déstructuration et de dissolution. Nous l’utilisons dans l’esprit du suprématisme anglo-saxon, qui accomplit avec ce diktat suprématiste une fermeture à toute autre approche du monde que celle de l’anglo-saxonisme ; poursuivant le cas, l’on sait que l’anglo-saxonisme, sous l’empire de l’“idéal de puissance”, est le serviteur le plus empressé du Système déstructurant et dissolvant. C’est dans ce sens qu’il faut voir l’allusion contraire aux Français, qui sont étrangers et hostiles par leur nature même, malgré leurs élites anglo-saxonisées du temps courant, à une telle approche.) »

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La mitología de la modernidad

por Dalmacio Negro

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Minorías organizadas en lobbies reivindican como conquistas democráticas las cosas más absurdas.

El estado de naturaleza, la doctrina de la soberanía político-jurídica, el contractualismo, el Estado, la Sociedad, y el ciudadano como el hombre perfecto son los grandes mitos que subyacen en el subsuelo de las constituciones modernas, cajas de Pandora del artificialismo imperante en las relaciones humanas.

1.- Luís Díez del Corral observó hace tiempo en La función del mito clásico en la literatura contemporánea, que los mitos clásicos habían perdido su expresividad originaria y Manfred Frak dedicó más tarde algunos libros a “la nueva mitología” de la modernidad. El libro del jurista italiano Danilo Castellano Constitución y constitucionalismo, una espléndida síntesis, breve y muy clara, sobre la naturaleza del constitucionalismo nacido de las revoluciones modernas y sus vicisitudes, sugiere que el constitucionalismo descansa en doctrinas que operan como mitos.

2.- La tendencia más característica del pensamiento moderno interrumpió la mayor de las revoluciones imaginables: la desacralización del mundo que llevaba a cabo el cristianismo. La cultura de la civilización occidental, incluida la resurrección de la mitología, en este caso artificialista -una manera de desacralizar que, al prescindir de su causa, aniquila la vida natural-, tiene la impronta de esa desacralización o desdivinización de la Naturaleza, que suele describirse como secularización, palabra que, si significa algo, es la tendencia a la politización de la vida.

Aparte de hechos como el cambio en la imagen del mundo con los descubrimientos, etc., contribuyeron en el plano intelectual a la nueva mitologización la influencia de la Pólis griega de la mano del humanismo, según la tesis, que se pasa demasiado por alto, del alemán Paul Joachimsen, el suizo Werner Naef o el español Álvaro d’Ors; la del gnosticismo según Voegelin y la reducción del poder a sus connotaciones inmanentistas, de lo que dio Maquiavelo fe notarial. La Reforma protestante les dejó libre el campo al separar la razón (eine Hure, una prostituta según Lutero), de fe, rompiendo la relación entre este mundo y el sobrenatural, del que, como reafirmó el gran teólogo Urs von Balthasar, depende el mundo natural.

Los fundadores de la ciencia moderna estaban convencidos de que Dios había ordenado racionalmente la Creación, siendo posible por tanto conocer mediante la razón las leyes que la gobiernan. Sin embargo fue fundamental el auge de la ciencia, a pesar de haberla hecho posible la desacralización de la Naturaleza, que ahuyentó las creencias ancestrales en signos, fuerzas, seres misteriosos y supersticiones, para reactivar las explicaciones mitológicas: las ideas tienen consecuencias y una de las más peligrosas puede ser su divulgación, como gustaba sugerir Leo Strauss y la ciencia se divulgó como un medio de emancipación del mundo natural de su dependencia del sobrenatural. Algo parecido ha ocurrido con la teoría de la relatividad de Einstein. Al popularizarse la idea, ha contribuido poderosamente a difundir la creencia en que no hay verdades objetivas, impulsando el relativismo moral tan de moda.

3.- La conocida tesis de René Girard de que existe una lucha permanente entre el polémico logos griego de Heráclito y el logos del evangelio de San Juan, resume muy bien el proceso desencadenado en el mundo moderno, en el que se habría impuesto el logos naturalista, de naturaleza mítica. La teología, como fuente de la verdad del orden universal, era considerada el saber supremo en la jerarquía de los saberes. Pero la metafísica empezó a separarse de ella y ante el fracaso de la teodicea (“justificación de Dios”) de la metafísica racionalista, incapaz de demostrar la existencia de Dios, se empezó a poner la fe en la ciencia natural. Separado este mundo del sobrenatural por la Reforma,la ciencia da por lo menos certezas y seguridad acerca de las cosas terrenas.

Esa tendencia del pensamiento moderno impulsada por la metafísica armada con la ciencia, devino una creencia colectiva en la época romántica caracterizada por la revalorización, a la verdad un tanto inconsciente, de la mitología en la que se inserta el constitucionalismo.

4.- Decía Cassirer al comienzo de su libro El mito del Estado: «la preponderancia del pensamiento mítico sobre el racional en algunos de nuestros sistemas políticos modernos es manifiesta». Cassirer se quedó corto al decir “algunos”, seguramente porque el libro vio la luz en 1946. Él mismo afirma casi a continuación que «en la vida práctica y social del hombre, la derrota del pensamiento racional parece ser completa e irrevocable. En este dominio, el hombre moderno parece que tuviera que olvidar todo lo que aprendió en el desarrollo de su vida intelectual. Se le induce a que regrese a las primeras fases rudimentarias de la cultura humana. En este punto, remachaba Cassirer, el pensamiento racional y el científico confiesan abiertamente su fracaso; se rinden a su más peligroso enemigo».

El progreso del pensamiento mítico a partir de esa fecha, evidencia la claudicación del pensamiento racional y el científico. Es más, este último, en su degeneración ideológica, el cientificismo, produce continuamente infinidad de nuevos mitos. Recientemente, los mitos de las “ideologías de la estupidez” (A. Glucksmann), entre ellas las bioideologías, intelectualmente endebles pero muy poderosas dada la debilitación del pensamiento por el auge de esa estupidez que había detectado ya Robert Musil; por la destrucción del sentido común denunciada por Alfred N. Whitehead; por ”el oscurecimiento de la inteligencia” advertido por Michele Federico Sciacca; por la “derrota del pensamiento” constatada por Alain Finkielkraut;… En fin, por la infantilización diagnosticada por Tocqueville como una pandemia a la que es propensa la democracia y fomentan las oligarquías para afirmar su poder.

Los mitos que alberga el modo de pensamiento ideológico, dominan hoy el panorama de las ideas, entre ellas las políticas, jurídicas y sociales. Según el sociólogo Peter Berger, nuestra época es una de las más crédulas que han existido. Sin duda por la apariencia de cientificidad de que se revisten ideas de las que se aprovechan minorías para hacer su negocio.

5.- El profesor Castellano busca el lazo común entre los tres constitucionalismos que distingue: dos europeos, el constitucionalismo “continental” a la francesa y el “insular” inglés, y el extraeuropeo “estadounidense”. No obstante, existe una diferencia entre los anglosajones y el francés: y este último pretende desde su origen ser algo así como la cuadratura del círculo de la mitología política moderna, cosa que no pretenden los otros, más enraizados en la realidad meta-antropológica (von Balthasar), que en la visión meta-física moderna.

Los sistemas políticos que imitan el constitucionalismo a la francesa son prácticamente míticos. De ahí su naturaleza intrínsecamente revolucionaria, pues la Gran Revolución aspiraba a recomenzar la historia partiendo del Año Cero (1789), en contraste con los otros dos, que, menos metafísicos y antiteológicos, eran conservadores, como sentenció Macauley, en tanto no partían del Derecho -la Legislación- como un instrumento revolucionario, sino de la libertad como un presupuesto meta-antropológico cuya protección es, justamente, la razón de ser del Derecho.

En efecto, el verdadero sujeto del constitucionalismo continental no es el hombre libre sino, igual que en la Pólis,el ciudadano, una creación legal en tanto miembro de una comunidad artificial, la estatal.

6.- ¿Cuál es el fundamento intelectual del constitucionalismo? La lógica de la vida colectiva y del orden social es el Derecho de manera parecida a como lo es la Matemática en el orden de la naturaleza. Pero mientras aquella es práctica, empírica, puesto que pertenece al mundo de la libertad, la de la Matemática es teórica, deductiva, puesto que su mundo es el de la necesidad. El Derecho es por tanto el fundamento de los órdenes humanos concretos, en contraste con lo que llama Castellano «la tesis de la geometría legal», según la cual, «el derecho no es el elemento ordenador de la comunidad política (y, por tanto, bajo un cierto prisma preexistente a ella), sino que nacería con el Estado, que -a su vez- se generaría por el contrato social». Esta es la clave del constitucionalismo continental, que instrumentaliza el Derecho poniéndolo al servicio de la política estatal, una política distinta de la sometida al Derecho. De ahí el auge de la politización a través de la Legislación.

7.- El jusnaturalismo racionalista, que fundamenta el constitucionalismo, continuaba formalmente la tradición medieval de la omnipotentia iuris. Pero mientras el antiguo Derecho Natural se asienta como indica su nombre en la naturaleza de las cosas y en la costumbre, el nuevo descansa en la concepción puramente meta-física que excluye la teología (Grocio, Alberigo Gentile, Hobbes…). La anterior omnipotentia iuris, que pervive como un residuo, descansaba en la tradición del Derecho Natural para la que el orden cósmico es congruente con la naturaleza humana. La moderna se rige por el ingenuo jusnaturalismo racionalista, causa del artificialismo político, social, jurídico y moral, pues no se atiene a lo natural, tal como lo muestran las costumbres y la experiencia, sino a la recta ratio. Ésta construye el orden social como un producto abstracto al que ha de adaptarse la naturaleza humana.

8.- ¿Por qué es ingenuo este derecho natural?
En primer lugar, porque al ser puramente racional, “teórico”, su contenido queda a merced de la voluntad, con lo que su racionalidad depende de la coincidencia o no con la realidad empírica, con las costumbres, los usos y las tradiciones de la conducta. En segundo lugar, porque descansa en el mito del contractualismo político, liberador de otro mito, el del estado de naturaleza. Éste es un mito bíblico, pero en el sentido del mito como una forma de expresar la realidad. Idea que, vulgarizada, impulsó el romanticismo. «Para los verdaderos románticos, dice Cassirer, no podía existir una diferencia señalada entre la realidad y el mito; cabía ahí tan poco como entre poesía y verdad».

9.- Hobbes convirtió el estado de naturaleza caída del que hablaban los Padres de la Iglesia en el mito fundacional que justifica otro gran mito: el del contrato político, que, a pesar de la critica de Hume, dio origen a una interminable serie de mitos como el del poder constituyente, al que dedica Castellano un capítulo. Hume no pudo tampoco impedir que su neurótico amigo, el calvinista Rousseau, radicalizase el contractualismo. Hobbes se había contentado con distinguir lo Político y lo Social como el Estado y la Sociedad que, en cierto modo, se limitaban entre sí, puesto que la moral seguía dependiendo de la Iglesia. Rousseau los unificó en un sólo contrato, el contrato social, para acabar con la Iglesia y restaurar el estado de naturaleza, que en su opinión no era cainita como suponía Hobbes, sino todo lo contrario. La supresión o superación del dualismo hobbesiano, será una obsesión desde el romanticismo .

10.- Una consecuencia de la Gran Revolución es la consideración de la revolución como fuente de legitimidad, pues su idea central consistía en garantizar los Derechos del hombre y del ciudadano frente al despotismo monárquico. Mientras los otros dos constitucionalismos se contentaban con garantizar las libertades naturales mediante el Derecho, el francés trasladó el derecho divino de los reyes en el que se apoyaba la no menos mítica soberanía estatal al ciudadano. El ciudadano es el mito clave del constitucionalismo, cuya causa final consiste en la potenciación de la ciudadanía aunque vaya en detrimento de la libertad, pues el ciudadano no es el hombre libre por naturaleza sino una construcción legal, que reserva la ciudadanía para unos pocos, la burguesía revolucionaria triunfante, el tercer estado de Sieyés, una clase económica.

11.- El socialismo se enfrentó a esta situación fáctica, manifiestamente injusta, reivindicando no la igualdad formal, legal inherente a la libertad política, sino la igualación material de todos para establecer la ciudadanía universal. No se opone, pues, al espíritu burgués sino que quiere extenderlo a todas las clases: la verdadera democracia consiste en que participen todos como ciudadanos de las comodidades, placeres y bienestar de la burguesía. Algo así como una clase media universal de espíritu bourgeois. En su versión pacifista, el “socialismo evolutivo” (Bernstein), que prefiere la revolución legal a la revolución violenta, pacta con el odiado capitalismo, igual que había pactado antes la monarquía con la burguesía para afirmar su poder. La socialdemocracia es un capitalismo estatista que identifica el progreso y la democracia con el aburguesamiento universal .

12.- El ciudadano de la Pólis griega combinado por Rousseau con el creyente calvinista de su Ginebra natal -el propio Rousseau- aderezado con la visión de la vida campesina, es la figura central del constitucionalismo. El mito del ciudadano unirá luego los tres constitucionalismos bajo la rúbrica, anota Danilo Castellano, del pluralismo de la ideología de los derechos humanos, más que mítica supersticiosa, si creer en los derechos humanos es, al decir de MacIntyre, como la creencia en las brujas y los unicornios. Las ideologías, llevadas por su lógica y por la demagogia, al instalar como su principio el derecho a la autodeterminación individual, han llegado así al punto en que, sin quererlo, disuelven los órdenes políticos fundados en el constitucionalismo, abstractos por su concepción pero concretos gracias a la presión del poder político.

Ha surgido así un nuevo estado de naturaleza de guerra de todos contra todos fundado en el artificialismo, en el que minorías organizadas en lobbies reivindican como conquistas democráticas las cosas más absurdas. Entre ellas, están alcanzando una gran intensidad política las relacionadas con la “cuestión antropológica”, la última producción de la ideología de la emancipación. Este artificioso estado de naturaleza necesita sin duda de un nuevo constitucionalismo que contenga la destrucción del Estado, de la democracia, de la Sociedad, y, en último análisis, de la cultura y la civilización.

Fuente: Diario español República Constitucional

mardi, 22 octobre 2013

Erdogan y el TSK

Ex: http://www.elespiadigital.com

Por Germán Gorraiz Lopez

Erdogan proseguiría con su estrategia de implementar el Estado Erdoganista, (socavando los pilares del Estado Secular que en 1923 implantó el Padre de la Turquía Moderna, Mustafa Kemal)  y que se plasmarían en pinceladas como la implantación de la enseñanza del Corán en la escuela Primaria, restricciones a la libertad de expresión en forma de encarcelación de periodistas opositores, la polémica restricción de venta de alcohol y el anunciado despliegue de la policía en los campus y residencias universitarias que podría desencadenar un nuevo Mayo del 68. Recordar que Kemal creía que “el secularismo y la europeización de Turquía eran los medios más aptos para transformar su país en una nación industrial moderna”, pero el kemalismo dejó como herencia una crisis de identidad en la sociedad turca, europeizada pero no integrada en las instituciones europeas y musulmana pero extraña al mundo islámico.

Erdogan y Egipto

El primer ministro turco, Recep Tayip Erdogan, ha acusado al Gobierno en funciones de Egipto de terrorismo de Estado y ha comparado al jefe del Ejército, Abdel Fatá al Sisi, con el presidente sirio, Bashar al Assad. Igualmente, acusó a los medios de comunicación occidentales que transmitieron en directo  las protestas violentas de las calles de Estambul, “como BBC y CNN” de “no mirar ni escuchar lo que ocurre en Egipto”, según  el diario ‘Hurriyet’.

El propio Erdogan ha reiterado que Turquía no reconoce al Gobierno interino egipcio y que sigue considerando al depuesto y encarcelado mandatario, Mohamed Morsi, como único presidente legal del país árabe, con lo que la tensión entre ambos Gobiernos ha ido “in crescendo” y tras el baño de sangre producido por la represión del ejército egipcio, ambos países habrían llamado a consultas a sus respectivos embajadores y Egipto habría cancelado las maniobras militares marítimas conjuntas que tenía previsto realizar con Turquía el próximo mes de octubre , debido “ a la injerencia flagrante de Ankara en los asuntos egipcios”, por lo que Erdogan se  habría granjeado la enemistad de EEUU.

Pulso Erdogan-TSK

El Ejército turco (TSK) desempeña un importante papel político en la sombra,  puesto que se consideran los guardianes de la naturaleza secular y unitaria de la República  siguiendo los postulados kemalistas y los partidos políticos juzgados como anti-seculares o separatistas por el Poder Judicial Turco (a instancias del estamento militar), pueden ser declarados ilegales.Ya en vísperas de la elección de Abdullah Gül como Presidente de Turquía ( agosto del 2007), las Fuerzas Armadas  afirmaron que “intervendrán decisivamente en la defensa del laicismo ante los esfuerzos de determinados círculos de socavar los valores fundamentales de la república  que han aumentado claramente en tiempos recientes”, advertencia próxima a la retórica del Golpe Militar de 1.980 y que podría extrapolarse a la situación política actual.

En los últimos años , Erdogan ha asestado varios golpes a la cúpula militar turca, del que sería paradigma la decisión de Erdogan de relegar de su cargo a tres oficiales de alto rango acusados de formar parte de la trama “Ergenekon”, una agrupación ultra-nacionalista compuesta por militares y activistas de marcado carácter laicista, pero también por segmentos de la esfera política, mediática, intelectual y educativa del país y cuyo supuesto cometido habría sido deponer al actual ejecutivo islamista de Erdogan y el pulso Erdogan-TSK habría llegado a su paroxismo con las sentencias condenatorias del caso Erdegon, destacando la dureza de las penas impuestas a 250 de los implicados, 12 de los cuales habrían sido condenados a cadena perpetua.

¿Hacia el golpe de mano?

El mandato de Erdogan como primer ministro finiquita en el 2015 sin posibilidad de reelección,por lo que es previsible que abandone el puesto de Primer Ministro para competir por la presidencia en las elecciones presidenciales de septiembre.

Dicho cargo sería meramente simbólico pero podría asumir poderes ejecutivos si prospera la reforma constitucional que el propio Erdogan propone con el objetivo inequívoco de implantar la nueva República Islámica de Turquía en el horizonte del 2016, con lo que Turquía se convertiría en un régimen indefinido en el que la lealtad a los intereses occidentales en Oriente Próximo estaría en entredicho.

Ante esta situación, tras conocerse las condenas del mediático affaire Ergenekon, (de las que sería paradigma el general retirado Ilker Basbug, antiguo Jefe de Estado Mayor del TSK, condenado a cadena perpetua y su frase premonitoria “La Nación tendrá la última palabra”) y sin el paraguas protector de la UE (al posponer “sine die” la incorporación de Turquía miembro de pleno de derecho de la UE), no sería descartable que el ejército turco (TSK) protagonice un nuevo golpe “virtual” o “posmoderno” que acabaría con el mandato del Primer Ministro Erdogan, (rememorando el ‘golpe blando’ de 1997, cuando los generales kemalistas arrebataron el poder al Gobierno del presidente Necmettin Erbakanpor, quien lideraba una coalición islamista).

Dicho golpe contaría con las bendiciones de Washington al haber dejado Erdogan de ser un peón útil para la estrategia geopolítica de EEUU en Oriente Próximo y significaría el ocaso de la primavera árabe del arco mediterráneo y la posterior inmersión en el llamado otoño árabe, fruto de la nueva estrategia de EEUU para la zona tras el evidente fracaso para sus intereses del experimento de exportación del otrora régimen islamista moderado y pro-occidental de Erdogan a todos los países que componen el tablero gigante del mundo árabe-mediterráneo.

La nueva estrategia de EEUU consistirá en la implementación de “golpes virtuales o postmodernos“ en los países de la zona con el objetivo inequívoco de sustituir a los regímenes islamistas surgidos de las urnas por regímenes militares presidencialistas en el marco del nuevo escenario geopolítico mundial surgido tras el retorno al endemismo recurrente de la Guerra Fría entre EEUU y Rusia, quedando Siria y Marruecos como portaaviones continentales de Rusia y EEUU respectivamente.

* Analista

Propedeútica a un mundo multipolar o la Tercera Guerra Mundial

Por Dr. Sebastián Ballesteros Walsh* - El Espía Digital

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Archive: novembre 2012

Las calles del Imperio

Washington DC, como Roma, Londres, o París o San Petersburgo, es majestuosa ciudad imperial, desde la idea urbanística, el diseño arquitectónico de sus edificios públicos, sus Museos y Ministerios y Bancos, pulcros parques y jardines y los miles de cerezos que florecen en abril, con un toque de millonaria policromía japonesa, contrastada con los verdes de la frondosa vegetación perenne.

Es una hermosa ciudad, si prefiere Georgetown o vivir en los barrios de la periferia, lo suficientemente lejos de la Casa Blanca, el Capitolio y el corazón urbano del Distrito de Columbia, una zona delincuencial verdaderamente peligrosa, que lo pueden despojar de sus bienes en un santiamén y por la corrupción que se ha enseñoreado del Congreso, dominado por los lobbies de Nueva York, la verdadera capital del Imperio, que han despojado de sus libertades y de sus bienes a la mayoría de los norteamericanos, y consentido guerras injustificables.

Envuelta en la cautivamente e hipnótica parafernalia presidencialista de la marcha Heil to the Chieff, paradójicamente una de las metrópolis con mas alta mortalidad presidencial por atentados, solo comparable con la Roma decadente, de pretores, degenerados y lunáticos. Los mitos aglutinantes del Imperio y de su Pax Americana, imagen del faro luminoso que guía a la humanidad por la segura ruta de la democracia, manteniendo en alto la flama de la libertad en la Isla de Ellis, el libre comercio, los derechos humanos y todas las libertades de la Constitución, que fue modelo de las Constituciones liberales de las Naciones Latinoamericanas, traerían progreso, abundancia y prosperidad, pero las copias no han funcionado, al menos no para todos.

El trabajo sí es para todos pero, al final la tajada de león es sólo para banqueros, plutócratas, usureros y sus legiones de eficientes abogados y contadores, directores de medios masivos obsecuentes, y la renovada clase de ciertos generales y almirantes, incompetentes y corruptos, trepadores en las estructuras de poder—- ascendieron lejos de la línea de fuego, centrados en sus carreras políticas más que en el destino de la nación, que no decir de sus propias armas—, puestos a su servicio desde de su retiro temprano con jugosas pensiones, para ascender al Directorio de Corporaciones, las puertas del verdadero poder que domina al Imperio, previas voluntarias concesiones de conciencia hasta quedar como lujosos instrumentos del verdadero poder sin alma, con bonos, acciones y cuentas de cheques.

Distantes e ignorados, los combatientes de la línea de fuego, generales brillantes, oficiales comprometidos y soldados valientes, que sudan, sangran y sufren en lejanas guerras incomprensibles, caprichosas, donde domina el espíritu aniquilador de Hiroshima, Dresde, Nagasaki y Hamburgo. Las legiones están cansadas, desmoralizadas y asqueadas de haber cambiando de branding, de bravos y patriotas, a criminales, sicarios y asesinos seriales.

Si Ud no se ha percatado, la Estatua de la Libertad, símbolo del nuevo mundo, tiene la cabeza hueca como lo es el resto del monumento donado por la Francia de la Revolución y la guillotina. Bajo su antorcha millones han llegado para compartir un sueño, el sueño americano que toca a su fin. Hoy los inmigrantes pasan a ser los villanos inasimilables de Samuel Huntington, el placebo de enemigo necesario para justificar un clima paranoico de guerra interna, la sociedad de la vigilancia electrónica, el dominio del protector Hermano Mayor, el sueño cumplido del suicida Arthur Koestler en 1984. No hay guerra sin enemigo agresor, por eso es necesario inventarlo, fabricarlo, aderezarlos con todos los ingredientes truculentos de la maldad y la sevicia amenazante, e inminente, para entregar con cuentagotas rebanadas de libertad a cambios de una mítica seguridad evasiva siempre amenazada.

Y claro serán los hispanos, morenos y mestizos, el blanco preferido de la propaganda de guerra del Ministerio de la Verdad, encarnada en CNN y en Fox, para demonizar al inmigrante inasimilable porque habla español, ama su familia y su terruño y ora a la Virgen de Guadalupe, casus belli declarado Huntington dixit. Los mexicanos, Osama Bin Laden y Al Qaeda, son los fantasmas que agita la propaganda de guerra para devorar libertades y aumentar presupuestos de guerra y de seguridad, clima mental de paranoia, violencia, distractores eficaces del problema real que enfrenta el Imperio.

El Almirante Mullen, Jefe del Comando Conjunto de las FFAA de USA, declaró sin ambages que el peor enemigo de la seguridad nacional de su país, no era Al Qaeda, sino la burbuja especulativa inmobiliaria gestada por la usura de la Calle del Muro, el otro muro. Pues 40 millones de hipotecas tóxicas, tienen en vilo o en la calle a otras tantas familias, 20 millones de desempleados, 50 millones de adictos que no pueden vivir una semana sin drogas, el déficit fiscal trillonario, el dólar sobrevaluado en un 20%, el riesgo de la recesión, y un país en una larga guerra by proxy, que puede sufragar hipotecando el futuro de generaciones nonatas de nietos y bisnietos. Estos son en conjunto indicadores precisos de que el Imperio unipolar más poderoso en la historia de la humanidad, esta tocado en la línea baja de flotación. Pero un pueblo guerrero, con la maquinaria militar mas avanzada y los recursos tecnológicos impensables, el control de los siete mares, del espacio y las 1000 bases en todo el mundo, guerras en 30 países, 120 mil contratistas privados en Afganistán y otros tantos en Irak, no se bajará del ring sin pelear.

Por eso en mis cavilaciones, me pregunto qué dilemas pasan por la mente de los políticos que mandan a los militares, para engarzarlos en otra guerra mas, en donde tienen mas que perder que ganar, sólo para servir a la minoría fanática que dirige a Israel, poniendo en riesgo la seguridad del pueblo judío todo, en el umbral de un Holocausto nuclear.

¿Cómo dejar Afganistán e Irak retornando las legiones de combatientes sin haber ganado nada? ¿Cómo dejar ahora al África del Norte y Central, en el caos provocado por la guerra de intervención contra el Coronel Gadafi y contra Libia que recuerda al Congreso de Bruselas de fines del siglo XIX en que los imperios se repartieron las colonias como lo harían después en Versalles? ¿Cómo seguir adelante con la destrucción de Siria paso previo a una desastrosa intervención militar contra Irán?. ¿Cómo soslayar que el nuevo Versalles del Medio Oriente diseñado por los tanques de cerebros del occidente plutócrata, no sea el mapa para reproducir después y pronto en América Latina, empezando con México, convertido en proconsulado, víctima de una violencia importada desde el Norte, ocupando con mil excusas humanitarias y ambientales, los espacios vacíos de la región, los Petenes, la Amazonia y la Patagonia? ¿Cómo no elevar el grado de alerta con probables movimientos secesionistas en el Sureste Mexicano, en el Soconusco sobre el Pacífico, en Guayas en Ecuador, en los llanos venezolanos, en Santa Cruz de la Sierra y en el Paraguay?. ¿Qué reacción esperar de Brasil cuando el Comando de la Cuarta Flota reactivada desde después del fin de la Segunda Guerra Mundial declara que navegarán por aguas turbias, clara definición de la Amazonia, al mismo tiempo que la UE y la OTAN solicitan su internacionalización pues Brasil no podría administrar ese pulmón de la humanidad? Tanta generosidad del Imperio es realmente embargante.

Si Mitt Romney declara que el enemigo es Rusia, esto es el retorno a la Guerra Fría, es perfectamente congruente con el pensamiento estratégico neocons. Después de la caída del Muro de Berlín, el cambio de la doctrina de Guerra norteamericana que declara la legalidad del ataque estratégico preventivo—al demonio con la jurisprudencia del Tribunal Militar de Núremberg y con los ejecutados por crímenes de guerra — tira por la borda todos los avances de desarme nuclear, y provoca el rearme de Rusia.

El Imperio contrataca: la instalación de sistemas misilísticos en el Centro de Europa, sólo significa la capacidad instalada para abatir la segunda ola de misiles desde Rusia, si ésta es atacada por la OTAN, no por Irán. La base militar en Darwin Australia, retrotrae la historia a la Segunda Guerra Mundial, en un clima de asedio y contención contra la Republica Popular China, a la que el Asesor de NSA ha declarado el enemigo a aislar en el Lejano Oriente.

El Imperio tiene las tasas mas altas de generales y almirantes por soldados que cualquier fuerza armada de la tierra, y el Departamento de Defensa se ha convertido en un burocracia infernal con 2 millones de empleados en todo el mundo, y en el mayor terrateniente global, superando las aspiraciones de Donald Trump o Ted Turner o (el mexicano de origen libanés) Carlos Slim (el hombre más rico del mundo según revistas especializadas).

Washington DC con todo su glamour atractivo para incautos, es una vanidosa galería de espejos, de pasadizos traseros del poder, por donde caminan presurosos hombres y mujeres talentosos, dispuestos a prestar servicio a los lobbies, dejando en su idílica caja fuerte hogareña, los restos de conciencia, valores y principios éticos WASP a buen recaudo.

Washington es el escaparate del poder imperial, es la rama ejecutiva, legislativa y judicial, de una democracia de partidos, que ha dejado de ser democrática hace muchas décadas atrás, casi un siglo, cuando los plutócratas tomaron el control del timón de la nación en vías de convertirse en Imperio. Las poderosas maquinarias burocráticas de ambos partidos son tan corruptas, como lo son el Congreso y Senado resultantes, dominados por las aportaciones para sus campañas políticas de los lobbies todopoderosos que se ufanan de tener a congresistas y senadores en su bolsillo. Estas minorías partidistas representan los intereses, creencias y ambiciones del 1% que domina al Imperio, pero no representan en absoluto la voluntad del electorado norteamericano tan arrogante como dócil, tan pendular como ingenuo, al hacerse cómplice activo con un sistema basado en mentiras, verdades a medias, rampante corrupción y perpetuo auto engaño, de seguir las reglas del juego del sistema, incrédulamente creyente de que es el mejor del orbe.

Los candidatos políticamente incorrectos, que los hay en el espectro político norteamericano, que arrastran muchos más de los que desearía la Homeland Security, la nueva onerosa y obesa burocracia represiva del Big Brother, desaparecen por arte de magia de las mass media, víctimas de la ley del silencio y la censura impuesta por las corporaciones que pagan anuncios y los lobbies que actúan como desbastadores ejércitos privados.

Los presidentes llegan al poder mintiendo y mienten deliberadamente. Nixon ganó con los votos conservadores, pero fue uno de los presidentes más liberales de su época. Barak Obama recibió el Premio Nobel de la Paz, -como Henry A. Kissinger, el hombre de los Rockefeller, quien al menos cumplió en entregar el sudeste asiático a la esfera comunista-, pero BO lo recibió en estado de gracia, como premio anticipado, antes de haber pacificado nada. La devaluación de los Premios Nobel, desde que se lo negaran al original Jorge Luis Borges, ha puesto en la vitrina de los cambalaches y las vanidades un premio ignominioso. Una vez en el poder, el presidente demócrata resulto más belicoso, intervencionista y desestabilizador que el joven Bush, fiel al apotegma wilsoniano de la guerra perpetua para la paz perpetua. Las doctrinas, políticas y estrategias de los neoconservadores de Brooklyn, aquellos impetuosos jóvenes judíos trotskistas del 68, transformados en “tanque de cerebros” de las administraciones republicanas, primero volcaron en nuevos odres los viejos vinos de la revolución cultural mundial permanente, continuaron con BO su marcha en todos los frentes de guerra, aceleraron las intervenciones abiertas y encubiertas y azuzaron los conflictos por venir en las zonas geopolíticas de tensión, montados en la administración demócrata.

La dinámica democrática

Miente, gana votos y después en el poder haz exactamente lo contrario a lo que has prometido, al cabo dispones de legiones de cerebros capaces de justificar cualquier tropelía, asesinato, tortura, invasión, bloque o destrucción de una nación colocada en la lista negra del Imperio. Al cabo es un empleado de lujo, pero fiel y obediente CEO del verdadero poder plutócrata, que dirige los destinos del Imperio hacia nuevos espacios, nuevas guerras, nuevos órdenes mundiales, fraguados por el complejo industrial-militar-financiero-usurero, que profetizara infructuosamente el Presidente Dwight Eisenhower.

Los resultados de las elecciones presidenciales norteamericanas, descritas cáusticamente por el místico ruso Alexander Solzhenitsin como una pasajera locura carnavalesca, son realmente irrelevantes, pues la competencia electoral y los debates kabuki entre Romney-Obama sólo son una exhibición publica de sus debilidades y flaquezas, del poder de los lobbies poderosos que dirigen la política exterior norteamericana: quién era más fervoroso sionista—aunque no fuera judío—y quién era más agresivamente belicoso en propagar el nuevo evangelio del globalismo capitalista salvaje que ha de dar nacimiento al Nuevo Orden Mundial, anunciado por el viejo Bush hace mas de dos décadas, propulsado por la Revolución Mundial Cultural.

Sentado en una banca frente al Monumento a Lincoln al final del Mall en el corazón de la capital exotérica del Imperio, las cavilaciones se refrescan con el fluir del rio que toda capital imperial tiene por natura.

Las cavilaciones giran en torno al reordenamiento del mapa político del Medio Oriente, iniciada con la invasión y conquista de Irak, balcanizada sobre líneas étnicas y religiosas, remodelación del divide et impera, al wilsoniano modo versallesco de 1918. Esa remodelación ad hoc a los intereses plutocráticos del Imperio, USA-OTAN, que arrastra una larga costosa y desgastante guerra en Irak y Afganistán, sólo augura más guerra, sufrimiento y muerte.

El primer ensayo fue la intervención en los Balcanes, que culmina exitosamente con el reconocimiento unilateral de Kosovo, el nido de mafiosos, terroristas, tratantes de blancas, fundamentalistas musulmanes y traficantes de drogas, que como modelo a seguir, nos deja pasmados por las contradicciones y la hipocresía del discurso legitimador que justifica la peor atrocidad como los ataques terroristas en Siria perpetrados por mercenarios financiados por Qatar y Arabia Saudita, unos a los salafistas, los otros a la Hermandad Musulmana. Hipocresía similar a la violación de Libia y del África por los aliados de USA, la Francia de Sarkozy, la Gran Bretaña de Cameron y la omnipresente Hillary Clinton.

El primer Versalles fue Iberoamericano

Aconteció a principios del siglo XIX cuando el Barón de Humboldt, después de largo periplo por las Colonias Borbónicas de América Española, comparte información privilegiada con sus amigos Jefferson, Madison, sobre las debilidades y fortalezas de la América Hispana. En su juicio geopolítico y racial, no era bueno para las Colonias Inglesas recién independizadas, tener un poder al sur de sus fronteras que compitiera con fuerza e intereses contrapuestos. Deciden que lo mas sabio seria que la América Hispana se dividiera en tres bloques, mientras contenía al Imperio del Brasil anglófilo costero y periférico.

Entre banquetes, cenas, degustaciones privadas de finos vinos y oporto, se diseñó la política de divide et impera para América Latina, antes que iniciaran los procesos de independencia de la España invadida por Napoleón Bonaparte, al desaparecer la autoridad de los Reyes Borbones, calamidad de una casa reinante decadente. El ministro especial norteamericano en América del Sur primero y en México después, Joel Poinsett, sembraría de logias masónicas yorkinas anticatólicas y antiespañolas, jacobinas virulentas, que darían origen a las sangrientas guerras civiles que desgarraron la región por más de un siglo. Y el resto, lo hicieron los caudillismos hasta quedar pulverizadas en veintitantas republicas, exangües y desangradas, económicamente en quiebra por tanta guerra civil, inspirada desde fuera, mientras el Imperio de Brasil, después Republica, permaneció unido y es hoy un obstáculo geopolítico para el Imperio.

América para los americanos

Enunciada en 1820, era en realidad América para los norteamericanos. La construcción veterotestamentaria del Destino Manifiesto, inspirada en las más semitizadas corrientes puritanas escocesas en las Colonias Inglesas del Este, es el antecedente teológico de las guerras de conquista inspiradas por los neocons hebreos de Brooklyn, los cristianos evangelistas sionistas, y los católicos sionistas como el Vicepresidente Biden, el lobby poderoso AIPAC y los fundamentalistas sionistas en el poder en Israel.

Es equívoco confundir el Dios lo Quiere de las Cruzadas, con el Destino Manifiesto, esto es una expresión teológica de iluminación a un pueblo elegido para que llegara a su tierra prometida, a su paraíso terrenal, al paraíso de los trabajadores de Lenin y Marx, el paraíso capitalista de las bancas neoyorquinas, londinenses, parisinas y frankfurtianas, teología que inspira a los neocons y a los fanáticos sionistas que sueñan con el Gran Israel del Nilo al Éufrates, meta sobre la que avanzan paso a paso sin descanso.

Las Cruzadas terminaron sangrando a la nobleza de la espada, drenando las finanzas de los reinos cristianos, y engordando las bolsas de los prestamistas, usureros de los guetos, de los navieros y financieros venecianos en su propio provecho. Hoy se cocina una nueva Cruzada neocons contra el Islam en general pero en especial contra la Republica Islámica de Irán, impulsada por conversos al catolicismo vaticano como el británico Tony Blair y el norteamericano Greenwich, con la bendición del Vaticano y la colaboración de la fatídica Compañía de Jesús, la decadente orden de Los Legionarios de Cristo, y los nuevos fariseos del Opus Dei. No debe extrañar que enarbolen el estandarte de la Virgen de Guadalupe, quien en el imaginario popular, sufre ahora una metamorfosis esquizoide manipulada con una interpretación indigenista que ha de complacer al Comandante Marcos y a sus mentores habaneros y defeños ensotanados.

Esta guerra teológica de expansión geopolítica asume la convergencia de las tres religiones monoteístas en una empresa jerarquizada donde Israel tiene la preminencia sobre el Catolicismo Vaticano, que ha transitado de los hermanos separados, a los hermanos mayores, hasta la paternidad judía sobre el Catolicismo, en boca de Juan Pablo II y Benedicto XVI. El Vaticano es una internacional más en el juego geopolítico del Nuevo Orden Mundial, auxiliar y sierva del Sionismo, al transformar al Gólgota en Auschwitz, a las persecuciones de los primeros cristianos en el fantasma del Holocausto, y al consagrar a Europa, no a San Esteban o Santa Juana de Arco, sino a una santa al vapor, Edith Stein, muerta de tifus en un campo de concentración, una intelectual activista de la resistencia militante.

La expansión hacia el Oeste y hacia el Sur produjo la inevitable guerra contra México, que inicia en Tejas y termina con la ocupación de Chapultepec en 1847. Los amigos y discípulos de Poinsett , Lorenzo de Zavala, Gómez Farías, Justo Sierra Méndez, y otros hicieron su tarea para que triunfaran sus ideas de libertad y progreso, aunque México resultara el amargo perdedor, las libertades se evaporaran y el retraso, los odios y el saqueo fueron herencia maldita de las guerras de intervención e invasiones extranjeras.

El segundo Versalles condujo a la Segunda Guerra Mundial y a un nuevo Versalles, en Yalta, donde los aliados configuraron el reparto de Europa, de las colonias de África y Asia, y de las zonas de influencia de las potencias vencedoras.

No hay duda que después de dos guerras europeas, Estados Unidos, intervino para desnivelar la balanza siempre a su favor, desplazando a los poderes europeos occidentales, para emerger como el nuevo Imperio, la potencia unipolar que brilla con la caída del Muro de Berlín y la implosión de la antigua URSS, dando fin a la guerra fría, al menos en apariencia.

El aire frío y una pertinaz llovizna me hace buscar refugio junto a Abraham Lincoln, quien murió asesinado en situaciones más que sospechosas por ser un obstáculo para los intereses de las Bancas inglesas que habían apoyado al esclavista Sur.

Hay mucho que caminar bajo la lluvia y el frente de tormenta se acumula frente a mis ojos, muy lejos de aquí, en las zonas de fricción donde el Imperio Unipolar se resiste a la realidad de un mundo multipolar, a un equilibrio de fuerzas, tan cebado de haberse convertido en la primer potencia sin rival capaz de derrotarlo.

Me vienen a la mente los textos del bardo ingles Guillermo El que agita la Lanza, en su Enrique V , las guerras feudales que duraron más de 100 años y en una batalla inolvidable, a 160 kilómetros de Calais, pasando el Rio Somme, un lejano 25 de octubre de 1415, en Agincourt , cuyo desenlace arroja una lección que muchos prefieren ignorar: el pequeño, hambriento y cansado ejército ingles derroto a la poderosa, mejor armada y mejor blindada caballería pesada francesa, que sucumbió en el campo de batalla víctima del peso de sus armaduras. De ahí el famoso fervorín de Enrique V y la banda de hermanos que conformaron los victoriosos combatientes en que los arcos largos vencieron a las armaduras pesadas de la caballería francesa.

Enrique V arenga a sus tropas antes de la batalla: Ojala fuésemos menos, así la Gloria de la Victoria será mayor y desde este día seremos recordados hasta el fin de los tiempos…

“We few,

we happy few,

we band of brothers…. Saint Crispin Day!!.

Mientras recuerdo el texto de William Shakespeare y la celebración dando gracias Dios por la victoria, enderezo mis pasos hacia uno de los Museos del Mall en busca de alguna sorpresa agradable, como una exposición de Rodin.

Mientras camino por los senderos voy tarareando la pegajosa melodía de la pelicula:

NON NOBIS DOMINE,

DOMINE NON NOBIS DOMINE
SED NOMINI,

SED NOMINI,

TUO DA GLORIAM.

El poeta nicaragüense Rubén Darío en su Oda a Roosevelt, durante la guerra contra la España borbónica, denunció tardíamente lo que ya México había experimentado en carne propia, tuvo una lúcida inspiración pues en cada línea, adquieren hoy una dimensión paradójicamente de claroscuro:

¡Es con voz de la Biblia, o verso de Walt Whitman,
que habría que llegar hasta ti, Cazador!
Primitivo y moderno, sencillo y complicado,
con un algo de Washington y cuatro de Nemrod.
Eres los Estados Unidos,
eres el futuro invasor
de la América ingenua que tiene sangre indígena,
que aún reza a Jesucristo y aún habla en español.

Eres soberbio y fuerte ejemplar de tu raza;
eres culto, eres hábil; te opones a Tolstoi.
Y domando caballos, o asesinando tigres,
eres un Alejandro-Nabucodonosor.
(Eres un profesor de energía,
como dicen los locos de hoy.)
Crees que la vida es incendio,
que el progreso es erupción;
en donde pones la bala
el porvenir pones.
No.

Los Estados Unidos son potentes y grandes.
Cuando ellos se estremecen hay un hondo temblor
que pasa por las vértebras enormes de los Andes.
Si clamáis, se oye como el rugir del león.
Ya Hugo a Grant le dijo: «Las estrellas son vuestras».
(Apenas brilla, alzándose, el argentino sol
y la estrella chilena se levanta…) Sois ricos.
Juntáis al culto de Hércules el culto de Mammón;
y alumbrando el camino de la fácil conquista,
la Libertad levanta su antorcha en Nueva York.

Mas la América nuestra, que tenía poetas
desde los viejos tiempos de Netzahualcóyotl,
que ha guardado las huellas de los pies del gran Baco,
que el alfabeto pánico en un tiempo aprendió;
que consultó los astros, que conoció la Atlántida,
cuyo nombre nos llega resonando en Platón,
que desde los remotos momentos de su vida
vive de luz, de fuego, de perfume, de amor,
la América del gran Moctezuma, del Inca,
la América fragante de Cristóbal Colón,
la América católica, la América española,
la América en que dijo el noble Guatemoc:
«Yo no estoy en un lecho de rosas»; esa América
que tiembla de huracanes y que vive de Amor,
hombres de ojos sajones y alma bárbara, vive.
Y sueña. Y ama, y vibra; y es la hija del Sol.
Tened cuidado. ¡Vive la América española!
Hay mil cachorros sueltos del León Español.
Se necesitaría, Roosevelt, ser Dios mismo,
el Riflero terrible y el fuerte Cazador,
para poder tenernos en vuestras férreas garras.

Y, pues contáis con todo, falta una cosa: ¡Dios!

* Experto en Geoestrategia y en Prospectiva de escenarios. Académico en varias Universidades Latinoamericanas, analista político. Forma parte del equipo para la sección latinoamericana de “El Espía Digital”.

Extraído de: El Espía Digital.

Vers un chasseur russo-brésilien?

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Résilience de la NSA ...

Vers un chasseur russo-brésilien?

Ex: http://www.dedefensa.org

Ce qui paraît à la fois logique et inévitable depuis le début des sidérantes aventures de la NSA au Brésil, révélées par Greenwald & Cie, se concrétise. Les premiers jalons sont posés pour une éventuelle coopération entre le Brésil et la Russie pour un avion de combat, disons russo-brésilien, qui pourrait être considéré à partir de l’hypothèse d’un développement du modèle russe de cinquième génération (le Soukhoi T-50, programme russe avec déjà une coopération indienne), ou d’une extrapolation de ce programme. La chose (l’exploration d’une coopération) a été dévoilée après une rencontre entre le ministre russe de la défense et le ministre brésilien de la défense. Le ministre russe a fait une visite fructueuse en Amérique du Sud, continent d’ores et déjà antiaméricaniste où la Russie voudrait renforcer ses ventes stratégiques d’armement. De façon plus concrète pour un autre domaine, la rencontre au Brésil devrait déboucher sur la finalisation, début 2014, d’un contrat entre le Brésil et la Russie pour un ensemble de missiles sol-air pour une valeur annoncée de un $milliard, avec transfert de technologies.

Pour ce qui concerne l’avion de combat, une dépêche AFP du 16 octobre 2013 dit ceci, en y ajoutant un cas hors-domaine où un geste des Russes pourrait faire avancer le dossier : «Brazil said Wednesday it hopes to develop state-of-the-art combat aircraft with Russia, and purchase surface-to-air missile batteries from Moscow. [...] “We are very interested in discussing projects relating to fifth generation (combat) aircraft with new partners,” Defense Minister Celso Amorim told reporters after talks here with his Russian counterpart Sergei Shoigu. “The issue was mentioned as a basis for discussion, but it is for the medium term.” [...]

» [Shoigu] stop in Brazil also coincides with Rousseff pressing for the release of a Brazilian biologist detained in Russia along with 29 other Greenpeace activists after protesting Arctic oil drilling. Ana Paula Maciel was one of 30 activists from 18 countries arrested by Russia in late September and charged with piracy after authorities said they had found “narcotic substances” on the Dutch-flagged Arctic Sunrise, used in their protest.»

La même dépêche mentionne évidemment le contrat actuellement en cours, pour 36 avions de combat pour le Brésil, dits de “quatrième génération”. (Ce concept de “générations” est douteux dans sa signification opérationnelle. Son développement argumentaire constitue plus une manœuvre de relations publiques des USA d’il y a quelques années, pour verrouiller le JSF dans la présentation de son exceptionnalité supposée. L’exceptionnalité du JSF est d’ores et déjà admise, dans le domaine de la catastrophe technologique proche de l’impasse bien entendu, mais le mythe de la “génération” comme facteur rupturiel de progrès survit, de la quatrième des chasseurs actuels à la cinquième des chasseurs nouveaux “du futur”. L’argument de RP s’insère du fait de la catastrophe-JSF dans l’image d’un mythe de plus en plus érodé et de plus en plus contestable, cela dans un contexte de mise en cause générale de la fiabilité fondamentale de l’avancement technologique à ce stade, voire d'une impasse pure et simple du technologisme.)

Le contrat 36 avions/4ème génération a connu bien des vicissitudes. Le Rafale était en 2009 un énorme favori, quasiment choisi selon une cohérence française stratégique prometteuse où même la Russie était incluse (voir le 4 septembre 2009) ; il devint bientôt un favori perdu et sans doute sans plus aucune chance à cause de l’effondrement du sens stratégique indépendant de la France (voir le 24 mai 2011). Le F-18 lui a succédé comme favori, selon la logique habituelle des pressions US sur une nouvelle présidente (Rousseff), soucieuse d’améliorer ses relations avec les USA. Tout cela été pulvérisé par la crise Snowden/NSA, touchant d’abord directement le F-18 (voir le 13 août 2013), puis, d’une façon radicale, les relations du Brésil avec les USA (voir le 25 septembre 2013).

... Ainsi tiendra-t-on les assurances du ministre brésilien de la défense sur la poursuite de ce contrat plutôt comme un vœu pieux de l’establishments militaire brésilien que comme une prévision assurée. D’ailleurs, la partie américaniste, comme indiqué également ci-dessous, ne prend plus de gants pour signifier sa position désespérée.

«Amorim said he hoped the fourth-generation aircraft bidding process would be “finalized soon.” But Boeing's bid to win the contract appears to have been damaged by reports of extensive US spying on Brazil. The allegations, based on documents leaked by fugitive US intelligence analyst Edward Snowden, led President Dilma Rousseff to cancel a state visit to Washington, putting Boeing's bid on hold, Boeing Brazil chief Donna Hrinak said last week. “The postponement of the visit means that any progress about the issue (aircraft contract) was also postponed,” Hrinak, a former US ambassador to Brazil, said during a seminar on the Brazilian economy.»

En effet, la perspective de ce contrat 36 avions de combat/quatrième génération nous paraît extrêmement réduite. Elle est aujourd’hui réduite de facto au seul Gripen si l’on tient compte de l’effondrement successif probable des offres Rafale et F-18. Un tel achat d’un avion suédois tenu par des contraintes US draconiennes interdisant tout transfert de technologies sur près de 50% de l’avion (moteurs et électronique sont US) n’a plus guère de sens politique ni industriel dans le contexte actuel, alors que le Brésil est dans une position socio-économique tendue, avec une agitation de rue qui rend impopulaire toute dépense publique qui n’est pas vitale. Bien entendu, le climat politique général (la Suède est dans le bloc BAO et sous obédience US affirmée) est un facteur très important allant contre ce choix. Bref, c’est tout le marché des 36 avions de combat/quatrième génération, entièrement appuyé sur des offres du bloc BAO alors qu’il était au départ diversifié par la perception d’une stratégie française indépendante, qui est menacé d'effondrement par la politique du bloc BAO.

La démarche russe a ainsi tout son sens et sa logique, et la probabilité est que le contexte politique va pousser au développement de l’examen du projet envisagé, sinon à son accélération, le moyen terme pouvant notablement se raccourcir. Le vrai problème est d’ordre de la politique industrielle. Le programme russe de cinquième génération, le T-50, est largement orienté vers une coopération avec l’Inde, avec les transferts de technologie qui vont avec, et déjà largement avancé. Le Brésil pourrait-il s’y insérer ? Pourrait-on envisager une version spéciale de coopération pour le Brésil, ou une coopération à deux passant à trois ? La politique dit “oui”, d’autant qu’il s’agit de trois pays-BRICS et que la Russie veut donner une dimension stratégique au BRICS. Les domaines industriel et technologique, avec une bureaucratisation touchant parfois à la paralysie (surtout dans le cas de l’Inde) suggèrent bien plus de réserves alors qu’un tel domaine de la coopération à ce niveau nécessite une très grande souplesse. Plus encore, les problèmes fondamentaux de blocage technologique des projets avancés, illustré magnifiquement par le JSF, jettent une ombre universelle sur tous les projets de cet ordre. Quoi qu’il en soit, il reste que la question est non seulement posée mais ouverte.

Elle est aussi ouverte que la question précédente semble se fermer. La question qui concernait la pénétration stratégique du Brésil par un pays occidental au travers du contrat de quatrième génération actuellement en discussion, semble effectivement avoir obtenu une réponse catastrophique. L’orientation politique des pays concernés ayant évolué vers le standard bloc BAO, on a pu mesurer la profondeur de la catastrophe de la politique française avec Sarkozy à partir de 2009/2010, avec Hollande suivant fidèlement ces traces. Il n’y a guère de commentaire à faire devant l’évidence du constat, sinon à observer une fois de plus que l’“intelligence française” est capable d’accoucher en période de basses eaux son double inverti absolument radical, dans le chef de l’aveuglement et de la fermeture de l’esprit. Quant à la partie américaniste, l’aventure en cours de la désintégration de la NSA, avec ses effets collatéraux colossaux dont celui du Brésil est le fleuron, ne fait que confirmer dans le sens du bouquet de la chose la constance d’un aveuglement qui doit tout, lui, à la sottise profonde d’une politique US de brute force malgré les atours du soft power dont elle prétend se parer (voir le 9 octobre 2013).

Cette affaire des chasseurs brésiliens est exemplaire, quatrième et cinquième générations confondues, ou même sixième pour les experts rêveurs qui pensent, les braves gens pleins d’espoir, à la situation d’ici 10-15 ans... Elle est exemplaire de l’effondrement de la politique de la civilisation occidentale prise comme un bloc (bloc BAO), et dans un temps incroyablement court. Elle est exemplaire aussi de l’affirmation diversifiée et très puissante, et aussi rapide, des pays qu’on a peine à qualifier encore d’“émergents”, notamment les BRICS, et la Russie et la Brésil dans ce cas, dans ce cadre spécifique des renversements politiques. Elle est exemplaire enfin, – cela ne peut être dissimulé car c’est finalement le principal, – de la rapide détérioration de tous les attributs de la “contre-civilisation”, que ce soit les conditions stratégiques, le technologisme, les conditions courantes de la “gouvernance”, etc., et cela aux dépens des principaux producteurs de la chose (le bloc BAO) mais aussi des autres (y compris les BRICS), l’ensemble du monde étant simplement confronté à la réalité terrible d’un effondrement civilisationnel sans aucun précédent historique dans son ampleur et sa rapidité.

Conversations with History: Chalmers Johnson

Conversations with History: Chalmers Johnson

lundi, 21 octobre 2013

La geopolítica rusa del siglo 21

por Alfredo Jalife-Rahme

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La Jornada, Bajo la Lupa – Entre los prominentes invitados al seminario internacional del Centro de Estudios de la Transición/Centro de Estudios Geoestratégicos de la UAM-X estuvo Sivkov Konstantin Valentinovich, primer vicepresidente de la Academia de Problemas Geopolíticos y doctor en ciencias militares.

Konstantin es segundo de a bordo de Leonid Ivashov, anterior jefe del departamento de asuntos generales en el Ministerio de Defensa de la URSS. Cobra mayor relieve su postura a raíz del triunfo diplomático de Rusia en Siria (ver Bajo la Lupa, 22/9/13).

Ivashov es muy conocido en los multimedia internacionales y sus puntos de vista suelen ser polémicos (v.gr. el terrorismo internacional no existe: su despliegue beneficia a la oligarquía global) y considera que mientras el imperio de Estados Unidos se encuentra al borde del colapso, corresponde a los BRICS la misión de reconfigurar el mundo (Réseau Voltaire, 15/6/11).

De la ponencia de Konstantin, La geopolítica de la URSS y Rusia, me enfocaré en la parte de Rusia.

A su juicio, la lucha geopolítica global basada en la ideología fue cambiada a la confrontación de civilizaciones: la civilización occidental (euro-estadunidense) confronta las civilizaciones ortodoxa, islámica, confuciana (china). Resalta la similitud con la tesis huntingtoniana del choque de civilizaciones que lleva a la inevitabilidad del conflicto de la civilización occidental con el resto (del planeta).

Identifica cuatro de los más importantes factores al desarrollo de la geopolítica mundial:

1. Formación intensiva de un único sistema mundial de poder dominado por EEUU.

2. Intenso crecimiento poblacional y presión al ecosistema por consumismo occidental.

3. Desequilibrio global industrial y de materias primas: el mayor potencial industrial se concentra en EEUU/Europa/Japón, mientras los recursos de materias primas se concentran en Rusia y en los países del tercer mundo, y

4. El carácter independiente de las trasnacionales como sujeto geopolítico

La activación de los cuatro actores genera una crisis global por la contradicción entre el consumismo y la escasez de materias primas. Define a Rusia como una entidad geopolítica cuya base es Eurasia.

Su inmenso potencial intelectual, su posición del centro euroasiático y su potencial militar significativo pone en duda la durabilidad del modelo unidireccional sin remover (sic) a Rusia como sujeto de la geopolítica” a la que habría que demoler como a su antecesora URSS.

Arguye que la etapa más lúgubre de la historia de Rusia en la década de los 90 del siglo 20 (nota: la era entreguista Yeltsin) encontró a la élite política rusa bajo el control total (¡supersic!) de EEUU.

Ocurre el desmantelamiento científico de Rusia y la privatización de sus joyas geoestratégicas, llegando hasta el asesinato de sus principales científicos, mientras las principales empresas de petróleo/gas e infraestructura de transporte acabaron en manos de compradores (sic) domésticos y trasnacionales.

Así la geopolítica de Rusia operó bajo el control directo de los servicios de espionaje de EEUU: capitulación total. ¡Uf!

Peor aún: el liderazgo ruso fomentó la de-sintegración interna. Pero no contaron con la resistencia oculta de los bajos niveles de la jerarquía y las protestas de la población que hicieron fracasar el esquema desintegrativo que permitió la llegada al poder de Putin, con su equipo proveniente de las fuerzas armadas y los servicios de seguridad, como nuevo estadio de la geopolítica rusa.

Considera que el fracaso de las campañas de Irak y Afganistán, la liberación de Sudamérica de la hegemonía de EEUU, en particular Venezuela, y el fracaso de la operación (¡supersic!) Primavera Árabe, debilitaron la influencia de EEUU en Rusia cuando Occidente exhibió sus pies de barro.

Rusia se libera así de su subordinación a los dictados de EEUU en la esfera de la geopolítica global y comienza un regreso suave a los principios de la geopolítica soviética, pero con diferentes bases conceptuales e ideológicas.

Juzga que los instrumentos más importantes de la influencia geopolítica rusa fueron creados con el único plan de una red de oleo/gasoductos.

A partir de la derrota de EEUU en Irak, Rusia operó un acercamiento con China cuando estableció sus tres proyectos geopolíticos exitosos: el Grupo de Shanghai, los BRICS y la Unión Euroasiática. El Grupo de Shanghai genera el espacio euroasiático de Bielorrusia a China mediante una unión económica.

Los BRICS han cortado en términos económicos el asa Anaconda (nota: del nombre de la ominosa serpiente constrictora más grande del mundo) rompiendo una profunda brecha en el sistema de zonas, la influencia de EEUU que cubre a Rusia.

En una entrevista a Pravda.ru (15/9/11), Konstantin explica el significado del cerco a Rusia por EEUU y su despliegue misilístico en la periferia inmediata rusa, parte del proyecto Anaconda: Rusia es todavía percibida por EEUU como el principal adversario estratégico y su tarea consiste en neutralizar las armas nucleares de Rusia y empujarlo fuera de las principales áreas de los océanos mundiales, aun del mar Negro.

La Unión Euroasiática (Rusia, Bielorrusia y Kazajstán) cubre 85 por ciento del territorio de la ex URSS y es el precursor de mayor integración en el espacio postsoviético.

Rusia se pronuncia por la multipolaridad, en cooperación particular con Europa continental que desea sacudirse la hegemonía de EEUU.

Juzga que los cambios tectónicos en la geopolítica global asociados a la transferencia del centro económico de gravedad a la región Asia/Pacífico, sumado de la crisis financiera occidental, implican la inevitabilidad de una seria reorganización del panorama geopolítico, acoplado con la amenaza de conflictos militares de gran escala (sic).

Aduce que el triunfo presidencial de Putin significó una fuerte derrota para las fuerzas occidentales internas en Rusia, lo cual disminuyó considerablemente su impacto en la geopolítica rusa, ya que el control occidental del país es un factor crítico para la restauración y conservación de la dominación del mundo por Occidente.

Los vectores prioritarios de la geopolítica rusa: 1. Al oeste: desarrollo de relaciones igualitarias con Europa y normalización de relaciones con EEUU, para prevenir el desliz a una nueva guerra fría. 2. Al sur: la zona del Cáucaso, medioriente y noráfrica, donde Rusia aspira a normalizar la situación militar y política y frenar los conflictos militares, sobre todo en Siria (¡supersic!) 3. En Sudamérica (nota: no Norteamérica ni Centroamérica: desarrollo de relaciones económicas), y 4. En Asia: el más importante hoy (¡supersic!) para Rusia donde se compromete a un mayor reforzamiento de buenas relaciones con sus grandes vecinos China e India, Vietnam, las dos (sic) Coreas, y la normalización de relaciones con Japón.

Llama la atención que Konstantin no haya citado la invasión de Georgia a Osetia del Sur y la vigorosa respuesta rusa que, a mi juicio, cambió dramáticamente al mundo (El mundo cambió en el Cáucaso; Bajo la Lupa, 20/8/08).

Ahora al unísono de Rusia, la misma serpiente constrictora Anaconda ha reaparecido en el océano Pacífico, donde tiene en la mira a la apetecible China, muy difícil de digerir.

Fuente: alfredojalife.com

Twitter: @AlfredoJalife

Facebook: AlfredoJalife

La croissance est morte dans les années 70...

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La croissance est morte dans les années 70...

Entretien avec Serge Latouche

Propos recueillis par Kevin Victoire

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un long entretien avec Serge Latouche, cueilli sur Ragemag. Economiste, sociologue et fondateur du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), Serge Latouche est le principal théoricien français de la décroissance et dirige la revue Entropia. Il a publié de nombreux essais, dont, notamment,  L'occidentalisation du monde (La découverte, 1989 ), La mégamachine (La découverte, 1995), Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010).

 

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Serge Latouche : « La croissance est morte dans les années 1970. »

Les statistiques de croissance du PIB au 2e trimestre viennent d’être publiées [NDLR : l’interview a été réalisée le 20 septembre] et il semblerait que la zone euro retrouve le chemin de la croissance : qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est totalement bidon ! D’une part, savoir si la croissance est de +0,5% ou -0,5% n’a pas de sens : n’importe quelle personne qui a fait des statistiques et de l’économie sait que pour que cela soit significatif, il faut des chiffres plus grands. Ensuite, de quelle croissance s’agit-il ? Nous avons affaire à cette croissance que nous connaissons depuis les années 1970, à savoir une croissance tirée par la spéculation boursière et immobilière. Dans le même temps, le chômage continue de croître et la qualité de vie continue de se dégrader dangereusement. Il faut bien comprendre que la croissance est morte dans les années 1970 environ. Depuis, elle est comparable aux étoiles mortes qui sont à des années-lumière de nous et dont nous percevons encore la lumière. La croissance que notre société a connue durant les Trente Glorieuses a disparu et ne reviendra pas !

La récession était-elle l’occasion idéale pour jeter les bases d’une transition économique ?

Oui et non : le paradoxe de la récession est qu’elle offre les possibilités de remettre en question un système grippé, mais en même temps, le refus de l’oligarchie dominante de se remettre en cause – ou de se suicider – la pousse à maintenir la fiction d’une société de croissance sans croissance. Par conséquent, elle rend encore plus illisible le projet de la décroissance. Depuis le début de la crise, il y a un tel délire obsessionnel autour de la croissance que les projets alternatifs ne sont pas audibles auprès des politiques. Il faut donc chercher de manière plus souterraine.

La décroissance est souvent amalgamée à la récession. Pourtant, vous affirmez que celle-ci n’est qu’une décroissance dans une société de croissance et qu’une vraie décroissance doit se faire au sein d’une société qui s’est départie de l’imaginaire de la croissance. Pouvez-vous détailler ?

Le projet alternatif de la décroissance ne devait pas être confondu avec le phénomène concret de ce que les économistes appellent « croissance négative », formulation étrange de leur jargon pour désigner une situation critique dans laquelle nous assistons à un recul de l’indice fétiche des sociétés de croissance, à savoir le PIB. Il s’agit, en d’autres termes, d’une récession ou d’une dépression, voire du déclin ou de l’effondrement d’une économie moderne. Le projet d’une société de décroissance est radicalement différent du phénomène d’une croissance négative. La décroissance, comme symbole, renvoie à une sortie de la société de consommation. A l’extrême limite, nous pourrions opposer la décroissance « choisie » à la décroissance « subie ». La première est comparable à une cure d’austérité entreprise volontairement pour améliorer son bien-être, lorsque l’hyperconsommation en vient à nous menacer d’obésité. La seconde est la diète forcée pouvant mener à la mort par famine.

Nous savons, en effet, que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi, en raison du chômage, de l’accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres, des atteintes au pouvoir d’achat des plus démunis et de l’abandon des programmes sociaux, sanitaires, éducatifs, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. Nous pouvons imaginer quelle catastrophe serait un taux de croissance négatif ! Mais cette régression sociale et civilisationnelle est précisément ce que nous commençons déjà à connaître.

Depuis la récession de 2009, l’écart entre la croissance du PIB et celle de la production industrielle s’est accentué dans les pays développés : sommes-nous entrés dans une nouvelle phase de la société technicienne ?

Oui et non là encore. Oui, dans la mesure où depuis de nombreuses années, on parle de « nouvelle économie », « d’économie immatérielle », « d’économie de nouvelles technologies » ou encore « d’économie numérique ». On nous a aussi parlé de « société de services ». Nous voyons bien que ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il y avait déjà dans les sociétés industrielles un phénomène de désindustrialisation. Pourtant, ce n’était pas un changement dans le sens où l’industrialisation existe toujours. Mais elle est partie en Inde, en Chine ou dans les « BRICS ». Il y a eu une délocalisation du secteur secondaire, ce qui nous amène à réimporter, à un chômage très important et à cette croissance spéculative. Nos économies se sont spécialisées dans les services haut de gamme : les services financiers, les marques, les brevets, etc. La production est délocalisée tout en conservant la marque, ce qui est plus rentable. Mais nous assistons aussi à un développement par en bas des services dégradés ou à la personne et à une nouvelle forme de domesticité qui se développe avec cette désindustrialisation.

Est-ce que vous confirmeriez les prévisions de Jacques Ellul qui voyait la naissance d’une dichotomie entre d’un côté les « nations-capitalistes » du Nord et de l’autre les « nations-prolétaires » du Sud ?

Cela n’est pas nouveau, ni totalement exact ! Les nations occidentales se prolétarisent aussi. Avec la mondialisation, nous assistons surtout à une tiers-mondisation des pays du Nord et un embourgeoisement des pays du Sud. Il y a par exemple aujourd’hui 100 à 200 millions de Chinois qui appartiennent à la classe moyenne mondiale, voire riche.

Le 20 août dernier, nous avons épuisé les ressources de la Terre pour 2013 et nous vivons donc à « crédit » vis-à-vis de celle-ci jusqu’à la fin de l’année. Il faudrait donc réduire d’environ un tiers notre consommation en ressources naturelles si nous voulons préserver notre planète. N’a-t-on pas atteint le point de non-retour ? La décroissance se fera-t-elle aux dépens des pays en voie de développement ?

Déjà soyons clairs, la décroissance est avant tout un slogan qui s’oppose à la société d’abondance. Ensuite, il ne s’agit surtout pas de régler les problèmes des pays du Nord aux dépens de ceux du Tiers-Monde. Il faudra résoudre simultanément les problèmes et du Nord et ceux du Sud. Évidemment, ce que vous évoquez, et que l’on appelle l’over shoot day, n’est qu’une moyenne globale. La réduction de l’empreinte écologique pour un pays comme la France n’est pas de l’ordre de 30%, mais de 75%. Une fois explicité comme cela, les gens se disent que ça va être dramatique. Justement, ce n’est pas nécessaire : nos modes de vie sont basés sur un gaspillage fantastique de la consommation et encore plus de la production, donc des ressources naturelles. Il ne faudra donc pas forcément consommer moins, mais consommer mieux. Tout d’abord, la logique consumériste pousse à accélérer l’obsolescence des produits. Il ne s’agit donc pas forcément de consommer moins mais de produire moins en consommant mieux.

Au lieu de consommer une seule machine à laver dans notre vie, nous en consommons 10 ou 15, de même pour les réfrigérateurs et je ne parle même pas des ordinateurs ! Il faut donc un mode de production où les individus ne consomment qu’une seule voiture, une seule machine à laver, etc. Cela réduirait déjà énormément l’empreinte écologique. Nous savons aussi que la grande distribution entraîne un grand gaspillage alimentaire. Environ 40% de la nourriture va à la poubelle, soit à cause des dates de péremptions dans les magasins, soit chez les particuliers qui ont emmagasiné de la nourriture qui finit par périmer. L’idée n’est pas de décroître aux dépens des pays pauvres, qui eux doivent au contraire augmenter leur consommation et leur production, mais de changer cette logique de gaspillage forcenée et de fausse abondance.

Nicholas Georgescu-Roegen, affirmait : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à venir. » La décroissance doit-elle être accompagnée d’un contrôle démographique pour être soutenable ?

Il est toujours délicat d’aborder la question démographique. Les prises de position sur le sujet sont toujours passionnelles car touchant à la fois aux croyances religieuses, au problème du droit à la vie, à l’optimisme de la modernité avec son culte de la science et du progrès, elles peuvent déraper très vite vers l’eugénisme, voire le racisme au nom d’un darwinisme rationalisé. La menace démographique, vraie ou imaginaire, peut donc être facilement instrumentalisée pour mettre en place des formes d’écototalitarisme. Il importe donc de cerner les différentes dimensions du problème et de peser les arguments en présence, avant de se prononcer sur la taille d’une humanité « soutenable ».

Si l’insuffisance des ressources naturelles et les limites de la capacité de régénération de la biosphère nous condamnent à remettre en question notre mode de vie, la solution paresseuse consisterait, en effet, à réduire le nombre des ayants droit afin de rétablir une situation soutenable. Cette solution convient assez bien aux grands de ce monde puisqu’elle ne porte pas atteinte aux rapports sociaux et aux logiques de fonctionnement du système. Pour résoudre le problème écologique, il suffirait d’ajuster la taille de l’humanité aux potentialités de la planète en faisant une règle de trois. Telle n’est évidemment pas la position des objecteurs de croissance, ce qui n’empêche qu’ils soient taxés de malthusianisme parfois par ceux-là mêmes qui condamnent les deux tiers de l’humanité à l’extermination.

Il est clair que si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance de la population. La planète, qui n’a que 55 milliards d’hectares, ne peut pas supporter un nombre d’habitants illimité. C’est la raison pour laquelle presque tous les auteurs de référence de la décroissance, ceux qui ont mis en évidence les limites de la croissance (Jacques Ellul, Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illich, René Dumont, entre autres) ont tiré le signal d’alarme de la surpopulation. Et pourtant, ce ne sont pas, pour la plupart, des défenseurs du système… Même pour Castoriadis, « la relation entre l’explosion démographique et les problèmes de l’environnement est manifeste ».

Cela étant, ce que la décroissance remet en cause, c’est avant tout la logique de la croissance pour la croissance de la production matérielle. Même si la population était considérablement réduite, la croissance infinie des besoins entraînerait une empreinte écologique excessive. L’Italie en est un bon exemple. La population diminue, mais l’empreinte écologique, la production, la consommation, la destruction de la nature, des paysages, le mitage du territoire par la construction, la cimentification continuent de croître. On a pu calculer que si tout le monde vivait comme les Burkinabés, la planète pourrait supporter 23 milliards d’individus, tandis que si tout le monde vivait comme les Australiens, d’ores et déjà le monde serait surpeuplé et il faudrait éliminer les neuf dixièmes de la population. Il ne pourrait pas faire vivre plus de 500 millions de personnes. Qu’il y ait 10 millions d’habitants sur Terre ou 10 milliards, note Murray Bookchin, la dynamique du « marche ou crève » de l’économie de marché capitaliste ne manquerait pas de dévorer toute la biosphère. Pour l’instant, ce ne sont pas tant les hommes qui sont trop nombreux que les automobiles… Une fois retrouvé le sens des limites et de la mesure, la démographie est un problème qu’il convient d’affronter avec sérénité.

Si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance démographique. La population ne peut, elle non plus, croître indéfiniment. La réduction brutale du nombre des consommateurs ne changerait pas la nature du système, mais une société de décroissance ne peut pas évacuer la question du régime démographique soutenable.

Que faire pour changer de régime ? Combattre l’individualisme ?

Les gens accusent souvent les partisans de la décroissance d’être des passéistes. Pourtant, nous ne souhaitons pas un retour en arrière. Mais, comme le préconisaient Ivan Illich ou même Castoriadis, il s’agit d’inventer un futur où nous retenons certains aspects du passé qui ont été détruits par la modernité. Sur ce sujet, un grand sociologue français, Alain Touraine, vient de sortir un livre intitulé La Fin des sociétés. C’est vrai qu’avec la mondialisation, on assiste à la fin des sociétés.

À ce sujet, un ancien Premier ministre anglais, Margareth Thatcher, a dit : « Il n’existe pas de société, il n’existe que des individus ». C’est énorme de dire cela ! Donc, dans le projet de la décroissance, il ne s’agit pas de retrouver une ancienne société disparue, mais d’inventer une nouvelle société de solidarité. C’est-à-dire qu’il faut réinventer du lien social, parfois par la force des choses comme avec la fin du pétrole, sur la base d’une économie de proximité, avec une relocalisation de la totalité de la vie. Ce n’est pas un repli sur soi, mais une nouvelle redécouverte de la culture, de la vie, de la politique et de l’économie.

Justement, relocaliser les activités humaines serait une nécessité écologique. Mais la réindustrialisation potentielle qui en découlerait ne serait-elle pas une entrave à la décroissance ?

Non, parce qu’il ne s’agit pas de la réindustrialisation prônée par notre système. Madame Lagarde, quand elle était ministre de l’Économie, avait inventé le néologisme « rilance » : de la rigueur et de la relance. Pour nous, c’est exactement le contraire : nous ne voulons ni rigueur, ni relance, ni austérité. Évidemment qu’il faut sortir de la récession et récréer des emplois, non pas pour retrouver une croissance illimitée, mais pour satisfaire les besoins de la population. En fait, la réindustrialisation dans une optique de décroissance est plus artisanale qu’industrielle. Il faut se débarrasser des grosses entreprises au profit d’une économie composée de petites unités à dimensions humaines. Ces dernières peuvent être techniquement très avancées mais ne doivent en aucun cas être les monstres transnationaux que nous connaissons actuellement. Elles doivent être plus industrieuses qu’industrielles, plus entreprenantes qu’entrepreneuses et plus coopératives que capitalistes. C’est tout un projet à inventer.

L’État moderne se comporte toujours comme un soutien au productivisme, soit en favorisant l’offre pour les libéraux, soit en favorisant la demande pour les keynésiens. La décroissance a-t-elle besoin d’une disparition de l’État ?

Cela dépend de ce que nous mettons derrière le mot « État ». Même si l’objectif n’est pas de maintenir cet État-nation, bien sûr qu’une société de décroissance devra inventer ses propres institutions. Elles devront être plus proches du citoyen avec une coordination au niveau transnational. Celle-ci est vitale, car beaucoup de phénomènes environnementaux sont globaux : il est alors impossible d’imaginer un repli total. Il faudra donc inventer de nouvelles formes qui diffèrent de l’appareil bureaucratique moderne.

La décroissance implique aussi un changement de mode de vie. Comment faire pour lutter contre la société marchande sans se marginaliser ?

Effectivement, il faut les deux. Il y a d’ailleurs dans les objecteurs de croissance des gens très investis dans des coopératives alternatives comme des écovillages. De plus, il faut tenir les deux bouts de la chaîne : une société ne change pas du jour au lendemain. Il faut donc penser la transition sans attendre un changement global simultané. Les meilleurs exemples sont les villes en transition où l’on essaie de réorganiser l’endroit où l’on vit afin de faire face aux défis de demain comme la fin du pétrole. Ce qui m’intéresse surtout dans les villes en transition, c’est leur mot d’ordre : « résilience », qui consiste à résister aux agressions de notre société. Mais cela n’implique pas de revenir à l’âge de pierre, comme les Amish. Au contraire, cela implique une qualité de vie maximale sans détruire la planète.

Changer de régime économique est-il possible pour un pays seul ? Une initiative isolée ?

Ça rappelle le vieux débat qui a opposé Staline à Trotsky pour savoir si le socialisme pouvait se faire dans un seul pays. Mais en réalité, la réponse n’est pas « oui » ou « non ». La question ne peut pas être posée de façon manichéenne, simplement parce que nous ne pouvons pas changer le monde du jour au lendemain et il faut bien commencer ! Donc, le commencement se fait petit à petit, au niveau local, en visant le global. La parole d’ordre des écologistes fut pendant longtemps : « Penser globalement, agir localement ». Ce n’est pas qu’il ne faille pas agir globalement, mais c’est plus compliqué. Donc le point de départ est local pour une visée plus large. De toute manière, le projet ne se réalisera ni totalement ni globalement. La société de décroissance est un horizon de sens, mais pas un projet clé en main réalisable de façon technocratique.

La décroissance, selon vous, commencerait-elle par une démondialisation pour tendre vers une forme d’altermondialisme ?

Je n’aime pas le terme « altermondialisme ». Il s’agit évidemment d’une démondialisation, qui n’est pas une suppression des rapports entre les pays. Mais qu’est-ce que la mondialisation que nous vivons ? Ce n’est pas la mondialisation des marchés mais la marchandisation du Monde. Ce processus a commencé au moins en 1492 quand les Amérindiens ont découvert Christophe Colomb (rires). Démondialiser veut surtout dire retrouver l’inscription territoriale de la vie face au déménagement plantaire que nous connaissons. Car la mondialisation est surtout un jeu de massacres ! C’est-à-dire que nous détruisons ce qui fonctionnait traditionnellement bien dans les différents pays pour les asservir aux marchés. Par exemple, l’agriculture était fleurissante en Chine mais le capitalisme occidental a déraciné la majorité des paysans qui sont devenus des min gong : des ouvriers qui s’entassent en périphérie des grandes villes, comme Pékin ou Shanghai. Mais, dans le même temps, ces ouvriers chinois détruisent nos emplois et notre industrie. Nous nous détruisons mutuellement. Il faut au contraire que nous nous reconstruisons les uns les autres. La solution est une relocalisation concertée par un dialogue interculturel et non pas par l’imposition de l’universalisme occidental.

Les nouvelles technologies, et plus globalement la technique et la science, peuvent-elles être employées contre l’oligarchie ou sont-elles intrinsèquement néfastes ?

Ça c’est une très grande question, très difficile. Jacques Ellul avait énormément réfléchi dessus et n’avait jamais dit qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises. Il pensait même que, dans certaines situations, elles pouvaient être utiles à la société d’avenir. Celle qui est, selon lui, intrinsèquement mauvaise, c’est la structure sociale dans laquelle la technique et la science sont produites et utilisées. Alors bien évidemment, il faut les détourner et c’est ce que certains font. Il y a une sorte de guérilla. Sur internet, par exemple, nous le voyons. Dans ma jeunesse, nous parlions de retourner les armes contre l’ennemi. Dans une société de décroissance, qui n’est plus une société dominée par la marchandisation et le capital, ces techniques fonctionneraient autrement. Il y a aussi plein de choses intéressantes créées par le génie humain qui ne sont pas utilisées, car elles ne correspondent pas à logique du système. Nous aurons besoin de ces derniers dans une société différente. Nous devons, en réalité, surtout concevoir un nouvel esprit. Notre système est dominé – d’un point de vue technico-scientifique – par un esprit prométhéen de maîtrise de la nature, que nous ne maîtrisons pourtant pas. Il faudra donc se réinsérer dans une vision plus harmonieuse des rapports entre l’Homme et la nature.

Jacques Ellul estimait que le travail était aliénant. Est-ce à dire que la décroissance doit passer par l’abolition du salariat ?

 

Il n’y a pas d’urgence à l’abolir. Dans l’immédiat, il faut surtout créer les postes de salariés nécessaires. Il faut surtout réduire l’emprise de la nécessité en développant notamment la gratuité. Je pense que l’idée d’un revenu universel, ou au moins d’un revenu minimal assurant la survie, n’est pas une mauvaise chose car il réduirait l’espace de la nécessité. Dans une société de décroissance, il faudra des échanges d’activités et d’œuvres qui auront remplacé le travail. Mais ce n’est évidemment plus l’échange marchand obsédé par le profit. Il faut réintroduire l’esprit du don – qui n’a pas totalement disparu – dans les rapports de clientèle et dans les marchandages. En Afrique, par exemple, il existe encore une sorte de métissage entre la logique marchande et celle du don. Ce qu’il faut surtout abolir, c’est le travail salarié en tant qu’abstraction inhumaine.

Pensez-vous que la monnaie s’oppose à la logique du don et qu’en conséquence, une société de décroissance doit abolir le système monétaire ?

Sûrement pas ! Par contre, il doit y avoir l’abolition de certaines fonctions de la monnaie. Il faut par exemple en finir avec la monnaie qui engendre de la monnaie, car l’accumulation monétaire est très perverse. Mais la monnaie comme instrument de mesure et d’échange est une nécessité dans une société complexe. Je dirais même que c’est un acquis de la civilisation.

Des personnalités de gauche comme de droite se revendiquent aujourd’hui de la décroissance. Qu’en pensez-vous ?

Que la décroissance soit un projet politique de gauche constitue, pour la plupart des objecteurs de croissance, une évidence, même s’il en existe aussi une version de droite. Allons plus loin : il s’agit du seul projet politique capable de redonner sens à la gauche. Pourtant, ce message-là se heurte à une résistance très forte et récurrente. La décroissance constitue un projet politique de gauche parce qu’elle se fonde sur une critique radicale du libéralisme, renoue avec l’inspiration originelle du socialisme en dénonçant l’industrialisation et remet en cause le capitalisme conformément à la plus stricte orthodoxie marxiste.

Tout d’abord, la décroissance est bien évidemment une critique radicale du libéralisme, celui-ci entendu comme l’ensemble des valeurs qui sous-tendent la société de consommation. On le voit dans le projet politique de l’utopie concrète de la décroissance en huit R (Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler). Deux d’entre eux, réévaluer et redistribuer, actualisent tout particulièrement cette critique. Réévaluer, cela signifie, en effet, revoir les valeurs auxquelles nous croyons, sur lesquelles nous organisons notre vie, et changer celles qui conduisent au désastre. L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie, le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel, etc. Surtout, il s’agit de remettre en cause le prométhéisme de la modernité tel qu’exprimé par Descartes (l’homme « comme maître et possesseur de la nature ») ou Bacon (asservir la nature). Il s’agit tout simplement d’un changement de paradigme. Redistribuer s’entend de la répartition des richesses et de l’accès au patrimoine naturel entre le Nord et le Sud comme à l’intérieur de chaque société. Le partage des richesses est la solution normale du problème social. C’est parce que le partage est la valeur éthique cardinale de la gauche que le mode de production capitaliste, fondé sur l’inégalité d’accès aux moyens de production et engendrant toujours plus d’inégalités de richesses, doit être aboli.

Dans un deuxième temps, la décroissance renoue avec l’inspiration première du socialisme, poursuivie chez des penseurs indépendants comme Elisée Reclus ou Paul Lafargue. La décroissance retrouve à travers ses inspirateurs, Jacques Ellul et Ivan Illich, les fortes critiques des précurseurs du socialisme contre l’industrialisation. Une relecture de ces penseurs comme William Morris, voire une réévaluation du luddisme, permettent de redonner sens à l’écologie politique telle qu’elle a été développée chez André Gorz ou Bernard Charbonneau. L’éloge de la qualité des produits, le refus de la laideur, une vision poétique et esthétique de la vie sont probablement une nécessité pour redonner sens au projet communiste.

Pour finir, la décroissance constitue une critique radicale de la société de consommation et du développement, la décroissance est une critique ipso facto du capitalisme. Paradoxalement, on pourrait même présenter la décroissance comme un projet radicalement marxiste, projet que le marxisme (et peut-être Marx lui-même) aurait trahi. La croissance n’est, en effet, que le nom « vulgaire » de ce que Marx a analysé comme accumulation illimitée de capital, source de toutes les impasses et injustices du capitalisme. Pour sortir de la crise qui est inextricablement écologique et sociale, il faut sortir de cette logique d’accumulation sans fin du capital et de la subordination de l’essentiel des décisions à la logique du profit. C’est la raison pour laquelle la gauche, sous peine de se renier, devrait se rallier sans réserve aux thèses de la décroissance.

Tout le monde se souvient de l’échec de la commission Stiglitz-Sen mise en place par l’ex-Président Sarkozy dans le but de trouver un indicateur de « bien-être » autre que le simple PIB. Le problème ne viendrait-il pas de l’obsession des mesures quantitatives ?

Il est certain que nous devons nous débarrasser de l’obsession des mesures quantitatives. Notre objectif n’est pas de mesurer le bonheur puisque cet objectif n’est par définition pas mesurable. Mais je ne crois pas que nous puissions parler d’échec de la commission Stiglitz-Sen, puisqu’elle a quand même proposé des indicateurs alternatifs pertinents. D’un autre côté, et malgré toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, le PIB est tout à fait fonctionnel dans la logique de la société mondialisée de croissance. Il existe bien sûr d’autres indicateurs intéressants comme l’Happy Planet Index (HPI) mis au point par la fondation anglaise New Economics Foundation, mais ce dernier n’est pas fonctionnel dans notre système. Il est cependant intéressant comme indicateur critique du PIB. Pourquoi ? Parce que les États-Unis est en termes de PIB au 1er rang mondial, en termes de PIB par tête au 4ème rang et en termes de bonheur au 150ème rang ! La France se situe dans les mêmes ordres de grandeur. Tout cela signifie que si nous mesurons le bonheur par l’espérance de vie, l’empreinte écologique et le sentiment subjectif du bonheur — qui sont les trois critères du HPI —, les pays qui arrivent en tête sont le Vanuatu, le Honduras, le Venezuela et d’autres pays de ce type [ndlr : le trio de tête de 2012 est composé, dans l’ordre, du Costa Rica, du Vietnam et de la Colombie] . Malheureusement, il n’est pas fonctionnel dans notre système. Un autre indice de ce type qui pourrait être retenu, c’est l’empreinte écologique qui est elle-même synthétique. Le problème n’est pas de trouver l’indicateur miracle mais bel et bien de changer la société. Ces indices ne sont que des thermomètres et ce n’est pas en cassant le thermomètre que la température du malade change.

La rupture avec la croissance n’est-elle pas aussi une rupture avec l’économie comme science au profit d’autres disciplines comme la philosophie ou la sociologie ?

Oui, il s’agit bien d’une rupture avec l’économie. Mais celle-ci ne s’effectue pas seulement avec l’économie en tant que science mais aussi avec l’économie en tant que pratique. Il faut réenchâsser l’économique dans le social, au niveau théorique mais surtout au niveau pratique. Au niveau théorique d’abord parce que la « science économique » est une fausse science, et que la manière de vivre des Hommes appartient à l’éthique au sens aristotélicien du terme et donc à la philosophie ou à la sociologie. Sinon, pour paraphraser Lévi-Strauss, il n’existe qu’une seule science humaine : l’anthropologie. Au niveau pratique ensuite, en réintroduisant l’économique dans les pratiques de la vie et pas ne pas la laisser dans l’obsession du quantitatif avec la valorisation de l’argent, du profit ou du PIB.

Serge Latouche, propos recueillis par Kévin Victoire (Ragemag, 15 octobre 2013)