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vendredi, 10 décembre 2021

La revue de presse de CD - 05 décembre 2021

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La revue de presse de CD

05 décembre 2021

(Cette revue de presse paraît avec un certain retard, dû à des circonstances indépendantes de notre volonté)

DÉSINFORMATION

Immersion dans le Centre de formation des journalistes

« Les petits soldats du journalisme » continuent de marcher au pas. C’est en tous cas ce qu’il ressort du documentaire « En Formation » : une immersion, le temps d’une année scolaire, dans une promotion du Centre de formation des journalistes (CFJ). Entretien avec les réalisateurs Julien Meunier et Sébastien Magnier. Le journalisme comme du spectacle vu avec pertinence par ce site d’extrême-gauche.

Acrimed

https://www.acrimed.org/Immersion-dans-le-Centre-de-forma...

ÉTATS-UNIS

Les États-Unis protègent les tueurs par drones et persécutent les lanceurs d’alerte

Un rapport du Pentagone considère le meurtre d’une famille afghane comme une simple bavure – et confirme la tradition américaine qui consiste à justifier les crimes de guerre.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/les-etats-unis-protegent-les-tu...

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FRANCE

La Nouvelle-Calédonie, un baril de poudre, avec les mèches allumées…

La question de la Nouvelle-Calédonie est compliquée. Cet écheveau est le résultat d’une incroyable suite de renoncements, de cafouillages, d’ambiguïtés et de faiblesses de la France. Pour cette raison, on peut tout craindre du scrutin attendu le 12 décembre prochain, pour ou contre l’indépendance du territoire.

Geopragma

https://geopragma.fr/la-nouvelle-caledonie-un-baril-de-po...

GAFAM

De quoi le « Meta » de Facebook est-il le nom ?

Plutôt que de répondre sur la désinformation et la sécurité de ses usagers, Facebook détourne les projecteurs de l’attention publique sur une autre actualité : celle du métavers (contraction de « meta » et « univers ») un monde virtuel en ligne et immersif. Cette manœuvre présente l’avantage d’opérer la mue du média social en entreprise numérique diversifiée, tout comme Google en 2015, avec sa maison-mère, Alphabet.

The Conversation

https://theconversation.com/de-quoi-le-meta-de-facebook-e...

GÉOPOLITIQUE

L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel

Les besoins en logistique, communication et transport de matières premières suite aux invasions américaines après les attentats du 11 septembre 2001 et la nécessité d'un contrôle stratégique de l'Asie centrale ont incité la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, à annoncer la mise en œuvre de l'initiative de la nouvelle route de la soie en 2011. Le projet bénéficierait du soutien et de la complicité de l'Inde, le grand rival stratégique de la Chine (et du Pakistan) dans la région.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/23/l...

Pourquoi les États-Unis, la Chine et la Russie veulent s'emparer du Groenland

En 1867, les États-Unis ont acheté l'Alaska à la Russie pour 7,2 millions de dollars. La soif de territoire émanant de Washington n'a pas cessé depuis. Il y a deux ans, le président Donald Trump a proposé au Danemark d'acheter le Groenland, la plus grande île du monde, de plus de 2 millions de kilomètres carrés, alors qu'elle ne compte que 60.000 habitants, pour la plupart des Inuits. La Chine et la Russie veulent également prendre le contrôle du Groenland dans une course qui rappelle la fièvre colonialiste de la fin du 19ème siècle.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/28/p...

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ITALIE

Quel avenir pour le souverainisme en Italie ? Entretien avec Lorenzo Bernasconi

Arrivé à la tête d’un État fragile, Mario Draghi a réussi à stabiliser le pays et à faire travailler des forces politiques opposées. A-t-il pour autant éteint les sujets du populisme et du souverainisme portés par différents partis italiens de droite ou de gauche ? Entretien avec Lorenzo Bernasconi, ancien chef de cabinet du Vice-président du Conseil des ministres Matteo Salvini entre 2018-2019.

Conflits

https://www.revueconflits.com/quel-avenir-pour-le-souvera...

RÉFLEXION

Le naufrage de la gauche politique face au Covid, par Toby Green et Thomas Fazi

L’incompréhension des partis et intellectuels de gauche face à la situation engendrée par le Covid aura des conséquences désastreuses. Une fois de plus c’est l’extrême-droite qui a réussi à capter la dissidence populaire, réduisant toute chance de renverser son hégémonie. N’y avait-il vraiment aucune critique progressiste à formuler à l’encontre de la mise en quarantaine d’individus en bonne santé, de laboratoires avides de milliards, d’un tel moment de fragilité collective utilisé cyniquement pour laminer toutes les libertés publiques ?

Quartier Général (QG)

https://qg.media/2021/11/30/le-naufrage-de-la-gauche-poli...

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Analyse des perspectives de l'économie de l'hydrogène

La question du remplacement complet de tous les types de combustibles fossiles dans le secteur énergétique mondial (et par conséquent dans l'économie) par l'hydrogène revêt actuellement un caractère stratégique. Si les prévisions des experts sur le succès significatif de la nouvelle tendance mondiale dans l'avenir proche, celui des quinze prochaines années, et dans l'absolu, pour le basculement de 2040-2050, sont correctes, cela signifie une transformation fondamentale de toute l'économie mondiale.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/28/a...

RUSSIE

L'État perd le peuple

Par Alexandre Douguine. Le fossé entre l'État et le peuple, la société, a commencé à être remarqué par beaucoup d'observateurs aujourd'hui. En particulier Surkov, dans un récent article. Il est impossible de ne pas le remarquer.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/26/a...

Morale et éthique dans le renseignement : le point de vue du KGB/SVR

Existe-t-il une morale dans le renseignement ? Cette profession est-elle compatible avec les valeurs et les idéaux modernes ? Comment justifier les méthodes et les moyens employés ? Est-il permis de tromper et manipuler même au nom d’intérêts

« supérieurs » ? Un dossier très étonnant rédigé par le Colonel Igor Prelin.

CF2R.org

https://cf2r.org/recherche/morale-et-ethique-dans-le-rens...

SANTÉ/LIBERTÉ

Pr Luc Montagnier : des cas de Creutzfeldt-Jakob liés au vaccin contre le Covid ?

C’est à nouveau pour endosser le costume de « lanceur d’alerte » que le professeur Luc Montagnier est de retour. Le prix Nobel de médecine avait expliqué en 2018 que le virus du Covid-19 était issu d’une manipulation en laboratoire avant avertir que les vaccins contre le Covid-19 auraient de graves effets secondaires. Deux hypothèses balayées d’un revers de main par l’intelligentsia à l’époque. Depuis, le temps, l’analyse et l’information ont donné du crédit à ces analyses. Cette fois, le professeur de médecine, âgé de 89 ans mais « toujours actif intellectuellement » et prompt à donner son avis, surtout « s’il y a des vies humaines en jeu », alerte sur les liens entre les vaccins et des cas de maladies à prions et propose des pistes concrètes pour lutter contre de Covid.

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-le-defi-de-la-verite/pr-...

Pfizer et Merck : qu’en est-il de leurs nouveaux traitements précoces ?

Aucun des traitements précoces contre la COVID-19 proposés par de nombreux médecins et scientifiques n’ont été mis en avant en France. La vaccination, toujours en phase 3, a pratiquement été imposée à l’ensemble de la population française comme la seule solution, en dépit de doutes croissants sur sa balance bénéfices/risques mis en avant par les médecins et les scientifiques. Deux géants pharmaceutiques viennent chacun de présenter leurs solutions de traitements, sans aucunes données scientifiques validées par des pairs. Plusieurs états, dont la France, s’engagent à acheter ces traitements, dont le coût annoncé est de l’ordre de € 700 par patient.

Reinfocovid.fr

https://wiki.reinfocovid.fr/_media/newsletters/newsletter...

UNION EUROPÉENNE

Marie-France Garaud (4) : « Le rêve européen efface l’État et la volonté nationale »

Malgré les impasses de l’Union Européenne, le projet d’Europe fédérale reste toujours d’actualité. Dans cette dernière partie de l’entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2012, Marie-France Garaud nous offre son point de vue sur le projet de Fédération européenne.

Elucid

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samedi, 04 décembre 2021

Submersion migratoire de l'Europe: pourquoi ils ne feront rien contre...

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Submersion migratoire de l'Europe: pourquoi ils ne feront rien contre...

Frédéric Andreu

Une réaction s’impose après avoir visionné le "débat de la droite" organisé ce 21 novembre 2021 par BFMTV. Un mot tout d’abord sur le décorum de l’émission : un fond bleu roi, des spots lumineux qui font penser à un jeu de télé-réalité, peut être un décor de billard électronique. Remarquons aussi que la table est désormais remplacée par le pupitre qui ressemble à la cabine de jeu d'arcade ce qui en dit long sur le changement de civilisation auquel nous assistons.

Après plus d’une heure à phosphorer sur des questions de quotas, de réformes, de droit du sol et autres amendements, les candidats LR, comprendre «Les Réformettes», révèlent à l'unisson le fond de leur pensée. Cette droite "propre sur elle" s'insurge contre l'immigration rampante non pas parce qu'elle menacerait les équilibres européens ou parce qu'elle transformerait en profondeur son identité plurimillénaire, mais parce qu'elle contrevient "aux valeurs de la république". Le mot-argument de cette droite reste encore et toujours la "république" et seulement elle - autant dire le pays légal - et en aucun cas le pays réel.

La question ethnique qui pourtant crève les yeux pour le moindre quidam n'est jamais abordée de manière directe - sauf, bien sûr - en privé. Ce qui préoccupe cette caste politicienne au pouvoir depuis 40 ans est de savoir comment empêcher la submersion démographique à Mayotte, où vivent des populations d’origine noire africaine par les populations cousines des îles voisines.

Voilà le fer de lance de ces candidats «drapées dans les valeurs de la république»: empêcher le mariage entre noirs dans les îles tout en souriant au joyeux métissage de la France historique.

En d'autres termes, face à la surnatalité de l’Afrique, au tsunami migratoire qui ne fait que commence et qui menace l’Europe, la stratégie de cette droite "propre sur elle" consiste désormais à échanger la petite cuillère pour endiguer le tsunami par une cuillère à soupe.

C'est ainsi, pensent-ils que l'on parviendra à climatiser la question migratoire du moins pour les 5 ans à venir. Leur échelle de temps européen c'est le quinquennat, la place qu'ils occuperont pour 5 ans. Comment mieux fouler au pieds le temps long homérique et les valeurs éternelles de l’Europe ?

Les candidats des Républicains portent donc bien leur nom: ce sont sans l’ombre d’un doute des "républicains", légaux, efficaces dans leur inaction et lourdeurs et en aucun cas des Français du réel. Ils passent leur temps en formules, en éléments de langage choisis pour ne surtout pas empiéter le périmètre imposé par le politiquement correct parce qu'ils savent que l'esprit gaulois et homérique est aujourd'hui surveillé de prêt par les ligues de vertu, comme autant d’ «attouchements sexuels». La suspicion a gagné la guerre contre le réel et le bon sens.

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Ce faisant, ces "LR" sont les mauvais élèves de leur maître, Nicolas Sarkozy, car lui au moins eu en son temps le courage de ses opinions. Il a révélé à ciel publiquement le véritable plan de la république en déclarant que l'"objectif" était de relever le "défi du métissage". "Il faut relever le défi du métissage et l'imposer partout, par la contrainte s'il le faut". Avec Sarkozy, au moins, les choses étaient claires. Il a fallu une altercation avec un homme de la trempe de Poutine pour faire taire le caquet à ce flelutin. Elles le sont beaucoup moins depuis son éviction de la politique. C'est regrettable car le plan de dilution de l'Europe et de la race blanche n'est aujourd'hui plus clairement annoncée. Pire, il est camouflé derrière l'écran de fumée des mesurettes "LR". Se faisant, la véritable ligne de démarcation n’a, quant à elle, jamais été plus claire. Elle n'est pas entre la taille de la cuillère pour contenir le tsunami qui subvient - et qui submerge déjà nos grandes villes européennes. Elle se situe entre le pays légal et le pays réel. Et ces candidats de la grande cuillère ne feront rien pour contenir le tsunami. Ils se contenteront de jouer la montre sans conviction comme ils le font depuis 40 ans. Ils attendront que les émeutes se multiplient pour appliquer "la fermeté" et pour rétablir l'"ordre républicain" mais feront tout pour faire taire les Charles Martel de notre temps ou à les assimiler à des «extrémistes». Bref, cette classe politico-médiatique qui se croit le curseur centrale ne représente que le ronron et le néant.    

On le sent tous confusément, la politique française consistera de plus en plus à faire du Le Pen sans Le Pen. Ils ne pourront pas nier plus longtemps ce qui crève les yeux mais, dans le même temps, ils feront tout pour sabrer toute réponse gauloise à la question migratoire et ce pour une raison : l'immigration massive est le moyen le plus sûr et le plus rapide de parvenir au nouvel ordre mondial, l’horizon indépassable de notre temps.

Voici donc leur programme : installer des climatiseurs sémantiques là où il faudrait des frontières et des citadelles.

 

Dans les coulisses du Brexit 

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Dans les coulisses du Brexit 

par Georges FELTIN-TRACOL

Malgré ses dénégations répétées en boucle sur des chaînes d’information complaisantes, le gouvernement français est en train de lâcher les pêcheurs qui naviguent en mer du Nord et dans la Manche. Dans la vive querelle qui oppose Paris à Londres au sujet des zones de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes, la République française et l’Union dite européenne démontrent leur évidente volonté de ne surtout pas nuire à la Grande-Bretagne.

Cette soumission des intérêts continentaux aux exigences de la perfide Albion n’est pas une surprise quand on lit le nouvel ouvrage de Michel Barnier. L’actuel prétendant à la primaire interne fermée du parti Les Républicains pour désigner son candidat à l’Élysée a écrit La grande illusion. Journal secret du Brexit (2016 – 2020) (Gallimard, 2021, 544 p., 23 €). Pendant les quatre années de négociations serrées et féroces, l’ancien commissaire européen, promu responsable en chef des discussions pour l’Union pseudo-européenne, a tenu un journal de bord quotidien.

Titulaire de différents ministères sous François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarközy, Michel Barnier est un gaullo-centriste très tôt préoccupé par les questions écologiques. Il a co-organisé les Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Il place son action publique sous la tutelle de la femme politique Simone Veil et de Jean-Paul II. Gravitant autour de la Commission à Bruxelles, il présente toutes les garanties de politiquement correct. On pourrait par conséquent craindre que La grande illusion soit un livre fade et convenu. Ce n’est pas le cas malgré une profusion regrettable d’anglicismes. On présume que les discussions avec les Britanniques et entre les membres de son équipe se faisaient dans la seule langue de Shakespeare.

Certes, par sa parution au printemps 2021, cet ouvrage constitue le premier étage d’une éventuelle candidature présidentielle l’an prochain si son auteur parvient à terrasser au terme d’un combat épique de titans Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti et Philippe Juvin. C’est un plaidoyer pro domo à propos de deux longues négociations. En effet, il a fallu discuter à deux reprises avec les Britanniques. La première s’organisait autour de toutes les modalités pratiques et des répercussions quotidiennes de la sortie du Royaume-Uni de l’Union. La seconde portait sur les relations à venir à établir entre Londres et Bruxelles. Au fil des séances bilatérales, bientôt troublées par le covid et les confinements successifs, Michel Barnier fait découvrir au lecteur la machinerie eurocratique, c’est-à-dire des fonctionnaires européens issus des différents États membres impliqués dans leur domaine de compétence.

Dès la réception de son mandat, l’auteur agit pour que les 27 montrent face à Londres une unité réelle et non pas une entente de façade. Il y réussit. Outre la Commission et le Conseil européen, il fait des comptes rendus réguliers aux ambassadeurs permanents à Bruxelles, au Parlement européen et aux parlements nationaux, ce qui implique de se rendre chaque semaine de la Finlande à Chypre, du Portugal aux Pays baltes. À force de côtoyer des chefs d’État et de gouvernement et sachant que depuis Sarközy, n’importe qui peut briguer la présidence de la République hexagonale, Michel Barnier a dû se sentir pousser des ailes et une ambition…

Bien que diplomate et connaisseur des dossiers nombreux inhérents au Brexit, l’auteur ne cache pas son agacement. Plus on avance dans le livre, plus on découvre les manœuvres vachardes de Martin Selmayr. Le directeur allemand du cabinet de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, en est l’éminence grise. Il est devenu son secrétaire général en un temps record. À la demande des Britanniques toujours prêts à enfoncer un coin, Selmayr tenta de court-circuiter l’équipe officielle. Michel Barnier répliqua au quart de tour en lui faisant comprendre qu’il jouait avec le feu…

Ce sont toutefois les Britanniques eux-mêmes qui exaspèrent souvent le narrateur. S’il s’était penché sur l’histoire diplomatique du Royaume-Uni et des États-Unis, il aurait aussitôt compris qu’on ne peut pas se fier aux Anglo-Saxons : ils ne respectent jamais les traités qu’ils signent. Les tribus amérindiennes au XIXe siècle, les Alliés en 1919 – 1920 et l’Iran au début du XXIe siècle peuvent le certifier. Signé en 2003 par Nicolas Sarközy alors ministre de l’Intérieur, le traité du Touquet profite avant tout aux Britanniques qui retrouvent leur vieille maîtrise sur Calais. Le lundi 17 février 2020, David Frost, négociateur en chef du Royaume-Uni, retrouve Michel Barnier à Bruxelles. Le Britannique annonce que « le gouvernement de Boris Johnson ne se sent pas lié par la déclaration politique qu’il a pourtant signée le 17 octobre, il y a à peine quatre mois ». Pis, le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté « se contenterait bien d’un accord du type Canada et en même temps nous demande dans d’innombrables domaines de maintenir les avantages du marché intérieur : prestataires de services, interconnexions électriques, cabinets d’audit, avocats, services financiers ». Rappelons que Londres a aussi quitté le marché intérieur et ne consent qu’à conclure un traité de libre-échange le moins contraignant possible…

Pendant ses dix années de présidence, Charles De Gaulle a toujours refusé l’admission du Royaume-Uni dans la Communauté européenne. Ce fut l’une des nombreuses erreurs de Georges Pompidou d’en approuver l’adhésion. Le chaos politique qui résulte du Brexit, l’impréparation manifeste des dirigeants britanniques à ce choix et leur audace à vouloir toujours siéger entre deux chaises montrent la clairvoyance du premier président de la Ve République.

Il faut maintenant souhaiter que s’aggravent les effets du Brexit en Grande-Bretagne afin que les successeurs de la Queen puissent assister depuis leur palais à la réunification irlandaise, à l’indépendance de l’Écosse, à l’autodétermination des Cornouailles et du Pays de Galles, à la sécession de la métropole londonienne et au rattachement – inéluctable - à l’Espagne et à l’Argentine de Gibraltar et des Malouines.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 12, mise en ligne le 30 novembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

Günther Anders et le virus de la télévision

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Günther Anders et le virus de la télévision

Nicolas Bonnal

La fin du monde a donc pu venir avec une simple boite de Pandore : la télévision. C’est elle qui impose tout, avec le Pentagone et Madison avenue, disait Patrick McGoohan en répondant à Warner Troyer à une question sur notre feuilleton préféré. Là, elle impose le totalitarisme médical (les camps en Australie sont réels), le génocide malthusien sans frontières, la peur omniprésente, le transhumain et la misère universelle. Rien que ça ? Oui, oui, rien que ça. Déjà Ovide et Virgile décrivent (je les ai commentés aussi sur ce point) le rôle sinistre de Fama qui ne désigne pas, comme le disent nos imbéciles cours de latin, la renommée, mais les news et leur rôle apocalyptique sur les consciences (voyez aussi mon texte De Platon à Cnn).

Comment disait Lucien sans la télévision on n’aurait même pas su qu’il y avait épidémie. La peste noire évoqué par les bouffons aux commandes a tué 40% des Européens, le coronavirus 0.4% de la population globale, et encore ; on  a transformé une petite grippe bien moins mortelle que l’espagnole et tout aussi suspecte en Fin du monde pour les besoin de la cause : la Fin du monde précisément – renommée Reset. Plein d’imbéciles refusent encore de voir la réalité du complot, n’y voyant sans rire que l’incompétence. La théorie du complot devient l’insulte supérieure  - et donc l’ultime stratagème - dont parle Schopenhauer à la fin de son Art d’avoir toujours raison: « Ultime stratagème, Soyez personnel, insultant, malpoli, Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débateur lui-même en attaquant sa personne… »

La télévision (coup de génie de ces chaînes news avec l’actu en bandeau – répétition, seule figure de rhétorique importante, disait Napoléon qui s’y connaissait mieux qu’un pape jésuite en propagande) est donc la grande triomphatrice de cette fausse pandémie. Elle a maté le monde pour les oligarques fous et les gouvernements dictatoriaux et elle imposera le Reset et la dictature informatique comme à la parade. Nous aurons le grand camp de concentration électronique promis dans l’indifférence ou l’assentiment général du troupeau. Debord sur la question dans les années soixante et Günther Anders dans les années cinquante nous avaient prévenus. La messe des téléphages imposera sa laisse électronique aux non vaccinés qui seront de toute manière transformés en parias, les Vladimir et Estragon de la terrifiante pièce de Beckett citée et commentée par Anders.

Philosophe de formation allemande, juif libre et non libéral de noble fibre (même Adorno se moque des « juifs libéraux » dans son essai sur les médias), Anders brosse un tableau d’épouvante de cette humanité abrutie dans sa peu connue Obsolescence de l’homme écrite en 1956, quand la télé fait des ravages aux USA (c’est elle qui fera élire le catastrophique – n’en déplaise à certains – Kennedy). Le cinéma s’en rendait compte.

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Voyez le film « Il fait toujours beau temps » de Stanley Donen (et par là même notre ouvrage sur la comédie musicale, très bons pour les « fêtes ») et « l’Homme au complet gris » de Mervyn Le Roy qui montre la destruction de la famille américaine de l’époque (trois enfants, le chien, la caravane, le pavillon, etc.) par cette même télévision. La télévision c’est la disparition du foyer, de la vie intérieure et du noyau solidaire. Anders écrit à ce propos des lignes extraordinaires :

« Ce mode de consommation permet en réalité de dissoudre complètement la famille tout en sauvegardant l'apparence d'une vie de famille intime, voire en s'adaptant à son rythme. Le fait est qu'elle est bel et bien dissoute : car ce qui désormais règne à la maison grâce à la télévision, c'est le monde extérieur - réel ou fictif - qu'elle y retransmet. Il y règne sans partage, au point d'ôter toute valeur à la réalité du foyer et de la rendre fantomatique - non seulement la réalité des quatre murs et du mobilier, mais aussi celle de la vie commune. Quand le lointain se rapproche trop, c'est le proche qui s'éloigne ou devient confus. Quand le fantôme devient réel, c'est le réel qui devient fantomatique. Le vrai foyer s'est maintenant dégradé et a été ravalé au rang de « container» : sa fonction n'est plus que de contenir l'écran du monde extérieur. »

Or le monde extérieur, c’est le virus et il va tout conditionner : je suis l’alpha et l’omicron, le principe et la Fin de votre monde.

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Le livre de Gunther Anders et riche et long, on ne va se concentrer que sur cette seule question de la destruction de la famille, à l’heure où les parents (comme les profs) détruisent, vaccinent et masquent leurs enfants, sauf une poignée de louves. Il ajoute :

« La télévision a liquidé le peu de vie communautaire et d'atmosphère familiale qui subsistait dans les pays les plus standardisés. »

Rappelons que ce sont les pays les plus riches- les plus standardisés – qui se sont jetés sur les vaccins. Certains aiment citer l’Occident et sa civilisation (qui a disparu depuis  deux siècles – voir mes textes sur Guénon et Chateaubriand), ils sont servis! Etre un Occidental signifie être un riche et vieux consommateur, un téléphage abruti, strictement rien d’autre. L’homme libre n’est jamais occidental. Le moyen âge se référait à l’orient comme le psalmiste.

« Les fantômes (les envahisseurs du célèbre feuilleton) ont gagné : Sans même que cela déclenche un conflit entre le royaume du foyer et celui des fantômes, sans même que ce conflit ait besoin d'éclater, puisque le royaume des fantômes a gagné dès l'instant où l'appareil a fait son entrée dans la maison : il est venu, il a fait voir et il a vaincu. Dès que la pluie des images commence à tomber sur les murailles de cette forteresse qu'est la famille, ses murs deviennent transparents et le ciment qui unit les membres de la famille s'effrite : la vie de famille est détruite. »

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La télé aussi a marqué la Fin du christianisme (Cène/Table) :

« Ce qui ne veut pas dire que la télévision est maintenant devenue le centre de la famille. Au contraire. Ce que l'appareil représente et incarne, c'est précisément le décentrement de la famille, son excentration.

Il est la négation de la table familiale. »

Etre ensemble c’est regarder la télé ensemble. On est certes réunis, dit Guy Debord, mais dans le séparé.

Simple auditeur, le téléspectateur devient un serf. Et dans une brillante note le traducteur Christophe David écrit :

« Der Hörige, qui désigne le serf, est un dérivé du verbe hören, écouter. Le serf est celui qui écoute silencieusement les ordres de son maître et ne les conteste jamais. Son statut juridique est proche de celui de l'enfant. C'est donc par un calembour étymologique qu'Anders assimile au cours de ce paragraphe l'attitude infantile de l'auditeur (der Hörer) à celle du serf. »

Internet qui n’est qu’une énorme télé pour 90 ou 99% de la masse a renforcé cette aliénation. Il y a vingt ans j’avais forgé la notion de techno-serf dans mon livre sur internet (notion qui m’a été volée). Nous y sommes.

On se consolera avec Guénon en rappelant qu’il y a longtemps que l’occident est une civilisation hallucinatoire : le mythe de Faust, l’imprimerie…

Sources :

Gunther Anders – L’obsolescence de l’homme (Ivréa)

Nicolas Bonnal – Internet nouvelle voie initiatique

Debord – La Société du Spectacle

Schopenhauer –L’art d’avoir toujours raison (Wikisource !)

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

https://www.dedefensa.org/article/divagations-et-citation...

https://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-ci...

https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-con...

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Schopenhauer et l’accusation de complotiste : « Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli (L'Art d’avoir toujours raison). »

Soyez personnel, insultant, malpoli

Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débatteur lui-même en attaquant sa personne : on pourrait appeler ça un argumentum ad personam pour le distinguer de l’argumentum ad hominem, ce dernier passant de la discussion objective du sujet à l’attaque de l’adversaire en le confrontant à ses admissions ou à ses paroles par rapport à ce sujet. En devenant personnel, on abandonne le sujet lui-même pour attaquer la personne elle-même: on devient insultant, malveillant, injurieux, vulgaire. C’est un appel des forces de l’intelligence dirigée à celles du corps, ou à l’animalisme. C’est une stratégie très appréciée car tout le monde peut l’appliquer, et elle est donc particulièrement utilisée. On peut maintenant se demander quelle est la contre-attaque, car si on a recours à la même stratégie, on risque une bataille, un duel, voire un procès pour diffamation.

Arthur Schopenhauer, L'Art d’avoir toujours raison, § 38, Wikisource.

jeudi, 02 décembre 2021

La fin du mythe de l'Amérique

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La fin du mythe de l'Amérique

Aleksander Piński

Ex: https://narodowcy.net/koniec-mitu-ameryki/

À bien des égards, la vie en Pologne est meilleure qu'aux États-Unis. Nous avons de meilleures écoles, de meilleurs transports publics, des soins de santé plus efficaces, des taux de criminalité et de sans-abri radicalement inférieurs. Mais ce qui est le plus surprenant, c'est que les Polonais sont plus nombreux que les Américains à avoir des économies.

Une simple comparaison du PIB par habitant donnerait à penser que la Pologne et les États-Unis sont abyssalement différents en termes de niveau de vie. Pour ici (dernières données du Fonds monétaire international en 2021), le PIB par citoyen est de 68.309 USD aux États-Unis et de 16.930 USD en Pologne. En termes nominaux, le Polonais moyen ne produit donc que 24,8% des biens et services produits par l'Américain moyen.

Si l'on examine les statistiques en tenant compte de la valeur d'achat locale de l'argent (le fait est que pour un dollar en Pologne, nous pouvons acheter beaucoup plus que de l'autre côté de l'océan), le PIB par citoyen dans notre pays s'élève à 35.957 USD, ce qui est déjà comparable au PIB de nombreux États américains (Mississippi - 40.464 USD, Virginie occidentale - 43.806 USD et Arkansas - 44.808 USD). À ce stade, nous constatons également que nous produisons 52,6 % de ce que produisent les Américains. Toujours moins, mais l'écart s'est sensiblement réduit.

Pourtant, l'Américain moyen dépense chaque année près de 100 % de plus d'argent que le Polonais moyen. Si l'argent était dépensé proportionnellement de la même manière en Pologne et aux États-Unis, dans tous les domaines, les choses devraient être meilleures aux États-Unis qu'en Pologne. Et pourtant, les expériences des personnes qui ont visité les deux pays sont complètement différentes.

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Par exemple, un homme nommé Cash (pseudonyme d'un voyageur polonais qui télécharge sur YouTube des vlogs de ses voyages à travers le monde) a publié sur sa chaîne, le 11 juillet 2021, une vidéo intitulée "USA - IT'S A DRAMA ! La puanteur, les sans-abri, les junkies, la pauvreté - ce n'est pas le souvenir que j'ai de Los Angeles". Dans ce film, il se promène avec une caméra dans Los Angeles, en Californie, et commente ce qu'il voit. Et les vues peuvent être surprenantes pour beaucoup de gens. "Tout Hollywood Boulevard est envahi par les sans-abri. Ça pue la m... et la pisse..." - raconte-t-il sans ambages.

Il faut ajouter ici que Hollywood Boulevard est une rue célèbre de Los Angeles avec le Hollywood Walk of Fame, c'est-à-dire un trottoir avec des étoiles. C'est également dans cette rue que se trouve le Dolby Theatre, où se déroulent les cérémonies de remise des Oscars. C'est ici que les stars descendent le tapis rouge de leurs limousines avec joie. Bien sûr, quelqu'un pourrait dire que cela a au mieux une valeur anecdotique. Mais regardons les statistiques.

En Pologne, on compte 8 sans-abri pour 10.000 habitants, aux États-Unis 17, mais en Californie ce taux atteint 40,9 (données de 2020). Il convient également de mentionner que la Californie est l'un des États les plus riches des États-Unis, avec un PIB par habitant supérieur à 80.000 USD. Les États-Unis, qui sont un pays environ 100 % plus riche que la Pologne, ont un pourcentage de sans-abri 100 % plus élevé, et, dans l'un des États les plus riches - la Californie - le pourcentage est 400 % plus élevé que dans notre pays.

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Il convient également d'ajouter que les statistiques sur les sans-abri aux États-Unis n'incluent pas les personnes vivant dans des caravanes, et que ces personnes sont environ 20 millions dans ce pays (soit environ 6,4 % de tous les foyers). Et tout porte à croire que, dans la plupart des cas, il ne s'agit pas d'un choix mais d'une nécessité de la vie, puisque le revenu médian (la valeur, au-dessus et en dessous, à laquelle se situe la moitié de l'échantillon) de ceux qui vivent dans des caravanes est à peine supérieur à la moitié du revenu médian de l'ensemble de la population.

Ainsi, la célèbre déclaration de Jerzy Urban, porte-parole du gouvernement communiste polonais, le 13 mai 1986, dans laquelle il déclarait qu'en échange de l'envoi par les États-Unis de lait en poudre pour aider notre pays, les autorités communistes enverraient 5000 couvertures et sacs de couchage aux sans-abri de New York, était sans doute une facétie, mais qui allait au cœur d'un important problème outre-mer.

Le sans-abrisme n'est toutefois pas le seul problème auquel les États-Unis font moins bien face que la Pologne. Le taux de mortalité infantile est une bonne mesure du niveau de civilisation du pays. Elle montre dans quelle mesure le pays est capable de tirer parti des dernières avancées médicales, mais aussi dans quelle mesure les mères sont bien nourries, dans quelles conditions elles vivent, quel est leur niveau d'éducation, etc. Cela en dit également long sur les capacités d'organisation d'une société.

Ainsi, aux États-Unis, pour 1000 naissances vivantes, le taux de mortalité avant l'âge de cinq ans est en moyenne de 6,5. En Pologne, ce taux est de 4,4 (données 2019 selon la Banque mondiale), bien que nous dépensions environ un cinquième de ce que font les États-Unis en matière de soins de santé (en Pologne, on dépense 2230 dollars par citoyen, aux États-Unis 11.072 dollars, en tenant compte du pouvoir d'achat de la monnaie - données 2019 de l'OCDE).

Cependant, ces chiffres ne reflètent pas le drame résultant de cette différence. En pratique, cela signifie que si 24,6 millions d'enfants américains de moins de cinq ans vivaient en Pologne, 51,7 milliers d'entre eux de plus vivraient jusqu'à leur cinquième anniversaire.

Il est intéressant de noter qu'en 2000, l'Amérique était en avance sur nous à cet égard. À l'époque, l'indice en question était de 8,4 aux États-Unis et de 9,3 en Pologne. En moins de deux décennies, cependant, nous avons réduit la mortalité des enfants de moins de cinq ans de 53 %, tandis que les Américains n'ont réduit que de 23 %.

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Lorsqu'un jeune Polonais va à l'école, il en retire également beaucoup plus qu'un jeune Américain. Voici, dans les tests dits PISA, qui examinent l'efficacité de l'enseignement dans différents pays, nous avons obtenu en 2018 (dernières données disponibles) un score moyen de 513 points en mathématiques, sciences et lecture (11ème rang mondial). Le score américain était de 495 (25ème). Bien sûr, comme dans le cas des soins de santé, nous obtenons de meilleurs résultats en dépensant une fraction de ce que font les Américains.

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Quoi qu'il en soit, le fait que l'enseignement public polonais est bien meilleur que l'enseignement public américain a été remarqué par les Américains eux-mêmes et ils tentent d'expliquer le secret de notre réussite dans des livres tels que "The Smartest Kids in the World : And How They Got That Way" d'Amanda Ripley (également publié en Pologne par PWN sous le titre "Najbystrzejsze dzieci na świecie"). Et les compétences que nos enfants apprennent à l'école se traduisent par des connaissances pratiques qu'ils peuvent utiliser au travail, celles qui demandent le plus d'effort mental.

L'entreprise technologique HackerRank est connue pour préparer différents types d'énigmes pour les programmeurs du monde entier. Ensuite, non seulement leurs scores sont évalués, mais aussi la rapidité avec laquelle ils ont accompli les tâches. 1,5 million de personnes du monde entier ont participé au concours. Les informaticiens polonais ont pris la 3ème place avec un score de 98 points, les programmeurs des États-Unis se sont classés à la 28ème place avec 78 points.

Le sentiment de sécurité est un élément important du confort de vie dans un pays. Et là encore, nous sommes bien meilleurs que les États-Unis, par exemple en ce qui concerne le taux de meurtres pour 100.000 habitants : la Pologne - 0,67, et les États-Unis - 5,35 (à titre de comparaison, en Afghanistan, ce chiffre est de 6,35). De nombreux Américains ne peuvent pas croire qu'à Varsovie, par exemple, les gens n'ont pas peur de se promener à pied dans la ville après la tombée de la nuit. Parce que dans de nombreuses grandes villes de l'autre côté de l'océan, c'est impensable.

De plus, en lisant les blogs des Américains qui vivent en Pologne, on constate que presque tout le monde, après son arrivée dans notre pays, a l'impression que ses papilles gustatives se sont remises à fonctionner. Par exemple, sur sa chaîne YouTube, Trev, un Américain qui vit actuellement avec sa petite amie polonaise dans notre pays, place le pain et le beurre polonais en tête de sa liste des choses qui sont meilleures en Pologne qu'aux États-Unis. Le blogueur affirme qu'il n'a jamais connu de pain polonais à l'étranger. Parce que le pain américain standard ressemble à ce qui est vendu ici comme pain grillé, et ressemble à de la ouate blanche et a presque le même goût.

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Trev est également impressionné par la propreté, le faible coût et la facilité d'accès des transports publics polonais. Il estime qu'en Pologne, on peut facilement se passer de voiture, ce qui est très difficile aux États-Unis. Selon lui, certaines stations de métro à New York ressemblent à un "dépotoir" comparé au métro de Varsovie.

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Si quelqu'un essayait de défendre l'Amérique, il pourrait probablement argumenter que les citoyens américains sont plus riches que les Polonais. Mais regardons le pourcentage de citoyens qui déclarent avoir des économies. En décembre 2019, gobankingrates.com a indiqué que 45 % des Américains n'ont aucune épargne. Comment cela se présente-t-il en Pologne ? Eh bien, paradoxalement mieux.  Seuls 24 % d'entre nous n'ont pas d'argent de côté (données issues d'une enquête commandée par le Registre national de l'endettement et publiée en janvier 2021). Et c'est presque moitié moins qu'aux États-Unis.

Il convient également de rappeler qu'il n'existe pas d'assurance maladie universelle aux États-Unis: en 2020, 30,4 millions de personnes n'avaient aucune couverture de ce type. Les enfants ne sont pas automatiquement assurés, comme en Pologne, mais c'est à leurs parents de le faire. S'ils ne le financent pas, il n'y a pas de protection. Et ceux qui ont une telle assurance doivent quand même payer un supplément en cas, par exemple, de visite chez le médecin.

Comme le décrit Lidia Krawczuk, une Polonaise qui vit aux États-Unis depuis 2009, dans son article "Thank God you have the National Health Service, or health insurance in the USA" (Dieu merci, vous avez le service national de santé ou l'assurance maladie aux États-Unis) sur le blog amerykaija.pl, le montant à payer dépend de l'option d'assurance. Habituellement, le prix est de 30 à 40 dollars, soit environ 140 PLN. Toutefois, dans le cas de services plus complexes, il s'agit d'un pourcentage du prix du service, très souvent environ 50 %. Les prix des services médicaux aux États-Unis peuvent donner le vertige. Le blogueur indique que, par exemple, une radiographie de la jambe coûtera environ 1200 dollars, soit environ 4700 PLN, dont un assuré devra payer 600 dollars, soit 2350 PLN, de sa poche.

L'auteur décrit comment elle s'est récemment plainte à son médecin généraliste américain que sa vue baissait. Il lui a conseillé d'aller dans un magasin, de prendre des lunettes sur un présentoir et de voir lesquelles lui permettraient de bien lire. Le médecin n'a pas envoyé la patiente chez un ophtalmologiste pour un examen oculaire professionnel afin de ne pas l'exposer au coût élevé d'un tel service.

Aux États-Unis, le code du travail est archaïque, voire inexistant. Par exemple, un employeur n'est pas obligé d'accorder à un employé un congé annuel (et 23 % ne le font pas), ni même un congé de maternité payé pour les femmes après l'accouchement (il n'y a que la possibilité pour un parent de prendre jusqu'à 12 semaines de congé non payé).

Dans la pratique, cela signifie que 77 % des entreprises privées qui accordent des jours de congé payés à leurs employés aux États-Unis en accordent en moyenne 10 et leur paient des congés pendant huit jours fériés par an. Cela représente un total de 18 jours de congés payés par an (en Pologne, pour les employés à temps plein, ce nombre se situe entre 33 et 39, en fonction de l'ancienneté). Les formalités de licenciement se limitent souvent à ce que l'employeur dise "vous êtes viré", ce qui peut être un problème puisque, rappelons-le, 45 % de la population américaine n'a pas d'économies.

Lire aussi: Protekcja USA w jednym pakiecie z LGBT (= Les protections américaines en un seul paquet avec les LGBT

Les États-Unis sont certainement en tête lorsqu'il s'agit du nombre de personnes très riches. Il y a 180.060 personnes dont la richesse nette (c'est-à-dire après déduction des dettes) dépasse 30 millions de dollars (au moins 116 millions de PLN), alors qu'en Pologne, elles sont 878, soit plus de 99,5 % de moins (données tirées de l'analyse du "Rapport sur la richesse" réalisée par Knight Frank en 2021). Les États gagnent également en termes de quantité de taxes prélevées sur les citoyens. Bien que la différence ne soit pas aussi importante que ce que l'on pourrait conclure en examinant les effets de l'activité de l'État. Aux États-Unis, le trésor public prend 27,1 % du PIB, en Pologne 33,9 % du PIB.

Pour de nombreuses personnes qui se souviennent des années 1980, il peut être surprenant de constater qu'à bien des égards, la vie en Pologne est meilleure qu'aux États-Unis - après tout, le pays le plus puissant du monde. Si je mentionne les années 1980, c'est parce qu'à l'époque, l'Amérique représentait pour beaucoup un idéal inégalé, tant en termes de style que de niveau de vie (comme en témoigne la chanson "Mister of America" de Lombard en 1989). Un idéal qui n'a définitivement pas résisté à l'épreuve du temps. Car, comme le montrent les données et les exemples cités, l'Amérique ne prend pas soin de ses citoyens aussi bien qu'elle le pourrait, compte tenu des richesses dont elle dispose.

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Quelles sont les implications de cette situation ? Tout d'abord, il convient de prendre conscience de nos propres réalisations, car nous avons fait des progrès gigantesques en tant que société au cours des 30 dernières années. Et nous avons été capables de résoudre de nombreux problèmes bien mieux que les Américains, même si nous avons beaucoup moins d'argent qu'eux.

Ne nous laissons donc pas sermonner par des personnes qui font pire que nous dans de nombreux domaines, même si - généralement par leur propre ignorance - elles ne s'en rendent pas compte. Une enquête publiée en juillet 2021 montre que 69% des citoyens américains considèrent que l'Amérique est "le meilleur pays du monde pour vivre".

Cependant, il faut reconnaître que la réalité brise peu à peu les illusions aux États-Unis : au cours de la dernière décennie, le pourcentage de personnes qui le pensent a diminué de 15 points. La deuxième conclusion est que ni la croissance du PIB à elle seule, ni les faibles impôts ne régleront de nombreuses questions importantes. Et les faits parlent d'eux-mêmes : le modèle de développement que nous avons choisi dans la Vistule résout beaucoup plus de ces problèmes que ceux d'outre-mer.

Aleksander Piński

Du dogmatisme climatique à l'effondrement énergétique

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Du dogmatisme climatique à l'effondrement énergétique

Par Luis I. Gómez Fernández

Ex: https://disidentia.com/del-dogmatismo-climatico-al-colapso-energetico/

Les prix de l'énergie montent en flèche, qu'il s'agisse du gaz naturel, du pétrole, du charbon ou de l'électricité, et les consommateurs doivent puiser de plus en plus dans leurs économies. Malgré l'expansion considérable des énergies renouvelables, nous sommes toujours dépendants des combustibles fossiles et cela ne devrait pas changer de sitôt. L'évolution des prix au cours des derniers mois aurait dû être un signal d'alarme pour les responsables politiques présents à la conférence des Nations unies sur le changement climatique à Glasgow. Au lieu de cela, les politiciens continuent d'être guidés plus par des vœux pieux que par la logique lorsqu'il s'agit de la transition énergétique. La crise énergétique met inexorablement en évidence les objectifs contradictoires de la "transformation énergétique".

La crise énergétique rappelle des souvenirs des années 1970. À l'époque, pendant la crise pétrolière, il y avait de longues files d'attente devant les stations-service. Aujourd'hui, il y a également des pénuries de carburant aux pompes britanniques et les stations-service allemandes sont à court d'AdBlue. Les premières conséquences de la transition énergétique deviennent visibles.

Les responsables politiques doivent tirer les bonnes leçons de la crise énergétique actuelle et se concentrer désormais sur l'essentiel de la politique énergétique et climatique. Mais pour cela, il faut d'abord se débarrasser du ballast dogmatique.

Si la politique veut sortir avec succès - si nous voulons tous sortir avec succès - de cette crise énergétique, elle doit se débarrasser du lest dogmatique. Le "greenwashing" du gaz naturel montre les objectifs contradictoires de la transition énergétique. Le message de Bruxelles est déroutant: alors qu'il y a peu de temps encore, on nous disait que brûler des combustibles fossiles n'était rien d'autre qu'un péché, on nous dit maintenant que brûler du gaz naturel ne l'est pas. Ou que c'est un péché véniel.

Les conséquences de l'explosion des prix du gaz naturel dans le monde sont peu visibles. Les premières entreprises ont déjà arrêté ou réduit considérablement leur production. Parmi eux figurent les fabricants d'engrais en Grande-Bretagne, par exemple, ou les producteurs d'AdBlue en Italie. En Chine, il y a déjà eu des coupures de courant à grande échelle parce qu'il n'y avait pas assez de charbon disponible.

Les caprices incontrôlables de la météo - certains jours il y a du vent ou du soleil, d'autres non - font que la demande de combustibles fossiles augmente plus vite que le marché ne peut réagir. Ce manque d'agilité de la part des fournisseurs a beaucoup à voir avec les messages que les politiciens reçoivent depuis plus de cinq ans maintenant: l'extraction et la combustion des combustibles fossiles sont non seulement un péché, mais elles seront sévèrement taxées. Personne n'investit dans de telles conditions ! Il s'avère maintenant que le gouvernement américain a demandé aux pays producteurs de pétrole d'augmenter leur production et que l'Europe a demandé à la Russie de fournir davantage de gaz naturel. Dans le même temps, l'Agence internationale de l'énergie prévient que nous devons cesser d'investir dans de nouveaux gisements de pétrole, de gaz et de charbon si nous voulons atteindre les objectifs de protection du climat fixés pour 2050. C'est difficile à comprendre.

Au début de l'année, un long hiver en Europe et en Asie a entraîné une augmentation de la demande d'énergie. Cette période a été suivie d'un été très nuageux et sans vent, ce qui a entraîné une baisse significative de la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables en Europe. Davantage de centrales électriques au charbon et au gaz ont dû intervenir pour répondre à la demande d'électricité. Cela a créé une demande imprévue de charbon et de gaz, qui a dû être satisfaite à court terme sur les marchés. À cela s'ajoute l'augmentation de la taxe sur le CO2 appliquée aux combustibles fossiles. L'effet souhaité par les politiciens s'est donc produit : les combustibles fossiles sont devenus beaucoup plus chers.

La crise énergétique est commentée différemment par les différents partis. Les sceptiques de la transition énergétique mettent en avant le manque de fiabilité des technologies vertes. Les éco-champions considèrent qu'il est nécessaire de développer encore plus rapidement les énergies renouvelables afin de devenir indépendant des combustibles fossiles.

Cependant, si l'on examine les faits sans parti pris idéologique, il apparaît rapidement que les objectifs contradictoires de la transition énergétique entre la sécurité d'approvisionnement, la compatibilité environnementale et le caractère abordable ont été exposés et visibles pour tous.

Des prix plus élevés conduisent généralement à davantage d'investissements. Or, ce n'est pas le cas actuellement pour les producteurs de biens d'énergie fossile. D'une part, ils aimeraient bien sûr récolter les fruits de la hausse des prix ; d'autre part, les politiciens et les ONG exercent une pression massive pour qu'ils cessent d'investir dans l'extraction/commercialisation des combustibles fossiles. Le résultat est que de plus en plus d'entreprises énergétiques n'investissent que dans des programmes "verts". Personne ne semble remarquer le vrai problème : que se passe-t-il si l'offre n'est pas disponible ?

La transition énergétique est inévitablement associée à une électrification accrue. Cependant, les énergies renouvelables ont le problème de ne pas pouvoir produire de l'électricité à la demande en raison des conditions météorologiques. Cela rend problématique un approvisionnement énergétique stable et entraîne des coûts extrêmement élevés. À l'heure actuelle, il n'existe pas de solution technique abordable pour stocker l'électricité excédentaire en quantité suffisante afin de pouvoir y avoir recours en cas de besoin. De telles installations de stockage ne seront pas disponibles pendant longtemps. C'est pourquoi nous avons besoin de centrales électriques de secours qui peuvent intervenir lorsque le vent et le soleil ne peuvent pas le faire.

De plus en plus de pays se tournent vers l'énergie nucléaire. Sinon, les combustibles fossiles, comme le gaz naturel ou le charbon, sont inévitables. Les centrales au gaz émettent légèrement moins de CO2 que les centrales au charbon, c'est pourquoi elles sont considérées comme une technologie de transition dans les pays qui rejettent l'énergie nucléaire. Mais n'oubliez pas que les prix élevés du gaz entraînent également une augmentation significative des prix de l'électricité.

Les objectifs contradictoires de la politique énergétique ne peuvent être résolus que si l'on abandonne les positions idéologiques et que l'on autorise un large mix énergétique avec les capacités de réserve correspondantes. Classer le gaz naturel comme une technologie "verte" et l'assimiler ainsi à l'énergie nucléaire n'est rien d'autre qu'un effort pour cacher l'argumentation idéologique, car le gaz naturel n'est pas exempt de CO2. Le véritable potentiel de réduction des gaz à effet de serre doit être à la mesure du système énergétique utilisé et non d'une technologie occultée par l'idéologie.

L'idéologie... Les centrales de secours coûtent cher, mais elles sont indispensables pour assurer la sécurité de l'approvisionnement en électricité. Les coûts supplémentaires ralentiront la croissance économique pendant la transition, car l'augmentation des coûts de l'électricité entraîne inévitablement une hausse des coûts de tous les biens et services, ce qui alimente l'inflation.

Les responsables politiques doivent tirer les bonnes leçons de la crise énergétique actuelle et se concentrer dès maintenant sur l'essentiel de la politique énergétique et climatique. Mais pour cela, il faut d'abord se débarrasser du ballast dogmatique. Si cela n'est pas fait rapidement, ce n'est qu'une question de temps avant que l'offre ne s'effondre.

La bataille culturelle contre le progressisme : elle ne peut être menée avec des prémisses communes à ce même progressisme!

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La bataille culturelle contre le progressisme: elle ne peut être menée avec des prémisses communes à ce même progressisme!

Par Juan Manuel de Prada

Ex: https://kontrainfo.com/batalla-cultural-al-progresismo-no-se-puede-combatir-con-premisas-compartidas-por-juan-manuel-de-prada/

La droite rappelle souvent la nécessité de mener une "bataille culturelle" contre le progressisme rampant, une expression destinée à dépeindre une sorte de dérapage de combat culturel, journalistique et médiatique dans lequel deux visions du monde radicalement opposées se battent pour l'hégémonie culturelle. Cependant, pour mener une telle bataille, il faut se battre avec des principes tout-à-fait opposés à ce progressisme, des principes qui proposent une alternative radicale (non pas parce qu'ils sont extrémistes, mais parce qu'ils vont à la racine des problèmes qui sont en jeu). Lorsque cela ne se produit pas, lorsqu'il n'y a pas adoption de principes radicalement opposés, la bataille des droites est inévitablement perdue.

Dans ces "batailles culturelles" grotesques, auxquelles nous assistons trop souvent, la droite arrive toujours armée du concept de liberté propre au libéralisme, armée de munitions idéologiques se référant aux droits individuels du libéralisme, à la vision anthropologique du libéralisme, etc. Et puis le progressisme rampant n'a plus qu'à utiliser ces principes à son avantage, les faisant siens, les adaptant à ses intérêts et les développant jusqu'à des extrêmes que la droite timorée n'avait jamais soupçonnés. Et puis, après avoir développé de tels principes, la droite s'insurge contre ce qu'elle appelle, de manière absurde, le "marxisme culturel", qui n'est rien d'autre qu'un libéralisme cohérent. Car le libéralisme, avec son principe émancipateur, crée le terreau de toute l'ingénierie sociale qui convient au progressisme pour construire un " ethos " hégémonique... auquel, à la traîne, les champions de la droite finissent par se rallier, même s'ils en adoptent toujours une version atténuée ou honteuse.

Certains de ces champions ne s'y associent pas du tout, mais s'engagent plutôt dans des escarmouches sur certaines questions qui exacerbent les antagonismes sociaux de la manière la plus formidable qui soit. Tout comme la gauche utilise les immigrants, les féministes ou les écologistes comme "sujets révolutionnaires" pour poursuivre son assaut contre le pouvoir, les champions de droite de cette deuxième version de la "bataille culturelle" utilisent le mouvement pro-vie ou les classes moyennes appauvries.

Mais cette modalité de la "bataille culturelle", tout en utilisant ces groupes sociaux comme béliers, envenime et réarme les détracteurs, générant ainsi une dissociation empoisonnée par un essaim de haines. Cette dissociété polarisée effraie d'ailleurs les tièdes, qui finissent par succomber aux chants des sirènes du progressisme, qui établit toujours où se trouve la modération.

Ces deux modes de "bataille culturelle" sont complètement ineptes, aussi cosmiques que soient leurs douloureuses querelles intestines. Pour mener une véritable "bataille culturelle" contre le progressisme rampant, on ne peut pas y aller avec des prémisses communes, car cela favoriserait un grotesque méli-mélo idéologique qui finit par être le ferment qui favorise l'hégémonie du progressisme.

La seule "bataille culturelle" possible ne peut être menée qu'à partir de prémisses philosophiques, politiques et anthropologiques opposées aux idéologies concurrentes ; et ces prémisses ne sont fournies que par la pensée traditionnelle.

mercredi, 01 décembre 2021

Le "droit cosmopolite" de Kant est à l'origine du bienfait suicidaire de l'immigration

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Le "droit cosmopolite" de Kant est à l'origine du bienfait suicidaire de l'immigration

par Francesco Lamendola

Ex: https://www.centrostudilaruna.it/il-diritto-cosmopolitico-di-kant.html

Que le 'bonisme' masochiste et suicidaire de l'Union européenne et de la culture dominante face au phénomène, programmé et voulu d'en haut et pas du tout spontané comme il nous est présenté par les médias, de l'immigration/invasion africaine et asiatique au sein des pays du Vieux Continent, a ses matrices idéologiques dans le droit naturel, fondé sur la reconnaissance des "droits naturels" de l'individu, et plus encore dans le cosmopolitisme des Lumières, fondé sur l'hypothèse que la terre entière est la propriété collective de tous les hommes sans distinction, est trop connue pour être répétée.

Ce qui n'est peut-être pas clair pour tout le monde, c'est à quel point la pensée de celui qui est considéré (à tort) comme le plus grand philosophe du XVIIIe siècle et l'apogée de tout le mouvement des Lumières, Emmanuel Kant, l'auteur de la Critique de la raison pure et de la Critique de la raison pratique, le destructeur de la métaphysique et le destructeur de la théologie, en somme, y a joué un rôle : l'homme qui a résumé la croisade du Logos instrumental et calculateur contre la tradition et, en particulier, contre la philosophia perennis, laquelle avait accompagné et soutenu la conscience spirituelle de la civilisation européenne pendant plus de deux millénaires.

9782711613809-475x500-1.jpgC'est Kant, dans son célèbre pamphlet intitulé La paix perpétuelle, qui a formulé, de la manière la plus explicite, l'idée que l'hospitalité accordée à tout individu dans tout État relève de son "droit" inaliénable, et a articulé la séquence conceptuelle qui l'a conduit à exprimer une telle conviction, en lui donnant le statut, ou du moins l'apparence, d'un argument philosophiquement rigoureux et impeccable ; Il vaut donc la peine de suivre les étapes de ce raisonnement et de voir s'il est vraiment aussi logique et cohérent que son auteur et ses nombreux admirateurs, d'hier et d'aujourd'hui, l'ont montré et continuent de le croire.

La paix perpétuelle ("Zum ewigen Frieden", 1795) n'est ni un traité de philosophie politique ni un traité d'éthique, mais simplement un schéma juridique visant à établir certains points sur lesquels les États pourraient s'entendre pour écarter le danger de la guerre. Kant ne croit pas à la bonté naturelle de l'homme ; en revanche, il montre qu'il pense possible que l'homme, qui n'est pas bon par nature, puisse domestiquer ses instincts guerriers par une série de formules juridiques, ce qui est une contradiction dans les termes. Si l'homme n'est pas capable de vraie bonté, comment la paix peut-elle lui venir de sa raison? La Raison vit-elle une vie propre, ou tombe-t-elle sur terre depuis les hauteurs du ciel?

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Le schéma de base de l'œuvre de Kant s'inspire, comme on le sait, de la Paix de Bâle, signée le 5 avril 1795 entre le représentant de la Convention thermidorienne, François Barthélemy, et l'ambassadeur prussien Karl August von Hardenberg : c'est-à-dire entre la première république révolutionnaire d'Europe et une monarchie absolue, typique de l'Ancien Régime. La plupart des clauses du traité étaient en fait secrètes, tout comme l'article final du pamphlet de Kant, à la saveur purement maçonnique, qui stipulait qu'en cas de différends internationaux graves, les gouvernements des États concernés consulteraient l'avis des "philosophes".

La paix de Bâle est en fait le résultat d'un compromis cynique entre deux egos opposés et non d'un désir sincère de paix entre les puissances européennes, ce qui était impossible étant donné l'incompatibilité évidente entre un gouvernement issu de la Révolution française et fondé sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et sur le trinôme "liberté, fraternité, égalité", et les hautes monarchies absolues, toujours fondées sur les ordres privilégiés, qui ne pouvaient assister sans réagir au triomphe de la bourgeoisie, ni pardonner le procès et la condamnation à mort de Louis XVI, déjà roi de droit divin.

Le cynisme du compromis provenait du fait que Frédéric-Guillaume II de Hohenzollern voulait avoir les coudées franches à l'Est, écraser la grande insurrection polonaise et se tailler la part du lion dans le troisième et dernier partage de cette malheureuse nation (alors qu'il devrait céder Varsovie à la Russie et se contenter d'une copropriété avec cette dernière et l'Autriche, soit, en pratique, la troisième place) ; tandis que la Convention thermidorienne avait désespérément besoin de consolider son pouvoir dans la France dévastée par les deux années 1793-94, dominée par les Jacobins et les Sans-culotte, et de renforcer les classes supérieures et moyennes en tant que classe dirigeante.

Il n'est pas clair si Kant s'est rendu compte qu'il s'agissait essentiellement d'une trêve et que l'épreuve de force entre la Révolution et les monarchies de l'Ancien Régime (soutenues pour des raisons non idéologiques, mais purement commerciales et financières, par la monarchie constitutionnelle anglaise) n'était que reportée jusqu'à ce que les deux parties retrouvent leur force, ou s'il croyait vraiment que cela "démontrait" la possibilité que des systèmes de gouvernement radicalement différents puissent établir des relations de bon voisinage et s'entendre pour éviter de futures guerres.

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Pour notre part, nous serions enclins à privilégier la seconde hypothèse: qui, si elle était vraie, ne serait pas en faveur de la clairvoyance et de la perspicacité du philosophe de Königsberg, dont la lucidité était évidemment assombrie par toute une série de préjugés issus des Lumières sur la raisonnabilité "naturelle", sinon la bonté naturelle, des êtres humains. Il n'en reste pas moins que l'ajout du fameux article secret dément toute la structure de l'ouvrage, si naïvement confiant dans l'efficacité d'un système de règles juridiques internationales qui réaliserait ce que le désir authentique de paix des gouvernements et de leurs peuples respectifs, en lui-même, ne semble pas pouvoir réaliser.

Mais il ne s'agit pas ici de discuter de la "paix perpétuelle", schéma toujours aussi fantaisiste, né de l'ivresse rationaliste des Lumières, si ce n'est pour en souligner un aspect particulier : le droit cosmopolite, c'est-à-dire le droit à la citoyenneté "universelle", en raison de ses convergences évidentes et significatives, qui ne peuvent pas être accidentelles, avec la situation qui se détermine actuellement entre les organes de direction de l'Union européenne et une grande partie (mais pas la totalité) des gouvernements des nations qui en font partie, et le phénomène massif et imparable de migration/invasion en provenance d'Afrique et d'Asie, qui provoque aujourd'hui un véritable remplacement de la population européenne par une nouvelle population mixte, de nature à mettre en danger la tradition culturelle et l'identité ethnique même du Vieux Continent.

C'est ainsi que Simonetta Corradini et Stefano Sissa (Capire la realtà sociale. Sociologie, méthodologie de la recherche, Bologne, Zanichelli, 2012, pp. 146-147) :

    "Le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804), dans un pamphlet intitulé "Vers la paix perpétuelle" (1795) a illustré un projet de mise en œuvre de la paix mondiale par le droit. Le texte se présente comme un hypothétique traité international divisé en articles, et divisé en articles PRELIMINAIRES et DEFINITIFS.

    Les "préliminaires" définissent ce que les États ne doivent pas faire : ne pas conclure de traités de paix en réservant tacitement des prétextes pour une guerre future (sinon la suspension de la guerre serait un simple armistice), acquérir un État indépendant par héritage, échange, achat ou don (l'État est une société d'hommes et non une marchandise), ne pas avoir d'armées permanentes (elles constituent une menace pour les autres États, incitent à la concurrence en matière d'armement), ne contractent pas de dettes publiques pour faire la guerre, n'interfèrent pas par la force dans la constitution et le gouvernement d'un autre État, ne s'engagent pas dans des actes d'hostilité pendant une guerre qui rendraient la confiance mutuelle impossible à l'avenir.

    L'aspect le plus novateur est constitué par les trois articles finaux qui représentent la partie propositionnelle du projet d'un ordre international capable de garantir la paix. Ils concernent trois niveaux distincts, celui du droit constitutionnel qui régit les relations entre l'État et ses citoyens (art. 1), celui du droit international qui régit les relations entre les États (art. 2) et celui du droit cosmopolite (art. 3) par lequel tous les citoyens de la planète deviennent titulaires de droits et de devoirs qui dépassent leur statut de sujets d'un État donné. Le droit cosmopolite est une nouvelle branche du droit. Les articles finaux sont rédigés comme suit:

        - La constitution civile des États doit être républicaine. Selon Kant, une constitution républicaine, dans le sens où le peuple est représenté, est propice à la paix, car si ce sont les citoyens qui décident d'une guerre, sachant que la charge sera sur eux, ils seront très prudents dans leurs décisions.
        - Le droit international doit être fondé sur un fédéralisme d'États libres. La seule façon de sortir d'un état de guerre permanent est la formation d'une ligue d'États dont le but est de préserver la liberté et la sécurité d'un État pour lui-même et en même temps pour les autres États confédérés. Kant ne considère pas la formation d'un seul État mondial comme souhaitable, car elle pourrait conduire à un terrible despotisme.
        - Le droit cosmopolite doit être limité aux conditions de l'hospitalité universelle.

    L'HOSPITALITÉ est le droit d'un étranger arrivant sur le territoire d'un autre de ne pas être traité de manière hostile. Ce n'est pas un droit d'hospitalité auquel on peut faire appel, mais un "DROIT DE VISITE" auquel tous les hommes ont droit, c'est-à-dire le droit de s'offrir à la sociabilité en vertu du droit à la possession commune de toute la surface de la Terre. Le philosophe rappelle comment les puissances européennes ont échangé le DROIT DE VISITE contre la conquête des terres des autres et condamne le colonialisme. Il observe également que, compte tenu des relations qui se sont établies entre les peuples de la Terre, "la violation du droit qui s'est produite EN UN point de la terre s'est produite en TOUS les points, de sorte que l'idée d'un droit cosmopolite n'est pas une représentation fantastique d'esprits exaltés, mais une intégration nécessaire d'un code non écrit, tant du droit public interne que du droit international, afin d'établir un droit public en général et d'instaurer ainsi une paix perpétuelle dont, à cette condition seulement, nous pouvons nous flatter de nous approcher continuellement."

    Selon le philosophe, trois tendances de la société favorisent cette évolution, à savoir le caractère pacifique des républiques, la force unificatrice du commerce mondial et la fonction de contrôle de la sphère publique, c'est-à-dire la communauté des citoyens qui, en tant qu'êtres rationnels, examinent et discutent les actions des gouvernements.

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Mais regardons de plus près les propositions politico-juridiques de Kant.

Les articles préliminaires sont un chapelet de bonnes intentions, qui ne valent même pas le coût de l'encre avec laquelle ils ont été écrits. Qui, ou quoi, pourrait empêcher un gouvernement de signer un traité de paix, avec la réserve tacite de reprendre la guerre, dès que les conditions deviennent plus favorables ? Qui, ou quoi, pourra empêcher un État d'en acquérir un autre par héritage, échange, etc., chose qui s'est toujours produite jusqu'à présent et à laquelle personne ne s'est jamais opposé (tout comme personne ne s'opposera au traité de Campoformio de 1797, qui a partagé la République millénaire de Venise entre l'Autriche et la France) ? Les armées permanentes : certes, elles sont une menace constante pour la paix ; mais qui peut empêcher les États les plus forts d'imposer le respect de leur volonté de désarmement (des autres), et, quant à eux, de l'ignorer allègrement ? Ne pas contracter de dette publique pour faire la guerre : d'accord; mais la dette publique peut se transformer, comme nous le voyons aujourd'hui, en une arme de guerre elle-même, manipulée par des banques et des institutions financières sans scrupules. À l'époque de Kant, la dette finançait les guerres ; à notre époque, ce sont les guerres (financières) qui génèrent la dette publique. Le philosophe allemand ne l'avait pas prévu : pourtant, il y avait exactement un siècle (en 1694) que la Banque d'Angleterre était née, et le phénomène de la mondialisation de la finance était déjà visible à son époque. Et que signifie donc que les armées, dans la guerre, doivent s'abstenir d'actes d'hostilité qui rendent impossible la confiance mutuelle dans l'avenir ? Quels sont ces actes ? Une épuration ethnique, comme celle menée par les Britanniques en Acadie, au détriment des Français ; ou une guerre bactériologique, comme celle menée, là encore, par les Britanniques, au détriment des Amérindiens (les couvertures infectées par la variole données par Lord Amherst aux Amérindiens) ? Qui peut empêcher le plus fort d'utiliser des moyens de guerre particulièrement cruels et dévastateurs, sinon la force ? On fait la guerre pour la gagner : elle est, disait Clausewitz, la continuation de la politique par d'autres moyens. Vouloir imposer des limites aux moyens de guerre de l'armée pour des raisons politiques est une idée qui part de bonnes intentions, mais qui est littéralement dénuée de sens dans la pratique. Voyez ce qui s'est passé lors de la Première Guerre mondiale avec la guerre sous-marine allemande : les politiques, c'est-à-dire le gouvernement, voyaient très bien que cela conduirait à l'intervention des États-Unis, mais cela semblait efficace, et les militaires n'étaient pas prêts à y renoncer : et c'est leur point de vue qui a prévalu, car, dans les guerres modernes, la décision finale appartient aux " spécialistes ", et la politique est nécessairement contournée.

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Pour en venir aux derniers articles, dès le premier, il y a une découverte pour le moins choquante : le droit constitutionnel doit être républicain. Qu'est-ce que cela signifie en pratique ? Que les monarchies, et surtout les monarchies absolues, doivent disparaître de la surface de la terre ? Et comment, je vous prie ? Au moyen d'une guerre perpétuelle de la part des républiques ? Bon à savoir : Kant espérait, voire exigeait, un totalitarisme républicain, avec une matrice clairement maçonnique et " éclairée ". La raison donnée par Kant est pathétiquement inadéquate : parce que dans les gouvernements républicains il y a une représentation populaire, et le peuple ne voudra pas la guerre s'il se rend compte qu'il devra lui-même en payer les conséquences amères. Tant de gentillesse, tant d'optimisme rationaliste : ça sent le mauvais poisson. Premier point : dans les monarchies constitutionnelles et parlementaires, n'y a-t-il pas de représentation populaire ? Deuxièmement, est-il vraiment vrai que le peuple, s'il est informé des conséquences, n'est pas enclin à la guerre ? Troisième point : dans les gouvernements fondés sur la souveraineté populaire, n'y a-t-il pas cent façons de contourner l'exercice effectif de la souveraineté, et de manipuler l'opinion publique au point de pousser les citoyens vers n'importe quelle politique, même la plus contraire à leurs intérêts réels ?

Passons à l'article 2 : une fédération mondiale d'États libres ? Bien sûr, il faut reconnaître à Kant le mérite d'avoir prévu le très grave danger inhérent à l'établissement d'un super-État mondial unique. Mais la fédération mondiale qu'il envisageait est-elle vraiment quelque chose de très différent ? Nous le voyons aujourd'hui, à notre petite échelle, avec l'Union européenne ; et, dans une certaine mesure, avec les Nations unies (toujours enclines à approuver les actions de guerre des plus forts : en 1950, en Corée, par les États-Unis ; en 1991, en Irak, toujours par les États-Unis). Et que se passe-t-il si un État décide de rejoindre, mais aussi de quitter, une telle fédération ? Ou s'il refuse de s'y joindre ? Faudrait-il l'obliger par la force, c'est-à-dire par une autre guerre, voire par une série de guerres incessantes contre tous les États récalcitrants ? Mais si ces États étaient récalcitrants parce que leurs peuples, légitimement et démocratiquement représentés, ne voulaient pas le savoir, faudrait-il passer outre leurs libres décisions ? Nous avons vu ce qui s'est passé aux États-Unis en 1861, lorsque certains des États membres de cette fédération ont voulu la quitter : nous savons quelle a été la réaction des autres, c'est-à-dire des plus forts (ceux du Nord industrialisé) : la guerre totale. En d'autres termes : pour obtenir une paix perpétuelle, faut-il inaugurer une guerre permanente ? Ne serait-il pas moins hypocrite de laisser les guerres éclater comme elles l'ont toujours fait, sans prétendre le faire au nom du très noble idéal de la paix universelle ? La première et la deuxième guerre mondiale ont été menées à l'ombre de cet idéal, mais elles n'ont nullement écarté le danger d'une troisième guerre, bien plus terrible, qui pourrait aboutir à l'holocauste nucléaire de la planète entière.

Et nous en arrivons au troisième point. Kant s'imagine qu'il a inventé une branche sensationnelle du droit, en proclamant qu'il existe des droits de l'homme qui précèdent et sont indépendants de ceux liés à l'appartenance à un État particulier. Et c'est bien. Ensuite, elle semble concentrer ces droits dans un super-droit, le "droit de visite" : en précisant qu'il ne doit pas être équivalent à un droit de conquête contre le pays d'accueil, comme cela s'est produit dans les Amériques avec les conquistadors. Très bien. Mais il ne précise pas si cette "visite" peut aussi devenir permanente, c'est-à-dire un "droit d'établissement" : il semblerait que oui, puisqu'il proclame explicitement un droit commun de possession de la Terre entière. Et c'est ici que commencent les problèmes, que Kant ne clarifie pas du tout, après les avoir approchés et fomentés. Si l'on interprète ce principe stricto sensu, il s'agit ni plus ni moins de la légalisation de n'importe quelle invasion - pourvu qu'elle soit "pacifique" ! - contre n'importe quel état. Aucune distinction n'est faite entre le droit de certains et le droit de tous, entre la "visite" d'un seul ou de millions de personnes. Les bien-pensants qui proclament aujourd'hui qu'il est de leur devoir d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de migrants/invaders sont heureux : ils ont trouvé leur Bible et leur prophète. Si la Terre appartient à tout le monde, il n'est pas nécessaire de demander un visa d'entrée : chacun a le droit d'entrer, à n'importe quel prix, chez les autres. En fait, il n'y a plus de maisons d'autres personnes.

Étrange : pour garantir le maximum de droits à tous, on commet l'injustice la plus flagrante : exproprier chaque peuple du droit de décider de son propre avenir et de préserver son identité et sa tradition...

* * *

Tiré, avec l'aimable autorisation de l'auteur, du site de l'Arianna Editrice.
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Tyrannie technologique et caractère démoniaque du monde moderne; un rappel de monseigneur Gaume

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Tyrannie technologique et caractère démoniaque du monde moderne; un rappel de monseigneur Gaume

Nicolas Bonnal

Gaume évoque les caractères des démons dans son Traité du Saint-Esprit : intelligence, agilité (vitesse, puissance ; toutes qualités que nous développons à foison avec les techniques de transport et la technologie de communication ; ces forces magiques transforment les humains en agents ou cibles démoniaques ; de là ce goût pour la bêtise, la dictature, le contrôle, la manipulation, l’hypnose, la lubricité, la passivité (pigritia) que nous avons vu se développer chez tous les hommes et les femmes modernes, y compris en nous-mêmes. Le satanisme est devenu industriel, et cette dictature ubiquitaire est son couronnement. Un petit rappel pour comprendre comment nous avons créé un monde fourmillant de démons. Pensons aussi au visionnaire biblique John Milton et voyez en lien notre texte sur le caractère hypermoderne et industriel du lexique du Paradis perdu.

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On a beaucoup parlé des victimes du vaccin. En fait comme dit Bloy leur petit nombre tempère notre joie. La vraie cible du vaccin c’est l’âme soit par l’altération de l’ADN (Adonaï) remplacé par l’Arn (Aaron grand prêtre et magicien), soit par la création d’un réflexe d’obéissance, de passivité et de soumission qui prélude à la grande extermination voulue par les élites bureaucratiques et milliardaires mondialistes. On est entouré des âmes mortes de Gogol, mais au sens propre. C’est le monde moderne automatisé dont ont parlé tous les grands esprits depuis deux siècles. Voyez nos textes sur Poe, Baudelaire, Dostoïevski, Drumont, Bernanos, Céline et les autres.

Nous allons citer Gaume. Pas pour faire une leçon de catéchisme (il n’y a plus assez de bons chrétiens pour ça) mais pour établir une analogie éclairante :

Monseigneur Gaume écrit donc dans son Traité à propos du démon :

« Tuer le corps ne lui suffit pas. C'est par l'âme surtout que l'homme est l'image du Verbe incarné, et c'est à l'âme principalement qu'en veut le grand homicide. Son existence n'est qu'une chasse aux âmes : et quel carnage il en fait! Des millions de chasseurs et des millions de bourreaux sont à ses ordres. »

Belle expression, la boucherie d’âmes :

« Qu'est-ce que l'idolâtrie qui a régné et qui règne encore sur la plus grande partie du globe, sinon une immense boucherie d'âmes? Qui en est la cause consommante? Le grand homicide, caché sous mille noms et sous mille formes différentes. »

Puis il définit le démon. Avant de ricaner, penser aux camps australiens, aux amendes autrichiennes, à votre code QR ou à votre condition de paria (et non de rebelle) ; pensez aussi à ce qui va suivre, à la famine – et au dépeuplement.

« Il est appelé Démon, Doemon. Pour désigner Lucifer, les oracles sacrés disent le Démon, c’est-à-dire le démon le plus redoutable, le Roi des démons. Sa science effrayante des choses naturelles, sa science non moins effrayante de l'homme et de chaque homme, de son caractère, de ses penchants, de ses habitudes, de son tempérament, en un mot de ses dispositions momies, lui ont fait donner ce nom, qui signifie : intelligent, savant, voyant. »

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Plus que des boucs émissaires, les non vaccinés et les insoumis sont des calomniés. Et Gaume de rappeler :

« Il est appelé Diable ou plutôt le Diable, Diabolus. Odieux entre tous, ce nom signifie calomniateur. Deux choses constituent la calomnie : le mensonge et l'outrage. A ce double point de vue, Lucifer est le calomniateur par excellence".

J’ai évoqué dans un texte très lu le caractère maçonnique de ces masques, gestes-barrière, de ce lexique monstrueux et de la hiérarchie initiatique qui en découle. Gaume rappelle :

« Veut-on savoir ce qu'il y a de profonde philosophie dans les paroles de l'illustre disciple de saint Jean Chrysostome? qu'on se rappelle ce qu'était le monde païen à la naissance du christianisme. Par une foule de pratiques ténébreuses : consultations, évocations, oracles, initiations, sacrifices, le genre humain s'était mis en rapport habituel avec les dieux, c'est-à-dire avec les démons. »

Tout passe par les ondes et les vagues. Gaume :

« Notre lutte est contre les puissances du mal qui habitent l’Air… »

Rappelons le propos de notre ami Lucien Cerise : on ne saurait pas qu’il y a épidémie sans les médias. Les médias nous ont rendu esclaves des infos et promptes à tous les délires et toutes les dictatures. La vraie bête dont a parlé Macron c’est eux. J’en reviens au bon musulman de Candide ou à la cuisinière de Flaubert qui ne veulent rien savoir.

Enfin Gaume évoque les qualités des démons :

« Les prérogatives sont, entre autres : l'intelligence, l'agilité, la puissance d'agir sur les créatures matérielles et sur l'homme, par mille moyens divers et jusqu'à des limites inconnues : le tout mis au service d'une haine implacable. Un mot sur chacune de ces terribles réalités. "

Le caractère de l’intelligence moderne est éminemment démoniaque :

« L'intelligence. — Les démons étant de purs esprits, leur intelligence est déiforme. Dès qu'ils perçoivent un principe, ils en appréhendent toutes les conséquences spéculatives et pratiques. Ainsi, sur le monde matériel et ses lois, sur les éléments et leurs combinaisons, sur toutes les vérités de l'ordre purement moral ; en astronomie, en physique, en géographie, en histoire, en médecine, en aucune science ils ne peuvent se tromper : pour eux il n'y a d'erreur possible que dans les choses de l'ordre surnaturel. »

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Grimés en experts les démons adorent lire l’avenir (cf. Attali et trois mille autres) :

« Quant à l'avenir, leur connaissance surpasse beaucoup la nôtre. S'agit-il des futurs nécessaires? Les démons les connaissent dans leurs causes avec certitude. S'agit-il des futurs contingents qui se réalisent le plus souvent? Ils les connaissent par conjecture : comme le médecin connaît la mort ou le rétablissement du malade. »

Ces qualités étranges (comme disait Tolkien) sont donc au nombre de trois. On a ensuite l’agilité :

« L'agilité des démons ne les rend pas moins redoutables que leur intelligence. Pour se transporter d'un lieu dans un autre, il faut à l'homme un temps relativement assez long : des minutes, des heures, des jours et des semaines. Souvent les moyens de transport lui manquent; d'autres fois la maladie ou la vieillesse l'empêchent de se mouvoir. Pas plus que les bons anges, les démons ne connaissent aucun de ces obstacles. »

On retrouve la fameuse citation de Job sur Satan baladeur, qui sera reprise par Goethe dans son Faust (mythologie comme on sait liée aux imprimeurs) :

« En un clin d'œil, ils se trouvent, à volonté, présents aux points les plus opposés de l'espace. De là, cette réponse de Satan, rapportée dans le livre de Job : D'où viens-tu, lui demande le Seigneur? » Satan répond : Je viens de faire le tour du monde : Circuivi terram. » Comme il n'y a pas de distance pour les démons, ce qui se passe actuellement au fond de l'Asie, ils peuvent le dire au fond de l'Europe, et réciproquement. »

Il est étonnant que la Vulgate donne le mot de circuit. Et il est clair pour Gaume que l’électricité est liée aussi à ces étranges phénomènes (pensez à Tesla…) :

« Notre époque matérialiste s'est permis 'de nier les êtres spirituels et leurs propriétés. Pour la confondre, Dieu lui a réservé la découverte de l'électricité. Grâce à ce mystérieux véhicule, l'homme peut se rendre présent, non-seulement par la pensée, mais par la parole, à tous les points du globe, dans un temps imperceptible. A la vue d'un pareil résultat, comment nier l'agilité des Esprits ? »

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Gaume évoque ensuite le venin de Lucifer :

« Essentiellement bienfaisante dans les bons anges, cette puissance est essentiellement malfaisante dans les démons. En s'assujettissant par le péché le roi de la création, Lucifer s'est assujetti la création tout entière. A l'homme et au monde il fait sentir sa tyrannie, inocule son venin, communique ses souillures, et, les détournant de leur fin, les change en instruments de guerre contre le Verbe incarné. »

Ce venin distille la bêtise. Sur cette affaire retrouvez mon texte sur Villiers de l’Isle-Adam et la crétinisation technologie (années 1880, toujours quand apparaît la grippe partout, et que se multiplient les cas de cancer) :

« De toutes ces grandes réalités, vous n'avez qu'une connaissance vague, confuse, sèche et stérile. Vous avez des yeux, et vous ne voyez pas ; des oreilles, et vous n'entendez pas; une volonté, et vous ne voulez pas. Fruit du don d'entendement, le sens chrétien, ce sixième sens de l'homme baptisé, vous manque.

Il manque à la plupart des hommes d'aujourd'hui et à un trop grand de nombre de femmes. Il manque aux familles, il manque à la société, il manque aux gouvernants et aux gouvernés, il manque au monde actuel. »

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La bêtise a aussi été vue par Flaubert (Bouvard et Pécuchet) et elle est venue avec le progrès, comme le racisme, l’impérialisme, l’humanitarisme, l’économisme – le crédit a remplacé le credo, comme dit Marx dans le capital (Livre sur l’accumulation primitive). Monseigneur Gaume :

« Monde de prétendues lumière et de prétendu progrès, il ne reste pour toi qu'un dernier vœu à former, c'est que l'Esprit d'intelligence te soit donné de nouveau et te montre à nu l'abîme inévitable, vers lequel te conduit à grands pas l'Esprit de ténèbres, redevenu, en punition de ton orgueil, ton guide et ton maître. »

Et l’homme comme chez Tocqueville devient le troupeau :

« Politique des éleveurs de bestiaux ! qui ne comprend plus que l'homme ne vit pas seulement de pain, et qu'on ne régénère pas un peuple en l'engraissant. Politique des aveuglés ! qui conduit le monde à une répétition de Ninive avec Sardanapale, de Babylone avec Balthazar, de Rome avec Héliogabale. »

Citons un autre prophète chrétien pour la peine alors, un nommé Tocqueville :

« Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sut leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

Trouble de penser c’est fait. La peine de vivre ça arrive.

Sources :

Monseigneur Gaume – Traité du Saint-Esprit, I, chapitre XIII et XIV.

Monseigneur Gaume – Traité du Saint-Esprit, II, chapitre XXXII

Tocqueville – Démocratie, tome II, p. 421.

https://www.dedefensa.org/article/le-pokemon-et-la-cretin...

https://reseauinternational.net/hollywood-donald-trump-et...

https://reseauinternational.net/je-crois-que-nous-sommes-...

https://fr.sputniknews.com/20160920/edgar-poe-baudelaire-...

http://www.revuemethode.org/m101828.html

 

mardi, 30 novembre 2021

Pourquoi les États-Unis, la Chine et la Russie veulent s'emparer du Groenland

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Pourquoi les États-Unis, la Chine et la Russie veulent s'emparer du Groenland

Antonio Fernandez

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/35765-2021-10-31-12-06-59

En 1867, les États-Unis ont acheté l'Alaska à la Russie pour 7,2 millions de dollars. La soif de territoire émanant de Washington n'a pas cessé depuis. Il y a deux ans, le président Donald Trump a proposé au Danemark d'acheter le Groenland, la plus grande île du monde, de plus de 2 millions de kilomètres carrés, alors qu'elle ne compte que 60.000 habitants, pour la plupart des Inuits. La Chine et la Russie veulent également prendre le contrôle du Groenland dans une course qui rappelle la fièvre colonialiste de la fin du 19ème siècle.

Le Groenland est devenu un territoire contesté à la fois entre Pékin et Washington, dont l'offre d'achat lancée par Trump a été qualifiée d'"absurde" par le gouvernement danois. La région fait partie du Danemark, mais jouit d'une large autonomie depuis l'adoption d'un statut en 2009. Le Groenland n'appartient pas à l'Union européenne, mais ses relations diplomatiques et militaires, ainsi que la santé de son économie basée sur la pêche, dépendent de Copenhague.

Le potentiel de cette immense île se cache derrière le différend géopolitique actuel entre les grandes puissances. Le Groenland possède d'énormes richesses naturelles qui n'ont pas encore été exploitées, mais c'est sa situation géographique qui en fait un butin potentiel très alléchant. La recherche de nouvelles voies de communication à travers le pôle Nord a été alimentée ces dernières années par la fonte des océans, qui rend les distances de plus en plus courtes pour les États impliqués dans la lutte géostratégique, comme la Russie et la Chine. La fonte des glaces de l'Arctique facilite le transport entre l'Asie et l'Europe sans qu'il soit nécessaire de passer par des canaux tels que le canal de Suez ou de Panama, ce qui raccourcit les temps de transit de 15 jours. En termes simples, le secrétaire d'État à la marine américaine, Richard Spencer, a exprimé ce qui se passe dans cette partie de l'Arctique en disant que "toute cette maudite chose a fondu".

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Les experts estiment que près de 13 % des réserves mondiales de pétrole se trouvent sous la surface du Groenland, selon l'US Geological Survey, mais il n'est actuellement pas rentable de les extraire en raison des complexités techniques liées à l'exploitation de ce territoire au climat polaire et à la glace permanente. Le sous-sol contient également quelque 38,5 millions de tonnes de terres rares (néodyme, dysprosium, yttrium, ainsi que de l'uranium, du zinc et de l'or), dont l'exploitation est vitale pour la production de nouvelles technologies, domaine dans lequel la Chine devance les États-Unis dans l'extraction et la transformation de ces éléments.

Les États-Unis, qui disposent d'une base radar sur Thulé depuis 1941, ont récemment séduit les autorités de l'île avec un programme d'aide de 12,1 millions de dollars consacré à l'extraction de matières premières, au tourisme et à l'éducation. Les analystes considèrent essentiellement cette aide comme un moyen d'étendre la présence militaire américaine sur l'île et aussi comme un élément d'une stratégie visant à contrebalancer la présence russe et chinoise. En outre, la promesse d'argent frais a semé la division entre les autorités groenlandaises, favorables à un coup de pouce américain, et le Danemark, qui y voit une provocation.

La Chine souhaite également reproduire dans l'Arctique le succès de la route de la soie prévue pour l'océan Indien et la Méditerranée. Pour ce faire, elle doit conclure des accords avec les autorités régionales en échange de routes et d'infrastructures. Elle a déjà essayé avec l'Islande, lorsqu'elle a échoué dans sa tentative de construire un grand port qui n'a finalement pas été approuvé. Les entreprises chinoises sont présentes au Groenland depuis 2008.

La guerre des brise-glace

Mais l'acteur le plus puissant dans l'Arctique est sans aucun doute la Russie, qui, selon RT, a construit 10 stations polaires, 16 ports, 13 aérodromes et même 10 stations de défense aérienne. La Russie a sa propre stratégie globale pour l'Arctique et a créé il y a plusieurs années une structure militaire axée sur cette région, le "Commandement du Nord". Moscou a investi massivement dans la construction de sept bases dans l'océan Arctique, notamment dans la mer de Barents, à la frontière norvégienne. La Russie est également le pays qui possède le plus grand nombre de brise-glace pour aider les navires à naviguer dans ses eaux gelées. Ces grands navires sont essentiels car ils peuvent naviguer partout. Moscou en possède sept dotés de réacteurs nucléaires et 20 autres brise-glace conventionnels, contre deux aux États-Unis.

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Pour toutes ces raisons, l'amiral américain Paul Zukunft a conclu il y a longtemps que "nous ne jouons pas avec la Russie dans la même catégorie". Nous ne jouons même pas le jeu. Sur cet échiquier qu'est l'Arctique, les Russes nous ont mis échec et mat dès le départ", aurait-il déclaré dans le magazine Newsweek.

En 2008, les cinq pays possédant un territoire arctique (le Danemark, la Russie, les États-Unis, la Norvège et le Canada) ont signé la déclaration dite d'Ilulissat, dans laquelle ils s'engagent à maintenir la paix et la stabilité dans la région tout en respectant les conventions des Nations unies visant à protéger la zone contre les conflits. L'inquiétude grandit face à l'accélération de la concurrence entre les grandes puissances pour obtenir une part du gâteau convoité.

Source : La Razón

Alexandre Douguine: L’avènement du robot (histoire et décision)

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L’avènement du robot (histoire et décision)

Alexandre Douguine

J’ai parlé plus ou moins récemment avec Francis Fukuyama à la TV, et nous sommes parvenus à la conclusion que la définition de la démocratie en tant que pouvoir de la majorité est obsolète, vieille et non-fonctionnelle. La nouvelle définition de la démocratie, d’après Fukuyama, est le pouvoir des minorités dirigé contre la majorité. Parce que la majorité peut être populiste – donc, la majorité est dangereuse.

Concernant le problème du temps, le grand philosophe allemand Edmund Husserl a dit que nous devons comprendre le temps comme une musique. Dans une musique nous entendons la note précédente, la note actuelle et nous anticipons la suivante. Sans cela, si nous n’entendons qu’une seule note, c’est du bruit – pas de la musique. La musique est quand nous gardons à l’esprit la note qui a résonné antérieurement et que nous anticipons la note qui va suivre. Ainsi, l’histoire et le futur ne sont pas complètement une nouvelle note, c’est la continuation de la mélodie que nous jouons maintenant.

C’est la très importante remarque de Mr. Sloterdijk sur l’urbanisation – la mélodie ne commence pas maintenant – nous la jouons pendant une certaine durée de temps historique. C’est une tendance lourde et inévitable – nous ne pouvons pas stopper cette mélodie, mais en même temps, si nous voulons changer quelque chose nous sommes obligés d’y mettre fin. Ainsi, il y a une sorte de destin dans cette transformation de la société passant des conditions de vie agrariennes et rurales aux conditions urbanistiques.

En considérant la signification philosophique de ce processus historique, nous voyons qu’à chaque étape l’être humain est de plus en plus indépendant de la nature. Ainsi, il crée de plus en plus d’ambiance artificielle, c’est un monde de plus en plus virtuel, parce que comparée au village la ville est virtuelle – il n’y a plus de dépendance vis-à-vis du printemps ou de l’hiver, nous avons toujours de la lumière. Et c’est la préparation pour les robots, pour des êtres complètement virtuels – nous sommes déjà des demi-robots. La culture urbaine, la culture technique est déjà là – nous sommes de plus en plus indépendants de la nature, une énorme partie de la population (pas seulement en Europe) est urbaine.

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Le processus d’urbanisation ne peut pas être stoppé. Nous sommes en train de devenir des robots, notre société est de plus en plus robotisée. Pour faire ce passage de l’humain aux robots nous devons faire entrer certains aspects robotiques dans notre vie. En philosophie il y a l’ontologie de Quentin Meillassoux, orientée vers l’objet, qui critique toute sorte de dualisme. Meillassoux tente de sauver la philosophie du sujet – de l’humain. Donc je pense que Meillassoux est une sorte de cerveau en silicone, parce que de la même manière le robot pourrait faire de la philosophie, ou de la non-philosophie (François Laruelle), ou de l’ontologie basée seulement sur l’objet.

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Nous préparons le futur, nous jouons ce jeu de l’urbanisation, et il est temps de se souvenir de ce que Heidegger disait sur la technique en tant que processus métaphysique. Nous sommes impliqués dans un processus technique, et si nous sommes remplacés dans la prochaine étape de ce monde technologique, cela se fera par une sorte de continuité, pas par quelque chose de complètement nouveau. Parce que nous jouons cette mélodie déjà depuis un certain temps. Nous préparons étape par étape un grand remplacement : nous sommes prêts à nous remplacer nous-mêmes et à être remplacés.

Le remplacement ne sera pas quelque chose de complètement nouveau et d'horrible, parce que quelque chose d’horrible est déjà là, autour de nous. Pas seulement en Occident, en Russie ou en Asie – dans l’humanité entière quelque chose d’horrible est en train d’arriver en ce moment même, et cela continue.

Je pense que nous approchons d’un moment de Singularité – c’est-à-dire d’un moment où le neuro-réseau pourra prendre la responsabilité dans une situation compliquée. Ce meurtre de l’humain par la voiture robotique Tesla sans conducteur est une anticipation de ce qui va se passer. Nous nous réveillerons un jour en découvrant que nous sommes déjà remplacés.

Nous jouons la même mélodie – si nous ne sommes pas contents, nous ne pouvons pas dire « stop » ici, c’est impossible. Nous devrions parcourir cette route jusqu’au commencement – jusqu’à la première note de cette symphonie. Nous devrions nous demander maintenant : qui est l’auteur et qui a commencé ce processus d’urbanisation, qui a créé les trains, le libéralisme, la démocratie, le progrès, le missile, l’ordinateur, la fission nucléaire. Qui est le véritable auteur ? Et c’est essentiel : parce que cela fut une décision humaine, ce ne fut pas une sorte de « processus naturel ». A un moment précis de l’histoire nous avons décidé de suivre cette voie, et maintenant nous pouvons seulement ralentir ou accélérer. Mais pourquoi ne nous demandons-nous pas : allons-nous dans la bonne direction depuis le début ? Cette décision était-elle une bonne décision ?

Nous devrions revenir en arrière jusqu’à ce moment, jusqu’au début de cette mélodie – c’est mon idée. Il est peut-être trop tard, nous allons nous réveiller avec des robots autour de nous, des contribuables parfaits, prenant des décisions démocratiques, s’envoyant des SMS entre robots…

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La conversation entre robots est déjà possible, dans le neuro-réseau un langage spécial est possible, durant une conversation deux ordinateurs ont récemment créé un langage à l’insu de l’opérateur. Donc ils nous remplaceront facilement.

Qu’est-ce que le robot, philosophiquement ? Le robot, l’Intelligence Artificielle est das Man de Heidegger. C’est l’existence inauthentique du Dasein. Plus que cela : un jour l’humanité occidentale a pris la décision d’en finir complètement avec le Dasein, en lui enlevant la possibilité même d’une existence authentique. Maintenant nous sommes à la fin de la route. Le robot n’a pas de Dasein. Donc il est l’inauthenticité irrévocable elle-même. Et il est déjà là – maintenant, pas demain.

 

 

lundi, 29 novembre 2021

Vladislav Surkov : chaos politique ou retour des intérêts particuliers ?

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Vladislav Surkov: chaos politique ou retour des intérêts particuliers?

par Markku Siira

La menace d'une "instabilité irréversible" grandit en Russie, mais le pays doit veiller à ne pas lancer des "expériences de libéralisme" risquées qui pourraient facilement échouer, avertit Vladislav Surkov, ancien conseiller de Vladimir Poutine.

Dans un article récent, Surkov utilise l'analogie de l'entropie pour décrire comment le chaos se développe dans un système fermé. Il soutient qu'un État fort est nécessaire pour contenir ce qu'il appelle "l'entropie sociale".

Surnommé le "cardinal gris" du Kremlin, l'ancien personnage clé a servi sous Poutine à différents postes depuis 1999, jusqu'en février 2020. M. Surkov a souvent été considéré comme l'un des premiers instigateurs du "poutinisme" et comme un superviseur de la direction de l'organisation de jeunesse politique Nashi, par exemple.

Selon des sources occidentales, il a également été l'architecte de la campagne de propagande anti-Kiev et du mouvement séparatiste pro-russe dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Dès les premiers jours de la crise ukrainienne, les États-Unis ont également ajouté M. Surkov à leur première liste de sanctions dirigées contre des Russes de premier plan.

Selon M. Surkov, au cours des vingt premières années du 21ème siècle, la Russie a réussi à maintenir la stabilité "après le chaos social des années 1990" et à sortir "un pays traumatisé des ruines de la perestroïka". "On se souviendra certainement un jour de ces années comme d'un âge d'or", réfléchit M. Surkov.

Tôt ou tard, cependant, le pays connaîtra "davantage de chaos", car l'État ne parvient pas à répondre à toutes les aspirations de ses citoyens. Mais M. Surkov estime que le Kremlin ne doit pas tenter de faire face aux troubles en ouvrant le système politique, car cela pourrait conduire à une "explosion incontrôlée" de la colère publique et à une "instabilité irréversible".

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Le dernier rappel de Surkov sur la possibilité d'une entropie accrue n'est pas la première fois qu'il prend position contre une réforme politique radicale.

Dans une interview accordée au Financial Times au début de l'année, M. Surkov a affirmé que la société devait être gouvernée de manière à trouver "un bon compromis entre le chaos et l'ordre". Il a comparé Poutine à l'empereur romain Octave Auguste, "qui a combiné les aspirations des républicains qui avaient tué César avec celles des gens du peuple qui voulaient une dictature directe".

"Une overdose de liberté est la mort de l'État", a-t-il déclaré. "Tout ce qui est médicament peut aussi être poison, c'est juste une question de dosage", a expliqué M. Surkov à un journaliste stupéfait, travaillant pour un magazine économique dans un restaurant de Moscou. Mais la deuxième loi de la thermodynamique ne peut être renversée: le chaos et le désordre se cachent toujours derrière le développement et l'ordre.

Mais il est imprudent d'ignorer l'actuelle "absence de problèmes", avertit M. Surkov dans son article. L'idéologie des silencieux est désagréable car elle est "non dite et donc non structurée, sombre et incohérente". Si son heure vient (même si elle est éphémère), elle "s'effondrera dans l'ordre existant des choses, sans objectifs intelligibles".

Lorsque la majorité silencieuse des Russes a été attirée sur la scène politique à la fin des années 1980, personne n'a compris ce qu'elle voulait vraiment : "Comment pouvons-nous vous comprendre si vous ne dites rien ? Lorsque [l'élite politique] a essayé de faire parler les gens, ils ont tellement écouté qu'ils ont été étonnés et finalement complètement désorientés", écrit M. Surkov.

En conséquence, "les dirigeants confus de l'Union soviétique" ont tiré sans discernement et les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En fait, avant le Comité central et le Gosplan, qui était chargé de la planification économique, mûrissait "une société non planifiée, non soviétique, incompréhensible et turbulente, prête à la première occasion à se précipiter follement et impitoyablement dans toutes sortes de problèmes".

Le fait que, en théorie, l'entropie tend à augmenter dans les systèmes fermés semble suggérer une approche simple de résolution des problèmes : ouvrir le système, "laisser sortir la vapeur" et le chaos recule à nouveau pendant un certain temps. Cependant, Surkov trouve cette simplicité trompeuse. Les expériences libérales en politique intérieure sont risquées.

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La pression exercée sur le système politique russe, "ce réacteur social qui fonctionne bien actuellement", risque d'entraîner "des explosions incontrôlées de troubles civils qui pourraient conduire à une instabilité irréversible, comme l'ont montré les exemples édifiants des années 1980 et 1990".

"Pendant des siècles, l'État russe n'a survécu, avec son cadre et avec sa politique intérieure bien implantée, qu'en se battant sans relâche au-delà de ses propres frontières", déclare l'idéologue du Kremlin. "Pour la Russie, l'expansion constante n'est pas seulement une idée, mais une condition existentielle de notre existence historique."

"Les techniques impériales sont toujours efficaces aujourd'hui, lorsque les empires sont rebaptisés superpuissances. Le consensus de Crimée est un exemple vivant de la consolidation de la société au détriment du chaos dans un pays voisin. Les plaintes de Bruxelles et de Washington concernant l'ingérence de Moscou et l'impossibilité de résoudre les conflits majeurs dans le monde sans l'implication de la Russie montrent que notre État n'a pas perdu son instinct impérial", se vante M. Surkov.

"Cependant, la plus grande cause des diverses perturbations sur les marchés politiques du monde est incarnée par les États-Unis", soupire le cardinal gris. Il admet sarcastiquement que "l'instabilité américaine" a été une "marque rentable" pour laquelle "la demande a été phénoménale".

"L'État compense les déséquilibres sauvages de son budget surréaliste par la circulation absurde du dollar, qui a depuis longtemps cessé d'être tant une monnaie qu'une unité d'entropie économique, un virus du chaos propageant une pandémie de bulles et de déséquilibres économiques à travers la planète", explique M. Surkov.

"L'exportation de révolutions de couleur et de guerres constructives, apparemment au point mort, reprendra immédiatement, dès que les importateurs de démocratie se seront un peu détendus. L'éthique expérimentale des Etats-Unis va soulever une tempête dans l'esprit des Africains, des Asiatiques et de nos Eurasiens et choquer l'esprit des traditionalistes", estime l'ancien conseiller.

Une autre grande puissance, la Chine, reçoit également un commentaire de Surkov, qui a également publié un livre de poésie, dans l'esprit de l'entropie. Selon lui, "la modération de la Chine masque les vastes réserves de chaos accumulées par une nation disciplinée". M. Surkov affirme que "si vous tendiez l'oreille à la Grande Muraille de Chine, vous pourriez entendre ce barattage".

L'idéologue russe, planant dans les sphères impériales, imagine-t-il la Chine, qui voyage déjà dans l'espace, s'effondrer comme l'Union soviétique ? Quoi que l'on pense de la politique interne et du système d'évaluation du crédit social de la superpuissance asiatique, le "communisme capitaliste" chinois sous Xi Jinping semble plus résistant et le système du pays plus stable que le socialisme soviétique ne l'a jamais été.

"Pékin se hisse régulièrement au sommet du monde et la situation géopolitique rappelle à de nombreuses personnes la vie près du volcan Vésuve : tout va bien, mais quand la Chine commencera à entrer en éruption, quel endroit deviendra Pompéi ?" spécule Surkov.

Le courant de conscience de Surkov atteint également l'Europe. L'Union, "dans un état quantique étrange, soit encore en formation, soit déjà désintégrée, pourrait à long terme être à la fois une source de chaos et un moyen de l'atténuer".

Pour M. Surkov, la dernière option - l'éclatement de l'UE - "semble plus probable, du moins à court terme, car la structure de gouvernance eurocratique est molle et complètement dysfonctionnelle". Si cette tendance se poursuit, l'UE deviendra "un dépotoir politique florissant où les vagabonds et les espions de toute la planète entasseront les haines de classe et de race qui s'envenimeront".

Les "émissions d'entropie sociale des systèmes politiques des grands États, telles que les émissions de carbone de leurs économies", peuvent en principe être contrôlées. Mais jusqu'à quel point les différences géopolitiques doivent-elles s'approfondir avant que les grandes puissances puissent s'entendre sur une nouvelle façon de vivre ensemble ?

Les exemples historiques déçoivent Surkov. "Tant les accords de paix de Münster que le congrès de Vienne et la conférence de Yalta n'ont été possibles et réussis qu'après que le chaos eut atteint le niveau de l'enfer."

Pour le Cardinal gris, une "redistribution de l'influence" serait nécessaire. Et "tôt ou tard, officiellement ou officieusement, secrètement ou ouvertement", cela se produira, dit-il, "inévitablement". Ce point de vue ne plaira certainement pas aux zélateurs de la politique de sécurité de l'Ukraine, des États baltes ou, disons, de la Finlande.

"S'il n'y a pas d'accord, les turbulences générées par les superpuissances vont commencer à entrer en collision et créer des tempêtes géopolitiques destructrices. Pour éviter de telles collisions, chaque courant doit être canalisé dans sa propre direction", imagine M. Surkov, comme s'il rédigeait un pacte Molotov-Ribbentrop d'un genre nouveau.

Pendant ce temps, le monde connaît un moment de "multipolarité, un défilé de nationalismes et de souverainetés post-soviétiques". Mais au cours du prochain cycle historique, la "globalisation et l'internationalisation", aujourd'hui oubliées, reviendront et dépasseront cette obscure multipolarité.

Il se peut alors, estime M. Surkov, que "la Russie ait sa part dans le nouvel ordre mondial des pays (ou plutôt des espaces), ce qui renforcera sa position en tant que l'un des rares globalisateurs, comme à l'époque de la Troisième Rome ou de la Troisième Internationale".

Pour M. Surkov, l'expansion de la Russie n'est ni une bonne ni une mauvaise chose, mais plutôt une loi de la physique. La délimitation de "sphères d'influence" entre les grandes puissances est urgente si l'on veut éviter des confrontations à grande échelle dans un monde multipolaire ou sans pôles où la bataille pour la suprématie de l'intelligence artificielle se poursuit.

Source: https://markkusiira.com/2021/11/24/vladislav-surkov-poliittinen-kaaos-vai-etupiirien-paluu/

Konrad Rękas : Jeder Tritt ein Britt ! - ou encore quelques lignes sur le système britannique

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Konrad Rękas : Jeder Tritt ein Britt ! - ou encore quelques lignes sur le système britannique

Source: https://myslkonserwatywna.pl/rekas-jeder-tritt-ein-britt-czyli-jeszcze-o-systemie-brytyjskim/?fbclid=IwAR1y9ZEev0wp8A_wUNMFC2cRuHcS2Bgr_KANm4LuHCmrk7U3p1jCL8zaLJI

Je ne suis en aucun cas un anglophobe. En fait, je ne suis même pas brittophobe, si l'on se souvient que la notion même de Royaume-Uni politique a été inventée pour renforcer le pouvoir des souverains écossais de la dynastie Stuart, par ailleurs sympathiques. En outre, depuis que j'ai posé le pied sur les îles, il y a une trentaine d'années, en y faisant mes études et en y retournant fréquemment, j'avoue aimer presque tout ce qui vient d'Angleterre, du Pays de Galles et surtout d'Écosse, y compris la ou les langues, la cuisine, les spiritueux, le style vestimentaire traditionnel, les bâtiments et l'ameublement, jusqu'à l'humour et, bien sûr, l'école de pensée politique et le système juridique, à mon humble avis une pratique bien plus efficace que le système continental à bien des égards. En un mot, j'imite bien involontairement tant d'amoureux de tous ces biens et valeurs avant moi, pour ne citer que Roman Dmowski lui-même.

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Le système de Mme Bucket

Et pourtant, pour les mêmes raisons que lui, je n'arrive parfois pas à me défaire de cet étrange mélange de fascination et de sympathie irrationnelle des Polonais pour l'Angleterre, et surtout pour les classes dirigeantes anglaises. Les mêmes classes qui (comme Cat l'a si bien écrit), de toute l'Europe, avaient parfois un peu de considération pour (certains) des Allemands, gardant un intérêt personnel doublé d'un sentiment de supériorité pour les Américains, et méprisant unanimement le reste du monde au point de ne plus tenir compte du néant des autres. Car, de même qu'il est impossible de ne pas apprécier les réalisations anglaises, et plus tard britanniques, elles ne peuvent en aucun cas inspirer la sympathie, elles ne le sont pas et n'ont jamais été destinées à le faire. "Que chacun fasse ce qu'il veut" - cet ordre enthousiaste du duc de Wellington à Waterloo décrit le mieux à la fois le caractère unique reconnu du système britannique et l'attitude extérieure la plus appropriée à son égard.

Quant aux questions sociales et organisationnelles elles-mêmes, plus encore que le système, pendant des siècles, le système politique de la Grande-Bretagne ressemblait à ceci : la monarchie et l'aristocratie concentraient sur elles les intérêts et les complexes des classes moyennes, tous les Bucketheads du monde. Dans le même temps, l'Église anglicane veille à l'obéissance des pauvres et de la classe ouvrière. Et la véritable gouvernance et les affaires avaient lieu à l'extérieur ou derrière cette crèche quasi-monarchique et pseudo-religieuse. Et grâce à cela, en fait, après Oliver Cromwell, la classe dirigeante de l'Angleterre n'a plus eu à se dévoiler, gouvernant derrière des rois faibles et figurants et des premiers ministres poussés au premier rang. La mort de Philip Battenberg n'a fait que rappeler ce rôle utilitaire de la maison britannique... au pouvoir. Le prince Philip lui-même - il est toujours bon de le rappeler - a couvert d'un manteau d'arrogance maladroite son rôle de leader, ou du moins de représentant, dans des initiatives qui ne révèlent leur pleine dimension civilisationnelle qu'après un demi-siècle. En bref, en nous concentrant sur la rusticité de l'aristocrate (quelle antinomie apparente, digne de Zorozh Ponimirski... !), nous n'avons pas vu qu'il était le porte-parole du climatisme précoce, de la dépopulation et d'une nouvelle stratification oligarchique à l'échelle mondiale.

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Le système de Mme Windsor

À propos, il convient peut-être de mentionner une curiosité à la jonction des questions qui nous intéressent - le système britannique, la position Battenberg-Sachs-Coburg-Gotha et le climatisme précisément. En effet, le système invisible du Royaume-Uni, récemment cité dans Mysl Konserwatywna (= Conservative Thought) par le Dr Adam Danek, conserve en fait ses freins législatifs, qui ont été mis en place par les occupants de Buckingham Palace. Quelques mois après que le Guardian ait rapporté que le gouvernement britannique consulte le tribunal sur la législation avant de la soumettre officiellement au Parlement, une pratique similaire a été révélée ( ?) en Écosse. Lors de la précédente législature du Parlement écossais, le parti au pouvoir, le Scottish National Party, négociant avec le soutien des Verts locaux (qui sont indépendantistes et fortement antimonarchistes), a proposé l'introduction d'une législation obligeant les propriétaires fonciers à vendre ou à louer les terrains nécessaires à l'installation d'équipements de transmission d'énergie renouvelable (éoliennes et fermes solaires). Et comme nous le savons - les plus grands propriétaires fonciers en Ecosse sont la Couronne et Elizabeth personnellement. Et il s'est avéré que le gouvernement écossais, qui ne recule devant aucun républicanisme, a accepté d'introduire, avant même la procédure parlementaire, des amendements exemptant de la nouvelle servitude uniquement les successions du monarque actuel. Insistons sur le fait qu'Elizabeth n'a pas bloqué, bien qu'elle aurait pu le faire, cette loi fondamentalement destructrice de la propriété, et qu'elle n'a pas non plus organisé d'exemptions pour ses copains aristocrates, mais qu'elle s'est contentée de rafistoler le bénéfice pour ses biens personnels. Le gouvernement autonome, à son tour, a dû admettre que cela avait été fait pour "assurer le bon fonctionnement de la nouvelle loi". Ainsi, avant que quelqu'un n'écrive quelque chose sur les "rois qui règnent, mais ne gouvernent pas", il serait préférable de vérifier ce que ces grands-pères-transquilles font réellement, ce qu'ils possèdent et à quoi ils servent...

Cette implication de la classe dirigeante britannique dans l'expansion du climatisme (qui, bien sûr, n'empiète sur aucun, même le plus petit, détail des intérêts des membres de cette élite) ne fait que confirmer la continuité de cette doctrine avec le courant plus large du libéralisme, principale matière d'exportation de la Grande-Bretagne depuis des siècles. Sans nous rappeler que ce ne sont nullement les États-Unis qui ont inventé l'impérialisme mondial sous la forme d'une propagation de leur propre système partout, il est également impossible de comprendre la spécificité systémique de la Grande-Bretagne. Et pourtant, c'est précisément de cette manière que Londres/City a neutralisé la concurrence européenne de la France et a finalement désintégré géopolitiquement l'Hispanidad. Alors - un autre paradoxe ! - une tentative similaire par rapport à la Russie, sous la forme de la révolution de février, a été katekhoniquement mais inconsciemment bloquée par les bolcheviks. Puis, à son tour, le parasite qui infeste la vieille Angleterre a commencé à se déplacer de l'autre côté de l'Atlantique, prenant la forme du démo-libéralisme, mais restant essentiellement le même ver solitaire qui se trouvait à Londres depuis au moins la bataille de Bosworth..... Et ce n'est en aucun cas une question indifférente pour l'anglophilie complaisante polonaise, car notre pays et notre nation - bien qu'en principe parfaitement moins qu'indifférents à Albion - ont langui quelque part en marge des intérêts de la City pour deux raisons seulement : la géopolitique/géoéconomie et l'idéologie qui les sert.

Pourquoi la Grande-Bretagne est l'ennemi de la Pologne

En ce qui concerne la première de ces questions, il convient de noter objectivement que les intérêts géopolitiques de l'Angleterre, puis de la Grande-Bretagne, aux alentours des 15ème/16ème siècles, étaient exclusivement opposés aux intérêts de la Pologne. Sans émotion ni sentiment, c'était et c'est toujours le cas. À partir du 15ème siècle, l'Angleterre commence à considérer la Moscovie naissante comme sa sphère d'influence, estimant qu'il est rentable d'acquérir une influence en Orient et de participer au commerce lucratif (notamment des fourrures) avec des perspectives d'expansion loin dans les steppes asiatiques et en Sibérie. C'est l'origine du conflit entre les intérêts anglais, puis britanniques, et les intérêts polonais, qui a duré pendant les trois siècles suivants. La Pologne/la Rzeczpospolita posait un problème, par exemple en faisant concurrence à Moscou pour les Inflants, c'est-à-dire l'accès aux ports de la Baltique, et en s'engageant périodiquement dans une compétition pour gagner de l'influence à l'Est. En un mot - se mettre en travers du chemin. Les Anglais ont donc essayé de manière pragmatique de lever l'obstacle polonais à plusieurs reprises, notamment dans le cadre d'un autre de leurs projets beaucoup plus vastes : le tissage de leur propre réseau d'internationalistes protestants, qui n'a même pas eu besoin d'une incitation spéciale des Anglais pour identifier correctement la République de Pologne comme le maillon faible du camp des États catholiques (traités comme un adversaire naturel). Et ce qui est caractéristique - de telles actions ont été prises par Elizabeth I, James VI, et dans la version améliorée surtout par Cromwell. Car c'est aussi l'un des éléments les plus importants du système anglo-britannique - l'immuabilité de la perception des intérêts géopolitiques/géo-économiques de la classe dirigeante, indépendamment de la gradation actuelle des objectifs et des nuances tactiques, sans parler des différences de politique interne qui sont alors reléguées au second plan. Comme on le sait, après des tentatives moins réussies - comme le Déluge et le traité de Radnot - la politique britannique a finalement triomphé lors des Partitions, dont Londres était l'auteur au moins complémentaire de Berlin. Il est toutefois important de noter que c'est à ce moment-là qu'un autre élément géopolitique important est apparu avec une clarté particulière, à savoir la contradiction croissante entre les intérêts britanniques et russes, déjà immanente bien sûr en raison de l'infériorité de cette dernière composante, mais tout juste perçue par les parties intéressées elles-mêmes.

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En fait, le premier dirigeant russe qui a tenté de limiter l'influence de Londres est Pierre III, et plus tard surtout son fils, l'empereur Paul (illustration, ci-dessus). De même, bien sûr, la contradiction existentielle absolument fondamentale entre la Grande-Bretagne et la Russie est devenue apparente avec l'émergence de la Russie dans les positions eurasiennes et, plus important encore, la prise de conscience mutuelle des implications que recelait cette situation. Dans le même temps, la contradiction entre les intérêts polonais et britanniques s'est poursuivie sans relâche, mais dans ce cas, malheureusement, elle est devenue de moins en moins claire et compréhensible pour ceux de nos ancêtres qui ne comprenaient pas qu'ils se battaient dans des soulèvements non pas pour la Pologne, mais pour l'exportation mondiale de l'idéologie libérale.

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Le 19ème siècle polonais a été une grande lutte entre le conservatisme polonais et un libéralisme intrinsèquement cosmopolite, bien que formellement britannique à l'époque et américain aujourd'hui, qui voulait une Pologne de non-conservatisme plutôt qu'une Pologne conservatrice. Malheureusement, au lieu des conservateurs polonais, ce sont nos défenseurs en réaction qui ont dû prendre part à ce combat. Principalement - des Russes, soutenus par moins de quelques Polonais conscients, qu'ils soient penseurs (comme Henryk Rzewuski et Michał Grabowski) ou praticiens (comme Aleksander Wielopolski et Kazimierz Krzywicki). Pour les besoins de l'argumentation, il convient d'ajouter que, bien que cela puisse difficilement être considéré comme une contribution indépendante - en tant que Polonais, nous avons également contribué au Grand Jeu géopolitique commun contre Albion, grâce auquel des noms tels que Jan Prosper Witkiewicz ou Bronisław Grąbczewski sont les rares parmi les dénominations polonaises que les Anglais conscients mentionnent avec appréciation, et certainement plus souvent que les Polonais eux-mêmes.

Gott strafe England

Ainsi, comme on peut le voir, l'ensemble du système britannique se compose à la fois de son côté formel et juridique (avec une monarchie usurpatrice loin d'être une façade et une forme distinctive de parlementarisme), d'un intérêt de classe très concret et conscient et des facteurs idéologiques qui le servent (autrefois sous la forme du libéralisme alternant avec une imitation libérale du conservatisme, aujourd'hui plus souvent sous la forme de diverses incarnations du libéralisme progressiste, y compris le climatisme) et, bien sûr, des facteurs géopolitiques et géoéconomiques. Tout cela constitue ensemble et inextricablement la britannicité politique, politique et sociale, ce qui devrait être instructif et un avertissement surtout pour la Pologne. Comme nous savons que depuis plusieurs centaines d'années, la Grande-Bretagne (même si elle occupe aujourd'hui une position beaucoup moins importante que son ancienne colonie américaine) n'est rien d'autre que l'hôte d'un parasite de la finance, un ver solitaire qui est le principal moteur du mondialisme, un phénomène qui n'est complété que par les phénomènes si infâmes du progressisme dans le monde occidental - nous devrions également comprendre que dans la réalité du triomphe du mondialisme, la finale de la Comédie non divine, il n'y a aucune place pour la Pologne.

Dans le même temps, cependant, nous n'avons aucune raison de rejeter a priori le scénario le plus improbable - l'apocastase géopolitique et idéologique. Puisque, selon Saint-Martin, même Satan peut être sauvé s'il se repent de ses péchés, même les États américains et l'Angleterre redevenus normaux mériteraient et deviendraient peut-être dignes d'un salut (pas seulement géopolitique). Bien que probablement ce n'est pas et ne sera pas le cours des événements appartenant à notre monde...

Konrad Rękas.

Alexandre Douguine: Vers la laocratie !

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Vers la laocratie !

Alexandre Douguine

Sous le capitalisme, les capitalistes règnent. Sous le socialisme – les représentants de la classe ouvrière, le prolétariat. Sous le nazisme et le fascisme – l’élite raciale ou nationale, la “nouvelle aristocratie”. Sous la Quatrième Théorie Politique doit régner le Peuple (Narod en russe, apparenté au Volk allemand : pas une “population”).

La Russie moderne a le capitalisme. C’est pourquoi elle est gouvernée par des capitalistes. Donc pas par le Narod. Pour bâtir une Russie où règnera le Narod, il est nécessaire de mener une Révolution anti-capitaliste (anti-oligarchique, du moins). Les magnats financiers doivent être exclus du pouvoir politique. Et c’est le plus important. Chacun doit choisir – le pouvoir OU la richesse. Si vous choisissez la richesse, oubliez le pouvoir. Si vous choisissez le pouvoir – oubliez la richesse.

La révolution doit avoir lieu en trois étapes :

(1) Ultimatum à tous les grands oligarques (une centaine de personnes de la liste de Forbes et une centaine de plus qui se cachent, mais nous savons tous qui ils sont) pour qu’ils jurent allégeance aux actifs russes (tous les actifs étrangers et les actifs nationaux stratégiques seront maintenant contrôlés par des organismes spéciaux).

(2) Nationalisation des principaux biens privés d’importance stratégique.

(3) Transfert des représentants patriotiques du grand capital dans la catégorie des officiels et transfert volontaire de leurs biens à l’Etat. Perte de droits civiques (y compris privation du droit de vote, interdiction de participation aux campagnes électorales, etc.) pour ceux qui préfèrent préserver le capital non-stratégique, mais à une échelle importante.

L’Etat doit devenir un instrument du Peuple. Ce système doit être nommé “laocratie”, littéralement “pouvoir du peuple” (laos : “peuple” en grec).

Dans la sanglante bataille pour l’Ukraine, nous voyons le vrai visage du capital – le big business ukrainien (les oligarques – Porochenko, Kolomoisky, Akhemetov, etc.) mène un génocide contre le Peuple ; les oligarques russes trahissent le peuple en passant un accord criminel avec leurs partenaires de classe ukrainiens. Et tout cela est dans l’intérêt de l’oligarchie mondiale – le système capitaliste mondial, centré aux Etats-Unis.

Maintenant se révèle toute l’incompatibilité entre la Russie et le capitalisme. C’est soit le capitalisme, soit la Russie.

Cela est très clairement compris par les dirigeants de la Novorossia. En se trouvant à l’avant-garde de tout le Peuple russe, ils ont en fait commencé la Révolution du Peuple russe. C’est pourquoi ils sont si furieusement attaqués par les mercenaires fanatiques des fascistes ukrainiens ainsi que par les éléments capitalistes libéraux de la cinquième et de la sixième colonnes en Russie. Et surtout ils sont devenus des ennemis existentiels des Etats-Unis et du Gouvernement Mondial. Strelkov, Gubarev, Purgin, Pushilin, Mozgovoy ont défié le capital mondial. Et ils l’ont fait au nom du Peuple. Dans ce cas, au nom du Peuple russe. Mais si les défenseurs du Peuple ukrainien étaient cohérents, ils auraient été les alliés de cette Révolution, et non de misérables mercenaires du capital mondial – comme ils le sont maintenant. S’ils se tournaient vers la Novorossia, les Ukrainiens ne se tourneraient pas tellement vers la Russie, et même pas vers le camp russe, mais se rangeraient aux cotés du Peuple, le Peuple avec une majuscule, qui mène une bataille à mort contre le monde du Capital, aux cotés de la LAOCRATIE.

La future campagne contre Kiev ne sera donc pas seulement une revanche et la libération des anciennes terres russes, ce sera une campagne contre le Capital et pour la laocratie, le pouvoir du Peuple, pour l’Etat du Peuple.

Je ne pense pas que l’oligarchie russe soutiendra cela, elle ne peut pas ignorer que ses jours sont comptés. C’est pourquoi elle crie si hystériquement “n’envoyez pas de troupes”, puisque qu’une victoire de la Novorossia signifie inévitablement un renouveau de la Russie elle-même, le réveil du Peuple. C’est la raison des tentatives désespérées pour trahir la Novorossia. Cette agonie de l’oligarchie russe et de ses mercenaires publics. Leur tâche est de détruire les héros de la Révolution de la Novorossia – une Révolution non seulement populaire mais aussi sociale – et de l’étouffer dans l’œuf.

Analyse des perspectives de l'économie de l'hydrogène

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Analyse des perspectives de l'économie de l'hydrogène

Institut RUSSTRAT

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/35795-2021-11-01-19-30-52

La question du remplacement complet de tous les types de combustibles fossiles dans le secteur énergétique mondial (et par conséquent dans l'économie) par l'hydrogène revêt actuellement un caractère stratégique.

Si les prévisions des experts sur le succès significatif de la nouvelle tendance mondiale dans l'avenir proche, celui des quinze prochaines années, et dans l'absolu, pour le basculement de 2040-2050, sont correctes, cela signifie une transformation fondamentale de toute l'économie mondiale.

Par exemple, selon les données de l'OPEP pour 2018, l'ensemble de l'économie mondiale a consommé 98,7 millions de barils de pétrole par jour, tous usages confondus. 44,4 millions de barils ont représenté les besoins du transport automobile, 13,4 millions ont été dépensés pour la pétrochimie, 12,8 millions sont allés à l'industrie, 6,5 millions à l'aviation, 4,9 millions à l'industrie de l'énergie, 4,1 millions à la navigation, 1,8 millions au rail et autres types de transport et 10,8 millions de barils ont été dépensés pour d'autres besoins.

Selon les projections des partisans de la "nouvelle transition énergétique", tous les composants énumérés, à l'exception des produits pétrochimiques et probablement d'autres besoins, seront remplacés avec succès par l'hydrogène. Cela signifie une baisse de 76 % de la demande mondiale d'"or noir", ce qui entraînera l'effondrement de l'industrie pétrolière et l'effondrement de l'économie de tous les pays qui dépendent de manière critique des revenus pétroliers.

De même, les perspectives pour le charbon, dont le volume devrait tomber à zéro, et les chiffres pour le gaz naturel, à 3,918 trillions de mètres cubes, semblent similaires. Dont la consommation mondiale (données Rystad Energy pour 2020) représente également plus de 65 % de la production d'électricité (24 % de la production mondiale totale d'électricité) et fournit de la chaleur à la population.

Le reste est consacré à la production de matières plastiques et d'autres produits chimiques, de sorte que l'exploitation des ressources pétrolières subsistera même dans le pire des scénarios. Mais cela signifiera également un dérapage multiple et massif des taux temporels, une baisse de la demande de "carburant bleu", avec des conséquences économiques et géopolitiques négatives, d'une importance similaire aux résultats du "rejet du pétrole".

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D'autre part, dans leurs plans et prévisions, les apologistes de l'"énergie totale de l'hydrogène" ignorent clairement des faits évidents et, dans certains cas, même les lois de la physique. La plupart de leurs calculs sont des anticipations, fondées pour la plupart non pas sur des faits objectifs, mais sur des considérations populistes et politiques, souvent mélangées au point d'être totalement indiscernables.

Il est donc nécessaire de procéder à une analyse structurelle complète de la question des perspectives réelles de l'énergie hydrogène et de son impact sur la stratégie politique et économique à long terme, notamment pour la Fédération de Russie.

Conditions idéologiques préalables au concept de "l'énergie hydrogène"

La raison officielle du "désir du monde de passer à l'hydrogène" dérive de la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. Bien que les calculs scientifiques cités dans son argumentaire présentent de sérieux signes de partialité, il n'en reste pas moins que, d'une manière générale, la communauté scientifique mondiale estime que la température moyenne de la planète est en train d'augmenter et que cela entraîne des changements planétaires de grande ampleur. De l'augmentation de la température moyenne elle-même, et du déplacement des zones climatiques qui en découle, à la fonte des glaciers, qui entraîne une élévation du niveau de la mer.

Si le niveau de la mer s'élève d'un mètre, Venise risque de disparaître de la surface de la Terre, si le niveau de la mer s'élève de deux mètres, Amsterdam et 80 % des Pays-Bas seront sous l'eau. Une élévation de 2,5 mètres inondera complètement Hambourg et d'autres villes allemandes situées dans la plaine inondable de l'Elbe jusqu'à 100 km de la côte moderne.

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Un sort similaire attend Saint-Pétersbourg. Une élévation de 3 mètres "emporterait" Los Angeles, San Francisco, New York, la Nouvelle-Orléans et d'autres agglomérations américaines jusqu'à 200 km à l'intérieur des terres. Si l'océan monte de 5,5 mètres, Londres et la grande majorité des îles britanniques couleront. Avec ses 6,5 mètres, il "emportera" Shanghai et 70 % de l'Europe occidentale. Les conséquences destructrices de ce processus toucheront également le territoire de la Fédération de Russie à grande échelle.

Il est tout à fait logique de supposer que la conséquence de tout ce qui précède sera la souffrance d'une partie importante de la population mondiale. Selon les prévisions, dans le troisième quart de ce siècle, les trois quarts de la population européenne et la grande majorité des habitants de l'Afrique devront chercher un nouveau lieu de vie, car, en cas d'élévation du niveau de l'océan mondial de 7 mètres ou plus, toute sa partie centrale deviendra une mer. L'ampleur des dommages économiques et humanitaires serait incalculable.

Bien qu'il n'y ait pas de consensus complet dans la communauté scientifique sur cette question, on pense officiellement que la cause en est l'industrie mondiale, qui émet environ 33 gigatonnes de CO2 dans l'atmosphère, contribuant ainsi principalement à la formation de l'effet de serre". La conclusion est donc que les émissions doivent être réduites de manière drastique, idéalement à zéro. Principalement dans le secteur de l'énergie, la fabrication d'acier et d'autres processus industriels à forte intensité énergétique.

Conditions politiques et économiques préalables au concept d'"énergie hydrogène"

Outre la "protection de l'environnement", le concept d'obligation de passer à l'hydrogène repose sur deux autres bases solides. La première d'entre elles est d'ordre économique.

En particulier, le volume des exportations totales de biens et de services de l'UE en 2020 s'est élevé à 6,27 trillions de dollars. Et les importations - 6,21 trillions de dollars. En raison de l'épuisement des marchés libres pour l'expansion économique, de la politique de sanctions économiques et d'autres facteurs, l'économie européenne perd sa rentabilité. En outre, environ un tiers du coût des importations concerne les ressources énergétiques, où les approvisionnements étrangers représentent déjà 75 % de la consommation totale de l'UE et ont une tendance constante à la croissance.

Selon les dirigeants politiques de l'UE, une telle évolution des événements menace de déstabiliser l'économie européenne et le risque de devenir complètement dépendant de l'énergie des pays exportateurs de pétrole et de gaz est inacceptable. Cela pourrait à tout moment entraîner la perte de l'indépendance politique de l'UE.

En outre, une tentative de transfert de l'énergie européenne "avec du gaz" pour échapper à la "dépendance au pétrole", qui s'élevait à 86% en 2015, puis la mise en œuvre de la Charte européenne de l'énergie, pour transférer le commerce du gaz à long terme avec des contrats avec des obligations fixes de "relations de marché libre" se sont soldées par un échec. Les cotations actuelles dans les hubs de gaz en Europe ont atteint plus de mille dollars par mille mètres cubes, ce qui est trois fois plus élevé que le niveau habituel, et est complètement destructeur pour l'économie européenne dans son ensemble.

Une situation similaire est observée aux États-Unis, bien que légèrement différente sur certains points.

C'est pourquoi, dans le monde occidental, on est convaincu de la nécessité d'une transition rapide vers une autre source d'énergie, que l'Europe et les États-Unis pourraient produire indépendamment dans des volumes illimités. Ainsi, on abandonne complètement l'importation de toute ressource énergétique.

En outre, le concept de "passage à une énergie propre pour sauver l'environnement" crée les conditions préalables à la restauration de la domination globale de l'Occident collectif sur le reste du monde en imposant une "taxe carbone" aux autres pays.

Son idée se résume à l'introduction de droits d'importation supplémentaires sur les biens et services associés à l'utilisation de sources d'énergie et/ou de matières premières "sales". En particulier, si l'Europe l'introduit, selon les sources existantes, cela signifiera une augmentation des droits de douane sur l'exportation de marchandises russes vers l'UE de 16% supplémentaires. En termes de valeur, cela signifiera une perte de rentabilité pour les exportations russes vers l'Europe, selon diverses estimations, de 1,1 à 7 milliards d'euros par an. Ainsi, nous perdrons 655 millions d'euros de bénéfices sur les exportations de fer et d'acier, 398 millions d'euros sur les exportations d'engrais azotés, et les livraisons de gaz et de pétrole pourraient s'arrêter complètement.

Cependant, tout ramener à la seule question de l'argent n'est pas tout à fait juste. La taxe carbone permettra à l'Occident d'étouffer efficacement l'économie de tout pays concurrent, réduisant automatiquement sa rentabilité et augmentant ainsi le niveau de pauvreté dans ce pays. Au point de compromettre la capacité de ces États à continuer de remplir leurs obligations sociales envers la population.

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En substance, la taxe carbone est en train de devenir une sorte de "taxe sur la pauvreté", stimulant un écart croissant entre le niveau de vie des "pays occidentaux propres" et celui des "pays sales". Et comme la pauvreté obligera les "perdants" à rester dans le secteur énergétique "sale" mais moins cher, ils perdront les ressources économiques nécessaires à la modernisation technique et seront contraints de devenir une colonie financière du monde occidental, puisqu'il n'y aura personne à qui vendre des biens et des services. Le retard économique déterminera le retard technologique, qui, à son tour, renforcera encore le retard économique, et le cercle se refermera.

En substance, cela conduira à la formation d'un impérialisme technologique. Les pays du premier monde ont opté pour un tel instrument politique et technologique de pression sur les autres du point de vue de l'agenda climatique mondial. L'instrument a été testé et fonctionne efficacement ; l'importance de l'agenda vert ne fera que croître.

Mesures pratiques pour mettre en œuvre le concept d'"économie de l'hydrogène" dans l'UE

Il convient de noter, comme le montre la section précédente, que le concept d'"énergie hydrogène" comporte deux aspects interdépendants : géopolitique et économique.

Malgré l'unité déclarée de l'Occident collectif, les États-Unis ne font pas grand-chose dans le sens pratique de la mise en œuvre. L'essentiel de ses efforts vise à prendre la tête de l'établissement des "règles anti-carbone" internationales par lesquelles Washington entend restaurer et consolider son hégémonie mondiale.

Contrairement aux États-Unis, l'UE se concentre principalement sur les mesures pratiques visant à mettre en œuvre une "transition énergétique verte" dans le but de créer une "économie de l'hydrogène" innovante. C'est pourquoi nous examinerons ci-dessous les principales mesures européennes allant dans ce sens. En outre, l'Union européenne est un important acheteur de ressources énergétiques russes, ainsi que de biens et services produits dans la Fédération de Russie.

La base des efforts européens pour accélérer la transition de son économie "vers l'hydrogène" est le programme HyDeal Ambition, qui consiste à augmenter la production de ce qu'on appelle "l'hydrogène vert" par électrolyse de l'eau pour la production d'énergie renouvelable.

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Actuellement, l'hydrogène de tous types (vert - à partir de l'eau par électrolyse en utilisant une énergie renouvelable propre, gris - à partir de combustibles fossiles, y compris le gaz naturel, sans captage du CO2, brun - à partir du lignite, noir - à partir du charbon, jaune - à l'aide d'une "électricité sale", bleu - avec l'aide du reformage à la vapeur du méthane et l'élimination du CO2, rose - électrolyse utilisant l'énergie atomique, turquoise - utilisant la décomposition thermique du méthane et obtenant du charbon solide au lieu du CO2, et blanc - un sous-produit des processus industriels) est produit en Europe dans une quantité d'environ 800.000 tonnes au total.

La mise en œuvre du programme HyDeal Ambition devrait porter la production d'hydrogène (très majoritairement "vert") à 3,6 millions de tonnes d'ici 2030 et à 10 millions de tonnes d'ici 2040. Dans le cadre de ce plan, il est prévu de lancer 95 GW d'énergie solaire installée et environ 70 GW d'énergie éolienne pour alimenter 67 GW d'installations d'électrolyse de l'eau, qui sont également censées être construites dans les délais prévus, tant dans le sud de l'Europe qu'en France, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Dans le cadre de HyDeal Ambition, 10 GW de capacité installée de nouvelles centrales solaires devraient être mis en service rien qu'en Espagne d'ici à la fin de 2021.

Le programme HyDeal Ambition est mis en œuvre par :

    - les développeurs de projets d'énergie solaire : DH2 / Dhamma Energy (Espagne), Falck Renewables (Italie), Qair (France) ;
    - les fabricants de cellules électrolytiques, sociétés d'ingénierie : McPhy Energy (France), VINCI Construction (France) ;
    - les entreprises de transport de gaz : Enagas (Espagne), OGE (Allemagne), SNAM (Italie), GRTgaz (France), Teréga (France) ;
    - les groupes énergétiques et industriels : Gazel Energie, filiale d'EPH (France), Naturgy (Espagne), HDF Energie (France) ;
    - les fonds d'infrastructure : Cube, Marguerite, Meridiam ;
    - les consultants et conseillers : Banque européenne d'investissement, Corporate Value Associates (CVA), Clifford Chance, Cranmore Partners, Finergreen, Envision Digital, Energy Web.

La "stratégie pour l'hydrogène" de la Commission européenne suggère d'investir 42 milliards d'euros dans la construction de stations d'électrolyse d'ici à 2030. Il est prévu de consacrer 220 à 340 milliards d'euros supplémentaires à la mise à l'échelle et au raccordement direct aux électrolyseurs de 80 à 120 GW produits par l'énergie solaire et éolienne. Un investissement de 65 milliards d'euros sera nécessaire pour organiser le transport, la distribution et le stockage de l'hydrogène dans l'UE.

Des expériences ont également été lancées en Europe pour convertir des secteurs clés de l'économie à l'hydrogène. Principalement dans les transports et l'industrie lourde.

L'Allemagne est un leader dans le domaine du transport ferroviaire. Depuis septembre 2018, deux trains Coradia iLint, fonctionnant entièrement à l'hydrogène, assurent des services réguliers de transport de passagers sur la ligne Bremerhaven, Cuxhaven, Buxtehude et Bremerförde, sur laquelle ils ont déjà "enregistré" plus de 100.000 kilomètres.

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Leur expérience a été reconnue comme réussie et il a été annoncé que sur cette ligne en Basse-Saxe, ils abandonneront complètement les locomotives diesel, les remplaçant par 14 trains qui produisent de l'électricité dans des piles à combustible au cours d'une réaction chimique entre l'hydrogène et l'oxygène d'ici la fin 2021.

Et l'entreprise française Alstom, qui les produit, a reçu une commande de 500 millions d'euros pour 27 trains, qui devraient être utilisés à partir de 2022 pour le trafic de banlieue dans le massif du Taunus, au nord-ouest de Francfort. En outre, d'ici 2030, il est prévu de transférer l'ensemble du trafic ferroviaire en Allemagne sur toutes les voies non électrifiées du pays vers des locomotives fonctionnant à l'hydrogène.

De son côté, la Suède s'est attachée à convertir son industrie sidérurgique pour remplacer complètement les combustibles fossiles (charbon et gaz) par l'hydrogène dans la technologie de production des métaux. Le consortium suédois H2 Green Steel (H2GS) construit, dans le nord du pays, une aciérie fonctionnant entièrement à l'hydrogène. Le projet, d'un coût de 3 milliards de dollars, devrait être achevé en 2024 et, d'ici 2030, il devra produire 5 millions de tonnes d'"acier neutre en carbone" de haute qualité.

Et il ne s'agit pas d'une pure expérience abstraite. Depuis le printemps de cette année, SSAB a commencé des livraisons pratiques d'acier produit à partir d'hydrogène aux usines automobiles de Volvo.

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Pendant ce temps, l'UE commence à moderniser l'infrastructure de transport et de stockage de l'hydrogène pur. Dans l'optique du transfert complet de toute la production de chaleur en Europe, la société allemande Avacon a lancé un projet pilote visant à mélanger jusqu'à 20 % d'hydrogène avec du gaz naturel. L'expérience vise à démontrer qu'il est possible d'ajouter plus de 10 % de H2 au gaz utilisé pour le chauffage, comme le prévoient les normes actuelles, voire le double. Par conséquent, les émissions de CO2 seront réduites car moins d'hydrocarbures sont brûlés.

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L'expérience est menée dans l'un des quartiers de la ville de Genthin, dans l'État est-allemand de Saxe-Anhalt. Nous avons choisi cet emplacement car l'infrastructure gazière disponible ici est la plus typique en termes de caractéristiques techniques pour l'ensemble du réseau Avacon.

Selon la direction, l'objectif de l'expérience est également de rééquiper le réseau de distribution de gaz "afin qu'il soit adapté pour recevoir le plus d'hydrogène possible". En d'autres termes, l'Allemagne a commencé à moderniser son infrastructure gazière en vue d'une transition complète vers l'hydrogène comme combustible pour la production d'électricité et de chaleur, en mettant l'accent sur le secteur des ménages.

Analyse économique des perspectives de l'"économie de l'hydrogène"

Ce qui précède conduit à deux conclusions fondamentales. Premièrement, le processus de transfert global de l'économie occidentale, principalement européenne, "vers l'hydrogène" est irréversible. Deuxièmement, bien que sa mise en œuvre à grande échelle semble encore relever de la fantaisie, elle est déjà techniquement tout à fait réalisable. Les succès de l'UE le confirment clairement.

Par conséquent, la question essentielle est celle de la réalité des délais déclarés pour devenir "complètement sans carbone" d'ici 2030 - 2040. Puisque la réponse à cette question déterminera la stratégie future de la Russie dans le domaine de l'"économie de l'hydrogène" dans son ensemble et le calendrier de sa mise en œuvre pratique.

Pour comprendre quand et dans quelle mesure l'Europe sera ou non en mesure de mettre en œuvre ses plans "hydrogène", il est nécessaire d'examiner plus en détail les domaines spécifiques d'utilisation des combustibles fossiles dans l'économie européenne.

Dans le domaine du transport ferroviaire, le progrès semble être possible de la manière la plus simple et la plus rapide. Comme indiqué ci-dessus, le transport ferroviaire consomme 1,8% du volume de pétrole consommé et environ 2,2% du gaz naturel (sans compter la part de la production totale d'électricité).

Si l'on considère que l'UE consomme en moyenne 3,82 milliards de barils de pétrole et environ 500 milliards de mètres cubes de gaz par an, on peut supposer qu'environ 68,7 millions de barils de pétrole et 11 milliards de mètres cubes de gaz seront remplacés par l'hydrogène au cours des 10 à 15 prochaines années..... Si l'on se base sur l'expérience de l'exploitation des trains Coradia iLint, l'Europe aura besoin jusqu'à 400.000 tonnes, soit la moitié du volume actuel de sa propre production d'hydrogène.

L'utilisation d'hydrogène pur pour les besoins domestiques n'ayant pas encore été testée dans la pratique, il n'est pas encore possible d'évaluer cette orientation dans son ensemble. Toutefois, sur la base de paramètres indirects, il est possible d'obtenir des chiffres approximatifs. Avant les données d'Eurostat en 2019, les ménages européens consommaient 32,1 % de tout le gaz consommé dans l'UE.

Compte tenu des résultats des expériences, Avacon a toutes les raisons de croire que la part de l'hydrogène dans le volume de la consommation de gaz des ménages, qui est actuellement de 10 %, peut être portée à 20 % d'ici 2030, et à 30-35 % à l'avenir. Sur cette base, les calculs montrent que la consommation de gaz domestique en Europe diminuera d'environ 40 milliards de mètres cubes par an, et que 3,58 millions de tonnes d'hydrogène pur seront nécessaires pour la remplacer.

En utilisant la même méthodologie, le passage à l'hydrogène pur pour la production d'électricité entraînerait une diminution de la demande de combustibles fossiles en Europe. En particulier, environ 180 milliards de mètres cubes de gaz par an ne seraient pas nécessaires et, pour les remplacer, l'Union européenne aurait besoin de 8 à 16 millions de tonnes d'hydrogène.

L'industrie métallurgique européenne produit au total plus de 168 millions de tonnes d'acier par an et utilise 25,4 milliards de mètres cubes de gaz naturel pour sa production. Le passage de la métallurgie à la "technologie sans carbone" nécessite la consommation de 14 tonnes d'hydrogène liquide pour produire une tonne d'acier. Par conséquent, pour assurer une transition complète pour l'ensemble de l'industrie métallurgique, l'Europe aura besoin de 2,352 millions de tonnes supplémentaires d'hydrogène liquide.

Même si nous supposons le plein succès de la mise en œuvre du plan HyDeal Ambition de Bruxelles, et convenons que la Commission européenne pourra trouver un endroit où trouver 400 milliards d'euros pour sa mise en œuvre jusqu'en 2030 (soit 44,4 milliards d'euros par an, ce qui en soi soulève de grandes questions quant à la faisabilité), le volume de production d'hydrogène en Europe même devra de toute façon s'élever à 3,6 millions de tonnes d'ici 2030 et à 10 millions de tonnes d'ici 2040. Alors que les besoins estimés pour atteindre l'"économie totalement décarbonée" déclarée s'élèveront à 2371 millions de tonnes, soit 237,19 fois plus.

Cela signifie que les objectifs ambitieux déclarés aujourd'hui sont absolument inatteignables dans les conditions réelles des possibilités économiques et financières de l'UE. L'Europe ne sera pas en mesure de parvenir à une absence totale de carbone en 2030, 2040 ou même 2075. Si Bruxelles a besoin de 400 milliards d'euros d'investissement pour atteindre le niveau de production de 10 millions de tonnes par an, alors pour augmenter son volume à 2,3 milliards de tonnes, elle devra investir au moins 94,8 milliards d'euros dans la modernisation, soit sept fois ( !) la totalité du PIB annuel de l'UE, ce qui est techniquement impossible.

Cependant, d'autres conclusions peuvent également être tirées de ce constat. Bien qu'à un rythme beaucoup plus lent, le processus de remplacement de tous les types de combustibles fossiles par l'hydrogène en Europe va néanmoins se poursuivre et son rythme global va s'accélérer. Principalement dans les domaines les plus simples et les plus faciles à moderniser, comme le transport ferroviaire, la consommation domestique et le remplacement des combustibles fossiles dans la production d'électricité.

Cela signifie que la consommation de gaz dans l'UE non seulement ne continuera pas à augmenter, mais diminuera progressivement à un rythme de 3 à 3,5 % par an. La baisse totale d'ici 2030 pourrait atteindre au moins 51 à 100 milliards de mètres cubes. La déclaration de Mme Merkel concernant le projet de l'Allemagne d'abandonner complètement les achats de gaz russe d'ici 2045 est donc très logique.

Dans le même temps, la volonté des autorités centrales de l'UE et des dirigeants des principales économies de l'UE, principalement l'Allemagne, d'accélérer le rythme de la "transition énergétique vers l'hydrogène" à long terme, fera évoluer la production physique d'hydrogène. Compte tenu de la volonté de Bruxelles de rendre le marché de l'hydrogène immédiatement "libre", cela signifie que le coût de l'hydrogène en tant que produit de base sera élevé à long terme, à des niveaux bien supérieurs à 1,5 € par kilogramme (y compris la livraison et le stockage), comme l'indiquent les documents du programme HyDeal Ambition.....

Même à ces prix, une tonne d'"acier à hydrogène" coûte 2,9 fois plus cher que sa version "sale", fabriquée à partir de charbon et de gaz naturel. Par conséquent, les prix supplémentaires de l'acier et de ses dérivés augmenteront aussi inévitablement.

Par exemple, le modèle de base du SUV Volvo XC90 T5 se vend aux États-Unis un peu moins de 50.000 dollars, dont 4125 dollars (8,25 %) pour l'acier utilisé. Ainsi, si elle est entièrement fabriquée en "acier à hydrogène", cela augmentera le coût de 7837 dollars ou, en tenant compte des autres coûts et des marges bénéficiaires, fera passer le prix de la voiture pour l'utilisateur final à 62.000 voire 65.000 dollars.

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Et ce n'est que le scénario le plus optimiste. Les calculs montrent que même lorsque le type d'énergie le moins cher actuellement disponible est utilisé dans les électrolyseurs, sans capter ni utiliser le CO2, le coût d'un kilogramme d'hydrogène ne descend pas en dessous de 2 euros. L'expédition et le stockage ajoutent 0,5 à 0,72 € à ce chiffre. Et dans le cas de l'utilisation de la production d'énergie renouvelable, le coût total de l'hydrogène ne descend pas en dessous de 9 à 11 euros par kilogramme.

En d'autres termes, au lieu d'être multipliée par 2,9, une tonne d'acier a toutes les chances de voir son prix multiplié par 7,3, ce qui signifie que le prix du Volvo XC90 T5 lui-même pourrait approcher les 90.000 dollars, ce qui n'aura probablement pas d'effet positif sur les volumes de vente. Et absolument tout en Europe réagira de la même manière, depuis les prix des maisons en construction jusqu'au coût des boîtes de conserve élémentaires et du papier ménager.

Il est facile de supposer que l'UE tentera de compenser la baisse des ventes de biens et de services européens causée par la hausse des coûts de production, ainsi que l'affaiblissement de ses positions concurrentielles sur les marchés d'exportation en augmentant encore les taux de la "taxe carbone à l'importation".

Et ces processus vont durer longtemps. Plus précisément, nous pouvons dire qu'il s'agira de tendances constantes et immuables dans un avenir prévisible.

Conclusions

Pour résumer ce qui précède, il convient de noter ce qui suit :

1. L'"économie de l'hydrogène" est inconditionnellement un processus "éternel". En conséquence, la Russie doit se préparer à des changements radicaux sur les marchés de l'énergie existants et se préparer à lutter pour occuper une place digne de ce nom dans l'"ère de l'hydrogène" à venir. En ce sens, l'adoption par le gouvernement de la Fédération de Russie du "Concept pour le développement de l'énergie hydrogène dans la Fédération de Russie" est une étape stratégiquement correcte.

2. La production d'"énergie hydrogène" en Europe et aux États-Unis conduira inévitablement à l'accélération de l'auto-isolement de leurs marchés intérieurs en un groupe économique fermé et isolé, au sein duquel tout, des biens aux services, coûtera beaucoup plus cher "que dans les pays arriérés". L'Occident ne peut se protéger des importations bon marché des "pays arriérés" qu'en introduisant une "taxe carbone" et en portant son montant à un niveau presque prohibitif.

D'un côté, c'est mauvais, car 35,7 % des exportations totales de la Russie, notamment, sont encore orientées vers l'Europe. Moscou devra chercher d'autres marchés, car payer une "taxe carbone" à l'Occident vise à saper l'économie nationale de la Russie et représente donc une menace pour sa sécurité nationale dans son ensemble.

Mais dans le même temps, l'Occident devra "se défendre contre les importations à bas prix" non seulement de la Russie mais aussi de toutes les autres régions, y compris l'Asie du Sud-Est et la Chine. En outre, elle sera tenue en otage par le processus, même par rapport à des alliés potentiels dans la région indo-pacifique, en particulier l'Inde. Cela limitera sévèrement sa position de négociation avec Delhi.

De même, les conditions préalables seront renforcées pour encourager la Chine à accélérer l'enregistrement de son propre groupe fermé (RCEP) en tant que marché préférentiel pour vendre ses biens et services "sans taxe carbone".

De même, cette tendance se reflétera dans le reste de l'espace économique mondial, qui ne fait pas partie du groupe économique "occidental". Pour la Russie, cela accroît les possibilités d'expansion économique et politique, tant en termes de formation de son propre groupe (qui devrait certainement devenir l'un des principaux objectifs stratégiques du pays pour la prochaine décennie) que de développement des liens économiques avec les pays d'Asie-Pacifique et le "groupe Chine".

En d'autres termes, l'Asie et l'Afrique deviennent les principales directions pour la vente de biens et de services russes. Et il ne nous reste pas plus de dix ans pour leur formation et leur expansion.

3. Il convient également de noter que la formation d'un bloc "éco-occidental" entraînera une augmentation des tensions internes importantes en son sein. Les recettes de la taxe carbone iront très probablement aux autorités centrales de l'UE à Bruxelles, aux principales économies de l'UE (Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Autriche et certains autres pays européens non membres de l'UE) et aux États-Unis. Mais les voisins d'Europe de l'Est n'y parviendront pas, ce qui, dans le contexte d'une augmentation brutale et continue du coût de la vie, commencera inévitablement à accroître le recul de leur niveau de vie matériel par rapport à celui de "l'Européen moyen" dans l'UE.

Cela finira par alimenter le mécontentement interne, notamment le désir de sortir de la "mafia qui les dépouille". Très probablement sous la forme d'une adhésion à l'"Initiative des trois mers" de la Pologne. Bien que l'émergence de la "Troïmanie" ne corresponde pas aux intérêts russes, et que la Russie doive activement entraver ce processus, les tendances à la désintégration de la configuration actuelle de l'UE doivent être aidées par tous les moyens possibles.

4. Les nouvelles tendances à la fermeture des marchés occidentaux, principalement européens, aux biens et services russes provoquent un paradoxe. Il ne sera pas rentable pour la Russie d'y fournir ses biens et services industriels, obtenus à partir des sources d'énergie fossiles traditionnelles. Cela nous obligera à réduire les exportations dans cette direction.

Mais en même temps, la mise en œuvre de la stratégie de transition vers l'"économie de l'hydrogène" créera une pénurie aiguë d'hydrogène en Europe, ce qui entraînera une croissance importante, voire explosive, du prix du marché. Dans le cadre de la mise en œuvre du concept adopté pour le développement de l'énergie hydrogène dans la Fédération de Russie, celle-ci devrait se concentrer sur l'expansion de la production de la version "verte" de l'hydrogène, dont l'exportation vers l'UE ne sera pas soumise à la "taxe carbone". Et sa pénurie aiguë en Europe obligera les autorités de l'UE à accepter l'expansion des approvisionnements russes. Nous disposons ainsi d'une nouvelle source de revenus d'exportation, tout en stimulant le développement de notre propre économie. Tant sur le plan financier que sur le plan technologique.

Outre les bénéfices, l'expansion des exportations d'"hydrogène vert" vers l'UE stimulera l'expansion de l'introduction de l'hydrogène dans l'UE dans le cadre de l'accélération de la transition complète de l'Europe vers l'"économie de l'hydrogène", ce qui accélérera et augmentera l'ampleur des conséquences économiques et politiques internes négatives pour le "cluster occidental", mentionnées aux pages 2 et 3.

5. L'adaptation aux nouvelles réalités de l'"économie de l'hydrogène" pour la Russie (et de nombreux autres pays) est une étape nécessaire. Objectivement, l'état actuel du secteur énergétique, basé sur les ressources fossiles pour la période allant au moins jusqu'à la fin de ce siècle, est assez confortable pour nous. Et la capacité économique des marchés en dehors du "cluster occidental" restera longtemps suffisante pour vendre des biens et services "sales" du point de vue de l'"économie de l'hydrogène".

Cela crée un risque sérieux de stimuler la création de deux économies distinctes en Russie, l'une "basée sur les combustibles fossiles" et l'autre "basée sur l'hydrogène". En outre, elles sont susceptibles de se faire concurrence, y compris sur le marché intérieur russe.

Le problème est que la création d'une industrie entièrement dépendante des ventes uniquement à l'Europe (plus généralement, uniquement au sein du groupe occidental) présente un risque stratégique de devenir dépendante des mouvements politiquement motivés des autorités européennes et américaines. Comme c'est le cas aujourd'hui en ce qui concerne les projets gaziers de la Russie. Si la Russie a la possibilité de réorienter ses ventes vers d'autres marchés, le marché européen de l'hydrogène ne sera pas le seul, ce qui signifie que nous serions vulnérables à une éventuelle pression de sanctions.

Dans le même temps, la demande intérieure russe d'hydrogène ne sera pas importante, car l'"économie de l'hydrogène" est perdante par rapport à l'"économie fossile" en termes de coûts de production dans le secteur énergétique.

Il est conseillé d'enrayer le problème en stimulant des taux d'augmentation plus élevés de l'efficacité énergétique globale de l'industrie russe et en planifiant le transfert intentionnel vers l'hydrogène des industries pour lesquelles un tel transfert n'entraînera pas d'augmentation tangible des prix finaux. À cet égard, la Russie, par exemple, doit adopter l'expérience allemande d'introduction de l'hydrogène dans le transport ferroviaire.

Cela créera les conditions préalables non seulement à l'expansion de la demande intérieure d'hydrogène, réduisant ainsi la dépendance de la "production d'hydrogène" à l'égard des marchés d'exportation, mais aussi les conditions nécessaires au progrès industriel scientifique, technique et pratique dans le domaine des technologies pour le développement et la production en masse d'équipements propres à la Russie pour le transport et le stockage de l'hydrogène. Ce qui réduit encore l'ampleur de notre dépendance dans ce domaine.

D'autre part, il convient de noter qu'il est souhaitable d'accélérer la R&D dans le domaine de l'augmentation de l'efficacité énergétique des piles à combustible à hydrogène, dans le but à la fois d'atteindre la supériorité technologique dans ce domaine et sa protection par brevet, et d'établir sa production de masse, y compris pour l'exportation.

Et, de manière générale, l'amélioration de l'efficacité énergétique globale de l'industrie russe aura certainement un effet positif sur la compétitivité des biens et services nationaux, tant sur le marché intérieur qu'à l'étranger.

6. Il faut également comprendre que les taux de croissance déclarés en Occident et, partiellement, en Chine, des volumes de production d'énergie renouvelable sont assurés de provoquer également une forte augmentation de la demande de cuivre et de terres rares, dont les réserves sont limitées. Cela entraînera non seulement une hausse des prix pour eux, mais exacerbera la lutte pour le contrôle de leurs marchés. Il est nécessaire de s'y préparer dès maintenant. Tout d'abord, en direction de l'Afrique, en tant que principal réservoir naturel à l'heure actuelle et dans un avenir prévisible.

Chine : Les propos stupéfiants de l’Ambassadeur Zhang Jun sur l’Occident

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Chine : Les propos stupéfiants de l’Ambassadeur Zhang Jun sur l’Occident

Remarques de l’Ambassadeur Zhang Jun lors du dialogue interactif entre la Troisième commission et le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités.

Source : Ministry of Foreign Affairs of China
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises ( https://www.les-crises.fr/chine-les-propos-stupefiants-de-l-ambassadeur-zhang-jun-sur-l-occident/ )

21 octobre 2021

Monsieur le Président,

L’objectif du dialogue interactif entre la Troisième commission et le Rapporteur spécial est d’améliorer la confiance mutuelle et de renforcer la coopération. Cependant, les États-Unis, la France et quelques autres pays ne peuvent résister à leur mauvaise habitude. Une fois de plus, ils ont abusé de la plate-forme de la Troisième commission pour lancer des accusations sans fondement contre la Chine, répandre le virus politique et la désinformation, et empoisonner l’atmosphère de coopération. La Chine s’oppose fermement à cela et le rejette résolument.

Aux États-Unis et à quelques autres pays, permettez-moi de dire ceci : vos mensonges banals sont totalement infondés. Le Xinjiang jouit de la stabilité, du développement et de la prospérité, et la vie du peuple chinois s’améliore de jour en jour. Le peuple chinois est satisfait et fier de ces réalisations, et ces réalisations sont largement reconnues et saluées par les peuples du monde entier. Peu importe le nombre de fois où ils sont répétés, les mensonges restent des mensonges. Vous pouvez vous tromper vous-mêmes, mais vous ne pouvez pas tromper le monde. Vous utilisez les droits humains comme un prétexte à des manœuvres politiques pour provoquer une confrontation. En fait, vous êtes le fauteur de troubles et le plus grand obstacle à la coopération internationale en matière de droits humains.

Pour les États-Unis et quelques autres pays : votre complot visant à entraver le développement de la Chine est voué à l’échec. La voie du développement de la Chine est choisie par le peuple chinois lui-même. Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix pour le peuple chinois, et encore moins de faire la leçon à la Chine. Le progrès de la Chine est inarrêtable. Personne ne peut priver le peuple chinois de son droit à mener une vie heureuse. Il est temps de se réveiller ! L’époque où vous brimiez et opprimiez les pays en développement est révolue depuis longtemps.

Aux États-Unis et à quelques autres pays : vos tentatives désespérées de dissimuler votre terrible bilan en matière de droits humains ne fonctionneront pas. Le monde le voit clairement. Les États-Unis ont mené un génocide contre les Indiens d’Amérique. Ils ont réprimé leur propre peuple au point qu’il crie « Je ne peux pas respirer ». Ils ont ignoré la mort de plus de 700.000 ressortissants due à la pandémie. Et elle a souillé ses mains du sang de centaines de milliers de civils musulmans au Moyen-Orient et en Asie centrale. La liste est longue. Les droits humains ne sont pas une couverture. Blâmer les autres pays n’effacera pas vos propres méfaits, mais ne fera que révéler votre méchanceté et votre hypocrisie.

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Aux États-Unis et dans quelques autres pays : vos tentatives pour vous débarrasser de ceux qui ont des opinions différentes au nom de la démocratie n’aboutiront qu’à un échec. La démocratie n’est pas votre apanage, mais un droit dont jouissent les peuples de tous les pays. La meilleure démocratie consiste à laisser le peuple être le véritable maître du pays, au lieu d’en faire la chair à canon de la manipulation politique. Le monde est diversité. Il en va de même pour les approches de la démocratie. La question de savoir si un pays est démocratique ou non doit être jugée par son propre peuple, et non par des personnes extérieures au pays, et encore moins par des pays comme vous. Les tragédies survenues dans des pays comme l’Afghanistan, l’Irak et la Libye ont prouvé à maintes reprises que l’intervention militaire de l’extérieur et la soi-disant transformation démocratique n’entraînent rien d’autre que des dommages pour les pays concernés et pour l’idéal de la démocratie lui-même.

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Aux États-Unis et à quelques autres pays : vos tentatives de politiser les questions de droits humains à des fins de manipulation ne trouveront aucun soutien. Les peuples du monde entier sont lucides sur la vérité. Plus de 60 pays ont fait une déclaration commune de soutien à la Chine, dans laquelle ils s’opposent à l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays au nom des droits humains, et appellent à respecter les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies. L’histoire et la réalité ont prouvé à maintes reprises que votre recours inconsidéré à la désignation de coupables, à la pression et à l’intimidation vous a fait perdre tout le soutien des peuples du monde entier. Vous êtes du côté opposé de la communauté internationale.

Aussi, à la France et aux autres partisans des États-Unis : ce que vous faites, c’est soumettre votre indépendance et votre autonomie, et servir d’hommes de main aux États-Unis, comme si vous pouviez acquérir une supériorité en agissant à la demande de la superpuissance. Mais la vérité est que vous abandonnez votre propre dignité et que vous ne gagnerez aucun respect de la part des autres.

Le monde se développe et l’humanité progresse. Les États-Unis et quelques autres pays choisissent de s’en tenir à la mauvaise voie, qui va à l’encontre de la tendance dominante de l’époque. Finalement, ils ne feront que se déshonorer et deviendront la risée de la communauté internationale et les coupables de l’histoire.

Monsieur le Président,

Respecter et protéger les droits humains est un esprit fondamental de la civilisation moderne. Il a été inscrit dans la Constitution de la Chine et est devenu une pratique générale dans la société chinoise. Sous la direction du Parti communiste chinois, le peuple chinois de tous les groupes ethniques a déployé des efforts inlassables et a atteint le premier objectif du centenaire. Nous avons fait de la Chine une société relativement prospère à tous égards. Nous avons apporté une solution historique à la pauvreté absolue en Chine, et réalisé l’objectif de la réduction de la pauvreté avec 10 ans d’avance. Le peuple chinois jouit de plus de droits humains et de libertés que jamais auparavant.

Les droits humains sont universels, mais les chemins qui y mènent sont divers. La Chine s’en tient à sa voie en matière de droits humains, avec des caractéristiques chinoises distinctives qui conviennent à nos conditions nationales, et offre une vie meilleure au peuple chinois. Ce que nous avons réalisé montre qu’il s’agit du bon chemin et d’un avenir prometteur. Nous suivrons fermement cette voie.

La promotion et la protection des droits humains est un processus continu. La Chine accueille toutes les suggestions favorables et de bonne foi. Mais nous n’accepterons jamais de pressions politiques fondées sur des mensonges ni des leçons condescendantes. Notre détermination à défendre notre souveraineté, notre sécurité et nos intérêts en matière de développement reste inébranlable ; et notre détermination à sauvegarder les intérêts fondamentaux et la dignité du monde en développement au sens large reste inébranlable.

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La Chine continuera à mener des échanges et une coopération en matière de droits humains avec d’autres pays sur la base de l’égalité et de la confiance mutuelle. Nous continuerons à apporter la sagesse et les solutions de la Chine, à prôner la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie, la liberté et d’autres valeurs partagées par l’ensemble de l’humanité, à œuvrer à la construction d’une communauté avec un avenir commun pour l’humanité, et à contribuer encore davantage à la cause internationale des droits humains.

Source : Ministry of Foreign Affairs of China, 21-10-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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La revue de presse de CD - 28 novembre 2021

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La revue de presse de CD

28 novembre 2021

AFRIQUE

Archive : Qui a décidé que Kadhafi devait partir ?

Contrairement au coup d’État sans effusion de sang du 1er septembre 1969 qui a renversé le roi Idris et porté Kadhafi et ses collègues au pouvoir, la campagne combinée de rébellion, de guerre civile et de bombardements de l’OTAN pour protéger les civils a fait plusieurs milliers (5 000 ? 10 000 ? 25 000 ?) de morts, plusieurs milliers de blessés, a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, et provoqué des dégâts massifs aux infrastructures. Qu’est-ce que la Libye a obtenu, si tant est qu’elle ait obtenu quoi que ce soit, en échange de la mort et de la destruction qu’elle a subies au cours des sept mois et demi écoulés ?

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/archive-qui-a-decide-que-kadhaf... 

AMÉRIQUE DU SUD

Élections au Chili : victoire des hors parti

Le premier tour de l’élection présidentielle a vu la qualification de deux candidats hors parti. Pour la première fois depuis 30 ans, les deux partis qui dominent la vie politique chilienne ne sont pas au second tour. Après deux années de troubles sociaux, c’est le candidat de droite qui est arrivé en tête.

Conflits

https://www.revueconflits.com/elections-au-chili-victoire...

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ÉTATS-UNIS

« Les gouvernements oppriment les journalistes indépendants » selon John Shipton

John Shipton, père du fondateur de Wikileaks Julian Assange, revient sur le parcours de son fils. Julian n’a obtenu le soutien d’aucun grand média. Ces médias, selon son père, à la botte du gouvernement, ont oublié leur mission d’information. John Shipton nous appelle ainsi tous à lutter tant pour la quête de la vérité que pour la libération de Julian Assange.

Elucid

https://elucid.media/democratie/les-gouvernements-opprime...

La communauté du renseignement américain définit ses priorités

Le jeudi 30 septembre 2021, la commission du renseignement de la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé le budget de l'exercice 2022 pour le renseignement et les activités liées au renseignement. Ces activités couvrent le travail du ministère de la Défense, de la CIA, du bureau du directeur du renseignement national, de la Defense Intelligence Agency, de la National Security Agency, des départements de l'armée, de la marine et de l'armée de l'air, des garde-côtes, du département d'État, du département du Trésor, du département de l'énergie, du département de la justice, du FBI, de la Drug Enforcement Administration, de la National Geospatial-Intelligence Agency, du National Reconnaissance Office et du département de la sécurité intérieure. Comme on peut le constater, on s'attend à une étroite coopération et coordination inter-agences. Avec une compréhension générale des priorités américaines en matière de renseignement, il est possible de dresser un tableau plus précis de ce que les États-Unis feront l'année prochaine : dans quelles régions ils augmenteront leur activité et sur quels domaines ils se concentreront le plus.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/14/l...

États-Unis : le Russiagate est un Watergate qui tombe à l'eau

Le procureur spécial indépendant John Durham, chargé d’enquêter sur la genèse de l’affaire, vient d’ordonner la mise en examen d’Igor Danchenko. Cet analyste russe, résidant aux États-Unis et travaillant pour le Brookings Institution (un centre de recherches proche du Parti Démocrate), était le principal informateur qui aida à forger le « dossier Steele ». Pourquoi « Steele » ? C’est le nom d’un ex-espion du MI6 britannique qui, reconverti dans le renseignement privé, a construit le dossier – en lien avec un avocat travaillant pour l’équipe de campagne démocrate. Ce dernier, Michael Sussmann, a été mis en examen par le procureur Durham peu avant Danchenko.

LSDJ

https://www.laselectiondujour.com/etats-unis-le-russiagat...

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Mais qui est Anthony Fauci ?

Lorsque la pandémie a frappé, l’Amérique avait besoin de quelqu’un à qui demander conseil. Les médias et le public se sont naturellement tournés vers le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, un estimé immunologiste de laboratoire et l’un des conseillers COVID choisis par le président Donald Trump. Malheureusement, le Dr Fauci s’est trompé sur des points importants d’épidémiologie et de santé publique. La réalité et les études scientifiques l’ont maintenant rattrapé.

Le Saker francophone

https://lesakerfrancophone.fr/mais-qui-est-anthony-fauci

FRANCE

Marie-France Garaud (3) : « La République est tombée dans les mains des partis »

Troisième partie de l’interview de Marie-France Garaud. Revenant sur l’histoire de notre Ve République, l’ancienne avocate met en lumière les insuffisances d’un système qui vit, selon elle, une crise de confiance.

Elucid

https://elucid.media/politique/marie-france-garaud-republ...

Seine-Saint-Denis, Jérôme Fourquet analyse la dislocation de la banlieue rouge : « Avec 27 permanences communistes contre 82 mosquées, le PCF est désormais nettement surclassé par l’islam »

Dans Le Figaro du 24 novembre 2021, Jérôme Fourquet raconte l’évolution de la Seine-Saint-Denis, passée de Marx à Mahomet, sur fond d’une immigration arabo-musulmane massive. « L’étude des prénoms donnés aux nouveau-nés renseigne par exemple sur la dynamique démographique à l’œuvre dans ce territoire. Les nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman y sont ainsi passés de 15 % des naissances en 1983 à 45 % en 2016 »

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2021/11/24/seine-saint-denis-je...

GAFAM

Facebook : liste noire secrète des « Individus et organismes dangereux (DIO) »

The Intercept est un site américain « liberal » au sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire progressiste. Il a publié en octobre 2021 un long article sur les individus et les organisations classés « dangereux » par Facebook. Même si le contexte américain est fort différent du contexte européen, même si certaines analyses nous semblent biaisées, il nous a semblé intéressant de livrer à nos lecteurs la traduction en français de ce document brut.

OJIM

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GÉOPOLITIQUE

Géopolitique de l’énergie

L’énergie est un des principaux moteurs des économies industrielles et, à ce titre, un terrain propice à la confrontation des intérêts entre protagonistes dans un contexte de rareté de la ressource. Elle est donc tout d’abord facteur et déterminant de la guerre. En temps de paix, la confrontation des intérêts demeure par les moyens pacifiques que sont la structuration des marchés et la détermination des prix.

Conflits

https://www.revueconflits.com/geopolitique-de-lenergie-fr...

Europe, Ukraine, Biélorussie, Caucase, Moyen-Orient : la France hors-jeu

A quelques semaines de l’inauguration de la présidence française de l’Union européenne, force est de constater que notre politique étrangère est plus mal en point que jamais. C’est le résultat d’une posture entêtée de déni du réel, d’une persistance suicidaire dans une vision vassalisée et dogmatique des nouveaux équilibres du monde, et d’une réduction de l’activité diplomatique à de la gestion d’image. Nous pratiquons une diplomatie purement virtuelle, d’une insigne faiblesse, qui s’imagine que la parole vaut action, et se réduit en conséquence à des déclarations, discours et conversations téléphoniques dont le seul résultat est de nous rassurer -bien à tort- sans jamais modifier utilement les rapports de force. Aucune vision, aucune ambition, aucun projet, aucun plan d’action. Pas d’anticipation.

Geopragma

https://geopragma.fr/europe-ukraine-bielorussie-caucase-m...

RÉFLEXION

A méditer… en changeant comme vous le souhaitez les exemples ci-dessous !

«  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »

Citation du pasteur Martin Niemöller, dont plusieurs versions existent, l’une figurant au musée du Mémorial de l’Holocauste des États-Unis.

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Giorgio Agamben et le virus du capitalisme

Le philosophe italien Giorgio Agamben est l'un des rares universitaires à avoir critiqué l'exceptionnalisme, les masques de croissance et les restrictions excessives de l'ère Corona. Ces écrits et entretiens ont été rassemblés dans un livre, également traduit en anglais sous le titre Where Are We Now ? The Epidemic as Politics (Rowman & Littlefield, 2021).

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/21/g...

Misère du débat public : le poison du libéralisme

La dégradation du débat public doit beaucoup au libéralisme moderne qui se prévaut pourtant d’être l’idéologie la plus tolérante. C’est ce qu’avait bien identifié l’historien américain Christopher Lasch : le libéralisme sabote à la fois les conditions matérielles et immatérielles d’une grande controverse publique susceptible de revigorer la démocratie.

Elucid

https://elucid.media/democratie/misere-debat-public-poiso...

RÉINFORMATION

Chris Hedges : Le combat le plus crucial de notre temps pour la liberté de la presse

Si Assange est extradé et reconnu coupable de publication de documents classifiés, un précédent juridique sera créé qui mettra définitivement un terme aux rapports sur la sécurité nationale.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/chris-hedges-le-combat-le-plus-...

SANTÉ/LIBERTÉ

Reconfinement des non-vaccinés : vers un monde de suppression des droits

Si les élites politiques distillent le poison d’un apartheid au sein de leur propre population, que serons-nous prêts à accepter ensuite ?

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/11/18/413964-reconfinem...

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La « cinquième vague », nouvel épisode d’un feuilleton qui n'a que trop duré

Le mauvais feuilleton sanitaire continue. La petite musique d’un nouvel épisode épidémique à venir se fait de nouveau entendre. Ce serait cette fois la « cinquième vague ». Depuis plus d’un an et demi, la population française est soumise à un flot quasi continu de mauvaises nouvelles, qui servent à justifier des mesures aux impacts psychologiques, économiques, sociaux et politiques délétères.

Les blogs de Médiapart

https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/231121...

États-Unis. Le dossier complet sur l’homologation du vaccin Pfizer serait accessible… en 2076 !

Aux États-Unis, un groupe de scientifiques a demandé à l’Agence américaine du médicament la possibilité d’accéder à l’ensemble des documents sur lesquels elle s’est appuyée pour valider l’homologation du vaccin de Pfizer. Il leur faudra patienter jusqu’en 2076.

Breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2021/11/23/174777/etats-unis-...

UNION EUROPÉENNE

Le Parlement Européen vote en faveur de nouvelles règles pour favoriser l’immigration économique légale

Les députés ont adopté jeudi, par 497 voix pour, 160 contre et 38 abstentions, un rapport d’initiative législative sur la migration économique légale. Dans ce texte, ils soutiennent la création d’un vivier de talents, sur la base du portail EURES existant, pour mettre en relation les demandeurs issus de pays tiers avec des employeurs basés dans l’UE, afin de réduire la pénurie de main d’œuvre dans les États membres.

La Lettre patriote

https://lalettrepatriote.com/le-parlement-europeen-vote-e...

dimanche, 28 novembre 2021

Mnémosyne et Léthé: la culture du souvenir et de l'oubli dans le système occidental

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Mnémosyne et Léthé: la culture du souvenir et de l'oubli dans le système occidental

par Tom Sunic, Ph.D.

Ex: https://www.theoccidentalobserver.net/2021/11/25/mnemosyne-and-lethe-the-culture-of-remembrance-and-oblivion-in-the-western-system/

La culture de la mémoire façonne les fondements politiques de chaque État dans le monde. Lorsqu'on aborde la question de la culture du souvenir en Allemagne, ce qui vient immédiatement à l'esprit est la mémoire collective prescrite par les Alliés pour le peuple allemand, mise en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les racines psychologiques de cette culture du souvenir, instituée après-guerre, et sa signification pour les Allemands, ainsi que pour les autres peuples d'Europe, remontent loin dans leur passé. Pourquoi la culture du souvenir, par opposition à la culture de l'oubli, joue-t-elle un rôle si important en Allemagne, mais aussi, dans une moindre mesure, dans l'ensemble de l'Occident - comme si le véritable cours de l'histoire mondiale devait commencer au lendemain de 1945?

La mémoire et la mémoire collective sont les fondements du processus de formation de l'identité, indépendamment de notre haine ou de notre amour envers nos faiseurs d'opinion ou envers nos politiciens, respectivement, ou, d'ailleurs, indépendamment de l'esprit du temps qui prévaut. Il convient d'abord de clarifier quelques termes et de trier quelques noms de la mythologie et de l'histoire européennes, et de placer ce sujet dans un contexte historique et philosophique plus large. Inévitablement, il faut tenter de sauver quelques poètes et penseurs.

Dans la mythologie grecque antique, Mnémosyne est le nom de la déesse de la mémoire ; elle est le symbole de l'omniscience et de la connaissance totale. Sans Mnémosyne, il n'y a pas de vie humaine, pas de langage, pas de culture, et sans elle, tous les peuples sont condamnés à végéter comme des animaux privés de leur mémoire. Par opposition à la déesse de la mémoire Mnémosyne, la déesse Léthé est représentée comme un fleuve de l'oubli, c'est-à-dire que Léthé est le ruisseau de l'oubli qui coule notoirement dans le monde souterrain. Celui qui ose boire à ce fleuve oublie sa vie antérieure, mais aussi ses soucis et ses Weltschmerzen, dans l'espoir d'atteindre une vie relativement insouciante dans les enfers, ou de rejouer une nouvelle vie sur terre [i] Ces deux déesses sont souvent évoquées par les poètes, et au sens figuré par chacun d'entre nous au quotidien lorsqu'il s'efforce de supprimer ou d'oblitérer des événements passés embarrassants, y compris ceux de nature politique. Parallèlement, nous aspirons à ressusciter nos beaux souvenirs, ou mieux encore, à faire revivre les moments de notre bonheur passé.

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Il existe toutefois des différences entre les mémoires individuelles et collectives. Les mémoires collectives, qui sont généralement administrées lors de journées commémoratives ou de commémorations publiques, ou d'autres événements publics, sont toujours encadrées politiquement - par exemple, les innombrables journées de commémoration collective en l'honneur des victimes du fascisme ou du colonialisme dans les pays de l'ancien bloc communiste de l'Est se sont transformées en spectacles politiques - mais de nature transitoire. Le lendemain, la plupart de ces journées commémoratives ont été collectivement oubliées ou ont suscité un désintérêt général. Par la suite, les citoyens de l'ancienne Allemagne de l'Est ou de l'ancienne Yougoslavie ont plaisanté à huis clos sur ces spectacles communistes et leurs organisateurs. On se souvient des gigantesques manifestations commémoratives organisées dans l'ex-Allemagne de l'Est ou dans l'ex-Yougoslavie en l'honneur des soldats soviétiques ou des partisans communistes tombés pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Bien entendu, les commémorations publiques des victimes du communisme n'étaient pas autorisées ; les victimes anonymes du communisme étaient reléguées dans la culture de l'oubli. Dans la culture officielle du souvenir communiste, il ne pouvait y avoir aucune victime du communisme, étant donné que les termes "victime" et "mémoire" ne s'appliquaient qu'à certains héros communistes. Après la chute du mur de Berlin en 1989, ainsi que dans le sillage de l'effondrement de la Yougoslavie en 1991, les événements commémoratifs communistes ont dû être remodelés et remplacés par de nouveaux mots commémoratifs, les anciens auto-promoteurs communistes devant s'adapter au Zeitgeist libéral. Lors de ces nouveaux événements commémoratifs, l'ancien symbolisme communiste est désormais remplacé par un verbiage et une iconographie libéraux. Peu de choses ont changé, cependant, en ce qui concerne le contenu antifasciste. D'ailleurs, les journées de commémoration collective des victimes du fascisme, et en particulier l'hommage aux victimes de l'Holocauste, constituent le fondement du droit international en Europe occidentale, en Europe orientale et en Amérique.

Se souvenir des vœux pieux

Notre mémoire individuelle, en revanche, surtout si elle évoque des images de rencontres heureuses ou de moments joyeux du passé, fonctionne souvent comme une chimère, par laquelle nous projetons avec nostalgie ces images heureuses du passé dans le présent ou dans un avenir proche, dans l'espoir de les revivre une fois de plus. Tout souhait, cependant, est la conséquence logique d'une mémoire défigurée. On peut rappeler ici les paroles du poète Hölderlin dans son poème "Mnémosyne", dans lequel il exprime sa nostalgie de la renaissance des temps mythiques :

    Et il y a une loi, qui nous dit
    que les choses rampent à la manière des serpents,
    Prophétiquement, rêvant sur les collines du ciel.
    Et il y a beaucoup de choses qui doivent être conservées,
    Comme une charge de bois sur les épaules.
    Mais les chemins sont dangereux.[ii]

A chacun ses propres souvenirs, à chacun des autres aussi son interprétation de ses souvenirs. L'interprétation que je fais de mes souvenirs, de mes rencontres passées, est différente de celle composée par les individus qui ont partagé ces rencontres précédentes. Même les personnes dépourvues d'imagination ont besoin de souvenirs imaginaires, souvent à la limite de la pensée magique qui nie la réalité. Le contraste entre la réalité et les vœux pieux joue toutefois un rôle particulier dans les souvenirs individuels, car les vœux pieux sont souvent à la limite de l'auto-illusion. Pour mieux illustrer le wishful thinking, on pourrait énumérer d'innombrables poètes allemands et surtout des romantiques noirs allemands décrivant leurs souvenirs qui mènent généralement à des catastrophes, des suicides ou des décès.

De grandes déceptions surviennent en particulier avec des souvenirs liés à des opinions politiques. Beaucoup d'entre nous connaissent des collègues qui sont des critiques astucieux du système, mais dont les rêves alternatifs sur l'avenir de l'Europe ou des États-Unis sont basés sur des jugements irréels. Chaque fois que nous faisons référence aux rêves politiques, ce qui nous vient à l'esprit est le symbolisme consigné dans la nouvelle Occurence at the Owl Creek Bridge de l'écrivain américain Ambrose Bierce [iii]. Le personnage principal est un politicien local du Sud qui a été capturé et condamné à mort en pleine guerre de Sécession. Il se balance déjà sur la potence tout en imaginant comment il a habilement échappé au noeud coulant de ses bourreaux yankees, tout en savourant son retour auprès de sa famille dans le temps qui lui est imparti. Le désir de son double qui pourrait échanger sa place était une grande illusion. Il était déjà mort et parti.

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La différence entre la mémoire individuelle et la mémoire collective est flagrante. Nos souvenirs individuels, même s'ils ne sont pas générés par un politicien de pouvoir, peuvent aussi se transformer en cauchemar. Chaque souvenir, qu'il soit individuel ou collectif, risque de se jouer dans une notion subjective d'extension du temps. Se remémorer les moments heureux du passé dévore plus de temps que le temps réel qu'il a fallu pour les vivre. Pire encore, le fait de ruminer les moments heureux peut se transformer en un sentiment de soi déformé qui aspire à une amélioration du monde. À l'inverse, nous avons aussi envie de nous débarrasser de certains de nos mauvais souvenirs, surtout s'ils nous rappellent rétrospectivement notre comportement grotesque passé, nos rencontres maladroites précédentes ou nos anciens modes de vie politiques. Ernst Jünger décrit de manière saisissante le sentiment de temps dépassé qui résulte de la contemplation incessante de nos souvenirs.

La mémoire collective, ou une mémoire imposée par un gouvernement ou un tyran, génère facilement une psychose de masse, comme nous le vivons aujourd'hui avec les réglementations Covid décrétées par l'État. On pourrait d'ailleurs noter une série de commémorations politico-historiques dans l'UE et en Amérique en faveur des migrants non-européens et de leur histoire colonisée. En de telles occasions, les politiciens allemands aiment se poser en modèles d'une nation qui s'est auto-induite dans l'erreur ("Tätervolk") - une nation dont on attend qu'elle accomplisse en public et pour l'éternité les rituels de commémoration au nom des victimes du fascisme. Cette surenchère dans la compulsion allemande à s'acoquiner avec les étrangers est très ancienne, elle trouve ses racines dans la politique de renoncement à soi qui s'étend sur des centaines d'années d'histoire allemande sans État.

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Erwin Stransky (photo, ci-dessus), un penseur et neurologue allemand d'origine juive et très sympathique envers les Allemands, a remarqué peu après la fin de la Première Guerre mondiale, c'est-à-dire bien avant que le lavage de cerveau des Alliés et la rééducation libérale-communiste ne commencent après la Deuxième Guerre mondiale. Il a noté combien les Allemands aiment s'extasier sur les extraterrestres et "qu'il n'est nulle part plus facile qu'en Allemagne d'attirer et de confondre les esprits avec des accroches pseudo-scientifiques ou pseudo-légales habilement "lancées"." [iv] Une telle mémoire défigurée est devenue aujourd'hui la marque de fabrique de tous les peuples occidentaux.

PARTIE II

La culture de l'oubli

Où en est la culture de l'oubli ? L'oubli collectif est souvent encouragé par les politiciens et les médias européens et américains, notamment en ce qui concerne les millions de victimes inconnues du communisme ou les innombrables victimes des bombardements aériens de terreur des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Au fil des décennies, ces victimes n'ont fait l'objet que de notes de bas de page dans les médias occidentaux. Plus grotesque encore est le désir d'oubli de nombreux intellectuels et politiciens de l'establishment américain et européen, qui considèrent comme dépassées leurs anciennes opinions politiques, dont ils étaient les ardents porte-drapeaux il n'y a pas si longtemps. C'est le cas des anciens intellectuels marxistes après l'effondrement de leur mystique marxiste. La majorité d'entre eux sont désormais complètement passés à l'idéologie capitaliste du marché libre.

Le sommeil est un outil efficace pour l'oubli de soi et, surtout, il aide beaucoup à combattre les mauvais souvenirs. Le sommeil sans rêve est le meilleur moyen de se sortir des mauvais souvenirs. Les protagonistes de Shakespeare parlent souvent du sommeil comme de la meilleure méthode de salut, selon laquelle une bonne nuit de sommeil d'un prisonnier politique apporte plus de bonheur que les jours sans sommeil et mémorables d'un tyran. Hamlet, épuisé par la vie, toujours trahi et trompé par sa famille royale, se parle à lui-même :

    Dormir, rêver peut-être, voilà le problème ;
    Car dans ce sommeil de la mort, quels rêves peuvent survenir ?
    Quand nous aurons quitté cette enveloppe mortelle,
    doivent nous faire réfléchir : c'est le respect
    qui fait la calamité d'une si longue vie ;
    Car qui voudrait supporter les fouets et les mépris du temps[v].

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Le puissant souverain, le roi Henri IV, dans un autre drame de Shakespeare, loue encore plus le salut d'un doux sommeil :

    Combien de milliers de mes plus pauvres sujets
    Sont à cette heure endormis ! Ô sommeil, ô doux sommeil,
    Douce nourrice de la nature, comme je t'ai effrayé,
    Pour que tu ne pèses plus mes paupières.
    Et plonger mes sens dans l'oubli ?[vi]

Outre le sommeil, il existe des méthodes plus vivantes pour maîtriser le processus d'oubli et se débarrasser des mauvais souvenirs, ou du moins les garder temporairement sous contrôle. Le remède ancestral est l'alcool, ou mieux encore la drogue qu'est l'opium, qui ralentit l'écoulement du temps et tient en échec les souvenirs embarrassants. Une fois de plus, il faut se référer à Ernst Jünger, qui était non seulement le meilleur observateur de notre fin des temps, mais aussi le meilleur connaisseur allemand de nombreux narcotiques. Jünger était un gentleman raffiné qui s'est beaucoup occupé de la consommation d'"acide" - LSD - afin de mieux contourner les murs acides libéraux-communistes du temps. En outre, Jünger était très ami avec le découvreur du LSD, le Dr Albert Hoffmann (voir photo, ci-dessous). Tous deux ont vécu plus de cent ans. "L'acide, c'est génial !", disaient ses disciples accros à son nom.

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Sous l'influence des stupéfiants, le temps ralentit. La rivière coule plus doucement, les berges s'éloignent. Le temps devient sans limite, il se transforme en mer[vii].

Il faut cependant être prudent avec les voyages sous l'influence des drogues, car il y a toujours un risque d'oublier son destin[viii] L'Ulysse d'Homère a affronté ce danger avec ses marins sur le chemin du retour. Après leur long périple en mer, ils se sont tous retrouvés un jour au pays des mangeurs de lotus, des hommes qui s'adonnaient à la consommation de drogue de lotus, acquérant ainsi la capacité de se débarrasser de leurs souvenirs et de tous les soucis qui les accompagnent. Ulysse a eu beaucoup de mal à faire revenir à bord ses camarades intoxiqués et sans mémoire[ix]. En fait, ces mangeurs de lotus mythiques qu'Ulysse a rencontrés sont une image primitive des citoyens contemporains en Allemagne, dans l'UE et aux États-Unis. Plus besoin pour le Système de fabriquer des martyrs, comme c'était le cas sous le communisme ; le Système sait utiliser des méthodes bien plus élégantes pour imposer la volonté générale par l'oubli de masse forcé.

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En Géorgie, dans le Caucase, où est né le tyran Staline, il existe un sol fertile propice à la culture du cannabis. Au lieu des goulags en Sibérie, Staline aurait pu avoir plus de succès en installant des champs de marijuana dans l'ancienne Union soviétique.

Plus tard, Ulysse se retrouve dans les locaux de la déesse sorcière Circé, dont les pouvoirs ont transformé ses marins échoués en cochons. Ces nouvelles créatures porcines, bien que dotées d'une intelligence humaine, ne se plaignent plus de leur nouvelle vie. Bien au contraire. Le processus d'oubli peut être bénéfique[x]. Dans un tel environnement propice à l'oubli, la célèbre phrase de Nietzsche semble bien dépassée : "Heureux les oublieux, car ils se remettent aussi de leurs bêtises". Se souvenir d'une vie antérieure sur Terre peut être un enfer pour beaucoup de gens. Le Système, avec ses récits d'amélioration du monde, utilise maintenant des méthodes homériques de la transformation en porcs pour abrutir les masses, promettant la naissance du La La Land, mais la reportant encore et encore jusqu'à un avenir indéfini où tout le mal aura été expurgé. En outre, le Système emploie des techniques raffinées pour garder ses citoyens sous contrôle, soit par l'oubli forcé, soit par la mémorisation sélective.

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Et ce n'est pas nouveau dans l'histoire. La Damnatio memoriae ou damnation de la mémoire était un procédé courant dans la Rome antique contre les politiciens méprisables, bien que décédés. Rares sont ceux qui ont le courage de s'attaquer aux tyrans vivants. Le même procédé consistant à maudire la mémoire des hérétiques ou des dissidents modernes continue de faire rage en force dans l'Allemagne, aux États-Unis et dans l'UE modernes. Ce qui est nouveau, cependant, c'est la montée de l'autocensure et de l'autosurveillance de la grande majorité des politiciens, mais aussi de la majorité des universitaires de l'establishment. La censure a toujours fait partie de l'oubli collectif imposé par l'État, puisqu'elle existe depuis l'Antiquité. Dans l'Occident contemporain, cependant, l'autocensure est synonyme de renoncement à soi, c'est-à-dire que même les personnes intelligentes décident, à un moment donné de leur carrière, de renoncer à leur propre personne. Le poète et médecin allemand Gottfried Benn, ainsi que de nombreux autres penseurs européens qui ont réussi à survivre aux bombardements de terreur et aux purges des Alliés pendant et après la Seconde Guerre mondiale, a écrit dans son poème Le moi perdu l'image d'un individu perdu dans le temps et l'espace, sans direction ni valeurs.

    Perdu I - explosé par les stratosphères,
    victime d'un ion - : agneau à rayons gamma - : particule et champ - : chimères et autres choses
    particule et champ - : chimères et infini
    sur ta grande pierre de Notre Dame.[xi]

Autocensure et autodénigrement

Il convient de rappeler le philologue et universitaire allemand très apprécié, le professeur Harald Weinrich, qui est souvent cité par les médias amis du système et qui a écrit un bon livre sur la culture de l'oubli et du souvenir dans la littérature européenne. Comme d'innombrables universitaires de l'establishment, il est cependant mandaté pour accomplir de temps en temps des rites expiatoires. C'est ce qui frappe l'œil au chapitre IX de son livre Lethe : The Art and Critique of Forgetting, où il s'exprime sur le souvenir perpétuel d'Auschwitz. "L'oubli n'est plus autorisé ici. Il ne peut pas y avoir d'art de l'oubli ici non plus et il ne devrait pas y en avoir." [xii] Dans ses remarques destinées aux médias, il poursuit ses déclarations de vertu : "Je ne peux donc que souscrire de tout cœur à l'interdiction absolue d'oublier le génocide"[xiii].

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De telles confessions de culpabilité à la Canossa font aujourd'hui partie du folklore politique en Allemagne. Pas un mot de Weinrich et d'autres compagnons de route antifa sur l'oubli forcé imposé par le Système à l'égard de millions d'Allemands, de Croates et d'autres Européens de l'Est pourchassés après la marche victorieuse des Alliés en 1945. Weinrich et nombre de ses semblables, avec leur religion du souvenir nouvellement acquise, correspondent à l'archétype hyper-moraliste de Nietzsche, "où cet homme de mauvaise conscience s'est emparé d'un présupposé religieux pour donner à son autotorture sa dureté et son acuité les plus horribles"[xiv] Weinrich n'est qu'un minuscule exemple de la majorité des universitaires boucs émissaires de l'UE qui rivalisent pour une visibilité médiatico-universitaire clinquante par leur auto-flagellation et leur reniement de soi. Il y a longtemps, l'allégorie de cette auto-démasculation spirituelle allemande a été décrite par le poète et peintre allemand Wilhelm Busch dans son histoire sarcastique sur Saint Antoine. L'éternel repenti saint Antoine, grand ami des animaux, décide de se fiancer à un cochon, sans doute pour mieux assurer son ascension transgenre zoophile au paradis pour l'éternité :

Bienvenue ! Entrez en paix !
Ici, aucun ami n'est séparé de son ami. Pas mal de
quelques moutons entrent,
pourquoi pas un bon cochon aussi ! [xv]

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Plusieurs auteurs ont écrit des articles critiques sur la conscience historique déformée et le processus de mémoire sélective des Blancs. Il semble que plus on parle aujourd'hui de la nécessité de se souvenir des victimes du fascisme, plus ces souvenirs antifascistes régurgités deviennent des objets d'incrédulité et de ridicule de masse. Pendant ce temps, la mémoire des millions de victimes du communisme est reléguée dans le royaume de l'oubli. Se souvenir du sort des civils allemands expulsés et tués après la Seconde Guerre mondiale ne présente progressivement plus qu'un intérêt archivistique et antiquaire, et ce de manière sporadique. Les médias allemands, américains et européens, y compris les historiens et les politiciens de l'establishment, lorsqu'ils évoquent les champs de la mort communistes, font très attention à ne jamais éclipser le souvenir du nombre de victimes de l'Holocauste. Par exemple, la catastrophe croate de l'après-guerre avec ses centaines de milliers de morts, connue chez les Croates à l'esprit nationaliste sous le nom de "tragédie de Bleiburg", n'est pratiquement jamais mentionnée comme faisant partie de la mémoire collective occidentale[xvi].

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En Belgique, également, les innombrables victimes des bombardements anglo-saxons ne sont quasi jamais commémorées, dont les 936 victimes innocentes de Mortsel (dont de nombreux enfants) et le bombardement sauvage d'Ixelles-Etterbeek... L'historien Pieter Serrien a consacré à la tragédie de Mortsel un ouvrage poignant et très documenté, rendant hommage à presque toutes les victimes de ce crime atroce commis par l'Empire du Bien. Honte à la vermine politique qui n'y songe jamais...

En revanche, la surenchère dans les mémoires antifasciste, juive et anticoloniale, où le proverbial "mauvais Allemand" figure toujours sur le devant de la scène, joue un rôle central dans le droit international. Les mémoires anticommunistes sporadiques, qui correspondent un peu aux festivités commémoratives parrainées par le Système, sont reléguées au rang d'événements semi-mythologiques et folkloriques que l'on peut observer de temps à autre dans l'Europe de l'Est d'aujourd'hui.

Tout comme il existe des différences entre les vivants, il doit y avoir des différences entre les morts. La question se pose de savoir si le Système et ses ramifications post-communistes et libérales en Allemagne, dans l'UE et aux Etats-Unis peuvent survivre sans appeler à la rescousse les souvenirs des "bêtes fascistes" ? Sans évoquer des démons domestiques tels que Ante Pavelic, Francisco Franco, Vidkun Quisling, etc. Et sans évoquer sans cesse Adolf Hitler, le démon cosmique intemporel ? La culture du souvenir aux heures de grande écoute d'aujourd'hui, c'est-à-dire le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, s'est transformée depuis longtemps en un psychodrame religieux qui va bien au-delà du souvenir historique. En outre, de nombreux peuples non-européens se battent aujourd'hui avec passion pour leur propre piédestal de victime afin de le mettre en avant comme étant le seul digne d'être rappelé au monde. Nous pouvons ici nous référer à la citation d'A. de Benoist :

L'outil favori de la surenchère victimaire est le "devoir de mémoire". La mémoire s'inscrit sur un fond d'oubli, car on ne peut se souvenir qu'en sélectionnant ce qui ne doit pas être oublié. (Une telle tâche n'aurait aucun sens si l'on devait se souvenir de tout). La mémoire est donc hautement sélective. ... L'un des points forts du "devoir de mémoire" est l'imprescriptibilité du "crime contre l'humanité" - une notion également dépourvue de sens. Strictement parlant, seul un extraterrestre pourrait commettre un crime contre l'humanité (d'ailleurs, les auteurs de tels crimes sont généralement représentés au sens métaphorique comme des "extraterrestres"). - et en totale contradiction avec la tradition culturelle européenne qui, en accordant l'amnistie, offre la forme judiciaire de l'oubli. [xvii]

Il faut rappeler ici les propos critiques de Nietzsche, lorsqu'il écrit sur la surenchère de nos mémoires " monumentales " et " antiquaires " : "La surabondance de l'histoire d'une époque me semble hostile et dangereuse pour la vie...."[xviii] L'avertissement de Nietzsche s'applique toutefois aujourd'hui à tous les peuples européens et à leurs victimologies respectives, qu'elles soient de nature antiquaire ou monumentale. Jusqu'à quel point les Européens, et surtout le peuple allemand, doivent-ils étirer leur mémoire historique ? Jusqu'au massacre des Saxons à Verden en 782, jusqu'aux millions de morts de la guerre de Trente Ans, ou jusqu'aux millions d'Allemands de souche et d'Européens de l'Est tués au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? Le débat sur les mémoires opposées devient aujourd'hui inutile. Avec ou sans leurs morts oubliés et ressuscités, l'ensemble du système germano-euro-américain ressemble à une grande librairie d'antiquités multiculturelle et dépassée où de faux apprentis sorciers continuent à donner des conférences sur les mémoires sélectives et fausses.

NOTES :

[i] T. Sunic, Titans are in Town(A Novella andAccompanying Essays), préface de Kevin MacDonald (Londres, Budapest : Arktos, 2017).

[ii] Poèmes de Friedrich Hölderlin, choisis et traduits par James Mitchell ; bilingue, en allemand et en anglais (San Francisco : Ithuriel's Spear, 2007), p. 95.

[iii] Ambrose Bierce, An Occurrence at Owl Creek Bridge and other stories -Ein Vorfall an der Eulenfluß-Brücke und andere Erzählungen) (édité par Angela Uthe-Spencker), (München : Deutscher Taschenbuch-Verlag, bilingue 1980).

[iv] Erwin Stransky, Der Deutschenhass (Wien und Leipzig : F. Deuticke Verlag, 1919), p. 71.

[v] William Shakespeare, Hamlet (Acte III, Sc 1) (Philadelphie : J.B. Lippincott & Co., 1877) p. 210-211.

[vi] Écrits dramatiques de Shakespeare, Henri IV, 2e partie, Acte III, Sc. I, Londres : ed. John BellBritish Library, 1788), p.60.

[vii]Ernst Jünger, Annäherungen : Drogen und Rausch (München : DTV Klett-Cotta, 1990), p. 37.

[viii] Cf. Tomislav Sunic, "Rechter Rausch ; Drogen und Demokratie", Neue Ordnung (Graz, IV/2003).

[ix] The Oddyssey of HomeBook IX, avec des notes explicatives de T.A. Buckley, (Londres : George Bell and Sons, 1891). p. 118.

[x] Ibid, livre X, p. 137-146. Harald Weinrich, Lethe-Kunst und Kritik des Vergessens, (München : Verlag C.H Beck, 1997), p. 230.

[xi] Gottfried Benn, "Das verlorene Ich", Statische Gedichte (Hambourg : Luchterhand Ver., 1991), p. 48. Également traduit en anglais par Mark W. Roche : https://mroche.nd.edu/assets/286548/roche_benn_verlorenes_ich_english.pdf.

[xii] Harald Weinrich, Lethe-Kunst und Kritik des Vergessens (München : Verlag C.H Beck, 1997), p. 230.

Cf. Lethe, The Art and Critique of Forgetting (Cornell University Press, 2004).

[xiii] H. Weinrich, émission " Bayerischer Rundfunk " du 4 avril 1999.

https://www.br.de/fernsehen/ard-alpha/sendungen/alpha-forum/harald-weinrich-gespraech100~attachment.pdf ?

[xiv) Friedrich Nietzsche, De la généalogie de la morale, Deuxième essai, Section 22. Traduit par Carol Diethe (Cambridge University Press, 2007), p. 63.

[xv] Voir le texte allemand complet, Wilhelm Busch, Der Heilige Antonius von Padua, (Straßburg ; Verlag von Moritz Schauenburg, sans date), p. 72. Egalement parties en anglais : https://second.wiki/wiki/der_heilige_antonius_von_padua#:~:text=Saint%20Anthony%20of%20Padua%20is,anti%2Dclerical%20attitude%20Wilhelm%20Buschs.

[xvi] Cf. T. Sunic, "Es leben meine Toten ! - Die Antifa-Dämonologie und die kroatische Opferlehre ".Neue Ordnung (Graz, I/2015).

[xvii] Alain de Benoist, Les Démons du Bien, Paris, éd. P. Guillaume de Roux, 2013, p. 34-35.

[xviii] F. Nietzsche, De l'avantage et du désavantage de l'histoire pour la vie, section 5, trad. par P. Preuss (Indianapolis : Hackett Publishing Co., 1980), p. 28.

Pologne contre Russie: qui va unir les forces conservatrices en Europe?

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Pologne contre Russie: qui va unir les forces conservatrices en Europe?

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/historico-de-noticias/35989-2021-11-24-11-28-27

Institut RUSSTRAT. Le président du parti polonais au pouvoir, le parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, a invité des représentants des partis conservateurs et de droite, dont les membres siègent au Parlement européen, à se rendre à Varsovie début décembre. Parmi eux figurent le leader du parti espagnol "Vox" Santiago Abascal, le Premier ministre hongrois et chef du parti Fidesz Viktor Orban, la présidente du parti italien "Frères d'Italie" Georgia Meloni et le chef du parti italien "Ligue" Matteo Salvini.

Le thème principal du sommet sera les tendances qui prévalent actuellement dans l'Union européenne et qui façonneront son avenir. Comme Kaczynski l'a déclaré précédemment, lui et ses partisans ne veulent pas d'une "révolution morale et d'une restriction des libertés". Selon lui, l'UE a "une structure et des objectifs peu clairs", et ses organes "réinterprètent trop souvent le contenu des traités de l'Union signés". C'est pourquoi les politiciens de droite et conservateurs souhaitent une "réforme profonde de l'UE" et un retour aux idées qui, selon lui, disparaissent conjointement "avec la souveraineté des États".

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Mais ce n'est qu'une facette de l'idéologie du président du parti au pouvoir en Pologne. Il y en a une autre. Il en a parlé le 10 novembre à Varsovie et à Cracovie le 11 novembre, jour de l'indépendance de la Pologne. Au départ, Kaczynski a déclaré que la Pologne était attaquée par l'est et l'ouest. L'attaque de l'est est, selon lui, une crise humanitaire à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, causée par le "dictateur bélarussien Alexandre Loukachenko". Quelle était l'attaque de l'Ouest ? Il ne l'a pas dit.

Mais il a fait des allusions. "Quel est le dénominateur commun de tout ce qui se passe ? - a demandé Kaczynski. Bien que les intentions soient différentes et que les centres qui provoquent ces conflits soient différents, le fait est que beaucoup, des deux côtés de l'Europe, ne veulent pas accepter notre propre subjectivité (identité), les perspectives de notre développement, la croissance de notre force, la croissance de notre détermination, la détermination d'être une nation qui est non seulement indépendante, libre, mais aussi forte et qui joue un rôle important. Parce que seule une telle Pologne peut survivre.

Il est revenu sur cette thèse à Cracovie : "Nous avons un gros problème en Occident. Tout cela est bien connu : nous parlons de la reconnaissance de notre identité, de la décision du Tribunal constitutionnel polonais (sur la priorité du droit polonais sur le droit européen), de notre droit d'organiser nos propres affaires en Pologne..... Il ne dépend que de nous de savoir si nous pouvons le faire.

Comme le soulignent certaines publications polonaises, le directeur du PiS a prononcé son discours dans un lieu significatif : la société Sokol de Cracovie, qui a joué un grand rôle "libérateur" lors des divisions du Commonwealth polonais au XIXe siècle et était associée à l'Endek (les démocrates romains-nationaux, c'est-à-dire 'nationaux-catholiques' de Dmowski). Mais l'historien polonais Adam Leszczynski voit dans le discours de Kaczynski des échos de "la doctrine diplomatique d'avant-guerre du régime Sanation, le principe de "distance égale" entre l'Allemagne et l'URSS".

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Leszczynski rappelle qu'après la mort du maréchal Jozef Pilsudski en 1935, les élites dirigeantes de la république polonaise autoritaire ont adhéré au principe selon lequel la Pologne a deux "ennemis mortels : la Russie stalinienne et l'Allemagne nazie, avec lesquels il faut, si possible, entretenir des relations pacifiques, mais pas d'alliances". Cependant, "depuis janvier 1939, lorsque l'Allemagne a fait des revendications territoriales sur la Pologne, espérant qu'elle rejoindrait également l'alliance contre l'URSS, il est devenu impossible de maintenir un équilibre entre la Russie soviétique et l'Allemagne".

Ainsi, la doctrine Kaczynski a au moins une dimension extrêmement dangereuse. Elle crée les conditions et les prérequis pour revenir aux réalités d'une Europe divisée d'avant-guerre et provoquer un nouveau conflit mondial, qui pourrait se transformer en une troisième guerre mondiale. Les alliés du droit et de la justice sont-ils préparés à cela? Nous ne le pensons pas. Salvini, par exemple, ne demande qu'à Varsovie et Rome de créer un "nouvel équilibre" dans l'UE après des années de "domination de l'axe franco-allemand". Nous pensons que les autres forces conservatrices et de droite européennes ne sont pas intéressées par l'augmentation des tensions.

Cependant, l'expérience de la Première Guerre mondiale montre qu'il suffit d'un seul tir d'une seule personne pour déclencher un terrible incendie. C'est pourquoi une alternative à la doctrine Kaczynski est si importante. Moscou l'offre. Ce n'est pas une coïncidence si la plupart des publications polonaises ont attiré l'attention sur le discours du président russe Vladimir Poutine lors de la réunion du club Valdai. Leur attention a été attirée par les mots suivants du chef d'État russe.

"Aujourd'hui, alors que le monde connaît un effondrement structurel, l'importance d'un conservatisme raisonnable en tant que base du cours politique s'est multipliée, précisément en raison de la multiplication des risques et des dangers, de la fragilité de la réalité qui nous entoure", a déclaré M. Poutine. L'approche conservatrice n'est pas une tutelle irréfléchie, ni une peur du changement, ni un jeu de rétention, encore moins un enfermement dans sa coquille. Il s'agit, avant tout, de la confiance dans une tradition éprouvée, de la préservation et de la croissance de la population, du réalisme dans l'évaluation de soi et des autres, de l'alignement précis d'un système de priorités, de la corrélation entre ce qui est nécessaire et possible, de la formulation prudente des objectifs, du rejet fondamental de l'extrémisme comme méthode d'action".

Selon les experts polonais, le président russe a dit exactement ce que les opposants conservateurs à l'idéologie libérale actuellement dominante voulaient entendre aux États-Unis et dans l'UE. Le fait que son discours ait été remarqué et lu "peut être vu dans les déclarations des politiciens occidentaux qui le jettent dans un sac avec le nom de 'populisme de droite'", note-t-on en Pologne. Et encore : "Poutine attire les dirigeants politiques avec son idéologie, les incite à faire des affaires avec lui, après quoi ils font pression sur les électeurs de leurs pays pour qu'ils défendent ces vues".

C'est ce que craint le chef du parti au pouvoir en Pologne. Après tout, le succès du "conservatisme raisonnable" russe enterrera à jamais les tentatives de Kaczynski de mener lui-même un quelconque projet d'intégration de la droite européenne. Il continuera donc à gonfler le mythe de la Pologne, soi-disant menacée simultanément par l'Est et l'Ouest, afin d'empêcher l'unification des forces conservatrices saines en Russie et dans l'UE.

"Le pouvoir des idées de l'unité russo-biélorusse"

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Le pouvoir des idées et l'unité russo-biélorusse

Daria Platonova

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/ideya-sila-rossiysko-belorusskogo-edinstva

En appliquant la doctrine géopolitique de Carl Schmitt, le processus de rapprochement Russie-Biélorussie que nous pouvons observer aujourd'hui, bien qu'à très faible vitesse, est la création d'un "Grand espace" (Großraum) - une alliance volontaire de plusieurs pays s'efforçant d'affirmer collectivement leur souveraineté. L'union des Etats en un seul bloc devient une "idée-puissance" (concept de G. Sorel).

Le 16 septembre, les manœuvres stratégiques des forces armées de Russie et de Biélorussie, baptisées "Ouest-2021" (Zapad-2021), se sont achevées avec la participation d'environ 200.000 militaires de Russie, de Biélorussie, ainsi que d'Inde, du Kazakhstan, de Kirghizie et de Mongolie. Un article du chroniqueur de la rubrique National Security, Mark Episcopos, publié dans la revue néoconservatrice américaine The National Interest, note que l'exercice démontre l'approfondissement des liens militaires entre la Russie et le Belarus. "Cela intervient à un moment où le président Lukashenko, qui se trouve dans une position difficile, subit une pression accrue des sanctions", note Episcopos.

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Dans un autre article, des observateurs de la société privée américaine de renseignement et d'analyse Stratfor (également appelée la "CIA de l'ombre") soulignent que les exercices confirment l'évolution de l'équilibre géopolitique du Belarus en faveur de la Russie ("l'exercice militaire West-2021 souligne la dépendance croissante du Belarus vis-à-vis de la Russie pour contenir l'opposition interne et les actions occidentales", et "pour la Russie, les exercices montrent son engagement à protéger le Belarus").

La plupart des analyses du partenariat russo-biélorusse, que l'on peut trouver dans le segment des médias russophones, se concentrent sur les relations économiques entre les deux pays : discussion sur la création de marchés communs du pétrole et de l'électricité, volumes des prêts russes, maintien des prix du gaz russe au niveau de l'année en cours, unification de la législation du travail et des principes de collecte des impôts indirects. Les libéraux, bien sûr, mettent en avant la "nature dictatoriale" du régime autoritaire de Loukachenko de toutes les manières possibles, et reprochent directement ou indirectement à Moscou son soutien.

Mais la plupart des commentateurs négligent le niveau et la signification sous-jacents des processus d'intégration des États alliés, ce qui est immédiatement remarqué par les publications occidentales dans leur analyse. Et ce n'est pas un hasard, car la géopolitique s'est formée dans le monde anglo-saxon (principalement aux États-Unis), et reste la principale discipline pour l'analyse des relations de politique étrangère.

En appliquant la doctrine géopolitique de Carl Schmitt, le processus de rapprochement entre la Russie et le Belarus que nous pouvons observer, bien qu'à très faible vitesse, est la création d'un "Grand espace" (Großraum) - une alliance volontaire d'un certain nombre de pays cherchant à affirmer collectivement leur souveraineté. L'"idée-puissance" (concept de G. Sorel) unit les États concernés en un seul bloc.  Dans le cas de la Russie et du Belarus, la question se pose de savoir quelle idéologie peut générer cette idée-puissance, ce qui peut lier les pays ensemble, alors qu'ils sont jusqu'ici divisés? Qu'est-ce qui, en dehors des intérêts économiques et des marchés communs, peut assurer l'unité civilisationnelle ? 

Le "pouvoir des idées" devrait se situer au-dessus du plan économique, car il ne s'agit pas d'une question de coopération situationnelle.  Le grand espace garantit une alliance durable des entités constitutives. En termes géopolitiques, la Russie et la Biélorussie visent cette alliance, en rétablissant la logique continentale en opposition à l'expansion de l'hégémonie des puissances atlantiques. Mais quelle idée-puissance se cachera derrière ce bloc géopolitique stratégique ? S'il n'y a pas de pouvoir des idées, tout peut s'écrouler, tout comme le Grand Espace de l'URSS s'est effondré lorsqu'il a perdu son "pouvoir des idées".

Les Velikorosses et les Biélorusses sont les branches d'un arbre dont la racine commune est l'ethnicité slave orientale. Il ne faut pas oublier que la troisième branche est constituée par les Ukrainiens ; l'idée même d'unir les Slaves orientaux dans un seul Grand Espace est déjà assez forte et approfondie. Mais nous pouvons constater que les Ukrainiens, du moins aujourd'hui, sortent de cette logique. Et tout n'est pas si simple avec les Biélorusses. Contrairement à Kiev, Minsk a une attitude positive à l'égard de Moscou, mais plus modérément que les Ukrainiens, les Biélorusses veulent toujours préserver, renforcer et défendre leur identité. Si nous l'oublions, nous versons de l'eau au moulin des nationalistes bélarussiens, qui sont depuis longtemps devenus les outils de l'Occident et qui agissent aujourd'hui au Bélarus, avec les libéraux droits-de-l'hommistes, comme la principale force torpillant l'État d'union. Par conséquent, l'alliance russo-biélorusse doit être construite en tenant compte des particularités de l'identité biélorusse. Ensuite, l'intégration se fera.

L'ennemi commun face à l'Occident, qui impose des sanctions à la Russie et au Belarus, est également un argument important. Mais cette stratégie de résistance deviendra forte lorsque l'idée géopolitique de la civilisation continentale, confrontée à la civilisation maritime, prendra des contours plus nets en Russie même. C'est là que réside le problème. S'unir à la Biélorussie en tant qu'idée de la Russie elle-même exige une nouvelle esquisse, claire et imposante, de l'idée russe. Elle deviendra alors une unification des peuples et des idées, et l'intégration y gagnera en force et en dimension historique.

 

vendredi, 26 novembre 2021

Comment fonctionne la diplomatie africaine d'Israël

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Comment fonctionne la diplomatie africaine d'Israël

Marco Valle

Source : https://it.insideover.com/guerra/come-funziona-la-diplomazia-africana-di-israele.html?fbclid=IwAR0zZXykgsxgEyyyulrjC13Ez9kT-3cQ8ONXQFPRlLjAvMOSAat0l_bLlUY

Pour Israël, l'Afrique est une vieille passion. Dès 1957, Jérusalem ouvre sa première ambassade dans le Ghana nouvellement indépendant ; en 1962, Félix Houphouet-Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire et pilier de France Afrique, s'envole vers la terre de David où il noue une solide alliance avec Ben Gourion et Golda Meir, la brillante architecte de la politique étrangère israélienne. Dans les années qui suivent, elle noue des relations fructueuses avec le président kenyan Jomo Kenyatta, avec le Sénégal de Léopold Senghor, l'Éthiopie d'Haïlé Sélassié et le Congo de Mobutu. Une stratégie gagnante et, bien que s'inscrivant dans le contexte de la guerre froide, suffisamment autonome par rapport aux politiques américaines et éloignée (sinon parfois opposée) aux intérêts anglo-français.

La guerre de 1973 marque un recul dans les relations afro-israéliennes. Sous la pression de l'Arabie saoudite et de l'Organisation de l'unité africaine, les pays subsahariens (à l'exception de l'Afrique du Sud de l'apartheid) ont été contraints de rompre leurs relations (du moins formellement). Le fossé a commencé à se refermer avec les accords de Camp David de 1979 entre l'Égypte et Israël, puis les accords de paix d'Oslo signés en 1993 par Rabin et Arafat. À la lumière de ces événements, de plus en plus de capitales africaines (à commencer par Abidjan, Kinshasa et Yaoundé) ont commencé à normaliser leurs relations avec Jérusalem. Au cours de la dernière décennie, ce processus a été accéléré par l'activisme panafricain de Benjamin Netanyahu. Au cours de son long mandat (2009-2020), l'ancien Premier ministre s'est rendu à plusieurs reprises sur le continent, établissant des relations diplomatiques avec 39 des 54 pays africains. Il y a actuellement 13 ambassades israéliennes en Afrique : Kenya, Éthiopie, Angola, Afrique du Sud, Cameroun, Côte d'Ivoire, Égypte, Érythrée, Ghana, Nigeria, Rwanda, Sénégal et Sud-Soudan (le Soudan et l'Ouganda devraient bientôt s'ajouter à la liste, si les troubles internes le permettent). À son tour, le Maroc, après l'accord de décembre 2020, se prépare à établir des relations diplomatiques "complètes" d'ici 2022.

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Le théâtre privilégié de l'expansion israélienne est la Corne de l'Afrique. Pas par hasard. Pour l'État juif, il est fondamental - compte tenu du caractère invasif de l'Iran en mer Rouge et dans l'océan Indien - de préserver la sécurité de la route maritime entre le détroit de Bab el Mandeb et Eilat et Suez. D'où son soutien discret mais substantiel à l'Éthiopie, à l'Érythrée et au Kenya et son intérêt marqué pour le Soudan. Les Israéliens sont également bien présents dans le quadrant ouest-africain (Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Nigeria, Cameroun) ainsi qu'au Rwanda et en Afrique du Sud, avec de nombreuses entreprises actives dans l'agriculture, dans le domaine de l'énergie (l'énergie solaire en particulier), dans le secteur des technologies avancées et dans le commerce des pierres précieuses, principalement des diamants.

En plus des activités commerciales normales, il y a aussi le secteur militaire. Un réseau d'hommes d'affaires, de consultants de toutes sortes et d'entreprises a travaillé avec une détermination tranquille. Leurs noms ? Gaby Peretz, Didier Sabag, Orland Barak, Hubert Haddad, Eran Romano ou Igal Cohen, tous bien introduits dans les palais présidentiels africains et évidemment liés aux forces armées et aux services israéliens. Comme le confirme la participation toujours plus importante des entreprises à l'exposition Shield Africa d'Abidjan, Jérusalem offre aux différents pays du continent toutes sortes d'armes, des armes légères aux missiles et navires sophistiqués, mais surtout du renseignement, de l'écoute, de la cybersécurité et des blitz numériques. Les guerres du futur.

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Ce secteur est dominé par Nso, fondé par Shalev Hulio, producteur des redoutables systèmes Pegasus et Verint, puis il y a le groupe Mer et le système Elibit, Sapne Ltd et (peut-être sous des pavillons de complaisance) une myriade de petites entreprises. Le personnel est composé de vétérans de l'Unité 8200, l'équivalent de l'Agence nationale de sécurité américaine, tels que Yair Coehen, ancien commandant de l'unité qui est maintenant à la tête d'Elibit System, ou Aharon Zeevi Farkas, également ancien chef de l'Unité 8200. Une activité extrêmement rentable, mais pas seulement. Les seniors du 8200 - une véritable usine de millionnaires de la haute technologie - sont présents en force, surtout en Côte d'Ivoire, en tant que consultants du ministère de la Défense : en plus d'assurer la sécurité interne de la république africaine, les "grandes oreilles" contrôlent, grâce à un accord officieux entre les gouvernements, également l'importante communauté libanaise, avec une attention particulière pour les sympathisants du Hezbollah, l'ennemi juré d'Israël. Les cyber-guerriers ne se retirent jamais....

 L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel

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L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel

Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/11/la-caida-de-la-cadena-logistica-en-el.html?fbclid=IwAR0wcPTyIZm-9icZFkLh5tLNt3s481nJ31fn0ksPJvLaDB7fTIrNgO5w3Rs#.YZ0NcbrjKUl

Les besoins en logistique, communication et transport de matières premières suite aux invasions américaines après les attentats du 11 septembre 2001 et la nécessité d'un contrôle stratégique de l'Asie centrale ont incité la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, à annoncer la mise en oeuvre de l'initiative de la nouvelle route de la soie en 2011.  Le projet bénéficierait du soutien et de la complicité de l'Inde, le grand rival stratégique de la Chine (et du Pakistan) dans la région.

Les aventures bellicistes délirantes des néocons avec les invasions de l'Irak et de l'Afghanistan et les activités de guerre constantes au Moyen-Orient et au Proche-Orient - qui se sont soldées par le plus retentissant des échecs - ont permis le redressement de la Russie et la montée en puissance de la Chine sur le plan géopolitique mondial.  Les États-Unis, qui avaient gagné la guerre froide et étaient devenus la seule et unique puissance mondiale hégémonique, ont perdu le pouvoir par leur propre incompétence et ont permis à ces deux puissances de devenir des acteurs majeurs et - dans le cas de la Chine - de contester leur hégémonie mondiale.

Deux ans plus tard, en 2013, XI Jinping a annoncé la création de la route de la soie terrestre chinoise au Kazakhstan, l'un des pays clés dans la construction de cette route. En octobre de la même année, Xi Jinping a annoncé la nécessité de créer, parallèlement à la précédente, une route de la soie maritime. Avec la route de la soie, la création de la plus grande route au monde pour le transport d'énergie dérivée d'hydrocarbures et de minéraux stratégiques a été annoncée. Une autre fonction importante de la route de la soie était d'être une voie de transport de marchandises, y compris une branche ferroviaire qui traverse toute l'Eurasie jusqu'à Madrid.

La chaîne logistique s'effondre

La pandémie de COVID-19 a eu un impact majeur sur la consommation et le commerce mondiaux. Pendant des mois, des milliers de personnes dans le monde sont restées chez elles, tandis que les voyages, les points de vente, les hôtels et les vols restaient fermés. Cela a eu une double conséquence : des économies ont été réalisées et il y avait moins d'offres sur lesquelles dépenser de l'argent, la demande d'articles ménagers a explosé. La somme de ces facteurs a conduit à un phénomène difficile à prévoir : l'effondrement de la chaîne logistique mondiale. Les épidémies de COVID dans le port de Los Angeles qui ont paralysé le déchargement et la libération des conteneurs en janvier dernier dans ce port nord-américain ou les grandes manifestations de dockers dans le port sud-coréen de Busan, un port crucial pour le trafic de marchandises entre l'Extrême-Orient et l'Europe, ont contribué à entraver le retour à la normale de la chaîne logistique mondiale.

Les médias préviennent déjà que cette année, les étagères seront moins remplies de jouets chinois et que les marchandises qui ne sont pas arrivées n'arriveront pas.  Les taux de fret entre la Chine et les ports européens sont restés stables, autour de 1500 dollars, dans les années qui ont précédé le COVID, lorsque le commerce mondial a atteint des niveaux record. Depuis septembre, les taux de fret ont grimpé en flèche pour atteindre des niveaux de 13.000 $, et si les taux pour novembre ont légèrement baissé, des hausses de prix sont déjà annoncées pour les taux de fret de décembre et janvier. Ce qui est plus grave, c'est que même à ces prix, il n'y a pas de conteneurs disponibles pour transporter des marchandises de la Chine vers l'Europe occidentale.

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Alors que plusieurs compagnies maritimes de taille moyenne s'étaient établies sur le marché dans les années précédant immédiatement le COVID, l'interruption des échanges pendant près d'un an a entraîné la disparition de nombre d'entre elles. Dans la situation actuelle, nous sommes confrontés à un oligopole où les grandes entreprises contrôlent totalement la logistique maritime : MSC (italien), Maersk (danois), CMA-CGM (français), Evergreen (taïwanais) et COSCO (chinois).  Ces entreprises ont pris la décision de mettre en œuvre leurs bénéfices en augmentant les taux de fret, au lieu de poursuivre la dynamique antérieure de construction d'énormes porte-conteneurs, où chaque année un nouveau record de tonnage était battu.  En fait, nous constatons qu'aujourd'hui encore, MSC et Maersk partagent les mêmes navires.

Aurelio Martinez, directeur du port de Valence, a déclaré que les taux de fret commenceraient à baisser à la mi-2022. Il est difficile de prévoir l'évolution des prochains mois et d'indiquer des dates concrètes pour le retour à la normale de la disponibilité des conteneurs.  Presque tous les experts affirment que le niveau actuel des prix sera maintenu jusqu'en septembre prochain, et qu'une baisse est prévisible après cette date.

La situation actuelle de pénurie et de fret onéreux, ainsi que la hausse des prix des produits fabriqués en Chine - due à l'augmentation des hydrocarbures et au contexte inflationniste généralisé - ont conduit de nombreux importateurs européens à envisager la possibilité de rechercher des fournisseurs sur des marchés plus proches (Europe de l'Est, Russie, Asie centrale), voire de délocaliser la production industrielle. Il convient de noter qu'il est peu probable que la Chine laisse ce déplacement du marché mondial se produire ; la nature de son régime, dans lequel la politique prime sur l'économie et les intérêts du parti communiste (compris comme un intérêt collectif) sur les intérêts commerciaux (compris comme individuel) lui donne les outils nécessaires pour renverser la situation, notamment en forçant sa grande compagnie maritime COSCO à baisser ses taux de fret. Il sera intéressant de voir comment le gouvernement de Pékin agira si la situation s'aggrave et s'il existe une possibilité que la Chine perde son leadership dans l'économie mondiale. Lors de la réunion du G-20 de cette semaine, M. Biden s'est engagé à faire pression pour une réponse à la perturbation de la chaîne d'approvisionnement, visant à agir sur les prix des carburants et à débloquer les goulets d'étranglement de la production et de la logistique tant aux États-Unis que dans les pays d'influence. Le contrôle des routes maritimes par l'administration américaine est l'un de ses plus grands atouts, mais l'inexistence d'une compagnie maritime américaine, ce qui est inexplicable pour une puissance navale-commerciale comme les États-Unis, est un défaut majeur à son encontre.

Les États-Unis et la Chine en lutte pour le contrôle de la logistique mondiale

Les États-Unis ont subi une défaite humiliante en Afghanistan. La Russie et la Chine ont toutes deux récemment testé avec succès des missiles hypersoniques, la tentative américaine en ce domaine a été un échec. La Chine a démontré que ses ordinateurs quantiques sont des millions de fois plus puissants que ceux des États-Unis. La tension au sujet de Taïwan augmente, avec la menace voilée de la Chine d'incorporer l'île en 2049 pour coïncider avec le centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine.

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Les États-Unis, qui restent la puissance hégémonique, refusent de perdre ce rôle et ont réagi dans plusieurs domaines. Dans le domaine stratégico-militaire, avec la signature d'une alliance militaire anglo-saxonne dans le Pacifique, AUKUS. Dans le domaine technologico-militaire, le Pentagone envisage d'impliquer l'entreprise de construction spatiale SpaceX pour développer une version militaire du Starship qui lui redonnerait sa suprématie dans ce domaine, mais il n'a pas encore l'approbation d'Elon Musk : encore une conséquence de la domination de l'économique-corporatif sur le politique-stratégique et dans les démocraties libérales-capitalistes.

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Dans le domaine de la logistique, M. Biden a annoncé ces dernières semaines la mise en œuvre du programme "Build Back Better", destiné à concurrencer la route de la soie chinoise.  M. Biden a indiqué que les États-Unis allaient déployer une réponse logistique en Amérique du Sud, face à l'intention de la Chine de procéder à un déploiement commercial dans son "arrière-cour". Il convient de noter que le commerce de l'Europe et de l'Asie vers l'Amérique du Sud a eu le port d'Algésiras comme point logistique clé. Pour la première fois en 2021, Tanger a dépassé Algésiras en nombre de conteneurs et s'en approche en nombre de tonnes totales. Tanger, par la profondeur de son port et surtout par l'engagement de Mohamed V pour son développement, remplacera dans quelques années Algésiras dans cette route logistique maritime de l'Eurasie à l'Amérique du Sud, qu'elle soit dominée par les USA ou la Chine ou en rivalité entre les deux.

La rupture de la chaîne logistique a montré que le transport terrestre ne peut pas remplacer ou concurrencer le transport maritime. Si les taux de fret maritime sont actuellement de 14.000 dollars, les taux de fret ferroviaire par conteneur sont de 22.000 dollars, mais plus grave encore, les trains ont une capacité de transport de conteneurs presque négligeable par rapport aux grands porte-conteneurs. Cela signifie que les Chinois devront poursuivre le développement de leur route de la soie maritime parallèlement à leur route de la soie terrestre. À cette fin, et en pensant à leur énorme trafic avec l'Europe, ils ont déjà pris des positions : dans le port du Pirée, que la Grèce a vendu en 2016 à la compagnie maritime chinoise COSCO ; et dans le port de Hambourg, où la présence et le contrôle de COSCO sont en hausse imparable. Là aussi, l'Europe perdra le jeu géostratégique.

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Le blocage logistique actuel entraînera sans aucun doute une plus grande exploitation de la route arctique en tant que nouvel élément permettant d'accélérer la distribution des marchandises mondiales. La Russie est aujourd'hui le principal acteur sur cette route, où elle est prête à déployer son potentiel militaire pour empêcher la concurrence d'autres puissances (notamment les États-Unis), qui arrivent tardivement dans la lutte pour le contrôle de l'Arctique. La Chine semble accepter le leadership de la Russie dans cette région ; l'amitié entre Moscou et Pékin facilitera le commerce chinois le long de cette nouvelle route. Toutefois, il convient de noter que l'utilisation de cette voie peut avoir des conséquences négatives. Comme le souligne Joan Membrado, professeur de géographie à l'université de Valence et spécialiste de l'analyse géographique régionale, plus l'Arctique sera praticable, plus il dégèlera rapidement, ce qui transformerait Valence - le plus grand port européen de la Méditerranée jusqu'en 2020, date à laquelle il a été dépassé par le Pirée sous contrôle chinois - en un port infranchissable.

L'effondrement de la chaîne logistique est une conséquence des contradictions internes de la mondialisation. Sa sortie sera un nouvel épisode de la guerre pour l'hégémonie mondiale entre le capitalisme d'État chinois nationaliste et suprématiste Han et le capitalisme financier spéculatif basé à Wall Street et à la City. 

jeudi, 25 novembre 2021

Révolution culturelle 2.0 : la lutte de la Chine contre la féminisation des hommes

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Révolution culturelle 2.0 : la lutte de la Chine contre la féminisation des hommes

Alexander Markovics

Si l'on observe la jeunesse allemande et européenne, on constate de nombreux développements inquiétants: la féminisation de l'homme est omniprésente, les soi-disant "pop stars" deviennent des modèles individuels pour les adolescents. De plus en plus de jeunes se perdent dans les mondes virtuels des jeux vidéo, animés par le rêve de devenir une star du "sport électronique" ou un youtubeur connu et de gagner ainsi beaucoup d'argent. Ce style de vie matérialiste est la réalité d'un nombre croissant de jeunes - si l'on en croit les médias et les politiques occidentaux, il n'y a même pas d'alternative et fait partie d'un "développement individuel sain". Mais la Chine prouve qu'il existe aussi une alternative.

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Après que le parti communiste local a tenu en laisse le géant de la technologie Ali Baba (dont l'importance en République populaire est comparable à celle de Google en Occident), voici la prochaine étape de la révolution culturelle 2.0 : le président Xi Jinping appelle au rajeunissement national. Les influences d'une culture pop dégénérée venue du Japon et de la Corée du Sud, qui propage surtout des hommes dégingandés et efféminés comme modèles, sont une épine dans le pied des dirigeants communistes. Ceux-ci doivent désormais être bannis de la télévision, tout comme le culte des "célébrités vulgaires d'Internet" (comparable au blogueur allemand Rezo).

Parallèlement, le parti met un terme à l'industrie des jeux vidéo et n'autorise les moins de 18 ans à ne jouer que trois heures par semaine. Outre la censure des contenus non patriotiques, le gouvernement tente ainsi de lutter contre le phénomène croissant de la dépendance aux jeux vidéo. Face à la menace croissante de l'Occident, récemment renforcée par la création de l'alliance militaire AUKUS entre les États-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne, Pékin mise sur le renforcement de sa propre culture dans cette guerre hybride, qui passe aussi de plus en plus par Internet et la culture pop.

Au lieu de la folie décadente du gendérisme, il faut promouvoir "la culture traditionnelle chinoise, révolutionnaire et progressiste-socialiste". Pékin a donc compris l'avertissement de la Russie, où l'analyste Leonid Savin, entre autres, a attiré l'attention sur ce phénomène, à savoir que la guerre contre les peuples libres de ce monde est également menée par le biais des médias, dont font partie Internet et les jeux vidéo. Par conséquent, la Chine veut protéger sa jeunesse des influences néfastes de l'Occident, non pas parce qu'elle veut asservir ses peuples, mais parce que l'Empire du Milieu a compris que sa souveraineté ne peut pas être défendue par des mauviettes efféminées, des matérialistes uniquement préoccupés par leur solde bancaire, des narcissiques en quête de gloire et des homosexuels.

Pour cela, il est indispensable de combattre la "culture pop" occidentale partout où cela est possible, et ce de préférence par la promotion et la redécouverte de sa propre culture et de ses propres traditions. Celui qui se réfère à sa propre tradition dans la lutte contre le mondialisme peut l'emporter. Mais ceux qui misent sur la culture de la mondialisation ne peuvent que périr.

Marx le Messie

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Marx le Messie

Luca Bistolfi

Trop d'intellectuels laqués, laquais du pouvoir, citent Marx au hasard. C'est pourquoi le grand vieillard de Trèves s'avère très nécessaire à relire dans le moment terrible et marquant que nous vivons.

SOURCE : https://www.lintellettualedissidente.it/controcultura/filosofia/marx-berlin/

Bien conscient de l'inanité de certains de ses thuriféraires-charlatans contemporains et notamment des professeurs d'université, Schopenhauer a été contraint, dans la Préface de la deuxième édition de son livre Welt, de tremper sa plume plus que de coutume dans l'acide pour fustiger l'habitude d'un certain public de recourir à des exposés de seconde main au lieu de lire les textes originaux. C'est l'"affinité élective, par laquelle une nature commune se sent attirée par ses semblables", tout comme les enfants "apprennent mieux d'autres enfants". Et qui sait ce qu'il écrirait aujourd'hui face à des coupures de presse et des "tutoriels" philosophiques !

Cependant, il ne faut pas être trop rigide, et si l'on souhaite mordre dans les idées et les auteurs avec la dureté d'un autodidacte, afin d'éviter le moule académique, on peut certainement recourir aux travaux préparatoires. C'est dans ce sens que je veux attirer l'attention du lecteur sur deux Karl Marx.

71bv0FFN3VL.jpgLe premier est publié ces dernières semaines par Adelphi et est signé par Isaiah Berlin. Il s'agit en fait d'une réédition du texte paru en 1969 pour La Nuova Italia, mais avec un appareil critique plus efficace. Berlin n'est pas le premier penseur antimarxiste à écrire un ouvrage honnête, lucide et informé sur le "docteur de la terreur rouge", comme on l'appelait en son temps : pensons, par exemple, aux connaissances considérables dont firent preuve Giovanni Gentile, le premier professeur d'Antonio Gramsci, et Benedetto Croce, un élève du marxiste Antonio Labriola. L'étude du travail de Berlin ne manque pas de nous faire découvrir quelques imprécisions terminologiques, quelques citations irréfléchies - auxquelles les éditeurs remédient néanmoins - et quelques jugements un peu hâtifs ; mais ces péchés sont somme toute négligeables face à une étude rigoureuse et surtout honnête, même si elle est datée puisqu'elle remonte à 1938. Ceux qui souhaitent avoir un aperçu général de Marx en tant que penseur, érudit et activiste politique trouveront ici satisfaction. Il s'agit d'une sorte de vaste entrée d'encyclopédie, du genre qui n'est plus composé nulle part.

Il ne faut donc pas s'attendre à y trouver un exposé des découvertes de Marx dans les Grundrisse ou le Capital. La marque de ce Karl Marx réside dans la capacité d'Isaiah Berlin à ancrer le sujet dans son époque et, surtout, à décrire certains fondements philosophiques cruciaux avec une compétence et une clarté d'exposition exemplaires, qui ressortent particulièrement à certains moments, comme les pages magistrales consacrées à Hegel et au rapport fondamental du jeune Marx avec sa philosophie, et le chapitre sur le "Matérialisme historique", un sujet, comme chacun sait, plutôt dur, mais Berlin montre qu'il sait "manier avec soin" les concepts hégélo-marxistes, sans générer de malentendus embarrassants, qui seraient dus à un excès d'orthodoxie, ou peut-être à  à un défaut d'orthodoxie, qui émaillent malheureusement les pages de nombreux marxistes, réels ou supposés.

Toutefois, permettez-moi de faire deux suggestions pour tous ceux qui envisagent d'aborder cette étude. Tout d'abord, il est nécessaire de lire attentivement la "Préface de l'éditeur à la cinquième édition", l'une des rares prémisses utiles en circulation. Deuxièmement, ne lisez pas la quatrième de couverture : elle semble clairement avoir été écrite soit dans l'intention de mettre en garde contre Marx, soit a plutôt été écrite sans avoir lu le livre, en tenant pour acquis que le Berlin n'était qu'un libéral doctrinaire, type humain que l'on rencontre dans maintes rédactions.

81+cvkFVYXL.jpgDifférent à tous égards, le Karl Marx de Maximilien Rubel, sorti il y a vingt ans, en 2001, mais toujours disponible chez l'éditeur milanais Colibri, est l'un des outils les plus indispensables pour qui veut étudier sérieusement le Grand Ancien de Trêves. Contrairement à Berlin, qui est connu de tous, le nom de Rubel sera inconnu de la plupart des gens : mais, pour ce que cela vaut, je peux vous assurer que nous avons affaire à l'un des chercheurs les plus intelligents, les plus aigus et les mieux préparés du marxisme européen, capable de traiter un sujet très complexe avec habileté et dextérité. Afin de fournir le stimulus nécessaire pour inviter le lecteur à lire le livre, il faut partir du deuxième sous-titre de l'ouvrage : Prolegomeni per una sociologia etica (Prolégomènes pour une sociologie éthique), que l'auteur a ajouté à la seule édition italienne, bien meilleure à tous égards que l'original français. Il est également doté d'une chronologie raisonnée et minutieuse de plus de cent pages et d'un solide appareil critique.

L'intention principale de Rubel est de libérer Marx des lectures économistes arides, en saisissant la continuité, de sa jeunesse à sa mort, d'une instance éthique pré-politique et pré-économique. Mais écoutons les mots éloquents de l'auteur:

"Non seulement il n'y a pas, chez Marx, d'intention spécialiste, mais il faut aussi s'abstenir d'y voir une tentative philosophique de s'élever au-dessus des diverses spécialisations en vertu de l'activité systématique et médiatrice de la pensée : une telle "philosophie", pour lui, avait elle-même un caractère fragmentaire, était un pur produit de la division du travail et de son aliénation. Ou du moins, cela ne lui semblait concevable - puisque philosopher est nécessaire - que si elle était surmontée et réalisée dans la pratique, c'est-à-dire rendue inutile en tant que projet. Les raisons de Marx étaient d'un autre ordre, que je crois pouvoir définir comme éthiques, dans la mesure où l'éthique est précisément ce qui, dans la pensée d'un homme, fuit instinctivement toute particularisation réductrice pour embrasser la diversité des activités dans une vision d'ensemble toujours plus élevée et les rapporter sans cesse à la vérité pratique [...]. Marx n'a pas créé, ni eu l'intention de créer, un nouveau système d'économie politique. Il voulait donner aux hommes luttant pour la transformation radicale de la société une explication théorique et critique du mode de production capitaliste. Karl Marx a voulu orienter la connaissance scientifique de la société vers une cause éminemment révolutionnaire : le renversement du capitalisme et la construction d'une société libérée de l'exploitation et de l'oppression".

Cette libération permettra aux individus de se réaliser enfin sans aucune contrainte, de devenir des êtres humains intégraux parce que libérés de la lutte des classes et de la domination, qui enserrent et concourent au libre développement visant à la connaissance - progressive et pourtant nécessairement asymptotique - tant du cerveau individuel que du cerveau social, une expression qui n'est pas présente chez Rubel mais que j'emprunte au vocabulaire d'Amadeo Bordiga, l'un des plus grands théoriciens révolutionnaires du 20ème siècle.

Mais pourquoi aborder Marx ?

Depuis quelques années, une fois que la démoralisation consécutive aux événements européens de 1989-1991 s'est estompée, et parfois à l'occasion de quelques anniversaires, Karl Marx revient de temps en temps sur le devant de la scène, mais soit comme une pose intellectuelle, soit comme une figure reproposée par quelques merluchons de la télévision avides d'argent et aux boucles parfumées, et précisément pour cette raison sans être vraiment familier avec lui, ou encore moins conscient de ses prémisses et surtout de ses conclusions révolutionnaires. Cependant, la crise structurelle anormale du système mondial actuel, à laquelle s'ajoute la catastrophe hautement probable et imminente, obligera le prolétariat - ancien et nouveau - et les masses en général à s'orienter dans la direction indiquée par l'agitateur de Trêves et ceux qui, au cours des décennies, ont maintenu vivants son enseignement et ses encouragements.

Seuls les cerveaux abrutis par l'idéologie dominante qui les instille et les asservit, et seuls les parasites sociaux du monde, de tout ordre et de tout degré, ignorent le moment terrible et épocal que nous vivons et la catastrophe vers laquelle nous avons déjà fait les premiers pas. Et sans instruments politiques adéquats, le sort des classes subalternes - pas moins que celui de la bourgeoisie ! - est scellé de la manière la plus fatale. Même les simulacres de revendications écologiques et gendéristes, aussi mal posés et mal préparés soient-ils, marquent un changement de cap qui, toutefois, s'il n'est pas bien guidé, risque de n'être qu'une énième fausse solution, vide face à des drames concrets et immanents qui ne peuvent être résolus que par le renversement du système politique et économique actuel.

Bien sûr, il ne faut pas commettre la très grave erreur de considérer le marxisme comme une idéologie et, encore moins, comme une idéologie enfermée dans un système relégué au 19ème siècle et dont la teneur s'avère "incommunicable" avec le monde actuel, comme beaucoup de gens des deux côtés parviennent admirablement à le faire et comme une position explicitement niée par Berlin et Rubel. Avec ses sodalistes et ses disciples, Marx est l'arme critique efficace essentielle avec laquelle il faut s'entraîner en attendant de passer des armes de la critique à la critique des armes.

Luca Bistolfi

Bonnal et la Dictature Universelle

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Bonnal et la Dictature Universelle

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir enregistrée le jeudi 18 novembre 2021. Une selection de livres avec liens de Nicolas & Tetyana Bonnal ci-dessous.
 
 
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