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mercredi, 23 octobre 2019

« Rétablir l’état de droit face à ces nouveaux despotes que sont les multinationales et les marchés financiers »

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« Rétablir l’état de droit face à ces nouveaux despotes que sont les multinationales et les marchés financiers »

par Olivier Petitjean

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Les Nations-Unies travaillent à un nouveau traité pour contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement. En France, une loi impose, depuis 2017, un « devoir de vigilance » aux grandes entreprises, à leurs filiales et sous-traitants. Cet outil juridique mettra-t-il fin à leur quasi impunité ? Explications de notre journaliste Olivier Petitjean, via ces bonnes feuilles tirées de son ouvrage Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales.

Le 27 mars 2017, la France promulguait, à l’issue d’un laborieux parcours législatif de plusieurs années, la loi sur le devoir de vigilance des multinationales – ou, plus précisément, des « sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre ». De manière très inhabituelle pour la France, cette loi n’a pas été conçue dans les ministères, mais par un petit groupe de députés indépendamment du gouvernement, en collaboration étroite – ce qui est encore plus rare – avec une coalition d’associations, de syndicats et autres acteurs de la société civile. C’est une loi d’une grande simplicité, qui tient en trois articles. Son objectif pourrait paraître modeste : corriger une lacune du droit existant en donnant la possibilité, dans certaines conditions, de saisir la justice lorsqu’une entreprise multinationale basée sur notre territoire est mise en cause pour des atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, commises en France comme à l’étranger.

Pollutions pétrolières ou chimiques, main-d’œuvre surexploitée dans les usines des fournisseurs, conflits et répression autour des sites d’implantation des multinationales, complicité avec des dictatures, accaparement des ressources naturelles, tout le monde a entendu parler de cette face obscure de la mondialisation, où l’internationalisation des chaînes de production et la chasse aux profits se développent aux dépens des femmes et des hommes et de la nature. Que les victimes puissent porter plainte pour faire respecter leurs droits fondamentaux, ou que des associations puissent exiger l’intervention d’un juge pour mettre fin aux abus, quoi de plus naturel, quoi de plus normal soixante-dix ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et après de multiples traités internationaux sur la lutte contre l’exploitation, le climat ou la protection de l’environnement ?

Un chaînon manquant dans la mondialisation

Et pourtant, en pratique, mettre en cause une grande entreprise et ses dirigeants pour les violations des droits humains ou la dégradation de l’environnement occasionnées par ses activités reste souvent mission impossible. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, comme nous le racontons dans ce livre. D’un côté, il existe une multitude de textes de droit international ; de l’autre, une impossibilité apparente de les faire appliquer et de leur donner effet dans des situations impliquant des multinationales. Voilà manifestement un chaînon manquant dans la mondialisation.

Beaucoup de raisons entrent en jeu pour créer cette situation d’impunité. D’abord les soutiens et les complicités politiques dont bénéficient généralement les milieux d’affaires internationaux dans les pays où ils sont implantés. Ensuite la faiblesse du pouvoir judiciaire, par manque de moyens ou par manque d’indépendance. Sans compter que, bien entendu, les grandes entreprises et leurs dirigeants peuvent mettre en branle des armées d’avocats pour faire traîner en longueur les procédures, épuiser tous les recours ou exploiter les failles de l’accusation. Les personnes et les groupes les plus affectés par leurs activités, en revanche, comptent souvent parmi les plus démunis. L’histoire de David contre Goliath semble donc infiniment répétée – mais sans fronde à disposition des « petits ».

Il est aussi une raison moins visible et plus structurelle à cette impunité des multinationales, qui gît dans le droit lui-même et dans sa déconnexion d’avec la réalité économique. On peut dire qu’aujourd’hui la « multinationale », le « groupe », voire l’« entreprise », n’existent pas réellement d’un point de vue juridique. Là où nous voyons un sujet cohérent et autonome – Total, Apple ou H&M –, avec sous son égide des dizaines d’établissements, de filiales, de co- entreprises ou autres relations d’affaires gérées en fonction de l’intérêt du tout (ce qui signifie malheureusement souvent le seul intérêt des actionnaires et des dirigeants), le droit voit une nébuleuse d’entités distinctes, seulement liées entre elles par des liens capitalistiques et des contrats.

Il ne s’agit pas seulement d’un simple détail technique. Une conséquence directe de ce hiatus est qu’il est souvent extrêmement difficile de responsabiliser la multinationale elle-même (autrement dit la « société mère » qui chapeaute tout l’édifice et le dirige) pour les manquements d’une de ses filiales à l’étranger. Et à plus forte raison pour des abus constatés chez l’un de ses sous-traitants ou fournisseurs, quand bien même ces abus seraient directement liés aux exigences ou aux pressions de la multinationale en question.

Coup porté à l’impunité des multinationales

C’est précisément cette lacune, cet angle mort du droit, que la loi sur le devoir de vigilance entend combler. À certains égards, ce n’est qu’un point de détail, un simple aménagement législatif qui crée une possibilité de recours judiciaire ne visant que les abus les plus criants, selon une procédure très spécifique, et qui impliquera d’apporter la preuve que la société mère (vis-à-vis de ses filiales) ou donneuse d’ordre (vis-à-vis de ses fournisseurs et sous-traitants) a clairement manqué aux responsabilités qui étaient les siennes en proportion de son influence réelle. On voit mal cette loi donner lieu à une floraison de procès intentés contre des entreprises, comme l’ont suggéré ses détracteurs.

À d’autres égards, cependant, cela change tout. C’est d’ailleurs pourquoi cette législation d’apparence modeste, ciblant des situations que personne ne pourrait considérer comme acceptables, a suscité, et continue de susciter, une opposition aussi acharnée de la part d’une partie des milieux d’affaires français et internationaux. La loi française sur le devoir de vigilance est un coup porté à la barrière de protection juridique qui isole les multinationales des impacts de leurs activités sur les sociétés et l’environnement.

De ce fait, elle remet en cause la condition d’« irresponsabilité sociale » intrinsèque à la notion même d’entreprise multinationale, se jouant des frontières et des juridictions. Elle modifie ce qui, en apparence, n’est qu’un petit rouage juridique de la mondialisation, mais qui affecte virtuellement tout le fonctionnement de la machine – notamment au profit de qui et au détriment de qui elle opère.

Tout ceci ne vient pas de nulle part. L’adoption de la loi française en 2017 n’est ni le commencement ni la fin. La manière dont elle sera effectivement utilisée et mise en œuvre fera certainement l’objet de controverses aussi virulentes que celles qui ont entouré son élaboration et son adoption. Sa portée dépasse les frontières de l’Hexagone, comme l’illustre l’intervention dans le débat législatif français d’organisations comme la Chambre de commerce des États-Unis, principal lobby patronal américain, ou la Confédération syndicale internationale, porte-parole du monde syndical à l’échelle globale.

Des chaînes de responsabilité souvent complexes et diffuses

Cette loi constitue une étape dans une histoire qui commence, au moins, dans les années 1970 – date à laquelle la régulation des entreprises multinationales dans le cadre du droit international émerge en tant qu’enjeu politique. Elle est issue, dans sa conception, de l’expérience concrète d’associations et d’avocats, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Inde, en Équateur et ailleurs, qui ont tenté pendant des années d’utiliser les armes du droit existant pour mettre les multinationales et leurs dirigeants face à leurs responsabilités. Parallèlement à la France, d’autres pays européens débattent de législations similaires – ce qui prouve à quel point le sujet est à l’ordre du jour. Dans les enceintes onusiennes comme le Conseil des droits de l’homme ou l’Organisation internationale du travail, les discussions se poursuivent sur des instruments de droit international visant à donner, comme la loi française, une effectivité juridique à la responsabilité des multinationales.

Pour un lecteur non averti, tout ceci pourrait peut-être paraître irréel. Nous ne sommes pas préparés, culturellement et historiquement, à imaginer une multinationale ou un patron d’entreprise dans un tribunal, devant un juge, obligés de répondre de leurs actes, sauf peut-être dans les cas les plus flagrants d’escroquerie ou de corruption. Les tribunaux sont faits pour les délinquants et les criminels ordinaires, en chair et en os, dont les actions sont clairement identifiables, avec des conséquences tout aussi claires sur la vie humaine ou l’intégrité des personnes et des biens.

Par comparaison, la délinquance ou la criminalité « en col blanc » – celle des spéculateurs, des fraudeurs fiscaux, des hommes d’affaires et des cadres d’entreprise – ne nous apparaît pas avec le même sens de gravité et d’immédiateté, même si ses conséquences directes ou indirectes peuvent être beaucoup plus sérieuses. Nous imaginons facilement juger l’assassin qui aurait fait une seule victime, et non juger l’entreprise ou le dirigeant dont les décisions froides ont directement entraîné une pollution, la commercialisation de produits dangereux ou un affaiblissement des règles de sécurité affectant la vie de centaines de riverains, de consommateurs ou de travailleurs.

Il y a de bonnes raisons à cela. Lorsqu’il est question d’abus de la part de multinationales, les actions, les processus de décision qui ont mené à ces actions, les causes et les chaînes de responsabilité sont souvent complexes, diffus et délicats à déterminer. Mais cette difficulté ne signifie pas qu’il n’y ait pas effectivement décision, action et nécessité de répondre de leurs conséquences. L’impression de discontinuité et de distance entre les décisions apparemment « impersonnelles » prises dans les salles de réunion des sièges des multinationales et leurs conséquences très concrètes pour les gens et pour la nature, parfois à l’autre bout du monde, est précisément ce qui facilite les abus et laisse libre cours à la seule recherche du profit financier.

Ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit »

Parfois, ce principe d’irresponsabilité finit par entraîner des scandales de grande ampleur : effondrement au Bangladesh en 2013 de l’immeuble du Rana Plaza qui abritait des ateliers textiles travaillant pour de grandes marques occidentales ; marées noires avec leurs déversements de pétrole comme celles de l’Erika, de Chevron-Texaco dans l’Amazonie équatorienne ou celles qui polluent au quotidien le delta du Niger ; pollutions chimiques à grande échelle comme à Bhopal en Inde ; collaboration avec des dictatures ou des groupes terroristes. Mais il régit aussi, au quotidien, d’innombrables décisions prises par les directions d’entreprise, dont nous sentons indirectement les conséquences dans nos vies et qui font du monde d’aujourd’hui ce qu’il est, avec ses multiples défis sociaux, politiques et environnementaux.

En ce sens, la loi sur le devoir de vigilance n’est pas une loi « de niche » qui n’intéresserait que les ONG de solidarité internationale ou les défenseurs de l’environnement. La place croissante et, pour être clair, le pouvoir des multinationales – elles-mêmes de plus en plus dominées par les marchés financiers et leur logique de profit à court terme – sont aujourd’hui une réalité qui dépasse largement la seule sphère économique. Impossible d’y échapper. Elle engage nos modes de vie, la préservation des écosystèmes et du climat, notre cohésion sociale elle-même, au sein de chaque pays et entre pays. Ce pouvoir est aussi de plus en plus contesté par une grande partie de l’opinion publique, par les communautés qui accueillent (et souvent subissent) ces activités, et parfois par les travailleuses et travailleurs des multinationales eux- mêmes. Une forme de contrat social semble s’être rompue.

Face à ce constat, la tentation de beaucoup est d’en appeler simplement à une réaffirmation du pouvoir politique face aux pouvoirs économiques, d’exiger des autorités publiques qu’elles (ré)imposent enfin leurs règles et leurs volontés aux acteurs économiques et fassent primer l’intérêt général sur les intérêts privés. Difficile d’être en désaccord. Mais il ne faut pas non plus passer à côté de ce qui fait la spécificité de ce « pouvoir » qui est celui des multinationales, qui justement ne fonctionne pas sur le modèle de celui des États et ne s’oppose pas frontalement à eux – sauf, bien sûr, cas extrêmes. C’est un pouvoir de fait qui s’exerce dans les creux du pouvoir politique et de la législation, en occupant tout l’espace de ce qui n’est pas expressément interdit et effectivement sanctionné par les pouvoirs publics, ou en jouant de l’« extraterritorialité » que lui permet sa dimension multinationale par rapport aux frontières administratives et judiciaires. Il s’exerce aussi d’une certaine façon par le droit, en s’appuyant sur un « droit des affaires » qui le rend invisible et quasi naturel – par exemple celui des accords de libre-échange. C’est pourquoi le terrain juridique est tout aussi important que les terrains politique et économique face aux abus des multinationales.

Au fond, l’enjeu est de maintenir ou de ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit » et d’un espace public démocratique. Les grands principes des droits de l’homme et des libertés civiles se sont construits, historiquement, en réponse à l’arbitraire des monarchies absolues ; il faut aujourd’hui les protéger ou les reconstruire face à ces nouveaux despotes que sont les grandes entreprises et les marchés financiers.

Le devoir de vigilance se situe en ce sens à l’une des plus importantes « frontières » actuelles de notre démocratie – une démocratie de plus en plus mondialisée et de plus en plus soumise aux pouvoirs économiques. C’est un outil et un point d’appui pour rééquilibrer, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur des entreprises, un système de plus en plus biaisé en faveur des puissances de l’argent. Son avenir et la manière dont il sera mis à profit restent aujourd’hui à écrire.

Olivier Petitjean

Ce texte est tiré de l’introduction du livre d’Olivier Petitjean : Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales, 2019, éditions Charles Léopold Mayer, 174 pages, 10 euros.

lundi, 21 octobre 2019

Marche républicaine à l’Universel : l’ultralibéralisme, poison républicain

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Marche républicaine à l’Universel : l’ultralibéralisme, poison républicain

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

 

Nous croyons à tort que l’ultralibéralisme, c’est-à-dire la société ouverte par la déréglementation des marchés et du travail, la concurrence libre et non faussée, la circulation sans entraves des marchandises, des hommes et des capitaux… est d’apparition récente. Pourtant, l’ultralibéralisme est inscrit dans le projet républicain dès le début de la révolution dite « française ». Quoi d’étonnant, quand on sait que cette révolution fut conduite par une bourgeoisie d’affaires qui avait pour seul objectif de défendre ses intérêts, dussent-ils aller à l’encontre de ceux du peuple ?

Le processus de mondialisation ultralibéral ne s’est pas déclenché par hasard, par accident ou en raison de l’évolution des techniques ou de l’économie. Ce processus a d’abord été fantasmé avant d’être expérimenté il y a déjà plus de deux siècles. Grâce au coup d’Etat de 1789, la bourgeoisie d’affaires a pu légalement se doter de tous les outils nécessaires au déclenchement de cette expérimentation. L’objectif était d’installer une économie sans frontières et sans règles, une économie fondée sur l’exploitation d’une masse humaine atomisée par une petite minorité organisée et concentrant tous les pouvoirs.

Pour les républicains, la liberté de faire commerce fait partie des droits de l’homme car « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (art. 4 de la Déclaration des droits de l’Homme, rédigée par eux). De plus, la protection de la propriété est un devoir sacré. L’individu doit pouvoir en disposer librement. Dans son projet de Constitution présenté à la Convention le 15 février 1793, Condorcet (le concepteur d’un système métrique qui se voulait lui aussi universel) énonce :

  • Que la « Propriété » fait partie des droits civils, naturels et politiques des Hommes (article 1)
  • Que  « Le droit de propriété consiste en ce que tout homme est le maître de disposer à son gré de ses biens, de ses capitaux, de ses revenus et de son industrie » (article18)
  • Que « Nul genre de travail, de commerce, de culture, ne peut lui être interdit ; il peut fabriquer, vendre et transporter toute espèce de production. (article 19)
  • Que « Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre luimême » (article 20)
  • Que « Nul ne peut être privé de la moindre portion de sa propriété sans son consentement » (article 21)
  • Qu’Il y a « oppression » lorsqu'une Loi viole le droit de propriété qu'elle doit garantir, droit faisant partie (art. 1) des « droits naturels, civils et politiques » (article 32)

De tout cela il ressort que le financier, l’industriel ou l’oligarque peut jouir comme il l’entend des capitaux ou des moyens de production qu’il s’est appropriés : il peut donc délocaliser ses industries, fermer ses usines, transférer à l’étranger des capitaux. Il peut aussi, disposant à son gré de cette industrie, substituer des travailleurs étrangers aux travailleurs français. Toute volonté de restreindre le droit d’un individu à délocaliser ou fermer des usines, toute volonté d’instaurer une limite au mouvement des capitaux, toute volonté de réglementer le fonctionnement des moyens de production est assimilable à une « oppression ».

La société que propose ici Condorcet est une société complètement déréglementée : chacun doit pouvoir exercer le métier, le commerce ou l’activité de son choix, quand il le souhaite et comme il le souhaite (« Nul genre de travail, de commerce, de culture, ne peut lui être interdit ; il peut fabriquer, vendre et transporter toute espèce de production »). Cela veut dire, ramené à notre époque, qu’il n’y a plus besoin de licence pour conduire un taxi, d’avoir un diplôme particulier pour vendre des  médicaments ou d’obtenir une autorisation pour commercer le dimanche. La proposition de Condorcet ne fait que traduire les dispositions de la loi du 2-17 mars 1791 (décret d’Allarde) qui en son article 7 énonce : « A compter du 1er avril prochain, il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon… ».

En matière de déréglementation et de dérégulation, l’ultralibéralisme de la période révolutionnaire est bien plus radical que celui d’aujourd’hui. Ainsi, le décret d’Allarde (1791) avait autorisé n’importe quel citoyen à exercer n’importe quel métier. Certains, sans aucune connaissance particulière en médecine ou pharmacie, se sont autorisés à se dire médecin ou pharmacien. Du coup, les formations et diplômes correspondants n’ont plus eu aucune raison d’être. Une loi du 18 août 1792 a donc supprimé la Faculté de médecine. L’année suivante, un décret du 15 septembre 1793 établissait  " la dissolution et la fermeture des Facultés et organisations enseignantes". En quelques semaines, des institutions existant depuis plusieurs siècles ont totalement disparu du territoire : Ecoles de Médecine mais aussi Collège de Chirurgie, Collège de Pharmacie, Académie de Chirurgie, société Royale de Médecine, sociétés scientifiques… Les conséquences furent immédiates. Des milliers de charlatans sans formation exercèrent désormais librement la médecine et la pharmacie. De nombreux patients le payèrent de leur vie. Le scandale était tel que le pouvoir républicain fut obligé de réviser les principes ultralibéraux proclamés. Le rapport de Barras au Directoire (16 janvier 1798) nous laisse clairement entrevoir l’ampleur du problème :

«  Le public est victime d’une foule d’individus peu instruits qui, de leur autorité, se sont érigés en maîtres de l’art, qui distribuent des remèdes au hasard, et compromettent l’existence de plusieurs milliers de citoyens… O citoyens représentants, la patrie fait entendre ses cris maternels et le Directoire en est l’organe ! C’est bien pour une telle matière qu’il y a urgence : le retard d’un jour est peut-être un arrêt de mort pour plusieurs citoyens !… Qu’une loi positive astreigne à de longues études, à l’examen d’un jury sévère, celui qui prétend à l’une des professions de l’art de guérir; que la science et l’habitude soient honorées, mais que l’impéritie et l’ignorance soient contenues; que des peines publiques effraient la cupidité et répriment des crimes qui ont quelque ressemblance avec l’assassinat ! ».

Pour endiguer la catastrophe sanitaire, les révolutionnaires avaient rétabli en 1794 des écoles de santé. Cependant, ces écoles étaient consacrées aux seuls militaires et ne remettaient pas en cause la « liberté de faire tel négoce ou d’exercer telle profession ». Il faudra attendre la loi du 10 mars 1803 pour que l’exercice de la médecine soit soumis à une formation et à la réussite à des examens officiels ! Belle réussite !

Il va de soi que ces déréglementations auraient été impossibles dans le cadre de l’ordre social traditionnel. Cet ordre protégeait l’exercice des métiers et régulait de telle sorte le marché du travail qu’il était impossible de le « libéraliser ». Par « libéraliser », il faut comprendre : « laisser le renard libre dans le poulailler libre ». Il reviendra à la Révolution d’introduire le renard dans le poulailler, non sans s’être assuré auparavant que les poules étaient dans l’incapacité de se rassembler face au prédateur. Au nom de la liberté du travail, on va ainsi interdire les corporations, maîtrises, jurandes par le décret d’Allarde (mars 1791). La loi Le Chapelier (14 juin 1791) fera un délit du rassemblement des ouvriers et des paysans en vue de défendre leurs intérêts. On appellera cela le « délit de coalition ». Toute coalition ouvrière sera punie d’emprisonnement. La grève est interdite. Les coalitions patronales, quant à elles, seront autorisées à condition qu’elles n’aient pas pour objectif de faire baisser les salaires.  Comme le voulait Condorcet, tout individu pourra vendre son service et son temps… aux conditions fixées par son employeur. Certes, il ne pourra se vendre lui-même, mais, comme aux Etats-Unis ou la conditions des ouvriers blancs du Nord industriel sera aussi misérable que celle des esclaves noirs du Sud agricole, la condition ouvrière en France sera assimilable à un esclavage de fait.

A la libéralisation du travail et à l’esseulement de l’ouvrier exploité s’ajoute l’ouverture complète du marché. Le décret de l’Assemblée du 30 et 31 octobre 1790 supprime les douanes intérieures. Les douanes extérieures seront bientôt repoussées jusqu’aux frontières des pays conquis, avec un tarif national douanier unique s’appliquant aussi bien en France, qu’en Italie, Espagne, Suisse, Belgique, Pays Bas ou Allemagne. Mais ces frontières européennes elles-mêmes ne doivent-elles pas être abolies ? Car la République est « universelle, une et indivisible » proclame le député du Cantal Jean-Baptiste Milhaud en 1792. Autrement dit, le « morcellement politique » et les « corporations nationales » doivent être supprimés au nom de « l’indivisibilité du monde » ajoute le député Anacharsis Cloots (1792). Il faut abattre les frontières et installer une « gouvernance globale » ou plutôt, dans le langage du XVIIIe siècle : un « sénat du genre humain », une « législature cosmopolite » (Cloots) ou un « Congrès du Monde entier » (Chénier, 1792).

La République universelle projetée par les révolutionnaires se confond avec le marché unique planétaire. Ecoutons Cloots, qui annonce l’immigration  de peuplement, la monnaie unique, le marché libre, globalisé et homogène ainsi  que l’âge d’or du négoce et des manufactures : « les peuples sauront franchir les barrières pour s’embrasser fraternellement. C’est alors que les vicissitudes du change monétaire, du commerce maritime et continental ne troubleront plus la valeur des marchandises. La nourriture, le vêtement, la santé, la tranquillité, ne dépendront plus de spéculations et de l’agiotage des corporations étrangères. La circulation des subsistances et des médicaments ne trouvera aucun obstacle nulle part (…) Le bon prix  se soutiendra partout par les nombreux canaux d’un commerce permanent et invariable, par la concordance des poids et mesures (…) Les négociants ne craindront plus les flétrissures de l’infâme banqueroute. L’agriculture et les manufactures, jamais troublées par la guerre, ne se ressentiront point de l’inclémence locale des saisons…. ». (Discours à la barre de l’Assemblée nationale au nom des Imprimeurs, 9 sept. 1792)

Pour finir, Anacharsis Cloots promet d’étendre au reste de l’Europe et à toute la terre le « commerce sans entraves, sans bornes et sans limites » qui unit, dit-il, la France et les provinces conquises en Espagne, en Italie et en Allemagne. Et il termine par ces mots : « L’Univers formera un seul Etat, l’Etat des Individus-Unis (…), la République-Universelle ».

En conclusion, il est tout à fait clair que le processus de mondialisation, la fin des Etats nations, la dérégulation, la déréglementation, la loi absolue du marché, l’effacement des frontières, la libre circulation des hommes et des marchandises, la volonté d’esseuler l’individu face à l’employeur… ont été pensés, voulus et construits, brique à brique, par une république qui se voulait universelle. Nous vivons aujourd’hui l’aboutissement d’une grande marche globaliste commencée en 1789. Notons que cette marche a été cependant ralentie par des luttes autochtones. Des rapports de force favorables ont parfois obligé le régime à reculer : ainsi du retour des professions réglementées, de l’abrogation du délit de coalition, de la loi sur la création des syndicats ou de la loi sur les associations. Cependant, nous voyons bien que, globalement, ce sont les conceptions de la bourgeoisie d’affaires de 1789 qui déterminent  aujourd’hui la nature du marché et son organisation. Le marché est libre, sans entrave et sans bornes comme le voulait Cloots. Les syndicats ne sont plus que des auxiliaires du pouvoir. L’offensive pour déréglementer à nouveau les professions, notamment celles du droit, de la médecine et de la pharmacie, a recommencé. Le code du travail, code protecteur s’il en est, conquis de haute lutte, est progressivement démantelé. Le contrat collectif de travail, conquis de haute lutte lui-aussi, s’efface devant un contrat individuel à la carte. Quant aux frontières, symboliques, elles  n’empêchent ni la libre circulation des hommes, ni celle des capitaux, ni celle des marchandises.

On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit-on. Avec de telles racines républicaines, l’ultralibéralisme ne pouvait produire que des fruits empoisonnés.

Antonin Campana

samedi, 19 octobre 2019

Les caractères des décadences impériales

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Les caractères des décadences impériales

Nicolas Bonnal

Sir John Glubb et la décadence impériale

theylive.jpgOn parle beaucoup dans le monde antisystème de la chute de l’empire américain. Je m’en mêle peu parce que l’Amérique n’est pour moi pas un empire ; elle est plus que cela, elle est l’anti-civilisation, une matrice matérielle hallucinatoire, un virus mental et moral qui dévore et remplace mentalement l’humanité  – musulmans, chinois et russes y compris. Elle est le cancer moral et terminal du monde moderne. Celui qui l’a le mieux montré est le cinéaste John Carpenter dans son chef-d’œuvre des années 80, They Live. Et j’ai déjà parlé de Don Siegel et de son humanité de légumes dans l’invasion des profanateurs, réalisé en 1955, année flamboyante de pamphlets antiaméricains comme La Nuit du Chasseur de Laughton, le Roi à New York de Chaplin, The Big Heat de Fritz Lang.

On assiste néanmoins, certes, à un écroulement militaire, moral des américains et autres européens qui se font régulièrement humilier (sans forcément s’en apercevoir, tant ils sont devenus crétins) par les russes, les chinois et même par des iraniens présumés attardés…

Il faut alors rappeler ce qui motive ces écroulements impériaux. Je l’ai fait maintes fois en étudiant la décadence romaine à partir de textes tirés de la grande littérature romaine, agonisante du reste, puisqu’au deuxième siècle, après le siècle d’Auguste comme dit Ortega Y Gasset, les romains deviennent bêtes (tontos) comme les ricains, les franchouillards branchés et les Bozo britishs d’aujourd’hui. J’ai aussi rappelé dans trois brefs essais sur Ibn Khaldun les causes de la décadence morale du monde arabe.

Hervé nous a donné à connaître Glubb, personnage charmant et décati, qui me fait penser à l’oncle de Purdey dans l’un de mes « chapeau melon et bottes de cuir » préféré, oncle qui déclare que « tous les empires se sont cassé la gueule ». Dans cette série les méchants sont souvent et comme par hasard des nostalgiques de la grandeur impériale…

glubb.jpgTémoin donc de la désintégration de l’empire britannique causée par Churchill et Roosevelt, militaire vieille école, Glubb garde cependant une vision pragmatique et synthétique des raisons de nos décadences.

Commençons par le résumé donc de Glubb. Causes de la grandeur :

« Les étapes de la montée et de la chute de grandes nations semblent être:

– L’âge des pionniers (explosion)

– L’ère des conquêtes

– L’ère du commerce

– L’âge de la richesse

– L’âge de l’intellect, particulièrement dangereux…

Puis Glubb donne les causes de la décadence historique :

« La décadence est marquée par :

– une culture de la défensive (nous y sommes en plein avec Trump en ce moment)

– Le pessimisme (pensez au catastrophisme financier, économique climatique, avec cette Greta barbante qui insulte ses victimes consentantes).

– Le matérialisme (vieille lune, Ibn Khaldun ou Juvénal en parlant déjà)

– La frivolité (Démosthène en parle dans son épistèmé, traité sur la réforme, les athéniens passant leur temps au théâtre)

– Un afflux d’étrangers qui finit par détraquer le pays (Théophraste en parle au quatrième siècle, avant l’écroulement athénien, dans ses caractères)

– L’Etat providence. C’est très bien que Glubb en parle, à la manière de Tocqueville (Démocratie II, p. 380), de Nietzsche (« nous avons inventé le bonheur ! », au début de Zarathoustra) et du méconnu australien Pearson. Pearson résume en un trait-éclair : le prophète et le héros sont devenus des femmes de ménage. Ou des bureaucrates humanitaires ?

– Un affaiblissement de la religion. »

Sur ce dernier point, on évoquera Bergoglio qui est passé comme une lettre à la poste chez les cathos zombis qui lui sont soumis. La religion catholique canal historique n’intéresse plus les ex-chrétiens, à part une poignée d’oasis, comme l’avait compris le pape éconduit Benoit XVI. Le Figaro-madame faisait récemment sans barguigner la pub d’une riche catho, bourgeoise, mariée à une femme, et qui allait à la messe le dimanche…

Bloy, Drumont, Bernanos observaient la même entropie en leur temps. Sur le journal La Croix, qu’embêtait la manif anti-PMA récemment, Léon Bloy écrivait vers 1900 dans son journal : « Pour ce qui est de la Croix, vous connaissez mes sentiments à l’égard de cette feuille du Démon, surtout si vous avez lu la préface de Mon Journal. »

coolconquest.jpgToutes ces causes se cumulent aujourd’hui en occident. Glubb écrit à l’époque des Rolling stones et on comprend qu’il ait été traumatisé, une kommandantur de programmation culturelle (l’institut Tavistock ?!) ayant projeté l’Angleterre dans une décadence morale, intellectuelle et matérielle à cette époque abjecte. C’est l’effarante conquête du cool dont parle le journaliste Thomas Frank. En quelques années, explique Frank notre nation (US) n’était plus la même. Idem pour la France du gaullisme, qui rompait avec le schéma guerrier, traditionnel et initiatique de la quatrième république et nous fit rentrer dans l’ère de la télé, de la consommation, des supermarchés, de salut les copains, sans oublier mai 68. Je ne suis gaulliste que géopolitiquement, pour le reste, merci… Revoyez Godard, Tati, Etaix, pour reprendre la mesure du problème gaulliste.

Glubb explique ensuite le raisons (surtout morales, de son point de vue de militaire de droite) de la décadence…

« La décadence est due à:

-Une trop longue période de richesse et de pouvoir

– L’Égoïsme

– L’Amour de l’argent

-La perte du sens du devoir. »

Très bien dit. Il semble que la date charnière de l’histoire de France, après le beau baroud d’honneur de la quatrième république, soit la reddition algérienne du gaullisme. Après on a consommé et on s’est foutu de tout : les bidasses, la septième compagnie prirent le relais de Camerone, de Dien-Bien-Phu…

Jusque-là Glubb nous plait mais il ne nous a pas surpris. Trouvons des pépites dans ce bref aperçu des écrits de Glubb tout de même :

« Les héros des nations en déclin sont toujours le même, l’athlète, le chanteur ou le acteur. Le mot ‘célébrité’ aujourd’hui est utilisé pour désigner un comédien ou un joueur de football, pas un homme d’État, un général ou un littéraire génie. »

Et comme notre homme est un arabisant distingué, il parle de la décadence arabe – citant lui le moins connu mais passionnant Ibn Ghazali.

« Dans la première moitié du neuvième siècle, Bagdad a connu son apogée en tant que plus grande et la plus riche ville du monde. Dans 861, cependant, le Khalif régnant (calife), Mutawakkil, a été assassiné par ses turcs mercenaires, qui ont mis en place une dictature militaire, qui a duré environ trente ans.

Au cours de cette période, l’empire s’est effondré, les divers dominions et provinces, chacun en recherchant l’indépendance virtuelle et à la recherche de ses propres intérêts. Bagdad, jusque-là capitale d’un vaste empire, a trouvé son autorité limitée à l’Irak seul. »

Cet écroulement provincial fait penser à notre Europe pestiférée, à l’Espagne désintégrée du binôme Sanchez-Soros, et évoque ces fameuses taifas, micro-royaumes écrabouillés un par un par les implacables et modernes rois catholiques.

Glubb ajoute :

« Les travaux des historiens contemporains de Bagdad au début du Xe siècle sont toujours disponibles. Ils ont profondément déploré la dégénérescence des temps dans lesquels ils vivaient, en insistant sur l’indifférence de la religion, le matérialisme croissant, le laxisme de la morale sexuelle. Et ils lamentaient aussi la corruption des fonctionnaires du gouvernement et le fait que les politiciens semblaient toujours amasser de grandes fortunes quand ils étaient en fonction. »

glubbF.jpgDétail chic pour raviver ma marotte du présent permanent, Glubb retrouve même trace des Beatles chez les califes !

« Les historiens ont commenté amèrement l’influence extraordinaire acquise par les populaires chanteurs sur les jeunes, ce qui a entraîné un déclin de la moralité sexuelle. Les chanteurs « pop » de Bagdad ont accompagné leurs chansons érotiques du luth (sic), un instrument ressemblant à la guitare moderne. Dans la seconde moitié du dixième siècle, en conséquence, le langage sexuel obscène est devenu de plus en plus utilisé, tels qu’ils n’auraient pas été tolérés dans un âge précoce. Plusieurs califes ont émis des ordres pour interdire les chanteurs «pop» de la capitale, mais en quelques années ils revenaient toujours. »

Glubb dénonce le rôle de la gendarmerie féministe (voyez Chesterton, étudié ici…) :

« Une augmentation de l’influence des femmes dans la vie publique a souvent été associée au déclin international. Les derniers Romains se sont plaints que, bien que Rome ait gouverné le monde, les femmes gouvernassent Rome. Au dixième siècle, une semblable tendance était observable dans l’empire arabe, les femmes demandant l’admission à des professions jusque-là monopolisées par les hommes. »

Affreux sexiste, Glubb ajoute :

« Ces occupations judiciaires et administratives  ont toujours été limitées aux hommes seuls. Beaucoup de femmes pratiquaient le droit, tandis que d’autres ont obtenu des postes à l’université, de professeurs. Il y avait une agitation pour la nomination de femmes juges qui, cependant, ne semble pas avoir réussi. »

Sur ce rôle de la manipulation de la « libération » de la femme, qui n’a rien à voir avec l’égalité des droits, dans la décadence des civilisations, je recommanderai le chef d’œuvre sur Sparte de mon ami d’enfance Nicolas Richer, fils de Jean Richer, l’éclaireur de Nerval.

Et je célébrerai aujourd’hui cette pépite, à une époque où l’histoire devient une caricature au service de lobbies toujours plus tarés :

« Alternativement, il existe des écoles «politiques» de l’histoire, inclinée pour discréditer les actions de nos anciens dirigeants, afin de soutenir la modernité des mouvements politiques. Dans tous ces cas, l’histoire n’est pas une tentative de déterminer la vérité, mais un système de propagande, consacré à l’avancement de projets modernes. »

Nietzsche écrit déjà dans sa deuxième dissertation inactuelle :

« Les historiens naïfs appellent « objectivité » l’habitude de mesurer les opinions et les actions passées aux opinions qui ont cours au moment où ils écrivent. C’est là qu’ils trouvent le canon de toutes les vérités. Leur travail c’est d’adapter le passé à la trivialité actuelle. Par contre, ils appellent « subjective » toute façon d’écrire l’histoire qui ne considère pas comme canoniques ces opinions populaires. »

Terminons avec Glubb, qui donne deux siècles et demi à chaque empire, l’anglais, l’ottoman, l’espagnol y compris. On voit bien que l’empire américain n’en est pas un. C’est en tant que matrice subversive que l’entité-dollar-télé US est pernicieuse (Chesterton). Tout ce que Glubb dénonce dans l’intellectualisme si néfaste trouve en ce moment, avec la nouvelle révolution culturelle made in USA, un écho particulier. Tocqueville nous avait mis en garde : en démocratie, le pouvoir délaisse le corps et va droit à l’âme.

Sources :

Nicolas Bonnal – Mitterrand grand initié (Albin Michel) ; Chroniques sur la fin de l’histoire ; le livre noir de la décadence romaine (Amazon.fr)

Sir John Glubb – The Fate of Empires (archive.org)

Charles Pearson – National Life and character (archive.org)

Léon Bloy – L’invendable (wikisource.org)

LES PROLÉGOMÈNES D’IBN KHALDOUN (732-808 de l’hégire) (1332-1406 de J. C.), traduits en Français et commentés par W. MAC GUCKIN DE SLANE (1801-1878), (1863) Troisième partie, sixième section (classiques.uqac.ca)

Nietzsche – Deuxième considération inactuelle (wikisource.org) ; Ainsi parlait Zarathoustra

Ortega Y Gasset – L’ère des masses

Nicolas Richer – Sparte (Perrin)

Démosthène – Traité de la réforme (remacle.org)

Tocqueville – Démocratie en Amérique, I, 2.

Théophraste – Caractères, traduits par La Bruyère (ebooksgratuits.com)

Thomas Frank – The conquest of cool

Philippe Grasset – La grâce de l’histoire (mols)

dimanche, 06 octobre 2019

The Roots of Liberalism’s Contemporary Crisis

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The Roots of Liberalism’s Contemporary Crisis

Patrick J. Deneen
Why Liberalism Failed
New Haven, Ct./New York: Yale University Press, 2018

Patrick Deneen, a Professor of Political Science at the University of Notre Dame, wrote the present study in 2016, completing it shortly before Donald Trump’s election. In February 2019, a paperbound edition with a few revisions and a new Preface was published.

Why Liberalism Failed is a study comparing the basic assumptions of Lockean liberalism with its historical results as revealed in our own time.

Now, as the author points out, not everything we think of as liberalism originated in early modern times:

Many of the institutional forms of government that we today associate with liberalism were at least initially conceived and developed over long centuries preceding the modern age, including constitutionalism, separation of powers, separate spheres of church and state, rights and protections against arbitrary rule, federalism, rule of law, and limited government. Protection of rights of individuals and the belief in inviolable human dignity, if not always consistently recognized and practiced, were nevertheless philosophical achievements of premodern medieval Europe. Some scholars regard liberalism simply as the natural development, and indeed the culmination, of protoliberal thinking and this long period of development, and not as any sort of radical break from premodernity. (23)

However, there was certainly a significant conceptual break with classical ethico-political thought in the seventeenth century. Previous to this break, the tradition of thought stemming from Plato, Aristotle, Cicero, and their Christian heirs held liberty to be

the condition of self-governance, whether achieved by the individual or by a political community. Because self-rule was achieved only with difficulty – requiring an extensive habituation in virtue, particularly self-command and self-discipline over base but insistent appetites – the achievement of liberty required constraints upon individual choice. This limitation was achieved not primarily through promulgated law – though law had its place – but through extensive social norms in the form of custom. (xiii)

Classical and Christian ethical thought centered on “the duties of one’s station,” that “station” being the specific manner in which each person was embedded (usually from birth) in the larger social formations of family, economic class, and local community, each with its own preexisting customs and traditions.

This station in society was integral to one’s personal identity; one could no more exist outside that context than a tree could live without soil or light. Since desire is infinitely expansible, but the world is finite and must be shared with others, the desires of the individual must be limited by considerations of the common good. Hence, the duty to govern one’s appetites. Law stepped in only to deal with cases where self-control and habituation had failed.

The modern break from this tradition had a number of dimensions, but Deneen emphasizes three: first, the rejection of self-control through reason and habituation in favor of a paradigm in which the “pride, selfishness, greed and the quest for glory” of different groups within a society are harnessed to check the same passions in other groups (Machiavelli); second, traditional social, religious, economic, and familial structures, formerly “viewed as essential supports for a training in virtue, and hence preconditions for liberty,” came to be reinterpreted as sources of oppression, arbitrariness, and conflict from which individuals were to be liberated through rationally-based positive law (Descartes and Hobbes); and third, the understanding of nature as a cosmos of which man is a part was rejected in favor of a fundamental opposition between man and nature, with the latter serving as raw materials for human activity for “the easing of man’s estate” and the increase of his power (Bacon).

The protoliberal philosopher Thomas Hobbes even denied that rational self-control was possible: “Thoughts, are to the Desires, as Scouts, and Spies, to range abroad, and find the way to the things Desired.” Consistent with this understanding of man, Hobbes denied that liberty could meaningfully be understood as anything more than an absence of interference with desire: “if a man should talk to me of a free will, or any free, but free from being hindered by opposition, I should not say he were in an error, but that his words were without meaning, that is to say, absurd.” As Deneen comments: “liberalism in many cases attained its ends by redefining shared words and concepts and, through that redefinition, colonizing existing institutions with fundamentally different anthropological assumptions.”

Of course, Hobbes and his liberal successors understood that desires must be checked for society to function. But they made a conscious choice in favor of external constraints, holding that “the only limitation on liberty should be duly enacted laws consistent with maintaining order of otherwise unfettered individuals” (xiii). Freedom existed wherever the law was silent, and except as limited by law, desire might be satisfied without limit. Wealth, for example, could be safely maximized: “The public stock cannot be too great for the public use,” Hobbes wrote.

In a sense, though Deneen does not state this, the modern ethico-political conceptions are more primitive and probably older than those of classical thought. Even today the average child would have no difficulty grasping the concept of freedom as the absence of interference, or that of thought as a tool of desire. Understanding the concept of self-mastery requires greater maturity, and probably came along later in history, just as it does in the life of the average person. Pace Hobbes, however, it is both meaningful and observable: Anyone who has known a person unable to keep a credit card without getting himself deeply into debt can see that the classical concept of bondage to desire – and its corresponding ideal of liberty as self-mastery – is no absurdity. In modern psychology, conscientiousness is one of the five major dimensions of personality. Liberalism is based on an anthropological falsehood.

It has certainly revolutionized the world and produced at least some good effects, however. The most full-throated celebration of liberalism is known as the “Whig interpretation of history” that, in Deneen’s words, goes something like this:

The advent of liberalism marks the end of a benighted age, the liberation of humanity from darkness, the overcoming of oppression and arbitrary inequality, the descent of monarchy and aristocracy, the advance of prosperity and modern technology, and the advent of an age of nearly unbroken progress. Liberalism is credited with the cessation of religious war, the opening of an age of tolerance and equality, the expanding spheres of personal opportunity that today culminate in globalization and the ongoing victories over sexism, racism, colonialism, heteronormativity and a host of other prejudices. (27-28)

Of course, the notion that the distinction between men and women is an arbitrary prejudice from which the state must liberate us is a good clue that liberalism has turned into a Frankenstein’s monster which is now out to devour its creator.

As Deneen sees it, liberalism has quietly remade the world in its own image, converting human beings into monadic individual wills impatient of restraint, accepting no duties they have not themselves chosen, and looking to the state to “liberate” them from the claims of their fellow man. Referring to Karl Polanyi’s The Great Transformation (1944), he writes:

The individual as a disembodied, self-interested economic actor didn’t exist in any actual state of nature but rather was the creation of an elaborate intervention by the incipient state in early modernity. Economic arrangements were separated from particular cultural and religious contexts in which those arrangements were understood to serve moral ends [such as] the sustenance of community order and the flourishing of families within that order. The replacement of this economy required a deliberate and often violent reshaping… most often by elite economic and state actors disrupting traditional practices. The “individuation” or people required people’s acceptance that their labor and its products were commodities subject to price mechanisms, a transformative way of considering people and nature alike in newly utilitarian and individualistic terms. This process was repeated countless times in the history of modern political economy: in efforts to eradicate the medieval guilds, in the enclosure controversy, in state suppression of “Luddites,” in state support for owners over organized labor, and in government efforts to empty the nation’s farmlands via mechanized, industrial farming. (51-52)

This emphasis on the ways both state power and market forces have been harnessed by liberalism constitutes one of the great merits of Deneen’s book. As he observes, most of today’s political debate opposes a “pro-market Right” to a “pro-state Left;” i.e., it occurs within liberalism, so that whichever side wins, the liberal project is advanced.

Liberalism is fundamentally hostile to culture which, properly speaking, consists in precisely the traditional social, religious, economic, and familial structures from which the individual is to be liberated. Culture is a “set of generational customs, practices and rituals that are grounded in local and particular settings” (64). It at once looks past the present generation and binds people to a social and geographical place. Liberalism abstracts from both time and place, fostering “a new experience of time as a pastless present in which the future is a foreign land; and . . . [rendering] place fungible and bereft of definitional meaning” (66).

A healthy culture is akin to healthy agriculture . . . that takes into account local conditions intends to maintain fecundity over generation, and so must work with the facts of given nature, not approach nature as an obstacle to the attainment of one’s unbounded appetites. Modern industrialized agriculture works on the liberal model that apparent natural limits are to be overcome through short-term solutions whose consequences will be left for future generations. (70)

Liberalism makes humanity into mayflies, and unsurprisingly, its culmination has led each generation to accumulate scandalous levels of debt to be left for its children, while rapacious exploitation of resources continues in the progressive belief that future generations will devise a way to deal with the depletions. (74)

Deneen mentions that there were once laws “forbidding banks to open branches in communities outside where they were based, premised on a belief that the granting and acceptance of debt rested on trust and local knowledge.” He quotes a banker’s 1928 characterization of the business he was in: “the community as a whole demands of the banker that he shall be an honest observer of conditions around him, that he shall make constant and careful study of those conditions, financial, economic, social and political, and that he shall have a wide vision over them all.” The economic crash of 2008 was in part the result of the elimination of such cultural norms “that existed to regulate and govern the granting and procuring of mortgages” (86). The response to the disaster, predictably, was a call for more governmental regulation, not any renewed reliance on local knowledge and responsibility. Most of us have simply lost any ability to think outside the liberal opposition of state and market forces.

What used to be called the American Dream was roughly a country where every man of normal capacity with a willingness to work could afford to support a wife and family, own a home and car, and take the children to the beach every summer. The realization of such a social vision in the middle of the last century was ascribed at the time (i.e., during the Cold War) largely to America’s free enterprise system. Now that this way of life is lost to us, we can better perceive that it also depended on certain limitations to the rule of market forces: viz., legalized discrimination against working women (the reservation of “family wage” jobs to men), restrictions on immigration (especially by the low-skilled), trade unionism and collective bargaining, as well as greater obstacles to foreign “outsourcing.” We have liberalism to thank for tearing all these supports away.

In compensation, it has given us the cheapness of the junk at Walmart. Economist Tyler Cowen believes that the rise of the talented few “will make it easier to ignore those who are left behind.” He has actually proposed constructing subsidized favelas where the losers of the liberal economic order – the majority of the population – can while away the years between birth and death with distractions such as free internet: “We might even look ahead to a time when the cheap or free fun is so plentiful that it will feel a bit like Karl Marx’s communist utopia, albeit brought on by capitalism.” He describes this nightmare scenario as “the light at the end of the tunnel” (141).

Deneen notes the irony that an economic system which has sacrificed everything to individual autonomy has come to seem even to the most talented like an impersonal form of bondage, a rat race from which there is no escape. He reports a typical student telling him:

If we do not race to the very top, the only remaining option is a bottomless pit of failure. To spend time in intellectual conversation in moral or philosophical issues or to go on a date all detract from time we could be spending on getting to the top and thus will leave us worse off relative to everyone else. (11-12)

Under our “meritocratic” education system, “elite universities engage in the educational equivalent of strip mining: identifying economically valuable raw materials in every city, town, and hamlet, they strip off that valuable commodity, process it in a different location, and render the products economically useful for productivity elsewhere.” But just how long are our economically valuable processed materials going to remain productive for us if they no longer even have time to go on dates? Meanwhile, “the places that supplied the raw materials are left much like depressed coal towns whose mineral wealth has been long since mined and exported” (132).

Education in the service of economic productivity is seen as “practical” but, as Deneen observes, this is to ignore the “more capacious way of understanding ‘practical’ to include how one lives as a spouse, parent, neighbor, citizen, and human being.” The abstract babbling about “social justice” on university campuses encourage functions as a replacement for the genuine social duties students no longer have.

Meanwhile, “conservative” legislatures are gutting the humanities offerings at state-supported schools in the name of cost-cutting. One liberal administrator has perceptively described the mindset: “They’ve decided that rather than defending Edmund Burke, it’s easier just to run Intro to Business online and call it a day.”

Deneen is not optimistic about the prospects for a political solution to the crisis of liberalism, warning that “the likely popular reaction to an increasingly oppressive liberal order might be forms of authoritarian illiberalism that would promise citizens power over those forces that no longer seemed under their control: government, economy, and the dissolution of social norms.” I believe this is correct. The best near-term political fix would likely be a Caesarism similar to what Donald Trump promised but failed to deliver in America. As Deneen says,

the “limited government” of liberalism today would provoke jealousy and amazement from tyrants of old, who could only dream of such extensive capacities for surveillance and control of movement, finances, and even deeds and thoughts.

Could the “illiberal democracy” endorsed by Viktor Orbán really be any worse?

In the longer term, the answer to our problems is not to be found in politics at all:

There is evidence of growing hunger for an organic alternative to the cold, bureaucratic, and mechanized world liberalism has to offer. While especially evident in the remnants of orthodox religious traditions, . . . the building up of practices of care, patience, humility, reverence, respect, and modesty is also evident among people of no particular religious belief, homesteaders and “radical homemakers” who are seeking within households and local communities to rediscover old practices that foster forms of culture liberalism otherwise seeks to eviscerate. Often called a counterculture, such efforts should better understand themselves as a counter-anticulture. (191-192)

As advanced liberalism throws ever more people into economic and familial instability, and our ever-increasing individual autonomy leaves us (as Tocqueville predicted) both “independent and weak,” “such communities of practice will increasingly be seen as lighthouses and field hospitals to those who might once have regarded them as peculiar and suspect” (197).

 

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mercredi, 02 octobre 2019

La mort de la démocratie et la naissance du social-conservatisme

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La mort de la démocratie et la naissance du social-conservatisme

 
Chisinau Forum III: Youssef Hindi, historien des religions et géopolitologue, France

Depuis la chute du Mur de Berlin le monde vit sous l’hégémonie du libéralisme philosophique, politique et économique. Un système impérial oligarchique, inégalitaire, qui avance derrière le masque de la démocratie de masse. Mais le discours de la classe dirigeante et des médias occidentaux ne peut plus occulter la réalité de cette dictature sans frontière ni visage. Le roi est nu.

En Occident, et tout particulièrement dans l’Union européenne, le vote du peuple, lorsqu’il ne va pas dans le sens de l’agenda oligarchique, est ouvertement rejeté ou délégitimé (le référendum de 2005 en France, le Brexit en 2016 et l’élection de Trump la même année). L’hyper-classe ne cache plus sa volonté d’abolir, non pas la superstition de la démocratie, mais la prise en compte des intérêts des peuples.

La superstition démocratique

La démocratie est associée, dans l’imaginaire collectif, au principe d’égalité et à l’idée d’un pouvoir politique également réparti parmi les citoyens. Or, dans la Grèce antique, là où elle est née, la démocratie ne fut jamais atteinte. Depuis Athènes jusqu’au démocraties représentatives, elle s’est toujours constituée par une série d’exclusions : des esclaves, des pauvres, des femmes, des aristocrates… Et aujourd’hui, la démocratie exclu le peuple lui-même, dans sa grande majorité.

En 1895 déjà, Gustave Le Bon expliquait que le sens des termes démocratie, égalité, liberté etc, ont un sens si vague que de gros volumes ne suffisent pas à le préciser. Et pourtant, disait-il, une puissance vraiment magique s’attache à leurs brèves syllabes, comme si elles contenaient la solution de tous les problèmes. Car ces mots synthétisent des aspirations inconscientes variées et l’espoir de leur réalisation.[1]

C’est d’ailleurs sur ce flou sémantique que jouent les dirigeants occidentaux. Cette puissance magique, cet espoir de réalisation, sont liés à la dimension religieuse. De même que l’est la crise actuelle, ce qui est très souvent ignorée ou négligée par les politologues.

En effet, la démocratie est, comme toute idéologie politique, une forme de religion qui ne dit pas son nom: elle vit par et à travers la foi des peuples. Et c’est par le vote démocratique, véritable rituel religieux dans les nouveaux temples, que les citoyens communient et témoignent de leur assentiment, de leur foi dans le régime.

Mais cette foi s’est érodée, l’effet hypnotique des mots « magiques » se dissipe de jour en jour au fur et à mesure que la chimère démocratique s’éloigne et que l’appauvrissement des peuples s’aggrave au profit de la finance internationale.

Aujourd’hui, c’est tout l’édifice politique moderne qui est en danger, car au-delà de la démocratie, toutes les idéologies modernes qui sous-tendent les partis politiques et les institutions sont mortes: le socialisme, le libéralisme, la gauche, la droite… ne sont désormais plus que des mots creux auxquels seules de petites portions de population restent attachées par tradition.

Le libéralisme conservateur

La nature ayant horreur du vide, cette décomposition des idéologies modernes et la vague populiste qui s’en est suivie ont poussé la classe dirigeante à fabriquer une fausse alternative face à cette menace.

Cette nouvelle proposition politique est le conservatisme libéral. Un alliage de deux philosophies politiques antinomiques : le conservatisme et le libéralisme.

Ce courant correspond toutefois à une réalité sociologique, l’alliance objective des bourgeoisies traditionnelle et libérale progressiste. En France, par exemple, les partisans de la Manif pour tous (la bourgeoisie catholique et conservatrice qui s’est opposée au mariage homosexuel et à l’homoparentalité), ont massivement voté pour le pro LGBT Emmanuel Macron en 2017 (76% à Versailles); et de la même façon, l’électorat de la gauche bourgeoise, opposée verbalement à la finance internationale, à voté au second tour pour le même candidat, ce banquier estampillé Rothschild (52% des électeurs de Mélenchon ont voté pour Macron).

Aux Etats-Unis on retrouve le même schéma, les démocrates progressistes comme les républicains conservateurs s’opposent (sauf exceptions) au protectionnisme économique qui permet de sortir les prolétaires et les classes moyennes de la pauvreté; mais également de sauver l’économie nationale.

Le philosophe français Jean-Claude Michéa résume ainsi la contradiction des conservateurs libéraux: «on peut difficilement concilier l’idée que le dimanche est le jour du Seigneur ou des activités familiales et l’idée qu’il devrait être un jour ouvrable comme les autres. Le modèle économique vise d’abord à produire, vendre et acheter tout ce qui peut être produit ou vendu, qu’il s’agisse d’un écran plat, d’une kalachnikov ou du ventre d’une mère porteuse. »[2]

Pour une certaine bourgeoisie, l’attachement à la religion n’est pas liée aux valeurs positives que celle-ci porte en elle et véhicule, bien au contraire; par exemple: en France, la bourgeoisie voltairienne anti-catholique du XVIIIe siècle s’était partiellement recatholicisée au XIXe, non pas parce qu’elle avait retrouvé la foi, mais par peur de la révolution sociale qui pouvait mettre en péril ses intérêts[3].

Cette bourgeoisie qui s’est alliée dans la même période aux cosmopolites ayant travaillé à l’élaboration et à la diffusion dans toute l’Europe de la doctrine libérale du philosophe Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon (1760-1825) et qui a contribué à établir la domination du capitalisme bourgeois au XIXe siècle[4].

Cette bourgeoisie qui se pare de valeurs traditionnelles est, dans la pratique, plus libérale que conservatrice, plus matérialiste que religieuse, et elle se situe aux antipodes du catholicisme social qui méprisait l’argent et encourageait chez les privilégiés le sentiment de responsabilité vis-à-vis des pauvres.

Par ailleurs, la survivance de disciplines sociales venues des enseignements de l’Eglise – stabilité familiale, coopération locale, moralité anti-individualiste – constitue encore aujourd’hui des couches protectrices dans une société néocapitaliste favorisant l’isolement des individus, l’égoïsme, le narcissisme de masse et la dévalorisation, sur le plan idéologique, de tout travail qui n’engendrerait pas instantanément un gain[5].

Au-delà de leurs discours, les deux bourgeoisies, de gauche et de droite, font front commun pour protéger leur porte feuille contre l’intérêt national, contre le peuple.

Le conservatisme social pour contrer le libéralisme conservateur

Partant de cette réalité historique et sociologique, l’alternative à proposer et à définir, logiquement, est un conservatisme social, c’est-à-dire la cohérente combinaison des valeurs traditionnelles et d’un protectionnisme socio-économique.

Le nouveau clivage dans l’ensemble des pays développés, obéit aux mêmes logiques économiques et culturelles opposant des territoires intégrés à la globalisation économique, à savoir les grandes métropoles mondialisées d’une part, et d’autre part les petites villes, villes moyennes desindustrialisées et les zones rurales[6] : là d’où part la vague populiste, là où vit la majorité, composée de la classe ouvrière, des paysans et des classes moyennes qui souffrent de la globalisation.C’est à ceux-là que s’est adressé Donald Trump durant sa campagne électorale en 2016, et c’est ceux-là qui l’ont fait gagner.

Les peuples occidentaux sont désormais prêts à entendre et à répondre à un discours social-conservateur, mais encore faut-il mettre l’accent sur ce qui réunit les différentes composantes de la société majoritaire:le protectionnisme socio-économique et culturel.Car, le fait est que les sociétés occidentales sont, pour beaucoup, tellement éclatées, en raison de la disparition des croyances collectives, qu’il est difficile, voire impossible, d’établir une cohésion semblable à celle des sociétés traditionnelles.

Le communisme et le républicanisme promettaient le paradis égalitaire immédiat sur terre. Ayant échoué à réaliser leurs promesses, le premier est mort, tandis que le second est dans sa phase finale de décomposition.

À l’inverse, le catholicisme et l’orthodoxie promettaient, par le baptême et les œuvres, le salut et la félicité éternelle dans l’au-delà, mais ils garantissaient également sur terre une protection sociale.

Nous devons donc intégrer, dans un deuxième niveau du discours social-conservateur, le projet d’une constitution fondée sur la loi naturelle et la loi divine (les deux coïncident), tel que voulu par les pères de l’État moderne, le français Jean Bodin et l’anglais Thomas Hobbes, lequel expliquait que « la fonction du souverainconsiste dans la fin pour laquelle le pouvoir souverain lui a été confié, à savoir procurer au peuple la sécurité, fonction à laquelle il est obligé par la loi de nature, et il est obligé d’en rendre compte à Dieu, l’auteur de cette loi, et à personne d’autre.»[7]

C’est ce que demandent aujourd’hui les peuples: des dirigeants et des lois qui leur procurent la sécurité face au serpent globaliste.

[1]Gustave Le Bon, La psychologie des foules, 1895, Presses Universitaires de France, 1963, pp. 59-60.

[2]Jean-Claude Michéa, entretien avec Laetitia Strauch-Bonart, « Peut-on être libéral et conservateur ? », Le Figaro, 12 janvier 2017.

[3]Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse, 2015, Le Seuil, p. 53.

[4]Bernard Lazare, L’antisémitisme son histoire et ses causes, 1895, réédition 2012, Kontre Kulture, p. 131.

[5]Emmanuel Todd, op. cit. p. 118.

[6]Christophe Guilluy, No Society, La fin de la classe moyenne occidentale, 2018, Flammarion, pp. 27-28.

[7]Thomas Hobbes, Le Leviathan, chapitre XXX : De la fonction du Représentant souverain, 1651.

 

Source - FLUX

jeudi, 26 septembre 2019

Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu...

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rotectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu...
 
par Christopher Coonen
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré à l'urgente nécessité de la mise en œuvre d'une politique protectionniste intelligente pour la France et l'Europe. Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu

Nous assistons depuis une dizaine d’années à la refonte de l’ordre économique et monétaire mondial. Le point de bascule a entamé son renversement avec la crise financière des Sub-primes en 2007 aux Etats-Unis, suivi d’un enchaînement de cracks boursiers et de faillites bancaires en 2008. C’était le retour de bâton d’une mondialisation débridée.

Les Etats-Unis et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, et Chine) ont alors tous progressivement mis le cap sur des politiques protectionnistes dont le but était de protéger et renforcer leurs souverainetés respectives, tout d’abord dans leurs marchés domestiques, mais avec l’objectif de plus en plus explicite d’assoir dans la durée leur projection de puissance au niveau régional et mondial. Ces gouvernements ont donc défini une stratégie aussi étendue que possible pour inclure dans cet élan de renationalisation les domaines stratégiques et inextricablement interconnectés de l’industrie, du numérique et de la monnaie. Les leaders et gouvernements de ces cinq pays ont depuis tous accéléré ce mouvement, prônant une politique de préférence nationale, « repliant » leurs champions industriels sur une ligne politique de consolidation pour mieux conquérir ensuite d’autres marchés.  Reculer pour mieux sauter en somme.

protect1.jpgSans prendre la mesure politique et stratégique de ce mouvement profond, ni en admettre le sens et la légitimité, l’Europe quant à elle s’est contentée de poursuivre sa politique d’élargissement sans garde-fous et de signature d’échanges commerciaux mondiaux tous azimuts, plus récemment avec le Canada et le Mercosur. Elle a poursuivi ainsi ses objectifs louables en théorie mais bien naïfs d’une vision pour un continent appelé à l’emporter commercialement du simple fait de son génie industriel, de sa démographie, et de son poids économique cumulés. L’intégration politique s’est donc poursuivie mais sans mise en place de son indispensable ferment : une structure économique et fiscale pensée et concertée. Face notamment au combat de titans entre les Etats-Unis, l’empire installé depuis 1945, et l’empire montant du Milieu, la Chine, l’Europe et la France en particulier ont continué de leur ouvrir leurs marchés sans contrainte et avec une absence totale de stratégie industrielle et économique.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : des pans entiers de nos industries, stratégiques ont été bradés et constituent une perte irrattrapable pour le savoir-faire, l’innovation, l’avantage concurrentiel et la projection de puissance européens. Citons les abandons désinvoltes des Français aux Américains : Alstom à General Electric (GE), et Technip à FMC. Arrêtons-nous sur le cas d’Alstom, devenu un acteur mondial incontournable dans le domaine des turbines nucléaires. Avec 178 turbines installées, il couvre 30 % du parc nucléaire mondial. Ses nouvelles turbines, Arabelle, sont considérées comme les plus fiables du monde assurant 60 ans de cycle de vie aux centrales nucléaires et elles équipent les futurs EPR. Alstom a également des contrats avec Rosatom en Russie et avec la Chine pour la livraison de quatre turbines de mille mega-watts. Ce fleuron stratégique français est donc maintenant dans l’escarcelle de l’américain GE : c’est désormais le groupe américain qui décidera à qui vendre les turbines et aura le dernier mot sur la maintenance du parc nucléaire en France !  Au gré de mensonges éhontés de l’Elysée et de Bercy, bien d’autres douloureuses prétendues fusions « entre égaux », se sont révélées être de gravissimes chimères pour notre souveraineté en lambeaux.

Alors que l’Europe devrait se doter de géants industriels capables de gagner des contrats et des parts de marché contre ses concurrents américains et chinois, voilà que Bruxelles refuse d’avaliser la fusion d’Alcatel avec l’allemand Siemens au prétexte parfaitement spécieux et suicidaire d’une possible « domination non-concurrentielle ». Mais justement, nous avons besoin de tels champions pour notre « marché unique ». Nous marchons sur la tête ! La France se doit de préserver et d’assurer le développement de l’industrie qui lui reste : « nationaliser » les appels d’offres dans l’Hexagone en privilégiant nos champions et aussi les TPE et PME françaises. Les Allemands le font sans états d’âme, en faisant « fi » de la bureaucratie européenne et de ses diktats normatifs qui visent son affaiblissement et sa vente progressive à la découpe ! Pas plus tard que la semaine dernière, la SNCF a annoncé qu’elle préférait l’espagnol CAF à Alstom pour l’achat de vingt-huit rames Intercités.

protect-perrouxIN.jpgDans le domaine numérique, après 25 années d’existence du e- et m- commerce, force est de constater que les titans mondiaux sont là aussi américains et chinois. Encore une fois il y a une absence de représentation totale de géants du net européens. Dans le contexte de l’affrontement qui s’intensifie entre les Etats-Unis et la Chine, nous parlerons bientôt non seulement des « GAFAM » américains mais de plus en plus aussi des « BAXIT », les chinois Baïdu, Alibaba, Xiaomi, et Tencent. A l’instar de Washington, le gouvernement chinois déploie son appareil juridique et ses politiques d’investissement derrière ses champions, enrayant le développement de concurrents américains tels que Google ou Facebook. En Russie, Facebook est absent, c’est son équivalent local V Kontakte qui domine ce marché.

Les dépenses des ménages et des entreprises européens vont donc tout droit enrichir nos concurrents étrangers qui pour la plupart ne s’acquittent pas de leur juste part d’impôts. Pire, la sensibilité et la richesse de nos données personnelles qui profitent au développement d’algorithmes d’intelligence artificielle toujours plus performants tombent aussi dans des mains adverses.

L’Europe se retrouve donc complètement dépendante et démunie. Une esclave consentante, stockholmisée par son maitre américain qui par ailleurs décide même désormais de ses projets commerciaux légitimes en lui dictant via l’extraterritorialité juridique, les frontières de son licite et illicite…en fonction des intérêts nationaux américains. Une notion aux contours extensibles…

Enfin, cette offensive de « renationalisation » active se joue également dans le domaine monétaire. D’abord, la « dédollarisation » de l’économie mondiale est en route : la Russie a largement vendu des Dollars depuis 2018, qui ne représentent plus que 27% de ses réserves, derrière l’Euro (39%) – source Banque Centrale Européenne. Sa Banque centrale a aussi acheté l’équivalent de quelques dizaines de milliards de dollars du Yuan convertibles chinois. La Chine et la Russie ont en parallèle massivement acheté de l’or ces dernières années afin de soutenir leurs devises, avec l’objectif pour les Chinois de détrôner à terme les Américains et pour les Russes d’échapper à la pression de Washington. La solidité de leurs devises repose aussi sur leur faible taux d’endettement. La Russie est quasi à l’équilibre. La Chine elle fait face à une situation plus complexe :  le taux d’endettement du gouvernement central et des collectivités locales est estimé à 37%, loin derrière celui du Japon (240 %), la Grèce (181,1 %), l’Italie (132,2 %), le Portugal (121,5 %), les États-Unis (107,2 %), ou encore la France (98,4 %) – source ministère français de l’Economie et des Finances, CEIC Data.

protect-perrouxPLAN.jpgEnsuite, afin d’assainir ses finances et parer à la crise de 2007, Pékin a lancé un plan de relance en novembre 2008 visant à injecter sur le marché 4 000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) afin de stimuler la demande intérieure face au ralentissement de la croissance et à la stagnation de ses exportations. Elle investit massivement dans ses différents projets des Routes de la Soie en Asie Centrale, en Europe, en Afrique, et en Amérique Latine afin d’augmenter la croissance de son économie et de lui donner un avantage géopolitique de puissance « tranquille » mais incontestablement en projection. Elle crée son « contre monde » et déjà ses contre standards. Les Chinois voient loin, très loin, au-delà des péripéties immanquables de leur stratégie à l’échelle d’un siècle entier. Cette vision leur confère un avantage certain par rapport à des politiques très court-termistes en Europe et d’une certaine manière aux Etats-Unis.

Finalement la politique du « quantative easing » de la Banque Centrale Européenne affaiblit à terme l’euro, sachant que l’injection massive de liquidités dans le système financier européen au travers du rachat de Bons du Trésor et autres obligations équivaut à faire tourner la planche à billets sans croissance réelle de l’économie. Une vulnérabilité mortifère dans un contexte de très forts taux d’endettement de certains pays membres dont la France.

L’impact économique et social, mais aussi politique de ces inquiétants développements sera très concret et massif. Pour en prendre la mesure, l’analyse du PIB par le biais du pouvoir d’achat par parité ou PPP est intéressante car elle permet de comprendre l’état réel de la puissance économique via la richesse créée concrètement pour les citoyens des pays concernés. Si nous prenons les projections du FMI, de la banque Standard Chartered, d’Oxford Economics, et du Brookings Institute sur le classement des dix plus grandes puissances économiques au regard du PIB en termes de PPP en 2030, nous constatons plusieurs choses :

  1. Sur les dix pays, quatre seront asiatiques.
  2. La Chine et l’Inde seront respectivement au premier et deuxième rang, reléguant l’actuel numéro un, les Etats-Unis, au troisième.
  3. Les BRICS y figureront tous, avec d’autres pays « émergents » d’aujourd’hui – l’Indonésie (4ème), la Turquie (5ème) et l’Egypte (7ème).
  4. L’Allemagne clôturera la liste
  5. La France sera absente !
  6. L’Union européenne pourrait et devrait y figurer mais, au vu des politiques et interférences désastreuses de ces dix dernières années mentionnées supra et en l’absence d’une politique économique et industrielle cohérente, elle manquera également à l’appel.
  7. Le G7 dans son actuel format sera devenu complètement caduque, réclamant sans doute l’arrêt de ce forum pour privilégier le format du G20…

protect-grjebine-NEI.jpgNous sommes donc devant deux visions apparemment en opposition mais qui peuvent en fait se rejoindre : un libre-échangisme mal-pensé et un protectionnisme pondéré et assumé. Il serait temps que l’Europe et la France fassent une correction de cap courageuse, décisive et retentissante. Pécher par prudence et engager une politique visionnaire et stratégique nationale et communautaire claire sur l’industrie, le numérique, et la monnaie, afin que nos champions puissent tout d’abord exister et qu’ensuite ils puissent sortir gagnants de la nouvelle concurrence mondiale.

Christopher Th. Coonen (Geopragma, 23 septembre 2019)

mercredi, 25 septembre 2019

Sur la crise des démocraties et la transition des formes politiques

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Vers des régimes autoritaires en France et en Europe?

Sur la crise des démocraties et la transition des formes politiques

Irnerio Seminatore

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction. Corruption et changement des régimes politiques

La crise des fondements, le déclin français et la tentation autoritaire

Régimes égalitaristes et régimes hiérarchiques

La souveraineté et ses interprètes, Tocqueville, Rousseau et C.Schmitt

Macron, la France et l'Europe

La démocratie est elle en danger?

La dérive autoritaire de la démocratie

L'affaiblissement de l'esprit de liberté et la transformation de l’État démocratique en l’État

bureaucratique.

Sur le rôle de la "Formule politique"

Guerre et liberté

Sur la crise des démocratie et l’évolution vers des régimes autoritaires

États et violence politique

Les menaces portées contre la démocratie: un tabou de la communication politique

La recherche d'un ordre alternatif

Essor et évolution des régimes autoritaires en Europe

La "Nouvelle Frontière" de l'Europe, le Souverainisme

Souverainisme et populisme. Stratégie et tactique

La révolution numérique et le contrôle social

Phénomènes de normalisation, de violence et de sanction du XXIeme siècle.

Michel Foucault et sa "notion d'homme"

La folie et la mort. Le suicide d'Hamlet à Elsinor


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Introduction. Corruption et changement des régimes politiques

Dans une période de "fake news" et de perversions sémantiques est-il surprenant de se révolter contre le chaos ou l'anarchie, là même où d'autres y voient la démocratie, la liberté d'expression et l'égale condition de la nature humaine? Quelles preuves apporter à la marche vers des régimes autoritaires, si non des exemples de conduite déviants, par rapport à des normes et des pratiques ancrées dans une tradition, ou dans une préférence politique héritées du passé? Passant à la formulation d'hypothèses crédibles, le besoin d'ordre et de sécurité peut-il être compris intuitivement comme demande de protection, face à des grandes crises d'autorité ou, en revanche, comme angoisse sociale, difficile à affronter avec les moyens du débat et de l'intégration et exigeant plutôt ceux de la force et de la répression?

Or, comprendre la transition actuelle des démocraties vers des régimes autoritaires, c'est faire référence à trois types d'explication:

- d'ordre historique

- d'ordre politique et culturel

- d’ordre sociologique, scientifique et psychologique.

Pour le premier type, je retiendrais l'explication classique, celle de la décomposition de la démocratie et de la théorie des cycles historiques.

Pour le deuxième, la crise des fondements, la conception du pouvoir et l'affaiblissement de l'esprit de liberté.

Pour la troisième, celle des systèmes de contrôle et de manipulation des opinions et de la disponibilité des masses à l'asservissement vis à vis d'un maître.

Des éléments des trois critères se retrouvent dans l'impossible conciliation de la souveraineté étatique, de la liberté individuelle et des convictions populaires, qui définissent le pouvoir démocratique. Ainsi permanence et discontinuité s'en trouvent bouleversées et besoin et inquiétude du changement, intimement liées. Cette situation affecte la conception héritée de la démocratie et augmente la séduction des régimes autoritaires, tenus pour naturels et parfois nécessaires.

En effet dans le courant de derniers deux cent cinquante ans, nous sommes passés,en Europe, des monarchies de droit divin à des monarchies constitutionnelles, puis à des républiques présidentielles et, au XXème siècle après deux grandes révolutions, communiste et national-socialiste à l'ère des tyrannies, pour adopter enfin, à cheval du XXIème siècle, l'âge des démocraties.

Suite à la défaite des pays totalitaires, à la dislocation des empires et à la décolonisation du monde dans la deuxième partie du XXème siècle, nous sommes devenus de colonisateurs, colonisés et l'hétérogénéité des traditions historiques s'est transformée en une uniformisation forcée des conceptions politiques.

Par ailleurs, et comme conséquence du processus de mondialisation, qui a accompagné l'effondrement du communisme soviétique, le pouvoir occidental s'est assuré du consensus des peuples par l'idéologie de l'élargissement de la démocratie.

Or, le trait commun de celle-ci a reposé en Europe sur la dispersion des fonctions d'autorité et, plus de toute autre, de l'autorité souveraine, individuelle ou collective. Au sein de l'Union européenne la souveraineté est en fait partagée entre oligarchies bureaucratiques multiples, qui cachent le polycentrisme des pouvoirs et une gouvernance non élective, se réclamant d'un autoritarisme libéral.

En France, cette dispersion du pouvoir souverain n'a pas tenu compte de la diversité des populations et de conceptions éthiques et civilisationnelles, qui affectent en profondeur l'esprit public, chez les masses et chez les élites et a poursuivi les raisonnements et les pratiques de la tradition républicaine, remaniée par la cinquième république.

L'anarchie universitaire et syndicale, prônant la mort de l’État policier, détesté par Mai 68, puis le retour au pouvoir du général de Gaulle, accusé de bonapartisme par des intellectuels qui se voulaient sans dieu ni maître, suscita un tournant des opinions à la faveur de l'homme du salut.

Dans de pareilles situations et selon Aristote, les démocraties se corrompent et les guerres civiles naissent, exaspérant les conflits des factions et les rivalités entre les individus et les représentants du pouvoir. Puisque les luttes intestines ne trouvent de limites, ni dans la loi, ni dans les mœurs, devenus sans freins, le libre cours aux détracteurs de l'autorité et à la haine des exclus, affaiblissent l'autorité, réclamant à grand voix, un changement de régime.

C'est aujourd'hui le cas de Macron.qui est au même temps un jacobin, ignorant la raison d’État et un progressiste universaliste, qui méprise l'homme du peuple, bref un souverain, en état de guerre permanente avec ses sujets, de plus en plus hostiles à sa politique.

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Selon la vulgate classique, les démocraties sont entraînées vers leur mort et vers l'instauration de régimes autoritaires, lorsque les opinions et les masses, opposées à la classe des privilégiés, se soumettent au pouvoir salvateur d'un chef, populiste ou démagogue, qui les entraîne à la conquête du pouvoir d’État.

Ainsi se succèdent les différentes formes des régimes politiques, qui transforment la liberté en licence et la démocratie en tyrannie, l'excès de liberté entraînant en retour un excès de servitude. Puisque le peuple est animé par des formes dégradées de connaissance, l'apparence, les préjugés et les passions, Aristote en concluait que la meilleure forme de gouvernement est le régime mixte, une composition de démocratie et d'aristocratie, option qui sera reprise par Machiavel à la Renaissance et à laquelle, dans les premières décennies du XXème siècle, Pareto, Mosca et Michels, adapteront la théorie des d'élites dans le but d'étudier la stabilité des partis politiques et la tendance oligarchique des démocraties.

La crise des fondements, le déclin français et la tentation autoritaire

En ce qui concerne le deuxième critère, la conception du pouvoir dans les démocraties d'aujourd'hui, celles-ci ne peuvent rester indifférentes à la crise des fondements, les principes premiers et ultimes de l'autorité de commandement, le consentement volontaire ou la rigueur de la loi. Or une crise des fondements est avant tout une grande crise intellectuelle et morale, une crise de foi, de sens et de société,bref une remise en cause des paradigmes, engendrant une énième subversion de la conscience européenne.

Elle met en cause le passé, le présent et l'avenir et concerne le peuple dans son ensemble. Le choix qu'elle implique appartient-il au "demos", au souverain, ou à Dieu? A la démocratie ou au pouvoir suprême? A l'histoire ou à la politique?

La crise actuelle engage en profondeur la responsabilité du citoyen et, puisque le pouvoir de commandement implique "l'obéissance" des sujets, qui est la consistance effective de la souveraineté, le régime politique confronté au problème de l'adhésion volontaire tirera une grande difficulté de la division du peuple, qui se niche dans la composition même de celui-ci. Un peuple aux deux identités, dont l'âme se divise en deux inimitiés existentielles, dictées par la pluralité des Dieux, est un peuple déchiré entre deux obéissances, à la loi divine, par sa nature universelle, et à la loi politique, par sa nature séculière et nationale.

C'est la situation de la France d'aujourd'hui, la France, jadis pays-guide de l'Europe et actuellement déchirée par la présence sur son sol de deux civilisations hostiles, irréconciliables et en état de guerre virtuelle.

Or, les régimes politiques existants sont l'expression, dans la Gaule et en Europe, d'une seule culture collective, des mêmes sentiments ancestraux, ou , en d'autres termes, de la même foi en Dieu, en la loi et en l'homme de raison.

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Le déclin français, commencé en 1789, avec la "Grande Révolution", le rabaissement de la noblesse et l'hiver démographique,se poursuit avec l'égarement de ses croyances anciennes, qui justifient aujourd'hui son agnosticisme moral par le primat de la "raison" et par l'absence de principes d'ordre métaphysique, exaltant une sécularisation dévoyée et une Église ouverte à l'Islam.

Il continue avec Macron, épris par un aveuglement historique, qui, en mal de stabilité politique, a osé l'hérésie sacrilège, affirmant à Lyon que "la culture française n'existe pas et qu'elle est diverse et multiple"?( 6 février 2017). Le but de complaire à une foule inculte, maghrébine et barbaresque, étrangère à l'histoire du pays, l'a trahi dans l'oubli que l'unité culturelle garantit et préserve l'intégrité d'une nation.

Pouvait il sacraliser autrement une République sans unité, sans hiérarchie et sans Histoire, qui a remplacé les révolutions par les invasions, changeant de visage à la barbarie?

Or, puisque toute solution politique est l'usage combiné de l'autorité, de la loi et de la force, comment la "classe politique" pourra -t- elle réagir à la révolte des masses, offertes par son Prince à toute tentation et à tout reniement?

Du même coup, le rassemblement du Tiers-État, la plèbe moderne des vieux français des terroirs, des petits commerçants et chômeurs, rejetés par une mondialisation dévastatrice, mobilisant révolte et envie de réformes, a consenti aux ennemis du peuple, les black-blocs ou les islamo-gauchistes, d'utiliser au sein de ce mouvement la violence et la subversion.

Cette convergence entre le légitime et l'illégitime, a corrompu l'adhésion du peuple et a justifié la riposte autoritaire de Macron, qui n'a pas la religion de la gloire de Louis XIV, ni celle de la grandeur de de Gaulle et qui ne sait combiner l'alliance traditionnelle du Roi et du Tiers État, en associant les deux formes politiques, par lesquelles se décomposent aujourd'hui les démocraties, l'oligarchie mondialiste et la tyrannie monarchiste.

Le combat contre la ruine de "l'esprit français", si patente de nos jours, avait pourtant débuté à Londres en juin 1940, dans le but de maintenir la France occupée, dans un état de liberté d'esprit contre les formes variées de séduction et de soumission intellectuelles venant de l'occupation allemande, car "l'esprit français" ne se concevait, à l'époque, que dans son lien avec une nation libre et dans la lecture d'une histoire engagée, qui partagerait le corpus philosophique de la liberté.

Le débat sur la démocratie et les régimes autoritaires ouvre aujourd'hui une nouvelle page à la réflexion politique, en France et en Europe et touche toutes les classes et toutes les générations, car les enfants du siècle ne combattent plus pour la vertu ou pour la patrie, mais pour le pacifisme, les migrations illégales ou les droits de l'homme.

Régimes égalitaristes et régimes hiérarchiques

En effet le changement de paradigmes a fait tourner la page de l'égalité, du bonheur et des désirs des citoyens, qui avaient constitué autrefois les piments de l'utopie.

L'époque contemporaine est particulièrement touchée par une revendication d'uniformité et d'hostilité à l'ordre établi et par une réceptivité désarmante vis à vis des vitupérations et des demandes sociales. En effet ces dernières laissent un grand espace à la disponibilités des masses pour croire aux nouvelles prophéties et au vieilles lubies égalitaristes.

Ces masses, qui ne font plus confiance à des philosophies salvatrices, fussent-elles dialectiques et qui ont quitté les partis politiques, constituent le terrain de chasse privilégiées de l'intime corruption de la démocratie, l'apolitisme et la logique des privilèges, apanage des parvenus et des arrivistes.

Celle-ci constitue la semonce captivante de tous les courants et de tous les hommes, qui vendent sur la scène politico-médiatique, leurs alchimies du renouveau et des promesses, non certifiées, du futur.

L'aveuglement dans la fiction de l'égalité s'est particulièrement développée au sein de l'opposition entre les deux camps, de la société civile et de la société politique, autrement dit de la fraternité introuvable et de la rivalité irréductible, en corrompant au même temps l'idée d'Europe.

carlschmittrrrrrrr.jpgLa souveraineté et ses interprètes, Tocqueville, Rousseau et C.Schmitt

Avec l'évolution des systèmes de pouvoir contemporains, la dictature des majorités, que Tocqueville craignait venir de l'uniformisation des conditions en Amérique se renverse de nos jours en la tyrannie des minorités, puissamment portées par la désagrégation de la vie sociale et la corruption de la vie parlementaire. En effet si la tyrannie de la majorité a pu apparaître jadis menaçante, la phénoménologie contemporaine prouve que ce sont les revendications minoritaires à afficher le plus grand danger pour le bien commun.

Ce sont en outre les minorités qui prétendent dissoudre le concept de "genre", ou de "nature" (homme,femme), pour le soumettre totalement à celui de société, au sein d'un processus historique, qui tend vers l'égalité des citoyens.

Cette civilisation égalitariste, dans sa dimension multiculturelle entraînerait un mutation anthropologique, où les différences ne seront plus légitimes et il en résultera une nouvelle humanité, dans laquelle les minorités s’emploient à définir autrement la société et à changer les codes et les dictionnaires du langage courant, de même que les délits et les peines de la jurisprudence et de la loi et où le concept de "nature" disparaîtra par l'effet de la "volonté générale" et du "contrat démocratique".

De telle manière les revendications minoritaires , promues sous le drapeau de l'égalité, pourront dissoudre les identités nationales et les communautés d'origine.

Or, la "souveraineté" défendue par Tocqueville, comme capacité d'autonomie politique et d'auto-organisation sociétale, hors de tutelles étrangères, n' est guère la "souveraineté" de la volonté générale de Rousseau, le genevois misogyne, inspirateur de la révolution française, destructrice de tout ordre hiérarchique et père des dogmes démocratiques du républicanisme de la IIIIème République.

Elle n'est pas non plus celle de C.Schmitt, dernier représentant du "Jus Publicum Europaeum", penseur du décisionnisme et de la souveraineté, incombant sur "celui qui décide de l'exception, en situation d'exception". La souveraineté de Carl Schmitt, qui s'inscrit au cœur de la lutte à mort de l'ami et de l'ennemi, comme essence du politique, prône en effet, en situation de danger, l'unité de tous ceux qui se rassemblent et qui sont liés par une origine et une amitié homogènes, excluant ceux qui sont étrangers à l'ordre politique national et se comptent aujourd'hui par millions.

caricaturemacronemm.jpgMacron, la France et l'Europe

Or, dans l'hypothèse de crises plus violentes,la faiblesse de Macron et la dissolution de la France et de l'esprit français s'inscrivent dans l'impossible conciliation, au cœur l'unité "indivisible" de la nation, de l'universalisme extrémiste et de l'immigrationnisme débridé du Prince. Conciliation politique et institutionnelle qui exigerait la soumission de tous au pouvoir régalien, afin d'assurer la paix civile, face à la menace latente de la désunion et de la subversion internes.

Personne n'osera réduire la démocratie au seul suffrage, fût il plébiscitaire, ni le suffrage à la divinisation du peuple, fût-il le "peuple élu".

Selon l'institution monarchique, réhabilitée par la république présidentielle, un peuple n'est uni que sous son souverain, seul en mesure d'assurer la concorde civile.

Mais le péché historique de la France, c'est d'avoir brisé l'unité de la nation, à l'époque de la Réforme protestante vis à vis des Huguenots et de leurs collusions supposées avec la Hollande et l'Angleterre, hier avec le Front Populaire et l'Union Soviétique et après la guerre, avec les socialismes et les pays de l'Est, aujourd'hui avec l'Islam et les États sunnites et wahhabistes, ennemis latents et permanents du pays.

Dans cette république querelleuse et insoumise la démocratie, antidote de la monarchie ou du pouvoir monocratique, a-t-elle besoin d'un chef providentiel, maître, despote, ou barbare qui s'élève au dessus des factions et incarne l'autorité et la concorde?

Au coeur de troubles et difficultés multiples, Macron tend vers un point d'équilibre entre l'ordre libéral global et l'égalitarisme islamo-libertaire, ou encore, entre la modernité administrative et les nouvelles aristocraties républicaines.

En tant qu'expression des bourgeoisies françaises de droite et de gauche, il ne peut conjuguer l'inimitable exaltation pour la primauté de l'Amérique de Trump et le caractère russe de Poutine.

S'il lui est impossible d'intégrer ou d'anéantir l'Angleterre, tournée vers le grand large, Macron tâche de voir dans le Brexit une occasion de nouer avec l'Espagne et de prendre à revers les pays de Visegrad, par une politique d'entente avec la Serbie et les Balkans Occidentaux,en humiliant l'Italie,qui sera le premier rebel du giron des pays subordonnés au joug de l'Union germano-américaine.

C'est la peur d'une surprise stratégique d'ampleur historique, la révolte islamique, qui  lui interdit de reconnaître dans l'ennemi intérieur le perdant de la bataille de Roncevaux, qui marche désormais sur les Champs Élysée.

De surcroît et par un coup de poker, après avoir affronté les gilets jaunes et guillotiné le vieux système des partis, Macron est apparu en Europe, après les élections, comme le seul faiseur de rois et le seul créateur de légitimité vis à vis des institutions européennes.

L'accord de compromis avec une Merkel sans vision et sans avenir, pousse la France de Macron vers un modèle de société autoritaire, sans lui éviter de devenir, face à une Allemagne à l'hégémonie réluctante, la plus importante province du sacrée romain empire germanique, version post-moderne.

Par ailleurs l'approche rajeunie de la concertation franco-allemande, pourra-t-elle rester le pivot d'une asymétrie stabilisée et définitivement acquise , ou bien deviendra-t-elle le soutien principal d'un jeu de bascule du leadership, porté par un homme, qui s'est forgé une image iconoclaste de la liberté des peuples et du pouvoir des États?

La démocratie est elle en danger?

L'effondrement de la social-démocratie en Europe et la politique néo-libérale ,visant à absorber l'électorat conservateur, s'exprime en France par une pratique de restriction du contrôle parlementaire. La crainte de déstabilisation du pouvoir est le principal fondement de l'autoritarisme d’État. Puisque l'appareil d’État s'est évanoui face à la triangulation instable, d'une gauche affaiblie et d'une droite attirée par le Rassemblement National, le centre accapareur de Macron, dépourvu d'une base sociale propre, glisse vers une politique néo-libérale de type autoritaire, dans le but de rendre impossible une compétition électorale "équitable" et de puiser dans le réservoir électoral des droites conservatrices.

Pour atteindre cet objectif, le mécanisme électoral de la cinquième république donne au regroupement politique gagnant, un poids politique disproportionné dans les instances représentatives. Face à une opposition éclatée, à une presse largement favorable et à des médias qui totalisent des parts d'audience considérables, lui permettant de régner sans partage,la seule figure absente est, comme il le dit en 2015, "la figure du Roi".

D'où son modèle monarchique et son mépris du peuple. Dans cette situation la transformation de la France en exemple de l'Europe, s'inscrit dans l'approfondissement du néo-libéralisme et dans une réforme du droit du travail,"flexibilisé", suivant les recommandations du FMI et de l'OCDE. "There is no other choice", expliquera-t-il dans une interview à la presse anglo-saxonne. Or, à l'échelle internationale, l'enjeu du siècle pour la France, comme pour l'Europe est la transformation du monde par la révolution scientifique et technique. Ainsi, le but de la France de demain est de devenir "une Start Up nation". Cependant, au ralentissement de la croissance et au caractère de plus en plus insupportable des inégalités, la stratégie du pouvoir évolue vers la réalisation de réformes structurelles, qui puissent favoriser, coûte que coûte,la compétitivité du pays. Le succès de ce chantier de réformes repose sur une grande fusion des nano-technologies, bio-technologies, réseaux intelligents et objets connectés. La République en marche, dans l'esprit du Prince, devient le synonyme d'un monde en marche vers l'avenir.

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La dérive autoritaire de la démocratie

Le stimulant de ce nouvel horizon technologique est le succès des "meilleurs".
Or, l'obstacle le plus préoccupant de cette démarche générale est l'extension des inégalités, à surmonter par un autoritarisme déclaré, qui délaisse "le bavardage législatif", par une limitation des débats parlementaires, l'adoption de procédures accélérées pour l'examen des projets de loi, la restriction du contrôle parlementaire, le "secret des affaires" et une marge de manœuvre de plus en plus large de l'appareil répressif et des forces de l'ordre. A titre de rappel, la demande au Parlement de la part du président Macron d'adopter une loi qui limite la liberté de manifestation et la présomption d'innocence. Cette politique dure, dangereuse et risquée est ce que l'on peut définir comme la dérive autoritaire de la démocratie et la preuve irréfutable de son étouffement.

L'affaiblissement de l'esprit de liberté et la transformation de l’État démocratique en l’État bureaucratique.

Sur le rôle de la "Formule politique"

In fine, la référence classique de toute tentation autoritaire demeure l'affaiblissement de l'esprit de liberté, qui se mesure aujourd'hui aux dispositions de plus en plus restrictives sur le désaccord politique. C'est de cet affaiblissement que meurent partout les démocraties modernes. Certains parleront de lois liberticides, à propos de la liberté d'expression, d'autres de censure sournoise, d'auto-censure, de chasse aux sorcières, ou de manipulations médiatiques.

En effet, cela se produit lorsque la méfiance, le pessimisme ou la peur de l'ennemi politique s'infiltrent dans nos craintes collectives et c'est là que la liberté se meurt et décline. Les régimes de liberté se meurent également de la désagrégation de la "formule politique", autrement dit du ciment moral, de la croyance collective et de la volonté présumée d'un peuple, de pouvoir surmonter les épreuves de l'Histoire, en s'appuyant sur la fidélité à une tradition ou sur la confiance à un chef providentiel. La désagrégation de ce moment de grâce jette un éclairage sur les difficultés d'une situation, bloquée par une impasse de nature politique ou intellectuelle et qui, en harmonie avec l'esprit du temps, avait permis la mobilisation collective autour d'un projet de renouveau, soufflant au même temps dans le cœur de chaque citoyen.

Ce fut le cas des résistances à l'occupation allemande et à la reconstruction nationale.porteuses de grands espoirs de libertés.

Ce n'est plus le cas d'aujourd'hui, où la "formule politique" se grippe dans la transformation  du pouvoir en régime autoritaire, engageant la mutation des États démocratiques en États bureaucratiques, des États dans lesquels ils est interdit de penser et d'avancer, car il ne faut qu'appliquer.

Le cas exemplaire est celui des institutions supra-nationales comme l'Union Européenne, à la double légitimité, nationale ou populaire et supra-nationale ou oligarchique.

Ici le problème non résolu est celui du renouvellement des élites de direction, les "top jobs", en situation de mixité et de jonction des formes d’État et des formes de régimes.
Dans ce cas la "formule" (alliance ou compromis), doit garantir la fonction d'équilibre entre les impulsions stratégiques des Chefs d’États et de Gouvernement (légitimité étatique ou oligarchique) et les responsabilités d'exécution des bureaucraties supra-nationales (légitimité hiérarchique, et, en son aspect confirmatif, démocratique).

La "Formule politique" doit trouver ici la clé de la compatibilité institutionnelle entre l'option autocratique (désignation par le haut) et l'option démocratique (confirmation par le bas).

Il semble évident, dans des conditions si restrictives, que le recrutement des nouvelles élites laisse une marge de manœuvre très réduite aux nouveaux dirigeants et les rend davantage tributaires d'une "aquiescence" hiérarchique, qui les éloigne des revendications des peuples, en restreignant leur autonomie de jugement et en éteignant leur conscience historique.

Cette incompatibilité des deux niveaux de la représentation et de la légitimité engendrera une énième difficulté en situation de conflit civil ou militaire, car la différente composition, de structure et d'idéologie, des partis politiques nationaux, opposera les différentes formations politiques, à base ethnique et à idéologie racialiste fort dissemblables, tant à l'échelle européenne que dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité.

Guerre et liberté

La prévisibilité d'un conflit désigne une situation dans laquelle on peut cerner la valeur de la liberté, entendue comme principe de gouvernement.En effet l'anticipation d'un danger réunit et symbolise toutes les autres formes de libertés et tout ordonnancement des activités humaines.

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Le conflit civil aux portes, où sera jouée la liberté française et européenne, ainsi que leurs régimes politiques, n'est pas seulement un affrontement de tendances, où s'expriment les formes de soumission de l'humanité aux grands cycles historiques de la paix et de la guerre, mais une lutte à mort entre deux peuples et deux civilisations hostiles, vivant en cohabitation forcée, le peuple de souche et la civilisation française d'une part et les immigrés et la civilisation de l'Islam de l'autre, sur un même sol métropolitain à conquérir, la terre des Francs.

Ce conflit s'exprime par des manifestations multiples d'insoumission, de révolte, de violence symbolique, de rejet intellectuel et moral, de haïne et de mépris déclarés.

Or la liberté de tout un peuple est un enjeu à gagner à chaque instant, car la préservation de la paix est le but principal d'un gouvernement. Le paradoxe français est que beaucoup de politiciens et d'intellectuels ,en bons héritiers du rationalisme cartésien, ne partent pas des faits et des constats pour s"élever au monde des idées et aux grandes proclamations idéologiques, mais prétendent établir, en humanistes cosmopolitiques, un équilibre humain rationnel, fondé sur un dialogue et une entente utopiques, plutôt qu'un équilibre humain naturel, enraciné sur un antagonisme profond, entre les deux âmes du pays. Ce procédé intellectuel est un suicide ou un acte génocidaire, car il accorde à l'ennemi l'espoir d' une victoire à la portée

Au plan historique le déferlement de migrants et de leurs progéniture ont autant d'importance, si non plus grande, que les ambitions ou la gloire des princes. Or le Prince, incapable comme tout homme de tenir le juste milieu, penche raisonnablement vers l'illusion d'une impossible concorde civile.

Lui, et avec lui, les autres gouvernants d'Europe, à commencer par M.me Merkel, ne pensent pas, suivant Machiavel, de pouvoir gouverner la moitié de leurs œuvres, qui relèvent de leur "Virtù", puisque ils ne peuvent maîtriser l'autre moitié, qui est assignée à la "Fortuna", ou au Hasard.

Par ailleurs, du point de vue de la politique mondiale, ils n'arrivent pas à partager l'idée kantienne, que le conflit et la guerre "se greffent sur la nature humaine" et que la forme d'éthique la plus élevé, consiste à dominer cette causalité d'origine (différenciations de société), comme fondement du gouvernement des hommes (hostilité politique).

Les esprits de ces gouvernants sont dominés par l'individualisme moral et l'illusion du cosmopolitisme, qui sont les deux visages d'un même renoncement,à la logique de la raison ou à celle de l'histoire.Au sein du couple franco-allemand cette antinomie se manifeste par l'obsession d'un discours sur les valeurs, sans substance éthique, qui ne tolère pas de répliques et de dissensions et qui freine la liberté des débats. Les représentants de ce couple feignent d'ignorer que la relation de peuple à peuple est une relation d'inimitié et donc de guerre. Cette relation est ainsi occultée et refoulée et alimente les dérapages de la pensée unique, de telle sorte qu'elle obscurcit la capacité de discerner l'essentiel (la lutte politique), de l'accessoire (la concorde civile) et l'amour pour l'ordre des excès violents de la liberté.

Devant les deux formes d'Histoires qui sont devant  nos yeux d'européens, l'Histoire de la conscience et l'Histoire réelle, la première, dans le langage de l'Union, prend la forme idéologique de l'apologie et la deuxième celle, dramatique, des antagonismes, qui sont à la racine des choix mortels de l'Union.

Sur la crise des démocratie et l’évolution vers des régimes autoritaires

Si les démocraties occidentales évoluent vers des régimes autoritaires, c'est que l'on peut identifier dans ce cheminement plusieurs parcours.

Le premier et le plus important est la crise des systèmes représentatifs, fondés sur la légitimation du pouvoir par le suffrage, sur le système des contre- pouvoirs ( la balance of power) et sur un corpus acquis d'assurances de libertés. Or, bon nombre de polémistes, (S. Levtssky, D. Ziblatt, D. Runciman, Y. Mounk) revendiquent le recours à un même paradoxe; l'utilisation des institutions démocratiques de la part des détenteurs des pouvoirs globaux, pour mieux dénier la volonté populaire, ou sa fiction.

Les moyens pour y parvenir sont la montée en puissance de la manipulation, la "désinformation" et la constitution d'un réseau d'outils de surveillance, perfectionnés et sournois, pour contrôler et prévenir une remise en cause des positions dominantes.

C'est à ce point qu'une interrogation rapproche singulièrement ces auteurs, celle d'un questionnement commun et capital:

"Comment meurent les démocraties"

Après avoir décrit les moyens et les méthodes des nouveaux fauteurs de l'économie numérique, ces auteurs soulignent l'importance croissante de l'autorité immuable de l'administration des choses, qui pousse à la création d'un État autoritaire, sur une base organisationnelle à caractère numérique.

États et violence politique

Il y a des signes qui ne trahissent pas, la neutralisation des consciences, la dépolitisation de la vie publique et l'élargissement de la censure, bien au delà des dispositions législatives et des enjeux de politique immédiate, préfigurant une véritable "police de la pensée".

Or, si les démocraties évoluent vers des régimes autoritaires derrière des formes d'un pluralisme de façade, c'est que la limitation des libertés d'expression est l'une des preuves de l'intolérance vers les dissensions et que la confiscation du pouvoir se cache derrière le contrôle étroit de l'appareil d’État.

En effet, l' intrusion opaque du pouvoir bureaucratique prend une place nouvelle dans l'innovation technologique, sous la pression de la radicalisation de la société et des conditions de guerre civile, dans lesquelles se répandent des formes de violence spécifiques, celles du terrorisme islamique, de l'insoumission populaire et des réseaux sociaux.

Cette convergence des formes de la violence, interne et extérieure, crée les conditions d'une escalade, qui affaiblit l'autorité du pouvoir, la légitimité des ripostes et la stabilité des régimes politiques, mettant en échec les institutions et les procédures de l’État de droit.

Dans cette situation, une partie considérable de l'establishment intellectuel pointe du doigt les différentes phénoménologies de la crise et identifie sa causalité prioritaire dans un populisme montant, responsable, dans leur lecture, de la dislocation de l'ordre libéral, au moyen de coalitions anti-système de plus en plus vigoureuses.

D'autres voient dans cette crise une double corrélation, celle de la place prépondérante du multipolarisme dans les relations internationales et celle du sinistre rattrapage du passé sur le présent. En particulier, de la grande crise européenne des années trente, dont un présage troublant serait à voir dans le Brexit.

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Les menaces portées contre la démocratie: un tabou de la communication politique

Or, contrairement à ces Cassandres, le probable "vrai" danger qui menace les démocraties est le tabou, entretenu par la pensée unique sur l'Islam, le terrorisme islamique et la révolte croissante des populations musulmanes installées en Europe et en Occident, dont la guerre proclamée, le djihad, prendra bientôt la forme tragique d'une "surprise stratégique".

Le défi de la guerre civile imminente n'est pas atténué par l'absence, chez les musulmans, d'une conscience collective organisée ou d'un discours révolutionnaire explicite et cohérent, comme cela s'est produit aux États-Unis dans les années cinquante/soixante avec MalcomX et Martin Luther King, les deux leaders historiques de la révolte violente et de l'integrationnisme pacifique. L'absence de réflexion sur leurs conditions d'assistés en France ou en Europe, interdit aux intellectuels musulmans d'aller au delà d'une sorte d'agnosticisme moral et d'un malaise psychologique, qui les prive de l'énergie et de la responsabilité d'un engagement citoyen, de la carence d'un Leader charismatique et du mythe d'un combat mobilisateur pour la liberté et pour l'affranchissement de leur marginalité et de leur subordination endémique.

La raison en est le manque de courage intellectuel et la crainte d'une "vendetta" raciale.

L' absence des musulmans du système politique, en tant qu'entité sociologique aux intérêts propres, déclasse toute une communauté de la bataille politique et parlementaire et pousse le système représentatif vers un autoritarisme hypocrite dans le meilleur des cas, et vers l’extrémisme nationaliste et raciste dans l'autre.

L'apartheid incomplet de cette communauté ne peut être combattu ni au nom de la liberté, ni au nom de l'intérêt général, car il fonde l'équivoque d'une condition ambiguë sur les concessions accordées par une partie du système politique, les socialistes et les démocrates "sincères", qui veulent profiter d'une clientèle à leur botte sans soumission à l’État républicain.

La recherche d'un ordre alternatif

De surcroît, si la désillusion de la démocratie et le retour du réalisme sont évidents, un autre facteur puissant vers des formules politiques autoritaires est représenté par la révolution de l'intelligence et par l'intelligence artificielle dans la vie politique et sociale contemporaines.

D'où viennent-elles la post-démocratie, la contestation du Leadership occidental dans le monde et la recherche d'un ordre alternatif qui s'oppose au progressisme sociétal et au néo- libéralisme de la France et de certains pays européens ?

zygbau.jpgSous couvert de "raison", dira-t-on, les démocraties de l’Ouest se sont nourries d'une logique de "déraison" qui a théorisé et pratiqué le sens de la démesure et l'extension continue des droits sans devoirs. Cet outrage du "bon sens" a conduit au dépassement des " limites" de l’État, de la Nation, de la famille et de l'anthropologie, et à l'égarement de "l'affectio sociétatis", propres des sociétés homogènes, aboutissant à la "société liquide" de Zygmunt Bauman.

Cette dernière s'opposerait à la société moderne, guidée par un projet commun et par un univers de "sens" partagé, car dans la société liquide les relations sociales sont impalpables, précaires et presque impossibles. Par ailleurs l'individu doit s'adapter à une liberté incertaine et la ville devient une montagne de zones de pauvreté et de récupération. La vulnérabilité de ce monde aliéné serait mise en lumière par la métaphore du monde global, où la télé-réalité apparaît comme la mise en scène de la "jetabilité, de l'interchangeabilité et l'exclusion", bref, comme la précarisation de toutes les conditions de vie.

Essor et évolution des régimes autoritaires en Europe

L'évolution actuelle vers des régimes autoritaires en Europe est imputable plus à une transformation interne des démocraties qu'à un retournement violent de la conjoncture politique.Elle peut être liée, en ses origines, à l'essor des espoirs de renouveau des années 1990, caractérisés par l'inclusion dans la vie publique des groupes dissidents ou minoritaires (ethniques, religieux et sexuels), et quant à la situation actuelle, à la tentative de consolidation des majorités menacées et à la décomposition des partis traditionnels. Cette évolution impose la recherche d'institutions adaptées et d'un nouvel ordre politique. A la lumière du présent, l'opinion publique devient conservatrice, la radicalisation des forces modérées et des classes moyennes, un phénomène étendu et l'essor du populisme, inquiétant. En réalité nous assistons à une intensification des stratégies conservatrices plus que populistes, puisque les clivages qui se dessinent sont tracés par trois vulnérabilités immanentes, celles de la sécurité, de l’invasion migratoire et de la démographie déclinante. Ces vulnérabilités, en dessous des slogans électoraux, imposent une polarisation idéologique inédite et un renouveau des droites européennes, qui ont pour base le cadre de la lutte antiterroriste, la critique des élites urbaines et l'hostilité à la bureaucratisation autoritaire de l'Union européenne, qui ne représente plus l'union des États, ni la défense des peuples du continent . Face à cette levée des boucliers, sommes nous en présence d'une révolte passagère et sans doctrine, ou à une véritable "révolution néo-conservatrice"? Pouvons nous comparer cet âge du doute et du bilan historique à la révolution néo-conservatrice américaine et à la pensée allemande des années 1920/30?

L'élément de fond apparaît ici la transformation commune des vieux conservatismes en doctrines révolutionnaires de la société. Ici encore, le caractère schmittien du renouveau européen est dans la redécouverte de la politique comme critique du libéralisme, une doctrine qui ignore l’État, la souveraineté et la sécurité, au profit d'un moralisme individualiste et d'un progressisme social. Qui fait de la "norme juridique" le référent principal des conduites, privées et publiques; normes qui sont toujours politiques et jamais neutres.

La "Nouvelle Frontière" de l'Europe, le Souverainisme

Ainsi la "Nouvelle Frontière" des droites européennes n'est pas le populisme, mais le Souverainisme et, affectivement, le Patriotisme, comme conscience de la tradition, de la permanence et du "nomos"de la terre.

Ce Souverainisme, qui marque un retour à l’État, ne divinise pas la concurrence, point-clé du néo-libéralisme moderne, car aucun État ne peut tolérer en son sein des entités, nationales ou étrangères, qui concurrencent son pouvoir.

En ce sens l’État politique est l’État qui décide et qui gouverne, un État qui vit dans la grande politique et qui assume celle-ci dans son intégralité, car la politique est lutte, lutte pour le pouvoir et la puissance, lutte pour la domination et la survie, lutte implacable pour sa propre affirmation historique et pour la soumission de l'ennemi à sa vision du monde.

athena1001-IS.jpgAinsi le Souverainisme n'est pas un populisme, puisqu'il n'est pas une promesse, mais une volonté ; il n'est pas la critique des élites, mais la revendication d'un destin.

Le renouveau intellectuel des droites européennes, à la lumière de la révolution néo-conservatrice américaine et de la pensée allemande de la République de Weimer, revient sans cesse sur l'irréductible dualité du politique, l'antagonisme de l'ami et de l'ennemi, dans l'approche du pouvoir, de sa conquête et de son maintien.

Rien à voir avec le "statu-quo" ou la simple légitimation par le suffrage. Rien à voir avec les compromis et les accommodements.

La lutte pour le pouvoir n'a de sens qu'en elle même et pour la conquête et la conservation du pouvoir en tant que tel, brutalement, avec la force, la violence verbale et l'affrontement physique

Le souverainisme est une idée-force, qui ne craint pas la bataille des idées et il ne redoute nullement l'action, car il s'en nourrit.

S'il comprend l'appétit naturel des hommes pour l'état civil et pour la paix, érigé en postulat moral, le souverainisme ne peut partager l'inversion du concept westphalien d’État.

Le souverainisme privilégie l’État qui gouverne et l'État-stratège et refuse les démocraties désarmées.

Dès lors ,il ne peut être qu'en rupture avec l'Europe du "statu-quo", avec la dépolitisation de la conscience européenne et avec la neutralité culturelle générale, dont "l’État agnostique et laïc", est l'expression emblématique.

Ainsi et à ce stade il s'insurge contre toutes les conceptualisations qui identifient dans l'Europe de l'Union une figure politique de la post-modernité, un État sans État, une politique sans politique, un pouvoir sans autorité, une désacralisation sans légitimité; une forme d’État sans sujets, car l'idée même de citoyen se traduit en un concept vide et totalement désincarné.

La radicalisation européenne, dont l'impact n'est qu'à ses débuts, se fera sur le sentiment de révolte et de vulnérabilité des peuples trahis et découlera logiquement de l'invasion migratoire, du Brexit et des luttes anti-islamiques.

En termes collatéraux, sur les questions de moralité traditionnelle (gendre, mariages homosexuels et IVG).

Quelle est la nature philosophique de cette évolution vers des régimes autoritaires, et leur "nécessité"? Un des facteurs déterminants repose sur le fait que les élites mondialistes sont en posture défensive et soutiennent une démocratie déclinante et corrompue et que l'ascendant des droites radicales compte sur un foisonnement intellectuel cohérent et adapté et sur l'indignation de ses militants qui n'hésitent pas à se battre.

On ajoutera à ces considérations, l'influence de l'école réaliste et de ses grands maîtres à penser, Machiavel, Hobbes, Weber, Schmitt, Strauss, Kissinger et la critique de la conception libérale et humaniste du pouvoir et de la puissance.

En termes cognitifs, la distinction majeure de la politique et du pouvoir n'est pas la poursuite de la moralité ou de la justice, mais la lutte pour la vie et l'affrontement existentiel, qui constituent les formes les plus intenses des antagonismes nationaux. Sous ce prisme, discriminant, le libéralisme, l'humanisme et les différents juridismes sont trompeurs et en porte à faux par rapport à la réalité effective des relations d'homme à homme et de société à société.

Ce bouleversement cognitif est inacceptable pour les détenteurs des privilèges, les élites bureaucratiques et globalistes, qui ont choisi la ligne de la récusation et du négationnisme et font abus d'autorité dans le conflit civil. C'est dans l'évolution contestée  des démocraties déclinantes, que le pluralisme de la société civile montre son visage illusoire et son rôle concurrent par rapport au Politique et à l’État, dans la transition vers des formes politiques originales.

Souverainisme et populisme. Stratégie et tactique

L'insistance sur le rôle de la société civile de la part de la doctrine officielle, comme pouvoir compensateur, est lié à l'institution de la démocratie, fondée sur la logique des contre-pouvoirs (checks and balances), qui, en théorie, freine et limite l'exécutif dans le but d'éviter l'installation d'un pouvoir despotique ou tyrannique. Une balance qui entrave de toutes ses forces l'émergence de l’État total. L'intensification des stratégies souverainistes et néo-conservatrices en Europe fait évoluer le système vers la droite des hémicycles parlementaires et vers les extrêmes du mécontentement et de la révolte des rues et des carrefours, car la France et les autres pays européens sont taraudés par l'épuisement du "statu quo" et de l'idée-guide de l'Union.

Ainsi, si la critique des élites est une tactique doctrinale qui vise la prise en charge de l'homme ordinaire( populisme),le souverainisme est une stratégie de nature parlementaire et plébiscitaire, qui bouleverse les pratiques et les appareils des échiquiers nationaux. De façon générale, là où les libéraux et les progressistes tendent à modérer les débats,à restreindre les libertés et à manipuler l'information, les souverainistes de tout bord, relancent en permanence les affrontements, pour dénoncer les campagnes adverses, montées de toutes pièces sur la base de fake-news, dont l’objectif déclarée est de dévoiler aux opinions les misères et les turpitudes du "Roy nu" et des pouvoirs oligarchiques. Cependant, l'ombre redoutable portée par le passé sur le présent maintiendra son caractère de menace, plus que de danger imminent, jusqu'au moment où le souverainisme, actuellement sans leadership et sans mythes, sans gardes rouges et sans une avant-garde bolchevique, ne se dotera d'un ascétisme révolutionnaire résolu et sévère, dans le but de servir l'indépendance et la liberté du peuple.

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La révolution numérique et le contrôle social

La transformation de la démocratie post-moderne en technocratie et en régimes autoritaires n'est pas un phénomène isolé, mais un des facteurs du processus historique,de plus en plus irréversible, que l'on a désigné comme le déclin de l'Occident, dont les signes manifestes sont par ailleurs, l'immigration destructrice de sous-hommes, le vieillissement des populations et la désagrégation de l'Europe et des États-Nations.

D'autres raisons de cette progression palpable, qui ne s'arrête pas aux frontières du politique et le transcende, préfigurant, selon certains, une révolution politique, ce sont les raisons du contrôle et du numérique, imputables à l'espace du Web et aux réseaux de la toile.

Penser la société en termes de réseaux signifie-t-il encore la penser en termes de complexité et de projet collectif ou la dissoudre dans un ensemble à base individualiste, qui comporte une dispersion de la souveraineté politique et une organisation de sujets démunis, autour d'une communication globalisée, pilotée de l'extérieur et vulnérable aux ruptures stratégiques?

Dans ce questionnement ne sont plus évoqués ni les problèmes d'une communauté à gouverner, ni les ambitions d'un destin à affermir.

Par ailleurs internet est devenu un vecteur d' idées politiques et un nouvel espace du débat, sans perdre ses caractéristiques de lieu, de moyen et d'englobant systémique et informel et, de ce fait, sans pouvoir éliminer, ni atténuer les différences de société à société et de culture à culture.

Les fondements philosophiques d'Orient et d'Occident confirment la distance des civilisations politiques dans deux pays aussi opposés et aussi significatifs que sont la France et la Chine, en ce qui concerne le fichage informatique et le contrôle numérique des populations: dans la première, pour garantir le maintien des libertés, dans la deuxième pour détourner les finalités de l'échange intellectuel vers des objectifs de contrôle, virtuellement totalitaire.

Un accélérateur de la marche vers des régimes autoritaires est , en particulier, le climat de soupçon et de méfiance institutionnelle, déchaînés par la chasse aux sorcières et par la recherche du boucs émissaires, servant de prétexte aux hystéries accusatoires, dans le cas d' intrusions informatiques présumées et lors de débats décisifs des campagnes électorales.

La déstabilisation des appareils politiques adverses (campagne Trump-H.Clinton, WikiLeaks), n'est ici qu'un bouleversement mineur dans le domaine de la formation des opinions et de la communication globalisée, car la volonté étrangère présumée de l'intrusion informatique apparaît comme une préférence affichée pour l''un des deux décideurs et comme une"volonté de réfutation" des argumentaires avancés par l'autre, surtout dans la redéfinition de la politique internationale et mondiale.
La coexistence de deux "paradigmes sociétaux", démocratique ou autocratique, est à l'origine de l"option entre "systèmes de consensus" (ou systèmes ouverts) et systèmes du "statu-quo" (ou systèmes fermés), autrement dit entre systèmes partisans et contradictoires (démocratie) et système aux intérêts stabilisés et homogènes (autocratie).

Phénomènes de normalisation, de violence et de sanction du XXIeme siècle.

Michel Foucault et sa "notion d'homme"

C'est en étudiant les mutations des disciplines du contrôle social aux XVIII et XIXemes siècles que Michel Foucault a dégagé sa notion "d'homme".

foucaultlonguefig.jpgIl affirma, sans risque de se tromper, que: "La liberté de conscience comporte plus de dangers , que l'autorité et le despotisme". Nous dirions que les systèmes ouverts comportent infiniment plus de périls que les systèmes fermés, car ils baignent dans les marécages de la responsabilité, refusée par la plupart des damnés de la "Divine Comédie", ne pouvant s'en sortir que par la terreur de la mort.
En effet la marche de la démocratie vers des régimes autoritaires est jalonnée d'embûches, de dilemmes et d'épines, auxquelles on ajoutera les tromperies et les mensonges. Dans l'herméneutique du désespoir, nous y repérons, au bout du chemin, la violence et la folie.

Face aux citoyens "dociles et utiles", l"assujettissement des modernes passe par la politique et la communication, dans lesquelles l'enfermement est tissé d'un réseaux de fake-news. Le web y fonctionne, comme le labyrinthe de Minos ou comme une clinique universelle de psychologie sociale, où se confondent les rôles des gardiens et des détenus, agissant sous le mode pervers de l'abus d'autorité, de l'intimidation, du chantage et de la peur.

Si, pour certains la société est une cage, où la violence et la sanction sont omniprésentes et par lesquelles une grande orthopédie mentale régénère les esprits, pour le peuple, les populistes et le souverainistes la société est aussi un dédale de vérités et de rachats, voire de libertés.

La folie et la mort. Le suicide d'Hamlet à Elsinor

Y a-t-il des précédents historiques à l’assujettissement volontaire de toute une civilisation et à sa soumission à un autre Dieu? Par quel mystère l'Europe accepte-t-elle son suicide, face aux nouvelles invasions,sans réagir et sans se révolter?

Qui jouent les gardiens et qui les détenus, dans la prison sociale du XXIème siècle? Les détenus, "dociles et utiles" ce sont les héritiers des empires, honteux de l'être , les vieux civilisateurs du monde.
Les gardiens des cages, les prisonniers de l'Islam, brutalisés par leurs religion et par la castration de leur vie, haletant d'une revanche dantesque.

Dans ce jeu, les vraies détenus sont devenus les esclaves de leurs propres conceptions des libertés, en se pensant les égaux de leurs bourreaux et préférant renoncer à leur condition de maîtres, face aux miroirs déformés de leurs fautes.

C'est pourquoi, indignes de vivre et perclus de leur misère, ils méritent la mort, par aveuglement et par folie ou invoquent anxieusement la dictature par une abjecte volonté de soumission.

En fait, il ne s'est jamais donné le cas que l'invasion d'une population abrutie et forte, s’accommode d'une cohabitation avec une multitude conquise,vieillissante et faible; que la haine naturelle des démunis vis à vis des nantis se soumette de bon gré et sans endurer des peines, à la discipline et au respect de leurs seigneurs, discrédités par l'inertie ou l'impuissance, dans l'usage de la force, de la cruauté et du goût de la violence; et enfin, que l'exercice de la sévice, réelle ou symbolique et, plus encore du mépris et de l'insulte,adoucis par la pitié et par la dérision, ne provoque la séduction et un secret plaisir d'humiliation et de rabaissement.

L'éducation y joue son rôle de carotte, pour le métissage culturel des petits sauvages, à leurs tour prisonniers d'un nécessaire enfermement didactique

Ainsi, face au dilemme d'Hamlet, les Européens doivent choisir lucidement entre la mort de l'autre ou leur propre suicide.

Bruxelles le 9 août 2019.

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mardi, 24 septembre 2019

Carl Schmitt par Georges FELTIN-TRACOL

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Carl Schmitt

par Georges FELTIN-TRACOL

L’intervention de cette Rentrée porte sur une personnalité considérée par la novlangue inclusive officielle comme « sulfureuse » et « controversée ». Né en juillet 1888 à Plettenberg dans cette Rhénanie qui appartient à la Prusse depuis le Congrès de Vienne en 1814 – 1815, Carl Schmitt fut un juriste réputé. Il fut aussi un remarquable spécialiste du droit constitutionnel.

Ce n’est pourtant pas le plus grand penseur du droit politique du XXe siècle qui nous intéresse aujourd’hui. C’est l’Européen digne qui épousa d’abord la Tchèque Paula Dorotic, puis une fois le divorce obtenu, la Serbe orthodoxe Duschka Todorovic. En 2017, Aristide Leucate a publié dans la collection « Qui suis-je ? » chez Pardès une sobre et belle biographie. Trois ans auparavant, sous la direction de Serge Sur sortait aux CNRS – Éditions un ensemble de contributions remarquables intitulé Carl Schmitt. Concepts et usages. Enfin, l’an passé, les magistrales Éditions du Lore ont fait paraître Sur et autour de Carl Schmitt. Un monument revisité par Robert Steuckers.

Outre trois textes d’hommage au professeur Piet Tommissen (1925 – 2011), grand ami de Julien Freund, ce nouvel ouvrage évoque non seulement l’œuvre et les concepts du penseur allemand, mais aussi ses sources (Clausewitz, Gustav Ratzenhofer) et sa postérité outre-Rhin, en particulier chez le théoricien de la nation allemande Bernard Willms (1931 – 1991). Par son prussianisme indéniable, son catholicisme intransigeant, son soutien critique au national-socialisme et son approche révolutionnaire-conservatrice (Robert Steuckers a raison de lire les écrits de Gilles Deleuze à l’aune de Schmitt et réciproquement), Carl Schmitt occupe toujours une position intellectuelle majeure, malgré la marginalité de sa troisième partie de sa vie de ses deux détentions consécutives par les forces d’occupation alliées en 1946 – 47 jusqu’à sa mort dans sa ville natale en avril 1985.

Dans le cadre de la présente chronique, on s’intéressera au géopoliticien visionnaire du « Grand Espace ». Prolongement de la Mitteleuropa, de l’harmonisation économique et douanière des empires allemand et austro-hongrois avant 1914, le « Grand Espace » envisage l’organisation politique, sociale et économique des continents ou de parties continentales. Prenant acte dès 1945 de la faillite du système westphalien – ce que ne comprennent toujours pas les souverainistes français –, Carl Schmitt réfléchit à un nouvel ordre diplomatique mondial qu’il appelle le « Nomos de la Terre », titre de son maître – ouvrage paru en 1950. Le « Grand Espace » transcende l’État au sens classique du terme dans un cadre continental et/ou impérial. C’est une solution ambitieuse et volontariste. « L’Europe d’aujourd’hui est contrainte de répondre à un double défi, note Robert Steuckers, d’une part, s’unifier au-delà de tous les vieux antagonismes stato-nationaux, pour survivre en tant que civilisation, et d’autre part, renouer avec son tissu pluriel, extrêmement bigarré, dans un jeu permanent d’ancrages, de réancrages et d’arrachements projectuels (p. 87). »

Le « Grand Espace » s’inspire ouvertement de la doctrine Monroe qui exige en 1823 la fin de toute emprise européenne en Amérique. Une fois le « Grand Espace » européen réalisé, « les affaires critiques européennes ne regarderaient que les Européens, explique David Cumin dans Carl Schmitt. Concepts et usages, à l’exclusion des autres Puissances. Par conséquent, réciprocité oblige, celles des Arabes ne regarderaient que les Arabes, celles de l’Afrique noire, que l’Afrique noire, celles des Américains ou des Asiatiques, que les Américains ou les Asiatiques, à l’exclusion des Puissances européennes. Les États-Unis seraient expulsés d’Europe, comme la France de l’Afrique noire… (p. 41) ».

Le « Grand Espace » constitue donc une réponse valable autant à l’aberration cosmopolite de la mondialisation qu’à l’illusion mortelle du bunker national. Carl Schmitt ne défendait pas un simple monde multipolaire. Il concevait à rebours de tous les universalismes fomentés en partie par certains cénacles de la philosophie des Lumières le pluriversum, c’est-à-dire un univers de civilisations différenciées dynamique, conflictuel et vivant. Une perception plus que jamais d’avenir !

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 28, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 10 septembre 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

Livre disponible auprès des éditions du Lore: https://ladiffusiondulore.fr

jeudi, 19 septembre 2019

The Breakdown of Order in Late Mass Democracy

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The Breakdown of Order in Late Mass Democracy

By John Derbyshire

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Good morning, ladies and gentlemen. Thank you for being here, and thanks to Paul  for what already looks like another very successful conference.

First somewhat of an apology. The title of my talk is misleading. I have the heart and soul of a freelance journalist, and we don’t bother much with titles. Titles to articles in newspapers and magazines were traditionally supplied by subeditors—the people responsible for headlines and photo captions. Where titles are concerned, a freelancer has to take his chances with the subs.

That’s not precisely what happened here. What actually happened was, Paul asked me if I’d join a panel on anarcho-tyranny. I said I’d be delighted. Paul asked if there was any particular subtopic I wanted to focus on. I said: “Nah, just give me a topic and I’ll run with it.” Paul then listed my topic as: “The Breakdown of Order in Late Mass Democracy.”

I tell you this to make it plain that I don’t, from long habit, take titles very seriously; and this is not Paul’s fault.

So I can now tell you that, after pondering the title Paul has supplied me with, I don’t in fact think there will be a breakdown of order in what—yes, I do agree—we can rightly call “late mass democracy.”

Not only do I think there will not be a breakdown of order, I fear the opposite thing: an intensification of order.  Let me explain that.

I think the distinguishing characteristic of late mass democracy is the elites getting their mojo back.  After a Century of the Common Man, elites are now saying to themselves, in the current popular idiom: “We’ve got this.”

To explain what I mean, let me take a brief historico-literary detour.*

When I was getting my secondary education back in England in the early 1960s, a common exercise for sixth formers—that is, high school juniors and seniors—was to read George Orwell’s Nineteen Eighty-Four, and then to read Aldous Huxley’s Brave New World, and to write an essay declaring, with supporting arguments, which of the two books you thought the actual future would more closely resemble.

BNW-AH.jpgBoth these books presented the reader with a dystopia—a dark view of humanity’s future.  The two dystopias were radically different, though.

In Orwell’s vision, as I’m sure is well known, the human spirit had been tamed by terror. A ruling elite, divided into an Inner Party and an Outer Party, maintained itself by fear.  Outer Party members, who did the administrative grunt work, were kept under constant vigilance by the Thought Police. Dissidents were hauled away to be tortured and killed. A great sullen mass of proles, with no political rights, were kept pacified by a coarse kind of popular culture and frequent spasms of war fever, and were also under watch by the Thought Police, so that potential troublemakers could be quickly identified and eliminated.

Huxley’s dystopia was altogether different.  Huxley’s planet is unified and at peace. Its affairs are managed by ten regional Controllers. Marriage, childbirth, and family life have been abolished, along with all kinds of suffering — even such minor kinds as disappointment and frustration. Also gone are the nation-state, war, religion, ethnicity, and all profound art and literature. Disease has been banished. Old age has been banished too, very nearly: Citizens are healthy, vigorous, and attractive until about age 60, when they decline quickly to death. Everyone lives in a state of contented hedonism, assisted by regular doses of soma, a freely available narcotic with no side- or after-effects. Sex is promiscuous and recreational, with universal free access to contraception and abortion.

The necessary work of Huxley’s society is carried out via a system of castes, with bright and capable Alphas at the top, then betas, gammas, deltas, down to dimwitted Epsilons at the bottom. Caste is determined in the Hatcheries, where good-quality eggs and sperm are mated to produce Alphas. Inferior zygotes are assigned to the lower castes and cloned. The production of well-adjusted citizens is completed in Conditioning units.

All this is accomplished so successfully that society is well-nigh self-regulating. The Controllers, though in theory they’re possessed of despotic powers, in fact have very little to do.

When I got this assignment around age 17, I pondered the matter and came down on the side of Huxley as having given us a more probable picture of the future. I can’t honestly remember my arguments, but I suspect my choice was mainly esthetic.  Orwell’s vision was plainly horrible. It even smelled bad: remember how Winston Smith’s apartment building stank of boiled cabbage? Huxley’s world, on the other hand, didn’t sound bad at all. Universal peace; no more diseases; pop a harmless pill if you’re unhappy; guilt-free recreational sex; what’s not to like? When you read Brave New World, you know there’s something badly wrong with it; but it’s surprisingly difficult to say what, exactly, that is.  Speaking as a bookish intellectual, I would say that what’s wrong is the stasis, the end of any quest for knowledge, for deeper understanding of the world.

When I look at the trends of our own time, it seems to me that my 1962 judgment was correct, however accidentally.  Of course, Huxley’s vision was only very approximately predictive. He got a lot of things wrong. We don’t need a caste of dimwitted Epsilons to do the industrial work, we can have robots do it.

BNW-2-AHux.jpgMore glaringly, he did not foresee the great explosion in the populations of hopeless people seeking to escape chaotic nations—the crowds we have seen on our TV screens this past few weeks heading up through Mexico; with, looming up behind them, the prospect of—what is the latest UN projection? Four billion, is it?—desperate Africans by the end of this century.

Still, if the civilized world can find some way to deal with those issues, or can just fence itself off from them, the trendlines for our society are Huxleyan.  Soma, the universal tranquillizer, is not yet with us, but with a couple more cycles of pharmacological advance, it likely will be. An alpha class of genetically superior humans could arise quite naturally and commercially from techniques of embryo selection already available. Something like it is anyway emerging naturally, from assortative mating among our meritocratic elites.  As has often been noted: doctors used to marry nurses and lawyers used to marry their secretaries. Now doctors marry doctors and lawyers marry lawyers. Huxley’s feelies—entertainment fed in through all the senses—are not far from the Virtual Reality gadgets already on the market.

As for social disorder: well, Pat Buchanan—who turned eighty yesterday, by the way: Happy Birthday, Pat!—reminded us in a column just last month how very disorderly the USA, and the rest of the civilized world, was fifty years ago. The Weathermen and the Black Panthers; the Symbionese Liberation Army—remember them? The Red Brigades and the Baader-Meinhof gang; political assassinations; the 1968 Democratic Convention; Kent State and Cornell; …

Antifa put up a good show; and yes, I certainly agree that they illustrate the principle of anarcho-tyranny very well, controlling the streets while leftist politicians stand down the police forces. As a force for generalized disorder, though, they are not impressive. Antifa would run like chickens from a whiff of grapeshot.

The overall trend of our societies is Huxleyan.  It is the trend Steven Pinker has famously described in his book Better Angels: towards a pacified, tranquillized, hedonistic caste society.

Here in the USA the trend lines can actually be traced some way back.

In every organized society there is a tension between order and liberty. We Americans love our liberty, of course; but my love of liberty stops well short of loving your liberty to break my leg or pick my pocket. There needs to be social order.

albionseed.jpegOur own conception of social order is a fermented brew whose original ingredients were sketched out by David Hackett Fischer in his 1989 classic Albion’s Seed. Fischer described how the four main stocks of British settlers in the 17th and 18th centuries each contributed an ingredient to the national culture, and in particular to our notions of social order.

  • The Puritans of New England, drawn heavily from England’s literate artisan classes, had a conception of social order Fischer defines thus: “A condition where everything was put in its proper place and held there by force if necessary … a condition of organic unity.”  Crime stats tell the story. Further quote from Fischer: “Crimes against property were more common than crimes against persons. But crimes against order were the most common of all.” [My italics.]  The examples Fischer gives are: violations of the sabbath, blasphemy, sexual offenses, idleness, lying, domestic disorder, or drunkenness.

  • The “distressed cavaliers” and rustic, illiterate English peasants and house servants who populated Virginia and the Tidewater South had a much less egalitarian, much more hierarchical notion of social order, with county sheriffs appointed in the name of the Crown, not elected constables as in New England.  There was much more interpersonal violence here; but the violence too was hierarchical. Fischer: “It was often used by superiors against inferiors, and sometimes by equals against one another, but rarely by people of subordinate status against those above them.” Crimes of violence were more common than property crimes.

  • The Quakers of the Delaware Valley based social order on tolerance, forbearance, and the Golden Rule.  Quote from Fischer: “There were no crimes of conscience in the Quaker colonies before 1755.” Social order meant social peace. Criminal penalties were generally lighter than in the other colonies; but, says Fischer: “They punished very harshly acts of disorder in which one citizen intruded upon the peace of another … Penalties for crimes of sexual violence against women were exceptionally severe.”

  • And then there were the Scotch-Irish of the back-country, drawn from the half-civilized border lands where England meets Scotland, and from those same border folks’ Protestant settlements in Northern Ireland. These people had the least structured notion of social order among all the colonists. Fischer: “The prevailing principle was lex talionis, the rule of retaliation. It held that a good man must seek to do right in the world, but when wrong was done to him he must punish the wrongdoer himself by an act of retribution that restored order and justice in the world … A North Carolina proverb declared that ‘every man should be sheriff on his own hearth.’” That didn’t leave much for government to do. This was a very individualistic culture. Property crimes were punished much more severely than crimes of violence. One 18th-century court gave the following sentences: for hog stealing, death by hanging; for the rape of an 11-year-old girl, one shilling fine.

Overlaid on these original order traditions were the political arrangements thrashed out by the founders of our republic. Just to remind you, in very brief: Anti-Federalists favored localism and democracy modeled on the classical age, as updated by Locke and Montesquieu—a loose collection of self-governing cantons with minimal central control. Federalists argued for a stronger central government as better suited for defense and financial stability. Out of these arguments emerged our Constitution and Bill of Rights.

The Constitution was supposed to have settled this question: Could a republic of the classical democratic or aristocratic type, as somewhat modernized by recent thinkers, be scaled up to continental size, given that the only pre-modern unitary states of that size had been despotic empires?

You can make a case that the answer was “No” for the first hundred years or so of the U.S.A.; that the Civil War, whatever its proximate cause, showed the fundamental instability of the 1789 model; but that the model was then rescued, from the late 19th century on, by technology—particularly by mass communication, mass transportation, and mass education.

And thus we arrived at mass democracy: and not only us, but much of the rest of the world. And of course I am over-simplifying: the relevant developments have roots back in the 16th century, with printing and the Reformation—what the Third Duke of Norfolk dismissed with disgust as “this new learning.”

But we arrived at mass democracy, and the 20th century was the Century of the Common Man.  We still had elites, of course; but under mass democracy—or, in the context of my title, early mass democracy—the elites had to pretend to be just lucky commoners.  They had to practice the common touch.

The transformation is easier to see in cultures that came later to the party.  Japanese elites used to wear fantastically elaborate uniforms. Palace flunkies used to stain their teeth black to distinguish themselves from the common herd.  Now Japan’s elites strive to look just like middle-class salarymen. Or perhaps you’ve seen that juxtaposition of two photographs of female undergraduates at an Egyptian university, one taken in 1950 where they are in Western frocks and blouses, a westernized elite, the other much more recent with them all in burkas like peasant women.

Now, in the 21st century, the elites are making a comeback.  They’ve had a bellyful of this Common Man stuff.  How to do it, though? The traditional hierarchy of rank and genealogy—the pattern of order that shaped Europe and the old Tidewater South—is long gone. The violent egalitarianism of the Scotch-Irish has been corralled off into a few localities none of us ever need visit: inner-city ghettos and remote mountain villages.  The totalitarian order of the big old 20th-century despotic utopias proved a bust, though it lingers on in a few hell-holes like North Korea.

What system of order is appropriate to an age of unbounded material plenty, ample leisure, an internet panopticon, and rapid growth of understanding in the human sciences and biotechnology?  I think the goodthinking consensual model of Puritan Massachusetts set the model; except that, with sophisticated conditioning, a free ration of soma, and endless hedonistic distractions, there’ll be no need to burn witches or hang Quakers.

If we can just find some way to manage, or contain, those swelling tides of the hopeless heading for our borders, we shall reach the Brave New World at last.

mercredi, 18 septembre 2019

A false open society

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A false open society

By Keith Preston

Ex: http://hlmenckenclub.org

The Myth of the Open Society

One of the pervasive myths of our time is that we live in an open society where contentious issues, and serious questions of public policy, are supposedly addressed by means of Socratic dialogue, or open discourse reflecting the principles of Voltaire, Thomas Jefferson or John Stuart Mill. For reasons that I will explain, this claim of an open society is false. I could certainly discuss multiple ways in which the open society claim is problematic. For example, I could examine many parallel difficulties such as over criminalization, overregulation, increasingly greater centralization, and ever pervasive bureaucratization. However, for the purpose of this discussion, I want to focus on ideological conformity, and the way in which ideological conformity is enforced in liberal democratic societies.

“Liberal Illiberalisms”

We live in an era of what has been called “liberal illiberalisms” by the libertarian writer Cathy Young. Young has provided multiple examples of how enforced ideological conformity works. Many such illustrations can be found and I will briefly mention a few examples.

  • In 2015, Yale’s Intercultural Affairs Council issued a warning against potentially offensive Halloween costumes. A professor named Erika Christakis objected that such a directive had the effect of undermining the students’ freedom of expression.  The reaction was a barrage of indignation being levied against Christakis by members of the Yale academic community, including students as well as faculty and staff members. Christakis and her husband, also a faculty member, were physically confronted by student protestors. The students subsequently demanded that the couple be terminated by the university. The Yale University administration failed to support the Christakises who subsequently stepped down from their positions.

  • In 2015, a photo shoot took place in England to promote the film Suffragette, which is about the battle for the right of English women to vote. In the film, Meryl Streep plays the role of Emmeline Pankhurst, a leading British suffragist. Streep and three other actresses were shown wearing a T-shirt with a quote from Pankhurst that read, “I’d rather be a rebel than a slave.” The slogan was attacked for supposedly “trivializing the black experience of slavery and allowing white women to claim it as their own.” Others criticized the use of the words “rebel” and “slave,” claiming these terms amounted to the glorification of slavery as practiced during the Confederacy, even though the film had nothing to do with the Confederacy, or American history generally.

  • In 2014, the British National Student Union rejected a motion condemning ISIS on the grounds that the resolution could promote Islamophobia.

  • In 2015, the same reason was cited by the University of Minnesota to oppose a commemoration of the victims of the September 11, 2001, terrorist incident.

  • Cathy Young points out how accusations of cultural appropriation are used to attack everything from yoga classes (which were banned at the University of Ottawa, apparently on the grounds that yoga involves the appropriation of Hindu culture) to white people wearing the dreadlocks hairstyle to a kimono exhibit at the Boston Museum of Fine Arts.

  • Ethnic food has been attacked as form of cultural appropriation. For instance, a burrito shop in Portland was closed after its white female owners’ described their having collected recipes white on a vacation in Mexico. Because of this, they were accused of stealing from Mexican culture, and practicing what was called “culinary white supremacy.”

  • Among others that have been attacked in this way was a professor who was reprimanded for “merely mentioning the belief that transgender identities are ‘not real’” or “female students having a ‘slut-shamey’ conversation about a fellow student described as a ‘bro-hopper.’”

  • Some universities have put up posters warning against the use of supposedly offensive words and phrases such as “crazy,” “you guys,” “illegal alien,” or “did you lose weight?”

  • The University of California established guidelines for avoiding microaggressions such as “asking an immigrant where she or he is from, encouraging a quiet Asian-American or Latino to speak up, or expressing the opinion that women in America today have the same opportunities as men.”

  • Within the pro-choice movement, pro-abortion rights activists have been asked to “avoid gender-specific language (such as ‘women’) so as to be inclusive to female-bodied individuals who may get pregnant and seek abortions but identify as male or non-binary.”  Likewise, “an abortion rights fundraising event humorously dubbed ‘Night of a Thousand Vaginas’ was met with anger from offended activists who thought it excluded transgender women.”

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Certainly, many other similar examples of thought and speech control could be cited. But the question that arises involves the matter where sentiments and actions such as these originate from.

Political Correctness as an Ideological Superstructure

At times, I am asked by leftists why I pay so much attention to this issue when surely my time might be better spent focusing on hate crimes, or other matters that are considered to be more substantive. I do so because the ideological extremism that I just described is presently a rising force in the wider society, concentrated in influential sectors, and gradually becoming part of the elite’s ideological superstructure. In fact, in order to understand the phenomenon that I am presently describing it may be helpful to engage in the intellectual appropriation of certain insights from Marxist theory. According to Marx, all societies have an ideological superstructure that is used to justify the existing society’s dominant institutions. In the ancient world, the superstructure may have been rooted in the idea that the emperor was a descendent of the sun-god. In medieval societies, the divine right of kings served as the superstructure. In modern democracies, the superstructure is derived from the idea that the government is elected by the people. However, Marx argued that beneath this ideological superstructure is a material base that he described as a substructure. The substructure involves certain sectors of the economy or forms of production that are associated with the interests of particular classes.

I would suggest that at present there is indeed an ideological superstructure that exists in societies like our own, and that there is a system of enforced conformity to this ideology. The ideological superstructure is what is commonly called “political correctness.” It is also important to understand that political correctness comes in multiple forms. An individual that frequently reads and comments on my work has used an analogy to the Church. We might say that there is a high church liberalism and a low church liberalism. Low church liberals are simply those who sincerely favor equal opportunity in education and employment, being nice to gay people, holds to the “melting pot” view of immigration, or perhaps favor universal healthcare. I know many people like this.

However, there is also a high church liberalism that is obsessed with the eradication of offensive history, promotes concepts such as cultural appropriation and micro-aggressions, insists on calling a manhole a “people hole,” and that takes offense to Halloween costumes, or to the serving of tacos in a university cafeteria. Recently, a representative of the People for the Ethical Treatment of Animals made the claim that milk is a symbol of white supremacy. These are the kinds of people that think it is perfectly fine if a 12 year old undergoes transgender surgery. It should also be acknowledged that there is a far-left and a center-left version of political correctness. The far-left version is represented by the campus protestors, the Antifa, the neo-Maoists, and other representatives of the extreme left. The center-left version is often manifested as a blend of PC culture with the American civil religion or civic nationalism. For example, it will be said that the reason the United States is a great nation is because we have gay marriage.

The Enforcement of Ideological Conformity

For the most part, this ideological superstructure is not enforced through traditional state repression, such as a knock on the door in the middle of the night which results in someone getting tossed in a gulag. However, there are some disturbing trends in this area, such as the fact that Marine Le Pen was recently ordered by a French court to undergo a psychiatric examination. This practice of declaring political dissidents to be mentally ill and responding with coercive psychiatric intervention is straight out of the Soviet playbook. But for the most part, there is little formal censorship in the Western democracies (with some exceptions related to fringe areas like Holocaust denial).

Instead, the enforcement of ideological conformity is farmed out to other institutions, such as the media, educational institutions, corporations, and technology companies. The means of enforcement involve the use of social, economic, and professional sanctions rather than the outright criminalization of dissidents. Ideological conformity is also enforced by means of extra-legal methods, such mob violence, shouting down speakers, the harassment political opponents or public figures in public places or even at their private homes, and the aggressive vigilante activities of groups such as the Antifa. It is for this reason that it is often necessary for gatherings of dissidents to take place on a clandestine basis. The proponents of the ideology of political correctness are heavily concentrated in influential sectors of society. Among the more significant examples are the electronic media and professional journalism, universities and public schools, the entertainment industry, left-wing professionals such as attorneys and healthcare specialists, the left-wing of clergy, the public sector bureaucracy, social services and human services, advertising, public relations, and corporate human resources and diversity officers.

However, one of the most significant sectors of these kinds involves technology companies. For example, Facebook recently purged over 800 pages with millions of followers, including pages with left-wing as well as right-wing perspectives, with the common denominator being that all of the purged pages represented some kind of anti-establishment perspective. It is also interesting to note that similar methods are used by the professional “watchdogs,” which typically focus most of their attention on the Right, but also attack leftist, African-American or other minority perspectives that are also considered to be outside the realm of acceptable liberal opinion.

The Socioeconomic and Demographic Basis of Political Correctness

It should also be noted that what I have called high church liberalism represents only a very small number of people when compared to the general public. A recent study involving the present political divisions in the United States was conducted by More in Common, a British organization that studies political conflict around the world. In their recently released report called “Hidden Tribes,” a term that was used to describe America’s major political divisions, it was observed that political correctness is overwhelmingly unpopular among all races, classes, religions, genders, and political affiliations in the United States.  Approximately 80% of Americans expressed opposition to political correctness. The study also found that political correctness is more unpopular among Native Americans, Asians, and Hispanics than among whites, and only slightly more unpopular among whites than among blacks, with nearly three quarters of African-Americans expressing opposition to political correctness.

The authors of the report suggest that Americans are politically divided into seven so-called “tribes” with progressive activists constituting 8%, traditional liberals 11%, passive liberals 15%, the politically disengaged 26%, moderates 15%, traditional conservatives 19%, and devoted conservatives 6%.The only political affiliation of the seven where the majority of the “tribe” expressed a favorable view of political correctness was “progressive activists” who are only 8%.  Even a substantial minority of progressives expressed criticism of political correctness (about 30%). The identity of the “progressive activist” political tribe was overwhelmingly white, affluent, and educated, along with a smaller group of elites among traditional minorities. In other words, the proponents of political correctness are largely concentrated in the left-wing of the upper middle class, among urban cosmopolitan professionals, and the newly rich from outside the traditional elite whose wealth has been generated by newer, high-tech industries. These sectors constitute what we might call the “left-wing of capitalism.”

It is interesting that many on the Right continue to fetishize capitalism when it has to be considered that present day capitalism differs considerably from the capitalism of the elite, top hat wearing plutocratic families of the nineteenth and twentieth century. Today, capitalism is just as likely to be represented by Silicon Valley, Hollywood, and Madison Avenue as it is by the Chamber of Commerce, and by figures such as Mark Zuckerberg, Bill Gates, Jeff Bezos, Oprah Winfrey, Warren Buffet or George Soros. In fact, the sociologist Joel Kotkin, himself a centrist Democrat, has argued that an alliance has developed what he calls the “techno-oligarchs” of Silicon Valley and the mass media, and what he terms the “new clerisy” associated with the various sectors that are involved with ideas, ranging from journalism to education to advertising.

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As an aside, I would note that, contrary to another myth, from a historical perspective it was the left-wing of the upper-middle class that was the class base of leftist revolutions. It could be reasonably argued that the liberal revolutions of the eighteenth and nineteenth century were driven by the left-wing of an upwardly mobile middle class whose political ambitions were frustrated by the existing political order. I would also suggest that the real class basis for the Marxist revolutions of the twentieth century likewise originated from left-leaning middle class sectors. For example, the famous Communist leaders from the twentieth century were mostly teachers, doctors, lawyers, and other middle class professionals, with only Stalin himself originating from what could be considered a proletarian background. I would suggest that present day political correctness is a manifestation of the rising left-wing of the upper middle class. Political correctness is the foundation of their ideological superstructure with the technology industry and the various professional sectors previously mentioned being their material base.

Solutions

If there are any solutions to be found to the challenges that are presented by this forced ideological conformity, one of these might be to extend First Amendment jurisprudence to corporations, media companies, technology companies, schools and universities, and cyberspace. In early American history, the Bill of Rights was considered by American jurisprudence to apply only to the states and localities. As the power of the federal government has grown, and the states and localities have largely been reduced to administrative units, constitutional jurisprudence has been extended to the states and localities. It may be necessary to extend the Bill of Rights to the aforementioned institutions since these institutions are essentially the equivalent of private states. For example, I would suggest that technology companies are not private businesses, but crony-capitalist or state-capitalist institutions that have made billions of dollars by piggybacking on technology that was developed by the government with taxpayer money. Therefore, cyberspace should be regarded as public space (like parks, streets, and sidewalks), and the fight for free speech in cyberspace might be compared to free speech fights in the early 20th century by the labor movement,  or Free Speech movement of the 1960s. At present, the center-right has come to dominate the Supreme Court, and much of the federal judiciary. Therefore, this may be an opportunity, perhaps the last there will ever be, for constitutional jurisprudence regarding the First Amendment to be revised in the way that I have suggested.

 

jeudi, 12 septembre 2019

Quand la CIA étudiait la French theory: sur le travail intellectuel de démembrement de la gauche culturelle

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Quand la CIA étudiait la French theory: sur le travail intellectuel de démembrement de la gauche culturelle

Par Gabriel Rockhill 

Source The Philosophical Salon

On présume souvent que les intellectuels ont peu ou pas de pouvoir politique. Perchés au sommet d’une tour d’ivoire privilégiée, déconnectés du monde réel, mêlés à des débats académiques dénués de sens sur des détails infimes, ou flottant dans les nuées absconses de théories abstraites, les intellectuels sont souvent dépeints comme non seulement coupés de la réalité politique, mais comme incapables d’avoir un impact significatif sur elle. Ce n’est pas ce que pense la CIA.

En fait, l’agence responsable de coups d’État, d’assassinats ciblés et de manipulations clandestines des gouvernements étrangers ne croit pas seulement au pouvoir de la théorie, mais elle a consacré des ressources importantes pour qu’un groupe d’agents secrets étudient ce que certains considèrent comme la théorie la plus complexe et absconse jamais produite. En effet, dans un article de recherche intrigant écrit en 1985, et récemment publié avec des retouches mineures en raison du Freedom of Information Act, la CIA révèle que ses agents ont étudié la très complexe, avant-gardiste et internationale French theory, [ou théorie de la déconstruction, NdT] adossée aux noms de Michel Foucault, Jacques Lacan et Roland Barthes.

L’image d’espions américains se réunissant dans des cafés parisiens pour étudier assidûment et comparer leurs notes sur les écrits des grands prêtres de l’intelligentsia française choquera ceux qui présument que ce groupe d’intellectuels est constitué de sommités dont la sophistication éthérée ne pourrait jamais être saisie par un filet aussi grossier, ou qui, au contraire, les considèrent comme des charlatans colportant une rhétorique incompréhensible sans impact sur le monde réel ou presque. Cependant, cela ne devrait pas surprendre ceux qui connaissent l’investissement de la CIA, ancien et permanent, dans la guerre culturelle mondiale, y compris par le soutien à ses formes les plus avant-gardistes, qui a été bien documenté par des chercheurs comme Frances Stonor Saunders, Giles Scott-Smith, Hugh Wilford (et j’ai moi-même apporté ma propre contribution dans Radical History & the Politics of Art).

Thomas W. Braden, l’ancien superviseur des actions culturelles à la CIA, a expliqué avec franchise la puissance de l’offensive intellectuelle de l’Agence dans un compte rendu à destination de ses membres, publié en 1967 :

Je me souviens de l’immense joie que j’ai ressentie lorsque le Boston Symphony Orchestra [qui avait reçu l’appui de la CIA] a recueilli plus d’éloges pour les États-Unis à Paris que John Foster Dulles ou Dwight D. Eisenhower n’aurait pu en obtenir en une centaine de discours.

En aucune façon, il ne s’agissait d’une petite opération à la marge. En fait, comme Wilford l’a fort justement décrit, le Congrès pour la liberté de la culture (CCF), dont le siège social se trouvait à Paris et qui s’est par la suite avéré une organisation de façade de la CIA dans la partie culturelle de la guerre froide, était l’un des plus importants mécènes dans l’histoire universelle. Il soutenait une incroyable gamme d’activités artistiques et intellectuelles. Il avait des bureaux dans 35 pays, publiait des dizaines de magazines de prestige, était impliqué dans l’industrie du livre, organisait des conférences internationales de haut niveau ainsi que des expositions d’art, coordonnait des spectacles et des concerts et contribuait largement au financement de divers prix et bourses culturels, ainsi que d’organismes de soutien comme la Fondation Farfield.

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L' »Appareil » parisien : l’agent de la CIA et chef du CCF Michael Josselson (au centre) dans un déjeuner de travail avec John Clinton Hunt et Melvin Lasky (à droite)

La CIA comprend que la culture et la théorie sont des armes cruciales dans l’arsenal global qu’elle déploie pour protéger les intérêts étasuniens dans le monde entier. Le rapport de recherche de 1985, récemment publié, intitulé « France : Defection of the Leftist Intellectuals » (Défection des intellectuels de gauche en France) examine, sans aucun doute pour la manipuler, l’intelligentsia française et son rôle fondamental dans l’orientation des tendances qui à leur tour génèrent les orientations politiques. Le rapport suggère qu’il a existé un équilibre idéologique relatif entre la gauche et la droite dans l’histoire intellectuelle française, puis souligne le monopole de la gauche dans l’immédiat après-guerre (auquel, nous le savons, l’Agence était farouchement opposée) en raison du rôle clé des communistes dans la résistance au fascisme et de leur victoire finale. Bien que la droite, selon les mots de la CIA, ait été massivement discréditée en raison de sa contribution directe aux camps nazis, ainsi que de son programme globalement xénophobe, anti-égalitaire et fasciste, les agents secrets anonymes qui ont rédigé le plan d’étude constatent avec un vif plaisir son retour intellectuel depuis le début des années 1970 environ.

Plus précisément, les soldats camouflés de la culture applaudissent ce qu’ils considèrent comme un double mouvement qui contribue à ce que les cercles intellectuels détournent leurs critiques des États-Unis vers l’URSS. A gauche, il existait une désaffection intellectuelle croissante envers le stalinisme et le marxisme, un retrait progressif des intellectuels radicaux du débat public, et un mouvement théorique de prise de distance envers le socialisme et le Parti socialiste. Plus loin, à droite, les opportunistes idéologiques appelés Nouveaux philosophes ainsi que les intellectuels de la Nouvelle droite avaient lancé une campagne médiatique de critique du marxisme.

Tandis que d’autres tentacules de la CIA étaient impliqués dans le renversement de dirigeants démocratiquement élus, fournissant des informations et des financements à des dictateurs fascistes, soutenant les escadrons de la mort, l’état-major culturel parisien recueillait des données sur la manière dont le glissement du monde intellectuel vers la droite pourrait directement bénéficier à la politique étrangère américaine. Les intellectuels de gauche de l’après-guerre avaient ouvertement critiqué l’impérialisme américain. L’influence médiatique de Jean-Paul Sartre en tant que critique marxiste, et son action notable, en tant que fondateur de Libération, dans le dévoilement du dirigeant de la CIA à Paris ainsi que de dizaines d’agents infiltrés, étaient surveillées de près par l’Agence et considérées comme un très grave problème.

Par contraste, l’atmosphère anti-soviétique et anti-marxiste de l’ère néolibérale en cours d’émergence détournait l’attention du public et fournissait une excellente couverture pour les sales guerres de la CIA en rendant « très difficile pour quiconque de mobiliser parmi les élites intellectuelles une opposition significative à la politique des États-Unis en Amérique centrale, par exemple. » Greg Grandin, un des meilleurs historiens de l’Amérique latine, a parfaitement résumé cette situation dans The Last Colonial Massacre :

En plus des interventions visiblement désastreuses et mortelles au Guatemala en 1954, en République dominicaine en 1965, au Chili en 1973 et au Salvador et au Nicaragua au cours des années 1980, les États-Unis ont attribué des ressources financières stables et discrètes, et leur soutien moral aux États terroristes contre-insurgés. […] Mais l’énormité des crimes de Staline assure que ces histoires sordides, qu’elles soient convaincantes, approfondies, ou accablantes, ne perturbent pas le fondement d’une vision du monde où le les États-Unis jouent un rôle exemplaire dans la défense de ce que nous appelons aujourd’hui démocratie.

C’est dans ce contexte que les mandarins masqués saluent et soutiennent la critique implacable qu’une nouvelle génération de penseurs anti-marxistes comme Bernard-Henri Levy, André Glucksmann et Jean-François Revel lancent contre « la dernière clique d’intellectuels communistes » composée, selon les agents anonymes, de Sartre, Barthes, Lacan et Louis Althusser. Étant donné que ces anti-marxistes avaient penché à gauche dans leur jeunesse, ils fournissaient un modèle parfait auquel adosser des récits trompeurs qui confondent une prétendue prise de conscience politique personnelle avec la marche progressiste du temps, comme si la vie individuelle et l’histoire étaient simplement une question de maturité qui consiste à admettre que l’aspiration à une profonde transformation sociale vers l’égalité est une chose du passé, à l’échelle personnelle et à l’échelle historique. Ce fatalisme condescendant et omniscient ne sert pas seulement à discréditer les nouveaux mouvements, en particulier ceux dirigés par des jeunes, mais il interprète également les succès relatifs de la répression contre-révolutionnaire comme le progrès naturel de l’histoire.

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Le philosophe français anti-marxiste Raymond Aron (à gauche) et sa femme Suzanne en vacances avec l’agent infiltré de la CIA Michael Josselson et Denis de Rougemont (à droite)

Même les théoriciens qui n’étaient pas aussi opposés au marxisme que ces réactionnaires ont apporté une contribution significative à une atmosphère de désillusion envers l’égalitarisme transformateur, de prise de distance envers la mobilisation sociale et d’« enquête critique » dépourvue de point de vue politique radical. Ceci est extrêmement important pour comprendre la stratégie globale de la CIA dans ses tentatives puissantes et profondes de démanteler la gauche culturelle en Europe et ailleurs : reconnaissant qu’il était peu probable qu’on puisse l’abolir entièrement, la CIA a cherché à déplacer la culture de gauche d’une politique anti-capitaliste et résolument transformatrice vers une position réformiste de centre-gauche moins ouvertement critique des politiques étrangères et nationales étasuniennes. En fait, comme Saunders l’a démontré en détail, dans l’après-guerre l’Agence a influencé le Congrès maccarthyste pour qu’il soutienne et assure une promotion directe des projets de gauche qui permettaient d’attirer les producteurs et les consommateurs culturels à l’écart d’une gauche résolument égalitaire. En isolant et en discréditant cette dernière, la CIA aspirait aussi à fragmenter la gauche en général, laissant à ce qui restait du centre gauche un pouvoir et un soutien public minimaux en plus d’être potentiellement discrédité en raison de sa complicité avec la politique de droite, une question qui continue de tourmenter les partis institutionnalisés contemporains de gauche.

C’est dans cette lumière que nous devons comprendre le penchant de la CIA pour les récits de conversion et son profond intérêt pour les « marxistes repentis », un leitmotiv qui traverse le rapport de recherche sur la Déconstruction française. « Encore plus efficaces pour saper le marxisme », écrivent les taupes, « il y a ces intellectuels qui, comme de vrais croyants, se sont mis en tête d’appliquer la théorie marxiste aux sciences sociales, et qui ont fini par repenser et rejeter l’ensemble du corpus théorique. » Les agents citent en particulier la puissante contribution de l’École des Annales d’historiographie et le structuralisme (en particulier Claude Lévi-Strauss et Foucault) à la « démolition critique de l’influence marxiste dans les sciences sociales ». Foucault, identifié comme « le penseur le plus profond et le plus influent en France », est particulièrement applaudi pour ses éloges à l’endroit des intellectuels de la Nouvelle droite pour avoir rappelé aux philosophes que des « conséquences sanglantes » ont « découlé de la théorie sociale rationaliste des Lumières du XVIIIème siècle et de l’ère révolutionnaire ». Bien sûr, ce serait une erreur de juger la théorie ou la pratique politique d’un penseur sur une seule position ou un seul résultat, mais le gauchisme anti-révolutionnaire de Foucault et sa perpétuation du chantage au Goulag (c’est-à-dire l’affirmation selon laquelle les mouvements radicaux conquérants visant une transformation sociale et culturelle profonde ne font que ressusciter les traditions les plus dangereuses), sont parfaitement alignés avec les stratégies globales de guerre psychologique de l’Agence.

frenchtheorylivreLD.jpgL’interprétation de la French theory par la CIA devrait nous faire réfléchir, dans ce cas, à reconsidérer le vernis radical chic qui a accompagné en grande partie sa réception anglophone. Selon une conception étapiste d’une histoire progressiste (généralement aveugle à sa téléologie implicite), l’œuvre de figures comme Foucault, Derrida et d’autres théoriciens français d’avant-garde est souvent intuitivement associée à une forme de critique radicale et sophistiquée qui dépasse sans doute de loin tout ce que l’on trouve dans les traditions socialistes, marxistes ou anarchistes. Il est certainement vrai, et mérite d’être souligné que la réception anglophone de la French theory, comme John McCumber l’a souligné à juste titre, a eu d’importantes implications politiques en tant que pôle de résistance aux fausses neutralités politiques, aux formalismes techniques rassurants de la logique et du langage, ou au conformisme idéologique direct opérant dans la tradition philosophique anglo-américaine et soutenu par McCarthy. Cependant, les pratiques théoriques des philosophes qui ont tourné le dos à ce que Cornelius Castoriadis nommait la tradition de la critique radicale, (c’est-à-dire la résistance capitaliste et anti-impérialiste) ont certainement contribué à la mise à l’écart idéologique de la matrice de transformation sociale. Selon la CIA elle-même, la French theory post-marxiste a directement contribué au programme culturel de l’Agence consistant à entraîner la gauche vers la droite, tout en discréditant l’anti-impérialisme et l’anti-capitalisme, créant ainsi un environnement intellectuel dans lequel les projets impériaux pourraient être poursuivis sans l’entrave d’un examen critique sérieux des cercles intellectuels.

Comme nous le savons grâce aux recherches sur le programme de guerre psychologique de la CIA, l’organisation n’a pas seulement cherché à contraindre des individus, mais elle a toujours voulu comprendre et transformer les institutions de production et de distribution culturelles. En effet, son étude sur la Déconstruction met en évidence le rôle structurel des universités, des maisons d’édition et des médias dans la formation et la consolidation d’un ethos politique collectif. Dans des descriptions qui, comme le reste du document, devraient nous inviter à penser de manière critique à la situation académique actuelle dans le monde anglophone et au-delà, les auteurs du rapport mettent au premier plan les méthodes par lesquelles la précarisation du travail universitaire contribue à la démolition de la gauche radicale. Si la gauche la plus résolue ne peut pas se procurer les moyens matériels nécessaires à l’exécution de son travail, ou si nous sommes plus ou moins subtilement contraints de nous plier à une conformité pour trouver un emploi, publier nos écrits ou acquérir un auditoire, alors les conditions structurelles pour une communauté de gauche radicale sont affaiblies. La professionnalisation de l’enseignement supérieur est un autre outil utilisé à cette fin, puisqu’il vise à transformer les gens en rouages technoscientifiques de l’appareil capitaliste plutôt qu’en citoyens autonomes pourvus d’outils fiables en vue de la critique sociale. C’est pourquoi les mandarins théoriciens de la CIA font l’éloge des efforts déployés par le gouvernement français pour « pousser les étudiants à suivre des cursus de commerce et de technologie ». Ils soulignent également les contributions de grandes maisons d’édition comme Grasset, des médias ainsi que la vogue de la culture américaine pour faire avancer leur matrice post-socialiste et anti-égalitaire.

Quelles leçons pouvons-nous tirer du document, en particulier dans le contexte politique actuel d’une offensive permanente contre les cercles de l’intelligence critique ? Pour commencer, cette enquête devrait être un rappel convaincant que si certains présument que les intellectuels sont impuissants, et que leurs orientations politiques sont impuissantes, ce n’est pas ce que pense l’organisation qui a été l’un des plus puissants courtiers de puissance dans la politique mondiale contemporaine. La Central Intelligence Agency, comme son nom l’indique ironiquement, croit au pouvoir de l’intelligence et de la théorie, et nous devrions prendre cela très au sérieux. En présumant que le travail intellectuel a peu d’influence sur le « monde réel », ou n’en a pas, nous ne nous bornons pas à dénaturer les implications pratiques du travail théorique, nous courons aussi le risque de nous aveugler dangereusement sur des projets politiques pour lesquels nous pouvons facilement devenir les ambassadeurs involontaires. Même s’il est vrai que l’Etat-nation et l’appareil culturel français fournissent une matrice publique beaucoup plus efficace pour les intellectuels que ce que l’on trouve dans de nombreux autres pays, le souci de la CIA de cartographier et de manipuler la production théorique et culturelle partout ailleurs devrait tous nous réveiller.

Deuxièmement, les courtiers de pouvoir actuel ont un intérêt direct à cultiver des cercles intellectuels dont l’acuité critique aura été assombrie ou aveuglée en encourageant les institutions fondées sur les intérêts des affaires et de la techno-science, en assimilant la gauche à l’anti-scientifisme, en mettant en corrélation la science avec une neutralité politique prétendue (mais fausse), en assurant la promotion de médias qui saturent les ondes de pratiques conformistes, en tenant la gauche la plus déterminée à l’écart des grandes institutions universitaires et des projecteurs, et en discréditant tous les appels à une transformation égalitaire et écologique radicale. Idéalement, ils cherchent à nourrir une culture intellectuelle de gauche neutralisée, immobilisée, apathique et limitée au fatalisme, ou à la critique passive des mobilisations de la gauche radicale. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous pourrions considérer l’opposition intellectuelle à la gauche radicale, qui prédomine dans l’université américaine, comme une position politique dangereuse : n’est-elle pas directement complice du programme impérialiste global de la CIA ?

Troisièmement, pour contrer cette offensive institutionnelle contre une culture de gauche affirmée, il est impératif de résister à la précarisation et à la professionnalisation de l’enseignement. Il est tout aussi important de créer des sphères publiques de débat réellement critique, offrant une matrice élargie à ceux qui reconnaissent qu’un autre monde est non seulement possible, mais est nécessaire. Nous devons aussi nous unir pour contribuer aux médias alternatifs, aux modèles d’éducation différents, aux contre-institutions et aux collectifs radicaux. Il est vital de favoriser précisément ce que les combattants secrets de la culture veulent détruire : une culture de gauche radicale et son vaste cadre institutionnel de soutien, un large ancrage public, une puissance médiatique conquérante et un pouvoir de mobilisation contagieux.

Enfin, les intellectuels du monde devraient s’unir pour reconnaître notre pouvoir et le saisir afin de faire tout ce que nous pouvons pour développer une critique systémique et radicale, égalitaire et écologiste, anti-capitaliste et anti-impérialiste. Les positions que l’on défend en cours ou en public sont importantes pour définir les termes du débat et tracer le champ des possibilités politiques. En opposition directe à la stratégie culturelle fragmentaire et polarisante de la CIA, par laquelle l’Agence a cherché à diviser et isoler la gauche anti-impérialiste et anti-capitaliste, tout en l’opposant à des positions réformistes, nous devrions fédérer et mobiliser en reconnaissant l’importance de travailler ensemble (dans toute la gauche, comme Keeanga-Yamahtta Taylor nous l’a rappelé récemment) pour cultiver les conditions d’une intelligentsia réellement critique. Plutôt que de proclamer ou de déplorer l’impuissance des intellectuels, nous devrions exploiter la capacité de dire les mots justes au pouvoir en travaillant ensemble et en mobilisant notre capacité à créer collectivement les institutions nécessaires à un monde de gauche culturelle. Car c’est seulement dans un tel monde, et dans les chambres d’écho de l’intelligence critique qu’il génère, que les vérités énoncées pourraient effectivement être entendues, et ainsi changer les structures mêmes du pouvoir.

Gabriel Rockhill

Note du Saker Francophone

- Des deux parties de cet article, la 1ère est de loin la plus intéressante 
car elle met en contexte le paysage intellectuel français très polarisé des
années 70. À titre personnel j'y vois par exemple un lien avec
l'affaire Marchais révélée par L'Express en 1980, pour laquelle les
explications de J.-F. Revel m'ont toujours semblé pour le moins évasives.
- Il est tout à fait possible que la CIA ait programmé le débordement
de la gauche marxiste classique par la French Theory (rien que le nom...),
et on peut également se dire que cette théorie aura ensuite
été laissée libre de poursuivre sa trajectoire pour s'attaquer au socle
intellectuel et anthropologique occidental, empêchant ainsi toute pensée
critique structurée. Une sorte de gestion du chaos intellectuel, en fait.
Vous savez, les régressives études de genre, décoloniales, intersectionnelles etc.
En ce sens, malgré la pauvreté finale de son article, Gabriel Rockhill
aurait doublement raison.
- Vous trouverez ici un bon texte de Yannick Jaffré sur Katehon complétant celui-ci.

Traduit par Stünzi, relu par San pour le Saker francophone

mardi, 10 septembre 2019

The System that Kills the Peoples: The Birth of Neoliberalism

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The System that Kills the Peoples:
The Birth of Neoliberalism

Quinn Slobodian
Globalists: The End of Empire and the Birth of Neoliberalism
Cambridge: Harvard University Press, 2018

QS-glob.jpgOne of the seminal ideological battles of recent history has been that between internationalism, in one form or another, and nationalism. Countless words have been devoted to dissecting the causes, effects, merits, and drawbacks of the various incarnations of these two basic positions. Neoliberalism has, however, succeeded in becoming the dominant internationalist ideology of the power elite and, because nationalism is its natural antithesis, great effort has been expended across all levels of society towards normalizing neoliberal assumptions about politics and economics and demonizing those of nationalism.[1] [2] This all seems obvious now, almost like second nature to those involved in the conflict, but despite this – or rather because of this – it is necessary to investigate the intellectual history of neoliberalism so as to better understand how it took hold of the imagination of the world’s elites. The recent book by Canadian historian Quinn Slobodian, Globalists: The End of Empire and the Birth of Neoliberalism, is an excellent, thought-provoking work on the subject and should be required reading for all White Nationalists. The book can serve as both an introduction to a serious study of neoliberalism and a valuable addition to any scholar’s library.

Slobodian argues that neoliberalism arose at the end of empire “not to liberate markets but to encase them, to inoculate capitalism against the threat of democracy, and to reorder the world after empire as a space of competing states in which borders fulfill a necessary function” (p. 2). Readers might be surprised by his statement about the neoliberal conception of borders. This, after all, differs remarkably from popular understanding, but the key to resolving this seemingly odd position can be found in the “two worlds theory” articulated by Carl Schmitt in 1950. Slobodian writes:

One was the world partitioned into bounded, territorial states where governments ruled over human beings. This he called the world of imperium, using the Roman legal term. The other was the world of property, where in people owned things, money, and land scattered across the earth. This was the world of dominium (p. 10).

As the author points out, for Schmitt this was “something negative, an impingement on the full exercise of national sovereignty” (p. 10), but neoliberals found in it an accurate description of precisely that which they had been trying to preserve and enhance for many years. This is a fundamental point and it underlies much of what is to follow. The neoliberal project is not one of anarchic, borderless economic activity but rather a supranational security apparatus designed to protect capitalism as a system of laws, both formal and informal, based on the ideas of individual consumer sovereignty, mobile capital, the human rights of capitalists and corporations, and an almost religious faith in market forces which take precedence over national interest. The author refers to this as “militant globalism.” Simply put, borders are for people and people are always secondary to capital in the neoliberal order. The nation-state and its borders are tolerated by neoliberalism only to the extent that they can be made useful to global capitalism.

QS-portraitr.jpgSlobodian begins with the dramatic shift in political and economic conceptions of the world following the First World War. As he observes, the very concept of a “world economy,” along with other related concepts like “world history,” “world literature,” and “world affairs,” entered the English language at this time (p. 28). The relevance of the nineteenth-century classical liberal model was fading as empire faded and both political and economic nationalism arose. As the world “expanded,” so too did the desire for national sovereignty, which, especially in the realm of economics, was seen by neoliberals as a terrible threat to the preservation of the separation of imperium and dominium. A world in which the global economy would be segregated and subjected to the jurisdiction of states and the collective will of their various peoples was antithetical to the neoliberal ideal of free trade and economic internationalism; i.e., the maintenance of a “world economy.”

Many of the economists who were troubled by the rise of nationalism and who were sympathetic towards empire as a quasi-internationalist free trade system were at this time centered in Austria. Slobodian provides a valuable history of their activity, with a focus on Ludwig von Mises, the Jew who laid the groundwork for much of what became neoliberal orthodoxy. Mises was highly anti-democratic, approved of state violence against workers, and supported the use of military power to open overseas markets (p. 33). The author writes that, for Mises, the state “could find its legitimacy only in its defense of the sanctity of private property and the forces of competition” (p. 33). In a 1921 policy paper in which he advocated free trade for Austria, he also suggested “[lifting] prohibitions on imports and ports . . . privatizing pubic enterprises, eliminating food subsidies . . . [and] lifting entry and residence requirements for foreigners ” (p. 43). In 1930, while Mises was an adviser to the Vienna Chamber of Commerce, the organization urged the government to pass an “anti-terror law” to combat worker strikes (p. 46). But much of his efforts and those of his colleagues were directed towards the elimination of tariffs, including international propaganda missions on behalf of this idea through the International Chamber of Commerce, an organization that tried to liberalize the global economy in a fashion similar to what the League of Nations was trying to do in the realm of politics.

The Great Depression made their job harder by further weakening popular faith in the free market. Following its end, a number of important economists, including Friedrich von Hayek, moved to Geneva to escape what were for them unfavorable political conditions in various parts of Europe. It was here that the Geneva school of economists was born and neoliberalism coalesced as an ideology. One of the fundamental shifts that occurred here at this time was a shift away from the heavy reliance on statistics, data, and economic models which had been a feature of the earlier work of neoliberals, but had also grown in importance across the discipline as economists attempted to explain business cycles. Neoliberals now saw this as nascent economic planning and began “to take a step back and contemplate the core enabling conditions of the grander order itself” (p. 84). They began to believe that the world economy was “unknowable,” but that “this was not a dead end but the starting point for designing the order within which the world economy could thrive” (p. 84). They realized that theirs was an ideology that transcended the purely economic, or as the author puts it, ” . . . the defense of the world economy . . . was too important to be left to the discipline of economics” (p. 92).

Supposed libertarians like Mises and Hayek were quite comfortable with international governance, in violation of the ideals those who admire them today claim to hold. Slobodian describes how, during the 1930s, neoliberals had finally realized that the “self-regulating market was a myth,” decolonization was inevitable, and “that the era of the nation was irreversible” (p. 95). Their mission was to exert political pressure to manage this new reality in order to ensure that these developments did not allow for the rise of economic nationalism. Their answer was “loose federations within which the constituent nations would retain control over cultural policy but be bound to maintain free trade and free capital movement between nations” (p. 95).

A world federation or federations could guarantee the separation of imperium and dominium. The nation-state would remain useful as a legal entity to ensure territorial compliance with the federation’s legal structure, which, by design, would be unaccountable to the public and render the nation-states’ sovereignty “ornamental” (p. 112). It is of some interest that these ideas, supported by Mises and Hayek, were also pushed by Wilhelm Röpke (a German economist who fled Germany in opposition to Hitler’s anti-Semitism) as a way to prevent Germany from regaining its economic self-sufficiency following the Second World War (p. 113).

Slobodian next delves into the neoliberal use of rights in their quest for the security of global capitalism. He writes:

Against human rights, they posed the human rights of capital. Against the stateless person, they posed the investor. Against sovereignty and autonomy, they posed the world economy and the international division of labor. Their ‘national’ was both a person and a company (p. 125).

The author calls these “xenos rights,” from the Greek word meaning “guest-friend” (p. 123). As one might expect, for neoliberals the citizen is secondary to the cosmopolitan capitalist in the same way that the nation-state is secondary to the world economy. As such, in their conception of human rights, “the alien investor must actually have more rights than citizens” (p. 137). An example he discusses is the “Capitalist Magna Carta,” Deutsche Bank’s Hermann Josef Abs’ 1957 attempt to enshrine this concept into international law, which was supported in the United States by Emmanuel Celler, the infamous Jew behind the 1965 Hart-Celler Act.

The subject of race gets a chapter in the book as well. With the emergence of the Global South, often acting as a bloc on the world stage and often with political and economic demands quite different from those of the neoliberals, and with the simple reality of biological differences as factors in civilizational progression and any honest analysis thereof, race was bound to be a part of the discussion to some degree. But most neoliberals did not think in terms of race, and when they did, it was to minimize its importance, as in, for example, the case of Hayek, who publicly denounced apartheid in South Africa (p. 151). Worse than “racism,” however, were attempts to breach the separation of imperium and dominium with sanctions and other tools of economic control. “Moral demands,” writes the author, “even those legitimized through international organizations, had no mandate to disrupt the economic constitution of the world” (p. 180). Thus, neoliberals tended to oppose interference in South Africa and Rhodesia despite objecting to their “white supremacy.”[2] [3]

Slobodian discusses at length the race-consciousness of Wilhelm Röpke, one of the few neoliberals who defended white rule in South Africa. He was less concerned with the Soviet threat than the brown threat and envisioned a white alliance spanning the Atlantic Ocean (p. 156). Slobodian quotes him:

The more the non-European great powers emerge . . . and the civilizations of other continents begin to regard us with condescending self-confidence, the more it becomes natural and necessary for the feeling of spiritual and moral homogeneousness among Europeans to increase powerfully . . .the spiritual and political integration of Europe . . . only makes sense as part and parcel of a higher combination and organization of the resistance potential of the entire western world on both sides of the Atlantic (p. 156).

He received a great deal of support among American conservatives like William Buckley and Russell Kirk, who saw in him a sensible attitude towards race as well as an identifiable Christianity lacking in other neoliberals (pp.164-174). A case could be made that in a strange and tragic way, Röpke did far more harm to American conservatism than Hayek or Mises by helping to popularize destructive economic ideas and an (at least partially) foreign ideology in American Rightist discourse by way of simply having sane racial attitudes in insane times.

The relationship between neoliberals and the European Economic Community is the subject of one of the final chapters of the book. In it, the author describes two different strains of neoliberal thought regarding Europe: the universalists (including Röpke), who saw in European integration a large protectionist scheme and in talk of Eurafrica (the incorporation of former colonies into the EEC) an extension of empire, versus the constitutionalists (influenced by Hayek), who believed that “the EEC was an example of how to integrate a market with a legal structure able to enforce competition across borders” (p. 214). Both sides held nearly identical views of the world but, as the author notes, the universalists were purists whose ideas “lacked the mechanism of enforcement” (p. 215). The constitutionalists were willing to work with available tools and make ideological compromises to lay the foundations for a future supranational government. Slobodian argues that their disagreement was fundamentally a matter of perspective: the Euroskeptic universalists thought exclusively in terms of globalism and saw the EEC as a move away from international free trade, while the constitutionalists saw in the EEC “new means of enforcement and oversight that the neoliberal federalists in the 1930s had not dreamed of themselves” (p. 215).

Throughout the 1970s, developing nations accelerated the assertion of their interests. In the United Nations, the G-77 demanded various forms of economic intervention, which to neoliberals was a “misuse of state sovereignty to unsettle world economic order” (p. 222). The nature of the threat was in the unequal economic treatment demanded by these nations and could only be remedied by legal equality. This legal equality was justified by what the author calls “cybernetic legalism,” an approach to law based on Hayek’s study of cybernetics and systems theory. It “saw individual humans as units within a self-regulating system for which the lawmaker had the primary responsibility of transforming the system’s rules into binding legislation” (p. 224). For neoliberals, the market is a fundamentally unknowable domain of nearly infinite transactions, always in motion, always fine-tuning itself, and always guided by a sort of wisdom. The role of a government is to provide a legal framework within which this sacred progression towards equilibrium can continue without interruption. Hayek had begun to think in terms of “self-generating order” and “self-generating structure” (p. 225). As the author notes at the end of the chapter, it was in the 1970s that references to and images of the globe and globalism became prevalent in popular culture (p. 258). Hayek’s cybernetic legalism seems perfectly in tune with the “spiritual but not religious” secular mysticism of globalism, intertwined as it is with faith-based egalitarianism and Whig history.

Though nearly a century old, Mises’ ideas sound contemporary and all too familiar. The neoliberal notions of a world of interdependent and largely interchangeable individuals absorbed into a system of economy with a mysterious yet sacred logic requiring international treaties and opaque supranational organizations to ensure its security from the suspicious or disaffected masses, wars against “terror” with clear economic motives, and various policies designed to benefit capitalists but bejeweled in the language of humanitarianism are so commonplace in contemporary political discourse that most people barely give them a moment’s notice. Neoliberalism is now the baseline of political thought across the mainstream spectrum. The ideas of Mises, the Jew who “conceded somewhat cheerfully that his understanding of the world coincided in many ways with that of Karl Marx” (p. 107), and those which developed from his contingent of capitalist enforcers, have managed to grip the globe. Even Wilhelm Röpke, who had at least a partial understanding of the reality of race, was complicit in the global steamrolling of national sovereignty and the reduction in the quality of life of countless white men and women (and indeed countless non-whites), all forced into a fundamentally unnatural world order beyond their control and without their consent.

Neoliberalism, a term widely misused and an ideology widely misunderstood, has been a threat to nationalist movements worldwide for a century. It is a secretive, unaccountable, supranational world order designed to cripple national autonomy. Neoliberals, of course, know this: remember that a happy byproduct of their model was the prevention of German self-sufficiency in the post-war years. So whenever a neoliberal begins espousing the benefits of his ideology for a specific country, he is simply lying. Neoliberalism is at its core a corrosive imperialism, absorbing all it touches into its global empire with largely unseen violence and without its subjects ever being entirely sure to whom or what they are subjected: It is an imperialism of cowards and bureaucrats, the most ignoble form of an ignoble system. Neoliberalism was born at the end of empire in the traditional sense, but it did not replace it; it merely reconfigured it with new emperors, new armies, and different weapons.

Notes

[1] [4] The author rightly differentiates between “international” and “supranational,” but over time the two concepts have become roughly interchangeable in the popular imagination and so I will defer to common usage – barring a few specific exceptions.

[2] [5] The Jew Milton Friedman managed to be correct in his prediction about black rule in Rhodesia. Slobodian quotes him: “. . . [black rule] would almost surely mean both the eviction or exodus of most whites and also a drastically lower level of living and opportunity for the masses of black Rhodesians” (p. 178).

 

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vendredi, 21 juin 2019

Panajotis Kondylis: Ein skeptischer Aufklärer

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Panajotis Kondylis: Ein skeptischer Aufklärer

 

PKphoto.jpgDer Bewunderer des sozialpolitischen Denkers Panajotis Kondylis (1943-1998), Falk Horst, brachte vor einigen Monaten einen gehaltvollen Sammelband heraus. Der Titel lautet: „Panajotis Kondylis und die Metamorphosen der Gesellschaft“.

Kennzeichnend für das Werk des verstorbenen griechischen Gelehrten, der in Heidelberg ein großes Stück seiner Lebenszeit verbrachte und der meist auf Deutsch seine begrifflichen Entwürfe ausführte, war sein auf Machtansprüche bezogener interpretativer Ausgangspunkt. Im Gegensatz zu anderen dem Moralisieren zugeneigten Ideen- und Sozialhistorikern hat Kondylis nie für das „Gute“ gekämpft. Zwar von der Aufklärung geprägt, hat Herausgeber Falk Horst recht, wenn er von einem Aufklärer ohne Mission spricht.

Kondylis zergliedert aufeinanderfolgende Weltanschauungen ausgehend vom Mittelalter, aber er packte seine Aufgabe möglichst wertfrei an. Er bezeichnete diese Herangehensweise als „deskriptiven Dezisionismus“, den er von wertbezogenen Auffassungen menschlicher Entscheidungen und Ansprüche abhebt. Und er benennt die Wissenschaftlichkeit, die er in seinen zur Reife gelangten Büchern verfolgt, als „Sozialontologie“.

In erster Linie ein Sozialwesen

Kondylis geht von der Grundannahme aus, dass das menschliche Wesen nicht von einer bestimmten Sozialbeziehung loszutrennen sei. Von seinem Standpunkt her ist der Mensch in erster Linie Sozialwesen, dessen Verhältnis zu Mitmenschen und zur Außenwelt durch seine Stelle in einer vorgegebenen Rangordnung zu berücksichtigen sei.

Zuallererst kümmert man sich um die Selbsterhaltung, die die Mitwirkung anderer voraussetzt und dann darum, seine Nische gegen Kontrahenten zu verteidigen. In seinem schmalen Band Macht und Entscheidung. Die Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage (1984) nimmt Kondylis die kämpferische und machtstrebende Seite von zwischenmenschlichen Wechselwirkungen in den Blick.

Moralismus oder Nihilismus

Grundlegend für seine seitenreichen Bücher über die Aufklärung, den klassischen Konservatismus und das Zeitalter der planetarischen Politik ist seine Inanspruchnahme einer machtorientierten Auslegungsperspektive. Auch bei gelehrten Auseinandersetzungen und streng herausgebildeten theoretischen Arbeiten lässt sich so eine alle Anliegen prägende Kampfgesinnung feststellen. Der Wissenschaftler stellt seine These derjenigen seines Kontrahenten entgegen.

Die Aufklärungsdenker legten es darauf an, Natur und Sinnlichkeit gegen eine mittelalterliche Denkart geltend zu machen. Doch die ehemaligen Beteiligten gingen getrennte Wege, als die Frage aufkam, ob der Kampf gegen die verworfene Metaphysik in einer normativen Sittlichkeit oder in einem alles zerlegenden Nihilismus münden sollte. In zwei gegensätzliche Denkgruppen zerteilten sich die Aufklärer, die Verfechter einer Vernunftsmoralität wie Kant und Voltaire und nihilistische Materialisten wie Holbach und La Mettrie.

Die bürgerliche Gesellschaft, die die Kulturwelt der Aufklärung hochhielt, mußte einen Zweifrontenkrieg gegen den Konservatismus führen, der die Ideale einer vormodernen Sozialordnung wieder zur Geltung bringen wollte, und gegen die Massendemokratie, die für die Gleichheit und Austauschbarkeit der Menge eintritt. Ohne diese dialektische, kämpferische Stoßrichtung zu betrachten, meint Kondylis, sind aufeinanderfolgende Herrscherklassen und führende Ideologien kaum zu begreifen. Nur im Hinblick auf ein Gegenüber entwickelt sich der Einzelne gemeinschaftlich, seinsartig und begrifflich heraus.

PK2.jpgEine Synthese aus Marx und Carl Schmitt?

Die Sozialontologie und Sozialanthropologie von Kondylis wird normalerweise als eine einfallsreiche Verschmelzung der Gedanken Marxens und Carl Schmitts interpretiert. Verblüffend mag es sein, dass Kondylis Marx, aber bei weitem weniger Schmitt, als Vordenker anerkannte. Ebenso großzügig gestand er Reinhart Koselleck, mit dem er einen langjährigen Briefwechsel unterhielt, und seinem Doktorvater aus Heidelberg, Werner Conze, eine Einwirkungsrolle bei seiner Ideenwelt zu. Zusätzlich erwähnt er Spinoza, dessen-theologisch-politischer Traktat seinen Machtbegriff mitgestaltete.

Warum aber ging Kondylis mit Schmitt, dessen Freund-Feind-Denken  er teilt, fast stiefmütterlich um? Mag sein, dass Kondylis die Originalität seiner Begriffe unterstreichen wollte. Ebenso relevant, wie Horsts Sammelband klarmacht, wurde Kondylis zu seiner Jugendzeit radikalisiert, als er gegen die Regierung der Obristen in seinem griechischen Stammland aufgemuckt hatte.

Auf diese Jugendjahre ist die marxistische Prägung zurückzuführen, auch wenn der ausgereifte Denker kaum als Marxist oder als links orientiert einzustufen war. Die Fokussierung auf Geschichtsabläufe und sozial bedingte Leitkulturen weisen auf marxistisch angehauchte Schwerpunkte zurück. Klar ist aber, daß Kondylis wie Koselleck und andere führende deutsche Ideenhistoriker aus der zweiten Hälfte des letzten Jahrhunderts von Schmitt beeinflusst wurden.

Daß Kondylis mit einem einspurigen oder übermäßig vereinfachenden Weltbild hantierte, ist eine geläufige Kritik an seiner anthropologischen und politischen Perspektive, die sich um die Selbsterhaltung und das Machtstreben des sozial angesiedelten Einzelnen dreht. Aber das setzt voraus, daß der Sozialforscher Kondylis ein Gesamtbild des politischen, gemeinschaftlichen und ideentheoretischen Handelns liefern wollte. Stattdessen kann sein Gedankengut herangezogen werden, um das menschliche Verhalten zu beleuchten und Erkenntnis über die menschliche Motivation in einzelnen Situationen abzugeben.

Kein Optimist

Bei all seiner Anhänglichkeit an die Aufklärung und die dazugehörigen Einsichten hat Kondylis keinesfalls das optimistische Zukunftsbild vertreten, das den Rationalismus des achtzehnten Jahrhunderts prägte. Er zählte zur Gesellschaft, die Zeev Sternhell und Isaiah Berlin als „les Contre-lumières” charakterisierten und die angeblich nichts Gutes im Schilde führten. Diese Grübler setzen die kritische Verfahrensweise der Aufklärung ein, um ihre Endvision zu hinterfragen und sogar zu entwerten.

Anders gesagt: Kondylis verstand seinen Lehrauftrag anders als die von ihm bespöttelten Moralisten. Außer dem Entscheidungstreffen sozial verorteter und motivierter Einzelner und Gruppen, die im Spannungsfeld mit anderen ähnlich bestimmten Wesen handeln, kann uns Kondylis kein Welt- oder Zukunftsbild anbieten. Zu seiner Ehre mahnt er vor den Schönfärbern, die unsere Freiheit wie unsere Nüchternheit abschaffen wollen.

Aus dem Kreis der BN-Autoren hat sich insbesondere Felix Menzel mit Kondylis beschäftigt und ein Zitat aus Macht und Entscheidung seiner Alternativen Politik vorangestellt.

mercredi, 05 juin 2019

Le populisme ou la mort - Olivier Maulin

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Le populisme ou la mort

Olivier Maulin

On connaît la verve satirique qui caractérise les écrits de l'écrivain à succès Olivier Maulin. Le chantre du retour à la vraie nature est aussi un brillant polémiste qui sait porter un regard sans concession sur l'actualité. La preuve par son dernier ouvrage : "Le populisme ou la mort", recueil de chroniques parues dans Minute.
 

Marx et le pouvoir satanique de l’argent…

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Marx et le pouvoir satanique de l’argent…

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Le culte de l’argent détruit la planète et l’humanité. Devenus humanitaires, les oligarques se montrent encore plus dangereux que quand ils sont simplement voraces… cela appelle une réflexion sur le rôle satanique de l’argent, vrai prince dans ce monde. Pas besoin d’évoquer les pleurnicheries du christianisme occidental qui aura contribué (réforme et découvertes, colonisation, solidification puis aggiornamento mielleux) plus qu’aucune autre religion à la destruction de ce monde. 

Voyons donc un penseur plus sérieux. 

Debord les cite souvent : dans ses manuscrits de 1844 formidablement inspirés, Marx décrit le pouvoir de l’argent. Et cela va donner les observations suivantes :

« L’argent en possédant la qualité de tout acheter, en possédant la qualité de s'approprier tous les objets est donc l'objet comme possession éminente. L'universalité de sa qualité est la toute-puissance de son essence. Il passe donc pour tout-puissant... L'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et le moyen de subsistance de l'homme. Mais ce qui sert de moyen terme à ma vie, sert aussi de moyen terme à l'existence des autres hommes pour moi. C'est pour moi l'autre homme. »

Pour nous éclairer Marx a recours comme votre serviteur aux classiques. On commence par Goethe :

« Que diantre! il est clair que tes mains et les pieds

Et ta tête et ton c... sont à toi ;

Mais tout ce dont je jouis allégrement

En est-ce donc moins à moi ?

Si je puis payer six étalons,

Leurs forces ne sont-elles pas miennes ?

Je mène bon grain et suis un gros monsieur,

Tout comme si j'avais vingt-quatre pattes… »

Puis Marx continue avecShakespeare via le splendide/méconnu Timon d'Athènes :

« De l'or! De l'or jaune, étincelant, précieux! Non, dieux du ciel, je ne suis pas un soupirant frivole... Ce peu d'or suffirait à rendre blanc le noir, beau le laid, juste l'injuste, noble l'infâme, jeune le vieux, vaillant le lâche... Cet or écartera de vos autels vos prêtres et vos serviteurs ; il arrachera l'oreiller de dessous la tête des mourants ; cet esclave jaune garantira et rompra les serments, bénira les maudits, fera adorer la lèpre livide, donnera aux voleurs place, titre, hommage et louange sur le banc des sénateurs ; c'est lui qui pousse à se remarier la veuve éplorée. Celle qui ferait lever la gorge à un hôpital de plaies hideuses, l'or l'embaume, la parfume, en fait de nouveau un jour d'avril. Allons, métal maudit, putain commune à toute l'humanité, toi qui mets la discorde parmi la foule des nations... »

Et plus loin :

« O toi, doux régicide, cher agent de divorce entre le fils et le père, brillant profanateur du lit le plus pur d'Hymen, vaillant Mars, séducteur toujours jeune, frais, délicat et aimé, toi dont la splendeur fait fondre la neige sacrée qui couvre le giron de Diane, toi dieu visible,& qui soudes ensemble les incompatibles et les fais se baiser, toi qui parles par toutes les bouches et dans tous les sens, pierre de touche des cœurs, traite en rebelle l'humanité, ton esclave, et par ta vertu jette-la en des querelles qui la détruisent, afin que les bêtes aient l'empire du monde. »

kmgb.jpgEt Marx commente et explique les passages cités :

« Shakespeare décrit parfaitement l'essence de l'argent. Pour le comprendre, commençons d'abord par expliquer le passage de Goethe :

Ce qui grâce à l'argent est pour moi, ce que je peux payer, c'est-à-dire ce que l'argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l'argent. Ma force est tout aussi grande que celle de l’argent. »

L’argent peut tout et donc il dissout tout :

« Les qualités de l'argent sont mes qualités et mes forces essentielles, – à moi son possesseur. Ce que je suis et ce que je peux n'est donc nullement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m'acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l'effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l'argent. De par mon individualité, je suis perclus, mais l'argent me procure vingt-quatre pattes ; je ne suis donc pas perclus; je suis un homme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l'argent est vénéré, donc aussi son possesseur, l'argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon, l'argent m'évite en outre la peine d'être malhonnête ; on me présume donc honnête; je suis sans esprit, mais l'argent est l'esprit réel de toutes choses, comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d'esprit ? »

L’argent devient/achète l’esprit :

« De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède la puissance sur les gens d'esprit n'est-il pas plus spirituel que l'homme d'esprit? Moi qui par l'argent peux tout ce à quoi aspire un cœur humain, est-ce que je ne possède pas tous les pouvoirs humaine ? Donc mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? »

Et il devient « le lien de tous les liens » :

« Si l'argent est le lien qui me lie à la vie humaine, qui lie à moi la société et qui me lie à la nature et à l'homme, l'argent n'est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas dénouer et nouer tous les liens ? N'est-il non plus de ce fait le moyen universel de séparation ? Il est la vraiemonnaie divisionnaire, comme le vrai moyen d'union, la force chimique[universelle] de la société. »

Marx synthétise l’envolée de Shakespeare (à qui les lobbies LGBTQ financés grassement font subir les pires avanies) :

« Shakespeare souligne surtout deux propriétés de l'argent :

1º Il est la divinité visible, la transformation de toutes les qualités humaines et naturelles en leur contraire, la confusion et la perversion universelle des choses ; il fait fraterniser les impossibilités.

2º Il est la courtisane universelle, l'entremetteur universel des hommes et des peuples. »

La définition vient :

« La perversion et la confusion de toutes les qualités humaines et naturelles, la fraternisation des impossibilités - la force divine - de l'argent sont impliquées dans son essence in tant qu'essence générique aliénée, aliénante et s'aliénant, des hommes. Il est la puissance aliénée de l'humanité.

Ce que je ne puis en tant qu'homme, donc ce que ne peuvent toutes mes forces essentielles d'individu, je le puis grâce à l'argent. L'argent fait donc de chacune de ces forces essentielles ce qu'elle n'est pas en soi; c'est-à-dire qu'il en fait son contraire. »

 

Sources 

Karl Marx, manuscrits de 1844 (classiques.uqac.ca)

Shakespeare, Timon…

mardi, 04 juin 2019

The Jacobin Vision of Social Democracy Won’t Save Us

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The Jacobin Vision of Social Democracy Won’t Save Us

A Review of The Socialist Manifesto by Bhaskar Sunkara

The title of Bhaskar Sunkara’s new book is both bold and smart, from a marketing perspective at least. It’s eye-catching in its reference to The Communist Manifesto. I’m actually a little surprised that apparently no previous book has had that title, since it seems so obvious. The reason may be that other writers have been more humble than Sunkara, and less willing to elicit inevitable comparisons between their work and Marx’s. For no writer, and certainly not Sunkara, will fare well under such a comparison.

But I don’t want to be too harsh on the founder of Jacobin, whose magazine has (whatever one thinks of its particular political line) performed useful services for the American left. Sunkara is not a deep or original thinker, but he’s an effective popularizer—and in an age of mass ignorance, there’s much to be said for popularizations. The book is written for the uninitiated, and if it succeeds in piquing young readers’ interest in socialism, then it has served its purpose.

The title is a misnomer, however, for the book is no manifesto. It is essentially a critical history of socialism with a couple of chapters at the beginning and the end on the present and possible future of the left. The scope is ambitious: it ranges over the German Social Democratic Party up to World War I, the triumphs and tragedies of Leninism and Stalinism in Russia, Swedish social democracy, the record of “socialism” in China and the Third World, and the history of socialists in the U.S., in the process touching on the Labour Party in Britain, the Popular Front period in France, the impact of neoliberalism on the working class, and other subjects. It also has a chapter on fifteen lessons to be gleaned from the history, as well as a whimsical, speculative chapter (the first one) on what it might be like to live in a socialist society and what the transition from a social democratic to a socialist society might look like. Sunkara’s interpretations and ideas come from respectable scholars such as Michael Harrington, Vivek Chibber, and David Schweickart, in addition to younger writers for Jacobin.

bhaskar.jpgThrough most of the book, the arguments are anchored in sturdy common sense, however much one might contest a point or emphasis here and there. On “Third World socialism,” for example, whether in China or Africa or the Americas, Sunkara is right that it turned Marxism on its head, so to speak: “revolutionaries embraced socialism as a path to modernity and national liberation. Adapting a theory that was built around advanced capitalism and an industrial proletariat, they struggled to find ‘substitute proletariats’—from peasants to junior military officers to deprived underclasses—to achieve these ends.” None of it was socialism in the Marxist sense, as coming from the breakdown (literal or not) of capitalism and signifying the liberation of humanity from alienated and exploitative production. It was a “socialism” subordinated to nationalistic ends.

As for social democracy, Sunkara is clearly right that it always faces a “structural dilemma,” in that it exists within capitalism and depends on capitalist profitability. Historically it was safe only as long as there was an expanding economy. “Expansion gave succor to both the working class and capital. When growth slowed [in the 1970s] and the demands of workers made deeper inroads into firm profits, business owners rebelled against the class compromise.” The era of neoliberalism began.

Sunkara’s conclusion to his survey of twentieth-century socialism is appropriate: “The best we can say about socialism in the twentieth century is that it was a false start.” Personally, I would even argue (and have, in Worker Cooperatives and Revolution) that attempts to introduce socialism—which is to say workers’ democratic control of production—exclusively through the bureaucratic initiative of the state, in an international economic environment still completely dominated by the dynamics and the hierarchies of corporate capitalism, were always misconceived. If a transition to genuine socialism ever happens, it will necessarily take generations, generations of struggle around the world directed at everything from the interstitial construction of solidarity economies to the mobilization of millions on behalf of radical political parties.

What Sunkara envisions is that a new kind of “class-struggle social democracy,” of the sort that Jeremy Corbyn and Bernie Sanders advocate, may be achieved after years of popular struggle. But rather than being content with this achievement and possibly letting it be undermined by the capitalist class, as happened to classical social democracy, socialists have to keep pressing for more radical transformations, such as expansion of the cooperative or publicly-owned sector of the economy.

Democratic socialists must secure decisive majorities in legislatures while winning hegemony in the unions. Then our organizations must be willing to flex their social power in the form of mass mobilizations and political strikes to counter the structural power of capital and ensure that our leaders choose confrontation over accommodations with elites.

Eventually, this new social democracy will evolve into socialism, as the state and/or workers take over ownership and control of the remaining private firms.

Sunkara fleshes out these predictions a bit in his first chapter, but I think some skepticism is in order. Social democracy was appropriate to an era of industrial unionism and relatively limited mobility of capital. In a “globalized” age, it’s hard to see how social democracy can simply be reconstructed—in a more radical form, even, than before. History doesn’t work in this way, in which previous social formations are resurrected after they have succumbed to the universal solvent of capitalism. We can’t just return to conditions that no longer exist. That is a key lesson of Marxism itself.

In the U.S., to enact Medicare for All, safe and secure housing for all, free child care, decent public education at all levels, and other reforms Sunkara mentions would require, as he says, that socialists have strong legislative majorities. Given the power of the capitalist class, I don’t see this happening, at least not in the next twenty or thirty years. It took reactionaries decades of organization to achieve their current power—and they had enormous resources and existed in a broadly sympathetic political economy. It’s hard to imagine that socialists will have better luck.

Predicting the future isn’t exactly easy, especially not at this moment when humanity is poised on a precipice overlooking climate change, mass extinction of flora and fauna, economic crisis, complete political dysfunction, and general social breakdown. But my own prognosis would be more pessimistic than Sunkara’s. Neoliberalism has brought to its consummation the fracturing and atomizing of civil society that capitalism has entailed. The nation-state system itself seems in danger of decaying from within, from social crisis. There is no return of vitality and integration on the horizon. There is only a long period of crisis, a period of political flailing and confrontation, of stagnation and polarization, a period that will see lots of little left-wing victories and lots of defeats but few epochal triumphs. (If Sanders or Corbyn achieve power, for example, they will face a business community determined to destroy them.)

Whatever will be happening at the level of the national state, on smaller scales initiatives in the solidarity economy will be spreading around the nation and around the world, from people’s sheer necessity to survive. Activists will be pressing for changes in state policy to facilitate the growth of this non-capitalist economy, and states will be increasingly forthcoming if only because such local and decentralized projects are seen as relatively unthreatening to capitalist power. As left-wing parties acquire more influence, they will press for the expansion of this cooperative sector of the economy—along with other policies that are more directly and immediately threatening to capitalism. The reactionaries can’t control everything forever (otherwise society would completely collapse), and the left will begin to have more political victories to approximately the degree that a cooperative sector invested in the left grows. As repeated economic crises will be destroying huge amounts of wealth and thinning the ranks of the capitalist hyper-elite, a new society and economy will gradually emerge in the womb of the old regime.

In my above-mentioned book I argue that this scenario, which will unfold over many decades, is the only truly Marxist or materialist conception of socialist revolution, notwithstanding most Marxists’ hostility to any conception hinting of “gradual change.” The Jacobin social democratic scenario is naïve and ahistorical.

Nevertheless, Sunkara’s book is of value. Little in it will be new to long-time leftists, but American political culture could certainly use more popularizations like The Socialist Manifesto. We have a long, long war ahead.

Chris Wright has a Ph.D. in U.S. history from the University of Illinois at Chicago. He is the author of Notes of an Underground Humanist and Worker Cooperatives and Revolution: History and Possibilities in the United States. Read other articles by Chris, or visit Chris's website.

dimanche, 26 mai 2019

Interview mit Prof. Dr. David Engels zum Verfall der EU

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Interview mit Prof. Dr. David Engels zum Verfall der EU

Die westliche Welt steckt in einer Krise

Ex: https://www.freiewelt.net

Die EU ist in der Krise. Das ist ein Symptom einer viel tieferen Krise, in der allgemein die westliche Welt steckt. Dies zeigt sich am Verfall der Werte, an der außenpolitischen Überforderung, an der Deindustrialiserung und den restriktiven Maßnahmen zur Zensur.

Foto: Freie Welt

Freie Welt: Sehr geehrter Herr Prof. Engels: Befindet sich die EU in einer Krise?

Prof. Engels: Leider ja, sogar mehr denn je. Selbst die politischen Eliten, welche lange ausschließlich von einer „institutionellen“ Krise der EU gesprochen haben, sind zunehmend gezwungen anzuerkennen, daß es sich um nichts weniger als um eine echte Zivilisationskrise handelt, wie kürzlich noch Emmanuel Macron in seinem feierlichen Aufruf schrieb. Diese Krise ist freilich nicht durch die EU hervorgerufen worden (wenn diese auch das ihre dazu getan hat, sie zu verstärken); vielmehr könnte man sagen, daß die EU selber mitsamt ihren zahlreichen inneren Problemen nur ein Symptom der sich immer stärker verschärfenden Krise der westlichen Welt ist.

Freie Welt: Was sind für Sie die Hauptprobleme des heutigen Europa?

Prof. Engels: Die Liste ist lang: Gesellschaftliche Polarisierung, Masseneinwanderung, Bildungsnotstand, Fundamentalismus, verfallende Infrastrukturen, Terrorismus, demographischer Niedergang, Desindustrialisierung, Zerfall der klassischen Familie, Hedonismus, Überalterung, Rechtsrelativismus, explodierende Staatsschulden, Islamisierung, Elitendemokratie, Kasinokapitalismus, asymmetrische Kriege, absehbarer Bankrott der Rentenkassen, Zunahme krimineller Gewalt, bürokratische Überregulierung, Bedrohung der Sicherheit der Frau, ausufernde Sozialbudgets, Parallelgesellschaften, Instrumentalisierung der historischen Schuld der abendländischen Völker, Bargeldabschaffung mitsamt den sich potentiell daraus ergebenden Negativzinsen, immer größerer wissenschaftlich-technologischer Rückstand, zunehmender Aufbau eines flächendeckenden digitalen Überwachungssystems – und die Liste ließe sich noch lange fortsetzen und natürlich um die zahlreichen inneren Probleme des EU-Apparats wie auch die äußeren Bedrohungen des Kontinents durch ein expandierendes China, eine instabile USA, einen immer fundamentalistischeren Nahen Osten und ein demographisch gärendes Afrika ergänzen.

Freie Welt: Was macht für Sie die Eckpfeiler der europäischen Identität aus?

Prof. Engels: Die europäische – ich bevorzuge eigentlich das schöne Wort „abendländische“ – Identität besteht in der seit Jahrhunderten geteilten gemeinsamen Geschichte mit ihrer inneren Dynamik und Zusammengehörigkeit. Ein noch so oberflächlicher Blick in ein beliebiges Museum europäischer Kunst oder Geschichte, sei es nun in Portugal, Deutschland oder Polen, sollte eigentlich genügen, selbst dem historisch Unbedarftesten zu zeigen, daß das Abendland eine kulturelle Schicksalsgemeinschaft sondergleichen ist: Von der Romanik über Gotik, Renaissance, Barock, Rokoko, Klassizismus, Romantik und Historismus bis zum Modernismus; vom mittelalterlichen Katholizismus über die Reformation, die Wiederentdeckung der Antike, die Aufklärung und den Liberalismus bis zur gegenwärtigen „politischen Korrektheit“; von der Monarchie über den Feudalismus, die frühneuzeitlichen Territorialstaaten, den Absolutismus, die bürgerliche Demokratie und den Totalitarismus bis hin zur gegenwärtigen internationalen und globalistischen Ordnung – all dies betrifft nicht nur einen einzigen europäischen Nationalstaat, sondern verbindet uns alle von Lissabon bis Vladivostok und von Palermo bis nach Tromsø, und trennt uns gleichzeitig auch in schärfster Weise von den anderen großen Kulturräumen der Weltgeschichte. Die Wurzel jener geteilten Identität aber liegt in der gemeinsamen Auseinandersetzung mit dem Christentum, wobei zu betonen ist, daß in Europa selbst noch die Ablehnung des Christentums sich in geistig typisch christlich geprägter Weise vollzieht. Wir können unserem christlichen Erbe nicht entkommen, denn wir tragen es in uns.

Freie Welt: Warum verkörpert die heutige EU diese nicht? Warum fällt es vielen Bürgern heutzutage schwer, sich mit der EU zu identifizieren?

de-l2-1.jpgProf. Engels: Sehr einfach: Die EU glaubt, sich von der historischen Identität des Abendlands abwenden zu können und den (wiederum letztlich typisch christlich verankerten) Wunsch nach Selbstüberwindung und Selbstkritik so pervertiert überziehen zu können, daß sie ganz auf eine historische Fundamentierung ihrer Identität verzichtet und gewissermaßen in Erwartung künftiger Weltverbrüderung schon jetzt auf dem europäischen Kontinent einen universalistischen, multikulturellen, rein humanistisch und somit relativistisch fundierten Weltstaat aufbaut. Das ist in etwa so klug, als schneide man einer Pflanze die Wurzeln ab, damit ihre Bodenhaftung sie nicht am Wachstum hindere – und ebenso selbstzerstörerisch, denn das europäische Projekt kann sich über kurz oder lang nur in einen materialistischen, zynischen und hedonistischen Alptraum wandeln, wenn die „Werte“, auf denen es basiert, rein positivistisch gesetzt und somit beliebig interpretier- und manipulierbar sind, da ihnen jeglicher absoluter, sei es transzendentaler, sei es traditionaler Bezugspunkt fehlt.

Freie Welt: Ist es überhaupt möglich, alle Vorgänge und Lebensbereiche der europäischen Länder in Brüssel zu zentralisieren?

Prof. Engels: Möglich ist dies sicher – Stichwort Sowjetunion –; die Frage ist natürlich nur, wie lange, und um welchen Preis.

Freie Welt: Droht ein Verlust unserer europäischen Identität?

Prof. Engels: Dieser Verlust „droht“ ja leider nicht nur, er ist bereits zu einem großen Teil eingetreten. Freilich ist dies nicht unmittelbar die alleinige Schuld der europäischen Institutionen; vielmehr handelt es sich nur um die letzte Konsequenz eines typisch spätzeitlichen Selbsthasses, der sich schon in der Fin-de-siècle-Stimmung ankündigte und sich in den 1968ern erstmals voll entlud. Die Entwicklung ist heute schon so weit geraten, daß seit wenigstens einer, wenn nicht zwei Generationen eine weitgehende Loslösung von der eigenen Geschichte und somit den eigenen Werten stattgefunden hat: Die heutigen Europäer wandeln durch ihre Lebenswelt wie Fremde durch das Museum einer lange untergegangenen Kultur, und es steht zu fürchten, daß zusammen mit der geteilten Vergangenheit nicht nur die innere Verpflichtung zum Schutz dieses Erbes verlorengeht, sondern auch jegliche Solidarität zwischen den Menschen abendländischer Kultur.

Freie Welt: Was ist für Sie die Aufgabe einer Europäischen Union? Brauchen wir überhaupt eine europäische Gemeinschaft?

Prof. Engels: Ja, wir brauchen sie sogar unbedingt. Aber freilich nicht in der gegenwärtigen Form, welche den eigentlichen Interessen des Abendlands geradezu entgegengesetzt ist: Wir brauchen eine institutionalisierte Zusammenarbeit der abendländischen Staaten, welche deren Lebensart bewahrt und sie nach außen hin schützt. Heute haben wir das Gegenteil: Eine EU, welche wesentlich daran beteiligt ist, Welt- und Menschenbild der europäischen Völker durch Universalismus, Multikulturalismus und politische Korrektheit aufzulösen und den Kontinent gleichzeitig den Interessen einer kleinen globalistischen Wirtschafts- und Politikelite auszuliefern.

Freie Welt: Welche Rolle kommt in einer Europäischen Gemeinschaft in Ihren Augen den einzelnen Nationen zu?

Prof. Engels: Als Kulturmorphologe erwarte ich, auch auf Basis des Vergleichs mit der Entwicklung anderer Zivilisationen, daß der „Nationalstaat“ im Sinne des 19. Jhs. nur noch eine sehr begrenzte Zukunft hat: Die äußere wie innere Bedrohung Europas ist solchermaßen geartet, daß das Abendland gegen die Gefahr der demographischen Überflutung, der Islamisierung und der Unterwerfung unter die chinesische Hegemonie nur dann noch eine Zukunft hat, wenn die Nationalstaaten zumindest Teile ihrer Hoheitsrechte an eine höhere Instanz delegieren: Auf sich alleine gestellt, dürften die meisten europäischen Nationalstaaten, Deutschland inklusive, rasch in der einen oder anderen Weise als politische und kulturelle Akteure der Weltgeschichte ausscheiden. Freilich muß es im Gegenzug gesichert werden, daß jene gemeinsamen Institutionen nicht nur einer echten demokratischen Kontrolle unterliegen, sondern auch im Geiste der positiven inneren Verbundenheit mit der abendländischen Geschichte und den europäischen Interessen agieren – was zur Zeit ja leider reine Zukunftsmusik und letztlich der Grund für die Krise der EU ist. Mit den „Nationen“ steht es freilich anders: Sie gab es bereits vor dem Nationalstaat, und sie werden diesen wohl auch überleben, wenn auch zum einen die Grenzen zwischen den einzelnen Völkern aufgrund der hohen Binnenmobilität zunehmend (wieder) verschwimmen werden, und zum anderen aufgrund der allgegenwärtigen Amerikanisierung eine gewisse Verflachung stattfindet, die ihrerseits natürlich auch den Weg zu einer zunehmenden, auch politischen Vereinheitlichung des Kontinents ebnet. Das darf und soll man bedauern – aber man kann es nicht rückgängig machen. Wem tatsächlich am Alten gelegen ist, der darf nicht versuchen, den status quo ante zu restituieren (etwa die angeblich „gute alte Bundesrepublik“), sondern der muß revolutionär in die Zukunft hinein wirken. Di Lampedusa schrieb einmal: „Damit alles gleichbleibt, muß sich alles verändern“ – diesen Satz sollte man sich gerade auf Seiten der Konservativen zu Herzen nehmen.

Freie Welt: Ihr nun herausgegebenes Buch Renovatio Europae trägt den Untertitel Plädoyer für einen hesperialistischen Neubau Europas. Halten Sie die EU nicht für reformierbar? Warum braucht es einen Neubau?

Prof. Engels: In der Tat: Die EU ist aus eigenen Kräften gegenwärtig nicht reformierbar – und dieser Zustand wird sicherlich auch einige Jahre, wenn nicht Jahrzehnte andauern, bis die EU, zusammen mit unserer gegenwärtigen Gesellschaft, an ihren inneren Widersprüchen zerbricht und den Weg freimacht für eine Neuordnung. Das wird ein sehr schmerzhafter und gewaltsamer Prozeß werden, und auch der daraus hervorgehende Zustand wird wohl in Anbetracht der Sachlage kaum ein Idealstaat werden. Immerhin aber soll unser Buch helfen, schon jetzt, wo es gewissermaßen zunehmend im Gebälk kracht, einige Wege aufzuzeigen, wie man aus den kommenden Zeiten das Beste machen könnte, und wie wir zumindest das Wichtigste, nämlich unser abendländisches Welt- und Menschenbild, in die Zukunft hinüberretten können. Es geht also weniger um ein unmittelbar zu realisierendes Idealbild – dafür ist es ohnehin schon viel zu spät – als vielmehr um eine Art regulative Idee, die aber heute schon ihre Wirkmächtigkeit entfalten kann – vielleicht gerade weil sie den gegenwärtigen Zuständen so radikal entgegengesetzt ist.

Freie Welt: Der Titel ist, schreiben Sie, auch eine Provokation. Warum wollen Sie provozieren?

Prof. Engels: Eine der größten Probleme der Gegenwart ist die feige und opportunistische Suche nach Kompromiß, Konsens und kleinsten gemeinsamen Nennern. Dies hat nicht nur zur gegenwärtigen Dominanz der „politischen Korrektheit“ geführt, die ja paradoxerweise eben jenen Anti-Elitismus zum Motor einer einzigartigen politischen und gesellschaftlichen Polarisierung des Westens in „Völker“ und „Eliten“, in „reich“ und „arm“ umgestaltet hat; es hat auch zu einer fast völligen Gleichschaltung „konservativer“ Denker und Meinungen mit dem gegenwärtigen Zeitgeist geführt. Anstatt sich mutig zu Tradition und Geschichte zu bekennen, bemühen sich die meisten Konservativen, ihre Positionen durch das allgegenwärtige Vokabular des Linksliberalismus zu begründen: Dies bringt sie aber nicht nur in eine unüberwindliche Schieflage, sondern gestaltet ihren Kampf um die Gestaltung unserer Lebensumstände in ein bloßes Betteln um ihre Anerkennung als „eine Meinung unter mehreren“. In dieser Situation einmal den Spieß herumzudrehen und sich nicht anzubiedern, sondern im Gegenteil die in sich selbst ruhende Begründung der eigenen Überzeugung zu unterstreichen, schien mir ein dringend notwendiger Schritt, gerade in einer Zeit der zunehmenden Verengung und Verschiebung des Meinungskorridors.

Freie Welt: Wer sollte das Buch lesen?

Prof. Engels: Jeder!

Freie Welt: Der Begriff Hesperialismus ist uns noch nie begegnet: Was ist der Hesperialismus?

Prof. Engels: Mit „Hesperialismus“ ist die Überzeugung gemeint, daß das Abendland nur dann eine Zukunft hat, wenn es zum einen treu zu seinem historischen Erbe steht und seine Wurzeln pflegt, anstatt sie abzuschneiden, zum anderen aber politisch eng zusammenarbeitet, um sich gegen die zahlreichen Gefahren von innen wie von außen zu wehren. Diese Überzeugung ist insoweit „neu“ bzw. unüblich, als lange Jahre hinweg der kulturkonservative Standpunkt meist mit den sogenannten Nationalisten oder Euroskeptikern assoziiert wurde, während das Bekenntnis zu einem vereinigten Europa meist eher auf Seiten der Linken gepflegt wurde.

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Freie Welt: Warum haben Sie ein neues Wort geschaffen? Hätte man nicht ein gängiges Wort neu definieren können?

Prof. Engels: Als Historiker bin ich natürlich sehr sensibel, wenn es um Begrifflichkeiten geht, und habe lange über die Frage nachgedacht. Leider ist es so, daß alle anderen Termini, welche ein ähnliches, patriotisches und gleichzeitig konservatives Bekenntnis zum Abendland hätten ausdrücken können, bereits ganz anders konnotiert waren. „Europäismus“ zum Beispiel ist heute ein Standardbegriff, um nicht etwa die eigentlichen „pro-Europäer“ zu bezeichnen, sondern vielmehr die Anhänger der EU mitsamt ihrer gegenwärtigen politisch korrekten Ideologie. Oder nehmen Sie „Okzidentalismus“ – hier denkt natürlich jeder an den Gegenbegriff „Orientalismus“ und die Debatte um Edward Said. Und ich will erst recht schweigen vom „Westlertum“, was ja auch nur als Antonym zu den „Slawophilen“ verständlich ist. Da war es angebracht, einen neuen Begriff zu prägen, und was lag näher, als die griechische Bezeichnung für den äußersten Westen der damals bekannten Welt, die Inseln der Hesperiden, zum Ausgangspunkt zu nehmen; umso mehr, als sie ja auch auf jene typisch abendländische, „faustische“ Sehnsucht nach dem verweisen, was immer „hinter dem Horizont“ ist, dem klassischen „plus ultra“…

Freie Welt: Wer sind für Sie die Feinde eines >>hesperialistischen Europas<<? Wo sehen Sie die größten Gefahren für Europa?

Prof. Engels: Das „hesperialistische“ Abendland ist von zahlreichen Seiten bedroht. Einige dieser Konflikte sind konkreter Art: In der multipolaren Welt des 21. Jh.s kann nur harter realpolitischer Pragmatismus, verbunden mit der Bereitschaft, schmerzliche Entscheidungen zu treffen, um noch Schlimmerem vorzubeugen, es verhindern, daß wir den Gefahren von Osten, Westen oder Süden erliegen oder an der inneren Spaltung in Klassen und Parallelgesellschaften zugrundegehen. Ein anderes Schlachtfeld – m.E. das eigentlich entscheidende – ist der Kampf um die innere, seelische Ausrichtung der letzten Abendländer: Denn der eigentliche „Feind“ Europas sitzt nicht, wie von vielen „Populisten“ behauptet, in den islamischen Vororten von Paris, London, Brüssel, Berlin oder Stockholm, auch wenn die Aufgabe, jene Bürger in das zu integrieren, was von der „Mehrheitsgesellschaft“ übrigbleibt, eine enorme Herausforderung ist. Der eigentliche Feind sitzt in uns selbst: Die Tendenz, uns von der Verpflichtung unserer Vergangenheit abzukoppeln und nur an uns und nicht unsere Vorfahren oder Nachkommen zu denken; die Versuchung, den letzten Fragen auszuweichen und ein tierhaftes, nur auf Bedürfnisbefriedigung ausgerichtetes Leben zu verbringen; die Feigheit, lieber mit der Masse zu gehen, um ungestört zu bleiben, als anzuecken; der Wunsch, keine Unterscheidungen mehr treffen zu müssen, aus jeder Ausnahme gleich eine Regel zu machen und Fragen von Gut und Böse elegant positivistisch zu relativieren; der einfache Opportunismus, in jedem Augenblick moralische Maximalpositionen zu vertreten, aus deren Unmöglichkeit sowohl ein gutes Gewissen als auch die praktische Unmöglichkeit ihrer Verwirklichung folgen, etc. Das ist der eigentliche Feind, den es zu bekämpfen gilt – und er ist heute mächtiger denn je.

Freie Welt: Glauben Sie, dass derzeit eine Bewegung entsteht, welche die linke Meinungsdominanz durchbricht? Welche Rolle sehen Sie darin für Ihr Buch?

Prof. Engels: Ich denke in der Tat, daß die Gegenbewegung zum politisch korrekten Linksliberalismus immer stärker wird, auch wenn es wohl viele Jahre, wenn nicht Jahrzehnte dauern wird, bis auf einen (ebenfalls noch in einiger Zukunft stehenden) politischen Wandel auch ein wirklich kultureller und gesellschaftlicher folgen wird – Stichwort „Marsch durch die Institutionen“. Doch reicht es nicht, jene Dominanz nur zu brechen – was soll an ihre Stelle treten? Die sogenannten „konservativen“ oder „populistischen“ Bewegungen sind tief gespalten, nicht nur, was etwa die Ausrichtung gegenüber Rußland betrifft, sondern auch und gerade die Werte: Laizismus oder Christentum; liberale oder soziale Marktwirtschaft; nationalistischer oder abendländischer Patriotismus; Positivismus oder Naturrecht; Modernismus oder Klassizismus; Individualismus oder Traditionalismus; Hedonismus oder Transzendenz… Sollte mein Buch mithelfen, die Waage zugunsten der jeweils zweiten Richtung ausschlagen zu lassen, wäre ich bereits überglücklich.

Freie Welt: Warum wir ein konservatives Weltbild heutzutage oft als rechtspopulistisch gebrandmarkt? Woher kommt all der Haß auf die konservativen Kräfte?

Prof. Engels: Vordergründig ließe sich natürlich einmal mehr das Trauma des Zweiten Weltkriegs und des Totalitarismus bemühen, aber das greift natürlich viel zu kurz, denn dann müßte eine ähnliche Abneigung auch gegen linke Kräfte bestehen, was generell nicht oder doch nicht im selben Maße der Fall ist. Auch kennen wir eine analoge Entwicklung ja gerade in jenen Staaten wie dem Vereinigten Königreich oder den USA, welche selber nie durch totalitäre Regime geprägt waren. Nein, die zunehmende Polarisierung in ein „universalistisches“ und ein „traditionalistisches“ Lager – denn das sind die einzigen Bezeichnungen, die gegenwärtig politisch überhaupt noch Sinn machen – geht mindestens bis auf den Ersten Weltkrieg zurück, wo wir sie im Kampf der „Zivilisation“ gegen die „Kultur“ finden, wie Thomas Mann sie in den „Betrachtungen eines Unpolitischen“ wortreich beschwor, und hatte bereits da eine Dimension erreicht, welche es eigentlich nötig machen würde, die Ursachen jener Spaltungen bis hin zur Französischen Revolution, ja vielleicht sogar bis zur Reformation zurückzuverfolgen (aber ich schweife ab) und gewissermaßen als allgegenwärtige anthropologische Konstante anzunehmen, die sich im Laufe der Kulturgeschichte mal zugunsten der einen, mal der anderen Richtung mit einer gewissen Regelhaftigkeit entwickelt. In dieser Hinsicht bin ich sehr von Oswald Spengler geprägt…

Freie Welt: Wird sich die Spaltung der Gesellschaft noch vertiefen?

Prof. Engels: Ganz sicherlich. In einigen Monaten oder Jahren werden massive Verteilungskämpfe einsetzen, wenn die Sozial- und Rentenfürsorge zerbricht, die Enteignung des Bürgers durch die Eurorettung (in Deutschland) bzw. die aufoktroyierte Austeritätskur (in Südeuropa) manifest wird und die Alimentierung immer größerer Migrantenmengen ins Visier der ausgebeuteten Bürger tritt. Kleinste Auslöser können hier rasch einen Flächenbrand entzünden, den zu löschen wohl viele Jahre, vielleicht sogar Jahrzehnte in Anspruch nehmen wird.

Freie Welt: Glauben Sie, dass die Kräfte des Establishments Ihre Anstrengungen noch intensivieren werden, um Ihre Macht zu erhalten? Was bedeutet dies für die freie Meinungsäußerung?

Prof. Engels: Es wird ihnen keine andere Möglichkeit bleiben: Zum einen macht die Stärke der „Populisten“ überall in Westeuropa „große Koalitionen“ zu einer institutionellen Notwendigkeit, so daß bis auf ein störrisches „Weiter so“ bzw. „Wir schaffen das“ machttechnisch nur noch eine punktuelle Alimentierung einzelner Wählerkreise möglich sein wird, nicht aber eine grundlegende Reform des gesamten Systems – ganz zu schweigen davon, daß letzteres ja auch ein Eingeständnis der eigenen Fehler wäre. Selbst einzelne Wahlsiege der „Populisten“ egal welcher Obedienz werden in Anbetracht der Interdependenz der europäischen Staaten untereinander nur wenig Einfluß auf die generelle geschichtliche Dynamik Europas in den kommenden Jahren ausüben können. Die öffentliche Debatte wird sich angesichts dieser politischen Polarisierung sicherlich weiter verschärfen: Das „politisch korrekte“ Spektrum wird in Anbetracht der nötigen, nahezu manichäischen Abgrenzung nach „rechts“ zunehmend enger werden und Abweichungen vom Erlaubten immer stärkere berufliche und gesellschaftliche Konsequenzen haben; das „konservative“ Spektrum aber wird wohl zunehmend stärker hervortreten und sich trotz der Gängelung der alternativen und sozialen Medien seine Kanäle zu schaffen wissen.

Freie Welt: Warum haben Sie sich für eine Aufsatzsammlung entschieden?

Prof. Engels: Das ganze Projekt entstammt ja einem Forschungsprojekt, welches ich seit 2018 am polnischen „Instytut Zachodni“ in Posen betreuen durfte. Erstes Ziel war es, Intellektuelle aus ganz Europa zu vernetzen, welche sich sowohl durch einen gewissen Kulturkonservatismus als auch durch eine positive Haltung der europäischen Vereinigung gegenüber kennzeichnen, um in dieser Hinsicht so etwas wie eine neue Öffentlichkeit zu schaffen. Polen war hierfür der ideale Ort, da gerade die polnische Öffentlichkeit (wie ohnehin alle Visegrad-Staaten) durch eine grundsätzlich positive Haltung gegenüber der europäischen Idee geprägt ist, ohne dafür doch ihre Liebe zur eigenen Kultur und zur historischen abendländischen Tradition opfern zu wollen – kein Wunder also, daß bei unserer Tagung zahlreiche interessierte Vertreter der polnischen Regierung und des polnischen Parlaments anwesend waren. Zweites Ziel war es, nicht auf der üblichen Ebene der Klagen über die (schlechte) Gegenwart und der kritiklosen Idealisierung der „guten alten Zeit“ zu verharren, sondern konkrete Reformvorschläge für Nationalstaat wie Europäische Union zu durchdenken. Das Resultat kann sich sehen lassen: Wir haben renommierte Denker aus Frankreich, dem Vereinigten Königreich, Belgien, Deutschland, Italien, Ungarn und Polen verpflichten können und dadurch gezeigt, daß „Konservatismus“ eben nicht mit Nationalismus gleichbedeutend sein muß, sondern ganz im Gegenteil Geister aus ganz Europa im konstruktiven Bemühen um eine innere Erneuerung vereinen kann.

de-l1.jpgFreie Welt: Was kennzeichnet die einzelnen Aufsätze? Wer sind die Autoren?

Prof. Engels: Wir haben uns bemüht, das weite Feld abendländischer Identität in verschiedene Schwerpunktbereiche aufzuteilen und von jeweils einem unserer Mitarbeiter analysieren zu lassen (mit einem Geleitwort von Justyna Schulz, der Direktorin des „Instytut Zachodni“). Chantal Delsol etwa, Philosophin, Gründerin des Hannah-Arendt-Instituts und Professorin an der Universität Marne-La-Vallée, untersucht die gegenwärtige Migrationskrise und plädiert nicht nur für einen größeren Realismus und Pragmatismus bei der Aufnahme neuer Einwanderer, sondern auch die Stärkung der europäischen Leitkultur. Alvino­Mario Fantini, ehemaliger Vorsitzender des Hayek-Instituts und Herausgeber der Zeitschrift „The European Conservative“, spürt den historischen Wurzeln des abendländischen Weltbilds nach und unterstreicht die Notwendigkeit einer inneren Rückkehr der Europäer zu ihrer christlichen Identität. Birgit Kelle, Publizistin und Journalistin, analysiert den gegenwärtigen Zerfall der Gesellschaft durch die „Gender“-Ideologie und engagiert sich für selbstbestimmte, aber den traditionellen Geschlechterrollen gegenüber durchaus positive Neubestimmung der europäischen Familienstrukturen. Zdzisław Krasnodębski, Professor für Soziologie an der Universität Bremen und Vize-Präsident des Europäischen Parlaments, zerlegt in seinem Beitrag auf sehr nuancierte Weise die Eckpunkte politisch korrekten Denkens und Handelns auch im Kontext der Spaltung zwischen West- und Osteuropa und setzt sich für eine selbstbewußtere Mitgestaltung der europäischen Einigung durch konservative Politiker an. András Lánczi, Professor für Politologie und Rektor der Corvinus-Universität in Budapest, zeigt den Widerspruch zwischen Naturrecht und positivistischem Rechtsrelativismus auf und unterstreicht die Bedeutung einer Einbindung historischer Werte in moderne Verfassungen. Max Otte, bekannter Wirtschaftswissenschaftler und Finanzexperte und Initiator des „Neuen Hambacher Festes“, bespricht die Probleme des gegenwärtig dominierenden angelsächsischen Wirtschaftsliberalismus und fordert eine Rückkehr zum kontinentalen Modell sozialer Marktwirtschaft, wie sie auch in der christlichen Soziallehre verteidigt wurde. Jonathan Price, Dozent für Philosophie an den Universitäten von Oxford und Warschau sowie Sekretär der „Vanenburg Society“, liefert eine transzendentale Einordung der gegenwärtigen modernistischen Ästhetik, zeigt, wie untrennbar diese vom Zerfall unserer gesellschaftlichen und politischen Ordnung ist, und wirbt für eine Rückbesinnung auf eine „klassische“ Ästhetik, welche auch zu einer Stärkung der politischen und kulturellen Solidarität der Europäer beitragen könnte. Ich selbst schließlich habe in meinem Beitrag versucht, die gegenwärtige (Fehl-)Entwicklung der EU in einen breiteren geschichtsphilosophischen Kontext einzuordnen und die Umrisse einer möglichen künftigen europäischen Verfassung zu skizzieren, welche sich durch radikale Subsidiarität wie eine konsequente Rückbesinnung auf unsere historischen Werte auszeichnet.

Freie Welt: Ein zentrales Thema, das in „Renovatio Europae“ immer wieder umkreist wird, ist die Begründung einer europäischen Verfassung. Warum braucht Europa eine Verfassung und wie sollte diese gestaltet sein?

Prof. Engels: Daß der Bürger weder genau weiß, was die EU letztlich institutionell sein will, noch, wohin sie sich entwickelt, trägt sicherlich zu der großen Verunsicherung unserer heutigen Zeit bei: Niemand besteigt gerne ein Schiff, dessen Ziel er nicht kennt, und dessen Kapitän er nicht vertraut. Bedenkt man, daß durch den Europäischen Gerichtshof und die gezielten Unklarheiten der gegenwärtigen Verträge einem ungesteuerten Wildwuchs der Institutionen ebenso wie einer beliebigen Interpretation der europäischen „Werte“ Tür und Tor geöffnet sind, kann man dem Bürger kaum Unrecht geben. Allein schon aus diesen Gründen scheint es mir wie vielen anderen Projektmitarbeitern unerläßlich, dem Schiff Europa durch eine mehr oder weniger definitive und klare Verfassung gewissermaßen eine effiziente Kommandostruktur zu geben, welche nationale Eigenarten ebenso wie eine hinreichende Steuerbarkeit des gesamten Unternehmens sichert und zudem die Rückbindung der europäischen Werte an jene transzendentale Dimension gewährleistet, welche alleine das Schiff auf Kurs zu halten vermag. Ganz konkret gesprochen bedeutet dies, Parlament und europäischen Rat zu den zwei Kammern einer wahrhaft demokratischen Volksvertretung umzugestalten, bei der die alleinige Gesetzbefugnis liegt, und welche zudem eine kleine Zahl von Staatssekretären bestellt, die an die Stelle der Kommission zu treten haben und sich mit einer Handvoll von Schlüsselbefugnissen beschäftigen (Schutz der Außengrenzen, Zusammenarbeit bei der Verbrechensbekämpfung, Infrastruktur, strategische Ressourcen, Forschungskooperation, legale Abstimmungsverfahren, Finanzen). Nur Außenpolitik und innere Streitschlichtung sollten einem von der Gesamtbevölkerung gewählten Magistraten übertragen werden, der gleichzeitig als äußerer Repräsentant der Union dienen kann. Die Verfassung sollte darüber hinaus aber auch das klare Bekenntnis zu den historischen Leitwerten der abendländischen Kultur enthalten (antikes und jüdisch-christliches Erbe, abendländisches Familienbild, sozialverträgliche Wirtschaft, naturrechtliche Prinzipien, etc.), welche der gegenwärtigen Beliebigkeit bei der Interpretation rein rechtspositivistisch begründeter „Werte“ entgegentreten und darüber hinaus eine verfassungsrechtliche Bestätigung des jahrhundertealten abendländischen Menschenbilds liefern sollen, welche erst eine langfristig glückliche Integration fremder Einwanderer möglich macht…

Freie Welt: Wie müssten sich europäische Konservative in Ihren Augen heutzutage vernetzen und wo finden Sie die stärksten Bündnispartner?

Prof. Engels: Ich denke, die vorrangige Frage seitens der gegenwärtigen „Konservativen“ ist die ideologische Entscheidung zwischen Liberalismus und Traditionalismus; alles andere folgt daraus. Diese Wahl konnte sowohl aus innerer Unsicherheit wie auch aus wahltaktischen Gründen lange aufgeschoben werden; die Unklarheit über den einzuschlagenden Kurs ist aber mittlerweile ein Hemmnis geworden, und selbst, wenn eine solche Trennung zeitweise einen wahltaktischen Rückschlag bringen könnte, würde sie doch zu einer deutlichen Schärfung des Profils und einem langfristigen Glaubwürdigkeitsgewinn führen. Was die Bündnispartner betrifft, so ist es zum einen unerläßlich, eine möglichst europaweite Front aufzubauen und die entsprechenden Wahlprogramme möglichst kompatibel (ich sage bewußt nicht: identisch) zu gestalten. Darüber hinaus gilt es aber auch, den Anschluß an unpolitische Organisationen zu finden und in die Zivilgesellschaft hineinzuwirken. Ich denke hier nicht nur an die Kirchen, Gewerkschaften, Schulen und Universitäten, sondern auch an das in Zukunft sicher steigende Bedürfnis nach sozialer Absicherung und nach Schutz vor steigenden Verbrechensraten und zunehmender Rechtsunsicherheit – hier einzuhaken, würde einen definitiven Vorteil bringen.

Freie Welt: Was erhoffen Sie sich in diesem Zusammenhang von der Übersetzung von Renovatio Europae in andere Sprachen?

Prof. Engels: Es war unsere feste Überzeugung, daß alle europäischen Staaten mit analogen Problemen konfrontiert sind, und auch eine langfristige Lösung nur auf europäischer Ebene stattfinden kann. Dementsprechend darf auch die Diskussion dieser Fragen nicht auf einzelne Nationalstaaten begrenzt bleiben, sondern muß auf dem ganzen Kontinent geführt werden. Wir sind daher sehr glücklich, daß neben der deutschen auch eine französische, englische, polnische und spanische Version unseres Buchs erscheinen wird. Gerade in Anbetracht der Tatsache, daß aufgrund der gegenwärtigen Medienlandschaft viele Europäer nur ein sehr ungenügendes Bild von den Verhältnissen im jeweiligen Nachbarland haben, das ihnen in der Regel nur dem Grade der dort herrschenden politischen Korrektheit entsprechend verzerrt präsentiert wird, ist übernationale Aufklärungsarbeit ein echtes Desiderat.

de-lnl.jpgFreie Welt: Was kann in Ihren Augen der einzelne Bürger heutzutage noch bewirken?

Prof. Engels: Der Gestaltungsspielraum des Einzelnen ist in einem Staatengebilde von einer halben Milliarde Menschen natürlich höchst beschränkt, zumal der gegenwärtig herrschende Geist im besten Fall eine apolitische innere Immigration, im schlechtesten die opportunistische Unterwerfung unter den ideologischen Mainstream fördert. Trotzdem mag gerade dies eine echte Chance sein: Wo keiner seine Stimme erhebt, da schallt der Ruf des Querdenkers umso lauter, wenn er nur die Wände des Schweigens durchbricht, welche leider von vielen Medien aufgerichtet werden. Und natürlich gilt heute wie immer in der Geschichte: Das echte Heil kommt niemals von der Gesellschaft, sondern immer aus dem Inneren. Für unsere Belange bedeutet dies, daß eine äußere Erneuerung oder doch wenigstens hinreichende Stabilisierung des alternden und verfallenden Europas nur dann Früchte tragen kann, wenn sie auch von einer inneren Rückbesinnung begleitet wird. Wie dies selbst unter widrigsten Umständen erreicht werden kann, zeigt Ernst Jüngers „Waldgänger“ – und in diesem Sinne wird in den nächsten Wochen ein weiteres Büchlein von mir erscheinen (zunächst nur in der französischen Version mit dem an Tschernyschewski angelehnten Titel „Que faire?“ – „Was tun?“), in dem es darum geht, wie man als unpolitischer Einzelner mit dem Niedergang Europas leben kann, ohne an seinem kulturellen Erbe zu verzweifeln. Hoffentlich wird auch eine deutsche Fassung erscheinen. Michel Houellebecq hat sich jedenfalls bereits sehr positiv über das Buch geäußert…

Freie Welt: Welche Rolle werden die Christen bei dem Neuaufbau Europas spielen? Glauben Sie an ein Wiedererstarken des christlichen Glaubens in Europa?

Prof. Engels: Das Christentum wird, wie ich gleichzeitig erwarte und erhoffe, eine wesentliche Rolle bei diesem Neuaufbau oder doch wenigstens bei der Festigung Europas spielen, aber als kulturmorphologischer Denker erwarte ich nicht, daß es hierbei zu einer echten spirituellen Neugeburt kommen wird – dafür sind wir zu weit gegangen, und dafür sind unsere zivilisatorischen Kräfte auch zu erschöpft. Immerhin aber steht zu hoffen, daß – wie im augusteischen Principat – ein „hesperialistisches“ Europa wesentlich auf einer kollektiven Rückbesinnung auf die christliche Tradition als ultimativer „Leitkultur“ des Kontinents beruhen wird; eine Art bewußte, gewissermaßen posthume Verklärung eines Erbes, das zumindest in einzelnen Menschen immer noch lebt und wirkt, und das auch in jenen, die zum Glauben selbst nicht mehr finden können, doch zumindest Liebe und Ehrfurcht hervorrufen kann. Denkt man an den gegenwärtigen Grad der Entchristlichung des laut Benedikt XVI. längst „heidnisch“ gewordenen Europas, wäre dies mehr, als die meisten von uns überhaupt erhoffen können – und vielleicht auch mehr als das, was wir nach der leichtfertigen Verschwendung unseres Erbes verdient haben.

Freie Welt: Sehr geehrter Prof. Engels, wir danken Ihnen sehr für das Gespräch.

[Siehe auch Buchrezension zum neuesten Werk von Professor Engels HIER]

EL TIEMPO QUE URGE, PABLO DE TARSO Y CARL SCHMITT

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EL TIEMPO QUE URGE, PABLO DE TARSO Y CARL SCHMITT

Por Antonio Sánchez García
Ex: http://elblogdemontaner.com

“La contracción del tiempo, el re-manente (1 Cor 7,29: «el tiempo es breve [lit., ‘contraído/abreviado’], el resto,..*) es la situación mesiánica por excelencia, el único tiempo real.” Giorgio Agamben, El tiempo que resta.

A Baltasar Porras y Ovidio Pérez Morales

1

El centrismo apaciguador y dialogante de todos los tiempos ha odiado al jurista y pensador alemán Carl Schmitt, concentrando su escandaloso reclamo en contra de su radicalidad filosófico política en dos frases que condensan su amplia obra de teología política: “soberano es quien decide del estado de excepción”, frase con la que encabeza una de sus obras más importantes: Teología Política (1922); y “la diferenciación específica a la que se dejan remitir las acciones y motivaciones políticas, es la diferencia de amigo y enemigo”, la frase más sustantiva y polémica de su obra príncipe El concepto de lo político (1932).[1]

Para ello ocultan o dicen desconocer sus críticos, poco importa si de buena o mala fe, que no existe reflexión divorciada del contexto histórico político que lo sustenta, lo que Hegel sintetizara en una de sus más polémicas frases, si se piensa que su pensamiento es la culminación del idealismo alemán: Wahrheit ist konkret, la verdad es concreta. Ortega, tan mal preciado e incomprendido a pesar de su inmensa estatura intelectual, lo tradujo a su aire, con esa excelencia estilística que lo caracterizara: “Yo soy yo y mi circunstancia y si no la salvo a ella no me salvo yo.” (Meditaciones del Quijote, Madrid, 1914)

teologie.jpgCarl Schmitt, alemán, católico in partibus indifelis y profundo conocedor de la teología cristiana, que fundamenta y da sentido a su pensamiento y acción, sólo es verdaderamente compresible en función de su circunstancia y sus esfuerzos por salvarla.  Nació y vivió en medio de los tormentosos tiempos de la confrontación bélica que definió a la Europa de comienzos del Siglo XX y culminara en las dos Guerras Mundiales, las más devastadoras conflagraciones bélicas de la historia humana, culminando en los dos totalitarismos del siglo pasado: La revolución rusa de Lenin-Stalin y la revolución alemana de Adolf Hitler. Cuyas más nefastas  consecuencias sirven de telón de fondo a su pensamiento.

¿Alguien puede negar que bajo el imperio de esas circunstancias lo político no fuera la confrontación amigo-enemigo? Pues esos años y todos los que le siguieran, hasta el día de hoy, hicieron carne de las ideas expuestas por Thomas Hobbes en su Leviatán (Londres, 1651), según las cuales el estado natural que subyace a la historia de la humanidad es la barbarie: bellum omnia contra omnes, la guerra de todos contra todos. Razón que, según el mismo Hobbes, habría impuesto la necesidad de crear un monstruo que pudiera contener, delimitar, regular y si fuera posible, impedir dicha belicosidad y enemistad primigenia en que se desarrolla la existencia humana: el Estado, ese Leviatán bíblico que impera en los mares. Cuestionado, convertido en botín de las facciones en pugna y neutralizado por esa guerra de todos contra todos, caerían las sociedades en un estado de casi barbarie primigenia, como en su tiempo caerían las salvajes sociedades americanas, tal cual lo indica en su magna obra: “Los pueblos salvajes en varias comarcas de América, si se exceptúa el régimen de pequeñas familias cuya concordia depende de la concupiscencia natural, carecen de gobierno en absoluto, y viven actualmente en ese estado bestial a que me he referido. De cualquier modo que sea, puede percibirse cuál será el género de vida cuando no exista un poder común que temer, pues el régimen de vida de los hombres que antes vivían bajo un gobierno pacífico, suele degenerar en una guerra civil.”[2]

Es, precisamente, ese estado, el que ha sido caracterizado por el concepto introducido por Carl Schmitt en la polémica político ideológica de nuestro tiempo como “estado de excepción” (Ausnahme Zustand) . Su esencia: el Estado ha perdido su poder de decisión y control soberano y la guerra de todos contra todos, redefinida por Schmitt en la inseparable dualidad de amistad y enemistad (Freundachft-Feinschft) – conceptos generales que nada tienen que ver con las relaciones personales entre los sujetos, sino con la densidad del enfrentamiento por la conquista del Poder, es decir: la apropiación del Leviatán – se convierte en la lucha mortal por conquistarlo. La sociedad, sin una soberanía fundante de legitimidad aceptada por el conjunto de los ciudadanos – tal como acontece hoy en Venezuela, con dos gobiernos yuxtapuestos sin reconocimiento recíproco ni aceptados por el conjunto social – , queda a la deriva y susceptible al asalto de la más combativa, decidida y voluntariosa de las partes en combate para restablecer la soberanía, ya esté en manos de amigos o de enemigos.

ca.jpgSon esos conceptos, soberanía y legitimidad, como la valoración de las virtudes clásicas del soberano capaz de resolver el estado de excepción – la decisión y la voluntad – las que incomodan y disgustan a nuestros dialogadores, conciliadores y pacifistas de fe y profesión. Pues carecen de ellos. Es la tara que se encuentra en la raíz de esta oposición “conversadora”, para usar otro concepto caro al jurista alemán. En este caso concreto, privilegiar el diálogo y la conversación, el espurio entendimiento de partes ontológicamente enemigas y contrapuestas, antes que luchar con decisión y voluntad para restablecer la soberanía democrática, única capaz de ejercer una hegemonía legal y jurídica aceptada por el todo social. Negarse, como lo afirmara el pensador judío alemán Jacob Taubes en su ardorosa defensa de Carl Schmitt[3], a compartir el katechon, ese concepto paulista que invoca la necesidad de ponerle fin al caos y oponerse a las tendencias apocalípticas que estallan cuando las fuerzas disgregadoras provocan un estado de excepción. Y ello, como lo afirma Pablo en su Epístola a los romanos, con la urgencia debida, ho nyn kairós, en el “momento presente», vale decir: “en el tiempo que resta”. Ahora mismo, no el día de las calendas.

2

Si bien estamos en un ámbito estrictamente filosófico y desde un punto de vista fenomenológico la descripción y la caracterización conceptual propuesta por Schmitt no supone juicios psicológicos individuales ni valoraciones morales: el enemigo es enemistad política pura, a la búsqueda del control sobre el sistema establecido, que persigue con las armas en la mano  quebrantar, poseer y transformar de raíz, y el amigo es, a su vez, o debiera ser, su mortal contrincante, aquel que recurriendo al imperativo del echaton, defiende con voluntad y decisión el estado de derecho, ho nyn kairós, en el tiempo que nos resta, vale decir: ahora mismo. El amigo lo es para quienes están de este lado del asalto, de la fracción de los asaltados – los demócratas – , de ninguna manera del lado de los asaltantes – los autócratas. Estos son, en estricto sentido schmittiano, un mortal enemigo. Lo que, llegado el momento del inevitable enfrentamiento, puede incidir y de hecho incide, sobre la percepción y la voluntad de los contrincantes en su esfera personal. Dice Schmitt: “Los conceptos amigo y enemigo deben ser tomados en su sentido concreto, existencial, y no como metáforas o símbolos, ni mezclados ni debilitados a través de otras concepciones económicas, morales, y muchísimo menos en un sentido privado, individualista, en sentido psicológico como expresión de sentimientos y tendencias individuales. No son oposiciones normativas ni contradicciones ‘puramente espirituales’.  En un típico dilema entre espíritu y economía, el liberalismo pretende diluir al enemigo en competidor comercial (Konkurrent), y desde el punto de visto político espiritual en un mero antagonista de un diálogo. En el ámbito de lo económico no existen, por cierto, enemigos sino sólo competidores, y en un mundo completamente moralizado y purificado éticamente puede que existan, si acaso,  sólo dialogantes.” [4]Desde luego, no en la realidad. Ni muchísimo menos en la nuestra, como quedara demostrado en Santo Domingo, desmentido de manera cruel y sangrienta en el enfrentamiento amigo-enemigo de la masacre de El Junquito. Oscar Pérez es el símbolo, la metáfora, de una enemistad ontológica, mortal. Todo diálogo pretende enmascararla en un falso entendimiento. Como ahora mismo el de Oslo.

csjt.jpgLa diferenciación schmittiana es de trascendental importancia, precisamente porque quienes más se oponen a su cabal comprensión son aquellos sectores “liberales”, también en sentido schmittiano, – digamos: electoralistas, parlamentaristas, habladores y dialogadores, así sean socialdemócratas o socialcristianos, incluso liberales – , que, incapaces de comprender la totalidad social en disputa y asumir, consecuentemente, la naturaleza existencial, biológica de la guerra que nos ha declarado el chavomadurismo castro comunista – confunden enemistad con “competencia” y buscan en el diálogo y el contubernio resolver cualquier obstáculo a su justa ganancia. Confunde el ámbito de lo político con el mercado, y al Estado con la Asamblea Nacional. Olvidando, es decir traicionando el hecho de que el origen de la República, como Estado soberano, nació y se forjó de una Guerra a Muerte y de que, sentando un precedente hoy brutalmente irrespetado por los partidos de la que en el psado inmediato fuera la MUD y es hoy el llamado Frente Amplio, desconocen la decisión propiamente schmittiana, aunque a más de un siglo de distancia de la formulación del jurista alemán, que dictó el mandato definitorio del parto de nuestra Nación: «Españoles y Canarios, contad con la muerte, aun siendo indiferentes, si no obráis activamente en obsequio de la libertad de América. Americanos, contad con la vida, aun cuando seáis culpables.» Fue la Guerra a Muerte, en “donde todos los europeos y canarios casi sin excepción fueron fusilados” según el balance que hiciera Bolívar. Si no el texto, el sentido debiera ser emulado. Lo traicionan quienes se confabulan con los asaltantes y, con buenas o malas intenciones, se hacen cómplices de la guerra a muerte contra nuestra democracia y nuestra República. Tampoco Bolívar se opuso al diálogo y la negociación. Pero no en 1812, cuando declarara la Guerra a Muerte, sino en 1820, cuando la guerra estaba ganada. Traicionan a la República quienes lo olvidan.

[1] “Die spezifisch politische Unterscheidung, auf welche sich die politischen Handlungen und Motive zuruckzufahren Lassen, ist die Unterscheigung con Freund und Feind.” Carl Schmitt, Der Begriff des Politischen, Duncker & Humblot, Berlin, 2002.

[2] Thomas Hobbes, El Leviatán, Pág.104. Fondo de Cultura Económica, México, 1994.

[3] Jacob Taubes, La Teología Política de Pablo

[4] Ibídem, Pág. 28.

samedi, 25 mai 2019

Algorithmic Governance and Political Legitimacy

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Algorithmic Governance and Political Legitimacy

Ex: https://americanaffairesjournal.org

In ever more areas of life, algorithms are coming to substitute for judgment exercised by identifiable human beings who can be held to account. The rationale offered is that automated decision-making will be more reliable. But a further attraction is that it serves to insulate various forms of power from popular pressures.

Our readiness to acquiesce in the conceit of authorless control is surely due in part to our ideal of procedural fairness, which de­mands that individual discretion exercised by those in power should be replaced with rules whenever possible, because authority will inevitably be abused. This is the original core of liberalism, dating from the English Revolution.

Mechanized judgment resembles liberal proceduralism. It relies on our habit of deference to rules, and our suspicion of visible, personified authority. But its effect is to erode precisely those pro­cedural liberties that are the great accomplishment of the liberal tradition, and to place authority beyond scrutiny. I mean “authori­ty” in the broadest sense, including our interactions with outsized commercial entities that play a quasi-governmental role in our lives. That is the first problem. A second problem is that decisions made by algorithm are often not explainable, even by those who wrote the algorithm, and for that reason cannot win rational assent. This is the more fundamental problem posed by mechanized decision-making, as it touches on the basis of political legitimacy in any liberal regime.

I hope that what follows can help explain why so many people feel angry, put-upon, and powerless. And why so many, in expressing their anger, refer to something called “the establishment,” that shadowy and pervasive entity. In this essay I will be critiquing both algorithmic governance and (more controversially) the tenets of pro­gressive governance that make these digital innovations attractive to managers, bureaucrats, and visionaries. What is at stake is the qual­itative character of institutional authority—how we experience it.

blackbox.gifIn The Black Box Society: The Hidden Algorithms That Control Money and Information, University of Maryland law professor Frank Pasquale elaborates in great detail what others have called “platform capitalism,” emphasizing its one-way mirror quality. In­creasingly, every aspect of our lives—our movements through space, our patterns of consumption, our affiliations, our intellectual habits and political leanings, our linguistic patterns, our susceptibility to various kinds of pitches, our readiness to cave in minor disputes, our sexual predilections and ready inferences about the state of our marriage—are laid bare as data to be collected by companies who, for their own part, guard with military-grade secrecy the algorithms by which they use this information to determine our standing in the reputational economy. The classic stories that have been with us for decades, of someone trying to correct an error made by one of the credit rating agencies and finding that the process is utterly opaque and the agencies unaccountable, give us some indication of the kind of world that is being constructed for us.

What Was Self-Government?

“Children in their games are wont to submit to rules which they have themselves established, and to punish misdemeanors which they have themselves defined.” Thus did Tocqueville marvel at Americans’ habit of self-government, and the temperament it both required and encouraged from a young age. “The same spirit,” he said, “pervades every act of social life.”

Writing recently in the Atlantic, Yoni Appelbaum notes the sheer bulk of voluntary associations that once took up the hours and days of Americans, from labor unions and trade associations to mutual insurers, fraternal organizations, and volunteer fire departments. Many of these “mirrored the federal government in form: Local chapters elected representatives to state-level gatherings, which sent delegates to national assemblies. . . . Executive officers were accountable to legislative assemblies; independent judiciaries ensured that both complied with rules.” Toward the end of the twentieth centu­ry, however, this way of life more or less collapsed, as Robert Put­nam documented in Bowling Alone. We still have voluntary associa­tions, but they are now typically run by salaried professionals, not the members themselves, Appelbaum points out. This is part of the broader shift toward what has been called “managerialism.”

I believe these developments have prepared us to accept a further abstraction of institutional decision-making—as something having little to do with ourselves, and with human judgment as we know it firsthand. Another development that paved the way for our accept­ance of algorithmic governance was the transfer of power out of rep­resentative bodies into administrative agencies. Let us take a glance at this before turning to things digital.

Administration versus Politics

We often hear about a growing “administrative state” (usually from conservative commentators) and are given to understand that it is something we ought to worry about. But why? Doesn’t it consist simply of the stuff all those agencies of the government must do in order to discharge their duties? And speaking of government agen­cies, what are they—part of the executive branch? Yes they are, but a bit of confusion is natural, as this is a hazy area of governance.

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In The Administrative Threat, Columbia law professor Philip Ham­burger writes that, in contrast to executive power proper, “ad­ministrative power involves not just force but legal obligation.” This is an important distinction, and in the blurring of it lies great mis­chief against the Constitution, which invested “the power to bind—that is, to create legal obligation” not in the executive branch but in Congress and in the courts. Administrative power “thereby side­steps most of the Constitution’s procedural freedoms.” It is funda­mentally an “evasion of governance through law.”

Provocatively, Hamburger draws a close parallel with the mecha­nisms of prerogative (such as the notorious Star Chamber) by which King James I of England consolidated “absolute” power—not in­finite power, but power exercised through extralegal means:

Ever tempted to exert more power with less effort, rulers are rarely content to govern merely through the law, and in their restless desire to escape its pathways, many of them try to work through other mechanisms. These other modes of bind­ing subjects are modes of abso­lute power, and once one understands this, it is not altogether surprising that absolute power is a recurring problem and that American administrative power revives it.

The “less effort” bit is just as important for understanding this formula as the “more power” bit. The relevant effort is that of per­suading others, the stuff of democratic politics. The “restless desire to escape” the inconvenience of law is one that progressives are especially prone to, in their aspiration to transform society: merely extant majorities of opinion, and the legislative possibilities that are circumscribed by them, typically inspire not deference but impatience. Conservatives have their own vanguardist enthusiasms that rely on centralized and largely unaccountable power, but in their case this power is generally not located in executive agencies.1

I am not competent to say if Hamburger is right in his characterization of administrative power as extralegal (Harvard law professor Adrian Vermeule says no), but in any case he raises ques­tions that are within the realm of conventional political dispute and within the competence of constitutional scholars to grapple with. By contrast, the rush to install forms of extralegal power not in execu­tive agencies, but in the algorithms that increasingly govern wide swaths of life, pushes the issue of political legitimacy into entirely new territory.

More Power with Less Effort 

“Technology” is a slippery term. We don’t use it to name a toothbrush or a screwdriver, or even things like capacitors and diodes. Rather, use of the word usually indicates that a speaker is referring to a tool or an underlying operation that he does not understand (or does not wish to explain). Essentially, we use it to mean “magic.” In this obscurity lies great opportunity to “exert more power with less effort,” to use Hamburger’s formula.

To grasp the affinities between administrative governance and algorithmic governance, one must first get over that intellectually debilitating article of libertarian faith, namely that “the government” poses the only real threat to liberty. For what does Silicon Valley represent, if not a locus of quasi-governmental power untouched by either the democratic process or by those hard-won procedural liberties that are meant to secure us against abuses by the (actual, elected) government? If the governmental quality of rule by algo­rithms remains obscure to us, that is because we actively welcome it into our own lives under the rubric of convenience, the myth of free services, and ersatz forms of human connection—the new opiates of the masses.

To characterize this as the operation of “the free market” (as its spokespersons do) requires a display of intellectual agility that might be admirable if otherwise employed. The reality is that what has emerged is a new form of monopoly power made possible by the “network effect” of those platforms through which everyone must pass to conduct the business of life. These firms sit at informational bottlenecks, collecting data and then renting it out, whether for the purpose of targeted ads or for modeling the electoral success of a political platform. Mark Zuckerberg has said frankly that “In a lot of ways Facebook is more like a government than a traditional company. . . . We have this large community of people, and more than other technology companies we’re really setting policies.”

It was early innovations that allowed the platform firms to take up their positions. But it is this positioning, and control of the data it allows them to gather, that accounts for the unprecedented rents they are able to collect. If those profits measure anything at all, it is the reach of a metastasizing grid of surveillance and social control. As Pasquale emphasizes, it is this grid’s basic lack of intelligibility that renders it politically unaccountable. Yet political accountability is the very essence of representative government. Whatever this new form of governance might be called, it is certainly not that.

Explainability and Legitimacy

This intelligibility deficit cannot be overcome simply through goodwill, as the logic by which an algorithm reaches its conclusions is usually opaque even to those who wrote the algorithm, due to its sheer complexity. In “machine learning,” an array of variables are fed into deeply layered “neural nets” that simulate the fire/don’t fire synaptic connections of an animal brain. Vast amounts of data are used in a massively iterated (and, in some versions, unsupervised) training regimen. Because the strength of connections between logi­cal nodes within layers and between layers is highly plastic, just like neural pathways, the machine gets trained by trial and error and is able to arrive at something resembling knowledge of the world. That is, it forms associations that correspond to regularities in the world.

As with humans, these correspondences are imperfect. The differ­ence is that human beings are able to give an account of their reason­ing. Now, we need to be careful here. Our cognition emerges from lower-level biological processes that are utterly inaccessible to us. Further, human beings confabulate, reach for rationalizations that obscure more than they reveal, are subject to self-deception, etc. All this we know. But giving an account is an indispensable element of democratic politics. Further, it is not only legislative bodies that observe this scruple.

When a court issues a decision, the judge writes an opinion, typically running to many pages, in which he explains his reasoning. He grounds the decision in law, precedent, common sense, and prin­ciples that he feels obliged to articulate and defend. This is what transforms the decision from mere fiat into something that is polit­ically legitimate, capable of securing the assent of a free people. It constitutes the difference between simple power and authority. One distinguishing feature of a modern, liberal society is that authority is supposed to have this rational quality to it—rather than appealing to, say, a special talent for priestly divination. This is our Enlightenment inheritance.

You see the problem, then. Institutional power that fails to secure its own legitimacy becomes untenable. If that legitimacy cannot be grounded in our shared rationality, based on reasons that can be articulated, interrogated, and defended, it will surely be claimed on some other basis. What this will be is already coming into view, and it bears a striking resemblance to priestly divination: the inscrutable arcana of data science, by which a new clerisy peers into a hidden layer of reality that is revealed only by a self-taught AI program—the logic of which is beyond human knowing.

For the past several years it has been common to hear establishmentarian intellectuals lament “populism” as a rejection of Enlightenment ideals. But we could just as well say that populism is a re-assertion of democracy, and of the Enlightenment principles that underlie it, against priestly authority. Our politics have become at bottom an epistemic quarrel, and it is not all clear to me that the well‑capitalized, institutional voices in this quarrel have the firmer ground to stand on in claiming the mantle of legitimacy—if we want to continue to insist that legitimacy rests on reasonableness and argument.

Alternatively, we may accept technocratic competence as a legiti­mate claim to rule, even if it is inscrutable. But then we are in a position of trust.2 This would be to move away from the originating insight of liberalism: power corrupts. Such a move toward trust seems unlikely, however, given that people are waking up to the business logic that often stands behind the promise of technocratic competence and good will.

Surveillance Capitalism

In her landmark 2019 book, The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff parses what is really a new form of political economy, bearing little resemblance to capitalism as we have known it. The cynic’s dictum for explaining internet economics—“if you don’t know what the product is, you’re the product”—turns out to be incorrect. What we are, Zuboff shows, is a source of raw material that she calls “behavioral surplus.” Our behavior becomes the basis for a product—predictions about our future behavior—which are then offered on a behavioral futures market. The customers of the platform firms are those who purchase these prediction products, as a means to influence our behavior. The more you know of some-one’s predilections, the more highly elaborated, fine-grained, and successful your efforts to manipulate him will be.  The raw material on which the whole apparatus runs is knowledge acquired through surveillance. Competition for behavioral surplus is such that this surveillance must reach ever deeper, and bring every hidden place into the light.

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At this point, it becomes instructive to bring in a theory of the state, and see if it can illuminate what is going on. For this purpose, James C. Scott’s Seeing Like a State, published in 1998, is useful. He traces the development of the modern state as a process of rendering the lives of its inhabitants more “legible.” The premodern state was in many respects blind; it “knew precious little about its subjects, their wealth, their landholdings and yields, their location, their very identity. It lacked anything like a detailed ‘map’ of its terrain and its people.” This lack of a synoptic view put real limits on the aspiration for centralized control; the state’s “interventions were often crude and self-defeating.” And contrariwise, the rise of a more synoptic administrative apparatus made possible various utopian schemes for the wholesale remaking of society.

Google is taking its project for legibility to the streets, quite literally, in its project to build a model city within Toronto in which everything will be surveilled. Sensors will be embedded throughout the physical plant to capture the resident’s activities, then to be mas­saged by cutting-edge data science. The hope, clearly, is to build a deep, proprietary social science. Such a science could lead to real improvements in urban planning, for example, by being able to pre­dict demand for heat and electricity, manage the allocation of traffic capacity, and automate waste disposal. But note that intellectual property rights over the data collected are key to the whole concept; without them there is no business rationale. With those rights secure, “smart cities” are the next trillion-dollar frontier for big tech.

Writing in Tablet, Jacob Siegel points out that “democratic gov­ernments think they can hire out for the basic service they’re sup­posed to provide, effectively subcontracting the day to day functions of running a city and providing municipal services. Well, they’re right, they can, but of course they’ll be advertising why they’re not really necessary and in the long run putting themselves out of a job.” There is real attraction to having the optimizers of Silicon Valley take things over, given the frequent dysfunction of democratic gov­ernment. Quite reasonably, many of us would be willing to give up “some democracy for a bit of benign authoritarianism, if it only made the damn trains run on time. The tradeoff comes in the loss of power over the institutions we have to live inside.” The issue, then, is sovereignty.3

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As Scott points out in Seeing Like a State, the models of society that can be constructed out of data, however synoptic, are necessarily radical simplifications. There is no quantitative model that can capture the multivalent richness of neighborhood life as described by Jane Jacobs, for ex­ample, in her classic urban ethnography of New York. The mischief of grand schemes for progress lies in the fact that, even in the absence of totalitarian aspirations, the logic of metrics and rationalization carries with it an imperative to remake the world, in such a way as to make its thin, formal descriptions true. The gap between the model and reality has to be narrowed. This effort may need to reach quite deep, beyond the arrangement of infrastructure to touch on considerations of political anthropology. The model demands, and helps bring into being, a certain kind of subject. And sure enough, in our nascent era of Big Data social engineering, we see a craze for self-quantification, the voluntary pursuit of a kind of self-legibility that is expressed in the same idiom as technocratic so­cial control and demands the same sort of thin, schematic self-objectifications.4

If we take a long historical view, we have to concede that a regime can be viewed by its citizens as legitimate without being based on democratic representation. Europe’s absolutist monarchies of the sev­enteenth century managed it, for a spell. The regime that is being imagined for us now by venture capital would not be democratic. But it emphatically would be “woke,” if we can extrapolate from the current constellation of forces.

And this brings us to the issue of political correctness. It is a topic we are all fatigued with, I know. But I suggest we try to understand the rise of algorithmic governance in tandem with the rise of woke capital, as there appears to be some symbiotic affinity between them. The least one can say is that, taken together, they provide a good diagnostic lens that can help bring into focus the authoritarian turn of American society, and the increasingly shaky claim of our institu­tions to democratic legitimacy.

The Bureaucratic Logic of Political Correctness

One reason why algorithms have become attractive to elites is that they can be used to install the automated enforcement of cut­ting‑edge social norms. In the last few months there have been some news items along these lines: Zuckerberg assured Congress that Facebook is developing AI that will detect and delete what progressives like to call “hate speech.” You don’t have to be a free speech absolutist to recognize how tendentiously that label often gets ap­plied, and be concerned accordingly. The New York Times ran a story about new software being pitched in Hollywood that will determine if a script has “equitable gender roles.” The author of a forthcoming French book on artificial intelligence, herself an AI researcher, told me that she got a pitch recently from a start-up “whose aim was ‘to report workplace harassment and discrimination without talking to a human.’ They claim to be able to ‘use scientific memory and interview techniques to capture secure records of high­ly emotional events.’”

Presumably a scientifically “secure record” here means a description of some emotionally charged event that is shorn of ambiguity, and thereby tailored to the need of the system for clean inputs. A schematic description of inherently messy experience saves us the difficult, humanizing effort of interpretation and introspection, so we may be relieved to take up the flattened understanding that is offered us by the legibility-mongers.5

Locating the authority of evolving social norms in a computer will serve to provide a sheen of objectivity, such that any reluctance to embrace newly announced norms appears, not as dissent, but as something irrational—as a psychological defect that requires some kind of therapeutic intervention. So the effect will be to gather yet more power to what Michel Foucault called “the minor civil servants of moral orthopedics.” (Note that Harvard University has over fifty Title IX administrators on staff.) And there will be no satisfying this beast, because it isn’t in fact “social norms” that will be enforced (that term suggests something settled and agreed-upon); rather it will be a state of permanent revolution in social norms. Whatever else it is, wokeness is a competitive status game played in the institutions that serve as gatekeepers of the meritocracy. The flanking maneuvers of institutional actors against one another, and the competition among victim groups for relative standing on the intersectional to­tem pole, make the bounds of acceptable opinion highly unstable. This very unsettledness, quite apart from the specific content of the norm of the month, makes for pliable subjects of power: one is not allowed to develop confidence in the rightness of one’s own judg­ments.

To be always off-balance in this way is to be more administratable. A world-renowned historian, a real intellectual giant of the “old Left,” told me that once a year he is required to take an online, multiple-choice test administered by his university’s HR department, which looks for the proper responses to various office situations. It seems clear that there is a symbiotic relationship between administration and political correctness, yet it is difficult to say which is the senior partner in the alliance. The bloated and ever-growing layer of administrators—the deans of inclusion, providers of workshops for student orientation, diversity officers, and what­not—feeds on conflict, using episodes of trouble to start new initia­tives.

But what does any of this have to do with the appeal of algorithms to managers and administrators? If we follow through on the suspicion that, in its black-box quality, “technology” is simply administration by other means, a few observations can be made.

haverl.jpgFirst, in the spirit of Václav Havel we might entertain the idea that the institutional workings of political correctness need to be shrouded in peremptory and opaque administrative mechanisms be­cause its power lies precisely in the gap between what people actu­ally think and what one is expected to say. It is in this gap that one has the experience of humiliation, of staying silent, and that is how power is exercised.

But if we put it this way, what we are really saying is not that PC needs administrative enforcement but rather the reverse: the expand­ing empire of bureaucrats needs PC. The conflicts created by identi­ty politics become occasions to extend administrative authority into previously autonomous domains of activity. This would be to take a more Marxian line, treating PC as “superstructure” that serves main­ly to grease the wheels for the interests of a distinct class—not of capitalists, but of managers.6

The incentive to technologize the whole drama enters thus: managers are answerable (sometimes legally) for the conflict that they also feed on. In a corporate setting, especially, some kind of ass‑covering becomes necessary. Judgments made by an algorithm (ideally one supplied by a third-party vendor) are ones that nobody has to take responsibility for. The more contentious the social and political landscape, the bigger the institutional taste for automated decision-making is likely to be.

Political correctness is a regime of institutionalized insecurity, both moral and material. Seemingly solid careers are subject to sud­den reversal, along with one’s status as a decent person. Contrast such a feeling of being precarious with the educative effect of volun­tary associations and collaborative rule-making, as marveled at by Tocqueville. Americans’ practice of self-government once gave rise to a legitimate pride—the pride of being a grown-up in a free society.  One thing it means to be a grown-up is that you are willing to subordinate your own interests to the common good at crucial junctures. The embrace of artificial intelligence by institutions, as a way of managing social conflict, is likely to further erode that adult spirit of self-government, and contribute to the festering sense that our institutions are illegitimate.

The Ultimate Nudge

Of all the platform firms, Google is singular. Its near-monopoly on search (around 90 percent) puts it in a position to steer thought. And increasingly, it avows the steering of thought as its unique responsibility. Famously founded on the principle “Don’t be evil” (a sort of libertarian moral minimalism), it has since taken up the mission of actively doing good, according to its own lights.

In an important article titled “Google.gov,” law professor Adam J. White details both the personnel flows and deep intellectual affini­ties between Google and the Obama White House. Hundreds of people switched jobs back and forth between this one firm and the administration over eight years. It was a uniquely close relationship, based on a common ethos, that began with Obama’s visit to Goog­le’s headquarters in 2004 and deepened during his presidential cam­paign in 2007. White writes:

Both view society’s challenges today as social-engineering problems, whose resolutions depend mainly on facts and ob­jective reasoning. Both view information as being at once ruth­lessly value-free and yet, when properly grasped, a powerful force for ideological and social reform. And so both aspire to reshape Americans’ informational context, ensuring that we make choices based only upon what they consider the right kind of facts—while denying that there could be any values or politics embedded in the effort.

One of the central tenets of progressives’ self-understanding is that they are pro-fact and pro-science, while their opponents (often the majority) are said to have an unaccountable aversion to these good things: they cling to fond illusions and irrational anxieties. It follows that good governance means giving people informed choices. This is not the same as giving people what they think they want, according to their untutored preferences. Informed choices are the ones that make sense within a well-curated informational setting or context.

When I was a doctoral student in political theory at the University of Chicago in the 1990s, there was worry about a fissure opening up between liberalism and democracy. The hot career track for my cohort was to tackle this problem under the rubric of an intellectual oeuvre called “deliberative democracy.” It wasn’t my thing, but as near as I could tell, the idea (which was taken from the German philosopher Jürgen Habermas) was that if you could just establish the right framing conditions for deliberation, the demos would arrive at acceptably liberal positions. We should be able to formalize these conditions, it was thought. And conversely, wherever the opinions of the demos depart from an axis running roughly from the editorial page of the New York Times to that of the Wall Street Journal, it was taken to be prima facie evidence that there was some distorting influ­ence in the conditions under which people were conducting their thought processes, or their conversations among themselves. The result was opinion that was not authentically democratic (i.e., not liberal). These distortions too needed to be ferreted out and formal­ized. Then you would have yourself a proper theory.

Of course, the goal was not just to have a theory, but to get rid of the distortions. Less tendentiously: protecting the alliance “liberal democracy” required denying that it is an alliance, and propping it up as a conceptual unity. This would require a cadre of subtle dia­lecticians working at a meta-level on the formal conditions of thought, nudging the populace through a cognitive framing operation to be conducted beneath the threshold of explicit argument.

At the time, all this struck me as an exercise in self-delusion by aspiring apparatchiks for whom a frankly elitist posture would have been psychologically untenable. But the theory has proved immensely successful. By that I mean the basic assumptions and aspira­tions it expressed have been institutionalized in elite culture, perhaps nowhere more than at Google, in its capacity as directorate of information. The firm sees itself as “definer and defender of the public interest,” as White says.

One further bit of recent intellectual history is important for understanding the mental universe in which Google arose, and in which progressivism took on the character that it did during the Obama years. The last two decades saw the rise of new currents in the social sciences that emphasize the cognitive incompetence of human beings. The “rational actor” model of human behavior—a simplistic premise that had underwritten the party of the market for the previous half century—was deposed by the more psychologically informed school of behavioral economics, which teaches that we need all the help we can get in the form of external “nudges” and cognitive scaffolding if we are to do the rational thing. But the glee and sheer repetition with which this (needed) revision to our under­standing of the human person has been trumpeted by journalists and popularizers indicates that it has some moral appeal, quite apart from its intellectual merits. Perhaps it is the old Enlightenment thrill at disabusing human beings of their pretensions to specialness, whether as made in the image of God or as “the rational animal.” The effect of this anti-humanism is to make us more receptive to the work of the nudgers.

The whole problem of “liberal democracy”—that unstable hy­brid—is visible in microcosm at Google; it manifests as schizophrenia in how the founders characterize the firm’s mission. Their difficulty is understandable, as the trust people place in Google is based on its original mission of simply answering queries that reflect the extant priorities of a user, when in fact the mission has crept toward a more tutelary role in shaping thought.

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Google achieved its dominance in search because of the superior salience of the results it returned compared to its late-1990s rivals. The mathematical insights of its founders played a large role in this. The other key to their success was that they rigorously excluded commercial considerations from influencing the search results. Reading accounts of the firm’s early days, one cannot help being struck by the sincere high-mindedness of the founders. The internet was something pure and beautiful, and would remain so only if guarded against the corrupting influence of advertising.

In other words, there was some truth in the founding myth of the company, namely, the claim that there are no human biases (whether value judgments or commercial interests) at work in the search results it presents to users. Everything is in the hands of neutral algorithms. The neutrality of these algorithms is something the rest of us have to take on trust, because they are secret (as indeed they need to be to protect their integrity against the cat-and-mouse game of “search engine optimization,” by which interested parties can manipulate their rank in the results).

Of course, from the very beginning, the algorithms in question have been written and are constantly adjusted by particular human beings, who assess the aptness of the results they generate according to their own standards of judgment. So the God’s-eye perspective, view-from-nowhere conceit is more ideal than reality. But that ideal plays a legitimating role that has grown in importance as the com­pany has become a commercial behemoth, and developed a powerful interest in steering users of its search engine toward its own ser­vices.7 More importantly, the ideal of neutral objectivity underlies Google’s self-understanding as definer and defender of the public interest.

This is the same conceit of epistemic/moral hauteur that Obama adopted as the lynchpin of his candidacy. The distinctive feature of this rhetoric is that the idea of neutrality or objectivity is deployed for a specific purpose: to assert an identity of interest between liberals and the demos. This identity reveals itself once distortions of objective reality are cleared away. Speaking at Google’s headquarters in 2007 (as characterized by White), Obama said that “as president he wouldn’t allow ‘special interests’ to dominate public discourse, for instance in debates about health care reform, because his administration would respond with ‘data and facts.’” During the Q&A, Obama offered the following:

You know, one of the things that you learn when you’re traveling and running for president is, the American people at their core are a decent people. There’s . . . common sense there, but it’s not tapped. And mainly people—they’re just misinformed, or they’re too busy, they’re trying to get their kids to school, they’re working, they just don’t have enough information, or they’re not professionals at sorting out the infor­mation that’s out there, and so our political process gets skewed. But if you give them good information, their instincts are good and they will make good decisions. And the president has the bully pulpit to give them good information.

. . .  I am a big believer in reason and facts and evidence and feedback—everything that allows you to do what you do, that’s what we should be doing in our government. [Applause.]

I want people in technology, I want innovators and engi­neers and scientists like yourselves, I want you helping us make policy—based on facts! Based on reason!

Lest my point be misunderstood, it is perhaps appropriate to say that I voted for the man in 2008. And since the example he gives above is that of health care, I should say that I am open to the idea that socialized medicine is a good idea, in principle. Further, the debate about health care really was distorted by special interests. The point I wish to make is not about substantive policy positions, but rather to consider the cognitive style of progressive politics as exem­plified by the mutual infatuation of Google and Obama.

Why engage in such an effort now, in the Trump era, when we are faced with such a different set of problems? It is because I believe the appeal of Trump, to fully half the country, was due in significant part to reaction against this peremptory and condescending turn of progressivism.

It is telling that Obama said he would use the president’s bully pulpit not to persuade (the opportunity that “the bully pulpit” has generally been taken to offer), but to “give good information.” We are a people of sound instincts, but “not professionals at sorting out the information that’s out there.” What we need, then, is a professional.

Persuasion is what you try to do if you are engaged in politics. Curating information is what you do if you believe your outlook is one from which dissent can only be due to a failure to properly process the relevant information. This is an anti-political form of politics. If politics is essentially fighting (toward compromise or stalemate, if all goes well, but fighting nonetheless), technocratic rule is essentially helping, as in “the helping professions.” It extends compassion to human beings, based on an awareness of their cogni­tive limitations and their tendency to act out.

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In the technocratic dream of early twentieth-century Progressives such as Woodrow Wilson, politics was to be overcome through facts and science, clearing the way for rule by experts. Daniel Bell famously named this hoped-for denouement “the end of ideology.” It was a project that acquired a moral mandate as recoil from the ideologically driven cataclysm of World War II. From today’s per­spective, it is striking that twentieth-century Progressives seemed not very conflicted about their cognitive elitism.8 Wilson’s project to transfer power from the legislature to administrative bodies entailed a deliberate transfer of power to “the knowledge class,” as Hamburger writes, or “those persons whose identity or sense of self-worth centers on their knowledge.” This includes “all who are more attached to the authority of knowledge than to the authority of local political communities. . . . [T]heir sense of affinity with cosmopolitan knowledge, rather than local connectedness, has been the foundation of their influence and their identity.”

Today’s progressives have a more complex relationship to their own elitism, surely due in part to the legacy of the civil rights move­ment.9 It takes a certain amount of narrative finesse to maintain a suitably democratic self-understanding while also affirming the role of expertise. This is the predicament of the tech firms, and it is the same one Obama had to manage for himself. In his 2007 remarks at Google, Obama referred to the firm’s origins in a college dorm room, and drew parallels with his own trajectory and aspirations. “What we shared is a belief in changing the world from the bottom up, not the top down; that a bunch of ordinary people can do extraordinary things.” This is the language of a former community organizer. But it is a peculiar sort of “bottom up” that is meant here.

In the Founders Letter that accompanied Google’s 2004 initial public offering, Larry Page and Sergey Brin said their goal is “getting you exactly what you want, even when you aren’t sure what you need.” The perfect search engine would do this “with almost no effort” on the part of the user. In a 2013 update to the Founders Letter, Page said that “the search engine of my dreams provides information without you even having to ask.” Adam J. White glosses these statements: “To say that the perfect search engine is one that mini­mizes the user’s effort is effectively to say that it minimizes the user’s active input. Google’s aim is to provide perfect search results for what users ‘truly’ want—even if the users themselves don’t yet realize what that is. Put another way, the ultimate aspiration is not to answer the user’s questions but the question Google believes she should have asked.” As Eric Schmidt told the Wall Street Journal, “[O]ne idea is that more and more searches are done on your behalf without you having to type. . . . I actually think most people don’t want Google to answer their questions. They want Google to tell them what they should be doing next.”

The ideal being articulated in Mountain View is that we will inte­grate Google’s services into our lives so effortlessly, and the guiding presence of this beneficent entity in our lives will be so pervasive and unobtrusive, that the boundary between self and Google will blur. The firm will provide a kind of mental scaffold for us, guiding our intentions by shaping our informational context. This is to take the idea of trusteeship and install it in the infrastructure of thought.

Populism is the rejection of this.

The American founders were well acquainted with the pathetic trajectories of the ancient democracies, which reliably devolved into faction, oligarchic revolution, and tyranny. They designed our con­stitutional regime to mitigate the worst tendencies of direct democracy by filtering popular passions through political representation, and through nonrepresentative checks on popular will. The more you know of political history, the more impressive the American founding appears.10

Any would-be populist needs to keep this accomplishment in view, as a check on his own attraction to playing the tribune. How much deference is due the demos? I think the decisive question to ask is, what is the intellectual temper of today’s elites? Is it marked by the political sobriety of the founding generation, or an articulated vision of the common good of the nation such as the twentieth-century Progressives offered? Not so much? One can be wary of the demos and still prefer, like William F. Buckley, to be ruled by the first fifty names in the Boston phone book than by one’s fellow intellectuals.

When the internal culture at Google spills out into the headlines, we are offered a glimpse of the moral universe that stands behind the “objective” algorithms. Recall the Googlers’ reaction, which can only be called hysterical, to the internal memo by James Damore. He offered rival explanations, other than sexism, for the relative scarcity of women programmers at the firm (and in tech generally). The memo was written in the language of rational argumentation, and adduced plenty of facts, but the wrong kind. For this to occur within the firm was deeply threatening to its self-understanding as being at once a mere conduit for information and a force for pro­gress. Damore had to be quarantined in the most decisive manner possible. His dissent was viewed not as presenting arguments that must be met, but rather facts that must be morally disqualified.

On one hand, facilitating the free flow of information was Silicon Valley’s original ideal. But on the other hand, the control of information has become indispensable to prosecuting the forward march of history. This, in a nutshell, would seem to be the predicament that the platform firms of Silicon Valley find themselves in. The incoherence of their double mandate accounts for their stumbling, incoherent moves to suppress the kinds of speech that cultural progressives find threatening.11

This conflict is most acute in the United States, where the legal and political tradition protecting free speech is most robust. In Eu­rope, the alliance between social media companies and state actors to root out and punish whatever they deem “hate” (some of which others deem dissent) is currently being formalized. This has become especially urgent ahead of the European Parliament elections sched­uled for May 2019, which various EU figures have characterized as the last chance to quarantine the populist threat. Mounir Mahjoubi, France’s secretary of state for digital affairs, explained in February 2019 that, by the time of the election, “it will be possible to formally file a complaint online for hateful content.”12 In particular, Twitter and Facebook have agreed to immediately transmit the IP addresses of those denounced for such behavior to a special cell of the French police “so that the individual may be rapidly identified, rapidly prosecuted and sentenced.” He did not explain how “hateful con­tent” is to be defined, or who gets to do it. But it is reported that Facebook has a private army of fifteen to twenty thousand for this task.

Speaking at MIT six months after the Damore memo episode, in February 2018, former president Obama addressed head-on the problem of deliberative democracy in an internet culture. He made the familiar point about a “balkanization of our public conversation” and an attendant fragmenting of the nation, accelerated by the internet. “Essentially we now have entirely different realities that are being created, with not just different opinions but now different facts—different sources, different people who are considered author­itative.” As Obama noted, “it is very difficult to figure out how democracy works over the long term in those circumstances.” We need “a common baseline of facts and information.” He urged his tech audience to consider “what are the . . . algorithms, the mechanisms whereby we can create more of a common conversation.”

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Obama’s description of the problem seems to me apt. Our political strife has become thoroughly epistemic in nature. But the fix he recommends—using algorithms to “create more of a common conversation”—is guaranteed to further inflame the sense any dissi­dent-minded person has that the information ecosystem is “rigged,” to use one of President Trump’s favorite words. If we are going to disqualify voices in a way that is not explainable, and instead de­mand trust in the priestly tenders of the algorithms, what we will get is a politics of anticlericalism, as in the French Revolution. That was not a happy time.

Among those ensconced in powerful institutions, the view seems to be that the breakdown of trust in establishment voices is caused by the proliferation of unauthorized voices on the internet. But the causal arrow surely goes the other way as well: our highly fragmented casting-about for alternative narratives that can make better sense of the world as we experience it is a response to the felt lack of fit between experience and what we are offered by the official organs, and a corollary lack of trust in them. For progressives to now seek to police discourse from behind an algorithm is to double down on the political epistemology that has gotten us to this point. The algorithm’s role is to preserve the appearance of liberal proceduralism, that austerely fair-minded ideal, the spirit of which is long dead.

Such a project reveals a lack of confidence in one’s arguments—or a conviction about the impotence of argument in politics, due to the irrationality of one’s opponents. In that case we have a simple contest for power, to be won and held onto by whatever means necessary.

This article originally appeared in American Affairs Volume III, Number 2 (Summer 2019): 73–94.


Notes

1   I am thinking of the project to transform society in the image of an imagined “free market” that would finally bring to fruition what nature prescribes (often destroying customary practices and allegiances along the way), or stories of a novus ordo seclorum that will blossom if only we are courageous enough to sweep away the impediments to “freedom” (man’s natural estate)—by aerial bombardment, if necessary. Both enthusiasms tend toward lawlessness. Both seek a world that is easily conjured in the idiom of freedom-talk, but in practice require more thorough submission to mega-bureaucracies, whether of corporations or of an occupation force.

 

2   In his 2018 book The Revolt of the Public, Martin Gurri diagnoses the eruption of protest movements around the world in 2011—Occupy Wall Street, the indignados in Spain, and the violent street protests in London, to name a few—as a politics of pure negation, driven more by the romance of denunciation than by any positive program. These protests expressed distrust of institutional voices, and a wholesale collapse of social authority. On left and right alike, people feel the system is rigged, and indeed political leaders themselves have stoked this conviction, insisting that elections lost by their side were illegitimate, whether because of “voter suppression” or a phantom epidemic of voting by illegal immigrants. This is dangerous stuff.

3   It is therefore perhaps appropriate to consider Europe’s experiment in transferring political sovereignty to a technocratic, democratically unaccountable governing body (the European Union) for clues as to what sort of political reactions such a project might engender.

4   Richard Rorty celebrated the power of “redescription” to alter our moral outlook. He had in mind the genuinely liberal effect that literature sometimes has in shifting our gaze, for example the effect that reading Dickens or Uncle Tom’s Cabin had in enlarging the sympathies of people in the nineteenth century. But redescriptions can just as easily have an impoverishing effect on how we view ourselves and the world. As Iris Murdoch wrote, man is the animal who makes pictures of himself, and then comes to resemble the pictures.

5   On campus, something like this is evident in the reduction of the entire miasma of teenage sexual incompetence, with its misplaced hopes and callow cruelties, to the legal concept of consent. Under the influence of this reduction, a young person is left with no other vocabulary for articulating her unhappiness and confusion over a sexual encounter. She must not have really consented.

6   In a related materialist vein, Reihan Salam ties “wokeness” to the political economy of precarity. Wokeness is a competitive status game played by aspirants to cultural capital. As one friend put it to me, “my PC status advancement seems to depend on my having a Perry Mason moment, in which I reveal that the defendant’s superficially unobjectionable speech actually hides a subtext of oppression only apparent to me.”

7   Whenever there is a whiff of regulatory concern about possible self-dealing by Google as it expands into services far afield from search, it asserts that if its search results presented anything but the  disinterested, best possible match to what “customers” were looking for, they would go elsewhere. This incantation of the free market syllogism works like a magic spell in arresting criticism. But how does the logic of the market apply to a near-monopoly? Or to a firm that provides a free service? The reality, of course, is that the users of Google are not the customers. Customers are those who pay for a product. Advertisers gave Google $95 billion in 2017 for access to the product. The product consists of predictions about users’ susceptibility to a specific pitch.

8   Another difference stands out. The early Progressive program had avowedly nationalist elements (consider William James’s famous essay “The Moral Equivalent of War” promoting a program of universal national service and an ethic of hardness, to be achieved through manual labor). It sought to forge an American identity based on solidarity, whereas for today’s progressives the idea of a common good, defined as American, is more problematic. A version of it underlies the economic populism of Bernie Sanders and Elizabeth Warren, but the idea of a specifically American common good is also subject to constant challenge on the left, both by immigration maximalists and by intersectional entrepreneurs who must direct their claims against what is common. Relatedly, the perspective of today’s progressivism is global rather than national, and this sits easier with the “shareholder cosmopolitanism” of capital.

9   Woodrow Wilson complained that “the bulk of mankind is rigidly unphilosophical, and nowadays the bulk of mankind votes.” The reformer is bewildered by the need to influence “the mind, not of Americans of the older stocks only, but also of Irishmen, of Germans, of Negroes.” Hamburger argues that it was the expansion of voting rights early in the twentieth century that prompted Wilson to want to shift power from representative bodies to executive agencies.

10  Barbara Tuchman wrote, “Not before or since has so much careful and reasonable thinking been invested in the formation of a government system. . . .  [T]he Founders remain a phenomenon to keep in mind to encourage our estimate of human possibilities, even if their example is too rare to be a basis of normal expectations” (The March of Folly: From Troy to Vietnam, 1984).

11  Silicon Valley’s original intellectual affiliations lie deep in the California counterculture: the Human Potential Movement, Esalen, the Whole Earth Catalog, and all that. Like the generation of ’68 in its long march through the institutions, the Valley staked its early identity on an emancipatory mission, and it has had a hard time adjusting its self-image to reflect its sheer power. In the same vein, recall Obama striking the pose of community organizer in his second term, speaking truth to power from Air Force One.

12  “Mounir Mahjoubi : ‘Dans quelques mois, il sera possible de porter plainte sur internet pour contenus haineux,’” Fdesouche.com, February 20, 2019.

vendredi, 24 mai 2019

Schmitt’s Blakean Vision of Leviathan and Behemoth

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Schmitt’s Blakean Vision of Leviathan and Behemoth

Schmitt wrote The Leviathan in the State Theory of Thomas Hobbes (1938) in order to analyze the figure of the great Biblical fish leviathan as it figures as a symbol in Hobbes’ political theory. Part of the book consists of a genealogy of the leviathan as it appears in Western culture, from the Bible through to nineteenth-century English literature. From there, Schmitt delves into Hobbes’ political theory and its mechanistic core before providing a thoughtful assessment of the fate of continental liberalism and its decline in the early twentieth century.

Schmitt possessed a great deal of learning in many areas, including the history of European art and culture. His book on Hobbes, and its genealogy of the leviathan, allows Schmitt to display that learning. Of particular interest here is Schmitt’s wide reading in English literature from the Renaissance to the modern period. What follows is a long quote, but one that serves the purpose of helping us understand a hidden insight behind Schmitt’s appraisal of Hobbes’ political theory in the book. He explains:

The leviathan is cited a few times in Shakespeare’s dramas as a powerful, enormously strong, or quick sea monster, without any symbolism pointing toward the politico-mythical. Moreover, when he illustrates the unrestrained savagery of the plundering soldiers, as, for example, in the third act of Henry V, he gives no hint of medieval theological demonology or of a methaphysically determined enmity. Notwithstanding fanatical Bible-quoting writers, English literature was governed at the time of Hobbes’ Leviathan (around 1650) by a completely nonrnythical and nondemonic conception of the leviathan. The leviathan, it appears, was hardly suitable as an allegory in the style of the sixteenth and seventeenth centuries. For example, Milton did not attach any enigmatic symbolism to the leviathan in his Paradise Lost, depicting him as a huge sea monster. In a satirical-literary depiction of hell by Thomas Dekker, which was published for the first time in 1607, there appears a postillion of hell who explains its geography to a just deceased London miser and is characterized as a "lackey of that great leviathan." If I understand his depiction correctly, the leviathan is still the devil but not in the medieval-theological sense or in the sense of Dante's portrayal in The Inferno or even in the sense of Swedenborg's images of hell, but in a thoroughly literary-ironic sense and in the style and in the atmosphere of English wit. In Sanderson’s Sermons (II/310) of around 1630, God deals "with the great leviathans ofthe world." Here the leviathans are simply "the greats" of this world. This colloquial usage evolved further, permitting Burke (Works, VIll, 35) to speak of the Duke of Bedford as the "Leviathan of all the creatures of the Crown" and de Quincey (in 1839) of a lawsuit against such a powerful opponent as the "leviathan of two counties."
The leviathan finally becomes a humorous description of all sorts of unusually large and powerful men and things, houses, and ships. Slang, too, has appropriated this imposing word. Hobbes was undoubtedly responsible for exerting a specific influence on the colloquial usage of the word. I am not sure whether a place in Richard Ligon's History of the Island of Barbados, which reminds one of Hobbes' description, was actually influenced by him: "What produces harmony in that leviathan is a well-governed commonwealth." It is understandable why Locke, Hobbes' adversary. did not avoid the polemical usage of leviathan: "A Hobbist will answer: 'because the Leviathan will punish you, if you do not.'" Mandeville's fable about the bee (1714) speaks in a typically Hobbesian manner: "The gods decided that millions of you, well attached to each other, compose the strong leviathan."

csleviathan.jpgWhat is interesting about this extensive genealogy is the glaring omission of William Blake’s rendering of the leviathan (see above image, dated 1805). Some have associated the image with Schmitt — for instance, in this Internet edition of Land and Sea — and this association is even more interesting because Schmitt omits Blake’s work in this passage.

Immediately before this passage, Schmitt indicated that he was intersted in the leviathan in visual art, and discussed in particular the work of Bosch and Bruegel. In his discussion of English literature, he goes as far back as Shakespeare, and as far forward as de Quincey. Along the way, Schmitt touches on two of Blake’s major influences, Milton and Swedenborg, and even cites one of Blake’s immediate contemporaries: Edmund Burke. In the above passage, Schmitt reads around Blake very closely without naming him, even when the need is obvious.

A possible reason for this omission is that Blake’s image does not tell the story that Schmitt wishes to tell about Hobbes’ leviathan, but instead, it does points towards his own conception of the state, and his own vision of leviathan and behemoth. In the book, he criticizes Hobbes and his vision of the leviathan on a few grounds, and one of them is Hobbes’ mechanistic humanism. Hobbes’ brilliant insight was that all that was required for a human community to create a functioning state was to trade protection for obedience with a state that operates as an impersonal mechanism: the ‘leviathan.’ It seems like a simple trick, and is accomplished without religion — there can be a state church, for instance, or the state can tolerate varieties of belief, but ultimately it is the state that determines the place of religion in society. Following his experience with the English Civil War, Hobbes created the image of the behemoth to symbolize rebellion. Schmitt’s sees Hobbes’ symbols of leviathan and behemoth as being sharpened in the subsequent history of modernity, and to find themselves in mutated form in contemporary concepts of “state and revolution,” and Schmitt uses the phrasing of state and revolution to deliberately evoke the title of Lenin’s book by the same name.

Schmitt believed that the well-functioning state was not only determined by its order (which Hobbes’ state theory provides), but also by its orientation (which Hobbes’ theory does not provide), which has a religious or at least strong mythic basis. Schmitt’s state theory is more like the depiction of leviathan and behemoth in Blakes image. Hobbes was only concerned with the leviathan and behemoth as they contended in the terrestrial sphere, without any relationship to a transcendent realm or idea. To relate Hobbes’ theory to Blakes image is to see leviathan and behemoth contending solely within that sphere, as if we were to cut that sphere out of the picture and view it alone as a complete depiction of the state. Blake, however, includes above the terrestrial sphere a realm of God, angels, and other figures who look down on the terrestrial sphere with concern.

Because the liberal state, in Schmitt’s view, did not have a common orientation for everyone in that state, it eventually succumbed to private organizations with private orientations, particularly parties, churches, and trade unions. These indirect powers operating in the private sphere, Schmitt observes, have a tremendous advantage in the liberal state because they can mobilize power, and then act upon other individuals and groups, and even the state. As Schmitt says, “indirect” power works by masking (Schmitt uses the word “veil”) their power, which “enables them to carry out their actions under the guise of something other than politics — namely religion, culture, economy, or private matter — and still derive all the advantages of state.” As a result, private organizations in the liberal state “enjoy all the advantages and suffer none of the risks entailed with the possession of political power.” But private organizations in the liberal state enjoy this advantage in part because of the human need to seek orientations, which is ultimately the stronger element of Schmitt’s understanding of the state as order and orientation.

The human desire for orientation is can be satisfied by a private organization or by inward withdrawl. This withdrawl acts upon the liberal state in its own way, by becoming what Schmitt calls a “counterforce of silence and stillness.” Mystical withdrawal is perhaps one way to view at least some of the figures in Blake’s image: in particular, those that sit with God and amongst the angels, looking down with concern.

samedi, 18 mai 2019

Guerra y saber político: Clausewitz y Günter Maschke

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Guerra y saber político:
Clausewitz y Günter Maschke

Antonio Muñoz Ballesta

Ex: http://www.nodulo.org

Conviene, especialmente cuando suenan tambores de guerra, no malinterpretar a Carlos Clausewitz (1780-1831), y reconocer la conclusión realista del filósofo militar prusiano, que la Guerra es la expresión o la manifestación de la Política

«George Orwell advertía en una ocasión que, en las sociedades libres, para poder controlar la opinión pública es necesaria una «buena educación», que inculque la comprensión de que hay ciertas cosas que no «estaría bien decir» –ni pensar, si la educación realmente tiene éxito–.» (Noam Chomsky en Tarragona, octubre de 1998)

A José María Laso, luchador en la paz y en la guerra

1

 La inminente guerra del Imperio realmente existente en el planeta, EEUU, contra Irak, y contra otros países del llamado «Eje del mal», entre los que se encuentra, según expresión de Gabriel Albiac, el «manicomio militarizado» de Corea del Norte, y que puede provocar la primera Guerra Nuclear en la que los dos contendientes utilicen efectivamente armas atómicas –aunque en la Historia contemporánea se ha estado varias veces al borde de la misma, y no solamente en la crisis de los misiles de Cuba, sino también hace unos meses en la guerra silenciada entre Pakistán y la India–, requiere que nos dispongamos a contemplarla con las mejores armas conceptuales posibles (pidiendo, a la misma vez, a Dios, a Alá, o a Yahvè, según la religión de cada uno, que «el conflicto bélico» no nos afecte individualmente).

¿Qué mejor arma conceptual, para nosotros, que delimitar lo que sea verdaderamente la «guerra» desde el punto de vista del «saber político»?

Porque las guerras no son una «maldición divina o diabólica» a pesar de que las consecuencias en las víctimas humanas, y la destrucción que provocan, así lo sea.

Las guerras pertenecen también, como nos recuerda Clausewitz, al «ámbito de la acción humana», y aunque siempre han estado envueltas en las formas artísticas de su tiempo y han sido el ámbito en el que se han realizado avances técnicos, tecnológicos y científicos de eficaz transcendentalidad –en el sentido del materialismo filosófico– innegable para las sociedades, las guerras «no pertenecen al campo de las artes y de las ciencias», y sin embargo, no son un saber sencillo, sino al contrario, «llevar una guerra» consiste en un saber de los más complejos y racionales que existen.

En las guerras se trata de «movimientos de la voluntad aplicado... a un objeto viviente y capaz de reaccionar», y por ello, subraya Günter Maschke, para Clausewitz, la guerra (también la próxima guerra contra Irak y Corea del Norte, &c., habría que añadir) es «incertidumbre, fricción y azar» que no permite una simplificación –ni por los militares, ni por los políticos e intelectuales– de los «complejos procesos» de la guerra, presentándola de tal forma «que incluso un niño podía tener el sentimiento de ser capaz de dirigir un ejército» («militärische Kinderfreunde»). Ni admite el desarme conceptual de la Filosofía ante ella, pues estaríamos renunciando a la comprensión verdadera de una de las cuestiones más cruciales del Presente histórico. ¡Ya es hora que la Filosofía no quede al margen de la Guerra, de la Idea de «guerra»!

2

gm.jpgEl gran ensayista y pensador de lo político y la política, Günter Maschke, ha encontrado, al respecto y recientemente{1}, una solución plausible al laberinto interpretativo de lo que realmente nos quiso decir Carlos Clausewitz (1780-1831) sobre la Idea de la «Guerra» en su obra principal De la guerra, y en concreto en su relación con la «política».

Günter Maschke, después de un preciosa, y laboriosa, labor exegética de la correspondencia y demás obras, algunas inéditas, del famoso general prusiano, ha concluido, lo que muchos siempre hemos intuido, desde hace tiempo, a saber, que:

«La Guerra es la expresión o la manifestación de la Política».

Es ésta conclusión de Maschke una tesis que acerca el pensamiento de Clausewitz al «realismo político», y lo aleja, definitivamente, de los análisis bien intencionados y humanitaristas, de ciertos filósofos, intelectuales, especialistas universitarios y periodistas, que continuamente tratan de ocultarnos o silenciarnos la verdad de la geopolítica del inicio del siglo XXI en el Mundo (los que Antonio Gramsci denominó «expertos en legitimación»).

No podía ser de otra forma ya que la realidad política internacional, y nacional, es objetiva, y es la que es, independientemente de la propaganda orwelliana que realicen los «intelectuales», los «centros de educación» y los medios de comunicación.

3

La propaganda orwelliana de EEUU, y de sus «satélites» europeos –«satélites» porque no han conseguido tener una política exterior común, ni un ejército propio–, más o menos sutil, se presenta en dos frentes.

El primero es el frente de la opinión pública y consiste en conseguir que la misma adopte el consenso «políticamente correcto» de la élite intelectual.

En este caso el «consenso» significa que la guerra contra Irak es inevitable y necesaria por parte de EEUU y sus aliados (en cambio más razones tendría Irán), independientemente de saber si realmente el Irak de 2003 ha amenazado o agredido a EEUU o a Inglaterra o a Alemania o a España, o si sabemos con certeza las consecuencias sobre la población civil que tendrán los bombardeos y la invasión de los soldados de las fuerzas terrestres (bombardeos que se vienen haciendo, por lo demás, periódicamente desde 1991, y terminación «por tierra» de la guerra del golfo de 1991, sin hacer mención de la «medida política o militar» del «embargo de medicamentos, &c.»). Pueblo irakí y kurdo que, indudablemente, no se merece el régimen político de Sadam Husein (ni de Turquía), ni la ausencia de los derechos humanos elementales, inexistencia de derechos fundamentales que, lamentablemente, se suele olvidar por los que están en contra de la guerra contra Irak, salvo la honrosa excepción de Noam Chomsky, quién siempre ha defendido los derechos humanos auténticos contra cualquier organización estatal o no, sea EEUU o se trate de otro Estado.

El segundo frente de la propaganda orwelliana se presenta en el campo de las ideas del saber político. En el análisis político interesa que no se comprenda, no ya por la opinión pública, sino tampoco por parte de los dedicados a la «ciencia política», lo que significa la realidad de la guerra y la política, pues es propio de la ideología de un determinado régimen político que su «élite intelectual» posea unas herramientas conceptuales «apropiadas» para la consecución, no de la verdad, sino de los objetivos del régimen político –que suele coincidir con los objetivos de los más ricos y poderosos del régimen y sus monopolios económicos–.

Günter Maschke, en mi opinión, contribuye con su acertado análisis o comprensión verdadera del pensamiento de Clausewitz, a no convertirnos en víctimas conceptuales de este segundo frente de la propaganda orwelliana del «eje del bien» y/o del «eje del mal».

4

Los «intelectuales humanitaristas», que están afectados, del llamado por Noam, «problema de Orwell»{2}, suelen permanecer en la «ilusión necesaria» de que la política fracasa cuando se recurre a la guerra (de que la guerra es el «fin» de la política), porque han interpretado incorrectamente la famosa frase de Clausewitz:

«La guerra es un instrumento de la política/ Der Krieg ist ein Instrument der Politik»{3}

La «ilusión» de estos intelectuales de la «intelligentsia» viene de la confusión entre «instrumento» y «objetivo» de la «verdadera política». Si consideramos la guerra como un simple instrumento del «arte de la política», y la política tiene el instrumento pacífico de la diplomacia ¿no es, por tanto, un «fracaso» de la política, el recurrir al «instrumento de la guerra»?

Günter-Maschke+Kritik-des-Guerillero-Zur-Theorie-des-Volkskriegs.jpgPlanteados así las premisas o los presupuestos, habría que concluir que sí; pero ocurre que las cosas no son así, es decir, que el pensamiento de Clausewitz (ni de los más importantes y coherentes «pensadores políticos», incluido Noam Chomsky) no tiene esos presupuestos que se les atribuye falsamente. Y ello debido a que la frase de Clausewitz (ni el pensamiento de los filósofos a los que me refiero) no puede sacarse del contexto de toda su obra, incluido la correspondencia, del general prusiano (y de los autores que miren «sin prejuicios» los hechos ).

Y el «objetivo» de la «política», como sabemos, es la eutaxia de su sociedad política; y para ello el objetivo no es solamente la «paz a cualquier precio», pues ello implicaría la renuncia a su «soberanía», a su «libertad» (si, en un país, todos aceptaran ser siervos o esclavos, o vivir en la miseria y sin luchar, no habría jamás violencia o «guerras»), &c., y en el límite la renuncia, de la misma sociedad política, a su «existencia» o permanencia en el tiempo de sus planes y programas –de su prólepsis política–.

Renuncia a la existencia de la misma sociedad política, puesto que, y esto se reconoce por Clausewitz y todos los autores, la «paz» como las «guerras», no son conceptos unívocos.

La «paz», y la «guerra», puede ser de muchas formas, desde la «Pax romana» a la «Paz establecida en Versalles». Además de la existencia, quizás más realista, de un «status mixtus que no es ni guerra ni paz», por ejemplo, ¿cómo calificar la situación actual entre Marruecos y España después de la «batalla» del islote Perejil? ¿O en el futuro, entre España e Inglaterra, por el asunto del peñón de Gibraltar? ¿O en el futuro, entre España y el «País Vasco» o «Catalonia» o «Galicia»? ¿De «diplomacia» o de «guerra»?

5

En realidad la guerra es la expresión o manifestación de la política, y ella –la guerra– es como «un verdadero camaleón, pues cambia de naturaleza en cada caso concreto», aparentemente creemos que se produce la «desaparición» de la política (o del Derecho Internacional) cuando «estalla la Guerra», y en verdad no es así, pues la política y la diplomacia continúa implementando sus planes y programas, ¿para qué?, para conseguir una mayor eutaxia de la sociedad política vencedora o no, en el «tiempo de paz» posterior (así consiguió EEUU su predominio en Oriente Medio después de la Guerra Mundial II).

Pues, recordemos que las guerras terminaban con los Tratados de Paz, por lo menos hasta la Guerra Mundial I. Hoy en día, parece más bien, que estemos en un permanente «estado de guerra» mundial, en el que es imposible un «Tratado de Paz» entre los contendientes. Así las cosas en el «mundo del saber político» ¿Cómo y cuando se firmará el Tratado de Paz entre EEUU y Ben Laden? ¿Y es posible tal cosa?

Bien dice G. Maschke que Clausewitz es autor de las siguientes frases que inclinan la balanza en favor del primado de lo político sobre lo militar en el tema de la «guerra»:

«la política ha engendrado la guerra», «la política es la inteligencia... y la guerra es tan sólo el instrumento, y no al revés», «la guerra es un instrumento de la política, es pues forzoso que se impregne de su carácter » político, la guerra «es solo una parte de la política... consecuentemente, carece absolutamente de autonomía», «únicamente se pone de manifiesto –la guerra– en la acción política de gobernantes y pueblos», «no puede, jamás, disociarse de la política», «pues las líneas generales de la guerra han estado siempre determinadas por los gabinetes... es decir, si queremos expresarlo técnicamente, por una autoridad exclusivamente política y no militar», o cuando dice «ninguno de los objetivos estratégicos necesarios para una guerra puede ser establecido sin un examen de las circunstancias políticas», &c.

gmbew.jpgAhora bien, volvamos a la Guerra contra Irak, una manifestación más (en este caso de violencia extrema «policial») de la nueva «política «del «Imperio» constituido y constituyente de la también «nueva forma de la relación-capital» –el «Capitalismo como forma Imperio», según la reciente tesis del libro de Antonio Negri y M. Hardt– e intentemos «comprender» ahora, con las «armas conceptuales tradicionales» clausewitzianas, la política del bando «occidental». Entonces, EEUU, dirigido por Bush II, se nos presenta como un «nuevo Napoleón» que reuniera en su persona política la categoría de «príncipe o soberano» al ser, a los ojos del Mundo, al mismo tiempo «cabeza civil y militar» de la «civilización». Pero otorgándole que sea la cabeza militar en el planeta, ¿quién le otorga el que sea también la «cabeza civil»?{4} –Noam Chomsky es más realista al reconocer que desde el punto de las víctimas, es indiferente que el poder que los humilla y mata se llame «Imperio» o «Imperialismo». En cambio, el poder militar y civil de Sadam Husein se nos da en toda su crueldad dictatorial, apoyada –por cierto– hasta hace once años por los mismos EEUU y Occidente, que miraban, entonces, para otro lado, cuando se cometían innumerables atentados a los derechos humanos contra su propia población irakí y kurda.

6

En verdad la guerra es la expresión de la política, y en ese orden, es decir, que la política no es la manifestación de la guerra, lo cual viene a dar la razón, no solamente al realismos político de Carl Schmitt y Julien Freund, sino también a Gustavo Bueno, pues la existencia de las sociedades políticas auténticas, de los Estados o Imperios, requiere una capa cortical que se da, entre otras causas, por la acción política partidista y eutáxica.

Se consigue así que dichos intelectuales no incidan, como deseamos todos, en su lucha y defensa por una nueva política que se exprese predominantemente en diplomacia, y no en guerras de exterminio, predominantemente «exterminio de civiles».

Estos «intelectuales» y periodistas se concentran, en cambio, en la denuncia «humanitaria»{5} de los males de la guerra (males de la guerra que por más que se han denunciado en la Historia no han dejado de producirse salvo que se ha influido de manera práctica en la política), olvidándose de luchar conceptualmente, filosóficamente, por conseguir una vuelta a la verdadera política que no se exprese en guerras nucleares generalizadas o no.

Y, en cambio, la verdadera política incluye, como nos demuestra el análisis de G. Maschke, dos partes, en su expresión, la «diplomacia» y la «guerra». Y la política de una sociedad determinada no deja de ser «verdadera política» –utilizando conceptos de la «realista» filosofía política de Gustavo Bueno– cuando se manifiesta en diplomacia o en la guerra.

No se reduce la política a la paz, y a los medios pacíficos.

Otra de las causas del error habitual, hasta ahora, en la interpretación de Clausewitz, es no percatarse del origen histórico de determinadas Ideas del saber político, y viene recogida y resaltada por G. Maschke, a saber, la trascendental importancia del cambio histórico en la concepción de la guerra, con la Revolución Francesa de 1789 y Napoleón (príncipe o soberano, y no sencillamente «dictador»), ya que se pasó del «viejo arte de la guerra» de gabinete de los Estados Absolutistas, a «los grandes alineamientos engendrados por la guerras», por la Revolución.

ra-cl.jpgGustavo Bueno ha recogido también esta modificación crucial, sin hipostatizarla, con su análisis del surgimiento de la Idea de la «Nación política» o nación canónica:

«Algunos historiadores creen poder precisar más: la primera vez en que se habría utilizado la palabra nación, como una auténtica «Idea-fuerza», en sentido político, habría tenido lugar el 20 de septiembre de 1792, cuando los soldados de Kellerman, en lugar de gritar «¡Viva el Rey!», gritaron en Valmy: «¡Viva la Nación!» Y, por cierto, la nación en esta plena significación política, surge vinculada a la idea de «Patria»: los soldados de Valmy eran patriotas, frente a los aristócratas que habían huido de Francia y trataban de movilizar a potencias extranjeras contra la Revolución.» Gustavo Bueno, España frente a Europa, Alba Editorial, Barcelona 1999, página 109.

Por ello, el realismo político, y toda la filosofía política «realista» –en cuanto sabe separar la ideología y la verdad geopolítica– que incluye, en este sentido y a mi entender, a Gustavo Bueno y a Noam Chomsky, tienen que reconocer, lo que ya dijera Clausewitz:

«Que la «guerra no es otra cosa que la prosecución de la política por otros medios»

O como dice el mismo Günter Maschke: «La tesis fundamental de Clausewitz no es que la guerra constituye un instrumento de la política, opinión de los filántropos que cultivan la ciencia militar, sino que la guerra, sea instrumento o haya dejado de serlo, es la «prosecución de la política por otros medios.» Pero Clausewitz encontró una formulación aún mejor, sin percatarse de la diferencia con la precedente. Él escribe que las guerras no son otra cosa que «expresiones de la política» (tal cita proviene del estudio, todavía inédito, «Deutsche Streitkräfte», cfr. Hahlweg en la edición citada de Vom Kriege, pág. 1235), y en otro lugar, que la guerra «no es sino una expresión de la política con otros medios».» Empresas políticas, número 1, Murcia 2002, pág. 47.

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En conclusión, es mucho más «humano» ser «realista» en el saber político, cuando se trata de Idea tan omnipresente como la «guerra», pues se evitan más «desastres humanitarios», y se consigue más auténtica libertad y justicia, cuando superamos el «problema de Orwell» y podemos contemplar la política tal como es, es decir, como la que tiene el poder real de declarar la guerra y la paz, que van configurando, a su vez, los «cuerpos de las sociedades políticas» en sus respectivas «capas corticales». Por ello la solución de G. Maschke a las ambigüedades de la obra de Clausewitz viene a contribuir al intento serio de cambiar la política para evitar las guerras. Se trata de una lucha por la verdad, en la paz y en la «guerra».

Notas

{1} «La guerra, ¿instrumento o expresión de la política? Acotaciones a Clausewitz», traducción de J. Molina, en la revista Empresas políticas (Murcia), año I, número 1 (segundo semestre de 2002).

{2} El «problema de Orwell» es el tema central de la labor de Noam como filósofo político, y consiste en la cuestión de «cómo es posible que a estas alturas sepamos tan poco sobre la realidad social» y política de los hombres(y olvidemos tan pronto las matanzas, miserias, etc. causados por el poder estatal imperialista), disponiendo, como se dispone, de todos los datos e informaciones sobre la misma. A Orwell no se le ocultó que una «nueva clase» conseguía en gran medida que los hechos «inconvenientes» para el poder político y económico, llegasen a la opinión pública «debidamente interpretados», y para ello si era preciso cambiar el Pasado, se hacía, pues se controlaba los hechos y los conceptos del Presente. La propaganda en las sociedades «libres» se consigue sutilmente, por ejemplo por el procedimiento de fomentar el debate pero dejando unos presupuestos o premisas de los mismos sin expresarse (y sin poder ser criticadas), o discutiendo por la intelligentsia, entre sí, cuestiones periféricas, dando la impresión de verdadera oposición.

{3} Clausewitz, Vom Kriege, págs. 990-998, 19 ed., Bonn 1980.

{4} La ONU, como institución internacional con «personalidad jurídica propia», ha sido «puenteada» continuamente por EEUU, cuando le ha interesado, y sus Resoluciones incumplidas sistemáticamente, siempre y cuando no sean como la 1441, que da a entender, o no –dicen otros– que se puede utilizar la «fuerza» contra el dictador irakí.

{5} ¡Como si no fuera «humano» el análisis científico y filosófico del concepto de las guerras y sus relaciones con la política, precisamente para conseguir mejores y mayor cantidad de Tratados de Paz!

Agir en conformité avec la nature profonde du politique

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Agir en conformité avec la nature profonde du politique

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Parmi les causes qui expliquent la crise du politique dans notre pays, il y a sans conteste la méconnaissance de la nature profonde du politique. Une méconnaissance qui touche, et c’est bien normal, la population tout entière, mais qui affecte aussi, plus curieusement, ceux qui s’engagent en politique, qu’ils soient simples adhérents ou élus. Ligne droite estime donc nécessaire que les militants de la droite nouvelle soient initiés à ce qui fait la spécificité du politique et donc à sa nature profonde.

La définition du politique : garantir le bien commun de la cité

Le terme de politique est construit à partir de polis, le mot grec qui désignait la cité État. Aussi le politique est-il l’art et la pratique du gouvernement des sociétés humaines. Il a pour but de garantir leur survie et de faire prévaloir l’intérêt général, c’est-à-dire plus globalement d’œuvrer au bien commun. Aujourd’hui en France cet objectif est largement perdu de vue car  les intérêts privés liés aux minorités comme au marché prennent le pas sur l’intérêt public. Une situation qui résulte de l’individualisme radical sécrété par l’idéologie libérale/libertaire du Système et dans laquelle, les individus étant seuls à exister, le bien commun disparaît, le politique s’efface et le chaos s’installe.

Les fondements du politique : un peuple, une terre, une loi

Le politique n’a en effet pas  sa place partout. Pour qu’il y ait politique, il faut que trois conditions soient réunies. Un peuple d’abord, car l’homme est par nature un être social et, à ce titre, il est voué à vivre en société. «Hors de la cité, l’homme est une bête ou un dieu», disait Aristote. Aussi doit-il vivre avec ses semblables au sein d’un peuple, c’est-à-dire d’une collectivité homogène de personnes ayant une histoire commune et la volonté de la prolonger dans le temps.

Mais il faut aussi une terre, car c’est en fonction du sol qu’il a conquis et dont il a hérité qu’un peuple s’organise, vit et se développe. Tant il est vrai que la civilisation qu’il construit dépend largement des liens qu’il établit avec sa terre.

Enfin, une loi, car attaché à son sol, le peuple définit les règles qui lui permettent de vivre le plus harmonieusement possible en garantissant, au-delà des modes et des circonstances, les conditions de sa survie.

Sans ces trois impératifs, il n’est pas de politique possible. Un peuple sans terre ou une terre sans loi ou encore une terre sans peuple, constituent autant de configurations d’où la dimension politique est exclue. Aussi est-il essentiel que la France conserve ces trois fondements. Car si demain, en raison de l’idéologie mondialiste du Système, notre pays n’était plus qu’un hexagone où vivraient des individus étrangers les uns aux autres, il ne pourrait plus connaître les bienfaits de la régulation politique. Aussi, en ignorant les fondements du politique, le Système qui nous dirige risque-t-il de faire sombrer la France dans le chaos.

La nature du politique : le commandement et l’obéissance

Le politique est par ailleurs défini par l’impératif du commandement et de l’obéissance. Deux notions qui peuvent paraître aujourd’hui brutales et déconnectées des sociétés contemporaines. Et, pourtant, dans tous les régimes, que l’organisation institutionnelle soit autoritaire ou démocratique, le politique passe par le commandement. C’est-à-dire par une relation hiérarchique à travers laquelle une volonté particulière exerce sa puissance sur les autres. Et loin d’être une forme d’autoritarisme d’un autre âge, cette réalité d’ordre politique s’avère à la fois nécessaire et bénéfique car c’est par la puissance de cette volonté propre au commandement que se forme l’unité politique d’une nation. En ce sens la puissance est positive puisqu’elle unifie et ordonne. Aussi est-il essentiel que celui qui exerce le commandement dispose de la puissance car, quelle que soit la source de sa légitimité, c’est elle qui lui permet d’agir, de rassembler, de mettre en ordre et de créer une harmonie.

La crise du politique qui affecte aujourd’hui notre pays s’explique largement par l’effacement de ce principe. Limités dans leur pouvoir par les médias, les juges, les eurocrates et la super classe mondiale, les dirigeants de la France manquent de puissance pour assurer leurs fonctions politiques. Dès lors, l’unité de la nation se fissure et le désordre apparaît. Un désordre d’autant plus marqué que, dans le même temps, le principe d’obéissance se trouve lui aussi affaibli.

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Or, le politique exige l’obéissance. Une obéissance qui ne s’apparente nullement à une soumission ou à un rapport d’inférieur à supérieur. Car il n’y a rien d’arbitraire dans cette relation mais seulement l’acceptation des règles et obligations qui s’imposent à tous dans l’intérêt commun. Là encore, la crise du politique conduit à une remise en cause de ce principe d’obéissance, lequel sera d’ailleurs d’autant moins observé que le commandement ne sera plus respecté.

Le champ du politique : le public et le privé

Le domaine du politique est de plus caractérisé par la bonne articulation entre la sphère privée et la sphère publique. La première concerne l’individu dans ses relations avec ses semblables, qu’elles soient d’ordre familial, économique, associatif ou autre. Quant à la seconde, elle relève de tout ce qui concerne la sécurité, l’ordre et l’harmonie de la collectivité, c’est-à-dire la poursuite du bien commun.

Le politique, qui est en charge de la sphère publique et d’elle seule, doit donc veiller à la séparation des deux sphères. Car si le domaine du politique se trouve occupé par des éléments illégitimes ou si, au contraire, le politique interfère dans ce qui n’est pas de son ressort, si donc il y a interpénétration des deux sphères, le politique se trouve dénaturé et le désordre s’installe.

C’est là encore ce que l’on observe dans la France d’aujourd’hui avec un État qui envahit la sphère privée, s’occupant de régenter de A à Z la vie quotidienne des Français pendant que, de l’autre côté, des fonctionnaires, des financiers ou des journalistes s’immiscent dans les affaires publiques pour dicter leur loi à nos dirigeants. Une dénaturation du politique qui est l’une des causes majeures du déclin de notre pays.

L’essence du politique : l’ami et l’ennemi

Le politique est enfin d’essence conflictuelle. Son rôle est de traiter les antagonismes et de trancher les conflits. Aussi la notion d’ennemi est-elle indissolublement liée au politique. Encore faut-il dans ce domaine établir une distinction fondamentale entre deux catégories d’ennemis. Une distinction que les Romains avaient consacrée par l’usage de deux mots différents : inimicus et hostis. L’inimicus est l’ennemi privé, celui que l’on peut se faire dans sa vie personnelle et auquel on voue souvent des sentiments aussi passionnels qu’irrationnels. L’hostis désigne de son côté l’ennemi collectif, celui qui menace la nation, ses intérêts ou ses ressortissants. Il s’impose quant à lui pour des raisons objectives et c’est bien sûr de ce type d’adversaire que traite le politique.

Car le politique se distingue avant tout comme l’activité humaine régie par les relations conflictuelles entre amis et ennemis. Si la morale est le domaine du bien et du mal, l’art celui du beau et du laid, le politique est par excellence le domaine de l’ami et de l’ennemi.

Là encore, cette notion peut paraître dure et brutale mais elle doit cependant être nuancée car, si le critère spécifique du politique tient à sa nature polémique, le but du politique n’est pas de susciter des hostilités mais de vaincre l’ennemi pour faire régner la concorde et l’harmonie. Pour autant, il importe d’être lucide et de savoir désigner son ennemi car, si on ne le fait pas, lui le fera et se placera dès lors en position de supériorité.

De même, il est impératif de ne pas mélanger morale et politique. Car, à vouloir appliquer les règles de la morale au domaine politique, on abandonne celles qui sont spécifiques du politique et on multiplie les erreurs. Et, là encore, de telles erreurs sont régulièrement commises par les dirigeants de notre pays. N’est-ce pas en effet au nom de la morale qu’ils imposent aux Français d’accueillir toujours plus de migrants, alors que les règles du politique devraient au contraire les conduire à les en préserver pour sauvegarder l’identité et l’intégrité de notre peuple ?

On le voit, la plupart des graves problèmes que connaît notre nation sont dus à une méconnaissance de l’essence même du politique. C’est donc aussi en réhabilitant le politique au sens noble du terme que la droite nouvelle pourra assurer le redressement de notre nation et de notre civilisation.

vendredi, 17 mai 2019

Michel Maffesoli: “L’entre-soi médiatico-politique”

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Michel Maffesoli: “L’entre-soi médiatico-politique”

 

Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne et membre de l’Institut, analyse les raisons du fossé qui s’est établi entre le peuple et les élites. La classe médiatico-politique semble s’être repliée sur elle-même et vit dans l’entre-soi. Pourquoi n’est-elle pas capable d’entrer en empathie avec le peuple ? Comment cette rupture a-t-elle été consommée ?

N’est-ce point le mépris vis-à-vis du peuple, spécificité d’une élite en déshérence, qui conduit à ce que celle-ci nomme abusivement « populisme » ? L’entre-soi, particulièrement repérable dans ce que Joseph de Maistre nommait la « canaille mondaine » – de nos jours on pourrait dire la « canaille médiatique » –, cet entre-soi est la négation même de l’idée de représentation sur laquelle, ne l’oublions pas, s’est fondé l’idéal démocratique moderne. En effet, chose frappante, lorsque par faiblesse on cède aux divertissements médiatiques, ça bavarde d’une manière continue dans ces étranges lucarnes de plus en plus désertées. Ça jacasse dans ces bulletins paroissiaux dont l’essentiel des abonnés se recrute chez les retraités. Ça gazouille même dans les tweets, à usage interne, que les décideurs de tous poils s’envoient mutuellement.

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La verticalité du pouvoir.

L’automimétisme caractérise le débat, national ou pas, que propose le pouvoir – automimétisme que l’on retrouve dans les ébats indécents, quasiment pornographiques, dans lesquels ce pouvoir se donne en spectacle. Pour utiliser un terme de Platon, on est en pleine théâtrocratie, marque des périodes de décadence. Moment où l’authentique démocratie, la puissance du peuple, est en faillite.

Automimétisme de l’entre-soi ou auto-représentation, voilà ce qui constitue la négation ou la dénégation du processus de représentation. On ne représente plus rien, sinon à courte vue, soi-même. Cette Caste on ne peut plus isolée, en ses diverses modulations – politique, journalistique, intellectuelle –, reste fidèle à son idéal « avant-gardiste », qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un prétendu bien du peuple.

Cette Caste on ne peut plus isolée, en ses diverses modulations – politique, journalistique, intellectuelle –, reste fidèle à son idéal « avant-gardiste », qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un prétendu bien du peuple.

Une telle verticalité orgueilleuse s’enracine dans un fantasme toujours et à nouveau actuel : « Le peuple ignore ce qu’il veut, seul le Prince le sait » (Hegel). Le « Prince » peut revêtir bien des formes, de nos jours celle d’une intelligentsia qui, d’une manière prétentieuse, entend construire le bien commun en fonction d’une raison abstraite et quelque peu totalitaire, raison morbide on ne peut plus étrangère à la vie courante.

Ceux qui ont le pouvoir de dire vitupèrent à loisir les violences ponctuant les soulèvements populaires. Mais la vraie « violence totalitaire » n’est-elle pas celle de cette bureaucratie céleste qui, d’une manière abstruse, édicte mesures économiques, consignes sociales et autres incantations de la même eau en une série de « discours appris » n’étant plus en prise avec le réel propre à la socialité quotidienne ? N’est-ce pas une telle attitude qui fait dire aux protagonistes des ronds-points que ceux qui détiennent le pouvoir sont instruits, mais non intelligents ?

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Le monopole de la parole.

Ceux-là même qui vitupèrent et parlent, quelle arrogance !, de la « vermine paradant chaque samedi », ceux-là peuvent-ils comprendre la musique profonde à l’œuvre dans la sagesse populaire ? Certainement pas. Ce sont, tout simplement, des pleureuses pressentant, confusément, qu’un monde s’achève. Ce sont des notables dans l’incapacité de comprendre la fin du monde qui est le leur. Et pourtant cette Caste s’éteint inexorablement.

Au mépris vis-à-vis du peuple correspond logiquement le mépris du peuple n’ayant plus rien à faire avec une élite qu’il ne reconnaît plus comme son maître d’école. Peut-être est-ce pour cela que cette élite, par ressentiment, utilise, ad nauseam, le mot de « populisme » pour stigmatiser une énergie dont elle ne comprend pas les ressorts cachés.

Le bienfait des soulèvements, des insurrections, des révoltes, c’est de rappeler, avec force, qu’à certains moments « l’hubris », l’orgueil d’antique mémoire des sachants, ne fait plus recette. Par là se manifeste l’important de ce qui n’est pas apparent. Il y a, là aussi, une théâtralisation de l’indicible et de l’invisible. Le « roi clandestin » de l’époque retrouve alors une force et une vigueur que l’on ne peut plus nier.

L’effervescence sociétale, bruyamment (manifestations) ou en silence (abstention) est une manière de dire qu’il est lassant d’entendre des étourdis-instruits ayant le monopole légitime de la parole officielle, pousser des cris d’orfraie au moindre mot, à la moindre attitude qui dépasse leur savoir appris.

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Le lieu fait lien.

Manière de rappeler, pour reprendre encore une formule de Joseph de Maistre, « les hommes qui ont le droit de parler en France ne sont point la Nation ».

Qu’est-ce que la Nation ? En son sens étymologique, Natio, c’est ce qui fait que l’on nait (nascere) ensemble, que l’on partage une âme commune, que l’on existe en fonction et grâce à un principe spirituel. Toutes choses échappant aux Jacobins dogmatiques, qui, en fonction d’une conception abstraite du peuple, ne comprennent en rien ce qu’est un peuple réel, un peuple vivant, un peuple concret. C’est-à-dire un peuple privilégiant le lieu étant le sien.

Les Jacobins dogmatiques, en fonction d’une conception abstraite du peuple, ne comprennent en rien ce qu’est un peuple réel, un peuple vivant, un peuple concret.

Le lieu fait lien. C’est bien ce localisme qui est un cœur battant, animant en profondeur les vrais débats, ceux faisant l’objet de rassemblements, ponctuant les manifestations ou les regroupements sur les ronds-points. Ceux-ci sont semblables à ces trous noirs dont nous parlent les astrophysiciens. Ils condensent, récupèrent, gardent une énergie diffuse dans l’univers.

C’est bien cela qui est en jeu dans ces rassemblements propres au printemps des peuples. Au-delà de cette obsession spécifique de la politique moderne, le projet lointain fondé sur une philosophie de l’Histoire assurée d’elle-même, ces rassemblements mettent l’accent sur le lieu que l’on partage, sur les us et coutumes  qui nous communs.

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L’émotion et la solidarité.

C’est cela le localisme, une spatialisation du temps en espace. Ou encore, en laissant filer la métaphore scientifique, une « einsteinisation » du temps. Etre-ensemble pour être-ensemble sans finalité ni emploi. D’où l’importance des affects, des émotions partagées, des vibrations communes. En bref, l’émotionnel.

Pour reprendre une figure mythologique, « l’Ombre de Dionysos » s’étend à nouveau sur nos sociétés. Chez les Grecs, l’orgie (orgè) désignait le partage des passions, proche de ce que l’on nomme de nos jours, sans trop savoir ce que l’on met derrière ce mot : l’émotionnel. Emotionnel, ne se verbalisant pas aisément, mais rappelant une irréfragable énergie, d’essence un peu mystique et exprimant que la solidarité humaine prime toutes choses, et en particulier l’économie, qui est l’alpha et l’oméga de la bien-pensance moderne. Que celle-ci d’ailleurs se situe à la droite, à la gauche, ou au centre de l’échiquier politique dominant.

L’émotionnel et la solidarité de base sont là pour rappeler que le génie des peuples est avant tout spirituel. C’est cela que, paradoxalement, soulignent les révoltes en cours. Et ce un peu partout de par le monde. Ces révoltes actualisent ce qui est substantiel. Ce qui est caché au plus profond des consciences. Qu’il s’agisse de la conscience collective (Durkheim) ou de l’inconscient collectif (Jung). Voilà bien ce que l’individualisme ou le progressisme natif des élites ne veut pas voir. C’est par peur du Nous collectif qu’elles brandissent le spectre du populisme.

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L’organique contre le mécanique.

Paul Valéry le rappelait : « Ce n’est pas sur ce qu’ils voient, mais sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger les hommes ». C’est bien sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger la Caste agonisante des notables établis : incapacité de repérer l’invisible à l’œuvre dans le corps social, incapacité à apprécier l’instinct naturel qui meut, sur la longue durée, la puissance populaire.

On est, dès lors, dans la métapolitique. Une métapolitique faisant fond comme je l’ai indiqué sur les affects partagés, sur les instincts premiers, sur une puissance au-delà ou en-deçà du pouvoir et qui parfois refait surface. Et ce d’une manière irrésistible. Comme une impulsion quelque peu erratique, ce qui n’est pas sans inquiéter ceux qui parmi les observateurs sociaux restent obnubilés par les Lumière (XVIIIe siècle) ou par les théories de l’émancipation, d’obédience socialisante ou marxisante propres au XIXe siècle et largement répandues d’une manière plus ou moins consciente chez tous les « instruits » des pouvoirs et des savoirs établis.

C’est bien sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger la Caste agonisante des notables établis : incapacité de repérer l’invisible à l’œuvre dans le corps social, incapacité à apprécier l’instinct naturel qui meut, sur la longue durée, la puissance populaire.

En son temps, contre la violence totalitaire des bureaucraties politiques[1], j’avais montré, en inversant les expressions de Durkheim, que la solidarité mécanique était la caractéristique de la modernité et que la solidarité organique était le propre des sociétés primitives. C’est celle-ci qui renaît de nos jours dans les multiples insurrections populaires. Solidarités organiques qui, au-delà de l’individualisme, privilégient le « Nous » de l’organisme collectif. Celui de la tribu, celui de l’idéal communautaire en gestation. Organicité traditionnelle, ne pouvant qu’offusquer le rationalisme du progressisme benêt dont se targuent toutes les élites contemporaines.

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Vers une tradition dynamique !

Oui, contre ce progressisme dominant, on voit renaître les « instincts ancestraux » tendant à privilégier la progressivité de la tradition. La philosophie progressive, c’est l’enracinement dynamique. La tradition, ce sont les racines d’hier toujours porteuses de vitalité. L’authentique intelligence « progressive », spécificité de la sagesse populaire, c’est cela même comprenant que l’avenir est un présent offert par le passé.

C’est cette conjonction propre à la triade temporelle (passé, présent, avenir) que, pour reprendre les termes de Platon, ces « montreurs de marionnettes » que sont les élites obnubilées par la théâtrocratie sont incapables de comprendre. La vanité creuse de leur savoir technocratique fait que les mots qu’ils emploient, les faux débats et les vrais spectacles dont ils sont les acteurs attitrés sont devenus de simples mécanismes langagiers, voire des incantations qui dissèquent et règlementent, mais qui n’apparaissent au plus grand nombre que comme de futiles divertissements. Les révoltes des peuples tentent de sortir de la grisaille des mots vides de sens, de ces coquilles vides et inintelligibles. En rappelant les formes élémentaires de la solidarité, le phénomène multiforme des soulèvements est une tentative de réaménager le monde spirituel qu’est tout être-ensemble. Et ce à partir d’une souveraineté populaire n’entendant plus être dépossédée de ses droits.

Les révoltes des peuples rappellent que ne vaut que ce qui est raciné dans une tradition qui, sur la longue durée, sert de nappe phréatique à toute vie en société. Ces révoltes actualisent l’instinct ancestral de la puissance instituante, qui, de temps en temps, se rappelle au bon souvenir du pouvoir institué.

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Le bon sens populaire.

Voilà ce qui, en son sens fort, constitue le génie du peuple, génie n’étant, ne l’oublions pas, que l’expression du gens, de la gente, c’est-à-dire de ce qui assure l’éthos de toute vie collective. Cet être-ensemble que l’individualisme moderne avait cru dépassé ressurgit de nos jours avec une force inégalée.

Mais voilà, à l’encontre de l’a-priorisme des sachants, a-priorisme dogmatique qui est le fourrier de tous les totalitarismes, ce génie s’exprime maladroitement, parfois même d’une manière incohérente ou se laissant dominer par les passions violentes. L’effervescence fort souvent bégaie. Et, comme le rappelle Ernest Renan : « Ce sont les bégaiements des gens du peuple qui sont devenus la deuxième bible du genre humain ».

Cet être-ensemble que l’individualisme moderne avait cru dépassé ressurgit de nos jours avec une force inégalée.

Remarque judicieuse, soulignant qu’à l’encontre du rationalisme morbide, à l’encontre de l’esprit appris des instruits, le bon sens prend toujours sa source dans l’intuition. Celle-ci est une vision de l’intérieur. L’intuition est une connaissance immédiate, n’ayant que faire des médias. C’est-à-dire n’ayant que faire de la médiation propre aux interprétations des divers observateurs ou commentateurs sociaux. C’est cette vision de l’intérieur qui permet de reconnaître ce qui est vrai, ce qui est bon dans ce qui est, et, du coup, n’accordant plus créance au moralisme reposant sur la rigide logique du devoir-être.

Du bien-être individuel au plus-être collectif.

C’est ainsi que le bon sens intuitif saisit le réel à partir de l’expérience, à partir du corps social, qui, dès lors, n’est plus une simple métaphore, mais une incontournable évidence. Ce que Descartes nommait l’« intuition évidente » comprend ainsi, inéluctablement, ce qui est évident.

Dès lors ce n’est plus le simple bien-être individualiste d’obédience économiciste qui prévaut, mais bien un plus être collectif. Et ce changement de polarité, que l’intelligentsia ne peut pas, ne veut pas voir, est conforté par la connaissance collective actualisant la « noosphère » analysée par Teilhard de Chardin, celle des réseaux sociaux, des blogs et autres Tweeters. Toutes choses confortant un « Netactivisme » dont on n’a pas fini de mesurer les effets.

Voilà le changement de paradigme en cours dont les soulèvements actuels sont les signes avant-coureurs. On comprendra que les zombies au pouvoir, véritables morts-vivants, ne peuvent en rien apprécier la vitalité quasi-enfantine à l’œuvre dans tous ces rassemblements. Car cette vitalité est celle du « puer aeternus » que les pisse-froids nomment avec dégoût « jeunisme ». Mais ce vitalisme juvénile[2], où prédomine l’aspect festif, ludique, voire onirique, est certainement la marque la plus évidente de la postmodernité naissante.

Michel Maffesoli

[1] Michel Maffesoli, La Violence totalitaire (1979), réédité in Après la Modernité, CNRS Éditions, 2008, p.539.

[2] La jeunesse n’étant bien sûr pas un problème d’âge, mais de ressenti, ce que traduit bien le mythe fédérateur de la postmodernité qu’est le Puer aeternus

Syndicats : soumission ou révolution ? Conférence de Louis Alexandre

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Syndicats : soumission ou révolution ?  Conférence de Louis Alexandre

Louis Alexandre. Rédacteur de la revue Rébellion. Militant pour un socialisme révolutionnaire et patriote.
 

lundi, 13 mai 2019

Le théoricien de la très grande Europe

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Le théoricien de la très grande Europe

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Comme lors de la chronique de février dernier, il ne sera pas aujourd’hui question d’une figure européenne, mais d’une personnalité déjà évoquée à l’occasion de la deuxième chronique en date du 31 janvier 2017, à savoir Jean Thiriart (1922 – 1992).

La sortie en 2016 dans la collection « Qui suis-je ? » chez Pardès de Thiriart par Yannick Sauveur suscita un regain de curiosité autour de ses idées. Jusqu’alors, on ne disposait que d’Un Empire de quatre cents millions d’hommes, l’Europe. La naissance d’une nation, au départ d’un parti historique chez Avatar sorti en 2007. Paru à l’origine en 1964, cet essai qui présente quelques points toujours actuels par exemple « pas de liberté politique individuelle sans indépendance économique personnelle (p. 108) » n’en demeure pas moins daté.

Ne disposer que de ce seul ouvrage aurait été préjudiciable pour l’activisme grand-européen si les excellentes éditions nantaises Ars Magna n’avaient pas produit un fantastique effort de publication sur et autour de Jean Thiriart. Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart (2018, 484 p., 32 €) contient des entretiens (dont un, célèbre, avec Juan Peron en exil à Madrid), des articles de Thiriart ainsi que quatre textes sur lui. L’empire qui viendra (2018, 168 p., 28 €) comprend une préface de Claudio Mutti, un entretien méconnu de Thiriart en 1987 et divers textes géopolitiques. L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin (2018, 191 p., 28 €) se compose, en dehors de quelques entretiens, d’articles du milieu des années 1980 et la version écrite d’une fameuse discussion à Moscou en août 1992 avec Egor Ligatchev, responsable d’une faction conservatrice au sein du Parti communiste russe. S’y trouvent aussi des notes d’un essai inachevé consacré à un hypothétique ensemble euro-soviétique. À la fin de l’année 2018 est cependant paru aux Éditions de la plus grande Europe L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin, préfacé et annoté par Yannick Sauveur (2018, 337 p., 25 €), soit la version intégrale d’esquisses parfois bien avancées.

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Il est indéniable que Jean Thiriart soutenait des positions hétérodoxes au sein de l’anticonformisme intellectuel. Athée résolu, ce faustien – il préférait cependant le terme de « prométhéen » – affirme sans ambages que « le politique, c’est la gestion intelligente de l’homme tel qu’il est, pour ce qu’il est. C’est un effort qui doit tendre à une société cohérente, solidaire, cohésive, efficace, en évolution constante (version de Yannick Sauveur, p. 164) ».

Cet infatigable militant qui connut l’aisance professionnelle et la quiétude privée ne cessa d’agir en faveur d’une union géopolitique continentale paneuropéenne réelle. Reconnaissant volontiers sa dette à l’égard du penseur libéral Vilfredo Pareto, ce lecteur attentif de Machiavel considérait que « l’Union soviétique a hérité du destin historique de la principale puissance continentale (version d’Ars Magna, p. 96) ». Dès 1979, il salue l’intervention de l’Armée Rouge en Afghanistan. Dans « L’Union soviétique dans la pensée de Jean Thiriart », José Cuadrado Costa le range parmi les nationaux-bolcheviks, ce qui est quelque peu réducteur. Jean Thiriart savait dépasser les clivages, y compris au sein des droites radicales.

Rares sont en effet ceux qui effectuent à ces temps de relance de la Guerre froide « une critique positive de l’URSS (version de Yannick Sauveur, p. 185) » et pensent que « l’agrandissement de l’URSS vers Dublin et Cadix relève de la perspective historique (Idem, p. 188) ». Jean Thiriart croît que « l’Empire euro-soviétique sera une construction géopolitique parfaite comme le fut l’Empire romain, comme l’était la première République pour Sieyès. Conception de géohistorien chez moi, dénuée de toute passion (Id., p. 69) ». Il regrette en revanche que l’Union soviétique n’ait pas annexé après 1945 la Pologne, la Roumanie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Allemagne de l’Est, etc. La Bulgarie a failli devenir en 1979 une 16e république soviétique… « La forme grand-européenne exige plusieurs modifications des concepts ou habitudes mentales communistes, écrit Jean Thiriart : la stupide et dangereuse théorie des nationalités (multi-nationalités) doit faire place à la supranationalité, l’Empire (version d’Ars Magna, p. 66). »

Il parie enfin que « l’Empire euro-soviétique – une nécessité pour l’URSS – ne sera pas possible en l’absence d’un nouveau concept, celui d’imperium euro-soviétique. Il se charpente autour de deux règles : la garantie de l’« omnicitoyenneté » et l’État-Nation extensif grâce à un “ nationalisme politique ” (“ peuple politique ” opposé en tant que tel à peuple racial, à peuple linguistique, à peuple religieux, à peuple culturel, etc.) (version de Yannick Sauveur, p. 223) », ce qui implique à l’instar du modèle républicain laïque assimilationniste français qu’il ne cesse d’admirer une forme restreinte de cosmopolitisme, voire un mondialisme relatif et partiel, dans le cadre d’un grand espace continental représenté par cette République impériale euro-soviétique.

Remarquable doctrinaire grand-européen, Jean Thiriart s’inspirait finalement de l’exemple national et républicain turc. Son vœu le plus cher aurait-il été de devenir le Mustapha Kemal Atatürk de la très grande Europe ?

Au revoir et dans quatre semaines pour une chronique consacrée à une nouvelle grande figure européenne.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique diffusée le 23 avril 2019 à Radio Courtoisie dans le cadre du « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.