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mercredi, 22 avril 2020

Économie : En territoire inconnu

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Économie : En territoire inconnu
par Hervé Juvin
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

Économie : En territoire inconnu

Wall Street a connu début avril sa meilleure semaine depuis… 1938 ! Au moment même où les États-Unis annonçaient un nombre record d’inscriptions au chômage : 16 millions ! Malgré l’extension mondiale de la pandémie de Covid19, la paralysie d’un nombre croissant d’économies et la réduction du commerce international, de l’ordre de 30 %, ni les produits de taux, ni les actions n’ont subi les conséquences de la crise en proportion des effets attendus sur les résultats des entreprises, à l’exception des valeurs directement impactées ; tourisme, aéronautique, etc.

Les marchés lead l’économie

Que se passe-t-il ? Aucun hasard dans cet apparent paradoxe, aucune raison non plus d’en appeler à la ritournelle de ceux qui veulent que tout ça n’ait aucun sens, que les marchés aient perdu toute utilité, et qu’il suffise de fermer les Bourses, d’interdire le versement des dividendes, et accessoirement de nationaliser les entreprises. Les Cassandre finissent toujours par avoir raison, elles ne savent ni quand ni pourquoi, ce qui les rend dérisoires.

Mieux vaut regarder en face les trois faits révolutionnaires qui changent tout ce que nous croyions savoir sur les marchés.

D’abord, ce ne sont plus les chiffres d’affaires et les résultats qui font les mouvements des valeurs d’actifs, c’est l’action des Banques centrales. Business ne fait plus-value. Ceux qui croient encore que les sociétés privées dirigent le monde doivent y réfléchir. Depuis un mois, les États décident du versement des dividendes et des rachats d’action, les États décident de l’implantation des usines et des autorisations de vente à l’étranger ou d’importation de produits industriels, et les États décident de la vente ou non d’entreprises privées à d’autres entreprises privées, le blocage de la vente de Photonis à Télédyne en France en donnant un bon exemple !

Nous sommes loin de l’abandon d’Alcatel, d’Alstom, de Morpho-Safran, de Technip, des Chantiers de l’Atlantique, etc. Et ceux qui croient encore que les marchés s’autorégulent doivent abandonner leurs illusions ; les banques centrales ont tiré la leçon de 2008, elles savent que les marchés s’autorégulent encore moins qu’ils ne sont transparents et équitables, et elles en tirent la conséquence ; à elles de faire les prix de marché — pour le meilleur ou pour le pire, c’est une autre histoire !

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L’endettement

Ensuite, la Nouvelle Politique Monétaire (NPM) et son application signifient que l’émission de monnaie est devenue le vrai moteur des économies, et que tout peut être fait, rien ne doit être exclu, qui assure le maintien des valorisations boursières. Les banques centrales sont le premier acteur de l’économie nouvelle. Les marchés ont été nationalisés ; ou, plutôt, les marchés financiers sont devenus trop importants pour les laisser à la confrontation des acheteurs et des vendeurs. Le citoyen avait disparu, effacé par le consommateur, le consommateur disparaît, effacé par l’investisseur, devenu l’acteur central de la société globale, ou par son symétrique, le consommateur endetté, État ou particulier, qui doit avoir la certitude, non de rembourser ses dettes, ne rêvons pas, mais de pouvoir s’endetter davantage !

Nous sommes passés d’un univers dans lequel le crédit bancaire et les aides d’État déterminaient l’activité, au monde dans lequel la valorisation boursière commande la propriété et in fine décide de l’activité du crédit. Quelle Nation pourrait accepter que les plus belles entreprises nationales soient rachetées à vil prix parce que les cours de leurs actions ont baissé ? Trois solutions : la nationalisation, à la fois suspecte et coûteuse ; l’interdiction par la loi, qui trouve vite ses limites géopolitiques ; le soutien des cours. D’où cette conviction appliquée, il faut faire tout ce qu’il faut pour que les valorisations demeurent élevées, et progressent, c’est la condition de la stabilité économique ! La surabondance monétaire booste les cours des actions. Est-ce la nouvelle règle du jeu ?

Enfin, c’en est fini de la diversité des anticipations, cette fiction convenable des marchés où les prix étaient le résultat de l’appréciation du risque, et des anticipations d’acteur divers par leurs horizons de gestion, leurs objectifs de rendement, leur appétence pour le risque, etc. Jamais la détention d’actions n’a été aussi massivement concentrée entre les mains des 1 % de « superriches » — aux États-Unis, de toute leur histoire ! Et jamais la concentration des pouvoirs (ou la confiscation de la démocratie) n’a joué aussi manifestement pour protéger les super-riches contre tout événement fâcheux, et leur garantir la poursuite accélérée de leur enrichissement !

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Les banques centrales sont prêtes à tout

Les données publiées par le site « Zerohedge » indiquent plus de 16 000 milliards de dollars ont été engagées par la FED pour sauver les banques américaines, leurs actionnaires et leurs dirigeants, de la faillite et de ses conséquences judiciaires pour les uns, financières pour les autres ! Ce qu’elles n’indiquent pas, c’est ce phénomène bien connu et si bien exploité ; la surrèglementation nourrit l’hyperconcentration. Seuls, les très gros, très riches et très forts bénéficient des seuils réglementaires et normatifs qui excluent les plus petits, plus faibles, moins riches.

Le temps est venu de ranger au bazar des accessoires défraîchis les enseignements de l’économie classique sur la fabrication des prix et les racontars sur « la concurrence libre et non faussée » que nul n’a jamais rencontrée nulle part ailleurs que dans les manuels d’économie et les discours de la Commission européenne à la Concurrence ! Les marchés actions doivent progresser, les Banques centrales en sont garantes, et on ne gagne jamais contre les banques centrales, c’est bien connu ! Voilà qui met à bas tout ce que nous croyions savoir sur les politiques de gestion d’actifs. Les politiques de gestion raisonnables, différenciées, basées sur les fondamentaux des entreprises ou des États n’ont plus de sens quand ce sont les injections de liquidités et les politiques de rachat de tout et n’importe quoi par les banques centrales qui font les cours. S’il est une conclusion à tirer de l’énormité des engagements des banques centrales, Fed comme BCE, c’est bien qu’elles sont prêtes à acheter n’importe quoi pour que la musique continue !

Dans ces conditions, le couple risque-rentabilité qui dirigeait les allocations d’actifs raisonnées n’est plus de saison. La sélection des titres est un exercice vain. Tout simplement parce que la partie « risque » s’est évanouie, ou que l’action des banques centrales fait qu’il est impossible de l’évaluer. Il n’y a plus de prix pour le risque, ce qui interroge au passage sur le nouveau tour du capitalisme et le sens du mot « entrepreneur ». La logique est : qui va bénéficier des actions de la FED et du Congrès, de la BCE et des décisions du Conseil et de l’Eurogroupe ?

La richesse ne vient plus du travail

Au moment d’entrer en territoire inconnu, que conclure ? D’abord, essayer de comprendre les règles du « new normal ». Les règles ne sont pas les mêmes, ce qui ne signifie qu’il n’y a pas de règles ; elles sont nouvelles, c’est tout. Ensuite, s’efforcer de prévoir l’évolution dans le temps de ces règles et de leurs impacts, leur nouveauté même pouvant réserver toutes les surprises. Enfin, reconnaître l’intérêt de la France, et faire en sorte que la France sorte gagnante d’un jeu qui fera des gagnants et des perdants.

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Sauver l’effet richesse, c’est la nouvelle règle du chef d’orchestre. La richesse dans les pays riches ne vient plus du travail, mais de la détention ou de l’attraction du capital (cas exemplaire des start-up qui ne sont riches ni de produits, ni de clients, ni de chiffre d’affaires, mais du capital qu’elles lèvent sans limites, et qu’elles consomment également sans limites ; voir Uber, Tesla, etc. !) Et voilà comment des compagnies aériennes américaines qui ont racheté pour 45 milliards de leurs propres actions (soit 96 % de leur cash flow disponible) pour enrichir leurs actionnaires demandent… 54 milliards d’aides au gouvernement pour ne pas faire faillite (Boeing a suivi la même politique, consacrant la totalité de son cash flow disponible en dix ans au rachat de ses propres actions et demande également le sauvetage par l’argent public) !

Le compromis entre le capital et le travail a été rompu dans les années 1990 pour être remplacé par un compromis entre les détenteurs du capital et les banques centrales ; il ne s’agit plus de partager des gains de productivité, il s’agit de s’enrichir sans fin ! Il ne s’agit plus de redouter une « stagnation séculaire » de la croissance dans les pays riches, il s’agit d’assurer l’enrichissement des plus riches par la création monétaire déversée sur les marchés d’actifs ! Ce ne sont plus les plus vulnérables qui sont protégés, ce sont les plus riches qui peuvent se servir. Il est permis d’espérer, mais ce n’est pas demain que le monde du travail retrouvera les leviers qui lui avaient permis de négocier le partage des gains de productivité qu’assurait l’industrie — d’ailleurs, il n’y a plus chez nous ni industrie ni gains de productivité ! Pour s’en convaincre, et contrairement à tout ce que suggèrent la situation actuelle et la célébration méritée du courage des soignants, des gendarmes et des policiers, des caissières et des livreurs, il suffit de regarder où va l’argent émis par les banques centrales ; les marchés ont l’argent, les soignants ont l’ovation de 20 heures aux fenêtres chaque soir ! Paradoxalement, la pandémie marque un nouveau bond en avant du capitalisme libéral. Certains peuvent rêver que ce soit le dernier.

L’Europe laissée de côté pour le véritable affrontement

Éviter la confrontation au réel et ruiner l’adversaire, c’est le jeu du moment. Un jeu impitoyable dans la confrontation des faibles aux forts. La Chine est annoncée grande gagnante de l’épreuve actuelle. Attendons. Il serait paradoxal que le pays d’où est parti la pandémie, qui l’a probablement aggravé par sa politique de censure des informations critiques, ou simplement des mauvaises nouvelles, et par le retard mis à en reconnaître le caractère expansif et non maîtrisé, en tire un bénéfice géopolitique et financier, mais nous sommes installés en plein paradoxe (le fait qu’une chose et son contraire puissent être affirmés en même temps est caractéristique de la situation présente, c’est-à-dire du chaos cognitif et de la confusion mentale) ! Attendons pour en juger de voir quels engagements en faveur de la relocalisation massive de nos productions stratégiques seront effectivement tenus.

Tout indique que les États-Unis se détournent de l’Europe pour engager la confrontation avec le pays qu’ils jugent leur premier adversaire du XXIè siècle, une confrontation dont tout indique qu’elle mobilisera la gamme entière des stratégies non conventionnelles et des armes non militaires, les moyens de paiement, les systèmes d’information et les attaques biologiques constituant quelques-uns des moyens d’un arsenal varié. Bitcoin, 5G, biotech — nous n’avons encore rien vu des ressources que la monnaie et la finance de marché peuvent mobiliser pour appauvrir l’ennemi, pour diviser l’ennemi, pour obliger l’ennemi à composer.

Plus besoin des canonnières du commodore Perry pour obliger un pays à s’ouvrir et à se plier ! Au choix, on considérera les milliers de milliards de dollars mis sur la table par la FED depuis ces dernières années comme une arme de destruction massive pour les détenteurs de papier libellé en dollar, ou pour le système financier occidental lui-même… les paris sont ouverts ! Et on sera attentif au projet attribué au macronisme de confier la gestion des réserves d’or de la France à une banque américaine ; après le pillage d’Alstom, le pillage de la Banque de France ? Pendant la pandémie, le hold-up continue !

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Protéger le patrimoine national et l’activité nationale devient une priorité pour chaque État. C’est la priorité de la France. La sécurité monétaire, la sécurité économique et patrimoniale, s’imposent au premier rang des enjeux de sécurité globale. Derrière les soubresauts boursiers, les risques de prise de contrôle de tel ou tel fleuron technologique ou industriel sont multipliés. Derrière la suppression de la monnaie papier, les enjeux de contrôle, de détournement, et de vol, sont gigantesques. Derrière la naïveté avec laquelle les administrations européennes prétendent se moderniser en substituant au papier et au guichet l’Internet obligé se cache mal l’exploitant américain ou chinois et un retour au temps des colonies, quand quelques compagnies privées, aventureuses et pirates, se partageaient des continents.

Et qu’en sera-t-il si le traçage individuel grâce aux données collectées à partir des téléphones portables se justifie par des motifs sanitaires pour devenir la règle imposée à toute la population, au bénéfice des prestataires qui s’en félicitent déjà ? La pandémie n’arrête pas les (bonnes) affaires d’Atos et de ses concurrents (écouter à ce sujet sur RTL l’étonnant discours du commissaire européen Thierry Breton, ex-PDG d’Atos, ouvrant sereinement la voie au contrôle numérique de la population européenne !) Derrière l’échappée belle de toutes les règles budgétaires de rigueur imposées par l’Union, s’annonce une course qui fera des gagnants et des perdants.

La France doit saisir dans la pandémie une bonne occasion de rompre avec les contraintes que l’Union européenne impose aux choix nationaux, à la protection du marché national, à la préférence pour les entreprises nationales. La France doit utiliser au maximum les facilités qui sont offertes par la BCE, par un mécanisme européen de solidarité (MES) débarrassé de toute conditionnalité, par le fonds européen de relance annoncé.

Elle doit le faire au profit des entreprises françaises, des projets français, de l’indépendance de la France – et sauver les entreprises familiales du commerce et de la restauration, contre les ambitions prédatrices des chaînes mondiales de « malbouffe ». Elle doit mobiliser toutes les capacités que l’Union européenne peut offrir dans son propre intérêt, comme l’Allemagne, comme les Pays-Bas, comme les autres Nations le font. Et elle doit plus encore considérer les marchés financiers pour ce qu’ils sont, un outil à la disposition de qui choisit de s’en servir. Voilà qui n’invalide pas le rôle des marchés, mais qui le transforme.

Tout simplement parce que nous sortons du monde du bon père de famille qui savait que rembourser des dettes enrichies. Dans le nouveau monde, non seulement les dettes ne seront jamais remboursées, mais celui qui s’enrichit est celui qui peut émettre le plus de dettes. Dans le nouveau monde, ce ne sont plus des créanciers exigeants et sourcilleux qui achètent la dette, ce sont des banques centrales d’autant plus accommodantes qu’elles jouent elles-mêmes leur survie — au cours des dernières semaines, la nouvelle Présidente de la BCE, Christine Lagarde, l’a bien compris !

Et l’impensable arrive. La France de 2020 doit savoir s’enrichir de sa dette et mobiliser sans freins la dépense publique, si elle sait l’employer à relocaliser son industrie, à relancer une politique territoriale qui commence par le soutien au secteur de l’hôtellerie, de la restauration familiale et du petit commerce, à relancer de grands projets (le second porte-avion, le cloud français ?) et à réduire le coût du financement de son économie, l’exemple allemand étant sur ce sujet à méditer.

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Mieux vaut danser en cadence quand s’arrêter donne le vertige. Les colonnes du temple européen s’effondrent les unes après les autres, de Maastricht à Schengen, ce n’était que des colonnes en papier. Mais que l’entreprise privée, libre de sa stratégie, que les marchés concurrentiels où se forment les prix, que l’allocation des capitaux selon le rapport rendement-risque disparaissent par la magie complaisante des banques centrales, voilà qui mérite attention ; ce sont cette fois les bases du libéralisme qui sont mises à mal. Certains diront ; changeons de partition ! D’autres diront plus simplement ; tant que la musique joue, il faut continuer à danser, seuls ont tort ceux qui pensent d’en tirer en s’isolant dans leur coin. Mais la seule question qui compte est tout autre ; vaut-il mieux être celui qui joue dans l’orchestre, celui qui danse sur la piste, ou celui qui agite son mouchoir sur le quai en regardant partir le Titanic, tous pavillons flottant au vent ?

Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 13 avril 2020)

mardi, 21 avril 2020

Resisitiré…. a la dictadura del régimen del 78

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Resisitiré…. a la dictadura del régimen del 78

Eduardo Núñez

En estos días de pandemia, algunos se han referido al cierre de fronteras y las medidas extraordinarias adoptadas por los gobiernos citando recurrentemente la celebérrima fórmula schmittiana sobre la manifestación fáctica del verdadero poder soberano, que es quien decide sobre la excepcionalidad. En realidad, Carl Schmitt no aludía con esto al recurso por parte de los Ejecutivos a los poderes excepcionales o de emergencia previstos en las Constituciones, cuyo ejercicio está acotado a predeterminadas circunstancias de gravedad o alteración de la normalidad jurídico-política, como resulta de la crisis sanitaria del Covid-19, sino al estado de excepción, algo mucho más profundo y vasto en su obra que remite al propio concepto de lo político.

Puestos a seguir con el genial politólogo y jurista alemán, sorprende que en estos momentos de tanta excepcionalidad, en coherencia con lo anterior, no se haya reparado en traer a colación también una temática que cobra plena vigencia y a la que este teórico de la democracia dedicó su atención: la dictadura como forma de gobierno emanada, precisamente, de la máxima excepción. La dictadura, institución clásica de Roma, rescatada con las revoluciones liberales y democráticas de los siglos XVIII y XIX, ha pervivido a lo largo de la historia bajo diversos regímenes, fueran liberal-parlamentarios, autocráticos, autoritarios o puramente totalitarios de un signo u otro e implantadas con carácter transitorio o con vocación de permanencia. Y parece que, por todo lo que estamos presenciando, no es una forma lejana y arrumbada en el tiempo, sino que retorna bajo el pretexto de lucha contra el coronavirus.

Los poderes de emergencia tasados en las Constituciones, llamados estados de excepción, implican una suspensión o restricción provisional de alguno de los derechos garantizados en éstas ante una situación grave o extraordinaria prevista en la norma con la finalidad de defender la propia Constitución o en pos de un bien superior. Por ejemplo, proteger la salud pública ante una pandemia.

Sin embargo, el enfoque schmittiano de estado excepcional no debe confundirse con los mencionados estados de excepción constitucionales, aunque se solape con ellos. La excepción es la condición para que irrumpa en el momento de crisis, de alteración del orden existente, el soberano quien es el mismo que decide sobre la excepcionalidad para enfrentar la amenaza que quiebra la normalidad y regularidad jurídica. Lo cual presupone el acto político por excelencia, que es la previa designación del “enemigo”, sin el cual no puede existir la excepción, comunidad política ni lo propiamente político. La excepción se decide contra el hostil que amenaza el orden normativo preestablecido.

Así, la suprema excepción que implica la suspensión general del orden jurídico significa la imposición transitoria de una dictadura cuya finalidad puede ser el restablecimiento del orden preexistente, una vez conjurado el peligro existencial o, como suele mostrar la historia de forma más habitual, una dictadura sin posibilidad de regreso a la regularidad anterior, sino a la instauración constituyente de un nuevo orden.

Un ataque sin precedentes del Régimen contra los derechos y las libertades

no.pngEl gobierno de coalición del PSOE y Unidas Podemas decretó el estado de alarma, que es el más leve y limitado dentro de los tres estados de excepción, graduados de menor a mayor restricción de derechos, del artículo 116 de la Constitución del régimen del 78 (alarma, excepción y sitio) y además, permite eludir el control parlamentario, cuya actuación se ciñe a convalidar los decretos de estado de alarma que pueden ser prorrogados ilimitadamente. Ahora bien, bajo el decreto dictado por el ejecutivo para combatir al “enemigo”, el Covid-19, y escudados en las recomendaciones de un comité científico y expertos médicos se ha suspendido de facto derechos y libertades que, bajo ningún concepto, están contemplados en la previsión del estado de alarma, el cual, entre otras medidas, solo permite la posibilidad de restringir la libre circulación en determinados lugares y a determinadas horas. Así, de un plumazo se ha confinado a toda la ciudadanía en sus domicilillos y se ha impuesto un toque de queda permanente que supone un flagrante atentado contra derechos y libertades, incluso de los denominados como fundamentales, tales como el de reunión, libertad de circulación, residencia, reunión y manifestación. Con las medidas de “hibernación” de la economía, de parón forzoso de casi todas las actividades, se ha vulnerado el derecho al trabajo y el de libertad de empresa. Por la vía de hecho, se ha suspendido la ley de transparencia, contribuyendo al apagón informativo que además sostienen cadenas y medios de prensa regados con dinero público; a lo que se suman las encuestas sesgadas del CIS, un organismo público puesto al servicio del gobierno de forma burda y descarada. Qué decir de los rastreos promovidos en internet y redes sociales por el Ministerio de Interior bajo la coartada de contrarrestar los “ciber-bulos” y localización de discursos sobre la infección que puedan ser considerados peligrosos e incluso punibles; y otras medidas del ente público RTVE, como verifica RTVE también para la neutralización de supuestos “fake news”, atentando con todo  lo anterior contra el derecho a la información, a la vez que se imponen subrepticiamente mecanismos de censura y se coarta el derecho a la libertad de expresión.

Cuanto menos, si no solo resulta inquietante la monitorización del confinamiento vía geolocalización de móviles, supone además una violación del derecho a la intimidad y al secreto en las comunicaciones de la ciudadanía.

A lo que se sumarían otras iniciativas liberticidas en el mundo entero, como la acometida motu proprio por WhatsApp para limitar el reenvío masivo de mensajes, que no puede ser interpretada de otra manera que como un medio indiscriminado para censurar preventivamente la propagación, llegado el caso, de mensajes subversivos a través de esta aplicación propiedad de Facebook, cuyas relaciones de colaboración con la agencias norteamericanas de seguridad e inteligencia NSA y CIA son sobradamente conocidas.

Estamos ante una suspensión generalizada de derechos y libertades anti-jurídica, conculcando la propia norma que rige al régimen del 78, y por tanto ante la emergencia de una dictadura de facto, con una deriva despótica. No es un golpe de estado partidista de corte bolivariano como pretende cierta derecha casposa, sino la dictadura del mismo régimen del 78 al completo, dada la solícita asistencia de todos los partidos al Ejecutivo por acción u omisión, reyertas de banderías aparte.

Está por ver si lo excepcional devolverá en algún momento la normalidad anterior a la pandemia o, por el contrario, como puede intuirse por la envergadura de las actuaciones excepcionales impuestas en España, y en buena parte del mundo con el confinamiento masivo de poblaciones, se está jalonando el camino hacia una nueva “normalidad” que instituirá en lo cotidiano el cercenamiento de derechos y libertades. Máxime para reforzar los mecanismos de control de conflictividad y represión social de una población noqueada de antemano por el coronavirus ante la gran crisis económica global del liberal –capitalismo que es una realidad cuyos efectos devastadores para España pronostican, para empezar, una espeluznante caída del 15% del PIB y tasas de desempleo superiores al 20%, con el consiguiente bucle infernal de repunte de déficit y deuda públicas, deterioro y devaluación de las condiciones socio-económicas de la ciudadanía y de la vida en general

“Resistiré”

Si bien, con carácter anecdótico, puede haber algunos pocos, muy pocos, periodistas y juristas en España que comienzan a cuestionar tímidamente y de pasada algunos aspectos del estado de alarma, no puede hablarse de ninguna reacción significativa por parte de nuestros compatriotas frente a la vulneración de sus derechos y libertades bajo este estado de alarma impropio que algunos sí denunciamos desde el primer momento. A diferencia, por ejemplo, de otros países, tales como Estados Unidos en los que hay protestas contra las medidas de confinamiento o Alemania, cuyo Tribunal Constitucional ha fallado a favor de unos ciudadanos que pretendían manifestarse en la vía pública.

Nuestros queridos compatriotas pueden seguir endulzando su confinamiento, sometido a vigilancia policial y, a veces también bajo el escrutinio de vecinos chivatos vocacionales presentes en todas las dictaduras y estados policiales, con el jolgorio en los balcones, el trágala de las consignas oficiales y participar de las convocatorias de las 20h, los catárticos “2 minutos del odio” orwellianos, reconvertidos en aplausos acríticos de adhesión a la gestión gubernamental de una calamidad, así como atiborrarse de los amables reportajes de sainetes vecinales de entrañables y conmovedores gestos solidarios que emiten constantemente los informativos, junto a series de entretenimiento e infinidad de conciertos online.

“Resistiré” es el himno oficial de la dictadura del Covid-19. Pero resistencia es también la consigna que los españoles deben interiorizar frente a esta dictadura cuyos resultados nos abocan a una catástrofe sin parangón.

Eduardo Núñez

Der größte Crash aller Zeiten: Deutschland am Scheideweg

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Torsten Groß:

Der größte Crash aller Zeiten: Deutschland am Scheideweg

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Einer der klügsten Köpfe Deutschlands legt nach: Nach Der Draghi-Crash (2017), Wenn schwarze Schwäne Junge kriegen (2018) und Verzockte Freiheit (2019), allesamt Bestseller, hat der Ökonom und Risikomanager Markus Krall, ein neues, 300 Seiten starkes Buch mit dem Titel Die bürgerliche Revolution vorgelegt. Sein Untertitel ist Programm: »Wie wir unsere Freiheit und unsere Werte erhalten«.

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Im ersten Teil seines Buches zeigt Krall, der sich selbst als libertär einordnet, welche Entwicklungen die bürgerlich-freiheitliche Ordnung in Europa und Deutschland bedrohen. In komprimierter und auch für Laien verständlicher Form erläutert Krall die fatalen Folgen, die von der planwirtschaftlichen Geldpolitik der Notenbanken für Wachstum und Wohlstand unserer Gesellschaft ausgehen. Dieser vom Autor so bezeichnete »Geldsozialismus«, der zu Lasten der Leistungsträger geht und seinen sichtbarsten Ausdruck in den Nullzinsen der EZB finde, führe unweigerlich zum Kollaps des monetären Systems und der Marktwirtschaft. Die politische Klasse billige den Kurs der Zentralbanken, um mit immer neuen Schulden die kurzfristigen Konsumwünsche der Bürger zu befriedigen und Wählerstimmen zu maximieren. Die herrschenden Eliten seien nicht in der Lage, den Menschen durch Aufklärung und geistige Führung das langfristig Notwendige zu vermitteln. Den tieferen Grund für dieses Versagen sieht Krall in der adversen ökonomischen Selektion des politischen Personals, die den Aufstieg rückgratloser Opportunisten ohne intellektuelle Befähigung begünstige.

Der absehbare wirtschaftliche Zusammenbruch werde am Ende auch die Demokratie zerstören, ist sich Krall sicher, und führt als historisches Beispiel die Weimarer Republik an. Dieses Szenario werde begünstigt durch die Aushöhlung der Herrschaft des Rechts und die defizitär ausgestaltete Gewaltenteilung in Deutschland, was der Autor beispielhaft an der Institution des Bundesverfassungsgerichts und seiner Rechtsprechung festmacht. Letztlich versagten aber alle drei Gewalten – Exekutive, Legislative und Jurisdiktion – bei ihrer vom Grundgesetz vorgegebenen Aufgabe, die konstitutionelle Ordnung zu schützen und die Rechte der Bürger zu wahren.

Scharfe Kritik übt Krall an den Kirchen, die zu einem »Wurmfortsatz des Staates« verkommen seien und sich dem linken Zeitgeist angebiedert hätten. Ihre Funktionsträger schwiegen zum Konsumterror, zur Auflösung von Ehe und Familie, zu Pornographie und Abtreibung. Stattdessen beteilige man sich an der Abschaffung der freiheitlichen Ordnung, obwohl die ihr ideengeschichtliches Fundament gerade im christlichen Glauben finde. Die Folge, so Krall, sei »die tiefgreifendste Erosion des Glaubens in unserer Gesellschaft, die je stattgefunden hat«. Das Führungsversagen der Kirchenoberen schaffe ein geistiges Vakuum, das sowohl von scheinwissenschaftlicher Propaganda mit religiösem Wahrheitsanspruch wie der Klimahysterie als auch dem Islamismus gefüllt werde.

35446679._SY475_.jpgEbenfalls hart ins Gericht geht Krall mit den Medien, die ihrer Rolle als »vierte Gewalt« zur Kontrolle der Mächtigen nicht mehr gerecht würden. Stattdessen fungierten sie als ein Erziehungsinstrument im Interesse der herrschenden Eliten, was besonders im Haltungsjournalismus zum Ausdruck komme, der nicht mehr zwischen Nachricht und Meinung unterscheide. Ziel sei es, das Publikum im politisch korrekten Sinn umzuerziehen. Dazu gehöre es auch, die Sprache zu manipulieren, indem bestimmte Begriffe als »Unworte« aus dem Diskurs verbannt oder usurpiert und mit neuen Bedeutungen aufgeladen werden. Krall nennt dafür einige Beispiele im Buch. Darüber hinaus würden ganze Themenkomplexe und unliebsame Meinungen in der öffentlichen und medialen Diskussion verunglimpft. Eine besonders unrühmliche Rolle bei dem Versuch, die destruktive Politik der Regierenden zu rechtfertigen, spiele der öffentlich-rechtliche Rundfunk, den der Bürger als Opfer der Indoktrination auch noch mit Zwangsgebühren finanzieren müsse. Gleichzeitig werde das Internet als freier Informations- und Diskussionskanal für kritische Bürger durch immer schärfere Gesetze und Zensurmaßnahmen beschränkt. Als Beispiele führt Krall das Netzwerkdurchsetzungsgesetz und den auf EU-Ebene beschlossenen Upload-Filter an.

Als ideologische Grundlage für die gesellschaftlichen Verwerfungen, die den Fortbestand der bürgerlich-freiheitlichen Gesellschaftsordnung gefährden, identifiziert Markus Krall den Kulturmarxismus. In ihm manifestiere sich die Herausforderung des Sozialismus in der Gegenwart, der für die Unfreiheit des Menschen stehe. Seine Merkmale seien die Feindschaft gegen Ehe und Familie, die Ablehnung des Privateigentums, die Verneinung der Freiheitsrechte des Individuums, der Hass auf die Religion und insbesondere das Christentum sowie die Zerstörung von Kunst, Kultur und Musik. In allen seinen historischen Ausprägungen – einschließlich der des Nationalsozialismus – habe der Sozialismus stets zu Massenmord und Genozid geführt, weshalb diese Ideologie ein Todeskult sei, der die Vernichtung der Menschheit zum Ziel habe. Krall beschreibt die »weichen« Methoden, mit denen die Kulturmarxisten versuchen, die Macht schrittweise an sich zu reißen, um danach zu den viel brutaleren Mitteln des Staatssozialismus überzugehen.

Für den Autor ist klar: Die Gesellschaften des Westens stehen vor einem Kampf um die Freiheit, sowohl gegen die Kräfte des Kulturmarxismus als auch des salafistischen Islamismus, der eine Spielart der sozialistischen Menschenfeindlichkeit sei. Wie dieser Kampf ausgehen wird, hängt nach Meinung von Krall entscheidend davon ab, ob die Leistungsträger der Gesellschaft bereit und in der Lage sind, die freiheitliche Kraft der bürgerlichen Revolution zu revitalisieren. Es gehe um Freiheit oder Knechtschaft. Das sei der epochale und unausweichliche Konflikt, den es zu bestehen gelte.

Im zweiten Teil seines Buches zeigt Markus Krall auf, mit welchen Strategien und Methoden es dem Bürgertum gelingen kann, diesen Kampf zu gewinnen. Der nahende Zusammenbruch des Geldsystems biete dabei die Chance zu einer grundlegenden Erneuerung, sofern es gelinge, den Menschen zu verdeutlichen, dass der Crash nicht die Folge von Markt-, sondern von Staats- und Politikversagen sei. Ziel müsse eine »Republik der Freiheit« basierend auf Bildung und Leistung sein, die Marktwirtschaft, Eigentum, Ehe und Familie, Religion, Individualität und christlich-europäischer Kultur verpflichtet sei. Krall entwirft den 100-Tage-Plan einer neuen freiheitlichen Regierung, der die Reaktivierung der Selbstheilungskräfte des Marktes zum Ziel hat, um die Folgen der jahrzehntelangen Misswirtschaft rasch zu überwinden.

Dem schließt sich ein umfassendes Konzept für die Reform des Grundgesetzes an, das von allen freiheitsfeindlichen Elemente bereinigt werden müsse. Krall will für Deutschland eine Reform an Haupt und Gliedern, die nicht nur die Wirtschaft, sondern alle Politikfelder umfassen soll.

Der Autor beschränkt sich dabei nicht auf Allgemeinplätze, sondern legt seine Vorstellungen zur Neugestaltung unserer Verfassungsordnung sehr konkret dar. Einige der Programmpunkte dürften kontroverse Diskussionen auslösen, etwa die Forderungen nach einer Mindestqualifikation für Amtsträger der Exekutive, der Abschaffung des Länderfinanzausgleichs und einem Goldstandard. Oder der Gedanke, ein Wahlkönigtum anstelle des heutigen, von den Parteien ausgekungelten Bundespräsidenten zu konstituieren.

Mit Die bürgerliche Revolution hat Markus Krall einen provokanten Debattenbeitrag vorgelegt, der es bereits kurz nach seinem Erscheinen in die Spiegel-Bestsellerliste geschafft hat. Zu Recht. Ein empfehlenswertes Buch für alle freiheitlich denkenden Zeitgenossen, denen die Zukunft Deutschlands nicht gleichgültig ist!

Bestellinformationen:

» Markus Krall: Die bürgerliche Revolution, 300 Seiten, 22,00 Euro – hier bestellen!

Samstag, 18.04.2020

lundi, 20 avril 2020

«Une annulation des dettes ne changera rien aux difficultés de l’Afrique» Entretien avec Caroline Galactéros

Entretien avec Caroline Galactéros*

paru dans le FigaroVox le 17/04/2020

Ex: http://www.geopragma.fr

FIGAROVOX.- Le chef de l’État s’est engagé à «effacer» une partie de la dette des pays africains, était-ce la meilleure manière d’aider ces pays face à la crise économique sans précédent qui guette le monde entier?

Caroline GALACTÉROS.- La France a décidé de réorienter une partie de son aide au développement à hauteur d’1,2 milliard d’euros pour alléger les dettes bilatérales de certains pays africains envers nous et renforcer les systèmes de soins, de recherche et de détection, notamment via les instituts Pasteur. Paris a par ailleurs poussé le Club de Paris, qui réunit les créanciers de l’Afrique, à déclarer un moratoire sur 20 des 32 milliards de dollars dus cette seule année, par 76 pays pauvres dont 40 africains. Il s’agit donc à ce stade d’un moratoire, non d’une annulation ni même d’un allègement ou d’un rééchelonnement. Par ailleurs, le FMI et la Banque mondiale ont eux aussi activé certains de leurs mécanismes pour pouvoir prendre en charge le service de la dette durant quelques mois ou prêter (comme d’ailleurs l’UE à hauteur de 20 milliards d’euros) aux pays africains dont le budget est très lourdement au service de la dette et qui risquent une trop grande fragilisation si la crise du coronavirus venait à les toucher massivement submergeant leurs structures sanitaires notoirement insuffisantes et souvent dépendantes de l’intervention humanitaire.

“Au regard du sous-équipement de notre système de soins, on peut imaginer l’incidence d’une propagation soudaine du Covid-19 en Afrique.”

Quand on voit le sous-dimensionnement et le sous-équipement de notre propre système de soins, alors que nous pérorions sur sa supériorité mondiale il y a encore quelques mois, on peut imaginer l’incidence d’une propagation soudaine du Covid-19 sur certains grands ou petits États africains. Pour l’heure, le continent est toutefois peu touché à l’exception de l’Algérie, de l’Égypte et de l’Afrique du Sud. Les pays les plus à risque sont paradoxalement les plus développés et ceux qui dépendent fortement du tourisme et du pétrole, deux ressources en chute libre. La crise économique liée à la pandémie menace au bas mot 20 millions d’emplois, pourrait priver les États africains d’un tiers de leurs recettes fiscales et faire chuter leur croissance d’au moins 1%, sans parler du fait que les économies africaines demeurent majoritairement informelles, ce qui rend le concept du confinement tout simplement impraticable.

De ce point de vue, Paris est donc une fois encore dans l’incantation généreuse, sans grands risques, mais aussi un peu décalée par rapport à la réalité des nouveaux équilibres de puissance et d’influence. L’initiative française masque mal la préoccupation grandissante qui est la nôtre. En appelant à l’annulation de la dette, Emmanuel Macron a aussi saisi l’opportunité, après son offensive européenne manquée sur la mutualisation des dettes européennes, de mettre une nouvelle fois LE sujet brûlant sur la table. Celui de notre propre dette que les vannes désormais grandes ouvertes de la création monétaire pour parer l’effondrement de l’économie nationale (et européenne) va rendre elle aussi ubuesque et de fait bientôt irremboursable! Un peu comme lorsqu’on veut poser une question personnelle à un psychologue et qu’on lui «demande conseil pour un ami».

Toutefois, cette salve de générosité envers l’Afrique correspond sans doute aussi à un élan plus large et partiellement sincère, que le tragique de la situation mondiale actuelle permet d’invoquer…sans trop y croire. En effet, la France est aussi en train de «tester» auprès des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, un texte appelant à une trêve mondiale des conflits en cours, tandis que la Russie a, de son côté, proposé son aide à l’Amérique. Donald Trump avait semblé prêter l’oreille. Crise du Pétrole oblige probablement. La Chine enfin a, à plusieurs reprises, appelé à l’unité du monde et au renforcement du multilatéralisme face à une menace qui vise la communauté humaine dans son ensemble.

“Les attaques sur la propagande des démocratures respirent la frustration et l’impuissance.”

Évidemment, comme pour les cargaisons de matériel sanitaire et médical livrées par la Russie à l’Italie ou par Pékin à l’Europe, on crie à la propagande et à l’instrumentalisation de la solidarité. Comment imaginer qu’il puisse exister, à côté d’un évident opportunisme et de la gestion bien comprise des intérêts nationaux, une once d’empathie ou de générosité gratuite dans l’action de ces démocratures? À mon sens, ces attaques sont à la fois puériles et contre-productives. Elles respirent la frustration et l’impuissance. Nous aimerions bien, nous aussi, être sortis de la tempête, avoir protégé nos populations, limité les pertes et remis notre appareil productif en branle, nous offrant le luxe de nous porter au secours des autres et de leur faire sentir combien ils dépendent de nous pour avoir abandonné leur souveraineté industrielle ou sanitaire…! Nous en sommes très loin. La crise du Coronavirus est une crise d’humanité. Elle révèle l’indifférence, la rapacité, l’absence d’appréhension globale de notre sort au-delà des envolées abstraites sur le multiculturalisme. C’est déjà le multilatéralisme qui est en morceaux et qu’il faudrait savoir ranimer.

N’est-ce pas la Chine qui est le plus gros créancier de l’Afrique?

En effet, la Chine détient environ 40% de la dette africaine: 145 milliards de dollars sur 365. Il faut savoir que cette dette n’est pas que publique, mais détenue partiellement par des fonds d’investissement, des banques, des entreprises privées. La Chinafrique n’est pas un mythe. La Chine achète l’Afrique depuis déjà près de 20 ans, sur les décombres de notre influence viciée par la repentance. L’absence de conditionnalité politique mise à son appui financier (il suffit de reconnaître l’existence d’une seule Chine pour être dans les clous) lui a assuré un immense succès qui lui fait posséder des pans entiers de l’économie de certains États ou parfois leur dette entière.

“La Chinafrique n’est pas un mythe.”

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Pékin n’a donc pas d’intérêt à annuler quoi que ce soit, mais à creuser plus encore son emprise économique et monétaire, comme d’ailleurs en Amérique latine. Le projet des Nouvelles Routes de la Soie y pourvoie notablement et vise à installer des têtes de pont notamment portuaires pour les produits chinois à destination des marchés locaux mais aussi européens. Il est d’ailleurs évident qu’au moment où se conclut ce «généreux» moratoire, de multiples contreparties en concessions minières, pétrolières agricoles doivent être négociées sans doute à des conditions léonines, contre le secours chinois (comme probablement contre celui des autres créanciers occidentaux du continent). La pandémie a juste accéléré la bascule en cours depuis plus d’une décennie du leadership global du monde vers l’Asie et chacun cherche à en tirer parti, ou du moins, à n’en point trop faire les frais.

Cette aide sera-t-elle suffisante?

Évidemment non. Ce n’est pas à la mesure des problèmes de l’Afrique qui sont endémiques. Rien ne garantit d’ailleurs qu’elle sera véritablement «fléchée» vers les bons usages et qu’elle ne disparaîtra pas au moins partiellement dans les poches de ses récipiendaires africains officiels. C’est un geste qui ne coûte pas grand-chose au Club de Paris au G20 et mais ne rapportera pas non plus beaucoup aux populations africaines.

“C’est un geste qui ne rapportera pas non plus beaucoup aux populations africaines.”

C’est à mon sens surtout un moyen d’espérer retarder les effets déstabilisateurs de la pandémie sur un continent surpeuplé dont nous voudrions en Europe qu’il fixe ses populations afin d’enrayer la perspective de flux migratoires à sens unique incontrôlables, et ce plus encore maintenant que nos propres populations vont par millions se retrouver hors de l’emploi et que les coûts économiques et sociaux de l’épidémie en Europe vont exploser.

La fermeture des frontières européennes a ralenti pour un temps la pression migratoire. Faut-il s’attendre à ce qu’elle s’intensifie dans les années qui viennent à cause de la crise?

Oui. D’abord car il faudrait une prise de conscience durable pour que l’espace Schengen demeure véritablement fermé, ce qui est impératif. Je rappelle que la France, tandis que la pandémie fait toujours rage, n’a toujours pas jugé bon de fermer ses frontières nationales avec ses voisins immédiats tandis que l’Allemagne ou l’Italie sont infiniment plus pragmatiques…Nos tabous européistes et idéologiques nous affaiblissent dans la réponse à la crise.

“Le pire en matière de pression migratoire est à venir.”

S’agissant de l’Afrique, le pire en matière de pression migratoire est donc à venir. À cause de la crise, à cause des guerres de déstabilisation suicidaires que nous soutenons toujours au Moyen-Orient sans voir qu’elles creusent au loin le lit de la déstructuration nationale. À cause aussi des questions environnementales qui affectent une Afrique déjà si structurellement frappée par les éléments. Plus encore que cette pandémie sans doute, le défi migratoire est et sera pour l’Europe le test de sa survie. Si elle ne sait pas comprendre que la souveraineté de ses membres et le rétablissement d’États lucides et solides au socle régalien assumé sont, non des handicaps, mais les conditions de sa renaissance comme ensemble qui compte, alors l’UE mourra progressivement de son européisme hors sol, de son allégeance mentale et stratégique naïve à une Amérique plus patriote et unilatéraliste que jamais, dont elle ne constitue en fait docilement que la profondeur stratégique continentale face à la Russie et face à la Chine. Pour survivre, et d’autant plus après ce coup d’arrêt économique, l’Europe va devoir réserver ses forces et ses moyens pour ses propres populations et valoriser la préférence communautaire dans tous les domaines. Pour reconstituer ses forces et ses équilibres, sans indifférence au reste du monde, mais sans vivre dans un permanent renoncement à elle-même. Ce sursaut ne sera possible qu’avec des gouvernants dotés de vision, de cohérence et de courage politique.

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

Du discrédit de la parole publique

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Du discrédit de la parole publique

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

Alors que l'Allemagne entreprend aujourd'hui, méthodiquement et franchement, son déconfinement, les représentants du meilleur système du monde, celui de l'Hexagone, s'exprimaient hier sur les ondes du service public. La longueur de leur communication n'a d'égal que le nombre de questions sans véritables réponses.

Humainement, on peut les plaindre de leur douleur, visible en ce moment, dans leur rôle de ministres, c'est-à-dire serviteurs, d'un État aussi lourd, aussi centralisé, aussi coûteux et en même temps aussi impuissant, hésitant et cafouilleux.

Mais, autant nous souffrons tous de cet étatisme, autant nos bons esprits faiseurs d'opinion suggèrent d'en guérir les maux par un surcroît d'étatisme.

Cette conférence de presse conjointe du Premier ministre et du ministre de la Santé présentait, sur tous les points, le mérite d'une certaine franchise, celle de sa propre obscurité. Les deux intervenants associés dans cette entreprise s'enlisaient en effet dans les nouveaux méandres de la parole publique.

Ils y étalaient donc à l'envi leurs propres incertitudes.

Deux heures pour lâcher, ce 19 avril, à peu près trois informations : la première pour annoncer que nous pourrons, c'est une bonne nouvelle, aller visiter ceux de nos aînés séjournant, dépendants, contraints, en fin de vie, dans des maisons de retraite ; la deuxième qu'il sera bientôt obligatoire de porter un masque dans les transports en commun et d'installer du gel dans les magasins – à condition de pouvoir se procurer masques et gels, idem pour les tests – sans garantie du gouvernement ; et enfin, confirmation, on ne sait toujours rien, après un mois de confinement et une semaine de tâtonnement, de ce qu'il en sera vraiment de la vie scolaire des enfants et de leurs vacances d'été.

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Pour le reste, débrouillez-vous dans le brouillard braves gens, mais attention aux gendarmes.

Une seule chose semble certaine : les bistrots seront totalement fermés et les écoles en partie ouvertes. Cette dernière décision, arrêtée en fait parce qu'il se révèle urgent de laisser les parents travailler, se veut prise en principe au nom de l'égalité des chances. Le discours présidentiel du 13 avril a fixé la doctrine sur ce point. Reste aux syndicats et aux bureaucrates de l'Éducation nationale de s'accorder sur sa mise en œuvre. Ils n'y sont pas encore parvenus.

Ainsi, la parole publique ne souffre pas seulement de l'incertitude propre au sujet.

Comment accepter un propos toujours si imprécis, sur la disponibilité des masques, ou des tests, nous contraignant de croire, par ailleurs à l'omnicompétence de notre bureaucratie ?

Comment se fier, pensera-t-on, à des experts qui se contredisent ?

Comment croire en un président de leur comité, si péremptoire face aux médias, le Delfraissy, obligé de reconnaître les larges pans de son ignorance quand il est auditionné par les Sénateurs le 15 avril ?

Le discrédit s'abat, plus encore, et de plus en plus massivement, depuis les authentiques mensonges proférés face à la crise.

Le 24 janvier, deux victimes du virus chinois étaient confirmées en France, sur des patients hospitalisés à Paris et Bordeaux. Ce jour-là, encore ministre de la santé, Agnès Buzyn déclare :
• 1° que "le risque d’importation depuis Wuhan est pratiquement nul";
• 2° que "le risque de propagation est très faible";
• 3° que "notre système de santé est bien préparé".

Trois affirmations totalement démenties par les faits

Le 17 mars, la même Buzyn affirme au Monde que, dès le mois de janvier, elle avait prévenu le Premier ministre de la gravité potentielle de l’épidémie de nouveau coronavirus. Autrement dit, si on la croit : d’une part le Gouvernement, informé du danger, n’aurait pas agi ; d’autre part, elle-même aurait sciemment cherché à tromper l'opinion.

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Le 27 janvier, le professeur Jérôme Salomon directeur général de la santé ose affirmer que "nous bénéficions en France d’un test rapide qui va être disponible de plus en plus largement sur le territoire dans les prochains jours".

Le 23 février, Olivier Véran, qui vient de succéder à Agnès Buzyn, annonce : "dans les hôpitaux de Paris, nous allons pouvoir être largement en mesure de répondre aux demandes, quelles qu’elles soient, de réalisation de tests".

Que vaut donc aujourd'hui, au pays de Voltaire et des servantes de Molière, la parole publique ?

Le 11 mai approche, et ce jour-là, devant le désastre, l'opinion et la rue, artificiellement endormies jusque-là, se réveilleront et pourront demander des comptes.

Le règne du mensonge appartient toujours, certes hors concours, aux héritiers de l'empire du communisme. Mais si nous ne voulons pas évoluer vers l'ombre mortifère du totalitarisme, il faut prendre conscience du danger, ici et maintenant, de la post vérité officielle.

 

JG Malliarakis  
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dimanche, 19 avril 2020

Pourrissement des élites : pour une analyse du cas français...

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Pourrissement des élites : pour une analyse du cas français...
par Denis Collin
Ex: http://www.metapoinfors.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Denis Collin, cueilli sur le site La Sociale et consacré à la décomposition accélérée des élites françaises. Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018) et Après la gauche (Perspective libres, 2018).

Pourrissement des élites

Pour une analyse du cas français

Il n’y a pas de société sans élite. Ce cons­tat est désa­gréa­ble pour tous ceux qui, comme moi, tien­nent l’égalité pour une vertu fon­da­men­tale. Mais c’est un fait. Nous ne pou­vons guère nous passer de chefs capa­bles de pren­dre des bonnes déci­sions sans trop ter­gi­ver­ser, de pen­seurs qui voient un peu plus loin que le bout de leur nez. Aucun État ne peut se passer d’un corps de fonc­tion­nai­res com­pé­tents, intè­gres et connais­sant les lois et les tech­ni­ques de l’admi­nis­tra­tion. Qu’on le veuille ou non, toutes ces tâches ne peu­vent être exer­cées par tous. Pour deve­nir un bon méde­cin, il faut beau­coup de temps et de connais­san­ces et per­sonne ne peut s’impro­vi­ser méde­cin.

Le pro­blème est bien connu : com­ment conci­lier l’idéal démo­cra­ti­que avec la néces­sité que les élites gou­ver­nent de fait. Il doit demeu­rer un libre jeu, conflic­tuel, entre le peuple et les grands, pour parler comme Machiavel. Les lois fon­da­men­ta­les doi­vent être adop­tées par le peuple tout entier et les élites doi­vent être élues par le peuple et doi­vent lui rendre des comp­tes. La répu­bli­que idéale n’a pas d’autres prin­ci­pes. Le pro­blème tient à ce que dans une société divi­sée en clas­ses socia­les aux inté­rêts diver­gents et même anta­go­nis­tes, les élites sont sélec­tion­nées par leur com­pé­tence, mais aussi et sur­tout par leur ori­gine sociale. Ceux d’en haut finis­sent en haut ! Vilfredo Pareto a consa­cré un tra­vail monu­men­tal à cette ques­tion en mon­trant les dif­fi­cultés de la sélec­tion des élites et la néces­sité de la cir­cu­la­tion des élites.

Si nous reve­nons main­te­nant à la situa­tion fran­çaise, il faut faire un cons­tat ter­ri­ble : celui de la décom­po­si­tion accé­lé­rée des élites. En rajeu­nis­sant le per­son­nel poli­ti­que et en contri­buant à l’éjection d’une bonne partie de la vieille classe poli­ti­que, le macro­nisme a mis en lumière l’extra­or­di­naire effon­dre­ment du niveau intel­lec­tuel des élites ins­trui­tes dans notre pays. La bêtise crasse, la vul­ga­rité, l’absence de tout sens moral et l’incom­pé­tence acca­blante domi­nent ces nou­vel­les élites, cette classe des « cré­tins éduqués » si bien carac­té­ri­sée par Emmanuel Todd. Chaque jour, pres­que chaque heure, un des per­son­na­ges haut placés du gou­ver­ne­ment pro­fère quel­que énormité qui va ali­men­ter les réseaux sociaux. La porte-parole du gou­ver­ne­ment, Sibeth Ndiaye excelle dans ce domaine, mais elle s’est tout sim­ple­ment mise dans les pas de son « Jupiter » dont les peti­tes phra­ses sur les gens qui ne sont rien, les chô­meurs qui n’ont qu’à tra­ver­ser la rue, etc. ont donné le ton géné­ral. Lallement et Castaner, Aurore Bergé et Amélie de Montchalin, Élisabeth Borne qui les a dépas­sées (les bornes) en niant la néces­sité pour les éboueurs d’avoir des mas­ques, cette dépu­tée LREM, méde­cin de son état, qui affirme que gou­ver­ne­ment a volon­tai­re­ment menti sur les mas­ques pour mieux obli­ger les Français à se laver les mains : la gale­rie des mons­tres n’en finit pas.

Trransformations sociales du mode de production capitaliste

Il serait absurde de penser qu’un hasard malen­contreux a permis à cette assem­blée de pren­dre le pou­voir. Contrairement à l’idée que 99 % des citoyens s’oppo­se­raient à 1 % de salo­pards, il faut admet­tre que la stra­ti­fi­ca­tion sociale, les modes de for­ma­tion et l’évolution tech­no­lo­gi­que ont pro­duit ces gens.

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La France, c’est bien connu main­te­nant et nous le véri­fions cruel­le­ment ces jours-ci, est un pays lar­ge­ment désin­dus­tria­lisé — à la dif­fé­rence de nos voi­sins alle­mands et ita­liens (on oublie que la deuxième puis­sance indus­trielle de l’UE n’est pas la France, mais l’Italie). La désin­dus­tria­li­sa­tion affai­blit le poids des élites scien­ti­fi­ques et tech­ni­ques. À l’époque des Trente Glorieuses, l’appa­reil d’État était dominé par les « grands corps » issus des pres­ti­gieu­ses écoles d’ingé­nieurs (Polytechnique, Mines, Ponts et Chaussées). Ces gens n’étaient for­cé­ment des modè­les d’huma­nisme ni d’huma­nité, mais au moins on peut pré­su­mer qu’ils savaient de quoi ils par­laient. En outre, leur exis­tence sociale dépen­dait de l’exis­tence d’une indus­trie forte et de la péren­nité des orien­ta­tions stra­té­gi­ques de l’État. L’orien­ta­tion vers les ser­vi­ces et le com­merce au détri­ment de l’indus­trie date de Giscard d’Estaing, grand euro­péiste. Elle sera pour­sui­vie par Mitterrand, en dépit de vel­léi­tés contrai­res entre 1981 et 1983 et par tous les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs depuis. Macron n’est que l’abou­tis­se­ment d’un héri­tage par­ti­cu­liè­re­ment lourd.

La délo­ca­li­sa­tion mas­sive de la pro­duc­tion vers les pays à bas coûts de main-d’œuvre se pro­jette dans l’ensem­ble du corps social. Les ouvriers et les tech­ni­ciens de l’indus­trie ont vu leurs effec­tifs fondre. Des pans entiers de l’indus­trie (tex­tile, sidé­rur­gie, électroménager) ont qua­si­ment dis­paru. Les auto­mo­bi­les « fran­çai­ses sont mas­si­ve­ment fabri­quées en dehors de nos fron­tiè­res, notam­ment pour les peti­tes cita­di­nes et gammes moyen­nes sur les­quel­les la marge de profit est plus faible quand elles res­tent fabri­quées en France. Est appa­rue une nou­velle classe moyenne supé­rieure de mana­gers, com­mer­ciaux, com­mu­ni­cants, DRH, etc. dont les com­pé­ten­ces tech­ni­ques et scien­ti­fi­ques sont net­te­ment moin­dres, mais dont l’arro­gance sur­passe bien vite les pires des anciens élèves de l’X. Cette classe moyenne supé­rieure mène une vie aisée. Ses enfants trus­tent les bonnes écoles. Elle parle sys­té­ma­ti­que­ment une langue qui mélange des restes de fran­çais avec le glo­bish. Elle com­porte plu­sieurs mil­lions d’indi­vi­dus. Certains sont direc­te­ment des pro­fi­teurs de ce nou­veau sys­tème et beau­coup d’autres sont seu­le­ment des aspi­rants, mais qui veu­lent y croire parce qu’ils pen­sent qu’ils le valent bien. Cette classe supé­rieure (entre la moyenne supé­rieure et la vrai­ment supé­rieure) est géné­ra­le­ment “pro­gres­siste” : elle aime le “high tech”, les voya­ges, la com­mu­ni­ca­tion et ne sou­haite pas trop s’encom­brer de res­tric­tions. Elle est aussi sou­vent sym­pa­thi­sante de la cause ani­male, et elle est favo­ra­ble au mul­ti­cultu­ra­lisme avec d’autant plus de fer­veur qu’elle vit dans ses pro­pres quar­tiers, notam­ment les cen­tres-villes “gen­tri­fiés”. Point commun : la haine des “gilets jaunes”, ces ploucs qui fument et rou­lent au gazole, comme l’avait dit un cer­tain ancien minis­tre, le sieur Benjamin Grivaux, dis­paru pré­ma­tu­ré­ment de la scène poli­ti­que pour avoir voulu faire concur­rence à Rocco Siffredi…

Des socio­lo­gues comme Christophe Guilluy ou des poli­to­lo­gues comme Jérôme Sainte-Marie ont com­mencé d’ana­ly­ser ces trans­for­ma­tions socia­les, mais c’est un tra­vail qu’il fau­drait pour­sui­vre afin d’en com­pren­dre toutes les impli­ca­tions.

L’éducation nouvelle et la fin de la culture générale

La culture géné­rale a tou­jours eu pour fina­lité la for­ma­tion intel­lec­tuelle des clas­ses domi­nan­tes. De Gaulle le disait clai­re­ment : “La véri­ta­ble école du com­man­de­ment est la culture géné­rale. Par elle, la pensée est mise à même de s’exer­cer avec ordre, de dis­cer­ner dans les choses l’essen­tiel de l’acces­soire (…) de s’élever à ce degré où les ensem­bles appa­rais­sent sans pré­ju­dice des nuan­ces. Pas un illus­tre capi­taine qui n’eût le goût et le sen­ti­ment du patri­moine et de l’esprit humain. Au fond des vic­toi­res d’Alexandre, on retrouve tou­jours Aristote.” Tout est dit ! C’est pour cette raison que le mou­ve­ment ouvrier tra­di­tion­nel a tou­jours reven­di­qué pour les pro­lé­tai­res l’accès à cette “école du com­man­de­ment”. Dans les écoles de for­ma­tion des partis “marxis­tes” on fai­sait lire Marx et Engels, mais aussi Balzac et Hugo. On y véné­rait l’his­toire autant que la poésie.

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À partir du moment où le gou­ver­ne­ment cède la place à la gou­ver­nance, où la com­mu­ni­ca­tion enva­hit tout le champ public autant que privé — ce qui com­mence au début du XXe siècle — la culture géné­rale authen­ti­que n’est plus d’aucune uti­lité. Symbolique : la sup­pres­sion de l’épreuve de culture géné­rale à l’entrée de Sciences Po Paris — une école “pres­ti­gieuse” qui depuis long­temps n’était le plus sou­vent que “science pipeau”. La poli­ti­que n’a plus besoin de culture, comme la direc­tion de l’indus­trie n’a plus besoin d’ingé­nieurs. Une classe diri­geante culti­vée peut être aussi cruelle et cyni­que qu’une classe diri­geante inculte — si la culture avait un rap­port quel­conque avec le bien, on le sau­rait. Mais une classe diri­geante inculte n’a aucun sens des pers­pec­ti­ves d’avenir, y com­pris de son propre avenir. L’ensei­gne­ment des vertus ayant com­plè­te­ment dis­paru, il ne peut plus en émerger quel­que grand homme, quel­que vision­naire.

Toutes les “réfor­mes” de l’école depuis 1968 ont eu comme prin­ci­pale fina­lité l’abais­se­ment du contenu des dis­ci­pli­nes ensei­gnées, entraî­nant l’indif­fé­rence crois­sante à l’idée de vérité objec­tive. Tout bon com­mu­ni­cant le sait : la vérité n’existe pas, elle n’est que ce que l’on par­vient à faire croire. La péda­go­gie n’est rien d’autre qu’une tech­ni­que de per­sua­sion. L’idée n’est pas neuve. Elle est propre au sys­tème tota­li­taire, ainsi que l’a bien montré Hannah Arendt — on peut lire avec profit son livre sur Du men­songe à la vio­lence. La fin de la culture géné­rale impli­que également la fin du rap­port au passé. Ce qui est ins­crit d’une manière ou d’une autre dans l’idéo­lo­gie du “pro­gres­sisme” s’impose avec d’autant plus de per­fi­die qu’on mul­ti­plie les com­mé­mo­ra­tions qui n’ont pas d’autre fin que de réé­crire le passé, comme le fait Winston dans 1984.

L’élite gou­ver­nante réunie der­rière la figure de Macron — on a main­tes fois raconté com­ment Macron a été choisi par l’élite tant étatique (ins­pec­tion des finan­ces) que capi­ta­liste — est à la fois inculte (il suffit d’avoir entendu Macron essayer de s’élever spi­ri­tuel­le­ment pour com­pren­dre pour­quoi il n’a pas passé l’agré­ga­tion de phi­lo­so­phie) et douée pour le bara­tin. Ils font tous imman­qua­ble­ment penser à un ven­deur de voi­tu­res d’occa­sion, ce qui est un peu injuste pour les ven­deurs de voi­tu­res d’occa­sion. Dans l’atti­tude de ces gens dans la crise du coro­na­vi­rus il y a une part d’affo­le­ment devant une situa­tion qui les dépasse, parce qu’il faut faire autre chose que de la com­mu­ni­ca­tion et que les manuels de réso­lu­tion de pro­blè­mes n’indi­quent pas la pro­cé­dure à suivre.

Ce qui atteint les clas­ses domi­nan­tes rejaillit sur les clas­ses domi­nées. On le sait depuis long­temps, ce sont sou­vent les intel­lec­tuels issus des clas­ses domi­nan­tes qui ont apporté leurs armes aux domi­nés. Marx et Engels n’étaient pas des gros pro­duc­teurs de plus-value ! Au lieu de ces mou­ve­ments des clas­ses domi­nan­tes vers les clas­ses popu­lai­res, nous avons aujourd’hui une “rébel­lion” orga­ni­sée, patron­née, finan­cée par les grands capi­ta­lis­tes qui y voient une oppor­tu­nité com­mer­ciale autant qu’une idéo­lo­gie par­fai­te­ment adé­quate à leur monde, les mou­ve­ments “anti-dis­cri­mi­na­tion” de tous les cin­glés de la Terre, fémi­niste 2.0, LGBTQ+++, déco­lo­niaux de tous poils et amis des isla­mis­tes qui trus­tent les postes à l’Université, orga­ni­sent les col­lo­ques les plus déments sur fonds publics et orga­ni­sent la chasse aux sor­ciè­res contre ceux qui gar­dent un peu de bon sens.

La destruction du sens moral

Ce qui a dis­paru, ainsi que l’a très bien montré Diego Fusaro, c’est la “cons­cience mal­heu­reuse”, c’est-à-dire l’exis­tence au sein de la classe domi­nante de la cons­cience de la contra­dic­tion entre les idéaux intel­lec­tuels et moraux au nom des­quels elle a ins­tauré sa domi­na­tion (liberté, égalité, fra­ter­nité) et la réa­lité de cette domi­na­tion. Tous ces res­sorts de la vie sociale qui expri­ment la “force de la morale” [1] ont été pro­gres­si­ve­ment sup­pri­més. Entre un mora­lisme puri­tain et anxio­gène et la des­truc­tion du “Surmoi” (au sens freu­dien), on aurait dû trou­ver une juste mesure. La cri­ti­que du mora­lisme s’est trans­for­mée en cri­ti­que de la morale et en apo­lo­gie du “style décom­plexé”. Sarkozy avait fait l’éloge de la “droite décom­plexée”. Que veut dire “être décom­plexé” ? C’est assez simple : mentir sans même avoir honte quand on se fait pren­dre la main dans le sac, n’avoir aucune com­pas­sion réelle pour les plus fai­bles, sauf, si c’est utile de mani­fes­ter une com­pas­sion feinte qui n’entraîne aucune action, mépri­ser ceux qui se trou­vent plus bas dans l’échelle sociale (les fameu­ses “gens qui ne sont rien”), et plus géné­ra­le­ment refu­ser toute contrainte d’ordre moral et consi­dé­rer que la réus­site en termes d’argent est le seul cri­tère qui vaille. Dans un tel monde, la cor­rup­tion et les passe-droits sont nor­maux. Un Benalla est pro­tégé et peut faire ce qu’il veut. Les titu­lai­res de fonc­tions poli­ti­ques se consi­dè­rent comme les pro­prié­tai­res des lieux qu’ils occu­pent — voir le couple Macron à l’Élysée. Cette pour­ri­ture se pro­page de haut en bas — la sou­mis­sion totale ou pres­que de la magis­tra­ture au pou­voir exé­cu­tif en est un exem­ple. “Le pois­son pour­rit par la tête” dit un pro­verbe.

Certes, rien de tout cela n’est vrai­ment neuf. Les scan­da­les émaillent la vie de toutes les répu­bli­ques. Mais ce qui est nou­veau, c’est qu’il n’y a même plus de scan­dale. L’immo­ra­lisme a pignon sur rue et ceux qui invo­quent la morale ne sont plus craints, mais trai­tés comme des niais incu­ra­bles, reli­quats du “monde d’avant”. On a léga­lisé l’eutha­na­sie obli­ga­toire pen­dant cette crise sani­taire sans qu’il y ait le moin­dre débat et sans qu’on entende la moin­dre pro­tes­ta­tion. La vie humaine a un coût, n’est-ce pas. Et si cela passe aussi faci­le­ment, c’est que les esprits sont pré­pa­rés depuis long­temps, parce que, depuis long­temps, règne le “tout est pos­si­ble” — un slogan dont Hannah Arendt avait montré qu’il est un des slo­gans du sys­tème tota­li­taire.

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Tous les pays d’Europe ne sont pas également atteints par ce mal qui décom­pose les élites fran­çai­ses. Le contrôle de la morale publi­que reste assez fort dans les pays pro­tes­tants d’Europe du Nord. Plus géné­ra­le­ment, le par­le­men­ta­risme aide à réfré­ner les déli­res des puis­sants, y com­pris dans un pays où la cor­rup­tion est endé­mi­que comme l’Italie. La France qui se pensa jadis comme le phare intel­lec­tuel et poli­ti­que de l’Europe, est aujourd’hui dans la pire des situa­tions. “Ma France”, celle de Jean Ferrat peine à sur­vi­vre sous le tas de fumier de la caste. Pourtant, il reste un peu d’opti­misme. Emmanuel Todd dit les choses à sa manière : les clas­ses supé­rieu­res ont bloqué l’ascen­seur social, donc les meilleurs éléments des clas­ses popu­lai­res res­tent “en bas” et donc logi­que­ment la bêtise se concen­tre en haut ! Voilà où est l’espoir.

Denis Collin (La Sociale, 5 avril 2020)

Note :

[1] Voir La force de la morale par Denis Collin et Marie-Pierre Frondziak, à paraître à l’automne 2020 aux éditions « Rouge et Noir ».

samedi, 18 avril 2020

Sécession du peuple ou sécession des élites ?

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Sécession du peuple ou sécession des élites ?         

Sur les illusions de la démocratie et le renouveau des élites

Irnerio Seminatore

Sécession du peuple ou sécession des élites?

Ce sont là les deux extrêmes du débat en cours sur la pratique et les illusions de la démocratie.

L'exemple le plus parlant de la sécession actuelle du peuple est, en France, le mouvement des "Gilets jaunes" et l'expression la plus contestée de la sécession des élites, l'émergence et l'accès au pouvoir de Macron, il "Valentino" de la Cinquième République, le "Borgia" des temps modernes.

La sécession du peuple ou de la plèbe, autrement dit, l'auto-institution d'un sujet sans statut politique en acteur de son destin, réclamant sa participation à la liberté et à la délibération politique, n'est pas d'aujourd'hui.

Mais c' est d'aujourd'hui sa parole publique, sa recherche de "sens" et sa dénonciation de la démocratie, orpheline du débat et de l'écoute du Prince.

D'où la révolte du peuple, semblable à celle des sans culottes parisiens et des jacobins anglais du XVII anglais.

menenio.jpgCependant, qu'on l'appelle sécession ou retrait de la vie publique, la "sécession" est toujours un moment de contestation du pouvoir, à partir de la république romaine et du retrait de l'Aventin (de 494 a.J.C.).

C'est un changement du personnel de gouvernement qui est réclamé, plébéien ou patricien, national ou globaliste!

Ce changement est aujourd'hui en cours en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne.

Les plébéiens ou néo-nationalistes contestent les patriciens, élitistes ou globalistes ,ou encore, néo-progressistes et ce renouveau se présente, à la surface, comme un changement de la représentation politique  et donc comme une crise de la démocratie moderne, tandis qu'il est, en son fond, un bouillonnement anti-système de la société en révolte et une crise de subversion, au relents violents.

Ce changement s'affiche publiquement comme une dénonciation des élites et de leur sécession.

C'est un changement de fond de l'ordre social, porteur d'insubordination et de révolte et il appartient comme tel, à l'histoire discontinue de la liberté politique.

Cependant il se range du côté des  mouvances identitaires et des droites néo-conservatrices et souverainistes et il est résolument contre les "divers gauches", cosmopolites et globalistes.

Le renouvellement des élites dirigeantes, qui est en cours partout en Europe,est signalée par le refus de l'égalitarisme et du gauchisme des élites privilégiées et par la révolte contre la  subordination atlantiste de  la politique nationale  et de celle-ci au modèle culturel de l'Amérique.

Dans le cadre de conceptions rénovées, s'affirme ainsi la conscience que les conflits ne naissent plus des idéologies désincarnées, mais de la politique d'affirmation néo-nationale et populaire.

A l'intérieur des pays occidentaux, les régimes démocratiques, laïcisés et ouverts, deviennent dépolitisés, obsolètes et totalitaires, tandis que les régimes anti-systèmes  se commuent en perturbateurs ou en révolutionnaires et sont ouvertement combattus, dénigrés et déstabilisés.

La Révolte néo-nationale contre la "Révolte des Élites"

Couv-avril-2019.jpgLa menace à l'ordre social a été perçue autrefois, comme une des réponses à la "Révolte des masses"(Ortega y Gasset-1930). Cette menace, venant de la social- démocratie, du marxisme théorique et de la révolution russe, fut à la racine d'une réflexion, sur la théorie des élites, représentée, autour des années 1920, par Pareto, Mosca et Michels, en réponse au dysfonctionnement du régime libéral et de son système parlementaire.

Qu'en est il aujourd'hui?
La sécession des élites précède-t-elle et explique-t-elle la "Sécession des masses"de nos jours?

Les mouvements souverainistes et populistes et les droites politiques en Europe s'inspirent elles des mêmes sources et des mêmes objectifs?

Christopher Lasch a analysé, aux États-Unis, au courant des années 1990, les raisons de fond de l'émancipation des "élites" du peuple et a essayé d'expliquer leur sécession, intellectuelle et morale, de l'ordre social existant.

En critique de fond du progressisme et d'une modernité, qui a rompu  toute forme de tradition et d’enracinement au profit du "melting pot", C.Lasch tâche de comprendre pourquoi les élites occidentales se sont  éloignées du peuple et ont fait sécession de leurs sociétés.

Ces élites, qui ne se limitent pas aux dirigeants politiques,se sont déconnectées de la réalité et méprisent les citoyens et les préoccupations des masses.

Or, la menace à l'ordre social vient désormais des élites globalistes et de leurs objectifs manichéens et guère de la révolte sociale.

La menace vient du rôle des médias,de l'idéologie des universités (le gauchisme), du  rapport à la religion, du sexisme,des  militants LGBT (la théorie du gendre) et  des fausses réponses données aux questions raciales.

51qEfNLwDrL._SX299_BO1,204,203,200_.jpg"La révolte des Élites" de C.Lasch(1993), marque désormais l'avènement de l'individualisme narcissique et met à nu les illusions de la démocratie.
Ainsi le problème n'est donc plus celui du dysfonctionnement du système politique, mais d'une profonde réforme de la société.

De la "révolte" à la "faillite des élites"

En effet une époque s'achève, celle du rationalisme moderne, matérialiste, technocratique et instrumental, qui avait perdu sa relation au "sens" de la vie et au tragique, la mort, conduisant à la finitude de l'aventure humaine, imbue du destin et des valeurs ancestrales.

Cette fin d'une époque et cette dégénérescence du tragique et de la finitude humaine est bien le sentiment dominant de notre temps de crise ou d'une transition qu'il faudrait définir désormais comme "La faillite des Élites"(M.Maffésoli).

Contre cette faillite les réalités actuelles nous font présager une énième et possible révolte des masses, autrement dit des soulèvements larges et diffus, que les intellectuels et les hommes politiques de droite annoncent et prévoient depuis longtemps.

Dans ce contexte, la perte de confiance dans le progressisme matérialiste et dans le système démocratique se manifeste partout en Europe par la fragmentation des partis politiques traditionnels. On ajoutera que le rejet des élites encourage les mouvements souverainistes et populistes à approfondir leur bataille et que l'insécurité grandissante aggrave la crainte d'une perte d'identité, due à une invasion migratoire massive.

Le triomphe du néo-nationalisme et du néo-conservatisme semble ainsi assuré de succès par la montée en puissance des droites européennes.

Ernst Lohoff, analyse clairement, dans une perspective critique, le ressentiment des citoyens contre l'UE et qualifie ce ressentiment de force historique.

Il rappelle que la gauche allemande surfe contre l'UE, à l'image de Podemos en Espagne et que l'égérie de Die Linke, Sahra Wagenknecht, avant garde du néo-nationalisme de gauche, identifie l'espace démocratique à l’État Nation et prône un globalisme décentralisé, comme base d'une utopie, qui demeure au fond passive et non pro-active.

V. Orban, Salvini, Marine le Pen, Vox et AfD, interprètent collectivement, bien que différemment les sentiments de révolte qui traversent la société européenne selon des clivages ethniques et religieux, d'autant plus intenses et profonds que la société a été forcée à devenir communautaire et tribale  et donc multiculturelle, multiconflictuelle et pré-moderne, encouragée et contrainte par des pouvoirs irresponsables.

La dissolution du corps politique est manifeste désormais par le vote "sur la loi d'urgence" en Hongrie, qui représenterait, au yeux de la Commission européenne,une dérive absolue des "valeurs européennes" et de l’État de droit, déjà périmées depuis longtemps.

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Le grand abus, égalitariste et mondialiste de la gauche radicale et du djihadisme compassionnel se poursuivra, à l'aide des globalistes occidentaux, par un  travail génocidaire et méthodique contre les peuples d'Europe, pour confiner, soumettre, traiter, uniformiser et diffuser le mal du métissage et de l'aliénation.

Restauration du passé historique et affirmations identitaires

Or, le rôle fondamental de la mémoire et des récits historiques représente une tâche politique primordiale, que les droites conduisent en Europe, pour mobiliser les "énergies vitales du passé", menacées par le modèle anglo-saxon, d'empreinte américaine et par une immigration massive, de peuplement et de remplacement.
Le temps présent est par conséquent aux résurgences et aux affirmations identitaires, que seule la pensée néo-nationale poursuit par le refus sacro-saint de l'égalitarisme politique et racial, de la subordination de la politique nationale au globalisme et de la priorité du modèle anglo-saxon sur le modèle européen.

En repensant la politique en termes de siècles et l'espace en termes de continents, la conscience historique des pays européens d'aujourd'hui ne peut occulter une même identité de civilisation et, de ce fait, les origines franques de la nation française, la germanité commune du passé carolingien, ainsi que la Chrétienté latine de l'Europe occidentale et byzantine, des Balkans, de l'aire slavo-orthodoxe et de l'espace russo-sibérien.

Ces rappels ethno-linguistiques et religieux opposent l'aire européenne à l'aire anglo-saxonne. Cette dernière, orientée par la stratégie globale d'Hégémon, exercée en termes de Sea-Power (ou pouvoir de la mer), comme modèle culturel fondé sur l'individualisme et l'échange, contribue au déracinement de nos sociétés, fondées sur les traditions anciennes de la terre et de ses mythes ancestraux.

L'issue de cette opposition entre modèles culturels contrastants, peut conduire tout droit à l'annihilation de l'histoire continentale et à la négation de toute renaissance. Or, le rôle fondamental de la mémoire et des récits nationaux représente une tâche politique primordiale, que les droites conduisent en Europe, pour mobiliser les "énergies vitales du passé", menacées par le modèle anglo-saxon d'empreinte américaine.

Le temps présent est donc aux résurgences, aux affirmations identitaires et à la revendication des pays d'antan du vieux continent, de vouloir dessiner un nouvel avenir du monde, bien ancré, moderne et à nouveau mythique.

Bruxelles le 17 avril 2020

jeudi, 16 avril 2020

Tiers-mondisation de la France ?

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Tiers-mondisation de la France ?

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

Toujours persuadé, au fond, que ce pays reste la cinquième ou la sixième puissance mondiale et devrait se comporter comme telle, Éric Zemmour s'exclamait ce 13 avril sur CNEws, dans son émission Face à l'Info : "Si on n’est toujours pas capables de produire suffisamment de masques, cela veut vraiment dire que l’on est un pays du tiers-monde".

Cette terrible question était formulée le 14 avril, avant même l'intervention présidentielle. Fidèle admirateur des institutions de la cinquième république, un peu contrarié cependant par les faits du demi-siècle écoulé depuis 1970, notre brillant polémiste en attendait manifestement un caractère providentiel.

Or, il plaidait pour la fin du confinement la plus rapide possible. Le processus avait déjà été enclenché dans l'Europe du nord, en Autriche comme dans la majorité des Länder allemands notamment, en Tchéquie et même dans les deux pays les plus touchés, l'Italie et l'Espagne. Ainsi, la date choisie par le gouvernement de Paris pour amorcer la délivrance des Français pouvait servir d'indicateur quant au problème évoqué plus haut : sommes-nous devenus, oui ou non, un pays du tiers-monde ? Le lecteur peut, dès lors, considérer que poser cette question revient à y répondre.

Bien des traits de l'évolution de notre société, de notre bureaucratie et de la classe politique ne laissent pas de nous conforter dans le sentiment de déclassement, de déclin et, à certains égards, de déchéance. Ne nous égarons pas, cependant, dans la délectation morose du sentiment de décadence : nous ne sommes pas en présence d'une fatalité collective, mais d'un renoncement de la part de nos dirigeants.

Mais il n'est pas de pays du tiers-monde qui se respecte sans des médias servilement aux ordres du pouvoir et des affairistes de connivence.

Les noms viennent trop facilement à l'esprit pour que quiconque puisse douter de cette situation au sein comme au voisinage de l'État central parisien. Et la servilité de certains commentaires convenus a confirmé la consistance de ce qui a cessé d'être une rumeur pour devenir une certitude.

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Ainsi put-on entendre, au lendemain du discours tristounet du 13 avril, l'ironique festival suivant sur BFM :

Ruth Elkrief : "Une date, un ton, l'humilité, l'empathie. Une allocution très carrée, très précise. Il y a une manière d'être beaucoup plus proche des Français. Et il y a un horizon. [... ] Il rappelle que nous sommes tous des êtres humains fragiles."

Apolline de Malherbe : "C'était un ton extrêmement humble, assez naturel. Il était assez franc, assez vrai. Ensuite, l'humilité pour lui-même et sur l'avenir. On a le sentiment du Paul Valéry qui dit que les civilisations sont mortelles. C'est une étape extrêmement importante."

Anna Cabana : "Dans la tonalité, l'espoir renaît. Dans ses précédentes allocutions, il était très tragédien. Là, il nous parle de jours heureux à venir. C'est du lyrisme souriant."

Thierry Arnaud : "On a bien compris que sa manière à lui de se réinventer, c'est vraiment de lutter contre les inégalités."

Alain Duhamel : "C'est son meilleur discours depuis le début, le plus humain. Un discours plus modeste, précis. Il y avait un ton, des réponses, un calendrier."

Bruce Toussaint : "Merci Monsieur le ministre de nous avoir réservé vos premières réactions après le discours du président de la République."

Ainsi va ce pays, ainsi va une partie du monde, celle qui s'agenouille devant l'Empire du capitalo-communisme chinois.

On félicite ce régime abominable pour son efficacité. On le remercie déjà pour son aide humanitaire. Bientôt on sollicitera ses financements. Car on accepte, jour après jour, de dépendre de l'aide de la dictature de Pékin. Nos technocrates la jugent indispensable sinon pour enterrer dignement nos morts, du moins pour combler le coût, évalué à 120 milliards d'euros, 15 milliards par jour, de la prolongation des mesures trop tardives, consécutives aux dégâts sanitaires, occasionnés par les mensonges des obligés du camarade Xi Jin-Ping.

 

JG Malliarakis  
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mardi, 14 avril 2020

Phobocratie hexagonale

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Phobocratie hexagonale

par Georges FELTIN-TRACOL

Pendant la révolte des Gilets jaunes, l’essayiste non-conformiste Michel Drac se demandait sur sa chaîne YouTube si l’hyper-classe qui tire les ficelles du gouvernement de l’Hexagone reculerait ou bien contre-attaquerait au lendemain de cette épreuve remarquable. On connaît maintenant la réponse. Après la séquence conflictuelle de l’hiver 2019 – 2020 due à la cessation des retraites aux fonds de placement appelée « réforme des retraites », la caste cosmopolite profite de la pandémie du coronavirus pour passer à la vitesse supérieure.

Se vengeant de ces contestations inouïes et de l’inquiétude qu’elle a suscitée, la clique globaliste propage grâce aux médiats centraux un discours d’effroi propice à sidérer les esprits les moins préparés. Elle répartit les tâches. Il revient ainsi au gouvernement hexagonal de jouer la théâtrocratie, ce qui est facile quand le locataire de l’Élysée a suivi au lycée des cours de théâtre. Cette notion platonicienne désigne la mise en scène du pouvoir à travers les visites officielles, le décorum, les réceptions, les rendez-vous, la parole publique sur les conseils avisés – ou supposés tels – des communicants. Ces scénaristes gouvernementaux offrent un récit médiatique plus ou moins convaincant. La théâtrocratie ne se confond pas avec la « société du spectacle » de Guy Debord.

Entre des injonctions contradictoires, des interventions présidentielles pseudo-martiales, longues et filandreuses, et un réel amateurisme, les membres de ce gouvernement ont très mal appris leur rôle. Sur scène, ils mériteraient de recevoir des tomates et des œufs pourris. Cela n’empêche pas la si bien nommée Sibeth Ndiaye, secrétaire d’État à la Désinformation, de se concerter avec Cédric O, secrétaire d’État à la Censure numérique et un certain Adrien Taquet, probable secrétaire d’État à la Fiction ministérielle, pour affronter d’hypothétiques fausses nouvelles venues d’Internet et d’au-delà.

Si la théâtrocratie a vite atteint ses limites, la phobocratie s’épanouit au contraire pleinement à l’échelle communale. Dieu de la Peur dans la mythologie grecque, Phobos accompagne toujours Arès, le dieu de la Guerre. Pour la circonstance, Phobos le devance. De nombreux maires ont édicté ces dernières semaines des arrêtés liberticides au nom de la lutte contre la propagation du virus. L’Enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

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Le 20 mars, la municipalité de Biarritz punit la station assise de plus de deux minutes, car il ne faut pas flâner. Idole d’une certaine droite rétrograde et ringarde, le maire de Béziers fait enlever tous les bancs publics. À Carpentras, on risque une amende en cas de non-respect de la distance minimale d’un mètre. La ville de Saint-Étienne proscrit entre 9 h et 21 h toutes les activités physiques, dont la course à pied, sur l’espace public. Le 26 mars, le maire de Sanary-sur-Mer empêche les habitants de s’éloigner de leur domicile de plus de dix mètres et d’acheter à l’unité une baguette ou le journal. À la sortie de certains (hyper- ou super-) marchés, policiers et gendarmes inspectent les achats de la population. Le 2 avril, la mairie de Marcq-en-Barœul prohibe sous peine de 68 € d’amende d’éternuer sans se protéger le visage. Et combien en cas de pet ? À Morlaix, sous prétexte de permettre au personnel de santé de service nocturne de dormir en journée, il ne faut pas débroussailler, ni tondre sa pelouse de 9 h à 15 h, ce qui est normal, mais aussi de bricoler. Qu’entend-on par bricolage ? Repeindre une pièce entre-t-elle dans le champ de la contravention ? Comment le prouver depuis la rue quand on se trouve enfermé au dernier étage ?

Près d’Angers, la commune d’Avrillé refuse l’accès aux jardins familiaux et prive des familles d’une alimentation de substitution. Certaines préfectures autorisent néanmoins l’accès à ces jardins qui ne seront pas d’agrément. À Royans et à Sceaux, les maires ont exigé que leurs administrés sortent le visage couvert d’un tissu alors que les masques sanitaires manquent cruellement en raison de l’incurie patente des autorités françaises. Or, la République ne se vit-elle pas le visage découvert ? Les musulmanes en tchador n’ont-elles pas anticipé une prophylaxie bienvenue ? Le maire de « Sot » ne commanderait-il pas directement aux Talibans un milliard de burqa avec un niqab intégré ? Cela risquerait, il est vrai, de contrarier leur sacro-sainte laïcité.

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Le summum revient cependant aux Sables-d’Olonnes, à Chamonix et à Sète où se manifeste ouvertement le « rejet de l’autre ». Les discriminations fleurissent en ce printemps 2020 ! Les communes vendéenne et alpine empêchent la location de courte durée (d’une nuit à deux semaines) ainsi que de « toute nouvelle occupation de résidence secondaire » (les propriétaires devraient répondre par une grève massive des impôts locaux) au motif – incroyable – « d’éviter les mouvements de population intra-communal ou extra-territorial ». On s’en souviendra quand il faudra enfin juguler cette autre pandémie qu’est l’immigration extra-européenne. La municipalité de Sète va encore plus loin : elle fait bloquer toutes les voies d’accès et refuse quiconque, y compris les ambulances, d’entrer dans la ville. Serait-ce le début d’une sécession ?

Maints de ces arrêtés, jamais pris en Seine – Saint-Denis multiculturaliste (est-ce un hasard ?), ont été suspendus, retirés, voire annulés, suite à une intervention préfectorale ou au jugement de tribunaux administratifs. Il est toutefois intéressant de savoir que ces maires qui font la guerre contre le peuple albo-européen, appartiennent en général à la faction centriste des Républicains, à l’UDI et au MoDem, soit quelques « cas sociaux » collectifs de la vie politique française. Pour sa part, la sociétaliste Anne Hidalgo, mairesse de Paris, propose de remettre aux rescapés du covid-19 un certificat d’immunité. Qu’aurait-on entendu si cette suggestion avait concerné les sidaïques…

Potentats municipaux pour six années, les maires jouent sciemment sur la peur diffuse fomentée par les médiats aux ordres. « À l’instar de Péguy, note Rémi Soulié dans Pour saluer Pierre Boutang (Pierre-Guillaume de Roux, 2016, p. 55), [Pierre Boutang] aimait […] distinguer, pour les opposer, les “ craties ”, détestables (démocratie, ploutocratie…) aux “ archies ” (monarchie, anarchie…). » Phobocratie municipale et théâtrocratie hexagonale concourent ensemble à la mutation de ce jeu d’ombre bien installé, la démocratie, en deimocratie, le gouvernement des anxiolytiques et de l’épouvante.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 168.

dimanche, 12 avril 2020

Géopolitique du Coronavirus - Entretien avec Patrice-Hans Perrier

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Géopolitique du Coronavirus

Entretien avec Patrice-Hans Perrier

Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.

C’est aujourd’hui Patrice-Hans Perrier qui nous répond.

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Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar de Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs.
Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant d’aborder le genre littéraire. Patrice-Hans Perrier est un contributeur régulier de différents sites d’analyses stratégiques tels que le Saker francophone, Dedefensa, Réseau International. Vous pouvez aussi le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com et sur le réseau social VK.

Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?

J’estime que oui puisque la puissance dominante, les USA, ne parvient plus à juguler une dette cumulative de 23 mille milliards de dollars. La monnaie USA, le dollar, n’est plus adossée à l’or d’aucune façon et correspond à une monnaie totalement dépréciée. Les Russes et les Chinois tentent de se soustraire aux accords qui ont institué le pétrodollar, alors que les accords de Bretton Woods prenaient fin au début des années 70. Donc, un cycle de 25 ans prenait fin et lorsque les USA suspendent la convertibilité du dollar en or, en 1971, un nouveau cycle est initié. La monnaie américaine, qui est le joker des grandes banques d’affaire, devient une monnaie flottante, ce qui permet de monétiser à l’infini et de spéculer sur les autres monnaies qui ne sont pas indexées au pétrole en tentant de provoquer des crises pour saisir les réserves d’or des pays convoités.

La Russie vient, avec l’accord de l’OPEP, de provoquer une chute vertigineuse des cours du brut et l’industrie des gaz de schiste américaine est en faillite. Trump a bien tenté de rapatrier des emplois, mais il s’agit d’emplois peu rémunérés et avec la crise actuelle c’est tout l’effort de reconstruction de l’économie domestique américaine qui est menacé. L’argent liquide pourrait être retiré de la circulation au terme de la crise du coronavirus et les gouvernements, avec l’accord du FMI, de la BCI et de la BRI pourraient brancher une partie importante de la population sous respirateur artificiel. C’est-à-dire qu’un revenu universel sera mis sur pieds et qu’une part importante de la population tombera sous la tutelle absolue de l’état.

L’économie, telle que nous la connaissons, risque d’être détruite artificiellement et c’est le modèle chinois qui prévaudra à l’échelle du globe : capitalisme monopolistique étatique.

Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?

Lorsque Macron nous dit « Nous sommes en guerre », il parle un langage crypté. Cela signifie la FIN DE L’HABEAS CORPUS au gré de l’imposition de mesures d’exception qui ne sont que les préliminaires à la suspension des libertés civiles et à l’instauration de la loi martiale. Cette période de confinement est bonne puisqu’elle nous oblige à faire un retour sur nous-mêmes et à nous questionner sur les fondamentaux d’un « vivre ensemble » qui est bien plus qu’un simple slogan de type novlangue. Toutefois, ce confinement forcé pourrait fournir aux autorités publiques et privées l’opportunité d’implémenter les mesures d’exception suivantes :

– Traçabilité totale via les portables et cartes à puce ;

– Passeports intérieurs afin de pouvoir circuler d’un point à un autre au niveau local ;

– Enfermement des personnes contaminées ou récalcitrantes dans des camps ;

– Rationnement de la population au moyen d’un système de points « bonus-malus », tels que préconisés par Jacques Attali ;

– Contrôle total d’Internet avec, à la clef, fermeture des sites de réinformation ou des comptes des récalcitrants. Les fournisseurs de service étant obligé de transmettre aux services de renseignement l’historique de navigation et toutes les pages consultées par les citoyens « récalcitrants » ;

– Abolition de l’argent liquide et système faisant en sorte que les ministères des Finances puissent gérer toutes vos transactions : entrées et sorties d’argent numérique ;

– Vaccins obligatoires et, in fine, puçage de la population à des fins de traçabilité ;

– La technologie 5G sera implémentée afin de tisser la nouvelle toile du confinement permanent.

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Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?

J’estime que les gouvernements locaux vont s’occuper des frontières, de la gestion des mesures d’exception, de la perception et de la redistribution des revenus d’impôt et de la sécurité publique de première ligne.

Au même moment, les agences mondialistes, telles que le FMI ou l’OMS vont transmettre les ordres aux entités nationales en matière de gestion de la masse monétaire, des activités de l’économie domestique, de la sécurité intérieure ou des normes d’hygiène.

Les pays ou les régions récalcitrants pourraient faire l’objet d’intervention des « forces spéciales » commandées par l’OTAN ou certaines firmes privées de mercenaires qui agissent en sous-œuvre. Autrement dit, un gouvernement mondial INVISIBLE sera mis sur pied et utilisera toutes les agences liées à l’ONU et les banques d’affaires privées afin de relayer les consignes aux autorités nationales.

Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?

71VCfuZiArL.jpgIl faut consulter l’ouvrage « La Doctrine du Choc », de l’auteur canadienne Naomi Klein, pour comprendre que le choc de la pandémie du coronavirus est utilisé afin d’accélérer le processus de DISSOLUTION, au sens cabalistique, des structures anthropologiques et socioéconomiques telles que nous les connaissons. D’ailleurs, un organisme baptisé Open Democracy – et qui semble être une filiale de l’OPEN SOCIETY – prône l’abolition de la famille, des frontières et des entités politiques nationales. La période de confinement et la campagne de peur orchestrée par les médias stipendiés par le grand capital font en sorte que la majorité de la population est incapable de comprendre ce qui se trame derrière les mesures d’exception décrétées par nos gouvernements complices. La peur permet d’immobiliser l’adversaire, le temps de lui inoculer un ensemble de notions qui servent à instiller le poison du CONSENTEMENT.

Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?

Les gens ayant peur, perdant leur emploi, perdant espoir et énergies, les autorités vont serrer encore plus la vis au point d’instituer une véritable LOI D’EXCEPTION. L’Habeas Corpus sera définitivement suspendu.

Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?

Le mouvement des Gilets jaunes constituants doit rapidement procurer des forums et liens pour signer des pétitions ou obtenir de l’aide à la population confinée. Un référendum virtuel doit être organisé à propos de la clôture de cette période de confinement et de la suite des choses en matière de gouvernance publique. Il faut mettre sur pied des tribunaux virtuels afin de juger les coupables de crime de délits d’initiés ou de négligence criminelle. Etc.

Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?

Ancien journaliste indépendant, analyste et écrivain, cette crise unique dans l’histoire contemporaine me permet de valider tout une panoplie de réflexions critiques que j’ai mises sur la table depuis un quart de siècle. Sans être économiste ou politologue, j’estime être en mesure d’apporter des pistes de réflexion fécondes, aptes à aider mes contemporains à mieux se positionner et à pouvoir faire face à la réalité actuelle. J’en profite pour développer des projets d’écriture fictionnelle et aussi pour forger des partenariats avec d’autres observateurs et commentateurs.

Géopolitique du coronavirus - Entretien avec Claude Timmerman

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Géopolitique du coronavirus

Entretien avec Claude Timmerman

Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.

C’est aujourd’hui Claude Timmerman qui nous répond.

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Ancient élève Ecole Normale Supérieure de ST Cloud (aujourd’hui Lyon) prom. 69. Biologiste : zoologie, paléontologie, génétique et génétique des populations ; démographie. Statisticien : modélisations et statistiques biologiques et critique des méthodologies médicales. Spécialiste des questions environnementale et de l’analyse de l’Evolution. Analyste de la surpopulation et des effets de la densification humaine croissante sur le milieu, notamment de son impact sur les espèces aujourd’hui en voie de disparition. Militant de la première heure dans la lutte contre les OGM, les pesticides, la chimie agricole et les saccages environnementaux liés aux nouvelles pratiques agricoles mal gérées (Remembrements, irrigation, etc.) Ancien conseiller pour les questions agricoles et environnementales du gouvernement togolais de la présidence Eyadéma. Ancien chargé de mission du Ministre du Développement Rural togolais. Il signe régulièrement des articles sur Boulevard Voltaire,Medias-presse-info et le blog Terre-future. Il est aussi Conférencier et rédacteur au CEP (Centre d’Etude et de Prospective). Catholique traditionaliste, ancien cérémoniaire pontifical du cardinal Veuillot, notamment lors d’un pèlerinage en Terre Sainte (1965) où il a découvert l’importance des églises primitives et séparées et les rapports islamo-chrétiens pluricentenaires associés notamment au statu quo à Jérusalem. Il s’est beaucoup intéressé au monde coranique et à la civilisation islamo-perse d’Asie Centrale. Aujourd’hui en retraite, résolument opposé aux thèses du concile Vatican II et au mythe nouveau du « judéo-christianisme » qui en a découlé,  qu’il considère comme un oxymore. Il a publié à ce sujet un ouvrage : Judéo-christianisme – Travestissement historique et Contre-sens idéologique.

Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?

         Il est parfois difficile de supporter ces « professionnels de santé » qui se gargarisent à l’envie, à travers des médias beaucoup trop complaisants dans la transmission d’une logorrhée insupportable dont la seule raison d’être est de masquer l’ignorance et l’imprévoyance, donc l’impuissance, du corps médical. Ceci fait la part belle à l’approximation quand ce n’est pas carrément à d’authentiques fake news, parfois même gouvernementales, ainsi relayées.

Nous avons seulement à disposition quatre mois d’observations et d’analyses asiatiques, essentiellement d’origine chinoise, et environ deux mois d’observations dans les pays européens du sud secondairement touchés : Italie, Espagne et France… Les observations italiennes sont de loin les plus rigoureuses et les plus documentées à aujourd’hui. Rien hélas ne nous parvient de l’Iran où l’infestation a été virulente et massive.

Pourtant dès le mois de janvier, l’Institut Pasteur avait inventorié et décodé le génome de ce virus baptisé ensuite « Covid 19 » comme appartenant à la famille des Corona Virus dont on connaît certains représentants depuis des décennies…

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C’est là que des observateurs plein de bonne volonté – à défaut de connaissances sur la question – ont soulevé un lièvre de taille : la réalité du dépôt de brevets sur ces virus, ce qui a les beaucoup choqué…

Sous l’influence anglo-saxonne, on amalgame aujourd’hui « découvreur » et « inventeur ». Un brevet associé à une « découverte » est ainsi confondu sous le même vocable avec celui lié à une « invention ». Les responsables bénéficières du brevet en tant que « découvreurs » sont donc désormais désigné sous le terme devenu général d’«inventeur»… (Et c’est vrai dans tous les domaines : ainsi un plongeur sous-marin qui découvre une épave gréco-romaine sera qualifié d’inventeur.)

Abusés par ce faux sens, certains observateurs non avertis ayant découvert (c’est en consultation publique !) les dépôts de brevets de génome (parfois vieux de plus de15 ans) de divers coronavirus en ont abusivement déduit que ces virus étaient des « créations brevetées » avec tous les fantasmes complotistes qui s’y rattachent…

C’est que nous ne sommes plus au temps de Flemming qui, lorsqu’il a découvert la pénicilline, a déclaré « faire don de cette découverte à l’Humanité »… Aujourd’hui aucun chercheur et aucun institut ne perdent de vue la capacité d’exploitation notamment pharmaceutique de toute découverte biochimique et des formidables profits que cela peut générer… L’institut Pasteur n’y échappe donc pas même si, question d’aura, il évite de communiquer dessus…  Breveter un virus c’est l’assurance de retombés financières considérables s’il est utilisé pour des vaccins, pour des synthèses biochimiques ou,  chose beaucoup moins avouable mais toujours bien d’actualité quoi qu’on en dise, surtout si chaque Etat (à part Israël) en a signé la convention internationale d’interdiction, pour les armes biologiques.

D’où sort ce virus ? Apparemment de Wuhan, une ville chinoise récemment dotée d’un laboratoire de recherche de virologie de classe 4, construit en coopération avec la France entre 2014 et 2017 sur le modèle de celui de Lyon. La construction du laboratoire de Wuhan a été décidé en 2014 sous l’égide d’Emmanuel Macron (alors ministre de l’Economie de François Hollande) et de son comparse Edouard Philippe, tous deux membre du très fermé club « Young fellows China », organisation franco-chinoise de « sélection et de promotion d’acteurs de la coopération franco-chinoise ».

Construit en partenariat avec la France, ce laboratoire aura initialement pour directeur Yves Lévy, nommé en 2014 directeur de l’Inserm dans des conditions alors qualifiées d’opaques.

[Second mari d’Agnès Buzyn, non reconduit dans ses fonctions à l’Inserm en 2018, Yves Lévy a été récemment recasé comme conseiller d’Etat avec le statut pour le moins original de « service extraordinaire ».]

Nous voyons donc que nous avons bien affaire ici au résultat d’une opération politique.

Clairement, la fable d’une origine « animale » culpabilisante à souhait pour la faune,  alliant chauve-souris et pangolin ne tient pas même si elle séduit tous les fanatiques des zoonoses. C’est biologiquement simplement impossible ! Le démontrer ici prendrait trop de temps, nous le ferons dans un autre document souhaité par Stratégika. Savoir si ce virus, forcément sorti a priori de la collection du laboratoire de Wu Han (même s’il a pu être assemblé ailleurs dans un autre laboratoire et ensuit transféré) s’est échappé accidentellement ou s’il a été volontairement et stratégiquement répandu n’est pas la question ici.

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Bornons-nous seulement à rappeler qu’un bon agent infectieux stratégique doit  répondre aux critères suivants pour assurer la meilleure dispersion possible et présenter le maximum d’efficacité pour diffuser une pandémie :

  • transmission facile d’individu à individu sans intermédiaire (contact physique direct ou air ambiant);
  • incubation la plus longue possible pour assurer un maximum de dispersion sans détection du vecteur ;
  • contagion durant longtemps avec développement d’un minimum – ou pas du tout – de symptômes repérables pour en empêcher le diagnostic et limiter ainsi la capacité de riposte sanitaire ;
  • mortalité certaine et espérée importante au terme du développement de l’infection.

Force est de constater que ce nouveau coronavirus coche presque toutes les cases, sauf la dernière : l’efficacité létale d’un taux de mortalité important ne semble donc  être l’objectif atteint.

Il faudrait beaucoup de bonne volonté pour imaginer que ce Covid 19 soit autre chose qu’un agent de cette nature dont la dispersion a été sans doute accidentelle, à moins qu’elle ne soit liée à un sabotage calculé.

Nous avons finalement encore peu d’informations réellement fiables sur le développement de cette pandémie et sur ses effets. Les observations chinoises épidémiques sont, si elles sont certaines sur le plan biochimique,  contredites en termes de contagion et de mortalité par les observations européennes en terme de réalité sanitaire de terrain.

Comme nous l’avons souligné, c’est l’Italie qui nous fournit les chiffres les plus fiables et statistiquement effectivement  les plus significatifs, vu l’importance locale de l’épidémie et la qualité des analystes intervenants. En plus nous sommes là sous un climat et avec des populations ethniquement comparables avec ce qui existe en France, mais faute de dépistage généralisé on ne connaît pas encore de manière significative dans la population les proportions pourtant essentielles en modélisation

– de gens effectivement contaminés ;

– de gens contaminés asymptomatiques.

Tant qu’on n’aura pas une approche de ces chiffres, on en restera au bavardage de salon.

On peut constater alors, tandis que l’Allemagne multiplie les tests de dépistage, que la France freine des quatre fers toute initiative pouvant conduire à dépister ou à soigner. Ce qui pose question.

Pire, au milieu d’une débauche financière insensée pour quelques patients (mobilisation de trains rééquipés, avions sanitaires, hélicoptères, etc.) on fait essaimer sur l’ensemble du territoire une infestation virale plutôt  limitée jusqu’ici au Grand Est et à l’Ile de France… Tout est fait comme si on voulait développer géographiquement l’épidémie au prétexte qu’on manquerait localement de lits de réanimation…

En Chine, puis en Allemagne et en Grande Bretagne, on a construit en urgence des hôpitaux opérationnels en quelques semaines ; mais en France, les rares voix qui se sont fait entendre pour la réouverture de structures hospitalières qui pourraient être rendues opérationnelles rapidement – car fermées depuis peu – comme à Paris le Val de Grâce ou l’Hôtel Dieu ont été immédiatement étouffées car les projets immobiliers métropolitains ont apparemment beaucoup plus d’importance que les hôpitaux pour nos dirigeants…

Le refus politique opiniâtre de mise en place immédiate d’une grande politique de dépistage comme en Allemagne (actuellement 500 000 tests sont pratiqués par semaine et on envisage maintenant 200 000 tests par jour !) doit faire réfléchir.

De même, la véritable chasse aux sorcières menée contre le professeur Raoult et son équipe est proprement hallucinante. C’est vrai que cet homme est dangereux, très dangereux…. pour le lobby pharmaceutique.

Il a mis au point empiriquement un traitement qui ne coût pratiquement rien à base d’un dérivé de la nivaquine, produit hautement toxique comme chacun le sait : ayant vécu des années en Afrique j’en ai pris personnellement quotidiennement durant pratiquement vingt ans. J’apprends ainsi grâce aux médias, et aux médicastres à leur solde, que je suis un rescapé ! Soyez rassuré, je suis très loin d’être le seul…

Mais ce lobby médical dirigeant, constituant ce que j’ai appelé la médicocratie, n’en démord pas : c’est un produit dangereux abusivement utilisé en dehors de son domaine de prescription  prévu, et, peu importe le nombre de morts que son absence d’emploi va occasionner, il faut coûte que coûte que la doxa de l’OMS s’impose… On finirait par croire en la véracité de la théorie complotiste dite de « Big Pharma ».

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A contrario, on se souviendra de l’affaire du Médiator, abusivement employé comme coupe-faim, qui a fait des milliers de morts à la suite de prescriptions ordonnancées par des médecins peu scrupuleux, surtout soucieux de conserver leur clientèle voulant maigrir. Quand cela fut découvert, le premier soin du Conseil de l’Ordre a été de faire mettre ces médecins à l’abri de poursuites les plus légitimes, et de les dédouaner de toute responsabilité ! Cela n’a provoqué aucune réaction médiatique !….

Si nous avions un corps de décideurs sanitaires qui soit plus soucieux de l’intérêt des populations que de certains  intérêts idéologiques et économiques transnationaux, les choses évolueraient autrement.

Car on ne cherche nullement à soigner l’épidémie pour l’instant si on y réfléchit bien, mais seulement à étaler au maximum la période d’infestation pour diminuer l’amplitude du pic d’infection et permettre à l’Etat – dont la politique de dés-équipement sanitaire pratiquée depuis des décennies (on a commencé avec Sarkozy) montre ses effets désastreux – d’arriver plus ou moins à faire face ou à en donner l’illusion.

Voir ici : https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-pu...

Dans le même temps, il s’agira surtout d’user de la menace épidémique pour mettre en place une politique dirigiste, forcément impopulaire, fondée sur une idéologie qui n’a vraiment plus rien de « démocratique ».

Par le confinement (option qui n’a pas fait du tout consensus en Europe) le bouclage des populations sera d’autant plus efficace que l’on se sera donné le temps nécessaire pour le mettre en œuvre et les moyens techniques et humains indispensables à sa mise en place.

C’est bien ce à quoi on assiste maintenant en France : 160 000 hommes déployés sur le terrain, hélicoptères, drones, caméras, repérage et suivi des données personnelles informatiques, rien n’est négligé aujourd’hui.

Non pas pour la protection du citoyen face aux agressions et à la délinquance, mais pour contraindre le quidam de base à se plier à l’arbitraire de ses dirigeants et pour l’empêcher de quitter sa zone de bouclage.

Une infection virale se déroule en trois phases. Le covid 19 n’y fait pas exception. On peut la résumer ainsi:

– une phase de contagion (on parle d’une à deux semaines),

– une phase d’infestation des organismes au cours de laquelle des anticorps sont fabriqués en réaction par le système immunitaire qui va alors donner une résistance au virus (on parle de quinze jours au plus),

– une phase de régression puis de disparition progressive de la population virale infectante aboutissant très généralement à la guérison sous huitaine, sauf pour une proportion estimée dans la fourchette (0,5 % – 2%) des personnes diagnostiquées où l’infestation virale conduit à une réaction inflammatoire des alvéoles pulmonaires qui peut conduire à un défaut de ventilation et donc à une gêne respiratoire, voire à la mort.

Les statistiques italiennes montrent que la moyenne d’âge des patients décédés est de l’ordre de 80 ans et tous porteurs de pathologies graves (une dans 25% des cas, deux dans 50% des cas, trois dans 25% des cas) et que cette affection atteint plus souvent les hommes que les femmes.

On estime en outre que la proportion de cas asymptomatiques est énorme et pourrait atteindre 70%  voire 80% de la population.

Voir ici : https://www.epicentro.iss.it/coronavirus/bollettino/Report-COVID-2019_17_marzo-v2.pdf et Corona Context: The Average Italian Flu Season Harvests 17 Thousand Lives, in 2016-17 It Was 25 Thousand

On observe d’ailleurs que les sujets plus jeunes atteints – même les enfants et les rares bébés décédés  – apparaissent rarement « sains » mais ont bien été porteurs de pathologies graves non détectées.

D’une manière générale tous les schémas prévisionnels et les modélisations construites par l’infectiologie montrent qu’une épidémie disparaît à partir du moment où la contamination a atteint 2/3 de la population. Il doit donc être clair que pour se débarrasser de l’épidémie de covid 19, on  doit atteindre le seuil de 45 millions de Français infectés où environ huit à neuf millions auront présenté des symptômes à des degrés divers de dangerosité et où entre 50 000 et 150 000 seront menacés de mort si on se contente de ventiler les plus atteints sans chercher à les soigner en amont. D’où précisément la bagarre avec le professeur Raoult qui s’obstine à soigner les gens avec le succès que l’on sait….

Il doit aussi être clair que vaincre une épidémie ne veut pas dire « faire disparaître un virus ».

Le Covid 19 fera donc très durablement  partie des menaces épidémiques virales  comme l’a été la rougeole par exemple. Et comme la contagion est encore loin d’avoir faire le tour de la planète, l’actualité pandémique sera encore certainement de mise quelque part en cette fin d’année !

Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’Humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?

Je ne crois pas du tout à une coordination des peuples et encore moins à une « unité dans la riposte ».

C’est peut-être le rêve des mondialistes qui entendent bien utiliser cette situation – nous y reviendrons – mais l’actualité montre que les réactions des gouvernements sont totalement à l’opposé de cette conception.

Nous sommes beaucoup plus actuellement dans le « sauve-qui-peut » général et le « chacun pour soi » que dans le consensus.

Les Etats Unis viennent d’en donner encore une éclatante illustration en raflant en Chine, puis en Allemagne des lots de masques respiratoires, au détriment des destinataires initiaux des transactions d’achat.

Il suffit de voir partout ce qui se passe :

– expulsion des étrangers, touristes comme travailleurs,

– refus d’accueil de nouveaux immigrants,

– fermeture des frontières,

– reflexes nationalistes dans la lutte contre la pandémie.

En Europe, l’espace Schengen  a volé en éclat : on a même vu un mondialiste aussi fanatique qu’Emmanuel Macron exiger de Bruxelles le retour des contrôles aux frontières.

La stratégie de lutte, même à l‘intérieur de l’Europe, répond à des options politiques diamétralement opposées mises en œuvre suivant les pays :

– confinement ou non confinement,

– dépistage systématique ou non,

– stratégie fondée sur le curatif ou au contraire sur le vaccinal, etc.

Et nous ne parlons jusqu’ici que des pays occidentaux de l’Amérope car ce sont les premiers atteints après la Chine. Il serait intéressant de comparer ce cheminement épidémique à celui, si semblable, de la progression européenne de la plus grande épidémie qu’a connu le monde occidental : la grande peste de 1347 / 1355.

Il est clair que l’infestation qui débute maintenant en Afrique va certainement générer, face au danger, le retour de comportements tribaux parfois brutaux et des violences urbaines.

La seule institution qui cherchera à coordonner la lutte contre l’épidémie est l’OMS.

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Mais elle le fera pour conforter son pouvoir de plus en plus prégnant et de plus en plus contesté: celui des médicocrates dont la dictature, telle qu’elle se manifeste à travers les fameuses « recommandations de l’OMS », si elle est de moins en moins discutée par les gouvernements est de moins en moins tolérée par les populations assujetties qui en subissent les oukases (nutrition, vaccins, etc.)

C’est ce que nous appelons la « médicocratie » qui justifie son pouvoir par la « sécurité sanitaire » qu’elle est censé apporter au prix des interdictions et obligations multiples qu’elle impose, notamment sur le plan alimentaire : quasi interdiction du sel, du sucre, des corps gras, de l’alcool, de la viande rouge… Et on ne parlera pas de la guerre menée par ces fanatiques contre le tabac, ni de la lutte catastrophique engagée contre le cholestérol qui fit des milliers de morts au début des années 80 et qui, après avoir été justement abandonnée, revient en force car le marché pharmaceutique y afférent est énorme.

[Le cholestérol – s’il peut provoquer par ses dépôts des durcissements artériels et des accidents circulatoires et cardiaques exceptionnellement mortels –  est un composant dérivé de la choline dont le métabolisme conduit à l’acétylcholine, le premier médiateur chimique du système nerveux.

Lutter contre le métabolisme de la choline a donc pour première conséquence la possible perturbation de la transmission nerveuse cholinergique !

Cela a conduit à des milliers de morts constatés, mais parfaitement assumés par les médicastres dirigeants.]

On pourrait ainsi dire que c’est la iatrogénèse qui est désormais à l‘ordre du jour.

L’OMS est une instance doctrinale sociologique mondialiste bien avant que d’être une organisation sanitaire! C’est une dictature idéologique: celle de l’Organisation Médicocratique Supranationale.

Elle mène une politique insidieuse à visée strictement mondialiste dont le but a été exposé clairement par son premier directeur  Brock Chisholm :

« Ce que les gens doivent développer en tous lieux, est le contrôle des naissances et les mariages mixtes [interraciaux] dans le but de créer une seule race dans un monde unique et dépendant d’une autorité centrale».

On ne peut être plus clair !

Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ? 

Laisser sans le contrôle des nations à l’OMS la gestion de cette crise pandémique pourrait effectivement contribuer à l’établissement d’un mondialisme politique via le « volet sanitaire ».

Cependant, l’instauration d’un tel régime par ce biais-là imposera des contraintes que les populations ne seront pas nécessairement prêtes à accepter.

Le panurgisme ayant ses limites, Michel Onfray soulignait récemment que la population française ne supporterait pas très longtemps les astreintes et les rigueurs du confinement policier auquel elle est soumise actuellement.

Voir ici : https://www.europe-israel.org/2020/03/michel-onfray-je-ne-suis-pas-bien-sur-quavec-le-confinement-les-francais-garderont-leur-calme-cest-ainsi-que-les-regimes-tombent-je-ne-dis-pas-les-gouvernements-mais-les/

Ce confinement n’est en fait qu’un test sociologique de soumission, comme peut l’être le véritable « caprice ministériel » qu’est la limitation de vitesse à 80 km/h. Un oukase totalement injustifiable mais peu ou prou toléré en apparence  par les usagers dans les faits, même s’il n’est évidemment pas franchement respecté.

Par ailleurs les politiques sanitaires opposées des Etats seront jugées à leurs résultats et la popularité de leurs leaders aux options contradictoires y sera forcément liée.

Il y a donc peu de chance que cela débouche directement sur un consensus global de gouvernement.

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Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ».  Que vous inspire cette idée?

Jacques Attali « explique » beaucoup de choses avec une assurance qui n’a d’égale que sa mauvaise foi. J’ai ainsi dû consacrer un chapitre entier de mon premier ouvrage à montrer que contrairement aux dires d’Attali les juifs n’avaient historiquement inventé ni dieu ni l’argent…

Mais cette réflexion rappelle surtout le « Rapport de la montagne de fer » (qui date de plus de 50 ans)  auquel j’avais consacré une conférence à laquelle je vous renvoie.

Voir ici : http://www.geopolintel.fr/article703.html

La thèse des auteurs est claire : pour maintenir l’assujettissement des masses à leur classe dirigeante, notamment en période de paix supposée perpétuelle,  il est nécessaire de suggérer une menace conduisant les masses à se rassembler, mues par la peur, autour de leurs leaders. Faute de guerre qui reste l’acteur majeur, on aura recours à des succédanés tels la pollution massive ou les épidémies.

On notera d’ailleurs que, selon les derniers sondages,  si les Français sont très majoritairement (72%) hostiles à la gestion de la crise épidémique, la cote de popularité personnelle d’Emmanuel Macron comme celle d’Edouard Philippe a curieusement remonté !

Jacques Attali n’a donc absolument rien inventé, mais il s’appuie sur la stratégie épidémique déjà évoquée, notamment dans ce rapport, mais aussi par les stratèges de la CIA et de la NSA, pour élaborer sa stratégie de mise en place d’une gouvernance mondiale : utiliser la menace pandémique pour susciter une  « peur mondiale salutaire »

Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique selon vous ?

Nous assistons à une remise en cause des circuits économiques transnationaux et à l’éclatement d’une nouvelle bulle spéculative américaine comme il s’en produit une tous les 15 ans en moyenne depuis 1870. (Le fameux jeudi noir de  1929 ne fut qu’une de ces péripéties boursières.)

Celle-ci est sans doute un peu plus violente que les autres, mais comme toutes les économies et toutes les monnaies seront affectées, s’il y a un coup de frein global à la croissance, il n’est pas certain du tout que la hiérarchisation économique soit globalement affectée.

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Ce que le contexte actuel met en évidence en France c’est la quasi disparition du tissu industriel français, et de la production de biens qui s’y rattache, au profit d’importations venant de grandes puissances orientales telles la Chine, la Corée, le Japon ou l’Inde.

C’est ainsi que l’on découvre que notre pays est devenu commercialement dépendant de ces puissances pour la fourniture de matières premières pharmaceutiques et d’autres produits essentiels, certains pouvant même revêtir un intérêt stratégique.

Sauf offensive mondialiste virulente dont on ne voit pas d’autre levier d’action que le chantage financier, on devrait s’attendre à une tentative de ré-industrialisation pour ramener sur le sol national la fabrication de produits indispensables voire stratégiques dont nous n’avons plus aujourd’hui la maîtrise de production.

Par ailleurs, la stabilité étant le souci majeur conditionnant la mise en place de toute politique, il est évident qu’il est hors de question de laisser durablement la population sans emploi. L’activité va donc devoir reprendre.

La seule question est de savoir – puisque la fameuse barre de Bruxelles des 3% de déficit du budget a volé en éclats à la demande des chefs d’Etat, à commencer par Macron – comment va évoluer l’euro et même s’il pourra survivre aux fluctuations financières internes. Du jour au lendemain Francfort a émis des dizaines et des dizaines de milliards d’euro à la demande des Etats… Une dette qu’il va bien falloir rembourser à moins qu’il ne soit prévu de dévaluer en douce massivement la monnaie européenne…

Et comme le dollar et le yuan vont devoir en faire autant pour les mêmes raisons économiques, il n’est pas évident que les fluctuations monétaires soient en fin de compte si importantes qu’on l’imagine.

Je laisse aux spécialistes monétaires – dont je ne suis pas – le soin de creuser cette hypothèse : la stabilité  des parités monétaires pourrait être finalement conservée dans la globalité d’un déficit mondial commun.

Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?

Les six semaines, de Pâques à l’Ascension, seront le moment des premières grandes révélations :

Nous allons assister à la fois à la décroissance de l’épidémie en Italie et en Espagne, à la manifestation des effets de la politique de dépistage systématique de l’Allemagne, au développement de l’épidémie en Afrique, et aux effets supposés (ou pas) du confinement drastique imposé aux Français face au pari du non confinement pour lequel d’autres pays ont opté : ils s’en tiennent aux effets de l’immunisation de groupe.

On aura aussi les résultats (si on ose nous les communiquer) des essais européens en vraie grandeur portant sur des tests de traitements et notamment sur le traitement à la chloroquine.

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On aura enfin une première appréciation sur le scandale de la manipulation des morts décomptés en EHPAD où – pour nourrir la terreur souhaitée par les décideurs –  aujourd’hui tout décès déclaré est automatiquement comptabilisé comme « conséquence du Coronavirus »…

On a déjà pu constater depuis des années que la propagande anti-tabac faisait comptabiliser tous les cancers du poumon comme « liés aux fumeurs », ce qui est cocasse quand il a été clairement mis en évidence que plus de 50% des patients atteints de cancers des voies respiratoires et des poumon étaient non-fumeurs.

La propagande de la terreur épidémique, devant se justifier pour pouvoir durer, mous allons assister à plusieurs manœuvres non exemptes de fake-news :

– insister sur un confinement drastique en agitant la crainte d’un « second pic d’infestation » pour maintenir l’assujettissement des masses autant qu’on le pourra s’il n’y a pas de résistance notable devenue incontrôlable ;

– mettre en doute la capacité d’immunisation des personnes guéries ;

– propager l’idée qu’une immunisation acquise (notamment pour l’immense majorité des gens contaminés qui sont ou ont été asymptomatiques)  ne se conserverait pas dans le temps.

Certes, ce serait du jamais vu dans  monde des infections virales mais c’est vital pour la propagande vaccinale : forcer par ce biais l’énorme proportion de patients contaminés reconnus guéris à se faire vacciner et faire admettre ensuite que cette vaccination doit être renouvelée plusieurs fois au cours de l’existence.

En Afrique le développement de l’épidémie en vitesse et en répartition fournira des indications précieuses notamment sur les liens possibles de traitements avec le paludisme, mais pas seulement :

– sur le rôle potentiel de l’impact préventif des traitements antipaludéens utilisés dans les zones concernées

– sur l’effet imaginable (possible ou non ?) de résistance par la présence de la drépanocytose,  premier facteur génétique de protection contre le paludisme

– sur les taux comparés de contamination en milieu urbain et non urbain où les habitants n’ont pas accès à l’eau potable traitée, et sont plus proches de la vie en milieu naturel

– les taux comparés d’infestation et d’immunité conférée à des populations moins auto-domestiquées que les populations très majoritairement urbanisées européennes.

– la contagion possible de la grande faune anthropoïde en Afrique équatoriale

Par ailleurs, ce sera l’occasion de mettre en lumière certaines pratiques hélas avérées de laboratoires peu scrupuleux qui utilisent (surtout en Afrique de l’est d’ailleurs) la détresse de populations déjà malmenées par la guerre civile et en proie à la famine pour mettre en place des protocoles de tests pharmacologiques, rémunérés à bas prix quand ils le sont…

Voir ici : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tests-de-vaccins-du-covid-19-en-afrique-un-depute-saisit-la-justice-apres-des-propos-polemiques_3899993.html

Dans notre pays on peut s’inquiéter à terme du ravitaillement des zones rurales et des petites agglomérations ce qui pourrait amener une recrudescence du mouvement des Gilets Jaunes.

Cela peut paraître surprenant, mais aujourd’hui le monde rural n’est plus du tout le monde de la polyculture vivrière ! Nous ne sommes plus au temps de l’exode où les citadins fuyaient vers les campagnes certains d’y trouver gîte et nourriture… Aujourd’hui, les agriculteurs sauf exception, ne produisent plus leur nourriture sur leur exploitation et se ravitaillent auprès des supermarchés locaux qui ont pullulé dans les plus petits bourgs.

Comme pour les grandes villes, ce sont les plates-formes logistiques des grandes enseignes qui y assurent l’approvisionnement des magasins de distribution.

La panique orchestrée  a conduit à des réflexes de stockage non alimentaire parfois déroutants. Ainsi pendant qu’en France « on » stockait le papier hygiénique, ce qui a provoqué l’ironie des observateurs américains, en Californie on a dévalisé les armureries !

Aujourd’hui, les banlieues sont étonnement calmes, ce qui ne peut s’expliquer que par un accord tacite conclu avec les autorités et les forces de l’ordre dont certains médias se sont déjà fait l’écho : « Pas de vague, mais pas de confinement » et «  Pas de criminalité, mais pas de contrôles et donc pas de couvre-feu ». C’est ce qu’on voit dans le 93… Cela permet de dégager un maximum de forces de l’ordre à consacrer à accroître la répression des populations et le confinement.

Cela n’est pas sans rappeler les accords classiques douteux de la fin 44 entre les résistants et certains gangs…

Cela implique évidemment que le ravitaillement des banlieues soit correctement assuré. Or les problèmes de pénurie de main d’œuvre saisonnière vont affecter sérieusement les prochaines récoltes, notamment en fruits et légumes, d’où une carence prévisible en approvisionnement de la grande distribution qui ne saurait  être répercutée alors en zone urbaine et périurbaine : c’est la distribution rurale qui subira le rationnement, salaire de la paix civile des banlieues…

(C’est ainsi que personnellement, habitant au milieu de nulle part à 30 Km de Moulins, je suis rationné à un paquet de beurre et à une boîte de 6 œufs par semaine par le supermarché local qui alimente environ 3000 personnes dans un rayon de 10 Km!)

Si la pénurie s’installe en ruralité, ce ne sont pas les banlieues qui vont déferler dans les campagnes, mais les ruraux qui vont aller envahir les villes…

Un facteur, comme l’exaspération croissante des masses face au confinement, à ne pas négliger.

Avec les médicocrates, le retour de l’hygiénisme.

La doctrine hygiéniste s’est élaborée au milieu du XIXeme siècle dans un monde ouvrier émergeant  marqué par la tuberculose et l’alcoolisme au temps où Pasteur après sa  découverte de la fermentation a mis en évidence le rôle des microorganismes dans la contamination et la contagion.

Elle s’illustra dans la lutte contre l’alcoolisme et déjà dans les prémices du nutritionnisme.

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Sur le plan urbanistique elle préconise notamment d’ouvrir les villes « intra muros » délimitées alors par les anciennes fortifications, afin de permettre une meilleure circulation de l’air et un abaissement de la densité de population. On peut lui imputer le développement des réseaux d’égouts, le traitement des eaux usées, le ramassage des déchets, la prophylaxie ou encore la lutte contre la tuberculose.

Toute l’urbanisation de la seconde moitié du XIXeme sera dominée par ces théories (Hausmann, Rambuteau, Poubelle en seront des acteurs emblématiques.)

Ces idées ont eu un grand retentissement dans les milieux de gauche où elles deviendront un vecteur de la diffusion des doctrines socialistes et une arme électorale redoutable.

Ainsi le maçon (et franc-maçon)  Martin Nadaud député de la seconde puis de la troisième république déclarera : « L’hygiénisme, en nous faisant donner des coups de pioche, nous a permis de pénétrer politiquement dans des quartiers que nous ignorions. »

Il faudra attendre Nicolas Sarkozy pour remettre cette doctrine d’ouverture de la ville en cause lorsqu’il déclara en janvier 2012 : « Nous avons décidé pour les trois ans qui viennent que tout terrain, toute maison, tout immeuble verra ses possibilités de construction augmenter de 30%. »

Mais les difficultés à densifier encore le tissu urbain notamment en région parisienne rendirent la mesure sans effet.

On peut s’attendre aujourd’hui à une recrudescence des mesures hygiénistes notamment à travers les « recommandations » diététiques et les dispositions vaccinales nouvelles imposées, consécutives à l’épidémie de Covid 19 qui vont être édictées. Même notre comportement pourra être assujetti à une norme médicocratique. On entendait récemment sur les ondes qu’il était recommandé  « au plus de croiser cinq personnes par jour » (sic !)

2 verres de vin, 5 fruits et légumes, 5 interlocuteurs, telle est la journée idéale du zombi décrite en médicocratie.

Pourtant la théorie hygiéniste est  aujourd’hui contrebalancée par la notion de « saleté propre » du biologiste Marc-André Selosse qui considère qu’un certain degré de contamination est requis pour un bon développement et un bon fonctionnement du système immunitaire.

Une réalité mise en évidence lors de la grande épidémie de poliomyélite de l’après-guerre, mais qui sera furieusement combattue par les médicastres.

Des mesures dirigistes en chantier qui passent inaperçues

Après l’ouverture au retour de la semaine de travail de 48 h voire de 60 h, on peut noter que la crise sociétale ouverte par l’épidémie permet de faire passer des mesures idéologiquement en opposition flagrante avec la volonté des populations.

Ainsi l’ouverture par décret du 29 mars à l’usage du Rivotril (produit de sédation) hors milieu hospitalier, pour « désengorger » les services, est considérée par certains comme une invitation à l’euthanasie en EHPAD.

La géolocalisation des personnes et le traçage (comme en Corée) des cartes de crédit

L’essai de la suppression de l’argent liquide.

Le renforcement de l’idéologie à l’école : craintes des endoctrineurs.   

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 Après la liquidation du baccalauréat (qui sera reconduite) à la faveur des difficultés du déroulement des épreuves pour être remplacé par un contrôle continu (vieux rêve des démagogues de l’Education Nationale), on a pu observer des manifestations idéologiques offensives notamment laïcistes :

– l’exclusion initiale dans le dispositif des élèves des établissements hors contrat finalement réintégrés puisqu’ils disposent légalement d’un livret scolaire comme les autres

– l’appel d’enseignants à une réouverture rapide des établissements d’enseignement craignant de voir leurs élèves échapper à l’endoctrinement républicain et être sensibilisés à des idées qualifiées de « non appropriées » d’origine évidemment familiale.

Une mesure qu’on retrouve aux USA ; exprimée ici sous une forme d’un cri du cœur qui frise la caricature:

“Nous devons rouvrir le plus tôt possible – avant qu’ils ne retrouvent leur capacité à avoir des pensées indépendantes”, a déclaré Mme Jenny Mudd, enseignante de 4e année à New York.

“Il s’agit d’une crise urgente. Nous réalisons que nous devons faire notre part pour empêcher la propagation du virus, mais nous devons aussi empêcher la propagation d’idées non approuvées. Rouvrez les écoles avant qu’il ne soit trop tard.”

Voir ici : https://babylonbee.com/news/teachgers-warn-parents-arent-properly-equipped-to-indoctrinate-children”

Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?

En tant que biologiste, j’ai toujours été hanté par l’impact de la pollution humaine, la dégradation des milieux, la disparition des espèces et la compétition entre l’homme et les espèces naturelles qui sont détruites depuis cinquante ans à une vitesse effarante.

On parle beaucoup du grand panda qui est devenu emblématique du sauvetage des espèces en voie de disparition et dont l’effectif dépasse aujourd’hui les 1500 individus.

Mais on oublie que des centaines d’espèces animales ont aujourd’hui des effectifs très inférieurs à 500 membres et sont en très grand péril. Les causes de leur disparition sont multiples (destruction de l’habitat surtout par l’agriculture, braconnage, pesticides, empoisonnement de l’air, etc) mais l’origine de tous ces maux en est toujours la même : l’homme !

La présence humaine entre partout en compétition avec l’animal et toujours à son détriment.

Ainsi personne ne se demande aujourd’hui pourquoi l’ours pyrénéen est condamné à manger du mouton ? Simplement parce que l’homme y a détruit par la chasse toutes les ressources alimentaires carnées de l’ours. Les exemples sont légion.

La crise du Corona en « effaçant » temporairement l’homme du milieu par son confinement et en suspendant ses activités, permet à la nature de reprendre un peu ses droits.

On revoit alors des animaux sortir et circuler. La pollution de l’air a été divisée par 10 en quelques jours…Bref on pourrait dire que la terre, si meurtrie par l’homme, grâce au confinement, souffle un peu… C’est aussi ce que l’on observe aujourd’hui à Tchernobyl où l’on revoit même des ours disparus de la région depuis près de 250 ans.

Il est clair que certaines zones, notamment en occident, ont atteint un stade de saturation de peuplement humain où le seul remède est la diminution drastique de la densité de ces populations. Un constat évidemment réfuté par certains lobbyistes extrémistes religieux mais de plus en plus accepté par les populations elles-mêmes qui comprennent que c’est la condition de base à la poursuite de leur existence dans de bonnes conditions.

Cela impliquera inéluctablement à long terme un contrôle planétaire des naissances.

Il n’y a alors que deux options pour rectifier le tir :

– dé-densifier le tissu urbain et répartir autrement les populations dans le milieu ;

– diminuer arbitrairement l’accroissement de la taille de la population tel que ce fut pratiqué un temps en Chine où se fut un échec car ce fut trop brutal et mal préparé.

Dans tous les cas, on va aboutir obligatoirement économiquement à une situation de décroissance. Cette situation n’est pas tellement différence de celle que va prévaloir avec la repris de l’économie après le confinement

C’est donc une occasion unique d’analyses qu’on ne peut laisser passer !

Par ailleurs, la question d’une transmission du Covid 19 à des espèces sauvages doit être sérieusement étudiée.

samedi, 11 avril 2020

Géopolitique du coronavirus - Entretien avec Gabriele Adinolfi

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Géopolitique du coronavirus

Entretien avec Gabriele Adinolfi

Gabriele Adinolfi est un théoricien politique italien. Il a dirigé la rédaction du journal Orion et lancé divers projets médiatiques et métapolitiques comme le site d’information NoReporter ou le think tank Centro Studi Polaris. Il a aussi parrainé en Italie les occupations illégales d’immeubles abandonnés à destination des familles italiennes démunies, occupations dont la plus connue est la Casapound (dont le nom fait référence à l’écrivain Ezra Pound) et qui est aujourd’hui un mouvement politique national. A partir de 2013 il anime un think tank basé à Bruxelles, EurHope. Les activités de Eurhope et de Polaris aboutissent au projet de l’Académie Europe (2020) qui relie des intellectuels, des activistes et des entrepreneurs de plusieurs pays. Le but de cette initiative est de créer une élite politique et entrepreneuriale apte à influer sur la politique européenne à l’échelle continentale. Dans le cadre de cette Académie Europe, il donne un cours de méthodologie politique en français tous les jeudis à 18h. Cours accessible en ligne ici.

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Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?

Trop d’informations génèrent de la désinformation, surtout lorsque les journalistes et les blogueurs sont, comme aujourd’hui, des amateurs présomptueux.
Cela signifie que nous avons une série infinie de données contradictoires dans la tête et que la confusion augmente. Les autorités peuvent ainsi nous mentir à volonté.
Si cela se produit en minimisant ou en générant un excès d’alarmisme, nous ne pouvons pas le dire.
La seule chose sûre est que le récit donné à l’opinion publique est un récit standard qui cache beaucoup trop de choses mais qui aide à garder le troupeau compact derrière une seule vérité en imposant des comportements obligatoires. On devient ainsi plus habitués à vivre dans la terreur et à accepter qu’une autorisation nous soit demandée pour tout.

Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?

Je ne crois pas à l’effondrement du système. La gestion de la pandémie a produit une accélération dans le sens mondialiste. Les classes petites et moyennes, la libre entreprise, peut-être même les retraites en seront affectées. Avec l’accélération de l’économie fermée du télétravail, les plus faibles paieront. Nous aurons une mondialisation sans les avantages pour les moins riches (les voyages coûteront probablement beaucoup plus chers). À être menacé, c’est aussi l’étanchéité de l’UE car en quelque sorte c’est un organisme institutionnel et économique intermédiaire et donc dans le scénario international actuel elle correspond dans le scénario économique global à ce que sont les producteurs et l’État social. Dans le capitalisme mondialisé de déréglementation totale, il est préférable que chaque province soit “souveraine” mais non un continent dans son ensemble. C’est à dire qu’elle subisse une standardisation sans aucun pouvoir contractuel à opposer du fait de leur petite autonomie réelle et qu’il s’agit pour chacune de n’être au final qu’une pièce de couleur différente des autres d’un unique costume de l’Arlequin globaliste. Mais je ne suis pas du tout sûr que le plan de destruction de l’UE réussira.

Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?

Depuis 2001, avec les Twin Towers, nous assistons à une standardisation progressive des coutumes et des libertés au moins dans tout l’Occident. En fait, le 11 septembre a été un accélérateur. Plus tôt, nous avons été témoins  de la guerre contre le tabac et l’alcool. Covid est une accélération sur l’accélération 9/11.

Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ? 

Je ne partage pas la crainte du gouvernement mondial et pas même son souhait, comme dans le cas d’Attali.
La réalité est plus complexe et je suis d’accord avec la formule de Lénine quand il parle de “l’unité et de la division de l’impérialisme”.
Je pense que nous devons donc parler de gouvernance mondiale et non de gouvernement mondial. Une gouvernance qui est l’expression de la synthèse des pouvoirs et qui s’inscrit dans la logique des Conseils d’Administration. (Notez que le mot Soviet signifie Conseil et rappelez-vous donc la profonde unité structurelle entre le communisme et le capitalisme).
La gouvernance mondiale existe déjà et fonctionne très bien. Aujourd’hui, l’OMS et l’ONU décident des méthodes et des moyens de répondre au Covid-19 pour 3 milliards de personnes.

Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?    

ewavgc.jpgAttali n’a en fait rien inventé ni découvert. Eric Werner dans ses livres L’avant-guerre civile et La post-démocratie avait très bien expliqué comment une oligarchie au pouvoir déconnectée des intérêts du peuple tend à la garder soumis. Ils ont besoin de générer un sentiment d’angoisse généralisé, voire de terreur envers un ennemi extérieur et invisible qui a ses alliés dans la maison (dans notre cas, ce sont les « pesteurs » qui sortent dans la rue et qui propagent l’épidémie). Alors les gens acceptent tout des tyrans.

Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?

Je les vois comme très négatives pour les classes productives, pour les retraités et les petits bourgeois et assez négatives pour tout le monde. Mais, avec la terreur, les gens se sont rassemblés autour de Big Brother et sont leurs propres gardiens de prison.

Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?

Pas dans l’immédiat. Mais nous pouvons surfer sur la vague et commencer à organiser des réseaux économiques et sociaux dans lesquels recréer notre communauté à partir de la sphère privée (sur l’exemple des associations d’entraide de la fin du XIXe siècle), nous pourrions alors agir pour une régénération syndicaliste révolutionnaire et corporatiste à la fois. Si nous le faisons à l’échelle européenne, nous pouvons toujours espérer la création d’un acteur européen qui, avec ses partenaires naturels (je pense à la Russie et au Japon) et ses zones d’influence stratégique (je pense à l’Afrique), peut offrir une variante de la mondialisation et bloquer le mécanisme mondialiste.

Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?

J’essaie de chevaucher le tigre.
Je garde des liens en Europe et je les élargis et les approfondis. J’ai lancé la première expérience de l’Académie Europe en ligne avec des cours et des conférences en italien, français et espagnol. Bientôt aussi en anglais. Pour l’instant nous avons des participants de France, Belgique, Hollande, Espagne, Suisse, Pologne, Grèce, Italie.

En français c’est tous les jeudis à 18h

Ce Jeudi 9 avril, à 18h : “Le Pouvoir”

Sociologie des pouvoirs, comment les reconnaître, comment les gérer, comment les acquérir, comment en créer de nouveaux.

Modalité d’inscription : quelques instants avant 18 heures, entrez simplement le code suivant sur le web (depuis un ordinateur ou un smartphone) : meet.google.com/bgn-dcrc-kwq

Au plaisir de vous avoir en ligne !

Le Covid-19 ou l'échec du globalisme

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Le Covid-19 ou l'échec du globalisme

par Eugène Guyenne

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

A l’heure où ces lignes sont écrites, trois semaines se sont écoulées depuis le début du confinement en France.

Ce virus venu tout droit de Chine, qui semblait être une épidémie localisée avant de se transformer en pandémie, a montré l’échec d’un système promu depuis plus de trente ans maintenant (système global et unipolaire) dont le secteur sanitaire montre ses limites (querelles entre groupes, sous-estimation du rôle médical et des moyens matériels a apporter, etc).

Cela nous rappelle que les États sont toujours souverains, de part le rétablissement des frontières (malgré le caractère très dogmatique de certains chefs d’État mais ce cas de force majeure exige le réalisme) et aussi par la méthode pour contrer ce virus, dont à ce jour on peut compter trois réponses: l’une, majoritaire, qui promeut le confinement (partiel ou total selon certains cas), un autre qui promeut la prise de sang (comme en Corée du Sud ou en Allemagne) et un autre qui ne confine pas sa population pour qu’ils développent leur système immunitaire (comme en Suède et un temps en Grande-Bretagne).

Pour nous Européens, nous voyons aussi que les mantras souverainistes tombent à l’eau: l’Union Européenne (ni nazie, ni bolchévique) n’est qu’une institution sans cohérence dont font partie des experts en politique de fin de carrière recasés par leurs chefs de gouvernements.

Le caractère assez risible par ailleurs de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen (ancienne ministre de Merkel, qui a succédé à Jean-Claude Juncker) tournant un clip visant à sensibiliser les populations d’États membres de l’UE quant au lavage de main, le démontre.

Et octroyant des aides financières importantes à des États africains au détriment d’une population italienne victime du laxisme sanitaire de son gouvernement (dont le nombre s’élève à plus de 17.000 morts en 2 mois).

En France, tout est allé très vite depuis l’annonce du Covid-19 le 27 janvier (dont les deux premières villes touchées furent Paris, la capitale, et Bordeaux, jumelée à Wuhan, centre du début de la pandémie):

- le Griveaugate (Benjamin Griveaux, un des macronistes de la première heure fut pressenti pour porter la voie gouvernementale aux municipales à Paris, mais il s’est retrouvé dans une sextape dévoilée par Piotr Pavlenski, un dissident marxiste réfugié en France, ce qui amena à porter candidate l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, à sa place

- l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution sur une loi sur les retraites, après un mois de janvier tumultueux de grèves inter-syndicales et inter-professionnelles.

- et maintenant le "coronavirus".

Entré en vigueur en France il y a trois semaines donc, le confinement partiel (qui a pour but d’endiguer ce virus) met au défi le gouvernement.

Et le début n’a pas raté: très rapidement les domaines « secondaires » de la vie (restaurants, théâtres, magasins, événements sportifs...) ont été fermés (présageant des pertes financières colossales), laissant place à des scènes surréalistes en supermarché où des rayons (pâtes, riz, papier toilette) ont été vidés entièrement; l’instauration de justificatifs de sortie sous contrôle de la police (là aussi le décalage a été rapide puisque le gouvernement a avoué son inaptitude à faire régner l’ordre dans certains quartiers) et maintenant quasiment tous les emplois se font par télétravail (avec au passage la fermeture des lieux scolaires au moins pour la fin des vacances scolaires dont on peut présager les dégâts quant aux examens pour les scolarisés).

S’ajoute également à cela, le renouvellement toutes les deux semaines du prolongement du confinement.

Jusqu’à quand est-ce que cela va se terminer ?

Est-ce qu’un monde vraiment nouveau va déboucher après ce virus, ou bien les fantasmes (quels qu’ils soient) resteront chimères au prix de la sauvegarde de l’économie ?

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

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vendredi, 10 avril 2020

Las pestes del siglo XXI

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Las pestes del siglo XXI

por Jordi Garriga

Ex: https://www.mediterraneodigital.com

¿Alguien recuerda la crisis de 2008? Seguro que sí. Ese acontecimiento cambió y sigue cambiando nuestras vidas, fue toda una sacudida anunciada por unas pocas voces mientras la fiesta proseguía y se seguía suministrando crédito inexistente a un mercado mundial a punto de reventar.

La crisis mundial de 2008 empezó en el mercado de bonos hipotecarios de los USA, mientras que el coronavirus inició su andadura en un mercado de animales vivos de Wuhan, China. ¿Acaso se debería establecer una comparación entre estos dos hechos que parecen ser tan diferentes? Pues creo que sí. Apunten estos datos: mercado, globalismo, contagio…

Que nadie piense en retorcidos planes para reducir la población o cambiar el régimen global... es mucho más sencillo: el coronavirus tiene éxito por su alta capacidad de contagio y por el mundo global sin fronteras y gran movilidad. Del mismo modo, en 2008, el pánico financiero que se desató en los mercados estadounidenses cuando descubrieron que detrás de los bonos no había nada, se contagió a todo el planeta, ya que todos los bancos y bolsas están interconectadas sin frontera ni límite alguno.

La falta de previsión y recursos ha hecho el resto en ambos casos: muertos, negocios cerrados, familias arruinadas, sensación de desamparo (nadie al mando). Y su origen ha sido precisamente en la potencia que pretende desbancar a los estadounidenses como el poder hegemónico, pues del mismo modo que se esperaba ayuda en Occidente desde USA en aquellas fechas, ahora se compra material en masa y se hacen donaciones desde China…

Estas dos crisis globales con tan pocos años de diferencia entre sí nos quieren decir algo, si es que somos capaces de entenderlo. Ahora vemos que poco a poco en la zona cero del contagio se va volviendo a la normalidad, pero… China han tenido que cerrar las fronteras, porque los nuevos casos ahora les venían del exterior, la UE tuvo que cerrar sus fronteras exteriores, e incluso los mexicanos han cerrado ellos mismos la frontera con los USA...

Se me dirá que siglos antes hubo pandemias y el mundo no era tan global. Mentira: la peste negra, por ejemplo, se extendió por Europa debido a la inexistencia de controles fronterizos y a las marchas penitenciales (se fustigaban sangrando abundantemente) que se hicieron. Las pulgas y las ratas acompañaban a los penitentes y difundían la enfermedad, la cual se incubaba durante 39 días, de ahí surgió la cuarentena. Se pudo detener cuando obligaron a los barcos a estar 40 días en puerto (control fronterizo) y a que, casi 80 años más tarde, la población ya había quedado inmunizada... Otro tanto pasó con una peste que hubo durante el Imperio romano. Ambas fueron tan terribles porque sucedieron en escenarios GLOBALES.

¿Y ahora qué debemos hacer? ¿Un gobierno mundial tal vez? Tanto en el caso de las epidemias como en las crisis económicas, vemos el patrón común: un gran mercado soberano ilimitado. Hay que quitar lo de grande, lo de soberano y lo de ilimitado.

- Hay que potenciar el consumo local y la inversión en proyectos locales.
- Hay que volver a colocar a los bancos bajo control democrático.
- Hay que establecer zonas limitadas de libre comercio, con fuertes medidas proteccionistas.

Lo que NO se debe hacer, ni en referencia a 2008 ni ahora, es volver a la normalidad, a lo que llamábamos “normalidad”, pues esa normalidad y no otra fue, es, la que nos ha llevado a esta situación actual. Volver a la normalidad significa preparar las condiciones para otra crisis, tan próxima y devastadora como la actual.

Cada acto tiene sus consecuencias: Mediante artificios, dinero ficticio e ingeniería social, pensábamos que podríamos engañar a las realidades vitales. En realidad, lo único que hacemos es engordar problemas hasta que nos estallan en la cara.

Para acabar, una pequeña reflexión. Los jóvenes españoles, nuestra primera generación en la historia cuyos padres y abuelos no habían conocido directamente una guerra, que hablaban frívolamente de guerracivilismo, derechos individuales, reducir población, etc., están teniendo un baño de realidad: ningún confort o libertad del que gozan cayó del cielo y pronto la vida les va a pasar la factura: si quieres vivir, vas a tener que luchar. Como siempre ha sido para el 99% de las personas.

Jordi Garriga Clavé [Twitter: @Jordigave]
Escritor, articulista y traductor. Escrito para MEDITERRÁNEO DIGITAL

_HAslklX.jpgAutor: Jordi Garriga
 
Técnico industrial especializado en dirección de CNC. Colaborador en diversos medios españoles y del extranjero como autor, traductor y organizador. Ensayista, ha publicado varios libros sobre temas históricos, políticos y filosóficos. Ha sido militante y cuadro político en Juntas Españolas y el Movimiento Social Republicano.
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La crise du Covid-19, victoire des “démocratures”?

Article de Caroline Galactéros* paru dans Marianne le 06/04/2020

Nous devons profiter de la crise pour tirer des enseignements et cesser de nous tromper de priorité. L’important en effet, n’était pas de laisser se tenir le premier tour des municipales ou des matchs de foot avant de commencer à restreindre les activités de nos concitoyens, ni de laisser fonctionner les aéroports sans contrôle systématique des entrants et isolement, ni surtout de garder ouvertes nos frontières pour faire croire au bon peuple que tout était sous contrôle. L’important, le premier devoir de l’Etat, c’est la protection et la défense de sa population. Il faut sauver la vie des Français et leur donner des consignes claires et simples pour évincer en eux, dans l’urgence, cet ultra-individualisme qui n’a pas seulement fait le lit du communautarisme mais aussi celui d’une vulnérabilité collective ancrée dans le fait de se croire autorisé à tout et sans devoir de rien.

LES ETATS GAGNANTS DE LA CRISE

Quoi qu’il en soit, pour le regard à la fois global et scrutateur du géopolitologue, ce drame est, il faut bien l’avouer, l’occasion d’une observation sans pareille. Car le Coronavirus va rebattre les cartes de la puissance en Europe et dans le reste du monde. Le premier réflexe, celui du bien-pensant occidental qui bat sa coulpe, est de rattacher cette pandémie à un “signe du Ciel” devant opportunément enclencher un gigantesque processus d’autorégulation, de remise à plat d’une planète partie en vrille et en train de s’étouffer de sa propre démence productiviste. Un processus vertueux donc, qui irait vers une réforme de l’économie et de la finance mondiales et vers un assagissement salutaire d’une globalisation en surchauffe. Après ce drame, les dirigeants du monde vont enfin réfléchir et réformer la gouvernance mondiale vers plus de sens et de solidarité. C’est beau mais très improbable.

Les grands gagnants seront donc les régimes qui auront osé guider, sans simagrées guerrières, leurs peuples et les associer à une prise de conscience de leur devoir individuel pour un salut collectif.

En revanche, la pandémie signe le grand retour d’un malthusianisme de la puissance et de l’influence. Seuls les plus résistants et adaptables des Etats s’en sortiront. Et le jackpot ira à ceux qui oseront non pas juste revenir au statu quo ante, et repartir dans leur roue comme des hamsters bourrés d’amphétamines, mais prendre l’initiative d’une réforme globale de l’entropie mondiale dans le sens d’une meilleure coopération internationale et d’une pratique du dialogue respectueux entre adversaires (et déjà entre partenaires…). Les autres, ceux qui vont “jouer perso’ en croyant jouer gagnant, seront discrédités moralement et politiquement. Mais jouer collectif signifie voir clair et décider vite pour sauver sa propre peau avant de secourir les autres. Comme dans un avion en dépressurisation : avant d’aider votre voisin, vous devez mettre votre propre masque ! …L’ironie est donc que ce sont les Etats qui ont réagi le plus vite et fermement, par des mesures coercitives de surveillance, pour protéger leurs propres concitoyens, qui ont pu le plus rapidement exercer leur solidarité envers les autres et donc remporter la mise en matière d’influence et de magistère politique comme de reprise de l’économie : Taiwan, Hong Kong, Singapour, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, la Russie etc…. Les grands gagnants seront donc les régimes qui auront osé guider, sans simagrées guerrières, leurs peuples et les associer à une prise de conscience de leur devoir individuel pour un salut collectif, les contraindre pour les protéger.

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On a vertement critiqué la Chine pour ses méthodes drastiques et autoritaires mais, comme pour la Russie, force est de constater que c’est la fermeture quasi-immédiate des frontières, le confinement total de régions entières, la pratique massive du test, le triage et le traitement différencié et sans états d’âme de catégories de populations à risques, le traçage de leurs déplacements pendant et après la réouverture qui a permis à un pays d’un milliard et demi d’habitants d’avoir…quelques milliers de morts seulement, moins déjà que l’Espagne ou l’Italie et sans doute bien moins que les Etats-Unis dans quelques semaines. Quant à la Russie, elle a été prompte à fermer sa très longue frontière chinoise, à mettre les voyageurs en observation longue et elle prend désormais des mesures strictes mais très différenciées selon les catégories de population pour limiter l’épidémie. Elle ne parle pas de “guerre” mais fait comprendre que l’heure et grave et que du comportement de chacun dépend la survie de tous. Elle annonce aussi des sanctions lourdes aux contrevenants. Fake news ! Ces dictateurs antédiluviens nous mentent me rétorquera-t-on ! Leurs chiffres sont faux ! Peut-être un peu. L’OMS pense le contraire. Et l’on ne peut, à l’heure des réseaux sociaux, cacher impunément des tombereaux de morts. Ce qui est certain, c’est que les citoyens chinois et russes obéissent à leurs autorités, de gré et au besoin de force. On ne leur demande pas leur avis, on ne les ménage pas, on leur explique simplement les enjeux pour eux-mêmes et pour la survie collective de leur nation. On leur donne des consignes cohérentes. La France est le pays des droits de l’homme, la Chine celui des devoirs de l’homme. Et la Russie en a vu d’autres…

LA BASCULE DU LEADERSHIP

L’ironie du sort pour des élites européennes qui ont passé leur temps depuis 3 ans à critiquer Donald Trump, vient du fait que c’est de ce président américain honni et méprisé que l’Europe entière attend aujourd’hui son salut économique et financier. Pour l’instant l’Amérique souffre, mais elle met le prix pour s’en sortir au plus tôt. Et elle s’en sortira. Toutefois, c’est géopolitiquement que le pire est à venir pour Washington. C’est la bascule globale du leadership mondial vers l’Asie au profit du “contre monde” chinois qui se trouve accélérée par la pandémie. Car l’attitude de Pékin comme de Moscou a su démontrer un réflexe de solidarité envers le reste du monde et notamment envers les pays européens dont eux-mêmes comme l’Amérique ont été parfaitement incapables. Surtout, au-delà d’une capacité de rebond économique et industriel remarquable, Russie et Chine démontrent une absence totale d’approche idéologique de la crise et se paient le luxe d’exprimer, par leur soutien concret à ceux qui ont compris et agi avec retard, une empathie multilatérale ignorante des avanies subies et aux antipodes de notre comportement infantile. Tandis que nous faisons la preuve de notre incapacité mentale à prendre la mesure des enjeux (à l’instar des migrations ou du terrorisme) et de notre absence de solidarité intra-européenne, les “démocratures” que nous diabolisons à l’envi s’en sortent mieux que nous car elles osent contrôler les foules. Puis elles se paient le luxe de venir à notre secours. Elles envoient, comme Cuba ou le Venezuela, des médecins et des respirateurs en Italie, et Pékin va pour nous fabriquer un milliard de masques.

C’est aussi une triste heure de vérité pour l’Europe.

Bref, humiliation suprême, après le Moyen-Orient, après l’Afrique, sous les yeux du monde entier, Pékin et Moscou nous font de nouveau la leçon. Une leçon d’humanité qui démonétise complètement nos postures ridicules sur les dictateurs et les démocrates, les grands méchants et les bienveillants. Ils font ce qu’on n’a pas su faire : se concentrer sur la menace existentielle elle-même, la traiter sans égard pour les droits individuels de leurs citoyens mais assurer grâce à ces mesures “liberticides” leur salut collectif et leur remise au travail, donnant magistralement raison à la pensée chinoise qui voit dans toute situation le potentiel d’une inversion des équilibres. Nous y sommes. C’est la rançon de notre naïveté, de notre cupidité, de notre égoïsme et de notre oubli des devoirs premiers de l’Etat envers la nation. A force de nous soucier de notre souveraineté comme d’une guigne, elle se venge.

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C’est aussi une triste heure de vérité pour l’Europe. Même une tragédie humaine concrète, vécue par ses membres fondateurs principaux, n’aura déclenché aucun geste, aucune générosité. Le récent sommet européen vient de démontrer l’inanité de la solidarité européenne en cas de péril commun. Les plus forts, donc les plus riches, n’ont pas la hauteur de vue pour valoriser leur position de force en donnant aux plus faibles. Un peu comme chez les individus en somme. On écrase l’autre affaibli au lieu de lui sortir la tête hors de l’eau. On lui fait la leçon au lieu de lui tendre la main. On déboule en réunion sur le budget européen avec une pomme et un livre, comme le Premier ministre néerlandais, pour montrer qu’on a tout son temps et qu’on ne négociera rien. Au-delà de l’inélégance, quelle indignité ! Il y a un très fort paradoxe : les Etats européens qui refusent aujourd’hui, au nom de l’orthodoxie budgétaire, d’aider leurs partenaires, font un mauvais calcul stratégique et géopolitique. S’ils montraient leur humanité, ils gagneraient plus encore que ceux auxquels ils porteraient secours. On me dira que je prêche pour la paroisse des cigales et que je ne comprends pas la juste austérité des fourmis laborieuses. Non, je cherche à raisonner stratégiquement, du point de vue de l’intérêt européen. Or, en diplomatie comme en amour, le premier pas n’est possible qu’au plus fort, et c’est un pas forcément gagnant pour lui car “stratégique” en termes d’influence et de crédit moral et politique. Ce sont ces pas là qui font avancer l’ensemble. Encore faut-il en être humainement capable. Le Général de Gaulle sut tendre la main à l’Allemagne anéantie, puis à la Chine, à l’Espagne et à d’autres. Cette grandeur d’âme qui est la marque d’un esprit visionnaire n’est plus. Il faut d’urgence réinventer le gaullisme en Europe. Invoquer les mânes du Général ou celles du Tigre ne suffira pas.

L’Europe peut exploser.

L’Europe est donc en train de “tomber en miettes” comme l’annonce tristement le président italien. Elle peut exploser. Elle n’est même pas “en voie de déclassement stratégique” car finalement elle n’a jamais été véritablement “classée” puisqu’elle a toujours été sous la coupe américaine via l’OTAN et que, mis à part Paris durant quelques décennies, tout le monde a trouvé ce marché de dupes formidable. Peut-être finalement ne méritons-nous pas mieux que la servitude puisqu’au-delà des mots creux, nous sommes incapables entre nous d’exprimer une compassion concrète, une charité envers nos propres Etats membres. Nous faisons la morale au monde entier, mais nous sommes une aporie éthique, rien d’autre qu’une machinerie commerciale et monétaire qui ne sait que parler budget et dette et réduit ses 700 millions de citoyens à des unités de coûts et de recettes. Une Europe de comptables, où les fourmis l’ont clairement emporté sur les cigales. Notre président peut bien chanter. Berlin va le faire danser. Bientôt, l’Allemagne déçue depuis trois ans au moins par notre incapacité à tenir il est vrai nos promesses, prendra uniquement de la machine européenne ce que celle-ci peut encore lui donner tout en poursuivant une politique de puissance et d’influence personnelle en agrégeant autour d’elle son satellite batave et ceux du nord et de l’est.

LES ETATS-UNIS ET L’EUROPE DOIVENT FAIRE PREUVE D’HUMANITÉ

Petitesse d’esprit, indigence éthique : ces défauts de structure de l’édifice communautaire font rêver d’un Occident enfin décillé, remettant les compteurs de la solidarité internationale à zéro, décidant de lever enfin les arsenaux iniques de sanctions contre la Russie ou l’Iran. Ce serait le moment ou jamais. Pour satisfaire notre instinct de vengeance, notre vision punitive du monde, notre volonté d’écrasement des autres ou notre simple grégarisme, nous laissons en effet, dans un contexte sanitaire dramatique, un peuple déjà très affaibli et cette situation va entrainer probablement des milliers de morts. Pourquoi ? Juste pour le punir de ne pas déposer ses dirigeants qui résistent au plan américain de dépeçage de la Perse. C’est d’un cynisme parfaitement insupportable. Où est la conscience de la globalité des menaces pesant sur l’humanité ? L’indifférence totale des politiciens occidentaux pour les parties du monde qui ne les concernent pas et ne serviront pas leur réélection parait à l’heure de la pandémie plus abjecte encore que d’ordinaire. Souhaitons que la récente annonce d’une aide européenne à l’Iran via le mécanisme Instex jusque-là mort-né de contournement des sanctions extraterritoriales américaines auxquelles nous nous soumettons servilement depuis bientôt 2 ans contre toute raison, soit le premier pas d’une rupture nette d’attitude et d’état d’esprit de notre part. Notre cynisme et notre indifférence sinon nous perdront. Le coronavirus est un révélateur d’humanité et d’inhumanité. Il faut retrouver le sens de la Vie dans nos existences, cette Vie commune en humanité que masquent nos prédations et nos luttes incessantes pour la primauté. Les USA comme les puissances européennes ont une occasion inespérée de faire vraiment preuve d’humanité et de préoccupation pour l’homme. La bascule du monde sinon va s’accélérer à notre détriment

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Ce virus a eu le mérite de révéler des réflexes de survie collectives des peuples et des nations que l’on jugera égoïstes mais qui traduisent la verdeur d’une vertu cardinale : l’esprit de souveraineté. Certains ont enfin réalisé que le fait de se prendre en mains, de revenir aux fondamentaux politiques et sécuritaires c’est à dire à la protection de nos populations, cet égoïsme sacré et salutaire était la seule approche qui permette d’abord de survivre avant d’espérer éventuellement construire un chemin collectif avec d’autres survivants. On ne battit pas sur un champ de ruines ou de morts. Il n’y aura jamais pour l’Europe, en aucun domaine, de salut à attendre du suivisme, du grégarisme ou des déclarations hors sol d’un Commission de Bruxelles qui préfère que l’on meure par millions pour rester fidèles à des principes abscons d’ouverture de l’espace européen plutôt de survivre en reprenant le contrôle de ce qui se passe sur nos territoires nationaux.

C’est la vassalisation mentale et l’esprit de renoncement qui sont si enkystés dans nos rouages institutionnels collectifs.

Le problème en somme, qui vient de se manifester magistralement, est toujours le même : c’est la vassalisation mentale et l’esprit de renoncement qui sont si enkystés dans nos rouages institutionnels collectifs et parfois même nationaux que nous sommes les ventriloques d’un discours qui nous condamne à l’impuissance. Exactement comme en matière de défense, quand nous persistons à faire semblant de croire en la garantie atomique ou même conventionnelle américaine alors que l’on sait tous depuis plus d’un demi-siècle, qu’elle est théorique (l’Europe servant essentiellement de profondeur stratégique aux Etats-Unis). Cette “Foi du charbonnier” des Européens en des utopies-pièges (pacifisme, fatalité heureuse de la fin des Etats et des frontières, universalisme béat, refus des traditions, culte du présent, progrès conçu comme l’arasement du passé, dogmatisme moralisateur, etc… …) que l’on nous survend depuis 70 ans pour tuer la puissance européenne en prétendant la construire, a une fois encore joué contre nous.

Or, nul n’a jamais construit sur le renoncement à ce que l’on est profondément. On construit sur des partages équitables, sur des compromis respectueux, sur la lucidité qui refuse l’égalitarisme fumeux et n’aboutit, comme le communautarisme chez nous, qu’à la dictature des “petits” sur les “grands” au prétexte qu’ils doivent par principe être traités à l’identique. Mais il n’y a pas d’identique en Europe ! Les Etats-membres ne sont pas des clones ! il y a en revanche des racines historiques et religieuses communes et comme par hasard celles-là, on les nie on les oublie ! Pour le reste, il n’y a qu’une diversité culturelle économique, sociale gigantesque et d’ailleurs fertile. Mais il y a aussi une histoire commune des membres fondateurs, des membres qui ont joué franc jeu et d’autres qui poussaient d’autres agendas…

Les Américains sont pragmatiques mais pas stratèges.

Cette crise doit enfin nous conduire à redéployer massivement des moyens vers la préparation collective des situations d’urgence. Il faut reprendre en main notre souveraineté notamment sanitaire et industrielle. L’état de sidération économique du monde développé observé à cette occasion ouvre des boulevards aux hackers de tous poils et à la guerre dans le cyberspace. Il y aura d’autres corona et un jour l’un d’entre eux tout spécialement destiné à notre déstabilisation mettre à l’épreuve nos politiciens du temps court et de l’expédient conjoncturel. L’épidémie peut rebondir, en Chine comme ailleurs, et nul ne devrait se risquer à fanfaronner. Pékin semble en train de battre de vitesse l’Amérique (et plus encore l’Europe qui est le terrain de jeu sacrificiel de leur duel), qui entre tout juste dans la pandémie et va comme l’Europe, subir une contrecoup économique lourd, en faisant repartir sur les chapeaux de roues son économie pour voler au secours du monde et le soigner… Mais une autre “guerre fait rage”, là aussi pleine d’ironie qu’il faut suivre avec grande attention : celle des grands producteurs de pétrole (dont la Chine est la cible commerciale ultime).

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Donald Trump est désormais contraint d’aller à Canossa et d’implorer Moscou et Ryad de réduire leur production pour enrayer la chute vertigineuse du prix du baril et ne pas noyer définitivement son industrie du schiste dans une marée noire saoudo-russe. L’OPEP l’emporte. Russes et Saoudiens sont d’accord pour lui faire rabattre sa superbe et l’aider un peu, en échange d’un allègement des sanctions contre Moscou et d’un arrêt du soutien au cousin rival de MBS à Ryad que certains à Washington verraient bien lui succéder depuis le dépeçage de Kashoggi qui a fait désordre. Vladimir Poutine doit savourer sa vengeance mais réfléchira sans doute avant de tendre la main à Washington. L’Amérique lui en saura-t-elle gré durablement ? Rien n’est moins sûr. La nouvelle guerre froide et l’anti-russisme pavlovien reprendront de plus belle dès que Washington se relèvera. Les Américains sont pragmatiques mais pas stratèges. Ils ne sont malheureusement pas près de comprendre qu’ils auraient tout à gagner à faire basculer Moscou dans le camp occidental. Cette erreur stratégique dure depuis 30 ans et il est bien tard maintenant. Les Russes n’en veulent plus et les Européens sont incapables de comprendre qu’ils en font les frais.

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

jeudi, 09 avril 2020

Coronavirus: les nouvelles règles en Belgique... Essayons de voir clair...

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Coronavirus: les nouvelles règles en Belgique...

Essayons de voir clair...

par Jean-Marie Claus

1. Vous ne pouvez pas quitter la maison en principe, mais si vous en avez besoin, vous pouvez quand même.

2. Les masques ne servent à rien, mais il faudrait peut-être en porter, ça peut sauver.


3. Les magasins sont fermés, sauf ceux qui sont ouverts.


4. Il ne fait pas aller dans les hôpitaux, sauf s'il faut y aller, même chose pour les médecins, il ne faut y aller qu'en cas d'urgence A CONDITION que vous ne soyez pas malade (?!?).


5. Ce virus est mortel, mais pas trop effrayant néanmoins, sauf que si parfois, en fait ça va être une catastrophe planétaire.


6. Les gants n'aideront pas, mais ils peuvent aider quand même.


7. Tout le monde doit rester à la MAISON, mais il est important de SORTIR.


8. La nourriture dans le supermarché ne manquera pas, mais il y a plein de choses qui manquent si vous y allez en fin de journée mais ll ne faut pas y aller le matin.


9. Le virus n'a pas d'effets sur les enfants sauf sur ceux sur qui il en a...


10. Les animaux ne sont pas atteints, mais il y a malgré tout un chat qui a été testé positif en Belgique en février, quand on ne testait encore personne, mais ce chat oui ?!?


11. Vous aurez de nombreux symptômes si vous êtes malade, mais vous pouvez aussi tomber malade sans symptôme, avoir des symptômes sans être malade ou être contagieux sans symptôme. Ah ? Bref ???


12. Pour ne pas être malade, vous devez bien manger et faire du sport, mais mangez malgré tout ce que vous avez sous la main et c'est mieux de ne pas sortir, enfin si, mais non...

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13. Il est préférable de prendre l'air, mais vous serez très mal vu si vous allez prendre l'air, et surtout n'allez pas dans les parcs, ou alors sans vous asseoir, sauf que maintenant si, vous pouvez si vous êtes vieux (à quel âge on est vieux ?!?) mais pas trop longtemps ou enceinte (mais pas vieille).


14. Vous ne pouvez pas aller chez les personnes âgées, mais vous devez vous en occuper et apporter des courses et des médicaments.


15. Vous ne pouvez pas sortir si vous êtes malade, mais vous pouvez aller à la pharmacie. Pour les soignants, même avec de la température, vous pouvez travailler, allez, pas plus de 38°C... 37,9 c'est pas grave, sauf si vous n'êtes pas soignant.


16. Vous pouvez commander la livraison de plats préparés qui l'ont peut-être été par des personnes qui ne portaient ni masques ni gants. Mais il faut laisser décontaminer vos courses pendant 3 heures dehors.


17. Chaque article ou interview inquiétant commence par les mots "Je ne veux pas semer la panique, mais...".


18. Vous ne pouvez pas voir votre mère ou votre grand-mère âgées, mais vous pouvez prendre le taxi et rencontrer un chauffeur de taxi âgé.


19. Vous pouvez vous promener avec un ami mais pas avec votre famille si elle ne vit pas sous le même toit.


20. Mais on vous dit que se promener avec la bonne "distanciation sociale" n'est pas dangereux alors pourquoi on ne peut pas se promener avec d'autres amis ou de la famille (un à la fois) si on est dehors à la bonne distance ?


21. Le virus reste actif sur différentes surfaces pendant deux heures, non, quatre, non, six, non, on a pas dit des heures, c'est peut-être des jours ? Mais il a besoin d'un environnement humide. Oh non, en fait pas nécessairement.


22. Le virus reste en suspensions dans l'air enfin non, ou oui, peut-être, surtout dans une pièce fermée, en une heure un malade peut en contaminer dix, donc si ça tombe tous nos enfants ont déjà été contaminés à l'école avant qu'elles ferment ?


23. On compte le nombre de morts mais on ne sait pas dire combien de personnes sont infectées, puisque jusqu'ici on a testé que ceux qui étaient "presque morts" pour savoir si c'était de ça qu'ils allaient mourir...


24. On n'a pas de traitement sauf qu'il y en a peut-être un, qui n'est apparemment pas dangereux sauf si on en prend trop (ce qui est le cas de tous les médocs, non ?).


25. On devrait rester confinés jusqu'à la disparition du virus mais il ne va disparaître que si on arrive à une immunité collective et donc à condition qu'il circule... et pour ça il faut qu'on ne soit plus confinés...

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Géopolitique du coronavirus: Entretien avec Robert Steuckers

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Géopolitique du coronavirus:

Entretien avec Robert Steuckers

Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.

C’est aujourd’hui Robert Steuckers qui nous répond.

82469796.jpgRobert Steuckers, né en 1956 à Uccle, est diplômé de l’Institut Maria Haps, lié à l’Université de Louvain, où il a obtenu le Master en langues anglaise et allemande. Il a dirigé un bureau de traduction à Bruxelles pendant vingt ans avant de se consacrer à diverses tâches d’enseignement des langues. Il avait créé le think tank “Synergies européennes” en 1994, qui a organisé des universités d’été en France, en Italie et en Allemagne. Il gère, avec d’autres, le site Euro-Synergies qui affiche près de 17.000 articles de fonds, consultables par tous. Il dispose également d’un compte Twitter Robert Steuckers (@RobertSteuckers) | Twitter alimenté chaque jour. Robert Steuckers est l’auteur de plusieurs livres et essais, notamment la trilogie Europa, véritable somme sur l’identité et l’histoire des peuples européens ainsi que La révolution conservatrice allemande et Sur et autour de Carl Schmitt.

Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?

On ne peut exclure une origine naturelle de la pandémie (bien que je reste sceptique à l’endroit de la fable de la manducation du pangolin ou de la chauve-souris) mais on doit aussi accepter de discuter une autre hypothèse : celle d’un acte de guerre bactériologique dirigé contre la Chine, l’Iran et l’Europe, les trois principaux foyers de la maladie. Le virus mutant, car il est mutant paraît-il, pourrait aussi s’être échappé d’un laboratoire chinois ou autre mais alors pourquoi frappe-t-il les principaux rivaux de l’hegemon, quasi à l’exclusion des autres régions du globe ? Si l’hypothèse d’une guerre bactériologique s’avère exacte, nous pourrions établir le scénario suivant : le centre névralgique de la Chine est frappé, son industrie boostée par les délocalisations néolibérales ailleurs dans le monde, surtout en Europe, est ralentie, ce qui a un effet sur sa monnaie, capable, à moyen terme, de supplanter le dollar. De plus, ce ralentissement ou ce sabotage freine la réalisation des fameuses « routes de la soie ». L’Iran, ennemi numéro un de certains cénacles néo-conservateurs, est frappé à son tour, alors qu’il pourrait aisément devenir le principal fournisseur d’hydrocarbures de la Chine et un partenaire commercial très important de l’Europe, comme à la fin du règne du dernier Shah, avec les accords EURATOM notamment. C’est la thèse de Houchang Nahavandi, ancien ministre du Shah et auteur de livres très importants sur l’histoire récente et ancienne de l’Iran, dont je conseille vivement la lecture.

9782825113110-200x303-1.jpgEn Europe, les calamités s’abattent sur les maillons les plus faibles et sur le moteur principal de l’économie européenne, l’Allemagne. La Grèce doit affronter la crise des réfugiés sur sa frontière thrace, alors que sa santé économique et financière est vacillante depuis une dizaine d’années, suite à la crise de 2008. Elle échappe encore en gros au coronavirus mais… Wait and see… L’Italie, rappelons-le, avait signé des accords spéciaux, faisant d’elle le tremplin de la Chine dans l’UE. L’Espagne a reçu également la crise de la pandémie de plein fouet parce qu’elle est aussi une économie fragilisée qui risque d’aboutir à la ruine du projet européen, favorisé par les Etats-Unis dans les années 1940 et 1950, puis jugé concurrentiel et posé, notamment par la doctrine Clinton, comme « alien », c’est-à-dire comme ennemi potentiel, sinon ennemi déclaré. La France est frappée elle aussi, même si, officiellement, elle est considérée comme alliée depuis Macron, président formaté intellectuellement par une école américaine. Elle est vidée progressivement de ses fleurons industriels (Alsthom, Latécoère,…) et lourdement infestée par le coronavirus, tout simplement parce que l’hyperlibéralisme qui l’anémie depuis la présidence de Sarközy, a sabré dans les secteurs non marchands, dont le secteur médical. Sans un secteur médical fort, bien charpenté, prévoyant toutes formes de pandémie, y compris celles qui pourraient être déclenchées par une frappe bactériologique, un pays est la cible idéale pour ce type d’opération.

La « dé-gaullisation » de la France, depuis Sarközy, constitue le démantèlement d’un Etat qui avait des réflexes clausewitziens, voulu par le militaire De Gaulle, du moins dans ses écrits théoriques, dans l’influence qu’avait exercé Raymond Aron, grand spécialiste du stratège allemand du 19ème siècle, dans sa praxis originale des années 60, laquelle pouvait être décrite comme un modèle de « troisième voie » entre les deux blocs de la guerre froide. C’était une réponse aux impérities de la 3ème République, fustigées par Simone Weil à Londres avant sa mort en 1943, et à la gabegie politicienne et vasouillante de la 4ème. Ces types de régime gèrent à la petite semaine et ne prévoient rien, ce qui entraîne l’incapacité de décider aux moments opportuns ou de faire face à des catastrophes imprévues, comme une pandémie. Le « suicide français », décrit par Eric Zemmour est justement ce démantèlement progressif de l’Etat clausewitzien  -avec tous ses dispositifs mis en place qui prévoyaient toujours le pire-  que voulait être la 5ème République dès sa proclamation et surtout dans les années 1963-69.

La morale de cela, c’est que tout Etat ou groupe d’Etats, doit impérativement, s’il veut survivre aux manigances de ses ennemis (car il y a toujours un ennemi, disait Julien Freund), conserver ses atouts industriels et refuser les délocalisations et les fusions avec des firmes étrangères, garder des infrastructures médicales solides et un système scolaire/universitaire performant.

En Allemagne, les dispositifs prévus pour une pandémie ont été conservés, ce qui explique une meilleure gestion de la crise du coronavirus. Cependant, l’avenir de l’Allemagne n’est pas rose : les flots de réfugiés qui se sont installés sur son territoire ruinent le système de sécurité sociale exemplaire qui y avait été instauré dans l’après-guerre et génèrent du désordre à n’en plus finir dans les rues des villes ; le partenaire principal de l’industrie allemande est la Chine aujourd’hui mais cette dépendance est fragile, les Chinois finissant toujours par produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin, notamment des automobiles. L’industrie allemande a trop parié sur l’exportation de ses excellentes automobiles, sans imaginer que ce flux pourrait un jour se tarir. Par ailleurs, le tandem gazier germano-russe est dans le collimateur de l’hegemon : les entreprises européennes qui contribueraient à l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 sont directement menacées de procès par la « justice » américaine ou de confiscation de leurs avoirs dans les banques d’Outre-Atlantique. L’affaire Frédéric Pierucci, cadre d’Alsthom, illustre bien quel est ce risque, notamment dans le livre témoignage que ce cadre a rédigé après son emprisonnement aux Etats-Unis, Le piège américain.  

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Enfin, l’Allemagne connait une crise politique sans pareil dans son histoire d’après 1945. Les partis qui ont été les porteurs de la République Fédérale depuis le miracle économique et depuis la réunification suite à la disparition du Mur de Berlin, sont en chute libre. La SPD socialiste n’est plus que l’ombre d’elle-même ; la CDU, véritable pilier du pays, connaît des tassements problématiques et perd ses billes dans tous les Länder de l’ancienne RDA. Ce tassement ou ce déclin n’est pas une exception en Europe : les chrétiens-démocrates italiens ont disparu de la scène depuis longtemps déjà ; le PPE espagnol est en liquéfaction, ce qui permet aujourd’hui à une fausse gauche, en dépit des étiquettes, de mal gouverner le pays en crise et face à la pandémie ; les deux partis chrétiens-démocrates belges sont également en voie de disparition. Ces effacements démocrates-chrétiens et socialistes interpellent : une autre normalité politique est en voie de constitution mais on ne sait pas encore quels contours elle prendra. Seul Orban maintient sa forme hongroise de démocratie chrétienne en état de fonctionnement, obtenant simultanément un certain consensus dans son pays mais est fustigé voire ostracisé par les instances eurocratiques qui font pression pour qu’il soit exclu de tout.

Le déclin allemand est inéluctable, contrairement à ce que l’on croit généralement en France aujourd’hui, où certains cercles agitent à nouveau le spectre d’un pangermanisme offensif. Outre-Rhin, la littérature contestatrice du système est florissante et n’est plus réduite à des marges de gauche ou de droite mais provient désormais des plus hautes sphères économiques ou intellectuelles. Il faudra y revenir car les arguments avancés par ces contestataires se marieraient très bien avec les critiques de l’eurocratie en vogue en France. C’est un thème excellent pour Strategika !

Si la pandémie frappe depuis peu les Etats-Unis, dont le système hospitalier laisse beaucoup à désirer, on pourra arguer que l’hypothèse, qui n’est qu’une hypothèse, que j’ai esquissée ici est erronée puisque l’hegemon, accusé d’avoir déclenché une guerre bactériologique, serait exonéré de cette accusation, vu qu’il est lui-même frappé par la pandémie. Mais toute opération bactériologique a ceci de particulier, c’est que la première victime peut aisément renvoyer la balle et répandre l’agent perturbateur chez l’envoyeur.

Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?

313UGyA8Z1L._SX346_BO1,204,203,200_.jpgJe le pense. D’abord, le confinement ralentit l’industrie dans un système qui ne tolère aucune pause. Pour Carl Schmitt, le monde globalisé par la volonté de Roosevelt dans les années 1930 et 1940, relève de l’élément « eau », puisque l’hegemon bâti par ce président américain est une thalassocratie idéologiquement libérale : nous naviguons donc sur cet immense océan symbolique et sur les flux de marchandises et de communications contrôlés au départ par la puissance navale américaine : qui fait du sur-place dans un tel contexte coule, tout simplement, écrivait Carl Schmitt dans son Glossarium (non encore traduit). Ensuite, j’ai toujours pensé que la crise de 2008, plus profonde qu’on ne l’a cru jusqu’ici, n’a pas vraiment été résolue : on a colmaté les brèches en permanence par toutes sortes d’artifices, on en a freiné les effets pendant douze ans. Ces manœuvres de rafistolage prennent fin. Et on va mettre sur le compte du virus l’implosion définitive du système pour que les peuples ne cherchent pas à désigner des coupables.

Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?

Cette situation est effrayante parce que si pandémie il y a, indubitablement, elle n’est pas beaucoup plus explosive, du moins jusqu’ici, que les grippes saisonnières habituelles. Le virus semble certes plus virulent que celui des autres grippes, plus résilient une fois expectoré hors d’un corps humain et plus agressif sur le système respiratoire des patients les plus faibles, dont le système immunitaire est fragilisé par d’autres pathologies. Nous sommes face à une situation comparable à celle de 1968 et 1969-70 où un virus grippal avait tué, à un certain moment, jusqu’à 4000 personnes par semaine rien qu’en France ! En 2018, du 26 février au 4 mars, 2.900 personnes décèdent de la grippe saisonnière en Belgique, en une seule petite semaine !

Les hypothèses qui disent que les cercles dominants orchestrent une panique pour installer un système dictatorial, panoptique, vecteur d’une surveillance universelle et ubiquitaire, sont à prendre au sérieux. Le comportement moutonnier des citoyens est ahurissant dans un tel contexte, alors qu’il est patent que les sphères dirigeantes ont intérêt à promouvoir un tel système : l’Italie de Salvini ou même l’Italie post-Salvini est un pays imprévisible qu’il faut mater ; la France des gilets jaunes qui refuse l’hyperlibéralisme qu’on veut lui imposer mérite, à leurs yeux, une punition sévère et l’Allemagne qui hue Merkel à chacune de ses apparitions publiques doit également être châtiée, d’autant plus qu’elle se chauffe au gaz russe et fait tourner son industrie, automobile et autre, avec ces mêmes hydrocarbures poutiniens.

Nous sommes arrivés à l’ère du « Surveiller et punir » planétaire dont l’Europe sera la principale victime car les Chinois et les Iraniens sont davantage prêts à accepter les coûts humains et possèdent des capacités de résilience supérieures aux nôtres, qu’ils puisent dans la religion chiite ou confucéenne ou dans l’idéologie communiste revue et corrigée, tant et si bien qu’elle ressemble davantage aux projets constructifs de Frédéric List au 19ème siècle et aux projets que celui-ci a inspirés aux idéologues du Kuo MinTang, militant d’une renaissance chinoise après le « siècle de la honte », où le Céleste Empire était tombé en une profonde déchéance.

Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?

Attali formule du moins le projet et il y a des traces de cette vision messianique dans bon nombre de ses écrits antérieurs. Par ailleurs, dans un ouvrage traitant du monde vu par la CIA, il y a une dizaine d’années, Alexandre Adler évoquait une pandémie comme accélératrice d’une mondialisation amplifiée sinon définitive. Je ne vois cependant pas la Chine de Xi Jinping et la Russie de Poutine s’embarquer dans un tel projet. Sans parler de l’Iran…

Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?    

Cette idée est une idée générale. Quasi une lapalissade. Mais si Attali, chantre du projet globalisateur en voie de réalisation, l’évoquait en 2009, c’est qu’une ingénierie sociale et médiatique bien orchestrée pouvait, le cas échéant, créer de la peur pour faire aboutir un projet tel celui dont il rêve depuis longtemps. Cette création d’une panique globale est ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Mais Attali est désormais un vieux gourou, de l’âge de tous ceux à qui il souhaite la mort pour que les gouvernements hyperlibéraux n’aient pas à payer des retraites. Cependant, le nouveau gourou mondial s’appelle Yuval Noah Harari, célèbre pour deux bestsellers que l’on retrouve en toutes langues dans toutes les librairies du monde, surtout dans les grandes gares et dans les aéroports, là où passent ceux qui nomadisent à grande ou à petite échelle.

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Le 20 mars 2020, cet Harari publie un long article dans le Financial Times (https://amp.ft.com/ ), où le programme mondialisateur en cours est présenté sur un mode plaisant et attrayant, comme d’habitude : on ne peut reprocher ni à Attali ni à Harari d’avoir un style ennuyeux, incapable de capter l’attention de leurs lecteurs. Harari constate qu’avec le coronavirus, il y a urgence (emergency) et que toute urgence est « un processus historique accélérant ». Ensuite, je cite : « Les décisions en temps normaux, qui peuvent prendre des années de délibération, sont prises en quelques heures (…). Des technologies non encore entièrement développées voire dangereuses sont mises en œuvre, parce que les risques sont plus élevés si on ne fait rien (…). Des pays entiers servent de cobayes à grande échelle pour des expérimentations sociales ». Harari évoque alors un monde où il n’y aura plus que du télétravail et surtout du télé-enseignement: le confinement, que nous subissons, semble alors une étape préparatoire à cet avenir de réclusion complète, concocté dans les hautes sphères dominantes.  Harari évoque aussi le monitoring général de l’humanité, assorti de punitions pour les récalcitrants. Il est quelque peu lyrique en disant qu’aujourd’hui, les gouvernements sont plus forts que le KGB soviétique car ils disposent maintenant de « senseurs ubiquitaires et d’algorithmes puissants ». Le coronavirus, ajoute-t-il comme s’il voulait apporter de l’eau à notre moulin,  a d’ores et déjà permis de déployer un tel arsenal inédit dans l’histoire de l’humanité, notamment en Chine où l’Etat se manifeste en permanence à travers les smartphones de ses citoyens, utilise la reconnaissance faciale à très grande échelle et peut déterminer quel est l’état sanitaire de chaque Chinois par des appareils destinés à vérifier leur fièvre, que n’importe quel policier peut trimbaler et utiliser sur les voies publiques. L’étape suivante nous est également révélée par l’article d’Harari : les sentiments, comme la colère ou la joie, sont des phénomènes biologiques au même titre que la fièvre ou la toux : on peut donc les détecter et les manipuler au départ des mêmes instruments qui servent à repérer dans les rues de Chine les fiévreux potentiellement « coronavirusés ». Enfin, Harari dévoile l’objectif final, quasi messianique, bref la parousie enfin en advenance : la « coopération globale », seule planche de salut contre le virus qui doit nous induire tous à opter pour « un esprit globaliste », rendant inutile les réflexes locaux ou nationaux.

CLS.jpgEn d’autres termes, Harari opte pour une humanité radicalement différente de celle qu’avait préconisée en son temps Claude Lévi-Strauss : celui-ci voulait autant de modèles humains qu’il en existait encore sur la planète quand il s’adonnait à ses recherches en ethnologie, voulait promouvoir un « esprit ethnopluraliste » pour que l’homme ait à sa disposition de nombreux modèles possibles à imiter ou à assimiler en cas de blocage ou d’effondrement du modèle auquel il avait auparavant appartenu, dans lequel plusieurs générations de ses ancêtres avaient vécu. L’humanité devait être plurielle pour cet ethnopluralisme lévi-straussien. Pour Attali et Harari, cela ne semble pas être le cas. J’ai, je ne vous le cache pas, la nostalgie du projet de Lévi-Strauss. 

Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?

Je pense que l’on suscitera la panique au moins jusqu’à la mi-mai, jusqu’au moment où le ralentissement des industries européennes aura des conséquences irréversibles et que la crise sera là, bien palpable, avec un nombre incalculable de faillites dans les PME (petites et moyennes entreprises). La crise sociale en France s’accentuera et le mouvement des gilets jaunes reprendra vigueur et de plus belle. Les autres pays européens suivront, Allemagne comprise. Ensuite, le confinement finira par agacer les plus patients d’entre les autochtones et par provoquer des émeutes dans les quartiers à risque car le Ramadan commence fin avril et s’étendra jusqu’à la fin du mois de mai. Il y a plus grave : le mondialisme globalitaire vise l’éradication de la culture européenne, dont le symbole le plus patent et le plus spectaculaire fut l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le confinement a entraîné un premier sabotage de la liturgie implicite de notre civilisation : les vacances de Pâques et les festivités pascales, dont la semana santa espagnole, seront effacées pour la première fois depuis des siècles, de même que le cycle printanier de mai, avec les fêtes religieuses assorties des communions, prétextes à des fêtes de famille qui soudent la société. Suite à ce sacrilège, car il faut bien l’appeler ainsi, le cycle des vacances estivales sera très probablement bouleversé, alors qu’il est une tradition séculaire, ponctué de fêtes également. L’humanité de notre sous-continent sera perturbée en profondeur, ébranlée psychologiquement, avec effets somatiques et psychologiques. C’est là le risque le plus effrayant dans l’immédiat car, une fois enclenché le sacrilège de briser notre liturgie millénaire, il y aura en permanence le risque de le rééditer. Mais même la rupture du cycle rituel liturgique, hérité de Rome, pendant une année seulement est annonciatrice de catastrophes : jamais on avait osé cela.

Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?

b2f8434b2865b541e9db2e207b87586a.jpgUne issue politique, véritablement politique au sens où l’entendaient Carl Schmitt et Julien Freund, n’est possible que par un coup de force, une épreuve cruellement conflictuelle. Par un bouleversement pareil à la révolution russe de 1917. Or nous ne sommes plus dans les années 1920 ou 1930 où des millions de soldats revenaient du front et n’avaient pas peur d’encaisser des coups ou de mourir face aux balles de régimistes ou d’adversaires politiques. Qui plus est, on ne brise plus un régime aujourd’hui avec de simples fusils, munis de baïonnettes. Les Etats sont dotés d’armes plus sophistiquées, que l’on ne peut pas acheter au magasin du coin, même aux Etats-Unis. Ils disposent de « senseurs ubiquitaires et d’algorithmes puissants », pour paraphraser Harari. De nos jours, il y a des drones, des caméras, des centres cachés si bien qu’il ne suffit pas de prendre la Grande Poste comme à Dublin en 1916, ou la radio à Moscou en 1993, face aux blindés d’Eltsine. Notre humanité est bien trop adoucie par des décennies de « libéralisme » (ou de festivisme) pour oser une telle aventure.

La seule forme qu’une réaction pourrait prendre serait un glissement vers l’illibéralisme à la Orban ou à la Poutine, sans répéter le stupide clivage gauche/droite car l’ennemi de tous est unique : il s’agit de l’hyperlibéralisme induit dans nos sociétés par le tandem Thatcher-Reagan à partir de 1979.  Or à gauche, on conserve de lourds réflexes hostiles au politique et, à droite, on a toujours tendance à sombrer dans une forme ou une autre de libéralisme. Ce sont là les écueils à éviter, en faisant appel à une imagination métapolitique qui fondrait les corpus opposés en une nouvelle synthèse, où les principes de la justice sociale et du suum cuique sont respectés.  

Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?

Je ne suis pas un expert mais un observateur engagé. La crise actuelle, pour moi, est l’aboutissement de la crise freinée de 2008 et, mais je peux me tromper, un coup de force bien ciblé, perpétré par un acte de guerre bactériologique qui vise à anéantir la puissance économique européenne (le seul mode de puissance qui restait à notre sous-continent), le challengeur chinois,  à ruiner le projet des « routes de la soie », avec l’appui continu d’une orchestration médiatique planétaire. Nous sommes dans des guerres hybrides ou des guerres de quatrième génération, c’est-à-dire des guerres où l’on n’aligne plus des armées de chars et de fantassins mais où l’on applique savamment des stratégies indirectes. L’Europe, constataient déjà certains observateurs dans les années 1990 et 2000, était la moins bien préparée à manier les outils médiatiques et culturels de cette guerre de nouvelle dimension : c’était diantrement vrai et elle en paie lourdement les conséquences aujourd’hui. Si son projet avait été clausewitzien au lieu de néolibéral, elle n’en serait pas là…

Les leçons de la crise : la mise sous respiration artificielle de l’Europe...

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Les leçons de la crise : la mise sous respiration artificielle de l’Europe...

par Caroline Galactéros
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur le site de Geopragma et consacré aux conséquences de la crise du Coronavirus en Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

Les leçons de la crise : la mise sous respiration artificielle de l’Europe

Il ne s’agit pas, comme pour l’OTAN, d’une prétendue “mort cérébrale” mais d’une très concrète mise sous respiration artificielle de l’Europe. Sans garantie de survie. Le Covid-19 agit comme un triste révélateur de la vérité de ce qu’est l’UE : une vieille dame qui a “de beaux restes” mais ne sait plus ce que veut dire “se tenir”, être digne de soi ou de ce que l’on prétend être. Telle une ancienne gloire de la scène mondiale, elle vit tellement dans ses souvenirs et ses illusions qu’elle ne s’est pas rendu compte que le monde avait complètement changé et qu’on ne l’écoutait plus.

Les masques tombent

Cette pandémie révèle les meilleurs et les pires des comportements humains : les trafics, les pillages dans nos hypermarchés dégoulinants de nourriture, le mépris des consignes de confinement d’une partie de notre jeunesse en sécession, l’abandon de notre partenaire italien en pleine tragédie, comme d’ailleurs celui de la Grèce plus seule que jamais face aux migrants à l’assaut de ses frontières, les coups de poignard dans le dos entre Européens (comme ces douaniers Tchèques qui récupèrent l’aide chinoise d’urgence destinée à l’Italie et la distribuent dans leurs hôpitaux). Il y a aussi le meilleur : la solidarité active de tant de nos concitoyens et de nos entreprises qui fourmillent d’initiatives et d’empathie, les policiers qui travaillent nuit et jour pour sauver de leurs bourreaux domestiques femmes et enfants plus en danger encore que d’ordinaire, les pompiers, les personnels dévoués de nos maisons de retraite et même simplement les “mercis” chantés chaque soir pour les “soignants” qui ne démissionnent pas alors même que l’impéritie gouvernementale les fait depuis des semaines monter au front presque sans masques ni gants… Ne nous trompons pas toutefois. Le dévoiement de la sémantique guerrière est à mon sens ridicule et même contreproductif. Cette rhétorique martiale dessert l’image de nos “chefs de guerre” manifestement mal armés et peu décisifs aux premiers temps de l’épidémie. Les “soignants” ne font que leur devoir. Ils vivent leur vocation, celle qui a inspiré leur choix professionnel. Ce ne sont pas des “héros”, ni des victimes. Même s’il est vrai que, comme nos gendarmes, nos policiers, nos croquemorts et tant d’autres, ils montent au front de la pandémie depuis des semaines souvent sans armes et prennent des risques personnels insensés dans un pays qui se targuait hier encore d’avoir le meilleur système de soins au monde…

“Il est donc grand temps de redéfinir avec lucidité et ambition le périmètre du régalien”

Les masques sont donc tombés de ce nouveau village Potemkine français, la politique préventive de santé publique. Dieu merci, Hippocrate est encore vivant. Il faudra néanmoins sérieusement s’occuper de lui dès la crise passée et le soigner à son tour sans mégoter. Cette incurie sanitaire aux conséquences désastreuses rappelle celle du budget de la défense, allègrement raboté durant des décennies au nom des “dividendes de la paix” sans réfléchir même à préserver les capacités essentielles indépendantes pour faire face à de collectives calamités. Nous sommes là au cœur de la résilience d’une nation et même de sa survie. Quand la tempête sera passée, ces domaines, comme ceux de la sécurité ou de la justice, devront une fois pour toutes échapper à nos petits hauts fonctionnaires comptables ratiocineurs, qui trouvent toujours de l’argent pour remplir les tonneaux des Danaïdes de l’assistanat à visée électoraliste, mais laissent nos soldats et nos médecins en haillons au nom de la rationalité budgétaire en misant sur leur sens du devoir pour faire le job malgré tout si besoin était. Besoin est.

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Le besoin d'état

Il est donc grand temps de redéfinir avec lucidité et ambition le périmètre du régalien, qui dessine celui de notre souveraineté comme socle vital de la persistance dans l’être de la Nation. Temps aussi d’admettre que nous faisons face au grand retour des Etats dont il faut se réjouir au lieu de célébrer stupidement leur déliquescence comme un progrès.

Car nos peuples, tous les peuples ont besoin d’un Etat, et d’un Etat fort qui sache les protéger et décider dans l’incertitude au mieux de leurs intérêts physiques, matériels, et même immatériels. Les utopies fluides de la globalisation, de la délocalisation vertueuse des productions indispensables (des masques et respirateurs aux catapultes de nos avions de chasse, aux turbines de nos sous-marins en passant par notre alimentation, nos médicaments, etc…), celles de la virtualisation accélérée du monde viennent de se fracasser lamentablement devant un petit virus mutant, né de nos propres expérimentations, qui décime cet humain prétendument si proche de la vie éternelle et de l’humanité “augmentée”. Le COVID 19 vous terrasse comme la peste noire ou la grippe espagnole emportèrent en leur temps des centaines de milliers de malheureux. Nous ne sommes donc rien ou plutôt pas grand-chose ! Vanitas vanitatis, omnia est vanitas ! Il était temps de s’en souvenir. Pas de masque, pas de gants, une accolade de trop et hop ! Au trou ! Cette crise est une crise de l’Ubris occidental, gavé d’utopie technicienne au point de se croire invulnérable. On n’y croyait pas. Un peu comme les Américains avant le 11 septembre 2001, qui ne pouvaient seulement imaginer, en dépit de bien des signaux d’alarme, que leur territoire allait être magistralement désanctuarisé en son cœur même. Notre civilisation “post-moderne”, pétrie d’économisme triomphant, saisie du vertige transhumaniste et nos sociétés si sophistiquées qui pratiquent le trading haute fréquence et installent des millions de Kilomètres de câbles sous-marins pour gagner plus encore, en quasi totale décorrélation d’avec l’économie réelle comme du sort des populations ordinaires, avaient juste oublié qu’elles étaient mortelles. Paul Valery n’aurait sans doute pas imaginé pareille postérité à son prophétique propos.

“L’Etat tient” nous dit-on ! Encore heureux ! Mais pour combien de temps et surtout, saura-ton tirer profit de ce drame mondial pour prendre de la hauteur, revoir de fond en comble nos plans d’urgence, nos priorités, notre planification de crise, notre gouvernance et enfin définir ce que nous attendons de nous-mêmes en tant qu’Etat-nation digne de ce nom dans le monde tel qu’il est ? Cela nous permettrait de décider au passage ce que nous attendons de l’Europe et ce ne serait pas du luxe ! Quand on réalise le temps perdu à Bruxelles par nos eurocrates hors sol et pleins de certitudes à nous convaincre qu’il était urgent d’attendre, qu’il ne fallait surtout pas fermer les frontières nationales ni même celles de Schengen, encore moins contrôler systématiquement les entrants nationaux ou étrangers, car c’était là manquer à “l’esprit européen” de liberté et au sacro-saint dogme libre échangiste, on mesure la totale irresponsabilité de ceux qui prétendent savoir ce qu’il faut aux Européens pour vivre en paix et prospères. Il faut vivre tout court déjà !

Saura-t-on faire que cette crise soit le catalyseur d’une prise de conscience urgentissime de ce que la souveraineté nationale n’est pas une option mais une nécessité vitale pour chaque peuple sur cette planète ? Va-t-on en finir avec le conformisme intellectuel qui nous affaiblit collectivement en nous faisant faire l’autruche et tout comprendre en permanence de travers ? Saura-t-on voir que le sujet n’est pas le populisme ou je ne sais quelle lubie rétrograde, mais bien l’urgence de protéger concrètement nos peuples et notre civilisation contre divers périls, lutte à laquelle il faut affecter les moyens suffisants au lieu de fuir dans le ronron du productivisme en roue libre et de la morale en toc qui fait au loin des tombereaux de morts ?

Les conseilleurs n’étant pas les payeurs (quoiqu’en l’espèce un peu quand même), il serait évidemment malvenu de critiquer ceux qui dans la tempête, après l’avoir gravement sous-estimée, cherchent rames et écopes. Si cette pandémie rappelle le monde entier à son humaine condition et fait sonner à ses oreilles sidérées le même glas, on voit immédiatement que les pays sont tout sauf égaux devant elle, selon les « choix » de leurs gouvernants en matière de contrôle des frontières mais aussi de dépistage et de traitement. Le” pouvoir égalisateur ” du virus lui-même s’arrête à la décapitation de nos petites vanités dérisoires. Plus que jamais, les destinées collectives des peuples dépendent des forces morales, mentales comme de l’autorité de leurs dirigeants.

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L’état n'est plus stratège

En France, la stratégie adoptée de limiter les tests au maximum et de confiner l’ensemble de la population en mettant à l’arrêt la vie économique du pays au lieu de dépister massivement puis d’isoler les contaminés pour les traiter, n’a d’ailleurs pas été un arbitrage scientifique. Nous n’avions juste pas (plus) les moyens de faire autrement. Ce choix nous a été imposé par notre système sous-dimensionné de prise en charge de l’urgence sanitaire. Pourtant, le risque pandémique est un risque sanitaire majeur bien connu. Et depuis 15 ans, nous avons déjà connu les tragédies de la grippe aviaire et du virus H1N1…Mais nous n’en avons pas tiré les enseignements. Nous sommes passés à autre chose. Nous délocalisons toujours les productions pharmaceutiques et médicales et nos arbitrages sont idéologiques et d’opportunisme politique, nourris d’une confiance ingénue dans la supériorité de la liberté de circulation des individus sur la contagiosité extrême d’un virus. Dont acte.

Alors, on a différé, séquencé, délayé, et perdu un temps précieux au risque de bien des morts, et de devoir in fine, une fois le système saturé et les soignants éreintés, choisir ceux que l’on sauve et ceux que l’on sacrifie, écrémage pourtant politiquement suicidaire. Le gouvernement après quelques semaines d’atermoiements, parait désormais avoir pris la mesure du danger et de bonnes décisions. On peut tout de même remarquer que notre vaisseau prend l’eau de toutes parts, et qu’il faudrait voir à racheter une grand-voile au lieu de rapiécer sans cesse notre Tourmentin. Tout cette improvisation révèle une folle vanité et une désorientation plus vaste encore, qui font craindre pour la sécurité au sens le plus large que méritent nos compatriotes. Car, à moins que l’on ne cède au complotisme, ce virus n’a pas été intentionnellement lâché dans la nature. Le prochain le sera peut-être. La “guerre” bactériologique et chimique est aussi vieille que l’homme. Chinois comme Américains et Russes sont les meilleurs au monde en cette matière. Nous ne sommes pas mauvais non plus. C’est la massification de l’empoisonnement à l’ancienne, la strychnine à l’échelle industrielle. Alors l’économie mondiale s’enraye bien plus surement qu’avec un blackout venu du cyber-warfare ! Alors le pétrole plonge, les convoitises et les embuscades préparées de longue date contre des entreprises fragiles peuvent s’accélérer. Pékin est déjà en train de fondre sur des proies australiennes, et bien des entreprises européennes sont sur sa wish list… Cette crise est donc une répétition générale opportune pour une autre attaque probable lancée à des fins de déstabilisation offensive.

Face à ce type d’occurrence, il faut à nos démocraties molles des “chefs” politiques ayant des vertus particulières. Des hommes ayant le sens de l’Etat et de l’intérêt général, dotés une grande humanité mais insensibles et même réfractaires à l’air du temps, sachant définir un cap et s’y tenir, donner des ordres et se faire obéir. Des hommes surtout, qui arrêtent de bêler avec les autres européistes qui ont tué l’Europe des Nations à force de l’émasculer. Or, on a cassé le moule. Les gouvernants européens sont presque tous d’une autre eau. Pour eux, la guerre est un objet historique. Ils ne savent plus ce qu’elle exige d’anticipation austère et de sacrifices impopulaires. Ils sont sans boussole intérieure, historique et morale. Ils ne savent que “gérer” l’urgence dans l’urgence, sans jamais prendre le temps de s’y préparer sérieusement, à l’instar d’ailleurs de leur pratique politique générale, qui consiste à vouloir plaire à tout le monde, donc à personne. Pourquoi cette systématique indifférence à l’anticipation ? Sans doute parce qu’elle ne rapporte rien politiquement… sauf en cas de “surprise stratégique”. C’est un pari. Qu’ils ne font pas. Celui du service de l’intérêt national dont on ne vous saura peut-être jamais gré. Un pari à rebours de l’air du temps, qui requiert des mesures de protectionnisme économique, des nationalisations, la constitution de stocks et de champions nationaux, le maintien de capacités de production indépendantes multiples. Bref, cela coûte cher et ne rapporte rien, sauf si… Cela demande de croire à la souveraineté nationale, à l’intérêt et à la raison d’Etat et d’accepter leur coût politique et financier toujours exorbitant. Or, nous parlons d’Etat stratège sans jamais en accepter l’austérité et les exigences. Gouverner n’est pas glamour.

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Dieu merci, le cadavre européen bouge encore. Ou plutôt, sous l’effet de la gravité de la crise sanitaire qui cible les populations – première richesse d’une nation-, certains de ses “organes” (les Etats-membres) sortent de leur torpeur et reprennent leur vie propre. La Hongrie, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, la Pologne. On appelle cela avec dégoût le populisme, le souverainisme, et même “l’i-libéralisme”, alors que ce sont les systèmes immunitaires des peuples et nations qui se réveillent, non pas contre l’Europe mais pour elle, pour la faire sortir enfin de son enveloppe abstraite mortifère !

Caroline Galactéros (Geopragma, 4 avril 2020)

mardi, 07 avril 2020

Déconfinement par étapes : l’opposition politique au Système doit définir ses priorités et imposer son agenda

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Déconfinement par étapes : l’opposition politique au Système doit définir ses priorités et imposer son agenda

par le Dr. Dominique Baettig

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Plus la pandémie se développe et plus le questionnement légitime des citoyens se justifie. Si l’origine du virus, sa spécificité et sa dangerosité restent encore incertaines, l’instrumentalisation dans une tentative globaliste d’activer le passage à un stade supérieur de gestion et de contrôle de la population est nettement perceptible.

Soyons clair, le principe de précaution l’emporte dans de telles situations. Et seul l’Etat souverain national est encore en position de parer au plus pressé : fermeture des frontières, directives globales de précaution pour ne pas contaminer les groupes à risque, développement de structures médicales supplémentaires d’urgence, recours à l’armée, redéfinition des priorités hospitalières, mobilisation de ressources bénévoles. Il semble évident aujourd’hui que nos autorités fédérales, malgré le degré d’urgence, ont tergiversé par idéologie (le libre-échange et la libre circulation des biens et des personnes sont des valeurs saintes et intouchables) et aussi par peur des réactions internationales. Il n’est pas normal, dans ces conditions, que les citoyens soient punis après coup par de l’emprisonnement volontaire et l’arrêt d’activités économiques vitales. Sur une période limitée, dans le doute oui, mais pas dans l’incertitude, la prolongation sans limite des mesures liée aux décisions arbitraires, à la lecture de statistiques peu nuancées par les augures de l’OFSP qui n’oseront jamais desserrer le nœud coulant sans se coordonner avec nos voisins de l’Union européenne. Confinement avec exceptions, recommandations contradictoires et culpabilisantes, port de masques par la population recommandé mais sans moyens suffisants, découverte de la dépendance de l’acheminement de médicaments, masques, réactifs nécessaires au diagnostic qui viennent de Chine. Retour au chacun pour soi avec les pays voisins, culpabilisation de la population vecteur du virus qui aggraverait la vitesse de propagation si elle n’obéit pas aux injonctions (rester chez soi sauve des vies) mais il faut quand même soigner les malades, assurer la vente de denrées alimentaires, assurer la sécurité, produire des biens de première nécessité. C’est la porte ouverte à toutes sortes de revendications plus ou moins légitimes puisque les bobos disent que la santé vaut mieux que le profit…Mais l’économie doit continuer à fonctionner, pour garantir les prestations sociales, payer les salaires, dédommager ceux qui se trouvent privés de revenus. La vie associative est annulée, les parents contraints de s’occuper des devoirs scolaires de leurs enfants, on fait miroiter des prêts, des suspensions douteuses de loyers, un report des échéances, une suspension de la vie parlementaire.

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Il est très important que l’opposition antiglobaliste se mobilise et puisse imposer un agenda souverainiste au déconfinement :

a) Priorité à l’économie de proximité : maraîchers, paysans, travailleurs indépendants qui doivent reprendre leur activité, avec des précautions (masques, distance de protection)

b) Laisser faire la débrouille et auto-organisation citoyenne pour éviter le blocage complet de l’économie

c) Favoriser l’accès aux soins efficaces (hydroxycholoroquine et analogues) pour éviter le chantage à la priorité des soins aigus, avec le risque de saturation, pour les victimes majoritairement très âgées et vulnérables à l’épidémie.

d) Ne pas permettre aux problèmes induits par un confinement arbitraire et culpabilisant de s’accumuler : blocage de l’économie autonome, stress relationnel et violences induites du confinement, mise en attente d’interventions médicales qui exploseront dans un second temps.

e) Rapatrier les industries vitales pour l’économie : respirateurs, réactifs pour tests, masques recommandés pour tous, ouverture aux thérapies alternatives et locales (contre le diktat du pharmacologiquement correct et les exigences inappropriées de documentation de l’efficacité par des procédures bureaucratiques irréalistes dans un état d’urgence et de guerre).

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f) Ne pas laisser miroiter des solutions durables par la création de nouvelles dettes par les banques. La monnaie cash doit impérativement être sauvegardée

g) La fermeture des frontières et son contrôle peut durer, il n’est pas prioritaire d’y surseoir…

h) Favoriser les énergies non fossiles existantes, y compris le nucléaire, l’énergie hydraulique et géotherminque non profonde.

i) Ne pas laisser le contrôle social (par Internet, 5G, etc.) s’installer. Y préférer les solutions alternatives, les opinions critiques.

j) Reprendre le contrôle civique par les citoyens plutôt que la bureaucratie administrative médicale pilotée par l’OMS et les institutions centralisatrices globalistes. Le législatif doit impérativement fonctionner

k) Faire confiance au bon sens et à l’auto-organisation citoyenne. Non à l’isolement, non au gavage totalitaire d’informations catastrophistes qui empêchent toute critique et toute contestation.

l) La pandémie est la résultante d’un système dysfonctionnel (agriculture industrielle, médecine industrielle, libre circulation comme idéal, immigration systématique de remplacement ou de mélange imposé, dépendance de la distribution globale). Il ne faut pas continuer comme si de rien n’était mais organiser la souveraineté politique, économique, agricole. Revenir au local de manière prioritaire. Redimensionnement à échelon humain.

m) La décroissance qui s’annonce implique la fin de l’immigration sans limites et la préparation de la remigration indispensable, vu la surpopulation problématique sur les plans écologique, économique, social.

Le travail  le plus important arrive. Ne laissons pas ceux qui sont responsables de cette situation, par idéologie ou cynisme, ou instrumentalisation par propagande, profiter d’imposer leurs solutions.

Dominique Baettig, 05.04.2020

lundi, 06 avril 2020

Géopolitique du coronavirus - Entretien avec Pierre Le Vigan

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Géopolitique du coronavirus

Entretien avec Pierre Le Vigan

Ex: https://strategika.fr

Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.

Nous poursuivons cette série d’entretiens avec Pierre Le Vigan

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Pierre Le Vigan est urbaniste. DESS d’urbanisme, DEA de l’EHESS, CEA d’école d’architecture, maitrise d’AES, licence d’histoire, DESU de psychopathologie, licence de philosophie. Collaborateur de nombreuses revues depuis des décennies, il a donné des cours (économie, droit public, politiques urbaines) aux universités d’Orsay, Créteil et Bobigny–Villetaneuse. Il a publié quelque 800 articles sur des sujets de sciences humaines et une quinzaine de livres. Ses derniers ouvrages sont Le malaise est dans l’homme, Ecrire contre la modernité, La banlieue contre la ville, Soudain la postmodernité, Métamorphoses de la ville (édition revue et augmentée en mars 2020), Achever le nihilisme (Sigest, 2020), Le grand empêchement. Comment le libéralisme entrave les peuples (ed. Perspectives Libres/Cercle Aristote), Avez-vous compris les philosophes ? 3 volumes parus (éditions la barque d’or). Ses livres ont été salués pour leur finesse, leur profondeur de vue, et leur rigueur.

Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?

Merci à votre société de pensée de mener cette enquête,  nécessaire pour y voir clair. L’obscurcissement des enjeux est en effet un élément de la guerre idéologique – et cette guerre est menée, n’en doutons pas, par le pouvoir.

On parle de pandémie à propos du Covid-19 parce que c’est une épidémie de masse, mondiale. Elle est tout simplement mondiale parce que nous vivons dans un monde… mondialisé. Plus de 3 % de la population mondiale émigre chaque année, et ce pourcentage est en augmentation depuis des décennies. En France, près de 400 000 immigrés (nous ne parlons que des légaux) s‘installent tous les ans, la plupart durablement, voire définitivement, et en y fondant une famille ou en en faisant venir une. Mais il n’y a pas que l’immigration. Il y a le tourisme.

Le nombre de touristes a doublé en 30 ans et représente environ 900 millions de personnes, soit 12 % de la population mondiale. 12 %  de la population mondiale qui fait des voyages internationaux. Nous ne parlons pas de voyages de Romorantin à Vendôme… Ainsi, la France a accueilli en 2018  le chiffre délirant de prés de 90 millions de visiteurs étrangers, plus que sa population (69 millions). Le tourisme devient le contraire du voyage. Il devient la prostitution généralisée des lieux d’histoire, de culture, de culte, d’identité. Le tourisme « disneylandise » le monde. Il le muséifie. Il le réifie. Il participe au système à tuer les peuples. Il amène à ce que Rodolphe Christin appelle « l’usure du monde ».

Bien sûr, il ne faut pas supprimer l’hospitalité, qu’elle concerne le tourisme ou l’immigration, mais il faut qu’elle soit choisie par les accueillants, et sans culpabilisation aucune en cas de refus de leur part. Il faut rompre avec la logique de ce que  Crawford Brough Macpherson a appelé dès 1962 « l’individualisme possessif ». C’est cet individualisme de propriétaire qui fait que nous raisonnons en termes de « porteur de droits », que nous emmenons partout avec nous, alors qu’il s’agit, dans une société saine, d’élaborer en commun, sur un territoire donné, le droit qui s’impose à tous.  Rompre avec l’individualisme possessif, c’est considérer que l’individu n’est pas propriétaire de lui-même,  qu’il n’est justement pas un individu, mais un membre d’une communauté politique qui l’oblige et en même temps lui fait une place. C’est cette rupture qui est nécessaire. Une rupture avec la vision du monde individualiste.

Compte tenu de cette « touristisation » du monde, encore plus importante que les migrations, le virus Covid-19 se répand facilement partout. Certes, il y avait dèjà des épidémies au Moyen Age, et d’ampleur européenne (la Grande Peste dite Peste noire de 1346-52), une Europe où on voyageait, ce qu’on oublie trop souvent, mais l’ampleur de la propagation du virus est maintenant multipliée par la vitesse et l’ampleur des déplacements actuels. De continentale, une épidémie devient vite mondiale avec les voyages en avion et les transports massifs de marchandises, et c’est alors une pandémie.  

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Quant à son degré de gravité, on peut voir les choses sous des angles qui le font apparaitre très différemment. Le 2 avril, on comptait 45 000 morts dans le monde (35 000 le 30 mars, ce qui montre une progression rapide mais qui est en fait très différenciée). Localement, il y a des disparités : des pays où l’épidémie régresse (Chine), d’autres où elle progresse (France, Italie, Espagne, quoique l’Italie semble proche du point d’inflexion, à confirmer). Pour une population de près de 8 milliards d’habitants, c’est très peu (mais nous n’en sommes pas au bout), sachant que tous les ans, quelques 60 millions de personnes décèdent dans le monde (toutes causes confondues).

En France, nous en sommes à 4 000 morts le 2 avril (3000 le 30 mars). Sur 600 000 décès annuel, dans un pays de 69 millions d’habitants, c’est 0,5 % de la mortalité normale.  Moins que le nombre de morts d’accidents de la route (environ 4 500).  

Voyons les choses d’une autre façon. Regardons l’Italie. Le nombre de morts y a dépassé celui de la Chine. Et nous sommes dans un pays de 60 millions d’habitants, et pas 1,4 milliard comme la Chine.  Mais le plus inquiétant n’est pas là. L’inquiétant est la tendance : 1000 morts par jour le 27 mars, et le nombre de mort, depuis février, a doublé tous les 3 jours. Même en restant à 1000 morts par jour,  si cela durait, nous aurions en Italie 365 000 morts de plus par an, soit 1 000 000 morts au lieu de 650 000. Vu sous cet angle, l’épidémie apparait très inquiétante. Donc, deux angles de vue existent. A l’échelle de la planète, le problème parait un problème parmi d’autres, et un des plus mineurs.  A l’échelle de nos pays européens à la démographie faible, voire négative, et vieillissante, le problème apparait considérable. Entre ces deux visions laquelle choisir ?  La moins catastrophique s’impose.

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Dr. Bruno Lina

Le virologue Bruno Lina explique : “Les tailles moyennes [il veut parler des durées] des épidémies sont de deux à trois mois”. Mais il précise qu’il “peut y avoir plusieurs vagues”. En 1920, avec la grippe espagnole, il faut savoir que c’est la 2e vague qui fut la plus meurtrière. Comment allons-nous en sortir ? Par une régulation naturelle, disent la plupart des épidémiologistes. “Il va y avoir des infectés, ils vont guérir et devenir immunisés. Cette immunité va freiner la diffusion du virus, voire arrêter l’épidémie si elle est couplée à des mesures d’hygiène et des mesures barrières.”  (Bruno Lina, 4 mars 2020). De fait, il y a deux façons d’être immunisé : l’une est d’avoir contracté le virus et d’en être guéri, l’autre est d’être vacciné, ce qui ne concerne pour l’instant personne en France, le vaccin n’étant qu’à l’étude. C’est bien pour cela que certains Etats (la Grande- Bretagne) ont opté dans un premier temps pour une immunisation collective, c’est-à-dire pour ne rien faire, avant de se rallier à des mesures de distanciation sociale limitant le choc de la propagation du virus.

Vaccin ou guérison. Tel est donc l’alternative officielle. Bien entendu tout le monde ne va pas guérir : 97 à 98 % des détectés positifs détectés au Covid-19 guérissent. Pas les autres. Et bien sûr le pourcentage de ceux qui ne guérissent pas est beaucoup fois plus grand chez les personnes âgées et chez les malades, que chez les moins de 60 ans. Il faut donc prendre cette épidémie très au sérieux, mais bien voir que ce n’est sans doute pas le problème majeur de la santé publique, par rapport au cannabis (5 millions de consommateurs en France, dont 700 000 usagers quotidiens), voire par rapport aux usages toxicomaniaques de cartouches de gaz (on trouve dans chaque rue de banlieues populaires des dizaines de cartouches par terre qui indiquent le développement de cette drogue comme une trainée de poudre), par rapport aux cancers dus à la mal bouffe et au stress de la vie moderne, « cet univers de camelote qui est le monde moderne » (Drieu La Rochelle), etc. Bref, par rapport à toutes les autres causes de fragilité de la santé.

* * *

Evidemment, la fin de l’épidémie peut être facilitée ou retardée en fonction de notre comportement collectif. Le non rapprochement évite, ou limite, les risques de transmission du virus. Reste à savoir si le maintien de distances entre les gens nécessite le confinement tel qu’il est pratiqué. D’autres pays ont compris que la nécessaire distanciation sociale n’est pas la même chose que le confinement.

On peut remarquer plusieurs incohérences dans le confinement strict et sans nuance tel qu’il est édicté et, plus ou moins pratiqué chez nous.  Le vélo est interdit pour l’activité « exercice physique », admise dans le formulaire d’auto-dérogation de sortie. Or, il ne peut pas se pratiquer en étant collé l’un à l’autre. Le vélo implique une distance d’au moins un mètre – qui suffit à se protéger mutuellement. Le vélo implique donc la distanciation sociale. De même, les promenades en forêt, ou sur le bord des fleuves sont interdites. Or, si les promenades en groupe, et les pique niques collés sont évidemment à éviter, une promenade dans un endroit aéré en gardant une distance d’un mètre ne présente pas de danger. A fortiori une promenade solitaire… qui est pourtant interdite.

Par ailleurs, le confinement amène d’autres pathologies, collectives  et personnelles, ou les aggravent, et devrait être mis en perspective et en balance avec celles-ci. On observe l’augmentation des violences conjugales. Quand un couple tient parce qu’on se voit peu, comment résister  en période de confinement ?

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Il y a aussi les conséquences sociales. Un exemple : dans l’Aisne, on compte 31 morts (30 mars) et, dans le même temps, un millier de demandes de chômage partiel qui concernent 10 000 salariés. Derrière cela, et partout ailleurs, des angoisses, des dépressions, voire des suicides. Dans ce même département, le préfet avait envisagé, avant de reculer, d’interdire la vente d’alcool. Dans une petite ville du midi (Var), un maire interdit… tout déplacement à plus de 10 mètres du domicile. Il interdit la vente de baguette à l’unité. Il faut en acheter plusieurs à la fois, de façon à ne sortir qu’une fois ou deux par semaine (il a dû revenir sur cette mesure). Une véritable hystérie s’empare de certains élus et fonctionnaires tandis que, dans le même temps, des consignes de souplesse dans l’application du confinement sont données pour les « quartiers sensibles » des banlieues. Quartiers dans lesquelles agressions de pompiers et de policiers se poursuivent.

Chacun sait que, plutôt que un confinement de tous, un confinement des personnes à risques (personnes âgées, et porteurs de virus) aurait été moins déstabilisant pour la société tout entière. Mais cela eu nécessité que nous ayons des tests en quantité. La rigueur uniforme et absurde du confinement (l’interdiction de se promener même seul en forêt ou au bord d‘un fleuve est emblématique) est stupide, mais elle est surtout proportionnelle à l’imprévoyance de nos dirigeants, et, en conséquence, au manque de masques, de tests, de respirateurs. 

Didier Raoult, de l’IHU de Marseille – La Timone, propose justement de multiplier les tests de dépistage. Il y a et il y eut à l’évidence une rivalité, et de probables conflits d’intérêts, entre des institutions centrales, liées au pouvoir macronien, avec Agnès Buzyn, son mari Yves Lévy (directeur de l’Inserm jusqu’en 2019), et le « cousin de province », selon l’expression de Michel Onfray, qu’est Didier Raoult. En même temps, il faut souligner qu’il peut y avoir des questions scientifiques débattues de bonne foi sur les effets secondaires de la chloroquine (dite encore cloroquinine), molécule qui, certes, existe et est administrée depuis 40 ans, mais comme traitement contre le paludisme, non contre le Covid-19 (on désigne par ce mot la maladie du coronavirus). Est-ce cela qui guide les pouvoirs publics ? Leur préoccupation principale n’est-elle pas de faire de ce virus une occasion de profits, ce que ne permettrait pas l’hydroxychloroquine, associée à un antibiotique, proposée par le professeur Raoult, avec des résultats, d’après ce qui nous est communiqué, très supérieurs à tous les autres traitements ? Un autre traitement ? Un vaccin ? Sur lequel on aura de toute façon beaucoup moins de recul que sur la chloroquine ? Pour quoi faire, sinon pour faire des profits privés sur le dos de la Sécurité sociale, c’est-à-dire sur le dos des Français ? 

En fait, le Covid-19 montre l’état déficient de notre système de santé. Nous manquons de lits de soins intensifs. Nous en avons 4 fois moins que les Allemands. Nous manquons de masques. Nous en produisons 8 millions par semaine. Taiwan, petit pays de 23 millions d’habitants,  en a produit 10 millions par jour. Notre désindustrialisation se paie au prix fort. Notre économie externalisée montre sa faiblesse ; La France 6e puissance économique mondiale ? C’est en fait un village Potemkine. Le roi est nu. Nous dépendons de l’étranger pour tout, et surtout pour nos médicaments.  C’est le virus du libéralisme qui permet la propagation du Covid-19. Cela amène à redéfinir le souverainisme. Un souverainisme purement juridique ne servirait à rien. Il n’y a de vraie souveraineté qu’avec une autonomie économique, avec une certaine capacité d’autarcie. C’est désormais la question majeure qui se pose.

Il faut souligner d’autres aspects, non pas du virus lui-même, mais de la réponse apportée à la pandémie. A savoir le confinement. Cela soulève des questions philosophiques et anthropologiques. Il y a d’autres moyens que le confinement pour connaitre les vertus de la « demeure », selon l’expression de François–Xavier Bellamy (c’est le sujet de son beau livre éponyme). Le confinement rajoute du non-sens à une vie urbaine déjà largement dénuée de sens : « un monde, dit Lewis Mumford, qui de plus en plus échappe au contrôle des hommes, et qui, pour l’humanité, a de moins en moins de sens. » C’est un mode contrôlé, digitalisé par des processus technologiques mis en place par des instances de contrôle social total.  “Grâce à cette nouvelle ‘mégatechnologie’, la minorité dominante créera une structure uniforme, supraplanétaire » ? disait déjà Lewis Mumford (Le mythe de la machine, 1967). Préscience d’un gouvernement mondial.

Ce n’est pas être complotiste (encore que, sachons-le, de vrais complots existent) que de constater que les gouvernements, et le nôtre en tête, tirent parti d’une crise qu’il n’ont pas su ou pas voulu anticiper pour faire avancer l’idée de règles mondiales, c’est-à-dire pour renforcer le pouvoir de la superclasse mondialiste, affairiste et ploutocratique (rappelons que cela veut dire tout simplement pouvoir de l’argent, gouvernement des plus riches). En vérité, il est sidérant de voir à quel point des privations essentielles de libertés sont passées avec fort peu de résistances. Dans une « société » (à défaut de dire une nation, car sommes-nous encore une nation ?) dans laquelle le libéralisme a voulu nous libérer de toute contrainte, quand une certaine discipline est nécessaire – et elle l’est avec ce virus – il n’y a plus d’autre solution que la privation des libertés les plus élémentaires. Que beaucoup se résignent à une telle privation de libertés est très inquiétant. D’autant que cela s’accompagne d’un contrôle social, d’un traçage des faits, gestes et déplacement qui est tout simplement  un totalitarisme accompli.  Quel Albert Camus nous en dira le haut le cœur ressenti par tout honnête homme ?

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Dans le même temps, des camionnettes passent dans les rues, appelant au confinement, avec des mots d’ordre en langue de bois : gestes barrière, etc. Un conditionnement social s’installe avec une force inouïe : c’est « une journée particulière » comme celle d’Ettore Scola, mais étendue à des semaines et à des mois. Face au virus, il nous faut croire qu’ « il n’y a qu’une seule politique possible ». De même, face à la destruction du monde par le capitalisme et le productivisme, il nous faut croire qu’il n’y a qu’une analyse possible, la théorie officielle du réchauffement climatique édictée par le GIEC, organisme intergouvernemental, et une seule réponse possible, le « développement durable », doctrine officielle de toutes les grandes métropoles et de tous les ministères. Et il nous faut fermer les yeux sur tout ce qui relève de la destruction de la terre sans relever forcément du réchauffement climatique.

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Lewis Mumford écrivait encore, il y a 50 ans : « La société des grandes métropoles est particulièrement bien outillée pour éliminer les initiatives spontanées et l’indépendance de l’esprit…Par l’antenne de la radio et de la télévision, un très petits nombre d’individus interprètent à notre place, avec une adresse toute professionnelle, les mouvements d’opinion et les événements quotidiens. Ainsi les occupations les plus naturelles, les actes les plus spontanés sont l’objet d’une surveillance professionnelle et soumis à un contrôle centralisé. Des moyens de diffusion, aussi puissants que variés, donnent aux plus éphémères et aux plus médiocres ouvrages un éclat et une résonance qui dépassent de loin leurs mérites. » (La cité à travers l’histoire, 1966).  Le contrôle social a fait depuis des « progrès » énormes. Il les a faits par l’extension continue de la ville capitaliste, et de l’Etat tentaculaire à son service. Un véritable processus de sidération collective est en place, avec les médias télévisuels en boucle (et le faible nombre de kiosque à journaux). De plus en plus de gens vivent dans un monde de plus en plus artificiel, « un monde de murs vitrés, de plexiglass, de cellophane, qui les isole de leur peine et des mortifications de la vie, – monde d’illusionnistes professionnels entourés de leurs dupes crédules », écrit encore Lewis Mumford.

* * *

On nous dit que le confinement est nécessaire pour sauver des vies. Non, la vie n’est pas la valeur suprême, la valeur suprême, c’est la vie libre qui est la valeur suprême. C’est cela qui fait que les Espagnols ont résisté à Napoléon en 1808, c’est cela qui fait qu’il y a eu des Résistants, ou des gens qui ont risqué leur peau, dans un camp ou dans un autre, à toutes les époques, pour leurs idées, ou pour une certaine conception qu’ils avaient de l’honneur, etc. Or, la facilité avec laquelle les libertés les plus élémentaires ont été supprimées laisse pantois. Ces libertés seront-elles toutes rétablies après la crise du coronavirus ? Ce n’est pas du tout certain. L’état d’urgence (un mot bien facile), ici l’urgence sanitaire, l’état d’exception peut être appliqué à bien d’autres domaines. En outre, on constate que le confinement est proportionnel à l’impuissance et à l’imprévoyance de notre Etat. En Allemagne, pays moins imprévoyant, il n’y a pas de confinement. Il  y a simplement une interdiction de sortir à plus de deux. C’est la distanciation sociale. Il est possible de voyager, d’aller d’une vile à une autre. Nous sommes à mille lieux de la situation française.

Nous avons donc les inconvénients d’une société policière, alors que nous avons depuis des décennies tous les inconvénients d’une société ouverte. La cause en est que, en dernière instance, ce qui détermine les choix de nos dirigeants, c’est le profit, c’est la course en avant dite « croissance », c’est la mondialisation spatiale – dont la limite sera la consommation de toute la terre et de toutes ses ressources – et la marchandisation de toutes les tranches de la vie de l’homme, avec la numérisation intégrale de nos vies. 

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Si certains voient des vertus au confinement, je n’en vois guère. Le confinement permettrait le retour à soi ? Voire. Le confinement n’est pas forcément l’isolement. Il peut même être son contraire : il peut être l’entassement dans un petit logement.  Et il y n’y a jamais eu besoin de confinement, en clair, d’assignation à résidence, pour trouver la solitude. « Qui cherche l’exil le trouve », disait Montherlant.

Le confinement, c’est, par contre, une accoutumance à l’emprisonnement et à la domestication de l’homme. Chacun s’autorise à sortir dans certaines conditions. Chacun devient le gardien de soi-même en attendant d’être peut-être le délateur de ses voisins. Il y a bien sûr une discipline à observer et des précautions à prendre, pour soi et pour les autres. Mais il y a quelque chose de profondément malsain dans la situation actuelle. Il y a un évident abus de pouvoir de l’Etat. Il y a, normalement, trois instances anthropologiques de régulation d’une société : le commun, le public, l’étatique. Le commun n’est pas forcément le public, et le public n’est pas forcément l’Etat. Or, avec le libéralisme et l’individualisme qui va avec, le commun n’a plus de place, et le public est de plus en plus démantelé. Quand il subsiste, il est entièrement asservi à l’Etat, c’est-à-dire à ses hauts fonctionnaires, eux-mêmes très liés au monde économique et volontaires pour en rajouter dans tous les crétinismes à la mode (telle l’écriture inclusive, qui aurait bien fait rire Jean de la Fontaine). Sous couvert d’expertise c’est l’argent, c’est la profitabilité qui est souvent l’arbitre. Nous en sommes au point où le libéralisme entraine l’étatisme, et le pire de celui-ci.

En outre, la nouvelle phase du libéralisme est anti-conservatrice, elle ne s’appuie plus sur l’idée d’un ordre naturel – ce qu’elle faisait auparavant d’une manière abusive en réduisant la nature de l’homme à la recherche de son intérêt –, mais elle prétend désormais que la nature de l’homme, c’est de ne pas en avoir, c’est la plasticité absolue. Qu’est-ce que l’homme du point de vue libéral ? Un matériau façonnable à merci, interchangeable sans limite, substituable facilement par un autre homme. Ou par une « intelligence » artificielle. Un robot. Et quand cette plasticité absolue ne se constate pas, le libéralisme l’impose. C’est cela le « néo » libéralisme : le projet d’imposer un homme nouveau, au-delà des peuples, au-delà des races, au-delà des catégories du masculin et du féminin.  Un homme digitalisé, au-delà même de l’humain. La manipulation des mots est un des aspects de ce projet totalitaire : Macron, dans un de ses discours répète six fois « nous sommes en guerre ».  La fausseté de ce propos est totale. Un virus, un cancer, une maladie n’est pas une guerre. C’est un drame, c’est tragique, comme bien des choses dans la vie, mais tout drame n’est pas une guerre. « Le vocabulaire de guerre laisse entendre ‘’silence dans les rangs’’ », souligne Jean-Luc Mélenchon. Or, « le covid-19 n’est pas un ennemi, c’est juste un virus », dit-il avec justesse.

Mais depuis Sarkozy et Hollande, nos présidents ne savent plus ce qu’est une guerre, comme Chirac le savait, comme Giscard le savait, comme Chevènement le savait.  Ils ne le savent plus – et personne ne songe à leur reprocher de ne pas les avoir vécues – mais ils ne le sentent pas non plus. Ils sont les complices, mais aussi les victimes d’un monde post-national. Nos dirigeants croient que l’échange marchand permet de sortir de l’histoire. Ils veulent un monde post-national, mais sont prêts à le faire accoucher au forceps. Guerre à la guerre, donc guerre aux nations. Mais le réel fait de la résistance. Les peuples ne veulent pas mourir. La France ne veut pas mourir.

Dés lors, les mots de M. Macron sont vides. Son verbiage  souligne la désertion du sens. Mais le gouvernement ne perd pas de vue ses objectifs de toujours : démembrer l’Etat protecteur.  Du reste, au même moment où M. Macron explique que, désormais, le marché ne doit pas imposer sa loi partout, un rapport de la CDC prône, sans originalité, comme solution aux problèmes de l’hôpital, sa… privatisation (Marianne, 2 avril 2020).

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La crise sanitaire est l’occasion pour le gouvernement d’accentuer la domination de la société par l’expertocratie (dont je trace la genèse dans Le grand empêchement). Le gouvernement se réfugie, face au virus et à la nécessité de décider, derrière un Comité scientifique. Or, la science ne pense pas. Les scientifiques peuvent penser, mais ils ne sont pas là pour décider. La décision est un choix politique. En outre, les scientifiques ne sont pas tous d’accord entre eux, sur la nature d’une épidémie, sur sa portée, sur les traitements, et ils ne sont pas là pour édicter des priorités. Faut-il sauver en priorité un immigré sans papier qui n’a jamais cotisé, ou un vieux Français qui a cotisé toute sa vie ? S’il faut choisir – et il faut espérer que non, mais la réalité nous oblige à constater que des choix sont faits – ce choix est éminemment politique.  

Bien entendu, on a pu remarquer que le confinement oblige certains à prendre du recul. « Nombreux sont les bourgeois qui fuient dans l’affairement leur vide intérieur », remarquait Finkielkraut. Et pour cela, le confinement peut être l’occasion d’une prise de distance par rapport au quotidien. Mais pour d’autres ? Pour des travailleurs immigrés hébergés dans un foyer, dans des chambres de 7 m2 ? Quelle est la qualité de leur confinement, moins confortable que celui de tel terroriste bénéficiant d’une salle de sport privative ?

Le confinement : moyen de se retrouver, de se « donner rendez-vous avec soi-même », comme dit Henri Michaux ? L’idée peut séduire les niais, ceux qui font l’impasse sur les réalités de classe. Mais quand une famille est confinée dans un HLM, comment cela peut-il être possible ?  Comment l’enfant peut-il « être seul comme l’enfant est seul, quand les grandes personnes vont et viennent », comme le dit Rainer Maria Rilke, quand tous sont confinés dans un petit logement ? En outre, a-t-on remarqué que l’injonction de « bouger » perdure plus que jamais ? Le jooging est autorisé, mais la promenade est à peine tolérée. Il est interdit de s’asseoir sur un banc, même seul, même à 10 mètres de toute personne. Les policiers vous interpellent immédiatement : « Circulez », disent-ils. Il faut bouger, même sur place. Surtout sur place. En singeant le gouvernement. Même confiné, il faut remuer, se bouger. Le banlieusard est réduit à la triste fréquentation des centres commerciaux encore ouverts. Car quand on cherche les permanences de nos sociétés, ce qui demeure en période de confinement,  on ne trouve plus qu’eux. « Dans le système capitaliste, la permanence n’a pas droit de cité, ou plutôt les seuls éléments stables qui s’y retrouvent de façon constante sont l’avarice, la cupidité et l’orgueilleuse volonté de puissance » (Lewis Mumford).

Des vérifications de sac de courses sont pratiquées, abusives, mais difficiles à contester ensuite, quand elles ont donné lieu à une verbalisation, de 135 €, soit une semaine de courses pour bien des familles populaires.  Disons-le d’un mot : le confinement ne guérit pas nos pathologies sociales. Il les souligne. Ce confinement aboutit du reste à des situations ubuesques, mais surtout très inquiétantes. Des récidivistes du non-respect du confinement sont condamnés à de la prison ferme… alors que le ministère de la justice libère en masse des prisonniers de droit commun, sans parler des terroristes lâchés dans la nature, dont la libération était déjà programmée.

Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?

Je crains que non. Les optimistes attendent trop des catastrophes. Et à l’échelle de l’histoire, c’est une toute petite catastrophe. De 1994 à 1999, on estime le nombre d’enfants irakiens morts du fait du blocus américain à 500 000. Il est vrai que « cela en valait la peine », disait Madeleine Albright.  Ce qui est par contre très frappant, c’est l’effet idéologique de la crise sanitaire et donc économique. De même qu’en 2008, Nicolas Sarkozy avait expliqué que le capitalisme libéral et le tout marché, c’était fini, et que le temps était au retour de la puissance publique, de l’Etat, voire du Plan gaullien, sans que cela soit suivi d’effet, M. Macron nous a expliqué que rien ne serait plus comme avant, que l’on dépenserait « tout ce qu’il fallait sans compter », et que le tout marché, et la mondialisation de tout, c’était fini. « Déléguer notre alimentation, notre capacité à soigner à d’autres, c’est une folie ». Macron pour la  relocalisation ? Macron pour la démondialisation ? Mais M. Macron est un homme de la finance et de la communication, mais il n’est que cela.  Il est plus que probable que, de même qu’avec Sarkozy, nous n’avons pas vu d’actes suivre ces bonnes paroles, nous ne verrons pas non plus, avec M. Macron, d’actes suivre durablement ses propos. Tout à coup, on découvre que les 3 % de déficit public par rapport au PIB à ne pas dépasser, ne sont plus un critère, et que le rapport dette/PIB limité à 60 % n’est plus indispensable (nous en étions de toute façon à 100 %). Il est bien évident que le virus symbolise les faiblesses de la mondialisation et de la logique du marché. Soyons plus précis : il montre que nous abordons la mondialisation en telle position de faiblesse qu’elle fait de nous un pays vaincu. La mondialisation est le prétexte trouvé par nos « élites » pour, précisément, ne pas assumer leur rôle de protection du peuple, pour, précisément, s’enrichir au détriment du peuple, en se déconnectant de ce peuple, décidément encombrant et bien moisi.

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Dans un monde où tout circule, Il n’y a plus de petite crise localisée. Une épidémie locale peut vite devenir une pandémie. « Le virus n’a pas de passeport », dit M. Macron.  La remarque est trompeuse. C’est parce que les porteurs de virus passent, touristes, immigrés, commerçants sans cesse les frontières que le virus se déploie aussi rapidement.  On sait que, en Italie, un des principaux foyers du virus a été le secteur de la mode, dans lequel les Chinois sont très présents.  Donc, il y a bien un effet idéologique du virus. Il affaiblit la doctrine de la globalisation et renforce le camp des partisans des frontières, et des partisans de la relocalisation, des partisans de l’enracinement contre  ceux du nomadisme, des gens qui sont « de quelque part » contre ceux qui sont « de nulle part » (David Goodhart, Les deux clans. La nouvelle fracture mondiale, 2019).  

Mais, après cette crise sanitaire, le libéralisme mondialisé reprendra sa marche en avant, qui est sans doute une marche à l’abime, vers toujours plus de concurrence, toujours plus de recherche de croissance. La perte d’emplois et de richesses sera néanmoins sans doute considérable pour certains pays et c’est tout un rapport de force mondial qui sera bouleversé. Il est possible que cela soit au bénéfice de la Chine car celle-ci, touchée la première, a réagi la première, et avec force. Mais il y a bien des incertitudes. Les épidémiologiques indiquent que dans une épidémie comme le Covid-19, il y aura une deuxième vague. Est-elle anticipée par les Chinois ? Et par nous ?   La Chine est déjà la 2e économie du monde en nominal, et la première en parité de pouvoir d’achat (PPA – c’est-à-dire en corrigeant la sous-évaluation du yen), soit 16% du PIB mondial en nominal, 29 % en PPA. Devant les EUA. Il n’est pas impossible qu’elle prenne l’avantage, même en nominal.

Pour nous, Français, et pour nous, Européens, la crise sanitaire est une alerte. Elle nous montre que la voie que nous suivons, celle de la mondialisation sans frontières, et de la société ouverte à tout et à tous, est pleine de risques. Quant à la prétendue « Union européenne », elle ne sert à rien. L’Italie, la Serbie, bien d’autres pays reçoivent l’aide… de la Chine et de Cuba. Bien joué.  Les pays européens concernés s’en souviendront. La structure parasitaire de Bruxelles ne leur a pas tendu la main. Aucune subsidiarité n’a fonctionné.

C’est une occasion de réfléchir, et peut-être, de changer de cap. Comme le dit Falk van Gaver, « soit nous profitons de ce ralentissement pour remettre en cause l’obsession de la croissance, soit au contraire nous cédons aux injonctions à faire redémarrer l’économie. Pression déjà à l’œuvre par la propagande culpabilisatrice en vue de la mobilisation totale. » C’est bien vu. Le discours du gouvernement sur les sacrifices (supplémentaire) qu’il va falloir faire, sur la pente (économique)  qu’il va falloir remonter laisse penser que le productivisme forcené est à l’horizon de la sortie de crise sanitaire.

Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ? Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ? 

Près de la moitié de la population mondiale est confinée. Mais cela relève en fait de situations extrêmement différentes. Donnons un seul exemple. Avant d’être confinés, beaucoup de gens doivent rentrer chez eux. Quand ils ont un « chez eux ». Des dizaines de millions de gens habitent en effet dans des bidonvilles. En Inde, les travailleurs pauvres qui rentrent chez eux, dans leur province, mis au chômage suite au Covid-19, le font souvent à pied, ils sont aspergés par les forces de l’ « ordre » d’eau javellisée pour les désinfecter. Telle est la réalité, loin de l’idéologue du « care » (prendre soin). Il n’y a pas dans le monde de réponses uniformes au virus. Le cadre national reste celui qui détermine la réponse même s’il y a bien sur des effets de mimétisme.

Le confinement est plus rigoureux dans les pays hyper-connectés comme la France ou la Chine que dans des pays restés plus ruraux. Mais en Chine et dans les pays asiatiques, c’est le confinement plus l’action (tests, isolement des infectés, soins rapides, construction éclair d’hôpitaux). En France, c’est le confinement parce que nos dirigeants ne savent rien faire d’autre.  Ils se sont rendus illégitimes comme les responsables de la défaite de 1940. Qui a songé à remettre Albert Lebrun à la présidence de la République en 1945 ?  Passé un bref moment d’émotion et de communion nationale, le peuple rejettera – il a commencé à le faire avec les Gilets jaunes – les médiocres prétentieux qui nous gouvernent, bien souvent vendus aux puissances d’argent (à quelques exceptions près). 

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Effectivement, la crise sanitaire réveille les grands fantasmes d’Etat mondial.  Macron partage ce fantasme, en « monomaniaque de l’Etat universel », comme dit Michel Onfray. Mais y croit-il vraiment ? Macron pense souhaitable cet Etat mondial. Mais ce qui existe, ce n’est pas un Etat universel, contradictoire dans les termes, car, comme l’avait démontré Carl Schmitt, un Etat suppose d’autres Etats. Un Etat universel ne peut être un Etat. Ce peut, par contre,  être un pouvoir mondial. Et ce pouvoir existe, il n’est pas tout puissant, il se heurte aux peuples, mais il est très puissant. C’est le pouvoir de l’hyperclasse mondiale, ou de la  « superclasse mondiale » comme dit Michel Geoffroy.

S’il y a gouvernement mondial, il faut bien comprendre qu’il ne sera en rien démocratique. Cela signifiera au contraire la fin de toute démocratie. Seule la relocalisation de l’économie, et des populations, est compatible avec la démocratie. Celle-ci est avant tout une question de taille. La démocratie n’est possible qu’en étant subsidiaire. Le niveau supérieur ne peut être, au mieux, qu’une unité de civilisation, ou une parenté de civilisation. Si on va vers un « gouvernement mondial », ce ne sera que le nom plus ou moins acceptable pour les peuples de la domination oligarchique de la superclasse mondiale (et dit comme cela, c’est nettement moins acceptable et cela sera moins accepté). Ce que veulent les peuples, c’est être maitre chez eux. « Citoyen du monde » est une antinomie. Cela ne veut rien dire. Seule une minorité de « bobos » hors sol veulent un Etat mondial. Ils croient aimer la diversité du monde parce qu’ils usent et abusent des vols long courrier et fréquentent les aéroports.

Toutefois, cette question du gouvernement mondial n’est pas simple. Ce n’est pas seulement le peuple contre les élites. Il y a des conflits à l’intérieur même des classes dirigeantes des grands pays. Il y a dans les classes dirigeantes, qui elles-mêmes ne sont pas immuables, des fractions patriotes. Et il y a des fractions mondialistes. Le problème est qu’il est plus facile de s’unir sur les objectifs mondialistes de l’hyperclasse (renforcer le pouvoir du Capital et son emprise sur toute la société) que sur une internationale des patriotes. Le patriotisme présente toujours le risque de dégénérer en nationalisme opposé à d’autres nationalismes (Grèce vs Turquie, Croatie vs Serbie, etc). L’intérêt des grands pays est toutefois très clairement un monde multipolaire. Je ne crois donc pas du tout au triomphe final d’un gouvernement mondial. C’est une menace, et il faut y faire face, mais je crois que la tendance historique est à un monde multipolaire. Chine, Brésil même, Iran, Turquie, Russie, Inde : tous ces pays réagissent en fait de manière spécifique à la crise sanitaire.

Quant à l’ébauche d’un gouvernement mondial qu’est devenu l’Union dite européenne, elle montre – nous l’avons vu  – dans la crise sa parfaite impuissante, sauf quand elle renie ses principes pour lâcher 750 milliards, mais il s’agit, une fois de plus, de donner de l’argent aux banques et non aux Etats. L’UE est bel et bien une structure parasitaire dont la fonction est de perpétuer le pouvoir de la finance et de rendre les Etats de plus en plus impuissants et dépendants des banques. Face à une crise importante, le cadre de l’UE craque et les Etats font retour. La question est que le retour des Etats se fait, en France, sur des bases de plus en plus liberticides, avec notamment des mesures qui cassent plus que jamais le droit du travail, et reviennent sur plus de 100 ans d’acquis sociaux.

En tout état de cause, les oppositions entre grandes aires géopolitiques sont telles, les rivalités si fortes   qu’un gouvernement mondial ne pourrait être que le cache sexe d’une grande puissance qui aurait triomphé des autres. Or, je ne vois ni la Chine, ni les EUA, ni la Russie baisser les bras, et mettre fin à une rivalité qui n’a pas dit son dernier mot.

Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?    

jatt.jpgCe n’est pas faux, et ce ne sera ni la première fois, ni la dernière que nous remarquerons que Jacques Attali dit des choses intelligentes. Oui, la peur fait évoluer, mais dans quel sens ? Deux exemples : la peur de perdre la guerre a accéléré le massacre des Juifs par les nazis. La même peur (mais pas chez les mêmes) a amené, en 1941-42, Staline à redonner une place à la religion orthodoxe en Russie. La peur qu’a eu M. Macron face aux Gilets jaunes l’amène, en ce moment, à lancer une contre-révolution antisociale, et à édicter des mesures « provisoires », privatrices des libertés, dont l’expérience nous montre, avec les mesures antiterroristes, qu’elles finissent par  être intégrées dans la loi ordinaire. Les restrictions provisoires des libertés sont, dans leur immense majorité, un pas vers des restrictions définitives : telle est la leçon des dernières décennies.  Et il serait bon de s’en inquiéter.

Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ? Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?

La pandémie peut avoir des conséquences très fortes en termes d’accroissement de la misère dans le monde. Et donc en secousses sociales. Le contraire serait même étonnant. Les gouvernements vont essayer d’en profiter pour développer la lutte de classes des très riches contre les classes populaires et moyennes, cette lutte de classe qu’ils ont gagné (Warren Buffett). « C’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et qui est en train de la gagner », disait-il il y a quelques années. Cette guerre sociale, celle des très riches contre le peuple, M. Macron la mène comme fondé de pouvoir de la fraction française de la superclasse mondiale.

Mais Warren Buffett (l’homme ne manque pas de finesse)  disait aussi : « Si jamais vous vous retrouvez dans un bateau qui coule, l’énergie pour changer de bateau est plus productive que l’énergie pour colmater les trous. » En d’autres termes, nous en conclurons qu’il ne faut pas réformer le mondialisme mais qu’il faut en sortir. Il faut reconstruire à côté. Comment ? Par la relocalisation. La relocalisation de tout : économie, politique, démographie, démocratie, imaginaires.

Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?

Le virus est une « altérité invisible », c’est « un autre absolu », disait Jean Baudrillard. Le virus, c’est l’Etranger, c’est le Grand Autre. Et nous donnons asile à cet inconnu. Nous devenons l’hôte du virus malgré nous. Il est vrai que du point de vue libéral, notre pays n’est pas autre chose qu’ »un hôtel, qui doit être attractif et compétitif. Et puisque l’heure est à l’antispécisme, il n’est pas très étonnant que le virus s’invite chez nous via le pangolin et la chauve-souris. Serge Latouche a rappelé (Remember Baudrillard) que ce thème du virus peut s’appliquer à bien des domaines (électronique, idéologique, etc). C’est ce qui échappe au contrôle, quand bien même tel laboratoire de recherche biologique à Wuhan serait classé Haute sécurité.  

Ayant souvent écrit sur les questions de psychopathologie, je constate que le virus a ce point commun avec le monde moderne qu’il est un ennemi intérieur, et qu’il est transmis par ce qui nous est le plus proche.  

La Sainte-Alliance de 1815, un projet européen

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La Sainte-Alliance de 1815, un projet européen

Par Matthias Hellner

Après les longues guerres provoquées par les révolutionnaires français, qui avaient bouleversé la carte politique de l’Europe, les puissances de notre continent, après la paix de Paris, décident de se réunir à Vienne pour forger un ordre post bellum, durable et solide. Le Congrès n’avait cessé de danser quand Napoléon, qui avait marqué l’histoire européenne plus que tout autre au cours des décennies précédentes, revenait à la charge pour les Cent Jours : les puissances devaient reprendre les armes pour l’arrêter définitivement. Le 18 juin 1815, l’Empereur des Français est battu par les Britanniques et les Prussiens. Blücher avait nommé cette bataille du nom de l’auberge où le Corse avait établi son quartier général : la bataille de Belle-Alliance.

Il fallait un instrument accepté à l’unisson pour garantir  la viabilité des décisions du Congrès, c’est-à-dire pour rétablir l’équilibre européen d’avant la révolution française et l’autorité du principe monarchique d’abord, pour mater les idées libérales, révolutionnaires et nationalistes, ensuite.

Pour y parvenir, Metternich reprend une idée du Tsar Alexandre I, influencé par la mystique Juliane de Krüdener et par les idées maçonniques. Cette idée est celle d’une Sainte-Alliance, qui assurerait la paix dans le monde. Le 26 septembre 1815 nait alors la Sainte Alliance du Tsar orthodoxe, du roi protestant de Prusse et de l’Empereur catholique d’Autriche. Dans l’acte de fondation de cette alliance, les trois monarques posent la religion chrétienne comme le fondement de leur politique commune. « Ils déclarent, en grande pompe, que, face au monde entier, le présent acte et leur inébranlable décision n’ont pour but que de maintenir et promouvoir la sainte religion, d’en faire le fil conducteur de leurs gouvernements intérieurs et extérieurs, d’appliquer les principes de la justice, de l’amour et de la paix, lesquels ne sont pas des valeurs exclusivement destinées à la vie privée mais doivent, bien plutôt, donner assise aux décisions des princes, et les influencer, pour consolider tous leurs projets, ainsi que constituer un moyen pour fortifier la conscience humaine et sanctifier son incomplétude ».

Toutefois, l’Alliance, qui comprenait aussi le Saint Siège, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande ainsi que toutes les autres puissances européennes, se plaçait sous l’égide de Metternich ; elle a servi, pour l’essentiel, à réprimer les idées révolutionnaires. Ainsi, chaque fois que la légitimité des princes semblait être en danger, comme en Espagne, au Royaume de Naples et des Deux-Siciles ou encore au Portugal, où l’Alliance a décidé d’intervenir et de mater, par la violence et la coercition, les soulèvements populaires.

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En 1822, lors du Congrès de Vérone, on a pu voir que cette Sainte Alliance se disloquait inexorablement parce que les puissances européennes étaient animées par des visions politiques divergentes. La lutte des Grecs pour l’indépendance et la liberté a provoqué une césure dans l’Alliance. Metternich était opposé à ce combat hellénique contre l’Empire ottoman, alors que la Russie y était favorable pour des motifs panorthodoxes. L’Italie, elle aussi, constituait une pomme de discorde entre les puissances plutôt libérales comme l’Angleterre et la France, d’une part, et la Prusse, l’Autriche et la Russie, toutes trois conservatrices. Sur le plan de la politique intérieure, l’Alliance fonctionnait mieux car elle réprimait les mouvements et les idées nationales et libérales, notamment en préconisant la persécution des « démagogues » et la répression des révolutions de 1848/49. Mais, quelques années plus tard, la Sainte Alliance passe littéralement de vie à trépas, dès que se déclenche la Guerre de Crimée.

Matthias Hellner.

(Article paru dans l’hebdomadaire zur Zeit, Vienne, n°27-28/2014).  

„Das Corona-Virus kann uns wirklich den Buckl runterrutschen“

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„Das Corona-Virus kann uns wirklich den Buckl runterrutschen“ 

Helmut Müller

Ex: https://helmutmueller.wordpress.com

Es bedarf keines Verstandes, um alle Meinungen und Kommentare in Politik und Medien für bare Münze zu nehmen, aber es bedarf  – Aug´ in Aug´ mit der veröffentlichten Meinung – anscheinend eines großen, um die dahinter liegenden Ungereimtheiten und Halbwahrheiten  zu erkennen. Das war schon bei der derzeit in der Pause sich befindlichen Anti-CO2-Kampagne  so und ist erst recht so bei der aktuell inszinierten Corona-Hysterie. Gewiss, so ein Virus ist gefährlich, aber das ist der jährlich in neuem „Outfit“ auftretende Influenza-Virus ja auch. Wie kommt es dann, daß man demselben, der immerhin jedes Mal tausende Opfer fordert, nicht mit ähnlichen, aber hoffentlich weniger überschiessenden Maßnahmen als jetzt begegnet?

Ja, es ist, auch aus anderen Gründen, etwas faul an der ganzen Corona-Geschichte, weshalb immer mehr von Konzernen, finanziellen Zuwendungen oder Preisen unabhängige Ärzte und Wissenschaftler sich zu Wort melden und mit ihrer ehrlichen Meinung nicht hinter dem Berg halten. Ist es denn nicht so, dass es Zustände und Krankheiten gibt, welche zu gewissen Zeiten durch verordnete Maßnahmen und Mittel verschlimmert werden? Genau das passiert jetzt, in Spitälern, Altenheimen und Betrieben, nicht zuletzt im eigenen Heim. Viele werden später Bilanz ziehen und erkennen, dass man fahrlässig gehandelt und über das Ziel geschossen hat. Aber hätte man denn, auf Österreich bezogen, von dieser an Lebens- und/oder  Berufserfahrung eher spärlich ausgestatteten Regierungsspitze mehr erwarten können? Eher schon anmaßend-gönnerhafte  Sager wie:  „Wollen hier jetzt großzügig sein“ .(Finanzminister Blümel zur Milliardenhilfe).

coronavirus-oesterreich-350x227.jpgWenn die österreichische Regierungsspitze, dabei sich selbst lobend, jetzt betont, man möchte keine Zustände wie in Italien, nun gut. Aber was läuft dort wirklich? Hören wir doch was die italienische Virologin Prof.Marita Rita Gismondo in einem dramatischen Appell an den Gesundheitsdienst ihres Landes uns verrät: „Ich rufe Sie dazu auf, keine Zahlen über Sars-CoV-2 Infizierte und Tote zu veröffentlichen. Diese Daten sind aus wissenschaftlicher Sicht falsch.“ So, und nur weil wir keine italienischen Zustände haben, sind die „Fakten“ unserer oder auch der deutschen  Bundesregierung deshalb alle richtig? Da bekomme ich gleich einen Lachanfall, könnte aber auch gleich grantig werden, wenn ich an gewise Lobbyarbeiten dahinter denke, und richtig böse, wenn ich die die seelischen, sozialen und ökonomischen Folgen der Panikmache für abertausende Menschen vor mir sehe.

Stellen wir noch einer Panik machenden Einschätzung von Österreichs erfolgreichsten Studienabbrecher, Sebastian Kurz, die da lautet „Bald kennt jeder wen, der am Virus gestorben ist“ , jene eines gestandenen Mannes und verdienten Arztes, des von mir geschätzten ehemaligen Leiters für Tropenmedizin und Immunolgie des Allgemeinen Krankenhauses in Wien, Professor Wolfgang Graninger, gegenüber: „Das Corona-Virus kann uns wirklich den Buckl runter rutschen. Es hat keine klinische Konsequenz. Die Grippe ist viel wichtiger.“ Prächtig gesagt. Doch unsere Politiker reagieren – auf welche befugten oder nicht befugten Zurufe und Ratschläge auch immer – wie Angsthasen und Dilettanten, und so wird am Ende auch das Ergebnis ihrer Politik aussehen. Und trotzdem könnten sie noch eine Weile als Gewinner aussteigen, solange der Masse die Angst im Nacken sitzt (und diese geschürt wird).

Um nun noch größeren Schaden von Land und Bevölkerung abzuwenden, fordert jetzt die Initiative Heimat und Umwelt  in einerm Aufruf eine Beendigung aller Zwangsmaßnahmen, wobei natürlich nicht allgemeine, vernünftige Vorsichtsmaßnahmen, wie sie auch in normalen Grippezeiten angebracht wären, gemeint sind. Siehe: https://www.ots.at/presseaussendung/OTS_20200325_OTS0110/... und auch https://www.youtube.com/watch?v=xpI3IbmmUww&feature=y...

Besonders interessant und wichtig die nachfolgenden Stellungnahmen, die mehr Licht in das Dunkel bringen:

Aufklärer https://youtu.be/PtzHH8DhgZM 

Kritiker  https://youtu.be/ga-y4Uc5EjU 

Erhellend https://youtu.be/zqYNvm0K-N8 

Aufdecker https://www.youtube.com/watch?v=gSn_YaOYYcY

Was meine Person betrifft, so möchte ich damit das Kapitel Corona erst einmal beenden, nicht ohne abschließend noch einen libertären sloewenischen Blogger, Marko Marjanovic, zu dem Thema zu Wort kommen zu lassen.

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Die große Hysterie-Pandemie

Von Marko Marjanovic*

Was für ein unglaublich nützlicher kleiner Virus das für die Machtelite gewesen ist Anstatt die Schuld für den globalen Wirtschaftscrash zu übernehmen, dürfen sie das Kriegsrecht spielen. Ich sage nicht, dass es eine Verschwörung ist. Aber wenn ja, was wäre anders?

Weihnachten kam für unsere Herrscher, die Machtelite, in diesem Jahr früh. Zählen wir alle „Goodies“ auf, die die Covid-Pandemie-Hysterie  mit sich bringt:

> Sie können Hunderte von Milliarden, sogar Billionen von Dollar, Euro und Pfund unter ihren Freunden verteilen, um eine wirtschaftliche Abkühlung inmitten von Virus-Ausbrüchen und Gegenmaßnahmen auszugleichen.                                                                    > Sie können sich als entscheidende Männer des Augenblicks positionieren, die drastische Maßnahmen ergreifen, wenn die Umstände dies erfordern. Und wenn sich die Frühlingssonne wie jedes Jahr um die Viren kümmert, können sie sich als unsere Retter positionieren.                                                                                                                                          > Sie dürfen uns von der Straße in unsere Häuser drängen. Vergessen Sie Kim Jong-il, Stalin oder das afrikanische Kriegsrecht, das ist der wahre Deal. Es ist ein Maß an Unterdrückung, mit dem selbst Nordkorea nicht durchkommen könnte. Es dient dazu, die populistische Revolte zu entlasten und möglicherweise zu brechen (Gilet jaunes oder sonst irgendjemand?), Aber mehr als das vergessen Sie nicht die unkomplizierte Freude, die diese Menschen daran haben, Macht auszuüben und sich wichtig zu fühlen.                           

> Sie können sich vor der Schuld für den bevorstehenden wirtschaftlichen Zusammenbruch drücken. Ein Zusammenbruch, der ohnehin bald geschehen sollte, da das eine oder andere die globale Schuldenblase, die ihre Zentralbanken und ihre Geldpolitik zum Platzen gebracht hatte, zum Platzen bringen sollte, was nun aber dem Corona angelastet werden soll. Was für ein Ausweichmanöver!

Diese Hysterie-Pandemie war für sie ein Glücksfall. So sehr, dass ich, wenn ich an ihrer Stelle wäre, versuchen würde, sie so lange wie möglich zu verlängern. Ich würde sicherstellen, dass jeder, der starb, während er an Coronavirus litt, als Opfer gezählt wird. Und ich würde das Land mit Corona-Tests überschwemmen (wen interessiert es, wie sie so schnell als zuverlässig zugelassen wurden), um sicherzustellen, dass die Anzahl der Infizierten so lange wie möglich steigt, indem ein immer größerer Anteil der üblichen saisonalen Patienten mit grippeähnlichen Symptomen mit dem gefürchteten Covid-19 identifiziert wird.

Wenn Trump klug ist, wird er die USA nach Vorbild Europas unter ein  Kriegsrecht  stellen, um die Krise zu verlängern. Je größer die Virushysterie und je größer die Auswirkungen von Antivirenmaßnahmen sind, desto glaubwürdiger wird seine Behauptung im November sein, dass es bis zum unglücklichen Akt der Natur / Gottes eine großartige Wirtschaft war.

dimanche, 05 avril 2020

RIP, Référendum d’Initiative Populaire

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RIP, Référendum d’Initiative Populaire

Quand l’idée de cet article m’est venue, la révolte des gilets jaunes n’avait pas encore commencé. J’essayais de trouver des arguments pour convaincre que la démocratie directe à la Suisse était la meilleure voie pour gouverner un pays en lui assurant justice, calme et stabilité.

La démocratie représentative fut un grand pas en avant, en tous cas pour nombre de pays qui vivaient, auparavant, sous des régimes totalitaires. Si l’on considère que la politique est la façon non-violente de résoudre les conflits, on ne peut que se féliciter de voir s’opposer des gens raisonnables dans des débats d’idées, avec fougue, et même avec rage, mais toujours en-deçà de toute violence physique.

Mais aujourd’hui, la démocratie représentative arrive à bout de souffle : elle a été dévoyée et dans beaucoup de pays, des dysfonctions graves empêchent l’exercice serein de cette forme de politique. Qu’est-il donc arrivé pour que ces systèmes de démocratie en arrivent là ? Certains leaders, sans aucune expérience, sans aucun sens pratique, sans aucune considération pour les aspirations du peuple, sans aucune vision ni aucun sens de l’anticipation, sont parvenus au pouvoir et gouvernent uniquement selon l’idéologie dont ils sont pétris.

La désinvolture avec laquelle un Chef d’Etat se croit autorisé à prendre toutes sortes de décisions sans consultation du peuple ne peut que pousser les gens à désirer un système dans lequel ils ont leur mot à dire, c’est-à-dire un système de démocratie directe à travers le référendum, pas le référendum déclenché depuis le haut par la seule volonté du président, mais par le référendum d’initiative populaire déclenché par le bas.

Ceux qui s’opposent au référendum sont pour leur part favorables à une dictature de minorités, partis, groupes, clans, cliques, syndicats, qui cherchent à pérenniser leurs intérêts. Or le référendum est la piqûre de rappel nécessaire à celui qui a tendance à oublier qu’il n’est où il est que pour servir les autres. Car le Chef d’Etat n’est là que pour le bien être de son peuple et ce dernier a le droit de le lui rappeler et doit avoir le moyen de le lui imposer.

Pour que le peuple garde constamment à l’esprit ce qui doit être sa priorité, il lui faut adopter un moyen visible dans toutes les manifestations : un signe comme un badge, un emblème, une cocarde, un écusson, un ruban, en tout cas une marque bien reconnaissable avec, en son centre, sur fond clair, se détachant en sombre les trois lettres suivantes : RIP (pour Référendum d’Initiative Populaire) ou RIC (pour Référendum d’Initiative Citoyenne).

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Partout où des rassemblements importants ont lieu (dans les stades, dans les manifestations sur la voie publique quelles qu’elles soient, dans les déplacements du chef de l’Etat ou des ses ministres, dans les apparitions publiques des représentants de l’état et des députés, dans les marches, manifestations, grèves, etc.), que partout on voit s’agiter une forêt des signes estampillés RIP ! Si nous voulons une société où règne la vraie justice, il faut instaurer le RIP.

Mais diront certains : la majorité n’a pas toujours raison. A cet argument qui ne peut être contredit complètement, j’en opposerai deux autres : d’une part, la minorité n’a pas toujours raison non plus. D’autre part, si l’on analyse l’état des rares pays qui pratiquent le RIP aujourd’hui, leur situation est en général plus qu’enviable. La Suisse en est le symbole éclatant. Quand le référendum a parlé, les tensions baissent car le résultat est accepté et les polémiques se taisent jusqu’au prochain référendum. La Suisse est le cas d’école à étudier. Pourquoi l’Europe ne tirerait-t-elle pas profit de l’expérience helvétique ? La Suisse pourrait devenir un phare pour le continent tout entier.

Et pas question de faire une sarkozerie en faisant annuler le résultat d’un référendum par un tour de passe-passe (en 2007, Sarkozy utilise la voie parlementaire pour ratifier le Traité de Lisbonne, annulant du même coup le non massif du peuple français à la Constitution européenne en 2005). Il faut cadenasser le système contre de tels coups de force en instaurant une clause qui stipule qu’un résultat de référendum ne peut être annulé ou amendé que par un autre référendum. Qu’un Sarkozy décide unilatéralement contre 55 % des Français est un exemple flagrant d’une minorité qui n’écoute pas ce que veut le peuple.

Un Chef d’Etat est élu pour défendre son pays et protéger son peuple. Toutes les grandes questions concernant le pays doivent être soumises à référendum : immigration, sécurité, réforme des retraites, réforme du chômage, réforme de l’impôt, questions sociétales, pouvoir d’achat, etc. Tant que l’exécutif n’aura pas accepté cela, il gouvernera à contre-courant et fera montre d’autoritarisme le rapprochant des régimes totalitaires. A moins que les Gilets jaunes …

Sur le revers de la veste,

sur mes cahiers d’école,

sur les portes des mairies,

sur le sable et sur la neige,

sur les murs des Préfectures,

sur la pluie épaisse et fade,

sur les murs des Conseils régionaux,

sur chaque main qui se tend,

sur les tableaux de classe,

sur la vérité physique,

sur les marches de l’Assemblée nationale,

sur chaque bouffée d’aurore,

sur l’avenue des Champs-Elysées,

sur les marches de la mort,

sur les grilles de l’Elysée,

J’écris ton nom,

 

Référendum

Bertrand Hourcade, avril 2020

Belgique: après le confinement policier, l''éveil des consciences ?

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Belgique: après le confinement policier, l''éveil des consciences ?

Billet d'humeur de Philippe Marczewski

Je ne parviens plus à regarder le journal télévisé de la RTBF, et surtout le déshonorant quart d'heure qui suit, confié aux bons soins de La Voix de son Maître, relais béat des éléments de langage gouvernementaux (et cela dit sans offense pour les scientifiques interrogés qui font ce qu'ils peuvent). Hier, pas un mot sur le scandale de la gestion des stocks et commandes de masques par Maggie De Block. Pas un mot depuis un mois sur des années d'austérité et de choix criminels de politiques économique et sociale.


La mise en scène de la crise et sa transformation en spectacle hypnotique et anesthésiant est insupportable. Insupportable le décompte quotidien des malades et des morts. Insupportable de le faire suivre d'une justification de la police d'exception, pour aussitôt laisser entendre que les indisciplinés auront des morts sur la conscience. Insupportable les vidéos où les Belges prêts à tout pour passer à la télé se transforment en clowns d'intérieur. Insupportable cette visite guidée quotidienne des meilleurs applaudissements, à 20 heures, dramaturgie obscène de l'abandon des soignants à leur propre sort, seulement destinée à nous donner bonne conscience à bon compte et célébrer la caricature émotionnelle de la solidarité plutôt que la solidarité elle-même. Insupportable de se glorifier d'applaudir aux fenêtres à heure fixe pour oublier qu'on a laissé prospérer, voire soutenu, des politiques de mise à sac des services publics, au premier rang desquels les hôpitaux. 


Cette émission, sous couvert d'informer le peuple et de répondre aux questions qu'il se pose, aux peurs qui l'agitent, n'est qu'une nouvelle variation de la stratégie de la tension — tenir l'anxiété en laisse mais aboyante, sans muselière, et la surveiller comme le lait sur le feu. Chaude elle est utile mais que jamais elle ne déborde. 
Le taureau qui se débat pour sa vie dans l'arène et réussit à renverser son tueur, on le détourne de sa cible par de grands mouvements, et quand il comprend que le matador s'est relevé il est trop tard : voici son échine percée de banderilles.


Voilà où nous en sommes. Voilà le brouet qu'on veut nous faire avaler. 


Les louanges adressées à la Première Ministre et à son gouvernement, ou à tout le moins le silence sur la terrible responsabilité des partis politiques impliqués d'une manière ou d'une autre dans ce fiasco, c'est tout de même un des plus beaux syndromes de Stockholm jamais observé à grande échelle.


Je fais partie de ceux pour qui ce confinement n'est pas une épreuve. Je peux travailler. Ici nous avons de l'espace. Un jardin. Du confort. Je ne suis pas dans la rue. Je ne suis pas en prison. Je ne suis pas dans un mouroir. Je ne suis pas dans un centre fermé ou dans le parc Maximilien. Je pourrais facilement me contenter d'en rire (et j'en ris, d'ailleurs, ça n'empêche pas). Mais tout ça finira. Ce qui nous attend, après, risque bien d'être terrible. Il suffit de lire sur twitter les dégoutants petits prurits du président du MR, pour qui cette crise n'appelle pas de remise en question de nos systèmes, pour savoir qu'ils n'ont aucune intention de lâcher prise. Je n'ai vraiment pas de goût pour la révolution, ni pour le militantisme, ni pour l'activisme petit-bourgeois. Mais quand nous sortirons de là, il faudra aller dans les bars, sur les places, dans les rues. En Belgique, en France, en Espagne, en Italie, en Hongrie. Partout. Le premier soir nous nous saoulerons. Mais dès le lendemain matin nous devrons être les uns pour les autres contagieux. Virulents. Il va falloir parler, écrire et lire. Il va falloir détruire dans l’œuf leurs nouveaux jouets de contrôle. Il va falloir trouver les conditions pour gagner le rapport de force.

Philippe Marczewski.

samedi, 04 avril 2020

Germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne ? Le Covid-19 comme incubateur stratégique

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Germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne ?

Le Covid-19 comme incubateur stratégique

Irnerio Seminatore

La peur, le pouvoir et le statu-quo

Comme la peste d'Athènes (429 a.C), ou celle de l'Europe du Moyen Age (1347) et de la Renaissance (1720), ou encore la "grippe espagnole" de 1918, la pandémie du "COVID", si quotidien, fait de ce fléau dévorant un compagnon familier, silencieux et inconnu, qui suscite angoisse et exclusion.


Ceux qui déclarent qu'un état de guerre est en cours (Macron, Guterres, le Pape François), feignent d'oublier que la guerre présuppose un ennemi désigné, un état d'hostilité, un affrontement sanglant et des théâtres de combat furieux, où règnent les derniers tourments de la vie, car la guerre est un "acte de violence, qui vise à soumettre la volonté de l'autre" (Clausewitz). Or, cette pandémie démontre qu'il s'agit là d'une fausse rhétorique et que nous sommes en présence d'une "surprise stratégique".

Celle-ci n'est pas à résoudre par des moyens militaires et dont les éléments-clés sont d'ordre politique et civil et se caractérisent par l'ampleur, l'allure, l'impréparation politique, l'état d'urgence, la remise en cause de la stabilité et de l'ordre public, ainsi que l'extrême vulnérabilité du corps politique.

En effet, nos avenues sont désertes et nos ennemis absents et une coalition de forces et d'intérêts, invisibles, prétendent aider, intervenir et gouverner, liés à double fil par le cynisme, l'empathie et la colère.

Ce qui occupe les esprits de nos jours, ce sont les répercussions profondes et durables de la souffrance, de l'angoisse et de l'inconnu.

Ce qui règne en souveraine est la peur, le premier sentiment de l'homme qui est à l'origine, selon Thomas Hobbes, de la religion et de l’État.

La peur, qui se recèle dans l'âme du vivant, comme le fantasme anticipateur de la mort ne change en rien le psychisme de l'homme, ni l'organisation de la société.

Au contraire, elle renforce le pouvoir des Princes, par l'intimidation, la soumission et le désespoir, un cumul de passions bien humaines, suivies de vagues de malheurs sociaux, la faim, l'errance, le vagabondage, la fuite, le sentiment de faillite et la révolte, libératoire, colérique et inhumaine.

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Ce qui se recèle dans l'âme de l'homme qui a peur, est une ferveur religieuse soudaine, méconnue, qui découvre  le divin et l'implore.

Ce qui, dans le  sous-sol du monde rationnel, inflige une douleur moderne, de nature obsessionnelle, est l'impact économique de la situation, la raréfaction des biens et des activités, la stagnation des salaires, le chômage de masse, l'insécurité dans les villes, la révolte des affamés et des démunis, la crise d'autorité des pouvoirs et l'apparition de révoltés et d"émeutiers, qui apparaissent bien venus, généreux et justifiés.

Révoltes qui traversent la société selon des clivages ethniques et religieux, d'autant plus intenses et profonds, que la société est communautaire et tribale, bref, multiculturelle et pré-moderne.

Or la misère divise et l'autorité unit et protège, car la peur grandit le pouvoir et lui accorde générosité, grandeur et piété, la somme des sentiments humains les plus élevés, soutenus par la force physique.

La pandémie engendre effondrement, politique et moral, mais elle n'affaiblit pas l'esprit de lucre, elle le suscite et lui donne une justification nouvelle.

Par ailleurs, les pandémies légitiment le pouvoir et le renforcent, car le besoin de protection est une constante psycho-politique dans l'Histoire.

L'ampleur de la pandémie est aujourd'hui aussi profonde et cache une vulnérabilité stratégique face à des "competitors", tentés par des armes biologiques.

Le confinement de masse, l'effondrement des économies
et les politiques budgétaires des principaux pays


Le confinement de masse, exigé par les autorités publiques, engendre un effondrement des économies nationales en Europe.

La protection sanitaire a un coût, l'arrêt de la consommation et celui de la production.

La dissolution du corps politique d'une société montre, dans les situations de crise aiguë, les limites d'un modèle économique et social, qui ouvre sur un scénario catastrophe, celui de l'après pandémie.

L'imprévisibilité générale sur le vieux continent suscite deux réactions conjointes, l'absence de coordination commune sur les politiques sanitaires, et la divergence sur le mode de financement des politiques budgétaires des principaux pays.

En France, le désarroi sur les conflits d'intérêts a concerné le choix des politique sanitaires et a opposé Mr. Lévy, ancien Directeur de l'Iserm et A. Buzyn, ancienne ministre de la Santé, au Professeur Raoult, éminente virologue de Marseille et pourtant dénigré, ainsi qu'une mobilisation des média mainstream, pour encourager une réaction, tournée vers la résilience, la coopération et la solidarité.

Au même temps, les effets d'annonce des différents gouvernements, concernant les promesses de soutien budgétaire de la part des principaux pays, ont impliqué l'Union européenne et suscité divisions et dissonances graves, entre Italie, Pays-Bas et Allemagne, sur l'utilisation des instruments communs (aides d’État ou euro-bonds). 
La couverture des difficultés exceptionnelles, en termes de coûts sanitaires et de relance de grandes infrastructures, a été l'occasion d'un contraste de lecture et de vision entre le premier Ministre Italien G. Conte, la Chancelière allemande A. Merkel et le premier Ministre hollandais, Marc Rutte, aboutissant à une interprétation divergente des traités européens, prévus en leurs temps pour des situations de gouvernance courante et non exceptionnelle. Suite à cette entorse de la solidarité une question de fond s'affirme et peut se formuler ainsi:

"L'Europe existe-t-elle encore?"

"Veut-elle encore s'aider elle-même, ou s'imaginer, à tort, d'aider ses États-membres, sans en avoir la légitimité institutionnelle?"

La rapidité de décision et le caractère massif des interventions étatiques dans le monde, montre aux opinions l'efficacité et la réactivité des différents pays et leur souci de ne pas rater la reprise, en l'encourageant sans répit. 

Au sein de l'Union européenne, par contre, une loi spéciale, votée et ratifiée le 11 mars, sur "l'état de danger" du pays, par le Parlement hongrois, permet désormais au premier Ministre V. Orban de gouverner par ordonnance et pour une durée indéterminée.

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Le jour après, Ursula von der Leyen, aussi absente et tardive dans l'urgence sanitaire de l'Union, a rappelé à l'ordre Budapest et mis en garde les 27 sur les mesures urgentes décrétées en Hongrie et sur les dérives autoritaires supposées de la part de V. Orban, ouvrant la voie à une dictature présumée.

Ce qui dicte la priorité idéologique d'Ursula von der Leyen est moins la santé publique ou la sortie de la pandémie, que la surveillance intrusive de la Commission sur un État membre dissident et le respect d'un statu quo de vide stratégique existant et pré-existant

En termes de promesses de soutien à l'économie, voici quelques rappels en chiffres, concernant:

- les États-Unis, 2000 milliards de dollars + 1000 dollars par citoyen et 500 pour chaque enfant

- Allemagne, 1100 milliards d'euros

- France, 300 milliards d'euros

- Italie, 50 milliards d'euros

- BCE, émission d'eurobonds pour 750 milliards (quantitative easing - plan d'urgence de rachat de la dette publique et privée)

- les autres pays de l'UE, selon des quantités décroissantes.

Les besoins ne seront pas comblés par ces mesures, mais les mesures annoncées sont à interpréter comme des signaux d'inversion des tendances.

Le confinement et la peur ouvrent en France plusieurs fronts de combats, familiaux et civiques (mésententes conjugales, divorces). Si les premiers concernent les psychopathologies individuelles, les secondes, qui touchent au statut des banlieues, rouvrent la page, jamais fermée, de la sécurité collective ainsi que le destin unitaire ou sécessionniste de la nation.

En effet, ici la guerre n'est pas que micro-biologique, mais identitaire, constitutionnelle et raciale et les accrochages se multiplient avec la police, dans "plusieurs poches de résistance". Dans ces zones explosives (Seine Saint Denis et autres), le relâchement par la Chancellerie de caïds, tenus jusqu'ici en prison, fait reprendre, dans ce vieux no-man's land, la rançon des stups et de l'économie illicite, ainsi que  la gestion chaotique de l'ordre.

Le COVID, incubateur stratégique d'une option de fond: germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne

Deux indicateurs institutionnels sont à considérer comme décisifs du bras de fer stratégique que se joue actuellement en Europe:

- La divergence de lecture des traités européens, conçus pour des conjonctures de gouvernance ordinaire entre l'Italie d'une part et l'Allemagne et les Pays-Bas de l'autre sur la manière de subvenir aux coûts sanitaires et de soutenir l'économie en vue de l'après coronavirus. Vis-à-vis de la rigidité d'interprétation des traités, l'Italie soutient la thèse de réécrire Lisbonne et Maastricht, afin de penser l'exception (ou la souveraineté) dans l'exercice de la gouvernance des pays-membres. Un pas, très contrasté, vers l'indépendance politique de l'Union, revendiquée par Macron.

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- Le gouvernement par ordonnance et à durée indéterminée, voté par le parlement hongrois en faveur d'Orban, qui représente l'hérésie de principe et donc la dérive absolue des "valeurs démocratiques" et de l’État de Droit, surveillée rigoureusement par la Commission et par la Cour européenne de Justice, chargée de soumettre la politique au judiciarisme des magistrats. Ce contrôle a soulevé immédiatement une mise en garde de la part de Mme von der Leyen à Budapest, comme la déviance absolue, en situation d'urgence, portant atteinte à l'unité de l'Union, dans cette phase, très délicate, du post-Brexit.

Ce double confinement de deux États-membres, par le bloc intransigeant des pays nordiques, sous direction allemande, fragmente politiquement l'Union européenne et freine ou retarde toute tendance à l'autonomisation et à la liberté de conduite des pays-membres, corsetés par le statu-quo et le vide stratégique de l'Union. Celle-ci vit par ailleurs, politiquement, une conjoncture internationale indécise et d'hésitation hégémonique, interne et internationale.


En effet, la pandémie en cours affecte à des degrés divers les pays européens et les pays-tiers asiatiques et les transforme en "acteurs-proie" de la scène internationale, dépourvus de capacité de réactivité sur le plan stratégique, productif et logistique, ce qui se répercute sur les alliances militaires et sur leur opérationnalité.

C'est à ce titre que le COVID  devient un incubateur stratégique de l'ennemi interne et du conflit de demain, tant à l'échelle européenne qu'au niveau international et que l'Europe ne peut compter que sur ses peuples, devenus, comme toujours,  "l'ultima ratio regum".


Bruxelles, le 2 avril 2020