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lundi, 29 avril 2019

2018/2019 : GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA DIPLOMATIE MACRONIENNE !

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2018/2019 : GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA DIPLOMATIE MACRONIENNE !

par Guillaume Berlat

Ex: http://prochetmoyenorient.ch

Le châtiment de l’hybris1 est la némésis, le châtiment des dieux qui fait se rétracter l’individu à l’intérieur des limites qu’il a franchies. Le Dieu de la verticalité du pouvoir n’en aurait-il pas trop fait dans le registre de la démesure depuis sa victoire de mai 2017 ? Emmanuel Macron n’avait-il pas trop tendance à se croire sorti de la cuisse de Jupiter tant dans l’Hexagone que sur la scène internationale ? Si ces facéties, déjà fort nombreuses, font le jeu des humoristes et autres amuseurs publics français (Nicolas Canteloup, Laurent Gerra…), elles font plutôt grincer des dents dans les chancelleries occidentales (allemande, américaine, belge, hongroise, italienne, et autres (iranienne, russe, turque…).

Après l’acte II de affaire Benalla, la crise des « gilets jaunes »2 a eu un effet révélateur, dévastateur radical pour l’image du président de la République à l’étranger. Le roi est nu sur l’échiquier international ! Échec et mat. C’est qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne. Manu et Bijou avaient eu trop tendance à l’oublier. Après un premier succès de l’année 2018 marqué par une inflation d’envolées diplomatico-lyriques, les temps ont bien changé. Emmanuel Macron est pris au piège qu’il a lui-même armé, celui des ambitions planétaires paralysées.

LE SEMESTRE DES ENVOLÉES DIPLOMATICO-LYRIQUES

Le champion toute catégorie de la parole diplomatique généreuse commence son tour du monde en fanfare et caracole en tête de peloton, devançant tous ses principaux concurrents, sidérés par le grimpeur hors-pair qui avale les cols de première catégorie au train.

Un départ en fanfare : Macron-Jupiter

Dans la foulée de son premier semestre au pouvoir (2017) marqué au sceau de la fébrilité pathologique et de l’agitation permanente sur le plan international (discours devant le Congrès américain ; lors de la semaine des ambassadeurs ; discours sur la refondation de l’Europe à la Sorbonne, idée stupide qui tourne au cauchemar ; plaidoyer pour le multilatéralisme à l’ONU ; discours devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg ; discours lors de la COP23 à Bonn ; discours sur la fin de la Françafrique à Ouagadougou ; réunion à Paris du One Planet Summit ; du G5 Sahel à La Celle-Saint-Cloud ; The Economist décrète que la France d’Emmanuel Macron est le pays de l’année 2017, visite au Niger pour rencontrer la force « Barkhane ». , le premier semestre de l’année 2018 se poursuit sur la lancée du second de l’année 2018. À vive, pour ne pas dire, très vive allure. N’oublions pas les nombreux déplacements bilatéraux, qu’il effectue à l’étranger où il est attendu tel le Messie, ainsi que les multiples visites de ses homologues à Paris, attirés par le nouveau prodige de la diplomatie française.

Une sorte de nouveau Talleyrand, jeunesse en plus, qui réapparait dans l’Hexagone et dans le reste du monde. Le président français est partout à la fois. Il déclame, sermonne, tance, apostrophe, félicite, s’indigne. Jupiter s’est autodésigné en conscience universelle. Rien ne semble lui résister. Il prend à bras le corps les principaux maux dont souffre le monde et y apporte sur le champ le remède idoine. L’homme comprend vite les spasmes de la planète. Il entend ne pas perdre de temps pour remettre de l’ordre, partout où la France est attendue… mais aussi où personne ne lui a rien demandé. Le pompier est plus souvent sur le terrain des incendies planétaires que dans sa caserne à attendre les appels à l’aide de ses collègues incompétents et peureux.

Une course en tête : le premier de cordée

Le nouvel an 2018 passé, Jupiter reprend son bâton de pèlerin pour évangéliser les peuples, les institutions internationales, les organisations gouvernementales, les GAFAM… Tous doivent se soumettre aux évangiles du temps, le macronisme pur et dur. Pour être dans l’air du temps, il enterre la langue française au profit du globish mondialisé. Au diable la Francophonie. Il mériterait amplement le prix de la carpette anglaise décernée au président du CSA, Olivier Schrameck3. Il est vrai qu’il était hors catégorie. Reprenons ses principales activités sur la scène mondiale, la seule suffisamment vaste pour contenir ses initiatives incessantes, parfois brouillonnes ! Il passe allégrement d’un sujet à un autre : il déjeune à Paris avec le chancelier autrichien, président de l’Union européenne ; il déclame sur le thème de l’immigration à Calais ; Emmanuel Macron réunit le premier sommet de l’attractivité (« Choose France ») à Versailles (140 grands patrons avant le sommet de Davos) ; il annonce un nouveau traité franco-allemand ; il intervient longuement au sommet de Davos ; il s’engage à créer un jour de commémoration du génocide arménien ; il participe au sommet de l’éducation à Dakar ; il visite l’Inde avec laquelle il entend sceller un « pacte fort » et il en profite pour lancer l’Alliance solaire internationale ; il boycotte le pavillon russe au salon du livre ; il déclame à l’Académie française à l’occasion de la journée de la Francophonie ; il effectue une visite aux Pays-Bas et au Luxembourg ; il reçoit trois figures de la contestation anti-Maduro ; il reçoit le sulfureux prince MBS à Paris ; il harangue le parlement européen à Strasbourg ; il effectue une visite aux États-Unis au cours de laquelle il joue au nouveau Alexis de Tocqueville ; il visite l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, il fait un superbe discours sur l’Europe à Aix-La-Chapelle où il reçoit le prix Charlemagne ; il rencontre les géants du numérique (« Tech for good ») ; il effectue une visite en Russie à l’occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg ; lors de la session ministérielle de l’OCDE (Paris), il plaide pour un « multilatéralisme fort, meilleur et refondé » ; il reçoit Justin Trudeau à Paris ; il fait le coup de force avec Donald Trump au G7 de Charlevoix ; il se querelle avec l’Italie ; il s’entretient avec le nouveau premier ministre espagnol et le président du conseil européen ; il est reçu en audience par le pape François ; il visite la Mauritanie et le Nigéria ; l’Espagne et le Portugal ; il rencontre Theresa May à Brégançon ; il se pavane lors de la semaine des ambassadeurs et des ambassadrices… même si le ton est un peu moins martial qu’il ne l’état en août 2017. Il est en France et à l’étranger en même temps si bien qu’il commence à donner le tournis à ses collaborateurs sur les rotules. Certains évoquent même le vilain mot de « burn-out » (souffrance au travail).

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On l’aura compris, la diplomatie française jupitérienne part dans tous les sens. Elle est tous azimuts. Mais, revers de la médaille, on peine à trouver un fil conducteur, les linéaments d’une authentique politique étrangère digne de ce nom. On commence à parler de « surchauffe diplomatique » : 120 000 km, 22 voyages en 11 mois.

« Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure » (Hérodote). Après les engouements des premiers mois du quinquennat du plus jeune président de la Cinquième République, vient le temps des critiques, des désaveux, des débandades. Nos partenaires séduits en 2017 par la puissance du verbe, découvrent en 2018 un verbe à géométrie variable. Jupiter déroute, au mieux, inquiète, au pire. Il est boiteux, franchit les lignes jaunes européennes, ignore ses avertissements sur le climat adressés à Donald Trump…

LE SEMESTRE DES AMBITIONS PLANÉTAIRES PARALYSÉES

La plus grande confusion qui règne dans l’Hexagone depuis plusieurs semaines à l’occasion de la « crise des gilets jaunes » et de l’acte II de l’affaire Benalla conduit inéluctablement à ternir l’image de Jupiter à l’étranger, voire à restreindre de façon drastique sa marge de manœuvre diplomatique. Signe des temps, il est de moins en moins présent à l’étranger. Désormais, il privilégie l’ombre à la lumière. Horresco referens !

La plus grande confusion dans l’Hexagone

Jupiter est pris de court par la grogne sociale consécutive à l’annonce de la taxation des carburants. Il n’avait pas envisagé que cette fronde prendrait la forme d’une jacquerie fiscale doublée d’une crise de la démocratie, de la représentativité qui devrait le conduire à lâcher du lest, faire des sacrifices (quitte à mécontenter les experts-comptables de la commission européenne à Bruxelles) pour donner à sa politique un air un tant soit peu social. Emmanuel Macron est contraint d’organiser dans l’urgence le débat national de sortie de crise sur les « gilets jaunes », de ne plus refuser ab initio l’idée de référendum d’initiative citoyenne (RIC)…, voire de confesser qu’il n’avait pas très bien anticipé cette grogne de la populace, de la plèbe, du vulgum pecus4. Le premier ministre annule puis rétablit, le 18 décembre 2018, des concessions aux « gilets jaunes ». Emmanuel Macron, qui en est réduit à solliciter les conseils de l’un des prédécesseurs, demande à Nicolas Sarkozy de le représenter à l’investiture de la présidente géorgienne, l’ex-diplomate française, Salomé Zourabichvili5. Le bateau France égaré sur les canaux intérieurs n’a plus de cap précis sur les grands océans tempétueux6. L’équipe diplomatique s’est brusquement transformée de « dream team » (équipe de rêve) en « nightmare team » (équipe de cauchemar). Nous apprenons par le Journal Officiel (JORF) du 3 janvier de deux femmes de la cellule diplomatique : Barbara Frugier, conseillère communication internationale et Ahlem Garbi, conseillère Afrique du Nord et Moeyn-Orient (il est vrai que la diplomatie jupitérienne sur la zone est calamiteuse) le jour même où le très puissant conseiller en communication et plume du président, Sylvain Fort, fragilisant ainsi Emmanuel Macron7. Ainsi, va le monde au temps de Jupiter transformé en bateleur de foires.

L’image ternie de Jupiter à l’étranger8

Le cœur n’y est plus. La fin de l’été débute par un déplacement présidentiel au Danemark (il stigmatise « les gaulois réfractaires au changement ») et en Finlande au moment où Nicolas Hulot démissionne ; une énième rencontre Merkel/Macron à Marseille pour relancer une Union européenne moribonde ; Emmanuel Macron reçoit Mahmoud Abbas sur un constat d’impuissance y compris dans les mots (« je veux être efficace ») ; il s’entretient avec Donald Trump en marge de la 73ème AGNU dans un climat de grande défiance et de totale divergence sur la question de la place du multilatéralisme dans la gouvernance mondiale ; Emmanuel Macron fait de la démagogie au sommet de la Francophonie à Erevan ; il adopte une position en retrait après l’assassinat de l’opposant Jamal Kashoggi au consulat général saoudien à Istanbul sur ordre de MBS ; Emmanuel Macron effectue une visite à Prague et à Bratislava pour fissurer le bloc des nationalistes alors qu’il passe sous la barre des 30% des opinions favorables ; il organise un Forum de la paix en marge des cérémonies du 11 novembre 2018 qui ne débouche sur rien de concret ; lors d’un discours devant le Bundestag, il propose une relance du couple franco-allemand et de l’Union européenne ; il se rend en visite officielle en Belgique ; il participe au G20 de Buenos Aires qui se conclut sur un accord a minima ; il s’entretient le 2 janvier 2018 au téléphone avec Vladimir Poutine quémandant un strapontin dans les futures négociations sur la Syrie ; pour sa part, Jean-Yves Le Drian/Le Chouchen annonce le lancement d’une nouvelle stratégie internationale de la France en matière de droits de l’homme à l’occasion du 70ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme… au moment où la France apparait de plus comme la patrie des violations des droits de l’homme. La diplomatie française part dans tous les sens faute de priorités, de hiérarchisation des initiatives, de tri entre l’accessoire et le principal.

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Jupiter est ridiculisé. Le constat est sans appel. À l’étranger, l’image du chef de l’État et de la France sont écornées9. C’est la fable de l’arroseur arrosé. « Des fautes majeures ont cassé la confiance » (Ségolène Royal). Pour cause de « gilets jaunes », Emmanuel Macron est contraint d’annuler sa visite en Serbie, son intervention à la COP24 de Katovice, sa présence à Biarritz pour présenter sa présidence du G7 et de revoir sa stratégie pour les prochaines élections européennes10. Des ONG attaquent la France pour « inaction climatique » alors qu’il présentait la France en parangon de vertu dans ce domaine. On constate une image dégradée de la France auprès des investisseurs internationaux en raison de la crise des « gilets jaunes ». La répétition des « Black Saturday » entraîne les sarcasmes de Donald Trump (il évoque un « Paris qui brûle »), des présidents iranien, russe et turc, du ministre italien de l’Intérieur sur la manière dont les manifestants sont traités en France (« usage disproportionné de la force »). Ce mouvement met en lumière la faiblesse du président français tant sur la scène européenne (le couple franco-allemand n’existe plus et le président doit rassurer11, finie la refondation de la Sorbonne) que sur l’échiquier international (Jupiter fait franchement rire, c’est de la franche rigolade). Sa parole n’est plus crédible. Comme par enchantement, elle devient plus rare pour ne pas dire inaudible. Finies les doctes leçons de morale infligées à ses opposants ! Les droits de l’homme sont mis en sourdine12. Lors des vœux du 31 décembre 2018, il annonce l’annonce de nouvelles propositions sur la refondation de l’Europe dans un très proche avenir. À quoi a donc bien pu servir le discours de la Sorbonne ? Si ce n’est à faire le buzz, rien de plus !

La France supplantée en Afrique. Que constate-t-on en effet ? En septembre 2018, le lancement à Pékin du 7ème Forum sur la coopération sino-africaine marque l’ancrage durable de l’Empire du milieu sur le continent. Le riche président Xi Jinping annonce l’octroi d’une aide gratuite et de prêts sans intérêts de 15 milliards de dollars. La Chine dispose déjà d’une base à Djibouti, particulièrement utile pour tisser ses « nouvelles de la soie » en Afrique mais aux quatre coins de la planète. Elle est solidement implantée sur l’ensemble du continent, y compris dans notre ancien pré carré. Tout ceci se situe dans le cadre d’une stratégie de long terme que nous n’avons pas anticipée en temps voulu (Cf. le discours de Xi Jinping du 18 décembre 2018)13. C’est désormais au tour de la Russie d’être solidement ancrée en République Centrafricaine (RCA)14. La diplomatie française paie dans ce pays les résultats de son incurie et de son impéritie15. L’ambassadeur clairvoyant est sanctionné pour de fausses raisons. C’est l’air bien connu : l’ambassadeur a dit la vérité, il doit être exécuté. Moscou ne serait-il pas tenté par une Russafrique à l’instar de la Chinafrique ?16. Comme le Petit Poucet, elle sème ses petits cailloux sur le continent17. Jusque et y compris Israël qui tente un « happy come back » en Afrique et qui nous dame le pion18. Le Brésil, la Turquie veulent également leur part du gâteau et ne plus se contenter du rôle d’observateur. La chasse française n’est plus gardée. Elle est ouverte à tous les vents, à tous les appétits.

Le fiasco syrien. Nous n’aurons pas la cruauté de reprendre toutes les analyses pertinentes et régulières publiées dans notre site prochetmoyen-orient.ch sur la débandade française en Syrie, commencée sous le règne d’Alain Juppé, poursuivie sous celui de Laurent Fabius et conclue en apothéose sous la mandature de Jean-Yves Le Chouchen19. Sans parler de la décision unilatérale de Donald Trump de retirer ses troupes de Syrie (même si cette opération ne sera pas instantanée) sans en avertir son ami et allié Emmanuel Macron, laissant nos forces spéciales dans ce pays à la merci de la Turquie. La France ne sera pas invitée à la table des vainqueurs20. Elle serait bien inspirée de rouvrir son ambassade à Damas, y compris au niveau d’un chargé d’affaires pour ne pas insulter l’avenir et ne pas être distancée par ses principaux partenaires qui se précipiteront pour contribuer à la reconstruction d’un pays après huit ans d’une guerre globale sans merci. Encore un brillant exemple de la diplomatie du dindon de la farce !

La diplomatie française malade. C’est au tour du quotidien Le Monde, si servile durant la première année du quinquennat, de mettre en lumière la fragilisation de l’outil diplomatique français au temps de Jupiter21. Voir de sonner l’halali ! La diplomatie française n’aurait plus les moyens de ses ambitions22. Elle serait « à l’os » tant Tonton Bercy/Oncle Picsou l’aurait dépecée au fil des ans. En trente ans, le Quai d’Orsay a perdu 53% de ses effectifs. Les diplomates se sentent mal défendus par un pouvoir à vocation universelle et ambition provinciale. Et l’éditorialiste du quotidien du soir enfonce le clou sur le thème de la raillerie de la diplomatie du verbe et de l’incantation du plus jeune président de la Ve République23. Loin, très loin semble le temps où le Times, l’hebdomadaire de référence pour Boboland, faisait sa une sur le portrait impérial d’Emmanuel Macron accompagné de cette légende ô combien « prophétique » : « The next Leader of Europe ». Cela se passe de commentaire. Ne voilà-t-il pas que le très discret et mesuré Hubert Védrine stigmatise une diplomatie jupitérienne brouillonne en des termes peu amènes : « Il a si clairement les limites et les fragilités du système multilatéral et les menaces internes et externes sur le projet européen, il a fait tant de propositions pour préserver la coopération internationale et pour réveiller le système européen, qu’il devrait pouvoir, dans cette phase nouvelle, trier, hiérarchiser, trancher, et durcir, et entraîner »24. In cauda venenum, pourrait-on dire !

Comme le clamait feu le journaliste expert du football, Thierry Roland lorsqu’un match basculait : « les mouches ont changé d’âne ». La roche tarpéienne est toujours proche du Capitole, ne l’oublions-pas.

« C’est donc à quitte ou double que le président va aborder l’année 2009 »25. Surtout pour une année au cours de laquelle la France va assumer la lourde tâche de la présidence du G7. Le chef de l’État devra, une bonne fois pour toutes, arbitrer entre raison et passion au moment où les réalités rappellent les plus téméraires à la raison et où Jupiter a trop tendance à prendre du bruit pour de la gloire (Paul-Louis Courier).

Comme le rappelle Gabriel Chevallier, gouverner, c’est peut-être prévoir, mais c’est surtout temporiser ! Aujourd’hui, il est impossible de décliner en quelques phrases simples les grands axes de la politique étrangère jupitérienne et sa traduction diplomatique ledrianesque (ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement). Le temps de celui qui s’est toujours trompé (couple franco-allemand, Europe, Trump, mondialisation, protectionnisme, Syrie…), qui continue de donner des leçons à la terre entière, ce temps-là est révolu. Le temps du sursaut et de la refondation de la diplomatie jupitérienne affaiblie par ses péchés de jeunesse est venu.

Le recours à une autre diplomatie ne fait plus débat si la France ne veut pas être reléguée au rang des petits qui ne comptent plus sur l’échiquier international en dépit de son statut de puissance nucléaire au sens du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, aujourd’hui, il y a pénurie de tout sauf de ridicule tant la diplomatie jupitérienne, en 2018, est passée de la grandeur (éphémère) à la décadence (durable).

Guillaume Berlat
7 janvier 2019

1 Hybris vient du grec ancien, et signifie excès, démesure, orgueil inacceptable de la part d’un mortel.
2 Natacha Polony/Louis Haushalter/Soazig Quéméner, Tout ça pour ça !, Marianne, 14-19 décembre 2018, pp. 12-13-14.
3 François Darras, Schrameck ou l’indignité civique, Marianne, 14-19 décembre 2018, p. 48.
4 La politique option latin-grec, Le Monde Idées, 29 décembre 2018.
5 Fabrice Arfi, Macron-Sarkozy, Benalla-Djouhri : les étranges alliances du « nouveau monde », www.mediapart.fr , 19 décembre 2018.
6 Guillaume Berlat, Quand le Quai d’Orsay perd le cap et la boussole…, www.prochetmoyen-orient.ch , 24 décembre 2018.
7 Lénaïg Bredoux, Emmanuel Macron fragilisé par l’instabilité de son entourage, www.mediapart.fr , 3 janvier 2018.
8 Jean-Baptiste Chastand, L’image ternie d’Emmanuel Macron à l’étranger, Le Monde, 9-10 décembre 2018, p. 9.
9 À l’étranger, l’image de Macron et de la France est endommagée, Le Figaro, 17 décembre 2018, p. 5.
10 Alexandre Lemarié/Cédric Pietralunga, Européennes : Macron obligé de revoir sa stratégie, Le Monde, 18 décembre 2018, p. 10
11 Anne Rovan, UE : Macron veut rassurer ses partenaires, Le Figaro, 15-16 décembre 2018, p. 10.
12 Marc Semo, Macron met les droits de l’homme en sourdine, le Monde, 6 décembre 2018, p. 24.
13 Cyrille Pluyette, 40 ans après les réformes, la Chine s’interroge sur sa stratégie, Le Figaro, 18 décembre 2018, p. 8.
14 Christophe Châtelot/Isabelle Mandraud/Marie Bourreau, Centrafrique. Un pion sur l’échiquier russe, Le Monde, Géopolitique, 16-17 décembre 2018, pp. 18-19.
15 Fanny Pigeaud, La France veut reprendre pied en Centrafrique, tentée par les Russes, www.medapart.fr , 11 décembre 2018.
16 La tentation d’une Russafrique, Le Monde, 16-17 décembre 2018, p. 20.
17 Arnaud Kalika, « En Afrique, la Russie sème des petits cailloux et attend de voir ce que ça donne », Le Monde, 16-17 décembre 2018, p. 21.
18 Tanguy Berthemet/Thierry Oberlé, Israël peut-il réussir son retour en Afrique ?, Le Figaro, 17 décembre 2018, p. 19.
19 Ali Baba, Lafarge en Syrie : la faute à Juppé et à Fabius, www.prochetmoyen-orient.ch , 31 décembre 2018.
20 Marc Semo, La France mise hors-jeu dans le dossier syrien, Le Monde, 1er – 2 janvier 2019, p. 19.
21 Marc Semo, Diplomatie. Le blues du Quai d’Orsay, Le Monde, 30-31 décembre 2018, pp. 12-13.
22 Marc Semo, Des ambitions universelles, un budget compté, Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 12.
23 Éditorial, La diplomatie de Macron, un beau discours, Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 24.
24 Hubert Védrine (propos recueillis par Alain Salles et Marc Semo), « Soyons déterminés face aux puissances indifférentes ou hostiles à nos valeurs », Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 14.
25 Gérard Courtois, 2019 à quitte ou double, Le Monde, 19 décembre 2018, p. 23.

France et démocratie: le peuple souverain est interdit

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France et démocratie: le peuple souverain est interdit

 
 
Auteur : Jean-Yves Jézéquel
Ex: http://www.zejournal.mobi

Après l’allocution de Macron, ce jeudi 25 avril 2019, ce qu’on savait déjà a été confirmé: hors de question de changer de cap, pour la simple raison que seuls les élus qui « représentent » le peuple savent ce qui est bien pour lui; ce qu’ils font est bien et ils vont continuer à faire ce qu’ils font, en accélérant même le mouvement!

« Je ne veux pas affaiblir la démocratie représentative », martelait Macron, car elle est bonne (« pour nous autres les élus de l’oligarchie qui s’est emparée du Pouvoir en dépouillant le peuple de sa souveraineté constitutionnelle, grâce au système du suffrage universel qui m’a permis personnellement d’être élu président avec 28% des voix de tous ceux qui sont inscrits sur les listes électorales »)… (Cf., article « Le résultat final des fausses élections présidentielles françaises, 8 mai 2017, in www.mondialisation.ca)

Il n’est donc pas question d’admettre le RIC en toutes matières inscrit dans une Nouvelle Constitution! Car cela équivaudrait à scier la branche sur laquelle je suis assis, moi Macron et tous les « élus » du système représentatif. 

L’oligarchie s’est emparée du Pouvoir et le conserve grâce à la magie des élections qui sont faites pour dépouiller les électeurs de leur statut de citoyens. Il est donc hors de question d’envisager même de loin un RIC dans une Constitution qui serait écrite par une Assemblée Constituante mise en ordre de marche par la vertu d’un tirage au sort!

L’hécatombe sociale n’est qu’un « détail de l’histoire »; la horde de « ceux qui ne sont rien », cette « foule haineuse » peut crever dans la rue, d’ailleurs on va l’aider à crever en augmentant les prix de tout ce qui peut être augmenté et en durcissant le massacre policier qui éventuellement en viendra finalement à tirer sur les « séditieux » à coups de balles réelles pour qu’on en finisse…

Le peuple souverain est interdit. L’oligarchie a fait en sorte qu’il soit réduit au silence en permanence, même au moment où il vote, car le suffrage universel n’est qu’un leurre qui a magnifiquement bien fonctionné depuis le début de la République.

Aujourd’hui, grâce à la logique perpétuelle de la galère pour 80% des Français et leur situation de survie établie à perpétuité, ils se sont rendus compte qu’ils étaient infantilisés, dépouillés de leur responsabilité citoyenne, priés de la fermer en subissant les lois liberticides que des « élus représentants » produisent en fonction de leur privilèges et de ceux des sponsors constitués en  lobbies appartenant au monde des grandes fortunes qui s’arrangent pour les placer au Pouvoir afin d’en faire des débiteurs reconnaissants! 

Le peuple s’est réveillé et il a réalisé, il a pris conscience qu’il se trouvait dans une situation anachronique; il est sorti de l’effet hypnotique provoqué par le discours mensonger sur la « rengaine démocratique des élections »; il a échappé à l’envoûtement, il a rompu le sortilège; il a réalisé qu’on l’avait magistralement trompé depuis la dérive postrévolutionnaire…

La vérité est désormais sur la table et l’oligarchie comprend à son tour que son règne sans partage, comme son profit sans limite sur le dos des dominés, s’est achevé. L’heure est désormais à la résistance acharnée de l’État mafieux, racketteur, voleur, pilleur, profiteur, exploiteur, esclavagiste… Le durcissement est inévitable puisque le peuple ne veut plus se faire tondre abusivement par une caste de prédateurs qui fait son beurre depuis si longtemps sur son dos.

Le discours manipulateur habituel veut faire croire à chaque instant que la France est un pays  « démocratique ». La France n’est pas « démocratique », certes, elle avait, car ce n’est plus le cas, aménagé des « libertés publiques », à ne pas confondre avec la « démocratie ». En réalité, ce qui avait été donné au peuple français, c’était le pouvoir de désigner des maîtres, parmi des gens qu’il ne choisissait jamais, qui de plus étaient au service d’une idéologie politique de parti. Avec cela, le peuple n’avait jamais les moyens de sanctionner une trahison des « élus représentants » entre deux élections. 

Ce sont donc les hommes au Pouvoir qui écrivent les règles du Pouvoir: une aberration spectaculaire que nous subissons depuis des lustres sans avoir réagi à cette aberration anti démocratique qui abuse en permanence de notre docilité légendaire de moutons bien dressés à la soumission.

Ce régime anti démocratique se nomme le « gouvernement représentatif », celui que Macron veut à tout prix préserver, protéger, surtout pas « affaiblir »! Ce que nous réclamons désormais c’est un « gouvernement participatif »; nous voulons contrôler les lois, contrôler les choix et décisions engageant le peuple tout entier, contrôler les élus, contrôler les finances, contrôler les projets, contrôler la vie politique de la Nation…

Dans son discours du 7 septembre 1789, Sieyès disait que :

« Les citoyens qui élisent des représentants, renoncent (…) à faire eux-mêmes la loi; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie – et la France ne saurait l’être – le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »

Le « gouvernement représentatif » est  une imposture et relève de cette idée sous-jacente qu’un homme influent comme Voltaire véhiculait habituellement par ses nombreux écrits : « Une société bien organisée est celle où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ».

A partir du moment où le grand nombre travaille, gagne son pain à la sueur de son front, ce n’est pas le petit nombre qui le nourrit, c’est le peuple qui se nourrit lui-même grâce à son travail. Si le grand nombre est obligé de passer par la grille étroite du petit nombre pour avoir le droit de travailler, cela s’appelle l’organisation de l’exploitation, c’est une injustice, une tyrannie, un abus, une perversion qui explique pourquoi le Pouvoir est en soi pervers, puisque le petit nombre s’octroie le droit et une « légitimité » arbitraire à gouverner le grand nombre, sous prétexte « de bonne organisation »!

Qui a donné au petit nombre ce droit de s’approprier la gouvernance du grand nombre? Personne, sinon lui-même.

Le Grec Aristote disait : « Les élections sont aristocratiques et non démocratiques: elles introduisent un élément de choix délibéré, de sélection des « meilleurs » citoyens au sens de aristoï, au lieu du gouvernement par le peuple tout entier. » (Aristote, Politique, livre IV)

C’est pourquoi, nous devrons dès que possible abolir les élections qui sont une supercherie. Avec le RIC en toutes matières, les élections deviennent inutiles. Pour confier à certains d’entre nous la charge de l’accomplissement des tâches au service de tous et des intérêts du bien commun, il faut utiliser le tirage au sort.

Montesquieu avait écrit : « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie; le suffrage par choix – d’un candidat – est de celle de l’aristocratie. » (Montesquieu, De l’esprit des Lois, 1748)

Il est évident que les pauvres étant les plus nombreux, le tirage au sort donnerait le pouvoir aux citoyens les plus pauvres, alors que les élections ont forcément toujours donné le pouvoir aux plus riches. C’est le tirage au sort qui garantit au peuple qu’il restera souverain. Pour en venir à une pratique habituelle du tirage au sort, il est clair que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, les riches ne pouvant pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Or, les gens normalement constitués, les humbles, ceux qui ont un vrai savoir, les modestes, les plus pauvres, les plus honnêtes aussi, parce que les plus conscients, ceux-là ne veulent pas du pouvoir. Celui qui est juste et vrai n’a pas du tout envie de s’emparer du pouvoir puisque le pouvoir – qui a en soi la particularité d’être à « prendre », d’être « envié », d’être objet de convoitise – ne peut être que pervers et ne peut qu’attirer les pervers comme les mouches sont attirées par la merde!

Celui qui présente sa candidature pour être élu, est un pervers qui s’ignore. Le pouvoir qui se veut est un pouvoir illégitime. Le pouvoir qui s’exerce au nom d’un collectif humain par l’obligation d’un tirage au sort ne peut être conçu que comme un service des intérêts du bien commun excluant tout profit personnel et toute ambition personnelle: c’est une charge et un sacrifice de soi pour le bien commun.

Celui qui est vraiment juste, c’est celui qui se gouverne lui-même et sachant à quel point cela est exigent se garde bien de vouloir gouverner les autres. Chacun peut dès lors comprendre à quel point ceux qui veulent être élus pour gouverner les autres sont les pires d’entre nous et la garantie du désastre assuré.

Ce sont les plus riches, les grandes puissances financières, les grandes fortunes, les grandes entreprises du CAC40, les milliardaires possédant tous les instruments de contrôle de l’opinion publique, l’incarnation du capitalisme sauvage parasitaire de la société, qui se sont emparés du pouvoir d’écrire les Constitutions et donc les lois qui en découlent. Les élections sont entièrement manipulées par cette ploutocratie dominante. C’est cette caste de riches qui nous impose ses « représentants », sa « monnaie unique », ses « lois » toujours en sa faveur… Pour eux, l’élection est le moyen efficace de conserver le pouvoir ad vitam aeternam et de s’assurer que la production du droit leur sera favorable. Ce sont les « élus » qui ont fait un jour le choix « irréversible » de l’élection, car cela garantissait que le pouvoir serait exclusivement entre leurs mains. Ceux qui sont élus, vont défendre des intérêts particuliers puisqu’ils se savent redevables de ceux qui ont tout fait pour les placer à cet endroit! 

Si le peuple abolissait les élections et reprenait en mains sa souveraineté politique, c’est le capitalisme sauvage parasitaire financier qui disparaîtrait massivement en tant que tel ou qui serait radicalement « subverti ». L’élection produisant un système de domination du grand nombre par le petit nombre, il est évident que ce petit nombre est la condition sine qua non à l’existence même du capitalisme sauvage, seul instrument d’esclavage capable de dominer le grand nombre. Les élections paralysent les gouvernés et offre gracieusement le pouvoir aux pires gouvernants.

Ce que disait Robespierre dans un discours à la Convention Nationale, le 17 pluviôse an II, 5 février 1794, était assez juste sur le sujet : « La démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut faire lui-même ».

C’est le citoyen qui produit lui-même les lois auxquelles il consent à obéir. Les électeurs ne sont pas les citoyens car ils sont justement, par le processus électoral, dépossédés du contrôle qu’ils devraient exercer sur les intérêts du bien commun et qui les fait citoyens: l’élection est en soi une infantilisation.

La psychologie comportementaliste a depuis longtemps démontré que lorsqu’on donne à une personne qui ne recherche pas à dominer les autres une vraie responsabilité en lui faisant confiance, elle se montre pratiquement toujours à la hauteur de la confiance et de la tâche qu’on lui a confiée. L’élection ne favorise pas le souci du bien commun, mais celui de répondre aux impératifs idéologiques du parti qui a placé le candidat dans la posture d’être son représentant. L’élection implique la stratégie du mensonge: c’est celui qui mentira le mieux qui sera élu. Il faut mentir pour être élu, mentir pour appliquer une politique qui ne peut pas être le seul souci du bien commun, mentir à la fin du mandat pour être réélu. Le principe de l’élection c’est celui du mensonge permanent: on en a eu un exemple particulièrement frappant dans l’élu François Hollande… Le coefficient de probabilité démontre en soi que le tirage au sort écarte d’office les escrocs, les salauds, les menteurs, les tyrans, les ordures que nous voyons installés au pouvoir et qui nous maltraitent sans discontinuer à longueur de générations.

Un élu, une fois élu a carte blanche et fait ce qu’il veut: il se croit le « meilleur » puisqu’il a été « élu » entre plusieurs candidats au pouvoir. L’élection produit des maîtres dominant des électeurs dominés. Le tirage au sort produit des égaux. Nous constatons depuis bien longtemps, à quel point « l’Assemblée Nationale représentative » n’est absolument pas représentative du corps social de la France. Pourtant c’est cela que Macron veut à tout prix préserver, éviter « d’affaiblir »!

Celui qui est tiré au sort pour exercer un service au profit du seul bien commun reste sous le contrôle de l’ensemble des citoyens puisque ceux-ci sont tous concernés par le tirage au sort.

De plus, le tirage au sort entraîne avec lui la rotation dans les charges, l’impossibilité du cumul des mandats, interdit une professionnalisation de la politique, respecte l’égalité et ferme la porte aux partis, aux sectes politiques, aux castes de profiteurs. Ceux qui recherchent le pouvoir ne peuvent pas avoir en eux la passion du bien commun, mais l’obsession d’un objectif idéologique pour une satisfaction personnelle égocentrique.

Le tirage au sort dispose d’emblée la personne à se mettre au service de l’intérêt général.

Nous comprenons maintenant pourquoi les élections donnent systématiquement la gouvernance à une oligarchie, à la caste des riches qui veille sur la pérennité de son pouvoir, liant ainsi le capitalisme sauvage à la position de dominant pour être prédominant, alors que le tirage au sort donne la gouvernance aux gens humbles de la démocratie.

Ainsi, la Constitution écrite par le peuple, doit limiter les pouvoirs par le contrôle du RIC en toutes matières. Si les hommes au pouvoir écrivent eux-mêmes les règles du pouvoir, c’est-à-dire, la Constitution, pratique qui est devenue courante depuis longtemps et qui enlève à la Constitution toute sa valeur constitutionnelle, alors on peut être assuré que ceux qui sont au pouvoir vont édifier leur puissance sur l’impuissance du peuple. Ils vont prévoir tout ce qu’il faut pour avoir tous les droits en obligeant le peuple à se taire et à obéir.

La priorité absolue pour nous désormais, c’est le tirage au sort d’une Assemblée Constituante, sans l’avis de personne actuellement au pouvoir. Le peuple doit prendre en mains cette initiative et organiser ce tirage au sort. Puis, l’Assemblée Constituante se mettra au travail. Lorsqu’une nouvelle Constitution aura été donnée à la France par les Français, ils déposeront tous les « élus » et passeront à une nouvelle forme de gouvernance qui n’aura plus rien à voir avec la monarchie absolue républicaine que nous connaissons. Si le Pouvoir en place ne veut pas se plier à la volonté du peuple, alors il sera déposé par la force.

Les « élus » actuels sont le problème des Français puisqu’ils dominent les « électeurs » en s’imposant à eux, en refusant de les écouter, d’écouter leurs doléances et leur revendications légitimes. Ils sont persuadés qu’ils incarnent ce qui est bien et bon pour le peuple et ne veulent pas changer de cap, comme ils ne veulent pas non plus donner une souveraineté aux citoyens qui pourraient dès lors les contrôler… Puisque les « élus » confisquent le pouvoir constituant du peuple, la solution ne peut pas venir du problème: la solution est du côté des citoyens qui sont les seuls à pouvoir changer quelque chose à cette situation anti démocratique actuelle. La démocratie est dans le contrôle que peut exercer le peuple sur les gouvernants « tirés au sort ». Si les gouvernés peuvent rigoureusement contrôler en permanence les gouvernants, alors on est en démocratie. 

Nous devons retrouver le statut de « citoyens constituants », comme au Venezuela qui est un exemple de démocratie participative.

C’est encore Montesquieu qui disait: « C’est une loi fondamentale de la démocratie que le peuple fasse les lois ». (Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748, livre 2, Ch. 2)

Nous devons comprendre, par conséquent, que les Députés du peuple, ne peuvent pas être des « représentants », mais ils ne sont que des « commissaires ». Ils sont là pour faire le travail législatif qu’ensuite le peuple devra ratifier ou pas. Une loi, n’étant pas ratifiée par le vote du peuple, est nulle et sans valeur. Personne ne doit tenir compte de cette loi qui doit être dès lors éliminée. 

Tout citoyen a le devoir de contrôler la légitimité de ce qui lui est demandé par un gouvernant; il doit vérifier si ce qui lui est demandé est conforme à la Constitution; c’est lui qui est l’arbitre de l’État auquel il ne doit jamais être soumis. Le citoyen a le devoir de vérifier le bien fondé d’un comportement des gouvernants s’il le trouve suspect. Si une décision des gouvernants met en péril les libertés publiques, ces gouvernants doivent être directement sanctionnés et révoqués.

Dans son discours du 29 juillet 1792, Maximilien Robespierre, disait : « … Le peuple est opprimé toutes les fois que ses mandataires sont absolument indépendants de lui ».

Dans une démocratie, le sort distribue les charges, le magistrat rend compte de ses actes, les décisions sont contrôlées par le peuple.

Dans son discours du jeudi 25 avril dernier, Macron, repris en chœur par ses partisans, répétait que le mécontentement des Français provenait de ce que ses réformes galopantes n’allaient pas assez vite! La macronie qui avait joyeusement éborgné les Gilets-jaunes reprochait au peuple d’être aveugle. La pratique perpétuelle du Pouvoir est celle d’ôter les yeux à ceux qui veulent voir ou qui posent le regard sur ce qui ne doit pas être vu, puis leur reproche ensuite d’être des aveugles, de ne pas voir et de ne pas comprendre ce qu’il fait en toute connaissance de cause; car, le Pouvoir possède la connaissance, il sait d’un savoir quasi transcendant, alors que le citoyen est ignare, il ne sait rien et ne sait pas quel est son véritable bien! Il doit donc se taire et se soumettre en faisant le deuil de sa souveraineté au profit d’une souveraineté théocratique, puisqu’elle se réfère à une transcendance du pouvoir. Macron a expliqué, dans ses réponses aux journalistes, à quel point les gens ne comprenaient pas ses paroles qui sont toujours d’un très haut niveau et d’une subtilité telle que sa pensée juste et infaillible est incomprise par un peuple mentalement « retardé »! Ce Pouvoir est un aveugle de naissance qui disserte sur les couleurs sans se rendre compte de sa sottise…

Maintenant que nous sommes fixés sur la voie sans issue de la macronie dans son ensemble, il s’agit de s’organiser. Or, s’organiser c’est agir d’après une perception commune. Nous devons avoir une perception partagée de la situation. Une masse de gens déterminés à agir ensemble, n’a plus rien à voir avec une masse de gens sans volonté commune. Toute insurrection, quel que soit le lieu où elle se déroule, lance un signe bien au-delà d’elle-même, elle envoie un signal aux autres peuples; le sous-sol mental de l’inconscient collectif humain relie tous les peuples entre eux et les rend forts de cette force provenant de l’esprit. Nous verrons ce que nous pouvons faire de cette force.

dimanche, 28 avril 2019

Retentissante victoire électorale pour les “Vrais Finlandais”

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Retentissante victoire électorale pour les “Vrais Finlandais”

Le parti patriotique finnois talonne les sociaux-démocrates et arrive en deuxième place.

Le succès des partis patriotiques et populistes en Europe se confirme. Lors des récentes législatives finlandaises, le parti des « Vrais Finlandais » a obtenu 17,5% des voix et est arrivé en deuxième place, très près des sociaux-démocrates, en tête,  qui n’obtiennent plus que 17,7% des suffrages.

Jussi Halla-aho, président du parti, est bien entendu satisfait du score obtenu par sa formation : « Je ne m’attendais pas à un tel résultat, personne d’ailleurs ne s’y attendait ». Son parti, qui réclame, entre autres choses, de limiter quasiment à zéro l’accueil de réfugiés, est prêt, dit-il, a entrer dans une coalition gouvernementale mais « pas à n’importe quel prix ». Halla-aho sait de quoi il parle : son parti était entré dans une coalition de centre droit en 2015, alors que les médias du système le campent comme « populiste de droite ». Halla-aho, entretemps est devenu président du parti en 2017 en rejetant toute compromission, ce qui a conduit le premier ministre finnois Juha Sipilä à rompre l’accord gouvernemental.

Une majorité de la fraction des « Vrais Finlandais » s’était alors détachée du parti parce qu’elle voulait rester aux affaires, tandis que Hallo-aho et les siens entraient dans l’opposition. Cette décision de ne pas faire de compromis s’est avérée payante, comme le prouvent les résultats des dernières législatives.

Les grands perdants de cette campagne électorale sont les sociaux-libéraux du parti du centre, auquel appartient le premier ministre Sipilä. Il n’a obtenu que 13,8% des voix et n’est plus que le quatrième parti du pays.

(Autor: B.T. ; ex: http://www.zurzeit.at )

L’Europe se tire dans le pied: les sanctions contre la Russie ont coûté 100 milliards de dollars aux firmes européennes

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L’Europe se tire dans le pied: les sanctions contre la Russie ont coûté 100 milliards de dollars aux firmes européennes

Yalta : Les sanctions contre la Russie constituent une perte énorme pour les pays de l’UE. C’est là un secret de polichinelle. Les consortiums économiques européens s’élèvent chaque jour avec davantage de véhémence contre ses sanctions. L’ancien vice-maire de Linz en Autriche, Detlef Wimmer (FPÖ), a calculé le montant de ce désastre. D’après son évaluation, les dommages financiers encourus par les entreprises européennes depuis quelques années s’élèvent à 100 milliards de dollars américains.

Selon Wimmer, les Etats-Unis, en levant des sanctions contre la Russie, nuisent à la vie économique de plusieurs pays européens. Or, malgré ces sanctions, la Russie a tenu bon comme on peut justement le constater en Crimée avec les progrès réalisés dans la presqu’île au cours de ces cinq dernières années.

La politique des sanctions menée par les Etats-Unis et l’UE contre la Russie n’est pas acceptée dans plusieurs arrondissements autrichiens et dans les communes du pays, a décléré Wimmer dans le cadre du Cinquième Forum International de l’Economie, tenu récemment à Yalta.

 (article tiré de http://www.zuerst.de ).

Sentant poindre la défaite, la propagande du système cible le populisme

Par le Paysan Savoyard

Ex: https://liguedumidi.com

Trois éléments de la propagande immigrationniste du Système sont à mettre en évidence. Ils sont probablement efficaces, car ils paraissent relever du registre du constat et semblent s’appuyer sur des positions raisonnables et équilibrées. Or la réalité est inverse : ces arguments de propagande sont assis sur des raisonnements biaisés et des faits mensongers. Plus fondamentalement, ils reposent sur une conception du monde contestable, partagée seulement par une faible minorité.

« Djihadisme et populisme sont deux extrêmes également malfaisants, qui se renforcent l’un l’autre »

La mise sur le même plan de l’islamisme radical et de l’extrême-droite est l’un des arguments les plus utilisés par le Système. Il a les apparences, c’est ce qui fait sa force, d’un constat de bon sens et d’une analyse objective. Le Système n’a pas de mal à convaincre en déclarant en substance : « Ces deux courants aux antipodes ont pour point commun d’être extrémistes : ils se renforcent mutuellement, les excès de l’un nourrissant la violence de l’autre. Les gens de bonne volonté, républicains laïcs comme musulmans modérés, doivent s’unir pour rejeter ce double extrémisme ».

Or cet argument est fondé sur une base doublement erronée et malhonnête. D’abord parce que l’extrême-droite est peu violente. On peut comptabiliser certes l’attentat de Breijvik et celui commis tout récemment en Nouvelle-Zélande, en remarquant au passage qu’ils sont intervenus dans deux pays où l’immigration de masse est récente. Dans les pays où elle est ancienne au contraire, en particulier en France et en Angleterre, il n’y a eu jusqu’ici presqu’aucune réaction violente à l’immigration, même de la part de militants d’extrême-droite. Cette absence de violence est à mettre en regard des centaines d’attentats commis par des musulmans « radicaux » dans les différents pays européens. Il y a lieu de rappeler également que la violence des immigrés, très généralement musulmans, ne se limite pas au terrorisme, la délinquance massive leur étant attribuable pour la plus grande part.

Le raisonnement consistant à présenter djihadisme et populisme comme deux frères-ennemis objectivement complices est malhonnête, deuxièmement, parce qu’il met sur le même plan deux groupes de populations qui n’ont aucunement le même statut : sauf à considérer que la notion même de frontière est obsolète – et c’est bien là le fond du problème, sur lequel nous revenons plus loin – il est illégitime d’assimiler la réaction de la population autochtone qui se sent submergée par l’immigration et le comportement des immigrés, djihadistes ou non, qui s’installent en masse dans un pays qui n’est pas le leur.

« Le populisme est un extrémisme et doit comme tel être combattu »

Le deuxième argument mis en avant par le Système est corrélé au précédent : « le populisme doit être combattu du fait même qu’il est un extrémisme et, comme tel, étranger au registre de la raison. Les positions raisonnables sont par nature modérées : elles tiennent le juste-milieu, tandis que les extrêmes relèvent de l’excès et de la caricature ».

Cet argument est lui aussi efficace. Les positions jugées extrêmes, caricaturales, excessives sont en effet perçues unanimement comme des sources d’affrontements et de violence. Elles sont également disqualifiées intellectuellement : combien de fois entend-on citer le mot de Talleyrand assimilant excès et insignifiance… ? De plus, la plupart des réalités propres à la condition humaine appellent une position modérée : manger de façon modérée, pratiquer le sport sans excès, se montrer de bonne compagnie sans se laisser marcher sur les pieds, rester poli sans verser dans l’obséquiosité… En la plupart des domaines, l’excès est un ennemi : il est dès lors également perçu comme tel dans le registre politique.

La dénonciation de l’extrémisme et la célébration de la modération sont donc efficaces. L’argumentaire est pourtant assis sur un raisonnement doublement malhonnête. Il est malhonnête d’abord parce que, bien loin d’être extrémistes, les réactions des populistes, comme celles de la population autochtone dans son ensemble, sont au contraire extrêmement modérées. Le principal parti d’extrême-droite, le RN, respecte ainsi un légalisme strict, participant sans broncher aux processus électoraux, en dépit des multiples entraves qu’il subit (poursuites pénales répétées, manifestations hostiles systématiques à la porte de ses meetings, comportement d’obstruction des banques…). De la même manière ce parti a depuis longtemps choisi d’adopter un discours républicain parfaitement conforme, prenant à son compte les valeurs célébrées par le Système, telles que la laïcité. Vis-à-vis de la question de l’immigration, les discours radicaux dénonçant l’invasion, le Grand remplacement et appelant à la remigration restent parfaitement marginaux, le RN affirmant quant à lui, à l’unisson des autres partis, que « l’islam a toute sa place dans la république dès lors qu’il en respecte les valeurs » ou que « la grande majorité des immigrés sont pacifiques et désireux de s’intégrer ». Pour notre part, au passage, nous considérons que ce discours trop lisse du RN est profondément erroné : il banalise le phénomène d’invasion auquel l’Europe est confrontée et contribue à l’opération d’anesthésie générale à laquelle le Système se consacre.

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La dénonciation de l’extrémisme est malhonnête pour une deuxième raison : les populistes, mêmes les plus radicaux d’entre eux qui dénoncent le « Grand remplacement », ne sont en rien des extrémistes. Qu’y-a-t-il en effet d’extrême à dénoncer l’invasion de son propre pays ? Faire le constat que les sociétés multiculturelles sont par nature belliqueuses et instables, affirmer que le rythme de l’immigration est tel qu’il mettra prochainement les populations autochtones en minorité sur leur propre sol, prédire que l’immigration de masse emportera la civilisation européenne elle-même, tout cela n’a rien d’extrême mais relève au contraire du constat brut, de la prévision raisonnable, du pronostic lucide et froid.

La situation est exactement à l’inverse de ce que présente la propagande du Système. Les extrémistes ne se trouvent pas là où on les désigne : les extrémistes sont ceux-là même qui dénoncent les extrêmes. C’est bien le Système en effet qui mène en tout domaine des politiques extrémistes : en mondialisant et en ayant délocalisé des millions d’emplois ; en imposant aux Français moyens de souche un niveau record d’impôts, de taxes et de cotisations pour financer les conséquences sociales de la mondialisation et l’immigration ; en mettant en place des mécanismes qui enrichissent la classe dirigeante comme jamais ; en alimentant un système économique fondé sur la production et la consommation de masse qui a déstabilisé le climat en seulement quelques décennies ; en adoptant des lois libertaires et en promouvant des mœurs qui heurtent le bon sens et déstructurent la société. La politique la plus extrême conduite par le Système reste cependant l’immigration massive, qui a été souhaitée, encouragée et organisée par la classe dirigeante depuis cinq décennies et qui aboutit à l’invasion de l’Europe. Les extrémistes ? Ils sont au pouvoir…

« Les discours de haine des populistes nuisent à la paix civile et doivent dès lors être proscrits »

Installé au cœur de la propagande du Système, le thème de la haine fait l’objet d’une invocation permanente : pas un jour sans que le Système, ses relais et ses porte-voix ne dénoncent « la haine », « ceux qui l’attisent, l’alimentent et la colportent ».

La dénonciation de la haine est particulièrement efficace, pour deux raisons distinctes. Son efficacité résulte d’une part du fait que la haine est ressentie par tous comme un péché parmi les plus graves. Bien qu’aujourd’hui athée et même anticatholique, notre société, en France en particulier, reste marquée en profondeur par le christianisme. La culture européenne et les structures mentales des Européens ont été façonnées par le message évangélique. Or l’Évangile est tout entier bâti sur la notion d’Amour : il commande de s’aimer les uns les autres, nous presse d’aimer le prochain, nous demande même d’aimer nos ennemis. La haine dans un tel contexte ne peut qu’apparaître comme un péché mortel.

Or, il est aberrant, même pour les chrétiens, de fonder une société sur les commandements évangéliques. C’est se tromper gravement que de faire de l’Évangile une lecture littérale applicable aux politiques publiques. L’Évangile s’adresse aux individus et leur propose un chemin de vie personnelle : il n’a aucunement vocation à présenter un modèle de société.

Mais l’efficacité de la dénonciation de la haine a un second ressort, plus puissant encore. L’argumentaire du Système est en substance le suivant : « Les discours opposés aux flux migratoires sont nécessairement ressentis par les immigrés comme hostiles et haineux. Ils nuisent dès lors par nature à la paix civile, contreviennent à la coexistence harmonieuse et menacent le vivre ensemble. Ils doivent pour cette raison être proscrits ».

Convaincue par ce raisonnement en forme de syllogisme, la majorité de la population ressent comme légitimes les lois limitant ou interdisant l’expression des opposants à l’immigration. De même les poursuites pénales qui sont engagées sur cette base contre « les porteurs de haine » sont considérées comme normales. De même encore la fermeture des comptes de réseaux sociaux de « ceux qui attisent la haine » est perçue comme nécessaire au maintien de l’ordre et de la paix civile.

En dépit de son caractère raisonnable en apparence – qui pourrait aimer la haine ? – cette dénonciation de la haine repose pourtant sur une tromperie. Depuis que les sociétés humaines existent, les peuples ont cherché à résister à leurs envahisseurs. Depuis toujours également, ils ont éprouvé envers leurs agresseurs de la haine. Ces réactions de résistance et de haine contre l’envahisseur sont toujours apparues comme des réactions normales et légitimes. On ne peut dénier à une population le droit de résister à l’invasion et de haïr l’envahisseur que si l’on se réclame d’un monde sans frontières, où chacun possède le droit de circuler librement et de s’installer où il le désire.

Or cette conception d’un monde sans frontières est manifestement une folle utopie. Elle n’est partagée que par quelques Européens. Elle est absente des autres continents. Les immigrés les premiers n’y sacrifient nullement : ils ne se ressentent aucunement comme citoyens du monde mais sont au contraire tout à fait conscients de participer à une entreprise de conquête et de colonisation. Quant à la population européenne, elle n’a jamais été consultée sur la politique d’immigration : si elle l’était, il y a fort à parier qu’elle rejetterait massivement la politique immigrationniste et la vision d’un monde sans frontières qui la sous-tend.

***

En bonne logique, le débat ne devrait donc pas se situer là où le place le Système. Il ne s’agit pas de choisir entre l’extrémisme et la modération, entre la haine et la concorde, ni même entre la paix et la violence : il faut remonter au fait générateur de tous ces questionnements et en venir à la question première, de laquelle découle les autres. La politique d’immigration massive conduite depuis cinquante ans repose sur la conception d’un monde sans frontières : un tel monde sans frontières est-il possible et souhaitable ?

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Si l’on répond affirmativement, les « discours de haine » et d’hostilité à l’immigration doivent alors être effectivement proscrits, parce qu’ils nuisent à la paix et au vivre-ensemble. La situation est toute différente si l’on considère, comme c’est notre cas, qu’un monde sans frontières ne constitue qu’une dangereuse utopie déconnectée des faits. Si l’on estime que l’organisation des peuples en nations, sur un territoire dont ils sont les maîtres, constitue le seul cadre envisageable parce qu’il correspond profondément à la réalité de la condition humaine, alors la haine de l’envahisseur et de ceux qui leur ouvrent la porte devient profondément légitime, humaine et saine. Et c’est l’attitude de bienveillance et de compréhension à l’égard de ceux qui s’introduisent en masse sur nos territoires qui doit être condamnée, parce qu’elle correspond à une trahison et débouche sur la soumission.

La condamnation et la proscription de la haine que voudrait obtenir le Système sont vaines, au demeurant, comme la suite des événements risque de le montrer. Si l’utopie folle d’un monde sans frontières continue à gouverner l’Europe, la haine s’invitera bientôt aux premières loges des massacres qui s’annoncent. Elle enflammera les protagonistes des affrontements en gestation. Elle dansera comme feux-follets autour des razzias, des pogroms et des ratonnades à venir. Elle déferlera dans le chaos et l’anomie qui s’installent. Elle brandira les drapeaux ensanglantés, déposera les bombes meurtrières, stimulera les porteurs de cimeterres.

Elle animera aussi ceux qui ne veulent pas mourir.

samedi, 27 avril 2019

Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

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Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Certains s’énervent après Macron, il n’y a pas de quoi. De toute manière si le système le remplace, on aura pire après (c’est le syndrome de Denys de Syracuse, étudié ici). Personne ne veut de révolution parce que tout le monde a de quoi bouffer, cliquer et regarder la télé. Le système c’est nous, c’est tout.

Désolé, mais Macron ce n’est que la continuation de la génération Mitterrand. C’est du présent perpétuel sur trente ans, pas celui sur 200 que j’ai l’habitude de commenter ici, à coups de Nietzsche et de Dostoïevski, de Poe ou de Baudelaire. Autoritarisme (coup d’Etat permanent), haine du peuple et des pauvres, américanisme, inféodation à l’Allemagne, aux richissimes, monarchie culturelle, tout est déjà chez Mitterrand deuxième mouture, chez qui Macron aura puisé son inspiration, y compris en recyclant les cathos zombies et les larves bureaucratiques de la droite folle ou molle. Alors un rappel…

pfister.jpgThierry Pfister fut mon éditeur chez Albin Michel et me publia la deuxième version du Mitterrand grand initié. Ce grand professionnel était un gentilhomme et un homme de gauche convaincu qui avait rompu avec le mitterrandisme deuxième mouture des années 84-85 qui dégénérait alors en « tonton mania ». En 1989 il publia sa splendide lettre à la génération Mitterrand qui vendit 300 000 exemplaires. Les années 90 marquèrent l’agonie du mitterrandisme revenu depuis à la mode dans ce pays sans mémoire et sans histoire.

Florilège (je n’ai pas le PDF et ma secrétaire est en vacances !) :

Sur les intellectuels  juifs qui en énervent tant aujourd’hui (et qui énervaient déjà Adorno en personne), Thierry Pfister rappelle « une plaisanterie en yiddish qui fit rire tous les leaders de mai 68 ». Et d’ajouter que « Mai 68 fut pour un leader juif une révolution juive, un écho millénaire du messianisme hébraïque (p.39-40). » ;
SOS racisme ? « Une association de défense de beurs peuplée de sionistes ravis d’avoir trouvé plus métèques qu’eux (p.71)… »
Europe allemande ? Pfister ajoute que déjà « la France se soumet de bonne grâce aux règles de la zone deutschemark où elle fait désormais figure de première sous-traitante. »
Manipulation historique ? Sur la débilité des experts d’alors, il rappelle que « dénoncer l’horreur nazie ne justifie pas le dangereux matraquage d’approximations… (p.43) ».
Amusant : Pfister explique que le PS se situe à l’extrême droite de l’internationale socialiste et souligne que le FN fait grossièrement partie du système… En bref, Mitterrand avant Macron célèbre le « conformisme étatique et social » de cette France pas très réformatrice.
Triomphe du communautarisme et fin d’un modèle ? « La civilisation US est celle du ghetto ; à chacun son quartier, à chacun sa piscine… »

On parle de Macron et des riches. On oublie Mitterrand et l’Oréal, Mitterrand et Bettencourt, Mitterrand qui fabriqua avec le crédit lyonnais les ultra-riches actuels comme Arnault et Pinault. Pfister écrit déjà « qu’on a une fiscalité qui touche les cadres possesseurs de leur appartement mais épargne les dynasties qui se transmettent des collections d’objets d’art comme ceux qui se dissimulent derrière la notion floue d’outil de travail… (p.94). » Et comme on n’aime pas le peuple qui vous porta au pouvoir en 1981, « les socialistes se déchargent sur d’anciens ministres de droite du soin de négocier avec les syndicats (p.96). »

Abrutissement et aggiornamento ?  La télévision se limite à « la promotion des disques, des magazines et des myopathes », et les brillants oligarques de la gauche sociétale demandent à la gauche de « rompre avec le corpus poussiéreux qui la tenait prisonnière du siècle précédent (Kouchner, Karmitz, Lévy, Minc, p.111). » Pfister ajoute que « les élites vont au peuple comme les dames patronnesses vont au peuple. » Il remarque au cours d’un voyage en Bourgogne qu’un « haut fonctionnaire de la culture parle d’indigène, de typique en regardant le retraité qui arrose son jardin en bordure de voie »… Pfister souligne inutilement la monstruosité du propos (p.119) qui ne rassurera pas les gilets jaunes qui se font flinguer ou mutiler tous les dimanches.

On termine : notre auteur dénonce les jeunes bobos d’alors, « les baskets si sensibles à la pollution et à la protection de la nature… ». Il rappelle que bien avant le navrant Hollande, Mitterrand et ses socialos se montrèrent de « parfaits porte-paroles de l’OTAN », d’ailleurs ponctuellement « pris à contre-pied » (p.155) par le revirement américain et soviétique d’alors !

Conclusion : « la gauche pue » ; certes, mais elle reste au pouvoir car elle pue comme ce pays, ni plus ni moins.

J’oubliais Notre-Dame. On va la relooker et en faire un musée-shopping centre-salle de spectacle, ce qu’elle est déjà. Il y a longtemps que ce n’est plus une Eglise et il y a longtemps que l’église catho a crevé. Voyez mon texte sur Swift-Hazard-Michelet-Feuerbach. Le catholicisme est un conglomérat de zombis, de Tartufes, d’octogénaires (Bergoglio fait fuir les jeunes) qui subiront tout.

A propos de la profanation des grands travaux mitterrandiens, Pfister parle déjà de « monarchie culturelle » et de cet « habillage administratif des foucades royales (façades, Louvre, Beaubourg, Orsay, Bastille, bibliothèque). » Il ajoute que « le président s’est offert tous les symboles antiques de la gloire et de l’immortalité » (p.167), ce qui est un « aveu d’inquiétude pour ce jeune chrétien » qui épatait notre couillon Mauriac ! Bloy ou Bernanos savaient mieux que le catho moderne avait muté en rentier humanitaire bon à voter progressiste-humanitariste-impérialiste-je-m’en-foutiste !

Et pour ceux qui se gonflent avec l’affaire Benalla, on recommandera cette perle : « la France socialiste supporte sans broncher les extravagances des vigiles de luxe de l’Elysée… »

Le pamphlet est un genre qui vieillit bien.

Source

Thierry Pfister – Lettre ouverte à la génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes (Albin, Michel, 1989)

L’adieu aux cathédrales

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L’adieu aux cathédrales

Ex: http://www.dedefensa.org

L’historien américain Victor Davis Hanson, un conservateur activiste et “musclé” (il fut un temps proche des neocons, lors des premières aventures de l’Irak et de l’Afghanistan), donne quelques appréciations sur l’incendie de Notre-Dame et surtout sur les perspectives de reconstruction. Hanson est un spécialiste de l’histoire militaire et culturelle, avec un grand intérêt pour l’Antiquité et les périodes marquées par une forte affirmation de la tradition (notamment le Moyen-Âge, et par conséquent “le Temps des Cathédrales”). Ce sont quelques mots mais ils ont le tranchant et le vif des pensées les plus audacieuses et les plus vraies par conséquent, – puisque, dans notre temps d’extraordinaire conformisme à la bienpensance (“conformisme du conformisme” si l’on veut), “la sagesse, c’est l’audace de la pensée”, – puisque l’audace revient essentiellement sinon exclusivement à rompre avec ce “conformisme au carré”.

L. Brent Bozel III, qui n’est pas un commentateur habituel du site Strategic-Culture.org, présente et commente le  21 avril 2019  sur ce site la question soulevée par la citation de Hanson. Le titre est crépusculaire, mais ô combien justifié : « La fin de la culture des cathédrales », comme si l’incendie de Notre-Dame sonnait la seconde mort du “Temps des Cathédrales” :  la mort de la représentation que nous nous en faisons dans le cadre de certaines illusions que nous continuons à entretenir sur notre perception du monde et sur notre culture civilisationnelle, après sa mort historique à la fin du XIIIème siècle.

« Peu de temps après la vision tragique de la cathédrale Notre-Dame qui s'enflammait à Paris, alors que les foules regardaient et chantaient l’Ave Maria, l’historien Victor Davis Hanson mettait notre époque moderne en perspective. Il déclarait à Laura Ingraham, de Fox News : “Il sera très difficile dans notre société de reconstruire une cathédrale, et encore moins de la réparer, parce que nous ne croyons plus en ce qu’elle représente. Et c'est ironique, parce que nous n'aimons pas le passé. Nous sommes en guerre contre le passé. Nous démolissons des monuments. Nous ne construisons pas de cathédrales. On efface les noms...” 
» Laura Ingraham de Fox a souligné ce point avec une citation déprimante de l’hebdomadaire Rolling Stone : “Toute reconstruction ne doit pas être le reflet d'une vieille France, ou d'une France qui n'a jamais été, – une France européenne blanche et non laïque, – mais le reflet de la France d'aujourd'hui, une France qui est en train de se construire”... »

… Ces quelques mots suffisent : Hanson pose implicitement une question d’un très grand intérêt, qui dépasse bien entendu la tragédie de Notre-Dame comme nous l’avons perçue, qui la hausse, pour l’installer dans une perspective bien plus large et puissante que la seule polémique disons “entre Anciens et Modernes”, entre ceux qui veulent une reconstitution dite “à l’identique”, telle qu’était cette véritable transcendance architecturale, et ceux qui veulent y mettre de notre époque...

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(Et l’on sait quelle est notre position dans cette polémique de très-basses eaux, inévitable avec le simulacre-Système, où se répand l’incroyable fatuité postmoderniste dans la prétention à “faire mieux” que n’était Notre-Dame : « plus belle encore », dit l’autre /notre clown-président).

La question est donc : “Saurons-nous”, ou plutôt “Saurions-nous reconstruire une cathédrale aujourd’hui alors que nous ne croyons plus en ce que symbolisent et ce que dispensent ces cathédrales ?” Poser cette question c’est bien entendu y répondre avec emphase et quasiment de l’enthousiasme, et cette réponse qui met implicitement en évidence :

d’une part qu’il y avait un lien sacré entre les cathédrales d’un côté, les bâtisseurs de cathédrales (du concepteur général à l’artisan le plus humble) et le peuple d’un autre côté, et que ce lien permettait aux êtres humains de ressentir la Gloire et la Beauté des cathédrales ;

et d’autre part et surtout, qu'il y avait le génie intuitif de donner à ces cathédrales la capacité de disposer du Temps et de le vaincre, pour prolonger leur force de suggestion et d’attraction à la fois, force venue de leur dimension spirituelle s’exprimant autant, grâce à son architecture transcendante, dans sa Gloire que dans sa Beauté.

… La suite du propos de Hanson montre effectivement, – what else ? – l’extrême pessimisme qui caractérise son jugement car, bien entendu, nous n’avons plus ces divers caractères et la foi qui les conditionne cela va de soi. Par conséquent, nous ne saurons pas, nous ne pouvons pas rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris, par manque de caractère, psychologie défaillante, etc. Nous avons suffisamment régressé pour cela,– mission accomplie, si vous voulez. De ce point de vue, les vautours de l’AC (Art Contemporain), et de l’art moderne en vérité, ces artistes en général devenus fonctionnaires et valets artistiques de certains États et des grosses fortunes, ont toutes les chances de trouver un accueil bienveillant lorsqu’il s’agira de décider de quelle remise en l’état Notre-Dame doit souffrir, et dans un délai de 5 ans selon l’esprit ultra-rapide du temps, un peu comme Hollywood vous boucle un blockbuster en quelques mois.

Le sens de l’opération est particulièrement évident, selon cette plume extrêmement instruite de Rolling Stone : la France est en train de naître, de se construire, il n’y avait rien avant en fait de France que la terre rasée par les “blancs”, et donc une terre toute-blanche et complètement vide de la diversité, du multiculturalisme et toutes ces sortes de chose. Dans cette situation, il est évident que Notre-Dame n’avait qu’une chose à faire, – cramer, le plus vite possible, et l’on eût aimé que, comme à Hiroshima, cela soit jusqu’au millimètre-zéro. Si l’on suit PhG, – plaisantait-il véritablement, comme il avait semblé à certains qu’il faisait ? –la seule attitude acceptable en l’état serait justement de laisser Notre-Dame en l’état : 

« ...“[S]i j’étais président” donc, moi et pas Zombie-Apathie renvoyé à la niche, j’ordonnerais que l’on consolidât Notre-Dame dans son état actuel de dévastation avec l’aspect des restes d’elle que les flammes voulurent bien nous laisser, pour rappeler solennellement le symbole qu’elle fut et par conséquent ce que nous avons perdu. Chacun pourrait ainsi continuer à s’instruire de ce que fut l’objet de cette catastrophe, et mesurer l’effet de cette catastrophe qui est le produit indiscutable de ce que cette époque est capable de nous offrir ; c’est-à-dire un symbole absolument écrasant de notre époque, figurant, d’une façon générale avec le destin catastrophique comme l’est un attentat surtout-pas-islamiste du symbole venu du Temps des Cathédrales, ceci exactement : la néantisation du passé et l’entropisation du présent en un futur diabolique figé dans la catastrophe. Je ferais donc ce qu’ont fait les Japonais, d’ailleurs dans un autre esprit peu glorieux mais c’est l’acte qui importe ici, en gardant un vestige des effets de la Bombe : “En guise de témoignage, les ruines du dôme de Genbaku, l'un des seuls bâtiments à ne pas avoir été entièrement détruits par l'explosion, furent conservées.” »

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Tout cela se passe dans un contexte qu’on qualifiera d’“urbain”, pour être dans l’air du temps. On terminera donc ce court bilan par une réflexion d’un “spécialiste de la ville”, l’urbaniste Claude Rochet, présenté de la sorte dans Le Causeur et l’on comprend déjà la ligne directrice de son propos qui rejoint évidemment toutes les réflexions présentées ici sur la reconstruction de Notre-Dame : « Claude Rochet appartient à cette race d’énarques pour laquelle le service public a encore un sens. Spécialiste de la ville de demain qu’il pense dans sa globalité, il nous fait explorer ‘Les villes intelligentes’ à hauteur d’homme, loin des chimères néo-progressistes. »

D’une façon plus générale, avec son appréciation critique de la ville moderne et son appréciation admirative de la “ville médiévale”, Rochet nous donne une des clefs implicites et fondamentales de notre impuissance probable à reconstruire Notre-Dame dans la dimension inspiratrice et spirituelle qu’elle avait préservée et conduite jusqu’à nous. Ainsi, à la la question “Tout bien pesé, pourquoi jugez-vous la ville médiévale plus riche d’enseignements que les utopies urbaines constructivistes ?”, la réponse va de soi, naturellement, s’articulant autour de l’argument esthétique du Beau (dans ce contexte où rôde le postmodernisme, ce genre de chose se précise) qui répond à “l’idéal chrétien” du “Bien commun” : 

« La ville médiévale a été l’objet des analyses des plus grands historiens du développement urbain comme Lewis Mumford, analyses reprises par les théoriciens contemporains de la systémique comme Chris Alexander. Le principe fondamental de la ville médiévale était la croissance organique, soit le développement comme un organisme vivant. Pour Mumford, “la croissance organique ne part pas d’un but préconçu. Il évolue de besoins en besoins, d’opportunités en opportunités dans des séries d’adaptations qui elles-mêmes deviennent de plus en plus cohérentes et finalisées, de sorte qu’elles génèrent à la fin un design complexe à peine moins unifié qui motif géométrique prédéfini”. C’étaient des villes sans architectes ni urbanistes, il n’y avait pas de permis de construire mais il ne serait venu à personne de construire une horreur disgracieuse comme se le permet l’architecture contemporaine. La ville était animée par un corpus de valeurs communes issues de l’idéal chrétien du Bien commun et chacun devait contribuer au Beau collectif parce qu’il était la condition du Beau individuel. Cet idéal était également politique comme l’illustrent les fresques d’Ambroggio Lorenzetti sur le Bon gouvernement, qui décorent l’Hôtel de ville de Sienne. Cet idéal politique reposait sur la participation active des citoyens à la vie politique et des mécanismes de démocratie directe – comme la rotation annuelle des postes de magistrat représentée dans les fresque sur “les effets du bon gouvernement” – que l’on retrouve également dans les villes médiévales russes de Pskov et Veliki Novgorod. La tradition de la ville médiévale a connu sa fin à l’époque baroque où l’architecture de la ville devait exprimer le pouvoir absolu du Prince. »

vendredi, 26 avril 2019

Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

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Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

Auteurs : Prof Michel Chossudovsky et Manlio Dinucci 
Ex: http://www.zejournal.mobi 

Quel a été le résultat du Colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019. Manlio Dinucci en parle avec Michel Chossudovsky.

Note : au cours de cette année, l’OTAN effectue 310 exercices militaires, quasiment tous contre la Russie.

Avec l’OTAN du welfare au “warfare”

70 ans de l’OTAN. Interview de Michel Chossudovsky sur les 70 ans de l’OTAN : “ce n’est pas une Alliance, ce sont les USA qui commandent, ils veulent plus de dépense militaire dans toute l’Europe, ils sont prêts à de nouveaux conflits armés, y compris nucléaires”

Au colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019 -avec plus de 600 participants d’Italie et d’Europe-, a participé comme principal intervenant Michel Chossudovsky, directeur de Global Research, le centre de recherche sur la globalisation (Canada), organisateur du Colloque avec le Colitato No Guera No Nato et d’autres associations italiennes. Nous avons posé quelques questions à Michel Chossudovsky -un des plus grands experts internationaux d’économie et géopolitique-, collaborateur de l’Encyclopedia Britannica, auteur de 11 livres publiés en plus de 20 langues.

***

Quel a été le résultat du Colloque de Florence ?

L’événement a eu un très grand succès, avec la participation d’intervenants provenant des États-Unis, d’Europe et de Russie. L’histoire de l’OTAN y a été présentée. Y ont été identifiés et attentivement documentés les crimes contre l’humanité. À la fin du Colloque a été présentée la “Déclaration de Florence” pour sortir du système de la guerre.

Dans votre intervention introductive vous avez affirmé que l’Alliance atlantique n’est pas une alliance…

Sous l’apparence d’une alliance militaire multinationale c’est au contraire le Pentagone qui domine le mécanisme décisionnel de l’OTAN. Les USA contrôlent les structures de commandement de l’OTAN, qui sont incorporées à celles des États-Unis. le Commandant Suprême Allié en Europe (Saceur) est toujours un général étasunien nommé par Washington. Le Secrétaire général, actuellement Jens Stoltenberg, est essentiellement un bureaucrate qui s’occupe de relations publiques. Il n’a aucun rôle décisionnel.

Un autre thème que vous avez soulevé est celui des bases militaires USA en Italie et dans d’autres pays européens, y compris à l’Est, bien que le Pacte de Varsovie n’existe plus depuis 1991 et malgré la promesse faite à Gorbachev qu’aucun élargissement à l’Est n’aurait lieu. À quoi servent-elles ?

L’objectif tacite de l’OTAN -thème important de notre débat à Florence- a été d’opérer, sous une autre dénomination, “l’occupation militaire” de facto de l’Europe occidentale. Les États-Unis non seulement continuent à “occuper” les ex “pays de l’Axe” de la Seconde guerre mondiale (Italie, Allemagne), mais ont utilisé l’emblème de l’OTAN pour installer des bases militaires USA dans toute l’Europe occidentale, et, par la suite, en Europe Orientale dans le sillon de la guerre froide et dans les Balkans dans le sillon de la guerre OTAN contre la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).

Qu’y a-t-il de changé par rapport à un possible usage d’armes nucléaires ?

Immédiatement après la guerre froide a été formulée une nouvelle doctrine nucléaire, focalisée sur l’usage préventif d’armes nucléaires, c’est-à-dire sur le first strike nucléaire comme moyen d’autodéfense. Dans le cadre des interventions USA-OTAN, présentées comme actions de maintien de la paix, a été créée une nouvelle génération d’armes nucléaires de “basse puissance” et “plus utilisables”, décrites comme “inoffensives pour les civils”. Les responsables politiques étasuniens les considèrent comme des “bombes pour la pacification”. Les accords de la guerre froide, qui établissaient certaines sauvegardes, ont été effacés. Le concept de “Destruction Mutuelle Assurée”, relatif à l’usage des armes nucléaires, a été remplacé par la doctrine de la guerre nucléaire préventive.

L’OTAN était “obsolète” au début de la présidence Trump mais maintenant elle est relancée par la Maison Blanche. Quelle relation y a-t-il entre course aux armements et crise économique ?

Guerre et globalisation vont de pair. La militarisation soutient l’imposition de la restructuration macro-économique dans les pays-cibles. Elle impose la dépense militaire pour soutenir l’économie de guerre au détriment de l’économie civile. Elle conduit à la déstabilisation économique et à la perte de pouvoir des institutions nationales. Un exemple : dernièrement le président Trump a proposé de grosses coupes budgétaires dans la santé, l’instruction et les infrastructures sociales, alors qu’il demande une grosse augmentation pour le budget du Pentagone. Au début de son administration, le président Trump a confirmé l’augmentation de la dépense pour le programme nucléaire militaire, lancé par Obama, de 1.000 à 1.200 milliards de dollars, en soutenant que cela sert à garder un monde plus sûr. Dans toute l’Union européenne l’augmentation de la dépense militaire, jumelée à des mesures d’austérité, est en train de conduire à la fin de ce qui était appelé “l’État-Providence” (welfare state). Maintenant l’OTAN est engagée sous la pression étasunienne à augmenter la dépense militaire et le secrétaire général Jens Stoltenberg déclare qu’il s’agit là de la chose juste à faire pour “garder la sécurité de notre population”. Les interventions militaires sont jumelées à des actes concomitants de sabotage économique et de manipulation financière. L’objectif final est la conquête des ressources autant humaines que matérielles et des institutions politiques. Les actes de guerre soutiennent un processus de conquête économique totale. Le projet hégémonique des États-Unis est de transformer les pays et les institutions internationales souveraines en territoires ouverts à leur pénétration. Un des instruments est l’imposition de lourdes contraintes aux pays endettés. L’imposition de réformes macro-économiques létales concourt à appauvrir de vastes secteurs de la population mondiale.

Quel est et quel devrait être le rôle des médias ?

Sans la désinformation opérée, en général, par presque tous les médias, le programme militaire USA-OTAN s’écroulerait comme un château de cartes. Les dangers imminents d’une nouvelle guerre avec les armements les plus modernes et du péril atomique, ne sont pas des informations qui font la Une. La guerre est représentée come une action de pacification. Les criminels de guerre sont dépeints comme des pacificateurs. La guerre devient paix. La réalité est renversée. Quand le mensonge devient vérité, on ne peut pas revenir en arrière.

Traduit de l’italien par M-A P

L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

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L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

La transformation multipolaire en cours sur le continent eurasien confirme la coopération industrielle et diplomatique entre la Chine et le continent européen en dépit de la forte opposition des États-Unis. 

La visite de Xi Jinping en Europe confirme ce que beaucoup d’entre nous ont écrit au cours des derniers mois et des dernières années, à savoir la réalité de la transformation mondiale en cours, d’un monde dominé par les États-Unis, vers un monde pluraliste composé de puissances différentes travaillant ensemble à l’avenir d’un monde multipolaire. 

L’Europe se trouve donc dans une position imprévue, à l’équilibre entre l’ancien monde avec ses liens avec les États-Unis d’une part et le nouveau monde de l’Eurasie naissante portée sur les fonds baptismaux par la Russie et la Chine d’autre part. 

Des pays comme l’Allemagne et la France, et même le Royaume-Uni, ont depuis longtemps mis en place des politiques commerciales favorisant l’intégration avec les pays du supercontinent eurasien. En 2015, le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays occidentaux à rejoindre la Banque d’investissement pour l’infrastructure (AIIB), dirigée par la Chine, qui finance des projets de l’Initiative Belt and Road (BRI). 

Le méga projet chinois BRI [les nouvelles routes de la soie] a débuté en 2014 avec l’objectif ambitieux de favoriser le commerce entre la Chine et l’Europe par mer et par terre, avec la participation de tous les pays intermédiaires. L’idée, en tant que consolidation naturelle du commerce, est de réduire les délais de livraison des marchandises par chemin de fer et d’intégrer les routes maritimes. Le projet couvre non seulement les ports et les lignes ferroviaires, mais également la construction d’infrastructures technologiques permettant une inter-connectivité mondiale en utilisant la technologie 5G développée par le géant chinois de la technologie Huawei. 

L’Allemagne et la France ont, au fil des années, renforcé leurs partenariats avec Beijing. Paris, en particulier, a des liens historiques avec la Chine découlant de la coopération nucléaire entre le groupe chinois General Power Group (CGNPC) et Électricité de France (EDF), qui remonte à 1978, ainsi que de la coopération aérospatiale entre Airbus et les compagnies aéronautiques chinoises, en cours depuis 1985. 

L’Italie a récemment approché la BRI, suite à une initiative du nouveau gouvernement constitué du mouvement Lega Nord et du Mouvement des cinq étoiles (M5S). La décision de signer un mémorandum d’accord entre Beijing et Rome souligne la volonté du nouveau gouvernement de maintenir une position équilibrée entre Washington et Beijing dans certains secteurs. C’est exactement la démarche de l’Allemagne, qui a choisi de continuer à approfondir ses liens avec Moscou vis-à-vis des hydrocarbures et de Nord Stream 2, face aux énormes pressions de Washington. En outre, l’Allemagne et l’Italie ont toutes deux confirmé leur volonté de faire confiance à Huawei pour la mise en œuvre et la gestion du trafic 5G, élément fondamental d’un monde dominé par l’internet des objets. 

Les décisions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie de poursuivre leur coopération avec Moscou et Beijing dans divers domaines vont à l’encontre du discours avancé par les médias aux ordres, contrôlés par les États-Unis, qui tentent de décourager les hommes politiques européens d’agir dans l’intérêt de leurs pays et de s’engager avec la Russie et la Chine. 

Washington ne comprend toujours pas pourquoi certains pays européens sont si déterminés à saisir les opportunités offertes par l’Est. L’exemple récent de l’Italie est assez facile à comprendre. Les Italiens espèrent que la BRI donnera une impulsion indispensable à leur industrie manufacturière, qui est en berne ces dernières années. La volonté de capitaux chinois de stimuler les exportations de produits italiens est le moteur du projet d’accord entre Beijing et Rome. 

Outre le besoin évident et naturel de capital financier, il y a aussi l’idée d’assurer l’approvisionnement en énergie, comme le fait l’Allemagne avec la construction du Nord Stream 2 avec la Russie. Malgré la forte opposition américaine, Berlin a défendu ses intérêts nationaux en matière de diversification énergétique, en évitant de céder aux pressions de Washington, qui souhaitait que l’Allemagne s’appuie sur le GNL [gaz naturel liquéfié] fourni par les États-Unis à un prix exorbitant par rapport au gaz fourni par la Russie. 

Les divergences entre les hommes politiques européens sont frappantes, surtout si l’on examine les relations entre Macron et Salvini en Italie ou entre May et ses collègues européennes. Même entre Merkel et Macron, il semble y avoir des frictions notables autour de l’indépendance énergétique. Cependant, malgré ces divergences apparentes, le thème dominant en dernière analyse est celui de vouloir échapper à la domination étouffante de Washington au profit d’une plus grande participation au concept d’un monde multipolaire. 

Aucune capitale européenne – que ce soit Paris, Rome, Berlin ou Londres – n’a l’intention de rompre le pacte atlantique avec Washington. Ceci est confirmé à chaque occasion officielle possible. Cependant, alors que Pékin se trouve de plus en plus au centre des questions de technologie, de fourniture de capital pour des investissements ou d’expansion commerciale, les modifications apportées à l’ordre global semblent imparables. 

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Le dernier obstacle reste les pays toujours étroitement liés aux politiques pro-atlantiques, ceux qui trouvent en Beijing, et surtout en Moscou, une excellente excuse pour inviter Washington à s’immiscer davantage dans les affaires souveraines de l’Europe. Les pays baltes et la Pologne semblent offrir aux décideurs américains le meilleur atout pour tenter d’influencer le débat sur le vieux continent concernant les liens avec l’Est. Les crises artificielles créées en Ukraine, en Syrie et au Venezuela servent également à diviser les dirigeants européens en camps opposés, créant ainsi les conditions nécessaires pour saboter la coopération européenne avec l’Est. 

Ce n’est pas un hasard si pour les stratèges américains les deux plus grands dangers résident dans la possibilité que Moscou et Beijing, ou Moscou et Berlin, coopèrent et coordonnent leurs efforts. Le triangle Berlin-Moscou-Beijing, avec l’ajout de Rome et de Paris, représente un scénario sans précédent pour Washington en ce qui concerne son défi à l’hégémonie américaine en Europe. 

Wang Yiwei, chercheur principal au Center for China and Globalization, lors de la visite historique de Xi Jinping à Rome, a exprimé de manière concrète l’évolution de l’ordre mondial : « Avec le plan de coopération 16 + 1 des pays d'Europe centrale et orientale avec la Chine, plusieurs pays ont signé un mémorandum d'accord avec celle-ci afin de construire conjointement la BRI. Actuellement, 171 accords de coopération ont été conclus avec 123 pays et 29 organisations internationales dans le cadre de la BRI ».

Federico
 

jeudi, 25 avril 2019

Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

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Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

par Sergey Latyshev
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Le pétrolier turc El Hiblu-1 capturé par des migrants clandestins au large de la Libye, qui venait de « sauver » plus d’une centaine de « réfugiés » d’un naufrage, est arrivé à Malte. L’épopée du navire contrôlé par les migrants, que les autorités italiennes qualifient de « premier cas de de piraterie migratoire » en Méditerranée, s’est donc achevée. Quatre « immigrés clandestins » ont été placés en détention par la police maltaise, et les autres, qui n’avaient pas participé à la saisie du navire, ont été pris en charge au port de La Valette en bus puis emmenés vers une direction inconnue. 

La capture du bateau par les migrants a eu lieu après que les fugitifs qui se rendaient en Europe ont réalisé qu’on allait les renvoyer en Libye, distante de quelques milles. Pour éviter ceci, le groupe de « réfugiés » s’est emparé du pétrolier et a finalement exigé que son capitaine reprenne sa course vers Malte. 

Voilà la version officielle de l’incident, qui a fait beaucoup de bruit aujourd’hui à Malte et en Italie, dont les autorités ont refusé de traiter avec les « pirates » et affirmé qu’elles n’autoriseraient pas le bateau à franchir leurs eaux territoriales.

Salvini contre les « pirates » 

Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a tenu parole, promettant que l’unique moyen pour ces « pirates » de « voir les eaux territoriales italiennes [serait] un télescope. » La petite île de Malte n’a pas les moyens d’une telle indépendance et les Maltais ont dû accueillir un nouveau lot de « réfugiés ». Ils s’en portent d’ailleurs très bien : l’essentiel pour les migrants étant d’entrer sur le territoire de l’Union européenne, par n’importe quel pays, la suite n’est plus du ressort de Malte. 

Ce qu’on peut conclure, c’est que la « piraterie », ou ce qui y ressemble, va bientôt devenir monnaie courante en Méditerranée. 

Avant d’en expliquer la raison, il faut prononcer quelques paroles aimables et respectueuses envers l’actuel gouvernement italien, au service de son peuple, et non des mondialistes de la branche bruxelloise et leurs partisans américains, personnifiés par la sinistre figure du « philanthrope » George Soros. 

Peut-être le chef de la Ligue, Salvini, n’a-t-il pas tout à fait raison de parler d’acte de « piraterie » dans ce cas précis, puisque l’hypothèse d’une collusion des « immigrants illégaux » avec l’équipage et le capitaine du navire turc ne peut pas être exclue. Cependant, avec les autorités italiennes actuelles, il a réussi globalement ce qui était hypocritement considéré comme impossible en Europe occidentale. Depuis le début de l’année, seuls 300 immigrants clandestins ont été en mesure de pénétrer en Italie par la mer, c’est-à-dire 97% de moins qu’à la même période en 2017, et 94% de moins que l’année dernière. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles au pouvoir tiennent les promesses qu’ils ont faites au peuple italien. Pendant ce temps, les autorités grecques et espagnoles – les autres principales « portes maritimes » de l’UE méridionale – placent les intérêts de gens cachés en coulisses au-dessus du bien de leurs propres peuples, qui protestent déjà envers les « réfugiés ».

Et l’impossible devient possible 

L’exemple de l’Italie démontre la véracité de ce qu’affirme depuis longtemps le Premier ministre hongrois Viktor Orban : ne croyez pas qu’il est impossible d’arrêter la migration illégale, et que par conséquent, les Européens n’ont d’autre choix que d’accepter docilement des millions de « réfugiés ». En effet, quand un État décide de ne plus participer au remplacement de sa population, les résultats positifs se font immédiatement sentir. 

Salvini, en tant que Ministre de l’intérieur, a interdit à tous les navires des organisations non gouvernementales d’entrer dans les ports italiens. En conséquence, la « flotte » de Soros a effectivement cessé ses activités dans la détroit de Sicile qui sépare l’Italie de la Libye. 

Maintenant, la garde côtière nationale de ce pays détruit par l’Occident est à nouveau en mesure de s’occuper du problème des migrants, et l’Italie l’assiste dans ses préparation et lui fournit de l’équipement. Le dernier navire des « militants des droits de l’homme » à avoir débarqué des migrants « secourus » sur l’île italienne de Lampedusa a été confisqué, et une enquête ouverte sur l’équipage, soupçonné de complicité pour immigration illégale. 

Il y a quelques années, l’Autriche était parvenue à convaincre un certain nombre de pays européens de fermer la « route des Balkans ». En conséquence, l’immigration clandestine qui passait par la Grèce pour rejoindre l’UE et que la Turquie avait encouragée, a décru de manière abrupte (les Turcs, à propos, gagnent de l’argent de cette manière). Ensuite les trafiquants d’êtres humains se sont mis à utiliser l’Italie plus activement pour envoyer les migrants vers l’Europe. 

Sous le nez des forces navales européennes, au large des côtes libyennes, de nombreux bateaux pleins de migrants se sont réunis à des endroits convenus avec les navires de « militants des droits de l’homme », sur lesquels les migrants ont été transbordés pour être ensuite envoyés en Italie ou à Malte. Ou bien certains d’entre eux ont nagé jusque-là par leurs propres moyens. Les forces navales ont fermé les yeux, puisque la mission de l’UE, Sophia, non seulement n’a pas combattu le transfert des « migrants clandestins », mais l’a en fait facilité de toutes les manières. C’est ainsi que l’alliance vicieuse entre les trafiquants d’êtres humains et les « militants des droits de l’homme » de Soros a prospéré. 

Maintenant les migrants en route vers l’Europe essaient d’éviter l’Italie et la Libye.

Quelle est la raison ? 

Ni les migrants, ni ceux dont les migrants dégradent le cadre de vie ne réalisent que le but ultime de tout cela n’est pas la création d’un paradis sur terre pour les Asiatiques et les Africains, où on n’a pas besoin de travailler et on peut vivre agréablement. L’objectif est complètement différent : utiliser la migration de masse pour balayer les identités européennes, diviser la population selon des lignes de fractures ethniques et religieuses, en finir avec les anciennes obligations sociales, les libertés et la démocratie. 

La raison, c’est de créer un État policier. Et cela, « à la demande des travailleurs », qui seront tout heureux de simplement pouvoir marcher en paix dans la rue. Hélas, seuls ceux que les nombreux partisans d’une « société ouverte » présentent comme des « populistes de droite », des « racistes » et des « fascistes » agissent contre cet avenir bien réel. 

Et c’est triste. 

Sergey Latyshev 

Traduit par Stünzi, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il était illusoire de penser que les Etats-Unis ne chercheraient pas à étendre l'actuel OTAN. On avait envisagé qu'ils s'orienteraient vers l'Afrique. Mais c'est dans l'Est-Méditerranée qu'ils viennent de décider de le faire.

Aussi Washington n'a pas perdu de temps pour mettre en place un « axe stratégique » dorénavant dit GRISCY pour Grèce, Israël et Chypre. Le fait qu'Israël est le point fort de cet axe montre que l'initiative n'est pas seulement américaine mais israélienne. Tel Aviv veut ainsi renforcer son influence dans cette partie de la Méditerranée, très importante pour sa sécurité.

Le projet vient d'être validé par le Sénat américain qui a proposé le terme de « Eastern Mediterranean Security and Energy Partnership Act” . La traduction ne s'impose pas. L'Act ou Bill prend les décisions suivantes :

  • lever l'interdiction de ventes d'armes américaines à la République de Chypre.

  • autoriser la création d'un United States-Eastern Mediterranean Energy Center afin de faciliter la coopération en matière énergétique entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre.

  • autoriser le financement par l'Amérique de 3 millions de dollars d'aide militaire à la Grèce, complété de 2 millions d'aide à la Grèce et à Chypre en matière de formation et d'entraînement militaire.

  • refuser de vendre à la Turquie comme initialement prévu des avions de combat F-35 du fait que la Turquie continue à envisager l'acquisition de missiles anti-missiles russes S-400. Sur ce point, remarquons-le, Ankara qui s'y attendait ne s'en inquiétera pas.

  • demander à la Maison Blanche de soumettre au Congrès un projet de coopération renforcé entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre en matière de sécurité et de coopération énergétique, ainsi que pour le renseignement militaire.

Le GRISCY réunit sous la direction américaine trois Etats hostiles à la Turquie aux frontières occidentales de celle-ci. L'objectif immédiat est de réaliser un projet de gazoduc dit Est-Med sous la mer les reliant au gaz de l'Amou Daria au Turkménistan leur permettant de ne pas dépendre du futur gazoduc dit TANAP ou Gazoduc Transanatolien passant par la Turquie.

Parallèlement, la fourniture d'armements américains à la moitié de Chypre en conflit pour l'autre moitié occupée par la Turquie depuis la fin de la 2e guerre mondiale sera ressentie par cette dernière comme une intervention directe américaine dans le conflit, au profit de Chypre.

Il va de soi que l'intervention américaine est aussi dirigée en arrière plan contre la Russie et son accord avec Israël afin de la couper de la route commerciale dite route du Levant entre la Crimée, la Syrie, le Sinaï et l'Érythrée.

Référence

http://www.ekathimerini.com/239415/article/ekathimerini/n...
Ekathimerini est un organe grec d'information très populaire. Il publie en grec et en anglais


 

mercredi, 24 avril 2019

National Masochism

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National Masochism

Review:

Martin Lichtmesz & Michael Ley (eds.)
Nationalmasochismus [2]
Steigra: Antaios Verlag, 2018

nationazlmasochismus.jpgIn the Platz der deutschen Einheit (German Unity Square) in Düsseldorf, someone has covered the street name with Simone de Beauvoir Platz. This is one example among many that anyone living in the Federal Republic of Germany may encounter – evidence of the hatred of their country which some Germans feel. Evidence is all around. Now a book has been published stating and stressing this tendency of Germans to despise their birthright and identity.

Reviewing National Masochismus (National Masochism) places me in an awkward position. I have no wish to be ungracious about the competent and intelligent writers who have contributed to the collection of essays which make up the book, and it may be seen as disloyal to react negatively towards any attempt to take to task what is here described as the “masochism” of the European. Besides, there is an inherent tendency – even a kind of protocol – which insists that those concerned about the predicament of the white race should praise anyone on the same side for their efforts regardless of their quality. The downside of this is that Right-wingers reviewing the writing of people “on their side” lack critical discrimination.

Putting protocol to one side, I believe that National Masochismus is neither a useful nor enjoyable book. It is not poorly written, not untruthful, nor irrelevant, but it offers the reader little new insight and no hope (there are many insights here, but most have been made many times before; of hope, there is none whatsoever that I could find). National Masochismus simply has nothing positive to offer its readers. It is for the most part tedious to read, depressing, and is neither enjoyable nor of practical use, unless one believes enjoyment or practical use can be obtained through having the failings and pathological tendencies of one’s nation or race exposed and condemned with ever more lurid and bizarre examples.

National Masochismus is a collection of nine essays by eight different writers, most but not all of them on the subject of national masochism. Martin Lichtmesz, who has written two of the nine essays, is the author of the book Rassismus, which I have already reviewed for Counter-Currents [3]. In Rassismus, Lichtmesz sought to demonstrate that the bugbear of “racism” used to such effect in contemporary dialogue – or better said, contemporary abuse – is an American import. Lichtmesz called “racism” the “American nightmare.” This collection of essays might have pointed out (but did not) that German masochism, originating in the “shame” of Auschwitz, has spread out to become a European nightmare. What was once a typically German sense of shame about the German past has been gradually extended to embrace the entire West. Europe is saddled with a sense of shame about Europe and Europe’s past, shame about colonialism, shame about slavery, shame about fascism, and shame about racism. Germany had Auschwitz; Portugal, France, and Britain had colonies. Spain has the Conquista. Each white nation to its shame.

lichtmesz.jpgThe first essay by Lichtmesz (photo) is an overview of the notion of national masochism. In medical terms, masochism is the desire to obtain and/or the pleasure obtained from pain administered either by oneself or by others to oneself. The earliest use of the expression “national masochism,” according to Lichtmesz, comes from the actor Gustav Gründgens – ironic, if true – since the central figure in Klaus Mann’s Mephisto, Hendrik Höfgen, is a thinly-disguised Gründgens, and that book is a case study in German shame. The novel is about an actor who makes his peace with National Socialism for the sake of his professional career, drawing a parallel between Gründgens working in Germany after 1933 and Faust selling his soul to Mephistopheles for twenty-four years of youth, pleasure, and success. However, this theme had already been appropriated with vastly more skill, talent, and subtlety in his father Thomas Mann’s Doktor Faustus. Klaus Mann worked for American propaganda during the war and committed suicide in 1949. He himself might serve as an exemplary case of German self-loathing.

It is true, as Lichtmesz urges – as many have before him – that the German sense of guilt and shame at being German exceeds that of other European nations. This extreme self-loathing has its roots in the so-called Umerziehung (reeducation) that was carried out in post-war education and propaganda. It is not difficult to find examples to substantiate the case that the rejection of National Socialism in Germany is more than the rejection of a political doctrine; it is in fact a form of masochism, a mental sickness. Lichtmesz offers the example of Philippe Ruch to illustrate his point. Ruch was born in Dresden in 1981 and is the leader of an “alternative” arts troupe. In the manifesto of what he calls the group’s “aggressive humanism,” Ruch raves about himself and his fellow Germans. I have tried to render the awkward style of the original German in English:

We are the country of organizers and creators of the Holocaust. Our ancestors exterminated millions of people. They bumped off millions of innocent civilians. It cannot be repeated often enough: Germany struck the severest blow against humanity in the history of the human race. The moral core of the Federal Republic is the oath to ensure that genocide is banished for all time. The right to enjoy privileges as a German goes hand in hand with the awareness of a unique moral imperative. All those who do not live their lives in awareness of that imperative are politically illegitimate, they bask in a legitimation to which we only have a right on the assumption of that oath (p. 219).

This sort of writing substantiates Lichtmesz’s thesis that German self-loathing in respect of their own past is pathological, and borderline insane.

The second chapter of the book is an essay by Michael Ley, writing, as he says, in the tradition of the Enlightenment. Unlike Left-wing commentators and activists, Ley, who is Jewish, is consistent in his faith in the Enlightenment principles of free speech, individualism, and human rights, for he draws the logical conclusion from his rationalist and Enlightenment beliefs that Islam poses a direct threat to those beliefs. Trying to live in harmony and peace with this religion, so Ley, is a fatal delusion. The reader is confronted again with an example to illustrate the pathological dimensions of German – or in this case Christian – self-abnegation. In Ley’s example, the Archbishop of Cologne commissioned a life-sized model of an Islamic migrants’ boat to be set up outside Cologne Cathedral. Ley goes so far (p. 35) as to describe the demolition of intact buildings as a continuation of the “collective suicide” of the West, of which ignoring Islam’s challenge is the latest manifestation.

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Dr. Michael Ley

Ley’s essay throws up the conundrum regarding Israel. Should those defending a European identity against Islamic migration identify with Israel on the grounds that the enemy of my enemy is my friend? In light of the Islamic mass migration into Europe now taking place, many Right-wingers who were formerly sympathetic to Islam – as in, for example, supporting the Mujahideen in Afghanistan fighting the Soviets – have now veered towards sympathy for Israel. The late Guillaume Faye and Steve Bannon come to mind.

In the third chapter, Michael Mannheimer begins his contribution, which is entitled “Vom Nationamasochismus zum nationalen Suizid” (From National Masochism to National Suicide), with an example of what must be regarded as derangement in this statement by a journalist named Wiglaf Droste (p. 41):

The German people have the moral duty to die out, and quickly. Every Pole, Russian, Jew, Frenchman, Black African, and so on has as much right to live on the German land – which has been talked about as though it were holy or blessed – as any German, if not more so (Heinz Nawratil, Kult mit der Schuld [Munich: Universitas, 2012], p. 9).

Michael Mannheimer, who is a leading critic of Islam and who has been subjected to many attacks by the Left, does not subscribe – as do many critics of Islam, such as Guillaume Faye – to the view that Israel is a bastion for the defense of the West (on his blog, he recently published a piece suggesting that the Christchurch massacre may be a Mossad “false flag”). He focuses on the reality of demographics, and cites the sobering fact that in 1950, ninety percent of the population of West and East Germany was ninety-nine percent German, but that in 2018, forty percent (!) of those living in Germany have non-German roots. The turnaround year is projected to be 2035, when more than half the population of Germany will be non-German (p. 43). If he differs with Ley concerning Israel, Mannheimer concurs entirely in drawing attention to the activity of the so-called anti-fascists, whom he describes as “a weapon to crush alternative political opinions,” and especially that no demonstration against Islam or against the replacement of the native population of Germany can take place without the presence of professional anti-fascists (p. 56). It seems to this reviewer that the anti-fascists are a European export to the United States, where they are known by their German abbreviated form as “antifa” – a Coca-Cola infection in reverse.

Mannheimer is a friend of the Federal Republic’s Constitution, a point about which many readers may part company with him, but it is hard to disagree that the government of the Federal Republic and its supporters has begun to abandon its former sense of duty to abide faithfully to the spirit and letter of that Constitution. Mannheimer notes:

The Merkel government is now breaking German laws practically on a daily basis, massively supported by the media, churches, and unions. She is breaking Article 20, Paragraph 3 of the Constitution, which binds all governments to uphold existing law (p. 61).

Whereas in the past, the Bonn and Berlin governments could at least claim that they were acting within the bounds of the constitutional rights accorded to them in the establishment of the Federal Republic in 1949, Merkel’s unilateral decisions, which even Right-wingers sometimes implausibly interpret as a “mistake,” is a breach of the provisions of the Constitution, and therefore illegal. Mannheimer regards the failure of the Bundestag to oppose Merkel as capitulation to what Josef Isensee called a Staatsstreich (coup) (p. 61):

A coup from above is a breach of the Constitution on the part of an organ of the state. It can result from inactivity, be it that of institutions set up by the Constitution being cleared away, be it that Constitutional duties are not fulfilled . . . If the organs responsible widely fail to guarantee the free individual safety and security, they will have lost their right to expect obedience from their subjects, and resistance (Widerstandsfall) is the order of the day (Josef Isensee, Das Legalisierte Widerstandsrecht [When Resistance is Legal] [Bad Homburg: Gehlen, 1969], p. 28).

Mannheimer believes that Germany has shifted from being a parliamentary democracy to become what he calls a “parliamentary dictatorship” (p. 62):

Even the politicians of the old conservative parties seem to be intoxicated by their own decline. The slightest opposition to the collective suicide of one of the greatest cultures and nations of the world will be declared “Nazi” or “racist” by a phalanx of politics, the media, and the church (p. 68).

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The fourth essay, by Caroline Sommerfeld, brings some humor into what is a deadly earnest subject, and one treated with unrelenting earnestness in most of this book. She considers the psychological implication of the book’s title, namely the manifestation of the pathology of the drive to spiritual, and ultimately biological, self-harm that has germinated in the soil of the modern German psyche. Her essay is not only the sole amusing contribution, but it is the only piece which seems to me to approach the subject from an original perspective and in an original way. The style is discursive, even chummy, and the perspective very personal. Much of the contribution is an account of dialogues she had with her husband, or other people she knows. First, the reader is introduced to a supposedly “conservative” married couple in Berlin. A well-to-do mother is talking to the mother, Caroline Sommerfeld:

She: I think it is a good thing that there are always more brown children. At some stage, blonds will have died out.

Me: And you think that is good?

She: What is good about being blond? The white race has done so much wrong on this planet that it’s a good thing if it dies out (p. 71).

Sommerfeld humorously describes the reductio ad absurdum of the “blonde and blue-eyed,” Buddhistically-inclined, well-to-do mum. This mother rejects racialism for reasons which take fatalism to an altogether new level:

And so you think it is important to maintain white genes? Look, in a hundred years all people will be of mixed blood, and that’s good. Anyway, I see things in a Buddhist way, with no enemies – only teachers on the way. And you need to think globally. One day, humanity will have died out; the Sun will expand, and the whole planet will be destroyed (p. 72).

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Caroline Sommerfeld speaking at the Frankfurt Book Fair 2018

Sommerfeld refers approvingly to Martin Sellner of the Austrian branch of Generation Identity for giving the Western world’s masochistic leaders the designation of sect (p. 73). The greater part of her contribution is taken up with an analysis of discussions she has had with her much older husband. He was born in 1939, she in 1979; their age difference provides her with the opportunity to analyze, as she puts it:

. . . what must have happened after 1945 to account for the narrative of the disappearance of the notion of “my own,” a narrative which includes the dissolving of frontiers, nations, and peoples in the cause of globalization, and in which international solidarity replaces national solidarity, and where there is a worldwide exchange of goods, money, and people, and that this is seen not only as a historical imperative, but to be good in itself and necessary (pp. 78-79).

I disagree that the course of events is primarily presented in terms defined by those who accept globalization as a good in itself. Of course there are those who stress their belief that globalization is ipso facto a good thing, but from my experience, the development is much more often seen as something inevitable; people are resigned to it. It is accepted as an inexorable development, rather as Marx insisted that the collapse of capitalism and its transformation into socialism was scientific and inexorable. However, a shift from optimism to fatalism among proponents of globalism may just reflect a difference between generations among one-worlders, with earlier generations greeting globalization as a step in the constant self-improvement of mankind, and a later generation more dispassionately regarding it as inevitable and ethically neutral; a development for which there is “no alternative,” as Merkel justified her own decisions.

Sommerfeld notes – quite correctly, in this reviewer’s opinion – that a major strategy of those who adhere to what she describes as an “alien paradigm” argue against any right of a nation, people, or race to self-determination or survival by insisting that the race or nation in question is a construct of history, enjoying no objective reality. Here we come back to the idea that those in power belong, if not to a conspiracy, at the very least to a sect (whether they do so consciously or unconsciously, she does not discuss). This sect denies as a matter of strategy the existence of that which it seeks to destroy: the white race. Sommerfeld makes a telling point at the end of her contribution:

We are much too much on the defensive. If pressed to acknowledge Germany’s unending guilt, the answer has to be: What do you like so much about a sense of guilt that you expect everyone to share it? What is so wrong about being far-Right? What is wrong with sexism? What is your problem with anti-Semitism? (p. 94)

She explains that she poses these questions for the purpose of studying her husband’s reaction to them. More’s the pity. I believe such questions should be posed to try and get some answers from the only race in the history of mankind which is busily clamoring for its own destruction.

But why is National Masochismus stressing the obvious – not once, but repeatedly? An apt way of describing what these writers are doing is psychologically flagellating themselves. Masochism, ironically, is on full display in these very writings: the writers relish in talking about German shame, ignorance, and decline. And National Masochismus is over 200 pages long.

For my part, I do not believe that the masochism described here is representative of most Germans. It is the masochism of the opinion-makers, not of a majority of the indigenous citizens. In all my experience of talking with Germans, I have heard at the most extreme that a person “does not care,” or is indifferent toward the fate of blonds or the white race, but I have never heard the wish expressed that blonds would do well to die out, or that it will be grand if everyone becomes coffee-colored. On the contrary, a Communist lady (a card-carrying party member, as it happens) said to me in response to regret I expressed concerning the decline of white people, “If you like blonds so much, you should go ahead and marry a blond and have a bevy of blond children. No one is going to stop you.” Thus, in my experience, it is a minority of Germans who are consciously pathological in the manner described in this book. The masochism is accepted with resignation by millions because it is dictated and urged by authority, and Germans, of all people, tend to believe in the inherent legitimacy of certified authority. The reaction of the average German to the masochism described in this book is less to embrace than to ignore it, offering only by way of submission the token sacrifice of widespread self-deprecation regarding some of the smaller things in life. (Example: “Germans go totally overboard when it comes to tax regulation. It’s typically German to make it so complicated!”)

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This book exudes a negativity which works on the assumption that a majority of people are committed to the masochistic pleasures which are described and illustrated here, but the writers fall into the error of confusing the opinions of the elite with the acquiescence of the mass. It is not that I am suggesting that the mass is consciously opposed to what the masochists are doing and the damage they are causing, but rather that they are indifferent to it, and they are not so much “brainwashed” (that favorite mantra of Right-wing critics) as stultified and stupefied. They have other things than their country’s masochism or shame on their minds.

A chapter by Tilman Nagel on the Islamic religion simply stresses the incompatibility of Islam with Western society, and seems hardly relevant to the thesis of the book, unless it is to stress the masochism which indeed is likely to be a factor for people who welcome migrants to their country who will be toxic to their way of life.

The sixth chapter by Michael Klonovsky bears the peculiar sounding title of “Betroffenheitsathleten. Aus den Acta Diurna 2014-2017” (Athletes of Consternation: From the Acta Diurna, 2014-2017). In colorful language, Klonovsky recounts his reaction to daily events and statements which serve to illustrate German masochism. He begins by quoting a statement made by one of Dresden’s mayors that “Dresden was not an innocent city” (p. 119) – a masochistic declaration of a particularly distasteful kind, since it implicitly justifies the three-day destruction of a defenseless refugee city by the RAF and US Air Force, which was a war crime if the term “war crime” itself has any meaning. It was an act of terrorism which, given the extent of the destruction it caused, its cold-blooded determination to murder, and its efficiency and thoroughness in committing murder exceeded every act of Islamic terrorism in modern times by far.

Picture, right: Michael Klonovsky

autor_klonovski.jpgKlonovsky’s writing style is not unlike that of Tarki and other journalists at the British Spectator: intelligent, angry, snide. He recounts a program about Hans Michael Frank and an interview with his son, Niklas Frank. Niklas Frank takes masochism to new heights by explaining that everywhere he goes, he carries a picture with him depicting his father hanging from the gallows at Nuremberg. That way he can always reassure himself that Daddy “is well and truly dead” (p. 123). This must have been a repeat of an old program, since I remember a German girlfriend of mine being appalled by Niklas Frank when she watched the program on television in the late 1980s.

After describing the perverse show, the book proceeds to offer more examples of German self-loathing. My feeling by this stage was, “Yes, all right! I’ve got the message! You don’t have to go on about it anymore.” But go on about it these writers surely do. Harping on the subject of their own self-hatred is the Right-wing German’s way of being anti-German, and paradoxically fulfilling the role which the victors of 1945 gave to the defeated nation. This book indeed proves how masochistic some Germans are today, by either enjoying the rejection and denouncing of their nation or writing and reading about those who do so.

Another instance of self-loathing cited here (and let this by the last example for the purposes of this review) is the changing of names. Names of schools, institutions, barracks, and street signs are often replaced in order to erase any hint of a tribute to anyone or anything associated with the “dark years” of 1933-1945. Not only are the names of people associated with – or even approved of – by the government of those “dark years” being erased, but those who might in any way be seen as having an unsound connection to them – such as having been a forerunner, for example – is subject to scrutiny, and where deemed appropriate, given the equivalent of an anti-smoking health warning. According to Klonovsky, the list of individuals thus tainted in one German city, Freiburg, includes Johann Gottlieb Fichte, Theodor Körner, Richard Wagner, Richard Strauss, and – here one may indeed question the sanity of the masochists – Carl von Linné. Given that the sect of self-loathing whites who decide these things deny the very existence of human races, it is ominous that a cautionary explanation has even been issued against the inventor of the Latin nomenclature for fauna and flora. What is unsound about the hapless Linné? Perhaps it is because he ascribed the various races of man to subspecies status, and thus is considered potentially racist, or perhaps he once spoke disparagingly of broad-nosed, wooly-haired savages.

Has the reader had enough? I dutifully read the entire book, which certainly has trenchant observations and is all-in-all a hard-hitting exposure of what it claims is a national psychological malaise. Siegfried Gerlich rightly points out that Germans suffer, and have always suffered, from a compulsion to plagiarize; maybe it lies in their oft-observed dearth of imagination. But one comment did strike me as simply wrong, however, and its wrongness is significant. In the eighth chapter, Andreas Unterberger states that one finds “real national masochism only in Austria and Germany” (p. 205). I do not know what “real masochism” is, as opposed to “unreal masochism,” but it is a characteristic error of Right-wingers to claim almost with perverted pride that their nation is “worse off” or “further down the road” than other nations. Perhaps this form of nationalistic masochism is especially prevalent among Germans, but it is not unique to them.

In providing an array of writers to express their disdain and bewilderment at their nation’s suicidal self-loathing in different ways, both the editors and contributors of this book provide the paradoxical evidence to back their own argument – namely, that German writers indulge in self-deprecation and self-loathing to a pathological degree.

This book’s contributors disregard two major factors at work which serve to explain the passivity of the mass of Germans in the face of the consistent denigration of their own nation. Perhaps because the book is focused on masochism, they did not consider it relevant, but it offers other causes for the malaise which so often is blamed on the specifically German Umerziehung (reeducation) and Vergangenheitsbewältigung (overcoming the past). I would stress again that I do not share the implicit argument of this book that the masochism displayed by the sect of Federal Republic bigwigs is a widely-held phenomenon, or unique to Germany. In my view, the German masses are indolent and ignorant; too much so to be masochistic.

The first, specifically German, element of the phenomenon is that partly through political propaganda and education (which is more or less the same thing in modern Germany), and partly through folk memory and accounts handed down through the generations, and linked – but not identical to – a sense of guilt, Germans in their great majority are strongly antithetical to war. This means not only wars between nation-states, but war in any form, including war within the state, or even political war at the simplest level of robust rhetoric. As Rolf Peter Sieferle noted in his posthumously published Krieg und Zivilsation (War and Civilization), his study of history at university was marked by an avoidance of the subject of war, and he was amazed when he went to England to see how many books there were on the history of war and war-craft in the London bookshops.

Out of a masochistic sense of shame regarding its military past, Germany eschews war as a topic, and German society regards even public disputes as essentially undesirable. Consensus is the priority of German political life. Consequently, the German Parliament is stupefyingly anodyne. Nothing much happens on the public political stage, and comparatively seldom do prominent personalities clash in public. The important work of horse-trading and lobbying – which is all German politics is – is carried out in committee, unseen by outsiders, and not monitored by the media. German politicians employ a kind of sterile and sanitized language so as not to provoke clashes of personality and principle. The dirty work of engaging in a war against radical Right-wing opponents of the system is left to the “antifa,” whose comportment and even dress significantly plagiarizes and satirizes the historical National Socialists it loves to imagine are all around.

A second factor which is ignored in National Masochismus – albeit not specifically German at all, but which is nowhere more pronounced than in Germany – is the ruling sect’s indifference to the low levels of health and education among large swathes of the population. Not only the rulers of Germany, but also the nationalists and identitarians of different hues who challenge the status quo, do not acknowledge the low state of self-esteem (is that masochism?) and health which characterizes so many Germans. Proponents of multiculturalism frequently seize on this as firstly a reason to “pep up” society by importing labor “which the indigenous population will not do,” and secondly to ridicule the overall inferiority of those opposing immigration and the replacement of the indigenous population by healthy, young “new citizens.”

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A cartoon in the national press makes the point: It shows a group of smiling, happy-looking migrants arriving in Germany being confronted by ill-kempt and obese native Germans. “Ihr seid nur hier wegen dem Geld!” (“You are only here because from the money!”) a native German cries. “Nein, wir sind hier wegen des Geldes” (“No, we are here because of the money”), responds the dark-skinned newcomer. The joke mocks the low educational level of many German “nativists,” and especially the inability of many Germans to speak their own language well. It is true that the level of their own language spoken by many Germans is often very low, indeed. For example, it is common to hear what translated would be the equivalent in English to “bigger as,” “because from,” “if I would know,” and the like. Those who advocate for the replacement of the native German population like to stress – if not always as frankly as in the cartoon which I have cited – the low standards of health and education among ethnic Germans as compared to the high levels among many of the “new citizens.” Opponents of immigration either ignore this entirely, or consider such mockery further proof of the elitism of the ruling sect. The issue of the poor health, comportment, and education of the average ethnic German is ignored in this book. A book of 247 pages is published dealing with the way in which Germans “do their country down” as a pathological system of post-war reeducation, but it does not have a word to say about those aspects of German life about which Germans have a genuine reason to be ashamed.

The other side of this is that millions of ethnic Germans are pampered, indolent, and pacifistic. This state of affairs results from the enormous material gains made by post-war Germany and Austria. Practically every citizen can afford a car (and an expensive car at that), every employee enjoys paid holidays of five weeks per year, and lives under stringent rental and employment protection laws, retiring – often at an early age – with a guaranteed pension linked to previous earnings. It is surely obvious that such levels of comfort and financial security tend to make people soft and less inclined to fight for anything, especially as they have much to lose, but it is remarkable the extent to which Germans see no paradox here when they bemoan their lot. It is not always easy to take someone seriously who claims that the country is in rapid decline because of immigrants, and then cites national masochism as the reason, when that same person owns a Mercedes, drinks as much quality wine and beer as he or she wishes, and flies to Thailand on holiday. Thus, Michael Klonovsky – a not altogether oppressed member of the native population – apparently unconscious of the irony, introduces his critique of modern German society by mentioning what he was eating and drinking. He does not name his hotel, but my hunch is there were several stars next to its name:

Yesterday evening, convivially blessed with Wagyu Entrecôte and Châteauneuf-du Pape, I sought out my Berlin hotel. Not properly tired, I managed to avoid the trap of the hotel bat, but not the trap of the television . . . (p. 122)

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Germans complain of tax and financial hardship, but changing one expensive car for another every few years is not uncommon (it is very rare to see an old banger on German roads), and the restaurants and cafés in the major cities do a booming business. Health insurance is mandatory. Critics of modern Germany may drown their sorrows in a good meal consisting of the most expensive kind of steak money can buy, accompanied by an exclusive and pricey wine. In terms of well-being, modern ethnic Germans present something of a paradox: many suffer from poor health, and live in accommodations which many Americans would find shockingly cramped; and low levels of property ownership (one of the lowest in Europe) and poor health go hand-in-hand with widespread health insurance coverage, child benefit payments, maternity leave, and rental and employment security. What all these partially contradictory aspects of modern German life have in common, however, is that they lower the fighting spirit of the citizens. The writers of National Masochismus have not a word to say about the lack of national spirit created by comfort and investment as it pertains to the well-being of the state, which ensures docility among the masses in the face of the masochism apparent among the state’s rulers and trendsetters.

The book also fails to make any distinction between the Germany of the immediate post-war years – where the political system of the Third Reich was thrown overboard, but conservative values remained very much in force – and the changes which came in the 1960s, which heralded a wholesale rejection of the puritanism of the ‘50s such that National Socialism and conservatism were regarded as much the same beast to a far greater extent than in other nations. This and much more could have been examined in a book on national masochism, rather than essays concentrating on the threat of Islam. It is not even clear whether this book is only about German national masochism. The title speaks of only national masochism, and most of the book concentrates on Germany, but the last chapter of the book, which is by Martin Lichtmesz, carries the title “White Guilt” and “White Genocide” – expressions very familiar to anyone involved in “the movement” in the United States – and in it, Lichtmesz looks at the devaluation and declining respect for whiteness in the United States.

This book is hard-hitting and at times entertaining, but none of the writers here outline any kind of plan for change, be it ever so vague. What is the purpose of this book other than to underline how dire the situation of white folk is?

The masochism the writers here describe and illustrate with many examples is proof of their own masochism. National Masochismus is a case study in national pathology which discusses no other aspects of the problem other than national masochism to account for the feebleness of the white man, and specifically the German, in the face of long-term racial and territorial dispossession. In an especially disheartening contribution by Siegfried Gerlich on German reeducation (Umerziehung), he quotes the American Vice President Henry A. Wallace: “The German people must learn to unlearn all that they have been taught, not only by Hitler, but by his predecessors in the last hundred years” (p. 169). This book provides ample examples of the success of that unlearning – if not among the German masses, at least among the decision-makers and people of influence. But who among this book’s readers will be greatly influenced by it? What is National Masochismus hoping to achieve? For whom is it even written? Those in prior agreement are unlikely to become more convinced by these texts. It only reinforces what they already believe. And those who hold to the establishment’s narrative will not change their views because of this book. Finally, there is nothing “sexy” enough in any sense of the word to induce the “don’t knows” to read this book and have their opinions swayed.

I look forward to reviewing a book for Counter-Currents which provides not an account of the success of the governing sect, but an account of those who are proposing recipes for change; a report not from pathologists, but from those striving to find a cure and demonstrating the wherewithal to overthrow the masochistic sect.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2019/04/national-masochism/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2019/04/4-18-19-18.jpg

[2] Nationalmasochismus: https://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/einzeltitel/57202/nationalmasochismus

[3] which I have already reviewed for Counter-Currents: https://www.counter-currents.com/2019/03/dont-get-mixed-up-with-racism/

 

Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

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Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

Dossier établi par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il faut espérer que le procureur de Paris, en charge de l'enquête sur les causes de l'incendie ayant détruit la charpente de Notre Dame de Paris, sera suffisamment averti des questions de sécurité se posant sur les grands bâtiments anciens pour aborder les bonnes questions.

Pendant des siècles il a été possible de prévenir des incendies dans cette charpente, ou si certains s'étaient accidentellement déclarés, pour les éteindre très rapidement.

Pourtant, à ces époques, les charpentiers travaillaient à la lumière de torches ou autres lampes primitives particulièrement susceptibles de provoquer des départs de feu. Par ailleurs ils ne disposaient pas d'eau pour les éteindre, sauf celle qu'ils remontaient de la Seine à l'aide de seaux portés sur l'épaule. Enfin, les alertes à l'incendie à leur disposition se résumaient aux cris de « Au feu » poussés par les premiers ouvriers qui découvraient un début d'incendie.

On dira que l'ancien Paris, comme toutes les villes comportant des bâtiments en bois, était obsédé par le risque d'un incendie pouvant prendre des dimensions catastrophiques, comme celui du Grand Incendie de Londres en septembre 1666. Mais si Paris, comme plus particulièrement la Cathédrale Notre Dame, ont pu éviter de tels incendies, ce n'était pas du fait d'un miracle dont il faudrait remercier la divinité. C'était parce que des moyens suffisants avaient été apportés par les maîtres d'ouvrage. Le coût de ceux-ci devaient être très largement supérieurs aux bénéfices qu'ils tiraient de leurs chantiers. Mais il allait de soi à l'époque que la sécurité l'emportait sur le profit.

Scandaleuses défaillances

Concernant l'incendie à Notre Dame, les premiers éléments d'information ont montré de scandaleuses défaillances. Ainsi, sauf erreur, les alertes-incendie n'étaient qu'au nombre de deux, séparées par une centaine de mètres. Vu l'ampleur du chantier et les risques, sans être spécialiste, on peut affirmer qu'elles auraient du se trouver par dizaines dans tous les endroits exposés de la charpente. Par ailleurs les alertes au feu auraient du bénéficier de véritables sirènes d'alarme avertissant tout le chantier en quelques secondes. Enfin, des moyens multiples permettant d'éteindre un début d'incendie auraient du se trouver partout disponibles, ne fut-ce que sous forme de réserves d'eau et d'extincteurs de forte puissance.

Les responsables de l'entreprise ont affirmé dans un autre domaine essentiel que les personnels employés sur le chantier étaient parfaitement professionnels. On peut en douter vu le coût d'une telle main d'oeuvre qualifiée. Il est difficile de mettre en cause sans arguments sérieux la compétence des compagnons employés sur le chantier. Mais à première vue certaient d'entre eux avaient fait l'objet d'un recrutement peu scrupuleux. Ceci ne veut pas dire que l'incendie aurait pris de leur faute. Mais à tout le moins il n'est pas assuré qu'ils aient eux les bons réflexes pour le prévenir.

On trouve dans le World Socialist Web Site un article bien documenté intitulé The burning of Notre-Dame cathedral in Paris en date du 16 avril. Il impute la responsabilité de l'incendie au gouvernement d'Emmanuel Macron et plus largement au système capitaliste et à ses élites qui en toutes circonstances, préfèrent le profit immédiat à des investissements publics d'intérêt général visant en l'espèce à prévenir les catastrophes comme l'incendie de Notre Dame.

Il est certain que, lorsque constate la facilité avec laquelle les grands du CAC 40 ont réuni en quelques heures des centaines de millions pour réparer la cathédrale, il faut se demander pourquoi le millième de cette somme n'avait pas été procuré par eux en vue d'une sécurité préventive. Il va de soi que la réponse est simple. Collecter des centaines de millions dans le cas de Notre Dame augmente leur prestige – centaines de millions qui seront d'ailleurs supportés en dernier lieu par les consommateurs français de leurs produits et services. Prévenir des incendies dont la plupart ne se produiront pas n'a rien qui puisse leur servir.

Image. Notre Dame, avant

Notes au 18/04

*Très grave dysfonctionnement de l'Etat
https://blogs.mediapart.fr/pascal-kossivi-adjamagbo/blog/...

* Merci Xavier Niel, merci beaucoup
Le milliardaire offrirait tout sa fortune. Sur cet honnète homme, voir Médiapart
https://www.mediapart.fr/journal/france/180419/l-ecole-42...

Note au 19/04

Middle East Media Research Institute (MEMRI) rapporte
Des djihadistes célèbrent l'incendie de Notre-Dame, vu comme un châtiment et un bon présage
Ceci dit, il est de mauvais goût en France d'évoquer un éventuel attentat djihadiste

Voir aussi 

https://ripostelaique.com/incendie-de-notre-dame-il-ne-do...

Note au 19/04

Contrairement à ce qui avait été dit, et que nous avons rapporté, l'ancien architecte en chef témoigne que les dispositifs  de sécurité étaient suffisants - du moins tant qu'il était encore en fonction. Il est étonnant de voir que l'hypothèse d'un attentat reste encore refusée officiellement .

http://www.contre-info.com/notre-dame-que-sest-il-passe-l...

Modi-Poutine: alliance stratégique ?

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Modi-Poutine: alliance stratégique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'on avait déjà noté que l'Inde et la Russie s'étaient mises d'accord sur une certaine convergence stratégique, associant d'ailleurs la Chine, au sein du BRICS. Il en résulte que l'Inde ne partage pas vraiment les objectifs américains au Moyen-Orient.
Ceci n'a d'ailleurs pas empêché l'Inde, sous la présidence de Narendra Modi, d'accepter les pressions américaines au plan international et dans le même temps de faire un large appel aux importations d'armes venant du complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Il reste que l'on a été surpris de voir l'Inde accepter un décret de Vladimir Poutine conférant à Modi la plus haute distinction honorifique russe. Il s'agit de la promotion dans l'Ordre de St André l'Apôtre dit en anglais Order of St Andrew the Apostle the First-Called. Cette distinction avait été abolie sous le régime soviétique et rétablie en 1998. Modi est le premier chef d'Etat occidental à recevoir cette distinction. Les observateurs considèrent que cette distinction, loin d'affaiblir l'audience politique de Modi en Inde, contribuera grandement à augmenter ses chances dans les futures « élections présidentielles.

Le décret russe indique que Modi a été décoré pour les services exceptionnels qu'il a apporté au partenariat stratégique entre l'Inde et la Russie, ainsi que pour le développement des relations amicales entre les deux peuples. Modi en retour a remercié Poutine avec une effusion remarquée. « Je suis très honoré de recevoir cette distinction prestigieuse. « J'en remercie le président Poutine et le peuple russe. Les racines de l'amitié entre la Russie et l'Inde sont anciennes et profondes. L'avenir de notre partenariat est brillant. Celui-ci avait déjà apporté à nos citoyens respectifs de nombreuses retombées positives.

Les observateurs extérieurs, notamment à Washington, ont été surpris de voir les témoignages de reconnaissance de Narendra Modià l'égard du président russe. Ils ont été plus encore surpris de voir Vladimir Poutine interférer, certes indirectement, mais d'une façon pouvant être lourde de conséquences, dans le processus électoral intéressant un chef d'Etat extérieur. Il avait toujours tenu a éviter de telles interventions officielles.

Rappelons cependant que Modi avait pris certains risques en acceptant l'acquisition de missiles russes de défense S-400 pour un montant de 6 milliards de dollars. Il négocie actuellement par ailleurs la mise en place d'une devise autre que le dollar pour les transactions avec la Russie.

Image Narendra Modi et Vladimir Poutine en 2018
 

Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

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Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.com

Cette solution semble s'imposer en France aujourd'hui dans l'opinion. La mise en place de structures en béton armé ou en fer, même recouvertes de feuillures en chêne, pourrait être considérée comme une trahison de l'oeuvre originale.
 
Emmanuel Macron, dans l'annonce politiquement intéressée qu'il vient de faire d'une reconstruction de la cathédrale en cinq ans, l'a implicitement choisie. 

Beaucoup de non spécialistes semblent penser que le recours au chêne se heurterait à une impossibilité, tenant à l'absence de bois de chênes disponible. De plus elle pourrait nuire gravement aux forêts de chênes en leur imposant l'abattage d'arbres sur pied en nombre suffisant, arbres rappelons-le qui doivent être au moins centenaires.

Cependant les professionnels du chêne font savoir qu'ils ne partagent pas cet avis. Les forêts français sont suffisamment importantes pour fournir sans dommages les arbres nécessaire. Il est vrai par contre que les disponibilités en bois pouvant être rapidement livrés ne sont pas dans l'immédiat suffisantes. Selon Sylvain Charlois, patron du Groupe Charlois, Il n'y a pas en France de stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier. Il estime qu'il a fallu 1.300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à "au moins 3.000 mètres cubes de bois".

Il considère qu'avec les moyens dont dispose actuellement la profession, il faudra plusieurs années pour constituer un stock de grumes de chêne de bonne qualité en quantité suffisante. Il faudra disposer d'espaces de stockage importants, ainsi que de moyens de transport principalement par camions grumiers qui auront du mal à circuler. Il faudra aussi évidemment que l'outillage nécessaire soit mis en place, avec le recrutement d'un important effectif de nouveaux charpentiers.

Tout ceci n'a rien d'impossible, mais tenir le délai de cinq ans imposé par Emmanuel Macron ne serait pas faisable, si du moins l'on voulait reconstruire la cathédrale à l'identique.

mardi, 09 avril 2019

Rudolf Kjellen and Friedrich Naumann “Middle Europe”

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Rudolf Kjellen and Friedrich Naumann “Middle Europe”

Ex: http://www.geopolitica.ru
 
Foundations of geopolitics

2.1 Defining a New Science

A Swede, Rudolf Kjellen, was the first to use the term “Geopolitics.”

Kjellen was a professor of history and political science at the University of Uppsalla and Goteborg University. However, he was an active participant in politics, he held a seat in parliament, and his politics were distinguished by an underlying Germanophilic orientation. Kjellen was not a professional geographer, but he developed the basics of geopolitics as part of political science. His work originated from Ratzel’s (he considered him to be his mentor).

Kjellen’s geopolitics can be identified in the following passage: “This—the science of governments (states) as geographical organisms—is incarnate in the land.”

Apart from “Geopolitics,” Kjellen proposed four more neologisms, which in his view should be the basis for the partition of political science into separate sections.

  1. Ecopolitics: “The study of dynamics impulses, transferred from the people to the state.”

  2. Demopolitics: “The study of dynamic impulses transferred from the people to the state,” an analogue is Ratzel’s “Anthrogeography.”

  3. Sociopolitical: “The study of the social aspect of the state.”

  4. Kratospolitics: “The study of the forms of governments and powers in relation to the problems of rights and socioeconomic factors.”

Rudolf-Kjellén+Die-Großmächte-der-Gegenwart-Übers-8-Aufl-Leipzig-usw-1915.jpgBut all of these disciplines, which Kjellen cultivated in parallel with geopolitics, did not receive more widespread recognition aside from the term “Geopolitics,” which steadily became established in quite varied circles.


2.2 The State as a Life Form and Interests in Germany

In his foundational work “The State as a Life Form” (1916), Kjellen developed postulations that had been hypothesized by Ratzel in his works. Kjellen, similar to Ratzel, considered himself a believer in German “Organicism,” rejecting the mechanistic state and society approach. The rejection of the strict bleaching of study in terms of “inanimate objects” (background), and “human subjects” (personalities), is a distinctive feature of geopolitics. In this sense, the very meaning of geopolitics is displayed in Kjellen’s work.

Kjellen developed Ratzel’s geopolitical principles and applied them to specific historical situations in his contemporary Europe.

He followed Ratzel’s idea of “a continental state” to its logical conclusion and applied it to Germany. He showed that in the European context Germany constitutes that space, which possesses the pivotal dynamism and is intended to structure itself to become encircled by the remaining European powers. Kjellen interpreted World War I to be a natural conflict arising between a dynamic, expanding Germany (Axis nations) opposed by the peripheral European (and non-European) states (the Entente). Differences in the dynamics of geopolitical growth—downwards for England and France and upwards for Germany— predetermined the basic alignment of forces. Wherein, from his point of view, this is the natural and inevitable geopolitical position for Germany, despite the temporary defeat in World War I.

Kjellen consolidated Ratzel’s geopolitical maxims that were in the interests of Germany (= the interests of Europe), in opposition to the interests of the Western European powers (especially England and France). But Germany, a “young” state, and the Germans, a “young people” (this idea—of “young peoples,” which is what Russians and Germans were considered to be—dates back to Fyodor Dostoevsky, who was quoted more than once by Kjellen).

The “young” Germans, motivated by the “Central European Space,” should move to the level of a continental state on the global scale at the territorial expense of the “older peoples”—the French and English. Yet, the ideological aspect of geopolitical confrontations was considered by Kjellen to be secondary to the spatial aspect.

2.3 Towards the Concept of Middle Europe

Although Swedish himself, Kjellen pressed for political rapprochement between Germany and Sweden. His own geopolitical representation on the importance of the unification of German space matches exactly the theory of “Middle Europe” (Mitteleuropa), developed by Friedrich Naumann.

fnaumann.jpgIn his book “Mitteleuropa” (1915), Naumann gave a geopolitical diagnosis that matches exactly with the concepts of Rudolf Kjellen. From Naumann’s point of view, to withstand competition from such organized geopolitical formations like England (and its colonies), the USA, and Russia, the peoples inhabiting Central Europe should unify and organize in new integrative, political-economic ways in this space. The axis of this space, would of course, naturally, be Germany.

Mitteleuropa differed from pure “Pan-Germanic” projects, since it was not based on nationalism, but strict geopolitical understanding, which the basic meaning was not given to ethnic unity, but commonalities in geographical fates. Naumann’s project involved the integration of Germany, Austria, the Lower Danube states, and in the wider view—France.

The geopolitical project was also supported by cultural parallels. Germany itself was the organic formation identified with spiritual notion of “mitellage,” the middle position. This was more deeply formulated in 1818 by Ernst Arndt: “God has situated us in the center of Europe: We (the Germans) are the heart of our part of the world.”

Ratzel’s ideas gradually acquired tangible traits through Kjellen and Naumann’s “Continental” theory.

vendredi, 05 avril 2019

Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

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Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon*

Ex: https://geopragma.fr

Caroline Galactéros a publié le 25 mars un « billet du lundi » consacré, dans la perspective de la visite en France du président de la République populaire de Chine, aux relations entre la France et ce pays. J’adhère pour ma part totalement aux analyses contenues dans ce billet mais aimerais prolonger certaines d’entre elles avec un prisme économico-financier.

1/ Sur le plan international, la Chine joue un triple rôle :

– c’est une puissance politique, qui s’affirme sans cesse davantage à l’échelle régionale mais aussi mondiale au point que certains voient aujourd’hui l’émergence d’un nouveau duopole, cette fois sino-américain ;

– c’est une puissance économique, un acteur fondamental de la répartition internationale de l’activité économique : en faisant appel à elle les entreprises peuvent, d’un côté abaisser leurs coûts de production, de l’autre vendre leurs produits sur un marché énorme et dont le potentiel de croissance doit être mesuré à l’aune des perspectives de développement du pays ;

– c’est une puissance financière car, en achetant leurs emprunts d’Etat, en particulier les bons du Trésor américain, elle permet aux pays occidentaux de financer leurs déficits des paiements mais aussi acquiert de ce fait une capacité d’investissement considérable.

Dans une sorte de cercle vertueux ces trois puissances se renforcent mutuellement. À titre d’exemple, l’énorme capacité financière de la Chine lui permet à la fois – de développer ses propres entreprises à vocation mondiale, ce qui complète son modèle économique tout en lui donnant des atouts supplémentaires dans le dialogue planétaire, – d’aider à financer les projets des « pays émergents », ce qui facilite sa prise de contrôle des matières premières nécessaires à sa propre croissance, – d’investir dans les entreprises occidentales, ce qui lui permet d’acquérir plus rapidement les technologies de pointe, et – de formaliser son emprise régionale en créant une « Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures » (AIIB) dont la vocation est clairement d’offrir une alternative à la Banque Mondiale.

peyrefitte.jpg2/ Faut-il, dès lors que la Chine s’est ainsi clairement « réveillée », « trembler », ainsi que Napoléon, s’il faut en croire Alain Peyrefitte, nous l’a conseillé ?

Comme le dit Caroline Galactéros, la France a, sur le plan géostratégique, beaucoup à gagner de l’émergence politique d’un grand acteur à vocation mondiale, capable de contrebalancer l’influence des Etats-Unis dont la personnalité de l’actuel président révèle à ceux qui en doutaient le poids et les objectifs.

Il n’en serait autrement que si l’on pouvait craindre une tentation hégémonique à dimension planétaire.

Peut-on la craindre d’un pays dont la langue principale est d’une complexité telle qu’elle exige de nombreuses années d’études, ne pourra donc jamais être parlée par les populations étrangères et n’a en conséquence aucune chance de s’imposer face au globish ? Faut-il la craindre d’un pays dont la culture est marquée par le confucianisme et le bouddhisme, c’est-à-dire par des philosophies dans lesquelles, contrairement à bien d’autres en Europe et au Moyen-Orient, le salut est une question personnelle et doit être recherché quel que soit l’environnement social, indépendamment de toute évolution de la société qu’il ne s’agit pas de transformer avant de la répandre sur la terre entière ? Faut-il la craindre d’un pays où l’on joue au go, c’est-à-dire à un jeu où, contrairement aux échecs dont l’objectif est de détruire l’ennemi en s’emparant de son chef, le but est « seulement » d’être plus fort que l’adversaire, sans pour autant l’anéantir ?

N’oublions pas, en outre, que le modèle économique chinois commence à montrer ses faiblesses : la croissance ralentit et le développement économique du pays fait que, désormais, la différence des coûts de production n’est plus aussi importante que dans le passé et est parfois moindre que dans d’autres pays (voir l’Ethiopie par exemple). C’est pourquoi la Chine cherche à se « banaliser » en développant des entreprises capables d’être des acteurs de poids sur le marché mondial et à maîtriser les technologies d’avenir (énergies propres, numérique…). Reste à savoir si cette nouvelle orientation, qui favorise les technologies les plus sophistiquées, permettra, comme la précédente, plus basique, de diffuser les bienfaits de la croissance économique à la majeure partie de la population.

Pensons aussi au fait que, plus qu’un pays, l’« empire du Milieu » est un empire et que peu d’empires ont été durables. Pékin parviendra-t-il à maintenir l’hégémonie des Han dans tous les territoires où ils sont implantés, mieux que, du temps de l’URSS, Moscou a voulu le faire avec les Slaves ? L’Occident ne s’intéresse qu’au Tibet (pour lequel on voit les défenseurs de la laïcité et de la démocratie réclamer avec insistance l’instauration d’une théocratie), mais c’est dans les territoires occidentaux de la Chine que se dérouleront certainement, et que se déroulent d’ores et déjà, des évènements porteurs de difficultés ultérieures.

Constatons enfin que l’histoire de la Chine est celle d’une recherche constante et d’une concentration des pouvoirs. Cette concentration des pouvoirs est absolue dans le domaine politique (pas de « balance des pouvoirs » à la mode de l’Anglais Fortescue, pas d’ « équilibre des pouvoirs » à la mode du Français Montesquieu), ce qui explique l’autoritarisme dont ont fait ou font preuve en interne les fils du Ciel successifs (quels que soient les avatars de ce Ciel) ; mais son extension spatiale n’a jamais été au centre des ambitions, dès lors que l’étranger (le barbare, auraient dit les Grecs) ne menace pas le détenteur du pouvoir.

3/ Restent les questions économiques.

Parce que le niveau de vie de sa population était faible, que son potentiel industriel était alors très limité et que tout était à faire, la Chine a obtenu de la part des pays développés de pouvoir commercer avec eux avec des dérogations considérables, de droit ou de fait, aux règles de l’OMC ou des conventions bilatérales régissant le commerce international : une forme de contrepartie aux nombreux accords imposés à la Chine, au XIXème, par les pays occidentaux et que Sun Yat Sen a, au début du XXème, qualifiés de « traités inégaux ». Bien sûr cette nouvelle inégalité de sens opposé n’était pas, pour les pays développés, inspirée uniquement par des considérations humanitaires, elle avait aussi et peut-être surtout pour but de favoriser l’émergence d’un nouveau marché, de taille considérable, dont leurs entreprises pourraient profiter.

Vingt ans après, puisque la Chine a réussi, et au-delà, son décollage économique, le même monde occidental lui demande de respecter désormais les règles qui régissent les relations économiques mondiales entre pays de niveau de développement comparable, jugées indispensables pour que les échanges favorisent le bien-être de tous. Il souhaite en particulier que les entreprises occidentales puissent investir et agir en Chine dans les mêmes conditions que les entreprises chinoises peuvent aujourd’hui investir et agir chez eux. Est-ce déraisonnable ?

Or la Chine refuse et veut continuer à profiter des exceptions qu’on lui a consenties dans un autre contexte. Elle veut continuer à pouvoir prendre le contrôle d’entreprises occidentales, ou en devenir l’actionnaire de référence, et désormais intervenir en partenariat avec les fonds d’investissements occidentaux, sans permettre aux entreprises occidentales d’en faire de même chez elle, où l’ampleur des participations étrangères est limitée et où les règles de gouvernance des entreprises sont différentes. Est-ce raisonnable ? Doit-on et peut-on l’accepter ?

Certes, la Chine a élaboré de manière accélérée une nouvelle loi sur les investissements étrangers. Mais celle-ci, dont certaines dispositions sont très vagues, donc sujettes à interprétations incertaines, ne répond pas à l’ensemble des demandes présentées pour rétablir l’équilibre des relations. Son but est plutôt de permettre au président des Etats-Unis, en mal d’accord international après les rebuffades du leader de la Corée du Nord, d’avoir un argument pour signer un accord commercial avec la Chine. Et, dans le même temps, celle-ci continue de bloquer la convention qu’elle négocie avec l’Union européenne en refusant de bouger sur des sujets aussi fondamentaux que la réciprocité d’accès aux marchés, les secteurs stratégiques, les marchés publics, les subventions ou la propriété intellectuelle.

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Comme l’écrit Caroline Galactéros, il faut donc travailler avec la Chine, il faut dialoguer avec elle, il faut chercher une solution qui satisfasse l’équilibre et l’équité. Le problème est que ce dialogue doit se faire dans un contexte que les Chinois veulent maintenir déséquilibré sur le plan économique, ce qui n’est pas acceptable.

4/ Comment faire ?

La première condition est de ne pas mélanger ce qui relève des rapports entre Etats et ce qui concerne les choix nationaux : les premiers sujets font naturellement l’objet du dialogue international, pour lequel notre pays doit être aussi rigoureux et volontaire que la Chine l’est elle-même, les seconds relèvent du droit de chaque pays à s’organiser comme il le souhaite et aucun pays n’est légitime pour chercher à imposer à des tiers ses propres choix et donner des leçons aux autres.

La deuxième condition est que notre pays, dans un cadre européen mais aussi seul (le siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU est un atout et confère des responsabilités que d’autres n’ont pas), s’insère dans le dialogue existant entre la Chine et les Etats-Unis. Et, dans ce contexte, la Russie pourrait être un allié de poids car elle a tout à craindre d’une Chine beaucoup plus peuplée que la partie asiatique de son propre territoire, quasiment vide et donc potentiellement attractive.

Mais, à l’échelle planétaire, l’Europe devrait avoir davantage de poids qu’un seul pays. C’est pourquoi l’initiative prise par le président de la République de recevoir le président de la République populaire de Chine avec la chancelière d’Allemagne et le président de la Commission européenne est éminemment logique. Mais, vu de Chine, quel poids ont aujourd’hui une chancelière sur le départ, dont le successeur se démarque chaque jour et exprime publiquement des revendications à l’égard de la France, et le président d’une Commission dont l’autorité sera amoindrie dans quelques mois lorsque le nouveau parlement aura été élu et disposera d’une légitimité plus grande que la sienne ? En outre, pourquoi ne pas avoir convié également le Royaume Uni qui, s’il préfère aujourd’hui se délecter dans ses jeux d’alcôves politiciens, sera toujours un acteur européen d’importance, et l’Italie, dont le PIB est le troisième de l’Union européenne à 27 ? Il est vrai que celle-ci avait choisi de faire cavalier seul en signant avec la Chine un accord-cadre relatif aux routes de la soie, sans grand contenu concret toutefois, semble-t-il, mais ne s’agissait-il pas avant tout pour elle de manifester aux Européens sa lassitude d’être toujours traitée en paria ? L’Europe ne doit-elle pas accepter que ses membres ne soient pas toujours d’accord et ne serait-elle pas plus forte si elle dialoguait avec ses membres critiques au lieu de les ostraciser ?

L’Europe doit aussi prendre conscience que les modes de régulation économique qu’elle a choisis ne sont plus nécessairement adaptés à une époque où les marchés ont acquis une dimension mondiale, ainsi que l’affaire Alstom/Siemens l’a clairement illustré.

Ainsi, les relations avec la Chine montrent les limites actuelles de la construction européenne et l’incapacité de son organisation à gérer avec efficacité les enjeux du moment.

5/ Comment apprécier, dans ce contexte, les « routes de la soie » (« Belt and Road Initiative » ou BRI) ?

S’agit-il de contribuer à la croissance mondiale en utilisant pour le bien-être de tous les énormes moyens financiers accumulés par la Chine ? D’œuvrer au bénéfice de l’entente entre les pays et entre les peuples ? De mettre en place des instruments de domination permettant au pouvoir chinois d’acquérir un droit de regard, en fait de codécision, dans toutes les zones concernées ? De promouvoir les entreprises chinoises en leur ouvrant des marchés ?… Sans doute de tout cela à la fois. Mais quelle est la véritable hiérarchie des priorités ?

Les Chinois n’aident guère leurs interlocuteurs à se positionner car, depuis l’annonce du projet par le président XI Jinping en septembre 2013 à l’université Nazarbayev du Kazakhstan, les objectifs et les modalités demeurent assez flous. Les montants concernés varient mais les ordres de grandeur sont tels (on parle de 1700 Md$ par an pour la seule Asie) qu’ils en deviennent déconnectés de toute perception concrète. Les modes de financement demeurent incertains. Certaines études montrent que 95 % des projets déjà réalisés ont été confiés à des entreprises chinoises, ce qui fait craindre une mainmise du processus par les seuls intérêts chinois ; mais ces projets ont, pour l’essentiel, été réalisés dans des zones dans lesquelles le potentiel local, c’est-à-dire la concurrence, était faible. Sans doute les possibilités sont-elles diverses et les modes de définition, de financement et de pilotage des projets peuvent varier d’un cas à l’autre : l’imagination doit avoir une place dans le processus, mais il ne faut pas oublier que la Chine dispose de moyens financiers que la France n’a pas, ce qui place inévitablement cette dernière en position de faiblesse.

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La prudence est donc de mise. Il serait autant absurde de refuser de participer au processus que d’accepter d’y jouer un rôle sans savoir à quoi l’on s’engage. C’est, semble-t-il, la ligne que les Européens ont exprimée au président chinois, et l’on ne peut que s’en réjouir.

6/ Le développement des relations entre la France et la Chine est éminemment souhaitable.

Mais son succès suppose, d’une part qu’au nom du réalisme la Chine accepte de perdre ses privilèges économiques qui ne se justifient plus, d’autre part que la France œuvre à ce qu’au nom du même réalisme l’Europe fonctionne de manière plus efficace. Il n’est pas certain que le challenge le plus difficile soit en Asie.

*Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur de Geopragma 

jeudi, 04 avril 2019

Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

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Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

Une note d’analyse signée Hadrien Desuin*

Ex: http://geopragma.fr

À l’issue des élections européennes, où chaque camp est parti en ordre dispersé, une recomposition aura lieu pour former une majorité parlementaire. Face à l’essor des partis populistes et souverainistes, la majorité du parlement européen devrait resserrer ses rangs autour du groupe libéral.

C’était un vœu d’Emmanuel Macron qu’il avait prononcé à la Sorbonne dès septembre 2017 à la faveur du Brexit. A l’aide de listes transnationales, le Parlement européen devait s’ériger en Constituante en 2019 et se mettre en marche vers une Europe fédérale. Pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, le président français voyait déjà ses athlètes courir sous les couleurs de l’Union Européenne…

Toute l’Europe applaudit l’enthousiasme du président français. On lui remet le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle en compagnie d’Angela Merkel. Mais toutes ces envolées visionnaires sont progressivement archivées pour mémoire. Les Allemands refusent de partager leurs économies et se contentent de mettre à jour le traité de l’Élysée de 1963. De fait, il n’y a ni liste transnationale, ni circonscription unique et encore moins de constituante.

Le découpage électoral, laissé à la discrétion des États-membres, fait de chacune des 27 campagnes nationales des événements politiques isolés. À part quelques personnalités venues symboliser l’unité européenne lors des grandes réunions publiques, on voit bien que le PPE (Parti Populaire Européen) ou le PSE (Parti Socialiste Européen) ont des rôles réduits. Ce sont des plateformes où cohabitent des partis aussi divers que Les Républicains de Laurent Wauquiez et le Fidesz de Victor Orban et qui, sans discipline de groupe, votent en fonction de leurs intérêts propres et parfois les uns contre les autres. De même, peu d’électeurs soupçonnent l’existence de l’ENL (Europe des Nations et des Libertés) et de l’ECR (Conservateurs et réformistes européens), les groupes qui représentent respectivement les populistes de droite et les conservateurs. Si le Parlement européen est très peu connu de ses électeurs, ceci peut aisément s’expliquer. En dehors de la confiance accordée à la Commission en début de mandature, cette assemblée de 750 membres n’a pas de réels pouvoirs législatifs. L’abstention bat donc tous les records.

Bien des rédactions ont d’ailleurs renoncé à décrire les méandres de la petite politique européenne à Strasbourg et Bruxelles, alors que les péripéties parisiennes, berlinoises ou romaines couvrent quotidiennement les journaux nationaux les plus respectés. Pour une campagne strictement européenne, il faudrait des médias européens. Or le seul quotidien dont la diffusion est proprement européenne est The New-York Times… Le journal a repris le nom de sa maison mère puisque le titre International Herald Tribune peinait à faire vendre. Ses pages en anglais traitent d’ailleurs plus souvent des différentes actualités nationales plutôt que de la machine Bruxelloise. Les chaînes de télévision comme Euronews n’ont pas non plus d’énormes succès d’audience. Le multilinguisme, comme le globish, a ses limites culturelles.

Coalition « roumaine »?

A la veille de ces élections du 26 au 29 mai 2019, les 750 députés sortants sont répartis en huit groupes. La majorité est composée des 218 députés du centre-droit PPE emmené par le bavarois Manfred Weber (CSU), alliés aux 186 députés sociaux-démocrates du PSE (dont les populistes du SMER slovaque et du PSD roumain). Ces derniers ont choisit le hollandais Frans Timmermans comme candidat à la tête de la commission. Avec un total de 404 parlementaires, ils peuvent se passer de leurs alliés libéraux d’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Le groupe dirigé par le belge Guy Verhofstadt a  68 députés (dont quatre de l’ANO du tchèque Andrej Babis.)

Après le 29 mai, la grosse coalition ne pourra plus se passer des libéraux pour atteindre la nouvelle majorité absolue fixée avec le Brexit à 353 députés. Ces derniers pourraient passer la barre des 100 députés avec Ciudadanos et LREM mais aussi les libéraux allemands et polonais. Le parti du président Macron voulait dynamiter les anciens partis du parlement et fédérer autour de lui un nouveau groupe central opposé aux populistes. Là encore ses ambitions se sont fracassées sur la résistance de la bipolarité allemande. Il est très probable que les successeurs et alliés idéologique

s du Modem reviennent de là où ils viennent: le groupe euro-libéral ALDE. Un renfort qui comblerait la baisse de la majorité actuelle du PPE sous la barre des 200 députés et du PSE sous les 150 représentants. La CDU en Allemagne, LR en France ou le PP en Espagne prévoient une érosion de leur socle électoral. De même pour le PS, le PD italien et le SPD allemands qui anticipent des scores plus faibles qu’en 2014. On se retrouverait alors dans une grosse coalition à trois qu’on pourrait qualifier de « coalition roumaine » (aux couleurs du drapeau de la Roumanie) : centre droit en bleu; centre libéral en jaune et centre-gauche en rouge. Cet attelage pourrait encore se passer des écologistes du groupe ALE, aujourd’hui au nombre de 52 mais dont le positionnement dans l’opposition est très ambiguë, partagé qu’il est entre les factions gestionnaires et contestataires. En revanche les libéraux ne devraient pas être assez nombreux pour former à eux seuls une coalition avec le centre-droit ou le centre-gauche. De même le centre droit ne serait pas assez fort pour se coaliser avec les libéraux et les conservateurs. Leur vision de l’Europe sont de toutes les façons trop divergentes.

Big bang souverainiste?

L’opposition, quant à elle, est scindée en quatre petits groupes répartis à droite et à gauche. Le principal, ECR (Conservateurs et Réformistes Européens) compte 74 députés dont 19 polonais principalement du PiS, et 19 conservateurs britanniques. Ce groupe va souffrir du Brexit et cherche à s’élargir. Il a déjà rallié Nicolas Dupont-Aignan qui selon les sondages pourrait obtenir une poignée de députés ainsi que les démocrates suédois. La rencontre entre Salvini et Kascinsky a été très commentée puisqu’elle pourrait entamer un « big bang » chez les souverainistes de droite si les italiens de la Lega ou les autrichiens du FPO passaient chez les conservateurs. Par ailleurs, le groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) dont 19 élus sur 43 viennent du UKIP britannique cherche aussi à s’élargir (il faut 7 nationalités différentes au sein de chaque groupe et les moyens procurés par la formation d’un groupe ne sont pas négligeables). La composante M5S du groupe est très volatile idéologiquement et constitue une inconnue importante de l’équation. Ses relations avec la Lega sont compliquées et ne devraient pas faciliter l’union des souverainistes de droite dans un seul groupe au lieu de trois. Le groupe ENL (Europe des Nations et des Libertés) regroupe quant à lui 15 élus du RN français, 4 du FPÖ autrichien, 4 du PVV néerlandais et 6 de la Lega italienne. Le départ du député britannique devrait être compensé par l’arrivée de Vox, un mouvement national espagnol qui a le vent en poupe.

Enfin la gauche radicale regroupée au sein du groupe GUE (Gauche Unitaire Européenne) peine à faire campagne en restant unie. Les 52 députés sortant qui regroupent des communistes et des populistes de LFI ou de Podemos repousseront au lendemain du scrutin la négociation pour la formation du groupe. Leur score ne devrait pas baisser.

Sur le papier, la grande coalition majoritaire semble assurée de se voir reconduite. Avec la bonne tenue du groupe ALDE et en dépit de l’affaiblissement annoncée du PPE et du PSE, le parlement gravitera autour de son centre libéral. Ce sera un parlement à l’image du Bundestag dont le système représentatif proportionnel est assez proche. On devrait donc avoir une nouvelle commission centriste et libérale, dont la majorité sera seule face à une opposition eurosceptique et populiste. Si Manfred Weber a peu de chance d’obtenir la présidence de la commission, l’Europe à l’allemande a encore quelques années devant elle.

*Hadrien Desuin, chercheur associé chez Geopragma 

How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia

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How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
 
 

“Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as European. That’s why Russia proposes moving towards the creation of a common economic space from the Atlantic to the Pacific Ocean, a community referred to by Russian experts as ‘the Union of Europe’ which will strengthen Russia’s potential in its economic pivot toward the ‘New Asia.’” Vladimir Putin, President of the Russian Federation, February 2012

The allegations of ‘Russian meddling’ only make sense if they’re put into a broader geopolitical context. Once we realize that Washington is implementing an aggressive “containment” strategy to militarily encircle Russia and China in order to spread its tentacles across Central Asian, then we begin to understand that Russia is not the perpetrator of the hostilities and propaganda, but the victim. The Russia hacking allegations are part of a larger asymmetrical-information war that has been joined by the entire Washington political establishment. The objective is to methodically weaken an emerging rival while reinforcing US global hegemony.

Try to imagine for a minute, that the hacking claims were not part of a sinister plan by Vladimir Putin “to sow discord and division” in the United States, but were conjured up to create an external threat that would justify an aggressive response from Washington. That’s what Russiagate is really all about.

US policymakers and their allies in the military and Intelligence agencies, know that relations with Russia are bound to get increasingly confrontational, mainly because Washington is determined to pursue its ambitious “pivot” to Asia plan. This new regional strategy focuses on “strengthening bilateral security alliances, expanding trade and investment, and forging a broad-based military presence.” In short, the US is determined to maintain its global supremacy by establishing military outposts across Eurasia, continuing to tighten the noose around Russia and China, and reinforcing its position as the dominant player in the most populous and prosperous region in the world. The plan was first presented in its skeletal form by the architect of Washington’s plan to rule the world, Zbigniew Brzezinski. Here’s how Jimmy Carter’s former national security advisor summed it up in his 1997 magnum opus, The Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives:

“For America, the chief geopolitical prize is Eurasia… (p.30)….. Eurasia is the globe’s largest continent and is geopolitically axial. A power that dominates Eurasia would control two of the world’s three most advanced and economically productive regions. …. About 75 per cent of the world’s people live in Eurasia, and most of the world’s physical wealth is there as well, both in its enterprises and underneath its soil. Eurasia accounts for 60 per cent of the world’s GNP and about three-fourths of the world’s known energy resources.” (“The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic Imperatives”, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)

14 years after those words were written, former Secretary of State Hillary Clinton took up the banner of imperial expansion and demanded a dramatic shift in US foreign policy that would focus primarily on increasing America’s military footprint in Asia. It was Clinton who first coined the term “pivot” in a speech she delivered in 2010 titled “America’s Pacific Century”. Here’s an excerpt from the speech:

“As the war in Iraq winds down and America begins to withdraw its forces from Afghanistan, the United States stands at a pivot point. Over the last 10 years, we have allocated immense resources to those two theaters. In the next 10 years, we need to be smart and systematic about where we invest time and energy, so that we put ourselves in the best position to sustain our leadership, secure our interests, and advance our values. One of the most important tasks of American statecraft over the next decade will therefore be to lock in a substantially increased investment — diplomatic, economic, strategic, and otherwise — in the Asia-Pacific region…

Open markets in Asia provide the United States with unprecedented opportunities for investment, trade, and access to cutting-edge technology…..American firms (need) to tap into the vast and growing consumer base of Asia…The region already generates more than half of global output and nearly half of global trade. As we strive to meet President Obama’s goal of doubling exports by 2015, we are looking for opportunities to do even more business in Asia…and our investment opportunities in Asia’s dynamic markets.”

(“America’s Pacific Century”, Secretary of State Hillary Clinton”, Foreign Policy Magazine, 2011)

The pivot strategy is not some trifling rehash of the 19th century “Great Game” promoted by think-tank fantasists and conspiracy theorists. It is Washington’s premier foreign policy doctrine, a ‘rebalancing’ theory that focuses on increasing US military and diplomatic presence across the Asian landmass. Naturally, NATO’s ominous troop movements on Russia’s western flank and Washington’s provocative naval operations in the South China Sea have sent up red flags in Moscow and Beijing. Former Chinese President Hu Jintao summed it up like this:

“The United States has strengthened its military deployments in the Asia-Pacific region, strengthened the US-Japan military alliance, strengthened strategic cooperation with India, improved relations with Vietnam, inveigled Pakistan, established a pro-American government in Afghanistan, increased arms sales to Taiwan, and so on. They have extended outposts and placed pressure points on us from the east, south, and west.”

Russian President Vladimir Putin has been equally critical of Washington’s erratic behavior. NATO’s eastward expansion has convinced Putin that the US will continue to be a disruptive force on the continent for the foreseeable future. Both leaders worry that Washington’s relentless provocations will lead to an unexpected clash that will end in war.

Even so, the political class has fully embraced the pivot strategy as a last-gasp attempt to roll back the clock to the post war era when the world’s industrial centers were in ruins and America was the only game in town. Now the center of gravity has shifted from west to east, leaving Washington with just two options: Allow the emerging giants in Asia to connect their high-speed rail and gas pipelines to Europe creating the world’s biggest free trade zone, or try to overturn the applecart by bullying allies and threatening rivals, by implementing sanctions that slow growth and send currencies plunging, and by arming jihadist proxies to fuel ethnic hatred and foment political unrest. Clearly, the choice has already been made. Uncle Sam has decided to fight til the bitter end.

Washington has many ways of dealing with its enemies, but none of these strategies have dampened the growth of its competitors in the east. China is poised to overtake the US as the world’s biggest economy sometime in the next 2 decades while Russia’s intervention in Syria has rolled back Washington’s plan to topple Bashar al Assad and consolidate its grip on the resource-rich Middle East. That plan has now collapsed forcing US policymakers to scrap the War on Terror altogether and switch to a “great power competition” which acknowledges that the US can no longer unilaterally impose its will wherever it goes. Challenges to America’s dominance are emerging everywhere particularly in the region where the US hopes to reign supreme, Asia.

This is why the entire national security state now stands foursquare behind the improbable pivot plan. It’s a desperate “Hail Mary” attempt to preserve the decaying unipolar world order.

What does that mean in practical terms?

It means that the White House (the National Security Strategy) the Pentagon (National Defense Strategy) and the Intelligence Community (The Worldwide Threat Assessment) have all drawn up their own respective analyses of the biggest threats the US currently faces. Naturally, Russia is at the very top of those lists. Russia has derailed Washington’s proxy war in Syria, frustrated US attempts to establish itself across Central Asia, and strengthened ties with the EU hoping to “create a harmonious community of economies from Lisbon to Vladivostok.” (Putin)

Keep in mind, the US does not feel threatened by the possibility of a Russian attack, but by Russia’s ability to thwart Washington’s grandiose imperial ambitions in Asia.

As we noted, the National Security Strategy (NSS) is a statutorily mandated document produced by the White House that explains how the President intends to implement his national security vision. Not surprisingly, the document’s main focus is Russia and China. Here’s an excerpt:

“China and Russia challenge American power, influence, and interests, attempting to erode American security and prosperity. They are determined to make economies less free and less fair, to grow their militaries, and to control information and data to repress their societies and expand their influence.” (Neither Russia nor China are attempting to erode American security and prosperity.” They are merely growing their economies and expanding their markets. If US corporations reinvested their capital into factories, employee training and R and D instead of stock buybacks and executive compensation, then they would be better able to complete globally.)

Here’s more: “Through modernized forms of subversive tactics, Russia interferes in the domestic political affairs of countries around the world.” (This is a case of the ‘pot calling the kettle black.’)

“Today, actors such as Russia are using information tools in an attempt to undermine the legitimacy of democracies. Adversaries target media, political processes, financial networks, and personal data.” (The western media behemoth is the biggest disinformation bullhorn the world has ever seen. RT and Sputnik don’t hold a candle to the ginormous MSM ‘Wurlitzer’ that controls the cable news stations, the newspapers and most of the print media. The Mueller Report proves beyond a doubt that the politically-motivated nonsense one reads in the media is neither reliably sourced nor trustworthy.)

The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community is even more explicit in its attacks on Russia. Check it out:

“Threats to US national security will expand and diversify in the coming year, driven in part by China and Russia as they respectively compete more intensely with the United States and its traditional allies and partners…. We assess that Moscow will continue pursuing a range of objectives to expand its reach, including undermining the US-led liberal international order, dividing Western political and security institutions, demonstrating Russia’s ability to shape global issues, and bolstering Putin’s domestic legitimacy.

We assess that Moscow has heightened confidence, based on its success in helping restore the Asad regime’s territorial control in Syria,… Russia seeks to boost its military presence and political influence in the Mediterranean and Red Seas… mediate conflicts, including engaging in the Middle East Peace Process and Afghanistan reconciliation….

Russia will continue pressing Central Asia’s leaders to support Russian-led economic and security initiatives and reduce engagement with Washington. …Russia and China are likely to intensify efforts to build influence in Europe at the expense of US interests…” (“The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community”, USG)

Notice how the Intelligence Community summary does not suggest that Russia poses an imminent military threat to the US, only that Russia has restored order in Syria, strengthened ties with China, emerged as an “honest broker” among countries in the Middle East, and used the free market system to improve relations with its trading partners and grow its economy. The IC appears to find fault with Russia because it is using the system the US created to better advantage than the US. This is entirely understandable given Putin’s determination to draw Europe and Asia closer together through a region-wide economic integration plan. Here’s Putin:

“We must consider more extensive cooperation in the energy sphere, up to and including the formation of a common European energy complex. The Nord Stream gas pipeline under the Baltic Sea and the South Stream pipeline under the Black Sea are important steps in that direction. These projects have the support of many governments and involve major European energy companies. Once the pipelines start operating at full capacity, Europe will have a reliable and flexible gas-supply system that does not depend on the political whims of any nation. This will strengthen the continent’s energy security not only in form but in substance. This is particularly relevant in the light of the decision of some European states to reduce or renounce nuclear energy.”

The gas pipelines and high-speed rail are the arteries that will bind the continents together and strengthen the new EU-Asia superstate. This is Washington’s greatest nightmare, a massive, thriving free trade zone beyond its reach and not subject to its rules. In 2012, Hillary Clinton acknowledged this new threat and promised to do everything in her power to destroy it. Check out this excerpt:

“U.S. Secretary of State Hillary Clinton described efforts to promote greater economic integration in Eurasia as “a move to re-Sovietize the region.”…. “We know what the goal is and we are trying to figure out effective ways to slow down or prevent it,” she said at an international conference in Dublin on December 6, 2012, Radio Free Europe.”

“Slow down or prevent it”?

Why? Because EU-Asia growth and prosperity will put pressure on US debt markets, US corporate interests, US (ballooning) national debt, and the US Dollar? Is that why Hillary is so committed to sabotaging Putin’s economic integration plan?

Indeed, it is. Washington wants to block progress and prosperity in the east in order to extend the lifespan of a doddering and thoroughly-bankrupt state that is presently $22 trillion in the red but continues to write checks on an overdrawn account.

But Russia shouldn’t be blamed for Washington’s profligate behavior, that’s not Putin’s fault. Moscow is merely using the free market system more effectively that the US.

Now consider the Pentagon’s 2018 National Defense Strategy (NDS) which reiterates many of the same themes as the other two documents.

“Today, we are emerging from a period of strategic atrophy, aware that our competitive military advantage has been eroding. We are facing increased global disorder, characterized by decline in the long-standing rules-based international order—creating a security environment more complex and volatile than any we have experienced in recent memory. Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security.”

(Naturally, the “security environment” is going to be more challenging when ‘regime change’ is the cornerstone of one’s foreign policy. Of course, the NDS glosses over that sad fact. Here’s more:)

“Russia has violated the borders of nearby nations and pursues veto power over the economic, diplomatic, and security decisions of its neighbors…..(Baloney. Russia has been a force for stability in Syria and Ukraine. If Obama had his way, Syria would have wound up like Iraq, a hellish wastelands occupied by foreign mercenaries. Is that how the Pentagon measures success?) Here’s more:

“China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model…

“China and Russia are now undermining the international order from within the system…….

“China and Russia are the principal priorities for the Department… because of the magnitude of the threats they pose to U.S. security.” (National Defense Strategy of the United States of America)

Get the picture? China and Russia, China and Russia, China and Russia. Bad, bad, bad.

Why? Because they are successfully implementing their own development model which is NOT programed to favor US financial institutions and corporations. That’s the whole thing in a nutshell. The only reason Russia and China are a threat to the “rules-based system”, is because Washington insists on being the only one who makes the rules. That’s why foreign leaders are no longer falling in line, because it’s not a fair system.

These assessments represent the prevailing opinion of senior-level policymakers across the spectrum. (The White House, the Pentagon and the Intelligence Community) The USG is unanimous in its judgement that a harsher more combative approach is needed to deal with Russia and China. Foreign policy elites want to put the nation on the path to more confrontation, more conflict and more war. At the same time, none of these three documents suggest that Russia has any intention of launching an attack on the United States. The greatest concern is the effect that emerging competitors will have on Washington’s provocative plan for military and economic expansion, the threat that Russia and China pose to America’s tenuous grip on global power. It is that fear that drives US foreign policy.

And this is broader context into which we must fit the Russia investigation. The reason the Russia hacking furor has been allowed to flourish and spread despite the obvious lack of any supporting evidence, is because the vilifying of Russia segues perfectly with the geopolitical interests of elites in the government. The USG now works collaboratively with the media to influence public attitudes on issues that are important to the powerful foreign policy establishment. The ostensible goal of these psychological operations (PSYOP) is to selectively use information on “audiences to influence their emotions, motives, objective reasoning, and ultimately the behavior of… organizations, groups, and individuals.”

The USG now sees the minds of ordinary Americans as a legitimate target for their influence campaigns. They regard attitudes and perceptions as “the cognitive domain of the battlespace” which they must exploit in order to build public support for their vastly unpopular wars and interventions. The relentless Russiagate narrative (which was first referred to the FBI by the chief architect of the Syrian War, former-CIA Director John Brennan) represents the disinformation component of the broader campaign against Russia. Foreign policy elites are determined to persuade the American people that Russia constitutes a material threat to their security that must be countered by tighter sanctions, more sabre-rattling, and eventually war.

mercredi, 03 avril 2019

De la guerre des devises à la guerre militaire

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De la guerre des devises à la guerre militaire

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le système financier mondial est dominé par un syndicat: le Conseil de stabilité financière (CSF) réunit, sous la supervision de la Banque fédérale de réserve (FED), les grandes banques atlantiques,1 elles-mêmes contrôlées par sept familles.2 «Les géants pétroliers Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Chevron y sont également étroitement liés. Les sept familles disposent des majorités actionnaires dans pratiquement la totalité des 500 premières entreprises.»3


«La méthodologie de la domination financière mondiale est en fait assez simple: l’Amérique importe beaucoup plus de biens qu’elle n’exporte, de sorte que les dollars (fraîchement imprimés) sortent des Etats-Unis pour atterrir dans les banques centrales des autres pays. Les Etats-Unis refusant de payer leurs dettes en or, les banques centrales sont obligées d’investir des dollars en obligations et autres instruments financiers. Il en résulte un système d’endettement mondial, dominé par les Etats-Unis, qui fait prospérer l’économie américaine au détriment des autres».4


Suite à la prolifération effrénée du dollar et à la bulle d’endettement grandissante qui en résulte (32 billions de dollars), le dollar représente un risque financier toujours plus accentué. La bulle éclaterait si le monde refusait d’accepter le dollar. C’est en effet la régence du dollar qui permet au syndicat financier mondial de dépenser de l’argent à mauvais escient. Cette hégémonie du dollar est maintenue par la présence mondiale des armées américaines. Ainsi, la quasi-totalité des pays du monde se retrouvent assujettis par endettement envers le Syndicat financier américain, la plupart d’eux sont contraints à tolérer sur leur territoire, des troupes d’occupation ou des bases américaines qui assurent leur servitude pour dettes (Ramstein en Allemagne, Camp Bondsteel au Kosovo et autres).
Cependant, à maintes reprises, des pays individuels ont tenté de sortir de l’assujettissement par endettement imposé par l’empire du dollar afin d’engager leurs ressources en faveur du bien-être national plutôt que pour le syndicat financier mondial. Pour contrecarrer de tels efforts, l’empire mène en permanence des guerres économiques et financières sous diverses formes:

  • Les agences de notation du syndicat financier monopolisent l’évaluation de la solvabilité des Etats. Un pays mal noté doit payer des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts.
  • Les blocus financiers, par exemple contre le Venezuela ou l’Iran, empêchent toute transaction financière avec les pays concernés, les excluant ainsi pratiquement du système monétaire mondial afin de le rendre insolvable.
  • Les sanctions économiques bloquent les importations ou exportations du pays visé.
  • Les accords sur les prix (dépression artificielle des prix à l’importation) réduisent la solvabilité des Etats rétifs jusqu’à ce qu’ils abandonnent.
  • Les actions judiciaires contre les concurrents des banques ou entreprises anglo-saxonnes visent à réduire leur compétitivité (actions américaines en justice contre VW (23 milliards de dollars) ou la Deutsche Bank (12 milliards de dollars).
  • En même temps, un système d’espionnage américain opérant à l’échelle mondiale garantit que tous les systèmes numériques dans le monde soient contrôlés, évalués, écrémés au profit des Etats-Unis et soumis au régiment numérique américain.
  • Une idéologie de la globalisation lutte pour les «quatre libertés» (libre circulation du capital, des produits, des services et des travailleurs) afin de briser les structures nationales, les systèmes sociaux et les démocraties, tout cela en faveur de l’empire du dollar.

La domination mondiale du dollar est assurée militairement. «Le cartel bancaire envoie l’armée américaine, qui dévore plus de la moitié de l’ensemble des budgets militaires du monde entier, partout où elle voit ses intérêts menacés.»5 Partout où l’hégémonie du dollar américain est remise en cause, les moyens de guerre financière ou économique mentionnés ci-dessus s’emploient dans le but de rétablir la soumission. Mais si les pays ou les gouvernements se montrent têtus, s’ils ne veulent plus vendre leurs matières premières pour des dollars ou même ne plus accepter le dollar lui-même, le syndicat financier exige l’intervention de l’armée américaine:

  • En novembre 2000, Saddam Hussein refusa d’accepter le dollar en échange du pétrole irakien; il accepta néanmoins l’euro, ce qui fit dévaluer le dollar.
  • En 2003, l’Irak fut attaqué parce qu’il rejetait la dictature du dollar. Ainsi la menace pour le dollar fut éliminée.
  • De même, le dirigeant libyen Kadhafi tenta de ne plus utiliser le dollar dans son commerce pétrolier. Aussitôt son régime fut exposé à des soulèvements et à une intervention militaire contre lui. Après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de son système, la Libye fut réintégrée dans l’empire du dollar.
  • La Russie, elle non plus, n’était plus dispose à accepter l’avantage du dollar américain par rapport aux autres devises. Elle a mis en place son propre système de paiement (PRO100) qui se trouvait en dehors de la portée du cartel bancaire international. Poutine a, en outre, privé le cartel pétrolier de se servir des réserves russes de pétrole et de gaz. Depuis lors, Poutine et la Russie se trouvent être les principaux ennemis de l’empire du dollar. Ils se font donc encercler militairement et sont combattus par tous les moyens dans une guerre financière et commerciale.
  • Depuis plus de cinq ans, l’Iran est la cible des attaques monétaires, commerciales et juridiques du syndicat américain, car le pays se montrait décidé à vendre son pétrole non seulement en échange de dollars, mais également de toutes les autres devises. Des sanctions brutales à l’encontre de tous les potentiels acheteurs et partenaires commerciaux ont abouti à son exclusion totale du système financier mondial ainsi que de l’économie mondiale. Comme cet Etat ne fléchit toujours pas, la menace d’une action militaire est de plus en plus imminente.
  • La Chine se démarque aussi du dollar en se dotant d’un système monétaire concurrent (Banque asiatique de développement) qui ne tolère plus la domination du dollar et évolue donc, de plus en plus, en Etat ennemi du Syndicat financier atlantique.

Lors de la campagne électorale, Hillary Clinton avait promis «de commencer la guerre contre la Russie en Ukraine et en Syrie d’ici le mois de mars», mais elle s’est ensuite corrigée, en disant qu’on n’y parviendrait pas avant mai 2018. Par bonheur, elle n’a pas été élue.

Le dos contre le mur, l’Amérique est pourtant toujours sous double pression:

  • L’effet de la pression effrénée sur le dollar a conduit à une quantité de dettes uniques dans l’histoire des Etats-Unis (32 billions de dollars) qui peuvent s’effondrer à tout moment si d’autres pays importants n’acceptent plus le dollar, si les banques du système financier tombent en faillites ou si les pays surendettés deviennent insolvables. L’empire du dollar a jusqu’à présent tenté de corriger ces dangers avec des prêts à intérêt zéro, ce qui devient de plus en plus difficile à maintenir. La dévaluation d’une monnaie de référence (dollar) en hausse incontrôlée est finalement certaine. La confiance diminue. Le syndicat financier prépare donc déjà l’interdiction des espèces et le remplacement de l’argent-monnaie par de l’argent numérique.
  • L’empire du dollar ne peut être soutenu qu’avec un boom constant. Cela présuppose une exploitation élevée de la capacité de l’économie. Cependant, l’économie américaine produit pour 70% des armes, de sorte que l’économie américaine n’est florissante que lorsque l’industrie de l’armement est en plein essor. Celle-ci ne peut se développer que si elle peut vendre ses produits, c’est-à-dire s’il y a suffisamment de guerres dans le monde. La production américaine d’équipements militaires dépasse les 600 milliards d’euros, soit dix fois plus que celle de la Russie et plus de la moitié de la production mondiale d’équipements militaires. Le président américain exige des pays satellites d’acheter davantage d’armement (en provenance des USA), et il vend sans vergogne des armements à des dictatures (Arabie saoudite).
  • Après le réarmement de l’OTAN et de l’Ukraine et après la fin de la guerre en Syrie, l’industrie américaine de la défense a besoin d’un nouveau coup de pouce pour relancer l’économie aux Etats-Unis au moyen d’une nouvelle guerre.

La politique américaine prétend toujours que la Russie, la Chine, l’Iran ou d’autres pays sont belliqueux et dangereux. Comme le montrent les dépenses militaires et les actes d’agression (sanctions, châtiments, etc.) des Etats-Unis dans le monde entier, ce sont avant tout les USA qui sont belliqueux et prêts à la guerre. A plusieurs reprises, ils ont mis en avant le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et des hommes politiques des pays satellites (Heiko Maas, Ursula von der Leyen) pour diaboliser la Russie et exprimer des menaces de guerre.
Comme avant la Première Guerre mondiale, nous sommes donc dans une situation, où un petit événement pourrait déclencher un nouvel incendie mondial. Les dictatures et les empires ont toujours utilisé la guerre comme dernier recours quand ils ne savaient plus que faire. Si l’économie américaine s’effondre en raison d’un manque de demande d’armes ou de l’éclatement de la bulle d’endettement de l’empire du dollar, l’hégémonie du syndicat financier mondial et de la puissance mondiale des Etats-Unis devraient disparaître. Ainsi on arriverait à un point, où les politiciens ne savent plus quoi faire et ils pourraient éventuellement avoir recours au dernier ressort.
Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent déjà pour dire que la guerre contre l’Iran doit commencer cet été. Les préparatifs sont terminés.
Il n’est donc guère compréhensible que le monde ne prenne pas conscience du danger de guerre, que les marches pour la paix n’exigent pas la paix dans tous les pays comme par le passé et que les médias dirigés par le syndicat financier (par exemple la presse Springer) puissent s’attaquer à la Russie et à l’Iran, sans aucune opposition, au lieu d’exiger la paix. Nous avons besoin d’une «révolte de tous les amoureux de la paix» pour faire prendre conscience du danger de la guerre et de l’exigence de paix pour tous les peuples. Si nous restons inactifs et que nous ne la dénonçons pas à temps, la politique irresponsable des Etats-Unis et de l’OTAN pourrait nous replonger dans l’impasse de la guerre contre notre volonté.
Non seulement il est grand temps de mettre en garde contre cela, mais nous devons le faire à voix haute.    •

(Traduction Horizons et débats)

1     JP Morgen Chase, City Group, Wells Fargo, Deutsche Bank, BNP, Barclays
2     Goldman Sachs, Rockefeller, Lehmann, Rothschild, Warburg, Lazard et Seifs
3     Orzechowski, Peter. Durch globales Chaos in die Neue Weltordnung, Rottenburg 2016
4     ibid, p. 61
5     ibid, p. 62

lundi, 01 avril 2019

La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente?

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La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente? 

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Chaque semaine ou presque, les Etats-Unis, qui dominent l'Otan depuis sa création, montrent qu'ils persistent à faire de cette organisation un outil destiné à porter la guerre sur le territoire russe. Certains membres de l'Otan voudraient calmer le jeu, mais d'autres, tels que la Pologne, soutiennent en permanence les visées du Pentagone à cet égard.

C'est totalement irresponsable de leur part car en cas de guerre, fut-elle seulement conventionnelle, avec la Russie, ils seraient détruits les premiers. Les Américains, à l'abri de l'autre côté de l'Atlantique, ne risquent évidemment rien.

L'attention se porte aujourd'hui sur la Géorgie ancienne république socialiste soviétique et devenue un adversaire résolu de Moscou, bien que celui-ci ait depuis longtemps renoncé à y exercer une influence autre que marginale, linguistique et culturelle. C'est ainsi que le 25 mars 2019, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, norvégien tout dévoué aux américains qui l'ont fait nommer à ce poste, a réaffirmé la volonté de l'Otan de donner satisfaction aux demandes de la Géorgie visant à devenir un membre permanent de l'Organisation.

Il se trouvait dans la capitale géorgienne Tbilisi, en compagnie du premier ministre Mamuka Bakhtadze. pour assister à des manœuvre militaires conjointes de 12 jours Otan-Géorgie. Inutile de dire que celles-ci représentent déjà une provocation pour la Russie. Il y a déclaré que l'Otan n'accepte pas que la Russie, ou tout autre Etat extérieur, puisse décider qui doit être ou non membre. Les manouvres se tenaient à la base militaire conjointe Otan-Géorgie de Krtsanisi. Elles impliquaient un contingent de 350 hommes fournis par les membres de l'Otan, avec une participation de l'Azerbaidjan, de la Finlande et de la Suède.

Il faut rappeler que les tensions entre la Russie et une Géorgie décidée à rejoindre le bloc occidental avait abouti à une guerre courte mais sanglante entre les deux pays. Moscou avait appuyé la volonté séparatiste des deux provinces de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhasie. En 15 jours les militaires russes avait mis en déroute l'armée de la Géorgie, puis reconnu l'indépendance de ces deux provinces.

En 2018, le premier ministre russe Dmitri Medvedev avait prévenu que l'entrée éventuelle de la Géorgie dans l'Otan « pourrait provoquer un terrible conflit ». Est-ce que cherche Washington aujourd'hui ?

samedi, 30 mars 2019

Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

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Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

 
… alors que le pipeline Nordstream 2 est sur le point d’être achevé 
 
par Tom Luongo
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le pipeline Nordstream 2 représente le dernier avatar de l’influence américaine sur les affaires intérieures de l’Europe. Une fois terminé, il témoignera de la scission fondamentale entre l’Union européenne et les États-Unis. 
 
L’Europe sera la première à défendre avec succès son indépendance nouvellement proclamée. Et les États-Unis devront accepter de ne plus avoir le contrôle sur l’étranger. C’est un schéma qui se répète partout dans le monde en ce moment. Votre vision de Nordstream 2 dépend de qui vous êtes.

Si vous êtes les États-Unis, il s’agit d’une rebuffade massive de l’ordre institutionnel de l’après-Seconde guerre mondiale, principalement financé par les États-Unis pour reconstruire l’Europe et la protéger du fléau de l’URSS.

Du point de vue de l’Europe, c’est : « Bien joué, mais la Russie n’est plus une menace et il est temps de nous débarrasser de la tutelle des États-Unis. »

Et si vous êtes Russe, Nordstream 2, c’est la fissure qui sépare les deux adversaires tout en améliorant la sécurité nationale à votre frontière occidentale.

L’Europe a ses propres ambitions impériales et Nordstream 2 en est une partie très importante. Ces ambitions, toutefois, ne sont pas conformes à celles des États-Unis, en particulier sous la houlette de Donald Trump.

Trump a cette étrange idée que les États-Unis n’ont rien reçu en retour pour avoir pris la direction du monde « libre » ces soixante-dix dernières années. Dans l’esprit simpliste de Trump, le déficit commercial massif du pays est une richesse volée par ses partenaires commerciaux.

Il refuse de voir la richesse gaspillée que nous avons « perdue » par des décennies de corruption, de paresse, d’atteinte aux réglementations, etc.

Ainsi, Nordstream 2 est une abomination pour Trump car celui-ci finance l’OTAN pour protéger l’Europe de la Russie, mais celle-la augmente ensuite la quantité de gaz acheté à ce même ennemi.

Et cela devrait vous indiquer où tout cela se dirige à long terme : à la dissolution de l’OTAN rendue inutile par la Russie et l’UE.

Aussi, peu importent les efforts des États-Unis et des forces anti-russes des sociétés européenne et britannique pour arrêter ce pipeline, comme en témoigne le vote non contraignant de cette semaine au Parlement européen, l’appétit américain n’existe plus réellement.

Le Sénat américain n’a aucun intérêt à demander au Président de sanctionner les sociétés qui construisent Nordstream 2. Cela n’empêcherait pas Trump de sanctionner de toute façon s’il le voulait.
 

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La vraie raison pour laquelle Trump ne sanctionnera pas Nordstream 2 est la même que celle qui le pousse à se tourner vers la Chine pour le commerce : liquidité du dollar dans le commerce mondial.

Il a déjà fait assez de dégâts. Il cherche maintenant à se faire réélire face à une réserve fédérale hostile.

S’il devait sanctionner Nordstream 2, il l’aurait fait. En vérité, ce vote au Parlement européen marque le dernier faible souffle pour tenter d’arrêter le pipeline et non le coup rusé d’un type qui détient des as dans ses poches.

C’est précisément parce que les États-Unis n’ont pas imposé de sanctions, qu’il ne reste que des incantations vertueuses pathétiques.

Pour que cela se produise, il faudrait que ce soit avant les élections au Parlement européen de mai, au cours desquelles nous pouvons nous attendre à voir au moins doubler le nombre de représentants eurosceptiques élus.

Si la situation continue de dégénérer en France, si l’Italie se durcit encore contre l’UE et si le Brexit est reporté, les eurosceptiques pourraient devenir le bloc le plus important du Parlement européen en juillet.

À ce stade, nous assisterons à une dégringolade en flèche de l’influence de la tristement célèbre liste Soros dans le parlement européen et peut-être même au sein de la Commission européenne. Et, le cas échéant, davantage de contrats de pipeline et d’investissements dans l’énergie russe.

En fait, un Parlement eurosceptique pourrait lever complètement les sanctions contre la Russie. De plus, les prochaines élections en Ukraine vont probablement amener au pouvoir une personne qui n’est pas pleinement soumise à la stratégie américaine.

Avec tout cela et les élections législatives ukrainiennes qui auront lieu plus tard cette année, nous verrons probablement l’Ukraine et Gazprom renégocier le contrat de transport de gaz, apportant encore plus de gaz russe sur le continent.

Et cela ne fera que rendre Trump encore plus furieux qu’il ne l’est maintenant, car il a énormément misé sur la stratégie globale de faire des États-Unis un puissant exportateur de gaz, et il a besoin de clients. L’Europe et la Chine sont deux clients évidents, mais la Russie a maintenant surclassé Trump chez les deux.

La fin de cette expansion interminable et superficielle met les États-Unis face à la dette insoutenable provoquée par le boom de la fracturation hydraulique (gaz de schiste), alors que le service de cette dette fait monter en flèche la demande de dollars, entraînant une forte hausse des taux d’intérêt.

Le marché du schiste va se fracasser à nouveau.

Tout cela confirme pour moi que le sommet des Jardins, l’été dernier, entre Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel a accouché d’une stratégie visant à battre Trump sur Nordstream 2 et à entamer la prochaine phase des relations entre la Russie et l’Allemagne.

L’image est importante, et cette celle-ci capture bien ce que les deux parties ont voulu transmettre. Cette réunion marque le début d’un changement positif des relations entre l’Allemagne et la Russie.

La question est pourquoi ?

La réponse évidente est la nécessité résultant de la pression exercée sur les deux pays par Donald Trump, par le biais des sanctions et des droits de douane, ainsi que de leurs intérêts communs représentés par le gazoduc Nordstream 2.

Et tout ce que cela implique.

Tom Luongo Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

vendredi, 29 mars 2019

Europe: la Chine attaque l'Amérique!

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Europe: la Chine attaque l'Amérique!

 
 

Parallèlement à la Russie qui accueille en ce moment même le président libanais, quitte à inquiéter très sérieusement Américains et Israéliens qui ont peur de voir de riches réserves gazières quitter la côte israélienne de la Méditerranée pour se diriger vers la côte libanaise, la Chine a lancé cette semaine une terrifiante offensive contre les États-Unis en plein cœur de l’Europe « américanisée ».

Cette Europe qui s’accroche toujours au modèle américain, à l’OTAN ne voyant plus que le géant aux pieds d’argile qu’est l’Amérique, s’effondre comme un château de cartes.

En Italie, le président Xi Jinping a réussi un coup de maître. Faisant miroiter d’énormes intérêts que l’Italie, parent pauvre de l’Europe de l’Ouest a à gagner, il a mis la main sur les ports et les aéroports italiens et a fini par convaincre les Italiens d’adhérer à la route de la soie. Ce concept qui terrorise les Américains, ne devait pas trop plaire à Emmanuel Macron, représentant pur et dur de l’atlantisme moribond. Et pourtant, arrivé à Nice, en fin stratège militaire qu’il est, Jinping a su trouver les mots et les « sommes » pour séduire Jupiter qu’accompagnait l’Allemande Merkel et l’européiste, Junker.

Bien que la Macronie ait apposé une fin de non-recevoir catégorique au méga-projet « l’Initiative route et ceinture (BRI) », son président avait convié à Paris la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rien que pour avoir un sommet tripartite avec Xi. Cette rencontre a réuni les trois plus puissants personnages de l’Union Européenne face au numéro un chinois.

Des sources proches des pourparlers, citées par Sputnik, affirment que la partie chinoise a tenté de dissuader l’Europe de recourir à des sanctions et que la dynamique sanctionnelle déclenchée par Washington vise avant tout les intérêts européens. Le président chinois a aussi encouragé la France à emboîter le pas à l’Italie dans le cadre de la BRI. Et cet encouragement est passé par d’alléchants contrats auxquels même la Macronie n’a pas pu dire non.

«La Chine et la France ont signé un contrat de 30 milliards d’euros pour la livraison à Pékin de 300 avions Airbus. C’est sans doute le résultat le plus tangible de la visite de Xi Jinping à Paris. Il témoigne de la confiance de la Chine envers Airbus, ce qui est particulièrement important sur fond de problèmes avec les appareils de Boeing et alors que les États-Unis multiplient leurs offensives contre l’industrie aéronautique française en imposant aux pays européens leurs F-14, leurs F-16 ou encore leurs F-35 …

 » Qu’a-t-elle la France à s’obstiner à refuser la perspective particulièrement prometteuse que lui offre la BRI ? La semaine dernière, le président US a porté un nouveau coup dur à l’OTAN en ouvrant grand ses portes au Brésil, un pays qui ne fait pas partie de l’axe transatlantique. La décision a été prise sans consultation avec les membres de l’Alliance dont la France qui s’est toutefois soumise aux exigences militaires des États-Unis. Dans presque tous les dossiers militairo-sécuritaires, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak voire l’Iran, la France de Macron s’est totalement alignée sur Washington pour n’avoir in fine que le mépris et l’irrespect de l’administration US, se demande Hanif Ghafari, interrogé par Press TV.

« Une chose est néanmoins sûre : le départ du Brésil de BRICS se fera rudement ressentir par les puissances qui en font partie. La Chine prépare sa revanche : elle vise le cœur même de l’alliance atlantiste et anticipe la perspective d’un BRICS sans le Brésil. Pékin travaille à remplacer l’Union Européenne par une Union eurasiatique et la France finira, elle aussi par comprendre que ses intérêts résident en Asie et non pas à l’autre côté de l’Atlantique ».


- Source : Pars Today (Iran)

mercredi, 27 mars 2019

Xi Jinping, le VRP 5G des routes de la soie en Europe

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Xi Jinping, le VRP 5G des routes de la soie en Europe

Ex: https://lesobservateurs.ch

Pour le 55e anniversaire des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la France, Xi Jinping n'est pas arrivé à Paris les mains vides.

Sa visite à notamment été l'occasion de signer des contrats pour l’achat de 300 appareils Airbus (290 A320 et 10 A350) pour un montant prix catalogue d’environ 35 milliards d’euros. Mais Xi Jinping n’est pas seulement venu faire des emplettes. Tout d’abord, les milliards de contrats annoncés sont souvent des investissements croisés. Par exemple, Airbus ne se contente pas de vendre des avions à la compagnie étatique China Aviation Supplies Holding Company (CASC), il a aussi signé un contrat avec l’exploitant chinois de satellites 21AT pour coopérer sur le développement de services d’imagerie à haute résolution.

L’armateur français CMA CGM, numéro trois mondial du transport maritime par conteneur, va faire construire par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC), l’un des deux principaux conglomérats publics chinois de construction navale, dix nouveaux porte-conteneurs, pour un montant estimé de 1,2 milliard d’euros. Quant à EDF, l’électricien public devrait investir environ un milliard d’euros dans deux projets de parc éolien en mer de Chine, au large de la province du Jiangsu, au nord de Shanghai, pour une capacité totale de production de plus de 500 mégawatts.

Enfin, deux protocoles sanitaires ont été signés lundi par l’ambassadeur de Chine en France et le ministre français de l’Agriculture, Didier Guillaume. Le premier lève l’embargo sur les volailles et produits de volailles françaises mis en place en décembre 2015 au motif de la grippe aviaire. Le second concerne l’importation par la France de mollusques chinois.

L'Italie brise l'unité du G7 face aux routes de la soie

Le président chinois est aussi venu vendre son projet de routes de la soie à l’Europe. Juste avant de rencontrer Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker et Angela Merkel à Paris dans la perspective du sommet UE-Chine d’avril, Xi Jinping avait commencé sa tournée européenne par l’Italie. A la clé, la signature d’un mémorandum d’accord sur l’initiative chinoise de routes de la soie.

Déjà 29 accords sectoriels ont été signés dans la capitale italienne, et les deux pays auraient déjà des contrats assurés pour sept milliards d’euros, avec la possibilité d’arriver jusqu’à 20 milliards. Lancé en 2013, le projet de Nouvelle route de la Soie, également appelé «la ceinture et la route» vise à établir des liaisons logistiques entre l'Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l'Asie du Sud-Est et la Chine. Il prévoit notamment le financement d'infrastructures terrestres et maritimes pour un montant de plus de 1 000 milliards de dollars, mélangeant investissements publics et privés.

#Apple et #Huawei au cœur de la guerre commerciale entre les #EtatsUnis  et la #Chine 

 https://t.co/VVl2NbavRDpic.twitter.com/VUSyqNYRIL

— RT France (@RTenfrancais) January 4, 2019

Si l’Italie est le premier pays membre du G7 à s’engager dans le gigantesque projet de développement chinois, elle n’est pas le premier Etat européen. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, a accueilli à Budapest, dès 2011, le premier forum économique et commercial Chine-Europe centrale et orientale au format 16+1. Il associe la Chine à 11 pays de l’Union européenne : Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie, ainsi qu’à cinq de leurs voisins extra-communautaires : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Monténegro et la Serbie.

Une emprise économique qui préoccupe Bruxelles

Une emprise économique et unificatrice inquiétante pour les principaux dirigeants européens, qui avaient jusqu’ici tendance à fustiger la tendance des petits Etats membres à faire cavalier seul alors que la Chine leur parlait d’investissements. 

Ainsi, lors d'entretiens avec le président chinois, Emmanuel Macron, évoquant les routes de la soie, a déclaré : «La coopération rapporte plus que la confrontation», avant d'ajouter : «Nous attendons naturellement de nos grands partenaires qu'ils respectent eux aussi l'unité de l'Union européenne comme les valeurs qu'elle porte.»  

«Les Nouvelles routes de la soie sont un projet très important [et] nous, Européens, nous voulons jouer un rôle [mais] cela doit conduire à de la réciprocité et nous avons un peu de mal à la trouver», a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.

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En 2016, la Chine avait fait main basse sur le port du Pirée (Athènes) en prenant, via COSCO, l'un des leaders mondiaux du fret, le contrôle de la société de gestion de ce port européen ouvert sur l’Adriatique, la Méditerranée et, via le détroit du Bosphore, sur la mer Noire. Elle a aussi pris pied dans ceux de Valence et Bilbao en Espagne, et pourrait viser bientôt ceux de Gênes – où elle finance 49% de la construction d’un nouveau terminal pour Cargo – et de Trieste en Italie.

Difficile de reprocher ces investissements qui ont tout l’air d’une prédation alors qu’au plus fort de la crise de la dette grecque, l’Allemagne avait mis la main, via le consortium Fraport AG-Slentel, sur 14 aéroports régionaux et internationaux grecs comme ceux de Corfou ou Santorin.

Entre Rome et Paris, Xi Jinping a aussi fait une halte à Monaco particulièrement symbolique, même si elle n’a duré que quelques heures. La micro-cité Etat est en effet devenue, avec l’aide intéressé du constructeur d’équipements de téléphonie mobile chinois Huawei, le premier pays entièrement équipé en 5G, l’internet de cinquième génération. Une camouflet de plus pour le département d'Etat américain, qui tente de convaincre ses partenaires occidentaux de barrer la route à Huawei dans le domaine de l'équipement de réseaux 5G au nom de la lutte contre l'espionnage. 

Lire aussi : Guerre commerciale : selon Natixis la Chine va dominer les Etats-Unis par sa capacité à investir

Extrait de: Source et auteur

 

vendredi, 22 mars 2019

La Russie face au regime change

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La Russie face au regime change

Ex: http://www.dedefensa.org

D’abord, quelques mots sur l’éditeur du site Dances With Bears, qui pourrait être surnommé “l’homme qui en sait trop sur la Russie”. 

John Helmer est un des plus anciens “correspondants étrangers” couvrant la Russie à Moscou même, depuis 1989. Son statut, en principe de commentateur indépendant, recouvre de nombreuses sources et ramifications, qui font souvent des textes de Helmer (sur son site), outre leur intérêt propre toujours évident, également des rébus ou des puzzles que les initiés peuvent lire au moins “entre les lignes” et entre les sous-entendus. C’est un peu cela qu’on retrouve dans l’annonce par le site Russia Insider (RI), le 10 janvier 2019, de la publication d’un livre de mémoires d’Helmer au titre révélateur des choses qu’on peut révéler et d’autres qu’on ne peut pas révéler : The Man Who Knows Too Much About Russia. Le très court commentaire de RI qui accompagne l’annonce de la publication, en décembre 2018, de ces « fascinants mémoires » est lui-même dans le style rébus à lire “entre les lignes” :

« Ce n’est pas un hasard si, au même moment [où était publié le livre], l’Office for Foreign Assets Control (OFAC) du Trésor américain publiait sa décision de dé-sanctionner les principales sociétés d'Oleg Deripaska, Rusal, EN+ et Eurosibenergo, en les supprimant de la liste publiée huit mois plus tôt.

» Dans l'annonce initiale des sanctions contre Deripaska le 6 avril [2018] par l'OFAC, une tentative de meurtre avait été mentionnée, mais il ne s'agissait pas de la tentative de Deripaska contre Helmer. Hillary Clinton et son adjoint à l'État, William Burns, l’avait dissimulée. Le pot-de-vin d'un million de dollars des Clinton, le complot pour vendre la division Opel de General Motors à Deripaska, l'implication du gouvernement australien dans la tentative d'assassinat contre le journaliste pour protéger un commerce d'alumine de plusieurs milliards de dollars avec Deripaska, tout cela et plus encore se trouvent dans ce livre. »

Il faut savoir que Deripaska, cet oligarque russe extrêmement riche et douteux dont il est question dans la citation, est clairement mentionné par Helmer, dans son texte plus récent du 18 mars 2019 (20 mars 2019 sur RI) que nous publions ci-dessous, comme l’un des soutiens affichés de Alexei Koudrine. Cet Alexei Koudrine, ancien ministre des Finances, est le prétendant affiché d’un regime change à Moscou, si l’on veut le Juan Guaido russe, en un peu plus retors et expérimenté. Il nous semblerait bien, selon notre simple approche logique sans trop chercher les parties immergées de l’iceberg, que le Trésor n’était pas vraiment informé par le département d’État lorsqu’il a établi sa liste de proscrit en avril 2018, et qu’il a rectifié vite fait en décembre, notamment après lecture (ou en avant-lecture) du livre d’Helmer, sans doute sur conseil et reproche du département d’État. Les américanistes, dans les dédales ubuesques et kafkaïens de leur appareil d’occupation hégémonique du monde, sont coutumiers de ces accidents de circulation labyrinthiques.

Si John Helmer est un homme à multiples facettes, il l’est si l’on s’en tient aux textes qu’il publie, – ce qui est pour nous l’essentiel sinon l’exclusif, – essentiellement au service d’une cause sympathique : la lutte constante contre le parti des Atlanticistes, ou Occidentalistes, ou “libéraux” à la mode-salade-russe, qui tentent de déstabiliser Poutine type-regime change, ou de le faire basculer dans une politique d’accommodement complet, c’est-à-dire d’asservissement à peine tempéré vis-à-vis du bloc-BAO (des USA). L’une des têtes de Turc, ou tête de traître de Helmer est bien entendu Koudrine, incontestable leader institutionnel des “libéraux” qui continue son travail de propagande soutenu par des fonds non mentionnés, – sauf ceux du Camarade Deripaska, sanctionné puis précipitamment dé-sanctionné par l’imprudent Trésor washingtonien.

Le texte ci-dessous organise une confrontation informelle entre deux interventions séparées de quelques jours, celle de Koudrine proposant une capitulation à peine dissimulée comme moyen pour la Russie de “discuter” avec les USA, et celle du chef de l’État-major général, le Général Gerasimov, dont nous avons déjà longuement parlé le 5 mars 2019, où il affirme que la Russie est capable de se battre contre les USA sur tous les fronts et de l'emporter, – et que c'est cela qui doit être fait, si nécessaire. Selon notre point de vue et notre façon de voir, Helmer confirme, directement ou indirectement, au moins deux choses :

• La“5èmecolonne” est, en Russie, parfaitement identifiée et l’espèce de liberté à peine surveillée où elle se trouve, puisqu’après tout elle entretient des liens directs avec l’aile libérale du gouvernement (à partir de Medvedev et à “à l’Ouest” de Medvedev [plutôt qu’à gauche ou à droite, difficile de déterminer]), c’est-à-dire la liberté d’action dont elle dispose est à la fois un handicap et un avantage pour le camp souverainiste-nationaliste : un handicap, on comprend pourquoi, mais aussi un avantage parce qu’on peut suivre sans difficultés l’activisme de cette “5èmecolonne” et éviter dans nombre de cas d’être pris par surprise.

• L’antagonisme entre le bloc de la communauté de sécurité nationale, et notamment l’État-major général, et Koudrine est manifeste, et il nous paraît assez probable que cette force pèse d’un poids important sur Poutine pour maintenir la politique russe de sécurité nationale sur une voie de fermeté. Il est vrai que cette conférence de Gerasimov, qu’Helmer interprète comme une réponse à Koudrine, nous paraît constituer un événement important sur la voie de l’affirmation des forces armées et des milieux de sécurité nationale (les “Organes” aussi) dans la politique russe. Ainsi la partie des déclaration de Gerasimov donnant une nouvelle définition de la guerre, et y incluant, pour ce qui regarde les forces armées, les pratiques de regime change et d’“agression douce”, impliquent sans guère de doute que ces forces armées se jugent fondées à considérer que toute action de déstabilisation venant du groupe des “libéraux”-“5èmecolonne” les concerne directement, et qu’elles se jugent compétentes et autorisées, ces forces armées, à agir contre cela.

• Il est certain que les dernières actions militaires, notamment en Syrie, ainsi que l’équipement en armes très puissantes (missiles hypersoniques) qui assurent aux forces armées russes une supériorité stratégique qualitative sur les forces armées US, renforcent considérablement leur position politique dans l'équation du pouvoir à Moscou. Cette nouvelle posture implique une légitimité fortement renforcée de ces forces armées, et donc une plus grande liberté d’action politique.

(Le texte de John Helmer du 18 mars 2019 porte comme titre initial : « Alexei Koudrine propose d'offrir au gouvernement américain la moitié de la Crimée, la moitié du Donbass, la moitié des îles Kouriles, la moitié de la Syrie et la moitié du Venezuela – le général Gerasimov propose de combattre les USA sur tous les fronts ».)

dedefensa.org

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Gerasimov contre Koudrine et sa 5èmecolonne

Alexei Koudrine est le plus ancien candidat au changement de régime au Kremlin qui ne soit ni en prison, ni à l’étranger. « Nous avons besoin d'un environnement mondial amical », a-t-il déclaré lors d'une conférence commerciale à Moscou la semaine dernière. Actuellement président de la Chambre des Comptes, l’organisme de contrôle de l’État, Koudrine a expliqué que cela « n’est pas encore pleinement atteint en raison de désaccords géopolitiques mondiaux et des sanctions. La Russie devrait essayer de réduire ce facteur et d'atténuer les désaccords politiques et les sanctions par le biais de pourparlers et d'autres moyens. »

Le remède de Koudrine, a-t-il ajouté, est que la Russie et les États-Unis « doivent se rencontrer à mi-chemin ». On a demandé à Koudrine de préciser ce qu'il entendait par « à mi-chemin ».

Alexei_Kudrin.jpgKoudrine emploie des porte-parole à la Chambre des Comptes et dans une organisation politique qu’il entretient, le Comité d’Initiative Civile. Cette organisation, créée par Koudrine en 2012 à la suite de sa destitutiondu poste de ministre des Finances, se décrit elle-même comme « uni autour de l'idée de la modernisation du pays et du renforcement des institutions démocratiques ».  Chaque année, le Comité mène des enquêtes sur les conditions régionales, surveille la presse et organise des conférences des organisations politiques qui soutiennent Koudrine.  Le Comité décerne également des prix annuels en argent et une figurine, le Golden Sprout, à des militants locaux sélectionnés. C'est l’organisation permanente de la campagne de Koudrine. Elle ne divulgue pas ses sources de financement sauf pour le cas de Norilsk Nickel, contrôlée par Vladimir Potanine et Oleg Deripaska, à qui elle exprime une “gratitude spéciale”.

On a demandé à M. Koudrine ce qu’il voulait dire par sa référence aux désaccords géopolitiques. Quelle est sa proposition pour l'offre russe dans les pourparlers avec les États-Unis ? Qu'entend-il par « autres moyens » ? Et, concrètement, qu'entend-il par « se rencontrer à mi-chemin » – la moitié de la Crimée donnée à l’ Ukraine ? La moitié de la Syrie affectée à Israël et à la Turquie ? La moitié des îles Kouriles pour le Japon ?

Les bureaux de M. Koudrine à la Chambre et au Comité ont dit qu'il ne répondrait pas par téléphone et ont demandé des courriels. Les questions ont été envoyées. Par téléphone, les deux bureaux ont confirmé avoir reçu les courriels. Mais il n’y a pas eu de réponse de Koudrine.

Il y a un an, alors que M. Koudrine faisait publiquement pression sur le président Vladimir Poutine pour obtenir un poste au sein du nouveau gouvernement doté de pouvoirs spéciaux pour négocier avec les États-Unis, il a présenté un plan qui est une attaque frontale contre le ministère russe de la Défense et son état-major général, avec une réduction du budget militaire, de la capacité de défense et des engagements de la Russie envers la Crimée et le Donbass. On trouvait tous les détails dans des déclarations faites en son nom à un journal de Londres ; Koudrine a évité de le faire lui-même en Russie, pour le public russe. (Pour plus de détails, lisez ceci.)

En mai [2018], alors que sa campagne de promotion politique avait échoué, M. Koudrine s'est rétracté dans un discours à la Douma d’État afin d'obtenir des voix pour confirmer son poste à la Cour des Comptes. (Cliquez ici pour en savoir plus.)  Le vote contre Koudrine a été le plus élevé jamais enregistré contre un candidat à la présidence de la Chambre. Le classement de Koudrine dans les sondages d'opinion nationaux le place dans les dix politiciens les plus suspects et les moins aimés du pays. 

La principale cible de la campagne de Koudrine reste le commandement militaire russe. Le général Valery Gerasimov, chef d'état-major général, a répondu indirectement récemment en donnant un aperçu détaillé de la stratégie russe contre les États-Unis. Son discours intitulé « Vecteurs du développement de la stratégie militaire » a été prononcé à l'Académie des sciences militaires. (Le texte intégral peut être lu en russe ici et en anglais ici.) 

Gerasimov a identifié « les États-Unis et leurs alliés » comme étant engagés dans une guerre permanente de tous types, « Ils travaillent à des actions militaires offensives, telles que des frappes mondiales, une capacité de bataille dans plusieurs sphères, et également l’utilisation des techniques dite des ‘révolutions de couleur’ et de la guerre de communicationIls cherchent à éliminer les structures étatiques de ces pays qu’ils jugent hostiles, à saper leur souveraineté, à changer les organes légalement élus du pouvoir politique. C’était le cas en Irak, en Libye et en Ukraine. C’est actuellement le cas dans le processus en cours au Venezuela... Les résultats obtenus en Syrie nous ont permis d’identifier l’orientation à suivre pour l’utilisation des Forces armées dans le cadre de l’exécution des tâches de protection et de promotion des intérêts nationaux à l'extérieur du territoire national. »

C'est la première fois que l'État-major russe identifie explicitement le Venezuela aux côtés de l'Ukraine et de la Syrie comme une cible de la guerre américaine à laquelle il est dans l'intérêt stratégique de la Russie de s'opposer.

Gerasimov avait eu aussi un mot spécialement pour Koudrine. Dans son discours, Koudrine avait ignoré les militaires dans son idée d'un gouvernement russe coordonné. « Si le système d'application de la loi fonctionne selon son propre plan, alors que les institutions internationales et le ministère des Affaires étrangères agissent seuls et que le ministère du Développement économique essaie d'augmenter le taux de croissance de l’économie à la moyenne mondiale, alors exactement rien ne se passe. Ce devrait être une seule équipe, chacun devrait travailler pour un seul but commun. Toutes les agences gouvernementales devraient synchroniser leurs actions, y compris sous la forme d'un dialogue et d’une conciliation des tâches pour améliorer le climat d’investissement. »

La réponse de Gerasimov : « Le Pentagone a commencé à développer une stratégie de guerre fondamentalement nouvelle, qui a déjà été surnommée ‘Cheval de Troie’. Son essence réside dans l'utilisation active du potentiel de protestation de la ‘cinquième colonne’ pour déstabiliser une situation tout en attaquant les installations les plus importantes avec des armes de haute précision. »

La coordination des ressources de défense de la Russie, selon l'état-major général, exige que les mesures visant à contrer les sanctions économiques américaines, les médias et les cyber-opérations contre la Russie et ses alliés, y compris la subversion intérieure, soient dirigées par l'état-major général. 

« Je tiens à souligner, a déclaré Gerasimov, que la Fédération de Russie est prête à faire face à toutes les nouvelles stratégies : ces dernières années, des scientifiques militaires [russes], en collaboration avec l'état-major général, ont mis au point des approches conceptuelles pour neutraliser les actes d'agression des opposants potentiels. Le domaine de recherche de la stratégie militaire est la lutte armée, son niveau stratégique. Avec l'émergence de nouvelles zones d'affrontement dans les conflits modernes, les méthodes de lutte évoluent de plus en plus vers l'application intégrée de mesures politiques, économiques, d'information et autres mesures non militaires, mises en œuvre avec le soutien de la force militaire. »

La coordination des ressources de défense de la Russie, selon l'état-major général, exige que les mesures visant à contrer les sanctions économiques américaines, les médias et les cyber-opérations contre la Russie et ses alliés, y compris la subversion intérieure, soient dirigées par l'état-major général. 

John Helmer