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mercredi, 30 septembre 2015

Perché Putin ha vinto il duello con Obama all’Onu

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Perché Putin ha vinto il duello con Obama all’Onu

Il presidente russo ha diviso l'Europa dagli Usa e ha messo in secondo piano la crisi ucraina

di Eugenio Cipolla

Ex: http://www.lantidiplomatico.it

«Il colloquio con Obama è stato sorprendentemente franco, costruttivo. Possiamo lavorare insieme. Eventi come questi sono utili, informali e produttivi». Vladimir Putin ha scelto queste parole, chiaramente di cortesia, per commentare il vertice con il presidente Usa Barack Obama, a margine dell’Assemblea generale delle Nazioni Unite. Novantacinque minuti di incontro a porte chiuse che hanno sancito la vittoria del leader del Cremlino sull’ex senatore dell’Illinois, mai percepito così debole e senza idee dall’inizio del suo secondo mandato. Non sono le opinioni di un tifoso, ma la constatazione della realtà, fatta di alcune considerazioni importanti dalle quali non si può prescindere per fare un’analisi seria dello scontro tra Mosca e Washington sulla crisi siriana e la guerra in Ucraina, le due spine più dolorose nei rapporti diplomatici tra i due paesi.
 
Stamattina diversi quotidiani italiani e internazionali parlavano di un avvicinamento, di un accordo, di una strategia comune tra i due dopo mesi di gelo e silenzio. Non è così. Non lo è per il semplice fatto che, al di là dei retroscena giornalistici, non è stato messo nero su bianco proprio nulla. E questo concede a Putin il vantaggio di poter continuare a proteggere l’alleato Assad, fornendo protezione diplomatica, armi e truppe. In sostanza si andrà avanti come prima, ognuno per conto proprio, ognuno con la sola preoccupazione di non creare incidenti tra le due superpotenze. Insomma, non è cambiato nulla e questo agli occhi dei russi è una cosa positiva, perché il loro presidente è uscito dalla trincea, ha sfidato il mondo intero e non si è fatto piegare dalla politica espansionistica dell’occidente, dal minaccioso Obama, difendendo gli interessi nazionali della propria gente. Al contrario, per gli americani questo nulla di fatto è un duro colpo, una sconfitta bruciante per un presidente, Obama, che in vista delle prossime presidenziali ha poco e nulla da dare.
 
Geopoliticamente, poi, il “capolavoro” di Putin è piuttosto evidente. Gli Usa, dopo le cosiddette “Primavere arabe”, hanno lasciato in Medio Oriente un vuoto che il presidente russo si è deciso ad occupare con astuzia, aumentando la propria influenza su una regione strategica. Così, oltre la Siria, considerato un vitale avamposto per impedire l’avanzata “imperialista” degli Usa, Putin si sta premurando di stringere accordi e rapporti con i maggiori paesi di quell’area, come Egitto, Iran, Turchia, Arabia Saudita, continuando peraltro a gridare al mondo che Isis e religione musulmana sono due cose distinte e separate, che il vero Islam è altra cosa (in Russia ci sono oltre 20 milioni di musulmani e questo rappresenta anche un messaggio in chiave elettorale con il fine di allargare il proprio gradimento tra i cittadini russi).
 
Ma il vero scacco matto è stato un altro. Anzi, sono due in realtà. Il primo è l’aver diviso l’Europa dagli Usa, con i capi di stato del vecchio continente, a parte l’eccezione francese, molto più disposti a questo punto a tenersi Assad pur di mettere fine all’immensa ondata migratoria che sta investendo l’Ue. Il secondo, invece, è l’aver messo in secondo piano la crisi ucraina, riuscendo de facto a congelarla, dimostrando di essere lui a muovere i fili della politica e della diplomazia in quello che considera il giardino di casa sua. 

dimanche, 27 septembre 2015

Un rapport secret Américain montre que Obama a soutenu l’Etat islamique contre Bachar

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Un rapport secret Américain montre que Obama a soutenu l’Etat islamique contre Bachar

par Sylvia Bourdon

Ex: http://fr.awdnews.com

Un rapport secret Américain, montre que l’Occident observait déjà, depuis 2012 l’émergence de l’Etat Islamique. Malgré cela, les Américains ont laissé faire. Ils virent une chance de déstabiliser Bachar pour le faire tomber. Ce document témoigne d’une erreur politique majeure, dont découle ce tsunami migratoire vers l’Europe et une considérable restriction des libertés des citoyens et de leurs droits fondamentaux.

L’opinion publique Occidentale observait avec un immense étonnement, en été 2014, la naissance de l’Etat Islamique surgir du néant. Malgré les observations d’un grand nombre de services secrets, personne n’arrivait à expliquer, comment des troupes d’islamistes radicaux, extrêmement bien équipés en armement, purent devenir du jour au lendemain, la plus grande menace pour la paix mondiale. Dès lors, il ne se passe plus un jour qui ne prouve, que les soldats d’Allah sont devenus le plus grand danger pour l’Europe. Les droits des citoyens en Europe, comme aux Etats Unis ont été considérablement réduits et les musulmans sont depuis soumis à toutes les suspicions. La situation en Syrie va de mal en pis. Des milliers de Syriens viennent se réfugier en Europe, où leur sont opposés méfiance et rejet. Dans les discussions actuelles sur le dossier « réfugiés », on « réfléchit » sur ces vagues de réfugiés pour étudier, comment arrêter ces flux sur place.

Concernant la Syrie et la Libye, les suggestions restent dans le vague, ce qui donne l’impression que, dans le fond, on ne peut rien faire. Les guerres existent depuis toujours et partout. L’UE envoie des navires de guerre en Méditerranée, pour tirer sur les bateaux des « réfugiés » malgré les avertissements des organisations humanitaires. En même temps, les grands Etats Européens, comme l’Angleterre, la France, la Pologne ou l’Espagne refusent d’accueillir plus de réfugiés.

Désormais, des documents ont fait surface, qui démontrent, que toutes ces calamités auraient pu être vraisemblablement évitées. Un mélange d’incompétence, de cynisme et de froids calculs de pouvoirs, auraient conduit à cette situation devenue hors contrôle par la fondation de l’Etat Islamique.

L’observatoire Américain « Judicial Watch » vient de publier une partie d’un rapport « déclassé » du Service Secret Américain de la Défense, la Defense Intelligence Agency (DIA). De ce rapport ressort que, dès 2012, la DIA possédait des données qui démontraient la formation de l’Etat Islamique au Moyen Orient. Selon le rapport, des groupes d’opposition Syrienne ambitionnaient un tel Etat, comme une arme efficace pour faire tomber le Président Bachar El Assad. Cependant, les services secrets Américains n’auraient pas empêché ce projet. Bien au contraire, ils y voyaient une chance d’y imposer leurs propres intérêts aux Moyen Orient. Le but essentiel, en 2012 étant la chute d’Assad.

Le journaliste d’investigation, Nafeez Ahmed, qui collaborait au Guardian et aujourd’hui au magazine US, Vice, publie sur leur site web une analyse sans illusion sur le développement de la situation. Il affirme que les Etats Occidentaux, en coordination avec les pays du Golfe et la Turquie, financèrent en toute conscience ces groupes islamistes violents aux fins de déstabiliser Assad, tout en anticipant la création de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie. Au lieu d’arrêter leur soutien à ces groupes, dont la proximité avec Al Qaida était connue, Washington et les autres capitales Européennes ont persisté à regarder ce développement comme positif.

Ahmed rapporte :

« De ce document déclassé US, découle clairement que le Pentagone, prévoyait l’émergence de l’Etat Islamique, comme suite directe de leur stratégie. Le Pentagone décrit cette possibilité, comme une chance stratégique pour déstabiliser le régime Syrien. »

Cette stratégie fait suite, selon le « Middle East Eye » aux réflexions de la RAND Corporation, qui avait déjà, il y a des années, recommandé de monter les unes contre les autres, les différentes croyances musulmanes. Si les chiites et les sunnites se combattent, cela augmenterait les possibilités d’influence dans la région. La stratégie « divide et impera », diviser pour mieux régner est devenue partie intégrante de toutes les activités politiques.

Ahmed, qui est un journaliste de sérieuse réputation, dont les analyses solides reposent sur des entretiens avec un grand nombre de spécialistes militaires et services secrets, estime comme « hypocrite », lorsque l’Occident déclare vouloir mener la guerre à l’Etat Islamique. Il désigne la signification géostratégique du conflit, comme une guerre de substitution. Les précurseurs de l’Etat Islamique auraient reçu des fonds et des armes de l’Occident, comme indiqué dans le rapport : « L’Occident, les pays du Golfe et la Turquie doivent soutenir l’opposition Syrienne, pendant que la Russie, la Chine et l’Iran soutiennent le régime Assad. De ce rapport secret est mis en exergue, que tous les services secrets Américains, étaient au courant, comme le Ministère de la Défense, le Secrétariat d’Etat, ainsi que les alliés Occidentaux. Est-ce que l’Allemagne étant informée des projets des islamistes, ne ressort pas directement des documents. Cependant, aux vues de cette large coalition contre l’EI, on peut le supposer.

L’émergence de l’Etat Islamique a mis en place de nouvelles dispositions de lutte contre le terrorisme, comme la surveillance de masse et le devoir « Orwellien » de dénonciation.  Ce que le gouvernement Américain et les gouvernements Européens traduisent en censure des médias, la scrutation d’activistes, de journalistes et des minorités ethniques, en particulier les musulmans. Mais, ce rapport du Pentagone dévoile, contrairement à ce que déclarent les gouvernements Européens, que la menace a bien été provoquée par leurs funestes erreurs politiques qui ont consisté à avoir soutenu secrètement la terreur islamique, pour des raisons de géopolitique douteuses.

Sylvia Bourdon

samedi, 26 septembre 2015

Vague de migrants en Europe: vers la piste américaine?

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Vague de migrants en Europe: vers la piste américaine?

Ex: http://fr.sputniknews.com

Au cours du mois d’août 2015, alors que la crise des migrants s’est mise à faire la une de la majorité du flux médiatique global, une bien étonnante nouvelle est apparue entre les milliers de lignes d’actualité.

Selon le magazine autrichien Direkt, auquel un membre des services de renseignement militaires autrichiens se serait confié, "les services secrets autrichiens disposeraient d'informations démontrant l'implication d'organisations ayant créé un système destiné à favoriser la dynamique migratoire que l'Europe subit".

Reprise uniquement sur différents médias non-alignés, cette information avait jusqu'alors paru fantaisiste et surtout relever d'une tendance complotiste américanophobe. Pourtant, peu à peu, Internet a fait son travail et la marée montante d'informations a permis aux commentateurs attentifs ici et là de commencer à récupérer et mettre en lien des informations plus que surprenantes et pour le moins inattendues.

Il y a tout d'abord eu l'apparition publique de cette galaxie d'ONG d'extrême gauche à l'ADN majoritairement allemand, ONG qui ont déployé une énergie considérable à faire absorber de force ce flux humain dont plus personne ne connaît réellement aujourd'hui la réelle dimension, mais dont tout le monde peut constater à quel point il est de densité suffisante pour avoir mis à mal la vie sans frontières des vieilles nations européennes.

Les Allemands ne sont cependant pas les seuls coupables de cette collaboration envers des migrants qui sont en majorité des migrants économiques dont on comprend bien qu'il sera difficile de les inciter à repartir en Libye, Irak ou Somalie après avoir eu un aperçu même sommaire et brutal de la vie en Scandinavie, France ou Allemagne. De nombreux projets croisés et transnationaux ont commencé à voir le jour, comme par exemple l'association franco-allemande SOSMEDITERRANNEE qui bénéficie notamment de subventions de BNP Paribas afin de "sauver des migrants et les accompagner vers les dispositifs d'information et d'assistance aux migrants sur le territoire européen" (Source).

Ne faudrait-il pas plutôt commencer par prévenir le suicide chez nos agriculteurs ou nos petits artisans, aider nos jeunes femmes dans le besoin (les futures mères européennes), parfois contraintes de se prostituer pour payer leurs études, ou tout simplement s'occuper des dizaines de milliers de SDF qui jalonnent les rues des villes européennes?

Cette affaire européenne n'en est peut-être pas une.

Il y a d'abord cette surprenante nouvelle qui tombe à point nommé, à savoir la naissance en Grande-Bretagne d'un nouveau type d'établissement financier destiné aux étrangers et aux migrants et leur permettant d'ouvrir un compte en ligne en s'épargnant les habituelles tracasseries administratives.

Il y a ensuite cette analyse minutieuse faite par Vladimir Shapak. Vladimir Shapak est le créateur d'une application du nom de Scai4Twi permettant l'analyse de l'ADN d'un Tweet, à savoir son contenu et son origine territoriale. L'analyse de plus de 19.000 tweets liés à la thématique des "migrants" a ainsi permis de tirer des conclusions bien étonnantes. Tout d'abord, 93% des tweets émis contenaient des informations positives sur l'Allemagne et l'Autriche, et 76% contenaient des hashtags #RefugeesWelcome+Germany, alors que seuls 6% de ces messages étaient émis d'Allemagne, 36% de sources géo-localisées en Angleterre et en Amérique, parmi lesquelles de nombreux éminents médias américains ou responsables d'ONG américaines dont le trafic de tweets a été particulièrement important, comme on peut le constater ici.

Plus étonnant encore, les liens forts discrets mais surprenants qui entourent la puissante association allemande Fluchthelfer. Fluchthelfer est un site militant appelant les citoyens européens à devenir des "agents d'évasions" en covoiturant des migrants de façon citoyenne et discrète lors de leur déplacements en Europe ou de leur retour de vacances en zones frontalières, telles l'Italie ou la Grèce. En clair, à devenir des passeurs et des trafiquants d'êtres humains et en violant la loi, comme le démontre leur vidéo de promo dans lequel on peut voir de bons vieux Allemands transporter un jeune homme visiblement originaire d'Afrique en lui faisant traverser les inexistantes frontières du dispositif Schengen.

Au cours du mois d'août 2015, des blogueurs se sont intéressés à Fluchthelfer pour découvrir que le nom de l'association avait été déposé, sur Internet, par une puissante structure américaine: l'institut Ayn-Rand, ultra libertaire sur le plan sociétal et dont le conseil d'administration est composé autant d'anciens membres de Goldman Sachs que de membres du Cato Institute, ce dernier prônant également "les libertés individuelles, un gouvernement réduit, les libertés économiques et la paix". Depuis ces "fuites", en juillet et août, le nom de domaine Fluchthelfer a été déposé (le 1er septembre) par un hypothétique Escape Institute dont le titulaire, s'affichant sous le nom de "Paul Ribbeck", utilise un anonymiseur internet au logo rouge et noir. Ce même Paul Ribbeck prétend fournir "des outils de communication informatique pour les personnes et les groupes qui militent en faveur d'un changement social libérateur".

Fluchthelfer a été initié en Allemagne par le collectif PENG qui, parallèlement à son activisme Internet et sociétal, coopère avec des groupes libertaires tels que, par exemple, les Pussy Riot ou encore Voïna. Les lecteurs souhaitant en savoir plus sur ces associations et leurs activités peuvent consulter cet article qui recense leurs faits les plus glorieux.

Sans surprise, les liens entre les réseaux américains et européens afin de favoriser, aider et même soutenir cette poussée migratoire sont de moins en moins secrets, et c'est l'Open Society de Georges Soros qui affirme sur son site soutenir « les associations oeuvrant à apporter des solutions relatives à la sécurité et au bien entre migrants légaux et illégaux ».

Bref, une destruction des Etats européens et des identités assistée des forces les plus destructrices de la planète, car pendant que les activistes européens travaillent à leur auto-destruction ainsi qu'à celle des leurs, l'Etat islamique, lui, infiltre les colonnes de faux refugiés. Dans le même temps, cette grande démocratie qu'est le Qatar et qui soutient le terrorisme en Syrie vient d'acheter et d'imposer des places pour migrants à La Sorbonne, complétant sur le plan financier une invasion imposée a l'Europe et aux Européens qui devrait finir par amener la Guerre globale sur le continent européen.

Voilà donc un scénario imposé par des réseaux globaux, qu'ils soient libertaires capitalistes, gaucho-libertaires ou islamiques radicaux, et dont l'objectif, de la Californie à Berlin en passant par Paris, Bruxelles, Raqqa ou Doha, reste le même: la destruction des Etats européens.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

vendredi, 25 septembre 2015

Attaques systémiques US contre la politique pro-russe de l’Allemagne

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Migrants, Volkswagen, Euro, Ukraine : attaques systémiques US contre la politique pro-russe de l’Allemagne

Les Etats-Unis ont lancé une campagne stratégique d’affaiblissement de leur vassal allemand dont ils craignent l’émancipation progressive au profit d’une politique de coopération euro-russe. La crise ukrainienne, la crise de l’euro, la crise migratoire ou le scandale industriel autour de Volkswagen sont autant d’offensives concentriques contre Berlin dont la politique pro-russe menace l’hégémonie américaine en Europe.

Comprendre la stratégie US

Washington est fidèle à la ligne stratégique anglo-saxonne : diviser pour régner d’une part, maintenir ses alliés dans un état de faiblesse structurelle d’autre part.

Pour les Etats-Unis, la seule alliance capable de menacer l’hégémonie américaine sur le monde serait celle formée par le bloc Union Européenne / Union Eurasiatique. Les USA s’inspirent de la stratégie arrêtée par le général polonais de l’entre-deux guerres, Josef Pilsudski.

En tant que Polonais, le général Pilsudski devait penser la position géopolitique de son pays avec à l’esprit que ce dernier était sous la menace constante de la Russie. Aussi conceptualisa-t-il deux axes stratégiques à mettre en oeuvre par la Pologne pour neutraliser l’empire eurasiatique.

Premièrement, le général estimait qu’il fallait priver la Russie de ses territoires non-russes. Il percevait à juste raison que la Russie cherchait fondamental à acquérir et maintenir une profondeur stratégique en associant, généralement de force, des territoires susceptibles de protéger le coeur de la Russie européenne. Sans sa ceinture caucasienne, centre-asiatique ou européenne, la Russie devient fragile, faible et cesse d’être une menace. En conséquence, le général Pilsudski soutenait les efforts d’autodétermination des peuples périphériques de l’empire russe.

Cette politique est aujourd’hui soutenue par les USA, notamment dans le Caucase où ils agitent le séparatisme et l’islamisme radical, ainsi qu’en Géorgie et en Ukraine. L’utilisation de l’islamisme radical comme moyen de déstabilisation des périphéries russes a été mise en oeuvre en Afghanistan pour la première fois, sous la direction du stratège d’origine polonaise Zbigniew Brzeziński. C’est là que la CIA armera les moudjahidines afghans et arabes, dont Ousama Ben Laden (“Opération Cyclone”).

Deuxièmement, Pilsudski entrevoyait la constitution d’un vaste complexe d’états d’Europe de l’Est qui, alliés les uns aux autres, seraient en mesure de contenir la Russie. Il devait inclure la Finlande, les Pays Scandinaves, les Pays Baltes, la Pologne, l’Europe Centrale, les Balkans, l’Italie et la Grèce. Soit, pour ainsi, la moitié Est du continent. Ce qu’il appelait l’intermarium, ou “l’entre-mers”, en référence à la jonction de ces états devant s’établir des mers polaires à la Mer Noire.

Les USA ont globalement repris cette idée et ont entrepris de constituer un bloc entre l’Europe de l’Ouest et la Russie, sous l’égide de l’Otan dont le rôle consiste à empêcher la jonction stratégique entre l’Allemagne et la Russie. A cet effet, la Slovaquie, la Hongrie et la Tchéquie, sous l’égide de la Pologne, ont décidé de former un groupe de combat dit de “Visegrad” auquel est associé l’Ukraine. Il doit entrer en service en 2016 et est explicitement tourné contre la Russie.

La réaction allemande

L’Allemagne a essayé de contenir cette entreprise dont le déclenchement véritable remonte au coup d’état du 22 février 2014 à Kiev. Angela Merkel a ainsi refusé de soutenir la constitution du rempart oriental inspiré par le projet de Pilsudski sous l’égide de l’OTAN. C’est pourquoi l’Allemagne, en août 2014, refusa de participer au renforcement militaire de l’Alliance Atlantique dans les Pays Baltes (lire ici).

Ce premier développement en préfigurait un second lorsque Berlin négocia avec Moscou le règlement de la crise ukrainienne lors des accords de “Minsk 2″.

Cette rébellion allemande manifeste contre le projet anglo-américain dans la région fut parfaitement illustrée par la réaction de colère de Joe Biden, vice-président des USA, lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Cette attitude faisait suite au véto allemande sur la livraison d’armes à l’Ukraine. Décision prise afin d’empêcher les USA de créer ex-nihilo un conflit à même de justifier par contrecoup la constitution d’un rempart antirusse.

Face à ce dangereux précédent, les USA ont entrepris de fragiliser l’Allemagne en compromettant ses outils de puissance au sein de l’Union Européenne. Car ce sont eux qui permettent à Berlin d’inspirer à l’UE un positionnement pacifiste vis-à-vis de la Russie. En isolant l’Allemagne, les USA entendent créer entre l’Europe de l’Ouest et la Russie une “Troisième Europe”, directement placée sous commandement américain via l’OTAN et la Pologne.

Première attaque : l’Euro

Pour parvenir à brider le leadership allemand au sein de l’UE, les USA ont décidé de frapper ce qui fonde cette influence : son économie. C’est parce que l’Allemagne est garante financièrement des membres de l’eurozone que celle-ci est mesure de les convaincre, sur d’autres dossiers, d’adopter un positionnement plus “tempéré” sur la question russe.

Les USA ne veulent pas “détruire l’Euro” mais le fragiliser suffisamment pour qu’il soit un levier de pression sur Berlin. Washington a donc entrepris, dès 2013, d’utiliser l’extrême-gauche grecque dans ce plan. Le ministère des Finances américain a ainsi bruyamment pris le parti de Tsipras lors des négociations autour d’un nouveau plan de sauvetage de la Grèce.

En février 2015, le représentant du ministère des Finances US, Daleep Singh, se rendit à Athènes pour aider le gouvernement d’extrême-gauche à affronter Berlin. Fait révélateur, Singh est un ancien membre de la banque juive américaine Goldman Sachs.

Autre fait révélateur, Alexis Tsipras a choisi la banque juive Lazard, détenue par Mathieu Pigasse – propriétaire du journal Le Monde – pour “restructurer la dette grecque”. C’est-à-dire négocier avec les prêteurs nord-européens du pays. La banque Lazard est liée au gouvernement américain puisqu’elle a restructuré les dettes des pays conquis par les USA comme l’Irak, l’Ukraine.

Cependant Berlin n’a pas cédé. Depuis le gouvernement d’extrême-gauche s’est rallié au programme allemand et cherche en Russie un appui géopolitique. Ce qui n’était absolument pas anticipé par les USA. Ainsi, Athènes a accepté de participer au projet de gazoduc euro-russe devant transiter par la Turquie afin de contourner l’Ukraine. Ce qui a suscité la colère de Washington (lire ici). Révélateur également, le refus récent d’Athènes d’obtempérer aux exigences des USA qui appelait la Grèce à fermer son espace aérien aux vols russes à destination de la Syrie alors que Moscou y envoie un corps expéditionnaire massif.

La crise de l’Euro s’est depuis calmée, du moins temporairement. Mais l’attaque contre la zone euro – donc contre l’économie allemande et sa zone de libre-échange – fut forte. Si Berlin a pu endiguer cet effort américain, le flanc sud de l’UE est fragilisé.

Deuxième attaque : Schengen

L’Allemagne était dans le même temps déjà la cible d’un flux massif d’immigrés musulmans en provenance de divers pays musulmans, dont l’Afghanistan. Cet afflux soudain vise explicitement l’Allemagne.

On a pu relever la présence d’organisations – telle IsraAID – qui sous couvert d’aide humanitaire fournissent aux migrants extra-européens des cartes avec les informations requises pour pénétrer en Europe. Des membres de cette organisation jouaient même le rôle de guide.

Une information émanant du renseignement militaire autrichien affirme par ailleurs que des “organisations américaines” financent les passeurs.

La réaction du gouvernement allemand, par la voix de la chancelière Angela Merkel, a traduit une déstabilisation évidente : celui-ci, dans les premiers jours, s’est engagé à accueillir “sans limite” les clandestins. Ce qui s’est avéré matériellement impossible. Puis, après une semaine, les organismes de sécurité de l’Etat Allemand ont littéralement dépossédé Angela Merkel du dossier.

Horst Seehofer, leader de la CSU bavaroise – parti allié à la CDU au pouvoir – a exigé l’adoption d’une politique “réaliste” en fermant la frontière avec la Hongrie. Ce retournement brutal a entraîné la suspension des accords de libre-échange de Schengen en Slovaquie, en Autriche, en Allemagne, en Hongrie.

Là encore, et comme dans le cas de la crise grecque, la crise migratoire a compromis la zone de libre circulation dont a besoin l’Allemagne.

Fait remarquable, les pays qui ont mené la fronde contre la volonté de Berlin – pour garantir Schengen – de répartir partout les immigrés musulmans sont les 4 pays du groupe de Visegrad. La Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie et la Pologne. La Finlande a également fait valoir son soutien ainsi que les Pays Baltes. Très concrètement, la crise migratoire renforce la fracture entre la “Troisième Europe” et l’Europe de l’Ouest. Si cela affaiblit la cohérence de l’UE sous direction allemande, cela renforce objectivement la stratégie américaine évoquée plus haut.

Troisième attaque : l’industrie allemande

Après l’attaque contre l’Euro et Schengen, bases de la zone de libre-échange qui fait la force de l’industrie allemande, c’est cette dernière qui a été directement visée.

Le “scandale” ciblant Wolkswagen récemment n’est pas fortuit. Il cible un symbole de la puissante industrie allemande qui permet aujourd’hui à Berlin de contenir le bellicisme américain en Europe. Est-ce un hasard si les “révélations” concernant le groupe automobile ont été produite par une ONG américaine ?

L’International Council for Clean Transportation est financée par deux fondations californiennes : William and Flora Hewlett Foundation et David and Lucile Packard Foundation. Elles appartiennent aux fondateurs de la marque d’ordinateur Hewlett Packard.

Ces deux fondations alimentent en fonds la fondation Climateworks qui soutient l’ICCT à l’origine des “révélations”. La William and Flora Hewlett Foundation est liée au Council of Foreign Relations (CFR), un des organismes décisionnels de l’oligarchie atlantique qui définit la politique étrangère des USA et de leurs alliés (source). Elle finance également le groupe de réflexion Pacific Council, une succursale du CFR.

On notera qu’appartient au Pacific Council, l’ancien ambassadeur des USA en France, le juif Charles Rivkin. Ce dernier est l’artisan de la mise en oeuvre du multiculturalisme à tous les niveaux en France, essentiellement au profit de l’immigration musulmane.

Le résultat de cette opération de déstabilisation d’un des fleurons de l’industrie allemande est sans appel : l’action du groupe automobile a perdu, en 3 jours, 25 milliards de dollars. Il est probable, au passage, que la finance judéo-américaine – dûment informée de l’imminence de la médiatisation du “scandale” – en ait profité pour spéculer sur le cours du titre.

L’attitude allemande sur le dossier syrien

Quoiqu’il en soit, l’Allemagne continue de tendre la main à la Russie. Alors que Moscou est en train de détruire toute la stratégie américaine en Syrie comme nous en parlions avant-hier, le président de la CSU – Horst Seehofer – a clairement soutenu le plan que Vladimir Poutine entend présenter à l’ONU le 30 septembre :

“Nous avons besoin d’une initiative diplomatique conjointe des Nations unies avec la participation de la Russie, des Etats-Unis, de l’Union européenne et des puissances régionales”, a-t-il indiqué, citant à titre d’exemple les négociations sur le dossier nucléaire iranien.

Une position radicalement différente de celle de la diplomatie américaine qui condamne l’intervention russe.

Plus globalement, l’Allemagne soutient l’implication de la Russie dans une campagne contre l’Etat Islamique. De la sorte, et malgré des réticences formelles quant au projet russe pour l’avenir du gouvernement syrien, Berlin entend en profiter pour permettre à Moscou d’être considéré comme un partenaire incontournable de l’Europe.

Ce qui contrarie le plan américain d’isolement de la Russie et de neutralisation de toute coordination stratégique germano-russe.

Source : http://breizatao.com/2015/09/23/migrants-volkswagen-euro-ukraine-attaques-systemiques-us-contre-la-politique-pro-russe-de-lallemagne/

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Syrie: Des intérêts coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France à la protection de l’approvisionnement en matières premières pour les USA

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Syrie: Des intérêts coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France à la protection de l’approvisionnement en matières premières pour les USA

Interview de Karin Leukefeld*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Dans les médias, on parle déjà d’une migration moderne des populations. De même, on débat de la responsabilité des soi-disant bandes de passeurs pour le transport de réfugiés qu’on soupçonne être des criminels ou sinon des migrants économiques aisés. Les vraies causes de la misère de masse des réfugiés ne sont guère étudiées. La correspondante en Syrie, Karin Leukefeld, décrit dans une interview accordée à Jens Wernicke, la situation d’une guerre économique par procuration détruisant de plus en plus l’Etat syrien, affamant la population et provoquant la fuite de 11 millions de Syriens.


Jens Wernicke: A ma connaissance, vous êtes la seule journaliste allemande, à part Jürgen Todenhöfer, qui se trouve réellement sur place au Moyen Orient, qui discute avec les gens concernés et qui en tire des analyses qualifiées sans que ce soient des stéréotypes. En ce moment, vous revenez d’un voyage en Syrie. Quelle est la situation sur place?

Karin Leukefeld: Cela dépend où on se trouve en Syrie. Dans la région côtière, c’est calme. Il y a même des Syriens vivant actuellement en Europe, qui s’y rendent pour y passer leurs vacances et retrouver leurs familles. Cependant, on y trouve de nombreux déplacés internes, donc l’espace libre se fait rare partout.

A Idlib, une province limitrophe de la région côtière, ce trouvent l’«Armée de la conquête» et le Front al-Nusra. Des dizaines de milliers de personnes se sont enfuies, certains villages sont assiégés. A Alep, la situation est très sérieuse. C’est la guerre entre divers groupes armés et l’armée syrienne. De grandes parties de la ville sont détruites, l’approvisionnement en eau et en courant est souvent interrompu, les denrées alimentaires sont très chères, là où on en trouve. Des groupes armés tirent des grenades de mortier, des missiles et des projectiles fabriqués par eux-mêmes en direction des quartiers habités et l’armée syrienne riposte.
A l’est d’Alep, il y a des régions contrôlées par les Kurdes, d’autres sont contrôlées par l’«Etat islamique en Irak et au Levant» auto-proclamé (EI). Là, on est en grande insécurité, les fronts changent quotidiennement, les forces aériennes syriennes et l’«Alliance anti-EI», dirigée par les Etats-Unis, effectuent leurs attaques. Depuis peu, les forces aériennes turques effectuent également des raids. Elles attaquent les positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak. Dans le nord de la Syrie, elles attaquent les régions contrôlées par les Kurdes syriens. L’attaque est menée sous le mot d’ordre «lutte contre l’‹Etat islamique›». Au nord d’Alep, les Etats-Unis et la Turquie veulent imposer une «zone de protection». C’est une mesure militaire à l’intérieur du territoire syrien exigeant la permission du Conseil de sécurité de l’ONU. Puisque celle-ci n’existe pas, il s’agit donc d’une attaque contre un Etat souverain et d’une violation du droit international.
Les régions habitées de la province centrale de Homs sont contrôlées par le gouvernement syrien et l’armée. Les zones désertiques, s’étendant de l’est jusqu’à la frontière avec l’Irak ne sont pas sûres. La situation à Tadmur, une ville moderne, proche de Palmyre, n’est pas claire. Dans le cloître de Deir Mar Elian, que j’ai souvent visité, le prêtre Jacques Mourad et un autre religieux ont été kidnappés. On n’a aucune trace d’eux. Entretemps, les habitants de Qaryatayn et de Sadat, dont une grande partie sont des chrétiens, ont été chassés par l’Etat islamique.
A Damas, 7 millions de personnes ont trouvé refuge; ce sont des réfugiés internes, venant de toutes les parties du pays. La situation est assez calme, l’électricité et l’eau manquent, de la banlieue de Damas, où se trouvent les bases du Front islamique et d’al-Nusra on tire souvent sur la ville. L’armée syrienne riposte.
A Sweida, où habitent les Druses et les chrétiens, la situation est encore calme. J’y vais chaque fois que je suis en Syrie. Deraa et le Golan, à la frontière israélienne, sont toujours disputés. Actuellement, une grande bataille pour Zabadani, située à la frontière libanaise, est en cours. Là, se trouve un quartier général des groupes armés combattant aux alentours de Damas. L’armée syrienne et le Hezbollah libanais, luttant en commun, veulent reconquérir cette base stratégiquement importante pour ces combattants.
La vie est chère. La livre syrienne n’a plus qu’un cinquième de son pouvoir d’achat comparé à 2010. Beaucoup d’habitants ont tout perdu; on mendie, la viande s’est raréfiée à table, pour autant qu’il y ait encore une table. Le taux de chômage est à 40%, les enfants travaillent pour aider la famille et ne vont plus à l’école. La moitié des 500?000 Palestiniens syriens ont fui, car leurs camps, qui étaient plutôt des villes, sont détruits.
Les centres économiques de la Syrie – situés autour d’Alep, de Homs et de Damas – sont presque totalement détruits. La Syrie possédait sa propre industrie pharmaceutique, une excellente industrie textile, un secteur agroalimentaire et d’importantes réserves céréalières: tout a été détruit, pillé et vendu en Turquie. Les modestes réserves pétrolières dans l’est du pays sont contrôlées par des groupes de combattants, le pétrole étant vendu dans le pays, également au gouvernement, ou souvent aussi transporté illégalement hors du pays.
Entretemps, une grande partie des stations d’extraction de pétrole ont été bombardées par l’alliance anti-EI. Et puis les sites archéologiques syriens, datant de plus de 10?000 ans avant notre ère – sont occupés, assiégés, pillés, détruits par des combattants.
La situation est dure, la misère est grande. Surtout pour les Syriens en fuite. 4 millions ont fui dans les pays voisins, 7 millions supplémentaires sont des réfugiés internes à l’intérieur de la Syrie.
Ce qui est vraiment perfide c’est que ces flux migratoires sont politiquement instrumentalisés. Le conflit interne de la Syrie a d’abord été élargi en un conflit régional, puis en une guerre internationale par procuration. Partout où les habitants se sont enfuis, des groupes armés, soutenus par des forces régionales et internationales, se sont installés. Puis, on a déclaré que le gouvernement syrien n’avait plus le contrôle dans son pays, qu’il était en outre le problème fondamental, la «racine de tous les maux» en Syrie. Tout récemment un porte-parole du Secrétariat d’Etat américain vient de le répéter: il a déclaré que la Syrie est un «Etat en déliquescence» dans lequel on peut s’ingérer aux niveaux humanitaire et militaire.

Et cette pauvreté, cette misère que vous décrivez et qui fait fuir les gens: d’où vient-elle, quelles en sont les raisons? Et que voulez-vous dire avec le terme de «guerre par procuration»? Je vous prie de préciser cela …

La Syrie est un pays en développement. En 2010, la situation avait déjà beaucoup évolué, et on prévoyait qu’en 2015, donc cette année, le pays serait à la cinquième place des puissances économiques du Monde arabe.
Actuellement, la Syrie se trouve juste devant la Somalie. La crise économique causée par la guerre est encore aggravée par les sanctions économiques de l’UE. Ce que nous observons dans ce pays est aussi une guerre économique contre un pays ascendant.
Les sanctions économiques édictées par l’UE, commencèrent déjà fin 2011 et concernaient le commerce du pétrole et du gaz ainsi que le secteur financier. La compagnie aérienne syrienne n’avait plus le droit d’atterrir sur les aéroports européens, tous les projets bilatéraux furent arrêtés, le personnel fut retiré, la Syrie fut isolée. Au début, l’Etat et la population purent encore surmonter les pénuries grâce à leurs propres réserves, mais le jour vint, où celles-ci furent épuisées. L’Etat obtint un soutien financier et des crédits de l’Iran. Ainsi, on put diminuer les pertes de l’industrie pétrolière. On put livrer du pétrole et du gaz à la population, à l’industrie encore en fonction et à l’armée. L’économie nationale fut cependant soumise à la guerre, une économie de guerre se développa.
Avec ses sanctions économiques, l’UE veut officiellement mettre sous pression la direction politique et militaire du pays afin de la faire plier et démissionner. Cela n’a pas eu lieu. C’est donc la société qui fut sanctionnée; on détruisit ses moyens d’existence créés et développés avec de grands efforts. Dorénavant, c’étaient les profiteurs de guerre qui gagnèrent de l’argent: les milices, les contrebandiers, les marchands du marché noir.
Au delà de la politique des sanctions, on détruisit de façon ciblée l’économie syrienne au niveau matériel. Cela était le plus apparent à Alep et à Damas. Au cours de l’été 2012, il y a eut une attaque coordonnée qui aurait dû mener à la chute du gouvernement syrien. A Damas, quatre hauts militaires et membres des services secrets furent tués lors d’une attaque contre le Conseil national de sécurité. Directement après, suivirent des attaques contre Alep et Damas. Ces vagues d’attaques furent effectuées par des combattants qui avaient été retirés de Homs après que la bataille pour Babr Amr avait été gagnée par les forces armées syriennes. Ces combattants s’étaient rassemblés aux alentours de ces deux grandes villes où ils furent soutenus par les forces locales. Le coup d’Etat ne réussit pas, car les responsables d’Alep et de Damas refusèrent d’ouvrir les portes de la ville aux groupes de combattants. En réaction à ce refus, les zones industrielles autour d’Alep et de Damas furent détruites et pillées et on en fit des bases pour de futures attaques contre ces deux villes.
Le fait qu’il s’agit réellement d’une guerre par procuration est évident aussitôt qu’on prend en compte que le dit Etat islamique, appelé «Daech» dans le pays, n’est nullement surgi du néant, comme nos médias dominants veulent nous le faire croire. Des sponsors régionaux et internationaux le soutienne ce qui semble lui permettre de disposer de ressources financières inépuisables.
Ces sponsors utilisent les combattants pour détruire les Etats nationaux, créés au Levant, il y a 100 ans, contre la volonté des populations de l’époque. En ce temps, les intérêts coloniaux de la Grande Bretagne et de la France primaient, aujourd’hui, il s’agit de la protection des matières premières pour l’Occident dirigé par les Etats-Unis. Le courroux des Etats du Golfe contre la politique indépendante défendue en Syrie, se reflète dans l’armement et la formation de groupes de combats irréguliers, dominés par «Daech». Le terrain sociétal qui les nourrit, c’est la pauvreté.

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Pourriez-vous nous donner un exemple concret de cette «spirale de la pauvreté» dont il semble s’agir?

Prenons une entreprise vendant des équipements médicaux à des cabinets et des hôpitaux. Jusqu’à présent, cette entreprise achetait les équipements en Allemagne. Suite aux sanctions de l’UE, plus rien ne pouvait être acheté ou livré. Acheter dans un autre pays était difficile pour cette entreprise, car tous les transferts financiers étaient interrompus. La Banque centrale syrienne est soumise aux sanctions, personne n’a le droit de faire des affaires avec elle. Pour contourner cela, l’entreprise allemande livre par exemple les produits à une entreprise libanaise qui les vend à l’entreprise syrienne. Le Liban n’est pas soumis aux sanctions de l’UE. Le transfert de marchandises se renchérit ainsi massivement.
 Un autre exemple est que les parents, dont les enfants font des études à l’étranger, ne peuvent plus leur envoyer de l’argent parce que les banques syriennes n’ont plus le droit de faire des affaires. La même chose est valable pour les bourses du gouvernement syrien pour les étudiants à l’étranger. Ou prenons l’exemple des médicaments: jusqu’à présent, ils étaient très avantageux grâce à une bonne production en Syrie. L’industrie pharmaceutique est pratiquement détruite, donc, il faut importer les médicaments par le Liban ou se les procurer de la Turquie par contrebande – ce qui permet d’exiger des prix astronomiques.

Et les intérêts à l’arrière-plan de ce conflit – de quelles forces parlons-nous? A qui pensez-vous, en parlant de «sponsors»?

Les sponsors sont ceux qui soutiennent les groupes armés contre le régime syrien et l’armée. La Russie et l’Iran, qui soutiennent le gouvernement syrien, sont ses alliés parce qu’ils sont liés avec l’Etat syrien par des accords de droit international. Les Etats régionaux, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar sont plutôt des «sponsors», parce qu’ils se servent des groupes pour leurs propres objectifs, et si c’est opportun, ils les laissent tomber. Cela est également valable pour les sponsors parmi les Etats européens, de l’Australie et des Etats-Unis.
Le chaos déployé en Irak et en Syrie profite avant tout aux Etats du Golfe, à la Turquie et aux Etats-Unis. Evidemment pas à la population, mais aux élites politiques et industrielles, en premier lieu à l’industrie de l’armement. La péninsule arabe s’est transformée au cours des dernières 5 années en un immense dépôt d’armes. Des militaires occidentaux, étatiques et privés, entraînent des combattants, les arment et les envoient à la guerre. Les Etats-Unis livrent du matériel de guerre valant plusieurs milliards dans les Etats du Golfe et en Israël. L’Allemagne arme les Peschmerga kurdes du nord de l’Irak et les entraîne, et la Turquie profite en tant que pays membre de l’OTAN de sa position de front face à la Syrie et à l’Irak. La Syrie est évidemment aidée militairement par la Russie et l’Iran, mais cela se passe, comme déjà dit, sur la base d’accords bilatéraux.
D’ailleurs, dans aucun des pays affectés par le «printemps arabe», le mouvement de protestation de la jeunesse éclairée et moderne n’a survécu nulle part! En Tunisie, en Egypte et en Syrie les événements sont déterminés par l’islam politique, que ce soit en tant que groupe de combat ou d’opposition.

Face à tout cela, le fanatisme religieux des gens sur place est certes également important, car il contribue pour ainsi dire à de véritables «guerres religieuses» …

Les Syriens n’ont jamais été des fanatiques religieux! Ce sont uniquement les Frères musulmans, qui propagent un islam politique, ou plus précisément une aile des Frères musulmans syriens, qui ont essayé, à la fin des années 1970, de se révolter contre le parti baathiste ayant imposé un Etat séculaire. Cette révolte se termina en 1982 par le massacre de Hama. Des milliers de personnes moururent suite aux attaques aériennes de l’armée syrienne. Des milliers disparurent ou se retrouvèrent en prison. Ceux qui en furent capables prirent la fuite et les Frères musulmans furent interdits sous peine de mort.
Il va de soi que cela continue d’agir. Beaucoup de jeunes gens, qui sont engagés dans des unités de combat islamiques, parlent de Hama, quand on leur demande pourquoi ils combattent. Un jeune homme, tout en manifestant pacifiquement, m’a raconté en 2011 lorsque tout commença, que son oncle avait disparu à Hama et que suite à cela toute sa famille soutenait l’opposition. Toutefois, il faut aussi rappeler que l’aile des Frères musulmans de Damas s’opposait à la révolte armée dans les années 1970.
Le rôle des Frères musulmans dans la montée de l’islam politique radical ne doit pas être sous-estimé. Le parti gouvernemental AKP en Turquie est aussi un parti frère des Frères musulmans, et un sondage a démontré que plus de 10% de la population turque ne voit pas l’«Etat islamique en Irak et au Levant» comme étant une organisation terroriste dont on doit avoir peur, tout au contraire, ils le soutiennent comme une force légitime. Cela n’est possible que parce que le gouvernement turc poursuit lui-même une ligne de l’islam politique. Dans un Etat séculaire une telle chose serait impensable.
Mais retournons en Syrie. Il y eut beaucoup de conflits politiques, mais au niveau culturel et religieux, la Syrie a toujours été un pays tolérant et ouvert. Actuellement, on tente aussi de détruire cette tolérance. Cela ne vient pas «d’en bas» ou «de l’âme des êtres humains» vivant sur place – c’est une conséquence des intérêts géopolitiques et des affrontements stratégiques.

Flag_of_the_French_Mandate_of_Syria_(1920)_svg.jpgAinsi, les gens fuient et souffrent parce que le dit Occident recouvre leur patrie de guerre et la met économiquement à genoux? Les méchantes bandes de passeurs, dont nous entendons beaucoup parler dans nos médias, ne sont pas le problème principal, expliquant pourquoi 11 millions de Syriens sont en fuite?

Les bandes de passeurs sont la conséquence d’une politique totalement erronée au Moyen Orient, non pas la cause. Ces bandes font partie de l’économie de guerre. Sans guerre, ils n’auraient rien à faire. Ils utilisent les mêmes voies pour transporter illégalement des armes, de la munition, des équipements, des téléphones par satellite et des combattants ainsi que des drogues et toutes choses dont on a besoin pour faire la guerre en Syrie.
Les réfugiés rencontrent sur ces sentiers de contrebande des combattants, les organisateurs sont les mêmes. Le bureau des Nations Unis pour la lutte contre la drogue et le crime a présenté un rapport détaillé sur ces voies de contrebande.
Aussi longtemps que l’on peut gagner beaucoup d’argent avec la guerre et la souffrance des gens concernés, on ne peut pas s’attendre à de grands changements.

Comment se fait-il que dans nos médias, on ne rapporte rien de pareil ou alors, si quelque information passe, ce sont en règle générale des infos totalement indifférenciées?

Il faudrait poser ces questions aux médias dominants. Ils doivent diriger, guider et «classer» la perception de la population, c’est ainsi qu’on définit leur tâche depuis peu. Pour moi, cela veut dire qu’ils définissent la direction de nos réflexions et la manière de «classer» un conflit. Cela a peu à voir avec la réalité dans les régions de conflits, d’autant plus que beaucoup de collègues ne s’y trouvent pas, mais plus souvent ils sont dans une ville d’un pays voisin ou dans le studio de leur propre chaîne télévisuelle ou radio. Un pendant à cette présentation serait un reportage, rapportant les options et les développements guerriers, mais donnant au moins autant de place aux propositions, initiatives et développements politiques non armés.

Que faudrait-il, selon vous, changer en Syrie pour que la paix puisse être rétablie? Et: y’a-t-il quelque chose que nous, la population allemande, puissions faire pour soulager la misère dans le pays?

Les Etats-Unis et la Russie doivent se mettre d’accord sur une procédure commune pour stabiliser la Syrie et l’Irak et en intégrant les forces armées et le gouvernement syriens ainsi que l’armée et le gouvernement irakiens. Il faut laisser de côté toutes conditions préalables – telles que «Assad n’a pas d’avenir en Syrie». Les acteurs syriens doivent être soutenus et non empêchés de participer à la table de négociations. Tout le monde doit s’abstenir d’influencer la situation en faveur de ses propres intérêts. La Turquie doit être forcée – par l’OTAN ou bilatéralement par certains pays membres de l’OTAN – de cesser son soutien au prétendu Etat islamique. Si elle ne le fait pas, il faut sanctionner militairement la Turquie. Et les pays d’origine des djihadistes internationaux doivent empêcher les combattants ou sympathisants islamistes de partir à l’étranger. Pour ce faire, il faut aussi ouvrir dans les Etats respectifs le débat sur une cohabitation respectueuse et une égalité des chances.
La population doit surtout assister les réfugiés arrivant en Allemagne. Toutefois, le gouvernement fédéral, qui a contribué à leur fuite par sa politique erronée, ne doit pas être libéré de sa responsabilité pour ces personnes. Au Bundestag, dans les Parlements des Länder, dans les syndicats, les écoles, les églises, les blogs et les réunions politiques –il faut partout expliquer les réels dessous de la guerre en Syrie. C’est la responsabilité de quiconque voulant mettre fin à cette guerre.

Encore un dernier mot?

Oui. 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, je veux rappeler le poème de Wolfgang Borchert: «Alors une seule chose compte: dire NON!». Dans le voisinage direct de l’Europe, dans l’espace méditerranéen oriental et dans diverses parties de l’Afrique ont lieu, sans cesse depuis 25 ans, des guerres qui s’étendent de plus en plus. En ajoutant le conflit israélo-palestinien, nous sommes en guerre au Proche-Orient depuis 1948. Avec l’occupation de l’Irak en 2003, en violation du droit international, les Etats-Unis ont finalement ouvert la «porte de l’enfer», les mises en garde étaient déjà nombreuses en ce temps-là.
Les Palestiniens sont depuis bientôt 70 ans en fuite ou vivent – par exemple dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie – comme des prisonniers dans leur propre pays. Des Irakiens fuient leur pays, maintenant les Syriens. L’Occident attise ces guerres, l’Allemagne aussi en livrant des armes et en se taisant face aux violations du droit international. L’opposition politique au Bundestag ou au Parlement européen n’est pas à la hauteur de sa tâche en ce qui concerne la guerre et la paix. De nombreux médias jouent aux va-t-en-guerre.
Je regrette le temps des grands mouvements pour la paix et contre la guerre, qui se retrouvèrent jadis dans la rue contre la guerre en Irak. Ils doivent se rassembler sans se laisser diviser. Le mouvement pour la paix doit se manifester dans la rue contre ces guerres!

Merci de cet entretien.    •

* Karin Leukefeld, 1954, a étudié l’ethnologie, l’islam et les sciences politiques et est libraire de formation. Elle fut responsable des relations publiques entre autre de la Fédération d’initiatives citoyennes pour la protection de l’environnement (BBU), des Verts (parti fédéral) ainsi que du bureau d’information El Salvador. Depuis l’an 2000, elle est correspondante indépendante pour toutes questions concernant le Proche-Orient. Son site internet: www.leukefeld.net

(Propos recueillis par Jens Wernicke)
(Traduction Horizons et débats)
Source: www.nachdenseiten.de/?p=27340
du 27/8/15

dimanche, 20 septembre 2015

La stratégie du chaos contrôlé...

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La stratégie du chaos contrôlé...

par Richard Labévière

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Richard Labévière, cueilli sur le site des Observateurs et consacré à la stratégie du chaos contrôlé développée avec un certain succès par les Etats-Unis... Ancien journaliste à Radio France internationale et à la Télévision suisse romande, Richard Labévière est spécialisé dans les questions de défense et de relations internationales.

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le «monde VUCA» !

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

ben87424904.jpgEn juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière (Les Observateurs, 15 septembre 2015)

samedi, 19 septembre 2015

Haro sur le Brésil !

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LE BRÉSIL À GENOUX

Haro sur le Brésil !

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le Brésil vient de connaître des manifestations anti-gouvernementales monstres et le gouvernement de Dilma Rousseff, contesté de toutes parts, est totalement fragilisé. Près de 900 000 Brésiliens ont manifesté le dimanche 16 août pour exiger le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple crise économique, politique et de corruption. La présidente brésilienne bat des records d’impopularité. Avec une cote qui a chuté à 8%, elle concentre toutes les critiques dans un pays déchiré et l'on évoque même une improbable démission. Bref, le Brésil va mal, le Brésil est à genoux.

Pour les États-Unis, c'est le bon moment pour réactiver des relations diplomatiques gelées depuis septembre 2013, date de la révélation par Edward Snowden de l'écoute des conversations téléphoniques et de la lecture secrète des mails de la Présidente et de ses conseillers par l'Agence Nationale de Sécurité (NSA) des Etats-Unis. Pour exprimer son mécontentement, la Présidente Dilma Rousseff avait alors annulé la visite officielle qu'elle devait effectuer à Washington et son Ministre de la Justice avait qualifié les écoutes comme « une violation inacceptable de la souveraineté ». Depuis deux ans, les relations entre les Etats-Unis et le Brésil étaient donc tendues et au point mort. Depuis, on a vu côte à côte le Président Obama et Dilma Rousseff converser ensemble au pied du Mémorial de Martin Luther King à Washington lors de leur dernière réunion à la Maison Blanche, le but de cette rencontre très officielle de juin dernier étant de relancer les relations diplomatiques et les échanges commerciaux entre les deux pays.


Du coté américain, on insista : « Je crois que cette visite indique véritablement à quel point nous avons tourné la page et à quel point nous sommes en train d'avancer », déclara en conférence de presse le secrétaire adjoint à la Sécurité Nationale de la Maison Blanche, Ben Rhodes. Déjà, en avril 2015, à Panama, lors du sommet des Amériques, les États-Unis avaient été bienveillants. Michael Shifter, président du centre d'analyses Dialogue Interaméricain avait déclaré : « Laissons derrière nous l'affaire Snowden ». Snowden nous avait prévenus : le contrôle du Brésil et de l'Allemagne sont des objectifs prioritaires des États-Unis, une question vitale. Le contrôle américain du Brésil et de l'Allemagne est plus que jamais au centre de leur actualité géostratégique. Pour le Brésil comme pour l'Allemagne, cela concerne les thèmes climatiques du moment mais surtout la défense, la sécurité régionale et globale, le positionnement stratégique de l'hyper Empire en Amérique latine ou sur le continent européen, sans oublier toute une série d'accords commerciaux officiels.


En ce qui concerne ces derniers, dans son dernier voyage aux Etats-Unis, Dilma Rousseff s'était réunie avec la communauté financière de New-York et de Washington. Plus de vingt patrons brésiliens ayant des affaires aux Etats-Unis et près de 470 chefs d'entreprises américains s'étaient rassemblés lors d'un séminaire commun avec la Présidente brésilienne. Elle leur avait alors présenté son programme de réforme fiscale et un vaste plan d'aide à l'investissement représentant près de 64 milliards de dollars dans lesquels on relevait des méga projets comme la construction de terminaux pétroliers, de nouveaux aéroports, la construction de lignes de chemin de fer et d'autoroutes. En clair, le Brésil se présentait comme au seuil d'une nouvelle phase de construction d'infrastructures, d'un nouveau cycle de croissance faisant partie d'une stratégie globale de mesures visant à contrôler l'inflation et à rechercher des équilibres fiscaux .

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Aujourd'hui, l'investissement américain au Brésil représente 116 milliards de dollars. Les États-Unis sont le premier investisseur du Brésil et son deuxième partenaire commercial - le premier étant la Chine - avec un échange commercial avoisinant les 62 milliards de dollars, selon les chiffres officiels de 2014. Or, selon Mark Feierstein, responsable de l'Amérique latine au Conseil de Sécurité nationale de la Maison Blanche, le pari de Washington est de doubler en une décennie cet échange commercial avec le Brésil.


Du coup, la crise politique brésilienne, c'est l'aubaine, le bon moment pour les États-Unis pour sauter sur le Brésil. La très faible popularité de Dilma Rousseff, affectée principalement par le scandale de corruption qui touche depuis des mois l'entreprise nationale Petrobras la fragilise et la jette tout naturellement dans les bras de son protecteur naturel : Washington. Ce scandale a laminé le parti au pouvoir mais aussi les relations diplomatiques du Brésil avec ses voisins (comme le Pérou dont certains membres dirigeants du gouvernement actuel et précédent sont soupçonnés d'avoir aussi reçu des pots-de-vin d'entrepreneurs brésiliens lors de la construction de l'autoroute transamazonienne). 


Le Brésil est aussi en crise économique et sociale et c'est bien pour cela que les Etats-Unis sont au pas de la porte pour assurer aux yeux du gouvernement brésilien qu'il peut vraiment compter sur eux. Brasilia le croit : comment pourrait-elle en douter ? Les États-Unis ont soutenu l'impopulaire plan fiscal de Rousseff, un paquet hétéroclite de mesures d'austérité visant à combler l'endettement du pays et un véritable agenda bilatéral a été signé entre les deux pays qui révèle un accord politique au plus haut niveau. Dilma Rousseff au pied du mur a rompu avec le nationalisme souverain et le multilatéralisme. Elle réactive l'interconnexion de la dépendance du Brésil avec les Etats-Unis. La donne est donc bien en train de changer par rapport à ce que nous écrivions précédemment sur le pays. Par défaut, Dilma Rousseff est redevenue pro-américaine.


L'économie brésilienne est la première d'Amérique latine et la septième du monde. Le Brésil fait partie des Brics et pour nous, il faisait partie de cet espoir d'un monde multilatéral et d'une alternative au mondialisme présent. La crise politique brésilienne ralentit au Brésil ses velléités d'indépendance. Cette crise politique se double d'un net ralentissement économique qui dure depuis cinq ans. Il est loin de s'arrêter. On table seulement pour 1,2 % de croissance pour 2015 selon les chiffres officiels du gouvernement. C'est peu. De plus, les achats chinois risquent de se ralentir considérablement en raison des problèmes boursiers de Pékin. Au Département d'Etat américain, on jubile car on avait eu très peur. On parle dorénavant entre Washington et Brasilia de détente, de « bonne atmosphère, d'entente appropriée », on déclare que « la relation entre les deux pays progresse à pas solides ». Ce retour diplomatique du Brésil aux Etats-Unis coïncide d'ailleurs avec les intérêts commerciaux de nouveaux entrepreneurs américains pressés de s'installer en Amérique latine dont le Brésil est le fer de lance. Pour la COP 21, dernier éclat de son règne, Barack Obama vient d'exprimer le souhait que le Brésil s'engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de carbone à partir de 2020, ce que le pays n'a pas encore fait.


Il y a donc à la fois une offensive américaine sur le Brésil et un réalignement de l’économie et de la politique extérieure du Brésil sur Washington. Les élites brésiliennes se repositionnent, elles retrouvent les vieux réflexes et critiquent maintenant ouvertement les politiques des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), du Marché commun du Sud (Mercosur). De nouveau, les groupes dirigeants, le patronat brésilien défendent le retour de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA, Alca en espagnol). 


En gros, on assiste en direct à un retour d'un néo-libéralisme pro-américain des plus classiques. Alors, en un an, le Brésil aurait-il tourné sa veste ou est-il tombé dans le filet ?

vendredi, 18 septembre 2015

Viatcheslav Avioutskii - De la Géopolitique à la transition

Viatcheslav Avioutskii

De la Géopolitique à la transition

Intervention de Viatcheslav Avioutskii, Expert en Géopolitique, Spécialiste du monde russe

Nicolas Mazzucchi - De la géopolitique à la transition

Nicolas Mazzucchi

De la géopolitique à la transition

Intervention de Nicolas Mazzucchi, Chercheur associé à l'IRIS

jeudi, 17 septembre 2015

Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

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Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

Interview mit Karin Leukefeld*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

In den Medien ist bereits von einer neuzeitlichen Völkerwanderung die Rede. Und auch über die Verantwortung sogenannter Schlepperbanden für die Flucht womöglich krimineller, mindestens aber heimlich wohlhabender Flüchtlinge wird diskutiert. Die Ursachen des Massenelends der Flüchtigen werden jedoch kaum erforscht. Die Syrien-Korrespondentin Karin Leukefeld berichtet im Interview mit Jens Wernicke von einem Wirtschafts- und Stellvertreterkrieg, der zunehmend zum Exitus des syrischen Staates führe, die Bevölkerung in den Hungertod treibe und bereits 11 Millionen Syrer auf die Flucht getrieben hat.

Frau Leukefeld, Sie sind neben Jürgen Todenhöfer die einzige mir bekannte deutsche Journalistin, die im Mittleren Osten wirklich vor Ort unterwegs ist, mit den Menschen dort spricht und darauf aufbauend dann qualifizierte Analysen, die mehr als nur Stereotype bedienen, produziert. Im Moment kommen Sie gerade von einer Syrien-Reise zurück. Wie ist die Situation vor Ort?

Es kommt darauf an, wo man sich in Syrien aufhält. In der Küstenregion ist es ruhig, manche Syrer, die jetzt in Europa leben, fahren sogar zum Urlaub dorthin, um ihre Familien zu treffen. Allerdings gibt es dort sehr viele Inlandsvertriebene, es ist also überall sehr eng geworden.
In Idlib, einer an die Küstenregion angrenzenden Provinz, herrschen die «Armee der Eroberung» und die al-Nusra-Front, Zehntausende sind geflohen, manche Dörfer werden belagert. In Aleppo ist die Lage schlimm, es herrscht Krieg zwischen den bewaffneten Gruppen und der syrischen Armee. Viele Teile der Stadt sind zerstört, die Strom- und Wasserversorgung bricht immer wieder ein, Lebensmittel sind sehr teuer, wenn sie überhaupt erhältlich sind. Bewaffnete Gruppen feuern Mörsergranaten, Raketen und selbstgebaute Geschosse in Wohngebiete, die syrische Armee feuert zurück.


Östlich von Aleppo gibt es Gebiete, die von Kurden kontrolliert werden, andere von dem selbsternannten «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» (IS). Dort ist es extrem unsicher, die Fronten wechseln täglich, die syrische Luftwaffe und die von den USA geführte «Anti-IS-Allianz» fliegen Luftangriffe. Neuerdings fliegt auch die türkische Luftwaffe Angriffe. Im Nordirak greift sie Stellungen der Arbeiterpartei Kurdistans (PKK) an. Im Norden Syriens greift sie die von den syrischen Kurden kontrollierten Gebiete an. Der Einsatz läuft unter dem Motto «Kampf gegen den ‹Islamischen Staat›». Die USA wollen mit der Türkei nördlich von Aleppo eine «Schutzzone» durchsetzen. Das ist eine militärische Massnahme innerhalb Syriens, die der Genehmigung des UN-Sicherheitsrates bedarf. Die gibt es nicht, also handelt es sich um den Angriff auf einen souveränen Staat und ist eine Verletzung des Völkerrechts.
Die besiedelten Gebiete der zentralen Provinz Homs werden weitgehend von der syrischen Regierung und von der Armee kontrolliert. Die Wüstengebiete, die sich im Osten bis an die Grenze zum Irak erstrecken, sind unsicher. Die Lage in Tadmur, der modernen Stadt, die bei Palmyra liegt, ist unklar. Aus dem Kloster Deir Mar Elian, das ich sehr oft besucht habe, wurden Ende Mai der Priester Jacques Mourad und ein weiterer Geistlicher entführt. Von beiden fehlt jede Spur. Inzwischen wurden die Menschen auch aus Qaryatayn und Sadat vom IS vertrieben, viele von ihnen Christen.


Damaskus beherbergt bis zu 7 Millionen Menschen, Inlandsvertriebene aus allen Teilen des Landes. Es ist weitgehend ruhig, Strom und Wasser sind knapp, aus den Vororten um Damaskus, wo die Islamische Front und die al-Nusra-Front Basen haben, wird immer wieder auf die Stadt gefeuert, umgekehrt feuert die syrische Armee auch dorthin.
Sweida, wo die Drusen und Christen leben, ist noch ruhig, ich fahre jedes Mal dorthin, wenn ich in Syrien bin. Deraa ist weiter umkämpft und der Golan, an der Grenze zu Israel, ebenso. Derzeit findet eine grosse Schlacht um Zabadani statt, das liegt an der Grenze zu Libanon. Dort gibt es ein Hauptquartier der bewaffneten Gruppen, die um Damaskus herum agieren. Die syrische Armee und die libanesische Hizbullah, die gemeinsam kämpfen, wollen diese strategisch wichtige Basis der Kampfgruppen zurückerobern.


Das Leben ist teuer, das syrische Pfund hat nur noch ein Fünftel der Kaufkraft von 2010. Viele Menschen haben alles verloren, es wird gebettelt, Fleisch kommt nur noch selten auf den Tisch. Wenn die Leute überhaupt noch einen Tisch haben. Die Arbeitslosigkeit liegt bei über 40 Prozent, Kinder arbeiten, um der Familie zu helfen und gehen nicht mehr in die Schule. Die Hälfte der 500 000 syrischen Palästinenser ist geflohen, weil ihre Lager, die eigentlich Städte waren, zerstört sind.


Die wirtschaftlichen Zentren Syriens – die um Aleppo, Homs und Damaskus angesiedelt waren – sind weitgehend zerstört. Syrien hatte eine eigene Pharmaindustrie, eine hervorragende Textilindustrie, eine Lebensmittelindustrie und grosse Getreidereserven: Alles ist zerstört, geplündert und in die Türkei verkauft. Die bescheidenen Ölvorkommen im Osten des Landes werden von Kampfgruppen kontrolliert, das Öl ausser Landes geschmuggelt und dort oder auch im Land verkauft, selbst an die Regierung.


Inzwischen sind viele Ölförderanlagen von der Anti-IS-Allianz bombardiert worden. Und dann die archäologischen Stätten in Syrien, die bis zu 10 000 Jahre vor die christliche Zeitrechnung zurückdatieren – von Kämpfern besetzt und belagert, geplündert, zerstört.


Die Lage ist hart, das Elend gross. Besonders für die Syrer auf der Flucht. 4 Millionen von ihnen sind in Nachbarstaaten geflohen, weitere 7 sind innerhalb Syriens auf der Flucht.
Die Perfidie ist, dass diese Fluchtbewegungen politisch instrumentalisiert werden. Der innersyrische Konflikt wurde zu einem regionalen und schliesslich zu einem internationalen Stellvertreterkrieg ausgeweitet. Dort, wo Menschen flohen, zogen bewaffnete Gruppen ein, die bis heute regional und international unterstützt werden. Und dann hiess es, die syrische Regierung hat keine Kontrolle mehr und ist ohnehin die «Wurzel von allem Bösen» in Syrien, wie es gerade erst wieder ein Sprecher des US-Aussenministeriums erklärte. Syrien wird zu einem «failed state» erklärt, in den man humanitär und militärisch eingreifen kann.

Und diese Armut, dieses Elend, das Sie beschreiben und vor dem die Leute fliehen: Wo kommen die her, woraus resultieren die? Und wie meinen Sie das mit dem Stellvertreterkrieg? Bitte führen Sie das doch kurz aus …

Syrien ist ein Entwicklungsland. Es war 2010 auf dem aufsteigenden Ast und sollte 2015, also in diesem Jahr, die fünftstärkste Wirtschaftsmacht der arabischen Welt sein.
Heute liegt Syrien knapp vor Somalia. Die durch den Krieg entstandene Wirtschaftskrise wird durch die Wirtschaftssanktionen der EU noch verschärft. Was wir hier beobachten, ist auch ein Wirtschaftskrieg gegen ein aufstrebendes Land.


Die Wirtschaftssanktionen der EU begannen bereits Ende 2011 und betrafen den Öl- und Gashandel sowie den Finanzsektor. Die syrische Fluggesellschaft durfte europäische Flughäfen nicht mehr anfliegen, alle bilateralen Projekte wurden gestoppt, das Personal abgezogen, Syrien wurde isoliert. Anfangs konnten der Staat und die Bevölkerung Mängel aus eigenen Ressourcen überbrücken, doch die waren eines Tages aufgebraucht. Der Staat erhielt finanzielle Unterstützung und nahm bei Iran Kredite auf. Damit konnten Verluste aus der Ölindustrie verringert werden, Öl und Gas konnten an die Bevölkerung, an die noch funktionierende Industrie und die Armee geliefert werden. Doch die nationale Ökonomie wurde dem Krieg untergeordnet, es entstand eine Kriegsökonomie.

 

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Offiziell will die EU mit ihren Wirtschaftssanktionen die politische und militärische Führung Syriens unter Druck setzen, dass sie nachgeben und zurücktreten soll. Das ist nicht geschehen. Statt dessen wurde die Gesellschaft bestraft, ihre mühsam aufgebaute Existenzgrundlage zerstört. Geld konnten fortan diejenigen verdienen, die vom Krieg profitierten: Milizen, Schmuggler, Schwarzmarkthändler.


Jenseits der Sanktionspolitik wurde die Wirtschaft Syriens auch gezielt materiell zerstört. Am besten war das in Aleppo und in Damaskus zu sehen. Im Sommer 2012 gab es einen koordinierten Angriff, der eigentlich zum Sturz der syrischen Führung führen sollte. In Damaskus wurden bei einem Anschlag im Nationalen Sicherheitsrat vier hochrangige Militärs und Geheimdienstler getötet. Unmittelbar darauf folgten Angriffe auf Aleppo und Damaskus. Ausgeführt wurden diese Angriffswellen von Kämpfern, die aus Homs abgezogen worden waren, nachdem der Kampf um Baba Amr sich zugunsten der Streitkräfte entschieden hatte. Diese Kämpfer hatten sich im Umland der beiden grossen Städte gesammelt, wo sie von lokalen Kräften unterstützt wurden. Der Umsturz gelang nicht, sowohl die Aleppiner als auch die Damaszener weigerten sich, den Kampfgruppen die Tore in ihre Städte zu öffnen. Als Reaktion auf diese Weigerung wurden die Industriegebiete um Aleppo und um Damaskus zerstört, geplündert und zu Stützpunkten für weitere Angriffe auf die beiden Städte gemacht.
Und dass es sich hier um einen Stellvertreterkrieg handelt, wird klar, wenn man versteht, dass der sogenannte Islamische Staat, der vor Ort «Daish» genannt wird, anders als in unseren Leitmedien gern verbreitet, alles andere als aus dem Nichts aufgetaucht ist. Regionale und internationale Sponsoren stehen hinter ihm, so dass er offenbar über unerschöpfliche finanzielle Ressourcen verfügt.


Diese Sponsoren benutzen die Kämpfer, um die Nationalstaaten zu zerstören, die vor 100 Jahren in der Levante gegen den Willen der damaligen Bevölkerung geformt worden waren. Damals ging es um die kolonialen Interessen von Grossbritannien und Frankreich, heute geht es um die Sicherung von Rohstoffen für die von den USA angeführte westliche Welt. Der Zorn der Golf-Staaten auf die unabhängige Politik, die in Syrien verteidigt wird, schlägt sich nieder in der Bewaffnung und Ausbildung von irregulären Kampfgruppen, die von «Daish» dominiert werden. Der gesellschaftliche Boden, der sie nährt, ist Armut.

Haben Sie für derlei «Spirale in die Armut», um die es ja offenkundig geht, vielleicht ein konkretes Beispiel parat?

Nehmen wir einen Betrieb, der medizinische Einrichtungen für Praxen und Kliniken verkauft. Bisher hat der Betrieb die Einrichtungen aus Deutschland bezogen. Auf Grund der EU-Sanktionen konnte nichts gekauft und nichts mehr geliefert werden. Und in einem anderen Land zu kaufen, war schwierig für den Betrieb, weil sämtliche Geldgeschäfte unterbrochen waren. Die syrische Zentralbank steht unter Sanktionen, niemand darf mit ihr Geschäfte machen. Um das zu umgehen, liefert nun beispielsweise die deutsche Firma die Produkte an ein Unternehmen in Libanon, das sie dann an die syrische Firma weiterverkauft. Libanon ist an die EU-Sanktionen nicht gebunden. Der Warentransfer wird so extrem teuer.


Ein anderes Beispiel ist, dass Eltern, deren Kinder im Ausland studieren, ihnen kein Geld mehr schicken können, weil mit den syrischen Banken keine Geschäfte gemacht werden dürfen. Das gleiche gilt übrigens auch für Stipendien der syrischen Regierung für Studierende im Ausland. Oder Medikamente: Bisher waren sie sehr billig, weil sie in Syrien produziert wurden. Die Pharmaindustrie ist weitgehend zerstört, also werden Medikamente aus Libanon eingeführt oder aus der Türkei geschmuggelt – das treibt den Preis in schwindelnde Höhen.

Und die Interessen im Hintergrund dieses Konfliktes – von welchen Kräften sprechen wir hier? Wen meinen Sie, wenn Sie «Sponsoren» sagen?

Sponsoren sind diejenigen, die die bewaffneten Gruppen gegen die syrische Regierung und Armee unterstützen. Russland und Iran, die die syrische Regierung stützen, sind deren Alliierte oder Bündnispartner, weil sie mit dem syrischen Staat durch völkerrechtlich bindende Verträge verbunden sind. Die Regionalstaaten die Türkei, Saudi-Arabien und Katar sind eher «Sponsoren», weil sie Gruppen für eigene Zwecke benutzen, sie aber auch, wenn es opportun ist, wieder fallen lassen können. Das gilt auch für die Sponsoren unter den europäischen Staaten, aus Australien und aus den USA.


Von dem Chaos, das sich über den Irak und Syrien ausbreitet, profitieren vor allem die Golf-Staaten, die Türkei und die USA. Nicht die Bevölkerung natürlich, sondern politische und industrielle Eliten, allen voran die Rüstungsindustrie. Die arabische Halbinsel ist in den letzten 5 Jahren zu einem riesigen Waffenlager aufgerüstet worden. Westliche Militärs, staatliche und private, bilden Kämpfer aus, bewaffnen sie und schicken sie in den Krieg. Die USA liefern Rüstungsgüter in Milliardenhöhe an die Golf-Staaten ebenso wie an Israel. Deutschland bewaffnet die nord­irakischen kurdischen Peschmerga und bildet sie aus, und die Türkei profitiert als Nato-Land von ihrer Frontstellung zu Syrien und zum Irak. Natürlich wird Syrien von Russ­land und Iran militärisch unterstützt, aber das geschieht, wie gesagt, auf der Basis von bilateralen Verträgen.


Übrigens haben in keinem der vom «arabischen Frühling» betroffenen Länder die Protestbewegungen der jungen, aufgeklärten und modernen Jugend überlebt, nirgends! In Tunesien, Ägypten und Syrien wird das Geschehen vom politischen Islam bestimmt, ob als Kampf- oder Oppositionsgruppe.

Relevant ist bei alldem aber sicher doch auch der religiöse Fanatismus der Menschen vor Ort, der dazu beiträgt, dass es sozusagen regelrechte «Religionskriege» gibt …

Die Syrer waren nie religiöse Fanatiker! Lediglich die Muslim-Bruderschaft, die den ­politischen Islam propagiert, genauer gesagt, ein Flügel in der syrischen Muslim-Bruderschaft versuchte Ende der 1970er Jahre den Aufstand gegen die Baath-Partei, die einen säkularen Staat durchgesetzt hatte. Dieser Aufstand endete 1982 mit dem Massaker von Hama. Tausende starben beim Luftangriff der syrischen Armee, Tausende verschwanden ganz oder in Gefängnissen. Wer konnte, floh, die Muslim-Bruderschaft wurde bei Todesstrafe verboten.
Das wirkt natürlich nach, und viele junge Leute, die sich heute bei islamistischen Kampfverbänden verdingt haben, erinnern an Hama, wenn man sie fragt, warum sie kämpfen. Ein junger Mann, der allerdings friedlich demonstrierte, erzählte mir 2011, als alles begann, dass sein Onkel in Hama verschwunden sei und die ganze Familie deswegen die Opposition unterstütze. Allerdings muss man auch daran erinnern, dass der Damaskus-Flügel der Muslim-Bruderschaft damals, in den 1970er Jahren, gegen den bewaffneten Aufstand war.


Die Rolle der Muslim-Bruderschaft bei der Entstehung des radikalen politischen Islam darf dennoch nicht unterschätzt werden. Auch die Regierungspartei AKP in der Türkei ist eine Schwesterpartei der Muslim-Bruderschaft, und eine Umfrage hat ergeben, dass mehr als 10 Prozent der türkischen Bevölkerung den «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» nicht als terroristische Organisation oder als Gefahr ansehen, sondern für legitim halten und unterstützen. Das ist nur möglich, weil die türkische Regierung selber eine Linie des politischen Islam verfolgt. In einem säkularen Staat wäre so etwas nicht denkbar.
Doch zurück zu Syrien. Es gab viele ­politische Konflikte, aber kulturell und religiös war Syrien immer ein sehr tolerantes und offenes Land. Auch diese Toleranz soll jetzt zerstört werden. Das kommt allerdings nicht «von unten» oder «aus dem Wesen der Menschen» vor Ort – das ist Folge der geopolitischen Interessen und strategischen Auseinandersetzungen.

Die Leute fliehen und leiden also, weil der sogenannte Westen ihre Heimat mit Krieg überzieht und wirtschaftlich in die Knie zwingt? Böse Schlepperbanden, über die wir medial viel hören, sind also nicht das Hauptproblem, auf Grund dessen inzwischen 11 Millionen Syrer auf der Flucht sind?

Die Schlepperbanden sind die Folge einer völlig falschen Politik im Mittleren Osten, nicht die Ursache. Diese Schlepperbanden sind integraler Teil der Kriegswirtschaft. Ohne Krieg hätten sie gar kein Geschäft. Sie benutzen die gleichen Wege, über die Waffen, Munition, Ausrüstung, Satellitentelefone und Kämpfer ebenso geschmuggelt werden wie Drogen und andere Dinge, die für den Krieg in Syrien gebraucht werden.


Die Flüchtlinge begegnen auf diesen Schmuggelpfaden den Kämpfern, die Organisatoren sind die gleichen. Das Büro der Vereinten Nationen für Drogen- und Verbrechensbekämpfung hat über diese Schmuggelpfade einen ausführlichen Bericht vorgelegt.
Solange sich mit Krieg und dem Leid betroffener Menschen viel Geld verdienen lässt, wird sich wohl auch nichts daran ändern.

Wie kommt es, das in unseren Medien hierüber kaum überhaupt und wenn dann in aller Regel vollkommen undifferenziert berichtet wird?

Diese Fragen muss man den grossen, den sogenannten Leitmedien stellen. Sie sollen das Denken und die Wahrnehmung der Bevölkerung leiten, anleiten und «einordnen», wie es neuerdings heisst. Für mich heisst das so viel wie: Sie geben vor, in welche Richtung zu denken und ein Konflikt «einzuordnen» ist. Mit der Realität in den Konfliktregionen hat das wenig zu tun, zumal viele Kollegen gar nicht dort, sondern in der Stadt eines Nachbarlandes oder auch im Heimatstudio eines Senders sind. Ein Pendant zu dieser Darstellung wäre eine Berichterstattung, die über kriegerische Optionen und Entwicklungen zwar berichtet, die nichtbewaffneten und politischen Vorschlägen, Initiativen und Entwicklungen aber mindestens ebenso viel, wenn nicht mehr Raum einräumen würde.

 

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Was müsste Ihrer Einschätzung nach geschehen, damit in Syrien wieder Frieden möglich wird? Und: Gibt es etwas, das wir, die deutsche Bevölkerung, tun können, um zu unterstützen und zu helfen gegen das Elend vor Ort?

Die USA und Russland müssen sich auf ein gemeinsames Vorgehen zu Stabilisierung Syriens und des Iraks einigen und die syrische Regierung und Streitkräfte ebenso wie die Regierung und Armee des Iraks einbeziehen. Vorbedingungen – wie «Assad hat keine Zukunft in Syrien» – haben zu unterbleiben. Die syrischen Akteure müssen dabei unterstützt und nicht davon abgehalten werden, sich an einen Tisch zu setzen. Einflussnahme im eigenen Interesse hat zu unterbleiben. Die Türkei muss – von der Nato oder bilateral von einzelnen Nato-Staaten – dazu gezwungen werden, ihre Unterstützung für den sogenannten Islamischen Staat einzustellen. Falls sie das nicht tut, muss die Türkei militärisch sanktioniert werden. Und die Heimatländer der internationalen Dschihadisten müssen die Ausreise islamistischer Kämpfer oder Unterstützer unterbinden. Dazu gehört in den jeweiligen Staaten auch eine Auseinandersetzung über ein respektvolles Zusammenleben und Chancengleichheit.
Die Bevölkerung muss vor allem den in Deutschland eintreffenden Flüchtlingen zur Seite stehen. Allerdings darf die Bundesregierung, die mit einer falschen Politik zu deren Flucht beigetragen hat, nicht aus der Verantwortung für diese Menschen entlassen werden. Im Bundestag, in den Landesparlamenten, Gewerkschaften, Schulen, Kirchen, in Blogs und politischen Versammlungen – überall muss über die Hintergründe des Krieges in Syrien aufgeklärt werden. Das ist Sache von jeder und jedem, der diesen Krieg beenden will.

Noch ein letztes Wort?

Ja. 70 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges will ich an das Gedicht von Wolfgang Borchert erinnern: «Dann gibt es nur eins, sag NEIN». In der direkten Nachbarschaft Europas, im östlichen Mittelmeerraum und in Teilen Afrikas finden seit 25 Jahren ununterbrochen Kriege statt, die sich immer mehr ausweiten. Nehmen wir den Israel-Palästina-Konflikt hinzu, haben wir seit 1948 Krieg im Mittleren Osten. Mit der völkerrechtswidrigen Besetzung des Iraks 2003 haben die USA schliesslich «das Tor zur Hölle» geöffnet, vor dem viele bereits damals warnten.


Palästinenser sind seit bald 70 Jahren auf der Flucht oder leben – etwa in Gaza oder der West Bank – wie Gefangene in ihrem eigenen Land. Iraker sind auf der Flucht, jetzt die Syrer. Der Westen befeuert diese Kriege, auch Deutschland, das Waffen liefert und zum Bruch des Völkerrechts schweigt. Die politische Opposition im Bundestag oder im Europaparlament wird ihrer Aufgabe in Sachen Krieg und Frieden nicht gerecht. Und viele Medien agieren wie Kriegstrommler.


Ich vermisse die grosse Friedens- und Antikriegsbewegung, die einst gegen den Irakkrieg noch auf die Strasse ging. Sie muss zusammenstehen und darf sich nicht spalten lassen. Die Friedensbewegung muss gegen diese Kriege auf die Strassen!

Ich bedanke mich für das Gespräch.    •

(Interview Jens Wernike)

Quelle: www.nachdenkseiten.de/?p=27340 vom 27.08.2015

*    Karin Leukefeld, Jahrgang 1954, studierte Ethnologie, Islam- und Politikwissenschaften und ist ausgebildete Buchhändlerin. Organisations- und Öffentlichkeitsarbeit unter anderem beim Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU), Die Grünen (Bundespartei) sowie der Informationsstelle El Salvador. Seit dem Jahr 2000 ist sie als freie Korrespondentin zum Mittleren Osten tätig. Ihre Webseite ist leukefeld.net.

 

mercredi, 16 septembre 2015

La Russie, l’Europe et l’Orient

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La Russie, l’Europe et l’Orient

par Youssef Hindi

Ex: http://www.geopolintel.fr

La Russie n’est pas qu’une grande puissance militaire, une vieille nation, tendant, depuis l’arrivée de Vladimir Poutine à sa tête, à équilibrer les rapports de forces géopolitiques et économiques. Elle est aussi un pont naturel, à différents degrés, entre l’Europe et l’Asie, l’Occident et l’Orient. Ce pont, certains veulent le détruire depuis plus d’un siècle, notamment au moyen de cette arme que sont les idéologies de la modernité : le bolchevisme, une maladie mortelle qui s’est attaquée au cœur de la Russie, à son âme, le Christianisme ; et l’ultralibéralisme des années 1990, pour achever la Russie. À cela se sont ajoutés les indépendantismes de régions de la fédération russe, stimulés voire encouragés par les Etats-Unis pour abattre définitivement l’ours russe. Si la Russie s’est relevée, il faut en saisir les causes profondes et percevoir le rôle ainsi que le destin de la Russie.

Anthropologie, religion et géopolitique

Le retour « miraculeux » du christianisme en Russie n’est pas le fruit d’un accident de l’Histoire, mais bien la manifestation de lois anthropologiques fondamentales qui doit attirer l’attention des européens. Toute société est organisée autour d’une croyance collective majoritaire ; les plus durables d’entre elles sont bien sûr les grandes religions qui, depuis l’ère industrielle en particulier, ont été remplacées progressivement par des croyances profanes, matérialistes et éphémères, comme les utopies communistes et libérales (issues du messianisme juif) promettant un paradis terrestre, ou encore les idoles de l’argent, du sexe et de la violence, qui occupent une place importante dans les sociétés néolibérales. Les idéologies antireligieuses, à l’instar du communisme et du laïcisme, n’existent, par définition, qu’en opposition aux religions transcendantes, qu’arc-boutées contre la croyance en un Dieu transcendant.

Mais l’histoire et l’anthropologie nous apprennent que l’athéisme (croyance négative), lorsqu’il devient majoritaire, conduit à un inexorable effondrement de la société – n’ayant plus de religion sur laquelle s’appuyer, ni de morale stable – se traduisant par l’atomisation de la société et l’apparition d’individus 1 dépourvus de toute horizontalité (communauté, famille, ekklesia), car privé de verticalité ; les deux étant de notre point de vue complémentaires.

La séquence historique qu’a traversée la Russie nous a montré comment l’effondrement brutal du communisme – l’idéologie dominante ne pouvant perdurer que par le maintien de la structure qui la sous-tend – fit place au retour de la religion traditionnelle en Russie (la nature ayant, selon Lavoisier, une sainte horreur du vide), à savoir le christianisme. Ceci nous permet d’ores et déjà, d’anticiper la manifestation du même phénomène en Occident et en Europe en particulier. En effet, le système libéral et son idéologie sont visiblement en cours d’effondrement (ou plus précisément en cours de mutation, mais nous ne développerons pas cette idée ici) – depuis la crise financière de 2007-2008 – tout comme le communisme hier ; dans ce contexte, nous pouvons anticiper un retour imminent à la religion en Europe. Il faut toutefois craindre que ce retour incontrôlé (par ceux qui en ont la charge : la hiérarchie ecclésiale) à la croyance en Dieu ou a ce qui s’y apparentera, n’entraîne des dérives dangereuses, comme la multiplication de gourous et d’imposteurs en tous genres. La Russie a réussi son retour à l’Orthodoxie grâce à une église solide, faisant corps avec le peuple et l’état.

Ce qui précède nous amène à déduire que la Russie – au-delà de sa complémentarité économique avec l’Europe de l’Ouest – pourra être un élément de stabilisation dans une Europe amenée à connaître de graves troubles sociaux, politiques et d’identité... Il faut ajouter à cela, le rôle éminemment important que la Russie joue au Proche-Orient. Elle est un véritable pont entre l’Europe et l’Orient, le christianisme et l’islam – comme l’a très bien analysé Imran Nazar Hosein – en tant que grande nation multiethnique et multiconfessionnelle ; elle est, par son seul exemple, un remède potentiel à la stratégie du choc des civilisations, stratégie dont elle est elle-même l’une des premières cibles.

La stratégie anti Russe

Cette Russie chrétienne, cette Russie puissance continentale, tellurocratique, étend une influence naturelle sur une vaste zone géographique où vivent des populations diverses mais ayant paradoxalement, pour la majorité d’entre elles, une structure familiale de type russe, communautaire égalitaire 2 ; c’est cette relative homogénéité anthropologique qui, sur la longue durée, a permis à la Russie de devenir cet « empire naturel », à l’inverse de son ennemi, la puissance américaine thalassocratique, héritière de l’Empire britannique et porteuse d’une idéologie différencialiste, imprégnée de darwinisme social sous couvert d’un démocratisme fondateur.

La Russie fait face à une double stratégie : une stratégie impériale américaine dont le principal cerveau est Zbigniew Brzezinski, et de l’autre, qu’il faut bien appeler précisément « sioniste ». Si la stratégie d’endiguement et de démantèlement de la fédération de Russie élaborée par Brzezinski, dans son livre Le grand échiquier (1997/2002), est devenue évidente aux yeux de tous les observateurs, la stratégie sioniste, elle, est beaucoup moins limpide.

La stratégie géopolitique de Brzezinski est un demi-succès : pour ce qui est de la domination du cœur de l’Europe par la soumission totale de la France et de l’Allemagne, c’est chose faite, mais quant à l’éclatement de la Russie en provinces, permettant aux Américains de contrôler toute l’Eurasie et d’en contrôler les richesses naturelles et principalement les énergies fossiles, cela reste de l’ordre du fantasme. Les rêves de domination de Brzezinski se sont brisés sur le mur russe, sur le souverainiste Poutine. Mais la crise en Ukraine – pays auquel Brzezinski accorda une attention particulière et qu’il voulait absolument séparer de la Russie ; ainsi il écrit : « L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’état Russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. » 3 – montre que les Américains n’ont absolument pas abandonné leur projet. Jusqu’ici, la Russie de Poutine a tenu en échec les Américains à la fois en Syrie (en septembre 2013 la Maison-Blanche renonce in extremis à ses opérations de bombardement) et par le retour spectaculaire de la Crimée dans la Maison russe (mars 2014) en pleine crise ukrainienne.

fem978135_f5d1c10a8f_z.jpgLa stratégie sioniste pour la Russie se combine avec la stratégie américaine, mais en aucun cas elle n’oppose ouvertement ou directement Israël à la Russie, bien au contraire. Israël entretient de bons rapports diplomatiques avec la Russie tout en s’opposant à ses alliés au Levant (la Syrie). Israël, via le lobby pro-israélien 4, utilise, en particulier depuis le tournant du 11 septembre 2001, les États-Unis et l’OTAN comme un outil de destruction des alliés historiques de la Russie au Proche-Orient, opposant plus encore russes et américains. En parallèle, les dirigeants sionistes tentent, via des intermédiaires, de négocier avec la Russie afin qu’elle abandonne ses alliés syriens et iraniens. En juillet 2013, le prince Bandar, en qualité de représentant de l’Arabie Saoudite (alliée d’Israël), a rencontré Vladimir Poutine, pendant la crise syrienne. Bandar aurait au cours de l’entretien proposé un accord économique, pétrolier et gazier à Vladimir Poutine, en échange de quoi, celui-ci devrait lâcher l’Iran, abandonner le président Syrien et livrer la Syrie aux terroristes 5.

Cette stratégie sioniste indirecte ou de « contournement » transparaît lorsque Henry Kissinger déclare le 11 mai 2014 qu’il ne faut pas isoler la Russie, mais qu’« il est dans l’intérêt de tous qu’elle soit maintenue dans le système international ». En 2008, il fut plus précis quant à ses intentions lorsqu’il tendit la main à la Russie au détriment de l’Iran qu’il désigna comme « un danger pour le monde environnant ». Et par monde environnant il faut bien entendu entendre Israël 6. Kissinger s’est entretenu avec Poutine en 2009 et en janvier 2012, deux mois avant sa réélection à la présidence de Russie 7.

La main que tendent les sionistes à la Russie, est une main « traîtresse », car, à partir du moment où la Russie a refusé tout compromis et s’est placée en bouclier devant la Syrie, le feu s’est allumé en Ukraine. Le message délivré alors à la Russie était clair : soit elle abandonne ses alliés orientaux pour les livrer au démantèlement géographique, politique, ethnique et confessionnel auquel les destine la grande stratégie d’empire Nord-Américain (au bénéfice immédiat d’Israël) ; soit elle se verra attaquée à ses frontières. Mais ce choix qui lui est proposé est aussi un piège car si la Russie abandonnait la Syrie, elle perdrait son seul port et point appui stratégique en Méditerranée (Tartous), ce qui n’empêcherait pas les Américains de maintenir leur politique d’ endiguement de la Russie, bien au contraire. En effet cette concession coûterait cher à la Russie face à un ennemi qui ne tient que fort peu ses engagements.

En bref, la Russie a toutes les raisons de ne faire aucune concession et d’avancer un pion à chaque fois qu’elle se sent attaquée ou menacée. Reste que l’actuelle partie d’échec arrivant sans doute bientôt à son « terme », Israël commence à dévoiler ses intentions envers la Russie ; alors que Poutine autorise la livraison de missiles défensifs S-300 à l’Iran (avril 2015), Israël s’apprête à envoyer des armes en Ukraine afin d’alimenter le feu 8 qui couve après les accords de cessez-le feu de Minsk II (12 février 2015).

Ce n’est qu’en ayant compris le couplage stratégique américain et sioniste vis-à-vis de la Russie que l’on peut espérer interpréter au mieux la position de certains géopolitologues qui, à la suite de Kissinger, prônent une main tendue à la Russie tout en étant hostiles à ses alliés… et en attisant en sous-main les feux de la guerre dans le Donbass.

La Russie n’est pas jusqu’ici tombée dans ce piège et n’a pas faibli face à l’évidente et sournoise agression américaine, elle est restée sur sa ligne. À ce titre l’on peut être assuré qu’elle jouera un rôle de plus en plus déterminant au Proche-Orient et en Europe, cela au détriment des politiques expansionnistes et déstabilisatrices des élites sionistes et de leurs homologues atlantistes. Le destin de la Russie est ainsi tout tracé, quant à celui de l’Europe de l’Ouest, s’il paraît fermé, il pourrait cependant bien s’ouvrir en cas de crise majeure, sur un réel bouleversement politique et sociétale. La Russie doit et devrait y être attentive.

Youssef Hindi

Notes

(1) Voir les travaux de l’anthropologue et historien Emmanuel Todd dans son livre Après la démocratie, Gallimard, 2008.

(2) Emmanuel Todd, Après l’empire, Folio Actuel, 2002.

(3) Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, Bayard Editions, 1997, p. 74.

(4) John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007.

(5) Al Manar, Ce qui n’a pas été révélé de la rencontre orageuse Bandar-Poutine, 21 août 2013.

(6) Sputnik, Henry Kissinger considère que les Etats-Unis doivent rechercher l’entente avec la Russie, 7 mai 2008.

(7) Source : http://fr.rian.ru/world/20120120/19...

(8) Sputnik, Poutine met Israël en garde contre les livraisons d’armes à Kiev, 18 avril 2015.

La eclosión masiva de refugiados hacia Europa

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La eclosión masiva de refugiados hacia Europa: salto cualitativo en el plan supremacista de despoblar Siria

por Tamer Sarkis – Consecuencia perseguida

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El fenómeno de la partida masiva de refugiados sirios hacia Europa dista mucho de contar entre las consecuencias imprevistas del llamado “conflicto”. Tampoco tiene nada que ver con el tantas veces citado “efecto boomerang” impactando contra un “occidente” que habría sembrado vientos para recoger ahora tempestades. En su gran mayoría -y por rigor semántico- los “refugiados” sirios distan de ser refugiados huyendo de los estragos de una hipotética “guerra civil siria”. Se trata de población arrancada a la fuerza de su país, por la operación mercenaria de unos invasores que han pasado por “rebeldes” y hasta por “revolucionarios” en el lenguaje espectacular de masas. En la Agenda hegemonista estadounidense, tales mercenarios son mucho más: son colonos que, secuestrando para sí selectivamente a mujeres y niños y poniéndoles a servir, a procrear y “aprender” inculcos, arraigan sobre el terreno tomado, llegando a fundar entidades político-administrativas con el tiempo.

La desestructuración/reestructuración sociológica y vaciado demográfico de la tierra siria no es más que un estadio adelantado de aquella particular versión del Nuevo Oriente Medio que arrancaría en 2011 con Hillary-McCain, y cuyo corpus (devorando a sus ideólogos laicistas originales) iría tiñéndose cada vez más de los pigmentos confesionales del judeo-testamentarismo. Tal Weltanschauung (cosmovisión), en agresivo tropel de auto-materialización, imagina una Palestina bíblica integralmente judaizada y, a sus territorios circundantes, los requiere bajo mando de sectas domésticas y serviles; convencidas de la superioridad de los Elegidos en su condición ontológica diferencial como “pueblo de Dios”. En mitad de esta deriva escatológica (definitoria de desenlace resolutivo antesala del Nuevo Orden, o “Paraíso terrenal”), los reinos sirio-amorritas -y más tarde arameos- de Damasco y de Yamhad-Aleppo (Siria actual) son destruidos. Y, como ya lo hubieron sido los cananeos y parcialmente los samaritanos a la irrupción de Josué y sus Tropas nutridas por los persas, las gentes de los reinos (hoy los sirios) son desarraigadas de su tierra “a sangre y fuego” (léase una narrativa de las guerras mesiánicas en Pentateuco, Reyes).

Según su propio libro, “los Elegidos” no alcanzan su sueño de promisión terrena a menos que antes hayan hegemonizado bajo su cetro la vida política de la zona, en una repetición de la mítica cualidad salomónica como Rey de Reyes, a quien habrían rendido pleitesía todas las naciones en el arco del mundo conocido mesopotámico, “desde los faraones al Oeste hasta los elamitas al Este” (Pentateuco, Reyes). Para sellar su hegemonía política sobre una región doblegada, “los Elegidos” necesitan involucrar sin dobleces al “mundo occidental” y a sus sociedades en una operación militar de asentamiento con que proceder a la re-adecuación drástica de los grupos humanos sometidos. Estos quema-tierras por mandato divino saben que el “mundo occidental” no se volcará, dejando a un lado disquisiciones humanitarias y cerrando completamente filas tras el bastión israelí, a menos que ellos consigan re-presentar ideológicamente la zona (y remodelarla verdaderamente) en concepto de paisaje natural de enraizamiento y desarrollo para una vorágine de decapitadores que, habiéndose hecho fuertes, tienen por vocación el aniquilar toda diferencia y en particular cernirse contra “el mundo occidental” a título de nuevos bárbaros. A esta lógica de acuñación paisajística le incordia la persistencia en la zona de una población como la siria, educada en el laicismo y en la convivencia inter-religiosa (matrimonios inclusive) bajo una identidad común nacional más fuerte. A la luz de estas consideraciones se descifra el ahínco de exterminio practicado por los siervos armados del supremacismo sobre los cristianos sirios, iraquíes, libaneses y palestinos, quienes llevan casi cinco años de millonaria corriente migratoria y refugio (sobre todo en Escandinavia y Europa Oriental en menor grado). No en vano, los cristianos árabes y su participación en las sociedades mediorientales silencia en seco la discursividad de monocromía neo-tribal amenazante; espectro que el supremacismo recrea ante las Cortes centrales del Mundo mientras reclama un frente común y tutela regenerativa sobre la península de “territorios comanche”.

La oleada humana actual no es, pues, fruto de irresponsabilidad “occidental” y ni mucho menos de su inconsciencia. Bien al contrario, es el Éxodo profetizado por la irracionalidad Antigua y programado por una racionalidad Moderna disciplinada en servir a Yahweh, con toda su tecnología militar y su ingeniería socio-demográfica puntera. Generado el drama (bien real) e instalado en la consciencia televisiva de la muchedumbre de muy buen corazón, a cada perfil de la red social se le insta a “posicionamiento”. Los mismos que elevan cada vez más alto el alambre espinoso de Melilla, que añaden a éste cortantes cuchillas, que apuntalan las leyes exclusionistas de Europa-fortaleza y que dejan desiertas de salvavidas las costas italianas meridionales, manipulan, para este otro caso, sentimientos colectivos y sensibilidad. ¿No resulta un tanto sospechoso?.

Pues han querido los tiempos que este milenario Progrom en virtud de cuya ejecución Siria vaya dejando de ser Siria y los sirios vayan dejando de serlo, esté configurándose como deportación hacia el Viejo Continente. Alemania demanda hoy mano de obra barata cualificada y semicualificada. Tal vez mañana los llegados sean redistribuidos a lo largo de otros centros imperialistas de la Cadena mundial.

Existen, también, rentabilidades inmediatas de lo más mundano: la proporción de “migrantes” sirios varones jóvenes y de familias con niños resulta elevada. No en vano, son quienes reúnen fuerza suficiente para iniciar el periplo desde el país o desde los campos de refugiados más o menos limítrofes. Así pues, Siria se queda tendencialmente sin brazos que empuñen el fusil en su defensa, tanto como sin Fuerza de Trabajo en una tesitura hipotética de recuperación. De la Fuerza de Trabajo diría Marx que es la Fuerza Productiva más importante, y ella sería, a ojos de Mao Tse-Tung, nada menos que la variable determinante del producto de todas las otras juntas. En otras palabras, y contra riesgo de miopía, estas rentabilidades inmediatas aparentemente seculares caen dentro de esa otra supra-rentabilidad arriba descrita.

La supuesta marcha de los supuestos refugiados de guerra es nada menos que la diáspora con que está borrándose del mapa, en el nivel del registro humano, aquello mismo que el “Estado Islámico” y sus otras bandas antecedentes están borrando del mapa en el nivel del registro material histórico y arqueológico. K.O. a Siria: esto es lo que se dirime en el fondo, mientras el aluvión de estremecedoras imágenes, que no dejan de hacerme llorar por fuera y por dentro, ubican a la opinión pública en el debate de la contradicción sobre fronteras, visados, estancia y hospedaje. Este debate público es el resultado de haber puesto a la gente a mirar al dedo para velar con sombra oscura posibles miradas hacia la luna…, cuando al mismo tiempo, y si se sabe leer, el dedo está señalando hacia la luna. Al interior de esta matriz de discursividad, el horizonte masivo es a lo sumo el buenismo. Y el buenismo no deja de servir a los planes en curso, pues los Amos trasatlánticos ya han mandado a los dirigentes europeos a encajar su deber de acogida.

Estados de todo el Mundo han sumado ya sus iniciativas de acogida: Canadá y Australia (Commonwealth), Chile, Brasil, Urugay, Argentina, etc. A los Estados árabes peninsulares (Qatar, Arabia Saudí, Emiratos Árabes Unidos…) se les ha encargado mantenerse al margen; son geográficamente demasiado próximos a la RAS.

Las Potencias que, por medio de su Terror a sueldo, producen desplazados y por ende producen su amontonamiento, agonía, asfixia, ahogo…, indican luego a sus noticiarios la exposición sin tregua de los ahogados, niños incluidos. Confrontado a la pantalla por los mismos asesinos, el espectador reclamará apertura de puertas. Lo importante es desperdigar a la población precisamente para que deje de serlo, así diluida al viento de los cinco continentes. Aquí aplica con matemática precisión la memorable sentencia que Menahem Beghin pronunciara una vez sobre los palestinos: Los palestinos emigrados querrán volver; los hijos se acomodarán a su hábitat; los nietos no se sentirán ya palestinos; los bisnietos habrán olvidado qué fue Palestina.

Anteayer la BBC enfocaba a un niño sirio diciendo: “No queremos vivir en Europa; queremos poder vivir en Siria. Todo lo que Europa tiene que hacer es dejar de hacer la guerra en Siria”. La televisión traducía la primera frase textual y la segunda frase como “Todo lo que Europa tiene que hacer es detener la guerra en Siria”. La traducción entraña connotaciones ciertamente ambiguas, pero escuchada por televidentes a priori condicionados, queda, con probabilidad, al modo siguiente: “Europa tiene que intervenir por la paz, deteniendo la guerra siria”. Y es que esta ocasión de flamante filantropía con que “occidente” viene obsequiándose a sí mismo a lo largo de las últimas semanas, de ningún modo se detiene al interior del perímetro europeo. Se quiere, en cambio, que sea la simiente fecundadora de respaldo público a un más firme compromiso logístico viejocontinental con la re-ordenación supremacista de Medioriente. En palabras de Francois Hollande hace escasos meses: “En Siria hay que volver a empezar desde cero”. Por aquellos días, portavoces de la Administración Obama apuntalaban la declaración del galo, mientras las cadenas radiofónicas -las catalanas sin ir más lejos- se afanaban en retransmitir la buena-nueva. Así intitulaba Catalunya Ràdio su rotativo: “Siria necesita de compromisos de intervención, dada la demostrada inaptitud de Assad para enfrentar el yihadismo en el país”.

 

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Previsible baile de máscaras

Nadie niega que decenas de miles de compatriotas han tenido que salir de Siria porque lo han perdido todo a raíz de los bombardeos aéreos llevados a cabo por la aviación del EAS. Y van ya más de cuatro años, en cuyo transcurso millares de viviendas han sido reducidas a escombro, tal y como certeramente relatan ante las cámaras algunos desplazados. No obstante, el sesgo introducido aquí por la prensa (por ejemplo, por la televisión italiana) es doble:

La primera distorsión nos remite a la fijación obsesiva de los medios “occidentales” por repetir y repetir este tipo de historia, que, aunque en efecto dramática, constituye una de las aristas de la catástrofe entre tantas otras. La segunda distorsión es inaugurada por un abuso interpretativo: a partir de la destrucción inmueble narrada (dato desde luego veraz), las televisiones hilvanan toda una narración especulativa donde las víctimas lo serían del “sangriento Dictador y de su ejército”. La referencia empírica al bombardeo le sirve a la prensa “occidental” para (sofisma) inferirle al espectador la inducción de que el objeto de tal bombardeo fue el ciudadano que ha perdido la casa a consecuencia de éste. La falacia, que sitúa presuntos objetivos militares ofensivos en el lugar de las consecuencias y de los daños militares defensivos, “olvida” preguntar a los agraviados si había un tercer elemento ocupante de sus barrios o de sus municipios. Las más de las veces, los habitantes civiles llevaban tiempo lejos de su residencia, refugiados no necesariamente fuera de Siria. Es éste el caso de un buen contingente de ciudadanos alepinos leales a la RAS, quienes, huidos del Terror reaccionario “rebelde” instalado en sus distritos, por decenas de miles han ido constituyendo campos en el extrarradio de Alepo.

Por otra parte, nadie duda tampoco de que el llamado factor interno nacional incide en el calado de la catástrofe y en su perduración: entre las masas de compatriotas desarraigados se cuentan, cómo no, partidas de trogloditas, de econo-liberales, de lúmpenes oportunistas sin conciencia social alguna, de sectarios netos, de cabecicubos que ni tan siquiera se auto-conciben sirios y piensan su afiliación nada más que en términos de rama teológica, etc. ONGs y demás tejido “cívico” subvencionado, en Catalunya y en toda Europa, afilan sus uñas pensando en la tajada que, presta a destripamiento, les ha caído de un plumazo a la mesa de los méritos. “Los Señores nos lo agradecerán”, piensan, y se ponen a adecentar el pescado para -¡alejop!- pasearlo por las ágoras, por las salas de Grados y por las palestras universitarias o de cochera municipal. Estos selectos refugiados van a tener voz hasta en el púlpito parlamentario. A nosotros, por sirios que sean, van a tenernos enfrente.

A escala más amplia, es de comprender que entre los sirios llegados a Cataluña van a primar las situaciones arduas, caracterizadas por el riesgo de exclusión social, la urgencia de encontrar un empleo que no llega, la exasperación ante las filas para recibir asistencia y los déficit vehiculares comunicativos. A estas luces, la ocasión la pintan calva para el chantaje. El tejido político para-estatal del imperialismo (por ejemplo el Comité Catalán en Solidaridad con la Revolución Siria) no estará dispuesto a perder chanza, y, ante los necesitados, mostrará ufano guardar la llave del porvenir…, a cambio de cosechar disposición a integrarse en “dinámicas informativas”, charlas, jornadas, ruedas de prensa, etc.

En fin, prevemos también cierto desarrollo de la reacción que la psico-sociología llama mimetismo (Gabriel Tarde), y de cuya imantación a muchos venidos les va a ser complicado escapar. Pronto quien más quien menos va a percibir que, bajo el clima de prejuicios no sólo socialmente dominante sino oficialmente instituido, empecinarse en la verdad va a significar auto-posicionarse como “loco” y como “sirio malo” a partes iguales. Para casi todos va a ser demasiada auto-exigencia de integridad el cosificarse “de sirio malo” cuando a “los malos” se les va a mostrar estigma de entorno y sanción negativa jurídica de regularización, integrativa, etc. Contrastarán su balance de cuentas con el de “los buenos”, compadecidos por la sociedad civil tanto como premiados con cuidados institucionales y disolución de trabas. Comunidades enteras de sirios, revestidos con el disfraz de lo políticamente correcto como único mecanismo de defensa, abominarán de los elementos “incorrectos” y se distanciarán, quizás hasta el ninguneo. No se podrá reprochar lo que a fin de cuentas es una estrategia adaptativa poco menos que obligada bajo un medio precario extremo. Pocos se resistirán a la simbiosis con “los buenos” -con los dignos de compasión y soporte-, reclamando un sitio seguro en tal particular carro del ganador. Así es como el mentiroso civil “occidental” se engañará una vez más a sí mismo, produciendo coercitivamente aquel arquetipo de “sirio refugiado” que ajustará con escrúpulo sus palabras a aquello audible por el conjunto social del que su suerte depende.

Expulsión de Oriente y estrategia confrontacionista de caballo de troya

Con la perspectiva que el tiempo procura, quien más y quien menos estará dándose cuenta de que la re-ubicación poblacional siria en campos de refugiados fronterizos (Turquía, Líbano, Jordania) no podía constituir más que un apaño transitorio en la mente del supremacismo, y de ningún modo “la solución final” diseñada. Ciertamente, los campos fueron conveniencia del imperialismo porque entre sus pasadizos pudieron los imperialistas deslizar mecanismos de reclutamiento armado contra la RAS. Paralelamente, la CIA y sus agentes gubernamentales regionales erigieron campos de instrucción, confundidos entre el marasmo de “los refugios”, o ampliaron tantos otros campos de entrenamiento preexistentes, introduciendo en su interior nueva carne de cañón a reclutar o redirigir.

Sin embargo, este tejido de frontera alberga una disfuncionalidad obvia: los desplazados pueden evadirse, cruzar y regresar. Muchos de ellos, hartos de subsistir en condiciones más que miserables bajo los auspicios de ACNUR y de distintas ONGs “de apoyo”, quisieron volver a su país, se sucedieron las revueltas en las tiendas, ante los camiones de provisión, etc. Pronto se instauró un régimen disciplinario de control de las presencias, similar al toque de queda en cualquier territorio ocupado, y que impedía hasta las visitas por parte de otros parientes trasladados. Los últimos encarnaban el último cordón umbilical con un mundo exterior y de procedencia que los diseñadores de vidas se esforzaban por evaporar en la nube confusa de una vida anterior más y más onírica con el pasar de los meses. No podía ser asunto sine die el aglutinar a tanto volumen poblacional sirio tan cerca de Siria, máxime en territorios como Jordania, la Arabia septentrional, Antioquia y Líbano, en sí mismos integrantes del Eretz Israel proyectado.

Tal vez más importante aún, Europa debe convertirse en escenario de destino para el propio Principio de Entropía fabricado, a quien enraizar como protagonista de atentados y conflicto. A tenor de lo último, y aún a riesgo de ser malinterpretado, es importante destacar esta rentabilidad ínsita al plan supremacista a costa de los sirios: mezclar el grano con la paja y usar el caudal migratorio como Caballo de Troya de “yihadistas” y de afines, sustentados materialmente y puestos a operar bajo coordenadas nutritivas de islamofobia entre los receptores. Tal deliberación en pro de acelerar espirales de acción-reacción, tiene por cometido tendencial gestar demanda en pro de centrifugar “intervenciones de seguridad” hacia el supuesto “origen focal del problema”, es decir, hacia el Oriente Árabe, justificando así la prosecución de la Campaña de sometimiento gentilicio. Consolidar el apoyo ciudadano a las falsas “cruzadas” antiguo-testamentarias, sólo puede hacerse, en tierras tan próximas al Asia Menor, asustando/indignando a las masas, para ponerlas a comulgar con el axioma atlántico presbiteriano del choque inter-civilización (Huntington, S.). El supremacismo mesiánico tiene, pues, que inyectar en el corazón de la ingenuidad europea una suerte de anticuerpo identitario, a través de ponerle a padecer vecindad con una identidad artificial tan exclusivista como violenta. Consonante a dicha racionalidad, Arabia Saudí acaba de ofrecer apoyo financiero de acogida a la Alemania de Merkel, a cambio de que parte de esos fondos se destinen a la erección de por lo menos 200 mezquitas de orientación predicatoria wahabí en suelo germano.

Conseguir la desbandada de personas sirias despobladas, desde los viejos campos circundantes hacia el Viejo Continente, no ha sido una jugada “occidental” de la noche a la mañana. “Occidente” lleva años propiciando un clima insufrible al interior de los campos, con humillaciones cotidianas; segregación intra-familiar; amenaza expresa de no poder volver a por comida ni a por cuidados si se abandona por horas el campo a fin de visitar a otras personas; sufragio y manutención generosos prestados a Kappos recabados de entre los elementos armados “rebeldes”; constitución y amparo del Terror de las bandas, erigidas, por iniciativa de los gestores institucionales u oenegistas sobre el terreno, en verdaderos Frei Korps de disciplina, encuadramiento, vigilancia y propaganda.

Ello en lo que se refiere a la acción endógena. En lo que respecta a la actuación exógena desde los campos, y podemos decir que cohetáneamente, “occidente” se dedicaba a amparar grupos que han llevado la desestabilización y el sufrimiento a los municipios y núcleos circundantes. Esto ha ocurrido con los lugareños en Turquía y en Jordania, negativamente afectados por abusos, tropelías, violaciones, atentados y estallidos, tráficos varios y acciones mafiosas, intentos de imponer lecturas de la sharia y cánones de vestimenta y comportamiento, asesinatos que incluían la extracción de órganos para su mercantilización hacia destinos como el israelí y el Atlántico Norte, etc. En ocasiones, los autóctonos -confundidos- la han emprendido injusta y abusivamente contra los refugiados, hecho que ha prendido la mecha de la animadversión por parte de la población siria confinada, y así en espiral auto-propulsada (sirve de pequeño anticipo a lo que el neo-mesianismo trama para Europa).

En suma, “occidente” fue afanándose en cocer un caldo de cultivo con un ingrediente de demanda latente a flor de piel. Así, a “occidente” le ha bastado con interrumpir de golpe su apoyo dinerario, infraestructural, de Capital humano y de “voluntarios” a los campos de la zona, para que los Gobiernos locales se hayan decantado por levantar barreras y abrir verjas, desencadenando el abrumador fenómeno aparente. Contra la naivitée que transpiran los miles de análisis “alternativos” que en estos días pueden leerse y que ponen el acento en una presunta “ida de manos occidental” respecto de su propia actuación en Siria (haciéndose eco de la premisa weberiana de “consecuencias no previstas” o de las premisas de la crítica a la Acción Racional), esto que se presume “caos” resulta ser de lo más ordenado, centralizado y atado.

En conclusión

Ciudadanos “occidentales”: no pueden dejarse ustedes engañar tan fácilmente. Los sirios les agradecemos, con el corazón en la mano, su solidaridad con nuestro pueblo. Pero, a su vez, la solidaridad debe armarse de reflexividad si desea evitar transformarse en energía funcional al seno del torrente artífice de nuestra tragedia. Estos artífices no son otros que las élites supremacistas radicadas en “occidente”, sus venales gobernantes de aquende y allende el Atlántico y sus terminales propagandísticas social-imperialistas más o menos grupusculares. Todos estos actores han sido los fundadores y los portadores de las fuerzas para la “des-sirización” demográfica, político-administrativa, regional-organizativa, productiva e infraestructural de la República Árabe Siria. La mayoría continúan cabezones secundando aquel falso “bando bélico” de su propia creación; unos (los más oficiales) en nombre de la “democracia” y otros (los social-imperialistas o bien los más cretinos) en nombre de la “revolución”. Encomiando al hospedaje abstracto de lo que cínicamente denominan “las víctimas del conflicto sirio”, los des-sirizantes no hacen otra cosa que proseguir con esa línea lúcida de desertización humana.

Un desplazado sirio les respondería lo que ya hizo el otro día, con palabras entrecortadas por el llanto, ante las cámaras en directo de la BBC, que no pudieron reaccionar a tiempo: “En Siria, antes de todo esto, vivíamos bien; mejor de lo que podamos llegar a vivir en Alemania. Vivíamos juntos, con trabajo para todos…”. Su esposa, una siria sunní ataviada con hiyab, se abrazaba a él mientras sus hijos escuchaban.

Mis hermanos sirios no huyen de su país “en guerra civil”. Huyen de aquello en que el exterior ha transformado a nuestro país. No pocas redes “solidarias” y portavoces políticos desbordan generosidad porque en el fondo están entusiasmados con la perspectiva del éxodo. O bien, como a los consistorios de varias capitales españolas, se les paga para escenificar la opereta raída que, un acto más, toma por trama el binomio dialógico del “campo civilizado” que, civilizado él, por consiguiente disfruta de la paz y tiende la mano hacia “el campo incivilizado”, preso de su propia incivilidad guerrera. Al mundo al revés, los sirios sabremos responderle con las sencillas palabras de nuestro compatriota filmado por la BBC.

 * Vicedirector de Diario Unidad,  articulista semanal del diario venezolano LA RAZÓN.

 

L’arme migratoire et la fin des nations

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L’ère des disséminations. L’arme migratoire et la fin des nations

Par Jure George Vujic

Ex: http://www.polemia.com

(qui vient de signer un dernier livre aux éditions Kontre Kulture : Nous n’attendrons plus les barbares/ Culture et résistance au XXIe siecle).

Jure George Vujic est un écrivain franco-croate, avocat et géopoliticien, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates.

Directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, il contribue aux revues de l’Académie de géopolitique de Paris, à Krisis et à Polémia. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la géopolitique et de la politologie.

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La crise migratoire, le spectacle quotidien et tragique des noyades de masse des migrants, l’hypocrisie et l’incapacité des élites occidentales à prendre des mesures efficaces face à ce problème… Néanmoins, le caractère brutal et massif de ce phénomène migratoire chaotique, qui prend les dimensions d’un exode, devraient inciter à la réflexion et à la prudence sur les causes réelles de l’afflux massif de migrants sur les rives de la Méditerranée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ce sont près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis des Erythréens (12%), des Afghans (11%), des Nigérians (5%) et des Somaliens (4%). On estime qu’entre un demi-million et un million de migrants tenteront de rejoindre cette année les côtes européennes. Bien sûr, on ne peut que compatir avec les réfugiés syriens et libyens qui ont été chassés de leur foyer par l’intervention militaire des forces atlantistes en Libye et la volonté de renverser le régime de Bachar el-Assad en Syrie.

Néanmoins, face à cet exode, il convient de réfléchir sur le rȏle déstabilisateur et déstructurant de l’arme migratoire, qui pour la « Vieille Europe » pourrait signifier à long terme la transposition pure et simple sur son sol de la géopolitique étatsunienne de balkanisation et de fragmentation ethno-confessionnelle qui est en œuvre au Moyen-Orient, politique qui a généré une situation chaotique dans laquelle a vu le jour le pseudo-califat de l’Etat Islamique soutenu par les alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La bombe démographique avec un taux de natalité exponentiel que représenterait la quantité massive des flux migratoires d’immigrées de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pourrait bien à long terme « libaniser » les Etats européens, lesquels seraient confrontrés à une communautarisation, voire une ghettoïsation accrue, des populations allogènes, créant les conditions favorables à l’éclatement de potentielles véritables guerres inter-ethniques. Une Europe-continent affaiblie de l’intérieur et en déstabilisation permanente se devrait de supprimer ses frontières et les derniers soubresauts de souveraineté économique et politique, ce qui faciliterait l’installation du nouveau TAFTA, grand marché transatlantique, alors que les grandes corporations puiseraient abondamment dans la main-d’œuvre immigrée à bon marché tout fraîchement installée sur le sol européen. La transposition sur le continent européen du scénario du choc de civilisations entre Islam et Occident servirait les intérêts des puissances de l’Argent.

Il va de soi que cette migration massive, quand bien même fût-elle contrôlée, changera indubitablement à long terme la structure ethnique et démographique de la Vieille Europe qui semble incapable de résoudre et d’assainir les problèmes déjà existants d’absorption et d’intégration culturelle et sociale des populations extra-européennes qui résultent des flux migratoires précédents des années 1980 et 1990.

Il ne faut pas oublier que la démographie est une donnée constante de même qu’une arme redoutable dans les conflits contemporains. En effet, même si ses conséquences se font, pour la plupart, à long terme, elle ne peut être négligée d’un point de vue méthodologique, dans la mesure où elle est désormais une nouvelle arme utilisée dans les tensions géopolitiques mondiales : « La structure démographique – densité de population, masse, composition par âge et par sexe, taux d’accroissement – est en effet considérée comme un des paramètres conditionnant la violence collective. » Le même argument est développé par Jean du Verdier dans son ouvrage Le Défi démographique. L’auteur évoque la célèbre déclaration de Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 40 ans : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie ».

Bien sûr, l’immigration massive à laquelle on assiste a pour cause non pas seulement la pauvreté et la misère économique, mais la guerre qui avait pour but le démantèlement planifié de la Libye, de l’Irak et de la Syrie, qui s’inscrit donc dans une relation de cause à effet. Comme l’a si bien récemment déclaré Kader A. Abderrahim, chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme : « La crise migratoire est en relation directe avec l’intervention franco-britannique de 2011. On ne peut pas provoquer la guerre et s’étonner ensuite du désordre » (http://francais.rt.com/opinions/5889-libye-crise-migratoire-expert). L’ampleur et la convergence des flux migratoires ainsi que les directions majeures qui s’étendent du sud au nord et d’ouest en est, les axes migratoires Libye/Maghreb-Afrique subsaharienne/Méditerranée méridionale/ Europe/Italie-Grande-Bretagne-France, Afghanistan-Irak-Somalie-Turquie/ Europe de l’Est-Roumanie-Bulgarie-Hongrie-Serbie-Allemagne ressemblent plus à un déplacement de populations qu’à des flux migratoires discontinus classiques.

Il ne faut pas oublier que les instances internationales et les centres financiers et économiques de décision mondialistes réfléchissent uniquement en termes quantitatifs, en chiffres et en valeurs ajoutées ; la démographie, la structure des populations, de même que les identités et les différences culturelles ne sont pensées et traitées qu’en termes économiques et doivent servir les impératifs et la dynamique dé-régulatrice du marché mondial unifié. Ainsi il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?. Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Post-nationalité et « Dissémi-Nation » migratoire

Et pourtant, tout porte à croire – et en dépit de l’échec des politiques intégrationnistes, du modèle de la multiculturalité – que depuis des décennies on a conditionné les esprits et préparé l’opinion publique européenne à penser en termes de post-nationalité, de gestion migratoire et de catastrophe migratoire humanitaire, d’hybridation migratoire culturelle et identitaire. Ce discours post-national est aujourd’hui réactivé à des fins géopolitiques et d’ingénierie sociale, puisant ses sources dans le discours post-colonial classique cher à Frantz Fanon et à Edward Said, qui s’est s’attaqué dans les années 1960-1970 aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. En effet, sous l’influence de la pensée post-structuraliste, néomarxiste et déconstructiviste, dont les chantres les plus connus sont Foucault, Derrida et Deleuze (la fameuse théorie française qui, sous l’appellation de French theory, influencera considérablement les élites universitaires américaines, par le biais des cultural studies et les subaltern studies), les élites atlantistes mondialistes en Europe ont participé en grande mesure à la légitimation du discours post-national et pro-migratoire.

La mode ambiante de la post-nationalité, l’apologie des vertus bénéfiques des brassages et des hybridations culturelles ont profondément modifié dans le mental occidental le rapport et la perception du rȏle de la frontière, dont la fonction de limite et de séparation a été systématiquement dénigrée, au profit de la conception « frontière contact », lieu d’hybridation et d’échanges et rencontres culturelles. Cet état d’esprit irénique explique les déclarations irresponsables des élites européennes face à la vague migratoire massive, qui puisent, dans le registre droit-de-l’hommien et humanitariste, sur l’impératif d’accueillir en Europe les flots d’immigrés qui traversent le tunnel de la Manche ou piétinent les barrières de protection frontalières. Cette posture, qui oublie trop souvent que la majorité des flux migratoires ont des causes et des motivations essentiellement économiques, sociales et pécuniaires, explique aussi la volonté dominante de discréditer, voire de diaboliser, les propositions de renforcement et de contrȏle aux frontières en fustigeant « l’Europe forteresse », les projets de construction de murs en Hongrie étant taxés de modèles ségrégationnistes.

Le discours globaliste et post-national corroboré par la pensée culpabilisatrice de le post-colonialisme estime que la nation, en tant que référence d’appartenance nationale et historique, serait une entité désuète, une catégorie territoriale inadaptée et historiquement consommée, qui devrait laisser la place à de nouvelles constructions transterritoriales, hybrides et fluides aux contours mal définis. La dissémination et la dispersion migratoires à l’échelle planétaire constitueraient le fer de lance de cette entreprise de liquidation de la nation, en tant qu’entité ethnique et linguistique enracinée, vecteur d’appartenance nationale et historique.

Souvenons nous de l’influence qu’exerça le concept de dissémination de J. Derrida en tant qu’outil de déconstruction sur la pensée postcoloniale de Homi Bhabha dans les années 1990, qui forgera le concept de « Dissémi-Nation », afin de proposer un nouveau lieu global sans frontières qui se cristalliserait et se formerait de manière quasi spontanée par le jeu de la dispersion migratoire. Ce jeu de mots de la « Dissémi-Nation » n’est pas aussi anodin et abstrait qu’on pourrait le croire, et l’on peut légitimement se poser cette question : l’Europe n’est-elle pas en voie de se transformer en « Dissémi-Nation », après qu’on a liquidé et décimé la Nation en tant que cadre de la chose publique et espace du vivre-ensemble citoyen ? La nouvelle Dissémi-Nation serait un condensé d’espaces intermédiaires, qui évoluerait sans frontières précises au gré des migrations de multitudes chaotiques, et qui permettrait une production de nouvelles « altérités », pensée qui influencera de nombreux théoriciens de la post-colonialisme, comme Gayatri Spivak, ainsi que la théorie de la subalternité.

Quand bien même ces extrapolations conceptuelles semblent parfois abstraites et farfelues, on est en droit de se demander si le concept de Dissémi-Nation n’est pas en train de voir le jour, par l’intermédiaire de la liquidation de la souveraineté politique et territoriale de l’Etat ? La prolifération, la dispersion et l’exportation des masses considérables de migrants extra-européens ressemblent bien à un processus de dissémination migratoire, qui à long terme pourrait bien déstructurer et déstabiliser ce qui reste encore des vieilles nations européennes, la dissémination migratoire faisant ainsi le jeu de la stratégie du « Grand Remplacement » évoquée par Renaud Camus. La dissémination migratoire massive serait alors une arme de décimation interne et massive de la nation.

Déconstruction de l’idée de frontière

Il convient de se rappeler que cette conception subjectiviste et culturelle de la frontière-contact est l’héritière d’un courant de pensée marqué par la topophilie. On se souvient que les théoriciens post-marxistes Castoriadis et Harvey voyaient déjà dans le territoire et dans la cartographie symbolique un des champs privilégiés de bataille des identités sociales, culturelles qui devaient supplanter les certitudes traditionnelles sur la territorialité souveraine, marquée le limes romain, et de l’existence d’un esprit des lieux (genius loci propre à un peuple, un groupe ethnique ou national) – opinion longtemps partagée par les géographes ou par des penseurs conservateurs et nationalistes, la nation sublimant le corps mystique républicain cher à Péguy ou la transposition générationnelle de « la terre et les morts » chère à Barrès. Cette effervescence terminologique et conceptuelle se traduira par une prolifération de notions floues telles que : lieu, emplacement, paysage, milieu, région, topographie, limite, frontière ou confins, qui viendront brouiller davantage les notions classiques géographiques et géopolitiques du territoire et de la frontière. L’engouement pour les études culturelles contemporaines en Occident comme en outre-Atlantique (les cultural studies) a abouti à une idôlatrie de la notion de topophilie qui avait été lancée par Gaston Bachelard pour insister sur le vécu subjectif de l’espace et sur les rapports de l’individu aux lieux. Pour Bachelard, les individus établissent des relations signifiantes avec les lieux. (D’après lui, il peut s’agir de saisir les modalités selon lesquelles les êtres humains construisent leurs rapports aux lieux, que ceux-ci soient symboliques ou constitutifs de l’identité – Bachelard 1957). C’est dans la même direction que l’opinion publique en Europe a longtemps été abreuvée par ce même discours cosmopolite globaliste qui imposerait de penser l’Europe, non d’une façon charnelle et différenciée, mais de façon abstraite et constructiviste, en tant que construction intellectuelle : un territoire abstrait conçu, dont certaines régions cartographiques sont volontairement éliminées (comme le remarque bien Hobsbawm, 1997).

La même opération dé-constructiviste et dé-substantialiste a été opérée par les sociologues modernes qui insistent sur le fait que la frontière n’est pas un fait spatial aux conséquences sociologiques, mais, par contre, un fait sociétal qui prend forme dans l’espace, faisant crédit à la thèse de Georg Simmel, selon laquelle les frontières sont le résultat d’un processus psychique de délimitation ayant comme résultat des territoires, des « régions » ou des « pays » – des espaces culturels représentatifs pour un certain groupe social, qui ne se superposent pas nécessairement sur les limites politiques et territoriales acceptées. Bien sûr, tout comme Simmel l’a bien remarqué, il y a à la base un acte de volonté, un rôle moteur des communautés dans la formation des limites et des frontières. Il n’en demeure pas moins qu’à force d’élargir le champ sémantique de la notion de frontière à tout processus de délimitation, voire de dispersion, dans le cas des flux migratoires, on finit par évacuer ce qui est à la base de toute structure spatiale élémentaire, à savoir les frontières en tant que discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, qui agissent, non seulement comme le soulignent Lévi-Strauss et Lassault sur le réel, mais aussi sur le symbolique et l’imaginaire d’une communauté nationale soudée par la même langue, le même sentiment d’appartenance et une certaine symbolique d’un esprit du territoire, que certains banalisent par le vocable le terroir : la patrie.

Des anthropologues, tels que Lévi-Strauss et Georges Dumézil, ont souligné le rôle fondateur du symbolique, qui institue et structure en tant que vecteurs des identités collectives et individuelles, symbolique qui passe par la fonction de délimitation (l’appartenance à une communauté inscrite dans un territoire qui est le sien). L’histoire et les mythes fondateurs qui président à la formation de toute conscience collective et nationale rendent compte de l’importance symbolique de l’acte de « poser une frontière » qui implique toujours un regard collectif sur « L’autre » et sur « soi ». La frontière qui délimite, enferme ou exclut met en mouvement de puissantes marques d’identité qui déterminent des rapports culturels et de voisinage spécifiques avec l’étranger. On se souvient que l’école française des Annales insistait sur l’équation significative frontière/identité. De même que Lucien Febvre avait analysé l’évolution sémantique du mot frontière comme signe d’une mutation de la réalité historique avec la formation de l’Etat-nation (Febvre, 1962), alors que le couple frontière/identité est aussi présent dans les réflexions de Fernand Braudel sur L’Identité de la France. L’approche déconstructiviste et intellectualisante de la frontière, tout comme l’approche culturaliste et post-moderniste de cette notion ont abouti à une survalorisation des projections intellectuelles (idéologiques et symboliques) au détriment du mode identitaire de penser la frontière arbitrairement taxée de « mode discriminatoire » suspect. Or, la fétichisation contemporaine de prétendues nations périphériques, les identités frontalièrers et transfrontalières ont conditionné les mentalités, et surtout les pratiques de projection culturelle telles que la littérature et les arts et la politique, à absolutiser et à ontologiser l’effacement des frontières ; la pensée post-frontalière qui revendique le nomadisme et la nouvelle figure de proue symbolique du migrant rejoint la promotion de la post-nationalité, en tant que dissolution programmée de la nation au nom d’une unification du monde par le marché et la consommation.

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Or, paradoxalement, les discours communautaristes (Chicanos, Afro-Américains, etc.), post-colonialistes, et la théorie de la subalternité (cette théorie a été initiée par le Groupe d’études subalternes – Subaltern Studies Group, SSG – ou Collectif d’études subalternes – Subaltern Studies Collective –, un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l’étude des sociétés post-coloniales et post-impériales d’Asie du Sud en particulier et du Tiers-Monde en général), qui s’attaquaient à l’impérialisme des élites en renvoyant au contexte hégémonie culturelle au travail du marxiste Antonio Gramsci, sont devenus l’un des leviers du discours d’uniformisation marchande capitaliste qui, pour instaurer et libéraliser le marché mondial, se doit de déconstruire les dernières entraves que constituent les nations, les territoires souverains, les identités enracinées, ainsi que les dernières frontières protectionnistes. La nouvelle narration post-nationale à base de glorification de l’hybridation et de complexification identitaire prône une identité mondiale diasporique et migratoire, qui passe par la construction du sujet Foucaldien par assujettissement aux institutions de contrȏle, aujourd’hui à la mise en pratique de la thématique Deleuzienne de la dissémination des identités fluides et mouvantes, des sujets démultipliés le long des lignes de fuite nomadiques. Ainsi, la théorie de la déconstruction se proposait de promouvoir la désoccidentalisation des esprits et des grands concepts du changement du politique par la déconstruction des certitudes métaphysiques en arrachant tous les signifiants politiques régulatoires et structurants à leur champ de référence et de représentation. Seulement à force de déconstruire et d’arracher, la condition du dominé, du subalterne, devient peu à peu l’instrument de répression et la voie du dominant, le subalterne devenant l’angle mort du processus historique contemporain en tant qu’entreprise généralisée de déracinement.

Dissémination, contagion des idées et nouvelle anthropologie

La dissémination et la contagion des idées ont toujours précédé les grands bouleversements sociaux et politiques. Et c’est la raison pour laquelle la légitimisation des bienfaits de l’immigration massive et du brassage multiculturel s’est opérée par un changement des représentations mentales des populations autochtones et leur rapport vis-à-vis de leur identité et leur rapport avec l’autre, l’étranger. Comme le souligne l’anthropologue Dan Sperber, proche du courant néodarwinien, l’évolution culturelle dans le domaine des idées obéit à une logique de diffusion qui rappelle celle des épidémies. En effet, selon Sperber, les idées et les représentations se disséminent et se répandent par une sorte de contamination, par contagion (le titre de son livre est La Contagion des idées). Ce changement idéel des représentations mentales collectives, qui corrélativement contamine et modifie le champ sociétal, s’articule autour « d’attracteurs culturels » qui sont souvent les porte-parole, les relais de la nouvelle pensée dominante, les diffuseurs de nouveaux pseudo-paradigmes fantasmagoriques tout comme l’idéologie nomadiste. En effet, l’usage métaphorique des sociétés nomades ainsi que l’éloge du déracinement, de l’errance, en vogue dans le monde culturel et des arts, dans les grands médias, les sciences sociales et la philosophie dominante, qui vante les mérites du vagabondage, de l’exil, de l’esprit artiste, du flux, de la pensée ou de la raison nomade, constitue les trames idéologiques de la « nomadologie », fer de lance de cette véritable révolution anthropologique qui devait préparer, sur le terrain des idées et de l’esprit, l’acceptation indolore des grands bouleversements psychologiques, démographiques et ethno-culturels en Europe. Cette nomadologie, bien qu’elle puise ses sources dans l’orientalisme occidental du XIXe siècle, s’affirme depuis les années 1970-1990, c’est-à-dire dans le contexte intellectuel post-soixante-huitard, suite à l’avènement du post-modernisme, de la déconstruction de la raison et de la métaphysique (occidentale) et de l’universalisme-cosmopolitisme triomphant, la mode de l’écologie et la nouvelle philosophie. En effet, la nouvelle narration nomadiste qui devait se substituer à la fin des « grands récits » (les Lumières, les grandes idéologies de la modernité, marxisme, Hegelianisme) et qui devait fournir un modèle alternatif à la pensée dominante, grâce à l’apport d’une anthropologie nomadologique suspecte qui fera l’apologie et la promotion dans le contexte global des sociétés nomades en général, et plus particulièrement des sociétés de chasseurs-collecteurs, est ainsi présentée par Pierre Clastres comme un rempart contre l’Etat (La Société contre l’Etat, 1974) ou par Marshall Sahlins comme la première forme de la « société d’abondance » (M. Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance“, 1976). La pensée libérale-libertaire deviendra un véritable laboratoire d’idées pour cette nouvelle révolution anthropologique par la diffusion de revues telles que Libre dirigée par Marcel Gauchet, des réflexions de Jean Duvignaud, Paul Virilio et Georges Pérec sur la « ville nomade » dans la revue Cause commune de 1972 ou du numéro emblématique de cette même publication consacré au thème des Nomades et Vagabonds (1975). Sans oublier évidemment le livre-phare de la « nomadologie », Mille Plateaux, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui paraît en 1980.

Cette pensée « désirante » et « nomade » sera célébrée plus tard par Chatwin, avec Songs Lives (1986), Kenneth White, avec L’Esprit nomade (1987), Jean Borreil, naguère collaborateur de la revue Les Révoltes logiques dirigée par Jacques Rancière, avec La Raison nomade (1993), ou bien encore Jacques Attali, avec L’Homme nomade (2003), livre dans lequel cette figure est représentée par le marché, la démocratie et la foi. Le même éloge de l’errance se retrouve dans de nombreux mythes et récits bibliques dans lesquels est recyclé le grand mythe, cher au XIXe siècle, du juif errant, sans feu ni lieu (voir Du nomadisme : vagabondages initiatiques, 2006, de Michel Maffesoli, qui est ainsi articulé autour des thèmes du « juif errant », des « villes flottantes » et d’Hermès, tandis que, plus récemment, Le Siècle juif, 2009, de Yuri Slezkine, met en scène l’opposition entre « apolliniens » sédentaires et « mercuriens » nomades fonctionnels).

Il serait inutile de s’étendre sur le caractère fantasque et stéréotypé de cette pensée constructiviste, très souvent déconnectée du réel et des rapports avec les sociétés nomades « réelles », lesquelles n’existent jamais sous la forme de l’errance et de l’isolement. En fait, loin du caractère utopique et purement incantatoire de nomadisme, la diffusion de ces nouvelles formes de représentations sociétales devait servir de levier de déracinement (par les processus d’acculturation/déculturation) et d’uniformisation marchande par la promotion de l’individu comme élément central des sociétés contemporaines pour les besoins du capitalisme tardif en tant qu’acteurs de production totalement flexibles et disponibles, mobiles tout comme le sont les chasseurs-cueilleurs et nomades dans les sociétés primitives. En effet, l’idéologie néo-libérale et le nouveau capitalisme de séduction mis en exergue par Michel Clouscart instrumentalisera avec succès l’anthropologie libertaire des sociétés nomades en transposant sur l’individu et le monde du travail les caractéristiques de sociétés passées et/ou exotiques en y appliquant les nouvelles pratiques « new age » telles que les coach-chamanes, la sophrologie et le « développement personnel ».

La dissémination est le propre de la démarche post-moderne qui dans l’optique Derridienne serait destinée à interrompre et empêcher la totalisation, s’insurgeant contre l’idée de centre et de totalité, préférant le réseau et la dissémination, par l’effacement des repères normatifs et leur remplacement par une logique en apparence fluide mais opératoire. Sur le plan social et politique, la dissémination des processus dissolvants migratoires s’emploie à déconstruire de l’intérieur une société structurée par la verticalité de l’institution politique au profit de l’économique. La dissémination migratoire est le reflet de cette même post-modernité qui se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique, par le concept d’ « impureté ». Les philosophes post-modernes (notamment Foucault et Agamben) qui ont souligné l’importance des relations de pouvoir dans la formation du discours d’une époque sont devenus, sans le savoir et sans vouloir le reconnaître, les allocataires et les propagateurs de cette nouvelle forme de discours dominant et, selon Alex Callinicos, ont « contribué à créer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle celle-ci pouvait s’épanouir », voire post-humaine dans laquelle l’arme de la dispersion indifférenciée migratoire a pour but de liquider la réalité nationale, et d’instituer le règne du « sujet sans intériorité ».

Jure George Vujic

Bibliographie

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– François Géré, Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, édition Larousse en collaboration avec Courrier International, Paris 2002.
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– Lucien Febvre, Pour une histoire à part entière, Sevpen, Paris 1962.
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– Jacques Levy, « Frontière », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris 2003.
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– J. Gottmann, La Politique des Etats et leur géographie, A. Colin, Paris 1952.
– Eric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780 : programmes, mythe et réalité, Gallimard, 1992.

Correspondance Polémia – 14/09/2015

lundi, 14 septembre 2015

Commémorations : mais l’histoire existe-t-elle encore ?

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Commémorations: mais l’histoire existe-t-elle encore?

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous avions envisagé comme titre initial “Commémorations : à qui l’histoire appartient-elle?”, puis nous avons préféré le titre que vous lisez, qui est en fait une réponse, elle-même en forme de question, à ce premier projet de titre... “A qui l’histoire appartient-telle ?” Réponse : “Mais l’histoire existe-t-elle encore ?” La réponse est évidemment négative.

Ce (très-vaste) sujet est abordé à l’occasion de la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui a eu lieu hier en Chine, un jour après le 70ème anniversaire de la signature de l’armistice entre le Japon et les puissances alliées le 2 septembre 1945. (Voir aussi une contribution de dedefensa.org le 2 septembre 2015.) Cette commémoration en Chine suit la commémoration à Moscou, le 9 mai dernier, de la signature de l’armistice de 1945, entre l’Allemagne et les puissances alliées. Ces deux évènements sont singuliers et marquent, ou plutôt confirment une sorte de bouleversement de la fonction mémorielle de l’histoire, et de l’histoire elle-même.

Pour ce qui est de la fonction mémorielle, il est devenu évident que l’acte de la commémoration représente désormais un acte politique, où le symbolique est utilisé directement comme un acte de la politique. C’est la première fois, cette année, que les commémorations de 1945 sont interprétées directement de cette façon, dans une atmosphère d’antagonisme exacerbé. C’est cet aspect que présente le texte présenté ci-dessous, de Mikhail Gamandiy-Egorov pour Sputnik-français, le 3 septembre 2015. Gamandiy-Egorov présente la célébration du 3 septembre, après celle du 9 mai, respectivement dans les deux capitales du nouvel axe Moscou-Pékin, comme une affirmation de la nouvelle multipolarité du monde contre la vision unipolaire des USA, ou plutôt du bloc BAO selon notre terminologie. Nous présentons également un extrait d’un texte de MK Bhadrakumar, en date du 27 août 2015, qui donne une appréciation des effets de la Seconde Guerre mondiale sur la situation actuelle en Asie, en mettant l’accent sur certains points intéressants, – le plus intéressant étant certainement celui de la présence à Pékin de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, montrant que l’antagonisme avec le Japon qui unit la Corée du Sud et la Chine (souvenirs de la guerre) est extrêmement fort aujourd'hui face au Japon qui voudrait affirmer sa puissance militaire, et plus fort dans le cas sud-coréen que les consignes des USA.

On retrouve donc les mêmes caractères que lors de la commémoration de Moscou, avec le même boycott de la part des mêmes pays du bloc BAO, à peu près selon les mêmes lignes de conduites, parfois avec des arguments exotiques qui montrent une complète absence d’attention diplomatique pour de tels actes, c’est-à-dire le degré étonnant de crudité et de primitivisme auquel est réduite aujourd’hui la politique, surtout lorsqu’il s’agit de prendre en compte des facteurs historiques et culturels. Lorsque Spuntik-français écrit, le 1er septembre 2015 que le porte-parole de la Maison-Blanche «a déclaré lundi lors d'une conférence de presse qu'il ne connaissait rien du projet du président chinois de commémorer cette date et notamment du défilé donné à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale», on se dit que le réseau russe pousse un peu du point de vue de la traduction... A peine, à peine, puisque lorsqu’on consulte le texte officiel (le 31 août 2015), on tombe sur cet échange où, effectivement, le porte-parole Josh Earnest n’a pas l’air au courant de grand’chose, y compris, peut-être, le fait lui-même de la Deuxième Guerre mondiale après tout ... (On notera, en passant, que la question elle-même est truffée d’inexactitudes diverses, situant le climat culturel des connaissances à cet égard, et de l’intérêt pour tout ce qui n’est pas Washington D.C.)

Question : «President Xi this week is hosting a sort of military parade to commemorate the 70th anniversary of World War II, and a lot of U.S. allies... Prime Minister Modi, Prime Minister Abe... have declined their invitations to go to that ceremony. I'm wondering if you think that it's appropriate, considering some of the regional tensions, for him to be hosting this, and if this is something that came up with Susan Rice.»

Josh Earnets : «Justin, I don't know if this came up in the context of the National Security Advisor’s trip to China. I can check on that for you. Actually, I will acknowledge I was actually not aware of the Chinese President’s plans to mark the end of the second world war, but you might check with the State Department to see if they have an official response to this. And I'll see if I can get my colleagues at the NSC to respond to your question in terms of whether or not this came up in Dr. Rice’s visit to China this week.»

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Au reste, si l’on s’en tient à cette réponse assez étrange du porte-parole de la Maison-Blanche, qui aurait aussi bien pu la raccourcir en disant simplement qu’il est actually not aware of the end of the second world war et qu’il peut éventuellement check on that for you auprès de ses collègues du NSC, on en vient au constat que tout cela n’a plus rien à voir avec l’histoire elle-même que la commémoration est censée célébrer. Il y a là un phénomène en pleine accélération, né avec les évènements d’Ukraine, les diverses narrative, les diverses récritures de l’histoire (des évènements de la Seconde Guerre mondiale) développées pour pouvoir répondre à la logique de fer du déterminisme-narrativiste, etc. L’histoire, dont la commémoration est devenue un enjeu presque exclusif pour les évènements en cours selon l’interprétation de communication qu’on veut leur donner, est en train de se transformer en un magmas incompréhensible et insaisissable qui n’a plus pour fonction que de correspondre à l’événement de communication “du jour”. Bien entendu, cette évolution est toute entière et absolument de la responsabilité du Système mais elle entraîne nécessairement des réactions antiSystème qui sont nécessairement déployées dans le même sens, – car comment faire autrement ? Que la Chine commémore comme elle le fait la la victoire alliée sur le Japon est une façon de réparer une grande injustice, parce que le rôle de la Chine dans cette victoire a souvent été minorée, sinon complètement ignorée dans les diverses commémorations faites depuis 1945. Pour autant, commémorer cette victoire alliée quasiment in absentia des États-Unis, du Royaume-Uni, etc., n’a pas tellement plus de sens.

Ainsi l’action du Système tend-elle à étouffer, non plus telle ou telle version de l’histoire, mais l’histoire elle-même, en tant que récit fondamental de notre passé commun. D’une certaine façon, on observera que cela n’a rien pour étonner dans la mesure où se développe à très grande vitesse une perception du monde qui se résume dans la formule dite du big Now, bannissant toute existence du passé et réduisant l’avenir à une formule postmoderne qui proclame une sorte de “présent éternel” contenant à la fois le “présent“ et le “futur inéluctable de ce présent”. Cela permet effectivement de faire passer à peu près tout, de proclamer un jour Pravy Sektor mouvement patriotique de libération d’Ukraine, sans s’interdire une seule seconde de le condamner le lendemain comme mouvement “fasciste” téléguidé par Moscou, ou d’affirmer que l’armée ukrainienne a libéré Auschwitz, ce qui permet de fêter le 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz en se passant d’inviter Poutine, représentant actuel de l’Armée Rouge qui libéra le camp.

Le constat de cette expulsion de l’histoire de notre champ de perception, correspondant à la dissolution de la “réalité” au profit de narrative éventuellement diverses, n’est pas un phénomène absolument nouveau et certainement pas inattendu si l’on observe l’évolution du Système. Mais il est extrêmement rapide (évident depuis l’Ukraine) et il n’est jamais apparu aussi évident qu’aujourd’hui. Bien entendu, la disparition de l’histoire telle qu’on l’observe ici ouvre toutes grandes les portes à l'interprétation de la métahistoire, tout comme la disparition de la “réalité” ouvre l’intuition à des constats de “vérités de situation” dont la richesse et la puissance sont incontestables. Bien entendu, nous persistons plus que jamais à considérer que le grand perdant dans cette opération est le Système parce qu’il perd ainsi toute sa légitimité globale qu’il tenait d’un récit de l’histoire jusqu’alors arrangé à son avantage (ce que nous avions notamment traduit par l’idée de métaphysique de l’Holocauste).

Cela ne signifie pas nécessairement que cette légitimité passe à l’antiSystème qu’on pourrait identifier notamment dans l’axe Moscou-Pékin, parce qu’on sait, justement, comme on l’a souvent rappelé, que cette fonction d’antiSystème se développe au sein même du Système (des pays comme la Russie et comme la Chine sont, selon notre formule, “un pied en-dedans, un pied en-dehors” par rapport au Système). L’antiSystème n’est pas une alternative au Système, ce n’est pas une entité d’une essence nouvelle mais une simple fonction, dont la dynamique est de facto d’attaquer le Système, même si cela revient à attaquer le cadre dans lequel on est soi-même installé. (Bien entendu, il faut apporter des nuances à cette règle, mais on les connaît, et certaines auront peut-être, voire certainement un rôle à jouer lors de l’arrivée à maturation extrême de la Grande Crise d’effondrement du Système actuellement en cours ; l’une des nuances les plus connues, d’une grande importance, est la résilience de la nation russe et sa force spirituelle qui, à côté de la fonction antiSystème de la Russie, font de ce pays un acteur central des bouleversements à venir.)

Le résultat général de l’évolution qu’on décrit ici est simplement la disparition de la légitimité comme principe, comme d’ailleurs la disparition de la structure principielle en général, et par conséquent l’affaiblissement du Système qui avait depuis longtemps repris à son avantage l’exploitation subversive de cette structure. Le résultat opérationnel est visible de plus en plus chaque jour, comme le constatait très récemment un orfèvre en la matière, Tony Blair, dont l’article du 31 août 2015 a été l’objet d’une analyse dans notre F&C du 1er septembre 2015. (L’on notera que cet article il a été traduit pour Le Monde, il a été très remarqué dans les milieux européens, – les moutons vont toujours par troupeaux, – avec des commentaires alarmistes devant cette description du surgissement de phénomènes antiSystème jugés “incohérents” et donc insensibles à quelque riposte que ce soit. L’article de Blair, lui-même apprécié comme extrêmement avisé sinon admirable du point de vue de la vision politique, est partout cité dans les milieux-Système, surtout européens, comme un signal d’alarme, et essentiellement dans ce cas parce que le “magicien-Blair” avoue qu’il ne sait pas comment on peut riposter devant de telles inconvenances. Que tout ce remue-ménage puisse encore être produit par un Blair, même un Blair-s’avouant-impuissant, donne une mesure des capacités du Système et de sa hauteur de pensée.)

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... Mais nous devons en revenir à des préoccupations plus terre-à-terre, qui ont salué cette commémoration chinoise du 70èmre anniversaire de la capitulation du Japon. Dire “plus terre-à-terre” ne signifie de notre part nul dédain ni condescendance, mais simplement une description opérationnelle. Pour le reste, la bataille Système versus antiSystème a lieu à tous les échelons, partout, de toutes les façons. Il n’y a rien qui ne mérite d’être salué pour sa participation à la bataille contre le Système... Voici donc les deux textes complet/partiel que nous avons annoncés plus haut.

dedefensa.org

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Après Moscou, la grande marche multipolaire se poursuit à Pékin

La grande alliance multipolaire une nouvelle fois en marche ! Après le défilé de la Victoire du 9 mai dernier à Moscou, célébrant le 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, cette fois c'est l’allié chinois qui célèbre depuis sa capitale Pékin la fin de la Seconde guerre mondiale.

Pour rappel, l'URSS et la Chine ont perdu respectivement 27 millions et 20 millions de morts (militaires et civils) durant ce conflit, faisant des deux pays ceux qui ont sacrifié le plus pour anéantir la peste brune.

A noter la participation en plus des forces armées de la République populaire de Chine et à l'instar du défilé de la Victoire de Moscou, des forces armées d'autres pays. Et comme pour remercier les amis chinois d'avoir été la plus grande délégation étrangère lors du 9 mai à Moscou, à Pékin ce sont les forces russes qui étaient deuxièmes en termes d'effectifs, après bien évidemment les forces armées chinoises. A noter aussi l'absence à Pékin de tous les dirigeants occidentaux. Seul le courageux président tchèque a fait le déplacement comme il l'avait déjà fait à Moscou, étant ainsi le seul chef d'Etat représentant un pays de l'UE. Pour le reste que des ambassadeurs des pays dits du monde "civilisé". A l'opposé donc des dirigeants russe, kazakh, biélorusse, kirghize, sud-africain, vénézuélien, serbe et d'autres, qui ont bien été présents à Pékin, et pour qui l'histoire ne se réécrit pas.

Pour revenir au défilé, qui a été grandiose, en plus donc des représentants de l'Armée populaire de libération (nom officiel de l'armée chinoise), y ont pris part aussi les militaires de la Russie, de la Biélorussie, du Kirghizistan, du Venezuela, de Cuba, de Mongolie, du Mexique, du Kazakhstan, d'Egypte, du Tadjikistan, du Pakistan, de Serbie, de Cambodge, du Laos, des Fidji et du Vanuatu.

On pouvait aussi observer, comme ce fut le cas à Moscou, les présidents chinois et russe, côte à côte, tout au long du défilé. Et malgré toute la puissance affichée de la Chine, le leader chinois n'a pas manqué de noter dans son allocution que son pays est déterminée à défendre la paix: "La Chine ne recherchera jamais d'hégémonie, pas plus qu'elle ne cherchera à s'étendre. Elle n'imposera jamais des souffrances tragiques à d'autres nations", a affirmé ainsi le président Xi Jinping. Un message clair, précis et plein de sens. Un sens d'ailleurs qui devrait faire méditer une fois de plus le leadership d'un certain nombre de pays, dont un en particulier.

Ce qui est certain, c'est que par cette vision commune de l'histoire des leaders et des peuples de Russie et de Chine, mais également par une vision très proche sur l'avenir du monde, qui ne peut être que multipolaire, l'humanité attend avec espoir la suite des événements. Et compte tenu des événements que l'on observe en ce moment, il ne peut y avoir que deux suites logiques: soit le monde multipolaire s'impose une bonne fois pour toute et les partisans de l'unipolarité dépassée l'acceptent. Soit les habitués du monde unipolaire continuent à prétendre de garder leur hégémonie sur toute la planète, avec tout le chaos qui en découle.

Reste grandement à espérer que c'est la première option qui l'emportera, même si vraisemblablement du temps supplémentaire sera nécessaire, ainsi que des efforts communs de tous les partisans de la multipolarité, peu importe que nous soyons citoyens de grands ou de petits pays.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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China’s WW2 parade guest list has meanings

[...] The western countries have a misconception that if they do not grace an international event, it loses importance. It’s a hangover from the colonial era. But then, the vanity has limits, too – provided, there is serious money involved. How the western countries fell over each other to join the China-led Asian Infrastructure Investment Bank [AIIB] as ‘founding members’ is legion. They instinctively saw AIIB as a free ride on Chinese money and no amount of American persuasion could keep them away from the honey pot. Britain and Germany hold very little equity in the AIIB in comparison with India, but are keen on the commercial spin off from the investment projects.

Alas, there is no money in China’s celebrations over the 70th anniversary of World War II. And there is no David Cameron at the ceremony in Beijing on September 3. The western media insists it’s a ‘snub’. Whereas, China says it didn’t press the invite but left to the invitees to suit themselves. At any rate, why should any country ‘snub’ China for celebrating a magnificent victory over fascism? There wasn’t any Holocaust in the Asian theatre, but the marauding Japanese army was no less horrific in war crimes than Nazi Germany.

China wasn’t the aggressor in World War II. It didn’t spill Anglo-Saxon blood. China’s participation took the form of its liberation struggle against Japanese imperialism. No doubt, the impact of World War II on the Asian region was historical. Fundamentally, the war galvanized the national movements across the region. Asia could shake off the colonial yoke, finally.

But in geopolitical terms, the single biggest beneficiary turned out to be the United States. The war on Japan – and the deliberate use of atomic weapons – enabled the US to eventually get embedded in the Asian region. Today, it claims to be an ‘Asian power’. On the other hand, the biggest loser was Imperial Britain, since its decline as a second rate power really began when it found that clinging on to the Indian colony was no longer sustainable. Of course, India’s independence in 1947 is attributable to World War II.

All the same, if the expected line-up in Beijing next week is interesting, it is for three reasons. First, Russian President Vladimir Putin’s presence in Beijing on September 2-4 affirms beyond doubt that the quasi-alliance between the two big powers is only getting stronger by the day and world politics and the international system will be profoundly affected by the Sino-Russian strategic partnership.

Second, the absence of the western countries at the celebrations underscores that they are a long way from accepting China as a strategic partner – and, furthermore, that if push comes to shove, blood will prove thicker than water and the Europeans will dutifully line up behind the US in any confrontation with China. Germany or Britain cannot do without the Chinese market to ensure that their economies remain resilient, but they see China inherently as an adversarial power in the world order. Their disquiet over China’s rise is compounded by the acute awareness of the West’s decline after a long history of global dominance since the Industrial Revolution.

Third, the presence of South Korean President Park Geun-hye as well as the absence of Japanese Prime Minister Shinzo Abe and North Korean leader Kim Jong UN will make a significant template of the emergent realignments in the politics of the Far East. China and South Korea have drawn together as strong economic partners, while Park’s presence in Beijing will underscore the two countries’ shared concerns over the rise of militarism in Japan under Abe. Significantly, setting aside speculations, Park decided to attend the military parade as well...

M.K. Bhadrakumar

dimanche, 13 septembre 2015

Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

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Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

par Romain Dewaele et Antoine Valentin

Ex: http://globalediplomatie.com

Afflux de réfugiés, nettoyage ethnique, guerre civile, démodernisation des combats, violence extrême,  brutalisation (G.Mosse) des sociétés, guerre chiites/sunnites, guerre par procuration des puissances régionales, un régime autoritaire toujours là, les horreurs de l’État Islamique, une opposition hétéroclite et sans agenda, un pays en ruines, bref la Syrie est de facto morte.

Une fois ce constat  fait, quels peuvent être les scénarios d’avenir à moyen terme pour la Syrie ?  Son emplacement stratégique dans la région, ainsi que l’implication des grandes puissances et des acteurs régionaux ne peuvent laisser la Syrie devenir une Somalie bis.

Première hypothèse : un scénario à la libyenne.

Progressivement l’armée régulière exsangue ne peut tenir ses positions dans la Syrie « utile ». Ravagée par la guerre des services qu’impose El Assad pour garder son leadership, l’armée du régime qui subit de plus en plus de défections se montre incapable de garder « l’alaouitistan ». En manque de soutien russe et iranien, et du Hezbollah, l’armée n’arrive pas à contenir les assauts de l’Armée de la Conquête (Al Nosra, Ahrar Al Sham…). D’ailleurs de plus en plus financée par la Turquie, des monarchies du Golfe (et peut-être armée par la France). Bachar El Assad tombe, les Alaouites fuient, tout comme les Chrétiens pour éviter les massacres, Israël créer un couloir aérien pour que les Druzes se réfugient chez leurs « frères » Israéliens. La Turquie bombarde le PYD (branche syrienne du PKK) pour obtenir une zone tampon peuplée de Turkmène entre la Turquie et le Kurdistan syrien. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène au nord, l’Armée de la Conquête qui contrôle la moitié ouest du pays, et l’État Islamique à l’est, ce dernier contenu par la coalition internationale. L’Armée de la Conquête installe dans sa zone un régime sunnite, mais les factions de l’Armée de la Conquête sont divisées, elles ne sont pas désarmées, aucun chef ne s’impose, les structures de l’État syrien sont en lambeaux, et l’arsenal militaire du régime est récupéré de multiples factions. Au niveau régional, le Liban, déjà en proie à un blocage institutionnel et à l’afflux de réfugiés est en danger, tout comme Israël, et la Jordanie.

Seconde hypothèse le statut quo.

Le Hezbollah avec des volontaires, l’Iran et la Russie avec des armes et des financements parviennent à faire tenir le régime, qui depuis  entame un repli stratégique en concentrant ses forces sur « l’Alaouitistan » et cesse d’être un État « checkpoint » en privilégiant la continuité territoriale à la dispersion. Les combats font toujours rage entre le régime, l’Armée de la Conquête, l’Armée Syrienne Libre et l’État Islamique. Les réfugiés continuent à affluer en Europe et surtout dans les pays de la région. Les frappes de la coalition internationale permettent de contenir Daesh mais pas de l’endiguer. Comme dans toute guerre civile, les puissances étrangères jouent leur cartes, dans cette hypothèse l’intransigeance des puissances domine, aucunes ne lâchent des concessions pour une éventuelle sortie de crise.

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Troisième hypothèse : le départ négocié de Bachar El Assad.

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Dans le cadre d’une médiation, avec d’une part les Russes et les Iraniens, et de l’autre les États-Unis et l’Arabie Saoudite (les Européens excluent du jeu en raison de leur échec en Libye) ; le départ de Bachar El Assad est organisé.  En effet, El Assad est impossible à recycler en raison des 200 000 victimes civiles du conflits, la fracture est désormais trop grande. L’ex leader et sa famille proche trouvent exil en Iran ou en Algérie.  Ce départ négocié veut éviter la création d’un territoire de non-droit dans une zone déjà tendue. Les Russes et les Iraniens font rapidement constituer un gouvernement provisoire entre des anciens du régime et des opposants modérés (Armée Syrienne Libre). L’initiative russo-iranienne veille à préserver l’armée, les services de renseignement, l’administration, bref toutes les sphères de l’État syrien. Le gouvernement provisoire d’union national s’engage à organiser des élections démocratiques sous la surveillance d’observateurs de l’ONU, afin de former une assemblée constituante représentative et équitable démographiquement de toutes les confessions du pays. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène imposé par la Turquie au nord, dans la Syrie « utile » le nouveau régime syrien zone d’influence russo-iranienne est reconnu par la communauté internationale, et à l’ouest, les zones contrôlées par Al Nosra et Ahrar Al Sham sont stabilisés territorialement et deviennent une zone d’influence des Saoudiens, enfin à l’extrême est l’État Islamique. Ce dernier sera rapidement en difficulté : « quand un empire ne progresse pas il s’effondre ». En outre, il sera difficile à Daesh de diriger des zones ni sunnites ni arabes, de même une expansion trop forte de Daesh peut conduire à ce que Paul Kennedy appelait la « sur-extension impériale », où les coûts de la conquête ne compensent pas les gains. Au final, les puissances sunnites ont leurs appuis, l’Iran empêche la création d’une Syrie entièrement sunnite, la Russie garde son accès à la méditerranée, les Alaouites et les Chrétiens partagent le pouvoir avec les sunnites jusque-là marginalisés. Enfin, le but de cette hypothèse est d’éviter un scénario à la libyenne et à l’irakienne pour restaurer un État syrien viable. La nouvelle Syrie ne doit pas de débaasifier, les cadres de l’État doivent perdurer, et toutes les communautés doivent retrouver un rôle politique.

Voilà trois hypothèses d’avenir pour la Syrie, toutes à compléter en fonction des avancées militaires et diplomatiques. Tout en sachant, que depuis l’accord entre les grandes puissances et l’Iran en juillet dernier, on constate un intense ballet diplomatique entre la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite et des opposants Syriens…À suivre.

 Romain Dewaele et Antoine Valentin

Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

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Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Tournons un court instant le projecteur vers les Balkans et regardons ce qu'on y craint aujourd'hui plus que tout.


En effet, tout l'été, plusieurs pays des Balkans, ceux qui ont de forts liens financiers et commerciaux avec la Grèce sont en état d'alerte devant une contagion possible de la crise grecque, la sortie toujours possible d'Athènes de l'euro zone, sur leurs territoires. En mai dernier, la banque américaine Morgan Stanley avait ainsi anticipé de possibles problèmes de paiement pour la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie du fait que de nombreuses banques grecques possèdent une participation en actions importante dans ces trois pays. Les banques centrales de Bulgarie et de Roumanie ont officiellement écarté depuis avoir un quelconque problème sur leurs avoirs, insistant même pour souligner que dans tous les cas, il s'agissait ou s'agira de banques nationales à participation grecque et non de banques purement grecques. Pourtant, 25 % du système financier bulgare est, par exemple, aux mains de quatre banques grecques : Alpha Bank, UBB, Pireaus Bank et Postbank et ces quatre banques grecques sont présentes dans tous les Balkans.  La crise bancaire internationale qui se dessine n'annonce donc rien de bon pour la région. Certains experts craignent que la panique n'ait des effets largement négatifs dans tous les Balkans, l'une des régions toujours les plus fragiles de l'Europe. Les relations économiques entre la Bulgarie et la Grèce sont étroites et ce, pas seulement dans le secteur financier mais aussi en ce qui concerne les infrastructures, l'industrie et le commerce bilatéral. 7 % des exportations bulgares vont vers la Grèce. Le Grexit affectera aussi forcément la Bulgarie à travers les 300 000 Bulgares qui travaillent en Grèce et qui comme tout immigré, enverront moins d'argent au pays ou alors des fonds totalement dévalués en drachmes.


Par rapport à la Grèce, la Roumanie n'est guère mieux lotie. 


Moins exposée que la Bulgarie, les autorités roumaines craignent aussi les effets collatéraux de la crise grecque comme une dévaluation de leur monnaie, le leu. Dans tous les cas, la Banque nationale roumaine avoue redouter, à court terme, de sérieuses difficultés monétaires et budgétaires. De plus, à Bucarest, la sortie de la Grèce de l'euro aura nécessairement un effet négatif sur l'entrée de la Roumanie dans l'euro zone. La Roumanie qui a reporté plusieurs fois cette entrée dans la monnaie unique européenne, la souhaite pourtant pour 2019 ou 2020.


Situation Serbe 


La Banque Centrale a assuré que l'exercice dans le pays des quatre banques grecques citées plus haut n'est pas en danger ni menacée. Entre 2005 et 2011, la Grèce fut d'ailleurs le troisième investisseur en Serbie avec un total de 1 300 millions d'euros qui généra 25 000 emplois. Mais depuis 2011, l'investissement grec s'est bien évidemment tari en raison de la faillite de l'Etat hellénique même si l'échange commercial entre les deux pays demeure toujours élevé avec le chiffre en 2014 de 427,12 millions d'euros.


La Hongrie mobilise son armée


La Hongrie a déjà entamé la construction d'une barrière, d'un mur le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie afin de contenir l'afflux de migrants, principalement des réfugiés originaires de Syrie, qui tentent de rejoindre l'espace Schengen . Hier, la Bulgarie annonçait l'envoi de blindés et de militaires le long de sa frontière avec la Macédoine. L'Autriche s'est aussi résolu à mobiliser des militaires afin de soutenir l'action de l'État autrichien dans les camps de réfugiés et les centres d'accueil. 


Lundi, près de 2.000 migrants sont entrés dans l'Union européenne par la frontière serbo-hongroise. Un record pour une seule journée mais l'Europe est prospère et en paix, nous avait-on promis. Vous en souvenez-vous ?

Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

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Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

S’allier aux terroristes de Jabhat al-Nosra, c'est-à-dire Al-Qaïda en Syrie et en Irak, pour lutter contre d’autres terroristes, ceux de Dae’ch, l’organisation « Etat islamique », est la dernière trouvaille du général David Petraeus. Cet ancien chef de la CIA vient d’expliquer ce qu’il pense être « une impérieuse nécessité » au site américain d’information The Daily Beast[1]. Comme plusieurs experts américains, ce général en retraite qui fût en charge de la lutte anti-terroriste en Irak avec le succès que l’on sait, qualifie les terroristes de Nosra de « combattants modérés ». Evidemment par rapport aux fêlés de Dae’ch, c’est une question d’appréciation… Commandant en chef des forces américaines en Afghanistan, ce bon Petraeus était déjà l’inventeur du concept très discutable de « Taliban modéré » dont on peut, aujourd’hui encore, vérifier toute la pertinence alors qu’il ne se passe pas un jour sans qu’un ou plusieurs attentats meurtriers n’ensanglantent Kaboul et ses faubourgs…

Cette conception de la « modération » est l’une des vieilles marottes des « experts » du Pentagone, spécialistes dans le déclenchement de guerres désastreuses - en Afghanistan, dans les zones tribales pakistanaises, au Yémen, en Irak et ailleurs - et de solutions post-conflits toutes aussi foireuses. La méthode est simple, brutale autant que répétitive : on casse tout et ensuite on réfléchit afin de bricoler des alternatives politico-militaires supplétives et susceptibles de garantir les intérêts stratégiques, économiques et politiques de l’invincible Amérique. Chacun se souvient comment fut lancée la troisième guerre du Golfe au printemps 2003, enchaînant les mensonges d’Etat avec la complicité de la grande presse occidentale, en contournant l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. L’allié britannique de l’époque - Tony Blair (voir notre dernier Editorient) - osait affirmer que les armes de destruction massives irakiennes (de la troisième armée du monde !) restées pourtant introuvables, pouvaient menacer la planète entière en moins de 45 minutes… Fichtre ! On se souvient aussi comment, dès la chute de Bagdad, le pro-consul américain Paul Bremer congédiât l’ensemble des cadres de l’armée irakienne et du parti baath, les institutions les plus structurantes du pays, hormis les grandes confédérations de tribus.

Dans un tel contexte, nul n’était besoin d’être ni devin, ni grand expert militaire pour anticiper une suite qui verrait immanquablement la fragmentation communautaire et territoriale de ce grand pays, désormais livré aux factions jihadistes et mafieuses où il s’agissait donc de repérer les « modérés » pour essayer d’endiguer une implosion pourtant programmée ! Encore bravo ! Ainsi, en 2007, le même général Petraeus a dépensé beaucoup d’énergie et d’argent afin de convaincre des milices sunnites de s’allier avec les troupes américaines plutôt que de combattre aux côtés… d’Al-Qaïda. En effet, avec beaucoup de dollars, cette tactique a vaguement fonctionné quelque temps, repoussant les partisans d’Oussama Ben Laden aux confins du désert syro-irakien. De cette brillante stratégie devait naître Dae’ch, quelques années plus tard.

Ces tentatives d’instrumentalisation de l’islam radical sunnite ne datent pas d’aujourd’hui. Bien avant Lawrence d’Arabie, les services britanniques de New Delhi et du Caire en avaient fait l’un de leurs principaux leviers de domination impériale : diviser pour régner, jouer les minorités les unes contre les autres et tribaliser les Etats-nations en devenir tout le long de la route des Indes, en Asie, en Afrique et ailleurs. Dès la fin de la Seconde guerre mondiale, lorsqu’ils ont pris le relais aux Proche et Moyen-Orient, les Américains ont bien intégré la leçon et l’ont mise en pratique partout où ils se sont installés durablement. Ce fût notamment la signature du Pacte du Quincy entre le président Roosevelt et le roi d’Arabie Ibn Séoud - premier accord de protection de la ploutocratie saoudienne contre l’exploitation monopolistique des plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures -, pour 60 ans. Renouvelé en 2005 par l’administration Bush pour une nouvelle période de soixante années, cet accord n’a pas fait l’objet d’une grande attention de la part de nos grands experts de la région.

Tout aussi logiquement, et après avoir poussé Nasser dans les bras de l’Union soviétique, les administrations américaines successives (républicaines et démocrates) n’ont cessé de cirer les pantoufles des Frères musulmans, à l’époque déjà largement financés par le roi Fayçal d’Arabie. Dès le milieu des années 50 et jusqu’à aujourd’hui, les Américains se sont littéralement amourachés des Frères et plus largement du sunnisme radical. Pour quelques raisons très simples : là où sont les Frères, il n’y a pas se syndicats, pas de communistes ni de nationalistes arabes ; la jeunesse se contente de faire des allers et retours entre la mosquée et McDo ou Pizza-Hut. C’est bon pour les affaires et contenir les Rouges… Il faut ressortir la belle photo d’une délégation de Frères musulmans emmenée par Saïd Ramadan (le père du télé-coraniste actuel, Tarek, sorte de BHL de l’Islam contemporain) dans le bureau ovale de la Maison Blanche, bras-dessus-bras-dessous avec le président Eisenhower durant les plus belles années de la Guerre froide pour mieux comprendre pourquoi et comment les services américains, saoudiens et pakistanais fabriqueront plus tard Oussama Ben Laden !

Dans un petit livre définitif - Ben Laden, secret de famille de l’Amérique -, l’écrivaine indienne Roy Arundhati décrit par le menu cette logique américaine implacable de la « modération » islamiste. Dans un autre registre, travaillant sur les filières de financement - Les Dollars de la terreur[2] -, nous nous rappelons à quel point nous retombions fatalement, presque toujours, sur un mixte très dosé de services américains, de financements saoudiens et de logistiques fréristes, dans le montage de la plupart des attentats terroristes qui vont de février 1991 (fin de la deuxième guerre du Golfe) jusqu’à ceux du 11 septembre 2001. Ensuite, la nébuleuse Ben Laden s’est décentralisée entre l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, mais en suivant toujours les mêmes logiques américaines de la « modération » de l’islam radical sunnite, avec les mêmes bailleurs de fonds des pays du Golfe et les mêmes télé-coranistes…  

L’ayant interviewé à plusieurs reprises, j’ai toujours été chaque fois sidéré par l’ancien conseillé à la sécurité du président Carter - Zbigniew Brzezinski - qui se vantait d’avoir personnellement attiré l’ours soviétique dans le guêpier afghan. Aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, il affirmait le plus tranquillement du monde que les 3000 victimes du World Trade Center n’étaient rien, historiquement absolument rien au regard de la victoire américaine contre le bloc de l’Est ! Par contre, il était plus discret sur la suite, sur la façon dont les jihadistes fabriqués par les services américains se retourneront contre leurs maîtres. L’histoire complète de l’alliance des Etats-Unis avec l’islam radical sunnite reste à faire pour bien évaluer comment les dérives meurtrières actuelles d’Al-Qaïda, de Dae’ch, d’AQMI, de Boko-Haram ou des Shebab somaliens tiennent principalement aux erreurs d’appréciation, de gestion et d’anticipation des prédécesseurs, des contemporains et des successeurs du bon général Petraeus…

Le plus navrant de cette histoire est de voir comment la « politique arabe » de la France du général de Gaulle et de François Mitterrand s’est abîmée dans le précipice de la « politique sunnite » de Laurent Fabius qui, en août 2012, se félicitait du « bon travail accompli par les petits gars de Nosra… » La France éternelle a-t-elle à ce point perdu toute son expertise de l’Orient compliqué pour s’aligner inconditionnellement sur les désastres répétitifs orchestrés par Washington ? La dernière idée du général Petraeus est malheureusement du Fabius dans le texte. Celui-ci est tellement irrespectueux des analyses produites par sa propre administration qu’il est bien capable de revendiquer, un de ces jours prochains, la paternité de cette nouvelle pirouette américaine. A terme, l’obsession partagée par Laurent Fabius et François Hollande de vouloir « punir » et « neutraliser » Bachar al-Assad pour vendre encore plus d’armes aux pays du Golfe coûtera très cher à la France. Pour l’heure, elle coûte déjà très cher à notre cher Liban, sans président de la République depuis plus d’une année, parce que Paris cherche à imposer un candidat qui soit adoubé par Riyad et Washington…      

Richard Labévière, 9 septembre 2015  

[1] The Daily Beast est un site Web créé en 2008 et appartenant au groupe IAC. Ce site a été fondé par la journaliste Tina Brown, ancienne journaliste du New-Yorker et de Vanity Fair, qui en est aujourd'hui la rédactrice en chef. The Daily Beast publie ses propres articles, mais agrège également le contenu d'autres sites d'information.

[2] Editions Grasset, avril 1998.

samedi, 12 septembre 2015

Monde multipolaire: Chine, Russie, quelles stratégies?

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VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE

« Chine-Russie : quelles stratégies ? »

Alexandre ORLOV*
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de la Russie et de la Chine, c'est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l'avenir , de l'ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d'un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C'est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n'est désormais en mesure de l'arrêter.

De fait, dans l'ambition d'assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l'endiguement de nouveaux pôles d'influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l'égard de la Russie, cette politique d'endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’OTAN poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d'endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d'ailleurs pareil pour la Russie, jusqu'à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. 

Pour justifier cette politique d'endiguement, on impose à l'opinion publique toutes sortes de mythes – sur la "menace" russe ou chinoise ou sur "l'antagonisme idéologique" entre l'est et l'ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l'antagonisme idéologique, propres à l'époque de la guerre froide, n'existent. Il n'y a que l'ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n'est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s'est enraciné dans d'autres régions du monde. Tout espoir de bloquer l'émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d'empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global. 

On a beau s'y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n'est capable aujourd'hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

Les États-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel 

Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l'espionnage et l'ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l'application extraterritoriale des décisions de justice américaine.
 
Pour beaucoup d'Occidentaux l'émergence d'un nouveau monde multipolaire apparaît comme chaotique, mais c'est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n'ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d'une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l'ordre unipolaire à la fin de l'ordre tout court, à l'arrivée du chaos universel.
 
Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j'en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les Etats-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d'Europe abandonneront l'idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c'est une lourde responsabilité
 
Il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d'influence, d’hostilité. Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L'égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d'alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

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Les états des BRICS ou de l'OCS se rassemblent non pas "contre" quelqu'un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l'ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l'OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l'OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d'une moitié de la population globale, n'ont pas seulement détrôné le mythe de "l'isolement de la Russie", n'ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j'en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.
 
Les relations russo-chinoises se présentent aujourd'hui comme "un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique". C'est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d'états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.
Nous évitons sciemment le terme "allié" ou "alliance" car ils reflètent la logique des blocs, incluent l'idée d'identification "friend-or-foe" – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas "contre" qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation. 

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu'ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l'égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables. 
Entre la Russie et la Chine il n'y a pas, et j'espère qu'il n'y aura jamais, de lutte pour les sphères d'influences – comme celui que les Etats-Unis et l'Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du "Partenariat oriental".

C'est l'Union Européenne qui a placé l'Ukraine devant le choix – "être avec nous ou avec la Russie". Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l'a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n'ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être "avec" ou "contre" nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d'assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.
 
L'Union économique eurasienne et l'initiative chinoise de la "Ceinture économique de la Route de la Soie" nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d'excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu'espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l'Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle "Route de la soie".

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l'Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le "Grand Jeu" pour l'Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n'a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine. 

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l'idée de déstabiliser l'Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c'est-à-dire sur le fond de discours sur les ''transformations démocratiques" et sous les drapeaux de l'islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des "options" en vue d'affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd'hui, l'économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l'économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d'investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière. 

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L'affaire de "BNP-Paribas" – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l'application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n'a bougé depuis. 

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l'utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d'un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu'une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l'initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l'économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d'être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington. 

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n'est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d'Internet "basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l'effet des décisions unilatérales".

D'une manière générale, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s'est détournée de l'Europe pour se tourner vers la Chine. C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l'Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même. En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu'elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l'Est comme à l'Ouest. Regardez nos armoiries – L'aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.
  
Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l'Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l'Occident, jusqu'à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d'investissements était orientée vers l'Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.
 
La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l'Union Européenne. Au contraire, c'est l'Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d'autres régions du monde.

Ceux qui veulent "l'isolement" de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la "communauté mondiale" ne se limite plus à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D'autres pays, dont la Chine, n'attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l'Union Européenne. C'est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d'échanges commerciaux et technologiques, d'investissement et de développement des territoires. 

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l'axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l'Espagne et l'Allemagne? Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières. Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l'Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l'Occident. Apparemment c'était la seule place qu'on nous réservait.
 
Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu'offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d'hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc "la Force de la Sibérie" (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc "Altaï" (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s'agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaz.

Ces projets d'envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n'est pas sans importance, surtout sur fond d'appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l'UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité. 

Néanmoins, – et c'est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s'étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d'armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l'industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l'inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et "Beidou".

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s'appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l'Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais "en application du règlement européen". La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence. 
Notre colloque porte dans son nom la question "quelles stratégies?". Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les "menaces" russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l'inexistante "opposition modérée" en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les "opposants modérés" en djihadistes, les "démocrates ukrainiens" en nationalistes agressifs…

Sauf qu'en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd'hui l'islamisme radical.

* Intervention d'Alexandre ORLOV, ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, lors du Colloque du 28 août 2015

 

Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

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Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

Ex: http://www.therussophile.org

Did we say pipeline avoids Polish territory?

September 8 (AFP) – Poland’s conservative president on Tuesday slammed a deal between Russia’s Gazprom energy giant and several leading Western firms to build a second gas pipeline under the Baltic Sea, saying it ignores Polish interests.

“Considering that an agreement was concluded on building Nord Stream-2, which completely ignores Polish interests, one must seriously question unity” in the 28-member European Union, President Andrzej Duda told delegates to an economic forum in the southern Polish mountain resort of Krynica, dubbed Central Europe’s “Davos”.

In June, Gazprom agreed with Anglo-Dutch Shell, Germany’s E.ON and Austria’s OMV to build the new gas pipeline – dubbed Nord Stream-2 – to Germany, bypassing conflict-torn Ukraine but also EU neighbour Poland.

The route under the Baltic Sea from Russia would have a capacity of 55 billion cubic metres per year and would double the flow of the existing Nord Stream pipeline currently linking the two countries.

No timeframe was given for the deal that will boost Germany as a distribution hub for Russian gas in Western Europe but undermines Poland’s role as a transit state.

Polish politicians from across the political spectrum have long opposed Nord Stream, claiming it undermines Poland’s energy security stemming from its role as a transit country for Russian gas via the Yamal-Europe pipeline.

The Nord Stream-2 announcement comes as Moscow seeks more gas delivery routes to the EU that bypass Ukraine, despite the EU’s insistence that it wants to cut its dependence on Russia.

Russia and the West are locked in a bitter standoff over the Kremlin’s role in Ukraine and a gas dispute between Kiev and Moscow has threatened energy supplies to the EU.

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Ex: http://landdestroyer.blogspot.com

 
NATO terror network implicated in Bangkok blasts, appears to have been running Uyghur terrorists through Asia, into Turkey and onward to fight NATO's proxy war in Syria. 

September 4, 2015 (Tony Cartalucci - LD) - An unprecedented blast in Bangkok, Thailand last month left 20 dead and over 100 injured. The blast was the latest in a string of violence carried out by US-backed proxy Thaksin Shinawatra, who himself was ousted from power in 2006 and finally had his political party removed from power completely in 2014 after massive street demonstrations and a military coup toppled the regime headed by his own sister, Yingluck Shinawatra.

 

Image: NATO created and funded the Grey Wolves terrorist network during the Cold War as part of its stay behind networks. Instead of fighting non-existent Soviet invaders, they were used instead to kill NATO's political enemies by the thousands. Today, the Grey Wolves are represented by the Nationalist Movement Party (MHP), the third largest in Turkey's parliament. They are reported to operate globally, including terrorist training camps in Xinjiang, China. 


 
While the blast represented an escalation in violence, it should be remembered that terrorist networks operating in support of Shinawatra have carried out egregious acts of violence in the past, including fielding up to 300 armed militants in Bangkok's streets in 2010 leading to weeks of gunbattles between Thai troops and Shinawatra's armed supporters, leaving almost 100 dead and culminating in city-wide arson.

As for bombings themselves, while generally these networks have used grenades to attack institutions and individuals perceived as enemies of Shinawatra and his foreign sponsored agenda, precisely the same pipe bombs used in the August blast have been implicated in explosions in 2010 and 2014 where bomb makers accidentally killed themselves while assembling devices. In February 2015, a double pipe bombing would be carried out just down the street from where the most recent blast occurred. The devices used were linked to the 2010-2014 incidents
 
And while it is clear the bombing was used as a form of violent coercion against a Thai government increasingly drifting away from accommodating both Shinawatra and the foreign interests he represents and closer toward regional partners including China, what was not certain was which networks specifically these interests used to carry out the attack.

Recent evidence has emerged as several suspects have been identified and arrested, suggesting this network includes NATO's "Grey Wolves" and several other Uyghur groups long backed, funded, and directed by the US as a means of eliminating its enemies across Eurasia and up to and including China. In addition to carrying out attacks in Thailand, they appear to have also been moving militants from across Asia and feeding them into NATO's proxy war in Syria. 
 

Global Gladio, Target Thailand  

In the immediate aftermath of the bombing in Bangkok, the BBC would be the first to float the idea the blasts were in retaliation for Thailand's deportation of Uyghurs to China - Uyghurs apparently on their way to fight in NATO's proxy war in Syria - according to Reuters' report, "Uighurs 'on way to jihad' returned to China in hoods."

 

 

Images: The US State Department's NED refers to China's Xinjiang region as "East Turkistan," a fictional realm that does not exist. The US seeks to either destabilize or carve off a vast sum of Chinese territory through supporting terrorism in western China.  

On the very same day when the deportations occurred, Thursday July 9th, protests broke out in Turkey, both in Ankara the capital, and in Istanbul at the Thai consulate. Leading the protests in Ankara was the World Uyghur Congress (WUC), a US-funded, Washington D.C. and Munich based political front that specializes in supporting terrorism under the guise of defending "human rights." 
 

 

Image: Thailand's consulate in Istanbul Turkey was destroyed on the same day Thailand deported Uyghur terror suspects back to China. One may find it difficult to speculate who on Earth currently possesses the operational capacity to organized a same-day retaliation anywhere in the world besides a handful of actors - NATO among them. 

 

WUC admits that violence broke out among the mobs it was leading in Ankara but denied any affiliations with the protesters in Istanbul who attacked the consulate and destroyed it on the same day, in the same country, over the same alleged grievances. WUC itself suggested it was the work of the "Grey Wolves," an organization they admit was "clandestinely funded by the US government."

The Grey Wolves are comprised of Turks and Uyghurs, and throughout the Cold War served as part of NATO's "stay behind networks" referred to as Gladios. They were used to purge NATO's enemies from Turkey in bloody violence that would leave over 6,000 dead. Since the Cold War, the Grey Wolves have set up operations internationally, including terrorist training camps in Xinjiang, China - all indicating that NATO's Gladio has gone global.  
 

 

Image: The US-based and funded World Uyghur Congress admits it led mobs on the same day the Thai consulate was attacked. Their mobs in Ankara also turned violent, however Turkish police were able to maintain control. While WUC claims they have no ties to the Grey Wolves they claim were likely behind the consulate attack, they admit they, like WUC itself, have been funded by the US government. 

  

During the days following the Bangkok blast, the Foreign Correspondents Club of Thailand (FCCT) would give a presentation implicating the Uyghur-linked Turkish "Grey Wolves" terrorist network.

The FCCT is a group of foreign journalists from several of the most prominent Western news networks including the BBC, CNN, Reuters, the New York Times, Associated Press, and Agence France-Presse. They have systematically manipulated events in Thailand in efforts to support the regime of Thaksin Shinawatra. The goal of the FCCT's recent presentation was to help deflect as much blame as possible from Thaksin Shinawatra over the bombings and to suggest Thailand faces "international terrorism."

Despite the detailed presentation the FCCT provided and the immediate headlines across the Western media attempting to sell the theory to the public, no mention ever was made of the Grey Wolves' NATO or US funding. Similarly, no mention has been made by the Western media regarding US funding and support behind many, if not all Uyghur opposition groups both in Xinjiang and beyond.

What is clear is that Thailand has inadvertently stumbled upon a highly organized, well-funded, international criminal and terrorist network operating from Xinjiang, China, across Southeast Asia, and as far as Turkey and Syria. This terrorist pipeline appears to have been "tapped" by those seeking to undermine the Thai government, causing its toxic contents to spill over into the ongoing crisis already racking Thailand.

That the Grey Wolves, Uyghur opposition front, and Thaksin Shinawatra are all backed by the US and instruments of US global hegemony, indicates that such instruments often share resources when necessary and are even used interchangeably. NGOs created and maintained in Thailand to support the regime of Shinawatra now cover for Uyghur terrorism, and Uyghur terrorism used against China and Syria is now used to strike hard at Shinawatra's political foes.

America's One-Size-Fits All Global Terror Racket 

NGOs the United States funds and directs in Thailand, and primarily used to undermine the current government and defend the remnants of Shinawatra's political front, were quick to not only condemn the Thai government for deporting terror suspects back to China, but have since then attempted to justify the bombing as Thailand's deserved return for doing business with China. One Bangkok Post op-ed penned by a former Reuters employee titled, "Should Regime Not Deported Uighurs?" attempted to argue that:
In retrospect, should Thailand not have expelled the Uighurs to China? Or to be more precise, should the ruling junta, which is not fully recognised by the democratic world, have been less responsive to Chinese demands?

National interest always comes first in a country's diplomacy. But being so accommodating to a superpower's demands, making Thailand the target of an international outcry and what is looking increasingly like an international terror attack, does not bode well for the country in the long term.  
The ransacking of the Thai consulate in Istanbul failed to alert the Thai security services that the anger was real and long-lasting, and could possibly turn into a calamity 
It should be noted that the author uses the term "international" to describe what is exclusively the US and Europe's "recognition" and "outcry." 
 
This op-ed and many like it pervading the Western media are sending a message to the Thai government that failure to comply to the demands of the "international community" will result in terrorism - whether it is a mob destroying your consulates abroad, or bombs exploding in the heart of your nation's capital. And while this "international community" has many terrorist proxies to use against Thailand, it appears they have selected their "Uyghurs" to stand in the front ranks. 
 
Ousted-exiled dictator Thaksin Shinawatra most likely still possesses the terrorist networks and paramilitary organizations he created and eagerly used during his time in power. However, by using them, he would only further justify the current government's moves to permanently uproot Shinawatra from Thailand's political landscape. Just as NGOs assigned by the West to support Thaksin Shinawatra have now become instrumental in justifying and manipulating the recent Bangkok bombing, the West's terrorist networks used to destabilize nations elsewhere from China to Syria have had terrorism in Thailand apparently outsourced to them.

So far, the investigation suggests this network has been in Thailand for years, long before the deportation of Uyghurs in July. Evidence also suggests a link between the uncovered terror network and previous terror networks uncovered at the height of Shinawatra's violence in 2010 and 2014. A large amount of forged Turkish passports and ties to Uyghur trafficking networks appear to implicate the terror network in what Syrian and Chinese authorities have attempted to expose for years now - a terror pipeline feeding militants from all over the globe first into Turkey where they are armed, trained, and staged, then into Syria to fight NATO's proxy war against the government in Damascus.

Do Business With China and Die 

It should be stated that the vast majority of China's Uyghurs do not support the aspirations of the terrorists and US-funded fronts which claim to represent them. Forty-five percent of Xinjiang's population - some 10 million people - are Uyghurs. It is likely that if even half of them supported violent separatism, they would have already gained their "independence."

In reality, Uyhgurs are perhaps the first and foremost victims of US-backed terrorism in Xinjiang and beyond. Those who seek to live in peace and stability with their Chinese compatriots, and who condemn the means and methods of US-backed groups are themselves attacked. The most prominent example of this is that of Imam Jume Tahir, 74 years old, hacked to death in front of China's largest mosque by terrorists.

The imam had openly condemned US-backed violence and in particular called for street clashes with Chinese police to end.

 

Image: Uyghurs in China who attempt to lead normal lives often find themselves the primary target of US-backed terrorism. The mosque pictured above, the 600 year old Kah Mosque, saw the murder of its imam, Jume Tahir, by US-backed terrorists for the "crime" of condemning violent protests. 


In the wake of his brutal murder, the Western press would write him off as a "state-appointed leader," while the US-funded World Uyghur Congress would repeatedly justify the murder throughout the Western media. In the New York Times article, "Chinese Court Sentences Teenagers to Death in Killing of Jume Tahir, Islamic Cleric," it was reported that:
Dilxat Raxit, a spokesman for the World Uyghur Congress, an exile group based in Germany, condemned the harsh sentences for the defendants in the imam’s murder, saying they would do little to stem the rising tide of Uighur discontent. 
“The Chinese government should examine the roots of the problems, which are caused by coercive policies that Uighurs find unbearable,” he wrote. “It should respect the Uighur religion and traditional way of life, and stop provocations to avoid triggering new turmoil.” 
In another report titled, "The Day Imam Tahir Died," the World Uyghur Congress again justify the murder:
Dilxat Raxit, spokesman for the exiled political organization World Uyghur Congress, told Reuters that local Uighurs, “suspected that he had a special relationship with China’s Ministry of Public Security” and that he helped the authorities monitor Uighur religious activity. His support for Beijing most likely bred resentment among Kashgar’s Uighurs, many of whom disdain the central government.
No where can it be found in WUC's many US-funded press releases, congressional assemblies, or publications anything even closely resembling condemnation for the murder of an unarmed elderly man who advocated non-violence. WUC's message, like that of the Western media in the wake of the Bangkok blast is simple - do business with China and you will die.
 
America's Grand Strategy in Asia in One Word - Primacy 
 
In this it is clear that "Uyghur terrorism" is simply another attempt to conceal what is essentially yet another tool devised to achieve and maintain American global hegemony. Looking at a map of China, it is clear why this otherwise minuscule, obscure ethnic group has been propelled to center stage by American interests.

 
Image: The US has much to gain by backing separatists in western China. 
The Xinjiang region along with Tibet, if successfully destabilized or carved off from China, would sever Beijing's long-laid plans to construct a modern-day Silk Road. It would deprive China of both its territory, its resources, and drive tens of millions of its people eastward from their homes in a refugee crisis that would strain the very stability of Chinese society.
 
And because the US-Uyghur cause is not genuine nor enjoys popular support even in Xinjiang, it is no surprise that those willing to participate can be persuaded to fight overseas in other projects of American hegemony - essentially as mercenaries.

The use of minority groups to divide and destroy a targeted nation is a tactic as old as empire itself. And while the Western media works ceaselessly to explain how various organizations, advocacy groups, and militant fronts all operate in an apparent vacuum, only "coincidentally" propelling US foreign policy forward, it is clear through both a study of history and current US policy papers that global hegemony is still at the very heart of Western ambitions globally and includes all forms of coercion, from propaganda to paramilitary groups.

In one of the  most recent US policy papers on the subject, published this year by the influential Council on Foreign Relations - a corporate-funded think tank that represents the collective interests of some of the most powerful Western corporate-financier interests on Earth - the goal of maintaining "primacy in Asia" is literally spelled out.

Their report, "Revising U.S. Grand Strategy Toward China," states in no uncertain terms:
Because the American effort to 'integrate' China into the liberal international order has now generated new threats to U.S. primacy in Asia—and could result in a consequential challenge to American power globally—Washington needs a new grand strategy toward China that centers on balancing the rise of Chinese power rather than continuing to assist its ascendancy. 
The report was written by US political administrator and political lobbyist Robert Blackwill who has throughout his career played a role in grooming prospective client regimes in Asia through which the US planned to maintain its regional primacy. Among these client regimes was Thaksin Shinawatra himself. The use of violence and terrorism by Shinawatra to take and maintain control over Thailand is well documented. To think that the US would simply abandon its aspirations to control Thailand, or other nations throughout Southeast Asia vis-a-vis China would be misguided. What would be predictable would be instead an increase in terrorism and political destabilization.

Thailand is now being coerced through a concerted campaign of propaganda and organized violence, seized on by Shinawatra's supporters who are eagerly exploiting the socioeconomic and political damage the recent bombing has incurred, while so-called "rights" advocates invent creative defenses for otherwise indefensible violence directed at entirely innocent people.

Dismantle the Pipeline

Gladio was successful throughout the Cold War because those among NATO who employed such tactics did so within their borders. "Global Gladio" has networks stretching around the world, vulnerable to police and military operations carried out by host countries.

While the bombing in Bangkok appears to have been aimed at the government for its continued attempts to remove Shinawatra from power and divest from American interests by moving closer to China, the bombing itself stands as the single greatest example of just why Thailand has chosen to change tack in the first place. Accelerated military and counter-terrorism cooperation with China will  now be necessary to ensure the peace and security of both nations. As long as one serves as a base of operations for terrorism aimed at the other, neither will be safe.

For Thailand specifically, it is clear that Shinawatra's political existence was meant to infiltrate and overwrite Thailand's current political order. While threats and terrorism are being used to coerce Thailand into accommodating Shinawatra, it should be noted that by doing so, violence, division and destruction are all that await Thailand as a guarantee. The slow, patient dismantling of his political networks, along with a measured pivot toward Beijing appears to be Thailand's best bet.

For the rest of the world - NATO's "Gladio" networks are vast and varied. From Ukraine to Syria to Thailand, the most violent and criminal elements in any given society have been organized by the West in a bid to divide, destroy, and dominate the planet. From the original Gladio program in Western Europe, the means of expertly manipulating these criminal gangs has been perfected. Increasing awareness of how Gladio works will not only better arm society to take action against it, but perhaps even dissuade eager criminal elements from joining organizations that are essentially cannon fodder for NATO. 
 
 

mercredi, 09 septembre 2015

Démarche latino-américaine face à l’hégémonie des États-Unis

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Démarche latino-américaine face à l’hégémonie des États-Unis

Ex: http://www.infoguerre.fr 

L’histoire du continent latino américain  a été marquée par les interventions militaires des États-Unis au XIXème et XXème siècle, qui ont touché presque tous les pays de l’Amérique Latine, et qui ont unifié une partie des populations dans un sentiment « anti yankee ».
La réintroduction d’expériences socialistes après l’expérience cubaine, déjà ancienne, est une résultante du changement d’image des États-Unis (d’un pays adulé à un empire qu’il faut craindre). L’ouverture des marchés et la crise de 1980 ont  entraîné des reformes financières et l’intervention du Fonds Monétaire International. Ces réformes ont provoqué une hausse de la pauvreté et des inégalités dans un grand nombre de pays.
Il en a résulté un mécontentement des milieux populaires, qui a permis l’avènement de gouvernements socialistes à partir de 1998, avec notamment l’élection d’Hugo Chavez à la présidence du Venezuela.

La remise en cause de l’apport libéral

Nous pouvons donc dire que la vague de gouvernements de gauche de la dernière décennie en Amérique Latine répond à deux questions majeures : une première économique (inégalités, régulation ou non des marchés, etc.) et une socio-culturelle (l’héritage des idées centre-périphérie, de la menace impérialiste, etc.).
Les politiques économiques libérales mises en place dans les pays de la région avant les années 2000 ont eu le double effet d’augmenter les niveaux de croissance économique et d’aggraver les niveaux de pauvreté et d’inégalités des différents pays. De ce fait, nous pouvons considérer que l’expansion des gouvernements de gauche après 1998 en Amérique Latine ne répond pas à une logique d’imposition des intérêts isolés d’un pays. Au contraire, cette propagation était l’évolution concrète d’un idéal présent depuis toujours dans la conscience de la région : celui d’unifier les pouvoirs contre la puissance de l’hégémonie américaine. La prise en compte de la guerre économique par le biais d’une stratégie d’accroissement de puissance sud-sud, basée sur le contrôle étatique et l’influence économique régionale.


Les Etats socialistes de l’Amérique Latine ont attaqué la question de l’accroissement de puissance économique en utilisant le pouvoir politique. En interne, ils ont mis en place des politiques socialistes (distribution de richesse, participation étatique dans les secteurs clés), mais vis-à-vis de l’étranger la stratégie était différente. Ils ont gardé un certain degré de protection sur leurs marchés, et se sont en même temps engagés de manière offensive dans le commerce mondial (toujours comme exportateurs de matières premières). L’enjeu principal de ce mouvement était l’intégration politique et économique au niveau régional, qui n’existait pas auparavant.

Les points déterminants de cette stratégie sont :
•    La création d’entreprises inter régionales, qui rendent les pays plus compétitifs et moins dépendant des puissances mondiales, particulièrement des États-Unis.
•    L’utilisation d’influences culturelles qui permettent aux pays de la région de partager une identité culturelle très proche voire commune.
•    Ils se sont positionnés comme des fournisseurs officiels d’énergies pour les autres pays de la région, qui n’ont pas forcément une tradition de gauche, et qui sont plus proches au modèle économique américain. Des initiatives comme le CELAC ou Petrocaribe, limitent l’influence des États-Unis dans la région.
•    L’accroissement des relations commerciales et politiques avec des nouvelles puissances mondiales, comme la Chine ou la Corée du Sud.

Tentative de pérennisation d’une souveraineté économique

Du côté politique, le mouvement était dirigé par le Venezuela sous la présidence de Hugo Chavez qui, proche de Fidel Castro de Cuba et Nestor Kirshner d’Argentine, avait initié la propagande d’intégration politique régionale. Ce mouvement s’est très vite propagé après l’élection des présidents Lula da Silva au Brésil et Rafael Correa en Equateur, ce dernier qui est devenu le leader politique du mouvement après la mort de Chavez. Le discours dominant de l’union des pays repose sur des idées anti-impérialistes, qui limitent l’influence des États-Unis sur le continent.
Le gouvernement de Lula soutenait l’intégration économique, le Brésil est devenu une puissance émergente et la référence économique et social de la région. Si l’intégration politique dans la région commence par la création de l’Union des Nations Sud-américains (UNASUR) en 2008 ; l’expansion du mouvement socialiste en sud Amérique est en développement depuis 1998, quand Hugo Chavez a été élu comme président du Venezuela. La dynamique est en cours de développement depuis 16 ans. Si le mouvement a été fragilisé par la mort du président Chavez en 2013, il a été amplement réaffirmé par les présidents Evo Morales en Bolivie, Dilma Roussef au Brésil, et Tabaré Vazquez en Uruguay, qui ont été réélues en 2014. L’influence des États-Unis a diminué pour l’instant dans certains de ces pays et les pays de traditions plus libérales ont assumé des positions plus centristes et ont mis en place des politiques économiques propres au modèle socialiste, selon deux axes : la tentative de redistribution de richesse et la recherche de diminution des inégalités.

Bibliographie :
BROILLET, Emmanuel ; « Amérique latine: l’avènement d’une alternative au néo-libéralisme et le socialisme autoritaire » ; Current Concerns ;  No 8, May 2010
GARCÍA, Marco Aurélio ; « Les nouveaux gouvernements en Amérique du Sud: Cible de construire un avenir » ; revue NUEVA SOCIEDAD, No 217, septembre-octobre 2008.
GOLDFRANK, Benjamin et SCHRANK, Andrew ; « Néolibéralisme Municipale et Socialisme Municipale : Politique économique urbain en Amérique Latine » ; International Journal of Urban and Regional Research ; Volume 33.2, June 2009 443–62.
NAZEMROAYA, Mahdi Darius ; « La Pinktide en Amérique latine: une alliance entre le capital local et le socialisme? » ; Strategic Culture Foundation ; 02 avril 2013.
PETRAS, James et VELTMEYER, Henry ; « Néoliberalisme et les dynamiques du développement capitaliste en Amérique latine », Global Research, November 19, 2009.
PETRAS, James ; « Amérique latine et les paradoxes de l’anti-impérialisme et de la lutte de classe », Global Research, September 03, 2014.
SOLO, Toni et CAPELÁN, Jorge ; « Au-delà de la théorie – la pratique de la construction du socialisme en Amérique latine » ; Global Research ; 15 mai 2013.

mardi, 08 septembre 2015

Le projet de gazoduc Qatar-Turquie que l'on vous cache

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SYRIE: Le projet de gazoduc Qatar-Turquie que l'on vous cache

Auteur : DAMOCLES International News
Ex: http://zejournal.mobi

syria-qatar-pipeline.jpgLe gazoduc Qatar-Turquie est un projet allant du champ irano-qatari «South Pars / North Dome» vers la Turquie, où il pourrait se connecter avec le gazoduc Nabucco pour fournir les clients européens ainsi que la Turquie.

Une des voies vers la Turquie passe par l'Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie et l'autre passe par l'Arabie saoudite, le Koweït et l'Irak.

La Syrie rejette ce projet Qatari et le justifie par la protection «des intérêts de son allié Russe», qui est le premier fournisseur de gaz naturel de l'Europe.

En 2012, un analyste cité par « Ansa Méditerranée » a suggéré que la participation du Qatar dans la guerre civile syrienne a été fondée en partie sur sa volonté de construire un pipeline vers la Turquie via la Syrie.

«La découverte en 2009 d'un nouveau gisement de gaz près d'Israël, du Liban, de Chypre, et de la Syrie a ouvert de nouvelles possibilités de contourner la barrière de l'Arabie et de garantir une nouvelle source de revenus. Les pipelines sont déjà en place en Turquie pour recevoir le gaz.

Seulement, il y a Bachar Al-Assad sur cette route.

Le Qatar et la Turquie souhaite supprimer Al -Assad et installer la branche Syrienne des frères musulmans à sa place. C'est le mouvement politique le mieux organisé dans cette société chaotique et qui peut bloquer les efforts de l'Arabie saoudite d'installer un régime encore plus fanatique basé sur le Wahabisme.

Une fois les frères musulmans au pouvoir, les larges connections de l'émir avec les groupes des frères musulmans de la région lui permettront d'avoir à Damas, une oreille plus attentive à ses projets et une main plus amicale.

 - Source : DAMOCLES International News

Les causes de la déstabilisation durable de l’Irak et de la Syrie

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Les causes de la déstabilisation durable de l’Irak et de la Syrie

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Le Proche-Orient de l’après-1945, sortant à peine de l’époque coloniale, était partagé entre deux traditions laïques, le modèle kémaliste d’une part et le modèle « baasiste » d’autre part. Ce « socialisme arabe », librement inspiré des fascismes européens, reposait sur l’unité politique des Arabes et sur le refus de l’état israélien, son laïcisme relatif laissant une grande place culturelle à l’islam. Le « baasisme » en Irak et en Syrie finit par mener à l’arrivée au pouvoir de dictatures relativement éclairées et assez peu islamiques, recevant ainsi le soutien des communautés chrétiennes, et dont l’opposition principale justement était islamiste.

Entre des dictatures tenant le pays et un régime inédit de terreur dont EI nous donne un aperçu actuel très significatif, il fallait admettre les premières comme un mal nécessaire. On oublie souvent que la démocratie en Europe a mis presque deux siècles à s’établir, même si la caricature actuelle qu’elle est devenue nous sidère.

La guerre froide a amené les Américains à choisir le pire des deux. Dès 1979, ils promeuvent ainsi face aux soviétiques une rébellion islamique, incarné par le commandant Massoud mais aussi par l’embryon de ce qui allait devenir le mouvement taliban, et bien sûr en utilisant les services de Ben Laden. Après le chaos qui fit suite au départ des troupes soviétiques en 1985, les islamistes allaient pouvoir s’imposer en toute tranquillité, favorisés par leur grand voisin du sud, autre allié des USA d’ailleurs, avant que ce cancer n’émerge médiatiquement à partir du 11 septembre 2001.

En déstabilisant le régime du shah d’Iran et en faisant le jeu de Khomeiny, présenté alors comme un démocrate face à un tyran par une presse occidentale complaisante, les USA se trouvèrent face à un golem , la République Islamique d’Iran. Ils jouèrent alors la carte de l’Irak baasiste de Saddam Hussein, soutenant son pays, ainsi que le firent la France et le Royaume-Uni, face à son ennemi de l’est. Alors même que les baasistes étaient en général honnis en raison de leur rapprochement avec l’URSS et de leur hostilité envers Israël, ce n’était pas le cas en Irak.

C’est donc se pensant autorisé que Saddam Hussein en 1991 décida de s’emparer du Koweït, ayant reçu des signaux contradictoires en provenance d’Occident. Or si le chat irakien avait été implicitement encouragé, en tout cas pas découragé, pour dévorer la souris Koweït, dès qu’il avança sa patte, le chien américain le mordit. La première guerre d’Irak, perdu par Hussein, amena son régime à jouer la carte de l’islam. C’en était fini d’un Hussein se revendiquant de Sargon et du passé pré-islamique de la Mésopotamie. Il y eut donc une réislamisation relative du pays, même si la tolérance à l’égard des chrétiens, mais pas des Kurdes, fut maintenue.

Le 11/09 changea dramatiquement les choses. C’est à ce moment que les USA décidèrent d’écraser les Talibans d’Afghanistan, après les avoir laissés prospérer pendant 16 ans. Leur intervention militaire lourde, puis leur occupation, n’ont rien résolu. L’islamisme radical continue d’y prospérer, un talibanisme « soft » s’étant imposé. Les mini-jupes dans les rues de Kaboul dans les années 70 avaient disparu d’ailleurs depuis bien longtemps.

Profitant de l’effet 11/09, l’administration Bush en profita pour mener une seconde guerre d’Irak, sur des motifs plus ou moins arbitraires. Cette fois, ils eurent la peau de Saddam Hussein, mais sans rien proposer pour le remplacer. La « démocratie » en Irak finit en bain de sang. Si le partie chiite, victime d’attentats de temps en temps, contrôle désormais sa zone, de même que les Kurdes, le pays sunnite est dans un véritable chaos. La réislamisation entamée par Hussein après 1991 amena à un nouveau terrorisme islamique et né de ses entrailles à Daech/EI.

Avec les printemps arabes, que personne en Occident n’avait prévus, les dictatures laïques arabes furent mises à mal. Là encore, les occidentaux jouèrent la carte des islamistes, contre tout bon sens. Les chutes de Kadhafi en Libye, de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Egypte les amenèrent au pouvoir, même s’ils reculent en Tunisie et ont perdu la seconde manche au Caire. Ainsi la Syrie de la dynastie Assad fut-elle à son tour malmenée, alors que nous aurions dû soutenir le régime, malheureusement allié à l’Iran et à la Russie, « malheureusement » car c’est la seule raison pour laquelle les USA et l’Occident prônent la fin de ce régime. Pire, la Turquie mais aussi les Occidentaux ont armé la rébellion dont la composante islamique est essentielle.

De la déstabilisation de l’Irak sunnite et d’une partie de la Syrie est donc née l’EI et son organisation Daech, dont on constate les actions de manière quotidienne, avec la destruction du magnifique site antique de Palmyre, qui avait résisté à 1500 ans de christianisme et d’islam. Et plus récemment, conséquence aussi de tout cela, des centaines de milliers de migrants, motivés par des raisons économiques avant tout, sinon ils iraient dans les pays arabes alentours, sous réserve que ceux-ci fassent preuve du même laxisme que les pays de l’UE, arrivent massivement en Europe.

En clair, les USA et l’Europe occidentale, qui lui est soumise depuis 1945, ont favorisé un islamisme qu’ils prétendent déplorer ensuite, alors qu’ils ont contribué à ses succès. Mais seule l’Europe subit le coût migratoire en retour, et pas les USA. En favorisant Erdogan en Turquie, par le biais d’un absurde processus d’adhésion à laquelle personne ne croyait vraiment, qui a ainsi pu mettre à bas des pans entiers de l’héritage de Mustafa Kemal, en faisant tomber le shah d’Iran pour de bas calculs pétroliers, en favorisant les plus obscurantistes en Afghanistan (et au Pakistan), et aujourd’hui en souhaitant le départ de Bachar El Assad, l’Occident a créé un monstre qui naturellement s’est retourné contre son créateur.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

dimanche, 06 septembre 2015

Les difficultés de la Chine

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LES DIFFICULTÉS DE LA CHINE

Une économie fragile


Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

La Chine s’est beaucoup transformée, en peu de temps. Nous avons déjà signalé que notre expérience européenne pouvait aider à comprendre l’origine des difficultés que rencontrent les pays en développement. Un processus de croissance rapide s’accompagne de multiples distorsions, entre régions, entre secteurs, entre groupes sociaux. Il en résulte des tensions qui débouchent régulièrement sur des conflits sociaux. Cela avait caractérisé l’Europe aux XIXème et XXème siècles. Même si les “ingénieurs sociaux” actuels ont appris la manière de manipuler les foules de sorte que la destruction de peuples et de civilisations entières soit devenue possible comme le prouve sous nos yeux l’éradication de l’Europe, il restait admirable que la Chine pût manœuvrer plus d’un milliard de personnes durant tant d’années sans chocs majeurs.


Cela touche à sa fin 


Les observateurs ont remarqué l’incohérence des chiffres. Comment expliquer que le taux de croissance soit élevé lorsque la consommation d’énergie stagne? Il était évident qu’en Chine comme au FMI et ailleurs, le mensonge permanent et systématique, base de la méthodologie actuelle et de la justification des dirigeants de la société du spectacle généralisé, régente les publications officielles. Les économistes lyssenkistes se moquent du monde puisqu’on les paie pour cela. L’essentiel de la croissance chinoise provient de l’investissement public accompagné de choix tournés vers l’exportation. La consommation interne ne dépasse pas 30% de la dépense globale. Lorsque les clients sont ruinés, cas de l’Europe et des USA depuis que l’oligarchie régente, les ventes chutent. L’investissement dans l’exportation ne rapporte plus, alors que le marché interne n’est pas en mesure d’absorber les produits qui ont cessé d’être demandés.

 
La cinquième colonne est-elle puissante?


Que l’investissement public ait été survalorisé ne peut surprendre puisque l’ancienne URSS, du temps de la planification bolchévique, souffrait du même handicap. La Chine a construit des infrastructures à tour de bras, sans clients finaux, et une bulle énorme a gonflé . Le charme d’une telle situation apparaît immédiatement aux yeux des financiers dont parle Perkins. Les bulles attirent les chacals et les escrocs, tous obsédés par l’idée soit de gérer le monde - car ils en ont reçu l’ordre - soit d’y faire entrer l’ordre paradisiaque du supermarché, l’équivalent occidental du goulag. Pourquoi les problèmes apparaissent-ils en ce moment ? Peut-être est-il temps de mettre en corrélation les bulles chinoises avec la nouvelle attitude des BRICS. Les fondations mondialistes, distributrices généreuses de dollars ont appuyé depuis des années la création d’écoles de commerce pour qu’on y enseigne l’économie lyssinkiste du modèle d’équilibre général et le rôle des banques privées créatrices de la monnaie, à condition qu’elles soient la propriété du pouvoir financier. Les multinationales installées en Chine et dans les autres pays du groupe BRICS pratiquent la méthode de corruption qui leur a si bien réussi en Europe. Elles créent des structures de réunions dans lesquelles sont invités politiciens, fonctionnaires - ou leurs proches - dont le point commun est qu’ils possèdent un pouvoir de décision, leur versent des pots de vin, des jetons de présence au montant proportionnel à leur inutilité directe au sein de cette structure mais considérés comme un investissement à long terme, pour le moment où les gestionnaires du néant proposeront un changement d’organisation, la privatisation au profit du soviet de la finance. 

Cette manière de détruire n’est pas encore perçue par les “élites” traditionnelles de ces pays. Ceux-ci ont juste compris l’ignominie des ONG, l’horreur des médias de la haine, et ont commencé à en freiner la propagande vomitive. Mais la corruption de la classe dirigeante à travers les jetons de présence n’est pas bien perçue, de sorte que les difficultés actuelles de la Chine et autres membres du groupe BRICS sont un test de la pénétration de l’axe de l’inhumanité avec sa capacité de nuisance.


Conclusion : un bilan d’étape


Dans la société du spectacle généralisé, la concentration des médias de propagande interdit toute connaissance sauf, comme l’exprimait Alexandre Zinoviev, le minuscule filet d’eau qui s’écoule des élites marginalisées mais qui s’expriment grâce aux blogs d’Internet. Le niagara de haine est entre les mains des "Al capone" associés, pour un temps indéterminé. La panne de l’économie mondiale, à cause du pillage de la finance met en difficulté les exportateurs chinois, et leur modèle de croissance appuyé sur le surinvestissement a besoin d’un ajustement. On va savoir très vite si les BRICS ont encore assez d’indépendance pour construire le modèle alternatif à cet axe, ou si la corruption de leurs élites, par les moyens déjà rappelés, se traduira par l’entrée en scène des tueurs habituels, du FMI à la CIA. 

Les mesures que prendront la Chine et les autres membres dans les temps qui viennent nous indiqueront si le pouvoir financier mondialiste  a enfin commencé sa descente vers le fond dont il n’aurait jamais dû sortir ou si l'obscurantisme et la haine vont se renforcer partout.

samedi, 05 septembre 2015

The Big Five, Eurasian Security and Other Projects

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The Big Five, Eurasian Security and Other Projects

By Leonid Savin
Ex: http://katehon.com

Back in 2001, a leading analyst of the American banking company Goldman Sachs Group Inc., Jim O'Neill, used the acronym BRIC to describe the growing economies. Though he had used it in the context of a global neoliberal paradigm, Russia "coopted" the term, proposing Brazil, India and China to build up a multilateral cooperation. In a relatively short period, much has been done to develop mechanisms of interaction. Later, South Africa joined the four countries (and the acronym BRICS came to life).


Now, the five countries, which hold 26% of the planet's land area, represent 42% of the world population and generate 27% of the world GDP, are considered to be the new collective actor of the multipolar world based on the principle of decentralization and the ability to respond to the challenges of the XXI century. As the Russian Foreign Minister Deputy Sergei Ryabkov, in his briefing at the BRICS/SCO Summits in Ufa on July 9, 2015, said, "the practice of the BRICS has no precedent in international politics," and the group of states has become "an important factor in international relations." The BRICS is gradually becoming the new "Big Eight", but only on the basis of equality, transparency and consensus among all members.

The last summit in Ufa showed that the informal tone in which the cooperation was based did not prevent the creation of a full-fledged international association, more democratic than other alliances of the past century. In Ufa, a plan for future actions was approved─a kind of summary of BRICS' matrix operation of the near future. It includes a declaration of finalities, the strategy of the economic partnership and announces the opening of a virtual department─the official BRICS' website, which will publish official documents and relevant materials. The BRICS Bank was launched and a pool of foreign exchange reserves was formed. Their combined capital is 200 billion dollars. The first financed projects will take place in the spring of 2016, not limited to the five countries, but holding a global character. Essentially, it is a financial alternative to the International Monetary Fund of the Rothschilds, making investments in needed sectors of the countries' real economy, and not conducting speculative transactions and providing onerous loans, as do foreign banks, stock exchanges and funds.

Also, amongst the BRICS countries cooperation will be reinforced in financial and economic matters. Particularly, the director of the European and Central Asian Affairs Gui Congyou noted that Russia is a priority to Chinese investments, which will be made not only in infrastructure but in the construction of affordable housing and high technology as well.

The year of the Russian chairmanship of the BRICS has been very dynamic. As the President of Russia Vladimir Putin said on July 9 "in the year of the Russian presidency we have conducted the first meetings for BRICS' Civil, Parliament, and Youth forums. The creation of the BRICS Network University is in process as much as the establishment of the Council of Regions of our organization."

It should be added that the cooperation is happening now not only in the financial and economic fields of the block: ministerial meetings have been held on health, education, agriculture, taxation, science and technology, social security, communications, labor and employment and culture. Increasing co-ordination between the countries affected virtually all acute international issues, from regional conflicts and threats of narcotraffic to the space sector and maritime piracy. For this, all techniques that can make multilateral relations bureaucratic were deliberately avoided. The leaders of all the BRICS countries agreed on the opinion that the current anti-bureaucratic format must be kept henceforth.

This indicates the civilian side of the BRICS likewise. The issue, addressed at the summit in Ufa, was also discussed in the eve of the forum in Moscow with the participation of experts. In particular, through the BRICS Business Council many agreements were reached, while union leaders gave their recommendations to the BRICS' Heads of State. The Chairman of the Federation of Independent Trade Unions of Russia, Mikhail Shmakov, at a meeting with Vladimir Putin, also signaled the necessity to avoid any methods of neo-liberalism, who is to blame for all the world's current crises. This is an important observation showing that the BRICS is in consensus on the level of political ideology, one that will guide the participating countries.

The BRICS can also be regarded as a club where members follow the principle of reciprocity. Indian Prime Minister Narendra Modi during a larger format meeting of BRICS leaders indicated the importance of completing a reform in the UN and its Security Council. According to him, this will help to more effectively respond to any calls. Quite telling was the statement of the Indian leader about sanctions─that only UN sanctions have power, while all the rest is the attempt of some countries to dictate their terms, which is unacceptable. Dilma Rousseff, President of Brazil, also raised the issue of UN reform and the readiness to participate in various projects from harmonization of migration flows to climate change control.

It is significant that other countries are showing an increased interest in the BRICS. For example, at the financial forum BRICS/SCO, which took place on June 8, the vice-president of the Industrial Development Bank of Turkey Çiğdem İçel was also present; furthermore, the formal participation of the SCO's Heads of State at the BRICS Summit as guests greatly enhanced the status of the event. However, apart from the official agenda, the leaders could communicate in an informal setting, discussing a number of issues that are equally important for building a trusting partnership.

The West behaved on its characteristic manner of double standards and information war. For example, Bloomberg's publication was totally manipulated, as if the aggregate BRICS economy had almost caught up with the US economy. This is not true, once according to the IMF China alone has surpassed the United States already in 2014; the Council on Foreign Relations, speaking more realistically, pointed out that the BRICS is going to reduce the influence of the West. Stratfor added that the BRICS and the SCO have evolved to a sort of platform in order to deploy resistance against the United States. Ostensibly, USA analysts have not heard or did not want to hear the repeated statements of the first persons and ministers that the BRICS is not directed against any state or power, having an open agenda. Similarly, the SCO was established to resolve issues of regional security in Eurasia, as well as to engage in energy production and the creation of transport corridors.

But, of course, the two structures will adequately respond to the attempts of undermining sovereignty or interference in internal affairs. At the summit, the Chinese and Russian sides have time and again stated the importance of preserving historical justice and the need for immediate response to any efforts in rewriting history and justifying such phenomena as fascism and Nazism.

The SCO summit, happening immediately after the events of the BRICS on the same site, was also marked by important decisions. For the first time in the existence of the organization the reception of new members, India and Pakistan, took place. In addition, there was an agreement in the raising of the participation status of the Republic of Belarus to that of a SCO observer State. In the quality of partners of the organization's dialogue, joined Azerbaijan, Armenia, Cambodia and Nepal. At one of the briefings in Ufa, a Western journalist raised the question of the various problems between India and Pakistan and how they could cooperate, if differences and the potential for conflict remained. The point is that the SCO is working on a completely different paradigm than the West, which adheres to the school of political realism, with practices of elements such as deterrence, confrontation, conflict of interests and so forth. The SCO is developing an entirely new approach to collective security, while respecting interests and the sovereignty of all members of the organization. It is likely that, through this format, it could even be able to help normalizing relations between Armenia and Azerbaijan.

Very important is the fact that the adhesion of India and Pakistan to the SCO makes of this a four-nuclear-power alliance. Uzbek President Islam Karimov added that this could change the balance of forces in the world. Not less relevant is the question of the future membership of the Islamic Republic of Iran. While Tehran is under UN sanctions, it is not possible. But, as said by the Russian Minister of Foreign Affairs Sergey Lavrov, Iran has made significant progress in talks between the six countries and we can expect that in the near future this problem will be solved─if only the West does not try to review the framework agreements reached earlier, as has happened on previous stages.

At the SCO summit a program of cooperation in the fight against terrorism and separatism in the years 2016-2018 was also approved (it is worth noticing that, by then, the direction of the Executive Committee of the SCO will be on the hands of Russia) and the development of the SCO Convention on Combating Extremism was started, as well as the establishment of the Center for Counteraction to Threats and Challenges to Security of the SCO member states on the basis of the Regional Antiterrorist Structure (RATS). The terrorist organization "Islamic State" was reputed as a serious threat and all SCO members reiterated their intention to combat it and other international extremists.

The development strategy of the SCO to 2025 was accepted and Ufa Declaration for SCO, adopted. The strategy says that the SCO will work "in favor of the construction of a polycentric democratic system of international relations," referring also to the foundation of an indivisible security space. Also important are the designated principles and values of states and peoples, wherein the historical features and identity of all Member States are taken into account.

In his speech dedicated to the results of the two summits, Russian President Vladimir Putin showed that work is ongoing "to create the SCO Development Bank and the SCO Development Fund (Special Account). The idea of having institutions on the basis of the SCO Interbank Association of the International Center of Project Financing is very promising." In addition, the Russian leader called for more active use of the SCO possibilities inherent to the BRICS.

But apart from the pair BRICS-SCO, there is a lot of regional projects that will naturally join both formats. So, the leaders of Russia and China declared that they are ready to work closely on the implementation of the two projects of integration─the Eurasian Economic Union and the Silk Road Economic Belt. Added to that, there are trilateral relationships, such as Russia-Mongolia-China. On the sidelines of the BRICS summit, the leaders of the three countries settled to intensify works on a variety of fronts─from the creation of infrastructure projects to cultural and information activities. As the chairman of the government of China Xi Jinping put, "it is necessary to form a community of mutual destiny and promote multipolarity."

The BRICS will also coordinate the defense of their position within the Group of Twenty (G20). Besides, this platform will be used for different projects within the BRICS and the G20 summit in November this year, to be held in Turkey, continuing to discuss the preparation of the bank and other tasks identified in the Ufa Declaration.

All this automatically means that any try of external manipulation, even under plausible pretexts (for example, USA is actively promoting the project of a New Silk Road), will be doomed to failure. And the world with the assistance of the BRICS and the SCO will be more secure and harmonious.