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dimanche, 20 décembre 2015

Vers une “ukrainisation” de la Turquie ?

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Vers une “ukrainisation” de la Turquie ?

Ex: http://www.dedefensa.org

On nous dit que les affaires vont soudainement très bien entre la Turquie et l’Ukraine. Le “Calife à la place du Calife“ et le “roi du chocolat”, – respectivement MM. Erdogan et Porochenko, – se sont trouvés comme pacte d'amitié une fondamentale inimité commune qui les pousse à mettre en place une alliance irrésistible. Erdogan s’appuie sur l’OTAN et les USA, Porochenko sur Joe Biden et les USA, ce qui vous a un air de famille ; Erdogan alimente Daesh en bons conseils et en camions-citernes, Porochenko laisse faire ses croix gammées, ce qui vous a un air de complicité. Tous les deux, bien sûr, se jugent assez assurés des “valeurs” postmodernes pour réclamer une admission des plus rapides dans l’UE, ce qui a de moins en moins de chances de se faire ; en attendant cette issue qui ne viendra pas, ces deux pays sont, par des moyens divers, des nuisances constantes pour l’UE, qui doit supporter la pesanteur extrême de leur allégeance supposée.

Voici donc quelques mots sur “les affaires” que Turcs et Ukrainiens envisagent de faire ensemble désormais liés par leur commun sentiment antirusse (Russia Insider du 12 décembre, repris de International Business Times) :

« As tensions between Moscow and Ankara continue, Turkey has turned to another Kremlin foe and Eastern European state: Ukraine. Defense firms in Turkey and Ukraine have begun talks on tank modernization programs, Defense News reported Sunday.

» Both Turkey and Ukraine find themselves at odds with the Kremlin. Russia applied harsh economic sanctions against Ankara after Turkey shot down a Russian jet at the end of November, saying the aircraft crossed into its sovereign airspace. Moscow denies this allegation. Ukraine continues to battle Russian-backed separatists in the Eastern Donbass region in a conflict that has left over 8,000 people dead. Moscow continues to deny playing any direct military role in the conflict in Ukraine. The situation has prompted the leaders of Turkey and Ukraine to warm relations. “We have agreed on a plan of our actions and preparations for my visit to Turkey, which is due in the first quarter of 2016,” Ukrainian President Petro Poroshenko said at the start of the month. “We are expecting this visit to make a breakthrough.” »

Si le processus n’est pas vraiment étonnant, il est remarquable par l’espèce de mimétisme qui est en cours d'installation entre les deux directions, tant la politique semble ne pouvoir se concevoir aujourd'hui que sur l'apriorisme de l'histilité comme référence, y compris les références communes. Notre hypothèse suggère de considérer une évolution de la Turquie qui pourrait avoir lieu si aucun événement majeur ne vient débloquer ses relations avec la Russie. Un tel déblocage semble particulièrement difficile en raison de l’extrême fermeté de la politique russe qui est un élèment nouveau et très puissant d'une part, de l’attitude pour l’instant intransigeante d’Erdogan, facilitée par son isolement intérieur volontaire et l’évolution de son pouvoir vers une sorte d’absolutisme constitutionnel d’autre part.

Il semblerait alors possible que la Turquie d’Erdogan suive une évolution très spécifique, se comportant désormais comme l’Ukraine de Porochenko, empilant menace sur menace contre les Russes, parlant de guerre, de riposte, pratiquant divers actes d’illégalité internationale, figurant avec à sa tête une structure népotique, corrompue et mafieuse (le clan Erdogan), etc. A notre sens, la politique turque ne se trouve pas loin, désormais, d’être engagée sur la voie de se trouver réduite au cadre d’action et à la pratique ukrainiennes, elle-même réduite à développer des séries d’anathèmes antirusses comme axe fondamental de sa politique générale. C’est ce que nous nommons l’“ukrainisation” de la Turquie, qui constitue un processus d’abaissement de la politique extérieure à un simple antagonisme sans issue ni perspective constructive, sinon le ridicule des menaces de destruction de la Russie ; dans ce cadre, la politique se réduit de plus en plus à ne considérer qu’une seule référence, qui est l’hostilité à la Russie, et considérant ses liens avec les autres en fonction de l’attitude des autres vis-à-vis de cette orientation.

Il y a là un “modèle” assez nouveau de “faillitisation” des États (la nouveauté de la chose justifiant de proposer un terme nouveau pour la qualifier) ; c’est-à-dire un processus non pas de faillite normale (il y aura toujours un FMI  de fortune ou un bankster d’infortune pour sauver la baraque au dernier moment) mais bien de développement des structures et du statut de l’État vers une sorte de faillite volontaire, par processus de corruption psychologique avec le reste qui suit selon un objectif de plus en plus unique et essentiellement négatif ; une faillite qui s’effectue dans la mesure de son abaissement, de sa réduction à des processus négatifs de communication essentiellement et au choix d’une narrative également négative (antirusse) à la place de la prise en compte des vérités-de-situation.

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A la lumière de l’exemple ukrainien, ce “modèle“ nous paraît beaucoup plus crédible comme effet des processus-Système, que le modèle traditionnel des “États-faillis” (“failed states”). Il installe l’impuissance et la paralysie à mesure des emportements de la rhétorique, c’est-à-dire la faillite soutenue par la jactance et une sorte de politique du sur-place puisqu’entièrement conditionnée par la négativité des liens avec la Russie. (La Russie est la seule référence à considérer à cet égard à cause de sa puissance pri,ncipielle [la souveraineté] et l'effet antiSystème de plus en plus marqué de sa politique.) Il s'agit d'une sorte de faillite par les termites (considérées comme un symbole de l'évolution décrite), qui minent la psychologie, effectivement évoluant vers une sorte de néantisation de toute existence souveraine. Au bout du compte, ce “modèle“ n’est même plus celui de vassal du bloc-BAO mais plutôt de parasite du Système qui embarrasse le Système plus qu’il ne le sert bien qu’il en soit sa créature, et dont le sort serait de plus en plus de tourner en rond sur lui-même, nourrissant son propre désordre encore plus que disséminer ce désordre hors de lui-même, et minant décisivement sa propre substance. En effet et bien entendu, l“ukrainisation“, ou “modèle ukrainien”, laisse libre à chacun de ses adeptes de développer sa propre forme de désordre intérieur, celui de “Kiev-la-folle“ s'étant déjà imposé comme typique et très spécifique comme il convient à un archétype ; ainsi pourrait-on penser, pour assurer la narrative et rassurer les esprits inquiets, qu'il s'agit d'une sorte de souveraineté, mais invertie : la souveraineté qui s'exprime dans le choix souverain qu'on fait de la forme de sa propre impuissance et du désordre de soi-même.

Un nouveau Moyen Orient

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Un nouveau Moyen Orient

par Jean Cuny

Ex: http://bloccontinental.com

Pendant près d’un siècle, la carte du Moyen Orient a reposé sur les accords Sykes-Picot de mai 1916 par lesquels la France et le Royaume Uni se partagèrent la province ottomane de la Grande Syrie.

Au début du XXIe siècle, dans la foulée de la guerre contre l’Irak, et à l’image de ce qui s’était passé en Yougoslavie, les Etats Unis décidèrent de mettre en œuvre dans la région un processus de creative destruction, ce que l’on peut traduire par «destruction créatrice», concept popularisé par l’économiste Joseph Schumpeter pour décrire comment la capitalisme détruisait en même temps les systèmes sociaux existants et profitait des systèmes économiques et sociaux qui prenaient leur place.

L’idée des Etats Unis étant de «diviser pour vaincre». En juin 2006, à Tel Aviv, la secrétaire d’Etat Condolezza Rice utilisa l’expression de «Nouveau Moyen Orient» pour définir la vision américaine.

L’objectif étant de créer un Moyen Orient démocratique, bourgeois et commerçant, apaisé parce qu’éclaté sur le plan communautaire de façon à constituer un ensemble de petits pays homogènes et plus ou moins rivaux entre eux, dont aucun n’aurait la puissance suffisante pour s’opposer aux intérêts américains ou aux intérêts israéliens.

Il ne faut pas perdre de vue que le Moyen Orient possède une grande partie des ressources prouvées d’hydrocarbures ( 48% pour le pétrole, 38% pour le gaz).Pendant des années, les Etats Unis ont voulu contrôler le Moyen Orient pour sécuriser leurs approvisionnement en hydrocarbures. Le développement de la production des hydrocarbures de schistes a changé la donne, en effet les Etats Unis sont devenus en 2014 les premiers producteurs mondiaux avec une production de 11,6 millions de barils par jour devant le royaume wahhabite avec 11,5 millions de barils par jour et la Russie avec 10,8 millions de barils jour, en outre, pour la troisième année consécutive les Etats Unis ont augmenté leur production de plus d’un million de barils par jour.

Malgré cela les Etats Unis continuent à s’intéresser au Moyen Orient, mais ce n’est plus comme le dernier quart du XXe siècle pour sécuriser leurs approvisionnements mais pour contrôler la dépendance de leurs compétiteurs principaux, européens et asiatiques.

En brisant le régime de Saddam Hussein, les Américains ont tué dans l’œuf deux logiques qu’ils combattaient depuis toujours :

le nationalisme pétrolier en Irak. Ils visent désormais le nationalisme pétrolier iranien.

le risque de sortie du pétro-dollar : le fait d’accepter de se faire payer son pétrole en euro ou dans une autre devise que le dollar : ce que Saddam Hussein avait annoncé vouloir faire en 2002 et que les Iraniens font aujourd’hui et qui explique largement pourquoi les Américains imposent un embargo drastique sur les hydrocarbures iraniens.

L’Irak fut donc le premier terrain d’essai de cette nouvelle politique américaine: après avoir soutenu les Kurdes pour affaiblir Saddam Hussein, les Etats Unis se rendirent compte que le nouveau pouvoir irakien était dominé par les chiites liés à l’Iran ce qu’à l’époque les Etats Unis ne pouvaient accepter et que les monarchies du Golfe arabo-persiques, leurs clientes redoutaient. La stratégie mise en œuvre visa à créer une division du pays en trois zones: kurde, sunnite, chiite.

Face au pouvoir chiite de Bagdad, les Etats Unis et leurs clients se mirent à soutenir les sunnites et en octobre 2006 fut créé le dawlat al-ʿirāq al-islāmiyya ( Etat islamique d’Irak), devenu en avril 2013 le ad-dawla al-islāmiyya fi-l-ʿirāq wa-š-šām (Etat islamique en Irak et au Levant), connu aussi par l’acronyme arabe Daech (Dāʿiš ).

Puis le jeu américain s’élargit à la Syrie. En effet depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis essaient de casser la dépendance de l’Union européenne au gaz et au pétrole russe. Pour cela, ils ont favorisé des oléoducs et gazoducs qui s’alimentent aux réserves d’Asie centrale et du Caucase mais qui évitent soigneusement de traverser l’espace d’influence russe.

Ils ont notamment encouragé le projet Nabucco, lequel part d’Asie centrale, passe par la Turquie (pour les infrastructures de stockage) visant ainsi à rendre l’Union européenne dépendante de la Turquie (rappelons que les Américains soutiennent ardemment l’inclusion de la Turquie dans l’UE tout simplement parce qu’ils ne veulent pas d’une Europe-puissance), puis la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Tchéquie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie.

Nabucco a été lancé pour concurrencer deux projets russes russes qui fonctionnent parfaitement aujourd’hui:

  • Northstream qui relie directement la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine et la Biélorussie.
  • Southstream qui relie la Russie à l’Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l’Europe centrale (Autriche-Hongrie).

Mais Nabucco manque d’approvisionnements et pour concurrencer la Russie, il lui faudrait pouvoir accéder:

  • 1/ au gaz iranien qui rejoindrait le point de groupage de Erzurum en Turquie
  • 2/au gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël.
  • 3/ au gaz de la péninsule arabique

Or, en novembre 2010, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont demandé à Bachar el Assad de pouvoir ouvrir des oléoducs et gazoducs d’exportation vers la Méditerranée orientale. Ces oléoducs leur permettrait en effet de desserrer la contrainte du transport maritime via le détroit d’Ormuz puis le Canal de Suez et d’envoyer plus de gaz vers l’Europe (notamment le Qatar, géant gazier du Moyen-Orient). La Syrie a refusé, avec le soutien de la Russie qui voit dans ces plans la volonté américaine, française, saoudienne et qatarie de diminuer la dépendance européenne au gaz russe.

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En février 2011 ,comme par hasard! les premiers troubles éclataient en Syrie, troubles qui n’ont cessé de s’amplifier avec l’ingérence, d’une part de combattants islamistes financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, d’autre part de l’action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et Français).

Il ne faut pas non plus oublier que le 25 juillet 2011, l’Iran a signé des accords concernant le transport de son gaz via la Syrie et l’Irak. Cet accord fait de la Syrie le principal centre de stockage et de production, en liaison avec le Liban et l’idée de Téhéran est de desserrer ainsi la contrainte de l’embargo.Du fait même de sa position centrale entre les gisements de production de l’Est et la Méditerranée orientale, via le port de Tartous, qui ouvre la voie des exportations vers l’Europe, la Syrie est un enjeu stratégique de premier plan. Il ne faut pas non plus omettre le fait que le port de Tartous est un point d’appui pour la flotte russe ( point d’appui matériel et technique:Пункт материально-технического обеспечения, ПМТО).

Pour les Américains et leurs alliés, il semblait que le cas de la Syrie serait rapidement réglé, pourquoi cette analyse? Evoquons d’abord les dynamiques internes de la Syrie: pays d’environ 20 millions d’habitants avant la guerre, la Syrie possède une grande diversité ethnique (Arabes, Kurdes, Arméniens, Turcs et Tcherkesses) et confessionnelle (sunnites, druzes, chiites duodécimains, ismaïliens, yézidis et toute la diversité de la chrétienté orientale: syriaques,grecs-orthodoxes, catholiques, assyro-chaldéens … ).

Les Arabes sunnites y représentent plus de 60% de la population alors que le pays est dominé par les Alaouites qui ne représentent que 10% de la population. Dans ces conditions, le renversement du pouvoir semblait aisée.

La doctrine des alaouites – ou nusairis (nusayriyya)du nom de son fondateur Muhammad ibn Nusayr ‘al-Namiri est apparue en Irak au XIe siècle.

Comme tous les chiites, les alaouites vénèrent Ali, cousin et gendre de Maho-

met, au point de le considérer comme Dieu. Le Prophète occupe une place

secondaire : il n’est que le voile qui masque le « sens » incarné dans Ali. Le troi-

sième personnage de la trinité alaouite est Salman, compagnon du prophète, la

« porte » de la connaissance. Ces trois personnages sont représentés par des

symboles astraux : Ali est la lune, Mahomet le soleil et Salman le ciel.

NMOstate7355.jpgDe ce fait, les Alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires des hérétiques et au XIVe siècle le juriconsulte salafiste Ibn Taymiyya, ancêtre du wahabisme actuel a émis une fatwa demandant leur persécution systématique et leur génocide.

Il semblait donc qu’il ne serait pas très difficile de réunir la majorité sunnite pour mettre fin au pouvoir de Bachar el-Assad. Mais c’est une lutte à mort qui s’est engagée car non seulement les Alaouites mais aussi les autres minorités religieuses ou ethniques et une partie de la bourgeoisie sunnite se sont rangées du côté de Bachar el-Assad.

Dans cette guerre, comme cela avait été le cas en Yougoslavie, la machine médiatique occidentale s’est mise en œuvre: le gouvernement syrien n’est désigné que par le terme de «régime» ce qui sous entend son caractère illégitime, l’unique source des médias occidentaux est l’OSDH (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme) qui est une émanation des Frères musulmans et dont le fondateur, Ryadh el-Maleh a été condamné pour violences. L’OSDH est sous la protection des services secrets britanniques et américains , il est financé par l’Arabie Séoudite et la Qatar.

En 2011 fut créé à Istanbul le Conseil National Syrien à l’initiative du parti islamiste turc l’AKP et avec le financement du Qatar. Il fut remplacé, en novembre 2012 par la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolution car les Américains trouvaient que la France avait trop d’influence au CNS où elle avait placé l’opposant syrien sunnite Burhan Ghalioun.

A la tête de cette coalition, Robert S. Ford, ambassadeur américain à Damas, place le cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib , un personnage qui a travaillé de 1985 à 1991 pour la al-Furat Petroleum Company , une joint-venture entre la compagnie nationale syrienne et des compagnies étrangères dont l’anglo-hollandaise Shell. En 1992, il a hérité de son père la prestigieuse charge de prêcheur de

la Mosquée des Ommeyades à Damas, mais il a été relevé de ses fonctions car il refusait que la Syrie participe à la guerre contre l’Irak parce qu’il ne voulait pas de présence occidentale en terre d’islam. Il part au Qatar puis revient en Irak en 2003-2004 comme lobbyiste du groupe Shell. Il est membre des Frères musulmans.

L’Arabie séoudite et le Qatar ont un projet islamiste sunnite pour le Moyen Orient, pour ce faire ils ont soutenu et même suscité le printemps arabe (à Benghazi, les drapeaux de la nouvelle Libye sont apparus à une vitesse surprenante!!!) qui s’est traduit par le renversement de pouvoirs considérés comme insuffisamment musulmans .

Face au jeu sunnite des monarchies du Golfe et des Etats Unis s’est formé un axe que l’on peut qualifier de chiites puisque les Alaouites sont une branche particulière du chiisme, reconnue comme telle en 1973 par l’imam chiite du Liban Musa al-Sadr, axe soutenu par la Russie.

La Syrie s’est donc enfoncé dans la guerre depuis 2011 sans qu’aucun camp puisse l’emporter, cependant le gouvernement syrien a conservé le contrôle de la Syrie utile et de plus de 60% de la population.

A partir de 2013, il y a un nouvel intervenant dans la guerre : l’Etat islamique qui proclame en juin 2014 le rétablissement du califat. Cette intervention rend plus difficile la situation des forces gouvernementales.

Mais la donne des cartes est en train de changer, en effet à partir de mars 2013, des contacts secrets ont lieu dans le sultanat d’Oman entre émissaires américains et iraniens, ces contacts aboutissent, le 24 novembre 2013 à l’accord international sur le programme nucléaire iranien. ce réchauffement a lieu parce que l’Iran apparaît de plus en plus comme un partenaire fiable aux yeux des États-Unis, en tout cas beaucoup plus fiable que l’Arabie séoudite, la grande alliée jusque là des Etats Unis.

Les Américains se sont en effet rendus compte que le golem islamiste qu’ils avaient créé en Irak avec l’Etat islamique, avait échappé à leur contrôle et que désormais c’étaient les séoudiens, les qataris et les turcs qui le manipulaient.

Cette constatation amène les Etats Unis à mettre en place en 2014 une coalition contre l’Etat islamique, les aviations des pays membres de cette coalition ont d’abord mené des bombardements en Irak puis , à partir de 2015 ont commencé à intervenir en Syrie.

Mais, au sol, la progression de l’Etat islamique n’a pu être enrayée que grâce à la présence d’unités envoyées par l’Iran, en particulier en Irak. L’aggravation de la situation en Syrie a déterminé la Russie à y intervenir directement et à partir du 30 septembre 2015 l’aviation russe commence à bombarder les groupes terroristes ce qui permet à l’Armée Arabe Syrienne de reprendre l’offensive et de regagner du terrain.

Sur le plan diplomatique, le 23 octobre, John Kerry et Sergey Lavrov reçurent leurs homologues turc et séoudien à Vienne et firent un certain nombre de mises au point. Enfin, le 30 octobre, toujours à Vienne, les deux Etats réunissaient un vaste aréopage de pays parmi lesquels on peut noter la présence de l’Iran et celle de l’Egypte du maréchal al-Sissi. La déclaration finale adoptée à la suite de cette réunion marque la défaite des faucons de toute obédience, en effet le document dans son point 1 insiste sur l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie , le point 8 affirme que le processus politique et non pas le processus de transition sera mené par les Syriens et que le peuple syrien déterminera le futur de la Syrie.

C’est donc un échec pour tous ceux qui exigeaient le départ de Bachar el-Assad qui comme Laurent Fabius affirmait le 17 août 2012 «monsieur Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur terre». Les Etats Unis de leur côté semblent se rapprocher de ce que disait l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger:«Je n’accepte pas l’idée que la crise syrienne puisse être interprétée comme l’affrontement entre un dictateur impitoyable et une population impuissante; et que la population deviendra démocratique si vous enlevez le dictateur» .

Cette crise au Moyen Orient touche directement l’Europe avec le déferlement incontrôlé de centaines de milliers d’immigrants clandestins et en la matière, comme pour tout le reste l’Union Européenne montre son impuissance.

Les prochains mois selon l’occasion de nouveaux développements de cette crise qui va encore durer longtemps.

Jean Cuny

APPRÉHENDER L'ISLAM: Une réalité monolithique ou plurielle?

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APPRÉHENDER L'ISLAM

Une réalité monolithique ou plurielle?

Gustin Sintaud
Ex: http://metamag.fr
 
Pour couper court à toute contestation, même parfois judicieuse, et pour se garder d'avoir sur toute sorte de pinaillages, généralement peu productifs, bien des précisions semblent nécessaire et urgentes, concernant l'appréhension plurielle de l'islam.

Effectivement, il est gravement faux de concevoir l'islam comme une réalité monolithique, même au- delà et en-deçà des deux grandes voies musulmanes d'après le schisme historique entre sunnisme et chiisme. Il serait tout autant erroné d'entrevoir chacune d'elles comme strictement unifiée. Dans ce complexe éparpillement de courants, avec leurs divers sous-courants, parmi toutes ces multiples sensibilités différentes, comment croire ingénument  qu'il n'y aurait qu'un seul et unique islamisme ?

L'immensité territoriale de Dar-Al-Islam, intégrant tant d'origines ethniques et culturelles diverses, ne pouvait engendrer une seule et unique expression musulmane, et tant pis si, dès sa genèse et le balbutiement de son avènement, l'islam prétendit à l'unité sans faille d'une communauté de croyants (oummah).

Depuis ses débuts, cette troisième et dernière branche du monothéisme abrahamique, universaliste et unificatrice, connut force divisions, véhémentes contestations, nombreuses adaptations, certaines divergentes, profondes ou superficielles, mais caractéristiques ou spécifiques,  beaucoup durables.

Il n'y eut pas seulement toutes les démarches soufies, toujours mal tolérées par les orthodoxies musulmanes... .
Le soufisme, comme mysticisme musulman inquiète depuis le VIIe siècle ; on lui reproche partout et toujours sa volonté d'accéder à la présence et à la connaissance de Dieu, directement, et pas seulement par la révélation d'Allah contenue dans le Coran. Partout, toujours, le soufisme contestait conceptuellement la sacro-sainte et essentielle « soumission » totalement acceptée dans la dans le mot « islam ».

Depuis le IXe siècle, le droit et la théologie se figeant, les soufis refusèrent cette religion dans les seules formes coercitives de la Chariah. Leur ascétisme les motiva à privilégier, pour eux, l'exemple du prophète, pour atteindre, par degrés successifs, la Vérité spirituelle intérieure. Leur ascèse, comme moyen de réaliser l'union avec Dieu, est impensable pour des musulmans orthodoxes, entre un Dieu inconnaissable et la faillible et impuissante créature ; Ces musulmans de grande orthodoxie y subodorent immédiatement hérésie et blasphème. Comment, pour eux, par exemple, la voie de l'Amour pourrait-elle vaincre la sévérité de Dieu, censeur et impitoyable justicier ? ….

Des maîtres soufis comme AL-Halldj et Sohrawardi furent, crucifiés pour l'un et exécuté pour l'autre, à cause de leurs originalités déviantes. Néanmoins, et malgré tel acharnement, il y a toujours, partout, florès de confréries soufies dynamiques pour cultiver et enseigner les expressions exotériques de l'islam.

Après avoir signalé cet intéressant type de musulmans, de trop succincte manière il faut en convenir, il faut s'intéresser à d'autres musulmans assez originaux qui nient, par leur spécificité, une oummah unifiée ; spécificités des Alaouites et celles des Druzes, en notant les distances caractéristiques entre les deux ensembles, avant d'accorder un rapide intérêt aux Ismaéliens.

Les Alaouites

Pour les Alaouites, ceux qui rendent un culte à Ali, s'ils ne peuvent être confondus avec les chiites alides d'Iran, eux partisans d'Ali, leur détermination pour célébrer le quatrième calife bien guidé martyr, ne peut que les ranger, dans le grand courant musulman schismatique, parmi les chiites. Ils furent aussi désignés par le terme de « Nosairis », appelation dérivant du nom d'un de leurs chefs historiques : Ibn Nosair. Parce qu'ils semblent les héritiers de plusieurs traditions spirituelles : philosophie gréco-hellénistique, gnosticisme chrétien, dualisme manichéen persan, et même judaisme, ils sont considérés comme d'insolents hétérodoxes autant par le chiisme institutionnalisé que par l'intransigeance du sunnisme orthodoxe.

Ainsi s'explique mieux, nourrie par une vieille haine, la hargne des monarchies wahhabites du golfe contre la Syrie de Bachar-Al-Assad et les deux millions d'Alaouites de Syrie, derrière lui. Une apparence de similitude peut être instrumentalisée pour rapprocher à tort Alaouites surtout concentrés au nord-ouest de la Syrie et Druze plutôt situés sur les montagnes de l 'anti-Liban. Leurs foyers d'expressions assez proches et leur islam tout autant hétérodoxe peuvent amener à une telle erreur. Même s'ils ont  été autant condamnés et châtiés par la rigueur politico-religieuse des autorités religieuses sunnites, comment pourrait-on assimiler la force de critère ethnique de la particularité musulmane alaouite à l'influence nettement ismaélienne du druzisme ?

La doctrine druze est basée sur des rites initiatiques inconnus des Alaouites ; ceux-ci n'admettent aucunement la métempsychose comme ceux-là..... Si les Alaouites sont actuellement sous les feux des actualités géo-politiques avec la guerre en Syrie, les Druzes, eux, sont devenus fort discrets, depuis la fin de la pétaudière libanaise, où, sous la conduite des Jomblatt, Moukhatara, puis Walid, ils voulurent, les armes à la main, s'imposer comme composante ethnico-religieuse à considérer.

Les Ismaéliens

Maintenant, pour s'entretenir des Ismaéliens, il faut commencer par investir la grande diversité des expressions du chiisme.

L'ismaélisme est chiite incontestablement, mais si le chiisme majoritaire, surtout en Iran et au sud de l'Irak, est duodécimain, celui-là se réclame septimain. Les duodécimains se déterminent par l'espoir du retour du douzième imam chiite, successeur d'Ali, Mohammed El-Mahdi, disparu en 874, occulté ; il est qualifié de « Seigneur des temps » et de « Madhi attendu » ; les septimains dont les Ismaéliens ne reconnaissent que sept imams avant la venue de l'imam caché. [il existe aussi des chiites du zaydisme, partisans des « cinq imams », et enfin les Alévis de Turquie,  Turcs et Kurdes, plus connus pour  leurs derviches dont les derviches tourneurs]. L'ismaélisme se révèle comme un mouvement politico-religieux à coloration messianique, comme il en apparut cycliquement dans l'histoire de l'islam. Ce mouvement s'est affirmé fortement hétérodoxe par rapport au sunnisme ; il insiste sur une interprétation allégorique, quelque peu gnostique même, des textes sacrés, allant jusqu'à croire à la métempsychose des âmes. Il met aussi l'accent sur la différence dualiste fondamentale entre l' « apparent » et le « caché » dans les écritures révélées. Voilà pourquoi, seuls les initiés peuvent y approcher les vérités dont celle du sens mystique des lettres et des chiffres....

Aujourd'hui, l'ismaélisme, sous une forme totalement atténuée représente quelques 600 000 personnes, surtout en Inde et Pakistan dont certains reconnaissent l'autorité de l'Agha Khan. Des petites communautés ismaéliennes subsistent aussi en Syrie, au Liban, en Iran, voire en Asie centrale et même en Chine. La religion druze, née sous les Fatimides, peut être considérée comme rameau ismaélien.

La mollesse  de cohésion de l'oummah

Après ce survol bien trop rapide, du moins un aperçu déjà convaincant de la mollesse réelle de cohésion de l'oummah peut se remarquer. Mais ce n'est pas la seule manifestation de la faiblesse d'un islam ayant raté sa vocation hégémonique : universaliste fondamentalement mais non rigoureusement unifiant dans sa réalisation. L'islam apparaît plus, partout où il convainquit et régna, comme un super-strat venant coiffer des ensembles de strats et infra-strats particuliers, divers, même différents. Ces bases, ici et là, ont pu avoir été définitivement gommées ou submergées ; elles ont su, ailleurs, s'intégrer dans le discours musulman original en l'altérant ou le modifiant ; elles ont pu tout autant le truffer d'apports rétifs ou rebelles à la rigueur conceptuelle de la « soumission » prônée par le Coran.

islam_1958725c.jpgAinsi, si le musulman devrait se fondre aveuglément dans l'oummah et se soumettre à la nécessité d'une communauté des croyants sans faille, pour la gloire de l'islam, il s'avère que des réflexes éthnico-culturels, même immergés, refassent surface, sous certaines conditions et situations particulières, offrent des choix spécifiques, provoquent des attitudes éthniques, étatiques, régionales, tribales, claniques ou familiales, divergentes de celles espérées et reconnues par l'oummah : la réalité et la force de ces açabiyya vient souvent limiter ou tempérer le monolithisme effectif de l'oummah.

Il n'y a vraiment pas d'oummah une et indivisible où tous marcheraient d'un même et unique pas, n'en déplaise à ceux qui l'espèrent encore strictement,  unificatrice, comme à tous les autres qui tremblent en l'évoquant pour n'en voir qu'un redoutable bloc expansionniste. Il n'y a pas plus d'unité dans l'islamisme ; on y relève de farouches concurrences, des rivalités acharnées, de sordides affrontements et tout un jeu de surenchères.

D'abord il faut s'interdire de rapprocher, de confondre islamisme, dans sa définition précise, et intégrisme musulman, de même islamisme et salafisme, comme il ne faut pas associer salafisme et djihadisme, surtout aujourd'hui.

L'islamisme traduit la détermination politique qui institutionnalise l'islamisation générale des institutions et du gouvernement dans un pays musulman : à ce titre, l'Iran chiite des ayatollah autant que le royaume saoudien peuvent être justement considérés comme des états islamiques, et pourtant ces deux expressions bien différentes ne sont à rapprocher, car l'islamisme se réfère et exprime la vision de l'islam considéré en l'état concerné. Il se trouve, dans bien des zones à peuplement musulman, des mouvements qui revendiquent une islamisation rigoureuse de leur gestion politique ; ils professent tous l'islamisme bien que certains restent modérés, de tendance bourgeoise,  préconisant des méthodes non-violentes ; ils préfèrent même le système de persuasion jusqu'aux jeux démocratiques et sanctions des urnes. D'autres optent pour une démarche plus musclée jusqu'à vouloir imposer par une lutte féroce, armée même. Le fanatisme peut facilement s'y développer.


Parmi les premiers mouvements islamistes, les modérés, pourraient se ranger : Refah Fazilet en Turquie, Hezbolah au Liban, Nahda en Tunisie, Frères musulmans en Egypte et Yémen, F.I.S en Algérie, Jama'at-i islami au Pakistan, le Parti de le renaissance islamique au Tadjikistan.....
L'autre, plus contestataire, révolutionnaire, n'hésite pas à utiliser les pires moyens avec violences, purges, exécutions comme au soudan, en Afghanistan des Talibans, au sahel avec Boko Aram …...

Il faut noter que ces deux courants islamistes, quel que soit leur crédo initial et la véhémence des discours, tendent tous à finir en nationalisme : ils sont trop prisonniers des impératifs séculiers, des obligations inhérentes aux réponses pour règlement de problèmes immédiats. A preuve d'exemples, il suffit de rappeler le Fazilet turc qui, en 1998, accepte des cadres féminins après s'être allié, en 1974, avec les socio-démocrates et, en 1996, avec le centre droit, tout comme l'Iran des ayatollah qui, malgré son intransigeance religieuse chiite, prend ouvertement parti pour des Arméniens chrétiens contre le gouvernement chiite d'Azerbaïdjan, en 1989. C'est pourtant dans cet islamisme combattant qu'un fanatisme inquiétant peut facilement se développer et s 'exprimer comme parmi les Talibans, en Afghanistan, ou chez les salafistes d'Al Nostra en Syrie...

Si l'intégrisme musulman n'exprime que la stricte application  des textes sacrés en renvoyant à une longue histoire de recentrements sur l'orthodoxie, il peut alimenter le terrorisme de certains musulmans en débordant la stricte application d'un islam intégral. Il s'exprima, depuis Ahmed Ibn Hanbal en 855, à travers la discipline de la plus dogmatique des quatre écoles de la jurisprudence sunnite, qui rejette l'opinion personnelle et le raisonnement par analogie, qui est hostile à une théologie spéculative. Il a inoculé son rigorisme, en 1328, à Ibn Taymiyya, qui, lui-même,a amené, par Mohammed Ibn El-Wahhab, à secréter le Wahabime cher au royaume saoudien.
L'intégrisme sunnite est arrivé par les oulémas, et alimente le fondamentalisme traditionnel ; il ne cesse de prôner l'hijra et le renforcement de l'oummah par la stricte observance, par tous les musulmans, des règles selon les textes sacrés. L'hijra c'est l'opposé du djihad : à l'image du prophète et son repli sur Médine,seul lien sûr de l'islam, c'est la reconcentration des musulmans, le retour aux sources, au creuset , à la certitude. Le retrait du territoire sous domination de non-croyants.

Le fondamentalisme traditionnel, qui peut influencer divers intégrismes, bien qu'il soutienne la généralisation d'une identique charia cloi islamique), en tous pays musulmans, ne recherche pas à s'occuper de politique ; il s'oppose, par exemple, au concept de vélayat-i-fâquih qui organiserait l'articulation du religieux et du politique.

L'intégrisme se trouve aussi exprimé par un fort courant de néo fondamentalisme universaliste qui se repaît de l'impotence du fondamentalisme traditionnel des oulémas à répondre efficacement avec l'hijra préconnisé face aux perturbations et défis du monde moderne, à l'éparpillement des musulmans par l 'émigration vers des pays non musulmans, et à l'effritement dramatique de l'empire de l'islam sur ces croyants ou descendants de croyants déracinés, parachutés en milieux étrangers. Il se nourrit tout autant des islamismes pleins des désillusions après des combats politiques improductifs comme en Turquie, au Pakistan, en Tunisie après la mise au ban du Nahda, en Egypte après la terrible réaction contre les frères musulmans ; c'est de la même manière que l'on peut comprendre la dure relève du G.I.A en Algérie après la spoliation de la victoire électorale  du F.I.S. .

Depuis peu, quelques années tout au plus, un fondamentalisme musulman utilise abusivement la traditionnelle intransigeance intégriste, et n'hésite point à la dénaturer en agitant plus la notion de djihad que celle d'hijra. Cette nouvelle conception anachronique, iconoclaste, semble s »être forgée sur de vifs ressentiments nés de grandes désillusions de moudjahidin combattant an Afghanistan, se sentant privés de leur victoire sur les envahisseurs d'U.R.S.S. . Ce nouvel état d'esprit se renforce avec les guerres d'Irak menées par des coalitions judéo occidentales impudentes et l'éradication de Sadam Hussein, de son parti Ba'as et de ses piliers sunnites, avant l'établissement arbitraire d'un gouvernement chiite décidé bien abominablement par les inconséquents U.S.A. . Ici et là,un sentiment musulman, exacerbé de révolte contre un néocolonialisme occidental, a provoqué, dans une grande parti du monde musulman, une réaction affirmée résolument islamiste, follement intégriste musulmane, et, abominablement djihadiste terroriste dans ses actions.

D'abord Al-quaida, maintenant Daesh  veut renouer avec l'historique grandeur califale. C'est un sunnisme outrancier qui proclame partout le djihad contre les infidèles, les croisés, les Occidentaux en général, les Européens y compris, et surtout les Français pour ce que la France crut devoir s 'immiscer dans des affaires exclusivement musulmanes, deviennent les responsables de leur impuissance à exister en musulmans libres, les causes de tous leurs maux. Ce fut donc le 11 septembre à New-York pour punir les U.S.A. , les attentats de Londres, de Madrid, de Paris, encore et encore. Ces ressentiments sont partagés dans les milieux immigrés en ces pays visés où quelques uns réagissent sur le même fondamentaliste tempo en forme de djihadisme terroriste.

L'essentiel fut-il abordé en si peu? Pour être bref et incisif, peut-on espérer rester concis ?

Néanmoins, l'islam se révèle vite pluriel, et toute sa complexité interdit de le penser comme monolithique. Aucune de ses multiples expressions ne peut suffire à signifier et transcrire l'ensemble. L'islamisme lui-même s'avère sous maintes formes ; aucune n'est représentative de tout le monde musulman, de toutes ses pensées, de ses aspirations pour être au monde.

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The Aegean Sea and Turkey's Maritime Strategy

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The Aegean Sea and Turkey's Maritime Strategy

Ex: http://www.katehon.com

On December 13th, another incident added fuel to the fire of the already damaged Russian-Turkish relations.

A Turkish fishing vessel, not responding to radio and visual signals, began to approach the Russian patrol ship, Smetlivy, which was anchored at the time of the incident.

To avoid a collision, the crew fired several warning shots at the Turkish vessel, after which it immediately changed directions.

The Russian Defense Ministry explained that two scenarios were possible: it was either a deliberate provocation, or simple sloppiness. The Turkish side said that Russia's reaction was excessive, even though Moscow had previously made an official warning that it would destroy all targets that it saw as a threat.

Indeed, the Turkish vessel's maneuvers could reasonably have been construed as threatening. If, for example it had indeed collided with the Russian patrol ship, and broke a Russian ship board, it would have placed an important naval unit temporarily out of commission, among other possible consequences.

Greek press has uniquely regarded the incident as a deliberate provocation on the part of Turkey. Taking into account that it happened in the daytime and in good visibility, this version of events is most likely. Why is Turkey trying to escalate the conflict further, this time at sea?

What interests does Ankara have in the Mediterranean? Are many islands in the region a potential hotspot in a potential conflict, as are the Spratly Islands in the South China Sea?

The political geography of the region is characterized by islands in the eastern part: Chios, Iraklides, Rhodes, Samos, Kos and many others, which are very close to the Turkish coast, but in fact are Greek territory. The boundaries were established in accordance with the Treaty of Lausanne, which recognized the dissolution of the Ottoman Empire and established Turkey's current borders. At this time, it lost not only the Aegean Sea islands, but also control over Arabia, Egypt, Sudan, Tripolitania, Cyrenaica, Mesopotamia, Palestine, Transjordan, Lebanon and Syria, with new states being created these regions.

However, modern Turkey's strategic doctrine is oriented towards returning the lost territories or at least a degree of control over them. This neo-Ottomanist doctrine, explained in Prime Minister Ahmet Davutoglu’s work entitled Strategic Depth, insists on Turkey's leading role in the Mediterranean, North Africa, the Middle East and the southern Balkans. There is a parallel Pan-Turkist project for Central Asia which Turkey is also pushing for.

Regarding Ankara's interests in the Mediterranean, attempts to restore its sea power also has historical sources in the Ottoman Empire's golden age.

The Algerian pirate Hayreddin Barbarossa, who proclaimed himself as a Sultan and recognized the Ottoman Empire's supreme power in the early 16th century, successfully fought against Spain and the Holy Roman Empire. The Ottoman ruler, Suleiman I, appointed Barbarossa to the position of Commander-in-Chief of the Navy and gave him the title "Emir of Emirs", and he was feared by all of the Mediterranean fleets of European monarchies. For many years even after his death, every Turkish ship leaving the Golden Horn Bay would fire a volley in honor of the Turkish captain, pirate, and sailor.

Hayreddin Barbarossa once said: "Who rules the seas, rules the world." One of the founders of Anglo-Saxon geopolitics, Halford Mackinder, interpreted the phrase differently in terms of Russia and Eurasia. In keeping with the characteristic style of British kleptocratic politics (both in resources and ideas), the English crown, after the success of Barbarossa, began to encourage the practice of piracy and the plundering of the ships of London's rivals.

When understood in this context, Turkey's regional policy will become clearer. Adding to it the mercantile interests of close-in coastal islands with natural resources, mineral reserves, as well as areas rich in oil and gas.

Turkey and Greece have already had disagreements on gas production.

In 2009, Greek Energean Oil & Gas discovered oil reserves of 4 billion barrels in the northern Aegean Sea. Intensified drilling in offshore waters then started, as well as research on the prospects for oil and gas production. Greece did not make an exclusive claim to rights over this economic zone so as to avoid delays and disputes, and start production near their islands. However, in 2011 Turkey declared that it would consider this as purely military aggression. The diplomatic friction was worsened by repeated violations of Greek airspace by Turkish military jets.

Since Greek Cyprus signed an agreement with Israel on the joint development of fields, it gave Turkey concerns about new possible allies for Greece in the production and transportation of energy resources.

Obviously, Ankara regarded Russia as such a potential ally.

After the sanctions adaptation against Turkey, it became clear that it would also act on behalf of the West and Ukraine's side, trying to hinder Russia in Crimean efforts. However, a possible Russian-Greek alliance (cooperation in different directions) can frustrate some of the Turkish aggression against Greece, as well as against Russia.

vendredi, 18 décembre 2015

Cornering Russia, Risking World War III

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Cornering Russia, Risking World War III

Official Washington is awash with tough talk about Russia and the need to punish President Putin for his role in Ukraine and Syria. But this bravado ignores Russia’s genuine national interests, its “red lines,” and the risk that “tough-guy-ism” can lead to nuclear war, as Alastair Crooke explains.

By Alastair Crooke

Ex: http://consortiumnews.com

We all know the narrative in which we (the West) are seized. It is the narrative of the Cold War: America versus the “Evil Empire.” And, as Professor Ira Chernus has written, since we are “human” and somehow they (the USSR or, now, ISIS) plainly are not, we must be their polar opposite in every way.

“If they are absolute evil, we must be the absolute opposite. It’s the old apocalyptic tale: God’s people versus Satan’s. It ensures that we never have to admit to any meaningful connection with the enemy.” It is the basis to America’s and Europe’s claim to exceptionalism and leadership.

And “buried in the assumption that the enemy is not in any sense human like us, is [an] absolution for whatever hand we may have had in sparking or contributing to evil’s rise and spread. How could we have fertilized the soil of absolute evil or bear any responsibility for its successes? It’s a basic postulate of wars against evil: God’s people must be innocent,” (and that the evil cannot be mediated, for how can one mediate with evil).

Westerners may generally think ourselves to be rationalist and (mostly) secular, but Christian modes of conceptualizing the world still permeate contemporary foreign policy.

It is this Cold War narrative of the Reagan era, with its correlates that America simply stared down the Soviet Empire through military and – as importantly – financial “pressures,” whilst making no concessions to the enemy.

What is sometimes forgotten, is how the Bush neo-cons gave their “spin” to this narrative for the Middle East by casting Arab national secularists and Ba’athists as the offspring of “Satan”:  David Wurmser was advocating in 1996, “expediting the chaotic collapse” of secular-Arab nationalism in general, and Baathism in particular. He concurred with King Hussein of Jordan that “the phenomenon of Baathism” was, from the very beginning, “an agent of foreign, namely Soviet policy.”

Moreover, apart from being agents of socialism, these states opposed Israel, too. So, on the principle that if these were the enemy, then my enemy’s enemy (the kings, Emirs and monarchs of the Middle East) became the Bush neo-cons friends.  And they remain such today – however much their interests now diverge from those of the U.S.

The problem, as Professor Steve Cohen, the foremost Russia scholar in the U.S., laments, is that it is this narrative which has precluded America from ever concluding any real ability to find a mutually acceptable modus vivendi with Russia – which it sorely needs, if it is ever seriously to tackle the phenomenon of Wahhabist jihadism (or resolve the Syrian conflict).

What is more, the “Cold War narrative” simply does not reflect history, but rather the narrative effaces history: It looses for us the ability to really understand the demonized “calous tyrant” – be it (Russian) President Vladimir Putin or (Ba’athist) President Bashar al-Assad – because we simply ignore the actual history of how that state came to be what it is, and, our part in it becoming what it is.

Indeed the state, or its leaders, often are not what we think they are – at all. Cohen explains: “The chance for a durable Washington-Moscow strategic partnership was lost in the 1990 after the Soviet Union ended. Actually it began to be lost earlier, because it was [President Ronald] Reagan and [Soviet leader Mikhail] Gorbachev who gave us the opportunity for a strategic partnership between 1985-89.

“And it certainly ended under the Clinton Administration, and it didn’t end in Moscow. It ended in Washington — it was squandered and lost in Washington. And it was lost so badly that today, and for at least the last several years (and I would argue since the Georgian war in 2008), we have literally been in a new Cold War with Russia.

“Many people in politics and in the media don’t want to call it this, because if they admit, ‘Yes, we are in a Cold War,’ they would have to explain what they were doing during the past 20 years. So they instead say, ‘No, it is not a Cold War.’

“Here is my next point. This new Cold War has all of the potential to be even more dangerous than the preceding 40-year Cold War, for several reasons. First of all, think about it. The epicentre of the earlier Cold War was in Berlin, not close to Russia. There was a vast buffer zone between Russia and the West in Eastern Europe.

“Today, the epicentre is in Ukraine, literally on Russia’s borders. It was the Ukrainian conflict that set this off, and politically Ukraine remains a ticking time bomb. Today’s confrontation is not only on Russia’s borders, but it’s in the heart of Russian-Ukrainian ‘Slavic civilization.’ This is a civil war as profound in some ways as was America’s Civil War.”

Cohen continued: “My next point: and still worse – You will remember that after the Cuban Missile Crisis, Washington and Moscow developed certain rules-of-mutual conduct. They saw how dangerously close they had come to a nuclear war, so they adopted “No-Nos,’ whether they were encoded in treaties or in unofficial understandings. Each side knew where the other’s red line was. Both sides tripped over them on occasion but immediately pulled back because there was a mutual understanding that there were red lines.

“TODAY THERE ARE NO RED LINES. One of the things that Putin and his predecessor President Medvedev keep saying to Washington is: You are crossing our Red Lines! And Washington said, and continues to say, ‘You don’t have any red lines. We have red lines and we can have all the bases we want around your borders, but you can’t have bases in Canada or Mexico. Your red lines don’t exist.’  This clearly illustrates that today there are no mutual rules of conduct.

“Another important point: Today there is absolutely no organized anti-Cold War or Pro-Detente political force or movement in the United States at all –– not in our political parties, not in the White House, not in the State Department, not in the mainstream media, not in the universities or the think tanks. … None of this exists today. …

“My next point is a question: Who is responsible for this new Cold War? I don’t ask this question because I want to point a finger at anyone. The position of the current American political media establishment is that this new Cold War is all Putin’s fault – all of it, everything. We in America didn’t do anything wrong. At every stage, we were virtuous and wise and Putin was aggressive and a bad man. And therefore, what’s to rethink? Putin has to do all of the rethinking, not us.”

These two narratives, the Cold War narrative, and the neocons’ subsequent “spin” on it: i.e. Bill Kristol’s formulation (in 2002) that precisely because of its Cold War “victory,” America could, and must, become the “benevolent global hegemon,” guaranteeing and sustaining the new American-authored global order – an “omelette that cannot be made without breaking eggs” – converge and conflate in Syria, in the persons of President Assad and President Putin.

President Obama is no neocon, but he is constrained by the global hegemon legacy, which he must either sustain, or be labeled as the arch facilitator of America’s decline. And the President is also surrounded by R2P (“responsibility-to-protect”) proselytizers, such as Samantha Power, who seem to have convinced the President that “the tyrant” Assad’s ouster would puncture and collapse the Wahhabist jihadist balloon, allowing “moderate” jihadists such as Ahrar al-Sham to finish off the deflated fragments of the punctured ISIS balloon.

In practice, President Assad’s imposed ouster precisely will empower ISIS, rather than implode it, and the consequences will ripple across the Middle East – and beyond. President Obama privately may understand the nature and dangers of the Wahhabist cultural revolution, but seems to adhere to the conviction that everything will change if only President Assad steps down. The Gulf States said the same about Prime Minister Nouri al-Maliki in Iraq. He has gone (for now), but what changed? ISIS got stronger.

Of course if we think of ISIS as evil, for evil’s sake, bent on mindless, whimsical slaughter, “what a foolish task it obviously [would be] to think about the enemy’s actual motives. After all, to do so would be to treat them as humans, with human purposes arising out of history. It would smack of sympathy for the devil. Of course,” Professor Chernus continues, “this means that, whatever we might think of their actions, we generally ignore a wealth of evidence that the Islamic State’s fighters couldn’t be more human or have more comprehensible motivations.”

Indeed, ISIS and the other Caliphate forces have very clear human motivations and clearly articulated political objectives, and none of these is in any way consistent with the type of Syrian State that America says it wants for Syria. This precisely reflects the danger of becoming hostage to a certain narrative, rather than being willing to examine the prevailing conceptual framework more critically.

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America lies far away from Syria and the Middle East, and as Professor Stephen Cohen notes, “unfortunately, today’s reports seem to indicate that the White House and State Department are thinking primarily how to counter Russia’s actions in Syria. They are worried, it was reported, that Russia is diminishing America’s leadership in the world.”

It is a meme of perpetual national insecurity, of perpetual fears about America’s standing and of challenges to its standing, Professor Chernus suggests.

But Europe is not “far away”; it lies on Syria’s doorstep.  It is also neighbor to Russia. And in this connection, it is worth pondering Professor Cohen’s last point: Washington’s disinclination to permit Russia any enhancement to its standing in Europe, or in the non-West, through its initiative strategically to defeat Wahhabist jihadism in Syria, is not only to play with fire in the Middle East. It is playing with a fire of even greater danger: to do both at the same time seems extraordinarily reckless.

Cohen again: “The false idea [has taken root] that the nuclear threat ended with the Soviet Union: In fact, the threat became more diverse and difficult. This is something the political elite forgot. It was another disservice of the Clinton Administration (and to a certain extent the first President Bush in his re-election campaign) saying that the nuclear dangers of the preceding Cold War era no longer existed after 1991. The reality is that the threat grew, whether by inattention or accident, and is now more dangerous than ever.”

As Europe becomes accomplice in raising the various pressures on Russia in Syria – economically through sanctions and other financial measures, in Ukraine and Crimea, and in beckoning Montenegro, Georgia and the Baltic towards NATO – we should perhaps contemplate the paradox that Russia’s determination to try to avoid war is leading to war.

Russia’s call to co-operate with Western states against the scourge of ISIS; its low-key and carefully crafted responses to such provocations as the ambush of its SU-24 bomber in Syria; and President Putin’s calm rhetoric, are all being used by Washington and London to paint Russia as a “paper tiger,” whom no one needs fear.

In short, Russia is being offered only the binary choice: to acquiesce to the “benevolent” hegemon, or to prepare for war.

Alastair Crooke is a British diplomat who was a senior figure in British intelligence and in European Union diplomacy. He is the founder and director of the Conflicts Forum, which advocates for engagement between political Islam and the West. [This article also appeared at the Conflicts Forum’s Web site and is republished with permission.]

mercredi, 16 décembre 2015

Général Antoine Martinez: La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

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La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

par le Général Antoine Martinez
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous republions ici un article du Général Antoine Martinez, présenté avec commentaires sur le site Polemia: http://www.polemia.com
 
Chronique d'un désastre annoncé

Général (2s) Antoine Martinez, chroniqueur, essayiste.

Le 29 novembre dernier, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Ahmet Davutoglu, premier ministre turc, se sont mutuellement félicités après l'annonce d'un accord turco-européen qui prévoit que la Turquie s'engage à contenir le flot de réfugiés en échange de contreparties politiques et financières, à savoir la relance des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE) et une enveloppe de 3 Mds €.

Cet accord constitue non seulement un véritable marché de dupes accepté en position d'extrême faiblesse, sous la pression du flux massif et incontrôlé de migrants depuis plusieurs mois mais également engagé de façon totalement insensée par des responsables politiques de l'Union européenne – technocrates non élus – qui n'ont jamais reçu mandat des peuples membres de cette Union pour y faire entrer un pays non européen et de surcroît musulman. Il s'agit là d'une décision irresponsable car ne correspondant pas au projet initial de l'Union européenne et contraire à ses intérêts et à ceux de ses peuples. Elle accorde, en outre, des milliards d'euros dont personne ne contrôlera l'usage ainsi que la suppression des visas pour près de 80 millions de citoyens turcs. Elle conforte aujourd'hui la position de force acquise par la Turquie qui joue un rôle plus que trouble et qui exerce un chantage inacceptable parce que l'UE a été et est incapable de protéger ses frontières extérieures.

De plus, le silence complice de nos gouvernants est assourdissant et inquiétant car cet accord est inconséquent et suicidaire pour l'Europe qui s'achemine vers un désastre annoncé pour la simple raison que la Turquie ne peut être ni un membre de l'Union européenne, ni un partenaire dans la crise actuelle des migrants, ni un allié dans la lutte contre l'État islamique.

En premier lieu, la Turquie ne doit pas être admise au sein de l'UE, même si sa candidature a pu être acceptée de façon irresponsable lors du Conseil européen d'Helsinki, le 11 décembre 1999, et des négociations engagées depuis. Il s'agit d'une question de bon sens qui en fait une question de principe. En effet, la première des conditions à remplir pour un pays candidat est d'être un pays européen. Or, géographiquement la Turquie s'étend sur ce que, depuis l'Antiquité, les géographes ont dénommé «Asie Mineure». Nul ne peut le contester. Le nier c'est refuser d'accepter la réalité et s'exposer à des erreurs de jugement qui peuvent conduire à des fautes politiques dont les conséquences ne sont pas mesurables immédiatement.

La géographie disqualifie donc la Turquie comme futur membre de l'UE qui aurait, de fait, une frontière commune avec la Syrie, l'Irak, l'Iran. C'est simplement insensé. Elle discrédite également ceux qui ont accepté sa candidature et qui continuent de la soutenir. Par ailleurs, sur le plan historique, les relations entre l'Europe et la Turquie au fil des siècles ont été plus que complexes et difficiles. La bataille de Lépante (1571), le siège de Vienne (1683), le refoulement des Turcs des Balkans aux XVIIIe et XIXe siècles sont bien la marque d'un antagonisme profond dans la relation Europe-Turquie. Cet antagonisme a d'ailleurs posé depuis longtemps à l'Europe la question de son identité et a été un élément important dans l'émergence d'une conscience européenne. Il ne faut pas oublier que la conquête ottomane a causé, notamment chez les populations chrétiennes des Balkans, un traumatisme dont les conséquences ne sont toujours pas surmontées aujourd'hui.

Enfin, culturellement la Turquie appartient à une civilisation différente par ses valeurs de celle de l'Europe chrétienne issue de l'Antiquité gréco-romaine, de l'humanisme de la Renaissance, des idées des Lumières et de la Révolution française de 1789. Là aussi la géographie y a laissé son empreinte car tout sépare un espace, européen, façonné par l'héritage judéo-chrétien qui a su dissocier le spirituel du temporel d'un autre espace, moyen-oriental, modelé par l'Islam.

**           **

Il faut donc accepter l'évidence: ni géographiquement, ni historiquement, ni culturellement la Turquie n'est un pays européen. C'est un fait intangible, incontournable qui s'impose à tous et nos gouvernants seraient bien inspirés – par simple bon sens – de l'admettre et de le dire. Ce serait faire preuve de sagesse politique et, s'ils en sont incapables, qu'ils demandent son avis au peuple directement concerné car il s'agit de son avenir et de celui de l'Europe. Que les peuples européens soient consultés.

turquie-europe-troie-277x300.jpgEnsuite, dans la crise actuelle des flux migratoires massifs qui sévit depuis plus d'un an et qui submerge l'Europe après avoir provoqué l'éclatement de Schengen et mis en évidence l'incompétence et la passivité criminelles des dirigeants de l'Union européenne, la Turquie ne peut pas être considérée comme un partenaire pour résoudre un problème majeur qui résulte précisément d'une action délibérée et mûrement réfléchie de sa part.

Il faut bien comprendre que la Turquie – pays ami et allié militaire au sein de l'OTAN, pays laïc depuis près d'un siècle par la volonté d'un homme, Atatürk, visionnaire imprégné des principes de 1789, nourri par les auteurs des Lumières et par Napoléon, qui imposa par la force  «l'européanisation» de son pays – n'a plus rien de commun avec celle de M. Erdogan et des islamistes au pouvoir aujourd'hui. En effet, deux phrases prononcées par ces deux dirigeants turcs pourraient résumer leur philosophie et leur action à l'opposé l'une de l'autre :

– «Les peuples non civilisés sont condamnés à rester dans la dépendance de ceux qui le sont. Et la civilisation, c'est l'Occident, le Monde moderne dont la Turquie doit faire partie si elle veut survivre. La nation est décidée à adopter exactement et complètement, dans le fond et dans la forme, le mode de vie et les moyens que la civilisation contemporaine offre à toutes les nations. » C'est ce que s'est attaché à réaliser Atatürk et qui s'est perpétué jusqu'au début des années 2000.

Mais cette longue période pourrait ne représenter qu'une parenthèse de l'histoire de ce pays et n'être plus désormais qu'un souvenir en raison de la réislamisation de la société engagée par M. Erdogan qui rêve du retour de la puissance ottomane rétablissant le califat :

– «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes.» C'est ainsi que dès le début des révolutions survenues dans le monde arabo-musulman avec le «printemps arabe» la Turquie, ainsi que l'Arabie saoudite et le Qatar ont soutenu activement les djihadistes notamment d'Al-Nosra, Ahrar-al-Sham, Ghouraba-al-Sham et Fatah-al-Islam avec pour objectif le renversement du régime laïc du président Bachar el Assad contribuant, de ce fait, au développement de la guerre civile sur le territoire de la Syrie.

La Turquie est donc responsable, pour partie, comme tous ceux qui soutiennent les djihadistes, des 250 000 morts attribués au seul président syrien ainsi que de l'exode du peuple syrien vers le Liban, la Jordanie et la Turquie, et, depuis plusieurs mois, vers l'Europe. On peut même affirmer que l'invasion migratoire que subit l'Europe depuis plusieurs mois a été non seulement favorisée mais programmée par la Turquie avec deux autres partenaires, la Libye et l'État islamique. La Turquie avait en effet des comptes à régler avec l'UE qui avait bloqué, depuis deux ans, les négociations de sa candidature. Cette punition imposée à l'Europe, qui s'est elle-même affaiblie et privée de toute défense, constitue une attaque sans précédent des nations européennes, visant la déstructuration en profondeur de nos sociétés et de leurs valeurs avec une arme redoutable, la démographie.

La Turquie, qui considère être en position de force aujourd'hui, ne contiendra donc pas le flot des migrants qui sera bientôt complété par celui des citoyens turcs, dès la suppression prochaine des visas obtenue dans l'accord UE/Turquie. Elle accentuera son avantage dans l'optique de son projet de rétablissement de la puissance ottomane, voire de reconquête avec une arme capable de transformer à terme les sociétés : la démographie.

Enfin, la Turquie n'est pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, deuxième armée de l'OTAN, vassale des États-Unis, la Turquie est engagée, avec d'autres, depuis l'émergence du «printemps arabe» , dans un combat visant à faire tomber le régime syrien de Bachar-el Assad, régime laïc ce qui est insupportable pour des musulmans, notamment d'obédience sunnite. Alors, les dirigeants turcs participent non seulement indirectement mais directement au soutien des différentes factions islamistes et djihadistes et de l'État islamique. La situation géographique de la Turquie en a fait un passage géostratégique exploité par ses dirigeants pour le transfert des djihadistes venus des pays d'Europe et d'Asie. Par ailleurs, des livraisons et des ventes d'armes ont lieu ainsi que des soins sanitaires prodigués aux djihadistes blessés dans des hôpitaux en échange de pétrole. D'ailleurs, des journalistes turcs d'opposition ont été récemment inculpés pour avoir dévoilé et publié des articles sur ces livraisons d'armes par les services secrets turcs. En outre, des membres des forces spéciales turques sont engagés dans la partie nord de la Syrie en soutien de factions djihadistes turkmènes. La Turquie fait croire qu'elle participe à la lutte contre l'État islamique alors que dans cette guerre ses seuls objectifs sont le renversement du régime syrien actuel et l'affaiblissement, voire la neutralisation des milices kurdes qui se battent contre les djihadistes et qui sont considérées comme un danger sur le plan politique pour l'État turc.

Mais d'autres développements récents de cette guerre confirment bien que la Turquie n'est certainement pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, elle s'est opposée à la Russie dès l'engagement direct de cette dernière en Syrie contre l'État islamique. Cet engagement russe a provoqué des changements notables sur le terrain en desserrant notamment l'étau qui s'exerçait sur les troupes du régime syrien. Il faut également mentionner qu'au cours d'une des missions exécutées par l'aviation russe, dans le nord-ouest de la Syrie, contre des milices turkmènes, une dizaine de membres des forces spéciales turques engagées aux côtés des djihadistes ont été tués. Et c'est ce qui a conduit à l'incident au cours duquel un chasseur-bombardier russe a été abattu par l'aviation turque. Contrairement aux allégations turques, l'avion russe évoluait dans l'espace aérien syrien, à proximité de la frontière turque et ce sont deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien. Il s'agit, en fait, d'une mesure de représailles décidée après la perte des membres des forces spéciales turques.

Comble d'hypocrisie et de cynisme, certaines sources de renseignement confirment que le Pentagone avait été tenu informé de cette opération programmée et que Ankara a consulté Washington avant d'abattre l'avion russe. Doit-on en conclure que les États-Unis ne souhaitent pas la mise sur pied d'une coalition unique avec une Russie trop déterminée aux avant-postes dans la lutte contre l'État islamique ? Cela ne mettrait-il pas en évidence l'emploi ambigu de l'OTAN au seul service des intérêts géopolitiques et géostratégiques des États-Unis hostiles au retour de la Russie sur la scène internationale... ?

Général (2s) Antoine Martinez
7/12/2015

La guerra del agua de los yihadistas

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La guerra del agua de los yihadistas

Por Alfredo Jalife-Rahme

Ex: http://www.elespiadigital.com

Ahora que presento en la FIL de Guadalajara mi libro Las guerras globales del agua: privatización y fracking (http://goo.gl/fgqbMX) –próximo viernes 4, salón Agustín Yáñez–, cobran relieve coyuntural las guerras del agua libradas por los yihadistas del Estado Islámico (EI), según la óptica sesgada de Ambika Vishwanath, colaboradora de Stratfor (la CIA en las penumbras) y politóloga del Medio Oriente y agua/seguridad energética (https://goo.gl/nFn0wk).

Hace poco evoqué cuatro rubros primordiales –a los que habría que agregar un quinto: el agua– que manejan los yihadistas del virtual Sunistán, que el pugnaz neoconservador straussiano John Bolton –ex embajador bushiano en la ONU– invoca como nuevo Estado (http://goo.gl/7y4VLa) y parte de los esquemas de balcanización de Siria e Irak: 1) venta de armas de Occidente; 2) venta de su petróleo a Occidente e Israel (https://goo.gl/uZimt8); 3) financiamiento y blanqueo, y 4) telecomunicaciones y redes sociales encriptadas (http://goo.gl/F4O2sF).

Si el alma de los yihadistas es el petróleo (http://goo.gl/OzVGVY), no se puede esquivar su control del agua regional, que usan como arma bélica geopolítica, según Ambika Vishwanath: el uso de los recursos naturales de los yihadistas del EI para conseguir sus recursos estratégicos (sic) subyace en el petróleo, al unísono del agua en su combate para establecer un califato.

La guerra del agua yihadista amenaza la existencia misma de las poblaciones que viven bajo su régimen opresivo.

Ambika Vishwanath aduce que sus oponentes (sic) no se mueven para cortar su control sobre las fuentes de agua de Irak y Siria, lo cual puede dificultar (sic) liberar la región del dominio del EI a largo plazo.

No aborda que el Tigris y el Éufrates nacen en Turquía (http://goo.gl/cRMGP6), miembro de la OTAN, hoy colocada en el ojo del huracán después del derribo del avión ruso (http://goo.gl/2tTLzO).

¿Controla de facto la OTAN los ríos estratégicos Tigris y Éufrates, yugulares de Siria, Irak e Irán?

Antes de la Cumbre de Cambio Climático COP21 en París, ya las sequías y las bajas precipitaciones pluviales en Irak y Siria competían con el desastre del terrorismo perpetrado por humanos para destruir las planicies fértiles anegadas por los dos ríos.

Según Ambika Vishwanath, Medio Oriente es presa de la competencia en años recientes conforme los estados y grupos han cambiado cada vez más de simplemente cortar el abastecimiento de agua por un periodo corto hasta desviar sus flujos o drenar completamente los abastos con el fin de amenazar o someter a los consumidores.

Los yihadistas del EI “desde que expandieron sus reclamos territoriales en la parte occidental (sic; nota: es su parte ‘oriental’) de Siria, han usado el agua como instrumento para su estrategia más amplia de avanzar y establecer su control sobre los nuevos territorios”, cuando los ríos Tigris y Éufrates representan un papel central en su planeación.

El grupo (sic) cortó un camino a través de Siria e Irak y capturó las ciudades claves de Maskana, Raqqa, Deir el Zour y al-Bukamal, situadas a lo largo del río Éufrates (http://goo.gl/kbgzQ1).

En el frente iraquí, los yihadistas capturaron fácilmente (sic) las ciudades ribereñas Qaim, Rawah, Ramadi y Faluyá.

La captura de Rawah y Ramadi les otorgó acceso directo a dos de los grandes lagos de Irak: Haditha y Tharthar, mientras que su captura exitosa (sic) de Mosul y Tikrit siguió una estrategia similar con el fin de capturar otras ciudades y villorrios a lo largo de su flujo, cuando el objetivo era Bagdad, ya que con el control del agua y su infraestructura tendrían secuestrada (sic) la región entera.

¿La DIA y la CIA (http://goo.gl/N0ztOi) experimentan ya en la antigua Mesopotamia y en Siria las guerras geopolíticas globales del agua del siglo XXI, en imitación a las guerras del petróleo del siglo XX?

Ambika Vishwanath arguye que desde antaño los ríos Éufrates y Tigris han sido una fuente importante de disputa entre Turquía, Siria, Irak e Irán (¡supersic!).

Hoy los yihadistas han destruido la infraestructura hidráulica: acueductos, plantas sanitarias, puentes y cables conectados e instalaciones de agua, además de que han usado al agua como un instrumento de violencia al inundar de forma deliberada ciudades y al contaminar el líquido vital, lo cual ha arruinado las economías locales al interrumpir la generación eléctrica y la agricultura.

Hasta ahora los yihadistas han presuntamente envenenado el agua en las pequeñas ciudades sirias, han cerrado las puertas de las presas en Faluyá y Ramadi, han cortado el agua a Mosul (la ciudad más habitada de Irak) y amenazan inundar Bagdad.

La captura de la presa de Mosul por el EI le concede un control de más de 75 por ciento de la generación eléctrica de todo Irak (¡supersic!).

En 2014, los yihadistas cerraron la presa Nuaimiyah en Faluyá y mediante su deliberada inundación (¡ remember Tabasco!) destruyeron 200 kilómetros cuadrados de territorio y ciudades/villorrios de Irak, con los consecuentes desplazamientos migratorios masivos.

Sus geopolíticas hazañas acuíferas no se han detenido y en junio de 2015 cerraron la presa en Ramadi (provincia de Anbar), lo cual redujo el flujo a los célebres pantanos de Irak.

Ahora los yihadistas acusan (¡supersic!) a los gobiernos de Siria e Irak de imitar su chantaje acuífero, lo que resalta que el agua es ya un instrumento bélico en la región y cobra inaudita relevancia en regiones desérticas y propensas a sequías debido al cambio climático.

Ambika Vishwanath juzga que el agua tiene el poder de dinamizar o arruinar una economía, debido a su importancia tanto para la generación eléctrica como en la producción agrícola.

Pareciera que Ambika Vishwanath, la geopolitóloga de Stratfor, no está enterada de la implosión del gran Medio Oriente y de las guerras tricontinentales cuando aboga por una cooperación regional para compartir el agua entre Turquía, Siria, Líbano y Jordania (nota: le faltó agregar Israel, Irak e Irán) para crear una región económica integrada… en medio de la desintegración y balcanizaciones.

La guerra del agua yihadista en Irak y Siria no es la primera en su género en el gran Medio Oriente, ya que Israel opera una obscena guerra del agua contra los palestinos de Gaza y Cisjordania (http://goo.gl/GYnEP3), sin contar su anexión ilegal de los Altos del Golán, donde nacen los tributarios del vital río Jordán, despojados por el Estado sionista.

Cuando concilien sus intereses geoestratégicos Estados Unidos y Rusia, arriba en el Olimpo, y alcancen su equilibrio geoestratégico global con China en el urgente nuevo orden tripolar –al unísono de los principales actores europeos: Francia, Alemania y Gran Bretaña–, y a escala regional sus cinco poderes zonales –Turquía, Irán, Arabia Saudita, Egipto e Israel– consigan el punto de equilibrio geopolítico, después de tanta destrucción traducida en balcanizaciones y migraciones masivas al interior como al exterior (que han alcanzado a Europa), entonces se podrán dirimir los repartos pacíficos del agua, que ha sido usada en forma dual: para destruir y construir. Una acrobacia geoestratégica y geopolítica nada sencilla que ha rebasado el Rubicón humanista.

mardi, 15 décembre 2015

The neocon psychopaths are driving the world towards extinction

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The neocon psychopaths are driving the world towards extinction

My warning that the neoconservatives have resurrected the threat of nuclear Armageddon, which was removed by Reagan and Gorbachev, is also being given by Noam Chomsky, former US Secretary of Defense William Perry, and other sentient observers of the neoconservatives' aggressive policies toward Russia and China.

Daily we observe additional aggressive actions taken by Washington and its vassals against Russia and China. For example, Washington is pressuring Kiev not to implement the Minsk agreements designed to end the conflict between the puppet government in Kiev and the break-away Russian republics.

Washington refuses to cooperate with Russia in the war against ISIS. Washington continues to blame Russia for the destruction of MH-17, while preventing an honest investigation of the attack on the Malaysian airliner. Washington continues to force its European vassals to impose sanctions on Russia based on the false claim that the conflict in Ukraine was caused by a Russian invasion of Ukraine, not by Washington's coup in overthrowing a democratically elected government and installing a puppet answering to Washington.

The list is long. Even the International Monetary Fund (IMF), allegedly a neutral, non-political world organization, has been suborned into the fight against Russia. Under Washington's pressure, the IMF has abandoned its policy of refusing to lend to debtors who are in arrears in their loan payments to creditors. In the case of Ukraine's debt to Russia, this decision removes the enforcement mechanism that prevents countries (such as Greece) from defaulting on their debts. The IMF has announced that it will lend to Ukraine in order to pay the Ukraine's Western creditors despite the fact that Ukraine has renounced repayment of loans from Russia.

Michael Hudson believes, correctly in my view, that this new IMF policy will also be applied to those countries to whom China has made loans. The IMF's plan is to leave Russia and China as countries who lack the usual enforcement mechanism to collect from debtors, thus permitting debtors to default on the loans without penalty.

In other words, the IMF is presenting itself, although the financial media will not notice, as a tool of US foreign policy.

What this shows, and what should concern us, is that the institutions of Western civilization are in fact tools of American dominance. The institutions are not there for the noble reasons stated in their founding documents.

The bottom line is that Western Capitalism is simply a looting mechanism that has successfully suborned Western governments and all Western "do-good" institutions.

As in George Orwell's '1984', the IMF is dividing the world into warring factions — the West vs. the BRICS.

To avoid the coming conflict that the neoconservatives' pursuit of American hegemony is bringing, the Russians have relied on fact-based, truth-based diplomacy. However, neocon Washington relies on lies and propaganda and has many more and much louder voices. Consequently, it is Washington's lies, not Russia's truth, that most of the Western sheeple believe.

In other words, Russia was misled by believing that the West respects and abides by the values that it professes. In fact, these "Western values" are merely a cover for the unbridled evil of which the West consists.

The Western peoples are so dimwitted that they have not yet understand that the "war on terror" is, in fact, a war to create terror that can be exported to Muslim areas of Russia and China in order to destabilize the two countries that serve as a check on Washington's unilateral, hegemonic power.

The problem for the neocon unilateralists is that Russia and China-although misinformed by their "experts" educated abroad in the neoliberal tradtion, people who are de facto agents of Washington without even knowing it-are powerful military powers, both nuclear and conventional. Unless Russia and China are content to be Washington's vassal states, for the neoconservatives, who control Washington and, therefy, the West, to press these two powerful countries so hard can only lead to war. As Washington is not a match for Russia and China in conventional warfare, the war will be nuclear, and the result will be the end of life on earth.

Whether ironic or paradoxical, the US is pushing a policy that means the end of life. Yet, the majority of Western governments support it, and the insouciant Western peoples have no clue.

But Putin has caught on. Russia is not going to submit. Soon China will understand that US dependency on China's workforce and imports is not a protection from Washington's aggression. When China looks beyond its MIT and Harvard miseducated neoliberal economists to the writing on the wall, Washington is going to be in deep trouble.

What will Washington do? Confronted with two powerful nuclear militaries, will the crazed neocons back off? Or will their confidence in their ideology bring us the final war?

This is a real question. The US government pays many Internet trolls to ridicule such questions and their authors. To see the people who sell out humanity for money, all you have to do is to

read the comments on the numerous websites that reproduce this column.

Nevertheless, the question remains, unanswered by the Western presstitute media and unanswered by the bought-and-paid-for stooges in the US Congress and all Western "democracies."

Indications are that Russia has had enough of American arrogance. The Russian people have elevated a leader as they always do, and which Western countries seldom, if ever, do. The West has triumphed by technology, not by leadership. But Vladimir Putin is Russia's choice of a leader, and he is one. Russia also has the technology and a sense of itself that no longer exists in the diversified West.

obama_more_of_the_same_warmonger.jpgThere is nothing like Putin anywhere in the West, over which presides a collection of bought-and-paid-for-puppets who report to private interest groups, such as Wall Street, the military-industrial complex, the Israel Lobby, agribusiness, and the extractive industries (energy, mining, timber).

At the 70th Anniversary of the United Nations (September 28), Putin, backed by the President of China, announced that half of the world no longer accepts American unilateralism. Additionally, Putin said that Russia can no longer tolerate the state of affairs in the world that results from Washington's pursuit of hegemony.

Two days later Putin took over the fight against ISIS in Syria.

Putin, still relying on agreements with Washington, relied on the agreement that Russia would announce beforehand its attacks on ISIS installations in order to prevent any NATO-Russian air encounters. Washington took advantage of this trust placed in Washington by Russia, and arranged for a Turkish jet fighter to ambush an unsuspecting Russian fighter-bomber.

This was an act of war, committed by Washington and Turkey, and thereby Washington's European NATO vassal states against a nuclear power capable of exterminating all life in every one of the countries, including the "superpower US."

This simple fact should make even the American super-patriots, who wear the flag on their sleeve, wonder about the trust they place in "their" government and in Fox "news," CNN, NPR, and the rest of the presstitutes who continually lie every minute of every broadcast.

But it won't. Americans and Europeans are too insouciant. They are locked tightly in The Matrix, where the impotent creatures are content to live without understanding reality.

Realizing that it is pointless to attempt to communicate to the Western sheeple, who have no input into their government's policy, Putin now sends his message directly to Washington.

Putin's message is loud and clear in his order directed against any US/NATO operations against Russia in its Syrian operations against ISIS:
Any targets threatening the Russian groups of forces or land infrastructure must be immediately destroyed.
Putin followed up this order with another order to the Russian Defense Ministry Board:
Special attention must be paid to strengthening the combat potential of the strategic nuclear forces and implementing defense space programs. It is necessary, as outlined in our plans, to equip all components of the nuclear triad with new arms.
 
Russia's Defense Minister Sergei Shoigu reported at the Defense Ministry meeting that 56 percent of Russia's nuclear forces are new and that 95 percent are at a permanent state of readiness. The few Western news sources that report these developments pretend that Russia is "saber-rattling" without cause.

To make it clear even for the insouciant Western populations, everything that Reagan and Gorbachev worked for has been overthrown by crazed, demented, evil American neoconservatives whose desire for hegemony over the world is driving the world to extinction.

These are the same bloodthirsty war criminals who have destroyed seven countries, murdered, maimed, and displaced millions of Muslim peoples, and sent millions of refugees from the neocon wars into Europe. None of these war criminals are protected from terrorist attack. If the alleged "Muslim threat" was real, every one of the war criminals would be dead by now, not the innocent people sitting in Paris cafes or attending parties in California.

Neocons are the unhumans who created on purpose the "war against terror" in order to gain a weapon against Russia and China. You can witness these unhumans every day on talk TV and read them in the Weekly Standard, National Review, the Wall Street Journal, the New York Times, the British, German, Australian, Canadian, and endless Western newspapers.

In the West lies prevail, and the lies are driving the world to extinction. An expert reminds us that it only takes one mistake and 30 minutes to destroy life on earth.

The views expressed in this article are solely those of the author and do not necessarily reflect the official position of Sputnik.

lundi, 14 décembre 2015

Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne

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Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Putin: ‘Alles wat onze troepen in Syrië bedreigt zal onmiddellijk worden vernietigd’ 

Turks-Oekraïens blok tegen Rusland 

Tijdens een toespraak roemde de Russische president Vladimir Putin de samenwerking van zijn luchtmacht met de Israëlische (1). Internationale analisten stellen dat Putin Israël nooit kwaad zal doen vanwege de ruim 1 miljoen Russisch sprekende inwoners van de Joodse staat. In Israël steken velen hun bewondering voor Putin niet onder stoelen of banken, vooral omdat hij –in tegenstelling tot hun eigen premier Netanyahu- vastbesloten tegen Turkije durft op te treden. Tegelijkertijd gaan de potentiële toekomstige EU-lidstaten Turkije en Oekraïne militair samenwerken om een vuist tegen Rusland te kunnen maken. De NAVO zal deze ontwikkeling met instemming begroeten, overduidelijk niet beseffende dat Putin het meende toen hij zei dat ‘als oorlog onvermijdelijk is, ik geleerd heb dat je dan als eerste moet toeslaan.’

Sinds eind jaren ’90 emigreerden ruim een miljoen Russen naar Israël, wat van grote invloed op de Joodse staat is geweest. Veel Russische politicologen vragen zich zelfs hardop af of het feit dat 18% van de Israëlische bevolking inmiddels Russisch spreekt betekent dat het land nu ‘feitelijk een deel van Rusland is geworden’. Ook als deze vraag niet met ‘ja’ kan worden beantwoord, dan nog is Israël een proces van ‘Russificatie’ ondergaan, ongeveer zoals Europa door miljoenen moslims wordt geïslamiseerd.

‘Putin zal Israël nooit kwaad doen vanwege 1 miljoen Russen’

Op veel sociale media en populaire blogs werd dan ook met grote instemming gereageerd op de harde reactie van Putin op het neerschieten van een van zijn bommenwerpers boven Syrië door Turkse F-16’s. Ondanks het feit dat de Russen in Syrië ook Iran en Hezbollah –verklaarde vijanden van Israël- steunt in hun strijd tegen de moslimrebellen die Assad willen afzetten, zijn ook analisten de mening toegedaan dat Putin zelf nooit ruim 1 miljoen Russisch sprekenden leden van ‘zijn volk’ in Israël zal bedreigen, mede omdat die een belangrijke rol in de Israëlische politiek zijn gaan spelen.

Goed voorbeeld is Avigdor Lieberman, voormalig minister van Buitenlandse Zaken en leider van de Russisch-Israëlische partij Yisrael Beytenu. Lieberman staat bekend vanwege zijn vriendschap met Putin, en verklaarde laatst dat de crisis tussen Turkije en Rusland niet moet worden gebruikt om de slechte verhouding met Erdogan te verbeteren, zoals sommige politieke partijen voorstelden. ‘Dat is een dom idee, want het is nog steeds hetzelfde Turkije.’ (2)

Militaire samenwerking Turkije - Oekraïne

Datzelfde Turkije gaat militair samenwerken met het illegale anti-Russische regime van Oekraïne, dat na een door het Westen veroorzaakte staatsgreep aan de macht kwam. De Turkse wapenfabrikant ASELSAN gaat in samenwerking met het staatsbedrijf Ukroboronprom Oekraïense tanks moderniseren. De afspraken tussen beide landen komen kort nadat Moskou na het neerschieten van de Su-24 door Turkije alle militaire samenwerking met Ankara opzegde. (3)

Erdogan zoekt al sinds het begin van de burgeroorlog in Oekraïne toenadering tot Kiev, omdat er op de Krim, dat zich na een referendum bij Rusland aansloot, een grote groep etnische Turken, de zogenaamde ‘Krim-Tartaren’, woont. De Russen vochten in het verleden tal van oorlogen uit met het toenmalige Turks-Ottomaanse Rijk, dat Erdogan met behulp van de NAVO en de EU uit alle macht probeert te herstellen.

Putin: Alle bedreigingen worden vernietigd

In een TV-toespraak zei Putin gisteren dat hij ‘extreem harde actie’ heeft bevolen ‘tegen iedere bedreiging van onze troepen in Syrië. Zulke doelen moeten onmiddellijk worden vernietigd.’ Dit was overduidelijk gericht aan het adres van NAVO-lid Turkije. Tegelijkertijd onthulde de Russische president dat hij met zijn Amerikaanse collega Obama is overeengekomen samen het Free Syrian Army te ondersteunen. Daarmee zou een oplossing voor het Syrische conflict mogelijk dichterbij zijn gekomen. (4)

Onafhankelijkheidsoorlog gewonnen met Russische wapens

De toenadering tussen Rusland en Israël hoeft niet als een volslagen verrassing te komen als naar de geschiedenis wordt gekeken. De pas geboren Joodse staat had de onafhankelijkheidsoorlog tegen de Arabieren in 1948-1949 vermoedelijk nooit kunnen winnen als Sovjetleider Joseph Stalin de Joden geen wapens had gegeven om tegen het door Britse (!) generaals aangevoerde Arabische invasieleger te kunnen vechten.

Stalin stond weliswaar bekend als een felle antisemiet, maar besloot toch om Israël te steunen, vermoedelijk omdat hij hoopte de Joodse staat tot Russische vazalstaat tegen het Britse Rijk te maken, dat toen nog over grote delen van het Midden Oosten heerste. Na het verdwijnen van Stalin koos de Sovjet Unie tientallen jaren lang juist partij voor Israëls Arabische vijanden –zo werd PLO-terrorist Yasser Arafat door de KGB getraind-, maar na de val van het communistische imperium begon een periode van hernieuwde toenadering, die versnelde nadat Israël ruim een miljoen Russen tot het land toeliet. (5)

Gog = Turkse leider, geen Russische

Westerse Bijbel- en profetie uitleggers, die altijd beweerd hebben dat Rusland de grote vijand ‘Gog uit Magog’ is die in de eindtijd Israël zal binnenvallen, zouden nu toch eindelijk eens onder ogen moeten durven zien dat hun theorieën misschien wel helemaal verkeerd zijn. Sowieso hebben zij altijd de historische feiten tegen zich gehad, omdat ‘Gog’ in Ezechiël 38 tevens de prins van ‘Meschech en Tubal’ wordt genoemd. En die plaatsen lagen in het huidige Turkije, niet in Rusland.

Het foutieve ‘Gog = Rusland’ scenario is onder andere gebaseerd op de tekst waarin staat dat deze –ook wel ‘antichrist’ genoemde- leider uit het ‘verre noorden’ komt. Bekende uitleggers beweerden altijd dat er maar één grote macht in het ‘verre’ of ‘uiterste’ noorden ligt: Rusland. Deze theorie heeft nog een paar andere grote gaten:

* Deze ‘experts’ trekken op een platte wereldkaart een rechte lijn naar het noorden, en komen dan in Moskou uit. Echter, de wereld is rond. Op een ronde bol gaat een rechte lijn naar het noorden vanuit Jeruzalem niet door Rusland, maar dwars door... Ankara, de hoofdstad van Turkije (en overigens ook door Oekraïne):

 

* ‘Gog’ komt volgens de Bijbel plotseling aan zijn eind als hij met zijn legermacht Israël is binnengevallen. Kort hiervoor wordt hij opgeschrikt door ‘geruchten uit het noorden’ (en oosten). Hoe kan Gog Rusland zijn, als er noordelijk van Rusland enkel nog de noordpool is te vinden? Als Gog inderdaad Turkije is, dan wordt het gezien de toenemende spanningen tussen beide landen alleen maar logischer dat juist de Russen de oorzaak zijn van de ‘geruchten uit het noorden’. Bovendien staat er ook uit ‘het oosten’, wat heel goed kan duiden op China.

Westen aan de verkeerde kant, namelijk van de islam?

* In dit scenario staat het Westen als het niet oppast aan de verkeerde kant – en ook daar zijn alle tekenen van aanwezig. Turkije is NAVO-lid, en de gevestigde orde in de EU en VS hebben overduidelijk de Soennitische islam tot partner gekozen.

Dit uit zich niet alleen in het bondgenootschap met Saudi Arabië en de Arabische Golfstaten en het steunen van islamitische terreurgroepen (eerst in Libië, daarna in Syrië, maar ook de Moslim Broederschap in Egypte, en bovendien is bewezen dat ISIS een creatie is van de CIA, de Turken en de Saudi’s), maar ook door het islamiseren van Europa door het binnenhalen van miljoenen moslim migranten. Daarnaast stelt met name de EU zich onder de snel groeiende invloed van al die moslims steeds vijandiger tegen Israël op.

Xander

(1) DEBKA
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(3) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(4) DEBKA
(5) Ynet News

Eschatology of the Russian-Turkish conflict

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Eschatology of the Russian-Turkish conflict

Netwars
Ex: http://www.katehon.com

Orthodox solidarity

On November 26th, 2015 in the center of Athens, protestors burned the US and Turkish flags at a pro-Russian rally. A similar rally was held in Bulgaria. Both countries are Turkey’s neighbors and historical adversaries, and are populated mostly by Russia’s coreligionists.

The recent events in the Middle East increased anti-Turkish sentiments among Christian Orthodox peoples within post-Byzantine space: Greeks, Serbs, Bulgarians and Romanians. The increasing tensions led many people in the region and in other Christian Orthodox countries, including Russia, to refer to the prophecies of Orthodox Saints about war between Russia and Turkey.

Orthodox prophesies

Elder Paisius of Mt. Athos and many other Orthodox saints, including Saint Cosmas of Aetolia, have prophesied that modern Istanbul will once again become Orthodox, and most probably within our lifetime. According to the prophecy, Turkey will lead a war against Russia, and will be defeated and dismembered.

According to Saint Paisius, in the war between Russia and Turkey, the Turks will at first believe they are winning, but this will lead to their destruction. The Russians, eventually, will win and take over Constantinople. After that, it will be given to Greece.

The saints predict that a third of the Turks will go back to where they came from, the depths of Turkey. Another third will be saved because they will become Christians, and the other third will be killed in this war.

The most important prophesy that is believed, which can most clearly be justified right now, is that Turkey will be dissected into three or four parts, and one of the parts will belong to an independent Kurdistan.

The position of Radical Islamists

From the point of view of Sunni-radicals, the recent events will be followed by the Great War, where Russia will fight against Muslims as the force of Dajal (the Antichrist).

They support Turkish Islamic President Erdogan in his possible fight against Russia. They strongly oppose Iran, and perceive Shia-Muslims as heretics. So the Russian-Shia alliance is perceived by them as an Apocalyptic threat.

The view of Continental Islam

The prominent contemporary Islamic scholar Sheikh Imran Hosein rejects this opinion, and urges Muslims to return Constantinople to the Orthodox Christians. He says it will come back after the Great War, where the forces of true Islam will fight alongside Orthodox Christians against Turkey. That prediction is based on the next arguments:
· From his point of view, Russia is Rūm of the Qur’an, mentioned in Surat ar-Rum, and that it will be the ally of true believing Muslims against the Dajjal (Antihrist). In his interpretation Rum (derived from Rome) is the Third Rome, Russia and Christian Orthodox civilization that succeed Byzantium, the Second Rome, and not the Occident.
· The Ottoman Empire and Turkey always was an instrument of Dajjal and the Judeo-Christian or Atheist West, in the fight against authentic Islam and Orthodoxy. The conquest of Constantinople according to the Prophet Muhammad would occur at the end times.
· Therefore the 1453 conquest of Constantinople by Sultan Muhammad Fatih had nothing to do with the prophecy.
· Wahhabi petro-states of the Persian Gulf as well as pseudo-Islamic extremists are heretics of the Muslim world and were created with the help of the Atlanticist powers. And as heretics they will fight on the side of Dajjal in the coming war.

According to Imran Hosein, a giant army of Islamic non-fundamentalist states (Iran, Egypt, Syria) will attack and defeat Turkey. It will be the Malhama (great war) prophesied by the Prophet Muhammad, that will lead to the conquest of Constantinople. After the victory of true Muslims, the city will be returned to Orthodox Christians. After that, both armies will fight against the Dajjal who will be backed by the modern Occident and Israel in the land of Syria.

The view of American Dispensationalists

American radical Protestants have always perceived Russia as an Apocalyptic threat. This view is based on their interpretation of Ezekiel 38 – 39. This group is very strong in the US and in the American elite. They believe that Russia is the Biblical Magog and that together with Persia (Iran), Israel will be attacked and invaded, the latter of which will be backed by American Protestants.

The strengthening Russian presence in the Middle East is considered by them as an imminent threat, and in any potential war they believe that Russia is Satan’s force.

Strange Alliances

It is strange, but the fact that despite the religious differences in beliefs of American Protestant pro-Israel fundamentalists and Sunni-radicals, their views regarding Russia are very close. Both think and act as though Russia and Iran are their eschatological enemy. Both believe that they will fight in an Armageddon battle against Russia. This issue reveals the Atlanticist nature of modern Sunni radicalism. Driven by these views, Islamists always will be a tool in the hands of Atlanticists.

On the other side are the forces of traditionalist Islam, that is more pro-Russian than pro-Western. Its geopolitical eschatology almost coincides with the Christian Orthodox one. This creates space for the forging of another alliance, an alliance of the Orthodox World and Traditional Islam.

dimanche, 13 décembre 2015

L’OTAN héberge l’État Islamique

Source : Insurge Intelligence

Ex: http://www.les-crises.fr

Pourquoi la guerre nouvelle génération de la France contre l’État islamique est une mauvaise plaisanterie et une insulte aux victimes des attaques de Paris

« Nous nous tenons aux côtés de la Turquie dans ses efforts pour la protection de sa sécurité nationale et dans son combat contre le terrorisme. La France et la Turquie sont du même côté dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe terroriste ÉI. »

Déclaration du ministre français des affaires étrangères, juillet 2015

Le massacre du 13 novembre à Paris restera, comme le 11 septembre, un moment décisif dans l’histoire mondiale.

L’assassinat de 129 personnes et les blessures de plus de 352 autres, par des sbires de « l’État Islamique » (ISIS) frappant simultanément différentes cibles au cœur de l’Europe, marquent un changement radical dans la menace terroriste.

Pour la première fois, une attaque rappelant celle de Bombay s’est produite en Occident – la pire attaque en Europe depuis des décennies. Une première qui a déclenché une réponse apparemment proportionnée de la France : la déclaration d’un état d’urgence national, du jamais vu depuis la guerre d’Algérie en 1961.

ISIS a ensuite menacé d’attaquer Washington et New York.

En attendant, le président Hollande a appelé les dirigeants de l’UE à suspendre les accords de Schengen sur l’ouverture des frontières, pour permettre d’importantes restrictions à la liberté de déplacement en Europe. Il exige aussi l’adoption par l’UE du système dit des “données des dossiers passagers” (PNR), qui permettra aux services de renseignements de pister les voyages des Européens, en plus d’une prolongation de l’état d’urgence pour au moins trois mois.

Pendant toute cette durée, la police française peut bloquer n’importe quel site web, assigner des gens à résidence sans procès, perquisitionner sans mandat, et empêcher des suspects d’en rencontrer d’autres s’ils sont considérés comme des menaces.

« Nous savons que d’autres attentats sont en préparation, pas seulement contre la France, mais aussi contre d’autres pays européens, » a déclaré le premier ministre français Manuel Valls. « Nous allons avoir à vivre longtemps avec cette menace terroriste. »

Hollande prévoit de renforcer les pouvoirs de la police et des services de sécurité grâce à une nouvelle législation antiterroriste et d’apporter des modifications à la Constitution qui mettraient l’état d’urgence permanent au cœur de la politique française. “Il nous faut un outil approprié que l’on puisse utiliser sans avoir à recourir à l’état d’urgence,” a-t-il expliqué.

En écho aux lois martiales à l’intérieur des frontières, Hollande a rapidement intensifié l’action militaire à l’étranger, en lançant 30 attaques aériennes sur une douzaine de cibles à Raqqa, capitale de facto de l’État islamique.

L’engagement provocant de la France, selon Hollande, est de “détruire” l’ÉI.

Le remous provoqué par les attaques en terme d’impact sur les sociétés occidentales sera probablement permanent. De la même manière que le 11 septembre a vu l’émergence d’une nouvelle ère de guerre perpétuelle contre le monde musulman, les attaques du 13 novembre à Paris sont déjà en train de provoquer une phase nouvelle et résolue dans cette guerre permanente : une nouvelle ère de Vigilance Permanente, dans laquelle les citoyens sont des complices indispensables de l’État policier, promulgué au nom de la défense d’une démocratie rongée par l’acte même qui est censé la défendre, la Vigilance Permanente.

La surveillance généralisée sur le plan intérieur et l’intervention militaire extérieure perpétuelle sont les deux faces d’une même sécurité nationale qu’il faut tout simplement développer le plus possible.

“La France est en guerre,” a affirmé Hollande devant les parlementaires français réunis au château de Versailles.

“Nous ne sommes pas engagés dans une guerre de civilisation, parce que ces assassins n’en représentent aucune. Nous sommes dans une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier.”

Les amis de nos ennemis sont nos amis

Une absence flagrante cependant se remarquait dans la déclaration de guerre faite d’un ton décidé par Hollande. Aucune mention n’y était faite du plus gros tabou : le soutien des états.

Les passeports syriens découverts près des corps de deux auteurs supposés des attentats à Paris étaient, selon la police, des faux, vraisemblablement fabriqués en Turquie.

Plus tôt cette année, le quotidien turc Meydan a rapporté que, selon une source ouïgoure, plus de 100 000 faux passeports turcs ont été donnés à l’ÉI. Ce chiffre, selon le Bureau Militaire des Études Étrangères (FSMO) de l’armée américaine, est probablement exagéré, mais semble confirmé “par des Ouïghours arrêtés avec de faux passeports turcs en Thaïlande et en Malaisie.”

Une autre confirmation vint d’un rapport du correspondant de Sky News Arabia, Stuart Ramsey, qui révéla que le gouvernement turc certifiait les passeports de militants étrangers qui franchissaient la frontière turco-syrienne pour rejoindre l’ÉI. Ces passeports, obtenus grâce à des combattants kurdes, portait le tampon officiel de la police des frontières turque, ce qui indique que l’entrée de ces militants de l’ÉI en Syrie étaient parfaitement connue des autorités turques.

Le FSMO résume le dilemme auquel fait face le gouvernement Erdogan : “Si le pays prend des mesures contre les passeports illégaux et les militants qui traversent le pays, ceux-ci pourraient prendre la Turquie pour cible. Cependant, si la Turquie laisse perdurer l’état actuel des choses, ses relations diplomatiques avec d’autres pays et sa situation politique internationale vont tourner à l’aigre.”

Ce n’est que le début. Un responsable occidental de haut rang, bien au fait d’un vaste ensemble de renseignements obtenus cet été grâce à un important raid dans un refuge de l’ÉI, a déclaré au Guardian que “des relations directes entre officiels turcs et haut membres de l’ÉI sont maintenant ‘indéniables’.”

Ce même responsable a confirmé que la Turquie, membre de longue date de l’OTAN, soutient non seulement l’ÉI, mais aussi d’autres groupes djihadistes, y compris Ahrar al-Cham et Jabhat al-Nosra, des groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. “La différence qu’ils établissent [avec d'autres groupes d'opposition] est particulièrement ténue,” déclara aussi celui-ci. “Il ne fait aucun doute qu’ils coopèrent militairement avec chacun d’eux.”

Dans un rare aperçu de ce soutien étatique éhonté à l’ÉI, Newsweek a rapporté il y a un an le témoignage d’un ancien technicien en communications de l’ÉI, qui était parti en Syrie pour combattre le régime de Bachar el-Assad.

L’ancien combattant de l’ÉI a raconté à Newsweek que la Turquie autorisait les camions de l’ÉI provenant de Raqqa à “franchir la frontière, traverser la Turquie puis franchir à nouveau la frontière pour attaquer les Kurdes syriens dans la ville de Serekaniye, au nord de la Syrie, en février.” Les militants de l’ÉI pouvaient librement “traverser la Turquie en convoi,” et s’arrêter “dans des lieux sûrs tout au long du chemin.”

L’ancien technicien en communications de l’ÉI a aussi admis qu’il avait régulièrement “mis en relation des capitaines sur le terrain et des commandants de l’ÉI de Syrie avec des personnes en Turquie en d’innombrables occasions,” ajoutant que “les gens à qui ils parlaient étaient des officiels turcs… Les commandants de l’ÉI nous ont dit que nous n’avions rien à craindre parce que la coopération avec les Turcs était totale.”

En janvier, des documents officiels de l’armée turque authentifiés ont ‘fuité’ sur internet, ils montraient que les services de renseignement turcs avaient été surpris par des officiers à Adana alors qu’ils transportaient en camion des missiles, des mortiers et des munitions anti-aériennes “destinés à l’organisation terroriste al-Qaïda” en Syrie.

Selon les autres suspects de l’ÉI en procès en Turquie, les services secrets turcs (MIT) ont commencé la contrebande d’armes, y compris celles de l’OTAN, avec les groupes djihadistes en Syrie dès 2011.

Ces accusations ont été corroborées par un procureur et un témoignage en justice d’officiers de la police militaire turque qui ont confirmé que les services de renseignement turcs livraient des armes aux djihadistes syriens depuis 2013 et jusqu’à 2014.

Des documents ayant ‘fuité‘ en septembre 2014 ont montré que le prince saoudien Bandar ben Sultan a financé des expéditions d’armes destinées à l’ÉI en passant par la Turquie. Un avion clandestin venant d’Allemagne a livré des armes à l’aéroport d’Etimesgut en Turquie et la livraison a été répartie en trois conteneurs, dont deux ont été délivrés à l’ÉI.

Un rapport de l’Institut Turc des Statistiques (TurkStat) a confirmé que le gouvernement a fourni pendant cette période pour au moins un million de dollars d’armes aux rebelles syriens, ce qui contredit les dénégations officielles. On peut compter parmi ces armes des grenades, de l’artillerie lourde, des canons anti-aériens, des armes à feu, des munitions, des fusils de chasse, ainsi que d’autres armes. Mais l’institut a refusé de préciser à quels groupes ont bénéficié ces envois.

Des informations de même nature sont apparues séparément. Il y a tout juste deux mois, la police turque a perquisitionné dans un journal ayant révélé comment le directeur des douanes local avait approuvé des envois d’armes de la Turquie vers l’ÉI.

La Turquie a également joué un rôle clé en rendant possible un élément vital pour l’expansion de l’ÉI : la vente de pétrole sur le marché noir. Des hommes politiques de haut rang et des sources des renseignements en Turquie et en Irak confirment que les autorités turques ont largement facilité les ventes de pétrole de l’ÉI à travers le pays.

L’été dernier, un homme politique de l’opposition a estimé le montant des ventes de pétrole de l’ÉI en Turquie à près de 800 millions de dollars. C’était il y a plus d’un an.

Cela signifie que la Turquie a facilité à ce jour la vente au marché noir de pétrole par l’ÉI pour une valeur supérieure à un milliard de dollars.

Selon Martin Chulov, du Guardian, il n’existe aucune “économie autosuffisante” pour l’ÉI contrairement aux affirmations fantaisistes du Washington Post et du Financial Times dans leurs dernières pseudo-enquêtes :

” … les camions-citernes transportant le pétrole brut issu des raffineries de fortune arrivent toujours à la frontière turco-syrienne. Un membre de l’ÉI estime que l’organisation est encore loin d’avoir établi une économie autosuffisante dans la région de la Syrie et de l’Irak qu’elle contrôle. “Ils ont besoin des Turcs. Je suis au courant de beaucoup de collaborations, et ça m’effraie,” dit-il. “Je ne vois pas comment la Turquie peut attaquer l’organisation sérieusement. Ils partagent les mêmes intérêts.”"

Des hauts dirigeants de l’AKP ont reconnu l’ampleur du soutien du gouvernement à l’ÉI.

Le quotidien libéral turc Taraf a cité un fondateur de l’AKP, Denigr Mir Mehmed Firat, qui a admis : “Dans le but d’affaiblir les développements à Rojava (province kurde en Syrie), le gouvernement a fait des concessions à des groupes extrémistes religieux et les a armés… Le gouvernement soignait les blessés. Le ministre de la santé aurait dit : “c’est une obligation humaine de soigner les blessés de l’ÉI.”

L’article rapporte aussi que les militants de l’ÉI reçoivent habituellement des soins médicaux dans les hôpitaux du sud-est turc – y compris le bras droit d’al-Baghdadi.

Dans le Hurriyet Daily News, le journaliste Ahu Ozyurt a décrit le choc qu’il a reçu en apprenant les “sentiments pro-ÉI des poids lourds de l’AKP” à Ankara et au-delà, y compris “l’admiration pour l’ÉI de quelques hauts fonctionnaires civils, même à Şanliurfa. Ils sont comme nous, combattant contre sept grandes puissances dans la Guerre d’Indépendance,” dit l’un. Plutôt que le PKK en face, je préférerait avoir l’ÉI comme voisin, ” dit un autre.”

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Pendant ce temps, les dirigeants de l’OTAN feignent l’indignation et les savants pontes libéraux continuent de se gratter la tête, perplexes devant l’extraordinaire résistance et l’inexorable expansion de l’ÉI.

Sans surprise, les bombardements turcs anti-ÉI ont largement été des gestes symboliques. Sous couvert de combattre l’ÉI, la Turquie en a largement profité pour bombarder les forces kurdes du Parti de l’Union Démocratique (YPG) en Syrie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie et en Irak. Pourtant, ces forces sont largement reconnues comme les plus efficaces dans le combat sur le terrain de l’ÉI.

En attendant, la Turquie a bien du mal à contrecarrer quasiment chaque effort américain pour s’opposer à l’ÉI. Cet été, lorsque le Front al-Nosra – branche d’al-Qaïda en Syrie – a pu kidnapper 54 combattants à peine sortis du programme à 500 millions de dollars d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens “modérés” mis en place par le Pentagone, ce fut à cause d’un ‘tuyau’ des services de renseignement turcs.

Le double jeu de la Turquie a été confirmé à Mac Clatchy par de nombreuses sources rebelles, mais nié par un porte-parole du Pentagone, qui déclara, en se voulant rassurant :

“La Turquie est un pays allié de l’OTAN, un ami proche des États-Unis et un membre important de la coalition internationale.”

Et tant pis si la Turquie a facilité la vente de près d’un milliard de dollars de pétrole de l’ÉI.

Selon un officier de la division 30 entraînée par les États-Unis qui a eu accès à des informations sur l’incident, la Turquie tentait “d’amplifier l’incident pour exagérer le rôle des islamistes de Nosra et Ahrar dans le nord” et ainsi convaincre les États-Unis “d’accélérer l’entraînement des rebelles.”

Comme l’a souligné le professeur de la London School of Economics David Graeber :

“Si la Turquie avait placé le même genre de blocus absolu sur les territoires contrôlés par l’ÉI que celui qu’elle avait imposé sur les zones kurdes de Syrie… ce “califat” taché de sang se serait effondré depuis longtemps – et on peut penser que les attaques de Paris ne se seraient jamais produites. Et si la Turquie le faisait aujourd’hui, l’ÉI s’effondrerait probablement en quelques mois. Pourtant, y a-t-il eu un seul dirigeant occidental pour demander à Erdoğan de le faire ?”

Ce paradoxe a bien été mis en avant par certains responsables, mais en vain. L’année dernière, la vice-présidente de l’assemblée parlementaire allemande, Claudia Roth, s’est montrée scandalisée que l’OTAN autorise la Turquie à héberger un campement de l’ÉI à Istanbul, qu’elle facilite l’acheminement d’armes aux militants islamistes à travers ses frontières et qu’elle soutienne tacitement les ventes de pétrole par l’ÉI.

Il ne s’est rien passé.

Au lieu de cela, la Turquie a été grandement récompensée pour son alliance avec le même état terroriste qui commit le massacre de Paris le 13 novembre 2015. Tout juste un mois plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel proposait d’accélérer le processus d’entrée de la Turquie dans l’UE, ce qui permettrait aux Turcs de voyager en Europe sans passeport.

Ce serait sans aucun doute une bonne nouvelle pour la sécurité des frontières de l’Europe.

Parrainage d’État

Il ne s’agit pas seulement de la Turquie. Des sources provenant de dirigeants politiques et du renseignement du Gouvernement Régional Kurde (KRG) ont confirmé la complicité de fonctionnaires de haut niveau du KRG en tant que facilitateurs concernant les ventes de pétrole de l’ÉI, pour en tirer un bénéfice personnel ainsi que pour faire face à la baisse des revenus du gouvernement.

Malgré une enquête parlementaire officielle qui corrobore ces accusations, il n’y a eu aucune arrestation, aucune inculpation et aucune poursuite.

Les intermédiaires du KRG et les autres fonctionnaires du gouvernement qui facilitent ces ventes continuent leurs activités sans entrave.

Lors de son témoignage devant la commission des forces armées du sénat en septembre 2014, le général Martin Dempsey, alors chef d’état-major général des armées des États-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham quant à sa connaissance d’un “quelconque allié arabe important qui soit favorable à l’ÉI” ?

Le général Dempsey a répondu :

“Je connais des alliés arabes importants qui les financent.”

En d’autres termes, le plus haut responsable militaire américain du moment a confirmé que l’ÉI était financé par ces mêmes “alliés arabes importants” qui venaient de se joindre à la coalition anti-ÉI menée par les États-Unis d’Amérique.

Ces alliés incluent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et le Koweït en particulier – qui, ces quatre dernières années au moins, ont fait circuler des milliards de dollars largement à destination des extrémistes rebelles en Syrie. Il n’y a donc rien d’étonnant que leurs frappes aériennes anti-ÉI, déjà minuscules, se soient maintenant réduites presque à néant, se concentrant plutôt sur le bombardement des chiites houtis au Yémen, ce qui, incidemment, ouvre la voie à la montée de l’ÉI là-bas.

Des liens poreux entre les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (FSA) et des groupements militants islamistes comme al-Nosra, al-Cham et l’ÉI ont permis de prolifiques transferts d’armes des rebelles “modérés” aux militants islamistes.

Les transferts constants des fournitures d’armes de la CIA, des pays du Golfe et de la Turquie vers l’ÉI ont été établis par l’analyse des numéros de série des armes par le Conflict Armament Research (CAR) (Étude de l’Armement des Conflits), organisme basé au Royaume-Uni dont la base de données concernant les ventes d’armes illicites est financée par l’UE et le Département Fédéral des Affaires Étrangères suisse.

“Les forces de l’État Islamique se sont emparées d’importantes quantités d’armes légères produites aux États-Unis et les ont employées sur le champ de bataille,” a conclu un rapport du CAR en septembre 2014. “Des missiles antichars M79 90mm saisis par les forces de l’ÉI en Syrie sont identiques aux M79 transférés par l’Arabie saoudite aux forces opérant sous l’égide de “l’Armée Syrienne Libre” en 2013.”

Le journaliste allemand Jurgen Todenhofer, qui a passé 10 jours dans l’État Islamique, a rapporté l’année dernière que l’ÉI était “indirectement” armé par l’Occident :

“Ils achètent les armes que nous donnons à l’Armée Syrienne Libre, ainsi ils obtiennent des armes occidentales – des armes françaises… j’ai vu des armes allemandes, des armes américaines.”

L’ÉI, en d’autres termes, est parrainé par des États. Il est effectivement parrainé par des régimes prétendument pro-occidentaux dans le monde musulman, qui font partie intégrante de la coalition contre l’ÉI.

Ce qui amène à se demander pourquoi Hollande et d’autres dirigeants occidentaux qui expriment leur détermination à “détruire” l’ÉI par tous les moyens nécessaires, préféreraient éviter le facteur le plus significatif d’entre tous : l’infrastructure matérielle permettant l’avènement de l’ÉI sur fond de soutien permanent du Golfe et de la Turquie aux militants islamistes de la région.

Il y a de nombreuses explications, mais peut-être que l’une d’entre elles se démarque : l’abjecte dépendance occidentale aux régimes musulmans terroristes, principalement en vue de maintenir leur accès aux ressources de pétrole et de gaz du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Asie Centrale.

Gazoducs

Une grande partie de la stratégie qui a cours actuellement a été décrite sans équivoque dans un rapport RAND financé par l’armée américaine en 2008, Exposition de l’Avenir de la Longue Guerre (pdf). Le rapport note que “les économies des pays industrialisés continueront à dépendre fortement du pétrole, ce qui en fait une ressource d’importance stratégique.” Comme la plus grande part du pétrole sera produite au Moyen-Orient, les États-Unis ont un “motif pour maintenir la stabilité et les bonnes relations avec les états du Moyen-Orient” Il se trouve que ces états soutiennent le terrorisme islamiste :

DDJIEAAp-AE.jpg“La zone géographique de réserves prouvées de pétrole coïncide avec la base du pouvoir d’une grande partie du réseau salafiste djihadiste. Cela crée un lien entre l’approvisionnement en pétrole et la longue guerre qu’on ne peut pas rompre facilement ni décrire en termes simplistes … Dans un avenir prévisible, la croissance de la production mondiale de pétrole et la production totale seront dominées par les ressources du Golfe Persique … La région restera donc une priorité stratégique, et cette priorité va interagir fortement avec celle de poursuivre la longue guerre.”

Des documents gouvernementaux déclassifiés précisent, sans l’ombre d’un doute, que la motivation principale de la guerre en Irak en 2003, dont la préparation avait commencé juste après le 11 septembre, a été l’installation d’une présence militaire américaine permanente dans le Golfe Persique pour garantir l’accès au pétrole et au gaz de la région.

L’obsession de l’or noir n’a pas pris fin avec l’Irak, cependant – et celle-ci n’est pas une exclusivité de l’Occident.

« La plupart des belligérants étrangers dans la guerre en Syrie sont des pays exportateurs de gaz ayant des intérêts dans l’un des deux projets de gazoducs concurrents qui cherchent à traverser le territoire syrien pour délivrer soit le gaz qatari soit le gaz iranien en Europe, » a écrit le professeur Mitchell Orenstein du Centre Davis des études sur la Russie et l’Eurasie de l’Université de Harvard, dans Foreign Affairs, la revue du Conseil de Washington DC sur les affaires étrangères (Council on Foreign Relations).

En 2009, le Qatar avait proposé de construire un gazoduc pour acheminer son gaz au nord-ouest, via l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie. Mais Assad “a refusé de signer,” rapporte Orenstein. “La Russie, qui ne veut pas voir ses positions sur le marché européen du gaz sapées, l’a soumis à une intense pression pour qu’il refuse.”

Le russe Gazprom vend 80% de son gaz à l’Europe. Donc, en 2010, la Russie a mis tout son poids derrière “un pipeline concurrent Iran-Irak-Syrie qui pomperait du gaz iranien provenant du même champ via des ports syriens tels que Lattaquié puis sous la Méditerranée.” Le projet permettrait à Moscou “de contrôler les importations de gaz d’Europe depuis l’Iran, la région de la mer Caspienne, et l’Asie centrale.”

Alors, en juillet 2011, un accord pour le gazoduc Iran-Irak-Syrie d’une valeur de 10 milliards de dollars était annoncé, ainsi qu’un accord préliminaire dûment signé par Assad.

Plus tard dans l’année, les États-Unis, l’Angleterre, la France et Israël intensifiaient leur aide secrète aux factions rebelles en Syrie pour obtenir “l’effondrement” du régime d’Assad “de l’intérieur”.

“Les États-Unis… soutiennent le gazoduc qatari comme moyen de contrebalancer l’Iran et de diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe loin de la Russie,” explique Orenstein dans Foreign Affairs.

Un article du Journal des Forces Armées publié l’année dernière par le commandant Rob Taylor, instructeur à l’US Army Command and General Staff College de Fort Leavenworth, offrait une critique acerbe des comptes rendus des médias conventionnels ne prenant pas en compte la question du gazoduc.

“Toute analyse du conflit actuel en Syrie qui négligerait l’économie géopolitique de la région est incomplète… D’un point de vue géopolitique et économique, le conflit en Syrie n’est pas une guerre civile, mais le résultat d’un placement sur l’échiquier géopolitique de plusieurs acteurs internationaux en prévision de l’ouverture du gazoduc… La décision d’Assad à propos du gazoduc, qui pourrait sceller l’avantage des trois états chiites sur le gaz naturel, démontre également les liens de la Russie avec le pétrole syrien et avec la région par l’intermédiaire d’Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar, tout comme al-Qaïda et d’autres groupes, manœuvrent pour renverser Assad et capitaliser sur l’espérée conquête sunnite de Damas. En agissant ainsi, ils espèrent obtenir une part de contrôle sur le “nouveau” gouvernement syrien, et une part des richesses apportées par le gazoduc.”

Les gazoducs n’accéderaient pas seulement au gisement de gaz irano-qatari, mais aussi à de nouvelles ressources de gaz côtières potentielles dans l’est de la Méditerranée – englobant les territoires côtiers d’Israël, de Palestine, de Chypre, de Turquie, d’Égypte, de Syrie et du Liban. On estime que la zone renferme 1,7 milliards de barils de pétrole et jusqu’à 3400 milliards de mètres cube de gaz naturel, ce qui pourrait ne représenter que le tiers des quantités totales d’énergies fossiles non-découvertes au Proche-Orient selon les géologues.

Un rapport de l’US Army War College’s Strategic Studies Institute datant de décembre 2014, rédigé par un ancien directeur du ministère de la défense anglaise, remarque que la Syrie détient un potentiel significatif de pétrole et de gaz côtier :

“Une fois le conflit syrien résolu, les perspectives de production côtière – à condition que les ressources commerciales soient trouvées –  seront importantes.”

La brutalité et l’illégitimité d’Assad est indiscutable  - mais jusqu’à ce qu’il ait démontré qu’il n’était pas disposé à rompre avec la Russie et l’Iran, en particulier pour ce qui est du projet proposé de gazoduc, la politique américaine envers Assad a été ambivalente.

Les câbles du département d’état obtenus par Wikileaks révèlent que la politique américaine a oscillé entre financer les groupes d’opposition syriens pour faciliter le “changement de régime,” et utiliser la menace du changement de régime pour inciter un “changement du comportement.”

La préférence du président Obama pour la deuxième solution eut pour résultat des représentants américains, John Kerry inclus, courtisant sans honte Assad dans l’espoir de l’éloigner de l’Iran, d’ouvrir l’économie syrienne aux investisseurs américains et d’aligner le régime sur la vision israélo-américaine de la région.

Ainsi, lors des manifestations du printemps arabe de 2011 qui ont donné lieu à des brutalités de la part des forces de sécurité d’Assad envers des manifestants civils pacifiques, à la fois Kerry puis la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton ont insisté sur le fait qu’il était un « réformateur » – ce qu’il a donc interprété comme un feu vert pour répondre par de nouveaux massacres au cours des manifestations suivantes.

La décision d’Assad de se ranger du côté de la Russie et de l’Iran, ainsi que son approbation à leur projet de gazoduc favori, a été l’un des facteurs clés dans la décision des États-Unis à agir contre lui.

Quand l’Europe danse avec le diable

La Turquie, en tant que plaque tournante gazière permettant d’exporter sur les marchés européens tout en évitant la Russie et l’Iran, joue un rôle clé dans le projet soutenu par les États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite.

Il ne s’agit que d’un des nombreux pipelines qui pourraient passer par la Turquie.

Le directeur de l’initiative sur l’avenir des énergies eurasiatiques auprès du Conseil Atlantique, David Koranyi, qui fut également conseiller en sécurité intérieure auprès du premier ministre hongrois, a averti : “La Turquie est déterminante pour la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’intégralité de l’Union Européenne. Ce serait une erreur catastrophique que de poursuivre l’enrayement de notre coopération énergétique.”

Koranyi a indiqué que la récente “découverte de vastes quantités de gaz dans l’est de la Méditerranée,” ainsi que de “réserves de gaz dans le nord de l’Irak” pourraient être utilisées pour alimenter le marché turc et être acheminées au-delà vers l’Europe.

Étant donné la dépendance de l’Europe envers la Russie pour environ un quart de son approvisionnement en gaz, la priorité stratégique urgente est de minimiser cette dépendance et de réduire la vulnérabilité de l’UE face au risque de réduction de cet approvisionnement. Cette priorité se calque parfaitement avec les efforts entrepris de longue date par les États-Unis pour arracher l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est de la zone d’influence de la puissance russe.

La Turquie occupe la position de pivot sur la nouvelle carte de l’énergie envisagée par les États-Unis et l’UE.

“L’Union Européenne y gagnerait une source d’approvisionnement fiable pour diversifier un peu plus ses importations en provenance de Russie. La Turquie, en tant que plaque tournante, en bénéficierait au travers de taxes de transit et d’autres recettes liées à l’énergie. Si l’on considère que dans l’ensemble de la région, des ressources en gaz supplémentaires pourront être rendues disponibles à l’export dans les cinq à dix prochaines années, il est clair que la Turquie représente la route naturelle par laquelle celles-ci pourraient être acheminées vers l’Europe.”

L’an dernier, un rapport du Global Sustainability Institute (GSI) de l’université Anglia Ruskin a déjà averti que l’Europe faisait face à une crise énergétique imminente au cause d’”une pénurie critique des ressources naturelles,” tout particulièrement au Royaume-Uni, en France et en Italie.

“Les ressources en charbon, pétrole et gaz en Europe s’épuisent et nous avons besoin d’alternatives,” dit Victoria Andersen, professeur du GSI.

Elle a également recommandé une réorientation rapide vers les énergies renouvelables, mais la plupart des dirigeants européens ont apparemment d’autres idées en tête  -  à savoir, s’appuyer sur un réseau de pipelines qui puisse transporter pétrole et gaz depuis le Moyen-Orient, la Méditerranée occidentale et l’Asie centrale vers l’Europe : par l’intermédiaire de notre très chère amie, la Turquie d’Erdogan.

Qu’importe que, sous Erdogan, la Turquie soit le principal soutien du barbare “État islamique”.

Nous ne devons surtout pas poser de questions antipatriotiques à propos de la politique étrangère occidentale, ou sur l’OTAN à ce sujet.

Nous ne devons pas nous étonner du spectacle inutile des attaques aériennes et des pouvoirs policiers dignes de la Stasi, ni de notre honteuse liaison avec le régime de terreur d’Erdogan qui finance et arme notre propre ennemi.

Nous ne devons pas poser de question sur les motivations de nos dirigeants qui, bien qu’ils dissimulent cette information depuis des années, continuent, aujourd’hui, de nous mentir ouvertement, alors que le sang de 129 français n’a pas encore séché, prétendant vouloir “détruire” une bande d’ordures, d’assassins, de psychopathes, armés et financés par l’OTAN.

Non, non, et non. La vie continue. Le cours normal des affaires doit continuer. Les citoyens doivent maintenir leur confiance en la sagesse de la sécurité de l’état.

Les États-Unis doivent continuer d’appuyer les renseignements turcs qui contrôlent et entraînent les rebelles “modérés” en Syrie, et l’Union Européenne doit continuer d’étendre sa coopération avec le régime d’Erdogan tout en accélérant le processus d’accès à l’union du parrain de l’ÉI.

Mais n’ayez pas peur, Hollande a toujours l’intention de “détruire” l’État Islamique. Tout comme Obama et Cameron  – et Erdogan.

Certaines lignes rouges ne peuvent simplement pas être franchies.

Source : Insurge Intelligence, le 19/11/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

samedi, 12 décembre 2015

The Second Cold War

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The Second Cold War

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

In the light of the conflicts in Ukraine and Syria, there has been much talk about the clouding of US-Russian relations. Some voices in the Internet’s alternative media sections have conjured the possibility that these conflicts might lead to a new major war, while social networks like Twitter saw the usage of the hashtags #WorldWarIII and #WorldWar3 explode after Turkey shot down a Russian Sukhoi Su-24 jet in the vicinity of the Syrian border. Headlines in mainstream media outlets like Foreign Policy and the Guardian also proclaimed, “Welcome to Cold War III” and asked “are we going back to the bad old days?”.

This article suggests that although the ideological division of the Cold War ended de facto with the collapse of the Soviet Union, American geopolitical schemes to contain Russian power abroad have never really been abandoned. Throughout the 1990s and until today, US policymakers have been determined to wage overt or covert proxy wars with the aim of curbing its former adversary’s political, economic, and military influence. Chechnya, Ukraine, and Syria are the key spots where the logic of this second Cold War is played out.

A short glance over the state of the world today and its representation in the media suffices to identify a growing number of actual and potential centers of conflicts: Civil war is raging in parts of Ukraine, military tensions are growing in the South Chinese Sea, and the Middle East is more of a mess than ever. Nonetheless, some have suggested that the actual number of armed conflicts has actually reached a historical low. But this assertion is solely based on statistical preference. It is true that interstate (conflicts between two or more states) wars are on the decline. Instead, wars today are much more likely to take the form of intrastate conflicts between governments and insurgents, rather than national armies fighting over territory. As demonstrated to an outstanding degree in Syria, these conflicts are more and more internationalized and involve a bulk of non-state actors and countries who try to reach their goals through proxies rather than direct involvement, which would require “boots on the ground.”

But let’s start at the end. The end of the Cold War, that is. The situation during the years of systemic antagonism between the Eastern and Western Blocs has sometimes been captured in the image of three separate “worlds”: the capitalist First World, the socialist Second World, and a Third World. The latter term was not used as a marker for impoverishment and instability as it is commonly understood today, but as a postcolonial alternative “third way” for those newly independent states that struggled to avoid their renewed absorption by the two towering ideological empires. One strategy through which developing countries attempted to duck the neocolonial policies of the Cold War Blocs was by founding the informal Non-Alignment Movement (NAM) in 1961, initiated by India, Indonesia, Egypt, Ghana, and Yugoslavia. Counting 120 members as of now—in fact a large part of the global South—the movement’s anti-imperialist and anti-colonial stance has lost much of its bargaining power after the end of the Cold War.

Still, the final document of the movement’s 1998 summit in Durban, South Africa suggests that the end of the long-standing bipolar power configuration has by no means led to the betterment of those countries’ situation. Unipolar American dominance and the collapse of the Soviet Union instigated what was understood to be “a worrisome and damaging uni-polarity in political and military terms that is conducive to further inequality and injustice and, therefore, to a more complex and disquieting world situation.” This analysis turned out to be correct in many respects, particularly concerning the period of the 1990s.

WW3-eltsine.jpgWhile the Clinton years of domestic prosperity saw the US economy achieve the rarity of a budget surplus, the citizens of its erstwhile antagonist were (probably with the exception of Boris Yeltsin) experiencing the more sobering effects of Russia’s political and economic paradigm shift. Democratic Russia struggled to consolidate its deeply shaken economy in an environment ripe with organized crime, crippling corruption, and under the doubtful patronage of oligarchs like Boris Berezovsky who controlled the influential television channel ORT and whom Ron Unz in “Our American Pravda” described as “the puppet master behind President Boris Yeltsin during the late 1990s.”

The actual situation in the former Soviet heartland during the 1990s was utterly different from what American elites and media often depicted as a “golden age” of newfound democracy and a ballooning private sector. From the perspective of many US elites, the country’s plundering by oligarchs, ruthless criminal gangs, kleptocratic politicians, and corrupt military officers was welcomed as a convenient, self-fulfilling mechanism to permanently destabilize its mortally wounded adversary. But Russia never completed all the stages of collapse, not least because Yeltsin’s successor Vladimir Putin eventually took legal action to put such “businessmen” like Roman Abramovich and Berezovsky out of business. The latter was forced to seek refuge in London, from where he threatened to use his £850m private fortune to plot “a new Russian revolution” and violently remove his former protégé from the Kremlin.

The chaotic and aimless term of the alcoholic Yeltsin is often regarded as a chiefly positive time in which the East and the West closed ranks, although politicians and neoconservative think tanks in reality conducted the political and economic sellout of Russia during these years. The presidency of Vladimir Putin, while anything but perfect and with its own set of domestic issues, still managed to halt the nation’s downward spiral in many areas. Nevertheless, it is persistently depicted by Western elites and their “Pravda” as dubious, “authoritarian,” and semi-democratic at best.

Thus, in spite of Francis Fukuyama’s triumphalist proclamation of the “End of History” after the fall of the Berlin wall that supposedly heralded the universal rein of liberal democracy, the legacy of the Cold War is anything but behind us. Ostensibly, the current geopolitical situation with its fragmented, oblique, and often contradictory constellations and fault lines is utterly different from the much more straightforward Cold War dualism. Of the Marxist ideology only insular traces remain today, watered down and institutionalized in China, exploited in a system of nationalistic iconography in Cuba, and arranged around an absurdly twisted personality cult in North Korea. As of 2015, Russia is an utterly capitalistic nation, highly integrated in the globalized economy and particularly interdependent with the members of the European economic zone. Its military clout and budget ($52 billion) are dwarfed by US military spending of $598.5 billion in 2015. Even more importantly, after 1991 Russia had to close down or abandon many of its important bases, ports and other military installations as a result of the NATO’s eastward expansion.

Nevertheless, the sheer size of its territory and its command of a substantial nuclear weapon arsenal, cement Russia’s role as a primary threat to American national interests. This is illustrated by the fact that since three and a half decades, the US has covertly supported radical Islamic movements with the goal to permanently destabilize the Russian state by entrapping it in a succession of messy and virtually unwinnable conflicts. Pursued openly during the Soviet-Afghan War of the 1980s, this scheme continued to be employed throughout the 1990s during both Chechen Wars, as well as in Russia’s so-called “near abroad” spheres of influence: Dagestan, Ingushetia, South Ossetia, and other former Soviet vassal republics in the Caucasus, which have constantly suffered from extremists who exploit the lack of governmental pervasion in their remote mountain regions. These regions are home to over 25 million ethnic Russians and important components of the country’s economy. After the Soviet-Afghan War and the CIA’s buildup of Osama bin-Laden’s “resistance fighters,” American policymakers recognized the destabilizing potential inherent in the volatile political and sectarian configurations in the Islamic countries that encircle the post-Soviet Russian borderlands.

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Hence, despite many political ceremonies, pledges of cooperation, and the opening of Moscow’s first McDonalds in 1990, this policy was never fully abandoned. As a matter of fact, peaceful political coexistence and economic convergence never were the primary goals. Democratic Russia with its allies, military potential, and possible Eurasian trade agreements that threaten to isolate or hamper US hegemony was and still is considered a menace to American ambitions of unipolar, universal dominance.

Since the First Chechen War in 1994, Russia’s prolonged struggle against Islamic terrorism has for the most part been disregarded by Western media. Particularly after 9/11, the “war on terror” acted like a black hole that sucked up the bulk of the Western media’s attention. When the acts of terrorism on Russian soil became too horrifying to ignore—the 2002 Moscow theater hostage crisis and the 2004 Beslan school siege in particular—the massive death tolls were blamed on the drastic responses of Russian security forces who were not adequately prepared and overwhelmed by the vicious and meticulously planned attacks. In Beslan, the death of hundreds of innocents (186 children were murdered on their first day at school) was indirectly condoned and sardonically depicted as the consequences of the “separatist movement [and its] increasingly desperate attempts to break Russia’s stranglehold on its home turf.” Truly, to describe those who shoot children in front of their parents and vice versa as “separatists” and glorify them as “rebels” who act in self defense against an “authoritarian” regime demands a very special kind of callous apathy.

In a 2013 article that examined the Chechen descent of the suspects behind the Boston Marathon bombing, retired FBI agent and 2002 Time Person of the Year Coleen Rowley exposed “how the Chechen ‘terrorists’ proved useful to the U.S. in keeping pressure on the Russians.” She explicitly refers to a 2004 Guardian piece by John Laughland, in which the author connects the anti-Russian sentiments in the BBC and CNN coverage of the Beslan massacre to the influence of one particular organization, the American Committee for Peace in Chechnya (ACPC), whose list of members reads like “a rollcall of the most prominent neoconservatives who so enthusastically (sic) support the ‘war on terror,’” among them Richard Perle, Elliott Abrams, James Woolsey, and Frank Gaffney. Laughland describes the ACPC as an organization that heavily promotes the idea that the Chechen rebellion shows the undemocratic nature of Putin’s Russia, and cultivates support for the Chechen cause by emphasising the seriousness of human rights violations in the tiny Caucasian republic. It compares the Chechen crisis to those other fashionable “Muslim” causes, Bosnia and Kosovo – implying that only international intervention in the Caucasus can stabilise the situation there.

WW3tch.jpgThere are three key elements in the organization’s lobbying strategy to denigrate Russia and promote an intervention in Chechnya that serve to unmask a larger pattern behind the US foreign policy after 9/11. First, the labeling of a particular leader or government as “authoritarian” or in some other way “undemocratic” (Vladimir Putin, in this case). Second, the concept of an oppressed yet positively connoted population that strives for freedom and democracy (Chechen terrorists with ties to a-Qaeda, in this case). Finally, the stressing of “human rights violations” that warrant an intervention or economic embargo.

If all of these conditions are satisfied, the violation of the borders of a sovereign state is seen as justified (UN mandate not needed), enabling the US to emerge as a knight in shining armor and champion of human rights, bolting to the rescue of the world’s downtrodden, while covertly achieving an utterly different goal: To further the logic of a second Cold War through proxy warfare and weaken Russian by diminishing its foothold in its surrounding “near abroad” regions, which in many respects represent vital interests, both economically and strategically.

Swap out names and dates and it becomes evident that the same tripartite strategy was used to justify every recent intervention of the US and other NATO members, in Iraq (2003), Libya (2011), and Syria (since 2011). Interventions that were legitimized under the banner of humanitarian relief through the removal of “authoritarian” tyrants and supposed dictators and which have resulted in the deaths of an estimated 500.000 people, in Iraq alone. When the ASPC’s made its appeal regarding Chechnya in 2004, mind you, only one year had passed since the Abu Ghraib torture photos were leaked and two years since the first inmates arrived in the extralegal detention center at Guantanamo Bay.

Regarding the sweltering conflict in Ukraine’s Donbass region, the key dynamics are similar. President Viktor Yanukovych, accused by the Euromaidan movement—fueled by aggressive US and EU media propaganda and enticed with promises of lucrative NATO and EU memberships—of “abusing power” and “violation of human rights,” was forced to resign and replaced with a ultranationalist, anti-Russian and pro-Western government. Again, this campaign had nothing to do with actual humanitarian relief or concerns about the country’s democratic integrity. Instead, the hopes of a whole generation for a better future under Western influence were exploited by US policymakers who hoped to stifle Russia’s geostrategic elbowroom by ousting the naval bases of its Black Sea Fleet from the Crimea.

These bases, mostly located in the city of Sevastopol, have been the home port of the Russian navy for over 230 years, and are vital because they provide the only direct access to the Black Sea and (through the Bosporus strait in Turkey) to the Mediterranean. Any expansion of NATO towards these bases had to be regarded as a direct threat, leaving the Russian government practically no choice but to protect them with all means necessary. However, in the stories emanating from Western mainstream media, these bases were showcased as an occupation of sovereign Ukrainian territory and used as proof of Russia’s aggressive, “authoritarian,” and imperial aspirations. In reality, Ukraine and Russia signed a Partition Contract in 1997, in which the Ukraine agreed to lease major parts of its facilities to the Russian Black Sea Fleet until 2017, for an annual payment of $98 million.

Along the lines of the currently revitalized genre of alternate history, let’s briefly indulge in the notion that we were still living in the ideologically divided world of the Cold War, in which the Warsaw Pact still existed. For a second, imagine if Mexico or Guatemala or Canada expressed their desire to join said pact and invited its troops to conduct military exercises at their shared border with the US. Even without the existence of an American naval base in that country, how do you think the US would react to such a scenario? Would it stand by idly and let itself be surrounded by its adversaries? For an even more striking parallel, take the Cuban Missile Crisis of 1962. The American military actually has a naval base there—Guantanamo Bay, home to the infamous detention camp. Many historians see the deployment of Soviet missiles and troops on the island as the closest that humanity ever came to entering World War III and mutually assured destruction (MAD).  With its support for “regime change” in Ukraine and extension of the NATO to the Russian borders, the US today is engaged in the same old Cold War superpower games that the Soviets played in Cuba 53 years ago. In fact, we should think of Ukraine as being situated in Mother Russia’s “backyard.”

Thousands of miles away from the coasts of North America, the Middle East is the region that Uncle Sam seems to regard as his very own backyard. Many consider George W. Bush’s “War on Terror” after 9/11 and the subsequent interventions in Iraq and (to a lesser degree) Afghanistan as those catastrophic policy decisions that resulted in the sociopolitical destabilization of large parts of this region, resulting in the death, injury, and displacement of millions. In Iraq, Libya, and Syria, the spurious US rhetorical agenda of removing “tyrants” and endowing the local demographics with the liberating gift of democracy has in fact produced vast ungoverned spaces where militant groups like the al-Qaeda offshoot Jabhat al-Nusra and the Islamic State (also known as ISIS, ISIL, or Daesh) were able to carve out their “caliphates” and claim other territorial prices. For a long time, the rapid expansion of the Islamic State and its death-loving, apocalyptic ideology was resisted only by the Syrian Arab Army (SAA), the paramilitary National Defense Forces (NDF), and Kurdish Popular Protection Units (YPG). The SAA alone has lost as much as 200.000 soldiers in its struggle against various terrorist factions since March 2011.

US politicians and media have expressed their hopes that the Russian intervention to assist the Syrian government in its resistance against these Western, Saudi, and Turkey-backed groups will result in a military and economic debacle, comparable to the Soviet-Afghan war, which lasted well over nine years. It was during the course of this brutal and protracted conflict that US policymakers realized that there was really no need to shed American blood in order to deal the death blow to the Soviet Union. They drew their lessons from the CIA’s countless ventures in South American “nation building,” where a government’s legitimacy and an opposition’s status as either terrorists or freedom fighters depended on their usefulness for American national interests, often accoutered in pithy terms like the “war on drugs.”

Since the days of Pablo Escobar, however, US foreign policy has shifted its main focus towards the Middle East, where the long-term goal has been to weaken the enemies of Israel and strengthen the enemies of Iran. Other goals are to guarantee American access to oil and other natural resources, to establish military bases and consolidate the network of troops abroad, and to secure arms deals for the one-percenters who preside over what president Eisenhower cautioned his nation about in his farewell address: the “military-industrial complex.” As a consequence of the failures in Iraq and Afghanistan, the Obama administration has shifted its strategy towards aerial and drone only warfare combined with the support and (illusion of) control over local militant factions.

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Among the many groups fighting in Syria, the Free Syrian Army (FSA), also known as “moderate rebels,” is the US faction of choice. Much like the bin Laden’s Mujahideen fighters in 1980s Afghanistan, they are armed with the help of the CIA. In spite of their apparent moderation, however, a wealth of evidence suggests that this group is directly responsible for a multitude of massacres, mass executions, the ethnic cleansing of non-Sunni citizens, and eating the hearts of their fallen enemies.

The FSA has also been a suspect in the 2013 Ghouta chemical attacks, which some have claimed the US used as a false flag operation to engender international support for the violent removal of the Syrian government. The subsequent UN investigation however failed to establish any conclusive evidence concerning the perpetrator of the war crime and concluded that the sarin gas used in the attacks had most certainly been removed from government arsenals. Based on this information, US, UK, and French leaders and media outlets insisted that the Syrian government had to be the culprit, and immediately pressed the international community to support an intervention with the goal of eradicating Syria’s alleged arsenal of nerve gas and other potential WMDs. This all begins to sound very familiar. Of course, they also requested the bolstering of the “moderate opposition.” Interestingly, though, the official UN report, “careful not to blame either side,” let on that investigators were actually being accompanied by rebel leaders at all times. Moreover, they repeatedly encountered “individuals […] carrying other suspected munitions indicating that such potential evidence is being moved and possibly manipulated.” On page 13, the report goes on to state that

[a] leader of the local opposition forces […] was identified and requested to take ‘custody’ of the Mission […] to ensure the security and movement of the Mission, to facilitate the access to the most critical cases/witnesses to be interviewed and sampled by the Mission […].

Recently, Mr. Obama and Mr. McCain have protested that their “moderate rebels” were being targeted unjustly by Russian airstrikes in Syria, complaining that “from their [i.e., the Kremlin’s] perspective, they’re all terrorists.” Sometimes, one is inclined to advise them, it can be wise and healthy to assume an outsider’s perspective and check if your reality still coincides with the facts that so many know are true about the FSA. These facts can be broken down to a very short yet concise formula: If it looks like a terrorist, if it talks like a terrorist, if it behaves like a terrorist—it probably is a terrorist.

Instead, the CIA is still supplying the “activists” with outdated-yet-deadly weapons from Army surplus inventories, including hundreds of BGM-71 TOW (“Tube-launched, Optically tracked, Wire-guided”) anti-tank missile systems, which the terrorists use against hard and soft targets alike. The same weapon platform can be seen in action in a recent FSA video that shows the destruction of a Russian helicopter that was sent to extract the Russian pilots at the crash site of their downed Su-24 plane on November 24, 2015. On the same day, another US-supplied TOW missile was used in an ambush targeting a car occupied by RT news journalists Roman Kosarev, Sargon Hadaya, and TASS reporter Alexander Yelistratov in Syria’s Latakia province.

The FSA and other groups, branded as “moderates” who fight against the “authoritarian” forces of tyranny (just like a certain “Saudi businessman” back in the day), function as US proxies in Syria, just like al-Qaeda did in the heyday of the Soviet-Afghan War. They are dangerously unstable pawns in a global strategy to secure American and Israeli interests in the Middle East, irrespective of the millionfold suffering and uprooting of entire societies caused by their crimes, the majority of which is directed towards other Muslims.

Commenting on the Russian military intervention at the invitation of the Syrian government, Mr. Obama said that he had no interest in turning this civil war into a proxy war between Russia and the United States, emphasizing that “this is not some superpower chessboard contest.” But this is exactly what US foreign policy, both Republican and Democrat, has done, starting with the end of the Soviet Union and lasting until this very moment. The only difference now being that the Libya-proven rhetorical strategy of (illegal and mandate-less) intervention via “no-fly zones,” “humanitarianism,” and “regime change” did not have the desired effect in Syria because Iran, Lebanon, and Russia did not abandon their ally. Their combined effort succeeded in fending off an unprecedented onslaught of extremists that infiltrated the country, often across the Southern Turkish border, armed with the money of American taxpayers and Wahhabi sheiks.

The Syrian conflict can no longer be described as a civil war. It may have started as one during the ill-fated “Arab Spring” of 2011, when armed “protesters” (i.e., FSA terrorists) murdered several policemen and set government buildings on fire in Daraa, provoking a violent backlash from government forces. The ensuing nationwide chaos was spun by the Western mainstream media troika, namely those media outlets that serve as propaganda tools for the US political and financial elites and who fabricated the myth of the tyrant who massacred peaceful protestors—to be readily sucked up by their indoctrinated clientele.

As a result of the “moderate’s” recent setbacks, the official American position, insofar as its mixed messages can be deciphered, has boiled down to a butt-hurt attitude and passive aggressive lecturing about how to distinguish between varying degrees of moderation among mass-murdering lunatics. Outmaneuvered and publicly exposed, all that is left for Mr. Obama seems to be to pick up the pieces and save some face by accepting Mr. Putin’s offer to join a united front against terrorism in Syria. But such a step seems unthinkable in this ongoing Cold War between Russia and the US. Instead, the most powerful man on earth talks about climate change as the most pressing problem of our times. When it comes to ISIS, he has said he wanted to “contain” them. Meanwhile, tensions are rising as Turkish president Erdogan, on an power trip after his surprising landslide victory in November’s general elections, apparently collaborated with ISIS and risked provoking an NATO Article 5 response by downing a Russian Su-24. On the other side of the equation, Russia’s decision to intervene on behalf of the Syrian government reveals a twofold strategy: On the one hand, through its direct action it positions the Putin government as being opposed to the fatal logics of proxy warfare. On the other hand, it simultaneously exposes the catastrophic flaws of Mr. Obama’s strategies in Syria and the Middle East.

All these developments do not necessarily mean that we are heading for World War III—although logic dictates that it will happen at some point in the future. In reality, though, a full-on nuclear confrontation would require a massive unraveling of the still sufficiently functional channels of political cooperation and interstate diplomacy. International security and economic communities as well as overlapping alliances like the United Nations, NATO, OSCE, and BRIC all indicate a high level of international integration.

Nonetheless, the geopolitical decisions of the last years herald the start of a new period in political history that indeed corresponds to a Cold War constellation. Particularly US foreign policy is currently undergoing the revival of a more offensive realism, visible in recent demonstrations of power in NATO’s Eastern border states, pushing of the TPP agreement in the Pacific economic area, and aggressive patrolling of the South Chinese Sea. In fact, the avoidance of superpower confrontation at all costs seems to increasingly take a back seat to these high-risk maneuvers.

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In the late 1940s the first Cold War began as a war of the words when the powers who had together defeated Nazi Germany started to level criticism at their respective global policies. With the help of their media and propaganda sources, their different stances and perspectives solidified and eventually developed into monolithic ideologies. These in turn spawned the geopolitical doctrines that warranted the replacement of any open (i.e., nuclear) confrontation with confined proxy wars as in Korea, Vietnam, and Afghanistan. A similar erosion of mutual trust, respect, and solidarity is taking place now as the outsourced US-Russian conflicts in Ukraine and Syria remain unsolved. Again, the second Cold War arises as a war of the words while negative sentiments are allowed to petrify and the glacial rhetorics of mistrust and veiled threats gradually begin to replace talk about common interests and cooperation. The influential and policy-shaping Foreign Affairs magazine already struck the right chords of the passive-aggressive Cold War parlance by titling, “Putin’s Game of Chicken: And How the West Can Win.”

At the end of the day, this exact attitude could be one of the reasons why the US might come out on the losing side of this conflict. Because they have not yet realized this is not a “game of chicken” anymore. In fact, this is no longer the same easy game of manipulation that the US played during the 1990s by throwing cheap shots at a collapsing state. The deployment of its air force in Syria is not least a signal to the American establishment that Russia in 2015 no longer stands at the sidelines and watches begrudgingly as the US and its allies commence their disastrous policies in the Middle East.

When Mr. Obama asserted that “this is not some superpower chessboard contest,” he therefore either told a lie or he demonstrated his government’s utter cluelessness with regard to the actual situation and consequences of their actions in Ukraine, Syria, the South Chinese Sea, and other hotspots of the second Cold War. Both possibilities do not bode well for the future.

Le jeu dangereux d’Erdogan

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Le jeu dangereux d’Erdogan

Le leader turc joue de la faiblesse de ses “alliés” européens pour imposer ses vues, contraires à nos intérêts

par Pascal Lorot

Ex: http://www.lenouveleconomiste.fr

La Turquie est-elle encore notre alliée ? C’est là une question qui interpelle aujourd’hui nombre de chancelleries. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs de l’AKP (Parti de la justice et du développement) et de son chef incontesté Recep Erdogan, la Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existant jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident.

En 2009, la Turquie va tout d’abord casser le partenariat stratégique prévalant avec Israël. Avant, au moment des révolutions arabes de 2011, de jouer la carte des Frères musulmans et des insurgés qui veulent, au nom de l’islam et de la “démocratie” (on voit ce qu’elle a donné…), renverser les dirigeants de la région. C’est la rupture avec l’Égypte de Moubarak et le soutien aux Frères avant, une fois ces derniers renversés, de s’orienter vers une posture semi-conflictuelle avec la nouvelle Égypte.

Le cas de la Syrie est encore plus flagrant. Allié de longue date de Bachar el-Assad, Erdogan va en faire son pire ennemi lorsque le maître de Damas décide de ne pas suivre ses “conseils”, et ne vise plus qu’un objectif : sa chute, quel qu’en soit le prix. Ce dernier s’appelle Daech, le pire adversaire de l’Occident, avec lequel il pactise. Dans sa conquête du pouvoir, l’État islamique peut ainsi s’appuyer sur l’“allié” turc : les djihadistes transitent par la Turquie, s’y reposent avant de repartir au combat, s’y font soigner ou s’y instruisent. À cette aune, les attaques ouvertes de Moscou quant à la complicité d’Ankara dans les trafics pétroliers de Daech ne sont qu’un élément à charge de plus. Et le fait que ces éléments soient mis sur la table par la Russie n’enlève rien à ce qui est perçu par nombre d’experts occidentaux comme une quasi-certitude.

“La Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existants jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident”

À l’inverse, lorsque les Kurdes libres de Kobané subissent les assauts de Daech, la Turquie les laisse se faire massacrer à quelques mètres de sa frontière. Lorsque Yazidis et autres minorités ethno-religieuses se font elles aussi massacrer, point de réaction non plus.

L’arme du contrôle des migrants

Enfin, lorsque le président Hollande s’engage pour la mise sur pied d’une vaste coalition visant à défaire une fois pour toutes Daech, la Turquie ne trouve rien de mieux que d’abattre un Sukoï 24 russe, qui ne menaçait en rien la Turquie quand bien même il survolait la frontière syro-turque. Avec pour résultat d’enterrer les espoirs de la diplomatie française de rassembler tous les acteurs sous la même bannière. Il est vrai qu’Erdogan, tout à son obsession anti-Kurde, préfère sans doute le statu quo à une éviction réelle de Daech qui conforterait Bachar el-Assad en Syrie, mais aussi nos alliés kurdes.

Que dire enfin de la passivité de Recep Erdogan face à la vague des migrants qui déferlent sur l’Europe ? Dans un État où la police et l’armée occupent une place centrale dans la hiérarchie du pouvoir, il est clair qu’Ankara était en mesure de sécuriser ses côtes et d’empêcher l’exode de centaines de milliers de vrais et faux réfugiés. Le président turc a pourtant laissé faire, car il a bien compris le profit politique qu’il pouvait en tirer face à une Europe faible et fragile. Le résultat du chantage réussi de la Turquie est là : contre l’engagement de “fixer” les réfugiés (ceux qui ne sont pas déjà en Europe), il reçoit des Européens un chèque de 3 milliards d’euros, la réouverture des négociations en vue de l’adhésion future à l’Union européenne et la liberté pour près de 80 millions de Turcs de pouvoir circuler sans visa, en Europe, à compter d’octobre 2016.

Recep Erdogan est un vrai leader et un homme de conviction, qui sait jouer de la faiblesse et des contradictions de ses “alliés” européens et n’hésite pas à hausser le ton et à menacer. Sauf que ses postures et engagements dans cet Orient compliqué vont à l’encontre de la plupart de nos intérêts stratégiques. Tout le monde en a conscience. Qui osera le dire à voix haute ?

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vendredi, 11 décembre 2015

Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

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Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

von Robin Classen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Seit Jahren ist es ein fester Bestandteil der US-​Strategie für Europa und den Nahen Osten, die Türkei in die westliche Geopolitik mehr einzubinden.

Die Türkei wurde bereits von den Amerikanern in die NATO geholt und sie soll auch Mitglied der Europäischen Union werden. Welche gesellschaftspolitischen Auswirkungen das auf die europäischen Nationen haben könnte, ist den geographisch durch einen Ozean getrennten und weit entfernten Amerikanern hierbei egal.

Die EU hadert seit langem mit einem Beitritt der Türkei

Die europäischen Länder versuchten sich derweil an einem Drahtseilakt: Während Großbritannien und auch Frankreich immer wieder Offenheit für einen Beitritt signalisierten, wehrten sich vor allem osteuropäische und südosteuropäische Länder gegen einen Beitritt des Nachfolgestaates des Osmanen-​Reiches. Insbesondere Griechenland, das nicht nur wegen strittiger Territorialangelegenheiten in Hinblick auf einzelne Mittelmeerinseln mit den Türken im Dauerclinch liegt, sondern welches insbesondere die türkische Perspektive im Zypern-​Streit nicht akzeptieren kann, blockierte und bremste bisher. Auch in Osteuropa kommt die Aufnahme eines islamischen Landes in die NATO bisweilen nicht gut an.

1989 lehnte die EG eine Einigung für eine Mitgliedschaft der Türkei noch ab – kein Wunder, liegen doch mehr als neunzig Prozent des Staatsgebietes nicht einmal auf europäischem Boden. 1997 hob die EU diese Entscheidung auf und beschloss schließlich 1999, der Türkei den Beitrittskandidatenstatus zu gewähren. Nach langwierigem Geplänkel – vornehmlich über die Menschenrechtslage – wurde am Tag der Deutschen Einheit 2005 schließlich der verhängnisvolle Entschluss gefasst, ein Beitrittsverfahren zu eröffnen.

Seitdem geschah wenig: Nur das Verhandlungskapitel „Wissenschaft und Forschung“ konnte 2006 abschlossen werden. Danach wurde weder ein weiteres Kapitel abgeschlossen, noch ein neues eröffnet. In den letzten zwei bis drei Jahren drohte ein kompletter Stopp der Verhandlungen, da die Türkei immer stärker in inneren Konflikten versank, die die Erdogan-​Regierung vornehmlich mit Gewalt löste.

Die naive Merkel-​Politik macht einen EU-​Beitritt plötzlich wahrscheinlich

IS_Nato.jpgIn Deutschland und Österreich sind unter der Hand wohl auch den etablierten Politikern die erheblichen Probleme mit zugewanderten Türken und vor allem die Einstellung der einheimischen Bevölkerung zu einem EU-​Beitritt bekannt, weswegen (pseudo-)konservative Parteien wie die CDU seit Jahren Wert auf eine „privilegierte Partnerschaft“ legen, eine Vollmitgliedschaft mit samtweichen Tönen jedoch ablehnen.

Doch nun – ausgerechnet in einer Zeit, in der in nur einem Jahr eine Million Moslems alleine in Deutschland als Asylbewerber angekommen sind – stehen die Chancen plötzlich gut wie nie dafür, dass die Türkei es doch noch bis 2020 oder 2025 in die EU schaffen könnte. Grund ist eine fatale Fehleinschätzung der europäischen Politik und insbesondere der deutschen Unionsparteien. Dort hat sich nämlich die Ansicht verfestigt, aus Unwillen die deutsche Grenzen zu sichern, einfach den Türken Honig um den Mund zu schmieren, um sie dazu zu bewegen, einfach an ihren Grenzen die Asylbewerber abzufangen.

Die Asylbewerber in der Türkei unterzubringen, dass entspräche ohnehin dem deutschen und internationalen Asylrecht, da nahezu alle Asylbewerber, die die Balkan-​Route nutzen, das sichere, befriedete Land durchqueren müssen. Dass CDU-​Politiker aber behaupten, man könne 6.000 Kilometer Grenze nicht sichern, weswegen man auf die Türkei setzen müsse, ist ein Offenbarungseid. Mit den Wassergrenzen verfügt die Türkei schließlich über rund 10.000 Grenzkilometer und damit über deutlich mehr als Deutschland, was sich zudem die Sicherung der EU-​Außengrenze mit seinen Partnern teilen würde!

Die Türkei will Europa islamisieren

Noch viel entscheidender: Die re-​islamisierte Türkei Erdogans denkt gar nicht daran, die Flüchtlingskrise als ein Problem für Europa wahrzunehmen. Im Gegenteil forderten die Türken vor wenigen Wochen noch, Europa müsse viel mehr Asylbewerber aufnehmen. Dahinter steckt eine imperiale Strategie des sich als neo-​osmanischen Herrscher mit Imam-​Attitüde verstehenden Präsidenten Erdogan. Seine Regierung agiert bereits seit Jahren besonders aktiv in Bosnien und Albanien und versucht, eine islamische Achse im Herzen Europas zu schmieden.

Dabei spielen insbesondere die ihm treu ergebenen Türken in Deutschland eine wesentliche Rolle, denen er so gern Besuche in großen deutschen Fußballstadien abstattet. Ein EU-​Beitritt der Türken würde mithin ein trojanisches Pferd der Islamisierung in die europäischen Institutionen tragen und die Macht der Türkei als Regionalmacht massiv ausbauen. Bedenkt man, dass die derzeitige Bevölkerungszahl von 76 Millionen Türken bis 2050 auf 94 Millionen ansteigen soll, kann man sich außerdem denken, welche demographischen Folgen die Niederlassungsfreiheit für Europa und vor allem Deutschland wohl hätte. Die hohen Asylbewerberzahlen durch eine Ausweitung der Niederlassungsfreiheit auf die Türkei bekämpfen zu wollen, ist mithin eine Milchmädchenrechnung.

Zwischen Bekämpfung und Unterstützung des IS

Auch die Bekämpfung des Islamischen Staates (IS), bei der die Türkei angeblich mitwirken soll, ist ein heikles Thema. Kurdische Gruppen im Grenzgebiet berichten immer wieder von einer offenkundigen Zusammenarbeit zwischen türkischen Grenzsoldaten und IS-​Terroristen. Russland verbreitete jüngst die Behauptung, dass Schmuggel und Öl-​Verkauf aus IS-​Beständen nicht nur auf dem florierenden Schwarzmarkt an der türkisch-​syrischen Grenze von türkischen Sicherheitsbehörden in keiner Weise bekämpft werden, sondern dass die türkische Regierung selbst in diese Geschäfte verwickelt sei. Im Übrigen fordert die Erdogan-​Regierung wesentlich energischer den Sturz des verhassten Assad als ein Ende des IS-​Terrors. Die Entstehung eines geopolitischen Machtfaktors Türkei in der Brückenregion zwischen Westen und Nahem Osten mag im kurzfristigen Interesse der USA liegen, im Interesse Europas und Deutschlands ist sie jedoch mit Sicherheit nicht.

Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

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Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

Terrorism Monitor Volume: 13 Issue: 23

By: Ebi Spahiu

The Jamestown Foundation & http://moderntokyotimes.com

In light of terrorist attacks in Paris on November 13, countries across Europe have visibly increased security measures and are on the alert for more attacks. Countries in the Western Balkans have similarly boosted security after state agencies received alerts from international partners and from their own intelligence organizations on potential Paris-style attacks in cities of the region (Ora News, November 18). Since the emergence of the Islamic State and continuous reports of Balkan foreign fighters who have joined the organization in Syria and Iraq in recent years, local security analysts and think tanks have attempted to provide profile local fighters who have joined this jihadist organization. They have largely concluded that a majority have criminal backgrounds and come from impoverished areas, but were then mobilized and inspired by individual radical imams, who serve as key links between volunteers and jihadist groups abroad. [1] So far, however, there has been relatively little focus on the alleged role that organized crime groups from the region have played in aiding militant cells in Western Europe, or the involvement of the Balkan diaspora in providing an arms for terrorist groups in the West.

A recent study released by the Flemish Peace Institute, based in Brussels, concluded that the majority of firearms used for violent attacks, including the Paris shootings, make their way to Europe via the Western Balkans from groups that capitalize on existing routes originating in or transiting the region utilized for drug trafficking and other illegal activities. “Police have noticed an increase of Kalashnikov-type of assault weapons in recent years and official records show that the majority of these weapons come from the Balkans,” said Nils Duquet, co-author of the study, in an interview with Top Channel News in Tirana (Top Channel, November 21).

Organized Criminal groups, Terrorism and the Balkan Diaspora

Since the dissolution of the former Yugoslavia and the collapse of the Communist regime in Albania in the 1990s, weak rule of law and corruption have strengthened smuggling networks in the region, many of which are often closely linked to public officials. Such weak state structures to combat organized crime and high levels of corruption have enabled several nexus groups to emerge and dominate drug trafficking and arms trade in European markets, but also establish significant relationships with terrorist organizations, as they have done in the past with the Kurdish PKK or al-Qaeda. [2] The most notable case is the rise of the Albanian mafia and the nexus with the Kosovo Liberation Army in the late 1990s, which expanded out of Albania’s economic downfall following the collapse of “pyramid” investment schemes in 1997. Violent rebellions led to the ransacking of hundreds of military and police storage facilities across the country (Bota Sot, October 25). Over 100,000 weapons are believed to have been stolen over the course of a few months during this period—the majority of which are still used in conflicts or recycled in European markets. Some are also now believed to end up on the hands of terrorist organizations, including sleeper cells based in Western countries, with Belgium providing the largest black market (Financial Times, November 19). Furthermore, regional networks created over the years out of these criminal and political nexuses, including those tri-border areas between Albania, Kosovo and Macedonia, are also believed to be “directly tied to operational developments of militant Islamist cells in the UK,” often due to their dominance of smuggling heroin and other types of drug and human trafficking. [3] According to several accounts, heroin from the Balkans accounts for over $20 billion annually, which also largely finances groups like Hezbollah and al-Qaeda (The New York Times, April 28, 2014).

In this context, it is no surprise that militant Islamist groups, including the Islamic State, seek to exploit homegrown cells established in the Western Balkans, but also diaspora-based communities and the trafficking networks elsewhere in Europe. According to an EU-led study, looking at the ties between organized criminal groups and terrorism in Western Europe, in addition to geographical components that link terrorism to Balkan organized crime, there is also a notable increase of Balkan second and third generation diaspora becoming more involved with radical Islamist communities based in the West. This has been particularly concerning for the Balkan diaspora in Austria, Switzerland, Italy and the UK, which have seen a number of youth, mainly nationals of Albania, Kosovo and Montenegro, among others in the Balkan, join the Islamic State in Syria and Iraq. In Switzerland, for instance, a sizable percentage of foreign fighters are of Balkan origin, particularly from Kosovo, whose migrant population makes up a large portion of Muslims in the country (CTC Sentinel, July 30, 2014). Although, according to experts, many of the ethnic Albanian Muslim communities in Europe, including those in Switzerland, have access to independent funding for their religious needs, they are not immune to the influence of well-funded Wahhabist and Salafist foundations and mosques representing more radical religious views. “Many religious communities fight over the leadership that is going to represent Muslims, making Albanians practitioners susceptible to be usurped by suspicious finances and attracted to radical ideologies,” claims a Tirana-based security official interviewed by this author who wishes to remain anonymous. [4]

The Balkans as a Transit Route for Terrorists

A number of police counter-terrorism operations have exposed these connections, which are now becoming increasingly visible to security agencies across Europe. In July 2014, Italian police, in collaboration with the Albanian authorities, carried a large operation against a group of Islamic State supporters who had recruited and aided several foreign fighters to cross over to Turkey, to join the Islamic State in Syria (Shqiptarja [Tirana], July 1). Among those arrested, the majority were Albanian and Italian nationals who had allegedly assisted the travels of foreign fighters, including that of Maria Gulia Sergio, an Italian convert, and her Albanian husband, Aldo Kobuzi. Investigations have since revealed that these individuals traveled to Syria on September 2014, by seeking help from Kobuzi’s remaining relatives in Albania, who were also followers of Salafist ideologies (Balkan Insight, March 2015). Similar stories are becoming noticeable as local and international media discover transit routes of foreign fighters linked to the Islamic State. This is particularly underlined in light of the flow of refugees crossing the region on their journey to Western Europe and the potential for individuals linked to extremist organizations to enter Europe through this route. Such fears have been heightened by allegations of some of the Paris attackers entered Europe through the Balkans, posing as a Syrian refugee (RT, November 15).

Conclusion

Since the Paris attacks, regional security services have stepped up security to prevent any possible attacks by local Islamic State supporters. For instance, Albania, a NATO member, has deployed over 1,500 armed security forces to ensure safety in public spaces and adopted a new national strategy against terrorism (Ora News, November 18). [5] In the wake of the Paris events, Albania’s security level has also been increased to “red,” following several alerts from state agencies and a note from the U.S. Embassy in Tirana that credible intelligence suggested that the capital city is among the Islamic State’s targets (Lapsi, November 20). Serbia’s security forces are similarly “showing off” their regional military might in the face of potential terrorist threats and deadly attacks (Balkan Insight, November 20). These examples show how regional governments are demonstrating their commitment to prevent attacks and building further cooperation between agencies.

However, arrests and increased military capacity do not address the real concerns that have enabled violent extremism and religious radicalism to develop in the Balkans in the first place. These problems include corrupt officials who are involved in organized crime and the drugs trade (Exit, November 13; Balkan Insight, November 10). An additional problem is that moderate Islamic religious authorities that have been ousted by more radical preachers in recent years, leaving Islamic State supporters in the Balkan region, particularly those in Albania and Kosovo, with an open field (Balkan Insight, November 14). There are already indications that this toxic environment is starting to produce attackers; Bosnia-Herzegovina experienced its first violent assault by an alleged Islamist lone wolf, who killed two soldiers and wounded several others in a shooting in the suburbs of Sarajevo on November 18 (Balkan Insight, November 18). Despite the region’s governments’ efforts, however, it is becoming more clear that authorities are also aware of their own relatively limited capacities to carry investigations that involve acts of terrorism, and that the region’s security continues to rely heavily on international intelligence. As threats levels remain high in the midst of the Islamic State’s strong support-base in the Balkans, very few believe that the region’s political elite has the will to confront violent extremism and organized crime. [6]

Ebi Spahiu is a researcher on Central Asian and Western Balkan Affairs, focusing on gender and religious extremism.

Notes

  1. “Report inquiring into the causes and consequences of Kosovo citizens’ involvement as foreign fighters in Syria and Iraq, Kosovo Center for Security Studies,” April 2015, http://www.qkss.org/repository/docs/Report_inquiring_into....
  2. “Europe’s Crime-Terror Nexus: Links Between Terrorist and Organized Crimes Groups in the European Union,” http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/20....
  3. Ibid, pg. 19.
  4. Interview with Tirana-based security official who wishes to remain anonymous due to security concerns, November 19, 2015.
  5. National strategy in combating violent extremism, www.qbz.gov.al/botime/fletore_zyrtare/2015/PDF-2015/203-2....
  6. Adriatic Institute, February 2014, https://www.youtube.com/watch?v=QV4zZ2MAv9Q.

Files:

TerrorismMonitorVol13Issue23_01.pdf

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Photo: This man was recently detained during a raid against alleged Islamic State supporters in Albania (Source: Shqiptarja)

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mercredi, 09 décembre 2015

Will Turkey be able to replace Russian gas with Qatari imports?

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Will Turkey be able to replace Russian gas with Qatari imports?

Ex: http://www.katehon.com

A recent meeting between Turkey’s President Recep Tayyip Erdogan and Qatari Emir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani gave rise to a new rhetoric in Turkey: Turkey will be able to meet any shortfall in Russian gas supplies with new imports of Qatari liquefied natural gas (LNG). Any new LNG contracts signed with Qatar, the argument goes, now can be substituted for the gas Turkey currently buys from Russian sources — that is to say, about 50% of all of Turkey’s gas demands.
 
But this is not actually feasible. Not only are Turkey’s limited LNG storage and gasification capacity not sufficient for the amount of expensive Qatari gas the country would need, but also long-term energy contracts and a take or pay clause tie Russia and Turkey for at least 10 more years.
 
In the meeting between Turkish and Qatari delegations on Dec. 2, more than a dozen agreements cemented bridges between Qatar and Turkey in areas including defense, energy education and travel. Article 13 of the agreement refers to a memorandum of understanding between Turkey's state-owned Petroleum Pipeline Corporation (BOTAS) and the Qatari national petrol company regarding the long-term supply of LNG, reported AA, Turkey’s state-owned press agency.

Qatargas.jpgAccording to the Turkish parliament’s official press release regarding the natural gas agreement between BOTAS and Qatar Petroleum, Erdogan said, “As you know, Qatar Petroleum has had a bid to invest in LNG in Turkey for a long time. Due to the known developments in Turkey, they are studying what kind of steps they could take in LNG and LNG storage. We expressed that we viewed their study positively. As you know, both the private and public sector have LNG storage facilities. This one will be an investment between governments.”
 
In Turkey, this expression of the “known developments” has been interpreted as referring to the escalating crisis between Turkey and Russia in the aftermath of Turkey’s downing of a Russian warplane and the growing fear regarding an eventual gas supply disruption from Russia. Some argue LNG imports from Qatar can replace the 27 billion cubic meters (bcm) of natural gas imported annually from Russia. The Radikal website referred to the agreement by saying Turkey has found an alternative to Russian gas, and the daily HaberTurk reported this as a pre-emptive measure of Russia’s ability to cut gas supplies to Turkey.
 
This argument is unrealistic because Turkey does not today have the infrastructure necessary for the gasification and storage of the quantity of LNG equivalent to what is imported annually from Russia — i.e., 27 bcm per year.
 
This rhetoric is also unnecessary because Turkey does not need to substitute its gas supply from Russia. Not only do legal obligations tie both countries together for at least the next 10 years, but also the Russian economy — due to its oil and gas dependency — cannot afford to lose Turkey, the world’s second-largest consumer of Russian gas.
 
Turkey cannot realistically replace its Russian gas supply with LNG imported from Qatar with its existing infrastructure for gasification and LNG storage. Turkey's annual imports from Russia represents more than 50% of its demand. According to the International Energy Agency’s (IEA) analysis, Turkey's annual LNG regasification capacity does not exceed 14 bcm and its LNG storage capacity is limited to approximately 3 bcm.
 
This storage capacity represents less than 5% of the country’s demand, below the European average — for comparison, Germany can store 20% of its consumption and it is still far from satisfying the IEA’s criteria. With this infrastructure, in the best-case scenario, Turkey’s capacity for LNG trade could still not reach 20% of its gas consumption.
 
This agreement is not the first agreement signed with Qatar. Turkey already imports LNG from Qatar on the basis of temporary deals. In 2009, Taner Yildiz, Turkey's then-minister of energy and natural resources, and in 2014 President Erdogan both announced agreements with Qatar Gas for BOTAS’ LNG imports. Despite these previous agreements, Qatari gas has never constituted a substantial part of the Turkish gas imports. Among other reasons, the price of Qatari LNG is not competitive with the price of gas supplied via the pipeline from Russia.
 
Even though Qatar is providing about a third of the global LNG trade, the recent shale gas boom in North America frustrated Qatar’s LNG export plans because Qatari's gas price remains high in the LNG market. That is why, while Qatar was previously expecting to deliver much of its LNG to Europe and the United States, it has now begun exploring Asian markets like China, India and South Korea, as well as Turkey.
 
Considering that Turkey's external energy shortfall is 6% of its gross domestic product and accounts for 58% of the trade deficit, in the future, energy import prices will only increase in importance as a factor — importing expensive Qatari gas can only increase this deficit further.
 
Turkey imported 27.4 bcm of natural gas from Russia last year, the equivalent of 56% of its total consumption. Turkey’s demand for gas has more than doubled in 10 years, to the point where it is Gazprom’s second-largest consumer, after Germany. This has created a high economic mutual dependency for both countries. This relationship is built on long-term gas contracts controlled via international regulations; the party who breaks this interdependency without any legal justification will find itself obliged to pay heavy indemnities to the other party. Because of significant upfront capital investments on the part of producers for the exploration, design and construction of the facilities, natural gas contracts are signed for 20-25 years and include a clause outlining “take-or-pay conditions.” These conditions are a risk allocation mechanism between the buyer and the seller of the natural gas. Turkey’s contracts with Russia are long-term take-or-pay natural gas contracts that force Ankara to either take the contracted amount or pay the fee for the amount anyway. As Russia cannot cut gas to Turkey, Turkey cannot stop its gas purchase from Russia either.
 
Al-Monitor

Journal de guerre: brutale dégradation géopolitique

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Journal de guerre: brutale dégradation géopolitique

Publié par: http://www.leblancetlenoir.com

La petite planète Terre vient d’enregistrer une brutale dégradation géopolitique qui ne manque pas d’inquiéter sur la suite des événements. Les astrologues diraient volontiers qu’une mauvaise conjonction astrale donne à l’actualité une apparence et une atmosphère très négatives. Jusqu’où ira cette dangereuse pente glissante?

Poutine arme l’Iran contre la Turquie

Lors de son discours sur l’état de la fédération, Poutine a tenu des propos extrêmement menaçant vis-à-vis de la Turquie, qui démentent la perception angélique dominante en France sur la situation. Poutine a répété son accusation sur l’enrichissement personnel dont les dirigeants turcs profiteraient en vendant le pétrole de Daesh. A propos de la destruction d’un Sukhoï 24 par la chasse turque il y a une dizaine de jours, Poutine a en outre déclaré:

Seul Allah sait pourquoi ils ont fait ça. (…) Probablement Allah a-t-il décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie en la privant de son bon sens et de sa raison. (…) Si certains imaginent que l’on peut commettre des crimes de guerre, tuer notre peuple et partir quitte, en subissant seulement un blocus sur les importations de tomates, ou quelques restrictions sur des projets de construction ou d’autres industries, ils vont être déçus. (…)

Du coup, la Russie a décidé d’équiper l’Iran de son système S-300 de lutte anti-missiles, une protection qui annihile les effets d’une menace nucléaire venant… de Turquie ou d’Israël. C’est évidemment une décision qui déstabilise le précaire équilibre au Moyen-Orient, et qui pourrait précipiter Israël dans une coalition avec la Turquie contre la Russie.

Les Turcs ne s’y sont pas trompés. Ils se sont empressés de présenter leurs condoléances aux familles après la mort des pilotes qu’ils ont abattus.

Déni de l’Allemagne sur la stratégie saoudienne

Le gouvernement allemand a officiellement désavoué une note confidentielle des services secrets (envoyée à quelques journalistes) mettant en garde contre la politique étrangère du roi d’Arabie Saoudite. La note, d’une page et demie, affirme que le roi Salman cherche à se construire une réputation de leader du monde arabe par une politique d’intervention militaire contre l’Iran, qui est porteuse de forts risques de conflits.

Le gouvernement Merkel a affirmé publiquement que cette note était un tissu de fadaises et que le régime saoudien était exemplaire.

Même en Allemagne, le déni devient une religion d’Etat quand l’odeur sulfureuse de l’argent du Golfe embaume les allées du pouvoir!

Le dangereux krach financier en Europe

A l’issue des décisions de politique monétaire communiquées hier par Mario Draghi, les marchés européens se sont effondrés. Le CAC 40 a gentiment perdu 3,5% en une journée, ce qui s’appelle couramment un krach boursier. Pourtant, Draghi a renforcé l’intervention de la BCE sur les marchés pour relancer l’inflation. Mais les annonces ont déçu: les marchés voulaient une augmentation des volumes d’intervention sur les marchés, et ils ne l’ont pas obtenue.

On voit bien le terrible chantage financier auquel la BCE est soumise aujourd’hui: soit elle accélère la perfusion financière en faveur des banques, soit les investisseurs votent avec leurs pieds en retirant leurs avoirs.

Fracture entre l’Europe et les Etats-Unis

L’effondrement des marchés s’explique aussi par l’annonce de Janet Yellen, présidente de la FED, d’un prochain relèvement des taux.

« Janet Yellen a expliqué que plus les taux tarderont à remonter, plus les effets risquent d’être brutaux. Cela laisse donc peu de doutes sur ses intentions à court terme ».

Au moment où l’Europe maintient sa politique d’assouplissement quantitatif, les Etats-Unis annoncent donc interrompre la leur à partir de décembre. En apparence, cette décision technique paraît anodine au tout venant. Elle est pourtant stratégiquement très gênante. L’Europe ne rémunère plus les liquidités. Celles-ci vont quitter le marché européen dès que les Etats-Unis retrouveront des taux positifs.

Financièrement, les Etats-Unis vont donc étrangler l’Europe. Les conséquences de cette décision sont encore difficiles à calculer, mais le premier krach subi hier en dit long sur les risques à venir. L’une des conséquences directes de cet effet de ciseau entre les taux européens et les taux américains sera douloureux pour les finances publiques: les taux d’emprunt souverains devraient monter en flèche pour suivre la concurrence américaine.

Dans les six mois, les doutes sur la solvabilité de la France devraient agiter fortement les marchés… Et Dieu seul sait ce qui en sortira.

L’implosion de l’Union se poursuit

Parallèlement, l’Union Européenne poursuit sa discrète descente aux enfers. Les Danois ont majoritairement voté « non » à un renforcement de l’Europe judiciaire. Dans ces conditions, on voit mal comment le processus de Schengen pourrait durer. D’ailleurs, chaque pays n’en fait qu’à sa tête. Les Belges renvoient les migrants en Hongrie à tour de bras. Les Slovaques introduisent un recours en justice contre les quotas de migrants. Les élections de dimanche en France devraient donner lieu à une percée spectaculaire du Front National, qui demande la fin de l’Union.

Toutes ces nouvelles extrêmement positives laissent planer une inquiétude sur les impasses politiques multiples auxquelles l’Europe se heurte aujourd’hui. On voit mal quelle peut en être l’issue pacifique.

http://www.eric-verhaeghe.fr/journal-de-guerre-brutale-de...

mardi, 08 décembre 2015

Ron Paul: Are We In A Clash Of Civilizations?

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By

The Ron Paul Institute

Watch Dr. Paul give the speech here.

The credibility of all American politicians now requires acknowledging that America is engaged in a great war for survival – “the war against Islam.” Fear of “radical Islamic terrorists” requires our undivided attention. We’re to believe that the ugly and vicious violence of a very small percentage of the 1.7 billion Muslims around the world, without an army, navy, or air force, is on the verge of engulfing America and Western civilization. The claim is that the Western concept of Christianity, liberty, and free markets is threatened. If this is so, it speaks more about the weak support for these values than for the strength of a small group claiming to speak for all of Islam. It may not make much sense, but it provokes the fear required for war-mongering.

The popular belief that a gigantic clash of civilizations explains today’s conditions fits well into the propaganda efforts of the neocon inspired American Empire. One cannot deny that a group exists that associates itself with Islam and preaches violence in combination with extreme religious beliefs. Al Qaeda and ISIS do exist. Claiming that they alone are responsible for the great “clash” is purposely misleading. That misunderstanding is required by Western propagandists to gain public support for their wars in the Middle East, and for a continuation of the American Empire. Unfortunately, so far it has worked pretty well.

Fear is the tool used to galvanize a people into supporting war while sacrificing liberty. Exaggerations and propping up groups who falsely claim to represent 99 percent of Muslims, serves the interests of those in the West who want the clash of civilizations for their own selfish purposes. Current US and Western support for ISIS in Syria, even though it’s denied, is designed to remove Assad. This policy is in the tradition of our foreign policy of recent decades. Aligning ourselves with the creation of Hamas and the mujahedin (Taliban) is well documented.

The emphasis on a  clash of civilizations is more about ruthless pragmatism than it is of a great battle of two civilizations. Promoters of war must first find or create an enemy to demonize in order to gain the people’s support for stupid and illegal preemptive wars. The Iraq war was built on lies and fear-mongering. US leaders, prodded by the neoconservatives, continue to propagandize for a “crusade” against Islam in order to justify rearranging the Middle East according to their desires. Disregarding all previous failures in this effort is not a problem if the people can be convinced that the enemy is grotesque and threatening our way of life.

It’s strange, but 130 people killed in Paris has served the purpose of throwing reason to the wind, and the majority of Americans have become anxious for a showdown with Islam no matter how many lies have to be told and people killed.

If what is said by the neoconservatives about Islam is true, nuking Indonesia would seem logical. Two hundred and three million Muslims could be wiped out rather quickly. What many fail to admit is that ISIS deliberately manipulates Islam to inspire violence by some, which helps them gain recruits for their cause. This is not a reflection of the 1.6 billion Muslims around the world. It’s like claiming that the KKK represents sound Christian theology. Many evangelical Christians support preemptive war in the Middle East, but that doesn’t mean that Christians must give up the notion that, as Jesus said, “Blessed are the Peacemakers.”

Both sides of this huge so-called clash of two civilizations benefit from allowing fringe elements of both religious cultures to support the hypothesis. Both sides need the fear associated with a clash of civilizations to motivate the masses to fight a war that Western leaders have initiated. It may be a hoax, but such a war is still very dangerous and can easily spin out of control.

The death of 4 million Muslims in the Middle East over the last 14 years, since Western foreigners moved in, has rearranged the political power structure of the region. This cannot be ignored. The deliberate killing of innocent civilians and retaliation lays claim to the reality of a clash of civilizations rhetoric.

The US can’t be serious in this clash of civilizations, which is used to radicalize both sides. Our ally Turkey playing games with ISIS hardly convinces us that ISIS will bring our civilization to its knees and destroy our way of life. The United States is a loyal supporter of Saudi Arabia, a nation noted for its ruthless enforcement of Sharia law. This hardly suggests our political leaders are at war with Islam. The neoconservatives, perpetrators of the clash of civilizations rhetoric and a war against Islam, aren’t advocating bombing Saudi Arabia even with evidence of their involvement in 9/11 and the recent shootings in California.

Our foreign policy makers, both Republicans and Democrats, remain obsessed with overthrowing another secular Muslim country: Syria. That policy did not work out well in Iraq and elsewhere, and so far it has only made the Middle East an ever more dangerous place. The harder we work at remaking the Middle East, the worse the conditions become, with an ever stronger and more dangerous Al Qaeda and ISIS.

The more violent our military response is to ISIS, the easier it is for more jihadists to be recruited to its cause. And the greater the violence and political demagoguery, the more gullible Americans join the ranks of supporters for expanding this so-called “holy” war.

Republicans have a knee-jerk explanation for the violence in the Middle East which is now spreading into Europe: It’s simply “Obama’s fault.” He hasn’t killed enough Muslims fast enough. It may not be the “clash of civilizations” that many describe, but Islamic terrorism confronts a Western crusade against Islam inspired by radical minorities on each side. Neocon radicals are the greatest domestic threat to liberty here at home — not foreign invaders.

Many Americans fervently believe that our policies represent “American exceptionalism” — democracy, freedom, generosity, and a willingness to sacrifice for the benefit of mankind. They accept the notion that we have a responsibility as the world’s policeman to thwart evil. The recipients of our “largesse” and interventions don’t see it that way. They understand exactly what encroachment of empire means to them. It is understood that our presence has nothing to do with spreading humanitarian American goodness and values. Instead, the people of the region see us as invaders: stealing their oil, while corrupting and bribing puppet dictators to serve our interests. The response should never surprise us. Blowback and unintended consequences should be easily understood and anticipated.

The answer we get from those most angry with our plunder and killing comes in the form of inspired radical Islamism that pretends it speaks for all of Islam. The radicals of neither side really speak for a “civilization.”

The influence and profiteering of the military-industrial complex is never criticized by the neocons. Never do we hear an honest debate by the politicians regarding the immorality of the Bush/Cheney doctrine of pre-emptive war that was soundly repudiated in the 2008 election. Memories are short, and demagoguery is a team sport by politicians.

Transparency — and a little history — should convince the people that the clash of civilizations rhetoric is only war propaganda. The idea of the  clash of civilizations is not new or unique. Samuel Huntington responded to Francis Fukuyama’s 1992 book “The End of History,” and addressed this issue. Huntington was allied with neoconservative guru Bernard Lewis and the American Enterprise Institute. The origin of this recent use of the term should tip one off as to the motivation for popularizing the idea of the “ clash of civilizations.”

clash451628975_9781451628975_hr.jpgHuntington, in his 1996 book “The  Clash of Civilizations,” encourages the notion that Western Christian civilization is destined to be in conflict with the Muslim world of the Middle East. Almost at the same time, in 1997, the neocons released their plan “For a New American Century.” Philosophical support for the war between the East and the West was especially helpful to the neocons after 9/11. It served to deflect any consideration of blowback being a contributing factor to the attack on the US on September 11th. Our instigators for war and empire have worked diligently to place the blame for the violence in the Middle East on Islam itself, with which we are now said to be at war. To suggest anything else today is “blasphemous” to the concept of “American Exceptionalism.”

Huntington’s thesis is that ideology and economic conditions are no longer important in world conflicts. That age, he claims, has ended. The world is now moving back, according to Huntington, to a more “normal” state of cultural and religious conflicts and away from state versus state in conventional war.

But it’s not quite so simple. Diminishing the importance of the state should always be helpful since less big wars and central powers would result. But that’s not their plan. World government is what the neocons and many other world leaders seek.

Espousing correct ideology and real economic understanding are the only answers to unwise cultural and religious clashes, or clashes between various governments. My sense is that although most wars have many components to them, economic conditions are always important. A healthy economy usually results from a decent respect for economic liberty, and establishing conditions that encourage peace over war. International trade diminishes prospects for war as well. Inflation and hunger encourages civil strife and violent overthrow of incompetent governments.

The argument that cultural and religious wars occur when there is an absence of an ideology and economic policy is not a reasonable explanation. It’s my opinion that ideas and economic conditions override cultural and religious differences. When economic conditions deteriorate and cultural differences arise, religious beliefs are used to mobilize people to hate and start killing each other.

Economic ideas that encourage empire-building and resentment are what hurts the economy and encourages war. Instead of understanding how free markets, sound money, property rights, and civil liberties lead to prosperity and peace, the explanation is that the ensuing wars are explained by a “ clash of civilizations” stirred up by racial tensions and religious differences. This is something that always ends badly.

Here is the sequence: First, it’s the powerful financial interests that initiate empire building and control of natural resources. Second, the people’s response is to resist, and the occupying forces compensate by establishing puppet dictators to keep the peace by force. Third, when resistance builds, preemptive war is used to circumvent national and international restraints on initiating wars. Fourth, both sides develop reactionary groups, motivated by anger, cultural, and religious differences, and a desire to expel the foreign groups that occupied their land.

Today in the Middle East it’s the various uprisings over economic conditions, plus other concerns, that prompt a struggle to push governments to reflect the people desires rather than the dictates of foreign occupiers and their stooges. Witness the growth of Al Qaeda, ISIS, and other terrorist groups that currently saturate the entire Middle East.

In the United States, the “ clash of civilizations” is manifested by a contrived anger directed toward Islam, immigrants, and a worsening of wealth inequality. The latter results from a flawed economic policy and an ideology of entitlements.

Nearly everyone senses that there is grave danger on the horizon. This leads to an aggressive populism with an appeal to a broad spectrum of society. Note that numerous black ministers now claim they support billionaire Donald Trump’s promise of making everything right with America, delivered with an authoritarian confidence that the people welcome – a bit unusual for a Republican candidate for president.

This is a perfect set up for a clash between ISIS, inspired by a group of radical Islamists, and a tough and energetic populism promoted by Donald Trump. The ideology that encourages the use of force is engulfing the world and many are anxious to bring on the clash of civilizations for their own selfish purposes. Rough days are ahead, but ending an era of bad economic policy and lack of respect for liberty opens the door for the growing interest and understanding of liberty by a new generation. Voluntarism is far superior to the authoritarianism offered to the world today.

What seems to be support for constant escalating wars can all be reduced by replacing the bad policies of state-ism with a simple and easily understood philosophical principle: “The rejection of all aggression as a method for individuals or governments to alter society.” In spite of the chaos the world is now facing, the solution is not complex.  As the state entities continue to fail, a little common sense could go a long way in advancing the cause of liberty, peace and prosperity.

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lundi, 07 décembre 2015

Albania, uno scenario di primo piano nel jihadismo dei Balcani

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Albania, uno scenario di primo piano nel jihadismo dei Balcani

Giovanni Giacalone

Ex: http://www.ispionline.it

L'Albania sta assumendo un ruolo centrale riguardo alla radicalizzazione islamica nei Balcani. Lo conferma l'arresto, a Tirana, di due reclutatori dell'ISIS che, tra l'altro, avevano stretti legami con l'Italia. Una questione importante è legata al contesto delle moschee radicali albanesi, potenzialmente veri e propri centri di reclutamento di individui in situazioni socio-economiche precarie, a cui l'ISIS sembra offrire "nuove opportunità". Per questo motivo, e perché si contano già più di 140 jihadisti albanesi in Siria, l'Albania risulta un paese a rischio: da monitorare con attenzione.

L’Albania è recentemente diventata un panorama di primo piano per quanto riguarda la radicalizzazione islamista nei Balcani, con reti di propaganda e reclutamento attive sul territorio e con una stima di 140-160 jihadisti partiti per la Siria con l’obiettivo di unirsi a Isis e a gruppi qaedisti.  Risultano numerose le moschee fuori controllo, terreno potenzialmente fertile per la propaganda jihadista ed emergono inoltre interessanti i legami con l’Italia.

La rete di Genci Balla e Bujar Hysa e i legami con Almir Daci

Il principale network albanese di reclutamento era guidato da Genci Balla e Bujar Hysa, due imam attualmente in carcere a Tirana e sotto processo con l’accusa di propaganda e reclutamento. I predicatori erano stati arrestati nel marzo 2014 assieme ad altri sette individui: Gert Pashja (il punto di riferimento in Turchia che coordinava i viaggi dall’Albania alla Siria), Fadil Muslimani, Orion Reci, Edmond Balla, Astrit Tola, Zeqir Imeri e Verdi Morava.  Imeri e Hysa sono inoltre stati accusati di detenzione e fabbricazione di armi (Art. 278/2 Cod Penale albanese).1

Due degli arrestati avevano legami, diretti o indiretti, anche con l’Italia; Verdi Morava aveva infatti risieduto per diversi anni in Italia, dove aveva conseguito una laurea in ingegneria meccanica ed era inoltre titolare di una società di trasporti a Bologna.

Grande-albanie.pngBujar Hysa aveva invece svolto un ruolo chiave nel reclutamento di Aldo Kobuzi e di Maria Giulia Sergio. A inizio gennaio 2014 veniva intercettata una telefonata tra Hysa e il cognato di Aldo, Mariglen Dervishllari, il quale avvertiva l’imam: “Ti sto mandando mio fratello; gli ho dato il tuo numero di cellulare”.  Senza il supporto della rete di Balla e Hysa sarebbe stato impossibile per i due volontari jihadisti organizzare  e finanziarsi il viaggio in Siria.

Anche Dervishllari e sua moglie, Serjola Kobuzi, pare siano giunti in Siria grazie al supporto della medesima rete di reclutamento. E’ tra l’altro di due giorni fa la conferma della morte di Mariglen Dervishllari, avvenuta in territorio siriano e in circostanze ancora da chiarire.

Un altro personaggio che merita attenzione è Almir Daci, ex imam della moschea di Leshnica, nella zona di Pogradec, anch’egli legato alla rete di Balla e Hysa. Daci è apparso con il nome  “Abu Bilqis Al-Albani” nel noto video sui Balcani rilasciato dall’Isis a giugno 2015 e dal titolo “Honor is Jihad”. Daci non era soltanto in contatto con Dervishllari ma è anche ritenuto responsabile del reclutamento di Ervis Alinji e Denis Hamzaj, due ragazzi albanesi presumibilmente morti in Siria. Secondo fonti di Tirana, Hamzaj si sarebbe laureato in un’università italiana prima di rientrare in Albania e scomparire.2

Le moschee radicali

La Comunità Islamica Albanese (KMSH) ha recentemente chiesto l’aiuto delle Istituzioni per controllare le moschee radicali.  Secondo alcune stime sarebbero ben 89 le moschee a rischio e fuori della giurisdizione della KMSH, molte delle quali in zone ritenute a rischio, come la periferia di Tirana, Kavaja, Cerrik, Librazhd e Pogradec. Nei mesi scorsi sono poi stati segnalati diversi nuovi cantieri destinati alla costruzione di moschee e i cui finanziamenti risultano al momento poco chiari.3,4,5

In settimana presso la moschea Mezezit di Tirana, dove predicava Bujar Hysa, è stato nominato un imam ufficiale legato alla Comunità Islamica Albanese; potrebbe essere il primo passo verso una serie di misure che prevedono un allargamento del controllo sulle moschee da parte dell’Islam ufficialmente riconosciuto.

Albania come “trampolino di lancio” per i jihadisti

I reclutatori dell’Isis trovano terreno fertile in Albania,  focalizzandosi in molti casi su individui in precarie condizioni sociali, culturali ed economiche; è a questo punto che entra in gioco il meccanismo di reclutamento individuato dall’analista russo Alexei Grishin, fondato su approcci individuali al reclutamento, a seconda dell’età, del sesso, della condizione socio-psicologica del “candidato”. Un vero e proprio processo di “screening” col quale si individuano i “punti sensibili” sui quali far leva: risentimento nei confronti del contesto sociale, disagio economico, problematiche psicologiche di rilievo, esigenze personali. Non a caso l’Isis promette un’identità, uno stipendio, il matrimonio, illude i potenziali reclutati di ricoprire un ruolo di tutto rilievo nella costruzione di un’entità statale secondo dei dettami religiosi totalmente decontestualizzati e manipolati.

Al momento le stime ufficiali parlano di circa 140 jihadisti albanesi attivatisi in Siria: una trentina sarebbero rientrati in patria, una decina sarebbero morti. I nuclei familiari di albanesi trasferitisi nello “Stato Islamico” sarebbero  intorno ai 18 e 17 gli orfani.6

Conclusione

L’Albania sta progressivamente assumendo un ruolo di primo piano nel panorama jihadista balcanico, sia come sede di radicalizzazione e reclutamento e sia come luogo di partenza per la Siria. Uno scenario che non è certo da meno rispetto a quello bosniaco, con una storia di radicalizzazione un po’ più datata. L’incremento del radicalismo nel Pase delle Aquile rischia di avere conseguenze, dirette e indirette, anche sull’Italia, vista la vicinanza geografica e gli intensi rapporti tra le due aree; un contesto dunque da monitorare attentamente.

Giovanni Giacalone,  ISPI Associate Research Fellow

1.http://www.pp.gov.al/web/Prosecution_Office_sent_to_trial...

2.http://www.itstime.it/w/il-video-di-is-sui-balcani-a-mess...

3.http://www.lapsi.al/lajme/2015/11/26/raporti-sekret-89-xh...

4.http://www.balkaninsight.com/en/article/albania-muslims-c...

5.http://shqiptarja.com/home/1/gurra-xhamia-e-unaz-s-s--re-...

6.http://www.lapsi.al/lajme/2015/11/26/ekskluzive-17-f%C3%A...

Documento: 

commentarygiacalone1.12.2015.pdf

dimanche, 06 décembre 2015

En dynamitant le gazoduc South Stream, l'Union Européenne fait encore davantage pivoter la Russie et la Turquie vers l'Eurasie

L’Union européenne aurait donc infligé une défaite à Poutine en le forçant à abandonner le projet de gazoduc South Stream. C’est du moins ce qu’entonnent les médias institutionnels occidentaux. Quelle absurdité ! La réalité sur le terrain va dans un tout autre sens

En abandonnant le gazoduc South Stream au profit d’un Turk Stream, la toute dernière manœuvre spectaculaire dans la saga du Pipelinistan [1] ne manquera pas de causer une énorme onde de choc géopolitique dans toute l’Eurasie, et ce, pour un bon moment. C’est le nouveau grand jeu eurasiatique à son meilleur.

Résumons. Il y a quelques années, la Russie a conçu deux projets de gazoduc : le Nord Stream (aujourd’hui pleinement opérationnel) et le South Stream (toujours à l’état de projet), afin de contourner l’Ukraine, qui est peu fiable comme pays de transit. Voilà maintenant que la Russie propose un nouvel accord avantageux avec la Turquie, qui lui permet d’ignorer la position de la Commission européenne, qui n’est pas constructive (dixit Poutine).

 Une récapitulation s’impose pour comprendre le jeu en cours. Il y a cinq ans, j’ai suivi de très près l’opéra absolu [2] du Pipelinistan qu’était la guerre des gazoducs rivaux South Stream et Nabucco. Nabucco avait fini par être écarté. Le South Stream pourrait éventuellement ressusciter, mais seulement si la Commission européenne retrouve ses sens (ne parions pas là-dessus)

S’étendant sur 3 600 kilomètres, le South Stream devait être en place en 2016. Ses embranchements devaient atteindre l’Autriche, les Balkans et l’Italie. Gazprom en possède 50 % des parts, l’italienne ENI 20 %, la française EDF 15 % et l’allemande Wintershall, une filiale de BASF, 15 %. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces grandes sociétés énergétiques européennes ne sont pas particulièrement enchantées. Pendant des mois, Gazprom et la Commission européenne tergiversaient à propos d’une solution. Sans surprise, Bruxelles a fini par succomber à sa propre médiocrité ainsi qu’aux pressions continuelles des USA par rapport à la Bulgarie, son maillon faible.

La Russie va toujours construire un gazoduc sous la mer Noire, sauf qu’il sera redirigé vers la Turquie et livrera la même quantité de gaz que celle prévue dans le projet South Stream (un point crucial). La Russie va aussi construire un nouveau terminal pour le gaz naturel liquéfié (GNL) en Méditerranée. Gazprom n’a donc pas dépensé cinq milliards de dollars (financement, coûts d’ingénierie) en vain. La réorientation s’avère un choix judicieux du point de vue économique. La Turquie est le deuxième client en importance de Gazprom après l’Allemagne. Son marché est plus important que ceux de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’Autriche réunis.

La Russie propose aussi un réseau unique de transport gazier capable de livrer du gaz naturel de partout en Russie à n’importe quel terminal à ses frontières.

Finalement, comme si elle en avait besoin, la Russie obtient une autre preuve éclatante que le véritable marché à forte croissance de l’avenir, c’est en Asie qu’il se trouve, plus particulièrement en Chine, et non pas dans une Union européenne timorée, stagnante, dévastée par l’austérité et paralysée politiquement. Le partenariat stratégique russo-chinois en constante évolution sous-entend que la Russie est complémentaire à la Chine, en excellant dans les projets d’infrastructure majeurs comme la construction de barrages et l’installation de pipelines. Nous assistons ici à des relations d’affaires trans-eurasiatiques ayant une grande portée géopolitique et non pas à l’adoption de politiques teintées d’idéologie.

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Alexandr Zudin

 Une défaite russe ? Vraiment ?

La Turquie aussi en sort gagnante. Car outre l’accord avec Gazprom, Moscou va mettre sur pied rien de moins que l’ensemble de l’industrie nucléaire de la Turquie, sans oublier l’augmentation des échanges liés au pouvoir de convaincre (plus de commerce et de tourisme). Mais avant tout, la Turquie se rapproche encore plus d’être acceptée comme membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Moscou milite activement en ce sens. La Turquie accéderait ainsi à une position privilégiée comme plaque tournante à la fois de la ceinture économique eurasiatique et, évidemment, de la ou des nouvelles routes de la soie chinoises. L’Union européenne bloque l’entrée de la Turquie ? La Turquie se tourne vers l’Est. Un exemple éloquent d’intégration eurasiatique.

Washington fait tout en son pouvoir pour créer un nouveau mur de Berlin s’étendant des pays baltes à la mer Noire, afin de mieux isoler la Russie. Pourtant, l’équipe chargée de ne pas faire de conneries à Washington n’a jamais vu venir le dernier coup que le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine leur réservait, à partir de la mer Noire en plus.

Depuis des années, Asia Times Online rapporte que l’impératif stratégique clé de la Turquie est de se positionner comme un carrefour énergétique indispensable de l’Orient à l’Occident, d’où transitera aussi bien le pétrole irakien que le gaz naturel de la mer Caspienne. Du pétrole de l’Azerbaïdjan transite déjà par la Turquie via l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) mis de l’avant par Bill Clinton et Zbig Brzezinski. La Turquie deviendrait aussi le carrefour du gazoduc transcaspien, si jamais il se concrétisait (rien n’est moins sûr), pour acheminer le gaz naturel du Turkménistan à l’Azerbaïdjan, puis à la Turquie jusqu’à sa destination finale en Europe.

Ce qu’a accompli le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine en un seul coup, c’est de faire en sorte que les sanctions stupides imposées par l’Union européenne se tournent de nouveau contre elle. L’économie allemande souffre déjà beaucoup des pertes commerciales avec la Russie.

La brillante stratégie de la Commission européenne gravite autour de ce qu’on appelle le troisième paquet énergie, qui oblige les gazoducs et leur contenu d’appartenir à des sociétés distinctes. La cible a toujours été Gazprom, qui possède des gazoducs dans de nombreux pays en Europe centrale et de l’Est. Puis la cible dans la cible a toujours été le gazoduc South Stream.

Il appartient maintenant à la Bulgarie et à la Hongrie qui, soit dit en passant, se sont toujours opposées à la stratégie de la Commission européenne, d’expliquer le fiasco à leurs populations et de maintenir la pression sur Bruxelles. Après tout, ces pays vont perdre une fortune, sans parler du gaz qu’ils n’obtiendront pas avec la mise au rancart du South Stream.

Voici ce qu’il faut retenir :

  • la Russie vend encore plus de gaz… à la Turquie ;
  • la Turquie obtient le gaz dont elle a grandement besoin à un prix d’ami ;
  • les membres de l’Union européenne, sous la pression de l’Empire du Chaos, en sont réduits à courir encore et encore comme des poules sans tête dans les sombres couloirs de Bruxelles, en se demandant qui les a décapités.

Pendant que les atlantistes reviennent à leur mode par défaut et concoctent encore d’autres sanctions, la Russie continue à acheter de plus en plus d’or.

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La relation Turquie-Russie, vue par le dessinateur libanais Hassan Bleibel : désaccord sur la Syrie, la Crimée et Chypre, accord sur le gaz et le pétrole

 Méfiez-vous des lances néoconservatrices

Le jeu n’est pas terminé, loin de là. Dans un proche avenir, bien des variables vont se croiser.

Ankara pourrait changer son jeu, mais c’est loin d’être assuré. Le président Erdogan, le sultan de Constantinople, voit sûrement dans le calife Ibrahim de l’EIIS/EIIL/Da’ech un rival voulant lui ravir sa superbe. Le sultan pourrait ainsi caresser l’idée d’atténuer ses rêves néo-ottomans et revenir à sa doctrine de politique étrangère précédente, soit zéro problème avec nos voisins.

Pas si vite ! Jusqu’ici, Erdogan était engagé dans le même jeu que la maison des Saoud et la maison des Thani, c’est-à-dire se débarrasser d’Assad pour assurer la mise en place d’un oléoduc partant de l’Arabie saoudite et d’un gazoduc partant du gisement gazier géant South Pars/North Dome au Qatar. Ce gazoduc liant le Qatar, l’Irak, la Syrie et la Turquie entre en concurrence avec le gazoduc Iran-Irak-Syrie déjà proposé, dont les coûts s’élèvent à 10 milliards de dollars. Le client final, c’est bien sûr l’Union européenne, qui cherche désespérément à échapper à l’offensive de Gazprom.

Qu’arrivera-t-il maintenant ? Erdogan va-t-il mettre fin à son obsession qu’Assad doit partir ? Il est trop tôt pour le dire. Le ministère des Affaires étrangères turc est en effervescence. Washington et Ankara sont sur le point de s’entendre à propos d’une zone d’exclusion aérienne le long de la frontière turco-syrienne même si, plus tôt cette semaine, la Maison-Blanche a insisté pour dire que l’idée avait été rejetée.

La maison des Saoud a l’air d’un chameau dans l’Arctique. Son jeu meurtrier en Syrie s’est toujours résumé à un changement de régime pour permettre la construction éventuelle d’un oléoduc de la Syrie à la Turquie parrainé par les Saoudiens. Voilà maintenant que les Saoudiens constatent que la Russie est sur le point de répondre à tous les besoins énergétiques de la Turquie, en occupant toujours une position privilégiée pour vendre encore plus de gaz à l’Union européenne dans un proche avenir. Qui plus est, Assad doit partir ne part pas.

Pour leur part, les néoconservateurs aux USA affûtent leurs pointes de lance empoisonnées avec enthousiasme. Dès le début de 2015, une loi sur une Ukraine libre pourrait être déposée à la Chambre des représentants. L’Ukraine y sera décrite comme un important allié des USA non membre de l’Otan, ce qui se traduira, en pratique, par une annexion virtuelle à l’Otan. Il faudra ensuite s’attendre à encore plus de provocation néoconservatrice turbopropulsée contre la Russie.

Un scénario possible serait qu’un vassal et chiot comme la Roumanie ou la Bulgarie, sous la pression de Washington, décide d’accorder aux navires de l’Otan le plein accès à la mer Noire. De toute façon, qui se soucierait qu’une telle décision violerait les accords existants au sujet de la mer Noire touchant à la fois la Russie et la Turquie ?

Entre aussi en compte un connu inconnu rumsfeldien dangereux, à savoir comment les pays fragiles des Balkans vont réagir à l’éventualité d’être subordonnés aux caprices d’Ankara. Bruxelles aura beau maintenir la Grèce, la Bulgarie et la Serbie dans une camisole de force, il n’en demeure pas moins que sur le plan énergétique, ces pays vont commencer à dépendre de la bonne volonté de la Turquie.

Pour le moment, contentons-nous de mesurer la magnitude de l’onde de choc géopolitique causée par le dernier coup du maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine. Préparez-vous aussi en vue du prochain épisode du pivot vers l’Eurasie amorcé par la Russie. Poutine se rend à Delhi la semaine prochaine. Attendez-vous à une autre bombe géopolitique.

Notes

[1] Guerre liquide : Bienvenue au Pipelineistan, Mondialisation.ca, 03-04-2009

[2] Tomgram : Pepe Escobar, Pipelineistan’s Ultimate Opera, TomDispatch.com, 01-10-2009

Pepe Escobar Пепе Эскобар

Original: Russia and Turkey pivot across Eurasia

Traduit par Daniel

Traductions disponibles : Italiano  Português 

Source: Tlaxcala, le 5 décembre 2014

US Lawmaker Sees "Ample Evidence Of Turkey's Complicity In ISIS's Murderous Rampage"

By

Zero Hedge

At this point, it’s abundantly clear that the US is on the wrong side in the Mid-East.

Washington has always resorted to covert operations and support for unsavory characters on the way to bringing about regime change in countries whose governments aren’t deemed conducive to American interests. That’s nothing new.

Usually, however, there’s at least a semi-plausible argument to be made for why Washington feels the need to support one side over the other.

In Syria, there’s no such argument.

hamireee.jpgThe idea that the Russians and Iranians represent a bigger to the world than ISIS doesn’t even make sense to the most clueless members of the American electorate and indeed, the very idea Putin that is more dangerous than Baghdadi isn’t consistent with Washington’s contention that Islamic State represents the greatest threat to mankind since the Reich. Furthermore, more and more Westerners are starting to understand that the Saudis and their brand of puritanical Islam are really no different from ISIS – the only real distinction between the two is in how many barrels of oil they pump each day. The implication of that rather sobering assessment is that perhaps Washington should be supporting Tehran rather than Riyadh when it comes to picking a Mid-East power broker ally.

And then there’s Turkey, where NATO stood aside and watched as Erdogan started a civil war in order to nullify a democratic election outcome. Now, he’s shooting down Russian planes and trafficking ISIS crude.

In short: this makes absolutely no sense. The US should be aligned with Russia and Iran in Syria, not with Turkey, not with Saudi Arabia, not with Qatar (all of whom fund Sunni extremism) and most certainly not with the FSA, al-Nusra, and/or ISIS.

Well, thankfully, US lawmakers are beginning to wake up to what’s going on as evidenced by Hawaii congresswoman Tulsi Gabbard’s campaign to stop what she calls the “illegal war” against Assad. In the latest example of lawmaker revolt against Washington’s Syria strategy, Rep. Dana Rohrabacher, chairman of the House Foreign Affairs Subcommittee on Europe, Eurasia, and Emerging Threats recently issued a statement on everything the US is doing wrong. It’s presented below without further comment.

*  *  *

Via Rep. Dana Rohrabacher’s Facebook page

Rohrabacher Statement on Turkey’s Clash with Russia

WASHINGTON – Rep. Dana Rohrabacher, chairman of the House Foreign Affairs Subcommittee on Europe, Eurasia, and Emerging Threats, on Saturday issued the following statement concerning Turkey’s shooting down of a Russian jet fighter on the Turkey-Syria border:

It is imperative that American decision-makers admit to themselves and begin basing their decisions on the hard fact that Islamic terrorism poses the primary threat to our safety and the peace of the world.

Our president seems incapable of uttering the phrase Islamic terrorism, much less of overseeing a policy that will defeat this evil. His incoherence is ever more evident as events in Syria unfold.

Not radical Islam, but the Russians have been portrayed to us as the villains in this chapter of history. Yet our government demonstrates a lack of will, incompetence, or both, in confronting the most monstrous of the radical Islamic marauders now spilling vast quantities of innocent blood in the Middle East — as well as in Africa and France.

When Russia courageously stepped into the breach we should have been applauding its willingness to confront ISIS. Instead, we continue to denigrate Russians as if they were still the Soviet Union and Putin, not Islamic terrorists, our most vicious enemy.

So now we see the travesty of a harsh condemnation of the Russians for introducing air strikes against terrorists who will murder Americans if they get the chance.

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Yes, Russia does this to protect Syria’s authoritarian Assad regime, which has close ties to Moscow. So what?

Assad, like Iraq’s Saddam Hussein, is no threat to the United States or the Western world. If Assad is forced out of power he will eventually be replaced by an Islamic terrorist committed to raining down mayhem on Western countries.

Today we witness the spectacle of American decision- makers, in and out of the Obama administration, joining forces with a Turkish regime that grows more supportive of the radical Islamist movement. There is ample evidence of President Erdogan’s complicity in ISIS’s murderous rampage through Syria and Iraq.

Yet, we hold our public rebukes for the Russians, who are battling those terrorists. A Russian plane on an anti-terrorist mission did violate Turkish airspace, just as Turkish planes have strayed into Greek airspace hundreds of times over the last year. This overflight was no threat to Turkey. Still, it was shot down, as was a Russian helicopter on the way to rescue the downed Russian pilot.

Why do Americans feel compelled to kick Russia in the teeth? Russia’s military is attacking an enemy that would do us harm. Why ignore the hostile pro-terrorist maneuvering of Turkish strongman Erdogan?

President Obama is wrong. American politicians who try to sound tough at Russia’s expense in this case are not watching out for the long-term interests of the United States by undermining those fighting our primary enemy, Islamic terrorists.

Russia should be applauded. Instead, it is being castigated for doing what our government is unwilling to do to confront the terrorist offensive now butchering innocent human beings from Africa, to the Middle East, to the streets of Paris.

If being in NATO means protecting Erdogan in this situation, either he shouldn’t be in NATO or we shouldn’t.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

samedi, 05 décembre 2015

Entrevista a Claudio Mutti: “la guerra civil islámica”

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Entrevista a Claudio Mutti: “la guerra civil islámica”.

por Adriano Scianca

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

¿Un choque de civilización entre Occidente y el Islam? Qué va, el conflicto actualmente en curso es (sobre todo) interior al mismo mundo musulmán. De ello está convencido Claudio Mutti, director de la revista Eurasia, que dedica en su último número un dossier a “La guerra civil islámica”. Y en este choque las facciones aparentemente más aguerridas (salafistas y wahhabitas), son justo las que tienen vínculos históricos con las fuerzas de occidente.

Adriano Scianca – El último editorial de Eurasia, la revista de geopolítica que usted dirige, se titula “La guerra civil islámica”. ¿Quiénes son los actores de este conflicto dentro de la religión musulmana y qué es lo que está en juego?

Claudio Mutti – La expresión “guerra civil islámica” utilizada en el editorial del trigésimo noveno número de Eurasia debe entenderse en un sentido amplio, ya que el actualmente en curso no es propiamente un conflicto en el que se enfrentan los ciudadanos de un mismo Estado, incluso si no faltan casos de guerra civil real; tratándose en cambio de un conflicto que opone a Estados, instituciones, corrientes, grupos pertenecientes al mundo musulmán, sería más exacto hablar de “guerra intraislamica”. El enfrentamiento en cuestión debe remontarse a la tentativa puesta en práctica por fuerzas históricamente cómplices del Occidente británico y estadounidense, para instaurar su hegemonía en el mundo musulmán. Gracias además a los petrodólares de los que pueden disponer, estas fuerzas, que sobre el plano ideológico se expresan (sobre todo, pero no solamente) en las desviaciones wahhabita y salafista, ejercen su influencia sobre una parte considerable de la comunidad de creyentes. Esta tentativa hegemónica, además de encontrar las renuencias del Islam tradicional, ha suscitado durante mucho tiempo la fuerte oposición del nasserismo (hasta Gaddafi) y de las corrientes revolucionarias. Hoy su principal obstáculo está representado por el Islam chiíta. De ahí el feroz sectarismo anti-chií que anima a los corrientes heterodoxas y que, por desgracia, también se ha extendido a áreas del Islam que se suponía exentas de ello.

AS – La intervención rusa en Siria parece haber cambiado el rumbo del conflicto. ¿Cree que es posible, para Assad, volver a la situación pre-bélica o ya una porción de su poder y de su soberanía puede darse en todo caso por perdida para siempre?

CM – El gobierno sirio, que todos daban ya por desahuciado, logró sobrevivir a una agresión y a una guerra civil durante más de cuatro años. La alianza euroasiática de Siria, Irán, Hezbollah y Rusia ha prevalecido sobre la coalición occidental y sobre el sedicente “Estado islámico” que la primera ha diseñado, financiado, armado y entrenado. Se trata de la primera derrota geopolítica infligida a los Estados Unidos y sus satélites desde el fin de la Guerra Fría. En este contexto, no creo que Assad deba temer una pérdida del propio poder, tanto es así que el presidente sirio se ha declarado dispuesto a afrontar nuevas elecciones presidenciales. Hace unos días, el 23 de octubre, después de reunirse con John Kerry y los ministros de exteriores turco y saudí, el ministro de Asuntos Exteriores ruso, Sergei Lavrov, ha desmentido del modo más categórico que durante las negociaciones sobre la crisis siria los participantes hayan abordado la cuestión de la dimisión del presidente Assad. Algo antes, Dmitrij Trenin, director del Carnegie Center de Moscú, dijo que para Putin “Assad no es una vaca sagrada” y que su único interés es “salvar el estado sirio, evitando que se fragmente como ha sucedido en Libia o en Yemen”. Sin embargo, una cosa es cierta: Rusia tiene considerables intereses geoestratégicos en Siria, un país que durante más de cuarenta años es su aliado y que alberga en Tartus la única base mediterránea de la Armada rusa. No sólo eso, sino que los rusos han construido una base aérea en Al-Ladhiqiyah (Laodicea), que es un bastión de Assad. No creo, por tanto, que Rusia quiera crear en Damasco las condiciones de un vacío de poder que daría a los aliados de los EEUU la forma de soplar de nuevo sobre el fuego del terrorismo.

AS – En estos días la situación se está caldeando demasiado en los territorios palestinos. ¿Por qué precisamente ahora se vuelve al borde de una “tercera Intifada”? ¿Es un fenómeno que puede ser enmarcado de alguna manera en la convulsión general de la zona?

CM – La “tercera Intifada”, la denominada “Intifada de los cuchillos”, es una gran oportunidad para el eje ruso-iraní, cuya línea estratégica puede abrir perspectivas de victoria para la causa palestina. Acabando con la monstruosidad representada por el sedicente “Estado islámico” y garantizando la seguridad de la República Árabe de Siria, el eje ruso-iraní conseguirá en efecto el resultado de modificar radicalmente la situación en el Oriente Medio. Como consecuencia de ello, el papel de Estados Unidos en la región resultará fuertemente redimensionado, y por lo tanto también la hegemonía de la entidad sionista será puesta en tela de juicio. Si la alianza ruso-iraní quiere llevar hasta el final las medidas adoptadas hasta el momento, tendrá que sostener de manera decisiva la lucha del pueblo palestino; pero los líderes palestinos deberán a su vez romper los vínculos con aquellos gobiernos de la región que sustentan la presencia estadounidense y son cómplices del régimen de ocupación sionista.

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AS ¿Cuál es la relación de las corrientes wahhabita y salafista con la religión islámica? ¿No representan una exacerbación o una perversión? ¿Y cuáles son, en cambio, sus vínculos con el Occidente anglo-americano?

CM – Los movimientos wahhabitas y salafistas, aunque nacidos en lugares y circunstancias históricas diferentes, declaran ambos luchar por un objetivo esencialmente idéntico: reconducir el Islam a aquello que era, al menos en la imaginación de sus seguidores, en el momento de las primeras generaciones de musulmanes. Estas corrientes rechazan tanto el magisterio espiritual ejercido por los maestros de las hermandades sufíes, como las normas de la Ley sagrada (Sharia) elaborada por las escuelas jurídicas tradicionales (sunitas y chiítas). Su interpretación del Corán y de la Sunna Profética (únicas fuentes de la doctrina que ellos reconocen) se caracteriza por un obtuso literalismo anti-espiritual que no rehúye incluso el antropomorfismo.

Desde su creación, estos movimientos heterodoxos y sectarios han actuado en connivencia con Gran Bretaña, convirtiéndose en instrumentos de sus planes de dominio en el mundo musulmán. El fundador del movimiento salafista, Al-Afghani, iniciado en la masonería en una logia del rito escocés de El Cairo, hizo entrar en la organización masónica a los intelectuales de su círculo, entre ellos a Muhammad ‘Abduh, quien en 1899 se convirtió en Mufti de Egipto con el plácet de los ingleses. Lord Cromer, uno de los principales artífices del imperialismo británico, definió a los seguidores de Muhammad ‘Abduh como “los aliados naturales del reformador occidental”.

En cuanto a los wahhabitas, Ibn Saud fue patrocinado por Gran Bretaña, que en 1915 fue el único estado en el mundo en establecer relaciones oficiales con el Sultanato wahhabita del Nejd y en 1927 reconoció el nuevo reino wahhabita del Nejd y del Hiyaz. Consejero de Ibn Saud fue Harry Philby, el organizador de la revuelta árabe anti-otomana, el mismo que apoyó ante Churchill, el barón Rothschild y Weizmann el proyecto de una monarquía saudita encargada de controlar por cuenta de Inglaterra la ruta a la India. Al patrocinio británico lo sustituyó luego el estadounidense; si ya en 1933 la monarquía saudí había otorgado en concesión a la Standard Oil el monopolio de la explotación petrolífera, y en 1934 había concedido a otra compañía estadounidense el monopolio de la extracción de oro, el 01 de marzo de 1945 el rey wahhabita selló la nueva alianza con los EEUU reuniéndose con Roosevelt a bordo del Quincy.

AS – Los dos recientes premios Nobel de la Paz y de Literatura tiene notables implicaciones geopolíticas. ¿Puede darnos su comentario?

CM – Debe tenerse presente que el premio Nobel no es en absoluto una institución neutral y libre de condicionamientos políticos. El Premio Nobel de la Paz, en particular, ha sido concedido más veces a personalidades de la política, de la cultura e incluso de la religión que han servido a los intereses de los Estados Unidos de América o del régimen sionista, quizás a través de la subversión, la mentira propagandística, la acción terrorista y la agresión militar contra otros países. Me limito a mencionar algunos nombres, sobre los que no es necesario hacer ningún comentario: Woodrow Wilson, Henry Kissinger, Menachem Begin, Lech Walesa, Elie Wiesel, el XIV Dalai Lama Tenzin Gyatso, Gorbachov, Aung San Suu Kyi, Shimon Peres, Yitzhak Rabin, Barack Obama. Este año el Premio Nobel de la Paz ha sido concedido al llamado Cuarteto para el diálogo nacional tunecino, en reconocimiento a su “contribución decisiva para la construcción de una democracia plural en Túnez a raíz de la Revolución del Jazmín en 2011”. En resumen, ha sido premiada la llamada “Primavera árabe”, es decir, el vasto movimiento de desestabilización que la “estrategia del caos” ha favorecido en las costas meridional y oriental del Mediterráneo. Análogo significado reviste también la decisión de conceder el Nobel de Literatura a una periodista sobre la que recae la acusación infamante de ser un agente de la CIA.

26 de octubre 2015

(Traducción de Página transversal).

Fuentes: Eurasia Rivista di studi geopolitici e Il Primato Nationale.

La coalition impossible

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La coalition impossible

Ou comment la destruction du SU-24 russe fait tomber le masque de l’OTAN…
 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

C’est l’incident aérien le plus grave jamais survenu entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis 1950. Mardi 24 novembre, un Soukhoï 24 (SU-24) de l’armée de l’air russe a été abattu par deux F-16 turcs  dans la région du Hatay, au nord-ouest de la Syrie. Selon les informations de prochetmoyen-orient.ch, fondées sur plusieurs sources militaires russes et celles de deux services européens de renseignement, l’avion russe évoluait dans l’espace aérien syrien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque et ce sont bien les deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien en suivant une « procédure d’interception directe », lancée contre l’appareil russe.

Cette opération aurait été directement initiée et gérée par l’état-major central des forces armées turques basé dans la banlieue d’Ankara. Elle aurait été programmée au lendemain des frappes effectuées quelques jours auparavant par Moscou contre des camps de jihadistes turkmènes, dans le nord-ouest de la Syrie. Et cette mission de représailles était d’autant plus importante pour le commandement d’Ankara,  qu’une dizaine de membres des forces spéciales turques, engagées aux côtés des jihadistes sur territoire syrien, font partie des victimes des raids de la chasse russe.

Plusieurs informations supplémentaires  renforcent cette lecture d’une opération programmée dont le Pentagone était parfaitement tenu informé, presque heure par heure… Selon les sources de prochetmoyen-orient.ch, 27 chars déployés dans des provinces occidentales de la Turquie avaient été acheminés sur des plateformes ferroviaires à Gaziantep, dans le sud du pays, d'où ils avaient gagné la frontière syrienne sous escorte de la police et de la gendarmerie. Dans ce contexte, l’état-major turc menait l’une des manœuvres inter-armées les plus importantes des dix dernières années le long de sa frontière syrienne. Selon un communiqué de l'état-major général, cette opération a réuni 18 chasseurs F-16. Enfin, nos sources confirment qu’Ankara a bien consulté Washington avant d’abattre le SU-24 !


Sans surprise, le président Barack Obama a aussitôt exprimé son soutien à la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, en avançant son « droit à défendre l’intégrité de son territoire national », juste avant Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui a affirmé sans ciller que l’avion russe avait bel et bien violé l’espace aérien turc ! Plus discrète mais sans ambiguïté, Angela Merkel y allait elle-aussi de son soutien obligé à Ankara.  En effet, il s’agit de ne pas indisposer Recep Erdogan qui continue d’exercer son chantage aux migrants sur une Union européenne (UE) tétanisée qui s’apprête à lui verser trois milliards d’euros. Ce pauvre Jean-Claude Junker, qui préside la Commission comme un club de foot de deuxième division, n’a pas compris que ce « loyer » n’était que la caution d’un bail très éphémère. Erdogan fera boire à l’UE le calice jusqu’à la lie en exfiltrant, au coup par coup et selon son agenda et ses impératifs, les réfugiés des guerres proches et moyen-orientales qui campent à ses frontières.

Ce chantage aux migrants n’est qu’une carte supplémentaire dans le jeu d’Erdogan qui prétend poursuivre ses procédures d’adhésion à l’UE au moment même où il bombarde prioritairement des combattants kurdes pourtant engagés au sol et en première ligne contre les terroristes de Dae’ch  et alors qu’il  accentue sa dérive fascisante en menaçant toujours plus les libertés civiles et politiques. Ce n’est pas la question du jour, pourrait-on dire, mais elle constitue un handicap originel, sinon original : comment l’UE peut-elle sérieusement continuer à envisager l’adhésion d’un pays qui occupe l’un de ses Etats membres depuis 1974 ? Comment s’accorder sur des « valeurs européennes communes », alors qu’Ankara n’a toujours pas reconnu le génocide arménien ? Etc..

Ces détails de l’histoire n’encombraient certainement pas les consciences de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, estimant - à l’unisson en leur temps - que pour tuer l’Europe politique, il fallait l’élargir à l’infini pour la transformer en un grand marché, une espèce de grande Suisse néolibérale en y intégrant prioritairement les anciens membres du Pacte de Varsovie et la Turquie, porte-avions de l’OTAN, veillant à l’articulation stratégique de l’Europe et de l’Asie. Nous y sommes : Thatcher et Bush ont gagné ! Leurs héritiers - Bush/Obama, Blair/Cameron, Sarkozy/Hollande - suivent la même ligne et en rajoutent. Détruisant tout ce qui subsistait de l’héritage gaullien, Paris a rejoint le commandement intégré de l’OTAN. L’UE se charge désormais d’interdire les fromages à pâte molle pendant que l’Alliance Atlantique s’occupe des choses sérieuses… Et c’est principalement cette évidence géostratégique, sur la table et aux yeux de tous, qui empêche la formation d’une seule et unique coalition contre Dae’ch et le terrorisme salafo-jihadiste.

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Dans les limites de cette imparable équation et après le crash de l’avion russe dans le Sinaï, les attentats de Beyrouth, Bagdad, Paris et Tunis, il était  sans doute pertinent de rencontrer personnellement cinq chefs d’Etat ou de gouvernement , dont trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le bilan de ce marathon diplomatique est plutôt maigre, estime un diplomate français qui a suivi la tournée de très près : « toujours plus démocratiques que Sa majesté, nos ‘amis’ britanniques ont promis d’ « intervenir » à nos côtés après un débat aux Communes ; les Allemands ont promis quelques boîtes de choucroute aux coopérants militaires présents en Irak ; le Pentagone nous transmettra du renseignement transgénique tandis que les Chinois relisent Confucius… Restait Vladimir Poutine, qui avait proposé exactement ce que souhaite aujourd’hui François Hollande, fin septembre à la tribune de l’Assemblée de l’ONU… avant de se faire éconduire poliment - à cause de l’Ukraine notamment. Il a eu la délicatesse de ne pas revenir sur le fiasco des porte-hélicoptères Mistral… »  

Mais là, c’est François Hollande qui est gêné aux entournures. « Notre travailleur de la mer reste accroché au bigorneau du « ni-ni » (ni Dae’ch-ni Bachar), sans repérer la pieuvre et ses multiples tentacules qui menacent la profondeur des ondes planétaires », poursuit notre diplomate qui conclut : « mais surtout, comme membre à part entière d’une OTAN dont la France vient de réintégrer le Commandement intégré, le président de la République peut difficilement faire cavalier seul avec le camarade Poutine ! Sur ce plan, Barack Obama reste le patron incontesté et donne le « la ». Ce que nos lumières du Quai d’Orsay ont le plus grand mal à comprendre : c’est précisément que le président américain ne mène pas sa ‘guerre contre la terreur’ avec le même logiciel que celui de Laurent Fabius ». Et François Hollande ne peut plus, désormais parler de « coalition » avec Moscou mais doit s’en tenir à une simple « coordination »concernant  les frappes !

Un téléphone rouge relie déjà les états-majors américain, russe et syrien afin d’éviter que tous leurs avions n’entrent en collision ou ne se tirent dessus. Ankara n’a pas décroché le même combiné… Cet oubli n’est pas un dysfonctionnement et correspond au contraire à une implacable logique. Au début de son deuxième mandat, Barack Obama avait clairement dit que les intérêts des Etats-Unis à l’horizon 2040 se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale, reprenant mot pour mot la définition des priorités « eurasiatiques » du Polonais Zbigniew Brzezinski. Toujours très influent parmi les stratèges démocrates, cet ancien conseiller à la Sécurité de Jimmy Carter estime depuis la fin de la Guerre froide que les Etats-Unis doivent décentrer leurs engagements moyen-orientaux pour les redéployer en Asie afin de contenir la Chine et de prévenir le retour stratégique de la Russie, d’où une nécessaire normalisation avec l’Iran notamment.

Ainsi le Pentagone gère les crises irako-syriennes, israélo-palestiniennes et pakistano-afghanes en fonction de celle de l’Ukraine, de celles d’Europe centrale, régulièrement attisées par la Pologne et la Lituanie, ainsi que des nouveaux foyers de confrontation, dont le Grand nord arctique[1] où un partage des richesses naturelles et des positions stratégiques s’annonce des plus problématiques… Dans la plupart de ces déchirures de la mondialisation contemporaine, l’UE fait fonction de cheval de Troie de l’OTAN qui avance masqué, son programme de bouclier anti-missiles sous le bras. Cette nouvelle arme a deux fonctions essentielles : achever le démantèlement des industries européennes de défense dont celle de la France éternelle et essouffler celles de la Russie et de la Chine comme le fît, en son temps, le programme reaganien de « guerre des étoiles ».

Par conséquent, il était organiquement impossible que Barack Obama accepte la proposition de Vladimir Poutine d’une coalition unique anti-Dae’ch, comme il est inconcevable de voir François Hollande pactiser, plus que de raison, avec le président russe. C’est d’une aveuglante évidence : la Guerre froide se poursuit tranquillement par d’autres moyens… depuis le démantèlement du Pacte de Varsovie et les consolidations successives d’une OTAN dont la principale mission demeure la reproduction de l’hégémonie stratégique, économique, politique, sinon culturelle de Washington et de ses supplétifs.

A cet égard, le lancement à grand tam-tam de la série policière Occupied constitue l’un des derniers symptômes du déferlement de la propagande néoconservatrice qui submerge nos médias depuis plusieurs années. Publicité : « Qu'aurions-nous fait pendant l'Occupation ? Aurions-nous eu le courage de résister à l'envahisseur ou la lâcheté de continuer à vivre presque comme avant ? Telle est l'obsédante question soulevée par la série Occupied, diffusée à partir de ce jeudi soir sur Arte à 20 h 55. À l'origine de ce thriller politique au budget de 11 millions d'euros, l'écrivain norvégien Jo Nesbo, qui a imaginé l'invasion de la Norvège par la Russie ». Sans commentaire !

La question demeure depuis la chute du Mur de Berlin : pourquoi ne pas avoir démantelé l’OTAN, comme on l’a fait avec le Pacte de Varsovie pour initier un nouveau système de sécurité collective englobant l’ensemble de l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural ? Inconcevable pour Washington où la grande majorité des policy makers se considéraient comme seuls vainqueurs de la Guerre froide, sûrs de leur droit historique à engranger sans partage les dividendes de la nouvelle donne. Et comme toujours, le Pentagone et Hollywood devaient justifier, habiller et moraliser les profits de leur infaillible messianisme : l’OTAN partout, c’est pour le bien de l’humanité tout entière…

Le 27 mai 1997, Javier Solana - à l’époque patron de l’OTAN - et Boris Eltsine (à jeun), signaient à Paris un « Acte-fondateur OTAN-Russie ». Sans cynisme, Washington saluait un « partenariat naturel ». Ses propagandistes communiquaient : « l'Acte fondateur OTAN-Russie instaure solidement la base d'un partenariat de sécurité permanent entre les deux parties, balayant l'idée qu'elles devaient être ennemies à tout jamais. La signature de l'Acte ne signifie pas que les différences d'orientation ou de vues s'évanouiront du jour au lendemain. Mais elles pourront s'estomper, au fil du temps, à travers un processus de larges consultations régulières sur des questions politiques et de sécurité au sein du nouveau Conseil conjoint permanent. La tâche principale consistera à passer du papier à la réalité en exploitant pleinement les nouvelles occasions ». On connaît trop la suite…

Trois ans auparavant, la Russie avait rejoint le « Partenariat pour la paix », la Russie et l’OTAN signant plusieurs accords importants de coopération. Ces derniers portaient notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire. Puis fut inventé le Conseil OTAN-Russie (COR), une instance de consultation, de coopération, de décision et d'actions conjointes dans le cadre duquel les différents États membres de l'OTAN et la Russie devaient travailler ensemble en tant que partenaires égaux sur toute une gamme de questions de sécurité d'intérêt commun.

Le COR était officiellement créé le 28 mai 2002, date à laquelle le président russe Vladimir Poutine et les membres de l'OTAN signaient sur la base militaire italienne de Patricia di Mare la déclaration de Rome. Le 1er avril 2014, en réponse au rattachement de la Crimée à la Russie, intervenant après la destitution du gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch et le coup de force portant au pouvoir à Kiev un gouvernement pro-occidental, l'OTAN décidait unilatéralement de mettre un terme à la coopération avec la Russie, suspendant de fait le conseil OTAN-Russie.

Depuis, nous ne sommes pas sortis de cette domination géostratégique de l’OTAN qui continue à supplanter notre souveraineté nationale et celle de nos partenaires au profit des priorités et des intérêts de Washington. Le mot de la fin provisoire revient à un « économiste atterré » qui nous dit : « nous n’arrivons pas à réguler une mondialisation devenue folle - ‘guerre de tous contre tous’ - qui nous fait régresser à de vieilles logiques westphaliennes où les Etats classiques sont confrontés en permanence à des homologues ‘ Etats faillis’, de plus en plus nombreux, au sein desquels règnent les seigneurs de la guerre, les mafias et les grandes sociétés transnationales majoritairement anglo-saxonnes ».  

Richard Labévière, 1 er décembre 2014 

[1]              François Thual et Richard Labévière : La bataille du Grand nord a commencé… Editions Perrin, 2008.

vendredi, 04 décembre 2015

Diplomatic rhetoric and the neo-Ottoman strategy of Davutoğlu

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Diplomatic rhetoric and the neo-Ottoman strategy of Davutoğlu

Ex: http://www.katehon.com

The Prime Minister of Turkey, Ahmet Davutoğlu, called for military communication channels with Russia to prevent incidents such as what has happened with the Russian Su-24 bomber. He expressed this before his visit to the occupied part of Cyprus by Turkey, which has a symbolic meaning. Turkey's ambitions to restore its influence are not only focused on part of Syria, but also on the Balkans and the Caucasus

Strategic Depth

Turkish Prime Minister and leader of the Justice and Development Party, Ahmet Davutoğlu, is known for his work "Strategic Depth", which he wrote when he held the post of professor at the University of Marmara. In it he calls for a foreign policy guided by historical heritage and geo-strategic position. He says that Turkey is a European and Asian, Balkan and Caucasian, Middle Eastern and Mediterranean country, appealing to the past might of the Ottoman Empire. Davutoğlu calls for present and future Turkish politicians to restore the role and status of Turkey, at the very least, and to make it a regional actor which is not dependent on the great powers such as the United States. This explains the ongoing diplomatic maneuvering in relations with Washington, Beijing and Moscow. Since the beginning of the 2000's, Turkey has tried to diversify relations and to establish cooperation with the EU, the countries of Central Asia, the Middle East and Africa.

"Zero problems with neighbors"?

One of the theses of Davutoğlu has been a diplomacy  based on "soft power," which seeks to avoid problems with neighboring countries. Obviously, the intentions of the author have not come to fruition, because Turkey still has strained relations with Greece, has failed to resolve the conflict with Armenia, and also opposes the legitimate government of Syria. The theory of a peacekeeping policy is actually transformed into an aggressive tool, used influence and manipulate the other regional countries, which has led to a series of crises.

The Islamic factor

Under the auspices of the Justice and Development Party, the country has embarked upon a course of desecularization, changing the religious atmosphere. Under various pretexts, it has put pressure on the secular structures and passed legislation Islamicizing the public sector. In 2010, Turkey eliminated radical Islam and other ideologies as a named threat from their doctrines on national security . The main donors of Islamization of Turkey are Qatar and Saudi Arabia.

Ottomanism and Pan-Turkism

The doctrine of neo-Ottomanism involves the imposition of various strategies. This takes into account the historical experience of political control over a vast area - the Balkans, North Africa, the South Caucasus through to the Caspian Sea, all of the Red Sea coast and the northern Black Sea region. Mirroring this, the pan-Turkic ideology is based on the concept of the Turkic ethnocentrism. Both directions have been criticized by Arab Muslim countries, claiming Turkey has a "wrong" Islam which legitimizes the historical occupation of Arab lands, as well as and other Turkic states; denying modern Turkey the right to exclusive Turkic identity, because historically this territory was home to other peoples - Celts, Slavs, Greeks, Armenians, Kurds, and others.

A combination of tools for Policy

Turkey will use a variety of methods and concepts for their foreign policy, depending on the context. Earlier, Davutoğlu declared an interest in joining the Eurasian Economic Union, showing here an opportunistic approach to regional geopolitical projects. Obviously, for other countries and peoples, Ankara will use different rhetoric to achieve their interests.

L’IRAN EST LA SEULE ARMÉE CAPABLE DE VAINCRE DAECH

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L’IRAN EST LA SEULE ARMÉE CAPABLE DE VAINCRE DAECH

Entretien avec Ardavan Amir-Aslani


Daoud Boughezala*
Ex: http://metamag.fr
Ardavan Amir-Aslani est un avocat et essayiste spécialiste du Moyen-Orient. Il a notamment publié Juifs et Perses. Iran et Israël (Nouveau monde), Iran-États-Unis, les amis de demain ou l’après-Ahmadinejad (Pierre-Guillaume de Roux) et L’âge d’or de la diplomatie algérienne (Editions du Moment).

Daoud Boughezala. Avant d’aborder les questions géopolitiques, commençons par vos activités professionnelles. Vous venez d’ouvrir le cabinet d’avocats d’affaires “Cohen-Amir-Aslani” à Téhéran. En vous permettant de vous installer en Iran sous ce nom à consonance juive, la République islamique entend-elle se laver des soupçons d’antisémitisme qui pèse sur elle? 
Ardavan Amir-Aslani. La République islamique n’a pas eu son mot à dire quant au lancement de notre cabinet, et aucun de ses représentants n’est venu nous interroger sur la question. La loi iranienne ne connaissant pas la notion de cabinet d’avocats en tant que telle, le barreau de Téhéran est exclusivement constitué d’avocats « individuels » à l’exercice libéral qui s’y inscrivent à titre personnel. Lorsque je distribue les cartes de visite de mon cabinet en Iran, j’ai droit à des sourires, parce que les gens reconnaissent le nom à consonance juive, mais sans aucune remarque désobligeante. D’ailleurs, les employés de mon cabinet sont issus de familles religieuses, pratiquent l’islam et ne trouvent rien à redire au fait de travailler pour nous.

Il n’est pourtant pas toujours très plaisant d’être Juif en Iran…
C’est une erreur de considérer le peuple iranien comme un peuple antisémite. Même la République islamique permet constitutionnellement aux minorités religieuses et ethniques d’être surreprésentées à l’Assemblée nationale iranienne. C’est à ce titre-là que les juifs, qui sont environ 30.000 en Iran, élisent un député. Ceci dit, je ne prétends pas qu’il n’y ait pas d’antisémites en Iran, l’ancien président Ahmadinejad en est un bon exemple.

La signature de l’accord de Vienne sur le nucléaire aiguise l’appétit des investisseurs européens. Proche de l’Arabie Saoudite et du Qatar, la France a-t-elle raté le coche avec les milieux d’affaires iraniens ?
Le retour de l’Iran dans le concert des nations à l’issue de la levée des sanctions va être l’équivalent, d’un point de vue économique, du retour de l’ensemble des pays de l’Est-européen dans le camp occidental après la chute du mur de Berlin. Il s’agit de la première réserve gazière, de la quatrième réserve d’hydrocarbures au monde. C’est un pays de 83 millions d’habitants, un marché domestique important qui occupe une place centrale au Moyen-Orient. Je crois que la France a un coup à jouer parce que les secteurs les plus porteurs de l’économie iranienne - secteurs pétrolier, aéroportuaire, aérien, du traitement de l’eau – trouveront naturellement comme partenaires les grands groupes français comme Total, Airbus, Suez environnement ou Véolia. Malgré le positionnement particulièrement dur de la diplomatie française tout au long des négociations sur le nucléaire iranien, la France a su revenir dans le cœur des Iraniens. Quelques jours après l’accord de Vienne, Laurent Fabius a été parmi les premiers politiques d’envergure à faire son chemin de Damas en se rendant à Téhéran. Aujourd’hui, les Iraniens n’ont qu’une seule envie : pouvoir de nouveau commercer avec la France, laquelle pourra redevenir un partenaire industriel et commercial majeur.

Le Président iranien Hassan Rohani a vivement condamné les derniers attentats de Paris, les qualifiant de “crimes contre l’humanité” et contestant le caractère islamique de Daech. Est-ce une manière de conjurer le choc des civilisations ?
La journée tragique du vendredi 13 novembre était hélas prévisible. On aurait pu voir venir les choses depuis l’attaque des tours jumelles à New York le 11 septembre 2001. Ce jour-là, dix-sept personnes dont une majorité de Saoudiens et de Qataris, se sont écrasés sur des cibles civiles. C’est alors qu’a commencé le conflit de civilisations qui oppose l’Occident – c’est-à-dire non pas les pays de l’Ouest mais ceux qui sont attachés à la volonté de vivre et de laisser vivre – à une certaine version de l’islam. Il s’agit de la lecture wahhabite sunnite de l’islam marquée par l’Arabie Saoudite. Or, il se trouve que cet islamo-fascisme djihadiste a également comme ennemi principal l’Iranien chiite. Ce dernier est le principal objet de leur haine, devant le Juif et le Chrétien.

Iranian-Army1.jpgPartant de ce constat, pensez-vous crédible une inflexion de la politique étrangère française en faveur de l’Iran et de la Russie afin de combattre l’État islamique ?
Au Moyen-Orient, la France a construit tout son système d’alliances sur l’appui aux pétromonarchies sunnites wahhabites. Elle devrait réfléchir à  changer de stratégie. Tandis que Daech sert de pôle d’attraction sanguinaire et médiéval à nos jeunes frustrés d’origine musulmane, le seul moyen d’avoir la paix dans la région, c’est d’éradiquer l’État islamique. Pour l’instant, les bombardements contre Daech qui contrôle un territoire grand comme l’Angleterre à cheval sur l’Irak et la Syrie, ne l’ont pas fait reculer d’un mètre. Par contre, lorsque la volonté est là et des troupes au sol engagées, des milices pro-chiites irakiennes encadrés par des Iraniens ont mis vingt-quatre heures pour reprendre Tikrit à l’Etat islamique. Quand on veut, on peut.

Justement, aucun pays occidental, États-Unis et France compris, n’est prêt à envoyer des hommes au sol lutter contre l’Etat islamique. Que faire ?
Aujourd’hui, l’Iran est la seule armée capable de vaincre Daech et se montre d’autant plus déterminée qu’elle constitue une des cibles prioritaires du groupe djihadiste. Il faut donc permettre à l’armée iranienne, aidée des milices chiites de la région, de combattre au sol. Téhéran ne demande que ça.

En êtes-vous bien sûr ? Tant que l’État islamique reste cantonné à plus de quarante kilomètres de la République islamique, les pasdarans et les forces iraniennes se gardent bien d’intervenir massivement…
Le seul pays qui a fait qu’Assad tient bon depuis cinq ans, c’est l’Iran. Sans les forces armées chiites venues prêter main forte à l’armée syrienne, il serait tombé. Idem en Irak, s’il n’y avait pas de troupes pro-iraniennes à Samarra ou aux abords du Kurdistan irakien, le pays serait tombé entre les mains de Daech. Certes, il n’y a pas de troupes iraniennes au sol déployées massivement dans ces pays mais des milices proches de Téhéran. 60% de la population irakienne étant chiite, cela représente suffisamment de combattants prêts à prendre les armes contre l’Etat islamique sans que l’Iran ait besoin d’y envoyer des soldats. En Syrie, où les chiites sont minoritaires, l’Iran a fait en sorte que des chiites irakiens, pakistanais et afghans constituent des brigades chiites internationales pour sauver le pouvoir de Damas.

Mais sur un plan plus politique, la relégation des sunnites dans l’Irak post-Saddam Hussein a fait le lit de l’État islamique. De ce point de vue, la proximité entre Téhéran et Bagdad, en confortant la mainmise des chiites sur l’Irak, n’a-t-elle pas fait le jeu de Daech ?
C’est une question décisive. Quand on regarde la carte, on voit que l’Iran contrôle les capitales historiques de la civilisation arabe comme Damas (ville des Omeyyades), Bagdad (ville des Abbassides), Beyrouth (avec le Hezbollah) et Sanaa (au Yémen). Il y a une survisibilité de la puissance iranienne dans la région. Par conséquent, il n’y aura pas de paix durable dans la région tant que les Iraniens et leurs alliés occidentaux – car l’Iran est de facto l’allié des Occidentaux – n’auront pas réussi à fédérer les tribus sunnites en Irak et en Syrie. L’immense majorité des sunnites n’est pas sur la ligne idéologique de Daech ; il suffit d’observer la colère des sunnites de Mossoul sous le joug de l’Etat islamique. Tant en Irak qu’en Syrie, avec l’aide des Américains, se constituent déjà des brigades sunnites anti-EI. Il faudrait y ajouter des brigades mixtes chiites-sunnites pour faire battre en retraite Daech.

Rappelons que les deux tiers des combattants de l’État islamique sont des étrangers, dont la moitié de Saoudiens et un tiers de Caucasiens (Tchetchènes, Ingouches, Daguestanais), indifférents au sort des populations locales qui leur sont étrangères. Tous ces djihadistes aspirent à revenir dans leur pays d’origine commettre des attentats comme ceux que l’on a connus à Paris.

*rédacteur en chef de Causeur