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mercredi, 05 octobre 2022

Diego Fusaro: le penseur du social-patriotisme

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Diego Fusaro: le penseur du social-patriotisme

Javier R. Portella

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/diego-fusaro-el-pensador-del-social-patriotismo

Nous avons le plaisir de vous présenter aujourd'hui l'entretien que le directeur du blog elmanifiesto.com (Madrid), Javier R. Portella, a réalisé avec le célèbre penseur italien Diego Fusaro.

Ma première question ne peut qu'être d'actualité : que pensez-vous de la victoire de Giorgia Meloni et de Fratelli d'Italia aux élections italiennes du 25 septembre ? Partagez-vous mon espoir que cela pourrait représenter le début d'une rupture avec l'ordre (ou le désordre...) actuel du monde ? Ou craignez-vous, au contraire, que rien de fondamental ne change ?

Malheureusement, je ne peux pas partager l'espoir qu'il s'agisse d'une nouvelle étape ou la promesse d'une rupture avec l'ordre néolibéral dominant. Après tout, la droite néolibérale et atlantiste de Giorgia Meloni représente parfaitement le système dominant, basé sur la souveraineté du marché et l'impérialisme atlantiste qui est son complément. En ce sens, ils ont tort de dire que le parti de Giorgia Meloni est un parti néo-fasciste. Il s'agit plutôt d'un parti profondément néolibéral qui est au moins aussi éloigné du fascisme que la gauche fuchsia et arc-en-ciel d'aujourd'hui l'est du communisme. L'ordre néolibéral d'aujourd'hui agit comme un aigle avec deux ailes : nous avons l'aile gauche fuchsia pour la galerie, puis l'aile droite bleue de l'argent. La droite et la gauche néolibérales, inféodées au capital, représentent ceux d'en haut contre ceux d'en bas, le capital contre le travail, la mondialisation capitaliste contre les nations souveraines et démocratiques. C'est pourquoi, en Italie, le parti unique articulé de manière néo-libérale a encore gagné, avec son alternance sans alternative. Dans le sixième canto du Purgatorio, Dante compare Florence à une personne malade qui se tourne à droite et à gauche de son lit pour trouver un soulagement temporaire à sa propre souffrance: c'est ce que font aujourd'hui les peuples d'Europe, en se tournant tantôt vers la droite néolibérale tantôt vers la gauche néolibérale; c'est pourquoi le véritable geste révolutionnaire à accomplir consiste, tout d'abord, à dépasser la dichotomie de la droite et de la gauche qui ne profite qu'à ceux d'en haut pour créer une nouvelle géographie politique pour ceux d'en bas, c'est-à-dire pour le Peuple des classes populaires et des classes moyennes.

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Dans votre contestation, précisément, de l'ordre mondial actuel, vous êtes souvent étiqueté comme un "rossonero", un rouge-noir, (en espagnol on dit "rojipardo", rouge-brun, bien que le terme correct à utiliser en Espagne serait "rojiazul", rouge-bleu), ce qui, comme cela a déjà été précisé dans votre réponse précédente, implique de défendre à la fois des principes de droite et de gauche. Les vrais, bien sûr : pas les principes de la droite libérale ou de la "gauche fuchsia", comme vous l'appelez. Quels sont ces principes ?

Disons que "rossonero" est présenté par le discours unique, politiquement correct et éthiquement corrompu ? Pour ma part, je me considère au-delà de la gauche et de la droite, un élève indépendant de Hegel et de Marx. Comme je l'ai écrit dans mon livre Penser différemment, "aujourd'hui il est nécessaire d'avoir des idées de gauche et des valeurs de droite, et par idées de gauche j'entends la défense du travail et de la solidarité, de la communauté et des intérêts des classes laborieuses. Par droite, j'entends la patrie et la famille, l'honneur et la transcendance". Rien de tout cela ne se retrouve aujourd'hui ni dans la droite bleue délavée ni dans la gauche rose néo-libérale, qui ne sont que des appendices de la culture du néant, celle du capital cosmopolite.

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Nos sociétés sont marquées par un conflit profond que vous qualifiez souvent de "lutte des classes". Ma question est la suivante : à côté de cette lutte de nature fondamentalement économique entre "ceux d'en haut" et "ceux d'en bas", n'y a-t-il pas aussi un autre conflit qui, de manière transversale, ébranle les fondements de notre civilisation ? Je fais référence au conflit entre, d'une part, ceux qui, imprégnés de matérialisme et d'individualisme, cherchent à annihiler le sens et la beauté du monde ; et, d'autre part, ceux d'entre nous qui luttent pour le défendre et l'améliorer ?

La lutte des classes existe et, comme les classes dirigeantes le disent elles-mêmes, elles la gagnent sous la forme d'un massacre de classe à sens unique. La lutte des classes existe aujourd'hui, mais pas sous la forme que Marx l'avait imaginée : la nouvelle composition des classes présente en fait au sommet le bloc oligarchique capitaliste-financier, à la base l'union de la moyenne bourgeoisie et des classes ouvrières. Selon les mots de Hegel, le maître mondial élitiste contre le serf national populaire. Mais la lutte de classe différente de notre présent a également à voir avec le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'une lutte matérielle et économique, malgré que cela soit certainement le cas. Il s'agit également d'une lutte culturelle et spirituelle, car le Global Master élitiste est ancré dans le relativisme postmoderne et nihiliste, dans la culture de l'annulation ("cancel culture") et dans le nouvel ordre mental qui reflète le néant de la forme marchandise globalisante. Le Serviteur National du Peuple, par contre, reste enraciné dans l'histoire et la culture, dans la tradition et la communauté, dans les liens avec les territoires et les personnes, avec le Sacré et avec la transcendance, de sorte que la lutte des classes est aussi une lutte culturelle, qui se présente aussi comme une lutte entre les flux perceptibles sur le territoire et la régulation, entre la dérégulation et les normes qui peuvent donner un sens au monde et à l'existence. La culture dite de l'effacement, qui n'est pas à proprement parler une "culture" qui aurait pour élément central une forme ou une autre d'effacement, mais une culture qui consiste à effacer définitivement toute la culture, est ce qui exprime le mieux la civilisation et de tout ramener au néant de la classe ploutocratique mondiale actuelle, ainsi que le mouvement de développement du capital qui précède comme le néant du film et du livre bien connus The Neverending Story. Se battre dans la lutte des classes aujourd'hui signifie défendre les intérêts des classes moyennes et ouvrières, essayer de dépasser la réification du capitalisme; mais aussi essayer d'arrêter l'avancée du néant techno-capitaliste en valorisant notre civilisation, notre histoire, notre culture. C'est pourquoi, aujourd'hui, défendre Platon et Aristote n'est pas, pour Dotti, un geste de snobisme aristocratique, mais le geste fondamental de la défense de notre civilisation.

 

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mardi, 04 octobre 2022

Une Europe totalement soumise aux États-Unis

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Une Europe totalement soumise aux États-Unis

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/29/yhdysvalloille-alistunut-eurooppa/

Les États-Unis, aux abois, sont prêts à détruire les derniers vestiges de souveraineté de leurs alliés - principalement européens. Même l'Union européenne, autrefois fondée avec le soutien des Américains, est désormais un rival de l'hégémon paranoïaque, un rival qui doit être affaibli.

Bien sûr, la soumission honteuse des gouvernements européens aux ordres de Washington tente toujours d'être camouflée derrière la proclamation d'un "partenariat transatlantique". Ce n'est pas seulement le cas des fervents gouvernements pro-occidentaux des petits États baltes, perpétuellement traumatisés, que sont l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne, elles aussi, ont eu tendance à entonner le mantra invraisemblable de "l'unité occidentale".

Même l'explosion des gazoducs Nord Stream n'a pas fait apparaître dans l'opinion publique des politiciens ou des experts qui oseraient remettre en question les actions américaines qui s'apparentent à du terrorisme d'État. La destruction des gazoducs donne aux entreprises américaines un avantage concurrentiel écrasant, mais malgré cela, des commentaires absurdes tels que "il est difficile d'imaginer autre chose que cela relève de la Russie" sont émis en Finlande aussi.

Cette triste tendance n'est pas passée inaperçue chez Vladimir Poutine, qui a déclaré en juin dernier que "si un pays ou un groupe de pays n'est pas capable de prendre des décisions indépendantes, cela signifie qu'il est déjà, dans une certaine mesure, une colonie, et les colonies n'ont historiquement aucun avenir et aucune chance de survivre à une lutte géopolitique féroce".

Comment comprendre que les gouvernements des pays de l'euro soient prêts à transformer leurs pays en champs de bataille et leurs citoyens en chair à canon dans une guerre qui n'est pas la leur mais celle des États-Unis contre la Russie ? La plupart des chefs d'État, des politiciens et des bureaucrates semblent s'être vendus à l'hegemon pour renforcer le pouvoir du dollar.

La belligérance américaine ne prendra pas fin avec la chute de la Russie, mais sera suivie par un état de guerre contre la Chine. Alors que l'hégémonisme est poursuivi jusqu'au bout, il est nécessaire de cesser de prétendre à la souveraineté nationale en Europe et de détruire par ailleurs toute prétention à l'indépendance en Amérique latine et en Asie.

La doctrine Wolfowitz est manifestement toujours en vigueur, et l'administration Biden la met en pratique. La ligne directrice de la politique étrangère américaine consiste toujours à repousser l'avancée des challengeurs et à tenter de maintenir sa position d'unique superpuissance mondiale. Le démantèlement des gazoducs Nord Stream semble également une manœuvre visant à démontrer la domination des États-Unis sur la Russie.

Bien sûr, le sinistre plan à long terme de Washington a déjà été révélé à quiconque a pris la peine d'examiner la situation de manière plus critique. L'objectif est de détruire la Russie et de créer une poignée d'États clients dans sa vaste zone géographique, qui serait également utilisée pour attaquer la Chine.

Pour paraphraser Sauli Niinistö, on pourrait dire que "le masque de la démocratie a été enlevé et que le visage du totalitarisme occidental est visible". Aujourd'hui, même en Finlande, l'unanimité et la victimisation sont de mise, et l'intrigue de l'opération psychologique est assez simple : la Russie est le méchant hors-la-loi, l'Ukraine la victime innocente et les États-Unis l'héroïne de l'histoire.

Les politiques autodestructrices des pays européens sont totalement contraires aux intérêts des citoyens, mais les pouvoirs en place ne semblent pas s'en soucier. Nous sommes passés des affres de l'ère de la pandémie à l'atmosphère de guerre, et avec la crise énergétique, nous avons peur d'un hiver glacial. Est-ce ainsi que nous vivons le rêve américain dans une Finlande de l'OTAN qui s'appauvrit ?

Edward Bernays et Louis-Ferdinand Céline face au conditionnement moderne

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Edward Bernays et Louis-Ferdinand Céline face au conditionnement moderne

par Nicolas Bonnal

Avant d’étudier Bernays, on rappellera Céline. Apparemment, tout les oppose, mais sur l’essentiel ils sont d’accord : le monde moderne nous conditionne !

« Nous disions qu'au départ, tout article à "standardiser": vedette, écrivain, musicien, politicien, soutien-gorge, cosmétique, purgatif, doit être essentiellement, avant tout, typiquement médiocre. Condition absolue. Pour s'imposer au goût, à l'admiration des foules les plus abruties, des spectateurs, des électeurs les plus mélasseux, des plus stupides avaleurs de sornettes, des plus cons jobardeurs frénétiques du Progrès, l'article à lancer doit être encore plus con, plus méprisable qu'eux tous à la fois. »

Bernays… C’est un des personnages les plus importants de l’histoire moderne, et on ne lui a pas suffisamment rendu hommage ! Il est le premier à avoir théorisé l’ingénierie du consensus et la définition du despotisme éclairé. Reprenons Normand Baillargeon :

Edouard Bernays est un expert en contrôle mental et en conditionnement de masse. C’est un neveu viennois de Freud, et comme son oncle un lecteur de Gustave Le Bon. Il émigre aux États-Unis, sans se préoccuper de ce qui va se passer à Vienne... Journaliste (dont le seul vrai rôle est de créer une opinion, de l’in-former au sens littéral), il travaille avec le président Wilson au Committee on Public Information, au cours de la première Guerre Mondiale. Dans les années Vingt, il applique à la marchandise et à la politique les leçons de la guerre et du conditionnement de masse ; c’est l’époque du spectaculaire diffus, comme dit Debord. A la fin de cette fascinante et marrante décennie, qui voit se conforter la société de consommation, le KKK en Amérique, le fascisme et le bolchévisme en Europe, le surréalisme et le radicalisme en France, qui voit progresser la radio, la presse illustrée et le cinéma, Bernays publie un très bon livre intitulé Propagande (la première congrégation de propagande vient de l’Eglise catholique, créée par Grégoire XV en 1622) où le plus normalement et le plus cyniquement du monde il dévoile ce qu’est la démocratie américaine moderne : un simple système de contrôle des foules à l’aide de moyens perfectionnés et primaires à la fois ; et une oligarchie, une cryptocratie plutôt où le sort de beaucoup d’hommes, pour prendre une formule célèbre, dépend d’un tout petit nombre de technocrates et de faiseurs d’opinion. C’est Bernays qui a imposé la cigarette en public pour les femmes ou le bacon and eggsau petit déjeuner par exemple : dix ans plus tard les hygiénistes nazis, aussi forts que lui en propagande (et pour cause, ils le lisaient) interdisent aux femmes de fumer pour raisons de santé. Au cours de la seconde guerre mondiale il travaille avec une autre cheville ouvrière d’importance, Walter Lippmann. 

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Avec un certain culot Bernays dévoile les arcanes de notre société de consommation. Elle est conduite par une poignée de dominants, de gouvernants invisibles. Rétrospectivement on trouve cette confession un rien provocante et –surtout – imprudente. A moins qu’il ne s’agît à l’époque pour ce fournisseur de services d’épater son innocente clientèle américaine ?

“Oui, des dirigeants invisibles contrôlent les destinées de millions d'êtres humains. Généralement, on ne réalise pas à quel point les déclarations et les actions de ceux qui occupent le devant de la scène leur sont dictées par d'habiles personnages agissant en coulisse.”

Bernays reprend l’image fameuse de Disraeli dans Coningsby: l’homme-manipulateur derrière la scène. C’est l’image du parrain, en fait un politicien, l’homme tireur de ficelles dont l’expert russe Ostrogorski a donné les détails et les recettes dans son classique sur les partis politiques publié en 1898, et qui est pour nous supérieur aux Pareto-Roberto Michels. Nous sommes dans une société technique, dominés par la machine (Cochin a récupéré aussi l’expression d’Ostrogorski) et les tireurs de ficelles, ou wire-pullers (souvenez-vous de l’affiche du Parrain, avec son montreur de marionnettes) ; ces hommes sont plus malins que nous, Bernays en conclut qu’il faut accepter leur pouvoir. La société sera ainsi plus smooth. On traduit ?

Comme je l’ai dit, Bernays écrit simplement et cyniquement. On continue donc:

“Les techniques servant à enrégimenter l'opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente.”

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La complexité suppose des élites techniques, les managers dont parle Burnham dans un autre classique célèbre (l’ère des managers, préfacé en France par Léon Blum en 1946). Il faut enrégimenter l’opinion, comme au cours de la première guerre mondiale, qui n’aura servi qu’à cela : devenir communiste, anticommuniste, nihiliste, consommateur ; comme on sait le nazisme sera autre chose, d’hypermoderne, subtil et fascinant, avec sa conquête spatiale et son techno-charisme – modèle du rock moderne (lisez ma damnation des stars). 

L’ère des masses est aussi très bien décrite – mais pas comprise – par Ortega Y Gasset (il résume tout dans sa phrase célèbre ; « les terrasses des cafés sont pleines de consommateurs »…). Et cette expression, ère des masses, traduit tristement une standardisation des hommes qui acceptent humblement de se soumettre et de devenir inertes (Tocqueville, Ostrogorski, Cochin aussi décrivaient ce phénomène).

“Nous acceptons que nos dirigeants et les organes de presse dont ils se servent pour toucher le grand public nous désignent les questions dites d'intérêt général ; nous acceptons qu'un guide moral, un pasteur, par exemple, ou un essayiste ou simplement une opinion répandue nous prescrivent un code de conduite social standardisé auquel, la plupart du temps, nous nous conformons.” 

Pour Bernays bien sûr on est inerte quand on résiste au système oppressant et progressiste (le social-corporatisme dénoncé dans les années 80 par Minc & co).

La standardisation décrite à cette époque par Sinclair Lewis dans son fameux Babbitt touche tous les détails de la vie quotidienne : Babbitt semble un robot humain plus qu’un chrétien (il fait son Church-shopping à l’américaine d’ailleurs), elle est remarquablement rendue dans le cinéma comique de l’époque, ou tout est mécanique, y compris les gags. Bergson a bien parlé de ce mécanisme plaqué sur du vivant. Il est favorisé par le progrès de la technique :

« Il y a cinquante ans, l'instrument par excellence de la propagande était le rassemblement public. À l'heure actuelle, il n'attire guère qu'une poignée de gens, à moins que le programme ne comporte des attractions extraordinaires. L'automobile incite nos compatriotes à sortir de chez eux, la radio les y retient, les deux ou trois éditions successives des quotidiens leur livrent les nouvelles au bureau, dans le métro, et surtout ils sont las des rassemblements bruyants. »

La capture de l’esprit humain est l’objectif du manipulateur d’opinion, du spécialiste en contrôle mental, cet héritier du magicien d’Oz.

“La société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s'exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d'une politique, d'un produit ou d'une idée.”

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Concernant la première guerre mondiale, Bernays “révise” simplement l’Histoire en confiant que la croisade des démocraties contre l’Allemagne s’est fondée sur d’habituels clichés et mensonges ! Il a d’autant moins de complexes que c’est lui qui a mis cette propagande au point…

“Parallèlement, les manipulateurs de l'esprit patriotique utilisaient les clichés mentaux et les ressorts classiques de l'émotion pour provoquer des réactions collectives contre les atrocités alléguées, dresser les masses contre la terreur et la tyrannie de l'ennemi. Il était donc tout naturel qu'une fois la guerre terminée, les gens intelligents s'interrogent sur la possibilité d'appliquer une technique similaire aux problèmes du temps de paix.”

On n'a jamais vu un cynisme pareil. Machiavel est un enfant de chœur. La standardisation s’applique bien sûr à la politique. Il ne faut pas là non plus trop compliquer les choses, écrit Bernays. On a trois poudres à lessive pour laver le linge, qui toutes appartiennent à Procter & Gamble (les producteurs de soap séries à la TV) ou à Unilever ; et bien on aura deux ou trois partis politiques, et deux ou trois programmes simplifiés !

Bernays reprend également l’expression demachinede Moïse Ostrogorski (voir notre étude sur ce chercheur russe, qui disséqua et désossa l'enfer politique américain), qui décrit l’impeccable appareil politique d’un gros boss. La machine existe déjà chez le baroque Gracian. Ce qui est intéressant c’est de constater que la mécanique politique – celle qui a intéressé Cochin - vient d’avant la révolution industrielle. Le mot industrie désigne alors l’art du chat botté de Perrault, celui de tromper, d’enchanter – et de tuer ; l’élite des chats bottés de la politique, de la finance et de l’opinion est une élite d’experts se connaissant, souvent cooptés et pratiquant le prosélytisme. Suivons le guide :

“Il n'en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande. Le prosélytisme actif de ces minorités qui conjuguent l'intérêt égoïste avec l'intérêt public est le ressort du progrès et du développement des États-Unis. Seule l'énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population tout entière à prendre connaissance des idées nouvelles et à les appliquer.”

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Comme je l’ai dit, cette élite n’a pas besoin de prendre de gants, pas plus qu’Edouard Bernays. Il célèbre d’ailleurs son joyeux exercice de style ainsi :

“Les techniques servant à enrégimenter l'opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente.”

La démocratie a un gouvernement invisible qui nous impose malgré nous notre politique et nos choix. Si on avait su…

Après la Guerre, Bernays inspire le méphitique Tavistock Institute auquel Daniel Estulin a consacré un excellent et paranoïaque ouvrage récemment.

Mais en le relisant, car cet ouvrage est toujours à relire, je trouve ces lignes définitives sur l'organisation conspirative de la vie politique et de ses partis :

« Le gouvernement invisible a surgi presque du jour au lendemain, sous forme de partis politiques rudimentaires. Depuis, par esprit pratique et pour des raisons de simplicité, nous avons admis que les appareils des partis restreindraient le choix à deux candidats, trois ou quatre au maximum. »

Et cette conspiration était n'est-ce pas très logique, liée à l’esprit pratique et à la simplicité :

« Les électeurs américains se sont cependant vite aperçus que, faute d'organisation et de direction, la dispersion de leurs voix individuelles entre, pourquoi pas, des milliers de candidats ne pouvait que produire la confusion ». 

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Pour le grand Bernays il n'y a de conspiration que logique. La conspiration n'est pas conspirative, elle est indispensable. Sinon tout s'écroule. L'élite qu'il incarne, et qui œuvre d'ailleurs à l’époque de Jack London, ne peut pas ne pas être. Et elle est trop souple et trop liquide pour se culpabiliser. N'œuvre-t-elle pas à la réconciliation franco-allemande après chaque guerre qu'elle a contribué à déclencher, et que la Fed a contribué à financer au-delà des moyens de tous ?

Elle est aussi innocente que l'enfant qui vient de naître.

Un qui aura bien pourfendu Bernays sans le savoir dans ses pamphlets est Louis-Ferdinand Céline. Sur la standardisation par exemple, voici ce qu’il écrit :

« Standardisons! le monde entier! sous le signe du livre traduit! du livre à plat, bien insipide, objectif, descriptif, fièrement, pompeusement robot, radoteur, outrecuidant et nul. »

Et d’ajouter sur un ton incomparable et une méchanceté inégalable :

« le livre pour l'oubli, l'abrutissement, qui lui fait oublier tout ce qu'il est, sa vérité, sa race, ses émotions naturelles, qui lui apprend mieux encore le mépris, la honte de sa propre race, de son fond émotif, le livre pour la trahison, la destruction spirituelle de l'autochtone, l'achèvement en somme de l'œuvre bien amorcée par le film, la radio, les journaux et l'alcoolisme. »

La standardisation (j’écris satan-tardisation…) rime avec la mort (mais n’étions-nous pas morts avant, cher Ferdinand ? Vois Drumont, Toussenel même, ce bon Cochin, ce génial Villiers…). Le monde est mort, et on a pu ainsi le réifier et le commercialiser ;

« Puisque élevés dans les langues mortes ils vont naturellement au langage mort, aux histoires mortes, à plat, aux déroulages des bandelettes de momies, puisqu'ils ont perdu toute couleur, toute saveur, toute vacherie ou ton personnel, racial ou lyrique, aucun besoin de se gêner! Le public prend ce qu'on lui donne. Pourquoi ne pas submerger tout! simplement, dans un suprême effort, dans un coup de suprême culot, tout le marché français, sous un torrent de littérature étrangère? Parfaitement insipide?... »

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Divaguons sur ce thème de la civilisation mortelle – et sortons du Valéry pour une fois. A la même époque Drieu la Rochelle écrivait dans un beau libre préfacé par Halévy, Mesure de la France :

« Il n'y a plus de conservateurs, de libéraux, de radicaux, de socialistes. Il n'y a plus de conservateurs, parce qu'il n'y a plus rien à conserver. Religion, famille, aristocratie, toutes les anciennes incarnations du principe d'autorité, ce n'est que ruine et poudre. »

Puis Drieu enfonce plus durement le clou (avait-il déjà lu Guénon ?) :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera. »

Le gros shopping planétaire est mis en place par la matrice américaine, qui va achever de liquider la vieille patrie prétentieuse :

« Il n'y a plus de partis dans les classes, plus de classes dans les nations, et demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

Drieu affirme il y a cent ans que le catholicisme romain est zombie :

« Le Vatican est un musée. Nous ne savons plus bâtir de maisons, façonner un siège où nous y asseoir. A quoi bon défendre des banques, des casernes, et les Galeries Lafayette ? »

Enfin, vingt ans avant Heidegger ou Ellul, Drieu désigne la technique et l’industrie comme les vrais conspirateurs :

« Il y aura beaucoup de conférences comme celle de Gênes où les hommes essaieront de se guérir de leur mal commun : le développement pernicieux, satanique, de l'aventure industrielle. »

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Revenons à Céline, qui avec ferveur et ire dépeint la faune nouvelle de l’art pour tous :

« Les grands lupanars d'arts modernes, les immenses clans hollywoodiens, toutes les sous-galères de l'art robot, ne manqueront jamais de ces saltimbanques dépravés... Le recrutement est infini. Le lecteur moyen, l'amateur rafignolesque, le snob cocktailien, le public enfin, la horde abjecte cinéphage, les abrutis-radios, les fanatiques envedettés, cet international prodigieux, glapissant, grouillement de jobards ivrognes et cocus, constitue la base piétinable à travers villes et continents, l'humus magnifique le terreau miraculeux, dans lequel les merdes publicitaires vont resplendir, séduire, ensorceler comme jamais. »

Et de conclure avec son habituelle outrance que l’époque de l’inquisition et des gladiateurs valait bien mieux :

« Jamais domestiques, jamais esclaves ne furent en vérité si totalement, intimement asservis, invertis corps et âmes, d'une façon si dévotieuse, si suppliante. Rome? En comparaison?... Mais un empire du petit bonheur! une Thélème philosophique! Le Moyen Age?... L'Inquisition?... Berquinades! Epoques libres! d'intense débraillé! d'effréné libre arbitre! le duc d'Albe? Pizarro? Cromwell? Des artistes! »

Dans son très bon livre sur Spartacus, l’écrivain juif communiste Howard Fast établit lui aussi un lien prégnant entre la décadence impériale et son Amérique ploutocratique. C’est que l’homme postmoderne et franchouillard a du souci à se faire (ce que Léon Bloy nommait sa capacité bourgeoise à avaler – surtout de la merde) :

« Plus c'est cul et creux, mieux ça porte. Le goût du commun est à ce prix. Le "bon sens" des foules c'est : toujours plus cons. L'esprit banquiste, il se finit à la puce savante, achèvement de l'art réaliste, surréaliste. Tous les partis politiques le savent bien. Ce sont tous des puciers savants. La boutonneuse Mélanie prend son coup de bite comme une reine, si 25.000 haut-parleurs hurlent à travers tous les échos, par-dessus tous les toits, soudain qu'elle est Mélanie l'incomparable... Un minimum d'originalité, mais énormément de réclame et de culot. L'être, l'étron, l'objet en cause de publicité sur lequel va se déverser la propagande massive, doit être avant tout au départ, aussi lisse, aussi insignifiant, aussi nul que possible. La peinture, le battage-publicitaire se répandra sur lui d'autant mieux qu'il sera plus soigneusement dépourvu d'aspérités, de toute originalité, que toutes ses surfaces seront absolument planes. Que rien en lui, au départ, ne peut susciter l'attention et surtout la controverse. » 

Et comme s’il avait lu et digéré Bernays Céline ajoute avec le génie qui caractérise ses incomparables pamphlets :

« La publicité pour bien donner tout son effet magique, ne doit être gênée, retenue, divertie par rien. Elle doit pouvoir affirmer, sacrer, vociférer, mégaphoniser les pires sottises, n'importe quelle himalayesque, décervelante, tonitruante fantasmagorie... à propos d'automobiles, de stars, de brosses à dents, d'écrivains, de chanteuses légères, de ceintures herniaires, sans que personne ne tique... ne s'élève au parterre, la plus minuscule naïve objection. Il faut que le parterre demeure en tout temps parfaitement hypnotisé de connerie. 

Le reste, tout ce qu'il ne peut absorber, pervertir, déglutir, saloper standardiser, doit disparaître. C'est le plus simple. Il le décrète. Les banques exécutent. Pour le monde robot qu'on nous prépare, il suffira de quelques articles, reproductions à l'infini, fades simulacres, cartonnages inoffensifs, romans, voitures, pommes, professeurs, généraux, vedettes, pissotières tendancieuses, le tout standard, avec énormément de tam-tam d'imposture et de snobisme La camelote universelle, en somme, bruyante, juive et infecte... »

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Et de poursuivre sa belle envolée sur la standardisation :

« Le Standard en toutes choses, c'est la panacée. Plus aucune révolte à redouter des individus pré-robotiques, que nous sommes, nos meubles, romans, films, voitures, langage, l'immense majorité des populations modernes sont déjà standardisés. La civilisation moderne c'est la standardisation totale, âmes et corps. »

La violence pour finir :

« Publicité ! Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l'or et devant la merde !... Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie, comme aucune foule n'eut jamais dans toutes les pires antiquités... Du coup, on la gave, elle en crève... Et plus nulle, plus insignifiante est l'idole choisie au départ, plus elle a de chances de triompher dans le cœur des foules... mieux la publicité s'accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l'idolâtrie... Ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture. »

Céline est incomparable quand il s’attaque à la foule, discutable quand il reprend le lemme du juif comme missionnaire du mal dans le monde moderne. Mais c’est cette folie narrative qui crée la tension géniale de son texte. De toute manière, ce n’est pas notre sujet. Et puis c’est Disraeli et c’est Bernays qui ont joué à l’homme invisible un peu trop visible. Comme dit Paul Johnson dans sa fameuse Histoire des Juifs (p. 329): “Thus Disraeli preached the innate superiority of certain races long before the social Darwinists made it fashionable, or Hitler notorious.”

Bibliographie:

Nicolas Bonnal – Littérature et conspiration (Dualpha, Amazon.fr)

Frédéric Bernays/Normand Baillargeon – Propagande

Céline – Bagatelles…

Drieu la Rochelle – Mesure de la France

Johnson (Paul) – A History of the Jews

 

Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

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Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

Enric Ravello Barbier

Source : https://www.enricravellobarber.eu/2022/10/liz-truss-todavia-podia-ser-peor.html#.YzwjQUzP2Ul

La mort d'Elizabeth II marque la fin d'un règne et de toute une époque de l'histoire britannique, une époque qui a vu le déclin du Royaume-Uni, qui avait commencé comme puissance impériale et a fini comme un pays de second rang progressivement isolé sur la scène internationale. S'il y a une valeur à reconnaître à son protagoniste, c'est sans doute celle d'avoir été une "professionnelle" de la Couronne. Elizabeth II Windsor (en réalité Saxe-Cobourg Gotha) s'est occupée de tous les détails de sa vie en gardant à l'esprit son rôle de reine, auquel le personnel était toujours subordonné, dans la vie comme dans la mort. Ce n'est pas une coïncidence si elle a choisi l'Écosse pour mourir, une note émotionnelle doublée de l'impact visuel de voir le cercueil de la Reine avec la version écossaise des armoiries royales britanniques (deux carrés du lion rouge écossais, un des trois lions anglais et un de la harpe irlandaise) alors qu'on le convoyait de Balmoral à Édimbourg. À son arrivée à Londres, le cercueil a été recouvert des armoiries royales dans la version utilisée en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (deux quadrants des trois lions anglais et un du lion rouge écossais, plus le quadrant de la harpe irlandaise).

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Parmi les détails, quelque chose d'illustratif, qui est passé inaperçu - ou du moins non commenté par les journalistes couvrant les funérailles. Tous les soldats portant le cercueil de la Reine, tant en Écosse qu'en Angleterre, étaient quasiment tous blancs (à de rares exceptions près, dont la photo ci-dessus), ce qui n'est évidemment pas un hasard. De nombreux chroniqueurs soulignent que seuls les Britanniques blancs l'ont pleurée. Le changement démographique - tant soutenu par la maison royale - sera l'un des éléments qui mettront fin à la monarchie britannique.

Les funérailles étaient une tentative de montrer au monde qu'ils étaient toujours la nation puissante qui a construit le plus grand empire de l'histoire mondiale. Un chant du cygne ; rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. C'est précisément sous le règne d'Elizabeth II que le Royaume-Uni a d'abord définitivement perdu son empire, puis a commencé à perdre le contrôle de son territoire européen, qui a été progressivement occupé par des masses d'immigrants provenant de ses anciennes colonies, une bataille démographique très difficile à inverser.

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Boris Johnson, l'anti-Européen

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à propos de la démission de Johnson : "Sous Boris Johnson, le Royaume-Uni a mené une politique agressive à l'égard de la Russie après avoir retiré le Royaume-Uni de l'Europe et s'être retrouvé marginalisé par rapport à la politique européenne. Ces derniers temps, il a été très actif en essayant de créer une nouvelle alliance : Royaume-Uni, Pologne, pays baltes, Ukraine, pour obtenir le soutien britannique sur le continent. Sa démission est la bienvenue".

Tandis que le géopolitologue français Alexandre del Valle a déclaré sur son compte twitter : "La démission de Boris Johnson est une bonne nouvelle pour la paix en Europe. Il a été le principal moteur de la guerre pour couvrir ses scandales internes, poussant une dynamique belliciste avec le risque de provoquer une guerre majeure entre la Russie et l'OTAN".

Johnson représentait le Brexit "dur" - on pourrait dire absurde - d'une rupture totale avec l'Europe, et l'immigration d'Afro-Asiatiques du Commonwealth et le remplacement démographique des Britanniques blancs (1) (2).

Liz Truss est arrivée

Liz Truss a commencé sa carrière politique au sein des libéraux avant de passer aux Tories. Elle a été critique de la monarchie, anti-Thatcher et a fait campagne pour le Remain avant de devenir une fervente partisane du Brexit dur. Avec sa rhétorique ultra-libérale et europhobe, Truss a remporté l'élection interne du parti conservateur au cours de laquelle le remplaçant de Boris Johnson devait être choisi.

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L'ancienne ministresse des affaires étrangères a battu son rival, l'ancien ministre des finances Rishi Sunak. Tous deux représentent l'aile la plus conservatrice et la plus ultra-libérale du parti. Rishi Sunak a été le candidat le plus chanceux au premier tour, mais a perdu au second tour face à Truss. Sunak, d'origine indienne, montre que le Parti conservateur sera bientôt dirigé par des personnes d'origine étrangère. Sans surprise, le parti Tory a été le principal moteur du remplacement démographique des Britanniques autochtones. Rappelons que durant les 43 dernières années, lorsque ce processus s'est déroulé, 33 l'ont été sous un gouvernement conservateur et 10 sous un gouvernement travailliste. Un fait qui devrait donner à réfléchir à ceux qui pensent que les partis conservateurs sont un frein à l'immigration.

Deux jours avant sa mort, Elizabeth II a nommé Truss au poste de Premier ministre, évitant ainsi un long processus de passation des pouvoirs, ayant ainsi donné sa "dernière bénédiction".  Dans le gouvernement de Truss, il n'y aura pas d'hommes blancs aux postes clés (3). Ainsi - pour répéter ce que nous avons dit plus haut - le parti conservateur sera le premier parti européen à exclure les autochtones de la direction d'un pays européen.  Il n'y a pas de place pour les hommes blancs dans le conservatisme, le rôle principal passe aux minorités déjà installées en Grande-Bretagne.

L'échec de la Grande-Bretagne globale. Le Royaume-Uni isolé dans l'anglosphère.

En politique étrangère, Truss aggravera les relations déjà tendues avec l'UE, comme Bruxelles l'a déjà annoncé (4) (5). La nouvelle Première ministre menace de ne pas accepter les conditions de sortie et a déclaré qu'elle ne se conformera pas au "protocole irlandais", qu'elle modifiera unilatéralement.

Poursuivant la ligne anti-européenne et belliciste de Johnson, Truss a insisté sur le soutien à l'Ukraine - avec ses effets déstabilisants sur l'Europe. En déclarant en septembre dernier : "La Grande-Bretagne armera l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle vainque la Russie". Dans son délire, elle a également déclaré que: "Si la situation exigeait que j'appuie sur le bouton nucléaire, je le ferais immédiatement. Et je me moque que des millions de personnes meurent, pour moi l'essentiel est la démocratie et nos idéaux". Fantasmer sur les souvenirs d'être un grand empire alors que le Toyaume-Uni n'est qu'une ancienne puissance en déclin imparable.

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Quelqu'un devrait rappeler à l'intrépide première ministresse britannique que le Royaume-Uni dispose de 215 ogives nucléaires, tandis que la Russie en possède plus de 7000, dont beaucoup sont dirigées vers Londres.

"Global Britain", la stratégie internationale post-Brexit du Westminster, n'a pas eu de résultats concrets

Le RU est désormais marginalisé au sein du pacte AUKUS, une alliance de puissances anglo-saxonnes dont le véritable objectif est de faire face à l'expansion chinoise dans le Pacifique. Les trois autres puissances anglo-saxonnes du pacte (les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) ont toutes ou presque toutes leurs côtes dans le Pacifique ; le Royaume-Uni se trouve aux antipodes planétaires et son rôle dans l'Alliance n'est guère plus que décoratif.

Londres a essayé de se rendre fort dans les pays de Visegrad, dans le cadre de sa géopolitique permanente visant à séparer l'Allemagne de l'Europe centrale et orientale, mais la réalité est que les deux principales capitales du groupe de Visegrad ont ignoré Londres : Varsovie donne la priorité à son alliance avec Washington et Budapest regarde - timidement - vers Moscou.

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L'un des arguments présentés par Boris Johnson aux Britanniques était la signature prochaine d'un pacte commercial qui ferait du Royaume-Uni un partenaire commercial préférentiel des États-Unis, permettant au marché américain de remplacer le marché européen. Non seulement un tel pacte n'est ni annoncé ni en vue, mais l'arrivée de Biden - un démocrate - à la Maison Blanche a refroidi les relations entre Washington et Londres, qui sont aujourd'hui au plus mal (6). Il convient de rappeler que Biden est d'origine irlandaise et qu'il a, à plusieurs reprises, averti les locataires de Westminster de faire preuve de prudence à l'égard de la situation en Irlande.

Vers un effondrement économico-financier

La situation économique du Royaume-Uni est désastreuse (7). La livre est à son niveau le plus bas et l'inflation à son niveau le plus haut. L'horizon à court et moyen terme est chaotique. La monnaie britannique est presque à parité avec le dollar, la Banque d'Angleterre a dû venir à son secours (8) et l'inflation est imparable.

Les décisions malavisées de Westminster en matière de taux d'intérêt et les politiques de relance post-Covid malavisées menacent de pousser le Royaume-Uni dans une situation économiquement et socialement insoutenable. Le 1er octobre dernier, des milliers de Britanniques sont descendus dans la rue pour brûler symboliquement leurs factures d'électricité en raison de leurs prix élevés, un avant-goût de ce qui va se passer cet hiver.

Non contente de se trouver confrontée à tous ces problèmes, Mme Truss menace de ne pas se conformer aux conditions de sortie de l'UE, ce qui déclencherait des contre-mesures commerciales de Bruxelles pour les importations et les exportations britanniques qui pourraient plonger le Royaume-Uni dans un très grave problème d'approvisionnement.

Ces perspectives économiques renforcent - encore plus - la volonté de l'Écosse et de l'Irlande du Nord de quitter un Royaume-Uni qui, alors, se rétrécira.

Comme première mesure économique, Truss a annoncé une importante réduction des impôts, qu'elle a dû modifier immédiatement car elle mettait en danger la continuité de son faible gouvernement (9). Une deuxième mesure consiste à assouplir les lois britanniques sur l'immigration. Des lois qui, comme nous l'avons déjà dit, marginalisent les Européens et favorisent les masses afro-caribéennes et asiatiques des pays membres du Commonwealth (10). Rien ne semble pouvoir empêcher l'économie britannique de sombrer dans le chaos au cours des prochains mois (11).

Dans son discours inaugural en tant que premier ministre, Liz Truss a déclaré : "Ensemble, nous pouvons surmonter la tempête". La réponse du peuple britannique va dans une autre direction, le parti conservateur est au plus bas niveau de son soutien populaire et une débâcle électorale en faveur des travaillistes s'annonce. Le Daily Mirror de Londres a publié en première page le 3 octobre "Truss est terminée". La question est : une autre personnalité ne sera-t-elle pas encore pire que Truss ?  Le rythme du déclin du Royaume-Uni nous amène à penser que ce serait très probablement le cas.

NOTES :

1) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/precisiones-sobre-la-aplicacion-y-el.html#.YzsJKctBzIU

2) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/sobre-las-medidas-antiimmigracion-de.html#.YzsI68tBzIU

3) https://panampost.com/mamela-fiallo/2022/09/06/hombres-blancos-nuevo-conservadurismo-ingles/

4) https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220906/ue-empeoramiento-relaciones-reino-unido-victoria-truss/700930232_0.html

5) https://elordenmundial.com/liz-truss-mas-peligrosa-que-johnson-para-la-ue-y-para-el-reino-unido/

6) https://www.elmundo.es/internacional/2022/09/21/6329d54621efa051368b45af.html

7) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/27/6331e9b721efa0da3c8b4599.html

8) https://elpais.com/economia/2022-09-26/el-banco-de-inglaterra-y-el-gobierno-de-truss-intervienen-para-frenar-el-desplome-de-la-libra.html

9) https://elpais.com/economia/2022-10-03/la-primera-ministra-britanica-da-marcha-atras-en-la-rebaja-de-impuestos-para-salvar-su-gobierno.html

10) https://www.theguardian.com/uk-news/2022/sep/24/liz-truss-plans-to-loosen-immigration-rules-to-boost-uk-economy

11) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/10/631b8816e4d4d8277e8b45c7.html


 

Vers une prospective géopolitique

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Vers une prospective géopolitique

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/k-voprosu-geopoliticheskogo-prognozirovaniya

Les centres d'analyse, les organisations économiques et financières, les groupes politiques, les cabinets de conseil, les banques et même les entreprises commerciales tentent régulièrement de prédire l'avenir. Alors que dans la seconde moitié du 20ème siècle, ces travaux avaient des formulations et des conclusions très claires (comme le rapport du Club de Rome sur l'interdépendance de la croissance démographique et des ressources naturelles limitées, qui a légitimé la théorie du "milliard d'or"), les dix dernières années ont vu un éloignement des conclusions concrètes. Les auteurs des différentes prévisions, qu'il s'agisse de représentants de grandes organisations ou d'individus, préfèrent donner plusieurs scénarios pour l'avenir ou mettre en évidence des tendances alternatives et parallèles dans le développement des sociétés et des États.

En général, dans ces travaux, nous voyons l'application de méthodes qui peuvent être divisées en trois approches énoncées :

- le pronostic ;

- la prévoyance ;

- les prévisions.

Et les conclusions sont déjà données en termes d'options ou de scénarios de tendance. Néanmoins, il a été observé que, comme pour les conclusions sans ambiguïté, ces résultats flexibles servent souvent à la programmation future. Puisque les rapports contiennent le scénario nettement préféré, il est évident que les parties prenantes tenteront de faire en sorte que ce soit celui qui soit réalisé. Cela signifie qu'une telle prévision propose une stratégie d'action, y compris le calcul des fonds et des ressources nécessaires.

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Le Centre américain d'évaluation stratégique et budgétaires (i) suit cette approche dans son travail. Par exemple, le rapport sur l'armement des alliés des États-Unis, basé sur l'expérience historique, contient des recommandations assez spécifiques sur la manière de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de dissuasion nucléaire, en tenant compte des deux adversaires perçus - la Chine et la Russie (ii).

Ces études appartiennent à la section sur la guerre future, elles sont donc également de nature futurologique, tout comme les nombreux concepts innovants proposés pour l'armée américaine.

Cependant, l'expérience historique montre que certaines prédictions se sont réalisées, tandis que d'autres non. Prenez l'exemple d'Alain Minc (iii), qui, en 1978, a prédit un monde de communication globale grâce à des ordinateurs en réseau et a rédigé la première stratégie française liée à l'avènement de la révolution numérique.

En 2006, il a fait valoir qu'il existe quatre scénarios géopolitiques pour l'Europe à long terme. "Le premier est une sorte d'atlantisme minimal. La nouvelle administration reviendrait au multilatéralisme clintonien et l'Europe s'unirait, créant une alliance durable entre des États-Unis multilatéraux et une Europe unie, tolérée en tant que tele. Je ne crois pas qu'un tel scénario soit possible. Le deuxième scénario est un divorce violent et l'unification de l'Europe par elle-même, et il est clair que pour que cela se produise, il ne doit pas y avoir de menaces mondiales afin que nous ne soyons pas unis par une préoccupation commune. Le troisième scénario : la domination impérialiste. Les nouveaux États-Unis existent, mais l'Europe parvient à s'unir sous la domination écrasante des États-Unis. Quatrième scénario : un atlantisme fort. Cela impliquerait une crise de nature très dramatique, comme le fait que la Chine veuille utiliser toutes ses capacités stratégiques, nucléaires et économiques pour acquérir une position mondiale, ou cela pourrait être le terrorisme nucléaire. Il est clair que ce nouvel atlantisme n'émergera qu'en raison de l'existence d'une menace très forte. Sa propre prédiction était le cinquième scénario : un divorce en douceur" (iv).

Comme nous pouvons le constater, cette prédiction s'est avérée fausse. Les questions controversées, comme la protection des données personnelles, qui a contraint l'UE ou les frictions entre les pays de l'UE et les États-Unis sous l'administration de Donald Trump, peuvent difficilement être qualifiées de "divorce en douceur". Et la situation en Ukraine indique clairement que les pays de l'UE suivent une logique patron-client. En d'autres termes, ils sont des satellites obéissants des États-Unis, sinon l'Allemagne n'aurait guère mené une politique de sanctions suicidaire en renonçant volontairement à des conditions favorables pour l'achat de gaz naturel russe.

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Un autre exemple est le rapport de la US Intelligence Community sur le changement climatique jusqu'en 2040 (v).

On peut y trouver des déclarations contradictoires. Il est question d'un débat sur les émissions de gaz à effet de serre et la réalisation des objectifs de l'Accord de Paris. Mais la plupart des pays seront confrontés à des choix économiques difficiles et compteront probablement sur des percées technologiques pour réduire rapidement leurs émissions. Et si cela ne se produisait pas ?

Elle signale que "les projections scientifiques indiquent que les impacts physiques croissants du changement climatique jusqu'en 2040 et au-delà seront ressentis de manière plus aiguë dans les pays en développement, qui, selon nos estimations, sont également les moins capables de s'adapter à ces changements". Quelles sont donc ces projections scientifiques ? Aucune donnée pertinente n'est fournie à ce sujet. Étant donné que de nombreux scientifiques considèrent que le réchauffement climatique n'est rien de plus qu'un mythe, des questions se posent.

De même, où sont les critères qui font que les pays pauvres sont les moins aptes à s'adapter à ces changements ? Au contraire, les pays qui ne ressentent pas le besoin de villes intelligentes, d'infrastructures modernes et autres, les gens mènent le même style de vie que leurs ancêtres il y a des siècles.

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Fait révélateur, la consommation de gaz naturel ne devrait augmenter que jusqu'en 2040, tandis que la consommation de pétrole devrait rester à peu près au même niveau. L'utilisation de l'énergie solaire et éolienne augmentera considérablement, tandis que la part de l'énergie nucléaire augmentera également.

Il existe également un parti pris politique évident dans la définition des pays vulnérables au changement climatique. Les catastrophes naturelles ne respectent généralement pas les frontières politiques, mais la communauté du renseignement américaine a estimé que la situation du Sud-Soudan était bien pire que celle du Soudan (bien que ce soit les États-Unis qui aient favorisé la séparation du Sud). Le Nicaragua et la Colombie font partie des pays préoccupants, bien que le Costa Rica, situé entre les deux, ait la même note provisoire pour la résilience climatique que les États-Unis et la Russie (p.12 du rapport). De même, en Asie, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Inde et le Myanmar sont montrés du doigt, tandis que les pays voisins, le Népal, l'Iran, le Bhoutan et la Thaïlande, présentent des caractéristiques plus positives.

Si nous prenons le rapport global de l'US Intelligence Community sur les tendances mondiales à l'horizon 2040 (vi), nous constatons que la nécessité pour les États de s'adapter sera liée aux catastrophes naturelles, aux catastrophes d'origine humaine, à la propagation des maladies et aux crises financières.

La fragmentation s'accentuera et le système international aura peu de moyens pour répondre aux nouveaux défis. Au sein des nations, le fossé entre les demandes des gens et la capacité des gouvernements et des entreprises va se creuser. Des manifestations de rue auront lieu dans des endroits allant de Beyrouth à Bruxelles en passant par Bogota. La concurrence au sein des sociétés s'intensifiera, entraînant des tensions accrues. Au sein des États, la politique sera plus controversée. En politique mondiale, la Chine défiera les États-Unis et le système international occidental. L'adaptation sera à la fois un impératif et une source clé d'avantages pour tous les acteurs du monde.

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Les pays les plus susceptibles d'en bénéficier sur le plan géopolitique et économique sont l'UE, l'Inde, le Japon, la Russie et le Royaume-Uni.

Il convient ici de garder à l'esprit que les nouveaux défis et problèmes de réponse présentés dans ce rapport sont directement liés à la perte de la puissance américaine. Washington est clairement mal à l'aise avec un système multipolaire, c'est pourquoi pour les auteurs du rapport, il est considéré comme déséquilibré et destructeur. Le problème du parti pris politique peut également être observé dans les prédictions concernant la Russie.

Il est dit que "la Russie restera probablement une puissance destructrice pendant une grande partie ou la totalité des deux prochaines décennies, même si ses capacités matérielles diminuent par rapport à celles d'autres acteurs majeurs. Les avantages de la Russie, notamment ses importantes forces armées conventionnelles, ses armes de destruction massive, ses ressources énergétiques et minérales, sa vaste géographie et sa volonté d'utiliser la force à l'étranger, lui permettront de continuer à jouer le rôle de trouble-fête et de courtier de pouvoir dans l'espace post-soviétique et parfois au-delà. Il est probable que Moscou continuera à essayer de renforcer les divisions en Occident et de nouer des relations en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs. La Russie est susceptible de rechercher des opportunités économiques et d'établir une position militaire dominante dans l'Arctique à mesure que d'autres pays renforcent leur présence dans la région... Le départ du président Vladimir Poutine du pouvoir, que ce soit à la fin de son mandat actuel en 2024 ou plus tard, pourrait compromettre davantage la position géopolitique de la Russie, surtout en cas d'instabilité interne. De même, la réduction de la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de la Russie, que ce soit par le biais des énergies renouvelables ou de la diversification vers d'autres fournisseurs de gaz, sapera les revenus et le pouvoir global du Kremlin, surtout si cette réduction ne peut être compensée par des exportations vers les consommateurs d'Asie.

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Cependant, même si elle est aussi catégorique, la communauté du renseignement américaine propose cinq scénarios. "Trois d'entre eux dépeignent un avenir dans lequel les défis internationaux deviennent progressivement plus sérieux et les interactions sont largement guidées par la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Dans le scénario des démocraties montantes, les États-Unis ouvrent la voie. Dans le Monde à la dérive, la Chine est l'État leader mais pas dominant au niveau mondial, et dans la Coexistence compétitive, les États-Unis et la Chine prospèrent et se disputent le leadership dans un monde "bifurqué", à la croisée des chemins. Les deux autres scénarios impliquent un changement plus radical. Tous deux découlent de ruptures mondiales particulièrement graves, et tous deux remettent en question les hypothèses relatives au système mondial. La rivalité entre les États-Unis et la Chine est moins centrale dans ces scénarios, car les deux États doivent faire face à des défis mondiaux plus importants et plus graves et constatent que les structures actuelles ne sont pas à la hauteur de ces défis. Les différents blocs en gestation dépeignent un monde dans lequel la mondialisation s'est effondrée et où des convergences ponctuelles d'ordre économique et des alliances de sécurité apparaissent pour protéger les États des menaces croissantes. Tragédie et mobilisation forment la trame de l'histoire d'un changement graduel et révolutionnaire sur fond de crises environnementales mondiales dévastatrices".

Bien entendu, outre le fait d'essayer de se projeter dans l'avenir en se basant sur les statistiques disponibles et les observations des décennies précédentes, la communauté du renseignement américaine avait d'autres objectifs : 1) identifier des menaces spécifiques afin que les autorités américaines (ainsi que les partenaires de Washington) puissent se concentrer sur celles-ci et allouer les ressources nécessaires aux contractants appropriés ; 2) diaboliser certains États, idéologies et systèmes politiques. Les préoccupations concernant le déclin d'un système international qui profite à l'Occident sont clairement visibles. Et s'il y a des changements majeurs qui diminuent le rôle des États-Unis et de l'UE, cela sera perçu positivement dans la plupart des pays.

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Certains essaient de se limiter délibérément à un minimum d'alternatives pour l'avenir. Par exemple, l'Institut allemand pour la politique publique mondiale, dans sa vision des médias et des technologies jusqu'en 2035, ne propose que deux scénarios (vii). Le premier décrit un avenir dans lequel l'éducation aux médias et la liberté d'expression sont élevées, de sorte que les gens peuvent dire ce qu'ils veulent et que leur contenu est largement diffusé. Ce sont les utilisateurs qui détermineront les règles des plateformes de médias sociaux, et non les États ou les entreprises privées. Il n'y aura pas de règles formelles régissant les flux de données et les questions de souveraineté des données, mais il y aura un effondrement économique et infrastructurel, et avec la montée de l'autoritarisme, il n'y aura pas de libre échange de données. La seconde a les mêmes perspectives en matière de liberté d'expression, mais le cosmopolitisme a gagné le monde. Une pléthore de règles largement utilisées et des investissements dans l'infrastructure garantissent un partage des données libre et sans entrave à l'échelle mondiale.

Des scénarios supplémentaires avec des options intermédiaires sont clairement de mise ici.

Prenons maintenant une perspective à court terme. Au début de l'année 2021, le Council on Foreign Relations a présenté une carte des conflits possibles pour l'année en cours (viii). Il est clair que ces hypothèses étaient fondées sur des biais. Par exemple, nous ne voyons absolument aucune mention de la région Asie-Pacifique, à savoir les pays où les conflits et les organisations insurrectionnelles et terroristes sont actifs - Indonésie, Malaisie et Philippines. Aucune mention n'est faite de la Colombie, où les meurtres réguliers d'anciens membres des FARC se poursuivent. La possibilité d'instabilité dans d'autres pays d'Amérique latine - le Chili et le Pérou, où de nombreuses manifestations ont eu lieu en 2020 - n'est pas non plus analysée.

Elle n'indique pas non plus les points de tension potentiels en Europe, qui sont nombreux. Dans une large mesure, l'étude est construite sur une perception limitée de la réalité d'une part et, d'autre part, sur les priorités qui ont informé la politique étrangère américaine au cours des années précédentes et qui ont été reflétées dans les médias mondiaux (ix).

Début 2022 (x), l'Afghanistan, Haïti, le Liban et le Venezuela figuraient parmi les conflits les plus susceptibles d'avoir un impact moyen sur les intérêts américains. Bien qu'il y ait eu des troubles sociaux et politiques dans tous ces pays, ils n'étaient pas si critiques. En Afghanistan, la stagnation générale s'est poursuivie, en Haïti la situation n'a pas beaucoup changé et au Liban, l'effondrement des institutions étatiques ne s'est pas produit comme prévu par le CFR.

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Taïwan et la Chine, Israël et l'Iran, le Mexique, la Corée du Nord, et seulement à la fin de la liste, la détérioration de la situation dans l'est de l'Ukraine et l'intensification de la confrontation avec la Russie. Mais, comme le temps l'a montré, c'est l'Ukraine qui s'est retrouvée en tête de liste des pays sujets aux conflits, et avec l'aide de la spéculation politique de l'Occident, un effet domino global a touché des coins reculés du monde. La prévision pour l'Irak, dont la probabilité et les conséquences étaient moyennes, ne s'est pas non plus réalisée. Alors que l'escalade liée à l'activité des groupes kurdes et à l'intervention turque se poursuit, elle est aggravée par la dégradation de la sécurité dans la province d'Anbar, la crise parlementaire et les querelles inter-chiites qui ont conduit à l'annonce par al-Sadr de son retrait de la vie politique.

Le conflit arméno-azerbaïdjanais a également été classé au niveau le plus bas de probabilité et de conséquence, bien qu'un nouvel affrontement en septembre 2022 s'étendait clairement à un niveau plus élevé.

Bien que les conflits soient un sujet spécifique avec ses propres subtilités et nuances, il y a eu également des spéculations optimistes non réalisées de la part des institutions financières selon lesquelles le ralentissement économique causé par la pandémie ferait place à la reprise et des histoires de renaissance des puissances occidentales dans la perspective mondiale à court terme (xi).

Il a été affirmé que l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche ramènera les États-Unis à leur rôle traditionnel d'opérateur d'alliances mondiales. Et les institutions multinationales telles que l'OTAN et l'ONU pourraient réviser leurs plans d'urgence pour un retrait rapide des troupes américaines. Enfin, le Royaume-Uni - et, dans une moindre mesure, le reste de l'Europe - pourraient recentrer leurs efforts sur les priorités mondiales à long terme. Mais ces projections se sont révélées erronées.

Cela conduit un certain nombre d'organisations de suivi des tendances à passer à des récits descriptifs, à appliquer la théorie descriptive avec une certaine continuité possible, en évitant les prédictions futuristes faites par leurs prédécesseurs (xii).

Et quelles sont les raisons de toutes ces erreurs ? Outre les intérêts politiques et corporatifs qui influencent les conclusions, il existe des facteurs qui sont de nature ontologique.

Steve Fuller, par exemple, relève plusieurs points qui nient la possibilité même de la prédiction : 1) l'avenir est en principe inconnaissable parce qu'il n'existe pas encore, et on ne peut connaître que ce qui existe ; 2) l'avenir sera différent à tous égards du passé et du présent, peut-être à cause de l'indétermination de la nature, à laquelle le libre arbitre de l'homme contribue également de manière importante ; 3) les effets mutuels de la prédiction et de ses résultats sont si complexes que chaque prédiction génère des conséquences involontaires qui apporteront plus de mal...

Fuller lui-même a parlé de la nécessité de passer de la super-prédiction à la règle forcée, c'est-à-dire d'assumer la responsabilité de ce qui se passe et de proposer des solutions.

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Il convient également de noter que ces prévisions manquent souvent de données statistiques, d'une part, et que, d'autre part, des changements brusques peuvent mettre à mal les faits apparemment exacts qui ont servi de base à l'étude. Par exemple, la Banque mondiale utilise toujours dans ses prévisions les critères du PIB, des taux de change, du classement des pays, etc., qui, à leur tour, peuvent changer, ne pas refléter la réalité ou être le résultat de manipulations spéculatives (comme l'a démontré la crise financière américaine de 2008 et, encore plus tôt, la soi-disant crise des dot-com). Les sanctions occidentales et les contre-sanctions russes en 2022 ont entraîné une forte hausse du prix du gaz naturel, que personne n'aurait pu imaginer en 2021. Les fluctuations de la valeur du pétrole, des métaux précieux et des terres rares, des minéraux, des crypto-monnaies, sur lesquelles se concentrent de nombreux investisseurs, et des produits finis sont devenues trop difficiles à prévoir en termes d'unités de compte.

Enfin, les questions de valeur sont généralement exclues des projections de tendances futures proposées par les organisations occidentales. Bien que des facteurs tels que le nationalisme et le conservatisme se retrouvent souvent dans les rapports, il s'agit toujours davantage d'une catégorie politique et ne reflète pas le sentiment réel. Un échantillon d'enquêtes sociologiques a peu de chances de faire l'affaire, les questionnaires étant eux-mêmes un outil de collecte de données douteux.

Quant à la religion, qui est directement liée aux valeurs, nous sommes confrontés à un dilemme entre rationalité et irrationalité. Et même les nuances irrationnelles peuvent avoir des interprétations différentes. Par exemple, si nous prenons les traditions abrahamiques, les trois - le judaïsme, le christianisme et l'islam - diffèrent dans leurs interprétations de l'avenir. Et au sein de chaque tradition, il existe des branches qui peuvent présenter des contradictions. Et cela affecte directement les processus politiques. Par exemple, la proportion de la population pratiquant l'islam chiite au Nigeria a considérablement augmenté ces derniers temps. Il est douteux que l'Occident tienne compte de ce changement d'équilibre et se préoccupe davantage de répandre la démocratie, d'accroître son influence et son accès aux ressources naturelles. Pourtant, les chiites ont une vision eschatologique spécifique, où l'arrivée du Mahdi marquera la fin des temps et où son armée ainsi que le Christ (qui est vénéré comme un prophète) combattront l'armée du Dajjal (l'Antéchrist). De toute évidence, dans le contexte de la confrontation entre l'Iran et Israël, et au niveau mondial d'un club de pays fondés sur les valeurs traditionnelles et le cartel néolibéral occidental, la montée des adeptes du chiisme affectera également les processus géopolitiques.

Bien sûr, les prévisions resteront demandées, mais leur précision risque de diminuer. Il est probable que certains groupes de réflexion vont réviser leurs méthodologies. Il y aura des tentatives de rationalisation des catégories abstraites et transcendantes. Enfin, les méthodologies proposées par les pays non-occidentaux avec d'autres entrées et formules entreront dans l'arène. Nous tenterons de théoriser une telle méthodologie dans la publication suivante.

Notes:

i https://csbaonline.org/

ii https://csbaonline.org/research/publications/arming-americas-allies-historical-lessons-for-implementing-a-post-inf-treaty-missile-strategy/publication/1

iii Mink a été conseiller de plusieurs gouvernements français et a été membre du conseil d'administration de diverses sociétés telles que le cabinet de conseil AM Conseil, Le Monde, Gucci, Valéo et le groupe de construction Vinci.

iv https://fpc.org.uk/a-transatlantic-divorce/

v https://www.dni.gov/files/ODNI/documents/assessments/NIE_Climate_Change_and_National_Security.pdf

vi https://www.dni.gov/index.php/gt2040-home/summary

vii https://www.ggfutures.net/analysis/ggf2035-global-media-and-information

viii https://www.cfr.org/report/conflicts-watch-2021

ix https://katehon.com/ru/article/karta-vozmozhnyh-konfliktov-po-versii-cfr

x https://cdn.cfr.org/sites/default/files/report_pdf/PPS2022.pdf

xi https://www.morganstanley.com/ideas/global-economic-outlook-2021

xii https://css.ethz.ch/content/dam/ethz/special-interest/gess/cis/center-for-securities-studies/pdfs/ST2022.pdf

xiii Fuller S. Post-vérité. La connaissance comme lutte pour le pouvoir. MOSCOU : HSE, 2021. С. 286.

lundi, 03 octobre 2022

Le monde vu de Samarcande

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Le monde vu de Samarcande

Par Daniele Perra

Source: https://www.eurasia-rivista.com/il-mondo-visto-da-samarcanda/?fbclid=IwAR1jTo6EDLMfC2JpvyhKZvny75SCUv6UohwQEKE19wWQVHc_O2nZ9PI1l1A

"Ne demandez pas au moineau comment vole l'aigle".

(proverbe chinois)

"Il est assez facile de démasquer le pro-américain qui se déguise en Européen. Il use et abuse du mot 'Occident".

(Jean Thiriart)

Les "Occidentaux", déclare l'ancien général des forces aériennes de l'Armée populaire de libération chinoise, Qiao Liang, aiment se vanter qu'il n'y a pas de guerres entre "démocraties" [1]. Cette croyance, pour être juste, est assez réductrice (pour ne pas dire plutôt banale). En fait, comme l'a soutenu le "géopolitologue militant" Jean Thiriart dans les années 1980, s'il est vrai que le grand rival militaire des États-Unis est la Russie, il est tout aussi vrai que son grand rival économique (celui qui représente potentiellement la menace la plus sérieuse pour son hégémonie mondiale) est l'Europe occidentale [2].

Sur les pages de notre revue Eurasia, on a souvent tenté de présenter des preuves (claires) que les États-Unis ne sont pas seulement en guerre contre la Russie, mais plus généralement contre l'Europe dans son ensemble (les attaques, le sabotage, contre les corridors énergétiques Nord Stream 1 et 2 du 27 septembre 2022, qui ont coïncidé avec l'inauguration d'un gazoduc reliant les champs gaziers norvégiens, aujourd'hui épuisés, à la Pologne à travers la mer Baltique pourraient également s'inscrire dans ce contexte) [3].

À l'occasion de l'agression de l'OTAN contre la Serbie, le taux de change entre l'euro (nouvellement créé) et le dollar est passé de 1 pour 1,07 à 1 pour 0,82, soit une chute de plus de 30 %. De même, début février, au plus fort de la pression ukrainienne contre les républiques séparatistes du Donbass et avant le début de l'opération militaire spéciale, l'euro valait 1,14 pour un dollar. Aujourd'hui (au moment de la rédaction de cet article), il se négocie à 0,96 (plus de trois points en dessous de la parité).

Gouvernée par une élite politique collaborationniste prête à faire du Vieux Continent pour les USA ce que l'Inde était pour l'empire colonial britannique, l'Europe semble condamnée à rester figée dans une mentalité de guerre froide de confrontation entre blocs à l'heure où l'accélération imposée aux dynamiques géopolitiques par les événements (la crise pandémique et l'intervention directe de la Russie dans le conflit ukrainien) transforme rapidement le système mondial dans un sens multipolaire.

Si, d'une part, le fait de pousser la Russie vers l'est a (momentanément) séparé ce qui a été défini comme les "deux géants du milieu", d'autre part, il a réalisé l'un des "cauchemars géopolitiques" de Washington : la construction d'un bloc capable d'exclure les États-Unis de l'espace eurasien grâce à une coopération stratégique entre la Russie, la Chine et l'Iran. Cela a contrecarré les efforts de ce Henry Kissinger qui, depuis le début des années 1970, avait tenté (non sans succès) de séparer l'URSS et la République populaire de Chine en attirant Pékin dans l'orbite géo-économique des États-Unis (en tant qu'exportateur de biens bon marché et importateur de titres de la dette américaine), grâce à la politique dite de la porte ouverte (un passage encore facilité par l'administration Clinton avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce à des conditions favorables, sauf à bombarder "par erreur" l'ambassade de Chine à Belgrade pour pousser le transfert de capitaux de Hong Kong à Wall Street).

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L'"idylle" sino-américaine, du point de vue néo-libéral occidental, était censée faire de la Chine le centre manufacturier mondial, à condition que l'écart technologique et militaire entre Washington et Pékin reste inchangé et que la balance commerciale ne penche pas trop à l'Est.

Au contraire, la croissance économique de la Chine (qui s'est également traduite par une augmentation des dépenses militaires), augmentant sa puissance relative (notamment en termes de projection et d'influence), en a fait un rival direct des États-Unis. Il va sans dire que, comme l'a montré John J. Mearsheimer, cette rivalité n'a rien à voir avec l'aspect idéologique. Le politologue américain, en effet, dans le sixième chapitre de son texte phare The Tragedy of the Great Powers (2001), donne l'exemple de l'Italie dans la première moitié du 20ème siècle en montrant comment les gouvernements libéraux pré-fascistes n'étaient pas moins agressifs que celui dirigé par Benito Mussolini [4]. Par conséquent, un conflit avec les intérêts français et britanniques dans la zone méditerranéenne ou moyen-orientale aurait été inévitable dans tous les cas (l'Italie, par exemple, avait déjà commencé à fournir un soutien militaire à l'imamat yéménite Taydite contre la pénétration coloniale britannique à Aden dès le milieu des années 1920, à une époque où l'État italien n'avait pas encore pris un caractère totalitaire) [5].

De même, l'Union européenne, la Russie et la Chine, qu'elles soient démocratiques ou autoritaires, libérales ou étatistes en matière économique, importe peu. Ils représentent cependant une menace lorsque leur puissance accrue (militaire ou économique, ou les deux) met en péril le système mondial fondé sur l'hégémonie nord-américaine au sein des institutions internationales (Banque Mondiale et FMI surtout) et sur le pouvoir du dollar comme monnaie de référence dans les échanges commerciaux.

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Si l'Union européenne, otage de sa propre classe dirigeante et de l'Alliance atlantique, a peu de marge de manœuvre pour échapper à l'emprise "occidentale" (bien que certaines tentatives pour l'"isoler" du reste de l'Eurasie, comme le TTIP, aient échoué), la Chine et la Russie construisent les bases d'un nouvel ordre qui rendra inefficaces les efforts occidentaux pour "contenir" leur expansion.

À cet égard, on ne peut oublier qu'au 19ème siècle, la Grande-Bretagne a mené les "guerres de l'opium" précisément pour tenir la Chine à l'écart du commerce maritime. Ainsi, la volonté actuelle du Parti communiste chinois, bien résumée par le discours du président Xi Jinping lors de la réunion de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS, mais plus connue sous son acronyme anglais SCO) à Samarcande (14-16 septembre 2022), se présente également comme une nouvelle expression de résurgence nationale face à cette période sombre de l'histoire chinoise (au tournant du milieu du 19ème siècle au milieu du 20ème siècle) qui reste connue en Chine comme "le siècle des humiliations" et des "traités inégaux".

Dans son discours, Xi, en plus des habituelles références historiques à la Route de la Soie comme source d'inspiration pour une interaction culturelle et commerciale pacifique entre les pays qui ont embrassé le projet et l'OCS, s'est concentré sur plusieurs points cruciaux pour le développement des programmes d'intégration eurasiens. Tout d'abord, il a souligné la nécessité pour les membres de l'Organisation de Shanghai elle-même d'agir en communauté de vues pour contrecarrer les tentatives d'ingérence extérieure dans leurs affaires intérieures. À cet égard, le président chinois a spécifiquement parlé des tentatives de créer des "révolutions de couleur" qui sapent la stabilité régionale [6].

Il n'est pas surprenant qu'au moment où Téhéran a officiellement rejoint l'OCS, une vague de protestations (plus ou moins véhémentes, plus ou moins spontanées) se soit répandue dans tout le pays d'une manière qui rappelle les processus de déstabilisation soutenus par l'Occident sur d'autres théâtres (des anciens pays soviétiques au Moyen-Orient) et aussi en Iran même (pensez au soi-disant "Mouvement vert" de 2009 né après la réélection de Mahmud Ahmadinejad), avec la différence substantielle que la République islamique (en dépit de la crise induite par le régime de sanctions imposé par Trump) semble encore disposer des anticorps et des structures pour faire face à de tels défis (auxquels il faut ajouter les poussées perturbatrices opérées par certains groupes ouvertement soutenus par les services d'espionnage nord-américains et israéliens, notamment au Kurdistan, dans les régions limitrophes de l'Azerbaïdjan et au Beloutchistan, où, depuis le début des années 1980, des groupes séparatistes opèrent sous la tutelle de l'Irak de Saddam Hussein dans une optique à la fois anti-iranienne et anti-pakistanaise).

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Xi a également porté son attention sur l'Afghanistan (présent au sommet en tant que pays candidat au statut de partenaire de dialogue au sein de l'OCS). En effet, Kaboul, aux yeux du président chinois, s'est posé au cœur du projet d'interconnexion continentale après le retrait américain. Cependant, il est crucial pour l'Afghanistan de mettre en place une structure politique large et inclusive qui puisse éliminer le terreau qui alimente le terrorisme et met en danger toute la région d'Asie centrale [7]. La lutte des talibans contre l'autoproclamé "État islamique" (ISIS-Khorasan) et les efforts pour éradiquer la culture du pavot à opium (à laquelle, pour être honnête, le mollah Omar avait déjà tenté de remédier au tournant des années 1990-2000 afin d'être accepté par la "communauté internationale"), après vingt ans d'occupation occidentale au cours desquels la production de drogue non seulement n'a pas diminué mais a augmenté de façon exponentielle (de 70.000 hectares cultivés en pavot en 2001 à 300.000 en 2017) [8], représentent en ce sens un signe clair de la volonté positive des Afghans de coopérer avec les pays voisins (indispensable à l'heure où les Etats-Unis, dans le silence général, ont gelé plus de 9 milliards de dollars que les gouvernements fantoches pro-occidentaux avaient transférés aux institutions de crédit nord-américaines).

Les références de Xi Jinping à la construction d'un système de paiement international dans les monnaies locales respectives, qui accélérerait le processus de dédollarisation des économies eurasiatiques et faciliterait la création prochaine d'une banque de développement interne au sein de l'OCS, n'étaient pas moins pertinentes.

Cette étape est extrêmement importante, étant donné que l'Organisation de Shanghai concerne 40 % de la population mondiale, ¼ du PIB mondial, s'étend sur la plus grande masse continentale du monde et compte pas moins de quatre puissances nucléaires (Chine, Inde, Pakistan et Russie) en son sein. Des chiffres qui augmenteront encore si le système des BRICS est relié à l'OCS.

Paradoxalement, le régime de sanctions imposé à la Russie à la suite de l'opération militaire spéciale, loin de réaffirmer l'unipolarisme (si l'on exclut le contrôle nord-américain sur l'Europe), a accéléré la voie multipolaire. En effet, "l'incapacité, due aux sanctions, d'utiliser les circuits VISA et Mastercard a incité Moscou à utiliser les circuits chinois Huawei Pay et Union Pay, et a redonné un nouvel élan au projet mis en chantier par les BRICS en 2015, consistant en la création de leur propre système unique de paiements transnationaux (Brics Pay) qui permet l'utilisation de leurs monnaies nationales respectives comme base d'échange directe pour les paiements extérieurs, en évitant l'intermédiation du dollar et donc le transit nécessaire par les banques américaines" [9]. Et encore : "En interconnectant les systèmes de paiement (Elo au Brésil, Mir en Russie, RuPay en Inde et Union Pay en Chine ; l'Afrique du Sud ne dispose pas de sa propre infrastructure), Brics Pay est candidat pour supplanter progressivement les circuits VISA et Mastercard dans le quadrant asiatique (où Union Pay a déjà dépassé VISA depuis 2015, en termes de transactions globales, réduisant drastiquement le pouvoir de chantage de Washington [... ]. De même, l'éviction hors du système SWIFT pénalise les établissements de crédit russes, mais démasque l'instrumentalisation de ce qui est configuré comme le principal système de régulation des paiements internationaux aux logiques de pouvoir euro-atlantistes, avec pour résultat de renforcer la tendance à rechercher des solutions alternatives" [10]. Des solutions ont été trouvées dans l'utilisation et le renforcement (voire l'unification) du système déjà existant CIPS - Cross-Border International Payment System (Chine), SPFS - System for Transfer of Financial Messages (Russie), UPI - Unified Payment Interface (Inde).

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En conclusion, Xi a fait l'éloge de l'esprit de Shanghai, qui est toujours fort et ferme après 20 ans. Il se résume en cinq points qui représentent à la fois les piliers du nouveau système multipolaire et ce que la Russie et la Chine ont identifié comme le processus de "démocratisation" des relations internationales. Les cinq points sont les suivants :

    - La confiance politique. Guidés par la vision de forger une amitié et une paix durables entre les États membres de l'OCS, nous respectons les intérêts fondamentaux de chacun et le choix de la voie de développement, et nous nous soutenons mutuellement dans la réalisation de la paix, de la stabilité, du développement et du rajeunissement.

    - Coopération gagnant-gagnant. Nous rencontrons des intérêts mutuels, restons fidèles au principe de consultation et de coopération pour des bénéfices partagés, renforçons la synergie entre nos stratégies de développement respectives, et suivons la voie de la coopération gagnant-gagnant vers une prospérité commune.

    - L'égalité entre les nations. Nous sommes attachés au principe d'égalité entre tous les pays, quelle que soit leur taille, au principe de prise de décision par consensus et au principe de résolution des problèmes par une consultation amicale. Nous rejetons la pratique de la coercition des grands et des forts contre les petits et les faibles.

    - Ouverture et inclusion. Nous soutenons la coexistence harmonieuse et l'apprentissage mutuel entre différents pays, nations et cultures, le dialogue entre les civilisations et la recherche d'un terrain d'entente en mettant de côté les différences. Nous sommes prêts à établir des partenariats et à développer une coopération gagnant-gagnant avec d'autres pays et organismes internationaux qui partagent notre vision.

    - Équité et justice. Nous sommes attachés aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies ; nous abordons les grandes questions internationales en fonction de leurs mérites propres ; et nous nous opposons à la poursuite de notre propre agenda au détriment des droits et des intérêts légitimes d'autres pays [11].

L'énumération des cinq points constituant "l'esprit de Shanghai" dans le discours de Xi Jinping et le choix de Samarcande ("perle de la route de la soie") comme destination du premier voyage officiel à l'étranger du président chinois depuis le début de la pandémie de Covid 19 ont certainement une forte valeur culturelle et symbolique. Tout d'abord, Xi Jinping a voulu envoyer un message stratégique clair aux tentatives américaines d'encercler la Chine en mettant l'accent sur la capacité de projection terrestre (et pas seulement maritime) de la Nouvelle route de la soie, qui est présentée comme un projet complémentaire aux stratégies de développement national des pays membres et aux dialogues avec l'OCS.

Deuxièmement, elle voulait envoyer un message clair aux mêmes membres de l'OCS et partenaires de dialogue dont les intérêts contradictoires ont conduit à une confrontation de guerre ouverte (non sans l'ingérence de l'Occident). C'est le cas de la confrontation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan (un conflit dans lequel la Turquie, partenaire de dialogue de l'OCS, est déjà directement impliquée en tant que principal fournisseur de soutien militaire à Bakou et qui pourrait potentiellement engager l'Iran également), des tensions entre le Tadjikistan et l'Afghanistan et, plus récemment, de l'affrontement Tadjikistan-Kirghizstan, cette dernière étant traversée par le corridor ferroviaire Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan, qui représente un point de jonction crucial pour la Nouvelle route de la soie, étant donné qu'il permettrait, une fois achevé, d'atteindre à la fois le Moyen-Orient (via l'Afghanistan) et l'Europe (via l'Iran et la Turquie) bien avant la ligne déjà existante qui traverse le Kazakhstan.

C'est également dans ce contexte que s'inscrit la position officielle de la Chine sur le conflit en Ukraine, qui est restée (à quelques différences substantielles près) la même depuis 2014: "La partie chinoise maintient une position objective et juste sur la question ukrainienne, insiste sur le respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, s'oppose à toute ingérence de forces extérieures dans les affaires intérieures de l'Ukraine, et soutient la résolution politique du problème ukrainien de manière pacifique". Nous pensons que la solution ultime à la crise ukrainienne réside dans le maintien de deux équilibres, à savoir comprendre l'équilibre entre les intérêts des différentes régions et des différentes nationalités en Ukraine, parvenir à un équilibre des relations avec la Russie et l'Europe, afin de ne pas faire de l'Ukraine un avant-poste de la confrontation, mais plutôt un pont de communication entre l'Est et l'Ouest" [12].

Cela expliquerait également le mécontentement mal dissimulé de Pékin quant au choix de la Russie d'intervenir directement dans le conflit, surtout à la lumière des tentatives répétées de l'Amérique du Nord de l'utiliser comme une arme pour intensifier la propagande de l'affrontement entre les blocs opposés et mettre à genoux le tissu industriel européen. En fait, la Chine n'a pas d'intérêt particulier à voir la récession économique de la zone euro. Tout comme elle n'a aucun intérêt à une césure géographique (bien que momentanée) entre la Russie et l'Europe (ou à une nouvelle spirale de guerre aux issues potentiellement néfastes) au moment où le contrôle russe sur le port stratégique de Mariupol ouvre d'importants scénarios pour l'utilisation de l'infrastructure et du gigantesque complexe industriel Azovstal (ce n'est pas un hasard si les Azovites, avec des civils comme boucliers humains, ont choisi de se barricader juste là, conscients du fait que Moscou n'essaierait pas de détruire complètement la zone) comme instruments d'interconnexion nord-sud et ouest-est du continent.

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En haut, le Sultan Galiev; en bas, Ismail Bey Gaspir Ali.

Du point de vue russe, le sommet de Samarcande a eu le mérite de raviver l'approche stratégique traditionnelle de Moscou, qui se tourne vers l'Est et le monde islamique lorsque l'Europe lui tourne le dos. Même avant des personnalités telles que le théoricien du "communisme national islamique" Mirza Sultan Galiev (1892-1940), le "marxiste atypique" Karl Radek (qui avait invité, lors du Congrès post-révolutionnaire des peuples orientaux, Enver Pasha à rejoindre la révolte "basmatienne" au lieu d'aider à la réprimer) [13], et les exposants de l'eurasianisme classique, cette approche avait été adoptée par Ismail Bey Gaspir Ali (1851-1914). Ce dernier, un Tatar de Crimée et une figure centrale du mouvement connu sous le nom de "jadidisme" (de usul-i-jadid, "nouvelle méthode"), visant à répandre la culture scientifique moderne parmi les peuples musulmans de l'espace impérial russe, comme le voulait aussi Konstantin Leont'ev, pensait que Moscou devait suivre une politique d'alliance mutuellement bénéfique avec des pays comme la Turquie et la Perse. La Russie obtiendrait l'accès tant convoité aux "mers chaudes", tandis que la Turquie et la Perse pourraient se libérer de l'étouffante étreinte européenne qui cherchait continuellement à les monter les uns contre les autres et, alternativement, à favoriser des confrontations directes entre elles et la Russie elle-même. "Une alliance entre le tsar blanc et le calife de l'Islam", a déclaré Ismail Bey "Gasprinsky", "rebatrait complètement les cartes que l'on joue en Europe depuis trois siècles".

Aujourd'hui, comme à l'époque, seule une coopération toujours plus étroite entre des réalités politiques et culturelles extrêmement différentes (comme celles qui existent au sein de l'OCS ou des BRICS) peut permettre de surmonter l'approche occidentale des relations internationales fondée sur la politique du "diviser pour régner".

NOTES:

[1] Qiao Liang, L’arco dell’Impero con la Cina e gli Stati Uniti alle estremità, LEG Edizioni, Gorizia 2021, p. 112.

[2] J. Thiriart, L’impero euro-sovietico da Vladivostok a Dublino, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2018, p. 54.

[3] "Des fuites de gaz ont été signalées près de l'île danoise de Bornholm, dans la mer Baltique. Le gouvernement fédéral allemand estime qu'il est possible que les gazoducs Nord Stream aient été endommagés par des "attentats". Voir Fuite de gaz de Nord Stream 1 et 2 : des bulles dans la mer. Opérateur de réseau : "Dommages causés à 3 lignes offshore", 27 septembre 2022, www.rainews.it. Il convient également de préciser que s'il s'agissait d'une opération de renseignement assistée par l'OTAN, on aurait alors affaire à une attaque directe de l'OTAN contre les intérêts vitaux d'un pays membre, même si, à l'heure actuelle, le Nord Stream 1 est hors service pour cause de maintenance et le 2 n'est jamais entré en service.

[4] J. J. Mearsheimer, The tragedy of great powers politics, Northon e Company, New York 2014, p. 171.

[5] F. Sabahi, Storia dello Yemen, Mondadori, Milano-Torino 2010, p. 36.

[6] Vertice di Samarcanda: il discorso di Xi Jinping (trad. Giulio Chinappi), www.cese-m.eu.

[7] Ibidem.

[8] N. Piro, La narrazione dell’oppio afghano è sbagliata, proviamo a riscriverla, www.nicopiro.it.

[9] G. Gabellini, 1991-2022. Ucraina. Il mondo al bivio. Origini, responsabilità, prospettive, Arianna Editrice, Bologna 2022, p. 250.

[10] Ibidem, pp. 250-251.

[11] Vertice di Samarcanda: il discorso di Xi Jinping, ivi cit.

[12] AA.VV., Interpretazione della filosofia diplomatica cinese nella Nuova Era, Anteo Edizioni, Cavriago 2021, p. 33.

[13] Pas du tout victime, contrairement à nombre de ses camarades de parti, d'un parti pris anti-oriental, Radek a déclaré depuis le podium du Congrès : "Camarades, nous faisons appel à l'esprit de combat qui, dans le passé, animait les peuples de l'Est lorsque, conduits par de grands conquérants, ils marchaient sur l'Europe [...] Nous savons, camarades, que nos ennemis nous accuseront d'évoquer la figure de Gengis Khan et des califes de l'Islam [...] et lorsque les capitalistes européens diront que c'est la menace d'une nouvelle barbarie, d'une nouvelle invasion boche, nous leur répondrons: Vive l'Orient rouge !" (dans C. Mutti, Introduzione a N. S. Trubeckoj, L’eredità di Gengis Khan, S.E.B., Milano 2005). L'objectif de Karl Radek était de créer une alliance entre le bolchevisme russe et les nationalismes allemand et turc contre l'ennemi commun : l'impérialisme britannique. À cette fin, il a invité à Bakou Enver Pasha, ancien représentant des Jeunes Turcs et ministre de la guerre de l'empire ottoman pendant les années de la Première Guerre mondiale. Les bolcheviks espéraient, grâce à son aide, mettre fin à la rébellion des Basmatis ("brigands") héritée de la Russie tsariste et qui avait éclaté suite à l'imposition de la conscription obligatoire pour les populations musulmanes d'Asie centrale. Cependant, une fois à Boukhara, Enver Pascia rejoint le soulèvement et en prend la tête avec le titre de "commandant de campagne de toutes les armées musulmanes, gendre du calife et représentant du prophète". Exploitant la propagation des sentiments panislamiques et panprotestants, son idée était de créer un immense État musulman englobant toute l'Asie centrale, plus l'Iran et l'Afghanistan. Cependant, son projet n'a pas duré longtemps. Enver Pasha meurt au combat en 1922, tandis que la révolte s'estompe lentement jusqu'à disparaître complètement dans les années 1930.

[14] G. R. Capisani, I nuovi Khan. Popoli e Stati nell’Asia centrale desovietizzata, BEM, Milano 2007, p. 94.

Entretien avec Claudio Mutti, rédacteur en chef de la revue d'études géopolitiques Eurasia

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Entretien avec Claudio Mutti, rédacteur en chef de la revue d'études géopolitiques Eurasia

Source: https://www.gazzettadellemilia.it/politica/item/38584-intervista-a-claudio-mutti,-direttore-della-rivista-di-studi-geopolitici-%E2%80%9Ceurasia%E2%80%9D?fbclid=IwAR0w9sbHYpqFPxMGzsc9nPZQxr9veJcrJuyGJq8C5au-1S_urTDkcpc7kAQ

La semaine qui s'achève laisse penser que le conflit ukrainien est sur le point de prendre une nouvelle direction et que les scénarios pourraient changer. Pour tenter d'apporter un éclairage, nous avons interrogé un expert en géopolitique, Claudio Mutti, rédacteur en chef du magazine EURASIA.

Par Matteo Pio Impagnatiello Felino (PR)

Au moment où nous nous parlons, la guerre entre l'Ukraine et la Fédération de Russie se poursuit. Pouvez-vous nous dire ce qui se passe réellement dans le scénario de guerre en Europe de l'Est ?

Les États-Unis utilisent l'Ukraine pour creuser un fossé entre la Russie et le reste de l'Europe. Cela ne vient pas de moi, mais d'une source très autorisée, nullement soupçonnée d'anti-américanisme : George Friedman, président de Strategic Forecasting, Inc. connu sous le nom de Stratfor. S'exprimant devant le Chicago Council of Global Affairs, Friedman a déclaré: "L'intérêt premier des États-Unis, pour lequel nous avons mené des guerres pendant un siècle (la Première guerre mondiale, la Seconde et la Guerre froide), est d'empêcher l'Allemagne et la Russie de s'unir, car ensemble, elles représentent la seule force capable de nous menacer. Pour les États-Unis, la crainte fondamentale est que le capital financier et la technologie allemands se soudent aux ressources naturelles et à la main-d'œuvre russes. C'est la seule alliance qui fait peur aux États-Unis, nous essayons de l'empêcher depuis un siècle".

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A la lumière du vote du dimanche 25 septembre en Italie, y aura-t-il des échos sur les relations diplomatiques bilatérales entre l'Italie et la Fédération de Russie ?

Quelques jours avant les élections italiennes, la Pravda écrivait : "La potentielle nouvelle première ministre italienne, Giorgia Meloni, a choisi la voie du chaos (...) elle sera une atlantiste convaincue et une partisane de l'Ukraine". Le diagnostic sévère et réaliste de ce quotidien historique russe a été confirmé le 26 septembre par Meloni elle-même. Au message diplomatique de Dmitry Peskov, porte-parole du président Poutine, qui, parlant de l'Italie, a déclaré : "Nous sommes prêts à accueillir toute force politique capable d'être plus constructive dans les relations avec Moscou", Meloni a répondu indirectement en déclarant son "soutien loyal à la cause de la liberté du peuple ukrainien". Faisant écho à Draghi en niant la validité du référendum visant à annexer les quatre régions ukrainiennes à la Russie, elle a ajouté : "Poutine démontre une fois de plus sa vision néo-impérialiste de style soviétique qui menace la sécurité de l'ensemble du continent européen".

En septembre, d'importantes fuites sous-marines se sont produites dans les pipelines Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Comment peut-on les expliquer?

Elles sont expliquées à la lumière des menaces explicites proférées au début de l'année par le président Biden et le secrétaire d'État adjoint américain. En fait, le 7 février 2022, M. Biden a promis que si la Russie attaquait l'Ukraine, le Nord Stream 2 n'existerait plus car les États-Unis s'en débarrasseraient définitivement. Le 27 janvier 2022, Victoria Nuland avait anticipé la menace de Biden en garantissant qu'en cas d'attaque russe contre l'Ukraine, Nord Stream 2 ne se ferait pas. Les menaces ont été suivies de manœuvres militaires. Le 2 septembre, l'hélicoptère américain FFAB123, probablement un élément du support aérien installé sur le navire d'assaut USS Kearsarge, a volé le long du tracé de l'oléoduc aux endroits où l'"incident" allait se produire. Le 13 septembre, d'autres avions de chasse américains ont retracé la route dudit hélicoptère. Le jour où "l'incident" s'est produit, un détachement expéditionnaire de navires de la marine américaine dirigé par l'USS Kearsarge se trouvait à une trentaine de kilomètres.

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Volodymyr Oleksandrovyč Zelens'kyj est le président de l'Ukraine, une république semi-présidentielle qui peut difficilement être considérée comme une superpuissance (avec une population d'un peu plus de 40 millions d'habitants et un niveau de vie encore loin des standards de l'Europe occidentale). Néanmoins, il semble que l'influence du président Zelens'kyj (pour être clair, les demandes qu'il renouvelle périodiquement aux pays du bloc atlantique) soit forte, ce qui entraîne des implications importantes pour l'équilibre géopolitique au détriment de la paix. Est-ce le cas ?

Volodymyr Zelens'kyj est devenu président de l'Ukraine grâce à l'oligarque milliardaire Ihor Kolomojs'kyj, ancien gouverneur de l'oblast de Dnipropetrovs'k, fondateur de la PrivatBank, président de la Communauté juive unie d'Ukraine et citoyen israélien, financier du bataillon Aidar et propriétaire de la chaîne de télévision qui a assuré le succès de Zelens'kyj en tant qu'acteur. Immédiatement après son élection, Zelens'kyj a reçu son programme par le biais d'un communiqué de la Fondation Renaissance, qui, avec l'ambassade des États-Unis à Kiev et le tristement célèbre National Endowment for Democracy, est l'un des principaux financiers de l'Ukraine Crisis Media Center, l'organisation qui fournit des informations sur l'Ukraine aux médias occidentaux. Président d'un pays qui, suite au coup d'État de l'Euromajdan, s'est transformé en principal avant-poste occidental contre la Fédération de Russie, Zelens'kyj exerce de manière flagrante la fonction de mégaphone de l'OTAN que lui a assignée Washington.

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Jusqu'à présent, nous avons mentionné les pays belligérants et l'Italie. Voulez-vous développer la stratégie américaine ? Quel rôle les Américains ont-ils joué et jouent-ils en Europe ?

La guerre contre la Russie menée par les États-Unis à travers l'Ukraine trouve son origine dans la même stratégie antisoviétique élaborée à l'époque par le secrétaire d'État américain Zbigniew Brzezinski ; qui, pour illustrer le rôle décisif qu'une Ukraine séparée de la Russie est appelée à jouer dans la stratégie américaine de contrôle total de l'Eurasie, a cité la célèbre formule du géopoliticien britannique Mackinder : "Celui qui a le pouvoir sur l'Europe de l'Est domine le Territoire du Cœur (= Heartland; en gros, la Russie et les régions voisines) ; celui qui a le pouvoir sur le "Territoire du Cœur" domine l'Île-Monde (c'est-à-dire le Vieux Continent) ; celui qui a le pouvoir sur l'Île-Monde domine le Monde". En bref, la "géostratégie pour l'Eurasie" épousée par l'impérialisme américain consiste à empêcher Moscou d'exercer à tout prix son hégémonie sur sa sphère d'influence historique. Et l'Ukraine, véritable "pivot" géopolitique, en existant en tant que pays "indépendant", empêche la Russie de devenir un empire eurasien. En particulier, l'Ukraine "indépendante" garantit au bloc occidental un accès à la région transcaucasienne, où il peut menacer l'Iran à bout portant et assurer la domination régionale d'Israël.

L'Allemagne et la Russie sont ensemble la seule puissance qui peut menacer les États-Unis

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L'Allemagne et la Russie sont ensemble la seule puissance qui peut menacer les États-Unis

par Maurizio Blondet

Source : Maurizio Blondet & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/germania-e-russia-insieme-sono-l-unica-potenza-che-puo-minacciare-gli-stati-uniti

Un de mes articles de 2015 qui expliquait tout

TITRE ORIGINAL :

Notre véritable ennemi est le grand allié. La preuve ultime

Maurizio Blondet, 20 avril 2015

"Pour les Etats-Unis, la peur primordiale, c'est l'alliance est du capital allemand, de la technologie allemande, combinés aux ressources naturelles russes et à la main-d'œuvre russe : c'est la seule combinaison qui a effrayé les Etats-Unis pendant plus d'un siècle" : tels ont été récemment les propos de George Friedman, le fondateur du centre d'analyse stratégique Stratfor, dans le discours qu'il a prononcé au Council on Foreign Relations le 4 février, et dont nous publions ici la vidéo avec notre traduction intégrale (à partir de l'anglais parlé). Il convient de le montrer avec toute l'attention requise, car il mérite la plus large diffusion.

Friedman, qui est un Juif né à Budapest en 1946, est un homme de l'"État profond" américano-militariste : conférencier à l'US Army War College, chercheur à la National Defense University et à RAND (le porte-voix du système militaro-industriel), il exprime ici avec une franchise sans précédent la stratégie que Washington suivra pour maintenir sa domination mondiale. Dans cette stratégie, l'Europe est un simple pion, rien qu'un outil, dont Friedman parle avec un infini mépris. L'arme utilisée sera la déstabilisation: en Ukraine, c'est ce que nous avons déjà fait en Afghanistan. Abandonnons toute ambition d'instaurer la démocratie ; une fois que nous aurons déstabilisé le pays, nous aurons fait notre travail... Cela vaut la peine d'écouter Friedman. Et d'observer son sourire froid, ou son rictus, lorsqu'il expose le programme.

Voici ce qu'a dit Friedman en résumé :

    - L'Europe n'existe pas.

    - Seule l'intégration germano-russe peut nous menacer, nous ne la permettrons pas (1).

    - C'est pourquoi nous soutenons Kiev.

    - L'armée de Kiev est notre armée, à tel point que nous donnons des médailles à leurs soldats.

    - Nous plaçons des armes dans tous les pays d'Europe de l'Est, en profitant de leur russophobie.

    - Bien sûr, nous agissons en dehors du cadre de l'OTAN.

    - Notre objectif : établir un cordon sanitaire autour de la Russie.

    - Nous pouvons envahir n'importe quel pays du monde, alors qu'aucun pays ne peut nous envahir.

    - Cependant, nous ne pouvons pas occuper l'Eurasie ; la tactique consiste à faire en sorte que les pays s'entre-déchirent.

    - Pour la Russie, le statut de l'Ukraine est une menace existentielle.

    - "C'est cynique, c'est amoral, mais ça marche.

    - L'objectif n'est pas de gagner sur l'ennemi, mais de le déstabiliser.

    - La déstabilisation est le seul but de nos actions à l'étranger. Pas pour établir la démocratie ; lorsque nous avons déstabilisé un pays, nous devons dire : "Mission accomplie", et rentrer chez nous.

    - Notre inconnue, c'est l'Allemagne. Que fera-t-elle ? Elle ne le sait même pas. Géant économique et nain politique, comme toujours dans l'histoire.

    - "L'Europe subira le même sort que tous les autres pays : ils auront leurs guerres. Il n'y aura pas des centaines de millions de morts, mais l'idée d'exclusivité chez chacun des peuples européens, à mon avis, conduira à des guerres. Il y aura des conflits en Europe. Il y en a déjà eu, en Yougoslavie et maintenant en Ukraine.

Le site web Saker compare ce programme avec les propos tenus par Vladimir Poutine lors de la très longue émission télévisée en direct du 6 avril (2015), lorsqu'il a répondu aux questions du public russe :

    - La Russie n'attaque personne, elle ne fait que défendre ses intérêts.

    - Nous avons deux bases militaires en dehors de la Russie, ils ont plus de mille bases dans le monde : et nous sommes les agresseurs ? Où est le bon sens ?

    - Le budget militaire du Pentagone est 10 fois supérieur au nôtre, et c'est nous qui menons une politique agressive... Avons-nous des bases à la frontière américaine ?

    - Qui installe des missiles aux frontières de l'autre ?

Le deuxième résultat est que la Russie, puisqu'elle est victime de représailles économiques injustes en violation des règles de l'OMC, peut s'exempter des règles du commerce international dictées par l'OMC elle-même. La première et la plus onéreuse de ces contraintes est que l'OMC interdit de favoriser les industries nationales face à la concurrence des produits étrangers. L'embargo actuel oblige la Russie à augmenter la part de la production nationale dans ses industries et autres activités économiques ; s'il est bien utilisé, il peut être une occasion inespérée de renforcer son système industriel partiellement abrité de la concurrence étrangère, avec des mesures de protection qui ne seraient pas acceptées par la "communauté internationale" ou sa propre population. Les sanctions causent des difficultés ; elles retardent les modernisations déjà en cours (grâce aux accords avec les industries allemandes), de sorte qu'en quelques années, Moscou aurait pu commencer à produire des biens de "qualité allemande" pour le marché dans les secteurs où elle possède des produits de pointe (nés pour des raisons militaires) qu'elle est incapable d'imposer au niveau mondial : chimie, pharmacie, turbines, puces, optoélectronique et microélectronique, logiciels indépendants (issus des portes dérobées de la NSA) etc. (pour une exposition des projets et des possibilités d'excellence de la Russie, voir ici: https://www.les-crises.fr/l-isolement-de-la-russie-3-la-russie-ne-produit-rien/ ).

En bref, la Russie a l'occasion d'activer ces politiques industrielles dont nous, Européens - vassaux lâches et stupides - avons été totalement privés : de la dévaluation rendue impossible par l'euro, au contrôle des changes et à l'opposition à la fuite des capitaux, mesures traditionnelles depuis des siècles de tout gouvernement souverain, et désormais interdites par le traité de Lisbonne, tout comme l'OMC nous interdit de défendre nos industries envahies et dévastées par les marchandises à bas prix. Alors que nous nous permettons de nouer le dernier nœud coulant autour de notre cou : le TAFTA, le traité transatlantique, par lequel nous nous soumettrons aux réglementations américaines même pour ce que nous mangeons.

L'Europe sombre ainsi dans la crise (causée par la finance américaine et son capitalisme terminal) en s'enfonçant dans la vassalité à l'égard de Washington ; complice servile des sanctions, elle perd la grande opportunité de développer elle-même l'économie russe - ce qui serait une tâche immense, qui nécessiterait un financement énorme et donc des investissements étrangers colossaux, qu'hélas la Chine fournira à notre place. Et en retour, qu'obtient cette Europe-croupion de Washington ? Des plans de déstabilisation et de guerres en interne, comme le promet Friedman.

Le dicton de Plotin s'applique à nous : "Que les vils soient gouvernés par les méchants - c'est juste".

Quant à l'Amérique, et à son destin historique et méta-historique, elle devrait craindre un autre dicton : si "Heureux les artisans de la paix", quelle malédiction pèse sur ces semeurs de discorde anti-chrétiens et ces instigateurs géopolitiques de la haine et de la violence ?

Note:

(1) En 1939, le Council on Foreign Relations de Rockefeller, dirigé à l'époque par Isaiah Bowman, est arrivé à la même conclusion : après une étude minutieuse des relations commerciales de la planète entière, il a déterminé que l'Europe continentale (avec la Russie intégrée à l'Allemagne) formerait un "bloc autarcique", ce qui était contraire à l'intérêt national (américain), puisque les méga-corporations des Etats-UNis avaient besoin d'un "libre accès aux marchés et aux matières premières" de cette partie du monde. Un projet d'études sur la guerre et la paix a été créé (avec une centaine d'avocats, d'industriels, de politiciens, de diplomates, de banquiers) qui, grâce à un financement important (la seule Fondation Rockefeller a donné 300.000 dollars à l'époque), a esquissé tout un projet pour faire entrer les États-Unis dans la guerre, et pour établir un nouvel ordre mondial après la guerre : le FMI, la Banque mondiale étaient déjà conçus à l'époque. Présentés à Roosevelt, les résultats de l'étude le convainquent d'entrer dans le conflit contre l'Allemagne et le Japon.

A lire en complément:

Sur George Friedman sur le blog "euro-synergies": http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/02/13/etats-unis-une-nouvelle-vision-geopolitique.html

L'Oncle Sam a éliminé la concurrence allemande: les entreprises migrent vers les États-Unis  

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L'Oncle Sam a éliminé la concurrence allemande: les entreprises migrent vers les États-Unis  

Source: https://zuerst.de/2022/10/02/uncle-sam-hat-die-deutsche-konkurrenz-ausgebootet-firmen-wandern-in-die-usa-ab/

Berlin/Washington. Les Etats-Unis profitent à plusieurs égards de la ruine annoncée de la place économique allemande : d'abord parce qu'ils peuvent vendre leur gaz de fracturation coûteux en Allemagne après avoir évincé la concurrence russe, ensuite parce que l'Allemagne ne peut plus rivaliser avec les Etats-Unis en raison de l'affaiblissement de l'euro et des taux d'inflation à deux chiffres - et enfin parce que de plus en plus d'entreprises allemandes s'installent aux Etats-Unis.

Washington attire les entreprises allemandes avec une énergie bon marché et des impôts peu élevés. C'est particulièrement vrai pour les États du Sud. Dans le sillage de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique en Allemagne, les Etats-Unis intensifient leurs efforts pour attirer les entreprises allemandes. De nombreux États américains proposent non seulement une énergie bon marché, mais aussi des réductions d'impôts et d'autres aides.

"Nous avons récemment eu les coûts énergétiques les plus bas des États-Unis pendant 11 des 14 derniers trimestres", déclare par exemple Kevin Stitt, gouverneur de l'Oklahoma. Le secrétaire au commerce de Géorgie, Pat Wilson, tient un raisonnement similaire : "Nos coûts énergétiques sont faibles et nos réseaux stables".

En outre, l'abandon du charbon est une décision prise, et son État raccordera deux nouvelles centrales nucléaires au réseau d'ici 2024. "Les entreprises qui viennent en Géorgie réduisent leur empreinte climatique", affirme Wilson.

La publicité a du succès : de nombreuses entreprises allemandes prévoient de construire ou d'agrandir leurs sites américains, comme l'a récemment indiqué le Handelsblatt sur la base de ses propres recherches. Les chiffres provenant d'États importants comme la Virginie, la Géorgie et l'Oklahoma témoignent de l'intérêt croissant - et l'Allemagne est à la traîne. (st)

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dimanche, 02 octobre 2022

Meloni sur la voie de l'atlantisme : livraison d'armes et soutien à Zelenskyj              

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Meloni sur la voie de l'atlantisme : livraison d'armes et soutien à Zelenskyj              

Source: https://zuerst.de/2022/10/01/meloni-auf-transatlantiker-kurs-waffenlieferungen-und-unterstuetzung-fuer-selenskyj/

Rome. Alors qu'elle n'est pas encore entrée en fonction, la probable nouvelle chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a déjà donné une importante indication politique : elle a déclaré, immédiatement après sa victoire électorale, sa solidarité avec l'Ukraine et a assuré le président de Kiev, Zelenskyj, de l'entier soutien de l'Italie.

Sur Twitter, Meloni a écrit textuellement : "Vous savez que vous pouvez compter sur notre soutien loyal à la cause de la liberté du peuple ukrainien. Restez forts et gardez la foi".

Inversement, Zelenskyj avait déjà envoyé une lettre de félicitations à Meloni pour son succès électoral : "Félicitations à @GiorgiaMeloni et à son parti pour leur victoire électorale. Nous saluons le soutien continu de l'Italie à l'Ukraine dans sa lutte contre l'agression russe. Nous nous réjouissons d'une coopération fructueuse avec le nouveau gouvernement italien".

Le gouvernement précédent à Rome, dirigé par Mario Draghi, s'était lui aussi clairement prononcé en faveur du soutien à l'Ukraine et de la livraison d'armes à Kiev. Meloni souhaite apparemment maintenir ce cap. Elle pourrait toutefois se retrouver en position de faiblesse au sein du futur gouvernement - ses partenaires de coalition Salvini et Berlusconi n'ont pas caché par le passé leur proximité avec Poutine. Le chef de Forza Italia, Berlusconi, a expressément défendu la position russe ces derniers jours. (mü)

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L'ancien chef de l'Office allemand de protection de la constitution, Hans-Georg Maassen, met en garde: l'Allemagne est en route vers une "dictature écosocialiste"

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L'ancien chef de l'Office allemand de protection de la constitution, Hans-Georg Maassen, met en garde: l'Allemagne est en route vers une "dictature écosocialiste"

Source: https://zuerst.de/2022/09/30/frueher-vs-chef-maassen-warnt-deutschland-auf-dem-weg-in-die-oekosozialistische-diktatur/

Berlin. L'ancien chef du Service fédéral de protection de la Constitution, Hans-Georg Maassen, estime que l'Allemagne est sur une pente glissante vers une dictature de gauche. Dans un article pour le blog du journaliste indépendant Alexander Wallasch, Maassen avertit que des politiciens incompétents et des fanatiques politiques font de l'Allemagne "un terrain d'expérimentation pour une transformation verte en une dictature écosocialiste".

Dans ce contexte, le personnel en place n'est pas seulement incompétent ou naïf. De nombreux acteurs agissent en toute connaissance de cause. Maassen: "Je suis fermement convaincu que ces gens veulent aussi détruire beaucoup de choses, car leur motivation est de réaliser une transformation (sociale sous le signe de l'idéologie) verte, qui n'est possible que si le système social existant est détruit et qu'un nouveau système est construit".

Selon lui, les cercles qui font autorité aujourd'hui en Allemagne ont une conception de la démocratie similaire à celle qui prévalait jadis en RDA. Ils n'acceptent les processus démocratiques que tant qu'ils sont utiles à leurs objectifs idéologiques. Dès que cela n'est plus garanti, la volonté du peuple ne leur apparait plus pertinente.

Maassen estime qu'il est possible que l'Allemagne "désapprenne la liberté". L'ère Merkel a conduit à une érosion sans précédent de la liberté d'expression. Il "ressent cette haine profonde de ces gens qui ne peuvent tout simplement pas supporter d'être confrontés à la vérité (factuelle). Je me demande désormais jusqu'où ces gens sont prêts à aller".

Selon lui, le journalisme, de plus en plus mauvais en Allemagne, caractérisé par des reportages uniformes et un alarmisme tapageur, un suivisme et un conformisme navrants, est également en partie responsable de ce désastre. Parallèlement, il existe une mentalité propre à une foule collective et hystérique lorsqu'il s'agit de "matraquer des personnes sans défense à travers des articles de presse".

Toutefois, même les milieux responsables de la gauche et du mouvement vert sont désormais gagnés par l'insécurité et la peur de l'avenir. Un indice en est que les politiques demandent désormais ouvertement à l'ensemble de la population de se préparer à un black-out, ce qui n'était pas imaginable auparavant. (st)

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Remarques sur des funérailles planétaires

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Remarques sur des funérailles planétaires

par Georges FELTIN-TRACOL

Pendant une journée, Londres a retrouvé son rang de capitale du monde qui fut le sien sous la reine Victoria (1819 - 1837 – 1901). Plus d’une centaine de chefs d’État parmi lesquels de très nombreuses têtes couronnées dont l’empereur du Japon lui-même, et des chefs de gouvernement, venus du Commonwealth ou pas, ont assisté aux obsèques de la reine Elizabeth II le lundi 19 septembre dernier.

La médiasphère occidentale s’est complue pendant cette séquence dans l’émotion, la superficialité et l’hagiographie. Une grandiose entreprise de sidération de masse s’est déroulée sous nos yeux crédules. Oubliées par conséquent les questions gênantes autour de cet événement.

Par exemple, comment peut-on justifier une file longue, selon les journalistes sur place, de plusieurs kilomètres et une attente variable entre douze et vingt-quatre heures au moment où le Royaume Uni vient à peine de sortir de la crise covidienne ? L’organisation de soirées privées dans les ministères au temps du confinement – le célèbre Partygate – a provoqué la démission du Premier ministre Boris Johnson. Dans un royaume chagriné, des millions de Britanniques se réunissent et se côtoient pendant de longues heures sans craindre la moindre contamination. Certes, ils patientent dans les rues et bravent la nuit, le froid et le vent… Ces attroupements gigantesques ne favorisent-ils pas néanmoins l’apparition de foyers de contagion géants ? Sinon ces scènes n’invalident-elles pas le port de la muselière hors de son domicile ? À moins que le covid contribue à sa manière à respecter le deuil national d’Albion.

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Tous les commentateurs s’esbaudissent des hommages rendus à la reine défunte. Maints reportages montrent un peuple éploré. Nul n’aurait l’idée de se gausser de ces manifestations de respect. En décembre 2011, quand décéda subitement le président de la Commission nationale de défense de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jung Il, les Occidentaux se moquèrent des foules massées dans les artères principales de Pyongyang qui pleuraient la disparition de leur dirigeant bien-aimé. Avec leurs clichés modernes, ils y voyaient au mieux une manipulation, au pis un fanatisme orchestré. Or, « les lamentations collectives, écrit Philippe Pons dans Le Monde du 22 décembre 2011, font partie des expressions de la douleur du deuil dans la culture coréenne. […] Les Coréens sont extravertis dans la joie comme dans la douleur. Lors des funérailles d’un parent, ces derniers “ crient “ leur chagrin. Exprimer ses condoléances par des larmes relève de l’étiquette sociale ».   C’est en effet à travers les rites funèbres que se découvre l’âme profonde des peuples. Encore faudrait-il que les journalistes de l’Occident global soient compétents en ethno-psychologie...

À l’heure où l’empreinte carbone devient un critère prioritaire de « gouvernance », quel est donc l’impact environnemental d’une telle concentration humaine ? Ne faut-il pas prendre en compte le ballet des avions des responsables politiques arrivant à Londres ? N’aurait-il pas été souhaitable qu’ils viennent tous en char à voile et en trottinette électrique ? Ils appellent leurs populations à la sobriété énergétique, mais ils se moquent volontiers de leurs injonctions qui ne les concernent pas. Insupportable « deux poids deux mesures » !

Derrière l’apparat traditionnel – la proclamation de Charles III par le roi d’arme de l’Ordre de la Jarretière au palais Saint-James – se tapit un ultra-progressisme inquiétant d’inspiration spéculative franc-maçonne. Les  Windsor-Mountbatten représentent une famille cosmopolite. David Icke y voit des « reptiliens ». La réalité est plus prosaïque. Cette dynastie d’origine germanique et danoise sert depuis la chute des Stuart en 1688 la véritable souveraine d’Angleterre: la finance de la City de Londres !

La reine a nommé sous son règne quinze premiers ministres. Le dernier, deux jours avant sa mort, est la conservatrice Liz Truss qui s’appelle en réalité Mary Elizabeth Truss. La reine se prénommait Elizabeth Alexandra Mary. L’inversion des prénoms n’est-elle pas, sinon une singulière coïncidence, un signe digne des augures ? Par ailleurs, à propos du nouveau roi, son prénom reste problématique dans l’histoire anglaise. Charles Ier Stuart meurt décapité en 1649 sur l’ordre d’Oliver Cromwell. Le général Monck restaure en 1660 la royauté en faveur de Charles II, le fils du monarque assassiné, qui règne jusqu’en 1685. La « Grande Peste » de 1665 (environ 80.000 morts), le « Grand Incendie » de Londres en 1666 (près de 14.000 maisons et églises détruites) et la promulgation de l’Habeas Corpus de 1679 qui limite son absolutisme imité de Louis XIV marquent ce quart de siècle « carolien ». Toujours sous Charles II émergent au Parlement les factions whigs (référence aux paysans calvinistes écossais révoltés) et tories (allusion aux brigands, catholiques ou non, irlandais).

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Les funérailles solennelles d’Elizabeth II préfigurent-elles l’enterrement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ? Promoteur du multiculturalisme et habitué aux réunions annuelles de Davos, Charles III pourrait voir l’éclatement de son royaume avec l’indépendance de l’Écosse, la réunification de l’Irlande - bien que dans ces deux cas, les indépendantistes soient eux aussi des globalistes gendéristes -, et la fragmentation socio-culturelle de l’Angleterre. On sait maintenant qu’Elizabeth II n’appréciait guère le premier ministre travailliste Anthony Blair. Outre son rôle intrusif dans la gestion médiatique de la mort soudaine de la princesse Diana et l’attitude plus que hautaine de la républicaine catholique Cherie Blair, la reine regrettait la Dévolution envers l’Écosse, le Pays de Galles et l’instauration de la puissante mairie du Grand Londres.

Les obsèques d’audience planétaire d’Elizabeth II détournent pour l’instant l’immense colère sociale. Une inflation élevée déclenche de nombreuses grèves, pour l’heure suspendues. Le gouvernement pseudo-conservateur et véritablement financiariste profite des circonstances pour tenter d’étouffer les tensions socio-économiques. Attention ! Cela ne veut pas dire que la reine coule maintenant des jours heureux sur une quelconque île des Bahamas en compagnie d’Elvis Presley !

Certes, Elizabeth II a montré tout au long de sa vie un grand sens du devoir. Mais, en son nom, elle a entériné le conflit honteux en 1983 contre l’Argentine dans l’Atlantique Sud, accepté la répression inacceptable pendant trois décennies en Irlande du Nord et cautionné en tant que reine du Canada l’occupation pluriséculaire du Québec et l’asservissement des autres communautés canadiennes-françaises. On attend toujours des excuses officielles et sincères de Londres pour le « Grand Dérangement » des Acadiens au milieu du XVIIIe siècle.

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À l’instar des autres monarchies modernes, la royauté britannique n’est qu’une parodie de traditions dévaluées. Les membres des familles régnantes (ou non) actuelles se vautrent dans le politiquement correct. Le prince de Galles William réclame la censure sur Internet des supposés discours de   « haiiiiinnnnne ». Les couronnes se parent dorénavant de wokisme. Croire en un sursaut national, populaire et européen en rétablissant une auctoritas royale devient un grave contre-sens. Les monarchies occidentales valident toutes les involutions sociétales. Finalement, les seules à garantir leurs intérêts nationaux sont les républiques dynastiques coréenne du Nord et syrienne !

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 44, mise en ligne le 27 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

La revue de presse de CD - 02 octobre 2022

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La revue de presse de CD

02 octobre 2022

EN VEDETTE

Gazoducs : l’Occident et les droits de l’Homme-grenouille

Le sabotage des deux gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 qui desservent l’Allemagne est un événement de portée considérable. Nous saurons plus tard lorsque l’Histoire s’en sera emparé, ce qui s’est passé réellement. Aussi aujourd’hui se contentera-t-on de quelques observations à partir du maelstrom d’informations déversé par les médias et les réseaux.

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/09/gazoducs-loccident-et-l...

ALLEMAGNE

Allemagne : le passager clandestin de l’électricité

Si l’Allemagne persiste dans son refus unilatéral du nucléaire, et si elle veut respecter ses engagements pour diminuer ses missions de CO2, elle deviendra le passager clandestin de l’électricité en Europe.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/09/30/439793-allemagne-...

ASIE

« Vilayat Khorasan », une menace pour toute l'Asie centrale"

Le groupe terroriste État islamique (interdit dans la Fédération de Russie) n'a pas été complètement anéanti. Malgré quelques succès contre le terrorisme en Syrie et en Irak, nous pouvons constater une résurgence des activités de l'organisation dans d'autres régions. En particulier, une branche autonome de l'État islamique de la province du Khorasan (ISKH), également connu sous le nom de Vilayat Khorasan (interdit dans la Fédération de Russie), opère dans une vaste zone englobant l'Asie centrale, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Iran.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/26/v...

How-the-MeToo-Movement-Highlights-the-Need-for-Security-Sector-Reform-in-the-Global-North.jpg

DÉCONSTRUCTION

#MeToo : prenons garde aux Sirènes

Depuis cinq ans, la vague #MeToo, en ses multiples déclinaisons, déferle en vagues de plus en plus impérieuses. La façon dont elle affecte la sphère judiciaire, mais également le champ politique, interroge. Par le biais de notions « psys » falsifiées recyclées en slogans militants, elle attaque les principes fondamentaux du droit pénal – notamment présomption d’innocence et prescription – en régime démocratique. Ne faut-il pas s’inquiéter de la perméabilité irréfléchie de l’institution judiciaire et du monde politique aux thèses véhiculées par le mouvement #MeToo ?

mezetulle.fr

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Les « relecteurs sensibles » chassent les clichés et les stéréotypes dans les romans à paraître

Les « sensitivity readers » font parler d’eux aux États-Unis, mais ils existent aussi en France. Qui sont-ils ? Il s’agit de relecteurs de manuscrits mais au lieu de passer au crible les fautes, ils traquent les potentielles atteintes à la sensibilité d’une communauté, ou les mauvaises représentations des minorités.

fdesouche.com

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Revue de presse RT du 18 au 24 septembre 2022

Alors que les événements se précipitent, il est important de connaitre le point de vue russe sur le monde pour comprendre les décisions du gouvernement russe. La lecture de RT nous le permet. C’est bien pour cela que la chaîne a été censurée. Voici donc ce que la Russie perçoit du monde.

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Vivre à l’ère de la désinformation

La compétitivité à outrance est une guerre et toute guerre est basée sur la tromperie. Grâce à des personnes influentes qui ne sont pas contraintes par la vérité, l’ère de la désinformation a vu le jour, ajoutant une complexité et un stress considérables au processus de prise de décision de chacun. L’alignement et la collaboration lâches d’organismes influents dans la commercialisation de faussetés aggravent le problème. Chaque jour, nous sommes bombardés d’informations et nous sommes mis au défi de déterminer « ce qui est vrai ».

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ÉCOLOGIE (PUNITIVE)

La paysannerie suisse confortée par le peuple

La votation portait ici sur une initiative, « Non à l’élevage intensif en Suisse » – ou « Oui à une Suisse sans élevage intensif ») issue de l’organisation anti-spéciste Sentience Politics et soutenue par des entités de la nébuleuse qui avait déjà tenté d’imposer des restrictions drastiques à l’utilisation des pesticides. Très intéressante étude de différentes votations en Suisse dont celle-ci initiée par des associations punitives où l’on retrouve… Greenpeace !

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Universités fermées, 19 degrés chez vous : crise sanitaire, la répétition générale ?

À quel point la crise sanitaire a-t-elle embarqué les Français sur la route de la servitude ?

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ÉCONOMIE

Comment les organisations en déclin s’habituent à la médiocrité

Les entreprises s’effondrent rarement d’un seul coup. L’effondrement n’est presque toujours que la phase visible d’un déclin qui a commencé longtemps avant et s’est développé de façon insidieuse. Comme la fameuse grenouille qui ne réagit pas quand la température de l’eau dans laquelle on l’a plongé augmente, cette lenteur rend plus difficile la réaction : les signes de déclin semblent disparates et il est difficile de les relier pour brosser un tableau d’ensemble permettant une prise de conscience du danger. Au cœur de cette difficulté se trouve le silence sur la situation et l’acceptation tacite de la médiocrité de la performance.

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ÉNERGIES

Stratégie du choc et ingénierie de la soumission : vers un « blackout » programmé au service du Reset ? Par Vincent Held

Dans un article intitulé « Un blackout coûterait de nombreuses vies », la Frankfurter Allgemeine Zeitung se penchait récemment sur le « scénario de crise » d’une petite région rurale du Sud de l’Allemagne, le district de Rheingau-Taunus. Prenant au sérieux un récent audit commandé par les autorités locales à des spécialistes de la sécurité énergétique, le quotidien de référence allemand nous détaillait les désagréments que causerait dans cette région « une panne de courant complète ». Après la peur du covid, la peur de la coupure de courant ?

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Zoom sur la rentabilité ou non des renouvelables

Aujourd’hui, que l’on soit pour ou contre le nucléaire, cultiver une réputation d’analyste pondéré et sérieux oblige à la posture de bon aloi consistant à assortir ses raisonnements de l’affirmation selon laquelle les énergies renouvelables « rentables » doivent être développées dans tous les cas. La réputation prend singulièrement du relief quand on va jusqu’à déclarer que, sans elles, le nucléaire seul ne parviendra jamais à couvrir nos futurs besoins électro énergétiques. Pour faire un sort à cette dernière affirmation plus que gratuite, il suffit de renvoyer nos compatriotes au souvenir de ce qu’était leur système électrique durant les deux dernières décennies du siècle passé et, surtout, la qualité et le prix du KWh qui leur était alors fourni, sans éolien et sans photovoltaïque

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ÉTATS-UNIS

Les États-Unis sont en train de gagner leur guerre contre les industries et les peuples d’Europe

Ce dont les États-Unis avaient besoin, c’était de provoquer la Russie, et plus tard la Chine, pour qu’elles réagissent aux menaces arrangées par les États-Unis de manière à obliger leurs « alliés » à suivre leurs politiques de sanctions. Les dirigeants européens, plutôt stupides, sont tombés dans le panneau.

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L'Amérique libérale est en guerre perpétuelle

À quelques jours d’intervalle, le Président Joe Biden a prononcé deux discours importants. Le second commémorait les attentats du 11 septembre 2001 ; Biden y soulignait que la démocratie était la cible des terroristes et qu’il était du devoir des démocrates de protéger le système libéral. Un précédent discours, tenu le 1er septembre, désignait ses opposants comme des « ennemis intérieurs ». Ce rapprochement entre adversaires politiques et terroristes islamistes a suscité de nombreuses réactions. Il est symptomatique de la dérive totalitaire du plus puissant régime libéral au monde, estiment Arta Moeini et David Carment, spécialistes des relations internationales.

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FRANCE

Le sabordage de l’outil électronucléaire décrété par Matignon en juin 1992

Il ressort de la présente rétrospective que les mêmes fossoyeurs sont à la manœuvre depuis 30 ans, bénéficiant sur la durée des mêmes complicités, des mêmes complaisances et des mêmes veuleries de droite et de gauche.

contrepoints.org

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« La macronie, c’est tellement d’incompétence que c’en est plus crédible » Sabine Sauvaux, directrice de TIO-NT (vidéo)

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Sabrine Sauvaux (photo) , directrice de TIO-NT, une entreprise française de fabrication de masques, nous raconte dans le détail ses mésaventures avec le gouvernement lors de la crise du Covid-19. En mars 2020, Emmanuel Macron annonçait sa volonté de relancer une filière française de production de masques sanitaires, afin d’atteindre une « indépendance pleine et entière ». Citoyenne engagée et entrepreneur, Mme Sauvaux décide alors de se lancer dans l’aventure et répond à cet appel. Mais le 14 octobre 2020, lors d’une visioconférence avec des collaborateurs de sa ministre de tutelle, Agnès Pannier-Runacher, elle est informée qu’il est inutile d’espérer une commande de l’État : celui-ci a finalement reconstitué son stock avec des masques essentiellement… chinois. De quoi susciter la sidération de la cheffe d’entreprise : pourquoi inciter des industriels à investir des capitaux dans une filière sanitaire française pour in fine acheter des masques ailleurs de piètre qualité, qui ne sont souvent même pas conformes aux normes européennes ? Essuyant revers sur revers avec des figures du gouvernement, Mme Sauvaux en arrive à se demander s’il ne s’agit là que réellement que d’incompétence : « La macronie, c’est tellement d’incompétence que c’en est plus crédible », affirme-t-elle.

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GÉOPOLITIQUE

Ukraine : Les États-Unis ont d’ores et déjà perdu, quel que soit le vainqueur final

Quel que soit le vainqueur de la guerre en Ukraine, les États-Unis en seront les perdants stratégiques. La Russie nouera des relations plus étroites avec la Chine et d’autres pays du continent eurasien, notamment l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite et les États du Golfe. Elle se détournera irrévocablement des démocraties européennes et de Washington. Tout comme le président Richard Nixon et Henry Kissinger ont joué la « carte de la Chine » pour isoler l’Union soviétique pendant la Guerre froide, les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping joueront leurs cartes pour tenter de contester le leadership mondial des États-Unis.

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Samarkand : la voie de la multilatéralité

Les résultats du sommet des chefs d'État des pays de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui s'est tenu le 16 septembre à Samarkand, en Ouzbékistan, méritent d'être analysés sans œillères idéologiques ou sans préjugés préétablies. Elle permettrait d'éviter les erreurs d'appréciation géopolitiques que l'on pourrait regretter par la suite.

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IMMIGRATION

Equipe de France U18. 4 expulsés, le match arrêté : que s’est-il vraiment passé ?

Le monde du football semble stupéfait après la catastrophe de la rencontre France-Pologne des U18 au tournoi international de Limoges. Mais cet évènement n’est que le résultat d’une politique menée depuis des décennies par la Fédération Française de Football. Politique dénoncée dès 2013 par le livre Racaille Football Club du journaliste sportif Daniel Riolo. Presque 10 ans après, rien n’a changé et le phénomène s’est considérablement aggravé. Nous avons regardé le match diffusé en direct puis en visionnage libre sur le site de France 3 Nouvelle Aquitaine et voici ce qu’il ressort des circonstances ayant conduit aux expulsions de quatre joueurs français d’origine étrangère.

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Slovénie. Jože Biščak (Demokracija) : « Orwell n’aurait pas pu imaginer, dans ses pires cauchemars, ce qui se passe aujourd’hui » [Interview]

Entretien avec Jože Biščak, ex-rédacteur en chef du magazine d’orientation conservatrice Demokracija et président de l’Association slovène des journalistes patriotes. Biščak a été condamné à une peine de prison pour avoir publié dans son magazine un article satirique sur l’immigration illégale.

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ITALIE

Italie : la victoire électorale des droites unies fait tousser l’Union européenne

Giorgia Meloni est donc appelée à devenir la première femme à occuper le poste de Président du Conseil dans ce pays co-fondateur de l’Europe. Curieusement, les féministes n’ont pas manifesté leur fierté, et les instances européennes, déjà échaudées par les élections en Suède (cf. LSDJ n°1692), ne débordent pas d’enthousiasme. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Layen, avait même lancé un avertissement à peine voilé aux électeurs italiens, trois jours avant le scrutin, depuis les Etats-Unis et devant un drapeau américain !

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OTAN

Les guerres illégales de l’OTAN

Les journaux titrent « La guerre en Europe » tout en se gardant bien de préciser que cette guerre en Ukraine n’a pas démarré le 24 février 2022. En informateurs zélés au service de leurs sponsors occidentaux, ils passent sous silence les tensions qui agitent ce pays au cœur de l’Europe centrale depuis près de 20 ans : révolution orange en 2004, coup d’Etat de 2014, massacre de 14 000 de leurs concitoyens russophones dans le Donbass. Cette guerre n’est pas non plus la première en Europe depuis 1945. Une guerre atroce a accompagné dès 1992 le démantèlement de l’ex-Yougoslavie avec en point d’orgue les bombardements sur Belgrade en 1999.

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RÉFLEXIONS

Les 50 ans du rapport Meadows ou le règne des marchands de peur

Le 1er octobre 1972, il y a 50 ans, le rapport Meadows annonçait la fin du monde, ou presque. Plus exactement d’éminents experts nous annonçaient les limites à la croissance. Nous vivions dans un monde fini aux ressources limitées et nous arrivions au bout du rouleau. Le temps de l’abondance était derrière nous, le temps des pénuries s’annonçait. Depuis, tout en prétendant forcer les autres à « vivre avec moins », Dennis Meadows ne cesse de se déplacer d’un bout à l’autre de la planète en avion pour prêcher son évangile. N’attendons pas des marchands de peur une trop grande cohérence entre leurs discours et leurs actes.

contrepoints.org

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RUSSIE

Edward Snowden : « La CIA, plaie ouverte des Etats-Unis »

Un long texte du lanceur d’alertes américain, qui vient de recevoir la nationalité russe, analysant le rôle anti-démocratique de la CIA. « Pendant 75 ans, le peuple américain a été incapable de faire plier la CIA pour qu’elle s’adapte à la loi, et la loi a donc été pliée pour qu’elle s’adapte à la CIA. Alors que Biden se tenait sur la scène cramoisie, à l’endroit où la Déclaration d’indépendance et la Constitution ont été débattues et adoptées, ses mots ont résonné comme le cri d’une Cloche de la Liberté fêlée : ‘’Ce qui se passe dans notre pays n’est pas normal.’’ Si seulement ce n’était que cela. »

lecridespeuples.fr

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UKRAINE

Guerre en Ukraine : un avis américain

Dans son blog, Régis de Castelnau propose la vision de Douglas Abbott Macgregor (né le 4 janvier 1953), colonel à la retraite de l’armée américaine et ancien fonctionnaire du gouvernement, ainsi qu’un auteur, consultant et commentateur de télévision : « La comparaison avec nos experts de plateaux s’arrête là. D’abord MacGregor a connu le feu à plusieurs reprises, il est considéré depuis longtemps comme un des principaux penseurs de l’armée américaine en matière d’innovation. Macgregor a écrit pendant des années sur la façon dont cette armée devait remédier à sa posture vieillissante issue de la guerre froide et devenir une force plus agile et créative capable d’intervenir rapidement partout dans le monde. […] Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a développé des analyses allant souvent à l’encontre de la propagande déversée par les médias système. Il est un orateur écouté dans la campagne électorale pour les élections américaines de début novembre. Il délivre ici un avis charpenté et documenté qu’il nous a semblé utile de relayer. »

vududroit.com

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SANTÉ/LIBERTÉS 

Pourquoi la lutte contre le mésusage des médicaments doit être une priorité nationale du PLFSS 2023 ?

L’erreur médicamenteuse et le mésusage des médicaments n’ont pas de couleur politique. Ils peuvent toucher n’importe qui. Que ce soit en ville, dans les hôpitaux, les cliniques, les établissements sociaux et médico-sociaux, tels que les EHPADs. Un tout récent rapport de l’OCDE (ici), daté du 7 septembre 2022, avec un résumé en français à partir de la page 9 stipule que jusqu’à une hospitalisation sur dix pourrait être causée par un événement indésirable lié aux médicaments. Et que jusqu’à un patient hospitalisé sur 5 serait touché par un événement indésirable lié aux médicaments…

francesoir.fr

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UNION EUROPÉENNE

Virginie Joron pourrait attaquer pénalement Ursula von der Leyen

Interview de la députée européenne Virginie Joron à propos du rapport de la Cour des Comptes européenne sur les achats de vaccins par la Commission Européenne. La Cour des Comptes européenne a publié un rapport d’audit sur l’achat de vaccins par la Commission présidée par Ursula von der Leyen. La députée Virginie Joron, qui avait initialement demandé cet audit, en pointe les conclusions les plus cruelles pour Ursula von der Leyen. En particulier, on notera que pour ce marché public le plus important passé par la Commission depuis sa création, les procédures habituelles d’achat n’ont pas été respectées.

synthesenationale.hautetfort.com

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Ursula Von der Leyen piquée de Pfizer

On en était resté aux SMS au sujet des vaccins Covid échangés entre Ursula Von der Leyen et Albert Bourla. Avec le récent rapport de la Cour des comptes européenne, on découvre une autre facette des discussions entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer. Des négociations en fait à huit-clos qui se sont traduites par la signature d’un contrat de 1,8 milliard de doses à livrer d’ici la fin de 2023, sur les 4,6 milliards de doses commandées au total moyennant 71 milliards d’euros. Soit le plus gros contrat signé pour ce vaccin.

eclaireur.substack.com

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samedi, 01 octobre 2022

Des activités opaques: des hélicoptères américains ont survolé Nord Stream pendant des semaines

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Des activités opaques: des hélicoptères américains ont survolé Nord Stream pendant des semaines

Source: https://zuerst.de/2022/09/30/undurchsichtige-aktivitaeten-us-hubschrauber-kreisten-wochenlang-ueber-nord-stream/

Gdansk/ Rønne. De plus en plus de détails troublants apparaissent au sujet de la destruction du gazoduc Nord Stream en mer Baltique. La chaîne d'information arabe "Al Mayadeen" vient d'annoncer que des semaines avant l'attaque, des hélicoptères américains tournaient déjà très souvent au-dessus de la zone maritime où ont justement eu lieu les explosions fatales du 26 septembre.

Les données de vol du service en ligne "Flightradar24" permettent de reconstituer cette situation. Déjà au début du mois de septembre, un peu moins d'un mois avant l'attentat, un hélicoptère Sikorsky MH-60R "Seahawk" de la marine américaine a tourné pendant des heures, plusieurs jours de suite, notamment les 1er, 2 et 3 septembre, au-dessus du site où les gazoducs ont été endommagés par la suite, non loin de l'île de Bornholm.

Selon le portail de suivi des avions, l'hélicoptère américain est parti de Gdansk pour se rendre dans la zone pour survoler les gazoducs de Nord Stream. Les 10 et 19 septembre, des hélicoptères américains ont également survolé Nord Stream 1, et dans les nuits entre le 22 et le 25 septembre, plusieurs hélicoptères sont restés pendant des heures au-dessus du site des explosions ultérieures. Les hélicoptères qui ont volé dans les nuits du 22 au 23 et du 25 au 26 septembre ont laissé des traces de vol particulièrement troublantes.

En outre, la dernière nuit, un hélicoptère polyvalent MH-60R "Strike Hawk" a tourné pendant neuf heures au-dessus d'une zone maritime située à environ 250 kilomètres de Bornholm, de 17h30 à 2h30, heure d'Europe centrale. Le "Strike Hawk" peut notamment combattre des cibles sous-marines (mü).

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Que se passe-t-il chez les Britanniques?

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Que se passe-t-il chez les Britanniques?

La livre britannique à un niveau historiquement bas, les taux d'intérêt souverains s'envolent

https://zurzeit.at/index.php/was-ist-denn-bei-den-briten-los/

L'ancienne et prestigieuse livre sterling, monnaie du Royaume-Uni et, jusqu'à récemment, l'une des grandes monnaies de réserve du monde, a connu une chute sans précédent ces derniers jours. Rien qu'au cours des deux semaines qui viennent de s'écouler, la livre s'est dépréciée de plus de 10% par rapport au dollar américain, atteignant lundi son niveau le plus bas jamais enregistré, à 1,038 GBP/USD. Depuis l'été dernier, la livre a même perdu plus d'un quart de sa valeur. Ce sont des proportions qu'en temps normal l'on ne connaît que pour les monnaies du tiers-monde.

Dans le même temps, les taux d'intérêt que le nouveau ministre des Finances britannique, Kwasi Kwarteng, doit payer pour sa dette publique sur les marchés obligataires sont en forte hausse. Depuis le début du mois, le taux de rendement des "gilts", le nom donné aux obligations d'État dans le jargon boursier, est passé de 2,6 à 4,1 %. Il y a un an, ces obligations d'État coûtaient encore moins de 0,2 % d'intérêt. Le nom "gilts" vient d'ailleurs de "gilt-edged" (en français : "avec un bord doré"), parce qu'autrefois, le gouvernement de Sa Majesté ajoutait justement un bord doré aux pièces physiques pour suggérer une solvabilité et une valeur particulières. Eh bien, ce vernis est maintenant enlevé ...

La chute de la devise et des obligations a été déclenchée par la présentation du budget et des réductions d'impôts prévues par la nouvelle Première ministre Liz Truss vendredi dernier. Pour atténuer le coût de l'explosion des prix de l'énergie, la Grande-Bretagne devra trouver au moins 60 milliards de livres (près de 70 milliards d'euros actuellement) de nouvelles dettes sur les marchés des capitaux au cours des six prochains mois. Parallèlement, les baisses d'impôts censées, selon Truss, relancer l'économie britannique, sont critiquées comme étant inadaptées à cet objectif, car elles allègent surtout les hauts revenus et n'ont donc pas d'effet économique à grande échelle.

Mais les véritables causes sont plus profondes. Depuis plus d'un an, les consommateurs et l'industrie souffrent des prix exorbitants du gaz. En 2021 déjà, plusieurs fournisseurs de gaz des îles britanniques ont connu des difficultés financières et de nombreux consommateurs ne peuvent plus payer leurs factures de gaz. Et ce, malgré l'existence depuis longtemps d'un plafond légal ("price cap") pour les dépenses énergétiques privées. En effet, le gaz naturel n'est pas seulement une énergie de chauffage importante dans les foyers anglais, mais il est également largement utilisé pour la cuisine et la pâtisserie. Le fait que la Grande-Bretagne possède elle-même d'importants gisements de gaz et de pétrole en mer du Nord n'aide pas la population britannique. En effet, le rendement de ces gisements est en baisse depuis 20 ans et aucun investissement n'a été réalisé dans de nouvelles sources d'énergie, l'avenir des énergies fossiles étant considéré comme politiquement incertain. Il n'est donc pas étonnant que le taux d'inflation officiel soit désormais de 10,1 % en juillet.

Les sanctions économiques contre la Russie, dans lesquelles le gouvernement britannique s'est jusqu'à présent particulièrement distingué, au même titre que les États-Unis, ont ensuite mis le comble à cette situation. Un bel exemple de ce qui pourrait malheureusement nous arriver en hiver.

Plus jamais de gaz russe - les États-Unis prévoient de nouveaux sabotages

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Plus jamais de gaz russe - les États-Unis prévoient de nouveaux sabotages

Source: https://zurzeit.at/index.php/nie-wieder-russisches-gas-usa-planen-weitere-sabotagen/

Joe Biden avait promis que le gazoduc "Nord Stream 2" n'existerait bientôt plus. Le président américain avait aussi répondu à la question de savoir comment cela pourrait se produire alors que l'Allemagne le contrôlait : "Je vous promets que nous y arriverons".

Il est intéressant de noter que la même nuit, des chutes de pression "accidentelles" se sont produites dans les gazoducs "Nord Stream 1" et "Nord Stream 2". Selon des informateurs, il s'agirait d'attaques ciblées. Depuis le début des sanctions contre la Russie et la promesse de livraison d'armes à l'Ukraine par l'UE, il serait évident que les Etats-Unis compteraient évidemment parmi les gagnants de la guerre en Ukraine. La conclusion selon laquelle les Américains sont impliqués dans cette affaire n'est donc pas tirée par les cheveux.

Tout le monde sait que l'UE se détourne depuis un certain temps de l'énergie russe (qu'elle achetait directement) et qu'elle mise, entre autres, sur le gaz de fracturation américain, très polluant et beaucoup plus cher, suite aux sanctions tant vantées. Mais il est nouveau que l'Union européenne, si soucieuse de la protection du climat, veuille se passer complètement du gaz russe peu polluant. Bien qu'un embargo sur le gaz n'ait pas encore été décidé officiellement, tout semble aller bel et bien dans ce sens. Les États-Unis tentent, disent-ils, d'aider l'Europe. Or l'acte de sabotage plus ou moins évident, qui vient d'être commis, vise à forcer l'UE à prendre une décision favorable au gaz de schiste américain. Qu'est-ce que les Américains ont à faire d'une catastrophe économique sur notre continent ? Au contraire, ils n'auront plus à se soucier d'un concurrent très sérieux sur le marché mondial.

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Le porte-parole de la FPÖ autrichienne pour la politique étrangère Axel Kassegger (photo) demande donc à l'UE de faire toute la lumière sur cette affaire et de s'engager réellement pour les intérêts européens : "L'intérêt de l'Europe ne peut nullement être de se couper entièrement du gaz russe. Il est grand temps que l'UE fasse pression sur les deux belligérants pour qu'ils entament enfin des négociations sérieuses afin de mettre fin à la guerre le plus rapidement possible".

Il en appelle en outre à la raison: "Actuellement, l'Europe ne peut pas se passer du gaz russe, loin de là. Avec les défaillances techniques des gazoducs, l'approvisionnement ne tient plus qu'à un fil. Les récentes déclarations du président américain Biden méritent d'être remises en question. Un changement de mentalité doit enfin avoir lieu!". Il n'y a rien à ajouter à ces propos.       

Les Etats-Unis veulent-ils transformer l'Ukraine en un deuxième Afghanistan?

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Les Etats-Unis veulent-ils transformer l'Ukraine en un deuxième Afghanistan?

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/wollen-die-usa-die-ukraine-in-ein-zweites-afghanistan-verwandeln/

Le Pentagone travaille à développer une structure de commandement pour coordonner l'armement et l'entraînement des forces armées de l'Ukraine

Un rapport du New York Times confirme que les Etats-Unis sont depuis longtemps une partie belligérante dans le conflit ukrainien. Selon ce journal, généralement bien informé, le Pentagone travaille à la mise en place d'un commandement militaire pour coordonner, armer et former l'Ukraine. Ce commandement, qui comptera environ 300 personnes, sera basé à Wiesbaden, la capitale du Land de Hesse.

Le journal cite le général de brigade Patrick S. Ryder, porte-parole du Pentagone, qui a déclaré : "Nous évaluons et affinons en permanence notre attitude et nos processus internes pour nous assurer que nous fournissons à l'Ukraine une assistance sécuritaire pertinente qui, en temps voulu, sera capable de répondre à ses besoins les plus urgents sur le champ de bataille et de consolider ses forces durablement pour dissuader toute agression russe future". La guerre d'Ukraine est donc bel et bien devenue un conflit militaire entre les États-Unis et la Russie.

La remarque suivante du New York Times doit toutefois donner à réfléchir : "Les modifications visant à donner une structure formelle à l'action improvisée depuis le début de la guerre s'inspirent grossièrement des efforts de formation et de soutien des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan au cours des deux dernières décennies".

On sait suffisamment ce que les États-Unis ont obtenu avec leurs guerres d'agression contre l'Afghanistan et l'Irak, qui sont contraires au droit international: l'Afghanistan a sombré encore plus dans le chaos et, en Irak, un régime laïc qui fonctionnait correctement auparavant a été délibérément détruit. Pour l'Ukraine, la création du commandement coordonné est donc une menace dangereuse.

 

vendredi, 30 septembre 2022

De la forme des images du monde

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De la forme des images du monde

par Pierluigi Fagan

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/forme-delle-immagini-del-mondo

La "géopolitique" est généralement née en tant que discipline avec l'article du géographe politique anglais Halford J. Mackinder, intitulé "Geographical Pivot to History", paru en 1904.

Il convient de noter que Mackinder avait un esprit systémique, car il était certes géographe et homme politique, mais il était aussi le premier directeur de la London School of Economics (LSE). Ainsi, à l'époque impériale du Royaume-Uni, Mackinder a lu le monde avec un état d'esprit dans lequel la géographie, la politique et l'économie étaient des descriptions différentes du même objet. La logique de l'empire l'exigeait. Le monde est ainsi fait, tout entremêlé (cum-plexus), c'est nous qui le lisons dans différentes disciplines incommunicantes, une absurdité que beaucoup pensent être la seule façon de développer la connaissance.

Quoi qu'il en soit, Mackinder était obsédé par le danger d'un développement continental amorcé par l'Empire russe de l'époque. Si une puissance territorialement vaste et puissante se formait sur le continent, les Britanniques sur leur île courraient le risque de devenir une périphérie. D'où venait ce sentiment urgent de danger ?

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Il devait y avoir quelque chose d'actuel motivant cette crainte, même si la préoccupation stratégique britannique concernant le danger que les Russes deviennent un hégémon sur de grands espaces continentaux était déjà assez ancienne, voir la guerre de Crimée.

En 1900, lors de l'Exposition universelle de Paris, les Russes ont présenté pour la première fois les plans d'une incroyable ligne de chemin de fer qui devait relier (relier, c'est potentiellement unir), l'extrême ouest à l'extrême est russe. Il s'appelait le Transsibérien et serait achevé juste l'année précédant l'article fondateur de l'Anglais. C'est cette annonce qui a inquiété les élites impériales britanniques et Mackinder en a fait "son propre temps mis en pensée", inventant la discipline. Il y avait eu d'autres lectures de la géographie politique dans le passé, mais par convention, la discipline est née avec son article.

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Il convient donc de dire que la politique entre les nations se lit avec la géographie sur laquelle se trouvent les systèmes. Les systèmes sont les États, mais ce sont leurs interrelations qui affectent les conflits géopolitiques. Les interrelations peuvent être immatérielles, par exemple le partage d'une monnaie, d'un ensemble d'organisations multilatérales, de conventions juridiques générales, ou spécifiques à l'action économique (par exemple la mondialisation à la manière de l'OMC ou aujourd'hui les démocraties contre les autocraties).

Mais elles sont souvent matérielles, par exemple les chemins de fer dans le cas que nous venons de citer, mais aussi les oléoducs et gazoducs, les réseaux Internet (par exemple le nouveau système satellitaire américain Starlink mis à la disposition d'abord des Ukrainiens, maintenant des Iraniens en révolte contre le pouvoir local), les routes maritimes et bien d'autres choses encore.

Les conflits géopolitiques sont donc aussi des conflits portant sur la formation, l'expansion et la sécurité des réseaux reliant les puissances aux systèmes vassaux périphériques. C'est quelque chose, je me permets de le rappeler, que nous avons étudié à l'école quand on nous y parlait des Romains et de leur fixation sur les aqueducs et les routes. Aujourd'hui, nous avons les Chinois avec l'initiative "Belt and Road".

Le monde est multidimensionnel, le conflit est multidimensionnel, notre capacité à lire les questions multidimensionnelles s'affaiblit. Il s'agit d'une intention claire non seulement de vous dire directement ce que vous devez penser, mais aussi d'imposer la manière dont vous pouvez penser. En imposant la manière, vous n'avez même pas besoin de forcer votre pensée dans la direction souhaitée, vous n'avez tout simplement pas d'autre façon de penser. Les poissons ne pensent pas "Je suis dans la mer", ils n'ont tout simplement pas la faculté de penser qu'il y a autre chose au-delà de la mer.

Frapper North Stream 1 et 2, c'est faire comprendre que le découplage entre la demande énergétique européenne et le fournisseur russe doit à l'avenir être irréversible. Puisque l'hiver arrive et que les Européens, frigorifiés, pourraient refroidir leur allégeance aux Etats-Unis dans le cadre du conflit ukrainien, mieux vaut être clair.

Beaucoup ont leur cerveau câblé de telle manière qu'ils penseront immédiatement que les Russes l'ont commis l'attentat. Peu importe que le bouton qui régule les flux de gaz ou les fait circuler soit déjà entre les mains des Russes, qui n'ont eu aucun scrupule à le fermer ou à l'ouvrir selon leurs intentions géopolitiques. Puisque leur cerveau est câblé d'une certaine manière, ils n'auront aucun doute sur le fait qu'au lieu d'ouvrir et de fermer le bouton, il est plus pratique d'aller faire sauter leurs propres tuyaux posés à grands efforts et à grands frais, se créant ainsi, pour eux-mêmes, un problème vraiment sérieux. Vous savez, ce sont des Russes, ils sont mauvais, et les méchants sont souvent aussi stupides. Mais les bons aussi et parfois ce sont les bons qui sont mauvais.

Ou peut-être qu'en ces matières, il ne faut pas appliquer les catégories du bien et du mal, mais seulement celles, plus froides, de l'intérêt géopolitique, désormais inconnu de la plupart de nos contemporains. Alors maintenant, dans la Baltique, les poissons regarderont leur mer et penseront : lisse, étincelante ou ...   

 

L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe

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L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe

par Daniele Dell'orco

Source : Daniele Dell'orco & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-danneggiamento...

L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe. C'est la seule considération qui ne laisse aucune place au doute.

Une attaque contre l'Europe menée dans les eaux territoriales européennes. Quels que soient les auteurs du sabotage, sept mois après le début de la crise, il est de plus en plus clair que beaucoup, sinon tous, les prétendants sont d'accord sur une chose : profiter des faiblesses de l'Union européenne, qui, de son propre aveu, est à la fois l'entité qui a le plus à perdre dans cette affaire et qui est la plus couchée. Les explosions des deux tronçons de gazoducs qui déversent plus de 2 milliards d'euros de gaz naturel dans la mer représentent le point le plus bas de l'histoire récente de l'UE.

Au moment où ils en auraient le plus besoin, les citoyens européens voient la ressource vitale, dont ils ne disposent hélas pas eux-mêmes, partir en fumée dans une de leurs propres mers intérieures, car elle se déverse hors des infrastructures que leurs gouvernements ont contribué à construire.

Alors que Nord Stream 2 AG est détenu à 100 % par Gazprom (bien que les Européens aient financé 50 % de l'infrastructure), dans Nord Stream AG, 51 % appartiennent aux Russes, 15,5 % chacun aux Allemands Wintershall Dea et E.ON, 9 % à la société néerlandaise Gasunie et 9 % à la société française Engie. NS 1 a coûté 7,4 milliards d'euros, contre 11 milliards d'euros pour NS 2.

Après la crise des turbines de cet été qui a fait flamber les prix du gaz naturel en Europe, Gazprom a réduit la capacité de pompage de Nord Stream à 20 %, un choix politique évident motivé d'abord par la maintenance d'une turbine dans l'usine canadienne de la société allemande Siemens (les autorités canadiennes n'ont pas voulu rendre l'unité en raison des sanctions anti-russes et l'ont transférée en Allemagne. Gazprom, à son tour, a refusé de prendre la turbine sans preuve documentaire que les sanctions n'affecteraient pas le transport et les réparations ultérieures), puis avec une fuite d'huile sur l'unité, qui a finalement cessé de pomper complètement et pour une période indéterminée.

Nord Stream 2, d'une capacité similaire (55 milliards de mètres cubes) et d'une longueur de plus de 1200 km, a été achevé en septembre 2021 avec du gaz encore plus sophistiqué déjà injecté dans ses deux tronçons, mais après avoir été longtemps combattu par les États-Unis, l'Ukraine et la Pologne, il n'est jamais entré en service car l'Allemagne a suspendu sa certification après que Moscou a reconnu l'indépendance des républiques du Donbass fin février.

Aujourd'hui l'incident est commenté mais avec l'habituel et énième ping-pong de blâmes et de reproches. Le fait qu'il s'agisse d'un sabotage ne fait même pas l'objet d'un débat. Mais il s'agit d'une opération sérieuse et loin d'être anodine, qui nécessite l'intervention de forces spéciales, comme des plongeurs ou un sous-marin. Les dommages causés aux pipelines pourraient être la responsabilité des forces ukrainiennes ou polonaises, dans les deux cas avec le soutien américain. Ceux qui soutiennent cette hypothèse estiment que Kiev pourrait accroître son attractivité de cette manière, puisque le gaz russe qui atteint encore l'Europe circule à partir de gazoducs traversant l'Ukraine (ainsi que TurkStream). En outre, les États-Unis pourraient profiter encore davantage de la hausse déjà massive des achats de GNL par l'UE. Enfin, en rejetant la responsabilité sur la Russie au plus fort de la tension, l'Ukraine pourrait pousser l'Europe à entrer de plain-pied dans le conflit en envoyant des chars, notamment allemands, déjà demandés par le conseiller de Zelensky, Podolyak.

L'autre version serait celle d'une opération russe menée sous faux drapeau, ce qui pourrait provoquer davantage d'incertitude et faire grimper les prix du gaz pour exacerber la crise du coût de l'énergie en Europe, qui s'est quelque peu calmée récemment avec des prix passant de plus de 3000 $ à 1900 $ par 1000 mètres cubes.

Une chose à considérer est que, si d'une part pour la Russie faire sauter une infrastructure qu'elle possède serait insensé d'autant plus qu'elle la contrôle déjà en éteignant simplement un interrupteur pour l'arrêter, d'autre part, précisément parce qu'elle est déjà éteinte, faire sauter des gazoducs ne change pas grand-chose à la politique d'approvisionnement en gaz de l'Europe. Du moins à court terme.

Avec un stockage complet, une consommation réduite et du GNL à volonté, l'UE pense qu'elle compense le manque (en payant des prix plus élevés), et il ne peut y avoir de problèmes qu'à l'avenir, car des pipelines sont nécessaires pour remplir les installations de stockage. Mais en quelques mois, ils pourraient être réparés et, de toute façon, les pays de l'UE ont déjà convenu de réduire leur consommation de gaz l'année prochaine et de diversifier leurs approvisionnements, de sorte qu'il n'est même pas certain qu'ils en auront besoin.

Le sabotage pourrait donc n'être qu'un avertissement à l'Europe que la route vers Moscou est désormais fermée à jamais et qu'il est donc temps de passer aux choses sérieuses. Le plus grand dommage, dans tous les cas, serait causé à la Russie, qui, de toute façon, n'aurait déjà logiquement que très peu de raisons de saboter ses actifs.

Ce qui est certain, en revanche, c'est que nous avons atteint un nouveau stade inquiétant dans l'escalade, précisément dans les mêmes heures où les référendums pour l'adhésion à la Russie des quatre régions, où se sont tenus des référenda, entre le Donbass et le sud de l'Ukraine ont pris fin, et précisément dans les mêmes heures où l'armée ukrainienne encercle Liman et pousse les Russes hors de Kupyansk. Ce sont des moments très tendus. Tant de choses d'une importance capitale se produisent en même temps. Mais le plus grave pour nous tous est qu'aujourd'hui la guerre est officiellement arrivée sur notre territoire.

L’américanisation et notre nullité terminale

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L’américanisation et notre nullité terminale

par Nicolas Bonnal

« Ils ont simplement pris possession d’un butin ouvert à tous ».

Les Américains nous mènent à l’abattoir avec une facilité dérisoire.

La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.

L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »

Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :

« Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques; n'implorez d'elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie… »

C’était avant les véganiens et la nouvelle culture branchée du cannibalisme.

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Le poète ajoute avant les attentats de Las Vegas :

 « Brûler des nègres enchaînés, coupables d'avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l'honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l'Ouest, que les Sauvages (ce terme a l'air d'une injustice) n'avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l'inventeur de la morale de comptoir, le héros d'un siècle voué à la matière. »

Et de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain vers 1850 chez le clergé catholique:

« Il est bon d'appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l'américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu'un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »

Il y a donc déficit de notre part. Ortega Y Gasset évoque cette montée de la stupidité que le penseur et économiste oxonien Cipolla a théorisée. Nous ne sommes et ne valons plus grand-chose, et c’est pourquoi, que ce soit sous Macron, Sanchez, Merkel, Hollande, Johnson, Lyen, Truss, nous nous détruisons et nous anéantissons avec allégresse, démographiquement, spirituellement. Le triomphe du féminisme et du multiculturalisme US, dangers autrement plus percutants que l’épouvantail terroriste ou le baril d’islam saoudien, sont là pour le démontrer – et pour nous absorber.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, comme le rappela Oswald Spengler :

 « La domination mondiale romaine fut un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance ». 

Je trouve géniale cette phrase, moi qui aime surtout dans le monde romain les textes lucides sur sa décadence, en oubliant quelques lueurs comme l’Enéide (chant VI), les bonnes lettres de Sénèque ou le songe de Scipion (Cicéron, République). Pour le reste on est formidablement proche de notre entropie actuelle (un autre qui en parle est Ugo Bardi, chimiste de formation mué historien de vocation sur Lesakerfrancophone.fr).

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On ne va pas rappeler notre époque et sa soumission, et son adoration, et sa déification des américains. L’action Boeing triplait pendant le scandale du Boeing 737, ce qui signifie que nous voulons mourir – nous « crasher » - par et pour ces dieux américains qui nous hypnotisent (cf. mes rappels de Guénon à ce sujet : le monde moderne est hallucinatoire).

Spengler donc, qui remet notre empire romain, sa bureaucratie, son homogénéisation, ses thermes et son multiculturalisme à leur place :

« Considéré en soi, la domination mondiale romaine était un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté - que les Romains n'avaient jamais eu depuis Zama - mais d'un déficit de résistance de l'autre. Que les Romains n'aient pas conquis le monde est certain; ils ont simplement pris possession d'un butin ouvert à tous. L'Imperium Romanum a été créé non pas à la suite d'efforts militaires et financiers aussi extrêmes que ceux qui avaient caractérisé les guerres puniques, mais parce que l'Orient ancien renonçait à toute autodétermination externe. L’apparition de brillants succès militaires ne doit pas nous induire en erreur. Avec quelques légions mal entraînées, mal dirigées et maussades, Lucullus et Pompée ont conquis des royaumes entiers - un phénomène qui aurait été impensable à l'époque de la bataille d'Issus… »

Au passage, et toujours dans son introduction, Spengler, dont on a fait un distrait poète, mais qui est surtout un naturaliste compétent, nous voit déjà cuits culturellement, et à l’époque de Picasso, Schoenberg et Stravinsky encore :

« Qu'il s'agisse de peinture ou de musique de qualité, il ne peut plus y avoir de question pour les Occidentaux. Leurs possibilités architecturales sont épuisées depuis cent ans. Seules d’extensives possibilités leur sont laissées… »

Depuis nous avons touché le fond, mais nous creusons encore. C’est ce qu’on nomme l’art contemporain, qui recouvre et pollue Versailles et les ronds-points de l’ancienne France.

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L’empire romain exerce sa fascination comme aujourd’hui notre matrice US. Spengler :

« Il existe un type d'érudit dont la clarté de la vision tombe sous un charme irrésistible lorsqu'il passe d'une redingote à une toge, d'un terrain de football britannique à un cirque byzantin, d'un chemin de fer transcontinental à une voie romaine dans les Alpes, d'un destroyer de trente nœuds à une trirème, des baïonnettes prussiennes aux lances romaines - de nos jours même, du canal de Suez d'un ingénieur moderne à celui d'un pharaon. » 

Hypnose, quand tu nous tiens…

Spengler rappelle les conditions romaines, notamment dans le domaine… immobilier :

« Pour moi, c’est un symbole de la première importance que dans la Rome de Crassus - le triumvir et le spéculateur de chantier tout-puissant - le peuple romain avec ses inscriptions fières, le peuple devant lequel tremblaient Gaulois, Grecs, Parthes, Syriens, vive dans une misère effrayante dans des établissements de plusieurs étages de banlieues sombres, acceptant avec indifférence ou même avec une sorte d'intérêt sportif les conséquences de l'expansion militaire: beaucoup de familles célèbres et nobles, beaucoup de descendants des hommes qui ont vaincu les Celtes et les Samnites ont perdu leurs maisons ancestrales en se tenant à l'écart de la précipitation sauvage de la spéculation et ont été réduits à louer des appartements misérables… le long de la voie Appienne, où se trouvent les tombes splendides et encore merveilleuses des magnats financiers, les cadavres de la population ont été jetés avec des cadavres d’animaux, la ville ayant été abandonnée dans une fosse commune monstrueuse… »

La ville se dévore elle-même, comme disait un Guy Debord impressionné par Mumford, elle est devenue cetamas de détritus urbainsqui constitue l’universelle mégapole… quant aux vieilles familles, elles ne font plus rêver personne en occident depuis longtemps : elles ont été, comme les rois, réduites à l’état de larves people.

A la place du spéculateur Crassus on a le spéculateur Donaldus qui bute aussi sur les iraniens, pardon, sur les parthes : lisez la vie de Crassus de Plutarque qui vous expliquera mieux que Wikipédia comment les parthes en finirent avec lui (Crassus)…

Et cette cerise sur le gâteau (ou sur le catho, pensez à cet antipape et à sa pacha Mama) sur notre apocalypse touristique :

« dans Athènes dépeuplée, qui vivait de visiteurs et de la richesse de riches étrangers, la foule de touristes parvenus de Rome resta bouche bée devant les œuvres de l'époque péricléenne avec aussi peu de compréhension que le globe-trotter américain de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, tous pièce d'art amovible ayant été enlevée ou achetée à un prix avantageux pour être remplacée par les bâtiments romains qui ont grandi, colossaux et arrogants, à côté des structures basses et modestes de l'ancien temps… »

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L’épuisement du monde actuel, toujours plus lâche et stérile, ne se peut expliquer une nouvelle fois que par Guénon. Notre désindustrialisation sur ordre (n’en déplaise à tel lecteur à la fois peu instruit et malpoli), qui marque l’américanisation, a une dimension tératologique. Après l’époque de la solidification, survient la désintégration bien méphitique. Lisez l’intuition de Guénon sur les fissures de la grande muraille pour vous en convaincre. Dans le monde déchristianisé où nous évoluons, règne un satanisme extatique et cultuel sur fond d’églises cramées. A la pollution des Indes ou au smog du collectionneur Dorian Gray succèdent Netflix et sa froide inculture Illuminati.

Sources

René Guénon - Règne de la quantité, XXV

Guy Debord – La Société du Spectacle, § 174

Lewis Mumford – La Cité dans l’Histoire

Philippe Grasset - La Grâce de l’Histoire, le deuxième cercle, éditions mols

Nicolas Bonnal – Tolkien (Avatar), Les Territoires protocolaires (Maule)

Charles Baudelaire – Préface aux œuvres traduites d’Edgar Poe (ebooksgratuits.com)

Oswald Spengler, déclin de l'occident, introduction, archive.org

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Une lecture non-conforme d’Orwell

Pseudonyme littéraire d’Eric Arthur Blair (1903 – 1950), George Orwell intéresse un public quelque peu cultivé. Thomas Renaud vient par exemple d’en signer une biographie synthétique (1). Une part non négligeable de la droite radicale française cherche sans cesse à s’approprier ses idées, sans équivoque d’ailleurs. Militant et théoricien européen d’expression italienne, Gabriele Adinolfi entend revenir sur cette ambiguïté et la transcender dans un essai exigeant et essentiel invitant à « une relecture verticale d’Orwell ». Il appuie sa démonstration sur trois livres majeurs, à savoir Hommage à la Catalogne (1938), La Ferme des animaux (1945) et Mil neuf cent quatre-vingt-quatre (1948). Il écarte en revanche d’autres écrits tels que Le Quai de Wigan (1937) ou Une histoire birmane (1934).

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La (re)découverte de son œuvre dans le monde francophone revient au professeur de philosophie de sensibilité socialiste libertaire Jean-Claude Michéa. Son premier essai s’intitule fort significativement Orwell, anarchiste tory, qui l’étudie en libertaire conservateur (2). Michéa observe que le libéralisme économique et le libéralisme politico-culturel proviennent d’une matrice commune. Il semble ignorer que de nombreux penseurs de la Contre-Révolution (Louis de Bonald, Charles Maurras), de la Tradition primordiale (Julius Evola) et des « non-conformistes des années 1930 » (les revues Plan, L’Ordre Nouveau, Combat ou L’Insurgé) avaient déjà soulevé cette proximité.                             

Complot contre soi-même

Mythe ou Utopie ? risque de heurter tant les lecteurs de gauche du Britannique né en Birmanie que les « orwellolâtres » de droite parce qu’il ne cache pas ses désaccords avec Orwell. Gabriele Adinolfi critique la paresse intellectuelle des droites radicales, ces mêmes droites radicales qui avancent une analyse marxisante de l’actualité et adoptent sans réflexions préalables le vocabulaire et les schémas du camp adverse. « Elles restent en berne, car elles obéissent aux mêmes logiques de misérabilisme existentiel et de surenchère salariale. » À rebours de cette tendance, il interprète l’œuvre de George Orwell d’une manière hiérarchique. Par hiérarchie, il faut entendre « autorité et ordonnancement sacrés, et non pas comme lien de subordination clanique ou tribale ».

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À l’heure du « passeport vaccinal », de la surveillance numérique de la vie privée et de la « reconnaissance faciale » avant de prendre les transports en commun ou d’entrer chez soi (cas chinois), « à quel point la prévision catastrophique d’Orwell s’est-elle réalisée de façon substantielle ? » Les déclarations gouvernementales et médiatiques sur les crises pandémiques (grippes aviaires, covid, variole du singe), les désastres climatiques et les attentats engendrent une lourde ambiance anxiogène qui « ne nous empêche pas de vivre, partagés entre angoisse et inconscience, entre oukases bureaucratiques et privations de liberté, dans des conditions tout sauf optimales, mais nous n’en éprouvons pas moins du soulagement en nous comparant à un passé qu’on nous dépeint comme effroyable ». Serait-ce voulu ? S’agirait-il d’un ensemble d’actions psychologiques de masse ? Gabriele Adinolfi observe qu’un « mélange de terreur et d’adhésion à l’âme collective produit aussi la soumission volontaire et même le sentiment de culpabilité et le désir d’expiation, lesquels deviendront les caractéristiques des systèmes communistes mais sont tout autant celles des systèmes occidentaux contemporains ». Il estime plus loin que « la peur, en somme, est en nous : c’est notre propre terreur qui nous terrorise ». Faut-il pour autant verser dans le « complotisme » ?

L’auteur s’en prend nettement aux tendances complotistes du moment. Ce mode de pensée « s’est substitué au décryptage, c’est-à-dire à la capacité de plonger le regard au-delà de la surface, selon des dimensions qui peuvent – et devraient – être en même temps d’ordre physique et métaphysique. Mais, croyant pouvoir “dévoiler “ tel ou tel mystère, ce complotisme l’a au contraire souvent reproduit sous la forme d’une caricature grotesque de ce qu’il aurait fallu comprendre ». Il ajoute que « celui qui réduit tout à un complot, et le complot lui-même à l’action d’une unique “ centrale “, non seulement manque de sagacité et de vision stratégique, mais finit par se trouver contraint de travestir la réalité afin de pouvoir maintenir sa thèse ». Cela ne signifie pas que les complots n’existent pas. Se référant à Yann Moncomble, précurseur d’Emmanuel Ratier, deux éminents spécialistes d’une « branche de la recherche française qui s’occupait d’analyser le pouvoir agissant depuis les coulisses, il connaît les coulisses de l’histoire politique récente. Il insiste sur les deepfakes. Circulent « sur les réseaux des vidéos totalement fausses de personnages politiques dans lesquelles ceux-ci tenaient des propos qu’ils n’ont jamais exprimés ». Mieux, « le premier exemple tangible, on le trouve dans les vidéos de la CIA avec, dans le rôle principal, le fantasmatique Ben Laden, ex-agent américain et relation d’affaires de la famille Bush, probablement mort aux alentours de 1997 mais laissé “ vivant “ jusqu’en 2011 comme hologramme de la Terreur (un peu comme le Goldstein du roman d’Orwell) ».

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Des collusions occultes anciennes et profondes

En grand connaisseur des arcanes des guerres occultes menées en Europe, Gabriele Adinolfi mentionne les inévitables rivalités internes au sein du bloc occidental atlantiste entre les services britanniques, étatsuniens, israéliens, voire français et allemands. Il signale « l’émergence d’un conflit au sein des services secrets américains que l’on peut schématiser en un duel CIA – FBI, à l’issue duquel la CIA se gauchisa » dans les années 1950. Cette conflictualité interne s’amorce dès la décennie précédente. « Dans les services anglais et américains, à l’époque on recrutait préférentiellement des gens venus de la gauche radicale, qui avaient ainsi l’opportunité de servir en même temps la Révolution progressiste, leur propre pays et l’antifascisme. On doit à la vulgate qui s’est imposée ensuite d’avoir travesti cette réalité, pourtant avérée par tant de coopérations organiques entre les franges de l’ultra-gauche et les élites WASP. » Il aurait pu rappeler que l’OSS, l’ancêtre direct de la CIA, recruta ses premiers agents d’action parmi les militants du Parti communiste des États-Unis… Récusant en partie la thèse de François Duprat exposé dans L'Internationale étudiante révolutionnaire (3) qui voyait dans l’agitation de Mai 68 la seule main de la Stasi, il considère plutôt que « la contestation juvénile de la fin des années 60 […] fut pilotée par la CIA avec une forte implication du Mossad, fut de la même farine communiste » quand bien même la Stasi eût pu collaborer ponctuellement avec les agences occidentales. Ils avaient pour la circonstance le même intérêt : renverser le général De Gaulle, grand contempteur du condominium planétaire USA – URSS.

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Un journaliste de L’Équipe, Jean-Philippe Leclaire, qui vient de faire paraître un polar original, Mai 69, déclare que « les Soviétiques étaient anti-Mai 68. Pour eux, c’était une révolution qui venait plutôt de la jeunesse bourgeoise que prolétarienne. Alors que les Américains étaient pro-Mai 68 parce qu’ils n’avaient pas pardonné à de Gaulle d’avoir quitté l’OTAN (4) ». Le soviétisme et l’américanisme partagent le même cosmopolitisme. Pour preuve, l’ONU dont « son idéologie, ouvertement mondialiste, était supranationale et accompagnait l’expansion programmée de la haute finance et des multinationales. Son inspiration, à partir de laquelle furent installées toutes les succursales de l’ONU, depuis le champ culturel jusqu’au domaine scientifique, était et reste d’essence communiste ». Gabriele Adinolfi invite par conséquent à regarder au-delà des seules apparences. Se développant au cours de la décennie 1960, le trafic de drogue est « à l’origine d’un nouveau secteur essentiel de l’économie capitaliste dont la haute finance sera le principal bénéficiaire et la DEA, Drugs Enforcement Administration, l’inévitable carrefour ». Quant à la « grande réinitialisation » (ou Great Reset), « il s’agit de mutations qui ont toutes commencé il y a vingt ans déjà et que [les complotistes] prennent pour des complots actuels à dénoncer ».

Son point de vue peut dérouter le lecteur guère habitué à l’art du contre-pied. Par exemple, « laissons de côté la grotesque conviction, fruit d’une propagande venimeuse, de la “ cruauté “ du fascisme italien, alors qu’il a probablement été l’un des régimes les plus indulgents et magnanimes au monde, toutes idéologies et confessions confondues ». Pas certain que certains « précieux ridicules » apprécient ce commentaire historique pertinent…

Les collusions entre services spéciaux de l’Ouest et de l’Est pendant la Guerre froide confirment la réalité d’« un système à la fois divisé et uni, basé sur le chaos organisé (étant rappelé qu’il est erroné de croire que l’organisation n’est pas compatible avec le chaos : c’est l’Ordre qui ne l’est pas ». « S’il y a une correspondance entre certaines prévisions orwelliennes et la réalité d’aujourd’hui, elle s’explique par la nature profondément communiste du système global, mais aussi de la culture telle qu’elle est diffusée à toutes les sauces, réactionnaire comprise. » Son constat clinique sur l’influence considérable de l’« École de Francfort » outre-Atlantique correspond aux commentaires de Paul Gottfried : « L’expérience de l’exil donna un poids particulier à l’école de Francfort. Elle explique son intérêt pour la notion de “ personnalité autoritaire “ et sa vision du fascisme comme un danger omniprésent. […] Plusieurs de ses membres travaillèrent de manière intermittente pendant la guerre pour le prédécesseur de la CIA, l’OSS (Office of Strategic Services). À des postes de conseillers, ils étudièrent les origines psychiques du fascisme et finirent par proposer des plans très ambitieux pour guérir les Allemands de leur culture politique agressive (5). » D’où le fichage de toute la population allemande à partir de 1945 par l’intermédiaire du questionnaire obligatoire dont Ernst von Salomon en tira un ouvrage brillant (6).

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Pour Gabriele Adinolfi, « capitalisme et communisme sont deux formes différentes d’une même façon de sentir et d’agir : le capitalisme est un communisme de riches et le communisme, un capitalisme de pauvres. Leur corps diffère (et, à ce niveau, les différences sont de taille) mais leur âme et leur esprit coïncident ». Ernst Jünger envisageait déjà et pendant la Guerre froide, dans le prolongement de La Paix (1946), une telle convergence. Il écrivait qu’entre l’Est et l’Ouest, « les idées-force […] sont communes. […] La ressemblance porte encore sur les symboles, parmi lesquels l’étoile tient une place toute particulière. Elle donne à penser que le différence de l’étoile rouge et de l’étoile blanche n’est que le papillotement dont s’accompagne le lever d’un astre à l’horizon. […] Cette ressemblance donne à penser qu’il s’agit là de modèle ou, pour mieux dire, de moules : les deux moitiés du moule dans lequel sera coulé l’État universel (7) ».

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À l’instar du grand écrivain allemand, Gabriele Adinolfi remarque que le capitalisme et le communisme « ont convergé, finissant par se confondre en un syncrétisme au terme duquel le libéralisme d’aujourd’hui – qu’il soit réglementé ou sauvage – a produit une société culturellement et sociologiquement d’essence communiste. Y compris chez ceux qui se définissent comme anticommunistes, alors qu’ils se bornent à combattre les travers les plus superficiels de leurs adversaires ». Ne croyant pas au national-communisme, Gabriele Adinolfi réfute que l’affrontement entre Joseph Staline et Léon Trotsky exprimerait une lutte impitoyable entre deux visions contraires du monde. Il faut en outre bien distinguer le capitalisme du libéralisme. C’est ce que fait Hervé Juvin avec une approche plus économique et sociologique pour qui « le marché est la forme temporaire que le capitalisme totalitaire a empruntée pour assurer son règne sans partage (8) ». L’essayiste et député français au Parlement européen RN – Les localistes affirme même que « le capitalisme totalitaire en finit avec les libertés économiques, la concurrence et le marché (9) ». La fonction du libéralisme serait de « mettre un frein aux délires démocratiques ». Toutefois, « la conception libérale excluant toute notion de pôle et d’axe, l’irruption désordonnée du subconscient – au reste favorisée sur le plan technologique par l’ère du digital – a fait se diffuser la démocratie dans tout l’Occident ». Il s’agit d’un paradoxe parce que « diviseur du peuple, éteignoir des passions, défenseur des intérêts de classe et substantiellement égoïste, [le libéralisme] exalte inlassablement le bon sens et la vie placide du bourgeois ». Or, George Orwell s’inscrit complètement dans le sillage démocratique occidental moderne.

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Contre les masses telluriques ? 

Gabriele Adinolfi ne pense pas qu’Orwell proclame la venue de Big Brother. George Orwell examine plutôt une réalité qu’il rend fictive et romancée afin d’atténuer son diagnostic effarant. Il note que le systèmes démocratique « s’est arrangé pour que tous les partis en lice soient alignés sur les mêmes principes et les mêmes orientations fondamentales ». L’œuvre de George Orwell influence la série télévisée – culte britannique, Le Prisonnier (1967 – 1968) avec, dans le rôle principal, Patrick McGoohan offre aux téléspectateurs un résumé d’une société orwellienne ramassée aux dimensions du Village.

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« Le Grand Frère n’est pas fils unique. » Certes, « il n’y a pas de Parti unique, mais l’Occident est devenu un vaste Socang, un Être collectif oppresseur aux valeurs rigoureusement inversées et sur lequel règne un impalpable Grand Frère, composé des larves psychiques de tous. Mais peut-être après tout est-ce une Grande Sœur ? ». L’auteur martèle que « philosophiquement, étymologiquement et historiquement, la démocratie est tout sauf liberté, pluralité et solidarités véritables. Sous divers écrans de fumée, les systèmes démocratiques tendent à niveler spirituellement, niant la dimension métaphysique de la réalité sur laquelle ils prétendent plaquer une soi-disant “ souveraineté “ du nombre ». Selon l’auteur, « plus que dans les dictatures, c’est dans les démocraties qu’on souvent pris leur source l’oppression et, historiquement, la tyrannie elle-même ».

Dans un livre méconnu et à partir de la Révolution française de 1789 - 1793, Jacob Leib Talmon se penchait dès 1952 sur la genèse de la démocratie totalitaire (10). Dans les faits, la démocratie se dilue vite en ochlocratie. « C’est le propre du Collectif, où les médiocres éprouvent toujours ce mélange de crainte, de jalousie et de rancœur vis-à-vis des meilleurs, qui constitue le ciment des démocraties. » Dans ces conditions biaisées, « il n’y a donc aucune marge de manœuvre pour des interventions radicales de la part des factions populistes “ moins égales que les   autres “ ». Loin des stéréotypes universitaires répétées tous les jours, la démocratie ne favorise pas le « populisme ». Elle l’éteint, le détourne ou le soudoie.

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Gabriele Adinolfi remet en question la notion même de démocratie. « L’Occident vit aujourd’hui une crise idéologique et politique car la démocratie libérale craque de partout et pourtant, par dogmatisme, on continue de soutenir qu’elle est le garant de la liberté contre les tentations totalitaires, alors que celles-ci sont encore plus démocratiques qu’elle, ce qu’elle ne peut admettre sans se nier elle-même et accepter la nécessité de son propre dépassement. D’où le court-circuit ! » Nos sociétés se contaminent de leurs propres toxines, tombent en décadence et deviennent des monstruosités socio-politiques.

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L’auteur va ainsi à l’encontre d’une démophilie bien en cours dans la « mouvance » qui vante la « démocratie directe », le mandat impératif et le référendum d’initiative populaire. Toutes les pratiques démocratiques favorisent et amplifient le déclin civilisationnel. « Nous avons l’habitude de l’entendre comme le gouvernement du peuple mais, en grec, le peuple se dit laos, alors que le demos était en fait le district géographique où avait lieu la consultation électorale. Ainsi, dès l’origine, apparaissait une opposition à l’esprit olympien, avec cette mise en valeur de la masse informe liée à la Terre – c’est-à-dire de l’esprit chtonien, du Chaos dont le cycle héroïque avait extrait la forme, d’essence olympienne, verticale et lumineuse. Ce n’est pas pour rien que le mot se rattache à Déméter, donc à la Terre et à la matière. » Il oublie que le grec compte aussi l’ethnos pour signifier le peuple dans son acception bio-culturelle. Serait-ce une coïncidence sémantique qu’en français, ethnos et éthique commencent par les trois mêmes lettres ? D’éventuels détracteurs pourraient en tout cas l’accuser de jouer en faveur du camp de la Mer et d’être un agent d’une quelconque thalassocratie. Cela démontrerait surtout leur incapacité à comprendre le choix de l’auteur pour l’arkhè et la virtus. En effet, « la seule possibilité de garantir justice et liberté dans un système politique moderne, et de tenir en respect l’excessif pouvoir de l’oligarchie, réside dans le césarisme sous toutes ses formes (monarchie populaire, bonapartisme, gaullisme, fascisme, péronisme) car il repose sur une mobilisation populaire dont la représentation et surtout la conduite, viennent d’en-haut, et il maintient ainsi l’équilibre entre “ participationisme “ et « éthique hiérarchique ». Ce n’est pas une nouveauté chez lui. Il reste fidèle à ce qu’il écrivait dans Pensées corsaires. « La démocratie est […] à l’origine une expression numérique du tellus. […] La démocratie [est…] plutôt de la masse matérielle et de la richesse et, par conséquent, est contraire à toute idée de forme (11). » Sa conception ordonnée du monde s’oppose évidemment au grégarisme des masses. Dans La Ferme des animaux, il rappelle que « lors de leur révolution, la terreur de tous les animaux, c’était de retourner à l’obscurantisme du temps de l’ancien propriétaire, Mr. Jones. La menace est tellement enracinée chez eux qu’ils ont fini par se convaincre absolument que n’importe quoi était préférable à l’époque précédente, et comme la mémoire est courte, cette conviction est devenue la réalité ».

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Le recours à l’Anarque

L’intention de Gabriele Adinolfi ne vise ni à susciter une tyrannie, ni à promouvoir le désordre permanent. « Le tyran et l’anarchiste sont ici les deux pôles extrêmes qui se distinguent de la grisaille ambiante, mais l’un et l’autre n’en restent pas moins prisonniers du conditionnement. » Proches sur le fond, ces deux caractères se distinguent de l’Anarque et du Rebelle, deux figures magistrales avec le Soldat et le Travailleur dans les essais d’Ernst Jünger. Si George Orwell représente « le naufrage dans l’Utopie », le rédacteur d’Orages d’acier incarne « la fidélité au Mythe ». Les fictions de George Orwell et d’Aldous Huxley ont une portée dystopique tandis que « Chevaucher le tigre » de Julius Evola et le Traité du Rebelle ou Le recours aux forêts sans oublier le roman Eumeswil de Jünger qualifié d’« homme différencié », relèvent du Logos que l’auteur rattache au Mythe. Mieux, avec Traité du Rebelle, « l’Allemand avait compris dès le départ la formidable capacité de tyrannie totalitaire dont dispose la démocratie électorale ».

« La question du grand écart entre Mythe et Utopie est bien plus vaste, car elle a des répercussions sur la conception du monde qu’adoptent les hommes, jusqu’à déterminer leur existence, et, par conséquent, leur conception de la liberté elle-même. » Par ailleurs, le mythe induit « un temps a-historique, que l’on pourrait traduire comme un parfait (ou un passé simple) mais qui, tout en ayant été, est. Ce temps-là est l’aoristo, qui désigne l’action pure et nue, valide à la fois dans le passé, le futur et le présent ». La réalisation de ce « parfait » passe par l’emploi de légendes aptes à mobiliser les imaginaires où résident endormis les mythes. « La légende est un moyen de transmettre l’histoire en la reliant au mythe, perpétuant ainsi de génération en génération un état d’esprit et une éthique : ce sont les légendes qui ont fondé les civilisations antiques, pas les taux d’intérêt !» Gabriele Adinolfi dénonce enfin les erreurs intellectuelles « quand on s’approprie un concept sans en avoir saisi la signification spirituelle ni les racines philosophico-sacrales (telles que la vision non-circulaire du temps, l’identification ethnique avec le divin mise au service des appétits terrestres, le concept de Terre promise ou le dévoiement d’une certaine symbolique) ».

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En lecteur attentif de René Guénon dont il cite Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps (1945), d’Ernst Jünger et de Raymond Abellio – dont il ne cite que la trilogie romanesque, à savoir Les yeux d'Ézéchiel sont ouverts (1948), La Fosse de Babel (1962) et Visages immobiles (1983), - ignorait-il La structure absolue. Essai de phénoménologie génétique (1965) ? -, Gabriele Adinolfi use de métaphores alchimiques pour imaginer les « trois livres d’Orwell comme une forme de trilogie sur l’idéal révolutionnaire et son destin, nous pourrions avancer que nous sommes confrontés à une opération alchimique à rebours. D’une vague atmosphère de Rubedo (la réalisation guerrière approchée en Espagne), on passe à un Albedo rationaliste (la compréhension des dynamiques de la Ferme) pour terminer avec un Nigredo, c’est-à-dire une mort initiatique, telle qu’elle s’exprime dans le caractère inéluctable du désastre dystopique de Mil neuf cent quatre-vingt-quatre ». Dans une veine semblable, il explique plus loin que « Guénon a une prédilection pour la fonction sacerdotale, tandis que Jünger scrute le monde avec l’œil du guerrier ». Quant à Orwell, il « a choisi dans sa jeunesse de s’identifier aux déshérités, aux producteurs de biens et aux esclaves : aussi sublimé soit-il, son regard est celui de la dernière des trois fonctions originelles indo-européennes, et sa sensibilité l’est aussi ». Il va de soi que par tempérament personnel, Gabriele Adinolfi préfère un type d’être humain dont l’existence se joue du danger, se moque de la guerre et se gausse des convenances de la société occidentale postmoderniste. L’Anarque « ne se voue pas à la défense du statu quo : c’est au nom d’une conception supérieure qu’il entend intervenir sur la réalité – une intervention “ logique “ et “ mythique “ en son héroïsme, et non pas titanique et soumise à l’hybris ». Le cadre d’Eumeswil se déroule après l’effondrement de l’État universel. S’épanouissent alors sur les ruines de l’ancien monde « post-moderniste (?) » des souverainetés citadines exclusives.

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Par-delà le temps des titans

L’auteur intègre dans sa réflexion l’opposition métaphysique (ou « noomachique ») entre le Mythe et l’Utopie présente dans certains films : Zardoz (1974) de John Boorman, Cube (1997) de Vicenzo Natali ou Le Dernier Samouraï (2003) d’Edward Zwick. Dans ce film, le capitaine nordiste Nathan Algren, joué par Tom Cruise, s’inspire de l’histoire du Français Jules Brunet (1838 – 1911). Appelé à la fin de l’année 1866 au Japon afin d’instruire l’armée shogunale de Yoshinobu Tokugawa, Jules Brunet assiste à la défaite du dernier shogun. Au nom des valeurs martiales françaises, Brunet décide de rester au Japon et de conseiller les rebelles qui proclament une bien éphémère république d’Ezo sur l’île septentrionale de Hokkaïdo. Brunet n’est pas tout seul. Quatre autres officiers français encadrent et commandent les unités militaires indépendantistes. Belle preuve d’un idéalisme bien français!

En reconsidérant positivement le principe du Mythe, l’auteur se dresse contre « le titan utopiste [… qui] rejette les modèles, il les méprise et les piétine, il voudrait les “ vaporiser “, parce que telle est l’essence de l’horizontalité absolue ». Il reconnaît néanmoins de bonne grâce que  « les titans sont victimes de l’hybris, c’est-à-dire de l’arrogance qui s’empare de l’ego et lui laisse croire qu’il peut se substituer à l’ordre des choses, y compris au destin. C’est ainsi que les titans provoquent des désastres dans lesquels ils s’engloutissent, entraînant les autres avec eux ». Le mythe de l’Atlantide ne serait-il pas finalement un avertissement à la palingénésie titanesque propre aux hommes, surtout quand leurs intentions sont prométhéennes (et non faustiennes) ?

Gabriele Adinolfi ne cache pas agir pour « la restauration de l’Imperium, intérieur et par conséquent extérieur, et une action d’ordre sélectif afin de procéder à la qualification de nouvelles élites – destinées à se substituer à l’État dans des domaines auxquels celui-ci a renoncé en vue de la constitution et de l’organisation des autonomies et des coopérations sociales ». Probable lecteur attentif des Principi di scienza nuova du Napolitain Giambattista Vico (1668 – 1744) dont la clé de voûte sont les ricorsi, l’auteur, dans un formidable reconciliatio contrariorum pense que « les cycles héroïques, qu’ils soient historiques ou simplement d’ordre intérieur, ont quelque chose de commun avec le titanisme, notamment le vitalisme et le rejet de tout lien, mais ils l’emportent parce que celui qui les incarne possède une lumière intérieure qui en atteste l’origine divine, sacrée, et qui oriente nécessairement cette rébellion vers un re-volvere, vers une restauration ». Bien malgré lui, George Orwell a-t-il contribué au retour des Dieux ? Il serait alors souhaitable que le Mythe bâtisse sur les vestiges des utopies intemporelles délétères une eutopie enracinée de communautés humaines disciplinées et néo-archaïques.

GF-T 

Notes

1 : Thomas Renaud, George Orwell, Pardès, coll. « Que sais-je ? », 2022.

2 : Jean-Claude Michéa, Orwell, anarchiste tory, Climats, 1995.

3 : François Duprat, L'Internationale étudiante révolutionnaire, Nouvelles Éditions latines, 1969.

4 : dans La Tribune – Le Progrès du 29 août 2022.

5 : Paul Gottfried, Fascisme. Histoire d’un concept, L’Artilleur, 2022, pp. 177 – 178

6 : Ernst von Salomon, Le Questionnaire, Gallimard, coll. « Du monde                 entier », 1953.

7 : Ernst Jünger, L’État universel suivi de La mobilisation totale, Gallimard, coll. « Tel », 1990, pp. 27 – 28.

8 : Hervé Juvin, Chez nous ! Pour en finir avec une économie totalitaire, Nouvelle Librairie Éditions, coll. « Dans l’arène », 2022, p. 47.

9 : Idem, p. 16.

10 : Jacob Leib Talmon, Les origines de la démocratie totalitaire, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l’esprit », 1966.

11 : Gabriele Adinolfi, Pensées corsaires. Abécédaire de lutte et de victoire, Éditions du Lore, 2008, p. 94.

 

  • Gabriele Adinolfi, Mythe ou Utopie ? Une relecture verticale d’Orwell, La Nouvelle Librairie Éditions, coll. « Les idées à l’endroit », 2022, 326 p., 20 €.

jeudi, 29 septembre 2022

Les Patriotes créent la pression en Russie

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Les Patriotes créent la pression en Russie

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/23/patriootit-luovat-painetta-venajalla/

La Russie a libéré des soldats britanniques et des membres du bataillon Azov en échange de prisonniers. Cette décision a suscité l'indignation des milieux patriotes russes, où l'"opération militaire spéciale" en Ukraine a déjà été critiquée comme étant inadéquate.

Comme je l'ai déjà dit, il semble que l'on ne comprenne pas, ici en Finlande et dans d'autres pays de la zone euro, que le régime de Poutine a été très pro-occidental, mais qu'il a été contraint de mener une guerre hybride dans une situation où l'élite au pouvoir en Occident veut briser la Fédération de Russie comme fut jadis brisée l'Union soviétique.

La véritable "opposition" en Russie, les forces patriotiques de droite et de  gauche, font pression sur le régime de Poutine. Il existe plusieurs camps idéologiques dans le grand pays qui, dans des circonstances exceptionnelles, peuvent faire entendre leur voix plus clairement.

Les libéraux systémiques, composés principalement d'oligarques et de responsables d'institutions financières publiques, ont exprimé leur inquiétude quant aux conséquences de la guerre pour l'économie russe. Mais il existe d'autres groupes, des communistes aux monarchistes en passant par les gens de droite, qui critiquent Poutine pour des raisons totalement différentes.

Le New York Times (et le journal finlandais Helsingin Sanomat, qui imite le ton des articles du quotidien américain) qualifie cet ensemble diversifié de "parti de la guerre". Il se compose d'agences de sécurité, du ministère de la Défense et de personnalités influentes dans le domaine des médias et de la politique, couvrant l'ensemble de l'écosystème de la radio nationale. Ses partisans n'ont cessé de critiquer l'approche douce du Kremlin dans le conflit ukrainien.

Le "Parti de la guerre" s'est fait entendre depuis avril, appelant à la prise de contrôle de Kiev et au renversement du gouvernement Zelensky. Jusqu'à présent, le niveau de critique a été gérable pour l'administration Poutine.

Cependant, la situation a commencé à changer en août, lorsque la fille du politologue Aleksandr Douguine, Darya Douguina, a été assassinée à Moscou. L'attaque est soupçonnée d'avoir été perpétrée par des Ukrainiens, mais cela est démenti en Occident. Cependant, la chaîne ukrainienne Telegram a fait l'éloge de cet acte et a suggéré d'autres assassinats de militants nationalistes russes.

Le chef d'État tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui a fortement soutenu Poutine, a également exprimé son mécontentement quant à la conduite de l'opération militaire et à l'échange de prisonniers, après les sacrifices consentis par les forces russes. Kadyrov a déjà envoyé d'autres combattants tchétchènes en Ukraine.

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Gennady Zyuganov (photo), le chef du parti communiste qui a écrit un livre sur Staline, appelle également à une "mobilisation maximale des forces et des ressources" et demande au Kremlin d'appeler le conflit une "guerre" et non une "opération spéciale". Les communistes ont également proposé la reconnaissance des républiques populaires d'Ukraine orientale en janvier dernier.

Leurs critiques ont manifestement été bien accueillies. La "mobilisation partielle" de quelque trois cent mille soldats par Poutine est un soutien majeur. On soupçonne également qu'il s'agit du coup d'envoi de la totalitarisation de la société russe, même si la loi martiale n'a pas encore été déclarée.

De même, la tenue de référendums - à Donetsk et Luhansk à l'est, et à Kherson et Zaporijia au sud - redéfinira les termes du conflit d'une manière qui conviendra également aux critiques bellicistes du président russe.

Mon opinion personnelle est que le régime de Poutine devra adopter une ligne de plus en plus illibérale et plus dure. Il est presque certain que le régime qui lui succédera ne fera pas preuve de la même tolérance à l'égard des provocations occidentales. La Finlande pourrait elle aussi subir des réprimandes pour son arrogance et sa complicité avec l'Occident.

Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie

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Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie

https://zuerst.de/2022/09/28/demokratisches-ungarn-buerger-duerfen-ueber-russland-sanktionen-abstimmen/

Budapest. On ne peut que rêver d'une telle démocratie dans notre pays : en Hongrie, les citoyens auront bientôt l'occasion de se prononcer par référendum sur les sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie. Selon les déclarations répétées du gouvernement hongrois, celles-ci ne nuisent qu'à l'Europe elle-même et ne sont en outre pas légitimées par la volonté de la population.

"Les sanctions n'ont pas été décidées de manière démocratique, ce sont les bureaucrates de Bruxelles et les élites européennes qui en ont décidé", a déclaré M. Orbán lundi au Parlement de Budapest, ajoutant : "Bien que les citoyens européens en paient le prix, on ne leur a pas demandé leur avis".

Dans le cadre d'une "consultation nationale", le gouvernement hongrois sera donc "le premier en Europe à demander l'avis des citoyens sur les sanctions contre la Russie", a annoncé Orbán.

Par le passé, le gouvernement Orbán a régulièrement organisé des référendums sur des questions politiques clés, comme la législation nationale sur la protection de l'enfance, ce qui lui a régulièrement valu des critiques de l'UE. (mü)

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L'ancien chef du Pentagone a révélé les plans de psycho-guerre américains contre la Russie

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L'ancien chef du Pentagone a révélé les plans de psycho-guerre américains contre la Russie

par Andrew Korybko

Source: https://www.ideeazione.com/lex-capo-del-pentagono-ha-rivelato-i-piani-di-psico-guerra-degli-stati-uniti-contro-la-russia/

C'est le comble du "politiquement incorrect" de reconnaître que les États-Unis mènent une guerre psychologique (psywar) contre les autres puissances, puisque le dogme, attaché à la croyance suprématiste, serait alors discrédité en son propre "exceptionnalisme", qui prétend que tout le monde sur terre est déjà attiré par les modèles américains, rendant ainsi toute gestion de la perception inutile. La réalité, cependant, est que les États-Unis ont toujours mené des guerres psychologiques contre leurs adversaires géopolitiques et continueront à le faire.

Cela est particulièrement vrai pour la Russie, comme l'ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA) David R. Shedd (photo) l'a étonnamment admis dans un article pour Politico intitulé "Waging Psychological War Against Russia", qu'il a cosigné avec Ivana Stradner, consultante du Barish Center for Media Integrity, de la Foundation for Defense of Democracies. Au lieu de s'accrocher à la tactique éprouvée qui consiste à vendre le rêve américain aux Russes, ils suggèrent de manipuler le "nationalisme" de leurs cibles.

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En termes simples, ils estiment que les objectifs stratégiques de l'Amérique peuvent être poursuivis plus efficacement en faisant tout ce qui est possible pour discréditer les réalisations impressionnantes du président Poutine au cours des deux dernières décennies, qui ont conduit la Russie à restaurer son statut historique de puissance mondiale. À cette fin, ils proposent de souligner l'"isolement" de la Russie par rapport à l'Occident, d'insister sur ses prétendues pertes en Ukraine, d'être obsédés par la corruption, d'attiser le sentiment ethno-séparatiste et d'employer des agents d'influence.

Les deux derniers sont particulièrement significatifs car ils font référence au fantasme politique de "balkaniser" la Russie et au recrutement actif d'influenceurs sur les médias sociaux. Ces propositions confirment involontairement l'évaluation qu'a posée le président Poutine, la semaine dernière, selon laquelle l'Occident représente une menace existentielle pour son État civilisationnel, historiquement diversifié, et démontrent également pourquoi le Kremlin a promulgué une législation de grande envergure contre les agents étrangers. Par conséquent, on peut conclure que les plans révélés publiquement par les deux sont contre-productifs.

Non seulement ils confirment tout ce que la Russie soupçonnait à propos de l'Occident dirigé par les États-Unis, mais ils discréditent également toute narration récente qui serait liée à leurs propositions, car toute personne connaissant le scénario qu'ils proposent se demandera si les détails sont vrais ou s'ils font partie des plans de guerre psychologique de l'ancien chef de la DIA. La seule raison pour laquelle lui et sa co-autrice se vantent de ce qu'ils font, c'est qu'ils pensent avec arrogance que personne d'autre que les experts en politique occidentale ne lira leur article.

Le fait est qu'ils viennent de vendre la mèche sur les moyens par lesquels le milliard d'or mène sa guerre psychologique permanente contre la Russie, qui va à l'encontre des intérêts stratégiques de leur camp et favorise ceux de Moscou. En se rappelant que "Tous les partisans du multipolarisme peuvent encore aider la Russie même sans se joindre à sa mobilisation partielle", ceux qui sont intéressés à le faire devraient partager cet article sur tous les médias sociaux qui s'alignent sur ce complot de guerre psychologique afin de l'exposer.

Publié dans la cadre du partenariat avec One World

Sabotage de Nord Stream 1 & 2

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Sabotage de Nord Stream 1 & 2

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/il-sabotaggio-del-nord-stream-2/

Le 26 septembre, une fuite de gaz a été signalée sur les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. L'opérateur du gazoduc a déclaré que l'incident, marqué par une chute de pression au niveau de Nord Stream 2, s'est produit dans la zone économique exclusive danoise, au sud-est de Bornholm. Les gazoducs offshore Nord Stream et Nord Stream 2 ont une capacité combinée de 110 milliards de m3. Aucun gaz n'était pompé au moment de l'urgence, mais il y avait du gaz de procédé à l'intérieur qui a atteint la surface de la mer.

Le ministère danois de la Défense a déclaré que la frégate Absalon et le navire environnemental Gunnar Thorson ont été envoyés sur le site de la fuite des pipelines Nord Stream et Nord Stream 2 en mer Baltique pour évaluer les circonstances.

Le Premier ministre danois a poursuivi en disant que les fuites des gazoducs Nord Stream sont considérées comme le résultat d'une action délibérée. Le journal Berlingske, citant l'Autorité énergétique danoise, a également rapporté que les fuites de Nord Stream pourraient être le résultat d'une action délibérée, car "il n'y a pas seulement une petite fissure mais, au contraire, un très gros trou".

La police suédoise, pour sa part, a déclaré avoir lancé une enquête préliminaire sur un éventuel sabotage lié à cette fuite de gaz de Nord Stream 1 dans la mer Baltique. "Nous avons rédigé un rapport et classé le crime comme relevant d'un sabotage grave", a déclaré un porte-parole de la police nationale.

Les sismologues suédois, pour leur part, ont déclaré que plusieurs explosions ont été détectées et que la deuxième explosion de Nord Stream était d'une puissance équivalente à plus de 100 kg de dynamite. Il s'agit donc clairement d'un sabotage délibéré.

Les dommages subis par les gazoducs offshore du système Nord Stream sont sans précédent. Il n'est actuellement pas possible d'estimer combien de temps il faudra pour restaurer l'infrastructure gazière de Nord Stream.

Coupables possibles

L'hebdomadaire Spiegel, citant des sources, écrit que les autorités américaines ont averti l'Allemagne, il y a plusieurs semaines, d'éventuelles attaques contre les gazoducs des États riverains de la mer Baltique.

Le 7 février, le président américain Joe Biden avait déclaré ouvertement : "Si la Russie envahit, je veux dire, si ses chars et ses troupes traversent la frontière ukrainienne, une fois de plus, il n'y aura plus de Nord Stream 2, nous y mettrons fin... Nous le ferons... Je vous promets que nous pouvons le faire". L'ancien ministre polonais des Affaires étrangères Radek Sikorski (qui a étudié au Royaume-Uni et a été longtemps citoyen de ce pays, ayant même été ministre) a remercié dans un tweet les États-Unis pour avoir saboté Nord Stream.

La presse néo-conservatrice américaine a décrit la situation avec un cynisme particulier, suggérant que l'Allemagne en souffrira. Et en tentant d'indiquer que c'est dans l'intérêt de la Russie. 'Trois pertes en deux jours ? Wow, quelle honte ! Il semble que le gazoduc s'effondre et qu'il ne sera tout simplement pas un moyen fiable d'acheminer le gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne. Je pense que les espoirs de voir l'Allemagne et la Russie mettre de côté leurs différends concernant l'invasion de l'Ukraine et restaurer la dépendance à long terme de l'Allemagne vis-à-vis de l'énergie russe ne se concrétiseront pas dans un avenir proche. Une chance terrible pour Vladimir Poutine et le Kremlin, qui pensaient manifestement qu'un hiver froid avec des approvisionnements énergétiques limités forcerait l'Allemagne et d'autres pays européens à revenir à la table des négociations. Presque n'importe qui aurait pu bloquer le pipeline, mais celui qui l'a fait voulait s'assurer que les pipelines Nord Stream ne seraient pas utilisés pendant longtemps".

Des tentatives similaires de blâmer la Russie ont suivi de la part de plusieurs politiciens européens et américains. Mais comme le transit du gaz vers l'Allemagne passe désormais par l'Ukraine, il ne s'agit pas de bloquer complètement le gaz, mais d'exclure l'exploitation de corridors de transport de gaz passant exclusivement par la mer Baltique. Cela profite non seulement à l'Ukraine, mais aussi à la Pologne, aux États baltes et, indirectement, aux États-Unis. Le timing du sabotage est tel que les investissements des pays européens dans le gazoduc et l'intérêt pour le gaz russe ne sont plus une priorité. Même si le prix de l'essence a de nouveau augmenté depuis l'incident.

Outre les déclarations, d'autres preuves indiquent l'implication des États-Unis dans l'accident. Il a été enregistré que des hélicoptères et des avions militaires américains ont volé à plusieurs reprises le long de la route du Nord Stream. Ces manœuvres ont eu lieu dans la première moitié du mois de septembre. On sait que des hélicoptères Sikorsky MH-60S utilisant l'indicatif FFAB123 étaient impliqués.

BALTOPS-22, un exercice dirigé par les États-Unis, s'est déroulé en été dans la région de l'île de Bornholm, près du site du sabotage. Il a été rapporté que "la marine américaine continue d'utiliser l'exercice comme une occasion de tester de nouvelles technologies... En soutien à BALTOPS, la 6ème flotte de la marine américaine, en collaboration avec les centres de recherche et de guerre de la marine, a déployé les dernières avancées en matière de drones de détection de mines sous-marines dans la mer Baltique pour démontrer leur efficacité dans des scénarios opérationnels. L'expérience a été menée au large de Bornholm, île danoise, avec des participants du Pacific Information Warfare Center de la Marine, du Newport Underwater Warfare Center de la Marine et du Mine Warfare Readiness and Performance Measurement Center, sous la direction de l'US Navy 6th Fleet Task Force 68.

Le 22 septembre, un détachement de navires de l'US Navy, dirigé par le navire d'assaut amphibie polyvalent Kearsarge, quitte la mer Baltique pour la mer du Nord. On peut supposer que les sous-mariniers américains auraient pu placer des mines sous trois points du pipeline, puis faire exploser les dispositifs (à distance ou en mode différé).

Washington est clairement à l'origine d'une escalade. Il est difficile de prévoir quel sera le prochain coup : détournement d'un navire de transport ou pillage des propriétés russes à l'étranger. Évidemment, il faut être prêt à toute provocation et donner une réponse immédiate et ferme.