mercredi, 15 juin 2022
Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong
Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong
par Sjors Remmerswaal
Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/
Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984. De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.
Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.
La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.
Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.
Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.
Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".
Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00
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Hagakure : Le livre du samouraï par Yamamoto Tsunetomo
Hagakure : Le livre du samouraï par Yamamoto Tsunetomo
Björn Roose
Source: Bjorn Roose's review / https://www.goodreads.com/review/show/4774949108?rto=friend_update_daily_row&ref_=pe_41736990_645230320_review
Ce n'est pas vraiment le genre de livre que je lis habituellement (bien que mes habitudes de lecture soient très diverses), ce Hagakure - Le livre du Samouraï, et peut-être pas non plus quelque chose que vous achèteriez tout de suite, alors j'aimerais d'abord vous présenter l'auteur. Comme c'est souvent le cas, le texte de la quatrième de couverture est approprié: "Yamamoto Tsunetomo (1659-1719) était un samouraï adepte du clan Nabeshima, seigneurs de la province de Hizen. Il est devenu moine bouddhiste en 1700, après que le gouvernement shogunal ait interdit la pratique du tsuifuku - suicide d'un adepte à la mort de son Seigneur. Hagakure a été dicté à un jeune samouraï pendant une retraite de sept ans".
Wikipedia (la version anglaise, car il n'y a pas d'entrée en version néerlandaise) est assez aimable pour fournir un portrait de l'auteur (aucune idée s'il s'agit d'une fantaisie ou d'un fait), pour nommer le jeune samouraï (Tashiro Tsuramoto), et - comme le traducteur du livre, également auteur d'une introduction, William Scott Wilson - est assez honnête pour mentionner que non seulement le gouvernement du shogunat mais le seigneur de Tsunetomo lui-même, Nabeshima Mitsushige, avait interdit le tsuifuku.
Wikipedia fait également quelque chose que William Scott Wilson n'a pas réussi à faire: dire pourquoi nous connaissons encore le Hagakure aujourd'hui. Scott Wilson indique dans son introduction qu'"aujourd'hui, son nom est presque inconnu du public japonais" et qu'il n'est "pas tout à fait exact de dire que les propos de cet homme relativement inconnu ont eu une influence substantielle sur la façon de penser des Japonais", mais que l'on "peut dire qu'ils rendent clairement compte des excès de l'un des courants qui ont existé au Japon". La personne qui a traduit son texte de l'anglais au néerlandais, M.J. van Maarschalkerweerd-Bakker, n'en parle pas non plus (de rien, d'ailleurs, le traducteur s'est contenté de traduire), alors je me contenterai d'un... extrait traduit de Wikipedia : "Le Hagakure n'était pas très connu pendant les années qui ont suivi la mort de Tsunetomo, mais dans les années 1930, il était l'un des représentants les plus connus de la pensée du bushido au Japon". Hmmm, les années 30 au Japon... En effet, "Pendant les années militaristes du Japon, dans les décennies 1930 et 1940, les soldats ont fait l'éloge du Hagakure comme texte clé pour un comportement correct des samouraïs". Donc en particulier les garçons du vent divin, les kamikazes. L'État avait déjà pris le relais des daimyos depuis la période Meiji (à partir de 1868), mais l'empereur pouvait parfaitement servir les militaires en tant que Seigneur-marionnette (une marionnette divine - kami - même), les pilotes des bombes volantes avaient donc de quoi mourir, même si l'empereur Shōwa, plus connu sous son nom personnel Hirohito, n'avait absolument pas l'intention d'échanger lui-même le temporel contre l'éternel.
Yamamoto Tsunetomo.
Je n'ai pas l'intention de m'étendre ici sur la contribution active de Hirohito et les efforts des pilotes kamikazes, ni de prêter attention à la jeunesse de Tsunetomo ou à la suite de l'histoire des samouraïs, mais il mérite d'être mentionné que les idéaux qu'il a énoncés dans le Hagakure étaient à l'époque déjà dépassés d'une centaine d'années, et que ce qu'il contient "n'est pas une philosophie bien pensée, ni dans le sens de contenir une argumentation réfléchie ou logique, ni en ce qui concerne ses sujets". "Parce qu'il s'agit d'un compte rendu de conversations qui se sont déroulées sur une période de sept ans", écrit Scott Wilson dans son introduction, "une variété de sujets sont abordés, allant des sentiments les plus profonds de l'écrivain sur la Voie du Samouraï à des discussions sur les ustensiles impliqués dans la cérémonie du thé ou sur la façon dont un manoir particulier a obtenu son nom". De plus, selon Scott Wilson encore, "Tsunetomo était le samouraï absolu, ses pensées, pour la plupart, ne dépassaient pas les limites du fief des Nabeshima, et pendant de nombreuses années, le livre est resté la possession secrète du clan Nabeshima". Ajoutez à cela le fait que le traducteur n'a sélectionné qu'un peu plus de trois cents des plus de treize cents "passages" de l'original, et vous savez que - malgré son affirmation selon laquelle cette sélection "reflète l'essence du livre" - vous pouvez difficilement vous attendre à un ensemble cohérent.
Quoi qu'il en soit, William Scott Wilson (photo) prend également la liberté de dire au lecteur dans sa préface quelle est la philosophie de Hagakure: elle "défend une attitude très différente de notre pragmatisme et de notre matérialisme modernes. Son attrait réside davantage dans l'intuitif que dans le rationnel et l'une de ses principales hypothèses est qu'une personne peut aller où elle veut simplement en y pensant. L'intuition, fondée sur la sincérité et l'orientation morale, vous ramène à l'essentiel. Cependant, il ne dit rien sur le temps ou le profit, et ne préconise pas de perdre du temps avec de vagues réflexions sur l'oisiveté. On vit dans le monde et on réagit aux choses qui nous entourent. La question est de savoir où l'on va."
Cette question, au moins, trouve rapidement une réponse. Déjà dans le deuxième passage sélectionné du chapitre 1, Tsunetomo est tout à fait clair : "Nous voulons tous vivre. Et pour la plupart, notre façon de penser correspond à ce que nous trouvons agréable. Mais si quelqu'un n'a pas atteint son but, il est lâche de continuer à vivre. C'est une ligne dangereusement mince. Mourir sans avoir atteint son objectif, c'est mourir comme un chien et c'est une expression du fanatisme. Mais il n'y a pas de quoi avoir honte. C'est l'essence même de la Voie du Samouraï. Si l'on est capable de vivre comme si son corps était déjà mort, en se mettant dans un bon état d'esprit chaque matin et chaque soir, on trouvera la liberté dans la Voie. Sa vie entière sera sans reproche et il accomplira sa vocation". Je dois avouer que cette philosophie de ne pas vouloir nécessairement survivre mais de vivre vraiment m'a toujours séduite et que, depuis février 2020, j'ai été agacé presque chaque jour par la propagande gouvernementale et les "experts" qui visaient tout le contraire : renoncer à sa vie et à celle des autres pour survivre.
Cependant, outre cette idée centrale, que l'on retrouve tout au long de l'œuvre (ou du moins dans les "passages" sélectionnés), il en existe une autre: "Être vassal ne signifie rien d'autre que de soutenir son maître, de lui confier toutes les affaires bonnes et mauvaises et de renoncer à son intérêt personnel. S'il n'y a que deux ou trois de ces hommes, le fief sera en sécurité". Et je n'aime pas cela. Je crois qu'il faut avant tout être fidèle à soi-même. Il est possible que cette loyauté inclue un État vassal à un autre, mais cela devrait alors être le résultat d'une évaluation permanente et d'une appréciation correcte de son "intérêt personnel", et non d'un transfert du pouvoir de décision sur le "bien et le mal" à un autre. C'est plus difficile, d'autant plus que "l'intérêt personnel" et l'intérêt individuel sont souvent à peine compatibles, mais c'est parfaitement cohérent avec cette première idée centrale.
Cela dit, il n'est évidemment pas dans mon intention de discuter de ma philosophie ici. Mais avec ce genre de livre, vous ne pouvez pas éviter d'en retirer ce que vous voulez en retirer. On ne commence pas un livre comme une feuille non écrite, pas même ces "feuilles cachées" (l'une des significations du mot "hagakure", à côté de "caché par les feuilles"), et on ne peut pas non plus (ou on ne devrait pas) se vider complètement pour ensuite se remplir de la philosophie de quelqu'un d'autre (bien que Yamamoto Tsunetomo recommande "d'écouter les vieilles histoires" et de lire des livres juste pour "secouer sa propre façon de penser et rejoindre celle des anciens"). Ainsi, à partir de la sélection de William Scott Wilson, j'ai à mon tour sélectionné certaines choses. Des choses avec lesquelles je suis entièrement d'accord, des choses sur lesquelles j'aimerais travailler (davantage), des choses qui me font me poser des questions. Par exemple : "Il est important de dire à quelqu'un ce que vous ressentez pour lui et de souligner ses défauts. Cela montre que vous vous souciez d'eux et c'est l'une des choses les plus importantes que vous puissiez faire pour quelqu'un". Mais : "Si vous voulez dire à quelqu'un ce que vous pensez, vous devez d'abord vérifier s'il peut le supporter. Vous devez d'abord être en très bons termes avec eux et vous devez être sûr qu'ils vous prennent toujours au mot. Si vous voulez soulever des questions qui lui tiennent à cœur, vous devez trouver le ton juste afin d'être bien compris. Évaluez la situation et décidez si vous le dites après votre entrée ou à la fin de votre visite. Louez ses bonnes qualités et utilisez tous les moyens possibles pour l'aider à découvrir ses défauts, par exemple en parlant de vos propres défauts, sans mentionner les siens en particulier. Si vous exprimez votre opinion d'une manière qui lui est agréable, comme une gorgée d'eau pour quelqu'un qui a la gorge sèche à cause de la soif, il sera enclin à corriger ses erreurs". Je suis plutôt bon dans le premier cas, mais le second est la partie la plus difficile : il faut du temps. Vous pouvez prendre ce temps dans certaines relations, mais il n'est pas bon (à mon avis) d'en prendre trop dans les contacts professionnels et lorsqu'il s'agit de questions qui vous importent personnellement. Dire ce qu'il en est, si possible proprement précédé d'une captatio benevolentiae, n'est pas toujours possible avec distinction ou après beaucoup d'attente. Le choc et la crainte fonctionnent beaucoup mieux sur certaines personnes que l'approche prudente que vous devriez appliquer après avoir examiné s'ils peuvent le supporter. Et certaines personnes n'apprennent jamais. Continuez à faire preuve de prudence, résolvez le problème vous-même à long terme, cela peut bien fonctionner pour ces personnes, mais "manger ma serre" est mauvais pour mes nerfs et je ne peux pas continuer à le faire. Vous voyez : les morceaux de philosophie peuvent être présentés sous forme de bouchées, mais si vous y réfléchissez plus avant, ils ne sont pas toujours faciles à digérer.
Et cela s'applique également à des choses comme celle-ci : "Il est grossier et stupide de mépriser les coutumes de son propre district et de les considérer comme désagréables, ou d'être même légèrement ouvert à l'attraction des coutumes d'autres endroits et de penser à abandonner les siennes. Il est très précieux que son propre district soit simple et non affecté. Imiter un autre style est tout simplement une imposture". Ou encore : "Les savants et les personnes de ce genre sont des hommes qui, par leur ingéniosité et leur manière de parler, cachent leur lâcheté et leur cupidité réelles". C'est vrai dans certains cas, aussi bien dans le premier que dans le second, mais c'est complètement faux dans d'autres cas. Une certaine nuance aurait donc été souhaitable.
Une nuance que Tsunetomo apporte dans un certain nombre de cas en répétant les choses, mais avec des données supplémentaires. Par exemple, il dit à plusieurs reprises que le samouraï doit être capable d'agir rapidement, mais dans d'autres passages, il précise que cette rapidité n'est pas liée à l'irréflexion. Au contraire : "Quand le moment est venu, il n'y a pas de temps pour penser. Et si vous ne vous êtes pas renseigné au préalable, il ne vous restera plus qu'à avoir honte par la suite. Lire des livres et écouter les conversations des gens sont nécessaires pour se faire une idée à l'avance". Et: "On peut apprendre quelque chose d'une tempête de pluie. Lorsque vous êtes soudainement frappé par une averse, essayez de ne pas vous mouiller et marchez rapidement sur la route. Même si vous marchez sous les avant-toits inférieurs des maisons, vous serez quand même mouillé. Si vous êtes déterminé à l'avance, vous ne serez pas surpris même si vous êtes mouillé. Cette perspicacité s'applique à toutes les choses."
Mais n'ayez crainte, ceux qui aiment les one-liners (ou juste un peu plus) trouveront également leur compte dans cette œuvre :
- "(...) il n'y a pas un homme qui ne se décompose pas à l'âge de soixante ans. Et quand on pense qu'on ne se décompose pas, alors la décomposition a déjà commencé" ;
- "La vie sans erreurs est vraiment impossible. Les personnes qui traversent la vie de manière intelligente n'ont pas besoin de penser à cela" ;
- "Il n'y a rien de tel que de ne pas partir quand on n'est pas invité. Les bons amis sont rares" ;
- "(...) à un moment où le monde glisse vers le déclin, il est facile d'exceller" ;
- ou, enfin, ces mots pince-sans-rire que Tsunetomo lui-même attribue à "un certain général" : "Si les soldats, qui ne sont pas des officiers, veulent tester leur armure, ils ne devraient tester que le front. De plus, la décoration d'une armure est inutile, mais il faut soigner l'apparence de son casque. Après tout, le casque accompagne la tête dans le camp ennemi".
Toutefois, je terminerai cette critique de livre par une contradiction (apparente?) que je n'ai pas pu résoudre. Peut-être le pouvez-vous. La première citation: "Il n'y a vraiment rien d'autre que l'unique but du moment présent. La vie consiste en une succession de moments. Lorsque l'on comprend pleinement l'instant présent, il n'y a rien d'autre à faire, et rien de plus à rechercher. Organisez votre vie de manière à être fidèle à l'unique objectif du moment présent. Chacun laisse passer l'instant présent, puis le cherche comme s'il pensait le trouver ailleurs". La deuxième citation: "Comme le disait Yasuda Ukyo à propos du dernier verre de vin: seule la fin des choses est importante. Vous devriez vivre toute votre vie en fonction de cela". La troisième citation: "On devrait penser à l'adage 'Then is now' tous les jours et le garder en mémoire. Il est en effet étrange que l'on puisse traverser la vie sans réfléchir. Ainsi, la Voie du Samouraï est, jour après jour, la pratique de la mort, en contemplant si ce sera ici ou là-bas, en imaginant la plus belle façon de mourir, et en étant déterminé à mourir". Il me semble que "la fin des choses" coïncide avec la mort, mais comment combiner "cet unique objectif du moment présent" avec l'objectif de mourir "alors" untel ou untel ? À moins, bien sûr, que "cet unique objectif du moment présent" soit également en train de mourir, auquel cas "alors" devient "maintenant".
Mais Yamamoto Tsunetomo n'était peut-être pas un homme aussi sérieux qu'on pourrait le croire. Il remet même en question l'une des idées clés mentionnées précédemment, celle d'être un vassal: "Hirano Gonbei était l'un des hommes des sept lances qui ont pris d'assaut la colline à la bataille de Shizugadake. On lui demanda plus tard de devenir le hatamoto de Lord Ieyasu. Un jour, il rendait visite à Maître Hosokawa. Le Maître dit : " Le courage de Maître Gonbei est connu dans tout le Japon. Il est certainement honteux qu'un homme aussi courageux que vous ait un rang aussi bas. C'est sûrement le contraire de ce que vous désirez. Si vous deveniez mon vassal, je vous donnerais la moitié du domaine". Sans répondre, Gonbei s'est soudainement levé de son siège, est sorti sous la véranda et, faisant face à la maison, a commencé à uriner. Puis il a dit : "Si j'étais votre vassal, je ne pourrais pas le faire uriner d'ici".
Björn Roose
11:49 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, hagakure, tradition, traditionalisme, yamamoto tsunetomo, samourai | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 14 juin 2022
Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain
Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain
Source: https://contra24.online/2022/06/eu-parlamentarier-europaeische-union-ist-zum-51-us-bundesstaat-geworden/
La politique étrangère et de défense de l'Union européenne a fait d'elle un vassal des Etats-Unis, selon un député croate.
L'eurodéputé croate Mislav Kolakusic a vivement critiqué la politique étrangère et de défense de l'UE, affirmant qu'elle était devenue un vassal de Washington. Kolakusic est un critique virulent des sanctions occidentales anti-russes et des restrictions Covid-19.
Devant le Parlement européen la semaine dernière, Kolakusic a déclaré à ses collègues parlementaires que "la politique étrangère, de défense et de sécurité de l'UE peut aujourd'hui être décrite en une seule phrase".
"L'Union européenne est devenue le 51e État fédéral des États-Unis, mais sans droit de vote".
Kolakusic a critiqué à plusieurs reprises la politique de l'UE vis-à-vis de la Russie depuis le début de l'opération militaire de Moscou en Ukraine en février. Cette politique a conduit les membres à réduire les importations vitales de combustibles fossiles russes, tout en augmentant les dépenses de défense et en imposant plusieurs séries de sanctions à la Russie, qui font essentiellement que l'Europe paie les frais de l'opposition de Washington au Kremlin.
"C'est un mensonge et une hypocrisie incroyables que de dire que les sanctions contre la Russie et l'interdiction d'importer du pétrole et du gaz russes sont des sanctions contre la Russie. Les sanctions visent 500 millions de citoyens de l'Union européenne et des millions de citoyens du reste de l'Europe".
Nous devrions interdire l'importation de pétrole et de gaz en provenance des États-Unis, qui ont été impliqués dans plus de conflits militaires au cours des dernières décennies que tout autre pays en Europe et peut-être dans le monde.
Kolakusic a qualifié les dirigeants politiques en Europe et au-delà "de sociopathes et de psychopathes" en raison de leurs restrictions Covid-19 et a qualifié le Canada de "dictature quasi-libérale ... de la pire espèce" en évoquant la politique du Premier ministre Justin Trudeau.
Kolakusic a également dénoncé la politique énergétique des Verts: "Déclarer le dioxyde de carbone et les combustibles fossiles ennemis des citoyens de l'Union européenne est une folie totale" et réduirait les Européens à se déplacer à vélo, comme les Chinois le faisaient "il y a trente ans".
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18:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mislav kolakusic, croatie, parlement européen, europe, actualité, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'UE et son secteur énergétique après l'Ukraine
L'UE et son secteur énergétique après l'Ukraine
Par Ivelina Dimitrova
Source: https://www.eurasia-rivista.com/leu-ed-il-suo-settore-energetico-dopo-lucraina/
Le conflit militaire en Ukraine a considérablement affecté non seulement les parties directement impliquées, mais aussi l'ensemble de l'Europe et, dans un sens, le monde entier, car il entraîne des changements généraux dans la structure économique, financière et géopolitique en place à l'échelle mondiale.
On s'attend généralement à ce que le conflit militaire et les sanctions que l'Occident et la Fédération de Russie s'imposent continuellement l'un à l'autre approfondissent la division et conduisent à la création d'un monde multipolaire, où quelques superpuissances diviseront le monde en régions, chacune d'entre elles dominant ses propres territoires géographiques d'influence. Cette théorie est particulièrement populaire parmi les groupes de réflexion analytiques russes, où elle a commencé à être discutée il y a plus de deux décennies (après le 11 septembre 2001, qui a été un tournant symbolique précédant la fin du monde contrôlé uniquement par les États-Unis).
Les analystes européens ont commencé à discuter de ce scénario plus tard et il n'a été présenté officiellement aux médias et au grand public qu'après le début du conflit en Ukraine. Le ministre russe des affaires étrangères lui-même, Sergueï Lavrov, lors de son premier voyage à l'étranger après le début du conflit, qui s'est déroulé, non par hasard, à Pékin, a annoncé que "la Russie et la Chine veulent un ordre mondial multipolaire, équitable et démocratique".
On ne sait pas encore si ce scénario pour le développement du monde se réalisera ou non, mais certains points importants sont devenus clairs depuis lors et méritent d'être mentionnés. Tout d'abord, le conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine, qui est par essence un conflit à un niveau bien plus profond que l'aspect militaire et qui oppose en fait la Russie et l'Occident, a conduit à un point de non-retour entre les parties impliquées. La situation actuelle est différente de celle qui prévalait lors de l'annexion de la Crimée quand, bien que tendues, les relations entre Moscou et l'Occident collectif ont réussi à se normaliser, notamment sous la présidence de Donald Trump. Aujourd'hui, la Russie a joué "va banque", c'est-à-dire a parié sur le "tout ou rien", et il est clair qu'il lui est impossible de revenir à la situation antérieure, notamment parce que Moscou ne le souhaite pas, comme le montrent ses actions. Une autre chose, qui est déjà claire, c'est que l'Occident collectif (le monde anglo-saxon et l'Union européenne) ne peut plus unir le reste du monde autour de ses positions. Ce qui est bon pour le monde occidental n'est pas nécessairement bon pour le reste du monde. Des régions telles que l'Amérique latine, l'Asie et l'Afrique n'étaient pas intéressées par l'imposition de sanctions à l'encontre de la Russie (car cela va à l'encontre de leurs intérêts économiques), pas plus qu'elles n'étaient intéressées ou impliquées dans le conflit militaire en Ukraine en général. Ce fait montre que le monde n'est déjà plus monopolistique et que le reste des régions du globe ose désormais exprimer des positions politiques différentes de celles de l'Occident. À l'avenir, cette tendance sera de plus en plus patente. Le troisième fait que ce conflit a montré est que le système financier tel qu'il existe actuellement va changer radicalement. La demande de Moscou de payer le gaz en roubles, la monnaie russe, montre que de nouvelles monnaies (y compris électroniques) vont gagner en popularité et que l'hégémonie absolue du pétrodollar touche à sa fin. Avec elle aussi la domination économique et politique de Washington.
Et si le scénario d'un monde multipolaire divisé en régions se réalise, la seule question ouverte est la suivante : qui seront les nouvelles superpuissances et quelles seront leurs régions d'influence ? Pour l'instant, trois des superpuissances apparaissent assez clairement sur l'échiquier - les États-Unis, la Fédération de Russie et la Chine. Il est également très probable que l'Inde devienne une nouvelle superpuissance avec sa propre sphère d'influence.
La situation de la Grande-Bretagne est tout à fait incertaine. Le Brexit a montré que Londres avait de grandes aspirations à maintenir ses positions et sa ligne politique indépendante de Bruxelles pour lui permettre de faire partie des nouvelles grandes puissances. Cependant, la question est de savoir si elle y parviendra ou non: c'est encore bien incertain. Londres continue à avoir et à jouer un rôle important dans la région de l'Asie centrale, au Pakistan et en Turquie (le Grand Turan), mais il se trouve qu'elle n'a plus les mêmes positions en Inde.
Le sort de l'UE et la manière dont son projet se développera à l'avenir ne sont pas clairs non plus. D'une certaine manière, le premier signe que le monde change, et qui a dû être analysé en profondeur à Bruxelles, a été le Brexit. La sortie de Londres a remis en question l'existence même de l'UE, l'essence de son avenir, le concept même du projet européen et a créé un précédent très dangereux. La fin de l'ère Merkel, qui était considérée comme une figure centrale de la politique européenne, a montré que, pour l'instant, l'UE n'a pas de leadership fort capable de donner des orientations politiques à tous les États membres. Par conséquent, l'avenir de l'Europe après le conflit en Ukraine est plus incertain et plus vulnérable car on ne sait toujours pas si l'UE maintiendra sa relation étroite (et dans une certaine mesure sa dépendance) avec Washington, si elle deviendra plus indépendante et si elle conservera sa forme politique actuelle.
Cependant, quel que soit le monde après l'Ukraine, une chose est sûre pour l'instant : une fois de plus, après le printemps arabe au Moyen-Orient, le Vieux Continent est la région qui sera la plus touchée en raison de sa proximité avec la zone de conflit et de ses liens économiques étroits avec l'Ukraine et la Russie. Surtout, l'UE sera affectée économiquement en raison des sanctions imposées à et par la Russie. Il n'est pas exclu que, dans le pire des scénarios possibles de famine et de pénurie alimentaire (l'Ukraine et la Russie sont les principaux fournisseurs de céréales pour la région du Moyen-Orient et l'Afrique), l'Europe soit à nouveau frappée par des vagues de migration en provenance de ces régions. Mais même sans que ce sombre scénario ne se réalise, il existe un risque réel que dans le nouvel ordre mondial et le nouvel équilibre des pouvoirs, l'Europe soit potentiellement la grande perdante - tant sur le plan géopolitique qu'économique. Elle a également le plus à perdre étant donné que, jusqu'à présent, la qualité de vie sur le Vieux Continent est la plus élevée au monde.
Il ne fait aucun doute que l'un des plus grands défis et l'une des plus grandes préoccupations de l'UE après le conflit en Ukraine seront les approvisionnements en énergie eux-mêmes et la hausse des prix des ressources énergétiques entraînant une très forte inflation au niveau mondial et, de là, une crise économique structurelle. Certains des défis pour le secteur de l'énergie sont directement liés à la crise en Ukraine, alors que d'autres ne le sont pas. Et même si Bruxelles essaie de parler d'une seule voix en termes de politique énergétique contre la Russie, les intérêts des membres de l'UE dans le secteur de l'énergie sont très différents. Cela est dû au fait que l'impact économique des sanctions diffère d'un pays à l'autre. Par exemple, un pays comme l'Espagne sera beaucoup moins touché que la Bulgarie, car le premier est moins dépendant des approvisionnements énergétiques russes, alors que le second en est encore presque totalement dépendant. Pour cette raison, un regard plus détaillé sur la carte énergétique de l'Europe sera proposé afin d'esquisser des scénarios possibles de ce à quoi nous pouvons nous attendre.
Le tableau 1 montre la production d'électricité par habitant en Europe par type de combustible. Les données datent de 2013 et bien qu'il y ait quelques variations et changements une décennie plus tard, il est important de prendre ce tableau en considération alors que le resserrement des conditions économiques et les sanctions contre la Russie, principal fournisseur de ressources énergétiques de l'Europe, mettent en danger le Green Deal et la transition de l'Europe vers une économie à zéro émission. Au cours de la dernière décennie, l'UE a fait d'énormes progrès vers une économie verte et a considérablement augmenté la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Mais en période d'aggravation de la crise économique dans le monde, de montée en flèche des prix des ressources énergétiques et, de surcroît, de restrictions sévères imposées à son principal fournisseur d'énergie - l'Europe risque de revenir aux sources de production d'énergie d'avant la transition verte. En fait, les premiers signes sont déjà là : après avoir limité autant que possible les importations d'énergie en provenance de Russie et afin de compenser l'écart créé, certains pays ont annoncé leur intention de rouvrir la production d'énergie non verte. Par exemple, la plus grande économie d'Europe, l'Allemagne, après avoir fermé ses derniers réacteurs nucléaires et après le début du conflit en Ukraine, a annoncé qu'elle pourrait ne pas éliminer progressivement ses centrales électriques au charbon comme prévu initialement. Le pays fortement dépendant des importations de gaz en provenance de Russie a annoncé en mars 2022 qu'il créait des réserves stratégiques de charbon qui permettraient aux centrales électriques de fonctionner sans importations pendant 30 jours d'hiver [1].
Tableau 1; Source : https://ec.europa.eu/energy
Le Green Deal qui envisage une économie écologiquement neutre en Europe d'ici 2050 nécessite d'importants investissements dans les nouvelles technologies et la restructuration énergétique, qui, en période de conflits militaires, d'inflation élevée et de crise économique à venir, pourraient ne plus être disponibles. De nombreux pays de l'UE soutiennent l'Ukraine en lui fournissant une aide militaire et humanitaire. Les pays frontaliers tels que la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie acceptent également un grand nombre de migrants ukrainiens, et les fonds destinés à la transition énergétique et aux innovations dans le secteur de l'énergie pourraient ne plus être disponibles, du moins dans un avenir proche. Plus encore en période de hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et des matières premières, une transition stricte vers l'émission zéro en Europe rendra les économies de l'UE non compétitives à l'échelle mondiale, car le coût de l'énergie pour la production en Europe deviendra encore plus élevé que dans le reste du monde. Enfin, quel serait l'impact écologique mondial si l'Europe devenait zéro émission mais que les régions environnantes comme le Moyen-Orient, la Russie, la Turquie et l'Afrique du Nord ne le faisaient pas ?
Le principal problème est que l'Europe, bien qu'augmentant sa part d'énergie renouvelable, reste très dépendante des importations d'énergie, notamment de la Russie. Les données de la Commission européenne [2] montrent que 40% des importations de gaz naturel de l'UE proviennent de Russie, 18% de Norvège, 11% d'Algérie et seulement 4,6% du Qatar. Mais l'Europe est également très dépendante de la Russie pour l'importation de combustibles fossiles et de pétrole (environ 30 % des importations totales proviennent de là). C'est une dépendance qui pourrait être surmontée et remplacée à long terme, mais pas à court terme, sinon l'UE elle-même risque une catastrophe économique. En bref, l'Europe pourrait remplacer les approvisionnements énergétiques en provenance de la Russie, mais pas immédiatement et on ne sait pas encore quel prix social les Européens devront payer pour cela.
Tableau 2 ; Source : Eurostat, mai 2020
En réalité, malgré toutes les intentions et stratégies de transition énergétique pour la période de 1990 à 2020, l'UE en général a maintenu les mêmes niveaux d'importations d'énergie malgré la forte augmentation de la part des énergies renouvelables. Cela est dû au fait que, dans l'intention de devenir plus verts, de nombreux pays ont fermé leurs secteurs énergétiques à forte intensité de carbone, mais comme ils ne pouvaient pas compenser immédiatement cette fermeture par des énergies renouvelables, ils l'ont compensée par des importations, paradoxalement principalement en provenance de Russie. Le tableau 2 du "Statistical pocketbook for 2020" de la Commission européenne montre les importations des principaux carburants en Europe pour la longue période de 1990 à 2018.
En outre, la dépendance de l'UE à l'égard des importations de gaz naturel a considérablement augmenté entre 1990 et 2018, tandis que les importations de combustibles fossiles et de pétrole sont restées pratiquement inchangées. Et même si la part des importations de ressources énergétiques a diminué pour certains pays en raison de l'augmentation de la production d'énergies renouvelables, la dépendance moyenne pour l'ensemble de l'UE reste considérable. Certains pays comme l'Italie ont diminué leur dépendance aux importations d'énergie, d'autres comme l'Allemagne sont devenus plus dépendants de ces importations.
Les données du tableau 3 [3], établies à partir des statistiques d'Eurostat, confirment unanimement ce qui a été dit précédemment, à savoir que l'Europe a largement remplacé sa production d'énergie par des importations au cours des deux dernières décennies. La transition vers les énergies renouvelables est importante mais encore loin d'être suffisante pour assurer le fonctionnement de l'économie européenne et, en période de crise économique, la mise en œuvre des innovations et des nouvelles technologies peut finir par être ralentie en raison d'un manque de ressources financières.
Tableau 3; Source : Eurostat
Selon les données d'Eurostat [4], en 2020, l'Union européenne a produit 42 % de son énergie (contre 40 % en 2019) et le reste a été importé. La baisse des importations est due à la crise de Covid et au ralentissement des économies européennes. Le bouquet énergétique de l'ensemble de l'UE est composé de cinq grands types de combustibles : les produits pétroliers, dont le pétrole brut qui représente 35 % du total (près de 30 % est importé de Russie), le gaz naturel représente 24 % du bouquet énergétique total (près de 40 % est importé de Russie), les énergies renouvelables 17 % du bouquet énergétique européen total, l'énergie nucléaire environ 13 % et les combustibles fossiles solides 12 %.
Comme mentionné plus haut, un point important qui empêche Bruxelles de parler d'une seule voix est que les sources d'énergie dans les mix énergétiques varient largement entre les pays, de sorte que chaque pays sera affecté différemment par la situation actuelle et les sanctions contre Moscou. Par exemple, l'Allemagne, malgré l'augmentation des énergies renouvelables, reste fortement dépendante des combustibles fossiles et du gaz naturel (importé à 97%) ; des pays comme Chypre et Malte sont dépendants du pétrole brut, l'Italie et les Pays-Bas sont fortement dépendants du gaz naturel (40% et 38% respectivement) ; le mix énergétique de la France est composé à 41% d'énergie nucléaire ; la Suède et la Lettonie ont la plus grande part d'énergies renouvelables 49% et 40% et la Pologne et l'Estonie sont toujours dépendantes des combustibles fossiles. Il est évident que les pays qui ont une part considérable de gaz naturel, de pétrole et de combustibles fossiles dans leur mix énergétique seront les plus touchés. Même s'ils n'importent pas de Russie, les restrictions russes à l'importation et la demande accrue de ces produits sur le marché international entraîneront une augmentation significative des prix qui aura des conséquences économiques et sociales.
Prenons à nouveau l'exemple de l'Allemagne, qui a été l'un des moteurs du "green deal" européen et dans ce rôle, elle a prévu d'éliminer les combustibles fossiles de son mix énergétique d'ici 2045 ; le gaz naturel était donc considéré comme un pont dans cette transition. Maintenant, avec l'incertitude sur le sort des approvisionnements en provenance de la Russie, Berlin discute des options pour construire des terminaux GNL afin de livrer du gaz provenant de différents fournisseurs, car d'autres pays voisins comme la France, les Pays-Bas et la Belgique possèdent déjà de tels terminaux. Selon les informations de la Commission européenne, les importations de GNL représentaient 20 % des importations totales de gaz de l'UE en 2021, dont la demande est d'environ 400 milliards de m3 par an, ce qui fait de l'Europe le plus grand importateur de gaz au monde. La capacité totale d'importation de GNL de l'UE est d'environ 157 bcm par an et les plus grands importateurs de GNL en Europe sont l'Espagne (21,3 bcm), la France (18,3 bcm), l'Italie (9,3 bcm), les Pays-Bas (8,7 bcm) et la Belgique (6,5 bcm).
Toutefois, le GNL a une empreinte écologique plus importante que le gazoduc ; les processus de refroidissement, de transport et de liquéfaction nécessitent également beaucoup d'énergie. Une autre préoccupation qui déplaît aux organisations environnementales est le fait que le GNL en provenance des États-Unis est basé sur la technologie de fracturation, considérée comme écologiquement hostile et donc interdite dans de nombreux pays européens. Un point positif de l'infrastructure GNL est qu'elle pourrait être utilisée pour la production d'hydrogène lorsque cette technologie sera développée et mise en œuvre pour une utilisation de masse. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le coût de la mise en œuvre des futures technologies de l'hydrogène et le coût de la construction des terminaux GNL à l'heure actuelle. En outre, certaines régions du continent européen telles que le Sud-Est, l'Europe centrale et orientale et la Baltique ne disposent pas encore d'une infrastructure développée pour le GNL, ce qui nécessitera des investissements supplémentaires. La principale préoccupation des utilisateurs finaux de gaz et des gouvernements est que le GNL peut être sensiblement plus cher pour le consommateur final. C'est notamment un problème pour les pays d'Europe de l'Est où la pauvreté énergétique (les consommateurs qui, pour des raisons financières, ne peuvent pas se permettre de payer leurs factures ou ne peuvent pas chauffer leur maison à une température adéquate) est assez répandue. Cependant, malgré ses inconvénients et ses coûts, compte tenu de la situation énergétique actuelle en Europe, la construction de terminaux GNL est une option à planifier et à développer, bien qu'à un prix plus élevé.
Le secteur des énergies renouvelables présente lui-même certaines spécificités qui doivent être analysées plus en profondeur afin que ce secteur ne reste pas bloqué dans cette période difficile. Quand on parle d'énergie renouvelable produite à partir du soleil, du vent ou de l'eau, il faut considérer que chaque pays a des spécificités géographiques qui le rendent moins ou plus apte à développer tel ou tel type d'énergie renouvelable. Par exemple, certains pays ont plus de soleil, d'autres plus de vent ou de ressources en eau et d'autres encore n'en ont pas. Les technologies telles que l'hydrogène pour la production d'énergie doivent encore être développées pour se généraliser en Europe à un prix acceptable. Un autre défi considérable pour le secteur des énergies renouvelables dans l'UE, s'il doit compenser partiellement l'approvisionnement en énergie russe, est le fait que les technologies de stockage de l'énergie doivent être développées et mises en œuvre rapidement, sinon les énergies renouvelables ne sont pas compétitives. Le plus grand inconvénient est que sa production n'est pas stable au cours de la journée et au fil des saisons et qu'il faut donc développer des installations de stockage pour équilibrer, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Le manque d'infrastructures pour le transport et la disponibilité de l'énergie provenant de sources renouvelables est également un problème considérable pour la plupart des pays.
Un autre défi considérable est que la plupart des matériaux utilisés pour la production des technologies d'énergie renouvelable, comme les panneaux solaires, les batteries de stockage, les voitures électriques, sont fabriqués à partir de métaux rares et coûteux que l'Europe importe. Cela signifie, encore une fois d'une manière ou d'une autre, en fonction de facteurs externes. Parmi les métaux clés pour les économies à faible émission de carbone figurent le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le cuivre. Ainsi, au lieu d'être à forte intensité de carbone, l'économie européenne peut devenir à forte intensité de métaux, ce qui permet de contenir le risque que le monde connaisse des pénuries de certains d'entre eux dans un avenir proche.
Les graphiques de certains des métaux les plus demandés pour les technologies des énergies renouvelables (ces graphiques ne représentent pas tous les métaux utilisés et nécessaires dans les nouvelles technologies) montrent que les tendances ne sont pas en faveur de l'Europe car elle ne possède pas de réserves substantielles de ces ressources.
Les tableaux suivants montrent où se trouvent les plus grandes réserves de matières premières nécessaires à la production de technologies d'énergie renouvelable[5].
Les pays possédant les plus grandes réserves de cobalt, de lithium et de métaux de terres rares sont indiqués sur les cartes.
Tableau 4; Source : www.carbonbrief.org
Tableau 5; Source : www.carbonbrief.org
Tableau 6; Source : www.carbonbrief.org
Les graphiques sont loin d'être détaillés et n'incluent pas tous les métaux utilisés dans les technologies renouvelables, mais ils montrent clairement le risque potentiel que l'UE échange une dépendance contre une autre. Par exemple, elle pourrait réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et augmenter sa dépendance vis-à-vis des importations de métaux en provenance de pays tels que la République démocratique du Congo ou la Chine. Cela reviendrait à répéter la situation qui s'est produite au cours des deux dernières décennies : de nombreux pays européens ont fermé leurs secteurs énergétiques à forte intensité de carbone mais ont augmenté leur dépendance à l'égard des importations d'énergie en provenance de Russie. Si elle n'est pas étudiée en détail, l'histoire risque de se répéter également avec les énergies renouvelables. Il faut également tenir compte du fait que la Russie détient une part très importante des métaux rares utilisés dans les technologies des énergies renouvelables.
Le dernier, mais non le moindre, des défis auxquels sont confrontées les énergies renouvelables est que le recyclage des métaux usagés n'est pas encore bien étudié et développé. Certains métaux peuvent être recyclés alors que d'autres, comme les métaux rares, ne le sont pas encore. Par conséquent, le recyclage ou le stockage des batteries au lithium, des panneaux solaires et d'autres technologies doit encore être amélioré, ce qui signifie davantage de coûts et d'investissements dans cette direction.
La transition d'une économie à forte intensité de carbone vers une économie à forte intensité de métaux recèle sans aucun doute de nombreux risques, vulnérabilités et empreintes écologiques à côté des avantages que nous connaissons déjà. Et l'Europe doit évaluer à l'avance les vulnérabilités et les dépendances auxquelles elle serait exposée sur la voie du Green Deal.
Tableau 7; Source : www.world-nuclear.org
L'énergie nucléaire, et en particulier le développement de réacteurs nucléaires de petite et moyenne taille, pourrait être une option acceptable pour de nombreux pays de l'UE, notamment ceux qui possèdent déjà des centrales nucléaires, car ils disposent du savoir-faire et de la capacité technologique pour la mettre en œuvre plus rapidement. L'énergie nucléaire, contrairement aux énergies renouvelables, est très stable à tout moment de l'année et de la journée et, en ce sens, pourrait équilibrer l'énergie provenant de sources renouvelables qui dépend de nombreux facteurs externes tels que le climat. De nombreux pays du Moyen-Orient, dont les plus grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, ont commencé à construire des centrales nucléaires pour équilibrer leur mix énergétique. Dans l'UE, selon les statistiques d'Eurostat, les centrales nucléaires ont généré environ 24 % de l'électricité totale en 2020, bien que, en raison des problèmes de sécurité et dans le contexte de la transition vers le Green Deal, la tendance soit à la diminution de ce type d'énergie. Actuellement, 13 pays de l'UE ont des centrales nucléaires en activité et pour ceux qui en ont, et pour l'Europe dans son ensemble, les centrales nucléaires pourraient être une solution permettant d'atténuer partiellement la crise de l'approvisionnement énergétique. Les normes de sécurité en Europe sont parmi les plus élevées au monde, et en s'y conformant, l'énergie nucléaire pourrait aider l'Europe dans la situation extrême dans laquelle elle se trouve actuellement.
Le secteur européen de l'énergie avait de nombreux défis à relever dans le cadre de la transition vers le Green Deal et en a deux fois plus aujourd'hui avec le conflit en cours avec la Russie et la montée en flèche des prix des ressources énergétiques dans le monde. On ne sait toujours pas comment se dérouleront les livraisons d'énergie en provenance de Russie, notamment pendant la prochaine saison hivernale. La stabilité sociale et économique du vieux continent est mise en danger en cas de pénurie d'énergie.
Dans cette situation extrême, l'Europe doit rechercher toutes les solutions alternatives pour devenir plus indépendante des importations d'énergie et maintenir la compétitivité de son économie. La transition vers le Green Deal ne doit pas se faire maintenant à n'importe quel prix, mais seulement après une évaluation claire du prix économique et social que les Européens doivent payer pour cela. Dans le contexte des nouveaux équilibres géopolitiques, il est plus important que jamais que l'Europe reste unie, ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourra maintenir son importance géopolitique sur la scène mondiale. Mais pour préserver l'Union, Bruxelles doit tenir compte des nouvelles réalités. Les États membres de l'UE sont différents, leur potentiel économique est différent, leurs secteurs énergétiques sont différents, et les intérêts de tous les pays doivent être pris en compte. L'imposition unilatérale du pouvoir par Bruxelles ou la centralisation imposant la volonté des eurobureaucrates de Bruxelles ne fera qu'accroître le scepticisme européen parmi les gouvernements et les citoyens européens.
Plus que jamais, il est important que l'UE élabore son concept d'existence dans le nouveau monde sur la base des intérêts des citoyens européens. Plus que jamais, Bruxelles doit donner la priorité au bien-être économique et social de ses citoyens. Pour la définition du nouveau rôle et des piliers conceptuels de l'Union, l'Europe a besoin d'une nouvelle philosophie existentielle. Aujourd'hui plus que jamais, la voix des groupes de réflexion analytiques nationaux, des enseignants universitaires et des scientifiques doit être entendue par les politiciens, tant au niveau national qu'à Bruxelles. En ces temps de turbulences, il convient d'écouter et d'analyser attentivement les différentes opinions en Europe et à Bruxelles, sans oublier que l'anglais n'est plus qu'une langue de convenance dans l'Union.
NOTES:
[1] Euractiv.com, Germany reactivates coal power plants amid Russian gas supply threats, Nikolaus J. Kurmayer, 9 mars 2022, https://www.euractiv.com.
[2] Commission européenne, Direction générale de l'énergie, L'énergie dans l'UE en chiffres : le pocketbook statistique 2020, Office des publications, 2020, https://data.europa.eu/doi/10.2833/29877.
[3] Commission européenne, Direction générale de l'énergie, L'énergie dans l'UE en chiffres : le pocketbook statistique 2020, Office des publications, 2020, https://data.europa.eu/doi/10.2833/29877.
[4] Commission européenne, https://ec.europa.eu/eurostat/cache/infographs/energy/bloc-2a.html?msclkid=da2575f2cf6111ec9aa87e67219bcc8d
[5] https://www.carbonbrief.org/explainer-these-six-metals-ar...
18:09 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, économie, écologie, énergie, énergie verte, sanctions, sanctions antirusses | | del.icio.us | | Digg | Facebook
"Homo faber": l'originalité souvent méconnue d'Evola l'artiste
"Homo faber": l'originalité souvent méconnue d'Evola l'artiste
Par Adriano Scianca
Source: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/homo-faber-evola-235742/
Comprendre l'originalité artistique de Julius Evola s'est toujours heurté à une pierre d'achoppement herméneutique considérable, placée sur le chemin des exégètes par le penseur romain lui-même. Nous entendons parler, ici, de l'auto-interprétation que donne Evola de lui-même, qui a été adoptée sans la moindre critique par de nombreux adeptes de son oeuvre, qui voit dans les expériences picturales, poétiques, mais aussi philosophiques et même dans les premières expériences "magiques" de simples "traversées" sans lendemain. Toute une phase de la vie d'Evola, disons jusqu'aux années 1920 incluses, aurait été marquée par l'expérimentation et l'exploration de sujets et de langages expressifs, qui, cependant, de temps à autre, auraient eu pour seule fonction de faire passer le penseur à une tentative suivante, non sans avoir constaté le caractère limité de l'instrument qu'il venait d'abandonner. Tout cela jusqu'à ce qu'Evola atteigne la pensée de la maturité, structurée autour du thème de la Tradition, emprunté principalement à René Guénon. Comprendre Evola signifierait donc affronter ces phases du parcours d'Evola presque comme s'il s'agissait de simples curiosités biographiques, sans plus, utiles uniquement pour comprendre comment Evola est devenu Evola. Une fois la reconstitution généalogique déposée, il s'agirait alors de parvenir à la maturité de la pensée évolienne, d'en tirer le canon définitif pour juger ce qui est "en ordre" et ce qui ne l'est pas dans le présent, le passé, le futur de toute civilisation et de tout phénomène ayant existé, sous toutes les latitudes et dans tous les contextes.
Selon l'auteur, cette ligne d'interprétation ne sert qu'à banaliser et marginaliser la radicalité, l'originalité et la profondeur de la pensée évolienne, transformant l'un des grands protagonistes de la culture du vingtième siècle en une sorte de justicier urbain de la Tradition. D'autant plus que l'Evola le plus intéressant nous semble être précisément celui qui va de la seconde moitié des années 1910, auxquelles remontent ses premiers écrits et tableaux, à la fin des années 1920. Le dernier Evola, en revanche, était toujours au centre d'une contestation intérieure, d'une tension intime, d'une contradiction latente entre ce que, empruntant des catégories non pas évoliennes, mais plutôt tirées de Gentile, nous pourrions appeler la "dialectique de la pensée" et la "dialectique du pensé".
L'Evola des années 1920 : les Edizioni Mediterranee rééditent Homo faber
Sur l'Evola des années 1920, dans les jours mêmes où se déroule à Rovereto l'exposition la plus complète et la plus importante jamais organisée sur son expérience artistique, un bel essai d'Elisabetta Valento : Homo faber. Julius Evola entre l'art et l'alchimie, dont la première édition remonte à 1994 et qui contient désormais un appendice de Giorgio Calcara dans lequel sont comptabilisés les progrès les plus récents de la recherche sur Evola en tant que peintre. Même le titre a le mérite de se distancier de la Stimmung parménidienne ostensiblement statique, défensive et conservatrice typique d'un certain évolutionnisme. Elisabetta Valento considère à juste titre la peinture, la poésie, la philosophie, l'alchimie et l'ésotérisme d'un seul coup d'œil, comme s'il s'agissait de divers aspects d'un même discours. Le fil conducteur qui relie toutes ces expressions est la transformation tragique et héroïque de l'homme face au monde et aussi face à lui-même.
Le retour en arrière n'est pas possible
"L'homme, écrit l'auteur pour expliquer le point de vue évolien, n'est pas un collaborateur des dieux, il n'y a pas de dieux ni de Dieu, et Dieu est bel et bien mort dans un monde où l'homme n'est plus capable de se faire un Dieu, est un Individu absolu, une pure autarcie. C'est la seule mission de l'être humain, il n'y en a pas d'autres". En ce sens, il n'existe aucune donnée stable à laquelle se raccrocher, aucun "point d'Archimède", comme dirait Descartes, sur lequel s'appuyer. Le paysage existentiel est celui, purement nietzschéen, du naufrage de toute fondation. Il est encore moins possible de s'appuyer sur un passé non corrompu. "Revenir en arrière, écrit Valento, n'est pas possible, le voyage a commencé et il n'y a pas de retour possible, se perdre, se dissoudre, prisonnier d'un sentiment de solitude, ou décider d'entreprendre le voyage pour abandonner ce "je" qui se révélera être un "autre"".
Une parabole artistique minutieusement décrite
L'Homo faber n'a cependant pas seulement une valeur théorique, mais aussi et surtout une valeur historique. La parabole artistique d'Evola est décrite dans les moindres détails, depuis ses débuts futuristes à la cour de Giacomo Balla, jusqu'à son approche progressive du dadaïsme, qui aboutit à sa rupture avec Marinetti et ses compagnons (deux avant-gardes étaient de trop pour un pays aussi provincial que l'Italie). Le texte, qui contient 55 planches en couleur, passe en revue l'évolution des œuvres connues d'Evola, depuis le dynamisme futuriste des premières œuvres jusqu'aux atmosphères de plus en plus raréfiées des "paysages intérieurs" (des jugements plutôt méprisants, du moins d'un point de vue technique, sont réservés aux tableaux ultérieurs qui se concentrent sur les nus féminins). Evola était certainement l'exposant italien le plus significatif de dada, mais toujours avec une position personnelle et résolument originale. En effet, on a l'impression qu'il a finalement opté pour ce courant particulier aussi et surtout en raison de son indéfinition, et de la liberté d'expression conséquente qu'il permettait. Certes, tous les aspects régressifs du dadaïsme, le jargon superficiellement freudien du mouvement ont servi à Evola comme moyen de détruire le moi ordinaire. Une sorte de résolution existentielle, la transformation de l'existence, de la psyché, de la conscience en matière fluide, prête à être modelée sur un autre plan par la volonté de façonnage de l'homo faber.
Adriano Scianca.
16:54 Publié dans art, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julius evola, tradition, traditionalisme, dada, dadaïsme, avant-gardes, art, italie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique
La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique
par Domenico Moro
Source : resistenze & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-economica-dell-occidente-tra-default-del-debito-russo-e-contrasto-allo-yuan-digitale
Ce n'est pas seulement une guerre par des moyens militaires qui se poursuit, par le truchement de l'Ukraine, entre l'Occident et la Russie. La guerre économique, non moins importante, se poursuit elle aussi. Ces derniers jours, des événements importants impliquant non seulement la Russie mais aussi la Chine ont eu lieu. Après tout, la confrontation, sur le plan économique, oppose principalement les États-Unis et la Chine, qui, en plus d'être l'allié stratégique de la Russie, est le plus grand concurrent des États-Unis pour l'hégémonie économique mondiale.
Le premier de ces nouveaux événements est le lancement du sixième train de sanctions de l'UE contre la Russie, qui comprend, entre autres, deux mesures fondamentales : l'exclusion de la plus importante institution bancaire russe, la Sberbank, du circuit Swift, ce qui rendra problématique le paiement à l'étranger des produits russes, et, surtout, l'embargo sur le pétrole russe. Apparemment, après un mois d'impasse, c'est un succès pour le front occidental contre la Russie, qui a réussi à se recomposer malgré l'opposition de la Hongrie à l'embargo. Les sanctions pétrolières sont toutefois soumises à des limites : l'arrêt des importations dans l'UE n'aura lieu qu'à partir du début de l'année prochaine et ne concernera que le pétrole brut importé par voie maritime, tandis que le pétrole brut importé via l'oléoduc Druzhba sera exclu de l'embargo. Cela permettra à la Hongrie, à la Slovaquie et à la République tchèque, pays enclavés, de continuer à s'approvisionner en pétrole brut jusqu'à une date qui reste à déterminer.
Mais les sanctions, qui font grimper les coûts de production dans les pays européens, auront un effet limité sur la Russie. En fait, les sanctions augmentent le prix international du baril de pétrole, ce qui permet à la Russie de réaliser des revenus plus élevés même en cas de réduction des volumes d'exportation. Lorsque la Commission européenne a promulgué le sixième train de sanctions, l'augmentation du prix du baril de pétrole s'est accélérée pour atteindre plus de 125 US$ par baril de Brent. Après tout, le pétrole a augmenté de 75 % en six mois.
Selon Bloomberg, l'embargo pétrolier ne coûterait que 10 milliards d'US$ sur un total de 270 milliards d'US$ que le gouvernement russe attend de l'exportation de produits énergétiques. Mais il n'y a aucune garantie qu'une telle perte de revenus sera effective : la Russie peut compenser les exportations perdues vers l'UE en les réorientant vers d'autres pays. En effet, le délai de mise en œuvre de l'embargo facilite non seulement la recherche de nouveaux fournisseurs par les importateurs européens. La Russie peut donc chercher d'autres débouchés pour ses exportations. En particulier, les exportations russes de pétrole brut se dirigent vers la Chine, l'Inde et d'autres pays, qui ont acheté plus de pétrole brut que d'habitude ces derniers mois. Ce n'est pas un hasard si en mai, les exportations russes de pétrole et de produits pétroliers ont atteint leur plus haut niveau depuis octobre 2019, soit 5,09 millions de barils par jour.
Le deuxième de ces nouveaux événements concerne l'éventuel défaut technique de la dette russe, en raison de l'incapacité de la Russie à payer les intérêts en dollars. L'Europe a également ajouté à la liste des personnes et organisations sanctionnées le National Settlement Depository, qui est une institution financière non bancaire russe et un dépositaire central de titres, par l'intermédiaire duquel Moscou avait décidé de payer les intérêts de la dette publique en dollars. En outre, le 25 mai, les États-Unis ont laissé expirer sans la renouveler la licence qui autorisait jusqu'à présent les investisseurs américains - malgré les sanctions interdisant les transactions financières - à recevoir de Moscou des paiements d'intérêts, de dividendes ou de coupons sur des obligations détenues par la banque centrale russe, le Fonds d'investissement souverain ou le ministère des Finances.
Il s'agit d'une perte d'image majeure pour la Russie qui, en ne payant pas les intérêts de sa dette publique, se mettrait en défaut de paiement pour la première fois depuis 1917, lorsque les révolutionnaires bolcheviques ont décidé de ne pas payer les dettes contractées par l'État tsariste. En réalité, cette fois-ci, l'État russe a l'argent et la volonté de rembourser la dette, mais en fait, l'UE et les États-Unis l'en empêchent en essayant de forcer l'État russe à la faillite. En pratique, il s'agit d'un "défaut artificiel", comme l'ont souligné les autorités russes.
Le troisième événement à prendre en compte est la proposition récemment soumise au Congrès américain par trois sénateurs républicains, Tom Cotton, Marco Rubio et Mike Braun, visant à interdire aux grands magasins d'applications - à commencer par Google et Apple - d'héberger des applications permettant d'effectuer des paiements par le biais du yuan numérique chinois. La motivation apparente est liée à la sécurité nationale, puisque les rédacteurs du projet de loi craignent que le système de paiement numérique permette à Pékin d'espionner les citoyens américains. La véritable raison, cependant, est autre : on craint que la monnaie numérique chinoise ne réduise le rôle mondial du dollar américain.
Il s'agit d'un grave danger pour l'économie américaine, car ce n'est que grâce à la disponibilité de la monnaie commerciale et de réserve mondiale que les États-Unis peuvent soutenir leur économie, en finançant leur double dette, commerciale et publique. En outre, le système de yuan numérique peut constituer une alternative au système Swift par lequel transitent les transactions internationales en dollars. Cela éliminerait également la possibilité d'imposer des sanctions aux opposants politiques, étant donné qu'un grand nombre de ces sanctions reposent sur l'exclusion des organisations financières russes et autres du système de messagerie Swift. Quoi qu'il en soit, le yuan numérique est dangereux pour le dollar, car il peut devenir une monnaie de référence en dehors de la Chine, en commençant par les pays qui rejoignent le projet de la Route de la soie, puis en s'insérant dans les systèmes de paiement occidentaux comme alternative à Swift.
La Chine est à l'avant-garde de l'utilisation de la monnaie numérique et accumule une avance considérable sur les États-Unis et l'UE, puisque le dollar et l'euro numériques sont encore au stade de projet. Pour avoir l'euro numérique, en supposant qu'il soit adopté, il faudra encore 4 à 5 ans. Le même temps sera également nécessaire pour disposer du dollar numérique, dont l'adoption est encore remise en question par la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, qui est toujours divisée entre partisans et opposants à cette initiative.
La guerre en Ukraine pourrait toutefois accélérer le lancement du dollar numérique, car elle accentue la nécessité de poursuivre la guerre des devises, élément central du conflit économique contre la Russie et, à terme, la Chine. Récemment, la vice-présidente de la Réserve fédérale Lael Brainard a déclaré lors d'une audition au Congrès que le lancement d'une "CBDC [monnaie numérique de la banque centrale, ndlr] peut contribuer à assurer le rôle dominant du dollar" afin que "les personnes du monde entier qui utilisent le dollar puissent continuer à le faire pour les transactions dans le système financier numérique".
Ces faits montrent clairement que la guerre économique entre l'Occident, d'une part, et la Russie et la Chine, d'autre part, s'intensifie et se joue en grande partie autour du rôle mondial du dollar. Le maintien du dollar comme monnaie mondiale est à la fois un moyen et une fin de la guerre militaire et économique en tant qu'élément essentiel de l'hégémonie mondiale des États-Unis. La poursuite de la guerre, visant à affaiblir la Russie et, par conséquent, la Chine, autorise le maintien de la primauté politique et militaire qui permet aux États-Unis de maintenir le dollar comme monnaie mondiale.
Note :
[i] Alessandro Graziani, "Yuan numérique, les États-Unis opposent leur veto à l'utilisation de Google et Apple Pay", Il sole24ore, 3 juin 2022.
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lundi, 13 juin 2022
Les guerres énergétique et alimentaire se retournent l'une contre l'autre et mettent Biden au pied du mur
Les guerres énergétique et alimentaire se retournent l'une contre l'autre et mettent Biden au pied du mur
Par Alfredo Jalife Rahme
Source: KontraInfo / https://noticiasholisticas.com.ar/las-guerras-energetica-y-alimentaria-se-retroalimentan-y-ponen-a-biden-contra-la-pared-por-alfredo-jalife-rahme/
La Russie gagne la "guerre économique" (https://bit.ly/3xohBsg) que lui imposent les États-Unis et l'OTAN - qui contrôlent une Union européenne (UE) méconnaissable - alors que les prix du pétrole et du gaz ont grimpé en flèche jusqu'en des hauteurs stratosphèriques, tandis que le rouble, désormais la monnaie la plus puissante du monde, s'échange à moins de 61 pour un dollar.
Le Wall Street Journal fait une excellente remarque : "Ne riez pas (sic) : La Maison Blanche veut fabriquer des panneaux solaires et des bombes thermiques pour arrêter Vladimir Poutine" (https://on.wsj.com/3GTQxo5).
Biden rend la guerre de Poutine en Ukraine responsable de son "urgence énergétique" - qui met en péril l'approvisionnement en électricité cinq mois avant les élections de mi-mandat - par le biais de l'amendement de la production de défense, exhumé depuis la guerre contre la Corée, pour stimuler les panneaux solaires et autres "énergies propres" (https://bit.ly/3tjoaKg). Le problème des "énergies renouvelables" - solaire (note : les trois quarts de leurs modules proviennent d'Asie du Sud-Est) et éolienne - est leur caractéristique "intermittente" qui dépend des caprices de la météo.
M. Biden rend également Poutine responsable de la hausse imparable des prix de l'essence, de l'inflation la plus élevée depuis 40 ans et de la crise alimentaire mondiale en cours. Jusqu'à présent, il ne l'a pas rendu responsable de la crise surréaliste des "aliments pour bébés" aux États-Unis.
Puisque nous utilisons ici la méthode dialectique, il vaut la peine d'écouter le point de vue du président Poutine qui, dans une interview à Rossiya 1 TV, a mis à nu la manipulation financière de Wall Street derrière la crise alimentaire, bien avant son "opération militaire" en Ukraine : "la masse monétaire aux États-Unis a augmenté de 59.000 milliards de dollars en moins de deux ans, de février 2020 à fin 2021, avec une productivité (sic) sans précédent des machines à imprimer l'argent" alors que le "taux de liquidité total a augmenté de 38,6 %".
M. Poutine estime qu'il s'agit d'une "erreur des autorités économiques et financières américaines, qui n'a rien à voir avec les actions de la Russie en Ukraine, il n'y a pas la moindre corrélation".
Poutine est manifestement bien conseillé par Sergey Glazyev (photo), un économiste russe réputé, dont les théories sur "l'économie physique" qui l'emporte sur "l'économie financière spéculative" du duo anglo-saxon de Wall Street et de la City (Londres), et dont les travaux récents méritent d'être consultés.
Selon Poutine, l'impression dérégulée de la masse monétaire par Wall Street "a été la première étape - immense - vers la situation alimentaire défavorable actuelle" qui a "explosé immédiatement". Et Poutine n'aborde pas la manipulation du cartel alimentaire anglo-saxon, le fameux ABCD : ADM-Bunge-Cargill-Dreyfus (https://bit.ly/3Q5ohmv).
Il a également critiqué les politiques européennes en matière d'"énergie verte", qui ont exagéré les capacités des "énergies alternatives", lesquelles ne peuvent être produites "dans les quantités requises, avec la qualité requise et à des prix acceptables", alors que "dans le même temps, elles ont commencé à éclipser l'importance des types d'énergie conventionnels, y compris, surtout, les hydrocarbures".
Poutine en déduit que le résultat de tout cela est que "les banques ont cessé d'émettre des prêts (...) Les compagnies d'assurance ont cessé de garantir les règlements. Les autorités locales ont cessé de garantir les contrats, d'attribuer des parcelles de terrain pour étendre la production, et ont réduit la construction de transports spéciaux, y compris les pipelines. Tout cela a conduit à une pénurie d'investissements énergétiques et à une flambée des prix : "Les vents n'ont pas été aussi forts que prévu l'année dernière, l'hiver a été retardé et les prix ont augmenté instantanément, et avec la hausse des prix du gaz est venue une hausse des prix des engrais", que les "Anglo-Saxons" ont aggravée en "imposant des sanctions sur les engrais russes".
La morosité qui plane sur la Maison Blanche est désormais compréhensible, selon le site Internet Politico (https://politi.co/3xz7UaR).
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La correspondance entre Mussolini et De Man et les livres "rouges" dans l'Italie fasciste
La correspondance entre Mussolini et De Man et les livres "rouges" dans l'Italie fasciste
Italo Corradi
Source: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/il-carteggio-tra-mussolini-e-de-man-e-i-libri-rossi-nellitalia-fascista-235352/
Le 21 juillet 1930, Benito Mussolini, depuis Rome, adresse une missive à l'auteur d'un essai sur le marxisme, dont la lecture avait suscité l'intérêt du Duce. Le destinataire est l'intellectuel belge Henri de Man, qui répondra par retour de courrier le 23 août, depuis Francfort, où il enseigne à l'université. Le livre en question, un ouvrage destiné à avoir une influence considérable dans l'histoire du révisionnisme portant sur les théories marxistes, était paru en allemand en 1926 sous le titre Zur Psychologie der Sozialismus, pour être ensuite publié en français sous le titre Au delà du Marxisme. Mussolini, cependant, n'avait pas lu l'original allemand, ni les traductions françaises de l'essai, mais le premier volume de l'édition italienne de 1929 ; en fait, cette année-là, le livre avait également été publié en Italie par l'éditeur Laterza, avec un titre - Il superamento del marxismo - basé sur le titre français.
Un lecteur "illustre et compétent"
Écrivant à De Man, Mussolini loue sa révision éthique et idéaliste de la doctrine de Marx, qui est "définitive dans la mesure où elle suit les événements de 1914-1919 qui ont démoli ce qui restait de "scientifique" dans le marxisme". Ponctuel comme il l'était, le Duce avait cependant quelques reproches à faire au Belge, notamment lorsque celui-ci - se référant à un jugement de Trotsky - semblait interpréter la révolution fasciste comme visant à "mener une caste militaire ou féodale au pouvoir". En fait, la référence au militarisme et au féodalisme a dû piquer au vif Mussolini, s'il a pris soin de préciser que "la révolution fasciste n'a pas amené, n'a pas l'intention d'amener et n'amènera jamais au pouvoir une caste militaire ou féodale", étayant ainsi cette précision par des références à la législation sociale et corporative avancée du régime.
De Man, qui, selon le Duce, n'était pas trop "à jour" (sic) sur le fascisme, se déclare satisfait, dans sa réponse à Mussolini, de l'intérêt suscité par "un lecteur aussi illustre et compétent". Il a ensuite clarifié sa pensée. D'une part, lorsqu'il écrit " caste militaire et féodale ", il fait allusion à " la politique russe au Proche et en Extrême-Orient " ; d'autre part, tout en gardant certaines réserves à l'égard du fascisme, pour lesquelles il renvoie au deuxième volume de son essai (où il lit que le fascisme, comme le bolchevisme, pratique une " politique de puissance qui [... ] exploite les motivations inférieures des masses"), il ajoutait qu'il n'avait aucun scrupule à "rendre justice à certains aspects organisationnels de l'œuvre fasciste", dont il suivait le cours avec "un intérêt passionné".
Censure imprudente ?
L'échange de lettres entre Mussolini et le théoricien belge du socialisme est reproduit dans l'annexe de l'édition italienne de l'autobiographie de De Man - A cose fatte. Mémoires d'un "national-socialiste" - bientôt publié par Altaforte Edizioni. Le "duo" épistolaire, en plus de révéler que le chef du gouvernement italien - entre un engagement officiel et un autre - a trouvé le temps de se mettre à jour sur le débat philosophico-politique en cours, offre l'occasion de réfléchir sur le thème de la circulation, dans l'Italie de la Lictoria, de livres à orientation socialiste, qu'ils soient révisionnistes ou "orthodoxes". En effet, si l'on considère les antécédents marxistes de De Man, les jugements pas toujours flatteurs exprimés sur le fascisme dans son essai, le militantisme de l'auteur au sein du Parti ouvrier belge (la section belge de l'Internationale socialiste) et le fait que l'ouvrage ait vu le jour en Italie sept ans après l'arrivée au pouvoir de Mussolini, on peut se demander comment le texte a pu non seulement gagner les louanges (bien que partielles) du Duce, mais surtout, échapper à ce qui, selon la vulgate, était les contrôles vigilants de la censure de la dictature.
Qu'il ne s'agisse pas d'une publication semi-clandestine est exclu par le nom prestigieux de l'éditeur - Laterza - qui en a édité la version italienne. Était-ce peut-être l'ouvrage qui a atterri sur le bureau de Mussolini pour qu'il en prenne connaissance a posteriori et, le cas échéant, ordonne son retrait des librairies ? Mais si tel était le cas, pourquoi le Duce aurait-il pris la peine d'écrire à l'auteur, prenant même la peine d'écrire son texte à la plume ? En bref, l'épisode, aussi marginal soit-il, ne correspond pas entièrement au récit habituel d'un fascisme qui empêchait la circulation de textes politiquement hétérodoxes. Mais comme le Ventennio (les vingt ans du fascisme), contrairement à l'absolu schellingien de Hegel, n'était pas la nuit où toutes les vaches sont noires, quelques précisions s'imposent.
L'éditeur Laterza entre De Man et Benedetto Croce
Au tournant des années vingt et trente, et plus pleinement dans la seconde moitié de cette décennie, le régime, selon la vulgate susmentionnée, a accéléré sa politique de fascisation du pays, et de la culture en particulier. La publication de l'essai de De Man était-elle alors le chant du cygne de la libre diffusion des textes socialistes en Italie ? Il n'en est rien, du moins à la lumière de certains faits. Commençons par Laterza, qui jouissait à l'époque d'un bon degré d'autonomie.
En 1932, la maison de Bari avait par exemple publié, avec des réimpressions au moins jusqu'en 1938, un classique de l'historiographie libérale, la Storia d'Europa nel secolo decimonono de Benedetto Croce, où ne manquent pas les jugements qui ont probablement déplu au régime, comme celui sur le "culte de la nationalité" qui menaçait de dégénérer en "lugubre luxure raciale". Quant à De Man, les relations entre ce dernier et Laterza ne se limiteront pas à la publication de Superamento del marxismo (un titre, rapporte le Belge dans ses mémoires, choisi à la suggestion de Croce). En 1931, l'éditeur a en effet imprimé un autre essai de Laterza - La gioia nel lavoro (La joie du travail) - résultat d'une enquête sur la condition ouvrière menée à Francfort.
Du Manifeste à Trotzki : les livres "rouges" sous le fascisme
Le cas De Man mis à part, pendant le Ventennio, la publication de textes socialistes, et même marxistes, était tout sauf une exception. Laterza, par exemple, a imprimé La concezione materialistica della storia (La conception matérialiste de l'histoire) d'Antonio Labriola en 1938, tandis qu'entre 1936 et 1939, la Storia della rivoluzione russa (Histoire de la révolution russe) de Trotzki a été publiée respectivement par Treves et Garzanti. En outre, deux éditions du Manifeste du Communisme de Marx et Engels avaient déjà paru en 1934 : l'une à l'initiative de Felice Battaglia de Gentile, dans une série de documents qui voyait le fascisme comme l'aboutissement d'un mouvement d'affirmation des droits de l'homme culminant avec la Charte du Travail ; l'autre éditée par Robert Michels, un érudit avec les "papiers en règle" pour récupérer Marx et le marxisme en fonction de la polémique anti-bourgeoise qui avait déjà marqué le fascisme sansepolcriste.
Sans parler des revues à thème corporatif éditées par Giuseppe Bottai, dans lesquelles le "fasciste critique" faisait publier des pages de Marx et même de Staline. Quant à Giovanni Gentile, le penseur actualiste commente les Thèses de Marx sur Feuerbach en 1937, tandis que l'entrée Treccani consacrée au "père" du socialisme scientifique est confiée à l'éminent économiste Augusto Graziani. De plus, à l'époque, la libre consultation des "écrits" marxistes n'était pas du tout entravée. Comme le reconnaît Giorgio Amendola dans sa Storia del Partito Comunista italiano, l'intérêt pour le communisme, surtout dans les cercles de jeunes, a conduit à une recherche des livres de Marx et Engels, de Plechanov et de Lénine, "qui sont arrivés en Italie sans trop de difficultés dans les éditions étrangères" et qui étaient présents dans les bibliothèques universitaires, dont beaucoup ont acheté les volumes du Marx-Engels Gesamtausgabe, qui comprenait la correspondance complète entre Marx et Engels et une grande partie des écrits de jeunesse jusqu'alors inédits du philosophe de Trèves.
Livres imprimés et livres au bûcher
D'après ce qui a été dit, l'image d'une industrie italienne de l'édition compacte et "en blouse noire" dépeinte par une certaine historiographie d'après-guerre semble donc inadéquate, surtout si l'on compare la politique d'édition fasciste à celle de l'Allemagne hitlérienne. Un épisode mérite d'être mentionné à cet égard, non pas - qu'il soit clair - pour accréditer le stéréotype d'un fascisme "bon enfant" auquel la sinistre intolérance de son "cousin" allemand serait étrangère, mais pour confirmer le fait que le régime de Mussolini avait une approche plus ouverte de la non-fiction "non conforme" que d'autres expériences historiques qui lui sont idéologiquement apparentées.
Revenons donc à De Man qui, soit dit en passant, dans la seconde moitié des années 30, aurait prôné en Belgique un "socialisme national" peu éloigné du fascisme et se serait rangé, dès 1940, dans les rangs de la "collaboration" avec le Reich. Eh bien, si en Italie, entre 1929 et 1931, Laterza a publié librement ses œuvres, peu après, dans l'Allemagne devenue nazie, les premières Bücherverbrennungen seront allumées. Et c'est à l'un de ces bûchers, en mai 1933, que sera brûlé, parmi d'autres livres, le dernier ouvrage du Belge - Die Sozialistische Idee - que De Man considérait comme le point d'arrivée de son chemin d'émancipation du socialisme par rapport au marxisme.
Italo Corradi
17:06 Publié dans Belgicana, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marxisme, socialism, fascisme, henri de man, hendrik de man, belgicana, histoire, benito mussolini | | del.icio.us | | Digg | Facebook
De la "webocratie"
De la "webocratie"
Au milieu des difficultés, des embarras et des hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée, coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion du savoir, incapable de réguler les géants du numérique, nous nous retrouvons dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.
Luca Giannelli
Source: https://www.dissipatio.it/macron-webcrazia-digitale-occidente/
Il y a quelques années, lors d'une de ses proverbiales conférences de presse, Jean-Luc Godard racontait comment, dès son plus jeune âge, ses parents lui reprochaient de toujours raconter des histoires, tout le contraire de ce que les critiques les plus obtus lui reprochaient : ne pas raconter d'histoires du tout, faire des films sans structure narrative conventionnelle. Raconter des histoires, disait l'écrivain Bernard Malamud, est un moyen de trouver un sens à la vie. Pour le président français Macron, cela semble être le moyen de trouver un sens à la politique :
"Nos sociétés post-modernes ne sont pas sécularisées mais ont émergé d'un grand récit qui était religieux. Le 20e siècle a connu d'autres récits, après le grand récit de l'émancipation, le grand récit des totalitarismes, et collectivement nous avons pensé que la fin des totalitarismes passait par la fin des grands récits".
Le Monde diplomatique, mars 2022
Le président français est très occupé dans sa tentative de marcher sur la ligne fantômatique entre modernité et postmodernité. Lui qui, en 2017 déjà, allait au cœur du problème : "Nous avons (de toute urgence) besoin d'un grand récit" (Der Spiegel, 14 octobre 2017).
Issu d'une certaine culture constructiviste d'outre-mer, encline à revisiter le passé avec un goût ironique et populaire en réaction aux dogmes rationalistes, le terme "postmodernisme" a fait son entrée dans le monde intellectuel dans les années 1970, jusqu'à être systématisé comme une véritable "condition", en tant que catégorie "post-narrative" à part entière, à la fin de la même décennie, par le philosophe français Jean-François Lyotard, qui a su capitaliser sur un essai de 1967 de Rorty dans l'introduction de The Linguistic Turn, dans lequel il prédisait la fin de la philosophie dans un monde où la communication avait pris la place de l'expression.
Plaçant les "récits" des Modernes à l'origine des dogmatismes et de toutes les dérives politiques du XXe siècle (totalitarismes, guerres et autres méfaits divers), Lyotard propose une attitude de détachement vis-à-vis de termes philosophiques galvaudés comme "vérité", "réalité" ou "objectivité", régulièrement "cités". Cela a donné lieu à un débat très local entre la pensée "faible" et la pensée "forte" (en un mot, entre le relativisme et le fondamentalisme, ou, si vous préférez, entre Nietzsche et Parménide, avec Heidegger agissant comme un roc ambigu et encombrant), qui avait pour porte-parole Gianni Vattimo et Emanuele Severino. C'était le débat classique en noir et blanc, capable de produire surtout des fleuves et des fleuves d'encre (ceux des pages d'Alfabeta constitueraient à eux seuls une jungle) dont on s'est vite rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose à chérir, mais qui, dans l'ensemble - le pouvoir de la communication - a fini par fonctionner comme un alibi culturel pour un certain yuppisme rampant, une sorte d'incubateur de la pop italienne si en vogue aujourd'hui, un épigone à faible intensité du camp américain des années 1960.
Une sorte de nivellement, mais pas dans le sens où Totò l'entendait. Tout a la même valeur, tout peut être interprété et doit être traité exactement de la même manière. Ayant dépassé la verticalité de l'art et de l'histoire au nom d'une nouvelle horizontalité citationniste, toute hiérarchie culturelle sautée, les critiques élevés au rang d'artistes, selon l'hétérogénéité des fins la plus canonique, la "condition postmoderne" a ainsi transcendé la dimension critique de Lyotard, pour en arriver à la joyeuse justification du désengagement: comme le dit Jameson, la philosophie de la globalisation, capable de servir de toile de fond à l'ère de la production flexible. En fin de partie, de l'univers postmoderniste sont nées des montagnes de malentendus sur les cendres d'une modernité qui se voulait dépassée mais qui, idéologies mises à part, restait elle-même indéfinie, prisonnière des milliers de distinctions et d'interprétations auxquelles elle continue d'être soumise. Un peu comme le quintet, le jeu mystérieux du film le plus "nocturne" de Robert Altman, celui auquel tout le monde joue mais dont personne ne connaît les règles.
Quelque quarante ans après l'essai de Lyotard, on peut se demander s'il est encore possible de qualifier notre condition de "postmoderne". Plus que jamais, marqués que nous sommes par des urgences économiques, pandémiques, guerrières et diplomatiques dont le résultat, pour une fois, ne peut être que d'exaspérer des processus déjà en cours, dans les difficultés, les embarras et les hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée... coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion de la connaissance, aux prises ces dernières années avec une "société civile" qui s'est souvent révélée peu civilisée, incapable de réguler les géants du numérique au point de se retrouver dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.
Une fois que l'on a réalisé à quel point la fracture numérique a contribué à accroître le fossé entre les riches et les pauvres, entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, à augmenter les processus d'atomisation et les effrayantes multiplications du moi, l'objectif des dirigeants ne semble pas être de capturer et de répandre la connaissance mais de la contenir et de gérer le consensus. Car c'est paradoxalement la "sphère publique" elle-même qui est entrée en crise, avec la dictature des algorithmes et la logique rudimentaire du "j'aime - je n'aime pas", réduite désormais à des micro-récits consommés par des selfies et des posts dans un présent qui ne pense même pas à faire l'histoire. Contrairement à ce qu'espéraient non seulement certains pionniers américains des années 1970 comme Stewart Brand, mais aussi de nombreux technocrates purs et durs comme le magazine Wired qui, en mai 2009 encore, consacrait sa couverture au "Nouveau Socialisme", Internet n'a conduit ni à une plus grande diffusion de la culture, ni à la croissance d'une opinion publique comprise comme le reflet d'une communauté politique supérieure à elle-même, qui, comme l'a observé Martin Gurri dans La Révolte du Public n'existe plus, remplacée par une série de publics tribalisés et mutuellement armés.
Et si le pacte tacite entre les entreprises bigtech et les utilisateurs est celui des applications gratuites en échange d'informations privées, bien plus inquiétant pour l'avenir de nos démocraties, risque d'être celui qui se met en place entre les grandes plateformes et les gouvernements, célébré avec la concentration entre les mains de Zuckerberg d'Instagram, Facebook et WhatsApp : je te laisse prospérer et toi en échange tu contrôles ce qu'on appelait autrefois la "majorité silencieuse" et qui aujourd'hui est de plus en plus une majorité mais beaucoup moins silencieuse. Une sorte de pacte confirmé par les documents divulgués par Snowden en 2013, qui ont révélé la participation des grandes plateformes aux programmes de surveillance et de renseignement américains, et qui, je pense, permet également de comprendre pourquoi une grande partie de l'hostilité des médias envers le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, le grand amateur de Tolkien qui a immédiatement dénoncé la prédilection des médias sociaux les plus politiques parmi ceux en circulation à montrer les posts les plus populaires au détriment des plus récents en faveur d'un récit dominant, dénotant ainsi une "irrégularité" jugée par beaucoup comme politiquement peu fiable.
D'où l'appel insistant à de nouveaux "grands récits" exprimé à plusieurs reprises par Macron ; lequel Macron, avec Ricoeur ou sans lui, est diplômé en philosophie et après avoir battu Le Pen, malgré ses trois millions de voix de plus qu'en 2017, s'est imposé comme l'homme de paille le plus autorisé de la pensée libérale dans le monde occidental et s'est automatiquement élevé - un peu comme la victoire illo tempore de Prodi sur Berlusconi - pour devenir un modèle trop facile pour nombre de nos politiciens "progressistes", dans une gamme variée qui va de l'auto-proclamé roi du storytelling Renzi aux anciens gilets jaunes Di Maio, fidèles désormais du Premier ministre Draghi. C'est un Macron qui, avant et plus que d'autres, a compris que le problème des démocraties occidentales est de trouver des critères de jugement et de légitimation qui aient une valeur à la fois locale et universelle ; un Macron lucidement "post-moderne", conscient de l'irréversibilité du processus culturel, de l'affirmation d'une multiplicité de langages incommensurables, de combien l'éclatement des métarécits a multiplié la pluralité et les formes d'un savoir qui ne peut plus se présenter comme une vision universelle du monde.
Mais il est en même temps un Macron "moderne" qui, contrairement à Rorty et Lyotard, regrette l'unité et la totalité perdues, un Macron nostalgique de ce grand récit du vingtième siècle qui avait façonné le monument inattaquable du progrès, réticent comme beaucoup de gouvernements européens à se mesurer à tout ce qui est multiple, fragmentées et instables, fortement motivées pour offrir une interprétation du passé qui puisse donner un sens à l'avenir, puisque seules sont "modernes" les sociétés qui ancrent les discours de vérité et de justice sur des méta-récits (culturels, historiques, scientifiques) englobant toute l'histoire humaine dans un cadre de référence unique ; un Macron qui, face à la croissance généralisée des processus d'atomisation, une effrayante multiplication du moi, est prêt à disqualifier comme "réactionnaire", "populiste", "souverainiste" ou "eurosceptique" quiconque tente de remettre en question le récit libéral-progressiste capable d'annuler les différences entre la vérité historique et la séduction rhétorique. C'est un terrain sur lequel le secrétaire du PD socialiste italien, Letta, semble s'être accordé avec son programme pour "un nouvel ordre européen", qui penche désormais vers une confédération qui fonctionnerait comme une sorte d'anneau encore plus large qui réunirait les 27 États membres de l'UE avec les pays candidats. Partant d'hypothèses post-modernes critiques, les démocraties européennes semblent donc viser à établir une normalisation "moderne".
Que cette modernité, une énigme pour tout penseur digne de ce nom, dont même le Cardinal Ruini a identifié l'ineffabilité il y a quelques années ("il y a beaucoup de modernités", selon ses mots), ne puisse être séparée du web, est en tout cas hors de question. De là, l'avenir de nos démocraties, inévitablement, ne peut que passer, de là, à la perspective macronienne, illustrée en novembre 2018 lors d'un forum de l'ONU à Paris sur la gouvernance de l'internet. Une perspective "centriste" qui entend se démarquer à la fois de la vision libertaire californienne, dont les protagonistes sont des acteurs forts qui rejettent tout contrôle étatique, et de la vision "chinoise", entièrement supervisée par un État autoritaire. La solution esquissée par le président français est la troisième voie canonique, qui implique dans ce cas les acteurs privés, les journalistes, les gouvernements et l'habituelle et indéfectible société civile.
Le jeune Emmanuel Macron avec le philosophe Paul Ricoeur.
Une intention louable, mue par une juste préoccupation pour la perte de centralisation dans l'organisation de l'État, mais toujours enveloppée dans une perspective prisonnière de cet absolutisme miraculeux de la terre promise (le numérique comme outil de civilisation du monde) typique de la Silicon Valley, exhibé à l'époque par l'Obamiste italien Renzi. Une pensée - un récit, pour être précis - qui semble prendre substantiellement en otage une politique qui n'a jamais semblé aussi proche d'étouffer dans la logique des milliards d'algorithmes ; une idée que même Sabino Cassese semble regarder sans crainte, persuadé que des greffes comme celle de nature "technocratique" sont bonnes pour la démocratie (Sullo stato della democrazia, Il foglio, 24 mai 2022).
Ce qui est surprenant, dans l'ensemble, chez tant de porte-drapeaux convaincus de la démocratie avec un "D" majuscule, c'est la suppression "démocratique" du concept même sur lequel le libéralisme a prospéré, à savoir le pluralisme. Les raisons du consensus, combinées à la surpuissance économique et à un déficit culturel inquiétant et irréversible, empêchent nos classes dirigeantes de comprendre que les problèmes sociaux ne sont pas nés avec le web et qu'aucun web ne pourra jamais les guérir. Pour le dire autrement, que les problèmes du web, que tant de scandales et de clameurs peuvent créer (Trump et la prise d'assaut du Capitole en sont un exemple), sont en dehors du web. N'oublions jamais que la fake news la plus lourde de conséquences et à l'origine d'une guerre qui n'a exporté aucune démocratie et a accru le terrorisme est née non pas sur les médias sociaux mais dans un journal comme le New York Times (qui s'est ensuite au moins excusé, contrairement à tous les autres qui l'avaient suivi comme des moutons). Le web obscurcit, amplifie, cache ou exagère, peut-être, mais il ne guérit pas, et encore moins ne rachète. Seul un politicien inculte et ignorant peut croire ou faire semblant de croire que des concepts tels que la légitimité, la stabilité, peuvent être gouvernés par des plateformes numériques.
Ce ne sont pas de nouvelles mythologies, de méta-narratifications idéalistes, dont nous avons besoin, mais d'une véritable démocratisation de la culture, d'une politique qui sait faire de la politique, qui pense la démocratie non comme quelque chose de donné pour toujours, comme le fameux diamant, mais comme un bien à chérir et à cultiver, inséparable d'une connaissance qui ne peut être déléguée au circuit social.
Une politique qui tente de répondre à la question suivante : quelles sont les perspectives de la démocratie dans une société qui, sous les coups d'une concentration progressive des richesses, a perdu l'idée originelle de communauté ? Une politique qui sait aller au-delà de la très générique "confiance dans les institutions démocratiques" encore prônée dans son dernier livre (Liberalism and its Discontents) par un Fukuyama qui a toujours démontré que sa conception du libéralisme est non seulement idéaliste, mais aussi profondément déformée, s'il est vrai qu'il a attribué le succès du Japon à son libéralisme économique sans comprendre que le modèle japonais était en fait le modèle étatiste de Hamilton, fondateur, au début du 19ème siècle, du système bancaire américain. La politique ne peut être réduite à devenir un spectacle digne d'Oprah Winfrey, pour qui "tout est question d'imagination". Sans une véritable culture de la politique, la démocratie sera toujours une créature à la vie trouble. Pour la récupérer, il ne suffit certainement pas, comme le font Fukuyama, Cassese et consorts, de diaboliser tous les Orbans, Le Pen et Bolsonaros du monde...
A propos de l'auteur
Luca Giannelli est journaliste et rédacteur en chef du Télé-Journal à La7, où il couvre les domaines de la culture et de la politique. Chez GOG Edizioni, il a publié 'America vs. America".
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Quand tout affecte tout - La Russie, l'Occident et l'ère de l'instabilité
Quand tout affecte tout - La Russie, l'Occident et l'ère de l'instabilité
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/06/09/kun-kaikki-vaikuttaa-kaikkeen-venaja-lansi-ja-epavakauden-aika/
"C'est une chose d'affirmer de manière clichée que tout dans le monde est interconnecté. Mais c'est tout autre chose de voir ce qui se passe réellement lorsque ces connexions se rompent", écrit Wolfgang Münchau, directeur du groupe de réflexion Eurointelligence.
Münchau, qui vit à Oxford, au Royaume-Uni, admet que les sanctions occidentales étaient fondées sur le "postulat trompeur selon lequel la Russie est plus dépendante de nous que nous le sommes de la Russie".
Mais la Russie a "plus de blé qu'elle ne peut en manger et plus de pétrole qu'elle ne peut en brûler". La Russie est "un fournisseur de produits primaires et secondaires dont le monde est devenu dépendant". Comme on le sait, le pétrole et le gaz sont les principales sources de revenus des exportations russes.
Mais c'est dans d'autres secteurs que notre dépendance est la plus forte, souligne M. Münchau : certains produits alimentaires et les métaux des terres rares. La Russie n'en a pas le monopole, "mais lorsque le plus grand exportateur de ces produits disparaît, le reste du monde en souffre immédiatement".
La Russie est le plus grand producteur de gaz naturel au monde, représentant un peu moins de 20 % des exportations mondiales. Pour le pétrole, la Russie vient après l'Arabie Saoudite avec 11% des exportations mondiales. La Russie est également le plus grand fournisseur d'engrais et de blé, la Russie et l'Ukraine représentant près d'un tiers des exportations mondiales de blé.
En termes de métaux de terres rares, la Russie est la plus grande source de palladium au monde. Le palladium est un métal précieux important pour les industries de l'automobile et de l'électronique et est actuellement plus cher que l'or. La Russie est également le premier fournisseur mondial de nickel, nécessaire pour les batteries et les voitures hybrides.
L'industrie allemande a déjà prévenu qu'elle était dépendante du gaz russe, mais aussi d'autres fournitures importantes en provenance de Russie. Ce fait ne sera pas modifié par les fluctuations politiques, mais le gouvernement finlandais, par exemple, ne semble pas s'intéresser à la realpolitik.
Münchau se demande maintenant si cette politique de sanctions a été pensée jusqu'au bout. Les ministres ont-ils imaginé que les crises mondiales en matière d'énergie et de nourriture pouvaient être résolues simplement en pointant du doigt Poutine ? Même pendant la guerre froide entre l'Union soviétique et l'Occident, le commerce se poursuivait et les robinets de gaz restaient ouverts.
Les confinements de l'ère du coronavirus nous ont appris à quel point les différents pays sont vulnérables aux perturbations des chaînes d'approvisionnement. Les Européens n'ont que deux voies pour transporter des marchandises en masse vers et depuis l'Asie : soit par conteneur et par mer, soit par rail via la Russie.
Münchau estime qu'il n'existait aucun plan spécifique pour faire face à une pandémie, et encore moins à une guerre. Les conteneurs sont maintenant bloqués à Shanghai et les chemins de fer ont été fermés à cause de la guerre en Ukraine. En tant qu'analyste appartenant au courant dominant, Münchau n'avance cependant pas les raisons les plus radicales de l'état actuel des choses.
Il rappelle que les sanctions économiques occidentales fonctionnaient lorsque le pays cible était suffisamment petit. Il cite en exemple l'Afrique du Sud, l'Iran et la Corée du Nord dans les années 1980. Mais la Russie est une cible beaucoup plus grande et plus difficile à influencer.
Même le PIB n'est pas une mesure suffisamment significative. En termes de PIB, la Russie peut n'avoir que la taille des pays du Benelux ou de l'Espagne, mais cette mesure ne tient pas compte des effets de réseau.
"Ces effets de réseau sont suffisamment importants pour rendre les sanctions économiques insoutenables", déclare Münchau. Il existe des sources d'approvisionnement alternatives pour les biens russes, mais si l'approvisionnement est coupé de façon permanente, les mêmes biens ne peuvent pas être produits dans les mêmes quantités qu'auparavant. L'économie réagira en augmentant les prix et en réduisant l'offre et la demande.
Comme de nombreux commentateurs de la politique mondiale, Münchau est arrivé à la conclusion que tous les pays sont tellement interdépendants que des sanctions ne peuvent être imposées à l'un d'entre eux sans causer d'énormes dommages aux autres, et dans ce cas à l'Occident lui-même.
Et que dire des fanatiques anti-russes qui prétendent que le mal des sanctions en vaut la peine, tant que les conséquences sont subies entre les murs du Kremlin ? Pour le chef d'Eurointelligence, cela semble aussi fou que si "un professeur d'économie soutenait que la hausse du chômage en vaut la peine".
Münchau répète le mantra de l'infoguerre occidentale selon lequel "l'impact direct des sanctions sur la Russie est plus important que sur l'Occident", mais "la différence entre l'impact et notre seuil de douleur est cruciale" ; le seuil de Poutine est, selon le chercheur, beaucoup plus élevé.
L'analyste allemand ne voit pas de solution facile pour sortir de la situation actuelle. Bien que l'objectif ultime de l'administration américaine soit de se débarrasser de Poutine et de le remplacer par un "dirigeant démocratique pro-occidental", cette issue semble peu probable.
Même une défaite militaire russe - qui n'est pas à l'horizon, malgré les vœux pieux des militants pro-Ukraine - ne déclencherait pas nécessairement une nouvelle révolution russe dans le sens de la soumission à l'Occident, et les problèmes d'approvisionnement resteraient inchangés.
Münchau pense qu'une sorte d'accord devrait être conclu avec Poutine, y compris la levée des sanctions. Sinon, le monde risque d'être divisé en deux blocs commerciaux, "l'Occident et les autres". Dans son état actuel de dégradation, l'"Occident" n'est plus un dictateur triomphant, mais risque de s'isoler du reste.
Il faut donc un regain de diplomatie et de pragmatisme en politique étrangère. Si les chaînes d'approvisionnement sont réorganisées, l'énergie et les terres rares russes continueront d'être consommées ailleurs, mais "il nous restera les hamburgers Big Mac", s'emporte Münchau.
Pour Münchau, les sanctions économiques ressemblent au "dernier hourra d'un Occident dysfonctionnel". La guerre en Ukraine lui semble être un "catalyseur de la démondialisation massive".
L'analyste doute que l'Occident soit réellement prêt à faire face aux conséquences des politiques étrangères et économiques actuelles, à savoir "une inflation continue, une baisse de la production industrielle, un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage".
Personnellement, j'estime que l'actuel "état de désordre" est fondamentalement un problème créé par le système capitaliste et la mondialisation néolibérale. L'effondrement est ralenti par les crises afin de mettre à jour un système obsolète. Les puissances supranationales actuelles ne sont pas prêtes à abandonner les acquis qu'elles ont obtenus.
Les effets de ces politiques destructrices restent à voir. Un challenger au pouvoir occidental de l'argent émergera-t-il ? On pense que la Chine est une puissance qui va reprendre sa place au centre du monde, mais j'ai aussi quelques doutes sur ce scénario.
Même s'il y a un passage à une configuration compétitive basée sur les blocs au niveau des États dans un avenir proche, les agendas transnationaux semblent continuer à progresser. C'est au niveau international qu'un changement radical des objectifs et des actions des différentes institutions serait nécessaire, mais ce n'est certainement pas encore en vue.
15:22 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, occident, russie, sanctions, sanctions antirusses, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 12 juin 2022
Mensonge flagrant du gouvernement allemand: la destruction de la richesse nationale et l'inflation sont la responsabilité de la BCE et non de Poutine
Mensonge flagrant du gouvernement allemand: la destruction de la richesse nationale et l'inflation sont la responsabilité de la BCE et non de Poutine
Source: https://zuerst.de/2022/06/11/lebensluege-der-ampel-regierung-an-wohlstandsvernichtung-und-inflation-ist-die-ezb-nicht-putin-schuld/
Berlin. L'UE va connaître des temps difficiles. L'Allemagne, qui était jusqu'à présent le principal payeur, est confrontée à une inflation et à une destruction de sa richesse d'une ampleur sans précédent. Le gouvernement et les anciens partis accusent la Russie et son président Poutine d'être responsables de cette situation. Mais c'est un mensonge éhonté. Ce qui est vrai, c'est que l'inondation des marchés par les quelque six mille milliards d'euros que la Banque centrale européenne (BCE) a injectés depuis la crise financière de 2008 se retourne contre elle. Ce n'est pas Poutine qui est responsable de la hausse des prix et de la destruction de la valeur de la monnaie européenne, mais un excédent d'argent qui se traduit aujourd'hui par de l'inflation.
Concrètement, le mécanisme peut être illustré de la manière suivante: les six mille milliards d'euros que la BCE a injectés depuis 2008 dans la politique de la dette européenne - et ses responsables ! - la somme d'argent de la banque centrale dans la zone euro a été multipliée par plus de six depuis 2008. Cette expansion monétaire n'est compensée par aucune valeur réelle pour l'économie, c'est-à-dire ni chiffre d'affaires supplémentaire, ni bénéfice supplémentaire, ce qui constitue le "surplus de monnaie". L'inflation est inévitable.
Le professeur Hans-Werner Sinn, de l'institut Ifo de Munich, chiffre cet excédent à cinq mille milliards d'euros. Il met en garde : "Les cinq billions d'euros sont des barils de poudre dans les sous-sols de la BCE. Sous l'effet de la demande croissante des États qui se sont endettés, une partie des barils a pris feu. L'étincelle a été la raréfaction de l'offre par la pandémie".
Ce qui est fatal, c'est que toutes les promesses gouvernementales ne peuvent pas arrêter le processus, car la cosmétique n'est plus d'aucune utilité face à un déséquilibre très avancé. A cela s'ajoutent des facteurs de crise supplémentaires qui vont aggraver la catastrophe.
L'un d'entre eux est la crise énergétique, dont les contours commencent à se dessiner. Le journaliste économique Gabor Steingart (ci-dessus) prévoit que "la guerre en Europe, la structure monopolistique des compagnies pétrolières et la dépendance allemande à l'égard de l'énergie importée, aggravée par la concomitance de l'abandon du charbon et du nucléaire, signifient la tempête parfaite pour l'évolution des prix".
A cela s'ajoutent la situation tendue sur les marchés des matières premières, la spirale salariale qui s'enclenchera inévitablement et qui alimentera également la hausse des prix, le manque de discernement des responsables politiques qui continuent à privilégier l'endettement plutôt que les économies, ainsi que la politique de taux zéro de la BCE.
Dans l'ensemble, les perspectives d'avenir sont décevantes. L'expert Gabor Steingart dresse un bilan pessimiste : "La multiplication miraculeuse de l'argent se heurte à ses limites naturelles. La prospérité allemande des 15 dernières années était la meilleure prospérité que l'argent pouvait acheter". Mais c'est désormais terminé. La crise prend de l'ampleur. (se)
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18:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, allemagne, affaires européennes, inflation, économie, effondrement économique, récession | | del.icio.us | | Digg | Facebook
De la Sardaigne à l'Égypte: nouvelles études sur le mythe du blond Shardana gardant le pharaon
De la Sardaigne à l'Égypte: nouvelles études sur le mythe du blond Shardana gardant le pharaon
Par Andrea Bonazza
Source: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/sardegna-egitto-shardana-guardia-faraone-234349/
La Sardaigne continue de fasciner la recherche historique même en dehors de l'île mystérieuse: cette fois, au milieu des spéculations et des controverses, la civilisation nuragique conquiert le territoire archéologique de l'Égypte ancienne avec de nouvelles études sur le mythique Shardana qui gardait le pharaon.
L'archéologue égyptien Mohammed Elsayfi a exposé à la communauté scientifique une nouvelle version historique selon laquelle "la momie du général Sobek Um Shaf (ci-dessous), commandant de l'armée de Ramsès II, révèle qu'il était blond et portait une barbe. Cela suggère qu'il appartenait à l'un des peuples de la mer, dont était composée la garde personnelle du roi... Peut-être un Sarde. Ramsès aurait fait construire un quartier pour les Sardes à Memphis (Égypte) il y a 3270 ans".
Nouvelles études sur le mythique Shardana
"L'identité des Shardana et des Peuples de la Mer est toujours débattue, malgré les nombreuses preuves apportées par Giovanni Ugas, dont les thèses sont contestées par certains de ses collègues", a commenté Antonello Gregorini sur la page Facebook Nurnet - la Rete dei Nuraghi. Mohamed Elsaify est un archéologue égyptien dont le profil est rempli d'images de la civilisation égyptienne. La lecture d'une phrase, explicite et nette, comme celle-ci, confirme combien il y a encore à découvrir ou à comprendre, à interpréter et à communiquer sur notre histoire ancienne". Toujours sur la plateforme sociale de Mark Zuckerberg, une large discussion s'est ouverte ces dernières heures sur les récentes déclarations de l'égyptologue Elsayfi.
L'ADN sarde dans les études universitaires
Alors que les adeptes les plus passionnés de la civilisation nuragique saluent la nouvelle de l'existence d'ancêtres insulaires aux cheveux blonds, sur le front académique, les affirmations de l'archéologue égyptien ont été vigoureusement contrées et ridiculisées. Ce n'est toutefois pas la première fois que l'ADN sarde se retrouve au centre d'études universitaires. De la célèbre momie sud-tyrolienne de Similaun à d'autres découvertes européennes et méditerranéennes, la recherche génétique a croisé le sang nuragique ancien à plusieurs reprises.
Serramanna la bête
Depuis des années, de fortes revendications sur la Shardana viennent de France à travers les livres de l'égyptologue Christian Jacq. Selon l'historien français, le féroce guerrier Shardana Serramanna, que le pharaon Ramsès voulait à la tête de sa garde personnelle, malgré ses plus de cinquante ans, n'a jamais perdu sa force imbattable, ce qui lui a valu l'appellation de "bête" et de "colosse".
Dans le premier livre de sa série, l'écrivain parisien raconte la scène dans laquelle un farouche guerrier à la tête d'hommes armés débarque en Égypte et se heurte à l'armée du pharaon. Ce dernier, fasciné par la grande taille et le tempérament du chef, a vaincu l'envahisseur et l'a enrôlé comme garde du corps. Dans le même texte, Jacq raconte un épisode ultérieur où le fils du pharaon, Merenptah, défia en duel le guerrier Serramanna pour affirmer sa vaillance: "Armé d'une cuirasse articulée, d'un casque orné de cornes surmonté d'un disque de bronze et d'un bouclier rond, le Sarde lança des coups d'épée sur le bouclier rectangulaire du fils de Ramsès, l'obligeant à battre en retraite. Le pharaon avait demandé au commandant de sa garde personnelle de ne pas épargner son adversaire; comme Merenptah voulait prouver sa vaillance sur le champ de bataille, il ne pouvait rêver d'un meilleur rival".
Le mythe liant la Sardaigne à la civilisation des pharaons trouve une nouvelle confirmation
Malgré la grande différence d'âge, l'affrontement entre les deux était très dur et, jetant l'épée triangulaire typique de la Shardana, le guerrier sarde a défié l'héritier pharaonique avec ses poings, chargeant de front et assommant son adversaire. Impressionné par cette énième démonstration de force et de technique au combat, Ramsès promut Serramanna à la tête de l'armée égyptienne dans l'idée de la renouveler militairement. Évidemment, dans ses livres, l'écrivain français romance l'histoire en faisant des suppositions parfois fantaisistes, mais, suite à certaines études universitaires, le mythe liant la Sardaigne à la civilisation des Pharaons semble de plus en plus corroboré. Deux civilisations anciennes et mystérieuses qui pourraient un jour dévoiler les secrets les plus profonds de la Méditerranée. Elles continuent à fasciner les chercheurs et à enthousiasmer les investigateurs de l'histoire indo-européenne.
Andrea Bonazza
17:59 Publié dans archéologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : civilisation nuragique, nuraghi, sardaigne, égypte ancienne, ramsès ii, égyptologie, archéologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La revue de presse de CD - 11 juin 2022
La revue de presse de CD
11 juin 2022
EN VEDETTE
« Seuls 3 types de profils résistent au déferlement totalitaire » – Ariane Bilheran
Ariane Bilheran est diplômée de l’École normale supérieure (Ulm), psychologue clinicienne, Docteur en psychopathologie et philosophe. Spécialiste de la psychologie du pouvoir, elle a prononcé des conférences en France et à l’étranger sur les thèmes de la paranoïa, de l’emprise, du harcèlement, de la manipulation et de l’autorité. A l’occasion de la parution de son dernier ouvrage, Chroniques du totalitarisme 2021, un livre qui rassemble ses chroniques publiées l’année dernière ainsi que plusieurs textes qui traitent du phénomène totalitaire, notamment sous le prisme de la crise sanitaire, elle nous éclaire en répondant à différentes questions qui mettent en danger la santé et l’équilibre des peuples. En quoi notre société faisait-elle déjà l’expérience d’une forme de « dégénérescence » avant l’irruption de la crise sanitaire ? L'émergence du phénomène totalitaire est-elle le produit d’une société malade, qui a perdu ses repères ? Comment les peuples ont-ils été dépossédés de leur capacité à exercer leur esprit critique ? Une vidéo passionnante.
youtube.com
https://www.youtube.com/watch?v=qMMVIppx-Qw
AFRIQUE
Nos grands médias très discrets sur le terrible massacre de chrétiens au Nigéria le jour de la Pentecôte
Les images de sang et de chaos dans l’église Saint Francis d’Owo, au Nigéria, sortent sur les réseaux sociaux. Elles sont insoutenables. A l’heure où nous écrivons, le nombre exact des victimes de ce massacre perpétré le jour de la Pentecôte reste inconnu. Plusieurs dizaines de Nigérians chrétiens, dont de nombreux enfants, auraient péri, selon plusieurs sources.
Bvoltaire.fr
https://www.bvoltaire.fr/nos-grands-medias-tres-discrets-...
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES
Les derniers petits poussins d’Edwy Plenel
Le Fonds pour une presse libre (FPL), détenant le capital de la société éditrice de Médiapart via une structure intermédiaire, vient d’annoncer les résultats de son troisième appel à projets destiné à soutenir financièrement des « titres indépendants »…
Ojim.fr
https://www.ojim.fr/les-derniers-petits-poussins-dedwy-pl...
Les cyberattaques américaines contre la Russie pourraient dégénérer en conflit réel
Le général Paul Nakasone, chef du US Cyber Command, a déclaré que les États-Unis menaient des opérations offensives pour « soutenir l’Ukraine » . Il a confirmé pour la première fois que les États-Unis mènent des cyber-opérations offensives contre la Russie. « Nous avons mené une série d’opérations sur l’ensemble du spectre : opérations offensives, défensives, [et] d’information » , a-t-il déclaré. Le général n’a pas donné de détails, mais il a affirmé que les activités des hackers de l’armée américaine étaient prétendument « légales, menées avec une supervision civile complète de l’armée et par le biais d’une politique décidée au DoD. » Son travail consiste à « fournir une série d’options au secrétaire à la Défense et au président, et c’est donc ce que je fais » , a-t-il déclaré, refusant de donner d’autres détails.
breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2022/06/09/187835/les-cyberat...
L’Arcom se félicite de son action, et pourtant…
Arcom, comme Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. La nouvelle autorité née début 2022 — de la fusion du CSA et d’Hadopi — régule entre autres les temps de parole avant et pendant les élections et se félicite de son action dans un entretien au Figaro.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/larcom-se-felicite-de-son-action-et-p...
ÉCOLOGIE
Les 12 mensonges du GIEC sur le climat
Ingénieur polytechnicien, Christian Gerondeau travaille sur les questions environnementales depuis plus de dix ans et a publié de nombreux ouvrages concernant l’écologie. Son dernier livre, Les douze mensonges du GIEC, décrit le déroulement de la COP 26 qui s’est déroulée à Glasgow en novembre 2021 puis entreprend de réfuter, en dénonçant les agissements du GIEC (un organisme politique qui affirme parler « au nom de la science »), les « douze contrevérités majeures qui constituent le socle de la religion écologiste qui règne aujourd’hui en Occident ».
Polemia.com
https://www.polemia.com/les-12-mensonges-du-giec-sur-le-c...
Ce qui lave plus vert risque de salir
Après qu’une urgence a été créée afin de sauver la planète, le monde de la finance ne s’engage même plus dans l’illusion d’en être le secouriste, mais plutôt dans le marasme. La nouvelle vient de tomber que les locaux de la Deutsche Bank à Francfort ont été perquisitionnés dans la cadre d’une enquête menée pour une fraude que commettrait sa filiale de gestion de fonds DWS en vendant des produits présentés comme plus verts qu’ils ne le seraient vraiment.
Le blog de Michel de Rougemont
https://blog.mr-int.ch/?p=8475&utm_source=mailpoet&am...
ÉCONOMIE
La France, 2e pays d'investissement en Europe pour le Qatar
La France est le deuxième pays européen dans lequel le Qatar investit le plus, à égalité avec l'Allemagne et derrière le Royaume-Uni, avec des participations de 25,3 milliards d'euros en 2019, selon une étude publiée mercredi par le cercle économique franco-qatari Qadran avec HEC.
bfmtv.com
https://www.bfmtv.com/economie/la-france-2e-pays-d-invest...
ÉNERGIES
Pourquoi l’Europe a-t-elle tant négligé le nucléaire?
L’Union européenne a négligé le nucléaire depuis plus de 20 ans par pure bêtise entretenue par les anathèmes récurrents contre l’énergie nucléaire pour satisfaire de puissants intérêts financiers subventionnés.
Contrepoints.org
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FRANCE
Conseil national de la refondation, le nouveau « machin » de Macron
Le « nouveau conseil » du gouvernement Macron II ressemble furieusement à certains autres « coups de comm’ » du gouvernement Macron I.
Contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/06/07/432185-conseil-na...
État d’urgence : la France plus liberticide que ses voisins
Si l’on compare la France avec d’autres États, on remarquera que les états d’exception instaurés dans les autres d’États peuvent donner des leçons sur les risques de leur banalisation.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/06/08/432131-etat-d-urg...
L’hôpital public en état d’urgence absolue
Des personnels hospitaliers ont manifesté le 7 juin dans une cinquantaine de villes de France. C’était leur énième protestation contre des conditions de travail sans cesse plus dégradées, des charges de travail accablantes, le manque de personnel, le manque de considération, des rémunérations notoirement insuffisantes… Faute de soignants, des services d’urgence ferment, des interventions chirurgicales sont déprogrammées. Selon l’association Samu-Urgences de France, au moins 120 services ont été forcés de réduire leur activité ces derniers mois.
Laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/lhopital-public-en-etat...
GAFAM
Elon Musk va pouvoir mener sa propre analyse sur les faux comptes Twitter
Le psychodrame entre Twitter et Elon Musk se poursuit inlassablement. Après que l'inénarrable patron de Tesla a proposé son offre de rachat à 44 milliards de dollars en avril, et menacé de rompre l'accord dès la mi-mai à cause de la proportion de faux comptes, le petit oiseau bleu a finalement décidé de faire un pas vers son acquéreur en lui ouvrant les portes vers ses données. Vraisemblablement, il s'agit de lui forcer la main.
Francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe-economie/elon-musk-va-p...
GÉOPOLITIQUE
Ukraine : « l’étrange défaite », le retour
À l’été 40, après l’effondrement français de mai-juin, l’historien Marc Bloch rédigea un ouvrage saisissant intitulé : « l’étrange défaite ». Dans ce qui se voulait la déposition d’un vaincu devant le tribunal de l’Histoire, il analysait les ressorts de la défaite militaire et de l’effondrement brutal de l’État et des institutions de la IIIe République à la suite de l’offensive allemande. Si la société française tout entière en prenait pour son grade, les cibles principales étaient l’État et l’armée. Il pointait en particulier « l’absurdité de notre propagande officielle, son irritant et grossier optimisme, sa timidité et l’impuissance du gouvernement à définir honnêtement ses buts de guerre ». Et l’art inimitable de la défausse qui caractérisait la caste :« Nous venons de subir une incroyable défaite. À qui la faute ? Au régime parlementaire, à la troupe, aux Anglais, à la cinquième colonne, répondent nos généraux. À tout le monde, en somme, sauf à eux. » La guerre en Ukraine agit comme une démonstration de la permanence de ces tares au sein des élites de notre pays.
Vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/06/ukraine-letrange-defait...
IMMIGRATION
Salah Abdeslam : pour son avocate, « quelqu’un de très humain, avec qui on peut discuter »…
Olivia Ronen est cette jeune avocate de 31 ans qui a accepté de défendre le terroriste Salah Abdeslam, seul survivant du commando islamiste qui fit 130 morts, le 13 novembre 2015 à Saint-Denis et à Paris. Jusqu’à maintenant, elle était relativement inconnue du grand public. Les médias la qualifiaient de « discrète ». Depuis son passage sur le plateau de Quotidien, lundi 6 juin, elle est désormais assurée d’une certaine célébrité.
Bvoltaire.fr
https://www.bvoltaire.fr/salah-abdeslam-pour-son-avocate-...
LECTURE
Un numéro hors-série du Monde diplomatique sur l’OTAN
Le mensuel Le Monde diplomatique dont nous vous avons présenté le numéro d’avril 2022 sur le conflit russo-ukrainien, publie des suppléments intitulés Manière de voir, dont la dernière livraison est consacrée entièrement à l’OTAN. Historique, cartes, infographies à l’appui. Nous résumons quelques articles, mais le supplément mérite plus qu’un simple résumé.
Ojim.fr
https://www.ojim.fr/monde-diplomatique-otan-hors-serie/?u...
MONDIALISME/BIOTERRORISME/DICTATURE
La grande Réinitialisation passe par la grande Dépossession commencée il y a des décennies !
Planète finance prépare les esprits au scénario apocalyptique qui est intimement lié au great reset de Klaus Schwab. Pour mettre en place le nouveau paradigme cryptomonétaire, il faut faire table rase de l’ancien. Cela semble évident n’est-ce pas ? Voici donc le patron de JP Morgan en envoyé spécial auprès du grand public, à l’image de Bill Gates, le grand spécialiste des virus ou de Klaus Schwab porteur de la bonne parole transhumaniste.
Le blog de Liliane Held Khawan
https://lilianeheldkhawam.com/2022/06/06/la-grande-reinit...
OTAN
OTAN, reprends ton vol !
Foin de cette « mort cérébrale » que le président Macron promettait en 2019 à l’Alliance transatlantique. Envolés les désobligeants « Otan en emporte le vent », « Otan, suspends ton vol »… Voici l’OTAN revigorée, ressuscitée, et en partie réunifiée, retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale. Bon petit soldat, la France semble y trouver son compte, délaissant les sables brûlants du Sahel pour regarder vers les montagnes et plaines froides de l’Est.
Blog.mondediplo.net
https://blog.mondediplo.net/otan-reprends-ton-vol
La Turquie ébranle l'OTAN
La relation de la Turquie avec l'OTAN met en évidence l'incompatibilité entre la préservation de sa souveraineté et le fait d'être un allié des États-Unis.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/05/l...
RÉFLEXIONS
Oui, ma petite-fille est trans — et autres slogans officiels
Chacun fait ce qu’il veut derrière la porte de son domicile. Homosexuels des deux rives et autres LGBT++ ont les mêmes droits que tous les citoyens français. De là à en faire une campagne officielle patronnée par le ministère de la Santé…
Causeur.fr
https://www.causeur.fr/oui-ma-petite-fille-est-trans-sant...
Les services secrets russes
Encore un livre sur l’espionnage par les sbires du Kremlin ? Oui, mais un très bon livre. Cet ouvrage doit être recommandé aux néophytes qui souhaitent acquérir d’emblée une vue synthétique des activités et des méthodes des services russes et soviétiques d’hier et d’aujourd’hui. Andreï Kozovoï nous offre en effet un panorama des principales actions et affaires connues, replacées avec soin dans leur contexte géopolitique, ainsi qu’une analyse fine des mécanismes de l’espionnage « russoviétique » dirigé contre l’Occident, centre de gravité des préoccupations de Moscou.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/les-services-secrets-russes...
SANTÉ/INTERDICTIONS/LIBERTÉS
Pourquoi l’Office parlementaire chargé d’enquêter sur les effets secondaires des vaccins Covid ne rend t-il pas publics tous ses débats ?
Le 24 mai dernier, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques tenait une audition publique de clôture de ses travaux « sur les effets secondaires des vaccins contre la Covid-19 et le fonctionnement du système français de pharmacovigilance ». Derrière l’apparente publicité des débats, l’Office a en réalité rendu invisibles certaines interventions portant sur les effets secondaires des vaccins contre le covid-19.
Tribune envoyée par Laurent Mucchielli
"Il y a des pics de mortalité énormes dans les trois premières semaines après la vaccination" Dr Martin Zizi (Partie 2)
Dans cette seconde partie d’émission — la première ayant porté sur la variole su singe — le professeur Martin Zizi, ancien directeur épidémiologique au sein du département de la Défense belge, fait le bilan de la première année de campagne de vaccination contre le Covid-19 en population générale. Une vaccination dont il rappelle qu’elle ne prévient ni de la contamination ni de la transmission.
Francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/videos-les-debriefings/dr-marti...
Omicron et vaccins : l’échec.
Je ne sais pas si ceux qui défendent la vaccination le reconnaîtront un jour, mais avec omicron, c’est l’échec total. Ces 6 derniers mois ont vu plus de la moitié du globe vaccinée, et le monde a connu la plus forte vague de covid depuis 2 ans. De plus ce ne sont pas les pays les plus vaccinés qui sont les mieux protégés, mais l’inverse. Il faut ouvrir les yeux.
Covid-factuel.fr
https://www.covid-factuel.fr/2022/06/09/omicron-et-vaccin...
La Commission européenne prolonge le passe sanitaire sans débat parlementaire
Le Courrier des Stratèges s'est rendu à Strasbourg, au Parlement européen, à l'invitation de la députée Virginie Joron, qui s'est illustrée par sa résistance à la dictature sanitaire. La biostaticienne Christine Cotton, auteure d'études de référence sur le vaccin Pfizer était également présente pour nous éclairer sur les dessous de l'actualité. Nous vous proposons une série de quatre tables rondes sur ces sujets de COVID et de vaccination pour mieux comprendre les événements des prochaines semaines. Le premier épisode est consacré à la prorogation du passe sanitaire dans débat parlementaire par la Commission européenne.
Lecourrierdesstrateges.fr
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/07/la-commissio...
La lutte contre le Covid-19 a révélé la face autoritaire du libéralisme
Le recours à des mesures exceptionnelles, la prise de contrôle temporaire par l’exécutif de tous les leviers du pouvoir pour affronter une crise, tout cela n’a rien de nouveau. Le problème est que « l’état d’urgence » est en passe de devenir une norme dans les démocraties occidentales. Un langage guerrier est couramment utilisé pour des sujets qui relèvent de la politique courante. Ces soixante dernières années, rappelle Andrew Crawford pour UnHerd (voir son essai en lien), les gouvernements américains ont déclaré une succession de « guerres » : contre la drogue, le terrorisme, le Covid, la désinformation et « l’extrémisme ». Emmanuel Macron lui-même a fait appel au même vocabulaire martial : « Nous sommes en guerre ».
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/la-lutte-contre-le-covi...
Le traité de l’OMS sur les pandémies, un projet “liberticide et anti-démocratique“ décortiqué par l'Alliance internationale pour la justice et la démocratie
Le 28 mai, jour de clôture de la 75e Assemblée mondiale de la santé, grand-messe annuelle qui a rassemblé à partir du 22 mai les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève en vue de décider de sa politique, l'Alliance internationale pour la justice et la démocratie a organisé au Club de la presse de Genève une conférence de presse intitulée "La centralisation du pouvoir dans les mains de l'OMS menace la démocratie". Retransmise sur le site Internet de l’association Children’s Health Defense, fondée par l’avocat Robert Kennedy Jr., l’objectif de l’évènement visait à sonner l’alerte sur les amendements au règlement sanitaire international (RSI) de l’OMS proposés par Washington, pour l’instant rejetés, et sur le "traité sur les pandémies" en cours d’élaboration par l’institution.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/le-traite-de-l-...
UKRAINE
Donbass : une défaite ukrainienne prévisible
« […] Du côté ukrainien, et pour le malheur des soldats, ce sont des communicants qui prennent les décisions avec pour seul objectif de vendre un récit aux opinions occidentales. Le problème c’est que quoiqu’en dise BHL vantant sur BFM « le moral d’acier » des troupes de Kiev, l’artillerie ça tue les soldats et ça fait gagner la guerre. Nous avons donc été confrontés depuis le 24 février à des rodomontades ineptes. Malheureusement relayées par des journalistes incompétents et dévoyés, des experts militaires stipendiés, et des dirigeants politiques abrutis. Nous avons essayé de notre côté de garder notre sang-froid et de fournir quelques explications à partir de l’analyse du réel. Nous avons bien fait car aujourd’hui, le ton change peu à peu, puisque l’analyse de la situation sur le terrain fait apparaître que la bataille décisive pour le Donbass va probablement sceller le sort de la guerre en faveur de la Russie et des Républiques populaires du Donbass. » Régis de Castelnau.
Vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/06/donbass-une-defaite-ukr...
UNION EUROPÉENNE
Embargo pétrolier de l'UE : se tirer une balle dans le genou (ou un peu plus haut)
Après un mois d'âpres négociations, l'UE s'est mise d'accord sur un mini-embargo pétrolier contre la Russie. Toutefois, l'embargo risque de toucher les citoyens de l'UE bien plus durement que la Russie.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/06/e...
Brochure officielle publiée le 31 mai 2022.
Fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/06/06/pour-illustrer-lart-...
La malédiction de l'hypocrisie de gauche ou comment les pacifistes sont devenus des bellicistes
C'est ainsi que les va-t-en-guerre de gauche, tout comme les anglo-américains qui haïssent les Russes, s'avèrent être la véritable grande menace pour la paix mondiale. Bien entendu, cela ne change rien au fait que Vladimir Poutine et la Russie ont déclenché une guerre d'agression que rien ne justifie au regard du droit international. Néanmoins, les négociations restent le seul moyen d'y mettre fin. Et pour cela, il faudra offrir à Poutine un scénario de sortie. La soif de guerre, hypocritement déguisée en défense des "valeurs occidentales", comme le fait actuellement la gauche, rendra impossible la fin de la guerre et une solution pacifique.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/04/l...
La Commission européenne propose d'”attirer les compétences et les talents vers l’UE”, en particulier “les talents d’Afrique du Nord”
Des documents officiels !
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/06/09/la-commission-europe...
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Virgile et le cheval de Troie: ou comment comprendre leurs guerres hybrides
Virgile et le cheval de Troie: ou comment comprendre leurs guerres hybrides
Nicolas Bonnal
Diuidimus muros et moenia pandimus urbis.
Jusqu’où l’amusante crédulité de la plèbe occidentale peut-elle aller (guerre, virus, vaccin, crise…) ? Caitlin Johnson avait parlé, à propos du Venezuela, du grand triomphe du récit narratif.
Triomphe donc du storytelling :
« Si vous pouvez remplacer ce récit par un autre, comme le tentent actuellement des personnes puissantes, il est théoriquement possible d'effectuer un coup d'État par pur récit. Vous ne pourriez pas demander une illustration plus parfaite du pouvoir du contrôle narratif. »
Évidemment on peut retourner l’argument et estimer que l’absence de l’usage de la force militaire par l’empire occidental est un signe de sa décadence, marquée par un delirium visuel-numérique et hystérique-médiatique. On n’est plus trop capable techniquement face aux Russes et aux Chinois, vous comprenez… Alors on revient aux bonnes vieilles méthodes, à la guerre psy façon Démosthène !
Comme dit Virgile qu’on va relire aujourd’hui: « ainsi se laissèrent prendre à des ruses et à des larmes feintes ceux que n’avaient pu dompter ni le fils de Tydée, ni Achille de Larissa, ni dix ans de guerre, ni mille vaisseaux… »
Le cheval de Troie et la guerre de Troie ont toujours et justement traumatisé les Occidentaux qui bien que descendants culturels des Grecs ont pleuré la fin des Troyens. Cependant la fin de Troie était méritée puisque par lassitude, par distraction, par humanitarisme aussi, les Troyens ont fait rentrer le monstre et ses tueurs dans leur ville. C’est que la guerre hybride - ou guerre d’altération de la perception - était déjà passée par là, accompagnée par un attentat désarmant, la mort atroce de Laocoon, prêtre et protecteur spirituel de la cité.
On relit Virgile (Enéide, II) avec un MINIMUM de latin :
« Beaucoup, stupéfaits devant l’offrande à la Vierge Minerve, qui devait être si désastreuse pour nous, s’étonnent de l’énormité du cheval. Le premier, Thymétès nous exhorte à l’introduire dans nos murs et à le placer dans la citadelle. Était-ce perfidie de sa part ou déjà les destins de Troie le voulaient-ils ainsi ? Mais Capys et ceux dont l’esprit est plus clairvoyant nous pressent de jeter à la mer ce douteux présent des Grecs, sans doute un piège, ou de le brûler en allumant dessous un grand feu, ou d’en percer les flancs et d’en explorer les secrètes profondeurs. La foule incertaine se partage en avis contraires (Scinditur incertum studia in contraria uolgus). »
En réalité le sort en est jeté, pour parler comme l’autre. Comme le chien Ran-Tan-Plan de notre impeccable Goscinny, les Troyens « sentent confusément quelque chose », mais ils seront sans force.
La suite avec Virgile et Laocoon :
« Mais voici qu’à la tête d’une troupe nombreuse, Laocoon, furieux, accourt du haut de la citadelle, et de loin : « Malheureux citoyens, s’écrie-t-il, quelle est votre démence ? Croyez-vous les ennemis partis ? Pensez-vous qu’il puisse y avoir une offrande des Grecs sans quelque traîtrise ? Est-ce ainsi que vous connaissez Ulysse ? Ou des Achéens se sont enfermés et cachés dans ce bois, ou c’est une machine fabriquée contre nos murs pour observer nos maisons et pour être poussée d’en haut sur notre ville, ou elle recèle quelque autre piège. Ne vous fiez pas à ce cheval, Troyens. Quoi qu’il en soit, je crains les Grecs, même dans leurs offrandes aux dieux (Quicquid id est, timeo Danaos et dona ferentis) ! »
Intervient l’attentat. L’attentat comme chez nous sert ici le pouvoir, étant un producteur d’horreur capable de faire craquer des résistances psychologiques et de faire accepter n’importe quoi ; et la mort de Laocoon va précipiter l’écroulement de Troie. Virgile alors décrit ces étranges serpents :
« Voici que, de Ténédos, par les eaux tranquilles et profondes, – je le raconte avec horreur, – deux serpents aux immenses anneaux – (horresco referens – immensis orbibus angues) s’allongent pesamment sur la mer et de front s’avancent vers le rivage. Leur poitrine se dresse au milieu des flots et leurs crêtes couleur de sang dominent les vagues. Le reste de leurs corps glissait lentement sur la surface de l’eau et leur énorme croupe traînait ses replis tortueux. »
La foule réagit alors normalement en blâmant la victime, Laocoon :
« Pour le coup nous tremblons et une peur inouïe pénètre dans tous les cœurs (Tum uero tremefacta nouus per pectora cunctis insinuat pauor) : on se dit que Laocoon a été justement puni de son sacrilège, lui qui d’un fer acéré a profané ce bois consacré à la déesse et qui a brandi contre ses flancs un javelot criminel. »
Et puis on craque façon occidentale :
« On crie qu’il faut introduire le cheval dans le temple de Minerve et supplier la puissante divinité. Nous faisons une brèche à nos remparts ; nous ouvrons l’enceinte de la ville. Tous s’attellent à l’ouvrage. On met sous les pieds du colosse des roues glissantes ; on tend à son cou des cordes de chanvre. La fatale machine franchit nos murs, grosse d’hommes et d’armes. »
L’enthousiasme devient religieux, érotique, sexuel même (cela me rappelle Marc Soriano qui disait du chaperon rouge qu’elle voulait être mangée par le loup, comme nous par la guerre, le mondialisme, l’écologie) :
« À l’entour, jeunes garçons et jeunes filles chantent des hymnes sacrés, joyeux de toucher au câble qui la traîne (funemque manu contingere gaudent). Elle s’avance, elle glisse menaçante jusqu’au cœur de la ville. Ô patrie, ô Ilion, demeure des dieux, remparts dardaniens illustrés par la guerre ! »
La foule est rendue aveugle par la fureur, les Cassandre comme toujours sont ridicules et inutiles :
« Quatre fois le cheval heurta le seuil de la porte, et quatre fois son ventre rendit un bruit d’armes. Cependant nous continuons, sans nous y arrêter, aveuglés par notre folie (instamus tamen inmemores caecique furore), et nous plaçons dans le haut sanctuaire ce monstre de malheur (monstrum infelix). Même alors la catastrophe qui venait s’annonça par la bouche de Cassandre ; mais un dieu avait défendu aux Troyens de jamais croire Cassandre ; et, malheureux pour qui le dernier jour avait lui, nous ornons par toute la ville les temples des dieux d’un feuillage de fête. »
L’ambiance festive de cette apocalypse n’échappera pas aux lecteurs de Muray…
Après ? On dort bien, chez Virgile comme chez Nietzsche (comme dit Zarathoustra, « un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poison enfin, pour mourir agréablement. ») :
« Cependant le ciel tourne et la nuit s’élance de l’Océan, enveloppant de sa grande ombre la terre, le ciel et les ruses des Myrmidons. Répandus dans l’enceinte de leurs murailles, les Troyens se sont tus et le sommeil presse leurs membres las…Ils envahissent la ville ensevelie dans le sommeil et le vin (Inuadunt urbem somno uinoque sepultam) : les sentinelles sont égorgées ; les portes, ouvertes ; ils y reçoivent leurs compagnons et rassemblent les troupes complices. »
Rien n’aura été épargné aux pauvres Troyens, pas même la pleurnicherie humanitaire, arme suprême des mondialistes et des socialistes (pauvres migrants, pauvres multimilliardaires accablés d’impôts, pauvres islamistes massacrés, pauvres cadavres déterrés de Timisoara, pauvres Libyens accablés par la tyrannie, etc.). C’est tout le passage prodigieux de l’agent Sinon qui va affaiblir les défenses des Troyens.
C’est le triomphe du storytelling débile à travers les âges. Virgile :
« la renommée…elle épouvante les vastes cités, messagère aussi attachée au mensonge et à la calomnie qu’à la vérité. Sa joie était alors de remplir l’esprit des peuples de mille bruits où elle annonçait également ce qui était arrivé et ce qui ne l’était pas… » (Eneide, chant IV).
Troie succombe :
« Ces paroles insidieuses, cet art de se parjurer nous firent croire ce que disait Sinon (Talibus insidiis periurique arte Sinonis credita res) ; et ainsi se laissèrent prendre à des ruses et à des larmes feintes ceux que n’avaient pu dompter ni le fils de Tydée, ni Achille de Larissa, ni dix ans de guerre, ni mille vaisseaux. »
La disparition de Troie c’est 99% d’attentat (Laocoon), d’illusionnisme et de storytelling. Et ils ne changeront pas une recette qui marche.
On laisse Céline conclure à l’aube du massacre de 39-45 :
« Et les Français sont bien contents, parfaitement d’accord, enthousiastes. Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »
Sources :
L’Eneide, chants II-IV (http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Virg/V02-Plan.html)
Nicolas Bonnal – Le livre noir de la décadence romaine (Amazon.fr) ; Céline le pacifiste enragé (Amazon.fr)
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samedi, 11 juin 2022
Un capitalisme de l'urgence dans un monde en désintégration
Markku Siira:
Un capitalisme de l'urgence dans un monde en désintégration
Source: https://markkusiira.com/2022/06/02/hatakapitalismia-hajoavassa-maailmassa/
"L'accélération du paradigme de l'urgence à partir de 2020 a un but simple mais largement contesté : dissimuler l'effondrement socio-économique", affirme Fabio Vighi, professeur à l'université de Cardiff, en exposant sa thèse sur la façon dont diverses crises bio- et géopolitiques sont utilisées pour ralentir l'effondrement du système capitaliste.
Les grandes entreprises, bien sûr, soutiennent le contraire. Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré lors de la réunion du Forum économique mondial que "la pandémie, la guerre en Ukraine, l'instabilité croissante des marchés et la menace persistante du changement climatique" constituaient une "interconnexion de catastrophes" qui devaient être abordées simultanément.
Vighi (photo) affirme que le Forum de Davos n'est pas en soi un centre de conspirations, mais "un porte-parole des réactions de plus en plus alarmistes des élites face à des conflits systémiques incontrôlables". Alors qu'ils insistent sur le fait que la récession à venir est "le résultat d'adversités mondiales qui ont pris le monde par surprise" (de la crise des taux d'intérêt à l'action militaire de la Russie en Ukraine), c'est le contraire qui est vrai : le ralentissement économique est la cause de ces "calamités".
Les "menaces" qui nous sont vendues ne sont rien d'autre qu'une "projection idéologique de la limite interne et de la désintégration constante du modernisme capitaliste". Dans un sens systémique, "la dépendance à l'urgence maintient artificiellement en vie le corps comateux du capitalisme". Ainsi, les images de l'ennemi ne sont plus construites pour justifier l'expansion de l'empire, mais "pour dissimuler la faillite d'une économie mondiale endettée".
La mondialisation a progressivement érodé les conditions d'opportunité propres au capital, affirme Vighi. Finalement, le seul remède trouvé à cette tendance maladive a été le "déclenchement d'urgences mondiales", à compléter par "des injections toujours plus grandes de peur, de chaos et de propagande".
Tout a commencé au tournant du millénaire avec "Al-Qaeda, la guerre mondiale contre le terrorisme et le petit flacon de poudre blanche de Colin Powell". Cela a suscité les peurs des Talibans, du terrorisme d'Isis, a provoqué les ravages qui ont frappé la Syrie, la crise des missiles nord-coréens, la guerre commerciale avec propagandes antichinoises, le Russiagate et enfin la crise pandémique.
Il semble maintenant qu'une nouvelle guerre froide, encore plus amère, ait commencé. Vighi est bien conscient des causes et des conséquences du cours des événements : "plus on se rapproche de l'effondrement du système, plus il faut des crises externes pour distraire et manipuler la population, tout en repoussant l'effondrement et en jetant les bases d'un renouvellement autoritaire du système".
L'histoire montre que lorsque les empires sont au bord de l'effondrement, ils se solidifient en systèmes oppressifs de gestion de crise. Ce n'est pas une coïncidence si notre ère d'urgences en série a commencé avec l'éclatement de la bulle informatique - le premier effondrement du marché mondial.
Fin 2001, la plupart des entreprises axées sur la technologie avaient fait faillite et en octobre 2002, l'indice Nasdaq avait chuté de 77 %, révélant les faiblesses structurelles de la "nouvelle économie" axée sur la dette, la finance créative et l'économie réelle.
La crise financière de 2008 a suivi la bulle "It" et a été traitée par des programmes de stimulation quantitative. En 2009-12, la contradiction capitaliste a resurgi sous la forme de la crise de la dette souveraine européenne et, à l'automne 2019, sous la forme d'un piège à liquidités potentiellement dévastateur, la crise du marché des pensions aux États-Unis, qui a officiellement inauguré l'ère du "capitalisme d'urgence".
"Depuis lors, la simulation de la croissance par l'inflation des actifs financiers a été protégée par la fabrication de menaces mondiales, dûment emballées et vendues aux consommateurs par les médias corporatifs", résume M. Vighi dans son étonnante conclusion.
Le coronavirus a placé la barre de l'urgence encore plus haut, mais cette "crise sanitaire" a été suspendue à nouveau, au moins pour l'été, et les feux du coronavirus se sont éteints. "Au lieu de cela, les personnes (c'est-à-dire les cobayes des grandes entreprises pharmaceutiques) qui attendent de 'nouveaux vaccins plus efficaces' ont été plongées dans la phobie de la guerre par le conflit en Ukraine. La nouvelle maladie qui afflige l'Occident collectif est le vieil ennemi traditionnel, la Russie.
"Comme un virus, la guerre en Ukraine nous protège de la véritable horreur, qui est l'effondrement social total causé par la dette et les krachs boursiers", réitère Vighi, ajoutant que "la bonne conclusion dialectique à cette situation tordue serait de mettre fin à la logique capitaliste autodestructrice qui alimente des urgences désastreuses". Le théoricien ne suggère pas comment cela pourrait se faire.
Vighi rappelle que la "croissance économique" des années 1990 était alimentée par un "mécanisme de recyclage" dans lequel "la demande, le pouvoir d'achat et la production de biens et de services" étaient soutenus par l'argent spéculatif. L'économie réelle ne reposait plus sur les revenus du travail, mais était plutôt alimentée par la spéculation sur les prix des actifs financiers - des "piles fictives d'argent sans valeur".
Cette "spirale de pseudo-accumulation", fondée sur le retour des liquidités financières dans la production et la consommation, est la marque de fabrique du "capitalisme d'urgence" inflationniste et axé sur la dette. Des quantités croissantes de capital fictif finissent inévitablement par soutenir la production, de sorte qu'une proportion croissante de l'accumulation réelle est impliquée dans le processus spéculatif.
"La surévaluation grotesque actuelle de tous les actifs à risque (actions, obligations et immobilier) suggère que l'élite continuera à utiliser le livre de jeu politique pour gagner du temps et retarder l'éclatement de la bulle de la dette, qu'elle a commencé à gonfler des années avant que la pandémie et Poutine ne deviennent des boucs émissaires populaires."
Vighi craint que "les gardiens du saint Graal capitaliste aient planifié pour nous un état de peur éternel, dans une tentative désespérée de retarder le choc de la dévaluation monétaire qui couve depuis des décennies". Même s'ils le font avec des méthodes de plus en plus cyniques, ils semblent au moins comprendre qu'un tel choc mettrait tout le système à genoux.
L'aristocratie financière est prête à faire presque tout pour que notre modèle économique moribond reste en vie. Ce faisant, ils font preuve d'une meilleure compréhension du sombre état des choses que "l'intelligentsia post-marxiste et la gauche post-moderne dans toutes ses variations insignifiantes".
Vighi, qui a une connaissance approfondie de la pensée de gauche, fustige les idiots utiles de la gauche contemporaine qui "ont depuis longtemps échoué dans leur tâche fondamentale de critique de l'économie politique et sont donc directement complices de la catastrophe qui se déroule". Les fanfaronnades de Vighi font également penser à l'Alliance de la gauche finlandaise, désormais compatible avec l'OTAN, dont les adhérents les plus attachés aux principes ont déjà démissionné.
De manière cruciale, le vieux pouvoir d'argent comprend également que l'effondrement doit avoir lieu sous la forme d'un "effondrement contrôlé" du modèle actuel, qui lui permettra de maintenir sa position dominante dans la "normale capitaliste néo-féodale imminente". Pour certains, c'est le "capitalisme de contrôle", pour d'autres, c'est le "communisme mondial".
"Les "jeunes leaders mondiaux" mis au pouvoir pour des "circonstances exceptionnelles" prennent les décisions difficiles sous la direction de leurs mentors transnationaux. Il serait intéressant de savoir si l'on a dit à la première ministre finlandaise Sanna Marin, qui participe à la réunion de Bilderberg, que l'effondrement du mode de production obsolète ne peut être repoussé que par "un flux constant d'urgences mondiales, une inflation contrôlée dans une économie réelle de plus en plus improductive et une transformation autoritaire de la démocratie libérale" ?
Le rationnement de la nourriture et de l'énergie, la destruction massive, l'évaluation du crédit social et la gestion de l'argent en monnaie numérique sont depuis longtemps les éléments constitutifs du futur proche. Vighi estime que ce scénario fait "probablement déjà partie de notre imagination collective, car on nous assure que de tels développements sont inévitables en raison d'obstacles écrasants".
Pendant l'ère Corona, la menace sanitaire invisible était omniprésente et la sensibilisation à la crise était renforcée par les masques faciaux et autres précautions. La menace d'une escalade de la crise ukrainienne en une guerre majeure est également un élément dissuasif nécessaire pour inspirer l'obéissance du public. Même au milieu d'une économie en chute libre, des cours de renforcement de l'esprit sur la défense nationale sont organisés.
Pour Vighi, il est clair que la guerre sert "le but opposé à celui qu'on nous annonce". L'envoi de sanctions anti-russes et d'une aide militaire n'a pas pour but de défendre l'Ukraine, mais "de prolonger le conflit et d'alimenter l'inflation afin d'écarter le risque d'une catastrophe sur le marché de la dette qui se répandrait autrement comme une traînée de poudre dans le secteur financier".
"La "guerre" de Poutine (comme la "guerre contre le terrorisme" et les mesures de taux d'intérêt avec le blocage des fonds) retarde l'éclatement de "la bulle de tout", raison pour laquelle l'Ukraine est "sacrifiée sur l'autel du massacre au prétexte de la liberté et de la démocratie". Ceci afin d'éviter un nouveau "choc Lehman" qui plongerait le monde dans un chaos encore plus profond.
C'est la surface économique de la gestion de crise extrême selon la théorie de Vighi. Si nous grattons cette surface, nous serons confrontés à "la cause profonde de tous les jeux géopolitiques et de propagande qui se jouent : l'effondrement irréparable de la valeur du capital". Soit tout le monde respecte le scénario, soit l'émission est annulée et tout le système avec.
Dans le récit actuel, Poutine est rendu responsable de l'inflation et de son impact "apocalyptique" sur les pauvres du monde. Si les chocs d'offre négatifs provoqués par les crises exacerbent la dévaluation causée par une politique monétaire laxiste, le problème initial provient de la "monnaie sans valeur" non garantie créée par les banquiers centraux.
Il est courant que les empires subissent une mort lente et douloureuse lorsqu'on nie la cause de leur effondrement. La chute du monde capitaliste dirigé par les États-Unis a commencé il y a plus d'un demi-siècle et n'a été retardée que par des vagues de fausse richesse alimentées par la création d'argent (dette) qui a profité à une petite élite tout en accablant les masses de dettes et de misère.
Le capitalisme financier d'aujourd'hui est basé sur l'impression et la diffusion insensées d'argent pour compenser la disparition rapide de la plus-value. Si les États-Unis ont connu une période de croissance relative dans les années 1990, malgré les bas salaires et la hausse de la productivité, c'est parce que la consommation était de plus en plus soutenue par le crédit.
La mondialisation a permis d'échapper au "mode de production fordiste épuisé", mais elle s'est en même temps liée à des pyramides de dettes toujours plus grandes et à des excès spéculatifs, rendant le système de plus en plus instable.
"La "pandémie" a été utilisée comme un bouclier mondial pour une impression monétaire et des emprunts sans précédent : pendant la crise sanitaire, la Réserve fédérale a imprimé plus de monnaie fiduciaire en un an que dans tous ses programmes de stimulation quantitative depuis 2008.
Toutefois, Vighi estime qu'il est probable que la crise de la dette et des marchés boursiers soit encore retardée. Le grand final - "un effondrement biblique dépassant nos imaginations les plus folles, déclenché par l'explosion d'une hyperbulle sur le marché de la dette" - est actuellement reporté par "le matraquage inflationniste dans l'économie réelle".
Cela signifie que l'"indice de misère" (la combinaison de l'inflation et du chômage) continuera à augmenter. En un sens, nous retournons donc à la "préhistoire du capitalisme", une société de classe composée d'élites riches et de masses de pauvres. La "violence bio- et géopolitique" actuelle (virus, guerre et autres urgences mondiales à venir) fait partie intégrante de ce processus ; une tentative délibérée de contrôler l'effondrement par des moyens autoritaires.
Selon Vighi, qui a lu Marx, nous n'avons qu'un seul véritable choix : soit nous nous libérons de "la marchandise, de la valeur et des formes monétaires, et donc de la forme capital en tant que telle", soit nous sommes entraînés dans "un nouvel âge sombre de violence et de réaction". Compte tenu de la cupidité et de la soif de pouvoir des milieux financiers, la dernière option est malheureusement plus probable.
13:39 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, capitalisme, crise, crise économique, crise financière | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon
Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon
par Giuseppe Scalici - Chargé de cours en histoire et philosophie
Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2020/12/04/il-moloch-eterno-la-nuova-normalita-tra-le-bon-e-platone/
La domination sur les corps et les âmes dépend de, et est continuellement corroborée par, l'insipidité volontaire, prise pour une connaissance véritable, et l'acquiescement non critique.
C'est une représentation, construite sur un bureau par d'habiles ingénieurs sociaux, qui remplace le monde réel.
Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves de Platon, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.
Moloch est ce démon malveillant qui exige sans cesse des sacrifices extrêmes pour sa survie. Comme un souverain impitoyable.
Il est particulièrement compliqué, voire impossible, de distinguer aujourd'hui les contours d'une réalité objective, bien délimitée, valable pour tout sujet connaissant, qui ne soit pas le résultat de représentations mystificatrices qui se substituent habilement à la réalité.
La société post-moderne, liquide comme on a coutume de le dire avec une expression désormais galvaudée, est complètement détachée, essentiellement de son propre aveu, des Visions cohérentes et originales du Monde, des références aux Idées ou aux Idéaux d'un ordre éternel, non restreint dans les contraintes d'une basse matérialité hédoniste. Admettant, d'ailleurs frauduleusement comme nous le verrons, la licéité d'opinions, de choix moraux, de styles de vie et de modes de pensée même dissemblables les uns des autres, il offre la prosopopée d'une liberté individuelle réalisée de manière pleine et entière dans un cadre démocratique et libéral.
Il a été dit à juste titre à plusieurs reprises que notre époque connaît la dimension d'une anthropologie totalement différente de celle qui a déterminé le tissu conjonctif des moments historiques que nous voulons dépasser à jamais. Nous le constatons à différents niveaux. Nous ne nous attarderons ici que sur l'un des nombreux aspects qui pourraient être pris en considération : le monde de l'information, de la communication et ses reflets dans l'intériorité de l'individu.
Isolé mais dispersé dans la foule
Partons d'un postulat qui semble inaliénable si l'on pense à notre propre horizon géopolitique : les concepts et la Weltanschauung ancestraux sont perçus comme des déchets dont il faut se débarrasser au nom de la centralité déclarée d'un type humain, l'individu, compris comme un réceptacle d'instinctualités aspirant à la perpétuation de droits et de libertés de bas niveau, de substantialité bancale.
Dans un texte désormais classique datant de 1895, La psychologie des foules, Gustave Le Bon argumente la différence qualitative entre les actions de l'homme individuel et celles des masses, dictées par des stimuli élémentaires, des passions aussi fugaces qu'instables, le goût de l'excès, la suggestibilité adolescente. L'homme dans la foule, selon le sociologue français, qui a également eu tant de lecteurs de haut niveau en Italie entre les deux guerres mondiales, a tendance à accomplir des actions et des comportements, qu'ils soient criminels ou héroïques, qu'il n'aurait absolument jamais fait s'il agissait seul. Et cela va au-delà de toute considération logique et rationnelle. Il nous semble qu'à notre époque, l'individu a tendance à agir, même s'il est isolé et mène une vie déconnectée de la société dont il fait partie, comme s'il était dans la foule : il vise l'immédiat, réagit à des stimuli induits de manière primitive, suit des mots d'ordre simples et déglingués savamment orchestrés par d'autres, sans jamais s'ériger en élément critique capable de distinguer ce qui est pertinent et fondamental de ce qui est imposé avec art comme essentiel par ce que l'on peut appeler des "persuadeurs cachés". On fait tout d'abord allusion à l'information, qui n'est pas libre et indépendante, si elle l'a jamais été, et qui, par le biais de ce qu'on appelle l'agenda setting, établit a priori quels sujets devraient être d'une importance essentielle et quelle devrait être leur hiérarchie.
Il est fréquent de constater que tous les journaux télévisés relatent les mêmes faits, avec des analyses souvent identiques, en utilisant même les mêmes images. Cela tend à déterminer un horizon à l'intérieur duquel il faut prendre parti, comme les supporters du stade, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la même question. De cette façon, l'individu accepte la logique sous-jacente souhaitée, devenant, consciemment ou inconsciemment, peu importe, une partie organique du cercle médiatique lui-même. Mais qui contrôle et organise l'information pro domo sua ?
État profond et rééquilibrage nécessaire ennemi
Pour nous exprimer en termes simples, nous parlions du "système", puis des "pouvoirs forts". Aujourd'hui, on préfère l'expression "État profond", c'est-à-dire non visible, non à la vue du commun des mortels. Ici, le discours deviendrait trop long et dépasserait les limites de la présente intervention: il suffit de mentionner que cette dimension occulte, dans laquelle coexistent la finance spéculative apatride, le crime organisé, les forces du "progressisme mondialiste, humanitaire et solidaire", divers lobbies, les Églises, etc., est en mesure de conditionner fortement, à travers les gouvernements et, précisément, les médias (pour mieux dire les médias de la mystification scientifique et continue de la réalité), tout type de décision politique qui, pour utiliser des terminologies désormais obsolètes, devrait au contraire découler, du moins en Occident, de la souveraineté populaire. Après tout, tout cela fait partie de la post-démocratie, un endroit où l'opinion publique, si elle existe encore, n'a droit à la citoyenneté que si elle se conforme servilement à la pensée dominante imposée par l'État profond lui-même, et donc, par définition, juste, équitable et, surtout, conforme à une pensée qui se veut dominante et que l'on fait passer pour un fait de la nature.
Ceux qui ne se conforment pas sont de toute façon nécessaires pour assurer l'équilibre souhaité: ils sont un ennemi de l'humanité, un haineux insatiable, une cible à maintenir en vie et à frapper quand c'est nécessaire. Tout cela détourne l'attention de ce qui se passe réellement dans le monde: la volonté de pouvoir et de contrôle total de la part des forces apatrides mentionnées et tout ce monde complexe d'idiots utiles volontaires qui se mettent à leur service.
Il semble que l'homme contemporain vive volontairement le mode d'être décrit par Platon dans le livre VII de la République. Des esclaves enchaînés dans l'obscurité profonde d'une grotte passent leur vie devant des images illusoires qui se font passer pour la réalité. Pour eux, la vérité est simplement ce qui est présenté. Personne ne remet en question la valeur objective de la mise en scène dont ils sont les victimes et, en même temps, les complices. Mais l'un des esclaves parvient à se libérer et à réaliser que le monde réel se trouve à l'extérieur de la grotte. Il retourne donc auprès de ses compagnons esclaves et tente de leur expliquer que la vie dans les ténèbres de l'ignorance et de l'illusion n'est pas la vraie vie, mais une apparition continue d'entités fictives : il n'est pas cru, mais ostracisé comme s'il était un fou visionnaire.
Comme les esclaves de Platon, les individus d'aujourd'hui ne doutent pas que la "réalité" dans laquelle ils se trouvent est la seule possible et acceptable, et non celle désirée et imposée par d'autres, dont la domination sur les corps et les âmes dépend précisément de, et est continuellement corroborée par, l'ignorance délibérée, prise pour la vraie connaissance, et l'acquiescement non critique des premiers.
C'est la représentation, construite, dirions-nous pour ne pas troubler le concept kantien de "synthèse a priori", sur un bureau par des ingénieurs sociaux qualifiés, qui remplace le monde réel. Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.
Intellectuels et politiciens : un corps intermédiaire
Pour en revenir à l'information, mais il vaudrait mieux dire à la désinformation ou à la manipulation des consciences, il est facile, en regardant le phénomène avec détachement, de constater les tactiques constantes employées pour assurer la primauté des conventicules dominants, qu'ils soient apparents ou réels. Ces tactiques tendent vers un effet de distraction, par la diffusion de nouvelles non pertinentes ou idiotes (événements de la famille royale britannique, ragots, etc.) ou annonciatrices de peur et de malaise (racisme généralisé, résurgences imaginaires du fascisme, homophobies diverses, persécution des migrants, etc.). Tout ceci est en phase avec la dissimulation scientifique et lâche d'autres situations qui sont au contraire réelles et qui, de toute évidence, sont mieux censurées ou considérées comme des "fake news".
Si l'on se réfère à nouveau à Le Bon, les masses ont besoin d'être guidées, il est donc préférable d'utiliser, comme nous l'avons déjà noté, un langage pauvre, simpliste, réducteur, qui voit la prévalence du signifiant (le mot lui-même) sur le signifié (l'objet qu'il désigne), qui se fonde non pas sur le raisonnement et la logique, mais sur l'émotionnel et le sentiment.
L'hypothèse est que dominer le langage équivaut à dominer la pensée elle-même et, par conséquent, toute forme d'attitude critique et le comportement qui en découle. L'idéal est la création d'une opinion publique anesthésiée, prévisible et prête à être guidée par ceux qui sont capables d'influencer et de suggérer au niveau des modes et des habitudes, ainsi qu'au niveau des opinions générales. Ceci est bien compris par ceux qui contrôlent l'information hégémonique dans le monde occidental et au-delà. Nous faisons allusion, à titre d'exemple, à la Fondation Bill Gates, humanitaire et progressiste (évidemment), capable de lancer des mots à la mode, en faveur, entre autres, de la dénatalité et des vaccinations sans discernement, dont la remise en cause constituerait une hérésie aux yeux de la nouvelle Inquisition des "Justes".
Cela confirme que, dans notre monde, les intellectuels, les politiciens éclairés, les journalistes à la page, les prêtres clairvoyants, les philanthropes divers, constituent, en utilisant les méthodologies de la guerre psychologique, une sorte de "corps intermédiaire", une courroie de transmission entre ceux qui détiennent le pouvoir réel et les masses à endoctriner, à contraindre, à hypnotiser, à droguer dans leur corps, leur âme et leur esprit.
Certains pourraient prétendre que le "net", avec ses "médias sociaux", offre la possibilité d'échapper à la cage existentielle dans laquelle les élites autoproclamées auxquelles nous nous sommes référés nous ont enfermés. Mais elle est entièrement illusoire. Au contraire, elle s'avère être fonctionnelle pour le système dominant. Tout ce qui se trouve sur le net est contrôlable et contrôlé : être dissident par le biais de claviers revient, après tout, à accepter la "logique imposée" et à en payer les conséquences : ce sont les gestionnaires des différentes plateformes politiquement correctes qui déterminent le "bien" et le "mal". À tout le moins, la présence de soi-disant haters renforce le statu quo même que l'on voudrait détruire verbalement via Facebook, Instagram, etc.
La mission première de ce que Julius Evola a appelé un jour "l'homme différencié" devrait être de s'échapper consciemment, en opérant principalement dans sa propre intériorité, de cette prison qui nous est imposée et qui nous est présentée comme la nature éternelle et immuable.
Pour diverses raisons, notre époque de dissolution, niant catégoriquement tout ce qui nous a précédés, se pose comme un nouveau départ, mais, comme nous avons essayé de le voir, dans des coordonnées prédéfinies. Il s'ensuit que, pour le moins, s'ouvre un champ d'action illimité et potentiellement fécond qui doit concerner, en premier lieu, la redécouverte de notre nature profonde, celle-là même que Moloch voudrait offrir en sacrifice.
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13:12 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, philosophie, platon, mythe de la caverne, gustave le bon, psychologie des foules | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les 10 choses les plus inquiétantes et dystopiques proposées par le Forum économique mondial
Les 10 choses les plus inquiétantes et dystopiques proposées par le Forum économique mondial
par Valerio Savioli
Source: https://www.ideeazione.com/le-10-cose-piu-inquietanti-e-distopiche-proposte-dal-world-economic-forum/
Quand on parle du Forum économique mondial (WEF), les antennes des conspirationnistes sont immédiatement mises en alerte, les articulations des déboulonneurs se raidissent, et ainsi, tandis que le terrain se divise en camps, tendant très souvent à la simplification et à l'étiquetage du camp adverse, l'histoire suit son cours, gouvernée, qu'on le veuille ou non, par les centres de pouvoir.
Ceux-ci, depuis quelque temps, n'ont plus besoin de se cacher, c'est plutôt le contraire: ils se réunissent publiquement dans la charmante ville suisse de Davos, d'où ils peuvent expliciter en toute bonne conscience leur vision du monde.
Leur existence et leur persistance ne peuvent que bénéficier des soi-disant "théories du complot", qui sont souvent otages de la dialectique et de la paranoïa du syndrome d'encerclement. Mais nous le savons bien: un vrai théoricien de la conspiration pense que la conspiration elle-même est une conspiration contre lui.
Les conspirationnistes sont peut-être, pour ne citer qu'eux, des auteurs aussi différents que C. Lasch, N. Chomsky mais aussi les anciens tels M. Weber, V. Pareto, G. Mosca et R. Michels sans oublier M. Foucault mais aussi les théoriciens de la propagande et de son utilisation. Tous les théoriciens de la conspiration ouverts et/ou alternatifs.
Et si c'était la réalité des choses - bien que le concept de réalité soit en cours de redéfinition - qui nous jetait son caractère inéluctable à la figure ? Facile, nous n'avons qu'à attendre la prochaine conspiration.
Lorsque nous parlons d'élites mondiales - et nous le faisons souvent - nous entendons ce cercle de pouvoir capable d'assumer une quantité et une qualité de pouvoir telles qu'elles peuvent affecter l'évolution historique au moins du présent. À première vue, cela peut sembler excessif, mais la concentration économique-financière, culturelle-idéologique et politique résumée dans ces personnalités et leurs entreprises et associations, peut facilement résumer une "puissance de feu" définissable comme étant "de quantification complexe" mais selon toute vraisemblance supérieure, en termes de résultats pratiques, même au travail potentiel de certaines nations individuelles. Si l'on ajoute à cela le besoin, non seulement de contrôle (voir le système de crédit social) et de supervision, mais aussi de prévision du comportement des individus, il est bien évident que le monde de demain est déjà parmi nous.
A la page 34 (sur 58) de la liste des participants à la réunion Davos 2022: de grands noms, de grandes entreprises, une grande influence.
Et ce sont les élites elles-mêmes qui ne font pas mystère de leurs objectifs. Voici les dix prises de position publiques les plus controversées, recueillies par vigilantcitizen :
10) Les gouvernements de plus en plus intrusifs
Nous pourrions dire beaucoup de choses de Klaus Schwab, le fondateur et actuel président exécutif du FEM (Forum Economique Mondial), c'est qu'il n'est pas spécialement un amoureux de la démocratie et, nous aimerions ajouter, bienheureux celui qui croit au système démocratique en soi, à qui, avant de recommander les essais de célèbres critiques de la démocratie, nous recommandons de lire les écrits du président du FEM lui-même. Cela dit, Schwab lui-même considère la démocratie comme un obstacle à surmonter pour arriver à un monde entièrement globalisé soumis à un ordre supranational: selon Vigilantcitizen, dans le rapport même intitulé Global Redesign de 2010, on trouve le postulat suivant énoncé par le fondateur du FEM: "un monde globalisé est mieux géré par une coalition auto-sélectionnée de sociétés multinationales, de gouvernements (y compris à travers le système des Nations Unies) et d'organisations sélectionnées de la société civile. [...] Les gouvernements ne sont plus les acteurs dominants de la scène mondiale, le temps est venu d'un nouveau paradigme de la gouvernance internationale par les parties prenantes".
En reprenant les mots prononcés par Schwab en 2017 à la John F. Kennedy School of Government de Harvard, concernant les relations directes avec les dirigeants des pays les plus influents du monde :
"Je dois dire, lorsque je cite des noms, comme Mme (Angela) Merkel et même Vladimir Poutine, etc., qu'ils étaient tous des Young Global Leaders au Forum économique mondial. Mais ce dont nous sommes très fiers aujourd'hui, ce sont les jeunes générations, comme le premier ministre [Justin] Trudeau, le président de l'Argentine, etc. Entrons dans les arcanes [dans les endroits qui comptent n.d.a.]. Donc, hier, j'étais à une réception pour le premier ministre Trudeau et je sais que la moitié de son cabinet, ou même plus de la moitié de son cabinet, est constituée en fait de Young Global Leaders du Forum économique mondial. (...) C'est vrai en Argentine et c'est vrai en France, avec le Président - un Young Global Leader [1]".
9) Contrôler les esprits grâce aux ondes sonores
Dans l'article cité par vigilantcitizen, la technologie serait présentée comme un traitement possible des maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Toutefois, l'article précise également qu'il "peut guérir, peut créer une dépendance et peut tuer". Il peut également être utilisé pour contrôler complètement l'esprit d'une personne, à distance. L'article citant une interview d'Antoine Jerusalem, professeur de sciences de l'ingénieur à l'Université d'Oxford déclare ce qui suit :
"Je vois venir le jour où un scientifique sera capable de contrôler ce qu'une personne voit dans son esprit en envoyant les bonnes ondes au bon endroit dans son cerveau. Je pense que la plupart des objections seront semblables à celles que nous entendons aujourd'hui à propos des messages subliminaux dans les publicités, mais beaucoup plus véhémentes. Cette technologie n'est pas sans risque de mauvaise utilisation. Il peut s'agir d'une technologie de santé révolutionnaire pour les malades ou d'un outil de contrôle parfait avec lequel les impitoyables contrôleront les faibles. Cette fois, cependant, le contrôle serait "littéral [2]".
En ce qui concerne l'utilisation, également militaire, des ondes sonores, la discussion approfondie proposée par Gianluca Nicoletti dans son émission Melog en novembre 2021, avec les invités Bruno Ballardini et Enrico Verga [3], est intéressante.
8) Pilules et micro-puces
Comme si les ondes sonores capables de contrôler à distance son voisin n'étaient pas déjà suffisantes, nous voilà repartis avec l'un des chevaux de bataille les plus utilisés, des deux côtés du débat, ces dernières années: la puce électronique. Bien que ces derniers mois, elle ait été discutée avec plus d'insistance - vous pardonnerez le réflexe pavlovien qui nous ramène à Overton et à ses fameuses théories - elle a également été discutée au FEM et l'auteur du discours (dont la vidéo est jointe) n'est pas un nom nouveau: Albert Bourla, actuel PDG de Pfizer (pour être sûr que les déboulonneurs diligents ne manquent rien) :
"La FDA a approuvé la première 'pilule électronique', si je peux l'appeler ainsi. Il s'agit essentiellement d'une puce biologique qui se trouve dans le comprimé, et une fois que vous prenez le comprimé, qui se dissout dans votre estomac, elle envoie un signal indiquant que vous avez pris le comprimé. Imaginez donc les applications possibles. Les compagnies d'assurance sauraient que les médicaments que les patients sont censés prendre, ils les prennent réellement. C'est fascinant ce qui se passe dans ce domaine [4]".
7) Soutien aux mesures de confinement
Déjà la pensée que des termes sémantiquement aussi violents que "lockdown" ou "confinement" aient été intériorisés par chacun d'entre nous devrait au moins nous interpeler, avant d'aller plus loin, quant à l'ampleur réelle de la communication anxiogène à laquelle nous avons été soumis ces deux dernières années. "Lockdown" est un terme qui signifie "le confinement des prisonniers dans leurs cellules, généralement pour reprendre le contrôle pendant une émeute".
Les confinements de 2020 et 2021 ont été soumis à de nombreuses études qui soutiennent leur futilité absolue sur le plan social et sanitaire. Il s'avère que la seule utilité réelle, même avec du recul, a été de frapper socialement et économiquement les pays et les populations qui les utilisaient le plus, y compris les nôtres, en Europe. Malgré tout cela, le FEM n'a pas pu cacher son appréciation de ces mesures dévastatrices. Une vidéo a été publiée et titrée de façon surréaliste: "Les confinements améliorent tranquillement les villes du monde entier [5]".
Nous vous laissons le soin de faire quelques remarques sur les théories malthusiennes et le radicalisme écologique, clairement évidentes dans ces quelques secondes de l'enregistrement, secondes qui ont ensuite été supprimées du site web du FEM, suite à une vague de controverse.
En parlant de radicalisme écologique, c'est l'actuel président du groupe Alibaba J. Michael Evans (photo, ci-dessus) qui, lors de la réunion Davos 2022, a parlé d'un traceur (tracker) individuel qui surveillerait ce que l'on achète, ce que l'on mange et où et comment l'on se déplace [6].
6) Un aperçu de l'avenir
Fin août 2021, le FEM a publié sur son site web une autre vidéo intitulée "a glimpse of the future" ("un bref regard sur le futur"), dans laquelle il présente le monde de demain que même les pires dystopies n'auraient pu imaginer: du travail à domicile, à la redéfinition urbaine de quartiers capables de nous offrir tout ce dont nous avons besoin - étant donné que le bureau pourrait définitivement perdre la valeur qu'il avait jusqu'à présent - la "cuisine fantôme", ou plus simplement l'explosion des livraisons à domicile, l'identification numérique du rythme cardiaque - "La NASA a inventé un système capable de vous identifier par votre rythme cardiaque à l'aide d'un laser" - , la reconnaissance faciale - qui serait toutefois un peu délicate, car il y a plus de masques que de personnes dans la vidéo -, la relation entre la technologie numérique et l'apprentissage pour les plus jeunes, car il n'y a rien de mieux que de développer l'apprentissage et la sociabilité en restant assis pendant des heures devant un écran, le FEM espère une future hybridation entre l'enseignement à domicile et l'école traditionnelle, ou ce qu'il en reste.
La vidéo se termine par une question qui ressemble davantage à une menace : "ce que la pandémie a changé (sic !), aimeriez-vous le rendre permanent ?"
Votre réponse.
5) La poussée pour une Grande Réinitialisation
Le fait que la pandémie ait été une occasion de changement est clair d'après ce qui précède, mais il ne s'agirait pas seulement d'une simple occasion de remodeler notre vie quotidienne mais aussi, littéralement, de restructurer l'ensemble de la structure mondiale et ses principes post-capitalistes. Une fois de plus, nous fournissons un compte-rendu vidéo officiel [7] destiné à démystifier, de manière parfois surréaliste et controversée, les théories conspirationnistes existantes sur le Great Reset (dans ce cas, le copyright sur le terme leur revient ! ), mais dire la vérité produit l'effet inverse, à savoir : "nous le faisons, que cela nous plaise ou non".
Vers la fin, le narrateur prononce cette phrase énigmatique: "et il s'agit de mettre les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment".
Est-ce là le véritable visage de la post-démocratie ? La domination des élites technocratiques dont la genèse est récemment relatée par le professeur Lorenzo Castellani dans deux tomes clairement rédigés et didactiquement efficaces.
Ils sont si avancés dans leur processus qu'ils n'ont même pas besoin de demander la permission, mais au moins ils se sont montrés.
4) Recalibrer la liberté d'expression
Il s'agit d'un autre sujet longuement débattu dans l'Occident dit libéral, qui non seulement perd la face avec l'affaire Assange, mais ne manque pas non plus l'occasion de faire la leçon aux pays qui ne sont pas suffisamment libres et démocratiques, tout en s'empressant de mettre en place des commissions et des organismes de contrôle destinés à restreindre le débat sur Internet, un lieu identifié à l'origine comme un espace véritablement libre et potentiellement révolutionnaire.
Au cours du forum de Davos de 2022, Julie Inman Grant (ci-dessous), commissaire australienne à la cybersécurité, a plaidé pour un "recalibrage de la liberté d'expression [8]", les prétextes invoqués étant, bien entendu, la violence (verbale) en ligne. À cet égard, nous vous proposons de revenir, l'espace d'un instant, à la génération des flocons de neige américains, à leur besoin d'espace sécurisé et, enfin, à l'ouvrage "The Cult of Whining". Le pas vers la censure, la suppression des statues et la modification ou la suppression même de certains termes à considérer comme interdits est court et a pour but précis d'altérer la réalité.
Voici les mots prononcés par Grant :
"Nous sommes dans un endroit où nous avons une polarisation croissante partout et tout semble binaire alors que cela ne doit pas l'être. Je pense donc que nous allons devoir penser à recalibrer toute une série de droits de l'homme qui arrivent en ligne. Vous savez, de la liberté d'expression à la liberté d'être libre de la violence en ligne."
3) Le suivi des vêtements
Comme l'affirme encore vigilantcitizen, qui y voit un suivi supplémentaire des individus, en utilisant l'environnement comme excuse, le FEM a annoncé l'arrivée de vêtements dotés de "passeports numériques" qui peuvent être suivis à tout moment. Soutenus par Microsoft, ces vêtements vont apparemment inonder le marché d'ici 2025.
Selon le FEM, ces puces permettront aux marques de mode de revendre leurs vêtements. Je n'ai aucune idée de la façon dont cela pourrait fonctionner. Le même clip [9] accuse l'industrie de l'habillement d'être responsable d'une quantité importante de la pollution environnementale, jusqu'à 10 % des émissions de Co2, soit plus que ce qui est produit par les transports aériens et maritimes réunis. Comme environ 60 % des vêtements finissent dans les décharges en raison de l'achat compulsif de nouveaux vêtements, la solution serait de les remettre en circulation, dans une perspective d'économie circulaire, certifiée par un code Qwerty ou une puce capable d'offrir des détails sur le vêtement lui-même.
2) Les smartphones feront partie de votre corps
Si vous décidez de ne pas faire partie de l'économie circulaire vertueuse de l'industrie de la mode du futur, sachez qu'il vous sera tout de même difficile de ne pas faire partie de ce que Shoshanna Zuboff dans son excellent " Capitalisme de surveillance " a déjà illustré : l'extension capillaire du contrôle de chaque individu sur terre par le nouveau et ultime capitalisme, capable de se marier très bien aussi avec le courant transhumaniste.
Nous sommes encore au Forum de Davos en 2022, où Pekka Lundmark, l'actuel PDG de Nokia, affirme que d'ici 2030, les smartphones seront implantés directement dans notre corps [10].
1) "Vous n'aurez rien et serez heureux".
Un des mantras les plus répétés de ces dernières années, l'étape finale ( ?) du capitalisme tel que nous l'avons connu jusqu'à présent et dont la genèse et la dérive terminale sont magistralement décrites par Paolo Borgognone dans son dernier texte "Goodbye Globalism [11]". À l'époque, une vidéo a également été publiée (la énième) avec de nombreux jeunes gens enthousiastes pour un avenir libéré des responsabilités de toute propriété privée, un avenir artefactuel, constellé de sourires troublants, où nous n'aurons rien et serons heureux.
En utilisant les mots du site web du FEM d'Ida Auken, une parlementaire danoise :
"Je ne possède rien. Je ne possède pas de voiture. Je ne possède pas de maison. Je ne possède pas d'appareils ménagers ni de vêtements. Le shopping est un lointain souvenir dans la ville de 2030, dont les habitants exploiteront l'énergie propre et emprunteront ce dont ils ont besoin à la demande. Cela ressemble à une utopie, jusqu'à ce que cet habitant dise que chacun de ses mouvements est tracé et que des pans entiers de mécontentement vivent en dehors de la ville, la vision ultime d'une société divisée en deux".
La dystopie est servie.
Par nos maîtres.
Notes:
[1] https://twitter.com/megami_shiawase/status/14857474415886...
[2] https://web.archive.org/web/20181107172700/https://www.we...
[3] https://www.radio24.ilsole24ore.com/programmi/melog/punta...
[4] https://www.youtube.com/watch?v=1NR1b2NmD4A&ab_channe...
[5] https://www.youtube.com/watch?v=fb6U8xkn8jM&ab_channe...
[6] https://twitter.com/AndrewLawton/status/15290451887649218...
[7] https://www.youtube.com/watch?v=uPYx12xJFUQ&ab_channe...
[8] https://twitter.com/AndrewLawton/status/15287799666447319...
[9] https://www.youtube.com/watch?v=h8SWY6_b67A&ab_channe...
[10] https://www.youtube.com/watch?v=LJpBJAHqY0M&ab_channe...
[11] https://ilcerchio.it/goodbye-globalism-le-origini-sociopo...
12:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : davos, forum économique mondial, dystopie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ces dépenses inutiles
Ces dépenses inutiles
par Georges FELTIN-TRACOL
Ce dimanche 12 juin, plus de 48 millions et demi de Français s’apprêtent à élire une nouvelle Assemblée nationale. La campagne a été d’un grand ennui. L’abstention risque d’être élevée. Le système médiatique hexagonal préfère disserter sur les maux de la société étatsunienne ou sur le jubilé de la reine d’Angleterre plutôt que de débattre des problèmes français parmi lesquels la question lancinante de la dette publique. Il y a quinze ans, le Premier ministre de Nicolas Sarközy, François Fillon, déclarait gouverner « un État en faillite ».
Cette faillite n’est pas que financière; elle est systémique. Les exemples abondent. C’est le cas du maintien de l’ordre et de la sécurité publique le 28 mai dernier au Stade de France à l’occasion de la finale de la Ligue des champions, ou intellectuelle avec l’effondrement du niveau scolaire, de la crèche jusqu’à l’université. Malgré les dénégations répétées du gouvernement, taxes et impôts vont s’accroître sur les catégories moyennes laborieuses, accélérant ainsi leur déclassement social. Désormais averti, le Régime macronien fera tout pour écraser dans l’œuf une nouvelle fronde ou jacquerie populaire semblable aux « Gilets jaunes ». Les citoyens français vont devenir plus que jamais les vaches à lait du Système parce qu’il faut rembourser les dettes de la ploutocratie internationale.
Avant d’augmenter la pression fiscale, il est encore possible de réaliser des économies en supprimant des dépenses inutiles. Outre le gisement de l’immigration, d’autres secteurs mériteraient une diète sévère. Chaque année, la Cour des comptes publie un rapport qui mentionne les délires des collectivités territoriales (des ronds-points dispendieux ici, un pont inachevé là) et de l’État, piètre administrateur de ses biens immobiliers. Ce texte annuel ravit des journalistes dont les plus serviles pourfendent sans répit toute intervention publique. Le document ne s’attarde pourtant pas sur trois grandes gabegies permanentes.
On a tendance à considérer la médiacratie comme un quatrième pouvoir qui influence l’autorité judiciaire, menace le législatif et s’offre à l’exécutif. C’est une liberté fictive, car, en France, la presse procède du pouvoir politique. Huguenot converti au catholicisme, le médecin du roi Louis XIII, Théophraste Renaudot (1586 – 1653), édite un hebdomadaire de quatre pages tous les samedis, La Gazette. Avant même son lancement en 1631, le journal bénéficie du soutien déterminant du Principal ministre du roi, le cardinal de Richelieu. Cette dépendance congénitale perdure encore. Les rares enquêtes sur les aides étatiques à la presse les chiffrent à un montant d’environ un milliard huit cents millions d’euros. En 2010, la loi de finance attribue une manne de 437 millions d’euros. À cette somme rondelette s’ajoutent des aides indirectes (environ vingt millions), des dispositifs personnels aux journalistes (encore vingt millions) et d’autres appréciables financements. Le lamentable quotidien communiste L’Humanité survit grâce à ces scandaleuses perfusions financières… La presse officielle n’informe pas ses lecteurs; elle n’en a pas ! Elle travaille l’opinion pour le régime en place ! D’où un conformisme moutonnier outrancier qu’on retrouve en Belgique et en Allemagne.
Le deuxième domaine reste un univers obscur difficilement observable : le financement public des formations syndicales s’élèverait à une centaine de millions par an de la part de l’État, sans compter les subventions données par les communes, les départements, les régions et les entreprises publiques, privées et parapubliques. Des lois prises en 2008 et modifiées en 2014 maintiennent une opacité certaine. Il est surprenant que la CGT ou Solidaires – SUD, ces contestataires de pacotille de l’« ordre établi » libéral – bourgeois, vivent des subsides que leur versent diverses institutions soi-disant rétives au syndicalisme supposé révolutionnaire. Il y a bien longtemps que les responsables syndicalistes côtoient les hiérarques d’entreprises transnationales aux dîners mensuels du Siècle au mépris de la Charte d’Amiens d’inspiration anarcho-syndicaliste de 1906. Un vrai syndicat ne doit-il pas compter que sur ses seuls adhérents et cotisants ? Ces millions d’euros seraient bien mieux employés dans l’investissement des hôpitaux ou la rénovation des infrastructures de circulation.
Un troisième gisement d’économie concerne le financement public des partis politiques régi par les lois de 1988, de 1990, de 1995, de 2000 et de 2017. Un Français ne peut donner aux partis de son choix qu’un maximum de 7500 euros par an. Le fonctionnement de la partitocratie en place dans l’Hexagone depuis les années mitterrandiennes bénéficie surtout d’un versement annuel. Cette somme se fonde sur les seuls résultats aux élections législatives. Toute formation politique qui sollicite un financement public doit présenter un minimum de cinquante candidats qui recueillent au moins 1 % des suffrages. Chaque vote représente un euro soixante-quatre. Si le parti a des députés et des sénateurs, il reçoit encore plus d’argent. Un député élu lui apporte 37.400 euros. N’y a-t-il pas là un véritable traitement discriminatoire? En 2022, ce financement s’élevait à 68 millions d’euros dont plus de 20 millions pour La République en marche ! Cela n’empêche pas que de nombreux partis tels le Rétrécissement népotique (RN) soient fortement endettés tout en s’indignant de la dette française.
Le financement public des syndicats et des partis politiques constitue une honte nationale. S’il est inadmissible qu’un parti puisse bénéficier d’aide financière d’une personne morale, l’État n’a pas à payer indirectement les permanents. Syndicats et partis devraient subvenir à leurs besoins par leurs seuls moyens, c’est-à-dire les cotisations, les ventes de produits dérivés et les dons défiscalisés à 66 %. Plutôt que de gaspiller un « pognon de dingue », l’État devrait cesser au plus tôt tout financement public. En revanche, il prendrait sur lui l’impression des bulletins de tous les candidats inscrits, de leurs affiches électorales et de leurs professions de foi. Est-il en effet acceptable de devoir imprimer un bulletin de vote sur un papier qui ne correspond pas à celui prévu par le code électoral de 70 grammes au mètre carré impossible à trouver sur le marché ? Il importe de respecter d’autres contraintes comme utiliser un papier blanc de format A4 ou une police de caractère identique avec le risque que le président du bureau de vote l’invalide finalement.
La partitocratie hexagonale agit en parasite aux dépens des véritables forces vives productrices de la France. Bien gérer l’argent des contribuables n’est pas une vertu libérale. C’est une action de bon sens, ce bon sens que les Français semblent avoir perdu...
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 36, mise en ligne le 7 juin 2022 sur Radio Méridien Zéro.
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vendredi, 10 juin 2022
Conflit ukrainien: un champ d'expérimentation pour de nouvelles armes américaines?
Conflit ukrainien: un champ d'expérimentation pour de nouvelles armes américaines?
Erich Körner-Lakatos
Source: https://zurzeit.at/index.php/ukraine-konflikt-experimentierfeld-fuer-neue-us-waffen/
Washington aide Kiev, mais au compte-gouttes
Les observateurs intéressés ont de plus en plus l'impression que les Etats-Unis - ou plus précisément leur complexe militaro-industriel (© Dwight Eisenhower) - considèrent le conflit en Ukraine comme un laboratoire pour tester l'efficacité de leurs différentes armes dans des conditions aussi proches que possible de la guerre.
L'exemple historique est la guerre civile espagnole (1936-1939), où la Russie soviétique et le Reich allemand ont tous deux utilisé leurs armes ultramodernes pour l'époque afin de tester leur efficacité au combat, en quelque sorte dans des conditions de temps réel. Citons par exemple le char russe T-26 et le bombardier en piqué allemand Ju-87 (Stuka), ainsi que le canon de DCA de 88 mm. Ce dernier est ensuite utilisé - une autre innovation ! - par l'Afrikakorps allemand dans le combat terrestre contre les chars.
Le 1er juin, Washington a annoncé qu'il fournissait désormais aux Ukrainiens des lance-roquettes multiples M142 Himars (automoteurs mais non blindés). Il s'agit du plus efficace des trois types d'artillerie fournis à Kiev par les Américains.
Jusqu'à présent, quatre-vingt-dix M777 (ci-dessus) ont été mis à la disposition des troupes de Zelenski. Il s'agit d'obusiers non blindés tirés par des tracteurs, dont les munitions standard peuvent neutraliser des cibles jusqu'à 25 km de distance, voire 40 km avec des munitions spéciales. Les obusiers, comme les canons, peuvent également neutraliser des cibles ennemies en tir direct (tir à plat), mais seulement à une distance plus courte. Il est également prévu d'envoyer des obusiers blindés M109, dont la portée est comparable à celle de l'obusier M777.
Toutefois, les lance-roquettes M142 Himars sont beaucoup plus efficaces et permettent d'attaquer des objets ennemis à une distance comprise entre 40 et 75 km. "Himars" signifie "High Mobility Artillery Rocket System" (système de roquettes d'artillerie à haute mobilité). Six missiles d'artillerie guidés avec précision par satellite peuvent être tirés par l'engin. Les forces de Zelenski disposeront ainsi à l'avenir d'une arme équivalente au lance-roquettes multiple russe BM-30 Smertch (Tornado) (ci-dessous), capable de couvrir des distances allant jusqu'à 70 km.
Le lance-roquettes M142 Himars est moins destiné à fournir un appui-feu immédiat aux unités de combat sur le terrain qu'à neutraliser les pièces d'artillerie ennemies positionnées plus en arrière (tir de contre-batterie). Mais surtout, un lanceur M142 peut agir dans la profondeur de l'espace ennemi, détruisant ainsi des cibles logistiques (bases de ravitaillement en nourriture, armes et munitions) ou des bases d'engins de combat et d'hélicoptères.
Pour l'instant, les experts militaires américains semblent vouloir observer les effets du lanceur en utilisant des munitions standard. L'étape suivante pourrait être l'utilisation de munitions dites "Atacms"." Atacms" est l'abréviation de "Army Tactical Missile System". Ces munitions spéciales sont actuellement refusées aux Ukrainiens, et Kiev n'est pas autorisé à tirer sur des cibles en Russie, c'est-à-dire de l'autre côté de la frontière, avec des armes américaines.
Pourtant, cela aurait des conséquences durables. Les missiles Atacms à courte portée, tirés par le lanceur M142 Himars, peuvent être utilisés contre des cibles situées à une distance de trois cents kilomètres (soit la distance entre Vienne et Salzbourg). De nombreuses unités de ravitaillement russes se trouvent entre cent et deux cents kilomètres en arrière de la ligne de front respective.
Depuis l'est de l'Ukraine, la région de Belgorod, où des unités de combat russes sont formées en masse et prêtes à être déployées sur le front, et les aérodromes militaires tels que la base aérienne de Voronej, d'où décollent les bombardiers Su-34 pour les missions au-dessus de l'Ukraine, se trouvent dans le rayon d'action potentiel des armes Atacms. Il y a aussi l'aéroport de Szhcha, près de la frontière orientale de la Biélorussie.
Vladimir Poutine ne reste pas inactif pour autant. L'armée russe a déjà commencé à cibler les voies de transport par lesquelles les nouvelles armes sont livrées depuis l'Ouest, c'est-à-dire principalement les lignes de chemin de fer à partir de la frontière occidentale de l'Ukraine. Une grande partie des lance-roquettes M142 pourrait également être victime de ces contre-attaques. M. Zelenski ne devrait donc pas se réjouir trop vite.
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La famille: crise ou transformation? Des idées pour vaincre par la verticalité
La famille: crise ou transformation? Des idées pour vaincre par la verticalité
par Giovanni Terlizi
Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2022/06/02/famiglia-crisi-o-trasformazione-idee-per-un-superamento-con-verticalita/
La crise actuelle de la famille et de son institution peut devenir l'occasion de revenir à une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes.
Mais quel type d'éducation doit-on donner aux enfants ?
Aucune éducation ne sera efficace si elle reste clouée au dualisme idéologique et aux schémas qui prévalent encore.
"L'eugénisme répugne à ceux qui craignent son verdict" - Nicolàs Gòmez Dàvila
La crise actuelle dans la définition de la famille et de l'institution qu'elle représente peut devenir une opportunité pour une transformation et une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes. Mais quel type d'éducation doit-on donner aux enfants ? Aucune éducation ne sera efficace si elle reste rivée au dualisme idéologique et aux schémas qui prévalent encore aujourd'hui.
Prisonniers des vieux schémas socio-éducatifs
Le modèle actuel selon lequel les jeunes sont éduqués est issu de logiques schématiques anciennes. Essayons de comprendre sa genèse.
La "Droite" - si elle connaît sa matrice - est pour la "Transcendance Immanente" (Transcendance Absolue) et cherche à établir un Centrage de type "Transcendant" qui régit le Devenir qui, lui, est dans l'immanence, contrairement à la "Gauche" qui - si elle connaît sa matrice - est plutôt pour l'"Immanence Transcendantale" (c'est-à-dire l'Immanence Absolue). Cependant, cette "Immanence absolue" de la "Gauche" n'implique pas nécessairement la société nivelée et horizontale, mais est plutôt une Verticalité qui, au lieu de partir de la "Centralité du Sujet" avec lui-même et avec les autres, est produite dans l'immanence de la Multiplicité et de la "Multiplicité du Devenir", comme un "Processus de Verticalité sans Sujet". Un exemple de cette "verticalité sans sujet" de la "gauche" peut être trouvé chez les Situationnistes, ou même chez Carmelo Bene et sa "verticalité du verso".
La "gauche" du "syndicalisme révolutionnaire" venait du socialisme, mais a pourtant créé une doctrine hiérarchique - c'est parce que la "gauche" du "syndicalisme révolutionnaire" a compris que le socialisme et la gauche n'impliquent pas du tout la "société horizontale" dans laquelle nous vivons aujourd'hui. En fait, la "société horizontale", plutôt que d'être le fruit du socialisme, est le fruit de l'actionnisme et du "Parti d'action", c'est-à-dire de cette collaboration entre libéraux et socialistes que l'on retrouve ensuite aussi dans la "société ouverte" de Karl Popper et dans l'"Open Society" de George Soros (Soros lui-même, d'ailleurs, était un étudiant de Karl Popper).
En outre, nous avons l'une des premières formes de "société ouverte" dans la logique de la technocratie du Vatican: nous pouvons dire que le Vatican est l'une des premières formes de "société ouverte", mais nous devons souligner que le vaticanisme commence bien avant le catholicisme et qu'il s'agit de "l'idée technocratique" de "négocier avec la divinité", la même idée qui s'était répandue dans le sénat corrompu de l'empire tardif et qui a ensuite généré l'immigrationnisme du "Ius Soli romain", qui a ensuite jeté les bases du "baptême universel" et du monothéisme du catholicisme romain et du christianisme, ce même marchandage avec la divinité que nous retrouvons plus tard dans la "vente des indulgences".
Cela ne veut pas dire que tout le patrimoine culturel, spirituel et artistique du catholicisme doit être rejeté - en fait, cet article commence par la phrase même de Nicolás Gómez Dàvila, qui était un philosophe catholique, connu pour ses aphorismes. Comme nous le voyons clairement, ce qui est important se situe toujours dans la dimension de l'Esprit, et non dans l'étiquette à laquelle appartient une personne ou une pensée.
La version la plus forte et la plus emblématique du vaticanisme est le jésuitisme. Les Jésuites sont nés en tant que bras armé de la papauté à une époque de crise pour le Saint-Siège. Le jésuitisme est cette pratique dans laquelle l'habileté diplomatique du Vatican oriente les "tendances" de la société par des choix politiques et sociaux qui solidifient la relation structurelle entre l'Église et l'État. Voyez en ce sens comment un pape jésuite comme Bergoglio est étroitement lié à la vague de néo-humanitarisme progressiste et actionniste de notre époque.
La "société nivelée" - et donc la "société horizontale" - est ce que l'anarchiste Max Stirner a défini comme la "société en haillons", où le terme "en haillons" désigne une société dans laquelle la verticalité a été supprimée, et ce qui est réalisé à la place est l'incapacité du "Vivant" à étendre son pouvoir d'une manière plus affirmative, verticale et élevée. Rappelons que Max Stirner est issu de la "gauche hégélienne" de Marx, Feuerbach, Bakounine, Bruno Bauer, etc.
La société qui a conçu l'actionnisme et le parti de l'action était une société très semblable à celle d'aujourd'hui, dans laquelle les vivants sont comme des voitures coincées dans un embouteillage, et où les "choix personnels" sont produits par des tendances et des courants - c'est-à-dire par la "file d'attente" qui se forme - et par conséquent, ces choix ne peuvent être faits par la Tradition (comme le voudrait la droite), et encore moins par les instances socialistes de la Révolution (comme le voudrait la gauche).
Le modèle critique actuel avec lequel on procède à l'éducation des jeunes découle précisément de la perspective "actionnariale" qui prévaut actuellement. Voilà donc le besoin d'éducateurs et de tuteurs, capables de libérer les âmes du tourbillon produit par la "société ouverte", qui confond l'hospitalité avec le trafic d'êtres humains, habillé d'une sorte de movida touristique et post-sexuelle - l'Erasmus des esclaves - ce "trafic d'êtres humains" qui est pratiqué non seulement sur les immigrants, mais aussi sur ceux qui vivent dans leur propre nation. Reste le trafic de ce nouveau "capital humain" et ce nouveau tourbillon que l'on retrouve dans le "fondamentalisme immigré" de notre époque, habillé d'une sorte de messianisme progressiste post-identitaire qui remplace l'éducation (de e-ducere) par le formatage.
La famille et la nouvelle éducation des jeunes : le "Projet Solaris"
La crise actuelle dans la définition de la famille et l'institution qu'elle représente, avons-nous dit, peut et doit donc devenir une opportunité pour une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes, où l'enfant n'est pas élevé par les parents biologiques - qui sont très souvent plus intéressés par le fait "d'avoir un enfant" que par l'éducation elle-même. Cela fait partie de l'"ego robotique" qui, ayant peur de mourir, veut se répliquer comme un virus biologique ou un virus informatique. Un "ego robotique" qui veut prendre la place du "Moi divin" plus profond, spirituel et radical.
Sous prétexte d'amour parental, la phrase "Roba mia, vienitene con me" du personnage de Mazzarò tiré de la plume de Giovanni Verga dans la nouvelle "La Roba" est fréquemment dissimulée. Mazzarò est un propriétaire terrien, maintenant un vieil homme, qui est sur le point de mourir et qui, n'acceptant pas de perdre tout ce qu'il a eu de sa vie, commence à tuer les canards et les poulets qu'il possède avec son bâton, en disant "Roba mia vienitene con me" . Un exemple typique d'un ego réactif et robotique.
Si l'objectif est l'éducation des jeunes pour qu'ils puissent découvrir l'eugénisme de l'Esprit, c'est-à-dire l'eugénisme qui n'exclut pas l'importance de la biologie, mais la traverse pleinement pour mieux la vivifier à travers leur propre "daimon intérieur" qui est dans l'Âme, alors il faut revenir aux tuteurs et aux gouvernantes, et surtout, les jeunes doivent vivre davantage avec leurs gouvernantes qu'avec leurs parents biologiques, car la généalogie la plus importante est la généalogie spirituelle, qui passe par l'aspect biologique - sans toutefois le supprimer - pour ensuite "renaître dans l'Esprit". En fait, l'Esprit n'est pas l'âme, mais l'"âme éveillée". Ce qu'il faut donc, c'est une discipline capable de réveiller les âmes de manière radicale, et cela peut se faire par le biais de mentors et de tuteurs.
Dans une proposition éducative nouvelle et "Verticale" - que nous appellerons "Projet Solaris" - nous pouvons envisager des camps de scouts visant à atteindre un style de vie philosophique, spirituel et communautaire. Une fois la figure du précepteur institutionnalisée, la figure d'un "intermédiaire" entre le précepteur et le parent biologique pourrait également être appropriée, puisque l'aspect du parent biologique ne doit pas être supprimé, mais est complété dans ceux du tuteur et du curateur.
18:27 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, éducation, verticalité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber
Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber
Par Wolfgang Eggert
Source: https://www.compact-online.de/anarchy-in-the-uk-boris-johnson-vor-dem-fall/?mc_cid=4c30a4c7c2&mc_eid=128c71e308
Le Premier ministre britannique a été victime d'un vote de défiance. Qu'est-ce qui se cache réellement derrière tout cela - et qu'arrivera-t-il ou qui viendra après Boris-Brexit ? La ministre des Affaires étrangères Liz Truss est pressentie pour lui succéder. Nous dressons le portrait de cette figure de la ligne dure russe dans le numéro de juin de COMPACT, que vous pouvez commander ici: https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/.
Le disque punk par excellence - Never Mind the Bollocks ("Oublie les C*** à l'air") - est sorti en 1977 pour le 25e anniversaire de l'accession au trône de la reine d'Angleterre. Avec des chansons comme l'ironique "God save the Queen" ou "Anarchy in the UK". Tout le monde pensait que les interprètes - les Sex Pistols - étaient des gauchistes. Et c'était sans doute le cas. À l'époque en tout cas.
Aujourd'hui, alors que la Queen fête une fois de plus son anniversaire, le chanteur John Lydon, alias Jonny Rotten, a fait savoir que la révolte contre "le haut" ou "le système" n'existait plus que du côté de la droite. L'homme ne se soucie toutefois pas de ce décalage. Il reste fidèle à lui-même. Et à sa coiffure, qui donne l'impression qu'il vient de se faire sécher les cheveux fraîchement lavés sur un bateau de pêche au milieu de la mer du Nord.
Ce n'est pas la seule raison pour laquelle Lydon ressemble au Premier ministre anarchique de son pays. Le 6 juin, Boris Johnson a dû faire face à un vote de défiance interne à son parti. Le "partygate" aurait été l'élément déclencheur: Plus d'une douzaine de festivités, longtemps vendues par Johnson comme des "réunions de travail", ont eu lieu au 10 Downing Street - alors que l'élite politique avait envoyé le reste du pays dans son bureau à domicile dans un isolement confinatoire et monacal pour cause de Corona.
Des photos prises à la sauvette ont fait le tour du monde. On y voyait des tables de bureau décorées de confettis et de serpentins, sur lesquelles étaient posées des boissons alcoolisées, avec en arrière-plan le Premier ministre éméché essayant de nouer sa cravate.
Ne vous y trompez pas. Ce procédé, ou plus exactement ces procédés, ne sont pas de nature à créer un fossé entre le peuple et les dirigeants de l'île. Bien au contraire. Tout Anglais s'y reconnaît: les hommes, comme - particularité européenne - les femmes d'ailleurs, se lâchent quand on le leur permet.
Si c'est interdit, c'est encore mieux: c'est pourquoi les images du ministre britannique de la Santé Matt Hancock, qui, marié et annonçant chaque jour de nouvelles règles de distance, embrassait sa secrétaire avec la langue dans le couloir du bureau, capturées en secret puis publiées, n'ont pu susciter qu'admiration et jalousie au pays de la bière chaude.
Malgré cela, le Premier ministre, qui planait au-dessus de tout, a été conduit par des rabat-joie devant l'échafaud moral de son parti, pour y être renvoyé et envoyé dans le désert "par manque de moralité et de crédibilité" (comme si les politiciens dits démocratiques n'avaient jamais possédé aucune de ces deux qualités).
Une vengeance tardive
Il n'est pas nécessaire d'être très malin pour découvrir qui étaient les instigateurs de ce théâtre et de quoi il s'agissait réellement : La véritable toile de fond est - toujours - le Brexit, qui a considérablement entamé l'existence du royaume. L'Irlande du Nord et l'Écosse sont sur le point de quitter le Royaume-Uni, avec l'aide de l'UE, qui devrait également avoir de nombreux acteurs de la presse britannique sur ses listes de paie.
Ce qui explique que les journalistes mentent sur ce même vote de défiance, comme ils l'ont toujours fait. De même que les arguments sur la nécessité du vote étaient mensongers, l'analyse du résultat des élections peut également être considérée comme tirée par les cheveux.
Oui, il est vrai que si l'on demande à un groupe politique s'il apprécie le président, 40% de "non" sont un désaveu. Mais il serait faux de conclure, comme l'ont fait les médias, que Johnson a perdu la confiance de son propre camp.
En réalité, c'est plutôt le contraire qui s'est produit: lorsque Boris Brexit a été soumis au vote des Tories, ce sont même des députés moins "conservateurs" qui ont voté pour lui - non pas parce qu'il était trop conservateur pour eux, mais tout simplement parce qu'il voulait répondre au souhait de son peuple de quitter l'UE.
De ce point de vue, Johnson a même réussi à gagner quelques voix dans les rangs de son parti, soudoyé par les lobbyistes (on pense involontairement à Trump et aux républicains américains). Le fait qu'il ait réussi, en passant outre la couche sociale éloignée de Whitehall, à servir aux Tories dans les urnes le meilleur résultat électoral de mémoire d'homme - c'est cadeau !
Conséquences géopolitiques
Reste la question de savoir ce que l'on souhaite à cet homme, à ce pays... et, d'un point de vue allemand, à soi-même.
Il y a plusieurs réponses à cette question, qui sont tout à fait contradictoires :
1) Pour sa position d'incitation à la guerre dans le conflit ukrainien, cet homme devrait partir ; et le plus vite possible, car il risque la guerre nucléaire, après laquelle notre continent aurait (encore !) l'air pire que la coiffure du Premier ministre anglais aujourd'hui déjà. Tant les Britanniques que les Européens continentaux peuvent - et même doivent ! - penser ainsi s'ils ont encore un peu de bon sens.
Mais les deux parties devraient maintenant
- 2) en ce qui concerne l'UE, croiser les doigts pour que Boris puisse continuer à se débattre aussi longtemps que possible. Les Britanniques peuvent le faire dans l'espoir que l'île, libérée de l'étau bruxellois, ne sera pas entraînée dans la chute du continent ou qu'elle pourra - déjà avant - reconquérir davantage de libertés nationales ; les Européens de l'UE, en particulier ceux de Paris et de Berlin, devraient également se réjouir d'une nouvelle dérive de l'ancienne Grande-Bretagne, car un retour de Londres compliquerait à nouveau le transfert de pouvoir vers l'Allemagne et la France - et donc la ligne géopolitique.
Le vote de défiance semble maintenant tout droit imposé par le continent, de sorte que l'on peut se demander s'il y a encore ici (chez "nous") des romantiques désespérés qui veulent ramener les Britanniques dans le bateau ? Ou s'agit-il seulement d'une punition au vu et au su de tous, afin que les éventuels sortants puissent voir ce qui les attend si, un jour, ils abandonnent Bruxelles - et deviennent "bornés" ?
C'est dans ce dernier groupe que l'on peut trouver un certain nombre de représentants du Grand Jeu qui peuvent encore considérer comme "historique" la lutte pour le globe (qui ne peut être menée que dans le cadre de grandes alliances). Ils savent à quel point Britannia a joué un rôle hostile à l'Europe pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Et qui, dans un certain esprit de revanche territoriale, souhaitent aux Lords et aux Dames, en plus d'une nourriture médiocre et de coups de soleil sévères, que Boris Johnson continue à les harceler. Car lui, et lui seul, peut poursuivre le Brexit avec suffisamment de courage pour que la fédéralisation naissante du Royaume-Uni (c'est-à-dire la souverainisation de l'Écosse et de l'Irlande du Nord sous le drapeau européen) soit menée à bien.
Qui succèdera à Boris-Brexit ?
Pendant ce temps, dans les médias britanniques, les journalistes et les soi-disant experts férus de l'UE et/ou du Nouvel Ordre Mondial discutent de l'impact du vote précédent. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que Boris "est fini". Presque personne ne lui accorde plus d'une année de survie politique. Presque tout le monde, y compris Nigel Farage, s'attend à une débâcle électorale conservatrice dans le cas contraire. La question est de savoir qui les Tories veulent mettre en avant comme candidat de remplacement pour éviter un tel désastre.
Les patriotes allemands, du moins ceux qui sont prêts et capables de penser leurs rêves politiques "à l'anglaise" - un défi de taille, il est vrai -, peuvent souhaiter Jacob Rees-Mogg (foto), ministre du Brexit enrichi par la Bourse dans le cabinet Johnson, une caricature de l'Angleterre d'avant-hier dans sa présentation et son apparence. L'effet serait une dérive immédiate de l'île vers l'Atlantique, ce qui, du point de vue local, n'est pas la pire des solutions.
Mais il est plus probable que l'intronisation d'un "candidat du centre", que l'establishment du vieux parti croit capable de réconcilier les camps, un candidat qui laisse les Saxons pêcheurs poser à nouveau leurs filets dans le reste de l'Europe. Que Dieu lui-même nous en préserve !
Dans le numéro de juin de COMPACT, dont le thème principal est "Les Verts en guerre", nous montrons comment l'ancien parti pour la paix se plaît à être le moteur d'un échange de coups nucléaires. Baerbock, Habeck, Hofreiter & Co. mènent leur combat sur deux fronts : à l'extérieur contre la Russie, à l'intérieur contre leur propre peuple. Commandez ici - ou abonnez-vous dès maintenant avec ce numéro (https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/ ).
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Métaphysique de la tranchée - Julius Evola et la guerre
Métaphysique de la tranchée - Julius Evola et la guerre
par Giuseppe Scalici, Chargé de cours en histoire et philosophie
Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2018/11/01/metafisica-della-trincea-julius-evola-e-la-guerra/
C'est un équilibre dynamique entre le détachement des choses du monde et la volonté d'agir dans un sens pratique-opérationnel dans le monde, à tous les niveaux.
Telle est la voie, déjà indiquée par la tradition indo-européenne, du guerrier.
Un guerrier comme Arjuna, le héros de la Bhagavadgita, qui est poussé par le divin, incarné par Krsna, à se battre, sans scrupules ni faiblesses, en suivant la Loi intérieure de son propre être et, pourrait-on dire, de son propre destin, sans se soucier de la victoire ou de la défaite, sans regarder les gains personnels possibles, sans penser aux conséquences de l'action elle-même.
La dignité profonde, en fait, n'a rien à voir avec le succès ou l'échec dans la dimension de l'être conditionné.
Aux origines de la pensée européenne, nous préférons nous référer à notre horizon et non à ce qu'on appelle l'Occident, proclamait avec autorité Héraclite d'Éphèse (6e-5e siècle avant J.-C.) :
"Polemos [la guerre] est le père de toutes choses et de tous les rois ; il révèle les uns comme des dieux et les autres comme des hommes, il rend les uns esclaves, les autres libres" (1). La guerre, non pas comme un simple exercice de violence visant à détruire un ennemi, telle est la conception moderne, mais comme un principe premier, l'hypostase [ce qui "se trouve en dessous" et détermine la dimension transitoire de l'apparence phénoménale]. Le conflit concerne donc à la fois la sphère des événements historiques "objectifs", qui peuvent être analysés à l'aide de méthodologies scientifiques, et, nous aimerions le dire avant tout, la dimension intérieure profonde de chaque individu. Là où Polemos est absent, il y a stase, fixité, conditions qui préfigurent la mort, l'annihilation, la fin de toute référence ultérieure, de tout 'ailleurs'".
Une dimension transfigurée et essentielle
Dans l'histoire spirituelle complexe de Julius Evola, la réflexion, qui n'est certainement pas abstraite ou intellectualiste mais comprise comme Erlebnis [expérience vécue], occupe une position particulièrement importante et ne se limite pas à l'imposition de situations contingentes particulières.
Dans Le chemin du Cinabre (2), nous trouvons, bien que ce ne soit pas dans les termes d'une simple évocation mémorielle ou réductrice, la 'revisitation spirituelle' par le philosophe de sa participation à la Grande Guerre d'Italie de 1915-1918, à propos de laquelle, au moins d'un point de vue strictement historico-objectif, son jugement serait, tel qu'il a été exprimé dans les années suivantes, pas vraiment flatteur. La Première Guerre mondiale, en effet, en raison d'une exaltation nationaliste superficielle, avait détruit l'ethos, fondé sur l'ordre, l'esprit hiérarchique et la discipline, des Empires centraux, déterminant ainsi une nouvelle étape dans la décadence de la civilisation européenne, étroitement liée à son éloignement de cette condition spirituelle "normale", orientée vers la domination transcendant la sphère humaine, une configuration typique du "monde de la tradition".
Evola, alors tout jeune sous-lieutenant d'artillerie de montagne, déployé avec son régiment sur le front d'Asiago (1917-1918), alors qu'il était encore en cours de formation intérieure/spirituelle, fait l'expérience de la guerre dans le sens le plus absorbant du terme, même s'il ne s'est jamais trouvé, comme il l'aurait écrit lui-même, dans des situations de combat extrêmes, comparables, par exemple, à celles vécues par une autre grande figure du XXe siècle, Ernst Jünger. Néanmoins, la période passée au front représente, pour le philosophe romain, l'ouverture d'une dimension transfigurée et essentielle, que seul le contact direct avec la "possibilité" ultime et définitive, la mort, peut déterminer de manière indélébile.
Roberto Melchionda, dans son Introduction aux écrits d'Evola de la période 1935-1950 sur la valeur métaphysique et métahistorique de la guerre (3), met en évidence un texte du philosophe écrit pour la revue UR, sous le pseudonyme de Jagla, datant de 1928 : il s'agit d'un souvenir de guerre indiqué par l'auteur comme "Quota neutra del Cimone1917", mais les références spatio-temporelles semblent complètement hors de propos.
"[...] un souvenir qui ne s'effacera jamais, celui d'une nuit de guerre. J'étais loin, dans le détachement brillant. L'alarme, tout d'un coup. Je me saisis à nouveau. Je suis sur mes pieds. Je suis sur la ligne de la batterie. Ce qui s'est alors déchaîné dans les profondeurs, ce qui m'a soutenu, ce qui m'a porté miraculeusement à travers des heures d'enfer, ce qui a agi dans la lucidité surnaturelle de chaque geste, de chaque pensée, de chaque ordre, des sens qui ont saisi chaque perception avant la perception (et le "hasard" a peut-être été de rester indemne en se tenant debout - je me sentais capable de me tenir debout - avec des grenades qui éclataient tout près), je ne pourrais jamais le dire. Mais ce qu'ont pu être les dieux homériques immortels qui sont descendus au sein des fortunes épiques des hommes, je l'ai certainement esquissé ; et je savais ce que les hommes ne savent pas dans leur pauvre discours sur les idoles".
La guerre comme chemin vers l'illumination
Il n'est certainement pas facile pour quiconque, y compris l'auteur bien sûr, qui n'a pas vécu des expériences existentielles aussi extrêmes, d'en comprendre pleinement la signification.
On peut toutefois deviner une référence de première grandeur : alors que pour la pensée dominante de la philosophie occidentale, au moins jusqu'au XIXe siècle, la prééminence de l'âme sur le corps est postulée, on note, dans le souvenir "transfiguré" d'Evola, âgé de 19 ans, l'intuition, rendue par l'emploi d'expressions non "rationnelles", de l'idée d'une interpénétration très étroite entre l'âme et le corps, idée qui, à y regarder de plus près, n'est pas étrangère à la Weltanschauung européenne originelle, présente dans la spéculation présocratique et reprise par d'autres courants de pensée pertinents (5). La perception du monde extérieur, dit Evola, se produit "avant la perception" elle-même. Face à l'élémentaire, la dimension rassurante du ratio s'effondre. Et il n'y a pas de mots adéquats pour décrire cet état d'Être. Celui qui est totalement immergé dans le conflit-polemos est soumis à une sorte d'illumination intérieure "décisive". Même en continuant à vivre, ce ne sera plus la même existence "bourgeoise", ordinaire et tranquille, mais quelque chose d'absolument "autre" se produira. Rien ne sera plus comme avant.
Tout cela s'applique, en premier lieu, à l'individu "différencié", comme l'affirmera Evola lui-même, dans des années chronologiquement éloignées de la Grande Guerre: cela s'applique à celui qui, en dehors de toute rhétorique, peut être défini comme un "héros". Mais, d'une certaine manière, cette transformation intérieure peut également se retrouver à des niveaux inférieurs, si l'on pense à l'incapacité du vétéran, du survivant du champ de bataille, à se réadapter à la dimension vide et répétitive de la vie civilisée.
En d'autres termes, pour ceux qui ont profondément vécu la guerre, il ne peut plus jamais y avoir de paix.
Revenant sur l'immense conflit, dans un autre article paru dans UR à la même époque, Evola-Jagla écrit :
"Je suis allé vers ma mort. L'environnement psychiquement saturé de la guerre et de la hauteur a propulsé l'aventure, et lui a peut-être donné une direction qu'elle n'aurait pas réussi autrement. Je suis passé à autre chose (6)".
La guerre, donc, si elle est vécue en termes non liés à des situations contingentes, peut représenter, dans sa nature élémentaire impitoyable, une voie vers l'illumination, dans le sens d'un dépassement et d'une transfiguration de la vie immédiate. Le "dépassement" va, selon nous, vers cette dimension que le philosophe aurait appelée "plus que la vie". Elle impose donc la domination de la perspective "verticale" par opposition à la perspective "horizontale" des individus ordinaires, qui peuvent, dans des conditions exceptionnelles, adopter un comportement héroïque en apparence, mais de manière totalement inconsciente.
L'équation personnelle
Il ne fait aucun doute que l'illumination, dans le sens de "l'éveil" de ce qui est profond, concerne la partie essentielle et authentique de l'âme, ce Grund der Seele auquel faisait allusion le grand mystique allemand Meister Eckhart au 14e siècle. Il s'agit également de quitter la condition ordinaire, basse et répétitive de la vie pour se connecter spirituellement à la "transcendance". L'"aventure" vers la Vision du monde qu'Evola mûrira et consolidera dans la période entre les deux guerres est née précisément sur les champs de bataille.
Dans Le chemin du Cinabre, l'auteur indique cette "équation personnelle", pressentie dès son plus jeune âge, qui marquera toute son existence. C'est un équilibre dynamique entre le détachement des choses du monde et la volonté d'agir dans un sens pratique-opérationnel dans le monde, à tous les niveaux. Tel est le chemin, déjà indiqué par la tradition indo-européenne, du guerrier. Un guerrier comme Arjuna, le héros de la Bhagavadgita, qui est poussé par le divin, incarné par Krsna, à se battre, sans scrupules ni faiblesses, en suivant la Loi intérieure de son propre être et, pourrait-on dire, de son propre destin, sans se soucier de la victoire ou de la défaite, sans regarder les gains personnels possibles, sans penser aux conséquences de l'action elle-même. La dignité profonde, en fait, n'a rien à voir avec le succès ou l'échec dans la dimension de l'être conditionné.
Evola reviendra à la Bhagavadgita entre 1935 et 1942 à l'occasion d'une série d'articles, mentionnés précédemment, sur l'esprit de la guerre et du combat, écrits pour Diorama, le supplément hebdomadaire de Regime Fascista, le quotidien de Farinacci, et pour La difesa della razza de Telesio Interlandi (7). La tentative d'Evola, également évidente dans la célèbre conférence en langue allemande: Die Arische Lehre von Kampf und Sieg (8) , était de distinguer, au nom de la cohérence avec les principes originels des Indo-Européens, les aspects contingents, transitoires et profanes du conflit, liés à la condition matérielle et décomposée de l'existence, de ce qui constitue une valeur immuable et éternelle et, en tant que telle, capable d'orienter toute action. C'est la condition intérieure spirituelle qui conduit la volonté de l'individu à se battre même sur des positions perdues: en tant que héros, donc.
Dans les textes cités, le philosophe fait également référence à la distinction, présente dans la tradition islamique, entre petite et grande guerre sainte. Si la "petite guerre" est la guerre matérielle vers l'extérieur, qui ne peut ignorer les considérations politiques et l'alliance avec d'autres individus, la "grande guerre sainte" est justifiée par l'effort vertueux (djihad) dirigé contre les tendances négatives, dégénérées et passionnelles visant à forcer le combattant. L'idée fondamentale est d'amener au niveau de la petite guerre l'esprit de la grande. Tout se passe au niveau d'une intériorité qui, en tout cas, ne se plie pas à des formes de contemplation simple et passive du Vrai et de l'Absolu. S'il s'agit d'une ascèse, au sens du rejet de toute forme illusoire dissuasive, cette ascèse vise l'action concrète. Il est donc central, selon Evola, de réactualiser dans le temps présent un ethos dont la valeur s'impose à tout contexte factuel.
Une guerre aux caractéristiques profanes
Ces positions évoliennes, qui se conforment aux doctrines sapientielles traditionnelles, ont été soutenues avec constance, tant pendant la période fasciste que dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale (9).
La ferme volonté d'action d'Evola est évidente et directe. Sa demande d'être envoyé au front comme volontaire au début de la Seconde Guerre mondiale est bien connue, une demande rejetée parce que le philosophe n'était pas inscrit au PNF, tout comme il n'a pas demandé de carte de membre du PFR. Néanmoins, Evola a poursuivi son combat contre les forces de la subversion même après le 8 septembre. Bien qu'il ne se reconnaisse pas dans les idéaux socialistes du fascisme réorganisé, il veut apporter une contribution active à une guerre que l'on sait désormais vouée à la défaite sur le plan matériel. Présent au quartier général d'Hitler à Rastenburg, il accueille Mussolini, ainsi que d'autres personnalités qui n'ont pas répudié le Régime, après la libération de Campo Imperatore.
Engagé, ensuite, à Rome, où il réussit, in extremis, à échapper à l'arrestation par les services secrets américains immédiatement après l'occupation de la ville (10) nous le retrouvons à Vienne en contact avec les milieux traditionalistes allemands plongés dans l'étude de la franc-maçonnerie internationale et de ses complots. Emblématique, pour appuyer l'attitude spirituelle d'Evola, est l'épisode de janvier 1945. Le philosophe est sorti calmement de sa maison pendant un bombardement, presque comme s'il voulait défier le destin avec un détachement héroïque. L'onde de choc d'une déflagration lui a causé une paralysie irréversible des membres inférieurs. Evola fait face à la situation avec sérénité, conscient qu'il peut encore poursuivre sa révolte contre le monde moderne, comme il le démontrera jusqu'à sa mort en 1974.
La pensée et l'action sont donc des polarités parfaitement syntoniques chez Evola, associées à une extraordinaire capacité de comprendre les caractéristiques morphologiques de la bourgeoisie triomphante et de l'époque actuelle, dominée par l'appareil scientifico-technologique. Même la guerre, dans le monde moderne, revêt des caractères profanes, utilitaires et matériels.
Tout le reste n'est que de la frivolité rhétorique.
Mais, d'un certain point de vue, même dans des situations de paix apparente, les textes et doctrines du passé qui traitent de la guerre sont utilisés par les oligarchies libérales dominantes, en termes instrumentaux et dans des scénarios dégradés, confondant astucieusement moyens et fins, causes et effets, tactique et stratégie. C'est le cas, par exemple, de l'Art de la guerre du général chinois Sun Tzu (6e siècle avant J.-C.), un ouvrage utilisé aujourd'hui par les écoles de "management" américaines (11).
Cela a-t-il encore un sens, dans la "société liquide" d'aujourd'hui, de se référer à la Weltanschauung d'Evola ?
Il semble totalement utopique de penser à la possibilité de l'existence d'un front capable de s'opposer aux forces de dissolution1): et de cela Evola était parfaitement conscient (12).
Néanmoins, au niveau des individus, le potentiel de transformation intérieure, d'acquisition d'une conscience détachée, qu'aucun courant de pensée dominant ne pourra ébranler, reste intact.
- 1) Br.53, Diels-Kranz.
- 2) J.Evola, Il cammino del cinabro, édité par G.de Turris, Rome, Ed Mediterranee, 2014. La première édition date de 1963.
- 3) J.Evola, Metafisica della guerra, Padoue, Edizioni di Ar, 2001.
- 4) Ibid, p. 16. Ce mémoire de guerre n'apparaît pas dans Le chemin du Cinabre.
- 5) Nous faisons allusion, à titre d'exemple, à l'école d'Épicure, ravivée dans le contexte romain par Lucrèce ; à la tradition hermétique ; à la vision du monde de la Renaissance qui se réfère surtout à Giordano Bruno. Il est certain, cependant, que l'intention évolienne n'était pas d'ordre historico-philologique.
- 6) J.Evola, Métaphysique de la guerre, cité, p.22.
- 7) Ces articles sont maintenant rassemblés dans l'ouvrage intitulé Metaphysics of War.
- 8) La Doctrine aryenne de lutte et de victoire. Cette conférence date de décembre 1940. Elle s'est tenue à l'Institut Kaiser Wilhelm dans le Palazzo Zuccari à Rome.
- 9) Incidemment, Evola représente l'antithèse de la nonchalance idéologique et éthique des innombrables "intellectuels" italiens et non italiens, si prompts à changer leur vision du monde selon les puissants du moment.
- 10) Cf. G. de Turris, Julius Evola. Un filosofo in guerra, Milan, Mursia, 2016, passim.
- 11) De même, certaines disciplines spirituelles de l'Orient ancien, comme le yoga et le zen, "servent" à mieux affronter la vie quotidienne. Le primaire est donc la maîtrise de ce qui est extérieur, par opposition à un entraînement intérieur visant des états d'existence supérieurs.
- 12) Pensez à l'une de ses œuvres les plus importantes après la Seconde Guerre mondiale : Chevaucher le Tigre; publiée en 1961.
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jeudi, 09 juin 2022
La gauche et le relativisme: le triomphe de la raison "faible"
La gauche et le relativisme: le triomphe de la raison "faible"
par Daniele Trabucco
Source: https://www.ideeazione.com/la-sinistra-ed-il-relativismo-ovvero-il-trionfo-della-ragione-debole/
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la gauche italienne a suivi à la lettre, avec la complicité des démocrates-chrétiens de l'époque, la leçon gramscienne de conquête du pouvoir via les "casemates de l'État". Cela a malheureusement conduit à une véritable hégémonie culturelle qui s'est traduite et se traduit encore par les "occupations" des universités, des associations (véritables "réserves" électorales), des écoles et de la plupart des lieux de culture. La gauche, en d'autres termes, a transformé la société civile en un véritable "appareil" idéologique qui, sur la base de ses "enzymes", criminalise, adultère, ghettoïse le point de vue de ceux qui proposent (et non imposent) une lecture différente.
Pour réussir dans sa démarche, il utilise trois leviers :
1) la simplification linguistique qui, sous des termes qui ont pris un sens dogmatiquement univoque, sous-tend un jugement de valeur inavouable (le no-pass n'est pas celui qui, à juste titre, considère que la certification verte Covid-19 manque de preuves scientifiques, mais le subversif irresponsable qui sape la coexistence sociale et répand l'agent viral Sars-Cov2);
2) accepter la logique financière qui façonne de l'intérieur les institutions nationales et supranationales (voir, sur ce point, les contributions de Dardot et Laval);
3) l'hypothèse d'une pensée "faible", ou plutôt relativiste, comme moyen d'analyser et de juger la réalité. En fait, la gauche adhère à une raison inspirée de la critique kantienne, à savoir que la connaissance humaine ne peut atteindre la réalité en elle-même, qu'elle ne peut tendre vers un savoir incontestable et qu'elle a donc besoin d'une réalité "liquide" dans laquelle puiser des droits de plus en plus insatiables (la bataille des droits dits civils qui n'ont rien de civil) et dans laquelle modeler, tel le démiurge platonicien, des adversaires à abattre pour se légitimer sans cesse.
Celui qui choisit une force politique "de gauche" (je suis d'accord avec Norberto Bobbio (1909-2004) pour dire que la distinction droite/gauche est toujours valable et pertinente), nie (d'abord par rapport à lui-même) que la nature humaine puisse tenter de connaître ce quid qui tient et ne se laisse pas contredire. La gauche abhorre le concept de l'homme en tant que substance et adopte, à la place, celui de l'homme/projet en perpétuel devenir et capable d'autodétermination contre l'ordre naturel lui-même, dont la négation conduit à l'affirmation de l'indifférentisme et à la contradiction évidente selon laquelle, même si l'homme peut être n'importe quoi, il ne sera finalement jamais capable de poursuivre les fins inhérentes à la nature de ce qu'il croit être à ce moment-là (un homme peut se sentir comme un serpent, mais vous ne serez jamais capable de vous glisser comme lui sur le sol).
Bien que vaincu, il suffit de voir comment les électeurs et les votants italiens ont sanctionné, le 04 mars 2018, le Parti démocrate de Matteo Renzi, aujourd'hui leader d'Italia Viva, détient habilement le pouvoir et soutient, depuis août 2019, l'Exécutif grâce à notre " belle ", autant qu'hypocrite, forme de gouvernement parlementaire à " faible rationalisation " (la critique de Carlo Costamagna (1881-1965) après-guerre était prophétique). Tout cela peut-il être changé ? Non seulement nous le pouvons, mais nous le devons : il est nécessaire de rejeter, avec la logique de fer de la raison et du bon sens, l'éternel retour des stéréotypes de ceux qui se sentent moralement supérieurs alors qu'ils ne le sont pas.
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La dimension religieuse de la guerre en Ukraine
La dimension religieuse de la guerre en Ukraine
Par Silvia Palacios et Lorenzo Carrasco
Source: https://jornalpurosangue.com/2022/05/31/a-dimensao-religi...
Au-delà des implications militaires et géo-économiques évidentes, la guerre en Ukraineprésente un aspect plus profond, culturel et spirituel, un domaine qui a prospéré dans la reconstruction de la Russie, accompagnant sa renaissance chrétienne après la désintégration de l'Union soviétique.
Depuis le début du conflit, pour sa simple défense des valeurs chrétiennes, le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Cyrille Ier, a été placé au centre d'une féroce campagne internationale orchestrée par les hautes sphères du pouvoir anglo-américain, notamment le Conseil œcuménique des Églises (COE), également connu sous le surnom d'"ONU des Églises", exigeant l'expulsion du chef religieux de cet organisme. Incapable de prendre des mesures positives pour arrêter la guerre, l'ONU se dirige vers l'obsolescence et on peut en dire autant du COE.
Après la chute du mur de Berlin en novembre 1988, au lieu d'accueillir et de collaborer avec un pays sortant pacifiquement du communisme, les puissances occidentales ont tenté d'ériger un autre mur, cette fois conçu pour contenir la Russie, en la traitant comme une "station-service dotée d'armes nucléaires". Du point de vue de l'hégémonisme, cela signifiait la désigner comme un simple fournisseur de matières premières, en particulier d'énergie, obligé de se plier sans condition aux règles des "valeurs occidentales" de plus en plus éloignées de leurs racines culturelles chrétiennes.
Adhérer à l'agenda LGBT, au néo-malthusianisme et à l'idéologie du genre, est devenu le passeport pour entrer dans la civilisation européenne. Mais si cette idéologie déformée est ancrée dans les sièges de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et de l'Union européenne (UE) à Bruxelles, elle ne représente pas le sentiment profond des nations du Vieux Continent et n'est pas non plus partagée par la tradition russe, qui rend des hommages très spécifiques à la patrie, à la famille et à la religion.
Ainsi, faire de la renaissance culturelle et spirituelle de la nation slave un objectif national se heurte évidemment à l'apostasie européenne, à laquelle le président Vladimir Poutine et d'autres membres de son cabinet, ainsi qu'une grande partie de l'élite pensante du pays, se sont publiquement confrontés à plusieurs reprises.
Le sentiment national qui imprègne la population russe a été exprimé par Nikolai Patrushev, secrétaire général du Conseil de sécurité nationale de Russie, dans une interview accordée au journal officiel Rossyiskaya Gazeta le 29 avril :
"(...) A cet égard, la Russie a choisi la voie de la protection intégrale de sa souveraineté, de la défense ferme des intérêts nationaux, de l'identité culturelle et spirituelle, des valeurs traditionnelles et de la mémoire historique.
"Nos valeurs spirituelles et morales nous permettent de rester nous-mêmes, d'être honnêtes avec nos ancêtres, de préserver l'individu, la société et l'État. Les Européens, par exemple, ont fait un choix différent. Ils ont adopté des valeurs dites libérales, alors qu'en réalité elles sont néo-libérales. Ils favorisent la priorité du privé sur le public, l'individualisme qui supprime l'amour de la patrie et la disparition progressive de l'État. Il est désormais évident qu'avec une telle doctrine, l'Europe et la civilisation européenne n'ont aucun avenir. Apparemment, ils répéteront les leçons qu'ils n'ont pas encore apprises."
Le phénomène historique de la négation de ces splendides racines est typique de la décadence civilisationnelle et marque la distinction entre civilisation et culture. L'Europe et les États-Unis sont riches et civilisés, mais avec des cultures décadentes, car la culture présuppose l'exercice de valeurs de transcendance, dans la compréhension que la prospérité et le progrès économique - aujourd'hui en déclin - ne sont pas les seules causes du bonheur.
Lorsque Poutine a ordonné le début des opérations militaires en Ukraine, il savait, avec les dirigeants politico-militaires et religieux russes, qu'il donnait un "coup de pied dans la table" de l'ordre hégémonique euro-atlantique, qui a converti l'Ukraine, depuis le coup d'État de 2014, en un bélier contre la sécurité territoriale russe.
D'autre part, la plupart des dirigeants européens, qui sont les figurants dans une comédie bouffonne dirigée depuis Bruxelles et Washington, savent qu'une victoire russe en Ukraine signifierait la fin de l'utopie mondiale entretenue depuis la naissance de l'Establishment anglo-américain, lors des conférences de paix de Paris en 1919, à la fin de la Première Guerre mondiale. Sans entrer dans le sujet pour le moment, les conséquences de ces accords pour l'Europe sont connues.
Le Conseil Œcuménique des Églises (COE)
Des années plus tard, cette utopie d'un gouvernement mondial s'est concrétisée et, entre autres, en 1937, des personnalités prestigieuses du pouvoir anglo-américain ont fondé le Conseil œcuménique des Églises (COE) pour stimuler le dialogue interreligieux d'une manière si pâle qu'elle ouvre la porte à une vague interprétation d'un nécessaire œcuménisme. Parmi ses fondateurs figurent John Foster Dulles, futur secrétaire d'État américain et agent de la guerre froide, et le Britannique Philip Kerr, Lord Lothian, qui a qualifié l'État souverain d'"instance démoniaque", à l'origine de guerres et de conflits.
Depuis lors, le COE s'est consacré à la promotion et au soutien vigoureux de causes séculières compatibles avec un corps de doctrine relativiste, à la limite de l'absurde avec la postmodernité, dont les objectifs sont de déstabiliser, de subvertir et de démembrer les États nationaux souverains. En substance, leur mission consiste à consolider les structures gouvernementales du "One World" mondialiste, puisque le nationalisme est, selon eux, la principale cause des guerres. Ce n'est pas un hasard si, en Europe, le terme "nationalisme" est devenu presque synonyme de nazisme et que tous ceux qui s'opposent à ce programme "politiquement correct" sont volontiers qualifiés d'ultra-droitiers et essuient d'autres épithètes insultantes.
La vaste structure du COE lui permet d'être un contributeur précieux à la guerre culturelle menée dans le monde libéral occidental pour noyer la société dans l'hédonisme radical, la disparition de la famille naturelle, l'agenda "identitaire", le mouvement "woke", le transhumanisme et d'autres agendas créés par les oligarchies transnationales.
Inquisition contre le patriarche Cyril I
Le 7 mars, le patriarche Cyrille Ier a prononcé un sermon sans ménagement qui a eu un grand retentissement international, évoquant le fait que la charte d'admission au monde occidental libéral exige la reddition à un système de convictions aux antipodes du christianisme, dont les manifestations sont accueillies en fanfare, comme dans les manifestations du mouvement LGBT+ et autres.
Une autre homélie de Cyrille Ier, commentée dans AsiaNews le 27 avril, illustre sa lutte contre ce qu'il décrit comme des "contre-valeurs" occidentales. Dans la cathédrale historique de l'Assomption, à l'intérieur du Kremlin, il a appelé le peuple à se rassembler autour de "la ville de Moscou, le centre de toutes les Russies" pour se défendre contre "les centres de pouvoir de l'étranger".
Selon lui, le peuple russe doit redécouvrir son unité intérieure, "car seule l'unité fait notre force, et si nous gardons la foi de nos pères dans nos cœurs, alors la Russie sera invincible". Il a ajouté que "la victoire n'est pas toujours celle des armes, mais aussi celle de l'esprit, et beaucoup aujourd'hui voudraient que cet esprit disparaisse". Il a énuméré les tactiques de l'ennemi qui "sème la confusion, crée de nouvelles idoles, attire l'attention sur de nouvelles pseudo-valeurs, pour inverser la dimension de la conscience de l'homme, de cette verticale qui l'unit à Dieu à cette horizontale, sur laquelle sont implantées toutes les exigences de la chair humaine".
Rien de plus illustratif contre le rôle joué par Cyrille Ier et l'Église orthodoxe que deux articles récents publiés par le Financial Times, porte-parole de la City de Londres, dans les éditions des 18 et 19 avril. Les titres respectifs, "L'Église orthodoxe russe donne une légitimité à la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine" et "La 'guerre sainte' du Kremlin contre l'Ukraine", trahissent la crainte que l'exemple d'une Russie défendant les valeurs chrétiennes ne se propage à d'autres pays, dont la Hongrie de Viktor Orbán. Quelques paragraphes donnent une idée de ce sentiment : "L'idée d'une 'guerre sainte' en Europe peut sembler être un retour aux siècles passés. C'est pourtant, en substance, la manière dont l'Église orthodoxe russe et son chef, le patriarche Cyrille de Moscou, ont dépeint l'invasion russe en Ukraine. "Un tel comportement ne montre pas seulement comment l''église et l'État se sont entremêlés dans la Russie de Vladimir Poutine, mais il est également important de comprendre les motivations de la Russie moscovite. Bien qu'elle n'en fasse pas officiellement partie, l'Église orthodoxe russe est devenue un pilier de facto du régime autocratique de Poutine.
"La plupart des paroisses en Ukraine ont choisi de rester soumises au patriarche Cyrille même après 2019 [lorsqu'il y a eu une scission dans l'Église orthodoxe ukrainienne], environ 12.000 paroisses, soit environ un tiers de toutes les paroisses restent sous le contrôle de Moscou. Maintenant, de nombreux partisans del'Eglise de Moscou en Ukraine laissent le patriarche Cyrille en dehors de leurs prières.
"Des centaines de prêtres ukrainiens qui restent formellement membres de l'Église de Moscou ont demandé que le patriarche soit jugé par un tribunal ecclésiastique spéciale pour avoir béni la guerre."
Ajoutant à la vague inquisitoriale, le Financial Times déclare : "Lord Rowan Williams, l'ancien archevêque de Canterbury, après avoir visité l'Ukraine au cours de la deuxième semaine d'avril, a déclaré qu'il y a de 'solides arguments' en faveur de l'expulsion de l'Église russe du Conseil œcuménique des Églises, à moins que le patriarche Cyrille Ier ne condamne le meurtre de membres de son 'propre troupeau'.
Lord Rowan a été le chef spirituel de l'Eglise anglicane entre 2002 et 2012 et est célèbre pour ses sympathies envers les demandes du lobby LGBT au sein de l'Église d'Angleterre. Cette déviation, ainsi que d'autres, a accéléré l'effondrement de cette institution.
D'autre part, encourageant le lynchage du patriarche, le Parlement européen l'a condamné le 7 avril dans une déclaration: "Le rôle du patriarche Cyrille Ier de Moscou, chef de l'Église orthodoxe russe, est condamné pour avoir fourni une justification théologique à la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine ; et loue le courage des 300 prêtres de l'Église orthodoxe russe qui ont signé une lettre condamnant l'agression".
Dans la même veine, aux Etats-Unis, tous les réseaux du COE dans les fondations, les églises et les universités, sont mobilisés pour sanctionner le patriarche. Par exemple, l'Institut Dietrich Bonhoeffer de Washington a alerté ses affiliés, appelant à faire pression pour que, lors de la prochaine assemblée du COE en septembre, l'adhésion de l'Église orthodoxe russe soit annulée ou du moins suspendue indéfiniment, "parce que Cyrille Ier persiste à justifier l'agression de Poutine en qualifiant l'invasion de croisade religieuse".
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Le rejet du processus de Bologne et les convulsions idéologiques de l'élite
Le rejet du processus de Bologne et les convulsions idéologiques de l'élite
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/rejection-bologna-process-and-ideological-convulsions-elite?fbclid=IwAR3e0i0ctc2K_xnV04MyAx2pbVwdyoUSAjQxy83p61YhJbOFtdOayDtS2zM
Parlons du rejet du processus de Bologne [NDLR : Il s'agit du processus de réforme du système d'enseignement supérieur au niveau international, qui a débuté en 1999 à l'Université de Bologne, dont il tire son nom. Cet accord a permis la mise en place d'un système presque unifié de reconnaissance et d'équivalence des qualifications académiques. De nombreux États européens adhèrent au processus, mais depuis trois ans, on assiste à un abandon progressif de la convention]. Le point central est une question de principe. L'introduction du système de Bologne faisait partie d'un projet global : la pleine intégration de la Russie dans le monde global, ce qui signifie l'adoption sans restrictions de toutes les normes et règles de l'Occident. Il ne s'agissait pas seulement d'éducation, mais de la principale stratégie du gouvernement russe depuis 1991. L'adaptation de tous les niveaux de vie - éducation, économie, culture, science, politique, technologie, mode, art, éducation, sports, médias - aux normes de l'Occident moderne était le principal objectif de toutes les réformes. Cela s'appliquait à tout et constituait l'objectif principal des autorités, tant sous Eltsine que sous Poutine. La mise en œuvre du système de Bologne est un élément mineur de cette stratégie globale.
Bien sûr, il y a une différence entre les années 1990 et les années 2000. Sous Eltsine, l'acceptation totale des normes et modèles occidentaux s'accompagnait d'une intégration dans le monde global et d'une volonté de tout sacrifier pour elle, y compris la souveraineté et l'indépendance. La standardisation est donc allée de pair avec la dé-souverainisation.
Sous Poutine, la souveraineté a été proclamée comme la valeur la plus élevée, mais l'occidentalisation et la standardisation se sont poursuivies. Apparemment, suivant l'exemple de Pierre le Grand, Poutine a décidé d'utiliser la technologie occidentale pour renforcer le pays et, à un moment donné, en s'appuyant sur ces normes empruntées, de frapper un grand coup. Pierre lui-même a ouvert une fenêtre sur l'Europe pour les canons russes. Dans le même temps, Pierre brisait également la tradition russe, alors que Poutine a hérité d'une société dans laquelle la tradition était déjà brisée.
Si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle Poutine poursuivait une stratégie consistant à copier le système occidental dans le but de renforcer la souveraineté russe, et il n'y a pas d'autre hypothèse intelligible, alors avec le début de l'OMU est venu le moment de vérité: il était temps de contre-attaquer, l'Occident, qui s'était entêté à essayer de nous arracher l'Ukraine en trompant et en hypnotisant la population naïve de la Petite Russie, était touché. Là encore, il y a un parallèle avec Pierre: celui qu'évoque la bataille de Poltava, modèle que la Russie actuelle s'entête à poursuivre depuis février 2022. Tout s'emboîte.
Cependant, il y a une différence entre le 18ème siècle et le 21ème siècle : la technologie occidentale moderne est inextricablement liée à l'idéologie, la technologie elle-même porte un code clair de globalisme et de libéralisme. Ni les biens ni les objets ne sont idéologiquement neutres, et encore moins les méthodes d'enseignement et les disciplines universitaires, que la Russie actuelle a servilement copiées au cours des 30 dernières années. Au début, c'était un signe de défaite, puis un "plan astucieux" pour se concentrer et se préparer à une attaque en représailles. Maintenant, que faire de ces éléments, technologies et institutions que la Russie a copiés de l'Occident ? Pas seulement le système éducatif, mais tout le reste : les technologies de l'information, les institutions financières, les codes culturels, les mécanismes du marché, la mondialisation de la main-d'œuvre et de l'approvisionnement en énergie, et même la démocratie elle-même, le parlementarisme, les élections, les droits de l'homme, bref, tout...
Après 30 ans de domination de cette stratégie particulière, la Russie n'a rien, ou presque rien, qui lui soit propre. Le système de Bologne n'est qu'un syndrome. Dans ce problème, comme dans un miroir, on peut voir tout le reste.
Alors que faire des normes occidentales dans une situation où l'Occident nous a jetés et où nous devons lui donner une réponse civile globale ?
C'est généralement le principal problème aujourd'hui. Il est devenu si aigu avec le début de l'opération militaire spéciale et, à son tour, notre propre victoire en dépend directement. Après tout, même les relations avec Kiev, malgré toute sa folie depuis Maidan 2014, nous renvoient à ce dilemme.
Moscou insiste : soyez avec nous.
Kiev demande : où allez-vous, car nous pouvons décider d'être avec vous ou de ne pas être avec vous ?
Moscou répond : nous allons vers l'Occident, vers le monde global, et c'est pourquoi nous standardisons tout. Nous avons également introduit le système de Bologne.
Kiev proteste : si vous allez vers l'Ouest, nous y allons aussi, nous sommes plus proches, et maintenant nous aurons, nous aussi, le système de Bologne.
Moscou commence à s'énerver : nous allons vous faire du mal !
Kiev n'abandonne pas et parle de lard, de "héros", de voyages sans visa et... de Bandera.
Nous le savons tous.
Mais il s'agit de répondre à la question raisonnable de Kiev : où allez-vous ? Si la Russie va à l'Ouest, toutes les autres nations fraternelles sont parfaitement capables de le faire par elles-mêmes, sans elle. Il est assez facile de traduire des manuels et des guides occidentaux de l'anglais ou du chinois en ukrainien, en kazakh, en tadjik et même en tchétchène ou en tatar. Le russe comme intermédiaire n'est pas du tout nécessaire.
C'est pourquoi sous Eltsine, tout le monde nous fuyait, mais c'est aussi pourquoi ils ne se précipitent pas vers nous sous Poutine, car tant que nous sommes encore dans le paradigme occidental, tout le monde veut aussi aller à l'Ouest.
Aujourd'hui, ce slogan s'est effondré. Il s'avère que nous n'irons pas nous-mêmes, et l'Occident non seulement ne nous attend pas, mais il nous déteste avec férocité - d'où la vague frénétique de russophobie, inaugurée par l'Opération militaire spéciale. Mais pendant 30 ans, nous avons marché et dit que nous marchions, à nous-mêmes et aux autres, dans la direction de l'Occident. Maintenant, la direction est devenue claire et les responsables de l'OMS s'empressent de se montrer comme des patriotes radicaux. À bas le système de Bologne. Mais tout cela ne semble-t-il pas trop facile ?
Tout d'abord, nous pouvons et devons supprimer le système de Bologne (nous, les patriotes, nous battons pour cela depuis longtemps), mais revenir simplement au modèle soviétique n'est pas du tout une solution, c'est même impossible et inutile. Nous avons besoin d'une idéologie claire de l'éducation qui correspond à la Russie en tant que civilisation, et en tant que civilisation qui a défié l'Occident. Qui, parmi les fonctionnaires du ministère de l'éducation, peut réfléchir ne serait-ce qu'un instant à des questions aussi graves ? On ne trouve pas de telles personnes dans la nature.
Deuxièmement, le système de Bologne concerne la forme de l'éducation, mais n'affecte en rien le contenu. Revenir aux normes spécialisées et soviétiques et maintenir le contenu libéral des humanités de base est absolument absurde. Le système de Bologne a été conçu pour synchroniser le libéralisme et le mondialisme inhérent au contenu de l'éducation avec les formes d'apprentissage et d'évaluation généralement acceptées en Occident. L'éducation est le principal instrument de pouvoir sur les esprits. Ce n'est pas une coïncidence si, au cours des 30 dernières années, les libéraux ont formé une armée d'éducateurs comme agents d'influence libérale. Toutes les institutions éducatives russes, principalement les universités, en sont remplies. Dirigés par les services spéciaux occidentaux et soutenus activement par des fondations qui leur sont associées, comme dans le cas de Soros, mais pas seulement, ils ont accordé la plus grande attention au contenu, c'est-à-dire aux paradigmes idéologiques. Et ce n'est pas une question pour les bureaucrates. Ni, je le crains, aux Tchécoslovaques, car quelle a été leur éducation ? D'un genre particulier ? Oui, le patriotisme était mis en avant, mais qui s'est occupé du contenu idéologique ? Une fois encore, le retour aux anciens cadres soviétiques n'est pas une option. Ces personnes sont souvent respectables, mais elles ne comprennent que partiellement le nouveau monde, même si le vecteur éthique a été préservé. Cela, hélas, ne suffit pas.
Troisièmement, même si nous supposons que les autorités réalisent la gravité du problème de l'éducation souveraine, autrefois à la merci des agents libéraux, et qu'elles s'en préoccupent réellement, le problème ne peut être résolu sans transformations similaires dans d'autres domaines. Comment est-il possible de dé-libéraliser l'éducation et de maintenir en même temps les normes libérales occidentales dans tous les autres domaines de la vie ? Le marché, le capitalisme, la numérisation, l'intelligence artificielle, la croyance non critique dans le progrès scientifique et technologique, la robotisation, finalement la démocratie, le parlementarisme, la société civile et les droits de l'homme sont tous des copies des normes libérales occidentales et sont si profondément ancrés dans la société que la simple pensée de devoir les éradiquer horrifierait toute personne au pouvoir, et certainement pas le peuple (qui comprend tout plus clairement et plus simplement).
Cela conduit inévitablement à des convulsions idéologiques. Continuer à copier l'Occident et ses normes, standards et règles n'est plus possible. Nous avons été déconnectés de la mise à niveau et, de plus, les failles et les correctifs intégrés à la technologie ont déjà été activés pour s'autodétruire et effacer les données. Nous nous sommes fiés à cette technologie et avons été légitimement déçus. Alors nous nous sommes précipités désespérément vers la substitution d'importations, sous prétexte de construire pour nous un Occident moderne, égalitaire mais sans les LGBT+, voire avec eux mais dans une version " patriotique ", fidèle au gouvernement.
Rejetons ce satané système de Bologne occidental et mettons en place notre propre "système de Bologne russe", et ainsi de suite pour tout. C'est une solution très intelligente. Bien sûr, il y a une issue, mais le gouvernement doit d'abord s'assurer que ce qu'il propose aujourd'hui n'est pas du tout une escroquerie. Si nous ne commençons pas à penser souverainement, il s'agira de traduire le mode d'emploi d'un aspirateur en vieux slavon ou d'y attacher une cravate rouge.
Je me suis convaincu qu'il est totalement inutile et même pervers de donner des conseils à des personnes qui n'en ont pas besoin et qui, de plus, sont convaincues de tout savoir elles-mêmes. Nous devons donc nous préparer à un jeu de miroirs : rejet du système de Bologne, rejet du système de Bologne, rejet du système de Bologne, rejet du système de Bologne, et ainsi de suite jusqu'à la période suivante, pour toutes les autres substitutions d'importation. Lorsque ce cycle sera terminé, nous parlerons alors sérieusement des réformes de l'éducation. Et pas avec n'importe qui.
16:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Ecole/Education | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : éducation, actualité, europe, russie, affaires européennes, processus de bologne, alexandre douguine | | del.icio.us | | Digg | Facebook