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dimanche, 11 mai 2025

Ces cent jours qui ont frappé le monde

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Ces cent jours qui ont frappé le monde

par Georges Feltin-Tracol

Investi 47e président des États-Unis d’Amérique le 20 janvier 2025, Donald Trump a atteint le centième jour de son mandat le 30 avril dernier. En dix décades, le locataire de la Maison Blanche a déjà bouleversé son pays, l’économie mondiale et les relations internationales. Dès le premier jour de sa présidence, il a signé vingt-six executive orders qui correspondraient en France à des ordonnances gouvernementales. Par comparaison, en 2021, Joe Biden en signa dès la fin de son investiture le 20 janvier 2021… neuf ! Cent jours plus tard, ce sont finalement cent quarante-trois décrets présidentiels qui ont été pris. Lors de son premier mandat en 2017, surpris par sa victoire face à Hillary Clinton et peu soutenu par les caciques proto-démocrates d’un parti républicain soumis aux injonctions de la gauche culturelle, Donald Trump n’avait signé que vingt-quatre décrets présidentiels en une centaine de jours.

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Ayant compris ses erreurs, ses négligences et ses maladresses, le nouveau président s’est tourné vers les laboratoires d’idées, dont The Heritage Foundation, grands pourvoyeurs d’agents administratifs fiables, compétents et loyaux. Il a accepté de « noyer le marais » en ouvrant en même temps plusieurs fronts, d’où cette impression recherchée de tournis incessant. La méthode est excellente. Dans son roman de politique-fiction, Le temps du phénix (2016), Bruno Mégret soutenait cette méthode afin de saper toute mobilisation hostile intense. Cette pratique devrait s’appliquer en 2027. En effet, plutôt qu’organiser, par exemple, une seule grande réforme sur les retraites susceptible de cristalliser les mécontentements, le gouvernement aurait tout intérêt à lancer en même temps plusieurs réformes (retraites, audio-visuel, temps de travail, code de la nationalité, fiscalité, etc.). Dès lors, soit l’opposition répliquerait à l’ensemble des projets avec le risque de se disperser et de s’amoindrir, soit elle ne se concentrerait que sur une seule réforme et permettrait l’adoption des autres.

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Par ses décrets et des sorties tonitruantes, Donald Trump tient ses promesses électorales. Quelle audace ! Pendant la campagne présidentielle, ne disait-il pas que les droits de douane fussent les plus beaux mots du vocabulaire ? Ne prévenait-il pas les pans de l’« État profond » qu’il effectuerait une purge draconienne sous la direction d’Elon Musk et du DOGE (Département de l’efficacité gouvernementale) ? Outre un accord qui expédie dans une prison de très haute sécurité au Salvador des migrants illégaux, des agents du FBI arrêtent en plein tribunal, le 25 avril, Hannah Dugan, juge élue au tribunal de circuit (l’équivalent d’une cour d’appel) du comté de Milwaukee dans le Wisconsin. Jubilons que d’autres juges, d’autres journalistes, d’autres universitaires connaissent eux aussi les menottes !

C’est en économie que le trumpisme en action a effectué le plus de changements. En augmentant considérablement les taxes douanières, puis en revenant sur ces tarifs prohibitifs, Donald Trump sait-il ce qu’il fait ? Oui ! Par la menace, il formule des exigences si hautes que ses interlocuteurs ouvrent aussitôt des négociations et recherchent le meilleur compromis commercial possible.

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Favorable à une Amérique du Nord autarcique, élargie au Canada et au Groenland, Donald Trump, bien que non interventionniste belliciste pour l’instant, encourage une hégémonie mondiale sans complexe. L’Amérique d’abord ne signifie pas l’Amérique seule et isolée ! S’il somme les membres de l’OTAN d’augmenter leurs efforts de réarmement, il les pousse à ne se fournir que chez des groupes étatsuniens, quitte à mettre en péril les industries de défense du Vieux Monde. En parallèle, Washington s’indigne des amendes infligées par l’Union dite européenne à Apple (500 millions d’euros) et à Meta (200 millions). Les États-Unis ne se privent pourtant pas de sanctionner maints entreprises européennes sous couvert de l’extraterritorialité de leur droit au moindre prétexte. Trump II témoigne d’une incontestable volonté prédatrice, y compris envers les fonds sous-marins riches en nodules polymétalliques. La signature récente d’un accord sur les terres rares avec l’Ukraine en est une preuve tangible.

Les formidables pressions de la part des « seigneurs de la Tech », Elon Musk en premier, expliquent aussi le revirement de Donald Trump sur les droits de douane. Si le mouvement MAGA prêche le protectionnisme de bon aloi, son aile high tech, en bon perroquet libertarien, continue à défendre le libre-échange, un libre-échange biaisé en faveur de l’Oncle Sam. C’est la seconde fois en cent jours, après la dispute autour des visas accordés aux ingénieurs étrangers nécessaires aux firmes du numérique, que de fortes dissensions opposent Musk à Steve Bannon. Deux tendances au moins s’affrontent pour disposer ensuite du monopole idéologique sur la nébuleuse MAGA.

La volte-face présidentielle sur les questions douanières montre en tout cas la forte intégration commerciale de l’aire occidentale américanomorphe, dont l'économie est fortement internationalisée. La Hongrie illibérale récuse tout protectionnisme strict. Par ses initiatives erratiques, Donald Trump a le mérite de montrer qu’il n’est pas simple de se libérer du dogme libre-échangiste, ni de la réalité induite par cette croyance pathogène. Circonstance aggravante, sa reculade se comprend à l’approche des élections de mi-mandat en novembre 2026. La médiasphère spécule déjà sur une victoire des démocrates à la Chambre des représentants, voire aussi au Sénat. Ce pari journalistique serait trompeur.

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En dressant de hautes barrières douanières qui stimulent l’inflation, Donald Trump espère inciter à la réindustrialisation des États-Unis avec des producteurs étatsuniens pour des consommateurs US. Preuve est faite qu’on ne peut pas rayer d’un simple trait de plume cinq décennies de libre-échangisme mondial. Une politique protectionniste nécessite de la durée incompatible avec les échéances électorales à venir. Sa réalisation effective signifierait la fin de l’opulence, la sortie du consumérisme effréné et la mise en place d’une décroissance planifiée tendant vers l’appauvrissement (et non la paupérisation) de la société. Un mode de vie pauvre, austère et frugale n’est guère l’idéal recherché aux temps de la démocratie massifiée et manipulée.

En cent jours, Donald Trump a réussi, après le plus formidable retour politique de l’histoire des États-Unis, à chambouler un monde qui perd à son corps défendant sa boussole américaine. Se dirige-t-on vers une multipolarité naissante, instable et partielle ? Difficile de l’affirmer nettement. La seconde présidence Trump parviendra-t-elle à enrayer le déclin des États-Unis ou bien va-t-elle au contraire l’amplifier ? L’occasion est toutefois propice pour que les Européens renouent enfin avec leur propre civilisation. 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 155, mise en ligne le 6 mai 2025 sur Radio Méridien Zéro.

L'homme le plus dangereux d'Amérique n'est pas Trump, mais Alex Karp

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L'homme le plus dangereux d'Amérique n'est pas Trump, mais Alex Karp

John Mac Ghlionn

Source: https://dissident.one/de-gevaarlijkste-man-van-amerika-is... 

Alors qu'Orwell nous mettait en garde contre Big Brother, Alex Karp, PDG de Palantir, construit tranquillement sa salle de contrôle alimentée par l'IA - systématique, insidieuse et efficace, écrit John Mac Ghlionn.

Karp ne ressemble pas à un belliciste. Le PDG de Palantir se présente avec des cheveux ébouriffés, des lunettes sans monture et débite des citations d'Augustin ou de Nietzsche - comme s'il se préparait à une conférence TED sur le techno-humanisme. Mais derrière cette façade pseudo-philosophique se cache une vérité toute simple: Karp est en train de créer un système d'exploitation numérique pour une guerre perpétuelle. Et il est en passe de remporter la victoire.

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Pendant des années, il a été considéré comme une curiosité dans la Silicon Valley: trop direct, trop têtu, trop étroitement associé au complexe militaro-industriel. « Nous étions la bête de foire », a-t-il déclaré un jour, à la fois fier et blessé.

Aujourd'hui, cependant, il n'est pas seulement accepté - il fournit le modèle d'un nouvel autoritarisme technologique dans lequel l'intelligence artificielle ne se contente pas d'observer le champ de bataille, mais le devient elle-même.

Le principal produit de Palantir, AIP, est déjà profondément intégré dans les processus militaires américains. Il prend en charge la sélection des cibles, la logistique du champ de bataille, la coordination des drones, la police prédictive et la fusion des données à une échelle qui fait pâlir la NSA.

Karp se vante que sa technologie donne aux « nobles guerriers de l'Occident un avantage injuste ». Au-delà de la rhétorique héroïque, elle offre une suprématie algorithmique : la guerre des machines, codée et marquée dans le style de l'efficacité patriotique.

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Et l'économie américaine passe à l'action. Citi, BP, AIG et même Hertz utilisent la technologie de Palantir. La frontière entre les applications militaires et civiles s'estompe. Ce qui était autrefois développé pour le champ de bataille permet aujourd'hui d'analyser les clients, les travailleurs et les civils.

Karp ne veut pas seulement numériser le Pentagone, il veut implanter Palantir dans les écoles, les hôpitaux, les tribunaux et les banques.

Le plus grand danger ne réside pas seulement dans la technologie elle-même, mais aussi dans la vision du monde qui l'accompagne. Karp parle de « transformation du système » et de « reconstruction des institutions » comme s'il était Moïse sur une montagne - mais derrière ce geste messianique se cache la croyance dangereuse que les processus démocratiques - la discussion publique, la délibération éthique, la résistance - sont obstructifs et doivent être contournés.

Il ne vend pas des outils, il vend l'inévitabilité. Karp est proche des militaires, méprise la transparence et se moque des débats éthiques de la Silicon Valley. Alors que d'autres PDG mettent en place des comités d'éthique, Karp s'exprime ouvertement: Palantir est venu pour faire la guerre - contre l'inefficacité, contre la bureaucratie, contre les ennemis à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

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Il se moque de l'idée que la technologie puisse être freinée par des scrupules moraux. Pour lui, tout ce qui compte, c'est l'efficacité : le contrôle, la domination, l'efficience opérationnelle. Sa pensée est claire : la technologie est un pouvoir - et ce pouvoir doit être contrôlé, optimisé et automatisé.

Ce n'est pas un manager qui recherche l'équilibre. Karp conçoit l'architecture logicielle d'un État de surveillance - et l'appelle libération. Le logiciel détermine non seulement comment les problèmes sont résolus, mais aussi quels problèmes peuvent être résolus.

Son émergence reflète un changement fondamental : les États-Unis s'appuient de plus en plus sur la surveillance, la vitesse et le contrôle algorithmique - Palantir fournit tout cela. Contrairement à Zuckerberg et Musk, Karp ne prétend même pas vendre de l'innovation sociale. Il est fier que ses produits permettent des frappes de missiles, coordonnent les attaques de l'ICE et effectuent des recherches prédictives dans la foulée. Pour lui, c'est un progrès.

Et ça marche. Palantir est l'une des entreprises de défense les mieux notées de l'histoire des États-Unis et se négocie à 200 fois ses bénéfices escomptés. Wall Street l'aime - et Washington encore plus.

Karp fournit déjà des véhicules TITAN à l'armée américaine et gère le programme MAVEN basé sur l'IA, qui convertit les données satellitaires en cibles d'attaque en temps réel. Ce n'est plus de l'infrastructure, c'est de la logistique impériale.

L'attitude du philosophe-guerrier peut fasciner les investisseurs. Le reste d'entre nous devrait s'inquiéter. Karp prévoit un avenir où les guerres ne nécessiteront plus le consentement du public, mais seulement un accès stable par le biais du backend.

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Un avenir où la moralité est confiée à des algorithmes et où le comportement humain est mesuré, évalué et approuvé comme un flux de données.

Alors qu'Orwell nous mettait en garde contre Big Brother, Karp construit aujourd'hui sa salle de contrôle d'une manière différente : non pas avec de la propagande, mais avec des diapositives PowerPoint. Non pas en secret, mais publiquement, par le biais de communiqués de presse et de chiffres trimestriels.

Alors que les autres plateformes vendent des produits, Karp vend une structure : numérique, profondément intégrée et permanente. Son plus grand danger est de paraître civilisé. Il cite des versets de la Bible, porte des manteaux d'extérieur et se présente comme un professeur charismatique.

Mais derrière cette façade artificielle se cache un homme qui façonne un avenir dans lequel la dissidence sera considérée comme un dysfonctionnement, l'ambiguïté comme un défaut et les gens comme des variables inefficaces à optimiser.

La vision de Karp : une souveraineté totale de l'information, une prise de décision préventive et une militarisation de toutes les institutions sociales. Un avenir sombre - et il est plus proche que nous ne le pensons.

Alors que les médias se focalisent encore sur Trump, il vaudrait mieux s'intéresser à Alex Karp.

Car l'homme le plus dangereux d'Amérique ne vocifère pas. Il code.

samedi, 10 mai 2025

Norvège: Pourquoi relancer Le Rabouliste ?

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Norvège: Pourquoi relancer Le Rabouliste ?

Source: https://rabulisten.no/hvorfor-rabulisten/

Le Rabouliste renaît en tant que sanctuaire pour la recherche de la vérité, de l'identité nationale et des questions que vous n'avez plus le droit de poser.

Nous relançons Le Rabouliste en date du 8 mai parce que la Norvège a besoin d'une voix indépendante et inébranlable pour le peuple norvégien. Une voix qui refuse de s'incliner devant l'UE, le dogme mondialiste ou la main moite de l'autocensure.

Le Rabouliste original, connu plus tard sous le nom de Vårt Land, était l'un des journaux illégaux publiés pendant l'occupation allemande, à une époque où la voix de la liberté ne pouvait s'exprimer que par chuchotements. Aujourd'hui, il faut à nouveau la murmurer, notamment au Royaume-Uni, où des personnes ont été arrêtées pour s'être exprimées sans fioritures ni circonlocutions prudentes. En Roumanie et en France, où les candidats au poste de premier ministre ne peuvent pas se présenter. Et en Allemagne, où les enseignants, les policiers et les soldats n'ont pas le droit d'adhérer au plus grand parti du pays.

En Allemagne, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a été déclarée « extrémiste de droite patentée ». Non pas parce que ces membres ont perpétré des violences, mais parce qu'ils ont commis le péché capital de prétendre que les Allemands ne devraient pas devenir une minorité dans leur propre pays. Selon l'État, quiconque possède un passeport allemand est un « Allemand », quelle que soit son origine. Une notion absurde à laquelle peu de gens croient encore en Allemagne.

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La Norvège, notre coin d'Europe balayé par les vents, n'est pas non plus à l'abri d'une telle cécité politique. Nos propres politiciens prennent des décisions qui affaiblissent les intérêts de la nation: les câbles offshore, l'électrification du plateau continental norvégien. Et maintenant Melkøya (ndt: île au nord de la Norvège où l'on a effacé la culture rurale traditionnelle pour monter une usine de gaz liquide).

Parallèlement, une transformation démographique est en cours. Depuis 1975, le taux de natalité est resté inférieur à 2,1 enfants par femme, alors que la population est passée de 4 à 5,5 millions d'habitants.

Le taux de natalité actuel? 1,41. Une évolution qui ne met pas seulement la vie en danger, mais qui va à l'encontre du but recherché. Oswald Spengler l'avait prédit : l'Occident, dans sa phase civilisationnelle tardive, perdrait la volonté de vivre, de croître et d'aller de l'avant. Lorsqu'un peuple cesse de se porter vers l'avant, il ne s'agit pas seulement d'une crise démographique, mais d'un effondrement spirituel.

Un certain nombre de processus réversibles et irréversibles menacent notre chère patrie.

Nous relançons Le Rabouliste le jour de la libération du territoire en 1945, pour rendre hommage à ceux qui se sont levés dans le passé quand il fallait du courage, et aussi pour affirmer l'évidence à notre époque, où il faut à nouveau du courage pour dire la vérité. Nous puisons notre force dans le fait que, malgré 434 ans de domination danoise, 91 ans d'union avec la Suède et cinq ans d'occupation allemande, nous avons préservé notre identité norvégienne, notre spécificité norvégienne.

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Dans une société où la tyrannie des médias progressistes cherche à se scandaliser quand on affirme qu'une femme est une femelle biologique, il devient évident que l'uniformité idéologique a atteint des sommets. Comme l'avait compris le marxiste italien Antonio Gramsci, le pouvoir le plus efficace ne s'exerce pas par la violence, mais par l'hégémonie culturelle, lorsque la vision dominante du monde devient si englobante qu'il semble impensable d'y résister. Mais l'aide est venue d'un endroit inattendu: des États-Unis, qui étaient jusqu'à récemment l'épicentre de la théorie critique et de la politique identitaire-woke. La victoire de Trump en 2024 et la nouvelle administration ont donné aux Norvégiens et aux Européens une pause précieuse, un créneau pour reprendre nos pays.

De nombreux éléments indiquent que le vice-président américain J. D. Vance avait raison lorsqu'il a déclaré dans son discours à Munich:

« Mais la menace qui m'inquiète le plus pour l'Europe n'est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. Ce qui m'inquiète, c'est la menace qui vient de l'intérieur ».

En Suède, la politique d'immigration a contribué à l'émergence de sociétés parallèles et de structures claniques (des colonies musulmanes) qui compromettent la stabilité de l'État. Ce que l'écrivain français Renaud Camus a appelé « Le Grand Remplacement » n'était pas une hypothèse, mais une description sobre de la réalité, y compris dans notre pays voisin. Le Rabouliste se veut une voix honnête et intransigeante, qui tirera le signal d'alarme lorsque les hommes politiques norvégiens nous entraîneront sur la même voie désastreuse.

Nous sommes politiquement indépendants, mais nous avons une mission claire: défendre le droit du peuple norvégien à l'autodétermination, à exister en tant que tel et à façonner sa propre société. Il est irresponsable de rester silencieux dans le contexte actuel.

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Pour nous, il s'agit de retrouver la liberté, non seulement face aux puissances supranationales, mais aussi face à une Norvège de plus en plus aliénée. Fritjof Nansen avait compris qu'un peuple qui n'a pas la volonté de s'affirmer ne peut pas aider les autres. Ses efforts en faveur des peuples norvégien et arménien témoignent d'une foi inébranlable dans la dignité nationale et la responsabilité personnelle, un héritage que nous souhaitons transmettre.

« Nous voulons un pays qui soit sauvé et libre et qui n'ait pas à emprunter sa liberté.

Nous voulons un pays qui soit le mien et le vôtre, et notre pays s'appelle la Norvège !

Et si nous n'avons pas encore ce pays, nous le gagnerons, toi et moi ! ».

- Per Sivle, 1895 (langue norvégienne modernisée)

17:19 Publié dans Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : norvège, scandinavie, nouvelle droite | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'Europe en crise: la présidente de la Commission, Mme von der Leyen, menace de tomber de son piédestal

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L'Europe en crise: la présidente de la Commission, Mme von der Leyen, menace de tomber de son piédestal

Par le Dr Gert-Jan Mulder

Source: https://www.dagelijksestandaard.nl/opinie/europa-in-crisi...   

La position d'Ursula von der Leyen en tant que présidente de la Commission européenne vacille. Celle qui avait commencé comme une candidate de compromis en 2019 est devenue en 2025 l'un des dirigeants européens les plus critiqués de ce siècle. L'opposition grandit de toutes parts:

- Les États membres remettent ouvertement en question sa légitimité et son style de gouvernance.

- Le Parlement européen est divisé et semble de plus en plus opposé à ses politiques.

- La Cour des comptes européenne s'attaque frontalement à la gestion du gigantesque fonds de relance « Coro na » de 750 milliards d'euros, qui a été dépensé de manière opaque sous la direction de Mme von der Leyen.

- La correspondance secrète par SMS avec Pfizer sur les vaccins C orona reste inexpliquée.

- Plusieurs dénonciateurs, journalistes et organisations de la société civile parlent de concentration du pouvoir, de manque de transparence et d'une possible utilisation abusive des fonds.

Dans une démocratie saine, cela soulève une question logique: dans quelles circonstances Ursula von der Leyen peut-elle être contrainte de démissionner - ou de se retirer volontairement ? Voici une analyse juridique et institutionnelle.

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  1. 1) Démission volontaire (article 17, paragraphe 6, du traité UE)

La voie la plus simple et la plus rapide serait la démission volontaire. Ursula von der Leyen peut démissionner de son propre chef à tout moment auprès du président du Parlement européen et du président du Conseil européen. Dans ce cas, elle restera présidente sortante jusqu'à ce qu'un successeur soit nommé et confirmé.

Toutefois, cette voie exige qu'elle soit tout à fait prête à cette éventualité, ce qui, pour l'instant, ne semble guère être le cas.

  1. 2) Motion de défiance du Parlement européen (article 234 du TFUE)

La seule voie formelle pour contraindre la Commission européenne, et donc son président, à démissionner est la motion de censure du Parlement européen. Cette procédure comporte les éléments suivants :

- Doit être déposée par au moins un dixième des membres du Parlement (actuellement 71 sur 720).

- Elle doit être adoptée à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés et à la majorité des membres (au moins 361 voix).

- Si la motion est adoptée, l'ensemble de la Commission doit démissionner collectivement, y compris le président.

Notez que le Parlement ne peut pas simplement démettre le président. C'est tout ou rien. Cette procédure est difficile mais, politiquement, elle n'est pas impensable en cas d'échec continu du leadership.

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  1. 3) Pression politique du Conseil européen (contrainte indirecte à la démission)

Le Conseil européen, composé des chefs de gouvernement des États membres, peut déclencher la nomination d'un successeur si Mme von der Leyen perd la confiance. Légalement, ils ne peuvent pas la démettre de ses fonctions, mais la pression politique exercée par une majorité d'États membres pourrait rendre sa position pratiquement intenable.

Dans la pratique, cela pourrait se faire par des pressions diplomatiques, des déclarations publiques ou un appel commun.

  1. 4) Faute grave ou manquement aux devoirs (articles 245 et 247 du TFUE)

Si Mme von der Leyen se rend coupable d'une faute grave ou d'une négligence grossière, le Conseil ou la Commission elle-même peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) d'une demande de destitution.

Conditions:

- Possible uniquement en cas de « faute grave » ou si elle « ne remplit plus les conditions nécessaires à l'exercice de ses fonctions ».

- C'est la Cour qui décide, faisant de cette procédure une voie juridique très accessible et rare.

À ce jour, cette disposition n'a jamais été utilisée contre un président de la Commission.

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  1. 5) Problèmes de santé ou circonstances personnelles

Bien que peu discutés, les problèmes de santé ou les raisons personnelles peuvent également conduire à une démission temporaire ou à une révocation. Dans ce cas, ses fonctions sont assumées par un vice-président de la Commission.

Éléments déclencheurs possibles dans un avenir proche

- Nouvelles révélations sur les fonds COV ID, en particulier s'il s'avère que des milliards ont été gaspillés ou détournés.

- Percée dans le scandale des SMS à Pfizer ou nouvelles enquêtes sur la corruption.

- Un changement politique fort après les élections européennes conduisant à un Parlement critique.

- Soutien ouvert de plusieurs chefs de gouvernement à un autre président de la Commission.

- Une action en justice suite au rapport de la Cour des comptes européenne.

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Conclusion : une démission est possible, mais pas facile

Ursula von der Leyen est fermement en selle, institutionnellement parlant. Mais cette selle devient de plus en plus inconfortable.

Avec la persistance de la mauvaise gestion, de la pression publique et de l'isolement politique, la démission volontaire peut encore s'avérer être l'option la moins humiliante.

D'ici là, il reste à attendre une motion parlementaire sérieuse, une vague de pression politique ou une décision juridique rappelant la Commission à l'ordre.

Au DDS (De Dagelijkse Standaard), nous sommes EXCLUS sous le règne cette mortelle Ursula von der Leyen. Elle est un danger pour la démocratie et notre liberté. Vous êtes du même avis ? Alors maintenez le DDS à flot ! Aidez-nous ! Faites un don au DDS via BackMe et recevez chaque jour une chronique exclusive dans votre boîte de réception. Vous préférez faire un don par virement bancaire ? C'est également possible : Liberty Media, NL95RABO0159098327.

Dr Gert-Jan Mulder

États-Unis et Ukraine: accords sur les ressources à l’ombre de la guerre

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États-Unis et Ukraine: accords sur les ressources à l’ombre de la guerre

Meinrad Müller

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/166932

Tandis que des soldats meurent, à chaque heure qui passe en Ukraine, les États-Unis et Kiev concluent un accord sur des ressources naturelles d’une valeur de 14 milliards d’euros.

Les terres rares, le lithium, le pétrole et le gaz sont présentés comme relevant d'un « partenariat », mais la double morale est évidente: à 200 kilomètres des célébrations organisées à Kiev, des hommes se battent dans des tranchées. Pour les investisseurs cherchant des analyses claires, la question se pose: qui profite de cet accord, qui en paie le prix, et pourquoi négocie-t-on des profits en pleine guerre ? Cet article met en lumière les conséquences économiques et la dimension morale discutable de cet accord.

Un accord d’un milliard avec une morale douteuse

Le 1er mai 2025, les États-Unis ont sécurisé l’accès aux ressources naturelles ukrainiennes, dont la valeur, selon Forbes Ukraine, dépasse 14 milliards d’euros. Le charbon y représente 60%, le minerai de fer 14%, à quoi s’ajoutent le lithium (500.000 tonnes, l’une des plus grandes réserves d’Europe), le graphite, le titane et les terres rares. Ces ressources sont essentielles pour la fabrication de batteries. En échange, un fonds de reconstruction doit être financé par les revenus issus des nouveaux projets d’extraction. L’Ukraine conserve le contrôle du secteur énergétique et des ports, mais les États-Unis peuvent couvrir leur part du fonds par des livraisons d’armes ou de l’argent, sans que cela soit comptabilisé comme une aide militaire sous forme de prêt.

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Ce qui paraît d’abord comme une affaire attractive pour les investisseurs, révèle en réalité une autre histoire: la Banque mondiale estime que le coût de la reconstruction de l’Ukraine dépassera 500 milliards d’euros sur dix ans. Le fonds ne pourra probablement pas couvrir ce besoin, tandis que les États-Unis accèdent à un marché de plusieurs milliards d’euros. Ce qui est encore plus scandaleux, c’est le moment choisi : selon le président américain Trump, 5000 soldats meurent chaque semaine à cause des mines et des drones. Au lieu de privilégier la paix, les ressources du pays sont distribuées. Cette double morale exige une réflexion critique, particulièrement pour les investisseurs en quête de stabilité à long terme.

A l'Allemagne, les charges financières mais sans gains

L’Allemagne reste en dehors de cet accord, ce qui devrait alerter les investisseurs locaux. Depuis le début de la guerre, le gouvernement fédéral a fourni une aide directe de plusieurs milliards d’euros, en plus des coûts liés à l’aide aux citoyens et aux plus d’un million de réfugiés, ainsi que la hausse des prix de l’énergie. Mais pendant que l’Allemagne paie, des investisseurs américains sécurisent des ressources ukrainiennes essentielles à notre industrie. Des entreprises comme Siemens, BASF ou Volkswagen, dépendantes du lithium et des terres rares, doivent continuer à importer coûte que coûte depuis la Chine.

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Le journal Berliner Zeitung désigne l’Union européenne comme le grand perdant, car des entreprises américaines pourraient accéder à la zone de libre-échange de l’UE via l’Ukraine, ce qui intensifierait la concurrence. Pour les investisseurs allemands, c’est un signal d’alarme: notre place économique, déjà fragile face aux coûts énergétiques élevés, perd du terrain, pendant que les États-Unis renforcent leur domination mondiale sur les ressources essentielles. Pourquoi la Allemagne supporte-t-elle ces coûts sans bénéficier de la richesse de l’Ukraine ?

Pour les investisseurs, cet accord comporte des risques : sans paix, l’extraction des ressources sera incertaine. De plus, la dépendance aux investisseurs américains pourrait alimenter des tensions politiques en Ukraine. Ceux qui investissent ici doivent peser soigneusement ces incertitudes.

Une affaire aux coûts moraux

L’accord sur les ressources naturelles constitue une manœuvre stratégique des États-Unis, mais laisse un goût amer pour l’Allemagne et l’Europe. Alors que les États-Unis s’ouvrent à un marché d’un billion d’euros, l’Allemagne supporte les coûts sociaux et financiers de la guerre, sans profiter de la richesse ukrainienne. La double morale, consistant à faire ces affaires en plein conflit, est un scandale. Pourquoi ne sécurise-t-on pas d’abord la paix avant de distribuer des profits? Pour les investisseurs en quête d’évaluations solides, le message est clair : cet accord offre des opportunités, mais les risques politiques, économiques et moraux sont énormes. Chacun qui investit doit réfléchir aux implications éthiques.

Meinrad Müller.

fvc32ireaubb57uhm7jdau2bb7._SY303_CR0,0,303,303_.jpgMEINRAD MÜLLER (71 ans), entrepreneur à la retraite, commente, toujours avec un clin d’œil ironique, les thèmes des politiques intérieure, économique et étrangère pour divers blogs en Allemagne. Originaire de Bavière, il aborde surtout des sujets peu évoqués par la presse mainstream. Ses livres humoristiques et satiriques sont disponibles sur Amazon. Ses contributions précédentes sur UNSER MITTELEUROPA sont accessibles ici (https://www.unser-mitteleuropa.com/?s=meinrad+m%C3%BCller ), et son guide pour auteurs amateurs ici (https://www.amazon.de/stores/author/B07SX8HQLK).

Réflexions sur la catastrophe de 1945

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Réflexions sur la catastrophe de 1945

Jordi Garriga

La date du 9 mai devrait être, pour tout Européen conscient d’en être un, qui conserve son instinct de survie et une certaine lucidité, une Leçon d’Histoire.

La catastrophe dans laquelle l’Europe a sombré, la plus grande de toute son histoire, reste méconnue. La génération qui a survécu à la guerre qui s’est terminée en 1945 a dû apprendre à survivre entre deux blocs. Les générations européennes suivantes se sont habituées à végéter sans autre horizon ni but que le bien-être artificiel, prélude à une nouvelle Catastrophe à laquelle nous sommes irrémédiablement condamnés si nous ne tirons pas les leçons historiques du 9 mai.

C’est cela : l’Europe a réussi à se détruire elle-même après des siècles de guerres internes. C'est désormais un champ de bataille où des nations étrangères s'installent et livrent une partie de leurs batailles.

Depuis un siècle, nous coulons. À nos risques et périls. Pour ne pas avoir accepté que le monde avait changé. Pour avoir ignoré les lois inattaquables de la démographie ou de la géopolitique. Pour avoir adoré des idoles telles que le matérialisme, le progressisme ou le racisme.

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Le 9 mai devrait être une date de réflexion. Nous ne pouvons pas revenir sur le chemin de l’histoire, mais nous pouvons choisir judicieusement la direction à suivre. Et nos dirigeants actuels de l’Union européenne semblent déterminés à répéter la même erreur qui nous a conduits à 1945.

Quelle erreur nous a conduit jusqu’à l'année fatidique de 1945 ? L'impérialisme nationaliste, lorsqu'une partie voulait être le tout, encouragé par la stratégie britannique d'alors (aujourd'hui l'Empire est américain) de domination mondiale, basée sur le démembrement et la dévastation du continent eurasien.

Cet impérialisme puisait sa force dans les meilleures et les plus grandes traditions européennes qui, tout en rejetant furieusement les doctrines fondées sur le progrès économique, donnèrent naissance à leur tour à des colosses aux pieds d'argile, sur des idées de sang et de terre, caricatures modernes des vieilles philosophies.

La réaction nationaliste en Europe dans la période 1919-1939 était légitime. Cela a mal fini, et c’est là sa grande responsabilité: elle a fini par être détournée vers des intérêts extérieurs, ce qui a conduit à sa défaite et à un discrédit qui persiste encore aujourd’hui. Il est vrai qu’en Europe, il y avait plusieurs tendances nationalistes opposées, mais à la fin, c’est la tendance racialiste, de tradition anglo-saxonne, qui a prévalu, ignorant fatalement la réalité géopolitique et ce nouveau moment historique.

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Grâce à cela, toute tentative de souveraineté européenne se réduit à un discours de haine. L’association automatique entre génocide et nationalisme sert de bouc émissaire, dans les situations de crise, à l’idéologie hégémonique du XXIe siècle. Vouloir Être (= vouloir revenir) nous ferait culpabiliser devant les autres.

Le discours sur la culpabilité de l’Europe, tant pour ce qui s’est passé au XXe siècle que pour ce qui s’est passé au cours d’autres siècles, est inacceptable. Nous devons faire appel au sens des responsabilités plutôt qu’au sens de la culpabilité. Un phénomène naturel, un enfant ou une personne handicapée mentale peuvent être coupables de quelque chose, mais ils ne seront jamais responsables de quoi que ce soit. Les Européens ne doivent pas être traités comme des irresponsables ni être contrôlés par des puissances étrangères à leurs intérêts. Nous avons l’obligation d’assumer nos responsabilités et de tirer les leçons historiques du 9 mai.

Le mirage de 1945 revient en 2025, sous la forme d’une doctrine supérieure, le mondialisme, pour racheter les peuples jugés inférieurs, en utilisant la Raison et l’Humanisme, qui font également partie de notre culture ancestrale, comme justification.

Ne tombons pas dans le piège.

Ce 9 mai, nous devons dire NON au bellicisme imposé, une fois de plus, par un Empire étranger aux véritables intérêts de l’Europe. Il faut dire NON à une autre Catastrophe, qui sait si elle sera définitive.

vendredi, 09 mai 2025

Michel Maffesoli, le penseur du primordial et de l’extinction du secondaire

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Michel Maffesoli, le penseur du primordial et de l’extinction du secondaire

François Mannaz

Le professeur Michel Maffesoli vient de publier ses mémoires. Le fringant penseur octogénaire de frapper dans le marbre ce qu’il pense et ce que penser veut dire. Façon pour lui de caboter dans l’anamnèse de ses rencontres et l’anabase de ses nombreux travaux : il écrit « chemin de pensée ». D’île en île, de penseurs en penseurs, d’ouvrages en ouvrages. Du dépucelage théorique et situationniste par Guy Debord à l’ithyphallie de l’histoire invisible, du sens commun des essences et des dieux contre les mutations par les instances, voilà la tessiture de cette "autobiographie intellectuelle". Elle coiffe la pensée multimodale de ce grand sage.

L’ouvrage impressionne. Dans son style inimitable, Michel Maffesoli paraît batifoler, caboter, romancer, vouloir dire et écrire un peu, juste claquer le mot juste.  Ne nous y trompons pas. La légèreté du style est feinte, ruse du sage qui distille sa grammaire comme de l’eau -de-vie: le lecteur boit la tasse. Le dur de la pensée est porphyre; la pensée est porphyreumique. Elle mérite "Apologie".

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Quel magnifique logbook. On y rencontre plein de monde (l’annuaire est à lire dans l’index nominum à l’arrière du livre ): amis et ennemis, Maîtres et disciples, étudiants innombrables et quelques gredins. Au centre, Madame Hélène Strohl , l’épouse à la ville et le sparring partner permamatriarchique ; elle  est présente dans tous les chapitres , donc à tous les étages de sa carrière solaire. En têtes de gondole: Julien Freund et Gilbert Durand, Carl Schmitt et Martin Heidegger, puis les autres pointures. Pictures at an exhibition !

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Pierre Simon Ballanche opinait que « la vieillesse est l’âge des résumés ». Avec notre ami le feu d’artifices est partout. « L’authentique autorité, auctoritas, consiste à faire croître », non à faire croire. Et l’on apprend que l’homme a "la manie de l’ordre et du ménage". C’est à ce régime que l’on reconnaît le maître: il ordonne sa domus, orne -mental- Iise son quotidien, esthétise son habitus. Il peut donc parler en sage et dicter l’accord avec le cosmos. Le gouverner même. Lisons.

D’emblée il fait savoir: « je ne suis pas politique ». Point de politique politicienne ou "politisme". Mais métapolitique. Il n’est pas de l’ordre de l’éphémère ni du toc. Il n’a que faire de la vérité et lui préfère le vraisemblable, le probable et le bon combat. Il n’est donc pas bocalisable par ses ennemis. Ni ancilarisable au conformisme de la plate conformance. C’est un réfractaire qui aura étudié la théologie et un frondeur qui se sera ripé à Martin Heidegger et à Gilbert Durand. Il ne veut entrer dans aucune case mais coche toutes les cases de l’acuité, de la pensée vive, de la gaillardise. Il conchie « les universitaires de série B », les rentiers de la république, les perroquets de « La science ». Il est définitivement hors la meute... des hyènes du trotzkhygiénisme, de la correction théologique, du politiquement correct ou de l’inquisition de la domination cacocratique.

41104XGAYSL._SX195_-323710170.jpgMichel Maffesoli est au réel, rien qu’au réel, tout au réel ! Le vivant; le bios; la vie. Sa métapolitique en devient bien érotique. Percluse à l’Éros. Savoureuse.

Comme le rock progressif, il vit au présent, pense l’avenir en fonction du passé et musique bellement en spirale. L’air qu’il joue, il le joue avec synthétiseurs. Il ose tout, pense tout, et récite sa vie en langage chiffré. Il nomme cela la "philosophie progressive". Elle se veut "de travers" et de traverse. Mais au vrai, lui, il se joue, il ruse et s’amuse. Le gars du Sud monté dans le Nord demeure dans l’autochtonie latine de l’enracinement dynamique. Là il joue à Dionysos ou à Janus bifrons, bi- facial, le conflit pour, dans, parce que. Gare: il ne joue pas ce qu’il n’est pas ! Parce qu’il est aussi père et grand-père.

 C’est un nouveau « révolutionnaire conservateur » : le rebelle sait que les dogmes vont tomber, le régime de l’exception avecque, la metathéologie même s’est fixée son obsolescence programmée . Il est grand temps d’actualiser la liste d’Armin Mohler, et d’inscrire l’homme au grand tableau de la Konservative Revolution !

Michel Maffesoli aime le conflit, la dispute, la contradiction. Son océanie mentale est l’hétérodoxie: jouer avec le feu, incendier, ignifier! La pensée calculante lui fait horreur. Il est actuel parce qu’attentif; profond parce qu’il sait humer ce qui vaut et pèse: l’essentiel. Il scrute le quotidien de la chute du futur vieux monde et la mutation dans l’ancien nouveau monde. À l’inverse de Gramsci, il sait à quoi chacun d’eux ressemble. Aussi choisira-t-il Athènes et Rome, pas la Cabbale. Ni la cabale des lumières clignotantes devenues des ténèbres.

Le lieu fait lien, ne laisse de nous dire le natif de Graissessac. L’espace fait la tribu: ceux qui vont ensemble s’assemblent et habitent l’espace en soi du chez soi. L’espace c’est les racines, le sol et le sur-sol ; la terre, l’air qui veut l’ère, le chemin qui veut le quelque part. Le devenir dans le vagabondage initiatique et la passion de la vie ,le plaisir et l’élan vital en plus. Apollon et Dionysos. L’énergie spirituelle et les impulsions des sentiments. Maffesoli culte le germinal. Il sait débusquer la vitalité, dénicher la germinalité, adouber l’érotique en vertu.

9782710309949-fr-300-3330746622.jpgL’acmé de la sagesse est dans le peuple, jamais chez les clercs. La cléricature, c’est le système secondaire. Le secondaire c’est la non-essence, le totalement étranger à la vie. Le clerc est celui qui se sépare du commun du peuple, mais ose prétendre à savoir à sa place ce qui lui convient. « Le peuple est détenteur d’une sagesse spécifique qui, entée sur la Tradition, est une richesse des plus prospectives. Connaissance ordinaire… interdisant aux élites d’avoir raison contre tout le monde » écrit-il magnifiquement. Les petits princes passent, les peuples restent. Les premiers n’ont qu’un rendez-vous avec le temps; les seconds ont l’espace pour eux. Ergo, le temps peut devenir espace, territoire, terroir. Climat surtout diront les amateurs de vin.

La religion du maître est le culte au vouloir vivre irrépressible, à la force vitale, au primordial. Sa piété est questionnement du primordial contre le secondaire. Il faudrait ajouter "dans le secondaire". Car le secondaire est partout. Tout devient secondaire dans le secondaire (y compris l’hominidé à qui on a promis qu’il serait comme un dieu). Il est la situation. On le dit même civilisation. Mais pour Maffesoli c’est catabase. Les instances ne tiennent pas le coup, ne valent pas le coup, il leur coupe le cou.

9782262029944-475x500-1-3747480568.jpgL’âge axial s’étiole en conformisme violent et en dictature de l’angélinat: rabies theologica, rage bourdivine et successeurs. Maffesoli veut désobstructionner l’expérimentation théologique et «revenir à l’expérience originale». Maffesoli ne peut donc en être, de la «modernité». C’est cela un sage: intemporel, atemporel, du toujours là.

Sa matrie est la « Tradition », primordiale il va sans dire, rien d’autre. Tradition, c’est les racines cachées, c’est les origines, c’est les sentiments, c’est la sensibilité, c’est les archétypes, c’est l’imaginaire, c’est le Mythe. Récusée, la théologie protestante rivée au matthews effect saturé par K. R. Merton.

L’inquiétude va à l’arraisonnement et à la dévastation par les instances (le technique, la cyberculture, le juridique). Il est d’équerre avec Heidegger. Le primordial est à trouver au fond à gauche de la palingénésie (au sens de «réactionnaire de gauche» selon la devise de Julien Freund). "Archaïque, ce qui est premier, fondamental, c’est tout ce qui compte". Être original, c’est rester relié à l’origine. Michel Maffesoli est assoiffé de l’"original originel". Le natif, le situé, le premier, sont ses repères, ses points cardinaux, les axes de son cardo. Pour trouver, il nomadise. Errer c’est trouver. Mais il erre en spirale: primordial est enracinement dynamique, réminiscence est sphère, pas ligne droite fléchée avec voiture rateau et bar à bière. "La Tradition originelle permet la connaissance originale". Aussi, l’imaginal, c’est l’hyperstructure cornaquée par l’inconscient. L’historial, c’est l’histoire qui advient à partir de la source originelle.

lordre-des-choses-penser-la-postmodernite-3091902509.pngFort simple est la recette: connaître, c’est s’arrimer à l’origine, s’approprier ce qui a déjà été dit, puis actualiser ce dont on a hérité et ce qu’on a accumulé. « Chercher loin dans le passé les racines, c’est-à-dire la force germinative des idées » pour en faire «une œuvre digne de ce nom«. L’essence d’être attentif au passé le plus lointain, remplir de vieux vin les nouveaux tuyaux, ne pas faire du peuple une instance, voilà la ligne de son parti. Le soulèvement contre les instances est donc au bout: très précisément dans les interstices qui vont faire brèches. « Banalité à rappeler: les systèmes (secondaires) s’effondrent l’un après l’autre ». Les petits récits secondaires ne sont plus que ruines et pollutions. Souriez: Progrès dans la chute.

L’avènement (et non l’événement) clôture le paradoxe: la bascule des instances dans autre chose. V’la ti que notre homme est là encore révolutionnaire conservateur. Attention la police du bouc émissaire est de patrouille. Il est des contradicteurs définitivement contradictoires et contraires. Ils ignorent toutefois qu’ils n’auront été que les porteurs de valises de métastases transitoires. Les instances sont par essence passagères. La mondialisation c’est fini . Et avec elle l’infâme reductio ad unum.

MM.Livre0033-659x1024-633209995.jpgLe bon tribalisme est polythéiste, holarchique et enraciné. Il n’a que faire des arrière-mondes. Il veut le renversement du secondaire et l’inversion de l’inversion. Vive Fourrier ! Merde aux petits saints qui abusent de leurs erreurs et les infligent comme vérité démonétisée.

Pas de place à l’égalitarisme. En communauté, on ajuste les différences au tiers donné, non à son exclusion. Cela fait toute la différence avec la "société"; elle, elle exclut, armée du rasoir de son idéosophie bourgeoisiste et cosmétique du furor theologicus.

Seule compte la centralité souterraine. Le professeur nous conduirait-t-il ainsi à la péripétie de l’essence? Ce curieux berger entend "penser hors des sentiers battus pour penser l’essentiel". Il est paradoxal en ce qu’il ose penser à la fois le pré- et le postmoderne, c’est-à-dire l’avant et l’après de l’interrègne. Le professeur Maffesoli de se faire pont et porte, soit double reliance avec l’altérité et l’intimité.

N’est-il pas emblématique qu’il blasonne au nœud papillon? Ici encore et à nouveau la forme rend compte du fond. Georges Bataille se vantait de «penser comme une femme enlève sa robe». Nous dirons que Michel Maffesoli pense comme il arbore son nœud.  Le nœud reste le nœud qu’icelui fait:  effet papillon et réversible ! Pan est désormais bien mis.

Alexandre Kojève réclamait des sages. Voici le premier de cordée, en chair, en os, et plein de sève.

Il était temps de pouvoir lire une « ouverture » à son œuvre grandiose . C’est fait. Et bien fait.

François MANNAZ.

NB: Michel MAFFESOLI  fut universitaire strasbourgeois de 1967 à 1981. Ses maîtres y furent Julien Freund et Lucien Braun. En 1980, il s’envole pour la Sorbonne à Paris .

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«Je donne l'Ukraine à Poutine et je fais taire tout le monde»: Douguine a répondu à la question de savoir pourquoi Trump fait marche arrière

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«Je donne l'Ukraine à Poutine et je fais taire tout le monde»: Douguine a répondu à la question de savoir pourquoi Trump fait marche arrière

Alexandre Douguine

Pour commencer, il convient de rappeler que la guerre n'a effectivement pas été déclenchée par Trump. Et elle n'a pas seulement été déclenchée par Trump lui-même, mais bien par ses ennemis immédiats et ses opposants idéologiques qui cherchent toujours à poursuivre cette guerre contre la Russie. Ses adversaires idéologiques actuels en Europe sont Starmer, Macron et Merz. Ses anciens adversaires américains - Biden, Blinken et Victoria Nuland - ont, eux, bel et bien déclenché la guerre.

Et si nous parlons de Trump non seulement en tant qu'homme politique, mais aussi en tant qu'idéologue du trumpisme, il doit aujourd'hui sauver non pas l'Ukraine, mais son propre projet MAGA (« Make America Great Again »). Et c'est très difficile, car les vestiges des systèmes mis en place par les fondamentalistes mondialistes tentent systématiquement de lui barrer la route. Ce sont eux qui cherchent à lancer une contre-attaque, à s'emparer de Trump, à supprimer sa volonté de changer les choses et à le forcer à participer à une guerre qui est essentiellement dirigée contre lui-même.

L'idée de sauver l'Ukraine alors qu'il n'est tout simplement plus possible de la sauver (d'autant plus que l'Ukraine elle-même, en tant que projet, n'est qu'une abstraction russophobe, chère aux mondialistes, qui s'est transformée en régime terroriste); c'est donc un faux objectif. Et si Trump est sérieux à ce sujet, ce seul fait le conduira déjà à des conséquences très fâcheuses. S'il tente de le mettre en pratique, ce qui est irréaliste, il sera entraîné dans une longue guerre sans fin, et en fait sa politique ne sera pas différente de celle de son prédécesseur: le marais engloutira Trump, et ce ne sera pas Trump qui drainera le marais.

Bien sûr, j'espère que les mots « sauver l'Ukraine » ne sont rien d'autre qu'une excuse. Une phrase qui ne veut rien dire en réalité, mais qui vise à apaiser ses ennemis. Si Trump essaie vraiment d'entrer dans une sorte de dialogue et de plaire à ceux qui sont ses principaux ennemis, les globalistes (et l'Ukraine est un projet des globalistes), alors il va clairement à l'encontre de sa propre logique.

Parallèlement, nous pouvons immédiatement constater que la cote de Trump aux États-Unis commence à baisser. Et cette cote ne doit pas être très élevée chez ses opposants ; elle y était déjà proche de zéro. Mais chez ses partisans, que Trump a beaucoup séduits à la veille de l'élection et après le premier défilé triomphal du trumpisme (MAGA), les premiers signes de déception commencent à apparaître.

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Ils ne sont pas encore aigus, pas encore critiques. Mais on ne peut s'empêcher de constater l'absence d'une politique cohérente d'arrestation et de jugement des élites libérales mondialistes. Le thème du Canada et du Groenland a disparu. On parle de moins en moins d'Elon Musk. DOGE existe-t-il encore ou non ? Les droits de douane annoncés ont-ils été reportés ? Et Trump ne commence-t-il pas à écouter Macron et Starmer, qui, dans la logique du trumpisme politique, sont ses ennemis, les ennemis de MAGA, au lieu de les écarter, comme la CIA est parfaitement capable de le faire ?

L'ensemble de ces éléments suggère que Trump commence à vaciller et à marquer une pause dans la progression triomphale de ses réformes. Jusqu'à présent, il ne s'agit pas de défaites stratégiques, mais seulement d'ajustements tactiques, mais ils sont aussi extrêmement douloureux. En effet, les mondialistes commencent à croire qu'ils ont réussi à orienter Trump sur la fausse voie du « sauvetage de l'Ukraine », c'est-à-dire de la guerre avec la Russie. Dans ce contexte, les États-Unis pourraient bien appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie. Surtout après les écoeurants discours anti-russes des sénateurs républicains John Neely Kennedy et Lindsey Graham. Cette rhétorique est tout à fait inacceptable et incompatible avec l'idéologie cohérente de Trump.

En même temps, pour Trump lui-même, l'Ukraine, au fond, est absolument sans importance. Il pourrait éliminer et annuler ce projet, s'en retirer. Et ce serait la meilleure solution. La seule chose qui puisse apporter un plus, c'est la prise de conscience directe que l'Ukraine nous appartient. Donnez-la nous et c'est tout. Dire: je suis un homme politique fort, je fais ce que je veux. Je donne l'Ukraine à Poutine et tout le monde se taira.

Quant à nous, nous étions en guerre avec l'Amérique en Ukraine, et nous le sommes encore aujourd'hui. Nous sommes prêts à continuer, mais nous sommes aussi prêts à la paix, si l'Occident fait preuve de bonne volonté. Et nous n'avons pas perdu cette guerre, malgré le fait que l'Occident tout entier a armé jusqu'aux dents le régime terroriste, une bande d'extrémistes, de nazis et de maniaques meurtriers qui se font appeler « Ukrainiens ». Dans le même temps, Trump semble ignorer totalement que si l'Ukraine n'existait pas, la Russie de Poutine serait un pays neutre, voire amical, à ses yeux. Alors que Trump lui-même a déjà beaucoup d'adversaires sans nous.

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Mais si Trump favorise la guerre, il ne nous reste plus qu'à la poursuivre. Mais ce n'est pas un possédé du démon, c'est un réaliste, même s'il est aujourd'hui, je crois, dans la première impasse de son second mandat. En fait, il faut le reconnaître, Trump est pire pour les mondialistes que Poutine ou n'importe qui d'autre. C'est pourquoi ils cherchent maintenant, ayant compris que la résistance frontale est futile, à l'entraîner dans des processus qui seront suicidaires pour Trump lui-même. Un tel processus est l'idée de « sauver l'Ukraine », conçue pour amener Trump dans cette fosse septique de terroristes fous, avec lesquels toute interaction est toxique.

L'Ukraine est une bombe sale posée par les mondialistes sous les pieds de Trump. Et cette bombe sale fonctionne, empoisonne la politique, le perturbe. Trump lui-même pourrait vouloir conclure une trêve, mais il est tout simplement impossible de le faire avant la victoire russe. Par conséquent, un signal positif sera s'il admet que toute cette rhétorique sur le cessez-le-feu n'a pas fonctionné, s'il se dit "je n'ai pas commencé cette guerre, je suis désolé pour les Ukrainiens, mais faisons-le nous-mêmes, les gars". Vous là, les Slaves, les Russes, les Petits Russiens, occupez-vous de vous et de l'Europe, c'est votre affaire, pas la mienne. Moi, je m'occupe du Groenland et du Canada, de l'Amérique d'abord. Ce serait la solution la plus sensée.

Ce serait le MAGA. En attendant, tout cela n'est qu'un « micro-événement », quelque chose de très petit et de pathétique.

jeudi, 08 mai 2025

La Moldavie cède son territoire aux prédateurs financiers occidentaux

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La Moldavie cède son territoire aux prédateurs financiers occidentaux

par Lucas Leiroz

Source: https://telegra.ph/La-Moldavia-cede-il-proprio-territorio...

D'ores et déjà, la Moldavie semble avoir pris le même chemin que l'Ukraine. Comme le régime néo-nazi de Kiev, le gouvernement moldave cède les terres et les ressources naturelles du pays à des groupes privés étrangers, faisant preuve d'une soumission absolue et d'un manque total de souveraineté. Cette mesure est dangereuse car elle affecte considérablement la sécurité alimentaire et financière à long terme de la Moldavie, créant une situation de vulnérabilité absolue.

Comme on le sait, une grande partie des « terres noires » de l'Ukraine (ou « tchernoziom », zones agricoles extrêmement fertiles) est cédée aux prédateurs financiers internationaux dans le cadre de plans rapaces visant à rembourser d'innombrables prêts militaires. Sachant que Kiev ne pourra jamais rembourser ses dettes aux pays occidentaux, des groupes d'investissement privés tels que BlackRock exigent la cession de ressources naturelles en guise de paiement, profitant ainsi de la tragédie ukrainienne pour contrôler des ressources naturelles d'une grande valeur stratégique.

Cependant, l'Ukraine n'est pas le seul pays dans cette situation. La Moldavie connaît un processus similaire, même en l'absence de conflit ouvert. Récemment, BlackRock a procédé à une importante vague d'acquisitions de terres moldaves. Selon les données de l'Institut Nicolae Dimo de pédologie, d'agrochimie et de protection des sols, on estime que 3,385 millions d'hectares de terres ont été acquis par le fonds étranger, ce qui représente deux tiers de la surface agricole du pays. Plus de 80% de ces terres moldaves vendues aux prédateurs internationaux sont des tchernozems, l'un des sols les plus fertiles au monde.

En effet, la vente de terres à des étrangers est interdite par la loi moldave. Mais derrière celle-ci se cache un vaste système criminel. BlackRock n'achète pas directement des terres dans le pays, mais utilise des sociétés écrans enregistrées en Moldavie même pour effectuer ces transactions. En conséquence, les agriculteurs moldaves vendent leurs terres privées, tout comme les autorités locales vendent des terres publiques à ces sociétés écrans de BlackRock basées en Moldavie, retirant ainsi le contrôle de ces terres à la population locale et plaçant le territoire du pays entre les mains de prédateurs financiers internationaux.

Ce n'est pas pour rien que les agriculteurs privés et les autorités publiques veulent vendre leurs terres en Moldavie. Le pays qui était autrefois appelé le « jardin de l'URSS » est devenu un cauchemar pour les agriculteurs locaux. Le gouvernement pro-occidental de Maïa Sandu a mené une politique irresponsable d'importation de produits agricoles, conformément aux directives de l'UE, qui a conduit de nombreux agriculteurs à la faillite. La situation s'est encore compliquée par le conflit en Ukraine et la politique européenne qui en découle et qui consiste à « soutenir » le régime de Kiev par des importations massives de céréales, dont une grande partie transite par le territoire moldave, ce qui porte encore davantage préjudice aux producteurs locaux.

Bien que la Moldavie ne soit pas membre de l'UE, le pays sert de plaque tournante logistique pour les importations européennes de céréales ukrainiennes. Des tonnes de céréales ukrainiennes traversent souvent une partie du territoire moldave et bloquent le transit à la frontière avec la Roumanie. La perturbation du trafic empêche l'exportation des céréales moldaves vers l'UE, de sorte que seuls les produits ukrainiens atteignent les pays d'Europe occidentale. Cette situation a conduit les agriculteurs à la faillite, les incitant à vendre leurs terres.

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De même, le gouvernement Sandu cède délibérément ses terres à des requins de la finance parce que sa « politique stratégique » centrale est de plaire aux pays occidentaux. Les États-Unis et l'Union européenne sont actuellement les véritables « propriétaires » de la Moldavie, contrôlant non seulement la politique étrangère du pays, mais aussi son administration interne. Malheureusement, le peuple moldave a déjà perdu le contrôle de la politique nationale, et c'est pourquoi il voit ses terres cédées à des groupes privés étrangers par le gouvernement local lui-même.

On peut dire que toute la vague d'achats de terres en Moldavie par BlackRock est une sorte de « complot » du gouvernement Sandu lui-même. Les conditions du scénario actuel ont été préalablement établies par des manœuvres juridiques qui auraient permis ce résultat. Par exemple, en octobre 2024, le ministère moldave de l'agriculture a annoncé un projet de coopération avec BlackRock pour vendre des terres dans le nord du pays par l'intermédiaire de sociétés locales affiliées au fonds. Les responsables ont annoncé publiquement que le « plan initial » était limité à une superficie de seulement 600 hectares, mais ces limites ont été rapidement élargies et, à ce jour, BlackRock continue d'acquérir des terres locales, sans avoir l'intention de mettre fin à cette activité lucrative.

Il est intéressant de noter que la Moldavie et l'Ukraine suivent des voies très similaires. Comme le régime de Kiev, la Moldavie se caractérise par une politique étrangère pro-occidentale, avec des ambitions d'adhésion à l'UE et à l'OTAN, et a adopté des mesures dictatoriales internes contre l'opposition souverainiste et les minorités ethniques, se montrant de plus en plus soumise sur le plan international. Les deux pays vendent leurs terres fertiles aux requins financiers de BlackRock, mais alors que l'Ukraine le fait en échange d'armes dans sa guerre par procuration avec la Russie, la Moldavie le fait uniquement pour plaire à ses « partenaires » occidentaux, dans l'espoir d'adhérer à des organisations dirigées par l'Occident.

Il est important que les autorités moldaves réalisent le plus rapidement possible que les accords avec BlackRock n'ont rien d'amical. Les prédateurs financiers occidentaux sont intéressés par ce qu'ils peuvent tirer de la tragédie en Europe de l'Est. Plus la russophobie, la préparation à la guerre et la soumission idéologique à l'Occident augmentent, mieux c'est pour des groupes comme BlackRock, car il leur est plus facile d'encourager des mesures rationnelles qui maximisent leurs profits.

 

Critique du livre : « Le complexe eurasien : pourquoi et comment l'avenir échappe à l'Occident » de Uwe Leuschner et Thomas Fasbender

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Critique du livre : « Le complexe eurasien : pourquoi et comment l'avenir échappe à l'Occident » de Uwe Leuschner et Thomas Fasbender

Hanno Borchert

Source: https://wir-selbst.com/2025/05/05/buchbesprechung-der-eur...

Le livre Der Eurasien-Komplex : Warum und wie dem Westen die Zukunft entgleitet (= Le complexe eurasien: pourquoi et comment l'avenir échappe à l'Occident) d'Uwe Leuschner et Thomas Fasbender est un ouvrage extrêmement intéressant et stimulant qui met en lumière les glissements géopolitiques du 21ème siècle. Les auteurs, un Allemand de l'Est (Leuschner) et un Allemand de l'Ouest (Fasbender), mettent à profit leur vaste expérience acquise au cours de plusieurs décennies de travail en Eurasie - notamment en Russie, en Chine et en Asie centrale - pour formuler un plaidoyer en faveur de la coopération plutôt que de la confrontation entre l'Ouest et l'Est. Ce livre de 256 pages au format broché, publié par la maison edition ost, une impression du groupe d'éditeurs Eulenspiegel, combine anecdotes personnelles et analyse géopolitique et s'adresse aux lecteurs intéressés par les relations internationales, notamment avec la Russie, l'Asie centrale et la Chine, et par l'avenir de l'Occident.

Le livre est précédé d'une citation de Lucie Varga (1904-1941), historienne juive autrichienne et co-initiatrice de l'histoire des mentalités, dans laquelle on peut lire : « Tout près de nous, un monde vient de s'achever. Un nouveau monde est en train de naître avec des contours jusqu'ici inconnus. Ne disposons-nous pas de tous les moyens pour le comprendre ? L'historien peut désormais observer de près l'histoire qui est en train de se dérouler. Il peut se procurer de nombreux documents de première main. Et il peut, s'il le souhaite, se rendre sur place, observer et mener des entretiens. Plus encore : il peut vivre dans le pays qu'il étudie afin de le comprendre dans ses habitudes de pensée et ses modèles de comportement. Mais il n'en reste pas moins qu'il est extrêmement difficile d'interpréter correctement le présent ».

L'idée centrale du livre est que l'Occident - en particulier l'Europe et les États-Unis - perd sa capacité à participer à la construction de l'avenir mondial à cause de préjugés, de l'arrogance et de faux récits. Les auteurs reprennent la thèse de Zbigniew Brzeziński selon laquelle l'avenir du monde se décide en Eurasie, mais la relativisent : une coopération constructive avec des pays comme la Russie et la Chine est possible si l'Occident abandonne sa politique de confrontation. Leuschner et Fasbender critiquent vivement le fait que des décisions motivées par l'idéologie - comme le « dé-couplage » des chaînes d'approvisionnement mondiales ou des sanctions coûteuses - font perdre des opportunités économiques et affaiblissent l'Occident. Une citation marquante du livre est la suivante : « Au lieu de prendre des décisions raisonnables sur le plan commercial, nous prenons des décisions entêtées sur le plan idéologique » (p. 130), ce qui résume la critique principale à l'encontre d'une politique résistante à tous conseils utiles, en particulier en Allemagne.

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Vous pouvez commander ici directement auprès de l'éditeur: 

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La force incontestable de ce livre réside dans la combinaison d'expériences personnelles et d'analyses fondées. Leuschner, avec son expérience dans le commerce extérieur de la RDA et en tant que logisticien en Russie, et Fasbender, qui a vécu et travaillé à Moscou de 1992 à 2015 et dirige aujourd'hui la rubrique géopolitique du Berliner Zeitung, décrivent de manière vivante comment les gens pensent et ressentent l'Eurasie. Ces aperçus rendent le livre vivant et accessible. Fasbender décrit par exemple l'euphorie des années 1990, lorsque l'Est était considéré comme un marché aux possibilités illimitées, et le passage à un scénario de menace alimenté par le scepticisme occidental.

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De haut en bas: Uwe Leuschner, Thomas Fasbender, un ouvrage très remarqué de ce dernier sur la "Voie russe" mais qui n'a pas été traduit.

Les auteurs évitent de prendre parti de manière unilatérale en ne glorifiant ni l'Est ni l'Ouest, mais en soulignant les possibilités de coopération. La perspective personnelle des auteurs est toutefois fortement axée sur la Russie, ce qui a pour conséquence que d'autres régions eurasiennes comme l'Inde ou l'Asie du Sud-Est sont quelque peu reléguées au second plan.

Dans l'ensemble, « Le complexe eurasien » est un ouvrage qui vaut la peine d'être lu et qui séduit par son langage clair, son authenticité personnelle et son attitude critique. Il invite le lecteur à remettre en question les schémas de pensée euro-centriques et à considérer l'Eurasie comme un partenaire plutôt que comme un adversaire.

Pour tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les changements de pouvoir au niveau mondial, ce livre offre une perspective rafraîchissante et un appel passionné à la coexistence. Il ne s'agit pas seulement d'une chronique des occasions manquées, mais aussi d'un appel au réveil pour participer activement à la construction de l'avenir.

Référence : Leuschner, Uwe / Fasbender, Thomas : Der Eurasien-Komplex : Warum und wie dem Westen die Zukunft entgleitet. Edition Ost, ISBN 978-3-360-02818-1.

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Qui est Hanno Borchert ?

Hanno Borchert, né en 1959, une jeunesse passée à Cuxhaven à l'embouchure de l'Elbe. Dès son plus jeune âge, le vagabondage autour du monde (Tyrol du Sud, Balkans, Scandinavie, Inde, Iran, Indonésie, etc.) a éveillé son enthousiasme pour la cause des peuples.

Artisan de formation, diplômé en sciences économiques. Passionné de livres depuis l'enfance, aime la musique, la peinture et l'art du design graphique.

« Alter Herr» de l'association d'étudiants duellistes “Landsmannschaft Mecklenburgia-Rostock im CC zu Hamburg”. Sans appartenance politique. Se rend souvent à des concerts dans presque tous les genres. Aime particulièrement écouter le bluegrass, la country, le blues et le folk irlandais. Grand fan de l'auteur-compositeur-interprète d'Allemagne centrale Gerhard Gundermann, malheureusement décédé trop tôt.

Rédacteur de l'ancien et du nouveau « wir selbst », entre-temps rédacteur de « Volkslust ».

Directive de Douguine: «L'essentiel est que les élections en Roumanie aient eu lieu»

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Directive de Douguine: «L'essentiel est que les élections en Roumanie aient eu lieu»

Alexandre Douguine

La victoire du candidat souverainiste George Simion au premier tour des élections présidentielles roumaines est un événement très important. Elle confirme la volonté du peuple roumain de mettre fin à l'omnipotence des euro-élites libérales et à la dictature mondialiste. En même temps, nous ne devons pas oublier que le peuple roumain est une nation orthodoxe. Et si George Simion, ainsi que Calin Georgescu, précédemment évincé, parlent d'un retour aux valeurs traditionnelles, ils veulent dire un retour à l'orthodoxie.

« Une vague de révolutions conservatrices se lève actuellement en Europe. Les partisans des valeurs traditionnelles se heurtent aux mondialistes. Nous avons vu l'acte précédent de ce drame en Amérique dans la lutte des Trumpistes contre les mondialistes, ce qui a eu pour résultat que les mêmes partisans des valeurs traditionnelles ont gagné les dernières élections aux États-Unis.

Aujourd'hui, cette révolution conservatrice s'est étendue à l'Europe, et nous voyons avec quelle férocité elle est combattue par des libéraux, devenus enragés, qui ont littéralement établi une dictature dans la plupart des pays européens. Par exemple, l'autre jour, ils ont désigné le parti souverainiste et conservateur Alternative pour l'Allemagne (AfD) comme une « organisation extrémiste » sans aucune raison valable. Cela défie essentiellement la nouvelle administration américaine, puisque Trump et Musk avaient auparavant soutenu l'AfD.

De même, Trump, Musk et les trumpistes ont également soutenu le souverainiste roumain Calin Georgescu, qui a été illégalement écarté de l'élection présidentielle de 2025 et qui avait précédemment remporté le premier tour de 2024, dont les résultats ont été tout aussi illégalement annulés en raison des accusations totalement infondées prétendant que Georgescu travaille pour la Russie. Aujourd'hui, lors d'un autre premier tour, George Simion, soutenu par Calin Georgescu, a remporté la première place avec 41% des voix. En ce sens, sa victoire est une victoire du peuple roumain et de toute l'Europe conservatrice sur la dictature libérale mondialiste.

Bien sûr, nos positions géopolitiques russes ne coïncident pas toutes avec le programme de Simion. Mais il est contre le régime de Kiev, contre la guerre, contre le libéralisme et sa dictature, et il est donc objectivement notre allié. Il n'y aura pas d'harmonie facile dans nos relations, mais au moins les partisans de Simion sont les ennemis de nos ennemis.

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Cela dit, je pense que les mondialistes vont maintenant tenter quelque chose d'autre contre le peuple roumain. La première tentative de porter le candidat conservateur Calin Georgescu à la présidence de la Roumanie a échoué. Il s'agit maintenant de la deuxième tentative. Et nous voyons que les mondialistes ne reculent devant rien: ni devant les assassinats politiques ni devant les méthodes purement terroristes visant l'interdiction et la poursuite en justice des personnalités politiques qu'ils n'aiment pas, ni devant la pratique scélérate d'annuler et de réviser des élections.

Nombreux sont ceux qui craignent les idées de George Simion qui songe à réunir la Roumanie et la Moldavie. À cela, je voudrais répondre que l'actuelle présidente moldave Maïa Sandu, une mondialiste et une protégée de Soros, est en opposition directe aux principes de souveraineté de Simion. Par conséquent, dans ce contexte, il est évident qu'il y aura un malentendu total entre eux. Et je n'exclus même pas que la Roumanie devienne bientôt plus proche de la Russie que la Moldavie, qui nous était si chère et si proche.

Mais aujourd'hui, le plus important est que ces élections aient encore pu avoir lieu. Pour que les Roumains puissent exprimer souverainement leur volonté et que les mondialistes européens, qui ont instauré leur dictature libérale, y compris en Roumanie, ne puissent plus perturber cette libre expression de la volonté du peuple roumain orthodoxe.

Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

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Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

Ramesh Thakur

Source: https://uncutnews.ch/trumps-zoelle-wirtschaftspolitik-mit-geopolitischer-sprengkraft/

La carrière politique de Donald Trump montre de manière impressionnante que son rejet par les élites et les médias ne correspond pas à l'état d'esprit d'une grande partie de la population. Derrière sa politique souvent critiquée comme chaotique, il y a bien une logique stratégique : en politique intérieure comme extérieure, Trump poursuit l'objectif de « rendre sa grandeur à l'Amérique ».

Le souci n'est pas tant que sa politique n'ait pas de plan, mais que sa mise en œuvre soit menacée par l'incompétence ou l'amateurisme - comme par exemple l'utilisation de groupes de discussion non sécurisés pour des informations sensibles.

Son projet politique comprend trois piliers centraux :

    - En politique intérieure, il veut abolir les objectifs nets zéro, les réglementations DEI (diversité, égalité, inclusion) et l'auto-identification de genre - tous des ensembles de règles qui, selon lui, paralysent l'économie et la société tout en favorisant les divisions identitaires.

    - En politique étrangère, il aspire à se retirer des guerres sans fin, à répartir plus équitablement le fardeau de la défense entre les alliés et à se retirer d'un mondialisme qui a érodé la base industrielle de l'Amérique.

    - Au-delà des frontières, il voit dans l'immigration de masse une menace qui relie la politique intérieure et la politique extérieure.

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Trump en est convaincu : cet agenda doit restaurer la fierté nationale, protéger l'Amérique contre l'exploitation et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent la première puissance industrielle et militaire.

Les droits de douane : Trump rompt avec le mondialisme

C'est là que la politique douanière de Trump intervient comme outil central. Historiquement, le libre-échange était considéré comme une situation gagnant-gagnant dans la théorie économique - mais dans la pratique, il a fait des gagnants et des perdants. Selon Trump, la mondialisation a récompensé les « élites de partout », tandis que les travailleurs et les régions intérieures (« les gens de nulle part ») ont perdu.

Les droits de douane doivent précisément corriger cela. Ils pénalisent la délocalisation de la production à l'étranger, encouragent le rapatriement de l'industrie aux Etats-Unis et doivent renforcer à nouveau la cohésion sociale. Le nationalisme de Trump suit le principe suivant : les hommes sont des citoyens de nations, et non de simples unités d'une économie mondiale.

Une politique commerciale qui renforce l'économie chinoise mais affaiblit la production américaine est en contradiction avec ce principe. Le contrat social entre le gouvernement et les citoyens ne peut être maintenu que si les intérêts du peuple ont la priorité sur les règles des marchés mondiaux.

Renégocier l'ordre commercial - ou le rompre ?

La thèse de Trump : l'ordre commercial mondial - par exemple par le biais de l'OMC - serait incapable d'imposer des règles équitables contre des acteurs comme la Chine ou le mercantilisme de l'UE. Ses droits de douane punitifs sont donc des moyens de négociation, voire des instruments de pression, pour contraindre d'autres pays à offrir de meilleures conditions.

Dans le même temps, il prend le risque que les pays concernés tentent de se détourner stratégiquement des Etats-Unis - mais Trump fait le pari qu'aucune nation ne préférera à long terme choisir la Chine comme partenaire. Des exemples comme le Zimbabwe, qui a suspendu les droits de douane américains, ou la Grande-Bretagne, qui dépense davantage pour la défense malgré des coupes dans la santé et l'aide au développement, montrent pour lui les premiers succès.

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Objectif : un nouvel équilibre mondial

Selon l'économiste Michael Pettis (photo), le commerce mondial est devenu de plus en plus dysfonctionnel: les déséquilibres économiques intérieurs ont été traduits en déséquilibres mondiaux par des droits de douane, des subventions et des obstacles au commerce. L'approche de Trump veut recalibrer ce système: s'éloigner d'un ordre mondial qui subordonne les intérêts nationaux à la logique du système.

Ce qui, à long terme, devrait aboutir à:

    - une plus grande croissance des salaires,

    - une parité commerciale équitable

    - et à une production industrielle plus robuste.

Focalisation stratégique: endiguer la Chine

Pour Trump, la Chine est la plus grande menace stratégique, tant sur le plan économique que militaire. Son idée d'une paix en Ukraine s'inscrit donc également dans une stratégie plus large: détacher la Russie de la Chine, de la même manière que Nixon avait autrefois détaché la Chine de l'Union soviétique.

La reconnaissance officielle par la Maison Blanche d'une éventuelle fuite du laboratoire de Wuhan pourrait également faire partie de cette stratégie d'isolement vis-à-vis de la Chine. L'historien Victor Davis Hanson le résume ainsi: le fil conducteur de la politique de Trump - du Panama à l'Ukraine, de DEI à la politique énergétique - est la crainte de voir la Chine établir une nouvelle sphère d'hégémonie en Asie de l'Est, comme le Japon l'a fait dans les années 1940.

Les droits de douane comme moyen de protéger la souveraineté

Pour Trump, la parité commerciale est cruciale : la Chine monte en gamme, les Etats-Unis stagnent. Mais les Etats-Unis sont encore en tête pour de nombreux facteurs clés. Pour défendre cela, il faut, selon Trump :

    - Des budgets disciplinés;

    - Des frontières sûres;

    - Une éducation axée sur la performance;

    - Une indépendance énergétique

    - et une réorientation stratégique des relations commerciales mondiales.

Conclusion : risque de guerre froide, mais protection par l'autarcie

Le risque est de voir se développer une nouvelle guerre froide par le biais de spirales tarifaires réciproques. Mais les leçons de la crise COV ID sont claires: les chaînes d'approvisionnement en provenance de Chine sont vulnérables - politiquement et logistiquement.

La réponse de Trump: renforcer l'industrie nationale, y compris dans le domaine de l'armement. L'autarcie est un prix à payer pour la souveraineté et la liberté.

*

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Ramesh Thakur, chercheur senior au Brownstone Institute, est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy de l'Australian National University.

Source : https://brownstone.org/articles/making-sense-of-trumps-ta...

mercredi, 07 mai 2025

France d’abord !

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France d’abord !

Pierre-Emile Blairon & Georges Gourdin

La nouvelle Amérique de Donald Trump base sa doctrine sur deux slogans : America First et Make America Great Again.

Le premier signifie : l’Amérique d’abord et le second : Rendons sa grandeur à l’Amérique !

Donald Trump a rassemblé ces deux slogans en une attitude clairement exprimée : l’Amérique doit retrouver sa puissance, fondée sur son génie entrepreneurial couplé à sa foi chrétienne : Bible and business, deux pivots essentiels de la vie américaine qui la rattachent à ses origines fondatrices : les Pilgrims.

La nouvelle Russie qui est née après l’effondrement du communisme n’a pas de slogan mais sa conduite se base sur ce qui l’a déterminée : sa spiritualité, son âme, ce qui a été appelée : l’âme russe, un concept défini par deux de ses plus grands génies littéraires, Pouchkine et Dostoïevski [1] ; de manière plus prosaïque, à notre époque contemporaine, la nouvelle âme russe consiste, pour le plus grand pays du monde englobant onze fuseaux horaires, à puiser dans ce qu’il y a de meilleur dans ses différentes composantes et ce qu’il y a de meilleur dans son histoire.

La nouvelle Chine s’appuie également sur le patriotisme économique pour soutenir son développement. Le gouvernement chinois promeut activement l’achat de produits et services nationaux à travers des campagnes comme « Made in China » et des politiques favorisant les entreprises locales, notamment dans les secteurs stratégiques comme la technologie (ex. Huawei, BYD). Ce patriotisme économique est également visible dans les appels à soutenir les marques chinoises face aux concurrents étrangers, souvent relayés par les médias d’État et amplifiés sur des plateformes comme Weibo. Des boycotts de marques étrangères (comme Nike ou H&M) ont été encouragés tandis que l’oligarchie mondialiste veut l’interdire.

Chine d’abord s’inscrit dans une stratégie plus large pour atteindre la domination dans des industries clés (semi-conducteurs, IA).

Il n’y a pas de nouvelle France ; face à ces trois géants, elle aurait pu se réveiller dans le cadre d’une nouvelle Europe des peuples ; mais le destin de la France et celui de l’Europe ont été détournés, comme nous l’avons maintes fois expliqué, par le rapt américain d’après-guerre qui les ont contraintes à se soumettre aux diktats politiques et culturels américains, eux-mêmes dévalués dans le satano-mondialisme woke, avant que Trump n’y mette le holà.

« L’Europe se fera au bord du tombeau » : on a faussement attribué cette citation visionnaire à Nietzsche ; elle n’en reste pas moins valide. En attendant, les véritables Européens de cœur, quel que soit leur pays d’origine, ne souhaitent qu’une chose : voir la disparition de cette fausse Europe mondialiste qui nous a été imposée et qui détruit nos pays et nos vies en se transformant de plus en plus vite en un monstre totalitaire totalement corrompu.

Quelques signaux électoraux récents semblent indiquer que les peuples européens réalisent enfin qu’ils ont été manipulés pendant de longues années et soumis à l’emprise d’un énorme mensonge.

En attendant cette hypothétique réveil, les Français, comme les autres Européens, doivent, eux aussi, retrouver, au moins individuellement, pour chaque peuple, les valeurs qui ont fait leur grandeur, comme le suggérait le vice-président américain J. D. Vance.

Quelles valeurs françaises ?

Jean-Marie Le Pen a eu le mérite de porter l’étendard d’une France du réveil qui réclamait, en premier lieu, le retour à la préférence nationale. Le talent oratoire, le courage dont il a fait preuve et sa résilience à contrer toutes les attaques dont il était constamment l’objet, honoraient le personnage, certains de ses égarements qu’il voulait facétieux ont eu raison de l’homme ; et c’est sa fille qui lui a donné le coup de grâce.

Jean-Marie Le Pen était cependant porteur de toutes les valeurs qui ont fait que la France éclairait le monde par sa culture et son intelligence avant la catastrophe révolutionnaire qui, par une confondante inversion des valeurs, se présentait comme le nouveau « mouvement des Lumières ».

Les valeurs qui ont fait la renommée de la France n’étaient pas des valeurs boursières.

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C’étaient les valeurs chevaleresques élaborées initialement au Moyen-Âge, valeurs authentiquement aristocratiques, (« aristocratie » signifiant le gouvernement des meilleurs) et authentiquement indo-européennes, tirant donc leur légitimité de nos plus anciennes origines.

Nous avons exposé dans le détail le contenu de ces valeurs dans un article précédent [2].

Il suffisait, pour un grand parti national, de suivre ce chemin pour, a minima, conserver l’identité du peuple français et préserver les bases d’un renouveau.

C’est alors même que le peuple français affirmait sa volonté de renouer avec ses valeurs ancestrales en votant massivement pour le Rassemblement national que ce dernier, sous la direction de Marine Le Pen, s’est activé à ne surtout rien faire dans le sens de ce renouveau national et s’est entièrement donné à un Ordre mondial devenu moribond après la victoire de Trump aux Etats-Unis.

Nous nous trouvons donc à soutenir une Union européenne présentant toutes les caractéristiques d’un Etat totalitaire en complet décalage avec les aspirations des peuples qui le composent.

Sur le plan politique, l’adhésion du RN à l’Ordre mondial par l’intermédiaire de sa courroie de transmission dite « européenne » l’a conduit à nier toutes ses valeurs et, donc, à bafouer l’espérance des Français.

Les valeurs chevaleresques ne consistent pas seulement à défendre la veuve et l’orphelin ; elles exigent aussi de ne pas occulter « le massacre des innocents » dont se rend coupable le parti de Marine Le Pen en s’alignant sur les directives de l’Ordre mondial en déshérence ; deux exemples :

 - Le RN, à présent contrôlé par le Pouvoir en place, ne cesse de se compromettre avec l’Ordre mondial en admettant le massacre en cours de la minorité palestinienne (50.000 morts, femmes et enfants, à ce jour) sous prétexte qu’Israël se « défend ». Cette fausse opposition élue, qui ne s’intéresse qu’à préserver ses prébendes, ne doit pas espérer qu’Israël viendra aider ses électeurs lorsque le djihad sera déclenché en France, Israël ne s’intéresse qu’à Israël. Et les intérêts de la France ne sont pas ceux d’Israël.

 - Autre prise de position aberrante qui va à l’encontre des valeurs françaises: l’acharnement avec lequel ce parti veut prouver qu’il se situe dans « le camp du bien » en manifestant son mépris pour le peuple russe; c’est ainsi que son Président, le jeune et ambitieux Bardella n’a pas hésité à se compromettre en militant pour la saisie (en clair : le vol) des avoirs russes en Europe.

Rappelons que, en 2022, tardivement et après maintes tergiversations, la Russie est intervenue en Ukraine afin de protéger ses ressortissants russophones du Donbass qui se faisaient massacrer par les otano-ukrainiens depuis 2014 (14.000 morts sans que cela ne dérange l’Europe de Bruxelles pendant huit longues années).

Il ne faut pas tout mélanger,

  • politique intérieure (ce n’est pas parce qu’on condamne le massacre des Palestiniens qu’on est pro-LFI),
  • politique extérieure (ce n’est pas parce qu’on condamne le massacre des russophones qu’on est pro-russe).

La France ne doit avoir de préoccupation que de ses propres intérêts d’abord, comme tous les pays du monde et, en attendant des jours meilleurs, elle est tenue de préserver ses valeurs si durement et si noblement acquises.

Notes:

[1] « Tous les Russes de l’avenir se rendront compte que se montrer un vrai Russe, c’est chercher un vrai terrain de conciliation pour toutes les contradictions européennes ; et l’âme russe y pourvoira, l’âme russe universellement unifiante qui peut englober dans un même amour tous les peuples, nos frères » (Dostoïevski, Discours sur Pouchkine (1880)).

Une définition on ne peut plus d’actualité qui montre combien la Russie était originellement proche de l’Europe.

[2] L’être « sigma » :manipulation CIA-woke-LGBTQ+ ou résurgence des valeurs chevaleresques ? 9 février 2025

Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

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Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

Lothar Renz

Source: https://report24.news/allein-auf-weiter-flur-wie-die-eu-z...

Dans un monde de plus en plus marqué par les alliances stratégiques, la concurrence économique et les blocs de puissance géopolitiques, l'Union européenne se retrouve souvent seule. Les relations avec la Russie, la Chine et les Etats-Unis sont tendues - non pas dans une hostilité ouverte, mais dans une phase de méfiance, de réorientation et d'absence de véritable partenariat. Dans ce contexte, l'UE n'apparaît pas comme un médiateur ou une force autonome, mais de plus en plus comme un observateur de la politique étrangère - isolée, hésitante et divisée en son sein.

Russie : pas de rapprochement en vue, mais pas non plus de substitut au dialogue

L'attaque russe contre l'Ukraine a laissé une profonde césure dans les relations entre l'UE et la Russie. Depuis, les relations sont marquées par des sanctions, une distance politique et une rupture généralisée de la coopération économique. Pourtant, la Russie reste un acteur central de l'architecture de sécurité européenne. Même pendant la guerre froide, les liens économiques, par exemple dans le domaine de l'énergie, ont continué à fonctionner.

Aujourd'hui, la volonté politique d'ouvrir des perspectives à long terme fait souvent défaut. L'Europe mise sur le cloisonnement - mais comme les observateurs politiques internationaux l'ont souligné à plusieurs reprises, cela risque d'entraîner une perte d'influence à long terme, notamment dans des régions comme l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, où la Russie reste active.

La Chine: entre intérêt économique et aliénation politique

Pour l'Europe, la Chine est à la fois un partenaire commercial important et un rival systémique. Selon un rapport d'Euronews Business, l'introduction par l'UE de droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois était une réaction aux subventions massives accordées par le gouvernement chinois. Cela a suscité de vives critiques à Pékin - le conflit commercial est donc officiellement ouvert.

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Sur le plan politique, les relations ont encore été mises à mal par les déclarations de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Lors d'une visite à Pékin, elle a ouvertement qualifié la Chine de « concurrent systémique » et a critiqué son approche de Taïwan et sa proximité avec la Russie. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung avait alors commenté que cette rhétorique était certes cohérente, mais qu'elle ne laissait guère de place à un mouvement diplomatique.

Entre le souhait de conditions commerciales équitables et la nécessité de canaux diplomatiques, l'UE est aujourd'hui confrontée à un difficile exercice d'équilibre.

États-Unis : un partenariat étroit, mais des priorités différentes

Les relations avec les États-Unis restent étroites - mais elles sont devenues plus complexes. L'« Inflation Reduction Act », un énorme programme américain de subventions pour les technologies vertes, désavantage nettement les entreprises européennes sur le marché mondial. Comme l'a analysé entre autres le portail sectoriel Klean Industries, de nombreux pays de l'UE ont des difficultés à réagir avec des investissements publics comparables.

Des différences apparaissent également en matière de politique étrangère. Alors que Washington agit souvent avec plus de détermination sur les questions géopolitiques, l'UE manque souvent d'unité pour réagir avec une ligne claire. Cette asymétrie de rythme et de priorité a été reprise à plusieurs reprises dans des analyses du Süddeutsche Zeitung et du Monde : Les Etats-Unis agissent, l'Europe discute.

Conclusion: l'Europe - seule parmi les géants

Ce qui reste, c'est une Europe entre trois grandes puissances - toutes avec des stratégies claires et des intérêts nationaux. L'UE, en revanche, se débat avec elle-même. 

Pas de véritable alliance avec la Russie, une relation de plus en plus perturbée avec la Chine, et un partenariat transatlantique qui dépend plus du cours américain que de sa propre initiative : l'Europe est de plus en plus seule sur la scène mondiale. 

L'idée politique de l'Europe - en tant que médiateur, communauté de valeurs et contrepoids économique - perd de sa force de rayonnement si la puissance économique n'est pas traduite en capacité d'action politique.

Si l'Europe ne veut pas sombrer davantage dans l'insignifiance politique mondiale, elle doit apprendre à défendre ses intérêts avec force, mais aussi avec habileté stratégique. La clé réside dans l'unité - et dans le courage d'imprimer sa propre marque dans la politique mondiale.

 

De Machiavel à Schmitt: le réalisme politique renaît

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De Machiavel à Schmitt: le réalisme politique renaît

Alexander Raynor

Alexander Raynor examine comment le philosophe belge Antoine Dresse renouvelle le réalisme politique pour relever les défis du 21ème siècle.

Qui est Antoine Dresse, alias Ego Non?

Né en 1996 à Liège, en Belgique, Antoine Dresse a poursuivi des études de philosophie à Bruxelles. Pendant sa scolarité, il a étudié l'anglais, l'allemand et le russe. À 18 ans, avant de commencer l'université, il a passé plusieurs mois à Heidelberg, en Allemagne, et à Saint-Pétersbourg, en Russie, pour perfectionner ses connaissances linguistiques.

Aujourd'hui, Antoine Dresse anime la chaîne YouTube, qui compte plus de 29.000 abonnés et est intitulée Ego Non (« Même si tous les autres, pas moi ») consacrée à la philosophie politique et morale, et contribue régulièrement à la publication Éléments. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont La Guerre des civilisations : Introduction à l’œuvre de Feliks Koneczny, publié en 2025. Dans cet ouvrage, Dresse analyse la pensée politique du philosophe polonais Feliks Koneczny et sa théorie des civilisations.

Il a également co-écrit À la rencontre d'un cœur rebelle avec Clotilde Venner, l'épouse de feu Dominique Venner. De plus, il a contribué en tant que préfacier à Definitions: The Texts That Revolutionized Nonconformist Culture, écrit par Giorgio Locchi et récemment traduit et publié en langue anglaise par Arktos.

L'approche philosophique de Dresse offre des voies de libération intellectuelle face aux dogmes moralisateurs. Loin de faire l'éloge du cynisme, son travail aide à décoder la nature souvent trompeuse de la rhétorique révolutionnaire qui, malgré des présupposés apparemment généreux, aboutit fréquemment à des conflits.

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Antoine Dresse

Critique de livre : Political Realism: Principles and Assumptions d'Antoine Dresse

Political Realism: Principles and Assumptions d'Antoine Dresse, traduit et publié en 2025 par Arktos Media en partenariat avec l'Institut Iliade, constitue une contribution profonde et intellectuellement rigoureuse au discours sur la théorie politique. À une époque où l'interaction entre l'idéalisme moral et la gouvernance pragmatique est de plus en plus tendue, Dresse offre à ses lecteurs un cadre clarifiant et résolument réaliste pour comprendre la nature de la politique. Cet ouvrage rend non seulement hommage aux penseurs fondateurs du réalisme politique — Machiavel, Thomas Hobbes et Carl Schmitt — mais trace également un chemin unique à travers leurs héritages, offrant une synthèse à la fois érudite et remarquablement lucide.

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Dès le début, Dresse démantèle l'illusion réconfortante selon laquelle les bonnes idées donnent naturellement de bonnes politiques. L'introduction est un tour de force qui met le lecteur au défi de séparer l'aspiration de la réalité, l'exhortant à reconsidérer la relation fondamentale entre la moralité, la théorie et l'action politique. La précision de Dresse dans la catégorisation des « idées » — en tant qu'impératifs moraux, esprits du temps et modèles conceptuels — donne le ton à l'ensemble de l'ouvrage: prudent, incisif et déterminé à délimiter les phénomènes politiques en tant que tels.

L'une des plus grandes vertus du livre réside dans sa généalogie intellectuelle. Dresse revisite Nicolas Machiavel, tout en ne le percevant pas comme l'archétype du cynique que garde de lui l'imaginaire populaire, mais comme un penseur pionnier de la technique politique — préoccupé par l'action, non par l'abstraction. Il dépeint Machiavel comme un observateur honnête de la nature humaine, qui a refusé de confondre moralité et art de gouverner. L'analyse de Dresse du Prince et des Discours est particulièrement éclairante en attirant l'attention sur le réalisme méthodologique de Machiavel: l'idée que le succès politique exige une attention impitoyable aux circonstances et l'application adaptative des connaissances historiques.

Dans le chapitre sur Thomas Hobbes, Dresse aborde le problème fondamental de l'obéissance et de l'autorité. Il contextualise la théorie politique de Hobbes comme une réponse à la menace existentielle posée par la guerre civile, montrant comment le Léviathan de Hobbes a offert un nécessaire recentrage de la politique autour de la sécurité et de la stabilité. Plutôt que de rejeter le contrat social de Hobbes comme naïf ou mécaniste, Dresse l'apprécie comme une puissante expérience de pensée — conçue pour établir la légitimité du pouvoir dans un monde sans consensus moral.

L'inclusion de Carl Schmitt dans le troisième grand chapitre est un choix opportun. L'œuvre de Schmitt est traitée avec un soin érudit, soulignant son insistance sur l'autonomie du politique et la centralité de la distinction ami/ennemi. Dresse ne recule pas devant les implications de l'argument de Schmitt : que toute dépolitisation du monde — par le droit, l'économie ou la moralité — est intrinsèquement politique en soi. Son analyse accorde le poids voulu à la critique du libéralisme par Schmitt, offrant une sobre lentille à travers laquelle regarder notre ère post-politique.

Ce qui rend Political Realism particulièrement convaincant, c'est qu'il parvient à être lucide sans sombrer dans le cynisme. Dresse ne cherche pas à glorifier la manipulation ou la cruauté; au lieu de cela, il plaide pour une compréhension désintéressée de la politique en tant que domaine propre, régi par sa propre logique. C'est peut-être la correction la plus importante que le livre offre à une époque saturée de confusion idéologique: l'insistance sur le fait que confondre politique avec moralité, économie ou esthétique n'ennoblit aucune d'entre elles — cela ne fait qu'obscurcir la réalité politique et affaiblir la capacité d'action efficace.

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L'écriture — magistralement traduite par Roger Adwan — est claire, mesurée et élégante. Malgré sa densité d'idées, le livre reste accessible à un large public intéressé par la philosophie politique, l'histoire ou les affaires contemporaines. La structure, qui progresse logiquement à travers une progression conceptuelle, est facilitée par des notes de bas de page et des références utiles, ce qui en fait une ressource utile pour les nouveaux venus comme pour les théoriciens chevronnés. Sans oublier que le livre est une lecture courte, agréable et facile à digérer.

Political Realism est une intervention de premier plan dans la pensée politique moderne. Il réintroduit le réalisme non pas comme une doctrine, mais comme une disposition nécessaire — une posture intellectuelle qui reconnaît les limites de l'idéalisme humain et les vérités persistantes, souvent inconfortables, de la vie collective. Ce faisant, Antoine Dresse ne se contente pas de répéter les idées des réalistes politiques du passé ; il les revitalise pour une nouvelle génération confrontée aux périls de la dépolitisation et de l'excès idéologique.

Ce livre est un manuel essentiel de Realpolitik pour les universitaires, les étudiants et les militants politiques.

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mardi, 06 mai 2025

Le déclin de SWIFT: comment les puissances mondiales échappent au piège du dollar

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Le déclin de SWIFT: comment les puissances mondiales échappent au piège du dollar

Aidan J. Simardone

Source: https://uncutnews.ch/der-niedergang-von-swift-wie-die-wel...

Les Etats-Unis ont utilisé SWIFT comme une arme pour punir leurs ennemis - mais aujourd'hui, alliés et adversaires construisent des voies de sortie pour échapper au système financier mondial dominé par le dollar.

L'armement du système financier mondial est devenu une pierre angulaire de la politique étrangère américaine. Le contrôle de Washington sur la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), un service de renseignement financier autrefois considéré comme une plateforme neutre, mais qui est aujourd'hui ouvertement utilisé pour imposer des sanctions occidentales et isoler les opposants, revêt une importance centrale.

Alors que le président américain Donald Trump menaçait de sanctions économiques les pays qui abandonneraient le dollar, ses propres 100 premiers jours au pouvoir ont été marqués par la plus forte baisse de la devise depuis l'ère Nixon. Ce moment symbolique a coïncidé avec un changement mondial déjà en cours : les efforts croissants des nations pour réduire leur dépendance vis-à-vis de l'infrastructure financière contrôlée par les États-Unis.

Aujourd'hui, une coalition croissante de pays - certains sanctionnés, d'autres simplement prudents - se détourne du dollar américain et du réseau SWIFT pour se tourner vers de nouveaux systèmes financiers qui promettent de fonctionner hors de portée de Washington.

Un instrument de guerre économique

SWIFT n'est ni une banque ni un prestataire de services de paiement, mais une plateforme de messagerie qui permet aux institutions financières de transmettre des instructions de transaction sécurisées au-delà des frontières. Son principal attrait réside dans sa vitesse, son cryptage et son acceptation et sa standardisation quasi universelles. Les banques de différents pays, travaillant dans des langues et des devises différentes, s'appuient depuis longtemps sur ce système pour effectuer leurs opérations sans problème.

Cette image a été ternie en 2006 lorsqu'il a été révélé que SWIFT avait secrètement transmis des données de transaction à la CIA et au Trésor américain dans le cadre du Terrorist Finance Tracking Program (TFTP). Cette surveillance se poursuit et la National Security Agency (NSA) américaine surveille aujourd'hui les messages SWIFT.

Puis vint l'année 2012, lorsque des faucons bipartisans de United Against Nuclear Iran (UANI) firent pression sur SWIFT pour qu'elle coupe ses liens avec Téhéran, l'accusant de violer les sanctions des États-Unis et de l'UE. SWIFT s'est rapidement exécutée. Mais lorsque des activistes palestiniens ont exigé d'Israël qu'il fasse de même pour crimes de guerre, la campagne a été ignorée. Une fois le précédent établi, SWIFT a exclu la Corée du Nord en 2017 et la Russie en 2022.

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Le message était clair : SWIFT n'était plus neutre. C'était un instrument de guerre économique.

Une nouvelle architecture voit le jour

Se séparer de SWIFT peut paralyser une économie du jour au lendemain. Les banques sont isolées et ne peuvent plus envoyer ou recevoir de paiements, même avec des partenaires non occidentaux. Les échanges commerciaux sont paralysés. Mais cette tactique s'avère autodestructrice.

Après que l'Occident a menacé de couper la connexion après l'annexion de la Crimée en 2014, la Russie a développé sa propre plateforme : le système de transfert de messages financiers (SPFS), qui a été lancé en 2017. Aujourd'hui, le SPFS regroupe 177 institutions étrangères de 25 pays.

L'Iran, qui a commencé à intégrer les systèmes de communication et de transfert interbancaires avec la Russie en 2023, travaille sur sa propre infrastructure de messagerie financière, connue sous le nom d'Automated Currency Management and Exchange Reporting (ACUMER).

Toutefois, le plus grand défi pour SWIFT ne vient pas des États sanctionnés, mais des puissances émergentes qui s'attendent à une hostilité future des États-Unis.

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La Chine a lancé en 2015 le système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS). Alors qu'elle continue d'utiliser SWIFT pour de nombreuses transactions, le CIPS dispose de sa propre couche de messagerie, ce qui permet des échanges commerciaux sans faille avec la Russie et d'autres partenaires.

Près de 4800 banques participent désormais au CIPS, soit environ la moitié du nombre total de SWIFT, alors que le système a moins d'une décennie.

Conscient de la nécessité d'une alternative transfrontalière unifiée, le bloc BRICS a commencé à développer le « BRICS Pay » en 2018. Avec une performance économique désormais supérieure à celle du G7, les pays BRICS représentent plus d'un tiers de l'économie mondiale. BRICS Pay a commencé à effectuer des paiements pilotes en 2019 et a reçu le soutien total de la Chine en octobre 2024. Le projet en est encore à la phase pilote, mais son ampleur potentielle en fait le rival le plus sérieux de SWIFT à ce jour.

Abandon rapide du dollar

Mais l'abandon de SWIFT ne se limite plus aux adversaires de l'Amérique.

En 2022, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) - un bloc de dix États principalement pro-américains, comptant au total 600 millions d'habitants - a lancé l'initiative de connectivité régionale des paiements (Regional Payment Connectivity, RPC). Elle utilise des systèmes de paiement nationaux en temps réel, tels que PayNow de Singapour et PromptPay de Thaïlande, pour permettre des transferts directs sans passer par SWIFT.

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Auparavant, les transactions transfrontalières entre les pays de l'ANASE nécessitaient une conversion en et à partir du dollar américain. Par exemple, les dollars singapouriens étaient d'abord convertis en dollars américains, puis en pesos philippins. Avec la RPC, de telles conversions sont contournées - ce qui réduit les coûts et augmente l'efficacité.

La même année, l'Union africaine a lancé le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui renonce également à SWIFT et à l'étape intermédiaire du dollar.

Cette révolution silencieuse parmi les partenaires de Washington signale un glissement plus profond : même les alliés se méfient de la politisation de SWIFT.

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Le monopole s'effrite

Malgré cette tendance, SWIFT ne disparaîtra pas du jour au lendemain. De nombreuses institutions l'utilisent parallèlement à d'autres alternatives afin de maximiser l'accès au marché. Mais la propagation de nouveaux systèmes de messagerie donne pour la première fois aux pays la possibilité d'affirmer leur souveraineté économique.

En 2012, l'Iran devait encore recourir au troc et à la contrebande d'or pour contourner les sanctions. Aujourd'hui, il peut commercer avec la Chine via CIPS et avec la Russie via SPFS. Avec chaque nouvelle plate-forme, une interdiction de SWIFT perd de son efficacité.

Les arguments de vente de SWIFT perdent donc également de leur force. La sécurité ? Minée par la surveillance américaine et le piratage du Bangladesh en 2016, qui a causé 81 millions de dollars de dommages. Vitesse ? Dépassée par les systèmes en temps réel comme RPC et PAPSS. Universalité ? Se réduit avec chaque pays exclu.

La véritable force de SWIFT réside dans l'effet de réseau : il fonctionne parce que tout le monde l'utilise. Mais tout découplage politique affaiblit ce réseau. En revanche, le CIPS de la Chine n'a pas d'histoire de sanctions de grande envergure - un havre plus attrayant pour les Etats en quête de stabilité financière.

L'emprise du dollar se relâche

Le déclin de SWIFT va de pair avec l'affaiblissement de l'influence du dollar américain. En tant que gardien de la porte SWIFT, Washington pouvait punir tout pays qui abandonnait le dollar dans ses échanges commerciaux. Mais avec les systèmes alternatifs, ce levier disparaît.

La Chine et l'Arabie saoudite étudient désormais le commerce basé sur le renminbi - une évolution qui aurait été impensable à l'époque de la domination du dollar.

Bien sûr, la domination américaine dans le domaine financier ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Mais l'essor rapide des systèmes de renseignement parallèles montre que les puissances mondiales - adversaires comme alliés - cherchent des moyens d'échapper à l'orbite financière de l'Occident.

Source : https://thecradle.co/articles/swifts-decline-how-global-p...

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Le Non-Occident Global et la Multipolarité

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Le Non-Occident Global et la Multipolarité

Leonid Savin

Bien que le monde ait clairement cessé d'être unipolaire, les États-Unis s'efforcent de maintenir leurs instruments de contrôle. De plus, si, auparavant, cela se faisait de manière voilée (le concept de leadership mondial et de multilatéralisme sous Barack Obama), Donald Trump a décidé d'agir de manière agressive, provoquant un grand émoi avec ses déclarations sur le Groenland, le Canada, le Canal de Panama et même l'OTAN, affaiblissant ainsi les liens du partenariat transatlantique. Ce faisant, certaines structures globalistes ont également été attaquées: les États-Unis se sont retirés de l'OMS, ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale de La Haye (et la Hongrie s'était retirée de l'institution la veille) et ont également suspendu le financement de l'OMC et d'autres organisations internationales dans le cadre de leurs inspections.

Ces actions sont également directement liées à la multipolarité croissante qui, malgré les turbulences géopolitiques, prend de l'ampleur.

Cependant, en même temps, certaines institutions de la domination mondiale occidentale, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, continuent de fonctionner. Au-delà de cela, les États-Unis essaient de renforcer les liens bilatéraux, avec leur nette domination, sur un pays partenaire, qui devient ainsi un satellite de Washington.

Existe-t-il une opportunité de résister à l'hégémon en déclin et de former un agenda international propre et de nouvelles règles ? En fin de compte, l'expérience historique et la nouvelle situation indiquent que, malgré le fait que les États-Unis restent la puissance militaire la plus forte et aient des avantages financiers sous la forme d'une monnaie de réserve imprimée par la Réserve fédérale, ces opportunités existent et commencent à être activement utilisées.

Des cas individuels, comme la résistance de la Corée du Nord, ainsi que la confrontation avec Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et l'Iran, démontrent qu'il existe une forte volonté politique. Cependant, tout le monde ne l'a pas, et de nombreux États moyens et petits préfèrent suivre le courant dominant. Par conséquent, la question principale est la formation d'une tendance dominante. Plus précisément, la poursuite de la formation de la multipolarité.

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L'anticolonialisme, le renforcement de la souveraineté, le développement technologique et la coopération internationale honnête sont les principaux critères du club BRICS, qui s'étend et suscite l'intérêt dans le monde entier, tant dans le Sud Global que dans l'Est Global (ce dernier terme est relativement nouveau, mais reflète une approche plus large de l'ordre mondial polycentrique).

Cependant, si les BRICS se sont formés selon des paramètres liés à la croissance économique, il existe d'autres associations qui adhèrent aux critères mentionnés pour la formation de la multipolarité.

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Un exemple d'une telle association intergouvernementale est le groupe G-77, fondé en 1964, qui est le plus grand groupe international d'États reconnu par les Nations Unies. Actuellement, il comprend plus de 130 pays. Bien que son centre administratif soit à New York, puisque le siège de l'ONU s'y trouve, géographiquement, la grande majorité des pays membres du G-77 se trouvent dans l'hémisphère sud. Il existe également un format G-77+ Chine, ainsi que le projet Sud-Sud au sein du groupe.

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Le Mouvement des pays non alignés (MNA), qui comprend 120 pays, dont beaucoup sont membres du G-77, s'inscrit également dans ce modèle.

Il existe également des structures régionales indépendantes, telles que l'ASEAN et la SAARC en Asie du Sud-Est et du Sud, l'Union africaine (UA) en Afrique, la Ligue des États arabes (Ligue arabe) au Moyen-Orient, la CELAC, l'UNASUR et l'ALBA en Amérique latine, et l'Union économique eurasienne dans l'ancienne Union soviétique. Il existe également l'Organisation de la coopération islamique, de nature suprarégionale, qui partage les principes mentionnés précédemment.

La création de nouveaux liens entre toutes ces structures peut devenir un catalyseur supplémentaire pour la formation de la multipolarité et la réduction de l'influence de l'hégémonie occidentale, qui continuera à tenter de pénétrer le Sud Global et l'Est Global à travers divers forums et conférences (le Dialogue de Shangri-La à Singapour, le Forum de Doha, etc.).

Le rôle de la Russie est également très important dans ce processus. Il est significatif qu'une opération militaire spéciale ait impulsé le processus de multipolarité d'une manière particulière. Cela est devenu particulièrement évident après les actions destructrices d'Israël en Palestine, qui ont bénéficié du soutien de l'Occident et, en particulier, des États-Unis. Même les défenseurs du globalisme, représentés par plusieurs auteurs américains, ont reconnu que cette position mettait en évidence la duplicité et l'hypocrisie de l'Occident face au reste du monde.

Et l'attention accrue portée au problème des deux conflits a aidé à identifier la raison de la Russie : après tout, initialement, depuis le coup d'État en Ukraine en 2014, il s'agissait de protéger les civils et leurs droits, y compris le droit de parler leur langue maternelle. Alors qu'Israël a ouvertement admis qu'il était intéressé par le nettoyage ethnique de la population indigène. Cela a donné certaines impulsions liées à la mémoire historique du rôle de l'URSS/les efforts de la Russie dans la lutte contre le nazisme et la libération de l'Europe, les efforts pour lutter contre la discrimination raciale et autre (depuis l'époque de l'Empire russe) ; et, de l'autre côté, le colonialisme brutal des pays occidentaux en Asie, en Afrique et en Amérique latine : la création de zoos humains avec des indigènes réduits en esclavage et, pour le dire sans ambages, le génocide de nombreux peuples, qui jusqu'à récemment se poursuivait sous la forme des activités des entreprises multinationales.

En résumé, il faut ajouter que le chemin vers la multipolarité passe par la destruction des discours imposés par l'Occident. Après tout, la division en Premier, Deuxième et Troisième Monde, ainsi qu'en pays développés et en développement, est la terminologie avec laquelle l'Occident a également souligné sa supériorité et son exclusivité. Et la véritable histoire ne se trouve pas dans les encyclopédies écrites à Londres et à Paris, ni dans les artefacts volés conservés dans les musées des pays occidentaux. Par conséquent, les travaux des scientifiques de Bagdad et d'Acre, de Kuala Lumpur et de Saint-Pétersbourg, de La Plata et de New Delhi doivent également occuper la place qui leur revient dans la compréhension du processus historique, y compris ses résultats les plus récents.

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Cinquante ans plus tard: réflexions sur la fin de la guerre du Vietnam

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Cinquante ans plus tard: réflexions sur la fin de la guerre du Vietnam

Alexander Azadgan

Un demi-siècle depuis la chute de Saigon

Le 30 avril 2025 marque le cinquantième anniversaire de la chute de Saigon et de la fin officielle de la Guerre du Vietnam, un moment qui non seulement a conclu l'un des conflits les plus polarisants de l'histoire moderne, mais a également initié un long processus de guérison, de commémoration et de réconciliation, qui se poursuit encore.

Ce jour-là, en 1975, les forces nord-vietnamiennes sont entrées dans la capitale sud-vietnamienne, mettant fin à une guerre qui s'était étendue sur plus de deux décennies et avait causé un coût humain effroyable. Les images de nos hélicoptères américains évacuant des civils désespérés depuis les toits restent gravées dans la mémoire mondiale — symboles à la fois de la défaite et du soulagement.

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Une guerre qui a défini une génération

La Guerre du Vietnam a commencé dans l'ombre de la Guerre Froide, enracinée dans une lutte mondiale entre le communisme et le capitalisme. Pour nous, Américains, le Vietnam était un champ de bataille par procuration, où la théorie de l'endiguement rencontrait la dure réalité de la jungle. Plus de 58.000 de nos soldats américains y ont perdu la vie, et des centaines de milliers d'autres sont revenus physiquement ou psychologiquement marqués.

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Pour les Vietnamiens, la guerre était aussi la continuation d'une lutte plus longue pour l'indépendance, d'abord contre le colonialisme français puis contre notre intervention américaine. Le nombre de victimes civiles se chiffrait chez eux en millions. Des villages entiers ont été détruits, et les paysages ont été à jamais modifiés par le napalm et l'Agent Orange. Ce n'est qu'en 1995 que le Vietnam a publié son estimation officielle des morts de cette guerre: jusqu'à 2 millions de civils des deux côtés et quelque 1,1 million de combattants nord-vietnamiens et du Viet Cong. L'armée américaine a estimé qu'entre 200.000 et 250.000 soldats sud-vietnamiens sont morts pendant la guerre.

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Division au pays, transformation à l'étranger

La guerre a profondément divisé notre société américaine. Au fur et à mesure qu'elle progressait, le soutien s'est érodé et les manifestations anti-guerre se sont multipliées, notamment parmi les étudiants, les militants des droits civiques et les anciens combattants eux-mêmes. La confiance dans le gouvernement américain a subi un coup majeur, en particulier après la publication des Pentagon Papers, qui ont révélé des années de désinformation et de motivations cachées.

Sur le plan international, la guerre a mis à rude épreuve nos alliances américaines et a remodelé la politique étrangère, conduisant à une approche plus prudente au cours des décennies suivantes. Pour le Vietnam, la réunification sous la direction communiste a marqué le début d'un long et difficile chemin vers le rétablissement.

De l'ennemi au partenaire

Aujourd'hui, les États-Unis et le Vietnam entretiennent une relation étonnamment chaleureuse. Les liens diplomatiques ont été officiellement rétablis en 1995, et les deux nations collaborent désormais dans le commerce, l'éducation et la sécurité régionale. Les efforts conjoints pour éliminer les munitions non explosées, aider les victimes de la guerre chimique et récupérer les soldats disparus témoignent d'un engagement partagé à assumer le passé.

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Commémoration et réflexion

Alors que le monde célèbre ce sombre anniversaire, des mémoriaux et des cérémonies sont organisés des deux côtés du Pacifique. Les histoires des anciens combattants sont revisitées, leurs contributions honorées et leurs expériences enseignées à une nouvelle génération peu familière avec les réalités de la guerre.

Cet anniversaire sert non seulement de souvenir de ceux qui ont été sacrifiés, mais aussi d'appel à apprendre de l'histoire. Il nous invite à réfléchir de manière critique au coût humain des décisions politiques et à nous efforcer de faire preuve de diplomatie et de compréhension dans un monde de plus en plus complexe.

Quelles sont les leçons qui, espérons-le, ont été apprises de la guerre du Vietnam ?

La Guerre du Vietnam a enseigné plusieurs leçons essentielles aux États-Unis et au monde, et elles concernent la stratégie militaire, la politique étrangère, l'opinion publique et les réalités géopolitiques. Voici quelques-uns des enseignements les plus importants :

    - Les limites de la puissance militaire: malgré une technologie et une puissance de feu supérieures, les États-Unis n'ont pas pu remporter une victoire décisive. La guérilla, le terrain inconnu et un ennemi déterminé ont montré que la puissance militaire seule ne peut garantir le succès.

    - L'importance du soutien populaire : un soutien populaire constant est crucial dans les conflits prolongés. Au fur et à mesure que la guerre s'éternisait et que les pertes augmentaient, l'opinion publique américaine s'est résolument retournée contre la guerre, influençant les décisions politiques.

    - Hypothèses et renseignements erronés : les décideurs américains ont sous-estimé la détermination du Nord-Vietnam et du Viet Cong et surestimé la force et la légitimité du gouvernement sud-vietnamien.

    - La théorie du domino a été reconsidérée : la guerre a remis en question l'idée que la chute d'un pays communiste entraînerait une réaction en chaîne. Après le retrait américain, bien que le Vietnam soit tombé sous le communisme, l'effondrement régional prédit ne s'est pas produit.

    - Influence des médias sur la perception de la guerre : le Vietnam a été la première "guerre télévisée". Une couverture graphique a apporté la guerre dans les salons américains et a joué un rôle clé dans la formation de la perception et de l'opposition du public.

    - Tensions civilo-militaires : la guerre a mis en évidence les frictions entre les dirigeants politiques et les commandants militaires, avec des débats sur la stratégie et les objectifs conduisant à la méfiance et à l'inefficacité.

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    - Coût de l'intervention étrangère : les coûts humains, financiers et politiques de l'intervention dans un conflit civil au sein d'une autre nation ont soulevé des doutes quant à l'efficacité et à la moralité d'une telle implication.

    - Traitement et réintégration des anciens combattants : le traitement souvent médiocre des anciens combattants revenus au pays a souligné la nécessité de meilleurs systèmes de soutien pour ceux qui servent dans les zones de guerre.

Conclusion : la fin qui fut un commencement

La fin de la Guerre du Vietnam ne fut pas simplement la fin d'une campagne militaire. Ce fut le début de décennies de réflexion, de guérison et de changement. Cinquante ans plus tard, nous nous souvenons non seulement des batailles menées, mais aussi des leçons apprises. En honorant le passé, nous façonnons un avenir plus éclairé et plus compatissant.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Je maintiens mon droit du 1er amendement à pouvoir exprimer mes propres opinions personnelles sur différentes questions, en particulier celles qui sont controversées. Je ne promeus, n'ai jamais promu et ne promouvrai jamais la "propagande" de quiconque. Je suis un critique impartial et un érudit américain 100% indépendant financièrement et idéologiquement, et patriote, dont la responsabilité académique fondamentale et l'obligation morale est de dire la vérité et de sensibiliser. Je suis guidé par Jean 8:32 qui dit : "La vérité vous rendra libres." En tant que tel, le contenu de toutes mes publications sur les réseaux sociaux, interviews télévisées, conférences, podcasts, webinaires, articles publiés, etc. (qui sont tous à titre personnel) sont présentés UNIQUEMENT comme mes propres opinions. Par conséquent, mes points de vue ne doivent pas être mal interprétés, mal labellisés et/ou mal compris comme une déclaration de promotion d'AUCUNE personne(s), d'AUCUNE cause politique, d'AUCUNE organisation, d'AUCUN gouvernement et/ou d'AUCUN pays. Toute affirmation contraire est catégoriquement fausse et constitue une déformation des faits et serait considérée comme diffamatoire et calomnieuse, c'est-à-dire une diffamation de mon caractère personnel et de ma personnalité publique. J'exerce simplement mon droit du 1er amendement en tant que fier citoyen américain, qui est la liberté de parole et la liberté de pensée.

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La montée de la résistance civilisationnelle

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La montée de la résistance civilisationnelle

Peiman Salehi

Introduction : La promesse et la trahison du libéralisme

Le libéralisme, autrefois présenté comme l'aboutissement final de l'organisation politique humaine, promettait la liberté, la dignité et la prospérité pour tous. Issu des Lumières et défendant des valeurs telles que les droits individuels, la démocratie et le libre marché, il revendiquait une supériorité morale sur toutes les autres idéologies. Pourtant, aujourd'hui, nous assistons à l'effondrement de ces promesses. L'ordre libéral a dégénéré en un appareil de domination, menant des guerres au nom de la paix, imposant des sanctions qui étouffent les nations et exportant un nihilisme culturel déguisé en « valeurs universelles ».

La trahison est profonde : la civilisation même qui se proclamait la défenderesse de la dignité humaine la piétine désormais pour maintenir son hégémonie mondiale.

Section 1 : La faillite éthique du libéralisme

Partout dans le monde, les contradictions morales du libéralisme sont exposées. Sous les bannières des « droits de l'homme » et de la « liberté », les puissances libérales ont lancé des guerres dévastatrices : Irak, Afghanistan, Libye. Les régimes de sanctions contre l'Iran, le Venezuela et la Syrie ont entraîné des souffrances indicibles parmi les civils. Plutôt que de favoriser la paix, le libéralisme a institutionnalisé la coercition.

En interne, l'Occident libéral fait face à sa propre décadence. Les inégalités atteignent des niveaux historiques ; la confiance dans les institutions démocratiques s'effondre. L'essor des États de surveillance, la censure sous couvert de « contrôle de la désinformation » et l'atomisation sociale croissante témoignent tous d'un système incapable de vivre à la hauteur de ses propres idéaux.

Philosophiquement, la prétention du libéralisme à l'universalisme s'est révélée être un masque pour le particularisme occidental. Ses institutions – l'ONU, le FMI et la Banque mondiale – ne servent pas l'humanité, mais les intérêts bien établis d'une oligarchie atlantiste. Grâce à des mécanismes tels que les conditions pour obtenir des prêts et l'imposition de politiques d'austérité, ces institutions ont souvent creusé les inégalités et la dépendance politique dans le Sud global plutôt que de favoriser un réel développement.

Section 2 : La montée de la résistance civilisationnelle

En réponse, une vague mondiale de résistance civilisationnelle s'est élevée. Il ne s'agit pas d'un simple nationalisme ; c'est une affirmation plus profonde de modes d'être différents, de façons alternatives de connaître et d'organiser les sociétés.

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En Iran, la République islamique continue d'affirmer un modèle de gouvernance islamique enraciné dans la souveraineté spirituelle. La Russie, sous le dénominateur de l'eurasisme, revendique son identité orthodoxe et civilisationnelle. Le socialisme confucéen de la Chine offre une synthèse de tradition et de modernisation en dehors des paradigmes occidentaux. Pendant ce temps, l'Amérique latine assiste à une renaissance de la solidarité bolivarienne, et l'Afrique retrouve progressivement ses épistémologies indigènes.

La résistance civilisationnelle n'est pas un retour à l'isolationnisme ; c'est une insistance sur la multipolarité – sur le droit des différentes cultures à définir la modernité selon leurs propres termes.

Section 3 : Vers un monde multipolaire

Le moment unipolaire est terminé. L'ordre mondial émergent est intrinsèquement multipolaire, façonné par divers acteurs civilisationnels. Alors que le libéralisme cherchait à effacer la particularité culturelle au profit de l'homogénéisation, l'avenir appartient à la pluralité des civilisations.

Les partenariats stratégiques de l'Iran avec la Russie et la Chine, l'expansion des BRICS et la coopération Sud-Sud croissante illustrent que la résistance n'est pas simplement défensive. Elle est constructive – une entreprise créatrice pour construire un système international alternatif basé sur le respect, non sur la domination.

Ces civilisations, enracinées dans des traditions spirituelles et culturelles durables, possèdent une résilience que la modernité libérale, avec son ethos consumériste éphémère, manque de plus en plus.

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Le libéralisme occidental, confronté au déclin démographique, à l'épuisement moral et à une extension stratégique excessive, est mal équipé pour inverser cette tendance. Le centre ne peut plus tenir.

Conclusion : La fin d'un impérialisme, la naissance des civilisations

L'effondrement moral du libéralisme marque non seulement un changement politique mais un tournant civilisationnel. Alors que l'hégémonie occidentale vacille, l'opportunité se présente de forger un monde plus juste, diversifié et spirituel.

La résistance civilisationnelle n'est pas née de la haine mais de l'amour – l'amour de la tradition, de l'identité, d'un avenir où l'humanité n'est pas réduite à des unités économiques mais honorée en tant que porteuse de sens transcendant.

Dans cette nouvelle ère, l'âge de l'Empire s'estompe. L'âge des civilisations se lève.

À l'aube de l'âge des civilisations, le dialogue entre les cultures doit remplacer le monologue d'une civilisation qui s'effondre.

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lundi, 05 mai 2025

Oswald Spengler et « la nausée des machines »

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Oswald Spengler et « la nausée des machines »

Nicolas Bonnal

Spengler publie son Homme et la technique en 1931. C’est le premier livre que j’ai lu de lui, en 1979, et celui qui m’a le plus marqué : le plus froid, le plus crépusculaire, le plus étincelant dans sa brièveté. Spengler y définit la « tragédie faustienne » : l’homme occidental est finalement vaincu par son industrie, ses sources d’énergie et sa techno-dépendance. A l’heure de la pénurie, du Grand Reset et du grand contrôle informatique planétaire (qui concerne Occident, Chine, Russie, Inde, Brésil et tout le reste), son livre reste une perle, au moins comparable au Règne de la quantité du Maître.

51GYAJDH3VL._SX195_-3121994852.jpgRépétons aussi les deux grandes phrases d’un livre époustouflant de Drieu :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera… »

« Il n'y a plus de partis dans les classes plus de classes dans les nations, et demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

C’est le dernier chapitre intitulé le Dernier acte qui m’intéresse. Spengler rappelle presque ironiquement les sources de la surpuissance du blanc devenu fétu de paille depuis :

« Les peuples germaniques, en particulier, sont assurés d'un quasi-monopole des gisements de charbon existants, ou en tout cas connus, ce qui les a conduits à une multiplication de leurs populations, sans égale dans l’'histoire. »

Mais la grande transformation a lieu, celle de Polanyi souvent pas si éloigné de Guénon et de Spengler :

« Au-dessus du charbon, et aux carrefours principaux des lignes de communication qui rayonnent à partir de là, est entassée une masse humaine de proportions monstrueuses, enfantée par la technique machiniste, travaillant pour elle et tirant d'elle ses moyens d'existence… »

La supériorité en charbon nourrit le colonialisme et le racisme qu’Hitler appliquera à d’autres blancs (les Russes ou les Ukrainiens, toujours aussi menacés par le capital occidental d’ailleurs) :

« Aux autres peuples que ce soit sous la forme de colonies ou d'États nominalement indépendants est dévolu le rôle de fournir les matières premières et de consommer les produits finis. »

Spengler rappelle la DESTRUCTION DE TOUT par l’ère industrielle :

« La MÉCANISATION DU MONDE est entrée dans une phase d'hypertension périlleuse à l'extrême. La face même de la Terre, avec ses plantes, ses animaux et ses hommes, n'est plus la même. En quelques décennies à peine la plupart des grandes forêts ont disparu, volatilisées en papier journal, et des changements climatériques ont été amorcés ainsi, mettant en péril l'économie rurale de populations tout entières. D'innombrables espèces animales se sont éteintes, ou à peu près, comme le bison, par le fait de l'homme; et des races humaines entières ont été systématiquement exterminées jusqu'à presque l’extinction totale, tels les Indiens de l'Amérique du Nord ou les aborigènes d'Australie. »

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L’idée que la forêt a disparu par la faute du journalisme et de la presse abrutissante est fascinante tout de même. Le traducteur Petrowsky cite un livre d’un proche de Madison Grant, Fairfield Osborn, sur le pillage de la planète et la destruction, voire l’anéantissement de tous les paysages traditionnels. On n’est pas très loin de Savitri Devi ou d’Alexis Carrel. D’ailleurs Spengler écrit, toujours dans le Dernier acte de son œuvre :

« Nous sommes incapables de contempler le bétail paissant dans les champs, sans qu'il nous fasse penser à l'idée de son rendement pour la boucherie. Nous ne savons plus admirer la beauté des ouvrages faits à la main par les peuples encore simples, sans vouloir immédiatement leur substituer des procédés techniques modernes. Notre pensée technique DOIT ABSOLUMENT Se réaliser dans la pratique, judicieusement ou absurdement. »

Il remarque qu’en poussant à l’aberration le développement technique, l’homme touche à l’absurde (le progrès contre-productif !) :

« Cette machine commence d'ailleurs à être, sur bien des plans, en contradiction avec la pratique économique : les signes avant-coureurs de leur divorce apparaissent déjà partout. Par sa multiplication et son raffinement toujours plus poussés, la machine finit par aller à l'encontre du but proposé. Dans les grandes agglomérations urbaines, l'automobile, par sa prolifération même, a réduit sa propre valeur : l'on se déplace plus vite à pied qu’en voiture. »

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Et c’est là qu’intervient la nausée des machines, prélude au penchant suicidaire décrit par des esprits aussi proches (et différents) que Gheorghiu, Daniélou ou Bruckberger :

« Mais, durant ces dernières dizaines d'années, il est clair que cet état des choses change dans tous les pays où l'industrie à grande échelle est établie de longue date. La pensée Faustienne commence à ressentir la nausée des machines. »

Si Bernanos voit une soumission aux machines devenues folles dans sa France contre les robots, Spengler pressent une nausée qui va accompagner le regain écologiste de l’après-guerre (lui-même meut en 1936, qu’aurait-dit ou écrit vingt plus tard ?) :

« Une lassitude se propage, une sorte de pacifisme dans la lutte contre la Nature. Des hommes retournent vers des modes de vie plus simples et plus proches d'elle; ils consacrent leur temps aux sports plutôt qu'aux expériences techniques… Les grandes cités leurs deviennent odieuses et ils aspirent à s'évader de l'oppression écrasante des faits sans âme, de l'atmosphère rigide et glaciale de l'organisation technique. »

L’écologie a depuis vendu son âme à l’informatique et à sa gouvernance globaliste…

Edgar Poe écrivait : 

« Prématurément amenée par des orgies de science, la décrépitude du monde approchait. C’est ce que ne voyait pas la masse de l’humanité, ou ce que, vivant goulûment, quoique sans bonheur, elle affectait de ne pas voir.

Mais, pour moi, les annales de la Terre m’avaient appris à attendre la ruine la plus complète comme prix de la plus haute civilisation. »

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Poe voit l'horreur monter sur la terre (Lovecraft reprendra cette vision). L'industrie rime avec maladie physique :

« Cependant d’innombrables cités s’élevèrent, énormes et fumeuses. Les vertes feuilles se recroquevillèrent devant la chaude haleine des fourneaux. Le beau visage de la Nature fut déformé comme par les ravages de quelque dégoûtante maladie. »

C’est dans l’impeccable Colloque de Monos et Una.

Spengler explique même Guénon et la mode traditionnelle-traditionnelle de cette époque dans des termes encore ironiques :

« L'occultisme et le spiritisme, les philosophies indoues, la curiosité métaphysique sous le manteau chrétien ou païen, qui tous étaient objet de mépris à l’époque de Darwin, voient aujourd'hui leur renouveau. C'est l'esprit de Rome au siècle d'Auguste. Dégoûtés de la vie, les hommes fuient la civilisation et cherchent refuge dans des pays où subsistent une vie et des conditions primitives, dans le vagabondage, dans le suicide. »

Mais si le blanc peut se payer le luxe de l’écologie et du rejet des machines (encore que…) il n’en est pas de même des autres peuples qui souhaitent à leur tour décrocher la timbale du progrès :

« Du coup, les «indigènes » purent pénétrer rapidement nos secrets; ils les comprirent, les utilisèrent à plein rendement. En trente ans, les Japonais devinrent des techniciens de premier ordre : dans leur guerre contre la Russie, ils révélèrent une supériorité technique dont leurs professeurs surent tirer maintes conclusions. »

Marx avait parlé du grand remplacement du yankee par trois chinois ; on y est :

« Aujourd'hui, et presque partout, en Extrême Orient, aux Indes, en Amérique du Sud, en Afrique du Sud, des régions industrielles existent. Ou sont en passe d'exister, qui, grâce au bas niveau des salaires, vont nous mettre en face d'une concurrence mortelle. Les PRIVILÈGES intangibles des races blanches ont été éparpillés au hasard, gaspillés, divulgués. Les non-initiés ont rattrapé leurs initiateurs. »

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Le blanc voit sa place menacée donc (on le voit cent ans plus tard, rien de nouveau sous le soleil) :

« Peut-être même les ont-ils dépassés, grâce à l'alliage qu’ils ont réalisé entre la ruse de l « indigène et la grande maturité intellectuelle atavique de leurs très anciennes civilisations. Partout où il y a du charbon, du pétrole ou de la houille blanche, une arme nouvelle peut être forgée, pointée contre le sur même de la Civilisation Faustienne. Le monde exploité est en passe de prendre sa revanche sur ses seigneurs. »

Autre prédiction légèrement apocalyptique et mélodramatique :

« Les multitudes innombrables des races de couleur aux mains aussi capables, mais beaucoup moins exigeantes anéantiront l'organisation économique des Blancs jusque dans ses fondements vitaux. Le luxe aujourd'hui HABITUEL dont bénéficie, par rapport au coolie, le travailleur blanc sera sa perte. »

Sur les prédictions je persiste : personne ne s’est moins trompé que l’australien Charles Pearson. Il a vu comme Nietzsche arriver sur le monde et se maintenir solidement. Il a écrit qu’au fardeau de l’homme blanc sauce Kipling succédait celui de la personnalité (National Life and Character, III). Les autres, même (surtout en fait) des génies comme Spengler, ont une tendance à la grandiloquence tragique-historique :

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Au moins je rejoins Spengler sur cette splendide envolée :

« Confrontés comme nous le sommes à cette destinée, un seul parti pris vital est digne de nous, celui qui a déjà été mentionné sous le nom du choix d'Achille » : mieux vaut une vie brève, pleine d'action et d'éclat, plutôt qu'une existence prolongée, mais vide. Déjà le péril est si pressant, pour chaque individu, chaque classe, chaque peuple, que vouloir se berner encore d'une illusion quelconque est lamentable. Le Temps ne permet pas qu'on l'arrête. Le pusillanime retour en arrière, comme le précautionneux renoncement, sont exclus. Seuls les mythomanes croient encore qu'il reste une issue possible. L'espérance est lâcheté. »

La vérité de ce monde c’est la mort murmure Céline en pleine dépression newyorkaise.

Sources principales :

https://www.dedefensa.org/article/drieu-la-rochelle-et-le...

https://www.dedefensa.org/article/drieu-la-rochelle-et-la...

https://ia801908.us.archive.org/14/items/dli.ernet.29002/...

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1170301s

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/12/13/charles-pear...

https://www.dedefensa.org/article/la-25eme-heure-et-le-ci...

https://www.dedefensa.org/article/bruckberger-et-labdicat...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/09/09/lecons-liber...

https://www.amazon.fr/grands-auteurs-traditionnels-Contre...

https://www.amazon.fr/GOETHE-GRANDS-ESPRITS-ALLEMANDS-MOD...

https://www.dedefensa.org/article/poe-et-baudelaire-face-...

https://www.dedefensa.org/article/celine-et-la-grosse-dep...

https://www.dedefensa.org/article/alexis-carrel-et-notre-...

Le modernisme russe au risque de l'idéologie - Analyse d’un naufrage

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Le modernisme russe au risque de l'idéologie

Analyse d’un naufrage

Claude Bourrinet

De Mallarmé à Malevitch, ou d'une aporie l'autre

La révolution esthétique se manifesta d’abord comme une révolte contre la forme sclérosée, mimétique, répétitive, d’un monde faux et trompeur, qui cherche à faire passer pour réels des arrière mondes, alibis à la médiocrité bourgeoise, à l’adhésion abjecte à des valeurs niveleuses et hypocrites. La déconstruction d’une esthétique issue d’une tradition fondée sur le dogme de la mimésis est l’une des plus radicales de tous les temps. Elle cherche à redonner aux sens une innocence originelle, et à l’art une maîtrise complète de son destin, pareille au pouvoir exercé sur la matière sonore de la musique, qui ne renvoie qu’à elle-même, et qui devient le paradigme des bouleversements artistiques. Au-delà de la provocation des gestes extrêmes lancés par les écoles en –isme – symbolisme, cubo-futurisme (1), rayonnisme (2), suprématisme (3), constructivisme, productivisme etc. – c’est le changement des perceptions de l’homme qui est visé, donc, en dernière instance, la construction d’un homme nouveau, la réalisation d’une utopie, d’une « autre dimension », dira Eisenstein. Dès lors va s’instaurer une dialectique entre mouvement infini de remise en cause des éléments structurels de l’œuvre d’art (forme et matière, pour reprendre la terminologie aristotélicienne) et le champ sociopolitique, lieu des conflits dont l’homme est l’enjeu.

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Baudelaire et Rimbaud avaient engagé cette transformation du verbe et de l’esthétique. Mallarmé allait mettre en question les principes mêmes de l’art occidental. L’art n’a fait que maquiller la vérité, que notre vie est un non-sens. Les ingrédients de toute littérature, le sujet, les anecdotes, les images, occultent l’art absolu, qui est par là même impossible. Sa saisie ne s’effectue qu’au moment où l’œuvre accepte l’anéantissement, qui est aussi son assomption. L’art refuse toute compromission avec la contingence humaine. Il est, comme la mort, un soleil qu’on ne saurait regarder en face sans devenir aveugle. La création passe par le chemin suicidaire de la négation hégélienne. Il faudrait soit régresser, et accepter la réalité odieuse, soit la rejeter en un défi incessant de remise en question du monde construit par la création artistique.

Gérard Conio (4), dont je m’inspire de près pour mener cette étude, insiste sur la dimension mystique, spirituelle de cette quête du Graal. Elle est l’expression d’une nostalgie de l’origine, du désir de retrouver une langue transparente, d’un Verbe purificateur capable de restaurer l’harmonie entre l’homme et le monde, la voie gnostique qui accorderait le secret fondamental, qui susciterait l’envol vers l’Idée, mais aussi le suprême désespoir : le lieu de l’art, son topos, est toujours au-delà, fuyant, éphémère, glissant de l’instant insaisissable au moment où l’on pense le saisir. L’art est donc un drame, la mise en scène d’un sacrifice propitiatoire, au bout duquel ne subsiste que la page blanche, lieu vide et plein, lavé des scories de la subjectivité, oméga où se résolvent deux infinis, la mémoire de l’origine, et la création eschatologique d’un monde neuf.

Cette nouvelle conception de l’art comme rupture et quête intransigeante se veut aristocratique, laissée au seul initié, au maudit, à l’exilé, à l’anormal, au yourodivyi (fol en Christ). L’artiste crée son ordre contre l’ordre d’un monde qu’il honnit. De là, un ton apophatique, négateur, doublé d’un accent inquisitorial, d’une tendance à traduire toute prise de position en geste moral.

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La Russie du début du XXe siècle, selon Gérard Conio, était particulièrement apte à comprendre la vision mallarméenne, bien plus que l’Occident, émoussé par son sens de la mesure. Les héritiers du nihilisme, la disposition traditionnelle du peuple russe à des élans mystiques, son anarchisme résurgent, allaient radicaliser ce message.

La suppression du sujet (au double sens du terme : le je et le thème) est aussi la disparition du signifié au profit du signifiant, que l’on dépouille jusqu’à la plus simple expression de sa matérialité, le point et la tache. Le procédé est « mis à nu », l’accent est déplacé sur le matériau. Dans le travail des « zaoumniki » (5), le verbe poétique est réduit à ses composantes minimales, la représentation est déconstruite, la figure est supprimée. Le roman, chez Victor Chlovski, devient reportage, documentaire, montage.

L’esthétique, science du Beau (qui ne signifie plus rien) se transforme en sémiotique, science du signe (qui peut être n’importe quoi).

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En 1915, dans son premier écrit théorique, Malevitch porte le négativisme jusqu’à l’adieu à la représentation, manifesté par son carré noir sur fond blanc. Puis avec son tableau blanc sur blanc, en 1919, il renonce tout à fait à la peinture, se vouant dès lors à l’écrit, au commentaire. Le geste est répété avec Le dernier tableau, monochrome rouge, que Rodtchenko expose en 1921 pour en finir avec la peinture de chevalet, et avec l’art tout court, inaugurant la période productiviste. L’art était devenu impossible. Comme toutes les valeurs auxquelles on accordait de l’importance, il était désormais réduit à l’égal du zéro.

Face à l’affirmation triomphale d’un art absolu, le scandale de la réalité se dévoile, toujours contingente, toujours banale. D’où naît un déchirement.

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Il s’agit alors de purifier le monde par le Verbe, de retrouver l’Eden disparu, d’accéder à la dimension cosmique de la création. Pour Khlebnikov, la « zaoum » (langue phonique) tente d’édifier une langue universelle, une langue « stellaire ». Le Beau doit aussi être l’expression du Vrai et du Bien. Malevitch évoque par le blanc le dieu du Zohar. Il a peut-être été influencé par le philosophe néo-platonicien contemporain Piotr Ouspenski. Maïakovski, en 1918, dans Le Journal des futuristes, en s’élevant contre le mercantilisme bourgeois, recherche une révolution de l’esprit.

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En même temps, cette quête mystique redouble une mise en mémoire du passé russe, dans l’origine archaïque par exemple de la corrélation entre l’écriture et la peinture, identification désignée par le mot « pisat ». On retrouve aussi l’art populaire et la religion de la Russie ancienne, la culture « rodnaïa », « maternelle », qu’on met en parallèle avec l’instinct créateur des enfants, des peintres naïfs, des poètes fous… Larionov organise une exposition néo-primitive d’icônes et de loubki (images populaires gravées sur bois (6)) en 1913 – la « Queue d’âne » (7) – qui regroupe Malevitch, Tatline, Chagall, Filonov, Le Dentu, Zdaniévitch, tous artistes novateurs. Un rêve messianique, naturel en Russie, s’attache à l’art.

Pour Kandinsky, le « mur » de l’art devient limite et support. L‘enjeu se déplace de l’extérieur vers l’intérieur, ouvrant la voie à une phénoménologie de la perception artistique, que les contre reliefs de Tatline vont illustrer. On passe d’une esthétique de la contemplation à une esthétique de la réception. Dès lors, tout devient possible, le matériau vidé de son sens acquiert sa valeur du choc qu’il produit.

Le constructivisme est une réponse à l’impasse proclamée de l’art. Le groupe de l’« Inkhouk » de Moscou proclame qu’il faut transformer le « byt », le mode de vie, la vie. Le productivisme tentera de réaliser ce projet.

Maïakovski et Eisenstein: l'exil intérieur

Le premier se donna la mort en 1930 et le second continua son œuvre cinématographique sous la tutelle sourcilleuse de Staline.

Maïakovski (portrait, ci-dessous), en cassant le vers traditionnel, en y mêlant les vocables familiers du peuple, a redonné à la poésie une puissance redoutable, la ramenant brutalement sur terre, une terre rude, parfois vulgaire. Certes, il collaborait à ses heures avec l’appareil policier, mais c’était un authentique poète. « Pro èto » (« De ceci ») est un cri de détresse. Maïakovski appartenait à ces bolcheviks de gauche qui seraient écrasés par le secrétaire du parti. Comme beaucoup, il a vu avec angoisse la liberté de création se réduire sous la pression idéologique du régime. Il a perçu dans sa chair la contradiction entre ses aspirations vers une révolution permanente de la vie, et la sclérose qui paralysait les corps et les esprits, la société soviétique entière, pour aboutir au gel, à la mort.

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Eisenstein a connu aussi sa descente aux enfers. Mais il ne s’est pas tué, du moins physiquement. Il connut cependant des crises sérieuses, qu’il résolut au prix du renoncement.

La première lui était commune avec d’autres créateurs. Il s’agissait de surmonter l’aporie qui menait l’art dans l’impasse du non-sens, une fois la mimesis rejetée. Comment lier l’art à la vie ? On sait que le constructivisme subsuma les deux termes sous le projet unitaire de l’utopie, l’utopie que l’on réalise ici et maintenant (ce qui revenait en fait à subordonner l’art à la vie). Eisenstein va utiliser le montage, le travail sur le matériau cinématographique, et singulièrement la synecdoque, la valorisation de la partie pour le tout, apte à toucher l’affect des foules (le cinéma étant l’art des masses par excellence).

La seconde crise fut résolue au début des années trente, en plein stalinisme triomphant. On peut résumer le constat auquel il parvint : « L’art est régressif par sa forme et progressif par son contenu. » Mais en art, la forme prime, et conditionne le contenu. Eisenstein s’aperçoit alors que l’art, c’est le Mal.

La découverte de la « plongée dans le sein maternel », dans les archétypes, à partir des travaux des psychanalystes Ferenczi et Otto Rank, ainsi que les expériences des contre reliefs de Tatline, l’amènent à définir la « Méthode », ou le « Grundproblem » (le « problème fondamental »). Pour lui, l’objectif de l’artiste est l’extase. L’Empreinte (« Eindruck ») désigne les traces du trauma originel et le mode de superposition appelé à constituer le montage des attractions et à susciter de l’organique à partir du mécanique. Son cinéma mêle archaïsme et modernisme, pensée sensorielle et pensée conceptuelle, Apollon et Dionysos, futur utopique et origine.

Du constructivisme à la "construction du socialisme"

La première exposition d’ « Obmokhou » (« Association des jeunes artistes) en mai 1920, inaugurée par Lounatcharsky, présente des manifestations d’agit-prop, destinées à montrer comment utiliser les activités artistiques à des fins de publicité révolutionnaire.

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L’exposition « 5x5=25 » constitue un tournant décisif. Il s’agit de briser les mentalités « archaïques ». L’action se place sous l’angle de la lutte contre l’aliénation. Les productivistes reprochent à l’esthétique formaliste de l’objet (« viéchisme ») de substituer à la reproduction de la nature la reproduction de la machine. Pour Maïakovski les artistes sont des « artisans chargés de réaliser la commande sociale ». Le savoir-faire des poètes, leur métier (masterstvo) livre à la séduction étatique les masses désarmées. La fonction poétique est remplacée par la fonction de communication. Les artistes sont passés de la « dissonance » dont parlait Koulbine à l’ « harmonie », synonyme de mort. L’affirmation de Rodtchenko, selon laquelle « l’art littéraire » est destiné à débarrasser la vie des « enjolivures », pour légitime qu’elle soit dans le domaine esthétique, prend une résonance sinistre dans l’ordre politique.

Comment l’art, se voulant autonome, a-t-il pu servir d’instrument à un Etat totalitaire ? Cette question est d’autant plus cruelle que c’est justement par la manifestation de la plus haute vie que l’œuvre de mort a procédé, comme si l’art se révélait être un pharmakon, capable d’empoisonner dans la mesure même où il se présente comme un salut. On peut essayer d’identifier l’origine de cette régression en détachant quelques caractéristiques qui l’ont favorisée :

- On crée une confusion entre l’art et la vie, un glissement sémantique entre ce qui concerne au premier chef l’esthétique et ce qui revient aux conditionnements socio psychologiques.

- On effectue un transfert, à la manière du « sdvig » (9), de la préoccupation d’un salut individuel, à celle du salut communautaire. On passe ainsi d’un plan à un autre qualitativement différent, sans voir que la nature du projet est changée, l’œuvre devenant une entreprise sociale et se soumettant insidieusement au primat du politique, au sens large comme au sens réduit.

- Le ton apophatique, négateur, radical, doublé d’une emphase irritante, la manifestation d’un souci pédagogique et prosélyte, ont exacerbé l’aspect dogmatique de la rhétorique.

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- La gratuité ludique de l’utilisation des matériaux créatifs, mots, couleurs, formes, lesquels provoquent un impact psychosensoriel susceptible de modifier les états de conscience et d’instiller de manière subliminale des affects et des concepts en complet décalage avec la réalité, sinon avec la vérité, renforce l’emprise idéologique de l’Etat totalitaire. La création verbale pure des « zaoumniki » est un laboratoire pour la novlangue. Au lieu d’unir les hommes par le haut, elle les transforme en masse indifférenciée douée d’une mentalité prélogique. La forme produit le sens, les liens syntaxiques et logiques sont rompus, suscitant des automatismes qui aboutissent à une phraséologie vide, à une langue codée qui se substitue à la réalité, plus proche des réflexes conditionnés de Pavlov que d’une pensée cohérente, une langue incantatoire, faite d’enchaînements de sons bruts capables de galvaniser les foules et d’agir sur ses nerfs (mais les inventions verbales de Kroutchonykh, de Kamienski, d’Iliazdov sont indéniables : c’est toute l’ambiguïté d’une période révolutionnaire).

- En Russie, l’impersonnalité de l’art renvoie immédiatement à l’impersonnalité de l’Etat.

- Le renversement carnavalesque de l’art entre le haut et le bas, qui, sous couvert d’un égalitarisme agressif, a nivelé vers le bas toute expression, tout mode d’être en société, a abattu les frontières qui permettaient d’endiguer l’inondation idéologique et de préserver certaines classes ou castes de la puissance dévastatrice de la démagogie.

Art nihiliste

Le « laminage de la personnalité », la « perekovka douch », le « remodelage des âmes », mis en œuvre par le totalitarisme stalinien, qu’un Zinoviev, dans les Hauteurs béantes a dénoncés, ont favorisé la crétinisation massive que la société de consommation tente d’apporter avec elle, avec la bénédiction d’anciens dissidents, transformés en commis parvenus du nouveau capitalisme. En Occident, les Diafoirus et les Homais pullulent, et ont rabaissé toute valeur, toute connaissance à une prétentieuse exhortation à aménager une existence médiocre, la parant de cette ornementation ludique qui donne au vide un surcroît d’esthétisme, parallèlement à ce surplus d’âme que les actions humanitaires octroient aux masses repues de délectations télévisuelles. Pour Gérard Conio, l’homologie est flagrante entre ce qui s’est passé en URSS et ce qui se joue actuellement dans la modernité : privilégier la perception après avoir déconstruit les formes et aboli l’art, transférer les codes d’une certaine pratique artistique à la gestion marchande du monde, au point d’en devenir le miroir idéologique à base d’hédonisme de supermarché et de gratuité nihiliste, confondre des justifications esthétiques et des explications sociologiques ou politiques, légitimer en définitive un réel dégradé.

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Notes:

1) Le cubo-futurisme est une variante russe du futurisme italien qui, par la provocation, le scandale et la violence, promut la modernité, la machine, le mouvement et le dynamisme au rang de constituant à part entière de l’art.

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2) Mikhaïl Fedorovitch Larionov s’intéressa à l’impressionnisme, au fauvisme et au cubisme, avant de fonder, à partir de 1909, et avec sa femme Natacha Gontcharova, le rayonnisme. Larionov fut l’un des pionniers de l’art abstrait. Après son installation à Paris en 1914, il réalisa de nombreux décors pour les Ballets russes.

3) Le suprématisme est la première théorie de la peinture non objective. Malevitch en est l’inspirateur en 1915.

4) Gérard CONIO, L’art contre les masses : Esthétiques et idéologies de la modernité ; L’AGE D’HOMME, Lausanne, 2003.

5) Vélimir Khebnikov, mort du typhus en 1922 à 37 ans, mena une quête mystique de l’Unité et de l’Harmonie, de la maîtrise du temps et de l’Histoire, mêlant rationalité du Nombre et l’Irrationalité du Verbe. La langue Zaoum, libre jeu de phonèmes russes chargés de sens, fait éclater le conservatisme de la culture pour ressusciter les fonds archaïques de la slavité, déchaînant une fureur insurrectionnelle et aboutissant au Monde de l’Harmonie (« Ladomir »).

6) L’ imagerie populaire russe traditionnelle, représente des héros légendaires, des preux intrépides (« bogatyrs » ou « vitèzes »), des tsarévitch ou tsarévna, des bouffons et des baladins (« skomorokhi »), des moujiks étonnants, des « fols en Christ » (« yourodivy »), des monstres et esprits forestiers…

7) L’exposition néo-primitiviste « La Queue d’âne » réhabilita l’art folklorique russe issu de la tradition orientale.

Au début de l’année 1921, l’ « Inkhouk » (Institut de Culture Artistique ») regroupe des artistes tels qu’Alexandre Rodtchenko, Varvara Stepanova, Alexandre Vesnin, Lioubov Popova, Alexandre Exter, qui veulent rompre avec la composition. Ils adoptent la notion de « construction » pour désigner l’abandon des éléments « superflus », et l’utilisation rationnelle des matériaux (souvent d’origine industrielle ou technologique, comme le fait Tatline). Trois principes se dégagent :

- La « facture » concerne le caractère concret, rationnel et universel du matériau ;

- La « construction » définit la fonction collective des éléments et le projet ;

- La « tectonique » établit la finalité idéologique de l’objet.

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9) « La création décalée » est une traduction possible d’un mot russe qui exprime un concept fondamental de l’esthétique cubo-futuriste : le « sdvig ». Forgé à l’origine pour désigner la déformation des figures dans la peinture cubiste, le sdvig va bientôt se généraliser, se conceptualiser pour élargir cette défiguration picturale à une transformation qui affecte la création tout entière, la « création décalée » » (in L’art contre les masses…, p. 13).

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

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On ne se lasse jamais des devoirs

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://telegra.ph/Non-si-%C3%A8-mai-sazi-di-dazi-04-30

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet, et l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement prise au dépourvu, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Au mauvais moment

L'état des lieux des équilibres géoéconomiques en Occident

Je vois arriver comme un coup de tonnerre les tarifs douaniers américains. Ce n'est pas un mince problème quand on sait que la situation économique du continent européen est déjà notoirement mauvaise et qu'elle s'enfonce inexorablement dans le néant. Plus problématique encore si l'on pense que ces droits arrivent au moment même où la Commission européenne se vantait de vouloir investir 800 milliards d'euros pour faire la guerre à la Russie. Bref, un bien mauvais timing.

Faisons le point sur la situation.

Le gouvernement américain impose des droits de douane, le lendemain les marchés s'effondrent, la Chine réagit, encore un jour et Trump les supprime, puis ils reviennent. Entre-temps, la spéculation a explosé et ceux qui devaient en profiter l'ont fait. Bien sûr, l'Europe n'était pas sur la liste des heureux gagnants de la loterie.

Ce qui se passe est pire que prévu, car s'il est vrai que les droits de douane sont utilisés plus ou moins comme des sanctions, et donc comme un outil de dissuasion, il est également vrai qu'ils sont généralement appliqués contre des adversaires, des ennemis ou tout au plus des concurrents effrontés, mais pas contre ses « alliés » (= soi-disant...), et c'est précisément cette logique qui devrait amener les États européens à réfléchir à la vérité de la relation politique entre les États-Unis et l'Europe.

Que faire ?

Les tarifs douaniers introduits par Donald Trump marquent un nouveau chapitre dans les relations économiques entre l'Europe et les États-Unis, rompant brutalement avec les politiques de libre-échange qui ont dominé les trente dernières années. Le 2 avril 2025 a été baptisé « Jour de la libération » par le président américain, symbolisant l'abandon par les États-Unis de l'approche mondialiste du commerce et l'adoption d'un protectionnisme visant à corriger ce que Washington considère comme des déséquilibres structurels au détriment de l'économie américaine. Ce n'est pas la première fois que cela se produit en Amérique, vous savez, mais le coup est porté au moment même où l'UE est confrontée à des dépenses de guerre insensées. Cela ressemble presque à une aide à la Russie.

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Ce n'est pas la première fois que Trump a recours aux droits de douane: dès son premier mandat, il avait lancé une confrontation commerciale avec la Chine. Cette fois-ci, cependant, l'attaque est plus structurée et à plus grande échelle. Une soixantaine de pays sont visés par les États-Unis, avec des droits de douane allant de 20 à 25% pour l'Europe et à 54 % pour la Chine. Les mesures entreront en vigueur en deux phases: le 5 avril avec un tarif généralisé de 10%, puis le 9 avril avec des taux différenciés pour chaque pays.

En adoptant des droits de douane de 20 à 25 % sur les marchandises en provenance de l'Union européenne, les États-Unis ramènent l'économie mondiale des décennies en arrière, à l'époque du protectionnisme et de l'isolationnisme des années 1930.

L'UE pourrait payer un lourd tribut à ces mesures: le PIB devrait chuter deux fois plus que celui des États-Unis, soit 0,4 % contre 0,2 % respectivement. Et c'est là que l'on peut observer un détail intéressant: c'est précisément l'Allemagne, le pays choisi pour diriger Rearm Europe, qui souffrira. Officiellement, c'est le secteur automobile qui est touché, mais en général, c'est toute la chaîne de production et d'approvisionnement du secteur métallurgique qui est affectée. En bref, Rheinmetall aura du mal à produire à la fois des Volkswagen à hayon et des chars d'assaut pour conquérir Moscou.

Que fera l'UE ?

L'UE s'est déclarée prête à réagir, mais elle tentera d'abord la voie diplomatique, en espérant que quelqu'un à Washington l'écoutera.

Dès le 12 avril, Bruxelles pourrait imposer des droits de douane d'une valeur maximale de 26 milliards d'euros sur les produits américains. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en faisant grimper les prix mondiaux.

Il est clair que la perspective actuellement privilégiée par la gouvernance européenne est celle de la contre-attaque - avec la pieuse illusion de pouvoir réussir: ils devront se demander s'il faut laisser faire et varier la politique monétaire, en profitant de l'introduction de l'euro numérique (qui sera de toute façon opérationnel à partir d'octobre et constituera un instrument de contrôle social très puissant); ou bien Bruxelles pourrait introduire des droits de douane allant jusqu'à 26 milliards d'euros sur les marchandises américaines dès le 12 avril. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en augmentant les prix mondiaux.

Comme l'a suggéré M. Tagliamacco, il pourrait s'agir d'une occasion historique pour l'UE de se désengager de l'influence américaine et de s'ouvrir à des alternatives, mais le scénario européen semble assez sombre. La crise économique qui frappe le continent, et qui menace de s'aggraver, pourrait être abordée de deux manières si la classe dirigeante était différente. La première consiste à renforcer les relations avec la Chine. La sortie de l'Italie de la route de la soie a été un choix à courte vue: il est au contraire crucial de maintenir des relations solides avec Pékin pour stimuler le commerce. De même, il convient de rétablir le lien avec la Russie, qui fournissait à l'Europe du gaz à des prix plus avantageux que ceux imposés par les États-Unis.

La deuxième voie est interne : stimuler la consommation. Depuis la fin des années 1990, les salaires réels sont restés comprimés, ce qui a pesé sur la demande intérieure. L'Italie doit reconstruire son marché intérieur, augmenter les revenus et stimuler les dépenses. Pour ce faire, elle a besoin d'un bloc social fort, capable de s'opposer au néolibéralisme qui a conduit à l'appauvrissement généralisé du pays.

Pour relancer les relations entre l'UE et la Chine, il est essentiel de surmonter les fortes divergences liées à l'énorme excédent commercial de la Chine et aux obstacles qui limitent l'accès à son marché intérieur. Selon des articles de presse, l'Europe est également préoccupée par le soutien continu de Pékin à la Russie dans la guerre en Ukraine.

Récemment, la Chine a envoyé des missions commerciales dans plusieurs capitales européennes, tandis que ses industries envisagent de diriger une partie de leurs exportations vers les marchés européens. Les dirigeants européens ont également exprimé publiquement leur intention de renforcer la coopération bilatérale, ce qui contraste fortement avec les appels précédents à « réduire les risques » liés à la dépendance vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement chinoises.

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Très doux, pas trop de pouvoir

La signification politique de cette action devrait donner à réfléchir.

Les États-Unis tentent d'envoyer un message clair à l'Europe dans son ensemble, tant à ses dirigeants qu'à ses citoyens. Aux premiers, ils disent clairement, par un langage subtil, que certains choix internationaux ne sont pas à leur goût.

Les États-Unis veulent maitriser leurs relations avec la Russie et la Chine, tout en étant prêts à envoyer les Européens à la guerre sans état d'âme. De plus, il est rappelé que l'euro est une création destinée à maintenir le continent européen sous l'hégémonie du dollar, de sorte que toute tentative de diversification de la structure monétaire des pays membres doit être considérée comme « dangereuse » et « inappropriée ». Les États-Unis ont déjà perdu suffisamment de terrain commercial, perdre l'Europe également n'est certainement pas l'une des meilleures voies à suivre. Les dirigeants européens ne sont pas omnipotents et, surtout, ils ne gouvernent pas chez eux.

Les gens semblent vouloir qu'on leur dise qu'il y a un changement dans l'ordre du pouvoir, de sorte qu'une certaine « coopération » sera la bienvenue et conduira à une approbation et à une récompense agréables de la part du maître d'outre-mer. L'Europe ne devrait certainement pas aller de pair avec la Russie et tous les autres monstres, les "super-vilains" d'Asie.

En bref, l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement mal préparée, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Qui sait si lorsque les peuples se retrouveront à devoir se battre pour un morceau de pain, ils comprendront que ce ne sont pas les politiciens qui changeront la condition de cet esclavage.

dimanche, 04 mai 2025

Une dette bicentenaire

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Une dette bicentenaire

par Georges Feltin-Tracol

Le système médiatique occidental d’occupation mentale se concentre toujours sur l’essentiel. Il vient de sortir du placard de l’histoire une vieille affaire politico-financière : le remboursement par la France d’une supposée dette envers Haïti.

Le 17 avril 1825, le dernier roi légitime, Charles X, promulgue une ordonnance de reconnaissance de l’indépendance de cet État en échange d’une indemnisation s’élevant à 150 millions de francs-or. Il s’agit de dédommager les propriétaires expropriés avec un montant équivalent à trois années de production locale. Le 11 juillet, le président haïtien, Jean-Pierre Boyer (1776 – 1850), l’accepte sous la menace de plusieurs navires de guerre aux ordres de l’amiral – baron de Mackau. La Monarchie de Juillet (1830 – 1848) ramène la créance à 90 millions de francs-or. Haïti la payera jusqu’en 1938 et ses intérêts jusqu’aux années 1950, selon les experts qui divergent sur la date finale.

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Signifiant en amérindien arawak « Terre des hautes montagnes », Haïti constitue la perle du premier empire colonial français. Son territoire correspond à la partie occidentale d’Hispaniola (ou Santo-Domingo) dans les Grandes Antilles. L’économie qui s’y développe repose sur des plantations de canne à sucre, d’où sa richesse convoitée par les autres puissances européennes.

Au traité de Bâle du 22 juillet 1795, l’Espagne cède à la jeune république française la partie orientale d’Hispaniola ainsi réunifiée. Mais les idées révolutionnaires des Lumières se répandent sur l’île aussi bien chez les créoles (les colons d’origine européenne) que chez les Noirs et les mulâtres. Une insurrection éclate et entraîne la proclamation de l’indépendance, le 1er janvier 1804. C’est l’heure pour Haïti des généraux tels Toussaint Louverture (vers 1743 – 1803) ou Jean-Jacques Dessalines (1758 – 1806).

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L’échec répété des tentatives militaires françaises favorise la division du camp indépendantiste et attise les ambitions personnelles. Dès septembre 1804, Dessalines se proclame « empereur d’Haïti » sous le nom de Jacques Ier sans que son autorité soit complète. En 1808, l’Espagne récupère l’Est de Saint-Domingue (la future République dominicaine). Haïti se scinde par ailleurs en deux ensembles rivaux : au Nord, une république devenue trois ans plus tard un royaume avec le Noir Henri Christophe (le roi Henri Ier); au Sud, la république martiale et autoritaire du mulâtre Alexandre Pétion. Sous le ferme gouvernement de son successeur, le mulâtre Jean-Pierre Boyer, Haïti se réunifie. C’est dans ce contexte compliqué que le président haïtien approuve l’ordonnance royale française. Aujourd’hui, gauchistes et médiacrates font campagne pour que l’Hexagone exsangue rembourse Haïti.

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Ancienne fonctionnaire à l’ONU et militante féministe, une certaine Monique Clesca cofonde en décembre 2024 le KAAD (Collectif haïtien afrodescendant pour la justice et les réparations). Son entretien dans Le Monde du 18 avril 2025 est exemplaire par son argumentation spécieuse et révisionniste. Elle exige que la France restitue les « sommes que nous avons payées sous la contrainte et […] la réparation pour les torts que nous avons subis. Des torts économiques, psychologiques ». Elle n’est pas la seule.

Dans L’Obs des 15 – 21 avril 2021, un Haïtien qui s’ignore, l’économiste français Thomas Piketty, prix Lyssenko 2015 décerné par le Carrefour de l’Horloge, se réfère à l’indemnisation des biens juifs spoliés dans le cadre de la commission Mattéoli en 1999 et au vote du Congrès des États-Unis qui versa, en 1988, 20.000 dollars aux Nippo-Américains détenus dans les camps de concentration yankees pendant la Seconde Guerre mondiale. Il suggère que « la France devrait verser 30 milliards à Haïti. Cette proposition est minimale, elle ne compte pas les intérêts: [on] se contente de revaloriser le montant de 1825 au rythme de la croissance d’Haïti. Pour la France, ça représente un peu plus de 1% de sa dette publique actuelle ». Monique Clesca ne partage qu’une partie de la proposition de Piketty puisqu’elle envisage le remboursement jusqu’à... cent milliards de dollars !

Avec une austérité budgétaire et une rigueur sociale qui se préparent dans les ministères, est-il sérieux de vouloir que la France se saigne encore pour honorer une soi-disant dette instrumentalisée par une authentique subversion wokiste ? À la question « Comment s’assurer que la restitution de la ” rançon ” bénéficie au peuple haïtien ? », peuple en proie à la faillite de l’État et à la domination des bandes criminelles surarmées, Monique Clesca ose répondre que « cela ne devrait pas être le souci de la France. C’est l’affaire des citoyens haïtiens ». Affirmons-lui que ces derniers n’existent plus !

En raison du climat d’insécurité généralisée qui règne en Haïti, on peut craindre qu’au lieu de verser des sommes considérables à un État inexistant, un gouvernement hexagonal d’extrême centre autorise l’implantation dans le cœur dépeuplé de la France de millions d’Haïtiens. Après le moment brésilien, puis la phase mexicaine, l’Hexagone atteindrait donc son terminus haïtien…

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À l’instar des Algériens qui accusent la France d’être à l’origine du délabrement actuel de leur pays, Monique Clesca (photo) estime que « Haïti se trouve dans sa situation actuelle en grande partie parce que nous n’avons pas pu investir cet argent dans notre développement, dans notre éducation, notre santé, notre économie. […] Cet argent a enrichi la France ». Une rhétorique accusatoire qui désigne un bouc-émissaire et se présente en victime historique fallacieuse.

Cette dame semble oublier que le jour de l’indépendance d’Haïti, tous les Européens, à l’exception de quelques prêtres, médecins et déserteurs polonais, se font massacrer. Certains historiens qualifient ces exactions de génocide. Terme excessif qu’il faut plutôt remplacer par « populicide », voire « épuration ethnique » ou « leucophobie »; l’une des premières manifestations de racisme anti-blanc véhiculées par les funestes valeurs lumineuses.

Dans ce même entretien accordé au Monde, Monique Clesca exprime toute son indignation. Pour elle, en parlant de l’ordonnance royale, « ce document était particulièrement humiliant: le texte ne mentionnait même pas Haïti, mais la “partie française de Saint-Domingue“. Notre pays était invisibilisé». On est ici en présence d’un cas flagrant de désinformation ou d’un mensonge historique avéré.

En effet, en 1825, les Haïtiens occupent toute l’île d’Hispaniola depuis déjà trois ans. La future République dominicaine hispanophone pâtit d’une occupation féroce ponctuée de réquisitions, de pillages et de massacres. Les affres de cette domination longue de vingt-deux ans imprègnent encore la mémoire collective dominicaine. Les Dominicains éprouvent toujours de nos jours une franche hostilité envers leurs voisins haïtiens, surtout s’ils sont migrants. La frontière terrestre entre les deux États est l’une des plus surveillées du monde. L’instabilité en cours en Haïti incite les responsables dominicains à ordonner l’érection d’une barrière frontalière à rendre jaloux Donald Trump lui-même.

En 1843, les créoles de Santo-Domingo se soulèvent contre les forces haïtiennes et parviennent à les chasser l’année suivante. Dès lors, la IIIe République dominicaine (1844 – 1861) vit sous la menace permanente des attaques militaires haïtiennes de reconquête. Les Dominicains repoussent les Haïtiens lors de la bataille d’Ocoa en 1849. En 1850, Haïti tente d’envahir son voisin oriental sans aucun succès malgré le soutien de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis qui ne reconnaissent pourtant Haïti qu’en 1864 ! En 1855, l’armée dominicaine repousse encore trente mille soldats haïtiens. Si un jour la France consent à rembourser Haïti, les Haïtiens ne devraient-ils pas partager avec leurs victimes dominicaines ? Ce ne serait que justice ! Qu’en pensent donc le KAAD et Monique Clesca ?

L’argent donné à la France n’aurait pas incité au développement, au progrès, à l’éducation, à la santé et à l’économie de Haïti. Ces sommes élevées n’auraient servi qu’à alimenter la prévarication et la militarisation du pays. Soit Monique Clesca le sait et elle déforme sciemment les faits, soit elle l’ignore, ce qui témoigne alors d’une effarante incompétence complétée d’une méconnaissance historique crasse de la part du plumitif employé au tristement célèbre quotidien. Le discours décolonial, wokiste et anachronique du KAAD démontre une vive hostilité anti-française.

La France n’a aucune responsabilité dans le désordre institutionnel haïtien. Entre 1804 et 2025, Haïti a connu 86 chefs d’État ou directions collectives, soit un dirigeant tous les deux ans et demi ! Par ailleurs, entre 1915 et 1934, les États-Unis occupent Haïti sans se préoccuper de soutenir des classes moyennes aptes à bâtir une armature étatique stable et solide. Aujourd’hui, une force internationale de maintien de l’ordre sous le commandement du Kenya n’arrive pas à contrecarrer la mainmise des forces criminelles. Haïti a même souhaité un temps adhérer à l’Union africaine, demande finalement refusée pour des motifs géographiques.

Le sort tragique de Haïti préfigure surtout la décolonisation chaotique des États ibéro-américains et africains. S’il y a un fait que peuvent vraiment reprocher les Haïtiens à la France, ce n’est pas cette question de créance bicentenaire, mais plutôt la formation et la propagation des sinistres idées des Lumières sur leur sol.       

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 154, mise en ligne le 29 avril 2025 sur Radio Méridien Zéro.

09:56 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, haïti, caraïbes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 03 mai 2025

L'influence de Friedrich Schelling sur Maurice Merleau-Ponty

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L'influence de Friedrich Schelling sur Maurice Merleau-Ponty

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/the-influence-of-fri...

L'existentialiste français Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) s'est inspiré à plusieurs reprises de l'œuvre de Friedrich Schelling et a avancé l'idée que le corps humain est le principal moyen de connaître le monde. Auparavant, les philosophes occidentaux avaient soutenu que la conscience était la source de la connaissance et l'approche unique de Merleau-Ponty sur ces questions avait été influencée par les écrits phénoménologiques de Husserl et de Heidegger. Cependant, en tant qu'homme de gauche, Merleau-Ponty ne partage pas l'opinion de Schelling selon laquelle notre voix intérieure est celle de Dieu et préfère adopter une position matérialiste et reléguer cette dimension intérieure à un simple aspect de l'humanité.

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Empruntant à Schelling l'idée que la créativité artistique représente une expression « barbare » qui sert à libérer l'esprit intérieur de la nature sous la forme d'une communion à la fois réelle et symbolique avec le divin, ce que l'Allemand avait expliqué dans son Sur les rapports des arts plastiques avec la nature (1807), Merleau-Ponty a esquissé ce qu'il a fini par interpréter comme le sacrement de la couleur. À propos de l'œuvre de Cézanne, en particulier, le penseur français laïque présente le dynamisme créatif lié à l'expression artistique en des termes profondément religieux : « Soudain, le sensible prend possession de la couleur :

« Soudain, le sensible s'empare [...] de mon regard, et je livre une partie de mon corps, voire mon corps tout entier, à cette manière particulière d'espace vibrant et sentant que l'on appelle bleu ou rouge. De même que le sacrement ne symbolise pas seulement, sous des espèces sensibles, une opération de la Grâce, mais qu'il est aussi la présence réelle de Dieu, qu'il appelle à occuper un fragment d'espace et qu'il communique à ceux qui mangent le pain consacré, à condition qu'ils y soient intérieurement préparés, de même le sensible n'a pas seulement une signification motrice et vitale, mais n'est rien d'autre qu'une certaine manière d'être au monde qui nous est suggérée à partir d'un point de l'espace, et dont notre corps s'empare et agit, pourvu qu'il en soit capable, de sorte que la sensation est littéralement une forme de communion ».

9782070322909fs.gifCes pensées atypiques sont exprimées dans l'ouvrage de Merleau-Ponty de 1964, L'œil et l'esprit, qui aborde la peinture sous l'angle de la vision. Le fait qu'il mentionne l'impact remarquable de l'œuvre de Cézanne sur le spectateur qui, vraisemblablement, est le destinataire de cette communion visuelle, fait écho aux remarques de Schelling concernant les effets sur l'artiste lui-même, un processus que ce dernier décrit comme étant « poussé à la production et même contre une résistance intérieure ». Deux perspectives différentes, certes, mais Merleau-Ponty est néanmoins d'accord avec Schelling pour dire qu'une telle créativité est un don ou, dans ce cas, une forme de « grâce » qui dénote la présence de quelque chose de mystérieusement divin.

Bien qu'il semble inhabituel pour un marxiste confirmé d'utiliser la terminologie spirituelle privilégiée par son homologue idéaliste allemand, Merleau-Ponty s'intéressait davantage au pouvoir de la volonté humaine en tant que manifestation de la conscience primordiale :

« Il y a vraiment inspiration et expiration de l'Être, action et passion si légèrement discernables qu'il devient impossible de distinguer entre ce qui voit et ce qui est vu, ce qui peint et ce qui est peint ».

Malheureusement, alors que Merleau-Ponty avait formulé sa discussion sur l'art en termes nettement spirituels, il était déterminé à formuler sa philosophie en accord avec son athéisme personnel. Tout comme la transsubstantiation de la Sainte Messe est censée transformer le pain et le vin de la communion en corps et en sang du Christ, Merleau-Ponty souhaitait transformer la libération ontologique de la conscience humaine par l'art en « chair du monde ». La couleur, en particulier, devient un élément de l'être et dépasse les théories limitées de Freud sur l'inconscient en transgressant les frontières du psychologiquement banal.

La libération de ce principe « barbare », le pouvoir symbolique de l'imagination, est un reflet de « la profondeur inépuisable » dont Schelling avait parlé plus d'un siècle auparavant. Pour Merleau-Ponty, la possibilité de découvrir le potentiel caché de la créativité humaine représente une totalité de perception qui conduit au renouvellement de l'individu. Un dernier mot de Schelling:

« L'indiscipliné gît toujours dans les profondeurs, comme s'il pouvait à nouveau percer, et l'ordre et la forme ne semblent nulle part avoir été originels, mais il semble que ce qui était initialement indiscipliné ait été mis en ordre. C'est le fondement incompréhensible de la réalité des choses, le reste irréductible qui ne peut être résolu en raison par le plus grand effort, mais qui reste toujours dans les profondeurs. C'est de ce qui est déraisonnable que naît la raison au sens propre. Sans cette obscurité préalable, la création n'aurait pas de réalité ; l'obscurité est son héritage nécessaire ».

Directive de Douguine: «Le conflit entre le Pakistan et l'Inde repose sur des bases très sérieuses»

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Directive de Douguine: «Le conflit entre le Pakistan et l'Inde repose sur des bases très sérieuses»

Alexandre Douguine

Il fut un temps où les Britanniques, en remettant le pouvoir dans leur ancienne colonie, l'Inde, aux Indiens eux-mêmes, ont créé une situation dans laquelle le pays était divisé selon des critères religieux. Pour limiter la souveraineté de ces États nouvellement libérés et continuer subrepticement à les gouverner, ils ont alimenté les conflits religieux. Selon Alexandre Douguine, directeur de l'Institut Tsargrad et philosophe, il s'agit de la pratique britannique habituelle du « diviser pour régner » :

« Cela signifie qu'ayant perdu leur domination directe sur les peuples de leurs anciennes colonies, les Britanniques ont posé une mine à retardement sous ces dernières. Bien que le Pakistan et l'Inde fassent partie d'un même État-civilisation. En même temps, il y a beaucoup de musulmans en Inde, et ethniquement, ils sont tous très proches.

Par conséquent, les parties divisées de cet État-civilisation se sont retrouvées en forte opposition l'une à l'autre. En Inde, les hindous sont majoritaires et définissent de plus en plus leur identité selon les critères de l'hindutva ("hindouïté"). Au Pakistan, avec l'aide des Britanniques puis des Américains, un État islamiste s'est formé. Cela a certainement contribuer à bétonner une source de conflit idéologique.

Le conflit s'est étendu à certains États de l'Inde, en particulier le Jammu-et-Cachemire, où une partie importante de la population musulmane est influencée par les éléments les plus radicaux. Le Pakistan a joué un rôle direct dans cette situation. Mais pas seulement: des représentants d'ISIS*, interdit en Russie, et d'Al-Qaïda*, interdit en Russie, y étaient également actifs. Tout cela est une pratique courante des services de renseignement occidentaux, la CIA et le MI6, dans la gestion des conflits.

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Tout récemment, une explosion a eu lieu dans l'État du Jammu-et-Cachemire, faisant plus de 20 morts. Les autorités indiennes ont accusé le Pakistan d'être à l'origine de l'attentat. Il en a résulté une escalade. Cette fois, la réaction des Indiens a été très vive: des décisions ont été prises pour interdire aux avions pakistanais de survoler l'Inde, pour expulser du pays les personnes ayant la nationalité pakistanaise et pour bloquer le cours de l'Indus dans la vallée de Lipa.

Il s'agit d'une réaction très sérieuse, qui s'est avérée extrêmement douloureuse pour le Pakistan sur le plan des infrastructures, de la politique et de la géopolitique. En fait, un conflit entre deux pays dotés de l'arme nucléaire vient d'éclater. Et bien sûr, cela pourrait avoir des conséquences très graves.

Il est difficile de dire jusqu'où cela ira. Mais il est évident que ce qui se passe est favorable, avant tout, à George Soros et aux mondialistes occidentaux. Ils sont en train de créer une nouvelle guerre dans laquelle les trois grandes puissances contre lesquelles les mondialistes se battent actuellement - la Chine, la Russie et les États-Unis trumpistes - seront immanquablement entraînées.

Les intérêts de ces pays et de l'Inde elle-même, qui est aussi une grande puissance, peuvent maintenant entrer en conflit. Et cela ressemble fort à une provocation mondialiste, car l'Inde est orientée vers les États-Unis et vers Trump personnellement. Par ailleurs, la Chine, qui soutient le Pakistan, a de graves conflits avec l'Inde au Ladakh (régions montagneuses frontalières). C'est pourquoi la Russie, qui est amie à la fois de l'Inde et de la Chine, tente depuis des années de promouvoir la paix entre ces États-civilisation. Aujourd'hui, elle noue également des relations avec Trump.

Par conséquent, dans la situation émergente, tout le monde est impliqué dans un conflit les uns contre les autres. Ce serait une formidable aubaine pour les mondialistes qui, ayant subi une défaite cuisante aux États-Unis, ne contrôlent plus que l'Europe. Par conséquent, le conflit indo-pakistanais est plus qu'à leur avantage, ce qui est très dangereux. Les conflits Chine-Inde, Inde-Inde et Inde-Monde islamique sont déjà en place. Dans le même temps, ce qui se passe détourne l'attention du monde de la Syrie, de la bande de Gaza et du Moyen-Orient en général. Tout cela est un moyen évident de creuser un fossé entre les principaux piliers du monde multipolaire. Et c'est pourquoi je suis sûr que Soros était impliqué.

Mais, je le répète, la Russie a d'excellentes relations avec l'Inde et la Chine et de bonnes relations avec le Pakistan. Par conséquent, en utilisant ces bons rapports comme leviers, la diplomatie russe pourrait aujourd'hui résoudre activement et surtout efficacement la situation conflictuelle actuelle qui menace le monde entier ».