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lundi, 16 septembre 2024

Périclès et la démocratie totalitaire

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Périclès et la démocratie totalitaire

Nicolas Bonnal

L’expression "démocratie totalitaire" est de Bertrand de Jouvenel.  Mais son inventeur est le bon vieux Périclès; l’explosion de la dépense publique, les grands travaux du Parthénon, la guerre interminable (pour la Grèce) du Péloponnèse, la transformation d’un grand peuple en plèbe d’assistés et d’accros au théâtre gratuit, c’est lui, idole par ailleurs de nos bons profs d’histoire, tous fonctionnaires.

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John T. Flynn est lui un pamphlétaire de la première moitié du siècle dernier. Il a écrit après la Guerre un best-seller contre Roosevelt, The Roosevelt Myth. Dès les années trente, il reprochait au New Deal sa gabegie, son inutilité, sa dette immonde. Pour lui comme pour Georges Bernanos et les libertariens de haute école, New Deal, fascisme et socialisme incarnaient une seule et même chose, l’Etat moderne qui met fin à notre simple autonomie.

81MPr7gDNjL._AC_UF350,350_QL50_.jpgDans ses Leçons oubliées, Flynn compare Roosevelt au fameux stratège athénien Périclès: dette énorme, gesticulations médiatiques, grands travaux, constructions de prestige, bases, colonies (les bases US !), et une belle guerre mondiale et surtout perpétuelle. Tout rapproche Périclès de Roosevelt, y compris le prestige historique de ces deux grandes et catastrophiques figures. Roosevelt démantela les empires coloniaux et brada notre Europe - comme Périclès la Grèce avec la Guerre du Péloponnèse.

 

Flynn se réfère à Plutarque, au merveilleux Plutarque.

On cite la Vie des hommes illustres, Périclès, chapitre IX et suivants.

« Beaucoup d'autres prétendent que c'est lui qui le premier habitua le peuple aux clérouchies, aux distributions d'argent pour le théâtre et autres indemnités diverses ; mesures qui, de sage et travailleur qu'il était, le rendirent prodigue et indocile. Demandons aux faits eux-mêmes les raisons de cette transformation. »

J’ai déjà cité Démosthène qui un siècle après Périclès se plaint dans la Réforme de la gabegie de l’argent public et du divertissement athénien. Plutarque encore :

« Périclès, vaincu en popularité, eut recours à des largesses faites avec les revenus de l’Etat. Le voilà sur-le-champ qui corrompt en grand toute la multitude avec les fonds des spectacles, avec des salaires attribués aux juges, par toutes sortes d'allocations et de largesses ; puis de cette multitude il se fait une arme contre l'Aréopage. Il n'en était pas membre, le sort ne l'ayant jamais désigné pour les fonctions d'archonte, de roi, de polémarque ou de thesmothète… ».

Périclès déclare des guerres juridiques et administratives, quand il ne chasse pas la concurrence politique par ostracisme:

9782070104529-us.jpg« Ainsi Périclès, fort de l'appui du peuple, abattit la puissance de ce tribunal (l’aréopage). Il se vit dépossédé de la plupart de ses juridictions par l'entremise d'Ephialte; Cimon fut banni comme ami des Lacédémoniens, et ennemi de la démocratie (misodèmon), — Cimon qui ne le cédait à personne en naissance et en richesses, qui avait remporté de brillantes victoires sur les Barbares, qui avait rempli la ville de dépouilles et de trésors, comme je l'ai raconté dans sa Vie. — Tel était sur la multitude l'ascendant de Périclès (kratos en to démo Perikleou) ».

Puis Plutarque s’emporte, qui pourtant est fasciné par Périclès !

« XI Aussi Périclès, de plus en plus, lâcha la bride au peuple, et rechercha la popularité; il s'ingéniait pour qu'il y eût toujours à Athènes des assemblées générales, des banquets, de belles cérémonies, enfin il offrait à la ville toutes sortes de divertissements du meilleur goût. »

Mais ce spectaculaire beurre ne suffit pas. Guerre social-démocrate: on ajoute les canons et on joue au petit soldat, au colonisateur. Comme le disait Rothbard l’Etat militariste accompagne l’Etat socialiste.  

« Chaque année, il envoyait soixante trières montées pendant huit mois par un grand nombre de citoyens qui recevaient un salaire… Il envoya en outre dans la Chersonèse mille colons; à Naxos, cinq cents; à Andros, deux cent cinquante.

En Thrace il prescrivit à mille citoyens d'habiter chez les Bisaltes ; il en envoya d'autres en Italie lors de la reconstruction de Sybaris sous le nom de Thurium: tout cela, pour alléger Athènes d'une populace sans ouvrage, et par là même remuante; pour soulager la misère du peuple et pour installer enfin, auprès des alliés (summaxois), comme garantie contre toute espèce de révolte, des garnisons, et par conséquent la crainte (phobos). »

La force athénienne repose bien sûr sur la terreur. Or quand on est le plus fort, on se sert le premier. On ruine le trésor de Délos pour édifier les babioles que vont adorer les touristes deux mille ans après:

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XII Mais ce qui fit le plus de plaisir à Athènes, et ce qui devint le plus bel ornement de la ville ; ce qui fut pour tout l’univers un objet d’admiration ; la seule chose enfin qui atteste aujourd’hui la vérité de ce qu’on a dit de la puissance de la Grèce et de sa splendeur d’autrefois, ce fut la magnificence des édifices construits par Périclès. »

Certains esprits ne sont pas contents (Plutarque évoque les anciennes élites et les… poètes comiques !) :

« Et la Grèce n’a-t-elle pas raison de se croire insultée, et outrageusement tyrannisée, quand elle voit que les sommes déposées par elle dans le trésor commun, et qu’elle destinait à fournir aux frais des guerres nationales, nous les dépensons, nous, à couvrir notre ville de dorures et d’ornements recherchés, comme une femme coquette accablée sous le poids des pierreries ; à la parsemer de statues ; à construire des temples de mille talents ? »

Le bon Périclès trouve normal de s’être servi. Et comme n’importe quel président US qui nous invite à payer plus pour aller casser la gueule à notre voisin russe:

« Périclès tenait un tout autre langage : « Vous ne devez à vos alliés nul compte de ces deniers, disait-il au peuple, puisque c’est vous qui faites la guerre pour eux, et qui retenez les barbares loin de la Grèce, tandis qu’eux ne vous fournissent pas un cheval, pas un vaisseau, pas un homme, et qu’ils ne contribuent que de leur argent. Or, l’argent, du moment qu’il est donné, n’est plus à celui qui l’a donné, mais à celui qui l’a reçu, pourvu seulement que celui-ci remplisse les engagements qu’il a contractés en le recevant. Or, vous avez rempli tous vos engagements, en ce qui concerne la guerre. »

Les grands travaux occupent tout le monde, comme les gares et les barrages (ça se visite aussi, non?), et les aéroports et toutes les pyramides du Louvre. Périclès :

« Une foule de besoins nouveaux ont été créés, qui ont éveillé tous les talents, occupé tous les bras, et fait, de presque tous les citoyens, des salariés de l’État : ainsi, la ville ne tire que d’elle-même et ses embellissements et sa subsistance. Ceux que leur âge et leurs forces rendent propres au service militaire reçoivent, sur le fonds commun, la paye qui leur est due. Quant à la multitude des ouvriers que leurs professions exemptent présentement du service militaire, j’ai voulu qu’elle ne restât point privée des mêmes avantages, mais sans y faire participer la paresse et l’oisiveté. Voilà pourquoi j’ai entrepris, dans l’intérêt du peuple, ces grandes constructions, ces travaux de tous genres, qui réclament tous les arts et toutes les industries, et qui les réclameront longtemps. »

On ostracise les rares mécontents :

« Enfin, la lutte avec Thucydide (pas l’historien, un rival politique) en vient à un tel point que Périclès se résout à courir les risques de l'ostracisme, obtient le bannissement de son adversaire, qui est suivi de la dissolution du parti. »

Périclès semble gagner son pari avant la peste et les premières défaites. Il est le Roi du Monde façon Roosevelt:

« Il semblait qu’il n’y eût plus d’inimitiés politiques, et qu’il n’y eût désormais, dans Athènes, qu’un même sentiment, une même âme. On pourrait dire qu’alors Athènes, c’était Périclès. Gouvernement, finances, armées, trirèmes, empire des îles et de la mer, puissance absolue sur les Grecs, puissance absolue sur les nations barbares, sur tous les peuples soumis et muets, fortifiée par les amitiés, les alliances des rois puissants, il attira tout à lui, il tenait tout dans ses mains. »

Et la « mégalo-thymie », l’ubris de Fukuyama frappe la cité athénienne :

« Périclès inspirait à ses concitoyens une opinion de plus en plus haute d’eux-mêmes, en sorte qu’ils se croyaient appelés à une puissance plus grande encore. »

En dépit de ses dépenses et ses erreurs, Périclès est resté une figure de légende, comme ce FDR jugé le plus prestigieux des présidents US par la smalah des universitaires et des profs de collège; Roosevelt qui appauvrit son pays et l’endetta, qui aggrava la crise de 29 et la rendit pérenne, Roosevelt enfin qui provoqua le Japon de la manière la plus cynique (Morgenstern), massacra l’Allemagne prête à négocier dès 1943 et donna la moitié de l’Europe à Staline – et la Chine au maoïsme.

Ralph Raico remarque enfin que le complexe militaro-universitaire a fait de Truman un grand président américain: Otan, Corée, Hiroshima. Sans oublier le social et l’antiracisme, à l’armée puis partout.

Sources antiques et libertariennes :

PLUTARQUE, VIE DE PERICLES TRADUIT PAR UNE SOCIETE DE PROFESSEURS ET D’HELLENISTES – PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE, 1893 (Gallica BNF)

Edition bilingue. Vie des Hommes Illustres. Traduction Alexis Pierron, 1853 (Remacle.org)

Démosthène – Discours sur les réformes publiques (Remacle.org)

John T. Flynn – A Roosevelt Myth; forgotten lessons. Mises.org

The costs of war; American pyrrhic victories, edited par John V. Denson

Ralph Raico- A libertarian rebuttal (Mises.org).

Gros plan sur... Luc-Olivier d'Algange

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Gros plan sur... Luc-Olivier d'Algange

propos recueillis par Frédéric Andreu

Écrivain à la fois solitaire et solidaire, discret et disponible, Luc-Olivier d'Algange semble préférer les plateaux montagneux où planent les aigles royaux, aux plateaux de télévision ! Afin d'essayer d'entrer, sur la pointe des pieds, dans son œuvre protéiforme faite de poésie et d'essai, nous lui avons adressé sept questions.

Pourquoi sept ? Parce que tel est le nombre sacré des légendes qu'il affectionne par dessus tout. Le but de notre démarche ? Tenter de mieux situer un auteur rare. Guetteur du bel apparaître dans un temps disgracieux du paraître, Luc-Olivier d'Algange, qui êtes-vous ?

I : Votre page «wikipédia», consultable sur la toile, indique que vous êtes né à Göttingen. Quel souvenir personnel gardez-vous de cette cité allemande célébrée notamment par la chanteuse Barbara ?

Je n'ai aucun souvenir de Göttingen, je n'ai fais qu'y naître, mais en revanche je me souviens bien de Cassel, où je vécu jusqu'à l'âge de six ans, et surtout de Einbeck où vivait ma grand-mère du côté maternel. J'y passais de nombreuses vacances, surtout en hiver. Je me souviens, en particulier, des têtes de sangliers qui ornaient les murs et de la petite véranda où régnait un fatras fantastique, et qui servait aussi de frigidaire, voire de congélateur, les températures en hiver descendant communément au moins vingt. Je me souviens du poêle à charbon et de la cave, un peu effrayante, où il fallait aller chercher le noir combustible. Je me souviens de ma luge, avec laquelle, rétrospectivement, je suis heureux de ne m'être pas tué. Je me souviens des amis de ma grand-mère, joviaux et nostalgiques ; de la ferme de mes cousins et des animaux que, petit citadin, je découvrais. Je me souviens surtout des forêts alentours, - et le sentiment m'en reviens chaque fois que je relis Heidegger, dont la prose est parfois rugueuse comme celle d'un vieil arbre. Les interrogations fondamentales, depuis les présocratiques, sont liées à l'enfance : «  Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?  »

II : A quel âge avez-vous commencé à écrire ? Gardez-vous souvenir de ces textes initiaux?

Curieux des livres, des lettres, des crayons, j'ai commencé à écrire, avant d'aller à l'école, des histoires de chevaux dans un allemand phonétique. Un camarade plus âgé m'avait appris l'alphabet:il n'en faut pas plus. Je pensais alors que les chevaux, bien que nous leur commandions, étaient plus intelligents que les humains, et je serais presque enclin à le penser toujours... Mais je n'ai commencé à écrire véritablement, et en français, qu'au collège, avec les encouragements d'un professeur d'exception qui avait le don de nous faire entrer dans le monde d'un poème simplement en le lisant à voix haute, sans le déclamer, mais sur le souffle, le rythme profond. Ses « explications de texte » étaient de véritables herméneutiques et les sujets de rédaction qu'il nous proposait de prodigieuses provocations à l'imagination. «  Imaginez le monde des Hommes-Oiseaux » ou encore «  Imaginez un dialogue entre l'Ondine de Giraudoux et l'Ophélie de Shakespeare ». Ce professeur, au demeurant, me défendit avec fougue contre la direction du collège qui voulait me mettre en « fin d'étude » nonobstant mon inclination à l'école buissonnière et, peut-être, quelques juvéniles insolences. Je lui dois d'avoir découvert ces auteurs qui m'accompagnent encore aujourd'hui :  Rimbaud, Mallarmé, Saint-John Perse, Edgar Poe, Lovecraft, Giraudoux, Stéphan George, Ernst Jünger,... Enfin nommons le : Jacques Delort, - rien à voir avec le Ministre – et auteur d'un beau livre sur la poésie et le sacré. Ce fut lui, aussi, qui me fit publier mon premier article, sur Saint-Pol-Roux, dans la revue Etudes et Récherches.

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III : Les écrivains observent souvent des «rites» propitiatoires à l'écriture. Certains ne peuvent écrire qu'en écoutant de la musique ; d'autres, a contrario, ne le peuvent que dans le silence d'une thébaïde retirée du monde? Qu'en est-il de Luc-Olivier d'Algange?

Le rite serait, par quelque prière, d'être, avant même de commencer à écrire, en accord avec un paysage intérieur, venu du souvenir ou de l'imagination, si tant est qu'il faille distinguer l'un de l'autre. Mieux encore est d'installer son scriptorium dans un tel lieu, chose aisée puisque j'écris à la main et que suffisent un carnet et un stylo. Nul besoin de ces machines, toujours un peu encombrantes et qui exigent une prise électrique. Il m'a toujours semblé lecteur ou écrivain, que les phrases naissaient des paysages, qu'elles en prolongeaient les couleurs et les rumeurs. Pour écrire, il me faut, de préférence, un ciel au-dessus de la tête. Quand bien même les phrases que nous écrivons n'en disent rien directement, ne le décrivent aucunement, le paysage s'infuse dans les mots qui en gardent les essences et les secrets. Les propos, même les plus abstraits à première vue, se chargent de l'esprit des lieux où ils furent conçus. J'évoquais, à propos de Heidegger, la Forêt, et pareillement et de toute évidence, nous percevons, lisant Nietzsche, la lumière de l'Engadine.

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IV : Pouvez-vous citer un ou deux ouvrages qui ont bouleversé votre vision du monde?

Venons aux tout premiers, dans l'ordre d'apparition, même, bien sûr, il y en eut d'autres. Le Zarathoustra de Nietzsche, tout d'abord, qu'un jeune homme ne peut lire sans le cœur ne batte la chamade. ; Hyperion d'Hölderlin, qui ouvre à la poésie absolue, véritable foudre d'Apollon ; et Les Contes cruels de Villiers de l'Isle-Adam qui firent que, face à notre temps, soudain nous nous sentions moins seuls dans nos refus et dans nos songes.

V : Les mots "légende", "songe", "orée tremblante", "chant du merle" blasonnent souvent vos textes. On se demande : quelles sont les contes, les fées – voire, les contes de fée - qui vous inspirent ces jolis mots?

La « vraie vie » commence toujours dans le conte et la légende, sitôt nous quittons la fiction sinistre que le monde abstrait, le monde planifié, nous impose . Seul un écran nous sépare du monde légendaire. Tout ce dont parlent les contes existe bel et bien. Bel et bien, - dans la beauté et dans la bonté que nous retrouvons lorsque les écailles nous tombent des yeux. Bel et bien, et partout, même dans les lieux les plus déshérités et les plus sinistres. Chaque heure est le blason d'une réalité visible-invisible : tremblantes orées. Ce n'est que par soumission, aveuglement, surdité spirituelle que nous cessons de les percevoir, par crainte aussi, - car le monde légendaire, en ses périls et merveilles menace à chaque instant ce que nous pensons être nos certitudes. Les forêts sont profondes, les océans, incertains, et l'on risque fort de s'y métamorphoser.

VI : Dans d'autres textes, on entend tinter les maillons d'une "chaîne d'or". C'est ce que vous désignez, je crois bien, par la «cadena aurea de la tradition». Que signifie pour vous cette locution latine plus guère usitée de nos jours? 

La chaine d'or, la catena aurea existe en dehors de nous. Elle est un influx, une tradition qu'un concours de chances nous permets parfois de reconnaître. Entre les Ennéades de Plotin et le vaste poème de Schelley, Epispsychidion, - ce qui veut dire l'Ame de l'âme, - il y a bien plus qu'un simple jeu d'influences littéraires. Un tradere s'est perpétué dont on trouve des signes de tous temps et je me suis efforcé, dans certains de mes livres, d'en interpréter d'une façon qui n'est pas seulement historique ou chronologique. Certains auteurs retrouvent ces ressources sans presque rien savoir de leurs prédécesseurs. Une même expérience leur fut donnée : celle de la multiplicité chromatique des états de la conscience et de l'être.. L'érudition, certes, est belle, mais elle n'est que le satellite de cette expérience intérieure, de cet ensoleillement de l'être.

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VII : L'action de votre prochain roman se déroule, paraît-il, au Portugal? Voulez-vous tirer pour nos curieux lecteurs, un coin de voile sur ce projet en cours?

Ce roman, pour lors, est à mi-chemin, et au point où j'en suis, il me faudrait pouvoir séjourner quelque temps sur les rives du Tage, et en attendre la suite comme le sébastianiste attend, un soir de brume, le retour du Roi Caché. En d'autres temps, un mécène eût pourvu à mes frugalités... Le songe demeure cependant d'un roman comme un « feu de roue » alchimique, d'une temporalité sphérique recréée, en tonalités et a-tonalités, dans une forme où le « résolument moderne » rimbaldien ne contredit pas mais accomplit la Tradition.

Il existe des "livres fenêtre", il existe des "livres chemin". Il existe aussi des "livres pour faire réfléchir nos têtes" et des "livres qui nous prennent par la main". Propos réfractaires est un peu tout cela à la fois, fenêtre et chemin. Tout dépend, bien sûr, des attentes du lecteur... Lu et approuvé pendant l'hiver, j'attendais, pour ma part, un "livre chaleur" qui m'aide à lutter contre le froid. Contre le froid hivernal qui commence en décembre et contre le froid civilisationnel qui a commencé un peu plus tôt. Le jour où les Bourgeois ont remplacé les Aristocrates et les machines ont remplacé les dieux.

À la fois ennemie du ressentiment et amie des légendes, la pensée de Luc-Olivier d'Algange est sans concession contre les apories de cette époque sans rivage que nous avons la disgrâce de vivre. Son titre Propos Réfractaires, « est venu de lui-même et presque malgré nous » prévient l'auteur dès la première ligne. Un titre qui en effet ne dit peut-être pas le tout du livre, mais en dit beaucoup. On reconnaît un livre à son titre comme on reconnaît un arbre à ses fruits. « Livre fenêtre » de nos étés trop chauds, Propos Réfractaires est aussi un « livre brique réfractaire » pour nos hivers trop froids. Au-delà des analogies joueuses de votre serviteur, cher Luc-Olivier, l'auteur de ces pauvres lignes veut vous dire encore ceci : l'important est que votre « livre brique » diffuse la chaleur lente et sereine des légendes qui, comme nous le rappelle Patrice de la Tour du Pin, « empêchent les peuples de mourir de froid ».

Propos Réfractaires, 21 euros, Editions L'Harmattan, collection Théôria.

https://www.editions-harmattan.fr

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OUVRE TES YEUX...

Ouvre tes yeux éclusés de lumière,

pour que la lointaine chaleur des étoiles

redescende sur Terre ;

pour que le parfum des rares fleurs,

défroissent les ailes de l'âme !

Et pour que les mots fassent de tes jardins rayés, des ambassades du ciel ! 

Toutes les paroles ne s'envolent pas.

Certaines s'impriment sur la roche tendre

des nuages. Sur les pages des jours heureux se dépose la signature des rencontres.

On ne se souviendra de ce pays d'enfance 

que des mouches joueuses, 

des alluvions d'Éternité aux sourires des passantes.

De ces dames, un je ne sais quoi de guindé et d'attirant à la fois...

À cette fierté à briser les lampes des au-revoirs...

Je préfère les petites bougies d'églises. 

Je ne prie pas pour elles, 

je prie pour leurs âmes

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VA-T-ELLE SUCCOMBER À MON POÈME ? 

On croit avoir déjà tout dit,

Et puis, on trouve cet espace entre les roches lisses du langage...

Ta seule présence faisait trembler tous les mots de mon corps. Ta froide poitrine déposait sa goutte de lait dans le creux de mes mains.

Les amis de toujours se demandaient pourquoi tes étoiles cherchaient à passer par les serrures de mon âme ?

Ils n'ont pas séjourné sous ton rosier sauvage. Ils n'ont pas trouvé le diamant perdu de notre rencontre. 

Ils voient tout cela comme un événement lointain. 

L'amour réside entre le fruit et l'absence.

Ces fruits de ta bouche que je mange, tes dents blanches qui vont chercher en moi le rouge des mots tendres... en mordillant un peu mon cœur.

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UN PROJET  POÉTIQUE (en hommage à Luc-Olivier d'Algange)

Je reviens de cette lecture les poches pleines de rêves,

Le talent de dire le pays. La chaleur des mots dans les yeux. L'accent qui fait toute la différence ! Voilà plus d'une heure que la bougie attend la fin de la nuit. Ma lecture vacillante s'achève sur un début qui ne fait que "commencer" par un nouveau pas de danse...

A mon tour, je partirai récolter les couleurs de l'eau.
Je toucherai une à une les gouttes du silence,
pour que la chaîne des mots ne tombe pas entre de mauvaises nuits,

je voisinerai les champs de blé travaillés de bonne heure,

les maisons mitoyennes qui baillent dans la forêt,

au balcon les filles bardées d'aventure !

Je parle peut-être en esthète de l'inutile. Incompris de la plupart ? - Pour me faire comprendre, je me déferai de tout sauf de la bague d'allégeance avec la poésie.

Enfin ! J'ai trouvé l'accent qui manquait à la fleur cueillie ! Une aile d'encre envolée dans le poème ! Je la tiens pincée entre deux doigts. Comme pour la montrer à l'invisible ; pour voir dans la fleur, le sceptre ; et dans le pays, le royaume !  

- La légende disait donc vrai !

la reine d'Islande est plus belle que la neige,

ses pas éclairés de joliesse

ne reflètent que des pieds innocents

- Mon poème pour sa Majesté

est une rose de sang...

Dans son pays, les enfants parlent aux animaux ;

il n'y a pas une fleur qui ne connaissent son nom ;

Pourtant, des batailles éclatent avec tout ce qui nuit à la lumière.

Mais, même tenus dans le silence, les mots qui suivent diront tout de mon amour.

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LA BELLE ENTRAÎNEUSE

L'été s'achève dans le cycle du rire, les grands chemins blancs de neige, toutes ces histoires déjà écrites dans l'avenir.

Le livre des Amours est resté grand ouvert,
et nos doigts essaient de l'ouvrir avec la force du rêve...
n'ôtant que le vernis de nos incrédulités.

Celle qui se dévoile ce matin est trop belle pour se suffire à un monde ! Sa démarche la multiplie en autant de nuits qu'il nous reste à vivre. Il existe une échelle pour la mesurer à l'aune des étoiles. - Oserais-je lui donner le nom d'une constellation ?

Un seul coup d'œil en sa direction, et voici que les filtres de mon regard se mettent à brûler,
ne laissant qu'une silhouette de mot accrochée aux cimaises du vent.

Bérénice aux cheveux servant de luge à mes désirs ! - la neige tombera et me donnera raison !

En attendant, les poissons nagent dans mon sang. Seul le silence est témoin de cet amour intérieur qu'il faut pour écrire !

dimanche, 15 septembre 2024

Maltraitance institutionnelle

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Maltraitance institutionnelle

par Georges FELTIN-TRACOL

En ces semaines post-olympiques propices aux exploits, un nouveau record vient de tomber à l’avantage du gouvernement de Gabriel Attal, démissionnaire au 16 juillet dernier. Avant la nomination de Michel Barnier le 5 septembre dernier, le plus jeune premier ministre du régime a géré les affaires courantes pendant cinquante-et-un jours. Cette durée exceptionnelle dépasse de loin tous les gouvernements de la Ve République dans la même situation et se rapproche de ceux de la IVe.

Cette longueur excessive résulte du caractère profondément psychotique de la Macronie et de son chef, adepte de la procrastination politique. On a déjà oublié qu’entre la nomination de l’équipe gouvernementale d’Attal, le 11 janvier 2024, et l’entrée en fonction des ministres délégués et des secrétaires d’État, le 8 février, presque un mois s’écoula. Là encore, les cabinets ministériels ont souffert de ce laps de temps incompréhensible.

On oublie en outre qu’entre la réélection d’Emmanuel Macron, le 24 avril 2022, et la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon, le 16 juin, on observe un écart de cinquante-trois jours, situation qui agaça fortement le premier ministre en exercice d’alors, Jean Castex. Cette détestable façon de procéder semble indiquer que le locataire de l’Élysée serait le maître des horloges. Une belle excuse qui prouve surtout un désir d’humilier ses affidés et un inquiétant narcissisme.

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Sous le gouvernement Borne, Aurore Bergé (photo), député des Yvelines, occupait le ministère des Solidarités et des Familles. Sous celui de Gabriel Attal, elle n’est plus que ministresse déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Cette rétrogradation est inhabituelle. Certes, on peut reculer dans l’ordre protocolaire, mais pas changer de statut. Cela ne traduit-il pas un sadisme évident de la part de l’exécutif ? On comprend mieux pourquoi cette ancienne juppéiste soutient maintenant l’ancienne socialiste Élisabeth Borne à la présidence du parti présidentiel Renaissance contre, éventuellement, Gabriel Attal...

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Emmanuel Macron maltraite aussi la stratégie politique. Les dernières semaines ont montré qu’il n’égalerait pas François Mitterrand qualifié par ses détracteurs de « Florentin ». Macron n’arrive même pas à la cheville du premier président socialiste de la Ve République. Machiavélien, François Mitterrand se serait délecté de l’actuelle situation politique sans pour autant commettre la ribambelle d’erreurs de son très lointain successeur.

Emmanuel Macron se trompe d’abord en changeant de premier ministre en début d’année alors que se profilaient les élections européennes et un éventuel succès pour le Rassemblement national. Le piètre locataire de l’Élysée aurait dû garder Élisabeth Borne jusqu’au 10 juin au moins. Il se trompe toujours en n’imposant pas la tête de liste de la majorité présidentielle. Au lieu de choisir la pauvre et digne Valérie Hayer, il aurait dû contraindre Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, voire Gabriel Attal, à prendre cette première place tout en leur permettant de rester ministres. En revanche, en cas de refus répété, il aurait dû les virer de leur poste sans la moindre hésitation.

Emmanuel Macron s’est encore trompé en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale au soir du 9 juin. Il tablait sur la désunion durable des forces de gauche et dans un hypothétique sursaut de l’extrême centre. L’opinion publique a principalement compris qu’il cédait aux exigences gratuites de Jordan Bardella. Le microcosme politico-médiatique bruissait de rumeurs sur une éventuelle motion de censure déposée par les Républicains à l’automne prochain lors du débat budgétaire. Or, avec l’ingénierie sociale orchestrée autour des Jeux olympiques et paralympiques, l’actuel chef de l’État aurait pu profiter d’une popularité acquise au cours de ces divertissements de masse afin d’en finir avec la XVIe législature dès la rentrée de septembre. Les 64 médailles françaises lui auraient-elles permis d’obtenir la majorité absolue ? Pas certain…

Une autre erreur d’Emmanuel Macron est de n’avoir pas nommé à Matignon la candidate proposée par le fumeux Nouveau Front pseudo-populaire. Oui, Laurence Tubiana, Huguette Bello, Lucie Castets ou même Madame Michu aurait dû conduire un nouveau gouvernement dès le milieu du mois de juillet. Plus tacticien, Emmanuel Macron aurait convoqué une session extraordinaire des deux chambres dès les premières semaines d’août afin que le Parlement discutât du projet de loi sur l’abrogation de la réforme des retraites. Sachant que le bloc central macroniste aurait aussitôt déposé une motion de censure votée à coup sûr par la Droite républicaine de Laurent Wauquiez, le groupe de Marine Le Pen aurait-il lui aussi voté la censure, quitte à ne pas remettre en cause la réforme calamiteuse des retraites, ou bien ne pas la voter et ainsi aider le gouvernement d’union de la gauche à rester en fonction ? Un dilemme cornélien pour le parti de la flamme tricolore…

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Les atermoiements estivaux démontrent enfin l’indécision manifeste d’Emmanuel Macron. Il agit tel un enfant gâté qui, par colère et insatisfaction à l’égard de ses parents, n’hésite pas à casser le jouet qu’ils viennent pourtant de lui offrir. Il n’a pas compris que, malgré ses divisions, ses divergences, ses désaccords profonds, la gauche a l’habitude de s’entendre et de s’unir dès que les circonstances l’imposent. Cette cohésion idéologique n’existe pas au centre (les radicaux sont les ennemis historiques des démocrates-chrétiens), ni bien sûr chez les droites buissonnantes d’une incontestable diversité idéologique, intellectuelle et politique.

Il faut maintenant craindre que ces maltraitances politiques se poursuivent, s’amplifient et s’incrustent dans une pratique désormais dysfonctionnelle des institutions. Le mois de septembre ne risque pas d’être chaud que sur le plan social. Il est probable qu’il soit brûlant en politique et même incandescent au niveau institutionnel.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 124, mise en ligne le 10 septembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Céline et la grosse dépression américaine

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Céline et la grosse dépression américaine

Nicolas Bonnal

« Toujours j’avais redouté d’être à peu près vide, de n’avoir en somme aucune sérieuse raison pour exister. À présent j’étais devant les faits bien assuré de mon néant individuel. Dans ce milieu trop différent de celui où j’avais de mesquines habitudes, je m’étais à l’instant comme dissous. »

Tous les ploucs rêvent d’aller à New York, et tous les crève-misère rêvent de se rendre en Amérique. Et voici comment le génie du siècle passé décrit son expérience new-yorkaise.

La peur de la ville debout (vision d’horreur en fait que celle de ce New York imposé depuis au monde entier avec ses tours de force) :

« Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le Voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. »

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Le froid qui va avec, et qui frappait Tocqueville :

« Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n’en pouvait rigoler nous, du spectacle qu’à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose, et rapide et piquante à l’assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s’engouffraient aussi à la charge du vent. Notre galère tenait son mince sillon juste au ras des jetées, là où venait finir une eau caca, toute barbotante d’une kyrielle de petits bachots et remorqueurs avides et cornards. »

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La trouille à l’immigration surtout pour un fauché (il sera aussi mis en quarantaine) :

« Pour un miteux, il n’est jamais bien commode de débarquer nulle part mais pour un galérien c’est encore bien pire, surtout que les gens d’Amérique n’aiment pas du tout les galériens qui viennent d’Europe. « C’est tous des anarchistes » qu’ils disent. Ils ne veulent recevoir chez eux en somme que les curieux qui leur apportent du pognon, parce que tous les argents d’Europe, c’est des fils à Dollar.

J’aurais peut-être pu essayer comme d’autres l’avaient déjà réussi, de traverser le port à la nage et puis une fois au quai de me mettre à crier : « Vive Dollar ! Vive Dollar !

C’est un truc. »

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Broadway :

« Nous on avançait dans la lueur d’en bas, malade comme celle de la forêt et si grise que la rue en était pleine comme un gros mélange de coton sale.

C’était comme une plaie triste la rue qui n’en finissait plus, avec nous au fond, nous autres, d’un bord à l’autre, d’une peine à l’autre, vers le bout qu’on ne voit jamais, le bout de toutes les rues du monde.

Les voitures ne passaient pas, rien que des gens et des gens encore. »

Manhattan et Mammon, le manque de pognon, la cité tentaculaire qui nous réduit à l’état de toutes petites fourmis :

« C’était le quartier précieux, qu’on m’a expliqué plus tard, le quartier pour l’or : Manhattan. On n’y entre qu’à pied, comme à l’église. C’est le beau coeur en Banque du monde d’aujourd’hui. Il y en a pourtant qui crachent par terre en passant. Faut être osé. »

« C’est un quartier qu’en est rempli d’or, un vrai miracle, et même qu’on peut l’entendre le miracle à travers les portes avec son bruit de dollars qu’on froisse, lui toujours trop léger le Dollar, un vrai Saint-Esprit, plus précieux que du sang.

Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu’ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice.

Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi. »

Et ils n’ont pas fini de lui parler à D-Dollar avec la parité et les indices à 20000 !

La fameuse saleté, la piscine à caca puritaine :

« À droite de mon banc s’ouvrait précisément un trou, large, à même le trottoir dans le genre du métro de chez nous. Ce trou me parut propice, vaste qu’il était, avec un escalier dedans tout en marbre rose. J’avais déjà vu bien des gens de la rue y disparaître et puis en ressortir. C’était dans ce souterrain qu’ils allaient faire leurs besoins. Je fus immédiatement fixé. En marbre aussi la salle où se passait la chose. Une espèce de piscine, mais alors vidée de toute son eau, une piscine infecte, remplie seulement d’un jour filtré, mourant, qui venait finir là sur les hommes déboutonnés au milieu de leurs odeurs et bien cramoisis à pousser leurs sales affaires devant tout le monde, avec des bruits barbares ».

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La pauvreté dans la métropole babélienne :

« Contre l’abomination d’être pauvre, il faut, avouons-le, c’est un devoir, tout essayer, se soûler avec n’importe quoi, du vin, du pas cher, de la masturbation, du cinéma. »

La cinéphilie comme culture de mort on connaît ça nous aussi. C’est la petite mort dit le maître.

Premier gros accès de déprime :

« Ce qui est pire c’est qu’on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu’on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n’aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus précaire, plus sordide ».

Après ces lignes sublimes sur l’âge qui vient :

« C’est l’âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu’on a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vérité de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n’ai jamais pu me tuer moi. »

Après la résignation du peuple bien bestial et soumis :

« Au lit ils enlevaient leurs lunettes d’abord et leurs râteliers ensuite dans un verre et plaçaient le tout en évidence. Ils n’avaient pas l’air de se parler entre eux, entre sexes, tout à fait comme dans la rue. On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s’ennuyer. »

Après la petite mort du cinéphile (on connaît comme on disait) :

« Il faisait dans ce cinéma, bon, doux et chaud. De volumineuses orgues tout à fait tendres comme dans une basilique, mais alors qui serait chauffée, des orgues comme des cuisses. Pas un moment de perdu. On plonge en plein dans le pardon tiède. On aurait eu qu’à se laisser aller pour penser que le monde peut-être, venait enfin de se convertir à indulgence. On y était soi presque déjà.

Alors les rêves montent dans la nuit pour aller s’embraser au mirage de la lumière qui bouge. Ce n’est pas tout à fait vivant ce qui se passe sur les écrans, il reste dedans une grande place trouble, pour les pauvres, pour les rêves et pour les morts. »

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Deuxième attaque de spleen américain :

« En Afrique, j’avais certes connu un genre de solitude assez brutale, mais l’isolement dans cette fourmilière américaine prenait une tournure plus accablante encore.

Toujours j’avais redouté d’être à peu près vide, de n’avoir en somme aucune sérieuse raison pour exister. À présent j’étais devant les faits bien assuré de mon néant individuel. Dans ce milieu trop différent de celui où j’avais de mesquines habitudes, je m’étais à l’instant comme dissous. Je me sentais bien près de ne plus exister, tout simplement. Ainsi, je le découvrais, dès qu’on avait cessé de me parler des choses familières, plus rien ne m’empêchait de sombrer dans une sorte d’irrésistible ennui, dans une manière de doucereuse, d’effroyable catastrophe d’âme. Une dégoûtation.

Ce commerce qui fatigue et qui vous prend la tête car il est non-stop. Il aurait pu être scénariste de Koyaanisqatsi Céline ! D’ailleurs Debord et Ellul sont cités au générique de cette oeuvre fabuleuse.

« En sortant des ténèbres délirantes de mon hôtel je tentais encore quelques excursions parmi les hautes rues d’alentour, carnaval insipide de maisons en vertige. Ma lassitude s’aggravait devant ces étendues de façades, cette monotonie gonflée de pavés, de briques et de travées à l’infini et de commerce et de commerce encore, ce chancre du monde, éclatant en réclames prometteuses et pustulentes. Cent mille mensonges radoteux. »

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Et les rites du transport déjà compliqués en Amérique :

« Un tramway longeait le bord de l’Hudson allant vers le centre de la ville, un vieux véhicule qui tremblait de toutes ses roues et de sa carcasse craintive. Il mettait une bonne heure pour accomplir son trajet. Ses Voyageurs se soumettaient sans impatience à un rite compliqué de paiement par une sorte de moulin à café à monnaie placé tout à l’entrée du wagon. Le contrôleur les regardait s’exécuter, vêtu comme l’un des nôtres, en uniforme de milicien balkanique prisonnier. »

Troisième crise de déprime liée au manque de pognon :

« Alors tout devient simple à l’instant, divinement, sans doute, tout ce qui était si compliqué un moment auparavant... Tout se transforme et le monde formidablement hostile s’en vient à l’instant rouler à vos pieds en boule sournoise, docile et veloutée. On la perd alors peut-être du même coup, l’habitude épuisante de rêvasser aux êtres réussis, aux fortunes heureuses puisqu’on peut toucher avec ses doigts à tout cela. La vie des gens sans moyens n’est qu’un long refus dans un long délire et on ne connaît vraiment bien, on ne se délivre aussi que de ce qu’on possède. J’en avais pour mon compte, à force d’en prendre et d’en laisser des rêves, la conscience en courants d’air, toute fissurée de mille lézardes et détraquée de façon répugnante. »

Tout cela repose sur une culture de la frustration qui s’apprend après l’enfance abrutie de cinéma.

Lola ne rassure pas, mais ses copines non plus :

« Je n’arrivais pas démêler tout à fait le vraisemblable, dans cette trame compliquée de dollars, de fiançailles, de divorces, d’achats de robes et de bijoux dont son existence me paraissait comblée. »

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Comment s’en sortir ? Par la menace du revolver (on est en Amérique !) :

« Elle a sorti alors un revolver d’un tiroir et pas pour rire. L’escalier m’a suffi, j’ai même pas appelé l’ascenseur.

Ça m’a redonné quand même le goût du travail et plein de courage cette solide engueulade. Dès le lendemain j’ai pris le train pour Detroit où m’assurait-on l’embauche était facile dans maints petits boulots pas trop prenants et bien payés. »

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Heureusement il y a les beautés helléniques (Stoddard, idole de Fitzgerald, parle de ce caractère hellénique de la race première américaine) :

« Quelles gracieuses souplesses cependant ! Quelles délicatesses incroyables ! Quelles trouvailles d’harmonie !

Périlleuses nuances ! Réussites de tous les dangers ! De toutes les promesses possibles de la figure et du corps parmi tant de blondes ! Ces brunes ! Et ces Titiennes ! Et qu’il y en avait plus qu’il en venait encore ! C’est peut-être, pensais-je, la Grèce qui recommence ? J’arrive au bon moment ! »

On en reparle tantôt. Car ce sera la fête des fesses à Détroit, ville du Roy.

Plus tard il oublie les bonnes sensations. Et il écrit dans sa correspondance ces lignes qui reflètent son basculement politique. La révolution bolchévique américaine à la Roosevelt ne lui plaît pas, pas plus qu’aux écrivains de droite américaine (Stoddard, Grant, Fitzgerald, Yockey bien sûr, etc.) :

« Ceci est je le sais tout à fait américain qui est aussi le pays non seulement des parfaits peppys mais aussi des tout à fait crétins et ivrognes 100 pr 100. Vous parlez de gaîté, je ne connais rien de plus déchirant de plus sinistre que l'Amérique ce pays absolument dépourvu de vie profonde dès qu'on cesse de s'y exciter et qu'on commence à y réfléchir. (Lettre à Darling Karen, p. 218).

Il sombre dans l’antiaméricanisme primaire comme on dit, mais il s’exprime comme un René Guénon ou presque :

« Une impuissance spirituelle inouïe. Un lyrisme de Galeries Lafayette – des enthousiasmes d'ascenseur. L'âme pour eux c'est un trombone à coulisse et qui brille. Plus on a de projecteurs dessus et plus on est amoureux – une totale inversion, perversion, dépravation de toutes les mystiques. Une nation de garagistes ivres, hurleurs et bientôt complètement Juifs. »

Heureusement il leur reste encore le corps aux américains, aujourd’hui frappés de surpoids ou bien d’obésité.

« La nature qui veut sans doute qu'il reste des compensations divines en tout leur a donné ce corps admirable, ce miracle de grâce et de forme, une certaine ivresse musicale aussi, une poésie qui trompe, pénètre, comme celle de l'eau, souple, infiniment souple, tout à fait étouffante et meurtrière en très peu de temps. »

Le problème d'Israël

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Le problème d'Israël

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-problema-di-israele/

La situation en Israël devient extrêmement tendue. Non seulement aux frontières, qui sont désormais quasiment sur pied de guerre, compte tenu des choix du gouvernement Netanyahou. A l'intérieur même d'Israël, et peut-être surtout à l'intérieur d'Israël, la tension atteint des sommets. Avec, d'un côté, les oppositions, dont les travaillistes, qui sont désormais à la tête d'une contestation populaire grandissante. D'autre part, le gouvernement de Bibi, de moins en moins populaire, fort de son Likoud et de quelques petits partis influents s'inscrivant dans l'orbite ultra-orthodoxe. Une coalition qui vise directement le conflit non seulement avec le Hamas, mais aussi avec tout le monde arabe qui n'a pas accepté les accords avec Israël. Et qui considère Téhéran comme une référence clé.

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Il serait vicieux d'aller voir et de discuter les différentes positions des parties contingentes, notamment en ce qui concerne les otages israéliens qui restent aux mains du Hamas. Lesquels otages sont, bien sûr, utilisés par l'opposition dans une fonction anti-Likoud. Car le Likoud est coupable d'un mépris substantiel à leur égard.

Tout aussi inutiles sont les réponses de Netanyahou et des siens, manifestement conditionnées, et donc orientées, par le contraste politique interne à Israël.

Ce qui compte vraiment, c'est la réalité à laquelle les gouvernements d'Israël doivent aujourd'hui faire face. Et cette réalité n'est ni facile ni réconfortante.

Le problème, à la racine, est la perception qu'a le monde arabe environnant d'Israël. Cette perception est à la fois réaliste et extrêmement négative.

Réaliste parce que les Arabes, ou du moins leurs dirigeants, sont conscients que le premier problème d'Israël est d'ordre démographique. Et que, par conséquent, le temps joue en leur faveur.

Un Israélien tué vaut mille, dix mille Arabes sur la balance de l'équilibre régional. En clair: les Arabes sont sacrifiables, les Israéliens ne le sont pas.

Les dirigeants des ennemis d'Israël - le Hamas, le Hezbollah et les autres - et les États arabes, Saoudiens et Jordaniens en tête, qui entretiennent de bonnes relations avec Tel-Aviv, en sont parfaitement conscients. Et coopèrent d'ailleurs parfois à ses stratégies. Tout en sachant que ce n'est qu'une question de temps. Et de patience.

Négatif, cependant, comme je le disais. Et là, il faut purger toute lecture de la situation de nos préjugés d'Occidentaux et d'Européens. Se débarrasser de cette foutaise que représenterait un certain antisémitisme arabe. D'abord parce que les Arabes sont aussi des Sémites.

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Ils représentent en effet la grande majorité du monde sémite. D'où, cependant, leur perception d'Israël et des Israéliens comme quelque chose d'étranger. Comme des envahisseurs, des enfants et des continuateurs du colonialisme occidental.

Et c'est cela, et non un antisémitisme abstrait et de façade, qui constitue le véritable problème.

En effet, les Arabes considèrent majoritairement les Israéliens comme des étrangers. Comme des Européens ou, pire encore, des Américains. Imposés sur leur territoire par le néocolonialisme occidental. Et, par conséquent, comme des avant-postes d'un Occident étranger et ennemi.

Ont-ils tort ? Si l'on s'en tient aux faits, il est difficile de répondre à cette question. La société et la culture israéliennes sont, au maximum, une expression de l'Occident extrême. Complètement étrangère au Moyen-Orient, qu'il soit islamique ou chrétien. Et avec laquelle, au contraire, la culture juive locale vivait en bonne harmonie. Mais nous parlons bien sûr du judaïsme moyen-oriental d'il y a un siècle. Il n'a rien à voir avec le sionisme, qui est plutôt l'expression d'une forme de culture européenne. Enfant du nationalisme français, il s'est enrichi d'éléments venus d'Europe de l'Est. Totalement étrangers au contexte culturel dans lequel ils ont été artificiellement insérés.

C'est ainsi qu'Israël est perçu par les Arabes, extrémistes et modérés, comme une ramification, ou plutôt un gardien de l'Occident. Un ennemi qui est là pour contrôler et affaiblir le réveil (quel qu'il soit) du monde arabe.

Un outsider avec lequel certains négocient, d'autres se confondent.

Mais dans tous les cas, il s'agit d'un corps étranger ancré dans le territoire.

Plus vite on en prendra conscience, plus vite on cessera de culpabiliser l'antisémitisme européen du 20ème siècle, mieux ce sera.

10:43 Publié dans Actualité, Judaica | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, israël, levant, proche-orient, sionisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 14 septembre 2024

La nouvelle guerre de l'opium et le silence intolérable de la politique

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La nouvelle guerre de l'opium et le silence intolérable de la politique

par Maurizio Bianconi

Source: https://www.destra.it/home/sporchi-affari-la-nuova-guerra-delloppio-e-lintollerabile-silenzio-della-politica/

La Compagnie des Indes orientales, expression de l'empire colonial britannique, a fondé une grande partie de sa fortune sur le commerce de l'opium, principalement vers la Chine. Lorsque l'empereur de la Cité interdite a pris conscience de la dégradation causée par ce commerce, il a interdit la circulation et la consommation de drogues. Les Britanniques ont réagi avec une extrême détermination en déclenchant deux guerres successives qui sont entrées dans l'histoire sous le nom de « guerres de l'opium » (1839-1842 et 1856-1860). La Chine a été contrainte de tolérer le trafic, le commerce et la consommation effrénée de drogues, l'opium en premier lieu. Ce phénomène a contribué à la désintégration de la structure politique de l'empire chinois et à sa ruine économique, au profit de la reine Victoria et de sa superpuissance coloniale. D'où l'idée souvent répétée que le Royaume-Uni a été le premier narco-État de l'histoire moderne.

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Il a été noté sporadiquement que Karl Marx a observé le phénomène et a écrit que la propagation de la consommation de drogues est un outil très utile pour la destruction des structures de l'État capitaliste et la victoire de la lutte des classes qu'il avait théorisée. Un siècle plus tard, l'un de ses disciples, peut-être le plus observateur, Fidel Castro, a tenté de mettre cet enseignement en pratique. À des fins économiques et dans le but politique de saper l'ennemi n°1, les États-Unis, il s'est inséré dans le commerce de la drogue vers les États-Unis. Il a profité de la position géographique de Cuba, mis à disposition des navires, des ports et des laboratoires de raffinage situés dans les anciens repaires des « barbudos » de la Sierra Maestra. Sous le prétexte de l'embargo américain, il a récupéré et blanchi des avalanches de dollars provenant du trafic de drogue.

Cela a dépassé les limites de la décence et, sous la pression de son principal allié, Castro a été contraint de sacrifier son camarade le plus loyal, le héros communiste, le général Ochoa, qui, au nom de la révolution, a prétendu être le seul responsable des crimes découlant du trafic international de drogue par soif d'enrichissement personnel et a accepté, en conséquence, de se faire fusiller.

Si l'on lit aujourd'hui les chiffres de la mortalité due à la consommation de drogues, même synthétiques, on reste bouche bée. Aux États-Unis, le décompte le plus précis pour 2023 s'élève à 115.000 morts. Deux fois plus que le nombre de soldats américains qui ont péri pendant les 12 années de guerre au Vietnam. En Europe, et particulièrement en Italie, nous n'en sommes pas à ces chiffres astronomiques. Mais vous savez: aux États-Unis, tout se passe à l'avance et ensuite, en cascade, les phénomènes s'emparent également de l'Europe et de notre pays. Il suffit d'attendre. Il n'est pas facile de prévoir combien de temps.

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Ce qui est certain, c'est qu'en Italie, environ 40% des citoyens âgés de 15 à 70 ans ont consommé des drogues. Cette consommation surabondante affecte la capacité générale à s'appliquer, à apprendre, à travailler. Elle s'immisce dans les relations et les communautés, crée des poches d'ombre avec une propension généralisée à l'égoïsme social et une baisse du sens civique. Jusqu'à l'effondrement prédit par Marx et déjà perceptible aux États-Unis.

Il ne faut pas mener une bataille manichéenne sur cette question. Il n'y a pas de pervers ou de sauveur. Il y a une réalité qui n'est pas abordée avec sérieux et rigueur, mais avec des critères idéologiques et factionnistes de part et d'autre. On pense davantage à aboyer et à diviser qu'à comprendre les effets dévastateurs sur la résilience du système. On ne met pas en évidence les conséquences induites par le phénomène qui conduit à l'insignifiance progressive des citoyens, eux aussi démotivés et affaiblis par cette éventualité, et la passation progressive du contrôle à quelques détenteurs de la technologie gérant l'argent du pouvoir.

Comme à chacune de leurs étapes, ils s'emploient constamment à écarter les citoyens des rôles actifs, économiques et politiques. L'arme de Marx devient stratégiquement l'outil de la finance et du pouvoir, c'est-à-dire ses ennemis historiques. Ceux dont l'objectif est le profit et la domination, et non la prospérité, la liberté et les droits, tirent profit et force d'une communauté en déclin et en faillite.

Ce n'est pas une coïncidence si, en 2014, Eurostat a légalisé de facto le commerce et la consommation de drogues, en décidant que les revenus correspondants devaient être comptabilisés dans le PIB. Ce n'est pas non plus une coïncidence si les fonds internationaux ont dépassé les banques en termes de puissance de feu spéculative, digérant et investissant l'argent de la drogue.

L'énormité de cet état de fait, rarement soulignée par le monde politique, met en exergue les batailles mesquines sur le cannabis oui, le cannabis non. Tandis que dans les rues, c'est la guerre, à la maison, les enfants jouent avec des petits soldats.

14:05 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drogues, guerres de l'opium, toxicomanie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La militarisation de la Scandinavie et la Grande Guerre du Nord 2.0

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La militarisation de la Scandinavie et la Grande Guerre du Nord 2.0

Comment une région de paix est devenue une ligne de front américaine

Glenn Diesen

Source: https://glenndiesen.substack.com/p/the-militarisation-of-scandinavia

La militarisation de la Scandinavie compromettra gravement la sécurité de la région et provoquera de nouveaux conflits, car la Russie sera obligée de répondre à ce qui pourrait devenir pour elle une menace existentielle. La Norvège a décidé d'accueillir au moins 12 bases militaires américaines sur son sol, tandis que la Finlande et la Suède lui emboîtent le pas en transférant le contrôle souverain sur certaines parties de leur territoire après leur récente adhésion à l'OTAN. Des infrastructures seront construites pour amener plus rapidement les troupes américaines aux frontières russes, tandis que la mer Baltique et l'Arctique seront convertis en mers de l'OTAN.

Alors que la Scandinavie passe d'une région de paix à une ligne de front américaine, on pourrait s'attendre à davantage de débats sur ce changement historique. Pourtant, les élites politico-médiatiques sont déjà parvenues à un consensus selon lequel l'élargissement de l'OTAN renforce notre sécurité grâce à l'accroissement de la force militaire et de la dissuasion. Plus d'armes se traduit rarement par plus de paix, même si c'est la logique de la paix sous tutelle hégémonique dans laquelle cette génération de politiciens s'est engagée.

Le point de départ de la politique de sécurité est la concurrence en matière de sécurité. Si le renforcement de la sécurité d'un pays A diminue la sécurité d'un pays B, ce dernier sera probablement contraint de renforcer sa sécurité d'une manière qui réduira la sécurité du pays A. La concurrence en matière de sécurité peut être atténuée en dissuadant l'adversaire sans provoquer de réponse, ce qui est idéalement organisé par le biais d'une architecture de sécurité inclusive.

La capacité de la Scandinavie à être une région de paix repose sur la maîtrise de l'équilibre dissuasion/réassurance. La Finlande et la Suède étaient des États neutres et constituaient une partie importante de la ceinture d'États neutres allant du nord au sud de l'Europe pendant la guerre froide, ce qui a contribué à réduire les tensions. La Norvège est membre de l'OTAN mais s'impose des restrictions en n'accueillant pas de bases militaires étrangères sur son sol et en limitant les activités militaires des alliés dans la région arctique. Le bon sens voulait que la sécurité passe par la dissuasion des Soviétiques sans les provoquer. Ce bon sens est aujourd'hui bien loin.

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La Scandinavie, région clé pour la sécurité russe

Depuis que la Russie kiévienne s'est désintégrée au 13ème siècle et que les Russes ont perdu leur présence sur le Dniepr, l'un des principaux problèmes de sécurité pour la Russie a été l'absence d'accès fiable aux mers du monde. En outre, le développement économique dépend également d'un accès fiable aux mers, qui sont les artères du commerce international. De même, les puissances hégémoniques ont toujours dû dominer les mers, alors que la Russie peut être contenue, affaiblie et vaincue en limitant son accès à celles-ci.

La Suède a d'abord été une telle grande puissance. Aux 16ème, 17ème et 18ème siècles, elle a cherché à restreindre l'accès de la Russie à la mer Baltique, tout en tentant d'empiéter sur le port arctique russe d'Arkhangelsk. Au cours de la « période de troubles » (Смута), l'occupation suédoise de la Russie s'est soldée par la mort d'environ un tiers de la population russe. Le conflit s'est terminé par le traité de Stolbova en 1617, qui prévoyait des concessions territoriales russes coupant l'accès de la Russie à la mer Baltique. L'isolement de la Russie a duré jusqu'à l'époque de Pierre le Grand, qui a finalement vaincu la Suède lors de la Grande Guerre du Nord en 1721. Cette guerre a mis fin à l'ère de la Suède en tant que grande puissance, tandis que la Russie est devenue une grande puissance et une puissance européenne grâce à son accès illimité à la mer Baltique.

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Pourtant, les puissances maritimes dominantes, la Grande-Bretagne puis les États-Unis, ont poursuivi des tentatives similaires pour limiter l'accès de la Russie aux océans du monde au cours des trois siècles suivants. Pendant la guerre de Crimée (1853-56), les diplomates européens ont explicitement déclaré que l'objectif était de repousser la Russie en Asie et de l'exclure des affaires européennes [1], ce qui explique la réaction féroce de la Russie au coup d'État soutenu par l'Occident en Ukraine en 2014, la Russie ayant réagi en s'emparant de la Crimée de peur de perdre sa flotte stratégique de la mer Noire à Sébastopol au profit de l'OTAN. Le sabotage par les États-Unis de l'accord de Minsk (2015-2022) et de l'accord de paix d'Istanbul (2022) était également motivé par l'objectif d'armer l'Ukraine pour qu'elle reprenne la Crimée et fasse de Sébastopol une base navale de l'OTAN. Le secrétaire général adjoint de l'OTAN a reconnu en juillet 2022 que la guerre en Ukraine avait surtout pour objet le contrôle de la mer Noire.

La militarisation et la vassalisation de la Scandinavie sont importantes pour contester l'accès de la Russie aux deux autres mers situées aux frontières occidentales de la Russie - la mer Baltique et l'Arctique. L'ancien secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé avec optimisme que l'expansion de l'OTAN en Scandinavie permettrait à l'OTAN de bloquer l'accès de la Russie à la mer Baltique en cas de conflit : « Après l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN, la mer Baltique sera désormais une mer de l'OTAN... si nous le souhaitons, nous pouvons bloquer toutes les entrées et sorties de la Russie par Saint-Pétersbourg » [2]. La Pologne et les États baltes ont également commencé à qualifier la mer Baltique de « mer de l'OTAN ». Le Financial Times affirme que « le Danemark pourrait empêcher les pétroliers russes d'atteindre les marchés » dans le cadre des sanctions [3]. Un colonel de l'OTAN a également affirmé que l'enclave russe de Kaliningrad serait soumise à une pression beaucoup plus forte et deviendrait un « problème » pour la Russie : « L'ascension de la Finlande et la prochaine ascension de la Suède vont totalement changer la configuration de la région de la mer Baltique. La Russie fera l'expérience de l'encerclement de Kaliningrad" [4].

L'adhésion de la Suède à l'OTAN menace désormais d'inverser l'issue de la Grande Guerre du Nord de 1721, ce qui, par voie de conséquence, détruirait les fondements de la sécurité russe. La bataille de Poltova est reconnue comme la bataille la plus importante et la plus décisive de la Grande Guerre du Nord, qui s'est soldée par la défaite de la Suède. Les vidéos montrant les victimes suédoises de la récente attaque de missiles russes sur Poltova sont donc très symboliques de la militarisation de la Scandinavie.

L'attaque américaine contre Nord Stream a montré à quel point le contrôle de la mer Baltique est important pour couper la connectivité économique entre la Russie et l'Allemagne. Les États-Unis ont tenté de rejeter la responsabilité de l'attaque sur les Ukrainiens, suggérant que « la CIA a averti le bureau de Zelensky d'arrêter l'opération » [5]. L'aveu de la connaissance de l'attaque avant qu'elle ne se produise est néanmoins intéressant car les États-Unis et l'OTAN ont blâmé la Russie pour l'attaque et l'ont utilisée comme une raison pour intensifier le contrôle naval sur la mer Baltique et intensifier la guerre d'Ukraine. Ils admettent ainsi que les États-Unis ont menti à leur propre public et au monde entier, et qu'ils ont utilisé ce mensonge pour intensifier leur guerre contre la Russie. L'attaque démontre également que les Américains traiteront les Européens comme des mandataires, tout comme ils ont utilisé les Ukrainiens, tandis que les Européens ne défendront pas leurs intérêts et accepteront silencieusement qu'un allié détruise leur propre infrastructure énergétique vitale. Cette révélation a également démontré que ceux que nous appelons généreusement les journalistes ne posent aucune question critique et ne discutent pas de la réalité objective si elle remet en cause le récit de la guerre.

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La Finlande était peut-être la plus grande réussite de la neutralité, mais elle a été transformée en la plus longue ligne de front de l'OTAN contre la Russie. La Finlande n'était pas menacée, mais l'expansion a été présentée comme un coup porté à Poutine, comme un objectif en soi. Il est prévisible que des déploiements militaires étrangers apparaîtront bientôt dans le nord de la Finlande pour menacer la flotte russe du nord à Arkhangelsk. Le prétexte sera très probablement la crainte que la Russie veuille s'emparer d'une partie de la Laponie au nord de la Finlande. Cela n'aura aucun sens, mais les médias obéissants susciteront la peur nécessaire.

La militarisation de la Norvège s'est faite progressivement. Au départ, les troupes américaines étaient stationnées en Norvège par rotation, ce qui permettait au gouvernement de prétendre qu'elles n'étaient pas déployées en permanence. En 2021, la Norvège et les États-Unis se sont mis d'accord sur quelques bases militaires, mais les ont appelées « zones dédiées », la Norvège n'autorisant officiellement pas les bases étrangères sur son sol. Les États-Unis ont le contrôle total et la juridiction sur ces territoires et les médias américains les considèrent comme des bases militaires qui permettront aux États-Unis d'affronter la Russie dans l'Arctique, mais les élites politico-médiatiques norvégiennes doivent continuer à les qualifier de « zones dédiées » et à rejeter l'idée qu'elles ont un quelconque objectif offensif. La grenouille est en train de bouillir lentement, croyant qu'elle a des intérêts identiques à ceux de ses maîtres à Washington.

Ignorer la concurrence en matière de sécurité dans l'interprétation de la guerre en Ukraine

L'invasion de l'Ukraine par la Russie est citée comme la principale raison pour laquelle la Finlande et la Suède ont dû abandonner leur neutralité et rejoindre l'OTAN. Cette logique est logique si l'on ignore la concurrence en matière de sécurité, car les actions de la Russie se déroulent alors dans le vide. Les discussions acceptables sur la guerre d'Ukraine sont limitées par le postulat selon lequel l'invasion par la Russie n'a pas été provoquée, et tout effort visant à élargir le débat en abordant le rôle de l'OTAN peut être étouffé par des accusations de « légitimation » de l'invasion par la Russie.

L'expansion de l'OTAN a provoqué la guerre en Ukraine, et la solution à l'insécurité est de poursuivre l'expansion de l'OTAN en incluant la Finlande et la Suède. Cette logique tordue prévaut car le récit d'une invasion « non provoquée » est devenu insensible aux faits. La chancelière allemande, Angela Merkel, a expliqué qu'elle s'était opposée à l'idée de proposer à l'Ukraine le plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN en 2008, car cela aurait été interprété par Moscou comme « une déclaration de guerre » [6]. Wikileaks a également révélé que les Allemands pensaient que l'expansion de l'OTAN pourrait « briser le pays » [7]. William Burns, ambassadeur américain à Moscou et actuel directeur de la CIA, a averti que « l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN est la plus manifeste de toutes les lignes rouges pour l'élite russe » [8]. Burns a mis en garde contre les conséquences :

"Non seulement la Russie perçoit la mise en oeuvre d'un encerclement et des efforts visant à saper l'influence de la Russie dans la région, mais elle craint également des conséquences imprévisibles et incontrôlées qui affecteraient sérieusement ses intérêts en matière de sécurité... La Russie craint en particulier que les fortes divisions en Ukraine sur l'adhésion à l'OTAN, avec une grande partie de la communauté ethnique russe opposée à l'adhésion, ne conduisent à une scission majeure, impliquant la violence ou, au pire, la guerre civile. Dans cette éventualité, la Russie devrait décider d'intervenir ou non, une décision à laquelle elle ne veut pas être confrontée" [9].

Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l'OTAN en 2008, a reconnu que l'OTAN aurait dû respecter les lignes rouges de la Russie et n'aurait donc pas dû promettre l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie en 2008 [10]. L'ancien secrétaire américain à la défense et directeur de la CIA, Robert Gates, a également reconnu l'erreur: « Essayer de faire entrer la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN était vraiment aller trop loin » [11]. Même le soutien à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN était motivé par des intentions douteuses. Fin mars 2008, une semaine avant le sommet de l'OTAN à Bucarest où l'Ukraine s'est vu promettre une adhésion future, Tony Blair a expliqué aux dirigeants politiques américains comment ils devaient gérer la Russie. Selon Blair, la stratégie « devrait consister à rendre la Russie un peu désespérée par nos activités dans les zones limitrophes de ce que la Russie considère comme sa sphère d'intérêt et le long de ses frontières réelles. Il fallait faire preuve de fermeté à l'égard de la Russie et semer les graines de la confusion" [12].

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En septembre 2023, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé avec jubilation que les actions de la Russie visant à empêcher l'expansion de l'OTAN se traduiraient désormais par une plus grande expansion de l'OTAN :

"Le président Poutine a déclaré à l'automne 2021, et a en fait envoyé un projet de traité qu'il voulait que l'OTAN signe, qu'il promettait de ne plus élargir l'OTAN. C'est ce qu'il nous a envoyé. Il s'agissait d'une condition préalable pour ne pas envahir l'Ukraine. Bien entendu, nous ne l'avons pas signé. C'est le contraire qui s'est produit. Il voulait que nous signions cette promesse de ne jamais élargir l'OTAN... Nous l'avons rejetée. Il est donc entré en guerre pour empêcher l'OTAN, plus d'OTAN, de s'approcher de ses frontières. Il a obtenu exactement le contraire. Il a obtenu une présence accrue de l'OTAN dans la partie orientale de l'Alliance et il a également constaté que la Finlande a déjà rejoint l'Alliance et que la Suède sera bientôt un membre à part entière" [13].

Stoltenberg n'a pas précisé pourquoi il pensait que l'expansion de l'OTAN renforcerait la sécurité si l'expansion de l'OTAN était la cause de la guerre. Cependant, l'OTAN insiste également sur le fait que l'Ukraine doit faire partie de l'OTAN car la Russie n'oserait pas attaquer un pays de l'OTAN, tout en affirmant que la Russie doit être stoppée en Ukraine car elle attaquera ensuite les pays de l'OTAN. Tout comme la reconnaissance de la concurrence en matière de sécurité, la logique est également absente.

Aveuglés par le fondamentalisme idéologique

La reconnaissance par la Scandinavie de la concurrence en matière de sécurité a souffert de ce que la littérature appelle le « fondamentalisme idéologique ». Les acteurs sont considérés comme bons ou mauvais sur la base d'identités politiques attribuées par l'idéologie. Le fondamentalisme idéologique réduit la capacité à reconnaître que ses propres politiques et actions peuvent constituer une menace pour les autres, parce que sa propre identité politique est considérée comme indiscutablement positive et dissociée de tout comportement menaçant. On ne comprend pas pourquoi la Russie se sentirait menacée par l'expansion de l'OTAN, même après la Yougoslavie, l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, la Syrie, le Yémen et la guerre par procuration en Ukraine. L'OTAN n'est qu'une « alliance défensive », alors qu'elle bombarde des pays qui ne l'ont jamais menacée. Le fondamentalisme idéologique s'explique le mieux par la réaction du président Reagan à l'exercice militaire de l'OTAN Able Archer, en 1983, qui a failli déclencher une guerre nucléaire. Convaincu que les États-Unis étaient une force du bien qui combattait un empire maléfique, Reagan était déconcerté que les Soviétiques ne voient pas les choses de la même manière :

"Trois années m'ont appris quelque chose de surprenant sur les Russes : de nombreuses personnes au sommet de la hiérarchie soviétique avaient véritablement peur de l'Amérique et des Américains... J'ai toujours pensé que nos actes montraient clairement que les Américains étaient un peuple moral qui, depuis la naissance de notre nation, avait toujours utilisé son pouvoir comme une force du Bien dans le monde" [14].

Piégés dans la mentalité tribale du « nous » contre « eux », les Scandinaves exagèrent ce que « nous » avons en commun et rejettent tout point commun avec « eux ». Ils partent du principe que les États-Unis partagent les intérêts de la Scandinavie et qu'ils y établissent une présence militaire désintéressée pour assurer leur sécurité. Les États-Unis ont une stratégie de sécurité basée sur l'hégémonie, qui dépend de l'affaiblissement de tous les rivaux émergents. La stratégie de sécurité américaine de 2002 associe explicitement la sécurité nationale à la domination mondiale, l'objectif de « dissuader toute concurrence militaire future » devant être atteint en renforçant « la puissance inégalée des forces armées américaines et leur présence avancée » [15]. Alors que la Scandinavie a intérêt à maintenir des frontières pacifiques avec la Russie, les États-Unis ont défini leurs intérêts en déstabilisant les frontières russes [16]. Les alliances en temps de paix reposent sur la perpétuation des conflits plutôt que sur leur résolution, car les conflits garantissent la loyauté du protectorat et l'endiguement de l'adversaire. Dans son célèbre ouvrage sur la manière de faire progresser et de perpétuer l'hégémonie mondiale des États-Unis, Brzezinski écrit que les États-Unis doivent « empêcher la collusion et maintenir la dépendance en matière de sécurité entre les vassaux, afin de garder les tributaires souples et protégés, et d'empêcher les barbares de s'unir » [17].

Un manque d'imagination politique pour dépasser la politique des blocs

Les Scandinaves dépendent des États-Unis pour leur sécurité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et ils n'ont tout simplement pas l'imagination politique nécessaire pour conclure d'autres accords de sécurité. Si cela a fonctionné à l'époque, pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas aujourd'hui ? La concurrence en matière de sécurité n'étant plus une considération, les Scandinaves négligent commodément le fait que l'OTAN était un acteur du statu quo pendant la Guerre froide, alors qu'après la Guerre froide, elle est devenue un acteur révisionniste en s'étendant et en attaquant d'autres pays dans le cadre de ce que l'OTAN appelle des opérations « hors zone ».

L'absence d'alternatives à l'OTAN permet aux États-Unis d'exiger simplement la « solidarité de l'alliance » comme mot de code pour une discipline de bloc au service de l'hégémonie. Par exemple, dans les années 2000, la Norvège a critiqué le système de défense antimissile américain qui menaçait de perturber l'équilibre nucléaire en permettant une première frappe américaine. Cette attitude était profondément problématique, car la géographie de la Norvège en faisait un pays stratégique pour le système de défense antimissile en raison de la surveillance radar de la Russie et de l'interception d'une frappe de représailles russe. Wikileaks a révélé que l'ambassadeur des États-Unis en Norvège avait indiqué que les États-Unis faisaient pression sur le gouvernement norvégien, les personnalités politiques, les journalistes et les chercheurs des groupes de réflexion pour qu'ils surmontent l'opposition ferme de la Norvège à la défense antimissile, ou au moins pour qu'ils « contrent au minimum les déclarations erronées de la Russie et distinguent la position de la Norvège de celle de la Russie afin d'éviter de nuire à la solidarité de l'alliance » [18].

Il a été avancé que « grâce à nos visiteurs de haut niveau », la Norvège avait commencé à « poursuivre discrètement les travaux au sein de l'OTAN sur la défense antimissile et à critiquer publiquement la Russie pour ses déclarations provocatrices » [19]. Selon l'ambassadeur américain Whitney, la Norvège devait « s'adapter aux réalités actuelles » car elle aurait « du mal à défendre sa position si la question devenait celle de la solidarité de l'alliance » [20]. À la suite de la volte-face norvégienne sur la défense antimissile, le Parlement norvégien a déclaré qu'« il est important pour la cohésion politique de l'alliance de ne pas laisser l'opposition, peut-être surtout celle de la Russie, entraver les progrès et les solutions réalisables » [21]. La logique, la sécurité et l'intérêt personnel ont été abandonnés avec succès au profit de l'exigence de loyauté envers le groupe intérieur.

Le monde subit une fois de plus des changements spectaculaires en passant d'un ordre mondial unipolaire à un ordre mondial multipolaire. Les États-Unis déplaceront de plus en plus leur attention, leurs ressources et leurs priorités vers l'Asie, ce qui modifiera les relations transatlantiques. Les États-Unis pourront offrir moins aux Européens, mais ils exigeront plus de loyauté en termes d'économie et de sécurité. Les Européens devront rompre leurs liens économiques avec les rivaux des Américains, ce qui se traduit déjà par une diminution de la prospérité et une dépendance accrue à l'égard des États-Unis. Les États-Unis attendront également des Européens qu'ils militarisent la concurrence économique avec la Chine, et l'OTAN est déjà devenue le véhicule le plus évident à cette fin. Au lieu de s'adapter à la multipolarité en diversifiant leurs liens et en recherchant les opportunités offertes par la montée en puissance de l'Asie, les Européens font l'inverse en se subordonnant davantage aux États-Unis dans l'espoir d'accroître la valeur de l'OTAN.

La Scandinavie était une région de paix qui tentait d'atténuer la concurrence en matière de sécurité après la Seconde Guerre mondiale. Alors que la Scandinavie abandonne sa souveraineté aux États-Unis pour se protéger d'une menace imaginaire, la région sera transformée en une ligne de front qui préparera le terrain pour une Grande Guerre du Nord 2.0. La seule certitude est que lorsque la Russie réagira à ces provocations, nous scanderons tous à l'unisson « sans provocation » et ferons une obscure référence à la démocratie.

Notes:

[1] J.W. Kipp et W.B. Lincoln, « Autocracy and Reform Bureaucratic Absolutism and Political Modernization in Nineteenth-Century Russia », Russian History, vol.6, no.1, 1979, p.4.

[2] Lrt, « Putin's plan includes Baltics, says former NATO chief », Lrt, 19 juillet 2022.

[3] H. Foy, R. Milne et D. Sheppard, « Denmark could block Russian oil tankers from reaching markets », Financial Times, 15 novembre 2023.

[4] E. Zubriūtė, « Kaliningrad n'est plus notre problème, mais celui de la Russie » - entretien avec un colonel de l'OTAN, LRT, 13 novembre 2023.

[5] B. Pancevski, A Drunken Evening, a Rented Yacht : The Real Story of the Nord Stream Pipeline Sabotage, The Wall Street Journal, 14 août 2024.

[6] A. Walsh, « Angela Merkel opens up on Ukraine, Putin and her legacy », Deutsche Welle, 7 juin 2022.

[7] Wikileaks, « Germany/Russia : Chancellery views on MAP for Ukraine and Georgia », Wikileaks, 6 juin 2008.

[8] W.J. Burns, The Back Channel : A Memoir of American Diplomacy and the Case for Its Renewal, New York, Random House, 2019, p.233.

[9] W.J. Burns, « Nyet means nyet : Russia's NATO Enlargement Redlines », Wikileaks, 1er février 2008.

[10] G.J. Dennekamp, De Hoop Scheffer : Poetin werd radicaler door NAVO » [De Hoop Scheffer : Poutine est devenu plus radical à cause de l'OTAN], NOS, 7 janvier 2018.

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[11] R.M. Gates, Duty : Memoirs of a Secretary at War, New York, Knopf Doubleday Publishing Group, 2014.

[12] Telegraph, « Tony Blair and John McCain talk about Israel/Palestine and Russia handling », The Telegraph, 27 mars 2008.

[13] J. Stoltenberg, « Discours d'ouverture », OTAN, 7 septembre 2023.

[14] Reagan, R., 1990. An American Life : The Autobiography. Simon and Schuster, New York, p.74.

[15] NSS, « The National Security Strategy of the United States of America », The White House, juin 2002.

[16] RAND, « Extending Russia : Competing from Advantageous Ground », RAND Corporation, 24 avril 2019.

[17] Z. Brzezinski, The Grand Chessboard : American Primacy and its Geopolitical Imperatives, New York, Basic Books, 1997, p.40.

[18] Wikileaks, 2007. Norvège : Missile defense public diplomacy and outreach, OSLO 000248, ambassade des États-Unis, Oslo, 13 mars.

[19] Wikileaks, 2007. Positive movements in the missile defence debate in Norway but no breakthrough, OSLO 000614, US Embassy, Oslo, 8 juin.

[20] Wikileaks, 2008. Norway standing alone against missile defense, OSLO 000072, US Embassy, Oslo, 12 février.

[21] Stortinget, 2012. Réunion du Parlement norvégien, Sak 2, 15 mai 2012.

Glenn Diesen est Professeur de sciences politiques dont les recherches portent sur la géoéconomie, la politique étrangère russe et l'intégration eurasienne.

Spengler et la seconde religiosité

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Spengler et la seconde religiosité

par Naif Al Bidh

Source: https://www.arktosjournal.com/p/spengler-and-the-second-religiousness

Naif Al Bidh explore le concept de cycles civilisationnels d'Oswald Spengler, en examinant comment des phénomènes culturels tels que la « seconde religion » émergent progressivement, avec des figures comme Rudolf Steiner et Nikola Tesla contribuant à une synthèse de la science et de la spiritualité, alors que la société est aux prises avec les tensions entre la modernité et un retour à la nature et au mysticisme.

Une analyse approfondie des cycles civilisationnels de Spengler met en lumière la répartition d'un phénomène social dans le tissu culturel à travers le temps. Il est évident qu'un phénomène ou une tendance culturelle, une fois né, ne gagne pas instantanément une large acceptation et la domination de la psyché collective, mais qu'il apparaît plutôt par vagues progressives jusqu'à ce qu'il finisse par inonder la conscience collective d'une culture donnée. Par exemple, les tendances rationnelles qui ont vu le jour à l'automne de la culture gréco-romaine avec Socrate ont d'abord été considérées comme une menace par les tendances dominantes et plus organiques de l'été, raison pour laquelle Socrate a été mis à mort.

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Cela dit, ces mêmes tendances, une fois introduites, finissent par s'emparer de la culture et deviennent la norme au stade avancé d'une civilisation, avec la montée de « l'homme socratique » en tant qu'archétype de cette nouvelle tendance. On pourrait en dire autant de la diffusion et de la consolidation du phénomène social que Spengler a appelé la « seconde religiosité » et qui se produit aux derniers stades de toutes les cultures.

Les manifestations de ce phénomène ont été apparentes au cours des 20ème et 21ème siècles avec la montée du mouvement New Age et des contre-cultures des années 1960, et il a également trouvé des expressions dans les formes religieuses formelles de l'Occident, à savoir le christianisme. Pourtant, même avant la génération hippie et les mouvements du Nouvel Âge, l'Occident avait déjà donné naissance à des mouvements qui en étaient plus ou moins les précurseurs. Cependant, le manque de conscience historique dans un monde hypermoderne orienté vers le futur conduit à un manque de compréhension de ce passé.

41JyYA8UPJL._AC_SY780_.jpgLa méthodologie de Spengler transcende ces limites spécifiques concernant la connaissance historique grâce à son affirmation d'un continuum passé-présent-futur. L'historiographie allemande a été largement façonnée par l'historicisme et, dans Prophet of Decline, John Farrenkopf a mis en lumière la façon dont Spengler a été, dans un sens, façonné par ces traditions, même si son approche et son modèle sont uniques par rapport aux historiens professionnels et aux philosophes de l'histoire allemands du 19ème siècle.

L'historicisme est un terme vague que les chercheurs ont du mal à définir, mais une définition appropriée serait que tous les phénomènes sont historiques dans un certain sens, et que l'on peut donc comprendre l'essence d'un phénomène socioculturel en décrivant son développement à travers le temps historique.

La Lebensreform, ou mouvement de réforme de la vie, est un mouvement social qui a émergé en Europe à la fin du 19ème siècle en raison de l'épuisement collectif et mental provoqué par la société industrialisée et l'urbanisation. Le mouvement Lebensreform était un appel contre la montée du consumérisme, de la mécanisation et de la mondialisation, et contre le mode de vie accéléré associé aux sociétés industrielles modernes. Elle prenait également en considération le détachement croissant de la nature résultant de l'industrialisation.

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En tant que phénomène socioculturel, le mouvement Lebensreform n'avait pas d'orientation politique spécifique et s'étendait à l'ensemble du spectre politique, avec des groupes tendant vers la droite et d'autres vers la gauche, ainsi que des groupes apolitiques. Ironiquement, de nombreuses tendances que nous rattachons aujourd'hui à la politique de gauche, telles que l'environnementalisme et le végétarisme, ont été adoptées par de nombreux groupes liés à des éléments d'extrême droite au sein du spectre politique, ce qui en fait essentiellement des « hippies de droite ». En tant que phénomène de civilisation, la seconde religiosité transcende les aspects politiques et idéologiques et se manifeste dans toutes les facettes de la société. Spengler a vécu pour assister à la montée et à la chute de ce mouvement de réforme de la vie. Dans L'homme et la technique, il prédit la poursuite du phénomène dans tout l'Occident. À ce sujet, il a déclaré: "Mais tout cela est en train de changer au cours des dernières décennies, dans tous les pays où la grande industrie existe depuis longtemps. La pensée faustienne commence à être malade des machines. Une lassitude se répand, une sorte de pacifisme dans le combat avec la nature. Les hommes reviennent à des formes de vie plus simples et plus proches de la nature ; ils consacrent leur temps au sport plutôt qu'aux expériences techniques. Les grandes villes leur deviennent odieuses et ils aimeraient bien échapper à la pression des faits sans âme et à l'atmosphère froide et limpide de l'organisation technique. Et ce sont précisément les talents forts et créatifs qui se détournent des problèmes pratiques et des sciences pour se tourner vers la pure spéculation".

Graham Hancock a un jour décrit les humains comme une espèce amnésique, une description qui correspond bien aux cycles étranges de progrès et de régression que l'on peut observer avec la seconde religion et les mouvements sociaux. L'amnésie collective dont souffrent les humains ne tarde pas à se reproduire dans les cycles générationnels. En effet, bien que la Lebensreform ait été une réaction contre la première vague d'industrialisation, la modernité, en tant que force anti-culturelle, s'est consolidée avec la deuxième vague d'industrialisation.

Au 20ème siècle, alors que les générations plus anciennes étaient remplacées par les nouvelles dans le cycle générationnel, la modernité n'a pas tardé à les aveugler avec sa force immense et dynamique, engourdissant une fois de plus la société avec le mythe du progrès et son avant-garde - le culte de la science. Pourtant, l'homme, bien qu'il soit paradoxalement un être technique prométhéen qui défie la nature - le macrocosme -, est, lui aussi, de la nature, qui agit comme une force d'opposition à la modernité.

Dans l'éternel conflit dialectique entre la nature et la culture-modernité, l'homme se trouve au centre, alors que dans les phases de mécanisation et de progrès matériel, il aspire à un retour à la nature, à Dieu et à l'âme. Cependant, dans les périodes de sommeil paisible dans la nature, il devient la proie de l'amnésie sans fin, dont il souffre, et le cycle se répète une fois de plus. C'est ainsi que les guerres mondiales et la seconde phase de l'industrialisation, qui se sont produites simultanément, ont à nouveau aveuglé l'inconscient collectif. La dynamique faustienne de la culture occidentale a fait que chaque phase successive de mécanisation et d'athéisme a été plus sévère que la précédente. Il en résulte un épuisement collectif qui conduit à une forme plus vigoureuse de réaction spirituelle, mais aussi plus expansive et transformatrice.

La seconde religiosité est un phénomène social occidental, bien que la Lebensreform soit apparue à proximité du cœur de la civilisation concernée, à savoir l'Allemagne. Le même phénomène social s'est manifesté en Amérique avec le troisième grand réveil. Cependant, la deuxième vague de religiosité et de retour à la nature des années 1960 s'est étendue à tout l'Occident, se manifestant dans toute l'Europe et les Amériques avec la Beat Generation, la contre-culture hippie et les mouvements du Nouvel Âge, alors que la « génération silencieuse » de l'entre-deux-guerres épuisait ses énergies créatrices après la Seconde Guerre mondiale.

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Le mouvement s'est ralenti lorsque les tendances rationalistes et matérialistes de la génération silencieuse ou traditionaliste sont revenues au premier plan pendant les guerres mondiales, mais les écrits et les enseignements des mystiques et des intellectuels ont préservé, par l'écrit, les tendances de la Lebensreform et le troisième grand réveil a ouvert la voie à sa renaissance pendant la période d'après-guerre dans les années 1950 et 1960.

En tant que phénomène civilisationnel qui transcende la politique, nous voyons des mystiques de tout le spectre politique impliqués dans la préservation des tendances anti-modernes et spirituelles dans leurs œuvres pendant l'entre-deux-guerres. Il s'agit notamment des œuvres d'Helena Blavatsky et du mouvement théosophique, de Rudolf Steiner et du mouvement anthroposophique, ainsi que de mystiques nationalistes situées plus à droite, tels que Guido von List et Adolf Lanz, qui ont ouvert la voie à un renouveau du paganisme germanique - l'ariosophie et le wotanisme.

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À l'extrémité gauche du spectre, l'un des penseurs les plus influents du mouvement Lebensreform est peut-être l'anarchiste tolstoïen Wilhelm Diefenbach, et la continuité de ses enseignements avec les travaux de Gustav Gräser et Hugo Höppener qui ont eu un impact sur les contre-cultures des années 1960.

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Comme l'affirme Spengler dans Le déclin de l'Occident, les tendances artificielles et rationalistes d'une culture vieillissante finissent par se heurter à la montée de contre-cultures qui présentent des caractéristiques similaires dans toutes les cultures. La bohème et le vagabondage, c'est-à-dire le rejet des modes de vie conventionnels, se sont développés en Europe au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Lors de la deuxième vague, il s'est manifesté à l'échelle mondiale avec l'essor du hippie trail et du backpacking.

Le végétarisme, l'environnementalisme, le minimalisme et le retour à la nature par opposition à la ville et à la vie urbaine sont autant de caractéristiques de ces types de mouvements, comme en témoignent leurs homologues dans les cultures précédentes. Les cyniques gréco-romains présentaient des tempéraments similaires et étaient également façonnés par les mouvements spirituels et les cultes équivalents, tels que les mystères orphiques et les cultes pythagoriciens.

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Les Mystères d'Éleusis, qui étaient essentiellement des rituels d'initiation dans certains cultes grecs, reflètent également l'utilisation de psychédéliques et de substances altérant l'esprit, comme le kykeon, afin de modifier l'état de conscience dans ces contre-cultures. Les travaux récents de Brian Muraresku et d'Ammon Hillman ont apporté un éclairage supplémentaire sur l'utilisation des psychédéliques dans les cultes à mystères gréco-romains, ce qui nous permet de mieux comprendre la seconde religiosité qui s'est manifestée dans ces cultures.

La culture magique, ou judéo-chrétienne-islamique, issue du Moyen-Orient, a vu l'émergence du soufisme avec la prolifération de groupes ésotériques secrets tels que les Frères de la pureté. Certains éléments des musulmans Nizari ont intégré le haschisch dans leur tradition, qui est resté un élément de leur mode de vie avec la montée des Hashashin - Assassins pendant les Croisades.

Spengler a souligné que les cultures traversent des cycles de vie similaires, mais que le symbole principal unique, ou ethos, de chaque culture conduit à la manifestation de ces phénomènes sociaux sous des formes différentes. C'est précisément ce qu'a reflété l'Occident avec l'exploration des psychédéliques au cours des contre-cultures des années 1960, comme le LSD et les champignons psilocybines.

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Un autre trait commun à la seconde religion est la montée des religions syncrétiques ou des mouvements spirituels, par lesquels la culture ne se contente pas de faire revivre la foi et les systèmes de croyance primordiaux, comme le paganisme germanique et celtique en Occident, mais absorbe également les formes spirituelles d'autres cultures voisines et les fusionne avec les formes religieuses contemporaines. Le dynamisme extrême de l'esprit faustien a conduit à la montée d'une forme grave de syncrétisme en Occident, par laquelle les mouvements de réforme de la vie, les grands réveils américains et les mouvements du Nouvel Âge ont absorbé des éléments de l'hindouisme, du christianisme restaurateur, du bouddhisme, du taoïsme, du soufisme, du paganisme et des religions amérindiennes. Spengler a déclaré à ce sujet:

"L'occultisme et le spiritisme, les philosophies hindoues, la curiosité métaphysique sous une coloration chrétienne ou païenne, tous ces éléments qui étaient méprisés à l'époque darwinienne, sont en train de réapparaître. C'est l'esprit de Rome à l'époque d'Auguste. Par soif de vivre, les hommes se réfugient, hors de la civilisation, dans les régions les plus primitives de la terre, dans le vagabondage, dans le suicide. La fuite du leader né de la machine commence".

Le mouvement Lebensreform et les contre-cultures des années 60 ont marqué la culture occidentale, mais la nature amnésique de l'homme a conduit à une nouvelle phase de mécanisation et de progrès technologique, avec un retour aux tendances hyper-rationnelles et matérialistes. Dans le modèle de Spengler, cependant, cela conduira également à une autre vague de seconde religiosité.

Pour Spengler, toutes les cultures, comme tous les phénomènes organiques, ne sont pas immortelles et devront un jour ou l'autre faire face à leur mort ou à leur accomplissement. La religiosité énergique et naïve d'une jeune culture est finalement remplacée par la rationalité de sa phase de croissance. Lorsqu'une culture approche de la vieillesse et serend compte de la réalité de la mort, elle revient à la spiritualité et à la nature. En outre, les cycles dialectiques du matérialisme et de la spiritualité qui se produisent en Occident depuis le 19ème siècle s'imposent ironiquement l'un à l'autre, selon Spengler. Il affirme que :

"Le matérialisme ne serait pas complet sans la nécessité de relâcher de temps à autre la tension intellectuelle, en cédant aux humeurs du mythe, en accomplissant des rites quelconques ou en appréciant les charmes de l'irrationnel, du contre-nature, du repoussant et même, le cas échéant, de la simple idiotie...".

L'époque actuelle, imprégnée de technologie, est marquée par une tension intellectuelle extrême. La croissance exponentielle de la modernité et son caractère expansif ont également répandu cette tension à l'échelle mondiale. Elle sera sans aucun doute suivie d'un retour à la spiritualité et à la nature, auquel l'humeur actuelle aspire. Bien que dialectique dans sa forme initiale, l'affrontement entre les rationalistes et les tendances spirituelles se terminera par une victoire de la religion à mesure que l'Occident s'approchera de sa phase hivernale. Il en résultera un changement de paradigme d'une ampleur considérable qui aura par essence un effet sur les nombreux autres organes de la culture occidentale, tels que les formes politiques et scientifiques. À cet égard, Spengler a ambitieusement prédit la chute de la science, qui, ironiquement, se produit à l'intérieur même du monde scientifique.

61qk+o9sy2L._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgDans son ouvrage révolutionnaire sur l'histoire des sciences, La structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn affirme que la conception moderne de la science, en tant que développement linéaire et progressif, est erronée et ne reflète pas la nature cyclique réelle du développement scientifique. Selon Kuhn, les sciences traversent des cycles, en commençant par une phase pré-paradigmatique ou pré-scientifique, qui se caractérise par l'absence de consensus sur la méthodologie et l'incongruité des théories proposées. Elle culmine à la période de « science normale » où la communauté scientifique s'accorde sur un paradigme global, un cadre théorique et une méthodologie. Au cours de cette période, le modèle est couronné de succès dans la mesure où les anomalies qui étaient auparavant incompréhensibles sont clarifiées et le paradigme gagne ainsi en respectabilité intellectuelle. Le paradigme aborde finalement une période de crise, au cours de laquelle des anomalies spécifiques ne peuvent être expliquées par l'approche scientifique dominante, et il est finalement remplacé par un nouveau paradigme dans le cadre d'une révolution scientifique ou d'un changement de paradigme.

Le modèle de Kuhn est compatible avec l'argument de Spengler concernant la transformation des sciences occidentales au 21ème siècle. Spengler affirme que la fin de la science rationnelle surviendra lorsqu'elle « tombera sur sa propre épée », et c'est précisément le programme d'unification des sciences, que les positivistes logiques ont poussé, qui en sera la cause:

"Le recul de la physique théorique, de la chimie, des mathématiques en tant que somme de symboles - ce sera la conquête définitive de l'aspect mécanique du monde par une vision intuitive, à nouveau religieuse, du monde, un dernier effort magistral de la physiognomonie pour briser même le systématique et l'absorber, en tant qu'expression et symbole, dans son propre domaine".

La convergence des sciences aboutira finalement à un changement de paradigme qui réintégrera les sciences dans les tendances intuitives de la seconde religiosité. À l'instar des contre-cultures qui ont émergé au cours des 19ème et 20ème siècles, des développements se sont produits simultanément qui pourraient être considérés comme des précurseurs de ce changement de paradigme scientifique.

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On peut citer les travaux de Nikola Tesla, qui n'était pas convaincu des théories de son époque concernant l'électricité et le magnétisme, et qui affirmait que même si une théorie pouvait expliquer des faits avec précision, il ne fallait pas en déduire qu'elle était nécessairement vraie. En ce qui concerne l'électricité, Tesla affirme : « J'adhère à l'idée qu'il existe une chose que nous avons pris l'habitude d'appeler 'électricité' ». Il suggère que cette « chose » est le légendaire éther - le cinquième élément :

"Plus important encore, la théorie électro-magnétique de la lumière et tous les faits observés nous enseignent que les phénomènes électriques et éthériques sont identiques. L'idée s'impose donc immédiatement que l'électricité pourrait être appelée éther".

514ExkyEF5L._AC_SY780_.jpgAu-delà de Tesla, les travaux de Walter Russell éclairent également cette spécificité de la transformation et de l'unité des sciences en Occident. Son livre The Secret of Light est plus ou moins un manifeste pour la nouvelle science à venir. Russell propose un nouveau tableau périodique controversé des éléments qui synthétise tous les éléments en une union holistique, ce qui constitue un changement radical par rapport au tableau périodique standard accepté par les chimistes professionnels. Russell a formulé des affirmations radicales, comme la notion selon laquelle « toute l'énergie [voyage] par vagues » et que l'univers est constitué de « vagues de mouvement » et qu'il « n'existe rien d'autre que des vibrations ». Russell soutenait que l'unité et le mariage de la science et de la religion ouvriraient la voie à l'évolution spirituelle de l'homme dans le « Nouvel Âge ».

Steiner a également apporté des contributions spécifiques sur ce front particulier en tant que défenseur de la conception de la science de Goethe - la science goethéenne. Spengler a fait une distinction entre ce qu'il a appelé la « science newtonienne » et la « science goethéenne ». La première dissèque pour comprendre le phénomène naturel en tant que fonction et se fonde sur le principe de causalité et la logique de l'espace, qu'elle présente comme des « choses en devenir ». La seconde observe le phénomène naturel comme une forme plutôt que comme une fonction et se fonde sur « l'idée de destin » et la logique du temps les présente comme des « choses en devenir ».

Ce que Spengler décrit pourrait être observé dans la critique ou le scepticisme de Goethe à l'égard de la théorie des couleurs de Newton, comme le montre sa théorie des couleurs, qui est techniquement basée sur l'expérience humaine par opposition à l'approche théorique de Newton, qui, selon Goethe, ne nous permet pas de comprendre le phénomène tel qu'il est. Le conflit entre ces deux formes de science s'observe également dans la différence entre les conceptions de l'évolution de Goethe et de Darwin. Selon Spengler, l'étude morphologique de la « nature vivante » de Goethe exclut l'idée de causalité, qui est bien sûr un principe crucial de la théorie évolutionniste de Darwin et de son concept de sélection naturelle, que Spengler appelle une « zoologie pragmatique ».

Alors que nous approchons de la fin de ce que Spengler appelait « la conception matérialiste du monde, le culte de la science, de l'utilité et de la prospérité », les différentes sciences se rapprocheront les unes des autres et convergeront vers une conclusion et un résultat harmonieux :

"Il s'agira d'une fusion des formes-mondes, qui présentera d'une part un système de nombres, fonctionnel par nature et réduit à quelques formules de base, et d'autre part un petit groupe de théories, dénominateurs de ces numérateurs, qui apparaîtront finalement comme des mythes du printemps dans les voiles modernes, réductibles par conséquent - et d'emblée nécessairement réduits - à des caractères picturaux et physionomiquement significatifs, qui sont les éléments fondamentaux".

Cela s'explique en termes simples en imaginant la fusion de la science goethéenne avec les travaux de Russell et de Tesla, conduisant à une nouvelle forme scientifique qui est intrinsèquement multidisciplinaire et harmonise toutes les sciences, et ce processus d'harmonisation s'étend à la technologie, et est simultanément connecté à une nouvelle culture émergente - incarnée peut-être par la Seconde Religiosité.

Les résultats de la convergence des sciences aboutiront finalement à une somme de symboles, qui apparaît déjà dans les travaux de Steiner, Russell et, dans une certaine mesure, Tesla.

En d'autres termes, Spengler soutient que le changement de paradigme trouvera essentiellement un lien entre les théories et les lois scientifiques occidentales et le symbolisme propre à la culture occidentale au cours de son printemps. Cela conduira à de nouvelles préoccupations. Au lieu de poser les questions habituelles des sciences dominantes, la tâche consistera à se demander pourquoi ces formes sont apparues dans la culture occidentale faustienne, d'où elles viennent et quelles sont les significations cachées de ces symboles et de ces formes.

Karl Jaspers a inventé le terme de « période axiale » pour décrire les révolutions philosophiques et religieuses qui se sont produites dans le monde eurasien entre le 8ème et le 3ème siècle avant J.-C. et qui ont façonné toutes les religions du monde. Jaspers l'a décrite comme « un interrègne entre deux âges de grand empire, une pause pour la liberté, une respiration profonde apportant la conscience la plus lucide ».

Au-delà du premier âge axial, Jaspers a également décrit le potentiel d'un deuxième âge axial, qui a commencé autour du 18ème siècle et se poursuit jusqu'à aujourd'hui, et qui ouvrirait finalement la voie à un changement de paradigme culturel à l'échelle planétaire. Steiner a également présenté sa propre philosophie de l'histoire, déterminée par des entités spirituelles supérieures, les « Archai » et les « Archanges ». Ironiquement, son modèle se recoupe presque parfaitement avec le Déclin de l'Occident de Spengler et la période néo-axiale de Jaspers, qui affirme lui aussi que nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère.

Steiner était cependant plus optimiste que Spengler. Comme Jaspers, il pensait que l'humanité avait la capacité spirituelle de s'élever à un niveau de conscience supérieur. C'est également le cas de l'historien britannique Arnold Toynbee, qui est parfois considéré comme l'équivalent britannique de Spengler. Après une série de défis et de réponses (challenges and responses) à ces défis naturels ou sociaux, une société finit par s'approcher de la décadence, ce qui donne lieu à quatre réponses possibles: l'archaïsme, le futurisme, le détachement et la transcendance. Pour Toynbee, les deux premières approches, qui prolifèrent de manière significative aujourd'hui, ne font qu'accélérer le déclin, bien que par des moyens différents; la troisième est également une acceptation passive du déclin. La dernière, qui est liée à la seconde religiosité de Spengler, ne prolonge peut-être pas la vie d'une société, mais pourrait potentiellement semer les graines d'une nouvelle culture organique.

Interprétation métaphysique des mythes

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Interprétation métaphysique des mythes

Eduard Alcántara

Source: https://septentrionis.wordpress.com/2019/09/22/interpretacion-metafisica-de-los-mitos/

On rencontre souvent des interprétations de mythes faites à partir de la littéralité de ce qu'on y lit. Une première lecture de ceux-ci y conduit indubitablement. Mais les mythes des différentes traditions sapientielles présentent différents degrés d'interprétation, chacun d'entre eux étant approprié au type d'homme qui y accède. Ceux qui connaissent l'ésotérisme qu'ils contiennent doivent s'efforcer de les interpréter en profondeur: dans une perspective métaphysique.

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À titre d'exemple, nous avons, comme nous l'expliquent les Eddas, ce qui s'est passé entre Sigmund et Odin et l'intervention du dieu pour faciliter la mort du héros. Nous ne devrions pas, à cet égard, faire des réflexions qui appartiennent à un plan différent de celles que nous devrions faire sur les influences que la déesse Freya aurait pu avoir sur les décisions d'Odin... et ce plan devrait être le plan métaphysique et non le plan humain.

Au-delà des commentaires mondains sur les prétendues « calzonacerías » du dieu qui écoute ce que lui dit sa femme, nous devons nous élever à un niveau d'interprétation ésotérique et, par conséquent, nous n'avons pas moins à nous rappeler certains commentaires très justes qu'Enrique Ravello a faits il y a de nombreuses années sur la race solaire des Tuatha de Dannan, dont la tradition celtique nous parle dans « Le livre des invasions ». Nous avons été frappés par le fait qu'une race solaire ait le nom de « Dannan » associé à son ethnonyme, car ce terme nous semblait renvoyer à des divinités de type démétrique-chtonien-matriarcal.

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Ravello a fait une comparaison très éclairante avec Shiva et Kali. Kali danse autour de son consort Shiva, symbolisant en réalité la shakti (énergie cosmique) qui, par son action, permet au Principe (Shiva - ou, selon l'approche, brahman) de passer de la puissance à l'acte (de s'actualiser) et donc de se manifester ; tout comme l'atman (la semence divine) peut s'actualiser dans l'homme différencié grâce à l'activation de ladite énergie (appelée, chez l'être humain, kundalini). Ainsi, Dannan serait l'équivalent de Kali (la shakti) et expliquerait de manière satisfaisante la conquête du divin (à partir de l'activation de la shakti-kundalini-Dannan) par cette race solaire (les Tuatha). Et, de la même manière, Freya symbolise (non pas sur un plan exotérique mais sur un plan ésotérique) cette shakti qui actualise Odin pour qu'il se manifeste et, sur le plan sensible de la réalité, prenne des décisions et agisse. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter l'influence de Freya (ou de Héra) sur les décisions d'Odin (ou de Zeus).

Nous répétons que dans un environnement purement religieux et exotérique, les mythes seraient perçus d'un point de vue littéral, mais dans un environnement traditionnel, il serait inexcusable de ne pas percevoir l'arrière-plan principal des mythes, qui est de nature métaphysique et ésotérique.

Si, par exemple, Odin brise l'épée de Sigmund, nous devons y voir le reflet de la spiritualité traditionnelle, pour laquelle le monde des hommes et celui des dieux ne sont pas irrémédiablement séparés. Par leurs rites, les hommes peuvent interagir avec le monde nouménal (des dieux) et ce dernier, par ces rites, peut se manifester dans le monde sensible et, en outre, - dans le cas de l'initié - être un symbole - cette manifestation nouménale - des effets suprasensibles réels que l'homme, en conséquence de ses actes, peut éprouver dans son for intérieur. Nous comprendrons ainsi comment les dieux apparaissent dans l'Iliade s'affrontant sur le même champ de bataille où s'affrontent les armées achéenne et troyenne, et nous comprendrons aussi comment le héros Diomède attaque - au cours de cette guerre - Aphrodite et la blesse à la main, ou comment il blesse lui-même Arès au flanc d'un coup de lance et oblige le dieu qui saigne à se retirer dans l'Olympe.

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Nous pourrions comprendre la confrontation entre Diomède et Arès comme celle du héros qui a atteint l'éveil au premier principe non manifesté et qui est donc au-dessus de la divinité d'Arès, qui, en tant que dieu, fait partie du monde manifesté (même s'il est subtil). On pourrait également interpréter qu'en blessant Arès, il blesse sa propre fureur, symbolisée par ce dernier, comprenant ainsi le déconditionnement des turbulences mentales que l'initié doit réaliser sur son chemin vers la conquête de l'Éternel et de l'Impérissable dans son propre être.

Dans les vers de l'Iliade, les dieux et les héros se côtoient et interagissent, comme un reflet fidèle de la proximité ontologique qui existait entre eux, et les dieux prennent l'un ou l'autre parti sur le champ de bataille. C'est une conséquence du fait que l'homme a été intérieurement transfiguré et est devenu un héros : il a réveillé, activé et actualisé la divinité dormante que nous portons tous en nous... il lui parle et regarde donc le dieu sur un pied d'égalité.

Du point de vue de la métaphysique, toute interprétation des mythes basée sur des critères rationalistes, psychologiques, moraux, bref, humains, est donc déplacée.

Eduard Alcántara

eduard_alcantara@hotmail.com

eduardalcantaracalatrava@gmail.com

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vendredi, 13 septembre 2024

Maurizio Murelli: Hommage à mon ami Carlo Terracciano

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Hommage à mon ami Carlo Terracciano

par Maurizio Ulisse Murelli

Source: https://www.facebook.com/maurizioulisse.murelli

La commémoration ne peut se limiter à l'allumage d'une bougie devant l'image sacrée de ceux qui nous ont quittés. La commémoration a de la valeur lorsqu'elle évoque l'esprit et l'intelligence de ceux qui ont été à nos côtés et qui ne sont plus. Ce qui suit est une brève réflexion à partir de ce que Carlo a exprimé, en l'associant à ceux qui sont nos maîtres aujourd'hui, tout comme Carlo a été notre maître.

* * *

La naissance de l'État-nation en Europe est le résultat de l'implosion de l'État-Empire, et l'idéologie nationaliste qui le sous-tend est une composition politico-culturelle bourgeoise déconnectée.

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Dans son mémoire de fin d'études (publié en 1979 par les Edizioni Barbarossa sous le titre La via imperialista del nazionalismo italiano, que l'on peut encore trouver sur le site Orionlibri), Carlo Terracciano soulignait combien les nationalistes italiens en étaient conscients, puisqu'ils formulaient un composite idéologique pour la réaffirmation de l'Etat-Empire. Il conviendrait d'étudier dans quelle mesure et avec quelle affinité de pensée ils sont parvenus à la fondation de l'Empire italien dans les années 1930. Cependant, on peut affirmer que, dans une certaine mesure, les nationalistes italiens ont été les protagonistes d'une sorte de « révolution conservatrice » parallèle à celle qui s'est produite en Allemagne.

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Dans ce domaine également, comme dans celui de la géopolitique, Terracciano a révélé toute sa clairvoyance d'analyste et de théoricien, en contribuant de manière substantielle à la croissance et au développement de la pensée de la communauté qui gravitait autour de la revue Orion.

Aujourd'hui, nous sommes en présence d'une tentative américaine de réaffirmer l'hégémonie unipolaire, à laquelle s'oppose le projet multipolaire dont le cœur est la Fédération de Russie. Dans le contexte du concept multipolaire se trouve le modèle eurasien, qui retrace les coordonnées de l'État-Empire, c'est-à-dire la structuration organique des nations dans un cadre politique homogène. Ainsi, un monde multipolaire dans lequel l'Eurasie, entendue comme un grand espace continental, est en harmonie avec tous les autres espaces représentés par les « États-civilisations », souverains et libérés de l'hégémonie du mondialisme américain, tendant à préserver la diversité des modes de vie, des cultures, des coutumes, des croyances, bref, des traditions originelles.

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Pour donner une idée du processus de désintégration en cours à l'échelle mondiale et dont la tendance doit être inversée, on peut se tourner vers les principes de base de l'ethnosociologie énoncés par Alexandre Douguine. Je cite un résumé extrapolé du livre The Multipolar World. From Idea to Reality du philosophe russe, en cours de traduction et bientôt publié par AGA Editrice.

* * *

« Rappelons les principes de base de l'ethnosociologie. L'ethnosociologie travaille avec les concepts suivants :

- l'ethnie ;

- le peuple ;

- la nation ;

- la société civile.

Ils correspondent à différents types de société. L'ethnie est l'ordre social le plus archaïque, caractéristique des petites communautés agraires ou pastorales, où il n'y a pas de division sociale ni de hiérarchie des classes. Les liens ethniques dans l'ethnie sont strictement horizontaux et la mentalité est basée sur des mythes. Il s'agit d'une société archaïque à identité collective.

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Un peuple est une ethnie qui est entrée dans l'histoire, a construit un État, fondé une religion ou une culture distincte. Presque toujours, un peuple est composé de deux ou plusieurs groupes ethniques, qu'il unit dans une structure abstraite. Au sein du peuple, il existe une division en classes et une hiérarchie, une verticale du pouvoir. Il s'agit d'une société traditionnelle. L'identité y est collective et de classe. La plus grande réalisation historique d'un peuple est la création d'un empire.

La nation n'apparaît qu'à l'époque moderne, dans la société bourgeoise. La nation est une communauté artificielle fondée sur l'identité individuelle. Les nations sont apparues en Europe à l'époque moderne. La hiérarchie sociale y est fondée sur le principe de la richesse matérielle. C'est le type de société caractéristique du début de la modernité.

La société civile émerge lors du passage de la nation au monde unique et au gouvernement mondial. La société civile se manifeste pleinement dans le mondialisme. En elle existe la même identité individuelle que la nation, mais seulement sans frontières nationales. La société civile se forme au sein des nations et des États bourgeois, mais dépasse progressivement leurs frontières et prend un caractère mondial. L'identité nationale artificielle y est abolie et l'individualisme devient global. Historiquement, la société civile est caractéristique de la période de la modernité tardive et du postmodernisme.

* * *

En reprenant donc la leçon de Carlo Terracciano, on peut espérer qu'en Italie les forces antagonistes (hostiles au système) élaboreront une théorie d'essence similaire à celle de la voie impérialiste du nationalisme italien, marquant ainsi la récupération de la véritable fonction de la nation. Personnellement, c'est sur ce front que je me sens engagé. Il est certainement essentiel de regarder le développement du monde multipolaire tel qu'il est évoqué en Russie et ailleurs; il est important de coopérer et de forger des relations en mettant en œuvre des initiatives communes - mais c'est un devoir fondamental, pour un Italien, de travailler en Italie à la formation d'un front multipolaire. Il est essentiel de déployer « à la maison » les plus grandes et les meilleures énergies, exactement comme Carlo Terracciano l'a fait et comme je l'ai fait au fil du temps avec lui et d'autres qui sont maintenant absents.

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Carlo Terracciano,

10 octobre 1948 - 3 septembre 2005

La gauche mondialiste et intolérante se prépare à la "soumission"

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La gauche mondialiste et intolérante se prépare à la "soumission"

par Domenico Bonvegna

Source: https://www.destra.it/home/occidente-malato-la-sinistra-globalista-e-intollerante-prepara-la-sottomissione/

Les protagonistes de cette tendance criminelle sont non seulement les politiciens, mais aussi les intellectuels et le monde des médias, tous potentiellement accumulés sous l'étiquette « progressiste », « gauchiste », qui se disent « démocratiques », mais qui recèlent peu de démocratie. Plusieurs exemples peuvent être cités, le professeur Eugenio Capozzi en énumère les plus évidents (dans: "Une dérive globale. La gauche est désormais synonyme de répression de la dissidence", 22.8.24, lanuovabussola.it).

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Cela commence par le virage répressif de plus en plus marqué, lancé par le gouvernement travailliste britannique de Keir Starmer. Une véritable persécution policière et judiciaire de ceux qui ont des opinions divergentes sur la question de l'immigration. Y compris la grotesque lettre de menace envoyée par le commissaire européen Thierry Breton à Elon Musk, le menaçant de représailles pour l'espace médiatique qu'il a accordé à Donald Trump, jusqu'aux menaces explicites de l'eurodéputé macronien Sandro Gozi de supprimer tout court le média social X, propriété de Musk lui-même, sur le territoire de l'UE.

Mais on pourrait continuer selon le professeur Capozzi. Il ne s'agit certainement pas d'une tendance née ces dernières années, l'« album de famille » historique des idéologies et des partis de gauche dans ce sens est très visible, du jacobinisme aux dictatures communistes du 20ème siècle ». Nous sommes passés du soixante-huitardisme, « qui voulait interdire d'interdire », au penchant répressif des mêmes contre ceux qui n'acceptent pas ou simplement critiquent les soi-disant « droits civils », qui remplacent désormais le paradigme de la lutte des classes. Les droits civils, « entendus comme une “compensation” accordée aux groupes minoritaires pour les discriminations les plus diverses, selon la voie préconisée par la politique identitaire. Sur ces questions, l'argument du libéral occidental, explicite ou implicite, est devenu plus ou moins le suivant : quiconque critique sur le fond toute mesure invoquée au nom de la non-discrimination commet un acte de violence à l'égard des groupes minoritaires déjà discriminés.

À ce stade, le pluralisme, selon la politique du politiquement correct, devient automatiquement un « discours de haine » et doit donc être empêché, en qualifiant de « raciste », « suprémaciste » ou « phobique » tout opposant à la dérive « droitière » promue au nom du nouveau mythe « tribal » du progrès. Ainsi, selon le professeur, « quiconque s'oppose à l'immigration indiscriminée, à l'avortement absolutisé en tant que “droit fondamental”, à la location de l'utérus, à la “transition de genre” illimitée sur les mineurs et à l'endoctrinement du genre dans les établissements d'enseignement est étiqueté par les “progressistes” contemporains comme un haineux, un raciste, un homophobe/transphobe violent et dangereux, forcément “d'extrême-droite”.

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Non seulement cela, mais il devient également dangereux s'il remet en cause le millénarisme climatique qui « est automatiquement considéré comme coupable de l'extinction de l'humanité, de l'effondrement de l'écosystème, des sept plaies d'Égypte, et doit être systématiquement réduit au silence pour le salut de tous ». Le combat des écologistes est une question de vie ou de mort, une urgence pour sauver la planète, alimentée par des prêches martelés, confiés, sans aucune possibilité de discussion, à des sortes de « comités de santé publique » organisés dans une logique technocratique et/ou justifiés au nom de la « science ».

Pour Capozzi, ceux qui critiquent comme irrationnels, inutiles et illégitimes « les confinements, les couvre-feux, les chantages et les obligations vaccinales » sont fustigés comme des fauteurs de troubles, moralement responsables de toute contagion, souffrance ou mort des « fragiles », relève de la même logique. Cette façon de penser le progressisme de gauche, pour Capozzi, est une version actualisée de ce qu'était la propagande à sens unique des régimes dans les dictatures du 20ème siècle où il y avait une direction commune, de l'information à la culture en passant par le divertissement. Et si, par hasard, « un média, un centre d'élaboration scientifique et culturelle, un intellectuel indépendant, un artiste “sort du rang” et s'oppose au chœur, on exige immédiatement, avec indignation et colère, de le censurer, de le faire taire, de le supprimer ».

Cette tendance à la répression et à la haine de la part de la « gauche », non seulement en Europe, mais aussi et surtout aux États-Unis, a été relevée par Daniele Biello dans le journal en ligne Atlantico (« Le paradoxe de la tolérance et le risque de dérive autoritaire », 19.8.24, atlanticoquotidiano.it). L'article fait référence à l'épisode grave du massacre d'enfants du 29 juillet 2024 à Southport, Merseyside (26 kilomètres au nord de Liverpool), où trois enfants ont été poignardés à mort et 10 autres personnes - dont huit enfants - ont été blessées, certaines grièvement. Après l'arrestation sur les lieux du crime d'Axel Rudakubana, un citoyen britannique de 17 ans né à Cardiff, fils d'immigrés rwandais, la Grande-Bretagne a été frappée par des émeutes à la matrice clairement anti-immigration et anti-islamique.

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Les manifestations, particulièrement exacerbées dans la manière - certainement pas pacifique - et dans le ton, affichaient des slogans tels que « enough is enough », « save our children ». Le nouveau gouvernement Starmer réagit avec colère et effroi et garantit la plus grande fermeté dans la répression des flambées de violence. Des paroles aux actes : en quelques jours, plus de 400 personnes (dont 50 mineurs) ont été inculpées pour ces émeutes, tandis que les tribunaux d'Angleterre et du Pays de Galles continuent de travailler à plein régime. Outre les participants aux émeutes, des personnes accusées de délits d'opinion pour avoir publié des messages sur les médias sociaux sont arrêtées et jugées ». Biello, à travers deux fictions, l'une au Royaume-Uni et l'autre en France, dessine un scénario futur de ces pays européens où une faible soumission à la charia islamique devrait être introduite. Par exemple, dans le roman de 2015 de l'écrivain français Michel Houllebecq, intitulé « Soumission », c'est exactement ce que l'on entrevoit.

L'intrigue : « en 2022, un nouveau parti islamique (les Frères musulmans) gagne les élections présidentielles et parvient à battre le Front national, grâce à l'alliance républicaine signée avec le Parti socialiste français, les gaullistes (toujours UMP), les libéraux de l'Union des démocrates et indépendants et d'autres mouvements mineurs. Le gouvernement de ce nouveau président fantôme « impose peu à peu, mais avec une constance absolue, une sorte de charia atténuée, à laquelle les élites françaises s'adaptent presque volontiers, en collaborant avec le nouveau régime ». Entre-temps, des noyaux de résistance armée se forment dans l'immense province française, composés d'anciens des corps spéciaux et de la Légion, qui déstabilisent le territoire ».

À ce stade, l'intervention de Biello rappelle la situation en Belgique et en Suède. En Belgique, « le quartier bruxellois de Molenbeek est depuis des années un sanctuaire du terrorisme européen. Il est habité par une population majoritairement d'origine immigrée, plutôt marocaine ou turque. Le taux de chômage avoisine les 30 %. Les caractéristiques ethniques du quartier sautent aux yeux par rapport aux autres quartiers de la capitale : femmes voilées et hommes portant des keffiehs sont la règle. Là plus qu'ailleurs, l'intégration a échoué ». De même, dans la Suède civilisée, les villes de Göteborg et de Malmö sont depuis des années le théâtre de graves violences provoquées par des bandes criminelles islamistes. Une situation ingouvernable, résultat de décennies de politiques immigrationnistes et multiculturelles.

Pour le journaliste, c'est une réinterprétation de l'histoire et du droit qui progresse dans notre Occident. Aux Etats-Unis, la réinterprétation forcée de l'histoire a conduit à une réduction des gardiens des droits, désormais fermement entre les mains des « minorités », au point de plonger le pays au bord d'une nouvelle guerre civile ». En Italie, encore loin de ces urgences, on assiste à une réinterprétation du droit au détriment des faits, mais en faveur de l'intégrationnisme. « En 2017, après un cas de viol à Rimini d'une vacancière, l'identification ultérieure de la « meute » composée d'étrangers africains, l'avocate Carmen di Genio, membre du Comité pour l'égalité des chances de la Cour d'appel de Salerne, s'exprimant lors d'une conférence sur la sécurité et la légalité a déclaré : « On ne peut pas attendre d'un Africain qu'il sache qu'en Italie, sur une plage, il ne peut pas violer une personne » ; comme s'il existait, dans le monde, une loi positive qui légalise le viol. Nous en sommes arrivés au paradoxe de la tolérance.

En 1968, le député conservateur Enoch Powell a prononcé un discours extrêmement dur sur l'immigration de masse, qui est entré dans l'histoire sous le nom de « Rivers of Blood » (rivières de sang), et dont un sondage a montré qu'il était soutenu par 80% des citoyens britanniques. « La profondeur - et l'actualité - de Powell, écrit Biello, réside dans le fait que ces populations arrivent dans le pays d'accueil en tant que dépositaires de droits, plutôt qu'en tant que détenteurs de devoirs.

C'est l'histoire de l'immigration récente en Occident. Les nouveaux « citoyens » se sentent étrangers au contrat social primordial et entendent préserver l'habillage mental de leur pays d'origine, tout en ponctionnant l'État-providence des pays d'accueil. Le point commun à toutes les démocraties occidentales est que la « liberté » se transforme en « légalité ».

Lacan et le « trumpisme psychédélique »

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Lacan et le « trumpisme psychédélique »

Alexandre Douguine

La méthode de Lacan

Essayons d'appliquer la topologie de Lacan aux élections américaines.

Rappelons le modèle de base de Lacan. Il peut être représenté sous la forme de trois anneaux de Borromée ou de trois ordres :

  1. 1) Le réel,
  2. 2) Le symbolique,
  3. 3) L'imaginaire.

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Le réel est le domaine où toute chose est strictement identique à elle-même. Cette identité absolue (A=A) exclut la possibilité même d'être, c'est-à-dire d'être en devenir. Le Réel est donc une zone de pure mort, de néant. Il n'y a pas de changement, de mouvement ou de relation en lui. Le Réel est vrai, comme le néant est vrai, n'ayant pas d'alternative.

Le Symbolique est la zone où rien n'est égal à lui-même, où une chose renvoie toujours à une autre. C'est une fuite du réel, motivée par le désir d'éviter la mort et la chute dans le néant. C'est là que naissent les contenus, les relations, les mouvements, les transformations, mais toujours sur le mode du rêve. Le symbolique est l'inconscient. Le sens du symbole est qu'il désigne quelque chose de différent de lui-même (en fait, peu importe ce que c'est, l'essentiel est que ce ne soit pas lui-même).

L'imaginaire est le lieu où s'arrêtent la dynamique et la cinétique du symbolique, mais sans que la chose ne meure, ne s'effondre dans le réel. L'Imaginaire, c'est ce que nous prenons pour l'être, le monde, nous-mêmes ; c'est la nature et la société, la culture et la politique. C'est tout, et en même temps c'est un mensonge. Chaque élément de l'imaginaire est en fait un moment figé du symbolique. L'éveil est une forme de sommeil, inconscient de lui-même. Tout dans l'Imaginaire se réfère au Symbolique, mais se fait passer pour un prétendu « Réel ».

Dans le Réel, A=A est vrai. Dans l'Imaginaire, A=A est faux. Dans l'Imaginaire, chaque chose n'est pas identique à elle-même, mais contrairement au Symbolique, elle ne veut pas l'admettre - ni à elle-même, ni aux autres.

Le Réel n'est rien. Le Symbolique est un devenir toujours changeant. L'imaginaire est le faux nœud du Symbolique figé.

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Lacan et la politique

Lacan lui-même était bien conscient que le modèle des trois ordres jetait une ombre sur la stratégie de base du réformisme, du progressisme et de la révolution. Ce n'est pas un hasard si, dans sa jeunesse, il était de droite et monarchiste, proche de Maurras. Et dans les années 60, il a soutenu, contrairement à la « nouvelle gauche », plutôt le statu quo et le système de De Gaulle. Ceci n'est pas un hasard, mais découle du modèle des trois anneaux de Borromée.

La Nouvelle Gauche révolutionnaire (telle qu'interprétée par Lacan) voulait remplacer le Symbolique (le surréel, le schizophrénique, le transgressif) par l'Imaginaire (les anciennes structures sociopolitiques, l'ordre en tant que tel). Ils ont fait un usage utilitaire de Lacan - le freudisme ironique a aidé à effondrer les prétentions de l'Imaginaire (Ordre) à être complet et logique (A=A), alors qu'il n'était, en fait, qu'un moment figé de délire. Mais ils ont négligé le fait que dès que l'ancien Imaginaire s'effondre ou fond sous la pression de la critique (politique, esthétique, sociale, épistémologique, etc.), le Symbolique lui-même ne peut pas prendre sa place. Il deviendrait aussitôt un nouvel Imaginaire, tout aussi totalitaire, dictatorial et idiot.

Lacan lui-même en a vu des exemples partout, notamment dans le bolchevisme soviétique. Les bolcheviks ont commencé par un appel à la liberté et à l'égalité, et se sont rapidement transformés en une hiérarchie de parti rigide avec un appareil de violence totalitaire. Mais la même chose s'est produite avec Cromwell ou la Grande Révolution française. Le symbolique ne conserve ses propriétés que lorsqu'il reste au niveau de l'inconscient, dans l'élément du sommeil. Lorsqu'il remonte à la surface, il se transforme immédiatement en Imaginaire. Au fond, c'est la même chose, mais sous de nouvelles formes. Ces formes renvoient elles-mêmes au Symbolique, d'où elles viennent. Mais c'est une propriété de tous les systèmes de l'Imaginaire - il fut un temps (jusqu'à ce qu'ils se figent) où ils étaient tous symboliques, vivants et changeants.

Ainsi, le révolutionnaire d'aujourd'hui est le totalitaire de demain, le fonctionnaire brutal et l'exécuteur de la violence. La réforme (dans le contexte de l'ontologie des trois anneaux de Borromée) n'est pas possible parce qu'elle aboutira à la même chose. Le Symbolique n'est pas capable de remplacer l'Imaginaire, jamais et dans aucune condition.

C'est ce que croyait Lacan, et cette conclusion découle directement de son système.

Kamala Harris et le Symbolique

Venons-en maintenant aux élections américaines. Nous assistons à un affrontement féroce entre « progressistes » (Kamala Harris, le Parti démocrate) et « conservateurs » (Trump et les Républicains). Dans une analyse lacanienne, à première vue, les rôles sont clairement distribués : Kamala Harris incarne l'invitation à la transgression, la légalisation de la perversion, la libération de tous les interdits et de toutes les normes, c'est-à-dire l'expansion de la zone du Symbolique. Le programme des démocrates est une structure de non-sens bien tempéré - plus de LGBT, plus de culture de l'annulation, plus de migrants illégaux, plus de drogues et d'opérations de changement de sexe, plus de décommodification des anciens ordres, plus de BLM et de théorie raciale critique.  Plus de honte pour les hommes blancs, normaux, mentalement épanouis, puissants, patriarcaux et traditionnels, parallèlement à l'élévation des femmes, des body positifs, des transsexuels, des pervers, des furries, des quadras, des infirmes, des pédophiles, des maniaques, des cannibales et des dégénérés. En d'autres termes, liberté au subconscient! La Machine à Désir en tant qu'usine de micro-incarnations doit remplacer l'Imaginaire.

Et bien sûr, l'Imaginaire principal, ridiculisé et attaqué de toutes parts et par toutes les méthodes disponibles, est Donald Trump - l'archétype généralisé de la « non-liberté », des « hiérarchies », de la « rationalité masculine », etc.

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Kamala Harris - représente le Symbolique, d'où son discours étrange, son rire interminable, glacial et dépourvu de sens, sa gestuelle confuse, inarticulée, expressive, désignant à chaque fois clairement quelque chose d'intuitif mais d'indéfinissable. Kamala Harris est une figure du rêve actif. En elle, le fidèle voit l'impossible devenir possible, et une chose se fondre imperceptiblement dans une autre. Mais ce faisant, tout est flou, brouillé. C'est le « progrès ». Le blanc est devenu noir. Autrefois capitalistes, ils sont devenus n'importe quoi (« cassez les magasins, c'est la loi ! »). Les hommes et les femmes sont devenus de vagues objets de désir (le petit « a » de Lacan), évitant toujours la fixation.

En d'autres termes, au mépris des avertissements de Lacan sur l'immuabilité de la structure des anneaux de Borromée, le Parti démocrate tente activement de démolir l'Imaginaire américain, et se montre désireux de le remplacer par le Symbolique.

Une déformation totalitaire du libéralisme

Mais... Lacan a mieux compris son système que sa progéniture illégitime d'obédience gaucho-libérale. On s'en aperçoit aisément dès lors que l'on s'extrait un peu de l'hypnose progressiste. C'est une chose quand l'homosexualité et les autres perversions sont des choses interdites, mal vues, persécutées. Alors, en effet, elle appartient au Symbolique. Mais si ces choses sont légalisées, elles changent immédiatement de nature, devenant une norme prescriptive, une loi, un impératif totalitaire rigide. En d'autres termes, les perversions autorisées deviennent un Imaginaire, un facteur figé, limitatif et nullement libérateur pour le Symbolique.

Il en va de même pour toutes les autres perversions légalisées et l'anomie. La théorie raciale critique n'est pas différente du racisme, mais cette fois-ci, elle est anti-blanche. Le féminisme conduit logiquement à la dégradation systémique de la masculinité, à la transformation des hommes en êtres humains de seconde zone. La haine de tout ce qui est progressiste contre tout ce qui est conservateur (réactionnaire) fait que le traditionaliste est persécuté, opprimé, continuellement insulté par la « minorité ». Les victimes du génocide deviennent elles-mêmes des exterminateurs de masse et des persécuteurs.

L'imaginaire ne peut être défait. Cette vérité est prouvée par les dernières mutations du libéralisme et du gauchisme (car le gauchisme a été traduit à tous ses stades et dans toutes ses versions). Le libéralisme devient normatif, et donc totalitaire. Non seulement on peut être queer (pas comme tout le monde), mais on est obligé de l'être (il se trouve qu'on est obligé d'être comme tout le monde). Au niveau du Symbolique, c'est parfaitement cohérent, puisque le décalage est ici la règle (l'algorithme du rêve ou du délire). Mais au niveau de l'Imaginaire, de la linéarité et de la stricte prescriptivité, même le queer (notamment la légalisation du mariage homosexuel et autres perversions) devient à son tour objet de critique - le tout du même côté, du Symbolique.

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Trumpisme psychédélique et rêves de droite

Mais où trouver un lieu pour attaquer l'Imaginaire libéral figé, devenu totalitarisme pur et dur ? La réponse est évidente : dans le pôle opposé. Nous pourrions l'appeler le Symbolique trumpiste. Dès la première campagne présidentielle de Trump, nous avons vu des signes de cette stratégie dans l'alt-right, sur 4chan, dans le mème Pepe the Frog, dans la conspiration reptiloïde, dans la magie du chaos et dans les théories délirantes des Q-anons. Nous pouvons conventionnellement, avec quelques modifications, l'appeler le « Trumpisme ésotérique » ou même plus précisément le « Trumpisme psychédélique ».

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Si les Démocrates et leurs pratiques transgressives sont devenus l'Imaginaire, c'est-à-dire le complexe coercitif totalitaire figé des stratégies de pouvoir prescriptives, alors la critique psychanalytique par le Symbolique s'est naturellement centrée sur les Républicains. Pas tous, bien sûr, mais les plus libérés, les plus « désaxés » et les plus délirants.

Et c'est là qu'apparaît une image intéressante. Le pouvoir aux mains du Parti démocrate et des néoconservateurs qui lui sont proches dans le secteur droit, en fait les porteurs de l'Imaginaire, c'est-à-dire de l'ordre mondialiste. Et le progressisme, synonyme de Symbolique, entre en conflit avec le totalitarisme figé dans la course effrénée des Démocrates au pouvoir. Et tandis que dans les récits des démocrates, l'imaginaire est Trump, sa femme Melania, les républicains et l'Amérique paléo-libérale en général, dans le système global, l'imaginaire aujourd'hui est plutôt les démocrates eux-mêmes, qui se frayent un chemin vers le pouvoir. Kamala Harris est une protégée du système organisé rigide, de l'État profond. Elle n'est pas un organisme, mais un mécanisme, un maillon de la verticale du pouvoir. C'est ainsi que se manifeste l'ordre de l'Imaginaire. Les appels au Symbolique ne le voilent que faiblement.

Mais seul le « Trumpisme psychédélique », qui assume de plus en plus les fonctions du Symbolique, peut le reconnaître et donner forme et dynamisme au discours critique.

Une telle analyse explique parfaitement le choix de J. D. Vance comme colistier, voire successeur, potentiel de Trump dans sa lutte idéologique contre le Marais libéral. Vance n'est plus du tout Imaginaire, mais purement Symbolique. Il est ouvertement orienté vers le champ extravagant - purement psychédélique - de la droite post-libérale, c'est-à-dire l'univers chaotique de l'alt-right proprement dit. Peter Thiel, Curtis Yarvin (Maldbog), le brillant philosophe français René Girard (auteur d'ouvrages sur la violence sacrée) sont les figures atypiques par excellence des républicains de droite classiques, qui ne peuvent être dessinées pour illustrer l'Imaginaire (qui est soi-disant ce que les progressistes tentent de détruire - « au nom du Symbolique »). La stratégie psychanalytique des Démocrates échoue sur Vance, puisque Vance lui-même est le pôle du Symbolique de la droite atypique. Il est possible qu'il s'en rende compte lui-même et qu'il connaisse Lacan. C'est pourquoi le choix de Vance comme vice-président est un mouvement crucial dans la campagne de Trump. Une fois de plus, la magie du chaos, c'est-à-dire l'anneau de Borromée, conjuguée aux éléments de l'onirisme et des psychédéliques, est de son côté. Mais cette fois, c'est plus complet et plus systématique.

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En même temps, si l'on s'en tient strictement à Lacan, la connexion Trump-Vance est la plus harmonieuse et la plus prometteuse. Chez Trump, en effet, il y a l'Imaginaire qui séduit l'électorat de droite. Mais il est complété par le postmodernisme de droite, la critique sociale et le délire libératoire sous la forme du « Trumpisme psychédélique » et de Vance proprement dit. Le mode rationnel du jour, qui est inévitable pour tout gouvernement et qui, dans le cas de Trump, est transparent et non contradictoire, est contrebalancé par un mode nocturne de rêve libéré (de droite).

La transgression à droite

On pourrait tirer bien d'autres conclusions de cette application du modèle de Lacan à l'élection américaine à venir.

Tout d'abord, elle explique parfaitement le caractère totalitaire du libéralisme mondialiste contemporain, qu'il n'est plus possible d'ignorer. La tentative de remplacer l'Imaginaire par le Symbolique est vouée à l'échec, mais ne peut que donner naissance à un nouvel Imaginaire, encore plus aliéné, agressif, intolérant et violent. D'où le phénomène du « fascisme libéral ».

D'autre part, le phénomène du « Trumpisme psychédélique » lui-même n'est pas une anomalie marginale, mais une stratégie tout à fait sensée et même pragmatique. Si toutes sortes de perversions et de pathologies sont autorisées, mais que la Tradition est interdite, alors la volonté de vivre et la dynamique du Symbolique insuffleront une énergie énorme aux espèces et aux attitudes sexuelles normales, et l'envie de Tradition deviendra révolutionnaire . Si la Tradition est interdite, cela suffit à en faire un objet de désir passionné. Les progressistes figent la vie sociopolitique et culturelle, l'aliènent. Et l'anticonformisme de droite devient alors la nouvelle contre-culture.

Qui gagnera les élections ? Difficile à dire, mais l'attitude de base de l'élite totalitaire agressive, qui mise sur les minorités, peut échouer, car en supprimant le statut de l'interdit de la déviation, le centre d'attraction devient automatiquement la normalité qui est par essence interdite par la loi. Et si, dans l'ordre de l'Imaginaire, la norme se situe dans le territoire du « passé » - ce qui était avant les progressistes, avant les libéraux, alors, dans l'ordre du Symbolique, la norme se situe dans le « futur ». La norme est ce qui est réprimé et interdit aujourd'hui et qui, comme le fruit défendu, aspire à la victoire demain. Les conservateurs ont généralement un problème avec l'avenir. Le « Trumpisme psychédélique » apporte une réponse originale à ce problème, en faisant passer l'inconscient et même les pratiques de transgression du côté de la droite, et en s'appropriant ainsi le territoire de l'avenir.

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Attention au néant

Une dernière chose. On remarquera que nous n'avons pas du tout abordé le sujet d'un autre anneau borroméen : l'ordre du Réel.

Ici, les progressistes tentent un difficile saut périlleux : en normalisant le Symbolique, ils essaient de supprimer le problème de la tension entre celui-ci et le Réel. Ils espèrent ainsi inclure le néant (la mort) dans la sphère de leur propre contrôle, plutôt que de l'exclure. C'est probablement le but de l'IA, de la migration dans le cyberespace et de la Singularité, où l'identité de la machine et de l'homme machinisé ne créera plus les flux traumatiques qui animent l'inconscient (le Symbolique). Si le Symbolique (comme le croient naïvement les progressistes) a déjà supplanté l'Imaginaire, alors le problème de la confrontation avec le Réel est écarté. La mort et l'horreur qui en découle ne peuvent être vaincues qu'en abolissant la vie. D'où l'orientation vers le transhumanisme et l'immortalité mécanique. Ce thème est développé dans le réalisme spéculatif.

La réalisation du projet ontologique du parti démocrate conduit inévitablement à l'abolition de l'homme.

Cette élection américaine décidera du sort de l'humanité - to be or not to be. La victoire de Trump maintiendra les trois anneaux de Borromée dans un équilibre relatif. Une victoire de Harris pourrait signifier leur fracture irréversible.

Et ici, nous devrions finalement dire que pour Lacan, les anneaux de Borromée et les trois ordres sont l'homme.

L'unipolarité américaine, les Brics et le monde multipolaire

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L'unipolarité américaine, les Brics et le monde multipolaire

Ex : https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28824-piccole-note-l-unipolarismo-usa-i-brics-e-il-mondo-multipolare.html

Le multipolarisme des Brics n'est pas un bloc opposé à l'unipolarité américaine, mais une autre vision du monde, plus réaliste.

L'annonce de la demande formelle d'adhésion de la Turquie aux Brics, également rapportée hier par l'influent Bloomberg (comme nous l'avions signalé), était fausse, selon les déclarations ultérieures d'Ömer Çelik, vice-président et porte-parole de l'AKP (le parti au pouvoir), qui a toutefois confirmé le fond de l'affaire: « Notre président [Erdogan] a déclaré à plusieurs reprises que nous voulions devenir membre des BRICS. Notre demande à ce sujet est claire, le processus est en cours ».

Un délai plus long, donc, mais la voie est tracée. Les médias ont d'ailleurs relancé la nouvelle de la présence d'Erdogan au sommet des Brics qui se tiendra à Kazan fin octobre (Ansa) et auquel participera également pour la première fois le président bolivien Luis Arce, comme l'a annoncé la ministre des Affaires étrangères Celinda Sosa.

L'Azerbaïdjan a également l'intention de rejoindre le club des Brics, la demande ayant été faite immédiatement après la visite de Poutine à Bakou le 20 août. En résumé, le club est de plus en plus attractif et ses membres sont de plus en plus nombreux, alors qu'au contraire, le club du G7 - à ne pas confondre avec le G20 auquel participent plusieurs pays des Brics - est de plus en plus flou et sclérosé, de plus en plus un organisme résiduel d'un passé qui ne veut pas passer et qui est incapable de se réformer.

En outre, le G7 est par nature exclusif et élitiste - d'où également son incapacité à se rapporter au monde d'une manière qui ne soit pas musclée - contrairement aux Brics qui, par contre, se sont positionnés comme un pôle d'attraction mondial depuis leur genèse, ce qui explique en partie le dynamisme différent et alternatif.

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Pas deux pôles, mais des perspectives différentes

Si la mission du G-7 est de préserver le système mondial de gouvernement dirigé par les États-Unis, les Brics ont des connotations révolutionnaires et ont pour mission de créer un système mondial qui ne soit pas subordonné aux États-Unis.

Cette contestation mondiale est généralement présentée comme une lutte entre l'unipolarisme de retour - ou celui qui ne veut pas passer - et le multipolarisme, mais ce cadre doit être détaillé, comme le fait admirablement Ted Snider dans Antiwar, selon lequel les États-Unis se trompent également dans leur compréhension des termes et des perspectives de la dialectique actuelle.

A la fois parce qu'ils ne comprennent pas que la multipolarité n'est pas un horizon possible, évidemment à combattre, mais une réalité en cours, et parce que « dans leur incapacité à s'adapter, les Etats-Unis s'accrochent à la bataille pour empêcher le monde unipolaire de retomber dans la bipolarité. Les Etats-Unis ne sont capables que de voir un monde divisé en deux blocs: ils considèrent toutes les nations qui acceptent leur hégémonie comme faisant partie d'un bloc et toutes les nations non-alignées qui habitent le monde multipolaire, qui refusent de choisir entre deux camps, comme un autre bloc. En d'autres termes, les États-Unis sont incapables de voir au-delà du monde bipolaire et confondent la réalité [dans laquelle ils se reconnaissent] multipolaire avec un autre bloc opposé au sein d'un monde bipolaire ».

« Ce malentendu empêche les États-Unis de s'aligner sur la nouvelle réalité inévitable de l'ordre international [...] Les pays membres du monde multipolaire émergent ne considèrent pas le monde nouveau comme un monde dans lequel ils doivent choisir leur camp. Les États-Unis continuent à courtiser les pays avec des cadeaux et à les menacer de sanctions pour les séduire dans des partenariats exclusifs. Cette vision américaine et dépassée du monde les limite à courtiser désespérément les pays pour les inciter à établir des « relations exclusives » qui, cependant, sont désormais en-deçà de l'horizon des pays faisant l'objet de leurs attentions morbides.

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Les Brics et les relations paradoxales

« Les pays non-alignés prennent position, mais pas entre les États-Unis d'un côté et la Russie et la Chine de l'autre, mais entre la vision monogame et unipolaire du monde des États-Unis et une vision sans entrave du monde de la Russie et de la Chine, qui permet à ces pays d'entretenir des relations multiples afin de poursuivre leurs propres intérêts et non les intérêts de l'hégémon. Les nations non alignées n'ont pas choisi la Russie ou la Chine plutôt que les États-Unis : elles ont choisi la vision du monde du duo Russie-Chine plutôt que celle des États-Unis.

« Un monde multipolaire signifie qu'il ne faut pas choisir entre les États-Unis et la Russie, mais choisir de coopérer avec eux de différentes manières sur des questions où il y a des convergences [...]. Créer des relations spécifiques basées sur des intérêts réels au sein d'un monde multipolaire, au lieu d'alliances idéologiques [propres à l'unipolarité, ndlr], signifie non seulement avoir des relations paradoxales avec différents pays, mais aussi des relations paradoxales avec le même pays ».

Pour expliquer ce que Snider entend par relations paradoxales dans le contexte du monde multipolaire, le cas de l'Inde, sur lequel l'article s'attarde, est éclairant : ce pays entretient des relations fructueuses avec les États-Unis, mais n'a pas l'intention de renoncer, comme le demande instamment Washington, à entretenir des relations étroites avec la Russie (Moscou respectant la liberté de New Delhi, en évitant toutes pressions contraires).

Le cas indien met également en lumière ce que le rapporteur entend par relations paradoxales au sein de deux pays, New Delhi restant engagé dans une vive rivalité régionale avec la Chine bien qu'il partage avec elle l'appartenance aux Brics. Une rivalité qui l'a même conduit à rejoindre le Quad, l'alliance stratégique entre l'Australie, le Japon, l'Inde et les Etats-Unis, créée pour contenir la Chine. Un conflit qui ne l'empêche cependant pas d'avoir des convergences avec Pékin sur des perspectives globales, notamment celle de dépasser l'unilatéralisme américain.

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Les États-Unis et le jeu à somme nulle

L'article d'Eduardo Porter publié dans le Washington Post, qui explique dès le titre que « la pensée à somme nulle détruit l'Amérique », est d'un grand intérêt et constitue un corollaire intéressant à l'analyse de M. Snider ; le sous-titre est explicite : « Nous devons résister à la tentation de penser que le succès des autres se fait à nos dépens ».

Cette pensée, qu'il attribue à l'ensemble de la sphère politique américaine, de Trump aux démocrates, empêche l'Amérique d'entretenir des relations fructueuses avec le reste du monde, générant des postulats, et des pratiques conséquentes, aussi insensés que celui selon lequel « la montée en puissance de la Chine équivaut au déclin des États-Unis ».

Incapable de penser à des relations gagnant-gagnant, dans lesquelles tout le monde est gagnant, la vision américaine se réduit à un « nous » contre « eux », avec toutes les conséquences qui en découlent, y compris les conséquences violentes. Une vision qui, comme le montrent les études citées dans l'article, se fait aussi au détriment de l'engagement et de la capacité d'innovation, comme le démontrent d'ailleurs par leur dynamisme les Brics, où prévaut la relation gagnant-gagnant.

L'article de Porter est inhabituel dans le paysage intellectuel américain et met en lumière, comme celui de Snider, la dérive de l'empire américain. En effet, cette « idéologie à somme nulle entraîne la politique américaine dans une direction étrange et sombre qui dément son histoire de démocratie libérale de marché prospère ». Et, bien sûr, elle les empêche de comprendre et d'embrasser la nouvelle réalité multipolaire.

jeudi, 12 septembre 2024

La recette libérale-droitiste de Milei fonctionne: l'Argentine est le seul pays d'Amérique du Sud dont le PIB est en baisse

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La recette libérale-droitiste de Milei fonctionne: l'Argentine est le seul pays d'Amérique du Sud dont le PIB est en baisse

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/la-ricetta-della-destra-di-milei-funziona-largentina-e-lunico-paese-sudamericano-con-il-pil-in-riduzione/

Il ne suffit pas d'être un abruti armé d'une tronçonneuse pour réussir à gouverner un pays. Et c'est encore plus difficile dans un pays aussi compliqué que l'Argentine. Mais Javier Milei, le président argentin que la droite fluide italienne au service de Washington aime tant, ne s'est pas contenté d'exhiber la tronçonneuse : il l'a utilisée contre les travailleurs, réduisant drastiquement le pouvoir d'achat des familles. C'est l'une des brillantes recettes hyper-libérales qui enthousiasment le gouvernement italien et le Fonds monétaire international.

Et voilà que le FMI publie, à point nommé, ses projections de PIB pour 2024 pour l'ensemble de l'Amérique latine. Ces données récompensent-elles la politique de Milei ? Pas vraiment. L'Argentine sera le seul pays d'Amérique du Sud dont le PIB sera négatif, soit une baisse de 3,2%. Et si l'on considère l'ensemble de l'Amérique latine, on constate également le déclin d'Haïti, pays sinistré, avec un recul de 2,3%. Soit moins que le désastre causé par le gouvernement Milei.

Globalement, la croissance moyenne de l'Amérique latine sera de 1,9% et celle de l'Amérique du Sud de 1,6 %. Avec une croissance au Brésil, première économie du sous-continent, dépassant les attentes les plus optimistes, mais avec des hausses de 4% au Venezuela, 3,8% au Paraguay, 3,5% en Uruguay, 2,7% au Pérou et 2,1% au Chili. Mais même pour la Bolivie, la Colombie et l'Équateur, les prévisions de croissance sont supérieures aux prévisions italiennes.

Seule Buenos Aires parvient donc à faire baisser la moyenne de la région. Avec plus de la moitié des Argentins plongés dans la pauvreté. Il est intéressant de noter que les chômeurs ne représentent que 20% de la population, de sorte que la pauvreté touche également une grande partie des travailleurs. Le fameux travail pauvre qui enthousiasme tant les familiers de Giorgia (Meloni).

Choses de Turquie et... d'Egypte

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Choses de Turquie et... d'Egypte

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cose-turche-ed-egiziane/

Le président égyptien, Abdel Fattah al Sisi, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, se sont rencontrés pour la première fois à Doha, lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de football. La photo diffusée après cette poignée de main historique montre également l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad al Thani, à côté des deux chefs d'État. On ne sait pas encore si la poignée de main sera suivie d'une rencontre officielle. Selon le porte-parole de la présidence égyptienne, Bassam Radi, qui s'est adressé à Agenzia Nova, « Erdogan a été le premier à serrer la main ». Les relations entre l'Égypte et la Turquie ont connu une phase de gel diplomatique juste après l'arrivée d'Al Sisi à la présidence, en raison de divergences sur les Frères musulmans, interdits par le Caire. Les tensions se sont également intensifiées en raison d'intérêts divergents dans les secteurs énergétiques et régionaux, principalement en Libye et en Éthiopie. Il convient toutefois de noter que des réunions entre diplomates et entre agents de renseignement de haut niveau ont eu lieu au cours de l'année écoulée.

Alors... la nouvelle, à peine soulignée dans notre presse, mais publiée dans Èlecto, est assez simple. En apparence, du moins.

Al Sisi, le chef de l'État égyptien, ou, si vous préférez, le maître de l'Égypte, est allé rencontrer Erdogan. Le président turc.

Et tous deux ont commencé à tisser de nouvelles relations, tant économiques que politiques, entre leurs pays.

Comme je l'ai dit, une nouvelle « simple ». A tel point qu'elle est passée presque inaperçue dans nos médias. Et pourtant, il n'en est rien. Au contraire, ce qui se passe entre la Turquie et l'Egypte mérite beaucoup plus d'attention. Tant pour l'événement lui-même que parce qu'il représente un nouveau paradigme.

En effet, la Turquie et l'Égypte ont longtemps eu des attitudes divergentes dans les alignements internationaux. Le Caire était hégémonisé par l'influence française et Ankara était étroitement lié à des positions proches des Frères musulmans, qu'Al Sisi a brutalement évincés du pouvoir. Une relation complexe, donc. Intrinsèque et difficile à cerner.

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Et pourtant, malgré le fait que les alignements internationaux tendent à les maintenir divisés et en conflit, les deux pays semblent être en net rapprochement. En effet, ils semblent définitivement être les porte-drapeaux d'une nouvelle conception de la géopolitique du Moyen-Orient.

Et cela, bien sûr, change, voire bouleverse bien des certitudes, paresseuses, sur l'échiquier mondial.

Au-delà de toute évaluation plus spécifique, le dialogue ouvert, sans préavis particulier, entre Ankara et Le Caire, nous dit clairement une chose.

Les schémas avec lesquels nous sommes habitués à interpréter la réalité politique mondiale sont désormais à bout de souffle. En fait, ils sont complètement usés. Et de nouveaux agrégats et systèmes d'alliances sont en train de se créer, dont l'Europe, notre vieille Europe fatiguée, n'a pratiquement pas conscience.

Et c'est, comme je l'ai dit, un paradigme. Ou plutôt un exemple - extrêmement clair, si vous voulez bien le voir - de ce qui se passe sur la scène internationale. Un paradigme extrêmement intéressant et, inévitablement, inquiétant. Pour nous... ou plutôt pour certaines élites européennes, ou soi-disant telles, qui sont de plus en plus autoréférentielles. Et incapables de voir la réalité.

Les schémas sur lesquels le monde a été fondé - pendant très longtemps - sont aujourd'hui obsolètes. Et ce que, peut-être par paresse mentale, nous avons l'habitude d'appeler l'Occident est en train de perdre complètement sa primauté. Sa pertinence.

Et le monde, aujourd'hui, se révèle une fois de plus beaucoup, beaucoup plus complexe que ce que conçoivent paresseusement les soi-disant élites occidentales. Elles continuent, imperturbables, à prétendre dicter leurs lois, de plus en plus déconnectées de la réalité. Tandis que le reste du monde, ou plutôt ses quatre cinquièmes, regarde autour de lui. De plus en plus libre dans ses choix et ses actions.

L'autoréférence, le repli sur le nombril du soi-disant Occident, est en fait une pathologie. Une forme d'aveuglement qui l'empêche de comprendre ce qui s'est passé. Et surtout ce qui se passe autour de lui.

Et c'est, en fait, une très grave perte de centralité, un retour à une dimension à laquelle il n'est plus habitué. Depuis trop longtemps.

Une dimension, certes, dans laquelle il pourrait encore jouer un rôle important. Mais un rôle inhibé, voire rendu impossible par l'incapacité de voir les choses. De regarder la réalité.

Comment, sur le plan international, les autres puissances évoluent. Les grandes, comme la Chine et la Russie. Et les moyennes, comme, dans le cas présent, la Turquie et l'Égypte.

Cela rend difficile, voire impossible, pour l'Occident, en particulier pour l'Europe, de concevoir un nouveau rôle important pour lui-même dans le Grand Jeu.

Cela devient le signal clair et révélateur d'une décadence sans fin. Cet Occident est suffisant et ses manières de penser sont essentiellement obtuses.

Confinement et crétinisation des enfants

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Confinement et crétinisation des enfants

Nicolas Bonnal

J’évoquais avec Philippe Grasset la crétinisation de la politique et de la société en général : c’est un genre cinématographique en Amérique. Kamala, Trump, Biden…

Mais voyons la jeunesse.

On connaît les conséquences sur les sportifs français (le sprinteur Lemaître, Mbappé, cyclistes du Tour de France…) des décisions de nos génies de la politique et de la médecine des labos. Voyons pour les enfants. On se doute que ces derniers allaient sortir particulièrement esquintés et déglingués des décisions gouvernementales. Pour une fois, on ne va pas crier au complotiste, car ces données viennent du Monde. On cite donc sans commenter cet extrait qui vient du quotidien de la pensée inique (« dans le monde renversé le vrai est un moment du faux », a dit excellemment Guy Debord) :

« Une baisse sensible des capacités physiques, mais aussi intellectuelles, des enfants… Les effets des confinements successifs liés à la « pandémie de Covid-19 » sont préoccupants, selon une étude menée auprès de 90 élèves de CE1 et CE2 d’écoles de Vichy, dans l’Allier, et de Riom, dans le Puy-de-Dôme, en septembre 2019 et en septembre 2020 ».

Et puis, zut alors, on se met même à parler de catastrophe : « Les chiffres sont catastrophiques », résume Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand, qui dirige l’Observatoire national de l’Activité physique et de la Sédentarité (Onaps), et coordonne ce travail dont les résultats, préliminaires, ont été soumis à publication. En un an, l’indice de masse corporelle (IMC, poids divisé par la taille au carré), reflet de la corpulence, a augmenté de 2 à 3 points en moyenne.

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« Nous n’avons jamais vu ça, s’alarme la spécialiste. Des enfants sportifs, sans aucun problème de santé, aucun problème de poids, ont grossi de 5 à 10 kg, du fait de l’arrêt de la pratique sportive. Et tous n’ont pas repris l’activité physique ».

On découvre aussi qu’ils ne peuvent plus courir ni réfléchir (remarquez, c’était presque déjà le cas, car le capitalisme technologiste a fait tout ce qu’il a pu) :

« Essoufflés au bout de dix mètres. La condition physique de ces jeunes de 7-8 ans s’est fortement dégradée. Lors du test navette, épreuve classique qui consiste à courir de plus en plus vite d’un plot à un autre (éloignés de 10 m), « des enfants, déjà très essoufflés, n’arrivaient pas à atteindre le premier plot avant le premier bip », décrit la professeure Duclos. Un constat également inédit, selon elle. Certains étaient incapables de faire le parcours d’habiletés motrices (parcours chronométré comprenant différents obstacles) ».

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Ici chez moi je vois des crétins pousser des chariots à 500 ou 2000 euros avec des gosses de cinq à sept ans dedans. Ces enfants sont condamnés à ne pas courir en attendant de ne pas savoir marcher (voyez le film Wall E). Mais restons-en à l’article du Monde qui évoque l’abrutissement massif des petits d’homme (que ne les confie-t-on aux loups, comme Romulus ou Mowgli ?) :

« Parallèlement, leurs capacités cognitives auraient baissé d’environ 40%. Pour les mesurer, l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand a notamment eu recours à un test consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps imparti. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé. « Un an de confinement a été catastrophique, à un moment essentiel de plasticité neuronale », constate Martine Duclos ».

Pas si sottes, les deux journalistes du Monde rappellent qu’on était déjà mal partis :

« Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que la situation antérieure était déjà peu brillante. Ainsi, avant la pandémie, en France, 87% des adolescents de 11 à 17 ans ne respectaient pas l’heure quotidienne d’activité physique (NDLR : et l’heure d’activité sexuelle et pédophile ?) préconisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Et pendant le premier confinement, seulement 0,6% d’entre eux ont atteint ce seuil, la proportion étant de 4,8% chez les 5-11 ans (2,8% des filles et 6,5% des garçons), selon le Report Card de l’Onaps, l’état des lieux de l’activité physique et de la sédentarité des enfants et adolescents publié en janvier ».

Comme on l’a dit la situation était déjà grave. Les enfants sont rendus tarés par la technologie, la malbouffe et la prostration physique : voyez le fameux film sur l’Idiocratie et le cinéma de Jarmusch ou d’Alexander Payne.

Je republie alors une lettre de lecteur, PHD en linguistique (ce n’est pas pour faire chic), père de trois enfants, expatrié en… Irlande et qui m’écrivait il y a quelques années sur ce sujet :

« Pour le dire rapidement, ma belle-mère, instit donc depuis presque quarante ans, est terrifiée par ce qu’elle voit depuis peu. Les parents perçoivent majoritairement leurs enfants comme des nuisances. Du coup au moindre bruit, à la moindre agitation, ils leur mettent la tablette dans les mains, ils ne parlent jamais avec eux, ne s’intéressent pas à ce qu’ils font, ne jouent pas avec eux… Ils cherchent seulement à les figer (poussette, tétine, tablette, nourriture sucrée à volonté) ».

Mon lecteur poursuit :

« Dans sa classe de 4/5 ans, elle observe : les mains complètement molles (elle appelle ça les « mains tabléteuses ») : ils ne savent pas tenir un plateau droit, ont du mal à utiliser des crayons de couleur.

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Ils ne savent pas jouer avec des cubes. Quand on leur donne un bac de cubes, ils se contentent de brasser les cubes, il ne leur vient pas à l’esprit qu’on peut faire quelque chose avec.

Un élève fait son activité en étant debout sur sa chaise : « Aydan assieds-toi ». Le gamin va ranger son activité, il n’a pas compris.

A un autre élève : « Louan, va prendre une activité », l’élève va s’asseoir.

Les mômes connaissent tous leurs couleurs en anglais, mais aucun ne les connaît en français (parce que l’appli de jeu gratuite sur les tablettes est en anglais).

Premières tentatives de fellation dans les toilettes. Les garçons regardent du porno dans le bus qui les conduit aux matchs de foot/rugby avec papa. la plupart des élèves pourraient être diagnostiqués comme ayant des TED (troubles envahissants du développement, incluant l’autisme), pourtant c’est juste l’effet des tablettes et du comportement des parents qui se débarrassent de leurs enfants.

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Elle a dû abandonner la lecture de livres pour enfants de ce niveau, pour des livres habituellement réservés à un public d’enfants de 18 mois/2 ans parce que les élèves ne comprennent rien. Ils n’ont pas de vocabulaire, leurs phrases ne sont pas structurées. Les instits commencent traditionnellement l’apprentissage des gestes d’écritures dès la fin de la grande section. Il s’agit de travailler la motricité fine, de comprendre ce que c’est « en dessous », « sur », « entre » ou « au-dessus » par rapport à une ligne. Elle ne peut plus le faire, car les élèves de 4 ans ont la motricité d’un enfant de 12 mois. Ils vont devoir reculer l’âge d’apprentissage de l’écriture, et donc de la lecture ».

La démission des parents est bien entendu totale, pardon, globale :

Mon lecteur :

« Les parents ne sont donc plus violents avec leurs enfants (on a beau jeu de légiférer sur la fessée quand presque tout le monde assomme son môme à coups de tablettes, de tétines, de poussettes et de sucreries), mais le deviennent de plus en plus avec le personnel enseignant. Ils mentent aussi sans vergogne, pour des motifs futiles. Ils se plaignent qu’on mette leurs mômes à la sieste. “Vous comprenez, quand ils dorment l’après-midi, à la maison, ils sont pleins d’énergie”. Avoir autre chose que des zombies, quelle horreur en effet… »

Et de comparer la situation avec d’autres endroits :

« On parle ici d’école de campagne, entendez-moi bien. Tout cela est confirmé par une autre connaissance, instit en Lozère.

Une amie institutrice en Australie reconnaît parfaitement ces descriptions, et ajoute que le manque d’empathie, et le manque de patience, sont absolument effarants. Un gamin de 5 ans est maintenant incapable d’attendre quelques minutes, ou se mettra à hurler comme un autiste à la moindre frustration.

Moi je veux bien qu’on m’explique que la baisse du QI c’est le grand remplacement, et que le grand remplacement ça doit nous inquiéter. Mais c’est le grand remplacement de l’humain par le zombie, par le golem, par le robot qu’on observe. Car face à la destruction du monde par la tablette, toutes les races et toutes les classes semblent également atteintes dans les témoignages qui nous sont faits.

Vous imaginez ces mômes dans quarante ans ? »

Faut être honnête, on n’imagine plus rien dans quarante ans.

Non on ne les imagine pas surtout avec cet effondrement de la natalité qui frappe tout le monde ou presque (Chine, Russie, Japon, Corée, pays musulmans, Europe… Ceux qui parlent de l’an 2100 se foutent de nous comme ceux qui parlent de reprise, de victoire contre la Russie, de nouveau gouvernement…

Sources principales :

lemonde.fr/2021/06/28/les-confinements-ont-nettement-reduit-lescapacites-physiques-et-intellectuelles-des-enfants

https://www.amazon.fr/Panurge-Macron-histoire-stupidit%C3...

 

Le Petroyuan au lieu du pétrodollar: l'Arabie saoudite est prête

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Le Petroyuan au lieu du pétrodollar: l'Arabie saoudite est prête

Source: https://kitalararasi.org/dunya/petrodolar-yerine-petroyuan-suudi-arabistan-istekli/

Le ministre saoudien de l'industrie et des ressources minérales, Bandar El Khorayef, a déclaré que son pays était ouvert à l'utilisation du yuan pour le paiement du pétrole brut.

Selon un rapport du South China Morning Post, M. Khorayef a déclaré lors d'une interview à Hong Kong le 7 septembre: « Nous pensons que l'Arabie saoudite fera ce qui est dans son intérêt. Je pense que nous sommes ouverts aux nouvelles idées et nous essayons de ne pas mélanger la politique et le commerce ».

Le défi au dollar

L'article indique que l'utilisation du yuan dans le paiement du pétrole brut est un défi pour le dollar américain: « L'utilisation du dollar américain dans le commerce du pétrole, connu sous le nom de pétrodollars, est un pilier important du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar. Cela signifie que le « pétroyuan » a le potentiel de saper l'un des piliers du statut de monnaie de réserve du dollar.

Le yuan est de plus en plus utilisé dans le commerce international. L'opération militaire spéciale de la Russie contre l'Ukraine en février 2022 a poussé Moscou hors du système du dollar américain. L'utilisation du yuan entre la Chine et la Russie a donc augmenté.

L'Arabie saoudite est un autre exemple. L'article rappelle qu'en novembre 2023, la Chine a signé un accord d'échange de devises de trois ans avec l'Arabie saoudite, d'une valeur de 50 milliards de yuans (7,1 milliards d'US$).

Actuellement, l'Arabie saoudite est la deuxième source d'importation de pétrole brut de la Chine. La Chine a acheté 86 millions de tonnes en 2023. La Russie occupe la première place avec 107 millions de tonnes.

L'article mentionne également le rapport de Standard & Poor's (S&P) du mois d'août. « L'approfondissement des relations économiques entre la Chine et l'Arabie saoudite augmentera l'utilisation du yuan dans les achats de pétrole », écrit l'agence de notation internationale S&P dans son rapport. « Toutefois, il faudra du temps pour que ces transactions deviennent rentables », ajoute-t-elle.

Les désirs de Riyad et de la Chine se chevauchent

Les échanges croissants entre l'Arabie saoudite et la Chine ne concernent pas uniquement le pétrole. L'article décrit comme suit les aspirations communes de Riyad et de la Chine :

«Riyad souhaite diversifier son économie et devenir un centre industriel au Moyen-Orient dans le cadre de son initiative Vision 2030. Les entreprises chinoises sont désireuses d'explorer d'autres marchés à mesure que les initiatives d'endiguement menées par les États-Unis prennent de l'ampleur. Ces phénomènes complémentaires renforcent les liens entre les deux pays».

Outre le pétrole, le ministre saoudien a indiqué qu'il s'attendait à davantage d'investissements chinois dans les métaux, les produits pharmaceutiques, les villes intelligentes, la robotique et les énergies renouvelables.

L'Autorité générale de l'aviation civile d'Arabie saoudite a également signé un protocole d'accord avec China Commercial Aircraft Corporation en mai pour « localiser l'industrie aéronautique et développer la chaîne d'approvisionnement locale ».

mercredi, 11 septembre 2024

Adieu à l'hégémon américain !

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Adieu à l'hégémon américain!

par Franz Ferdinand

Source: https://unser-mitteleuropa.com/146410

Actuellement, l'économie des États-Unis est toujours considérée comme la plus grande du monde, du moins si l'on se fie aux estimations du FMI. L'économie américaine connaît également une croissance très rapide par rapport aux autres grandes nations industrialisées.

Par exemple, les États-Unis affichent une croissance économique moyenne de 5% sur le long terme. En revanche, l'économie allemande n'a connu qu'une croissance de 3% sur le long terme. L'une des principales raisons de cette situation est l'hégémonie du dollar, qui permet aux Etats-Unis de maintenir un déficit annuel du commerce extérieur de près de mille milliards de dollars. Ce déficit représente environ 4,6% du PIB américain. La raison pour laquelle cela fonctionne est simple : l'économie mondiale en croissance a besoin d'une quantité croissante de dollars tant que le commerce mondial se fait en dollars. Par le biais de son déficit commercial, les États-Unis fournissent au monde l'argent nécessaire. L'un des principaux objectifs des pays BRICS est donc d'éliminer l'hégémonie du dollar afin de mettre fin à cette subvention de l'hégémon. Ce déficit commercial américain est, soit dit en passant, du même ordre de grandeur que les « dépenses de défense » américaines. La communauté internationale finance donc les dépenses militaires américaines.

Une autre raison de la croissance vigoureuse de l'économie américaine est également à chercher dans la politique d'endettement des Etats-Unis (actuellement environ 122% du PIB, soit 34.000 milliards de dollars). Parmi les grandes nations industrialisées, les États-Unis ne sont devancés que par l'Italie (actuellement environ 137% du PIB). Sur ce point également, les États-Unis bénéficient de leur rôle d'hégémon. Malgré leur dette élevée, les États-Unis bénéficient toujours d'une excellente notation de crédit de AA+, contrairement à l'Italie qui est notée BBB ! Grâce à cette excellente notation, les États-Unis ont pu emprunter de l'argent à bas taux pendant des années (politique de taux zéro!). Toutefois, la situation s'est récemment inversée à cet égard. Actuellement, le taux directeur américain est d'environ 5,5%, ce qui reflète déjà une perte de confiance dans la solvabilité américaine. Ce taux directeur élevé est particulièrement douloureux parce que de nombreuses obligations à taux zéro, ou presque, arrivent bientôt à échéance et doivent désormais être refinancées à un taux d'intérêt beaucoup plus élevé (roll over). La politique monétaire laxiste de la FED au cours des dernières années, nécessaire pour surmonter la crise de 2008, retombe aujourd'hui sur le râble des Etats-Unis.

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Le graphique montre comment la charge d'intérêts pour le budget américain augmente de manière quasi explosive :

Debt Jumps Past $34 Trillions, $1 Trillion Interest, Another Budget Showdown Looms

En 2024, la charge d'intérêts atteindra environ 1000 milliards de dollars. À titre de comparaison, le gouvernement américain a généré près de 4,5 milliards de dollars de recettes et dépensé près de 6,2 milliards de dollars au cours de l'exercice budgétaire 2023, y compris les fonds versés aux États. Il est tout à fait clair que les États-Unis ne peuvent financer le service de la dette plus le nouvel endettement que par l'émission de nouvelles obligations d'État. L'ancienne dette plus le déficit sont financés par une nouvelle dette. Seuls les États-Unis peuvent actuellement se permettre de jouer à ce jeu. N'importe quel autre pays dans le monde ne pourrait financer une dette aussi démesurée que directement par la planche à billets, ce qui mène tout droit à l'hyperinflation, comme le montrent de nombreux autres exemples. Tout dépend désormais de la durée pendant laquelle les investisseurs du monde entier continueront à faire confiance au dollar américain et à la prospérité factice de l'économie américaine en achetant des « treasuries » américaines. La Chine, qui était jusqu'à présent le deuxième plus grand détenteur d'obligations d'État américaines, est en train de les vendre toutes. Il sera intéressant de voir qui suivra cet exemple.

Comme nous l'avons déjà mentionné, les pays BRICS veulent remplacer le dollar américain comme monnaie d'échange. Une première étape dans ce sens consiste à mettre en œuvre un remplacement du système SWIFT (par mbridge) afin de réorganiser les paiements entre les pays BRICS. Cette étape est également encouragée involontairement par l'Occident des valeurs à travers les incroyables sanctions qui affectent de nombreux pays dans le monde! Quiconque souhaite se protéger des sanctions occidentales à l'avenir doit éviter le dollar et le système SWIFT!

Dans un second temps, il est régulièrement question d'une monnaie des BRICS basée sur l'or, qui ne peut être qu'une monnaie purement commerciale. Pour l'instant, un tel projet est encore de la musique d'avenir. Toutefois, comme le montre l'évolution du cours de l'or, des travaux sont en cours en coulisses pour réaliser un tel projet. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que le groupe BRICS comprend déjà de grands producteurs de matières premières et d'énergie. Si une telle monnaie des BRICS basée sur l'or et d'autres matières premières devait un jour être mise en œuvre, le dollar américain serait de l'histoire ancienne. L'investisseur renommé Robert Kiyosaki met donc en garde contre une hyperinflation imminente aux États-Unis et recommande d'investir dans des actifs durs tels que l'or et le bitcoin pour survivre à la chute imminente de la valeur du dollar américain.

La guerre d'Ukraine est un autre clou de cercueil pour le dollar américain. Une fois que la Russie aura gagné cette guerre (l'issue ne fait plus de doute), le statut d'hégémon des États-Unis sera de l'histoire ancienne. Cela conduira inévitablement à une perte de confiance dans le dollar et à la faillite des États-Unis. On comprend alors pourquoi l'Occident des valeurs veut absolument vaincre la Russie dans cette guerre.

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France et Allemagne: curieuses idées sur la démocratie

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France et Allemagne: curieuses idées sur la démocratie

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/francia-e-germania-alle-prese-con-curiose-idee-sulla-democrazia/

"L'élection a été volée". Jean Luc Mélenchon, chef de file de la gauche française, s'indigne que le président Macron ait choisi Michel Barnier comme premier ministre. Un gaulliste, au lieu d'un représentant de la gauche immigrationniste. Et il parle d'un outrage à la démocratie parce que lui, Mélenchon, a gagné les élections. Et là s'ouvre une discussion sur ce qu'est la démocratie.

Car, en termes de votes populaires, de consensus au sein de la population, ce n'est pas la gauche qui a gagné, mais le Rassemblement national de Le Pen et Bardella. Ensuite, par des mécanismes électoraux transalpins, l'alliance de la gauche a obtenu plus de sièges. Parce que 10 millions de Français ont voté pour le Rassemblement et seulement 7 millions pour le Front populaire, mais pour Mélenchon les 3 millions de voix en moins ne comptent pas, il a gagné malgré tout et il est antidémocratique de ne pas le remarquer.

En Thuringe et en Saxe, en revanche, le succès de l'AfD dans les urnes a également été récompensé en termes de sièges. Mais la démocratie à la carte veut qu'un tiers des électeurs allemands ne comptent pour rien, ont le droit de voter mais pas de gouverner. Bref, le vote n'est bon que s'il respecte les paramètres fixés par le politiquement correct.

Ce n'est pas un hasard si l'abstentionnisme progresse en Italie. Car le concept de démocratie était lié à l'existence des partis, sorte de courroie de transmission entre l'électeur et l'élu. Et les partis étaient le lieu d'élaboration de la pensée politique et idéologique. Aujourd'hui, la pensée a été abolie et les partis ne sont plus que des comités d'entreprise. Souvent de malversations, toujours d'affaires qui ne tiennent pas compte de l'électeur.

Le niveau bas de ces dernières années s'est encore abaissé. Les partis ne sont même pas capables de traiter des questions triviales parce que leur personnel est du niveau le plus bas. La compétence a été remplacée par l'arrogance. Aujourd'hui, ceux qui vont voter le font pour Meloni, Schlein, voire Calenda et Renzi. Ou même pour Salis et Soumahoro. Mais pas pour leurs partis respectifs remplis d'incapables, d'infâmes, de traîtres prêts à toutes les bassesses pour tromper leur collègue.

Pour trouver une once de pensée politique, il faut quitter les partis et suivre les activités de certaines associations, fondations, centres d'études. Mais qui, contrairement à ce qui se passe à l'étranger, ne peuvent avoir que peu d'effet sur des partis dont les responsables et les dirigeants sont terrifiés à l'idée que la pensée puisse encore survivre.

Le monde bouge et l'Europe ne s'en aperçoit pas...

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Le monde bouge et l'Europe ne s'en aperçoit pas...

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-mondo-si-muove/

L'Occident, ou plutôt ce que nous avons l'habitude d'appeler la vieille Europe, semble être en proie à une forme très grave de cécité, une cécité presque totale. Il ne voit que lui-même... ou plutôt, les élites (ou supposées telles) qui prétendent le gouverner - car le gouverner réellement serait tout autre chose - semblent atteintes d'un syndrome très étrange. Convaincues qu'elles sont destinées à gouverner le monde entier et à vivre à ses dépens, elles semblent n'être en proie qu'à de très graves problèmes...

Comme les droits des minorités, en particulier les LGBT et autres, la soi-disant culture « woke », c'est-à-dire la primauté du petit nombre sur le grand nombre....

Une majorité rendue de plus en plus anonyme, contrainte au silence, privée de droits et de parole. Au nom, bien sûr, de la « démocratie ». Qui n'a de fondement que dans notre Occident, phare et modèle pour le reste du monde.

C'est du moins ce que semble penser cette élite occidentale, très contestable, ou supposée telle.

Mais les choses sont bien différentes. Et le Monde, dans son immensité et sa complexité, n'est certainement pas réductible aux schémas mentaux étroits de ces... conventicules. Dont le pouvoir, encore incontestable dans une grande partie de l'Europe occidentale, notamment en France où il apparaît dominant, est beaucoup moins certain ailleurs. Au contraire, dans le reste du monde, c'est-à-dire environ les quatre cinquièmes de la planète, il est perçu au moins avec perplexité, parfois avec une méfiance croissante... et, de plus en plus, comme une forme de folie suicidaire. Elle n'inspire plus l'admiration... pas autant qu'avant, en tout cas. Et, en effet, cette admiration se transforme en rire moqueur.

Nous en avons la preuve en de nombreux théâtres. À commencer, bien sûr, par celui de l'Ukraine. Où l'Occident s'obstine, absurdement, à armer une dictature fantoche, dépourvue de toute audience réelle, sauf dans des cercles, de plus en plus étroits, de fanatiques nationalistes créés par la propagande extérieure. Dépourvue de racines historiques et, surtout, de tout lien avec la réalité.

Car il est clair que l'Ukraine, réalité indépendante de l'immensité qu'est l'Empire russe, n'existe tout simplement pas. C'est une création artificielle d'un nationalisme dépourvu de substance réelle, et artificiellement induit au cours des trente dernières années. Lisez Soljénitsyne qui, soit dit en passant, était ukrainien et cosaque de naissance. Ou lisez Boulgakov, également ukrainien. De grands écrivains tous les deux... mais ils écrivaient en russe, la langue commune de l'empire. Vous comprendrez alors l'absurdité, abstraite et intentionnelle, de ce qui se passe à Kiev. Et puis, regardez qui gouverne l'Ukraine. Et vous n'aurez plus besoin d'explications.

Et puis, tournez votre regard vers ce que nous avons l'habitude d'appeler le Moyen-Orient. Et regardez, sans œillères, comment l'empire américain tente, avec une extrême difficulté, de maintenir le monde arabe divisé. Et surtout d'isoler Téhéran, qui joue un rôle d'agrégateur de plus en plus important.

Et plus à l'Est encore. Le géant chinois, qui s'étend sur les mers après des siècles, voire des millénaires, de puissance terrestre enfermée dans ses propres frontières, pourtant immenses.

Une extension pour l'instant apparemment pacifique. Commerce, échanges, présence d'entreprises chinoises dans toute la région asiatique et au-delà.

Mais une paix, une tranquillité qui n'est qu'apparente. La stratégie de Pékin, c'est justement la pénétration sans conflit. Autant que faire se peut, cependant...

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L'Afrique, ensuite, qui sort d'un sommeil séculaire. Et où de vastes régions brisent déjà les chaînes du néocolonialisme. Et qui tendent à se réorganiser en de nouveaux ensembles, à peser différemment sur l'échiquier mondial.

Et, encore, l'Amérique latine. Où les secousses bolivaristes, les sentiments contre le pouvoir excessif des « gringos » du Nord, commencent à devenir bien plus qu'un malaise. Et à impliquer des réalités beaucoup plus vastes et complexes que la région limitée des Andes. Ils touchent de plus en plus profondément le colosse brésilien.

Mais de tout cela, « notre » Europe ne se rend pas compte.

Trop prise dans les fantasmes délétères de minorités puissantes. Mais incapable de regarder au-delà de son propre nombril.

Un mauvais sentiment, malheureusement...

Et le réveil sera, je le crains, encore plus brutal.

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Les organisations internationales? Totalement inutiles...

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Les organisations internationales? Totalement inutiles...

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/le-organizzazioni-internazionali-totalmente-inutili/

Ça s'est mal passé pour les fans de Zelensky. Les méchants Mongols n'ont pas arrêté le méchant Poutine malgré les demandes du tribunal de La Haye, les jérémiades des pro-ukrainiens, le désespoir des journalistes italiens. Et l'indignation des hypocrites de toutes sortes et de toutes latitudes. Parce que la Mongolie a ignoré un mandat d'arrêt émis par une instance internationale reconnue par la Mongolie elle-même.

La question est donc inévitable : à quoi servent les institutions internationales, à commencer par l'ONU ? Le problème est qu'il s'agit d'une question rhétorique, essentiellement inutile. Car la réponse est évidente : elles ne servent plus à rien.

D'un autre côté, les hypocrites font semblant d'oublier que depuis des décennies, l'ONU ordonne à Israël de réintégrer les frontières de 1967. Cet ordre a été totalement ignoré et aucun des pays bons et démocratiques n'a imposé de sanctions à Tel Aviv pour l'obliger à respecter les décisions des institutions internationales. Sans parler des massacres actuels à Gaza.

Mais l'hypocrisie n'a pas davantage manqué dans la guerre des Balkans. Avec des jugements unilatéraux contre les Serbes, avec des obus à l'uranium appauvri utilisées par les gentils, avec des bombardements sur Belgrade sans autorisation. Et la guerre en Irak ? Justifiée par les fausses preuves d'armes chimiques inexistantes ? Où étaient les organisations internationales ? La pendaison sans procès de Saddam, le lynchage de Kadhafi, les coups d'État déguisés en soulèvements populaires payés par les gentils.

Les journalistes politiquement corrects, eux, ne s'indignent que face à l'attitude sobre de la Mongolie. Celle-ci non seulement n'a pas arrêté Poutine, mais l'a accueilli avec tous les honneurs officiels. Un camouflet non négligeable pour l'Occident collectif et son double langage, son hypocrisie. Pourtant, nous persistons à ne pas voir. À ne pas comprendre. Il serait dommage de se réveiller et de découvrir que le reste du monde ne reconnaît plus l'Occident comme maître de droit divin.

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lundi, 09 septembre 2024

Juin 1944, les Marocchinate sur l'île d'Elbe. Le drame d'Olimpia Mibelli Ferrini

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Crimes de guerre

Juin 1944, les Marocchinate sur l'île d'Elbe. Le drame d'Olimpia Mibelli Ferrini

par Eugenio Pasquinucci

Source: https://www.destra.it/home/storie-italiane-giugno-1944-le-marocchinate-dellisola-delba/

Je suis en vacances sur l'île d'Elbe et un jour je demande à une connaissance locale si je pourrais avoir des nouvelles de la vie d'Olimpia Mibelli Ferrini, dont on a décidé de donner le nom à une rue de Portoferraio.

« Nous savons tous qui était Olimpia et quelle était son histoire. Je connais l'un de ses fils, mais il n'est pas là ».

Olimpia était la figure féminine emblématique des tragiques journées de l'île d'Elbe en juin 1944, au cours desquelles s'est déroulée l'opération Brassard. À l'époque, plusieurs milliers de soldats des troupes coloniales françaises, sénégalais et nord-africains, marocains, tunisiens et algériens, débarquent le 17 juin 1944 sur les plages minées de Marina di Campo, sur l'île d'Elbe. Les 500 premiers sautent sur les mines, car ils sont considérés par les Alliés comme de la simple chair à canon, mais les autres se jettent sur les lieux de l'île en faisant usage du permis de viol et de pillage délivré aux troupes par le commandement français. Après avoir vaincu la résistance des quelques défenseurs italiens et allemands, les assaillants n'hésitent pas à s'emparer de tout ce qui leur tombe sous la main.

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Les maisons des insulaires furent dévalisées, les femmes presque toutes violées. De nombreuses femmes furent tuées suite aux violences subies par plusieurs soldats, certains hommes tentèrent de les défendre et furent tués à leur tour, dans certains cas également violés. Certaines femmes ont été sauvées parce qu'elles se sont échappées vers l'arrière-pays où elles ont été emmurées vivantes à l'intérieur de certaines maisons, avec une fissure dans le plafond qui leur permettait de respirer et d'obtenir de la nourriture.

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Olimpia était une blanchisseuse de Portoferraio, mariée à un soldat de la République Sociale Italienne, qui, face à la convoitise débridée de certains soldats nord-africains, leur a offert son corps à condition qu'ils laissent tranquilles des jeunes filles qui avaient été prises pour cible.

Son sacrifice a permis de préserver certaines de ces jeunes filles, dont certaines étaient encore des enfants, et cela est devenu un acte symbolique digne d'être rappelé jusqu'à aujourd'hui, alors que la tradition orale n'a jamais manqué de faire connaître cette tragédie.

Ainsi, au milieu des rues de Portoferraio, lieu consacré à la mémoire de Cosimo de' Medici et de Napoléon Bonaparte, il y aura un espace dédié à Olimpia Mibelli Ferrini.

L'opération Brassard fut un débarquement inutile dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, voulu par les Français dans l'espoir d'annexer plus tard l'île d'Elbe en même temps que la Corse. Les habitants de l'île d'Elbe, qui auraient dû accueillir les troupes alliées en libérateurs, étaient impatients de s'en débarrasser, au prix de plus de 200 viols, auxquels s'ajoutent les morts et les suicides, les avortements et les infections vénériennes qui s'ensuivirent.

Dans les mois qui suivirent, plusieurs enfants naquirent, dont les traits somatiques rappelaient indubitablement les viols de l'époque, mais que les habitants de l'île d'Elbe accueillirent dans leur communauté avec le même amour que celui qu'ils réservaient aux autres.

La consécration du sacrifice d'Olimpia se veut non seulement le souvenir d'une femme courageuse, mais aussi une sorte de réparation pour la mémoire qui a trop souvent été refusée à ces événements, auxquels il semble que les présidents de la République aient été particulièrement insensibles au cours des 80 dernières années.

La promotion de la protection des droits de l'homme par l'Union européenne: une vue d'ensemble

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La promotion de la protection des droits de l'homme par l'Union européenne: une vue d'ensemble

Aurelia Puliafito

Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/09/la-promozione-della-tutela-dei-diritti-umani-da-parte-dellunione-europea-una-panoramica/

Créée en 1957 comme une communauté visant à renforcer la coopération économique entre la France, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, l'Union européenne, telle qu'elle a été rebaptisée en 1992, a pris des caractéristiques sui generis, la coopération entre les États s'étendant à des domaines tels que l'asile, la gestion de l'immigration, la justice, la sécurité, l'énergie, l'environnement et la politique étrangère.

Selon le premier président de la Commission européenne, Walter Hallstein, « l'une des raisons de la création de la Communauté européenne était de permettre à l'Europe de jouer un rôle de premier plan dans les affaires internationales mondiales. Il est vital pour la Communauté de pouvoir parler d'une seule voix et d'agir de manière unie dans les relations économiques avec le reste du monde ». En fait, bien que la première communauté européenne ait aspiré à l'intégration économique, les éléments essentiels pour planifier une action commune dans les relations internationales existaient dans l'ombre.

Les droits de l'homme dans la politique étrangère de l'UE

Le renforcement de la politique étrangère de l'Union européenne et de ses États membres peut être attribué à un certain nombre de facteurs exogènes et endogènes et le début de ce processus peut être situé dans le temps et dans l'espace. La chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de la guerre froide, coïncidant symboliquement avec la chute du régime soviétique en Russie en décembre 1991, ont provoqué un changement des valeurs prévalant dans les relations internationales et entraîné de nouveaux rapports de force. L'Union européenne, nouvellement créée, a ainsi pu occuper une position plus autonome par rapport à son encombrant allié américain et a joué un rôle central dans l'orientation des pays d'Europe centrale et orientale, orphelins de l'Union soviétique, vers le libéralisme occidental, tout en limitant les flux migratoires en provenance de cette région grâce au renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne.

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Outre les migrations en provenance de l'Est, cette même période a été marquée par une augmentation des demandes d'asile de dizaines de milliers de migrants en provenance du continent africain, où la montée de l'islam politique extrémiste et radical a conduit au déclenchement d'une guerre civile de dix ans en Algérie en 1992. En conséquence, l'Europe a commencé à s'intéresser au respect des droits de l'homme « non seulement d'un pays voisin, mais aussi d'un État situé à l'autre bout du monde, afin de ne pas devenir soudainement une destination pour un nombre ingérable de réfugiés ».

L'utilisation de la clause de conditionnalité a donc été mise en œuvre : comme l'indique le site web du Parlement européen, depuis 1989, les accords commerciaux bilatéraux et les divers accords d'association et de coopération entre l'UE et des pays tiers ou des organisations régionales ont inclus une clause relative aux droits de l'homme stipulant que le respect de ces droits est une condition sine qua non.

La première clause de ce type a été insérée dans l'accord établissant le partenariat entre la Communauté européenne et l'organisation internationale ACP (Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique), la Convention de Lomé IV, dans laquelle les parties ont déclaré « leur profond souci de la dignité humaine et des droits de l'homme ». Cependant, il n'y avait aucune référence à des mesures spécifiques pour garantir ces droits et aucune disposition ne prévoyait la suspension de l'accord en cas de non-respect de ces droits.

Progressivement, une approche plus systématique a été introduite avec, d'une part, une « clause d'élément essentiel » impliquant l'engagement des parties en faveur des droits de l'homme et, d'autre part, une « clause de non-exécution » permettant de prendre des mesures appropriées en cas de violation des droits de l'homme.

Une première version de la clause de non-exécution - également connue sous le nom de « clause balte » parce qu'elle a été incluse pour la première fois dans les accords bilatéraux de commerce et de coopération avec les États baltes - ne permettait de prendre des mesures appropriées qu'en cas de violations graves des droits de l'homme. Cette disposition a rapidement été remplacée par une clause de non-application plus sophistiquée, connue sous le nom de « clause bulgare », en raison de son inclusion initiale dans l'accord européen avec la Bulgarie. Cette clause prévoit un processus de consultation préalable avant que des mesures appropriées ne soient prises. Une action directe n'est possible que dans les « cas d'urgence particulière » et en réponse à des violations graves des droits de l'homme. Lors de la sélection des mesures d'intervention, la priorité doit être donnée à celles qui perturbent le moins le fonctionnement normal de l'accord. Cela implique que les mesures doivent être proportionnelles aux violations et que la suspension de l'ensemble de l'accord doit être le dernier recours.

Dans les accords plus récents, la clause de non-exécution fait partie d'un article plus large sur « l'exécution des obligations », qui commence par une clause générale sur l'engagement des parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour exécuter leurs obligations.

De telles clauses créent cependant, selon une certaine rhétorique soutenue principalement par la Chine, par un double standard hypocrite, une atteinte aux principes fondamentaux qui régissent la société internationale depuis des siècles - la souveraineté des États, leur égalité juridique, la non-ingérence dans les juridictions nationales - au détriment des pays faibles dans le contexte de la communauté internationale.

Anthony Burgess: les prophéties de 1985

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Anthony Burgess: les prophéties de 1985

par Michele Fabbri

Source: https://www.centrostudilaruna.it/le-profezie-di-1985.html

Bev Jones, professeur d'histoire, vit dans le Londres de 1985, une ville largement islamisée: Elizabeth II a abdiqué et Charles III règne, mais les pays arabes font chanter l'Angleterre en lui fournissant du pétrole et prennent le contrôle du pays. Des troupes algériennes francophones occupent les îles britanniques de la Manche où elles instaurent une théocratie musulmane, tandis que les cheikhs prennent des mineures anglaises comme concubines.

Les syndicats sont tout-puissants et, par leurs grèves tous azimuts, paralysent la vie sociale et économique anglaise au point que les patients d'un hôpital meurent dans un incendie à cause d'une grève des pompiers. Tous les travailleurs sont encadrés par des syndicats au pouvoir immense, les patrons privés disparaissent et la quasi-totalité des entreprises sont publiques.

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Le gouvernement élabore une « néo-langue » appelée « anglais des travailleurs » (Workers' English), une langue extrêmement simplifiée qui reflète l'aplatissement de la pensée, et les villes sont couvertes d'affiches représentant « Bill le travailleur » (une figure qui rappelle Stakhanov).

Bev a une fille de 13 ans souffrant d'un certain retard mental, qui passe son temps à regarder la télévision et à se masturber : la jeune fille se faufile nue dans le lit de son père, qui lui explique que les relations sexuelles incestueuses sont malsaines ! Bev décide de changer de métier et de travailler comme ouvrière dans une chocolaterie car elle ne veut pas enseigner dans l'école idéologisée du régime.

Les villes sont infestées de gangs de voyous mineurs et les violences sexuelles pédérastiques sont monnaie courante. Certains opposants au régime se réunissent en secret et tentent de diffuser des informations alternatives, mais les dissidents sont enfermés dans des asiles. La population anglaise, plus réceptive, est divisée entre ceux qui tentent des initiatives pour s'opposer au système et ceux qui sont fascinés par la force morale de l'Islam face à un Occident plongé dans un état de dégénérescence irrémédiable.

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Une grande mosquée est construite à Londres, qui est également présentée comme un temple œcuménique. Les ouvriers se mettent en grève et la police les disperse, tandis que des briseurs de grève arabes sont utilisés pour poursuivre les travaux. Certains grévistes prennent d'assaut les quartiers islamiques et sont accusés de racisme...

Quel sera l'avenir de l'Angleterre ?

Tels sont, en résumé, les ingrédients de 1985, un récit dystopique d'Anthony Burgess, le brillant auteur d'Orange mécanique. Le livre 1985 a été publié en 1978 et son titre rappelle évidemment le 1984 d'Orwell (le livre a été traduit en italien sous le titre de 1984 - 1985 en 1979 et sous le titre de 1984-85 en français, chez Robert Laffont).

Dans 1985, Burgess entendait se confronter idéalement au maître de la dystopie. 1985 est divisé en deux parties: l'une contient le récit politique fictif de l'Angleterre du futur et l'autre contient de courts essais et des réflexions sur l'œuvre d'Orwell et des hypothèses sur les changements sociaux et politiques à venir.

Burgess imagine un contrôle de plus en plus capillaire de la vie des citoyens (il raconte lui-même que la CIA a mis son téléphone sur écoute pendant son séjour à Rome) et note également que l'Utopie de Thomas More contenait déjà les germes d'un contrôle social.

Un chapitre de 1985 est consacré au recensement britannique de 1971: un moment important dans l'histoire du Royaume-Uni parce qu'il représentait la première intrusion de l'État dans la vie privée de tous les citoyens, avec des amendes pour ceux qui ne répondaient pas aux questions.

Burgess a également prédit que les termes considérés comme racistes ou homophobes seraient interdits par la loi à l'avenir. Ces termes étaient déjà considérés comme tabous à l'époque où notre auteur écrivait, et il convient de noter que le terme « homophobie », chef-d'œuvre du néo-langage politiquement correct entré dans les mœurs au début du 21ème siècle, n'était pas encore utilisé à l'époque.

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D'ailleurs, dès 1962, dans son roman The Wanting Seed (en français: La folle semence), Burgess préfigurait une société gouvernée par les homosexuels dans laquelle les hétérosexuels étaient soumis à des contrôles et des limitations stricts... Le thème de l'homosexualité commençait à émerger dans les années 1960 et Burgess a eu l'occasion d'observer les premiers signes de ce nouveau phénomène social qui prend aujourd'hui l'ampleur d'un événement messianique ! Par ailleurs, les pages sarcastiques consacrées aux tentatives grotesques de féminisation du langage ne manquent pas: des exemples que l'auteur anglais prévoyait dans les années 70 et qui trouvent aujourd'hui leur place même au niveau institutionnel...

Selon Burgess, l'avenir verra l'élimination des liens sentimentaux et familiaux, la perte du droit au choix moral et le triomphe de la « logocratie », c'est-à-dire la capacité d'exprimer des concepts contradictoires en les acceptant tous les deux (le biplanning d'Orwell). On trouve ensuite des observations sur le roman Nous de Zamjatin, considéré comme l'antécédent le plus direct de 1984, ainsi que des réflexions sur l'influence de la pensée anarchiste et des théories de Pavlov et Skinner en ce qui concerne l'application sociale des réflexes conditionnés.

On peut se demander dans quelle mesure les prophéties de 1985 étaient justes. Les événements se déroulent dans un cadre temporel très étroit: le livre est publié en 1978 et imagine des événements qui se déroulent quelque sept ans plus tard, mais il faut considérer que l'année choisie comme titre du livre était une référence intentionnelle au roman d'Orwell. Burgess était un conservateur anglais et à l'époque où il écrivait, il était frappé par le pouvoir des syndicats qui, dans les années 1970, avaient une capacité remarquable à mobiliser les travailleurs.

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En réalité, les syndicats allaient bientôt s'engager dans une épreuve de force contre Margaret Thatcher dont ils sortiraient désespérément vaincus. De plus, nous sommes encore en pleine guerre froide et la crainte de la diffusion des idées collectivistes est persistante à l'Ouest. Burgess a néanmoins réussi à identifier la question de l'immigration comme le pilier du débat politique des temps à venir.

Comme nous l'avons dit, notre auteur imagine même des affrontements entre les grévistes britanniques et les magnats musulmans qui ont commandé les travaux de la mosquée. En réalité, les choses ne se sont pas déroulées exactement de cette manière.

L'opinion publique s'est laissée hypnotiser par la propagande antiraciste, qui s'est révélée être un excellent anesthésiant pour faire oublier les droits sociaux. Le néolibéralisme s'est servi précisément de l'antiracisme pour attaquer les droits des travailleurs, souvent avec leur consentement enthousiaste. Comme toujours, la littérature dystopique alterne les anticipations surprenantes de l'avenir et les bévues retentissantes... Après tout, les événements des dernières décennies ont été si absurdes qu'ils dépassent les efforts d'imagination les plus vifs !

Le titre qui conclut l'essai de 1985 est révélateur : « La mort de l'amour ». Et, pourrait-on ajouter aujourd'hui, « Le triomphe de la haine », puisque la morale de la rancœur et de la vengeance qui anime les idéologies progressistes est désormais devenue normative.

Anthony Burgess, 1985, Serpent's Tail, p.219 1985 - Serpent's Tail (serpentstail.com)

Anthony Burgess, 1984 & 1985, Editoriale nuova, 1979, p.355

La dédollarisation, voie vers la liberté financière mondiale

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La dédollarisation, voie vers la liberté financière mondiale

Par Thomas Röper

Source: https://apolut.net/die-entdollarisierung-als-weg-zur-globalen-finanziellen-freiheit-von-thomas-roeper/

Le dollar et la suprématie américaine

La dédollarisation qui s'opère sur le marché financier mondial n'est guère évoquée dans les médias occidentaux. En dehors de l'Occident, en revanche, on l'espère, car un monde sans le dollar comme monnaie de référence, est considéré comme la voie vers la liberté financière et la fin réelle du colonialisme.

Un point de vue de Thomas Röper

Le journal chinois Asia-Times m'interpelle toujours par ses articles très intéressants sur la politique et l'économie internationales. Le journal vient de publier un article qui soutient la thèse selon laquelle la tentative des Etats-Unis de faire chanter et de sanctionner le monde avec le dollar a échoué parce que les sanctions contre la Russie n'ont pas eu d'effet et que, par conséquent, de nombreux pays du Sud de la planète se sont détournés du dollar comme monnaie de commerce et de réserve.

Ce problème, dont les médias occidentaux ne parlent pas, est bien perçu aux États-Unis. Une loi vient d'être introduite au Congrès américain pour sanctionner toutes les institutions financières du monde qui utilisent des systèmes de règlement autres que SWIFT, dominé par le dollar. A Washington, on comprend que la puissance des Etats-Unis repose sur la puissance du dollar.

Depuis près de 200 ans, les États-Unis ont l'habitude d'imposer leur volonté aux autres pays par la force. En raison de la quasi-absence d'une véritable économie réelle aux États-Unis, la Chine a depuis longtemps supplanté les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de la plupart des pays. Si Washington oblige ces pays à choisir entre la Chine et les États-Unis, il est probable que beaucoup d'entre eux choisiront leur principal partenaire commercial, la Chine, ce que Washington ne comprendrait pas.

Comme je trouve l'article d'Asia-Times si intéressant avec ses détails et ses preuves, je l'ai traduit.

Début de la traduction :

La dédollarisation comme voie vers la liberté financière mondiale

L'utilisation du dollar comme arme par les États-Unis se retourne contre eux, car les pays BRICS et d'autres pays en développement abandonnent de plus en plus rapidement le commerce et les avoirs en dollars basés sur le dollar.

Les sanctions économiques et financières se retournent souvent contre eux. L'exemple le plus remarquable est l'utilisation du dollar comme arme contre la Russie. Cette mesure a déclenché un mouvement mondial de dédollarisation qui est à l'opposé de l'intention stratégique qui avait entraîné cette mesure punitive.

Cette erreur de jugement historique n'a pas empêché le sénateur américain Marco Rubio, de Floride, de présenter au Congrès un projet de loi visant à punir les pays qui se désolidarisent du dollar. Le projet de loi vise à exclure du système mondial du dollar les institutions financières qui encouragent la dédollarisation.

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Le projet de loi de Rubio, au nom évocateur de « Sanctions Evasion Prevention and Mitigation Act » (loi sur la prévention et l'atténuation des sanctions), obligerait le président américain à sanctionner les institutions financières qui utilisent le système de paiement chinois CIPS, le service de renseignement financier russe SPFS et d'autres alternatives au système SWIFT centré sur le dollar.

Rubio n'est pas le seul à cibler les pays qui misent sur la dédollarisation. Les conseillers économiques du candidat à la présidence Donald Trump discutent des moyens de punir les pays qui se détournent activement du dollar.

L'équipe Trump a proposé « de sanctionner à la fois les alliés et les adversaires qui tentent activement de faire du commerce bilatéral dans des monnaies autres que le dollar ».

Les contrevenants seraient soumis à des restrictions d'exportation, des droits de douane et des « frais de manipulation de devises ».

Le réveil des BRICS

Les politiciens américains et les experts des médias financiers étaient initialement sceptiques vis-à-vis de la dédollarisation. Ils ont fait valoir que le dollar était utilisé dans environ 80% des transactions financières mondiales. Aucune autre devise ne peut s'en approcher.

Mais les sanctions financières contre la Russie, imposées après l'intervention militaire russe dans la région ukrainienne du Donbass en 2022, ont marqué un tournant. La tendance à la dédollarisation s'est rapidement propagée et est probablement devenue irréversible.

En mai dernier, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) a annoncé son intention de dédollariser son commerce transfrontalier et d'utiliser des devises locales à la place. Cette annonce n'a fait que peu de titres dans le monde, mais l'ASEAN est un énorme bloc commercial composé de dix pays avec une population totale de 600 millions de personnes.

D'autres accords visant à contourner le système du dollar comprennent le troc. L'Iran et la Thaïlande échangent de la nourriture contre du pétrole, tandis que le Pakistan a autorisé le troc avec l'Iran, l'Afghanistan et la Russie. La Chine construit un aéroport ultramoderne en Iran, qui sera payé avec du pétrole.

Les crypto-monnaies sont également utilisées pour contourner le système du dollar et échapper au contrôle du bras long de la loi américaine. Les crypto-monnaies comme le bitcoin permettent aux individus d'envoyer et de recevoir des fonds de n'importe où dans le monde, de manière anonyme et en dehors du système bancaire traditionnel.

La dédollarisation est en tête du programme des BRICS, qui deviennent rapidement le plus grand bloc économique du monde.

Jusqu'en 2022, les BRICS n'avaient que peu d'objectifs clairement définis, hormis le désir commun de faire contrepoids au G7. Mais l'utilisation du système dollar comme arme et le gel de 300 milliards de dollars de réserves russes dans les banques occidentales ont donné au groupe une nouvelle orientation et un nouvel objectif.

Les BRICS ont commencé leur existence comme une coalition à l'avenir improbable. Les cinq membres fondateurs sont situés sur trois continents différents et ont des cultures, des structures politiques et des systèmes économiques différents. Mais ils partagent le désir de créer un monde multipolaire.

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Les BRICS sont orientés vers l'économie et n'ont pas de programme idéologique. Ils se concentrent avant tout sur le développement économique et la coopération. Leur éthique est basée sur le consensus et la réciprocité.

La Chine est le premier partenaire commercial de la plupart des pays et constitue donc le pivot économique des BRICS. Comme la Chine se dédollarise progressivement, ses partenaires commerciaux suivront probablement à des degrés divers.

Le pétrodollar

Le contrôle des États-Unis sur le système financier mondial peut être retracé jusqu'en 1974, lorsque le gouvernement américain a convaincu l'Arabie saoudite de ne vendre son pétrole qu'en dollars. Cet accord faisait suite à la décision des États-Unis d'abandonner l'étalon-or en 1971. Le président Richard Nixon a fermé la « fenêtre d'or », qui permettait d'échanger des dollars contre de l'or physique.

Les États-Unis menaient deux guerres en même temps - la guerre au Vietnam et la guerre contre la pauvreté - et le gouvernement dépensait plus de dollars et accumulait plus de dettes que l'or ne pouvait en couvrir. Le pétrodollar assurait la demande mondiale continue de dollars.

L'accord a obligé tous les pays importateurs de pétrole à détenir des réserves de dollars. Les pays exportateurs de pétrole ont investi leurs excédents de dollars dans des obligations et des bons du Trésor américains, finançant ainsi continuellement la dette publique américaine.

Inquiétudes concernant la dette américaine

Le contrôle de la monnaie de réserve mondiale confère aux États-Unis un pouvoir considérable sur les autres pays. Ils contrôlent les rampes d'accès et de sortie du système financier mondial et peuvent sanctionner tout pays qu'ils considèrent comme un adversaire économique ou politique.

Ils peuvent également accorder des prêts à d'autres pays dans leur propre monnaie. Le Fonds monétaire international accorde des prêts aux pays qui ont besoin d'importer des biens vitaux tels que du pétrole, de la nourriture et des médicaments, mais qui ne disposent pas des dollars nécessaires.

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L'octroi de prêts aux pays est généralement soumis à des conditions néolibérales strictes, à savoir l'ouverture de l'économie, la privatisation des entreprises publiques et la libéralisation des marchés financiers. Les résultats sont loin d'être optimaux.

Le Pakistan, l'Argentine et l'Égypte sont des clients du FMI depuis plusieurs années, ce qui montre que les pays ne deviennent que rarement prospères en s'endettant. En avril de cette année, le Pakistan a reçu son dernier plan d'aide de trois milliards de dollars, son 23ème prêt du FMI depuis 1958.

Le pétrodollar a permis aux États-Unis de financer plus facilement leur dette et a entraîné des dépenses somptuaires de la part du gouvernement américain. En 1985, dix ans seulement après l'accord sur le pétrodollar, les États-Unis étaient le plus grand débiteur du monde.

En 1974, la dette publique des États-Unis s'élevait à 485 milliards de dollars, soit 31% du PIB. Cette année, la dette publique a franchi la barre des 35.000 milliards de dollars, soit 120% du PIB.

Les paiements d'intérêts sur la dette publique dépasseront 850 milliards de dollars cette année, ce qui en fait le poste le plus important du budget national, devant les dépenses de défense et la sécurité sociale. Sans un changement de cap radical, le service de la dette publique supplantera toutes les dépenses discrétionnaires d'ici quelques années.

La crise de la dette souligne les préoccupations croissantes des États-Unis concernant la dédollarisation. Moins d'utilisateurs du dollar signifie moins d'acheteurs de la dette américaine.

Les investisseurs ont longtemps considéré les obligations américaines comme une valeur refuge. Les obligations offrent un rendement stable et les paiements sont garantis par le gouvernement. Mais ces dernières années, la demande des investisseurs pour les obligations américaines à long terme a été mise sous pression. Un signe évident de problèmes : Le dollar et l'or, qui se sont échangés dans une fourchette étroite pendant des années, ont commencé à diverger.

L'inquiétude des investisseurs repose sur une arithmétique simple. Si les États-Unis émettent plus de dollars/de dettes que la croissance économique ne le justifie, cela entraîne de l'inflation. Avec des rendements obligataires de 4% et une inflation de 8%, les obligations sont un investissement à perte, ce qui n'est pas bon pour les fonds de pension et autres investisseurs ayant des engagements à long terme.

Le marché obligataire américain est évalué à 50.000 milliards de dollars, ce qui est un montant énorme selon la plupart des critères. Mais ce chiffre fait pâle figure par rapport à la valeur nominale du système mondial en dollars, qui est pratiquement impossible à calculer, mais qui dépasse le billion de dollars.

Le shadow banking off-shore est estimé à 65.000 milliards de dollars.

Le marché des produits dérivés est estimé à 800 billions de dollars.

Le marché bancaire parallèle off-shore s'élève à 65.000 milliards de dollars.

Le marché des eurodollars s'élève à 5 à 13 billions de dollars.

La dédollarisation signifie que de nombreux billions de dollars qui volent dans le monde vont progressivement rentrer chez eux. Si les pays passent à des échanges multidevises, la demande de dollars ne fera que diminuer.

Les dollars qui reviennent aux États-Unis vont non seulement alimenter l'inflation, mais aussi réduire le nombre d'acheteurs potentiels de la dette américaine. Moins d'acheteurs signifie des paiements d'intérêts plus élevés, ce qui entraîne une augmentation de l'endettement.

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Or vs. Bitcoin

Les économistes et les responsables politiques ont proposé diverses mesures pour ramener la dette américaine à un niveau soutenable (on estime qu'elle représente environ 70% du PIB). Mais les réductions draconiennes des dépenses et les augmentations d'impôts nécessaires sont politiquement impossibles.

Plusieurs économistes et politiciens ont proposé une troisième voie pour sortir de la spirale de la dette: soutenir le bilan américain en augmentant les réserves nationales avec le bitcoin.

Le gouvernement américain possède déjà plus de 200.000 bitcoins issus de diverses saisies et procédures de faillite. Le candidat à la présidence Donald Trump a juré de maintenir le bitcoin dans le bilan du gouvernement américain.

Les partisans des crypto-monnaies font valoir que le bitcoin est toujours bon marché. Ils prédisent que sa valeur pourrait atteindre six chiffres, alors qu'elle était de 60.000 dollars ces dernières semaines. Les crypto-bulles comparent un achat massif de bitcoin à l'achat de la Louisiane au début du 19ème siècle, lorsque les États-Unis ont acheté près d'un tiers de la masse territoriale américaine à la France pour 15 millions de dollars.

Le candidat à la présidence Robert F. Kennedy Jr. est allé encore plus loin en proposant que le gouvernement américain achète des bitcoins pour l'équivalent des réserves d'or nationales actuelles.

Le gouvernement américain détient actuellement de l'or pour une valeur d'environ 615 milliards de dollars, une fraction de sa dette de 35 billions de dollars. Aux prix actuels, le gouvernement devrait acheter plus de 9 millions de bitcoins pour atteindre la valeur de ses réserves d'or.

Kennedy Jr. souhaite que le gouvernement adosse le dollar à une combinaison d'actifs tels que l'or, l'argent et le platine, en plus du bitcoin. Un « panier » de ces actifs deviendrait une nouvelle classe d'obligations américaines.

Il serait ironique d'autoriser le bitcoin à sauver le dollar. La crypto-monnaie a été conçue pour contourner, voire saper, le dollar et le système monétaire papier.

Tout aussi ironiquement, le bitcoin est avant tout libellé en dollars et évalué en dollars. Cela signifie que quoi qu'il arrive au dollar, cela aura un impact sur le bitcoin libellé en dollars. L'or, en revanche, est une classe à part.

Si le dollar ou le bitcoin tombe à zéro, son propriétaire n'a plus rien. Si l'or tombe à zéro, le propriétaire a toujours l'or.

La dernière monnaie de réserve

Kennedy Jr. a probablement raison de penser que le dollar doit être soutenu par des actifs durs. Dans le cas contraire, le dollar pourrait connaître le même sort que le peso argentin ou le dollar zimbabwéen. Ces deux pays ont pratiquement dévalué leur monnaie à zéro. Le Zimbabwe est finalement passé à une monnaie couverte par l'or afin d'imposer une discipline budgétaire à son gouvernement.

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La dédollarisation est le premier défi pour le dollar depuis 1944, lorsque les accords de Bretton Woods ont fait du dollar couvert d'or la référence pour toutes les autres devises. Compte tenu des tensions géopolitiques entre les BRICS et les pays du G7, un Bretton Woods 2.0 est hautement improbable.

Nous verrons plutôt un nombre croissant d'accords multidevises et, à un moment donné, l'introduction d'une monnaie commerciale des BRICS. L'unité monétaire des BRICS sera adossée à des actifs, mais sera exclusivement numérique. Aucune pièce ou monnaie papier ne serait émise.

Le système financier mondial va donc probablement se scinder en trois parties : le système fiduciaire dirigé par le dollar, des accords multidevises et une monnaie commerciale dirigée par les BRICS. Le système dollar coexistera avec les deux autres systèmes, mais le dollar aura probablement été la dernière monnaie de réserve du monde.

Les monnaies de réserve sont un vestige de l'ère (néo)coloniale. Elles profitent principalement aux entreprises et aux personnes aisées. Un système multi-monnaies profitera en premier lieu aux pays, car il leur permettra de prendre en charge leur propre avenir en retrouvant leur autonomie monétaire et fiscale.

Fin de la traduction.

Qui est Thomas Röper?

Thomas Röper, né en 1971, a occupé des postes de direction et de conseil d'administration dans des sociétés de services financiers en Europe de l'Est et en Russie en tant qu'expert de l'Europe de l'Est. Il vit aujourd'hui à Saint-Pétersbourg, sa ville d'adoption. Il vit en Russie depuis plus de 15 ans et parle couramment le russe. Son travail de critique des médias se concentre sur l'image (médiatique) de la Russie en Allemagne, la critique des reportages des médias occidentaux en général et les thèmes (géo)politiques et économiques.

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Cet article a été publié pour la première fois le 13 août 2024 sur anti-spiegel.ru.

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