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lundi, 14 avril 2025

Nihilisme et technologie: le vide numérique de l'époque moderne

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Nihilisme et technologie: le vide numérique de l'époque moderne

Bernard Lindekens

Source: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°198, mars 2025.

Nous vivons à une époque où la technologie a radicalement changé notre vie. L'intelligence artificielle, les réseaux sociaux, la réalité virtuelle et la prise de décision guidée par des algorithmes déterminent de plus en plus notre réalité. En même temps, de nombreuses personnes luttent contre un profond sentiment d'insignifiance et d'aliénation. Le nihilisme – l'idée que la vie n'a pas de signification inhérente – semble aller de pair avec les avancées technologiques. Comment se fait-il qu'à une époque de possibilités technologiques sans précédent, le sentiment de vide et de manque de but soit si fortement présent ? Et que dit cela sur l'avenir de l'humanité ?

Qu'est-ce que le nihilisme ?

Le nihilisme est la conviction philosophique qu'il n'y a pas de signification, de valeurs ou d'objectif objectif dans la vie. Le terme est devenu particulièrement connu grâce à Friedrich Nietzsche, qui a mis en garde contre les dangers d'un monde où les valeurs traditionnelles perdent leur signification. À ses yeux, le nihilisme, s'il n'était pas surmonté, pourrait conduire à une crise existentielle où les gens sombraient dans la passivité, le cynisme ou la destruction.

Il existe différentes formes de nihilisme :

    - Nihilisme existentiel : l'idée que la vie n'a pas de signification inhérente.

    - Nihilisme épistémologique : la conviction que la connaissance et la vérité sont fondamentalement inaccessibles.

    - Nihilisme moral : le rejet des valeurs morales objectives.

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Bien que le nihilisme soit souvent associé à la philosophie et à la littérature, il a pris une nouvelle dimension à l'époque actuelle : celle du nihilisme technologique.

L'essor du nihilisme technologique

La technologie a amélioré de nombreux aspects de notre vie : communication plus rapide, meilleurs soins médicaux et accès illimité à l'information. Mais paradoxalement, cette avancée a également créé un sentiment de manque, d'absence de but et d'aliénation.

Autrefois, les gens trouvaient un sens dans les expériences physiques, la religion, la famille et les interactions sociales directes. Aujourd'hui, une grande partie de notre vie se déroule dans des environnements numériques. Les réseaux sociaux, les jeux vidéo et les environnements issus du travail en ligne font que nos expériences sont de plus en plus médiatisées par des écrans et des algorithmes.

Le problème est que les expériences numériques sont souvent superficielles et éphémères. Les « likes », les partages et les vues remplacent les interactions sociales plus profondes. Les identités en ligne sont soigneusement mises en scène, mais manquent d'authenticité. Cela crée un paradoxe: nous sommes plus connectés que jamais, mais nous nous sentons souvent plus seuls et plus aliénés.

Dans un monde nihiliste où les valeurs traditionnelles s'effondrent, les gens cherchent de nouvelles structures pour donner un sens à leur vie. La technologie joue un rôle de plus en plus important dans ce processus. Les big data et l'IA sont de plus en plus utilisés pour orienter les décisions humaines, qu'il s'agisse de quels films nous regarderons ou de quels partenaires nous fréquenterons. Mais si les algorithmes déterminent notre vie, qu'est-ce que cela signifie pour le libre arbitre et l'autonomie ?

Des critiques comme le philosophe Byung-Chul Han avertissent que nous vivons dans une société « guidée par les données » où l'expérience humaine est réduite à des calculs. L'individu perd lentement son autonomie et devient un consommateur passif dirigé par des forces invisibles. Cela conduit à un nihilisme technologique où la quête de sens disparaît : si tout est déterminé par des algorithmes, pourquoi devrions-nous encore réfléchir à nos choix ?

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Silicon Valley a créé une idéologie spécifique où la technologie est présentée comme LA solution à tous les problèmes humains. Le transhumanisme, la promesse d'immortalité via l'IA et le métavers sont des exemples de la manière dont la technologie est utilisée comme un récit quasi-religieux.

Mais beaucoup de critiques voient ces utopies comme une forme d'évasion. Au lieu de répondre à de véritables questions existentielles, les entreprises technologiques créent une illusion de progrès. Elles promettent que la technologie sauvera l'humanité, tandis que les questions fondamentales – Quelle est le sens de la vie ? Comment faisons-nous face à la mortalité ? – restent sans réponse.

Le nihilisme technologique n'est donc pas seulement un sous-produit du monde numérique, mais aussi une stratégie consciente: en laissant les gens croire que la technologie résoudra leurs problèmes, ils deviennent passifs et dépendants. L'une des formes les plus directes de nihilisme technologique est l'essor de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Avec le développement du métavers et des mondes entièrement numériques, la frontière entre réalité et fiction devient de plus en plus floue. D'une part, cela offre d'énormes possibilités : les gens peuvent acquérir de nouvelles expériences, entretenir des relations sociales et même travailler dans des environnements numériques. Mais d'autre part, il y a le danger que les gens cherchent de plus en plus refuge dans ces réalités alternatives.

Dans une société nihiliste où le monde physique est perçu comme dépourvu de sens, la réalité virtuelle peut devenir l'évasion ultime. Pourquoi faire face à la dure réalité lorsque l'on peut pénétrer dans un monde parfaitement simulé où l'on a le contrôle total ?

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Des philosophes comme Jean Baudrillard nous ont déjà averti de cette dérive en avançant le concept d'hyperréalité : un monde où les simulations remplacent la réalité, jusqu'à ce que les gens ne puissent plus voir la différence.

L'intelligence artificielle a le potentiel de reproduire la créativité humaine, l'émotion et même la conscience. Mais l'IA fonctionne selon un modèle strictement rationnel et calculé. Elle n'a pas d'expérience subjective, pas de sentiment de signification ou d'objectif. À mesure que de plus en plus de fonctions humaines sont reprises par l'IA, cela soulève des questions existentielles. Qu'est-ce que cela signifie d'être humain dans un monde où l'intelligence et la créativité sont répliquées par des machines ? L'expérience humaine a-t-elle encore une valeur intrinsèque si un algorithme peut produire un art, de la musique ou même de la littérature meilleurs que nous-mêmes?

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La combinaison de l'IA et du nihilisme conduit à une conclusion inconfortable : si les machines peuvent finalement tout faire mieux que nous, pourquoi devrions-nous encore nous donner du mal ? C'est le cœur du nihilisme technologique : le sentiment que l'homme devient finalement superflu dans ses propres créations.

Comment en sortir ?

Bien que le nihilisme technologique soit une force puissante dans le monde moderne, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas lui opposer une résistance. Il existe différentes manières d'utiliser la technologie sans sombrer dans le vide existentiel. Au lieu de nous laisser guider aveuglément par des algorithmes et des données, nous devons utiliser la technologie de manière consciente. Cela signifie réfléchir de manière critique à la façon dont les réseaux sociaux, l'IA et les outils numériques nous influencent. Un véritable sens émerge dans les relations humaines et les expériences. En considérant la technologie comme un moyen plutôt que comme un objectif, nous pouvons nous concentrer sur des interactions authentiques plutôt que sur des connexions superficielles en ligne. Le nihilisme peut être surmonté par une recherche active de sens. La philosophie, l'art et la réflexion personnelle offrent des alternatives pour envisager le monde et trouver un sens dans une société technologique. Au lieu d'utiliser la technologie comme une évasion ou un remplacement de l'expérience humaine, nous devons aspirer à une technologie qui renforce notre humanité. Cela signifie une IA éthique, des interactions numériques humaines et un focus sur le bien-être plutôt que sur le profit.

Le nihilisme et la technologie sont profondément interconnectés dans le monde moderne. Le défi du 21ème siècle n'est pas seulement de rendre la technologie plus intelligente, mais aussi de veiller à ne pas sombrer dans un état de nihilisme technologique. Ce choix nous appartient.

20:04 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ia, actualité, technologie, nihilisme, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Vers des élections parlementaires passionnantes en Norvège

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Vers des élections parlementaires passionnantes en Norvège

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Il y a quelques décennies, le paysage politique en Norvège était relativement prévisible: le parti conservateur, le Høyre, et le parti social-démocrate se maintenaient mutuellement dans un équilibre précaire. Un jour, c'était l'un qui arrivait au pouvoir, le lendemain, c'était l'autre. L'arrivée du parti de droite, le Fremskrittspartiet (FP), a perturbé cet équilibre, et plusieurs coalitions gouvernementales incluant le FP ont même vu le jour. La popularité du FP a diminué ces dernières années, le parti atteignant généralement 10 à 12% des voix.

Fin janvier 2025, le gouvernement minoritaire du parti travailliste norvégien (Ap) et du Senterpartiet est tombé à propos de l'incorporation de la législation européenne sur la politique énergétique. Car bien que la Norvège ne soit pas membre de l'UE, elle doit tout de même transcrire la législation européenne dans ses lois. Le Senterpartiet étant plutôt eurosceptique, a retiré son soutien au gouvernement. Depuis lors, le gouvernement norvégien ne se compose que de sociaux-démocrates. Les élections parlementaires sont fixées au 8 septembre. Et dans les sondages, le FP populiste monte en flèche.

L'immigration est également le thème principal dans les pays scandinave.

Selon des sondages récents, les conservateurs du Høyre reculeraient pour passer tout juste sous la barre de 20% des voix, les sociaux-démocrates conserveraient entre 26 et 27%. Le parti centriste Senterpartiet pourrait s'affaiblir et le Fremskrittspartiet ou parti du progrès pourrait voir son pourcentage doubler pour atteindre 22 %. L'attrait qu'exerce la présidente du parti, Sylvi Listhaug (photo), jouera certainement un rôle dans cette percée que l'on annonce d'ores et déjà. Le premier ministre norvégien, le social-démocrate Jonas Gahr Støre, a déjà désigné le FP comme son principal adversaire.

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Sylvi Listhaug n'est pas une inconnue en politique norvégienne : elle a été ministre de l'Agriculture, puis de la Migration, et plus tard ministre de la Justice dans le gouvernement de coalition du premier ministre conservateur Erna Solberg. Le FP peut s'attendre à un succès croissant car il s'est opposé pendant des années à la politique migratoire laxiste de la Norvège – la Norvège affiche actuellement le taux de migration le plus élevé de tous les pays scandinaves. La première ministre danoise, Mette Frederiksen (social-démocrate), a lancé un appel à ses collègues norvégiens lors d'une réunion inter-scandinave dans la capitale norvégienne, Oslo, pour qu'ils s'engagent enfin à mener une politique migratoire restrictive. Les sociaux-démocrates de Jonas Gahr Støre ne répondent donc pas à cet appel.

Six mois avant les prochaines élections parlementaires en Norvège semblent longs. Pourtant, les nerfs sont déjà à vif.

La Roumanie comme tête de pont: l'OTAN se prépare à un grand coup

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La Roumanie comme tête de pont: l'OTAN se prépare à un grand coup

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/04/rumaenien-als-brueckenkopf-na...

Lorsqu'il s'agit de préparer une nouvelle étape dans l'escalade qui sévit en Europe aujourd'hui, la Roumanie est considérée comme le cœur silencieux de la stratégie. Pendant que le public européen s'occupe de broutilles tels que la politique de genre ou les pompes à chaleur, le fait accompli s'installe lourdement sur le flanc est de l'OTAN. Et ce sont des réalités nouvelles qui rappellent davantage les échecs que l'apaisement apporté par la diplomatie – où la Roumanie est comme un cavalier mis en avant dans le jeu que joue l'Occident contre la Russie.

Ce qui semble être une bande de terre insignifiante pour le profane est, aux yeux des stratèges militaires, une clé pour saisir les enjeux du siècle: ce que les militaires appellent la "Porte de Focsani", un corridor de plaine entre les Carpates et la région de la mer Noire, qui ouvre la voie, au départ de la Roumanie pour s'élancer vers l'Ukraine – et, plus loin, vers la Russie. Il n'est donc pas surprenant que la 28ème Unité Géographique de la brigade de pionniers français procède à des modélisations sur le terrain, précisément en cet endroit-là. Pas pour donner un cours de biologie, mais pour établir  des plans d'opération – au cas où une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie surviendrait. Le Figaro rapporte cela sur un ton sobre, mais entre les lignes, on sent déjà que l'alarme vibre.

Un pays qui sert de mèche au baril de poudre

Calin Georgescu, candidat à la présidence roumaine et analyste bien connecté sur le plan international, a été rapidement écarté de la course. Pourquoi? Peut-être parce qu'il dit trop de choses qui ne doivent pas être dites. Dans une interview avec Tucker Carlson (vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=eat9NlWfKwk), il résume la situation ainsi: "L'OTAN ne veut pas d'une Roumanie libre. Elle a besoin d'une rampe de lancement qu'elle contrôle. La Roumanie doit être le point de départ pour la prochaine grande guerre".

Son calcul est simple: 614 kilomètres de ligne frontière avec l'Ukraine – plus que tout autre pays de l'OTAN. De plus, le lien géopolitique entre la mer Noire, la Moldavie et l'arc des Carpates. Qui contrôle la Roumanie contrôle l'accès à la région de la mer Noire. Et qui contrôle la mer Noire tient Moscou en laisse.

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La plus grande base de l'OTAN en Europe de l'Est se trouve près de Constanța – le nom évoque les vacances d'été, mais sur 2800 hectares, aucun paradis balnéaire n'est en train de se créer: nous voyons plutôt se constituer un point nodal pour une guerre permanente. Bientôt, jusqu'à 10.000 soldats de l'OTAN y seront stationnés – à proximité d'Odessa, aux abords de Transnistrie. S'ajoute ensuite la défense antimissile américaine à Deveselu, équipée de lanceurs Mk-41. Officiellement, cette disposition a été pensée pour assurer la défense contre les missiles – mais en réalité, elle est tout aussi capable de tirer des missiles de croisière Tomahawk avec une portée allant jusqu'à 1800 kilomètres. Sur Moscou, sur Sébastopol, sur tout ce qui pourrait présenter un intérêt stratégique.

Si l'on pense que Moscou acceptera ces développements comme un simple spectateur dans les gradins, on se trompe. Une réponse envisageable est d'ores et déjà sur la table: la sécurisation des régions de Mykolaïv et d'Odessa par des troupes russes. Et ce n'est pas là un caprice de grande puissance, c'est pour couper préventivement la mèche que l'Occident a posée au bord de la mer Noire. Car si la guerre doit partir de la Roumanie, la stratégie russe visera à rendre la zone de lancement inutilisable.

Conclusion : un pays à la croisée des chemins

La Roumanie n'est actuellement pas défendue par l'OTAN – elle est instrumentalisée. Non pour assurer la liberté et la démocratie, mais pour servir de levier géopolitique. L'Occident n'a pas besoin d'États souverains – il a besoin de postes avancés qui soient fonctionnels. La Roumanie est plus qu'un simple voisin de l'Ukraine. Elle est, aux yeux de la "Coalition des Volontaires", un outil. Mais tout outil a deux tranchants. Celui qui l'utilise doit s'attendre à susciter des forces opposées.

Et ainsi, nous nous retrouvons encore une fois au bord d'un jeu qui prendra probablement ses débuts, et amèrement, à Bucarest.

dimanche, 13 avril 2025

Où est passée la neutralité traditionnelle de la Scandinavie?

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Où est passée la neutralité traditionnelle de la Scandinavie?

Jan Procházka

Source: https://deliandiver.org/kam-se-ztratila-tradicni-neutrali...

La géopolitique est la clé !

Le terme Scandinavie stricto sensu englobe le territoire de trois monarchies avec une côte découpée sur les péninsules nordiques de l’Europe : le Danemark, la Suède et la Norvège, qui formaient un seul État à l’époque de l’union de Kalmar, possèdent des langues très similaires, la même religion luthérienne ainsi qu'une mentalité protestante et des conditions naturelles comparables. Le nom de Scandinavie (de péninsule scandinave) est dérivé de la région historique de Skåne au sud de la Suède. Le Danemark s’étend sur la péninsule du Jutland. Le nom de cette péninsule est dérivé du puissant peuple germanique des Goths (ou Jutes), qui a conquis l’Europe trois fois dans l’histoire: la première fois durant les Grandes migrations, la deuxième fois lors des expéditions normandes aux 10ème et 11ème siècles, et la troisième fois durant la Guerre de Trente Ans. On peut déduire la présence ancienne des Goths à partir des noms de lieux tels que Götaland, Göteborg ou l’île de Gotland dans la mer Baltique.

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Après la dissolution de l’union de Kalmar, une co-administration s’instaura, la région se scindant en un royaume de Suède et un royaume danois-norvégien (les deux royaumes se sont même livrés une brève guerre pour les détroits danois, lorsque le Danemark-Norvège bloqua l’accès de la Suède à la mer du Nord).

Sous le régime de ces deux États, la Scandinavie a existé de 1524 jusqu'à l'année critique de 1814, lorsque le maréchal de Napoléon, Jean-Baptiste Bernadotte, devint roi de Suède sous le nom de Charles XIV, uniquement parce qu'il avait trahi Napoléon à temps et avait rejoint le camp du tsar russe Alexandre Ier. Il renonça à l’idée de récupérer la Finlande (comme Napoléon lui avait promis) et préféra obtenir la Norvège (comme Alexandre lui avait promis). Dans le cadre de ces échanges territoriaux, les territoires traditionnels de la Norvège – les îles Féroé, l’Islande et le Groenland – furent attribués au Danemark, tandis que la Norvège était unie à la Suède par une union personnelle.

L'unité historique de la Scandinavie a apparemment été définitivement brisée au 20ème siècle par les Britanniques et les Américains dans le cadre de la « stratégie d'équilibre ». En 1905, la Norvège se sépara de la Suède (en vérité, les Norvégiens avaient la même position périphérique au sein du royaume suédois que les Slovaques chez nous durant la Première République), et en 1944, l’Islande se sépara du Danemark. On peut aisément imaginer que Donald Trump prenne officiellement le Groenland cette année, car il menace le Danemark de procéder à une telle annexion depuis 2017. L'influence anglo-américaine s'est même manifestée dans les drapeaux des deux pays, qui conservent la croix scandinave mais l'ont interprétée dans les couleurs anglo-américaines (contrairement aux couleurs continentales de la Suède, ce qui a coupé la Suède de l’accès aux deux océans).

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La ligne GIUK

La géopolitique de la Scandinavie est d'une grande importance pour les Américains. Le terme GIUK (Groenland – Islande – Royaume-Uni) désigne un couloir stratégique qui bloque la flotte terrestre et baltique russe d’accéder à l’Atlantique libre. Le Groenland et plus tard l’Islande ont servi aux Américains pendant la Seconde Guerre mondiale comme station de ravitaillement pour les bombardiers se rendant en Europe, et l’Islande n’a même pas d'armée propre ; c'est un pays à souveraineté limitée (de facto un protectorat américain) avec une base militaire américaine à Keflavík.

Pourtant, le Danemark, la Suède et plus tard la Finlande étaient traditionnellement des États neutres, jusqu'à ce que la Finlande rejoigne l'OTAN en 2022 et la Suède en 2024. L'Occident a cherché à amener la Suède de son côté pendant 320 ans (depuis que les Russes ont acquis une flotte baltique et le port fortifié de Saint-Pétersbourg protégé par la forteresse avancée de Kronstadt). L'Occident ne pouvait même pas imaginer la rupture de la neutralité de la Finlande avant 1991.

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Où se trouvent les racines de la neutralité danoise?

Les pays scandinaves, en particulier le Danemark, contrôlent les détroits de Skagerrak et du Kattegat et, à l'intérieur, les fameux détroits danois qui empêchent la flotte russe de quitter la mer Baltique. Bien que ces deux États bloquent l'accès de la Russie à la mer du Nord, ils sont eux-mêmes bloqués par la Grande-Bretagne. Durant le blocus naval anglais, la flotte britannique bombarda honteusement Copenhague en 1801 et 1807. Les Danois sont alors devenus des alliés naturels de la Russie contre l'Angleterre.

Le Danemark serait également une sorte d'éperon pour une Allemagne forte. Le Danemark et la Prusse ont mené plusieurs guerres pour le Schleswig et le Holstein (1848-1851, 1864) ou pour l'existence même du Danemark (1940). Les tsars russes à Saint-Pétersbourg – dont l'intérêt était d’avoir le Danemark de leur côté ou de le maintenir neutre – ont donc toujours été des alliés naturels du Danemark.

Aujourd'hui, le Danemark est membre de l'OTAN malgré le fait que les Américains lui aient pris l'Islande et menacent également de s'emparer du Groenland, après avoir contraint le Danemark à céder presque toutes ses armes à l'Ukraine. Les Danois commenceront-ils à réfléchir de manière réaliste et comprendront-ils que le véritable danger pour la souveraineté et l'intégrité territoriale du Danemark ne se trouve vraiment pas à l'est ? Se souviendront-ils de leur ancien allié ? Après tout, l'existence d'un Danemark neutre et indépendant reste dans l'intérêt de la Russie. Et l'Allemagne a réduit l'importance stratégique des détroits danois dès 1895 en ouvrant le canal de Kiel, permettant de contourner les détroits danois et de raccourcir le trajet de 500 km – ce faisant, le Danemark a perdu son importance d'origine aux yeux des Allemands.

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Où se trouvent les racines de la neutralité suédoise et finlandaise ?

Les relations entre la Suède et la Russie ont varié considérablement dans le passé. Aux 18ème et 19ème siècles, les Russes avaient un avantage militaire, matériel et démographique sur les Suédois (durant la Guerre du Nord de 1700 à 1721, les Suédois furent vaincus dans l'actuelle Ukraine, sur la rive gauche du Dniepr), pourtant ils n’ont jamais tenté de conquérir la Suède. La neutralité suédoise était aussi dans l’intérêt de la Russie.

La clé de la neutralité suédoise réside cependant dans la région de l’actuelle Finlande.

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Les Iles Åland, qui sont finnoises, ont toujours eu pour le monde occidental le rôle potentiel de pouvoir, le cas échéant, bloquer la Russie à partir du golfe de Botnie. Dans la mer Baltique se trouve aussi l'île suédoise de Gotland, où la présence militaire suédoise permet le contrôle de la mer Baltique. La Suède (ou l'OTAN) et les républiques baltes peuvent couper l'approvisionnement par la Russie de la région de Kaliningrad ; la flotte baltique a encaissé un « échec géopolitique » dans le golfe de Finlande en 2004, lorsque les États baltes ont rejoint l'OTAN. Comment Gorbatchev a-t-il pu permettre une telle chose ?

Fennoscandia

Les Finlandais, afin de souligner leur « scandinavité » malgré leur langue ouralienne, utilisent généralement le terme « Fennoscandia » pour délimiter l'ensemble de la péninsule à travers l'isthme de Carélie entre le lac Ladoga et le golfe de Finlande, la rivière Svir et le lac Onega jusqu'à la mer Blanche.

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La Finlande est un ancien territoire peuplé de pasteurs de rennes finnois et de pêcheurs, où les Normands se sont infiltré depuis la Suède. L'importance de la Finlande en tant que colonie suédoise résidait pour les Britanniques dans le fait (et Lord Palmerston en parlait toujours ouvertement) que depuis le 18ème siècle, les Suédois pouvaient, par l'isthme de Carélie, menacer en permanence Saint-Pétersbourg, la capitale de l'Empire russe, par où le tsar Pierre, selon les mots de Pouchkine, fit « percer une fenêtre sur l'Europe » et où les Russes obtinrent leur première flotte européenne.

La Finlande a toujours fonctionné comme une région tampon entre la Suède et la Russie. À cet égard, je rappelle que la Russie a brève frontière commune avec la Norvège, mais non avec la Suède – ni la Suède et ni la Finlande n'ont un accès à l'océan Arctique. Les Russes ont occupé la Finlande durant la dite "campagne finlandaise" en 1807-1809 et ont obtenu, à la grande surprise des Occidentaux, le soutien des Finlandais opprimés par les Suédois (c'est précisément les Russes qui ont permis le renouveau national finlandais et promu le premier État finlandais – le Grand-Duché de Finlande. Non par amour pour les Finlandais, mais pour limiter l'influence suédoise dans le pays). Les Russes ont également occupé les Iles Åland et à partir de celles-ci, il n'y a que 30 km jusqu'à la Suède. Le golfe de Botnie gèle solidement en hiver, et les Russes pouvaient éventuellement menacer Stockholm d'une attaque terrestre depuis la mer. Il existe des cas dûment documentés de Russes qui, en hiver, marchaient de la forteresse de Bomarsund jusqu'en Suède pour acheter de la nourriture. Une attaque navale contre Stockholm, étant donné que cette ville se trouve dans une profonde baie protégée par des centaines d'îlots et de rochers, n'était pas envisageable.

Le transport maritime à l'est des îles Åland n'était pas guère possible à l'époque des navires en bois et sans l'aide d'une navigation par satellite en raison des innombrables rochers et bancs de sable. Aujourd'hui encore, des manœuvres militaires de grande ampleur dans cette région ne sont pas praticables. Lorsque les Russes ont retiré les bouées et miné les côtes durant la campagne baltique de la guerre de Crimée, les flottes anglaise et française n'osaient pas s'aventurer plus profondément dans la Baltique.

Durant cette même campagne baltique de la guerre de Crimée (1853), les Français et les Britanniques ont seulement bombardé la forteresse russe aux Åland, mettant ainsi fin à la campagne, tant le golfe de Finlande était bien fortifié. Napoléon III a tenté vainement de pousser les Suédois à mener une attaque terrestre contre la Finlande. Il envisageait aussi de restaurer l'État polonais et de confier la Finlande aux Polonais ! Cela se heurta cependant au désaccord de l'Autriche, qui perdrait ainsi la Galicie, et dont l'alliance (ou la neutralité plus ou moins bienveillante) était nécessaire à Louis Napoléon durant sa campagne sur le Danube.

La Finlande a déclaré son indépendance en 1917 lors de la chute du tsar et de la révolution russe, et une guerre civile a immédiatement éclaté entre les Rouges et les Blancs. Ce n'est qu'avec le traité de Tartu (1920) que la frontière entre la Finlande et l'URSS fut définie.

La région de Petsamo avec la péninsule de Rybachy fut attribuée à la Finlande. On y trouve la ville importante de Nickel, où l'on extrait du nickel, et non loin de ce lieu est ancrée la flotte russe du Nord. Les régions de Repola et de Porajärvi en Carélie orientale furent cédées à l'URSS. Pour l'Union soviétique, c'était un traité extrêmement défavorable.

Le traité de paix de Tartu/Dorpat (1920)

La frontière entre la Finlande et l'URSS après le traité de paix de Tartu/Dorpat (1920):

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-Petsamo à la Finlande;
-Repola et Polajäervi à l'Union Soviétique.

Outre la perte de l'approvisionnement en nickel (qui est aujourd'hui plus que compensé par le gisement de Norilsk en Sibérie), la flotte russe du Nord, ancrée dans le fjord de Mourmansk, était exposée à l'ennemi, qui se trouvait à une distance de 30 km seulement. La distance de Mourmansk à Saint-Pétersbourg est de 1300 km. En cas d'attaque soudaine, il n'était pas possible de défendre le port stratégique, qui n'est jamais gelé. Cela est également vrai pour la Finlande, qui autrement aurait perdu l'accès à l'océan Arctique.

Mourmansk après le traité de paix de Tartu

De 1939 à 1940, l'Union soviétique tenta d'occuper la Finlande durant la dite "guerre d'Hiver", et par la suite, les Finlandais soutenus par les Allemands participèrent au blocus de Leningrad. Lorsque les Finlandais furent vaincus en 1944, ils changèrent rapidement de camp.

L'Armée rouge mal armée a donc subi une défaite en 1940 en Finlande, où elle réussit à occuper uniquement une plus grande partie de la Carélie, au prix de pertes énormes (c'est probablement à cause de cette débâcle des armées de Staline qu'Hitler a sous-estimé l'Union soviétique à partir de 1940).

La frontière actuelle reflète le résultat de la Seconde Guerre mondiale. A partir de 1945, la Finlande a fonctionné comme un État tampon entre la Suède et l'Union soviétique (la Suède est restée neutre durant la Seconde Guerre mondiale). La Russie détient la moitié de la Carélie avec la ville principale de Vyborg (Viipuri), l'isthme de Carélie, la péninsule de Rybachy, les villes de Pechenga et de Nickel. Depuis 2022, la frontière russo-finlandaise est fermée à la circulation. Il convient de rappeler qu'en Finlande, le service militaire obligatoire et l'enseignement obligatoire du suédois existent encore (en 2024 – avec l'entrée dans l'OTAN, le suédois sera sûrement bientôt remplacé par l'anglais).

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La Finlande est restée un État neutre, qui pouvait s'attacher économiquement à l'Occident, mais devait aligner sa politique étrangère sur celle de l'URSS. Près d'Helsinki, sur la péninsule de Porkkala, une base militaire soviétique a été implantée (1944-1956) pour tenir la Finlande en échec au cas où elle ne respecterait pas les conditions de la neutralité forcée. À partir de 1966, à Helsinki, des négociations entre les puissances ont eu lieu à la suite des accords de Yalta, appelées la “conférence sur la sécurité et la coopération en Europe”. En 1975, ces accords ont donné naissance à un document définissant l'architecture sécuritaire de l'Europe, le soi-disant acte final de la CSCE (protocole d'Helsinki), qui garantissait, entre autres, la non-ingérence, le règlement pacifique des différends, l'intégrité territoriale des États et l'inviolabilité des frontières nationales.

Frontière approximative entre la sphère d'influence occidentale et russe

Pourquoi l'annulation de la neutralité finlandaise est-elle finalement un problème considérable pour les deux parties, qui conduira immanquablement à une escalade ? Les plaines d'Europe de l'Est s'étendent sur 3000 km dans le sens nord-sud et il n'existe aucune barrière naturelle. Une frontière aussi longue ne peut pas être défendue par aucune armée ; ni par la Russie avec 1,5 million de soldats, ni par les États de l'OTAN. C'est pourquoi les Russes ont toujours cherché à déplacer la frontière vers le golfe de Botnie (ce qui aurait privé les Suédois de leur domination effective sur la Baltique), tandis que les Occidentaux persuadaient les Suédois de déplacer la frontière vers l'isthme de Carélie, ce qui est impensable pour les Russes, car ils perdraient leur domination sur la mer Blanche, sur la péninsule de Kola, ce qui réduirait leur flotte du Nord à l'inutilité.

L'architecture de la sécurité en Europe a commencé à s'effondrer avec la dissolution de l'Union soviétique en 1991 et la violation des promesses verbales faites à Gorbatchev, selon lesquelles l'OTAN ne s'étendrait pas vers l'est (il convient de rappeler que même un accord verbal est valide et doit être honoré). Elle s'est définitivement effondrée en 1999, lorsque, en violation du protocole d'Helsinki, les Américains bombardèrent la Yougoslavie et créèrent leur protectorat du Kosovo, qui n'avait pas de statut fédératif avant la guerre. La création du Kosovo a été pour l'Est un signal clair que la geopolitique classique et le combat pour le pouvoir revenaient à l'avant-plan.

France: Séisme politique !

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France: Séisme politique!

Par Georges Feltin-Tracol

Quelques jours après que l’Asie du Sud-Est, dont le Myanmar et la Thaïlande, a subi un terrible tremblement de terre, l’Hexagone connaît – d’une manière non tragique - un tsunami politique majeur et une impressionnante secousse judiciaire.

Le tribunal correctionnel de Paris vient de juger l’affaire dite des « assistants parlementaires européens » du FN – RN. Il rend son verdict le 31 mars 2025 et condamne une vingtaine de prévenus dont Marine Le Pen à diverses peines. La présidente du groupe parlementaires écope de cinq ans de prison, dont deux fermes, cinq ans d’inéligibilité et 300.000 euros d’amende ainsi que d’une exécution provisoire. La physionomie de la prochaine campagne présidentielle en 2027 s’en trouve bouleversée de manière inattendue, même si ce n’est pas la première fois que la justice impose une telle sanction à l’encontre de personnalités politiques.

Cet incroyable procès résulte de la saisie de l’OLAF (Office européen de lutte anti-fraude) en mars 2015 par le président social-démocrate du Parlement dit européen, l’Allemand Martin Schulz, un individu plus que détestable. L’enquête a bénéficié de la complaisance active de la ministresse française de la Justice d’alors, Garde des Sceaux (et des sottes en langage inclusif), l’ineffable Christiane Taubira qui laissera donc à la postérité deux lamentables lois. Ce contentieux procède d’une différence majeure d’interprétation de la fonction d’assistant parlementaire au Parlement de Bruxelles – Strasbourg. Pour Schulz et ses comparses, l’attaché parlementaire est un agent rémunéré du Parlement alors que, pour les Français, c’est une aide précieuse de l’élu qui intervient en politique. Cette divergence culturelle de points de vue sert de prétexte pour écarter une candidate non négligeable à l’Élysée.

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Les diverses lois de financement public des partis politiques en France ont pendant longtemps desservi le FN. On sait qu’il a dû se tourner vers des établissements bancaires étrangers (tchéco-russe, émirati, voire hongrois) pour financer ses nombreuses campagnes électorales. Cela ne doit pas éclipser que le FN a aussi vécu au-dessus de ses seules ressources. Présent au Parlement européen grâce à la proportionnelle, le FN a utilisé toutes les facilités pratiques pour survivre en périodes fréquentes de vaches maigres. C’est un fait. Les relations du FN avec l’argent ont toujours été problématiques. Il lui a manqué une certaine austérité, voire un ascétisme viril. Il aurait été judicieux de s’inspirer des candidats d’extrême gauche dont les comptes de campagne sont plus que rigoureux.

On peut par ailleurs se demander si le FN n’a pas commis dès 1984 une erreur magistrale en acceptant d’entrer dans cette assemblée supranationale. Des élus souverainistes et encore plus tenants du Frexit peuvent-ils en effet siéger au sein d’une pareille instance ? N’aurait-il pas fallu imiter les républicains indépendantistes du Sinn Fein en Irlande du Nord qui se présentent aux élections législatives britanniques, obtiennent des élus, mais refusent de siéger à Westminster ? On peut toutefois imaginer que dans le cadre français, une loi aurait été adoptée afin de contraindre tout élu à siéger effectivement…

Avec cette sentence judiciaire, force est de constater que la dédiabolisation gît dorénavant dans une impasse. Les adversaires du RN, formation aujourd’hui nationale-centriste, se plaisent à répéter ad nauseam les nombreuses condamnations judiciaires qui frappent ses cadres et ses militants en oubliant que la grande majorité de ces condamnations le sont pour des délits scandaleux d’opinion et d’expression. Attaqué et diffamé, le RN n’est pas (ou pas encore ?) un autre PS, auteur impérissable des affaires telles Urba ou la MNEF.

Malgré une réelle pugnacité et une farouche détermination à faire appel, Marine Le Pen s’approche de l’amateurisme. Elle entend soumettre au Conseil constitutionnel une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) en faignant d’ignorer qu’il a déjà statué sur ce sujet. Elle envisage de se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme sans que tous les recours n’aient été épuisés dans l’Hexagone ! Elle risque d’autres déconvenues…

Marine Le Pen pourrait ne pas participer à la prochaine présidentielle en 2027. Le conditionnel s’impose, car il revient au seul Conseil constitutionnel de valider ou non les candidatures. On peut supposer qu’en dépit de l’exécution provisoire, Marine Le Pen puisse déposer sa candidature avec les cinq cents parrainages requis au moins. Les neuf membres du « ConsCons » auraient à approuver ou non cette candidature. En 1969, le nationaliste Pierre Sidos avait obtenu les cent parrainages nécessaires, mais sa candidature fut retoquée pour des motifs fallacieux. Pour contourner cette invalidité, le RN pourrait présenter en parallèle et de façon simultanée une autre candidature, celle de Jordan Bardella, mais cette possibilité demeure faible en raison du nombre restreint de signatures potentielles. Le RN garde toujours un maillage territorial faible. Les élections départementales et régionales ne se dérouleront qu’en hiver 2027. Seul un raz-de-marée aux municipales au printemps 2026 pourrait rendre crédible cette option, à savoir que Marine Le Pen et Jordan Bardella se présentent en même temps avec le danger de se retrouver, machiavélisme suprême de la part du Conseil constitutionnel, avec deux bulletins RN concurrents à la présidentielle !

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Tous les commentateurs politiques évoquent l’éventualité d’une dissolution à l’automne prochain, peu de temps avant les débats budgétaires. Oui, les Français voteront certainement cet automne non pas pour leurs députés, mais pour la présidentielle ! En septembre 2025, Emmanuel Macron démissionne et peut ainsi se représenter pour un nouveau mandat de cinq ans. N’ayant pas accompli deux mandats présidentiels consécutifs complets, il serait dans son droit, sachant que le nouveau président du Conseil constitutionnel, le macroniste Richard Ferrand, œuvre pour un troisième mandat. Les experts en droit public savent qu’en octobre 2022, le Conseil d’État a permis à un candidat de prétendre exercer un troisième mandat de président de la Polynésie française parce que son précédent mandat s’était interrompu. Le Conseil constitutionnel pourrait reprendre cette jurisprudence administrative à son compte.

Fort de son expérience du coup d’État médiatico-judiciaire en 2017 contre François Fillon et de sa non-campagne en 2022, Emmanuel Macron encore candidat exigerait de tous les prétendants macronistes (François Bayrou, Yaël Braun-Pivet,  Édouard Philippe, Gabriel Attal, Gérald Darmanin) de se ranger derrière lui. Réélu après l’intérim de Gérard Larcher, le nouveau chef d’État renverrait les députés dans la foulée. Usant des méthodes éprouvées de la « technopolitique », il obtiendrait soit une majorité absolue, soit une majorité relative forte, sinon resurgirait le fantôme de l’article 16...

Lors de ses vœux du 31 décembre 2024, Emmanuel Macron annonçait vouloir consulter les Français. Tout le monde a cru aux référendums. Erreur ! il pensait déjà à une présidentielle anticipée plus que biaisée.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 151, mise en ligne le 8 avril 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Selenia De Felice: Mishima est un guerrier de la vie enivré par la séduction de la belle mort ancienne

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Selenia De Felice: Mishima est un guerrier de la vie enivré par la séduction de la belle mort ancienne

Propos recueillis par Eren Yeşilyurt

Bien que de nombreuses œuvres de Yukio Mishima aient été traduites en turc, ses réflexions sur la politique et la culture ne sont pas encore suffisamment connues dans notre pays. Mishima est une figure importante qui a émergé dans mes recherches sur la révolution conservatrice. Le livre sur la pensée de Mishima publié par Idrovolente Edizioni, « Yukio Mishima : Infinite Samurai » a été édité sous la houlette de Selenia De Felice.

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Pouvez-vous nous parler brièvement de Yukio Mishima ?

Yukio Mishima, pseudonyme de Kimitake Hiraoka, est né à Tokyo en janvier 1925. Il reste l'un des cas littéraires les plus fascinants de la culture japonaise du 20ème siècle. De noble ascendance samouraï, il fait de ses œuvres un magnifique résumé de la coexistence, souvent conflictuelle, de la modernité, de l'existence spirituelle et de la civilisation industrielle dans le Japon de son époque. En 1949, son best-seller Confessions d'un masque le propulse sur la scène internationale et il commence à voyager en Occident, où il découvre la Grèce classique et s'éprend de la philosophie de la beauté et de la perfection. Les éléments clés de son récit ne sont jamais séparés d'une quête esthétique constante, de la précision du langage choisi aux thèmes abordés: beauté et mort, beauté et violence, beauté et éros.

Yukio Mishima était également un excellent dramaturge et expert en théâtre nō, initié à la connaissance de cet art par sa grand-mère maternelle, qui a profondément marqué ses premières années, le soustrayant aux soins de sa mère et l'élevant en fait comme un enfant du Vieux Japon, dans l'atmosphère ancienne et austère de sa maison. On peut observer l'histoire de la vie de Mishima en même temps que la nature de ses œuvres : de la phase introspective de Couleurs interdites et Neige de printemps, il passe en 1967 à La Voie du guerrier, une interprétation personnelle du Hagakure de Tsunetomo Yamamoto, un samouraï du 17ème siècle. Au cours des dernières années de sa vie, son intention de protéger l'empereur se matérialise par la fondation d'une armée privée entièrement financée par lui, la Tate no Kai (ou Société du bouclier).

Le 25 novembre 1970, après avoir pris d'assaut l'Agence de défense nationale, dirigée par le général Mashita, il prononce un dernier discours sur la préservation des traditions et de l'esprit japonais originel, mais il est moqué par l'assistance et se rend compte de l'échec de son message. Il charge alors son disciple préféré de le seconder pendant le seppuku et accomplit le suicide rituel, faisant ainsi passer à jamais sa figure dans l'histoire du monde.

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Quelles étaient les principales critiques de Mishima à l'égard du processus de modernisation de la société japonaise, quel type de culture préconisait-il et comment abordait-il le nationalisme ?

Le projet de façonner la société et la culture japonaises d'une manière considérée comme plus avant-gardiste remonte à l'ère Meiji (1868-1912), lorsque le shogunat était orienté vers la restauration du pouvoir impérial en termes politiques. Au cours de ces années, des chefs d'armée, des médecins et des ingénieurs d'État ont été envoyés en Europe pour apprendre les nouvelles technologies dans divers domaines par l'observation pratique et l'émulation/imitation, puis sont rentrés au Japon avec des connaissances sans précédent qui, en fait, ont changé la structure du pays au cours des années suivantes. Mais à quel prix ? L'inspiration équilibrée des nouvelles découvertes culturelles de l'Occident finit inévitablement par avoir un impact négatif sur le mode de vie japonais, qui est progressivement altéré dans presque toutes ses facettes. Le domaine qui souffre le plus de l'occidentalisation excessive est sans aucun doute celui des traditions, qu'elles soient religieuses ou historico-culturelles. La critique de Yukio Mishima doit cependant être mise en relation avec le contexte chronologique dans lequel il vit. L'ère Shōwa, correspondant au règne de Hirohito, est la plus longue ère du Japon moderne-contemporain, débutant en décembre 1926 et se terminant en janvier 1989. Au cours de cette période, le pays a connu un tournant important, celui de la défaite de la Seconde Guerre mondiale et la déclaration officielle de la nature humaine de l'empereur - connu sous le nom de ningen-sengen - qui avait toujours été considéré comme un descendant divin de la déesse du soleil Amaterasu. Dans ce cadre temporel, on a assisté à l'implosion des valeurs axiomatiques qui sont à la base de la civilisation japonaise, Mishima, qui, rappelons-le, menait un style de vie étranger - il portait souvent des chemises italiennes taillées sur mesure, fumait des cigares cubains et avait une maison meublée dans le style baroque, par exemple - reconfirme néanmoins sa totale loyauté à la figure de l'Empereur, qui incarne le véritable esprit du Japon.

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Dans La défense de la culture, Mishima raconte brièvement ce qui s'est passé en février 1936, lorsqu'une poignée de jeunes officiers sont descendus dans la rue pour réclamer une réforme de l'État qui limiterait le pouvoir excessif des oligarchies financières, espérant la participation active de l'empereur Hirohito, qui non seulement s'en est désolidarisé, mais a procédé à une condamnation sévère de leurs actions, ce qui a conduit les soldats insurgés qui n'avaient pas commis de seppuku à être exécutés sommairement; on les a traités comme des meurtriers de droit commun. Bien que l'auteur évoque les Événements du 26 février comme synonymes de révolution morale, la croyance enla personne divine du Tennō reste la seule forme de révolution permanente inhérente au système impérial lui-même.

Du point de vue de la « révolution conservatrice », quels aspects de l'attachement profond de Mishima à la culture traditionnelle et de son désir de transformation politique radicale pouvons-nous combiner ?

Toujours en se référant aux Actes du 26 février, mais en partant d'un point de vue alternatif, nous pourrions dire que l'attachement profond à la culture traditionnelle s'exprime, selon Mishima, par une restauration des valeurs anciennes en politique, en gardant toujours à l'esprit la centralité de l'Empereur et en réfléchissant également à l'idéal du Hakko-ichiu, c'est-à-dire « le monde entier sous un même toit », qui défend l'universalité des valeurs japonaises et voit le Japon comme un ambassadeur de leur diffusion dans le monde. Un aspect particulier: la littérature, en raison de l'utilisation qu'elle fait de la langue japonaise, est un élément important dans la formation de la culture et de la politique en tant que forme.

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Pouvez-vous nous parler du célèbre débat de Mishima avec les leaders étudiants de gauche à l'université de Tokyo le 13 mai 1969 ? Quelles significations symboliques ce débat a-t-il apportées au climat intellectuel japonais et comment a-t-il influencé les orientations politiques et philosophiques des générations suivantes ?

« Je suis japonais. Je suis né ainsi et je mourrai ainsi. Je ne veux pas être autre chose qu'un Japonais ». Cette déclaration a été prononcée lors d'une rencontre avec des étudiants de l'université de gauche Zenkyōto, le 13 mai 1969, alors que Yukio Mishima était invité à l'université de Tōkyō pour débattre avec Akuta Masahito, à l'époque l'une des figures les plus éminentes du domaine créatif du mouvement, aujourd'hui maître estimé du théâtre japonais contemporain. Au cours de cette confrontation, si vive et acérée qu'elle ressemblait à un combat de fleurets, Mishima reconfirme deux points essentiels de sa pensée, qu'il partage étonnamment avec les Zenkyōto : l'anti-intellectualisme et l'acceptation de la violence, à condition qu'elle soit soutenue par un cadre idéologique valable. Le Japon des années 1960 et 1970 est anesthésié face aux douleurs du passé et oriente ses efforts vers une reconstruction économique qui ne trouve cependant pas de correspondance spirituelle. Dans son propre pays, Mishima est une figure détestée par la gauche pacifiste et considérée avec suspicion par la droite conservatrice, une présence trop éclectique pour lui donner une position politique fixe et adéquate.

Quel est le rapport entre l'idéologie de Mishima et sa conception de l'art et de l'esthétique, en particulier du corps, de la beauté, de la discipline et de la mort, et quelle a été son influence sur les écrivains et penseurs ultérieurs ?

À l'instar de Gabriele d'Annunzio en Italie, Mishima a inscrit sa vie et son œuvre dans une vigoureuse commémoration du passé, alors que la grande majorité de l'élite culturelle se déclarait totalement projetée dans un avenir lointain (et hypothétique).

La vie et la littérature sont devenues deux éléments inséparables, et ce n'est probablement pas une coïncidence si Mishima a été le traducteur du barde italien en japonais. L'idéologie de Mishima trouve dans l'esthétique et dans sa recherche constante un fil conducteur étroitement lié, surtout dans ses romans, à la carnalité du corps, à ses descriptions plastiques et à l'appel constant à une discipline de fer. Il suffit de rappeler que le jeune Yukio Mishima a été réformé lorsqu'il a été appelé sous les drapeaux pour avoir été jugé trop chétif.

Après son voyage en Grèce, des années plus tard, il a pu observer les proportions parfaites des statues classiques et est rentré au Japon avec l'intention d'endurcir son corps, commençant ainsi à pratiquer les arts martiaux et le culturisme. L'image de lui, les mains attachées à la tête et les flancs transpercés de flèches, comme saint Sébastien, est si populaire que chacun d'entre nous l'a vue au moins une fois. Alors pourquoi devrions-nous encore parler sérieusement de Yukio Mishima ? Cent ans après sa naissance et à des centaines de milliers de kilomètres de distance (et une distanc qui n'est pas seulement culturelle), il exerce toujours une fascination - terrifiante pour certains - dérivée de son éblouissante pertinence.

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Comment Mishima a-t-il été perçu en Europe, et quels parallèles peut-on établir entre le nationalisme de Mishima et les interprétations de la crise culturelle par les intellectuels de droite en Europe ?

En dehors des best-sellers, dire que la diffusion et la réception de Yukio Mishima en Europe est aussi large que celle d'autres auteurs japonais, tels que Murakami ou Kawabata, par exemple, est plutôt osé. Cette raison pourrait également être due au caractère délicieusement politico-philosophique de certaines de ses œuvres, je mentionne à nouveau La défense de la culture en premier lieu, traduit parce que cet ouvrage était encore inédit par Idrovolante Edizioni.

Pour aborder le Mishima politique, il faut s'intéresser à l'histoire et à la culture japonaises. Certes, quelques stars comme David Bowie ou le photographe Eikō Hosoe ont contribué à diffuser son image en Occident, mais est-il vraiment correct de considérer Yukio Mishima comme une icône pop, comme certaines bibliothèques occidentales voudraient nous le faire croire ? Pour les milieux intellectuels de droite, Yukio Mishima représente un jalon en raison du caractère universaliste de ses essais politico-philosophiques. Soleil et acier ou Leçons pour les jeunes samouraïs, conçus dans une écriture agile, didactique et facile d'accès, représentent presque des vade-mecum pour tous ceux qui, comme lui, pour leur époque et leur pays, construisent jour après jour leur engagement politique militant comme dernier rempart à la défense des traditions de leur nation, et ceci est valable de Lisbonne à Budapest.

L'acte de seppuku de Mishima, le 25 novembre 1970, est-il l'aboutissement de sa quête idéologique et esthétique, ou doit-il être lu comme l'expression d'une profonde désillusion face à la modernisation de la société japonaise et à ses propres idéaux ?

Yukio Mishima a choisi le seppuku, le suicide rituel pratiqué par les anciens samouraïs, comme acte de mort, non pas par hasard, mais précisément pour démontrer de manière concrète et hautement dramatique sa désillusion face à la société japonaise alors totalement apathique. En même temps, cependant, on pourrait aussi y voir un désir de préservation esthétique jusqu'au dernier souffle. En effet, il est un guerrier de la vie, enivré par la séduction de la belle mort à l'ancienne, antidote infaillible à la lente décadence que représente la modernité.

Source : https://erenyesilyurt.com/index.php/2025/04/03/selenia-de...

samedi, 12 avril 2025

L’interdiction chinoise d'exporter des métaux rares pourrait paralyser le complexe militaro-industriel américain

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L’interdiction chinoise d'exporter des métaux rares pourrait paralyser le complexe militaro-industriel américain

Source: https://dissident.one/het-chinese-verbod-op-zeldzame-meta...

Pékin contre-attaque face aux droits de douane de Trump en limitant l’exportation d'éléments cruciaux – avec des conséquences douloureuses pour les États-Unis.

En réponse directe aux nouvelles mesures tarifaires de Trump, la Chine a désormais réagi en imposant ses propres sanctions. Celles-ci pourraient s'avérer extrêmement douloureuses pour les États-Unis. La République populaire impose des restrictions à l'exportation de matières premières stratégiquement importantes, essentielles pour de nombreuses applications high-tech et de défense, rapporte Sputnik.

« Les sanctions de la Chine contre Lockheed Martin et Raytheon – et maintenant aussi les restrictions sur les terres rares et les technologies à double usage – perturbent les chaînes d'approvisionnement dont les États-Unis dépendent fortement », explique Angelo Giuliano, analyste financier à Hong Kong.

Ces mesures entraîneront probablement une hausse significative des coûts de production dans l'industrie de la défense américaine. Elles provoqueront également des retards dans la production d'équipements avancés, notamment des systèmes dépendant des terres rares, tels que les avions et les missiles. « Les États-Unis ne sont tout simplement pas préparés à perdre la Chine comme partenaire commercial dans ce secteur », avertit Giuliano.

Michael Maloof, un ancien analyste en matières de sécurité auprès du ministère de la Défense américain, s'attend également à des effets notables: bien que cette étape cause à court terme une « perturbation temporaire », les États-Unis essaieront à moyen terme de développer de nouvelles sources de terres rares – par exemple en Amérique latine, en Ukraine ou même en Russie. En même temps, le financement intérieur devra également être élargi. « Mais cela prendra du temps. Ce ne sera pas fait du jour au lendemain », souligne Maloof.

Quelles ressources sont en jeu ?

Les produits contenant certains minéraux stratégiques ne pourront désormais être exportés qu'avec une autorisation spéciale d'exportation du ministère chinois du Commerce. Pour cette autorisation, il est également nécessaire de fournir des informations sur l'utilisation finale des matières premières. Voici, en bref, les éléments concernés:

    - Scandium : un additif stratégique dans les alliages d'aluminium. « Les restrictions toucheront surtout l'aviation et la technologie des missiles », déclare Ruslan Dimukhamedov, expert en terres rares. Le scandium est indispensable « là où une extrême résistance et un faible poids sont requis – quel qu’en soit le coût ».

    - Dysprosium : Indispensable pour les aimants en néodyme, qui grâce au dysprosium sont mieux résistants aux températures et ne se démagnétisent pas, même à forte chaleur. Selon Dimukhamedov, président de l'association russe des producteurs et consommateurs de métaux rares et de terres rares, le dysprosium est essentiel pour les applications hautes performances.

    - Samarium : Utilisé pour les aimants samarium-cobalt – encore plus résistants à la chaleur que les variantes néodyme. Ces aimants sont utilisés dans l'industrie pétrolière et pour des applications de défense, par exemple dans les missiles ou les moteurs électriques pour l'aéronautique et l'espace.

    - Gadolinium : Joue un rôle clé dans la technologie nucléaire civile. En tant qu'« additif combustible » dans le combustible des réacteurs, le gadolinium améliore à la fois la durée de vie de l'uranium et sa combustion complète dans le réacteur nucléaire.

    - Terbium : Un élément essentiel pour les phosphores, comme les phares, les matrices LED, les écrans, les moniteurs et les smartphones.

    - Yttrium : Utilisé pour des céramiques très spécialisées dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace. Parmi les exemples, on trouve des céramiques à base de zirconium stabilisées par de l'yttrium ou des matériaux réfractaires pour les moteurs et les boucliers thermiques des vaisseaux spatiaux.

    - Lutécium : Un élément chimique hautement spécialisé utilisé dans des systèmes laser modernes.

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Président géorgien: le Deep State poursuit sa guerre en Ukraine

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Président géorgien: le Deep State poursuit sa guerre en Ukraine

Tbilissi/Bruxelles. Le Premier ministre géorgien Irakli Kobachidze a confirmé aux journalistes ce qui ne fait aucun doute pour les observateurs de la politique actuelle en Ukraine de l'UE: certaines forces au sein des niveaux de direction occidentaux tentent de saboter toute tentative de règlement pacifique et veillent à la poursuite de la guerre. Kobachidze blâme le « deep state » pour cette raison.

Il a déclaré littéralement: « Le Deep State a chargé les structures européennes de poursuivre la guerre en Ukraine. Auparavant, des instances américaines étaient également impliquées, mais maintenant la responsabilité incombe exclusivement à l'Europe. »

Le dirigeant géorgien, qui a acquis suffisamment d'expérience avec les manigances de l'Occident dans son propre pays, établit donc des parallèles évidents : même en Géorgie, les organisations qui promeuvent des « processus hostiles à l'Etat » sont désormais entièrement financées par des fonds de l'UE. La bureaucratie de l'UE est instrumentalisée à des fins géopolitiques. En même temps, il a souligné que la Géorgie continue néanmoins à défendre ses propres intérêts nationaux : « Notre objectif est d'empêcher ce qui s'est passé en Ukraine. »

L'Ukraine a subi des destructions et de nombreuses pertes, mais a gagné en retour une étroite coopération avec les institutions européennes. En revanche, la Géorgie a réussi à éviter un scénario similaire – comme l'ouverture d'un deuxième front contre la Russie. Cela, selon Kobachidze, a extrêmement contrarié le « deep state » (mü).

Source: Zu erst, Abril 2025.

Avec le soutien de Trump, le Maroc devient un pôle industriel de la Méditerranée

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Avec le soutien de Trump, le Maroc devient un pôle industriel de la Méditerranée

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/con-il-sostegno-di-trump-il-mar...

Le plan Mattei ? Il fonctionnera dans le sens opposé à celui prévu et aura pour principal protagoniste le Maroc. Un coup astucieux de Trump qui démontre ainsi que l'un de ses principaux objectifs est la destruction de l'économie européenne, ainsi que celle de la Chine. C'est pourquoi le Maroc est soumis aux droits de douane les plus bas, afin d'attirer les investissements européens et la délocalisation des entreprises du vieux continent.

Ce sont principalement les entreprises de l'Europe méditerranéenne qui seront poussées vers Rabat et ses environs. Donc celle de l'Italie, de la France, de l'Espagne. Le choix du Maroc comme lieu d'implantation n'est certainement pas une nouveauté, mais l'introduction de droits de douane différents entre les pays méditerranéens favorisera, bien sûr, le pays nord-africain qui ne connait pas de problèmes particuliers d'ordre public, d'intégrisme ou d'alliances dangereuses. Main-d'œuvre moins coûteuse, droits de douane inférieurs pour accéder au marché américain.

Et, par conséquent, une concurrence gagnante par rapport à une Europe qui n'a pas investi suffisamment pour être à la pointe de l'industrie mondiale et qui a trop exploité ses travailleurs pour avoir un marché intérieur capable d'absorber des produits trop coûteux.

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Sans oublier les relations internationales. L'Europe s'est enfermée dans sa forteresse, laissant à l'extérieur tout le monde qui ne faisait pas partie d'un Occident auto-référentiel, dépourvu d'élan. Un Occident qui maintenant se divise de l'intérieur, dont les composantes se trahissent mutuellement.

Et le Maroc est prêt à en profiter. Face au renoncement italien à jouer un rôle dans la Méditerranée, il est inévitable que d'autres acteurs émergent. De la Turquie au Maroc, la rive Sud prend la tête de toute la zone.

Contexte historique des particularités idéologiques japonaises: sentiments pro-russes anti-Trump et pro-russes anti-Chine

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Contexte historique des particularités idéologiques japonaises: sentiments pro-russes anti-Trump et pro-russes anti-Chine

Kazuhiro Hayashida

J'émets l'hypothèse que l'idéologie pro-russe et anti-Trump pourrait ressembler étroitement aux courants idéologiques liés au Kuomintang (KMT) sur le continent, en Chine.

Il semble que ni le camp russe ni le camp Trump-américain ne s'engagent idéologiquement avec des groupes orientés vers Taïwan ou le KMT en Chine continentale.

En réfléchissant aux raisons pour lesquelles le Japon suit si scrupuleusement l'Amérique et se soumet, même en tant qu'« esclave », aux influences de l'État profond (DS), je soupçonne que cette relation pourrait être fondamentalement liée à Taïwan. Je me propose ici d'explorer plus avant cette hypothèse.

Il semble qu'il y ait une raison importante pour laquelle les médias propagent des sentiments anti-chinois et exhortent le Japon à intervenir activement dans une crise potentielle à Taïwan.

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Position géopolitique du Japon à l'égard de Taïwan

Il est indéniable que la situation géopolitique du Japon influence considérablement ces positions idéologiques.

Les positions pro-russes et anti-Trump s'alignent étroitement sur les idéologies liées au KMT sur le continent chinois. Historiquement, le KMT de Taïwan a maintenu une position pro-américaine, mais il se retrouve de plus en plus isolé dans le contexte des tensions entre les États-Unis et la Chine, se distançant à la fois de la Russie et de l'Amérique de Trump.

Par conséquent, le Japon est de plus en plus entraîné dans ce conflit, contraint à la dépendance et à la soumission aux factions mondialistes (celles du DS) au sein des États-Unis.

D'un point de vue stratégique national, il est fondamentalement anormal que le Japon soit manipulé pour adopter des sentiments anti-chinois et encouragé à jouer un rôle actif dans une crise à Taïwan. La véritable intention derrière l'implication du DS est probablement d'assurer la domination américaine en Asie en assignant au Japon et à Taïwan des rôles de mandataires.

Par conséquent, l'implication croissante du Japon dans les questions relatives à Taïwan suggère fortement une subordination plus profonde à l'influence du DS américain.

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Examinons maintenant cette hypothèse :

Se pourrait-il que le Japon ait insisté sur une stratégie de défense du continent pendant la Grande Guerre d'Asie de l'Est en raison de sa profonde confiance dans le gouvernement de Nanjing, envisageant peut-être même d'y installer son gouvernement en exil?

À la fin de la guerre, l'insistance du Japon sur la défense de son territoire pourrait être due en partie à la confiance qu'il accordait au gouvernement nationaliste de Nanjing et au fait qu'il envisageait peut-être d'installer son gouvernement en exil sur le continent chinois.

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Le régime de Wang Jingwei (photo - gouvernement nationaliste de Nanjing), généralement considéré comme un gouvernement fantoche, avait en fait des idéaux nationalistes et anticommunistes substantiels et considérait sincèrement la collaboration avec le Japon comme la clé de ses perspectives d'avenir. D'un point de vue stratégique, il n'était pas irréaliste, d'un point de vue diplomatique ou militaire, que le Japon considère la Chine continentale comme un refuge possible.

Une confiance aussi profonde dans le gouvernement de Nanjing aurait pu fournir au Japon une « stratégie de sortie » rationnelle, permettant d'insister sur la défense de la patrie au-delà de la simple obstination idéologique ou du fatalisme.

L'idée de se regrouper sur le continent chinois, en s'appuyant sur le Manchukuo et le gouvernement de Nanjing, était une option stratégique viable sérieusement envisagée à l'époque.

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Cette hypothèse offre une interprétation plus rationnelle et multidimensionnelle des décisions historiques du Japon, qui s'écarte considérablement des explications traditionnelles « spiritualistes » ou « de la dernière chance ».

Les stratèges chinois et japonais de l'époque ont probablement raisonné ainsi :

« Si le Japon est vaincu, nous serons confrontés à un mouvement de tenaille de la part des États-Unis et de l'Union soviétique. Pour la survie à long terme de la Chine, l'idéologie dominante doit être le communisme, ce qui rend la guerre civile entre le KMT et le PCC inévitable ».

Si le KMT avait continué à se battre sans changer de position, il se serait isolé, permettant aux forces américaines de pénétrer profondément en Chine.

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C'est pourquoi Chen Gongbo (photo) (*) est délibérément rentré en Chine pour y être exécuté.

(*) Ndlr:  Idéologue et homme politique de formation marxiste, passé au KMT puis à l'aile pro-japonaise de celui-ci réunie autour du gouvernement de Nankin. Il sera condamné à mort par les nationalistes chinois en 1946.

Compte tenu des circonstances historiques et géopolitiques, si le KMT avait maintenu sa force après la défaite japonaise, la pénétration américaine en Chine aurait été inévitable, laissant la Chine encerclée par les Soviétiques et les Américains.

Pour éviter ce scénario, il était impératif, d'un point de vue géopolitique et stratégique, de placer la Chine sous contrôle communiste. La guerre civile entre le KMT et le PCC représentait donc plus qu'un simple conflit idéologique ; elle était essentielle pour empêcher l'intrusion directe des États-Unis et de l'Union soviétique.

Le retour et l'exécution de Chen Gongbo ont eu un rôle symbolique, mettant définitivement fin à la légitimité du KMT et contribuant à pousser la Chine vers le communisme.

Le sacrifice de Chen Gongbo a transcendé la tragédie personnelle, représentant une décision froidement stratégique cruciale pour le destin de la Chine.

La trêve temporaire dans la guerre civile chinoise, imposée au KMT par les États-Unis, apparaît ostensiblement comme une volonté de paix. Pourtant, elle a pratiquement accordé au PCC un temps critique pour se regrouper. Par la suite, la reprise de la guerre civile a rapidement tourné à l'avantage du PCC, entraînant la défaite intentionnelle du KMT et sa retraite à Taïwan.

Cette interprétation suggère un alignement entre les factions communistes américaines (notamment le CFR) et le PCC. Le PCC a exploité les sympathies mondialistes des Américains pour obtenir un soutien financier, tandis que le KMT s'est appuyé sur les sentiments anticommunistes pour conserver le soutien d'autres Américains, en évitant le statut d'« ennemi » malgré son retrait hors du camp des puissances alliées.

Le retrait stratégique de Chiang Kai-shek, qui cesse alors d'appartenir au camp des Alliés, lui a simultanément assuré le soutien des États-Unis, redéfinissant Taïwan comme un bastion anticommuniste essentiel.

Ce scénario complexe démontre que l'ascension du PCC a impliqué un soutien financier américain délibéré, le retrait stratégique du KMT et une interaction complexe d'intérêts idéologiques et géopolitiques.

Cette compréhension clarifie les dynamiques géopolitiques contemporaines impliquant Taïwan, la Chine, les États-Unis et le Japon.

- L'Asie orientale (Chine, péninsule coréenne, Japon) en tant qu'État-civilisation unifié

Historiquement, la Chine, la péninsule coréenne et le Japon pourraient fonctionner efficacement comme un État-civilisation unifié, chaque région conservant une forte souveraineté mais coopérant dans un cadre plus large et invisible.

Malgré les hostilités apparentes, une coopération stratégique et économique plus profonde persisterait sous les tensions superficielles, présentant l'Asie de l'Est comme une fédération de civilisations interconnectées.

Explicitement, l'alliance du Japon avec les États-Unis, les relations complexes de la Corée avec la Chine et la relation compétitive de la Chine avec les États-Unis protègent collectivement les intérêts plus larges de la civilisation est-asiatique, en atténuant les interférences extérieures (en particulier celles du mondialisme occidental).

Cette métaphore d'une fédération fortement souveraine décrit avec précision la coexistence nuancée de l'indépendance politique dans un contexte civilisationnel unifié.

- Le rôle « sale » du Japon

Le Japon, comme l'Ukraine vis-à-vis de la Russie, sert de ligne de front et de tampon géopolitique au bénéfice de l'Occident face à la Chine et à la Russie en Asie de l'Est. Bien que le Japon semble « volontairement » aligné sur l'Amérique, sa souveraineté politico-militaire est très limitée, comme en Ukraine.

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Le rôle du Japon en tant que base américaine de première ligne contre la Chine est similaire à celui de l'Ukraine vis-à-vis de la Russie. Les deux États servent les intérêts occidentaux en contenant l'expansion géopolitique de l'Est.

- Résoudre les tensions entre le Japon et la Chine par une approche pro-russe et anti-DS

Une position japonaise pro-russe pourrait rétablir l'équilibre géopolitique au-delà du cadre actuel entre les États-Unis et la Chine, en affaiblissant l'influence mondialiste du DS en Chine.

Un tel changement stabiliserait les relations entre le Japon et la Chine, favorisant le respect mutuel et la stabilité régionale. Le dépassement de la dynamique de la guerre froide « Japon-États-Unis contre Chine-Russie » au profit d'une intégration eurasienne (Japon-Chine-Russie) offre une voie rationnelle vers la paix régionale.

Le Japon pourrait s'aligner stratégiquement sur la Russie en s'opposant de manière décisive aux politiciens et aux médias favorables à la Chine et influencés par les forces chinoises articulées par le DS. Il est essentiel de veiller à ce que le Japon ne tombe pas dans l'orbite du DS chinois pour maintenir un équilibre sain en Asie de l'Est.

vendredi, 11 avril 2025

Ignorance volontaire: l'Occident persiste à ne jamais connaître ses propres « ennemis »

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Ignorance volontaire: l'Occident persiste à ne jamais connaître ses propres « ennemis »

Non seulement les États-Unis et l'UE ne connaissent pas les civilisations qu'ils cherchent à combattre, mais rejettent aussi activement la possibilité de le faire un jour

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/wilful-ignorance-the...

Une erreur cruciale que les États-Unis et la plupart des pays de l'Occident en général continuent de faire encore et encore, c'est qu'ils n'ont aucun concept réel de l'identité civilisationnelle de leurs adversaires, rivaux ou même de leurs partenaires potentiels sur la scène mondiale, ni aucun réel intérêt à en apprendre davantage.

Par exemple, cela se voit très clairement dans la position belliqueuse de l'UE envers la Russie, ainsi que dans la position complètement idiote et autodestructrice que le gouvernement américain et les partisans de Trump adoptent envers la Chine. Le mouvement Trump semble réellement croire qu'il peut gifler la Chine devant le monde entier et s'attendre à ce que Pékin se plie et obéisse sans délais aux ordres des États-Unis ; ce qui montre un manque de compréhension complet et total de tout ce sur quoi la Chine a construit son projet de renaissance nationale depuis plus d'un siècle maintenant. Ce n'est même pas que les Américains ont tendance à ne pas comprendre la Chine (ou la Russie et l'Iran par ailleurs) ; ils n'ont même aucun intérêt à vouloir en apprendre davantage sur les peuples qu'ils sont censés haïr.

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On ne peut pas comprendre la Chine sans saisir l'importance des guerres de l'opium et du siècle de l'humiliation qui a suivi, sur l'esprit national chinois. La politique étrangère chinoise est née et a été façonnée à l'époque de la colonisation britannique et française, par le truchement des « concessions », de l'occupation japonaise à partir de 1894, de l'invasion par l'Alliance des Huit Nations en 1900, des millions de martyrs qui sont morts lors de la nouvelle invasion japonaise de 1931-1945, de l'intervention occidentale contre le mouvement communiste et des martyrs qui ont donné leur vie en défendant la Corée.

La Chine est construite sur des milliers d'années de tradition, associée à l'héritage révolutionnaire des Turbans Jaunes, du Royaume Céleste de Taiping, de la Rébellion des Boxers, de la Révolution de 1911 et des réalisations du Parti Communiste Chinois. Elle repose sur des millénaires de tradition où le bien commun est le principe central, et où une stricte séparation entre les fonctionnaires de l'État et la classe marchande a été une partie inhérente de la politique d'État depuis des siècles.

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La Chine ne peut pas être comprise sans avoir au moins une compréhension de base de concepts tels que le Mandat du Ciel ou l'idéal du Royaume du Milieu, ou l'idéal confucéen d'une société harmonieuse. De même, on ne peut pas comprendre la Russie sans saisir le rôle que Moscou voit pour elle-même en tant qu'héritière et protectrice de l'héritage tant celui de l'Empire orthodoxe russe (et donc de la Troisième Rome) que celui de l'Union soviétique. Et ajoutez la Horde d'Or pour compléter. L'Iran ne peut pas être connu si l'on ne réalise pas que la République islamique est fondamentalement imprégnée de l'eschatologie islamique et d'une ancienne tradition de martyre, ainsi que de son héritage des empires persan et parthe.

Les véritables analystes intellectuels aux États-Unis et en Europe qui comprennent vraiment l'impulsion civilisationnelle de base derrière les puissances étrangères sont rares. Une poignée de géopolitologues intelligents ont existé dans le camp impérialiste, pensez par exemple à Halford Mackinder, Nicholas Spykman, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski, mais bien souvent, ils ont dû se défendre contre des faucons bellicistes et extrémistes au sein de leur propre pays autant qu'ils pouvaient réellement se concentrer sur le service de l'Empire.

De nos jours, les États-Unis et l'UE, et, dans ces deux cas, à droite comme à gauche du spectre politique, sont dirigés par des ignares complets qui combinent un manque total de compréhension élémentaire avec des plans mégalomanes, rappelant une certaine gloire impériale et espérant des gains financiers. Une combinaison dangereuse.

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Parution du numéro 483 du Bulletin célinien

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Parution du numéro 483 du Bulletin célinien

Sommaire:

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Ottavio Fatica, traducteur de Céline 

In memoriam Chantal Le Bobinnec (1924-2025) 

Une polémique entre psys céliniens 

Céline dans “La Boîte à clous” (1950) 

Dans la bibliothèque de Céline (C1) 

Céline et Jean-Yves Tadié

Véronique et Lucette

C’est un bien joli livre que signe Véronique Chovin. À la mort  de  Lucette, elle est devenue cohéritière de Céline avec François Gibault qui fut son conseil durant un demi-siècle. C’est en 1970 que Véronique, alors  adolescente, fait la connaissance de Lucette en tant qu’apprentie danseuse. Elle reprend contact avec elle vingt ans plus tard et l’accompagne pendant trois décennies, jusqu’à son décès.
 

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Entretemps, maintes escapades joyeuses à Cabourg, Saint-Malo ou Menton… « Trente années passées auprès d’elle faites de voyages et de grâce, de légèreté, de silence mais aussi de tant d’amusement. » Grâce à cette amitié, elle connaît le petit monde des céliniens jusqu’à la découverte extraordinaire, il y a quatre ans, des manuscrits détenus indûment pendant des années par un journaliste qui entendait dicter ses conditions. L’ironie étant que son laborieux travail de décryptage des manuscrits fut, et pour cause, négligé par les spécialistes de l’écrivain qui effectuèrent leur propre transcription.
 
En une suite de courts chapitres, Véronique Chovin relate tout cela sans fard. Y compris ses démêlés avec deux célinistes de haut vol. Pour la même raison dans chacun des cas : la publication d’une correspondance inédite des années 1912-1919 dont elle souhaitait, avec l’assentiment de Lucette, garder la primeur. Elle l’édita, avec le concours d’Hugues Pradier, sous le titre Devenir Céline. C’est également elle qui éditera et préfacera La Volonté du roi Krogold. Contrairement à la plupart des céliniens qui considèrent ce texte avec indifférence,  elle en mesure la force et l’ensorcellement, d’autant  qu’elle le découvre  après  la  disparition de  Lucette : « Ce conte agissait comme un talisman, un réconfort, un porte-bonheur magique venu du passé et vécu comme un paradis perdu ». Une appréciation qui eût ravi Céline, autant fier de cette légende que de ses ballets… Elle publiera aussi deux livres sur Lucette (dont un cosigné avec elle), Céline secret (2001), puis Lucette Destouches, épouse Céline (2017). Ce ne fut pas sans susciter quelques grincements de dents : « À Meudon aussi, chez Lucette, l’hostilité à son égard redoublait. Certains habitués de la maison s’en allaient à son arrivée, d’autres n’hésitaient pas à l’attaquer frontalement ou bien, en sa présence, ne tarissaient pas de sous-entendus malveillants. » Pas toujours bienveillant le petit cercle de Meudon…
 

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Tout cela, Véronique Chovin le raconte à la troisième personne, manière subtile de prendre de la distance avec ce qu’elle a vécu. En ce qui concerne la réédition des pamphlets, on peut ne pas la suivre lorsqu’elle loue la position de Serge Klarsfeld résolument hostile à une publication, même “encadrée” comme l’on dit aujourd’hui. Or le travail édité au Canada est en tous points remarquable, quoiqu’en aient dit certains esprits chagrins. Revenant sur les inédits, elle évoque les querelles entre célinistes quant à la datation des inédits retrouvés. Notamment Londres qu’un universitaire italien persiste à ne pas dater de 1934. Or, ce texte comprend un quatrain de la chanson Katinka dont on sait, par la correspondance adressée à Mahé, qu’elle fut précisément composée cette année-là. L’un des derniers chapitres est consacré aux descendants de Céline qui, à la faveur de cette découverte, ont revendiqué des droits. Curieusement aucun d’entre eux n’a jamais marqué aucun intérêt notable pour l’écrivain. Voilà un reproche  qu’on ne peut assurément pas  adresser à l’auteur  de ce livre…

• Véronique CHOVIN, Céline en héritage, Mercure de France, collection “Bleue”, 130 p. (16,50 €).

Le dernier ultimatum énergétique de Trump: l'UE-Frankenstein est en difficulté

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Le dernier ultimatum énergétique de Trump: l'UE-Frankenstein est en difficulté

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/04/trumps-energie-ultimatum-...

Donald Trump a donné un ultimatum à l'UE : 350 milliards de dollars pour l'énergie américaine ou les droits de douane restent en place.

Donald Trump a donné à l'Union européenne un ultimatum qui s'abat comme un coup de tonnerre : 350 milliards de dollars pour l'énergie américaine ou les droits de douane restent en vigueur. Un coup stratégique qui pousse Bruxelles dans un coin du ring et mène les relations transatlantiques au bord du gouffre. Ursula von der Leyen a proposé de réduire mutuellement les droits de douane sur les industries à zéro – une proposition que Trump a brusquement rejetée. « Nous avons un déficit avec l'Union européenne de 350 milliards de dollars, et cela va disparaître rapidement », a-t-il déclaré avec une menace ouverte. Son objectif : des importations massives d'énergie en provenance des États-Unis pour compenser le déficit commercial. Mais il ne s'agit pas ici de l'Europe, le continent des peuples et des cultures, mais de l'UE – un Frankenstein, autrefois créé par des mains américaines, qui est maintenant étranglé par ces mêmes mains.

Un monstre sorti de l'atelier de Washington

L'histoire commence pendant la Guerre froide. À cette époque, les États-Unis ont soutenu le marché intérieur européen et la CEE pour contrer l'influence soviétique. Après 1989, ils ont soutenu l'élargissement vers l'Est de l'UE, fondée sur le traité de Maastricht, afin de soumettre l'héritage soviétique à un contrôle occidental et d'empêcher tout renouveau de Moscou. L'UE était un outil, un partenaire junior consentant. Cependant, cette fabrication, nourrie sous l'égide américaine, a grandi au-delà de ce que l'on avait planifié in petto au départ. Avec la guerre en Ukraine, l'alliance transatlantique mise sur la défaite de la Russie, dans l'espoir de sécuriser des ressources pour l'Amérique du Nord et l'Europe. Ce calcul a échoué. Maintenant, l'Occident est confronté à un problème de distribution – et Trump voit la solution : l'UE doit payer pour que l'Amérique triomphe.

Les droits de douane de 20 % sur les produits européens étaient le coup d'envoi. L'UE a réagi avec une offre de réduire les droits de douane sur les voitures et les produits industriels à zéro, à condition que les États-Unis en fassent de même. Trump a refusé et a plutôt exigé des achats d'énergie d'une valeur de quelques centaines de milliards. Un plan génial : l'UE, fraîchement libérée du gaz russe, doit devenir dépendante du GNL américains. Ce qui commence comme un conflit commercial se transforme en piège géopolitique. L'UE, et non l'Europe, est la cible – un modèle bureaucratique qui s'est aliéné des peuples et qui doit maintenant payer le prix de son « autonomie stratégique ».

L'Occident dans l'épreuve

Ce conflit est plus qu'un simple désaccord sur le gaz et les droits de douane. Il révèle que l'UE est un Frankenstein, qui se retourne contre son créateur – et en paie le prix. Alors que la Chine menace en tant que rival extérieur, Washington voit l'UE comme un adversaire intérieur. Pour vaincre Pékin, l'Amérique a besoin de la force de l'Occident – mais l'UE, avec son aspiration à l'indépendance, vient perturber cela. Trump vise la cannibalisation : une partie de l'Occident doit épuiser l'autre. Les réactions en Europe – la véritable Europe – pourraient être différentes de celles de Bruxelles. Là-bas, il y a désaccord : certains misent sur les négociations, d'autres avertissent d'une guerre commerciale qui détruira l'économie. La Commission européenne parle d'« accords équitables » – un terme qui ne récolte que du mépris à Washington.

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Les 350 milliards de dollars ne sont pas une idée spontanée, mais reflètent exactement le déficit commercial que Trump veut éliminer. Une Europe qui serait demeurée libre n'aurait pas eu sa place dans un tel scénario – l'UE, en revanche, doit devenir le payeur de la domination américaine. Mais cette Europe n'est pas celle des peuples, mais est un modèle artificiel qui a déjà vécu ses meilleurs jours.

Le pari de Trump sur tout

Quant à savoir si le plan fonctionnera, cela reste incertain. L'UE pourrait capituler, vendre sa souveraineté pour du gaz américain. Ou elle pourrait résister et déclencher une guerre commerciale dont personne ne prévoit la fin. Trump met tout en jeu. Si cette offensive échoue, il risque humiliation sur la scène internationale et tempêtes politiques internes. Ses électeurs exigent des résultats, pas des excuses. La marge de manœuvre diminue – pour lui et pour l'UE.

Cependant, l'Europe, la véritable Europe, pourrait entrevoir qu'elle a une chance. Si l'UE, ce monstre de type Frankenstein, titube sous l'étreinte de Trump, de l'espace s'ouvre pour quelque chose de nouveau : une alliance d'États souverains, libres du joug de Bruxelles et du diktat de Washington. L'Occident s'auto-détruit – mais des décombres pourrait surgir une Europe qui mérite son nom.

L’Europe est morte ! Vive l’Europe !

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L’Europe est morte ! Vive l’Europe !

Pierre-Emile Blairon

Nous avons, nous, hommes et femmes du XXIe siècle, la particularité, pour ne pas dire la « chance », de vivre une période-charnière dans l’histoire du monde en assistant et en participant aux derniers soubresauts d’un monde à l’agonie, ce que l’on a appelé improprement « l’Occident », dont Oswald Spengler avait brillamment décrit le déclin.

Procédons par paliers chronologiques en nous cantonnant à l’Epoque moderne : l’intrusion du christianisme en Europe fut suivie de la période des conquêtes européennes, notamment des Amériques, puis de l’avènement, au XIXe siècle, d’une représentation pseudo-scientifique dénommée darwinisme évolutionniste, associé au progressisme technologique, appelé « révolution industrielle ».

Ces deux concepts idéologiques, qui sont une totale inversion de la réalité, se donnaient pour tâche de laïciser et de remplacer l’efficacité des monothéismes religieux alors prépondérants qui avaient la charge de maintenir une paix sociale à l’aide de principes moraux adéquats.

L’Histoire du monde s’est confondue avec celle de l’Europe, très vite devenue « l’Occident », la dite « philosophie des Lumières », à l’origine de la sinistre Révolution française, laissant dans l’obscurité les anciennes civilisations traditionnelles qui, à l’heure actuelle, continuent de se référer à leur intangible sagesse millénaire, tant bien que mal, mais qui représentent toujours la moitié des habitants de la planète (Chine, Inde, Russie, et d’autres, regroupés désormais sous l’acronyme de BRICS).

L’Europe, dans sa version dégradée, l’Occident, a fini par n’être plus qu’un consortium d’intérêts mafieux constitué par trois entités géopolitiques : les Etats-Unis (version deep state), l’Union européenne, (elle-même créature artificielle et illégitime des E.-U., devenue le refuge brinquebalant et la base arrière de la bande à Biden) et Israël avec à sa tête un gouvernement de religieux expansionnistes fanatiques appuyés par une soldatesque brutale dont la majorité des Israéliens ne veut plus.

Voici, ci-après, ce que nous pouvons dire de l’état des lieux.

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De 1950 à 2025 : une Europe artificielle créée par les Etats-Unis

La première constatation que nous pouvons faire est celle-ci :

Tout le monde parle de l’Europe, mais il s’agit d’une illusion, d’une Europe artificielle, donc qui n’existe pas – ou plus - ou qui a eu une durée de vie très limitée[1].

C’est la déclaration du 9 mai 1950, appelée déclaration Schuman, qui « est considérée comme le texte fondateur de la construction européenne. Prononcée par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, dans le salon de l’Horloge du Quai d'Orsay, à Paris, cette déclaration, inspirée par Jean Monnet, premier commissaire au Plan, propose la création d’une organisation européenne chargée de mettre en commun les productions française et allemande de charbon et d'acier. Ce texte débouche sur la signature, le 18 avril 1951 du traité de Paris, qui fonde la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) entre six États européens : l’Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. » (Wikipédia).

Rappelons que, selon Philippe de Villiers, François Asselineau et la regrettée et très respectée Marie-France Garaud, le Français Jean Monnet, dont les cendres ont été accueillies au Panthéon en 1988, aurait été un agent de la Central Intelligence Agency, CIA, dont la mission consistait à inciter les Etats européens à se regrouper dans une structure commune qui serait ensuite placée sous le contrôle d’instances américaines[2] ; c’est cette structure qui deviendra l’Union européenne.

Nous vivons donc, nous, Européens, dans un « espace » américain, une « zone » américaine, un « satellite » américain, une « colonie » américaine, à cause de la fourberie de cette fausse élite corrompue qui n’a même pas été élue, sans que les Européens, qui se croyaient chez eux, aient eu la possibilité de s’en informer (les Américains sont des spécialistes la manipulation des masses, de l’ingénierie sociale), ce qui s’est traduit très rapidement par une forte influence des Etats-Unis sur l’Europe sur le plan culturel (à un niveau primaire cependant) et économique mais, heureusement pas spirituel, car les Américains, plutôt « pragmatiques », s’intéressent très peu à ce domaine.

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Nous oui : nous savons, par nos ancêtres indo-européens qui ont inventé un système de société qui s’appelle la trifonctionnalité, que la première des trois fonctions sans laquelle les deux autres ne peuvent exister est marquée du sceau de la spiritualité[3].

La fin de l’Histoire de cette Europe éphémère – une Histoire qui nous a été confisquée, détournée, pendant 75 ans et qui ne concerne en rien les Anciens-Européens - est intervenue en 2025, il y a quelques jours, lorsque Trump a jugé bon de s’en désintéresser quand il a réalisé que l’Europe, créature des Etats-Unis, une sorte de Golem monstrueux, ne pouvait plus rien leur rapporter, qu’il n’y avait plus moyen de faire de quelconques affaires avec l’Union européenne qu’il doit considérer comme un ramassis de cinglés emmenés par Macron, et il aurait bien raison, mais c’est dommage : il n’aura même pas été pleinement conscient que ce qu’il aura supprimé était la création de son propre pays, de même que cette équipe de clowns (les « dirigeants » européens) dont il se moque allègrement.

Oui, c’est l’Amérique qui avait créé cette Europe-là dont les Européens ne voulaient pas, c’est l’Amérique qui maintenant la détruit parce qu’elle n’en a plus besoin. Bon débarras !

Mais on sait que les Américains ne sont pas de fervents écologistes ; ils nous ont laissé sur place cette créature moribonde qui se décompose lentement, sorte de zombie, de mort-vivant, de cadavre qui bouge encore, qui n’en finit plus de pourrir et qui pue de plus en plus.

Autour de cette putréfaction se rassemble, comme pour un sabbat, ce qui reste de la secte satano-mondialiste chassée des Etats-Unis[4], qui s’est réfugiée dans cette Europe factice, et qui espère trouver un élixir – à base de sang frais - qui leur permet encore de rester en vie ; pour l’instant, ils n’ont trouvé que la guerre, n’importe où, contre n’importe qui, mais à tout prix, pour espérer durer encore.

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L’ersatz d’Europe sous la férule capitaliste américaine aura donc duré 75 ans : 1950-2025.

Pour ceux qui, comme moi, ne croient pas aux coïncidences, je ferai remarquer que, de l’autre côté de l’ancien Mur de Berlin, le régime communiste a duré quasiment le même laps de temps : 1917-1991 : 74 ans. Match nul.

Les Français ne connaissent donc plus rien de leur Histoire ; bien moins formés que les Russes, mais aussi que leurs homologues Européens où la décadence a été globalement moins rapide qu’en France, notre pays, qui constituait au XVIIIe et au XIXe siècle le phare intellectuel de l’Europe et du monde.

Il était nécessaire de couper les petits Français de toute référence à leur Histoire pour qu’ils ne puissent plus se rattacher à un quelconque passé, surtout s’il avait été glorieux. Il s’agissait de former des citoyens du monde, interchangeables, malléables, sans repères et sans racines, donc sans possibilité de se projeter dans l’avenir, conditionnés, voire lobotomisés, prêts à devenir de bons petits esclaves, puis de parfaits petits robots.

Ce legs, maléfique sur le plan spirituel, tout autant que famélique sur le plan de la connaissance – il est amusant de constater que ces deux mots font souvent bon ménage – est, lui aussi, imputable à l’emprise de la sous-culture américaine qui a commencé à produire ses effets néfastes sur la France et l’ensemble du continent européen après la première guerre mondiale.

L’idée européenne est très jeune ; quelques dizaines de milliers d’années à peine, ce qu’a duré le cycle qui s’achève pour en élaborer l’esprit et les conditions de sa renaissance, je veux dire : renaissance à la fois du cycle et de l’Europe.

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Les Indo-européens (Grecs, Italiques, Albanais, Indo-Iraniens, Celtes, Germains, Nordiques, Slaves, Arméniens) ont établi des mesures d’un grand cycle qui se renouvelle en permanence, divisé en quatre périodes appelées âges, du meilleur au pire : Âge d’or, d’argent, de bronze, de fer ; le cycle auquel nous appartenons aurait duré 64800 ans[5].

Les larges plages de temps comme celle que nous venons d’évoquer apparaissent pour le moins étrange pour une société à qui on a appris depuis 2000 ans à considérer que le monde a commencé avec les religions monothéistes.

L’apparition du monothéisme juif, suivi du christianisme et de l’islam, a entraîné une conception du temps différente de celle des antiques civilisations ; pour entrer dans la logique d’un dieu révélé qui aurait élu le peuple juif, il fallait qu’il y ait un début et une fin (de préférence heureuse) à cette élection réciproquement partagée, il fallait donc adopter le concept d’un temps linéaire, concept artificiel, qui amènerait celui, tout aussi anti naturel, d’évolution et de progrès (du pire au meilleur) qui a réussi à s’imposer en opposition à tout bon sens.

Pour les traditions anciennes qui se référaient à la nature et à son fonctionnement, le temps était logiquement cyclique (les astres, les saisons, les jours, les arbres et leurs feuilles, toutes les manifestations naturelles naissent, meurent et reviennent en permanence) et son déroulement était involutif (du meilleur au pire), les choses de la vie naturelle sur Terre allant toujours en se dégradant jusqu’à la mort et non pas en s’améliorant (on ne naît pas vieux décrépi pour finir jeune et beau en parfaite forme).

Comment savons-nous que nous sommes exactement à la fin de notre cycle ?

Tout simplement parce que les livres sacrés des anciennes civilisations, surtout indiens, ont décrit la façon dont se terminent tous les cycles et cette façon est peu ou prou identique à chaque fin de cycle[6].

Le christianisme, dans sa version catholique, a pu s’insérer en Europe parce qu’il a composé avec le substrat de l’héritage païen préchrétien. C’est ce brassage subtil, qui constitue une facette du génie européen, qui permit ensuite au Moyen-Âge l’érection des apaisantes et harmonieuses églises romanes et, plus tard, des éblouissantes cathédrales gothiques en Europe.

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L’Amérique de Trump : le changement dans la continuité ?

Ce qui n’est pas le cas pour l’Amérique, où les premiers pilgrims (pèlerins) étaient des Puritains biblicistes pratiquant la religion du Livre unique, unique tout comme celui des juifs ou des musulmans ; ces Puritains étaient d’austères dissidents calvinistes de l’Eglise d’Angleterre chassés de leur terre natale, réfugiés un temps en Hollande et débarqués le 26 novembre 1620 du Mayflower à Plymouth dans le Massachusetts actuel.

On ne sait pas par quel miracle l’administration Trump a pu s’extraire si rapidement des griffes de la secte sataniste qui avait pris en mains toutes les commandes des Etats-Unis.

L’Amérique, sur l’impulsion d’un Trump brusquement éveillé aux réalités et à une situation qui conduisait son pays vers une fin rapide, a inversé la vapeur, manœuvre qui a réussi à stopper in extremis le destin du Titanic II qui paraissait inéluctablement voué au naufrage.

Le mouvement sataniste, habituellement dédié à l’inversion des valeurs et du langage, s’était nommé « woke », qui signifie : l’éveil. Il a subi les conséquences de son propre retournement : c’est lui qui est en train de couler.

Le journal La Croix du 20 janvier 2017 (premier mandat de Donald Trump) nous donne des indications fort intéressantes concernant le président américain, qui nous aident à comprendre le comportement quelque peu fantasque du personnage et ses motivations politiques, ses pulsions qui paraissent souvent brutales et basiques.

« Le président élu a été baptisé et confirmé dans la First Presbyterian Church, l’église presbytérienne du quartier de Jamaica à Queens (New York) où il a grandi. Dans les années 1960, ses parents ont rejoint la Marble Collegiate Church, sur la Cinquième avenue à Manhattan, attirés par la personnalité de son pasteur, Norman Vincent Peale. Cette église appartient à une autre dénomination protestante, la Reformed Church in America, fondée en 1628. Donald Trump l’a fréquentée pendant près de cinquante ans et s’y est marié religieusement avec sa première et sa seconde femme. Auteur du best-seller The Power of Positive Thinking, publié en 1952, Norman Vincent Peale prêchait l’optimisme et la réussite, matérielle autant que spirituelle. Supporter de Richard Nixon, très hostile à la candidature du catholique John Kennedy en 1960, il admirait les hommes d’affaires prospères et truffait ses sermons d’anecdotes sur les grands industriels qu’il connaissait. »

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La formation et la pensée de Trump semblent donc pouvoir être facilement cadrées dans leurs grandes lignes, qui rejoignent celles de l’Américain moyen, même quand ils ne sont pas milliardaires, et qui se résument dans la devise nationale officielle des Etats-Unis : in God we trust, qui signifie nous avons confiance en Dieu, devise, faut-il le souligner, qui se retrouve également imprimée sur le dollar, le billet. Le problème, pour nous qui ne pratiquons pas toujours la langue de Donald Trump, c’est que, en franglais, le mot trust signifie plutôt un conglomérat financier, industriel ou économique. Et là, la devise du dollar apparaît dans toute sa splendeur simplissime : nous croyons, certes, en Dieu, mais aussi aux affaires. Une vue-du-monde essentiellement matérialiste, avec un zeste de religion en guise de paravent.

Bible and Business : toute la philosophie américaine en 3 mots[7].

La résilience russe, premier pas vers la Renaissance européenne

La Russie, vieille civilisation indo-européenne, s’est débarrassée de ses oripeaux idéologiques pour retrouver sa vraie nature, celle qui la rattache à sa terre et à ses dieux ; le socialisme est mort symboliquement en une journée, celle de la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989.

C’est un peuple dont le riche passé a été en quelque sorte congelé pendant les 74 années qu’a duré la période soviétique ; il se réveille, pur et intact, avec le dynamisme de la jeunesse, et d’autant plus proche de ses racines qu’elles réapparaissent avec toute la puissance de leur renaissance. Les Anciens-Européens considèrent que plus on est proche de ses racines, de la source initiale et pérenne, et plus celle-ci nous permet de nous régénérer.

Le régime soviétique, en dépit de son dogmatisme initial, a cependant permis aux Russes d’acquérir une instruction de très bonne qualité, de former d’excellents ingénieurs, techniciens, médecins, scientifiques, enseignants, etc. contrairement à un pays comme la France où les nombreux ministres de l’Education nationale qui se sont succédé, notamment depuis 1968, ont scrupuleusement respecté leur feuille de route qui consistait essentiellement à produire des crétins analphabètes. Ils ont parfaitement réussi dans cette tâche.

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La Russie n’a pu renaître, retrouver ses valeurs ancestrales, ne pas succomber à l’occidentisme décadent qu’au prix de l’avalanche des sanctions qui sont tombées dru sur elle et qui l’ont obligée à se débrouiller seule, avec les moyens du bord, et à reconstituer, pièce par pièce, les éléments de son génie et de sa force.

A quelque chose, malheur est bon, dit le dicton.

C’est vrai qu’il fallait une grande résilience pour réaliser cet exploit, tout en supportant la lourde charge de la guerre (toujours non déclarée) que lui livrent l’Otan et l’Union européenne qui n’ont pas hésité à sacrifier un peuple européen, l’Ukraine, qui paye sa folie ou sa bêtise par un million de morts.

Cette résilience fait partie du caractère même du peuple russe habitué à vivre sans l’aide de personne. Les peuples européens ont été dépossédés, au fil des ans, par le consumérisme et la facilité, de cette combativité qui, en d’autres temps, lui ont donné la maîtrise du monde, sur mer et sur terre.

Les Russes ont retrouvé tout naturellement les vertus du localisme dont les produits n’ont pas besoin de faire trois fois le tour de la Terre pour être livrés, délestés à chaque escale de la dîme à payer à la grande finance.

C’est pour cette raison que René Guénon a pu écrire dans Le Roi du monde, que les conditions très difficiles de cette renaissance à venir ne pourront concerner qu’une toute petite frange de la population, les autres ne pouvant pas avoir accès au nouveau monde que ces pionniers se seront construit par leur courage[8]. Par comparaison, sur 300 millions de spermatozoïdes, seulement un millier vont arriver au contact de l’ovocyte prêt à être fécondé. Seulement 4 saumons issus des 8000 œufs initiaux parviendront à retourner dans leur rivière au prix de mille difficultés pour y frayer après leur séjour dans l'océan.

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L’Hyperborée, continent mythique, et la bataille pour l’Arctique

C’est un mathématicien indien, Bal-Gangadar Tilak 1856-1920) qui a fait ressurgir l’Hyperborée des profondeurs glacées où cet immense continent était enfoui, symboliquement, bien sûr.

Les recherches de Tilak l’amenèrent à découvrir l’existence d’un peuple-source dont le territoire se situait autour du Pôle arctique mais, surtout, dessous. Il détermina que ce peuple source était à l’origine de sa propre civilisation indienne ainsi que d’autres civilisations dans le monde ; c’est en confrontant les textes traditionnels indous avec les connaissances scientifiques occidentales dans son livre Origine polaire de la tradition védique, que Tilak parvint à cette conclusion.

Tous les auteurs traditionalistes postérieurs à Tilak ont reconnu l’importance de ses travaux pour asseoir la pertinence du concept de Tradition primordiale[9].

Julius Evola commente ainsi la découverte de Tilak, un commentaire qui suggère que ce peuple-source, d’où procèdent toutes les civilisations traditionnelles, et notre peuple indo-européen, aurait été détenteur de facultés « non-humaines » : « Selon la Tradition, à une époque de la haute préhistoire, qui correspond justement à l’âge d’or ou âge de l’être, l’île ou terre « polaire » symbolique aurait été une région réelle située au Septentrion, dans la zone où se trouve aujourd’hui le pôle arctique de la Terre. Cette région aurait été habitée par des êtres en possession de la spiritualité non humaine. […] Le souvenir de cet habitat arctique appartient au patrimoine de nombreux peuples, tant sous la forme d’allusions géographiques réelles que sous la forme de symboles de sa fonction[10]. »

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Et il donne à cette découverte une tonalité empreinte d’émotion dans le texte qui suit :

« Dans le mystère de notre sang, dans la profondeur la plus abyssale de notre être, demeure, ineffaçable, l’hérédité des temps primordiaux : mais il ne s’agit pas d’une hérédité de brutalité, d’instincts bestiaux et sauvages livrés à eux-mêmes, comme le prétend une certaine psychanalyse et comme on peut logiquement le conclure à partir de « l’évolutionnisme » et du darwinisme.

Cette hérédité des origines, cet héritage qui nous vient du fond des âges est, bien au contraire, un héritage de lumière. La force des atavismes, en tant qu’expression des instincts inférieurs, n’appartient pas à cette hérédité fondamentale : c’est quelque chose qui, soit a pris naissance et s’est développé selon un processus de dégradation, d’involution ou de chute (dont le souvenir demeure sous forme de mythes divers dans les traditions de quasiment tous les peuples), soit procéda d’une contamination, d’une hybridité due à l’apport étranger, à des avatars de l’homme de l’ère glaciaire. C’est la voix d’un autre sang, d’une autre race, d’une autre nature, et dont on ne peut dire qu’elle est humaine que par pur parti pris.

Seul peut adhérer au mythe de l’évolutionnisme et du darwinisme l’homme chez qui parle l’autre hérédité (celle introduite à la suite d’une hybridation), car elle a réussi à se rendre suffisamment forte pour s’imposer et étouffer toute sensation de la présence de la première. »

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Vous comprendrez facilement, que je termine cet article sur une rapide évocation du conflit – un de plus – qui se prépare, là encore, à l’initiative des Etats-Unis, puisque tout le texte précédent explique l’origine de cette terre enfouie sous les glaces, un conflit qui pourrait se dérouler exactement sur les mêmes lieux dont je viens d’évoquer le passé fabuleux ; il concerne le continent arctique, les routes de passage vers le grand Nord, et le Groenland, colonisé par les vikings norvégiens sous la direction d’Erik le Rouge, il y a 1000 ans.

« Il est évident que le rôle et l'importance de l'Arctique, tant pour la Russie que pour le monde entier, ne cessent de croître. Mais malheureusement, la concurrence géopolitique, la lutte pour les positions dans cette région, s'intensifie également », a constaté Vladimir Poutine. « Pour ne pas perdre la course au Grand Nord, le chef du Kremlin a notamment ordonné la rénovation des villes de la région, de faire en sorte que les capacités de transport de la grande ville de Mourmansk soient multipliées par trois et que d'autres ports arctiques soient développés.[…] Il s'est aussi dit ouvert à une collaboration de la Russie avec des « pays amis » dans l'Arctique, et avec les pays occidentaux s'ils se montrent intéressés[11] ».

Du côté américain, les dirigeants sont beaucoup moins sobres dans leur vocabulaire et pas du tout diplomatiques pour affirmer unilatéralement leur volonté d’annexer le Groenland. 

« Il nous faut le Groenland, il nous le faut ». Prononcée mercredi dernier, cette formule, Donald Trump la répète depuis son retour à la Maison-Blanche. Et comme à chaque fois, ces mots provoquent l'agacement du gouvernement groenlandais et du Danemark, qui gère une partie de son administration. Avec toujours la même réponse en retour : « Le Groenland n'est pas à vendre ».

« L'insistance des Américains est commandée par deux intérêts fondamentaux. Le premier est celui qui fait le plus grand bruit médiatique : posséder ce territoire, permettrait, selon le président Trump, de « mieux assurer la sécurité des États-Unis », et par voie de conséquence, celle « du reste du monde ». Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la guerre froide qui a suivi, ce territoire est en effet considéré comme le maillon central du bouclier antimissile américain face à la Russie.

Mais cet espace géographique recèle aussi des intérêts économiques majeurs pour les États-Unis. […] Les minerais du Groenland sont aussi très convoités par les pays occidentaux, la Russie et la Chine. Si depuis 2009, il revient légalement aux Groenlandais de décider de l'usage de leurs matières premières, de nombreux pays occidentaux font un lobbying actif pour accéder à ces ressources du futur, cruciales pour les nouvelles technologies (semi-conducteurs, puces, etc.) et les équipements liés à la transition énergétique (énergies solaire et éolienne notamment[12]). »

L’Arctique est une terre sacrée pour les Indo-Européens. Autant dire que les marchands qui n’y voient qu’une source de profit auront les plus grandes difficultés à s’y installer et à l’exploiter car des puissances tutélaires veillent toujours sur elle.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] C’est un autre sujet, mais pas tant que ça : vous verrez que cette « intelligence » tout aussi « artificielle », l’I.A., dont on nous rebat les oreilles aura exactement le même destin.

[2] Voir l’intervention de Marie-France Garaud : https://www.youtube.com/watch?v=usM_vZ3X7SA. Les officines de « vérification » qui ne sont rien d’autre que les outils de propagande de « l’Etat profond » ou plutôt « occulte » français et mondialiste, ont eu pour consigne de tenter de nier ces affirmations et se sont donc indécemment mobilisées pour contrer ces propos.

[3] Les conducteurs, les protecteurs, les producteurs qui sont représentés pour la première fonction, par le prêtre (le druide, le chaman, etc.) qui exerce sa fonction conjointement avec le roi, pour la deuxième, les guerriers : actuellement police (intérieur des frontières) et armée (extérieur), et pour la troisième, les producteurs : se nourrir, se loger, se vêtir, etc.

[4] Voir mon article du 2 mars 2025 : Le nouveau « Nouveau monde » de Trump.

[5] Une durée de 64800 ans décomposée en 10 unités, chacune d’une valeur de 6480 ans, selon un développement involutif de 4-3-2-1 et nous nous situons à la fin de la fin du dernier âge, l’Âge de fer, connu également sous sa dénomination indienne : Kali-Yuga, ou nordique : Ragnarök, qui a duré donc 6480 ans, apparu approximativement en même temps que l’écriture.

[6] Voir mon ouvrage : La Roue et le sablier, édité par Amazon.

[7] Julius Evola, dans son ouvrage, Révolte contre monde moderne, qu’il a écrit en 1937 (éditions Kontre Kulture 2019), a développé notre propos un peu trop laconique par ces mots : « L’Amérique, dans sa façon profonde d’envisager la vie et le monde, a fondé une « civilisation » qui incarne l’exact contraire de la vieille tradition européenne. Elle a introduit irréversiblement la religion de la pratique et du rendement, elle a placé l’intérêt pour le profit, la grande production industrielle, la réalisation mécanique, visible, quantitative, au-dessus de toute autre. Elle a donné naissance à une grandeur sans âme de nature purement technique et collective, privée de tout arrière-plan transcendant, de toute lumière intérieure et de vraie spiritualité… » Révolte contre le monde moderne, (p.588)

[8] Voir mon article du 9 février 2025 : L’être « sigma » : manipulation CIA-woke-LGBTQ+ ou résurgence des valeurs chevaleresques ?

[9] Voir mon article du 4 mai 2022 : Qu’est-ce que la Tradition primordiale ?

[10] Révolte contre le monde moderne, p. 326.

[11] Les Echos, 28 mars 2025

[12] La Tribune, 31 mars 2025

jeudi, 10 avril 2025

Quelques remarques impertinentes sur l’hydrographie de la Belgique

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Quelques remarques impertinentes sur l’hydrographie de la Belgique

par Daniel Cologne

Le long du littoral belge se succèdent deux stations balnéaires à l’étymologie des plus intéressantes. Très connue est la ville d’Ostende : oost-einde, la fin de l’Orient. Moins notoire est la petite localité de Westende : west-einde, la fin de l’Occident.

À trois degrés plus à l’Est que celui de Greenwich, le méridien d’Ostende - Westende est à rapprocher du parallèle de Southend (la fin du Sud, et donc aussi la fin du Nord) qui traverse la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

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Ainsi se profile une importance géographique considérable pour la Mer du Nord, qui semble avoir été, durant l’époque glaciaire, une vaste toundra, ensuite recouverte par les eaux du réchauffement climatique d’il y a environ 10.000 ans.

« Et Londres n’est plus que le faubourg de Bruges,

 Perdu en mer, perdu en mer. » (Jacques Brel, Mon père disait).

La vision du littoral belge comme ligne de fracture cosmique est peut-être compatible avec le rappel de l’histoire récente et du front de l’Yser durant la guerre 1914 - 1918. Long de 78 kilomètres, l’Yser prend sa source en France et se jette dans la Mer du Nord aux environs de Nieuport, cité flamande étroitement liée au souvenir du Roi-Soldat Albert Ier.

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En réalité, le littoral flamand (67 kilomètres) est infléchi dans la direction Nord-Est/Sud-Ouest, à l’image de tout le rivage occidental de l’Europe. Cette diagonale peut aussi être observée dans le cours de l’Escaut, de la Meuse et de leurs principaux affluents. L’ensemble fluvial Escaut-Lys et l’ensemble fluvial Meuse-Sambre forment deux diagonales Nord-Est/Sud-Ouest quasi parallèles. Il y a là matière à réflexion quant à la partition possible de la Belgique reposant sur la pérennité des paysages plutôt que sur des surimpositions cycliquement récentes (bourgeoisie francophone et fonctionnaires européens, maîtres de la Région bruxelloise), sur une division horizontale exclusivement linguistique ou sur de sempiternels clichés du genre « le déclin de la Wallonie ». Comme si Mons, Liège et Charleroi se réduisaient à des charbonnages obsolètes et comme s’il n’existait pas, aujourd’hui, une archéologie industrielle intégrée dans le patrimoine et des musées de la mine qui font marcher le tourisme !

En 2001, j’ai eu l’occasion de parcourir quelques exemplaires de Nouvelles de Synergies Européennes et je reconnais en Robert Steuckers un analyste métapolitique apportant à notre famille de pensée la nécessaire mesure de l’importance de l’hydrographie. Par ailleurs, mon excellent ami Georges Feltin-Tracol s’est penché récemment sur le futur de la Belgique (1), pays qu’il connaît mieux que moi-même et dont il présente des scenarii évolutifs parfaitement plausibles. Dans les présentes réflexions, mon objectif est d’épingler la fragilité de ces scenarii en regard de certaines données de la Nature.  Un fédéralisme organique pour une Europe des Régions se doit d’être exigeant et de regarder plus loin que le bout du nez des politiciens.

Hormis la Lys et la Sambre, l’Escaut et la Meuse ont peu d’affluents dans la direction de l’Ouest. La Mehaigne et le Geer sont deux rivières d’importance secondaire. Leur source voisine celle de la Grande et de la Petite Gette. L’extrémité du bassin occidental de la Meuse est ainsi géographiquement très proche du Brabant. Celui-ci est traversé par des cours d’eau qui appartiennent au bassin oriental de l’Escaut : par exemple la Dyle, qui arrose Malines, Louvain et Wavre.

L’hydrographie de la Belgique fait fi des divisions linguistiques. Rivière généralement considérée comme « flamande », la Dyle prend sa source près de Nivelles, en plein Brabant wallon. Le Geer sillonne le Limbourg et la province de Liège. Il prend sa source aux confins de la Hesbaye brabançonne, passe près de Waremme (en Wallonie toujours) et se jette dans la Meuse limbourgeoise. Une ville flamande comme Sint-Truiden (Saint-Trond) se sent toujours principautaire, c’est-à-dire appartenant à l’ancienne principauté de Liège et à sa tradition pluriséculaire des Princes-Évêques unissant le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle.

La Meuse et ses principaux affluents (hormis la Sambre) forment un bassin tourné vers l’Est (Vesdre, Hoyoux, Ourthe, Semois, Amblève). Il en va de même de l’Escaut. Hormis la Lys, les grands affluents et sous-affluents scaldéens sont tournés vers l’Est : Dendre, Rupel, Dyle, Démer, Grande et Petite Nèthe.

Les bassins mosan et scaldéen offrent donc une structure identique : une diagonale Nord-Est/Sud-Ouest et des affluents et sous-affluents allant prendre leur source à l’Est.

Le moment est venu de se remémorer la symbolique de l’axe Nord-Est/Sud-Ouest et son lien avec d’autres grandes dualités (qui ne sont pas des « dualismes ») : les Maisons II et VIII de l’Horoscope, l’opposition des saisons extrêmes hiver - été, le face-à-face de la lumière et de la chaleur, la différenciation platonicienne du « Cercle du Même » et du « Cercle de l’Autre », la distinction entre le brahmane et le kshatriya, le passage de l’Hyperborée à l’Atlantide, la migration de nos ancêtres depuis leur berceau originel jusqu’à la terre d’accueil, le voyage des Arctides jusqu’à la grande île du Sud et d’Occident, la découverte réciproque des « fils d’Élohim » et des « filles des hommes ».

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Une des vocations de la Flandre pourrait être l’assomption de ces dualités, non sans une certaine tension dramatique répercutée dans le paysage, lorsque le voyageur monte du littoral vers l’arrière-pays, puis vers « la Flandre intérieure », comme disent les géographes (le « plat pays » de Brel), pour voir soudain se dresser devant lui une barrière de collines : « les Ardennes flamandes », le Mont-Kemmel, le Mont-de-l’Enclus, le Mur de Grammont. Tous ces accidents du relief flandrien excèdent la barre des 100 mètres que Bruxelles n’atteint qu’en deux endroits de sa périphérie : les Trois-Tilleuls de Watermael-Boitsfort et un quartier de Forest précisément nommé « Altitude 100 ».

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Bruxelles est traversé souterrainement (depuis 1866) par la Senne, qui prend sa source près de Soignies (Wallonie), se jette dans la Dyle aux environs de Vilvorde (Flandre) et appartient au bassin oriental de l’Escaut. Affluent de la Dyle, le Démer prend sa source en Limbourg, non loin de la diagonale Meuse - Sambre. À l’Ouest de celle-ci, le paysage du Brabant Wallon et de la Hesbaye est certes vallonné, mais il faut passer du côté oriental pour atteindre les points culminants de Belgique (autour de 700 mètres).

Bruxelles et la diagonale Escaut - Lys sont les deux foyers d’un territoire scaldéen géographiquement homogène. De l’autre côté de la diagonale Meuse - Sambre se présente un autre territoire géographiquement homogène dont le paysage et le relief annoncent ceux de la Lorraine et de l’Allemagne. Les grands écrivains français visitant la jeune Belgique dans les années 1830-1840 ne s’y sont pas trompés. Gérard de Nerval a écrit Flandres et Rhin. Le Rhin est aussi un recueil de textes de Victor Hugo qui commence par l’évocation du chemin de fer Liège-Verviers et de la Vesdre coulant vers Aix-la-Chapelle.

La terre scaldéenne et le pays rhéno-mosan sont tous deux à l’Est du méridien d’Ostende-Westende, comme il sied à d’anciennes provinces d’Empire. Ce méridien coupe en revanche la France en deux et laisse la péninsule ibérique sur son côté occidental. Continuant sa route vers le Sud, il traverse l’Algérie, terre de fracture Orient-Occident. Il laisse également sur son flanc Ouest le Maroc et sa remarquable façade atlantique. Ainsi les îles britanniques, la moitié occidentale de la France, l’Espagne, le Portugal et le Maroc forment-ils un arc de cercle autour des Açores, archipel où certains voient un vestige émergé de l’Atlantide engloutie.

Je conclus ici ces quelques réflexions impertinentes sur l’hydrographie de la Belgique dont le point de départ avait aussi une portée plus générale. Je m’en voudrais cependant de terminer sans un hommage à la Hesbaye, terre natale de toute ma famille.

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En Hesbaye prennent leur source des rivières qui appartiennent au bassin scaldéen (Grande et Petite Gette) et qui participent du bassin mosan (Geer, Mehaigne).

La Hesbaye est donc une terre d’entre-deux, le pays intermédiaire par excellence. Ce n’est pas sans raison que cette contrée a fait l’objet d’une attention toute spéciale de la part des Mérovingiens, des « maires du palais » (dont Pépin de Landen, ancêtre de Charles Martel) et des Templiers (commanderies de Villers et de Haneffe). Né à Bruxelles, j’ai passé pendant quinze ans mes vacances près de Waremme, dans un village sis à proximité de la frontière linguistique. À table, on y entamait une conversation en wallon, la poursuivait en flamand et l’achevait en français. Là battait le cœur de la Belgique de grand-papa, que l’on pourra plier à toutes les nouvelles structures que l’on voudra. Elles ne résoudront rien si elles ne respectent pas les données essentielles que constituent les paysages, et les cours d’eau qui les irriguent comme les artères et les veines insufflent la vitalité au corps humain.

Daniel Cologne

Note:

1 : Georges Feltin-Tracol, « De l’avenir de la Belgique… », in L’Unité normande, n°300, octobre 2007.

21:08 Publié dans Belgicana | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, hydrographie, belgicana | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Enric Ravello Barber: «L'Argentine est le principal acteur en Amérique du Sud et le pont entre l'Amérique latine et l'Europe»

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Enric Ravello Barber: «L'Argentine est le principal acteur en Amérique du Sud et le pont entre l'Amérique latine et l'Europe»

L'analyste géopolitique espagnol a analysé en profondeur avec PoliticAR les phénomènes liés à ce que l'on appelle désormais la « nouvelle droite libérale », tant en Amérique latine qu'en Europe et il a été direct : « Trump se tourne vers un techno-féodalisme », ce qui pour lui confirme la thèse selon laquelle il est la solution miracle pour tous les espaces qui se sentent partie prenante du « banquet » rassemblé autour du président américain.

Interview réalisée par Luciano Ronzoni Guzmán

Source: https://politicar.com.ar/contenido/593/enric-ravello-barb...

Enric Ravello Barber est un intellectuel bien établi, un polémiste et un penseur pointu avec lequel on peut débattre pendant de nombreuses heures. Il possède une double compétence qui fait de lui une figure très attrayante pour instaurer le débat d'idées : il sait être tranchant tant avec la gauche progressiste qu'avec la droite libérale. Son opinion pèse lourd en ces temps où les boussoles n'ont plus que des aimants désarticulés. Pour la première fois en Amérique latine, ce penseur-phare de notre temps entre dans le débat médiatique.

- À quoi correspond le phénomène de la dite "nouvelle droite libérale" qui est aujourd'hui en vogue en Amérique latine et en Europe ?

Je dirais que le phénomène est assez complexe et bourré de contradictions internes.

Je ne parlerais pas d'un phénomène de « nouvelles droites libérales », mais d'une confluence stratégique spécifique de « droites » d'origines diverses, voire opposées, qu'il convient d'analyser.

Il y a trois « acteurs » dans cette confluence :

- Trump, avec sa politique tarifaire protectionniste et sa confrontation économique et géopolitique claire avec l'Europe.

-  Milei, un ultra-libéral, anti-protectionniste et anti-étatique. Je me souviens qu'un membre éminent du parti nationaliste flamand Vlaams Belang m'avait invité à donner une conférence sur Milei au siège de son parti à Anvers. À la fin de la conférence, on m'a demandé : « Pouvons-nous considérer Milei comme une “référence” ou non ? Ma réponse a été claire : « Vous et vos partis alliés en Europe vous définissez comme des “souverainistes”, c'est-à-dire des défenseurs de l'idée de la souveraineté de l'État. Milei dit que l'Etat est l'ennemi et qu'il doit être détruit au profit du marché. La réponse est dès lors évidente.

- Il y a ensuite la mal nommée « droite » européenne. Nous les appellerons désormais les partis nationalistes européens, qui ont toujours été caractérisés par un fort contenu social et dont la base électorale est constituée par les classes populaires autochtones.

Il y a en effet des points de convergence et de nombreux points de contradiction dans cette confluence stratégique compliquée. Dans ce contexte, nous devons nous poser quelques questions :

Qui est derrière tout cela ? Fondamentalement, nous pointons du doigt le CPAC, l'organisation conservatrice américaine.  Les conférences qu'elle organise sont la vitrine de cette convergence.

Quel est le facteur unificateur ? La défense de certaines valeurs traditionnelles, l'opposition à l'immigration illégale, la défense de la souveraineté nationale - difficilement applicable dans le cas de Milei - et l'opposition à l'idéologie woke.

Dans quel but ? Pour que ce réseau agisse au niveau international comme une courroie de transmission du Parti républicain présidé par Donald Trump, et donc désormais du gouvernement de la Maison Blanche.

- Selon vous, quel rôle joue Trump par rapport à ce phénomène politique en Europe, est-il un carburant ou une solution miracle pour ces secteurs de l'individualisme radical ?

La deuxième partie de votre question confirme la première contradiction, laquelle relève des effets de l'élection de Trump en Europe. Ce ne sont pas du tout les secteurs de « l'individualisme radical » - dont l'expression serait la droite libérale classique - qui s'alignent sur Trump, mais le nationalisme européen, socialement et sociologiquement profilé, propre des travailleurs issus des classes moyennes et populaires.

La deuxième erreur est de s'allier avec quelqu'un qui a annoncé - et mis en œuvre - des mesures tarifaires sévères contre l'agriculture et l'industrie européennes : comment leurs alliés européens défendront-ils la politique tarifaire de Trump contre le vin français, l'huile espagnole et les voitures allemandes, alors que ces mesures douanières affectent gravement leurs économies nationales ? Il est évident que cette contradiction ne peut être maintenue dans le temps. Qui plus est, elle peut s'aggraver, comme en témoignent les aspirations annexionnistes de Trump à l'égard du Groenland. Anders Visiten, membre du parti nationaliste danois Dansk Folkeparti (DF), a répondu au Parlement européen aux prétentions de la Maison Blanche sur le Groenland par un retentissant et retentissant « Trump fuck off ».

La troisième erreur est qu'être l'équivalent européen de Trump, c'est aussi assumer les erreurs, les problèmes et les échecs de l'administration Trump. L'administration de la Maison Blanche s'oriente vers un techno-féodalisme de nature incertaine et dont les résultats économiques ne sont pas clairs à ce jour. Un échec économique de l'administration Trump serait compris en Europe comme un échec politique de ceux qui ont voulu s'identifier à lui, un gros risque à prendre s'il l'on agit de manière irréfléchie.

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Qui gagne et qui perd dans ce nouvel échiquier géopolitique dessiné par Trump ?

Trump a un objectif clair : l'expansion impérialiste des USA. Il a aussi une vision claire de la scène mondiale, où il n'y a que trois acteurs principaux. Ce sont les États-Unis, la Russie, qu'il tente d'éloigner de l'orbite chinoise en partageant avec elle une nouvelle partition de l'Europe (un Yalta II) et la Chine comme grand adversaire contre lequel concentrer tous les efforts.

Sur cet échiquier, l'Europe et l'Amérique latine sont en train de perdre, ou plutôt de disparaître dans l'anonymat de l'impuissance.

Une Europe que Trump vise à éliminer en tant que concurrence économique et à annuler par occupation/soumission/partition avec la Russie en tant que puissance politique - et a fortiori militaire.

Et une Amérique latine à laquelle Trump a dit ne « pas être intéressé »; je crois qu'il ne la considère même pas comme une arrière-cour: il l'ignore et ne s'y intéresse que lorsqu'elle est la cible de politiques très spécifiques et ponctuelles.

L'Europe et l'Amérique latine sont-elles condamnées à ne plus être qu'une périphérie ou de simples « arrière-cours » où règnent querelles et inimitiés ?

Cette question est importante. Dans l'histoire, plus que les condamnations des autres, c'est la volonté propre ou l'absence de volonté qui compte. L'Europe est à un moment existentiel de son histoire, et, de ce fait, il faut voir s'il y a des élites capables d'établir les lignes d'action politiques pour l'unification et l'émancipation du continent, c'est-à-dire des élites capables de penser en des termes adéquats pour ce milieu du 21ème siècle qui s'annonce. Cela implique d'accepter fondamentalement le défi de l'époque, comme le disait le géopolitologue autrichien Jordis von Lohausen, c'est-à-dire « penser en termes de continents », aussi comme le faisait Jean Thiriart, théoricien du nationalisme grand-européen et ami de Juan Domingo Perón, dans les années 1960.

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Si de telles élites ne se manifestent pas bien vite et si les personnages politiques européens restent figés dans les marges mentales étroites d'époques révolues, l'Europe deviendra une périphérie décadente, avec tout ce que cela implique en matière de crise civilisationnelle et économique et en tensions sociales croissantes.

Les perspectives pour l'Amérique latine sont très similaires : y aura-t-il quelqu'un pour relever ce défi historique décisif ?

- Quel rôle l'Argentine pourrait-elle jouer dans cette réalité ?

J'ai des liens affectifs et familiaux très forts avec l'Argentine, c'est pourquoi je réponds presque comme un « local ». L'Argentine possède trois éléments qui font d'elle le grand atout géopolitique de l'Amérique du Sud.

- La puissance. En raison de sa taille, de ses ressources, de sa réalité bi-océanique, de son niveau d'éducation et de sa qualité démographique, l'Argentine est sans aucun doute le premier acteur du continent. Perón a perçu cette réalité lorsqu'il a proposé son ABC comme premier pas vers la construction géopolitique d'une Amérique du Sud émancipée de la domination étrangère.

- L'ABC est donc l'un des héritiers de la plus grande construction politique et géopolitique de l'ère moderne réalisée par les descendants des Espagnols sur le continent américain. Cela lui confère une position privilégiée dans ses relations avec l'Espagne, un pays qui, à son tour, peut jouer un double rôle - de la même manière que l'Argentine - dans la construction de son propre pôle européen - émancipé de la puissance américaine - et en tant que pont vers le pôle nécessairement lié et potentiellement complémentaire de l'Amérique du Sud.

- L'Argentine en tant qu'Euro-Amérique. L'Argentine n'existerait pas sans l'arrivée massive de populations européennes à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Cette arrivée a fait de l'Argentine un pays à physionomie démographique propre. Italiens, Espagnols (« Galiciens »), Français, Allemands, Polonais, Flamands, Croates, Gallois, un contingent de descendants européens constituent l'essentiel de la population argentine. En Europe, on est très conscient que l'Argentine est le pays le plus européen d'Amérique du Sud. Cela suscite un grand intérêt et un désir de rapprochement. J'ai été un témoin privilégié de cette attitude lors de mes rencontres avec les députés européens au Parlement de Bruxelles. L'Argentine suscite un intérêt très particulier et une proximité avec l'Europe qu'aucun autre pays d'Amérique du Sud ne génère.  C'est un potentiel que la diplomatie argentine n'a jamais su jouer avec intelligence et constance.

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En résumé, l'Argentine est le principal acteur en Amérique du Sud et en même temps le pont entre l'Amérique du Sud et l'Europe. Son rôle pourrait être décisif dans toute « géopolitique alternative » au projet de Trump et au monde tripolaire (États-Unis, Russie et Chine).

« Milei est un ultra-libéral qui est entré dans une phase de décadence »

« Milei est déjà dans une phase de déclin et de perte de consensus et de soutien populaire qu'il lui sera très difficile d'inverser. Il a été élu en espérant qu'il serait capable de construire un nouveau modèle économique qui relancerait l'économie nationale. Il est devenu évident qu'un tel modèle alternatif n'existe pas et que ses formules étaient loin d'être magiques.

Milei était présenté dans de nombreux médias européens comme l'homme miracle et la référence absolue en tant qu'économiste. Aujourd'hui, ses références positives ont complètement disparu, encore plus après ses « recommandations sur LIBRA » qui remettent en cause non seulement sa gestion mais aussi son éthique.

Milei est désormais dépendant du prêt du FMI, ce qu'il avait pourtant critiqué dans sa grande incohérence. Je pense que finalement le FMI lui accordera le prêt et, en échange, exigera d'exercer une « dictature » sur la politique économique de l'Argentine. Milei, en bon ultra-libéral, continuera à mettre les ressources de l'Argentine entre les mains des entreprises et des organisations internationales. Je pense qu'il tiendra jusqu'à la fin de son mandat, mais avec un affaiblissement progressif et qu'il atteindra 2027 avec une très faible popularité. S'il existe un projet alternatif social, national et populaire pour les élections présidentielles de 2027, ce sera la fin de Milei ».

* Enric Ravello Barber (Valence, 1968). Diplômé en géographie et en histoire, doctorant en histoire. Cours de géopolitique à l'Institut LISA et au CEDEGYS. Diplôme de troisième cycle en métapolitique. Écrivain et conférencier. Président de l'AAESA (Association d'amitié euro-sud-américaine).

mardi, 08 avril 2025

La jeunesse politique de Thomas Owen (1910-2002)

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La jeunesse politique de Thomas Owen (1910-2002)

par Daniel Cologne

Gérald Bertot naît le 22 juillet 1910 à Louvain. Il entreprend aux Facultés universitaires Saint-Louis, à Bruxelles, des études de droit dont certains aspects pragmatiques lui permettent de collaborer dès 1933 à la gestion du Moulin des Trois Fontaines (Vilvorde, banlieue Nord de Bruxelles). Il fait carrière dans la minoterie. En 1953, il est élu président de l’Association des meuniers belges. À l’époque, il a déjà derrière lui un nombre considérable d’écrits dans les catégories du journalisme politique (sous son patronyme), du récit policier ou fantastique (sous le pseudonyme de Thomas Owen) et de la critique d’art (sous le pseudonyme de Stéphane Rey).

Brillant représentant de ce que Jean-Baptiste Baronian appelle « l’école belge de l’étrange », Thomas Owen publie notamment Les maisons suspectes et autres contes fantastiques (1) et La Truie et autres histoires secrètes (2). Une dizaine d’années avant son décès (survenu le 2 mars 2002), il accorde un long entretien à un jeune universitaire qui lui consacre son mémoire et qui, parlant du talentueux polygraphe, l’évoque en ces termes : « Inépuisablement à l’affût des faiblesses humaines, jamais il ne juge ni n’impose ses pensées, étant lui-même sceptique et rebelle aux connaissances dogmatiques. » (3)

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Pourtant, cet homme à la grande ouverture d’esprit, dont la devise est « Tout comprendre pour tout pardonner », pourrait aisément être versé au nombre des  « révolutionnaires-conservateurs » des années 1930, voire à celui des adhérents à « l’aile dangereuse de la Jeune Droite ».

Gérald Bertot fait ses débuts littéraires en 1925 dans Le Blé qui lève, organe de la JUC (Jeunesse universitaire catholique). En 1930, il fonde La Parole universitaire. La même année, il devient rédacteur en chef de L’Universitaire catholique, tout en collaborant à des revues comme L’Autorité, dont l’intitulé même illustre le mot d’ordre : « Pas de compromission ». Gérald Bertot le concède : « Nous étions très rigoristes sur le plan de la position catholique […]. On nous considérerait probablement aujourd’hui comme des intégristes » (propos tenus en 1993).

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Anne Deckers confirme : « Tous ses textes de jeunesse, qu’ils soient critiques littéraires ou autres, restent très (trop ?) respectueux de la religion en dépit de leur vernis révolutionnaire et de leur ton de violente franchise ».

À Gérald Bertot, le catholicisme apparaît comme un ensemble de « trésors temporels et spirituels » constituant « le plus lumineux héritage à léguer aux temps à venir ». Il écrit encore cela en 1934. Mais vers 1936, il s’indigne devant   « le massacre qu’ils [les catholiques] font des plus nobles idées » et leur reproche de plus en plus leur « incompréhension du problème social », leurs « tâtonnements multiples », leurs « hésitations écœurantes », leur propension à se catamorphoser en une « ligue de bourgeois assouvis, attentifs à l’âme des petits, à la moralité des conscrits, mais trop longtemps insouciants du sort matériel et moral des travailleurs ».

Dans un article retentissant de l’été 1936, Gérald Bertot fait l’inventaire des « Fastes et faiblesses du parti catholique », l’accuse de se laisser contaminer par le « profitariat », grande maladie de l’après-guerre, le vitupère dans la mesure où il « restaure à coup de compromissions et de lâchetés » l’ordre ancien assimilé à un « édifice de plâtre » dont « il faut hâter l’écroulement ».

Chez le futur Thomas Owen affleure parfois l’impatience de participer à l’édification d’un « ordre nouveau ». Il n’est donc pas surprenant de trouver sous sa plume un éloge de Mussolini qui répand de « saines théories » de « renouveau social et politique ». Le jeune chroniqueur admire « la force qui se dégage de la personnalité du chef d’État italien ».

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Après l’Anschluss, Gérald Bertot prend ses distances par rapport à une Allemagne pour laquelle sa durable sympathie s’enracine dans une inébranlable conviction pacifiste et dans la dénonciation de l’iniquité du traité de Versailles. Il se déclare « convaincu de la lourde responsabilité des alliés dans le durcissement de l’Allemagne ». Il s’attaque à Romain Rolland et à son enthousiasme aveugle pour « la plus fragile trilogie de notre temps, le bloc France - Angleterre - URSS ». Le marxisme demeure son ennemi numéro un tout au long de la décennie 1930. Il qualifie de « folie pure » l’idolâtrie de la « collectivité abstraite ». Il décrit « l’esprit révolutionnaire » comme un pseudo-idéal « creux, vide autant d’héroïsme que de signification claire ». Dans la citation qui précède, c’est moi qui souligne, car à travers l’aspiration à la clarté, je pense mettre le doigt sur  « l’équation personnelle » du jeune journaliste politique en même temps que sur la meilleure raison de le relire d’un œil favorable. l’ordre nouveau doit se construire « par voie d’évolution raisonnée », écrit Gérald Bertot, pour qui la  « culture personnelle » et la « doctrine précise » sont les « seuls garants d’une action efficace et durable dans l’avenir ». Il ajoute pertinemment que « l’esprit ne peut perdre ses droits sous prétexte que le temps passe ».

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La Seconde Guerre mondiale brise chez Gérald Bertot l’appel gœthéen vers « plus de lumière » et le rêve kantien d’une « paix perpétuelle ». Thomas Owen se réfugie dans l’imaginaire, l’autre témoignage d’une nordicité qui imprègne la littérature belge de langue française de Charles De Coster à Jacques Brel. Le critique d’art Stéphane Rey demeure un grand classique amoureux des formes accomplies, peu perméables aux charmes douteux de l’abstraction - même baptisé « lyrique » - et à la trouble séduction d’un art « non-figuratif » que l’on devrait souvent vilipender comme un art défiguratif.

Que retenir de la préhistoire juvénile et politique de Thomas Owen ? Par delà son refoulement dégoûté du « régime pourri […] des politiciens sans sincérité », son aversion pour la nationalisme post-14-18 et ses aigres parfums de revanche, l’horreur que lui inspire la pseudo-religion marxiste, il faut voir en lui un « non conformiste des années Trente », un jeune catholique se débarrassant rapidement des préjugés de sa famille spirituelle d’origine et se hissant à la vision d’un « ordre nouveau » fondé « sur des principes immuables ». Ces « principes immuables » auraient pu s’articuler autour d’une identité européenne, via la réconciliation avec l’Allemagne, s’il s’était trouvé plus de gens pour « hurler que la guerre était avant tout idiote, que c’était indigne des hommes de l’avoir faite et que ce serait immonde de la recommencer ».

Voilà ce qu’écrit en 1937 un jeune « révolutionnaire-conservateur », à la fois « à droite » et « à gauche », qui s’apparente tantôt à Léon Daudet lorsqu’il honnit « le siècle plat » (le « stupide XIXe siècle »), tantôt à José Antonio Primo de Rivera à l’unisson duquel il pourrait clamer que « l’action sans pensée n’est que barbarie », tantôt à Jacques Prévert qui nous rappelle tout simplement, dans un poème mis en musique et chanté par Yves Montand : « Quelle connerie, la guerre ! »

Daniel Cologne

Notes

1 : Verviers, Éditions Marabout, 1978.

2 : Bruxelles, Éditions Labor, 1988.

3 : Anne Deckers, Thomas Owen ou La Force du regard, Université libre de Bruxelles, année académique 1992 - 1993, p. 183. Ce mémoire mériterait d’être édité. Les citations qui suivent sont extraites du premier chapitre (pp. 2 à 24) consacré à la jeunesse de Gérald Bertot devenu Thomas Owen en 1941.

Océan et terre ferme

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Océan et terre ferme

Jan Procházka

Source: https://deliandiver.org/ocean-a-pevnina/

Au 19ème siècle, le géographe politique américain Alfred Mahan a esquissé dans son ouvrage The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783 un modèle de confrontation entre deux types de civilisations: la civilisation maritime (« Ocean Power ») et la civilisation continentale (« Continental Power »). La civilisation maritime est celle du commerce international. Son épine dorsale est constituée de flottes qui, en temps de paix, contrôlent le commerce mondial et, en temps de guerre, dominent les océans, tenant des détroits stratégiques et des ports importants. En revanche, la puissance continentale se situe à l'intérieur des terres, et sa force militaire repose sur l'artillerie et l'infanterie. Étant donné que les forces continentales n'ont généralement pas accès à l'océan libre en raison des blocus maritimes des puissances océaniques, leurs artères de transport se composent de chemins de fer.

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Le modèle de Mahan a en fait réactualisé l'une des profondes divisions anthropologiques de l'humanité entre « l'Iran et le Turan », les peuples liés à un pays particulier revitalisant les forces productives de l'agriculture et de l'industrie d'une part, et les propriétaires cosmopolites de capitaux spéculatifs, commerçants établis dans les ports d'autre part (Notons que Platon dans Les Lois indique déjà qu'un État idéal ne devrait pas être un port).

Nous constatons que les avancées technologiques dans le domaine du transport privilégient aujourd'hui les puissances océaniques et, grâce à cette optique géopolitique, nous pouvons clairement voir: Athènes, le port expansionniste s'étendant dans la mer Égée, contre Sparte, l'État communiste et militariste de l'intérieur du Péloponnèse. Carthage contre Rome, Venise contre Constantinople, l'Angleterre contre l'Allemagne, l'Union contre la Confédération, le Chili contre la Bolivie, l'OTAN contre le Pacte de Varsovie ou Israël contre l'Iran. Un exemple classique de conflit entre forces océaniques et continentales se trouve dans l'éclatement de la Yougoslavie, où la Serbie, avec une forte armée de type continental, a été complètement coupée de la mer par les « nouveaux Phéniciens ».

Discours de Benjamin Netanyahou

Le discours, évoquant « l'ennemi de l'Atlantique »,  prononcé récemment par Benjamin Netanyahou aux Nations Unies, souligne clairement la détermination explicite qu'imposent les forces continentales et océaniques ; Netanyahou a qualifié le bloc géopolitique chiite (de facto la Perse historique) d'« arc maudit » qui bloque (pour les Atlantiques) les routes commerciales maritimes.

Selon Mahan, les puissances océaniques ont l'avantage sur les continentales en ce sens qu'elles peuvent étrangler le continent en le coupant de l'accès à la mer, le coupant ainsi du commerce international. Il s'agit d'une stratégie appliquée, par exemple, par l'Union (nordiste), dont le centre de gravité civilisateur se situait en Nouvelle-Angleterre, contre la Confédération (sudiste), dont le centre civilisateur se trouvait sur le fleuve Mississippi. L'Union a vaincu la Confédération en étranglant l'embouchure de ce fleuve. La Confédération, malgré sa force armée longtemps indomptable sur le terrain grâce à l'artillerie et l'infanterie, s'est retrouvée désavantagée (par la « stratégie de l'anaconda »). Buenos Aires et l'Empire du Brésil ont réussi en 1865 à bloquer l'embouchure du fleuve Paraná, battant ainsi le puissant Paraguay militaire, dont une grande partie de la population était allemande et qui avait une armée très forte concentrée sur l'infanterie et l'artillerie.

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Tandis que l'avantage de la civilisation maritime réside dans le contrôle des côtes, l'atout des puissances continentales est l'étendue, la « base matérielle » (agriculture, matières premières, industrie lourde) et la « profondeur stratégique », qui rend logiquement difficile le ravitaillement en munitions pour une attaque conventionnelle en mer. Bien que les forces continentales soient en quelque sorte plus lourdes à la manoeuvre, en raison des possibilités limitées de mouvement par chemin de fer, les voies logistiques s'étendraient à des dimensions insoutenables lors d'une attaque contre la Russie continentale (et cela a d'ailleurs conduit à la chute de la Grande Armée de Napoléon autant que de celles de Hitler). En ce qui concerne l'attaque prévue contre la Chine, les Américains devraient s'appuyer sur les arcs insulaires adjacents avec une industrie manufacturière développée (Japon, Taïwan), tout comme auparavant lors des incursions en Corée et au Vietnam.

Une puissance qui combinerait les atouts des civilisations maritimes et continentales deviendrait une grande puissance dominante, comme Rome après les guerres puniques, les États-Unis après la guerre civile, ou peut-être dans un temps proche la Chine, si elle parvient à percer le blocus naval américain par la prise de Taïwan ou en accédant à l'océan Indien à travers le Cachemire jusqu'à Karachi, par le corridor de Siliguri vers le Bangladesh ou à travers le Myanmar jusqu'à Rangoon.

Remarque finale:

En ce qui concerne la Russie, la civilisation maritime aspire à contrôler les détroits de la mer Noire et la Crimée depuis des temps immémoriaux. La quatrième croisade de 1204, financée par les Vénitiens, a rassemblé tout l'Occident – une sorte d'OTAN de l'époque – pour attaquer la Nouvelle Rome (Constantinople). Avant la bataille de Koulikovo en 1380, l'oligarchie vénitienne et génoise, détenant des comptoirs en Crimée, s'est alliée contre les Russes avec des croisés et des Tatars. Rappelons également la guerre de Crimée de 1853–1856 et l'opération des Dardanelles en 1915, où les Britanniques ont tenté sans succès de contrôler la mer Noire. Des combats acharnés pour la Crimée ont eu lieu pendant les deux guerres mondiales, suivis de l'intégration de la Grèce et de la Turquie dans l'OTAN en 1952 et d'une tentative infructueuse de conquête de la Crimée l'été dernier. La domination américaine sur la Crimée bloquerait Rostov-sur-le-Don et rendrait impossible la voie maritime de la mer Noire vers la mer Caspienne à travers la mer d'Azov et le canal Volga-Don, isolant ainsi la Russie de facto de la mer Noire.

En ce qui concerne la Chine, la civilisation maritime aspire à contrôler le delta de la rivière des Perles (Macao, Hong Kong), Taïwan et idéalement, comme au 19ème siècle, le delta du Yangtsé, où se trouve Shanghai. Quel fut le chagrin dans l'anglosphère lorsque les ports de Macao et Hong Kong sont retournés à la Chine continentale après l'expiration des baux imposés, où elle a limité considérablement les affaires des milliardaires locaux comme Stanley Ho (dont Wikipédia indique qu'il est né d'une famille néerlandaise et israélite et a dominé les casinos de là-bas pendant 40 ans). Le même cas modèle se retrouve à Cuba, où, jusqu'à ce que les barbus de Castro prennent le pouvoir, un mafieux, Meyer Lansky, et un régime militaire corrompu, dirigé par Fulgencio Batista, régnaient de facto.

Brecht, Malthus et notre avenir

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Brecht, Malthus et notre avenir

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/brecht-malthus-e-il-nostro-futu...

Bertolt Brecht, le dramaturge et poète, écrit que celui qui ne connaît pas la vérité est un imbécile. Mais celui qui, la connaissant, l'accuse de mensonge, est un délinquant.

Eh bien, alors nous vivons dans un monde dirigé par des délinquants. Et ce n'est pas un réactionnaire, un obscurantiste qui le dit… mais justement ce Bertolt Brecht qui plaît tant à une certaine « gauche » à la mode. Qui, probablement, ne l'a jamais vraiment lu, ou même seulement regardé une de ses nombreuses œuvres théâtrales.

Cependant, ce n'est pas le sujet. Et cela nous éloignerait trop du chemin.

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Car la citation de Brecht avait un seul but. Mettre en lumière comment notre monde est, en ce moment, entre les mains de délinquants.

Pourtant… des délinquants élégants, qui se présentent avec le sourire des habituels bienfaiteurs. Parfois, même avec une couronne sur la tête. Pour être explicite, en Angleterre.

Mais, en tout cas, ce sont des délinquants. Parce que leur agir n’est motivé que par le profit, ou, pire, par le désir de nuire de toutes les manières à la plupart des autres hommes. Et, cruel paradoxe, ils gouvernent souvent. Ou gouvernent par l'intermédiaire de leurs marionnettes.

Ils ne représentent pas une véritable élite. Ni, d'ailleurs, une aristocratie. Et croire qu'ils sont meilleurs, supérieurs à la majorité des hommes, est une illusion. Qui nous rend aveugles. Et qu'ils exploitent habilement.

De fait, ils vivent dans un monde à part. Dans lequel ils ont, ou plutôt s'arrogent, tous les droits. Imposant par là même aux autres des sacrifices et des restrictions toujours plus grandes.

Ils nourrissent la conviction qu'il y a trop de monde sur cette terre. Une conviction discutable… mais soit. Acceptons-la comme donnée. Cependant, le remède, pour eux, est toujours le même. Diminuer la population mondiale. Par tous les moyens, directs et indirects.

Indirects, en favorisant d'une manière ou d'une autre la baisse des naissances. Et cela, je suis désolé de le dire, signifie avortements généralisés, stérilisations et promotion de modes de vie alternatifs. Y compris homosexuels. Parce que, jusqu'à preuve du contraire, un couple de même sexe ne peut pas procréer.

Entendons-nous bien. À nos "délinquants", les droits des homosexuels ne les intéressent en rien ni, d'ailleurs, les autres revendications, plus ou moins insensées. Ils les utilisent simplement comme une bannière. Pour masquer leur véritable objectif. Réduire, drastiquement, la population mondiale. Ce qui, de surcroît, est rendu inutile par la robotisation du travail.

Quant au système le plus direct… eh bien, regardez autour de vous. Et jugez simplement qui alimente et exploite des guerres et des conflits dans le monde entier.

Étrangement, pourtant… Il m'est arrivé de rencontrer des fervents partisans d'une politique malthusienne. Par pitié, pas de véritables membres de ces "sectes", mais tout de même, leurs partisans passionnés. Certains même sont de bonne foi.

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Tous dévoués à l'idée que la population mondiale doit être, radicalement, réduite. Tous disciples de Malthus. Qui, entre nous, était un fou. Un fou dangereux et pernicieux. Qui, depuis sa chaire protestante, prêchait des idées qui auraient fait frémir Hitler et Staline. Et, pourtant, non seulement il n'a pas été combattu, mais il a fini par devenir le point de référence de ceux qui gouvernent, aujourd'hui, l'Occident.

Quoi qu'il en soit, tous les néo-malthusiens avec qui j'ai eu l'occasion de parler, soutenaient la diminution, plus ou moins radicale, de la population mondiale. Sauf que cette population, c'était toujours les autres.

À personne ne venait à l'esprit de… disparaître. De se suicider pour faire baisser la population. Non. Ils étaient et restaient intouchables.

Facile, trop facile, n'est-ce pas ?

Ces personnes, cependant, n'étaient que des mouches à merde. Des idiots utiles, si vous préférez.

Les véritables champions de cette pratique insensée n'apparaissent pas et ne parlent pas beaucoup en public. Ils agissent. Et agissent pour ce qu'ils croient être leur intérêt. Et, bien sûr, au détriment de tous les autres. De nous tous.

Le problème est qu'ils sont au pouvoir. Au moins en Occident. Et ils persistent obstinément dans leur ligne. Dictant des lignes politiques criminelles. Les imposant. Grâce au servilisme et à la lâcheté des gouvernants nationaux.

Bien sûr, je ne pense pas que les autres, Russes, Chinois et semblables, soient gouvernés par des chérubins, dépourvus de fautes et de défauts. Cependant, ce sont des hommes qui gouvernent d'autres hommes. Bien, ou mal…, difficile à dire. Leur objectif, cependant, n'est pas de les tuer. De les conduire à l'abattoir comme des moutons.

Ils ne cherchent pas à diminuer la population pour leurs intérêts et au nom d'une idéologie délirante.

Voilà tout. Et, sincèrement, cela me semble déjà beaucoup.

Doit-on promouvoir l'avènement d'un Etat fédéral englobant la Russie, la Biélorussie et l'Iran? Douguine évoque un possible pas salvateur

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Doit-on promouvoir l'avènement d'un Etat fédéral englobant la Russie, la Biélorussie et l'Iran?

Douguine évoque un possible pas salvateur

Alexandre Douguine

L'escalade du conflit entre les États-Unis et l'Iran est un fait. Trump change ses priorités en matière de politique étrangère. Pour l'administration précédente — celle de Biden et ses homologues mondialistes — la priorité était la guerre avec la Russie en Ukraine. Pour Trump, Israël et, par conséquent, le conflit entre Israël et l'Iran sont beaucoup plus significatifs. Les États-Unis s'engagent de plus en plus dans cette guerre, et en fin de compte, l'escalade entre Washington et Téhéran s'intensifie.

Pour l'instant, il ne s'agit que d'un échange de menaces — principalement de la part de Trump, qui menace déjà de bombarder l'Iran et de détruire directement ce pays. Mais l'Iran n'est ni l'Afghanistan ni l'Irak, car il représente une société très consolidée. Commencer une guerre directe avec l'Iran, que souhaite tant Israël et à laquelle Netanyahu pousse Trump, pourrait devenir un piège fatal pour lui.

Cette situation peut considérablement affaiblir les positions de Trump, y compris parmi ses partisans. Un grand nombre de ceux qui soutiennent l'idée MAGA (Make America Great Again), sur lesquels s'appuie Trump, soutiennent le Trump pacifiste, qui a promis à ses électeurs de mettre fin aux guerres agressives. Bien sûr, ce ne sont pas là tous ses partisans, mais je pense que plus de la moitié des électeurs de Trump pensent ainsi. Et s'il commence une nouvelle guerre d'agression, qui, soit dit en passant, ne peut être gagnée, cela pourrait conduire à sa chute.

Un grand nombre de ceux qui soutiennent l'idée MAGA (Make America Great Again), sur lesquels s'appuie Trump, soutiennent le Trump pacifiste, promettant à ses électeurs de mettre fin aux guerres agressives.

Bien sûr, les États-Unis peuvent infliger à l'Iran des coups significatifs et très douloureux, mais ils ne seront certainement pas en mesure de gagner cette guerre. Ce sera un conflit prolongé et difficile, sans aucune issue. C'est pourquoi les néoconservateurs et les représentants du lobby pro-israélien qui entourent encore Trump, très puissants aux États-Unis, le poussent vers ce conflit. Pour mettre fin à son soutien de l'intérieur. Et c'est très dangereux.

Pour le moment, Téhéran répond de manière assez calme et réfléchie. D'un côté, l'Iran souligne l'inadmissibilité du chantage militaire à l'égard d'un État souverain, mais de l'autre, il ne cherche pas à irriter les Américains en acceptant des pourparlers sur la question nucléaire. Dans un contexte où il est bien connu qu'Israël, le principal adversaire régional de l'Iran, possède déjà de l'armement nucléaire. Mais pourquoi cela ne pourrait-il pas être le cas pour l'Iran ? Il n'y a aucune logique là-dedans.

Pour le moment, Téhéran répond de manière assez calme et réfléchie.

Et bien que les autorités iraniennes affirment depuis de nombreuses années que leur programme nucléaire est d'une nature exclusivement pacifique, certains Iraniens ont bien sûr des pensées précises concernant l'armement nucléaire. Et ils ont raison. Surtout dans un contexte où un État agressif du Moyen-Orient — Israël, qui est soutenu par les Américains — les menace avec des armes nucléaires.

La question est de savoir sur qui l'Iran peut compter dans une telle situation? Bien sûr, cela changerait beaucoup si l'Iran acceptait l'idée de créer un État fédéral avec la Russie selon le modèle de notre union avec la Biélorussie. Mais les autorités iraniennes ne sont pas encore prêtes pour cela, bien que ce soit peut-être le seul moyen d'éviter la guerre. Dans tous les cas, dans cette situation, il faut agir de manière avant-gardiste. Et celui qui agit de manière moins avant-gardiste perdra probablement.

C'est pourquoi, à la place de l'Iran, je prendrais très au sérieux la menace qui pèse sur lui. La guerre est tout à fait probable et pourrait éclater très bientôt. Et donc, il ne s'agit pas seulement d'un accord stratégique, récemment signé entre la Russie et l'Iran, mais bien de l'idée de créer un vaste État fédéral. C'est cette idée qui pourrait représenter un pas salvateur. Il faut agir proactivement.

lundi, 07 avril 2025

Carl Schmitt et la résistance tellurique au système

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Carl Schmitt et la résistance tellurique au système

par Nicolas Bonnal

Il y a dix ans, pendant les fortes manifs des jeunes chrétiens contre les lois socialistes sur la famille (lois depuis soutenues et bénies par la hiérarchie et par l’ONG du Vatican mondialisé, mais c’est une autre histoire), j’écrivais ces lignes :

« Deux éléments m’ont frappé dans les combats qui nous occupent, et qui opposent notre jeune élite catholique au gouvernement mondialiste aux abois : d’une part la Foi, car nous avons là une jeunesse insolente et fidèle, audacieuse et tourmentée à la fois par l’Ennemi et la cause qu’elle défend ; la condition physique d’autre part, qui ne correspond en rien avec ce que la démocratie-marché, du sexe drogue et rock’n’roll, des centres commerciaux et des jeux vidéo, attend de la jeunesse.»

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L’important est la terre que nous laisserons à nos enfants ne cesse-ton de nous dire avec des citations truquées ; mais l’avenir c’est surtout les enfants que nous laisserons à la terre ! Cela les soixante-huitards et leurs accompagnateurs des multinationales l’auront mémorisé. On a ainsi vu des dizaines milliers de jeunes Français – qui pourraient demain être des millions, car il n’y a pas de raison pour que cette jeunesse ne fasse pas des petits agents de résistance ! Affronter la nuit, le froid, la pluie, les gaz, l’attente, la taule, l’insulte, la grosse carcasse du CRS casqué nourri aux amphétamines, aux RTT et aux farines fonctionnaires. Et ici encore le système tombe sur une élite physique qu’il n’avait pas prévue. Une élite qui occupe le terrain, pas les réseaux.

Cette mondialisation ne veut pas d’enfants. Elle abrutit et inhibe physiquement – vous pouvez le voir vraiment partout - des millions si ce n’est des milliards de jeunes par la malbouffe, la pollution, la destruction psychique, la techno-addiction et la distraction, le reniement de la famille, de la nation, des traditions, toutes choses très bien analysées par Tocqueville à propos des pauvres Indiens :

« En affaiblissant parmi les Indiens de l'Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu'ils n'étaient déjà. »

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Et bien les Indiens c’est nous maintenant, quelle que soit notre race ou notre religion, perclus de besoins, de faux messages, de bouffes mortes, de promotions. Et je remarquais qu’il n’y a rien de pire pour le système que d’avoir des jeunes dans la rue (on peut en payer et en promouvoir, les drôles de Nuit debout). Rien de mieux que d’avoir des feints-esprits qui s’agitent sur les réseaux sociaux.

J’ajoutais :

« Et voici qu’une jeunesse montre des qualités que l’on croyait perdues jusqu’alors, et surtout dans la France anticléricale et libertine à souhait ; des qualités telluriques, écrirai-je en attendant d’expliquer ce terme. Ce sont des qualités glanées au cours des pèlerinages avec les parents ; aux cours des longues messes traditionnelles et des nuits de prières ; au cours de longues marches diurnes et des veillées nocturnes ; de la vie naturelle et de la foi épanouie sous la neige et la pluie. On fait alors montre de résistance, de capacité physique, sans qu’il y rentre de la dégoutante obsession contemporaine du sport qui débouche sur la brutalité, sur l’oisiveté, l’obésité via l’addiction à la bière. On est face aux éléments que l’on croyait oubliés. »

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Enfin je citais un grand marxiste, ce qui a souvent le don d’exaspérer les sites mondialistes et d’intriquer les sites gauchistes qui reprennent mes textes. C’est pourtant simple à comprendre : je reprends ce qui est bon (quod verum est meum est, dit Sénèque) :

« Je relis un écrivain marxiste émouvant et oublié, Henri Lefebvre (photo), dénonciateur de la vie quotidienne dans le monde moderne. Lefebvre est un bon marxiste antichrétien mais il sent cette force. D’une part l’URSS crée par manque d’ambition politique le même modèle de citoyen petit-bourgeois passif attendant son match et son embouteillage ; d’autre part la société de consommation crée des temps pseudo-cycliques, comme dira Debord et elle fait aussi semblant de réunir, mais dans le séparé, ce qui était jadis la communauté. Lefebvre rend alors un curieux hommage du vice à la vertu ; et il s’efforce alors à plus d’objectivité sur un ton grinçant.

Le catholicisme se montre dans sa vérité historique un mouvement plutôt qu’une doctrine, un mouvement très vaste, très assimilateur, qui ne crée rien, mais en qui rien ne se perd, avec une certaine prédominance des mythes les plus anciens, les plus tenaces, qui restent pour des raisons multiples acceptés ou acceptables par l’immense majorité des hommes (mythes agraires).

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Le Christ s’exprime par images agraires, il ne faut jamais l’oublier. Il est lié au sol et nous sommes liés à son sang. Ce n’est pas un hasard si Lefebvre en pleine puissance communiste s’interroge sur la résilience absolue de l’Eglise et de notre message :

Eglise, Saint Eglise, après avoir échappé à ton emprise, pendant longtemps je me suis demandé d’où te venait ta puissance.

Oui, le village chrétien qui subsiste avec sa paroisse et son curé, cinquante ans après Carrefour et l’autoroute, deux mille ans après le Christ et deux cents ans après la Révolution industrielle et l’Autre, tout cela tient vraiment du miracle.

Le monde postmoderne est celui du vrai Grand Remplacement : la fin des villages de Cantenac, pour parler comme Guitry. Il a pris une forme radicale sous le gaullisme : voyez le cinéma de Bresson (Balthazar), de Godard (Week-end, Deux ou trois choses), d’Audiard (les Tontons, etc.). Le phénomène était global : voyez les Monstres de Dino Risi qui montraient l’émergence du citoyen déraciné et décérébré en Italie. L’ahuri devant sa télé…

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Il prône ce monde une absence de nature, une vie de banlieue, une cuisine de fastfood, une distraction technicisée. Enfermé dans un studio à mille euros et connecté dans l’espace virtuel du sexe, du jeu, de l’info. Et cela donne l’évangélisme, cette mouture de contrôle mental qui a pris la place du christianisme dans pas le mal de paroisses, surtout hélas en Amérique du Sud. Ce désastre est lié bien sûr à l’abandon par une classe paysanne de ses racines telluriques. Je me souviens aux bords du lac Titicaca de la puissance et de la présence catholique au magnifique sanctuaire de Copacabana (rien à voir avec la plage, mais rien) (photo) ; et de son abandon à la Paz, où justement on vit déjà dans la matrice et le conditionnement. Mais cette reprogrammation par l’évangélisme avait été décidée en haut lieu, comme me le confessa un jour le jeune curé de Guamini dans la Pampa argentine, qui évoquait Kissinger.

J’en viens au sulfureux penseur Carl Schmitt, qui cherchait à expliquer dans son Partisan, le comportement et les raisons de la force des partisans qui résistèrent à Napoléon, à Hitler, aux puissances coloniales qui essayèrent d’en finir avec des résistances éprouvées ; et ne le purent. Schmitt relève quatre critères : l’irrégularité, la mobilité, le combat actif, l’intensité de l’engagement politique.

En allemand cela donne : Solche Kriterien sind: Irregularität, gesteigerte Mobilität des aktiven Kampfes und gesteigerte Intensität des politischen Engagements.

Tout son lexique a des racines latines, ce qui n’est pas fortuit, toutes qualités de ces jeunes qui refusèrent de baisser les bras ou d’aller dormir : car on a bien lu l’Evangile dans ces paroisses et l’on sait ce qu’il en coûte de trop dormir !

Schmitt reconnaît en fait la force paysanne et nationale des résistances communistes ; et il rend hommage à des peuples comme le peuple russe et le peuple espagnol : deux peuples telluriques, enracinés dans leur foi, encadrés par leur clergé, et accoutumés à une vie naturelle et dure de paysan. Ce sont ceux-là et pas les petit-bourgeois protestants qui ont donné du fil à retordre aux armées des Lumières ! Notre auteur souligne à la suite du théoricien espagnol Zamora (comme disait Jankélévitch il faudra un jour réhabiliter la philosophie espagnole) le caractère tellurique de ces bandes de partisans, prêts à tous les sacrifices, et il rappelle la force ces partisans issus d’un monde autochtone et préindustriel. Il souligne qu’une motorisation entraîne une perte de ce caractère tellurique (Ein solcher motorisierter Partisan verliert seinen tellurischen Charakter), même si bien sûr le partisan – ici notre jeune militant catholique - est entraîné à s’adapter et maîtrise mieux que tous les branchés la technologie contemporaine (mais pas moderne, il n’y a de moderne que la conviction) pour mener à bien son ouvrage.

9782080812599-475x500-1-2922018611.jpgSchmitt reconnaît en tant qu’Allemand vaincu lui aussi en Russie que le partisan est un des derniers soldats – ou sentinelles – de la terre (einer der letzten Posten der Erde ; qu’il signifie toujours une part de notre sol (ein Stück echten Bodens), ajoutant qu’il faut espérer dans le futur que tout ne soit pas dissous par le melting-pot du progrès technique et industriel (Schmelztiegel des industrielltechnischen Fortschritts). En ce qui concerne le catholicisme, qui grâce à Dieu n’est pas le marxisme, on voit bien que le but de réification et de destruction du monde par l’économie devenue folle n’a pas atteint son but. Et qu’il en faut encore pour en venir à bout de la vieille foi, dont on découvre que par sa démographie, son courage et son énergie spirituelle et tellurique, elle n’a pas fini de surprendre l’adversaire.

Gardons une condition, dit le maître : den tellurischen Charakter. On comprend que le système ait vidé les campagnes et rempli les cités de tous les déracinés possibles. Le reste s’enferme dans son smartphone, et le tour est joué.

Bibliographie

Carl Schmitt – Du Partisan

Tocqueville – De la démocratie I, Deuxième partie, Chapitre X

Guy Debord – La Société du Spectacle

Henri Lefebvre – Critique de la vie quotidienne (Editions de l’Arche)

Trump n'est pas si fou...

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Trump n'est pas si fou...

Jordi Garriga

Trump n’est pas un président fou qui a soudainement commencé à imposer des sanctions économiques à tout le monde.

Trump fait tout ce qu’il peut pour sauver les États-Unis d’un effondrement à moyen et long terme. Et pour ce faire, il veut revenir en arrière.

Les États-Unis étaient grands parce qu’ils avaient une grande industrie, une grande armée et de grandes ressources. La géographie les a aidés dans cette tâche. Tout cela les a conduits à croire qu’ils avaient une mission dans le monde : leur système était le meilleur, et ils devaient l’étendre à toute la planète, avec eux-mêmes à la barre, en tant que nouvel Israël, enfants bien-aimés de Dieu, puisque le succès économique et la prospérité étaient le signe de l'élection divine. Comme ils l’ont affirmé dans leur Déclaration d’indépendance, il s’agit de « la poursuite du bonheur comme un droit inaliénable de tous les êtres humains ».

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Cependant, malgré la puissance idéologique, militaire et économique, il existe de vastes territoires et des milliards de personnes qui n’acceptent pas cette domination, activement ou passivement.

Ensuite, et c’est le plus important, la dynamique du capitalisme détruit les États-Unis, tout comme le parasite détruit son hôte.

Le capitalisme fonde son succès et son existence sur deux piliers: la mobilité (illimitée) et la consommation (de masse). Cela implique l’absence de frontières et une expansion totale, tous azimuts.

Les entreprises de chaque pays souhaitent vendre le plus possible au moindre coût. Les Américaines aussi. Pour y parvenir, ils essaieront de payer le salaire le plus bas possible. Si les travailleurs nationaux s’y opposent, ils feront venir des travailleurs étrangers moins chers. S’il n’est pas possible d’en faire venir beaucoup, ils installeront des usines ailleurs où les matières premières et les salaires sont encore plus bas. La logique capitaliste règne.

C’est cette logique qui détruit l’Occident depuis le triomphe de la mondialisation dans les années 1990. La recherche du profit maximum au coût minimum, désormais sans frontières militaires, idéologiques ou économiques, s’est répandue. Mais à mesure que le jeu s’est répandu, le nombre de joueurs a augmenté. Et la Chine s’est révélée être un élève très intelligent.

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Un jeu reste amusant jusqu’à ce que vous commencez à perdre. Trump, en tant qu’homme d’affaires, a commencé à imposer des mesures économiques pour sauver les États-Unis.

La mesure idéologique ne fonctionne plus. L’idée d’un progrès infini a été freinée par l’idée du changement climatique, et l’idée du bien-être individuel en tant que bonheur social a généré des sociétés névrotiques et dysfonctionnelles, avec une épidémie de solitude, de suicide et de maladie mentale.

La stratégie de Trump est de s’appauvrir pour pouvoir revenir à la case départ et relancer le jeu. La mauvaise nouvelle est que la Chine est désormais l’acteur principal, mettant en œuvre les politiques qui ont fait de l’Occident cette puissance économique: la tutelle de l’État, le contrôle politique de l’économie, le protectionnisme et l’industrialisation avec des investissements publics massifs ont été, et continuent d’être, les fondements sur lesquels le système capitaliste actuel a été construit.

L’idée de Trump est de relancer la production et la consommation nationales de la richesse américaine. Toutes les usines devraient être relocalisées aux États-Unis et seuls les citoyens américains devraient y être employés. Pour y parvenir, pour mettre en œuvre des mesures patriotiques et de sauvetage national, il faudra promouvoir des mesures anticapitalistes (pas nécessairement socialistes), telles que l’établissement de frontières nationales et l’arrêt des migrations. C’est mortel pour le capitalisme. Réussira-t-il ou s’agira-t-il d’un simple interlude ?

Ce qui est certain, c’est que cela va à l’encontre de toute la tradition et de la philosophie des États-Unis. Cette nation a été construite sur l’idée que tous les êtres humains sont égaux et que nous devrions tous chercher à préserver notre vie, notre liberté et la poursuite du bonheur. Comme c'est écrit dans leur Déclaration d’indépendance en 1776.

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Cela rendait chaque personne souveraine, responsable et, du moins en principe, capable de réaliser tout cela. Cette idée est le produit de l’expérience historique yankee, lorsqu’un groupe de fanatiques religieux a fui l’Europe et s’est installé en Amérique, devenant souverain quant à sa volonté et son destin. Ce succès leur a fait croire que l’individualisme était synonyme de liberté.

C’est pourquoi il n’y a jamais eu de socialisme aux États-Unis, car cela ne correspond pas à leur mentalité. C'est pourquoi le socialisme a triomphé provisoirement ailleurs, et pourquoi il a perduré en Chine: le marxisme n'y a jamais affronté de capitalisme qui n'existait pas dans les sociétés traditionnelles, il a donc évolué vers un pré-capitalisme, le même qui a donné naissance au système capitaliste en Occident...

Ce qui est intéressant et extrêmement perturbant, c’est que l’histoire, la culture et la philosophie de la Chine ne sont pas celles de l’Occident. En fait, on pourrait même dire que le monde chinois en est le contraire. Aucun individualisme n’y a triomphé et leur conception du temps et de l’espace est différente. Le chemin historique et les changements qu’il engendrera sont actuellement imprévisibles.

Donc, en ce moment, les États-Unis se rapprochent, comme au 19ème siècle de l'Asie, qui était fermée à l'Europe pour des raisons de protection. Ils ne peuvent rien faire d'autre. C’est un cycle paradoxal.

La question est de savoir si eux seront également ouverts par la force au reste de la planète par des coups de canon, comme c'était la coutume il y a plus d'un siècle...

«Technoprimitivisme»: la souveraineté dans le futur de la civilisation technologique

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«Technoprimitivisme»: la souveraineté dans le futur de la civilisation technologique

Sergio Filacchioni

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/approfondimenti/tecnopr...

Rome, le 27 mars – Nous reprenons notre réflexion sur le sens de la notion d'occupation, continuant à découvrir des petits textes hérétiques et subversifs: le livre intitulé « Technoprimitivisme » (paru aux éditions Polemos) se présente comme une œuvre hybride entre essai théorique, un manifeste politique et une réflexion esthétique sur l'avenir de la civilisation technologique. L'auteur – un « militant au début du nouveau millénaire » – avec une approche qui résonne avec la pensée d'auteurs de la « droite hérétique » et des avant-gardes philosophiques du 20ème siècle, examine la relation entre technologie et domination, entre primitivisme et modernité, entre langage et pouvoir.

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Technoprimitivisme, entre langage et pouvoir

Dès les premières pages, une atmosphère d'inquiétude et d'urgence émerge: l'auteur esquisse un monde qui a déjà franchi le point de non-retour, celui de l'informatisation globale, où le contrôle ne s'exerce plus par la force brute (comme Orwell l'avait erronément cru), mais par le langage, la symbolisation et l'organisation cybernétique des perceptions. Les théories sociologiques de Luhmann et les intuitions de Nietzsche sur la morale chrétienne comme instrument de répression apparaissent clairement dans cette analyse, suggérant que l'empathie et la communication ne sont que des mécanismes pour perpétuer la soumission. D'un point de vue stylistique, le livre alterne des passages de théorie pure avec des moments plus visionnaires et fascinants. La description des « villes mortes », par exemple, évoque une esthétique cyberpunk qui fait référence à la fois à Neuromancien de William Gibson et aux réflexions de Jünger sur la modernité comme champ de bataille. L'auteur décrit des métropoles comme Los Angeles, Tokyo et Singapour non pas comme des lieux de vie, mais comme des espaces sans âme, conçus pour dissoudre toute forme d'agrégation authentique et absorber toute résistance. Ces villes, définies comme des « bunkers » urbains, sont conçues pour prévenir toute éclosion révolutionnaire. Et c'est précisément à ce passage que nous pouvons nous relier à l'article précédent où nous tentions de redéfinir le concept d'occupation.

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Les villes comme des « non-lieux »

Si la ville moderne est un « non-lieu » globalisé, alors son occupation doit cesser d'être seulement physique et devenir une prise de pouvoir sur la perception et l'infrastructure même de la métropole. Cela signifie qu'il ne suffit pas d'occuper un bâtiment, il faut redéfinir sa fonction. Un siège bancaire peut devenir un temple de la résistance numérique, un centre commercial peut être transformé en une zone franche symbolique, une infrastructure de réseau peut devenir le cœur d'une communauté clandestine. La ville est-elle construite pour dissoudre le sens ? Son occupation doit remplir les espaces anonymes de mythes nouveaux: fresques murales, interventions d'art radical, modifications clandestines des architectures urbaines. L'objectif est de déstabiliser le récit du pouvoir. Si la ville est maintenant une extension du réseau numérique, alors prendre le contrôle des infrastructures informatiques équivaut à occuper les centres névralgiques du pouvoir. Serveurs indépendants, réseaux autonomes, zones hors ligne où le pouvoir numérique ne peut pénétrer. Comme nous l'avons déjà vu par ailleurs, les T.A.Z. de Hakim Bey reposaient sur la temporalité: ouvrir des espaces de liberté et les dissoudre avant la répression. Mais dans une métropole hyper-contrôlée, cette approche risque de devenir stérile et inefficace. Ici, une autre stratégie est nécessaire: il ne suffit pas d'occuper pendant un jour, il faut transformer chaque acte d'occupation en une prise de position permanente sur la réalité. En ce sens, la leçon de Schmitt sur la souveraineté devient encore plus actuelle: celui qui décide de l'état d'exception urbaine, qui renverse l'usage d'un espace, qui impose un nouveau récit à son sujet, exerce déjà le pouvoir. L'objectif n'est plus seulement de soustraire des territoires, mais de redéfinir le concept même de domination à l'ère de la ville-machine.

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La polis alternative, entre Locchi et Dune

Ici, la pensée du philosophe romain Giorgio Locchi offre une clé de lecture supplémentaire. Si, comme il le dit, les masses occidentales ont renié leur héritage et seules de petites minorités conservent la mémoire d'un ordre perdu, alors l'occupation ne peut être un acte de masse, mais doit partir d'une minorité consciente et stratégique. Locchi écrit qu'« une minorité, peut-être même infime, peut toujours en arriver à conduire une masse » : en ce sens, le technoprimitivisme nous suggère que l'occupation doit être avant tout un acte d'élite, d'avant-garde, une action qui ne cherche pas le consensus immédiat mais la construction d'un nouveau paradigme. L'occupation n'est donc plus seulement un acte physique, mais une stratégie qui doit investir le symbolique, l'infrastructurel, le technologique. Si le système construit des métropoles pour désagréger la communauté, l'occupation du futur devra devenir une architecture de résistance: chaque espace soustrait doit devenir un nœud stratégique, une base à partir de laquelle élargir un nouvel ordre, un fragment d'une future polis alternative. Pour comprendre ce passage, la lecture (ou la vision) de Dune de Frank Herbert peut nous aider: dans cette œuvre de science-fiction, le pouvoir n'est pas détenu par ceux qui gouvernent « officiellement », mais par ceux qui comprennent les mécanismes profonds de la réalité – qu'il s'agisse de la manipulation religieuse des Bene Gesserit, de la vision historique et écologique des Fremen ou de la capacité de Paul Atreides à lire et plier le destin. Cette idée s'imbrique parfaitement avec la pensée exprimée dans Technoprimitivisme, où l'occupation du présent passe par une guérilla symbolique et infrastructurelle, une stratégie qui ne vise pas à la domination immédiate, mais à la construction d'un avenir alternatif. Tout comme Paul utilise la crise pour prendre le pouvoir en transformant Arrakis en cœur d'un nouvel ordre, l'occupation contemporaine doit également exploiter l'état d'exception pour redéfinir la domination sur les villes-machines et sur l'infosphère. Cependant, Herbert met aussi en garde contre le danger qu'une minorité, une fois au pouvoir, puisse être submergée par sa propre création – un risque que Technoprimitivisme reconnaît également dans la relation entre révolution, technologie et nouvel ordre.

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Au-delà de la critique, une pensée stratégique

Technoprimitivisme est un texte qui ne laisse personne indifférent. Ceux qui cherchent une simple critique de la société postmoderne pourraient le trouver excessivement radical, par moments ésotérique, tandis que ceux qui recherchent une pensée stratégique pour l'ère numérique trouveront des idées originales et stimulantes. L'œuvre navigue entre théorie et pratique, entre passé et futur, entre destruction et création, offrant une vision inédite de ce que signifie être « révolutionnaire » à l'époque de l'infosphère. Dans ce sens, le livre ne se limite pas à proposer une analyse de la société technologique, mais offre également une stratégie possible pour ceux qui doivent agir dans les villes-machines. Si le défi du futur se joue entre minorité stratégique et masse acéphale, entre occupation symbolique et domination algorithmique, alors le technoprimitivisme se propose comme une arme pour redéfinir le sens même de la souveraineté au 21ème siècle.

Sergio Filacchioni

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Le piège de Mackinder: les dangers d'une géopolitique dépassée

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Le piège de Mackinder: les dangers d'une géopolitique dépassée

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2025/03/26/mackinderin-ansa-vanhe...

Le politicien, économiste et écrivain russe Mikhaïl Delyaguine remet en question de manière critique la théorie classique de la géopolitique. Il considère la théorie du Heartland, proposée par Halford Mackinder en 1904, comme erronée et conforme à la seule tradition imperialiste britannique.

Selon Delyaguine, la théorie de Mackinder a été un outil stratégiques pour la Grande-Bretagne, qui a induit en erreur ses adversaires – en particulier l'Allemagne. Cela a contraint ces derniers à commettre des erreurs ou à agir de manière non conforme aux normes, affaiblissant ainsi la prise de décision et les rendant vulnérables à la manipulation. En pratique, c'était une guerre politique avant même que le concept ne soit officialisé, affaiblissant l'ennemi de manière non militaire et préfigurant la manipulation géopolitique moderne et la guerre de l'information.

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En 1919, dans son ouvrage Democratic Ideals and Reality, Mackinder a présenté le noyau de la géopolitique traditionnelle : "Qui tient l'Europe de l'Est, commande le Heartland ; qui tient le Heartland, commande l'Île-Monde ; qui tient l'Île-Monde, domine le monde entier."

La théorie de Mackinder reposait sur des concepts rigides : le Heartland englobait le cœur de l'Eurasie – les régions centrales de la Russie, l'Asie centrale, l'intérieur de l'Iran et la partie orientale du Caucase ; le cercle intérieur comprenait l'Europe, l'Arabie sans pétrole et l'Indochine ; le cercle extérieur, quant à lui, englobait l'Amérique, l'Afrique et l'Océanie. En 1943, Mackinder a posé les États-Unis en tant que contrepoids au Heartland, reconnaissant leur montée mondiale.

Selon Delyaguine, l'accent mis sur les États-Unis complétait la théorie, mais son noyau – l'opposition entre puissances terrestres et maritimes – était un moyen pour l'élite britannique d'instiller la méfiance entre l'Europe et la Russie. Cela a conduit le continent européen à une obsession de s'allier avec la Russie, renforçant ainsi la position de la Grande-Bretagne. Si des alliances ratées étaient révélées comme des intrigues britanniques, la Russie était également perçue comme agissant involontairement comme leur bras droit, incapable de défendre ses propres intérêts.

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L'historien russe Andrei Fursov considère la théorie de Mackinder comme trompeuse, car elle place la Russie transcontinentale sur le même plan que les États européens continentaux. Cette interprétation, qui est également erronée, plaisait aux élites européennes, mais a également conduit à des catastrophes – des guerres napoléoniennes à l'attaque d'Hitler. Selon Fursov, l'échelle et les ressources de la Russie en font un cas exceptionnel, et le sentiment d'infériorité psychologique des pays européens, combiné aux intrigues britanniques, a empêché toute coopération. La même dynamique semble s'être reproduite pendant le conflit en Ukraine.

Fursov souligne que Mackinder a obscurci le rôle de la Russie en tant que pont transcontinental entre l'Est et l'Ouest. La Russie n'est pas seulement le Heartland, mais une civilisation qui relie les cultures et les économies d'Eurasie. Il voit la théorie comme une systématisation de l'impérialisme britannique, qui a conduit l'Europe à des erreurs tout en ignorant la dynamique du capital, un pouvoir central de l'histoire moderne.

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À l'ère numérique, le combat entre le capital financier, d'une part, et le capital industriel, d'autre part, a également été rejoint par le capital de plateforme – le pouvoir des géants technologiques tels que Google et Amazon – qui remet en question les modèles géopolitiques traditionnels. Un réseau logistique mondial et un monopole des données modifient radicalement les rapports de force : les régions n'ont plus besoin d'être contrôlées physiquement lorsque l'on peut contrôler le commerce ou les flux d'information. Cela rend la théorie géocentrée de Mackinder partiellement non pertinente.

Le géostratège américain Zbigniew Brzezinski (The Grand Chessboard, 1997) considérait également l'idée de Mackinder sur le Heartland comme partiellement obsolète dans le monde post-guerre froide, où le développement technologique et la mondialisation avaient changé le jeu de pouvoir. Il croyait toujours à l'importance stratégique de l'Eurasie, mais a déplacé la focalisation du Heartland vers les périphéries – en particulier l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie de l'Est – dont la maîtrise des centres de population et des nœuds économiques était pour lui la clé de l'influence mondiale.

L'analyse de Brzezinski explique les luttes de pouvoir régionales, mais ne suffit pas à analyser les relations de pouvoir non-linéaires de l'ère numérique. La théorie de Brzezinski reflétait le moment unipolaire des années 1990, lorsque les États-Unis pouvaient manipuler les périphéries. Aujourd'hui, l'initiative de Ceinture et la Route de la Chine et l'influence hybride de la Russie déconstruisent ce modèle.

Delyaguine et Fursov révèlent la véritable nature de la théorie de Mackinder : il s'agissait d'une ruse stratégique britannique. La théorie du Heartland ignore la véritable dynamique du capital, ce qui a établi les bases d'une confrontation propagandiste entre puissances terrestres et maritimes. Cette dichotomie artificielle a masqué la domination mondiale du capital financier britannique et a trompé les concurrents.

Cette manipulation intellectuelle sophistiquée a conservé une efficacité surprenante jusqu'au 21ème siècle. Alors que le monde lutte avec la crise du capitalisme et les luttes de pouvoir des plates-formes numériques, les catégories dépassées de Mackinder continuent d'entretenir un récit trompeur, dissimulant les véritables rapports de force. L'héritage de la pensée géopolitique britannique n'est pas seulement déficient – il est activement nuisible, car il empêche l'identification de nouveaux centres de pouvoir et lie ses victimes à une guerre de l'information mondiale.

Maintenant que l'ordre mondial est en profonde mutation – avec l'émergence de nouveaux centres économiques, la révolution technologique redéfinissant les relations de pouvoir et les hiérarchies traditionnelles se désagrégeant – il est également nécessaire de réformer les fondements de la pensée géopolitique. Les anciens concepts, qui ont émergé dans le système étatique de l'ère industrielle, ne suffisent plus à expliquer les dynamiques complexes de l'ère numérique.

Dans le monde numérique, la source du pouvoir ne réside plus dans la géographie – mais dans les réseaux, les données et la technologie. Une nouvelle manière de penser la géopolitique est nécessaire maintenant ; sinon, nous resterons figés dans les pièges de l'ancien ordre mondial alors que le nouveau est en train d'émerger.

samedi, 05 avril 2025

Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation

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Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation

Raphael Machado

Source: https://jornalpurosangue.net/2025/04/04/trump-sepulta-os-...

Lorsque nous avons affirmé l'année dernière que l'élection de Trump serait très disruptive pour l'hégémonie mondiale libérale, nombreux sont ceux qui nous ont accusés d'être des « trumpistes », des « néoconservateurs » et de nous ont asséné une multitude d'injures.

Mais les décisions de Trump en matière de politique intérieure confirment notre analyse. En fait, aujourd'hui, je dirais que Trump est plus disruptif que je ne l'aurais même imaginé en 2024.

Je me rappelle d'ailleurs qu'au moment de l'annonce de la fermeture de l'USAID, les membres de la « gauche émotive » (qui ne peut tout simplement pas accepter que Trump était une option plus disruptive que Biden) sont immédiatement venus dire, dans des tons oraculaires, que les ressources de l'USAID seraient simplement réaffectées.

Non. Cette semaine, la fermeture de l'USAID a réellement été confirmée et l'argent serait réintégré au budget, sans aucune prévision spécifique de continuer à utiliser le même argent de la même manière à travers d'autres programmes et agences. Il est clair que les États-Unis continueront à projeter leur influence à travers le monde, ils l'ont toujours fait. Mais un des principaux agents de cette projection a été fermé et le budget pour ce type d'activité a diminué de manière significative. Désormais, l'initiative privée sera encore plus pertinente dans ce domaine.

Eh bien, en matière économique, le fait même que Trump envisage un retour au « système américain » d'Hamilton, avec une politique commerciale basée sur des tarifs douaniers destinés à protéger et promouvoir l'industrie nationale, est déjà un grand succès.

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Et cela pour une raison simple : depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus les paladins du libre-échange. Ils ont créé l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT) par lequel ils faisaient pression sur d'autres nations pour qu'elles réduisent leurs barrières douanières pour les produits du Bloc Atlantique.

Plus significativement, les États-Unis ont mis leur poids derrière un establishment académique économique qui a pratiquement relégué toutes les théories et écoles économiques antilibérales dans la catégorie de l'« hétérodoxie ». Cela s'est branché sur le financement de think-tanks libéraux à travers le monde, y compris au Brésil, où ces think-tanks sont déjà complètement impliqués dans la politique et la production culturelle.

Le GATT est devenu l'Organisation Mondiale du Commerce au sommet du moment unipolaire, lorsque, après la déclaration du « Nouvel Ordre Mondial » par George Bush et le Consensus de Washington, on croyait que le monde était arrivé à la « Fin de l'Histoire », lorsque toutes les nations du monde s'intégreraient indistinctement dans un chaudron cosmopolite fragmenté, dans lequel les flux de capitaux, de biens et de personnes seraient parfaitement libres.

Pendant toute cette période, c'était Washington qui impulsait des accords de libre-échange dans le monde entier, comme le malheureux projet ALENA et plusieurs autres qui nuisaient clairement aux économies des pays qui les acceptaient.

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Les déclarations publiques du vice-président Vance vont toutefois dans un sens exactement opposé, en affirmant spécifiquement que, dans la pratique, le libre-échange a également été nuisible pour les États-Unis, en particulier à cause de la désindustrialisation causée par les Reaganomics et de l'essor des États qui, au lieu du libre-échange, ont eu recours à tous les outils de soutien gouvernemental possibles et imaginables.

Au moment où le cœur du système commercial libre-échange recule et décide d'imposer des tarifs douaniers à une grande partie du monde, transformant cela en sa principale stratégie économique, il faut nécessairement prêter attention au fait que la foi dans les mythes du libre-échange a été perdue, en particulier son illusion majeure, celle des « avantages comparatifs ».

Mais la « révolution trumpiste » est encore plus profonde et touche directement la mondialisation.

Au lieu d'un monde de plus en plus intégré, Trump (indépendamment de ses intentions) fracture encore plus la communauté internationale. Son anti-européanisme a créé la plus profonde rupture historique entre les États-Unis et l'Europe depuis la période de De Gaulle et de la Crise de Suez, tandis que le Japon, effrayé par Trump, se rapproche de la Chine.

Trump redessine le monde selon ses propres intérêts (qui aujourd'hui impliquent de « réduire les coûts » et de « contrôler les pertes »), mais la conséquence est que les pays devront de plus en plus s'appuyer sur leurs propres voisins et sur les puissances de leurs régions, ainsi que chercher d'autres références et d'autres partenaires bien loin des États-Unis.

Le monde post-Trump sera beaucoup plus proche du nomos planétaire des Grands Espaces prévu par Carl Schmitt, où, au lieu d'une cosmopolis mondiale, nous aurons des blocs civilisationnels et continentaux étroitement associés et tournés vers l'intérieur.

17:28 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, économie, donald trump, libre-échange, gatt | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook