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samedi, 12 juillet 2025

Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

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Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

par Fabrizio Verde

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30842-fabr...

Réductions des dépenses publiques et course aux armements : la double menace qui, ignorant la crise énergétique et la concurrence mondiale, transformera la récession en un effondrement irréversible.

La locomotive de l'Europe est en panne. Elle a déraillé. L'Allemagne s'enfonce dans une crise économique, qualifiée par sa propre industrie comme la plus longue et la plus profonde depuis la réunification. Trois années consécutives de récession – une baisse de 0,3% en 2023, de 0,2% en 2024 et une prévision de -0,1% supplémentaire en 2025 – campent un tableau désolant, celui d'un malade au centre de l'Europe en net contraste avec la croissance de 1,1% attendue pour l'Union. Machines à l'arrêt, commandes évaporées, investissements en fuite: c'est la plainte unanime que récitent les industriels réunis au sein de la puissante Fédération de l'industrie allemande (BDI). La production industrielle, cœur de la puissance allemande, a chuté de 16% par rapport au pic de 2018. Les secteurs vitaux et énergivores, étranglés par le renoncement au gaz russe à bas prix imposé par des sanctions folles et auto-infligées, ont vu leur production chuter d'un cinquième. Une vague de licenciements, 37.700 rien que pour les six premiers mois de 2025, le pire chiffre depuis la pandémie, vide les usines, en particulier celles de l'industrie automobile, avec 20.700 emplois perdus dans ce secteur qui était le fleuron du « Made in Germany ».

Sur la scène de ce désastre économique, aggravé par la concurrence de la Chine et la rage protectionniste de Donald Trump, prête à s'abattre sur le centre germanique de l'Europe depuis l'autre côté de l'Atlantique – une menace qui pourrait faire chuter le PIB allemand de 0,5% supplémentaire –, se profile l'ombre de Friedrich Merz et de la CDU.

Leur recette pour la relance ressemble dangereusement, en réalité, à une bombe nucléaire prête à détruire définitivement l'avenir industriel de la nation. Un mélange explosif et suicidaire de néolibéralisme extrême et de militarisme belliciste.

Le premier poison est l'obsession de l'austérité. Réductions des dépenses sociales, rigueur budgétaire aveugle, déréglementation sauvage : tels sont les dogmes de Merz (ancien président du conseil de surveillance de BlackRock en Allemagne) en pleine tempête économique. Alors que le BDI réclame à grands cris des « investissements publics urgents » dans les infrastructures modernes, la transition numérique, la simplification bureaucratique, laquelle est vitale – à leur avis – pour la compétitivité, Merz propose exactement le contraire: démanteler. Privatiser. Réduire. Un remède de cheval qui, appliqué à un organisme déjà en état de choc, équivaut à une hémorragie contrôlée qui conduira à la désindustrialisation.

Mais la véritable mèche qui pourrait faire exploser tout espoir résiduel est le pari fou sur le réarmement comme moteur économique. Merz surfe sur la vague d'une illusion dangereuse: celle de sortir l'économie de la stagnation grâce à des dépenses militaires colossales, en promettant de fixer à 2% du PIB les dépenses de défense de l'Allemagne. C'est la théorie que l'analyste russe Andreï Souzdaltsev voit se profiler à Berlin: sauver l'industrie en produisant des chars d'assaut plutôt que des voitures. Une folie stratégique et économique. D'énormes capitaux publics, déjà sous pression, seraient détournés vers des armements improductifs au lieu d'être investis dans l'innovation, l'éducation, l'énergie – les véritables moteurs d'une reprise durable et concrète. Ce militarisme belliciste, dans une Europe déjà instable, ne ferait qu'aggraver les relations avec des partenaires commerciaux cruciaux comme la Chine, alimentant une course aux armements coûteuse et dangereuse.

Le duo mortel de l'austérité néolibérale et de la folie militariste proposé par Merz n'est pas un remède. C'est le coup de grâce. Les missiles ne rempliront pas les carnets de commandes vides des usines. Les coupes dans les dépenses sociales ne feront pas baisser les factures d'énergie. Les véhicules blindés ne rendront pas les voitures allemandes compétitives face aux véhicules électriques chinois. C'est une recette écrite avec l'encre de l'idéologie atlantiste la plus myope, destinée à enfoncer définitivement l'Allemagne dans le marasme de la récession, de la désindustrialisation et de l'insignifiance stratégique. Alors que le monde court vers l'avenir, Merz voudrait ramener la nation en arrière, vers un passé fait d'usines fermées et de canons. Un suicide économique au nom du néolibéralisme et du faux mythe de la guerre comme source d'affaires.

Loi sur les services numériques: Bruxelles installe l’infrastructure pour manipuler l’opinion publique

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Loi sur les services numériques: Bruxelles installe l’infrastructure pour manipuler l’opinion publique

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10

Avec l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions du DSA le 1er juillet 2025, la Commission européenne a franchi une étape supplémentaire vers un contrôle centralisé de l’information.

Officiellement, il s’agit de « transparence » — mais en réalité, un système est en train de se mettre en place qui modifie systématiquement les fondements de toute formation d’opinions libres et de toute recherche indépendante.

Quoi de neuf ?

De grandes plateformes comme X, Facebook ou TikTok doivent désormais divulguer des données internes — mais uniquement à des chercheurs sélectionnés politiquement, qui doivent d’abord obtenir une autorisation. Seules les personnes qui s’occupent de sujets comme la « désinformation » ou le « discours de la société civile » y ont accès — et doivent respecter les conditions fixées par l’UE.️

Quel est le problème ?

L’UE revendique une souveraineté sur la définition de concepts tels que « désinformation » ou « discours haineux » — sans contrôle judiciaire, sans débat parlementaire.

Ce qui peut être dit, recherché ou diffusé n’est plus déterminé juridiquement, mais de manière administrative.

Par ailleurs, les plateformes doivent révéler comment elles bloquent, restreignent par algorithme ou suppriment du contenu. Cela crée un instrument stratégique pour le pouvoir afin de réguler l’espace numérique — contrôlé par les autorités politiques, et non par les tribunaux.

Ce qui est en jeu ?

– Seules les recherches approuvées sont autorisées.

– Les plateformes perdent leur neutralité et leur autonomie.

– Les utilisateurs ignorent pourquoi certains contenus disparaissent ou deviennent invisibles.

– La liberté d’expression devient une exception qui est gérée.

Conclusion:

Le DSA n’est pas une loi de protection — c’est la base d’un ordre où l'opinion est technocratiquement dirigée. Ce qui semble être un progrès est en réalité la transformation progressive de la démocratie qui sera dorénavant soumise à un contrôle administratif de tout contenu.

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vendredi, 11 juillet 2025

Roosevelt dans la mythologie occidentale

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Roosevelt dans la mythologie occidentale

Nicolas Bonnal

L’Occident est un fou dangereux, toujours en guerre contre lui-même et le monde, mais depuis combien de temps ? Beaucoup accusent la Renaissance et la Réforme. En fait il faudrait remonter au papisme et à ses croisades comme le montre Laurent Guyénot. L’Occident c’est moins le petit bout de l’Asie que le coin du missionnaire bien armé qui aujourd’hui applaudit les exploits de son rejeton-héritier sioniste à Gaza ou Téhéran. Et qu’on se mette bien dans la tête qu’il a toujours été judéo-chrétien et pas chrétien (l’Evangile commence par la célébration de l’origine hébraïque-divine du prophète…) et que le comportement grec n’a jamais été de tout repos non plus (je pense que la vie sous les Perses civilisés était plus agréable pour tout le monde): voir le livre de mon ami d’enfance Nicolas Richer sur ces guerres grecques au 4ème siècle qui suivent celles du Péloponnèse et anéantirent la population masculine spartiate (Nicolas parle l’oliganthropie).  Voir mes textes sur Démosthène, ceux de Fustel sur Théognis, etc…

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Le changement du 16ème siècle est quantitatif, pas qualitatif, et les regrettés hégéliens-marxistes pensaient (après mon maître Balthazar Gracian) que l’accroissement quantitatif produit toujours une modification qualitative. Ce qui a changé avec la Renaissance et la Réforme, c’est le miracle Gutenberg qui a industrialisé propagande et mensonge. La bêtise latente s’est révélée avec l’alphabétisation, dira Maupassant, avant que Günther Anders se charge du consommateur télé. On pensait que l’esprit critique lui viendrait un jour à ce consommateur télé ; jamais il n'est venu. 85% des Espagnols veulent plus d’Otan et plus de dépenses militaires. Sanchez part et on installe un gouvernement néo-con à la place.

Sous le déluge audiovisuel cette capacité hypnotique dénoncée par Guénon est devenue totale, permanente et ubiquitaire. Les téléspectateurs veulent de la guerre à mort contre tout le monde (Chine, Russie, Iran, Trump, etc.), du migrant à foison, mourir pour le climat (pas d’air, pas de transport, pas de nourriture…) et se faire vacciner 80 fois par heure. Il suffit de le leur demander à la télé.

C’est important tout cela pour le comprendre le culte de notre bonhomme. Car Roosevelt est certainement l’homme politique le plus important du vingtième siècle, au moins pour nous Occidentaux (depuis que notre civilisation est devenue mondiale…). Il est aussi le plus toxique et le plus nuisible avec évidemment Churchill.

Ron Unz a écrit un texte sur cet inépuisable sujet. Sur son site j’ai laissé ce bref commentaire :

« Article trop long et surtout incomplet: pourquoi ne rien dire des tireurs de ficelles de Roosevelt et de la croisade à venir contre l’Allemagne qui allait terminer en destruction et communisation de notre Europe ? Olivier Revilo a bien parlé de la croisade pour les Soviets. Roosevelt a non seulement trahi sa classe sociale comme radical chic (et encore: seulement sa classe riche Wasp) mais aussi et surtout sa race. Il le dit au général de Gaulle (voir les Mémoires): la race blanche n’est plus la bienvenue en Asie. En réalité grâce à lui et à la révolte des élites (cf. Lasch) elle n’allait être plus bienvenue nulle part. Il est avec Churchill l’homme le plus nuisible du 20ème siècle. Et c’est évidemment une idole. L’Occident, a dit justement l’orientaliste René Guénon, vit dans un perpétuel état hypnotique depuis la Renaissance, facilité par les médias et même la typographie. »

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Ron Unz cite l’historien Brands et rappelle que Roosevelt était possesseur d’une immense fortune qu’il gaspillait comme Citizen Kane; qu’il vivait comme un nabab (trois propriétés, plein de domestiques, etc.) ; qu’il avait constitué son noyau d’amis autour du yachting (découvrez Wedding Crashers pour comprendre) ; qu’il était inculte et n’avait pas fait d’études ; que sa femme profita de la place pour se remplir les poches avec de la publicité à la radio et dans les journaux. Son culte de la personnalité fut total de son vivant, l’autoritarisme de son administration aussi, et John Flynn parla de fascisme (parole fourre-tout…).

Mais soyons plus sérieux.

Roosevelt (éternel fils à papa gauchiste radical…) a SURTOUT anéanti l’Allemagne avec Churchill en favorisant outrageusement l’invasion rouge de l’Europe. La punition du Japon a été abominable et on a mis psychiquement fin à ce peuple grandiose avec l’occupation. On savait pour Pearl Harbor : on avait décodé les codes japonais et on a laissé faire ! Avec le Deep State on fonctionne toujours pareil : on contrôle l’ennemi, fasciste, musulman, dealer ou nationaliste, et on le manipule avant de l’écraser. Comme on imprime l’argent, on a les moyens.

On s’est bien amusé ! On verra avec l’Iran car seule la notion d’opposition sous contrôle (voyez Makow, Miles, Hua Bin, et pas mal d’autres) peut expliquer la reculade iranienne après une victoire pourtant pharamineuse. Il n’y a hélas sans doute que des marionnettes avec un cerveau central, voyez l’apologue du Katha-Sarit-Sagara commenté par Guénon. Car les gouvernements veulent tous la même chose: dépeupler et contrôler. Voyez la description de la démographie chinoise et iranienne par Eugène Kusmiak. Le seul pays développé à vouloir et avoir des enfants, c’est Israël : les juifs sont comme les autres MAIS PLUS, disait le président Weizmann qui avait bien raison. 

Sur l’anéantissement de l’Allemagne et l’invasion  communiste de l’Europe (qui dut se taper quarante ans de chars russes et de frugalité soviétique, certains l’oublient…), je citerai notre Tolkien qui, lui, était anti-impérialiste mais aussi anticommuniste et antisoviétique.

« Je viens d'apprendre la nouvelle… Les Russes sont à 95 kilomètres de Berlin. Il semble bien que quelque chose de décisif pourrait bientôt se produire. Les destructions et la misère effroyables de cette guerre s'accumulent d'heure en heure: destruction de ce qui devrait être (et est) la richesse commune de l'Europe et du monde, si l'humanité n'était pas si obsédée, richesse dont la perte nous affectera tous, vainqueurs ou non. Pourtant, les gens jubilent d'entendre parler des files interminables, longues de 65 kilomètres, de réfugiés, de femmes et d'enfants misérables qui affluent vers l'Ouest, mourant en chemin. Il semble qu'il ne reste plus aucune compassion, aucune imagination, en cette heure sombre et diabolique. Je ne veux pas dire par là que tout cela, dans la situation actuelle, principalement (et non uniquement) créée par l'Allemagne, ne soit pas nécessaire et inévitable. Mais pourquoi se réjouir ! Nous étions censés avoir atteint un stade de civilisation où il serait encore nécessaire d'exécuter un criminel, mais pas de jubiler, ni de pendre sa femme et son enfant à ses côtés sous les huées de la foule orque. La destruction de l’Allemagne, fût-elle cent fois, méritée, est l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire. »

De Gaulle souligne dans ses mémoires cette anecdote : « l’homme blanc n’est plus le bienvenu en Asie », selon Roosevelt, tout content d’en finir avec les empires coloniaux de la France et des autres. Et dire que Churchill a imposé sa guerre aux Anglais (toujours bien soumis et surtout désinformés) en arguant de la défense de l’empire. Ils le perdirent en quelques années cet empire, et on les reprogramma ces chers Britanniques pour se faire envahir et même diriger par des minorités ethniques et religieuses particulièrement virulentes et décomplexées, et même encouragées par les Windsor. De toute manière la politique de la couronne cabalistique anglaise depuis Guillaume ou Malthus ou Cromwell a toujours été de dépeupler ici… et ailleurs. C’est bien son agenda que l’on suit à Davos, Paris ou Bruxelles. La nature adore le vide.

Sur le plan intérieur Roosevelt partagera la même joie de dépeuplement. Voir les Bilderbergs en ce moment qui veulent achever la dépopulation de l’Europe et son remplacement.

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La dépopulation des campagnes US (revoir John Ford toujours et ses incroyables Raisins de la colère) proche de l’Holodomor finalement) a été froidement organisée. Mais elle n’est pas connue. La liquidation de la masse paysanne est de toute manière une obsession ubiquitaire du monde dit moderne, de 1792 aux années soixante en France (Biquefarre…) par exemple.

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Un détail qui échappe à Ron Unz c’est celui de la lutte contre les élites Wasp lancée par les progressistes et les juifs libéraux (ce n’est pas moi qui le dis mais Adorno…): Grace Kelly dans son altercation avec Sinatra dans High Society parle de la liquidation des élites Wasp et de leurs splendides mansions à Newport ou ailleurs par… les impôts. On les a remplacées ethniquement depuis ces élites, donc elles ne paient plus d’impôts ! Le Mordor de Tolkien sera mis à contribution avec le Palantir du binôme Karp-Thiel pour calmer les derniers récalcitrants.

De toute manière notre anéantissement programmé se fait sans effort grâce à la télé muée en outil génocidaire global. Roosevelt est toujours déifié comme Obama et tant d’autres par cette classe moyenne ahurie dont Drumont et Guénon n’ont cessé de se moquer. Il n’y a rien à faire.

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Je repensais à Alfred Sauvy par exemple: cet honnête homme qui défendait la démographie française avait exécuté Roosevelt et son New Deal; New Deal raté qui se termina par une guerre et une mobilisation sans égale, suivies d’un endettement fabuleux. Je le cite :

« Le mythe Roosevelt. — C'est surtout en France qu'il sévit: aux États-Unis, Roosevelt est discuté suivant le clivage politique. En France, selon l'opinion générale, l'économie américaine a été rétablie par Roosevelt et son New Deal. Si on faisait un sondage actuellement, parmi les contemporains comme parmi les nouvelles générations, une forte majorité des opinions exprimées le serait dans ce sens. Bien différente est la réalité: après la dévaluation du dollar en 1933, une vive reprise s'est produite aux États-Unis, comme dans tous les pays qui, à l'époque, avaient eu recours à cette opération. Cette reprise ne devait rien à la politique du New Deal et a même été brisée par elle. En 1938, une crise très profonde, plus rapide encore que celle de 1929, a accablé à nouveau les États-Unis, qui n'ont été sauvés que par l'approche de la guerre et l'armement. »

Et pour finir, Roosevelt étant Dieu, avec Churchill et Gambetta, je redonne mon René Guénon à méditer:

«  À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes. »

La science ne nous sauve en rien, bien au contraire. Elle a déliré brillamment au moment de notre si immortelle épidémie (masques, tests, gestes-barrière, position assise, debout, couchée, etc.) et, autre nom à majuscule, elle sert aussi la mise sous hypnose :

« La civilisation occidentale moderne a, entre autres prétentions, celle d’être éminemment «scientifique» ; il serait bon de préciser un peu comment on entend ce mot, mais c’est ce qu’on ne fait pas d’ordinaire, car il est du nombre de ceux auxquels nos contemporains semblent attacher une sorte de pouvoir mystérieux, indépendamment de leur sens. La « Science », avec une majuscule, comme le « Progrès » et la « Civilisation », comme le « Droit », la « Justice » et la « Liberté », est encore une de ces entités qu’il faut mieux ne pas chercher à définir, et qui risquent de perdre tout leur prestige dès qu’on les examine d’un peu trop près. »

Le pire est que les bouffons ennemis géostratégiques de l’Occident (de Brics et de broc…) fonctionnent comme lui maintenant, même si les antisystèmes refusent de le voir et de le comprendre: écologie, féminisme, mondialisme, totalitarisme cybernétique, social-fascisme, science, vaccins, tout y passe pour créer ce monde sinistre que pressentirent Poe ou Chateaubriand. Mais c’est un autre sujet.

Sources:

https://highlanderjuan.com/wp-content/uploads/2019/06/Rev...

https://bibliothecaveneficae.com/wp-content/uploads/2021/...

https://www.unz.com/runz/american-pravda-franklin-rooseve...

https://classiques.uqam.ca/contemporains/sauvy_alfred/myt...

https://www.dedefensa.org/article/les-francais-sous-hypno...

https://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-ci...

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthieu%201...

https://lesakerfrancophone.fr/retour-sur-rene-guenon-et-l...

https://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-gueno...

https://lesakerfrancophone.fr/christopher-lasch-macron-et...

https://www.unz.com/article/chinas-fertility-catastrophe/

https://www.egaliteetreconciliation.fr/La-croisade-est-te...

 

 

 

 

La motion de censure a échoué – la façade du contrôle s’effrite

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La motion de censure a échoué – la façade du contrôle s’effrite

Elena Fritz

La motion de censure contre von der Leyen a échoué mais ce n’est pas une preuve de confiance en sa personne, mais une déclaration de faillite institutionnelle. L’UE est entrée dans une phase où les procédures démocratiques ne font que simuler la légitimité.

Malgré de graves accusations – allant d’un approvisionnement opaque en vaccins à l’ignorance délibérée des intérêts nationaux – la présidente de la Commission reste en fonction. Le parlement se révèle impuissant face à un exécutif qui s’est largement soustrait à la responsabilité politique.

Von der Leyen reste parce qu’elle est nécessaire – en tant qu’organe exécutif fonctionnant au profit d'intérêts stratégiques :

– Stabiliser l’architecture de pouvoir existante

– Sécuriser des projets controversés

– Reporter les réformes structurelles jusqu’après 2026

Son rôle est fonctionnel, pas politique. Il ne s’agit pas d’approbation, mais d’une mise en œuvre qui doit se faire sans entrave.

Cela met en lumière à quel point l’UE mise désormais sur la puissance procédurale plutôt que sur la légitimité démocratique. Les intérêts nationaux – comme ceux de l’Allemagne – sont de plus en plus intégrés dans une dépendance structurée plutôt que négociés politiquement.

L’Union se meut vers une stabilité dirigée sans correctif possible. Les décisions ne sont plus responsables, mais elles sont gérées.

La légitimité est remplacée par une logique systémique. La responsabilité disparaît dans l’appareil.

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Trump bat en retraite...

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Trump bat en retraite...

Douguine révèle la crise américaine et le rôle de la Russie en tant que Katechon

Alexander Douguine

Alexander Douguine dévoile le recul idéologique de Trump et le campe comme une trahison de sa mission civilisationnelle, met en garde contre une bataille eschatologique croissante entre le mondialisme et la résistance multipolaire, et exhorte la Russie à se dresser, en tant que Katechon, contre la vague antichrétienne.

Sur la base de plusieurs de mes récents messages sur Telegram, certains ont conclu que j'étais déçu par Trump. Mais ce n'est pas tout à fait exact. J'ai observé l'évolution de Trump, la formation de son idéologie – ce que j'ai appelé le trumpisme – de plus près et avec plus d'attention que je n'ai suivi la politique de n'importe quel autre pays. Toute l'histoire de la deuxième campagne électorale de Trump a en fait été une véritable révolution, car les idées qu'il a exprimées – que ses partisans ont promues et approfondies, trouvant un écho auprès de la population américaine – formaient une vision du monde très cohérente. Il s'agissait d'une véritable idéologie, et pas seulement d'une série de slogans.

En reliant les différentes déclarations et positions de ce programme, j'en suis arrivé à la conclusion que le trumpisme possède un noyau idéologique assez solide. Trump a proposé une vision du monde complètement alternative, en contraste flagrant avec celle des mondialistes et des libéraux. Son orientation était non libérale et anti-mondialiste, centrée sur un État civilisationnel fort – l'État-civilisation américain – avec des calculs économiques, des éléments de politique étrangère et même un programme idéologique interne correspondants. Cela incluait l'opposition au mouvement LGBTQ, qui est interdit en Russie, et à d'autres aspects de la culture « woke », ainsi que l'annulation de la « cancel culture » elle-même.

Tout cela a été clairement articulé dès les premiers jours de la présidence de Trump. C'est précisément en étant exposé à cet élément idéologique que j'ai eu l'impression qu'il était comme un brise-glace, fracassant la mer gelée de la dictature mondialiste-libérale. Trump faisait cela depuis le centre même, depuis la « salle de contrôle » principale du système. Naturellement, cela m'a fortement impressionné, d'autant plus que je suivais cela en temps réel à travers des publications, des interviews, des conversations et des livestreams. Trump a gagné en surfant sur cette vague et a initialement agi conformément à ce programme.

L'impression était profonde. Bien sûr, l'Amérique n'est pas une société traditionnelle. Une telle société n'y a jamais vraiment existé. L'Amérique est une expérience de la modernité. Oui, avec toutes ses limites évidentes, et avec l'implication de la droite technologique (Tech Right) représentée par Elon Musk et Peter Thiel, dont les opinions sont souvent étranges et extravagantes, et même avec le populisme national de Steve Bannon, exprimé sans détours. Naturellement, rien de tout cela ne nous appartient vraiment. En principe, il n'y avait là rien qui puisse nous séduire. Pourtant, cela s'opposait – et s'oppose toujours – directement au cours précédent de l'administration américaine.

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Lorsque nous abordons Trump et le trumpisme à l'aune de notre propre civilisation, tout cela semble souvent monstrueux et effrayant. Pourtant, comparé au libéralisme et au mondialisme, que les États de l'Union européenne incarnent encore par inertie, cela ressemblait à une révolution conservatrice.

Ce n'est pas un hasard si Macron, s'exprimant lors d'une session de la Grande Loge maçonnique de France, a déclaré une guerre idéologique au « Dark Enlightenment » (les « Lumières obscures ») représenté par Trump. Macron l'a fait au nom de ce que les francs-maçons, les libéraux, les mondialistes, les pervers et les "parades de la fierté" proclament comme étant le « Light Enlightenment » (les « Lumières lumineuses »). En d'autres termes, la lame a rencontré la pierre.

Pourtant, le mondialisme libéral habituel qui a régné sur l'Amérique et le monde au cours des dernières décennies a reçu un coup sérieux de la part de Trump. Il a apporté avec lui une nouvelle idéologie – floue à certains égards, mais très attrayante à d'autres: valeurs traditionnelles, rejet des interventions à l'étranger, rejet des néoconservateurs, renversement complet du programme libéral-démocratique du Parti démocrate, avec toutes ses dégénérescences et sa chute normative et obligatoire vers la décadence. Cela nous était et nous est toujours sympathique.

Mais avec le temps, Trump a commencé à se détourner de tout cela. Il a commencé à perdre les membres de son équipe d'origine. Il s'est rapproché des néoconservateurs, comme lors de son premier mandat. Il n'a pas condamné le génocide de Netanyahu à Gaza. Il a soutenu l'opération militaire israélienne de douze jours et, de plus, les bombardiers américains ont eux-mêmes frappé l'Iran souverain. Aujourd'hui, il prépare le renversement du régime Velayat-e Faqih dans ce pays. En bref, il agit de manière contraire à ce qu'il avait promis et aux attentes de ceux qui ont voté pour lui. Car les gens qui ont voté pour lui voulaient autre chose. Cela a une grande importance.

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Cependant, le mouvement MAGA reste très fort. Peut-être qu'Elon Musk en deviendra le nouveau porte-drapeau. Il a déjà proposé de créer un troisième parti en Amérique, et, compte tenu de ses ressources, cela est loin d'être naïf. Thomas Massie (photo), un partisan constant de Trump et un paléoconservateur convaincu, s'est fermement prononcé contre l'intervention en Iran et est déjà en train de devenir une figure clé d'un autre courant du mouvement MAGA. Massie et Musk se rapprochent actuellement, ce qui est également très intéressant. Dans le même temps, Peter Thiel, l'un des architectes de la victoire de Trump, tient des propos très sombres et très justes : le mondialisme est l'idéologie de la civilisation de l'Antéchrist. D'ailleurs, même Marco Rubio a déclaré que les Iraniens attendaient l'arrivée imminente de l'Imam Mahdi, qui annonce la fin des temps.

Nous assistons donc à une nouvelle configuration politico-théologique et eschatologique très intéressante. C'est pourquoi nous devons rester calmes et commencer à étudier en profondeur la philosophie, la religion, l'eschatologie et la géopolitique, de manière beaucoup plus sérieuse que ne le fait actuellement notre communauté d'experts, qui se contente d'effleurer la surface et de tout réduire au prix du pétrole. L'heure est venue de procéder à une analyse approfondie, et non de déclarer que l'on est séduit ou déçu par Trump.

Nous nous trouvons dans une situation où les États-Unis et ceux qui les dirigent aujourd'hui définissent les principales tendances mondiales. Il existe une autre puissance, la Chine, et puis il y a nous. Il n'y a pratiquement aucune autre puissance véritablement souveraine dans le monde. Nous avons notre propre projet de monde multipolaire, et nous cherchons à le construire avec la Chine. C'est une réponse sérieuse, mais le leadership mondial appartient toujours aux États-Unis. Ni idéologiquement, ni militairement, ni technologiquement, ni économiquement, nous ne pouvons – même avec la Chine – renverser ce leadership. Par conséquent, ce qui se passe en Amérique revêt une importance considérable pour nous.

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Bien sûr, pour vraiment comprendre tout cela, il faut connaître et comprendre l'histoire de l'Occident et la philosophie de René Guénon, Julius Evola, Nikolai Danilevsky, Lev Tikhomirov et Oswald Spengler. Il faudrait une demi-vie pour assimiler pleinement ces textes. Sans eux, on ne comprend absolument rien, ni à ce qui se passe en Amérique, ni à ce qui se passe chez nous. Nous ne devons donc pas nous fixer des tâches impossibles. C'est la responsabilité de ceux qui ont les compétences et la préparation nécessaires. Nous entrons véritablement dans une sphère où beaucoup de choses vont choquer l'esprit ordinaire.

C'est pourquoi mon analyse doit être abordée différemment. Il ne s'agit pas d'être « déçu par Trump » ou « enchanté par Trump ». Ces catégories n'ont aucune signification pour moi. Je suis un patriote russe et, pour moi, la Russie est une valeur absolue. Je considère tout du point de vue de mon pays, de ma civilisation et de sa mission eschatologique en tant que Troisième Rome, le Katechon, qui empêche le monde de tomber sous le règne de l'Antéchrist. C'est ce qui importe le plus.

 

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Les tactiques technologiques d'Israël et l'avenir de la guerre totale

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Les tactiques technologiques d'Israël et l'avenir de la guerre totale

L'utilisation à des fins militaires de la surveillance, de l'IA et des deepfakes dans les conflits modernes

Alexander Douguine

Depuis le début du conflit israélo-palestinien à Gaza, qui a suivi de près l'attaque du Hamas contre Israël lors de l'opération Al-Aqsa Flood, déclenchant une réaction en chaîne d'événements, nous avons assisté au déploiement par Israël de technologies militaires jamais vues auparavant.

Ces technologies ont joué un rôle décisif dans le succès d'Israël dans plusieurs opérations militaires et politiques. Elles ont impliqué l'utilisation d'appareils de communication, d'ordinateurs, de téléphones portables et même de pagers pour infliger des pertes sensibles, voire critiques, à l'ennemi. Cette tactique était étroitement liée aux frappes de missiles et aux drones de combat. De plus, il est désormais clair qu'Israël a activement utilisé la technologie des deepfakes.

Ensemble, ces facteurs ont fondamentalement transformé la nature de la guerre moderne. Les adversaires d'Israël au Moyen-Orient n'étaient absolument pas préparés à ce changement, qui s'est avéré décisif dans le déroulement du conflit. En termes militaires conventionnels, il existait une parité approximative entre Israël et ses adversaires régionaux. En matière de guérilla, des groupes tels que le Hezbollah libanais avaient même pris le dessus, comme l'a démontré la guerre du Liban en 2006. Cependant, l'introduction de ce nouveau facteur technologique a radicalement modifié l'équilibre des forces.

Quelles étaient ces nouvelles technologies et méthodes ? La plus importante d'entre elles était un logiciel de surveillance radicalement avancé. Les Israéliens ont réussi à installer des programmes de suivi dans pratiquement tous les appareils électroniques appartenant à leurs adversaires. Les mouvements, les conversations, les réunions et les échanges d'informations – entre Palestiniens, Syriens, Libanais, Irakiens et Iraniens – toute personne ayant un intérêt même marginal pour Israël – étaient entièrement visibles par les services de renseignement israéliens.

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Dans son livre publié en 2019, L'Empire et les cinq rois, le mondialiste Bernard-Henri Lévy déplorait le retrait progressif de l'Occident hors du Moyen-Orient (en particulier hors d'Irak), soulignant que la seule compensation pour l'abandon de ces positions stratégiques était les capacités de surveillance désormais hyper sophistiquées de l'Occident, capables de détecter le moindre détail dans les territoires évacués. Lévy, impérialiste agressif, considérait cela comme insuffisant, comme un signe de faiblesse et de passivité. Il aurait préféré un contrôle physique direct du monde islamique par l'Occident et Israël (d'où le titre du livre, qui fait référence à la guerre menée par l'antique Israël contre une coalition de cinq rois cananéens, que les Israélites ont vaincus et soumis). Mais l'argument de Lévy sur la surveillance était pertinent. Cela est devenu un facteur crucial à partir de 2023.

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Les systèmes de communication et les appareils connectés – électroniques, locaux ou autres – sont devenus des armes mortelles entre les mains d'Israël, déterminant l'issue des opérations à Gaza, au Liban, en Syrie et lors de la récente guerre de 12 jours avec l'Iran. L'aide des États-Unis et de l'Occident en général a été importante, mais l'avantage décisif est venu de la nouvelle stratégie. Israël a réussi à prendre le contrôle total des réseaux de ses ennemis, transformant les téléphones, les pagers et divers appareils électroniques en armes. Certains pagers destinés aux agents du Hezbollah (qui se méfiaient des téléphones portables) ont été piégés avec des explosifs. Selon des rapports libanais, non seulement les pagers ont explosé, mais aussi les téléphones portables, les scooters électriques, les interphones et les panneaux d'ascenseur. La nature exacte de cette technologie reste floue, mais si elle existe et si Israël la possède, elle présente des risques sans précédent.

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Un autre élément impliquait des drones lancés sur la base de données de ciblage acquises grâce à la surveillance, souvent à partir du territoire ennemi. Cette tactique a été révélée pour la première fois en juillet 2024, lorsque le chef du Hamas, Ismail Haniyeh (photo), a été éliminé en Iran. Des méthodes similaires ont ensuite été utilisées pour tuer des dirigeants du Hamas non seulement à Gaza, mais aussi dans d'autres pays. Grâce à la surveillance électronique, les Israéliens avaient une vue d'ensemble de leurs cibles ; le reste n'était qu'une simple exécution. Les drones pouvaient être lancés depuis Israël ou depuis des cachettes préparées à l'avance dans des pays étrangers.

Il est même possible que l'opération de sabotage qui a conduit à la mort du président iranien Ebrahim Raisi ait impliqué un pager et une technologie de surveillance. Raisi était un conservateur et un fervent opposant à Israël. Si les autorités iraniennes n'ont pas réussi à déterminer la cause de l'accident d'hélicoptère, les événements de la guerre de 12 jours peuvent expliquer pourquoi : elles ne disposaient tout simplement pas de la technologie nécessaire et ne comprenaient pas le fonctionnement de ces systèmes.

Après avoir éliminé les dirigeants du Hamas, Israël s'est tourné vers le Hezbollah. Des frappes ciblées ont tué le cheikh Hassan Nasrallah et pratiquement tous les dirigeants du Hezbollah, qui représentait autrefois une menace sérieuse pour Israël. Combinés à l'explosion des pagers et des autres dispositifs, ces assassinats et même les massacres de membres du Hezbollah se sont avérés extrêmement efficaces.

Des frappes précises par drones et missiles ont suivi, non pas au hasard, mais sur la base de cibles identifiées grâce à la surveillance électronique. Les Israéliens ont planifié ces opérations avec minutie, commençant leur extermination par le haut : ils ont d'abord éliminé les hauts dirigeants – religieux et politico-militaires –, puis le deuxième échelon, le troisième, et ainsi de suite à travers les rangs.

En Syrie, c'est le Mossad qui a porté au pouvoir al-Sharaa, affilié à l'État islamique, en orchestrant un changement de régime et en renversant le président Bachar al-Assad à l'aide des mêmes techniques. Israël a pris le contrôle total des communications militaires syriennes. Les deepfakes ont été largement utilisés. Des ordres et des directives – parfois contradictoires – ont été envoyés aux commandants de rang inférieur, prétendument émanant des hauts gradés syriens, imitant même la voix d'Assad lui-même. Il s'agissait notamment d'ordres de retraite, de redéploiement vers des positions absurdes ou de tirs sur de fausses cibles. Le changement de régime a été réalisé moins par la force militaire conventionnelle que par les technologies en réseau. Israël a également consolidé son emprise sur le plateau du Golan, étendu sa zone de contrôle près des zones druzes plus proches de Damas et détruit, à l'aide de drones et de missiles, toutes les installations militaires syriennes qui représentaient une menace, même lointaine. Auparavant, le Hezbollah et les forces iraniennes (en particulier les unités du CGRI) en Syrie avaient déjà été soumis à des frappes précises et contraints de se retirer dès le début de la révolte d'al-Sharaa.

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Vint ensuite l'Iran. Une fois de plus, la même stratégie fut utilisée. Dans les premières heures de la guerre de 12 jours, Israël élimina la quasi-totalité du haut commandement militaire iranien – le chef d'état-major, le commandant du CGRI et les principaux scientifiques nucléaires – ainsi que leurs familles, y compris leurs jeunes enfants. Cela fut accompli en partie grâce à des frappes de missiles de précision, en partie grâce à des drones lancés depuis l'Iran, à partir de caches prépositionnées. Les drones ont été physiquement lancés par des migrants afghans suivant les instructions israéliennes, payés modestement et considérés comme sacrifiables par les planificateurs israéliens.

Les frappes de missiles qui ont suivi ont visé les infrastructures nucléaires iraniennes, conduisant à une opération de changement de régime. Pour que tout cela réussisse, Israël avait besoin d'un contrôle total sur chaque individu iranien considéré comme une menace ou un intérêt potentiel – et là encore, grâce à des dispositifs électroniques. La stratégie a été moins efficace contre les Houthis du Yémen, mais même ceux-ci ont parfois été frappés par des attaques de précision qui ont causé de graves dommages.

Nous avons ainsi assisté à l'émergence de formes entièrement nouvelles de guerre meurtrière. Israël possède des technologies qui lui ont permis d'infliger à ses ennemis des dommages auparavant inimaginables. Nous sommes entrés dans une ère de guerre totalement nouvelle.

Au début de l'opération militaire spéciale (OMS), nous avons été confrontés de manière inattendue au problème des drones et des communications. Mais ce que nous voyons aujourd'hui en Israël représente un niveau de technologie bien plus avancé. Si vous ou des membres de votre famille possédez un appareil électronique et que vous vous opposez aux intérêts d'Israël, vous pouvez être éliminé – de manière chirurgicale, efficace et à tout moment. C'est la conclusion terrifiante que nous pouvons tirer de ce que nous venons de voir au Moyen-Orient.

Une autre préoccupation concerne la neutralisation des flottes et des ports maritimes ennemis. Là encore, les technologies de drones aquatiques – qui ne sont pas encore pleinement déployées – représentent un danger colossal, en particulier lorsqu'elles sont associées à des systèmes de surveillance avancés.

Nous sommes donc confrontés à tout un ensemble de nouvelles menaces. Point suivant : Israël est l'allié le plus proche des États-Unis et de l'Occident dans son ensemble. Certains considèrent Israël comme un mandataire géopolitique des États-Unis, tandis que d'autres – en particulier les Israéliens – voient les États-Unis comme un golem soumis aux ordres d'Israël. Dans tous les cas, l'essentiel est le même : les technologies qu'Israël a utilisées si efficacement dans la guerre contre ses adversaires régionaux sont incontestablement connues et accessibles aux États-Unis et à l'Occident. En effet, on ne sait pas vraiment s'il s'agit d'inventions purement israéliennes. Elles proviennent peut-être de la CIA, du Pentagone, de Palantir ou du MI6, ou ont été développées conjointement. Cela n'a guère d'importance. Le fait est que l'Occident possède ces armes et maîtrise ces stratégies et technologies.

La Russie n'est pas en guerre avec Israël (même si nous ne devons pas oublier que l'Iran est notre allié), on pourrait donc penser que nous sommes à l'abri de telles tactiques. Peut-être. Cependant, nous sommes indéniablement en guerre avec l'Occident collectif en Ukraine – et l'Ukraine est sans aucun doute un mandataire, un outil, de l'Occident collectif. D'où cette conclusion simple et terrifiante : cette technologie meurtrière peut, à tout moment, être retournée contre la Russie.

Si l'on considère les attentats terroristes perpétrés par des saboteurs ukrainiens en Russie – contre Daria Dugina (et moi-même), contre Vladlen Tatarsky et Zakhar Prilepin, contre des généraux russes comme Moskalyok et Kirillov, ainsi que l'attaque de la mairie de Crocus impliquant des migrants recrutés par Kiev –, alors la récente attaque de drones contre la triade nucléaire russe depuis le territoire russe doit être considérée dans ce contexte.

Dans une situation critique, une telle stratégie pourrait être pleinement déployée – ou l'a peut-être déjà été, bien que sous une forme limitée.

Des questions logiques se posent : disposons-nous de systèmes d'armes similaires ? Avons-nous pénétré les dispositifs et gadgets ennemis, non seulement ceux de l'Ukraine, mais aussi ceux des États-Unis et de l'OTAN ? D'autre part, disposons-nous de défenses adéquates contre de telles attaques et stratégies ? Il est clair que nos meilleurs spécialistes travaillent avec diligence pour assurer la sécurité du président, notre ressource clé dans la guerre contre l'Occident. C'est pourquoi il ne possède aucun appareil électronique, ce qui est prudent. Pourtant, nous continuons à tout numériser et à tout électrifier, en nous appuyant sur l'intelligence artificielle qui, comme d'autres technologies en réseau, est peut-être déjà militarisée – ou pourrait facilement le devenir. L'IA peut-elle tuer ? La réponse est évidente si l'on se réfère à l'expérience des Libanais et des Iraniens: si les téléphones et les pagers peuvent tuer, alors l'IA peut certainement être militarisée dans certaines conditions. Les deepfakes – générés par l'IA – sont déjà devenus des armes.

De plus, sommes-nous pleinement conscients que les structures de réseau peuvent être facilement intégrées dans les communautés d'immigrants, en particulier parmi les immigrants illégaux ? Ce sont des agents techniques tout prêts. Israël n'aurait jamais pu intégrer des réseaux de sabotage aussi profondément enracinés dans les sociétés sans un réseau d'agents d'élite sur le terrain.

Enfin, la Chine possède-t-elle de telles technologies de réseautage militaire ? À l'heure actuelle, la Chine est confrontée à une décision cruciale : entrer en confrontation ouverte avec l'Occident en Iran et dans l'ensemble du Moyen-Orient, où l'Occident mène des frappes chirurgicales contre les centres énergétiques et de transport chinois. Nous le saurons probablement bientôt.

Quoi qu'il en soit, c'est aujourd'hui la menace la plus grave à laquelle est confrontée la Russie contemporaine. Nous pouvons gérer tout le reste. Mais ici, nous sommes confrontés à quelque chose de totalement nouveau, et si nous nous trouvons pris au dépourvu à un moment critique, les conséquences pourraient être véritablement fatales.

mercredi, 09 juillet 2025

Iran. Premier bilan

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Iran. Premier bilan

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/iran-primi-bilanci/

Cessez-le-feu au Moyen-Orient, nous dit-on. Ou plutôt, une illusion de cessez-le-feu, puisque Netanyahu n’a manifestement aucune intention de le respecter. Et l’Iran semble prêt à riposter coup sur coup.

Trump est furieux. Cependant, sa colère ne sert pas à grand-chose. Il espérait calmer le conflit et, en même temps, favoriser un changement de régime en Iran. C’est ainsi que le vieux prétendant au Trône du Paon, désormais complètement américanisé depuis des décennies, a été de nouveau évoqué: Reza Shah.

Mauvais calculs et mauvaises analyses. Car, en réalité, la République islamique semble sortir renforcée et resserrée par ces attaques. Ce n’est pas que l’opposition intérieure n’existe pas, mais il est clair que cela n’a rien à voir avec des sympathies pour Israël ou les États-Unis. Au contraire…

Ainsi, Khamenei a eu le dessus. Il a transféré le pouvoir effectif aux Pasdaran, dépossédant ainsi le modéré Pezeshkian.

En fait, c’est l’état d’urgence. Tout simplement. Ces mesures renforcent le régime iranien et donnent plus de pouvoir à l’aile militaire.

Et affaiblissent ceux qui espéraient une détente avec Washington, en particulier les classes bazari et marchandes.

Après quinze jours de guerre à distance, Israël semble en difficulté. Et ce malgré le militarisme proclamé par Netanyahu.

Il n’a simplement pas réussi à faire plier Téhéran ni à favoriser le dissensus iranien. Au contraire, le régime des ayatollahs semble plus solide que jamais, et la riposte militaire a provoqué de véritables crises de nerfs internes en Israël.

Netanyahu a même dû tenter d’empêcher la fuite des principales villes, notamment des citoyens juifs qui veulent se réfugier, ou plutôt revenir, à l’étranger.

Il est vrai que Bibi mise surtout sur les « colons », qui représentent la face la plus déterminée et agressive du sionisme.

Mais le malaise intérieur en Israël est évident.

Téhéran, d’ailleurs, n’est pas totalement seul. Plus que Poutine, qui est trop occupé en Ukraine pour pouvoir offrir autre chose qu’un soutien politique à l’Iran, le véritable allié du régime des ayatollahs est la Chine. La Chine importe du gaz et du pétrole iraniens, essentiels pour son économie.

La politique de Xi Jinping vise, bien sûr, à éviter autant que possible les conflits directs, surtout avec Washington.

Pourtant, cela n’empêche pas la Chine de soutenir Téhéran de toutes les manières possibles, car elle ne veut absolument pas de changement de régime. Xi Jinping a été très clair et ferme sur ce sujet.

De plus, le Pakistan s’est déjà dit prêt à intervenir militairement aux côtés des Iraniens. Et le Pakistan, en plus de sa puissance nucléaire, est étroitement lié à Pékin.

Puis il y a Kim Jong-un. La Corée du Nord est une puissance nucléaire, et le jeune dictateur, maître incontesté du pays, exploite habilement la situation internationale pour briser l’isolement politique et économique dans lequel Pyongyang était plongé depuis longtemps.

Il a également déclaré être prêt à intervenir militairement pour aider l’Iran.

Une situation donc extrêmement difficile à déchiffrer. Trop de variables, trop d’acteurs. Trop de dangers.

Incontestablement, nous vivons une époque « intéressante », qui, selon une vieille malédiction chinoise, signifie justement « dangereuse ».

 

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Chypre a peur...

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Chypre a peur...

Andrea Marcigliano

Bron: https://electomagazine.it/la-paura-di-cipro/

Chypre a peur. Une peur insidieuse, de plus en plus manifeste et parfaitement justifiée.

Car la Chypre grecque ne doit pas seulement faire face à la coexistence, déjà difficile et imposée de longue date, avec la partie turque de l’île. C’est-à-dire avec la partie occupée par les Turcs, qui y ont créé une république autonome, totalement dépendante d’Ankara.

C’est une vieille histoire. Une histoire de coexistence, toujours extrêmement difficile, entre Grecs et Turcs. Une cohabitation toujours pleine de menaces mutuelles et chargée de souvenirs sanglants.

Mais aujourd’hui, la peur concerne quelque chose de bien plus invasif. Quelque chose de profondément différent.

De nombreux citoyens israéliens, beaucoup de Juifs, pour simplifier, se sont déplacés vers la République de Chypre. S’éloignant d’Israël et, surtout, emportant avec eux leurs activités. Probablement effrayés par la politique de Netanyahu et par la situation de guerre permanente dans laquelle Tel-Aviv a été plongé.

Une situation où Bibi, bien sûr, bénéficie du soutien total des soi-disant « colons ». Qui sont des sionistes furieux, armés et combattants. Mais cette situation effraie les classes moyennes urbaines, qui craignent des répercussions négatives sur leur vie, leurs affaires et leurs intérêts, qui sont considérables.

Et ainsi, un exode silencieux a commencé vers Chypre. Qui a peu à peu vu émerger des synagogues au centre de nouveaux quartiers entièrement juifs.

Surtout, l’île, déjà tourmentée, doit désormais faire face à un nouveau problème: l'apparition d'une sorte d’État dans l’État. Et un État qui ne répond en rien à celui qui est légitime. Au contraire, il a ses propres règles et ses propres formes d’autogouvernement.

Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement chypriote envoie des signaux au monde attestant de sa préoccupation croissante. Car cette invasion israélienne, pacifique, pourrait être porteuse de problèmes considérables, qui, eux, ne seront pas aussi pacifiques.

Tout d’abord, le transfert important d’activités financières juives en territoire chypriote expose l’île au risque d’attaques « terroristes » par les ennemis d’Israël, qui commencent à voir Chypre comme une sorte de colonie extérieure de l’État hébreu. Et, par conséquent, comme un lieu d’où sont données des directives politiques et économiques qui influencent tout le Moyen-Orient.

Et cela constitue déjà, en soi, un problème considérable, car cela entraîne Chypre dans une dimension moyen-orientale, que le gouvernement de Nicosie a toujours essayé d’éviter, en se connectant à l’Union européenne.

Ensuite, les enclaves israéliennes-juives sur l’île évoluent et agissent comme si elles étaient totalement indépendantes, devenant en fait un État autonome, niant l’autorité du gouvernement de l’île.

Sans compter que cette présence israélienne, croissante et massive, pourrait facilement enflammer des tensions avec la partie turque, ravivant un conflit latent qui n'avait jamais vraiment été éteint.

La paix contre un certain silence: le deal de Candace Owens avec Trump

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La paix contre un certain silence: le deal de Candace Owens avec Trump

Trump a personnellement demandé à Candace Owens d’arrêter son enquête pour garantir la coopération de Macron dans les négociations de paix en Ukraine.

Alexander Douguine

(2 juillet 2025)

L’une des journalistes et blogueuses les plus populaires aux États-Unis, Candace Owens, vient de partager une histoire incroyable. Il y a environ neuf mois, elle avait commencé à enquêter sur des affirmations selon lesquelles la femme de Macron, Brigitte, ne serait pas une femme mais un homme. Tout est possible de nos jours.

Tout le monde a vu que Brigitte aurait frappé Macron. Ce n’est pas une preuve, bien évidemment, tout comme le fait qu’il soit apparu à un sommet de l’OTAN en étant débraillé et déséquilibré (comme s’il avait encore été frappé). On peut toutefois se rappeler comment Boris Johnson se comportait. Mais lui aussi était queer.

L’enquête de Candace était plus sérieuse — elle argumentait avec des photos, des documents et de très nombreux témoignages. Il y avait même une théorie, appuyée par une photo convaincante, selon laquelle Brigitte serait un Néandertalien!!

Les deux avocats de Macron ont cité Candace, mais devant un tribunal américain, ce qui ne l’impressionne pas — elle est une héroïne nationale, et l’Amérique l’aime. Maintenant, Candace a révélé pourquoi elle a soudainement arrêté l’enquête.

Il s’avère que Trump (qu’elle avait fortement soutenu lors de son élection) l’a appelée et lui a demandé d'abandonner l'enquête parce que Macron refusait d’aider Washington à négocier la paix en Ukraine ou de cesser de soutenir Kyiv, ce que Trump souhaitait.

Candace, qui est plutôt hostile à Zelensky, a accepté de mettre un terme à son enquête et de ne plus accuser implicitement Brigitte d’être un homme: le tout pour le bien de la paix. Elle a tout expliqué dans une vidéo récente.

Hier, 1 juillet, Macron a appelé Poutine après une longue pause, soi-disant parce que les "vérités si dures" que Candace répandait l’avaient blessé pendant de longs mois. Quand elle s’est arrêtée, il était aussitôt prêt pour négocier la paix. Mais, palsambleu, dans quelle réalité vivons-nous ?

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Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante

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Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante

Par Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/07/russland-und-aserbaidschan-an...

Les relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan se sont nettement refroidies au cours des dix-huit derniers mois. Alors que les deux États coopéraient étroitement jusqu'en 2022 et que la Russie considérait l'Azerbaïdjan comme un partenaire important sur les plans de l'économie et de la sécurité, une distance notable s'est aujourd'hui installée entre les deux pays, tant sur le plan diplomatique que stratégique. Ce changement ne s'est pas produit de manière brutale, mais résulte de bouleversements structurels, de divergences dans les priorités de politique étrangère et d'une nouvelle constellation des pouvoirs dans la région.

Historiquement, la Russie était considérée comme la puissance protectrice de l'Azerbaïdjan, en particulier depuis le début des années 1990. Après la fin de la guerre du Haut-Karabakh en 1994 et la prise du pouvoir par Heydar Aliyev, une relation de coopération s'est établie entre Moscou et Bakou, soutenue par des liens économiques – notamment via la diaspora azerbaïdjanaise en Russie – et par des accords en matière de politique de sécurité. Au cours de cette phase, la Russie s'est imposée avec succès comme la médiatrice entre les parties prenantes du conflit, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Le statut gelé du Haut-Karabakh – qui, selon le droit international, fait partie de l'Azerbaïdjan, mais qui était en réalité sous contrôle arménien – a créé un cadre dans lequel la Russie a pu se présenter comme garante de la stabilité dans le Caucase du Sud.

Cet équilibre a commencé à vaciller au plus tard avec le changement de gouvernement en Arménie en 2018. L'arrivée au pouvoir du Premier ministre Nikol Pachinian, soutenu par un mouvement de réforme soutenu par la "société civile", a été jugée d'un œil critique à Moscou. Les relations russo-arméniennes se sont refroidies, tandis que Moscou s'efforçait parallèlement de renforcer sa coopération avec Bakou. La coopération croissante entre l'Azerbaïdjan et la Turquie en matière de politique énergétique et militaire n'a pas été considérée comme un défi immédiat.

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Le tournant : les conflits du Karabakh en 2020 et 2023

L'offensive militaire de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh en 2020 a constitué un tournant décisif. La Russie s'est abstenue de condamner ouvertement l'opération azerbaïdjanaise et a plutôt négocié un accord de cessez-le-feu qui devait être supervisé par les forces de maintien de la paix russes. L'opération a été considérée par une partie des dirigeants russes comme un moyen de réduire l'influence de l'Arménie sous Pachinian sans compromettre les relations avec l'Azerbaïdjan. La deuxième offensive militaire de l'Azerbaïdjan en 2023, qui a conduit à la prise de contrôle totale de la région, a également été acceptée par Moscou.

Cette passivité a toutefois eu des conséquences stratégiques. Alors que l'Azerbaïdjan a atteint ses objectifs territoriaux et réduit de facto sa dépendance vis-à-vis de la Russie, cette dernière a perdu une position d'influence importante dans le Caucase du Sud, sans obtenir de contrepartie claire en échange. L'Azerbaïdjan a intensifié sa coopération avec la Turquie et Israël, en particulier dans le domaine des technologies militaires. Parallèlement, les relations entre Bakou et Téhéran se sont détériorées après la publication d'informations faisant état de l'utilisation de l'espace aérien azerbaïdjanais par des drones de reconnaissance israéliens.

Facteurs économiques et divergences stratégiques

Des tensions sont également apparues sur le plan économique. L'Azerbaïdjan avait misé sur la création d'un hub gazier turc qui devait servir de plateforme de distribution pour les exportations d'énergie vers l'Europe, en intégrant les flux gaziers russes. Ces projets ont été accueillis avec scepticisme à Moscou et sont restés largement lettre morte. À cela s'ajoute le blocage du transit de l'énergie azerbaïdjanaise par l'Ukraine, qui a privé l'Azerbaïdjan d'un marché important.

En outre, la Russie a renforcé ses mesures contre les structures criminelles liées à certaines franges de la diaspora azerbaïdjanaise. Le démantèlement de ces réseaux a également porté atteinte aux intérêts économiques de certaines élites azerbaïdjanaises qui avaient jusqu'alors profité de ces relations informelles.

Réticence diplomatique malgré des points de friction manifestes

Bien que les lignes de conflit soient clairement identifiables, le gouvernement russe a jusqu'à présent réagi avec retenue. Les instruments diplomatiques se sont limités à convoquer l'ambassadeur azerbaïdjanais et à lui remettre une note de protestation. Officiellement, la Russie parle d'acteurs externes non spécifiés qui auraient intérêt à voir les relations se détériorer. Cette formulation laisse une marge d'interprétation et permet d'éviter une escalade pour l'instant.

Dans le même temps, de plus en plus d'indices laissent penser que la Russie examine des options stratégiques vis-à-vis de l'Azerbaïdjan, par exemple en se rapprochant prudemment de l'Arménie ou en intensifiant sa coopération avec l'Iran. Cependant, aucune mesure concrète n'a été annoncée à ce jour.

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Perspectives

À court terme, il ne faut pas s'attendre à une normalisation des relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan. La politique étrangère de Bakou reste clairement orientée vers l'Occident et la Turquie, tandis que la Russie mise sur un réseau de partenariats régionaux dont l'Azerbaïdjan ne fait actuellement plus partie. La coopération en matière de politique de sécurité est de facto suspendue et les intérêts économiques divergent. Il est toutefois concevable que les relations se stabilisent à nouveau à moyen terme, par exemple dans le contexte de changements géopolitiques ou de changements de personnel au sein des dirigeants politiques des deux pays.

À long terme, l'évolution des relations bilatérales dépendra fortement de la situation internationale, de l'architecture de sécurité régionale et de la dynamique politique interne à Bakou. Le gouvernement russe ne semble actuellement pas disposé à la confrontation, mais tente de préserver ses derniers canaux d'influence. La question de savoir s'il y parviendra reste ouverte.

mardi, 08 juillet 2025

La crise du système des ONG dans l'ordre mondial post-occidental

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La crise du système des ONG dans l'ordre mondial post-occidental

par Elena Fritz

L'époque où les organisations non gouvernementales telles que « Omas gegen Rechts » (Les grands-mères contre l'extrême droite) jouaient un rôle central dans un ordre mondial imprégné de valeurs morales semble révolue.

Le dernier article paru dans Foreign Affairs, la revue officielle de l'establishment américain en matière de politique étrangère, retient l'attention. Sous le titre « The End of the Age of NGOs » (La fin de l'ère des ONG), les politologues Sarah Bush et Jennifer Hadden constatent sobrement la fin d'une époque: l'époque où les organisations non gouvernementales jouaient un rôle central dans un ordre mondial empreint de moralité semble révolue. Le nombre d'ONG internationales stagne, leur influence s'amenuise, leur réputation est ternie.

Mais alors que les auteurs expliquent ce phénomène principalement par la baisse des financements et la répression croissante, une analyse structurelle plus approfondie fait défaut – ou est délibérément évitée. Car la véritable raison du recul mondial du système des ONG ne réside pas dans des questions de financement, mais dans la prise de conscience par la société mondiale du rôle de ces acteurs en tant qu'outils d'une politique ne visant que le maintien de la puissance.

Les ONG comme organes exécutifs d'un ordre mondial informel

Dans les années 1990, marquées par l'euphorie, les ONG étaient considérées comme l'avant-garde d'une « société civile transfrontalière ». Mais en réalité, elles faisaient partie, dès le départ, d'une nouvelle stratégie hégémonique: contrôle par la morale, influence par les « valeurs », pilotage par une participation citoyenne apparente. Le fonctionnaire colonial classique a cédé la place au « conseiller », le soldat à l'« observateur électoral », l'intervention à la « campagne pour les droits de l'homme ».

Ces organisations n'agissaient pas dans le vide. Elles s'inscrivaient dans un système finement orchestré qui visait la projection informelle du pouvoir, soutenu par les gouvernements occidentaux, les fondations, les think tanks et les structures supranationales. Elles se présentaient comme indépendantes, mais elles suivaient – consciemment ou structurellement – un programme géopolitique : stabilisation des gouvernements pro-occidentaux, déstabilisation des régimes indésirables, manipulation des discours sociaux sous la bannière des valeurs universelles.

La couleur changeait au gré des circonstances: tantôt c'était les « droits de l'homme », tantôt la « bonne gouvernance », tantôt la « promotion de la démocratie ». L'objectif restait toujours le même: gagner en influence sans assumer une responsabilité formelle, sans intervenir directement, sans agresser ouvertement. Les ONG étaient le camouflage parfait à une époque où les guerres ne devaient plus être déclarées, mais « justifiées ».

Le point de rupture : souveraineté contre contrôle informel

Ce que Foreign Affairs décrit comme une « restriction de la société civile » est en réalité l'expression d'une impulsion mondiale vers la souveraineté. Plus de 130 États ont pris des mesures, ces dernières années, pour contrôler ou exclure les ONG financées par des fonds étrangers, afin de se défendre contre les opérations d'influence hybrides.

Car on sait depuis longtemps que là où les ONG occidentales sont particulièrement actives, il n'est pas rare que les ordres politiques changent, que ce soit par des recommandations électorales, des campagnes d'opinion, des interventions juridiques ou la mobilisation des milieux urbains prompts à la contestation. Le fait que cela ne soit pas l'expression d'une « société civile » organique, mais souvent le résultat d'un transfert de pouvoir orchestré, est devenu évident en Ukraine, en Géorgie ou en Libye, par exemple.

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Exemple concret : l'attaque contre l'industrie automobile allemande

Un exemple particulièrement explosif d'instrumentalisation politique des ONG s'est récemment produit au cœur même de l'Europe, avec des répercussions directes sur la souveraineté industrielle de l'Allemagne. Des articles de presse, comme celui paru dans Welt am Sonntag, ont révélé que des programmes européens tels que LIFE avaient servi à financer de manière ciblée des ONG qui ont ensuite lancé des campagnes juridiques contre des constructeurs automobiles allemands. ClientEarth a ainsi reçu des fonds européens pour intenter des poursuites contre des entreprises telles que VW et BMW à cause de prétendues violations des normes d'émissions.

Ces ONG agissent de manière formellement indépendante, mais fonctionnent en réalité comme des régulateurs extérieurs qui sapent économiquement et politiquement des industries clés, non pas par le biais d'un débat démocratique, mais par des offensives judiciaires et stratégiques. Le scandale ne réside pas seulement dans le contenu des plaintes, mais dans le système lui-même: des fonds publics sont versés à des acteurs qui, sous couvert de moralité, interfèrent dans la politique structurelle d'États souverains.

Les ONG agissent au cœur de la projection du pouvoir

Ces événements confirment une tendance de plus en plus évidente: les ONG n'agissent pas en marge, mais au cœur même du pouvoir qui se projette à l'avant-scène. Elles sont soutenues par des structures supranationales qui se soustraient à leurs responsabilités, tout en exerçant une pression sur les gouvernements, les entreprises et les sociétés sans être légitimées démocratiquement. Ce qui est qualifié de « société civile » est en réalité souvent l'avant-garde opérationnelle d'un contrôle post-démocratique.

Les dommages sont réels: non seulement sur le plan économique – par exemple en raison des délocalisations de la production, de l'insécurité des sites et des entorses infligées à la réputation de leurs cibles –, mais aussi sur le plan institutionnel. Car lorsque des structures qui ne peuvent être contrôlées démocratiquement s'immiscent dans les décisions industrielles centrales par le biais des tribunaux, des médias et des politiques de financement, la souveraineté politique est systématiquement sapée. L'industrie automobile allemande est ici symbolique pour une nation industrielle en phase de transition malheureuse entre une autodétermination féconde et une dépendance contrôlable et contrôlée, orchestrée par le levier que sont les campagnes moralisatrices des ONG.

La question des ressources : un symptôme, pas une cause

Bush et Hadden attribuent notamment la crise du système des ONG à la baisse des subventions qu'elles percevaient dans le monde occidental. En effet, de nombreux pays, dont l'Allemagne, ont réduit ou réaffecté leurs budgets destinés au financement des ONG internationales. Mais ce n'est pas la cause, mais une conséquence de la diminution de leur utilité stratégique: le modèle des ONG a atteint les limites de sa légitimité.

La croyance en une « société civile » neutre, bonne et non partisane est ébranlée là où la réalité nous suggère d'autres conclusions: les acteurs des ONG ne vivent pas en marge du pouvoir, mais en son centre fonctionnel. Ils font partie, souvent inconsciemment, d'une forme de contrôle qui n'a plus besoin de chars d'assaut, mais fait usage de récits, de réseaux et de pression normative.

Un changement de paradigme mondial

L'ordre mondial est en pleine mutation. Le régime suggère des interprétations, car il est dominé par l'Occident, et présentait les ONG comme l'épine dorsale morale. Ce régime perd de son rayonnement. Il est remplacé par une réalité multipolaire dans laquelle émergent des modèles de modernité alternatifs – pragmatiques, souverains, spécifiques à chaque culture.

Dans ce nouveau monde, les ONG ne sont pas discréditées en soi, mais elles doivent faire face à leur propre rôle et à leur propre histoire: qui les finance? Qui servent-elles? Quels intérêts représentent-elles – et quelle langue parlent-elles? Ces questions ne peuvent plus être ignorées.

Perspectives : fin du camouflage, retour à la responsabilité

Ce à quoi nous assistons actuellement n'est pas la fin de tout engagement dans le chef de la société civile, mais la fin de son instrumentalisation idéologique. Le retrait des ONG est le prix à payer pour des décennies de politique où la morale est devenue un camouflage et l'indignation un levier de réorganisation géopolitique.

Quiconque souhaite aujourd'hui accomplir un véritable travail civique doit se libérer de ces structures et assumer le risque d'une véritable autonomie. Dans un monde qui recherche à nouveau la vérité plutôt que des « valeurs », il s'agit d'une rupture nécessaire, mais attendue depuis longtemps.

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Peter Thiel désigne l'ennemi: le mondialisme libéral est l'Antéchrist

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Peter Thiel désigne l'ennemi: le mondialisme libéral est l'Antéchrist

Pour la première fois, Thiel qualifie ouvertement le mondialisme libéral comme une émanation de l'Antéchrist

Alexandre Douguine

Dans une interview au NYT, Peter Thiel a identifié avec justesse le principal dilemme du monde contemporain: l'Antéchrist contre l'Armageddon. L’Antéchrist désigne le mondialisme libéral, l’État mondial, « Un Monde ou rien ». L’Armageddon signifie la multipolarité, l’Ordre Mondial élevé à une Puissance Supérieure. C'est, pour lui, le mouvement MAGA, Poutine, la Chine, Bharat.

Pourquoi la multipolarité mène-t-elle à la Troisième Guerre mondiale (à l'Armageddon) ? demande Thiel. Parce que le camp de l’Antéchrist parle de l’Armageddon, présente la conservation des souverainetés comme le prélude à une destruction mutuelle imminente. Ainsi, le mouvement MAGA (ainsi que Poutine, Xi, Modi) présument que la multipolarité peut signifier une coexistence réaliste.

Suggestion intéressante: c’est l’Antéchrist qui cherche à présenter la multipolarité comme étant l'Armageddon et à la provoquer. Les néoconservateurs (Lindsey Graham et d’autres) font exactement cela: ils détournent le mouvement MAGA de ses intentions premières et le transforment en un vecteur d'hégémonie agressive.

Pour la première fois, à un niveau élevé, l’Antéchrist est appelé par son vrai nom: le mondialisme libéral est émanation directe de l’Antéchrist. Mais le camp de l’Armageddon, lui, est mal nommé. Lui attribuer ce nom relève d'un mensonge de l’Antéchrist (des mondialistes). Thiel dit exactement cela.

Deuxième point dans l’interview de Thiel: l'idée d'un transhumanisme de droite. Très inquiétant. Thiel suggère que le transhumanisme peut libérer l’âme du corps. La gauche affirme qu’il n’y a pas d’âme. Thiel, catholique (gay), affirme qu’il y en a une. Mais l’étape suivante est étrange. Si l’âme compte, le corps est optionnel.

Un homme sans corps ou avec un corps optionnel reste un homme (selon Thiel). La transformation de genre est la première étape vers la découverte de l’âme. Voilà une bien étrange théologie!

En résumé, le récit proposé par Thiel est le suivant: le mondialisme, le libéralisme de gauche (Soros et sa marionnette Greta Thunberg) est expression de l’Antéchrist. Exact. L’âme existe. Exact. Le corps est optionnel, la technique est libération. Faux.

Elon Musk prend de l’élan. Trump est pris en otage par les néoconservateurs, il est très discrédité aux yeux des tenants du mouvement MAGA pour son interventionnisme au Moyen-Orient et son soutien inconditionnel à Netanyahu. Le mouvement MAGA se sent trahi. Il est grand temps de commencer quelque chose de nouveau.

Caucase: le nouveau front ?

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Caucase: le nouveau front ?

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/caucaso-il-nuovo-fronte/

Il n’y a pas de paix à l’est. L’Ukraine s’effondre sous les coups de Moscou, désormais clairement abandonnée par Washington. Mais cela ne signifie pas qu’une paix prochaine se profile à l'horizon. Car de nouvelles mines explosent dès maintenant et elles sont capables de provoquer un affrontement entre la Russie et l’Occident.

Il y a l'Azerbaïdjan. Un petit État, mais situé sur une position géographique extrêmement difficile. Cruciale. La majorité des Turcs azéris vit en Iran. Ali Khamenei fait également partie de cette ethnie non persane.

Dans la République d’Azerbaïdjan, il ne reste donc qu’une minorité d'Azéris. Environ cinq millions, qui sont principalement chiites.

Cependant, dans ce cas, la confession religieuse compte peu. L’Azerbaïdjan est un État laïque. Depuis l’effondrement de l’URSS, il est gouverné par la famille Aliyev. Le pays est quasiment sa propriété personnelle, depuis Heydar, un haut fonctionnaire soviétique, qui était même sur le point de devenir Secrétaire général du PCUS, position finalement attribuée à Gorbatchev. Un autre Caucasien en cette fonction, après Staline, aurait été trop difficile à faire accepter.

Après Heydar, le pouvoir est passé entre les mains de son fils Ilham, qui a poussé à la modernisation du pays, aujourd’hui le plus avancé de toute la région caucasienne. Et ce malgré la tension persistante avec l’Arménie à propos de la région du Nagorno-Karabakh. Longtemps disputée, occupée pendant une décennie par les Arméniens avec le soutien des Russes. Aujourd’hui revenue sous le contrôle de Bakou, aussi parce que Moscou s’est retirée d’un conflit jugé insensé.

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Insensé, car le Nagorno-Karabakh est une province peu peuplée, pauvre, insignifiante d’un point de vue stratégique et encore moins d'un point de vue économique.

Les années de tension avec Moscou ont toutefois laissé des traces. La position politique de l’Azerbaïdjan est indiscutablement difficile, dans une certaine mesure ambiguë.

En effet, une base israélienne existe sur le territoire azerbaïdjanais, qui observe, ou plutôt espionne, l’Iran voisin.

De plus, la présence diplomatique occidentale, et pas seulement diplomatique, en Azerbaïdjan est forte.

L'Azerbaïdjan, semble-t-il, s’est efforcé depuis près d’une décennie de stabiliser et d’améliorer ses relations avec Moscou.

Il trouve une pleine disponibilité chez Poutine, qui s’est employé à stabiliser les régions non russes du Caucase.

Cependant, en ce moment précis, la position de Bakou, suspendue entre l’Occident britannique et l’Orient russe, est devenue extrêmement difficile.

Et il existe des forces, des puissances internationales qui agissent derrière Londres, qui poussent à ce qu’Azerbaïdjan se retrouve en conflit ouvert avec la Russie. Et, bien sûr, avec l’Iran.

Ce pourrait être, en fin de compte, le nouveau front que ces forces voudraient ouvrir contre Moscou, après leur défaite qui est désormais claire en Ukraine.

Beaucoup, mais pas tout, dépendra de la capacité d’Aliyev à se dépêtrer dans ce bourbier. Et dépendra beaucoup, aussi, de ce que fera Erdogan. La Turquie, étroitement liée à l’Azerbaïdjan, adopte en effet une attitude extrêmement ambiguë. Et, par conséquent, dangereuse.

Aliyev peut compter, cependant, sur un fait : Washington, contrairement à Londres, souhaite un apaisement et une normalisation des relations avec le Kremlin.

Et reste, par conséquent, demeure essentiellement en dehors, voire opposé, à ces vents de guerre qui commencent à souffler sur le Caucase.

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Attaques contre des navires concernant la Russie témoignent d’une coopération britannico-ukrainienne

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Attaques contre des navires concernant la Russie témoignent d’une coopération britannico-ukrainienne

Source:  https://dissident.one/aanvallen-op-schepen-met-betrekking...

Il semble que les attaques contre des navires liés à la Russie se produisent désormais de manière régulière, écrit Moon of Alabama :

Une explosion a frappé le pétrolier Vilamoura, qui naviguait sous drapeau des Îles Marshall et transportait environ un million de barils de pétrole brut, au large des côtes de la Libye, selon l’opérateur grec TMS Tankers. – Greek City Times, 1er juillet 2025

Suite à l’explosion, la salle des machines a été submergée, rendant le navire inutilisable. TMS Tankers a indiqué que le navire, qui se dirigeait, depuis Zueitina, en Libye, vers Gibraltar, sera probablement remorqué vers la Grèce mardi ou mercredi. La cause de l’explosion reste inconnue.

La société de sécurité Vanguard a évoqué vendredi la possibilité que le Vilamoura ait été touché par une mine, mais a précisé que les autorités n’avaient encore rien confirmé.

L’exploitant s’est distancié des spéculations selon lesquelles le navire aurait été la cible de saboteurs.

Selon le Financial Times, il s’agit au moins du cinquième pétrolier (dûment archivé), cette année, à avoir été victime d’explosions:

"Une série d’attaques mystérieuses avec des mines de type limpet contre des pétroliers a ébranlé le monde maritime. On spécule que ces explosions font partie d’une campagne de sabotage soutenue par un État".

Cinq navires ont été touchés par des explosions délibérées cette année. Le dernier incident s’est produit la semaine dernière, lorsque la salle des machines du pétrolier grec Vilamoura a été submergée alors qu’il naviguait au large de la Libye.

Quelques semaines après les attaques, tous les navires ont accosté dans des ports russes. Certains experts en sécurité suggèrent donc que l’Ukraine aurait été impliquée dans ces explosions.

Le rapport du FT ne mentionne toutefois pas le cas d'un navire de fret russe qui aurait été attaqué à l'aide d'explosifs fin 2024 et aurait coulé:

"L'exploitant russe d’un cargo, qui a coulé en Méditerranée entre l’Espagne et l’Algérie, a déclaré jeudi que le navire avait été frappé par une série d’explosions dues à du sabotage".

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"Oboronlogistica, une entreprise d’État qui exploitait le cargo Ursa Major, a indiqué que le navire avait été détruit par trois explosions puissantes juste au-dessus de la ligne de flottaison. Selon l’entreprise, le navire a coulé à cause d’une "attaque terroriste"".

Dans un communiqué de l’agence de presse d’État russe RIA Novosti, l’entreprise a indiqué que les explosions avaient laissé un trou, côté tribord du navire, et que la salle des machines avait été envahie par une fumée épaisse, empêchant l’équipage d’y pénétrer. Elle a ajouté que les dommages à la salle des machines rendaient impossible l’activation des pompes et le maintien de la flottabilité du navire.

L’entreprise a rapporté que le navire, l’un des plus grands cargos russes, avait quitté Saint-Pétersbourg et transportait deux grues lourdes et d’autres équipements vers le port de Vladivostok, sur la côte est de la Russie.

Tous ces attaques semblent avoir été menées à l'aide de mines limpet magnétiques. Ces mines sont fixées sur la coque d’un navire lorsqu’il est à l’ancre ou amarré. Elles peuvent être déclenchées par un minuteur ou un signal radio.

La campagne contre ces navires liés à la Russie pourrait être une opération ukrainienne. Mais je serais surpris si les Britanniques n’y étaient pas impliqués.

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L'Ukraine n’est pas connue pour avoir un accès aisé aux ports de la Méditerranée et pour ses spécialistes qualifiés en plongée. Le British Special Boat Service (SBS), en revanche, l'est :

"Le SBS dispose d’une sous-unité spécialisée dans la manipulation de véhicules transportant des nageurs (SDV), mieux connue sous le nom d'unités SDV.

Ces véhicules, lancés depuis des sous-marins, sont idéaux pour installer des mines limpet sur la coque des navires, sans éveiller la suspicion.

Le Royaume-Uni a participé à la planification de l’attaque ukrainienne à Kursk. Il a été impliqué dans plusieurs opérations de sabotage menées par le service de renseignement militaire ukrainien sur le territoire russe. Des soldats britanniques meurent sur le front en Ukraine.

Lorsqu’il s’agit d’enquêter sur des opérations de sabotage contre des navires, les unités antiterroristes russes doivent prêter toute leur attention à d'éventuels acteurs britanniques plutôt qu’ukrainiens.

16:19 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, piraterie, méditerranée | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 07 juillet 2025

Sahra Wagenknecht contre de nouvelles participations du BSW au gouvernement: «Nous avons été roulés dans la farine»

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Sahra Wagenknecht contre de nouvelles participations du BSW au gouvernement: «Nous avons été roulés dans la farine»

Berlin. La participation du BSW au gouvernement en Thüringe et Brandebourg n’a pas été favorable au parti de Sahra Wagenknecht – de nombreux électeurs et sympathisants ont été déçus par la rapidité des alliances conclues avec les vieux partis que sont la CDU et la SPD. La cheffe du parti elle-même a exprimé aujourd’hui son scepticisme quant à d’éventuelles futures participations au gouvernement. Dans un entretien avec le Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND), elle a souligné que les dirigeants du BSW ne sont plus prêts à faire partie « d’une coalition sans profil », « dont le seul dénominateur commun est d’être contre l’AfD ». Cela concerne notamment les prochaines élections régionales de l’année prochaine.

Sahra Wagenknecht a conseillé à la CDU en Saxe-Anhalt d’envisager un gouvernement minoritaire ou même une coalition avec l’AfD. « Le cordon sanitaire (Brandmauer) est une idiotie antidémocratique qui ne fait que favoriser l’AfD », a-t-elle expliqué. La CDU aurait dû intégrer l’AfD plus tôt, « quand elle était encore bien moins radicale ». Si cela continue à ne pas se produire, il pourrait bientôt y avoir dans l'Est rien que des gouvernements portés par la seule AfD, car « ils n’auraient alors plus besoin de personne pour former une coalition ».

Les participations précédentes du BSW en Thüringe et dans le Brandebourg ont plutôt nui au parti, a reconnu Sahra Wagenknecht. « L’année dernière, nous avons fait des erreurs, surtout en Thüringe. » Le BSW s’est « en partie laissé manipuler par d’autres partis », a-t-elle critiqué. Les sondages dans le Brandebourg et en Thüringe ont montré que beaucoup d’électeurs « espéraient quelque chose d’autre de notre part, quelque chose que nous n’avons pas pu fournir en étant dans le carcan d’une coalition avec les vieux partis ». Ce problème a été « sous-estimé » et, à cause de cela, « nous avons déçu les gens, ce qui a aussi nui à notre parti dans son ensemble ».

Pour les élections régionales de 2026, Sahra Wagenknecht a annoncé une meilleure préparation : « Nous formulerons des revendications très claires. » Son avenir personnel dans le BSW est une question ouverte. Lors du congrès du parti prévu pour novembre, une décision sera prise sur un changement de nom et une nouvelle direction. « Je continuerai à m’engager pour le BSW, indépendamment de la fonction précise que je pourrais occuper », a assuré Sahra Wagenknecht. « Je ne vais pas partir et laisser le parti seul. Mais nous devons nous ouvrir davantage, nous avons besoin de plus de visages bien profilés pour nous présenter au public, car nous avons, dans nos rangs, beaucoup de très bonnes personnes ». 

 

La députée européenne de la FPÖ Petra Steger sur la criminalisation des forces patriotiques par «la justice devenue arme politique»

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La députée européenne de la FPÖ Petra Steger sur la criminalisation des forces patriotiques par «la justice devenue arme politique»

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/170839

Dans un communiqué de presse, la députée européenne de la FPÖ, Petra Steger, dénonce vivement la criminalisation des forces politiques dans l’UE par « l’instrumentalisation de la justice devenue arme politique ».

La nouvelle accusation portée contre l’ancien Premier ministre tchèque Andrej Babiš (photo) n’est pas un cas isolé selon la députée européenne Petra Steger (FPÖ), mais fait partie d’une tendance européenne bien plus large. « Dans de plus en plus d’États membres de l’UE, nous observons le même mécanisme alarmant. Ceux qui s’opposent à l’établissement bruxellois, qui pensent et agissent en patriotes, deviennent la cible de la justice. En Hongrie, en Pologne, en Roumanie ou en Italie – partout où des forces de droite et conservatrices gagnent des majorités, des adversaires politiques cherchent à utiliser les tribunaux pour réaliser ce qu’ils n’ont pas pu obtenir aux urnes », avertit Petra Steger.

L’affaire Babiš est exemplaire d’un développement où les principes de l’État de droit sont de plus en plus sacrifiés à des intérêts partisans: « Le fait que, juste avant des élections importantes, des enquêtes soient lancées ou que des procès soient rouverts, suscite des doutes légitimes sur l’indépendance de nombreux systèmes judiciaires – même si cela est régulièrement nié par les institutions de l’UE ».

La députée FPÖ voit dans cette stratégie une expression d’une peur profonde de l’établissement face au changement démocratique: « Les électeurs ont depuis longtemps compris que les partis traditionnels européens ne défendent plus leurs intérêts. La classe politique réagit à cela par la répression plutôt que par l’autocritique. Mais le temps de l’ingérence est révolu – l’Europe devient patriotique ! ».

Enfin, Petra Steger exige une transparence totale quant à l’influence politique qui s'exerce sur les enquêtes et jugements judiciaires: « Si l’UE veut vraiment défendre l’État de droit, elle doit aussi veiller à ce que les tribunaux ne deviennent pas les complices d’une élite en déroute. La justice ne doit pas devenir une arme contre l’opposition ! ».

La noblesse de la défaite dans la culture japonaise entre mort et éternité

 

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La noblesse de la défaite dans la culture japonaise entre mort et éternité

Les éditions Medhelan publient en Italie le volume d’Ivan Morris sur l’honneur et l’action des chevaliers et samouraïs, combattant au nom de l'«héroïsme».

par Manlio Triggiani

Source: https://www.barbadillo.it/122402-segnalibro-la-nobilta-de...  

L’écrivain anglais Ivan Morris (1925-1976) consacra de longues années d'études à la tradition héroïque japonaise. Britannique, diplômé d’Harvard en langue et littérature japonaise, il fut écrivain et chercheur sur la culture nippone. Connaissant bien cette culture, il fut envoyé à Hiroshima le 6 août 1945, en tant qu’interprète, après l’holocauste causé par l’aviation américaine.

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Morris, ami de Mishima

Il rencontra Yukio Mishima (1925–1970), dont il devint l'ami et qui l’incita à étudier la tradition héroïque et à apprécier le code de conduite des Japonais de Tradition. Au cours de ses études, il découvrit la différence entre l'Occident et l'Orient: pour la culture occidentale, l’échec, la non-réalisation d’un projet, la défaite dans un combat, sont une honte, et le suicide est contraire à la religion chrétienne et à la morale commune. Pour la culture bouddhiste et l’éthique chevaleresque des samouraïs, en revanche, la défaite et le suicide sont une affirmation de soi, un geste qui sera rappelé par les générations suivantes, créant autour du défunt une aura d’héroïsme. Probablement, le vainqueur ne restera pas dans la mémoire collective comme le perdant. Ivan Morris, dans un livre utile pour comprendre la mentalité et la vision du monde des peuples d'Extrême-Orient, La noblesse de l'échec, examine le désir d’honneur à travers dix cas de samouraïs et de chevaliers depuis 72 après J.-C., avec, en premier lieu, le prince Yamato Takeru, figure typique du héros japonais, puis, peu à peu, jusqu’aux samouraïs plus récents comme les kamikazes.

Il décrit l’éthique du samouraï, la psychologie japonaise, et surtout celle des héros japonais, en retraçant un millénaire d’histoire japonaise. Morris a dédié le livre à son ami Mishima et a appris à admirer les vaincus. On peut se demander: d’où venait ce charme pour des personnages qui perdent la vie de façon violente et sans hésitation, comme si la mort était quelque chose de recherché, peut-être même dès le plus jeune âge ?

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Les assises culturelles du Japon

L'éditeur du livre, Marcello Ghilardi, analyse, dans l’introduction, les bases culturelles et religieuses de la formation japonaise traditionnelle. Il met en évidence que la composante religieuse et culturelle qui a façonné le Japon se divise en trois courants principaux: le shinto (qui peut se traduire par la “voie des dieux”, seul élément d’origine vraiment japonaise, codifié rétrospectivement entre les 17ème et 18ème siècles, mais le terme était déjà en usage au 16ème siècle), le confucianisme et le bouddhisme.

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Le shinto a constitué un ensemble cohérent de pratiques qui a conservé au fil du temps ses références conceptuelles. La vertu shintoïste de la pureté se relie à celle, confucéenne, de sincérité, d’honnêteté, de fiabilité. Car, selon la mentalité japonaise, la fidélité à la parole donnée et le respect des engagements sont fondamentaux. D’où la fidélité envers ceux à qui l’on a prêté allégeance. Et la mort n’est pas considérée comme inutile, bien au contraire, elle est vue comme la parfaite coïncidence entre ce que l’on est et l’image à laquelle on aspire à adhérer.

La méditation sur « l’impermanence » est une constante de l’enseignement bouddhiste, qui dérive de Siddharta le Bouddha, ayant vécu en Inde entre le 6ème et le 5ème siècle avant J.-C., selon lequel « une personne ordinaire, ou un moine, voit le monde ainsi : ‘Ceci est le Soi, ceci est le monde ; après la mort, je serai permanent, impérissable, éternel, et je ne serai pas soumis au changement ; je durerai pour l’éternité’ ».

La mort et l’éternité

C’est un enseignement qui mène à l’habitude de l’impermanence, par le détachement du Soi, en tenant compte du fait que l’impermanence est propre à toutes les réalités — selon l’enseignement bouddhiste — qu'elles soient physiques ou métaphysiques, visibles ou invisibles. Il est évident que pour les civilisations comme l'occidentale, ces discours ne paraissent pas convaincants: l’homo oeconomicus privilégie le bien-être matériel, la réussite professionnelle, l’accumulation d’argent, la vie confortable.

Ainsi, Ivan Morris, dans ce livre plein d’enseignements, explique que les hommes de valeur, qui affrontent l’ennemi, finissent souvent comme perdants. Selon l’opinion occidentale, celui qui perd doit être méprisé, c’est un perdant qui ne peut pas être admiré. La philosophie japonaise, en revanche, enseigne qu’il vaut mieux sortir vainqueur en ayant appris quelque chose, plutôt que de gagner sans rien apprendre. Un proverbe japonais dit : “Tomber sept fois, se relever huit fois”. La confrontation avec soi-même est prioritaire. Ivan Morris, dans ce livre, décrit plusieurs biographies d’hommes passés à l’histoire comme des perdants mais, en même temps, comme des hommes d’honneur et de valeur, ayant traversé divers degrés de défaite. Pourtant, le niveau de dignité qui peut émerger du comportement de ces demi-dieux, guerriers, samouraïs, nobles et chefs, est élevé. Morris explique bien comment une vie finissant dans la défaite et la mort peut laisser le souvenir de la force, de l’honneur, du courage et du caractère.

Ivan Morris, La noblesse de l'échec, Medhelan éd., 500 pages, 28,00 euros (traduction Francesca Wagner, préface de Marcello Ghilardi). Commandes : www.edizionimedhelan.it

17:27 Publié dans Livre, Livre, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, samouraï, shinto, traditions, livre, ivan morris | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Une guerre pour sauver le dollar

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Une guerre pour sauver le dollar

Par Jürgen Elsässer

Source: https://www.compact-online.de/ein-krieg-um-den-dollar-zu-... 

Le retournement brusque du président américain, qui, en un tourne-main, est passé du statut de président de la paix à celui de fauteur de guerre, a, outre la pression du lobby israélien, des raisons économiques: les États-Unis sont en faillite.

Le problème principal des États-Unis n'est pas la dette en soi (actuellement 37 billions de dollars), elle qui était au centre du conflit entre Donald Trump et Elon Musk : ce dernier voulait la réduire résolument, le premier la freinait.

Le vrai problème est plutôt ladite "dette extérieure nette", c'est-à-dire la différence entre les dettes envers l'étranger et les créances propres sur l'étranger: celle-ci atteignait déjà en 2021 18 billions de dollars, soit près de 80% du produit intérieur brut annuel. À titre de comparaison: en 1989, la RDA était considérée comme en faillite parce que sa dette envers l'Ouest représentait 16% du PIB annuel. En réalité, aucun investisseur responsable ne voulait plus prêter de l'argent à "l'Etat socialiste allemand des ouvriers et des paysans". Mais dans le cas des États-Unis, la dette publique et le déficit commercial ne sont pas une raison suffisante pour les milliardaires et fonds du monde entier de ne plus investir leur argent aux États-Unis… Ce qui semble fou a une raison plausible: le gouvernement américain peut, contrairement à celui de tout autre État débiteur, promettre aux acheteurs de ses titres d’État de les forcer à tout moment et en tout lieu, par la force militaire, à échanger ces papiers sans valeur contre des marchandises.

Des pays comme l’Irak sous Saddam Hussein ou la Libye sous Khadafi, qui menaçaient de ne plus facturer leurs ventes de pétrole et de gaz en dollars mais en monnaies concurrentes, ont été déclarés "États voyous" et liquidés militairement. Actuellement, la même menace plane sur l’Iran, qui possède les plus grandes réserves mondiales de pétrole et de gaz, et qui fournit également ces énergies fossiles en grande quantité à la Chine, principal rival des États-Unis. La protection d’Israël, les armes de destruction massive — tout cela n’est que propagande. Quand les Anglo-Américains parlent des droits de l’homme, ils pensent en réalité aux droits d’exploitation.

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L’impérialisme du papier-monnaie

La politique étrangère américaine se trouve face à un dilemme: le billet vert n’est plus garanti par l’or ou par une performance économique réelle, mais seulement par la force militaire brute. Plus l’économie américaine sombre dans le rouge, plus la politique étrangère sera agressive pour encaisser les dettes et faire taire les créanciers. En même temps, cette posture de plus en plus agressive a modifié la structure des créanciers des États-Unis: les banques d’État de Chine et du Japon, qui, il y a 15 ans, détenaient la majorité des bons du Trésor américain, se sont depuis éloignées de leurs papiers dollar. Elles ont été remplacées par des clients non étatiques: super-riches du monde entier et fonds souverains comme Blackrock. La Fed peut continuer à construire sur ces "rochers noirs".

Mais de nombreux investisseurs du Sud global et de la sphère BRICS sont devenus nerveux, après que les États-Unis (tout comme l’UE) ont gelé les avoirs des riches Russes (et pas seulement de l’État russe). Une telle expropriation de grands investisseurs n’avait auparavant été vue que dans des États socialistes. Depuis, les titres américains ne sont plus un refuge sûr pour les magnats de la finance — cela prive le moteur perpétuel de l’enrichissement américain de sa base.

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Dans COMPACT magazine, n°12/2024, j’avais déjà abordé ce sujet. Mon article de l’époque se terminait par une réflexion sur les alternatives qui s'offraient à Trump :

"Le chemin hors du piège de la dette mène Trump dans une impasse: il doit soit restaurer la crédibilité militaire des États-Unis (et donc la couverture hors-économique du dollar) après le fiasco en Afghanistan, ce qui pourrait — contre sa volonté — le conduire à des aventures: si ce n’est contre la Russie, alors contre l’Iran ou la Chine. Ou il tente de rallier à nouveau les milliardaires étrangers en s’orientant vers les prétendus "États voyous" du groupe BRICS, en mettant fin au gel illégal des avoirs russes, et en essayant un genre de "Grand Deal" avec Moscou et Pékin. Mais alors, il se retrouve face à Wall Street, à la City de Londres et à Blackrock".

De nos jours, il est évident que Trump a choisi la seconde option, celle de la guerre.

***

Pour en savoir plus sur la crise économique mondiale et l’impératif économique, lisez cette édition spéciale de COMPACT:  https://www.compact-shop.de/shop/compact-spezial/welt-wir... 

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Fanatiques et fin du monde

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Fanatiques et fin du monde

Par Federico Bischoff

Source: https://www.compact-online.de/fanatiker-und-weltuntergang...

Les fondamentalistes religieux du judaïsme, du christianisme et de l’islam rêvent de la dernière bataille, où le diable sera vaincu. Après quoi, le royaume de Dieu s’installera. Pour en savoir plus sur les prophéties religieuses de la fin du monde et leurs effets sur l’histoire mondiale, lisez le bestseller d’Oliver Janich, « Le secret dévoilé ». Très pertinent ! En savoir plus ici: https://www.compact-shop.de/shop/neu/oliver-janich-das-of....

Les gens ordinaires craignent bel et bien qu’une guerre mondiale éclate. Bertolt Brecht écrivait — comme pour lancer un avertissement aux Allemands : « La grande Carthage a mené trois guerres. Elle était encore puissante après la première, encore habitable après la deuxième. On ne pouvait plus la retrouver après la troisième. »

Les fanatiques voient cela plus froidement. Mao se moqua de la crainte des Soviétiques d’un conflit nucléaire mondial et de la politique de détente de Moscou, en argumentant que la Première Guerre mondiale avait libéré un sixième de la Terre du capitalisme, et qu’après la Seconde, d’autres pays étaient devenus socialistes — alors pourquoi craindre la Troisième ?

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Pour les apocalypse juifs, la situation est similaire. Au milieu des batailles de 1914-1918, l’Empire britannique donna, pour affaiblir l’ennemi ottoman, le décisif coup de pouce à la colonisation sioniste de la Palestine avec la Déclaration Balfour. Et après 1945, la création de l’État d’Israël ne pouvait plus être empêchée. Alors, qu’est-ce qui s’oppose à une nouvelle guerre mondiale ? — demandent les cyniques.

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Martin Buber résuma la pensée des factions apocalyptiques du judaïsme dans son roman « Gog et Magog » :

« Le monde des nations est en agitation, et nous ne pouvons pas vouloir qu’il s’arrête, car c’est seulement lorsque le monde se met en travail qu’adviennent les douleurs du Messie. La délivrance n’est pas un cadeau fini de Dieu, déposé du ciel sur la terre. Dans de grandes douleurs, le corps du monde doit accoucher, il doit toucher le seuil de la mort avant de pouvoir naître. »

Et encore : « Nous devons œuvrer pour que cette lutte s’intensifie jusqu’aux douleurs du Messie. Les nuages de fumée autour de la montagne du monde sont encore petits et éphémères. De plus grands, plus persistants, viendront. Nous devons attendre le moment où le signe nous sera donné… Il ne nous est pas ordonné de l’éteindre, mais de l’enflammer. »

L’outil de Dieu

La dernière phrase est décisive. Le vrai pieux, selon la théorie, n’attend pas la venue du royaume de Dieu, mais agit activement en provoquant l'Armageddon. Celui qui souhaite la venue du Messie sait très bien que la dernière bataille de l’humanité doit la précéder. Dans toutes les religions monothéistes, elle se déroule en Terre Sainte.

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Fatalement, l’alliance formée entre des juifs fondamentalistes et des évangéliques partageant les mêmes idées s'avère particulièrement dangereuse. En réalité, l'ancien Testament et les enseignements du Nouveau Testament présentent de grandes différences: Yahvé est un Dieu colérique et punisseur, qui extermina les ennemis d’Israël, et qui contraint les pécheurs de ses fidèles à l’obéissance par le feu et l’épée (voir Sodome et Gomorrhe). Jésus, lui, prêche le pardon et l’amour des ennemis, et il sauve non seulement les Israélites, mais toute l’humanité.

Mais il existe un pont théologique enjambant cette fracture, c’est la fameuse Révélation de Jean dans le Nouveau Testament, qui correspond à la description de l’Armageddon dans l’Ancien Testament par le prophète Ézéchiel. Il y est question du jugement contre « Gog de Magog », un souverain du Nord (ce qui peut s’interpréter comme Babylone/Bagdad, l’Iran ou aussi la Russie d’aujourd’hui).

Ézéchiel : « Oui, tu viendras de ton lieu, du plus extrême Nord, toi et beaucoup de peuples avec toi, qui monteront tous sur des chevaux, une multitude grande et un peuple puissant. Tu monteras contre mon peuple Israël, comme une nuée obscure qui couvre le pays. »

Gog et ses armées seront totalement détruits :

« Et je jugerai contre lui lui envoyant pestilence et sang ; je ferai pleuvoir des pluies diluviennes, des grêlons, du feu et du soufre sur lui et sur ses hordes de guerre, sur beaucoup de peuples qui sont avec lui. »

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Dans l’Apocalypse de Jean, une bataille similaire est décrite. Cependant, Gog n’apparaît pas, et les ennemis sont Satan, « la bête », « le faux prophète » et « la prostituée Babylone ». À Jérusalem, 144.000 pieux seront rachetés. Les sept sceaux, sept trompettes et sept coupes de la colère répandent mort et terreur, peut-être avec des armes de destruction massive. À la fin, tous les incroyants seront jetés « dans une mer de feu et   de soufre brûlant ». Ensuite, Christ revient sur terre et établit son royaume millénaire.

Chez les juifs fondamentalistes, qui nient Jésus en tant que Sauveur, la venue du Messie est liée à la restauration du mythique temple du roi Salomon. La communauté Chabad Loubavitch est convaincue que cela doit se produire sur le site de l’ancien temple, c’est-à-dire le Mont du Temple à Jérusalem. Mais cela nécessiterait d’abord de démolir un bâtiment important: la mosquée al-Aqsa, vieille de 1300 ans. Enfin, il serait impensable de construire le troisième temple tant qu’un sanctuaire musulman s’y trouve.

Déjà en 1948, le grand-rabbin de l’époque déclarait :

« Tel Aviv ne sera pas la capitale, mais Jérusalem, car c’est là que se trouvait le temple de Salomon, et toute la jeunesse juive est prête à sacrifier sa vie pour conquérir le site de leur temple sacré. » Il est difficile d’imaginer que les musulmans renoncent à leur troisième lieu saint, après La Mecque et Médine, sans être chassés militairement de Palestine.

L’alliance apocalyptique

Les États-Unis, sous la direction des francs-maçons mais avec une majorité évangéliste, sont le creuset où se mêlent ultrareligieux évangélistes et juifs apocalyptiques. Ces fameux puritains (du latin purus = pur) ont émigré de Grande-Bretagne, après les guerres de religion entre anglicans et catholiques aux 15ème et 16ème siècle, quand une certaine tolérance s’était installée, où on les considérait, dès lors, comme dangereux à cause de leurs idées. Dans les colonies américaines, les fervents de l’Ancien Testament dominaient. Il y aurait eu plus de sorcières brûlées là-bas que sous les injonctions de l’Inquisition catholique.

Une coalition lâche entre la majorité blanche protestante (WASP) et les Juifs s’est formée dès avant la Première Guerre mondiale, car les banquiers juifs représentaient la base financière de la future grande puissance, mais cette alliance resta fragile à cause de l’antisémitisme des vieux puritains anglais.

Ce n’est qu’avec la création, au début des années 1970, du mouvement des néoconservateurs qu’une symbiose stable s’est formée, basée sur une solidarité sans compromis avec Israël et sur l'ambition américaine d'exercer une hégémonie sur le monde entier ; toute politique de détente, au Moyen-Orient comme vis-à-vis de l’URSS, a été rejetée. Les néoconservateurs atteignirent leur apogée sous ce président religieux que fut George W. Bush (2001-2009), notamment après le 11 septembre.

Les principaux centres de décision — notamment au Pentagone — furent occupés par des tenants de l'idéologie neocon. Des groupes de travail communs entre le Likoud israélien et les républicains américains (par exemple par le truchement du think tank « Project for the New American Century ») ont sans cesse préparé les guerres qui furent menées contre les États islamiques, notamment en falsifiant des preuves quant aux armes de destruction massive qu'aurait possédées Saddam Hussein, alors qu'elles n’ont jamais existé. Une attaque contre l’Iran, prévue dès 2008/2009, a été évitée de justesse suite à l'intervention de l’état-major américain.

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La bataille finale dans l’islam

La figure salvatrice du Mahdi apparaît chez les musulmans après la mort de Mahomet, lorsque les califes ont éliminé le successeur désigné du prophète, Ali. Les partisans de ce dernier, les chiites, voient, depuis, Ali comme le souverain attendu, celui qui doit rétablir la vraie foi. À la fin des temps, il unira tous les musulmans et participera à la bataille décisive contre Dajjâl (le mal ultime, comparable à l’Antéchrist).

L’historien nord-africain islamisé Ibn Khaldoun décrit comme suit, au 14ème siècle, le déroulement de cette bataille finale:

« Ensuite, Jésus descendra et tuera Dajjâl. Ou Jésus descendra avec lui, aidera à tuer Dajjâl et priera derrière lui. » La description montre que, même s’il n’est pas vu comme le Messie, dans l’islam, Jésus joue un rôle positif et important, comme prophète et aussi dans les événements de la fin des temps.

Ce personnage a inspiré les sanglants soulèvements mahdi contre la domination coloniale britannique au Soudan à la fin du 19ème siècle. En Iran, le Mahdi est considéré depuis la Révolution islamique de 1979 comme le véritable chef de l’État. Sa résurrection n’est prophétisée qu’après des bouleversements et des guerres majeurs, ce qui alarme l’Occident, craignant que les mollahs ne provoquent une telle évolution.

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Au cours des trente dernières années, l’Iran a adopté une politique extérieure défensive. Des milices chiites comme le Hezbollah ont participé, avec le soutien de Téhéran, à la lutte contre al-Qaida et l’État islamique, et ont défendu aussi, dans la guerre civile syrienne et au Liban, des villages chrétiens. La relation avec le Hamas sunnite, jusqu’à l’escalade récente, était froide.

 

Le ministre italien de la défense secoue l’OTAN: «L’alliance n’a plus de légitimité»

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Le ministre italien de la défense secoue l’OTAN: «L’alliance n’a plus de légitimité»

Rome. La structure qui régente le partenariat militaire occidental grince de toutes parts. Après que le président slovaque Fico a récemment évoqué une sortie de son pays, c’est maintenant un autre coup dur qui vient de Rome: dans un discours fondamental et remarquable, le ministre de la Défense italien Guido Crosetto, peu avant le sommet de l’OTAN, a remis en question la légitimité de l’alliance occidentale. « L’OTAN n’a plus de légitimité », a déclaré le ministre lors d’une intervention à Padoue, ajoutant que les temps avaient changé : « Les États-Unis et l’UE ne sont plus le centre du monde. »

Crosetto, qui est membre du parti de droite Fratelli d’Italia et est considéré comme un proche conseiller de Giorgia Meloni, appelle à une réorientation fondamentale de l’alliance: pour continuer à garantir paix et défense mutuelle, il faut coopérer avec le Sud global.

Les propos interviennent à un moment critique — l’Italie, depuis 1949, l’un des douze membres fondateurs de la Charte de l’Atlantique Nord, est l’un des piliers historiques du pacte. Juste avant la réunion des 32 États membres à La Haye, où Donald Trump, président des États-Unis, est aussi attendu, un membre clé de l’OTAN remet en question les bases mêmes de l’alliance.

Crosetto a également été plus loin lors de son discours à l’université de Padoue, exprimant des critiques acerbes sur le rôle de l’UE : « Nous parlons souvent comme si nous vivions encore il y a 30 ans. Mais tout a changé. » Il a poursuivi avec une critique mordante : « Nous parlons de l’Europe comme si elle comptait encore. Peut-être aurait-elle pu compter un jour, si elle avait joué un rôle politique qu’elle n’a justement pas joué. Si elle avait eu une politique étrangère ou une défense originale. Mais, comme ce ne fut pas le cas, son temps est révolu. »

Ce pas en avant est particulièrement remarquable compte tenu de l’évolution politique de la Première ministre Meloni. Elle doit son succès électoral en 2022 à une critique acerbe contre l’UE, mais s’est depuis révélée une partenaire fiable dans la politique ukrainienne de Bruxelles. En tant que présidente des Fratelli d’Italia, elle dirige une coalition de trois partis de droite et conservateurs, ce qui donne un poids supplémentaire aux déclarations de Crosetto. Reste à voir si ses critiques ne sont que de la rhétorique ou si elles annoncent réellement un virage en politique étrangère de l’Italie (mü).

Source: Zu erst, juin 2025.

Comme l’Oncle Sam en Hexagone

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Comme l’Oncle Sam en Hexagone

par Georges Feltin-Tracol

On doit à Yannick Sauveur une excellente biographie de son ami Jean Thiriart parue en 2016 chez Pardès dans la collection « Qui suis-je ? ». Ce proche du fondateur de Jeune Europe a cependant commencé son militantisme aux débuts des années 1970 dans les rangs solidaristes. Il vient de publier une enquête très étayée et un réquisitoire solide sur un mal qui ravage la France.

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L’américanisation de la société française. Acculturation et perte d’identité (L’Æncre, coll. « Nouveaux enjeux du XXIe siècle », 2025, 310 p., 35 €) met en lumière une tendance inquiétante qui atteint tout l’Hexagone. Les Français se rêvent de plus en plus en Texans de la Seine, en Californiens du Rhin, en Floridiens de la Garonne, en New-Yorkais de la Loire et en Chicagoans du Rhône. Ce phénomène, particulièrement prégnant, est fort ancien. Il se manifeste à travers divers canaux de propagation dont ceux de la culture dite populaire : le cinématographe, la variété musicale, le roman et la bande dessinée.

Yannick Sauveur rappelle l’intervention primordiale de la CIA en matière culturelle afin de mieux façonner les « élites » d’Europe occidentale. Ainsi la construction européenne s’opère-t-elle dès le départ sous la tutelle implicite – mais réelle – des États-Unis d’Amérique ! Sous le prétexte facile de contrer la menace communiste soviétique, écrivains, journalistes et essayistes de renom s’engagent volontiers dans la promotion de l’atlantisme, de l’occidentalisme et du mondialisme sans toujours en connaître les aboutissements !

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Déjà dénoncée en son temps par Régis Debray dans Civilisation. Comment nous sommes devenus américains (2017) et L’Édit de Caracalla. Ou plaidoyer pour les États-Unis d’Occident (2002), l’américanisation ne se limite pas au haut de la société; elle se diffuse partout, y compris et surtout dans les zones rurales où prolifèrent festivals, clubs et fêtes locales de country music chaque fin de semaine. La langue de Molière est sérieusement touchée par cette mode détestable. Par la faute du Conseil constitutionnel présidé par le délétère Robert Badinter, la loi Toubon de 1994 ne s’applique pas (ou si peu). On ne traduit plus les titres des films ! Une flopée d’anglicismes (« expérimentation », « létal » ou « dispatcher ») métastase le français courant. Maintes enseignes – et pas seulement les salons de coiffure ! – emploient des termes angloïdes, c’est-à-dire un sabir bâtard qui n’est finalement qu’un globish lamentable. Le grand remplacement n’est pas démographique; il est aussi linguistique.

L’Union dite européenne est en pointe dans cette invasion insidieuse. Malgré le Brexit, l’unique langue (officieuse) de travail de la Commission et du fumeux Parlement demeure l’anglais par la faute des responsables français qui, à partir de 1974, ont renoncé à soutenir leur propre langue. Mais est-ce si surprenant quand Yannick Sauveur rapporte que cette politogenèse soi-disant européenne est de confection étatsunienne et que de nombreux politiciens et politiciennes hexagonaux en tant que Young Leaders de la French American Foundation servent de relais majeurs d’influence étrangère ? Par ailleurs, l’entité terroriste planétaire appelée OTAN renforce l’intégration des États d’Europe dans une matrice occidentale cosmopolite.

On connaît bien maintenant les connexions entre les cénacles mondialistes et les instances de l’État profond US. Certes, il n’y a jamais une identité complète de vue, de projet et d’ambition entre eux. Toutefois, il importe de prendre en compte qu’en-dehors du courant isolationniste qui récuse souvent l’Ancien Monde s’affrontent une tendance hégémoniste pour qui les États-Unis doivent assumer seuls la direction politique du monde, quitte à s’emparer de nouvelles terres, et une faction globaliste chez qui l’expansion du modèle étatsunien doit susciter l’arasement total des cultures, des peuples et des nations. Pour ce dernier groupe, l’occidentalisation, l’américanisation et la mondialisation ne sont pas les étapes successives d’un seul et même procédé, mais les manifestations parfois simultanées d’une procédure d’homogénéisation de très longue durée.

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Tel un déluge ou un raz-de-marée gigantesque, l’américanisation se retrouve partout, des arts dont l’art contemporain en est le fer de lance à la gastronomie. À la pause – déjeuner de Midi, le burger remplace le sandwich ! Quant aux divertissements, Disneyland – Paris attire un public venu de toute l’Europe pour déverser sur lui un récit détourné et dévoyé des mythes ancestraux européens. L’Oncle Sam pille sans retenue nos ressources, nos talents et notre imaginaire. Résultat, « l’aliénation culturelle, écrit Yannick Sauveur, va d’abord imprégner des enfants qui, dès le plus jeune âge, vont être conditionnés par l’american way of life. Ce n’est pas être excessif de dire que Disneyland symbolise à souhait l’impérialisme américain et l’américanisation culturelle et, circonstance aggravante, avec la complicité des dirigeants de notre pays ».

Les Français portent eux aussi une grand part de responsabilité dans cette « McDonaldisation » qui « est aussi, à travers le succès de toutes ces chaînes commerciales d’origine américaine, prévient encore Yannick Sauveur, le spectacle peu réjouissant de la standardisation poussée à l’extrême et aussi avec pour conséquence la mort des centres villes et le déclin voire la disparition des petits commerces ». Le corollaire de ce triste constat correspond à l’essor d’un hyper-individualisme perceptible à l’hypertrophie de la place de l’automobile, élément central dans la surconsommation. Il serait peut-être temps que l’opinion avisée délaisse cet engouement pernicieux et s’intéresse à cette discipline novatrice lancée dès 1991 par Thomas Molnar : l’américanologie.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 163, mis en ligne le 2 juillet 2025 sur Radio Méridien Zéro.

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jeudi, 03 juillet 2025

Le kabuki du cessez-le-feu

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Le kabuki du cessez-le-feu

par Pepe Escobar

Au final, comme on pouvait s'y attendre, le directeur du cirque a fait TACO (« Trump Always Chickens Out », Trump se défile toujours).

Il était terrifié par trois développements cruciaux basés sur les faits réels.

  1. 1. Le message iranien sur les préparatifs à la fermeture du détroit d'Ormuz. La CIA avait averti Trump que la Chine était viscéralement opposée au blocus du détroit. Selon un vétéran du Deep State, c'est l'une des raisons pour lesquelles Trump a décidé de poursuivre malgré tout son opération théâtrale « spectaculaire » (sic) à Fordow. Mais lorsque le spectre d'un détroits d'Ormuz bloqué, détruisant l'économie mondiale est devenu réel, il a fait TACO.
  2. 2. L'avertissement iranien a été transmis par le bombardement de la base d'Al-Udeid au Qatar, le joyau militaire de l'hégémon en Asie occidentale. Même des sources atlantistes à Doha confirment que les dégâts causés à la base – évacuée – ont été « monumentaux », avec au moins trois missiles ayant atteint leurs cibles. Téhéran disait sans équivoque : « Nous pouvons vous frapper partout, à tout moment, avec tout ce que nous voulons. Et vos laquais du CCG vous en tiendront responsables. »
  3. 3. La raison principale est probablement que les génocidaires de Tel-Aviv épuisent rapidement leurs missiles intercepteurs ; en effet, tout leur réseau de défense aérienne, déjà perméable, est en difficulté. Lors du dernier tir de missiles iranien important sur la Palestine occupée lundi matin, le taux d'interception est tombé en dessous de 50% et l'Iran a commencé à viser le réseau électrique israélien. La nouvelle directive de l'Iran – offensive stratégique continue, pas de patience temporisatrice – visait à paralyser complètement l'économie israélienne. De plus, les génocidaires avaient déjà supplié Téhéran de « mettre fin à la guerre ». Téhéran a répondu que le moment n'était pas encore venu. Les génocidaires ont donc supplié papa Trump de les sauver.

La chaîne d'événements qui a conduit au cessez-le-feu reste obscure. Un facteur clé qui a accéléré les événements a été la rencontre personnelle de Poutine avec le ministre iranien des Affaires étrangères Araghchi au Kremlin.

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S'exprimant au nom de l'ayatollah Khamenei, Araghchi aurait demandé une livraison importante d'armes et surtout de systèmes de défense ; mais cela prendra du temps, d'autant plus que le partenariat stratégique récemment approuvé par la Douma et le Majlis à Téhéran n'est pas – officiellement – une alliance militaire.

Toutefois, selon des sources moscovites bien informées sur la rencontre, Poutine a placé la Russie au centre d'une possible résolution, évinçant ainsi Washington. L'équipe Trump 2.0 était furieuse. Trump s'est vanté que l'Iran et Israël l'avaient appelé presque simultanément pour convenir d'un cessez-le-feu. Balivernes: seul Tel-Aviv l'a fait. Poutine a une fois de plus clairement indiqué que la Russie soutiendrait l'Iran, offrant indirectement une issue à Trump.

Fidèle à son caractère, le directeur du cirque a sauté sur l'occasion pour annoncer son propre cessez-le-feu, à la manière d'une émission de téléréalité. Et cela seulement deux jours après s'être réjoui que le programme nucléaire iranien ait été « anéanti » (il insiste sur ce point même si les services secrets américains admettent que le programme pourrait avoir pris quelques mois de retard).

Un tabou suprême a été brisé

L'Iran a appris quelques leçons importantes de la manière la plus dure, en payant un prix terrible. Téhéran s'est montré trop transparent et raisonnable dans ses relations avec un groupe de gangsters : depuis l'autorisation de la surveillance nucléaire de l'AIEA, qui s'est avérée être un processus d'accumulation d'informations précieuses pour les objectifs israéliens, jusqu'à la croyance en la diplomatie et le respect d'accords qui ont été brutalement abandonnés.

Il n'y a pas de diplomatie lorsqu'il s'agit de traiter avec le Léviathan/Behemoth impérial, surtout lorsque celui-ci envisage avec horreur la réduction de son empreinte dans tout le Sud du monde.

Sur le plan intérieur, cependant, l'Iran passe à la vitesse supérieure. Il existe au moins trois factions opposées : l'ayatollah Khamenei et son cercle restreint, plus l'IRGC ; les réformateurs, incarnés par la présidence modérée de Pezeshkian ; et ceux que l'on pourrait appeler les nationalistes laïques, qui veulent un Iran fort mais pas une théocratie.

L'IRGC détient désormais tout le pouvoir. La défense de la patrie contre l'axe sioniste mortel, y compris l'hégémon, a cristallisé un sentiment généralisé d'unité nationale et de fierté. Tous les secteurs de la population iranienne – 90 millions d'âmes, que quelqu'un le dise au pathétique Marco Rubio – se sont ralliés sous le drapeau.

Conceptuellement, le cessez-le-feu – personne ne sait combien de temps il durera – est défavorable à l'Iran, car sa capacité de dissuasion croissante est désormais perdue. Israël va fébrilement renforcer ses défenses aériennes, tandis que l'Iran, seul, aura besoin de mois, voire d'années, pour se reconstruire.

Le modus operandi impérial reste le même. Le directeur du cirque a vu qu'une humiliation monstrueuse se profilait, quelque chose qui ressemblait au Vietnam d'Israël: il a donc annoncé un cessez-le-feu unilatéral puis s'est enfui.

Cependant, la configuration des prochaines batailles a changé. Si Washington décide d'intensifier à nouveau les hostilités ou de recourir à la pratique éprouvée de l'utilisation de proxys terroristes, l'Iran, en tant que leader de facto de la Résistance, ripostera avec détermination. Le mythe de l'invincibilité génocidaire a été brisé à jamais. Tout le Sud du monde l'a vu et prend désormais cet état de fait au sérieux.

Une discussion sérieuse reste ouverte sur la question de savoir si Téhéran optera finalement pour suivre le modèle nord-coréen afin de contrer l'imposition, jusqu'ici infructueuse, du modèle libyen et/ou syrien. L'enrichissement de l'uranium se poursuivra. Avec un rebondissement supplémentaire digne d'un film noir: personne ne sait où se trouve l'uranium.

L'Empire du Chaos, comme on pouvait s'y attendre, ne s'arrêtera jamais. Seule l'union du Sud du monde, animée d'une volonté de fer, pourra le contraindre à s'arrêter. Les conditions ne sont pas encore réunies.

Dans l'état actuel des choses, le véritable cessez-le-feu serait entre les États-Unis et le Sud du monde, guidé institutionnellement par la Russie, la Chine, les BRICS et diverses autres organisations multipolaires. Les chances que les classes dirigeantes américaines respectent un cessez-le-feu aussi durable, s'il devait jamais avoir lieu, sont inférieures à zéro.

Quant au cessez-le-feu entre l'Iran et Israël, ce n'est pas la fin de la guerre. Au contraire, c'est la fin – incertaine – de la première bataille chaude. Les chiens et les hyènes de la guerre reviendront, tôt ou tard. Il y aura encore et encore du sang. Cependant, au moins un tabou suprême a été brisé: l'entité qui pratique le culte de la mort en Asie occidentale peut vraiment être mortellement blessée.

 

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dimanche, 29 juin 2025

Sommet de l’OTAN 2025 : un blazer, des images et des messages

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Sommet de l’OTAN 2025 : un blazer, des images et des messages

Elena Fritz

Bron: https://pi-news.net/2025/06/nato-gipfel-2025-blazer-bilde...

Trump impressionné: pour la première fois, le président ukrainien Zelenskyj n’est pas apparu lors du sommet de l’OTAN à La Haye en pull vert olive, mais avec un veston sombre.

Vu de l’extérieur, c’était un sommet de l’OTAN comme beaucoup d’autres: beaucoup de caméras, beaucoup de promesses, beaucoup de rhétorique. Mais en regardant de près, on a pu remarqué: le décor est resté le même, mais la pièce a changé. Et un veston est devenue la star silencieuse de tout l'événement.

Dans quelques années, en repensant au sommet de l’OTAN 2025 à La Haye, on se souviendra peut-être moins des conférences de presse ou des déclarations finales — mais surtout du veston. Plus précisément: du veston de Volodymyr Zelensky. Pour la première fois, le président ukrainien n’est pas apparu en pull vert militaire, mais en tenue civile. Une rupture avec son rôle public antérieur — et peut-être un symbole involontaire de la dynamique modifiée au sein de l’alliance. Car même si personne ne voulait le dire tout haut: les coordonnées bougent. Pas de manière dramatique. Mais de façon perceptible.

Un sommet tissé de sous-entendus

Officiellement, tous ont souligné la détermination de l’OTAN à soutenir l’Ukraine. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a loué l’unité de l’alliance, le soutien militaire, la ligne commune. On aidera Kiev à « tenir jusqu’à ce qu’une paix viable soit atteinte », a-t-on dit. Cela sonne bien. Mais que dit-il vraiment ?

D’une part: que la paix semble lointaine. D’autre part: que « tenir » militairement n’est pas une stratégie, mais un simple état de choses. Rutte a insisté sur le fait que les États-Unis continuent d’aider Kiev — par des renseignements, des systèmes de défense aérienne, un soutien logistique. Mais en même temps, ses mots contenaient un appel discret aux Européens: ces derniers devaient prendre plus de responsabilité, donner plus d’argent, fournir plus d’efforts propres. D’ici 2035, les dépenses de défense des États membres doivent augmenter pour atteindre cinq pour cent du PIB, la production d’armement doit être accrue, le personnel doit être renforcé, les stocks de munitions remplis — un programme d’investissement gigantesque sans débat de société, le tout justifié par le récit de la menace.

Trump n’est pas le problème — il est la nouvelle norme

Ce qui a surtout marqué, c’est la façon dont l’Europe s’est désormais adaptée en silence à Donald Trump. Pas d’irritations ouvertement étalées, pas de querelles transatlantiques. Au contraire: reconnaissance, retenue, adaptation.

Macron a ouvertement déclaré que l’Europe doit reprendre le dialogue avec la Russie — sur le contrôle des armements, la confiance réciproque, la coexistence. Merz a indiqué que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est « impossible » tant que Trump est en fonction — peut-être plus tard, mais pas maintenant.

Ce ne sont pas des déclarations spectaculaires, mais elles indiquent un ton nouveau. Comme si la réalité, l’incertitude, le malaise étaient désormais acceptés. De la défiance transatlantique, on est passé à une adaptation prudente.

L’Ukraine: visible, mais stratégiquement isolée

Pour l’Ukraine, cela signifie une constatation amère. Même si elle continue de recevoir des déclarations de loyauté publiques, la voie vers l’OTAN est pratiquement gelée. Pas de date, pas de plan, pas d’engagements concrets.

Et ainsi, le veston de Zelensky est devenu une métaphore: il témoigne de la tentative de rester en lien, avec une scène politique qui poursuit déjà ses propres scripts. La rhétorique du « combat jusqu’à la victoire » paraît de plus en plus dépassée. L’Ukraine n’est plus le centre du récit occidental — elle est une variable dans une équation plus grande.

Conclusion: la façade tient encore — mais des travaux sont en cours derrière elle

Le sommet de l’OTAN 2025 a marqué un tournant. Non pas par ce qui a été dit, mais par ce qui n’a plus besoin d’être dit. L’Europe commence à se libérer prudemment de la tutelle américaine — non par conviction, mais parce qu’il n’y a guère d’alternatives. Les États-Unis restent présents, mais ne dominent plus.

L’Ukraine reste un sujet, mais n'est plus le centre des préoccupations. Et le veston ? Il reste — comme symbole d’un sommet qui en disait long sur l’état de l’Occident, sans le dire tout haut.

Grand dérangement au Moyen-Orient

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Grand dérangement au Moyen-Orient

par Georges Feltin-Tracol

Les dirigeants du Hamas se doutaient-ils qu’en lançant leur offensive–éclair le 7 octobre 2023, ils changeraient le visage du Moyen-Orient ? Ne faut-il pas maintenant s’interroger sur l’existence d’un enchâssement machiavélique de plans destinés à briser l’« Axe de la Résistance » contre Israël ? Les guerres de Benyamin Netanyahou lui permettront-elles de remodeler à sa guise toute une région et d’arrêter l’apparition d’un monde multipolaire aux valeurs pluriverselles?

À l’origine, les services secrets israéliens ont encouragé l’essor du Hamas opposé à l’OLP de Yasser Arafat. Une fois encore, le golem s’est retourné contre ses maîtres. Malgré le départ des colons israéliens et le retrait des troupes de Tsahal en 2005 sur l’ordre du premier ministre israélien d’alors, Ariel Sharon, Tel-Aviv n’a jamais cessé de surveiller dans le détail la Bande de Gaza dont la superficie correspond à peu près à trois fois Paris (bois de Boulogne et de Vincennes inclus). Par ailleurs en pointe dans le contrôle numérique de masse, Israël a proscrit l’argent liquide et sait parfaitement identifier une population gazaouie désormais martyre.

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En agressant l’Iran sans prendre la peine de lui déclarer la guerre tel un autre 1er septembre 1939, Israël ouvre un cinquième front à la suite de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupés, du Liban et de la Syrie. Ces différents conflits quasi-simultanés occultent les procès en corruption qui frappent Netanyahou et détournent l’attention de l’opinion publique du contentieux féroce entre la Cour suprême et l’exécutif. Cette nouvelle guerre préventive d’agression soude pour le moment les six partis de la coalition gouvernementale.

Le gouvernement Netanyahou invente un danger nucléaire iranien imminent alors que le premier Guide suprême de la Révolution, Rouhollah Khomeiny, avait émis une fatwa condamnant cette arme redoutable. Ce fait importe peu pour Tel-Aviv qui rêve de briser la « Pieuvre » tant ses tentacules que sa tête. Dans Le Figaro Magazine des 23 et 24 mai 2025, Alexandre Devecchio interroge Stéphane Simon, co-auteur avec Pierre Rehov du 7 Octobre. La Riposte (Fayard, 2025). Stéphane Simon déclare qu’« aujourd’hui, Israël prépare la dernière manche qui vise la fin du régime de Téhéran ». Pourquoi ? Parce que l’instant lui est propice.

La Syrie néo-baasiste de Bachar al-Assad a disparu en décembre 2024 au profit de forces islamistes subventionnées par la Turquie et le Qatar. L’état-major israélien a aussi tiré tous les enseignements de la guerre de 2006 contre le Hezbollah. Quelques exemples rapportent la haute fiabilité des réseaux de renseignement qui associent données satellitaires - numériques et collectes précises d’informations sur le terrain, d’où l’assassinat de Hassan Nasrallah, secrétaire général charismatique du Hezbollah, le 27 septembre 2024. Évoquons aussi le piège des talkies walkies et autres bipeurs qui a tué, blessé ou handicapé plusieurs milliers de cadres du Hezbollah. Produits en Israël, les trois grammes d’explosif implantés, les bipeurs sont cédés à une société hongroise qui les vend ensuite au Hezbollah. Israël avait donc bien préparé cette opération depuis plusieurs trimestres, voire années… Ainsi peut-on se demander si, à l’instar de Franklin Delano Roosevelt qui sût la veille du 7 décembre 1941 l’attaque-surprise japonaise sur Pearl Harbor, Benyamin Netanyahou était au courant de l’action sanglante du 7 octobre sans penser à son ampleur, ni à son impact tragique. Dès son premier mandat de premier ministre (1996 – 1999), il considère l’Iran comme son ennemi principal. Il déteste l’Iran qui signifie « royaume des Aryens ». Cette appellation servirait-elle de prétexte à une susceptibilité mémorielle excessive ?

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L’agression contre l’Iran n’est pas une foucade du régime suprémaciste de Tel-Aviv, mais une action de guerre mûrement réfléchie. Appliquant les méthodes opérationnelles de l’OTAN, l’aviation israélienne se serait rendue maîtresse du ciel iranien en dépit des 1500 – 2000 km de distance entre les deux États.

On reste toutefois pantois devant l’impréparation de l’Iran, pourtant puissance régionale de plus de 82 millions d’habitants, face à une guerre préventive aérienne: pas d’abris de défense pour les civils, sécurité publique déficiente, faiblesse de la protection autour des responsables militaires iraniens. À ces manques s’ajoute une absence flagrante de réactions de la part des « tentacules », à savoir d’alliés affaiblis (Hezbollah, Hamas), lointains (les « partisans d’Allah » houthistes du Yémen) ou dubitatifs (les milices populaires irakiennes). L’assassinat de hauts responsables militaires et scientifiques, la destruction de centres stratégiques militaires et nucléaires, le bombardement des locaux de la télévision officielle indiquent la présence en Iran d’agents secrets, de forces spéciales et de collaborateurs locaux, et ce depuis de nombreux mois, même de nombreuses années.

À la lumière des récents événements, deux faits confirment la forte implication d’Israël dans le désordre intérieur iranien. L’un se passe le 31 juillet 2024. Ce jour-là, le chef du Hamas, « Ismaël Haniyeh, rapporte encore Stéphane Simon, meurt dans sa chambre piégée d’une bombe au cœur d’une résidence sécurisée du palais présidentiel » iranien. Toujours pour Stéphane Simon, c’est « la démonstration de l’infiltration du Mossad au cœur du régime iranien ». Sous l’empire Pahlavi, le Shah d’Iran était un allié précieux pour Israël au même titre d’ailleurs que la Turquie laïque et les Kurdes d’Irak et de Syrie. Cette proximité stratégique n’a pas empêché les États-Unis de fomenter en partie la révolution islamique afin de surseoir au développement nucléaire de l’Iran.

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Le second concerne la révolution de couleur « Femme – Vie – Liberté », processus incontestable de déstabilisation socio-politique qui s’apparente à une intense action de guerre psychologique. Les manifestants et les manifestantes hostiles aux institutions de la République islamique agissent en idiots utiles du suprémacisme israélien anti-iranien. À côté des actions clandestines montées par les services israéliens sur le sol iranien, « Femme – Vie – Liberté » signale la réalité d’une cinquième colonne qui a pour objectif le renversement de la république islamique. Par qui la remplacer ? Israël ne se tournera pas vers Maryam Radjavi, présidente des Moudjahiddines du peuple qui ont longtemps séjourné dans l’Irak baasiste de Saddam Hussein. Quant à recourir au prétendant impérial en exil Reza Pahlavi, ce ne serait guère judicieux, car il deviendrait aussitôt un nouveau repère d’unité nationale pour tous les Iraniens.

Il est possible que le gouvernement israélien mise sur un éclatement, effectif ou latent, de l’Iran en jouant sur des minorités ethniques. Au Sud-Est, les indépendantistes baloutches pourraient ériger un État qui attirerait ensuite vers lui le Baloutchistan pakistanais. Au Nord-Ouest, les Kurdes édifieraient un territoire autonome à l’image du Kurdistan irakien et, peut-être, du Rojava syrien. Au Sud-Ouest, les arabophones (plus d’un tiers de la population locale) du Khouzistan (ou Arabistan), assez rétifs à la tutelle de Téhéran, s’en sépareraient pour mieux se rapprocher de l’Irak. Mais la plus grande menace provient du Nord, des portes du Caucase.

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Les Occidentaux oublient que l’Arménie, encerclée à l’Est et à l’Ouest par la Turquie et l’Azerbaïdjan, y compris par son exclave du Nakhitchevan, entretient d’assez mauvaises relations avec son voisin géorgien. Le seul État qui persiste à aider Erevan s’appelle l’Iran. Pendant la guerre de reconquête de l’Artsakh, l’Azerbaïdjan a bénéficié de l’aide militaire israélienne. La fragilisation poussée de l’Iran inciterait l’Azerbaïdjan à s’emparer des régions iraniennes de langue azérie au nom des vieilles revendications rattachistes, puis d’effacer définitivement l’Arménie des cartes en se partageant avec la Turquie son territoire. Un Grand Azerbaïdjan pèserait alors de tout son poids sur l’avenir non seulement de l’Iran, mais aussi de l’Asie centrale avec le risque accru d’irriter une Russie attentive à son étranger proche et d’encourager les forces islamistes les plus extrémistes à renverser les gouvernements du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan et du Kirghizistan à partir du foyer inflammable de la vaste vallée de la Ferghana.

L’effondrement de l’Iran assurerait à l’actuel gouvernement israélien la satisfaction de ses visées messianiques dans la reconfiguration géopolitique du Moyen-Orient. La fin de l’« Axe de la Résistance » lui faciliterait la déportation massive des Palestiniens de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est vers le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Égypte aux frontières redessinées, mais aussi vers l’Europe. Le régime de Tel-Aviv ferait deux pierres d’un coup : résoudre la question démographique palestinienne lancinante et semer les ferments de division multiculturalistes chez l’héritière d’Édom, la civilisation européenne d’essence boréenne, qu’il exècre. L’Iran ou le dernier avant-poste de l’Europe boréale ? L’histoire est plus que jamais imprévisible et surprenante.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 162, mise en ligne le 24 juin 2025 sur Radio Méridien Zéro.

« Les États-Unis ont attaqué non seulement l’Iran, mais aussi la multipolarité… »

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« Les États-Unis ont attaqué non seulement l’Iran, mais aussi la multipolarité… »

Onur Sinan Güzaltan 

Les États-Unis ont rejoint les attaques d’Israël contre l’Iran, et la guerre s’est intensifiée.

Les États-Unis ont ciblé les installations nucléaires en Iran. Quel est votre avis sur cette question ?

Les États-Unis ont attaqué l’Iran en ignorant le droit et les normes internationales. Cette attaque aura de nombreuses conséquences négatives.

L’Iran, qui est la cible des attaques, y répondra bien sûr de différentes manières. La plus évidente de ces réponses sera de continuer à frapper Israël, la plus grande base américaine dans la région. En dehors de cela, il est possible que les alliés de l’Iran dans la région, notamment les Houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban, soient impliqués dans cette guerre qui ne cesse de s'accroître. Il y a de nombreuses bases, centres et soldats américains dans la région… Il est très probable qu’ils soient ciblés dans la période à venir. De plus, l’Iran pourrait prendre des mesures visant à perturber la chaîne économique mondiale via le détroit d’Hormuz et la mer Rouge.

Dans tous les cas, les États-Unis et Israël paieront un prix lourd.

D’un autre côté, en termes de politiques américaines, les discours MAGA, ou « America First » (l’Amérique d’abord), représentés par Trump, sont complètement tombés en désuétude. Les États-Unis sont de nature agressive et l’ont montré une fois de plus au monde avec l’attaque contre l’Iran.

Une autre leçon à tirer de l’attaque américaine contre l’Iran est que les négociations avec l’impérialisme n’ont aucune suite. La Russie a été visée durement à chaque fois qu’elle s’est assise à la table de négociation pour régler la question de l’Ukraine. Assad s’est assis à la table avec l’Occident en 2010, et la guerre civile a immédiatement éclaté dans son pays. Kadhafi a été renversé de façon similaire…

Et l’Iran a été ciblé alors qu’il négociait avec les États-Unis…

Ces exemples montrent que l’impérialisme ne comprend que la force, pas la négociation.

Comment le rôle des États-Unis dans la guerre changerait-il le cours de la guerre ?

Eh bien, les États-Unis sont manifestement un pays puissant. Ils disposent d’une supériorité technologique, d’armes avancées et de capacités de renseignement.

Mais l’Iran est aussi un pays puissant et aura des réponses à donner aux États-Unis.

L’étendue dans laquelle les États-Unis peuvent prendre des risques dans la période à venir sera décisive. Si l’Iran répond, quelle sera la position des États-Unis ? Oseront-ils, par exemple, lancer une opération terrestre ? Je ne pense pas… Les États-Unis ont fait un choix difficile, et je doute qu’ils voient clairement quel chemin suivre.

D’un autre côté, l’attitude de la Russie et de la Chine sera importante.

En frappant les installations nucléaires iraniennes, les États-Unis ont tenté d’envoyer un message non seulement à l’Iran, mais au monde entier; ils ont voulu dire: « Je suis toujours le maître du monde. »

La Russie et la Chine accepteront-elles ce message ?

Il vaut la peine de souligner que l’attaque américaine ne concerne pas seulement l’Iran, mais aussi la multipolarité.

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Comment évaluez-vous la situation d’Israël dans la guerre ?

La situation actuelle montre clairement que le système de défense aérienne et le Dôme de fer d’Israël ont échoué face aux frappes de missiles de l’Iran.

Les rapports indiquent qu’Israël ne peut tenir que 10 ou 12 jours de plus dans une telle guerre. C’est précisément la réalité qui se profile derrière l’implication des États-Unis. Trump s’est impliqué dans cette guerre pour sauver Israël, qui s’effondrait et perdait la guerre.

Quant aux déclarations provenant d’Iran, à la fin, le peuple iranien et l’État iranien défendent leur propre terre. C’est une défense territoriale. Et jusqu’à présent, ils ont réussi. Ils ont pu répondre à chaque mouvement israélien par une contre-attaque équivalente.

Il y a eu des discussions sur la supériorité technologique d’Israël et de ses alliés. Mais l’utilisation des missiles Fattah par l’Iran dans ses frappes de représailles a suscité de nouveaux débats à ce sujet. Quel est votre point de vue ?

La réalité sur le terrain nous montre ceci: tout d’abord, l’Iran lutte contre les sanctions occidentales depuis plus de 45 ans. Il a donc développé une économie indépendante.

Deuxièmement, nous voyons maintenant clairement que ces mêmes sanctions ont poussé l’Iran à développer sa propre industrie nationale de défense. Et avec les armes qu’ils produisent, ils peuvent résister contre les États-Unis et Israël.

Troisièmement, l’Iran possède un territoire vaste, ce qui lui donne plus de mobilité, plus de marge pour se retirer et se regrouper. Et si l’on compare les populations, celle de l’Iran est bien plus grande que celle d’Israël. Nous parlons ici d’un peuple avec une histoire plurimillénaire dans la région.

Israël, en revanche, est coincé dans une mince bande de terre. Il a une population fragmentée et un État relativement jeune. Militairement et économiquement, il dépend fortement du soutien financier et militaire des États-Unis et de l’Occident.

Donc, s'il n'y avait eu que l’Iran et Israël, sans implication d’un tiers, cette guerre se serait déjà terminée par la défaite d’Israël.

Des affirmations comme « Le régime iranien s’effondrera en trois jours » ou « L’État va se désagréger » sont creuses. L’Iran résiste depuis des décennies économiquement, socialement et militairement contre l’Occident. Et dans sa lutte contre l’Occident et ses proxies, comme Israël, l’Iran a montré qu’il est très résilient et efficace. C’est ce que nous voyons aujourd’hui.

Ce que nous vivons actuellement prouve que les pays qui comptent sur leurs propres ressources morales et matérielles peuvent rester forts. En résumé: moins vous dépendez de puissances extérieures, plus vos chances sont grandes de résister à l’agression occidentale-israélienne.

Quelle devrait être la position de la Turquie et des pays de la région face à la guerre Iran-Israël après l’intervention américaine ?

Il y a des messages de condamnation du gouvernement turc envers les États-Unis et Israël, mais cette rhétorique n’est pas suffisante.

Des renseignements directs et indirects sont fournis à Israël depuis les bases d’Incirlik et de Kürecik, situées en territoire turc. Ces bases doivent être fermées dès que possible.

En fin de compte, c’est la Turquie, voisine de l’Iran, qui peut devenir la cible, et les conséquences seront graves pour la Turquie.

Tous ceux avec qui je parle dans la région disent la même chose : « Si l’Iran tombe, nous tombons aussi. » Le monde arabe le sait. Et en Turquie, la conscience publique de cette réalité grandit. L’Iran est une puissance clé dans la région. Si les choses tournent contre l’Iran, les conséquences ne toucheront pas seulement les Iraniens, mais toute la région.

C’est pourquoi les pays de la région doivent agir avant qu’il ne soit trop tard.