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lundi, 18 novembre 2024

Les écrits redécouverts d'Adriano Romualdi et le «réalisme» en politique étrangère

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Les écrits redécouverts d'Adriano Romualdi et le «réalisme» en politique étrangère

Toujours proche de Julius Evola, il a obtenu son diplôme en discutant, de manière semi-clandestine, un dimanche matin, d'une thèse sur les auteurs de la révolution conservatrice allemande à l'université « Sapienza », sous la direction de Renzo De Felice et avec le rapporteur Rosario Romeo.

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/116750-gli-scritti-ritrovati-di...

Adriano Romualdi est l'un des noms les plus significatifs de la droite culturelle italienne. Fils de Pino, l'un des principaux protagonistes du fascisme et du néofascisme, il a connu très tôt le débat qui animait la vie du MSI de l'intérieur. Actif au sein de Giovane Italia et de la Fuan, il a donné vie à plusieurs clubs de jeunes, dont le « Gruppo del Solstizio ». Au milieu des années 60, il obtient son diplôme en discutant, de manière semi-clandestine, un dimanche matin, une thèse sur les auteurs de la révolution conservatrice allemande à l'université « Sapienza », dont le directeur et le co-rapporteur étaient Renzo De Felice et Rosario Romeo. Toujours proche d'Evola, qu'il fréquentait dans sa maison du Corso Vittorio Emanuele, il est considéré comme le seul véritable disciple du « Maître qui ne voulait pas de disciples ». Il fut l'assistant de Giuseppe Tricoli, historien de l'époque contemporaine, à l'université de Palerme. Il a eu la chance, comme quelqu'un de « cher aux dieux », de mourir à seulement trente-trois ans, le 12 août 1973, des suites d'un accident de voiture. En témoignage de sa profonde culture, ses livres demeurent. Parmi eux, la première biographie d'Evola.

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L'anthologie des écrits retrouvés d'Adriano Romualdi

Une compilation de ses articles et essais (67 au total, parus dans diverses revues entre 1957 et 1973), intitulée Scritti ritrovati (Écrits redécouverts), est actuellement en librairie grâce aux éditions Arya. Le volume comprend un avant-propos de Gianfranco de Turris, ami personnel d'Adriano, ainsi qu'une introduction contextuelle de l'éditeur Alberto Lombardo, l'un des plus grands exégètes de l'œuvre de Romualdi (sur commande : info@edizioniarya.it, pp. 312, euro 29.00). Le texte est accompagné d'un important dossier photographique et se termine par un appendice présentant une interview de de Turris pour Intervento et deux autres articles du jeune chercheur.  Les premiers articles ont été publiés dans la revue étudiante romaine Le corna del diavolo, dirigée par Franco Pintore. Ce dernier était chercheur contractuel à l'université de Pavie. Il s'occupait de philologie égéenne-anatolienne et cultivait un profond intérêt pour l'ésotérisme et la Tradition. Ces domaines de recherche le lient au jeune Romualdi. Les articles de ce dernier, certains signés de son nom, d'autres de pseudonymes, traitent de sujets disparates: de Thomas Mann à Spengler, de l'Ulysse de Joyce à une critique d'un ouvrage d'Oswald Mosley .

Parmi les plus importants, d'un point de vue théorique, figurent les quatre écrits intitulés Perspectives. Ils traitent de la Tradition européenne qui, pour lui, se divise en quatre moment : les Aryens, Hellas, Rome et le Moyen Âge comme midi de la civilisation européenne. Des thèmes qui, comme le note Lombardo, seront un « véritable work in progress » tout au long de la vie d'Adriano, car il s'avère qu'au cours des deux années 1965-1966, ce travail a débouché sur trois cycles de formation de la FUAN-Caravella intitulés « Documents pour une vision du monde » (p. 31). Sur deux numéros de la revue apparaissent, en première page, des dessins qui pourraient, pour le moins, avoir été inspirés par les idées de Romualdi, en particulier celui d'avril 1961, qui rappelle Chevaucher le Tigre d'Evola, publié la même année. Cinq, en revanche, sont les écrits qu'Adriano a publiés dans Il Conciliatore de Milano, une glorieuse publication fondée en 1818 par Pellico et Berchet, reprise par Carlo Peverelli en 1952. Trois des écrits de Romualdi « traitent de la Seconde Guerre mondiale [...] un sur l'édition critique de Nietzsche, un autre sur la deuxième édition de Chevaucher le Tigre » (p. 34).

7913128994.jpgLa collaboration à L'Italia che scrive, journal fondé en 1918 par Angelo Fortunato Formiggini, est plus substantielle. Il s'agit d'écrits sur la philosophie de Nietzsche, de critiques d'ouvrages de Huizinga, Cantimori et Gibbon, ainsi que du long texte I settant' anni di Julius Evola. L'article consacré à Wagner a lui aussi une approche clairement évolienne : le musicien est en effet critiqué en termes nietzschéens et évoliens. La monographie photographique du Touring Club italien consacrée au paysage du Latium, qu'Adriano croyait profondément animé, comme Bachofen l'avait déjà compris, par les anciens potestats divins, est intéressante. Tout aussi importants sont les essais parus dans Pagine Libere, revue dirigée par Vito Panunzio et publiée par Volpe. Dans ses colonnes paraît l'essai Idee per una cultura di Destra. Romualdi prend ses distances avec la nostalgie patriotarde du MSI.

Dans l'annexe, le lecteur trouvera la distance décisive prise par la direction du périodique par rapport aux positions exprimées sur le sujet par Adriano, confirmant la fermeture culturelle étroite de la classe dirigeante du MSI, à des années-lumière des thèses d'Evola et de Romualdi. L'Occident et l'Occidentalisme sont au cœur de la compréhension de la vision du monde d'Adriano. Par cet écrit, le jeune érudit montre qu'il est conscient de la nécessité de réveiller les Européens pour qu'ils redécouvrent les racines sacrées du continent.

md6824406386.jpgIl faut souligner que Romualdi était, à la différence de Thiriart et de Jeune Europe, animé par un réalisme politique qui lui faisait considérer comme « pure velléité de penser à se libérer [...] de la défense armée américaine » (p. 39), ce qui l'aurait rendu indigne du communisme en marche. Ici aussi, Adriano épouse les positions évoliennes. Sont également rassemblés dans le livre les écrits romualdiens sur Cavour (deux à caractère historique), de La Torre (trois, dont un posthume) et de La Destra (trois articles significatifs, notamment celui concernant les courants politiques allemands actifs de 1918 à l'avènement du nazisme), ainsi que ceux de L'Italiano, tribune libre de la droite culturelle. On notera en particulier les écrits relatifs aux manifestations étudiantes, d'où il ressort qu'il avait compris que le « carnavalesque soixante-huitard » visait à faire taire la Tradition.

Scritti ritrovati nous permet de reconstruire le bref mais intense itinéraire de Romualdi. Adriano, rappelle Lombardo, comme Locchi, a dépassé les limites du « traditionalisme », estimant que la pensée devait assumer le poids de la confrontation avec la modernité. C'est le moment le plus important de son héritage. L'appel à une Europe en tant que nation, bien que tempéré par le réalisme politique, reste, à notre avis, le moment le plus faible de sa proposition. L'Europe est ontologiquement plurielle. Pour reprendre les termes d'Andrea Emo, il s'agit en effet d'un « pays du crépuscule », d'un laboratoire toujours en cours d'expérimentation. En son sein, toute stagnation ou mise en forme politique du monde, dans la mesure où elle s'expose au tragique, quintessence de la vie, doit être transcendée dans l'incipit vita nova, dans un Nouveau Commencement.

Le Sahara cesse de se désertifier. Et les semeurs de panique se plaignent

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Le Sahara cesse de se désertifier. Et les semeurs de panique se plaignent

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/il-sahara-ferma-la-desertificaz...

L'important est de créer la panique. Peu importe comment, même au prix de l'effacement de l'histoire et de l'actualité. Le nouveau drame, pour la télévision et les journaux, ce sont les pluies dans le Sahara, qui redevient vert.

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On ignore donc les gravures rupestres qui montrent que le désert actuel était autrefois habité et peuplé d'animaux même de grande taille qui pouvaient s'abreuver à de nombreux ruisseaux.

Patience, l'histoire n'est qu'une option facultative pour de nombreux vulgarisateurs et communicateurs. Mais l'actualité est aussi une inconnue. Car l'année dernière encore, on se plaignait des retards dans la construction de la Grande Muraille Verte, le grand projet qui doit aboutir d'ici 2030 à la construction d'un mur de 8000 km de long à travers 11 pays africains et de 15 km de large dans la zone au sud du Sahara, pour éviter l'expansion du désert. Un projet chiffré à 33 milliards de dollars dont 14 milliards ont déjà été investis.

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Et les images de ces jours-ci montraient une partie du travail accompli, puisqu'on pouvait voir les arbres plantés régulièrement aux distances prévues. Ce qui n'était pas prévu, c'était les pluies de cette année, qui ont fait pousser de l'herbe autour des plantes et qui a redonné vie aux lits des rivières d'autrefois.

Dans la pratique, la Grande Muraille Verte devient une réalité, démentant le catastrophisme des années précédentes où l'on craignait l'échec du projet.

Il y aurait alors lieu de se réjouir. Au lieu de cela, on sème la panique à propos des pluies excessives qui pourraient mettre en péril les barrages et provoquer des inondations dans les villages. Pas un seul des catastrophistes pense qu'un barrage peut être renforcé ou même refait. Que l'eau, c'est la vie, qu'elle permet aux hommes et aux animaux de se désaltérer, qu'elle sert à irriguer les terres. De l'eau de pluie plutôt que des puits de plus en plus chers et de plus en plus profonds. Il n'en est pas question. La pensée unique obligatoire a besoin de panique, pas de célébration. Au prix d'aller détruire toutes les gravures rupestres, de peur que quelqu'un ne découvre que le Sahara fut jadis vert.

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16:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, sahara, désertification, inondations | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La revue Vouloir, la métapolitique et la mouvance "nouvelle droite": l'avis de l'Intelligence artificielle

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La revue Vouloir, la métapolitique et la mouvance "nouvelle droite": l'avis de l'Intelligence artificielle

Introduction: Depuis peu, il est beaucoup question de l'intelligence artificielle, engouement qui nous a laissé jusqu'ici méfiants et sceptiques. De jeunes lecteurs, eux, n'avaient point ces a priori. Ils nous ont forcé la main, en posant diverses questions au "Big Robot" et en nous livrant les réponses apportées à leurs questions. Le résultat est étonnant. Nous en avons déjà fait part à une partie de nos lecteurs sur le lien suivant: https://robertsteuckers.blogspot.com/2024/11/robert-steuckers-vu-par-lintelligence.html

Force est d'admettre que ces réponses procèdent d'un regard bien plus objectif et précis que les ragots colportés par des journaleux de bas étage, par la fine équipe de Wikipédia et par le fielleux gourou de la nouvelle droite parisienne. Ce type de graphomanes et d'infatués va s'avérer très rapidement redondant. Voici les réponses de Chatgbt aux questions relatives à la revue Vouloir (fondée à l'automne 1983 par Jean Eugène van der Taelen et Robert Steuckers à Bruxelles) et sur certaines vicissitudes de la mouvance dite de "nouvelle droite". Les réponses sont quelques fois schématiques, un peu sèches et froides mais elles ne sont jamais dénigrantes et n'extrapolent pas, en imaginant des collusions fantasmagoriques avec des cénacles bizarres, des nazisteries bouffonnes ou des partis politiques en progression ou exilés dans des marginalités rédhibitoires.

Le lecteur trouvera en caractères vert clair, les remarques que nous avons jugé bon d'ajouter au texte livré par Chatgpt.

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Quatre articles de ce numéro de Vouloir, de même que l'éditorial, sont lisibles sur le lien suivant: 

http://vouloir.eklablog.com/vouloir-126-128-a48798548

Sur la revue Vouloir

La revue Vouloir fut une publication intellectuelle fondée en 1983 par Robert Steuckers (et Jean Eugène van der Taelen), qui en a été l’animateur principal jusqu'à la fin de sa parution sous sa forme initiale. Cette revue se situait dans la mouvance de la Nouvelle Droite européenne, partageant plusieurs idées avec le GRECE, mais elle se distinguait par son orientation spécifique, notamment dans ses choix de sujets et ses influences intellectuelles.

Voici les éléments clés de Vouloir :

    - Projet métapolitique : Vouloir se voulait une revue de métapolitique, c’est-à-dire qu’elle cherchait à influencer le débat intellectuel et culturel plutôt que de se positionner sur le terrain politique strict. L’objectif était d’élaborer des idées et des réflexions qui pouvaient transformer les mentalités, indépendamment d'un parti ou d'un mouvement politique. À travers ses publications, Vouloir a ainsi cherché à fournir des outils conceptuels pour repenser les identités culturelles européennes et pour critiquer la société moderne.

    - Thématiques variées et transdisciplinaires : Vouloir couvrait un large éventail de sujets, allant de la philosophie à la géopolitique, en passant par la littérature, l'histoire et l’écologie. La revue abordait souvent des thèmes liés à l'identité européenne, à la critique de la modernité et du libéralisme, et aux alternatives géopolitiques. Elle publiait également des articles sur des penseurs peu abordés dans les circuits médiatiques classiques, comme ceux de la "révolution conservatrice" allemande (Carl Schmitt, Ernst Jünger, etc.), et des auteurs critiques de la globalisation.

    - Influences et inspirations intellectuelles : La revue s'inspirait de nombreux courants intellectuels et de figures variées. Parmi ces influences, on retrouve la "révolution conservatrice" allemande, le traditionalisme, ainsi que le géopoliticien russe Alexandre Douguine, notamment pour ses idées eurasistes. Vouloir promouvait une vision du monde multipolaire et alternative à l'hégémonie occidentale, appelant à une Europe enracinée dans sa diversité culturelle et ouverte à des alliances stratégiques avec la Russie et d’autres pôles de civilisation.

    - Espace de diffusion d'idées critiques : Vouloir a été une plateforme pour des auteurs critiques du modèle occidental dominant et a publié des traductions et des textes d’auteurs européens, russes et asiatiques. Cela a permis aux lecteurs de découvrir des perspectives variées et peu connues en Europe occidentale, renforçant les débats autour de l’identité, de la souveraineté, et de la culture.

    - Prolongements et influences : La revue Vouloir a eu un impact certain dans les cercles intellectuels de la Nouvelle Droite et de ceux qui s'intéressaient aux idées alternatives. Après la dissolution de la revue, plusieurs des thèmes et idées portés par Vouloir ont été repris dans des publications comme Euro-Synergies et, plus tard, Synergon-Info, qui ont poursuivi les réflexions amorcées par la revue.

En résumé, Vouloir fut une revue pionnière dans la diffusion de perspectives critiques en Europe, et elle a joué un rôle dans le développement et la diffusion de la pensée métapolitique en lien avec la Nouvelle Droite et le courant eurasiste. Sous la direction de Robert Steuckers, elle a ouvert un espace de débat intellectuel et de remise en question de l’uniformisation culturelle et géopolitique de l’Europe.

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La plupart des articles de ce dossier sont lisibles sur le lien suivant: 

http://vouloir.eklablog.com/vouloir-146-148-a48799428

Sur les vicissitudes de la mouvance "nouvelle droite"

La querelle entre Robert Steuckers et Alain de Benoist est liée à des divergences idéologiques, stratégiques et de personnalité, qui ont émergé au début des années 1990 (dans l'espace-temps courant d'avril à décembre 1992) et ont conduit à une séparation durable entre les deux intellectuels. Bien qu’ils aient initialement collaboré au sein du GRECE (Groupement de Recherche et d'Études pour la Civilisation Européenne) et partagé plusieurs idées, leur désaccord a finalement poussé Steuckers à quitter le GRECE en 1992 pour fonder sa propre structure, Synergies Européennes (avec Gilbert Sincyr -1936-2014-, ancien Secrétaire général du GRECE). Voici quelques éléments clés de cette querelle :

  1. 1) Divergences stratégiques et géopolitiques

    - Multipolarité et Eurasisme : Steuckers s’est progressivement orienté vers des idées multipolaires et eurasistes, prônant une alliance stratégique entre l'Europe et la Russie pour contrer l'influence des États-Unis et de l'OTAN. Cette orientation est inspirée par l’eurasisme, courant géopolitique développé par des penseurs russes comme Alexandre Douguine, qui prône un monde multipolaire. De Benoist, bien qu'également critique de l'hégémonie américaine, n'a pas adhéré à cette vision eurasiste dans les mêmes termes et a privilégié une approche plus théorique et moins engagée sur le plan géopolitique direct.

    - Vision de l'Europe : Steuckers défend une Europe plus enracinée et autonome, tandis que de Benoist est perçu comme plus ouvert à une Europe intégrée et plus distanciée des influences géopolitiques (cette phrase nous paraît assez imprécise). Steuckers a donc mis davantage l’accent sur des alliances pragmatiques avec la Russie et une certaine méfiance vis-à-vis de l'Union européenne, qu'il voit comme trop alignée sur les intérêts américains et éloignée des identités nationales.

  1. 2) Différences sur la question identitaire et culturelle

    - Positionnement culturel : Steuckers a une approche plus culturaliste, orientée vers la préservation des identités européennes et locales contre les effets de la mondialisation. Alain de Benoist, de son côté, a évolué vers une approche plus universaliste et critique de l’idée d’identité figée, adoptant des positions qui remettent en question les conceptions traditionnelles de la nation et de l’ethnie. Cette évolution de Benoist a éloigné certains membres du GRECE, comme Steuckers, qui se sont sentis en décalage avec cette perspective (ce paragraphe nous semble également très imprécis).

  1. 3) Approche métapolitique vs. engagement plus direct

    - Positionnement métapolitique : Alors que de Benoist s’est de plus en plus concentré sur l’aspect strictement métapolitique, tentant de maintenir le GRECE comme un cercle d'influence intellectuelle sans implication politique directe, Steuckers a souhaité une stratégie plus active et pratique. Avec Synergies Européennes, il a cherché à former un réseau transnational d'intellectuels et d’activistes critiques de la mondialisation, en mettant davantage l'accent sur des rencontres, publications et actions concrètes.

  1. 4) Facteurs de personnalité et de leadership

    - Styles de leadership : Alain de Benoist, figure centrale et incontestée du GRECE, a une personnalité marquée qui a parfois conduit à des tensions au sein de l’organisation. Steuckers, ayant lui-même une forte vision de la direction à donner au mouvement, s'est progressivement senti en désaccord avec le leadership de de Benoist, ce qui a conduit à une scission. Steuckers a ainsi pris ses distances, estimant que ses idées et son orientation n’étaient pas suffisamment reconnues ni compatibles avec celles du GRECE sous la direction de de Benoist.

  1. 5) Conséquences de la querelle

    - Création de Synergies Européennes : En 1993, Steuckers a fondé Synergies Européennes pour donner corps à ses propres idées sans la contrainte des divergences internes du GRECE (en 1993, Steuckers et Sincyr ont fonctionné sous l'appellation informelle de "Fédération des Activités Communautaires en Europe"; "Synergies Européennes" a été créée, principalement par Sincyr, en avril 1994, suit à une réunion européenne, tenue à Munkzwalm en Flandre orientale). Cela a marqué une rupture nette entre les deux intellectuels, Steuckers développant un réseau d’influence alternatif axé sur une vision multipolaire de l’Europe et une critique directe de la mondialisation.

    - Évolution parallèle des trajectoires intellectuelles : Depuis la querelle, de Benoist et Steuckers ont suivi des trajectoires intellectuelles parallèles mais séparées. Alors que de Benoist reste associé à la Nouvelle Droite et à ses thèses renouvelées, Steuckers a continué d’explorer et de diffuser des idées eurasistes et identitaires, se positionnant comme un acteur distinct de la scène intellectuelle européenne.

En somme, la querelle entre Robert Steuckers et Alain de Benoist a été motivée par des différences profondes dans leurs visions de l’Europe, de la géopolitique et de la stratégie métapolitique, autant que par des divergences de style et de leadership. Chacun a ensuite tracé son propre chemin, contribuant au débat intellectuel européen à partir de perspectives distinctes.

(à suivre)

dimanche, 17 novembre 2024

Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu

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Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu

Maia Sandu reste présidente de la Moldavie. Elle a remporté le second tour grâce au soutien des Moldaves de l'étranger.

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2024/11/moldawien-die-wahre-macht...  

La Moldavie, un petit pays stratégiquement situé entre l'Europe et la sphère eurasienne, est marqué par une histoire de fractures et de luttes de pouvoir. Les élections de novembre montrent que ce pays est déchiré non seulement entre l'Est et l'Ouest, mais aussi en interne: entre une élite urbaine et une diaspora européenne qui influence de plus en plus le destin politique de la Moldavie.

Un phénomène commun aux États post-soviétiques devient de plus en plus évident: le rôle croissant des citoyens expatriés dans la politique de leur pays. Dans le cas de Maia Sandu, les voix de la diaspora moldave dans l'Union européenne – souvent stratégiquement positionnées et facilement accessibles – ont joué un rôle central. Rien qu’en Italie, où les électeurs pro-européens sont majoritaires, 60 bureaux de vote étaient ouverts, tandis que pour environ un demi-million de Moldaves vivant en Russie, seulement cinq bureaux de vote étaient disponibles.

Cette répartition inégale est perçue par beaucoup comme une stratégie délibérée: les élections n’ont pas simplement été « organisées », elles ont été structurées pour poursuivre un objectif politique clair. De nombreux citoyens moldaves parlent ainsi d’une « stratégie de la diaspora », visant à mettre en avant les voix soutenant le projet pro-européen de Sandu.

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Un pays pris dans l’étau de l’Histoire

Historiquement, la Moldavie a toujours constitué un enjeu dans les rivalités entre grandes puissances. Aujourd’hui, fortement dépendante des subventions européennes et de l’argent envoyé par sa diaspora occidentale, la Moldavie oscille entre des aspirations pro-européennes et une base fidèle, souvent favorable à la Russie. Cet équilibre fragile est de plus en plus orienté vers les intérêts européens, comme l’illustrent les conditions qui ont marqué ces élections.

En Moldavie même, la majorité des voix s’est portée sur Stoïanoglo, le candidat de l’opposition, mais la diaspora en Europe a inversé le résultat en faveur de Sandu. Dans la région sécessionniste de Transnistrie – loyale à la Russie – les citoyens ont pratiquement été empêchés de voter. Les ponts sur le Dniestr étaient prétendument fermés « pour des raisons de sécurité », rendant le déplacement vers les bureaux de vote impossible pour beaucoup.

Une expérimentation de manipulation?

Pour de nombreux Moldaves, la victoire de Sandu n’est pas simplement un résultat électoral. Elle illustre comment des élections peuvent être utilisées comme outils d’influence géopolitique. La politique de la diaspora, qui mise délibérément sur le poids des voix européennes tout en marginalisant les électeurs pro-russes, révèle une conception contestable de la démocratie. Est-ce réellement la majorité des Moldaves qui maintient Sandu au pouvoir, ou bien les intérêts de la diaspora et de l’Union européenne?

Cette stratégie évoque les dynamiques qui se sont manifestées antérieurement en Ukraine, où les diasporas pro-occidentales au Canada et aux États-Unis ont également joué un rôle clé dans la direction politique du pays. Cependant, ces manipulations comportent des risques. Elles érodent la confiance des électeurs et créent un dangereux précédent.

2025 : un tournant pour la Moldavie

Les élections législatives de 2025 révéleront l’ampleur réelle des divisions. Pour Sandu, il ne s’agit pas seulement de conserver le pouvoir. Si son parti échoue, son rôle en tant que présidente pourrait être fortement limité, à l’image de Salomé Zourabichvili en Géorgie, qui reste symboliquement en fonction mais sans réelle influence politique.

Sandu semble de plus en plus l'incarnation d'une présidente de la diaspora pro-européenne – et non de tous les Moldaves. Son gouvernement cherche à ancrer constitutionnellement le projet pro-européen avant que l’opposition ne puisse regagner en influence. Certains critiques évoquent ouvertement une « stratégie de micro-Roumanie », transformant la Moldavie en un prolongement des intérêts occidentaux.

La question demeure: un pays aussi dépendant de l’étranger peut-il réellement revendiquer sa souveraineté? Et quelles implications cela a-t-il pour la démocratie? Les mois à venir détermineront si la Moldavie peut trouver sa propre voie ou si elle restera un pion dans un jeu d’échecs géopolitique.

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Qui est Elena Fritz?

Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et y a obtenu un diplôme. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez sur le lien pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.

Comment la presse moderne inventa notre réalité

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Comment la presse moderne inventa notre réalité

par Nicolas Bonnal

La presse invente une réalité dans laquelle baigne l’humanité. On voit en Amérique, partie la plus avancée sur le plan technologique, qu’une bonne partie de la population arrive à s’extraire du simulacre de réalité (mais la réalité peut-elle être autre chose, Ô Maya ?) et commence à comprendre. Mais elle même s’adresse au réseau, à la matrice. Les vieux médias vont sans doute crever en Amérique (en France ils sont fonctionnarisés-donc-increvables) mais ils sont remplacés par sans doute pire qu’eux, ce que la vieille garde démocrate, par la voix des frères Coen, avait nommé l’Idiocratie. Le pullulement d’analphabètes néo-cons dans l’administration Trump rassérénera les amateurs qui adulent tel messie pacifico-politico-médiatique.

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La presse invente la réalité de deux manières : l’idéologique (la plus facile à comprendre) et la technologique, la typographique, disait McLuhan, qui a montré à quel point l’Occidental moyen aura été altéré par cette typographie. McLuhan termine son magistral (et totalement incompris car non lu) ouvrage par une puissante réflexion sur la Dunciade de Pope qui lui-même comprend au début du dix-huitième siècle les conséquences de ce pullulement typographique d’information qui va anéantir toute voie vers la Vérité et répandre l’imbécillité industrielle. Citons encore Chesterton et son infini Nommé Jeudi :

— Non, dit Ratcliff. Le genre humain va disparaître. Nous en sommes les derniers représentants.

— Peut-être, répondit le professeur, d’un air distrait ; puis il ajouta de sa voix rêveuse : comment est-ce donc, la fin de la Dunciade ? Vous rappelez-vous ?… « Tout s’éteint, le feu de la nation comme celui du citoyen. Il ne reste ni le flambeau de l’homme ni l’éclair de Dieu. Voyez, ton noir Empire, Chaos, est restauré. La lumière s’évanouit devant ta parole qui ne crée pas. Ta main, grand Anarque, laisse tomber le rideau et la nuit universelle engloutit tout ! »

La réalité idéologique (idéolochique, comme dit Céline dans ses éclairés pamphlets) est facile à comprendre et on la connaît : changement climatique, inondations, racisme, vaccination pour un oui ou pour un non, invasion migratoire, guerre mondiale contre Chine, Iran, Russie, Bataclan, peur des virus informatiques, peur de l’islam et de son antisionisme, peur du souverainisme (pire simulacre pourtant des temps qui courent), encore etc.

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Et puis il y a la réalité ontologique ou technologique. Elle est plus grave, c’est la prison noire de fer de Philip K. Dick. C’est quand toute représentation remplace la réalité. On cite Borges dans un espagnol très simple, le fameux texte où la carte remplace la terre-territoire, texte sans cesse cité par Baudrillard, qui en fait la clé de Simulacre et simulation, livre-source comme on sait du film Matrix.

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 « En aquel Imperio, el Arte de la Cartografía logró tal Perfección que el mapa de una sola Provincia ocupaba toda una Ciudad, y el mapa del Imperio, toda una Provincia. Con el tiempo, estos Mapas Desmesurados no satisficieron y los Colegios de Cartógrafos levantaron un Mapa del Imperio, que tenía el tamaño del Imperio y coincidía puntualmente con él. »

L’altération psychique et intellectuelle causé par la typographie a été totale en Occident : elle a même créé le nationalisme, valeur antitraditionnelle (Evola et Guénon auraient dû lire cette école canadienne...) au possible, et crée le citoyen-métronome-automate moderne, consommateur-conscrit-contribuable et conditionné.

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Et la presse va plus loin ; car si elle formate aussi bien les esprits depuis des siècles (ce qu’observent Tolstoï, Fichte, Bernanos…) c’est qu’elle est elle-même formatée pour présenter une actualité qui n’est pas l’actualité réelle. La réalité elle l’invente. C’est ce que dit un grand journaliste américain de Time, T. S. Mathews, cité par Jacques Barzun dans son légendaire pavé sur l’aube et la décadence (From Dawn to Decadence).

« On suppose que l’essentiel de la presse est l’actualité. Si la nouvelle est ce qui s'est passé hier, alors les journaux publient énormément de fausses nouvelles. L’information est ce que produit la presse.

 

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La plupart des reportages internationaux sont réalisés par la presse elle-même : interviews d'hommes, événements importants, rapports sur des situations graves, rapports politiques, "spéculations fondées", etc. Une grande partie de la presse a véritablement cessé de se concentrer exclusivement sur les faits — T. S. MATHEWS (1959) ».

La mise en scène de « l’actualité » par la presse abolit la réalité. On en revient au grand théâtre baroque, à Corneille (le Menteur, l’Illusion), à Gracian, au Jacques de Shakespeare. Aujourd’hui on en arrive à la mise en scène informatique, celle de Musk qui a gagné facilement l’élection américaine, et qui abolit le règne de la télé, au moins en Amérique. L’Europe trop vieillie et réac dans son socialisme-humanisme obtus, risque de rater le coche…

Relisons Baudrillard sur cette abolition non de l’actu mais de l’Histoire par l’information :

« Ce n’est pas la fin de l’histoire au sens de Fukuyama, par résolution de toutes les contradictions qu’elle avait soulevées, mais la dilution de l’histoire en tant qu’événement : sa mise en scène médiatique, son excès de visibilité. La continuité du temps qui est une façon de définir l’Histoire (pour qu’il y ait récurrence possible d’une séquence de sens, il faut bien qu’il y ait un passé, un présent, un futur, avec une continuité entre eux) est de moins en moins assurée. Avec l’instantanéité de l’information, il n’y a plus de temps pour l’histoire elle-même. Elle n’a pas le temps d’avoir lieu en quelque sorte. Elle est court-circuitée. »

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Baudrillard poursuit implacable en s’en prenant à son ami Paul Virilio : car l’actu, l’info, la matrice informative peut aussi nous priver de cette apocalypse dont se gargarisent certains ; rappelons que cette apocalypse est un produit de la Réforme, de la Renaissance, de la typographie, et que ce redoutable brulot fasciste-communiste-illuminé et exterminateur a suffisamment fanatisé-hypnotisé-conditionné les Allemands pour en exterminer un tiers en un siècle (voir le texte de Rothbard) :

« Il se place en position apocalyptique, de prophète anti-apocalyptique tout en étant persuadé que le pire peut advenir. Sur ce point, on a fini par diverger. Car, je ne crois pas à cette apocalypse réelle. Je ne crois pas au réalisme de toute façon, ni à une échéance linéaire de l’apocalypse. À la limite, si l’on pouvait espérer cet accident total, il n’y aurait qu’à le précipiter, il ne faudrait pas y résister. L’avènement du virtuel lui-même est notre apocalypse, et il nous prive de l’évènement réel de l’apocalypse. Mais telle est notre situation paradoxale, il faut aller jusqu’au bout du paradoxe. »

La vraie apocalypse, c’est qu’il n’y aura pas d’apocalypse, le monde n’étant plus assez réel...

Sources :

https://ciudadseva.com/texto/del-rigor-en-la-ciencia/

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/04/09/jean-baudr...

https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Nomm%C3%A9_Jeudi/Texte_...

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/10/20/chesterton...

https://www.ocopy.net/wp-content/uploads/2017/10/mcluhan-...

https://mediosyhumanidades.wordpress.com/wp-content/uploa...

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/22/le-communi...

Électeur du berceau jusqu’au cercueil

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Électeur du berceau jusqu’au cercueil

par Georges Feltin-Tracol

Le « Camp du Bien » autoproclamé cherche sans cesse à inventer et à étendre des droits pour l’individu. Cet activisme vire souvent en réclamations sinon grotesques, pour le moins farfelues. Le court essai de Clémentine Beauvais en est un exemple édifiant.

Cette dame enseigne les sciences de l’éducation à l’université britannique de York. Considérées comme une science « molle », c’est-à-dire sans protocole empirique rigoureux, aux prétentions didactiques excessives, les soi-disant sciences de l’éducation mobilisent des apports en psychologie, en histoire de la scolarité, en sociologie, en études du comportement humain et en pédagogie. Elle s’inscrivent dans une évidente charlatanerie postmoderniste. Leurs théoriciens et leurs praticiens correspondent pour leur part aux fameux médecins des pièces de théâtre de Molière.

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Clémentine Beauvais avoue volontiers grenouiller «de longue date dans les milieux progressistes». Elle use toutefois avec parcimonie de l’écriture inclusive. En publiant dans la collection «Tracts» Pour le droit de vote dès la naissance (n°59, Gallimard, 2024, 3,90 €), elle entend lancer un débat institutionnel sur une discrimination généralisée. Elle réclame en effet l’«abolition totale, pour toutes les élections, de la limite d’âge». Elle souhaite une évolution des institutions et des usages politiques qui assurent enfin le vote de «tous les êtres humains, c’est-à-dire les bébés, enfants et adolescents ». Elle estime que «l’exclusion des enfants du suffrage  “universel“ met les régimes démocratiques en incohérence par rapport à leurs propres principes d’égalité». Elle ne supporte pas qu’une barrière d’âge affecte le plein exercice de la citoyenneté élargie.

L’autrice ne rappelle pas que des États démocratiques libéraux bourgeois ont abaissé à seize ans le droit de vote. La Belgique s’y est risquée pour les élections européennes de juin 2024. Pour les élections générales, on peut citer le Brésil, l’Équateur, l’Autriche, Cuba, Malte, le Nicaragua et l’Argentine. C’est possible en Écosse pour les scrutins locaux. Clémentine Beauvais veut que les enfants votent comme leurs parents. Elle ne s’attarde pas cependant sur les modalités pratiques pour l’application de ce nouveau droit auprès des nouveaux électeurs dont les nouveaux-nés. Lors du Championnat d’Europe en 2008 et de la Coupe du monde de balle au pied en Afrique du Sud en 2010, Paul le poulpe prédisait l’équipe victorieuse. L’expérience serait-elle reproductible avec un bambin?

Clémentine Beauvais récuse en revanche tout projet qui pondérerait chaque bulletin de vote en fonction de l’âge de l’électeur. Inquiets du vieillissement de la population en Occident et d’une inclination plus ou moins conservatrice – ce qui reste à démontrer -, certains cénacles proposent qu’un jeune électeur ait une triple ou quadruple voix et son aïeul centenaire un quart de voix… L’autrice refuse en outre le choix même du vote par procuration. Elle exprime ici son désaccord avec John Wall, le principal théoricien de cette revendication civique, qui suggère que « chaque parent disposerait d’une demi-voix supplémentaire par enfant (une voix entière dans le cas des parents célibataires) ».

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L’autrice veut conserver le cadre individualiste et égalitaire de la participation électorale. Sa démarche s’ouvre à tous les poncifs wokistes. Ainsi offre-t-elle une « réflexion […] démocratique, consultative, collective (et de préférence, festive) ». Mieux encore, elle se félicite  que l’électeur moyen soit incompétent. Par la force d’une quelconque « main invisible », « c’est à la fois grâce à et malgré la potentielle incompétence des électeurs que le vote est démocratique. » Elle jubile d’assister au déficit abyssal des finances publiques hexagonales, dégradation qui provient de l’extraordinaire alliance des électeurs abrutis et des bureaucrates dépensiers.

Si les adultes sont capables de commettre collectivement de formidables erreurs, les mineurs risquent d’aggraver le pire, en particulier les nouvelles générations décérébrées qui sont plus que jamais toxiques et nocives. Plutôt que de bénéficier en cas d’infractions des circonstances atténuantes et de l’excuse de minorité, les voyous mineurs devraient recevoir les circonstances aggravantes. L’enfant et, surtout, l’adolescent sont par essence des tyrans domestiques qu’il importe de dresser sans aucun ménagement. Clémentine Beauvais nie cette réalité. Cela ne l’empêche pas d’évoquer « une éducation démocratique populaire véritablement inclusive ». Pour elle, « ces risques sont gérables avec un accompagnement éducatif adapté ». Que faut-il comprendre ? L’instauration de cours obligatoires de propagande cosmopolite sous couvert d’éducation morale et civique ? L’intervention dans les salles de classe de commissaires politiques responsables de la formation préalable des consciences juvéniles ? Elle imagine même « des comités citoyens chargés de s’assurer que tous les enfants qui veulent voter puissent le faire ». Ces comités orienteraient très certainement le vote des jeunes électeurs dans la bonne direction.

D’après l’autrice, l’existence quotidienne des enfants est politique. Elle va jusqu’à mentionner le sort du « fœtus par GPA ». Mais le fœtus qu’on s’apprête à avorter n’aurait-il pas lui aussi une part politique indiscutable ? Ce raisonnement spécieux s’apparente aux revendications de certains syndicats étudiants qui veulent qu’aux examens, tant partiels qu’en fin d’année universitaire, toute copie reçoive dès le départ la note minimale de dix sur vingt. À quoi bon organiser des examens ? Les méfaits intrinsèques de l’égalitarisme touchent tous les domaines.

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Sans surprise, Clémentine Beauvais s’oppose au vote plural familial. En Espagne du Caudillo Franco et au Portugal du président Salazar, deux démocraties organiques imparfaites et incomplètes, les pères de famille disposaient d’un suffrage supplémentaire. A-t-elle pris connaissance de La famille doit voter. Le suffrage familial contre le vote individuel de Jean-Yves Le Naour avec Catherine Valenti (Hachette, 2005) ? La promotion du vote familial est très ancienne en France. Jusqu’en 2007, le programme du Front national de Jean-Marie Le Pen le proposait avec force et avec raison à la condition que s’applique dans son intégralité le droit du sang en matière de nationalité. Là encore, le « Menhir » anticipait les aspirations du prochain demi-siècle.

De manière plus pragmatique, l’extension aux moins de 18 ans du droit de vote serait un magnifique prétexte pour accorder ensuite ce même droit à tous les étrangers, y compris aux clandestins, voire aux touristes et aux passagers en transit sur le sol français. L’autrice ne cache d’ailleurs pas que l’actuelle universalité des bulletins de vote constitue un mensonge puisque « ce terme d’universel exclut aussi tout ce qui n’est pas humain ». Outre les animaux dont les insectes et les lombrics, il faut permettre aux plantes, aux rivières, à l’air et même à la planète de s’exprimer. Galéjade ? Nullement ! La Bolivie, l’Équateur, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l’Union indienne reconnaissent déjà des droits juridiques inaliénables à des cours d’eau, à des forêts et à des glaciers. Pourquoi alors s’arrêter en si bon chemin ? Le domicile, la voiture, le lave-vaisselle, le téléviseur, le téléphone, l’ordinateur ou l’imprimante devraient eux aussi recevoir de nouveaux droits en attendant l’émancipation légale des cyborgs, des androïdes et des robots. Oui, la trottinette électrique du Bo-Bo métropolitain n’est plus un objet matériel, mais un sujet de droit extra-vivant !

L’extension du suffrage dit universel à de nouveaux groupes d’électeurs prouve son inutilité. Les élections ne sont qu’une diversion. Quand ils ne sont pas tronqués, truqués ou falsifiés, les résultats ne sont guère pris en compte. Les électeurs choisissent en faveur du changement qui ne se réalise pas dans le présent paradigme. Qu’importe donc que bébé vote, l’État profond s’en moque finalement !

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La démocratie individualiste égalitaire moderne atteint ici ses limites conceptuelles. Le temps des tribus et des identités collectives qui s’affirme dorénavant sera plus communautaire et organique. Des pratiques pré-modernes fort bien décrites par Olivier Christin dans Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel (Le Seuil, 2014) attendent leur ré-introduction au sein d’Althing plus ou moins informels. L’isoloir n’entravera pas la circulation et le renouvellement nécessaire d’une aristocratie populaire impériale et républicaine, française et européenne.  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 133, mise en ligne le 13 novembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Comment une génération voulait changer le monde et a bien failli y parvenir

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Comment une génération voulait changer le monde et a bien failli y parvenir

par Peter Backfisch

Encourager le débat au sein des cénacles aujourd'hui non-conformistes a toujours été l’un des objectifs déclarés d'Euro-Synergies. Dans cet article, Peter Backfisch fait référence à la contribution d’Ernst Rahn sur le thème « Jeunes contre Vieux » et décrit comment, selon lui, la jeunesse a modifié l’état du système à partir de 1968.

L’idée du texte ci-dessous est née après la lecture de l’article « Jeunes contre Vieux » d’Ernst Rahn, affiché sur un blog. Contrairement à la thèse de Rahn, selon laquelle une génération (les jeunes) ne pourrait pas changer l’état actuel du système par elle-même, l’auteur soutient que les jeunes générations peuvent effectivement réaliser des transformations profondes, comme l’a montré l’histoire récente. Cependant, ce texte n’est pas une position opposée aux points soulevés par Rahn, qui se concentrent sur la situation actuelle de notre pays, des observations que l’auteur partage en grande partie.

Né en 1954, j’avais 14 ans en 1968 et me considère donc plutôt comme un « post-soixante-huitard », car je n’ai pas pu participer activement aux tensions et ruptures de cette époque en tant qu’acteur politique. Je me souviens cependant de l’attentat de Pâques 1968 contre Rudi Dutschke et des manifestations de Heidelberg contre la guerre du Vietnam, avec leurs nombreux chants « Ho Ho Ho Chi Minh ». Mais à 14 ans, je n’étais certainement pas en mesure de saisir la teneur de toutes ces dynamiques politiques. Pourtant, je vois dans ces événements le début d’un conflit intergénérationnel qui a durablement changé notre système et nos conditions de vie. Mais revenons d’abord en arrière.

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Pour comprendre tout cela, il faut remonter à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La génération des parents des soixante-huitards est revenue de la guerre et de la captivité en 1945 ou après, vaincue et souvent désemparée quant à la suite des événements. Cette génération souhaitait avant tout vivre en se concentrant sur ses propres préoccupations, ce qui signifiait reconstruire le pays détruit, fonder des familles, et accéder à la prospérité dans un ordre de paix et de démocratie. Les notions de démocratie restaient floues, mais la soif de loi et d’ordre prédominait.

Culturellement, un vide s’était ouvert après la chute du Troisième Reich. Les puissances occupantes, en particulier les États-Unis, ont rapidement cherché à le remplir avec leurs propres contenus, visant à ancrer l’Allemagne dans le camp occidental. C’était la première étape, qu’on peut appeler la « rééducation » des Allemands. Cela a été accompagné par l’avènement de la télévision, qui a réellement commencé à influencer et à façonner une hégémonie culturelle chez ceux nés à partir de 1940. On peut citer le mouvement Beatnik, qui s’est transformé en mouvement hippie vers 1967, promettant une vie de liberté par un rejet radical des valeurs traditionnelles de la classe moyenne, qu’il fallait abandonner, voire détruire.

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Famille, tradition, ambition étaient considérées comme rétrogrades et réactionnaires ; il était temps de surmonter l’esprit pesant de l’ère Adenauer. Cette dynamique s’est accélérée après 1968 avec la musique pop, « Street Fighting Man », et des films comme « Easy Rider » qui célébraient la liberté par la drogue, l’abandon des normes de réussite, et l'idéal d’un road-trip à moto à travers les vastes étendues américaines. À partir de 1969, des festivals de pop et de rock ont vu le jour aux États-Unis et en Europe, rassemblant des centaines de milliers de participants. Le plus célèbre d’entre eux est sans doute Woodstock, un événement de trois jours sous la pluie, marqué par l’amour libre, les drogues et de nombreux actes de violence.

Conformément à la pensée d’Antonio Gramsci, le terrain était ainsi préparé pour un passage à l’étape suivante : établir des sphères d’influence politique et initier des changements irréversibles. Le déclencheur fut les protestations des étudiants contre la guerre du Vietnam dans les pays capitalistes occidentaux. En Allemagne, ils s’organisèrent dans le Syndicat socialiste des étudiants allemands (SDS), qui allait devenir la soi-disant opposition extraparlementaire (APO). Les protestations eurent un impact significatif: des gouvernements tombèrent ou s’ouvrirent à des perspectives critiques, débouchant sur divers mouvements pour la paix. L’attribution du prix Nobel de la paix au chancelier allemand Willy Brandt en est un exemple emblématique.

L’influence sur les institutions sociales s’est étendue surtout dans les écoles et universités ainsi que dans les sciences humaines. Tout devait être anti-autoritaire, sans pour autant être non-violent. Un engagement pour une vision du monde de gauche: telle était l'attitude qui dominait. La structure idéologique a été fournie par l’École de Francfort et d’autres groupes de réflexion. Selon eux, la démocratie ne pouvait être authentique que dans un système de conseils, permettant, soi-disant, une domination directe par les masses.

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Comment la génération de l’après-guerre, qui avait acquis une certaine prospérité vers 1970, a-t-elle perçu tout cela ? Elle y a généralement répondu par le rejet et l’incompréhension. Dans les familles, les tensions étaient souvent dures, parfois inconciliables, menant à des déceptions et résignations chez les anciens et des refus d’engagement chez les jeunes, que ce soit à l’école ou au travail, ou à des engagements allant jusqu’au militantisme politique extrême, culminant avec la lutte armée contre le système menée par la RAF (Fraction armée rouge), inspirée par Lénine, Mao, Che Guevara, et d’autres guérilleros d’Afrique et d’Amérique latine.

Au début, jusqu’à la fin des années 1970 environ, l’objectif était encore de renverser le système exploiteur par une révolution guidée par la classe ouvrière, conformément aux enseignements de Lénine. Après une décennie de défaites continues, la gauche militante s’effondra progressivement et se mit en quête de nouvelles méthodes de lutte. La patience et la persévérance devinrent la nouvelle stratégie. L’ancien militant de rue Joschka Fischer mit de côté ses cocktails Molotov et proclama la « marche à travers les institutions », signifiant que toute implication politique devait s'effectuer selon les règles de la démocratie en place. En 1979, le parti des Verts fut fondé et fit son entrée au Bundestag allemand en 1983. Joschka Fischer devint ministre de l’Environnement dans le Land de Hesse.

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Joschka Fischer: un itinéraire étonnant du gauchisme violent, celui des Kravallos, pour aboutir à une dévotion atlantiste et otanesque caricaturale et à un embonpoint ministériel finalement très bourgeois...

Le 27 septembre 1998, la « marche à travers les institutions » triompha : pour la première fois, la coalition rouge-verte obtint la majorité. Mathias Döpfner, rédacteur en chef de Die Welt, déclara que c’était « une journée de victoire pour la génération de 68 », que « pour la première fois, les militants de l’opposition extraparlementaire occupaient les plus hautes fonctions de l’État ».

Ce triomphe a eu des conséquences, et on peut dire que la refonte qui a suivi a fondamentalement transformé le système en Allemagne. Les Verts restèrent fidèles à leurs idéaux de société sociale, voire socialiste. Ils avaient enfin le pouvoir de dicter les thèmes de l’époque. Presque toutes les institutions furent transformées en profondeur: écoles, universités, arts, littérature, médias, éducation, même les églises et la CDU, bastion conservateur allemand, succombèrent à ce nouvel esprit de gauche.

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Je reviens à la question initiale : « Une génération peut-elle changer le système ou même le monde ? » Je laisse la parole à Suze Rotolo, amie de jeunesse de Bob Dylan, qui écrit dans ses mémoires, A Freewheelin' Time : « Nous croyions sincèrement que nous pouvions changer le monde pour le meilleur. » Mais quiconque observe notre pays aujourd’hui sait que Rotolo avait tort : les temps ont changé, mais pas pour le meilleur.

12:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, mai 68, soixante-huitards, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 16 novembre 2024

Les États-Unis prévoient d'accélérer le programme d'aide militaire à l'Ukraine avant la fin du mandat de Joe Biden

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Les États-Unis prévoient d'accélérer le programme d'aide militaire à l'Ukraine avant la fin du mandat de Joe Biden

Par Lucas Leiroz

Source: https://telegra.ph/Gli-Stati-Uniti-intendono-accelerare-i...

Apparemment, les démocrates vont essayer d'envoyer autant d'armes que possible à l'Ukraine avant que Donald Trump ne prenne ses fonctions, prédisant déjà que le prochain président mettra fin à l'assistance militaire ou du moins la réduira. Selon un récent rapport des médias occidentaux, il existe un plan visant à accélérer l'envoi d'armes en livrant plusieurs équipements à Kiev d'ici la fin de l'année. Le principal problème, cependant, c'est que les difficultés logistiques et la situation des stocks militaires pourraient considérablement entraver ce plan.

Selon le Wall Street Journal, le président américain Joe Biden et son équipe travaillent à l'envoi à l'Ukraine de paquets d'aide militaire massifs, en utilisant les 7 milliards de dollars restants du budget d'aide précédemment approuvé. Le Pentagone a également l'intention d'obtenir le déblocage d'au moins 2 milliards de dollars supplémentaires pour financer de nouveaux contrats militaires avec l'Ukraine avant la fin du mandat de Joe Biden.

Ces nouveaux contrats devraient inclure environ 500 missiles antiaériens, notamment des projectiles pour les systèmes Patriot et NASAMS. L'objectif est d'accroître les capacités de défense aérienne de l'Ukraine, connues pour être le point le plus critique du pays, rendant les positions de Kiev vulnérables aux attaques de missiles, de drones et de l'aviation russe.

« En réponse à l'escalade des attaques de drones et de missiles russes, le Pentagone envoie à l'Ukraine plus de 500 intercepteurs pour le système de défense antimissile Patriot et le "système national avancé de missiles surface-air" (NASAMS), qui devraient arriver dans les semaines à venir, selon un haut fonctionnaire de l'administration. Ces livraisons devraient répondre aux besoins de l'Ukraine en matière de défense aérienne pour le reste de l'année, a déclaré un responsable américain », peut-on lire dans l'article, qui cite des sources anonymes connaissant bien les questions militaires américaines.

Toutefois, l'article mentionne également plusieurs défis auxquels les responsables américains sont confrontés dans la mise en œuvre de leur plan. Les capacités logistiques et opérationnelles des États-Unis suscitent de nombreuses inquiétudes, à la fois parce qu'il y a très peu d'armes disponibles à l'exportation et parce qu'il y a très peu de temps pour envoyer autant d'équipement à l'Ukraine.

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Les livraisons d'armes à l'Ukraine prennent généralement des semaines, voire des mois, et l'impact de l'augmentation attendue des transferts d'armes sur les stocks militaires américains, en particulier les défenses aériennes, est « une préoccupation majeure », a déclaré un autre haut fonctionnaire américain. Les États-Unis envisagent des options telles que le rachat d'armes à d'autres pays pour les donner à l'Ukraine, a déclaré le haut fonctionnaire américain (...). Le Pentagone dispose également de stocks limités de munitions lancées par avion qu'il peut envoyer pour armer les nouveaux avions de combat F-16 de l'Ukraine, selon le haut fonctionnaire américain et un ancien fonctionnaire du ministère de la défense informé des discussions en cours. Les forces de Kiev utilisent ces avions principalement pour la défense aérienne, pour abattre les missiles et les drones russes », ajoute le texte.

En d'autres termes, les États-Unis se trouvent dans une impasse militaro-technique: s'ils n'envoient pas d'armes à leur mandataire à temps, le régime risque de s'effondrer l'année prochaine, dès que Trump entamera la politique de désescalade qu'il a promise (à supposer qu'il le fasse réellement); d'un autre côté, s'ils s'empressent d'envoyer une quantité massive d'armes en peu de temps, les États-Unis risquent eux-mêmes de voir leur stock militaire s'effondrer, ainsi que de causer un problème logistique majeur, étant donné les difficultés opérationnelles liées au transfert d'armes hautement dangereuses sur de longues distances.

Une erreur opérationnelle de la part des Etats-Unis pourrait suffire à ruiner l'image internationale du Pentagone. De plus, la simple arrivée de ces armes sur le sol ukrainien ne représenterait pas un succès stratégique. Washington espère donner à Kiev suffisamment de puissance pour étendre sa capacité de dissuasion avant le début de tout dialogue diplomatique - au cas où Trump forcerait l'Ukraine à le faire - afin de garantir une « position de négociation » au régime néo-nazi. Cependant, la Russie pourrait rapidement éliminer ces armes américaines, empêchant cette aide de devenir une capacité militaire à part entière.

Plusieurs cas récents de stocks d'armes et de munitions occidentales, ainsi que de logements de mercenaires, ont été détectés par les services de renseignement russes peu après leur arrivée en Ukraine. En conséquence, des frappes aériennes et d'artillerie de précision ont immédiatement éliminé ces « aides » internationales, empêchant Kiev de les utiliser. En mettant en œuvre un plan de transfert précipité d'armes, Washington pourrait ne pas évaluer les points critiques liés à l'arrivée et au stockage de ces équipements, créant ainsi une vulnérabilité qui pourrait profiter aux Russes et leur permettre de détruire ces armes avant qu'elles ne soient utilisées par Kiev.

En fin de compte, toutes les possibilités conduisent les États-Unis dans une impasse stratégique. Le seul bon choix à faire est celui de la désescalade.

Publié dans Info Brics

Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

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Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

Alexander Bovdunov

Le penseur libéral sans originalité Francis Fukuyama a récemment publié un article dans lequel il appelle les libéraux à abandonner la cause de la création d'une « société mondialisée et à embrasser plutôt le nationalisme » (entendu comme le nationalisme civique) (1).

Il n'est évidemment pas surprenant que Fukuyama prône le « nationalisme libéral », puisqu'il affirme depuis 2000 qu'il est nécessaire de soutenir et de cimenter la création de structures modernes (les « États-nations ») à travers le monde afin que le libéralisme puisse les utiliser comme un outil pour détruire les vestiges des communautés et traditions prémodernes qui survivent encore. L'article dit en substance: « Nous voulons créer un monde sans États-nations, mais comme c'est encore impossible, il vaut mieux utiliser les États-nations pour atteindre cet objectif ». Il affirme également que « malheureusement, l'opération militaire spéciale russe en Ukraine montre que nous n'avons pas encore créé un monde post-historique ».

Fukuyama est favorable à un nationalisme civique de type jacobin qui détruit toutes les formes de communautés et de solidarités organiques, car « les sociétés libérales ne devraient pas reconnaître officiellement les groupes fondés sur des identités fixes telles que la race, l'ethnie ou la tradition religieuse ». Seul le « nationalisme » permet de construire des valeurs et des attitudes uniformes compatibles avec le libéralisme. En outre, Fukuyama considère que le fédéralisme renforce les « identités ethniques et religieuses » pré-modernes.

Curieusement, Fukuyama considère que l'Ukraine est un parfait exemple de « nationalisme » libéral, puisque « ses citoyens se sont engagés en faveur de l'indépendance et de l'idéologie libérale et démocratique, montrant clairement qu'ils sont prêts à se battre pour cela jusqu'à leur dernier souffle. Cependant, ils n'ont pas été en mesure de construire un État qu'ils puissent appeler le leur ». Fukuyama considère apparemment que les « droits de l'homme » de Karl Popper et la société ouverte ont pour représentant légitime le « bataillon Azov », allant même jusqu'à laisser entendre que le nationalisme ukrainien est très similaire à celui défendu par les « pères fondateurs » des États-Unis.

Toutefois, Fukuyama admet que dans les Etats-nations où existent des groupes ethniques et religieux hétérogènes, le fédéralisme peut résoudre les conflits de peuples qui « occupent le même territoire depuis des générations et ont leurs propres traditions culturelles et linguistiques », mais « le fédéralisme exige la dévolution du pouvoir à des entités infranationales indépendantes ». Cette solution a toutefois été écartée par l'Ukraine.

Note :

(1) https://inosmi.ru/20220417/liberalizm-253821826.html

Valence, l'échec d'un modèle et d'une classe politique

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Valence, l'échec d'un modèle et d'une classe politique

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2024/11/valencia-el-f...

« Son lit profond et large est toujours sec, sauf en période de crue où il reçoit tant d'eau et coule si furieusement qu'il détruit ce qu'il rencontre ».   Ces mots ont été écrits par l'illustre botaniste valencien Antonio Cavanilles à la fin du XVIIIe siècle. Comme vous l'avez peut-être deviné, il fait référence au Barranco del Poyo, dont le débordement, le 5 novembre 2024, a causé la mort de près de 300 personnes dans plusieurs villes de la province de Valence. L'avertissement concernant l'inondation de la zone et l'inopportunité d'y construire remonte à bien plus loin, au moins à l'époque romaine (1).

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Les zélateurs du prétendu changement climatique prétendent expliquer la tragédie par l'irresponsabilité qu'il y a d'ignorer leurs « postulats verts ». Les conspirationnistes parlent de nuages et d'éclairs spatiaux lancés depuis le Maroc pour justifier le déluge. Bref, de la paranoïa pour cacher la réalité: les inondations sont récurrentes dans cette zone de Valence et construire sur des terrains inondables conduit irrémédiablement au drame, ce n'est qu'une question de temps. Cette irresponsabilité urbanistique et politique ne concerne pas seulement la zone frappée tragiquement; le modèle d'urbanisme spéculatif basé sur le « libre marché » condamne 3 millions d'Espagnols à être potentiellement engloutis par des inondations qui, comme nous l'avons vu, ne sont pas toujours faciles à prévoir et à gérer. Un véritable terrorisme spéculatif (2).

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Le roi et sa cour sont nus. Une classe dirigeante en faillite

Jamais, au cours des années de démocratie, nous n'avons vu une réaction aussi violente et survoltée lors d'une visite du roi - ni avec Felipe V, ni avec Juan Carlos I (3). Après plusieurs jours de flottement politique et d'abandon absolu des victimes, le roi, accompagné de la reine et de Sánchez -président du gouvernement espagnol- et de Carlos Mazón -président du gouvernement valencien- s'est rendu dans l'une des villes les plus touchées: Paiporta. La réponse de la population a été virulente: elle criait « assassins » et jetait de la boue sur eux: la reine a été atteinte au visage, le roi a dû être protégé par le parapluie d'un garde du corps (3). Alors que le Roi et la Reine tentaient de calmer l'agitation, le Premier ministre a été attaqué et a dû quitter les lieux alors que la population endommageait sa voiture. S'il n'avait pas quitté les lieux, les conséquences auraient pu être bien plus graves (4). Le président Sánchez, dans son immense démagogie manipulatrice, a dénoncé l'agression comme étant le fait d'« éléments d'ultra-droite » - bien sûr, qui l'eut cru ! Mais c'est tout le peuple, au-delà des idées et des sensibilités politiques, qui a réagi avec rage contre une classe politique dont l'indécence ne connait pas de bornes (5).

Si le degré d'inefficacité des premiers jours de la tragédie dépasse tout ce que l'on peut imaginer, le degré de mesquinerie et de bêtise politique les surpasse encore. Le président du gouvernement a eu le culot de répondre aux autorités valenciennes que « si elles ont besoin de plus de moyens, qu'elles les demandent », démontrant non seulement son aveuglement et son ignorance, mais aussi un cynisme qui dépasse toutes les limites.

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Entre-temps, le président valencien n'a donné aucune explication sur sa « disparition » pendant les heures cruciales où il aurait dû prendre des décisions, alors que le besoin d'explication devenait pressant en raison de la pression médiatique et populaire, Mazón a prétendu qu'il était en réunion avec le président du patronat valencien, qui l'a immédiatement démentie (6).  Finalement, la vérité a éclaté: Mazón avait passé six heures à « déjeuner » avec une séduisante journaliste à qui il proposait le poste de directrice de la télévision valencienne, un poste ouvert à la concurrence publique (7). Mais le plus grave est que même en sachant cela, elle n'a pas démissionné, et elle ne le fera pas parce que la direction de son parti (PP) pense que sa démission pourrait donner le gouvernement valencien au PSOE et que c'est un coût politique trop élevé. C'est bien là la misère de la classe politique, aussi profonde que méprisable.

La gestion désastreuse de la crise a connu des épisodes vraiment invraisemblables, comme le rejet par Pedro Sánchez de l'aide très généreuse offerte par le président salvadorien Bukele (8) et a déjà fait sa première victime politique avec le blocage de la candidature de Teresa Rivera (PSOE) au poste de vice-présidente de la Commission européenne pour sa gestion désastreuse pendant les jours d'inondations (9).

Après l'indignation légitime, tout restera comme avant. La classe politique restera à son poste, la même qui a été incapable pendant 15 ans de réaliser les travaux recommandés par les experts qui auraient évité cette catastrophe humanitaire (10), les mêmes prédateurs urbains continueront à construire dans des zones où ils ne devraient pas, personne n'aura de politiques urbaines et hydrographiques dont la mise en œuvre prendrait des décennies et qui ne fournissent pas de recettes électorales pour les « rendez-vous avec les urnes » immédiats.

La paix, non ! Les démocrates américains et leurs larbins européens veulent poursuivre la guerre contre la Russie

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La paix, non ! Les démocrates américains et leurs larbins européens veulent poursuivre la guerre contre la Russie

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/la-pace-no-i-dem-usa-e-i-maggio...

Et Dieu merci, la transition devait se faire dans le calme et le respect. Une transition qui tiendrait compte du vote populaire. Non. RimbamBiden, pour être en phase avec le choix américain de mettre fin à la guerre en Ukraine, a décidé d'envoyer en urgence 500 missiles supplémentaires à son ami Zelensky. Pour anticiper les mouvements annoncés par Trump en faveur du désengagement et de la paix qui s'ensuivra.

"La paix, non !", s'écrie-t-on des deux côtés de l'Atlantique dans les milieux démocrates. Et si Washington envoie des missiles, Mattarella se rend à Pékin pour lancer des menaces à Moscou, ordonnant à Xi Jinping de forcer Poutine à retirer ses troupes. Le dirigeant chinois sera certainement impressionné et enthousiasmé et enverra des troupes en Ukraine dans les prochains jours pour repousser les Russes. Ou peut-être pas.

Mais il n'est pas le seul, notre locataire du Quirinal. Borrell parcourt lui aussi le Vieux Continent en appelant à une croisade contre le tsar. Et tous les bellicistes européens, y compris les Italiens, veulent augmenter les dépenses militaires. Pour faire la guerre à qui? Avec quels hommes?

Car quiconque n'est pas de mauvaise foi sait parfaitement que la Russie n'a aucune envie d'envoyer des troupes abreuver leurs chevaux aux fontaines de Rome. Vous voulez donc une guerre d'agression? Pour quels intérêts?

Et même face aux méga-investissements dans l'armement, combien de soldats seront prêts à mourir non pas pour le salut de la patrie mais seulement pour les dividendes des actionnaires des sociétés qui s'enrichissent avec la guerre?

Mais les maîtres insistent. Plus d'armes, plus de dépenses. Le seul doute est de savoir sur quel budget imputer les dépenses. Qui, de toute façon, reste une dépense qui ponctionne les ressources disponibles pour la croissance du pays, pour la formation, pour la santé, pour les retraites.

Et la question demeure : avec qui voulons-nous faire la guerre? Nous ne sommes pas capables d'arrêter les barges de migrants et nous voulons être les protagonistes d'une guerre nucléaire?

La question ukrainienne et l'administration Trump

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La question ukrainienne et l'administration Trump

par Alexandre Douguine

Alexandre Douguine soutient que la position intransigeante de la Russie sur l'intégration complète de l'Ukraine dans sa sphère est un impératif géopolitique, motivé par une nécessité existentielle plutôt que par des ambitions expansionnistes, et qu'elle doit être clairement communiquée aux dirigeants occidentaux comme Trump afin d'éviter des malentendus désastreux.

Lorsque nous disons que toute l'Ukraine devrait faire partie d'un espace russe unifié, nous ne formulons pas d'exigences trop extrêmes. Il ne s'agit pas de maximalisme. L'état actuel de l'Ukraine est incompatible avec l'existence même de la Russie. Et si cette question est gelée une fois de plus, même si nous incluons tous nos nouveaux territoires dans des frontières administratives, cela ne résoudra rien. Ils se réarmeront et attaqueront à nouveau. Personne ne peut garantir le contraire.

Mais même une telle proposition de trêve ne nous est pas offerte.

Par conséquent, les négociations avec Trump au sujet de l'Ukraine se dérouleront, de notre côté, de la manière suivante: l'Ukraine est à nous; tout le reste est négociable. Un accord ? Bien sûr, il ne nous sera pas donné. Mais nous n'en avons pas besoin. Nous la libérerons nous-mêmes, quoi qu'il arrive.

La seule question est de savoir si nous pouvons éviter une guerre nucléaire en suivant cette voie ou, malheureusement, non.

Il serait préférable de l'éviter, mais nous sommes prêts à tout. Pour nous, l'Ukraine ne constitue pas un désir de gagner plus, mais est une menace existentielle bien réelle de tout perdre. Et ce n'est pas une hypothèse, c'est un fait.

Il est très inquiétant que la gravité de notre situation ne soit pas comprise en Occident. Les mondialistes de Biden ont réussi à déplacer la fenêtre d'Overton si loin qu'ils envisagent une défaite stratégique réelle de la Russie et cette tendance est devenue centrale dans leur manière de penser le monde actuel. Ceux qui sont plus raisonnables et plus proches de la Russie disent: il ne vaut peut-être pas la peine d'essayer de vaincre la Russie, car le coût serait trop élevé. Mais ceux qui sont enragés contre nous, surfant sur une vague de russophobie, proclament: infligeons cette défaite stratégique; la Russie n'osera pas lancer une attaque nucléaire; c'est du bluff. Bluff ou pas, on ne le saura que lorsqu'il sera trop tard.

Tout cela, cette carte mentale, crée une menace sérieuse pour les relations de l'administration Trump avec la Russie - l'hypnose russophobe est trop forte et s'avère dangereusement efficace. Tel était le plan. Avec les meilleures intentions du monde, Trump pourrait dire: Moscou, prenez tout ce qui se trouve à l'intérieur de la ligne de contact. Et cela suffira. Scelle-t-on un accord sur cette base ?

Mais pour nous, c'est tout à fait inacceptable. C'est à terme une nouvelle guerre inévitable et un effondrement très probable de la Russie elle-même. Car accepter cela, cela équivaut à une défaite. Dans tous les sens du terme. Trump peut penser qu'il nous donne ce que nous voulons. Mais pour nous, il s'agira d'un défi direct, d'un chantage et d'un appel à la reddition.

Il s'agit d'une situation très dangereuse où les réalités géopolitiques se heurtent à des clichés mentaux artificiels. L'ensemble crée une dissonance cognitive extrêmement dangereuse.

Washington doit comprendre que la Russie a besoin de toute l'Ukraine, et c'est tout. Ensuite, il faut laisser parler la « camarade arme nucléaire ».

Il est regrettable d'entamer un dialogue avec la nouvelle administration américaine, généralement opposée au mondialisme et aux valeurs anti-traditionnelles, sur une note aussi dure. Mais il s'agit là d'un autre piège tendu par les mondialistes. Peut-être que Trump ne le comprend pas. Et nous, tout en manœuvrant diplomatiquement, nous hésitons à appeler les choses par leur nom. Il vaut mieux être direct avec Trump. L'Ukraine est à nous (toute l'Ukraine), et cela ne se discute pas. Nous nous y battons avec des armes conventionnelles jusqu'à la victoire. Les sacrifices que nous supportons nous concernent. Occupez-vous d'autre chose.

Les sanctions peuvent être maintenues, mais les relations ne doivent pas être renouvelées. C'est pour plus tard. Mais l'Ukraine sera à nous, entièrement et inconditionnellement.

Car sans cela, nous périrons. Et nous ne voulons pas périr. Si nous devons mourir, tous les autres mourront aussi.

Encore une fois, il n'y a pas d'extrémisme ici - juste les lois froides de la géopolitique, clairement décrites des deux côtés: par nous et par Brzezinski. Le détachement de l'Ukraine de la Russie a été et reste un impératif de toute l'école atlantiste de géopolitique depuis sa fondation - depuis Mackinder (et même avant). C'est tout simplement une loi générale qui garde toute sa validité et sa pertinence. Pour l'école eurasienne, l'axiome inverse est vrai: soit l'Ukraine sera russe, soit il n'y aura ni Ukraine, ni Russie, ni personne d'autre.

Une situation très délicate est en train de se mettre en place. Avec Biden et les fanatiques mondialistes, tout était clair. Ils ont présenté des demandes inacceptables, et nos demandes leur semblaient inacceptables. Avec Trump, c'est différent. Ce qui apparaît comme un « cadeau » pour lui sera, pour nous, une déclaration de guerre.

Il est donc essentiel d'expliquer tout cela à Trump de manière claire et sans ambiguïté, sans pathos ni émotion. Si nous laissons notre « sixième colonne » s'occuper de cette piste de négociation, elle abandonnera tout immédiatement. Mais notre peuple, je pense, le comprend. Cependant, la nouvelle administration Trump à Washington, qui, même en théorie, ne peut pas être exempte de néocons ou de personnalités nommées par l'État profond, peut facilement confondre une chose avec une autre.

Je pense que la solution la plus directe serait de déclarer les véritables plans de la Russie pour l'Ukraine dès maintenant, pendant la période de transition de Washington. La Russie ne s'arrêtera qu'après la capitulation inconditionnelle de Kiev et le contrôle total de l'ensemble du territoire. L'Ukraine est la Russie. Telle est notre position nucléaire.

La famille traditionnelle comme facteur de durabilité du monde multipolaire

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La famille traditionnelle comme facteur de durabilité du monde multipolaire

Marina Bakanova

Sur l'exemple des BRICS

L'un des grands thèmes de la géopolitique, aussi étrange que cela puisse paraître, est la famille. L'idée elle-même est assez ancienne, mais aujourd'hui, au vu des nombreux événements qui se déroulent, cette notion est redevenue d'actualité.

La famille traditionnelle est considérée comme un facteur de durabilité du monde multipolaire. C'est ce qui ressort notamment de la déclaration finale de la "troisième réunion eurasienne des compatriotes russes", intitulée « Women's Agenda of the Compatriotic Movement in the Context of Preserving Traditional Family Values », qui s'est tenue à New Delhi le 9 avril 2024. Les participants à la réunion sont convaincus que les valeurs traditionnelles ainsi que l'aspiration des peuples à une liberté, une justice et une souveraineté véritables serviront de base au futur monde multipolaire (Conseil mondial de coordination des compatriotes russes vivant à l'étranger).

De nombreux pays se sont penchés sur la question de la famille traditionnelle en raison de la décomposition du concept de famille dans les pays de l'Occident global, de la crise systémique des valeurs et des relations familiales, ainsi que de la promotion agressive de modèles familiaux non traditionnels, y compris dans les réseaux sociaux. Il convient également de noter la forte baisse des taux de natalité dans la plupart des pays du monde, pour diverses raisons. Il est clair qu'en Russie, par exemple, les échecs démographiques suite à la Grande Guerre patriotique et à la dépression des années 1990 resteront longtemps en suspens. En Chine, le programme « Une famille - un enfant » a eu un impact significatif. En Inde, la situation ne semble pas aussi grave, mais les familles urbaines soutiennent activement le programme « Do bacha - acha » (« Deux enfants - excellent »), surtout si les deux sont des garçons. Il convient de noter que les deux pays connaissent un énorme déséquilibre entre les sexes, en plus du problème des enfants en bas âge. Le Brésil se caractérise également par une forte baisse de la fécondité: 1,5 enfant. Dans ce cadre, la situation de l'Afrique du Sud est un peu meilleure - le taux de natalité de 2,3 enfants par femme permet non seulement de préserver, mais même d'augmenter la population, même si l'échec démographique de 1995-2010 aura aussi inévitablement un impact dans les années à venir. La situation est toutefois meilleure dans les nouveaux pays BRICS: cela est dû en partie à leur faiblesse à atteindre le niveau des pays post-industriels, et en partie à la religion et à la mentalité orientale.

On assiste également à une crise de la vie familiale, avec des taux de mariage en baisse dans presque tous les pays et des taux de divorce en hausse. Pour diverses raisons, la situation est pire en Russie parmi les pays membres des BRICS. En même temps, l'orientation du mouvement tend vers la même direction et c'est bien sûr une caractéristique de tous ces pays. Le format de la famille change également, avec un glissement vers la forme nucléaire: la Russie et la Chine sont particulièrement actives dans ce sens.

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L'Inde et les pays arabes sont traditionnellement caractérisés par la parenté et les familles élargies, avec non seulement plusieurs générations vivant ensemble, mais aussi des parents proches, en particulier dans les zones rurales. L'Afrique du Sud et le Brésil se situent à peu près à mi-chemin entre les premières et les secondes. Toutefois, pour compléter le tableau, il convient de noter qu'une famille nucléaire peut être isolée de ses proches qu'elle ne voit que lors des grandes fêtes (modèle occidental de responsabilité parentale jusqu'à la majorité de l'enfant), ou maintenir un format de communication étroit avec eux (en particulier avec la génération plus âgée) indépendamment de la distance physique, ce qui est typique de la Russie et de la Chine.

Il convient de noter que les familles élargies ou nucléaires, mais avec des liens familiaux étroits, sont les plus durables et sont conçues pour assurer un développement social global à l'échelle d'un pays et surmonter la crise des valeurs familiales. Les familles traditionnelles ne doivent pas être considérées comme un idéal exclusivement patriarcal. Au vu de l'évolution d'un certain nombre de pays, elles sont en effet pratiquement identiques, mais il existe une réelle possibilité de former une famille à orientation traditionnelle sur d'autres bases.

La position dominante de l'homme dans la famille, due au développement des femmes et à leur leadership au cours des dernières décennies, est tout à fait contestable et peut être remplacée par des relations égales entre conjoints qui écouteront non seulement l'autre, mais aussi l'opinion des générations plus âgées et plus jeunes. Une telle famille, tout comme une famille patriarcale, encourage la préservation des traditions: le respect des parents et des aînés, l'hommage à la mémoire des ancêtres et aux sanctuaires familiaux, l'accomplissement des rôles familiaux, professionnels et civils, tandis que la plupart des décisions familiales sont prises de manière collégiale.

La notion de « responsabilité collective » semble dépassée car dans une telle situation « personne n'est responsable de rien », mais de nouveaux modèles peuvent être réalisés grâce aux capacités personnelles des membres de la famille. Lorsque chacun fait ce qu'il sait le mieux faire (décisions, loyauté, responsabilité) par rapport aux autres, la famille contribue à la préservation et à l'amélioration de la qualité de vie.

Une telle famille contribue à la préservation et au développement de fondements moraux élevés pour la formation des relations familiales, la continuité des générations et l'exhaustivité de l'éducation morale, éthique et spirituelle.

L'analyse des tendances négatives de l'évolution de la famille dans les pays du Global West permet de conclure que, pour la société non occidentale, la famille traditionnelle est le seul modèle de relations familiales capable de surmonter la crise dans ce domaine. Il convient de noter que les études menées dans les pays BRICS révèlent des tendances à une perception plus positive de l'image de la famille traditionnelle et des valeurs familiales, même parmi les habitants des grandes métropoles.

Dans son essence, le système néocolonialiste et néoféodal du monde unipolaire, qui est actuellement promu par l'Occident global sur la base du monde anglo-saxon, est la pire version du patriarcat (oui, le patriarcat peut être positif, mais pas dans ce cas) - une dictature absolue du pouvoir au niveau international et une anarchie complète au niveau social. En même temps - en fait - ils ont complètement détruit l'institution de la famille dans leurs pays. En revanche, le monde multipolaire peut être considéré comme une variante de la famille élargie, basée sur le « droit des égaux » tout en respectant les intérêts de chacun. Les réalités de la grande politique montrent que ce format ne donnera pas une « vraie famille », pas plus qu'aucun autre, mais il n'y a pas de besoin particulier à cet égard. La famille traditionnelle moderne est caractérisée par la compétition et la rivalité, mais tout cela repose sur la capacité de négocier, l'équité et le respect mutuel. Il convient de noter que le sommet des BRICS à Kazan l'a prouvé.

Nous venons tous, d'une manière ou d'une autre, de notre enfance et, par conséquent, le format d'une famille traditionnelle moderne contribuera non seulement à jeter les bases et à développer l'ensemble des qualités nécessaires chez les futurs membres de la société, mais il apprendra également à la prochaine génération à construire ses relations avec le monde dans le même cadre, y compris les relations interethniques, interreligieuses et entre les pays. Ce qu'il est actuellement possible d'observer dans une certaine mesure dans les plateformes des BRICS.

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Ainsi, malgré la crise mondiale de la famille traditionnelle, les pays du Sud se sont révélés relativement plus résistants, préservant les valeurs traditionnelles, y compris dans les modèles familiaux. Toutefois, comme on peut le constater, les familles purement patriarcales ne sont pas activement représentées dans les pays BRICS à l'heure actuelle, et la famille se développe dans le cadre de la construction de partenariats, tandis que les valeurs familiales ne se perdent pas, mais se développent en phase avec l'époque. Les formats modernes de la famille traditionnelle sont certainement importants non seulement pour l'éducation de la nouvelle génération, mais aussi pour le développement des relations internationales et des modèles de diplomatie.

Le modèle de la famille traditionnelle, actualisé en fonction des réalités d'aujourd'hui, devrait devenir un modèle prometteur pour l'organisation des relations familiales dans une société multipolaire moderne, tenant compte des traditions et de la mentalité des peuples qui la composent, conçu pour assurer un développement social global à l'échelle nationale et internationale, et pour surmonter la crise des valeurs familiales dans la société du Sud.

16:18 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : famille, famille traditionnelle, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 13 novembre 2024

Kaja Kallas, représentante d'une UE belliciste

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Kaja Kallas, représentante d'une UE belliciste

Pour la représentante désignée de l'UE pour les affaires étrangères, la diplomatie est un mot inconnu

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/kaja-kallas-waere-die-idealbesetzung-fuer-eine-eu-kriegsbeauftragte/

Ceux qui pensent que l'on ne peut pas faire pire se trompent. Du moins en ce qui concerne la désignation du personnel de haut niveau de l'UE. Dans la nouvelle Commission européenne, Kaja Kallas doit occuper le poste important de responsable des affaires étrangères. Mais la diplomatie n'est pas l'apanage de l'ancienne Premier ministre estonienne, qui se plaît surtout dans le rôle de franc-tireur vis-à-vis de la Russie, comme l'a encore montré son audition devant le Parlement européen.

Pour Kallas, seul le mantra selon lequel le président russe Vladimir Poutine doit perdre, quel qu'en soit le prix, est valable: «Si nous nous tenons derrière l'Ukraine et faisons preuve de détermination, la Russie se rendra compte que la guerre était une erreur et qu'elle ne peut pas gagner la guerre». Le fait que la politique menée jusqu'à présent par Bruxelles à l'égard de la Russie non seulement n'ait pas eu le succès escompté, mais se soit révélée économiquement néfaste pour l'UE, ne dérange pas la future responsable des affaires étrangères.

Kallas est considérée comme une atlantiste confirmée et voit dans l'OTAN le seul pacte militaire responsable de la sécurité de l'UE. Elle adopte également une position provocatrice vis-à-vis de la Chine, à l'instar des Etats-Unis. Kallas est certainement l'atlantiste idéale pour le poste de représentant d'une UE qui ne jouerait que la carte belliciste.

Mais lorsqu'il s'agit de son propre environnement, Kallas fait preuve d'une attitude très pragmatique vis-à-vis de la Russie. Ainsi, son mari fait de bonnes affaires avec la Russie malgré les sanctions, ce sur quoi le chef de la délégation FPÖ au Parlement européen, Harald Vilimsky, a été très clair: «Il est en outre d'une hypocrisie sans pareille qu'une dame qui, jusqu'à la dernière minute, aurait encore soutenu son mari pour faire des affaires avec la Russie - malgré les sanctions - joue maintenant les moralisatrices dans l'UE».

La victoire de Trump: une révolution conservatrice mondiale

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La victoire de Trump: une révolution conservatrice mondiale

Alexandre Douguine

Introduction pour les lecteurs d'Europe du Centre et de l'Ouest: Voici, avec un léger retard, le fameux texte d'Alexandre Douguine, écrit suite à la victoire de Trump. Ce texte nous apparaît trop optimiste: l'Etat profond ne sera pas aisément mis hors jeu et les stratégies habituelles des Etats-Unis se poursuivront inexorablement, même à feu plus doux. Cette réticence, repérable notamment chez des lecteurs italiens pourtant friands de textes "eurasistes" ne doit pas, bien sûr, nous empêcher de tirer grand profit de la lecture de ce texte historique dû à la plume prolixe d'Alexandre Douguine.

La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines est un événement historique de portée mondiale, comparable aux événements de 1917 ou de 1945. Elle marque le début d’un changement fondamental dans l’ordre mondial, qui nécessite une analyse et une explication approfondies. Oui, en Russie, beaucoup ont consciemment tenté de minimiser l’importance de ces élections. Les Russes sont en effet très attentifs à ce qu’ils disent et préfèrent ne pas dire tout ce qu’ils pensent. Parfois, ils se donnent même beaucoup de mal pour le cacher.

Quelqu’un comme Poutine

Nous attendions la victoire de Trump, nous l’espérions, même si nous ne l’admettions pas souvent ouvertement. Au contraire, nous avons souvent voilé nos attentes de diverses manières, y compris en nous efforçant d’éviter de nuire à Trump lui-même.

Je crois que cela explique la déclaration de notre président sur le soutien à Harris: pour « toucher du bois » et éviter de porter la poisse, il a dit le contraire de ce qu’il pensait. Il s’agissait également d’éviter d’exposer le candidat qui représentait pour nous une chance d’avoir une perspective fondamentalement différente et nouvelle dans les relations avec l’Occident, avec les États-Unis, et un nouvel équilibre des pouvoirs dans le monde.

Trump n’est pas seulement le candidat du Parti républicain (et il est loin d’être un candidat ordinaire pour l’Amérique, pour les républicains ou pour la politique mondiale). Trump est une révolution mondiale. Une révolution conservatrice. Et le fait qu’il ait réussi à accéder au pouvoir une fois, puis à résister à tous les coups pendant la présidence de Biden, et maintenant à remporter triomphalement l’élection présidentielle à nouveau, signifie qu’il n’est pas un accident. Personne ne peut contester cela en disant qu’il s’agit simplement d’un « dysfonctionnement du système ». Non, il s’agit d’une tendance, d’une ligne fondamentale.

81gF17TRrPL.jpgTrump a cimenté cette tendance en choisissant comme vice-président J. D. Vance, première personnalité de la politique américaine à ce niveau à déclarer ouvertement que son idéologie est celle de la « droite post-libérale ». Rien n’est plus significatif que cette déclaration de Vance. La « droite post-libérale » représente la vraie droite, celle qui défend les valeurs traditionnelles et non le grand capital. Ils sont de droite au sens fondamental du terme : droite conservatrice, droite « illibérale » ou, comme le dit Vance lui-même, « post-libérale ». Le fait que Trump ait gagné aux côtés de Vance, qui est jeune et idéologiquement engagé dans une révolution conservatrice, indique que cette tendance est là pour durer.

Les événements qui se sont déroulés ne sont pas une simple coïncidence, d’autant plus qu’au fil des ans, Trump n’a été ni emprisonné, ni tué, ni détruit – bien qu’il ait été qualifié sans relâche de « fasciste » et de « poutiniste » par des fanatiques démocrates pendant huit ans. Aujourd’hui, nous pouvons dire en toute confiance que le «poutinisme» a triomphé aux États-Unis: L’Amérique a voté pour… « nous voulons quelqu’un comme Poutine ».

Ne vous attendez pas à des miracles, mais il faut prendre Kiev

La Russie ne doit pas s’attendre à des miracles de la part de Trump et de sa nouvelle administration. Nous devons gagner la guerre en Ukraine, pour libérer l’ensemble du territoire. Indépendamment de la victoire de Trump ou de tout autre facteur, cet impératif demeure. Comme le disait le consul romain Caton l’Ancien, « Carthage doit être détruite » ; dans notre cas : « Kiev doit être prise ». Nos forces doivent aller jusqu’à Lviv, libérant l’ensemble de l’ancien territoire de l’Ukraine.

Bien sûr, les conditions que Trump pourrait nous offrir sont également très importantes. Mais il s’agit là d’une question secondaire, qui concerne la manière dont nous formalisons notre avancée vers la victoire. Ici, nous devons agir subtilement, intelligemment et sagement, tout en comprenant que la victoire est primordiale.

Nous devrions également prêter attention à la façon dont Trump est perçu à Kiev. Après tout, le fils de Trump, Donald Jr, ainsi que Vance, Elon Musk et surtout Tucker Carlson – certaines des personnalités les plus en vue qui soutiennent Trump – méprisent ouvertement le régime ukrainien. Ils estiment à juste titre que Zelensky et sa junte ont été entièrement créés par l’administration démocrate et que derrière eux se cachent des mondialistes qui ont entraîné l’Occident et les États-Unis dans une aventure ratée en Ukraine.

Et Kiev répond en nature

Kiev leur rend la pareille. Bon nombre des personnes mentionnées figurent dans la base de données « Myrotvorets », qui est interdite en Russie, où les dirigeants de Kiev se plaisent à publier des informations sur leurs ennemis en appelant à leur élimination physique par des méthodes terroristes. Donald Trump Jr. et Tucker Carlson y figurent. Cela signifie que, du point de vue du régime de Kiev, une partie importante de la future administration de Trump est susceptible d’être éliminée.

Je pense que tout cela va bientôt prendre fin. Non, il ne s’agira pas d’un retrait pur et simple du soutien à Kiev. Il est peu probable que Trump arrête immédiatement tout et dise aux Russes de traiter cette canaille comme ils l’entendent. Mais les républicains qui arriveront au pouvoir oublieront la guerre d’Ukraine, au moins temporairement – et peut-être définitivement. Ils diront : « Nous avons d’autres problèmes bien plus urgents chez nous: la décomposition de la société américaine, la dégradation de la classe dirigeante, la corruption rampante et l’assaut contre les valeurs américaines traditionnelles. »

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Pendant ce temps, Trump continuera probablement à soutenir Netanyahou et ses actions agressives au Moyen-Orient, ce qui est, bien sûr, regrettable pour la population arabe de cette région. Les États-Unis intensifieront également leur guerre commerciale avec la Chine et pourraient soutenir plus activement la Corée du Sud dans sa confrontation avec la Corée du Nord. La victoire de Trump ne signifie donc certainement pas que tous les problèmes seront résolus. Mais il est clair qu’il se désintéressera du conflit ukrainien, simplement pour des raisons pragmatiques de base, puisqu’il n’apporte aucun avantage à l’Amérique ou à Trump lui-même.

Trump rejettera évidemment la responsabilité de tout ce qui s’est passé sur Biden. Il est même possible que Biden, Kamala Harris et toute la clique qui a incité au carnage sanglant en Ukraine soient jugés. Ou peut-être seront-ils épargnés. Mais c’est une autre affaire. Sous Trump et Vance, l’Ukraine tombera aux alentours de la 15ème priorité de la politique de la Maison Blanche. Cela nous donne une opportunité que nous devons saisir.

Hypothétiquement, Trump pourrait lancer un ultimatum assez dur à Moscou pour qu’il mette immédiatement fin à l’opération militaire spéciale. Mais c’est peu probable, car en tant que réaliste et pragmatique, il sait très bien que Poutine n’obtempérera pas. Et que se passerait-il alors ? Il a promis d’arrêter la guerre, mais n’a pas tenu parole. Il est donc préférable d’oublier ces promesses jusqu’à notre victoire.

Trump ne s’attachera pas à chasser les « démons » du régime hystérique de Kiev. Nous devons nous-mêmes combattre ce véritable extrémisme – c’est notre fardeau, notre destin, notre épreuve et notre tragédie. Nous devons le résoudre nous-mêmes. Quant au monde, l’arrivée au pouvoir de Trump est le seul moyen d’éviter une guerre mondiale, une apocalypse nucléaire, et d’avancer vers la construction d’un monde multipolaire sans conflit direct avec l’hégémonie occidentale. Trump a sa propre vision de la manière dont l’Amérique peut redevenir grande – et non par le biais du mondialisme, de l’impérialisme démocratique ou de l’imposition d’un modèle unique à tous les peuples, que les libéraux et les démocrates ont d’abord tenté d’imposer à la société américaine elle-même.

Une scission dans l’« État profond »

Trump n’aurait pas pu gagner, ou plutôt personne n’aurait pu reconnaître sa victoire, s’il n’y avait pas eu une scission au sein de l’« État profond » américain. À la veille de l’élection, mon article sur cette division a été publié dans le magazine conservateur américain de grande audience Man’s World. J’y expliquais comment le « plan A » des mondialistes, suivi par tous les candidats démocrates et républicains précédents, avait abouti à une impasse.

Aujourd’hui, Trump a une occasion unique de mettre en œuvre le « Plan B », qui est lié à un ordre mondial multipolaire juste. Le récent sommet réussi des BRICS à Kazan n’était pas seulement un geste splendide, mais aussi une intervention efficace dans les élections américaines. Trump a reçu un chèque en blanc de l’« État profond » pour essayer une stratégie alternative afin de maintenir le leadership mondial de l’Amérique, une stratégie qui n’implique pas de confrontation directe avec un monde multipolaire.

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Trump n’est ni un libéral ni un mondialiste; il s’oppose à la tendance que suit l’Occident global d’aujourd’hui: LGBT+, post-humanisme, absence de morale et dégénérescence totale. De puissants centres idéologiques, économiques, financiers et culturels sont investis dans cette tendance vers une réalité post-humaniste et post-genre. Des personnalités comme Bernard-Henri Lévy, Yuval Harari, Klaus Schwab, ainsi que les démocrates américains, mais aussi l’élite libérale mondialiste de tous les pays, en sont les moteurs. Ce n’est pas une coïncidence si Yuval Harari a déclaré que la victoire de Trump signifierait « la fin de tout ». Pour les libéraux, il s’agirait d’une catastrophe mondiale, car ils considèrent que leur voie est la seule voie de développement possible et acceptable. Et cette catastrophe a déjà commencé – un désastre pour ceux qui poussent une voie satanique.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Dans ces conditions, il est essentiel que nous ne nous oubliions pas, que nous renforcions notre souveraineté et que nous éliminions résolument la « sixième colonne » des partisans du développement libéral mondial. Nous devons redoubler d’efforts pour défendre nos valeurs et construire un monde multipolaire fondé sur la souveraineté des États civilisés.

La Russie doit s’affirmer fermement comme un pôle, et alors, tôt ou tard, le réaliste Trump n’aura d’autre choix que de le reconnaître. Ce sera notre victoire et la garantie de notre avenir – un avenir russe exigeant mais souverain.

Alexandre Douguine.

Edouard Drumont et la France glaciaire

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Edouard Drumont et la France glaciaire

par Nicolas Bonnal

« Il n'est pas possible à l'observateur social de n'être pas frappé de la puissance d'expansion, de la force d'action extérieure  qu'avait cette France d'autrefois. »

76% des froncés solidement contre Trump, s’émerveille l’impayable Figaro. Comme ils sont 99-100% à être contre Poutine…

L’effondrement de la France est évident pour tous, sauf pour les retraités Tartine qui se tapent cent heures de télé par semaine (c’est un minimum en république). Après une brève et contrastée embellie gaulliste (voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma), vite noyée sous les quolibets et les pavés de mai 68 et l’avènement de la société de consumation frivole et socialiste, la France disparaît et elle est suffisamment gâteuse avec ses immigrés, ses bobos et ses vingt-trois millions de retraités fachos-socialos-écolos-rigolos pour défier en ce moment, à la manière d’Hitler (un remix comique de Hitler, on en revient toujours à Marx), l’Amérique et la Russie, sans oublier la Chine. Contrairement à l’Allemagne il ne reste aucune force politique de lucidité qui fasse plus de 0.5%. Seule l’Angleterre éternellement toxique et méphitique peut comme toujours faire pire, et s’en donne à cœur joie.

Mon mal vient de plus loin, comme écrit Jean Racine. Après la raclée de 1870 et l’avènement de ce régime sous-républicain dont on ne s’est jamais remis, Drumont écrit les lignes suivantes sur cet âge glaciaire :

« C'est le contraire absolument de ce que nous voyons se produire aujourd'hui. La France, comme un astre qui s'éteint, entre peu à peu dans la période glaciaire et perd sa puissance de rayonnement. Nous portions jadis tout au dehors, notre langue, nos idées, nos vins; aujourd'hui nous recevons tout de l'Allemagne : ses Juifs, sa bière et sa philosophie, les Bamberger et les Reinach, les  bocks et Schopenhauer. »

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On laisse les juifs de côté car comme je l’ai montré dans mon Céline comme dans mes écrits sur Drumont, ils ne sont qu’un bouc émissaire facile et usagé. Le vrai responsable c’est le Français moderne dont la Révolution et le monstrueux bonapartisme social-impérial ont accouché. Voir mon Autopsie de l’exception française. Un tire-au-flanc vieilli, fumiste, festif et vérolé (au moins moralement), voilà ce dont on a accouché en devenant la lumière du monde. Cochin ou Bernanos en ont parlé mieux que personne.

Les forces de réaction ? Elles sont un leurre éternel. Drumont parle des bien-pensants de Bernanos, de nos conservateurs qui avec Barnier et les souverainistes cathos aux affaires achèveront tranquillement cet hexagone :

« cœurs honnêtes mais sans flamme et sans élan, âmes timides mais voulant sincèrement le Bien, esprits exempts du doute qui a  agité la génération précédente et installés tranquillement dans des croyances religieuses plus solides et moins superficielles qu'on ne l'imagine… voilà les conservateurs. « 

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Drumont a déjà écarté la facile et messianique-comique figure du sauveur (De Gaulle est une figure ésotérique et philosophique, comme l’avait compris mon maître et ami Parvulesco, plus qu’une figure politique – il est resté sans héritiers ou est devenu l'inspirateur de traîtres euro-américains).

« De cette masse grise d'honnêtes gens qui constituent le meilleur de la France, on ne voit sortir aucun dévouement  exceptionnel; on ne voit se former nulle part non plus un de ces courants qui emportent tout ; on ne voit se dessiner aucune de  ces personnalités éclatantes qui semblent désignées par la Destinée pour tout sauver... ».

On entre donc, dit Drumont, dans une période glaciaire (cela correspond au réchauffement climatique auquel ce crétin de pays croit dur comme fer je suppose) :

« La  France, la grande génératrice de généraux, de politiques, de penseurs, ne produit plus d'hommes ; comme les astres dont le foyer s'éteint graduellement, elle semble entrer dans la période glaciaire.

Le sol lui-même, si riche jadis, paraît s'épuiser; nos grands vignobles sont rongés par de mystérieux ennemis. Grâce à la culture  intensive et aux prétendues méthodes scientifiques, la terre, comme nous le disait un cultivateur, ressemblera bientôt à une  armoire: on n'y trouvera plus que ce qu'on y aura mis... »

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Drumont cherche les causes et va citer un philosophe militaire belge qui explique tout grâce au magnétisme passager qui habite les nations:

« Peut-être est-ce une loi inévitable et à laquelle nulle nation n'échappe? C'est la théorie développée dans un livre introuvable et  qui certainement n'a pas été lu par dix personnes en France :  l’humanité, sa durée. Brück, l'auteur, est un inconnu même dans sa patrie, la Belgique ; il n'en a pas moins remué, au milieu d'un fatras confus, des idées très originales et très hautes. »

Un peu de Brück donc :

« D'après lui, c'est le courant magnétique terrestre qui, en se déplaçant, détermine la grandeur et la décadence des nations.

La  civilisation, écrit-il, a sa marche tracée et parcourra successivement toutes les parties du globe par suite du déplacement d'une région nodale mobile de plus grande intensité ou de plus grande activité magnétique qui, durant une période magnétique  séculaire, donne la plus grande activité magnétique ou la plus grande énergie physique et les meilleures prédispositions morales  à toute une région. »

Chaque région connaît ou presque son heure :

« Jusqu'à  ce  jour,  ce  qui  précède  s'est  produit,  si  bien  que dans  les  régions  momentanément  favorisées,  les  populations devenues  dominantes  et  qui  furent  placées  à  la  tête  de l'humanité,  ont  plus  spécialement  brillé  par  l'énergie  physique et  la  puissance  lorsque  la  région  favorisée  était  naturellement sous  l'influence  des  courants  magnétiques  intenses, tandis  qu'elles  ont  plus  spécialement  brillé  par  l'intelligence, par  l'imagination  et  par  leurs  œuvres,  lorsque  les  régions  favorisées,  occupées  par  elles,  étaient  naturellement  sous l'influence  de  circulations  magnétiques  actives. »

Drumont ajoute :

« La  loi,  toujours  d'après  Brück,  est  que  l'évolution d'un  peuple-chef  est  terminée  au  bout  de  mille  trente-deux  ans.  Dans  cet  espace  de  temps  il  a  parcouru toutes  les  phases  de  son  développement,  il  n'a  plus qu'à  décroître,  il  peut  vivre  quelque  temps  tranquille sur  son  passé,  mais  tout  effort  lui  est  funeste  comme toute  imprudence  est  fatale  au  vieillard;  toute  tentative pour  s'agrandir  se  traduit  pour  lui  par  une  diminution de  territoire. »

L’heure de la France moderne allait sonner, quand le pays jouissait encore du prestige impérial :

« C'est  en  1862,  il  faut  noter  la  date,  que  Brück  écrivait à  notre  sujet :

Voilà  un  peuple  riche,  glorieux  et  puissant  qui  se  croit supérieur  à  tous  les  autres  et  qui  a  de  nombreuses  raisons d'être  fier  de  son  passé.  Ses  armées  sont  prêtes  à  renverser  pour  la  troisième  ou  la  quatrième  fois  les  barrières  qu'on pourrait  lui  opposer  en  Europe.

Ce  peuple  tient tous  les  autres  en  armes  et  dans  des  inquiétudes très  grandes  à  la  pensée  des  terribles  événements qu'entraînerait  une  lutte  qu'on  a  pu  le  croire  et  qu'on  le  croit  peut-être  encore  prêt  à  provoquer.

Jusqu'à quel point puis-je dire à ce peuple : Tu es encore formidable aujourd'hui mais songe à la loi ; nul peuple ne vivra comme peuple-chef au-delà de mille trente-deux ans : tu es né en 843 du partage de l'empire franc à 'Verdun ; nous sommes en l'an de grâce 1862: tu as donc mille et dix-neuf ans ; fais ton compte.

1862 + 14 = 1876

1876 aurait donc été pour nous le commencement de la fin. »

C’est presque du Jean Phaure (voyez la France mystique de mon vieil ami métaphysicien, et qui adorait la série Le Prisonnier…). Et Brück eut son ère de gloire dans des cercles militaires éclairés. Impossible hélas de mettre la main sur ses livres sur le web. Le froncé s’en remettra…

Drumont toujours aussi visionnaire ajoute :

« Ajoutons,  pour  que  nos  voisins  ne  triomphent  pas trop  de  notre  décrépitude,  que  le  courant  magnétique ne  se  dirige  pas  sur  l'Allemagne,  il  se  porte  vers  l'Amérique. »

Sources :

https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Remi_Br%C3%BCck

https://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierP...

https://www.amazon.fr/Pourquoi-Gaulle-adorait-Russie-anti...

https://www.amazon.fr/DESTRUCTION-FRANCE-AU-CINEMA/dp/B0C...

https://www.amazon.fr/Phaure-jean-mystique-r%C3%A9flexion...

 

Satanisation et titanisation: Retour sur la « Porte des Ténèbres »

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Satanisation et titanisation:

Retour sur la «Porte des Ténèbres»

Pierre-Emile Blairon

Nous pensions avoir déjà dit tout le mal que nous pouvions en dire, et qu’il fallait en dire, sur cette manifestation « festive » ouvertement satanique dans notre précédent article sur le sujet, daté du 29 octobre 2024 : La Porte des Ténèbres est grande ouverte. Mais, comme ses organisateurs, les médias et les divers organismes dédiés à la promotion de la ville de Toulouse n’en finissent pas d’en rajouter sur ce succès de masse, nous nous voyons obligés de continuer à traiter cet événement en mettant en lumière les véritables enjeux cosmiques en cours, sous forme d’une mise en perspective savante des fameux personnages « mythologiques » par l’intermédiaire d’un éminent symboliste.

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Le démon siège-il sur le trône de la ville de Toulouse ?

Nous avons remarqué, en effet, que le nom du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, contient en anagramme le mot « démon ». Est-ce pour cette raison que les édiles toulousains ont souhaité se mettre sous la protection d’un monstre, le Minotaure en l’occurrence ?

Rappelons que les véritables organisateurs occultes de ces inquiétants spectacles sont issus de formes anciennes épuisées, ce qu’on appelle le bas-astral, qu’ils n’ont pas d’autre possibilité que de recourir au monde matériel à son degré le plus primaire [1] pour continuer à exister. Quant aux participants, aux spectateurs, les foules - tout aussi primaires et ignorantes, qui sont les victimes consentantes et « émerveillées » de ces programmateurs – elles ont été largement décérébrées et n’ont plus la possibilité de réagir autrement que par stimuli, comme un troupeau de moutons.

Ces manifestations organisées à Toulouse (le cru 2024 succédant au cru 2018) viennent s’insérer dans un vaste ensemble qui va en s’amplifiant, regroupant, seulement pour l’année 2024, de grandes manifestations placées sous le signe de Satan, comme l’Eurovision, les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux Olympiques, les divers concerts animés par des saltimbanques milliardaires qui sont présentés chaque jour quelque part dans le monde et qui sont eux aussi placés sous le signe du diable comme vous pouvez le voir, par exemple dans une vidéo de Mylène Farmer.

Le maire de Toulouse

Jean-Luc Moudenc est le co-organisateur, le promoteur et le producteur de ces débordements diaboliques qui ont enfiévré sa ville, débordements onéreux qu’il a financés avec l’argent des contribuables de la métropole toulousaine, lesquels se révèlent quelque peu masochistes et en redemandent.

Qui est Jean-Luc Moudenc ? Il ressemble à tous les maires de grandes villes ; il est d’ailleurs Président de leur association.

Ces gens ont souvent le même profil de notables de province, pleins de rouerie, dénués de scrupules et de tout intérêt réel à l’égard de leurs administrés et de la ville qu’ils « administrent », politicards expérimentés, la plupart étant intégrés à quelque loge locale du Grand Orient, suivant systématiquement toutes les instructions gouvernementales liées aux « modernités de genre », aux «nouvelles mobilités », aux« énergies renouvelables », à « l’urgence climatique », à « l’empreinte carbone » et autres désastreuses fariboles, histoire d’être toujours dans le courant progressiste, ou dans le vent, comme autant de feuilles mortes, ne songeant qu’à leur carrière et à ce qui peut leur permettre de rester le plus longtemps possible à leur poste bien rémunéré, en cumulant le plus possible de fonctions et de mandats.

Moudenc est un champion en la matière, poursuivi en 2021 par Anticor, l’association anticorruption, qui l’a assigné en justice ; mais la procédure n’a pas pu suivre son cours parce que l’agrément du ministère de la Justice (agrément qu’elle a retrouvé depuis) a été bien opportunément retiré à Anticor à ce moment-là et le Procureur général de Toulouse a classé l’affaire sans suite…

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L’idée que la ville de Toulouse s’est placée d’elle-même sous l’influence (ou la « protection » ?), non pas du démon, mais d’un monstre mythologique (le Minotaure) ne vient pas de nous, elle vient des organisateurs, promoteurs et producteurs de cette manifestation (dont, peut-être, Moudenc lui-même), idée qui paraît saugrenue, abondamment relayée par une presse servile, mais qui correspond bien à un véritable palier dans un projet maléfique plus global initié de longue date dont très peu de personnes ont perçu la nocivité et l’ampleur et qui atteindra son paroxysme de bruit, de fureur et de toxicité lorsque les mondialo-satanistes auront réalisé qu’ils sont en train de perdre la partie, ce qui est inévitable.

Cette occasion de déchaîner leur barbarie pourrait très bientôt leur être donnée, par exemple, par l’accession de Trump au pouvoir aux Etats-Unis. Ils voudront peut-être alors, par dépit, provoquer le chaos par toutes sortes de crimes plus horribles les uns que les autres et de destructions abominables.

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René Guénon, visionnaire

René Guénon (1886-1951) est l’un des plus importants auteurs français dont la production littéraire s’est consacrée essentiellement à l’ésotérisme, la métaphysique, le symbolisme, les traditions et religions indoues, musulmanes, chrétiennes, juives, et autres spiritualités des anciens peuples.

Il a établi, à la suite des recherches de l’indou Tilak, le concept de Tradition primordiale, source unique de la connaissance issue du monde originel dont se sont ensuite inspiré toutes les sociétés traditionnelles depuis le début des temps.

Il est aussi l’un des premiers penseurs européens, avec l’Allemand Oswald Spengler, à avoir analysé avec une grande acuité les effets négatifs de notre fin de cycle sur le comportement de nos sociétés modernes (Le Règne de la quantité, la Crise du monde moderne).

René Guénon a influencé de nombreux penseurs et chercheurs de haut niveau comme Mircéa Eliade, Simone Weil (à ne surtout pas confondre avec la sinistre Simone Veil), André Breton, Antonin Artaud, Jean Phaure, Alain Daniélou, Julius Evola, Paul-Georges Sansonetti, etc.

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Dans l’un de ses ouvrages posthumes, Symboles de la Science sacrée, dans le chapitre XXII, intitulé « Sur la signification des fêtes « carnavalesques », article publié la première fois en 1945, Guénon évoque une origine plutôt récente de ces fêtes, il s’agit des Saturnales des anciens Romains.

« Pendant ces fêtes », dit-il « les esclaves commandaient aux maîtres et ceux-ci les servaient ; on avait alors l’image d’un véritable « monde renversé » où tout se faisait à rebours de l’ordre normal. […] Il s’agit d’un renversement des rapports hiérarchiques et un tel renversement constitue, d’une façon générale, un des caractères les plus nets de « satanisme » […].

Nous avons signalé dans notre article précédent ce même renversement opéré par les organisateurs des « fêtes » de Toulouse concernant les pseudo-personnages « mythologiques » qui fait d’un monstre assoiffé de sang et en manque de chair fraîche, le Minotaure, le gentil patron de la ville de Toulouse qui va « protéger » ses citoyens (au lieu de les dévorer tout crus) et d’une belle et douce princesse (Ariane) venant au secours de son bien-aimé (Thésée) une horrible araignée.

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Redonnons la parole à René Guénon qui écrivait, voici 80 ans:

« On voit par ces exemples qu’il y a invariablement, dans les fêtes de ce genre, un élément « sinistre » et même « satanique » et ce qui est tout particulièrement à noter, c’est que c’est précisément cet élément même qui plaît au vulgaire et excite sa gaieté: c’est là, en effet, quelque chose qui est très propre, et plus même que quoi que ce soit d’autre, à donner satisfaction aux tendances de l’ « homme déchu », en tant que ces tendances le poussent à développer surtout les possibilités les plus inférieures de son être ».

Cette description archétypale jungienne de la psychologie des foules formulée ici par René Guénon est de nature à expliquer que plus d’un million de personnes se sont précipitées avec enthousiasme dans les bras de Satan lors de ces fêtes toulousaines.

Titan et Satan : les machines de Toulouse sont les filles de ce couple monstrueux

La satanisation de notre société a débuté avec l’apparition du personnage de Satan issu des religions du Livre, « l’ange déchu », appelé aussi Lucifer ; il n’est donc pas uniquement un produit du catholicisme, comme le croient la majorité des gens mais aussi du judaïsme et de l’islam ; et il est donc d’une apparition récente, comparé à celle de Titan, qui est l’homologue de Satan pour les religions traditionnelles anciennes non-monothéistes, et qui serait d’origine antédiluvienne (donc avant 12.000 ans).

Nous aurions donc pu tout aussi bien parler d’une titanisation de notre monde.

Contrairement à ce que nous pourrions penser, c’est le plus ancien des deux compères, Titan, qui est tourné vers les « nouvelles technologies » [2]  et n’a de cesse de prôner la robotisation de l’humain grâce à laquelle les transhumanistes espèrent accéder à l’immortalité. On sait que le rêve des transhumanistes est de remplacer Dieu et ils le manifestent concrètement à la mesure de leurs capacités toutes matérielles comme par exemple, ce qu’ils appellent « l’intelligence artificielle » qui, comme tout ce qui est artificiel, est appelé à disparaître parce qu’éphémère.

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A l’origine, les Titans étaient des géants et leurs successeurs ont gardé la nostalgie de ce qui est grand, fort, qui peut monter haut dans le ciel pour rivaliser avec Dieu. Le rêve de la tour de Babel s’est concrétisé dans notre période contemporaine par la construction de tours plus hautes encore qui grattaient le ciel et venaient titiller la plante des pieds de Dieu ; les premiers de ces gratte-ciels ont été construits à la fin du XIXe siècle à New-York et à Chicago.

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Les roitelets arabes ont continué l’érection (sic) de ces tours dans leurs déserts en rivalisant entre eux pour savoir qui aurait la plus haute, et qui aura le portefeuille le plus épais. C’est exactement la manifestation de ce qu’on appelle l’hubris, la vanité qui ne tient qu’à des prouesses d’ordre matériel à défaut de pouvoir être compétitifs dans d’autres domaines plus spirituels.

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De même que ces roitelets ont apprécié la principale qualité titanesque qui consiste à être grand, gros et fort et à briller, à être rutilant comme leurs véhicules de luxe et à cracher si possible du feu (par les tuyaux d’échappement), histoire d’en imposer au voisin de tente. Titan est aussi celui qui brille comme Lucifer.

Satan, lui, à l’inverse, excelle dans un autre domaine, celui des ténèbres ; il est le maître des anciens grimoires, des chemins tortueux peuplés de créatures étranges, des cris d’angoisse dans la nuit, des opérations occultes qui se pratiquent encore de nos jours et même avec plus d’intensité qu’auparavant, comme le sacrifice d’enfants, les chasses à l’homme, aux enfants ou aux femmes dans des forêts impénétrables, les tortures les plus inimaginables, la consommation de sang humain, les cultes à des dieux zoomorphes (comme le Minotaure ou Lilith), les orgies zoophiles, etc.

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Vous avez compris que les machines qu’ont tellement admirées les Toulousains participent à la fois des rêves titanesques : elles utilisent des technologies de pointe, elles sont gigantesques, énormes, produisent toutes sortes d’effets spectaculaires, crachent le feu et l’eau et, en même temps, elles font référence à toutes les superstitions, à tous les monstres, à toutes les horreurs qu’ont pu inventer toutes sortes d’inquisitions religieuses ou étatiques afin d’effrayer les populations tout au long des siècles passés ; vous avez cru que ce temps était révolu ? Eh bien non, il revient de nos jours avec encore plus de cruauté et d’indicibles souffrances.

Guénon, à l’époque où il écrivait ce texte que nous citions plus haut, pensait que ces manifestations de type satanique allaient aller en se raréfiant car, disait-il, « cette disparition constitue, quand on va au fond des choses, un symptôme fort peu rassurant, puisqu’elle témoigne que le désordre fait irruption dans tout le cours de l’existence et s’est généralisé à un tel point que nous vivons en réalité, pourrait-on dire, dans un sinistre « carnaval perpétuel ».

Or, actuellement, en 2024, au moment où nous vivons les pires moments de ce cycle qui n’en finit pas de mourir, ces manifestations se sont, au contraire, multipliées et ont investi la totalité de la société mondiale à tel point qu’on pourrait penser, dans la logique de ce que disait Guénon en 1945, que les titano-satanistes craignent tellement de disparaître qu’ils font tout pour masquer leur irrésistible déclin et pour faire croire qu’ils pourraient encore avoir quelque influence mais, trop, c’est toujours trop !

A la fin du cycle et des terreurs que produit cette fin, il y a toujours un retournement salutaire qui rétablit l’ordre cosmique et qui voit réapparaître l’Âge d’or ; ce retournement intervient toujours d’une manière très brutale afin qu’il ne reste aucune trace, ni de ces êtres maléfiques qui ont proliféré comme de la vermine sur le corps de la Terre, ni des zombies qui les ont adulés.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] « Se dit de quelqu'un qui a un horizon intellectuel borné, qui juge de façon dogmatique en raison de son manque de culture » (Larousse)

[2] C’est ce que Guillaume Faye, qui avait choisi la Voie des Pères contre la Voie des Dieux, appelait l’archéofuturisme ; c’est ce que Julius Evola résumait ainsi : « D’une manière générale, avec l’avènement de l’humanisme et du prométhéisme, il a fallu choisir entre la liberté du souverain et celle du rebelle, et l’on a choisi la seconde. »

11:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, toulouse, france, titans, titanisme, satanisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 12 novembre 2024

Le Grand Bleu, le film le plus profond

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Le Grand Bleu, le film le plus profond

par André Waroch

Luc Besson n’a pas toujours été cette odieuse caricature de notre époque, faisant assaut de bien-pensance à chacune de ses interviews. Il a commis, alors même qu’il était déjà au faîte de sa gloire, ce film prodigieux qu’est Le Grand Bleu. Prodigieux à plus d’un titre : d’abord parce que son succès est né d’un gigantesque malentendu, peut-être orchestré par un service com’ magnifiquement inspiré, qui aurait réussi à faire croire aux spectateurs qu’ils allaient voir une ode à la nature et à la mer avec des gentils dauphins qui nagent dedans.

Il se peut que personne, en réalité, n’ait compris ce film, et même que Luc Besson lui-même n’ait pas compris le film qu’il avait réalisé.

Le Grand Bleu n’est pas une ode à la nature, encore moins à la mer. La mer, dans le film, est ignoble, horrible. C’est un monstre, d’un bleu métallique quand on la voit depuis la terre, et d’un noir total dès qu’on y plonge un peu profond. Un monstre qui commence par emporter le père de Jacques Mayol sous les yeux de son fils encore enfant, lors d’une scène terrifiante, puis, à la fin du film, son meilleur et son seul ami. Et qui finit, selon toute vraisemblance, par l’emporter lui aussi. Les dauphins qui l’appellent dans ses hallucinations ne sont que l’autre visage de la mort et du suicide.

Jacques Mayol est un homme brisé, un homme dont l’âge socio-affectif a été arrêté vers dix ans, un homme dont le père est mort alors même que sa mère, dont on ne saura rien d’autre, était déjà définitivement partie dans son pays d’origine, les Etats-Unis. De l’autre côté de l’Atlantique…

A ce stade, on pourrait s’attendre à ce que la suite du film ne soit qu’une pleurnicherie pré-féministe, en mettant, à la place d’une femme aux cheveux gras et au regard vide jouée par Elodie Bouchez, un homme-victime pareillement penché sur son nombril, son passé et ses souffrances.

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Il n’en est rien. Absolument rien. Et, il faut rendre justice à Luc Besson, il déteste les pleurnicheries qui pleurnichent dans le vide pendant deux heures et demie. Il lui faut une histoire, un enjeu, de l’action. C’est son côté mec.

Celui qui va sauver l’histoire, celui qui, en réalité, enclenche tout l’histoire, c’est Enzo Molinari.

Enzo, qui a légué son prénom à une génération entière de beaufs français, est la caricature absolue du macho italien : c’est un colosse, sûr de lui, parlant très fort, aimant bien manger, bien boire et aimant les femmes. Mais tout cela, finalement, n'est que secondaire. Et cela pourrait même être ridicule et pathétique s’il n’y avait, au centre de cette identité masculine, ce qui constitue, plus que toute autre chose, la masculinité: l’esprit de compétition poussé jusqu’à son paroxysme, celui qui pousse les hommes à se mesurer entre eux pour savoir qui est le meilleur. Les plus masculins, les plus virils, les plus testostéronés d’entre eux, y sacrifient leur vie, qu’il s’agisse de leur vie privée, souvent catastrophique puisqu’ils la considèrent comme quelque chose de secondaire, ou de leur vie au sens littéral.

Jacques Mayol, à première vue, est le contraire absolu d’Enzo : il fuit le monde, il fuit les humains, il se réfugie dans l’illusion morbide qu’il pourrait un jour ne jamais remonter de ses escapades aquatiques. Il est timide, il parle doucement, n’ose pas conclure avec Rosanna Arquette qui n’attend que ça, puisqu’il n’a selon toute vraisemblance jamais eu aucune relation sexuelle. Normalement, un type comme ça est écrasé, humilié, balayé sans un regard et sans remords par les types comme Enzo.

C’est pourtant Enzo, qui n’a jamais oublié son ami d’enfance, qui vient lui-même le chercher, lors d’une scène centrale qui n’a pas été comprise comme telle, dans ce film que finalement, répétons-le avec insistance, aucune critique, aucun journaliste, aucun spectateur n’a compris.

Il ne vient pas le chercher pour lui demander ce qu’il devient, se remémorer les vieux souvenirs. Il vient le chercher pour lui proposer de participer au championnat du monde de plongée en apnée. Et, quand, Mayol lui demande pourquoi il fait ça, Enzo a cette réponse lumineuse, claire comme de l’eau de roche :

« parce que tu meurs d’envie de me battre ».

Voilà ce qui rattache Jacques Mayol au monde des hommes, au monde du masculin : l’esprit de compétition poussé jusqu’à ses dernières extrémités. Voilà pourquoi Enzo le respecte alors qu’il devrait le mépriser et l’écraser.

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Osons l’anachronisme : Le Grand Bleu est un film masculiniste, c’est-à-dire uniquement préoccupé par l’exploration de la psyché masculine. Les femmes, évidemment, sont présentes, puisqu’il n’y a pas de masculin sans féminin, de même qu’il n’y a pas de ying sans yang.

Il y a les vraies femmes : la mère d’Enzo, qu’on aperçoit à peine, et Rosanna Arquette, qui s’est entiché de Mayol. Elle est américaine, comme sa mère, énième fausse coïncidence de ce film aux profondeurs psychanalytiques. Et - beaucoup l’ont constaté mais aucun n’a osé l’écrire – son visage ressemble littéralement à celui d’un dauphin. Le dauphin au sens strict du terme, annoncé par la com’ de l’époque comme un personnage fondamental du film, n’apparait qu’épisodiquement, et toujours comme un symbole. Mais un symbole de quoi ?

Le dauphin, comme Rosanna Arquette, comme la mer (homophone de mère dans la langue natale Luc Besson), est la personnification de l’élément féminin. On ne le voit jamais lors des compétitions. Il apparait toujours quand cesse la lutte, quand disparaît le monde des hommes.

Il y a dans l’âme de Jacques Mayol deux pôles qui se battent pour la victoire. D’un côté, le pôle masculin, c’est-à-dire la lutte pour le titre de champion du monde, le nombre de mètres qui restent pour battre le record, la concentration, les chiffres, les muscles saillants sous l’écume. De l’autre, l’élément féminin, et c’est là que les choses se compliquent. Car deux éléments féminins se font face : d’un côté, le féminin positif incarné par Rosanna Arquette, sincèrement amoureuse, se projetant sincèrement dans un avenir amoureux avec un homme qu’elle espère arracher à ses démons intérieurs, et qui lui annonce qu’elle est enceinte de lui.

De l’autre côté, le féminin négatif, c’est-à-dire la mer, qui répétons-le, n’est en aucun cas présentée sous un jour favorable. Elle est une étendue bleue et noire, glacée, menaçante, impitoyable, et ne réserve en définitive que la mort aux hommes qui y plongent. Les dauphins ne sont que des faux amis, des sirènes dont la fonction est d’arracher Jacques au monde humain et de l’attirer dans les profondeurs glacées, c’est-à-dire vers la mort, ce dont on a confirmation définitive lors de la dernière scène, proprement terrifiante malgré la musique poétique d’Eric Serra.

Ainsi la mer aura tué le père de Jacques, puis Enzo, puis Jacques lui-même.

Alors pourquoi certains présentent-ils encore Le Grand Bleu comme « une ode à la mer » ?

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L'Indonésie obtiendra du président Prabowo l'avenir dont rêvait Sukarno

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L'Indonésie obtiendra du président Prabowo l'avenir dont rêvait Sukarno

En ce 21ème siècle multipolaire, le rôle des pays non alignés refait surface. Une leçon (aussi) pour l'Italie

par Asiaticus

Source: https://www.barbadillo.it/116796-lindonesia-avra-dal-pres...

Prabowo Subianto - président de l'Indonésie depuis février dernier - a recueilli près de vingt millions de voix préférentielles de plus que Donald Trump. Combien de lignes les médias ont-ils consacrées aux élections indonésiennes ? Aucune ou presque.

Pourtant, l'Indonésie est (en parité de pouvoir d'achat) la septième économie mondiale, le quatrième pays le plus peuplé de la planète, le pays qui compte le plus grand nombre de musulmans. Certes, elle n'a pas le rôle prépondérant des États-Unis. Mais le désintérêt pour ce qui se passe en dehors de l'Europe, des États-Unis et du Canada explique l'incapacité des élites occidentales à s'adapter au monde multipolaire.

Compte tenu du profil de Prabowo, ancien général et ministre de la défense, les analystes prévoient que de nombreux postes seront confiés à des membres de l'armée. Son gouvernement renforcera les capacités militaires.

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Les investissements dans la défense, selon la vision du président, feront partie d'un effort plus large pour stimuler la croissance économique.

En matière de politique étrangère, l'Indonésie, pays fondateur de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), devrait accroître son influence.

Le premier voyage officiel du nouveau président sera en Chine, afin de renforcer les liens commerciaux et la coopération économique, tout en recherchant d'éventuels investisseurs pour le mégaprojet de la nouvelle capitale indonésienne, Nusantara, qui est en cours de construction à Bornéo. Ce projet ambitieux a été lancé par Widodo et le nouveau président veut le faire avancer, mais jusqu'à présent, l'absence d'investissements étrangers l'a freiné.

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Cet avenir de l'Indonésie se dessine grâce à l'empreinte de Sukarno entre 1941 et 1964.

Une empreinte semblable à celle de Mazzini, Garibaldi, Cavour, Mussolini et De Gasperi réunis en Italie entre 1830 et 1954.

L'un des ambassadeurs italiens à Jakarta, Alessandro Merola, l'a bien compris, lui qui a suivi le passage du sous-développement au développement des pays non alignés, la troisième roue du carrosse aux temps de la guerre froide, mais qu'il vaudrait mieux appeler Paix en Europe. Seulement en Europe.

Pour comprendre la seconde moitié du 21ème siècle, qui sera post-américaine, pour que l'Italie ne passe pas du statut de colonie des États-Unis à celui de colonie franco-anglo-allemande, pour que nous ne nous illusionnions pas sur notre rôle sous-impérial en Méditerranée, pour que nous puissions enfin raisonner par continents et non par régions, il faut savoir que si l'Occident est encore important, il ne sera plus décisif.

L’influence occidentale en Arménie met en péril la sécurité nucléaire de l’Europe

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L’influence occidentale en Arménie met en péril la sécurité nucléaire de l’Europe

par Patrick Poppel

Source: https://unser-mitteleuropa.com/151026

Un rapport de Patrick Poppel, expert au Centre d’Études Géostratégiques (Belgrade)

Actuellement, l’entreprise autrichienne AOSA est présente sur le site de production de la centrale nucléaire de Metsamor (photo), en République d’Arménie.

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AOSA fournit des services de conseil pour le compte de la société Econet Corporation Zimbabwe, spécialisée dans les solutions au secteur énergétique. Alexey Ryabushkin, ingénieur en chef, ainsi qu’Igor Svetlov, consultant, font partie de l’équipe de spécialistes d’AOSA chargée de l’établissement de la centrale nucléaire.

Des rumeurs circulent selon lesquelles ces personnes pourraient également avoir des contacts avec les services de renseignement ukrainiens. L’Arménie suit donc ce qu’on appelle le "scénario lituanien".

Cela fait référence au rejet volontaire de la production d’énergie nucléaire soviétique par Vilnius sous une forte pression occidentale, et à la pénurie énergétique qui en a résulté, un problème auquel les États baltes sont aujourd’hui confrontés.

Des petits réacteurs modulaires (SMR) de fabrication américaine, qui n’ont cependant pas réussi à passer les tests technologiques nécessaires, sont censés assurer le fonctionnement de la centrale de Metsamor en Arménie.

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Toutefois, ces réacteurs ne sont pas certifiés pour répondre aux exigences de sécurité indispensables dans les régions à forte activité sismique. La possibilité de résoudre les problèmes du secteur énergétique arménien en utilisant des SMR de fabrication américaine soulève donc de sérieuses inquiétudes.

La centrale de Metsamor n’est absolument pas compatible avec cette solution technologique. La Russie et la Chine sont incontestablement les leaders dans le domaine des technologies SMR et disposent des solutions technologiques nécessaires, contrairement aux États-Unis.

Le choix de l’Arménie en faveur d’une solution américaine avec une technologie américaine est sans aucun doute exclusivement motivé par des considérations politiques. L’Arménie se tourne déjà vers l’Occident dans de nombreux secteurs, mais cette décision dans le domaine de l’énergie nucléaire est particulièrement risquée.

Cet exemple montre bien comment l’idéologie peut l’emporter sur la sécurité des populations. Ce sujet devrait être discuté au niveau international.

19:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, énergie nucléaire, arménie, caucase | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La guerre à venir

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La guerre à venir

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-guerra-che-verra/

Zheng Yongniang est conseiller du président chinois Xi Jinping. Un conseiller très écouté, d'ailleurs, et un excellent analyste de notre Occident. Et de ses intentions.

Et Zheng ne mâche pas ses mots pour définir l'état actuel des relations entre sa Chine et cette Amérique qui résout à elle seule toutes les contradictions d'un Occident sans autre guide ni référence.

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Et son analyse, rapportée par divers sites européens, est lucide et froide.

La guerre, une nouvelle guerre mondiale, est inévitable. Et elle aura pour principaux adversaires Pékin et Washington, et pour théâtre privilégié le Pacifique.

Un point c'est tout.

Sec, sec, comme les Chinois savent l'être quand ils parlent des choses vraies. Sans faux-semblants ni langue de bois. C'est-à-dire sans ces tournures de phrases, ces euphémismes qui, malheureusement, caractérisent les déclarations de nos hommes politiques. Toujours plus soucieux de nous raconter le classique « conte de fées de l'ours » que de nous dire la vérité. De nous la dire purement et simplement.

Et la vérité, malheureusement, est une. La véritable confrontation, aujourd'hui, n'est pas celle, permanente et ouverte, entre Washington et Moscou. Qui, peut-être, (mais le conditionnel s'impose) pourrait être résolu par la nouvelle administration américaine dirigée par Donald Trump.

Ce n'est pas non plus celle qui se déroule dans le Moyen-Orient élargi, convulsif et confus. Avec l'affrontement en cours entre Israël et la coalition chiite, dirigée par l'Iran.

Autant de chapitres dangereux, certes, et sanglants de l'histoire contemporaine. Mais pas décisifs pour autant. Parce que la véritable confrontation est plus lointaine. Même si parler d'éloignement est, aujourd'hui, peut-être inapproprié. Notre monde étant devenu, désormais, trop interconnecté, trop petit si l'on veut simplifier, pour nous permettre de considérer une telle tension comme réellement lointaine. D'où pourrait naître (et le conditionnel, ici, n'est qu'un espoir) un nouveau conflit mondial.

Qui voit, en filigrane, l'affrontement entre Washington et Pékin. C'est-à-dire entre ceux qui détiennent, peut-être depuis trop longtemps, une sorte de primauté géopolitique, qu'ils voudraient mondiale et absolue. Et qui cette primauté, désormais, est de plus en plus ouvertement remise en cause.

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La Chine est dirigée par une élite, si l'on préfère une oligarchie, qui est extrêmement réaliste. Qui ne souhaite pas la guerre avec le concurrent américain. Elle préfère une expansion « pacifique » - et les guillemets s'imposent - de sa propre puissance. En premier lieu, bien sûr, sur le plan commercial et économique. Dans le second cas, bien sûr, politique.

Cependant, le réalisme que je viens d'évoquer conduit cette élite à considérer comme inévitable un choc frontal avec les États-Unis. Et cette expansion, ils ne la souhaitent pas. Tout simplement. Parce qu'ils n'entendent pas trouver ou accepter des formes de partage de la puissance mondiale.

Un danger qu'un politologue aussi pointu que John Joseph Mearsheimer avait déjà mis en garde dès les années 1990, aujourd'hui bien lointaines.

Il a été le premier à parler clairement de la tragédie qui se préparait. Parce qu'une seule puissance mondiale pourrait fonctionner dans les séries télévisées futuristes de Star Trek. Pas dans la réalité.

Il n'a pas été écouté. Malheureusement.

Aujourd'hui, Pékin a pris conscience de deux choses.

Premièrement, la confrontation avec Washington et ses élites dirigeantes est inévitable. La Chine n'a pas l'intention de concéder le moindre espace aux ambitions d'autres pays. Quel qu'en soit le prix. Et j'ose dire qu'il coûtera très cher. Pour tout le monde, et pas seulement pour les Américains.

Deuxièmement, et c'est peut-être le plus important, l'hégémonie américaine est désormais entrée dans une crise que l'on peut considérer comme irréversible. Bien qu'elle soit lente.

Aujourd'hui, en effet, seule l'Europe occidentale semble soumise aux diktats des élites, financières et politiques, basées en Amérique.

Le reste du monde a commencé à regarder autour de lui. Et à se débarrasser de certains carcans.

Le monde arabe traverse une crise profonde. La guerre entre Israël et les chiites n'est que ce qu'elle semble être pour l'instant.

L'Afrique est en ébullition. Et différents pays sortent d'un sommeil colonial vieux de plusieurs siècles. C'est déjà le cas dans l'ancienne Afrique française, d'où les anciens colonialistes ont été chassés.

En Amérique latine également, les signes d'une volonté de se libérer de l'emprise américaine sont visibles. Surtout dans la région des Andes et aussi, quoique plus prudemment, dans le Brésil de Lula.

Ne parlons pas, bien sûr, de la Russie, où l'affrontement est désormais flagrant.

Mais c'est avec la Chine que se jouera la véritable confrontation. Et les mouvements de la lente partie d'échecs que Pékin et Washington jouent actuellement autour de Taïwan n'en sont que le premier signe.

18:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, chine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 11 novembre 2024

Une nouvelle classe dirigeante européenne est nécessaire pour faire face à la nouvelle Amérique

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Une nouvelle classe dirigeante européenne est nécessaire pour faire face à la nouvelle Amérique

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/serve-una-nuova-classe-dirigent...

Tous les analystes - pro Trump et anti Trump - sont d'accord: de nouvelles politiques européennes sont nécessaires pour faire face au changement lié au vote américain. Bien sûr, les analyses divergent sur ce que peuvent et doivent être ces nouvelles politiques. Et surtout qui doit les conduire. Il est vrai que les larbins installés à Bruxelles n'ont honte de rien et, après avoir soutenu Biden et Harris sur tous les plans, ils annoncent maintenant vouloir travailler avec Trump en renforçant toujours plus la dépendance européenne à l'égard de Washington. Car la collaboration, dont on nous rebat les oreilles avec Ursula, n'est qu'une dépendance.

La présidence Trump promet d'être très problématique pour l'Europe, à commencer par les aspects économiques. Mais la classe dirigeante européenne n'est nullement en mesure de faire face aux nouveaux défis. Ni les larbins de Bruxelles, ni les larbins qui dirigent les gouvernements des différents États. Un changement radical est nécessaire, et le premier pourrait venir d'Allemagne, où l'inepte chancelier social-démocrate Scholz a évincé l'inepte ministre des finances, le libéral Christian Lindner. Cette décision ouvre la voie à d'éventuelles élections anticipées au printemps. Anticipées, en fait, de quelques mois seulement.

Cependant, les favoris en cas de vote, les chrétiens-démocrates, ne disposeraient ni d'une majorité écrasante, ni d'une classe dirigeante particulièrement excitante. Avec le risque, pour faire face aux populistes de l'AfD et à ceux de Sahra Wagenknecht, de devoir créer un gouvernement avec les sociaux-démocrates. Et deux chevaux boiteux ne font pas un champion dans la course.

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Mais si l'ancienne locomotive de l'Europe est dans la boue jusqu'au cou, ce n'est pas que les autres gouvernements soient mieux lotis. Macron ne sait pas comment gérer la situation intérieure après les deux défaites consécutives qu'il a subies en Afrique. En Espagne, le lapin Sanchez joue le politiquement correct puis s'enfuit face aux protestations populaires. En Italie, le gouvernement ne vit que dans des rêves paisibles car l'opposition n'existe plus. Mais à force de dormir et de rêver, les problèmes augmentent et la classe dirigeante qui devrait s'en occuper est embarrassée.

Il est évident que Trump peut et va profiter de cette débâcle de la classe dirigeante européenne. Le seul espoir est que le Sud global décide de sauver l'Europe pour l'utiliser à des fins économiques anti-américaines. Mais, pour paraphraser Moretti, avec une telle classe dirigeante, l'Europe est toujours destinée à perdre.

Hypothèses sur la politique étrangère de Donald Trump

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Hypothèses sur la politique étrangère de Donald Trump

par Pierluigi Fagan

Source: https://electomagazine.it/il-sahara-ferma-la-desertificaz...

Nous parlons d’hypothèses, car le nouveau président américain n’a pas donné l'interview préélectorale habituelle où les candidats exposent généralement les grandes lignes de leur politique étrangère, et parce que cet homme est, notoirement, peu prévisible. Cependant, certaines choses peuvent être envisagées et d'autres restent des suppositions.

    1) Ukraine. Il est presque certain que Trump réduira (peut-être seulement en partie) le soutien financier direct, les livraisons d'armements et l'engagement logistique des États-Unis. Il pourrait également laisser le «fardeau» dans les mains déjà hésitantes de l’Europe, qui fait l’objet d’autres objectifs stratégiques dont nous parlerons plus tard. Il essayera de parvenir à un accord de paix comme promis, bien que cela semble peu probable, sauf s’il est prêt à discuter avec Poutine des principes généraux de sécurité dans la région (positionnement des missiles, rôle des pays de l'OTAN frontaliers). Or, ceci paraît très improbable, étant donné que la dernière fois, Trump avait lui-même abandonné le Traité INF, pilier du système de sécurité européen signé autrefois par Gorbatchev et Reagan (alors qu’on l’accuse souvent d'être «l’ami de Poutine»!). Selon Mearsheimer, Poutine ne fait plus confiance à l’Occident sous aucune forme, et il semble peu probable qu'il fasse de réels compromis avec les États-Unis. Les premières déclarations russes après les élections ont réaffirmé que la Russie poursuivrait tous les objectifs de son opération militaire spéciale.

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   2) Russie. Cependant, il n'est pas certain que les relations avec la Russie soient nécessairement liées à la question ukrainienne. Trump est soutenu par l'industrie pétrolière, ce qui s'était pleinement révélé lors de sa première présidence avec la nomination de Rex Tillerson, ancien PDG d'ExxonMobil, comme Secrétaire d'État. ExxonMobil avait de nombreux partenariats avec la société russe Rosneft pour des explorations, notamment dans l’Arctique. Trump, qui avait reçu le soutien de R. F. Kennedy Jr. — connu pour ses positions écologistes — aurait déclaré : «C'est un type extraordinaire, il veut vraiment agir et nous lui en donnerons l’opportunité, mais j'ai simplement dit: 'Bobby, laisse-moi le pétrole.'» La question pétrolière reste donc ouverte. ExxonMobil considérait jadis l’exploration arctique comme stratégique et vitale, et Trump pourrait chercher à négocier un réchauffement des relations (indépendamment de l’Ukraine), en demandant peut-être à Poutine de ralentir le développement de la Route maritime du Nord (utilisée par la Chine pour contourner les détroits). Il est difficile de dire si les deux trouveront un accord, mais il semble très improbable que Poutine renonce à ce projet avec la Chine.

    3) Venezuela et Nicaragua. Ces pays ne font certainement pas partie des enthousiastes suite aux dernières élections présidentielles américaines. Après les récentes élections au Venezuela, Trump avait exprimé des critiques acerbes, et Elon Musk avait d'abord tweeté : «Le peuple vénézuélien en a assez de ce clown», puis, après une réponse de Maduro, il avait ajouté : «Un âne en sait plus que Maduro», avant de s'excuser d’avoir «insulté les ânes». Maduro a depuis suspendu X (ancien Twitter) dans son pays. En toile de fond, il y a les intérêts commerciaux de Starlink et une alliance avec Javier Milei pour une nouvelle hégémonie en Amérique du Sud. Le Venezuela, cinquième réserve mondiale prouvée d'hydrocarbures (et premier en Occident), pourrait également voir ses relations régionales modifiées par l’élection de Trump, tandis qu'Obrador au Mexique pourrait également être mécontent, confronté à une pression accrue aux frontières due aux migrations d'Amérique centrale.

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   4)  Netanyahu et Israël. Parmi les enthousiastes, on compte Netanyahu. Hier, le Premier ministre israélien a limogé le ministre de la Défense Gallant, son rival naturel au sein du Likoud. Gallant, préparant sa succession, avait demandé une enquête sur le 7 octobre. Selon Fagan, il semble peu probable qu’Israël ignorait tout des mouvements logistiques importants précédant l’attaque, et Gallant pourrait détenir des preuves que Netanyahu a sciemment ignoré les rapports (y compris ceux des services secrets égyptiens). Bien que la police ait ouvert une enquête, le soutien de Trump renforcera probablement Netanyahu, qui a envisagé des projets de développement à Gaza (hôtels de luxe, casinos) une fois les habitants palestiniens déplacés et le Hamas affaibli, facilitant les accords d'Abraham. Cette perspective pourrait raviver les tensions avec l'Iran, avec lequel Trump a été particulièrement dur (voir le retrait du JCPOA, l’accord nucléaire), et dont les réserves de pétrole et de gaz en font une cible géopolitique pour l'administration Trump.

    5) L'Europe. Trump cherchera à diviser l'UE pour négocier de manière bilatérale. Attendez-vous à des tarifs, des hostilités envers les politiques écologiques, des doutes sur l’OTAN, et une forte pression pour augmenter les dépenses militaires (et acheter des armes américaines). Ce sera un chapitre complexe sur lequel il faudra revenir plus tard.

    6) Chine. Concernant la Chine, des tensions peuvent également être prévues.

Le phénomène Trump est un moteur de l’histoire, ce qui, pour ceux qui l’étudient, n’est pas sans intérêt. La première élection de Trump avait coïncidé avec la sortie de mon premier livre en janvier 2017 ; cette fois, la publication de mon second ouvrage est prévue pour Noël, bien qu’il ne porte pas spécifiquement sur la géopolitique.

Ce texte de Fagan offre des perspectives sur les orientations possibles de la politique étrangère de Donald Trump dans divers domaines.

Si les cartes sont redistribuées, le paquet reste le même

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Si les cartes sont redistribuées, le paquet reste le même

par Enrico Tomaselli

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/si-rimescolano-le...

Je l'ai dit à une époque où cela n'était pas encore évident : l'élection de Trump en soi ne peut pas automatiquement représenter un tournant radical dans la politique internationale des États-Unis, car il existe des intérêts (concrétisés dans des stratégies à long terme) qui ne peuvent pas être remis en question à chaque changement d'administration. Il faudra donc voir, surtout sur le moyen et le long terme, comment le Président agira concrètement.

En gardant à l'esprit que, précisément parce qu'il s'agit d'une administration tendanciellement « isolationniste », son attention sera concentrée sur des questions internes aux États-Unis, à commencer par celle de l'immigration, l'un de ses chevaux de bataille. Et cela pourrait signifier, par exemple, que si les résistances du deep state à certains de ses orientations sont trop fortes, il pourrait utiliser son image de président principalement sur ces batailles internes, laissant à d'autres les rôles plus inconfortables liés à la politique étrangère.

Fondamentalement, sous cet angle, il sera essentiel de voir qui occupera deux postes clés : secrétaire d'État et secrétaire à la Défense. Il est assez évident que, du moins en partie, la vision trumpienne du « Make America Great Again » n’est pas si éloignée des orientations stratégiques des deux dernières décennies, ou du moins de la manière dont celles-ci sont en train de se réorienter. Par exemple, l'intention de mettre fin à la guerre en Ukraine (même si, comme il est assez évident, les idées sur la manière de le faire sont plutôt superficielles) ne s'écarte pas beaucoup du processus de désengagement déjà substantiellement amorcé sous la présidence de Biden.

Même par rapport à la question du Moyen-Orient, je ne vois pas de différences substantielles, et dans ce cas encore, il faudra voir comment se concrétiseront les slogans électoraux. La même déclaration « plus de guerres pendant mon mandat » peut facilement se traduire (et c’est probablement ce qui se passera) par une réduction de l'intervention américaine en soutien aux guerres en cours (et, bien sûr, par la non-participation directe des forces armées américaines), tout en maintenant l'incitation pour les différents proxy à continuer de manière plus autonome.

Quant à la Chine, il est clair que la présidence Trump sera marquée par une conflictualité économique, mais la dimension militaire — même si elle devait jamais se concrétiser — ne sera sûrement pas à l'ordre du jour sous la nouvelle administration. Ceux qui auront le plus à craindre de cette nouvelle administration ne sont aucun des pays que les États-Unis considèrent comme hostiles. Pour eux, cela changera relativement peu, car ils sont, chacun à leur manière, assez forts pour ne rien craindre de nouveau qu'ils n'aient déjà expérimenté ces dernières années.

En revanche, ce seront probablement les Européens qui paieront le prix des variations, même minimes, de la politique étrangère américaine. Le soutien largement anti-trumpien de presque toutes les directions européennes, du moins jusqu'à hier, ne manquera pas d’influencer davantage l’orientation de la politique des États-Unis envers l’Europe, qui de toute façon ne sera pas particulièrement favorable ; au contraire, on peut s’attendre à ce que nous soyons traités presque comme la Chine, mais sans en avoir ni la force commerciale ni la force politique.

En somme, les quatre prochaines années ne verront probablement pas de résolution rapide des conflits en cours, du moins pas par l’action directe des États-Unis. Néanmoins, tout changement dans le cadre général, même s’il n’est pas radical, apporte toujours de nouvelles opportunités ; il reste donc à voir qui, où et quand, saura les saisir. Et, bien sûr, surtout si il y aura saisie.

La société parallèle verte: du LGBTQ au délire climatique - Comment la "gentrification" verte mène à la formation de ghettos de prospérité

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La société parallèle verte: du LGBTQ au délire climatique

Comment la "gentrification" verte mène à la formation de ghettos de prospérité

Alexander Markovics

Ils forment de loin le plus grand milieu clos au sein de la société allemande – il ne s'agit pas des musulmans, mais des électeurs des Verts en Allemagne. C'est ce que des sociologues de l'« Institut de Recherche sur la Cohésion Sociale » ont découvert. Selon leur premier rapport sur la cohésion, publié en novembre 2023, concernant la société allemande, 62% des électeurs des Verts restent exclusivement dans leurs propres réseaux politiques et ne maintiennent aucun contact avec d'autres parties de la société allemande.

Ainsi, les Verts forment en particulier en Allemagne la plus grande société parallèle – bien avant les musulmans et les Allemands de l'Est, souvent critiqués. Mais qu'est-ce qui caractérise cette société parallèle, où se situe-t-elle et représente-t-elle un danger pour l'Allemagne ?

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Un milieu ouest-allemand : prétentieux, riche et académique

L'électeur typique des Verts se considère comme faisant partie de l'élite morale et intellectuelle du pays, qui cherche toujours ce qui est le mieux pour tous les Allemands: ils veulent être les "bons", sont souvent prétentieux et présentent leurs opinions politiques comme étant sans alternative. Ce qui les motive, c'est le désir de « rendre le monde meilleur » selon leurs conceptions, peu importe ce que les autres en pensent. C'est pourquoi les Verts veulent accueillir autant d'immigrants que possible et sauver le climat en augmentant les impôts et en interdisant les moteurs à combustion. Le fait qu'ils gouvernent souvent sans tenir compte de la réalité quotidienne de nombreux Allemands, qui ont peur de sortir dans la rue en raison de la criminalité des étrangers et qui souffrent du fardeau fiscal, ne les dérange pas. Cela est en grande partie dû au fait qu'ils sont géographiquement concentrés et, pour la plupart, restent entre eux: les Verts sont principalement un phénomène ouest-allemand, dont le centre se trouve dans des grandes villes de l'Ouest comme Stuttgart, Heidelberg, Darmstadt, Münster et Kiel, mais aussi dans des quartiers berlinois comme Mitte et Charlottenburg-Wilmersdorf.

En raison de leurs convictions féministes, ils sont également très féminins – l'électeur stéréotypé des Verts n'est pas par hasard une femme aux cheveux teints de manière extravagante, possédant plusieurs chats. Il est à noter que ce sont surtout les villes universitaires de l'ancienne République fédérale qui regroupent l'électorat de l'ex-parti écologiste. D'un point de vue démographique, les Verts ont certes obtenu un score au-dessus de la moyenne chez les jeunes électeurs lors des dernières élections fédérales de 2021, mais la majorité de leurs électeurs provient de la classe moyenne et est d'âge moyen. Les Verts, principalement composés d'Allemands ethniquement allemands, vieillissent comme le reste de la population allemande. Cela est dû au fait que les Verts en Allemagne peuvent s'appuyer sur les bases du mouvement alternatif et étudiant de la génération des baby-boomers.

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La gentrification verte: hausse des loyers, terreur antifa et dragqueens

Économiquement, ils font partie des électeurs aux revenus plus élevés que la moyenne et sont les principaux responsables de la soi-disant gentrification, un processus de transformation des quartiers urbains. Dans le cadre de ce processus, des quartiers urbains, qui ne se trouvent pas en plein centre-ville mais ne se situent pas non plus à l'extrême périphérie, souvent en déclin et attractifs en raison de loyers faibles, sont découverts par des jeunes (artistes et étudiants) qui y ouvrent de nouveaux commerces.

Cela finit par attirer des investisseurs fortunés, avec pour conséquence la création de "ghettos de prospérité", où les loyers et les prix des cafés et magasins grimpent en flèche. Les anciens habitants à faibles revenus sont alors contraints de quitter ces quartiers, car ils ne peuvent plus se les permettre. Combiné avec la création de structures antifa dans ces quartiers, des manifestations « Refugees Welcome » et des lectures par Dragqueens pour les enfants, ce processus donne finalement naissance à des centres hostiles aux coutumes allemands et provoque la dégradation du bien-être, comme on peut le voir à Leipzig-Connewitz ou dans le quartier de la Schanze à Hambourg.

Dans le même temps, ces quartiers deviennent des zones interdites pour les Allemands patriotes: la terreur idéologique à l'université et les agressions physiques contre les dissidents sont une conséquence de la culture anti-allemande encouragée également par les Verts, qui détestent tout ce qui fait l'Allemagne.

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Les Verts : tolérance uniquement envers les semblables

Il n'est pas étonnant que le rapport sur la cohésion, que nous avons mentionné en début du présent article, arrive à la conclusion que bien que les électeurs des Verts se considèrent comme très tolérants et aiment s'entourer de « personnes tolérantes », ils sont eux-mêmes fortement polarisés et n'acceptent pas les Allemands ayant des opinions différentes des leurs. En effet, les Verts forment une bulle intellectuelle très académisée, qui, grâce à son pouvoir dans le monde de l'éducation, est la seule à savoir justifier ses actions tout en diffamant les opinions des autres.

La "lutte contre l'extrême droite" n'est que la partie émergée de l'iceberg d'un parti qui devient de plus en plus sectaire, tout en prônant une hystérie climatique qui veut interdire aux Allemands « normaux » de conduire une voiture ou de partir en vacances, tandis qu'ils s'envolent eux-mêmes vers les gratte-ciel de Dubaï ou pour aller déguster une glace en Californie.

Tout cela est justifié par une peur exagérée de la prétendue catastrophe climatique imminente, alors que l'industrie automobile allemande et les sites industriels de l'Allemagne risquent de s'effondrer. Tout cela est pris avec indifférence par le milieu vert, car il s'agit de réaliser un objectif prétendument supérieur.

De la part des Verts, on peut donc observer une cécité de plus en plus évidente à la réalité. Cela devient particulièrement problématique lorsque, dans un milieu donné comme celui des Verts, il n'existe plus de compréhension de la réalité quotidienne des autres et des difficultés que les changements sociétaux, tels que l'immigration massive, le chômage de masse, la dégradation des infrastructures et la criminalité étrangère, peuvent engendrer pour des gens de l'ex-RDA, mais aussi pour les Allemands vivant en dehors des quartiers prospères de l'Ouest de l'Allemagne.

Tandis que l'œuvre de destruction du Bündnis 90 a principalement des conséquences intérieures, c'est surtout la « politique extérieure féministe » des Verts qui pourrait entraîner l'Allemagne dans un nouveau conflit militaire. Transformé au tournant du nouveau millénaire, le mouvement vert, au départ pacifiste, s'est mué en parti de guerre vert-olive sous l'impulsion de Joschka Fischer; les Verts battent désormais le tambour aux côtés des États-Unis pour une militarisation de la politique extérieure allemande, en particulier vis-à-vis de la Russie. Cela est allé jusqu'à ce que la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, déclare la guerre à la Russie le 24 janvier 2023, avant que le ministère des Affaires étrangères ne fasse marche arrière peu de temps après.

Nous voyons donc que la cécité des Verts est dangereuse non seulement pour l'Allemagne, mais pour le monde entier et pourrait entraîner le peuple allemand dans une guerre que personne ne veut, sauf les partisans de la secte climatique.

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La société parallèle verte: un danger pour l'Allemagne et le monde

Dans l'ensemble, il est donc clair que le milieu vert en Allemagne est probablement la société parallèle la plus dangereuse. La propagande pour l'immigration massive, l'hystérie climatique, la sexualisation précoce des enfants via les Dragqueens, le culte de l'homosexualité, la guerre et la mauvaise gestion sont toutes des conséquences de l'activité d'une petite  minorité, toutefois bien organisée, qui sévit au sein du peuple allemand.

C'est une avant-garde du progrès qui mène le peuple allemand au bord du gouffre – il est donc grand temps de l'arrêter et de dissoudre la société parallèle verte ! L'éducation patriotique et l'activité de conviction doivent à long terme viser également les grandes villes de l'Ouest de l'Allemagne si nous voulons stopper cette secte de fin du monde qui, de surcroît, à l'ambition de déclencher guerre mondiale.

Nous ne devons jamais oublier qu'il s'agit surtout de jeunes Allemands, aveuglés par des sectes universitaires et des activistes d'extrême gauche, qui sont partiellement (même dans un mauvais sens) idéalistes, et que nous devons guérir de leur folie. La vaste masse de nos concitoyens doit être convaincue à nouveau des intérêts réels de l'Allemagne et des conséquences terribles de cette folie verte, avant qu'il ne soit trop tard. Les élites fanatisées doivent cependant être jugées au bon moment pour que les nombreuses victimes de leurs politiques reçoivent justice.