dimanche, 19 octobre 2025
Guerre calendaire

Guerre calendaire
par Georges Feltin-Tracol
La France s’enfonce dans le déclin. Cela n’empêche pas certains de développer une vision fondamentaliste de la laïcité. Ces irresponsables démontrent par leurs agissements leur futilité au CSEN. Instance consultative, le Conseil supérieur de l’Éducation nationale (CSEN) réunit les syndicats représentatifs du monde enseignant (personnels de direction, professeurs, parents d’élèves, étudiants et lycéens).
Le 1er octobre 2025, le syndicat majoritaire dans l’enseignement primaire, la FSU – SNUIPP (Fédération syndicale unitaire – Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC) y dépose un amendement approuvé par 44 voix et seulement 7 contre ! L’instruction s’effondre dans tous les niveaux de classe, y compris dans les établissements privés sous contrat, à cause de la persistance de funestes lubies « pédagogogistes », mais il y a d’autres priorités urgentes. Cette formation syndicale mène en effet un combat déterminant pour l’avenir de l’école : remplacer la dénomination des vacances de la Toussaint et de Noël par « vacances d’automne et de fin d’année ». Ce brillant syndicat qui a dû longuement cogiter pour rédiger ce texte aberrant, pense que les noms actuels des fêtes « n’ont pas leur place dans le calendrier de l’école républicain ». Il entend mieux faire respecter la laïcité.
Si le syndicat étudiant UNI (Union nationale interuniversitaire), classé à droite, a aussitôt lancé une pétition qui aurait attiré environ 20.000 signatures, le ministère de l’Éducation nationale ne l’a pas retenu au grand dam des héritiers d’Émile Combes (1835 – 1921) ! Ce président du Conseil de 1902 à 1905 conduit une féroce politique anti-chrétienne. Il organise le fichage général des fonctionnaires réputés catholiques, en particulier les officiers (la tristement célèbre « Affaire des fiches »).

L’initiative de la FSU – SNUIPP reçoit un accueil assez favorable. Secrétaire générale de la FEP (Formation et Enseignement privés) – CFDT, Valérie Ginet assure que « ce changement pourrait permettre à tout le monde de se sentir inclus ». Pour Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), cette modification sémantique « est un symbole important qui rappelle la laïcité de la République ». Le syndicat des anciens instituteurs réalimente de vieilles demandes fantasques.
Dès février 2013, Jacques Attali proposait de renommer Noël et Pâques par la « Fête des enfants » et une grotesque « Fête de la liberté ». Savait-il que Pâques (avec un s final) marque la résurrection du Christ chez les chrétiens ? En revanche, Pâque (sans le s) rappelle aux juifs la sortie d’Égypte sous la direction de Moïse. Cette « Fête de la liberté » orwellienne entérinerait-elle l’endettement bancaire colossal des États et des peuples européens ?
Toujours en 2013, quelques mois plus tard, en septembre, une certaine Dounia Bouzar, anthropologue de son état, membre de 2003 à 2005 du Conseil français du culte musulman, ensuite admise à l’Observatoire de la Laïcité lié aux services de Matignon, suggérait de retirer deux fêtes chrétiennes fériées pour une fête juive, Yom Kippour, et une autre musulmane, l’Aïd. Elle ne faisait que répéter une suggestion saugrenue de la candidate Verte à l’élection présidentielle de 2012, Éva Joly, qui n’en manquât jamais !
L’intention de ces individus demeure bien floue. Doit-on rendre fériés des événements festifs juifs et musulmans ou bien laïciser tous ces jours légaux de repos ? S’il faut en introduire d’autres qui mentionnent d’autres religions, pourquoi se limiter au monothéisme ? L’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme, l’animisme ont eux aussi droit à leurs jours d’arrêt au nom de la sempiternelle lutte contre toutes les discriminations. D’autres rêvent en revanche de tout laïciser.

Par un tweet à la date du 24 mai 2023, Éric Piolle, maire Vert de Grenoble et grand allié de l’extrême gauche, écrivait : « Supprimons les références aux fêtes religieuses de notre calendrier républicain. Déclarons fériées les fêtes laïques qui marquent notre attachement commun à la République, aux révolutions, à la Commune, à l’abolition de l’esclavage, aux droits des femmes et des personnes LGBT. » Sa déclaration nécessite deux réponses. S’il veut célébrer la Commune, Éric Piolle serait-il prêt à honorer la mémoire de Raoul de Bisson (1812 – 1890). Avant de devenir général de la Commune de Paris en 1871, ce royaliste légitimiste français lutte aux côtés des carlistes espagnols, puis avec les Bourbons-Siciles contre les Chemises rouges garibaldiennes. Le maire de Grenoble accepterait-il aussi de saluer la mémoire de l’aïeul des nationalistes-révolutionnaires, Louis Auguste Blanqui ?
Dans son tweet, Éric Piolle évoque « notre calendrier républicain ». L’édile grenoblois égrènerait-il son temps personnel en fonction de ventôse, de germinal, de fructidor et de brumaire comme La Libre Pensée qui utilise le véritable calendrier républicain en vigueur de 1792 à 1806 dans ses publications imprimées ? Il est étonnant qu’un décroissant anti-productiviste supposé se félicite de l’existence de la décade, la semaine de dix jours, ce qui peut représenter par rapport à la semaine actuelle un gain notable de productivité. L’actuel calendrier n’est pas républicain. Ses origines sont chrétiennes avec, pour point de départ, la naissance présumée de Jésus. Certes, on efface déjà la source religieuse en la remplaçant par une soi-disant « ère commune ». Foutaise ! Les mêmes s’indignent encore quand Donald Trump change le golfe du Mexique en golfe de l’Amérique…

Le calendrier européen procède de l’incroyable combinaison pagano-chrétienne. Des catholiques, plus ou moins de fraîche date, dénient néanmoins cette réalité historique, fruit du syncrétisme propre à la dynamique des spiritualités. En outre, 2025, date chrétienne, s’inscrit dans une semaine riche en divinités romaines. En français, mardi est le jour de Mars, le dieu de la Guerre. Le mercredi est le jour de Mercure, dieu du Commerce et du Voyage. Le jeudi est le jour de Jupiter, le roi des dieux, etc. En anglais, on retrouve l’équivalence partielle avec un autre panthéon, celui des divinités germano-nordiques : Tuesday est le jour de Tyr. Thursday est le jour de Thor. Leurs pendants allemands sont Dienstag et Donnerstag. Quitte à laïciser le calendrier, pourquoi se limiter aux fêtes ? Et les jours, parbleu ! À quand donc un Robert-Badinter-di, une Simone-Veil-di ou un Jacques-Mesrine-di ?
Cette fâcheuse tendance ne se limite pas aux fêtes du calendrier. Elle affecte le nom des communes. Par exemple, dans le département de l’Allier, la commune d’Yzeure intègre désormais celle de Saint-Bonnet-et-Saint-Jean. Faudra-t-il retirer le saint de Saint-Raphaël, de Saint-Nazaire ou de Saint-Denis sous le prétexte d’inclusivité ?

Le syncrétisme pagano-chrétien sous-tend toute la civilisation européenne d’expression romane – gothique (germano-nordico-helléno-latine) avec des moments fastes tels le Beau Moyen Âge, la Renaissance, voire la Révolution française éprise de Sparte et de Rome. Dans Le Figaro du 27 mars 2024, l’historien médiéviste Philippe Walter désigne la quête du Graal comme le thème de convergence entre les diverses variantes du christianisme et les polythéismes natifs. Pour lui, « le saint Graal est inhérent à la chrétienté occidentale (il est inconnu des orthodoxes). Il appartient à ce que j’ai appelé la ” mythologie chrétienne ”, un ensemble de croyances, de récits et même de superstitions extérieures au christianisme, mais qui ont fini par s’introduire en lui au point d’en être indissociable. La Réforme protestante remettra de l’ordre là-dedans et c’est sans doute l’une des causes de la disparition provisoire du saint Graal et de sa légende à partir du XVIe siècle ».
Il n’est donc pas anodin de vouloir changer la dénomination des fêtes traditionnelles et des lieux de vie communautaires européens. La déconstruction wokiste s’incruste trop en Europe. Une éradication radicale des méfaits de la Modernité s’impose plus que jamais !
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 170, mise en ligne le 16 octobre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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samedi, 18 octobre 2025
Quel «destin» pour la Vieille Europe délivrée des Américains? - Réponse à Gennaro Scala

Quel «destin» pour la Vieille Europe délivrée des Américains?
Réponse à Gennaro Scala
Claude Bourrinet
Dans un bref article, court mais suggestif, Gennaro Scala, regrettant au passage que des réflexions qui, en effet, sont d'un intérêt vital pour ce que l'on veut bien appeler notre « destin » d'Européens, soient ignorées de ceux qui ne s'inquiètent de l'avenir de notre civilisation, s'enquiert des conséquences d'une défaite de l'Amérique dans sa guerre contre la Russie menée en Ukraine. Invoquant Emmanuel Todd, qui a la réputation de prophétiser, il conclut, mais avec une grande circonspection, que l'effondrement de l'empire états-unien provoquerait une mise en demeure émancipatrice pour la « Vieille Europe » (comme disent les Américains avec dédain, locution méprisante reprise avec délectation par les libéraux qui les singent).
L'article de Gennaro Scala:
Passons sur l'éventualité, à la suite d'une victoire russe, d'un retrait américain de l'Otan, scénario à mon sens improbable. L'abandon américain serait plus probant si l'Amérique s'effondrait sur elle-même, à la suite d'une guerre civile, par exemple. Mais admettons l'hypothèse d'école, d'une désaffection de l'Oncle Sam.
Quelle civilisation « européenne », au juste ?
Gennero Scala initie son interrogation par un constat: non seulement notre civilisation a disparu, mais elle a été « colonisée » par l'Amérique.
Bien entendu, il serait nécessaire de définir l'identité de cette « civilisation », ainsi que la nature de la « colonisation » que le Nouveau monde nous a infligée.
Lorsque l'on parle de « Nouveau monde », c'est bien entendu par rapport au « Vieux ». Le sentiment d'une rupture inscrite dans le temps et dans la nature radicalement dissemblable des deux « mondes », est implicite dans l'usage de cette locution. Toutefois, tout « neuf » soit-il, le projet à haute teneur utopique et messianique qui s'implanta sur tout un continent en éradiquant les sociétés autochtones n'est pas né sub generis. Il est le prolongement de l'Europe, et a déployé des potentialités, des puissances, qui avaient eu l'occasion de se manifester de ce côté-ci de l'Atlantique: christianisme missionnaire et réformé à tendance révolutionnaire et démocratique (surtout le calvinisme, qui a tant marqué les États-Unis), mythe du progrès et du Travail, individualisme ET communautarisme, poids des règles juridiques, haine de la noblesse et des monarchies, culte de l'arrivisme et de l'argent-roi, etc.
L'Amérique, c'est nous, et en même temps c'est l'amputation d'une grande partie de notre être, de notre enracinement dans un terroir, dans des paysages historisés et blasonnés, dans une mémoire collective signifiante, dans notre identification à une longue Histoire versant parfois dans la légende dorée, dans la complexité mesurée et fine des relations politiques et humaines, quand elles ne sont pas outrepassées par le fanatisme religieux (cette mauvaise part ayant migré Là-bas), dans le souci du pauvre, dans les bornes induites par la notion de Bien commun, dans l'attention à la beauté et à la gratuité des jouissances existentielles, dont les arts, la littérature, l'amour etc. constituent le plus bel ornement, d'où une survalorisation de la culture considérée en soi, et non d'une point de vue utilitariste.
Évidemment, cette dichotomie est quelque peu exagérée, mais elle scinde deux pôles d'attirance. Rappelons que, pour un Américain, le Moyen Âge européen existe à peine, et que l’école du Nouveau Monde se passe aisément de l'apprentissage des langues étrangères.



De quelle « colonisation » parlons-nous ?
Ces signes antithétiques se sont vus renforcés, chez nous, dans le mouvement même de ce que l'on peut nommer une « colonisation américaine », à la suite singulièrement de l'emprise croissante des productions audio-visuelles, hollywoodiennes notamment, colportées par les médias de culture de masse.
En vérité, les effets de ce soft power ne sont pas seulement à évaluer sur le plan de la consommation des images formatées et grossièrement accordées, agencées à l'american way of life. Ce serait prendre un arbre (certes gros) pour la forêt. De fait, c'est la structure existentielle même, la nature vitale de l'Européen, qui ont été révolutionnées.

Dostoïevski écrit, dans Souvenirs de la maison des morts, titre prémonitoire, que « l'homme est un animal qui s'habitue à tout ». Son caractère protéique le dispose, parce que c'est un animal de pensée, d'imagination, un être dénaturé, à emprunter des habits neufs qui lui moulent l'intelligence, les affects, l'imagination, les habitus, les modes de nutrition, de reproduction sexuée, de politesse (ou de muflerie), et même les rêves. N'envisager que le domaine du cinéma et de la télévision (certes, des armes d'une efficacité redoutable) est restreindre le champ de l'arraisonnement colonisateur. L'homo europaeus a été changé radicalement, c'est-à-dire jusqu'aux racines.
Les gens d'un certain âge sont en mesure de comparer deux époques (celle des années 60, et celle d'aujourd'hui) aussi dissemblables que deux ères civilisationnelles. Ce qui paraissait, il y a un peu plus d'un demi-siècle, inimaginable, et pour tout dire scandaleux (il est inutile de donner une liste des « nouveautés » que notre modernité techno-sociétale a pu apportées, chacun peut s'en faire une idée), semble maintenant naturel, à tel point qu'on n'y porte presque aucune attention.
Les présumés « identitaires » politiques actuels, qui ont le vent en poupe, prennent d'ailleurs les signes de la modernité américaine (sex, sea and sun) pour des icônes de notre France ancienne, forcément voltairiennes, et un brin libertine (au sens de la culture de boîtes de nuit), ignorant complètement ce qu'elle fut vraiment. Et ces bouleversements ne sont pas des « déplacements », des « glissements » des mœurs, relativement lents à s'effectuer au fil des siècles, mais un effondrement de terrain considérable, à la suite de l'américanisation de notre vie idéologique et politique.
Américanisation id est occidentalisation
Pour autant, le terme « américanisation » porte à discussion. Comme il était dit auparavant, l'Amérique est un prolongement de l'Europe. On peut appeler cet ensemble civilisationnel, dont le mythe du progrès prométhéen et faustien est le Plus Petit Dénominateur Commun, l' « Occident ». Remarquons au passage que cet « Occident », sous son angle opératoire, a conquis la planète, et impose ses schémas économiques et politiques à toutes les nations du monde, y compris à celles qui s'opposent à l' « Occident » sous domination américaine. Pour revenir à la fragilité d'un vocable tel qu' « américanisation », il faut en effet le considérer comme un raccourci, un mot générique, qui est, dans l'absolu, relativement faux. Il vaudrait mieux parler d' « occidentalisation ». Car, si l'on déportait ce que dit Marx des ravages de l'argent, dans le Manifeste du Parti communiste, sur l'entreprise engagée par la modernité, au sens large, et telle qu'elle apparaît à l'orée de la Renaissance (et même avant) pour s'accélérer à partir du XVIIIe siècle, pour occuper maintenant, de façon écrasante, tous les aspects de la vie, on s'apercevrait que l' « Oubli » (de soi-même, du monde, de l'existence, du sens, de Tout) est le résultat dévastateur de ce déploiement de désastres pavés de bons sentiments.
Quelle issue pour l'Europe ?
Pour envisager un « sursaut civilisationnel », il est nécessaire d'envisager ce qui pourrait le rendre impossible. Car nous sommes présentement dans un cas de figure historique complètement inédit, où le désert total et radical a triomphé, ne laissant guère de disponibilité à ce qui demeure de vie végétative (soyons modeste) pour « renaître ». Le revival européen, pour ne parler que de lui, paraît bien hypothétique.
L'Histoire pourtant ne manque pas de ces résurrections miraculeuses, bien qu'on ne revienne jamais au statu quo ante. Prenons quelques exemples. L'Iran a réussi à recouvrer le legs de la vieille civilisation persane, après les génocides commis par les Mongols au XIIIe siècle (la chute de Bagdad est de 1258). Rome a paru ressusciter avec Charlemagne, après une éclipse de trois cents ans (mais l'empire byzantin, qui était, du reste, la revanche des hellénophones sur les latins, pour sa part, persistait, en s'adaptant). La Chine actuelle semble être un brillant Risorgimento de l'Empire du milieu. Mais l'Iran s'est appuyé sur une population homogène, un vaste territoire difficile d'accès, et surtout une religion vigoureuse: le chiisme. L'empire carolingien ne fut pas vraiment la résurrection de l'empire romain, même s'il participe d'un fantasme qui va hanter les Européens jusqu'à nos jours. Il est plutôt l'antichambre de la féodalisation du continent, de son recentrage sur des pouvoirs locaux puissants (dimension, d'ailleurs, qu'il ne faudrait pas dédaigner, pour caractériser une Europe dont la nature est d'être éminemment plurielle). Quant à la Chine, dont nous avons dit qu'elle était « occidentale », comme la Russie post-marxiste et libérale-étatique, elle se présente comme une revanche sur le colonialisme occidental (au sens classique), tout en en empruntant ses traits les plus saillants (à la suite de l'empereur Mao, qui fut un grand éradicateur de « vieilles vieilleries ») à ses adversaires, accentuant ainsi l' « Oubli ».

Nous n'avons pas évoqué l'Amérique latine qui, à mon sens, partage bien des points communs avec la Vieille Europe. Elle a ceci de caractéristique qu'elle est née d'un héritage, celui de l'empire espagnol, comme nous, qui sommes les héritiers de l'empire romain, qu'elle a tenté, comme nous, de « restituer », dans certains points du continent latino-américain, avec plus ou moins de succès, et avec un œil sentimental sur les grandes civilisations inca, maya, aztèque. Comme nous, elle a gardé cet idéal impérial, qui nous a tant travaillé.
La révolution bolivarienne fut un échec, tandis que les États géants, qui sont de fait des empires, comme le Brésil et le Mexique, furent des réussites, après bien des tribulations. Un pays comme le Mexique conjugue son hispanité (les Yankees en savent quelque chose) et le souvenir vivace de l'indianité.

Le Brésil est une mélange ethnique qui a plus ou moins « pris ». Ces nations s'opposent, plus ou moins virtuellement, plus ou moins violemment, à l'impérialisme US, qui les considère comme des proies traquées dans une réserve de chasse. Elles sont une solution existentielle qui a fait la part des démons du passé: racisme, intolérance religieuse, sous-développement quasi fatal, notamment à la suite du pillage par les oligarchies et les grandes firmes américaines. Toutefois, elles sont encore sujettes à bien des défis : une masse considérable de misérables, réduits à la violence sociale et aux trafics en tous genres, les pronunciamientos, les agressions américaines (peut-être un avenir tout prochain, en ce qui nous concerne).
Mutatis mutandis, c'est bien ce schéma civilisationnel qui est promis à la Vieille Europe.
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Trump – Poutine: Budapest devient le nouveau « point d'ancrage » de la paix

Trump – Poutine: Budapest devient le nouveau « point d'ancrage » de la paix
par Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/10/trump-putin-budapest-wird-zum...
Après un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine jeudi, le président américain Donald Trump a annoncé qu'il allait bientôt rencontrer à nouveau Poutine, cette fois à Budapest.
Donald Trump s'est entretenu jeudi au téléphone avec Vladimir Poutine et a qualifié la conversation de « très productive ». Ce qui a suivi pourrait changer le cours géopolitique des prochains mois.
Poutine a félicité Trump pour son «succès du siècle»: la paix au Proche-Orient.
Trump, quant à lui, considère ce succès comme la clé de la prochaine étape: la fin de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Selon Trump, les deux parties souhaitent réunir leurs conseillers la semaine prochaine, sous la direction du ministre des Affaires étrangères Marco Rubio pour les États-Unis. Cette réunion doit servir à préparer un sommet à Budapest.

Budapest – l'heure d'Orbán
Ce n'est pas un hasard si Trump choisit précisément la Hongrie comme lieu de rencontre: Orbán est le seul chef de gouvernement de l'UE à se prononcer ouvertement en faveur de pourparlers de paix avec la Russie. Budapest devient ainsi le symbole de la souveraineté européenne – en dehors de la ligne bruxelloise.
Pour Trump, Orbán est également un test pour savoir si l'Europe est encore capable d'agir lorsque Washington ne mène pas la danse.
Le calcul stratégique
Trump souligne les « grands progrès » accomplis, mais évite d'entrer dans les détails. Les analystes y voient une double stratégie: il attire Zelensky et l'UE avec la perspective d'un soutien américain (« Tomahawks ») pour ensuite exiger un cessez-le-feu immédiat, comme preuve de sa capacité à instaurer la paix avant l'année électorale américaine.
Pour le Kremlin, Budapest est plus qu'un simple lieu: elle marque le retour à la realpolitik – laquelle consiste en des discussions sur la sécurité, le commerce et l'ordre d'après-guerre. L'Europe, en revanche, est mise en avant: tandis que Bruxelles parle de « dissuasion », d'autres négocient la paix et un nouvel ordre.
Conclusion
L'« élan mourant d'Anchorage » – l'échec de la communication entre les États-Unis et la Russie sous Biden – renaît à Budapest. Ce qui a commencé comme un geste pourrait devenir un tournant. Avec Budapest, un nouveau pôle géopolitique se forme: Washington – Moscou – Budapest. Les cartes de la sécurité européenne sont en train d'être redistribuées.
18:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, hongrie, europe, affaires européennes, russie, états-unis, viktor orban, vladimir poutine, donald trump, diplomatie, realpolitik |
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Nietzsche et Marx

Nietzsche et Marx
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/10/06/costanzo-preve-om-ni...
Costanzo Preve (1943-2013) fut l’un des plus grands spécialistes italiens du marxisme, lui-même marxiste durant de nombreuses années, doté d’une profonde connaissance de la philosophie et de l’histoire des idées. Après la chute du socialisme réel, il s'est éloigné de la gauche et a élaboré une critique de la dichotomie droite-gauche, proposant une alternative sous la forme d’un communisme communautaire et d’une Europe libre. Il a dépassé la peur permanente des gauches de s’associer à d’autres catégories d'idéologues et il a collaboré aussi bien avec Alian de Benosit qu’avec Claudio Mutti.
Preve était un penseur intéressant, comme en témoigne son ouvrage Marx e Nietzsche de 2004 (en italien, mais il existe aujourd’hui de bons logiciels de traduction). Le point de départ est que nous nous trouvons dans une nouvelle situation historique, où les anciennes lectures de Marx et Nietzsche sont dépassées. Il faut donc une nouvelle lecture, ce que Preve appelle une « orientation gestaltique ». Ce n'est pas chose aisée, étant donné les associations qui, au fil du temps, se sont attachées à Marx comme à Nietzsche, mais la situation est grave et, pour la comprendre, nous avons besoin, entre autres, de leurs outils.
Plusieurs de nos textes sur Marx et Engels ont abordé la déconstruction et la reconstruction, le fait de lire Marx « par la droite » et d’examiner dans quelle mesure une telle lecture offre des perspectives utiles et quelles en sont les limites. L’approche de Preve est en partie similaire; il estime que la dichotomie droite-gauche est dépassée et que Marx n’est aujourd’hui plus particulièrement de gauche. Il remarque qu’il est désormais reconnu que Nietzsche peut aussi être lu à gauche, mais « il n’est pas du tout de notoriété publique que Marx n’a pratiquement rien à voir avec ce qui est considéré comme la pensée de “gauche”. Marx était certainement “de gauche” en son temps, dans le sens que ce mot avait entre 1840 et 1880, mais aujourd’hui le terme “gauche”, malgré son flou, contient des éléments historiques (l'antifascisme, la modernisation) et philosophiques (l'historicisme, l'économicisme, etc.) qui n’ont plus rien à voir avec la vision du monde de Marx. »

Preve et l’histoire
Mais jusqu’à présent, beaucoup ont parlé de sa mort (Nietzsche), de son inexistence (Marx), etc., mais personne n’avait encore osé parler de sa consommation. Vattimo le fait, et à mon avis, le philosophe turinois n’est que le porte-parole involontaire de forces historiques et économiques immensément plus puissantes que lui: à savoir, le capitalisme totalitaire post-bourgeois et post-prolétarien. Le fait que l’Être puisse effectivement être « consommé » ne peut se produire que dans un horizon social où la Consommation est devenue le seul lien social perceptible, visible et discernable.
– Preve
Preve propose un résumé original de l’histoire moderne où, entre autres, la petite bourgeoisie et la dichotomie droite-gauche sont éclairées d’un jour nouveau. En partie, il s’agit de constats déjà connus — il écrit notamment que « les années qui vont de 1917 à 1945 ont été qualifiées de “guerre civile européenne” (Nolte) et les années 1945 à 1975 de “trente glorieuses” (Hobsbawm) ». Il est intéressant qu’il considère la période jusqu’en 1975 comme un « revers » pour la logique du capital, cette logique qui réduit tout à des marchandises sur le marché (« la première société de l’histoire humaine dont la dynamique interne de développement tend à désintégrer toutes les communautés préexistantes et à les remplacer par une masse artificielle de producteurs et de consommateurs sous pression »).
Ce revers venait de deux directions, de la « droite » et de la « gauche » (Preve cite ici tout autant Perón et le socialisme baasiste - de Syrie et d'Irak - que Staline et Hitler). Il s’agissait, du moins en Europe, de deux stratégies: «une tendance faisait appel à la petite bourgeoisie et était principalement de droite. Une autre tendance s’adressait aux classes laborieuses, prolétariennes et populaires et était principalement de gauche ». Dès les années 1970, la dynamique du capital a repris, plus particulièrement après la chute du bloc de l’Est.


Preve rappelle le grand ouvrage de Samuel Francis, Leviathan & Its Enemies, en constatant que « le nouveau capitalisme qui émerge après le tournant du 20ème siècle est largement post-bourgeois, post-populaire et post-prolétarien ». Il évoque à la fois Francis et Kotkin lorsqu’il identifie les composantes de la nouvelle société de classes comme « une oligarchie financière multinationale, une classe moyenne mondiale et une plèbe flexible sont les nouvelles classes qui exigent de nouvelles approches et de nouvelles classifications, lesquelles tardent à émerger précisément en raison d’une paralysie de trente ans dans la perception des innovations historiques ».
Un aspect fécond de l’écriture historique de Preve est sa compréhension du phénomène de 1968, célébré par beaucoup, et pas seulement à gauche, mais que Preve identifie comme « un moment “systémique” de transition d’un capitalisme bourgeois, donc encore relativement fragile, à un capitalisme post-bourgeois, donc beaucoup plus répandu, métabolisé et puissant. » Il s’agissait avant tout de détruire les restes des anciennes formes religieuses, culturelles, sociales et politiques européennes.
L’analyse de Preve sur la gauche à laquelle il a jadis appartenu est également précieuse. Il a visité à plusieurs reprises les pays de l’Est et a pu constater que la proportion de convaincus ne dépassait pas 20%, les 80% restants ne croyant pas au projet socialiste réel (y compris de nombreux hauts politiciens).
Preve décrit la gauche comme un milieu social incapable de se réformer. «En termes marxistes, toute proposition innovante est inacceptable si son destinataire social est irréformable. En termes nietzschéens, la consolidation d’un bloc social composé d’Ermites et de Derniers Hommes engendre simultanément Décadence et Nihilisme », constate-t-il. Il décrit aussi comment de nombreux anciens de gauche se sont tournés vers les États-Unis quand leur ancien “maître”, sous la forme de l’Union soviétique, avait disparu. « Pour moi, je le répète, l’appartenance n’est rien, et la compréhension est tout, et cette position est l’opposé de ce qui se passe dans 98% du mouvement communiste, pour lequel la compréhension ne compte pas et l’appartenance est tout », écrit Preve.
Preve et les couches intermédiaires
Politiquement, les communautés subalternes se redéfinissent comme le Peuple, et économiquement, elles se définissent comme le Prolétariat.
– Preve
Les choses deviennent vraiment intéressantes lorsque Preve aborde la relation entre la gauche et la classe ouvrière. Son point de départ est que les classes subalternes, dominées, sont incapables par elles-mêmes de développer une culture anticapitaliste et doivent donc déléguer ce travail aux couches intermédiaires instruites (« complètement incapables de produire une culture stratégique anticapitaliste, et obligées d’en déléguer la construction aux classes moyennes inférieures instruites, qui sont totalement inadaptées à cette tâche car prisonnières de leurs propres fantômes: ceux du ressentiment (prolétarien) et de la peur (petite-bourgeoisie)»). On peut d’ailleurs noter l’incapacité de Marx à l’introspection, évoquant la relation entre classe et idéologie mais sans s’attarder sur sa propre appartenance, qui était non prolétarienne.
Preve explique cela: « 95% des “intellectuels organiques” de la gauche (prolétarienne) et de la droite (petite-bourgeoise) proviennent du même environnement, à savoir la petite bourgeoisie cultivée… Marx et Nietzsche sont, de ce point de vue, des penseurs beaucoup plus proches qu’on ne le croit à première vue ». Il évoque aussi le fait que les couches subalternes, contrairement à la théorie de Marx, sont plus révolutionnaires au début de leur rencontre avec le capitalisme, avant d’être intégrées mentalement et politiquement, et que la prolétarisation des classes moyennes n’a pas eu lieu car « le mécontentement des classes moyennes est, de fait, bien plus dangereux pour la reproduction capitaliste que celui des classes ouvrières proprement dites (c’est un point que l’économisme populiste marxiste ne comprend pas et ne comprendra jamais)». Il remarque également que les alternatives de ces couches subalternes, mutualistes et coopératives, sont « en réalité le terrain le plus avancé possible pour ceux qui entendent maintenir leur ancienne identité fondée sur la solidarité ».
Marx et Nietzsche
Est-il possible de proposer une comparaison entre l’individualité libre de Marx et le Surhomme–l’Autre homme de Nietzsche ? Voilà, bien sûr, tout l’enjeu de ce modeste petit travail.
– Preve
La lecture que fait Preve de Marx revient aux sources et le replace dans son contexte historique. Il identifie notamment le cœur du projet marxien: l’aliénation. L’aliénation suppose une rupture historique et une nature humaine aliénée (la fameuse essence de l’espèce).
Preve résume l’aliénation ainsi: « le capitalisme aliène donc l’essence humaine générique du simple fait qu’il la réduit à une seule dimension: celle de la production et de l’échange de marchandises. L’essence humaine est générique, et le capitalisme la force à devenir uniquement spécifique. Les humains sont forcés de penser leur présent et de planifier leur avenir dans la seule dimension restrictive de la production et de l’échange de marchandises».

On peut ici comparer avec la description d’Evola du caractère démoniaque de l’économie et du travail contre d’autres activités, même si Marx, à la différence, manque d’un appareil conceptuel pour ces autres activités et cette essence d’espèce. Quoi qu’il en soit, Marx estime que l’homme a été aliéné au cours de l’histoire. Contrairement à beaucoup à droite, il pense néanmoins qu’un retour à des formes sociales plus anciennes et moins aliénées est impossible. Il faut donc construire de nouvelles formes.
Preve trouve cette approche féconde et écrit: « Marx envisage une anthropologie de l’individualité libre dans un cadre communautaire non oppressif, et c’est ce projet qui a les implications épistémologiques de sa théorie du “matérialisme historique”. Si un “retour à Marx” a un sens aujourd’hui, ce ne peut être que dans cette perspective. »
Tels sont les idéaux de Marx. Sa méthode peut être tout aussi utile selon Preve. Il s’agit d’un appareil conceptuel pour comprendre les sociétés, même si l’on sait aujourd’hui que Marx ne pouvait pas forcément prédire l’avenir avec le dit appareil. Il a surestimé, par exemple, le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière et n’a pas développé de théorie sur sa propre classe. Mais cela ne signifie pas que la notion de classe est inutilisable.

Preve résume la boîte à outils marxienne ainsi: «Le modèle scientifique de Marx repose sur quatre concepts fondamentaux (mode de production, forces productives, rapports de production et idéologie), auxquels on peut ajouter un cinquième et un sixième, développés surtout par Lénine (formation socio-économique et impérialisme)… Personnellement, je pense que l’utilisation rationnelle de ces six concepts, qui forment ensemble un modèle théorique harmonieux et équilibré, est totalement indépendante de la “foi” dite en une solution communiste des contradictions sociales, même si chez Marx, la perception de l’aliénation, le projet anthropologique de l’individualité libre et enfin le modèle épistémologique d’une science historique unifiée étaient une seule et même chose, inséparables».
Comme l’écrit Preve, il est tout à fait possible d’utiliser ces quatre ou six concepts marxistes centraux et de conclure que la société classique libérale ou l’État-providence est l’état le plus probable et/ou le plus souhaitable. Ou de les combiner à des concepts d’autres penseurs, par exemple Spengler et Schmitt.
La lecture que fait Preve de Nietzsche est par endroits aussi féconde que celle de Marx. Il ne considère pas Nietzsche comme un penseur particulièrement irrationnel ou athée; au contraire, il « philosophe avec le marteau » de façon fondamentalement rationnelle, et la « mort de Dieu » est avant tout une description d'une société ayant perdu sa base métaphysique.
Preve est conscient que Nietzsche avait une autre vision des ouvriers et de la démocratie que Marx; il écrit notamment: « Nietzsche, cependant, ne s'est pas seulement opposé à la Commune de Paris, il est allé beaucoup plus loin. Il y voyait le terrible signal émanant du “volcan” de la hideuse populace démocratique, porteuse du vieil esprit de ressentiment, de la décadence et du nouveau ressentiment du nihilisme. La Commune de Paris joue un rôle crucial dans la genèse historique et psychologique de la pensée de Nietzsche».

En même temps, il ne voit pas en Nietzsche un défenseur de l’inégalité, que ce soit dans sa forme traditionnelle ou libérale de marché (« que le lecteur réfléchisse donc à un fait curieux. Nietzsche, ce penseur dont le style expressif déborde de rhétorique sur l’inégalité, est en même temps le créateur d’une philosophie qui n’offre aucune base pour légitimer ni le modèle religieux de l’inégalité précapitaliste ni le modèle économique de l’inégalité capitaliste », écrit-il).
Mais, une fois encore, on peut distinguer entre les idéaux de Nietzsche, d'une part, et sa méthode ou son appareil conceptuel, d'autre part. Ce dernier s'avère utile pour comprendre aussi bien l’histoire que le présent, comme le montre l’analyse de la gauche teintée de nietzschéisme de Preve.
Il écrit à propos de Nietzsche: « il n’est pas incorrect de dire qu’il aboutit en fait à un système implicite, dans lequel un fait préliminaire à reconnaître (la mort de Dieu) donne lieu à une métaphysique fondée sur quatre coordonnées structurantes (décadence, nihilisme, retour éternel du même, et enfin la volonté de puissance). » Ce sont là quatre concepts utiles.
Preve résume aussi les cinq types de personnages chez Nietzsche: «La thèse de Nietzsche sur la mort de Dieu est une thèse anthropologique car elle n’a pas d’autre fonction que de servir de fondement à une sorte de théâtre anthropologique composé de cinq personnages différents (l’Homme, l’Ermite, l’Homme supérieur, le Dernier Homme, et enfin le Créateur) dont la nature doit être pleinement comprise. »
Dans l’ensemble, c’est un petit ouvrage riche d’enseignements. Preve décrit une nouvelle situation historique, où les anciennes classes ont été remplacées par des oligarques, une classe moyenne mondiale et une plèbe, et où droite et gauche sont devenus des concepts obsolètes. On n’est pas obligé de partager sa définition de la droite et de la gauche; il existe également une approche plus métahistorique représentée, entre autres, par Evola et Chafarevitch, qui permet de trouver son récit historique utile.
Preve est particulièrement intéressant pour une gauche qui commence à soupçonner que la « gauche » s’est enfermée dans des comportements nuisibles. Son analyse de l’empire mondial américain est en partie datée, beaucoup de choses se sont passées depuis 2004, mais la lutte pour une Europe libre demeure intemporelle.
L’accent mis par Preve sur le capitalisme plutôt que sur la bureaucratie moderne suggère aussi une perspective spécifique; la question de savoir qui est le maître et qui est le valet dans la relation entre « l’État et le capital » a été débattue depuis longtemps et, selon Evola et Klages, pourrait même cacher certains facteurs “z” ayant façonné aussi bien le capitalisme que l’État moderne. Mais dans l’ensemble, le livre de Preve, Marx e Nietzsche, est vivement recommandé au lecteur averti.
18:09 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : karl marx, friedrich nietzsche, costanzo preve, philosophie, philosophie politique, politologie, sciences politiques, théorie politique |
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Béhémoth contre Léviathan: la liturgie antilibérale d’Aleksandr Douguine

Béhémoth contre Léviathan: la liturgie antilibérale d’Aleksandr Douguine
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/10/14/behemot-vastaan-leviat...
La philosophie politique d’Aleksandr Douguine cherche à répondre à la crise du monde moderne du point de vue russe, en cherchant une alternative au système de l’époque, dominé par l’hégémonie occidentale. Les racines de la pensée de Douguine se trouvent cependant chez des penseurs européens tels que Julius Evola et René Guénon, ainsi que Carl Schmitt et Martin Heidegger. Cette combinaison montre que son idéologie ne se limite pas à la pensée russe, mais constitue une synthèse complexe d’ésotérisme ainsi que de philosophie politique et existentielle, par laquelle il remet en cause les valeurs dominantes.
Dans le vide spirituel et idéologique ayant suivi l’effondrement de l’Union soviétique, Douguine a vu le libéralisme occidental s’imposer en Russie comme une force matérialiste et dépourvue d’âme, menaçant les valeurs traditionnelles et l’identité nationale. À partir de cette expérience, il s’est donné pour objectif de restaurer la vocation historique et civilisationnelle de la Russie. Douguine a commencé à formuler la «Quatrième théorie politique», qui rejette le libéralisme, le communisme et le fascisme comme des modèles sociaux qui ont échoué.
La Quatrième théorie politique ne se contente pas de critiquer le passé, mais propose une vision d’un monde multipolaire dans lequel les civilisations peuvent préserver leur singularité. Selon Douguine, la crise de notre époque découle de l’incapacité à respecter les différences culturelles et historiques, qu’il considère comme victimes de l’effet uniformisant du libéralisme mondial. Au cœur de sa philosophie se trouve l’idée d’une Russie puissance géopolitique et spirituelle, menant la résistance contre l’universalisme occidental.
Sur le plan géopolitique, Douguine a développé une version moderne de l’eurasisme jadis formulé par des émigrés russes, visant à fonder un « Empire eurasiatique ». Ce projet a pour but de contester l’ordre mondial occidental dominé par les États-Unis, en créant un système multipolaire qui met l’accent sur les valeurs traditionnelles et la diversité culturelle. Dans la vision ambitieuse de Douguine, l’empire unifie les peuples d’Eurasie sous la direction de la Russie, formant une sphère d’influence significative qui rejette le libéralisme occidental et les effets de la mondialisation.
Ces dernières années, Douguine a diffusé cette vision à l’échelle mondiale. Il est devenu un créateur de contenu actif sur les réseaux sociaux, touchant un public international avec ses publications. Douguine a accordé une attention particulière à Donald Trump, qu’il considère comme un challenger à l’hégémonie globaliste occidentale, espérant que l’Amérique de Trump se rapproche de la Russie de Poutine. Ce rêve est toutefois naïf, car la politique de Trump visait à renforcer le pouvoir unilatéral des États-Unis, ce qui est en contradiction avec l’idéal d’un monde multipolaire.
Le blogueur américain S. C. Hickman examine la philosophie de Douguine dans la perspective schmittienne, à travers les figures métaphysiques de Béhémoth et Léviathan – non seulement comme forces politiques, mais comme puissances ontologiques profondes dont la lutte façonne le monde contemporain. Ce combat reflète la transformation de l’ordre mondial, où tradition et technologie rivalisent pour l’hégémonie.

Béhémoth incarne le principe de la « terre », qui unit la sacralité du territoire, le caractère liturgique du temps et la vocation civilisationnelle de la politique. Béhémoth parle « russe, grec, persan et sanskrit » – des langues qui symbolisent de profondes traditions historiques. La citoyenneté est définie par l’obéissance à la vocation civilisationnelle, et l’État devient un autel. La vision multipolaire de Béhémoth est une « couronne de temples que les comptables de l’Atlantique ne peuvent pas inspecter », révolte contre la quantification globale.
Hickman souligne que la force du Béhémoth réside dans sa capacité à ancrer l’identité dans la terre et la tradition. Ce principe incarne la vision douguinienne de l’autodétermination des civilisations, où chaque culture conserve son essence unique plutôt qu’une homogénéisation globale.
Béhémoth ne défend pas seulement les racines historiques, mais les élève au rang sacré, faisant de la nation le porteur d’un destin collectif. Dans cette vision, la rationalité technologique et économique moderne est remplacée par une finalité mythique et spirituelle, qui rejette la foi occidentale dans le progrès.

À l’inverse, Léviathan représente, selon Hickman, le principe de la « mer », devenu une « force globale liquide », très éloignée de la vision étatique originelle de Thomas Hobbes. Il parle « anglais et Co. », passant des langues nationales au code universel de l’économie et de la technologie mondiales. Léviathan transforme « l’océan mondial en réseau et le réseau en cerveau », remplaçant l’État par des algorithmes, la souveraineté par des actions de sociétés et la sécurité par des plans de service.
La force du Léviathan se manifeste dans sa capacité à fondre les individus et les communautés dans un flux numérique homogène, où les frontières et identités traditionnelles se dissolvent dans la logique du marché et de la technologie. Ce changement fait du Léviathan non seulement une puissance économique, mais aussi une puissance ontologique dominante, redéfinissant l’humanité selon des critères de données et d’efficacité, ne laissant derrière lui qu’une « liturgie du code ».
Hickman comprend que, malgré leurs oppositions, Béhémoth et Léviathan partagent une hostilité envers le Logos, principe rationnel de la compréhension humaine. Béhémoth l’enterre sous la révélation et le mysticisme, Léviathan le fragmente en paquets de données; l’un exige le respect du mystère, l’autre l’obéissance aux mesures.
Le résultat, dans les deux cas, est le même: le rôle du citoyen est réduit à la soumission ou à la consommation passive. Ils rivalisent pour savoir qui prendra le pouvoir lorsque le projet libéral sera à peine refroidi. Hickman voit comme alternatives sinistres une vie à l’ombre de deux monstres – «l’autorité sacerdotale-royale» et «le pouvoir de la machine capitaliste».
L’analyse de Hickman révèle la contradiction centrale de la philosophie de Douguine: bien qu’il critique la crise provoquée par le libéralisme, son eurasisme et sa quatrième théorie politique mènent eux aussi à leur propre forme de totalitarisme. L’approche de Douguine est théologique: la vie moderne est une hérésie existentielle, à laquelle il oppose la liturgie, la hiérarchie et la transcendance.
Bien que le système de Douguine soit imparfait, contradictoire et sujet à des interprétations autoritaires, il offre une alternative à ceux qui rejettent le libéralisme. Sa philosophie ne vise pas tant à résoudre des problèmes politiques qu’à remettre en cause tout le fondement du système actuel. Cette approche reflète la mutation du paradigme mondial de notre époque et l’aspiration à un ordre qui brûle en son cœur.
17:23 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, nouvelle droite, nouvelle droite russe, philosophie, béhémoth, léviathan, alexandre douguine |
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vendredi, 17 octobre 2025
Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrons répondre à la question: qui sommes-nous ?

Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrons répondre à la question: qui sommes-nous ?
par Gennaro Scala
Source : Gennaro Scala & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualora-crollasse...
« Si la Russie était vaincue en Ukraine, la soumission européenne aux Américains se prolongerait d’un siècle. Si, comme je le pense, les États-Unis étaient vaincus, l’OTAN se désintégrerait et l’Europe serait laissée libre. »
C’est ce qu’affirmait Emmanuel Todd lors d’un entretien au Corriere di Bologna, à l’occasion de la présentation dans la ville de la traduction de son livre La défaite de l’Occident. Il s’agit probablement d’une simplification volontaire ; disons que ce serait une condition nécessaire, mais non suffisante. Le problème de l’identité est celui le plus difficile à affronter, il génère de « l’angoisse ». J’ai remarqué que lorsque j’ai essayé d’aborder la discussion sur ce sujet, il y a généralement une baisse des interactions.
Ceux qui affirment que nous sommes colonisés par les États-Unis disent indubitablement la vérité, mais ce n’est qu’une partie du problème. Même avec un regard sommaire sur l’histoire du siècle dernier, il apparaît que la « guerre de Trente Ans » est l’effondrement de toute la civilisation européenne. Les vaincus ne sont pas seulement l’Allemagne et l’Italie, mais aussi la France et l’Angleterre qui perd son empire colonial. Il fut commode de désigner le seul mal dans le fascisme-nazisme. Il suffit de rappeler que l’idéologie raciale naît en Angleterre, est incubée en France puis se développe en Allemagne. L’idéologie raciale était une régression barbare qui attestait déjà de la fragmentation de l’idée d’une unité culturelle européenne. Une civilisation est toujours nécessairement l’union de différentes « races » (soit des groupes humains particuliers), tandis que le racisme (voir à ce sujet l’historien Andrea Giardina) était absent dans la civilisation romaine, dont le fascisme se proclamait héritier, civilisation qui, pour le meilleur ou pour le pire, a perduré plusieurs siècles, presque deux millénaires si l’on considère « l’Empire byzantin ».
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, la civilisation européenne s’effondre et la culture européenne disparaît progressivement dans ses déclinaisons nationales et même locales, surtout en Italie, qui se distinguait par la richesse de ses cultures locales, dont il ne reste que peu de chose. Pasolini affirmait qu’il s’agissait d’un véritable génocide culturel. La culture, ou plutôt les cultures européennes, sont remplacées par la culture de masse de l’industrie culturelle américaine. À l’école, on nous a fait étudier Dante, Manzoni, Leopardi, Foscolo, mais notre cœur battait pour les séries télévisées ou les films à la télévision. Nous avons grandi et avons été formés mentalement par la culture de masse principalement d’origine américaine. Il serait réconfortant, voire un peu puéril, de penser que la fin de la culture européenne est due principalement à la malveillance et à la capacité de manipulation du pouvoir américain, qui la caractérisent tout de même. Elle s’est surtout effondrée à cause de ses contradictions internes.

Il faut donc éviter l’anathème « apocalyptique » contre la culture de masse, à la façon de l’école de Francfort, en constatant que la « culture de masse » a produit quelque chose de bon, surtout en Italie, lorsqu’elle s’est greffée sur notre tradition culturelle. À titre d’exemple, pensons au chef-d’œuvre cinématographique de Comencini inspiré du chef-d’œuvre de Collodi, un conte de fées riche en symboles profondément ancrés dans notre histoire culturelle, de la culture grecque et romaine à la Bible et au conte populaire. Ou aux bandes originales d’Ennio Morricone, enracinées dans la tradition musicale italienne. Cependant, la culture de masse est principalement un amas de déchets, où l’on peut parfois trouver quelque chose de bon et d’utile, mais qui est constitué de produits à consommer puis à jeter, souvent stupides, déments, aberrants. La production culturelle est aussi un divertissement, mais lorsque cela devient son objectif principal, lorsque cela devient la façon dont des êtres humains en cage remplissent une vie vide, privée de relations sociales normales, elle devient dégradante. La culture, dans ses diverses manifestations, sert à définir notre être-au-monde, en tant qu’êtres humains qui participent à l’humanité à travers leur propre culture, leur propre langue et leurs propres traditions.
Si la domination américaine venait à être sérieusement remise en cause, la fragilité du confort avec lequel nous nous sommes livrés à l’hégémonie culturelle américaine apparaîtrait au grand jour, et l’on verrait combien la culture de masse est incapable de répondre aux besoins humains fondamentaux. Cela est déjà attesté par le désordre moral et psychique dévastateur de nos sociétés.
Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrions répondre à la question : qui sommes-nous ?
Ce ne sera pas facile, mais cela pourrait être un nouveau départ.
19:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes |
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Gaza. La rhétorique de la paix

Gaza. La rhétorique de la paix
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/gaza-la-retorica-della-pace/
Pax Americana. Donald Trump affirme avoir fourni de nombreuses armes à son ami Netanyahu. Même des armes si sophistiquées qu'il ne savait pas lui-même qu'il les possédait.
Et cela, a-t-il déclaré textuellement, a conduit à la paix à Gaza.
Or, la déclaration de Donald Trump est révélatrice de ce qu'est le concept même de paix pour les Américains. Pas seulement pour l'actuel président, mais pour tous les Américains. Ou plutôt, pour la grande majorité d'entre eux et, surtout, pour les élites qui ont toujours gouverné l'empire occidental.
La paix après la conquête. La pacification d'un territoire conquis et complètement assimilé.
Ce n'est pas tout à fait nouveau, à bien y regarder. Cela rappelle, au fond, la Pax Romana. Le « si vis pacem para bellum » de l'empire le plus durable que l'histoire ait connu.
Mais cette similitude n'est qu'apparente. Les Romains assimilaient les peuples conquis. Ils intégraient leurs élites. Ils romanisaient les croyances et les dieux différents.
Rien de tout cela en Amérique.
Plus de 100 millions d'autochtones, les célèbres Peaux-Rouges ou « (Amér)Indiens », ont été exterminés. Et également dépouillés de leur mémoire, grâce à une machine médiatique, au cinéma et à d'autres moyens qui ont réécrit l'histoire.
Faisant passer le mensonge pour la vérité.
On dira que c'est du passé. Et pourtant, cela rend bien compte de la différence culturelle profonde et radicale entre les anciens Romains et les Américains modernes.
Et mon vieil ami avait probablement raison lorsqu'il m'a dit: les Américains prétendent, avant tout à eux-mêmes, être les héritiers des Grecs et des Romains. En réalité, ils sont les Carthaginois. Une puissance commerciale impitoyable, incapable de ressentir la moindre « pietas ».
Et c'est ainsi que Trump donne voix à cette Amérique/Carthage. Il l'incarne totalement, même avec son soutien sans réserve à Israël. Ou plutôt au sionisme impérialiste de Netanyahu.
Peut-être (mais le doute est permis) ne pense-t-il pas à un génocide total des Palestiniens de Gaza. Comme le voudrait Bibi, en revanche.
Peut-être vise-t-il à les intégrer comme main-d'œuvre dans un nouveau Gaza Resort.
Un no man's land, géré par des sociétés financières dirigées par Tony Blair. Un nom qui est une garantie. Malheureusement.
Et il envisage un avenir merveilleux de plage de luxe pour les riches. Une plage fabuleuse, à condition de ne pas creuser dans le sable. On pourrait y trouver trop de crânes.
Et des souvenirs inquiétants.
17:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gaza, palestine |
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Tempête dans un verre d’eau: le Danemark relativise l’alerte aux drones

Tempête dans un verre d’eau: le Danemark relativise l’alerte aux drones
Copenhague/Munich. Il ne s’agissait vraisemblablement pas d’une attaque de drones russes: au Danemark, les récentes informations sur de prétendus survols de drones sont de plus en plus relativisées. Les incidents initialement considérés comme dramatiques au-dessus de Copenhague et de certaines installations militaires du pays manquent, même après plusieurs semaines, de toute base probante – la gouvernement danois a désormais dû le reconnaître.
Le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, a délibérément évité le terme « drones » lors de sa dernière conférence de presse et n’a parlé que d’« observations aériennes ». Il s’est ainsi nettement démarqué de la position précédente: « Je pense que la leçon à tirer de ce que nous avons vu concernant les observations de drones – ou ce que nous préférons désormais appeler observations aériennes – est qu’il faut de nombreux éléments différents pour déterminer précisément s’il s’agit réellement d’un drone ou d’autres objets ».
Cette formulation plutôt vague contraste fortement avec les déclarations de la Première ministre Mette Frederiksen du 25 septembre. La cheffe du gouvernement avait alors parlé sans détour d’une « attaque » de drones et affirmé qu’ils avaient été « aperçus à plusieurs endroits près d’infrastructures critiques, militaires et civiles ».
Les conséquences des prétendues observations ont, elles, été bien réelles: l’espace aérien au-dessus de l’aéroport de Kastrup avait été temporairement fermé le 22 septembre. Cependant, il n’a pas été possible d’identifier les objets volants inconnus ni d’arrêter des suspects. Et il n’existe à ce jour absolument aucun indice d’une quelconque activité russe. Le chef de la police nationale, Thorkild Fogde, a reconnu qu’il manquait toujours des « informations concrètes » sur l’origine et le type des supposés drones.
D’ailleurs, également à Munich: là-bas aussi, presque une semaine après les prétendues observations de drones à l’aéroport, qui avaient conduit à une interruption temporaire du trafic aérien, on ne sait absolument rien. Un porte-parole de la police fédérale a déclaré à l’agence de presse AFP que, malgré « d’importantes mesures de recherche », aucun responsable n’avait pu être identifié. Le site a été survolé, mais rien n’a été constaté. Le type de drone n’est pas non plus connu. On ne sait même pas s’il y a réellement eu un danger concret pour le trafic aérien à l’aéroport de Munich (mü).
Source: Zu erst, Octobre 2025.
15:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drones, actualité, danemark, europe, affaires européennes |
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L'UE prévoit un changement de régime en Hongrie: Orbán accuse Bruxelles et Kiev de comploter un coup d'État

L'UE prévoit un changement de régime en Hongrie: Orbán accuse Bruxelles et Kiev de comploter un coup d'État
Budapest. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán porte de graves accusations contre les dirigeants de l'UE et les dirigeants ukrainiens. Il a une fois de plus exprimé sa conviction que Bruxelles, en collaboration avec le gouvernement Zelensky à Kiev, conspire pour provoquer un changement de gouvernement en Hongrie afin d'installer une administration docile à Budapest.
Dans une interview accordée à l'hebdomadaire conservateur « Hetek », Orbán n'a pas mâché ses mots: « Les tentatives d'influencer la politique intérieure hongroise ne viennent pas seulement de Bruxelles, mais aussi de Kiev. » Il a été encore plus clair en affirmant: « L'objectif de Bruxelles est d'installer un gouvernement pro-ukrainien en Hongrie. »
Sans les nommer, Orbán désigne la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme les principaux acteurs de cette conspiration. Les sujets de conflit entre la Hongrie et l'UE sont notamment l'aide militaire de Bruxelles à l'Ukraine, les sanctions contre la Russie et le rapprochement avec l'Ukraine préconisé par Ursula von der Leyen. Orbán a réaffirmé son opposition catégorique à ces projets et a annoncé qu'il ferait tout son possible « pour que la Hongrie ne soit pas entraînée dans une éventuelle guerre avec la Russie ».
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a ajouté d'autres accusations: il a écrit sur Facebook qu'il existait également des plans de déstabilisation contre la Slovaquie et la Serbie.
Les dirigeants de l'UE désapprouvent fondamentalement le fait que les États membres poursuivent en priorité leurs intérêts nationaux.
Les services secrets russes SWR ont entre-temps confirmé ce scénario et affirment que von der Leyen examine sérieusement des scénarios de changement de régime en Hongrie. Selon ces informations, l'opposant Péter Magyar devrait être porté au pouvoir au plus tard en 2026.
Orbán voit ces efforts comme directement liés à son opposition à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Récemment, il a accusé Kiev de mener des opérations secrètes en Hongrie afin d'influencer les prochaines élections législatives. (mü).
Source: Zu erst, Octobre 2025.
14:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, hongrie, europe, affaires européennes, viktor orban |
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jeudi, 16 octobre 2025
Trump n'aura pas Bagram: les pays asiatiques soutiennent les talibans
Trump n'aura pas Bagram: les pays asiatiques soutiennent les talibans
Washington/Kaboul. Il y a quelques semaines, le président américain Donald Trump a fait mine de vouloir raviver un conflit presque oublié en déclarant vouloir récupérer l'ancienne base américaine de Bagram en Afghanistan. En août 2021, les États-Unis s'étaient retirés précipitamment d'Afghanistan après presque un quart de siècle.
Depuis, l'initiative de Trump est retombée dans l'oubli. Peut-être parce qu'une opposition internationale s'est formée contre elle. Dans le cadre du septième « format de Moscou » sur la question afghane, dix pays, dont des alliés des Etats-Unis tels que l'Inde et le Pakistan, ont soutenu la position du gouvernement taliban, qui ne veut bien sûr pas entendre parler d'une restitution de la base de Bagram aux États-Unis.
Outre la Chine, l'Iran et plusieurs États d'Asie centrale, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement taliban, Amir Khan Muttaqi, a participé pour la première fois à la réunion présidée par la Russie. Dans une déclaration commune, les participants ont condamné, sans mentionner directement les États-Unis, « les tentatives de certains pays de déployer leur infrastructure militaire en Afghanistan et dans les pays voisins », les jugeant inacceptables car contraires aux intérêts de la paix et de la stabilité régionales.
Lors de la conférence de presse finale, Muttaqi a réaffirmé: « L'Afghanistan est un pays libre et indépendant qui, au cours de son histoire, n'a jamais accepté la présence militaire d'étrangers. Notre décision et notre politique visant à préserver la liberté et l'indépendance de l'Afghanistan resteront inchangées. »
Cette offensive diplomatique fait suite aux menaces proférées par Trump le mois dernier, lorsqu'il avait prédit des « choses terribles » pour l'Afghanistan si le retour de la base de Bagram, située à proximité stratégique de la Chine, était refusé (mü).
Source: Zu erst, Oct. 2025.
17:32 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, afghanistan, bagram, asie, affaires asiatiques |
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Le projet eurasiatique de la Hongrie

Le projet eurasiatique de la Hongrie
Alan Herchhoren
Source: https://mpr21.info/el-proyecto-euroasiatico-de-hungria/
« Nous savons comment ils luttent. Ils utiliseront tous les moyens nécessaires, promettant des emplois, des bourses, la reconnaissance, la célébrité, le pouvoir et l’argent. Ils menacent, si nécessaire, avec de l’argent, des amendes, des sanctions financières et le retrait du droit de vote». Celui qui prononce ces paroles n’est pas un révolutionnaire. C’est Viktor Orbán, président de la Hongrie, dans un discours au sujet de l’Union européenne.
Il existe un proverbe espagnol qui dit: « Quand le navire coule, les rats sont les premiers à le quitter. » Le navire, c’est l’Union européenne et l’Occident et, depuis le début de l’Opération Militaire Spéciale (OMS) en Ukraine, tous les Européens ont pu constater comment le prix du panier de la ménagère, de l’essence pour leurs voitures ou du gaz qui chauffe leurs maisons a considérablement augmenté. L’Union européenne s’est tirée une balle dans le pied et a décidé d’appliquer des sanctions au gaz et au pétrole russes pour ensuite les acheter aux États-Unis, augmentant ainsi considérablement le coût de leur acquisition.
Tandis qu’en Europe occidentale on suit à la lettre les directives de Washington, certains pays commencent à remettre en question les décisions américaines et européennes. Dans le cas hongrois, il ne faut pas se tromper. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais d’une question économique. Les comptes ne sont plus équilibrés et la bourgeoisie hongroise cherche des portes de sortie au naufrage, plus que prévisible, du navire européen.

L’intérêt hongrois pour l’Asie n’est pas récent, il faut le chercher assez loin dans le passé: il remonte à près de 150 ans. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, une théorie appelée « touranisme » est apparue (en référence à Touran, un territoire au nord de l’Iran dénommé ainsi au Moyen Âge). Il ne faut pas oublier que le hongrois est une langue d’origine asiatique qui n’a aucun lien avec les langues européennes: son origine est ouralo-finnoise (tout comme le turc, le finnois ou l'estonien). Cette théorie naît à une époque où émerge le concept d’« identité », avec la naissance des nationalismes et du concept d’État-nation.
Cette théorie a eu un certain écho parmi les élites hongroises de l’Empire austro-hongrois, mais la défaite lors de la Première Guerre mondiale l’a reléguée au second plan. Cependant, pendant l’entre-deux-guerres, les cercles dans lesquels elle s’est diffusée étaient les mêmes qui combattaient la progression du Parti communiste hongrois. Ce furent les mêmes qui soutinrent le coup d’État de l’amiral Horthy (soutenu par la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis et les grands capitaux allemands) contre le jeune gouvernement de la République socialiste de Béla Kun en 1921. Les mêmes qui sont restés jusqu’en 1944, moment où l’Armée rouge a libéré la Hongrie du joug nazi-fasciste.
Cependant, l’époque actuelle est différente. Cela ne signifie pas que Viktor Orbán soit un leader révolutionnaire cherchant la souveraineté et l’indépendance de son pays. Bien au contraire – comme nous l’avons dit plus haut, il s’agit d’une question économique.
La Hongrie, tout comme la Turquie, aspire à être un intermédiaire entre l’Europe et l’Asie. Elle souhaite être, à l’image des Turcs qui le sont traditionnellement, le marchand avec qui l’on négocie. C’est pour cette raison qu’elle joue un double rôle. D’un côté, elle participe à l’Union européenne et à l’OTAN (sans quitter ces structures), et de l’autre, elle cherche à maintenir des relations cordiales avec la Russie, regarde vers l’Asie et mise sur l’entrée des capitaux chinois en Europe.
En raison de ses positions ambiguës vis-à-vis de l’Ukraine, l’Union européenne a sanctionné la Hongrie à hauteur de 200 millions d’euros et a retiré une partie de son financement. Selon l’UE, cela est dû à sa politique migratoire, au manque de droits et de liberté d’expression… Pourtant, l’Italie a appliqué les mêmes politiques sans être sanctionnée de la sorte. Il s’agit d’une punition pour sa position ambivalente. Ces sanctions ont incité le gouvernement de Budapest à se tourner vers l’Asie et, en particulier, vers la Chine.

En décembre 2023, l’entreprise chinoise de véhicules électriques BYD (Build Your Dreams) a annoncé l’implantation dans le sud du pays de la plus grande usine de la marque en Europe, qui deviendra son centre d’opérations sur le continent. En mai 2024, un accord de partenariat stratégique a été signé entre Pékin et Budapest après la visite de Xi Jinping en Hongrie.
Par ailleurs, Budapest continue de miser sur une relation cordiale avec la Russie, regardant toujours vers l’Est, conséquence du déclin de l’Occident. Par exemple, en 2024, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a assisté au Forum du gaz à Saint-Pétersbourg, confirmant que « Budapest entend suivre une ligne de souveraineté énergétique par le dialogue direct avec Moscou ».
D’autre part, la Hongrie semble avoir son propre agenda. En 2019, elle est devenue membre observateur du Conseil turc et de l’Assemblée parlementaire des pays turcophones. Pendant le conflit du Haut-Karabakh, la Hongrie a soutenu ouvertement l’Azerbaïdjan et s’est engagée à financer la reconstruction des zones occupées par les Azerbaïdjanais.
En 2024, le pays magyar (avec l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Bulgarie et la Roumanie) a créé une entreprise pour la construction d’une ligne de transmission électrique depuis la mer Caspienne à travers la Géorgie, destinée à fournir de l’électricité à la Roumanie et à la Hongrie. La même année, l’entreprise hongroise MOL (troisième actionnaire d’Azeri-Chirag-Deepwater Gunashli (ACG)) a signé un accord d’exploration et d’exploitation dans le champ pétrolier et gazier de Shamakhi-Gobustan (Azerbaïdjan).
Budapest aspire à négocier d’égal à égal avec l’OTAN et l’Union européenne. L’histoire récente ne manque pas d’exemples de gouvernements ayant voulu se placer au même niveau que les grandes élites occidentales, avec des résultats désastreux. Les élites hongroises semblent – ou veulent – ignorer que l’Occident ne connaît pas de relations entre égaux: chose que l’Orient, lui, connaît.
17:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Eurasisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eurasisme, hongrie, chine, europe, affaires européennes, viktor orban |
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«Relations spécifiques»: pourquoi les talibans ont attaqué le Pakistan

«Relations spécifiques»: pourquoi les talibans ont attaqué le Pakistan
Leonid Savin
Dans la nuit du 12 octobre, de violents combats ont éclaté à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, avec l’utilisation de chars, d’artillerie et d’aviation.
Selon des rapports officiels pakistanais, « durant la nuit du 11 au 12 octobre, les talibans afghans et l’organisation Fitna al-Hawari, soutenue par l’Inde, ont lancé une attaque non provoquée contre le Pakistan le long de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan ».
Juste avant les affrontements, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement taliban, Amir Khan Mutaki, avait visité l’Inde, et, dimanche, des avions indiens sont apparus à la frontière pakistanaise, obligeant Islamabad à mobiliser son aviation de chasse.
À la suite du conflit, 23 soldats pakistanais ont été tués et 29 autres blessés. Au Pakistan, on évoque plus de 200 tués chez les talibans (et les membres d’organisations qui leur sont liées).
Cependant, il convient de rappeler que chaque partie mène parallèlement une guerre de l’information, interprétant les faits à son avantage. Par exemple, les sites d’information afghans ont publié dans la nuit du conflit des photos d’une colonne de « véhicules djihadistes » se dirigeant vers la zone des combats, et ont même affirmé qu’un avion taliban avait attaqué Lahore. Il s’agissait là d’une désinformation manifeste.
Parallèlement, les photos et vidéos confirment que les principaux points d’appui du côté afghan ont été neutralisés par le feu massif de l’armée pakistanaise et que les postes-frontières ont ensuite été pris sous contrôle. Au total, les Pakistanais ont capturé 21 points fortifiés sur le territoire afghan, tous utilisés pour des attaques nocturnes.
L’Afghanistan, pour sa part, affirme que l’attaque était une riposte aux frappes pakistanaises contre son territoire, menées jeudi.

À Islamabad, on réplique que les frappes visaient uniquement des camps d’entraînement de terroristes qui s’infiltrent ensuite sur le territoire pakistanais. L’armée pakistanaise avait déjà mené des opérations similaires auparavant, ce qui avait suscité l’indignation des talibans. Apparemment, cette fois, ils ont décidé de tenter de riposter par la force, ce qui a conduit à une escalade.
Les talibans ont également annoncé avoir cessé les attaques à la demande du Qatar et de l’Arabie saoudite, et non à cause des pertes subies. Cependant, à l’issue de l’affrontement, le Pakistan a pris le contrôle de 2600 km de frontière, pénétrant partiellement sur le territoire afghan. Tous les postes de contrôle ont été fermés.
Pour clarifier les causes du conflit, il est nécessaire d’effectuer une analyse rétrospective, car le problème des relations entre les deux pays est assez ancien et les affrontements pourraient reprendre ou même dégénérer en une guerre ouverte.
Les relations entre l’Afghanistan et le Pakistan ont toujours été assez spécifiques. De 1979 au début des années 1990, le Pakistan a servi de base logistique pour l’envoi de moudjahidines opposés au gouvernement soutenu par l’URSS.
Après l’arrivée au pouvoir des talibans, qui ont donné refuge aux dirigeants de l’organisation terroriste Al-Qaïda (reconnue comme terroriste et interdite en Russie), et le début de leur guerre civile contre l’Alliance du Nord, Islamabad a commencé par soutenir les talibans.
Mais à cause de l’intervention des États-Unis et de l’occupation de l’Afghanistan, le Pakistan a été contraint de suivre la ligne de Washington, ce qui a changé l’attitude du mouvement taliban à son égard.
De plus, une branche propre des talibans est apparue au Pakistan, opérant principalement dans le nord du Baloutchistan et les zones frontalières du nord-ouest, qui ont été renommées province de Khyber Pakhtunkhwa sous le mandat du Premier ministre Imran Khan. La majorité des habitants autochtones de cette région sont d’ethnie pachtoune, laquelle constitue le noyau des talibans afghans.

Il convient d’ajouter que la frontière entre les deux pays est le résultat de l’occupation britannique et non une délimitation naturelle des territoires tribaux. La fameuse ligne Durand traverse à plusieurs endroits les zones de peuplement, et la partie afghane ne l’a jamais reconnue comme frontière d’État à part entière.
Les « talibans » pakistanais s’opposent au gouvernement de leur pays, promouvant en fait le séparatisme. L’idée de réunir toutes les tribus pachtounes est similaire à celle des talibans afghans, qui soutiennent tacitement (et peut-être aussi matériellement, selon les services de renseignement pakistanais) leurs frères pakistanais.
Il est intéressant de noter que l’appartenance pachtoune est « inscrite » dans le nom du Pakistan: la première lettre du nom du pays symbolise précisément ce groupe ethnique.
En ce qui concerne l’Inde, New Delhi, en tant qu’ennemi éternel de son voisin oriental, est intéressée par l’affaiblissement, voire l’éclatement, du Pakistan.
Avant l’arrivée au pouvoir des talibans, l’activité diplomatique de l’Inde en Afghanistan était très intense. Et, à en juger par la visite du ministre des Affaires étrangères afghan en Inde le 7 octobre, les relations se sont à nouveau normalisées.
D’un point de vue économique, l’Inde a évidemment beaucoup à offrir au prometteur marché afghan, surtout si l’on considère que la majorité des pays occidentaux n’y ont plus accès.
Mais ce qui inquiète le plus le Pakistan, ce sont les activités des services spéciaux indiens, qui pourraient à nouveau avoir accès à des « atouts » afghans et les utiliser à des fins subversives.
C’est pourquoi, dans le communiqué de presse officiel pakistanais, il est fait mention de « Fitna al-Havari », également connue sous le nom de « Tehrik-e-Taliban Pakistan », reconnue par les autorités comme organisation terroriste.

Pour les organisations terroristes opérant dans la province du Baloutchistan, on utilise le terme « Fitna al-Hindustan », auxquelles on reproche également des liens avec les services secrets indiens.
Compte tenu des nombreux aspects historiques concernant les deux pays, il semble que des relations pacifiques et de bon voisinage entre l’Afghanistan et le Pakistan ne sont pas pour demain. Et ce, malgré le fait que les deux États fassent partie de l’Organisation de coopération de Shanghai et que la Chine exerce une grande influence sur eux.
15:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pakistan, afghanistan, asie, affaires asiatiques, taliban |
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Les Celtes dans la pop culture: d’Astérix à Assassin’s Creed Valhalla, entre mythe et réalité

Les Celtes dans la pop culture: d’Astérix à Assassin’s Creed Valhalla, entre mythe et réalité
Source: Page Facebook de "Celtes , Gaulois fierté autochtone", https://www.facebook.com/groups/269177069889276
Les Celtes, peuple mystérieux et fascinant, occupent une place de choix dans l’imaginaire collectif. Depuis les bandes dessinées jusqu’aux blockbusters et aux jeux vidéo, leur représentation dans la pop culture oscille entre clichés romantiques, humour décalé et reconstitutions plus ou moins fidèles. Ces figures, souvent stylisées, ont marqué des générations et contribué à forger une image à la fois héroïque et folklorique des Gaulois, des Pictes et des autres peuples celtiques. Mais comment le cinéma, les séries et les jeux vidéo ont-ils façonné – et parfois déformé – leur héritage ?
Astérix et Obélix : des Gaulois résistants et burlesques
Impossible d’évoquer les Celtes dans la pop culture sans parler d’Astérix, créé par René Goscinny et Albert Uderzo en 1959. La série de bandes dessinées, puis ses adaptations animées et live-action, a popularisé une vision humoristique et stéréotypée des Gaulois. Dans l’univers d’Astérix, les habitants du petit village armoricain résistent vaillamment à l’envahisseur romain grâce à une potion magique, symbolisant l’esprit de résistance et d’indépendance. Les Gaulois y sont représentés comme des guerriers rusés, aimant la bagarre, les sangliers et les banquets arrosés de cervoise. Leur druide, Panoramix, incarne la sagesse et le lien avec la nature, tandis que les femmes, comme Bonemine, sont dépeintes comme des matrones autoritaires.
Cette représentation, bien que caricaturale, a ancré dans les esprits l’image d’un peuple fier, attachant et profondément ancré dans ses traditions. Pourtant, Astérix mêle anachronismes et fantasmes : les casques ailés, par exemple, sont une invention du XIXe siècle, tout comme l’idée d’une Gaule unie – en réalité, les peuples gaulois étaient divisés en nombreuses tribus souvent rivales. Malgré ces libertés, Astérix a joué un rôle clé dans la transmission d’une certaine idée de la culture celte, mêlant histoire et satire sociale.
Le cinéma : entre épopées historiques et fantasy
Au cinéma, les Celtes ont inspiré des films aussi variés que "Braveheart" (1995) de Mel Gibson ou "Le Roi Arthur" (2004) d’Antoine Fuqua. Dans Braveheart, bien que centré sur la figure de William Wallace, l’Écosse médiévale est souvent associée à un héritage celte, avec ses kilts (anachroniques à l’époque), ses cornues et ses chants guerriers. Le film renforce l’idée d’un peuple indomptable, luttant pour sa liberté face à l’oppresseur anglais, un thème cher à la mythologie celte.
Dans "Le Roi Arthur", les chevaliers de la Table Ronde sont présentés comme des descendants des Celtes, défendant une Bretagne romaine contre les Saxons. Le film mêle légendes arthuriennes et éléments celtiques, comme la figure de Merlin, inspiré des druides, ou les peintures de guerre bleues des Pictes. Cependant, ces représentations restent souvent superficielle, privilégiant le spectacle à la rigueur historique.
La fantasy n’est pas en reste : "Highlander" (1986) puise dans le mythe celte de l’immortalité, tandis que "Le Secret des Menhirs" (2022), adapté de la BD du même nom, plonge dans un univers où druides et créatures magiques coexistent. Ces œuvres, bien que divertissantes, participent à une vision romantique et mystique des Celtes, loin des réalités archéologiques.
Les séries télévisées : entre documentaires et fictions
Les séries ont aussi exploré l’univers celte, avec des approches très différentes. "Les Carnets de Julie" (France 3) a consacré des épisodes aux traditions celtiques en Bretagne ou en Irlande, offrant une vision plus documentée et culturelle. À l’inverse, "The Last Kingdom" (Netflix), bien que centrée sur les Saxons et les Vikings, évoque les royaumes celtes de Grande-Bretagne, comme le Wessex ou la Mercie, et leur résistance face aux envahisseurs scandinaves.
Plus récemment, "Cursed" (2020), une réinterprétation de la légende arthurienne, met en scène une héroïne celte, Nimue, dans un monde où magie et politique s’entremêlent. La série s’inspire librement des mythes, notamment celui de la Dame du Lac, mais prend des libertés avec l’histoire pour créer un récit moderne et féministe.
Les jeux vidéo : une immersion (parfois fantaisiste) dans le monde celte
Les jeux vidéo ont offert une nouvelle dimension à la représentation des Celtes, permettant aux joueurs d’incarner des guerriers, des druides ou des explorateurs. "Assassin’s Creed Valhalla" (2020) est sans doute l’exemple le plus marquant. Le jeu plonge le joueur dans l’Angleterre du IXe siècle, où Vikings et Saxons se disputent des territoires encore marqués par la culture celte. Les quêtes secondaires mettent en scène des druides, des cercles de pierres et des légendes locales, comme celle du roi Arthur. Ubisoft a travaillé avec des historiens pour recréer un cadre plausible, même si le jeu mêle réalité et fiction – les Pictes, par exemple, y sont dépeints comme des sauvages tatoués, un cliché tenace mais partiellement fondé sur les récits romains.
D’autres jeux, comme "Total War: Rome II" ou "Age of Empires II", permettent de jouer des factions gauloises ou bretonnes, avec des unités et des technologies inspirées de l’histoire. "The Witcher 3" (2015) s’inspire quant à lui du folklore slave et celte pour créer son univers, avec des créatures comme les leshens (esprits de la forêt) ou les banshees, issues des légendes irlandaises.
Enfin, "Genshin Impact" (2020) et son région de Mondstadt, librement inspirée de l’Allemagne et de la culture celte, montre comment les éléments celtiques – comme les bardes, les fêtes païennes ou l’architecture en pierre – peuvent être réinterprétés dans un univers fantasy.
Musique et festivals : la culture celte vivante
La pop culture celte ne se limite pas à l’écran. Des groupes comme Celtic Woman, Loreena McKennitt ou Manau (avec leur tube "La Tribu de Dana") ont popularisé une musique inspirée des traditions irlandaises, bretonnes ou écossaises. Les festivals, comme le Festival Interceltique de Lorient ou les Highland Games en Écosse, célèbrent chaque année cet héritage à travers la danse, la musique et les sports traditionnels.
Ces manifestations, souvent festives, entretiennent une image vivante et joyeuse de la culture celte, même si elles gomment parfois sa diversité historique. Les tatouages celtes, les nœuds triskèles ou les croix celtiques sont devenus des symboles populaires, portés bien au-delà des frontières de l’Irlande ou de la Bretagne.
Mythe et réalité : une représentation en constante évolution
Si la pop culture a contribué à diffuser une image des Celtes, elle a aussi véhiculé des clichés tenaces : le Gaulois bagarreur et moustachu, le druide mystérieux, la princesse celtique aux longs cheveux roux. Pourtant, les recherches archéologiques et historiques montrent une réalité bien plus complexe : des sociétés organisées, des artisans talentueux, des agriculteurs innovants et des artistes raffinés, comme en témoignent les bijoux de l’âge du fer ou les enluminures des manuscrits médiévaux irlandais.
Aujourd’hui, des créateurs tentent de proposer des représentations plus nuancées. Le jeu "A Plague Tale: Innocence" (2019), par exemple, évoque la guerre de Cent Ans et les légendes bretonnes sans tomber dans la caricature. De même, des documentaires comme "Les Celtes" (Arte) ou des podcasts comme "Choses à Savoir" revisitent cette histoire avec rigueur.
Conclusion : un héritage qui inspire toujours
Des aventures d’Astérix aux quêtes épiques d’Assassin’s Creed Valhalla, les Celtes continuent de fasciner. Leur représentation dans la pop culture reflète nos propres projections : un mélange de nostalgie pour un passé idéalisé, de fascination pour le mysticisme et d’admiration pour des peuples perçus comme libres et courageux.
Si ces œuvres prennent souvent des libertés avec l’histoire, elles jouent un rôle essentiel : elles maintiennent vivante la mémoire des Celtes et invitent à découvrir leur véritable héritage. Entre mythe et réalité, une chose est sûre : les Gaulois, les Pictes et les autres peuples celtiques n’ont pas fini de nous faire rêver. Et vous, quelle est votre représentation préférée des Celtes au cinéma ou dans les jeux ? Un Gaulois résistant, un druide sage, ou un guerrier picte couvert de peintures bleues ?
13:21 Publié dans Bandes dessinées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : celtes, celtisme, bande dessinée, 9ème art, pop culture, paralittératures |
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mercredi, 15 octobre 2025
Polarisation politique au Brésil

Polarisation politique au Brésil
Leonid Savin
La confrontation entre les États-Unis et le Brésil dure déjà depuis plusieurs mois, alors que ce dernier pays traverse également une polarisation politique, qui a des causes tant internes qu’externes.
Les deux principales raisons de la pression américaine sur le Brésil sont la demande de concessions sur les nouveaux tarifs douaniers et le procès de l’ancien président Jair Bolsonaro, allié idéologique de Donald Trump. Trump lui-même a menacé d’imposer des droits de douane de 50% dans une lettre adressée au président brésilien Lula da Silva le 7 juillet. Lula a ignoré cette lettre. Après l’annonce du verdict, le 12 septembre, qui a condamné Bolsonaro à 27 ans et 3 mois de prison pour complot en vue d’un coup d’État, la rhétorique agressive de la Maison-Blanche à l’égard du gouvernement de Lula da Silva s’est intensifiée.
L’ancien président n’a cependant pas été incarcéré, et ses avocats ont déclaré qu’il avait été diagnostiqué d’un cancer de la peau et avait besoin d’un traitement urgent. Beaucoup ont perçu cet état de flottement comme le fait que les autorités utilisaient Bolsonaro comme otage politique.
Les États-Unis ont imposé des sanctions, dans le cadre du Global Magnitsky Act, contre le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes. Son épouse, Viviane Barci de Moraes, directrice de l’Institut Lex, a également été sanctionnée. Les sanctions s’appliquent également à toutes les mesures juridiques prises par Alexandre de Moraes. D’autres juges en exercice et leurs assistants figurent aussi sur la liste des sanctions.
De plus, de nombreux hommes politiques brésiliens ont vu leur visa pour les États-Unis annulé avant et pendant l’Assemblée générale de l’ONU. Paula Coradi, dirigeante du Parti socialisme et liberté (Partido do Socialismo e Liberdade, PSOL), a été la dernière à subir de telles mesures.

Le président brésilien Lula da Silva, présent à New York pour un discours à l’Assemblée générale des Nations unies, a refusé une rencontre personnelle avec Donald Trump. Le ministre brésilien des Affaires étrangères a toutefois indiqué qu’un échange téléphonique était encore possible. D’une manière générale, dans son discours devant les Nations unies, Lula a ouvertement critiqué les actions des États-Unis contre son pays, affirmant qu’« une attaque contre l’indépendance du système judiciaire est inacceptable ». Il a également défendu Cuba, exigeant que les États-Unis le retirent de la liste des « États soutenant le terrorisme », et a plaidé pour la création de l’État de Palestine.
Il est significatif que, dans le contexte de la confrontation avec les États-Unis, les relations du Brésil avec le Venezuela se soient améliorées (il convient de rappeler qu’auparavant, c’est le Brésil qui avait empêché le Venezuela de rejoindre les BRICS+) et que le trafic aérien entre les deux pays ait été rétabli.
Dans l’ensemble, les processus politiques au Brésil se déroulent sur fond de spéculations et de désinformation. Ainsi, il y a quelque temps, une rumeur a circulé selon laquelle le gouverneur de l’État de São Paulo, Tarcisio de Freitas, se présenterait à la présidentielle l’an prochain. Cela a entraîné une hausse de l’indice boursier brésilien. Mais après que le gouverneur a démenti cette intention et annoncé qu’il briguerait un nouveau mandat à l’échelle de l’État, l’indice s’est effondré.
Les partisans de Bolsonaro organisent des manifestations de masse. Récemment, de tels événements ont été organisés sous prétexte d’une amnistie nécessaire. De leur côté, les partis de gauche de la coalition au pouvoir organisent des rassemblements tout aussi importants.

Pendant ce temps, les parlementaires travaillent à des mesures pour empêcher l’ingérence dans les affaires intérieures du pays. Le député fédéral Filipe Barros (photo) a notamment déclaré qu’une loi interdisant la réception de fonds étrangers par les ONG opérant au Brésil serait adoptée dans les prochaines semaines.
Paradoxalement, une telle loi pourrait également affecter les intérêts de la coalition de Lula da Silva. En effet, plusieurs personnalités de la gauche brésilienne, y compris le président lui-même, sont en contact avec Alexander Soros, fils de George Soros, qui préside le conseil d’administration de l’Open Society Foundation et possède ses propres actifs et intérêts à long terme au Brésil.
Les paradoxes de la confrontation américano-brésilienne ne s’arrêtent pas là. Les industriels de l’État de São Paulo, dont les autorités s’opposent à Lula et soutiennent Bolsonaro, sont les plus vulnérables aux nouveaux tarifs américains. Bien sûr, le secteur agricole, très important, sera également touché de manière indirecte, mais il est depuis longtemps réorienté vers la Chine.
Il convient de noter que parmi les produits exclus des nouveaux tarifs figurent les avions et pièces d’avion, qui constituent l’un des principaux postes d’exportation à forte valeur ajoutée du Brésil, ainsi que la cellulose, le minerai de fer, le pétrole et les produits pétroliers. Mais de nombreux produits, difficiles voire impossibles à remplacer sur le marché américain, tels que le café, le bœuf et le bois, n’ont pas été exemptés des droits de douane.
Ainsi, le Brésil ne comprend pas la logique de l’administration Trump et tente de faire valoir ces questions auprès du Congrès américain et des entrepreneurs américains, et surtout auprès des oligarques de droite alliés de Bolsonaro.
Néanmoins, dans un contexte global, il est évident que les mesures de Trump ne relèvent pas du protectionnisme, par exemple dans le secteur de l’acier, où l’acier brésilien, moins cher, concurrence l’acier américain. Trump a justifié les nouveaux tarifs par le déficit commercial, mais ce n’est pas suffisant pour déclarer une guerre commerciale. Avec la Chine, les États-Unis ont un déficit bien plus important, mais avec Pékin, Washington tente de trouver des solutions acceptables pour éviter une spirale d’escalade.

Un facteur d’irritation probable pour l’administration Trump est l’activité du BRICS+ et la présidence brésilienne de cette association cette année. Il n’est pas étonnant que Trump ait auparavant menacé de punir quiconque prônerait la dédollarisation, et Lula da Silva lui-même a publiquement soutenu l’idée de s’éloigner du dollar. Il faut ajouter que le Brésil dispose de son propre système de paiement Pix, à cause duquel les États-Unis ont déjà tenté de « mettre la pression » sur le Brésil. Brasilia a répondu que le système était très apprécié par des organisations telles que le FMI et l’OCDE, et qu’en outre, Pix facilitait la concurrence sur le marché des paiements électroniques, ce qui a conduit à une plus grande implication des entreprises privées, y compris américaines.
Mais, apparemment, Trump ne veut pas de concurrence saine, mais seulement de la dépendance. À cet égard, le Brésil a réduit sa dépendance vis-à-vis des États-Unis d’environ moitié au cours des 20 dernières années, pour atteindre environ 10%. Les exportations sont dirigées vers divers pays du Sud global, et cette tendance s’accentue. Enfin, au niveau international, le Brésil a acquis le rôle et le statut de partisan d’un monde multipolaire. C’est probablement la véritable raison de l’hystérie de Donald Trump, qui voit le crépuscule de la Pax Americana se dérouler sous ses yeux.
Pour la direction brésilienne, il est important de déterminer ses alliés stratégiques, parmi lesquels les « sorosiens » n’augurent rien de bon. De même, les rencontres avec le dictateur Zelensky (la dernière ayant eu lieu lors de l’Assemblée générale de l’ONU) ne donneront pas de poids politique à Lula da Silva. À l’approche des élections générales de l’année prochaine au Brésil, il est nécessaire d’avancer avec un programme d’action clair, à orientation sociale, sans flirt avec les forces néolibérales.
18:03 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brésil, actualité, politique internationale, états-unis, amérique du sud, amérique ibérique, amérique latine, amérique lusophone, brics |
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Raphaël Glucksmann, le candidat de l’OTAN et de l’Union européenne aux prochaines présidentielles françaises

Raphaël Glucksmann, le candidat de l’OTAN et de l’Union européenne aux prochaines présidentielles françaises
Davide Rossi
Source: https://telegra.ph/Rapha%C3%ABl-Glucksmann-il-candidato-d...
Qui sera le nouveau candidat à la présidence française pour remplacer Macron, désormais sur le déclin ?
Alors que le président Macron tente de survivre politiquement avec des tentatives charlatanesques de gouvernements au service de la finance et de la guerre, sans aucun soutien ni au parlement ni parmi les citoyens, la campagne électorale pour les présidentielles françaises a débuté. Certes, elles sont prévues pour le printemps 2027, il reste encore dix-huit mois, cependant les médias liés à l’OTAN travaillent déjà à multiplier les interviews dans tous les quotidiens et télévisions européennes avec Raphaël Glucksmann, pour le présenter comme un homme de la gauche social-démocrate, raisonnable, modéré, réfléchi et intelligent. En résumé, la finance et les canons occidentaux l’ont choisi pour remplacer Emmanuel Macron et surtout pour empêcher Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon d’entrer à l’Élysée et de changer la politique libérale et belliciste dévastatrice de la France, en apportant un souffle de paix et d’initiatives sociales visant à améliorer les conditions de vie des citoyens.
Parcourir la biographie de Raphaël Glucksmann aide à comprendre à quel point son éventuelle arrivée à la présidence de la République française risque d’être une véritable catastrophe et une étape supplémentaire vers cette guerre mondiale contre la Russie et la Chine que l’humanité devrait pourtant éviter.
Fils du philosophe André Glucksmann, atlantiste et sioniste, soutien de tous les coups d’État, de la Libye à la Côte d’Ivoire réalisés par son ami Sarkozy, il partage autant le sionisme que l’atlantisme de son père, se distinguant dès son jeune âge par sa haine antirusse, au point de fonder l’association « Études sans frontières » pour faire fuir en Occident certains Tchétchènes hostiles au président Vladimir Poutine.


Avec son père, il fonde en 2006 la revue néoconservatrice « Le Meilleur des Mondes », dont le financement est entièrement assuré par un think tank ouvertement pro-américain ; cette revue lui sert de tremplin pour devenir éditorialiste dans les journaux, radios et télévisions françaises. Globaliste et cosmopolite, il a déclaré se sentir mieux à New York et à Berlin que dans la province française, même s’il feint souvent de le regretter ; en réalité, il accuse le reste de ses concitoyens d’être arriérés, répétant ainsi une attitude typique d’hostilité envers la culture et les traditions de son propre peuple, perpétrée partout par les élites mondiales.
Européiste extrême, il porte un intérêt particulier pour les révolutions de couleur, au point de se retrouver en 2009 en Géorgie, devenant conseiller de Mikheil Saakachvili, et se liant d’amitié avec Giorgi Arveladze, puissant collaborateur du président, ayant étudié entre les États-Unis et Tel Aviv, qui lui aussi passera plus tard par l’Ukraine.
L’arrivée de Raphaël Glucksmann à Tbilissi est facilitée par Bernard-Henri Lévy, intellectuel hyperlibéral, atlantiste et russophobe notoire depuis l’intervention soviétique en Afghanistan, et, fait du hasard, ami du père du jeune Raphaël Glucksmann. À Kiev, lors de la tentative de coup d’État de 2004, grâce à Lévy, il rencontre le Géorgien Saakachvili, lui aussi attiré par l’atmosphère de coup d’État antirusse.
Raphaël Glucksmann, justement, est en Ukraine entre novembre 2004 et janvier 2005 avec le documentariste David Hazan pour soutenir la putschiste Ioulia Tymochenko, organisatrice d’une révolution colorée antirusse, et revient donc chez lui avec des idées et des références très claires.
En 2008, Lévy encourage le jeune homme avec des paroles qui méritent d’être rappelées pour leur gravité, véritable hymne au cosmopolitisme antirusse et en fin de compte profondément antgéorgien : « Le gouvernement Saakachvili est composé de jeunes dont la double nationalité américaine, anglaise ou israélienne fait ressembler la Géorgie à une Babel occidentale plantée au cœur du Caucase. »
Lorsque Saakachvili perd les élections en 2012, il s’enfuit avec lui en Ukraine, accompagné de la femme qu’il a épousée entre-temps, Eka Zguladze ; tous trois sous les ordres de Victoria Nuland pour organiser une nouvelle révolution colorée, qui aboutira au tragique Maïdan de 2014. Grâce à l’intervention de Washington, Mikheil Saakachvili et Eka Zguladze obtiennent immédiatement le passeport ukrainien et commencent à faire de la politique dans ce nouveau pays. Lorsque les putschistes et les fascistes prennent le pouvoir, Mme Glucksmann, probablement passionnée par les services de sécurité, après avoir été vice-ministre de l’Intérieur en Géorgie (2005-2012), occupe le même poste en Ukraine sous Petro Porochenko, de 2014 à 2016. Par ailleurs, Eka Zguladze a travaillé de 2004 à 2005 pour l’agence américaine d’aide étrangère Millennium Challenge Corporation, l’une des nombreuses ONG servant les intérêts de Washington et non ceux des populations locales, et aime répéter sa conviction de la supériorité des valeurs, de la démocratie et des aspirations occidentales.
On a découvert qu’au cours de ses années géorgiennes, Raphaël Glucksmann a constamment œuvré pour promouvoir toute forme d’hostilité envers la Russie et favoriser autant que possible l’intégration éventuelle de la Géorgie dans l’Union européenne et dans l’OTAN, devenant selon l’aveu même de Saakachvili, l’auteur de nombreux discours présidentiels sur ces sujets.
Il a fait pire en Ukraine, où il a été ami et conseiller de l’ancien boxeur putschiste et fasciste Vitali Klitschko, devenu maire de Kiev lors de l’Euromaidan de 2014. Il y a organisé des think tanks pour transformer l’Ukraine, selon ses propres mots, « en une vitrine de la démocratie européenne et de l’opposition à Vladimir Poutine ».

Fort de toute cette « démocratie libérale », de toute cette haine envers la Russie et de tout cet amour pour le bataillon Azov, Raphaël Glucksmann rentre en France avec la conviction d’avoir compris comment contribuer au bien-être de son peuple. Ne pouvant toutefois organiser une révolution colorée dans son propre pays, il se résout, grâce aussi à d’importants financements, à fonder un parti politique « Place publique », composé uniquement de citoyens de la « société civile », bref la rhétorique habituelle contre les partis et une énième « révolte » des citoyens respectables qui, en paroles, « se rebellent », mais qui, en réalité, sont les meilleurs exécutants des intérêts bellicistes et libéraux de la finance spéculative de Wall Street. Bien sûr, le nouveau parti est inclusif en matière de genre et a une co-présidente femme, car la lutte contre le pouvoir excessif des hommes tient beaucoup à cœur à M. Glucksmann.
Pour se faire élire au Parlement européen, il va toutefois chercher des voix dans les anciens partis, en commençant par les socialistes. Une fois arrivé à Bruxelles, il est ravi d’être nommé président de la « Commission spéciale sur les ingérences étrangères dans tous les processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation ». Évidemment, en dehors du nom aussi ridicule que ronflant de cette « commission spéciale », il va de soi qu’elle opère dans la propagande la plus féroce de la haine antirusse et antichinoise. Mais pour ne rien manquer, il demande et obtient également de devenir vice-président de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen, une autre façon de diffamer toutes les nations du monde hostiles à l’OTAN.
En mars 2022, il déclare : « Si nous n’arrêtons pas Vladimir Poutine en Ukraine, nous ne connaîtrons plus la paix en Europe » et appelle à davantage d’armes pour les Ukrainiens, souhaitant une transition européenne vers une économie de guerre, tragiquement entendue par la baronne von der Leyen, bien sûr sous prétexte d’aider militairement Kiev.
Pour mieux relever ces nouveaux défis, il quitte sa première femme et s’installe avec la journaliste française d’origine libanaise Léa Salamé, catholique, qui, comme ses compatriotes coreligionnaires, déteste tous les musulmans non seulement de son pays d’origine mais du monde entier, et dont la mère, l’Arménienne Maria Boghossian, appartient à l’une des familles de diamantaires les plus connues et influentes du monde.
Mme Salamé sait bien qu’elle doit aider son mari et, dans ses interviews, elle se montre par exemple chaleureuse avec Carlos Ghosn, multimillionnaire en fuite devant la justice japonaise, et se montre au contraire très hostile envers Philippe Martinez, secrétaire du syndicat CGT, ou pire encore envers Jean-Luc Mélenchon. Une telle violation manifeste de la déontologie professionnelle a été condamnée par le Conseil français de l’éthique et de la médiation journalistique (CDJM), mais bien sûr, Madame est toujours à l’antenne à faire la propagande en faveur de son mari.
Raphaël Glucksmann, quant à lui, est réélu en 2024 au Parlement européen, siège à la Commission des affaires étrangères et à celle du commerce international, où il s’emploie à attaquer la Chine en inventant des mensonges sur les Ouïghours et en se rendant plusieurs fois à Taïwan pour boycotter tout dialogue avec Pékin ; il défend le Green Deal pour nuire aux citoyens européens et s’engage sans relâche pour le réarmement du continent, la livraison d’armes à l’Ukraine et l’intégration éventuelle de Kiev dans l’Union européenne. Puis, pour plaire aux défenseurs des animaux, il se déclare contre les corridas espagnoles.
La République populaire de Chine lui a refusé l’entrée sur son territoire, déclarant disposer de preuves solides qu’il serait un agent de la CIA. Pourtant, la plus grande erreur, commise tant par Jean-Luc Mélenchon que par les socialistes français, a été d’avoir accordé tant d’espace à un personnage qui a fait de la haine et de la provocation antichinoises et antirusses sa marque politique.
17:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, academia christianatualité, europe, affaires européennes, raphaël glucksmann |
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L'Europe commence à deviner le rôle que l'Amérique lui a réservé

L'Europe commence à deviner le rôle que l'Amérique lui a réservé
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
La Neue Zürcher Zeitung (NZZ) n'est pas un journal à sensation. Lorsque son rédacteur en chef Eric Gujer écrit qu'une guerre nucléaire en Europe n'est plus inimaginable, ce n'est pas de l'alarmisme, mais un symptôme.
Un symptôme du retour de la guerre froide, cette fois sans architecture de sécurité, sans lignes rouges, sans rationalité.
Gujer décrit ce que les gouvernements européens refusent de voir :
- L'arrangement confortable – les Ukrainiens se battent et meurent, les Européens paient et fournissent des armes – est révolu.
- Avec les « drones inconnus » au-dessus des aéroports allemands, danois et polonais, la frontière entre zone de guerre et zone de paix s'estompe. Le conflit, que l'on observait à distance respectable, commence à avoir des retombée tout près de nous.
Ce qui suit est un regard sans concession sur la réalité :
- Si la Russie occupe une bande de terre symbolique dans les pays baltes et menace d'une escalade nucléaire, l'Allemagne se battra-t-elle ?
- Ou capitulera-t-elle pour survivre ?
- Et que feront Paris et Londres si leurs systèmes de dissuasion nucléaire deviennent soudainement la cible d'attaques militaires ?
Gujer reconnaît le dilemme, mais en tire la mauvaise conclusion :
- Au lieu d'arrêter la spirale de l'escalade, il recommande le réarmement comme assurance, comme si l'on n'avait rien appris de 1914 et de 1939.
Ceux qui veulent se prémunir contre le « chantage » en s'armant jusqu'aux dents confondent sécurité et frénésie.
Car en réalité, Gujer décrit – peut-être involontairement – la logique américaine qui sous-tend le rôle de l'Europe:
- Washington a d'abord laissé l'Ukraine se battre pour elle.
- Aujourd'hui, l'ensemble de l'UE est entraînée dans le même mécanisme: livraisons d'armes, programmes d'armement, dogmes de sécurité – tout est financé, mais rien n'est décidé par l'Europe.
L'Europe doit redevenir un État frontalier, pas être un acteur.
Et tandis que les États-Unis se demandent s'ils interviendraient en cas d'urgence, le champ de bataille se rapproche de plus en plus de Berlin, de Varsovie et de Paris.
Le texte de Gujer est moins un avertissement qu'un miroir:
- Il montre à quel point les élites européennes se sont habituées à l'idée que la guerre est à nouveau « gérable » – tant qu'elle n'a pas lieu à Washington.
Telle est la nouvelle « architecture de sécurité » du monde transatlantique:
- L'Europe comme zone tampon, moralement surévaluée, stratégiquement mise sous tutelle – et dangereusement proche du précipice nucléaire.
16:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, états-unis, affaires européennes, politique internationale |
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Poutine et la philosophie de la complexité

Poutine et la philosophie de la complexité
Alexandre Douguine
Animateur : Il existe des dirigeants mondiaux que tout le monde regarde et écoute. Et il y en a d'autres que l'on ne se contente pas de regarder et d'écouter, mais dont on revoit et réécoute les interventions. Vladimir Poutine est l'un des rares dans ce cas. La semaine dernière a eu lieu l'un de ses discours programmatiques, qui a été activement suivi, écouté, commenté – et, sans crainte de le dire, même redouté en Occident. Cependant, selon vous, quel est l'essentiel à retenir du discours de Valdaï du président russe ?
Alexandre Douguine : Vous savez, d'un côté, ce qui a été dit ne différait pas fondamentalement de ses précédentes interventions à Valdaï ou à d'autres tribunes. Mais si l'on suit la séquence de ses discours programmatiques, on voit comment notre président développe pas à pas une philosophie complète, alternative au modèle globaliste occidental. Ce ne sont plus de simples remarques ou des déclarations tactiques. Voilà pourquoi les discours de Trump ne nécessitent pas d'être relus, alors que ceux de Poutine, oui, parce que chacun d'eux est comme un épisode de série, d'autant plus compréhensible si l'on se souvient des précédents.
L'intervention de Trump ressemble à un clip, à un meme: on peut la regarder séparément de l'histoire américaine, séparément de Trump lui-même. Il dit quelque chose de drôle, danse, saute, fait un clin d'œil, menace, fait peur, puis se rétracte. C'est un format à court terme – petit, incohérent, frappant, parfois menaçant, mais contradictoire par rapport à ce qui a été dit une seconde auparavant. Poutine, au contraire, est l'opposé: un dirigeant mondial qui déploie progressivement sa philosophie.
Dans ce discours de Valdaï, il a poursuivi son explication de la multipolarité, dont il parle depuis longtemps, mais de plus en plus souvent, de manière plus concrète et plus profonde. Il s'agit du développement d'une compréhension de la multipolarité, qui renaît non seulement dans notre société, mais aussi dans la conscience du président. Pourquoi la multipolarité ? Parce que c'est quelque chose de nouveau. Ce n'est pas un monde bipolaire, ni un monde unipolaire, ni le système westphalien des États-nations, où chacun serait soi-disant souverain, mais où, en réalité, ce n'est pas le cas. Seuls les grands États-civilisations peuvent être véritablement souverains dans notre monde, et cela devient de plus en plus clair.
À l'origine, la multipolarité n'était qu'un slogan, un meme, sans engagement. Mais désormais, tout comme on trace une ligne entre deux points, la conscience géopolitique et le récit du président avancent dans cette direction. Il définit de plus en plus précisément le modèle d'un monde multipolaire, où les pôles sont des États-civilisations. Et il devient de plus en plus évident que le monde multipolaire ne ressemble à rien d'autre. La seule comparaison possible est celle de l’organisation de l’humanité avant l’ère des Grandes découvertes géographiques: des États-civilisations entiers, le califat islamique, la civilisation indienne, l’empire chinois, les sociétés africaines, les empires ouest-européen et russo-byzantin. Avant le colonialisme, il existait une vraie multipolarité, portée par les empires, les États-civilisations ou les macro-États, comme on dit aujourd’hui. Poutine trace cette transition – non seulement en la théorisant, mais aussi en la réalisant.
Lors de ce nouveau forum de Valdaï, il fait le point: ce qui a été accompli, ce qui ne l’a pas été, où se trouvent les obstacles, où ont eu lieu des avancées. Avec Trump, il y a eu une telle avancée, bien que les partisans de l’unipolarité aient immédiatement corrigé le tir. Le slogan du mouvement MAGA reconnaissait, à son origine, la multipolarité, mais les néoconservateurs font pression sur Trump pour le faire dévier de cette position. C’est un processus constant, grandiose, de passage vers la multipolarité, qui touche toutes les régions du monde: l’intérieur de la Russie, les frontières, le Pacifique, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique latine. Aux États-Unis et en Europe, une véritable guerre civile oppose conservateurs et libéraux-globalistes, fidèles à l’unipolarité — des politiques qui ne représentent rien d’autre que la volonté frénétique et agonisante de préserver le régime et l’idéologie unipolaires. C’est tout cela que Poutine analyse.

Les gens commencent à comprendre: il ne s’agit pas d’un meme, mais d’une exigence à laquelle il faut adapter l’éducation, la culture, la politique, l’économie. Nous devons participer activement, de manière proactive et non réactive, à la construction d’un monde multipolaire. Pour cela, il faut que chacun prenne conscience de ce que cela représente: une tendance idéologique, de long terme, fondamentale, qui explique tout le reste. Ce n’est plus une nouveauté, mais un approfondissement du sujet. Ce qui est nouveau, à mon avis, c’est l’accent mis sur la philosophie de la complexité d’Edgar Morin (photo), penseur français qui a développé la théorie de la complexité. Poutine a évoqué à plusieurs reprises les processus non linéaires du nouveau monde, les comparant à la mécanique quantique. Les processus non linéaires, la mécanique quantique — c’est l’interconnexion, où le moindre changement au niveau microscopique, qu’il s’agisse d’un blogueur avec son iPhone ou d’un individu, influence les macro-processus mondiaux. Ce n’est pas une mécanique linéaire.
Pour comprendre ce monde, construire une diplomatie, interagir avec les pôles, analyser les contradictions de l’Occident — divisé entre l’Europe et les États-Unis —, il faut une nouvelle façon de penser. La diplomatie exige d’entrer dans la société, la religion, la culture de chaque pays et de chaque civilisation. Cela exige des diplomates du MGIMO (où j’enseigne la théorie du monde multipolaire et des civilisations) une restructuration complète de leur conscience. Cela concerne les affaires, l’économie, l’industrie, la sphère militaire, la guerre — désormais non linéaire, où les drones rendent obsolètes les paramètres classiques de la guerre industrielle. Selon Poutine, la philosophie de la complexité est le fondement de la nouvelle diplomatie. C’est un appel à abandonner une vision simpliste de la réalité.
Le monde moderne avec sa multipolarité est un système complexe. Rejetons les vieux clichés, cessons de projeter les stéréotypes du passé sur le présent, et intéressons-nous à la mécanique quantique, étudions les civilisations, les religions, les théologies qui redéfinissent aujourd’hui les processus. C’est une invitation à changer de conscience — pour tout l’État, et surtout pour ses élites pensantes. Notre pensée est un mélange de soviétisme, de libéralisme oublié — à la limite de la catastrophe. Si nous ne comprenons pas la complexité de la réalité dans laquelle nous vivons, agissons, prenons des décisions et dont nous dépendons, cela finira mal.
En somme, Poutine a fait appel à la philosophie. Une grande puissance a besoin d’une grande philosophie. Sans elle, elle n’est qu’un golem, un robot technique manipulé par d’autres mains. Le monde est gouverné par ceux qui pensent. Il n’existe pas de dirigeants idiots — s’il y en a, c’est que quelqu’un d’autre tire les ficelles. Le monde est régi par des idées — fausses ou vraies, justes ou cruelles, humaines ou inhumaines. Et cela me semble l’une des principales conclusions du discours de Vladimir Poutine à Valdaï.
Animateur : En quinze minutes, vous avez présenté une analyse circonstanciée, approfondie et globale du discours, de sa signification et de son importance. Mais si l’on regarde les titres de la presse occidentale, il n’y a qu’une seule chose: la Russie a menacé de se livrer à une escalade dans les conflits en cours. En petits caractères, chez les plus responsables, on ajoute: en cas de militarisation de l’Europe, de l’Occident, des États-Unis, en cas d’injection d’armes. Mais dans les titres, partout: la Russie brandit le poing. Votre comparaison est pertinente: d’abord la philosophie, puis les vidéos pour les réseaux sociaux. Mais pour une attention aussi brève de l’Occident, de l’Europe, des États-Unis, où il faut quelque chose de substantiel et de sérieux, que faudrait-il? Ou bien la tactique de Dmitri Anatolievitch Medvedev, qui frappe fort et que le président américain suit volontiers et mord à l’hameçon des provocations, n’est-elle pas plus efficace?
Alexandre Douguine : Je pense que Dmitri Anatolievitch Medvedev s’occupe justement de cela. À chacun son rôle. Vladimir Poutine développe une philosophie sérieuse, réfléchie. L’interprétation occidentale, c’est de la phénoménologie. Un individu, une société, une civilisation voient dans le monde le reflet de leurs propres représentations. En anglais, on parle de « reading », en français de « grille de lecture », c’est-à-dire de schéma d’interprétation. Si un terroriste dit n’importe quoi — « maman » ou « miaou » — on y entendra un message terroriste. L’homme voit ses propres reflets, et il est impossible de le convaincre du contraire — c’est la force de la conscience. L’Europe voit en la Russie un ennemi à travers ce prisme et interprète chaque parole de Poutine en conséquence, ignorant tout le reste.

Pour être honnête, je n’ai même pas remarqué le thème de l’escalade dans son discours. Poutine a parlé de la défense des intérêts de manière douce et sereine, il a souligné que nous avons plus de points communs avec Trump qu’avec les mondialistes européens. Mais ils retiennent ce qui les arrange: «Poutine menace». Le rapprochement avec l’Amérique, ils ne l’évoquent pas. Ils sont sélectifs: ils veulent voir une menace, se préparent à la guerre contre la Russie, cherchent à la déclencher en nous accusant de provocation, en utilisant n’importe quel prétexte. Si Poutine était resté silencieux, son silence aurait été interprété comme une préparation à l’escalade. C’est incurable.
En ce qui concerne Dmitri Anatolievitch Medvedev, il a parfaitement maîtrisé le style des remarques courtes, percutantes et précises. Cela parle à l’esprit occidental: ils disent « nous allons vous détruire », et lui répond « essayez donc — nous vous frapperons les premiers ». Et cela fonctionne, car à leur niveau de perception, c’est un échange de memes. Un meme contre un meme. Trump: « Le tigre de papier russe ». Medvedev: «Ce tigre remue la queue, et une bombe nucléaire peut tomber sur votre tête». Le dix de cœur bat le neuf — Medvedev a surenchéri. Cela ressemble au jeu du fou, mais selon leurs règles — c’est du poker. Ils ignorent le préférant de Poutine. Dmitri Anatolievitch, à mon avis, prépare l’avenir. Il montre qu'il sera tout aussi patriotique, mais plus dur encore. Si notre tendance se poursuit, il la renforcera.
Medvedev façonne l’image de notre pays — visuellement, brièvement, de façon percutante, mémétique. Le sens de ses messages, c’est la préparation à une ligne assumée. Vladimir Poutine est doux, formule de façon enveloppée, consciemment. Mais il faut le bon et le mauvais policier. Poutine, c’est clairement le bon, Medvedev le mauvais. Ensemble, ils font craquer les criminels, mènent les enquêtes, tracent les lignes, maintiennent l’ordre. Ils se complètent parfaitement — les deux sont nécessaires. Je suis convaincu que Dmitri Anatolievitch sait ce qu’il fait, même si c’est parfois brusque et peu diplomatique. Mais il faut hurler avec les loups quand on vit parmi eux. C’est nécessaire, extérieurement, pour qu’on n’oublie pas à qui on a affaire. C’est l’un de nos blogueurs les plus populaires : les gens lisent, et tout devient clair.
Vont-ils s’intéresser à la philosophie de la complexité d’Edgar Morin, à l’interprétation de Copenhague de la mécanique quantique, à la multipolarité? Certains écouteront. Mais pour les autres, ceux qui n’ont pas envie de se plonger dans ces sujets, le blog de Dmitri Anatolievitch Medvedev dit la vérité. Pour l’homme simple, tout devient clair: en Russie, nous serons au-dessus de tout, jusqu’au bout: « rends-toi, ennemi, reste immobile et couche-toi ! ».

Animateur : Les résultats des élections influenceront de toute façon la vie de ces pays et nos relations avec eux. Commençons par la Géorgie, où le parti au pouvoir « Rêve géorgien » a obtenu de bons résultats aux élections municipales, recueillant plus de 80% de soutien selon les statistiques officielles. Peut-être s’agit-il d’une question naïve, extérieure ou même primitive. Dernièrement, surtout après les élections, la situation est marquée par des troubles. Certains parlent de protestations, d’autres de manifestations. Bref, les gens descendent dans la rue avec des drapeaux aux couleurs bleu-jaune, bleu-blanc familières. Ces schémas fonctionnent — ceux qui ont été conçus il y a 20, 30, 40 ans pour déstabiliser les pays au régime indésirable. Des schémas occidentaux, appliqués dans différents pays, mais qui ont récemment perdu en efficacité. Ou bien ai-je tort, et mon regard sur la situation est-il trop naïf ?
Alexandre Douguine: D’abord, vous avez raison: mobiliser la société civile pour prendre le pouvoir ou renverser des gouvernements indésirables est une tactique qui a fonctionné pendant des décennies, avec des succès divers. C’est une arme puissante des nouvelles technologies sociales et politiques. Il ne s’agit pas tant de créer de vraies structures d’opposition que de mobiliser des éléments libres de la population: des marginaux, des prêcheurs de rue, des personnes qui ont changé d’orientation. Ce sont des fragments mercuriels, des atomes disséminés dans la société, inutiles à tout, incapables de représenter une position politique. Ils sont de plus en plus nombreux, car la culture occidentale ébranle les consciences. Ces masses errantes, faibles d’esprit, ces foules chaotiques deviennent un outil sérieux de la grande politique. Elles agitent la situation, déstabilisent la société. Puis, sur leurs épaules, arrivent les véritables forces qui prennent le pouvoir et ne le rendent plus.
Ensuite, le régime change, ces foules se dispersent — elles ne réclament pas de participation au pouvoir, elles ne sont rien. Ce sont les déchets, les rebuts des grandes villes, des libéraux, non pas au sens idéologique, mais au sens où chacun ne pense qu’à soi. Ces atomes chaotiques sont faciles à mobiliser pour détruire. Mais ils ne revendiquent rien. Sur leurs épaules s’élèvent les libéraux-pantins, qui instaurent une dictature. Ce fut le cas du Maïdan, ce fut aussi en grande partie le cas en France. Dès que les libéraux accèdent au pouvoir, ils ne le lâchent plus. Quant aux gens qu’ils mobilisent comme une bélier pour renverser des gouvernements légitimes, plus ou moins souverains, ils les renvoient ensuite chez eux. En Géorgie, cela a fonctionné plusieurs fois — c’est là qu’a eu lieu l’une des premières révolutions de couleur.

Animateur : Mais il y a plus de vingt ans.
Alexandre Douguine : Oui, il y a vingt ans, cela a fonctionné, portant au pouvoir le véritable dictateur nazifiant Saakachvili. Mais il semble que la Géorgie ait développé une immunité contre ces révolutions de couleur, et qu’elle n’y cède plus. Le gouvernement souverain du « Rêve géorgien », au départ pro-occidental, avec une voie européenne artificielle, faible et factice, mais face à cette frénésie d’éléments incontrôlables — provocateurs, terroristes, nazis, et en grande partie une masse de schizophrènes géorgiens —, il s’est renforcé. Il a accumulé de l’expérience, et ne se laisse plus faire.
C’est une chose dangereuse — la philosophie de la complexité. Des rebuts inutiles peuvent renverser le destin d’un pays ou d’une géopolitique. Les micro-processus sont activement exploités. D’ailleurs, en Amérique, le mouvement Antifa est composé de ces éléments. Récemment interdit aux États-Unis, il se fait passer pour « antifasciste », mais c’est une organisation ultra-terroriste qui qualifie les libéraux indésirables de fascistes, qui attaque physiquement, harcèle, dénonce, modifie Wikipédia et tue, comme ce fut le cas pour Charlie Kirk. C’est dangereux, car ces gens sont mentalement instables, facilement enclins à la violence physique.
Mais la Géorgie a développé une immunité. Des anticorps sont apparus, le «Rêve géorgien» s’est renforcé. Il a compris comment gouverner le pays sans gestes brusques, sans céder aux provocations, en suivant l’idée de préserver la souveraineté géorgienne. Il a trouvé les clés: où s’arrêter, où faire preuve de fermeté, où laisser faire, où déplacer. Ils jouent avec ce phénomène dangereux depuis une position de force et d’efficacité. Ils ont compris l’algorithme, l’ont maîtrisé. Après Zourabichvili et les élections précédentes, tout semblait clair. Mais les libéraux, encouragés par les élections truquées en Moldavie où la dictature de Sandu a interdit tout ce qui remettait en cause le pouvoir — et n’ayant pas rencontré de résistance sérieuse, ils ont décidé de secouer la Géorgie à nouveau. Cette fois, je pense que cela ne marchera pas, mais il ne faut pas sous-estimer cette stratégie. Elle fonctionne étonnamment bien: plus il y a d’éléments faibles dans la société, plus elle est efficace.
La culture occidentale favorise leur multiplication, les migrants illégaux — des gens non enracinés dans la société, des atomes libres qui peuvent facilement faire le saut quantique du marginal à la force de destruction. C’est la gestion du chaos — une stratégie utilisée par de grandes puissances mondiales. Je pense que les manifestations en Géorgie ne donneront rien. Mais cette menace permanente resurgira sans cesse dans toute société qui aspire à la souveraineté.
Animateur : À l’horizon, il y a la Tchéquie, où Babiš, ancien leader populaire, revient, et qu’on appelle le messager du changement. Encore une fois, la Tchéquie pourrait rejoindre la Hongrie et la Slovaquie comme un petit bloc de pays sûrs d’eux, qui défendent en priorité leurs propres intérêts, reléguant au second plan les enjeux européens, euro-centristes. Qu’en pensez-vous ? Avec ces élections tchèques, où arrive au pouvoir une personne qui n’est absolument pas prorusse, mais dont la politique diffère de celle menée par une Tchéquie hostile à la Russie depuis ces dernières années.
Alexandre Douguine : La question n’est pas d’être pour ou contre la Russie — c’est un aspect secondaire. Il est remarquable que la Pologne aussi penche de plus en plus vers la souveraineté. La Hongrie et la Slovaquie choisissent en priorité la voie du souverainisme, se libérant de la pression des forces globalistes qui s’efforcent de l’abolir. Leur logique est pragmatique et fondée sur l’intérêt national: ils construisent leur politique étrangère — y compris à l’égard de la Russie — selon le principe: la Hongrie avant tout, la Slovaquie avant tout, et non l’Union européenne.

Orbán et Fico ne sont pas des hommes politiques prorusses. Ce sont des souverainistes qui défendent avec constance les intérêts nationaux. Un souverainiste similaire est arrivé au pouvoir en Tchéquie. Même la Pologne, hostile à notre égard, évolue dans cette direction.
Je recommande de lire la monographie d’un penseur contemporain très brillant, Alexandre Bovdounov, consacrée au projet de « Grande Europe de l’Est » — sa thèse transformée en ouvrage scientifique. Il y a quelques années, alors que ces processus n’étaient pas encore manifestes, il a démontré que l’Europe de l’Est constitue une entité géopolitique indépendante, différente de l’Europe de l’Ouest. Cela concerne tous les pays de la région: Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, Slovaquie, Tchéquie, et même l’Autriche.
Le projet de la Grande Europe de l’Est, décrit par Alexandre Bovdounov, anticipe une vague de révolutions populistes qui porteront les souverainistes au pouvoir (par des voies démocratiques ou moins démocratiques) — et cela arrivera plus vite en Europe de l’Est qu’en Europe de l’Ouest. Cette région deviendra un pôle autonome: d’un côté, ce pôle sera européen, proche de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Espagne, de l’Italie, et de l’autre, il sera proche de nous. C’est une région intermédiaire, une sorte de pont. La zone de la Grande Europe de l’Est pourrait devenir un levier clé dans la grande géopolitique européenne et eurasiatique.
Les petits pays, ayant adopté cette ligne stratégique qu’Alexandre Bovdounov a théorisée, observent la réalisation de ces scénarios, y compris avec l’arrivée de Babiš. Les souverainistes d’Europe de l’Est transformeront progressivement la région en une entité civilisationnelle autonome.

Dans mon ouvrage « Noomachie », deux volumes sont consacrés à l’Europe de l’Est — slave et non slave. Même si je n’ai pas abordé directement la géopolitique, j’ai étudié les identités culturelles des peuples. C’est un monde unique. La Serbie est un autre exemple frappant de souverainisme.
Progressivement, si l’on tient compte du fait que les souverainistes peuvent garder une attitude critique à notre égard, ce tableau deviendra dominant. La question n’est pas la relation à la Russie, mais celle des dirigeants polonais envers le peuple polonais, des dirigeants tchèques envers le peuple tchèque, des dirigeants serbes envers le peuple serbe. Il s’agit de souveraineté.
La vague de souverainisme en Europe de l’Est conduira à la formation d’une communauté autonome. Nous avons intérêt à ce que cela se produise. Mais cela ne signifie pas qu’ils travaillent pour nous ou qu’ils doivent être russophiles. Leur logique est différente: ils aspirent à l’indépendance et veulent mener une politique uniquement dans l’intérêt de leur État. Ils ont pour cela de bonnes raisons.
Je pense que les forces populistes et populaires l’emporteront plus rapidement en Europe de l’Est qu’en Europe de l’Ouest. En Allemagne, le parti AfD gagne partout dans l’ex-RDA et en Prusse occidentale (Brandebourg), où le totalitarisme libéral est moins présent et où les forces patriotiques sont plus fortes. Cette partie de l’Allemagne réunifiée fait aussi partie de la frontière de l’Europe de l’Est (on peut rattacher la Prusse à l’Europe de l’Est ou centrale).
Ce projet est très intéressant. Ce qui se passe en Europe de l’Est n’est pas un phénomène ponctuel ou un succès des technologies politiques, c’est une tendance de fond. C’est la logique de la Grande Europe de l’Est, qui prend une forme géopolitique réelle.
16:25 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, alexandre douguine, vladimir poutine, entretien |
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mardi, 14 octobre 2025
De Balfour à Blair: le jeu de l’Occident en Palestine!

De Balfour à Blair: le jeu de l’Occident en Palestine!
par Adem Kılıç
Source: https://telegra.ph/Da-Balfour-a-Blair-il-gioco-dellOccide...
Peu après avoir annoncé la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État, la Grande-Bretagne a envoyé l’ancien Premier ministre Tony Blair pour entraver l’autodétermination de la Palestine, conformément au soi-disant “accord de paix” du président américain Trump.
Cette démarche a une nouvelle fois mis en lumière l’hypocrisie historique et la mentalité colonialiste de Washington, Londres et, en réalité, de l’Occident dans son ensemble.
Tony Blair n’est plus seulement un « consultant », mais une figure qui protègera les intérêts occidentaux et israéliens à Gaza et gérera le processus de transition post-conflit.
L’héritage de Blair en Irak et les crimes de guerre
L’héritage de Tony Blair en Irak démontre clairement à quel point il est peu fiable lorsqu’il s’agit de la Palestine.
Des milliers de civils ont perdu la vie et des massacres ainsi qu’une destruction systématique ont eu lieu lors de l’invasion de l’Irak menée par les États-Unis en 2003.

Tony Blair, qui avait convaincu le président américain de l’époque Bush de déclarer la guerre, a admis des années plus tard qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak et qu’ils avaient agi sur la base de fausses informations des services secrets.
Néanmoins, cet aveu et ce processus, qui ont suscité de sérieux débats en matière de droit international, n’ont jamais fait l’objet d’un procès au niveau international.
Aujourd’hui, cette figure devient un acteur clé dans la « reconstruction » de Gaza, dans le cadre d’un soi-disant accord de paix qui sert entièrement les intérêts d’Israël.
Le plan “Riviera” de Trump et Netanyahou
Tony Blair a déclaré explicitement son soutien à un projet qui transformerait Gaza en une “Riviera” et un “hub commercial”, conformément aux intérêts américains et israéliens.
La semaine dernière, le Financial Times a rapporté que le plan “Riviera de Trump”, élaboré par le Boston Consulting Group et piloté par des investisseurs israéliens, prévoyait d’ouvrir Gaza aux capitaux internationaux, et que Blair soutenait ce plan.

Cependant, au cours de ce processus, l’avis des Palestiniens n’a jamais été demandé. Bien que le plan en 20 points présenté affirmait que les Palestiniens ne seraient pas expulsés, il ne donnait aucune information sur la vie qu’ils mèneraient dans le cadre du nouveau plan.
Tromperie diplomatique
Le président américain Donald Trump a fermé les yeux sur les attaques israéliennes contre les négociateurs du Hamas à Doha, tout en révélant ses véritables intentions en refusant d’accorder un visa au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour assister à la cérémonie de l’ONU.
Ce geste ne visait pas l’administration Abbas, qui ignore déjà les droits de Gaza, mais constituait un pas de plus vers le mépris total du peuple palestinien.
Trump a pris des mesures qui ont privé les Palestiniens de leur droit de décider de leur propre avenir, sous les yeux du monde entier, puis a immédiatement annoncé un soi-disant plan de paix ignorant les Palestiniens, comme pour couronner ses actions.
La nomination de Blair s’est également révélée être une partie de cette ironie diplomatique.
Sa responsabilité dans les massacres en Irak et sa description de lui-même comme « juif évangélique » montrent que son véritable rôle est de limiter le droit de la Palestine à l’autodétermination et de mettre en œuvre les politiques américano-israéliennes.

De Balfour à Blair : l’approche coloniale britannique de la Palestine
Plus d’un siècle s’est écoulé depuis qu’Arthur Balfour (portrait), un autre ministre britannique, a publié en 1917 la déclaration qui allait jeter les bases de l’État d’Israël, promettant « un foyer national pour le peuple juif ». Il semblerait que les États-Unis et Israël tentent aujourd’hui de mettre en place une nouvelle approche “Balfour”.
Washington et Tel Aviv jouent un rôle central dans cette nouvelle manœuvre “Balfour”, et la mise en avant de Tony Blair dans ce processus marque la renaissance de cette ironie historique.
Dans l’ensemble, il est clair que le peuple palestinien se voit refuser le droit de déterminer son propre destin, même sur sa propre terre, et la nomination de Tony Blair – compte tenu de ses crimes de guerre passés et de ses politiques destructrices en Irak – prouve qu’il n’est qu’un projet pour la Palestine.
Conclusion
Le processus de transition à Gaza est modelé selon les intérêts des grandes puissances internationales, et la capacité des Palestiniens à contrôler leur propre sécurité, ainsi que leur avenir économique et politique, est complètement éliminée.
Cette situation vise également à limiter les espoirs de la Palestine de créer son propre État et sa résistance sociale.
Les États arabes, contraints d’accepter l’idée que « la pire paix vaut mieux que la guerre », continuent actuellement à prendre des mesures pour mettre fin à l’oppression à Gaza dans ce contexte.
En résumé, l’histoire se répète une fois de plus de façon ironique : après la déclaration d’Arthur Balfour il y a plus d’un siècle, de nouvelles figures, portées sur la scène par Washington et Tel Aviv, mettent en œuvre un nouveau plan pour continuer à décider du destin du peuple palestinien depuis l’extérieur.
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Gracq dans les marges de l'Histoire

Gracq dans les marges de l'Histoire
Claude Bourrinet
Source: Page Facebook de Claude Bourrinet
L'idée (une des idées), ou plutôt l'image, la chiquenaude qui met en branle l'imagination, ou, si l'on veut, le cerf-volant que l'on envoie dans les airs pour capter la foudre, le déclencheur, donc, qui pré-valut à la rédaction du Rivage des Syrtes, fut la tentation forte de décrire une bataille navale. L'enfant Gracq suivait avec passion, sur les cartes reproduites par L'Illustration, les affrontements des flottes de guerre allemande et anglaise, notamment ce choc des Titans que fut la bataille du Jutland, le 1er juin 1916. Cependant, celle qui aurait dû avoir lieu, entre la flotte d'Orsenna et celle du Farghestan, non seulement ne fut pas écrite, mais elle n'eut pas lieu. « Les beaux cavaliers qui sentent l’herbe sauvage et la nuit fraîche, avec leurs yeux d’ailleurs et leurs manteaux soulevés par le vent » envahirent le territoire d'Orsenna sur terre, par le Sud, par le désert.
D'aucuns pourraient s'avouer déçus: une sorte de bataille de Lépante aurait fait bel effet, dans un roman plus ou moins historique (entre l'Antiquité et la Renaissance, entre Mithridate et Venise, il est vrai) ; mais voilà, une sorte de logique romanesque a empêché Gracq de la peindre. Ses « marines », ce sont les vagues qui giflent les côtes bretonnes. Mais, plus que la dimension réaliste (ou romantique), plus que l'anecdote pittoresque, qui manqueraient à l’œuvre, c'est plutôt une certaine conception de la littérature qui est affirmée par l'ellipse. L'écriture romanesque ne vise pas à montrer les choses, mais à en saisir, par les sens et l'intuition, la logique de leur survenue. Ce qui compte, ce n'est pas l' « événement » (il n'y en a guère, chez Gracq), mais ce qui le rend possible, comme l'étreinte pesante et lourde du ciel orageux présage l'éclair et le tonnerre. Tout est dans l'attente intense de cela même qui doit donner sens. Tout le récit du Rivage des Syrtes est la narration d'un crescendo fatal d'une énergie tellurique (symbolisée par le volcan Tângri, qui se profile à l'horizon de la terre farghestane), à travers les expériences sensorielles et passionnelles du héros Aldo. L'orage, qui est le destin de l'Histoire, ne nous est pas donné. On sait seulement, au détour d'une phrase, qu'Orsenna a été détruite par les « barbares ».

Cette charge électrique saturant l'atmosphère prête à crever en cataractes de sang, nous l'avons connu avant les coups de feu du 28 juin 1914, à Sarajevo, où Nedeljko Čabrinović fut une sorte d'Aldo. Mais le héros de Gracq n'est pas nationaliste, et ne médiatise, dans son geste provocateur, aucune idéologie. Les trois coups de canon provenant des batteries côtières faghestanes, sonnent comme un lever de rideau théâtralisé. L'Histoire est une scène où les morts sont vraiment morts, certes, mais Gracq se présente comme le spectateur, et directeur de cet « opéra fabuleux » porté par une trajectoire imaginaire, qui peut, au demeurant, s'apparier à celle d'un individu.
Pourtant, beaucoup de commentateurs n'ont pas manqué d'établir un parallèle entre le désastre annoncé, et la montée du nazisme, vecteur de guerre et de destructions massives. A ce compte, Aldo fut un « collabo », puisqu'il fut appelé à désirer l'offensive désastreuse de l'ennemi, poussé par le désir ardent de transgresser la loi, de franchir la ligne maritime interdite depuis des siècles, déclenchant ainsi sciemment l'apocalypse. Il semble évident que le roman recèle une portion non négligeable de nietzschéisme. En outre, Gracq était alors un grand lecteur d'Oswald Spengler et de Ferdinand Lot. Mais il a pris des distances par rapport aux thèses « dangereuses » de l'auteur du Déclin de l'Occident, ainsi que de Toynbee, qui expliquait, comme Ibn Khaldoun avant lui, l'effondrement des Empires par la conjonction entre les invasion barbares, et la défection insurrectionnelle du « prolétariat » intérieur (ou, dans le roman, par la rébellion d'une famille de rebelles, les Aldobandi, à laquelle Vanessa, qui tient un rôle capital, appartient).

Il considérait surtout ces deux historiens (ou philosophes de l'Histoire) comme des « poètes de l'Histoire », des pourvoyeurs d'archétypes. Les légendes, les mythes, sont des générateurs de motifs imaginaires. L'épopée des Nibelungen (étymologiquement « Ceux du brouillard), par exemple, si chère au wagnérien Gracq, pourrait entretenir maints liens avec Le Rivage des Syrtes ; Aldo, alors, ne serait pas Siegfried, mais le « traître » Hagen, celui qui déclenche tout. A moins, plus justement, qu'il ne soit Kriemhild, qui épouse le roi des Huns, pour se venger, et provoquer le massacre du roi Gunther, et de ses frères. Mais il n'est pas mu par le ressentiment, bien que le résultat soit de même portée. Toutefois, la "liberté" provocatrice, quoique pourvoyeuse de jouissance et d'ivresse, s'avère être une illusion. Une fois le branle donné, le dynamiteur n'aura été qu'un rouage d'une machine qui le dépasse infiniment, et qui poursuit une marche froide et inexorable.
C'est en poète, en visionnaire, que Gracq s'enquiert de la décadence. Qu'importe du reste si elle est occidentale ou non. Il acquiesce au concept d'entropie. Ses images sont, comme chez Spengler, ou Michelet, biologiques. « Tout ce qui existe mérite de périr ». Et il ajoute volontiers, à cette assertion de Hegel, « surtout si le corps est usé, miné par l'âge et la sclérose, vermoulu, et qu'un coup de botte suffit à ébranler jusqu'au fracas de la chute ». Orsenna est bâtie sur des couches superposées d'ossements, de cadavres. Elle est une ancienne puissance qui se survit, juchée sur une mémoire sénile de ressassement d'une gloire évanouie. Sa pulvérisation est donc logique. Le fonctionnaire Marino, fidèle capitaine et gardien de la forteresse maritime des terres du Sud, incarne l'enracinement dans le culte de la Terre et des Morts, et son barrésisme est condamné par le narrateur, lorsqu'il se noie dans la vase puant le cadavre et le bois pourri qui clapote au pied du quai de l'arsenal.

Gracq a rarement évoqué les événements historiques, ni ne s'est engagé après 1938, date à laquelle il a rompu avec le Parti communiste, dix ans après avoir perdu l'habitude de se rendre à la messe. Son sens de l'Histoire doit beaucoup à Chateaubriand, non par une posture « réactionnaire », voire royaliste, qu'il n'eut jamais (bien que né à Saint-Florent-le-Vieil, haut lien des exploits de l'armée de Vendée, et tombeau de Bonchamps), et, si l'on excepte quelques références historiques parsemées, à titre d'exempla, dans ses fragments critiques, il n'évoqua la guerre qu'à travers ses souvenirs de la bataille de Dunkerque – au sens large -, à laquelle il participa en tant que lieutenant. Jamais il ne s'engagea pour un parti ou un autre, quoiqu'il partageât un certain conservatisme « provincial » avec une certaine droite. Il accepta plusieurs invitations de Pompidou, mais uniquement parce que ce dernier avait été l'un de ses condisciples à l’École Normale supérieure. Son refus de dédicacer Les eaux étroites, dans une édition d'art offerte par l'illustrateur à Mitterrand, tenait probablement à la répugnance que lui inspirait le personnage. Sa «ligne», pour autant qu'on le sache par son silence massif à ce sujet, tient en un apolitisme inflexible. Cela ne l'empêchait pas, néanmoins, de jeter des lueurs de compréhension avertie sur des tendances majeurs de l'actualité mondiale (par exemple, son refus de l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne). Il ne rejetait pas non plus toute nouveauté. L'abattage des haies du bocage vendéen et breton le réjouit, car il lui permettait de jouir de larges échancrures par lesquelles s'offraient des perspectives et des panoramas que l'amateur de paysages – comme « presbyte » - recherchait.
La question de la rédemption historique est loin d'être résolue dans l’œuvre gracquienne, qui baigne cependant en partie, du moins dans sa composante romanesque, dans l'Histoire (Le Rivage des Syrtes, Un balcon en forêt), tandis que sa seule pièce de théâtre, Le Roi pêcheur, évoque la possibilité du salut, d'un salut qui n'est pas chrétien (Gracq a rejeté toute interprétation chrétienne du mythe du Graal). Le Roi pêcheur finit dans l'incertitude, et l'attente a tout lieu de persister. Le personnage féminin de Kundry est, selon l'auteur, son « porte-parole » : elle est déchirée, comme Baudelaire, entre deux postulations, entre la caducité de la nature humaine, qu'on peut appeler le « péché », et l'espoir, la quête de la grâce. Mais ce n'est pas de ce côté-là que Gracq trouve une issue à l'enfermement, au nihilisme contemporain.
Au fond, toute son œuvre consiste en un refus de l'Histoire. Dans Le Rivage des Syrtes, ce rejet est incarné par le barrésien Marino, qui considère que le seul mouvement possible est l'immobilité. Dans le roman, il serait un élément « négatif » si Aldo ne l'était pas lui-même, à la manière du Méphistophélès de Goethe, de celui qui nie (Der Geist der stets verneint). Le diable empêche Faust d'accéder au salut, du moins tente de le faire, mais, d'un autre côté, sa négation a une fonction dialectique : elle stimule le mouvement, le questionnement et le progrès en défiant l'ordre établi. S'il ne faut pas tomber dans la facilité périlleuse d'associer un auteur à ses personnages, on peut néanmoins considérer que Gracq partage les visions aussi bien d'Aldo que de Marino (que le jeune héros stendhalien dit « aimer »). En 1959, il trouve à Venise, comme Chateaubriand et Barrès avant lui, le bonheur d'un lieu enchanté, hors des délires vertus et nietzschéens de l'Histoire, des folies sanguinaires des réformateurs du genre humain, comme Robespierre ou Lénine (dont il goûtait, par ailleurs l'allégresse et l'humour).
Gracq passe, en littérature, pour un « passéiste », voire un réactionnaire. Il a déclaré, avec son ironie mordante que, par moment, il déployait (songeons à son pamphlet, « La Littérature à l'estomac », où il pourfend les « Aristarque » de la critique littéraire), qu'en France, la littérature, du moins la production de grands écrivains, avaient cessé après le XIXe siècle. Son style, très maîtrisé, aristocratique quelque peu, hautain disait certains, et exigeant un lecteur lent et scrupuleux, désignait en lui un adversaire du laisser-aller, de la « libération » de la libido créatrice (ce qui était un contresens : rien de plus érotique, sensuelle, que la prose poétique de Gracq, qui, paradoxalement, est bien plus proche d'une hypothétique « avant-garde » - bien qu'il réprouvât et le terme, et l'idée – pour peu qu'on fasse l'effort de reconnaître en lui la « liberté grande » sans cesse en exercice, qui préside à son travail d'écriture, bien éloignée du conformisme salonnard et universitaire des Écoles littéraires en -isme de l'après-guerre).
Gracq était attaché à une certaine authenticité de vie, et de relation avec le monde. Il la trouvait dans ses liens avec la nature. Ce n'est pas un hasard s'il prisait par-dessus tout la rudesse dépouillée et franche des reliefs hercyniens, de la Bretagne, des Ardennes, des plateaux de l'Aubrac et du Cézallier. Il était l'homme des marges, de l'entre-deux, des zones insolites, à la manière dont les surréalistes désignaient les hasards objectifs pourvoyeurs de « merveilles », qui, parfois, lui octroyaient des « extases » ressemblant étrangement à des expériences mystiques orientales, ou à ce que recherchait Heidegger, quand il parlait des « Clairières de l'être ». Mais s'il s'inspire beaucoup du romantisme allemand, il n'en demeure pas moins un géographe. Comme Jünger, il observe la nature, les paysages, au moyen d'un double regard, de la conjugaison « kaléidoscopique », dit Jünger dans Le Cœur aventureux, d'une interprétation analytique claire et distincte, et d'une plongée « magique » dans le flux de sensations que le monde offre. Un œil scrutateur au cœur du maelström, en quelque sorte. A cette connaissance de lieux remarquables se mêlent également intimement des fragments vivants de souvenirs mythiques, culturels, historique, etc., aboutissant parfois à un état proche du rêve. Mais un rêve conscient.

Gracq écrit à un moment où l'Occident est en crise, et le sait. Toute la production littéraire, philosophique, artistique du XXe siècle tente de répondre à ce malaise (et Freud, dans son Malaise dans la civilisation (1929), a réagi peu de temps après Spengler (1918 et 1922)). Gracq refuse de jouer. Il ne « s'engage » pas, il est, non « antipolitique », comme Baudelaire, qui s'essouffle à vilipender la démocratie, les bourgeois, l'égalitarisme, le progrès etc., mais apolitique. Non qu'il n'aille voter, mais il ne se laisse pas ferrer. Son royaume n'est pas de ce monde-là. Son « utopie », son locus amoenus, est de celui qui existe vraiment, qui est tel ou tel lieu, bien concret, bien sentant, bien jouissant, aussi prenant que des élans du cœur et de la chair, et qui ouvre sur le cosmos, dont l'ouverture délimite un périmètre aussi signifiant qu'une fenêtre découpant un paysage éblouissant de beauté convulsive ou gorgée de paix. Avec Gracq, comme avec d'autres (et comment ne pas penser à Kenneth White?), des contrées inconnues s'ouvrent à notre curiosité et à notre sensibilité : ce sont celles qui échappent aux labours de l'Histoire, et qui sont là, devant nos yeux, pourvu qu'on les ait « bien ouverts ».
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Le Messie à la tronçonneuse vacille: l’expérience ultralibérale de Milei touche-t-elle à sa fin?

Le Messie à la tronçonneuse vacille: l’expérience ultralibérale de Milei touche-t-elle à sa fin?
Buenos Aires. Lors de sa prise de fonction en décembre 2023, le nouveau président argentin Javier Milei fut accueilli par beaucoup comme un sauveur. Milei avait promis un programme radicalement ultralibéral qui devait bouleverser le pays en un temps record et le remettre sur pied. En très peu de temps, il a mis en œuvre plus de 300 mesures individuelles visant une vaste déréglementation, une privatisation et une réduction drastique des dépenses publiques. Les subventions à l’énergie, aux transports et aux services de base ont été supprimées, des milliers d’emplois publics supprimés et les prestations sociales massivement réduites. La recette de Milei : retrait de l’État, libération du marché.
En réalité, quelques premiers succès de prestige ont été obtenus : le taux d’inflation est passé de près de 300 % en avril 2024 à environ 34 % à l’été 2025, et le budget a été équilibré. Des bailleurs de fonds internationaux comme le FMI ont accordé des prêts de plus de 40 milliards de dollars. Mais le prix de ce succès est élevé. L’industrie argentine souffre de la libéralisation brutale ; les secteurs à forte consommation d’énergie comme l’industrie du plastique et du caoutchouc enregistrent des baisses de production allant jusqu’à 25 % par rapport au niveau d’avant la crise. Le produit intérieur brut a également diminué de près de 4 % en 2024, un sérieux revers comparé au Brésil voisin qui a connu une croissance sur la même période.
L’échec de la thérapie de choc est particulièrement flagrant dans le domaine social : le taux de pauvreté a continué d’augmenter, la situation d’approvisionnement dans les zones périurbaines s’est détériorée et la polarisation politique s’est accentuée. Le gouvernement Milei opère sans majorité propre au Congrès, ce qui complique la mise en œuvre de son programme et a conduit à un patchwork de décrets et de lois édulcorées. La renaissance promise du pays n’a pas eu lieu – au contraire, la fuite des capitaux, la désindustrialisation et la fragmentation sociale menacent.
Désormais, la cure radicale de Milei semble vouée à l’échec. Le retour de l’hyperinflation est une menace réelle. La monnaie, redevenue forte, freine les exportations et laisse affluer des importations bon marché, ce qui a entraîné une dangereuse pénurie de réserves de dollars. Les analystes jugent le peso fortement surévalué ; la banque centrale a dû dépenser 1,1 milliard de dollars en trois jours pour soutenir la monnaie. Les réserves de change librement disponibles sont tombées à environ cinq milliards de dollars.
Parallèlement, les revers politiques internes affaiblissent la position de Milei. Une lourde défaite électorale dans la province de Buenos Aires, un scandale de corruption impliquant sa sœur Karina et plusieurs défaites parlementaires, où les députés ont refusé de soutenir les coupes budgétaires, ont fait chuter sa popularité sous les 40 %. Il en résulte une fuite massive des capitaux qui met le peso sous pression malgré les interventions. Les obligations d’État sont à nouveau considérées comme « à risque », et le chômage augmente.
Face à la crise, les États-Unis, par la voix du secrétaire au Trésor Scott Bessent, signalent leur soutien. Bessent a déclaré que toutes les options étaient sur la table, y compris des lignes de swap et le rachat d’obligations argentines. Mais aux États-Unis, cette aide fait débat. La sénatrice Elizabeth Warren a averti dans une lettre qu’un sauvetage ne devait pas se faire « aux dépens du peuple américain ».
Les économistes sont également critiques envers une aide américaine, car elle empêcherait une dévaluation nécessaire du peso et ne réglerait pas les problèmes structurels. Milei tente de se maintenir à flot par des mesures d’urgence telles que des allègements fiscaux pour les exportations agricoles. Les élections de mi-mandat du 26 octobre seront un test décisif. Si Milei ne parvient pas à obtenir une majorité stable pour ses réformes et à renforcer la monnaie, l’expérience de la tronçonneuse pourrait prendre fin plus rapidement que ses partisans ultralibéraux ne l’auraient imaginé.
Source: Zu erst, Oct. 2025.
15:36 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, argentine, ultra-libéralisme, javier milei, amérique latine, amérique ibérique, amérique du sud |
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Le “thanato-capitalisme”

Le “thanato-capitalisme”
Par Andrés Piqueras
Professeur de Sociologie, Université Jaume I de Castellón
Source: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/10/el-...
L’avancée du capitalisme comporte un processus consubstantiel d’automatisation productive, qui entraîne deux conséquences dramatiques. L’une est la suraccumulation du capital (excès de machines ou de technologie par rapport à la valeur, traduite en profit, qui est générée). C’est la clé de l’inclination récurrente de ce système à la crise. L’autre conséquence concerne la dissolution de la relation salariale, c’est-à-dire le déclin aigu de l’emploi.
Face à ce dilemme, il resterait en principe deux voies. Soit, sous une forte pression sociale, on partage le travail tout en maintenant le salaire ; où le salaire direct (la paie) serait de plus en plus compensé par le salaire indirect (services sociaux) et différé (retraites), à partir d’une redistribution de la valeur ajoutée ou de la richesse sociale totale créée (un revenu de base universel aurait aussi sa place ici). Soit on accélère la destruction de l’emploi et la misère générale de la société.
Dans les deux cas, le mode de production capitaliste est remis en question et pourrait céder la place à un autre mode de production. Dans le premier cas parce qu’il est obligé de réaliser des réformes non réformistes, qui autonomisent la population. Dans le second parce que, sans relation salariale, il devient très difficile de continuer à parler de “capitalisme”.

Mais les conséquences de cette seconde option sont désastreuses. Ce qu’on appelle aujourd’hui le “chômage structurel” est en réalité un chômage permanent (souvent camouflé sous des contrats précaires, de l’auto-emploi ou de “l’entrepreneuriat”) et une insécurité de l’emploi, accompagnée donc d’insécurité de revenus, de logement, de biens de consommation, etc., pour la plus grande partie de la société. Autrement dit, la fin de tout ce qui concerne la sécurité sociale.
Tout cela a un autre corollaire : la brutalisation croissante du travail pour ceux qui, d’une manière ou d’une autre, restent encore liés à la relation salariale. Le despotisme patronal ne pourra qu’augmenter avec l’accroissement déjà immense de l’armée de réserve industrielle mondiale.
Ainsi, les deux conséquences dramatiques évoquées au début conduisent probablement à l’effondrement du mode de production capitaliste. En d’autres termes, le capitalisme s’épuise lui-même. C’est pourquoi de plus en plus le capital revient à sa forme monétaire (d’où la financiarisation de l’économie), en dehors de la production. Signe évident de l’involution que subit ce système, qui marque le processus exactement inverse de sa naissance et de son développement (lorsque l’argent est devenu capital).
Jusqu’à présent, la dernière grande crise capitaliste que nous traînons depuis les années 70-80 a été détournée ou différée grâce à différentes mesures qui ont servi de “fusibles”, empêchant que des courts-circuits sectoriels ne détruisent ou ne fassent trop de dégâts au système : on a combattu les principaux syndicats, ou bien on les a détruits ou cooptés pour empêcher qu’ils n’influencent le marché du travail et le champ social ; on a adopté des politiques monétaires et financières (remplaçant le revenu salarial par un accès facile au crédit) et des politiques budgétaires (austérité-déflation pour protéger les créanciers rentiers) ; la Réserve fédérale américaine et les banques centrales d’Angleterre, du Japon et finalement de l’UE, ont littéralement inventé de l’argent sans aucun soutien matériel, dans le but de reconstituer une partie des actifs volatilisés.
Cependant, tout cela a fini par générer une économie fictive (bulles, spéculations, produits dérivés, méga-chantiers, prolifération des mafias...), qui montre l’épuisement de telles mesures et l’impossibilité de prolonger le fonctionnement capitaliste de façon “normale”, étant donné que les trois catégories fondamentales du capitalisme – le travail, la valeur et le capital – sont en crise permanente.
Dans sa dégénérescence finale, le système mute vers un thanato-capitalisme. C’est-à-dire un capitalisme terminal, foncièrement despotique, basé sur des nécro-politiques dont l’objectif est le démantèlement du social et l’eugénisme démographique (multipliant les “états d’exception”, d’“exclusion” et de “siège”), avant de déboucher sur d’autres modes de production.
C’est pourquoi la guerre de classe, économique ou militaire, devient la principale forme de régulation du système à l’échelle étatique comme globale. Le parrainage du terrorisme est une stratégie de combat en plein essor parmi les élites mondiales.
En témoignent le coup d’État en Ukraine (et peut-être bientôt en Transnistrie) pour accentuer la pression sur la Russie, l’offensive généralisée contre la Chine, la guerre sale en Syrie, le démantèlement d’États comme l’Irak, la Libye, la Somalie, l’Afghanistan, très bientôt le Nigéria, le Mali, etc., la “nouvelle” stratégie du Pentagone pour forcer les négociations du TTIP et faire avaler à la population européenne les conditions effroyables qui l’accompagnent.
Et maintenant la Grèce.
L’écrasement de ce pays, le massacre de cette société, est un indicateur clair des processus évoqués : il n’y a plus de possibilités de régénération économique ni de croissance, et donc plus d’espace pour la démocratie.
L’UE s’auto-dévore. En son sein, le pays le plus puissant, l’Allemagne, n’a depuis longtemps plus la correspondance territoriale de sa puissance économique. Pour tenter de compenser cela, la classe capitaliste allemande a déclenché une politique expansionniste dans le dernier quart du 19ème siècle et deux guerres contre l’Europe qui sont devenues “mondiales”. 100 ans après la première, elle détruit à nouveau le Vieux Continent, maintenant sous le couvert d’un prétendu projet commun, l’UE, qui est en réalité la Grande Allemagne. Sa guerre contre la Grèce ne laisse guère concevoir plus grand mépris pour les populations, la démocratie et la Vie.
Mais cela ne s’arrêtera pas à la Grèce. Bientôt, ce sera contre nous.
Dans le capitalisme post-démocratique actuel, il est donc extrêmement important, pour les formes organisées de la conscience sociale émancipatrice, de prendre conscience de cela et d’ajuster les stratégies politiques et les projets sociaux. Le capitalisme “amical”, régulé, keynésien, ne reviendra pas.
C’est pourquoi croire en des options électorales qui parlent de “régénérer” le capitalisme ou d’une sortie par la gauche à l’intérieur du capitalisme ne mène pas loin. Pas plus que de suivre des chefs qui disent avoir les recettes pour nous sortir de la crise et de l’indignité. Au contraire, les possibilités résident dans la construction de forces sociales à partir des racines mêmes de la société, dans la préparation du post-capitalisme, pour enclencher des pas irréversibles dans sa dissolution. Des sujets actifs qui génèrent une démocratie directe, une démocratie économique, une démocratie sociale, sans déléguer leur propre émancipation à d’autres. Tout ce qui vient d’en haut et nous incite à remplacer notre participation et notre rôle par le vote est voué à la frustration (qui prendra pour beaucoup la forme de “trahison”). Tsipras en est un exemple aussi inégalable que pathétique.
15:24 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, définition, capitalisme, thanato-capitalisme |
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lundi, 13 octobre 2025
Changement de régime

Changement de régime
par Andrea Zhok
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/regime-change
De temps à autre, quelqu’un rappelle à quel point la vie est difficile à Cuba ou au Venezuela, combien la population souffre, à quel point l’économie est en grande détresse. Souvent, ces personnes poursuivent en affirmant, ou à tout le moins en suggérant, que cela est la responsabilité de gouvernements illibéraux, qu’il serait donc souhaitable de renverser, afin de libérer enfin le peuple de la misère.
On ne sait jamais si c’est par ignorance ou par malveillance, mais ces personnes oublient toujours de mentionner un détail.
Des pays comme Cuba et le Venezuela sont sous l’emprise de sanctions internationales dévastatrices imposées par les États-Unis.
Cuba est sous sanctions depuis toujours, depuis qu’ils ont osé chasser le dictateur pro-américain Fulgencio Batista (1959) (photo).
Le Venezuela est sous embargo, interdit de vendre son propre pétrole et d’accéder au système de crédit international depuis 2017 (premier mandat Trump). Entre 2017 et 2024, le Venezuela a subi des pertes estimées à environ 226 milliards de dollars, à cause de cette étreinte.
Le petit jeu américain est, partout dans le monde, toujours le même : ils exercent une combinaison de chantages économiques, de menaces (ou d’interventions) militaires et de financement des forces pro-américaines à l’intérieur du pays qu’ils veulent contrôler. Cette usure se poursuit jusqu’à ce qu’un de leurs pantins parvienne au pouvoir, selon des modalités présentées comme une «expression spontanée de la volonté populaire».
Qu’il s’agisse de Pinochet au Chili ou d’Al-Jolani en Syrie, du Guatemala, du Nicaragua, de la Bolivie, de la Libye, etc., le schéma se répète avec de très légères variations.
Il n’y a là rien de mystérieux. Il s’agit de politique impérialiste ordinaire.
La seule chose dans ce tableau qui frôle le mystère, c’est la réactivité des « émancipateurs à ressort » des contrées occidentales. Il s’agit de naïfs aussi embarrassants que fréquents, pour la plupart des baizuo, qui, de temps à autre, se réveillent, par l'effet du journal du matin, dans la peau de courageux libérateurs de peuples opprimés.
La veille au soir, ils ne savaient même pas que tel ou tel terrible régime illibéral affamait son peuple, mais le lendemain, d’un coup, ils se découvrent protecteurs des campesinos et des droits civils dans quelque pays lointain où – quelle coïncidence – est justement en train de mûrir un « regime change made in USA ».
Puis, typiquement, le lendemain de la prise de pouvoir du nouveau régime « ami », ils oublient en temps réel l’existence même de ce pays, certains – on suppose – qu’à partir de ce moment le sort des peuples qui leur tenaient tant à cœur s’est définitivement redressé, au point qu’il ne vaut plus la peine de s’y intéresser.
18:51 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : définition, actualité, regime change, changement de régime |
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Lecornu et les arrière-pensées du président

Lecornu et les arrière-pensées du président
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/lecornu-e-la-frutta-del-preside...
Lecornu démissionne. L'impossibilité de former un gouvernement a pu être constatée par tous, de la Terre de Feu au Détroit de Bering.
Et Macron le renomme. Pour former le gouvernement.
Il a la confiance du président.
Cela ressemble à une pochade. Une comédie de Feydeau transposée à l'Élysée et dans ses environs.
Et pourtant, c'est la réalité.
À bien des égards, une réalité tragique.
Car Macron est désormais à bout de souffle. Au cours de consultations fébriles, il n'a trouvé personne, absolument personne, disposé à assumer la charge de former un nouveau gouvernement pour la France.
Personne n'est prêt à aller à l'abattoir.
Il a donc repêché le pauvre Lecornu (nomen est omen) qui, évidemment, ne peut pas lui dire non.
Il ira à l'abattoir, bien sûr, mais il lui accordera encore un peu de temps.
Et c'est ce que Macron veut. Du temps. Pour entraîner une France, qu'il ne contrôle plus, vers la guerre. La guerre avec la Russie, à laquelle il n'est, militairement, absolument pas préparé. Et qui, d'ailleurs, n'est pas souhaitée par la grande majorité des Français. Qui sont déjà en révolte contre les conditions économiques dans lesquelles ils se trouvent. Et qui, à coup sûr, rejetteraient un conflit qui ne les concerne pas. Qu'ils ne comprennent pas, et ne peuvent comprendre.
Mais Macron mise là-dessus. Contre toute logique saine. En espérant que l'état de guerre lui permette de suspendre les derniers vestiges de démocratie. Et de rester à l'Élysée. De survivre.
En somme, il nous dit: "Que la France meure, pourvu que je continue à vivre".
Un très beau programme gouvernemental.
D'autre part, Macron s'est retrouvé confronté à une situation dont il n'est pas vraiment responsable.

Ses prédécesseurs, notamment Sarkozy et Hollande – mais Giscard a également sa part de responsabilité –, ont fait vivre la France au-dessus de ses moyens, en exploitant à l'extrême les vestiges de l'empire colonial. La Françafrique et le franc CFA en étaient les symboles et les instruments. Une monnaie qui permettait de tenir sous contrôle les colonies africaines, déjà pauvres.
Mais aujourd'hui, c'est fini. Du Burkina Faso à tous les pays au sud du Sahel, les Français sont chassés sans ménagement.
Macron n'a fait qu'aggraver la situation. Transformant ce retrait en un effondrement honteux.
Et la France se rebelle. Car elle n'est pas disposée, comme je le disais, à accepter une réduction drastique de ses conditions de vie.
Sans parler des banlieues. Où les « invités », islamistes et africains, sont maintenus partiellement calmes grâce à des dépenses et des dons continus. Au détriment, cependant, des citoyens français.
Donc, à tous points de vue, Macron est arrivé au bout du rouleau.
Le sérieux, un minimum de sérieux, voudrait qu'il présente sa démission.
Il ne le fera pas. Et il continuera à essayer de déclencher un conflit entre l'Europe et la Russie.
Pour sauver son siège à l'Élysée.
18:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, france, affaires européennes, sébastien lecornu, emmanuel macron |
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La métamorphose du corps humain au 21ème siècle

La métamorphose du corps humain au 21ème siècle
par Giuseppe Sapienza
Source: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/10/la-...
Lorsque le capital, poussé par son besoin d’expansion, rencontre le corps humain, il le modifie de trois manières : comme produit, comme moyen de production et comme marché en soi. Ce processus s’accompagne d’une marchandisation générale du corps humain et d’une métamorphose fonctionnelle : de l’être-corps à l’avoir-corps.
Le corps humain comme produit
En tant que marchandise achetée et vendue sur le marché de la production et de la consommation, le corps humain a toujours été limité par sa rigidité. Contrairement à de nombreux autres produits, le corps humain ne peut pas être modifié à volonté. Pourtant, c’est son mauvais état qui a préservé son humanité.
Aujourd’hui, la biotechnologie et l’intelligence artificielle semblent capables de franchir cette barrière.
La séparation du corps de l’identité individuelle a rendu possible la vente du corps humain non seulement aux autres, comme dans l’esclavage, la prostitution ou, en d’autres termes, le travail salarié, mais aussi à son propre propriétaire, qui, en interagissant avec lui-même, entre dans un cycle de création et de satisfaction de besoins comblés par les soins corporels, les traitements de beauté, la chirurgie, le fitness, etc. Ainsi, l’individu finit par devenir une sorte d’acheteur, d’utilisateur et de client de son propre corps. La biotechnologie peut élargir les possibilités du corps humain, compris comme produit, selon les besoins du marché, en identifiant de nouvelles parties spécifiques à améliorer, remplacer ou échanger ; et, à l’avenir, l’intelligence artificielle est capable de reproduire l’esprit de manière algorithmique, le séparant ainsi du corps. Dans cette perspective, n’importe quel esprit pourrait habiter n’importe quel corps, dans une sorte de marché immobilier du corps humain.

Le corps humain comme instrument de production
En tant qu’instrument de production, le corps humain a montré toutes ses limites depuis la naissance de la vie sociale. La marge d’amélioration structurelle est très différente. Les machines peuvent être modifiées, améliorées et remplacées indéfiniment, tandis que les humains restent inchangés depuis le jour imaginaire où ils se sont proclamés humains.
L’incapacité du corps humain à être modifié structurellement a laissé sa capacité productive osciller entre une marchandise inestimable hors marché et, au contraire, un produit sans marché et une marchandise de faible valeur.
Le corps humain comme marché en soi
Si l’on imagine le corps humain comme un lieu géographique où l’on achète et vend des biens comme des montres, des vêtements ou des bijoux, sa plasticité limitée représente un obstacle à l’expansion du capital car, si le marché des montres exige un troisième bras, l’humain ne peut s’en doter.
Le capital a tenté de contourner cette limitation par la multiplication des individus et l’augmentation conséquente de la population mondiale.

La façon dont, ces dernières années, le capital est allé au-delà des usages traditionnels du corps humain comme marché en soi (vêtements, mode, accessoires, produits pharmaceutiques, etc.) l’a vu s’immiscer dans le corps humain, donnant lieu à un marché du sang, des organes, et, plus récemment, du sperme et des ovules, et à la location d’utérus pour la reproduction.
Ces dernières années, les avancées technologiques ont permis la conception de médicaments personnalisés, la modification génétique, les nano-médicaments, la protéomique, les cellules souches et la biologie synthétique, qui promettent de faire du corps humain un marché aux possibilités immenses.
Le scénario le plus inquiétant est celui de l’homme du 21ème siècle totalement séparé de son corps, totalement marchandisé et soumis aux règles du marché.
Dans les perspectives les plus extrêmes de l’intelligence artificielle, le corps peut être habité, acheté et vendu comme un appartement, tandis que du point de vue de la biotechnologie, il peut être modifié à volonté, amélioré et intégré à des parties robotiques.
Dans cette perspective, la vieille phrase de Sénèque : « Celui qui est esclave de son propre corps n’est pas libre » prend un tout autre sens.
18:10 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corps humain, corps, philosophie, actualité, problèmes contemporains |
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Chaos permanent en France: un mauvais présage pour l'Allemagne et l'Europe

Chaos permanent en France: un mauvais présage pour l'Allemagne et l'Europe
Paris. Nouveau coup de théâtre chez nos voisins : après seulement 27 jours en fonction, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé lundi sa démission. Le pays va ainsi avoir son sixième chef de gouvernement en deux ans, et le quatrième en douze mois. Lors de son entrée en fonction en septembre, Marine Le Pen, du Rassemblement national, avait prédit que Lecornu serait la « dernière cartouche » de Macron.
Comme la plupart de ses prédécesseurs, Lecornu a lui aussi échoué en raison de l'instabilité chronique qui règne à l'Assemblée nationale à Paris. Le parti du président Macron n'y représente plus qu'un petit groupe parlementaire, coincé entre les grands blocs de gauche et de droite. Le Rassemblement national de Marine Le Pen forme certes le groupe le plus puissant, mais il reste exclu de la formation du gouvernement – une réplique du « mur de feu » (ou cordon sanitaire) allemand.
Le camp de gauche est quant à lui fragile. Il dispose certes de plus de sièges que le Rassemblement National en raison du scrutin majoritaire français, mais il est fragmenté en plusieurs groupes parlementaires et exige de Macron une politique radicale de gauche qu'il ne peut soutenir.
Macron n'a désormais plus que deux options : soit il intègre le Rassemblement national de Le Pen au gouvernement, ce qui, dans l'état actuel des choses, l'obligerait à céder le poste de vice-président à Jordan Bardella, le protégé de Marine Le Pen, soit il organise de nouvelles élections, lors desquelles le Rassemblement national devrait encore renforcer sa position.
Cette crise ne marque pas vraiment un tournant dans la politique française. Le chaos est depuis longtemps institutionnalisé dans ce pays voisin. Elle est toutefois un signe avant-coureur pour l'Allemagne voisine. Elle montre en effet où mènent les « murs coupe-feu » idéologiques (les "cordons sanitaires"). Les différences entre le scrutin majoritaire français et le scrutin proportionnel allemand sont finalement négligeables : même le système électoral allemand, qui offre depuis un certain temps des résultats électoraux impressionnants à l'AfD, pourrait conduire à long terme à une situation instable si les partis traditionnels s'accrochent à leur « mur coupe-feu ». Même de légers changements dans les résultats électoraux pourraient contraindre l'Union et la SPD à former une nouvelle coalition avec les Verts. Les conséquences éventuelles en sont d'ores et déjà connues. (mü)
Source: Zu erst, octobre 2025.
17:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, politique, sébastien lecornu, emmanuel macron |
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