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lundi, 11 novembre 2024

La Dialectique Protestantisme/Judaïsme comme base de la civilisation occidentale

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La Dialectique Protestantisme/Judaïsme comme base de la civilisation occidentale

Raphael Machado

Source: https://novaresistencia.org/2024/11/03/a-dialetica-protes...

Dans le débat sur les racines de la civilisation occidentale (celle qui dirige les destinées de l'Amérique du Nord et de l'Europe de l'Ouest), il est typique de voir ses apologètes tracer des connexions avec l'Église catholique, la Grèce et Rome. Pourtant, il se pourrait que la Réforme protestante et le Judaïsme soient sous-estimés en tant qu'éléments déterminants.

Il y a quelques jours, on a célébré l'anniversaire de la Réforme protestante. La date en elle-même est discutable car elle ignore le fait que le processus de fracture de l'Église catholique a été graduel, et qu'en un sens, la Réforme s'était déjà propagée à partir de Jan Hus et de John Wycliffe bien avant que Luther ne publia ses Thèses.

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Jan Hus et Jean Calvin.

Cependant, elle représente un jalon important car les actions de Luther et, bientôt, de Calvin, ont acquis un « momentum » qui transforma leur projet en un événement d'échelle civilisationnelle, grâce à la présence d'une série de conditions favorables à cela.

Ce qui m'intéresse toutefois dans ce commentaire rapide de cette date, c'est son rôle dans la construction de ce que nous entendons par « civilisation occidentale ». Malgré les discours réactionnaires sur la « civilisation occidentale » qui font appel artificiellement à la Grèce, à Rome, ainsi qu'à l'Europe médiévale, la réalité est que l'Antiquité et le Moyen Âge constituent des réalités totalement fermées pour la mentalité libérale-conservatrice préoccupée par cette « civilisation occidentale ».

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Si nous prenons ce que Spengler ou Nietzsche ont écrit sur la perspective de l'homme classique, il devient très facile de comprendre combien il est difficile de construire une connexion directe entre Athènes et l'Occident, sauf dans les termes limités de la méthode analogique utilisée par la géopolitique. L'homme classique est un homme de la réalité manifeste, qui pense la nature comme forme et comme floraison de formes; même le fonctionnement de ses sens semblait opérer différemment, comme l'examen du texte de l'Iliade permet de le percevoir en ce qui concerne les couleurs travaillées par Homère.

En pratique, bien que nous soyons habitués à ces efforts pour construire un lien avec l'Antiquité (comme l'effort foucaldien [et d'autres] pour établir un lien entre l'homosexualité et la culture grecque, ou les efforts des démocrates pour faire appel aux motifs grecs dans leur critique de la « tyrannie », etc.), efforts issus du prestige symbolique du monde grec, il y a très peu de choses dans la Modernité que nous devons vraiment, directement, aux Grecs.

En revanche, il est facile de voir comment la Réforme protestante a influencé les Lumières et, par conséquent, la Modernité et toute la civilisation qui en a découlé depuis; et cela, bien qu'il soit nécessaire de souligner le rôle du nominalisme et du jusnaturalisme, ainsi que de la tradition scolastique dans sa phase tardive, dans la construction de ce même processus.

Il est nécessaire, en ce qui concerne la Réforme protestante, de se rappeler du rôle que celle-ci a attribué à la raison humaine et à la pleine capacité de l'individu à interpréter les Écritures; ainsi que de son rejet du caractère communautaire de la relation entre l'homme et Dieu et, en revanche, de l'insistance sur sa subjectivité.

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Descartes et Locke.

Ainsi, bien que Descartes ait été « catholique », sa philosophie serait-elle concevable sans un environnement déjà fondamentalement façonné par le protestantisme, comme celui de la France huguenote ? Ou celle de Locke, sans considérer ses années dans les Provinces-Unies calvinistes ?

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Moses Mendelssohn.

Mais ce qui est moins connu, c'est la « Haskalah », ou « Lumières juives ». Celles-ci ont été influencées par les Lumières « gentilles », dans la mesure où Moses Mendelssohn était un lecteur de Locke et un interlocuteur de contemporains tels que Kant. Cependant, l'impact de Mendelssohn et de la Haskalah a été révolutionnaire par l'affaiblissement de l'autorité du rabbinat traditionnel. L'aboutissement de la Haskalah est le sionisme, bien que le sionisme conserve une dimension religieuse dont les racines sont assez profondes.

Les personnes bien instruites trouveront dans Maïmonide, Rambam, Luria et d'autres sages médiévaux beaucoup des prescriptions encore présentes aujourd'hui dans la mentalité israélienne concernant l'Etat d'Israël et la manière de traiter les Palestiniens.

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Mais Mendelssohn lui-même a été influencé par des figures plus anciennes comme Spinoza, Menasseh ben Israel et Simone Luzzatto, qui ont exercé une grande influence sur la société et la philosophie européennes. Les deux derniers ont eu plus d'influence dans le domaine politique, tandis que Spinoza est l'un des « grands » de la philosophie moderne, étant influencé par Descartes, mais aussi par la riche tradition théo-philosophique juive. Ben Israel et Luzzatto ont joué un grand rôle, tout comme Mendelssohn, dans la propagation des conceptions modernes du sécularisme, en tant que dérivation nécessaire de la « liberté de conscience ». Mendelssohn est allé un peu plus loin, en défendant pratiquement un « indifférentisme religieux » tant au sens métaphysique qu'en tant que « nécessité d'État ».

Mais dans un sens plus large, le rôle de la raison face à la religion et à la tradition révèle une grande influence de l'environnement intellectuel juif dans la construction de la civilisation occidentale. Et cela parce que la tradition rabbinique, telle qu'elle se présente dans le Talmud, la Mischna et les textes théologiques du judaïsme médiéval, a toujours été une tradition de débat intellectuel avec une forte connotation rationaliste.

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À cet égard, si l'influence de la Réforme protestante sur les Lumières est établie dans une certaine mesure, il serait nécessaire de pointer également l'influence directe des exégètes et grammairiens juifs, tels que David Kimhi et Elia Levita. Kimhi a eu une influence particulière, car la Bible « du Roi Jacques » repose en grande partie sur ses commentaires anticatholiques. Quant à Elia Levita, son rôle en tant que « professeur de Kabbale » pour le clergé catholique à la Renaissance présente des parallèles avec l'influence même du kabbaliste Johannes Reuchlin sur Luther.

Cette influence de la Kabbale sur la philosophie moderne semble d'ailleurs s'étendre au-delà, dans la mesure où il existe aujourd'hui une tradition académique soutenant avec de bons arguments que la doctrine des monades de Leibniz a des origines kabbalistiques, avec des preuves documentées démontrant que Leibniz a étudié la Kabbale; et que la doctrine de la tabula rasa ainsi que la perspective progressiste de Locke ont été influencées par le tikkun olam, une idée de « rectification de la nature » par des améliorations graduelles vers la perfection.

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Un autre chemin d'influence réside dans le républicanisme libéral tel qu'il s'est développé aux Pays-Bas, notamment à travers l'œuvre de Petrus Cunaeus, qui a écrit « De Republica Hebraeorum », un texte arguant que le royaume hébreu tel qu'il est présenté dans la Torah constituait la république idéale qui pourrait servir de modèle pour les Pays-Bas récemment « libérés » de l'Empire espagnol. Cunaeus, auteur intéressant, était en dialogue avec l'agent colonial et rabbin déjà mentionné Menasseh ben Israel, ainsi qu'influencé par Maïmonide. Dans le même sens se trouvait l'un des révolutionnaires américains les moins connus, le pasteur Samuel Langdon, qui défendait également l'ancien royaume hébreu comme le modèle idéal à partir duquel construire une république fédérative.

Plus notoires et n'ayant pas besoin de nombreux commentaires, ce sont les textes de Max Weber et Werner Sombart sur les origines du capitalisme, qui abordent respectivement les racines protestantes et juives du mode de production, tant à cause du rôle attribué par le rationalisme que pour la relation assez différente que ces religions auraient tant avec l'accumulation qu'avec l'usure.

C'est pourquoi, en considérant les caractéristiques fondamentales de la civilisation occidentale, ce sont dans ces interactions entre la tradition protestante, la tradition juive et la tradition des Lumières que nous devons chercher les racines de la civilisation moderne actuelle à prétentions planétaires.

dimanche, 10 novembre 2024

États Dés-Unis d’Europe

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États Dés-Unis d’Europe

Par Mario Porrini

Source: https://www.centroitalicum.com/stati-dis-uniti-deuropa/

L’Europe, que beaucoup rêvent souveraine et indépendante, n’est en réalité qu’une colonie des États-Unis. Au XVIIe siècle, le Ius publicum Europaeum s’est imposé, permettant de réaliser un progrès réel en limitant et en circonscrivant la guerre sur le continent. Avec le traité de Versailles et la montée en puissance des États-Unis, le concept de responsabilité de guerre et de crimes de guerre a été introduit, criminalisant et déshumanisant ainsi l’ennemi : une guerre visant l’anéantissement de l’adversaire.

L’indépendance européenne est une pure illusion, car avec l’appartenance à l’OTAN, l’UE est devenue la succursale économique de l’Alliance atlantique sans la moindre prétention à une autonomie, même minimale.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est devenu courant de promouvoir l’idée que les pays européens devraient se fondre en un seul sujet politique. La taille territoriale et la puissance démographique des États-Unis et de l’URSS suggéraient en effet de réunir les nations du Vieux Continent pour pouvoir rivaliser avec ces deux superpuissances. Au fil des ans, diverses hypothèses sur la forme que pourrait prendre cette union d’États se sont succédé sans jamais dépasser le stade des discussions purement académiques. De Charles De Gaulle, qui parlait d’une « Europe des patries », à Altiero Spinelli, fervent défenseur du fédéralisme, de nombreuses idées ont été exprimées, souvent nébuleuses, mais rien de concret n’a jamais été réalisé. Les seuls progrès ont été faits sur le plan strictement économique: en 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier a été créée, puis en 1957 le traité de Rome (CEE) a permis la libre circulation des marchandises entre les pays membres, jusqu’à la création de l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui.

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Le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine a donné un nouvel élan aux partisans de la création d’une entité ayant une politique étrangère et militaire unique, capable de faire face aux nouveaux scénarios qu’une guerre au centre de l’Europe présente. La réponse à Poutine a globalement été unifiée. Hormis la Hongrie, tous les pays ont adhéré aux sanctions contre le prétendu agresseur, soutenant en parallèle l’Ukraine par des moyens économiques et des livraisons d’armes. La Pologne et les pays baltes, ennemis historiques de la Russie, ont agi avec plus de fermeté et de détermination, tandis que l’Italie, l’Allemagne et la France ont accepté « bon gré mal gré », car ces mesures nuisent principalement à leurs propres intérêts. Tous les autres pays se sont conformés aux directives de Washington avec plus ou moins de conviction. Le point central est bien celui-ci : « les ordres venant de Washington ».

L’Europe, que beaucoup rêvent souveraine et indépendante, n’est en réalité qu’une colonie des États-Unis, lesquels, à travers l’OTAN, imposent une politique étrangère adaptée à leurs propres intérêts, en utilisant des troupes de soutien – à la manière des auxilia de l’armée romaine – fournies par les régions soumises, les colonies de l’empire américain. Cette soumission dure depuis quatre-vingts ans et rien ne semble indiquer que les choses vont changer. Il manque une volonté politique forte pour modifier cette situation. Les dirigeants des différents pays européens ne se montrent pas capables de mener un véritable tournant, ni de s’engager dans une véritable guerre d’indépendance de l’Europe face aux États-Unis. Ils n’en sont pas capables et ne semblent même pas désireux de le faire. Une telle bataille nécessiterait de la détermination, du courage, et surtout du charisme. Or, il n’existe pas de figure politique européenne réunissant ces qualités. Il est beaucoup plus confortable de gouverner au nom d’un tiers, tel un gouverneur de province impériale, en répondant directement à Washington.

L’absence d’une direction politique à la hauteur de cette tâche pourrait, toutefois, ne pas être le problème principal. Le véritable obstacle réside dans la conflictualité qui a toujours caractérisé les relations entre les États européens et la profonde hétérogénéité culturelle, les habitudes, et les traditions des différents peuples qui peuplent le Vieux Continent. L’Histoire nous enseigne qu’une Europe unie n’a jamais existé. L’Empire romain, celui de Charlemagne et le Saint-Empire romain germanique, la domination de Charles Quint, l’empire des Habsbourg n’ont jamais embrassé l’ensemble du continent, mais seulement une partie de celui-ci.

Entre le XVIe siècle et la fin du XIXe siècle, avec la naissance des États-nations, compacts et aux frontières établies, divers motifs de conflits liés aux questions territoriales plutôt qu’économiques ont émergé, créant les conditions pour un enchaînement ininterrompu de guerres de tous contre tous dans une série continue d’alliances sans cesse modifiées et de coalitions en lutte les unes contre les autres. Avec l’époque des grandes explorations géographiques, la découverte du Nouveau Monde et les immenses richesses qu’il offrait, les raisons de conflits se sont multipliées de manière exponentielle.

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Au XVIIe siècle, une série de règles, regroupées sous le terme de Ius publicum europaeum et analysées magistralement par Carl Schmitt, s’est progressivement imposée. Ce cadre juridique permettait de circonscrire les guerres en Europe et de limiter les excès. Les États européens se considéraient réciproquement comme des Justi Hostes et la guerre était toujours considérée comme juste dès lors qu’elle était menée par des armées organisées relevant d’États reconnus par le droit international européen, sur le sol européen et selon les règles du droit de la guerre européen. Ce cadre mettait un frein à la criminalisation et à l’anéantissement de l’ennemi, des comportements qui avaient été courants dans les guerres de religion du XVIe siècle. En cas de conflit, l’objectif était de le canaliser et d’en limiter les excès.

Le Ius publicum en vigueur en Europe perdait cependant sa valeur en dehors du continent, où la lutte devenait illimitée et l’absence de toute restriction juridique en matière de guerre ne laissait prévaloir que le droit du plus fort. Au-delà de cette frontière continentale, la conquête de nouveaux espaces dans les territoires immensément riches du Nouveau Monde pouvait être menée avec un usage libre et impitoyable de la violence, sans aucune considération de nature juridique, morale ou politique. Les traités, la paix et l’amitié ne concernaient que l’Europe, c’est-à-dire le Vieux Monde, à l’intérieur de cette frontière.

Le fait que, au XVIIe siècle, le roi de France, catholique et très chrétien, se soit allié à des hérétiques et pirates sauvages, corsaires et flibustiers, contre le roi très catholique d’Espagne, mettant à feu et à sang les villes espagnoles en Amérique, ne s’expliquait que par le fait que de telles incursions de pirates avaient lieu au-delà de la ligne. De même, l’Espagne et l’Angleterre entretenaient des relations diplomatiques normales sur le continent, tandis que les Sea Dogs (« Chiens de Mer »), également connus sous le nom de corsaires de la reine Élisabeth Ire d’Angleterre, attaquaient et pillaient les galions espagnols qui ramenaient en Espagne de l’or et d’autres matières précieuses.

À la fin du XIXe siècle, avec la montée en puissance des États-Unis, la crise du Ius publicum europaeum commençait. L’irruption de cette jeune puissance sur la scène européenne, oscillant entre un isolationnisme marqué, se tenant en retrait par rapport à l’Europe, et un interventionnisme humanitaire universel, modifiait radicalement la situation. L’entrée en guerre lors de la Première Guerre mondiale et les lourdes ingérences du président Wilson lors de la conférence de paix de Paris bouleversaient les règles du droit européen. La Grande Guerre avait commencé comme une guerre entre États européens à l’ancienne, où les gouvernements des pays belligérants se reconnaissaient mutuellement comme des justi hostes, et le concept d’agression n’existait pas encore dans le droit international. Une déclaration de guerre formelle avait été émise, qui jusqu’alors ne pouvait être considérée comme une incrimination ou discrimination.

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Le traité de Versailles introduisait, de manière rétroactive, une nouvelle notion de guerre, mettant en accusation l’ancien empereur Guillaume II et introduisant le concept de responsabilité de guerre et de crimes de guerre. Selon le Ius publicum europaeum, la guerre entre États souverains n’avait jamais été considérée comme un crime au sens pénal du terme, mais désormais le nouvel ordre imposé par les Américains se référait à la morale et à la politique plutôt qu’au droit, comme il aurait été juste. L’article 227 du traité de Versailles mettait en cause l’empereur Guillaume II pour une infraction indéterminée, menaçant une peine tout aussi indéterminée, avec des délégués américains demandant la condamnation pénale des chefs d’État responsables d’une guerre d’agression comme étant un « crime

Avec le traité de Versailles, une nouvelle notion de guerre fut introduite de manière rétroactive, mettant en accusation l’ancien empereur Guillaume II et introduisant le concept de responsabilité de la guerre et de crimes de guerre. Pour le jus publicum europaeum, la guerre entre États souverains n’avait jamais été considérée comme un crime au sens pénal du terme ; mais désormais, le nouvel ordre imposé par les Américains se référait à la morale et à la politique plutôt qu’au droit, comme cela aurait été juste. L’article 227 du traité de Versailles mettait en cause l’empereur Guillaume II pour un type de crime indéterminé, menaçant d’une peine également indéterminée, tandis que les délégués américains réclamaient la condamnation pénale des chefs d’État responsables d’une guerre d’agression, considérée comme un "crime moral contre l’humanité" — en somme, une véritable aberration juridique.

En 1939, le territoire du Vieux Continent fut une nouvelle fois entraîné dans une guerre entre nations européennes, dont le déroulement marqua la conséquence naturelle de la fin du jus publicum europaeum, remplacé par de nouveaux principes juridiques. La criminalisation et la déshumanisation de l’ennemi ouvrirent la voie à la férocité, chaque action visant l’anéantissement de l’adversaire. La Seconde Guerre mondiale atteignit des niveaux de cruauté qui font frémir. On revint à l’époque des guerres de religion, où les atrocités étaient la norme. Les moyens modernes d’anéantissement produisirent un nombre de victimes civiles sans précédent, et les bombardements anglo-américains terroristes et indiscriminés, visant à affaiblir la population civile, constituent des crimes qu’aucun tribunal de Nuremberg n’a jamais jugés ni condamnés.

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Depuis la fin de la guerre, l’Europe vit en paix sous le joug des États-Unis, qui se sont chargés de la défense militaire contre la menace supposée de l’URSS d’abord, puis de la Russie. Comme nous l’avons dit, aujourd’hui, avec la guerre éclatée au centre du continent, on reparle d’une Europe unie, indépendante et militairement forte. En réalité, ce qui importe, c’est que les pays européens dépensent davantage pour la Défense, au moins 2% du PIB, seuil considéré par les Américains comme le minimum indispensable pour tous les membres de l’Alliance atlantique. Les troupes auxiliaires doivent être en mesure de soutenir adéquatement l’armée de la puissance impériale à laquelle elles sont soumises. L’indépendance se révèle une pieuse illusion; l’appartenance à l’OTAN et à l’UE, qui représente désormais la branche économique de l’Alliance atlantique, anéantit toute velléité, même minime, d’autonomie. Les stratégies, les modalités d’intervention, l’entraînement, l’attribution des postes de commandement, tout est décidé au Pentagone, et les pays membres ne doivent que se plier et obéir.

Une Europe unie et indépendante représente, dans l’état actuel des choses, un objectif difficilement atteignable, tant les différences culturelles, politiques et économiques qui divisent ses peuples sont profondes. Invoquer des racines chrétiennes communes est de peu d’utilité, car d’une part, au nom de la foi, les chrétiens se sont combattus en commettant les pires atrocités, et d’autre part, le relativisme croissant empêche de considérer la religion comme un facteur d’unité. Malheureusement, les Européens continuent de se comporter comme les chapons de Renzo, se disputant pour de misérables futilités, indifférents à la situation de soumission dans laquelle se trouve notre continent.

Pendant des siècles, les États européens combatifs furent en guerre constante les uns contre les autres, mais le Vieux Continent était alors le centre du monde. Aujourd’hui, après quatre-vingts ans de paix, ces nations faibles et résignées sont réduites à de simples provinces périphériques de l’empire américain. Est-ce là notre destin ?

17:42 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, europe, ius publicum europaeum | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger

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Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger

par Carlo Maria Persano

Source: https://www.destra.it/home/non-solo-volkswagen-la-crisi-t...

Comme prévu, la crise n'est pas seulement celle de Volkswagen, qui a, dans ses stocks, 500 .000 voitures invendues et doit fermer des usines proportionnellement à ses pertes de ventes. Bosch, ZF, Brose, Schaeffler et Continental ont également annoncé d'importantes réductions et des licenciements dans la chaîne d'approvisionnement automobile. Tous ces géants emploient entre 30.000 et 100.000 personnes. Le secteur automobile représente 16% du PIB allemand et constitue donc déjà une part importante de la crise, mais d'autres secteurs, à commencer par la chimie (BASF, par exemple), suivent le déclin en cours.

Pourquoi cela se produit-il?

Parce que les Allemands sont, avec les libéraux américains, les principaux architectes de la mondialisation, utiles pour établir l'ordre mondial libéral, et que, pour réaliser leur projet, ils ont transféré gratuitement des technologies à des entrepreneurs chinois afin de créer une concurrence avec les entreprises européennes non protégées par des droits de douane. Les entreprises italiennes ont été les premières touchées. En bref, ils voulaient que nous soyons en concurrence avec les Chinois (et les Indiens). La Chine, après s'être emparée de cette technologie, avait en retour commencé à acheter des produits européens, principalement allemands et français.

Mais aujourd'hui, grâce aux cadeaux, les Chinois sont devenus autonomes et indépendants en matière de recherche scientifique, et ont commencé à réduire drastiquement leurs achats de produits européens. Par exemple, l'achat de voitures est passé en quatre ans de 50% à 30%. Et cela va encore diminuer. Alors que, bientôt, les voitures chinoises en Europe pourraient atteindre 10% des ventes totales, soit 1.500.000 voitures par an. Merci l'Allemagne et merci Draghi, comment pensiez-vous que cela se passerait ?

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Comment Ursula von der Leyen et Draghi voudraient y remédier...

Sous prétexte de transition verte, ils voudraient imprimer encore 800 milliards pour donner aux industries allemandes, après avoir déjà imprimé 1800 milliards, sous prétexte de pandémie, sans qu'on sache ce qu'ils sont devenus. En Italie, les miettes sont arrivées. Et Meloni, Crosetto et Giorgetti, restent muets.

Que se passera-t-il en Italie si l'Allemagne s'effondre?

L'Italie est le principal sous-traitant manufacturier de l'Allemagne et, si l'Allemagne s'effondre, il est évident que la vague des séismes économiques nous atteindra. Dans le Piémont, nous ressentons déjà une baisse de 0,7 % du PIB. Cela dit, il est temps de corriger quelques incohérences:

    - Arrêtons de dire que l'Italie est le boulet de l'Europe. Il est vrai que nous avons souffert de gouvernants voleurs pendant de nombreuses générations, ce que l'esprit italique, en termes de courage et de technologie, compense. Avec ces gouvernants, tôt ou tard, nous devrons régler nos comptes en interne.

    - Assez de Berlin (et de ses satrapes, y compris les Italiens) qui doivent prendre des décisions pour tout le monde. Ils ont créé assez d'embrouilles avec la mondialisation.

    - Avec les 1800 milliards disparus sous l'ère Co vid et les 800 milliards qu'ils veulent imprimer maintenant, soit toutes les dettes deviennent communes, soit l'Italie doit pouvoir monétiser les siennes avec une formule de son choix.

Le multipolarisme et Donald Trump

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Le multipolarisme et Donald Trump

par Daniele Perra

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-multipolarismo...

Je n'ai aucune sympathie, aucun sentiment, pour la personne Donald J. Trump, pour ce qu'il a représenté (un capitalisme vorace, escroc, non régulé, qui insulte l'État, sauf pour courir pleurer vers les mêmes institutions étatiques quand il est en difficulté et se retrouve endetté jusqu'au cou auprès de banques étrangères) et pour ce qu'il représente aujourd'hui (le rêve humide des lobbies sionistes et des sectes messianiques du judaïsme et du protestantisme nord-américain). Son élection en 2016 ne m'a provoqué aucun enthousiasme, celle de cette année encore moins, et je vais tenter d'expliquer pourquoi.

De plus, je n'ai que très peu d'intérêt pour le processus électoral américain; où il n'y a pas grand-chose de démocratique, les États-Unis étant une oligarchie fondée sur le lobbying pour laquelle le vote populaire n'a qu'une valeur d'orientation.

Cela dit, dans un monde qui avance à « grands pas “vers le dépassement de l'ordre mondial libéral et la construction d'un ordre plus conservateur “ et ” protectionniste », l'élection de Trump (soutenu par un personnage comme Elon Musk, qui est, à mon avis, très louche) ne peut signifier qu'une chose: à savoir que les USA veulent mener ce processus et y mettre leur chapeau pour construire une sorte de multipolarisme hégémonique (dans lequel Washington continue d'exercer un rôle prédominant). En d'autres termes, il s'agit d'une réinterprétation « conservatrice » du multilatéralisme proposé par le duo Obama-Clinton.

En ce sens, l'élection de Trump sert de facteur de retardement vers la construction d'un véritable monde multipolaire fondé, comme l'affirme l'historien russe Aleksej Miller, « sur l'idée d'un équilibre des forces et des intérêts dans l'esprit des nations du 19ème siècle ». Cela ne signifie toutefois pas qu'une telle évolution n'aura pas lieu. Comme nous l'avons déjà écrit, les dynamiques et les événements auxquels nous assistons ont des racines lointaines; ces processus historiques ne peuvent être arrêtés et auront des répercussions pendant des décennies et au-delà sur les générations suivantes. Toutefois, poursuit M. Miller, nous devons nous méfier de la « nervosité actuelle de l'Occident, qui est devenue une source de grande instabilité pour le monde ».

Si l'on considère que c'est Donald Trump, avec les « Accords d'Abraham » et l'assassinat de Qassem Soleimani, qui a initié cette nouvelle phase de conflit au Proche-Orient (avec la « guerre totale » imminente contre l'Iran sur laquelle la propagande occidentale travaille fébrilement - voir l'histoire de la jeune fille à moitié nue), les perspectives pour l'avenir proche ne sont pas roses.

Dans ce cas, l'Iran devrait essayer de ne pas se laisser entraîner dans une confrontation à grande échelle et tenter d'épuiser Israël dans un conflit long et asymétrique (où les coûts économiques, militaires et humains pour Tel-Aviv ne cessent de croître). La défaite stratégique d'Israël est en fait cruciale pour l'effondrement de la nouvelle conception hégémonique des États-Unis.

Demain une guerre civile larvée outre-Atlantique?

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Demain une guerre civile larvée outre-Atlantique?

par Georges Feltin-Tracol

Au moment où sera mise en ligne la présente chronique, des millions d’électeurs des États-Unis auront donné leur voix à l’un des quinze candidats à l’élection présidentielle dont les favoris se nomment Kamala Harris et Donald Trump. La proclamation décentralisée des résultats finaux se déroulera-t-elle avec sérénité ? Difficile de le penser tant les enjeux sont cruciaux.

La médiasphère conforme s’inquiète déjà des éventuelles contestations du scrutin par l’entourage d’un ou des protagonistes. Elle martèle volontiers que l’annonce des résultats susciterait des réactions violentes au sein des « ordures », c’est-à-dire des électeurs de Trump désignés ainsi avec une rare classe par un Joe Biden de plus en plus sénile. En cas de victoire de sa vice-présidente, il est envisageable qu’elle remplace le grand-père gâteux de la Maison Blanche avant la fin de l’année 2024.

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La crainte de violences instillées par le système médiatique d’occupation mentale participe à la théâtralisation dramatique des opérations de vote. En effet, maints essais, articles et reportages radio-télévisés mentionnent une ambiance de pré-guerre civile, quel que soit d’ailleurs le vainqueur final. Faut-il vraiment croire que la première puissance mondiale serait à la veille d’une nouvelle guerre de sécession ?

Non ! Les nouvelles « Tuniques bleues » du Nord ne combattront pas les nouveaux « Ventres gris » de Dixie. Les possibles tensions n’auraient pas une audience nationale, surtout si la censure s’exerce sur les réseaux sociaux et sur Internet. Les éventuelles violences se concentreraient sur les échelles individuelle, familiale, communautaire ainsi qu’au niveau des comtés. La garde nationale de Floride ne luttera pas contre la garde nationale de Californie. Hormis la sanglante Guerre entre les États (1861 – 1865), la conflictualité aux États-Unis s’opère à un niveau territorial plus restreint. L’historien de gauche Howard Zinn en apporte des preuves dans son Histoire populaire des États-Unis (2003).

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Les guerres contre les tribus amérindiennes ne cessent pas au début du XXe siècle. Elles se poursuivent à l’occasion de manœuvres activistes radicales concertées. Du 27 février au 8 mai 1973, le FBI assiège la réserve amérindienne de Wounded Knee dans le Dakota du Sud. En 1890, la cavalerie étatsunienne y massacra plus de trois cents Amérindiens. Des activistes de l’AIM (Mouvement indien américain) exigent l’application complète des traités signés avec la Maison Blanche. On dénombre deux morts. En août 1979, des agents du FBI tuent deux autres Amérindiens dans la réserve d’Akwesasne.

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Outre les guerres contre les tribus amérindiennes, la dernière guerre de l’Ouest que raconte Loris Remondeau dans un bref essai historique disponible sous ce titre pour 6 euros (et 8 € de port) sur le site de la courageuse librairie ponote Arts enracinés se passe au Wyoming dans le dernier tiers du XIXe siècle. Dans un territoire où triomphe la loi du plus fort se déroule une variante de la « Guerre des Plaines » : la « Guerre du comté de Johnson ». Les grands éleveurs de bétail, surnommés les « barons de la viande », montent la WSGA (Wyoming Stock Growers Association), un puissant groupe de pression qui corrompt autorités politiques et judiciaires. Cette association s’oppose aux petits éleveurs qui gardent l’habitude de s’approprier des animaux non marqués, et les fermiers – cultivateurs qui enclosent leurs champs. La WSGA fait venir du Texas et d’autres contrées de l’Ouest des pistoleros qui écartent définitivement tout récalcitrant, toujours en état de légitime défense. Petits éleveurs et farmers résistent, s’organisent et combattent les hommes de main des « barons-voleurs ». Ces événements inspireront le film de Michael Cimino, La Porte du paradis (1980).

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On peut rapprocher cette guerre civile localisée à une autre micro-guerre survenue en 1920 – 1921 en Virginie-Occidentale dans le massif des Appalaches. Les compagnies propriétaires des mines de charbon répriment toute constitution de sections syndicales créées par l’IWW (Travailleurs industriels du monde), l’AFL (Fédération américaine du travail) et les Chevaliers du Travail. Elles recrutent des truands, soudoient les forces de police et font pression sur l’entourage des militants syndicaux. Les syndicalistes et les mineurs s’exaspèrent de ces menées. Ils se rendent dans le bourg de Logan où ils affrontent à balles réelles agents de police et briseurs de grève. Mobilisées, les troupes fédérales interviennent dans la bataille de Blair Mountain. Elles tirent à la mitrailleuse lourde et ordonnent un bombardement aérien. Au final, les autorités légalisent la présence syndicale dans les mines.

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Avant que commence la Guerre de Sécession se manifeste une « Guerre des frontières » aux confins du Kansas et du Missouri entre 1854 et 1861 à propos de l’esclavage. Les anti-esclavagistes, appelés Free Soilers ou Free Staters, bientôt dirigés par un illuminé fanatique selon Abraham Lincoln lui-même, John Brown (1800 – 1859), combattent les Border Ruffians. De 1704 à 1865, tout homme blanc valide en âge de porter les armes dans les États esclavagistes pouvait servir dans des patrouilles à cheval de trois à six personnes qui rattrapaient les esclaves en fuite et châtiaient les auteurs de ces évasions.

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L’année 1856 est riche en confrontations moléculaires. John Brown tue à coups de sabre cinq Border Ruffians qu’il qualifie de « serviteurs de Satan » à Pottowatomie Creek. Le 30 avril, il tente sans succès de protéger le bourg d’Osawatomie (Kansas) d’un raid massif de Border Ruffians (photo). La Guerre civile incite les belligérants à former des unités paramilitaires telles, du côté sudiste, les bushwhackers avec William Quantrill ou les frères James.

L’histoire sociologique de la violence politique aux États-Unis rapporte aussi quelques journées sanglantes. Une fusillade de la police contre des cheminots en grève de Chicago fait une vingtaine de morts, le 24 juillet 1877. Neuf ans plus tard, toujours dans la même ville, éclatent de nouveaux incidents dont le souvenir sera à l’origine de la fête du travail, le 1er mai. Les usines McCormick sont en grève. Les grévistes réclament la journée de huit heures. La police et les détectives privés de l’agence Pinkerton font feu sur les piquets de grève (deux morts et cinquante blessés). Le 4 mai, le massacre de Haymarket Square provoque douze morts dont huit policiers et cent trente blessés.

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Sait-on que la fameuse Gay Pride ou « Marche des fiertés » célèbre des émeutes survenues à New York ? Le 28 juin 1969, la police de la ville descend au Stonewall Inn. Ce bar de Greenwich Village, tenu par la mafia, accueille un public uraniste. Le raid policier inattendu suscite cinq jours d’émotions populaires. Pourquoi l’Alt Right nord-américaine ne ferait-elle pas chaque 6 janvier sa propre « Marche de l’identité, des libertés et de la vérité » en l’honneur des nombreux otages de l’État profond étatsunien ? Ce serait une répétition bien plus grande de la belle démonstration de Charlottesville.  

Il existe bien sûr d’autres exemples comme les cinquante-et-un jours de siège par le FBI du ranch de Waco au Texas qui se solda par la mort de quatre-vingt-quatre davidiens. Tous ces cas indiquent que la société étatsunienne ne s’inscrit pas dans le temps, mais plutôt dans l’espace. Il est possible que la victoire de Donald Trump ou de Kamala Harris déclenche de puissants mécontentements. Les violences sont inhérentes à l’égrégore des États-Unis. C’est un fait que ne pourra effacer aucun wokisme.

GF-T  

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 132, mise en ligne le 5 novembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.

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samedi, 09 novembre 2024

Zbigniew Brzezinski et Israël

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Zbigniew Brzezinski et Israël

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/11/01/zbigniew-brzezinski-ja-israel/

Zbigniew Brzezinski était un stratège influent de la politique étrangère et de la sécurité des États-Unis, un maître du jeu géopolitique et membre de l’élite occidentale. Cependant, de manière surprenante, il ne partageait pas entièrement les vues des détenteurs du pouvoir sioniste et de l’État profond américain en ce qui concerne Israël.

Dans une interview de 2002, au moment où des extrémistes israéliens commettaient encore un de leurs massacres de Palestiniens, Brzezinski déclara que « la position internationale d’Israël a été gravement compromise. » Selon lui, cela s’expliquait par le fait qu’un peuple autrefois persécuté s’était transformé en persécuteur.

« Les Israéliens ressemblent de plus en plus aux partisans de la suprématie blanche en Afrique du Sud, qui considèrent les Palestiniens comme une forme de vie inférieure et n’hésitent pas à en tuer un grand nombre, sous prétexte d’être les victimes du terrorisme [palestinien]. »

Brzezinski constatait que l’« autodéfense » israélienne avait dépassé les limites du raisonnable, s’attaquant de plus en plus aux civils sans défense. Pour lui, la résistance palestinienne ne justifiait pas les massacres.

« En réalité, trois fois plus de Palestiniens ont été tués, et une proportion relativement faible d’entre eux étaient réellement des militants, » évaluait cet expert chevronné de la politique étrangère américaine, remettant en question la propagande israélienne.

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La situation sombrement décrite n’a guère changé au fil des décennies, même si aujourd’hui, il semble qu’Israël cherche à résoudre « le problème palestinien » de façon définitive, en invoquant le choc national causé par l’opération Al-Aqsa Flood du Hamas.

Bien que Brzezinski, comme beaucoup d’autres, pensait que la création d’Israël était justifiée en réaction aux persécutions nazies contre les Juifs, les décennies de violence qui suivirent n’apportèrent qu’une insécurité persistante pour l’avenir de l’État juif. Une ethnocratie sioniste pourrait bien être en péril à mesure que l’hégémonie régionale des États-Unis décline.

La pensée critique, que Brzezinski incarnait, semble avoir disparu de la classe politique américaine, car un Israël de plus en plus extrémiste, soutenu par ses forces armées, continue de dévaster Gaza, d’occuper la Cisjordanie et de bombarder le Liban, tandis que démocrates et républicains ferment les yeux sur les crimes de guerre les plus flagrants des sionistes.

Brzezinski envisageait que, bien que les États-Unis soient devenus la première puissance mondiale en 1991 après la chute de l’Union soviétique, la domination mondiale pourrait à l’avenir se répartir entre plusieurs centres. « Ce n’est peut-être pas si mauvais, mais cela risque d’être très chaotique, » anticipait-il, voyant un basculement d’un ordre centré sur l’Occident vers une ère multipolaire.

Le politologue américano-polonais n’était pas non plus favorable à une confrontation avec l’Iran. « L’Iran jouera un rôle crucial dans la région, que cela nous plaise ou non. Nos intérêts résident dans l’évitement d’un affrontement. Si nous intervenons en Iran, nous nous enliserons dans une opération militaire prolongée, » avertissait Brzezinski. « Dans ce cas, il suffira de regarder le monde pour dire adieu au leadership des États-Unis. »

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Le rebus du Moyen-Orient

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Le rebus du Moyen-Orient

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-rebus-medio-oriente/

La situation au Moyen-Orient est de plus en plus confuse. Seule certitude, Israël est à l'offensive sur plusieurs fronts. Et le gouvernement Netanyahou est déterminé à liquider, une fois pour toutes, toute opposition arabe organisée.

Une opération qui n'a cependant rien de facile. En effet, la volonté israélienne se heurte à l'opposition farouche du front chiite. Ce qui est le véritable objectif du gouvernement Netanyahou.

En effet, outre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, les dirigeants politiques et militaires israéliens frappent durement le Hezbollah au Liban, et vont jusqu'à l'attaquer en Syrie, où les milices libanaises se battent aux côtés d'Assad contre les « insurgés ». Qui sont, pour la plupart, des fondamentalistes sunnites.

Sans parler des raids aériens lourds contre les Houthis au Yémen.

La volonté de frapper durement le front chiite est donc évidente. Isoler l'Iran autant que possible. Ce qui est et reste le véritable objectif ultime de Netanyahou.

Un tableau, il faut le dire, extrêmement confus. Et surtout impossible à déchiffrer avec les lentilles déformantes de la soi-disant culture politique occidentale. Qui prétend raisonner par schémas, avec les bons contre les mauvais, ce qui est typique d'une certaine mentalité américaine. Et qui, pourtant, n'a rien à voir avec la réalité. Notamment avec celle, complexe et enchevêtrée, du Moyen-Orient.

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Les chiites, cela ne fait aucun doute, sont inextricablement liés à Téhéran. Mais cela n'implique pas leur « extrémisme islamiste » ; au contraire, à bien des égards, ils présentent des caractères moins rigides et moins fanatiques. Ceux-ci sont plutôt présents dans l'orbe sunnite dans son ensemble. En particulier en Arabie saoudite, où les Banu Saud sont étroitement liés, depuis leur origine, aux wahabbites. Et donc avec l'une des formes d'islam les plus rigides, voire radicales, de notre époque.

Toutefois, à l'heure actuelle, même les sunnites les plus rigides, et peut-être surtout ceux-ci, ne sont pas en conflit ouvert avec les intérêts occidentaux. Et il est clair que les forces qui ont soutenu, ou même fait partie du califat islamique de récente et peu glorieuse mémoire, sont maintenant soutenues, en Syrie et ailleurs, par ce même Occident, c'est-à-dire d'abord et avant tout les États-Unis, qu'elles ont autrefois combattu, en particulier en Irak.

Il faut, au fond, essayer de comprendre que le tableau du Moyen-Orient est extrêmement mouvant. Et que, bien que liées par d'anciennes obédiences de foi, les différentes composantes de la mosaïque islamique se meuvent, aujourd'hui comme hier, au gré d'intérêts spécifiques et concrets.

En simplifiant à l'extrême, peut-être de manière excessive, nous pouvons dire que les « féroces » chiites et l'Iran n'ont jamais été à l'origine d'attaques dangereuses ou même de formes de djihadisme violent comme celles qui ont lourdement affecté les États-Unis et l'Europe occidentale dans un passé récent.

Ils sont plutôt le fait de groupes et d'organisations - pensez à Al-Qaïda ou à Isis - qui ont vu le jour dans le monde sunnite. Et qui, précisément là, ont continué à bénéficier de la tolérance, voire de la connivence des dirigeants politiques.

Aujourd'hui, cependant, les intérêts occidentaux ont changé de voie et d'objectifs. Après avoir abandonné l'Afghanistan aux talibans, de manière grossière mais efficace et rapide, les Etats-Unis ont décidé, depuis l'ère Obama, de tolérer, voire de soutenir, les sunnites les plus radicaux, en tournant plutôt leur attention, et leurs armes, vers l'Iran. Et donc contre le front chiite. Qui, précisons-le, n'est certes pas composé d'angelots, mais qui n'a jamais représenté, et soutenu, un dangereux extrémisme terroriste.

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Cette opération n'a pas toujours eu des résultats heureux, comme le montrent l'échec des Frères musulmans en Égypte et la montée en puissance d'al-Sissi (photo). Un client difficile à gérer, même pour Washington.

Cependant, la ligne de conduite de l'Occident dirigé par les États-Unis est, et est restée, la même depuis trois présidences. Et elle vise, de manière décisive, à affaiblir autant que possible le bloc chiite. En se servant aussi et surtout d'Israël comme d'un maillet.

Or il est vrai que Netanyahou a fait un bond en avant, prenant de court l'administration Biden. Qui, trop engagée contre la Russie en Ukraine, aurait préféré une escalade plus graduelle au Moyen-Orient.

Mais il est vrai aussi que le leader israélien poursuit la logique de la survie d'Israël, et tente de forcer la main à Washington.

Et dans cette logique, la neutralisation du front chiite et de ses alliés est, militairement et politiquement, une étape nécessaire. Et urgente.

Reste, bien sûr, à savoir si, comme on dit, le diable a fait des pots avec ou sans couvercle.

Autrement dit, si cette stratégie sera payante, et pas seulement à court terme.

Franchement, j'aurais tendance à en douter.

Les États-Unis visent l'hégémonie dans le domaine de l'intelligence artificielle

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Les États-Unis visent l'hégémonie dans le domaine de l'intelligence artificielle

Leonid Savin

Le 24 octobre 2024, Joe Biden a signé un mémorandum intitulé « Renforcer le leadership des États-Unis dans le domaine de l'intelligence artificielle ; utiliser l'intelligence artificielle pour atteindre les objectifs de la sécurité nationale; et améliorer la fiabilité de l'intelligence artificielle ».

Ce document étend l'application du décret présidentiel du 30 octobre 2023 concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle à l'échelle mondiale. Il s'agit en réalité de l'instauration d'un monopole dans ce domaine, où Washington définira ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. En effet, selon la Maison Blanche, l'« ordre fondé sur des règles » de l'Occident doit s'appliquer également dans l'espace numérique, y compris les nouveaux programmes et applications.

Le mémorandum stipule clairement que « premièrement, les États-Unis doivent diriger le développement mondial d'une intelligence artificielle sûre et digne de confiance. À cette fin, le gouvernement des États-Unis doit, en partenariat avec l'industrie, la société civile et les milieux scientifiques, promouvoir et assurer la sécurité des capacités fondamentales à travers tout le pays, qui favorisent le développement de l'intelligence artificielle. Le gouvernement des États-Unis ne peut considérer la dynamique et l'innovation inégalées de l'écosystème de l'intelligence artificielle des États-Unis comme allant de soi; il doit activement renforcer les technologies de l'information, garantissant que les États-Unis demeurent l'endroit le plus attractif pour les talents du monde entier et un lieu abritant les capacités informatiques les plus modernes du monde. Le gouvernement des États-Unis doit également fournir aux développeurs et aux utilisateurs d'IA des recommandations appropriées en matière de sécurité, évaluer minutieusement les risques potentiels des systèmes d'IA et aider à les réduire».

Deuxièmement, « le gouvernement des États-Unis doit utiliser l'IA puissante avec les garanties appropriées pour atteindre les objectifs de sécurité nationale. Les nouvelles capacités de l'IA, y compris les modèles de plus en plus universels, offrent de vastes opportunités pour renforcer la sécurité nationale, mais l'utilisation efficace de ces systèmes nécessitera des changements techniques, organisationnels et politiques importants. Les États-Unis doivent comprendre les limitations de l'IA, étant donné qu'elle utilise les avantages de la technologie, et toute utilisation de l'IA doit respecter les valeurs démocratiques en matière de transparence, de droits de l'homme, de libertés civiles, de vie privée et de sécurité».

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Troisièmement, « le gouvernement des États-Unis doit continuer à développer une structure stable et responsable pour promouvoir la gouvernance internationale de l'IA, qui favorise le développement et l'utilisation sûrs de l'IA, la gestion des risques de l'IA, la mise en œuvre des valeurs démocratiques, le respect des droits de l'homme, des libertés civiles et de la vie privée, tout en facilitant les bénéfices mondiaux de l'intelligence artificielle. Cela doit être réalisé en coopération avec un large éventail d'alliés et de partenaires. Le succès des États-Unis à l'ère de l'intelligence artificielle sera mesuré non seulement par la supériorité des technologies et des innovations des États-Unis, mais aussi par leur leadership dans le développement de normes mondiales efficaces et la création d'institutions fondées sur le droit international, les droits de l'homme, les droits civils et les valeurs démocratiques».

À travers le travail des géants technologiques et des capitalistes de la Silicon Valley comme Google, Microsoft, Amazon, Meta* (interdite en Russie), et d'autres, le monde entier connaît la réalité des libertés civiles et des valeurs démocratiques lorsqu'elles sont gérées par des entreprises américaines. Il s'agit de censure, de manipulations algorithmiques, d'ingénierie sociale et de l'utilisation de données personnelles sans le consentement de leurs propriétaires. Avec l'intelligence artificielle, tout cela sera facilité, car il suffira de se référer à une erreur technique.

Il est aussi important de noter le problème de ce qu'on appelle la « fuite des cerveaux », car le mémorandum stipule que « la politique du gouvernement des États-Unis est que l'élargissement des possibilités légales pour les non-citoyens hautement qualifiés dans le domaine de l'intelligence artificielle et des domaines connexes, d'entrer aux États-Unis et d'y travailler, constitue une priorité de sécurité nationale. Aujourd'hui, l'industrie inégalée de l'intelligence artificielle des États-Unis repose largement sur les idées de brillants scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs qui sont venus aux États-Unis en quête d'opportunités académiques, sociales et économiques. » Cela témoigne clairement de la volonté de Washington de recruter des scientifiques et des experts étrangers sous divers prétextes, pour les attirer dans ses entreprises. Et puisque la sécurité nationale est en jeu, il est évident qu'il est dans l'intérêt des États-Unis d'attirer également des personnes travaillant sur des recherches secrètes dans d'autres pays.

Il est significatif que le document charge le ministère de la Défense et le ministère de la Sécurité intérieure de fournir l'assistance nécessaire à ces étrangers. Il donne aussi six mois pour analyser l'état du marché du travail lié à l'IA à l'intérieur des États-Unis ainsi qu'à l'étranger. Durant ce même délai, une évaluation complète des capacités des États-Unis dans le domaine de l'IA doit être réalisée. Les organismes de sécurité nationale ont beaucoup moins de temps: en trois mois, l'assistant présidentiel pour la sécurité nationale doit organiser des réunions avec les départements exécutifs et les agences compétentes pour examiner les mesures visant à établir des priorités et à optimiser les procédures administratives pour tous les candidats à un visa travaillant sur des technologies sensibles.

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Ainsi, dans un avenir proche, l'agence américaine, à travers ses ambassades et autres structures, commencera à scanner d'autres pays à la recherche d'expertise en IA et à recruter des étrangers.

En outre, les services de renseignement et les forces de sécurité des États-Unis sont désormais tenus de mettre en œuvre l'IA de manière plus active dans leurs activités. Il est indiqué que « le ministère de la Défense, le ministère du Commerce, le ministère de l'Énergie, le bureau du directeur du renseignement national, la NSA et l'Agence nationale de renseignement géospatial doivent, selon les circonstances et conformément à la législation applicable, accorder une attention prioritaire à la recherche sur la sécurité et la fiabilité de l'intelligence artificielle. Si nécessaire et conformément aux exigences des autorités compétentes, ils doivent maintenir des partenariats avec les principales institutions publiques, l'industrie, la société civile, les milieux académiques et d'autres institutions ayant de l'expérience dans ces domaines, afin d'accélérer les progrès techniques et socio-techniques dans le domaine de la sécurité et de la fiabilité de l'intelligence artificielle».

Il convient de noter que le document comprend également une section classifiée concernant les questions de sécurité nationale des États-Unis. Il est probable que cette section traite de diverses méthodes destinées à empêcher d'autres États d'atteindre un avantage dans le domaine de l'IA et des technologies critiques.

En ce qui concerne le secteur de la défense et de la sécurité, les entreprises et startups ayant déjà fait leurs preuves dans ce domaine en tireront un avantage manifeste. En particulier, Palantir de Peter Thiel, qui a réalisé des contrats pour le FBI, le service des migrations, la NSA, le Pentagone, la CIA, ainsi que pour les entreprises de défense américaines, et qui a également fourni ses produits à Israël et à l'Ukraine.

Le Pentagone travaille depuis longtemps à l'intégration de l'intelligence artificielle dans ses capacités de combat, comme en témoignent les contrats du Commandement Sud des forces armées des États-Unis avec Microsoft pour la création de serveurs cloud spécialisés et l'utilisation de l'application IA DALL-E dans les programmes de commandement et de contrôle.

Ainsi, le mémorandum récent de Joe Biden n'est que la confirmation des tendances précédemment établies, où les services de renseignement et les militaires américains ont déjà une certaine expérience et un potentiel dans ce domaine.

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Sexe et genre: un "désir politique" de Mieli à Butler

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Sexe et genre: un "désir politique" de Mieli à Butler

Par Andrea (Blocco Studentesco)

Source: https://www.bloccostudentesco.org/2024/10/25/bs-sesso-e-g...

De l’introduction des "carrières alias" dans les écoles et les universités à la création de groupes de recherche engagés dans des études pseudo-scientifiques sur les “enfants trans”, en passant par l’ouverture de véritables cours universitaires sur la théorie queer, la boue de l’idéologie du genre touche de plus en plus les jeunes et les étudiants.

L’influence croissante du mouvement LGBTQ et de son dispositif idéologique sur les lieux de culture et d’éducation nécessite une réflexion critique sur les fondements de cette vision qui, bien qu’elle se présente comme scientifique et objective, n’est rien d’autre que l’expression d’un simple “désir politique” vide de contenu.

Un amalgame de thèses, extraites à dessein et détachées de leurs contextes plus généraux pour valider des hypothèses personnelles, qui mêle une certaine psychanalyse des années 50 et 60, le féminisme de la deuxième vague, le marxisme, le post-structuralisme et la déconstruction philosophique.

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La critique homosexuelle de Mieli

L'un des précurseurs de tout cet univers qui, à partir de la fin des années 90, fera référence à la théorie queer, dans toutes ses variantes, est sans aucun doute Mario Mieli, activiste et philosophe, parmi les premiers en Italie à aborder la thématique des études de genre. Son ouvrage principal, Éléments de critique homosexuelle, publié en 1977, a eu une grande influence, même internationale, sur tout le panorama lié à l’idéologie du genre.

Cet essai, qui constitue la thèse de Mieli, s’adresse principalement aux milieux de l’extrême gauche et de la contestation de la fin des années 70. Ainsi, les thèmes de l’œuvre sont abordés sous un angle qui unit marxisme et psychanalyse et, plus généralement, au travers d’une introspection subjective visant à universaliser l’expérience de l’auteur.

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Mieli part d’un postulat délibéré, à savoir que le pansexualisme ou transsexualisme (compris comme le polymorphisme sexuel de Freud plutôt que dans le sens moderne du terme) est une condition naturelle de l’être humain, antérieure à la division sexuelle, laquelle survient ensuite par un processus de socialisation, ou “édu-castration”, violent.

Cette édu-castration aurait pour effet de perdre cette condition d’indifférenciation et de se figer dans une stricte norme sociale; d’où le projet politique de libération et d’émancipation de l’humanité tout entière pour se débarrasser de cette castration: rendre la liberté au-delà de la socialisation.

L'attribution, à tort, de Mieli au courant des penseurs marxistes découlerait de l'idée que l'édu-castration constitue une condition préalable nécessaire au resserrement social, qui est indispensable pour l’exploitation par le Capital. Toutefois, le positionnement de l’éros comme pré-structural, c’est-à-dire comme prémisse aux rapports de production, est inacceptable dans la dialectique marxiste structure-superstructure (production-rapports sociaux).

La complétude originelle invoquée dans l’essai semble davantage faire référence à un état de nature idéal qu’à une condition biologique ou ontologique. La référence à des catégories psychanalytiques pour évoquer une origine mythique naturelle de la transsexualité ou pansexualité pose divers problèmes. En effet, le polymorphisme sexuel de Freud se référait non pas à une donnée intrinsèque de la condition humaine, mais à la plasticité des formes individuelles de sexualité en fonction du stress, de l'anxiété et de la névrose.

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Mieli pousse alors son cadre théorique (l'hypothèse d’une condition pré-édu-castration et pré-sexualisation comme naturelle) vers la nécessité d'éliminer complètement la norme hétérosexuelle, perçue comme le fondement du système capitaliste. L’utilisation de catégories psychanalytiques pour expliquer cette libération observe le comportement social comme une sublimation de la tension découlant de la négation d’une supposée homosexualité ou pansexualité originelle, vues comme des conditions à retrouver pour parvenir à l’émancipation.

Le transsexualisme est vu non seulement comme un outil de libération individuelle, mais comme un véritable outil politique, d’où la volonté de destruction de tout type de structure organisée ou de normativité.

Cette approche efface complètement l'idée de femme et d'homme, s’appuyant sur un retour quasi religieux à une pré-catégorisation de la sexualité absolue, anticipant de plusieurs années la réflexion sur le rejet de la bisexualité, mis en avant par les études de genre.

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Dans son solipsisme délirant, Mieli va jusqu’à concevoir des dérives fétichistes et des comportements relevant de la pédophilie, de la nécrophilie ou de la coprophagie comme des expériences rédemptrices, en ajoutant l’hétérosexualité à la liste des déviances mentales (bien que, d’un point de vue historique et culturel, elle ait toujours été majoritaire).

Au final, tout le discours proposé par Mieli ne prouve jamais rien mais projette simplement sa propre idiosyncrasie sur le plan général. La référence continue à un préconscient intérieur (biologiquement inexistant, étant le fruit d’un désir idiosyncrasique) montre l’incapacité de l’auteur à supporter le poids de l’existence (d'être homme) et celui du choix. Le type humain qui recherche une condition transsexuelle primordiale de naturalité est fondamentalement en fuite du monde, car incapable de se compléter et de s’identifier tel qu'il est (parricide).

Ainsi est rejetée la dimension tragique du choix, c’est-à-dire le fait d’être quelque chose en contraste avec le reste, de se donner une forme et de donner forme au monde.

Qu'est-ce que le genre? La bouillie d'une idéologie

Dans la complexe théorisation des études de genre, le concept même de “genre” est considéré comme un élément constitutif des relations sociales et des rapports de pouvoir.

Cette conception donne naissance à l'idée que la base biologique est une simple illusion collective, dissociant ainsi l'identité de genre du fait biologique, l'esprit du physique, l'âme du corps. Le rejet de toute forme de détermination sexuelle adopte d’une part une conception universaliste de l’être humain, et d’autre part, le triomphe de la subjectivité, où chacun se construit à partir de rien, selon ses propres impulsions émotionnelles.

La dissociation sexe-genre distingue donc les aspects biologiques des aspects psychologiques, assumant en fait un passage problématique de la nature psychologique du genre à son interprétation comme entité culturelle: à partir de l'idée que le genre est une construction culturelle imposée à une base biologique malléable dans le cadre d'une hiérarchie binaire homme-femme, la déconstruction devient un outil politique.

Cette vision de la distinction masculin-féminin comme résultat d'une exploitation historique n'est rien d'autre qu'une supposition vide de sens.

Les théoriciens du genre, dans la lignée d’un certain anti-essentialisme postmoderne, réduisent le binarisme sexuel à un constructivisme sans réalité substantielle, produit uniquement par des catégories linguistiques. Comme déjà observé dans la réflexion sur les thèses de Mieli, des théories psychanalytiques ad hoc, comme le polymorphisme sexuel originel de Freud ou l'entrée du nourrisson dans l'ordre symbolique binaire de Lacan, sont invoquées pour étayer cette position.

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Dans ce cadre théorique, toute référence à un corps biologique est déjà filtrée par des significations culturelles (le sexe biologique toujours défini par le genre), comme l’a établi l'opération de dé-essentialisation et de dé-naturalisation de Judith Butler.

Le genre devient ainsi un performatif, non pas une expression qui nomme mais qui fait exister son propre sens, et, en conséquence, le corps devient une performance, une fabrication dénuée de statut ontologique propre, produite à travers des gestes ou des actes.

La féminité et la masculinité deviennent de simples déguisements du caractère performatif du genre, artificiellement modelé par la “domination hétérosexuelle”. La théorie queer ne fait alors que dissoudre toute opposition et fluidifier le genre en supprimant tout conditionnement historique/culturel.

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Cette démarche s’intègre parfaitement dans ce qui est le triomphe de la raison libérale, au sein de laquelle chaque identité ou normativité est remplacée par un appel à la sphère de l’arbitraire subjectif. La vision réductrice de cette identité psychologique comme produit culturel suppose une opposition schématique entre nature et culture: une nature perçue comme une donnée matérielle statique sur laquelle se superpose une dimension subjective. Un idéalisme subjectif qui considère l'élément psychologique comme seul réceptacle de vérité, prêt à être modelé arbitrairement.

Le corps biologique, en tant que concept culturel, est ainsi subordonné à la notion culturelle de genre.

Ce que la théorie queer et les études de genre ne voient pas, c’est la prédisposition naturelle de l’espèce humaine à l’apprentissage à travers des dispositions naturelles. Bien que le genre soit désormais étendu à toutes les caractéristiques traditionnellement reconnues dans la différenciation sexuelle, l’existence de différences dans de nombreuses caractéristiques biologiques et comportementales entre les deux sexes est établie depuis longtemps.

La complémentarité biologique entre homme et femme ne peut être réduite à une simple distinction sociologique, car elle est fondamentale pour la reproduction humaine; de même, l'absence de catégories naturelles absolues et dogmatiques ne constitue pas une raison suffisante pour nier l'existence et l'essentialité de la différence sexuelle ou biologique. 

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vendredi, 08 novembre 2024

Alexandre Douguine et la révolution de Trump

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Alexandre Douguine et la révolution de Trump

Markku Siira

Quelle: https://markkusiira.com/2024/11/07/aleksandr-dugin-ja-tru...

Les analystes politiques les plus excentriques se réjouissent déjà en affirmant qu’avec le retour de Trump, les "globalistes" perdront et le monde sera sauvé. Sur quoi repose une telle croyance ? Ne serait-il pas plus prudent d’attendre les actes concrets de l’administration Trump avant de se réjouir de manière trop optimiste ?

Le théoricien russe en géopolitique, souvent qualifié de "fasciste" en Occident tout comme Trump, principal idéologue du néo-eurasisme et théoricien d’un "monde multipolaire", Aleksandr Douguine, est un fervent "trumpiste" depuis 2016. Pour une raison ou une autre, il voit en Trump plus de bien que de mal.

Douguine s’enthousiasme à l’idée que la victoire écrasante de Trump lors des élections présidentielles américaines pourrait entraîner un "bouleversement sismique dans l’ordre mondial". Selon le penseur russe, il s’agirait même d’une "révolution conservatrice qui défie le globalisme libéral", accélérant la naissance d’un monde multipolaire.

Douguine affirme que, bien que cela n’ait pas été ouvertement admis, la Russie espérait aussi le retour de Trump, et que, par exemple, les propos de Poutine évoquant une présidence de Kamala Harris relevaient en réalité d’un "touchons du bois" superstitieux, espérant ainsi que Trump gagne les élections et permette un nouvel équilibre des forces dans le monde.

Cependant, la Russie ne doit pas s’attendre à des miracles de la part de Trump et de sa nouvelle administration. Indépendamment de la victoire de Trump ou de tout autre facteur, Douguine estime qu’il reste essentiel que la Russie gagne la guerre en Ukraine. "Tout comme l’ancien consul romain Caton l’Ancien disait que Carthage devait être détruite, pour la Russie, Kiev doit être prise", affirme-t-il.

Il se murmure que l’équipe de Trump travaille sur un "plan de paix" pour l’Ukraine. Selon certaines fuites, ils pourraient proposer de geler le conflit jusqu’à une date indéfinie. Cependant, il est peu probable que Poutine accepte cette idée ; ainsi, on espère que Trump proposera de meilleures solutions, faute de quoi les hostilités continueront.

Parallèlement, Trump continuera probablement à soutenir les actions agressives d’Israël. Les États-Unis envisagent également d’intensifier la guerre commerciale avec la Chine et pourraient apporter un soutien accru à la Corée du Sud dans sa confrontation avec la Corée du Nord. "Ainsi, la victoire de Trump ne signifie absolument pas que tous les problèmes seront résolus", admet également Douguine.

Les événements qui se sont déroulés ne sont pas des coïncidences, selon Douguine, "surtout si l’on considère que Trump n’a ni été emprisonné, ni assassiné, ni éliminé, malgré les attaques incessantes des fanatiques démocrates qui ont tenté de le discréditer pendant huit ans". Douguine voit dans cette résistance la preuve que le "poutinisme" a triomphé aux États-Unis : les Américains ont voté pour Trump parce qu’ils voulaient "quelqu’un de semblable à Poutine" pour diriger leur pays.

Le retour de Trump apparaît aux yeux des libéraux occidentaux comme "le coup de grâce pour ce qu’il reste de l’ordre mondial" (comme l’a affirmé l’écrivain israélien Yuval Harari, également associé au Forum économique mondial), car ils n’ont envisagé qu’un seul chemin de développement, celui où l’élite managériale régit la vie des nations.

Y a-t-il des désaccords au sein de l’élite occidentale concernant l’avenir ? Douguine suppose que Trump a reçu des autorités de l’État profond l’autorisation d’"expérimenter une stratégie alternative pour maintenir la domination mondiale de l’Amérique sans confrontation directe avec le monde multipolaire". Nous verrons bientôt si cette hypothèse est simplement un vœu pieux de Douguine.

Douguine pense que "la Russie doit consolider sa position en tant que pôle indépendant et qu’ensuite, tôt ou tard, un Trump réaliste n’aura d’autre choix que de reconnaître les faits". Selon le penseur russe, cela représente "la garantie de la victoire et de l’avenir souverain de la Russie".

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Trump et la « Génération Z »

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Trump et la « Génération Z »

par A. P. Dimopoulos

Bron: https://enaasteri.blogspot.com/2024/10/t.html

Jusqu'à la fin du 20ème siècle, c'était presque un axiome politique de dire que les jeunes avaient tendance à soutenir la gauche. Cet axiome était souvent résumé par la célèbre expression (souvent attribuée à tort à Churchill): « Si, à 25 ans, vous n'êtes pas de gauche, vous n'avez pas de cœur; si, à 30 ans, vous n'êtes pas de droite, vous n'avez pas de tête». Cette idée sous-entendait que la maturité pousse les gens vers la droite.

Cependant, ce postulat a commencé à évoluer avec l'arrivée du nouveau siècle. En effet, les jeunes électeurs ont commencé à se tourner vers les partis de la dite "extrême droite" émergente en Europe, un phénomène interprété à l’époque par le fait que cette « extrême droite » était plus radicale comparativement à une gauche devenue l'« establishment ». Les jeunes suivaient simplement le courant le plus radical. Ce phénomène s’est ensuite étendu aux États-Unis et est parfaitement reconnaissable aujourd’hui.

Ainsi, une des réalités les plus frappantes des prochaines élections présidentielles de novembre aux États-Unis est la popularité de Trump au sein de la « génération Z », c'est-à-dire celle née à partir de 1998 et qui représente aujourd'hui la catégorie politiquement significative des « jeunes électeurs » âgés de 18 à 24 ans.

Cette génération a grandi avec Internet et les téléphones mobiles, exposée aux médias sociaux, et est aussi surnommée « iGeneration ». Car, comme le montrent les sondages, Trump est populaire au sein de cette génération, que l'on associe pourtant aux préoccupations environnementales, aux mouvements antiracistes de notre époque (et à la culture woke). En particulier, chez les hommes âgés de 18 à 24 ans, cette popularité semble majoritaire, et de nombreux analystes cherchent à comprendre pourquoi.

Qu’est-ce que la « génération Z » trouve de positif chez Trump, malgré son opposition à l’activisme climatique, à l’immigration inclusive et à l’agenda woke ? La réponse n'est peut-être pas si étonnante, et il existe un chemin, bien que sinueux, reliant la « génération Z » à Trump.

Naturellement, l'analyse sociologique de la « génération Z » est encore en cours, mais certains traits de leur mode de vie commencent à émerger. Trois d'entre eux se distinguent.

Premièrement, c'est une génération plutôt pessimiste, ayant intégré (de manière exacerbée par l’exposition aux réseaux) des crises récurrentes liées à l'économie (la « génération Z » pense généralement qu'elle connaîtra moins de prospérité et de sécurité financière que ses parents) ainsi que des menaces climatiques et géopolitiques. Elle a aussi été marquée par les confinements inédits liés à la pandémie.

Deuxièmement, c’est une génération qui valorise la famille et l’espace personnel comme des zones de sécurité (une vision introspective, qui se manifeste par son attrait pour les jeux vidéo et les séries télévisées, contrairement à des générations plus âgées et plus extraverties).

Troisièmement, c’est une génération moins « assertive » sur le plan romantique, probablement à cause de l’exposition précoce à la pornographie en ligne et de la facilité (mais aussi de l’ennui) des rencontres virtuelles, ainsi que du cadre juridique néo-puritain d'inspiration féministe qui la rend prudente dans ses démarches. Et en considérant tout cela, on peut comprendre pourquoi Trump semble « cool » (ou peut-être même « rizz », dans leur propre jargon).

La raison pour laquelle Trump attire la « génération Z » est qu'il incarne la transgression de ce qu’elle redoute. Quelles insécurités économiques ou autres ? Trump est un multimillionnaire qui aspire, avec appétit, à un second mandat dans le poste politique le plus puissant du monde, malgré ses 78 ans et ses démêlés judiciaires colossaux, tout en annonçant de nouveaux projets d'affaires.

Les préoccupations climatiques, les guerres? Trump minimise plutôt que d’amplifier ces dangers. Quand il promet de mettre fin à la guerre en Ukraine par un simple coup de téléphone, il rappelle à la « génération Z » une capacité d'influence à laquelle elle n’est pas habituée.

Quant à la culture woke, ce que voit cette génération personnellement « frugale » chez Trump, c’est ce qu’elle n’arrive pas à incarner elle-même. Grande famille, certes, mais aussi une vie personnelle, perçue comme « flamboyante » pour ces jeunes enchaînés aux écrans.

En somme, l’image de Trump, avec ses alternances de clairs-obscurs, séduit une génération qui lutte précisément contre ce que lui, en tant que personnage, a complètement dépassé.

La mort de l’Europe et la naissance d’un nouvel ordre

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La mort de l’Europe et la naissance d’un nouvel ordre

Par Augusto Zamora R.

Source: https://www.elespañoldigital.com/la-muerte-de-europa-y-el...

Il est heureux qu’il n’existe pas de prix Nobel pour la bêtise humaine, car il serait impossible de l’attribuer, tant les candidats seraient nombreux, à commencer par les gouvernants européens. La question de l’Ukraine (nous refusons de l’appeler invasion ou guerre, même si elle pourrait être les deux d’un point de vue technique) n’a rien à voir avec ce que les médias occidentaux — ou devrions-nous dire "accidentels" — répètent jusqu’à la nausée. La Russie ne cherche pas à annexer l’Ukraine; elle n’a pas non plus lancé une guerre de conquête ni, encore moins, agit par nostalgie d’un empire perdu. Il s’agit d’un conflit géopolitique au sens pur du terme. Géopolitique dans une perspective héritée du 19ème siècle, une lutte de pouvoir et d’intérêts, sans conflit idéologique ni opposition de systèmes, bien que les mercenaires et les naïfs habituels — qui, malheureusement, ne sont pas une espèce en voie de disparition — s’évertuent à le présenter sous toutes les couleurs possibles. Non, ce n’est rien de tout cela. C’est la vieille lutte entre le monde en devenir et celui qui refuse de mourir (comme disait le communiste Antonio Gramsci), provoquée par le refus de l’OTAN de cesser son expansion vers la Russie. Car telle, et non autre, est la raison de l’action militaire : assurer la sécurité de la Russie, ce que l’UE/OTAN a refusé, indiquant qu’elle persistait dans sa politique expansionniste.

On affirme, répète et martèle qu’en cas de conflit de cette ampleur, la première victime est la vérité. Nous ne sommes pas d’accord. Nous pensons que la première victime est l’intelligence, car il faut être ignorant, sot et insensé pour croire que la Russie s’est lancée sur l’Ukraine pour des balivernes telles que des délires de grandeur ou des amours impériaux déçus, dignes d’un roman de Corín Tellado (pour ceux qui ne la connaissent pas, la plus prolifique auteure de romans d’amour). Rien de tout cela. Les guerres coûtent cher, très cher, et leur issue dépend, comme l’a noté Thucydide, des moyens financiers disponibles. Vladimir Poutine n’est pas un imprudent, comme certains tentent pathétiquement de le présenter. Moins encore un aventurier à la manière de Crassus, le riche romain qui, cherchant à rivaliser avec César et Pompée, finança une guerre contre les Parthes et fut littéralement décimé, avec ses 30.000 soldats (d’où l’expression "erreur crasse").

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Nous l’avons mentionné dans un précédent article. L’Ukraine est un pion, mais surtout une pièce sur l’échiquier mondial (pour reprendre l’expression de Zbigniew Brzezinski), où se joue la répartition du pouvoir pour les décennies à venir, si nous y parvenons. Pour clarifier: il existe aujourd’hui trois grands acteurs – la Russie, les États-Unis et la Chine – divisés en deux camps. D’un côté, l’alliance entre la Chine et la Russie, de l’autre, les États-Unis. Ce n’est pas une invention de notre part. Les États-Unis eux-mêmes et leurs alliés le répètent jusqu’à saturation. Puisque seuls les incompétents inventent des conflits géostratégiques, nous citerons ici des documents officiels américains, dont nous fournirons également le lien pour les curieux. Précisons que, aux États-Unis, le gouvernement et le Congrès ont la gentillesse, après censure, de les rendre publics, à disposition de ceux qui veulent s’y intéresser.

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Commençons par le document le plus important, intitulé National Defense Strategy (ICI), de 2018, qui est la ligne directrice actuelle. Ce document stipule que « La compétition stratégique entre États, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale des États-Unis ». « La compétition stratégique à long terme avec la Chine et la Russie est la priorité du Département [de la Défense] et nécessite un investissement accru et soutenu en raison de l’ampleur des menaces qu’elles représentent pour la sécurité et la prospérité des États-Unis, tant maintenant qu’à l’avenir».

Pour faire face à cette « compétition stratégique à long terme », parmi une liste généreuse de mesures et d’actions, le Département de la Défense fixe les objectifs suivants. Concernant la Chine : « Nous renforcerons nos alliances et nos partenariats dans l’Indo-Pacifique pour établir une architecture de sécurité en réseau capable de dissuader l’agression, de maintenir la stabilité et de garantir l’accès aux biens communs». Concernant la Russie: «Renforcer l’Alliance Transatlantique de l’OTAN. Une Europe forte, libre, unie par des principes partagés de démocratie, de souveraineté nationale et d’engagement envers l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, est essentielle pour notre sécurité». En somme, depuis 2018, les États-Unis œuvrent à créer une tenaille autour de la Russie et de la Chine, avec leurs alliances militaires et politiques comme piliers essentiels.

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L’Europe atlantiste a accepté ce rôle sans broncher, sans en mesurer les coûts ni informer ses citoyens. L’un des mythes du camp occidental est la supposée « mort cérébrale » de l’OTAN. Jamais aucun gouvernement européen n’a sérieusement envisagé cette possibilité, en témoignent les récentes adhésions de l’Albanie, de la Croatie et du Monténégro. Justement, le conflit en Ukraine a éclaté suite au refus de l’OTAN de maintenir une Ukraine neutre. Ils la voulaient dans l’OTAN et y sont restés attachés. L’empreinte américaine a déjà été confirmée il y a longtemps, lorsque le camp occidental a enterré, sans résistance, les projets d’une armée européenne et d’une politique extérieure indépendante des États-Unis.

L’autre mythe du camp occidental est l'isolement supposé de la Russie. En réalité, elle bénéficie du soutien de la Chine et de l’Inde, deux poids lourds bien plus influents que l’ensemble du camp occidental. Ce soutien s’appuie sur des intérêts géostratégiques et énergétiques cruciaux pour la Chine, ainsi que sur le besoin de l’Inde de maintenir sa souveraineté militaire, son arsenal étant majoritairement d’origine russe.

L’alliance transatlantique, avec sa virulence antirusse, a précipité la fracture du monde en blocs et la mort politique de l’Europe. Désormais, elle n’est plus l’Europe, bien qu’elle le demeure sur les cartes. Elle devient le Flanc Atlantique de l’armée des États-Unis, attendant que ceux-ci lui ordonnent son sacrifice.

Nous assistons, en direct, à la partition du monde et à la naissance d’un nouvel ordre, où le camp occidental sera de peu d’importance, laissant la scène à la Chine, la Russie et les États-Unis. Aucun compromis ne refermera la fracture qui s’est ouverte. L’Europe sera plus péninsulaire que jamais, car sa connexion avec l’Asie, c’est-à-dire la Russie, est rompue. Sans la Russie, il ne lui reste que l’Atlantique.

Le monde atlantiste a, par sa virulence, encouragé l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe à demander que le Japon s’arme nucléairement et se range aux côtés des États-Unis, en prenant pour référence la crise en Ukraine. Global Times a réagi rapidement dans un éditorial, avertissant que « les États-Unis considèrent le Japon comme un levier essentiel pour contrer la Chine en Asie de l’Est. Cet encouragement des ambitions militaires japonaises montre clairement que le Japon pourrait devenir pour la Chine ce que l’Allemagne est devenue pour la Russie. »

Bienvenue aux prémices de la première grande guerre du 21ème siècle.

La Porte des Ténèbres est grande ouverte!

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La Porte des Ténèbres est grande ouverte!

par Pierre-Emile Blairon

Un spectacle mythologique, vraiment ?

« La Porte des Ténèbres » est le titre d’une production de la compagnie de théâtre de rue La Machine installée à Toulouse et à Nantes, spectacle qui s’est déroulé les 25, 26 et 27 octobre 2024 à Toulouse.

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Ce spectacle constituait la deuxième partie de celui qui eut lieu dans la même ville de Toulouse en 2018, dénommé « Le Gardien du Temple », qui avait rassemblé à l’époque 900.000 spectateurs (pour un spectacle gratuit, quand même) et qui avait vu la déambulation dans ses rues de deux personnages d’origine mythologique, le Minotaure, également appelé Astérion, du nom d’un roi de Crète, et Ariane représentée par une araignée ; dans la légende, elle est en fait une princesse aux belles boucles blondes (Homère) ; son rapprochement avec une araignée dans ce spectacle est peut-être dû à la phonétique : Ariane-araignée ? et au célèbre fil d’Ariane – fil que tisse une araignée ?- qui permet à Thésée de sortir du labyrinthe.

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France-Info (24 octobre 2024) commente ainsi la venue d’un nouveau personnage : « Avec le deuxième opus, "La Porte des Ténèbres", Astérion, le Minotaure (gardien de la ville rose) et Ariane, l’araignée, font face à une nouvelle venue : Lilith, la gardienne des ténèbres. Mi-femme, mi-scorpion, une croix inversée comme boucle d'oreille et portant des cornes de bélier, la machine Lilith arrive d'ailleurs du Hellfest, [festival de l’enfer, NDLR] le festival de métal de Clisson, près de Nantes. "

Voilà qui démarre plutôt mal : le Minotaure, dans la mythologie, est un monstre assoiffé de sang et de chair humaine qui réclame un tribut tous les neuf ans à Égée, roi d'Athènes, de sept jeunes garçons et sept jeunes filles afin de s’en nourrir.

Ainsi donc, dans la presse de grand chemin (mainstream en anglais), le Minotaure devient une sorte de saint patron de la ville de Toulouse. Il n’y a pas que France Info qui propulse le monstre à ce rang, Libération s’y met aussi, dans un article où le journal décrit la nouvelle venue dans cette deuxième partie du spectacle : « Cornes impressionnantes, narines fumantes, torse en bois délicatement sculpté, Lilith, la géante femme-scorpion est la nouvelle pièce de l’opéra urbain qui anime le centre de Toulouse ce week-end. Elle va à la rencontre d’Astérion le minotaure, un colosse de 47 tonnes pour 14 m de haut qui, depuis le premier opus de cet événement conçu par la compagnie de théâtre de rue La Machine, en 2018, est devenu le gardien de la ville. » (Libération du 26 octobre 2024 sous le titre : « Machines à rêver : Une femme-scorpion et un minotaure géants déambulent dans Toulouse ce week-end, un million de spectateurs attendus»)

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Nous sommes bien loin de la véritable légende avec ces deux personnages issus de la mythologie grecque mais que leurs concepteurs ont tenu à sataniser en inversant leurs attributs : le monstre Minotaure devient le « gardien » (bienveillant ?) de la ville de Toulouse et la belle princesse Ariane une araignée hideuse.

Tout cela est accompli, faut-il le préciser, avec la complicité enthousiaste du maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, une « fête » bien éphémère qui a quand même coûté la bagatelle de 4,7 millions à ses administrés. Les Toulousains sont sans doute suffisamment riches pour que leur édile se permette de leur « offrir » des jeux du cirque aussi dispendieux.

Avec le troisième personnage qui intervient dans ce deuxième opus en octobre 2024, les organisateurs du spectacle ne cachent plus leurs mauvaises intentions : Lilith est en effet un démon féminin, notamment dans le Talmud juif.

Matraquage médiatique

Si vous ne savez pas que ce spectacle « grandiose, titanesque, magique, onirique, magnifique, féérique », a « enchanté, émerveillé, ébloui, charmé, subjugué» plus d’un million de spectateurs ce week-end dans les rues de Toulouse, la ville « rose » devenue carrément « noire » (et pas seulement de monde), c’est que vous êtes le dernier Tokharien qui vit en anachorète au fin fond du désert du Tarim ou que vous êtes prisonnier des Sentinelles, la dernière tribu indoue qui n’a jamais vu d’homme civilisé, sauf celui qui va bientôt lui servir de repas.

Il faut retenir trois éléments-clés de cet événement, éléments qui s’enchevêtrent ; les trois peuvent apparaître totalement incompréhensibles par leur outrance pour une personne saine de corps et d’esprit : le matraquage médiatique, la satanisation de plus en plus évidente de tous les actes de la vie publique, et la candeur – et l’ignorance - moutonnière de la population.

Le premier est celui que nous venons d’évoquer : une médiatisation massive tellement dithyrambique (et mensongère) qu’elle en est ridicule. La presse – les journalistes – est fascinée par tout ce qui a trait à la quantité mais dans un sens négatif : le plus grand, le plus riche, le plus fort, le plus fou, le plus monstrueux, le plus dépravé, le plus odieux, le plus machiavélique, le plus cruel, etc.

Ce sont là les nouvelles normes immorales prônées par nos élites et par leurs affidés médiatiques. Nous en avons largement soupé avec les cérémonies des J.O ou la reconstruction de Notre-Dame de Paris, et nous en soupons tous les jours avec n’importe quel événement médiatique ou n’importe quel fait divers. Le présent événement qui nous occupe n’échappe pas à la règle.

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De haut en bas: La croix de Satan, Lilith et la croix de Lucifer, le "666" sataniste.

On appréciera l’énorme décalage entre la production d’horreurs fournies aux yeux du public et le traitement en mode « bisounours » (encore un recours à la ville ‘rose’ ?), une infantilisation des populations, qu’en font la presse et les organisateurs : « Avec la «Porte des ténèbres», le metteur en scène de la Machine, François Delarozière, voulait «rendre la ville enchantée, rendre la ville merveilleuse», a-t-il confié quelques jours plus tôt à l’AFP. Mission accomplie, à en juger par les mines ébahies dans la fraîcheur automnale. « Je veux simplement laisser un souvenir à vie, une marque dans l’esprit. J’aime que le public retrouve ce regard d’enfant, un moment où on oublie les préjugés, les croyances et se retrouve face à une émotion qui soit un peu totale (sic, NDLR) et dans l’espace public», explique encore François Delarozière. » (Libération, 26 octobre 2024).

Satanisation du spectacle

Mais, cette fois, contrairement à ce qui s’est passé lors des manifestations précédentes, il y a eu une réaction, très mesurée, certes, des autorités ecclésiastiques, qu’elles soient catholiques ou protestantes.

- C’est ainsi que l’archevêque de Toulouse, Mgr Guy de Kerimel, avait décidé de procéder à la consécration de la ville et du diocèse le 16 octobre pour protester contre cette manifestation avec ces mots : "Des nuages sombres s’accumulent sur notre monde. L’actualité nous renvoie beaucoup de réalités négatives qui suscitent des inquiétudes légitimes, et favorisent cette atmosphère de désespérance qui règne dans notre société, et se manifeste dans une certaine culture, de plus en plus fascinée par l’obscur, le ténébreux. Après avoir échangé avec le Conseil épiscopal et un certain nombre de chrétiens du diocèse, il m’a semblé important de poser un acte spirituel qui protège notre ville de Toulouse et notre diocèse de ces menaces ténébreuses et de la désespérance. »

 - ActuToulouse du 11 juillet 2024 donne la parole à l’abbé Simon d’Artigue : « Églises en feu, figures des ténèbres et danse macabre… L’affiche de l’opéra urbain de la Halle de la Machine, qui va se dérouler du 25 au 27 octobre à Toulouse, a été dévoilée début juillet 2024. Et elle a surpris, pour ne pas dire choqué, l’Abbé Simon d’Artigue de l’église Saint-Aubin à Toulouse. Sur son compte X (ex-Twitter), il s’est interrogé sur ce choix d’une « iconographie diabolique » écrit-il.

- France Info du 10 octobre 2024, sous le titre : « La porte des ténèbres, quelle étrange idée, l'Église protestante fustige à son tour le prochain spectacle de la Machine », fait part de la réaction des représentants de la communauté protestante de la ville : « Nous aimons Toulouse pour son histoire, sa culture", réagit le Pasteur Didier Bernis, dans un communiqué. C’est une ville qui a vu naître les plus belles plumes lors des Jeux Floraux, qui a fait résonner les plus grandes voix, résolu de grands défis techniques...Toulouse, c’est la vie, c’est la joie, c’est le beau ! Et de rajouter : "Toulouse est la porte du ciel et des étoiles, la porte des arts et du savoir, la porte de l’Occitanie et de la Garonne. Mais la porte des ténèbres ? Quelle étrange idée ! Nous appelons les autorités locales à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels financés et soutenus par la collectivité."

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Il n’y a pas que les autorités religieuses qui ont protesté contre cette satanisation des manifestations dites « festives » en général, et de celle qui nous intéresse aujourd’hui en particulier.

C’est France Info qui tient le pompon avec cet article qu’on dirait tout droit sorti d’un brûlot gauchisto-mondialiste, signé d’une dénommée Apolline Riou, publié le 24 octobre 2024 et intitulé : « Églises en feu, créature mi-homme mi-animal, squelettes et un minotaure : les complotistes s'enflamment contre un spectacle urbain jugé satanique »

"Satan" et "les forces du mal" célébrés par le prochain opéra urbain de La Machine à Toulouse (Haute-Garonne) ? C'est ce que dénoncent un prêtre et plusieurs internautes, voyant dans l'événement la figure obscure d'une imagerie diabolique. À l'heure où les repères traditionnels s'étiolent, les théories du complot autour du diable sont l'apanage des religieux et de l'extrême droite. »

Si vous aimez ce genre de littérature de caniveau, vous pouvez en continuer la lecture, sans nous (1) .

Il faut dire que les organisateurs n’y sont pas allés de main morte.

C’est encore France Info du 24 octobre 2024 qui annonce le début des festivités: « Vendredi 25 octobre - Acte I - Les apparitions: au cours de la journée, des signes prophétiques et prodigieux apparaissent dans la ville. Sur les rives du fleuve, trois signes prodigieux (la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête) annoncent l’ouverture prochaine de la porte des Ténèbres. »

Ben voyons, des « signes prophétiques et prodigieux » : rien de plus « cool », pas de quoi « comploter »: la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête ? aucun rapport avec Satan, si ce n’est son nom.

Candeur – et ignorance - moutonnière de la population

Ainsi donc, plus d’un million de personnes se sont précipités, hommes, femmes, enfants, vieillards, avec enthousiasme et délectation dans cette Porte des Ténèbres qui conduit à l’antre du diable, ou d’Hadès, le maître des enfers.

Nous ne reviendrons pas sur les techniques de manipulation des foules que nous dénonçons dans quasiment tous nos articles. Il nous paraît que ce qu’on appelle l’ingénierie sociale est de plus en plus efficace et de plus en plus utilisée à tous les niveaux et que les populations y sont de plus en plus soumises ; nous en avons repéré et commenté certaines dans cet article, mais elles sont innombrables et adaptées à chaque situation.

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Une éducation (des parents) et une instruction (publique) déficientes ont fabriqué des générations d’analphabètes incapables de produire, du fait de leur ignorance, la moindre pensée critique – tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil - la télé, le smartphone, les jeux vidéo, les jeux du cirque (le football), la malbouffe, les idoles chantantes et dansantes de l’industrie du spectacle, à peu près toutes adeptes du satanisme, qui rassemblent des millions d’admirateurs de par le monde, ont fabriqué des robots soumis et malléables, capables seulement de répondre à des stimuli primaires et à se précipiter en masse, comme les moutons, dans la direction qui leur est indiquée, celle du précipice où ils vont plonger, ou celle d’une porte judicieusement ouverte ou ils vont s’engouffrer, quelle qu’elle soit, en l’occurrence : celle des ténèbres.

Pierre-Emile Blairon

Note:

[1] https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/apologie-de-satan-et-eglises-en-feu-les-complotistes-s-enflamment-contre-un-spectacle-urbain-juge-diabolique-3021653.html

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jeudi, 07 novembre 2024

La peur des Finlandais

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La peur des Finlandais

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-paura-finlandese/

Il faut se rendre à l'évidence : l'attention des médias, et par conséquent du grand public, se porte de plus en plus sur le Moyen-Orient. Gaza, le Liban, la longue ombre de l'Iran... tels sont les fantômes - en fait, beaucoup de fantômes concrets - qui troublent le paysage de l'information occidentale.

Mais cela occulte, voire estompe dans le brouillard, un fait objectif dont nous devons être conscients. Parfaitement, et surtout dramatiquement, conscients.

Et, au lieu de cela, nous continuons à ignorer, dans certains cas à feindre d'ignorer, la guerre avec la Russie.

Il ne s'agit pas, comme nos médias font semblant de le croire et de le propager, d'une guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il s'agit au contraire d'un conflit, extrêmement sanglant, impliquant l'ensemble du front occidental, c'est-à-dire l'OTAN et Washington qui, objectivement, l'a voulu. Donc, par essence, nous aussi, les Italiens, l'Italie... Même si nos dirigeants politiques continuent à faire croire que ce n'est pas le cas.

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Puis, tout d'un coup, la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen (photo), surgit. La ministre des affaires étrangères de cette petite Finlande qui s'est récemment alignée sur l'OTAN, au mépris de tous les traités internationaux qui sanctionnaient sa neutralité. Elle est devenue, en un rien de temps, la base d'opérations la plus avancée de l'OTAN pour attaquer la Russie.

Et la gentille dame exprime une inquiétude dans une interview au Financial Times, rapidement reprise par Ukraiska Pravda, le journal gouvernemental de Kiev. C'est-à-dire de Zelensky et consorts.

Et que dit-elle dans cette interview ? Simplement (sic !) qu'Helsinki est très, très inquiet. Parce qu'elle sent une lassitude de la part des autres pays européens, c'est-à-dire ceux qui comptent vraiment, à l'égard de la guerre en Ukraine. Une lassitude qui se traduit, plus ou moins en catimini, par des négociations avec Moscou. Et par une certaine volonté d'accepter ses « propositions ». Afin de mettre un terme au conflit.

Traduisons. En simplifiant, bien sûr, ce dont je m'excuse par avance.

En gros, les chancelleries européennes se rendent compte que la guerre en Ukraine est désormais une guerre perdue. Moscou a gagné, même si ces mêmes chancelleries continuent à faire semblant que ce n'est pas le cas, en continuant à mettre l'accent sur les frasques de Zelensky dans les médias.

Il est clair que même lui n'y croit plus. A tel point qu'il se préoccupe depuis longtemps d'assurer à l'étranger ce qu'il a gagné au cours de ces deux années de guerre. Et il faut dire, sans crainte d'être contredit, que c'est beaucoup.

Une guerre perdue, tout simplement. Et dont il faut essayer de se désengager au plus vite. Notamment parce que les élections présidentielles américaines se profilent à l'horizon. Et, sauf surprise « étrange », il y a fort à parier que Donald Trump sera de retour dans le bureau ovale dès le mois de janvier. Qui ne cache pas ce qu'il pense de cette guerre et, en général, de l'Ukraine. En renouant avec son vieil « ami » Poutine. Et abandonne le régime actuel de Kiev à son sort.

La petite Finlande, qui vit tranquillement depuis 1945, est donc obligée de s'inquiéter. Ou plutôt, son gouvernement insouciant et tapageur commence à s'inquiéter, et même à s'inquiéter beaucoup. Car il a déchiré tous les traités qui régissaient sa neutralité. Et il a pris parti, devenant la base opérationnelle de l'OTAN.

Cette même OTAN qui semble aujourd'hui vouloir se retirer de la guerre.

Fatiguée et, en substance, convaincue qu'elle est désormais une cause perdue. Quoi qu'en dise Rutte, de moins en moins connecté à la réalité.

Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

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Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

par Wolfgang van de Rydt

Source: https://opposition24.com/meinung/and-the-winner-is-mir-eg... 

Lors de son premier mandat, Donald Trump s'est illustré par une opposition au wokisme, une limitation de l’immigration de masse, et il a même enregistré le taux d’emploi le plus élevé pour les Afro-Américains depuis le début des statistiques. Il s’est aussi efforcé de ne pas déclencher de nouvelles guerres. Cependant, ses promesses grandiloquentes de « drainer le marais » ou d’envoyer Hillary Clinton en prison n’ont pas été tenues, tout comme celle de construire un mur à la frontière avec le Mexique.

Puis est arrivée la « crise du Cov id » et Trump a dû réagir. Il a soutenu toutes les mesures et s’est même vanté d’avoir été le premier à lancer un vaccin au niveau mondial. Aujourd’hui, s'il s’affiche proche des opposants aux vaccins et qu’il intègre Robert Kennedy dans son équipe, c’est uniquement par calcul politique. Avant la pandémie, Trump avait contraint Merkel à s’engager dans un accord énergétique et s’était toujours opposé aux gazoducs Nord Stream. Récemment, il a même affirmé que, sous sa présidence, il avait déjà posé les bases de la destruction de ces gazoducs, son successeur Biden n’ayant fait qu’exécuter le plan. Aussi allemandes que puissent être ses origines, Donald Trump n’apporte rien de positif pour l’Allemagne ; la guerre commerciale continue. Trump défend des intérêts puissants, dont Elon Musk n’est qu’un des visages. M. Neuralink, avec l’ensemble de ses entreprises, œuvre également à la création d’un « nouvel humain », comme Yuval Harari le préconise dans ses livres. Que la force ne soit pas avec eux.

Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

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Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/trump-o-kamala-in-ogni-caso-sar...

Quel que soit le résultat des élections américaines, ce sera un désastre pour l'Europe. Si la gagnante, avec ou sans fraude, est Kamala Harris, le Vieux Continent devra faire face à des années d'involution woke, le politiquement correct imposant toutes ces postures et gesticulations démentes. Et toujours l'Europe sera forcée d'être en première ligne pour se saigner à blanc afin de payer la folie de Zelensky, risquant même une guerre nucléaire sur son propre sol.

Si Trump gagne, peut-être que la guerre contre la Russie prendra fin, mais l'Europe sera obligée de soutenir une guerre économique contre la Chine. Et ce sera un désastre pour l'industrie européenne, pour l'économie en général, pour la vie des couches les plus faibles de la population qui n'ont pas les moyens de payer les prix des produits italiens et européens.

Quant à l'extermination en cours à Gaza, Trump a un gendre juif et Kamala un mari juif. Difficile de croire que l'un des deux daignera arrêter le boucher de Tel Aviv.

Donc la seule solution, en Europe, serait de bazarder une classe dirigeante inféodée aux intérêts de Washington. Quelle que soit la personnalité qui entre à la Maison Blanche. Au lieu de cela, nous nous retrouvons avec Scholz, Macron, Tajani et compagnie. Incapables de protéger les intérêts de leurs pays respectifs et de l'Europe dans son ensemble. Incapables de comprendre les changements dans le monde parce que, pour eux, le monde n'est que ce que Washington indique.

Ce n'est pas que le niveau de la classe politique yankee soit meilleur que celui de la classe politique européenne. Au contraire, une précieuse collaboratrice d'Èlecto a suivi la campagne électorale américaine, écoutant les principaux discours des candidats. Et elle a assuré que le niveau est si bas que même Giggino Di Maio, Azzolina et Moretti passent pour des géants de la politique.

Mais le pays est riche. Et jusqu'à présent, tout va bien pour les Américains. Mais le problème, c'est qu'ils prétendent dominer le monde. En soustrayant ailleurs des ressources et en imposant un mode de vie insupportable. Insupportable pour ceux qui ont le malheur d'avoir une tradition derrière eux et une culture à transmettre à la postérité.

Penseur de l'absolu - À l'occasion du 75ème anniversaire de Guillaume Faye

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Penseur de l'absolu

À l'occasion du 75ème anniversaire de Guillaume Faye

Werner Olles

Entre 2015 et 2023, plus de 300.000 Allemands ont été victimes de migrants, demandeurs d'asile et prétendus « réfugiés » issus de la culture arabo-islamique. Rien qu'en 2023, plus de 52.000 citoyens ont subi des délits graves tels que des violences physiques, des vols avec agression et des viols collectifs, principalement perpétrés par des individus venus d'Afghanistan, de Syrie et d'Afrique du Nord. Alors que les citoyens allemands – la situation est encore plus critique dans d'autres pays d'Europe occidentale comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Angleterre – vivent dans la peur, que les parents s'inquiètent pour leurs filles mineures, et que le racisme anti-blanc brutal se répand dans les écoles et les établissements publics, l'establishment politico-médiatique rouge-vert-libéral engage une « lutte contre la droite », édicte de nouvelles lois limitant strictement la liberté d'expression des citoyens, interdit les publications critiques envers le gouvernement et renforce, avec une rhétorique agressive et belliqueuse, la politique de sanctions insensées contre la Russie, y compris par des livraisons d'armes meurtrières au régime ukrainien corrompu et oligarchique. Cette politique a coûté la vie à environ 250.000 Russes et Ukrainiens à ce jour.

91sMx1KPioL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgUn homme avait pressenti cette évolution et critiquait vivement la bourgeoisie de gauche au pouvoir ainsi que certaines illusions métapolitiques de la « Nouvelle Droite » : Guillaume Faye, intellectuel de droite français, cofondateur de la Nouvelle Droite et militant du GRECE. En 2005, il avait assisté aux émeutes, aux violences et aux pillages menés par les gangs de jeunes migrants issus des banlieues françaises, choyés depuis des décennies par un cartel corrompu de partis de gauche, par le complexe industriel des ONG, par les élites culturelles et par les idéalistes naïfs. Faye, dès lors, avait anticipé ces signes avant-coureurs de la guerre civile à venir. Jusqu'à sa mort prématurée le 7 mars 2019 à seulement 69 ans, il n'a cessé de plaider pour l'arrêt de l'immigration légale et illégale, le retour des envahisseurs culturels étrangers, une Reconquista européenne et une Europe des peuples blancs, de Brest à Vladivostok. Faye appelait ce projet « Eurosibérie », bien qu'incompatible avec l'eurasisme d'Alexandre Douguine, qui inclut les peuples non européens et islamiques de la Fédération de Russie.

Faye ne s'est pas fait que des amis dans le camp de droite. Alain de Benoits l'a qualifié de « raciste » et a contribué à entraver ses possibilités de publication en Allemagne, en France et en Belgique. Ses propositions controversées, comme la demande d'une « apartheid totale », ne visaient pourtant pas un racisme biologique, mais reposaient sur sa conviction fondée que la proximité excessive de cultures, religions et intérêts divergents conduit souvent à des conflits sanglants et à des guerres civiles brutales, comme l'a montré la Yougoslavie des années 1990 ou le conflit sans fin au Proche-Orient.

Mais qui était donc ce Guillaume Faye, qui, très tôt, avait perçu le contrôle de la sphère culturelle par la gauche et le libéralisme, qui qualifiait l'UE de projet contrôlé par les États-Unis, et militait pour une démocratie souveraine sous une idéologie autre que le libéralisme ? Avec son projet original d'un « archéo-futurisme » patriotique et impérial, Faye voulait harmoniser des figures comme Marinetti et Evola, Nietzsche et Heidegger, Jünger et Klages. À l'instar d'une Europe renaissant de ses propres valeurs, Faye se présentait comme le défenseur d'une cathédrale catholique contre une mosquée islamique.

imgfgcrages.jpgNé le 7 novembre 1949 en Aquitaine, Faye était philosophe, historien et politologue. Il avait découvert le groupe GRECE à 20 ans, contribuant à l'essor des magazines « éléments » et « Nouvelle école ». Conférencier charismatique, il était aussi connu pour ses idées provocantes et originales, souvent perturbées par des militants d'extrême gauche. Après une rupture avec la Nouvelle Droite en 1986 et après un passage dans la presse en vue, dont Magazine Hebdo et dans quelques radios non conformistes et humoristiques, il revint à la scène politique dans les années 2000, écrivant plusieurs ouvrages. Dans « Pour quoi nous combattons » (Kassel, 2006), il prédisait l'effondrement de la civilisation européenne sous le poids de l'immigration massive et d'une guerre civile ethno-culturelle entre l'Europe blanche et l'islam.

Faye croyait que les peuples, qui, à la fin, seraient victorieux, seraientceux qui demeureraient fidèles à leurs valeurs culturelles, éthiques et sporituelles tandis que, simultanément, ils maitriseraient les technologies du 21ème siècle.  La civilisation européennes subira dès lors une métamorphose, qui sera tout à la fois prométhéenne, tragique et faustienne. Selon lui, seuls les peuples fidèles à leurs valeurs et maîtrisant les sciences de demain survivront. Son archéo-futurisme, concept controversé, provoqua de vives critiques, tant à gauche qu'à droite. Ainsi, Alain de Bneoist concluait sa recension par : « Dans ce monde, je ne voudrais pas vivre ! ». Pourtant, Faye, en pionnier de l'archéo-futurisme, mérite qu'on discute sérieusement et sans complaisance de sa vision et de sa pertinence.

Cinq ans après la disparition de Guillaume Faye, il est temps que ses œuvres, longtemps ignorées ou raillées, trouvent une nouvelle reconnaissance en Allemagne, tout comme elles la trouvent déjà dans d'autres pays européens.

mercredi, 06 novembre 2024

Le spectre de la “Doctrine Monroe” se cache derrière la poussée de Washington pour le “de-risking”

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Le spectre de la “Doctrine Monroe” se cache derrière la poussée de Washington pour le “de-risking”

Rédaction de Global Times, 27 octobre 2024

Source: https://telegra.ph/Lo-spettro-della-Dottrina-Monroe-si-ce...

Katherine_Tai,_official_portrait.jpgRécemment, les remarques de la représentante au commerce des États-Unis, Katherine Tai (photo), ont été démenties par l’ambassade de Chine au Brésil. Lors de sa participation au sommet commercial du B20 à São Paulo, Mme Tai a suggéré que le Brésil devait « se pencher sur les risques » avant de s’engager dans la coopération avec l’Initiative de la Ceinture et de la Route (Belt and Road Initiative, BRI). Il est évident que le voyage de Tai au Brésil est un autre cas de figure illustrant le rôle du « donneur de leçons en voyage d’affaires », car le discours qui présente la Chine comme un « risque » est empreint du spectre de la « Doctrine Monroe ». Comment la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, plus grand marché d'exportation et principale source de surplus, pourrait-elle représenter un risque plutôt qu’une opportunité? De plus, le Brésil n’a pas besoin que d’autres lui imposent avec qui coopérer ou quel type de partenariat mener, et la coopération économique et commerciale normale entre la Chine et les pays d’Amérique latine ne devrait pas être soumise au contrôle de pays tiers.

GEN_Laura_J._Richardson.jpgL’avertissement de Tai au Brésil révèle une idéologie au pouvoir qui considère le Brésil comme un « arrière-cour géopolitique » des États-Unis, démontrant un manque fondamental de respect pour le gouvernement brésilien et pour son peuple. Ce n’est pas la première fois que des responsables américains interviennent dans cette question. En mai de cette année, le commandant du South Command américain, le général Laura Richardson (photo), a affirmé, lors de sa visite au Brésil, que la participation du Brésil à la BRI pourrait nuire à sa souveraineté. Depuis 2013, la Chine a signé des accords de coopération pour la BRI avec plus de 150 pays et plus de 30 organisations internationales, et aucun pays n’a perdu sa souveraineté après avoir rejoint l’initiative. Au contraire, ces responsables américains mettent la pression sur le Brésil pour qu’il choisisse entre Pékin et Washington, ce qui constitue une ingérence flagrante dans la souveraineté d’une autre nation.

Les responsables américains parlent souvent de « de-risking » en rapport avec l’Amérique latine, mais ce dont Washington doit réellement se défaire, c’est de sa mentalité persistante, reposant sur la « Doctrine Monroe ». En tentant de convaincre le Brésil de renoncer à la BRI, Richardson a fait une comparaison absurde, affirmant que les relations diplomatiques du Brésil avec les États-Unis durent depuis 200 ans et qu’ils « respectent la souveraineté mutuelle », tandis que les liens avec la Chine n’ont été établis que depuis 50 ans. Elle voulait en fait dire que l’influence croissante de la Chine au Brésil et en Amérique latine menace le désir de Washington de contrôler la région. Considérer l’influence grandissante de la Chine en Amérique latine à travers les lunettes de la guerre froide et évaluer l’« impact » de la coopération sino-latino-américaine avec une mentalité de jeu à somme nulle reflète les profondes angoisses de Washington.

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Actuellement, le Brésil est l’un des rares pays d’Amérique latine à ne pas encore participer à la BRI. Depuis que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est revenu au pouvoir l’année dernière, des informations récurrentes indiquent que le Brésil poursuit activement des efforts en ce sens, ce qui n’est pas une coïncidence. L’initiative s’aligne fortement avec le plan de réindustrialisation du gouvernement Lula et avec des stratégies de développement telles que les routes d’intégration sud-américaines. Elle cherche des partenaires pour les projets d’infrastructure prévus par le Brésil, en particulier ceux liés aux divers réseaux de transport en Amérique du Sud, qui sont cruciaux pour les intérêts économiques du Brésil. En juillet de cette année, Lula a déclaré publiquement: « Je veux savoir... où nous nous situons et quelle position nous allons prendre... nous voulons être un protagoniste » de la BRI. En réponse, la Chine s’est déclarée ravie que le Brésil rejoigne la famille de la Ceinture et de la Route dès que possible et attend avec impatience que le Brésil participe à la coopération de la BRI. Cela indique que la coopération entre la Chine et le Brésil repose sur l’autonomie et le volontariat, avec une volonté réciproque de se rencontrer à mi-chemin.

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Actuellement, les États-Unis cherchent à construire une « petite cour, entourée d'une haute clôture » contre la Chine au Brésil et dans d’autres pays d’Amérique latine. Qu’il s’agisse de l’usine de véhicules électriques financée par des entreprises chinoises au Mexique ou de la construction du port de Chancay au Pérou, les deux projets ont rencontré le refus et l’obstruction des États-Unis. Le port de Chancay a même été décrit par les faucons de Washington comme étant destiné à des « fins militaires ». La Chine n’a aucune intention de s’engager dans une confrontation militaire avec un quelconque pays; la construction du port de Chancay vise à créer une meilleure plateforme pour le commerce entre les deux pays et pour le développement économique régional. Une fois achevé, le port de Chancay améliorera considérablement le paysage logistique et commercial du Pérou et de toute l’Amérique du Sud, réduisant d’un tiers le temps d’expédition des marchandises de la côte péruvienne à la Chine.

Un haut responsable péruvien a déclaré que si les États-Unis s’inquiètent de la présence croissante de la Chine au Pérou, ils devraient augmenter leurs propres investissements. On dit que le plan Americas Partnership for Economic Prosperity, lancé par les États-Unis en 2022, vise à « contrer l’influence de la Chine ». Cependant, à ce jour, en dehors de quelques réunions, il n'y a toujours pas de résultats concrets.

La coopération chinoise en Amérique latine n’a jamais exclu de tierces parties et les pays latino-américains ne sont pas disposés à faire un « choix unique » entre la Chine et les États-Unis. Surtout dans un contexte où les économies développées comme les États-Unis et l’Europe entretiennent toutes des relations commerciales avec la Chine, il est plutôt absurde de s’attendre à ce que les Latino-Américains croient aux théories de « découplage » ou de « dé-risquage ». Les États-Unis pourraient s’associer pleinement à la Chine dans le processus de modernisation et de développement des pays latino-américains, plutôt que de considérer la région comme une « nouvelle ligne de front » dans une confrontation avec la Chine.

La Chine et le Brésil sont les plus grandes économies en développement des hémisphères oriental et occidental, respectivement. Les deux pays soutiennent fermement le libre-échange et s’opposent au protectionnisme. La semaine dernière, le ministre brésilien de l’Agriculture, Carlos Favaro, a déclaré que le pays devrait rejoindre l’initiative de la Ceinture et de la Route de la Chine, en observant qu’elle offrirait au Brésil « l’opportunité de surmonter les barrières commerciales ». La coopération entre la Chine et le Brésil n’est pas seulement alignée avec les intérêts des deux pays, mais elle répond aussi au besoin du « Sud global » de construire un ordre économique international plus juste et plus équitable. Cette tendance est quelque chose que Washington ne peut pas arrêter.

Publié dans le Global Times

Traduction réalisée par la Rédaction

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Guillaume Faye: un grand intellectuel européen aurait eu 75 ans - Une commémoration nécessaire

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Guillaume Faye: un grand intellectuel européen aurait eu 75 ans - Une commémoration nécessaire

Peter Backfisch

Guillaume Faye, né il y a 75 ans le 7 novembre 1949 à Angoulême dans le sud-ouest de la France et décédé en 2019 à l'âge de 69 ans, était journaliste et considéré comme l'un des auteurs les plus importants de la droite française et européenne. Il a été l'un des fondateurs de la Nouvelle Droite et un militant du groupe de réflexion GRECE. Son héritage est à rechercher et à trouver dans des travaux pertinents sur la construction de la pensée de droite. Les idées et les propositions qui y sont présentées offrent des solutions valables pour les défis du 21ème siècle.

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Son œuvre s'inscrit dans la lignée de Leo Strauss, Carl Schmitt, Armin Mohler, Oswald Spengler et d'autres penseurs. Mais c'est le philosophe italien Giorgio Locchi, qui fut son mentor, qui l'a davantage marqué. On peut parler d'un tandem Locchi/Faye, dont toute l'ambition a été d'ouvrir la voie au retour du mythe européen, à l'évasion des Européens captifs de la caverne vers le soleil. C'est une tentative de synthèse de l'allégorie de la caverne de Platon. Faye aimait la République de Platon mais il ne voulait pas que les peuples d'Europe continuent à végéter dans la caverne et à se contenter d'ombres sur les murs.

Faye était un homme courageux qui n'a pas hésité, même face à des attaques massives et parfois irréductibles, à briser des structures de pensée ancrées depuis longtemps et, finalement, à « redéfinir le conservatisme pour lui insuffler une nouvelle vie » (Armin Mohler). Pour ce faire, il a formulé des idées novatrices qui sont exposées dans des ouvrages tels que « Convergence des catastrophes », « Ethnomasochisme », « Archéofuturisme », « Constructivisme vitaliste », « Nouveau discours à la nation européenne », « Pourquoi nous luttons », « Pour quoi et comment lutter » et « La colonisation de l'Europe ». Il s'agit d'une lecture nécessaire pour les intellectuels de droite comme de gauche.

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La notion de catastrophe chez Faye s'oppose fortement à la notion de crise politique et à ses éventuelles interventions réformistes, qui ont été largement diffusées, notamment au sein de la Nouvelle Droite allemande. En France, on voit les choses tout autrement. Le penseur y bénéficie d'une attention sans partage. Ses œuvres sont en vente partout. Il y a quarante ans déjà, Faye analysait les combats imposés à notre civilisation et qu'elle ne cesse de perdre dans l'arène du monde contemporain comme des catastrophes évidentes. Le temps lui a donné raison, car c'est finalement ce qui s'est passé. Guerres civiles ethniques et religieuses, possibilité de mener des guerres en Europe, déclin d'économies entières, catastrophes écologiques, luttes pour la redistribution et surpopulation étrangère islamique. Tout cela est causé par le libéralisme, le multiculturalisme, l'humanitarisme, le mondialisme, l'eudémonisme de masse, la pollution et le pillage des ressources. Qu'est-ce tout cela sinon des catastrophes ?

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Dès son « Nouveau discours à la nation européenne » de 1985, il se prononce résolument pour une Europe ethnopluraliste, centrée sur l'affirmation des peuples, la préservation de leurs spécificités culturelles, de leurs particularités et de leur homogénéité interne, la recherche d'un nouvel enracinement.

Si ses prédictions annoncent une fin apocalyptique du monde moderne, que rien ne pourra arrêter, on aurait tort de réduire Faye à un conteur de dystopies. Faye apporte des réponses sur ce à quoi le monde pourrait ressembler après l'effondrement et sur la chance qu'aura l'Europe de renaître. Dans son ouvrage Archéofuturisme, il esquisse un monde qui renaît de ses cendres, au-delà des errements des temps modernes. Le concept d'archéofuturisme se veut un mélange de techno-science et de retour aux valeurs ancestrales. Il se veut l'esprit de la post-catastrophe, une philosophie qui doit être à la base du monde de demain. Pour Faye, la recréation du monde doit intégrer la relation dialectique entre le futurisme et le traditionalisme dans le cadre de vie des gens.

« Nous ne voulons pas être passéistes, restaurateurs ou réactionnaires, car le passé des derniers siècles a engendré la vérole qui nous ronge. Il s'agit de redevenir archaïque et ancestral, tout en imaginant un avenir qui soit plus que le prolongement du présent ». Dans sa théorie tournée vers l'avenir, Faye tente de mettre en lumière tous les aspects de la vie sociale, outre la technique et l'environnement, la famille, la sexualité, l'amour, le féminisme, etc. dans une perspective archéofuturiste.

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Où ce monde sera-t-il réalisé ? L'ethnopluralisme de Faye voit sa réalisation dans un empire continental formé par l'Europe et la Russie, qu'il appelle « Eurosibiria », mais qui sera aussi idéologiquement lié à l'Inde, à la Chine et même au Japon. Pour lui, ces nations ont conservé leurs mécanismes de défense archaïques. Pour l'Europe, il s'agit de retrouver des racines perdues afin de pouvoir rester fidèle à l'héritage de ses ancêtres et à l'avenir de ses enfants.

L'archéofuturisme est une œuvre provocante et on ne sera pas d'accord avec tout, notamment parce qu'après les catastrophes apocalyptiques, les hommes sont confrontés à de nouveaux défis auxquels il faut trouver de nouvelles réponses. Beaucoup de choses seront dépassées, comme l'individualisme vécu en Occident, de toutes nouvelles techniques culturelles, qui exigent beaucoup des hommes, devront être installées. Cela suscite des contradictions dans l'esprit du temps qui prévaut aujourd'hui, avec des répercussions qui portent bien plus loin que ce qui se dit et se rumine dans le camp des conservateurs et de la droite. Mais en déduire que l'on « ne veut pas vivre » dans le monde de Faye, comme veulent le voir certains représentants de la droite, montre que l'on n'a pas compris ce qui nous attend. C'est même le contraire qui se produira: si l'on continue à agir de la sorte, avec une gestion de crise inefficace, des conditions s'imposeront à la fin desquelles le monde ne sera plus habitable, ce qui rendra inutile la question de savoir si l'on veut y vivre.

Les idées de Faye sont « l'antidote parfait à l'idéologie dominante de l'Occident américano-centré. Il veut préserver les racines, appelle à l'autarcie et donc à l'indépendance européenne et russe, rejette les images de l'ennemi véhiculées par les médias inspirés par les think tanks américains et rejette l'anti-technicisme des Verts, qui sont désormais les meilleurs alliés de Washington. Un ouvrage à traduire et à diffuser le plus largement possible ». (Robert Steuckers, Agora Europa n° 3, p. 85)

Guillaume Faye: Une journée dans la vie de Dimitri Leonidovitch Oblomov

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Beate Broßmann

Guillaume Faye: Une journée dans la vie de Dimitri Leonidovitch Oblomov

Ce petit ouvrage ne compte que 100 pages en format poche. La postface de Martin Lichtmesz compte 28 pages. Rien que pour cela, la lecture de cette utopie singulière vaut la peine. Nous y apprenons par exemple que ce morceau de prose est un supplément à une œuvre plus importante de l'auteur, Guillaume Faye (1949-2019), parue en 1998 et intitulée « Archéofuturisme ».

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Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce goût de la pensée anticipatrice, Lichtmesz les instruit en profondeur. Dans l'idéologie du « constructivisme vitaliste », on retrouve aussi bien l'essence de l'archaïsme que celle du futurisme. Faye conçoit le projet comme une vision d'une nouvelle ère après l'effondrement prévisible de la modernité et non comme une illustration de cette catastrophe elle-même. Le principe directeur est l'euro-pluralisme. La particularité de son projet réside dans une symbiose entre des modes de vie hautement technologiques et archaïques. Il existe une multitude de régions qui utilisent les possibilités du progrès technique et le font progresser. D'autre part, il existe des fondations couvrant de vastes surfaces qui vivent dans des conditions simples et pré-modernes. Simultanéité du non simultané.

La nouvelle relate une journée de la vie de D. L. Oblomow, 68 ans, conseiller impérial en pleine possession de ses moyens - qui n'a rien à voir avec le propriétaire terrien éponyme de Gontashrov -; il est responsable pour l'aplanissement des conflits d'intérêts au sein de la Fédération, dans laquelle les guerres ne devraient plus jamais avoir lieu. Cette journée est celle du 22 juin 2073. Lors d'un de ses voyages à bord du Transcontinental Rapid à travers la Fédération Eurosibérienne, une fusion de la Russie et de l'Union européenne, il raconte à une jeune fille - la fille du ministre indien des affaires étrangères qui suit un programme d'études - l'histoire de l'Occident au cours des cent dernières années. Ce genre de choses n'est pas enseigné en Inde.

Nous apprenons qu'entre 2014 et 2016, une grande catastrophe, dont le Conseiller impérial détaille le déroulement et qui ressemble à s'y méprendre à notre actuelle « convergence des crises », avait détruit les systèmes économiques et les infrastructures de l'Occident et coûté la vie à deux milliards de personnes. Faye se sert explicitement de la théorie du chaos et des catastrophes de René Thom et Ilya Prigogine pour expliquer cet effondrement soudain: tout système est composé de sous-systèmes qui agissent comme des paramètres. Si un paramètre change, les autres sphères s'adaptent. Mais si plusieurs changent, l'équilibre des relations complexes est rompu, et il suffit d'un changement supplémentaire, mais central, pour entraîner l'effondrement de l'ensemble du système sous la forme d'un saut qualitatif. « Et c'est exactement ce qui est arrivé à la civilisation mondiale du 20ème siècle. La bulle était si grande qu'elle ne pouvait qu'éclater ». Le philosophe allemand Oswald Spengler avait déjà prophétisé cet effondrement en 1918. Selon lui, la fin d'une civilisation n'est jamais très loin de son apogée. Le « “virus de la chute” agit un temps dans l'invisible, puis se fait soudain sentir de manière fatale lorsque la civilisation a atteint son zénith ».

Il est intéressant de noter que parmi les grands pays, la Russie, l'Inde, la Chine et le Japon ont résisté à l'implosion de grandes parties du monde et n'ont été touchés que de manière périphérique. Ces nations auraient conservé leur unité interne et leurs mécanismes de défense archaïques. Toutes les sociétés multiethniques auraient implosé « parce qu'elles avaient détruit et marginalisé leurs traditions ». La période 2025-2028 fut l'époque de la Reconquista. Avec l'aide des Européens de l'Est et surtout des Russes, les troupes musulmanes ont été vaincues et, par la suite, tous les immigrants non européens - environ 23 millions - ont été déportés à Madagascar. L'empire eurosibérien est né.

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En 2030, une renaissance a eu lieu, avec l'introduction d'une économie à deux vitesses. L'ordre économique technoscientifique n'était pas conçu pour structurer un jour l'ensemble du globe. Seuls 10% de l'humanité, vivant dans de petites villes peu peuplées, en bénéficiaient. Le « reste était revenu à une forme d'économie médiévale, basée sur l'agriculture, l'élevage et le travail manufacturier ». Ces communautés néo-traditionalistes garantissaient un faible impact sur l'environnement, car elles permettaient une nouvelle réglementation des transports: la conduite automobile privée était interdite, seuls les véhicules électriques et à cheval étaient autorisés. Le transport aérien a été progressivement réduit au profit du planetrail. L'Amérique était devenue un pays purement agricole. Dans les régions Hightech, les grossesses des élites étaient soutenues par le génie génétique, alors que dans les régions archaïques, ces mesures n'existaient pas. Ici, on était revenu au cycle démographique archaïque, « l'ordre naturel ancestral basé sur des taux de natalité et de mortalité élevés ».

Bien entendu, la démocratie n'est pas la forme d'État qui prévaut partout. Elle ne correspond qu'à la mentalité européenne. Chaque peuple a ses propres formes de gouvernement spécifiques. « La démocratie peut conduire à l'injustice et au chaos ou devenir la façade de la tyrannie si elle est mal appliquée ». Dans la Fédération eurosibérienne, on parle de « démocratie organique ». Martin Lichtmesz cite à la fin de sa postface Alain Benosit, qui a porté le jugement suivant sur le livre de Faye «L'Archéofuturisme»: «Rien de ce que l'auteur oppose à l'ère actuelle n'est une exagération, une augmentation de l'intensité: contre l'univers de la domination et de l'aliénation de soi, il oppose encore plus de volonté de puissance; contre le démon de la technique, encore plus d'éruption technique; contre le primat de l'efficacité et le matérialisme pratique, la réduction des idées à leur valeur purement instrumentale; contre la montée de l'intolérance, l'exclusion généralisée; contre le mouvement pour lui-même, la fuite en avant. Ce n'est ni 'archaïque', ni 'futuriste', ni même postmoderne, mais la continuation de la modernité avec tous les ingrédients de l'autodestruction. Faye dessine un univers fictif dans lequel je ne veux pas vivre».

Mais ce serait faire injure au visionnaire que de le réduire à cette dystopie qu'il considérait comme une utopie. Car il était un Européen patriote qui, par exemple, dans son « Nouveau discours à la nation européenne », prônait déjà en 1985 une Europe ethnopluraliste. Contre le discours de Julien Benda de 1932, porté par « l'humanitarisme désincarné », « l'universalisme métaphysique » et le cosmopolitisme, il opposait l'affirmation des peuples, la préservation de leurs spécificités culturelles, de leurs particularités et de leur homogénéité interne, l'aspiration à un nouvel enracinement. «L'idéologie qui n'appelle l'Europe à s'unir qu'en tant que pierre angulaire d'une civilisation mondiale, qui encourage les peuples européens à renoncer à leur enracinement et à leur volonté de puissance au profit de l'idée immatérielle d'une 'civilisation occidentale', est en effet à l'origine des faiblesses qui nous usent, des menaces qui pèsent sur nos libertés et des... combats que notre civilisation est en train de perdre instantanément dans l'arène du monde contemporain».

Au cours des presque quarante années qui se sont écoulées depuis, les craintes de Faye se sont malheureusement vérifiées.

Guillaume Faye: Ein Tag im Leben des Dimitri Leonidowitsch Oblomow. Jungeuropa Verlag: Dresden 2020

A propos de l'auteur : Beate Broßmann, née en 1961 à Leipzig, a réussi ses études de philosophie. Avant le « tournant » en RDA, elle s'est engagée pour des réformes démocratiques, puis a été membre de l'association d'opposition «Demokratischer Aufbruch».

Uranus, ou Pétain sauvé des eaux

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Uranus, ou Pétain sauvé des eaux

par André Waroch

Nous avions parlé récemment des films qui n'ont pas été compris - ou pas complètement compris - à leur époque, principalement en raison d'un manque de recul, ou d'une campagne de promotion trompeuse qui substitue l'idée du film au film lui-même.

Uranus appartient à une autre race de films : ceux que les journalistes et les critiques ont fait semblant de ne pas comprendre parce qu'ils contredisaient trop abruptement le politiquement correct, et qu'ils étaient produits et réalisés par des gens trop puissants et trop prestigieux pour qu'on puisse se permettre d'en appeler au scandale et au boycott. C'est le cas de Eyes wide shut de Stanley Kubrick. De Gran Torino de Clint Eastwood. Et d'Uranus de Claude Berri.

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Si on analyse à l'os, si l'on oublie la propagande de ceux qui ont voulu nous faire passer des vessies pour des lanternes, Uranus, adaptation très fidèle d’un roman de Marcel Aymé, n'est rien de moins qu'une réhabilitation du pétainisme, de la collaboration, et une condamnation ferme de l'épuration et, par-dessus tout, du parti communiste. Ce parti communiste qui profite de la situation d'exception qui prévaut dans l'immédiat après-guerre, alors que l'ancien régime est tombé et que le nouveau est en train de se mettre en place, pour éliminer la concurrence, en lançant des accusations de collaboration souvent fictives, quitte à envoyer des innocents en prison ou au peloton.

Qui pouvait se permettre de sortir un film pareil, à part Claude Berri, le dernier nabab du cinéma français, producteur et réalisateur, dont les trois derniers films mis en scène à ce moment (Tchao Pantin Jean de Florette et Manon des sources) sont trois triomphes, Claude Berri, juif victime des persécutions de l'occupant allemand ?

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Pour taper encore plus fort, il lance les plus grands acteurs du cinéma français à l'assaut de la citadelle du mensonge. Il s’agit tout simplement du casting le plus impressionnant de ces cinquante dernières années : Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Fabrice Luchini, Michel Galabru, Michel Blanc et Daniel Prévost, qui dit mieux ?

Ayant ainsi terrorisé d’avance les journalistes et les critiques, Berri peut laisser tranquillement et implacablement se dérouler l’histoire, qui apparaît comme un engrenage fatal ne pouvant aboutir qu’à son horrible et inéluctable dénouement.

Depardieu campe Léopold, un tenancier de bistrot, alcoolique jusqu'à l'extrême, véritable colosse, fort en gueule, sympathique et sans filtre : c'est lui qui va jouer, en quelque sorte, le rôle de bouffon du roi, qui non seulement sait tout -comme tout le monde- mais aussi dit tout, ce qui finira par lui coûter la vie.

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Luchini, à rebours des films médiocres de ces dernières années qui ne reposent trop souvent que sur sa propension au cabotinage, incarne Jourdan, un idéologue communiste, fanatique, rentré, glacé, ne rêvant que de censure, de terreur, d'emprisonnement des opposants politiques et de la future dictature du prolétariat. Il s’oppose en cela à Gaigneux (Michel Blanc), autre figure locale du PC, resté humain malgré tout.

Quant à Marielle, moins éclatant que d’habitude dans le rôle d’Archambaud, homme sobre et mesuré, il est le Français moyen de la bourgeoisie moyenne, pétainiste « comme tout le monde » pendant la guerre, voyant et entendant, avec un écoeurement qu’il n’arrive pas à dissimuler,  les vestes se retourner et les armes automatiques changer de main.  Comble du sacrilège anti-politiquement correct, il accepte de cacher chez lui de façon héroïque (c’est ainsi que le film le présente) Maxime Loin, ancien milicien, recherché par les autorités avec la certitude de finir devant un peloton d’exécution.

Brochard (Daniel Prévost, toujours formidable dans les rôles d’ordure) le troisième communiste, est un personnage plus ambivalent : véritable barbare qui crève les yeux des miliciens, mesquin et méchant au point de faire mettre Léopold en prison après l’avoir accusé gratuitement, pour se venger d’une humiliation, de cacher Maxime Loin, il accepte de tenir le bistrot pendant la détention de Léopold, à la demande celui-ci.

Ainsi, Claude Berri et Marcel Aymé (le roman et le film sont quasiment identiques) sauvent partiellement Gaigneux et Brochard, qui chacun à leur manière gardent intacte leur part d’humanité. Ils ne sauvent pas Jourdan, Jourdan qui refuse la vie, qui refuse la complexité de la vie humaine, qui veut l’écraser sous le dogme et l’idéologie.

Par contre, ils sauvent un autre idéologue fanatique, mais de l’autre bord, Maxime Loin, présenté comme un pauvre hère, victime de ses mauvais choix, qui aurait pu gagner, et qui n’a pas forcément tort, détestant d’ailleurs Pétain qui selon lui aurait fait perdre l’Allemagne. 

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Deux personnages apparaissent comme un peu au-dessus, ou à côté, de la mêlée: Watrin (Philippe Noiret, pour une fois supportable) étrange personnage, qui ne voit tous ces évènements que comme des espiègleries de la race humaine, qui s’affirme détaché de tout mais qui aide tout de même Archambaud à cacher Maxime Loin. Et Monglat (Michel Galabru) le notable suprême, le commerçant, guidé seulement par l’appât du gain et par une véritable perversité, le vrai chef de la ville, qui n’a aucune conviction particulière, mais qui a fait fortune en faisant affaire sans vergogne avec les autorités allemandes, malgré tout cela intouchable, plus puissant encore que les communistes, et qui fait assassiner Léopold par la gendarmerie après que celui-ci, dans une crise d’éthylisme, en réveillant toute la ville en pleine nuit avec un haut-parleur, ait révélé la vérité à son sujet.

Il était déjà stupéfiant que Marcel Aymé ose sortir un tel roman juste après la guerre. Il l’est, encore plus que Claude Berri, malgré son histoire personnelle, adapte son roman, sans l’édulcorer en rien, en 1990, en recrutant une telle équipe pour interpréter la galerie des personnages forgés par Aymé.

Nous vivons sur un mensonge, ou plutôt sur un catalogue de mensonges, sur une mythologie de mensonges, et cette mythologie a commencé à s’écrire pendant cette période de l’immédiat après-guerre, sous la plume des gaullistes et des communistes, paraphant ainsi un nouveau pacte de non-agression, sinon d’alliance plus ou moins occulte.

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mardi, 05 novembre 2024

Un rapport danois à sensation sur l'explosion du Nord Stream: la marine américaine a opéré secrètement au large de Bornholm

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Un rapport danois à sensation sur l'explosion du Nord Stream: la marine américaine a opéré secrètement au large de Bornholm

Copenhague. Deux ans après le dynamitage du gazoduc Nord Stream en mer Baltique, le gouvernement fédéral allemand, officiellement, n'a toujours aucun indice sur les personnes qui pourraient être à l'origine de cette opération de sabotage. Il a en outre déclaré à plusieurs reprises qu'il ne donnerait pas d'informations au public, même s'il en disposait, pour des raisons d' « intérêt national ».

Mais le journal danois « Politiken » pourrait bien lui mettre la puce à l'oreille. Celui-ci a récemment publié les déclarations explosives du capitaine du port de l'archipel danois de Christiansø, Jon Anker Nielsen. Celui-ci a consigné ce qu'il avait observé quelques jours seulement avant les explosions. Le port de Christiansø est situé à seulement 18 kilomètres au nord-ouest de l'île de Bornholm, non loin de laquelle les explosions ont eu lieu le 26 septembre 2022.

Jon Anker Nielsen a expressément fait remarquer qu'on lui avait demandé de garder le silence sur ce qu'il avait vu la veille des explosions. Il a laissé passer deux ans avant d'informer les médias locaux de ses observations. Selon lui, quatre ou cinq jours avant les explosions, Nielsen avait été appelé pour une opération de sauvetage au large de Christiansø, car plusieurs navires non identifiés avaient été repérés avec des transpondeurs éteints, mais n'avaient pas répondu à toutes les tentatives de contact. Il s'est avéré qu'il s'agissait de navires de guerre américains.

Lorsque l'équipe d'intervention de Nielsen s'est approchée des navires de guerre américains, ceux-ci lui ont demandé d'interrompre son action.

Cela signifie que quelques jours seulement avant les explosions, la marine américaine a opéré secrètement - avec des transpondeurs désactivés - à proximité immédiate des explosions sous-marines qui ont eu lieu peu après. Elle a été prise en flagrant délit par la capitainerie danoise compétente.

Alors que le gouvernement fédéral allemand, avec sa tactique de garder le silence, ne s'exprimera probablement pas non plus sur cette dernière révélation, le rapport danois devrait susciter un intérêt incomparablement plus grand à Moscou et à Pékin. Les deux pays poursuivent leurs propres enquêtes sur l'affaire des oléoducs de la mer Baltique qui ont été détruits (mü).

Source: Zu erst, 03/11/2024.

Révolte contre le monde postmoderne

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Archives Nicolas Bonnal, 2009

Révolte contre le monde postmoderne

Nicolas Bonnal

Extrait personnel du recueil collectif : Julius Evola envers et contre tous (Orientations/Avatar, 2009).

En titrant d'une manière provocante "Révolte contre le monde post-moderne", je suppose qu'il y a quelque chose de pire que ce monde moderne contre quoi se révolter... Sommes-nous descendus plus bas qu'à l'époque où Julius Evola tonnait contre son monde moderne ?

Histoire-comique-de-Francion.jpgEt d'ailleurs cela fait beaucoup de temps que l'on tonne contre ce monde. Montesquieu s'en moque fort dans ses Lettres persanes, et de l'inflation, et de la mode, et de la crise démographique (comme déjà l'historien grec Polybe qui se navre du dépeuplement et du vieillissement de la Grèce impériale !), et du désir mimétique, et de la vanité des sujets du roi, et du pape, et du reste... Au 19ème siècle, que pourtant moi, Européen, je contemple avec nostalgie, Poe, Tocqueville, Maupassant, Baudelaire et tant d'autres contemplent avec mépris le « stupide dix-neuvième siècle » de Daudet. Pour en revenir à Montesquieu, il modernise une critique acerbe du siècle du « roi-machine » (Apostolides) que l'on pressent à travers les œuvres de Furetière, la Bruyère, la Fontaine ou même Sorel, auteur de l’étonnante histoire de Francion. Bref, la Fin des Temps est dans l’air du Temps, et on relira avec stupéfaction la fin des Mémoires de Saint-Simon pour s'en convaincre.

De quoi donc se plaint Evola et de quoi pouvons-nous nous plaindre nous, trente-cinq ans après sa disparition ? L’esprit traditionnel n'est-il pas lié à je ne sais quelle hypocondrie qui fait tout voir en noir, une mélancolie plutôt, comme celle du nain grincheux, symbole de Saturne et du plomb et qui toujours se plaint, surtout lorsque, comme Evola, il a affaire aux femmes ? Du reste Blanche-Neige, la reine alchimique, trouble, et bien, l'existence des sept nains chercheurs de trésors...

J'insiste, quitte à paraître un peu lourd; car tout de même l'esprit traditionnel aura bien entaché ma jeunesse, en lui faisant voir tout en noir ; et l'on ne vit qu'une fois, contrairement aux chats: « On est forcé d'écrire pour soi, de penser pour soi et d'espérer la fin de tout. Demain ce sera pis encore », écrit dans son prodigieux journal un Léon Bloy plus inspiré que lorsqu'il attend le retour des cosaques, comme d'autres attendaient de l'Orient du capital communiste et des supermarchés un réveil spirituel qui ramènerait l'Occident dans le droit chemin…

C'est d'ailleurs à mon sens une des qualités d'Evola: il n'attendait pas de grand réveil, il a pensé en kshatriya au sauvetage individuel sur un champ de bataille ruiné et abandonné.

Il n’a pas vraiment donné de recettes, mais il a plutôt cru à un salut très personnel, de type nietzschéen si l’on veut.

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Cinquante ans après ses grands manuels de résistance (arc et massue, tigre), on ne peut que confirmer l'effondrement de tout : des états, des nations, des Occidentaux, de la famille, des paysages, la pollution du monde qui a atteint un stade ontologique (mais dont parlent déjà les transcendantalistes américains !). On n'en est même plus à l'époque des conflits idéologiques qui opposaient le communisme et l'Occident libéral. L'islam rentre dans le rang à Dubaï ou à Médine et l'Orient goberge comme on sait. Tout le monde se fout de tout, se désintéresse du politique et du reste, les Français subissent sans broncher le gouvernement le plus incapable de leur histoire (mais c'est aussi ce que disaient Bloy ou Toussenel, lui du temps de la monarchie de juillet...).

L-Empire-de-l-ephemere.jpgNous sommes entrés dans la société post-moderne décrite au début des années 80 par Gilles Lipovetsky dans son Empire de l'éphémère, où il présente un individu cool et désabusé, humoristique et nihiliste. La différence est qu'à l’époque il avait encore un peu de réaction. Il n’y a plus rien aujourd'hui, et cette disparition de toute réaction, qui nous remplit d'angoisse et tremblement, est à mon sens apparue (sic) au milieu des années 2000; quand avec les horreurs de la bourse et de l'Irak, du bric et du broc, de la mondialisation et du néant, tout le monde s'est laissé aller au vide éternel.

L'époque est opaque, les temps sont mous. Mais comme dit déjà Zarathoustra repris par Charles de Gaulle (lire Tournoux), « Tout est vain, tout est mort, tout a été »... Il dit aussi : « le désert croît... malheur à qui recèle des déserts ! ». C'est d'ailleurs pour cela que l'on a accru la consommation d'anxiolytiques, d'antidépresseurs et de somnifères de toute sorte. Dans les années 70, la figure du militant ou du rebelle laisse la place à celle du dépressif (il culpabilise pour son chômage, sa technophobie, ou son absence de convivialité...); et l'on voit aussi le degré d'abrutissement atteint par le cinéma, que l'on compare aux grands films contestataires du début des Seventies : je pense au Grand Secret d'Enrico, à Soleil vert ou Rollerball.

Mais Guénon évoque déjà cette crise psychologique dans la Crise du monde moderne ; auquel je répondrai en citant Sénèque ou même les Sumériens qui se plaignaient du fisc (cf. Samuel Noah Kramer) : le monde n’est-il pas toujours en crise, le monde n'est-il pas une éternelle crise moderne ? Après on pourra toujours m’objecter que du temps de l'âge d'or les choses allaient mieux, il y a 65.000 ans, et que les hommes étaient dorés, comme le dit Hésiode: mais cela m'est difficile à vérifier, surtout que l'histoire, la géographie (ma formation...) ou l'archéologie ne valent rien pour les traditionnels... Quant à Evola qui encense l'empire romain, je peux lui donner à lire ou relire bien des textes, notamment de Sénèque, qui se désespère de l'état de son empire romain, de son pain et de ses jeux du cirque, lui qui avait été le précepteur d'un des monstres les plus renommés de l'Histoire. Il est facile de citer Caton quand on néglige de lire Pétrone ou Tacite, ou bien sûr Juvénal qui comme Montesquieu ou Boileau semble avoir écrit hier matin.

J'en ai fini avec mon introduction qui sert non pas à noyer le sujet, on l'aura compris, mais à le nier: à quel moment peut-on parler de temps traditionnel, d'âge d'or, de société parfaite sinon dans les rêves, ou sinon même de mauvaise foi ?... Et pourtant, je n'y peux mais : de la même manière que Delenda est Carthago, Delendum est monstruum modernum.

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Il faut détruire le monde moderne, il faut encore plus détruire le monde post-moderne, et si on ne peut le faire, il faut lui résister de toutes nos forces, à peine de sombrer dans la dépression, « l'angoisse métaphysique » dont se moquait Guénon, et tout le reste. Mais il ne faut pas le mésestimer, car, on l'a vu, les murailles de Jéricho n'ont jamais survécu longtemps au passage du buccin capitaliste. Marx nous avait prévenus dans son Manifeste. La Chine, l'Inde, le Japon, tout a été balayé par l'avarice, la gourmandise (15% d'ados chinois obèses..) et la cyber-luxure, quand ce n'est par la paresse spirituelle et intellectuelle, celle qui enrichit les laboratoires pharmaceutiques...

Car j'en viens à un autre obstacle, beaucoup plus concret maintenant: le temps. Pas le Temps avec un grand « T », celui de l'eschatologie, mais le mien, le vôtre, celui de notre vieillissement organique auquel Houellebecq a consacré des pages dit-on définitives. Le philosophe australien Pearson parle de ce fardeau de la personnalité vers 1890 déjà.

Je me promenais l'autre jour à cap d’Ail et je longeais mes plages et mes roches préférées, comme un promeneur romantique. Soudain je vis un voilier rempli de plaisanciers.

Je pensais aussitôt à Evola : le monde moderne, c'est cela.

Un tas de gens à poil qui « profitent de la mer, « qui profitent de leur vie », « qui profitent de leur temps libre ».

Bloy dénonce déjà cette obsession du Jouir qui est la marque de la vie sous le Second Empire.

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Mais... mais il y a en 2010 une petite différence avec l’époque de la rébellion d'Evola (les Sixties). Lui était contemporain d'une jeunesse gauchiste, stripteaseuse, marginale, contestataire, luxurieuse... Celle décrite par Godard, dans les films « existentialistes » d'Antonioni ou caricaturée dans les films de Dino Risi (Les Monstres, magnifique parabole sur les Rigolus de la société de consommation toute neuve à l'époque).

9782253053224_1_75.jpgMais là c'était différent : sur mon voilier d'ailleurs modeste de quarante pieds il n'y avait que des vieux à bord. Oh, pas des vieux paralytiques, pas des cacochymes. De bons retraités bien nourris au viagra et aux farines animales, un bon troupeau festif de « grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s’ennuyer » (Céline). Le troupeau post-moderne est en effet postmoderne au sens littéral, il vient après les modernes, il a donc vingt ou trente ans de plus. Je vois 30% de sexagénaires où que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, et même en Amérique du sud, dans les zones principalement peuplées de blancs (Uruguay, sud du Brésil, province de Buenos Aires). Je sais que la population du Brésil va passer d'une moyenne d'âge de 25 à 41 ans d'ici quinze ans, et que la Chine, qui ne sait déjà pas quoi faire de sa jeunesse, va compter 500 millions de retraités (ou présumés tels) en 2050. La population russe va disparaître, comme l'allemande, la coréenne, l’italienne, etc. il ne restera que les noirs et les robots. Sur ces bonnes nouvelles, on se demande contre quoi on va se révolter ? Peut-être que les Folamour qui nous gouvernent vont nous concocter un plan de survie cannibale, en tout cas il est certain que ce ne sont pas des septuagénaires remariés, dont nous ferons bientôt tous partie, qui vont nous tirer de l'ornière. Buzzati, le peu évolien, nous avait prévenus dix bonnes fois dans Le K.

De même, Julius Evola se plaint des Beatles ou de la littérature existentialiste ou du jazz : mais que cette sous-culture nous paraît grande aujourd'hui ! La nullité abyssale de l'époque, que mêmes les ados que je croise reconnaissent, n'est plus mise en doute par personne. Il suffit d'ouvrir sa page Yahoo pour se rendre compte du niveau ahurissant de nullité que recèlent les préoccupations des gens : je copie ce que j'ai sous les yeux (nous sommes le 6 octobre 2009, à 11 heures du matin).

Valérie Payet, Karim Benzema, Spencer Tunick, Rugby fédéral, Chantal Goya, Rallye de Catalogne, Lindsay Lohan, Peugeot 3008, Loi Hadopi, Brigitte Bardot...

Voilà ce qui passionne mes contemporains, qui ont tous ou presque bac+5, et qui sont tous plus cons que la cuisinière de Flaubert. Il me semble bien délicat tout d'un coup, Evola, de se plaindre de Sartre ou Pasolini, de Louis Armstrong ou des jeux olympiques de Rome... Nous sommes bien plus bas.

Nous sommes plus vieux, nous sommes plus bêtes. C'est la première observation. Nous sommes plus vieux ; donc plus radins, plus luxurieux (tout en étant post-sexuels, car les filles d'aujourd'hui préfèrent boire entre elles que faire l'amour, et plus un jeune ne se risque à « draguer », à la façon des idiots du film Les Valseuses). Nous n'avons plus un seul idéal politique, juste la volonté de nuire à notre prochain par le biais juridique dont l'écologie exterminatrice n'est qu'une des ramifications (et pas l'inverse).

pack-pictos-interdictions.jpgOn nous a interdit d'interdire, eh bien maintenant tout va nous être interdit: conduire, boire, respirer, fumer, monter dans un avion, cracher par terre, parler même... On aura droit au doigt dans le cul puisque Ben Laden a inventé le suppositoire explosif... Le monde postmoderne s'annonce comme le mauvais film dont parlait Deleuze. Depuis les attentats gluants de 2001, et ce Ground Zero qui n’a pas été reconstruit (Les Hommes au milieu des ruines – des ruines ou des tuiles ?), nous sommes dans un espace-temps gelé, circulaire, clos, une ronde de nuit infernale et ennuyeuse, gâteuse et interminable. Je me réfugie moi dans la vieille musique classique de Pollini ou Karajan, dans les westerns des années 50, décennie diabolisée par Evola, mais où l'on peut encore admirer du Walsh, du Donen ou du Ford. Et j’essaie de ne même plus regarder les nouvelles, de savoir ce qui se passe, ou ne se passe plus. Il devient difficile de se faire des amis, les gens devenant trop cons (le mot est juste). Ceux qui ne le sont pas souffrent, culpabilisent, prennent des produits toxiques (je parle des drogues autorisées bien sûr), deviennent timides....

On n'ose plus, de peur de se faire traiter d'aigris, ou plus simplement traîner devant les tribunaux. Il y a cinquante ans les clivages étaient politiques ou spirituels, aujourd'hui ils sont purement existentiels. On se fond dans la masse ou pas, avec peu de perspectives de futur. Car si l’étranger (pas si étranger d’ailleurs) de Camus commence par la visite au cadavre de la mère à l'hospice, il faut savoir que c'est à l'hospice que se terminera pour tous la chanson de geste post-moderne, d'ici cinquante ou cent ans. On nous promet une durée de vie de 120 ans, et comme le disait le docteur Alexis Carrel, la société augmentera notre durée de vieillissement bien plus que notre durée de vie. Cela doit d'ailleurs correspondre à une logique infernale : une épouvantable salle d'attente où l'on ne peut rien faire. Je me vois actuellement environné par mes vieilles tantes qui voudraient bien mourir et ne le peuvent plus (Exorciste III, le meilleur). Elles ont cent ans, elles redoutent d’en tirer encore pour vingt ou trente. Quant aux enfants, ils vieillissent en même temps que leurs parents. On héritera à 80 ou 90 ans, si l'on a des parents. Le monde nouveau est avancé.

J'aurais 80 ans dans une France qui n'aura plus rien de français, ou je serai ailleurs, dans un monde qui n'aura plus rien de monde; je ne sais pas de quoi je vivrai, si même je survivrai, car on me fera comprendre comme à quelques autres milliards de vieillards que je suis de trop sur cette terre.

Des sexagénaires friqués iront faire des croisières minables sur des mers polluées ou bien assisteront à des concerts de rock-stars grabataires... et l'on réélira des politiciens liftés, botoxés et chevronnés promettant à un vieux public de trouillards de nettoyer au karcher des banlieues qu'ils ont eux-mêmes peuplées, avec les compagnies aériennes et le patronat, de populations allogènes inassimilables mais tenues par la drogue et la médiocrité de la vie ordinaire. Yeaaaah !

9782070701124-475x500-1.jpgCette espèce d'horreur ordinaire que je viens de décrire sommairement n'est même pas neuve : elle est tout entière présente dans le Voyage au bout de la nuit. Relisez ces pages inoubliables, et cette « petite musique de la vie que l'on n'a plus envie de faire danser », et ce troupeau soumis, et « ce commerce partout, ce chancre du monde ». Car c'est bien le commerce qui aura eu raison de tout cela. Ah, l’Angleterre et son bonheur matériel qu'elle aura partout imposé... Un des intérêts du reste d'Evola est qu'il s'était intéressé physiquement à son siècle: il aimait le sport, l'alpinisme, la guerre, l’héroïsme, il avait le culte des valeurs chevaleresques contemporaines, il admirait Jünger ou Drieu. Mais on sait comment a terminé Drieu, et on relira Soixante-dix s’efface de Jünger pour comprendre comment a terminé le grand homme. Dans ce livre admirable, on sent comment peu à peu Jünger, avec toute sa culture, sa bonne santé, son équilibre romain, son goût pour la bonne vie, est progressivement envahi, déprimé, possédé par l'horreur de ce monde de consommateurs impersonnels.

Il se rend au Maghreb, où je suis né, et progressivement il voit le monde de Guénon et de Titus Burckhardt se déliter devant lui, avec sa médiocrité, sa sexualité, ses constructions, son horreur économique et tout le reste. Et c'est Jünger, que même Evola admirait... Alors, où en sommes-nous, camarades ? Plus bas que l'enfer ! Nous avons touché le fond, mais le fond est vaseux, et nous nous enfonçons encore. Un monde sans prêtres, sans guerriers, sans grands hommes, sans visionnaires, sans conscience, sans jugements, un monde en outre sans corps et sans jeunesse, sans valeurs et sans mémoire.

Le sauvetage ne peut être qu'individuel, dit-on. Peut-être familial, si l'on a rencontré la belle âme-sœur adéquate. Le plus dur est alors de transmettre à l'enfant la lucidité sans le malheur.

De révolte, mieux vaut n'en pas parler. On nous drogue, on nous ment, on nous disperse maintenant comme à Pittsburgh à coups de canon à son. Les foules n'existent plus, les sociétés secrètes non plus, les ordres solaires ou religieux encore moins. La nature, c'est ce qui me peine le plus d'ailleurs, paraît de moins en moins réelle, naturelle. Elle est un parc national cartographié par Google Earth dans le meilleur des cas, et pour le reste... Nous savons que nous avons six fois plus de temps à partager avec un conjoint, quinze fois plus de temps libre qu'il y a deux siècles, et qu'il n'y a plus de religion qui tienne vraiment la route (mais Nietzsche le disait déjà). Chacun peut se soumettre à son filet d'illusions personnelles ou collectives, mais le filet est de plus en plus troué. Nous ne sommes même plus dans le profil d'une attente eschatologique.

Bien orgueilleusement, les prédictions se sont succédé pour rien, où Guénon nous annonçait la fin du monde moderne qui serait celle d'une illusion (ah bon ?). Pour l'instant, c'est notre propre fin, précédée de notre pénible vieillissement, qui nous guette. Comme l'autre dans sa tour, nous n'avons rien vu venir. Ceux qui attendaient trop se sont trompés ou en ont trompé d'autres. Peut-être que Debord a raison et que « le destin du Spectacle n'est pas de finir en despotisme éclairé » ; mais nous n'en sommes même pas certains. Peut-être que tout va s'éteindre lentement, minablement, puisque, comme le dit mon ami Jean Parvulesco, qui participe à ce recueil sur Evola, « la race humaine est fatiguée ». En 1941, les Allemands lancent 170 divisions pour attaquer la Russie et ils se heurtent à la résistance de toute une nation de 160 millions d'habitants. Les deux pays n'ont pas aujourd'hui le dixième de cette frappe militaire d'alors, et les deux nations sont aujourd'hui en voie de disparition démographique. L'histoire est terminée, merci monsieur Fukuyama.

Si j'en reste à ma notion personnelle, que je n'impose à personne, de révolte évolienne contre ce monde du néant absolu et relatif, je vois les contenus suivants : continuer d'écrire ; continuer de lire, d'écouter (ou de jouer) de la musique ; danser, faire du sport, continuer de fréquenter les têtes conscientes, même si l'on se fait un peu de mal à force – et qu’elles se raréfient dangereusement) ; aller vers ce qui reste de nature ; pratiquer la révolution froide de Houellebecq en refusant par exemple de consommer; fuir, là-bas fuir, autant que je le peux. Et mépriser, aussi mépriser mais jusqu'à l'ignorance de l'infra-humanité coprophage qui m'entoure. Car je n'ai plus de temps à perdre. Jamais le mens sana in corpore sano ne m'aura semblé si vrai, à une époque de vide intellectuel et d'obésité corporelle. A une époque où l'on n’a plus d'hommes au milieu des ruines, mais des touristes au milieu des ruines. Nous n'avons d'autre choix alors : les temps sont mous, devenons durs.

« Pourquoi si dur ? », demande le morceau de charbon dans le Zarathoustra. Parce qu'on n'a pas le choix, justement. C'est cela ou y passer tout de suite. On attendra que les touristes soient partis et l'on se promènera entre nous dans les ruines. En relisant les Œuvres du baron Evola.

https://www.amazon.fr/Evola-Envers-contre-tous-Collectif/...

Smile 2, dites cheese et mourez

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Smile 2, dites cheese et mourez

André Waroch

Le film d’horreur a trop longtemps été confisqué par des producteurs avides qui ne pensent qu’à créer des produits formatés pour les bandes d’ados qui fréquentent les salles obscures ; frayeurs attendues, procédés répétitifs, et schémas narratifs convenus dont s’était moqué Wes Craven dans Scream, mise en abime des films d’épouvante hollywoodiens.

L’intelligence diabolique de Smile II (dont le schéma narratif de base depuis le premier épisode est la malédiction qui se transmet par contagion, déjà vu notamment dans le très bon It follows) est de choisir un personnage principal dont on jurerait qu’il est effectivement confectionné par le service marketing pour attirer des bandes d’adolescents ; ce personnage principal est une star de la chanson, un mélange entre Lady Gaga, Miley Cyrus, Beyonce, Pink (rajoutez les noms que vous voulez). On la voit répéter ses chorégraphies en petite tenue en vue de sa prochaine tournée, aux côtés de sa mère qui la coache, de ses assistants gays et de ses danseurs.

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Mais, de même que la réussite d’Alien et la crédibilité d’un sujet à première vue abracadabrantesque était avant tout due au réalisme total avec lequel Ridley Scott filmait l’équipage du Nostromo avant tout contact avec la créature, de la même façon, Parker Finn installe la crédibilité de son film, avant l’apparition de tout élément surnaturel, en dépeignant le quotidien d’une popstar idole des jeunes exactement à l’inverse de la façon dont le service marketing le dépeindrait : Skye Riley (Naomi Scott, extraordinaire de vérité) mène une existence solitaire, sinistre, consacrée à un métier qu’elle n’a même pas l’air de vraiment aimer. Elle n’est pas encore remise, ni moralement ni physiquement, d’un accident de voiture qui s’est produit un an auparavant et qui a stoppé net sa carrière, alors qu’elle et son petit ami étaient camés jusqu’aux yeux. Le petit ami y est resté, Riley s’en est sortie avec de très graves blessures, de larges cicatrices qu’elle cache avec des vêtements ajustés, et des douleurs subites au dos qui la foudroient et la laissent exsangue. Pourtant, elle parait déterminée à opérer un come-back.

Cherchant des médicaments de nature à faire taire les douleurs dorsales qui troublent ses entrainements et pourraient gâcher son spectacle, elle va voir en cachette son ancien dealer. C’est lui qui va se suicider devant ses yeux, lors d'une scène absolument traumatisante, selon le même procédé déjà vu dans Smile I : le témoin du suicide se voit rongé par la même force qui a envouté le suicidé ; à partir de là, il ne lui reste que quelques jours à vivre, des jours peuplés de cauchemars, d’hallucinations de plus en plus horribles, avec toujours ce même terrible sourire arboré par des personnes réelles, ou par des personnes disparues, ou par des personnes réelles mais qui ne sont en réalité pas là du tout. Car, au fur et à mesure que le mal progresse, la victime ne sait plus ce qui relève de l’illusion et ce qui relève de la réalité.

Contrairement à It follows, où les non-envoutés finissent par constater l’existence des zombies invisibles qui poursuivent chaque nouveau condamné, et mis à part le mode de transmission et la chaîne de transmission, rien ne prouve jamais aux autres qu’il s’agit de quoique ce soit d’autre qu’une maladie mentale, voire d’une maladie tout court ; Maupassant, lui aussi, avait contracté une maladie qui lui provoquait des hallucinations, des phases délirantes, une perte de contact progressive avec la réalité, et qui finit par l’emporter, même s’il fallut quinze ans pour cela: la syphilis. Il se servit d’ailleurs de ces phases hallucinatoires pour mettre au point sa célèbre nouvelle Le horla, sa seule (ou quasi) incursion dans le domaine du fantastique (contrairement aux âneries inlassablement répétées à ce sujet). Maupassant tenta lui aussi de se suicider, avant d’être enfermé à l’asile et d’y mourir dix-huit mois plus tard.

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Il n’y a pas de fantaisie dans Smile II, pas de second degré, pas d’extravagance, pas de dérision. Le gore n’est utilisé que pour rendre la mort et sa violence aussi authentiques que possible. Ce réalisme total rend certaines scènes presque insoutenables. Il ne dessert pas l'horreur, il décuple son impact. Ce film, comme l'étrange virus dont il raconte la progression dans un cerveau humain, est un poison qui s’infiltre dans les fibres et les tripes du spectateur, un film hanté, un film qui rampe lentement, dans l’obscurité, jusqu’à son dénouement inéluctable.

Smile II, comme le I, mais avec plus d’âpreté, de virtuosité dans la mise en scène, avec une musique additionnelle plus travaillée et envoutante, et une actrice principale étourdissante, est un film sans issue, sans espoir, sans chaleur, mais dont le talent et l’inspiration habitent chaque plan.

Si Smile II mérite le titre de film d’horreur, c’est au sens de l’horreur de l’irruption de la mort, de sa monstrueuse fatalité, de sa logique impitoyable, dans la vie des vivants, de leurs espoirs, de leurs rêves. La mort qui applique son propre programme, sa propre logique, sans trier entre les bons et les mauvais, entre les stars et les anonymes, entre les vieillards et les belles jeunes femmes, entre ceux qui mériteraient de continuer à vivre et les autres. Et l'on ne peut s'empêcher de nouveau de penser à Maupassant : "La vie si courte, si longue, devient parfois insupportable. Elle se déroule, toujours pareille, avec la mort au bout. On ne peut ni l’arrêter, ni la changer, ni la comprendre. Et souvent une révolte indignée vous saisit devant l’impuissance de notre effort. Quoi que nous fassions, nous mourrons ! Quoi que nous croyions, quoi que nous pensions, quoi que nous tentions, nous mourrons. Et il semble qu’on va mourir demain sans rien connaître encore, bien que dégoûté de tout ce qu’on connaît. »

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lundi, 04 novembre 2024

Le vieux rêve occidental: la destruction de la Russie

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Le vieux rêve occidental: la destruction de la Russie

Filip Martens

Bien que la Russie n'ait jamais attaqué l'Occident au cours de son histoire séculaire et qu'elle ait au contraire toujours été désireuse de coopérer avec lui, elle a toutefois dû se défendre contre des attaques occidentales à plusieurs reprises: par l'Ordre de Livonie en 1240-1242, par la Suède en 1708-1709, par la France en 1812, par l'Allemagne en 1914-1918 et en 1941-1945, par l'Ukraine par procuration des États-Unis en 2022 jusqu'à aujourd'hui. En effet, les puissances occidentales voyaient et/ou considèrent la Russie comme une superpuissance compétitive. Depuis l'industrialisation, on s'est également rendu compte que la Russie possédait d'innombrables matières premières en quantités gigantesques. Ainsi, les puissances occidentales voulaient et veulent toujours avoir accès aux incommensurables ressources minérales de la Russie, car elles sont nécessaires à leur industrie.

Pour ce faire, l'Occident emploie toujours une stratégie de balkanisation de la Russie. Cet article donne un aperçu des différentes tentatives occidentales visant à diviser la Russie en une multitude de petits États sans pouvoir et, par conséquent, facilement dominables.

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1916-1918 : la première tentative allemande

La stratégie occidentale de démembrement de la Russie et de pillage de ses ressources a été lancée par l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale. En avril 1916, la Ligue des nationalités allogènes de Russie est fondée à Lausanne. Le statut de neutralité de la Suisse donne à la Ligue l'apparence d'un non-alignement pendant la Première Guerre mondiale qui était en cours. Financée par le ministère allemand des affaires étrangères, la Ligue a pour objectif la destruction de la Russie tsariste par la création de mouvements séparatistes. Ceux-ci étaient censés « libérer » les peuples de Russie. Pour conserver l'apparence de la neutralité, la Ligue cherche à obtenir le soutien des Alliés, des États centraux [1] et des États neutres. Avec le traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 entre les pays du centre et l'URSS nouvellement créée, l'Allemagne acquiert une série d'États satellites à sa frontière orientale (États baltes, Pologne, Ukraine et Finlande). Ces États satellites dépendent économiquement de l'Allemagne et sont contraints de lui fournir des matières premières. À la suite de ce traité, la Russie a perdu environ un tiers de ses terres agricoles, plus de la moitié de son industrie et la grande majorité de ses mines de charbon. Lorsque l'Allemagne elle-même s'est effondrée en novembre 1918, elle a immédiatement perdu tous ces acquis.

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1918-1939: Le prométhéisme et la stratégie d'Intermarium de la Pologne

Toujours en 1918, Jozef Pilsudski, le fondateur de la Pologne nouvellement rétablie, a lancé le prométhéisme. Ce projet visait également à balkaniser la Russie - désormais sous la forme de l'URSS - en soutenant les mouvements séparatistes parmi les peuples non russes de l'URSS. Pilsudski lui-même avait choisi le nom de « prométhéisme » en référence au Titan Prométhée de la mythologie grecque. Prométhée a volé le feu aux dieux et l'a donné aux humains. Pour cela, il a été puni pour l'éternité par Zeus. Par analogie, Pilsudski voyait la Pologne comme le Christ des peuples: de même que Jésus-Christ a apporté la lumière aux hommes, le peuple polonais apporterait la lumière aux peuples non russes qui - du moins selon la Pologne - étaient « opprimés » par l'URSS.

Le prométhéisme repose donc sur l'idée arrogante et méprisante que la petite Pologne est le leader naturel de l'Europe centrale et orientale, ce qui est une utopie compte tenu des capacités économiques et militaires limitées de la Pologne. Alors que l'ancien Commonwealth polono-lituanien (1569-1795) était territorialement le plus grand pays d'Europe, il s'agissait politiquement d'un État bi-confédéral très faible, impuissant et divisé à l'intérieur, Etat qui n'a pu exister que parce que le Brandebourg-Prusse, la Moscovie-Russie et l'Empire des Habsbourg étaient de petits États à l'époque. Une fois que ces trois États sont devenus des superpuissances, le Commonwealth polono-lituanien a disparu de la carte assez rapidement. Néanmoins, Pilsudski voyait en la Pologne une superpuissance potentielle capable de dominer les autres nations « inférieures ». C'est d'ailleurs exactement ce que le prométhéisme reprochait à l'URSS. La Pologne devait donc mobiliser et soutenir les nombreux peuples non russes de l'URSS afin de devenir elle-même dominante.

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Le prométhéisme était étroitement lié à la stratégie géopolitique de l'Intermarium de Pilsudski. Ce concept visait à réunir les États d'Europe centrale et orientale au sein d'une fédération placée sous la direction de la Pologne. Cela impliquait que ces États renoncent à leur souveraineté. En effet, Pilsudski rêvait d'une restauration territoriale et politique de l'ancien Commonwealth polono-lituanien, qui s'étendait entre deux mers (la mer Baltique et la mer Noire). D'où le nom latin « Intermarium » donné à cette vision romantique de la politique polonaise.

Dès 1918, la Pologne a soutenu des mouvements séparatistes en Carélie, dans les Pays baltes, en Biélorussie, en Ukraine, dans le Caucase et en Asie centrale. Même après l'annexion de la plupart de ces régions par l'URSS en 1921, la Pologne a continué à apporter un soutien matériel aux séparatistes émigrés.

Le prométhéisme a été une ligne directrice de la politique étrangère de la Pologne pendant l'entre-deux-guerres. En 1934, la Pologne a fondé l'organisation Prometeusz. Son siège se trouvait à Paris. Il existait des antennes à Berlin, Varsovie, Vilnius, Helsinki, Téhéran et Harbin. Cette organisation apportait un soutien financier et technique aux mouvements séparatistes des peuples non russes en URSS.

Après 1939, le prométhéisme disparaît, d'une part parce que la Pologne - une fois de plus - disparaît de la carte et, d'autre part, en raison du manque d'intérêt des Alliés. À partir de 1944, la Pologne est,une fois de plus, rétablie mais devient un État satellite de l'URSS et ne peut donc pas reprendre ses activités prométhéistes.

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1941-1945 : la deuxième tentative allemande

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne tente une nouvelle fois de détruire la Russie en lançant l'opération Barbarossa. Cette invasion à grande échelle de l'URSS visait à éliminer l'URSS en tant que superpuissance compétitive, en annexant certains pays et en en colonisant d'autres, en expulsant et en soumettant en partie la population, ainsi qu'en prélevant des produits agricoles et des matières premières. Pour balkaniser l'URSS, l'Allemagne utilise le pantouranisme, une idéologie turque qui cherche à réunir tous les peuples turcs et autres peuples altaïques en une seule unité politique et/ou culturelle sous le nom de Touran.

Un plan de propagande pan-turc émanant de la Turquie a rendu de grands services à l'Allemagne dans les régions occupées de l'URSS. L'Allemagne a ainsi recruté des « Osttruppen » pour la Wehrmacht (environ 250.000 hommes) et pour la Waffen-SS (environ 8000 hommes) [2] parmi les soldats soviétiques faits prisonniers de guerre, qui provenaient des peuples turcs d'URSS. En échange, l'Allemagne promet de rendre indépendantes les régions de l'URSS habitées par les Turcs. La guerre se termine par la destruction complète de l'Allemagne et la prise de Berlin par les troupes russes.

De 1991 à aujourd'hui: l'attaque américaine via les séparatistes, les salafistes, les pseudo-dissidents et les ONG

Lorsque l'URSS, après des décennies d'inertie économique à la fin de la guerre froide, s'est désintégrée en plusieurs États pour la plupart impuissants, dont les économies déjà faibles se sont ensuite complètement effondrées au cours des années suivantes, cela a évidemment offert d'énormes perspectives stratégiques aux États-Unis en tant que seule superpuissance restante. Après tout, toutes les anciennes républiques soviétiques pouvaient désormais être facilement infiltrées et déstabilisées. Depuis lors, les États-Unis et leurs alliés européens ont déstabilisé, (tenté de) changer de régime, semé la mort et la destruction dans les pays de l'ex-URSS pendant des décennies, dans leur vaine tentative de détruire géopolitiquement la Russie. En Géorgie, au Kazakhstan, en Ukraine, en Ouzbékistan, en Russie et au Belarus, entre autres, les Américains ont clairement laissé leur marque. Et aujourd'hui, l'infiltration américano-européenne en Arménie et en Moldavie est évidente.

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Mais les États-Unis visent surtout à détruire la Russie. Pour ce faire, ils soutiennent des mouvements séparatistes, souvent salafistes (en Tchétchénie en 1991-2006, au Daghestan en 1999-2012, en Bachkirie en 2005,...). Par ailleurs, les États-Unis tentent - en vain - d'établir des mouvements dissidents en Russie. Le recrutement d'un personnage d'extrême droite et raciste comme Aleksey Navalny, qui a ensuite été présenté à l'Occident comme un « combattant contre la corruption » et un « leader de l'opposition démocratique », est bien connu.

En outre, les États-Unis déstabilisent la Russie par l'intermédiaire de diverses organisations non gouvernementales (ONG). Il s'agit d'organisations qui ont l'apparence d'être indépendantes des gouvernements mais qui sont en réalité contrôlées par le département d'État américain.

Il y a par exemple la National Endowment for Democracy (NED), un outil américain issu de la CIA pour saper les gouvernements dans tout le monde non occidental, instiguer des révolutions de couleur et promouvoir des changements de régime. Cette ONG est directement financée par le gouvernement américain. La NED s'est immiscée dans les élections russes et a constitué une menace pour les institutions constitutionnelles de l'État, la défense et la sécurité nationale de la Russie. Sur la base de la loi de 2012 sur les agents étrangers - qui a été remplacée en 2015 par la loi sur les organisations indésirables [3] - la NED est devenue la première organisation à être interdite en Russie en 2015.

L'ONG Freedom House (FH) est également financée par le département d'État américain. FH finance diverses organisations subversives et des politiciens pro-américains dans des pays du monde non occidental, y compris en Ukraine avant le coup d'État américain de 2014 déguisé en « révolution de Maïdan ». Dans le même temps, la FH sympathise fortement avec les régimes pro-américains. Il n'est donc pas surprenant que cette ONG ait été interdite en Russie en mai 2024 sur la base de la loi susmentionnée sur les organisations indésirables.

L'ONG bien connue mais controversée Amnesty International (AI) est financée par la Commission européenne, la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller et les gouvernements britannique, américain et autres. Amnesty International a la sombre réputation de publier des rapports inexacts sur les pays, de collaborer avec des organisations dont le bilan en matière de droits de l'homme est douteux, de faire preuve de partialité idéologique et de politique étrangère, ainsi que de pratiquer une forte discrimination institutionnelle au sein de sa propre organisation. De nombreux États, dont la Russie, ont critiqué l'évaluation de leurs politiques par AI, estimant qu'il s'agissait de rapports partiaux ou d'une réticence à voir les menaces pour la sécurité nationale [4].

En outre, l'Open Society Foundation (OSF) de George Soros, financier notoire des changements de régime, est également interdite en Russie - en tant que troisième organisation en vertu de la loi sur les organisations indésirables - depuis le 1er décembre 2015. En effet, les activités de l'OSF et de l'Open Society Institute Assistance Foundation constituent une menace pour le système constitutionnel et la sécurité nationale de la Russie. L'OSF est un réseau international de financement basé aux États-Unis qui dispose de plusieurs milliards de dollars provenant de la fortune de Soros.

Les objectifs des États-Unis sont primo d'éliminer un rival géopolitique (en divisant la Russie en toute une série d'États impuissants et ipso facto facilement manipulables) et secundo d'avoir accès à l'incommensurable richesse en ressources de la Russie (dont l'industrie occidentale a besoin). Toutefois, les peuples que les États-Unis sont censés vouloir « libérer » n'ont jamais indiqué qu'ils souhaitaient quitter la Russie.

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2022-présent: renaissance du prométhéisme et de la stratégie Intermarium en Pologne

Parallèlement aux États-Unis, la Pologne poursuit à nouveau la balkanisation de la Russie. Le 22 novembre 2007, une statue de Prométhée a été inaugurée à Tbilissi, la capitale géorgienne, par le président géorgien Mikhaïl Saakachvili et le président polonais Lech Kaczynski. Cette statue n'a pas été érigée en Géorgie par hasard, car selon la mythologie grecque, Prométhée aurait été enchaîné à une colonne et torturé par Zeus dans le Caucase. La statue symbolisait les efforts de la Pologne et de la Géorgie pour obtenir leur indépendance de la Russie et de l'URSS.

Le prométhéisme est redevenu d'actualité au début de la guerre russo-ukrainienne en 2022. Le Forum des nations libres de l'après-Russie (FNRF) est un mouvement basé en Pologne composé d'hommes politiques et de militants libéraux exilés de Russie, de mouvements régionalistes et séparatistes, ainsi que de sympathisants étrangers. Les membres du FNRF sont inconnus du public russe et connaissent peu la société russe.

Le FNRF, fondé en 2022, prône la dissolution de la Russie – dans pas moins de 34 Etats ! – et dans certains cas même pour la dérussification de certaines régions russes. Divers hommes politiques, diplomates et analystes occidentaux participent souvent au FNRF. Le 31 janvier 2023, une réunion du FNRF a même eu lieu au Parlement européen à Bruxelles. Le 31 mars 2023, le FNRF a été interdit par la Russie en tant qu'« organisation indésirable » (cf. supra).

Les activités du FNRF confirment la rhétorique du gouvernement russe selon laquelle l’Occident veut diviser et détruire la Russie. Le professeur Marlène Laruelle de l'Université George Washington a averti que les hommes politiques occidentaux ne devraient pas confondre les déclarations radicales des exilés politiques avec les opinions des citoyens russes, faisant explicitement référence à l'appel du FNRF à « la libération des nations prisonnières », une expression qui remonte à la Première Guerre mondiale (cf. supra).

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Le 25 juillet 2022, Ramzan Kadyrov, président de la République russe de Tchétchénie, s'est longuement moqué du FNRF: « Il y a plus de 20 ans, l'Occident a commis la première violation de l'intégrité de la Russie en République tchétchène, en alimentant les terroristes étrangers avec de l'argent et en inventant une légende sur la liberté. (…) En général, messieurs les pseudo-libéraux, je ne peux que vous remercier d’avoir confirmé les propos des plus hauts dirigeants russes sur les tentatives de désintégration du pays» [5].

La Pologne prométhéiste continue ainsi de promouvoir la sécession des peuples non russes en Russie dans le but ultime de la dissolution et de l'élimination complète de la Grande Russie, afin qu'elle ne puisse plus constituer une menace pour l'aspiration polonaise à l'Intermarium, à nouveau bien vivante en Pologne. Par exemple, le 15 février 1991, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie ont fondé le Groupe de Visegrad en tant qu'organisation de coopération régionale. Le 6 août 2015, le président polonais Andrzej Duda a annoncé la création d'une alliance régionale des États d'Europe centrale selon l'idée d'Intermarium. Celui-ci est devenu l'organisme consultatif régional Initiative des Trois Mers, qui réunit douze États membres de l'UE entre les mers Baltique, Noire et Adriatique.

La Pologne se considère toujours supérieure à la Lituanie et à l’Ukraine, entre autres. Ces autres peuples devraient encore accepter la domination polonaise, ce qui est insultant, voire humiliant.

Puisque les États-Unis veulent déplacer leurs ressources militaires et financières vers l’Asie du Sud-Est, où ils veulent affronter la Chine, ils penchent actuellement vers l’externalisation de la guerre en Ukraine et menacent la Russie par le truchement de son État satellite, l’Allemagne, contrôlé par les Etats-Unis depuis 1945. Les troupes allemandes sont utilisées et très strictement surveillées par les services de renseignement américains. Cela se reflète dans l’installation de bases militaires allemandes en Lituanie et en Pologne et dans divers projets du gouvernement allemand visant à développer considérablement l’armée. Par exemple, entre 2015 et 2020, les dépenses de défense ont été augmentées pour moderniser l’armée et augmenter le nombre de soldats (jusqu’à 185.000), de véhicules blindés de transport de troupes, de sous-marins et d’avions. Au cours de la période 2020-2030, d’importants investissements supplémentaires seront réalisés dans des troupes supplémentaires et de nouveaux équipements. En 2023, le nombre de soldats avait encore augmenté (de 7000). 20.000 soldats supplémentaires ont été ajoutés en 2024. Dans le même temps, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a annoncé que l'Allemagne devait être prête à la guerre d'ici 2029. Il s’agit de la première expansion militaire allemande depuis la fin de la guerre froide.

En outre, l’Allemagne encourage à son tour la Pologne, future superpuissance, à promouvoir la stratégie Intermarium pour tenter d’affaiblir la Russie. Il semble donc qu’une troisième tentative allemande soit en route…

Notes:

  1. (1) Les centres étaient constitués de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie, de la Bulgarie et de l'Empire ottoman.
  2. (2) DECORDIER (B.), The Fedayeen of the Reich : Muslims, Islam and collaborationism during World War II, dans : China and Eurasia Forum Quarterly, volume 8, no. 1, 2010, pp. 28.
  3. (3) La loi russe sur les organisations indésirables du 23 mai 2015 donne aux procureurs le pouvoir de déclarer les organisations étrangères et internationales « indésirables ». Cette loi prévoit l'interdiction de mener des activités en Russie, de lourdes amendes et des peines de prison en cas de non-respect de la loi, ainsi que l'interdiction pour les citoyens russes de maintenir des liens avec ces organisations. Cette loi a été votée pour contrer les nombreuses organisations libérales occidentales qui menaient des activités subversives en Russie.
  4. (4) LARUELLE (M.), Putin’s war and the dangers of Russian disintegration, dans : Foreign Affairs, 9 décembre 2022.
  5. (5) Compte Telegram de Ramzan Kadyrov, dd. 25 juillet 2022.

18:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, occident, russie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook