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vendredi, 14 juin 2024

Élections européennes : un nouveau clou dans le cercueil de l'Ordre 

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Élections européennes : un nouveau clou dans le cercueil de l'Ordre 

Raphael Machado

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/eleicoes-europeias-mais-um-prego-no-caixao-da-ordem-liberal

Depuis que nous avons commencé à réaliser que l'opération militaire spéciale russe en Ukraine allait être un conflit de longue durée (par décision russe), j'ai souligné que les répercussions du conflit sur la scène politique européenne seraient significatives.

En Europe, nous avons le résultat prévisible et naturel de tout ce qui s'est passé en Europe au cours des quarante dernières années, mais surtout au cours des deux dernières décennies.

Les élections du Parlement européen de cette année indiquent une augmentation notable de la présence des partis nationalistes, conservateurs, eurosceptiques et anti-immigration dans les couloirs du Bruxelles eurocratique. Comprenez bien : il ne s'agit pas d'un coup du sort, d'un "game changer", car cette myriade de partis extrêmement hétérogènes répartis en deux groupes politiques (et un certain nombre de partis non inscrits, donc dans aucun groupe) a connu une croissance globale d'environ 10%, se rapprochant d'une occupation d'environ 30% des sièges au Parlement européen.

Le Parlement européen a le pouvoir, rappelons-le, de décider de la conduite de la Commission européenne, c'est-à-dire de l'"exécutif" de l'UE - aujourd'hui dirigé par Ursula von der Leyen.

Mais le groupe de Mme von der Leyen, composé des partis libéraux-conservateurs, des démocrates-chrétiens et des centristes libéraux, n'a pas subi de défaite majeure. Il a même légèrement progressé dans l'ensemble (en partie grâce à l'augmentation du nombre de sièges au Parlement). Les grands perdants sont tous les autres groupes politiques: les écoglobalistes, les libéraux-progressistes, les post-libéraux, les libertariens, les sociaux-libéraux et toutes les autres variantes du libéralisme de gauche, ainsi que les libéralismes libertaires et les divers libertarianismes.

D'un point de vue symbolique, il s'agit d'une défaite majeure pour le macronisme et le schizo-wokisme, d'une reprise timide pour le merkelisme et d'une victoire raisonnable pour le conservatisme national (sous ses différentes formes).

Comme je l'ai dit précédemment, les causes de tout cela sont multiples et peuvent être divisées en causes structurelles et immédiates.

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Parmi les causes structurelles figurent, par exemple, les vagues constantes d'immigration encouragées par la classe turbo-capitaliste euro-atlantique afin de promouvoir le remplacement de la population des travailleurs autochtones et, ce faisant, de promouvoir la baisse des salaires et la fragmentation de l'organisation du travail. Selon Marx, l'immigration de masse est l'un des outils utilisés par la bourgeoisie pour saboter la classe ouvrière, non seulement pour augmenter l'offre de main-d'œuvre (avec des personnes désespérées) et réduire ainsi les salaires, mais aussi comme moyen de défenestrer une classe ouvrière ayant un plus grand degré de conscience en elle-même et pour elle-même, en la remplaçant par une classe pratiquement homogène de desperados aliénés - dont l'intégration dans la classe ouvrière nationale est entravée par les différences ethnoculturelles et religieuses, ainsi que par la possibilité de divergence des programmes spécifiques reposant sur cette hétérogénéité.

Ces vagues migratoires, qui se sont intensifiées avec les printemps arabes, au cours desquels des immigrants de toute la planète ont été présentés par les médias et la gauche comme des "réfugiés syriens", se sont retrouvés avec des frontières pratiquement ouvertes après avoir été chassés de leurs pays par des mafiosi et hébergés par des ONG financées par George Soros. Ainsi, des millions d'immigrés sont entrés dans les pays européens par vagues impossibles à absorber (ce qui était précisément l'intention des élites), créant des ghettos et des zones de non-droit. Le résultat immédiat, outre la libération de plus grandes possibilités d'accumulation de capital par les élites et la désintégration de la classe ouvrière, a été une explosion de la violence urbaine, de la petite délinquance et des viols, sans parler du terrorisme.

Pour les Européens, leur monde est devenu un enfer à un rythme record. Alors que les riches, à l'origine de cette tragédie, vivent dans des communautés fermées, pratiquement dans des bulles élitistes, le prolétariat européen de souche a vu la violence atteindre des niveaux insupportables et a dû supporter d'être remplacé par des travailleurs étrangers moins qualifiés, mais moins conscients, plus désespérés et plus conformistes sur le plan social.

L'idée que l'immigration existe parce que "les Européens ne veulent pas travailler" est un délire gauchiste. En fait, le taux de chômage des jeunes Européens de souche est élevé, à tel point qu'ils doivent immigrer dans d'autres pays européens pour trouver un emploi. C'est simplement qu'il est très avantageux pour les hommes d'affaires d'embaucher des immigrés, et que les immigrés ont accès, dans la plupart des pays européens, à des prestations sociales et à des "filets de sécurité" inaccessibles aux autochtones.

Tout cela fait partie intégrante de la logique néolibérale qui s'est emparée de l'Europe entre les années 80 et 90. Tandis que les élites ouvraient les frontières pour remplacer le travailleur indigène syndiqué par des néo-esclaves, elles privatisaient les entreprises, réformaient les retraites et le droit du travail et mettaient en œuvre des mesures d'austérité qui ont conduit à la désindustrialisation et à la stagnation économique.

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Mais apparemment incapables de comprendre ce qu'elles faisaient, ces élites ont continué à penser que c'était trop peu et trop tard. Dans le cadre de la logique transnationale de l'écoglobalisme (menée par des élites turbo-capitalistes qui veulent utiliser le "vert" pour débloquer de nouvelles opportunités d'enrichissement accéléré et être en mesure de mieux contrôler le peuple), les élites européennes ont également commencé à imposer des mesures législatives draconiennes visant spécifiquement le prolétariat et la classe moyenne. En particulier, des taxes ruineuses sur l'essence et le diesel, diverses limitations de la production agricole, des mesures dissuasives sur l'utilisation des voitures et la consommation de viande, tout cela pour "sauver la planète". De plus, les Allemands ont fermé leurs centrales nucléaires.

En France, cet ensemble de mesures insensées a débouché sur le mouvement des Gilets jaunes, véritable processus politique au potentiel révolutionnaire qui a changé le paysage politique français.

Et puis les élites européennes ont décidé d'intensifier tous ces processus pendant la pandémie, avec des mesures visant à accélérer les faillites des petites et moyennes entreprises, et avec des politiques publiques de contrôle social comme le "greenpass" et des projets dystopiques visant à limiter la circulation des citoyens et à augmenter les impôts sans autre but précis que de baisser le niveau de vie de la classe moyenne. Comme un doigt dans la plaie, alors que les pays européens imposaient des régimes de confinement parmi les plus durs de la planète, les frontières restaient ouvertes à l'immigration.

L'Europe était déjà sur la corde raide, et c'est en février-mars 2022 que le verre a commencé à déborder.

Car pendant ce temps, l'UE collaborait également avec les États-Unis pour s'emparer de l'Ukraine, conformément aux directives de la géopolitique thalassocratique classique, qui prévoit la fragmentation territoriale sur un cordon sanitaire autour de la Russie occidentale avec des satrapies atlantistes russophobes afin d'empêcher la restauration impériale de la Russie.

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En réaction préventive à l'opération militaire que l'Ukraine préparait contre le Donbass pour mars 2022, la Russie est entrée en Ukraine.

En Europe, les principales mesures prises par le gouvernement ont été des sanctions, des livraisons d'armes et l'ouverture des frontières aux immigrants ukrainiens.

Les sanctions ont renforcé l'économie russe et affaibli les économies européennes, en particulier celle de l'Allemagne, en raison du rôle du gaz russe. D'autres relations économiques avec la Russie sont également importantes pour l'Europe. L'Europe a connu une hausse de l'inflation, en particulier de l'inflation sur les biens alimentaires, ainsi qu'une augmentation des factures d'électricité.

Alors que les Européens souffraient de la récession économique, les dirigeants de l'UE ont dépensé de l'argent pour acheter des armes et soutenir l'Ukraine et, plus récemment, ont même évoqué la perspective d'une intervention militaire et d'une conscription obligatoire.

Et pour couronner le tout, les pays ont ouvert leurs frontières aux Ukrainiens, distribuant même des logements gratuits, contribuant à aggraver et à intensifier le problème de l'immigration dans les pays en question.

Le signe avant-coureur du résultat de ces élections européennes était déjà visible dans l'effondrement des gouvernements parlementaires et les revers aux élections générales qui ont commencé en juin 2022, lors des élections législatives françaises, avec l'effondrement du macronisme. Puis l'effondrement du gouvernement Draghi, et les effondrements de Boris Johnson et de Liz Truss. Puis le triomphe de Robert Fico. Et pendant ce temps, dans toutes les élections nationales et locales, il y avait déjà des augmentations de 3-8% pour les partis anti-système.

Maintenant, je vais formuler quelques remarques spécifiques sur les résultats nationaux de ces élections européennes, en mettant l'accent sur la France et l'Allemagne. Fondamentalement, parce que la France et l'Allemagne sont les thermomètres historiques de l'Europe, ces pays qui ne faisaient qu'un lorsque l'idée impériale a été réactivée en Europe occidentale, sont les centres de diffusion de toutes les nouvelles idées, de tous les nouveaux projets et de toutes les nouvelles tendances au niveau continental.

Le fait que les principaux changements dans les résultats des élections européennes aient eu lieu précisément en France et en Allemagne est en soi indicateur de ce que cela donnera dans les années à venir.

France : En France, le Rassemblement National de Marine Le Pen et Jordan Bardella a atteint environ 32% et a gagné 7 sièges supplémentaires au Parlement européen, mais ce n'est pas le seul parti nationaliste victorieux, car il y a aussi Reconquête d'Eric Zemmour et Marion Maréchal Le Pen qui a obtenu environ 6% des voix et a gagné 5 sièges, de sorte que les nationalistes français ont maintenant 35 sièges au Parlement européen. Le macronisme, les Verts et le centre-droit se sont effondrés, mais la gauche "antisystème" de Mélenchon a légèrement progressé, de même que le socialisme libéral, mais dans l'ensemble, l'hégémonie nationaliste n'est pas absolue à Paris. En général, la "géopolitique interne" des élections françaises se réfère à des variations sur la dualité thalassocratie/tellurocratie, mais où une capitale enclavée est en fait cosmopolite grâce à l'aérocratie (une variation aérienne de la thalassocratie). Toute la France profonde, contrairement à Paris, se sent liée à la terre, au sol, et aux valeurs telluriques de l'ethnicité, de la culture traditionnelle, de la stabilité, de la sécurité, de l'ordre, de la religion, etc.

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Tout cela était déjà préfiguré par les Gilets jaunes et la révolte des agriculteurs, où l'on voyait renaître l'imagerie d'un nationalisme révolutionnaire catholique du XIXe et du début du XXe siècle (Maurras, Barrès, etc.), où l'on voyait le contraste entre la ville et la campagne, la campagne étant la gardienne de la "France profonde" et la ville le bastion d'une élite aliénée et cosmopolite. En général, le RN s'est efforcé de se normaliser politiquement de manière pragmatique, en arrondissant les angles et en cherchant à devenir un parti "normal" sur la scène politique française. Cela implique un certain abandon des discours de la génération nationaliste précédente, mais en même temps, nous voyons une position qui va à l'encontre de la géopolitique macronienne, en particulier en ce qui concerne la Russie. Le parti est social-démocrate et protectionniste sur les questions économiques, et défend une ligne anti-immigration, mais qui n'est pas islamophobe ou raciste, ce qui lui permet de recevoir de nombreux votes de la part d'anciens immigrés. Il n'y a pas lieu de débattre de sa position sur Israël, car l'influence sioniste en France est tout simplement trop importante, et tout soupçon, même minime, d'antisémitisme permet déjà au président d'interdire une formation politique (le président français a beaucoup plus de pouvoir que celui du Brésil). Le parti Reconquête, quant à lui, est ultra-sioniste, libéral-conservateur et islamophobe, mais il s'appuie surtout sur la ligne d'Éric Zemmour. Il est intéressant de noter que Marion Maréchal Le Pen s'est déjà manifestée pour proposer une alliance à Le Pen et Bardella, allant à l'encontre de Zemmour.

Allemagne : En Allemagne, l'AfD est le grand vainqueur, avec 16% des voix et une progression de 11 à 15 sièges. Le parti Raison et Justice de Sahra Wagenknecht a obtenu 6% des voix et 6 sièges. Les Verts, les sociaux-démocrates et le reste de la gauche woke ont fondu, la droite libérale-conservatrice et libertaire a stagné, voire s'est quelque peu contractée. Divers partis localistes ou sectoriels ont également réussi à obtenir un ou deux sièges chacun. L'Allemagne, qui est le pays le plus touché par le conflit en Ukraine, a également connu une augmentation inhabituelle de la participation électorale, avec 65%, bien au-dessus de la moyenne européenne de 50%. Cette campagne fait suite à des actes de violence à l'encontre de politiciens de l'AfD et à une tentative de la Juristocratie allemande d'interdire le parti. En outre, elle a eu lieu le même mois que des controverses concernant des chansons anti-immigration qui deviennent très populaires dans le pays, ainsi qu'une interview de l'un des dirigeants de l'AfD dans laquelle il défendait l'honneur de certains combattants allemands de la dernière guerre, en disant qu'ils n'étaient pas tous des criminels et qu'il y avait beaucoup de gens ordinaires parmi eux. Une simple déclaration, mais qui a fait scandale. Le scandale n'a toutefois touché que les médias et ne semble pas avoir affecté le parti.

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L'AfD, qui est le premier parti chez les jeunes (plus vous êtes jeune, plus vous avez de chances de voter AfD), qui est déjà le premier parti en Allemagne de l'Est et le deuxième au niveau national, est donc une étoile montante. La géopolitique interne du vote en Allemagne est un peu différente de celle de la France. Ici, la division entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Allemagne de l'Est compte davantage. Bien sûr, comme en France, les métropoles (Berlin et les anciennes "villes libres") voient un niveau plus élevé de vote "woke" et progressiste, mais ce qui est le plus frappant, c'est que l'Est vote AfD et l'Ouest/Sud vote CDU. Dans le cas de l'Allemagne de l'Est, l'AfD est ce qui s'identifie le plus sur la scène allemande à l'ancienne DDR en termes de principes, de valeurs et de culture populaire.

La jeunesse est-allemande est également moins progressiste et, à l'étonnement de beaucoup, les Allemands de l'Est n'ont pas subi un lavage de cerveau ethno-masochiste et un sentiment de culpabilité à l'égard de la Seconde Guerre mondiale comme les Allemands de l'Ouest. Même le récit des crimes de guerre est apparu en RDA bien plus tard et avec un contenu différent de celui de la RFA. Lorsqu'il entend dire que les Allemands doivent se repentir des crimes de leurs grands-pères et donc ouvrir les portes aux immigrants, l'Allemand de l'Ouest s'assoit, pleure, accepte et commence à se battre la coulpe, tandis que l'Allemand de l'Est hausse les épaules ou rit de telles paroles. Il convient également de souligner, comme je le dis toujours, que le libéralisme mis en œuvre en Allemagne de l'Ouest a été bien plus préjudiciable à l'esprit et à la culture du peuple allemand que le communisme de l'Allemagne de l'Est.

L'identité allemande est plus intacte à l'est qu'à l'ouest. Cependant, la CDU en province a ses différences avec la CDU dans les métropoles, de sorte que les Allemands de l'ouest de l'Allemagne profonde votent toujours pour la CDU en pensant qu'il s'agit d'un parti "chrétien-démocrate", tout comme dans les métropoles, ils votent pour la CDU qui est désormais un parti progressiste "modéré" et anti-allemand - suivant le même déclin que la SPD, mais plus lentement.

L'AfD, je vous le rappelle, est le parti le plus "russophile" d'Europe et a même été accueilli récemment par Poutine. Sur le plan économique, elle se situe à la droite du RN français, défendant une idée d'"économie sociale de marché" qui renvoie à l'Allemagne des années 50 et 60. Il compte dans ses rangs des sionistes et des antisionistes. L'Alliance "Raison et Justice", en revanche, est une nouveauté sur la scène politique européenne, presque aussi conservatrice, anti-immigration et russophile que l'AFD, mais évoluant économiquement entre socialisme et social-démocratie.

Puisqu'il s'agit des principaux pays du continent et que c'est là que les changements ont été les plus significatifs, je vais commenter en quelques notes rapides les autres résultats :

Autriche : En Autriche, le FPÖ nationaliste a obtenu un excellent résultat en progressant de 8 points, passant de 17% à 25%, et dispose désormais de 6 sièges au Parlement européen. Toutes les autres forces politiques autrichiennes se sont effondrées, les libéraux-conservateurs perdant 10 points, les sociaux-démocrates 1 point et les Verts 3 points. Sur le plan économique, le parti est similaire à l'AfD, suivant une ligne d'"économie sociale de marché", initiative privée + protection sociale. En politique étrangère, il est favorable au rétablissement des relations avec la Russie et a une position pro-serbe.

Belgique : En Belgique, pays fragmenté entre une moitié flamande (de langue néerlandaise) et une moitié wallonne (de langue française), ce n'est que dans le collège linguistique flamand que l'on trouve des partis nationalistes. Mais il n'y a pas eu de changement significatif dans ce collège. Le VB a gagné 4 points de pourcentage et la NVA a conservé ce qu'il avait, les autres partis ont très peu reculé, de sorte que les pertes ont été réparties. Le VB est un parti nationaliste flamand classique, protectionniste et eurosceptique, avec des tendances russophiles qui se sont atténuées après l'opération militaire (mais il reste critique à l'égard de l'aide militaire et des sanctions adiptées par la Belgique). La NVA est un parti légèrement plus libéral sur le plan économique et n'est pas aussi critique à l'égard de l'immigration, bien qu'il veuille la limiter. La croissance du parti le plus nationaliste et la stagnation du parti le plus modéré indiquent des changements intéressants. Ces élections ont eu lieu en même temps que les élections fédérales et régionales en Belgique. Le gouvernement belge est formé par une coalition de Verts, de Wokes, de libéraux et de démocrates-chrétiens afin d'empêcher les nationalistes d'accéder au pouvoir. Les Verts ayant quasiment disparu lors de ces élections, le gouvernement a été dissous et se restructurera sur une base différente. Mais ne vous attendez pas à des changements significatifs, car il s'agit plutôt d'un jeu de chaises musicales. Les nationalistes ont progressé, mais les libéraux et certains partis de l'ombre ont fait de même.

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Bulgarie : En Bulgarie, la seule nouvelle importante a été l'arrivée soudaine du parti nationaliste multipolariste Renaissance, qui est passé de 1% à 14%, obtenant trois sièges et devenant le quatrième parti politique national. Le reste a été un jeu de chaises musicales entre la droite libérale et la gauche libérale. Ces élections se sont déroulées en même temps que les élections nationales, et les résultats ont été les mêmes: les nationalistes ont obtenu 14% des sièges, mais le pays est resté entre les mains des mondialistes. Renaissance est un parti intéressant, anti-Otan, pro-Russie, anti-Woke, etc., mais il n'est pas encore assez fort pour affronter les libéraux bulgares.

Croatie : Pas de changement majeur, avec le Mouvement de la Patrie qui entre au Parlement européen avec 9% des voix, mais aussi en remplaçant les nationalistes de Droit et Justice, qui n'ont pas réussi à rester au Parlement européen. Les élections croates ont eu lieu récemment, et le Mouvement de la Patrie est arrivé en troisième position avec près de 10%, soit une augmentation de deux points de pourcentage. Il a donc formé une coalition avec les libéraux-conservateurs de l'UDC. Le gouvernement de l'UDC lui-même est douteux sur la scène internationale, mais la lassitude à l'égard de l'Ukraine fait déjà sentir ses effets, et le président croate s'est déjà retrouvé sur la liste dite Myrotvorets pour certaines déclarations critiques à l'égard du pays.

Chypre : à Chypre, il ne s'est pas passé grand-chose, mais le Front national populaire semble atteindre un niveau significatif, avec 11% des voix et 1 siège. Pour le reste, le jeu libéral droite-gauche se poursuit.

République tchèque : En République tchèque, les changements ont été minimes, avec seulement quelques transitions entre les partis. Le pays est un "paradis" pour les micro-partis locaux, créés ad hoc, à tendance populiste et semble encore épargné par les vents du changement en Europe.

Danemark : Il y a eu peu de changements significatifs au Danemark, mais c'est parce que le parti social-démocrate "traditionnel" est maintenant anti-immigration et critique de la mondialisation, et qu'il a conservé ses trois sièges au Parlement européen. Le Parti du peuple danois, qui est libéral-conservateur et atlantiste, mais anti-immigration, a conservé un siège. Un nouveau parti conservateur anti-immigration, les Démocrates danois, a également vu le jour et a obtenu un siège.

Estonie, Lettonie et Lituanie : Pas de changement significatif, avec de légères variations entre la droite et la gauche, mais maintien de la ligne russophobe hégémonique.

Finlande : En Finlande, contrairement au reste du continent, la gauche écolo-woke s'est développée, tout comme les libéraux-conservateurs. Les nationalistes du parti finlandais ont fondu, passant de 14% à 7%, ce qui s'explique en partie par le passage d'une ligne pro-russe à une ligne russophobe.

Grèce : la scène politique grecque est statique, à l'exception de l'émergence du parti Solution grecque, un parti à la ligne conservatrice, pro-russe, anti-immigration et populaire au niveau national, qui a remporté 10% des voix aux élections européennes et a obtenu deux sièges. Pour le reste, c'est le jeu habituel entre libéraux de droite et libéraux de gauche.

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Hongrie : En Hongrie, le Fidesz a obtenu 45% des voix, ce qui représente un recul, avec une perte de deux sièges. Une nouvelle formation politique "anti-corruption" a soudainement émergé, "Respect et Liberté", qui a déjà obtenu 30% des voix et sept sièges, prenant le relais de la gauche écologiste, qui a quasiment disparu. Il est légitime de se méfier des origines de ce nouveau parti. De son côté, le Mouvement Notre Patrie s'apparente au Jobbik.

Irlande : Le seul pays où les votes sont encore en cours de traitement, mais il y a des indications d'un autre jeu de chaises musicales entre les libéraux de droite et de gauche. Néanmoins, on observe un phénomène intéressant en Irlande, l'un des pays les plus touchés aujourd'hui par le wokisme et l'immigration (et tout cela en l'espace de quelques années, trop vite). Cinq nouveaux partis nationalistes se présentent aux élections, ce qui pourrait entraîner un revirement politique intéressant à l'avenir.

Italie : En Italie, le seul changement significatif est le renforcement de Fratelli d'Italia au détriment de la Lega. Meloni a obtenu 29% des voix et 24 sièges, devant les 21 sièges du PD, parti de gauche. Les Frères d'Italie sont un parti libéral-conservateur, avec un certain discours anti-immigration, mais tout le monde a constaté à quel point le parti a trahi ses promesses après son arrivée au pouvoir. Néanmoins, certains continuent à attendre positivement l'opportunisme de Meloni.

Luxembourg : Dans la micronation d'Europe centrale, les sociaux-démocrates ont remplacé les Verts, et un parti nationaliste, l'Alternative démocratique, a obtenu un siège.

Malte : Pas de changement significatif, les sociaux-démocrates s'affaiblissent au profit des libéraux-conservateurs.

Pays-Bas : Les Pays-Bas ont vu la progression du Parti de la liberté de Geert Wilders, qui a obtenu 17% des voix, contre 3% auparavant, et a remporté six sièges au Parlement européen. Ce parti, atlantiste et sioniste, a réussi à se développer au détriment du Forum pour la démocratie de Thierry Baudet, qui a une ligne plus continentale et critique même le sionisme.

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Pologne : En Pologne, les libéraux-conservateurs et les sociaux-démocrates woke se sont effondrés au profit du libéralisme libertaire de la Plate-forme civique, qui gouverne actuellement le pays. Mais les nationalistes polonais de la Confédération sont passés de 5% à 12%, entrant au Parlement européen avec six sièges. La Confédération est un parti national-conservateur typique, qui n'exclut pas les positions russophobes, mais qui est plus rationnel que la moyenne des politiciens polonais.

Portugal : Au Portugal, le Bloc de gauche et le parti socialiste CDU ont fait naufrage. Le parti Chega, qui est libéral-conservateur, anti-immigration, sioniste et atlantiste, a progressé avec 10% des voix et a obtenu deux sièges.

Roumanie : En Roumanie, phénomène étonnamment positif, avec l'émergence de l'Alliance pour l'Union des Roumains, qui suit une ligne nationale-populaire, russophile, anti-immigration et conservatrice, avec 15% des voix (4 ou 5 sièges, ce n'est pas encore défini), devenant une deuxième force politique nationale.

Slovaquie : Les anciennes forces politiques slovaques se sont dissoutes et le paysage politique indique une polarisation entre les "progressistes" (atlantistes) et les patriotes de Fico, représentés par deux partis qui ont obtenu ensemble 31% des voix et six sièges.

Slovénie : Renforcement des conservateurs atlantistes qui passent de 2 à 4 sièges au détriment des écolos.

Espagne : En Espagne, le PP atlantiste a retrouvé son élan politique, progressant de 15 points, et Vox (également libéral et atlantiste, avec des factions minoritaires divergentes) a progressé lentement et inexorablement, avec 10% et 6 sièges.

Suède : En Suède, on assiste à un échec important des Démocrates de Suède nationalistes, qui ont abandonné une vieille ligne continentaliste au profit de l'atlantisme. Les Suédois sont alors simplement revenus aux partis pour lesquels ils avaient voté auparavant.

De Zemmour à Malraux (le crépuscule culturel)

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De Zemmour à Malraux (le crépuscule culturel)

Nicolas Bonnal

On va reparler de la liquidation de la France sous De Gaulle. Et c’est Zemmour qui nous a montré la voie dans sa très bonne Mélancolie française que l’on pourrait ainsi définir : une fois qu’on a dépassé le stade de l’inépuisable mythologie française (Vercingétorix-Clovis-Jeanne-Richelieu-Louis-Napoléon-Général-etc.), que reste-t-il de concret ? Dans le même genre curatif il faut redécouvrir le livre d’entretiens de René Girard sur Clausewitz, qui dénonce le désastre napoléonien sur le long terme (Marx n’avait pas suffi…).

On commence par un rappel des extraordinaires Entretiens de Michel Debré: « une impulsion a été donnée pour permettre à Malraux de créer des maisons de la culture, moyennant quoi toutes les maisons de la culture, ou à peu près, sont des foyers d’agitation révolutionnaire (Entretiens, p. 145) ».

Merci de rappeler les origines réelles de mai 68 : elles sont essentiellement culturelles et non conspiratives. Souvent la culture mène au chaos en France (1789-1830-1848…).

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Dans sa Mélancolie française, Éric Zemmour évoque courageusement le caractère méphitique de la politique culturelle de Malraux. Et cela donne, sur fond d’étatisme culturel-financier et de messianisme cheap (France, lumière du monde, terre de la liberté, etc.):

« En 1959, le général de Gaulle offrit à son « génial ami », André Malraux, un ministère de la Culture à sa mesure, sur les décombres du modeste secrétariat aux Beaux-Arts de la IVe République. Dans l’esprit de Malraux, la France devait renouer avec son rôle de phare révolutionnaire mondial, conquis en 1789 et perdu en 1917 ; devant en abandonner les aspects politiques et sociaux à l’Union soviétique et aux pays pauvres du tiers-monde, elle consacrerait toute son énergie et tout son talent à propager la révolution mondiale par l’art. »

France nouvelle URSS : un peu ironique, Éric ? Voyez donc :

«  Nouveau Monsieur Jourdain, Malraux faisait du « soft power » sans le savoir. »

Et de rappeler le rôle prestigieux de ce pays (l’ancienne France donc) jusqu’alors sans « ministère de la culture » :

« La France ne manquait pas d’atouts. Dans la première moitié du XXe siècle encore, Paris demeurait la capitale mondiale de la peinture moderne ; le cinéma français fut le seul (avec l’allemand) à résister au rouleau compresseur d’Hollywood, et les grands écrivains américains venaient en France humer l’air vivifiant de la première puissance littéraire. « Il n’y a qu’une seule littérature au monde, la française », plastronnait alors Céline. Dans les années 1960 encore, la chanson française – Aznavour, Brel, Brassens, Ferré, Barbara, Bécaud, etc. – s’avérait la seule à tenir la dragée haute à la déferlante anglo-saxonne partout irrésistible par l’alliage rare de talents exceptionnels et de puissance commerciale et financière. »

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J’en ai parlé de tout cela, notamment dans mon livre sur la comédie musicale américaine, genre qui vouait un culte à la ville-lumière : voyez deux chefs-d’œuvre comme Un américain à Paris ou Drôle de frimousse, sans oublier Jeune, riche et jolie, avec Danièle Darrieux. Tout cela disparait en…1958. Voyez aussi la Belle de Moscou de Mamoulian, qui se passe au Ritz. Paris meurt dans les sixties (voyez ici mon texte sur Mattelart).

Car les ennuis commencent sous De Gaulle :

« De Gaulle ne pouvait qu’être séduit ; il laissa la bride sur le cou à son glorieux ministre. Pourtant, le Général, par prudence de politique sans doute, sens du compromis avec les scories de l’époque, « car aucune politique ne se fait en dehors des réalités », amitié peut-être aussi, ne creusa jamais le malentendu qui s’instaura dès l’origine entre les deux hommes. »

Mais Zemmour souligne les différences :

« De Gaulle était, dans ses goûts artistiques, un « ancien » ; il écrivait comme Chateaubriand, goûtait la prose classique d’un Mauriac bien davantage que celle torrentielle de son ministre de la Culture ; il préférait Poussin à Picasso, Bach à Stockhausen. La France était pour lui l’héritière de l’Italie de la Renaissance, et de la conception grecque de la beauté. »

Malraux c’est autre chose :

« Malraux, lui, était un « moderne » ; hormis quelques génies exceptionnels (Vermeer, Goya, Rembrandt), il rejetait en vrac l’héritage classique de la Renaissance, et lui préférait ce qu’il appelait « le grand style de l’humanité », qu’il retrouvait en Afrique, en Asie, au Japon, en Amérique précolombienne. Il jetait pardessus bord la conception gréco-latine de la beauté et de la représentation, « l’irréel », disait-il avec condescendance, et remerciait le ciel, et Picasso et Braque, de nous avoir enfin ramenés au « style sévère » des grottes de Lascaux ou de l’île de Pâques. La révolution de l’art que porterait la France serait donc moderniste ou ne serait pas. »

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Malraux (que plus personne ne lit) saccage le jardin à la française et va jeter les froncés dans les bras musclés de la sous-culture US :

« Loin de créer un “contre-modèle” solide et convaincant au marché capitaliste de l’entertainment, comme les gaullistes et les marxistes français l’espérèrent de Malraux ministre et de ses successeurs socialistes, la politique culturelle inaugurée par l’auteur des Voix du silence parvenu au pouvoir, en d’autres termes la démocratisation du grand art du modernisme, s’est révélée, au cours de son demi-siècle d’exercice, un accélérateur de cela même qu’elle se proposait d’écarter des frontières françaises : l’afflux d’une culture de masse mondialisée et nivelée par le bas et le torrent des images publicitaires et commerciales déracinant tout ce qui pouvait subsister en France, dans l’après-guerre 1940-1945, de vraie culture commune enracinée comme une seconde nature par des siècles de civilisation. […] »

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On se rapproche de la phrase : « il n’y a pas de culture française » de Macron. Et Zemmour mélancolique  cite alors Marc Fumaroli, auteur de l’Etat culturel :

« Pour Fumaroli, l’Amérique ne pouvait pas perdre ce duel autour de l’« art moderne », qu’elle incarnait presque d’évidence, par sa puissance industrielle, ses gratte-ciel, son vitalisme économique et scientifique. La France de Malraux, au lieu de rester sur ses terres d’excellence de l’art classique, des mots et de la raison (héritées de Rome), vint jouer sur le terrain de l’adversaire, des images et des noces ambiguës de la modernité avec l’irrationnel primitif, même rebaptisé « premier ». L’échec était assuré. »

Entre cette culture déracinée, les villes nouvelles, la société de consommation (voir Baudrillard-Debord…), les autoroutes, le métro-boulot-dodo et la télé pour tous (voyez la vidéo de Coco Chanel…), on se demande ce qui pouvait rester de français à la fin de la décennie gaullienne : les barricades et les Shadocks ?

Lectures complémentaires:

https://www.amazon.fr/M%C3%A9lancolie-fran%C3%A7aise-Eric...

https://www.dedefensa.org/article/mattelart-les-jo-et-la-...

https://www.dedefensa.org/article/la-destruction-de-la-fr...

https://www.dedefensa.org/article/debre-et-le-general-fac...

https://www.amazon.fr/com%C3%A9die-musicale-am%C3%A9ricai...

L'Inde se lance dans un nouveau plan quinquennal

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L'Inde se lance dans un nouveau plan quinquennal

Leonid Savin

La position de Modi s'est affaiblie, mais il peut encore mener l'Inde sur le droit chemin de l'histoire

Au début du mois de juin, l'Inde a conclu des élections législatives qui ont duré environ deux mois. Le dépouillement des votes a été relativement rapide et il est apparu que le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), avait perdu un nombre important de sièges par rapport aux dernières élections, il y a cinq ans, passant de 303 à 240 sièges sur les 543 que compte le parlement.

Par ailleurs, pour la première fois en 15 ans, le parti du Premier ministre Narendra Modi n'a pas réussi à remporter la majorité des sièges dans l'État le plus peuplé de l'Inde, l'Uttar Pradesh, qui est une vitrine pour les élections nationales. Il convient de noter qu'il s'agit du centre de la foi de la majorité de la population indienne, qui soutient largement le programme nationaliste hindou de Modi.

Au cours de la dernière décennie, il a représenté l'électorat de base du BJP. Le parti n'y a remporté que 33 sièges, contre 43 pour l'opposition.

Le Premier ministre lui-même a remporté son siège dans l'État représentant la ville sainte hindoue de Varanasi : avec seulement 152.000 voix, contre près d'un demi-million il y a cinq ans.

Le candidat du BJP a également perdu dans la circonscription représentant Ayodhya, bien que Modi y ait inauguré en janvier de cette année un temple hindou qui sème la discorde, construit sur le site de la mosquée historique de Babri qui a été démolie.

Alors pourquoi Modi, qui compte de grands oligarques dans son entourage, tout en utilisant une rhétorique populiste assez intelligente qui inclut la politique étrangère, a-t-il abandonné cette fois-ci ?

Une spirale descendante

Il y a plusieurs raisons à cette chute.

Tout d'abord, nous pouvons nous souvenir de l'époque du cocovid, où de sérieuses restrictions ont été imposées au pays. 

Deuxièmement, les tentatives infructueuses de modification de la législation sur l'agriculture, qui ont entraîné des protestations massives de la part des agriculteurs. 

Troisièmement, et c'est le plus important, à cause de la lutte pour les alliances.

Alors qu'auparavant les partis d'opposition étaient en concurrence les uns avec les autres, cette fois-ci, une coalition a été formée sous le nom d'I.N.D.I.A. De ce fait, le BJP a dû faire face à des rivaux plus forts dans un certain nombre d'États. Lors des élections de ce groupe, le Congrès national indien a remporté 99 sièges, le Parti Samajwadi 37, le Congrès Trinamool de l'Inde 29, le Dravida Munnetra Kazhagam 22, et des partis plus petits moins d'une douzaine.

Le BJP dispose également d'une coalition appelée National Democratic Alliance (NDA). Le BJP a obtenu 240 sièges, le Telugu Desam 16, le Janata Dal (United) 12 et d'autres encore ont obtenu un seul siège.

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Si nous examinons la carte électorale de l'Inde sur la base des résultats des élections, nous constatons une intermittence où les préférences des électeurs changent radicalement d'un État à l'autre et d'un district à l'autre. Seule la partie centrale du pays représente un ensemble de partisans de droite avec de petites inclusions de l'opposition. Dans le sud (Tamil Nadu), au Bengale occidental (fief traditionnel de la gauche) et dans les États chrétiens de Goa et du Kerala, l'I.N.D.I.A. domine.

Les critiques et les organisations de défense des droits de l'homme ont également accusé Modi d'avoir intensifié sa rhétorique anti-musulmane pendant sa campagne électorale, dans le but de mobiliser la majorité hindoue. Lors de ses rassemblements, il a qualifié les adeptes de l'islam de "lakhs" et a affirmé que le principal parti d'opposition, le Congrès indien, redistribuerait la richesse nationale en leur faveur s'il gagnait.

Mais cette stratégie n'a pas réussi à attirer les électeurs hindous du côté du BJP, tout en renforçant le soutien des minorités à l'opposition.

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Il existe également d'autres nuances régionales. Par exemple, dans l'État du Jammu-et-Cachemire (également revendiqué par le Pakistan), le BJP a gagné dans les circonscriptions à majorité hindoue de Jammu et d'Udhampur. Dans la vallée du Cachemire, le BJP a refusé de participer aux élections, anticipant une défaite, et n'a soutenu que ses alliés - la People's Conference, l'Apni Party et le Democratic Progressive Party of Azad. Mais même ces derniers ont obtenu des résultats médiocres et aucun candidat de ces partis n'a gagné.

La raison en est qu'en 2019, Modi a annulé l'article 370 de la constitution indienne, privant ainsi le Jammu-et-Cachemire de son autonomie. Anticipant des manifestations de masse, le gouvernement a emprisonné des dirigeants et des militants politiques, coupé Internet pendant des mois et réduit les médias au silence en arrêtant des dizaines de journalistes et en appliquant les lois antiterroristes.

Les élections générales ont donc été une sorte de marqueur de l'état d'esprit du public cachemiri après l'abrogation de l'article 370. Étant donné que le taux de participation a été supérieur à 50 % et que les partisans de la sécession n'ont pas appelé au boycott des élections, on peut conclure que cette participation était "largement motivée par le désir de montrer à New Delhi qu'ils ne sont pas d'accord avec l'abrogation de l'article 370" et que "les Cachemiris veulent utiliser les urnes pour exprimer leur colère contre le Bharatiya Janata Party".

Il est également significatif que Sheikh Abdul Rashid, un ancien membre de l'assemblée législative de l'État du Cachemire du Nord connu sous le nom d'"ingénieur Rashid" de Baramulla, ait remporté l'élection. Il avait auparavant ouvertement appelé au séparatisme et est emprisonné depuis 2019 dans une affaire de financement du terrorisme. Rashid a battu l'ancien ministre en chef du territoire, Omar Abdullah, qui, après le décompte des voix, a déclaré : "Je ne pense pas que sa victoire accélérera sa sortie de prison et que les habitants du nord du Cachemire n'obtiendront pas la représentation à laquelle ils ont droit."

Un autre candidat qui a remporté l'élection, Sarabjit Singh Khalsa, est le fils du père de l'ancien membre de la sécurité Indira Gandhi. C'est lui qui, avec un complice, l'a abattue en 1984 en représailles d'une attaque contre un sanctuaire sikh.

Dans l'État à majorité sikh du Pendjab, l'idéologue d'un État sikh indépendant, le Khalistan, Amritpal Singh, qui est également emprisonné à Assam et inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, a remporté la victoire.

Tous ces éléments sont autant de signaux d'alarme pour Modi et les partisans de l'unité indienne.

Choix de l'orientation

Néanmoins, la victoire de Narendra Modi a été reconnue. Après avoir été élu à l'unanimité chef de l'Alliance démocratique nationale (coalition de partis de droite en Inde), chef du BJP à la Lok Sabha (Parlement) et chef du bureau du parti parlementaire du BJP, la présidente Draupadi Murmu l'a invité à prêter serment le dimanche 9 juin. Après la prestation de serment, il doit encore se soumettre à un vote de confiance obligatoire au sein du parlement nouvellement constitué.

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Entre-temps, au sein du BJP, il y a une opposition à Modi. Il s'agit de son collègue du Maharashtra, le ministre des transports routiers Nitina Gadkari (photo), qui est considéré comme une future alternative au Premier ministre. 

Auparavant, dans son État, il a été président du BJP avant de devenir président national du parti.

Lorsque tout le monde s'est levé pour accueillir le Premier ministre dans la salle centrale du Parlement la semaine dernière, M. Gadkari ne s'est pas levé de son siège, ce qui a été considéré comme un défi ouvert à M. Modi. Et maintenant, même au niveau narratif, ce n'est plus un gouvernement Modi, mais un gouvernement NDA, puisque le BJP n'a pas réussi à obtenir la majorité à lui tout seul. Les observateurs ont des points de vue différents sur l'avenir politique de l'Inde.

Mohamed Zeeshan, chroniqueur pour The Diplomat, estime que "durant le précédent mandat de Modi, l'Inde s'est effectivement détachée de l'ordre international libéral. Alors que Modi concentrait le pouvoir à New Delhi et cherchait à faire accepter le nationalisme hindou par le monde entier, l'Inde s'est fortement éloignée des normes occidentales en matière de démocratie, de droits de l'homme et de droit international.

Le puissant nationalisme de Modi l'a conduit à mener une politique étrangère plus risquée, notamment en tentant de persécuter les dissidents à l'étranger et de surveiller la diaspora. L'affaiblissement des institutions démocratiques en Inde a également mis New Delhi sur le pied de guerre contre les institutions multilatérales qui, selon Modi, sont dominées par les normes occidentales".

Tout cela, selon l'auteur, a réduit les lignes de contact entre l'Inde et l'Occident, alors même que New Delhi commence de plus en plus à parler de paix dans les termes utilisés par Pékin et Moscou. Il reste à voir comment le nouveau gouvernement abordera ces questions. Mais on peut raisonnablement penser que la poursuite de bon nombre de ces politiques controversées sera plus difficile maintenant que Modi doit compter sur le soutien d'alliés qui ne partagent pas sa vision nationaliste hindoue du monde".

Le chroniqueur de Pakistan Tribune, Shahzad Chaudhry, déclare : "Sur le plan géopolitique, Modi a réussi à faire entrer l'Inde dans la cour des grands, si ce n'est dans le haut du tableau. La combinaison de décennies de développement socio-économique et d'une diaspora très prospère a permis de surmonter l'inertie de la banalité. Modi s'en est servi comme d'un levier pour faire de la place à l'Inde. Il reste à voir comment il transformera cette opportunité en héritage - l'Inde n'est pas exempte de défauts et de conflits dans la région, en particulier au Cachemire -".

La seule autre possibilité, du point de vue pakistanais, est que l'Inde suive la voie de la Chine, qui consiste à préserver ses gains économiques, à sortir davantage de personnes de la pauvreté, à renforcer sa capacité économique et sa position, et à reporter la plupart des questions géopolitiques à une date ultérieure, à moins qu'il n'y ait une possibilité d'atteindre des objectifs géostratégiques sans déclencher une guerre.

De cette manière, l'Inde peut accroître son poids stratégique en termes géopolitiques et "elle est susceptible de devenir la troisième plus grande économie d'ici 2030, ce qui ne peut que renforcer sa position dans le monde".

Avec un net penchant pour la multipolarité, il est clair que l'Inde devra compter en premier lieu avec la Chine, mais aussi avec ses voisins. En ce qui concerne les relations avec la Russie, il est peu probable que le rééquilibrage du parlement et du nouveau gouvernement conduise à un changement de cap. L'Inde, quelle que soit la personne à la tête du pays, est intéressée par le développement des relations avec la Russie dans de nombreux domaines.

Par ailleurs, il existe dans ce pays un lobby pro-américain, dont une partie importante est présente parmi les militaires, qui justifie la coopération avec Washington par les menaces hypothétiques de la Chine et du Pakistan. Toutefois, les militaires devraient également reconnaître que la configuration politique est en train de changer, que les États-Unis sont loin, tandis que les principales forces des BRICS+, qui façonnent actuellement l'ordre du jour futur, sont proches, et qu'avec les membres de cette association, elles devront déterminer l'ordre mondial.

Source : https://regnum.ru 

Le sénateur américain Graham ne veut pas laisser la "mine d'or" qu'est l'Ukraine à la Russie et à la Chine

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Le sénateur américain Graham ne veut pas laisser la "mine d'or" qu'est l'Ukraine à la Russie et à la Chine

La guerre en Ukraine est une question d'intérêts économiques américains solides

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/us-senator-graham-wollen-goldgrube-ukraine-nicht-russland-und-china-ueberlassen/

Selon le récit occidental, le soutien à l'Ukraine a pour but de défendre les "valeurs" occidentales et la "démocratie". Ceux qui croient cela sont soit de bonne foi, soit des imbéciles. La guerre par procuration menée par l'OTAN contre la Russie en Ukraine sert plutôt les intérêts géopolitiques des États-Unis et les intérêts économiques les plus solides de Washington.

Lindsey Graham a confirmé dans l'émission "Face the Nation" de la chaîne CBS qu'il ne s'agissait pas d'une "théorie du complot" lancée par des "pseudo-poutinistes". Selon la transcription, l'influent sénateur de Caroline du Sud, qui se pose régulièrement comme un belliciste, a déclaré : "Les Ukrainiens sont assis sur dix à douze milliards de dollars de minéraux importants dans leur pays. Ils pourraient être le pays le plus riche de toute l'Europe. Je ne veux pas laisser cet argent et cette fortune à Poutine pour qu'il les partage avec la Chine. Si nous aidons l'Ukraine maintenant, elle peut devenir le meilleur partenaire commercial dont nous ayons jamais rêvé". Partenaire commercial pour les sociétés minières américaines, sans nul doute.

Et le républicain de poursuivre : "Ces dix à douze milliards de dollars de ressources naturelles importantes pourraient être utilisés par l'Ukraine et l'Occident, plutôt que d'être donnés à Poutine et à la Chine. La façon dont l'Ukraine sortira de sa situation actuelle est très importante. Aidons-les à gagner une guerre que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre. Trouvons une solution à cette guerre. Car ils sont assis sur une mine d'or. Donner à Poutine dix ou douze milliards de dollars pour des minéraux importants qu'il va partager avec la Chine est ridicule".

L'Ukraine possède d'importants gisements de minerai de fer et de titane, de lithium et de charbon. Le minerai de titane est d'une immense importance pour la construction de moteurs et de turbines, la technologie énergétique ainsi que l'aérospatiale et l'aviation, et le lithium pour la fabrication de batteries pour les voitures électriques.

jeudi, 13 juin 2024

Washington contre l'Inde. Même lorsque New Delhi est en concurrence avec Pékin...

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Washington contre l'Inde. Même lorsque New Delhi est en concurrence avec Pékin...

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/washington-contro-lindia-anche-quando-nuova-delhi-fa-concorrenza-a-pechino/

Être stupide n'est pas un défaut indispensable, mais cela aide pour se hisser au sommet des institutions américaines. Andrea Marcigliano a rappelé hier le nouveau front ouvert par Washington contre New Delhi, coupable d'avoir conclu un accord avec l'Iran pour le développement d'un port iranien qui renforcera les relations commerciales entre les deux pays. L'Inde, parmi les pays du groupe Brics, est le plus engagé à maintenir de bonnes relations avec l'Occident collectif, mais pour les idiots qui conseillent Biden, cela n'a pas suffi. Et puisqu'ils sont les "gentils", ils peuvent aussi menacer de sanctions leurs amis.

Après tout, la mission de Washington est d'exporter la démocratie et la civilisation, même avec des bombes mais, à ce stade, surtout avec des sanctions.

Si les conseillers de Biden étaient moins idiots et ignorants, ils auraient réalisé que l'accord Iran-Inde est conçu pour concurrencer un accord similaire entre la Chine et le Pakistan. Accord sino-pakistanais qui, en théorie, devrait inquiéter Washington au plus haut point. Mais lorsque l'arrogance s'ajoute à la stupidité, il devient difficile de ne pas faire de dégâts. Ainsi, pour punir Modi, les Etats-Unis sont intervenus dans la campagne électorale indienne, dans une campagne électorale qui a duré plusieurs semaines. Ils n'ont pas réussi à modifier le résultat final, mais ils ont considérablement réduit le succès escompté de Modi. L'Union indienne devra maintenant décider si elle s'aligne sur l'avertissement ou si elle pense à se venger.

Quoi qu'il en soit, les relations commerciales dans la région se poursuivront et ne se limiteront pas à l'Iran et à l'Inde ou à la Chine et au Pakistan.  En effet, dans les deux cas, les pays d'Asie centrale, jusqu'à la Russie et la Turquie, seront concernés. Et ce n'est pas la stupidité des têtes pensantes qui gravitent autour de M. Biden qui freinera un processus irréversible. Qui, soit dit en passant, a déjà commencé à impliquer l'Afghanistan des talibans. Un nouveau succès de l'arrogance américaine.

La guerre des narratifs

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La guerre des narratifs

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerra-di-narrazioni/

La guerre se joue à plusieurs niveaux. Il y a l'opposition des hommes, des armes... et celle des narratifs.

Et les narratifs qui s'opposent sont... influents. Ils ne sont pas seulement des mots. Mais des textes, des films, des récits qui motivent, qui expliquent. Qui affectent. Car les mots sont des pierres. Et des armes.

Et la guerre, surtout la guerre moderne, est avant tout une guerre psychologique. Le Viêt Nam l'a prouvé. Les États-Unis n'ont pas été vaincus par les armes de leur ennemi, mais par l'effondrement de l'opinion publique nationale. Un effondrement moral et psychologique.

Aujourd'hui, dans le conflit russo-ukrainien, deux narratifs partisans et différents s'opposent. Absolument antithétiques et inconciliables l'un avec l'autre.

Pour la partie ukrainienne, et pour l'OTAN, nous sommes confrontés à une agression russe, motivée uniquement par la volonté d'un dictateur impitoyable, avide de reconquérir l'empire qui était autrefois l'URSS.

Une agression qui constituerait la première étape d'une attaque contre l'ensemble de l'Occident. Car Poutine est, nous dit-on, le nouvel Hitler. Comme cela a été souligné et proclamé du haut de la chaire, récemment, en Normandie. Lors des célébrations pompeuses du jour J.

Du côté russe, l'opération spéciale - car le mot guerre n'est jamais utilisé - a été rendue nécessaire par les massacres de civils russes dans le Donbass par les milices nazies de Kiev. Parce que Zelenski est un nazi - bien qu'issu d'une famille juive - et que les nazis sont ses bailleurs de fonds et ses soutiens étrangers. Tout comme George Soros, juif d'origine hongroise.

Dans les deux récits, il y a quelques noyaux de vérité, cependant falsifiés par une pléthore de mensonges. Il est vrai que la Russie a envahi l'Ukraine. Mais il est également vrai qu'il y a eu un nettoyage ethnique dans le Donbass et que Kiev a totalement ignoré les accords de Minsk. Avec le soutien de Washington et du collectif occidental.

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En réalité, ce conflit ne représente que la dernière étape (pour l'instant) d'une longue guerre entre Washington et Moscou. Elle a commencé immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dont le premier acte a été le plan dit Marshall.

Cette guerre est d'ailleurs l'héritière directe du Grand Jeu qui oppose depuis trois siècles les empires russe et britannique. L'empire américain en est l'héritier direct.

Le nazisme et Hitler n'y sont pour rien, pas plus que les choux. Ils ont été liquidés par les deux rivaux historiques, Moscou et Washington, qui voyaient en eux une menace pour leurs intérêts et leurs objectifs.

Pour des raisons différentes, bien sûr.

La Russie parce qu'elle voyait sa primauté sur l'Eurasie menacée par la croissance et l'expansion allemandes.

Les États-Unis, parce qu'ils voyaient dans l'Allemagne hitlérienne un rival économique redoutable. Capable de les exclure du marché européen.

Mais Hitler était mauvais... oui, mais s'il avait été le dictateur du Gabon, personne n'aurait pris la peine de lui faire la guerre.

Et la Seconde Guerre mondiale aurait eu lieu même si la NSDAP n'avait pas été au pouvoir en Allemagne.

Aujourd'hui, l'accusation d'être nazi portée contre l'ennemi est réciproque. Et, dans les deux cas, instrumentale. Les causes et les objectifs du conflit sont tout à fait différents. Et bien plus anciens. Cependant, cette diabolisation de l'ennemi, par le biais de récits opposés, rend toute forme de règlement extrêmement difficile. On peut négocier la paix avec quelqu'un dont les raisons sont différentes des nôtres, mais néanmoins acceptables.

Pas avec l'incarnation du Mal absolu.

Et, en cela, il faut reconnaître que Poutine maintient, avec une certaine sagesse, deux niveaux différents de narration.

L'un, plus enflammé, pour maintenir le front intérieur contre l'"agression nazie". Il l'incite à la nouvelle grande guerre patriotique.

L'autre, tourné vers l'extérieur, plus... diplomatique. Ouverte à la négociation et visant à éviter l'affrontement frontal.

Mais sur le front opposé, le récit apparaît presque univoque et monolithique. Poutine est Hitler. Il est le Mal et doit être anéanti avec toute la Russie. C'est un point final.

Il n'y a aucun espoir de négociation.

Du moins pour l'instant.

21:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : narratifs, actualité, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Colonel Gerold Otten : « L'intérêt de l'Allemagne, c'est d'obtenir la fin de la guerre en Ukraine »

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Colonel Gerold Otten : « L'intérêt de l'Allemagne, c'est d'obtenir la fin de la guerre en Ukraine »

Source: https://www.pi-news.net/2024/06/otten-deutschlands-interesse-muss-es-sein-ein-ende-des-ukraine-krieges-zu-erreichen/

Gerold Otten est colonel de réserve et a travaillé à l'école des officiers de la Luftwaffe à Fürstenfeldbruck.

Gerold Otten, membre du Bundestag pour l'AfD, représentait son parti à la réunion de printemps de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN qui s'est tenue à Sofia du 24 au 27 mai et au cours de laquelle la Déclaration 489 « Standing with Ukraine until Victory » a été adoptée. PI-NEWS s'est entretenu avec l'ex-colonel de l'AfD au sujet de cette réunion et des tensions géopolitiques actuelles.

PI-NEWS : Vous avez été le seul délégué à Sofia à voter contre la Déclaration 489. Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?

GEROLD OTTEN : La déclaration est de facto un chèque en blanc pour l'Ukraine ! Le document ne précise pas non plus ce qu'il faut entendre par une "victoire de l'Ukraine" et surtout comment celle-ci doit être obtenue militairement. Les exigences maximales de l'Ukraine concernant le rétablissement total du statu quo ante bellum, c'est-à-dire de la situation d'avant 2014, ne sont pas non plus réalistes à mon avis.

Dans vos déclarations, vous insistez sur la nécessité d'une politique souveraine pour l'Allemagne. Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là et comment cela pourrait être mis en œuvre dans le contexte des décisions de l'OTAN sur la crise ukrainienne ?

La question fondamentale pour les décisions en matière de politique de défense et de sécurité devrait toujours être la suivante : Qu'est-ce qui va dans l'intérêt de l'Allemagne ? Je représente ici la Realpolitik, qui, en cas de conflit, mise sur des solutions négociées, un équilibre des intérêts et des compromis. Dans ce contexte, une politique « guidée par des valeurs », telle que la promeut le gouvernement fédéral, est totalement inutile et contre-productive, voire même dangereuse ! L'intérêt de l'Allemagne doit être de mettre fin à la guerre et d'instaurer un ordre d'après-guerre qui limite également la potentialité de tout conflit futur !

La tentative des pays de l'OTAN de vouloir décider de la guerre par une "paix victorieuse" en Ukraine, c'est, à mon avis, jouer avec le feu et ne vas certainement pas dans l'intérêt de l'Allemagne.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a demandé la levée des restrictions sur l'utilisation des systèmes d'armes occidentaux afin de pouvoir également attaquer des cibles en Russie. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Je pense que cette décision est mauvaise. D'un point de vue militaire, elle vise à réduire la pression sur les forces armées ukrainiennes en difficulté. Il est toutefois plus que douteux qu'elle y parvienne. En revanche, sur le plan politique, une telle décision suscite des réactions de la part de la partie adverse. Depuis le début de la guerre, nous assistons à une spirale d'escalade incessante. Ce qui était exclu hier est devenu réalité aujourd'hui. Où cela va-t-il s'arrêter ? Au sein du gouvernement fédéral, personne ne semble s'interroger sur le prix qu'il peut en coûter à l'Allemagne de vouloir obtenir une « paix victorieuse » en Ukraine.

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Stoltenberg a également souligné que l'OTAN ferait tout son possible pour empêcher une extension de la guerre aux pays de l'OTAN. Voyez-vous une contradiction à ce niveau dans son discours ? Si oui, comment pensez-vous que l'OTAN devrait adapter sa stratégie ?

Il y a une contradiction évidente : d'un côté, il faut empêcher l'escalade du conflit. Mais dans le même temps, les limites actuellement imposées à l'utilisation des armes, qui ont été livrées, sont supprimées, légitimant ainsi les attaques sur le territoire russe. Les pays de l'OTAN devraient changer complètement de stratégie pour éviter une extension de la guerre. Les livraisons d'armes non conditionnées à l'Ukraine ainsi que les autres soutiens logistiques et financiers doivent être progressivement supprimés et des pressions doivent être exercées sur l'Ukraine pour qu'elle s'engage enfin sans réserve dans des négociations en vue d'un cessez-le-feu.

La déclaration 489 demande la poursuite des livraisons d'armes à l'Ukraine, mais ne définit pas clairement ce que signifierait une 'victoire' de l'Ukraine. Comment interprétez-vous un telle 'victoire' et quels risques voyez-vous dans cette définition peu claire ?

Du point de vue de l'Ukraine, la 'victoire' signifie le rétablissement complet de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Du point de vue ukrainien, cela signifierait donc le retour aux frontières d'avant 2014, y compris la Crimée. C'est là aussi que réside le risque. En tentant d'envahir la Crimée, la Russie franchirait la ligne rouge. Il y aurait un risque d'escalade incalculable.

Le président Zelensky a qualifié la Russie d'État terroriste et a affirmé que la Russie n'utiliserait les cessez-le-feu que pour s'armer. Comment évaluez-vous cette déclaration et quel est son impact sur les efforts de paix internationaux ?

Avec une telle propagande, Zelensky tente de conserver à son profit le soutien militaire et financier de l'Occident. C'est une question de survie pour lui et son régime. En diffamant la Russie comme un "État terroriste", ce qui vaut donc aussi pour le président Poutine, ce dernier est perçu comme partenaire inacceptable dans les négociations et pourparlers de paix et tous les efforts en vue d'établir la paix sont ainsi torpillés.

Vous avez souligné que l'AfD poursuit une perspective à long terme pour les intérêts de l'Allemagne. Quelles mesures proposez-vous pour protéger ces intérêts tout en garantissant la sécurité internationale ?

L'Allemagne doit d'abord retrouver une capacité de défense. C'est l'élément clé de la protection des intérêts de l'Allemagne. L'Allemagne contribuerait ainsi de manière significative à la sécurité internationale, notamment en raison de son potentiel de dissuasion.

Comment jugez-vous la position actuelle de l'OTAN dans son ensemble, notamment en ce qui concerne l'équilibre entre le soutien à l'Ukraine et l'évitement d'un conflit direct avec la Russie ?

C'est un exercice d'équilibre. L'OTAN est tiraillée entre les intérêts des différents pays membres. D'un côté, il y a les États qui, en interne, cherchent de plus en plus d'autres solutions que celle de soutenir toujours davantage l'Ukraine en lui envoyant des armes, voire en lui envoyant des troupes au sol. De l'autre côté, on trouve par exemple les pays baltes et la Pologne, qui se sentent directement menacés par la Russie et demandent donc un soutien militaire aussi large que possible à l'Ukraine. L'OTAN ne doit cependant pas se laisser entraîner et répondre à de telles demandes, car elles comportent un risque d'escalade incalculable et le danger d'une confrontation directe avec la Russie.

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Quelles alternatives à la stratégie actuelle de l'OTAN proposeriez-vous pour résoudre le conflit en Ukraine ?

Une initiative internationale doit être lancée en vue de négociations de cessez-le-feu. L'OTAN, l'ONU et d'autres organisations internationales telles que l'OSCE pourraient y participer. Le conflit doit en tout cas être résolu à la table des négociations. Il n'y aura pas de victoire militaire pour l'Ukraine.

Quelle a été la réaction au sein de l'AfD et du parlement allemand à votre décision de voter contre la Déclaration 489 ? Avez-vous reçu un soutien pour votre position ?

Les réactions au sein de l'AfD ont toutes été positives. J'ai reçu beaucoup de soutien et de félicitations pour ma décision. Cependant, le Parlement allemand n'en a pas tenu compte.

Comment évaluez-vous le rôle de l'Allemagne au sein de l'OTAN, en particulier au regard des tensions géopolitiques actuelles ?

L'Allemagne a malheureusement peu d'influence au sein de l'OTAN. Bien que notre contribution financière soit très importante, l'Allemagne n'a qu'un faible poids politique en termes de décisions dans les tensions géopolitiques actuelles. Au sein de l'OTAN, ce sont toujours les États-Unis qui donnent le ton. J'estime que les chances, mais surtout la volonté, de l'Allemagne de jouer un rôle plus actif au sein de l'Alliance sont faibles.

Après une longue résistance, Berlin autorise l'Ukraine à attaquer des cibles en Russie avec des armes allemandes. Pourtant, Olaf Scholz se présente dans la campagne électorale comme un chancelier de la paix. Comment évaluez-vous cette contradiction ?

Dans cette situation, le chancelier Olaf Scholz est à mon avis un homme coincé, qui n'a qu'une faible marge de manœuvre politique. Après que le président américain Joe Biden a autorisé l'utilisation des armes livrées par les États-Unis contre la Russie, Scholz a dû lui aussi suivre le mouvement. Dans ce contexte, il sera également intéressant de voir s'il peut maintenir son refus de livrer des systèmes Taurus à l'Ukraine.

Monsieur Otten, merci beaucoup pour cette interview.

mercredi, 12 juin 2024

Conférence sur la paix : l'UDC estime que la neutralité de la Suisse est menacée

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Conférence sur la paix : l'UDC estime que la neutralité de la Suisse est menacée

Source: https://opposition24.com/politik/friedenskonferenz-svp-sieht-neutralitaet-der-schweiz-bedroht/

Le groupe UDC est préoccupé par ce qui se passe autour de la conférence du Bürgenstock des 15 et 16 juin 2024. Les efforts de paix doivent être salués dans leur principe. Il apparaît toutefois que la neutralité suisse n'est plus reconnue par toutes les parties au conflit : la Russie a déjà clairement fait savoir qu'elle ne souhaitait pas participer à la conférence du Bürgenstock.

Ce refus est une conséquence de la prise de position précipitée du Conseil fédéral après le début de la guerre en Ukraine et de l'acceptation sans réserve par la Suisse des sanctions de l'UE. En cédant à la pression internationale, le Conseil fédéral a malheureusement renoncé aux principes éprouvés de la neutralité suisse.

Le groupe UDC demande :

    - Si le processus de paix doit avoir une chance, la conférence du Bürgenstock ne doit pas se transformer en une conférence unilatérale de propagande en faveur de l'armement. Le Conseil fédéral a la responsabilité de veiller à ce que la conférence du Bürgenstock ne conduise pas à une nouvelle escalade et ne détruise pas définitivement la neutralité suisse.

    - Que toutes les parties au conflit soient impliquées et que l'on ne donne pas l'impression que la Suisse organise une conférence pour les parties adverses de la Russie. Cela serait désastreux et impliquerait encore plus la Suisse dans ce conflit. Le Conseil fédéral doit donc tout mettre en œuvre pour que la partie russe participe également à la conférence du Bürgenstock. Cela implique une invitation écrite officielle de la Russie par la Confédération.

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Par ailleurs, le groupe UDC a réaffirmé à l'unanimité que le Conseil fédéral devait revenir immédiatement aux principes éprouvés de la neutralité suisse:

    - La neutralité suisse doit être permanente et sans exception.

    - La neutralité suisse doit être armée: avec une armée capable de défendre et de protéger le pays et sa population de manière autonome en cas d'attaque.

    - La Suisse ne doit pas adhérer à des alliances militaires ou de défense.

    - La Suisse ne doit pas participer à des conflits militaires entre pays tiers.

    - La Suisse renonce à des mesures de coercition non militaires, c'est-à-dire à des « sanctions », à l'encontre d'Etats en guerre.

    - La Suisse continue à respecter ses obligations envers l'ONU.

    - La Suisse empêche les autres Etats de contourner les mesures de coercition non militaires via la Suisse.

    - La Suisse utilise sa neutralité perpétuelle pour les « bons offices » afin de prévenir et de résoudre les conflits.

    - La Suisse veut être respectée par tous les pays du monde comme un pays neutre ferme et fiable. 

Source : Déclaration du groupe UDC sur la conférence du Bürgenstock.

"Cœur de chien" de Mikhaïl Boulgakov

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Cœur de chien de Mikhaïl Boulgakov

Alexei Levkin

Source: https://counter-currents.com/2024/06/mikhail-bulgakovs-heart-of-a-dog/

9782253933144-001-T.jpegCœur de chien est une œuvre immortelle du célèbre écrivain russe Mikhaïl Boulgakov. Inscrit au programme scolaire obligatoire de la Fédération de Russie, ce petit livre peut sembler, à première vue, n'être qu'une comédie amusante de style théâtral, basée sur le désir des généticiens de la première moitié du 20ème siècle d'élever de « nouvelles espèces biologiques ». Mais au fond, ce livre extrêmement laconique est une satire cruelle de la réalité soviétique et traite du ressentiment de l'homme inférieur, animal, qui n'est pas seulement le sujet, mais aussi l'incarnation même de l'idée gauchiste.

L'histoire est celle d'une confrontation entre deux types de personnes: les Russes dignes de ce nom de la « vieille Russie » ; sinon les aristocrates, du moins les représentants de la haute société, qui sont séparés par un fossé colossal du soi-disant « prolétariat » - la foule qui festoie sur le cadavre de la Russie dans l'appartement d'un certain « bourgeois » F. P. Chabline (qui a déjà été abattu) dans la maison Kalabukhovsky sur la Prechistenka. Le porte-parole et principal idéologue de l'œuvre est une caricature qui porte le nom de Chvonder. Entre eux, semble-t-il, surgit une chose absolument merveilleuse, due au génie scientifique du professeur Preobrajensky: un chien transformé en homme.

L'animal, une fois sous forme humaine, se définit comme étant du côté de Chvonder et de ses camarades quelques semaines seulement après sa réincarnation miraculeuse, mémorisant même (et commentant même la correspondance d'Engels avec Kautsky) Marx, Engels et Lénine. Ainsi, devant le peuple de la Vieille Russie, qui tient la dernière ligne de défense contre ces experts qui tentent de tout « enlever et diviser », apparaît un personnage tout à fait exact: une créature absolument déconnectée du sens commun, mais qui, en fin de compte, est parfaitement adaptée à la nouvelle réalité soviétique. On lui trouve une place pour débarrasser la ville des chats et, apothéose de tout, à la fin du film, cette créature reçoit même une salve d'applaudissements lors d'une réunion internationale des membres du parti.

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Dans chaque scène, dans chaque son, l'un des nombreux fils se révèle, menant au dénouement de quelque chose de plus que l'intrigue du livre: la solution au phénomène du bolchevisme et, en général, à ce que l'on peut interpréter comme le « mob rule » dans sa forme la plus pure. Le génie littéraire de Boulgakov remplit les dialogues de codes culturels et en fait des unités sémantiques à part entière : un « orateur du peuple » annonce à la foule rassemblée chez Preobrajensky que la découverte du professeur est la propriété du communisme ; une créature chassant les chats et avalant de la poudre dentifrice donne des conseils à « l'échelle cosmique » sur la manière de tout diviser ; une femme en costume d'homme exprime son aversion pour le prolétariat (il s'agit en fait d'un « crime de pensée » orwellien) et déclare que le professeur doit être arrêté.

La métaphore des puces est également révélatrice ici : de la même manière qu'elles collent à Charikov, ce dernier commence à devenir un parasite sur le corps du professeur Preobrajensky, qui est également privé de la possibilité de se débarrasser simplement du parasite en le jetant à la rue. En même temps, la « socialisation » réussie de Charikov dans la société soviétique va de pair avec son humanisation complète, ce qui pourrait finalement conduire les héros de l'histoire à une fin décevante.

Peut-être Boulgakov voulait-il montrer comment Charikov, ayant achevé le processus d'évolution, s'établirait finalement dans ce monde : une sorte de triomphe d'un chien coiffé d'une casquette et armé d'un revolver chargé. Mais un tel rebondissement priverait définitivement Cœur de chien de ce sous-texte, en raison de la fin heureuse. Un simple spectateur n'y voit qu'une comédie et perçoit Charikov comme une créature tout à fait fantastique.

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D'autre part, lorsque les chirurgiens ramènent Charikov à son état animal, cela ne reflète-t-il pas le fait que Boulgakov lui-même nourrissait l'espoir qu'un jour les sujets du bolchevisme retomberaient dans l'égout d'où ils étaient sortis ? C'est d'ailleurs ce qu'affirme le professeur Preobrajensky, qui radicalise son rejet du bolchevisme au cours du film en déclarant : « Je jure que je finirai par abattre ce Chvonder ! ».

Il convient de noter que le chien symbolise le service. Il établit une analogie entre trois types de personnes et trois animaux: les moutons, les loups et les chiens. Ces derniers se révèlent avoir une mission de garde pour protéger les premiers des seconds. La même symbolique, avec l'identification du chien comme gardien, sera plus tard transférée aux ordres chevaleresques et à leur héraldique. Le chien est donc ici un zélateur de l'idéologie et sa symbolique est très claire: un zélateur du socialisme est un bâtard, et à en juger par ses pensées, il est également très mauvais (comparez-le par exemple au noble chien du « Croc blanc » de Jack London). Bien que dans le film le réalisateur ait dû utiliser un chien dressé - très joli d'ailleurs - pendant le tournage, on peut supposer que dans le projet de l'auteur, sa race était aussi ignoble que celle de cet ivrogne qui a été envoyé avec lui sur la table d'opération.

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Le livre a fait l'objet de deux adaptations cinématographiques, l'une italienne et l'autre soviétique. Si la première n'a rien d'exceptionnel - hormis le rôle du professeur Preobrajensky, interprété par le magnifique acteur suédois Max von Sydow -, l'autre, qui suit fidèlement le livre, s'est révélée être une excellente adaptation. Le seul épisode qui manque au livre de Boulgakov - lorsque, à la fin de la première partie, Charikov interprète dans l'amphithéâtre de l'université « Eh, Apple », qui est déjà devenu la carte de visite de ses semblables - ne gâche en rien l'authenticité du scénario. Cœur de chien est donc certainement le meilleur film soviétique, étant donné qu'il n'est pas du tout soviétique dans l'esprit et qu'il est entièrement basé sur le scénario d'un écrivain aristocrate russe. De ce fait, il ne s'agit pas d'un film indépendant, ce qui, dans ce cas, n'est qu'un avantage.

En revanche, le réalisateur de la version italienne a modifié le message principal de Boulgakov et a essayé de flirter avec l'humanité de Charikov (en changeant même son nom en Bobikov). Ici, le troisième personnage principal n'est pas le docteur Bromenthal, mais la servante Zinaida, interprétée par une actrice au physique expressif et magnifique, qui éprouve de la sympathie pour Charikov, et peut-être même de l'amour.

On assiste donc ici à une certaine analogie avec La Belle et la Bête, ce qui, dans le contexte de Heart of a Dog (Coeur de chien), semble tout simplement ridicule. Tout le reste est également ridicule : de belles prises de vue de la campagne italienne au lieu de la sombre Russie, une foule d'acteurs aux visages typiquement italiens, un travail de caméra trop rapide et des dialogues qui tentent de transformer un film d'art et d'essai en un film d'action. Et bien que Max von Sydow dans le rôle de Preobrajensky crée un contraste nécessaire entre lui et Charikov, il s'avère qu'il a un contraste général avec tous les autres visages à l'écran. Avec un peu d'ironie noire, cela suggère que des images telles que celle du professeur, joué par von Sydow, sont tout simplement étrangères au monde soviétique.

Poutine dénonce la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis

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Poutine dénonce la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2024/06/putin-prangert-deutschlands-abhaengigkeit-von-den-usa-an/

Lors d'une conférence de presse tenue mercredi à l'occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a profité de l'occasion pour exprimer ses critiques à l'égard de l'Allemagne et pour aborder les tensions actuelles qui sèment la discorde entre les deux pays. Poutine, qui considère l'Allemagne comme l'un des pays les plus hostiles, s'est penché de près sur les décisions politiques de Berlin et a mis en lumière les conséquences importantes qui s'ensuivront pour les relations germano-russes.

Poutine s'est montré particulièrement préoccupé par l'apparition de chars allemands en Ukraine, qu'il a qualifiée de choc moral et éthique pour la Russie. Il a souligné que la livraison de missiles à Kiev avait irrémédiablement endommagé les relations diplomatiques entre Berlin et Moscou. Pour M. Poutine, ces mesures de soutien militaire sont le signe d'une hostilité et d'une méfiance croissantes envers la Russie.

Un autre point central de sa critique était la dépendance croissante de l'Allemagne vis-à-vis des États-Unis. Poutine a fait valoir que l'Allemagne n'agissait plus de manière autonome en matière de défense et d'information et que cette dépendance limitait massivement la liberté de décision de Berlin. Selon M. Poutine, cette situation oblige la politique allemande à prendre des mesures qui ne sont pas dans l'intérêt supérieur du pays, mais qui servent plutôt les objectifs stratégiques de Washington.

En ce qui concerne les conséquences économiques des tensions politiques, M. Poutine a souligné que la rupture des relations énergétiques entre la Russie et l'Allemagne avait un effet dévastateur sur l'industrie allemande. Sans les livraisons d'énergie à bas prix de la Russie, les entreprises allemandes perdraient leur compétitivité, ce qui pourrait entraîner à long terme des dommages économiques et des pertes d'emplois considérables. 

Poutine a également établi des parallèles historiques pour étayer ses arguments. Il a mis sur le tapis le fait que l'Allemagne n'a jamais été pleinement souveraine après la Seconde Guerre mondiale et a vivement critiqué le gouvernement allemand pour avoir tacitement accepté le sabotage des gazoducs Nord Stream.

Le discours de Poutine ne met pas seulement en évidence les tensions actuelles, il laisse également entrevoir l'espoir que des changements politiques en Allemagne pourraient permettre de normaliser les relations. Le soutien à une politique plus souveraine et à des partis comme l'AfD pourrait jouer un rôle décisif à cet égard.

Poutine s'est exprimé avec une clarté et une urgence qui mettent en évidence le profond fossé entre les pays et la nécessité de revoir la politique étrangère allemande. À l'heure où l'Allemagne doit retrouver son indépendance et faire passer les intérêts de ses citoyens au premier plan, l'AfD pourrait faire office de voix de la raison et de la souveraineté nationale. Cette perspective offre une opportunité non seulement pour les relations germano-russes, mais aussi pour le renforcement de l'Allemagne sur la scène internationale.

fritz_elena.jpgQui est Elena Fritz?

La collaboratrice du site PI-NEWS Elena Fritz, est née le 3 octobre 1986, elle est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD depuis 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz:  https://t.me/global_affairs_byelena

Macron : acculé ou fin stratège ?

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Macron : acculé ou fin stratège ?

Pierre-Emile Blairon

Certains de nos lecteurs, que nous savons perspicaces, auraient tendance à répondre : les deux, mon colonel !

Pour ma part, je répondrais plutôt : ni l’un ni l’autre ; je pense qu’il suit, imperturbable (avec une constance qui suscite mon admiration) le cahier des charges qui lui a été soumis bien avant sa première investiture en tant que Président de la République française et qu’il s’y tient depuis sans faux pas, et d’une manière exemplaire, tout au moins du point de vue de ceux qui le guident, à savoir la destruction systématique de notre pays et la disparition de ses habitants par tous moyens.

Soumis par qui ? Guidé par qui ? Je suppose : par l’Etat profond étatsunien, par la CIA, par les caciques de Davos, le FMI, l’OMS, l’Otan, von der La Hyène, par les Illuminati, voire par le diable.

Pierre Cassen, déjà plus fin observateur que la plupart des commentateurs, fait une bonne analyse quand il dit qu’il ne faut surtout pas sous-estimer les talents de manipulation de Macron  ; mais, à mon avis, Pierre Cassen fait juste une petite erreur sur le degré de perversité de Macron qui est encore supérieur à ce qu’il décrit, d’une part, et, d’autre part, sur le degré d’intelligence machiavélique de ceux qui le manipulent pour qu’il nous manipule.

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On peut imaginer ce scénario : il fait représenter son parti par la gourdasse Hayer pour qu'elle fasse le score minable prévu depuis le début et il fait élire son dauphin (et celui de Davos ?), celui qui pourrait servir ses intérêts, Bardella, puis il organise de nouvelles élections législatives pour pouvoir continuer à régner en cohabitation avec le chouchou du Système, l'homme élu par une bonne partie du peuple français mais aussi... par l'Ordre mondial, quitte à modifier l’article 6 de la Constitution pour lui permettre d’exercer un troisième mandat avec l’aval du futur Premier ministre Bardella et la caution des voix de ses partisans (bernés), à savoir 7.763.665 voix.

Ce garçon est tout indiqué pour complaire aux desiderata du Système représenté en France par Macron.

Juste un exemple concernant l’attitude à adopter à propos de la guerre en Ukraine :

« Le 22 mars sur France Info, Jordan Bardella déclarait soutenir "l'utilisation des bénéfices des avoirs russes pour financer l'effort de guerre en Ukraine" et même avoir porté la mesure "auprès du chef de l’État, qui y était d'ailleurs réticent, lors de la réunion des chefs de parti le jeudi 7 mars à l’Élysée". Pourtant, un mois plus tôt, l'élu RN ne votait pas en sa faveur lorsque le Parlement européen a été appelé à se prononcer sur la "nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine". « À Strasbourg, Jordan Bardella s’est abstenu lors du vote de cette résolution, aux côtés d’autres membres de son groupe Identité et Démocratie (ID), selon le procès-verbal du 29 février. Dans ce texte, adopté avec 451 voix, les eurodéputés ont réaffirmé "l’urgence de mettre en place un régime juridique solide permettant de confisquer et d’utiliser les avoirs d’État russes gelés par l’UE pour reconstruire l’Ukraine et indemniser les victimes de la guerre".

Le même jour, une autre résolution a été votée pour "soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie", dans le sillage de la mort d’Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire. Cette fois, Jordan Bardella a voté pour, selon le procès-verbal. (Paru sur TF1 info le 2 juin 2024, Caroline Quévrain)

Les Français peuvent-ils faire confiance à quelqu’un qui dit tout et le contraire de tout selon les besoins du moment ?

Et ceci est d’autant plus grave qu’il s’agit de la vie de nos enfants qui pourraient être envoyés à la boucherie pour une cause qui ne nous concerne en rien, qui n’a d’autre but que de satisfaire les intérêts de l’Otan, de l’Amérique et d’un fonds de pension,  BlackRock, qui a déjà acheté une grande partie des terres ukrainiennes ; voulez-vous faire mourir vos enfants pour un fonds de pension ?

Que des Français puissent accepter cette ignominie me révulse.

Le philosophe Bruno Latour disait : « Le contraste entre le calme avec lequel nous continuons à vivre tranquillement et ce qui nous arrive est vertigineux » ; et Bernanos écrivait, à la fin de la première guerre mondiale : "« La guerre m'a laissé ahuri, comme tout le monde, de l'immense disproportion entre l'énormité du sacrifice et la misère de I'idéologie proposée par la presse et les gouvernements. Et puis encore, notre espérance était malade, ainsi qu’un organe surmené. La religion du Progrès pour Iaquelle on nous avait poliment priés de mourir, est en effet une gigantesque escroquerie à l'espérance !... »

Que dirons-nous au lendemain de celle que Macron et ses acolytes (dont les "oppositions" contrôlées, comme le RN) veulent faire éclater ? Restera-t-il même quelqu'un pour en parler ?

samedi, 08 juin 2024

La guerre sans règles

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La guerre sans règles

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerra-senza-regole/

Cela peut paraître étrange. Surtout pour les partisans fanatiques d'un pacifisme tiède et peu convainquant. Mais la guerre a des règles. Ou plutôt, elle doit en avoir, bien définies et précises. Et il faut que chacun les respecte.

Mais je ne parle pas de ce pâle fantôme qu'est la Convention de Genève. Ignorée dès sa signature. Ni des soi-disant « règles d'engagement ». Qui ne sont rien d'autre que la définition des spécificités d'une mission, ou d'une opération, de guerre. Des règles modernes, d'invention américaine.

Non, les règles de la guerre sont aussi anciennes que l'humanité. On les trouve déjà dans l'Iliade d'Homère.

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Des règles non écrites. Et qui ne prévoient ni sanctions ni embargos. Mais ne pas les respecter conduisait au mépris. Au déshonneur et à la honte. Et un homme ne pouvait plus vivre écrasé d'un tel déshonneur. Certainement pas dans le monde d'hier.

Mais aujourd'hui, tout est différent. Tout est basé, même en temps de guerre, sur un calcul économique. De coûts, de bénéfices. Et il n'y a pas de règles qui tiennent. On ne craint pas le déshonneur. Tout simplement parce qu'il n'y a plus de sens de l'honneur.

Je sais. L'honneur est un mot obsolète. Il suscite aujourd'hui l'ironie. Voire le sarcasme. Pourtant, c'est précisément l'honneur qui a permis à la guerre d'avoir des « règles ». Pour qu'elle ne devienne pas quelque chose de bestial. Et je m'excuse auprès des bêtes. Qu'elles ne se comportent pas comme nous. Parce que les animaux ont, toujours et de toute façon, leurs propres « règles », inscrites dans la nature.

Et aujourd'hui ? Pensons-y... un minimum de sens de l'honneur aurait évité que les traités de Minsk soient déchirés. Et la guerre en Ukraine aurait été évitée.

Mais nous savons qu'ils n'ont servi qu'à gagner du temps. Pour tromper Moscou. Tout en armant Kiev. Ce n'est pas Poutine qui l'a dit. Ce sont les dirigeants occidentaux eux-mêmes. Qui s'en sont presque vantés. Au final, je n'ai aucune raison d'utiliser ici le mot "presque".

Et donner aujourd'hui à Zelenski des armes à longue portée, pour lui permettre de frapper au plus profond de la Russie ? N'est-ce pas provoquer le Kremlin vers une guerre totale ? Une guerre nucléaire...

Et utiliser le terrorisme et les terroristes ? A Moscou comme en Iran. La fille de Douguine assassinée dans une voiture piégée. Le général Suleymani éliminé par un drone tueur. Sans déclaration de guerre. Sans respecter aucune règle.

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Le terroriste, le « partisan » - selon la définition de Carl Schmitt - n'est pas un soldat. Et il ne respecte pas les « règles de la guerre ». Mais un État ne peut pas recourir à de tels instruments. Il en va d'abord de sa crédibilité. Il n'est plus fiable. Et personne, dès lors, ne peut se fier à ses engagements. A ses promesses. La guerre n'aura plus de règles. Elle ne sera que mort et destruction sans limites.

Comme je l'ai dit, la qualifier de "bestiale" est un euphémisme.

Car si nous voulons que l'autre, « l'ennemi », fixe des limites et des règles, nous devons d'abord le faire nous-mêmes.

Ce n'est qu'alors que la guerre devient « contestée », comme l'a théorisé Julien Freund.

Ce n'est qu'à cette condition que la guerre ne se résume pas à l'anéantissement aveugle de l'autre.

Et elle peut avoir une solution politique.

Les pacifistes jusqu'au-boutistes ont tort. La guerre, que nous l'aimions ou non (et nous ne l'aimons pas, bien sûr), fait partie de l'histoire et de la nature humaine. La paix et la guerre sont dans une relation systole-diastole. L'une ne va pas sans l'autre.

Mais de peur qu'elle ne devienne l'anéantissement de l'humain, il faut se souvenir de l'avertissement de Clausewitz.

Le vieux général prussien disait que « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens ». Elle est nécessaire, lorsque les moyens de la politique échouent. Elle est inutile, lorsque la politique peut reprendre son cours.

Mais trop de gens dans cet Occident collectif, drogué à l'omnipotence, ne savent même plus qui était Clausewitz.

 

14:40 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : définition, guerre, actualité, polémologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La guerre culturelle, la loi fondamentale et la lutte contre la droite - Réflexions en marge de la convergence des catastrophes

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La guerre culturelle, la loi fondamentale et la lutte contre la droite

Réflexions en marge de la convergence des catastrophes

Werner Olles

Depuis que la "culture du couteau" a fait son entrée en Allemagne et que la construction malveillante et intrigante qu'est le libéralisme global s'est installée, avec toute son arrogance et sa soif de pouvoir illimitées, lesquelles sont aussi glaciales que dangereuses, dans le mensonge, la folie et le manque de caractère, à l'instar de robots sans esprit, sans vérité, sans chaleur, sans éducation et sans intelligence organique, le fragment d'État qu'est la RFA prend des décisions qu'il n'est pas prêt à prendre pour le bien de ses citoyens, mais plus exactement des décisions qui vont exactement aux dépens d'eux. Il y règne un libéral-démocratisme extrême devenu de fait sauvage, de la part d'empoisonneurs sans scrupules et d'éléments belliqueux et sans patrie comme la secte queer-woke des Verts, qui ne connaît aucun autre but que ses délires idéologiques, ne reconnaît aucune nation, aucun État, aucune forme et aucune pensée raisonnable, mais est une secte uniquement mue par une fringale sadomasochiste de vassalité consentante et de soumission à l'hégémonie de l'OTAN, organisation américaine, à la nomenklatura eurocratique de Bruxelles, aux mondialistes du "Forum Economique Mondial" et de l'ONU, et à un humanitarisme affecté au bénéfice de tout le monde sauf des Allemands. Le fait que cet « Etat » considère ses citoyens comme de simples objets d'une éducation disciplinaire que l'on peut brimer, harceler, abuser, tromper, humilier et rabaisser à volonté, la soumission n'est alors pratiquement qu'une formalité.

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En effet, la politique qui gère l'immigration et les étrangers et que pratique la classe dirigeante, par exemple, n'a pas seulement quelque chose d'écœurant et de mensongèrement bien intentionné: elle incarne la forme la plus brutale et la plus asociale du politiquement correct et elle opère aussi sans vergogne et à une vitesse folle la dissolution des structures sociales et de voisinage traditionnelles, d'un cadre de vie relativement gérable, du moins jusqu'à il y a quelques décennies, qui promettait une sécurité quant au comportement naturel des habitants de la république et reposait sur des évidences, toutefois depuis longtemps en déclin mais encore exemptes de bricolages idéologiques et de slogans néolibéralistes. Certes, à l'époque, il n'y avait déjà que peu de recettes politiques claires et véritablement orientées vers l'avenir, mais il y avait déjà des dommages causés par un consumérisme excessif et surtout un secteur culturel beaucoup trop subventionné, que la gauche et les Verts pouvaient occuper à leur guise. Il y eut la TV, cloaque sous-culturel avec ses niaiseries à l'américaine, puis vint la dérision anticipatrice de tous les réflexes sains d'un peuple; l'islamisme apparut sur la scène politique, géopolitique, culturelle et sociale, le désastre commença, la catastrophe du Grand Remplacement, du repeuplement et de l'accaparement des terres, qui atteignit son paroxysme en 2015. Après les guerres civiles déclenchées par l'hégémon américain en Afghanistan, en Syrie et en Irak, le régime libyen a été démantelé, alors qu'il assurait jusque-là de manière fiable la protection des frontières, totalement négligée par l'Union européenne et l'Allemagne, et constituait ainsi un certain verrou contre la submersion par l'immigration culturelle étrangère de masse. Toutes les digues ont alors cédé et le misérabilisme des élites politico-culturelles a propagé la thèse folle selon laquelle les Européens avaient le devoir et le besoin d'accueillir les nouveaux occupants et de leur fournir tout ce que l'on rechignait à accorder à la population locale qui payait des impôts.

la-convergence-des-catastrophes.jpgL'enthousiasme malsain pour les envahisseurs venus d'Orient et d'Afrique, qui emportaient dans leurs bagages l'islamisation de l'Europe, s'est toutefois manifesté le plus clairement en Allemagne, qui a volontiers ouvert les portes de son luxuriant système social et a naturellement accueilli la grande majorité des demandeurs d'asile. On peut sans crainte qualifier cette maladie de « psychopathologie collective » avec le penseur français Guillaume Faye, décédé en 2019, mais qui n'est rien d'autre qu'une « imposture historique » (Faye), un monstre d'ethno-masochisme, de haine de soi et de racisme inversé contre son propre peuple, d'exaltation de l'abâtardissement et de l'universalisme, de xénophilie et de négation de sa propre identité ethnoculturelle jusqu'au suicide ethnique. Après tout, jusqu'à présent, seules les élites d'Europe occidentale ont été touchées par cette épidémie de colonisation de l'Europe par les nouveaux colons exotiques.

Entre-temps, il devrait être clair, même pour le plus stupide des gauchistes, qu'une société multiraciale est toujours une société multiraciste, qui ouvre la porte à la violence, à la terreur, aux crimes interclaniques et au totalitarisme politique, fossoyeurs de toute véritable démocratie. Outre les largesses généreusement distribuées aux envahisseurs par nos systèmes sociaux, cela a aussi beaucoup à voir avec le fait que les sociétés occidentales utilitaristes, de concert avec les socialistes milliardaires du Great Reset, veulent créer un système dont l'objectif est l'homme détaché de tout lien naturel, de toute tradition et de toute appartenance, interchangeable à volonté, sans identité, sans culture, asocial, uniquement consommateur, ouvert à l'exploitation, à la consommation de drogues et à la farce vide de sens que sont les libertés factices du « One World ».

Nous voyons donc que la lutte contre le métissage et la surpopulation étrangère est encore plus importante que la mobilisation pour la souveraineté politique, la résistance à l'augmentation constante de la dette publique et à l'austérité imaginaire ou à la prétendue « gauche anticapitaliste ». Nous constatons également que les « antiracistes » féministes du monde entier fraternisent avec les musulmans noirs et arabes, alors que la plupart d'entre eux sont à la fois racistes, ouvertement misogynes et antisémites, tandis que le racisme violent contre les Blancs et les innombrables viols de filles et de femmes autochtones sont niés d'un revers de main. Parallèlement, la « discrimination positive », appelée « affirmative action » dans les universités américaines, permet aux personnes issues de la « diversité » d'accéder plus facilement à des logements sociaux payés par l'État, ce qui n'est pas le cas des autochtones, ou de bénéficier d'une impunité de plus en plus fréquente pour les activités criminelles.

Avec leur approche totalitaire, les dirigeants persécutent aujourd'hui tous ceux qui, pour de bonnes raisons, les critiquent, les dénoncent, prédisent depuis de nombreuses années l'effondrement du multiculturalisme et réclament un retour à l'homogénéité culturelle, qui est l'exact contraire d'une société ethno-masochiste gangrénée par des illégaux issus de cultures pré-civilisationnelles étrangères à notre espace. En réalité, cependant, l'agitation de la classe politique et de ses divers serviteurs dans les médias dominants est incessante et se radicalise de jour en jour. Une campagne de dénigrement et de désinformation en chasse une autre, et les propos abracadabrants de petits morveux décérébrés et de vieilles femmes vertes haineuses dans les talk-shows de la télévision-cloaque publique, dirigés par des larbins du régime, qui témoignent d'une grave confusion mentale, semblent ne pas avoir de fin.

Face à cette situation précaire pour la Nouvelle Droite, on pourrait penser que tous ceux qui ont rejoint la résistance contre le modèle de société qui nous opprime, nous persécute, nous insulte, nous discrimine, nous diffame et nous humilie quotidiennement, devraient maintenant être solidaires, se soutenir mutuellement et, si une autocritique est nécessaire - et elle l'est certainement -, l'exprimer en interne et non pas devant les yeux et les oreilles de tous et pour le plaisir de notre ennemi commun, et surtout renoncer à l'hypercritique. Cela concerne aussi bien l'AfD en tant que parti que le « Vorfeld », l'espace métapolitique en marge, excessivement surestimé. En fait, c'est bien plus embêtant que ce que la plupart d'entre nous pensent. Alors que les « rats de bibliothèque universitaires » ont tendance à tout stériliser, à s'empêtrer dans des détails microscopiques et à cesser de penser, d'autres glissent complètement vers l'intellectualisme et se contentent, sous prétexte que l'on mène tout de même un combat culturel métapolitique, d'aligner des idées purement abstraites et de tenir des propos totalement déconnectés de la réalité, sans envisager de mise en œuvre politique ou révolutionnaire. Une autre coterie idéologique fait carrière dans la politique de parti, dilue de plus en plus ses positions, laisse dépérir sa vision idéologique du monde et oublie complètement que notre combat concerne la création d'une situation efficace et non des postes et des places dans un appareil. Certes, l'activisme politique n'est pas dépassé, bien au contraire, mais il doit être fondé sur une base théorique et idéologique concrète et avoir pour objectif de renverser l'uniformisation mentale et le conformisme dominant, tissés de platitudes, par de nouvelles idées révolutionnaires, des solutions originales et des projets alternatifs.

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Nous ne nous battons pas seulement pour des idées, mais aussi, entre autres, avec des idées, comme l'a très bien dit Guillaume Faye. Cela suppose tout d'abord de désigner un ennemi à combattre, car cet ennemi espère que nous nous laisserons diviser, voire opposer. Cette stratégie est désormais utilisée avec succès par les États islamiques, qui envoient leurs jeunes hommes prêts à se battre contre nous, déguisés en réfugiés. Notre identité culturelle et ethnique est donc attaquée de l'extérieur et de l'intérieur, tandis que nous nous déchirons et nous entredéchirons à l'intérieur: une situation vraiment déplorable. Il faut donc se méfier des petits sachants vaniteux et des faiseurs de faits qui accordent plus d'importance à leur sécurité et à leur confort qu'à se considérer en état de résistance et de rébellion contre un système qui n'a rien, mais alors rien, à nous offrir, si ce n'est un dégoût existentiel pour ses perversions queer, ses bassesses politiques, ses mensonges, ses escroqueries et ses répugnances woke. C'est pourquoi nous ne lui devons ni obéissance ni loyauté, mais une critique radicale, une pensée radicale et l'adoption de positions révolutionnaires, plutôt que de suivre une logique prétendument conservatrice, car il n'y a plus rien à sauver et à préserver dans et par ce système.

Il ne peut s'agir que de se préparer à un renouveau et de tenter sérieusement de construire une véritable contre-société avec des réseaux flexibles, articulés et actifs comme embryon d'un nouvel ordre à venir. C'est d'ailleurs le modèle temporairement réussi des « révolutionnaires culturels » de 1967-1968, qui a toutefois débouché en partie sur le radicalisme folklorique, le terrorisme infiltré par les services secrets et une mentalité d'abandon de type hippie. En revanche, nous devrions nous débarrasser de la fameuse « marche à travers les institutions », qui réduit la politique à la politique quotidienne, diffuse une autosatisfaction pseudo-philosophique et, sous la forme de la secte des Verts, n'est pas trop gênée pour risquer une guerre nucléaire mondiale contre la Fédération de Russie, qui entraînerait l'Europe dans l'abîme.

Le dilemme des conservateurs, qui ont certes des affects très forts contre une société reposant sur la perversion égalitaire, sur la dysharmonie imposée par l'État, sur la fragmentation culturelle et sur la guerre civile qui se profile à l'horizon, devient toutefois évident lorsque se manifeste enfin l'indignation bouillonnante face à l'étalage macabre des rêves fébriles de la gauche et des verts sur une « diversité » imposée de force. Cette indignation peut prendre la forme de manifestations et de rassemblements légitimes contre un projet de centre d'asile dans une commune, constituant ainsi un symbole fort de résistance à la force destructrice que constitue le chaos multiethnique, ou la forme de visions littéraires et éditoriales d'une société liée historiquement par une identité nationale et culturelle commune. De multiples possibilités de résistance doivent être envisagées face à une politique erronée qui, en raison de sa trahison inhérente et de ses expériences délirantes, met en péril la paix sociale par un flot incessant d'immigrés clandestins. Dans ce contexte, la transgression est également justifiée, car l'Europe et l'Allemagne se trouvent aujourd'hui dans la plus grande lutte existentielle de leur histoire.

Face à la manipulation massive des citoyens, à la surveillance et à la persécution de la résistance et des forces d'opposition et de dissidence, les conservateurs se défendent avant tout par la parole et par l'écrit et, en cas d'urgence, en faisant appel aux tribunaux. Il n'y a rien à redire à cela, tant qu'il ne s'agit pas d'un donquichottisme face à la convergence des catastrophes, à la colonisation de nos pays et à la bataille pour l'Europe qui y est étroitement liée. Le fait que les conservateurs et les réactionnaires ne parviennent plus à croire à la possibilité d'une Reconquista ne fait pas d'eux des complices du système, l'auteur se considérant lui-même comme un réactionnaire aux racines nationales-révolutionnaires.

Pourtant, l'une des erreurs cardinales des conservateurs comme de la Nouvelle Droite est de ne pas comprendre le Grand Remplacement dans le contexte historique des invasions islamiques, à commencer par la bataille de Tours et Poitiers en 732 et le deuxième siège turc de Vienne en 1683, comme la troisième agression de l'Islam contre l'Europe, entravant et disqualifiant ainsi l'engagement politique et militant de jeunes patriotes idéalistes.

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Ainsi, lorsqu'un auteur conservateur renommé, dans un journal conservateur tout aussi renommé, dévalorise, dans une longue critique, les thèses de Martin Sellner dans son livre « Remigration » en les qualifiant de « revendications » contraires à la Loi fondamentale et qui, de surcroît, vont à l'encontre de la « dignité humaine », il s'égare dans des raisonnements qui s'apparentent davantage à des étiquettes superficielles qu'à une approche sérieuse, critique et solidaire du fond des choses. Les thèses de Sellner méritent en effet d'être discutées et critiquées, mais il ne s'agit pas de « revendications », mais de propositions que l'on peut rejeter, ignorer ou accepter. Manipuler la Loi fondamentale est toutefois une grave erreur politique, et de surcroît extrêmement insensible. Les conservateurs devraient commencer à comprendre que la provocation imprègne l'ensemble du monde idéologique et qu'ils respectent aussi bien le moralisme strict du militant que la nostalgie et l'amour de la légalité et du droit des conservateurs, teintés de capitulation. Malheureusement, ces derniers ne comprennent toujours pas qu'une guerre culturelle est avant tout une question de pouvoir et non de droit, et que les affects de nos ennemis n'ont pas à nous intéresser.

Nous ne voulons pas nous lancer dans une querelle de principe sur « notre » Loi fondamentale, il suffit pour cela de se remémorer le discours prononcé par l'un de ses pères, le professeur Carlo Schmid (SPD), le 8 novembre 1948 devant le Conseil parlementaire à Bonn, avec le beau titre « Qu'est-ce que cela veut dire, la Loi fondamentale ? », et de se rappeler que l'État libre de Bavière et le KPD ont tous deux rejeté cette « construction émanant d'une commission militaire alliée » (Carlo Schmid) pour des raisons très valables et compréhensibles.

En dépit de son préambule, l'adoption de la Loi fondamentale, après que les Alliés l'eurent censurée et modifiée des dizaines de fois pour qu'elle aille dans leur sens, marqua l'approbation de la division de l'Allemagne, qui ne pouvait plus être évitée. Le président de la SPD, Kurt Schumacher, a accusé Konrad Adenauer, non sans raison, d'être le « chancelier des Alliés ».

Contrairement à une constitution complète, la Loi fondamentale est donc encore aujourd'hui un document instituant un « statut d'occupation imposé » et la RFA constitue la « forme d'organisation d'une modalité de la domination étrangère » (Carlo Schmid). Celui qui attribue à ce fragment d'État un caractère démocratique doit donc expliquer comment la démocratie peut fonctionner sans souveraineté. A cet égard, Wolfgang Schäuble a dit ce qu'il fallait le 18 novembre 2011 lors d'un moment fort devant l'association des banques : « Nous n'avons jamais été totalement souverains depuis le 8 mai 1945 ! ».

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Alors qu'une Constitution est donc l'auto-réalisation de la liberté par un peuple qui le coule sous une forme juridique, la Loi fondamentale, conçue dès le départ comme un texte provisoire, doit porter en elle une limite temporelle jusqu'à ce que soit adopter une future Constitution complète. La Loi fondamentale cesse automatiquement d'être en vigueur le jour où le peuple allemand se dotera librement d'une constitution. Alors que le peuple allemand est, théoriquement, la source de la souveraineté, celui-ci est bafoué chaque jour. Il s'agit donc d'un acte de soumission permanent qui bloque l'exercice de la souveraineté du peuple allemand. Bien que le règlement de la Haye sur la guerre terrestre interdise l'occupation de l'Allemagne, qui jusqu'à ce jour serait perçue comme un acte interventionniste, cela n'empêche pas l'OTAN, dirigée par les États-Unis, d'intervenir dans le conflit russo-ukrainien depuis le sol allemand, nous exposant ainsi à la menace d'une nouvelle guerre mondiale.

Nous devons donc considérer comme notre devoir et notre objectif de créer une Allemagne et une Europe qui croient à nouveau en elles-mêmes et qui ne sont pas des vassaux hypocrites des États-Unis, de l'OTAN et de l'UE. Cela signifie apporter l'unité de la lumière, comprise sur le plan métaphysique, dans l'obscurité, alors que « le libéralisme enlève à la vie tout son mystère » (Emil Cioran), et que des religions synthétiques de substitution, sans convictions philosophiques profondes, pour lesquelles spiritualité et histoire sont des mots étrangers, déterminent aujourd'hui notre existence.

Certes, les spectres verts, forts de leurs mensonges, ont coupé le lien spirituel avec notre identité nationale et culturelle dans leur haine sans issue de tout ce qui est normal et décent, de l'honneur, de la dignité et de la grandeur, mais il existe des forces existentielles fondamentales qui permettent de surmonter les périodes de détresse et de mort culturelle : la mythologie du culte ou du rite, l'amour de la patrie et la lutte éternelle contre le mal. En fait, il n'est pas du tout certain que nous gagnions cette bataille si l'ontologie politique ne mûrit pas en un phénomène métaphysique. C'est là qu'apparaît à nouveau la vieille discussion entre Carl Schmitt et le réactionnaire catholique espagnol Alvaro d'Ors. Alors que C. S. espérait que le katechon, l'empêcheur de tourner en rond, s'opposerait à l'Antéchrist, incarnation du mal, et retarderait ainsi la fin du monde, le croyant espagnol misait sur le retour imminent de notre Seigneur et Sauveur, qui apparaîtra à la fin des temps comme un juste juge. Le chrétien ne devrait donc pas retarder la chute à tout prix, mais implorer la justice et la grâce de Dieu. Le fait que cette question fondamentale ne soit même plus d'actualité dans nos églises, mais qu'elle le soit dans un empire katéchonique comme la Russie et son orthodoxie, en dit long sur notre déclin transcendantal et spirituel.

Néanmoins, ne nous laissons pas aller à des apaisements et des comportements défensifs face aux campagnes agressives de dénigrement et de désinformation de nos ennemis, ne renions pas les nôtres attaqués par le système, ne cultivons pas un conservatisme stérile où il n'y a plus rien à conserver, mais passons plutôt à l'offensive sans nous laisser impressionner, car « la vie est un combat sur terre ! » (Darya Douguina). Nos amis du FPÖ avec Herbert Kickl en Autriche, Viktor Orban en Hongrie et, surtout, les Trumpistes aux États-Unis prouvent chaque jour que cela est possible. C'est peut-être notre dernière chance de remporter la guerre culturelle et de redonner un sens à notre vie. Une raison suffisante pour un optimisme eschatologique !

Werner Olles

Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime 

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Pierre Le Vigan:

Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime 

Le transhumanisme est devenu un sujet central de notre époque. Que représente-t-il ? Que compte-t-il faire de nos vies si on le valide ?  Pour comprendre la nouveauté du transhumanisme, il ne faut évidemment pas l’opposer à un prétendu immobilisme de l’homme des temps anciens. L’homme a toujours cherché à améliorer ses conditions de vie. Il a toujours cherché à acquérir plus de puissance, à multiplier son énergie, à inventer des outils pour habiter le monde à sa façon. Nous ne nous contentons jamais du monde tel que nous en avons hérité. Le simple fait de construire un pont est déjà une transformation du monde. Si le transhumanisme n’était que cela – l’intervention sur le monde en fonction de nos objectifs, la création d’outils pour que l’homme soit plus efficace dans ses entreprises, de la selle de cheval à l’automobile et à l’avion en passant par le gouvernail d’étambot – le transhumanisme ne serait pas une nouveauté.

Le problème commence quand nous voulons, non pas seulement améliorer la condition de vie de l’homme, et donner plus d’ampleur à nos projets, mais changer la nature même de l’homme. Natacha Polony remarque que la recherche de création d’un homme nouveau caractérise les totalitarismes. « Les totalitarismes, par delà leurs innombrables différences, se caractérisent par une dimension eschatologique et la volonté de forger un homme nouveau. C’est exactement ce qui se passe avec le transhumanisme. Cette idéologie repose sur l’idée que l’homme est imparfait, et que le croisement des technologies numériques, génétiques, informatiques et cognitives va permettre de faire advenir une humanité débarrassée de ses scories. » (entretien, Usbek et Rica, 5 octobre 2018).

Si les totalitarismes du XXe siècle ne disposaient pas (ou peu) de moyens permettant de changer réellement la nature humaine, un fait nouveau est intervenu. C’est l’intelligence artificielle et notamment la culture de l’algorithme. C’est ce qui est né avec l’informatique et dont la puissance a été multipliée par internet. C’est l’interconnectivité de tous les réseaux techniques. Le développement de la numérisation des hommes et du monde  a coincidé avec le triomphe planétaire du libéralisme décomplexé, postérieur au compromis fordiste (un partage des revenus entre salaire et profit relativement favorable au monde du travail, et un Etat protecteur dit Etat providence). Or, le libéralisme, c’est la libération des énergies individuelles, de la puissance privée au détriment du commun.

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Le Hollandais Bernard Mandeville en résumait la vision : « Le travail des pauvres est la mine des riches » (La fable des abeilles ou les fripons devenus honnetes gens, 1714). Plus généralement, les vices privés font les vertus publiques. « Qui pourrait détailler toutes les fraudes qui se commettaient dans cette ruche ? Celui qui achetait des immondices pour engraisser son pré, les trouvait falsifiés d’un quart de pierres et de mortier inutiles et encore, quoique dupe, il n’aurait pas eu bonne grâce d’en murmurer, puisqu’à son tour il mêlait parmi son beurre une moitié de sel. » (…) Ainsi, « Chaque ordre était ainsi rempli de vices, mais la Nation même jouissait d’une heureuse prospérité. » Et l’Etat ? « Les fourberies de l’Etat conservaient le tout ». L’Etat doit donc être le garant des crapuleries privées. Conclusion de Mandeville : « Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. » Ce n’est pas très différents de la théorie des « premiers de cordée » dont Macron fait son crédo, quand ceux-ci, loin de prendre des risques, se font garantir leurs profits par l’Etat ou par les institutions publiques.  « Les béquilles du capital », avait dit Anicet Le Pors. Ce qui est à l’œuvre est ainsi la logique de Candide selon Voltaire. « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers et plus tout est bien. » On lit là, bien sûr, une critique acerbe (et qui force le trait !) de Leibniz et de sa théorie du monde existant comme « le meilleur des mondes possibles ».

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L’enterrrement du fordisme

Le « fordisme » a été enterré, au tournant des années 70, avec la désindustrialisation et l’ouverture des frontières aux produits et aux hommes venus de partout. C’est la France comme un hôtel, et trop souvent un hôtel de passe. « Tout pays doit se penser comme un hôtel » (J. Attali, Les crises, 30 octobre 2017). Après le fordisme, le Capital a gagné dans le rapport de force face au travail et dans le partage du revenu national. L’argent va à l’argent, et est de plus en plus déconnecté de la richesse réellement produite. Pour autant, le pays s’appauvrit, car il n’y a de vraie richesse que produite par le travail productif, et non par la recherche d’opportunités financières. Mais l’exploitation se présente de moins en moins dans sa brutalité foncière. Elle se protège d’un voile de bonnes intentions, et de la « moraline » dont parlait déjà Nietzsche. Elle adopte généralement la forme du contrat, celui-ci fut-il totalement inégalitaire.

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C’est pourquoi on ne peut donner raison à Michel Foucault quand il écrit : « Le marché et le contrat fonctionnent exactement à l’inverse l’un de l’autre » (Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France 1978-1979). Au contraire de ce que dit Michel Foucault, le marché et le contrat se complètent. Le marché prend la forme juridique du contrat.  Il est « lavé « de sa dimension de rapport de force par la pseudo- « neutralité » juridique du contrat.

La fin d’un monde commun

Loin d’être contraire à la logique de l’économie libérale, l’extension du domaine du contrat (c’est un contrat écrit car plus grand-chose ne repose sur la parole donnée, qui renvoie à l’honneur) l’a complété. Tout ce qui est devient l’objet d’un contrat. Et cela ouvre la voie à la contractualisation des rapports avec soi-même. Une transition de genre, c’est décider, pendant un temps déterminé, et de manière réversible, et payée par la collectivité, de devenir ce que je ne suis pas, et d’obliger les autres à me considérer comme ce que je veux être. Que cela soit ou non une escroquerie anthropologique n’est pas le problème, l’Etat – l’Etat néo-totalitaire qui est le nôtre – est le garant de la réalité juridique qui m’oblige à la reconnaissance de cette réalité transitoire auto-décidée par le sujet concerné mais qui s’impose à moi, et à toute la société. Il n’y a, à l’horizon de cette auto-définition de soi, plus de monde commun.  

Le transhumanisme est ce qui surgit au bout de la logique contractualiste du libéralisme. Transhumanisme comme libéralisme reposent sur une religion de la science et de la technique. Ce ne sont plus les institutions qui doivent donner du sens à la société (comme chez Hegel pour qui les institutions sont des médiations que l’homme se donne à lui-même pour se réaliser, pour être plus lui-même, et plus hautement lui-même), c’est un mouvement permanent d’amplification des droits de l’homme. Tout ce qui est alerte sur les limites, attention portée à la nécessaire mesure, refus de l’hubris (démesure) est marginalisé, dénoncé, ringardisé. Les avertissements de Bertrand de Jouvenel, Jacques Ellul, de Nicholas Georgescu-Roegen sont ignorés.

visuel1-1.jpgFace au rapport Meadows de 1972 (Dennis Meadows a alors 30 ans) Les limites de la croissance, l’économiste et philosophe libéral Friedrich Hayek refuse que l’optimisme tehnologique soit critiqué. « L'immense publicité donnée récemment par les médias à un rapport qui se prononçait, au nom de la science, sur les limites de la croissance, et le silence de ces mêmes médias sur la critique dévastatrice que ce rapport a reçue de la part des experts compétents, doivent forcément inspirer une certaine appréhension quant à l’exploitation dont le prestige de la science peut être l’objet. » (« La falsification de la science », The pretence of knowledge, 1974). Bien entendu, le droit d’inventaire sur un rapport d’étude est mille fois légitime. Mais ce qui est au cœur de la réaction des libéraux, c’est la démonie du culte du progrès scientifique. C’est la religion de la mondialisation heureuse, forcément heureuse. Car plus le monde est unifié, mieux il est censé se porter. Telle est la religion des ennemis de la différence. « Un siècle de barbarie commence, et les sciences seront à son service. », avait dit Nietzsche (La volonté de puissance, 154).

De même que l’on dira plus tard qu’il n’y a « pas de choix démocratique contre les traités européens » (Jean-Claude Juncker), il n’y a pas pour Hayek de science qui puisse préconiser des limites à l’extension infinie du champ du libéralisme, de la croissance et du marché. La technologie, fille de la science, est mise au service de la « course au progrès », ce dernier conçu comme l’emprise de plus en plus grande de l’économie sur nos vies. Inutile d’insister sur la fait qu’il ne s’agit pas d’un progrès de la méditation, de la connaissance de nos racines, ou de notre goût pour le beau. Avec la construction d’un grand marché national puis mondial avec l’aide de l’Etat et non pas spontanément, une société de contrôle – une société de surveillance généralisée (Guillaume Travers) – est mise en place par l’Etat, appuyé sur de grandes groupes monopolistiques. Objectif : que nul n’échappe au filet de la normalisation et à son impératif de transparence.

Un totalitarisme rampant

Herbert Marcuse notait : « L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie, plutôt que de la terreur, pour obtenir une cohésion des forces sociales dans un mouvement double, un fonctionnalisme écrasant et une amélioration croissante du standard de vie (...) Devant les aspects totalitaires de cette société, il n’est plus possible de parler de ‘'neutralité’' de la technologie. Il n’est plus possible d’isoler la technologie de l’usage auquel elle est destinée ; la société technologique est un système de domination qui fonctionne au niveau même des conceptions et des constructions des techniques.» (éd. américaine 1964, L’homme unidimensionnel, Minuit, 1968). Sauf que l’on ne constate plus du tout « l’amélioration constante du standard de vie ».

chapoutot6-livre-hohn.jpgA l‘exception des gérants des multinationales et des « cabinets de conseils » qui constituent un démembrement de l’Etat et permettent une externalisation apparente des décisions. Avec ses « conseils », chèrement payés, de sociétés extérieures au service public,  c’est un système de management par agences qui s’est mis en place, sytème dont la paternité revient essentiellement au professeur et technocrate national-socialiste Reinhard Höhn, un système qui est à peu près le contraire de la conception de l’Etat qui était celle de Carl Schmitt.

C’est une mise en réseau de l’insertion obligatoire dans le système qui se produit : « Par le truchement de la technologie, la culture, la politique et l’économie s’amalgament dans un système omniprésent qui dévore ou qui repousse toutes les alternatives. », dit encore Marcuse. C’est justement le caractère global de ce filet, de ce réseau d’entraves (appelons cela Le Grand Empêchement, tel que je l’ai évoqué dans le livre éponyme–éd. Perspectives Libres/Cercle Aristote, ou encore la « grande camisole de force du mondialisme ») qui caractérise ce nouveau totalitarisme.

« Le totalitarisme, poursuit Herbert Marcuse, n’est pas seulement une uniformisation politique terroriste, c’est aussi une uniformisation économico-technique non terroriste qui fonctionne en manipulant les besoins au nom d’un faux intérêt général. Une opposition efficace au système ne peut pas se produire dans ces conditions. Le totalitarisme n’est pas seulement le fait d’une forme spécifique de gouvernement ou de parti, il découle plutôt d’un système spécifique de production et de distribution. » (op. cit.). Dans cette logique d’extension du domaine de l’économie marchande (qui prend la place de toute une économie de réciprocité, informelle), les Etats jouent un rôle premier : de même qu’ils ont imposé le marché national, ils imposent le grand marché mondial, ils poussent au mélange des peuples et à leur leur indifférenciation, à la déterritorialisation, à la transparence de vies de plus en plus pauvres en âme. Ils poussent encore à l’individualisme croissant, à la précarisation des liens, et au transhumanisme et aux identités à options qui ne sont qu’une forme de la marchandisation. Pierre Bergé disait à ce sujet : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA (gestation pour autrui, NDLR) ou l'adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? C'est faire un distinguo qui est choquant. » (17 décembre 2012).

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Le transhumanisme pour une société toujours plus liquide et plus contrôlable, tel est le projet de l’oligarchie mondialiste au pouvoir en Occident. Dans le même temps que les Etats sont de plus en plus intrusifs à l’intérieur des sociétés, ils sont, en Occident, de plus en plus concurrencés par d’autres structures au plan international. Ils cessent d’être les seuls acteurs du droit international, marquant ainsi la fin de l’ordre westphalien, né en 1648, à l’issue de la Guerre de Trente ans. Un double drame est le nôtre : nous assistons à la fin des Etats dignes de ce nom (toujours en Occident), et à la fin des possibilités de se parler et de négocier. En effet, si les traités de Westphalie mettaient fin aux guerres de religion, il nous faut savoir que nous sommes revenus aux guerres de religion, qui sont maintenant des guerres idéologiques, comme en témoigne l’actuelle hystérie anti-russe, partagée par la majorité de la « classe politique », c’est-à-dire des mercenaires du système.

Etats vidés de ce qui devrait leur appartenir en propre, la souveraineté et l’identité, Etats faillis mis en coupe réglée par les oligarchies parasitaires anti-nationales et anti-européennes, tel la superstructure dite Union européenne qui est de plus en plus la même chose que l’OTAN, c’est-à-dire une organisation de destruction de l’Europe réelle qui nous fait agir systématiquement à l’encontre de nos intérêts, tel est le tableau de l’Europe.  Un indice éclatant du  démembrement de nos Etats est que pèsent souvent plus lourds que les Etats un certain nombre d’institutions : les ONG, les insititutions internationales, qu’elles soient directement financières  (FMI, Banque mondiale, BERD …) ou ne le soient qu’indirectement (GIEC, OMC, OMS, …), les organismes mondialistes et immigrationnistes, multinationales, fonds de pension internationaux, collecteurs de fonds tels Blackrock, etc.  Contrairement à nos Etats, toutes ces structures ne sont aucunement en faillite.

L’erreur de Michel Foucault

Loin d’être supprimé par le marché, comme le supposait Michel Foucault, le droit devient bel et bien un enjeu du marché. C’est un levier dans des rapports de force, et les EUA y jouent à merveille, comme de nombreuses entreprises françaises ont pu le constater à leurs dépens. Mais le droit exprime un rapport de force acceptable car officiellement « neutre » : telle est l’imposture.  

Intrusifs à l’intérieur, persécuteurs des patriotes mais gangrenés par la culture de l’excuse face aux gredins, les Etats sont de moins en forts au plan du régalien (sécurité, monnaie, défense, etc). Ils se sont même volontairement déssaisis de leurs outils. La raison en est simple : nos dirigeants ne sont que les fondés de pouvoir des sections locales de l’internationale du Capital. Le cas de la monnaie est particulièrement significatif. La fin de la convertibilité du dollar en or (1971), c’est-à-dire l’effondrement des accords de Bretton Woods de 1944 a fragilisé l’ensemble des pays tandis que les EUA entrent dans une ère de complète irresponsabilité monétaire et économique, c’est-à-dire le dollar comme liberté inconditionnée pour eux, comme contrainte exogène pour le reste du monde. Quant à l’euro fort, comme il le fut longtemps, il a, pour la France, favorisé les exportations de capitaux, les importations de marchandises et la désindustrialisation de notre pays. Quant à l’immigration, elle a ralenti la robotisation. Beau bilan.

Il y a désormais dans l’économie mondiale les manipulateurs et les manipulés, et ce à une échelle bien supérieure à ce qui existait auparavant. Les banques vont prendre le pouvoir monétaire réel à la place des Etats (qui les renfloueront avec l’argent des contribuables en 2008). En France, la loi du 3 janvier 1973  (détaillée dans le livre de P-Y Rougeyron)  est un tournant, et plus exactement un moment dans un tournant libéral mondialiste. L’Etat français ne peut plus se financer à court terme auprès de la Banque de France. Au moment où ses besoins de fiancement explosent. Comment va t–il se financer ? Par l’accès aux marchés financiers internationaux. C’est un changement de logique. Un changement que les libéraux du Parti « socialiste » alors au pouvoir vont accélérer à partir de 1983-84. 

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Avec le libéralisme, un Etat faible et dépendant des marchés financiers

Conséquence : une augmentation du poids de la dette, tandis qu’auparavant, les Bons du Trésor, c’est-à-dire des obligations d’Etat, étaient accessibles aux particuliers et à taux fixes, et permettaient à la fois de proposer des placements sûrs aux particuliers et de financer les besoins à long terme de l’économie. Si cette loi du 3 janvier 73 n’est pas à l’origine de la dette – celle-ci venant avant tout de la chute de notre dynamisme industriel, du développement de l’assistanat du à l’immigration familiale de masse, des autres coûts de cette immigration – elle marque néanmoins une inflexion nette vers la financiarisation, et le triomphe des théories monétaristes de Milton Friedman (Vincent Duchoussay, « L’Etat livré aux financiers ? », La vie des idées, 1er juillet 2014). Au final, l’Etat et sa banque centrale cessent d’avoir le monopole de la création monétaire (ceci ouvre du reste vers une question que l’on ne peut ici que signaler : faut-il « rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ? » Cf. l’article éponyme, Revue Banque, 12 septembre 2012).

En 1973, cette même année charnière (le premier choc pétrolier se produit, et pas du fait d’un simple mécanisme économique mais dans le cadre de grandes manoeuvres géopolitiques), le libéral Hayek prône la fin des monnaies nationales au profit de monnaies privées.  Mais ce n’est pas le seul dégât que l’on constate. Le libéralisme induit un système économique de sélection naturelle qui favorise le mépris des conséquences environnementales des actions économiques et implique donc un court-termisme à la place de la prise en compte du long terme.

Revolution-Anti-Technologie.jpgIl s’opère ainsi une forme de sélection, mais une sélection des pires. Theodore John Kaczynski avait bien vu ce processus : « Cela s’explique par la théorie des systèmes autopropagateurs : les organisations (ou autres systèmes autopropagateurs) qui permettent le moins au respect de l’environnement d’interférer avec leur quête de pouvoir immédiat tendent à acquérir plus de pouvoir que celles qui limitent leur quête de pouvoir par souci des conséquences environnementales sur le long terme — 10 ans ou 50 ans, par exemple. Ainsi, à travers un processus de sélection naturelle, le monde subit la domination d’organisations qui utilisent au maximum les ressources disponibles afin d’augmenter leur propre pouvoir, sans se soucier des conséquences sur le long terme ». (Révolution anti-technologie : pourquoi et comment ? 2016, éditions Libre, 2021).

Le libéralisme contre la solidarité nationale et la justice sociale

En outre, en tant que le libéralisme est une forme du capitalisme, il prend comme critère l’intérêt des actionnaires et non l’intérêt de la nation. Il prend encore moins en compte ce qui pourrait être une préférence de civilisation, dont il faut affirmer la nécessité dans la mesure même où la mondialisation met en cause la diversité. Dans la logique du libéralisme, l’intérêt individuel prime toujours sur les intérêts collectifs, et sur les objectifs de justice sociale et de solidarité nationale. Ultras du libéralisme, « les libertariens défendent le libre marché et exigent la limitation de l'intervention de l’État en matière de politique sociale.

L-873-1.jpgC'est pourquoi ils s'opposent au recours à une fiscalité redistributive comme moyen de mettre en pratique les théories libérales de l'égalité. […] La fiscalité redistributive est intrinsèquement injuste et […] constitue une violation du droit des gens. », résume Will Kymlicka à propos des positions libertariennes (in Les théories de la justice. Une introduction, La Découverte, 2003). C’est aussi la thèse que défend Ayn Rand, célèbre libertarienne américaine. Dans cette perspective, au-delà de toute notion d’équité et de solidarité nationale, les libéraux ne cachent pas qu’il faut selon eux tourner la page des aspirations démocratiques. Peter Thiel affirme en 2009 : « Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l'inévitabilité de la mort » (« L’éducation d’un libertarien », 2009, cité in Le Monde, 1er juin 2015). Cela a le mérite d’être clair, tout comme il est clair que, depuis qu’a triomphé le libéralisme libertaire, les atteintes aux libertés n’ont jamsi été si violentes : identité numérique, interdiction d’hommages, de colloques, de manifestations pacifiques, etc.  

Avec ce libéralisme-libertaire, à la fois rigoriste pour ses adversaires et permissif pour tous les délires sociétalistes, on se retrouve dans le droit fil du libéralisme poussé dans sa logique, qui est le refus des limites de la condition humaine. Comme l’extension du domaine de la marchandisation n’est pas naturelle, l’Etat du monde libéral met en place, avec les GAFAM et avec les multinationales, des outils de contrôle visant à tracer tous les mouvements des hommes, les pratiques humaines, jusqu’à laisser une trace, par le scan des articles, de toutes les calories ingurgitées chaque jour par chacun. Le tout au nom d’une soi-disant bienveillante « écologie de l’alimentation ». Big brother se veut aussi big mother. Les « démons du bien » veillent, pour mieux régenter nos vies. 

Le libéralisme trahit les libertés

38_9782251390529_1_75.jpgWalter Lippmann, dans La cité libre (1937), ouvrage qui précéda le colloque Lippmann de 1938 (grand colloque libéral), plaidait pour les grandes organisations et la fin de « la vie de village ». C’était déjà l’apologie de la mégamachine. Nous y sommes en plein.  Par la monnaie numérique et la suppression programmée de l’argent en espèces ‘’sonnantes et trébuchantes’’, la société de contrôle vise à rendre transparents tous les échanges inter-humains. Le libéralisme est ainsi à la fois l’antichambre du transhumanisme et le contraire des libertés individuelles, mais aussi collectives ou encore communautaires.

Jean Vioulac remarque : « Le néolibéralisme est ainsi coupable d’avoir aliéné et asservi le concept même de liberté, en promouvant en son nom une doctrine de la soumission volontaire ». Ce néolibéralisme – ou libéralisme décomplexé et pleinement lui-même – est la forme actuelle du règne du Capital. Il ne conçoit la liberté que dans le registre de l’ordre marchand et sur un plan individuel.  « Le libéralisme n’est pas l’idéologie de la liberté, mais l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. », note Alain de Benoist (Philitt, 28 mars 2019). Si le libéralisme est centré sur l’individu, il lui refuse en même temps le droit de s’ancrer dans des collectifs, et de s’assurer de continuités culturelles. Le libéralisme est bien l’idéologie et la pratique du déracinement. Il est temps de recourir à autre chose. On pense à l’enracinement dynamique tel qu’il a pu être pensé par Élisée Reclus. L’enracinement et la projection créatrice vers un futur. Il est tout simplement temps de cultiver l’art d’habiter la terre.

                          PLV

 

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L’auteur vient de publier Nietzsche, un Européen face au nihilisme (ISBN 978-2-491020-06-4) 14,99 € ainsi que, tout récemment, Les Démons de la déconstruction. Derrida, Lévinas, Sartre. Suivi de « Se sauver de la déconstruction avec Heidegger » (ISBN 978-2-491020-09-5) 19,99 €. Ed. La Barque d’Or, disponible sur amazon.fr. Ces deux ouvrages sont actuellement en promotion.

 

 

À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)

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À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)

par Georges FELTIN-TRACOL

La précédente chronique n°117 s’intéressait à la plupart des trente-sept listes présentes pour l’élection européenne du 9 juin prochain (cf.:http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/06/02/france-profusion-de-listes-pour-les-europeennes-2024.html ). Depuis se retrouve en lice une trente-huitième liste. En effet, le 23 mai dernier, le Conseil d’État validait « Liberté démocratique française » animée par Patrice Grudé.

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Les commentateurs politiques rangent cette nouvelle liste qui prône la démocratie directe parmi les héritiers des Gilets jaunes. L’intention est sympathique, mais sans démopédie effective et à l’heure des réseaux sociaux omniprésents qui phagocytent le temps de lecture devant un imprimé et de l’analphabétisme scolaire des jeunes générations, cet objectif louable se révèle irréaliste et même contre-productif. Il faut balayer l’image idyllique de la Suisse référendaire. Bien des votations marquées par une abstention élevée entérinent en Helvétie le politiquement correct.

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La liste de Patrice Grudé peut concurrencer « France libre » conduite par le chanteur Francis Lalanne avec l’humoriste Dieudonné à la troisième place. Tous deux souhaitaient faire des spectacles communs dans les salles Zénith de France. Le Régime a empêché cette représentation festive. Il a en revanche réussi à les réunir sur la même liste. « France libre » met en transe les journalistes de BFM TV quand les deux artistes se filment dans une cellule et que Dieudonné qualifie l’Europe de « fosse à merde ». En 2019, Francis Lalanne dirigeait déjà « Alliance jaune » qui se revendiquait des Gilets jaunes. Elle ne récolta que 121.209 suffrages, soit 0,54 %. Le parcours politique du chanteur vedette des années 1980 est sinueux. Longtemps proche de l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori, Francis Lalanne a défendu en 2015 les immigrés clandestins sans-papiers. En 2022, excédé par la propagande cocotralalavidienne, il apporte sa voix à Marine Le Pen. Il sera intéressant d’observer le résultat de cette liste et de le comparer avec l’audience moyenne sur Internet de ces deux protagonistes.

Les souverainistes se présentent à ces élections en ordre dispersé. Une fois encore, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau a déposé une nouvelle liste en faveur du Frexit. Il y a cinq ans, il obtenait 1,17 %. Mais peut-on se fier à un haut-fonctionnaire issu des réseaux de Charles Pasqua et qui, pendant l’élection présidentielle de 2017, faisait sa campagne avec les drapeaux français, de la Francophonie et de l’ONU ? François Asselineau est un souverainiste qui ignore tout impératif identitaire. En 2021, il déclarait que les Français fussent bien plus proches des Maliens que des Lettons. On en reste pantois…

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Militant dans sa jeunesse à Lutte ouvrière, né en Serbie alors yougoslave, Georges Kuzmanovic a monté la liste « Nous, le Peuple ». Ce proche de Jean-Luc Mélenchon dont il est le conseiller diplomatique en 2017 rompt un an plus tard avec La France insoumise parce qu’il exprimait son désaccord au sujet de l’immigration et du multiculturalisme. Ce fondateur de République souveraine collabore à Front populaire, la revue de Michel Onfray. Philosophe socialiste proudhonien qui récuse depuis 1992 le traité de Maastricht, Michel Onfray fonde en 2002 une université populaire à Caen en réponse au « traumatisme » du 21 avril et à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Vingt-deux ans plus tard, invité fréquent sur CNews, Michel Onfray tient des analyses aujourd’hui assez proches du « Menhir ». Preuve manifeste de son erreur de jugement politique. Georges Kuzmanovic s’inspire-t-il de l’Allemande Sahra Wagenknecht qui vient de créer un mouvement de gauche anti-immigration et anti-guerre ? On notera qu’au sein de « Nous, le Peuple » figurent le prince Murat et diverses personnalités néo-bonapartistes. Cette liste tente principalement à rassembler les nationaux-républicains de gauche.

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Son pendant à droite s’appelle « Rester libre » d’Édouard Husson (photo), historien et patron d’émission sur Radio Courtoisie. Il refuse toute avancée fédéraliste de la construction européenne. Il rejette en particulier le projet du Belge Guy Verhofstadt adopté par le Parlement dit européen sortant, qui donnerait à l’Union le statut d’État fédéral croupion des États-Unis d’Amérique et du sinistre Bloc occidental atlantiste.

La liste d’Édouard Husson concurrence celle des Patriotes de Florian Philippot qui a fait pour la circonstance une alliance avec l’ancien député sarkozysto-zemmouriste Jean-Frédéric Poisson, président de Via, la voie du peuple. Outre une réaffirmation inébranlable de promouvoir le Frexit, l’ancien numéro deux du Front national entend dépasser les 0,65 % de 2019. Il manifeste souvent contre les mesures cocotralalavidiennes liberticides, l’Apartheid avec le « pass » sanitaire et la paix immédiate en Europe. Florian Philippot n’a jamais ménagé sa peine en organisant des manifestations contre la tyrannie plus que balbutiante. Toutefois, à l’instar des listes mentionnées dans la présente chronique, le président des Patriotes pâtit de l’absence de relais dans l’audio-visuel et du dénigrement systématique des « chiens de garde » médiatiques qui osent le qualifier de « complotiste » ! Nul doute que Florian Philippot a démontré un vrai courage au cours des quatre dernières années. Cependant, son discours républicain nationiste fleure bon l’apologie centralisatrice des « hussards noirs de la IIIe République ».

Des listes exposées aujourd’hui, celle qui a le plus de possibilités d’obtenir quelques élus est Reconquête ! avec, pour tête de liste, Marion Maréchal. Cette dernière a montré au cours de cette campagne une belle pugnacité et un vrai talent dans la réplique incisive et percutante. Néanmoins, au risque de chagriner les amis de Synthèse nationale, voter pour cette liste n’est pas envisageable. Certains colistiers n’hésitent pas à traquer en région les militants les plus déterminés sous prétexte d’écarter de ce jeune parti tout profil un peu trop radical. Placé en quatrième position, Nicolas Bay, qui après son départ du RN siégeait chez les non-inscrits, a rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE). Ce groupe eurosceptique fondé par les tories britanniques et les Polonais de Droit et Justice (PiS), a une charte ouvertement atlantiste. Le Monde du 6 avril 2019 rapportait les propos de l’ancien président du parti européen CRE, le Tchèque Jan Zahradil, assurant que « Marine Le Pen n’est pas assez atlantiste et elle est trop protectionniste ». « Cela ne passerait pas en Pologne », expliquait pour sa part Ryszard Legutko, le chef de la délégation européenne du PiS, qui pointait aussi l’héritage politique de son père, Jean-Marie Le Pen. Ce sentiment a-t-il changé ? Il faut en douter d’autant que ni le libéralisme conservateur, ni le bellicisme atlantiste ne sauveront la civilisation albo-européenne de tous les périls actuels et à venir.

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La morne campagne de 2019 eut sa bouffée d’air frais apportée par la liste de la Reconquête de Vincent Vauclin, alors responsable de La Dissidence Française. Sans grands moyens, elle obtint 0,02 % (4569 voix sans compter les bulletins annulés pour divers motifs fallacieux). En 2024, la belle surprise s’appelle « Forteresse Europe » de Pierre-Marie Bonneau. Précisons à toute fin utile que l’avis du chroniqueur n’engage ni Radio Méridien Zéro, ni les revues et sites auxquels il a l’honneur de contribuer. Il s’exprime maintenant à titre strictement personnel.

La liste de Maître Bonneau synthétise les propositions des autres listes vues précédemment. Elle les sublime même sur la voie cohérente de l’indépendance nationale, de l’enracinement dynamique, de la justice sociale et de la liberté médicale. Son intitulé n’est-il pas d’ailleurs un clin d’œil à l’« Europe cuirassée » de Maurice Bardèche ? Ajoutons que son symbole est superbe. Cela change des logos abscons. Le programme de « Forteresse Europe » a une tonalité à la fois française et européenne qui ne laisse pas indifférent tout ethno-différencialiste convaincu.

Certes, en désaccord avec cette chronique, des amis répondront par des considérations tactiques et tenteront de justifier le vote utile pour tel ou tel. L’élection du 9 juin n’a qu’un seul tour. Ce scrutin offre la possibilité de voter pour ses convictions et de se faire plaisir. Bien sûr, « Forteresse Europe » n’aura aucun élu. Mais imprimer chez soi son bulletin et le mettre dans l’urne constitue une réelle jubilation civique. Ce vote sera aussi un formidable bras d’honneur adressé à tout un système mortifère. Chaque vote pour « Forteresse Europe » indiquera dimanche une volonté de construire un bastion continental libéré. Et puis, si vaincre est nécessaire, combattre l’est plus encore. Les quatre-vingt-un membres de « Forteresse Europe » en sont un parfait exemple de militantisme et d’engagement.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 118, mise en ligne le 6 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 07 juin 2024

La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être

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La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être

Ayhan SÖNMEZ

Source: https://adimlardergisi.com/2024/06/03/teknoloji-olmasi-gereken-her-sey-degil/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR0eAptphcakZ6eKizGKb8VkQZWBTOMN85UimCgHsqByPkKvRoO8lV1cC2I_aem_AXXQRJb9D-wPOFhWb8U20vwL5wytzZ-IEAh-w6xJtkmNOHusffIkex5EpDEAkgjyVXwbpVZKsQTdu0USicbJv0Ad

La poudre à canon a alimenté l'ère coloniale et les bombes atomiques ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale. Il n'est donc pas surprenant que l'Occident ait un penchant pour les armes qui changent la donne. Des robots soldats aux armes spécialisées, il a dépensé des sommes colossales dans des technologies de pointe qui promettent de porter leurs fruits chaque jour.

Mais les guerres se gagnent avec des armes bon marché et faciles à produire. Lorsque vous envoyez des missiles à deux millions de dollars pour détruire des drones houthis à deux mille dollars, vous avez perdu la guerre. Comme vous disposez d'un nombre limité de missiles coûteux, vous pouvez facilement être saigné à blanc par des drones bon marché. Une fois que c'est fait, votre adversaire peut faire exploser son artillerie lourde. L'Iran a utilisé cette méthode lors de son attaque contre Israël le 13 avril 2024.

La technologie est source de complexité, et la complexité est source de défaillances. Plus votre système est complexe, plus les choses peuvent mal tourner. Les fronts de guerre sont des endroits boueux et désordonnés. Lorsque quelqu'un vous tire dessus, il est essentiel de disposer d'une arme capable de riposter de manière fiable.

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Il ne suffit pas d'avoir des soldats robots. Vous avez besoin de soldats robots que vous pouvez déployer en masse et armer sur le terrain. Il ne suffit pas d'avoir des armes d'artillerie dotées d'une intelligence artificielle. Vous avez besoin d'armes d'artillerie dotées d'intelligence artificielle qui ne se court-circuiteront pas lorsqu'il pleut ou qui ne se transformeront pas en ferraille si le logiciel tombe en panne.

Vous avez également besoin d'un approvisionnement régulier de toutes les terres rares, semi-conducteurs et autres composants nécessaires, ainsi que de travailleurs qualifiés capables de les assembler. L'Amérique est actuellement dépourvue de tous ces éléments et, à mesure que l'empire américain se détériore, ces déficiences s'accentueront.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Américains sont sortis vainqueurs grâce à leur énorme capacité de production. Les Allemands et les Japonais disposaient d'une technologie supérieure, mais les Américains ont gagné la guerre grâce à un approvisionnement presque illimité en avions adéquats et en chars utiles.

La Russie et la Chine disposent toutes deux de puissants centres de production et de la capacité de recruter un grand nombre de soldats. L'Amérique n'a ni l'un ni l'autre. Mais les diplomates américains continuent de s'agiter et de menacer.

Les soldats qui se trouvent à des milliers de kilomètres sont une force potentielle. Ils ne deviennent une puissance réelle que lorsqu'ils sont déployés sur le front. Le déplacement de ces troupes nécessite d'énormes quantités d'argent, de ressources et de planification.

Selon Global Affairs, il y a officiellement 171.736 soldats américains en service actif dans au moins 80 pays. Cependant, la majorité de ce nombre se trouve dans trois pays : le Japon (53 973), l'Allemagne (35 781) et la Corée du Sud (25 372). Il ne reste donc que 56.610 hommes pour surveiller les 77 pays restants et leurs quelque 450 bases militaires.

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Lorsque vous transférez des troupes sur la ligne de front, la zone où elles étaient stationnées auparavant devient plus vulnérable aux ennemis de la région. Et les États-Unis auront du mal à trouver une région où il n'y aura pas d'ennemis. Cela signifie que les alternatives de l'Amérique pour déplacer des troupes et des armes sont très limitées.

Les forces impériales américaines sont trop dispersées. L'armée américaine est également confrontée à des pénuries de recrutement et à une population de soldats potentiels de plus en plus défigurée et mal entraînée.

Tout conflit en cours en Ukraine, en Israël, en Iran, en Russie ou en Chine nécessite des troupes et des équipements dont les États-Unis ne disposent pas. Il n'est pas certain que les bureaucrates et les stratèges militaires américains en soient conscients. S'ils sont assez fous pour impliquer des troupes américaines dans l'un de ces conflits, ils en subiront les conséquences désastreuses.

Ceux qui voient venir l'apocalypse nucléaire pourraient commencer à retirer les dernières pierres qu'ils ont mises sur le terrain de la ligne de l'empire américain hypertrophié. Au lieu de recourir à l'intimidation, ils pourraient chercher à établir des relations mutuelles fondées sur la coopération. Ils pourraient chercher des moyens d'adoucir le choc afin qu'il n'entraîne pas leur mort.

Mais ignorant qu'ils vivent dans le monde de 2024, ils continuent d'adopter l'attitude arrogante consistant à dire, écoutez: « notre klaxon sonne ». Ils ne peuvent pas échapper aux conséquences de leur stupidité, mais ils peuvent les anticiper et planifier en conséquence. Et cela inclut la planification de leur comportement dès maintenant, lorsqu'ils paniqueront enfin.

La plupart des chiens mordent par peur et non par agressivité. L'Amérique est susceptible de perdre gravement dans tout conflit à venir. Au fur et à mesure que l'empire américain déclinera, ses classes dirigeantes deviendront de plus en plus agitées. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à une répression accrue de la « désinformation » et de l'« extrémisme ».

Je dis que les choses ne vont pas bien pour l'Occident et pour ceux qui choisissent d'être des wagons du train occidental, et qu'elles vont bientôt empirer. Celui qui accepte la vérité telle qu'elle est a un énorme avantage sur l'adversaire qui insiste pour que tout soit comme il veut que ce soit.

La députée allemande Dagdelen: L'OTAN cherche une excuse pour envoyer des troupes en Ukraine

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La députée allemande Dagdelen: L'OTAN cherche une excuse pour envoyer des troupes en Ukraine

Source: https://adimlardergisi.com/2024/06/05/bagimsizlik-icin-natodan-cikmali-baris-icin-natoyu-durdurmaliyiz/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3cYxzcxHluaNykHp6CyWObfSK_UYR31jNpbKA0k45KJVq21e1e9IG0U28_aem_AXUOjeJrmRf8hBCHax3M-BX-OYyrQ8us4D9w96s5drbeOZoSA5MBiQRoNh0UzjTpvvmRE88ltvuiAR7ZhiMHnDT3

Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) - Sevim Dağdelen, députée allemande d'origine turque du parti Raison et Justice, a déclaré que l'OTAN cherchait une excuse pour déployer des troupes sur le territoire ukrainien et prévoyait de créer un scénario similaire au début de la guerre du Vietnam.

« Avant que les États-Unis n'entrent officiellement en guerre au Viêt Nam, peu avant que l'incident du Tonkin ne soit encadré, 15.000 conseillers étaient déjà sur place », a déclaré Mme Dağdelen lors d'un entretien avec l'universitaire Pascal Lottaz sur la chaîne YouTube Neutrality Studies.

"Les troupes américaines ont ensuite été déployées sur place pour “protéger” ces conseillers. Il semble que quelque chose de similaire se prépare ici (en Ukraine) avec le déploiement d'armes allemandes ou d'autres armes capables de frapper la Russie", a-t-elle déclaré.

"Nous devons nous retirer de l'OTAN pour retrouver notre souveraineté en matière de politique étrangère".

Soulignant qu'il est possible d'empêcher l'escalade du conflit en Europe de l'Est en établissant une coalition internationale incluant les pays du Sud, Mme Dağdelen a poursuivi comme suit :

"Dès qu'un pays devient membre de l'OTAN, il perd son indépendance et sa souveraineté. Cela vaut tant pour la politique étrangère et de sécurité que pour la politique intérieure, car elles sont étroitement liées. Il s'agit essentiellement d'un renoncement à la souveraineté, et je pense que nous devrions nous retirer de ce pacte afin de redevenir neutres, autonomes et indépendants et de retrouver notre souveraineté en matière de politique intérieure et extérieure".

Soulignant que les membres de l'OTAN courent le risque de subordonner leurs politiques de sécurité aux directives de Washington et de renoncer à leur souveraineté, Mme Dağdelen a déclaré : « C'est désormais très évident. Le président américain (Joe) Biden a déclaré que les armes occidentales, en particulier américaines, pourraient être utilisées par l'Ukraine pour atteindre des objectifs militaires sur le territoire russe. Peu après, le chancelier (Olaf) Scholz a déclaré que les armes allemandes pourraient également être utilisées".

"C'est pourquoi je dis que nous avons besoin d'une Europe indépendante, composée de démocraties souveraines dans un monde multipolaire, ce qui inclut une politique étrangère et de sécurité indépendante centrée sur de bonnes relations avec les grandes puissances. 

Pour ce faire, il faut mettre un terme à l'expansion de l'OTAN en Asie et en Europe. Il faut s'assurer de quitter les blocs militaires et il faut lancer une initiative pour réduire les risques de conflits militaires directs", a-t-elle conclu.

 

Notre Avant-guerre 2024

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Notre Avant-guerre 2024

Karl Richter

Les_somnambules.jpgLe jugement populaire selon lequel les peuples d'Europe se sont précipités dans la Première Guerre mondiale par pur aveuglement et stupidité politique est toujours d'actualité. Le best-seller « Les somnambules » (2012), écrit par l'historien australien Christopher Clark, reflète de manière exemplaire cette vision. Mais elle est inexacte. Les cercles maçonniques et financiers internationaux travaillaient depuis des décennies à la Grande Guerre, au renversement des monarchies et à la mise en place de la démocratie occidentale. La Première Guerre mondiale était le produit d'une politique d'intérêts et d'intrigues à long terme menée par des cercles occidentaux agissant à l'arrière-plan.

Il en va de même pour la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'Hitler ait été l'acteur le plus bruyant, il n'est plus un secret pour personne qu'il n'était que l'instigateur, car la Seconde Guerre mondiale était fixée dès la fin de la Première. Dans les années 20 et 30, la Pologne seule a tenté à plusieurs reprises de déclencher la guerre contre l'Allemagne avec l'aide des puissances occidentales. L'élément déclencheur a finalement été, en 1939, la terreur persistante perpétrée contre la communauté allemande de Pologne - et l'encouragement à le faire par les instigateurs anglo-américains. C'est d'ailleurs exactement la même constellation, jusqu'aux principaux acteurs, à laquelle Poutine est confronté aujourd'hui. Contrairement à Hitler, il a attendu huit ans, de 2014 à 2022, avant de venir en aide à la population russe harcelée dans le pays voisin. Dans la grande interview que Tucker Carlson lui a accordée en février, Poutine a laissé entendre qu'il était conscient des parallèles historiques.

Nous assistons actuellement, en temps réel, au déclenchement de la troisième guerre mondiale. Délibérément, en toute connaissance de cause. Ce ne serait d'ailleurs pas la première grande guerre qui débuterait en été. On ne peut pas interpréter les provocations occidentales à l'égard de la Russie autrement que comme une volonté délibérée de déclencher la guerre. Les états-majors de l'OTAN connaissent la doctrine nucléaire russe - et c'est apparemment pour cette raison qu'ils attaquent les stations radar russes, qui font partie du système d'alerte précoce pour la détection d'attaques de missiles intercontinentaux (ICBM) et constituent donc un pilier de la sécurité stratégique de la Russie. Dans le même temps, elle ouvre la voie à l'envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine. Parallèlement, la guerre est portée avec détermination sur le territoire russe, en supprimant les restrictions actuelles sur l'utilisation des systèmes d'armes fournis par l'Occident. M. Poutine a maintenant averti, à juste titre, que « l'escalade continue » pourrait « avoir de graves conséquences ». Même si Kiev mène des attaques contre des installations russes et le territoire russe, la responsabilité en incombe aux soutiens occidentaux. « Ils veulent un conflit mondial ».

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Même les derniers observateurs qui ont conservé un esprit sobre ne se font pas d'illusions à ce sujet. Le président hongrois Orbán l'a formulé sans détour le 24 mai : « Ce qui se passe aujourd'hui à Bruxelles et à Washington, peut-être plus à Bruxelles qu'à Washington, est une sorte de préparation à un éventuel conflit militaire direct, on peut sans crainte l'appeler ainsi : les préparatifs pour l'entrée de l'Europe dans la guerre ont commencé ».

En l'état actuel des choses, la guerre aura lieu parce que l'Occident la veut. Les raisons en sont multiples et ne nous intéressent ici que marginalement : le cancer du capitalisme occidental est par principe tributaire de l'assimilation de nouvelles valeurs réelles et s'apprêtait déjà dans les années 90, après la fin de l'URSS, à absorber la Russie et ses matières premières. Poutine a empêché cela. Aujourd'hui, la fin de la domination du dollar et donc de l'hégémonie américaine sur le monde approche. Pour éviter cela, les élites occidentales sont également prêtes à la guerre nucléaire et préparent sans scrupule la décimation de la population européenne. Les Ukrainiens n'ont été que les premiers. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, l'a dit ces jours-ci : l'UE va tenter d'introduire la conscription dans d'autres États membres afin d'envoyer des jeunes dans une guerre de plus en plus désespérée en Ukraine : « La conscription est introduite pour envoyer des jeunes se faire massacrer en Ukraine ! »

L'inconscience avec laquelle les sociétés européennes se laissent manœuvrer dans la guerre semble fantomatique. Apparemment, trois quarts de siècle après la dernière guerre, toute connaissance collective, toute expérience collective de l'horreur de la guerre a disparu. L'insouciance - ou faut-il parler d'amnésie collective ? - l'indifférence avec laquelle les sociétés occidentales acceptent l'approche de la guerre, qui sera très probablement nucléaire, est stupéfiante. L'inconscience avec laquelle les Allemands, en particulier, qui ont déjà connu deux guerres mondiales et de terribles victimes, se précipitent dans l'urgence, est digne d'un film de zombies. L'Allemagne n'est absolument pas préparée à une guerre, que ce soit sur le plan mental, économique ou logistique, et encore moins sur le plan militaire. Les réserves de munitions de l'armée allemande sont connues pour durer moins de deux jours. La bonne nouvelle, c'est que l'Allemagne n'apparaît même pas dans les plans des états-majors russes comme un adversaire sérieux.

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Il est inutile de se creuser la tête sur le scénario à venir. La guerre ne commencera pas par un échange de tirs nucléaires, ni par une attaque conventionnelle de grande envergure. Cette dernière dépasserait actuellement les capacités de la Russie. La Russie a encore de nombreuses flèches non militaires à décocher, des flèches « asymétriques », dans son carquois, qui peuvent faire trébucher l'Occident avant qu'il ne puisse causer davantage de dégâts en Ukraine. La Russie n'a pas encore pris de contre-sanctions sérieuses, comme l'arrêt complet des livraisons de gaz et de pétrole, qui parviennent toujours à l'Occident par des voies détournées. La Russie n'a pas encore commencé à porter atteinte aux infrastructures occidentales par des frappes clandestines mais efficaces, par exemple contre les infrastructures de communication, d'énergie et de transport. Tout récemment, le 16 mai, Moscou a apparemment envoyé une arme anti-satellite dans l'espace, ce qui inquiète les stratèges américains. Une simple panne du système de navigation GPS provoquerait le chaos en Occident. Mais la Russie est toujours un ours qui dort.

L'Allemagne a survécu à deux guerres mondiales grâce à une organisation sans précédent de ses ressources sociales et économiques, même si elle n'a pas gagné. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production d'armements n'a même atteint son maximum qu'au dernier trimestre 1944. Aujourd'hui, la société allemande est à des années-lumière de telles performances. Elle n'est pas prête pour la défense et la performance, elle ne dispose d'aucune ressource et elle est encore plus malmenée par les millions de migrants qu'elle doit nourrir. Elle est incapable de se défendre.

Tout porte à croire que les sociétés d'Europe occidentale, dont les fondements sont l'hédonisme, l'effondrement des valeurs et la consommation permanente, imploseront en cas de crise. Si la première ogive nucléaire tactique russe explose au-dessus de l'Ukraine occidentale ou de l'un des centres de transit de l'OTAN en Pologne, de nombreux plans occidentaux deviendront caducs. Les millions d'immigrés qui prendront ce dont ils ont besoin lorsque les supermarchés seront vides provoqueront à eux seuls le chaos et des victimes considérables parmi la population civile. Mais si l'Allemagne est en état de guerre, il y a de fortes chances que la plupart d'entre eux quittent le pays à la hâte ; de telles prédictions existent.

En fin de compte, il faut se réjouir de cette évolution. Parce qu'il y a alors une chance, du moins en théorie, que les cartes soient redistribuées et que les régimes criminels occidentaux tombent. Il est encore difficile de prédire quelles seront les possibilités offertes par la combinaison du chaos intérieur et de la menace extérieure, et quels nouveaux acteurs apparaîtront éventuellement sur la scène. Une seule chose est sûre : les régimes occidentaux vassaux qui suivent aveuglément Washington dans la guerre doivent disparaître si nous voulons survivre. Ce sont eux, et non la Russie, qui sont nos ennemis existentiels. Ce sont eux, et non la Russie, qui veulent notre perte. Nous devons nous débarrasser d'eux si nous voulons avoir un avenir. De toute façon, nous n'avons plus le choix.

 

Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent

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Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/i-giovani-sempre-piu-disgustati-dagli-oligarchi-ed-i-media-si-indignano/

L'assaut final des anciens grands quotidiens - et des télévisions, de TeleMeloni à toutes les chaînes anti-Meloni - a commencé à convaincre les jeunes de voter aux élections européennes. Et, éventuellement, de bien voter, c'est-à-dire de ne pas voter à droite (pour éviter le risque, TeleMeloni est en première ligne). Mais la tentative de diaboliser les jeunes pour leur attitude vis-à-vis de la politique se développe également.

Et comme ce comportement ne se limite pas aux adolescents, on glisse la génération Z et les Millennials parmi les jeunes, y compris ceux qui sont nés dans les années 1980 et qui ne sont pas tout à fait des primo-arrivants en politique. Mais ce sont les plus en colère et donc les plus dangereux pour le pouvoir.

Car, au-delà des intentions de vote pour les différents partis, les deux tiers des jeunes ou "presque jeunes" de l'Occident collectif sont profondément dégoûtés par les oligarques et les hommes politiques de leurs pays respectifs. Les différences de pourcentage entre les États-Unis et les pays européens sont minimes. Par conséquent, l'étude américaine ne peut pas blâmer la stupidité de Biden ou la vulgarité de Trump, les travers napoléoniens de Macron ou la servilité de Meloni, ou encore la misère totale de Scholz.

Le problème n'est donc pas l'indication sur le bulletin de vote - à Washington, ils parviennent à avoir peur même de Robert Kennedy junior qui, au mieux, perdra avec une marge abyssale même contre le second - mais c'est que ces générations ne veulent plus contribuer à la création du nouveau monde indiqué par les oligarques. Elles ne sont pas heureuses de s'appauvrir, elles ne sont pas heureuses de devoir risquer leur vie chaque fois qu'elles sortent de chez elles parce que le crime est assuré de l'impunité, elles ne sont pas heureuses de devoir renoncer à leur langue et à leur culture pour devenir des citoyens du monde politiquement corrects. Ils ne se réjouissent pas non plus des moqueries des écologistes au service du pouvoir : la production d'énergie renouvelable en Allemagne a trop augmenté et les prix se sont effondrés. Mais au lieu de se réjouir, ils ont décidé de réduire la production. La même chose a été demandée à la Chine pour sa surproduction d'énergie solaire.

De quoi les quadragénaires ou les adolescents devraient-ils se réjouir ? De la guerre mondiale que l'Occident collectif veut déclencher ? Des coupes à venir dans l'économie italienne pour rembourser la dette ? De la décroissance malheureuse ? De l'impossibilité d'acheter une maison dans les grandes villes ?  Mais ils doivent aller voter. Pour offrir au pouvoir un alibi obscène de plus.

 

jeudi, 06 juin 2024

Entretien avec le général Marco Bertolini

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Entretien avec le général Marco Bertolini

Propos recueillis par Stefano Vernole

Entretien accordé au "Centre d'études Eurasie et Méditerranée"

Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/05/intervista-al-generale-marco-bertolini/

    - Bonjour, mon Général. La semaine s'est ouverte sur les réactions du gouvernement italien aux déclarations de Jens Stoltenberg ; le secrétaire général de l'OTAN a invité les alliés qui fournissent des armes à l'Ukraine à « envisager » de lever l'interdiction d'utiliser ces armes pour frapper des cibles militaires en Russie, parce que Kiev « a le droit de se défendre et cela inclut de frapper des cibles sur le territoire russe ». Nonobstant le fait qu'en réalité, l'Ukraine frappe déjà depuis deux ans des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie (Belgorod en particulier) et pas seulement en Crimée, territoire contesté, pensez-vous que le gouvernement italien pourra résister à l'effet d'entraînement provoqué par les propos de Stoltenberg et d'autres dirigeants européens (Macron en particulier), même après les élections européennes ? Ne vous semble-t-il pas que la rhétorique atlantiste, jour après jour, cherche l'escalade et que le comportement antérieur de notre pays face aux pressions américaines ne rassure pas pleinement sur la possibilité de rester à l'écart d'une aggravation du conflit ?

« Tout d'abord, je pense que je dois admettre que Stoltenberg a exposé, certainement sans le vouloir, l'hypocrisie de l'Occident dans son ensemble. L'Occident, entendu comme ce conglomérat qui appartient à l'anglosphère en général et à l'OTAN et l'UE en particulier, est en guerre contre la Russie depuis deux ans. Il l'est par les termes insultants (boucher, criminel, dictateur, etc.) utilisés pour qualifier ce qui fut et reste le président élu et reconnu d'un pays avec lequel nous entretenons toujours des relations diplomatiques, par les démonstrations de haine « raciale » contre tout ce qui est russe (de la culture au sport, au point d'exclure les athlètes paralympiques des compétitions internationales), et bien sûr par le régime de sanctions qui non seulement affecte surtout nos économies, mais contredit aussi des décennies de relations commerciales entre l'Europe occidentale et l'Europe slave qui ont apporté prospérité et richesse aux uns et aux autres. Ainsi que la sécurité.

Mais tout au long de cette longue période, une hostilité sous-jacente a persisté, en particulier de la part de l'extrême Occident, qui ne pouvait digérer une soudure entre l'Europe et l'Asie via la Russie, qui menacerait de créer un énorme centre de pouvoir dans le « Heartland » de Mackinder, l'inventeur de la géopolitique. Et ce, au détriment des puissances insulaires, navales et anglo-saxonnes qui ont toujours considéré l'Europe comme une entité quelque peu étrangère, voire hostile. En tout cas, à contrôler.

Dans les mêmes années où Vladimir Poutine a été reçu dans nos chancelleries avec tous les honneurs, en effet, les actions n'ont pas manqué pour miner ce qui restait de la sphère d'influence russe emportée par l'effondrement soviétique. Quelques années après la chute du mur de Berlin, un autre, plus petit, était construit dans les Balkans pour isoler la petite Serbie et ghettoïser la Republika Srpska en Bosnie, encore plus petite, tandis que la quasi-totalité des pays autrefois alliés au sein du Pacte de Varsovie basculaient dans l'OTAN, voire une partie de l'ex-URSS elle-même (les pays baltes). Avec les printemps arabes, initiés, toujours par coïncidence, par le trio américain, britannique et français, avec l'attaque de la Libye et la destruction de la Syrie, l'allié historique de Moscou, le tableau était donc planté pour d'autres développements, qui se déroulent malheureusement aujourd'hui sous nos yeux.

Laissant de côté cette digression historique et revenant au sujet, l'hypocrisie de l'Occident a atteint son apogée avec la fourniture d'armes hautement sophistiquées à l'Ukraine, avec la clause à la Ponce Pilate d'interdire - au moins officiellement - leur utilisation contre le territoire russe. Une clause absurde et probablement impossible à respecter par ceux qui combattent un ennemi plus fort avec ces armes.  Et par ceux qui perçoivent désormais clairement que leur propre survie politique, voire physique, dépend de l'issue d'une guerre qui semble désormais perdue sur le terrain ; à moins de tout remettre en jeu en élargissant le périmètre et en impliquant l'OTAN et l'Union européenne.

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Dans ce « je voudrais bien, mais je ne peux pas », se cache en somme toute la duplicité occidentale mise à nu par Stoltenberg avec un « le roi est nu » qui embarrasse tout le monde. Et l'embarras est aussi motivé par le fait que, contrairement à Macron qui est le président élu de la France et qui, à ce titre, a tout à fait le droit de faire et de dire ce qu'il juge nécessaire dans l'intérêt de son propre pays, Stoltenberg n'est qu'un haut fonctionnaire nommé, dont les pouvoirs se limitent à rapporter et à coordonner les décisions prises à l'unanimité par les pays de l'OTAN, dont certains, comme on le sait, ne voient pas d'un bon œil la poursuite d'autres actes belliqueux.

Il n'en reste pas moins que je ne crois pas qu'il parle pour faire grincer des dents, et qu'il participe certainement, sans en avoir le droit, à une escalade de tons qui a commencé il y a au moins deux ans, pour préparer l'opinion publique et porter aux conséquences extrêmes une guerre qui, jusqu'à présent, voit la Russie avec un avantage considérable, au niveau tactico-opérationnel, au grand dam de ceux qui prévoyaient sa défaite définitive et son exclusion de l'Europe et de la mer Méditerranée.

En bref, nous en sommes arrivés aux conséquences prévisibles d'un plan d'action misérable par lequel l'Occident tout entier s'est plié aux décisions belliqueuses de Londres et de Washington dans l'illusion qu'il existait une différence suffisante de potentiel technologique, social, moral et motivationnel pour prendre le dessus sur Moscou.

Cela dit, c'est avec soulagement que de nombreux gouvernements, dont le nôtre, ont pris leurs distances avec les affirmations de Stoltenberg et de Macron ; mais je doute que cette attitude prudente tienne face à un accident nucléaire majeur à Energodar, par exemple, exposé aux tirs d'artillerie ukrainiens depuis deux ans alors que tout le monde semble l'avoir oublié, ou à un casus belli avec un fort impact médiatique et un appel aux armes conséquent pour la défense de la « démocratie » ukrainienne.

    - Depuis le 17 avril, l'Ukraine a utilisé au moins 50 ATCMS pour attaquer diverses cibles. Certaines de ces attaques ont été couronnées de succès et ont touché des installations importantes: au moins deux S-400, un dépôt de munitions et au moins trois avions lors d'une attaque contre l'aéroport de Belbek le 16 mai. L'un des deux radars d'Armavir, dans le sud de la Russie, a été touché et, d'après les photos, endommagé. Les deux systèmes radar d'Armavir, qui fonctionnent sur des fréquences UHF, couvrent l'Iran, le Moyen-Orient et la partie la plus méridionale de l'Ukraine. Ils constituent surtout l'une des composantes du réseau d'alerte précoce de la Russie pour sa propre défense contre les attaques de missiles ICBM et les attaques nucléaires ; ils peuvent également identifier des avions et des missiles d'autres types, mais c'est là leur rôle principal. Dans la pratique, un radar qui permet à la Russie d'identifier les missiles nucléaires se dirigeant vers son territoire a été touché. Si un radar de ce type est endommagé, non seulement les capacités de défense contre une attaque nucléaire sont limitées, mais le risque d'identifier comme une menace quelque chose qui n'en est pas une et de déclencher des contre-mesures appropriées même en l'absence de menace augmente de manière disproportionnée. En résumé, pensez-vous que le risque d'une riposte russe, même nucléaire, est toujours réel ?

« C'est l'un des risques auxquels je faisais référence. Les systèmes d'alerte précoce des Etats-Unis et de la Russie surtout, mais cela vaut aussi pour la Chine, font partie intégrante de la dissuasion nucléaire dans son ensemble, au même titre que les armes et les lanceurs qui permettent de les lancer sur des cibles. C'est grâce à eux que les puissances nucléaires sont en mesure de détecter les menaces qui pèsent sur leur territoire bien avant qu'elles n'apparaissent à l'horizon. Mais c'est aussi grâce à la connaissance de leur existence que l'ennemi potentiel sait que ses attaques seront détectées bien à l'avance, ce qui déclenchera des représailles.

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Pour en venir au cas particulier que vous évoquez, l'inefficacité éventuelle de l'alerte précoce d'Armavir, qui ouvrirait une faille dans l'angle sud-ouest de la Russie, pourrait déclencher de fausses alertes, voire pousser la Russie à une frappe préventive pour éviter la première frappe de l'adversaire. En bref, si Zelensky parvenait à détruire le radar par une telle « frappe », il aurait infligé de graves dommages non seulement aux défenses de la Russie, mais aussi à celles des États-Unis, désormais exposés à une réaction contre leur dissuasion stratégique et pas seulement contre leur « outil » tactique ukrainien. À moins que les États-Unis ne soient, autant que possible, à l'origine de l'attaque, ce qui supposerait une exploitation imminente de ses résultats, avec les conséquences que l'on peut imaginer.

Mais Zelensky n'y va pas de main morte car il lutte pour sa propre survie. Une survie compromise par les revers constants sur le terrain, par la résistance toujours plus grande à une mobilisation qui épuise ce qui reste de la société ukrainienne, par les accusations d'illégitimité politique nées de l'expiration de son mandat électoral, par la présence d'autres figures comme Arestovich et Zaluzny qui, bien qu'éloignées de l'Ukraine, ne manquent pas d'un plus grand charisme, par la lassitude de l'opinion publique occidentale, de plus en plus réticente à prouver ce que l'on ressent quand on « meurt pour Kiev ».

D'autre part, elle peut compter sur la terreur de l'Occident face à une éventuelle victoire russe qui mettrait en péril sa crédibilité globale, en raison de ce qu'elle a investi dans cette guerre par procuration d'un point de vue rhétorique, politique, financier, énergétique et militaire, exprimant le meilleur de ses outils tactiques jusqu'à présent insuffisants dans ce dernier domaine. À cet Occident qui a déjà dû faire de nombreux pas en arrière en Afrique, la France donne de la voix avec un interventionnisme dangereux qui, pour l'instant, ne semble attirer personne d'autre que les petits États baltes en colère, impatients de mettre la main à la pâte, tout en s'accrochant fermement aux jupes de Mother UK.

    - En Europe, nous semblons être confrontés à une « tempête parfaite ». L'Ukraine génère un effet domino extrêmement dangereux et plusieurs crises régionales sont réactivées : les Balkans (Republika Srpska et Kosovo), la Transnistrie et la Gagaouzie (Moldavie et Roumanie), Kaliningrad et le corridor de Suwalki (Allemagne, Pologne et Belarus), le Caucase (Arménie et Azerbaïdjan), les tensions frontalières dans les pays baltes (Estonie, Lituanie et Finlande) et la rivalité russo-anglaise pour le contrôle de la mer Noire. Le président hongrois Viktor Orban a dénoncé non seulement l'agressivité de l'opinion publique européenne mais aussi la tenue d'une réunion à Bruxelles dans le but d'impliquer directement l'OTAN dans le conflit ukrainien, mais aussi inévitablement sur d'autres théâtres de crise. Comment évaluez-vous la proposition d'une armée européenne intégrée à l'OTAN (récemment évoquée par von der Leyen et d'autres) ? Ou bien un repositionnement sur l'intérêt national, comme le suggère Orban lui-même, serait-il préférable ?

« Les inquiétudes suscitées par la guerre en Ukraine nous font souvent oublier le contexte général, qui est encore plus inquiétant. Que la Russie soit encerclée est un fait incontestable, non seulement en raison du passage de nombreux pays du Pacte de Varsovie à l'OTAN ou de l'influence américaine dans les anciennes républiques soviétiques du Sud, mais aussi en raison de l'émergence de situations de crise qui sont sur le point d'exploser à la périphérie même du pays. C'est le cas de la mer Baltique, devenue subitement un lac « OTAN » avec le passage de la Suède et de la Finlande à l'Alliance atlantique après une ère de neutralité prolongée, alors même qu'elle est la base d'une des cinq flottes russes, à Kaliningrad. Le fait que l'amiral Stavridis, ancien SACEUR et aujourd'hui cadre supérieur de la Fondation Rockefeller, ait parlé de la nécessité de neutraliser l'enclave russe en cas de crise laisse clairement entrevoir la possibilité non négligeable d'un cas ukrainien même à ces latitudes, à la satisfaction des républiques baltes et de la Pologne. Des raisons similaires de crise existent en Roumanie, avec la construction prévue à Mihail Kogqlniceanu, près de Constanza sur la côte de la mer Noire, de la plus grande base militaire de l'OTAN en Europe. Par ailleurs, les manœuvres moldaves visant à ramener la Transnistrie « russe » sous la souveraineté de Chisinau ne peuvent qu'être perçues comme une menace par Moscou, qui déploie depuis des décennies son propre contingent limité de maintien de la paix sur cette étroite bande de territoire.

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Dans les Balkans, des pressions considérables s'exercent depuis longtemps sur la réalité serbe. L'instauration par l'Assemblée générale des Nations unies d'une journée de commémoration du « génocide » de Srebrenica a fortement touché la population serbe de Bosnie qui, selon le président de la Republika Srbska, pourrait désormais décider de se séparer de la Bosnie-Herzégovine. Bref, une sorte de « 25 avril » balkanique, qui démontre la véritable fonction de certaines « journées du souvenir », non pas destinées à surmonter la laideur d'hier, mais simplement à les figer en fonction de leur utilité pour l'avenir ; ou à empêcher des pays potentiellement importants, comme dans le cas de l'Italie, de se présenter d'une seule voix sur la scène internationale.

Dans le Caucase, autre zone stratégique où les intérêts russes et américains (et turcs) se croisent et s'affrontent, la situation n'est pas meilleure, la Géorgie, pays candidat à l'OTAN et à l'UE, étant touchée par des manifestations qui pourraient déboucher sur un Euromaïdan local, sous le prétexte d'une loi qui garantirait simplement la transparence dans le financement des ONG. Heureusement, pour l'instant, la réaction du gouvernement résiste aux indignations faciles de l'Occident qui voudrait dicter les choix politiques locaux, mais la région est trop importante pour renoncer à l'ouverture d'un nouveau front qui engagerait Moscou. Sans oublier, bien sûr, le conflit azerbaïdjano-arménien où les Etats-Unis, la Russie et la Turquie se disputent le contrôle de la zone, cruciale pour la construction du corridor qui devrait mener de Saint-Pétersbourg à l'Iran et, de là, à l'Inde. Quant à l'Iran, son affrontement avec Israël jette au moins une ombre de doute sur le caractère aléatoire de l'incident qui a conduit à la mort du président Raisi et de son ministre des affaires étrangères, rendant une zone de conjonction entre la crise ukrainienne et la crise du Moyen-Orient encore plus instable et capable d'entraîner tout le monde dans son tourbillon.

Pour en venir à la question concrète, face à cette prolifération non aléatoire de crises, la tentation de mettre en place une « armée européenne » se fait toujours sentir. Je crois cependant qu'il s'agit d'un faux problème qui tend à faire oublier la nature première des forces armées, à savoir constituer une garnison pour protéger et défendre la souveraineté nationale. En bref, la création d'un instrument militaire « européen » dans le sillage des craintes suscitées par la crise ukrainienne se traduirait par une simple abdication de ce qui reste de la souveraineté nationale individuelle, pour confier ses forces à un commandement qui, dans ce cas, serait sous le contrôle d'autres ; en particulier de la France, de l'Allemagne, de la Pologne ou du Royaume-Uni (même si les Britanniques sont désormais en dehors de l'UE), tous des pays centrés sur « leurs » intérêts nationaux plutôt que sur les intérêts évanescents et virtuels de l'Union ou de l'Alliance.

    Si la situation est critique en Europe, elle ne semble guère meilleure dans le reste du monde. En Afrique, nous assistons à une confrontation totale entre les puissances occidentales et les nations du BRICS, avec les Turcs comme troisième roue de la charette, pour le contrôle de leurs sphères d'influence respectives ; au Moyen-Orient, nous sommes les spectateurs actifs du massacre des Palestiniens (en fournissant des armes à Israël) et de l'intensification du ressentiment du monde islamique à l'égard de l'Occident ; en Asie, la crise de Taïwan s'aggrave dangereusement. Il semble évident que sans un retour à la diplomatie internationale, l'avenir du monde sera de plus en plus nébuleux et dangereux. Que pouvons-nous attendre de ce point de vue dans les mois/années à venir ? Existe-t-il un potentiel diplomatique pour au moins limiter les conflits actuels et futurs ?

« Nous sommes dans une phase de transformation spectaculaire de l'ordre mondial autoproclamé en quelque chose d'autre qu'il est encore difficile de prédire. Certes, la réalité des BRICS semble menacer la domination traditionnelle anglo-occidentale mais, d'un autre côté, il ne fait aucun doute que, sur le plan stratégique, les jeux ne sont pas encore faits. Un lien fort entre la Russie et la Chine se consolide, y compris en termes militaires, mais il est également vrai que les zones de friction ou d'affrontement entre l'Ouest et l'Est le long de la frontière eurasienne posent à la Russie de grands problèmes à prendre en compte. À cette situation s'ajoute l'insoluble problème du Moyen-Orient, où Israël, sorte de greffe occidentale à l'Est, agit avec une extrême absence de scrupules, sans craindre de devoir répondre à qui que ce soit de ses actes, même les plus cruels à l'égard de la population palestinienne. Et le fantôme d'un affrontement régional impliquant l'énorme Iran, cible depuis des années d'attentats en Syrie, ne permet pas de cultiver trop d'illusions sur un avenir pacifique.

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Bref, ce n'est pas une ère de paix qui s'annonce, et cela met à jour une autre hypocrisie sous-jacente de l'Occident, désormais contraint par l'irruption de la réalité à renoncer à l'illusion que la guerre a été effacée de l'histoire avec l'affirmation des démocraties et la défaite de l'autoritarisme européen il y a quatre-vingts ans. Cette réalité contredit le rêve onirique de Francis Fukuyama selon lequel il n'y aurait plus besoin de l'histoire, qui, au contraire, fait toujours bonne figure dans notre présent vertueux. Vertueux, inclusif, accueillant, solidaire et respectueux de l'environnement.

Il faudrait en effet une diplomatie capable d'apaiser les tensions, mais avant cela, il faudrait une politique qui privilégie réellement - et pas seulement en paroles - le dialogue à la confrontation. C'est en effet la politique qui fait avancer la diplomatie, et si la politique veut la guerre, la diplomatie ne peut que reculer.

Cela peut paraître étrange, en effet, mais pour beaucoup, la guerre n'est pas encore un mal absolu, mais un moyen acceptable de défendre ce que l'on considère comme les intérêts vitaux de son pays, à tort ou à raison. C'est pourquoi elle est menée par des soldats et non par des policiers, même si, dans notre recherche hypocrite d'euphémismes conciliant les engouements constitutionnels et les réalités politiquement incorrectes, nous en sommes venus à inventer la catégorie des opérations internationales de police, sœurs jumelles de l'oxymore des opérations de paix, au son des canonnades bien sûr. Je crois personnellement que la référence aux « intérêts vitaux » peut être comprise par tous, de même que la référence à « son propre pays ». Mais encore faut-il préciser que les valeurs ou principes souvent évoqués (par exemple la « démocratie ») ne sont pas vitaux, surtout lorsqu'ils sont utilisés pour étouffer dans l'œuf les ambitions de défense d'autrui. C'est malheureusement ce qui se fait depuis des décennies et si nous avions été attentifs à ce qui se passait dans le monde en dehors de notre bulle euro-atlantique, nous aurions dû nous en rendre compte bien plus tôt qu'aujourd'hui. Bien avant l'effondrement ».

* * *

    Marco Bertolini, général de corps d'armée (r) de l'armée italienne, est né à Parme le 21 juin 1953. Officier parachutiste, il a terminé son service actif le 1er juillet 2016 à la tête du Commandement des opérations du sommet interforces de la défense (Coi), dont dépendent toutes les opérations des forces armées en Italie et à l'étranger.

    Stefano Vernole, journaliste indépendant et analyste géopolitique, est vice-président du Centro Studi Eurasia Mediterraneo.

Grandes manœuvres

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Grandes manœuvres

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/grandi-manovre/

C'est la saison des grandes manœuvres. Manœuvres politiques, manœuvres économiques. Et surtout, des manœuvres stratégiques et militaires. Parce que tous les pays du monde sont en train de se positionner dans la perspective du nouveau risque global.

De ce que, pour simplifier, nous pourrions appeler ces manoeuvres la troisième (ou la quatrième) guerre mondiale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui. De guerre et de guerre mondiale. À condition toutefois de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un conflit profondément différent de ceux auxquels le siècle dernier nous avait habitués. C'est une guerre asymétrique, une guerre hybride... qui nécessite beaucoup de définitions. Mais ce qui est important, c'est que dans ce conflit, la neutralité, le fait de se mettre à l'écart, est un luxe que le Costa Rica et Monaco peuvent peut-être s'offrir. Et j'insiste sur le « peut-être ». 

Cependant, le monde prend parti. Des pays, des puissances majeures et mineures, des puissances régionales, etc. se rassemblent. Dans un système à géométrie variable. Pas rigide. Car ceux qui sont alliés dans un quadrant géopolitique peuvent être rivaux, voire ennemis, dans un autre.

Il s'agit donc avant tout d'une guerre diplomatique. Le tissage diplomatique de liens politiques et, en premier lieu, économiques peut mettre une puissance en position de sécurité, la renforcer même en cas de conflit militaire direct. À l'inverse, il peut délimiter un isolement substantiel. Ce qui est, presque toujours, un signe annonciateur de défaite.

Et si l'on regarde les faits avec un œil, disons, sans préjugés, sans se laisser influencer par le fanatisme partisan, on se rend compte d'une chose bien précise. Sur le plan des grandes manœuvres diplomatiques, Washington et tout l'Occident collectif sont en train de perdre.

Alors que ses deux principaux rivaux mondiaux, la Russie et la Chine, gagnent chaque jour du terrain.

En Afrique, dans la région du Sahel, les Français ont désormais perdu toute emprise sur leur ancien empire colonial. Et la tentative de Washington de prendre le relais de Paris dans le contrôle d'une zone stratégique tant sur le plan économique que géopolitique s'est avérée vaine. Le Niger, le Burkina Faso, le Mali sont désormais clairement entrés dans l'orbite russe. Et ils abritent des garnisons de milices privées contrôlées par Moscou. Notamment la désormais célèbre Wagner. Le Tchad a suivi la même voie.

Au Sénégal, un nouveau président ouvertement hostile aux Français et aux Américains est sorti des urnes. Et le Congo s'est rapproché diplomatiquement du Kremlin.

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D'ailleurs, dans tout le centre-sud de ce qu'on appelait autrefois le continent noir, c'est Pékin qui dicte les règles du jeu. En utilisant l'instrument de la pénétration « douce », sans conflit. Par le biais de la coopération économique. Comme le théorise la doctrine Xi Jinping.

En Asie également, le jeu des équilibres évolue rapidement. Des géants émergents comme l'Indonésie observent avec inquiétude les tensions croissantes entre Washington et Pékin. Ils tentent de maintenir une position qui ne nuise pas à leurs relations commerciales vitales avec la Chine.

D'autre part, la Russie intensifie ses relations avec les pays de la région traditionnellement considérés comme étant dans l'orbite de Washington. Les déclarations de Poutine sur les bonnes relations avec Séoul, qui, selon lui, « n'est pas en proie à une russophobie obtuse », sont extrêmement significatives.

Mais la position de l'Inde est encore plus significative. Modi a mal accueilli la tentative de Washington de le forcer à rompre ses relations de coopération économique avec Téhéran. Et la réponse à la menace américaine de sanctions économiques est apparue extrêmement dure. Selon les critères habituellement prudents et cossus du dirigeant indien.

En réalité, Moscou et Pékin - que nous pouvons désormais considérer comme un front commun - disposent de deux instruments de diplomatie et de relations internationales extrêmement élastiques. Et donc très efficaces.

Les fameux BRICS, qui sont en pleine expansion. Et qui créent un tissu de relations économiques tel que les sanctions menacées par l'Occident collectif contre Moscou et Pékin sont dérisoires.

Et l'Organisation de coopération de Shanghai. Essentiellement dirigée par la Chine, elle a pris, lors de son récent sommet à Astana, une position décisive aux côtés de la Russie dans le scénario international actuel.

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L'OCS, dont l'Iran, le Pakistan et l'Inde sont également membres, est aussi une organisation de coopération militaire.

À ces instruments et à ce dynamisme diplomatique de ses rivaux, Washington répond par une arrogance aveugle. Une arrogance d'autant plus frappante que les déclarations des sommets politiques de Bruxelles et de l'OTAN sont « insensées » et improvisées.

Une bêtise qui tient à la prétention que seul le collectif occidental représente la fameuse « communauté internationale ». Et que, par conséquent, c'est lui et lui seul qui a le droit d'imposer des règles. Et de les enfreindre à volonté.

Mais cette primauté n'existe plus que dans le monde des rêves. La réalité est tout autre. Et cet Occident se retrouve chaque jour un peu plus isolé et assiégé.

 

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Mexique, continuité ou changement ?

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Mexique, continuité ou changement?

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/messico-continuita-o-cambiamento/

Claudia Sheinbaum est désormais la présidente du Mexique. Après Andrés Manuel López Obrador, abrégé en Amlo, le Mexique s'est choisi un nouveau président au nom difficile à retenir (ndlr: pour les hispanophones et les italophones). Rien à voir avec des origines précolombiennes, comme le rival de centre-droit Xóchitl Gálvez, puisque la nouvelle présidente est la descendante d'une famille juive de Lituanie. Et il lui appartiendra de poursuivre la politique d'Amlo, populiste et de gauche, mais d'un réalisme évident. Ou peut-être Sheinbaum décidera-t-elle sereinement de modifier les choix de son prédécesseur.

Car Amlo a toujours fait savoir qu'il était profondément opposé au turbo-capitalisme de son incommode voisin nord-américain. Mais il a largement profité de la guerre commerciale déclenchée par Washington contre Pékin. Et du capitalisme américain qui investit dans des usines au Mexique pour réduire le coût de la main-d'œuvre.

Ensuite, Amlo a fait un clin d'œil aux pays des Brics, tout en faisant des affaires avec les Yankees. Et il n'a pas fait beaucoup d'efforts pour endiguer le flux de migrants illégaux qui partent d'Amérique latine vers les États-Unis. Car plus la population hispanophone augmente en Amérique du Nord, mieux c'est, non seulement en termes d'économie, mais aussi et surtout en termes de vision géopolitique globale. Après tout, l'âme mexicaine n'a jamais oublié les guerres menées par Washington pour s'approprier d'immenses territoires, du Texas à la Californie.

Cela ne fait pas forcément partie du bagage culturel politique de Sheinbaum. Qui, à première vue, semble plus raffinée qu'Amlo et, par conséquent, moins dangereuse pour Washington. Et même si, dans un premier temps, Obrador exercera une certaine influence sur la nouvelle présidente, le désir d'autonomie de Sheinbaum émergera rapidement. Et l'on verra si elle ne voudra traiter qu'avec le Mexique, avec ses graves problèmes de narcotiques, ou si elle conduira son pays à être le leader d'une Amérique latine qui reste un nain politique en manque de leadership crédible.

Stoltenberg demande à l'Europe 40 milliards par an pour Zelensky

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Stoltenberg demande à l'Europe 40 milliards par an pour Zelensky

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/stoltenberg-chiede-alleuropa-40-miliardi-allanno-per-zelensky/

40 milliards d'euros par an qu'il faudrait donner à Zelensky. C'est la demande faite à l'Europe, non pas par le fou de Kiev, mais par le criminel au sommet de l'OTAN, Stoltenberg. Qui, dans son délire destructeur, ne se contente pas de pousser l'Europe vers la guerre nucléaire mais, pour être sûr de l'anéantissement total du Vieux Continent, veut aussi éliminer toute possibilité de survie économique et sociale.

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"Combien de maisons, d'hôpitaux, d'écoles ou de trains seront retirés à notre peuple ? C'est la question que pose Marco Rizzo, leader de Democrazia Sovrana Popolare. Ce n'est pas un hasard si le bon gouvernement italien au service de Washington a changé les règles à l'avance pour empêcher Rizzo de présenter des listes aux élections européennes et si Democrazia Sovrana Popolare ne se présente que dans le centre de l'Italie.

Les autres, en revanche, ne se distinguent que par leur dose de vassalité à Biden, à l'OTAN, à Ursula et à Borrell. Avec Giorgetti qui ne sait pas comment équilibrer les comptes mais n'ose pas dire un mot contre Stoltenberg. Avec des pensions qui ne sont pas adaptées à l'inflation, avec une augmentation de la main-d'œuvre pauvre, avec une opposition qui n'exprime que sa loyauté envers l'Occident collectif et avec des déclarations de plus en plus embarrassantes de la part du Quirinal.

Le tout soutenu, bien sûr, par des médias de service qui ont de moins en moins de lecteurs et de téléspectateurs. Mais plus l'audience diminue, plus la servilité grandit. En attendant de proclamer la mobilisation générale pour la guerre des autres.

Mais il n'est pas nécessaire de souligner les similitudes inexistantes avec le climat qui a précédé la Première Guerre mondiale. Les interventionnistes de l'époque - D'Annunzio, Mussolini, les futuristes - ont vraiment fait la guerre. Mussolini a été blessé, certains futuristes sont morts. Les bellicistes d'aujourd'hui n'iront de toute façon pas à la guerre. Leurs enfants et petits-enfants non plus. Comme il se doit, ils se présenteront aux élections de la semaine prochaine pour se garantir un siège confortable à Bruxelles et non pour se réserver un char d'assaut inconfortable dans le Donbass.

Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme

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Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme

Michael Kumpmann

Source: https://www.geopolitika.ru/de/article/feminismus-wie-eine-linke-ideologie-zur-wegbereiterin-des-neoliberalismus-wurde?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR2cI4-UiLP97PmPrc1goZv-yecAnJQxSzeh6m_25Rdo-0ccqEQN3-XfRRY_aem_AaNUcoHmVb4k34bOq8Jh8tQw8TU2jPrUPHvjcWVuZpVEtod2Y1YbCe1aXZrIjT97DNIOax9MMA46KZ1j0o0jaFu-&utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f

J'ai consacré ici plusieurs articles à la genèse du « libéralisme 2.0 » de gauche. J'y ai énuméré un certain nombre de facteurs, comme la prédominance de la « vie nue » comme principe éthique, décrite par Leo Strauss, et l'abandon de l'éthique de la vertu (cf: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/12/26/leo-strauss-critique-la-vie-nue-dans-le-liberalisme-2-0-6357090.html - http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/21/liberalisme-2-0-la-route-vers-le-meilleur-des-mondes.html ).

De même, j'ai mentionné le progressisme américain, qui représentait quasiment une pseudo-social-démocratie favorable aux entreprises, mais où le sujet social-révolutionnaire n'est pas l'ouvrier, mais l'entrepreneur et la grande entreprise. (L'historien marxiste Gabriel Kolko, l'inventeur de l'anarcho-capitalisme Murray Newton Rothbard et l'auteur allemand Stefan Blankertz ont effectué des recherches sur ce sujet, qui ont révélé des choses étonnantes) [i]. Ce système américain des grandes entreprises, que les gauchistes détestent, a été créé par les « progressistes ». Le progressisme a également introduit dans la politique américaine l'idée de l'efficacité économique et technique comme objectif politique, ce qui, en cas de doute, serait même supérieur à la libre entreprise. L'accent mis sur l'efficacité technique comme objectif est particulièrement intéressant, en raison du concept heideggerien du Gestell comme centre de la modernité technicienne).

On peut également identifier les tribunaux des crimes de guerre de Nuremberg comme une racine du libéralisme 2.0. En particulier en ce qui concerne l'importance du « méchant nazi » en tant qu'ennemi de la gauche libérale, et la politique du culte de la culpabilité, où l'Holocauste et la réparation de celui-ci sont invoqués comme raison d'être de la politique. Et le fait que dans d'autres pays, on cherche quasiment d'autres choses avec des thèmes comme l'esclavage ou le colonialisme, qui, au lieu du phénomène allemand de la Shoah, peuvent mieux y être considérés comme des péchés originels locaux. Il est également frappant de constater que l'Occident tient à traduire des personnes étrangères comme Pinochet ou Joseph Kony devant des tribunaux occidentaux, plutôt que de les laisser à leur propre peuple. C'est pourquoi le libéralisme 2.0 peut aussi être considéré, d'une certaine manière, comme une manière de poursuivre les tribunaux de Nuremberg en tant que mouvement politique international et en tant que « révolution permanente ». (Il faut aussi dire que le projet d'une révolution culturelle anti-traditionnelle a échoué avec fracas en Russie, en Chine et en Corée du Nord, etc. et que ces pays sont aujourd'hui les gardiens de la tradition dans le monde. La RFA, qui voulait passer toute son histoire intellectuelle au crible des références nazies et annuler des auteurs comme Heidegger, Nietzsche, Kant, etc. peut toutefois être considérée comme la première révolution culturelle réussie de l'histoire. Cela joue un rôle ici).

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Mais un autre facteur important est le féminisme et son cheminement vers le soutien au néolibéralisme, en assumant presque la fonction que Weber attribuait à l'esprit protestant au 19ème siècle.

De nombreux conservateurs se moquent à juste titre des contradictions internes du féminisme. Celles-ci sont très frappantes, notamment grâce au postmodernisme et à l'intersectionnalité (où le statut d'étranger, de handicapé, de trans, etc. peut déterminer si un même acte est criminel, normal ou même héroïque). Mais même avant que le « bon sens » ne soit déclaré instrument d'oppression patriarcale, certains illogismes ont été fortement remarqués.

Une en particulier : Les féministes décrivaient la famille hétérosexuelle comme une exploitation de la femme et une oppression, mais décrivaient en même temps le travail et la carrière comme émancipateurs, libérateurs et un moyen de se réaliser. En dépit des pratiques bien connues des entreprises, comme le « hire and fire ». (Et malgré des faits tels que ceux où des entreprises comme Foxconn ont dû installer des filets anti-suicide sur les bâtiments de l'entreprise).

Si l'on considère ces contradictions en tenant compte du fait que le féminisme faisait à l'origine partie de la seconde théorie politique (l'impulsion initiale du féminisme remonte en grande partie à Friedrich Engels et le terme féminisme a été inventé par le socialiste Charles Fourier), il est également frappant de constater que ces contradictions dans le féminisme ont en fait trouvé leur origine dans une rupture des féministes avec le marxisme. Selon la théorie marxiste orthodoxe, le travail est par définition l'exploitation et l'aliénation. Il est donc totalement illogique, d'un point de vue marxiste, que les féministes pensent pouvoir se libérer en « remplaçant le travail salarié par la famille ». La dissolution de la famille en une communauté de travailleurs (comme le voulait par exemple Léon Trotsky) ne peut se produire qu'après la révolution et non au sein du capitalisme. En même temps, selon la théorie marxiste, l'oppression des femmes et le capitalisme sont liés, c'est pourquoi l'un ne peut pas être résolu sans l'autre. A fortiori, l'exploitation capitaliste ne peut pas être un remède à l'exploitation sexiste.

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Il est alors frappant de constater que la deuxième théorie politique était en fait une critique des hiérarchies au nom de l'égalité. Certaines de ses variantes ne voulaient pas abolir les hiérarchies, mais remplacer les hiérarchies capitalistes injustes par de nouvelles formes d'organisation, plus justes à leurs yeux. Mais le fait est que l'idée du féminisme de carrière va complètement à l'encontre de ces deux attitudes. Une féministe de carrière veut, comme son nom l'indique, gravir les échelons dans son entreprise. Cela affirme fondamentalement les hiérarchies capitalistes existantes et revient de facto à dire « l'exploitation est mauvaise si l'exploiteur est un homme, mais si les femmes exploitent d'autres hommes et femmes, il n'y a rien de répréhensible à cela ». (Voir aussi le célèbre livre féministe « The Will to Lead », c'est-à-dire « La volonté (féminine) de diriger ») [ii].

Ce féminisme de carrière comprend également une « morale de l'inclusion », en fait neutre en termes de valeurs, qui transforme d'un coup le féminisme d'une idée de gauche en une idée qui devient compatible avec le libéralisme et même, à proprement parler, avec le fascisme, parce qu'il élève l'inclusion des femmes (et plus tard des groupes tels que les homosexuels, les transsexuels, les handicapés, etc.) au rang de valeur en soi, sans poser la question évidente de « l'inclusion dans quoi ? Comme si les camps de torture tels que Guantanamo et Abu Ghraib s'amélioraient automatiquement du fait d'un plus grand nombre de femmes et de personnes trans parmi leur personnel.

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En ce qui concerne l'affirmation de la hiérarchie, contrairement à l'approche libérale classique, on n'a pas encouragé les femmes à créer leur propre entreprise et à se hisser au sommet de la hiérarchie mondiale. Au lieu de cela, on a encouragé les mégacorporations établies à faire entrer des femmes dans leurs conseils d'administration par le biais de quotas de femmes. On a donc empêché les féministes de faire une révolution socialiste et une révolution capitaliste. Au lieu de renverser les grandes entreprises « patriarcales » comme VW, Mercedes ou Monsanto, on a convaincu les féministes de rejoindre ces entreprises. Ainsi, le féminisme est également devenu un soutien économique pour les « grands » du marché, au lieu de perturber le marché. 

Il faut ensuite dire que le féminisme de carrière a connu son heure de gloire à l'époque néolibérale des années 2000 et a coïncidé de manière très frappante avec la propagande selon laquelle les chefs d'entreprise et les membres des conseils d'administration étaient des « prestataires » particulièrement importants, plus précieux que les classes inférieures pauvres et les « parasites sociaux » vivant dans une « décadence romaine tardive ». (Et même aujourd'hui, de très nombreuses personnes en Allemagne pètent les plombs lorsque de jeunes débutantes se plaignent de la dureté et de l'inhumanité du travail rémunéré à temps plein. On assiste alors à de véritables lynchages) [iii].

Ensuite, le féminisme de carrière, en supposant que la participation au capitalisme confère aux femmes une indépendance économique par rapport aux autres (et en niant ainsi le fait que le capitalisme est précisément un réseau massif d'interdépendances), et que cet objectif est non seulement souhaitable mais essentiel pour l'épanouissement de l'individu, tombe exactement dans la conception de la Première Théorie Politique de l'individu indépendant (dont l'indépendance doit être encouragée au maximum) et de l'homo oeconomicus. De plus, ce féminisme se rapproche de l'idéal progressiste de l'entrepreneur en tant que classe sociale révolutionnaire : dans ce système, la grande entreprise aide le féminisme de carrière, notamment en fournissant aux femmes des emplois en haut de l'échelle professionnelle. (Ce qui a certaines conséquences souvent très ridicules a posteriori, comme le fait absurde que Harvey Weinstein, par exemple, ait pu se célébrer comme un combattant des droits des femmes).

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Le féminisme de carrière est quelque peu passé de mode avec la crise économique de 2008 et la présidence d'Obama, et a plutôt été remplacé par l'approche de Butler en matière de genre. Cependant, comme Douguine l'a montré à plusieurs reprises, cette approche suit un paradigme individuel. Dans l'approche de genre, la définition du sexe est considérée comme une restriction pour l'individu et il faut donc politiquement libérer l'individu de la biologie par des règles linguistiques, des mères porteuses, des opérations chirurgicales, le transhumanisme, etc. Et on a ainsi séparé en partie le libéralisme et le féminisme du thème de l'économie. (Cette séparation n'a toutefois été que partielle. En effet, pour d'autres questions telles que l'inclusion des handicapés, etc., le féminisme a maintenu le concept d'émancipation de l'individu par la participation au capitalisme en tant que travailleur).

Un grand groupe de victimes du travail à tout prix, particulièrement glorifié par le « néolibéralisme », sont à nouveau les jeunes hommes. Evola a écrit que l'homme connaît fondamentalement deux archétypes. L'ermite et le guerrier. L'ermite n'est pas très pertinent ici, car il vit seul et se retire de la société. Le guerrier l'est d'autant plus. (Le meilleur exemple en est le Japon, où l'éthique du guerrier, déformée, est devenue une éthique du travail). Seulement, le guerrier vit pour sacrifier, comme le disait Evola, tout ce qui est simplement humain en lui pour le « plus haut du plus haut ». Pour la plupart des travailleurs masculins, la femme et la famille étaient également une incarnation du Très-Haut. Seulement, le néolibéralisme féministe rend la fondation d'une famille plus difficile. Il diabolise même les hommes pour leur désir de femme et d'enfants en les qualifiant de toxiques, de dangereux, de violeurs potentiels, etc. Au lieu de cela, il faut se sacrifier soi-même et son indépendance dans le cadre d'un individualisme sauvage, et cette indépendance doit être obtenue principalement par l'accumulation d'argent dans le « capitalisme sauvage ». Par conséquent, le jeune homme doit aujourd'hui se sacrifier pour son compte en banque. On a ainsi perverti l'éthique du guerrier et on dit aux jeunes de se sacrifier non pas pour ce qu'il y a de plus élevé, mais pour ce qu'il y a de plus bas. Le fait qu'il en résulte une crise de sens chez les jeunes hommes (voir Jordan Peterson et ses partisans) est plus que logique [iv].

D'une certaine manière, le féminisme et l'idée d'émancipation sont également devenus la base de la nouvelle définition de l'individu libéral. Cela a abouti à ce que Wesley Yang entendait par son concept d'« idéologie de la succession ». Il a décrit le phénomène selon lequel il y avait une lutte entre la définition libérale classique de l'individu et les libéraux de gauche, et que les libéraux de gauche voulaient transformer fondamentalement le libéralisme. Les libéraux de gauche voulaient changer l'idée de l'individu, en s'éloignant de la définition classique d'un être humain doué de raison et porteur de droits et de devoirs égaux, pour aller vers une définition intersectionnelle. Le concept d'intersectionnalité est issu de la Critical Race Theory et combine le féminisme avec l'antiracisme et d'autres thèmes de la gauche libérale.

Dans un texte précédent, j'ai déjà fait référence à la théorie de l'intersectionnalité. Il s'agit grosso modo d'un abandon du récit de gauche de la lutte des classes (la comparaison avec l'idée de postmodernité en tant que rejet de tous les « grands récits » et idéologies est également importante ici) au profit d'une sorte de réconciliation de l'idée de classe avec celle d'individu. L'intersectionnalité dit en gros qu'un individu n'est pas seulement un travailleur, un homme, une femme, etc. mais que différentes catégories de rapports de domination se combinent en un seul individu. Quelqu'un peut être un homosexuel discriminé qui a tout de même 60 milliards sur son compte en banque et n'est donc pas un prolétaire. Mais on peut aussi être à la fois homosexuel, sans domicile fixe, handicapé, femme, etc. Et la vie de ces deux personnes serait fondamentalement différente en théorie. Ceci n'est qu'un exemple pour illustrer l'idée d'intersectionnalité. En gros, ce système n'est pas un récit d'une classe opprimée contre une classe oppressante, ni un individu totalement indépendant, mais en même temps, il réunit en quelque sorte les deux. (Ou, puisque, selon les intersectionnels, on peut aussi réunir, par exemple, des identités opprimées comme « handicapé » et des identités opprimantes comme l'homme cis, l'intersectionnalité peut aussi être interprétée comme une forme de dissolution de l'homme dans le dividu schizophrène au sens de Deleuze et Guattari).

Notes:

[i] L'ère progressiste : préhistoire de l'État social impérialiste - Murray Rothbard Institut für Ideologiekritik (murray-rothbard-institut.de)

[ii] Ici, sur le thème des hiérarchies, etc., on remarque une grande différence entre les personnalités entrepreneuriales masculines et les féministes carriéristes. Par exemple, l'inventeur de Super Mario, Shigeru Miyamoto, malgré son succès, a refusé des privilèges spéciaux chez Nintendo et a insisté pour être traité comme un travailleur normal. L'inventeur de la Game Boy, Gunpei Yokoi, s'est si peu vanté de ses compétences qu'il n'a d'abord obtenu qu'un poste de concierge, et ce n'est que par hasard que l'on s'est aperçu plus tard qu'il possédait les compétences tant convoitées en matière de production électronique. Et lorsque le Virtual Boy a fait un flop, il a pris tout le blâme (bien que la direction ait également joué un rôle dans ce flop) et a accepté son licenciement. Steve Jobs ne s'est même pas plaint pendant ses heures de travail chez Atari, lorsqu'il a été relégué dans un petit bureau dans une aile isolée parce que d'autres employés étaient gênés par son manque d'hygiène corporelle.

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Pendant ce temps, chez Disney, les féministes de carrière ont évincé des talents légendaires comme John Lasseter (photo), et la féministe de carrière Kathleen Kennedy est sérieusement célébrée comme une visionnaire progressiste, même si elle a réussi à faire de Star Wars et d'Indiana Jones des échecs. Et lorsque l'un de ses subordonnés masculins, John Favreau, a réussi à produire des produits qui ont été mieux accueillis que les siens, mais qui auraient également sauvé Star Wars en tant que marque, Kathleen Kennedy l'a écarté de son poste. Ce type de personnalité chez les féministes de carrière est très frappant. (Et bien sûr, cela a tendance à nuire aux entreprises au final).

[iii] Les jeunes ne veulent plus travailler !!! (youtube.com)

[iv] Ici, il faut toutefois prendre quelque peu la défense des libéraux classiques. Joseph Schumpeter a décrit le souci de la famille comme un moteur central de l'action économique et a décrit que la destruction de la famille et de l'esprit de sacrifice qui l'accompagne priverait à long terme le capitalisme de sa base vitale.

12:40 Publié dans Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie, sociologie, féminisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 05 juin 2024

Les pseudo-écologistes du monde occidental

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Les pseudo-écologistes du monde occidental

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/pseudo-ecologists-western-world

Il est bien connu qu'en Occident, il y a plusieurs décennies, les services ont parfaitement réussi à faire de la publicité, en particulier de la publicité politique. Si nécessaire, les spécialistes des relations publiques peuvent transformer n'importe quelle affaire pour qu'elle paraisse complètement différente de ce qu'elle est. Le thème de la protection de l'environnement ne fait pas exception à la règle. Il a été fortement politisé, mais il est activement utilisé à sa guise sur diverses plateformes internationales et dans le propre intérêt des propagandistes. En voici quelques exemples.

Fin mai, l'agence de presse irakienne Rudaw a rapporté que Hussein Jaloud avait poursuivi la compagnie pétrolière britannique BP après que son fils Ali soit décédé d'une leucémie qui, selon lui, s'est développée en raison du brûlage de gaz dans le plus grand champ pétrolifère irakien de Rumaila. « Après avoir rendu visite aux médecins et l'avoir examiné, ils ont confirmé qu'il [Ali] avait développé une leucémie en raison du pétrole et de la combustion de gaz », a déclaré Jaloud aux journalistes, expliquant que le cancer d'Ali avait été diagnostiqué pour la première fois en 2017. Il a souligné qu'il intentait un procès « non seulement pour Ali, mais aussi pour des dizaines, voire des centaines de patients et de personnes décédées d'un cancer » causé par la combustion de gaz excédentaire.

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Lors de l'extraction des puits de pétrole, l'excès de gaz associé qui ne peut être stocké ou utilisé est généralement brûlé et l'Irak est connu pour cette pratique. Cette pratique libère des polluants toxiques tels que le benzène, un agent cancérigène connu pour provoquer des leucémies. En Irak, les communautés vivant à proximité des sites de torchage de gaz sont particulièrement exposées, car elles se trouvent dans une zone où un mélange mortel de dioxyde de carbone, de méthane et de suie noire est rejeté, mélange qui, en outre, pollue aussi fortement l'environnement.

Bien que la loi irakienne stipule que les raffineries ne doivent pas être situées à moins de 10 kilomètres des zones résidentielles, dans la pratique, la distance n'est que de deux kilomètres, et les logements éloignés des champs pétroliers sont chers. Le gouvernement lui-même s'efforce d'éliminer progressivement le brûlage de gaz et d'utiliser le gaz pour produire de l'électricité. Cependant, les entreprises occidentales jouent également un rôle important dans ce domaine. BP se présente comme une entreprise respectueuse de l'environnement. Mais, comme nous pouvons le voir, les faits racontent une autre histoire.

Un autre facteur directement lié à l'environnement et qui ne peut être ignoré est la croissance du marché mondial des équipements électriques et électroniques, qui connaît une croissance exponentielle, l'industrie électronique étant considérée comme l'industrie à la croissance la plus rapide au monde. Mais cette croissance a aussi un coût environnemental, car l'industrie électronique est celle qui produit le plus de déchets.

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Par exemple, 53,6 millions de tonnes métriques de ces déchets ont été produites en 2019. Les habitants de la Norvège (28,3 kg par habitant et par an), de la Suisse (26,3 kg), de l'Islande (25,9 kg), du Danemark (23,9 kg), du Royaume-Uni (23,4 kg) et des États-Unis (20 kg) sont ceux qui ont produit le plus de déchets électroniques cette année-là.

Selon l'ONU, au début de l'année 2024, le taux de production de déchets électroniques sera cinq fois supérieur au taux de recyclage déclaré.

Dans le même temps, les principaux flux de ces « déchets » ne sont pas documentés et les experts se demandent raisonnablement si, dans les pays moins développés, le processus de recyclage ou de stockage des déchets électroniques ne se fera pas en violation des normes et exigences de base. Il ne s'agit pas seulement d'une question de commerce, mais aussi de justice environnementale, puisque, en règle générale, les pays économiquement développés envoient des déchets électroniques dans les pays en développement.

C'est le cas du Ghana, où le flux de déchets électroniques est important, mais où 95 % d'entre eux sont traités de manière non officielle. En outre, certains équipements mis hors service dans les pays occidentaux y sont exploités en raison de leur faible prix, puisqu'ils sont achetés en tant que ferraille, mais revendus sur le marché local en tant qu'articles d'occasion. Les trois principaux partenaires du Ghana sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine.

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Décharge de déchets électroniques au Ghana

Accra est un lieu central pour l'« industrie » des déchets électroniques. En fait, il s'agit d'une industrie de déchets électroniques caractérisée par un travail manuel intensif, des relations informelles et l'autogestion. Après le tri, divers processus tels que l'incinération et le démantèlement sont utilisés pour recycler les déchets électroniques. Les entreprises locales achètent souvent les métaux contenus dans les déchets électroniques pour en faire des barres de fer, et les métaux sont exportés vers des pays comme la Chine et l'Inde.

Le Ghana abrite l'une des plus grandes décharges de déchets électroniques au monde, connue sous le nom d'Agbogbloshie. Ce territoire couvre environ 10 hectares, avec une population d'environ 80.000 personnes et 10.000 travailleurs informels dans le traitement des déchets électroniques. Ce site, où les déchets sont traités et éliminés, est situé près de la rivière Odaw et de la lagune Korle. On y trouve également de nombreuses usines, bureaux et petites entreprises, étroitement liés au quartier d'affaires d'Accra et au recyclage des déchets électroniques.

Il n'est pas difficile de deviner qu'il s'agit d'un monde semi-criminel, où, bien sûr, les droits de l'homme, dont l'Occident aime à parler, ne peuvent en aucun cas être respectés. Le travail des enfants, l'absence totale de respect des normes environnementales, etc. sont des pratiques courantes.

Une fois de plus, le Royaume-Uni figure sur la liste, tout comme les États-Unis. À propos de ces derniers, il convient de noter que, selon les prévisions, d'ici 2025, la capacité installée des entrepôts de données aux États-Unis atteindra 2,2 zettaoctets, ce qui permettra la production d'environ 50 millions d'unités provenant de disques durs périmés par an. Le stockage en nuage est réparti sur environ 70 millions de serveurs situés dans 23.000 centres de données à travers le monde ; collectivement, ils pèsent autant que 192 tours Eiffel. La superficie de l'un des plus grands centres est de plus de 1,5 million de pieds carrés, ce qui vous permet de loger 20 terrains de football professionnels.

Les processus de mise à niveau et de mise hors service des équipements dans l'industrie du stockage en nuage ont lieu tous les trois à cinq ans, après quoi les appareils sont détruits physiquement par déchiquetage afin de garantir la sécurité et la confidentialité des données. Les déchets qui en résultent sont soumis à divers processus tels que la fusion, le recyclage, l'incinération et la mise en décharge. Cela signifie que la plupart des 11 millions de serveurs produits dans le monde en 2017 auront déjà été mis hors service en 2022. Et comme 700 centres de données de grande envergure seront construits dans le monde au cours des deux prochaines années, le marché des déchets électroniques en fin de vie sera rempli d'un nombre croissant de déchets.

Les principales entreprises de ce secteur sont les sociétés américaines Amazon, Google, Microsoft, Oracle, IBM et un certain nombre d'autres.

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La Chine fait bien sûr partie des pays dont l'industrie électronique est développée. Mais la province de Guangdong possède sa propre décharge électronique à Gulyu, qui est considérée comme la plus grande au monde (photo, ci-dessus). En outre, il existe un site de traitement similaire à Hong Kong. Et, du moins en Chine, les normes environnementales ne sont pas dénoncées de manière aussi virulente qu'en Occident.

L'hypocrisie totale des pays occidentaux à cet égard se manifeste également dans l'exemple de l'Allemagne. En avril 2024, ce pays a été condamné pour avoir sous-estimé des dizaines de fois les statistiques sur les émissions de méthane. Selon le rapport, bien que l'Allemagne ait produit 44 % de la production totale de lignite de l'UE en 2022, elle a déclaré des émissions actives de méthane provenant des mines de charbon d'un montant de seulement 1,39 mille tonnes, soit 1 % de ce que l'UE a déclaré. Par conséquent, les émissions de méthane provenant des mines de charbon en Allemagne peuvent être de 28 à 220 fois supérieures aux données officielles.

L'Allemagne estime que le niveau de production de lignite est comparable à celui de la Pologne. Toutefois, selon les estimations allemandes, la teneur en méthane de son charbon est 40 à 100 fois inférieure à celle du lignite polonais.

Mais même le charbon de l'Allemagne ne suffit pas à satisfaire sa faim d'énergie en raison de la décision stupide de suivre les injonctions des États-Unis et d'abandonner le gaz russe. Elle exporte désormais une partie de son charbon de Colombie. Là encore, il y a un décalage entre les belles paroles et les actes.

En Colombie, le charbon est extrait à El Serrejon, où le travail des enfants est exploité et les droits des communautés locales violés. Mais l'Allemagne continue d'acheter du charbon malgré son engagement déclaré à lutter contre « l'inégalité et la vulnérabilité exacerbées par la crise climatique ». Il est significatif que cette politique de deux poids deux mesures ait été rapportée par des journalistes allemands eux-mêmes, qui ont fait état de ces faits honteux.

Dans le même temps, tous ces partis verts et chefs d'entreprise occidentaux, qui versent souvent des larmes lors des présentations de divers sommets sur l'environnement, enseignent aux autres pays ce qu'ils doivent faire dans le domaine de l'écologie et imposent des décisions politiques qui sont toujours motivées par des intérêts économiques.

23:45 Publié dans Actualité, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, déchets électroniques | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook