lundi, 24 juin 2024
La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses
La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses
Par Wellington Calasans
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/19/a-guerra-cultural-e-a-vaselina-para-a-imposicao-da-concentracao-de-riqueza/
L'idée que la " culture woke " est une arme occidentale pour ouvrir la voie au chaos économique issu du néolibéralisme est une approche qui fait son chemin dans les milieux les plus attentifs aux mouvements géopolitiques planétaires. Cet argument, bien que complexe, est réaliste pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la "culture éveillée/woke" est une arme qui vise une cible vague et incohérente. La cible est si large qu'elle tente d'englober une variété de mouvements sociaux, d'idéaux et de pratiques, de la fausse recherche de quelque chose autour de la justice sociale et de l'égalité à la défense des identités et des droits LGBTQIA+, un mélange de désordre psychologique et de cas perdu de maladie psychiatrique.
Généraliser cette diversité sous la bannière de la "liberté occidentale" est réducteur et ignore la complexité des mouvements sociaux et de leurs motivations, en donnant la priorité à l'imposition de subdivisions minoritaires comme norme à suivre par tous.
Deuxièmement, les indications évidentes que la "culture woke" est instrumentalisée pour promouvoir le chaos économique. Le néolibéralisme, en tant que système économique, a ses propres défauts intrinsèques, qui engendrent des crises et des inégalités.
Par conséquent, lier la crise du néolibéralisme à une "arme de l'humour" met en évidence cette pseudo-culture comme une dispersion, explicitement gonflée pour détourner l'attention des causes réelles et empêcher l'analyse critique du système.
Troisièmement, la "culture woke" est souvent utilisée par le néolibéralisme lui-même pour stimuler les attaques contre les groupes minoritaires et les mouvements sociaux. En utilisant la "culture woke" comme manœuvre pour déstabiliser l'ordre social, les néolibéraux cherchent à délégitimer la lutte pour la justice sociale et les droits, en stigmatisant ceux qui se mobilisent réellement pour l'égalité pour tous, tandis que la "culture woke" renforce les subdivisions, empêchant ainsi l'unité sociale.
Au lieu de chercher à victimiser les minorités, il est essentiel d'analyser le néolibéralisme comme responsable des causes de la crise économique mondiale. La concentration des revenus, la financiarisation de l'économie, la déréglementation des marchés et l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché ne sont que quelques-uns des facteurs qui contribuent à la crise du néolibéralisme.
La recherche de solutions à cette crise exige une analyse critique du système économique et une attitude de dialogue et de respect envers les mouvements sociaux légitimes qui cherchent à construire une société plus juste et plus durable, loin des malades mentaux qui adhèrent à la "culture woke" pour échapper à leurs propres fantômes.
DANS LA PRESSE ALTERNATIVE AUX ÉTATS-UNIS
J'ai récemment regardé une vidéo de certains commentateurs de films préférés du public, tout en se lamentant sur la mort de l'industrie cinématographique.
Ils ont tenté d'expliquer les raisons pour lesquelles de nombreux films à succès perdaient de l'argent, en mentionnant l'essor des services de streaming et le comportement de certains clients dans les cinémas.
Ils ont rejeté l'idée que la guerre culturelle faisait partie du problème, agissant comme s'il s'agissait d'une simple distraction.
Pourtant, la guerre culturelle joue un rôle important dans la société d'aujourd'hui, et ceux qui l'ignorent ne comprennent pas ce qui se passe aux États-Unis et dans certaines parties de l'Europe.
Certaines personnes choisissent de rester à l'écart des questions politiques et sociales, préférant éviter les conflits. Cependant, la civilisation subit des changements rapides et intentionnels, et tout le monde en sera affecté, que l'on croie ou non à la guerre culturelle.
Le monde du cinéma est une fenêtre sur les conflits culturels et peut refléter les influences idéologiques derrière les productions. Les grandes entreprises se sont engagées dans des guerres de mots depuis 2016, en essayant d'imposer l'idéologie d'extrême gauche comme dominante.
Des entreprises comme Disney ont essuyé des échecs en essayant de promouvoir des idéologies politiques dans leurs productions, comme dans le cas de Star Wars.
Certaines entreprises adoptent une approche autodestructrice en aliénant les consommateurs qui ne sont pas d'accord avec leurs messages politiques, en reprochant au public de ne pas aimer leurs produits et en essayant d'imposer un programme politique.
Les entreprises ont traité les consommateurs comme des serfs qui doivent accepter les produits et les messages politiques sans poser de questions. Cela suggère que les entreprises ne se soucient plus de plaire aux consommateurs, mais attendent d'eux qu'ils acceptent n'importe quel message politique qui leur est imposé.
Il existe différentes théories pour expliquer ce comportement, notamment la possibilité d'un effondrement économique imminent qui amènerait les gouvernements à intervenir et à sauver les entreprises, laissant les dirigeants d'entreprise moins préoccupés par les profits immédiats.
L'économie de partage, promue par le Forum économique mondial, suggère un scénario où le gouvernement fournit tout et où les gens perdent leur liberté de choix. Ce modèle pourrait conduire à une mentalité d'esclave, où les gens sont forcés d'accepter ce qu'on leur donne sans poser de questions.
La guerre culturelle est une bataille entre ceux qui veulent adopter le système dystopique proposé et ceux qui résistent et luttent contre lui. Les sceptiques qui restent ignorants de la guerre culturelle risquent de se retrouver sans liberté de choix à l'avenir s'ils ne s'impliquent pas activement.
NOTE D'UN OBSERVATEUR DISTANT
L'idée que la "culture woke" est une arme occidentale pour préparer le chaos économique éclaire un débat plus sérieux sur l'utilisation de personnes mentalement fragiles comme bouclier pour cacher l'agenda néolibéral nuisible.
Cette "culture" sert à détourner l'attention des causes réelles de la crise du néolibéralisme, à stigmatiser les mouvements sociaux et à alimenter les attaques contre les groupes minoritaires qu'elle prétend défendre.
Il est essentiel de garder un œil critique sur ces bizarreries et de chercher de vraies solutions aux problèmes socio-économiques que le néolibéralisme engendre.
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"Rien de nouveau à droite" : l'essai de Marco Iacona
"Rien de nouveau à droite" : l'essai de Marco Iacona
Un ouvrage à lire comme une réflexion sans fard sur le monde non-conformiste entre culture et pouvoir
par Giovanni Sessa
Source: https://www.barbadillo.it/114721-a-destra-niente-di-nuovo-il-saggio-pungolo-di-iacona/
Un nouveau volume de l'essayiste Marco Iacona est dans les librairies, pour les éditions Youcanprint. Il s'agit du texte A destra niente di nuovo, quasi un diario di bordo (= "A droite rien de nouveau, quasi un journal de bord"; sur commande : info@youcanprint.it, pp. 133, euro 14.00). Il s'agit d'un pamphlet innervé d'une vision polémique stimulante et d'une verve ironique captivante. Les cibles auxquelles Iacona réserve son mépris sont le monde de la droite italienne, en particulier la droite culturelle, et surtout le sentiment commun et le modus vivendi propres à notre époque. Fabio Granata, auteur de la préface, note que le rapport de Iacona avec la droite est : "un rapport de haine/amour, comme celui d'un amant trahi et déçu" (p. 3). L'objectif de l'auteur est résumé dans la même préface : "nous devrions retrouver la capacité d'imaginer un monde "nouveau" [...] la capacité de saisir la grandeur et la fécondité du "sens" tragique de la vie"" (p. 5). Jugement que je partage pleinement.
L'incipit du livre photographie la situation de la droite dans la conjoncture historique actuelle, en notant la contradiction flagrante entre ses références idéales et sa praxis politique: "Une droite tolkienienne qui voudrait anéantir l'anneau du pouvoir, anti-occidentale, anti-américaine [...] qui fait sourire le démocrate Joe Biden" (p. 9). Une droite qui se déplace politiquement en se pliant exclusivement à ses propres raisons d'exister, ou plutôt de rester dans la salle de contrôle. Ce même parti politique, à partir de 1994, a renoncé à lui-même, à son histoire et à ses valeurs de référence. Même parmi ceux qui ont critiqué ce choix à l'époque, il y a des gens qui semblent avoir pleinement adhéré à l'aplatissement libéral-conservateur de la droite melonienne, au nom d'un "réalisme" politique qui, à long terme, s'avérera improductif. Inattentive (pour être généreuse !) au monde de la production intellectuelle, la droite a proposé, de l'après-guerre à aujourd'hui, une culture centrée sur la lecture scolaire des mêmes auteurs, incapable de saisir les transformations radicales de la société hyperindustrielle (définition du philosophe Stiegler). Pourtant, nombre de ses auteurs de référence pourraient jouer un rôle essentiel dans le débat intellectuel, étant devenus porteurs, à l'heure de la sécularisation, d'un possible retour du sacré. Malheureusement : "On commence par un divin, on finit par un divan" (p. 10). Pour ces raisons, Iacona croit devoir chercher ailleurs.
Il se tourne vers les maîtres du désenchantement et de la sprezzatura, il regarde Sgalambro, Svevo, Joyce et Campo, animé par une scepsis proactive, dans la conviction exprimée par Campo lui-même que : "La beauté, avant tout intérieure avant d'être visible, la grande âme qui en est la racine et l'humour heureux" (p. 12), peut induire le Nouveau Commencement. Il retrouve, en traversant synthétiquement leur pensée, l'élitisme de Pareto et Mosca, dans la conviction sgalambrienne que le Mundo pessimo (le pire des mondes), a toujours derrière lui la dimension polémologique, consubstantielle à la vie. D'ailleurs, rappelle l'auteur, Evola lui-même appréciait Le mythe vertuiste et la littérature immorale de Pareto, ce qui a permis au traditionaliste d'évoquer dans Chevaucher le tigre l'une des raisons de la "dissolution" du monde contemporain : le pansexualisme. Dans la société contemporaine, c'est le "type féminin" qui domine. Zolla l'a compris dans son roman Cecilia ou l'inattention. Dans ces pages, il préfigurait l'horizontalité de l'époque contemporaine, la réduction du monde à l'Un. Même les vacances sont "organisées" par l'Appareil. Un monde de paupérisme spirituel dont l'"antifasciste" Pavese était conscient dans sa nostalgie "païenne-padanienne" de la vie communautaire des paysans des Langhe, qu'il opposait, dans ses œuvres, à l'in-solitude (à la solitude de l'être-ensemble épidermique des citadins). Iacona, dans un excursus sur l'évolisme, définit le penseur comme un "philosophe-non-philosophe" (Evola était philosophe, et comment, peut-être malgré lui et les "évolomanes"), et le considère comme un tabou : "pour avoir parié sur la politique [...] pour avoir "mal" fait les calculs avec la philosophie pratique" (p. 25).
Il juge négativement les expositions consacrées à ses tableaux, dont celle, récente, du Mart, due à Vittorio Sgarbi, qu'Evola aurait jugé comme un "Marinetti bruyant" (p. 31). Il reconnaît le trait phénoménologique à travers lequel Evola, dans Chevaucher le tigre, a reproposé la "Nouvelle Objectivité" qui ne pouvait pas conduire dans la modernité, exclusivement humaine, à une solution politique, mais plutôt individuelle et philosophique. Il s'ensuit qu'à droite : "Plus ou moins bien agrégés, les conservateurs s'agitent, les antimodernes vivent isolés, maîtres d'eux-mêmes" (p. 33).
Discutant de l'idée d'Empire chez Dante (et chez Evola), Iacona s'entretient avec Cardini, Volpi, Alliata di Villafranca, Principe. Il en arrive à cette conclusion : "Dante figure ... l'Italien parmi les non-Italiens, ou le non-Italien parmi les Italiens" (p. 59), un Italien inutile, comme Prezzolini. En fin de compte, Dante vise, comme Gentile, à refonder un esprit national digne de ce nom : "Une Italie, un peuple et une tradition qui peuvent être gardés (conservés) dans chaque individu et finalement un véritable État unique" (p. 61). Dans la figure du physicien Ettore Majorana, mystérieusement disparu, on saisit une propension proprement sicilienne qui vise : "la fuite de l'individu moderne de l'esprit de la modernité" (p. 67), vers l'ailleurs. Cette errance dans la culture nationale se poursuit dans le Trieste de Saba, pour arriver à Asti, dans la lutte de Vittorio Alfieri contre les distorsions de son époque et le cadre purement esthétique dans lequel vivait alors notre littérature. La liberté à laquelle aspirait le natif d'Asti est aujourd'hui offensée par la gouvernance expropriatrice de la souveraineté populaire. Le souverain n'est pas le peuple car, comme l'a écrit le philosophe Andrea Emo, la démocratie libérale est épidémique, elle se "superpose" au peuple.
Svevo, dans l'apocalypse qui clôt la Conscience de Zéno, et le sceptique Montale l'avaient compris. La pensée critique est aujourd'hui réduite au silence par le système éducatif qui vise à former des producteurs et des consommateurs, en tout cas au service du Gestell. Les fantômes de l'antifascisme et de l'anticommunisme ambiants, évoqués sur le mode ectoplasmique, servent les besoins du pouvoir : "Mais la pensée est née comme pensée du possible" (p. 117), visant à retrouver la coïncidence supervisée du "vrai et du fait". Le possible induit l'Action, tout comme, note l'auteur, la concentration en soi, voire l'acte de prière, qui nous éloigne de la fausse communication sociale omniprésente.
Un livre, celui de Iacona, dont on peut ne pas partager les jugements ou les tonalités polémiques parfois exaspérantes, mais qui, néanmoins, renvoie aux chemins interrompus de la pensée. Même à droite. Ce n'est pas rien...
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Plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une réelle alternative
Plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une réelle alternative
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualcosa-di-piu-di-un-mero-voto-di-protesta-ma-qualcosa-di-meno-di-un-voto-per-un-alternativa
Parmi les diverses analyses biaisées du vote européen, il en est une, très répandue, qui lie la progression (relative) des partis de droite ou nationalistes dans le paysage politique à l'atmosphère belliqueuse, selon la logique qui associe la droite au tempérament belliciste.
Cette analyse, outre qu'elle exprime une inquiétante cécité face à la réalité, est particulièrement dommageable. En effet, elle fournit un alibi de plus aux nombreux bien-pensants qui continuent à lire la politique avec les catégories binaires d'il y a cent ans (gauche-droite, progrès-réaction, pacifisme-bellicisme, etc.)
Or, s'il y a une chose qui est claire, c'est que les forces politiques qui ont le plus alimenté le bellicisme sur la scène européenne sont les forces du centre (les "modérés pour la nucléarisation", comme von der Leyen) et les forces progressistes autoproclamées de gauche ou de centre-gauche (du SPD de Scholz, à Renaissance de Macron, en passant par les Verts d'Annalena Baerbock).
Les forces de droite récompensées par les élections sont presque toutes (la seule exception significative est notre Meloni) opposées à la guerre, opposées à l'envoi d'armes en Ukraine, opposées aux sanctions contre la Russie (non par russophilie, mais parce qu'elles sont conscientes qu'elles nous font plus de mal qu'à la Russie).
Même lorsque la droite au pouvoir n'est pas récompensée, comme en Hongrie, elle est contestée sur des questions de corruption interne, et non sur la ligne politique. C'est ainsi qu'en Hongrie, les deux principaux partis sont le Fidesz, avec 46%, suivi de Tisza, dirigé par un dissident du Fidesz, avec 31%, et dont le programme de politique étrangère ne se distingue pas de celui d'Orban.
La menace de guerre et la lutte contre l'autodestruction économique de l'Europe sont les points sur lesquels la droite a gagné, là où elle a gagné.
Le fait que, sur ces questions, la gauche n'ait pas réussi à frapper un grand coup depuis un certain temps donne à réfléchir.
Chez les héritiers historiques des partis socialistes et populaires - ainsi que chez les Verts - prévaut aujourd'hui un atlantisme obtus, une vision manichéenne et fortement idéologisée de l'histoire et de la politique, une vision du monde d'une abstraction déconcertante, qui a perdu tout contact avec le bon sens avant même d'avoir perdu le contact avec les biens communs. C'est cette abstraction européenne qui met en place les chaises du Titanic (avec des batailles héroïques sur les droits LGBTQ, les voitures électriques et la certification thermique) tout en nous préparant à la guerre avec le sourire (le CO2 est très mauvais pour nous, mais pour les radiations ionisantes et l'uranium appauvri, tant pis).
Cependant, les forces de droite qui sortent victorieuses, comme l'AfD ou, avec un programme beaucoup plus édulcoré, le Rassemblement national de Le Pen, ne représentent pas des réponses réalistes à la désorientation actuelle de l'électorat.
Ils sont plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une alternative.
Malgré quelques signes intéressants, comme le succès de la Bündnis Sahra Wagenknecht en Allemagne, il n'y a toujours pas de signe d'une alternative solide sur le plan programmatique.
PS. Je prends toutefois le pari que la politique européenne ne changera pas d'un iota. Parce qu'elle n'est pas décidée en Europe.
15:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, andrea zhok, élections européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?
Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/us-able-create-another-alliance-against-russia-and-china?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR23X6cIFL5xNxxLfp4O_O0er64a4Fqp3-MiIM8582C9NJs8r6tGDPlW7_c_aem_ARW74Dx8nwNLbNr2efIlyPRlCx-78W8o5GzcVymYbUtRlKHSkeMbUBwaa035r3RDni4zUEcWjRZMfIMEXgNpHmUk
Chan Mo Ku, ancien officier militaire à la direction de la planification stratégique du commandement des forces combinées de la République de Corée et des États-Unis, et Jinwan Park, futur Schwarzman Scholar à l'université de Tsinghua, en Chine, et chercheur de Washington spécialisé dans l'Asie de l'Est, ont publié fin mai 2024 un article commun dans la publication militaire américaine Breaking Defense sur la nécessité de créer un nouvel accord quadrilatéral. Cette fois, selon eux, la nouvelle alliance devrait inclure les États-Unis, le Canada, le Japon et la Corée du Sud, s'étendre aux régions de l'Arctique et du Pacifique et avoir pour objectif stratégique de contenir la Russie et la Chine réunies.
Une telle déclaration peut sembler trop ambitieuse, mais l'émergence d'une nouvelle structure est tout à fait réaliste, tout comme l'a été l'établissement d'un dialogue quadrilatéral sur la sécurité avec l'Inde, le Japon, l'Australie et les États-Unis, ainsi que l'accord trilatéral AUKUS. Ces deux formats ont été lancés explicitement contre la Chine. Il y a aussi le Quad-Plus, qui comprend en plus le Brésil, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et même le Viêt Nam (sa participation est devenue possible en raison du différend territorial maritime avec la Chine).
Dans ce cas, l'incitation est basée sur la peur de la coopération plutôt réussie et croissante entre la Russie et la Chine et sur la propagande occidentale selon laquelle la Russie militarise l'Arctique. Les membres euro-atlantiques du Conseil de l'Arctique, bien qu'ils aient suspendu leur participation à cet organe, disposent encore de certaines capacités militaires. Mais cela pose problème aux États-Unis et au Canada, qui doivent donc d'une manière ou d'une autre couvrir leur flanc dans le Pacifique Nord. En ce qui concerne l'interaction entre Moscou et Pékin, il est dit que, de janvier 2022 à juin 202, 234 entités chinoises ont été enregistrées pour travailler dans la zone arctique russe. Il s'agit essentiellement de technologies dans le domaine de la production et du transport de gaz et de pétrole, dont la Chine a besoin. L'augmentation de l'activité militaire conjointe des deux pays est également notée. Les exercices navals dans la région du détroit de Béring, près de la côte de l'Alaska, en août 2023, sont notamment mentionnés.
Les auteurs s'inquiètent également de la coopération globale de la Russie avec la Corée du Nord, qui s'est aussi considérablement intensifiée récemment.
Les auteurs affirment que : "Pour contrer ces dangers croissants, les États-Unis et le Canada doivent se tourner vers le Japon et la Corée du Sud, deux alliés clés du traité qui ont des intérêts stratégiques et des capacités uniques susceptibles de renforcer la sécurité dans l'Arctique.
Dans le même temps, ils reconnaissent que "l'interaction des deux pays peut renforcer de manière significative la capacité de défense de l'Alliance". Tokyo joue un rôle de premier plan dans la promotion des normes de sécurité maritime et de la protection de l'environnement. En mettant à la disposition du Canada ses radars océaniques et ses technologies de télédétection de classe mondiale, qui ont été améliorés pendant des décennies en raison de la forte dépendance à l'égard de la pêche et des collisions régulières ainsi que des catastrophes naturelles, le Japon peut accroître de manière significative les capacités de surveillance du Canada. Récemment, les Canadiens ont annoncé leur intention d'investir 1,4 milliard de dollars sur 20 ans dans l'amélioration des capteurs marins de l'Arctique.
La Corée du Sud, géant de la construction navale en concurrence avec la Chine, pourrait être la clé de l'accélération de la modernisation des flottes arctiques vieillissantes des alliés. En outre, comme le Canada a promis de dépenser 18,4 milliards de dollars sur 20 ans pour acquérir davantage d'hélicoptères tactiques modernisés destinés à être utilisés dans l'Arctique, la Corée du Sud, avec sa production d'armes de pointe, peut également apporter son aide dans ce domaine.
Cette coopération plus étroite dans la sphère militaro-industrielle renforcerait l'architecture de sécurité dans l'Arctique, tout en approfondissant la compatibilité militaire. En outre, la combinaison des efforts dans le cadre d'organes directeurs multilatéraux permettrait à la coalition démocratique dirigée par les États-Unis de façonner collectivement le Pacifique Nord. La coordination des positions dans des forums tels que le Conseil de l'Arctique et le sommet trilatéral entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine protégerait leurs intérêts communs dans la détermination des futurs contours de l'Arctique".
En d'autres termes, l'accent est clairement mis sur le rôle de l'OTAN, où les partenaires américains dans la région pourraient devenir des atouts supplémentaires et offrir des opportunités à leur complexe militaro-industriel. Dans le même temps, il est également dit que l'implication de la Chine dans l'Arctique russe sape la sécurité régionale du Japon, et avec le changement climatique qui rend les ressources de l'Arctique plus accessibles, dans le statu quo actuel, le Grand Nord sera sous le contrôle d'opposants aux États-Unis, que les auteurs appellent des "autocraties révisionnistes". Par conséquent, à long terme, l'Occident et ses satellites en Asie espèrent obtenir d'une manière ou d'une autre des ressources situées directement dans la zone économique souveraine de la Russie ou dans d'autres lieux contestés qu'ils ne peuvent actuellement pas revendiquer.
D'autres auteurs ont récemment évoqué la nécessité d'une intégration militaire et militaro-industrielle plus étroite entre les États-Unis et leurs partenaires asiatiques, en avançant leurs propres arguments.
En ce qui concerne la vision doctrinale de la géographie politique, il convient de rappeler que les États-Unis avaient auparavant, dans le cadre de leurs plans, réuni les océans Pacifique et Indien en un seul espace géostratégique. Le Pentagone, puis la Maison Blanche ont adopté le nouveau terme Indo-Pacifique, adaptant leurs initiatives à cet espace. Bien entendu, l'opposition à la Chine était implicite, et l'Inde a donc volontiers soutenu la nouvelle doctrine.
En 2022, le concept de l'EuroArctique est apparu, avec pour mission similaire de consolider les partenaires américains déjà présents dans la région européenne. Ici, l'adversaire désigné était la Russie, contre laquelle l'alliance de l'OTAN pouvait agir sous la direction de Washington.
Dans ce cas, il s'agit de l'unification de deux adversaires géopolitiques des États-Unis, qu'ils considèrent comme leurs principaux concurrents stratégiques, conformément à leurs développements doctrinaux. Et comme la Chine n'a pas d'accès physique à la région arctique, il devient nécessaire d'ajuster la stratégie spéculative et d'y ajouter l'océan Pacifique.
Il est donc fort possible que nous assistions bientôt à l'apparition d'un nouveau terme - Arcto-Pacifique - qui sera d'abord utilisé dans un certain nombre de publications de centres d'analyse, avant que les décideurs des principaux départements de Washington ne l'introduisent dans la circulation permanente.
14:34 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, océan pacifique, arctique, russie, chine, états-unis, canada, japon, corée du sud, asie, affaires asiatiques, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Pays-Bas: le cabinet Schoof prêt pour la guerre
Pays-Bas: le cabinet Schoof prêt pour la guerre
Les ministères des affaires étrangères, de la défense, de la justice et de la sécurité aux mains des faucons du VVD et du NSC
Raisa Blommestijn
Source: https://deanderekrant.nl/nieuws/kabinet-schoof-klaar-voor-oorlog-2024-06-21
Tous les postes ministériels clés du nouveau cabinet seront aux mains des partisans du soutien à l'Ukraine dans la guerre contre la Russie. Le nouveau ministre de la justice et de la sécurité David van Weel (VVD) est actuellement le bras droit du chef de l'OTAN Jens Stoltenberg, le ministre de la défense est Ruben Brekelmans, faucon du VVD, et le ministre des affaires étrangères est Caspar Veldkamp (NSC, ex-CDA), "Européen au franc-parler", qui qualifie la guerre en Ukraine de "notre guerre". Le nouveau cabinet se prépare-t-il ainsi à une grande guerre européenne ?
La guerre en Ukraine a marqué les dernières années de la présidence du Premier ministre Mark Rutte, qui va devenir le grand patron de l'OTAN. "C'est aussi notre guerre", disait invariablement le premier ministre lorsqu'il apportait un soutien financier, avec livraison d'armes, de plus en plus important à l'Ukraine au nom des Pays-Bas.
En coulisses, notre pays semble également se préparer de plus en plus à une confrontation directe avec la Russie. Par exemple, on prépare les esprits à rappeler les jeunes Néerlandais au service militaire, on publie des enquêtes d'orientation sur la "préparation à la mort" et le ministère de la défense fait le tour du pays pour réclamer de l'espace pour des entrepôts de munitions et d'autres activités militaires.
Dick Schoof, nouveau premier ministre des Pays-Bas
À l'origine, le PVV n'était pas favorable à l'escalade de la guerre en Ukraine. Wilders ne voulait pas fournir d'armes à ce pays, mais cette position a rapidement dû être abandonnée au cours du processus de formation du gouvernement. En effet, le soutien à l'Ukraine semblait être l'un des points de rupture de la formation. Rutte, entre autres, s'est immiscé dans la question : un refus de soutenir l'Ukraine signifierait, selon lui, la fin de toute participation du VVD à un nouveau gouvernement. Wilders, qui s'attendait à faire partie de la coalition pour la première fois après des années d'opposition, a changé de tactique, et de quelle manière! Tous les postes ministériels clés seront confiés à des partisans déclarés de la guerre.
David van Weel
Ainsi, le ministère de la sécurité et de la justice sera dirigé par David van Weel (VVD), 48 ans, qui est actuellement le bras droit du chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, en tant que secrétaire général adjoint de l'OTAN. À l'OTAN, il s'occupe principalement de la guerre hybride, comme les cyberattaques, de la lutte contre la "désinformation" et des "menaces pour la sécurité", comme le changement climatique et la sécurité énergétique. Auparavant, il a travaillé au ministère de la défense et au ministère des affaires générales, où il a été le conseiller direct de M. Rutte en matière de défense et d'affaires étrangères entre 2016 et 2020.
Van Weel n'est pas avocat. Jusqu'à la nomination de l'actuel ministre de la sécurité et de la justice, Dilan Yesilgöz, avoir un diplôme de droit semblait être le moins que l'on puisse attendre d'un ministre de ce ministère. Ou bien la sécurité est-elle plus prioritaire que la justice pour ce cabinet ?
Lors de ses nombreuses apparitions à la radio, à la télévision et dans les journaux ces dernières années, au moins une chose ressort : le soutien franc de Van Weel à l'Ukraine. Il ne cesse de parler de "l'agression russe" et de l'importance de fournir à l'Ukraine un soutien financier et des armes supplémentaires "pour nous protéger". Il ne cesse également de souligner l'importance de l'alliance de l'OTAN. Depuis la guerre en Ukraine, a-t-il dit, l'importance de la défense collective est devenue plus qu'évidente. Sur le front de la politique intérieure également, il est clair que M. Van Weel estime que les Pays-Bas devraient faire davantage pour se préparer à la guerre. Le 11 mai dernier, il a déclaré dans une interview accordée à la BNR qu'il pensait que la nécessité de se préparer n'était pas encore suffisamment ressentie aux Pays-Bas. Il s'est prononcé en faveur d'une augmentation du budget de la défense et a fait valoir, de manière remarquable, que la lenteur du processus de réglementation et d'autorisation en Europe fait que nous sommes toujours à la traîne par rapport à la Russie : ce pays a déjà une économie qui repose entièrement sur la guerre.
Ruben Brekelmans
Tout comme le ministère de la sécurité et de la justice, le ministère de la défense passe également entre les mains du VVD. Ruben Brekelmans, talent émergent du VVD, est le futur chef de ce département. Âgé de 37 ans, Brekelmans a étudié l'économie et l'administration publique (avec une spécialisation en "politique mondiale"). Il a occupé plusieurs postes de consultant avant d'entrer dans la fonction publique. Il a travaillé successivement aux ministères de la Justice et de la Sécurité, des Finances et de l'Asile. À partir de 2021, il siégera à la Chambre basse au nom du VVD. Brekelmans est l'un des députés qui s'est exprimé avec le plus de véhémence en faveur du maintien du soutien à l'Ukraine. En avril dernier, il s'est même rendu dans le pays. Sur le site web du VVD, on peut lire que le principal enseignement qu'il tire de cette visite est qu'une aide plus importante doit être apportée à l'Ukraine sur une base structurelle dans les plus brefs délais.
Sur le même site, on peut lire qu'en tant que futur ministre, M. Brekelmans souhaite se consacrer au "maintien de la liberté et de la sécurité aux Pays-Bas". Pour lui, comme pour son futur collègue Van Weel, cela ne semble pas se décider dans des négociations de paix avec Poutine, mais dans la fourniture de plus d'armes et d'aide financière à l'Ukraine et dans l'intégration du pays dans l'UE et l'OTAN. Au début de l'année, M. Brekelmans s'est exprimé sur la radio BNR en faveur de la proposition controversée de confisquer les avoirs que la Russie a déposés en Occident et qui ont été "gelés" après l'invasion de l'Ukraine. Le gouvernement russe est furieux de ce projet et menace de prendre des contre-mesures sévères s'il est mis en œuvre.
Caspar Veldkamp
Brekelmans et Van Weel trouveront sans doute bientôt un allié de poids en la personne de leur collègue Caspar Veldkamp, le futur ministre des affaires étrangères au nom du CNS. Âgé de 60 ans, Veldkamp, numéro quatre sur la liste du parti d'Omtzigt lors des précédentes élections à la chambre basse, s'est imposé à la chambre basse, comme Brekelmans, en tant que partisan d'un soutien de grande envergure à l'Ukraine. Avant de se lancer dans la politique à La Haye, M. Veldkamp a fait carrière dans la diplomatie étrangère. Il est un ancien membre du CDA et un "Européen franc". Il a déclaré qu'il rêvait de devenir ambassadeur de l'UE au nom des Pays-Bas.
Ce rêve est encore loin, mais M. Veldkamp peut se consacrer à ses autres préférences en tant que ministre des affaires étrangères: l'Ukraine et Israël. M. Veldkamp a été ambassadeur dans ce dernier pays entre 2011 et 2015. Il s'oppose à la critique commune du colonialisme juif dans les territoires palestiniens. En effet, selon lui, ce ne sont pas les Palestiniens mais les Israéliens qui sont en réalité vulnérables au Moyen-Orient et qui méritent donc le soutien des Pays-Bas. Wilders en aura sans doute pris note avec joie. Le leader du PVV est connu pour ses penchants sionistes déclarés. Selon certaines rumeurs, le bras droit de Wilders lors des négociations de formation, Gidi Markuszower, né en Israël, aurait des liens avec les services secrets israéliens, le Mossad. Serait-ce la raison pour laquelle Markuszower n'a pas passé le contrôle de l'AIVD ?
Veldkamp soutient pleinement l'Ukraine. Il souligne à plusieurs reprises dans des interviews qu'il s'agit "aussi de notre guerre" et que "repousser les menaces russes" est important pour la sécurité des Pays-Bas. À la Chambre basse, il a même été l'un des premiers à s'engager en faveur d'un soutien à long terme à l'Ukraine, ce qui a été fait depuis. Mais ce n'est pas tout : selon M. Veldkamp, les PME néerlandaises devraient également avoir la possibilité de produire des armes et les Pays-Bas, comme d'autres États européens membres de l'OTAN, devraient investir massivement dans la défense.
Ce qui est clair, c'est que sous la houlette de ces ministres, une nouvelle escalade du conflit en Ukraine - et peut-être même une troisième guerre mondiale - se rapproche de plus en plus. Personne ne parle de négociations de paix avec Poutine. Le fait que les Pays-Bas pourraient devenir la cible d'une action militaire russe en raison de cette position n'est pas un sujet de discussion. Rien dans ce soi-disant "cabinet PVV" ne s'oppose à la poursuite de la ligne Rutte. En effet, le cabinet Schoof est à bien des égards un cabinet de guerre.
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Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !
Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !
Sjors Remmerswaal
Source: https://remmerswaal.substack.com/p/olaf-scholz-trachtte-nordstream-2?utm_source=post-email-title&publication_id=388903&post_id=145925789&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email
Un certain nombre de politiciens sociaux-démocrates allemands de premier plan ont encore essayé de sauver le gazoduc Nordstream 2, fin 2021, dans le but de le mettre un jour en service pour permettre au gaz de circuler de la Russie vers l'Allemagne. Un gaz bon marché qui permet à l'industrie du pays de fonctionner. La construction et l'ouverture ont été entravées par la pression exercée par les États-Unis, notamment par le biais de sanctions. Cela s'est produit alors que Nordstream 1 était déjà en service depuis des années. Les deux pipelines sont aujourd'hui inutilisables en raison d'attaques terroristes, à la demande des États-Unis d'Amérique.
Le journal allemand Handelsblatt a rapporté cette semaine que l'actuel chancelier Olaf Scholz était impliqué dans les tentatives visant à briser les sanctions et les pressions politiques. Scholz voulait éviter les sanctions en négociant avec le président américain de l'époque, Donald Trump. Il a fait plusieurs tentatives auprès de Trump pour influencer ce processus. Une proposition était prête pour contrer cela, en échange de quoi les Allemands investiraient un milliard d'argent du contribuable dans des terminaux de gaz liquéfié.
Cette proposition n'a pas été acceptée par les Américains. Peu après, le département d'État américain a pris des sanctions contre Nordstream 2. Des entreprises ont alors cessé leurs activités. Les Allemands, par l'intermédiaire d'une fondation nouvellement créée, ont alors réussi à échapper aux sanctions et à poursuivre la construction du gazoduc, rapporte également l'article du Handelsblatt.
En parcourant les rapports internes, les lecteurs apprendront comment un certain nombre de politiciens de haut rang, probablement à l'instigation des grandes entreprises allemandes, ont fait le nécessaire pour que Nordstream 2 soit opérationnel, mais ont été systématiquement contrecarrés par les Américains. Car même lorsque le gazoduc était prêt à l'emploi, il n'a pas été ouvert, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie a trouvé une raison de tout arrêter.
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dimanche, 23 juin 2024
Être ou ne pas être: la vision de l'apocalypse de Daria Douguina
Être ou ne pas être: la vision de l'apocalypse de Daria Douguina
Par Jafe Arnold
Source: https://www.newdawnmagazine.com/articles/to-be-or-not-to-be-daria-duginas-vision-of-the-apocalypse?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR3Q19LycPBTTRsAUhOGth2rR13QiH4GUZgF3nYGtVrbVAQBI9hMd3DA1ys_aem_ZmFrZWR1bW15MTZieXRlcw
Daria Aleksandrovna Dugina (15 décembre 1992 - 20 août 2022)
Extrait du numéro spécial de New Dawn Vol 18 No 1 (février 2024)
Depuis un an et demi que Daria Dugina, 29 ans, a été tuée dans un attentat à la voiture piégée près de Moscou, la question "Qui est Daria Douguina ?" n'a pas disparu. Au contraire, lorsque la fumée s'est dissipée, cette question s'est intensifiée et élargie.
C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles, en octobre dernier [2023], le Washington Post a publié un "exposé" admettant ce que la plupart des gens sobres savaient déjà: la jeune vie de Douguina a été interrompue par un acte de terrorisme d'État mené par des forces spéciales ukrainiennes créées, entraînées, armées et financées par la CIA (1). Bien entendu, les fonctionnaires américains et ukrainiens qui ont confirmé cela au Washington Post "ont parlé sous couvert d'anonymat en citant des préoccupations de sécurité ainsi que la sensibilité du sujet", car Kiev et Washington refusent toujours officiellement de faire des commentaires. En d'autres termes, il s'agit de la "même vieille histoire" avec les mêmes vieux acteurs qui jouent maintenant avec leurs derniers "partenaires juniors".
Ces assassins se trouvent toujours à court de mots par "souci" de la "sensibilité" de ce qu'ils ont fait : tuer une jeune philosophe, écrivaine et activiste, dont la mort a ouvert une boîte de Pandore et révélé bien des choses sur la véritable Daria Douguina - sur ses pensées et ses écrits, et ce que son activisme et sa mort signifient pour de nombreuses personnes à travers le monde.
À la suite de la publication de son livre posthume, Eschatological Optimism, Daria "Platonova" Douguina - la philosophe - est apparue sous les feux de la rampe (2). Les lecteurs du monde entier savent désormais ce que beaucoup savaient déjà dans sa Russie natale: Douguina n'était pas seulement la fille de l'éminent philosophe russe Alexandre Douguine, mais aussi une philosophe profonde et radicale à part entière.
À la veille de sa mort, Daria Douguina préparait un doctorat en philosophie politique ancienne et commençait à présenter des idées clés au public.
Elle a milité toute sa vie au sein du Mouvement international eurasien, dont la vision prône la (re)création d'un monde multipolaire dans lequel les diverses civilisations et cultures ne sont pas subordonnées au diktat du bloc impérialiste américain et de l'Occident moderne.
Parallèlement à son activisme (géo)politique, la carrière de Douguina, à la fois jeune, lointaine et chevronnée, en tant que journaliste et analyste audacieuse, a été révélée. Daria était également une femme d'art: elle avait un projet musical (Dasein May Refuse), écrivait des poèmes, fréquentait les expositions d'art et le théâtre et en était parfois la commissaire (3). Elle envisageait de s'essayer au cinéma.
D'un point de vue plus personnel, ceux qui lisent le russe peuvent apprendre de ses journaux intimes récemment publiés que Daria était un être humain qui luttait constamment contre la mélancolie et l'épuisement. Elle s'est constamment efforcée de donner le meilleur d'elle-même pour les autres et dans un but noble.
Les mêmes médias occidentaux qui se sont empressés de célébrer sa mort comme un "message" fort et clair ont commencé à se plaindre de la montée d'un "culte de Daria Douguina" et à s'inquiéter du message réel que sa vie et sa mort signifient aujourd'hui.
Peut-être devraient-ils s'en inquiéter, car l'un des messages de Douguina résonne haut et fort de nos jours : nous sommes au bord du gouffre. Dans l'une de ses conférences publiques les plus importantes, prononcée quelques jours seulement avant le début des confinements à cause du COVID-19 en mars 2020, Daria Douguina a insisté sur le fait que "nous vivons probablement à l'ère de la mondialisation": "Nous vivons probablement l'ère de la fin du monde, comme en témoignent la pandémie, les diverses catastrophes naturelles qui se sont multipliées et les changements fondamentaux survenus dans les domaines de la politique, de la géopolitique et de la philosophie" (4).
Lors d'une conférence donnée un an plus tard, Daria Douguina a parlé d'un "sentiment apocalyptique aigu, d'une fin proche" et a qualifié notre époque de Kali-Yuga, le dernier "âge sombre" du cycle hindou (5). Lorsqu'un membre de l'auditoire a demandé ce que les dissidents pouvaient tirer de la culture moderne, Douguina s'est montrée sceptique : "De la culture moderne? Laquelle? Par la culture de l'ontologie orientée objet, des cyborgs et des mutants?" (6).
Dans un autre exposé sur la philosophie post-féministe, Douguina a parlé de la nécessité de "sauver l'humanité de la mort qui la guette", puis a mis en garde contre les conséquences de l'avènement du transhumanisme en des termes très clairs: "Lorsque le féminin et le masculin seront définitivement abolis et remplacés par des cyborgs, ce sera la fin du monde... Avec la disparition de l'homme et de la femme, c'est l'être humain lui-même que nous perdrons" (7).
En d'autres termes, la jeune femme dont la vie a été odieusement enlevée alors qu'elle rentrait chez elle en voiture un soir, a vu sa vie - et la nôtre - confrontée à un crépuscule apocalyptique à la veille d'un minuit apocalyptique.
Selon Daria, la fin qui se précipite vers nous n'est autre que la fin de l'humanité, de l'homme en tant que tel. L'aspect le plus flagrant de cette fin est la montée en puissance d'une matrice technologique omnipotente dans laquelle, selon elle, "l'homme moderne se retrouve sous l'influence destructrice de la matière, sous les clichés de la société de consommation, sous la pression proliférante de la technologie qui le réprime et lui dicte la nécessité de suivre ses algorithmes intrusifs et aliénants" (8).
L'humain du 21ème siècle "high-tech" est une créature qui se trouve "jetée dans un espace où la technologie et la matière le détruisent essentiellement, où il perd son axe de rébellion et de souveraineté face à la matérialité et à l'illusoire" (9).
Bientôt - et Douguina n'a été ni la première ni la dernière à le prévoir - la technologie qui gouverne de plus en plus nos vies étouffera notre capacité à penser, à agir et même à exister. Tout ce que nous comprenons ou soupçonnons de définir l'être humain - la mortalité, la pensée, la liberté, la volonté, le cœur, l'âme, la capacité de relation avec les autres, ainsi que les relations avec le sacré et l'au-delà - est destiné à être contrôlé, simulé, remplacé ou déplacé par les forces technologiques que nous avons déclenchées et que nous pensons naïvement pouvoir contrôler de manière stable.
Daria Douguina a cherché à découvrir les racines de notre apocalypse technologique dans la philosophie moderne et postmoderne. Elle se considère comme un éclaireur dans la guerre cosmique de l'esprit ("Noomakhia"): l'une de ses missions consistait à étudier intensément et à exposer la pensée qui permet et préfigure cela, sur ce plan philosophique subtil auquel trop peu de gens prêtent attention.
Le concept central de sa philosophie est l'optimisme eschatologique. La vision de l'apocalypse de Daria Dugina était révolutionnaire au sens premier du terme - un "retournement" ou une transformation de notre façon d'être dans le monde.
Douguina a insisté sur le fait que la philosophie postmoderne - que la plupart des gens rejettent comme de simples "salades de mots" ou des "théories" oiseuses confinées aux départements universitaires et aux soi-disant "politiques identitaires" - est la chambre d'incubation, le laboratoire et le talon d'Achille de la crise apocalyptique qui se profile.
Des décennies avant le transhumanisme, l'un des parrains de la philosophie postmoderne, Gilles Deleuze, soutenait que l'être humain étant un sujet trop hiérarchique, oppressif et problématique, il devait être transformé - ou déformé - en une toile gluante qui s'étend et se coagule de manière aléatoire comme un rhizome.
L'"ontologie orientée objet", l'une des dernières tendances "à la mode" en philosophie, prétend que l'existence doit être libérée de la pensée humaine afin que le véritable nœud de l'être puisse être "rendu" aux objets inanimés et aux machines qui nous entourent. Daria Douguina n'a pas mâché ses mots: "Bien entendu, le terme "philosophie" doit être compris au sens où l'entend Douguina : non pas comme des expériences de pensée superflues, mais comme une capacité radicale et essentielle de l'être humain, comme l'architecture spirituelle du "logiciel" derrière le "matériel" - et même, comme dans son cas, comme une question de vie ou de mort.
Deux anecdotes illustrent les incursions audacieuses de Daria dans les tendances sombres de notre époque.
Lors du lancement de l'édition russe de Cyclonopedia du philosophe irano-américain Reza Negarestani (qui parle d'un démon au cœur de la Terre, de plus en plus puissant et libéré par l'extraction pétrolière), un membre du public a saisi l'occasion pour demander la main de Daria Douguina. Celle-ci a répondu qu'elle n'accepterait que s'il apprenait par cœur Cyclonopedia en anglais. En d'autres termes: "Connais ton ennemi".
À une autre occasion, Douguina a assisté à une exposition du philosophe anglo-américain Timothy Morton, au cours de laquelle ce dernier a engueulé sa main parce qu'elle ne vivait pas sa propre vie et ne se soulevait pas contre son oppresseur humain.
Daria Douguina a passé son temps à réfléchir avec des personnalités comme Negarestani et Morton parce qu'elle croyait - ou plutôt savait - qu'elles représentaient la pensée et la manière d'être (ou de ne pas être) derrière la dystopie technologique, transhumaniste et "orientée objet" dans laquelle nous nous entraînons et nous nous (ou ne nous) pensons pas nous-mêmes. En sondant ce territoire et ce "no man's land" philosophique, en nommant des noms et en exposant certaines idées, l'activisme philosophique de Daria représentait une véritable menace (11).
Pourtant, cette philosophe montante de la fin des temps - fauchée avant l'heure - n'était pas seulement une penseuse et une observatrice profonde. Le concept central de sa philosophie est l'optimisme eschatologique. La vision de l'apocalypse de Daria Douguina était révolutionnaire au sens premier du terme - un "retournement" ou une transformation de notre façon d'être dans le monde. Se retourner et voir ce qui se passe autour de nous, se retourner et voir que d'autres dans le passé et le présent ont d'autres orientations à offrir, se retourner contre toutes les idées préconçues et les idéologies qui ont régné sur notre époque et qui nous mènent aujourd'hui à notre perte.
À une époque où nous sommes fixés sur des écrans, branchés sur ce qu'on appelle les "médias sociaux" et liés ("connectés") à des forces et à des signaux qui dépassent nos désirs et nos actes, Daria Douguina affirme qu'il n'y a qu'une seule issue pour l'être humain consciencieux, le dissident, le penseur authentique: accepter le défi - le destin - de vivre, de penser et de s'exprimer, ici et maintenant, à ce moment précis. Ce faisant, notre être reflète et s'accorde au même courant de dissidents et de pensée dans les sociétés, les systèmes et les situations d'avant et d'ailleurs; nous sommes profondément humains en ce dernier moment où les entités humaines émasculées, irréfléchies, qui cliquent et défilent, sont destinées à être "dépannées".
Douguina propose une vérité simple mais brutale comme point de départ : "Chacun a sa propre place dans le monde, sa patrie spirituelle... Ce qui est certain, c'est que, où que nous nous trouvions dans le monde moderne, nous sommes au centre de l'enfer. Il est difficile de voir l'authenticité quelque part. Nous sommes maudits. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se précipiter vers le salut" (12).
Nous sommes mis au défi de saisir l'occasion d'être radicaux à l'ère des machines, des robots, des algorithmes et de la montée du non-humain et de l'inhumain.
Bien entendu, rien de ce qui précède ne figure dans le journalisme grand public ou dans les reportages assistés par l'IA sur la vie, les pensées et la mort de Daria Douguina. Tout ce qu'ils peuvent répéter, c'est que Douguina était une "propagandiste" russe dont la "rhétorique agressive" à l'égard de l'Ukraine justifiait l'assassinat d'un civil.
Douguina avait insisté sur le fait que l'"opération militaire spéciale" de la Russie en Ukraine était une manœuvre offensive-défensive audacieuse visant à empêcher le virus postmoderne et le déluge apocalyptique, qui dévorent déjà l'Occident, d'envahir l'une des régions historiques et culturelles de la Russie (ou l'une de ses régions frontalières). Quelle que soit l'interprétation que l'on donne à ce conflit, il s'inscrit néanmoins dans le concept d'optimisme eschatologique de Dugina: contre toute attente, quoi qu'il arrive, nous sommes obligés de mener une lutte finale contre la "fin de l'histoire", qui, comme nous pouvons désormais le prévoir, n'inclura plus les humains - sans parler des cultures et des peuples tels que les Russes, les Ukrainiens, les Américains, les Australiens, etc.
La citation préférée de Daria Douguina, souvent citée, est celle de René Guénon, auteur d'ouvrages eschatologiques prophétiques: "La fin d'un monde n'est jamais et ne peut jamais être que la fin d'une illusion" (13).
Selon Douguina, les scénarios qui nous attendent sont l'aboutissement apocalyptique d'une illusion profonde et perfide. Notre tâche est de mettre fin à cette illusion par et en nous-mêmes, de reconquérir la réalité, et de le faire contre toute attente en tant qu'optimistes eschatologiques humbles, audacieux, inspirés et aspirants. C'est pour cette raison que cette jeune femme, porteuse d'un message d'éveil grandiose et saisissant, a été assassinée, et que sa mort et sa vie sont de la plus haute importance pour nous tous.
L'ouvrage de Daria Platonova Douguina, Eschatological Optimism, est disponible aux éditions Prav à l'adresse suivante : pravpublishing.com/product/eschatological-optimism.
Cet article a été publié dans le numéro spécial de New Dawn, vol. 18, n° 1.
Notes:
- (1) Greg Miller, Isabelle Khurshudyan, Shane Harris et Marya Ilushina, "Ukrainian spies with deep ties to CIA wage shadow war against Russia", The Washington Post, washingtonpost.com/world/2023/10/23/ukraine-cia-shadow-war-russia.
- (2) Daria Platonova Dugina, Eschatological Optimism, trans. Jafe Arnold, éd. John Stachelski (PRAV Publishing, 2023) ; Jafe Arnold, "Life in the End : The Message of Daria Dugina", Continental-Conscious, 19 décembre 2023, continentalconscious.com/2023/12/19/life-in the-end-the-message-of-daria-dugina.
- (3) Daria était proche d'Alexey Belyaev-Guintovt, sur lequel voir David Herbst, "Alexey Belyaev-Guintovt : Court Painter of the Eurasian Empire", New Dawn Special Issue Vol 15 No 3 (2021).
- (4) Dugina, Eschatological Optimism, 39
- (5) Ibid, 73-74
- (6) Ibid, 107-108
- (7) Ibid, 137-138
- (8) Ibid, 55
- (9) Ibid, 54
- (10) Ibid, 39
- (11) Voir : Askr Svarte, Tradition and Future Shock : Visions of a Future that Isn't Ours (PRAV Publishing, 2023).
- (12) Douguina, Optimisme eschatologique, 114.
- (13) René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps, trad. Lord Northbourne (Hillsdale : Sophia Perennis, 2004), 279.
A propos de l'auteur
Jafe Arnold est traducteur, voyageur et rédacteur en chef fondateur de PRAV Publishing (pravpublishing.com). Il a étudié la culture européenne à l'université de Wrocław, les études religieuses et l'ésotérisme occidental à l'université d'Amsterdam, et la philosophie à l'université de Varsovie. Il est le conservateur fondateur de l'Eurasianist Internet Archive et du blog Continental-Conscious (continentalconscious.com).
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Le choix (forcé) de Kim
Le choix (forcé) de Kim
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/la-scelta-obbligata-di-kim/
Kim Jong-un n'a pas eu le choix. L'administration Biden avait immédiatement fait sauter tous les accords conclus avec Trump. Des accords commerciaux et des perspectives de coopération d'autant plus importants qu'ils mettaient fin à un état de tension, de guerre larvée, qui durait depuis plus d'un demi-siècle.
Pendant cette période, le "dossier Corée" n'avait cessé d'être une préoccupation majeure de Washington et de Langley.
La stratégie de Trump a été excentrique, mais extrêmement efficace. Il avait saisi un moment d'escalade des tensions entre les deux Corées, Pyongyang intensifiant ses essais nucléaires et ses tirs de missiles. Au lieu de jouer les pompiers, il a élevé le niveau de la confrontation avec des mots. Il est allé jusqu'à traiter le dirigeant nord-coréen de "patapouf belliciste". Ce dernier lui a d'ailleurs répondu en le traitant de "vieux con".
Sous le radar, cependant, il travaillait d'une manière très différente. Le monde, terrifié par la menace nucléaire, a été stupéfait par l'image de The Donald posant paternellement une main sur l'épaule du jeune Kim.
Viens avec moi, mon garçon. Nous ferons de bonnes affaires ensemble.
Un grand succès diplomatique. Car pour Washington, l'échiquier de prédilection est, et a toujours été, le Pacifique. Et Trump, dans sa logique mercantile, considérait la Chine comme son seul véritable "concurrent". Détendre les relations avec la Corée du Nord, c'était donc tisser une intrigue, économique et commerciale, visant à contenir l'expansion de l'influence de Pékin. Et lui arracher un allié historique.
Mais la stratégie de Trump n'a pas plu à de nombreuses "puissances" américaines. En premier lieu l'industrie de l'armement, qui profite bien sûr de l'escalade des tensions internationales. Certainement pas de leurs résolutions.
Et c'est ainsi que l'administration Biden, qui est certainement une projection et un instrument de l'État profond, a également ici, en Corée, inversé la politique de Trump. Elle a ramené la situation plus de cinquante ans en arrière. Et, dans une certaine mesure, elle a déplacé les alliés de Séoul, désormais engagés sur la voie du dialogue avec leurs cousins séparés du Nord.
Et c'est à ce moment-là que le tsar est arrivé.
Vladimir Poutine a été accueilli avec les honneurs d'un triomphe à Pyongyang. Et il a ramené un accord de partenariat stratégique avec la Corée du Nord. Le meilleur traité d'alliance, le plus étroit, dans l'histoire des relations bilatérales.
Car Pyongyang n'a jamais été un allié proche de Moscou. Quoi qu'en disent les analystes italiens plus ou moins improvisés... même ceux qui, en raison de leur histoire personnelle et d'un militantisme communiste ancien, oublié et renié, devraient bien connaître ce fragment d'histoire.
Depuis toujours, le grand frère de la Corée du Nord a été Pékin. Moscou est toujours restée, toutes proportions gardées, distante. Et les mandarins rouges ont toujours empêché les seigneurs du Kremlin de mettre le pied aussi loin à l'est. La Corée fait partie du jardin de la Cité interdite.
Mais les choses ont radicalement changé.
Pékin a acquis la conviction que Washington vise un choc frontal. En perspective, même un conflit militaire.
Cela inquiète Xi Jinping qui, du moins pour l'instant, souhaite éviter un conflit direct. Le temps joue en faveur de Pékin. Et les Chinois sont réputés pour leur patience.
Xi a donc laissé le champ libre à son ami Vlad en Corée. Il a maintenant atteint la confrontation directe avec Washington. Et, bien qu'obtorto collo, il ne peut plus reculer.
Et Poutine, qui connaît bien l'art de la diplomatie, tisse un réseau de relations dans toute l'Asie du Sud-Est. Pas seulement à Pyongyang, mais aussi au Vietnam. Et il a même des échos à Séoul. Il se propose comme pacificateur dans les relations difficiles entre les deux Corées. Ce qui semble de plus en plus plaire aux Sud-Coréens. Qui veulent tout sauf devenir l'instrument d'une nouvelle guerre civile dévastatrice pour les intérêts... d'autres.
Avec ce geste, Poutine crée un problème pour Washington dans le Pacifique. Ce n'était certainement pas ce que souhaitaient les "stratèges politiques" de Biden. Leur objectif est d'épuiser Moscou dans des conflits limités au théâtre européen. En faisant combattre d'autres... Ukrainiens, éventuellement Moldaves, Géorgiens, Bosniaques....
Sans toutefois réaliser que la Russie pourrait répondre en élargissant la zone de conflit.
Comme c'est le cas aujourd'hui à Pyongyang.
15:43 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vladimir poutine, kim jong un, russie, corée du nord, corée, géopolitique, vietnam, asie, affaires asiatiques, politique internationale, diplomatie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
France: le séisme du 9 juin
France: le séisme du 9 juin
par Georges FELTIN-TRACOL
Au soir du 9 juin marqué par un désaveu cinglant de la majorité présidentielle macronienne et la victoire pour la troisième fois consécutive du Rassemblement national (RN), les dixièmes élections au Parlement de Strasbourg – Bruxelles provoquent la sixième dissolution de l’Assemblée nationale sous la Ve République. Malgré l’existence de procédures parlementaires rationalisées comme le célèbre article 49 – 3 qui affranchissent sous certaines conditions l’exécutif de la tutelle des députés, il devenait difficile au gouvernement de Gabriel Attal d’aborder avec sérénité les débats budgétaires de l’automne.
Les élections européennes sont considérées comme secondaires. À tort ! Ce n’est pas la première fois qu’elles bousculent la vie politique française. En 1984, le Front national de Jean-Marie Le Pen surgit avec 10,95 % des suffrages. Cinq ans plus tard, les Verts d’Antoine Waechter, tenant d’une ligne écologiste « ni de gauche, ni de droite », obtiennent 10,59 %. Les européennes suivantes consacrent le courant souverainiste représenté tour à tour par Philippe de Villiers (12,34 % en 1994), puis en 1999 par Charles Pasqua (13,06 %) et les chasseurs (6,78 %). Leurs succès électoraux souverainistes restent cependant éphémères.
Décidée par Jacques Chirac et son premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, la réforme du mode de scrutin des européennes consacre de grandes circonscriptions interrégionales. Ce découpage en ensembles hétéroclites favorise la désaffection des électeurs. En 2004, l’abstention est de 57,24%. En 2009, elle atteint 59,37%. Enfin, en 2014, elle plafonne à 57,57% ! Le retour à une circonscription nationale unique facilite au contraire la lisibilité des enjeux, ce qui explique le léger regain de participation civique tant en 2019 (49,88% d’abstention) que cette année (48,51%).
Estimant que la France était déjà en campagne électorale depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron a finalement choisi de renvoyer les députés et d’imposer un calendrier électoral très serré. Son pari téméraire se révèle aussi pervers. Le chef de l’État a enfin annoncé qu’il resterait à l’Élysée, quel que soit le vainqueur de ces élections anticipées. Cela ne l’empêche pas de superviser avec entrain la campagne de l’extrême centre et de fustiger ses oppositions.
La dissolution de l’Assemblée nationale suscite en tout cas de formidables cacophonies. Parce qu’il évoque un accord électoral avec le RN, Éric Ciotti, le président des Républicains (LR), se fait virer de son propre parti, mais il n’accepte pas cette exclusion invalidée par la justice. Le président des sénateurs LR au Sénat, Bruno Retailleau, parle de trahison. Oublie-t-il qu’il a lui-même trahi pour le sarkozysme triomphant son mentor Philippe de Villiers ? Vrai illusionniste de l’économie, Bruno Le Maire, et Gérald « Dissolutor » Darmanin s’indignent du rapprochement patriotique conservateur, fort de leur expérience d’abandon des LR pour le camp macronien en 2017.
Président par intérim du parti, l’euro-député François-Xavier Bellamy déclare avant de se raviser tardivement qu’il voterait pour un candidat RN dans la cas de figure d’un duel avec la gauche au second tour. Dans le même temps, les caciques locaux dans les Yvelines, dans les Hauts-de-Seine et ailleurs, négocient avec les macronistes sans déclencher la colère des responsables nationaux anti-Ciotti. Quant à Reconquête !, Marion Maréchal et ses proches délaissent Éric Zemmour et son mauvais génie féminin pour une hypothétique entente nationale.
À gauche se construit un « nouveau front populaire » (NFP) autour des socialistes, des Verts, des communistes et des « insoumis ». Ces quatre formations oublient (provisoirement ?) les mots très durs prononcés au cours de la campagne des européenne. Ce cartel des gauches se déchire aussitôt sur la candidature de l’« insoumis » Adrien Quatennens (photo) à la députation dans le département du Nord malgré sa condamnation pour violences conjugales. Les pétroleuses féministes désapprouvent l’investiture d’un des protégés de Jean-Luc Mélenchon. D’autres psychodrames éclatent au sein de la France insoumise avec la mise à l’écart des « frondeurs » du mélenchonisme (Raquel Garrido et son mari Alexis Corbière).
La dissolution accélère la tectonique des plaques politiques. Par exemple, hostile à la NUPES, la présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga (photo), incarnation selon la nouvelle euro-députée « insoumise » Rima Hassan de la « gauche coloniale », approuve ce regroupement. Le NFP se trouve dans une dynamique ascendante préparée par l’organisation, parfois non déclarée, de manifestations qui reproduisent le schéma de l’après-21 avril 2002. Ces manifestations anti-RN se concentrent dans les métropoles et bénéficient de l’appui des syndicats, des associations et des influenceurs sur les réseaux sociaux. Outre le précédent de 2002, ces manifestations rappellent celles des « Sardines » en 2019 - 2020 contre la Ligue de Matteo Salvini en Italie. Les « Sardines » gauchistes n’ont pas empêché l’accession au pouvoir de Giorgia Meloni.
Le NFP tait pour l’instant le nom de l’éventuel locataire de Matignon. Serait-ce l’ancien syndicaliste Laurent Berger, le député de la Somme François Ruffin, l’ancien président François Hollande ou bien Jean-Luc Mélenchon ? La question n’est pas anodine pour le lendemain du second tour.
S’échafaudent déjà quatre hypothèses plus ou moins réalistes. La première envisage la réussite d’Emmanuel Macron. Grâce à sa majorité absolue, il applique tout son programme libéral, progressiste, autoritaire et mondialiste. Il dispose d’une liberté complète pour intervenir militairement en Ukraine, voire pour modifier la Constitution et abolir la limite à deux mandats consécutifs de la présidence de la République. Mais cette éventualité reste quand même faible.
Il est plus que probable que les élections des 30 juin et 7 juillet confirment et amplifient la fracturation de l’Hexagone en trois blocs antagonistes (l’extrême centre macronien, le NFP wokiste et cosmopolite, et la « coalition nationale »). Avec une majorité relative plus ou moins large et l’impossibilité de dissoudre l’Assemblée nationale pendant une année, la France s’englue dans une très grande instabilité politique que le parlementarisme rationalisé pourra en partie dépasser dans le cadre d’un gouvernement présidentiel avec, à sa tête, Gabriel Attal ou un autre proche d’Emmanuel Macron. Ce dernier conservera toujours l’initiative institutionnelle (référendum ou démission de son mandat). Il y aurait de la part des électeurs le désir ironique de ne rien changer.
Si la « coalition nationale » cristallisée par le RN remporte les législatives, la France entrerait dans une quatrième cohabitation pour une durée prévisible de trois ans. Jordan Bardella deviendrait le cinquième premier ministre d’Emmanuel Macron. Mais aurait-il les moyens de diriger le pays avec l’hostilité de l’Élysée, du Sénat, du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, de la Cour de cassation, de la Cour de justice de l’Union dite européenne, de la Cour européenne des droits de l’homme, des hauts-fonctionnaires, des syndicats, du patronat, des associations, des cultes et du Système médiatique d’occupation mentale ?
Il existe une quatrième possibilité qu’il faut prendre en compte : la victoire du NFP. Les projections tirées du scrutin européen prévoient de nombreux duels entre le RN et le NFP. Toutefois, si l’abstention régresse, la coalition nationale, le magma gauchiste et l’extrême centre macroniste s’affronteront en triangulaires. Par-delà le succès plausible des gauches et en l’absence de tout nom candidat à Matignon, motif à de vives discussions internes, les fractures réapparaîtront au premier désaccord venu.
L’une des clefs du scrutin concernera le taux d’abstention. Nonobstant la fin de l’année scolaire et le début des vacances d’été, il est peut-être possible que la participation à ces législatives anticipées soit plus forte qu’en 2022. Quelle France se mobilisera-t-elle le plus, celle des anti-Macron ou bien celle des métropoles mondialisées et des banlieues ?
Peu importe qui sera le nouveau chef du gouvernement. Il s’occupera d’un pays en faillite. Il se profile une situation à la grecque au lendemain des Jeux olympiques de Paris. Les JO d’Athènes en 2004 cachèrent un bref instant l’état catastrophique de l’économie hellène. La « Troïka » (Fonds monétaire international, Commission de Bruxelles et Banque centrale européenne) imposa aux Grecs des politiques d’austérité draconienne.
Il y a dix ans, le géographe Christophe Guilluy inaugurait sous les moqueries de l’intelligentsia le concept de « France périphérique ». Ses analyses démontrent leur pertinence. Les actuelles turbulences politiques résultent d’une prise de conscience partielle et d’une politisation incomplète de cette France qui travaille et souffre en silence. La révolte de ce peuple périphérique va-t-elle s’accroître les 30 juin et 7 juillet prochains ou bien ne sera-t-elle qu’une banale mutinerie électorale ? Un fait est toutefois certain. Nous entrons dans un moment de chaos, de radicalité et de sécession.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 120, mise en ligne le 18 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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La gauche fuchsia. Ou de la métamorphose kafkaïenne
La gauche fuchsia. Ou de la métamorphose kafkaïenne
Diego Fusaro
Source: https://posmodernia.com/la-izquierda-fucsia-o-de-la-metamorfosis-kafkiana/
Les lys qui pourrissent sentent bien plus mauvais que les mauvaises herbes [1] . Ces vers, tirés des Sonnets de William Shakespeare, pourraient à juste titre être considérés comme la description la plus réaliste du sort qui a impitoyablement englouti la gauche dans le quadrant occidental du monde après la chute du mur de Berlin.
Pour évoquer une autre figure littéraire, les néo-gauchistes ont subi une Verwandlung, une "métamorphose" semblable à celle décrite par Kafka. Une métamorphose qui les a fait plonger dans l'abîme où ils se trouvent depuis 1989 et, plus encore, depuis l'arrivée du nouveau millénaire. La situation peut sembler parfois tragicomique, si l'on considère qu'aujourd'hui les slogans du Capital et les desiderata des classes dominantes (moins d'État et plus de marché, moins de liens et plus de fluidité, moins d'appartenance communautaire et plus de libéralisation individualiste) trouvent dans les programmes et le lexique de la néo-gauche arc-en-ciel une réponse ponctuelle, une défense énergique et une célébration ininterrompue. Sans hyperbole, l'ordre des dominants, dans le cadre de la mondialisation capitaliste, présente, dans la néo-gauche décaféinée, une apologie et une sanctification non moins radicales que celles qu'elle trouve dans la droite, siège traditionnel de la reproduction culturelle et politique du nexus hégémonique du pouvoir.
La régression et la barbarie, qui n'ont pas cessé d'accompagner le Capital, ne sont plus contestées par la gauche en faisant appel au désir de plus grandes libertés et d'avenirs anoblissants ; au contraire, elles sont obstinément défendues et présentées par la gauche elle-même comme la quintessence du mouvement de ce progrès de claritate in claritatem qui - pour le dire avec Marx - n'a pas cessé de ressembler à "cette horrible idole païenne qui ne voulait boire le nectar que dans le crâne des sacrifiés" [2]. Non plus "socialisme ou barbarie", mais "capitalisme ou barbarie", tel semble être le nouveau et magnétique mot d'ordre d'une gauche qui, en se reniant elle-même et en reniant sa propre histoire, est devenue la plus fidèle gardienne du pouvoir néolibéral.
Nous appelons la Nouvelle Gauche post-moderne et néo-libérale, ennemie de Marx, de Gramsci et des classes laborieuses et, en même temps, amie du Capital, de la ploutocratie néo-libérale et du Nouvel Ordre turbo-capitaliste mondial, la New Left comme on dit en "anglais des marchés", cet anglais-là qui lui est si cher. Nous utilisons cette terminologie pour distinguer soigneusement la néo-gauche fuchsia de la vétéro-gauche rouge qui, à différents degrés et avec différentes intensités (du réformisme au maximalisme révolutionnaire, du socialisme au communisme), a tenté de différentes manières, au 19ème siècle et plus tard au cours du "siècle court", de "prendre d'assaut les cieux", de modifier l'équilibre des pouvoirs, de réaliser le "rêve d'une seule chose" et de mettre en pratique la "simplicité insaisissable".
Plus la vieille gauche traditionnelle, socialiste et communiste semble noble, avec ses succès et ses réalisations, mais aussi avec ses échecs et ses défaites, plus elle suscite l'effet désagréable des "lys flétris" dont parlait Shakespeare, la Nouvelle gauche fuchsia réduite au statut de gardien de la cage de fer du Capital (avec le polythéisme des valeurs de consommation qui y est incorporé) ; une garde sui generis cependant, qui, pour préserver sa propre identité - en réalité perdue depuis longtemps - et l'ancien consensus de force du côté des droits et des faibles, et donc pour pouvoir conduire les masses à l'acceptation silencieuse du pouvoir du néo-capitalisme, doit en permanence se ressusciter à nouveau. Elle doit sans cesse ressusciter des ennemis définitivement éteints (l'éternel fascisme) ou inventer de nouvelles luttes annexes (les micro-luttes identitaires pour le genre et l'économie verte), qui lui permettent d'apparaître comme partie prenante de l'offensive contre les maux d'un existant auquel il a prêté allégeance sans l'avouer.
C'est là que réside l'élément vraiment trash de la gauche néolibérale. En particulier, l'élément le plus abject de la Nouvelle Gauche post-moderne arc-en-ciel consiste à se considérer, avec une fausse conscience nécessaire, comme le front avancé du développement et du progrès universels, sans réaliser que le développement et le progrès qu'elle promeut coïncident avec ceux du Capital et de ses classes ; un développement et un progrès qui, par conséquent, s'accompagnent de la déresponsabilisation, de l'appauvrissement et de la régression des classes nationales-populaires, c'est-à-dire celles que la gauche néolibérale "anti-populiste" considère aujourd'hui ouvertement comme ses principaux ennemis. Et que la vieille gauche rouge a assumé comme son propre sujet de référence social et politique, dans l'empressement de provoquer l'émancipation de la prose de l'aliénation capitaliste. Il n'y a pas de doute : pour la Nouvelle Gauche libérale-progressiste, l'ennemi principal n'est pas la mondialisation capitaliste, mais tout ce qui ne s'est pas encore incliné devant elle et lui résiste encore.
L'antifascisme en l'absence de fascisme et les micro-luttes identitaires pour les droits arc-en-ciel ou, en tout cas, pour des questions sidéralement éloignées de la contradiction capitaliste, permettent à la Nouvelle Gauche de bénéficier d'un triple avantage: (a) disposer d'un alibi pour justifier son adhésion désormais intégrale au programme de la civilisation néolibérale postmoderne ; (b) maintenir sa propre identité et son propre consensus, à travers la fiction de la lutte contre des ennemis morts et enterrés (le fascisme) ou contre des instances qui, de toute façon, ne remettent pas en cause la reproduction globale de la société techno-capitaliste ; (c) conduire les masses de militants - qu'il conviendrait souvent d'appeler "militants" - tout droit vers l'adhésion à l'anarchie efficace du néo-cannibalisme libéral, présenté précisément comme progressiste et "de gauche".
Le consensus inertiel dont bénéficie encore la néo-gauche fuchsia, grâce à un passé glorieux du côté du travail et de l'émancipation, sert ainsi à exploiter et donc à légitimer ce que la vieille gauche rouge avait combattu. A l'appui de la thèse de ce processus de métamorphose, qui a commencé avec les soixante-huitards et s'est manifesté sous sa forme la plus radicale après l'annus horribilis de 1989, il suffit de rappeler que, depuis les années 90 du "petit siècle", chaque succès de la gauche en Occident tend à coïncider avec une défaite retentissante des classes laborieuses.
Au nom du Progrès, la gauche s'est faite, avec encore plus de zèle que la droite, le promoteur de la libéralisation et de la privatisation consuméristes, de la précarisation du travail et de l'exportation impérialiste des droits de l'homme ; en d'autres termes, elle a réalisé, avec une méthode scientifique et une rigueur admirable, le tableau de bord du bloc oligarchique néolibéral. Et elle l'a fait en soutenant toujours - et en ennoblissant comme un Progrès - l'extension de l'impitoyable logique marchande à toutes les sphères du monde de la vie, à tous les coins de la planète, à tous les recoins de la conscience, en délégitimant symétriquement (comme "régression", "fascisme", "totalitarisme", "populisme" et "souverainisme") tout ce qui pourrait encore contribuer, selon les mots de Walter Benjamin, à tirer le frein d'urgence, à arrêter la "fuite éperdue" vers le néant de la barbarie et du nihilisme.
Dans le lexique politique postmoderne de la Nouvelle Gauche arc-en-ciel, il n'y a aucune trace des droits des travailleurs, des peuples et des opprimés: au contraire, le "populisme" est l'étiquette péjorative, de plus en plus en vogue, qui - en maîtres de la néo-langue brevetée par Orwell [3] - délégitime a priori toute revendication nationale-populaire des classes laborieuses et du peuple souffrant, tout écart par rapport au "Progrès", c'est-à-dire au programme de développement de la civilisation néolibérale. Il ne fait aucun doute que le discours du capitaliste, comme l'appelait Lacan, et la "nouvelle raison du monde" néolibérale [4] ont également saturé l'imaginaire d'une gauche désormais philo-atlantiste et orientée vers le marché, qui est passée cyniquement et sans complexe de la lutte contre le Capital à la lutte pour le Capital.
Cette intégration dans le capitalisme mondial est rarement admise ouvertement pour ce qu'elle est réellement: un alignement conscient sur le monde en opposition auquel les politiques de la gauche socialiste et communiste ont été légitimées pendant la majeure partie du 20ème siècle. De manière diamétralement opposée, la nouvelle gauche est presque toujours justifiée par le recours à la formule hypocrite, libératrice et déresponsabilisante de "il n'y a pas d'alternative" ou à sa variante - sur laquelle se fonde la nouvelle théologie économique - selon laquelle "c'est ce que le marché exige". Il n'est pas rare que cette formule soit louée par la gauche comme une adhésion au rythme du progrès, en oubliant de souligner que le progrès en cours coïncide avec celui du capital et de sa marche triomphale vers l'affirmation de soi.
Cette obscène adhésion apologétique à la prose réifiante de l'inégalité capitaliste parmi les hommes et à son augmentation vertigineuse est prétextée dans le quadrant gauche par le recours au théorème de l'identification du statu quo intrinsèquement antidémocratique avec la "démocratie" parfaitement complète qui doit être protégée des dangereuses tentatives de "subversion fasciste", qui à leur tour sont faites pour coïncider idéologiquement avec toute prétention à mettre en marche l'exode de la cage de fer néolibérale.
La rhétorique antitotalitaire, comme l'ont montré Losurdo [5] et Preve [6], joue un rôle décisif dans la consolidation du consensus vers la civilisation néolibérale : elle permet de glorifier le mode de production capitaliste comme le royaume de la liberté, en liquidant comme " totalitaire " le communisme historique des 19ème et 20ème siècles et, en perspective, tout mouvement qui pourrait proposer des voies alternatives d'émancipation par rapport au capitalisme lui-même. D'une part, le seul totalitarisme réellement existant aujourd'hui - celui de la société totalement administrée du techno-capital - est vénéré comme la société ouverte de la liberté parfaitement mise en œuvre ; et, d'autre part, l'idée de socialisme est condamnée sans appel, induisant l'adaptation, euphorique ou résignée, à la " cage de fer " néolibérale.
Achille Occhetto et Giorgio Napolitano.
L'adoption du paradigme antitotalitaire a contribué de manière décisive à la métamorphose de la Nouvelle Gauche en une force libérale-atlantiste complétant le rapport de force hégémonique. Il ne faut pas oublier que dès mai 1989, c'est-à-dire quelques mois avant la chute du mur, Achille Occhetto et Giorgio Napolitano - figures de proue du Parti communiste italien - se trouvaient à Washington (c'était d'ailleurs la première fois dans l'histoire qu'un secrétaire du PCI se voyait accorder un "visa"). Occhetto avait mis le PCI sur la voie d'une métamorphose kafkaïenne ("svolta della Bolognina") en Nouvelle Gauche, c'est-à-dire en un parti radical de masse. Napolitano, quant à lui, occupera deux fois de suite la fonction de président de la République (de 2006 à 2015), sans s'opposer ni à l'intervention impérialiste en Libye (2011) ni à l'avènement du " gouvernement technique " ultralibéral de Mario Monti (2011).
Dans ce même sillage métamorphique, sous le signe de la rhétorique antitotalitaire, il faut lire la déclaration du secrétaire du Parti de la refondation communiste, Paolo Ferrero, dans le journal Liberazione du 9 novembre 2009, à propos du "jugement politique sur la chute du mur de Berlin": "ce fut un événement positif et nécessaire, à célébrer". Les propos de Ferrero auraient pu être ceux de n'importe quel homme politique d'obédience libérale-atlantiste.
La métamorphose kafkaïenne de la Nouvelle Gauche apparaît d'autant plus clairement si l'on considère que, pour sa part, le communisme a été la promesse la plus séduisante d'un bonheur autre que celui disponible, mais aussi la critique la plus glaçante de la civilisation de la marchandise: il a été, au moins en théorie, la plus grande tentative jamais faite dans l'histoire des opprimés pour briser les chaînes, sans rien à perdre et avec seulement un monde à gagner.
C'est aussi pour cette raison que la gauche post-marxiste et néolibérale figure parmi les réalités les moins nobles qui soient: elle a déterminé opérationnellement ou, en tout cas, favorisé docilement le silence du "rêve d'une chose", sa triste conversion en "rêve des choses" et la réconciliation avec le monde de l'exploitation et de l'inégalité, de la réification et de l'aliénation.
Pour reprendre la formule bien connue de Benedetto Croce à propos du christianisme [7], il fut un temps où il était impossible de ne pas se déclarer "de gauche", tout comme aujourd'hui, pour les mêmes raisons, il est impossible de se dire "de gauche". Essayer de réformer ou de refonder la gauche est une opération intrinsèquement impossible et inutilement énergisante, puisque - comme nous essaierons de le montrer - son paradigme est contaminé dès le début par cette contradiction, qui explose complètement en deux phases: la première avec les soixante-huitards, et la seconde avec 1989. A partir de Marx, de Gramsci et de l'anticapitalisme, le chemin à la recherche de la communauté émancipée pourrait être repris, sous la bannière des relations démocratiques entre individus également libres.
Mais pour ce faire, il faudra en même temps dire adieu au paradigme de la gauche, animé - comme nous l'ont appris les études de Boltanski et Chiapello, celles de Michéa et Preve - par une adhésion irréfléchie au mythe du Progrès et à la croyance erronée que l'approbation du monde bourgeois et de sa culture produit par elle-même l'émancipation. Il faudra "déconnecter" le paradigme de Marx de la gauche et de ses apories internes, repartir de Marx lui-même et s'aventurer vers un communautarisme anticapitaliste nouveau - et à imaginer - au-delà des colonnes d'Hercule de la droite et de la gauche.
Nous considérons donc qu'il est inutile et, de surcroît, contre-productif de s'obstiner à "hurler avec les loups", pour reprendre l'heureuse formule que Hegel utilisait à Francfort pour expliquer qu'il n'était pas possible de réformer quoi que ce soit chez les Francfortistes [8]. Nous vivons à l'époque de la "gauche impossible". Si, comme Preve aimait à le dire, "le message est irrecevable quand le destinataire est irréformable", il faut aller plus loin, sans se soucier du chœur vertueux des loups hurlants. Ces derniers, plongés dans l'agoraphobie intellectuelle, s'opposeront à toute innovation théorique et à toute éventuelle production théorico-pratique de nouveaux paradigmes ayant la capacité - pour reprendre les hendíadis explosifs mis en cause par Marx - de critiquer théoriquement et de changer pratiquement l'ordre des choses.
La néo-gauche glamour, en effet, semble définitivement figée dans son propre paradigme. Et, à la merci de son agoraphobie intellectuelle permanente, elle ne veut pas s'exposer à un dialogue sur les questions et les problèmes qui la concernent et qui concernent sa propre vision : son indisponibilité pour la discussion rationnelle et problématisante fait que celui qui ose la critiquer est, pour cette raison même, ostracisé comme un ennemi à expulser et comme un infiltré fasciste qui - nouvel hérétique - tente de pénétrer dans la citadelle "pure" pour la corrompre.
Même ici, la Nouvelle Gauche joue une fonction apologétique non négligeable vis-à-vis de la globocratie néolibérale : plus précisément, une fonction apotropaïque.
En effet, dans le sillage de son passé, la gauche continue à se présenter perfidement comme le camp de l'émancipation, à l'heure où elle ne défend que les raisons du bloc oligarchique néolibéral : et par ce biais, en se prétendant monopolistiquement du côté de la défense des dominés (qu'en réalité elle contribue quotidiennement à déresponsabiliser), elle contribue à délégitimer toute tentative de critique et de dépassement du capitalisme, en la qualifiant immédiatement de "pas de gauche" et donc de réactionnaire par définition.
En bref, le paradoxe réside dans le fait que si la droite incarne pleinement le paradigme de ceux qui, de diverses manières, s'accommodent du statu quo, la nouvelle gauche prétend représenter exclusivement toute instance critique possible, dans l'acte même par lequel - pas moins que la droite - elle est organique à l'ordre des marchés. Ce faisant, elle garantit sa fonction de gardien de la meilleure façon possible.
Notes:
[1] William Shakespeare. Sonnets. Éd. Cliff, 2013
[2] Karl Marx. "Future Results of British Rule in India", 1853 http://www.marxist.org/espanol/m-e/1850s/1853-india.htm
[3] George Orwell. 1984. Signet Classic, 1961
[4] Pierre Dardot et Christian Laval. La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale. Ed. Gedisa, 2015
[5] Domenico Losurdo. La gauche absente. Crise, société du spectacle, guerre. Ediciones de Intervención Cultural, 2015
[6] Costanzo Preve. Destra e Sinistra. La natura inservibile di due categorie tradizionali. Petite Plaisance, 2021.
[7] Benedetto Croce. Perché non possiamo non dirci <cristiani>. Ed. Laterza, 1959
[8] Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Enciclopedia delle scienze filosofiche in compendio. Ed. Laterza, 1963
14:48 Publié dans Actualité, Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : diego fusaro, fauche, gauche fuchsia, nouvelle gauche, philosophie, philosophie politique, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Tambours de guerre en Europe, le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique et l'adhésion de la Turquie aux BRICS
Tambours de guerre en Europe, le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique et l'adhésion de la Turquie aux BRICS
Mehmet Perinçek
Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/tambores-de-guerra-en-europa-el-conflicto-de-ucrania-salpica-africa-y-el-ingreso-de-turquia
Suite aux déclarations du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, en faveur de l'utilisation par l'Ukraine d'armes fournies par les pays occidentaux pour attaquer des cibles militaires sur le territoire russe, les pays occidentaux, l'un après l'autre, ont commencé à accorder à Kiev l'autorisation de le faire.
Chaque jour qui passe, le front atlantique prend de nouvelles mesures pour augmenter l'intensité de la guerre et même étendre son ampleur et son aire géographique.
L'Europe se prépare à la guerre
Le président français Emmanuel Macron parle depuis longtemps d'envoyer des troupes en Ukraine.
Le monde entier a appris, grâce à des fuites d'enregistrements audio, que des généraux allemands envisageaient de faire tomber le pont de Crimée.
Bien entendu, il faut supposer qu'il existe de nombreux autres plans secrets qui n'ont pas été divulgués.
Les pays européens multiplient par plusieurs fois leurs budgets de défense. En Allemagne, le service militaire obligatoire est de retour. Même le ministre de la santé souligne que le système de santé du pays n'est pas adapté à la guerre et doit être restructuré.
À cet égard, le Royaume-Uni est déjà le premier à jeter de l'huile sur le feu.
La tentative d'assassinat du premier ministre slovaque Robert Fico et les menaces similaires contre le président serbe Aleksandar Vucic, qui ont des politiques différentes de celles de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni sur la question ukrainienne, montrent que le processus est entré dans une nouvelle phase.
Sans multiplier les exemples, nous pouvons affirmer avec certitude que l'Europe se prépare à la guerre et connaît un processus rapide de militarisation.
L'ère atlantique touche à sa fin
Pour comprendre ce processus, il convient d'examiner plusieurs évolutions.
Commençons par les faits généraux...
L'hégémonie atlantique est en déclin.
Par ailleurs, le centre de l'économie mondiale se déplace de l'Atlantique vers le Pacifique.
Avec la pandémie et la guerre en Ukraine, chacun peut constater que le système néolibéral est à l'arrêt. Le front atlantique présente des lacunes dans presque toutes les guerres qu'il mène.
L'agression israélienne a échoué face à la résistance palestinienne, même les politiques génocidaires n'ont pas pu briser la résistance du peuple palestinien.
L'Occident n'a pas pu renverser Assad. Les plans occidentaux dans le Caucase du Sud ont échoué.
Des mouvements d'indépendance fondés sur l'État émergent en Afrique. L'Amérique latine n'est pas différente.
Les pays du Golfe, tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ne cèdent pas à la pression américaine. Ils agissent sur de nombreuses questions, telles que les questions militaires et les prix du pétrole, non pas en fonction des intérêts de Washington, mais de leurs propres intérêts.
En outre, les pays de toutes ces régions qui sont dans la ligne de mire de l'atlantisme se rassemblent.
Des partenariats tels que l'Organisation de coopération de Shanghai, les BRICS et l'Organisation des États turcs gagnent rapidement en puissance et façonnent un nouvel ordre mondial multipolaire.
Mauvaises nouvelles du front
Et le contexte de l'Ukraine...
Les sanctions économiques contre la Russie n'ont pas fonctionné. L'économie européenne a souffert, pas l'économie russe. Au contraire, la Russie a saisi l'occasion de rompre avec la dépendance à l'égard de l'Occident et de se concentrer sur sa production intérieure.
La contre-offensive ukrainienne s'est révélée être un échec total. À un moment donné, pourtant, certains Occidentaux ont cru que l'armée ukrainienne allait défiler sur la place Rouge de Moscou.
Cet échec sur la ligne de front a également provoqué des fissures dans le régime de Kiev, entre factions qui se battaient pour occuper le trône, et l'Occident a commencé à chercher des alternatives à Zelensky. En outre, le mandat de Zelensky a expiré et il a perdu sa légitimité en ne convoquant pas d'élections.
Au cours de cette période, nous avons assisté à des accusations entre les bailleurs de fonds du régime de Kiev, principalement les États-Unis et le Royaume-Uni. Les désaccords entre Paris et Berlin sont également devenus visibles.
Nous verrons sans aucun doute des fissures plus profondes en Europe. Les gouvernements du vieux continent, qui ont adopté une politique de "l'Europe pour les États-Unis" au lieu de "l'Europe pour l'Europe", sont confrontés à des objections sociales chez eux.
Il est inconcevable que les peuples d'Europe, qui paient déjà un prix économique, soient prêts à donner leur vie dans une guerre.
Tous ces développements créeraient inévitablement un sentiment de panique à l'Ouest. Ils feraient tout pour ne pas perdre la guerre.
La Russie semble se préparer à une offensive dans l'espoir de prendre un grand avantage sur le front. L'Occident entend dissuader la Russie de le faire. L'attentat terroriste contre le Mall Crocus avait pour but de distraire Moscou en déclenchant des perturbations internes et d'empêcher ainsi une éventuelle offensive. Toutes les déclarations de l'Occident, de l'envoi de troupes en Ukraine à l'autorisation d'utiliser ses armes sur le territoire russe, sont consacrées à la dissuasion.
Se préparer aux prochaines élections américaines
Les prochaines élections américaines doivent également être prises en compte.
Tout le monde a commencé à faire des projections basées sur le "retour de Trump". Qui remplira le vide lorsque Washington se retirera sur son propre continent, renonçant à la prétention de "commander le monde". Macron était très enthousiaste à ce sujet pendant la première ère Trump, mais les choses ne se sont pas déroulées comme il le souhaitait.
Lorsque Biden est arrivé au pouvoir, toutes les puissances européennes ont tranquillement accepté les directives de Washington. Après tout, elles partageaient le même état d'esprit que Biden. Aujourd'hui, une fois de plus, les centres européens se demandent s'ils doivent remplacer les États-Unis s'ils quittent la scène. Les forces prêtes pour une nouvelle aventure en Europe se préparent aux prochaines élections américaines.
L'Europe bluffe-t-elle ?
Notre conclusion à partir de ce qui précède : il y a du bluff pour arrêter la Russie d'une part, et ceux qui veulent devenir le nouvel "Hitler" au sein de la grande bourgeoisie européenne, d'autre part.
Le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique
Pour atteindre ces objectifs, le front atlantiste veut aussi étendre la géographie de la guerre.
En fait, ils ont déjà essayé à plusieurs reprises en Moldavie ou dans les pays baltes en utilisant la question de la Transnistrie. Mais cela n'a pas fonctionné.
Maintenant, il y a des mouvements dans une géographie encore plus lointaine : l'Afrique.
Il y a déjà une confrontation en Afrique. Les pays africains se rebellent contre les politiques néocolonialistes des États-Unis et de la France et les chassent progressivement du continent.
La Russie, la Chine et la Turquie sont les piliers les plus importants pour les pays africains dans cette lutte. Ces trois pays font contrepoids au néocolonialisme sur les plans militaire, économique et politique.
Aujourd'hui, le front atlantiste a l'intention d'introduire un nouvel "acteur" en Afrique.
De nouvelles ambassades ukrainiennes ont récemment été ouvertes dans dix pays africains (Côte d'Ivoire, Ghana, Rwanda, Botswana, Mozambique, République démocratique du Congo, Soudan, Tanzanie, Mauritanie et Cameroun). Paris, en particulier, veut rattraper son échec sur le continent. Et pour l'Ukraine, c'est une façon de payer le prix de l'aide qu'elle reçoit de l'Occident.
Il a même été révélé que des forces militaires des services secrets ukrainiens combattaient au Soudan. L'objectif est de briser l'influence de la Russie en Afrique.
Si Kiev envoie des troupes en Afrique pour la politique néocolonialiste de la France, elle tente également d'y recruter des soldats pour lutter contre la Russie en Ukraine.
Par exemple, après que l'Ukraine a ouvert une ambassade en Côte d'Ivoire, pays connu pour son soutien à la stratégie française, la presse a publié un document sur le recrutement de volontaires pour rejoindre l'armée ukrainienne. Au Sénégal, les autorités sénégalaises sont intervenues et les recruteurs ukrainiens ont été empêchés de rameuter des mercenaires pour le front contre la Russie.
Les ambassades ukrainiennes font également du lobbying pour la "paix" occidentale en Afrique en jouant la carte du "transport de céréales".
Comme il ne fait aucun doute que l'Ukraine poursuivra également la stratégie occidentale en Afrique, les activités de l'Ukraine viseront non seulement la Russie, mais aussi la lutte pour l'indépendance des peuples africains et donc la Turquie, qui est l'un des principaux soutiens de cette lutte sur le continent.
Adhésion aux BRICS : contribuer à la paix dans le monde
Les préparatifs de guerre en Occident et les plans visant à déplacer le conflit ukrainien vers l'Afrique révèlent clairement la menace qui pèse sur le monde.
Dans un tel contexte, l'annonce par la Turquie de sa volonté de rejoindre les BRICS revêt une importance particulière.
La consolidation du pouvoir par des organisations multipolaires telles que les BRICS est le moyen d'éviter la guerre. C'est l'unification du front eurasien qui peut dissuader les États-Unis et l'Europe de se lancer dans de dangereuses aventures.
Des BRICS forts et institutionnalisés, une Organisation de coopération de Shanghai forte, une Organisation des États turcs tout aussi forte obligeront Biden, Macron et Scholz à agir plus prudemment. Sinon, ils semblent prêts à recourir à toutes sortes de méthodes violentes dès qu'ils perçoivent la moindre faiblesse chez l'autre partie.
En rejoignant les BRICS, la Turquie apporterait une contribution importante à la paix mondiale.
La Turquie ne doit pas chercher à faire de l'adhésion aux BRICS un levier pour négocier avec l'Occident, comme elle l'a fait par le passé sur différentes questions. Au contraire, la Turquie doit prendre des mesures concrètes dès que possible.
Traduction anglaise pour Geopolitika.ru, par Dr. Enrique Refoyo, Source : https://unitedworldint.com/
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samedi, 22 juin 2024
L'Occident collectif explique au Sud global comment faire de la politique étrangère. Sans succès
L'Occident collectif explique au Sud global comment faire de la politique étrangère. Sans succès
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/loccidente-collettivo-ordina-al-sud-globale-come-fare-politica-estera-senza-successo/
On regarde l'équipe gouvernementale de Giorgia Meloni et on se dit, inévitablement, que Lady Garbatella (= G. Meloni) a été la dernière, mais vraiment la dernière, à choisir les familiers dont elle allait s'entourer. Puis les membres de la bande de Zelensky arrivent et nous sommes rassurés: il n'y aura pas de limite au pire, mais à Kiev, ils s'en approchent. Sauf que, par comparaison, Lollo est un homme d'État. Car, à l'occasion de la visite de Poutine en Corée du Nord, une invitation a été lancée par la clique ukrainienne à Kim Jong-un : arrêtez Poutine et, en échange, nous vous remettrons sur la liste des humains fréquentables.
Il est déjà risible qu'un politicien ordinaire, issu d'un État qui vit des largesses de l'Occident, ose s'adresser à un chef d'État comme s'ils étaient des copains de bowling. Et qu'ensuite, au nom de l'ONU et de la communauté internationale, il dicte les conditions de la réintégration ou non de Kim Jong-un dans la communauté mondiale. Il n'est d'ailleurs pas le seul génie à avoir tout compris. Carla del Ponte, l'ancienne procureure du tribunal de La Haye, connue pour ses accusations unilatérales, a assuré qu'il suffirait à Poutine de sortir de Russie pour se retrouver en prison aux Pays-Bas.
Le président russe s'est rendu en Corée, au Viêt Nam, en Chine et, dans les semaines à venir, il ira à Astana, au Kazakhstan, où il devrait rencontrer Erdogan pour discuter de questions économiques et politiques.
Bien entendu, Kim Jong-un n'a même pas répondu à l'idiotie de Kiev. Et personne n'a prêté attention aux menaces de Mme Del Ponte. Tout comme personne ne prête attention au Menzognero qui publie des titres sur le désastre russe, l'abandon de la Crimée, les succès militaires ukrainiens. Quelqu'un se souvient peut-être des merveilleux articles de journalistes italiens sur les soldats russes contraints de se battre avec des pelles parce qu'ils n'avaient plus de munitions. Ou sur l'épuisement des missiles qui auraient permis, il y a deux ans, trois jours seulement d'attaques russes.
De toute évidence, c'est ainsi qu'ils s'amusent dans les salles de rédaction. Comme lorsqu'ils ont rapporté que Giorgia Meloni avait ordonné à Haftar de chasser les Russes de Cyrénaïque. En échange de quelques colliers et de quelques miroirs. Ah, avait-elle vraiment dit cela ? C'est sans doute pour cela que des navires militaires russes sont arrivés en Cyrénaïque ces jours-ci. Pour que l'on comprenne bien qui compte vraiment en politique internationale.
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Bruits de guerre et logique géopolitique
Bruits de guerre et logique géopolitique
Srdja Trifkovic
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/rumori-di-guerra-e-logica-geopolitica
Le monde est confronté au danger d'une grande guerre. Pour comprendre l'ampleur de cette menace, il faut aller au-delà des nouvelles en provenance d'Ukraine. Il faut aussi, d'une part, essayer d'apprécier de manière équilibrée le facteur variable de la volonté humaine dans la gestion des crises internationales et, d'autre part, les facteurs immuables de la réalité géographique.
La décision de Washington d'élargir l'OTAN et d'armer l'Ukraine contre la Russie était un acte de volonté humaine, tout comme la décision de Moscou de répondre à ce défi par la force militaire. La permanence de la position géographique de l'Ukraine, en revanche, fait de ce défi une question existentielle pour la Russie, tout comme le contrôle de la vallée du Jourdain et des hauteurs du Golan est une question existentielle pour Israël et le contrôle de ses mers côtières est une question existentielle pour la Chine. Un État qui aspire à la sécurité peut modifier des segments de son espace en construisant des grandes murailles et des lignes Maginot, mais il est inextricablement lié au cadre physique de son existence: à l'emplacement de son territoire, à sa position, à sa forme et à sa taille, à ses ressources et à ses frontières.
Toutefois, contrairement aux chaînes de montagnes et aux fleuves, les frontières ne sont pas des réalités fixes séparant la souveraineté et les autorités juridiques. Ce sont des arrangements politico-militaires susceptibles d'être modifiés en fonction des rapports de force. Elles n'ont rien de sacré ni de permanent. Pendant des siècles, elles ont évolué en faveur des plus forts et au détriment des plus faibles, indépendamment des revendications juridiques ou morales. La future frontière entre l'Ukraine et la Russie, ou entre Israël et ses voisins arabes, sans parler de la frontière maritime de la Chine, ne sera pas décidée à une table de conférence. Elles seront décidées par les réalités créées sur le terrain par la force et la menace de la force.
Bien entendu, les nouvelles frontières seront également remises en question au fil du temps. Leur durabilité dépendra principalement de la force des vainqueurs et du consensus de leurs décideurs pour défendre le nouveau statu quo. Dans le drame de la politique internationale, le pouvoir a toujours été fondé sur la force et la volonté. Le territoire et l'espace physique ont toujours été la monnaie d'échange dans cette affaire cruelle et dangereuse.
La plupart des Russes, des Juifs et des Chinois ont enfin compris qu'il n'y a pas de "bon" ou de "mauvais" côté de l'histoire. Au 20ème siècle, tous trois ont payé cher ce sophisme progressiste: la croyance que l'histoire est un agent indépendant qui conduira l'humanité vers un monde meilleur. Cette croyance engendre des visions mégalomanes et conduit aux horreurs du Goulag, de l'Holocauste et de la Grande Marche en avant. Cette idée fausse et fatale est pourtant bien vivante à Washington.
L'idée fausse que l'histoire a des "côtés" explique également pourquoi une guerre avec la Russie dans un avenir proche, ou avec la Chine plus tard au cours de ce siècle, est une possibilité prévisible. Elle repose sur l'affirmation narcissique de l'exceptionnalisme américain, selon laquelle "nos valeurs" sont universelles (y compris le transgendérisme). L'affirmation, comme celle de Madeleine Albright, selon laquelle "si nous devons recourir à la force, c'est parce que nous sommes l'Amérique, la nation indispensable; nous nous tenons debout, nous voyons plus loin dans l'avenir que d'autres" est étroitement liée à cette affirmation. Cette folie facilite la déshumanisation et le meurtre d'ennemis désignés: en Serbie en 1999, en Irak en 2003, en Libye et en Syrie peu après.
Le corollaire de cette "vision" est qu'un monde qui n'accepte pas l'exceptionnalisme, l'indispensabilité et la prévoyance de l'Amérique ne mérite pas d'exister. Il est donc non seulement possible mais obligatoire de continuer à faire monter les enchères: la modération est une faiblesse et la retenue une lâcheté. Une telle approche de la politique entre les nations considère que le facteur spatial n'est pas pertinent, l'Amérique étant guidée par un concept abstrait d'intérêt national. En d'autres termes, "nos valeurs" continueront à définir "qui nous sommes" dans le contexte d'un "ordre international fondé sur des règles".
Contrairement à cette psychose collective, la plupart des autres États pensent en termes traditionnels et basent leurs calculs sur des espaces réels, visibles et tangibles. Plus un pays est grand, plus il est résistant, comme le montre l'expérience historique de la Russie. Au lieu que le conquérant engloutisse le territoire et en tire sa force, c'est le territoire qui, à plusieurs reprises, a englouti le conquérant et épuisé sa force.
Cela n'a pas changé, même à l'ère nucléaire. C'est précisément à l'ère nucléaire - comme l'ont compris les Russes et les Chinois - qu'une grande puissance a besoin d'un vaste territoire pour déployer son potentiel de production et son efficacité militaire sur un espace aussi vaste que possible. La grande stratégie des deux puissances est basée sur la survie, la sécurité et le renforcement économique. Elle peut évoluer en fonction des circonstances spécifiques, mais elle découle toujours d'un ensemble d'hypothèses de base reconnues par les grands hommes d'État du passé, de César à Churchill.
À Washington, en revanche, les 30 dernières années ont été marquées par une déviation continue des expériences accumulées par les générations précédentes. Comme le montrent les exemples des rois Philippe II et Louis XIV, de Napoléon et d'Hitler, faire passer l'idéologie avant la géopolitique dans la formulation d'une grande stratégie - ou simplement permettre à la mégalomanie personnelle de l'emporter sur la raison - est un chemin sûr vers l'échec.
Les États-Unis semblent déterminés à suivre cette voie. L'isolement diplomatique presque total des États-Unis face aux actions d'Israël à Gaza est sans précédent et n'est qu'un exemple d'un malaise plus profond. La poursuite de la guerre par procuration en Ukraine, quels que soient les coûts et les risques, et malgré la situation militaire catastrophique sur le terrain, rappelle les puissances défaillantes d'antan qui comptaient sur la volonté pour vaincre la réalité.
Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine aujourd'hui ou de Taïwan demain. Le rejet de la réalité géopolitique est omniprésent dans l'administration actuelle, qui refuse de voir l'aspiration spontanée du système international à la polycentricité. Cette tendance est présente depuis le début du déclin de l'Empire romain jusqu'à aujourd'hui. L'Europe de l'ère classique de l'équilibre des pouvoirs - de la fin de la guerre de Trente Ans au déclenchement de la Grande Guerre - a fonctionné selon la matrice tissée dans l'Italie de la Renaissance. Elle s'est avérée efficace pour réprimer les contestataires qui aspiraient à un ordre hégémonique, de Louis XIV à Hitler.
Le système s'est effondré avec le suicide en deux temps de l'Occident entre 1914 et 1945, le bipolarisme de la guerre froide et le "moment unipolaire" de l'Amérique après l'implosion de l'URSS. L'unipolarité s'est révélée être un moment historique atypique et contre nature. Malgré la rhétorique hégémonique, chargée de platitudes idéologiques, il est impossible d'ignorer la dimension spatiale des rivalités dans des lieux géographiques spécifiques. L'Ukraine, le Moyen-Orient et Taïwan appartiennent tous au Rimland qui entoure le Heartland. La carte géopolitique a changé plus rapidement au cours des cent dernières années qu'au cours de toute autre période antérieure, mais la dynamique des conflits spatiaux entre les principaux acteurs est constante.
Pendant près d'un demi-siècle après la Seconde Guerre mondiale, le monde a été régi par un modèle bipolaire relativement stable. Les deux superpuissances acceptaient tacitement l'existence de sphères d'intérêt rivales, comme en témoigne la retenue marquée des États-Unis lors des interventions soviétiques en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.
Le jeu géopolitique se jouait alors dans les zones contestées du tiers-monde (Moyen-Orient, Indochine, Afrique, Amérique centrale), mais les règles du jeu reposaient sur un calcul relativement rationnel des coûts et des bénéfices des politiques étrangères. Les guerres clientélistes sont restées localisées. La rationalité implicite des deux camps a permis la désescalade de crises ponctuelles (Berlin 1949, Corée 1950, Cuba 1962) qui menaçaient de se transformer en désastre.
Le monde redevient multipolaire, mais les États-Unis ne sont pas encore prêts à l'accepter. Cette situation n'a pas de précédent historique: une puissance hégémonique a temporairement réussi à dominer le système de manière monopolaire et s'oppose maintenant à son retour à l'état normal de multipolarité. Du Congrès de Vienne à 1914, les relations internationales ont été dominées par un modèle stable de multipolarité équilibrée. Ce modèle a garanti à l'Europe et au monde 99 années de paix et de prospérité relatives. Les hégémons potentiels étaient confrontés à des coalitions prêtes à tous les sacrifices pour les vaincre, quelles que soient leurs différences idéologiques.
Aujourd'hui, la Russie et la Chine ont également des motifs potentiels de conflit entre elles, mais leurs différences sont mineures par rapport au défi que représente la suppression d'un hégémon qui ne connaît pas sa mesure. Nous avons assisté à une étrange inversion des rôles. L'Union soviétique était une force révolutionnaire, un perturbateur au nom d'objectifs utopiques idéologiquement définis. Pendant la guerre froide, elle a été combattue par une Amérique qui pratiquait l'endiguement pour défendre le statu quo.
Aujourd'hui, cependant, les États-Unis sont devenus les porteurs d'un dynamisme révolutionnaire aux ambitions mondiales, au nom de normes idéologiques postmodernes. Ils se heurtent à une coalition informelle mais de plus en plus affirmée de forces plus faibles, telles que les pays BRICS en pleine expansion, qui s'efforcent de réaffirmer les principes essentiellement conservateurs de l'intérêt national, de l'identité et de la souveraineté de l'État. Ils s'opposent à la variante américaine de l'ancienne doctrine soviétique de la souveraineté limitée, qui porte aujourd'hui le nom d'"ordre international fondé sur des règles".
La nouvelle émanation américaine de ce concept juridiquement et moralement intenable n'a pas de domaine géographiquement limité, contrairement au modèle soviétique qui ne s'appliquait qu'aux pays du camp socialiste. Tôt ou tard, elle conduira à la création d'une contre-coalition comme celles qui se sont opposées avec succès à d'autres hégémons en puissance, de Xerxès à Hitler. La grande question reste de savoir si le duopole néoconservateur-néolibéral de Washington le comprendra, et à quel prix pour lui-même et pour le reste du monde.
Les puissances en déclin ont tendance à prendre des risques et à se déstabiliser, comme le montre l'exemple de Philippe II envoyant l'Armada contre l'Angleterre en 1588, ou de l'Autriche-Hongrie annexant la Bosnie en 1908. L'Amérique semble prête à faire de même à plus grande échelle en ce qui concerne l'Ukraine. Une grande partie de l'Europe, culturellement et moralement décrépite, semble prête à suivre docilement. L'histoire ne peut pas se terminer bien sans un sursaut tardif de raison dans l'Occident collectif.
Les relations internationales d'aujourd'hui sont conditionnées par des considérations géopolitiques qui priment sur l'idéologie. Aucun système de valeurs - et surtout pas la monstruosité de la liberté d'expression prônée par les États-Unis - ne peut modifier l'aspiration des grandes puissances (Russie, Chine) ou des puissances régionales (Israël) à accroître leur sécurité en étendant leur contrôle sur l'espace, les ressources et les voies d'accès.
L'essence de la compétition spatiale ne change pas, seuls les points de pression essentiels changent. L'élite politique américaine a intérêt à comprendre qu'il en sera ainsi jusqu'à la fin de l'histoire, ce qui ne se produira que lorsque le monde passera du temps à l'éternité.
20:32 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, polycentrisme, unipolarité, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 21 juin 2024
La magie noire des dystopies
La magie noire des dystopies
Ayhan Sönmez
Une prophétie auto-réalisatrice est une prophétie qui se réalise en tant que cause et effet direct de l'apprentissage de la prophétie en premier lieu. Un joueur à qui un diseur de bonne aventure a dit qu'il allait gagner un match se sent soudain beaucoup plus détendu par rapport à l'issue du match et joue donc mieux et gagne. L'effet placebo d'un médicament, c'est-à-dire l'effet du médicament résultant de la croyance psychologique du patient en son efficacité, est un autre exemple de prophétie autoréalisatrice. Ces prophéties ne sont pas des preuves de magie, mais plutôt de l'influence puissante de l'esprit sur les événements extérieurs ; croire en quelque chose est un pas vers sa réalisation.
De même que les événements d'une vie sont liés à la psyché, les événements d'une société, d'une civilisation dans son ensemble, sont liés à une psyché collective ou, comme l'a écrit Carl Jung, à l'inconscient collectif. Il ne s'agit pas d'un phénomène philosophique compliqué ; tout cela montre que nous sommes tous influencés les uns par les autres, et les influences collectives qui en résultent sont appelées forces sociales, qui orientent les tendances de la mode, de l'art, de la philosophie et des modèles de gouvernement. Ce qu'un membre de la société considère comme une "idée normale" à un moment donné est en fait sa connexion avec l'inconscient collectif, avec les forces sociales invisibles qui lui disent que c'est normal. Il ne sait pas consciemment comment il est arrivé à cette idée, mais il en est inévitablement convaincu, à moins qu'il ne se distancie de la société d'une manière suffisamment significative pour s'extraire de l'inconscient collectif. Mais on pourrait aussi dire que cet isolement est une condition préalable pour tous les philosophes sérieux.
L'inconscient collectif est un système vivant qui relie les gens dans son réseau. La forme de transmission la plus importante dans ce système est, et a toujours été, l'histoire. Les histoires racontées au coin du feu, écrites dans des romans, des chansons, des poèmes, entendues à la radio et, plus récemment, vues dans des séries Netflix, sont les méthodes par lesquelles les idées importantes sont transmises d'une personne à l'autre et, partant, "normalisées". Lorsque vous voyez un couple gay élever un bébé asiatique en vue de son adoption dans Modern Family, vous commencez à penser qu'il est normal que deux hommes se marient et fondent une famille. Ainsi, au lieu d'être inclus dans ce système de pensée, vous devez choisir d'en rester à l'écart. Oui, oui, il est nécessaire de rappeler les mécanismes de base de la propagande et d'en expliquer les fondements. Commençons par Black Mirror, par exemple.
L'utopie n'existe pas et, tout au long de l'histoire, de nombreuses personnes ont tenté d'imaginer un monde parfait. C'est un excellent exercice pour un esprit imaginatif et profond, car il vous oblige à cesser de vous plaindre et à commencer à imaginer, aussi minutieusement que possible, à quoi ressemblerait un monde meilleur. Cet exercice est puissant car l'esprit trouve involontairement des solutions à de nombreux problèmes fondamentaux auxquels la société est confrontée. La dystopie est une version de l'utopie. Le but de l'écriture d'une dystopie est de décrire un monde terrible. Il s'agit fondamentalement d'une entreprise nihiliste, car elle commence par poser la question suivante : "À quoi ressemblerait le monde si tout allait mal ?".
En termes de dystopie, le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley est célèbre. Il s'agit de l'histoire d'un monde futur caractérisé par une dégénérescence sexuelle totale et l'effondrement de la structure familiale. Chaque individu naît d'un utérus artificiel et est assigné à une classe en fonction du niveau d'alcool auquel il a été exposé in utero. La devise est "tout le monde appartient à tout le monde". Le sexe est l'assouvissement de la luxure, rien d'autre. L'amour, l'engagement, l'art, l'émotion n'existent pas. Chaque individu de la société doit prendre du "Soma", une drogue qui empêche les émotions de devenir un problème. Un autre livre, 1984 de George Owell... Une société dans laquelle l'histoire est constamment modifiée pour s'adapter aux tendances politiques modernes. Quiconque se souvient de la vérité et ne se conforme pas à la nouvelle réalité est sévèrement puni par l'État. Si cela vous semble étrangement proche du monde moderne, vous n'avez pas tort. Les éléments de ces histoires sont si semblables au monde moderne que c'est comme s'ils avaient eu l'idée de ces choses directement à partir de ces romans. C'est comme si les méchants utilisaient ces romans comme des manuels d'instruction.
Aldous Huxley et George Orwell étaient-ils des génies brillants dont la clairvoyance les a conduits à écrire de grandes œuvres littéraires ? C'est possible. Mais le génie n'est pas une garantie de sagesse ou de moralité. Toute personne ordinaire lisant ces histoires conclura que les mondes qu'elles dépeignent ne sont pas des mondes dans lesquels on voudrait vivre. Mais en décrivant et en articulant ces horreurs avec tant de détails, les auteurs, aussi bien intentionnés soient-ils, ont déjà ouvert la boîte de Pandore. Il est fort probable qu'ils aient contribué à créer ces mondes en écrivant ces histoires.
L'énergie humaine est une ressource extrêmement précieuse. Les agences de publicité l'ont déjà compris et convertissent chaque jour l'attention humaine, la colère, etc. en argent réel et en profit. L'énergie humaine est ce qui donne à un artiste sur scène l'immense frisson que de nombreux acteurs ressentent à la fin d'une représentation. L'énergie humaine est une force puissante, et lorsqu'elle est dirigée, même par la peur, pour se concentrer intensément sur des choses très spécifiques, elle peut les faire naître. Il ne s'agit pas nécessairement d'une discussion purement surnaturelle. Penser à quelque chose de spécifique signifie que vous en parlez avec des gens ; les idées affluent dans vos exemples, vos références, vos allusions et finalement dans vos idées originales sur la façon d'organiser le monde. Il ne s'agit pas de décisions conscientes. On dit que ces idées font partie de l'inconscient et qu'elles opèrent à ce niveau, tant au niveau individuel que culturel. La popularité des livres de Huxley et d'Orwell a eu l'effet inverse de celui d'empêcher l'avenir qu'ils annonçaient ; en fait, ils l'ont fait naître.
La prière est également puissante parce qu'elle concentre l'énergie et l'attention de l'homme sur quelque chose de vrai, d'important et de bon. Par un mécanisme similaire à celui décrit ci-dessus, la prière régulière fait également passer des idées importantes dans l'inconscient et les y solidifie, alimentant ainsi le reste de nos pensées, actions et motivations inconscientes tout au long de la journée. La répétition et la poésie constituent un élément important de la prière, car c'est ainsi que les idées pénètrent le plus efficacement dans l'inconscient. C'est pourquoi il est très dangereux que la dystopie prenne la forme d'œuvres d'art et de littérature : Il s'agit d'utiliser la méthode puissante de la modélisation de l'inconscient, mais de le faire dans un but néfaste.
On peut en dire autant des programmes télévisés actuels tels que Black Mirror, qui montrent des choses horribles comme la façon dont nous pouvons torturer les gens en les plaçant dans des simulations qui leur donnent l'impression d'être en isolement dans leur cerveau pendant des décennies en une minute. On y voit des gens dont le cerveau est équipé de puces informatiques qui enregistrent tous les événements de la vie humaine et qui sont ensuite obligés de montrer toutes les "séquences" de leur vie avant d'être autorisés à faire des choses comme contracter un prêt ou monter à bord d'un avion. Même le célèbre film Matrix est une histoire dystopique de personnes qui vivent dans des capsules et passent toute leur vie dans une simulation de la réalité, tandis que leurs corps réels sont pétrifiés dans un purgatoire vivant. Étant donné que les humains sont utilisés comme des batteries vivantes pour les extraterrestres, même les auteurs de Matrix ont compris, à un certain niveau, le pouvoir de l'énergie humaine.
Beaucoup de gens aiment Matrix, Black Mirror, Huxley et Orwell. Ils pensent que ces dystopies nous "mettent en garde" contre les dangers de l'abandon de la morale, de la nature, de la religion et de l'humanité. Mais que s'est-il passé depuis que ces œuvres ont été introduites dans la société ? Elles n'ont pas seulement agi comme des prophéties, elles ont en fait réalisé leurs explications, puisqu'elles nous enseignent comment créer ces réalités cauchemardesques. Elles nous ont fourni le vocabulaire et le matériel linguistique nécessaires pour décrire ces cauchemars, ce qui constitue la première étape de leur construction. Dieu a utilisé la parole pour faire naître le monde. À l'instar de Dieu, les auteurs de dystopies utilisent leurs mots pour faire naître des dystopies.
De même que le toucher d'une plaie peut provoquer un plaisir masochiste pervers, ou qu'un dépressif en proie à une douleur intense peut ressentir l'extase de se couper la jambe avec un couteau, les dystopies sont une forme d'automutilation d'un inconscient collectif de plus en plus nihiliste. Quand on n'a plus d'espoir pour l'avenir, s'appuyer sur la peur et la douleur en imaginant les pires tortures imaginables pour l'humanité peut être une délicieuse extase, peut-être comme une façon de se détruire, de se punir. Il est toujours plus facile de se punir que de chercher à améliorer la situation de quelque manière que ce soit. L'apitoiement sur soi est toujours plus approprié que l'amélioration de soi.
Rejetez les dystopies. Comme vous l'avez toujours su, vous savez au fond de vous-même qu'il s'agit de magie noire et que vous donnez vie à vos pires cauchemars parce que vous ne voulez pas faire le travail d'un héros. Vous ne voulez pas risquer l'échec, vous essayez d'espérer et vous vous battez pour cet espoir. Mais au lieu de cela, encourageons les parties les plus nobles de nous-mêmes. Rêvons d'utopies. Osons être des héros et réaliser un avenir meilleur. Au lieu de nous allonger dans une capsule et de nous lier à la dystopie, prenons l'épée et battons-nous, en nous libérant de la condamnation de l'échec.
Source : https://adimlardergisi.com/2024/05/17/distopyalarin-kara-buyusu/
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La Suède, esclave de l'unipolarité
La Suède, esclave de l'unipolarité
Constantin von Hoffmeister
Source: https://www.eurosiberia.net/p/sweden-slave-to-unipolarity?utm_source=post-email-title&publication_id=1305515&post_id=145869782&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email
Pourquoi la Suède a-t-elle décidé d'abandonner sa souveraineté et de devenir volontairement un État vassal des États-Unis ?
Dans une démonstration décourageante de soumission à l'hégémonie américaine, le parlement suédois a approuvé à une écrasante majorité un accord de coopération en matière de défense (Defence Cooperation Agreement ou DCA) avec les États-Unis, initialement scellé en décembre. Avec 266 voix pour et seulement 37 contre, cet accord permet aux forces américaines de circuler librement sur le territoire suédois et leur donne accès à 17 installations militaires suédoises. Celles-ci comprennent des bases pour l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air, ainsi que des terrains d'entraînement.
Par conséquent, les États-Unis pourront stationner des troupes, des équipements, des armes et des munitions, et mener des manœuvres sur le sol suédois, tout en échappant à la justice suédoise puisque le personnel américain reste sous juridiction américaine. Cette soumission volontaire et masochiste de la part de la Suède va jusqu'à accorder aux forces américaines l'autorité sur les citoyens suédois se trouvant sur ou à proximité de ces installations, révélant ainsi la véritable nature de l'impérialisme américain dissimulé sous l'apparence de la "défense mutuelle". La présence américaine menace de disperser la souveraineté des nations, les forçant à adhérer à l'ancien ordre mondial en décomposition.
L'importance stratégique de ce DCA, en particulier avec la Suède qui est maintenant un pion zélé dans le jeu de l'OTAN, est soulignée par son inclusion dans une série d'accords avec le Danemark, la Finlande et la Norvège. Ces accords transforment l'Europe du Nord en une zone de transit pour les opérations militaires américaines contre la Russie, confirmant ainsi les ambitions coloniales de l'ordre mondial unipolaire moribond. La Russie, en revanche, est devenue une forteresse de la multipolarité, prônant un monde où une multitude de civilisations coexistent en équilibre.
Le véritable objectif de ces accords nordiques est de renforcer la domination américaine, en maintenant un ordre mondial ancré dans l'impérialisme occidental au détriment de la souveraineté nationale et d'une véritable diversité mondiale. "Voici qu'ils s'assemblent, mais ce n'est pas par moi ; quiconque s'assemblera contre toi tombera à cause de toi" (Isaïe 54:15). Le rassemblement des forces contre la Russie symbolise le désespoir du monde unipolaire de maintenir son empire qui tombe en ruine.
Les critiques mettent en garde contre deux menaces majeures : tout d'abord, la possibilité d'établir des bases militaires américaines permanentes sur les installations suédoises auxquelles les forces américaines auront accès. Cet empiétement de l'influence américaine signifie un enracinement plus profond de l'unipolarité, où une seule puissance dicte la dynamique militaire et politique de la région. Deuxièmement, l'absence de position sur les armes nucléaires dans l'accord de coopération au développement suscite l'inquiétude. Bien que le Premier ministre suédois Ulf Kristersson ait affirmé à plusieurs reprises qu'il existait un consensus contre le déploiement d'armes nucléaires en temps de paix, les déclarations qu'il a faites à la mi-mai en faveur d'un éventuel déploiement en temps de guerre révèlent une dure réalité : la Suède est sur le point de devenir un avant-poste nucléaire pour les intérêts américains. Cela ne met pas seulement en danger la stabilité régionale, mais perpétue également l'héritage de l'intimidation nucléaire occidentale.
"Car l'amour de l'argent est la racine de tous les maux : certains l'ont convoité, mais ils se sont écartés de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de souffrances" (1, Timothée 6:10). La recherche d'un avantage stratégique et d'un gain économique, sous couvert de sécurité, égare les nations et les éloigne d'un avenir multipolaire.
"Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas vous consumer les uns les autres" (Galates 5:15). La voie de l'unipolarité, mue par des conflits internes, menace de se consumer elle-même, tandis que la multipolarité offre une promesse de respect mutuel et de coexistence.
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jeudi, 20 juin 2024
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
Par M. K. Bhadrakumar
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/15/a-morte-do-petrodolar-e-um-legado-de-biden/
L'État profond aurait dû être en alerte, il y a cinq ans, lorsque le candidat Joe Biden a annoncé que, s'il était élu président, il serait déterminé à faire en sorte que les dirigeants saoudiens "paient le prix et deviennent, en fait, les parias qu'ils sont".
Joe Biden a été direct, au point d'être brutal à l'égard de la famille royale saoudienne, affirmant qu'il y avait "très peu de valeur de rédemption sociale dans le gouvernement actuel de l'Arabie saoudite" sous la direction du roi Salman.
Mais au lieu de cela, l'État profond était ravi que Biden soit l'homme idéal pour succéder à Donald Trump et inverser la pratique de l'ère Trump consistant à tolérer les violations des droits de l'homme en Arabie saoudite afin de préserver les emplois dans l'industrie de guerre américaine.
Biden savait probablement déjà ce que les services de renseignement américains avaient conclu au sujet du rôle de Mohammed bin Salman, prince héritier saoudien et dirigeant de facto du pays, dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qu'il était un "atout stratégique" de la CIA pour mener la prochaine succession saoudienne et le changement de régime qui s'ensuivrait à une fin heureuse. La décapitation de Khashoggi a mis en péril la stratégie de Washington visant à installer un dirigeant souple à Riyad.
Aujourd'hui, tout cela appartient à l'histoire. Mais contrairement aux Bourbons, la royauté saoudienne n'oublie ni ne pardonne jamais. Ils ont aussi une patience infinie et leur propre conception du temps et de l'espace. Et dimanche dernier, le 9 juin, elle a frappé.
Dans un style royal grandiose, Riyad a tout simplement laissé expirer l'accord de 50 ans sur les pétrodollars conclu entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.
Pour rappel, le terme "pétrodollar" fait référence au rôle central du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial, conformément à l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui remonte à 1974, peu après que les États-Unis ont quitté l'étalon-or.
Dans l'histoire de la finance mondiale, peu d'accords ont apporté autant d'avantages à l'économie américaine que le pacte du pétrodollar. En substance, il était stipulé que l'Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses excédents de recettes pétrolières dans des bons du Trésor américain - et qu'en retour, les États-Unis fourniraient un soutien militaire et une protection au royaume.
Grâce à cet accord "gagnant-gagnant", les États-Unis obtenaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l'Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale. En retour, le fait de libeller le pétrole en dollars a renforcé le statut du dollar en tant que "monnaie de réserve" mondiale.
Depuis lors, la demande mondiale de dollars pour acheter du pétrole a contribué à maintenir la force de la monnaie, non seulement en rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains, mais, en termes systémiques, l'afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a maintenu des taux d'intérêt bas et un marché obligataire robuste.
Il suffit de dire que l'expiration de l'accord "pétrole contre sécurité" entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, signé en 1974, a des implications considérables. Au niveau le plus évident, elle met en évidence l'évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché pétrolier, avec l'émergence de sources d'énergie alternatives (par exemple, les énergies renouvelables et le gaz naturel) et de nouveaux pays producteurs de pétrole (par exemple, le Brésil et le Canada) qui remettent en cause la domination traditionnelle de l'Asie de l'Ouest. En apparence seulement.
En fait, l'expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le pétrole était coté dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale de dollars, ce qui, par la suite, pourrait entraîner une hausse de l'inflation, des taux d'intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.
Il suffit de dire qu'à l'avenir, nous pouvons nous attendre à un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial avec l'influence croissante des économies émergentes, l'évolution du paysage énergétique et un changement tectonique dans l'ordre financier mondial qui entre dans une ère "post-américaine". En définitive, la domination du dollar américain n'est plus garantie.
Il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite a prévu une feuille de route. Quatre jours avant l'expiration de l'accord pétrole contre sécurité, Reuters a rapporté que l'Arabie saoudite avait rejoint un test transnational de monnaie numérique de banque centrale contrôlé par la Chine, "dans ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains".
L'annonce a été faite le 4 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui relie les différentes banques centrales du monde. Cela signifie que la banque centrale saoudienne est devenue un "participant à part entière" du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.
Le communiqué de la BRI note que mBridge a atteint le stade de "produit minimum viable", c'est-à-dire qu'il est prêt à dépasser la phase de prototype. Par ailleurs, 135 pays et unions monétaires, représentant 98% du PIB mondial, étudient actuellement la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).
L'entrée de l'Arabie saoudite, une économie majeure du G20 et le plus grand exportateur de pétrole au monde, signale une augmentation du règlement des matières premières sur une plateforme autre que le dollar dans un scénario à court terme, avec une nouvelle technologie à l'appui. Il est intéressant de noter que les transactions mBridge peuvent utiliser le code dans lequel l'e-yuan chinois a été créé !
L'objectif est de moderniser les paiements grâce à de nouvelles fonctionnalités et d'offrir une alternative à l'argent liquide, qui semble de toute façon en voie de disparition. La Chine a piloté le projet mBridge et réalise le plus grand projet pilote national de CBDC au monde, qui touche aujourd'hui 260 millions de personnes et couvre 200 scénarios, du commerce électronique aux paiements de relance du gouvernement.
En fait, d'autres grandes économies émergentes, dont l'Inde, le Brésil et la Russie, prévoient également de lancer des monnaies numériques au cours des deux prochaines années, tandis que la Banque centrale européenne a commencé à travailler sur un projet pilote d'euro numérique en prévision d'un lancement possible en 2028.
Ajoutez à cela le plan stratégique de la Russie visant à créer un nouveau système de paiement des BRICS, sans passer par le dollar. La bourse de Moscou a annoncé mercredi qu'elle cesserait d'échanger des dollars et des euros à partir du jeudi 13 juin.
Ainsi, l'expiration de l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite le week-end dernier est emblématique d'une remise en question en cascade de la prééminence du dollar en tant que "monnaie de réserve" par différents secteurs. En particulier, la liberté illimitée dont jouissaient les États-Unis pour imprimer des dollars à volonté et vivre bien au-dessus de leurs moyens, imposant l'hégémonie mondiale des États-Unis, touche à sa fin.
Les élites américaines craignent de plus en plus que la belle vie ne touche à sa fin, car le poids écrasant de la dette fait sombrer l'économie américaine. Dans une interview accordée hier à CNBC, Janet Yellen, secrétaire au Trésor, a averti que les taux d'intérêt élevés alourdissaient également le fardeau de la gestion de la dette massive des États-Unis, qui s'élève à 34.700 milliards de dollars.
Bien sûr, il n'existe pas encore d'alternative claire au dollar américain en tant que principale monnaie de réserve mondiale, mais il est évident que les tensions commerciales mondiales et le recours accru aux tarifs douaniers ou aux sanctions pourraient saper son rôle tôt ou tard, alors que les investisseurs étrangers s'inquiètent de plus en plus de la viabilité de la dette publique américaine.
FitchRatings a noté hier que "les importants déficits primaires et les coûts plus élevés du service des intérêts continueront d'alourdir le fardeau de la dette souveraine américaine après les élections de novembre, quel que soit le vainqueur".
Bref, ce qui semblait jusqu'alors être une rivalité géopolitique autour de l'expansion de l'OTAN et de Taïwan - ou de la définition des normes commerciales/technologiques dans la quatrième révolution industrielle - prend une dimension existentielle pour Washington, puisque c'est l'avenir du dollar qui est en jeu. De nombreux indices témoignent des actions coordonnées de Moscou et de Pékin pour accélérer le processus de "dédollarisation".
D'une part, la Russie met tout en œuvre pour présenter au monde un système de paiement sans dollar pour régler le commerce international lors du prochain sommet des BRICS en octobre, tandis que, d'autre part, la Chine se débarrasse systématiquement de ses bons du Trésor américain, ce qui lui donnera plus de liberté en cas de turbulences.
20:08 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, politique internationale, pétrodollar, pétrole, hydrocarbures, arabie saoudite, états-unis, dollar, yuan, économie, finances | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Maupassant et la politique moderne
Maupassant et la politique moderne
Nicolas Bonnal
C’est dans Les Dimanches d’un Bourgeois, bref roman au ton Audiard. Déjà, nous dit le maître, il faut être fou pour aller voter (cf. Mirbeau à la même époque ou Bloy) :
« En effet, livrer des millions d’hommes, des intelligences d’élite, des savants, des génies même, au caprice, au bon vouloir d’un être qui, dans un moment de gaieté, de folie, d’ivresse ou d’amour, n’hésitera pas à tout sacrifier pour sa fantaisie exaltée, dépensera l’opulence du pays péniblement amassée par tous, fera hacher des milliers d’hommes sur les champs de bataille, etc., etc., me paraît être, à moi, simple raisonneur, une monstrueuse aberration. Mais en admettant que le pays doive se gouverner lui-même, exclure sous un prétexte toujours discutable une partie des citoyens de l’administration des affaires est une injustice si flagrante, qu’il me semble inutile de la discuter davantage. »
Un des personnages (ce sont tous des fonctionnaires) de Maupassant se déclare anarchiste :
« Autrefois, quand on ne pouvait exercer aucune profession, on se faisait photographe ; aujourd’hui on se fait député. Un pouvoir ainsi composé sera toujours lamentablement incapable ; mais incapable de faire du mal autant qu’incapable de faire du bien. Un tyran, au contraire, s’il est bête, peut faire beaucoup de mal et, s’il se rencontre intelligent (ce qui est infiniment rare), beaucoup de bien.
Entre ces formes de gouvernement, je ne me prononce pas ; et je me déclare anarchiste, c’est-à-dire partisan du pouvoir le plus effacé, le plus insensible, le plus libéral au grand sens du mot, et révolutionnaire en même temps, c’est-à-dire l’ennemi éternel de ce même pouvoir, qui ne peut-être, de toute façon, qu’absolument défectueux. »
Puis Maupassant se moque de nos gauchistes immortels (son bourgeois assiste à une réunion politique) :
« Le bureau était au complet. La citoyenne Zoé Lamour, une jolie brune replète, portant des fleurs rouges dans ses cheveux noirs, partageait la présidence avec une petite blonde maigre, la citoyenne nihiliste russe Eva Schourine.
Juste au-dessous d’elles, l’illustre citoyenne Césarine Brau, surnommée le « Tombeur des hommes », belle fille aussi, était assise à côté du citoyen Sapience Cornut, de retour d’exil. Celui-là, un vieux solide à tous crins, d’aspect féroce, regardait la salle comme un chat regarde une volière d’oiseaux, et ses poings fermés reposaient sur ses genoux. »
Ce monde progressiste crée des vieilles filles :
« À droite, une délégation d’antiques citoyennes sevrées d’époux, séchées dans le célibat, et exaspérées dans l’attente, faisait vis-à-vis à un groupe de citoyens réformateurs de l’humanité, qui n’avaient jamais coupé ni leur barbe ni leurs cheveux, pour indiquer sans doute l’infini de leurs aspirations. »
Les grands discours sur la servitude féminine commencent :
« La citoyenne Zoé Lamour ouvrit la séance par un petit discours. Elle rappela la servitude de la femme depuis les origines du monde ; son rôle obscur, toujours héroïque, son dévouement constant à toutes les grandes idées. Elle la compara au peuple d’autrefois, au peuple des rois et de l’aristocratie, l’appelant : « l’éternelle martyre » pour qui tout homme est un maître ; et, dans un grand mouvement lyrique, elle s’écria : « Le peuple a eu son 89, ayons le nôtre ; l’homme opprimé a fait sa Révolution ; le captif a brisé sa chaîne ; l’esclave indigné s’est révolté. Femmes, imitons nos despotes. Révoltons-nous ; brisons l’antique chaîne du mariage et de la servitude ; marchons à la conquête de nos droits ; faisons aussi notre révolution. […] »
Chose marrante, dans ce bataclan du verbe et des idées, tout le monde se croit déjà capable de réparer la France, même ceux qui ne sont pas capables de réparer leur montre :
« Pardon, Monsieur, je suis un libéral, moi. Voici seulement ce que je veux dire : Vous avez une montre, n’est-ce pas ? Eh bien, cassez un ressort, et allez la porter à ce citoyen Cornut en le priant de la raccommoder. Il vous répondra, en jurant, qu’il n’est pas horloger. Mais, si quelque chose se trouve détraqué dans cette machine infiniment compliquée qui s’appelle la France, il se croit le plus capable des hommes pour la réparer séance tenante. Et quarante mille braillards de son espèce en pensent autant et le proclament sans cesse. Je dis, Monsieur, que nous manquons jusqu’ici de classes dirigeantes nouvelles, c’est-à-dire d’hommes nés de pères ayant manié le pouvoir, élevés dans cette idée, instruits spécialement pour cela comme on instruit spécialement les jeunes gens qui se destinent à Polytechnique. »
Les classes dirigeantes nouvelles, énarques ou autres, on a donné depuis, merci !
Cerise sur le gâteau, le problème est dans la populace, pas dans les élites qu’elle élit – pis encore, dans la populace déformée par l’école et l’université:
« Des « chut ! » nombreux l’interrompirent encore une fois. Un jeune homme à l’air mélancolique occupait la tribune. Il commença :
Le vieux monsieur répondit :
– Non, Monsieur ; ils sont des millions comme ça. C’est un effet de l’instruction.
Patissot ne comprenait pas.
– De l’instruction ?
– Oui ; maintenant qu’ils savent lire et écrire, la bêtise latente se dégage. »
Il ne les avait pas entendus à la télé ou à la radio ! Dans les réseaux sociaux!
19:36 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guy de maupassant, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le G7 renforce les Brics. La Turquie demande à en faire partie
Le G7 renforce les Brics. La Turquie demande à en faire partie
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/al-g7-si-rafforzano-i-brics-la-turchia-chiede-di-aderire/
On ne peut pas dire que l'élargissement des BRICS à d'autres pays n'ait pas été fructueux. En effet, ce fut l'occasion pour Erdogan et Lula d'avoir un tête-à-tête au cours duquel le "dictateur d'Ankara", comme l'avait qualifié le fin diplomate Draghi, a demandé au président brésilien de soutenir l'entrée de la Turquie dans les Brics. Lesquels, entre-temps, se sont réunis en Russie pour la première fois après l'élargissement à de nouveaux membres. Des représentants de certains des autres pays qui souhaiteraient les rejoindre étaient également présents.
Une liste de plus en plus longue, du Vietnam à la Mauritanie, de Cuba à Bahreïn, du Bangladesh au Venezuela. Mais c'est surtout la demande de la Turquie qui est pertinente car elle serait le premier pays de l'OTAN à rejoindre le groupe qui comprend, entre autres, la Russie et la Chine, c'est-à-dire les pays détestés par Stoltenberg et ses porte-voix européens.
Les Brics ne sont évidemment pas une alliance militaire ni même politique au sens strict. Il n'y a donc aucun obstacle formel ou pratique à l'adhésion d'Ankara. Cela constituerait toutefois un signal clair du mécontentement du Sud mondial à l'égard des composantes de l'Occident collectif. À commencer par l'utilisation politique des sanctions, des droits de douane et, désormais, du vol des ressources des pays qui n'acceptent pas les ordres de Washington.
Entre autres, les images embarrassantes de Biden, accompagné d'un soignant italien, montrent clairement que les décisions ne sont pas prises par un président désormais complètement sénile, mais par un entourage qui répond à des intérêts qui n'ont rien à voir avec un vote démocratique, avec une majorité populaire. Et les larbins européens mènent le monde à la destruction pour satisfaire un groupe de pouvoir qui fait passer ses intérêts pour l'exportation de la démocratie.
19:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, politique internationale, turquie, brics, g7 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La terreur woke
La terreur woke
par Sietze Bosman
Source: https://www.arktosjournal.com/p/the-terror-of-woke
Sietze Bosman affirme que les normes traditionnelles de l'Europe sont attaquées sans relâche par le mouvement Woke, et appelle passionnément l'Europe à se lever et à résister farouchement pour défendre ses valeurs fondamentales.
Dans la guérilla idéologique en cours, les normes traditionnelles sont encore et toujours victimes de la soif nihiliste et sanguinaire de l'idéologie Woke. Les normes, dit le mantra, sont oppressives. "Les normes ne sont pas atteignables pour beaucoup de gens", scande la tribu Woke dans une parfaite harmonie grégorienne, et c'est pourquoi les normes doivent être ajustées à la baisse ou carrément abolies. Les normes sont exclusives et contredisent la religion d'une minorité bruyante, convaincue d'être la seule à posséder un sens moral pur et puissant - une morale qui déifie l'individu, aussi grotesque qu'il/elle/iel/iels/ielles/wolfkin puisse être dans l'expression de son individualité.
Des penseurs naturalistes et romantiques tels que Jean-Jacques Rousseau partent du principe que l'homme est intrinsèquement bon et que les institutions de la société occidentale moderne ne peuvent que le corrompre. Les églises, les écoles et même la structure familiale traditionnelle sont des institutions qui ne peuvent qu'éloigner les gens de leur nature naturellement bonne, selon Rousseau. Ainsi, toutes les normes issues des institutions occidentales traditionnelles sont par définition répressives et éloignent l'homme de sa bonté naturelle.
Des penseurs comme Foucault et Derrida, penseurs déconstructionnistes postmodernes, ont également eu une forte influence sur la substance de l'idéologie Woke. Avec eux, nous trouvons l'origine des idées sur l'absence de véritable vérité objective et sur le fait que les institutions décrites par des penseurs comme Rousseau ne sont que des constructions sociales. Plus rien n'a de sens profond et même la morale qui ne concerne que l'individu disparaît dans la poubelle idéologique Woke.
La pensée postmoderniste affirme que la réalité peut être interprétée d'un nombre infini de façons. C'est vrai, mais cela ne tient pas compte du fait que nous vivons dans une réalité partagée dans laquelle les lois de la nature s'appliquent à tous et qu'une vérité objective émerge de ces lois. La manière dont chacun interprète cette réalité objective façonnée par les lois est certes sujette à de grandes différences, mais la réalité objective traverse néanmoins les différentes interprétations individuelles de la réalité comme un fil conducteur contraignant.
Les normes sont, selon l'idéologie Woke, des constructions parce que chacun a une interprétation différente de la réalité. Les normes sont donc imposées à un individu déjà bon par nature. Ce qui est un homme pour l'un est une femme pour l'autre. Ce qui est une vertu pour moi est un péché pour d'autres. Même les réalités biologiques telles que la dichotomie des sexes sont rejetées en tant qu'oppression "blanche, masculine et cisgenre". En fait, le langage lui-même est considéré comme une norme oppressive qui doit être transcendée et surmontée, ou détruite. Ainsi, le moyen même par lequel chacun peut s'exprimer sera tellement défiguré qu'il ne pourra plus servir de moyen de communication, ce qui nous ramènera à l'âge de pierre.
Tout ce qui fait de la société occidentale la plus prospère de l'histoire connue repose sur des sables mouvants. La tradition, le lien avec la terre natale, la fierté nationale et le fait de laisser quelque chose derrière soi pour la postérité sont autant d'idées répréhensibles qui ne sont que des fantômes idéologiques de la pensée occidentale chrétienne, laquelle est toxique, selon le "pensée" Woke. En particulier, le fondement chrétien des sociétés occidentales est considéré comme un mal absolu. Tout ce qui découle de la doctrine chrétienne est digne d'être arrosé d'excréments verbaux et de vitriol violent.
Dieu en tant qu'être transcendant, ou l'idée même de Dieu, est l'ennemi absolu de l'idéologie woke. Dieu est la norme ultime, le standard ultime. Dieu a créé Adam et Eve à partir de sa côte - l'homme et la femme, une division objective des sexes. En tant qu'idéologie, Woke a déclaré la guerre à toutes les normes, et le créateur des normes doit donc être détruit. Lorsque l'on tue l'idée de Dieu, l'homme doit devenir comme Dieu et établir ses propres normes, selon Nietzsche. L'éthique devient alors une approche purement personnelle du bien et du mal. La morale, de facto, cesse d'exister parce qu'elle n'apparaît que dans le contexte des groupes sociaux.
L'idée que tout doit être fluide et catégorisé uniquement sur la base d'un sentiment que l'on éprouve fait que l'on échange le beau contre le laid, que l'on qualifie les faits de détestables, que l'on veut appauvrir le langage et l'utiliser comme un instrument militant d'encadrement. Le résultat de cette fluidité, ce sont des magasins avec des mannequins obèses dans les vitrines, des publicités Calvin Klein avec des femmes rongées par la cellulite et des hommes grassouillets vêtus de soutiens-gorge de sport, des promotions de bières transgenres et beaucoup de cheveux colorés au néon. De nombreux adeptes du wokisme semblent faire un effort conscient pour se rendre aussi laids que possible. Tels des adolescents récalcitrants qui se rebellent contre leurs parents, ils se détournent de tout idéal de beauté. Après tout, une norme n'est qu'une question de perception, pas d'aspiration - ainsi chantent les hordes woke.
De nombreux Européens ont le sentiment inné que nous ne devrions pas accepter les absurdités woke - qu'il est, en quelque sorte, anti-européen d'aller dans le sens du wokisme.
Woke semble être un phénomène relativement nouveau, mais le déclin des idéaux est perceptible et visible depuis longtemps. L'architecture occidentale moderne est un exemple clair de ce déclin des idéaux.
L'architecture traditionnelle, avec son sens sublime des proportions et sa capacité à impressionner le spectateur, a été remplacée par des constructions d'acier et de verre froides et sans âme, qui n'impressionnent ni n'inspirent. Les villes occidentales modernes sont devenues des lieux stériles, où l'architecture moderne est soigneusement incisée dans et parmi les perles classiques sporadiques qui existent encore. Lorsque Notre Dame a perdu son toit à la suite d'un incendie, un concours d'architectes a été organisé pour trouver une solution de remplacement. Parmi les idées soumises figurait une véritable piscine au sommet de l'église, je ne vous le fais pas dire (photo, ci-dessous). Le fait qu'un lieu d'une telle importance historique et culturelle puisse être violé par des architectes modernes, fétichistes et laids, est clairement révélateur de la folie moderne.
Un autre bon exemple est le Forum de Groningue, aux Pays-Bas (photo, ci-dessus). Le visage du magnifique centre historique de la ville a été défiguré au point d'être méconnaissable par un bâtiment qui se caractérise par une laideur qui ne peut être exprimée par des mots. C'est un exploit en soi que de concevoir un bâtiment avec autant d'angles qui ne peuvent être appréciés pour quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à de la beauté, quel que soit l'angle.
La beauté en tant qu'idéal semble avoir été expressément désignée comme un élément à exclure de la mission de l'architecte. Le bâtiment a été dépouillé de tout ce qui peut plaire à l'œil, et ses façades nues et lisses ne peuvent que le tourmenter par leur échec architectural flagrant.
L'art moderne est aussi depuis longtemps le théâtre du déclin des idéaux. L'art n'est aussi que ce que le spectateur en fait, dit-on. L'art ne s'interprète donc qu'à travers une histoire. C'est ainsi que nous avons aujourd'hui des musées qui exposent des tampons usagés et des nouilles peintes en or en tant qu'œuvres d'art.
L'artiste vous expliquera l'art avec une histoire creuse sur "la recherche nerveuse des limites", "la rupture des tabous", ou "Il représente une concentration herméneutique sur l'interprétation psychosociale de l'entrelacement de la souffrance subconsciente et de la glorification de l'éphémère, combinée à un reflet plastique-graphique du paradigme du pouvoir cisgenre". En d'autres termes, l'art ne peut être expliqué que par une salade de mots relativiste - zum kotzen.
La croisade dévorante vers l'égalitarisme absolu a pour conséquence directe que, pour n'exclure personne, toutes les normes doivent être ajustées au plus petit dénominateur commun, voire complètement détruites. Il ne peut y avoir de norme de beauté physique, car une personne ayant une composition génétique malheureuse et les attributs physiques répulsifs qui en découlent se sentira exclue à cause de cela. Les examens d'entrée à l'école sont assouplis pour permettre une plus grande diversité dans les écoles, et les entreprises recrutent en fonction des caractéristiques de la diversité et non d'une norme d'aptitude. La recherche aveugle de toujours plus d'inclusivité est le moteur du wokisme. Le wokisme est prêt à sacrifier tout ce qu'il considère comme répressif, même si cela signifie détruire l'économie et, par conséquent, sa propre capacité à prospérer.
Le wokisme n'est pas une tendance, c'est l'aboutissement d'une intrusion ignoble d'un poison idéologique mondialiste dont le but n'est rien d'autre que de vaincre l'Occident idéologiquement puisqu'il est très difficile de le faire militairement. Et parce que nous avons résolument fermé la porte au christianisme, l'Occident ne peut opposer aucune résistance. Nous n'avons pas remplacé Dieu par quelque chose qui offre suffisamment de substance pour unir les peuples d'Europe.
L'écho du marteau qui a forgé la culture européenne sur l'enclume de l'histoire résonne encore dans le cœur des Européens. De nombreux Européens ont le sentiment inné que nous ne devrions pas accepter les absurdités du wokisme - qu'il est, d'une certaine manière, anti-européen de suivre la mode woke. Mais c'est la tactique de la honte, si astucieusement déployée par le wokisme, qui maintient les gens dans le silence. De peur d'être stigmatisés et étiquetés, les gens se taisent, sans se rendre compte que l'utilisation compétente de cette même langue a constitué le fondement de la culture européenne. La liberté d'expression est l'épine dorsale de la culture européenne et doit être défendue. Heureusement, en raison de l'utilisation abondante de termes péjoratifs et de l'application gauchiste des étiquettes, celles-ci semblent perdre de leur force. Le fait d'être traité de nazi n'est pas très grave si de nombreuses personnes sont appelées ainsi. Cela offre une perspective.
L'heure est venue de ne plus se préoccuper de l'étiquetage et de la stigmatisation. Il est temps d'assumer notre devoir naturel de défendre notre peuple, de revendiquer notre avenir et d'expulser l'ennemi de nos vies et de nos territoires. Une grande opportunité s'offre aux peuples d'Europe qui voient le projet mondialiste se déployer sous leurs yeux. Le terrain est prêt à être labouré et ensemencé avec les idées du traditionalisme, d'un retour aux normes et aux règles qui garantissent la sortie de notre peuple du désert idéologique qu'est devenu notre continent.
Debout, l'Europe ! Lève-toi ! Débarrassez-vous de vos chaînes et arrachez votre muselière. Parlez avec feu et vertu, et ne laissez jamais l'esprit européen qui est en vous être diminué par des forces spirituelles inférieures. Respirez profondément l'air européen imprégné de l'esprit glorieux de nos nobles et intrépides ancêtres. Ouvrez votre esprit à l'héritage inestimable que nous avons reçu et laissez vos cœurs se gonfler de l'amour de nos idéaux. Laissez les forces de marée de l'histoire, du sang et de l'honneur déferler dans votre corps jusqu'à ce que tout ce que vous puissiez sortir de votre bouche dans une dévotion extatique soit : Europe ! L'Europe ! Debout, l'Europe !
Qui est Sietze Bosman?
Sietze Bosman, 42 ans, réside aux Pays-Bas. Après avoir servi dans l'armée pendant quatre ans, il s'est reconverti dans la construction et occupe actuellement un poste au sein d'une organisation spécialisée dans le logement abordable. Parallèlement à ses activités professionnelles, Sietze écrit volontiers des récits et des poèmes dans sa langue maternelle, le frison, plutôt qu'en néerlandais, ce qui témoigne de son profond attachement à son héritage frison. Il se consacre à la formulation d'un cadre philosophique qui unit la communauté frisonne dans la résistance à la modernité. Sietze se définit comme un philosophe, un père de famille et un adorateur de la création, sa philosophie étant centrée sur l'ordre naturel et la responsabilité qu'il implique. Motivé par ce devoir, il s'efforce de rassembler son peuple, même face à l'adversité.
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mercredi, 19 juin 2024
Pourquoi l'Angleterre a-t-elle réussi ?
Pourquoi l'Angleterre a-t-elle réussi?
Mikhail Deliaghine
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/perche-linghilterra-ha-avuto-successo
L'accession de la Grande-Bretagne au leadership mondial (en surmontant tous les concurrents et obstacles - des Pays-Bas, de l'Espagne et de la France à la Chine et à l'Inde), son maintien à long terme de son leadership et son maintien d'un rôle mondial malgré l'effondrement de son empire (signalé par le tristement célèbre Brexit) est une leçon d'une importance historique mondiale.
Ce pays (contrairement à la Russie, aux États-Unis, à la Chine et à l'Inde) n'a jamais disposé de ressources exceptionnelles. Le charbon était important, mais pas tant que cela. Même au début du XVIIIe siècle, l'Angleterre n'avait pas la puissance coloniale de l'Espagne, ni la puissance militaire de la France, ni la puissance économique des Pays-Bas. Minée par une succession de révolutions et de guerres, politiquement instable et déchirée par des conflits religieux, elle était pauvre.
Pourquoi, en moins d'un siècle, a-t-elle acquis une puissance destructrice et est-elle devenue non seulement le "maître des mers", mais aussi "l'atelier du monde", le pionnier de la révolution industrielle, la locomotive du développement technologique et social mondial ?
Le facteur clé de la supériorité stratégique britannique est la capacité de l'élite britannique à utiliser les structures de réseau existantes (ou créées par elle), qu'il s'agisse de banques, de pirates des mers, de francs-maçons ou de sociétés marchandes. Leurs fondements ont été transformés en un sujet d'action stratégique : un groupe stable au sein de l'élite, uni par des intérêts à long terme et capable de reproduire son influence.
Mais le chemin pour parvenir à cette capacité a été semé d'embûches.
La première étape a été l'auto-extinction de l'élite féodale lors de la guerre des Roses blanche et rouge (1455-1487). Le déficit de l'élite a créé un mécanisme social unique : la noblesse anglaise, contrairement à la noblesse continentale, était un espace patrimonial ouvert désormais aux riches marchands et paysans. Les marchands, les plus avantagés par la guerre, ne rejoignent pas la noblesse de manière exceptionnelle et moyennant paiement, mais rejoignent ses rangs légalement et en masse. En s'appuyant sur cette nouvelle noblesse, l'absolutisme s'est appuyé à la fois sur les marchands et sur les riches paysans, élargissant ainsi sa base sociale à une échelle inimaginable à l'époque. Cette noblesse s'est développée à partir du marché, au lieu d'y être hostile (comme la noblesse continentale).
Le développement du capitalisme en l'absence de résistance féodale a détruit la paysannerie en tant que classe sociale (comme elle a été éliminée près d'un demi-millénaire plus tard lors de l'"annulation" de la Grande Dépression aux États-Unis, contrairement à la collectivisation soviétique), plaçant le village sur une base capitaliste.
La répression prolongée et impitoyable des pauvres et leur extermination, l'encouragement et la défense totale de la richesse ont façonné le caractère national anglais - respectueux des lois, obstiné, fier de son pouvoir en tant que tel, respectueux des droits de ses compatriotes et refusant tous les autres. La richesse est devenue un facteur de compétitivité du pays, bien illustré par la parabole de la pelouse anglaise qu'il faut tondre tous les jours pendant 300 années consécutives.
Le développement du capitalisme, sans se heurter à la résistance des seigneurs féodaux, crée une communauté d'intérêts fondamentale entre des forces politiques opposées, leur permettant d'éviter les affrontements frontaux au nom d'un objectif commun : le profit. À la fin du XVIIe siècle, un État civil s'est ainsi constitué, non pas affaibli mais renforcé par les luttes politiques internes.
L'unité patriotique de l'élite managériale et commerciale s'est faite autour d'un intérêt stratégique commun : l'utilisation commune de l'État comme outil de la concurrence extérieure. La réalisation même de cette unité a facilité le compromis systématique et la résolution des conflits internes par le biais d'un mécanisme politique universel : l'expansion extérieure commune.
La collaboration entre les factions belligérantes a permis la création d'un mécanisme financier unique : une banque centrale privée. Son paradoxe et son importance résident dans le fait que n'importe lequel de ses engagements (billets de banque), à partir du moment où il est émis, est en fin de compte une dette de l'État envers son détenteur, mais peut être émis sans le consentement de l'État.
La création de la Banque d'Angleterre est une fraude vertigineuse (le capital est versé à un faible taux, ce qui permet aux fondateurs de réaliser un bénéfice immédiat de 140 %), justifiée par un changement qualitatif du caractère de l'État : implicitement, le roi est inclus dans les fondateurs avec une part importante.
Par conséquent, son abandon du pouvoir politique absolu (suite à la Glorieuse Révolution) s'est accompagné de sa prise de possession (avec la fondation de la Banque d'Angleterre) par un certain pouvoir économique. De cette manière, le fameux "système d'équilibre des pouvoirs" en politique a reçu un complément harmonieux, quoique secret, en économie.
La noblesse, ayant cédé une partie du pouvoir politique au capital commercial et financier, a repris en retour une partie du pouvoir économique et, au lieu de lutter contre le capital, a fusionné avec lui dans un mécanisme unique de pouvoir économique ("combinaison politique", comme l'académicien Andrei Fursov a appelé l'union des princes et des boyards de la principauté de Moscou).
Cela a rendu possible la création de la dette publique en tant qu'instrument de développement. Alors que dans les monarchies ordinaires, le crédit de l'État plaçait le monarque devant un choix douloureux : rembourser la dette ou mettre le créancier en prison, en Angleterre, l'État, en la personne du Parlement, était crédité par le monarque lui-même, en la personne de la Banque d'Angleterre. En conséquence, la dette était parfaitement remboursée et accumulait tous les capitaux libres de l'époque (comme, jusqu'à récemment, la dette des États-Unis), garantissant le pouvoir de l'État et le réarmement technique rapide de l'Angleterre au cours de la révolution industrielle. Tout le monde pouvait construire des machines à vapeur, mais seule l'Angleterre avait les moyens d'en équiper de nombreuses usines.
La création d'une banque centrale privée était la privatisation d'un nouveau type d'État : l'État de Machiavel (formalisé par la paix de Westphalie plus d'un siècle après que le génie florentin l'ait conçu), séparé du monarque en tant qu'institution publique plutôt que privée. En Angleterre, cette privatisation a eu lieu presque au moment de sa création et est devenue un facteur de pouvoir futur, car les privatiseurs se sont perçus comme faisant partie intégrante de l'Angleterre, sans autre identité que celle de l'Angleterre (en dépit de leur composition ethnique et même confessionnelle variée).
Le rôle exceptionnel de la science est tout aussi important. Au cours des longs et terribles cataclysmes sociaux du Moyen Âge, toutes les institutions sociales ont été irrémédiablement discréditées. Le roi, les églises, l'aristocratie, les tribunaux, le parlement, les marchands ont tous commis des crimes impensables et leurs représentants étaient inaptes à jouer le rôle d'arbitre dans les conflits d'intérêts à l'intérieur du pays : personne ne les croyait.
Et comme l'accomplissement de cette fonction était nécessaire à la société, l'arbitre devint l'homme de lettres, classe alliant l'intelligence à l'indépendance due au détachement des litiges quotidiens. L'appel du pouvoir à l'autorité des savants est devenu un facteur de formation de la morale publique, en tant que reconnaissance par le pouvoir de la vérité indépendante de lui. C'est aussi la reconnaissance de la valeur indépendante du savoir, même s'il n'est pas appliqué.
L'autorité des scientifiques a rendu les autorités réceptives à l'application des réalisations scientifiques, y compris dans le domaine de l'ingénierie sociale, qui a permis aux Britanniques de régner sur des colonies colossales dans le passé et leur permet d'influencer le monde dans le présent.
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Tacite et le mauvais pullulement des lois
Tacite et le mauvais pullulement des lois
Nicolas Bonnal
On connaît tous le taoïsme et la fameuse sentence du maître chinois : plus se développent les règlements, plus pullulent les voleurs. Et on connaît aussi Tacite – qui écrit la même chose. Ce n’est pas la première fois que la science traditionnelle chinoise rejoint la romaine : on a le Feng Shui tout entier chez Vitruve, qui consacre un de ses livres à l’astrologie, et au positionnement des planètes et des bâtisses ; et on a aussi le cousin de Sun Tsu, un auteur romain donc jamais lu, celui des Stratagèmes (je vous conseille de le lire, car les romains ont à leur actif plus de victoires que le reste du monde réuni, chinois compris) : j’ai nommé Frontin.
Mais lisons Tacite (voyez notre texte sur Calgacus contre l’impérialisme), auteur incroyable et réactionnaire impénitent (Histoires, III), marqueur absolu de notre présent permanent :
« XXV. On parla ensuite d'adoucir la loi Papia Poppea qu'Auguste, déjà vieux, avait ajoutée aux lois Juliennes, pour assurer la punition du célibat et accroître les revenus du trésor public. Cette loi ne faisait pas contracter plus de mariages ni élever plus d'enfants (on gagnait trop à être sans héritiers); mais elle multipliait les périls autour des citoyens, et, interprétée par les délateurs, il n'était pas de maison qu'elle ne bouleversât : alors les lois étaient devenues un fléau, comme autrefois les vices. Cette réflexion me conduit à remonter aux sources de la législation, et aux causes qui ont amené cette multitude infinie de lois différentes. »
Puis rappelons cette magnifique digression de Tacite sur les lois :
« XXVI. Les premiers hommes, encore exempts de passions désordonnées, menaient une vie pure, innocente, et libre par là même de châtiments et de contrainte. Les récompenses non plus n'étaient pas nécessaires, puisqu'on pratiquait la vertu par instinct ; et comme on ne désirait rien de contraire au bon ordre, rien n'était interdit par la crainte. »
On se rapproche du début des Métamorphoses et de l’imparable description de l’âge d’or :
« Quand l'égalité disparut, et qu'à la place de la modération et de l’honneur régnèrent l'ambition et la force, des monarchies s'établirent, et chez beaucoup de peuples elles se sont perpétuées. D'autres dès l'origine ou après s'être lassés de la royauté, préférèrent des lois. Elles furent simples d'abord et conformes à l'esprit de ces siècles grossiers. La renommée a célébré surtout celles que Minos donna aux Crétois, Lycurgue aux Spartiates, et plus tard Solon aux Athéniens : celles-ci sont déjà plus raffinées et en plus grand nombre. Chez nous, Romulus n'eut de règle que sa volonté. Numa, qui vint après, imposa au peuple le frein de la religion et des lois divines : quelques principes furent trouvés par Tullus et par Ancus; mais le premier de nos législateurs fut Servius Tullius, aux institutions duquel les rois même devaient obéissance. »
Quand la société devient folle, la romaine notamment, elle devient folle de lois. On rappelle Tocqueville : « il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »
Tocqueville avait bien expliqué à l’un de ses cousins que l’on quittait aux temps modernes la liberté médiévale pour retourner au despotisme antique. Mais restons sur Tacite :
« XXVII. Après l'expulsion de Tarquin, le peuple, en vue d'assurer sa liberté et d'affermir la concorde, se donna, contre les entreprises des patriciens, de nombreuses garanties. Des décemvirs furent créés, qui, empruntant aux législations étrangères ce qu'elles avaient de meilleur, en formèrent les Douze Tables, dernières lois dont l'équité soit le fondement, car si celles qui suivirent eurent quelquefois pour but de réprimer les crimes, plus souvent aussi, nées de la division entre les ordres, d'une ambition illicite, de l'envie de bannir d'illustres citoyens ou de quelque motif également condamnable, elles furent l'ouvrage de la violence. »
Les lois pullulent et sont contradictoires :
« De là les Gracques et Saturninus semant le trouble dans la multitude ; et Drusus non moins prodigue de concessions au nom du sénat ; et les alliés gâtés par les promesses, frustrés par les désaveux. Ni la guerre italique, ni la guerre civile, qui la suivit de près n'empêchèrent d'éclore une foule de lois, souvent contradictoires; jusqu'à ce que L. Sylla, dictateur, après en avoir aboli, changé, ajouté un grand nombre, fît trêve aux nouveautés, mais non pour longtemps, car les séditieuses propositions de Lépidus (1) éclatèrent aussitôt, et la licence ne tarda pas à être rendue aux tribuns d'agiter le peuple au gré de leur caprice.
Et arrive la formule célèbre :
« Alors on ne se borna plus à ordonner pour tous ; on statua même contre un seul, et jamais les lois ne furent plus multipliées que quand l'État fut le plus corrompu. »
A transmettre à Bruxelles-Paris-Washington-ONU…
Allez, un peu de latin (sans faire du Goscinny) :
... et corruptissima re publica plurimae leges…
Sources principales :
https://remacle.org/bloodwolf/historiens/tacite/annales3....
https://www.thelatinlibrary.com/tacitus/tac.ann3.shtml#27
https://lesakerfrancophone.fr/comment-lempire-us-plagie-l...
https://www.amazon.fr/Petits-%C3%A9crits-libertariens-Con...
http://www.bouquineux.com/index.php?telecharger=1985&...
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Le G7 autoréférentiel ne freine pas la croissance des Brics
Le G7 autoréférentiel ne freine pas la croissance des Brics
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/il-g7-autoreferenziale-non-frena-la-crescita-dei-brics/
Pendant que le G7 des perdants des élections européennes (Macron et Scholz in primis) ou de ceux qui ont gagné avec un abstentionnisme record et restent minoritaires en termes absolus (Meloni) passait à l'antenne, les BRICS cherchaient la coopération et un monde multipolaire.
Les BRICS dont le dernier sommet s'est tenu le 10 juin dans la ville russe de Nijni Novgorod, auquel ont également participé pas moins de douze pays en développement, à savoir le Laos, le Vietnam, la Thaïlande, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Kazakhstan, la Turquie, la Mauritanie, Cuba, le Venezuela et le Barhain.
Des BRICS qui se sont récemment élargis à l'Éthiopie, l'Égypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et que la Turquie, qui a demandé son soutien au président brésilien Lula, regarde avec intérêt.
Les BRICS ouvrent un nouveau chapitre pour le Sud global, comme l'a déclaré le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi: "Au cours de l'année écoulée, la coopération entre les BRICS a progressé de manière remarquable, rapide et forte. Nous avons fait des efforts pionniers et élargi le mécanisme des BRICS, ouvrant un nouveau chapitre pour le Sud global en recherchant la force par l'unité. Depuis l'élargissement, les pays des BRICS représentent près de la moitié de la population mondiale et un cinquième du commerce mondial, et leur production économique totale a dépassé celle du G7.
Mais ce n'est pas tout. Ils accélèrent le processus de construction d'un monde multipolaire et d'un ordre international plus juste et plus équitable, comme l'ont souligné les intervenants lors de la récente conférence présentant le dernier essai du professeur Giancarlo Elia Valori intitulé "Scenari Geopolitici Globali" (publié par Rubbettino).
Améliorer la gouvernance mondiale, donner une voix aux pays en développement, promouvoir la résolution des conflits internationaux, lutter contre le terrorisme international et promouvoir la cybersécurité, régir les processus liés à l'intelligence artificielle et le faire de manière partagée, afin d'éviter qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains ou qu'elle ne se retourne contre l'humanité elle-même.
C'est dans ce sens qu'il faut travailler. Pas en imposant des sanctions qui nuisent à l'économie de chacun (l'Allemagne commence peut-être à s'en rendre compte ?). Non pas en appuyant sur l'accélérateur des guerres ou en les fomentant, mais en saisissant toutes les occasions de dialogue.
Car c'est en comprenant les raisons des uns et des autres que l'on peut parvenir à la paix, qui est toujours la bonne chose à faire. Et en surmontant cette mentalité de guerre froide qui, d'une manière assez stupide, irresponsable et puérile, contamine les États-Unis et l'Union européenne.
Donner une chance à la paix, comme l'a chanté à juste titre l'excellent John Lennon, signifie aujourd'hui donner une chance au bon sens et à la logique.
Construire un monde plus juste et plus équitable passe par là.
Ceux qui ne comprennent pas cela sont malheureusement très myopes et déconnectés de l'histoire.
12:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, brics, g7 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le G7 des nains et des guerres sans fin
Le G7 des nains et des guerres sans fin
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28319-piccole-note-il-g7-dei-nani-e-delle-guerre-infinite.html
Le déficit d'autorité des dirigeants présents au G7 se lit dans les guerres sans fin que ce sommet a décidé de perpétuer
Le rituel usé du G7, récemment mis en scène dans les Pouilles, a abouti à la prolongation ad libitum du massacre du peuple ukrainien, pour la poursuite duquel 50 milliards seront investis annuellement pendant les dix prochaines années, sous forme de prêts garantis par le bénéfice tiré des avoirs russes gelés par les banques occidentales au début des hostilités.
Non pas une décision collective, née du consensus des dirigeants des nations libres, mais une banale adhésion des colonies aux diktats de l'Empire, les pays européens s'étant longtemps crispés sur le sujet en raison des risques encourus (redoutés d'ailleurs par les banques, voir Reuters).
Un diktat condensé dans l'article de la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen publié dans le New York Times à la veille du sommet sous le titre: "Une nouvelle façon pour les ressources de la Russie de payer la défense et la reconstruction de l'Ukraine". Les dirigeants réunis au G7 n'avaient plus qu'à ratifier et ils l'ont fait avec l'enthousiasme de serviteurs obséquieux.
Reste à comprendre comment les avoirs russes peuvent offrir aux États qui doivent ouvrir les cordons de la bourse des garanties de 50 milliards de dollars par an, alors qu'en 2023 les avoirs gelés dans l'Union européenne n'ont rapporté que 4,4 milliards d'euros, comme on peut le lire dans le Financial Times, et que c'est précisément l'UE qui détient la quasi-totalité de ces ressources, puisque seuls 6 des 300 milliards de dollars saisis sont bloqués dans les banques des États-Unis (Nbc news).
Des prodiges de la finance créative, qui pourtant parfois, comme cela s'est produit dans le passé, sont durement payés a posteriori. Mais comme on le sait, les créateurs ne paient jamais.
G7 : le sommet des nains
Le Wall Street Journal (WSJ) brosse un tableau amusant du sommet des Pouilles, en notant que tous les dirigeants présents ne représentent guère plus qu'eux-mêmes.
Le Britannique Rishi Sunak est en effet sur le point de perdre les prochaines élections ; Scholz et Macron sortent tout juste de l'échec des élections européennes, ce dernier étant contraint de convoquer des élections anticipées ; le Canadien Trudeau est désormais "complètement impopulaire", comme le dit le WSJ, tout comme le Premier ministre japonais Kishida, qui jouit d'un "taux d'approbation de 16 %" et pourrait même réussir l'exploit "difficile" de faire perdre les prochaines élections au Parti libéral-démocrate.
Un tableau auquel la sénescence évidente de l'empereur-pour-rire convient comme couronnement et qui n'est certainement pas revigoré par le seul leader victorieux, la Giorgia nationale, parce que l'Italie ne compte pour rien dans l'UE et dans l'arène internationale.
Le WSJ se souvient avec une certaine nostalgie de l'époque où ces sommets réunissaient des dirigeants de bien plus grande envergure, qui savaient comment le monde tourne et donc comment y faire face. Aujourd'hui, cette poignée de "nains", copyright WSJ, est confrontée à des antagonistes bien mieux entraînés comme Poutine et Xi Jinping, d'où les craintes qui en découlent.
Mais nous arrivons ici au véritable nœud du problème, que le WSJ n'aborde pas, ne peut pas aborder et/ou n'abordera pas. En effet, selon le rapport, il semble que ce déclin politique rampant soit en quelque sorte une coïncidence.
Chacune des nations représentées au G7, en raison de dynamiques strictement endogènes, a produit des dirigeants tragiquement déficients (l'exception Meloni est purement électorale, sa victoire reste incluse dans le déficit tragique de l'Italie en matière d'insignifiance internationale).
Les nains des guerres sans fin
En réalité, ce ne sont pas les dirigeants actuels qui souffrent de ce déficit. Il n'est en fait que le produit du déclin de la politique en Occident, où le pouvoir politique a été attaqué et érodé d'abord par la finance, puis par les Big Tech - il suffit de penser au rôle de Bill Gates pendant la pandémie - et enfin par l'appareil militaro-industriel américain et ses multiples ramifications.
Des centres de pouvoir alternatifs à la politique - dans le sens où ils la contrôlent, ne lui laissant qu'un espace théâtral - et qui maintenant, surtout dans l'ère post-11 septembre, agissent conjointement, remodelant à leur guise les soi-disant démocraties occidentales et les démocraties asiatiques qui se réfèrent à l'Occident.
C'est ce Pouvoir, autre que la Politique, qui dicte les directives essentielles à l'Empire. Et, en premier lieu, le régime des guerres sans fin, qui non seulement étendent l'influence de ces centres de pouvoir à l'échelle mondiale, mais visent également à accroître leur influence au sein de l'Empire lui-même.
Si dans le premier cas l'objectif n'a pas été atteint, comme le montre la rupture irrémédiable de la mondialisation et l'émergence de puissances et d'États non subordonnés à cette puissance, les guerres sans fin ont en revanche permis de saisir les clés de l'Empire, reléguant la politique au théâtre et les politiciens à des numéros spéciaux (au cinéma, ils seraient des figurants à qui l'on permet de faire quelques blagues).
Certes, la dialectique interne entre le Pouvoir Royal et la Politique a encore une vivacité résiduelle, avec Trump en Amérique notamment, mais nous sommes aujourd'hui dans la promotion des figurants, qui sont tenus de poursuivre dans la veine des directives obligatoires.
Le paradoxe du WSJ
Remarquez comme il apparaît tout à fait contradictoire, dans la note du WSJ, de se lamenter sur le déficit politique du G7 et, en même temps, de souhaiter l'avènement de leaders plus forts qui sauront mieux contrer la Chine et la Russie. Un paradoxe qui rejoint la jubilation des autres médias mainstream car, lors de ce sommet, un pas de plus a été franchi pour contrer la Russie et faire de la guerre ukrainienne une guerre sans fin.
Des dirigeants plus forts devraient, au contraire, contrer les impulsions destructrices et autodestructrices des guerres sans fin, qui ont dévasté des peuples et des destins, et remodeler un ordre mondial véritablement fondé sur des règles, comme cela s'est produit à Yalta où les règles du nouvel ordre sont nées d'une convergence et d'un ostracisme total de la folie nazie et non d'une imposition par une seule puissance qui, en outre, a maintenant relativisé - pour utiliser un euphémisme - le rejet du nazisme.
D'ailleurs, par inadvertance, le scénario d'une coexistence entre puissances est évoqué par le WSJ lui-même, lorsque parmi les dirigeants dont il se dit nostalgique, il nomme Ronald Reagan, qui s'est mis d'accord avec Michail Gorbatchev, faisant naître une saison d'espoir, bien qu'éphémère.
La volonté de triomphe mondial de la puissance précitée l'a en effet emporté sur la perspective d'une coexistence des puissances. D'où 89 et les révolutions colorées dans les anciens pays soviétiques, terreau et genèse des guerres sans fin qui ont suivi, comme l'illustre de manière exemplaire le cas ukrainien, avec la révolution colorée de Maïdan qui a ouvert la voie à la guerre sans fin actuelle.
En ce qui concerne le sentiment de guerre sans fin du G7, le conflit de Gaza, qui a pris la forme d'une guerre perpétuelle (dans le sillage de la première guerre sans fin moderne, à savoir le conflit israélo-palestinien de longue date), n'est traité que comme un exercice rhétorique dans le cadre du sommet. Aucune mesure réelle n'est prise pour mettre fin au massacre en cours. Pour le confirmer.
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mardi, 18 juin 2024
Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre ?
Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre?
par Giacomo Gabellini
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28313-giacomo-gabellini-il-legame-tra-dollaro-e-petrolio-e-destinato-a-sciogliersi.html
En 2019, Pékin et Caracas ont jeté les bases de l'exportation du pétrole vénézuélien à prix réduit vers la Chine en échange de yuan-renminbi, car il fait l'objet de sanctions américaines. Quelques mois plus tôt, le gouvernement bolivarien avait inclus le rouble dans le panier des monnaies acceptables dans le pays et engagé des négociations avec la Russie visant à réglementer le commerce bilatéral en roubles et en petro, la monnaie numérique créée par les autorités vénézuéliennes.
En janvier 2021, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi et son homologue iranien Javad Zarif ont signé un accord engageant Pékin à investir 400 milliards de dollars dans l'économie perse au cours des vingt-cinq prochaines années, en échange d'importantes livraisons de pétrole à un prix subventionné. Une grande partie des livraisons de pétrole brut, ainsi que les exportations non pétrolières, ont été payées en yuan-renminbi, comme l'a déclaré plus tard le ministre iranien de l'économie Ehsan Khandouzi. L'accord prévoit d'orienter les flux de capitaux chinois principalement vers les secteurs cruciaux des transports, du crédit, des télécommunications et des soins de santé, mais aussi d'approfondir nettement la coopération militaire, qui sera étendue aux domaines sensibles de la recherche et du renseignement.
Les implications stratégiques relatives n'ont pas échappé au New York Times, qui n'a pas manqué de souligner que "l'accord pourrait saper les efforts des États-Unis pour maintenir l'Iran dans un état d'isolement international et renforcer l'influence de la Chine au Moyen-Orient". D'autre part, parce que le partenariat stratégique global sino-iranien n'est pas un épisode isolé, mais une composante essentielle de la "diplomatie des partenariats" développée par Pékin avec la chaîne d'accords bilatéraux conclus avec divers pays du Proche-Orient et du golfe Persique, grâce à laquelle la Chine entend se tailler une place stratégique dans une zone géographique où l'influence des États-Unis est forte.
On l'a vu en décembre 2022, lorsque Xi Jinping a effectué une visite d'État dans plusieurs pays du Moyen-Orient dans le cadre du sommet Chine-Conseil de coopération du Golfe (CCG). Alors que la tournée diplomatique battait son plein, le dirigeant chinois a ouvertement déclaré que : "Au cours des trois à cinq prochaines années, la Chine travaillera de concert avec les pays du CCG pour créer un nouveau paradigme de coopération énergétique multidimensionnelle, dans le cadre duquel la République populaire de Chine continuera d'importer de grandes quantités de pétrole à long terme des membres du CCG et s'engagera à acheter des volumes plus importants de GNL. Le renforcement de notre coopération concernera l'ensemble de la chaîne énergétique, des services d'ingénierie au stockage, du transport au raffinage. La plateforme de la bourse du pétrole et du gaz naturel de Shanghai deviendra la référence pour la régulation du commerce du pétrole et du gaz en yuan-renminbi".
Les rencontres entre le dirigeant de Pékin et ses homologues du CCG sont passées relativement inaperçues, malgré la portée potentiellement révolutionnaire de leur contenu. D'abord, parce qu'elles ont ouvertement préparé le terrain à l'annulation de l'accord signé le 14 février 1945 (quatre jours seulement après la conclusion de la conférence de Jalta), à bord du croiseur USS Quincy naviguant dans le Grand Lac Amer du canal de Suez, entre Franklin D. Roosevelt et le roi Abdulaziz. Roosevelt et le roi Abdulaziz 'Ibn' al-Saud qui donnait aux compagnies énergétiques américaines gravitant autour de l'orbite de la Standard Oil - qui contrôlait déjà tous les puits du Venezuela - des droits exclusifs d'exploitation des ressources pétrolières saoudiennes en échange d'une protection militaire du royaume et d'un soutien politique à la famille al-Saud de la part des États-Unis.
William Engdahl écrit : "Roosevelt a vécu assez longtemps pour assurer aux Rockefeller un avantage inestimable : des droits exclusifs sur l'ensemble du pétrole saoudien pour leurs partenaires d'Aramco. Cette décision allait fortement conditionner la politique étrangère des États-Unis pour les décennies à venir [...]. La décision d'intégrer officiellement les richesses pétrolières saoudiennes dans le spectre des intérêts nationaux américains semble d'autant plus étonnante que le pays était autosuffisant sur le plan énergétique dans les années 1940. Lorsque le plus grand gisement de pétrole du monde a été découvert sur le site saoudien de Ghawar en 1948, les États-Unis ont pu consolider leur suprématie pétrolière et l'exercer pour contrôler l'économie mondiale. En effet, le pétrole devenait la ressource énergétique essentielle à la croissance économique, et les compagnies énergétiques américaines détenues par Rockefeller allaient ainsi renforcer leur emprise sur le nouvel "ordre d'après-guerre".
En juin 1974, à la suite du choc pétrolier déclenché par la guerre du Kippour, Richard Nixon a imposé au roi Faysal une modification de l'accord initial, liant les garanties de défense américaines à un engagement saoudien de commercialiser son pétrole exclusivement en dollars américains et de blanchir une partie substantielle des recettes dans des investissements en armes et en bons du Trésor.
Pour les États-Unis, il s'agissait de la véritable quadrature du cercle ; en rattachant le marché mondial du pétrole au dollar, l'accord redonnait à la monnaie américaine sa dimension mondiale, mise en péril par la répudiation par Nixon des accords de Bretton Woods - impliquant le découplage du dollar par rapport à l'or - le 15 août 1971. Il en est résulté une augmentation frénétique de la demande internationale de dollars, stimulée par la réévaluation drastique du pétrole (environ 400 %) pendant la guerre du Kippour, qui a renforcé la monnaie américaine et augmenté le pouvoir d'achat des salaires nationaux par rapport aux importations. L'autre effet, tout aussi important, a été la canalisation des capitaux étrangers vers le marché obligataire américain, ce qui a permis à la Réserve fédérale de maintenir les taux d'intérêt à un niveau relativement bas.
Au fil des décennies, la dépendance des États-Unis à l'égard du pétrole du Moyen-Orient a progressivement diminué, jusqu'à être radicalement réduite lorsque les gisements de schiste sont devenus pleinement opérationnels. Simultanément, la Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole au monde, s'imposant comme le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite en 2021, avec des échanges bilatéraux s'élevant à plus de 81 milliards d'USD. L'année suivante, le royaume est devenu le premier fournisseur de pétrole brut de la Chine, avec 1,76 million de barils par jour. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis, en revanche, se sont arrêtées à 435.000 barils par jour. D'autre part, l'essor des sources d'énergie alternatives, telles que les énergies renouvelables et le gaz naturel, a réduit la dépendance mondiale à l'égard du pétrole, et l'émergence de nouveaux pays producteurs de pétrole - tels que le Brésil, le Canada et les États-Unis eux-mêmes - a réduit la position hégémonique traditionnellement occupée par le Moyen-Orient.
Le 9 juin dernier, d'ailleurs, l'accord conclu entre Nixon et Faysal cinquante ans plus tôt a officiellement expiré et la famille régnante d'Arabie saoudite a annoncé que son renouvellement ne faisait pas partie des plans. De manière significative, on peut lire sur le site du Nasdaq une analyse sur le sujet qui souligne que "l'expiration de l'accord sur les pétrodollars représente un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial. Elle met en évidence l'influence croissante des économies émergentes et l'évolution du paysage énergétique. Bien que les implications de ce changement ne se soient pas encore manifestées, les investisseurs devraient au moins être conscients que, dans l'ensemble, l'ordre financier mondial entre dans une nouvelle ère. La domination du dollar américain n'est plus garantie".
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Sommet raté du Bürgenstock : les conseillers de Biden face à un dilemme
Sommet raté du Bürgenstock : les conseillers de Biden face à un dilemme
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/06/fehlgeschlagener-buergenstock-gipfel-biden-berater-im-dilemma/
Le sommet du Bürgenstock, en Suisse, s'est soldé par un fiasco pour Jake Sullivan (à droite), conseiller de Biden. De nombreux pays se sont absentés et des participants importants ont refusé de signer le communiqué final.
Jake Sullivan est au bord du gouffre. Le principal conseiller du président Biden en matière de sécurité nationale vit une année extrêmement difficile. Au cours de l'été 2023, Sullivan a lancé l'idée d'organiser régulièrement des "sommets de la paix" sur l'Ukraine afin de rallier les pays du Sud à sa cause. Mais ce plan a échoué.
Le sommet en Suisse s'est soldé par un fiasco total pour Sullivan. De nombreux pays se sont absentés et des participants importants, comme l'Inde, ont refusé de signer le communiqué final. Ces derniers demandent désormais que le prochain sommet d'automne se tienne avec la participation de la Russie.
Après le retrait de l'Inde, Sullivan s'est immédiatement précipité à New Delhi. Il doit trouver d'urgence un accord avec l'Inde, car ce pays est très important pour les États-Unis dans le cadre des conflits commerciaux avec la Chine, et des sites de production y sont délocalisés. Mais les négociations s'avèrent difficiles. Les Indiens manœuvrent habilement entre les États-Unis, la Russie et la Chine pour tirer profit de la situation géopolitique actuelle et des problèmes de l'Occident.
Les tentatives de négociation avec l'Iran en Oman sur la situation créée par les Houthis ont également échoué. De même, les discussions avec l'Arabie saoudite sur un nouvel accord de sécurité en échange d'une désescalade dans les relations avec Israël ont jusqu'à présent été infructueuses.
Pour Biden, qui est désormais un "canard boiteux", il devient de plus en plus difficile d'influencer les crises internationales qui font encore baisser sa cote de popularité. Dans ce contexte, l'entourage de Biden cherche déjà des options alternatives. Kamala Harris pourrait être nommée gouverneur de Californie. Sullivan et Blinken, en revanche, devraient se retrouver dans des universités où ils tenteront d'oublier rapidement leur disgrâce actuelle.
Qui est Elena Fritz?
L'auteur de PI-NEWS Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.
20:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, ukraine, europe, affaires européennes, sommet du burgenstock | | del.icio.us | | Digg | Facebook