samedi, 08 juin 2024
Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime
Pierre Le Vigan:
Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime
Le transhumanisme est devenu un sujet central de notre époque. Que représente-t-il ? Que compte-t-il faire de nos vies si on le valide ? Pour comprendre la nouveauté du transhumanisme, il ne faut évidemment pas l’opposer à un prétendu immobilisme de l’homme des temps anciens. L’homme a toujours cherché à améliorer ses conditions de vie. Il a toujours cherché à acquérir plus de puissance, à multiplier son énergie, à inventer des outils pour habiter le monde à sa façon. Nous ne nous contentons jamais du monde tel que nous en avons hérité. Le simple fait de construire un pont est déjà une transformation du monde. Si le transhumanisme n’était que cela – l’intervention sur le monde en fonction de nos objectifs, la création d’outils pour que l’homme soit plus efficace dans ses entreprises, de la selle de cheval à l’automobile et à l’avion en passant par le gouvernail d’étambot – le transhumanisme ne serait pas une nouveauté.
Le problème commence quand nous voulons, non pas seulement améliorer la condition de vie de l’homme, et donner plus d’ampleur à nos projets, mais changer la nature même de l’homme. Natacha Polony remarque que la recherche de création d’un homme nouveau caractérise les totalitarismes. « Les totalitarismes, par delà leurs innombrables différences, se caractérisent par une dimension eschatologique et la volonté de forger un homme nouveau. C’est exactement ce qui se passe avec le transhumanisme. Cette idéologie repose sur l’idée que l’homme est imparfait, et que le croisement des technologies numériques, génétiques, informatiques et cognitives va permettre de faire advenir une humanité débarrassée de ses scories. » (entretien, Usbek et Rica, 5 octobre 2018).
Si les totalitarismes du XXe siècle ne disposaient pas (ou peu) de moyens permettant de changer réellement la nature humaine, un fait nouveau est intervenu. C’est l’intelligence artificielle et notamment la culture de l’algorithme. C’est ce qui est né avec l’informatique et dont la puissance a été multipliée par internet. C’est l’interconnectivité de tous les réseaux techniques. Le développement de la numérisation des hommes et du monde a coincidé avec le triomphe planétaire du libéralisme décomplexé, postérieur au compromis fordiste (un partage des revenus entre salaire et profit relativement favorable au monde du travail, et un Etat protecteur dit Etat providence). Or, le libéralisme, c’est la libération des énergies individuelles, de la puissance privée au détriment du commun.
Le Hollandais Bernard Mandeville en résumait la vision : « Le travail des pauvres est la mine des riches » (La fable des abeilles ou les fripons devenus honnetes gens, 1714). Plus généralement, les vices privés font les vertus publiques. « Qui pourrait détailler toutes les fraudes qui se commettaient dans cette ruche ? Celui qui achetait des immondices pour engraisser son pré, les trouvait falsifiés d’un quart de pierres et de mortier inutiles et encore, quoique dupe, il n’aurait pas eu bonne grâce d’en murmurer, puisqu’à son tour il mêlait parmi son beurre une moitié de sel. » (…) Ainsi, « Chaque ordre était ainsi rempli de vices, mais la Nation même jouissait d’une heureuse prospérité. » Et l’Etat ? « Les fourberies de l’Etat conservaient le tout ». L’Etat doit donc être le garant des crapuleries privées. Conclusion de Mandeville : « Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. » Ce n’est pas très différents de la théorie des « premiers de cordée » dont Macron fait son crédo, quand ceux-ci, loin de prendre des risques, se font garantir leurs profits par l’Etat ou par les institutions publiques. « Les béquilles du capital », avait dit Anicet Le Pors. Ce qui est à l’œuvre est ainsi la logique de Candide selon Voltaire. « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers et plus tout est bien. » On lit là, bien sûr, une critique acerbe (et qui force le trait !) de Leibniz et de sa théorie du monde existant comme « le meilleur des mondes possibles ».
L’enterrrement du fordisme
Le « fordisme » a été enterré, au tournant des années 70, avec la désindustrialisation et l’ouverture des frontières aux produits et aux hommes venus de partout. C’est la France comme un hôtel, et trop souvent un hôtel de passe. « Tout pays doit se penser comme un hôtel » (J. Attali, Les crises, 30 octobre 2017). Après le fordisme, le Capital a gagné dans le rapport de force face au travail et dans le partage du revenu national. L’argent va à l’argent, et est de plus en plus déconnecté de la richesse réellement produite. Pour autant, le pays s’appauvrit, car il n’y a de vraie richesse que produite par le travail productif, et non par la recherche d’opportunités financières. Mais l’exploitation se présente de moins en moins dans sa brutalité foncière. Elle se protège d’un voile de bonnes intentions, et de la « moraline » dont parlait déjà Nietzsche. Elle adopte généralement la forme du contrat, celui-ci fut-il totalement inégalitaire.
C’est pourquoi on ne peut donner raison à Michel Foucault quand il écrit : « Le marché et le contrat fonctionnent exactement à l’inverse l’un de l’autre » (Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France 1978-1979). Au contraire de ce que dit Michel Foucault, le marché et le contrat se complètent. Le marché prend la forme juridique du contrat. Il est « lavé « de sa dimension de rapport de force par la pseudo- « neutralité » juridique du contrat.
La fin d’un monde commun
Loin d’être contraire à la logique de l’économie libérale, l’extension du domaine du contrat (c’est un contrat écrit car plus grand-chose ne repose sur la parole donnée, qui renvoie à l’honneur) l’a complété. Tout ce qui est devient l’objet d’un contrat. Et cela ouvre la voie à la contractualisation des rapports avec soi-même. Une transition de genre, c’est décider, pendant un temps déterminé, et de manière réversible, et payée par la collectivité, de devenir ce que je ne suis pas, et d’obliger les autres à me considérer comme ce que je veux être. Que cela soit ou non une escroquerie anthropologique n’est pas le problème, l’Etat – l’Etat néo-totalitaire qui est le nôtre – est le garant de la réalité juridique qui m’oblige à la reconnaissance de cette réalité transitoire auto-décidée par le sujet concerné mais qui s’impose à moi, et à toute la société. Il n’y a, à l’horizon de cette auto-définition de soi, plus de monde commun.
Le transhumanisme est ce qui surgit au bout de la logique contractualiste du libéralisme. Transhumanisme comme libéralisme reposent sur une religion de la science et de la technique. Ce ne sont plus les institutions qui doivent donner du sens à la société (comme chez Hegel pour qui les institutions sont des médiations que l’homme se donne à lui-même pour se réaliser, pour être plus lui-même, et plus hautement lui-même), c’est un mouvement permanent d’amplification des droits de l’homme. Tout ce qui est alerte sur les limites, attention portée à la nécessaire mesure, refus de l’hubris (démesure) est marginalisé, dénoncé, ringardisé. Les avertissements de Bertrand de Jouvenel, Jacques Ellul, de Nicholas Georgescu-Roegen sont ignorés.
Face au rapport Meadows de 1972 (Dennis Meadows a alors 30 ans) Les limites de la croissance, l’économiste et philosophe libéral Friedrich Hayek refuse que l’optimisme tehnologique soit critiqué. « L'immense publicité donnée récemment par les médias à un rapport qui se prononçait, au nom de la science, sur les limites de la croissance, et le silence de ces mêmes médias sur la critique dévastatrice que ce rapport a reçue de la part des experts compétents, doivent forcément inspirer une certaine appréhension quant à l’exploitation dont le prestige de la science peut être l’objet. » (« La falsification de la science », The pretence of knowledge, 1974). Bien entendu, le droit d’inventaire sur un rapport d’étude est mille fois légitime. Mais ce qui est au cœur de la réaction des libéraux, c’est la démonie du culte du progrès scientifique. C’est la religion de la mondialisation heureuse, forcément heureuse. Car plus le monde est unifié, mieux il est censé se porter. Telle est la religion des ennemis de la différence. « Un siècle de barbarie commence, et les sciences seront à son service. », avait dit Nietzsche (La volonté de puissance, 154).
De même que l’on dira plus tard qu’il n’y a « pas de choix démocratique contre les traités européens » (Jean-Claude Juncker), il n’y a pas pour Hayek de science qui puisse préconiser des limites à l’extension infinie du champ du libéralisme, de la croissance et du marché. La technologie, fille de la science, est mise au service de la « course au progrès », ce dernier conçu comme l’emprise de plus en plus grande de l’économie sur nos vies. Inutile d’insister sur la fait qu’il ne s’agit pas d’un progrès de la méditation, de la connaissance de nos racines, ou de notre goût pour le beau. Avec la construction d’un grand marché national puis mondial avec l’aide de l’Etat et non pas spontanément, une société de contrôle – une société de surveillance généralisée (Guillaume Travers) – est mise en place par l’Etat, appuyé sur de grandes groupes monopolistiques. Objectif : que nul n’échappe au filet de la normalisation et à son impératif de transparence.
Un totalitarisme rampant
Herbert Marcuse notait : « L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie, plutôt que de la terreur, pour obtenir une cohésion des forces sociales dans un mouvement double, un fonctionnalisme écrasant et une amélioration croissante du standard de vie (...) Devant les aspects totalitaires de cette société, il n’est plus possible de parler de ‘'neutralité’' de la technologie. Il n’est plus possible d’isoler la technologie de l’usage auquel elle est destinée ; la société technologique est un système de domination qui fonctionne au niveau même des conceptions et des constructions des techniques.» (éd. américaine 1964, L’homme unidimensionnel, Minuit, 1968). Sauf que l’on ne constate plus du tout « l’amélioration constante du standard de vie ».
A l‘exception des gérants des multinationales et des « cabinets de conseils » qui constituent un démembrement de l’Etat et permettent une externalisation apparente des décisions. Avec ses « conseils », chèrement payés, de sociétés extérieures au service public, c’est un système de management par agences qui s’est mis en place, sytème dont la paternité revient essentiellement au professeur et technocrate national-socialiste Reinhard Höhn, un système qui est à peu près le contraire de la conception de l’Etat qui était celle de Carl Schmitt.
C’est une mise en réseau de l’insertion obligatoire dans le système qui se produit : « Par le truchement de la technologie, la culture, la politique et l’économie s’amalgament dans un système omniprésent qui dévore ou qui repousse toutes les alternatives. », dit encore Marcuse. C’est justement le caractère global de ce filet, de ce réseau d’entraves (appelons cela Le Grand Empêchement, tel que je l’ai évoqué dans le livre éponyme–éd. Perspectives Libres/Cercle Aristote, ou encore la « grande camisole de force du mondialisme ») qui caractérise ce nouveau totalitarisme.
« Le totalitarisme, poursuit Herbert Marcuse, n’est pas seulement une uniformisation politique terroriste, c’est aussi une uniformisation économico-technique non terroriste qui fonctionne en manipulant les besoins au nom d’un faux intérêt général. Une opposition efficace au système ne peut pas se produire dans ces conditions. Le totalitarisme n’est pas seulement le fait d’une forme spécifique de gouvernement ou de parti, il découle plutôt d’un système spécifique de production et de distribution. » (op. cit.). Dans cette logique d’extension du domaine de l’économie marchande (qui prend la place de toute une économie de réciprocité, informelle), les Etats jouent un rôle premier : de même qu’ils ont imposé le marché national, ils imposent le grand marché mondial, ils poussent au mélange des peuples et à leur leur indifférenciation, à la déterritorialisation, à la transparence de vies de plus en plus pauvres en âme. Ils poussent encore à l’individualisme croissant, à la précarisation des liens, et au transhumanisme et aux identités à options qui ne sont qu’une forme de la marchandisation. Pierre Bergé disait à ce sujet : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA (gestation pour autrui, NDLR) ou l'adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? C'est faire un distinguo qui est choquant. » (17 décembre 2012).
Le transhumanisme pour une société toujours plus liquide et plus contrôlable, tel est le projet de l’oligarchie mondialiste au pouvoir en Occident. Dans le même temps que les Etats sont de plus en plus intrusifs à l’intérieur des sociétés, ils sont, en Occident, de plus en plus concurrencés par d’autres structures au plan international. Ils cessent d’être les seuls acteurs du droit international, marquant ainsi la fin de l’ordre westphalien, né en 1648, à l’issue de la Guerre de Trente ans. Un double drame est le nôtre : nous assistons à la fin des Etats dignes de ce nom (toujours en Occident), et à la fin des possibilités de se parler et de négocier. En effet, si les traités de Westphalie mettaient fin aux guerres de religion, il nous faut savoir que nous sommes revenus aux guerres de religion, qui sont maintenant des guerres idéologiques, comme en témoigne l’actuelle hystérie anti-russe, partagée par la majorité de la « classe politique », c’est-à-dire des mercenaires du système.
Etats vidés de ce qui devrait leur appartenir en propre, la souveraineté et l’identité, Etats faillis mis en coupe réglée par les oligarchies parasitaires anti-nationales et anti-européennes, tel la superstructure dite Union européenne qui est de plus en plus la même chose que l’OTAN, c’est-à-dire une organisation de destruction de l’Europe réelle qui nous fait agir systématiquement à l’encontre de nos intérêts, tel est le tableau de l’Europe. Un indice éclatant du démembrement de nos Etats est que pèsent souvent plus lourds que les Etats un certain nombre d’institutions : les ONG, les insititutions internationales, qu’elles soient directement financières (FMI, Banque mondiale, BERD …) ou ne le soient qu’indirectement (GIEC, OMC, OMS, …), les organismes mondialistes et immigrationnistes, multinationales, fonds de pension internationaux, collecteurs de fonds tels Blackrock, etc. Contrairement à nos Etats, toutes ces structures ne sont aucunement en faillite.
L’erreur de Michel Foucault
Loin d’être supprimé par le marché, comme le supposait Michel Foucault, le droit devient bel et bien un enjeu du marché. C’est un levier dans des rapports de force, et les EUA y jouent à merveille, comme de nombreuses entreprises françaises ont pu le constater à leurs dépens. Mais le droit exprime un rapport de force acceptable car officiellement « neutre » : telle est l’imposture.
Intrusifs à l’intérieur, persécuteurs des patriotes mais gangrenés par la culture de l’excuse face aux gredins, les Etats sont de moins en forts au plan du régalien (sécurité, monnaie, défense, etc). Ils se sont même volontairement déssaisis de leurs outils. La raison en est simple : nos dirigeants ne sont que les fondés de pouvoir des sections locales de l’internationale du Capital. Le cas de la monnaie est particulièrement significatif. La fin de la convertibilité du dollar en or (1971), c’est-à-dire l’effondrement des accords de Bretton Woods de 1944 a fragilisé l’ensemble des pays tandis que les EUA entrent dans une ère de complète irresponsabilité monétaire et économique, c’est-à-dire le dollar comme liberté inconditionnée pour eux, comme contrainte exogène pour le reste du monde. Quant à l’euro fort, comme il le fut longtemps, il a, pour la France, favorisé les exportations de capitaux, les importations de marchandises et la désindustrialisation de notre pays. Quant à l’immigration, elle a ralenti la robotisation. Beau bilan.
Il y a désormais dans l’économie mondiale les manipulateurs et les manipulés, et ce à une échelle bien supérieure à ce qui existait auparavant. Les banques vont prendre le pouvoir monétaire réel à la place des Etats (qui les renfloueront avec l’argent des contribuables en 2008). En France, la loi du 3 janvier 1973 (détaillée dans le livre de P-Y Rougeyron) est un tournant, et plus exactement un moment dans un tournant libéral mondialiste. L’Etat français ne peut plus se financer à court terme auprès de la Banque de France. Au moment où ses besoins de fiancement explosent. Comment va t–il se financer ? Par l’accès aux marchés financiers internationaux. C’est un changement de logique. Un changement que les libéraux du Parti « socialiste » alors au pouvoir vont accélérer à partir de 1983-84.
Avec le libéralisme, un Etat faible et dépendant des marchés financiers
Conséquence : une augmentation du poids de la dette, tandis qu’auparavant, les Bons du Trésor, c’est-à-dire des obligations d’Etat, étaient accessibles aux particuliers et à taux fixes, et permettaient à la fois de proposer des placements sûrs aux particuliers et de financer les besoins à long terme de l’économie. Si cette loi du 3 janvier 73 n’est pas à l’origine de la dette – celle-ci venant avant tout de la chute de notre dynamisme industriel, du développement de l’assistanat du à l’immigration familiale de masse, des autres coûts de cette immigration – elle marque néanmoins une inflexion nette vers la financiarisation, et le triomphe des théories monétaristes de Milton Friedman (Vincent Duchoussay, « L’Etat livré aux financiers ? », La vie des idées, 1er juillet 2014). Au final, l’Etat et sa banque centrale cessent d’avoir le monopole de la création monétaire (ceci ouvre du reste vers une question que l’on ne peut ici que signaler : faut-il « rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ? » Cf. l’article éponyme, Revue Banque, 12 septembre 2012).
En 1973, cette même année charnière (le premier choc pétrolier se produit, et pas du fait d’un simple mécanisme économique mais dans le cadre de grandes manoeuvres géopolitiques), le libéral Hayek prône la fin des monnaies nationales au profit de monnaies privées. Mais ce n’est pas le seul dégât que l’on constate. Le libéralisme induit un système économique de sélection naturelle qui favorise le mépris des conséquences environnementales des actions économiques et implique donc un court-termisme à la place de la prise en compte du long terme.
Il s’opère ainsi une forme de sélection, mais une sélection des pires. Theodore John Kaczynski avait bien vu ce processus : « Cela s’explique par la théorie des systèmes autopropagateurs : les organisations (ou autres systèmes autopropagateurs) qui permettent le moins au respect de l’environnement d’interférer avec leur quête de pouvoir immédiat tendent à acquérir plus de pouvoir que celles qui limitent leur quête de pouvoir par souci des conséquences environnementales sur le long terme — 10 ans ou 50 ans, par exemple. Ainsi, à travers un processus de sélection naturelle, le monde subit la domination d’organisations qui utilisent au maximum les ressources disponibles afin d’augmenter leur propre pouvoir, sans se soucier des conséquences sur le long terme ». (Révolution anti-technologie : pourquoi et comment ? 2016, éditions Libre, 2021).
Le libéralisme contre la solidarité nationale et la justice sociale
En outre, en tant que le libéralisme est une forme du capitalisme, il prend comme critère l’intérêt des actionnaires et non l’intérêt de la nation. Il prend encore moins en compte ce qui pourrait être une préférence de civilisation, dont il faut affirmer la nécessité dans la mesure même où la mondialisation met en cause la diversité. Dans la logique du libéralisme, l’intérêt individuel prime toujours sur les intérêts collectifs, et sur les objectifs de justice sociale et de solidarité nationale. Ultras du libéralisme, « les libertariens défendent le libre marché et exigent la limitation de l'intervention de l’État en matière de politique sociale.
C'est pourquoi ils s'opposent au recours à une fiscalité redistributive comme moyen de mettre en pratique les théories libérales de l'égalité. […] La fiscalité redistributive est intrinsèquement injuste et […] constitue une violation du droit des gens. », résume Will Kymlicka à propos des positions libertariennes (in Les théories de la justice. Une introduction, La Découverte, 2003). C’est aussi la thèse que défend Ayn Rand, célèbre libertarienne américaine. Dans cette perspective, au-delà de toute notion d’équité et de solidarité nationale, les libéraux ne cachent pas qu’il faut selon eux tourner la page des aspirations démocratiques. Peter Thiel affirme en 2009 : « Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l'inévitabilité de la mort » (« L’éducation d’un libertarien », 2009, cité in Le Monde, 1er juin 2015). Cela a le mérite d’être clair, tout comme il est clair que, depuis qu’a triomphé le libéralisme libertaire, les atteintes aux libertés n’ont jamsi été si violentes : identité numérique, interdiction d’hommages, de colloques, de manifestations pacifiques, etc.
Avec ce libéralisme-libertaire, à la fois rigoriste pour ses adversaires et permissif pour tous les délires sociétalistes, on se retrouve dans le droit fil du libéralisme poussé dans sa logique, qui est le refus des limites de la condition humaine. Comme l’extension du domaine de la marchandisation n’est pas naturelle, l’Etat du monde libéral met en place, avec les GAFAM et avec les multinationales, des outils de contrôle visant à tracer tous les mouvements des hommes, les pratiques humaines, jusqu’à laisser une trace, par le scan des articles, de toutes les calories ingurgitées chaque jour par chacun. Le tout au nom d’une soi-disant bienveillante « écologie de l’alimentation ». Big brother se veut aussi big mother. Les « démons du bien » veillent, pour mieux régenter nos vies.
Le libéralisme trahit les libertés
Walter Lippmann, dans La cité libre (1937), ouvrage qui précéda le colloque Lippmann de 1938 (grand colloque libéral), plaidait pour les grandes organisations et la fin de « la vie de village ». C’était déjà l’apologie de la mégamachine. Nous y sommes en plein. Par la monnaie numérique et la suppression programmée de l’argent en espèces ‘’sonnantes et trébuchantes’’, la société de contrôle vise à rendre transparents tous les échanges inter-humains. Le libéralisme est ainsi à la fois l’antichambre du transhumanisme et le contraire des libertés individuelles, mais aussi collectives ou encore communautaires.
Jean Vioulac remarque : « Le néolibéralisme est ainsi coupable d’avoir aliéné et asservi le concept même de liberté, en promouvant en son nom une doctrine de la soumission volontaire ». Ce néolibéralisme – ou libéralisme décomplexé et pleinement lui-même – est la forme actuelle du règne du Capital. Il ne conçoit la liberté que dans le registre de l’ordre marchand et sur un plan individuel. « Le libéralisme n’est pas l’idéologie de la liberté, mais l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. », note Alain de Benoist (Philitt, 28 mars 2019). Si le libéralisme est centré sur l’individu, il lui refuse en même temps le droit de s’ancrer dans des collectifs, et de s’assurer de continuités culturelles. Le libéralisme est bien l’idéologie et la pratique du déracinement. Il est temps de recourir à autre chose. On pense à l’enracinement dynamique tel qu’il a pu être pensé par Élisée Reclus. L’enracinement et la projection créatrice vers un futur. Il est tout simplement temps de cultiver l’art d’habiter la terre.
PLV
L’auteur vient de publier Nietzsche, un Européen face au nihilisme (ISBN 978-2-491020-06-4) 14,99 € ainsi que, tout récemment, Les Démons de la déconstruction. Derrida, Lévinas, Sartre. Suivi de « Se sauver de la déconstruction avec Heidegger » (ISBN 978-2-491020-09-5) 19,99 €. Ed. La Barque d’Or, disponible sur amazon.fr. Ces deux ouvrages sont actuellement en promotion.
11:41 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pierre le vigan, théorie politique, politologie, sciences politiques, philosophie politique, libéralisme, transhumanisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)
À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)
par Georges FELTIN-TRACOL
La précédente chronique n°117 s’intéressait à la plupart des trente-sept listes présentes pour l’élection européenne du 9 juin prochain (cf.:http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/06/02/france-profusion-de-listes-pour-les-europeennes-2024.html ). Depuis se retrouve en lice une trente-huitième liste. En effet, le 23 mai dernier, le Conseil d’État validait « Liberté démocratique française » animée par Patrice Grudé.
Les commentateurs politiques rangent cette nouvelle liste qui prône la démocratie directe parmi les héritiers des Gilets jaunes. L’intention est sympathique, mais sans démopédie effective et à l’heure des réseaux sociaux omniprésents qui phagocytent le temps de lecture devant un imprimé et de l’analphabétisme scolaire des jeunes générations, cet objectif louable se révèle irréaliste et même contre-productif. Il faut balayer l’image idyllique de la Suisse référendaire. Bien des votations marquées par une abstention élevée entérinent en Helvétie le politiquement correct.
La liste de Patrice Grudé peut concurrencer « France libre » conduite par le chanteur Francis Lalanne avec l’humoriste Dieudonné à la troisième place. Tous deux souhaitaient faire des spectacles communs dans les salles Zénith de France. Le Régime a empêché cette représentation festive. Il a en revanche réussi à les réunir sur la même liste. « France libre » met en transe les journalistes de BFM TV quand les deux artistes se filment dans une cellule et que Dieudonné qualifie l’Europe de « fosse à merde ». En 2019, Francis Lalanne dirigeait déjà « Alliance jaune » qui se revendiquait des Gilets jaunes. Elle ne récolta que 121.209 suffrages, soit 0,54 %. Le parcours politique du chanteur vedette des années 1980 est sinueux. Longtemps proche de l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori, Francis Lalanne a défendu en 2015 les immigrés clandestins sans-papiers. En 2022, excédé par la propagande cocotralalavidienne, il apporte sa voix à Marine Le Pen. Il sera intéressant d’observer le résultat de cette liste et de le comparer avec l’audience moyenne sur Internet de ces deux protagonistes.
Les souverainistes se présentent à ces élections en ordre dispersé. Une fois encore, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau a déposé une nouvelle liste en faveur du Frexit. Il y a cinq ans, il obtenait 1,17 %. Mais peut-on se fier à un haut-fonctionnaire issu des réseaux de Charles Pasqua et qui, pendant l’élection présidentielle de 2017, faisait sa campagne avec les drapeaux français, de la Francophonie et de l’ONU ? François Asselineau est un souverainiste qui ignore tout impératif identitaire. En 2021, il déclarait que les Français fussent bien plus proches des Maliens que des Lettons. On en reste pantois…
Militant dans sa jeunesse à Lutte ouvrière, né en Serbie alors yougoslave, Georges Kuzmanovic a monté la liste « Nous, le Peuple ». Ce proche de Jean-Luc Mélenchon dont il est le conseiller diplomatique en 2017 rompt un an plus tard avec La France insoumise parce qu’il exprimait son désaccord au sujet de l’immigration et du multiculturalisme. Ce fondateur de République souveraine collabore à Front populaire, la revue de Michel Onfray. Philosophe socialiste proudhonien qui récuse depuis 1992 le traité de Maastricht, Michel Onfray fonde en 2002 une université populaire à Caen en réponse au « traumatisme » du 21 avril et à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Vingt-deux ans plus tard, invité fréquent sur CNews, Michel Onfray tient des analyses aujourd’hui assez proches du « Menhir ». Preuve manifeste de son erreur de jugement politique. Georges Kuzmanovic s’inspire-t-il de l’Allemande Sahra Wagenknecht qui vient de créer un mouvement de gauche anti-immigration et anti-guerre ? On notera qu’au sein de « Nous, le Peuple » figurent le prince Murat et diverses personnalités néo-bonapartistes. Cette liste tente principalement à rassembler les nationaux-républicains de gauche.
Son pendant à droite s’appelle « Rester libre » d’Édouard Husson (photo), historien et patron d’émission sur Radio Courtoisie. Il refuse toute avancée fédéraliste de la construction européenne. Il rejette en particulier le projet du Belge Guy Verhofstadt adopté par le Parlement dit européen sortant, qui donnerait à l’Union le statut d’État fédéral croupion des États-Unis d’Amérique et du sinistre Bloc occidental atlantiste.
La liste d’Édouard Husson concurrence celle des Patriotes de Florian Philippot qui a fait pour la circonstance une alliance avec l’ancien député sarkozysto-zemmouriste Jean-Frédéric Poisson, président de Via, la voie du peuple. Outre une réaffirmation inébranlable de promouvoir le Frexit, l’ancien numéro deux du Front national entend dépasser les 0,65 % de 2019. Il manifeste souvent contre les mesures cocotralalavidiennes liberticides, l’Apartheid avec le « pass » sanitaire et la paix immédiate en Europe. Florian Philippot n’a jamais ménagé sa peine en organisant des manifestations contre la tyrannie plus que balbutiante. Toutefois, à l’instar des listes mentionnées dans la présente chronique, le président des Patriotes pâtit de l’absence de relais dans l’audio-visuel et du dénigrement systématique des « chiens de garde » médiatiques qui osent le qualifier de « complotiste » ! Nul doute que Florian Philippot a démontré un vrai courage au cours des quatre dernières années. Cependant, son discours républicain nationiste fleure bon l’apologie centralisatrice des « hussards noirs de la IIIe République ».
Des listes exposées aujourd’hui, celle qui a le plus de possibilités d’obtenir quelques élus est Reconquête ! avec, pour tête de liste, Marion Maréchal. Cette dernière a montré au cours de cette campagne une belle pugnacité et un vrai talent dans la réplique incisive et percutante. Néanmoins, au risque de chagriner les amis de Synthèse nationale, voter pour cette liste n’est pas envisageable. Certains colistiers n’hésitent pas à traquer en région les militants les plus déterminés sous prétexte d’écarter de ce jeune parti tout profil un peu trop radical. Placé en quatrième position, Nicolas Bay, qui après son départ du RN siégeait chez les non-inscrits, a rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE). Ce groupe eurosceptique fondé par les tories britanniques et les Polonais de Droit et Justice (PiS), a une charte ouvertement atlantiste. Le Monde du 6 avril 2019 rapportait les propos de l’ancien président du parti européen CRE, le Tchèque Jan Zahradil, assurant que « Marine Le Pen n’est pas assez atlantiste et elle est trop protectionniste ». « Cela ne passerait pas en Pologne », expliquait pour sa part Ryszard Legutko, le chef de la délégation européenne du PiS, qui pointait aussi l’héritage politique de son père, Jean-Marie Le Pen. Ce sentiment a-t-il changé ? Il faut en douter d’autant que ni le libéralisme conservateur, ni le bellicisme atlantiste ne sauveront la civilisation albo-européenne de tous les périls actuels et à venir.
La morne campagne de 2019 eut sa bouffée d’air frais apportée par la liste de la Reconquête de Vincent Vauclin, alors responsable de La Dissidence Française. Sans grands moyens, elle obtint 0,02 % (4569 voix sans compter les bulletins annulés pour divers motifs fallacieux). En 2024, la belle surprise s’appelle « Forteresse Europe » de Pierre-Marie Bonneau. Précisons à toute fin utile que l’avis du chroniqueur n’engage ni Radio Méridien Zéro, ni les revues et sites auxquels il a l’honneur de contribuer. Il s’exprime maintenant à titre strictement personnel.
La liste de Maître Bonneau synthétise les propositions des autres listes vues précédemment. Elle les sublime même sur la voie cohérente de l’indépendance nationale, de l’enracinement dynamique, de la justice sociale et de la liberté médicale. Son intitulé n’est-il pas d’ailleurs un clin d’œil à l’« Europe cuirassée » de Maurice Bardèche ? Ajoutons que son symbole est superbe. Cela change des logos abscons. Le programme de « Forteresse Europe » a une tonalité à la fois française et européenne qui ne laisse pas indifférent tout ethno-différencialiste convaincu.
Certes, en désaccord avec cette chronique, des amis répondront par des considérations tactiques et tenteront de justifier le vote utile pour tel ou tel. L’élection du 9 juin n’a qu’un seul tour. Ce scrutin offre la possibilité de voter pour ses convictions et de se faire plaisir. Bien sûr, « Forteresse Europe » n’aura aucun élu. Mais imprimer chez soi son bulletin et le mettre dans l’urne constitue une réelle jubilation civique. Ce vote sera aussi un formidable bras d’honneur adressé à tout un système mortifère. Chaque vote pour « Forteresse Europe » indiquera dimanche une volonté de construire un bastion continental libéré. Et puis, si vaincre est nécessaire, combattre l’est plus encore. Les quatre-vingt-un membres de « Forteresse Europe » en sont un parfait exemple de militantisme et d’engagement.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 118, mise en ligne le 6 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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vendredi, 07 juin 2024
La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être
La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être
Ayhan SÖNMEZ
Source: https://adimlardergisi.com/2024/06/03/teknoloji-olmasi-gereken-her-sey-degil/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR0eAptphcakZ6eKizGKb8VkQZWBTOMN85UimCgHsqByPkKvRoO8lV1cC2I_aem_AXXQRJb9D-wPOFhWb8U20vwL5wytzZ-IEAh-w6xJtkmNOHusffIkex5EpDEAkgjyVXwbpVZKsQTdu0USicbJv0Ad
La poudre à canon a alimenté l'ère coloniale et les bombes atomiques ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale. Il n'est donc pas surprenant que l'Occident ait un penchant pour les armes qui changent la donne. Des robots soldats aux armes spécialisées, il a dépensé des sommes colossales dans des technologies de pointe qui promettent de porter leurs fruits chaque jour.
Mais les guerres se gagnent avec des armes bon marché et faciles à produire. Lorsque vous envoyez des missiles à deux millions de dollars pour détruire des drones houthis à deux mille dollars, vous avez perdu la guerre. Comme vous disposez d'un nombre limité de missiles coûteux, vous pouvez facilement être saigné à blanc par des drones bon marché. Une fois que c'est fait, votre adversaire peut faire exploser son artillerie lourde. L'Iran a utilisé cette méthode lors de son attaque contre Israël le 13 avril 2024.
La technologie est source de complexité, et la complexité est source de défaillances. Plus votre système est complexe, plus les choses peuvent mal tourner. Les fronts de guerre sont des endroits boueux et désordonnés. Lorsque quelqu'un vous tire dessus, il est essentiel de disposer d'une arme capable de riposter de manière fiable.
Il ne suffit pas d'avoir des soldats robots. Vous avez besoin de soldats robots que vous pouvez déployer en masse et armer sur le terrain. Il ne suffit pas d'avoir des armes d'artillerie dotées d'une intelligence artificielle. Vous avez besoin d'armes d'artillerie dotées d'intelligence artificielle qui ne se court-circuiteront pas lorsqu'il pleut ou qui ne se transformeront pas en ferraille si le logiciel tombe en panne.
Vous avez également besoin d'un approvisionnement régulier de toutes les terres rares, semi-conducteurs et autres composants nécessaires, ainsi que de travailleurs qualifiés capables de les assembler. L'Amérique est actuellement dépourvue de tous ces éléments et, à mesure que l'empire américain se détériore, ces déficiences s'accentueront.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Américains sont sortis vainqueurs grâce à leur énorme capacité de production. Les Allemands et les Japonais disposaient d'une technologie supérieure, mais les Américains ont gagné la guerre grâce à un approvisionnement presque illimité en avions adéquats et en chars utiles.
La Russie et la Chine disposent toutes deux de puissants centres de production et de la capacité de recruter un grand nombre de soldats. L'Amérique n'a ni l'un ni l'autre. Mais les diplomates américains continuent de s'agiter et de menacer.
Les soldats qui se trouvent à des milliers de kilomètres sont une force potentielle. Ils ne deviennent une puissance réelle que lorsqu'ils sont déployés sur le front. Le déplacement de ces troupes nécessite d'énormes quantités d'argent, de ressources et de planification.
Selon Global Affairs, il y a officiellement 171.736 soldats américains en service actif dans au moins 80 pays. Cependant, la majorité de ce nombre se trouve dans trois pays : le Japon (53 973), l'Allemagne (35 781) et la Corée du Sud (25 372). Il ne reste donc que 56.610 hommes pour surveiller les 77 pays restants et leurs quelque 450 bases militaires.
Lorsque vous transférez des troupes sur la ligne de front, la zone où elles étaient stationnées auparavant devient plus vulnérable aux ennemis de la région. Et les États-Unis auront du mal à trouver une région où il n'y aura pas d'ennemis. Cela signifie que les alternatives de l'Amérique pour déplacer des troupes et des armes sont très limitées.
Les forces impériales américaines sont trop dispersées. L'armée américaine est également confrontée à des pénuries de recrutement et à une population de soldats potentiels de plus en plus défigurée et mal entraînée.
Tout conflit en cours en Ukraine, en Israël, en Iran, en Russie ou en Chine nécessite des troupes et des équipements dont les États-Unis ne disposent pas. Il n'est pas certain que les bureaucrates et les stratèges militaires américains en soient conscients. S'ils sont assez fous pour impliquer des troupes américaines dans l'un de ces conflits, ils en subiront les conséquences désastreuses.
Ceux qui voient venir l'apocalypse nucléaire pourraient commencer à retirer les dernières pierres qu'ils ont mises sur le terrain de la ligne de l'empire américain hypertrophié. Au lieu de recourir à l'intimidation, ils pourraient chercher à établir des relations mutuelles fondées sur la coopération. Ils pourraient chercher des moyens d'adoucir le choc afin qu'il n'entraîne pas leur mort.
Mais ignorant qu'ils vivent dans le monde de 2024, ils continuent d'adopter l'attitude arrogante consistant à dire, écoutez: « notre klaxon sonne ». Ils ne peuvent pas échapper aux conséquences de leur stupidité, mais ils peuvent les anticiper et planifier en conséquence. Et cela inclut la planification de leur comportement dès maintenant, lorsqu'ils paniqueront enfin.
La plupart des chiens mordent par peur et non par agressivité. L'Amérique est susceptible de perdre gravement dans tout conflit à venir. Au fur et à mesure que l'empire américain déclinera, ses classes dirigeantes deviendront de plus en plus agitées. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à une répression accrue de la « désinformation » et de l'« extrémisme ».
Je dis que les choses ne vont pas bien pour l'Occident et pour ceux qui choisissent d'être des wagons du train occidental, et qu'elles vont bientôt empirer. Celui qui accepte la vérité telle qu'elle est a un énorme avantage sur l'adversaire qui insiste pour que tout soit comme il veut que ce soit.
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La députée allemande Dagdelen: L'OTAN cherche une excuse pour envoyer des troupes en Ukraine
La députée allemande Dagdelen: L'OTAN cherche une excuse pour envoyer des troupes en Ukraine
Source: https://adimlardergisi.com/2024/06/05/bagimsizlik-icin-natodan-cikmali-baris-icin-natoyu-durdurmaliyiz/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3cYxzcxHluaNykHp6CyWObfSK_UYR31jNpbKA0k45KJVq21e1e9IG0U28_aem_AXUOjeJrmRf8hBCHax3M-BX-OYyrQ8us4D9w96s5drbeOZoSA5MBiQRoNh0UzjTpvvmRE88ltvuiAR7ZhiMHnDT3
Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) - Sevim Dağdelen, députée allemande d'origine turque du parti Raison et Justice, a déclaré que l'OTAN cherchait une excuse pour déployer des troupes sur le territoire ukrainien et prévoyait de créer un scénario similaire au début de la guerre du Vietnam.
« Avant que les États-Unis n'entrent officiellement en guerre au Viêt Nam, peu avant que l'incident du Tonkin ne soit encadré, 15.000 conseillers étaient déjà sur place », a déclaré Mme Dağdelen lors d'un entretien avec l'universitaire Pascal Lottaz sur la chaîne YouTube Neutrality Studies.
"Les troupes américaines ont ensuite été déployées sur place pour “protéger” ces conseillers. Il semble que quelque chose de similaire se prépare ici (en Ukraine) avec le déploiement d'armes allemandes ou d'autres armes capables de frapper la Russie", a-t-elle déclaré.
"Nous devons nous retirer de l'OTAN pour retrouver notre souveraineté en matière de politique étrangère".
Soulignant qu'il est possible d'empêcher l'escalade du conflit en Europe de l'Est en établissant une coalition internationale incluant les pays du Sud, Mme Dağdelen a poursuivi comme suit :
"Dès qu'un pays devient membre de l'OTAN, il perd son indépendance et sa souveraineté. Cela vaut tant pour la politique étrangère et de sécurité que pour la politique intérieure, car elles sont étroitement liées. Il s'agit essentiellement d'un renoncement à la souveraineté, et je pense que nous devrions nous retirer de ce pacte afin de redevenir neutres, autonomes et indépendants et de retrouver notre souveraineté en matière de politique intérieure et extérieure".
Soulignant que les membres de l'OTAN courent le risque de subordonner leurs politiques de sécurité aux directives de Washington et de renoncer à leur souveraineté, Mme Dağdelen a déclaré : « C'est désormais très évident. Le président américain (Joe) Biden a déclaré que les armes occidentales, en particulier américaines, pourraient être utilisées par l'Ukraine pour atteindre des objectifs militaires sur le territoire russe. Peu après, le chancelier (Olaf) Scholz a déclaré que les armes allemandes pourraient également être utilisées".
"C'est pourquoi je dis que nous avons besoin d'une Europe indépendante, composée de démocraties souveraines dans un monde multipolaire, ce qui inclut une politique étrangère et de sécurité indépendante centrée sur de bonnes relations avec les grandes puissances.
Pour ce faire, il faut mettre un terme à l'expansion de l'OTAN en Asie et en Europe. Il faut s'assurer de quitter les blocs militaires et il faut lancer une initiative pour réduire les risques de conflits militaires directs", a-t-elle conclu.
20:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, allemagne, sevim dagdelen, bellicisme, atlantisme, otan, neutralité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Notre Avant-guerre 2024
Notre Avant-guerre 2024
Karl Richter
Le jugement populaire selon lequel les peuples d'Europe se sont précipités dans la Première Guerre mondiale par pur aveuglement et stupidité politique est toujours d'actualité. Le best-seller « Les somnambules » (2012), écrit par l'historien australien Christopher Clark, reflète de manière exemplaire cette vision. Mais elle est inexacte. Les cercles maçonniques et financiers internationaux travaillaient depuis des décennies à la Grande Guerre, au renversement des monarchies et à la mise en place de la démocratie occidentale. La Première Guerre mondiale était le produit d'une politique d'intérêts et d'intrigues à long terme menée par des cercles occidentaux agissant à l'arrière-plan.
Il en va de même pour la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'Hitler ait été l'acteur le plus bruyant, il n'est plus un secret pour personne qu'il n'était que l'instigateur, car la Seconde Guerre mondiale était fixée dès la fin de la Première. Dans les années 20 et 30, la Pologne seule a tenté à plusieurs reprises de déclencher la guerre contre l'Allemagne avec l'aide des puissances occidentales. L'élément déclencheur a finalement été, en 1939, la terreur persistante perpétrée contre la communauté allemande de Pologne - et l'encouragement à le faire par les instigateurs anglo-américains. C'est d'ailleurs exactement la même constellation, jusqu'aux principaux acteurs, à laquelle Poutine est confronté aujourd'hui. Contrairement à Hitler, il a attendu huit ans, de 2014 à 2022, avant de venir en aide à la population russe harcelée dans le pays voisin. Dans la grande interview que Tucker Carlson lui a accordée en février, Poutine a laissé entendre qu'il était conscient des parallèles historiques.
Nous assistons actuellement, en temps réel, au déclenchement de la troisième guerre mondiale. Délibérément, en toute connaissance de cause. Ce ne serait d'ailleurs pas la première grande guerre qui débuterait en été. On ne peut pas interpréter les provocations occidentales à l'égard de la Russie autrement que comme une volonté délibérée de déclencher la guerre. Les états-majors de l'OTAN connaissent la doctrine nucléaire russe - et c'est apparemment pour cette raison qu'ils attaquent les stations radar russes, qui font partie du système d'alerte précoce pour la détection d'attaques de missiles intercontinentaux (ICBM) et constituent donc un pilier de la sécurité stratégique de la Russie. Dans le même temps, elle ouvre la voie à l'envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine. Parallèlement, la guerre est portée avec détermination sur le territoire russe, en supprimant les restrictions actuelles sur l'utilisation des systèmes d'armes fournis par l'Occident. M. Poutine a maintenant averti, à juste titre, que « l'escalade continue » pourrait « avoir de graves conséquences ». Même si Kiev mène des attaques contre des installations russes et le territoire russe, la responsabilité en incombe aux soutiens occidentaux. « Ils veulent un conflit mondial ».
Même les derniers observateurs qui ont conservé un esprit sobre ne se font pas d'illusions à ce sujet. Le président hongrois Orbán l'a formulé sans détour le 24 mai : « Ce qui se passe aujourd'hui à Bruxelles et à Washington, peut-être plus à Bruxelles qu'à Washington, est une sorte de préparation à un éventuel conflit militaire direct, on peut sans crainte l'appeler ainsi : les préparatifs pour l'entrée de l'Europe dans la guerre ont commencé ».
En l'état actuel des choses, la guerre aura lieu parce que l'Occident la veut. Les raisons en sont multiples et ne nous intéressent ici que marginalement : le cancer du capitalisme occidental est par principe tributaire de l'assimilation de nouvelles valeurs réelles et s'apprêtait déjà dans les années 90, après la fin de l'URSS, à absorber la Russie et ses matières premières. Poutine a empêché cela. Aujourd'hui, la fin de la domination du dollar et donc de l'hégémonie américaine sur le monde approche. Pour éviter cela, les élites occidentales sont également prêtes à la guerre nucléaire et préparent sans scrupule la décimation de la population européenne. Les Ukrainiens n'ont été que les premiers. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, l'a dit ces jours-ci : l'UE va tenter d'introduire la conscription dans d'autres États membres afin d'envoyer des jeunes dans une guerre de plus en plus désespérée en Ukraine : « La conscription est introduite pour envoyer des jeunes se faire massacrer en Ukraine ! »
L'inconscience avec laquelle les sociétés européennes se laissent manœuvrer dans la guerre semble fantomatique. Apparemment, trois quarts de siècle après la dernière guerre, toute connaissance collective, toute expérience collective de l'horreur de la guerre a disparu. L'insouciance - ou faut-il parler d'amnésie collective ? - l'indifférence avec laquelle les sociétés occidentales acceptent l'approche de la guerre, qui sera très probablement nucléaire, est stupéfiante. L'inconscience avec laquelle les Allemands, en particulier, qui ont déjà connu deux guerres mondiales et de terribles victimes, se précipitent dans l'urgence, est digne d'un film de zombies. L'Allemagne n'est absolument pas préparée à une guerre, que ce soit sur le plan mental, économique ou logistique, et encore moins sur le plan militaire. Les réserves de munitions de l'armée allemande sont connues pour durer moins de deux jours. La bonne nouvelle, c'est que l'Allemagne n'apparaît même pas dans les plans des états-majors russes comme un adversaire sérieux.
Il est inutile de se creuser la tête sur le scénario à venir. La guerre ne commencera pas par un échange de tirs nucléaires, ni par une attaque conventionnelle de grande envergure. Cette dernière dépasserait actuellement les capacités de la Russie. La Russie a encore de nombreuses flèches non militaires à décocher, des flèches « asymétriques », dans son carquois, qui peuvent faire trébucher l'Occident avant qu'il ne puisse causer davantage de dégâts en Ukraine. La Russie n'a pas encore pris de contre-sanctions sérieuses, comme l'arrêt complet des livraisons de gaz et de pétrole, qui parviennent toujours à l'Occident par des voies détournées. La Russie n'a pas encore commencé à porter atteinte aux infrastructures occidentales par des frappes clandestines mais efficaces, par exemple contre les infrastructures de communication, d'énergie et de transport. Tout récemment, le 16 mai, Moscou a apparemment envoyé une arme anti-satellite dans l'espace, ce qui inquiète les stratèges américains. Une simple panne du système de navigation GPS provoquerait le chaos en Occident. Mais la Russie est toujours un ours qui dort.
L'Allemagne a survécu à deux guerres mondiales grâce à une organisation sans précédent de ses ressources sociales et économiques, même si elle n'a pas gagné. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production d'armements n'a même atteint son maximum qu'au dernier trimestre 1944. Aujourd'hui, la société allemande est à des années-lumière de telles performances. Elle n'est pas prête pour la défense et la performance, elle ne dispose d'aucune ressource et elle est encore plus malmenée par les millions de migrants qu'elle doit nourrir. Elle est incapable de se défendre.
Tout porte à croire que les sociétés d'Europe occidentale, dont les fondements sont l'hédonisme, l'effondrement des valeurs et la consommation permanente, imploseront en cas de crise. Si la première ogive nucléaire tactique russe explose au-dessus de l'Ukraine occidentale ou de l'un des centres de transit de l'OTAN en Pologne, de nombreux plans occidentaux deviendront caducs. Les millions d'immigrés qui prendront ce dont ils ont besoin lorsque les supermarchés seront vides provoqueront à eux seuls le chaos et des victimes considérables parmi la population civile. Mais si l'Allemagne est en état de guerre, il y a de fortes chances que la plupart d'entre eux quittent le pays à la hâte ; de telles prédictions existent.
En fin de compte, il faut se réjouir de cette évolution. Parce qu'il y a alors une chance, du moins en théorie, que les cartes soient redistribuées et que les régimes criminels occidentaux tombent. Il est encore difficile de prédire quelles seront les possibilités offertes par la combinaison du chaos intérieur et de la menace extérieure, et quels nouveaux acteurs apparaîtront éventuellement sur la scène. Une seule chose est sûre : les régimes occidentaux vassaux qui suivent aveuglément Washington dans la guerre doivent disparaître si nous voulons survivre. Ce sont eux, et non la Russie, qui sont nos ennemis existentiels. Ce sont eux, et non la Russie, qui veulent notre perte. Nous devons nous débarrasser d'eux si nous voulons avoir un avenir. De toute façon, nous n'avons plus le choix.
20:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique internationale, europe, allemagne, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent
Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/i-giovani-sempre-piu-disgustati-dagli-oligarchi-ed-i-media-si-indignano/
L'assaut final des anciens grands quotidiens - et des télévisions, de TeleMeloni à toutes les chaînes anti-Meloni - a commencé à convaincre les jeunes de voter aux élections européennes. Et, éventuellement, de bien voter, c'est-à-dire de ne pas voter à droite (pour éviter le risque, TeleMeloni est en première ligne). Mais la tentative de diaboliser les jeunes pour leur attitude vis-à-vis de la politique se développe également.
Et comme ce comportement ne se limite pas aux adolescents, on glisse la génération Z et les Millennials parmi les jeunes, y compris ceux qui sont nés dans les années 1980 et qui ne sont pas tout à fait des primo-arrivants en politique. Mais ce sont les plus en colère et donc les plus dangereux pour le pouvoir.
Car, au-delà des intentions de vote pour les différents partis, les deux tiers des jeunes ou "presque jeunes" de l'Occident collectif sont profondément dégoûtés par les oligarques et les hommes politiques de leurs pays respectifs. Les différences de pourcentage entre les États-Unis et les pays européens sont minimes. Par conséquent, l'étude américaine ne peut pas blâmer la stupidité de Biden ou la vulgarité de Trump, les travers napoléoniens de Macron ou la servilité de Meloni, ou encore la misère totale de Scholz.
Le problème n'est donc pas l'indication sur le bulletin de vote - à Washington, ils parviennent à avoir peur même de Robert Kennedy junior qui, au mieux, perdra avec une marge abyssale même contre le second - mais c'est que ces générations ne veulent plus contribuer à la création du nouveau monde indiqué par les oligarques. Elles ne sont pas heureuses de s'appauvrir, elles ne sont pas heureuses de devoir risquer leur vie chaque fois qu'elles sortent de chez elles parce que le crime est assuré de l'impunité, elles ne sont pas heureuses de devoir renoncer à leur langue et à leur culture pour devenir des citoyens du monde politiquement corrects. Ils ne se réjouissent pas non plus des moqueries des écologistes au service du pouvoir : la production d'énergie renouvelable en Allemagne a trop augmenté et les prix se sont effondrés. Mais au lieu de se réjouir, ils ont décidé de réduire la production. La même chose a été demandée à la Chine pour sa surproduction d'énergie solaire.
De quoi les quadragénaires ou les adolescents devraient-ils se réjouir ? De la guerre mondiale que l'Occident collectif veut déclencher ? Des coupes à venir dans l'économie italienne pour rembourser la dette ? De la décroissance malheureuse ? De l'impossibilité d'acheter une maison dans les grandes villes ? Mais ils doivent aller voter. Pour offrir au pouvoir un alibi obscène de plus.
19:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeunesse, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 06 juin 2024
Entretien avec le général Marco Bertolini
Entretien avec le général Marco Bertolini
Propos recueillis par Stefano Vernole
Entretien accordé au "Centre d'études Eurasie et Méditerranée"
Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/05/intervista-al-generale-marco-bertolini/
- Bonjour, mon Général. La semaine s'est ouverte sur les réactions du gouvernement italien aux déclarations de Jens Stoltenberg ; le secrétaire général de l'OTAN a invité les alliés qui fournissent des armes à l'Ukraine à « envisager » de lever l'interdiction d'utiliser ces armes pour frapper des cibles militaires en Russie, parce que Kiev « a le droit de se défendre et cela inclut de frapper des cibles sur le territoire russe ». Nonobstant le fait qu'en réalité, l'Ukraine frappe déjà depuis deux ans des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie (Belgorod en particulier) et pas seulement en Crimée, territoire contesté, pensez-vous que le gouvernement italien pourra résister à l'effet d'entraînement provoqué par les propos de Stoltenberg et d'autres dirigeants européens (Macron en particulier), même après les élections européennes ? Ne vous semble-t-il pas que la rhétorique atlantiste, jour après jour, cherche l'escalade et que le comportement antérieur de notre pays face aux pressions américaines ne rassure pas pleinement sur la possibilité de rester à l'écart d'une aggravation du conflit ?
« Tout d'abord, je pense que je dois admettre que Stoltenberg a exposé, certainement sans le vouloir, l'hypocrisie de l'Occident dans son ensemble. L'Occident, entendu comme ce conglomérat qui appartient à l'anglosphère en général et à l'OTAN et l'UE en particulier, est en guerre contre la Russie depuis deux ans. Il l'est par les termes insultants (boucher, criminel, dictateur, etc.) utilisés pour qualifier ce qui fut et reste le président élu et reconnu d'un pays avec lequel nous entretenons toujours des relations diplomatiques, par les démonstrations de haine « raciale » contre tout ce qui est russe (de la culture au sport, au point d'exclure les athlètes paralympiques des compétitions internationales), et bien sûr par le régime de sanctions qui non seulement affecte surtout nos économies, mais contredit aussi des décennies de relations commerciales entre l'Europe occidentale et l'Europe slave qui ont apporté prospérité et richesse aux uns et aux autres. Ainsi que la sécurité.
Mais tout au long de cette longue période, une hostilité sous-jacente a persisté, en particulier de la part de l'extrême Occident, qui ne pouvait digérer une soudure entre l'Europe et l'Asie via la Russie, qui menacerait de créer un énorme centre de pouvoir dans le « Heartland » de Mackinder, l'inventeur de la géopolitique. Et ce, au détriment des puissances insulaires, navales et anglo-saxonnes qui ont toujours considéré l'Europe comme une entité quelque peu étrangère, voire hostile. En tout cas, à contrôler.
Dans les mêmes années où Vladimir Poutine a été reçu dans nos chancelleries avec tous les honneurs, en effet, les actions n'ont pas manqué pour miner ce qui restait de la sphère d'influence russe emportée par l'effondrement soviétique. Quelques années après la chute du mur de Berlin, un autre, plus petit, était construit dans les Balkans pour isoler la petite Serbie et ghettoïser la Republika Srpska en Bosnie, encore plus petite, tandis que la quasi-totalité des pays autrefois alliés au sein du Pacte de Varsovie basculaient dans l'OTAN, voire une partie de l'ex-URSS elle-même (les pays baltes). Avec les printemps arabes, initiés, toujours par coïncidence, par le trio américain, britannique et français, avec l'attaque de la Libye et la destruction de la Syrie, l'allié historique de Moscou, le tableau était donc planté pour d'autres développements, qui se déroulent malheureusement aujourd'hui sous nos yeux.
Laissant de côté cette digression historique et revenant au sujet, l'hypocrisie de l'Occident a atteint son apogée avec la fourniture d'armes hautement sophistiquées à l'Ukraine, avec la clause à la Ponce Pilate d'interdire - au moins officiellement - leur utilisation contre le territoire russe. Une clause absurde et probablement impossible à respecter par ceux qui combattent un ennemi plus fort avec ces armes. Et par ceux qui perçoivent désormais clairement que leur propre survie politique, voire physique, dépend de l'issue d'une guerre qui semble désormais perdue sur le terrain ; à moins de tout remettre en jeu en élargissant le périmètre et en impliquant l'OTAN et l'Union européenne.
Dans ce « je voudrais bien, mais je ne peux pas », se cache en somme toute la duplicité occidentale mise à nu par Stoltenberg avec un « le roi est nu » qui embarrasse tout le monde. Et l'embarras est aussi motivé par le fait que, contrairement à Macron qui est le président élu de la France et qui, à ce titre, a tout à fait le droit de faire et de dire ce qu'il juge nécessaire dans l'intérêt de son propre pays, Stoltenberg n'est qu'un haut fonctionnaire nommé, dont les pouvoirs se limitent à rapporter et à coordonner les décisions prises à l'unanimité par les pays de l'OTAN, dont certains, comme on le sait, ne voient pas d'un bon œil la poursuite d'autres actes belliqueux.
Il n'en reste pas moins que je ne crois pas qu'il parle pour faire grincer des dents, et qu'il participe certainement, sans en avoir le droit, à une escalade de tons qui a commencé il y a au moins deux ans, pour préparer l'opinion publique et porter aux conséquences extrêmes une guerre qui, jusqu'à présent, voit la Russie avec un avantage considérable, au niveau tactico-opérationnel, au grand dam de ceux qui prévoyaient sa défaite définitive et son exclusion de l'Europe et de la mer Méditerranée.
En bref, nous en sommes arrivés aux conséquences prévisibles d'un plan d'action misérable par lequel l'Occident tout entier s'est plié aux décisions belliqueuses de Londres et de Washington dans l'illusion qu'il existait une différence suffisante de potentiel technologique, social, moral et motivationnel pour prendre le dessus sur Moscou.
Cela dit, c'est avec soulagement que de nombreux gouvernements, dont le nôtre, ont pris leurs distances avec les affirmations de Stoltenberg et de Macron ; mais je doute que cette attitude prudente tienne face à un accident nucléaire majeur à Energodar, par exemple, exposé aux tirs d'artillerie ukrainiens depuis deux ans alors que tout le monde semble l'avoir oublié, ou à un casus belli avec un fort impact médiatique et un appel aux armes conséquent pour la défense de la « démocratie » ukrainienne.
- Depuis le 17 avril, l'Ukraine a utilisé au moins 50 ATCMS pour attaquer diverses cibles. Certaines de ces attaques ont été couronnées de succès et ont touché des installations importantes: au moins deux S-400, un dépôt de munitions et au moins trois avions lors d'une attaque contre l'aéroport de Belbek le 16 mai. L'un des deux radars d'Armavir, dans le sud de la Russie, a été touché et, d'après les photos, endommagé. Les deux systèmes radar d'Armavir, qui fonctionnent sur des fréquences UHF, couvrent l'Iran, le Moyen-Orient et la partie la plus méridionale de l'Ukraine. Ils constituent surtout l'une des composantes du réseau d'alerte précoce de la Russie pour sa propre défense contre les attaques de missiles ICBM et les attaques nucléaires ; ils peuvent également identifier des avions et des missiles d'autres types, mais c'est là leur rôle principal. Dans la pratique, un radar qui permet à la Russie d'identifier les missiles nucléaires se dirigeant vers son territoire a été touché. Si un radar de ce type est endommagé, non seulement les capacités de défense contre une attaque nucléaire sont limitées, mais le risque d'identifier comme une menace quelque chose qui n'en est pas une et de déclencher des contre-mesures appropriées même en l'absence de menace augmente de manière disproportionnée. En résumé, pensez-vous que le risque d'une riposte russe, même nucléaire, est toujours réel ?
« C'est l'un des risques auxquels je faisais référence. Les systèmes d'alerte précoce des Etats-Unis et de la Russie surtout, mais cela vaut aussi pour la Chine, font partie intégrante de la dissuasion nucléaire dans son ensemble, au même titre que les armes et les lanceurs qui permettent de les lancer sur des cibles. C'est grâce à eux que les puissances nucléaires sont en mesure de détecter les menaces qui pèsent sur leur territoire bien avant qu'elles n'apparaissent à l'horizon. Mais c'est aussi grâce à la connaissance de leur existence que l'ennemi potentiel sait que ses attaques seront détectées bien à l'avance, ce qui déclenchera des représailles.
Pour en venir au cas particulier que vous évoquez, l'inefficacité éventuelle de l'alerte précoce d'Armavir, qui ouvrirait une faille dans l'angle sud-ouest de la Russie, pourrait déclencher de fausses alertes, voire pousser la Russie à une frappe préventive pour éviter la première frappe de l'adversaire. En bref, si Zelensky parvenait à détruire le radar par une telle « frappe », il aurait infligé de graves dommages non seulement aux défenses de la Russie, mais aussi à celles des États-Unis, désormais exposés à une réaction contre leur dissuasion stratégique et pas seulement contre leur « outil » tactique ukrainien. À moins que les États-Unis ne soient, autant que possible, à l'origine de l'attaque, ce qui supposerait une exploitation imminente de ses résultats, avec les conséquences que l'on peut imaginer.
Mais Zelensky n'y va pas de main morte car il lutte pour sa propre survie. Une survie compromise par les revers constants sur le terrain, par la résistance toujours plus grande à une mobilisation qui épuise ce qui reste de la société ukrainienne, par les accusations d'illégitimité politique nées de l'expiration de son mandat électoral, par la présence d'autres figures comme Arestovich et Zaluzny qui, bien qu'éloignées de l'Ukraine, ne manquent pas d'un plus grand charisme, par la lassitude de l'opinion publique occidentale, de plus en plus réticente à prouver ce que l'on ressent quand on « meurt pour Kiev ».
D'autre part, elle peut compter sur la terreur de l'Occident face à une éventuelle victoire russe qui mettrait en péril sa crédibilité globale, en raison de ce qu'elle a investi dans cette guerre par procuration d'un point de vue rhétorique, politique, financier, énergétique et militaire, exprimant le meilleur de ses outils tactiques jusqu'à présent insuffisants dans ce dernier domaine. À cet Occident qui a déjà dû faire de nombreux pas en arrière en Afrique, la France donne de la voix avec un interventionnisme dangereux qui, pour l'instant, ne semble attirer personne d'autre que les petits États baltes en colère, impatients de mettre la main à la pâte, tout en s'accrochant fermement aux jupes de Mother UK.
- En Europe, nous semblons être confrontés à une « tempête parfaite ». L'Ukraine génère un effet domino extrêmement dangereux et plusieurs crises régionales sont réactivées : les Balkans (Republika Srpska et Kosovo), la Transnistrie et la Gagaouzie (Moldavie et Roumanie), Kaliningrad et le corridor de Suwalki (Allemagne, Pologne et Belarus), le Caucase (Arménie et Azerbaïdjan), les tensions frontalières dans les pays baltes (Estonie, Lituanie et Finlande) et la rivalité russo-anglaise pour le contrôle de la mer Noire. Le président hongrois Viktor Orban a dénoncé non seulement l'agressivité de l'opinion publique européenne mais aussi la tenue d'une réunion à Bruxelles dans le but d'impliquer directement l'OTAN dans le conflit ukrainien, mais aussi inévitablement sur d'autres théâtres de crise. Comment évaluez-vous la proposition d'une armée européenne intégrée à l'OTAN (récemment évoquée par von der Leyen et d'autres) ? Ou bien un repositionnement sur l'intérêt national, comme le suggère Orban lui-même, serait-il préférable ?
« Les inquiétudes suscitées par la guerre en Ukraine nous font souvent oublier le contexte général, qui est encore plus inquiétant. Que la Russie soit encerclée est un fait incontestable, non seulement en raison du passage de nombreux pays du Pacte de Varsovie à l'OTAN ou de l'influence américaine dans les anciennes républiques soviétiques du Sud, mais aussi en raison de l'émergence de situations de crise qui sont sur le point d'exploser à la périphérie même du pays. C'est le cas de la mer Baltique, devenue subitement un lac « OTAN » avec le passage de la Suède et de la Finlande à l'Alliance atlantique après une ère de neutralité prolongée, alors même qu'elle est la base d'une des cinq flottes russes, à Kaliningrad. Le fait que l'amiral Stavridis, ancien SACEUR et aujourd'hui cadre supérieur de la Fondation Rockefeller, ait parlé de la nécessité de neutraliser l'enclave russe en cas de crise laisse clairement entrevoir la possibilité non négligeable d'un cas ukrainien même à ces latitudes, à la satisfaction des républiques baltes et de la Pologne. Des raisons similaires de crise existent en Roumanie, avec la construction prévue à Mihail Kogqlniceanu, près de Constanza sur la côte de la mer Noire, de la plus grande base militaire de l'OTAN en Europe. Par ailleurs, les manœuvres moldaves visant à ramener la Transnistrie « russe » sous la souveraineté de Chisinau ne peuvent qu'être perçues comme une menace par Moscou, qui déploie depuis des décennies son propre contingent limité de maintien de la paix sur cette étroite bande de territoire.
Dans les Balkans, des pressions considérables s'exercent depuis longtemps sur la réalité serbe. L'instauration par l'Assemblée générale des Nations unies d'une journée de commémoration du « génocide » de Srebrenica a fortement touché la population serbe de Bosnie qui, selon le président de la Republika Srbska, pourrait désormais décider de se séparer de la Bosnie-Herzégovine. Bref, une sorte de « 25 avril » balkanique, qui démontre la véritable fonction de certaines « journées du souvenir », non pas destinées à surmonter la laideur d'hier, mais simplement à les figer en fonction de leur utilité pour l'avenir ; ou à empêcher des pays potentiellement importants, comme dans le cas de l'Italie, de se présenter d'une seule voix sur la scène internationale.
Dans le Caucase, autre zone stratégique où les intérêts russes et américains (et turcs) se croisent et s'affrontent, la situation n'est pas meilleure, la Géorgie, pays candidat à l'OTAN et à l'UE, étant touchée par des manifestations qui pourraient déboucher sur un Euromaïdan local, sous le prétexte d'une loi qui garantirait simplement la transparence dans le financement des ONG. Heureusement, pour l'instant, la réaction du gouvernement résiste aux indignations faciles de l'Occident qui voudrait dicter les choix politiques locaux, mais la région est trop importante pour renoncer à l'ouverture d'un nouveau front qui engagerait Moscou. Sans oublier, bien sûr, le conflit azerbaïdjano-arménien où les Etats-Unis, la Russie et la Turquie se disputent le contrôle de la zone, cruciale pour la construction du corridor qui devrait mener de Saint-Pétersbourg à l'Iran et, de là, à l'Inde. Quant à l'Iran, son affrontement avec Israël jette au moins une ombre de doute sur le caractère aléatoire de l'incident qui a conduit à la mort du président Raisi et de son ministre des affaires étrangères, rendant une zone de conjonction entre la crise ukrainienne et la crise du Moyen-Orient encore plus instable et capable d'entraîner tout le monde dans son tourbillon.
Pour en venir à la question concrète, face à cette prolifération non aléatoire de crises, la tentation de mettre en place une « armée européenne » se fait toujours sentir. Je crois cependant qu'il s'agit d'un faux problème qui tend à faire oublier la nature première des forces armées, à savoir constituer une garnison pour protéger et défendre la souveraineté nationale. En bref, la création d'un instrument militaire « européen » dans le sillage des craintes suscitées par la crise ukrainienne se traduirait par une simple abdication de ce qui reste de la souveraineté nationale individuelle, pour confier ses forces à un commandement qui, dans ce cas, serait sous le contrôle d'autres ; en particulier de la France, de l'Allemagne, de la Pologne ou du Royaume-Uni (même si les Britanniques sont désormais en dehors de l'UE), tous des pays centrés sur « leurs » intérêts nationaux plutôt que sur les intérêts évanescents et virtuels de l'Union ou de l'Alliance.
Si la situation est critique en Europe, elle ne semble guère meilleure dans le reste du monde. En Afrique, nous assistons à une confrontation totale entre les puissances occidentales et les nations du BRICS, avec les Turcs comme troisième roue de la charette, pour le contrôle de leurs sphères d'influence respectives ; au Moyen-Orient, nous sommes les spectateurs actifs du massacre des Palestiniens (en fournissant des armes à Israël) et de l'intensification du ressentiment du monde islamique à l'égard de l'Occident ; en Asie, la crise de Taïwan s'aggrave dangereusement. Il semble évident que sans un retour à la diplomatie internationale, l'avenir du monde sera de plus en plus nébuleux et dangereux. Que pouvons-nous attendre de ce point de vue dans les mois/années à venir ? Existe-t-il un potentiel diplomatique pour au moins limiter les conflits actuels et futurs ?
« Nous sommes dans une phase de transformation spectaculaire de l'ordre mondial autoproclamé en quelque chose d'autre qu'il est encore difficile de prédire. Certes, la réalité des BRICS semble menacer la domination traditionnelle anglo-occidentale mais, d'un autre côté, il ne fait aucun doute que, sur le plan stratégique, les jeux ne sont pas encore faits. Un lien fort entre la Russie et la Chine se consolide, y compris en termes militaires, mais il est également vrai que les zones de friction ou d'affrontement entre l'Ouest et l'Est le long de la frontière eurasienne posent à la Russie de grands problèmes à prendre en compte. À cette situation s'ajoute l'insoluble problème du Moyen-Orient, où Israël, sorte de greffe occidentale à l'Est, agit avec une extrême absence de scrupules, sans craindre de devoir répondre à qui que ce soit de ses actes, même les plus cruels à l'égard de la population palestinienne. Et le fantôme d'un affrontement régional impliquant l'énorme Iran, cible depuis des années d'attentats en Syrie, ne permet pas de cultiver trop d'illusions sur un avenir pacifique.
Bref, ce n'est pas une ère de paix qui s'annonce, et cela met à jour une autre hypocrisie sous-jacente de l'Occident, désormais contraint par l'irruption de la réalité à renoncer à l'illusion que la guerre a été effacée de l'histoire avec l'affirmation des démocraties et la défaite de l'autoritarisme européen il y a quatre-vingts ans. Cette réalité contredit le rêve onirique de Francis Fukuyama selon lequel il n'y aurait plus besoin de l'histoire, qui, au contraire, fait toujours bonne figure dans notre présent vertueux. Vertueux, inclusif, accueillant, solidaire et respectueux de l'environnement.
Il faudrait en effet une diplomatie capable d'apaiser les tensions, mais avant cela, il faudrait une politique qui privilégie réellement - et pas seulement en paroles - le dialogue à la confrontation. C'est en effet la politique qui fait avancer la diplomatie, et si la politique veut la guerre, la diplomatie ne peut que reculer.
Cela peut paraître étrange, en effet, mais pour beaucoup, la guerre n'est pas encore un mal absolu, mais un moyen acceptable de défendre ce que l'on considère comme les intérêts vitaux de son pays, à tort ou à raison. C'est pourquoi elle est menée par des soldats et non par des policiers, même si, dans notre recherche hypocrite d'euphémismes conciliant les engouements constitutionnels et les réalités politiquement incorrectes, nous en sommes venus à inventer la catégorie des opérations internationales de police, sœurs jumelles de l'oxymore des opérations de paix, au son des canonnades bien sûr. Je crois personnellement que la référence aux « intérêts vitaux » peut être comprise par tous, de même que la référence à « son propre pays ». Mais encore faut-il préciser que les valeurs ou principes souvent évoqués (par exemple la « démocratie ») ne sont pas vitaux, surtout lorsqu'ils sont utilisés pour étouffer dans l'œuf les ambitions de défense d'autrui. C'est malheureusement ce qui se fait depuis des décennies et si nous avions été attentifs à ce qui se passait dans le monde en dehors de notre bulle euro-atlantique, nous aurions dû nous en rendre compte bien plus tôt qu'aujourd'hui. Bien avant l'effondrement ».
* * *
Marco Bertolini, général de corps d'armée (r) de l'armée italienne, est né à Parme le 21 juin 1953. Officier parachutiste, il a terminé son service actif le 1er juillet 2016 à la tête du Commandement des opérations du sommet interforces de la défense (Coi), dont dépendent toutes les opérations des forces armées en Italie et à l'étranger.
Stefano Vernole, journaliste indépendant et analyste géopolitique, est vice-président du Centro Studi Eurasia Mediterraneo.
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Grandes manœuvres
Grandes manœuvres
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/grandi-manovre/
C'est la saison des grandes manœuvres. Manœuvres politiques, manœuvres économiques. Et surtout, des manœuvres stratégiques et militaires. Parce que tous les pays du monde sont en train de se positionner dans la perspective du nouveau risque global.
De ce que, pour simplifier, nous pourrions appeler ces manoeuvres la troisième (ou la quatrième) guerre mondiale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui. De guerre et de guerre mondiale. À condition toutefois de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un conflit profondément différent de ceux auxquels le siècle dernier nous avait habitués. C'est une guerre asymétrique, une guerre hybride... qui nécessite beaucoup de définitions. Mais ce qui est important, c'est que dans ce conflit, la neutralité, le fait de se mettre à l'écart, est un luxe que le Costa Rica et Monaco peuvent peut-être s'offrir. Et j'insiste sur le « peut-être ».
Cependant, le monde prend parti. Des pays, des puissances majeures et mineures, des puissances régionales, etc. se rassemblent. Dans un système à géométrie variable. Pas rigide. Car ceux qui sont alliés dans un quadrant géopolitique peuvent être rivaux, voire ennemis, dans un autre.
Il s'agit donc avant tout d'une guerre diplomatique. Le tissage diplomatique de liens politiques et, en premier lieu, économiques peut mettre une puissance en position de sécurité, la renforcer même en cas de conflit militaire direct. À l'inverse, il peut délimiter un isolement substantiel. Ce qui est, presque toujours, un signe annonciateur de défaite.
Et si l'on regarde les faits avec un œil, disons, sans préjugés, sans se laisser influencer par le fanatisme partisan, on se rend compte d'une chose bien précise. Sur le plan des grandes manœuvres diplomatiques, Washington et tout l'Occident collectif sont en train de perdre.
Alors que ses deux principaux rivaux mondiaux, la Russie et la Chine, gagnent chaque jour du terrain.
En Afrique, dans la région du Sahel, les Français ont désormais perdu toute emprise sur leur ancien empire colonial. Et la tentative de Washington de prendre le relais de Paris dans le contrôle d'une zone stratégique tant sur le plan économique que géopolitique s'est avérée vaine. Le Niger, le Burkina Faso, le Mali sont désormais clairement entrés dans l'orbite russe. Et ils abritent des garnisons de milices privées contrôlées par Moscou. Notamment la désormais célèbre Wagner. Le Tchad a suivi la même voie.
Au Sénégal, un nouveau président ouvertement hostile aux Français et aux Américains est sorti des urnes. Et le Congo s'est rapproché diplomatiquement du Kremlin.
D'ailleurs, dans tout le centre-sud de ce qu'on appelait autrefois le continent noir, c'est Pékin qui dicte les règles du jeu. En utilisant l'instrument de la pénétration « douce », sans conflit. Par le biais de la coopération économique. Comme le théorise la doctrine Xi Jinping.
En Asie également, le jeu des équilibres évolue rapidement. Des géants émergents comme l'Indonésie observent avec inquiétude les tensions croissantes entre Washington et Pékin. Ils tentent de maintenir une position qui ne nuise pas à leurs relations commerciales vitales avec la Chine.
D'autre part, la Russie intensifie ses relations avec les pays de la région traditionnellement considérés comme étant dans l'orbite de Washington. Les déclarations de Poutine sur les bonnes relations avec Séoul, qui, selon lui, « n'est pas en proie à une russophobie obtuse », sont extrêmement significatives.
Mais la position de l'Inde est encore plus significative. Modi a mal accueilli la tentative de Washington de le forcer à rompre ses relations de coopération économique avec Téhéran. Et la réponse à la menace américaine de sanctions économiques est apparue extrêmement dure. Selon les critères habituellement prudents et cossus du dirigeant indien.
En réalité, Moscou et Pékin - que nous pouvons désormais considérer comme un front commun - disposent de deux instruments de diplomatie et de relations internationales extrêmement élastiques. Et donc très efficaces.
Les fameux BRICS, qui sont en pleine expansion. Et qui créent un tissu de relations économiques tel que les sanctions menacées par l'Occident collectif contre Moscou et Pékin sont dérisoires.
Et l'Organisation de coopération de Shanghai. Essentiellement dirigée par la Chine, elle a pris, lors de son récent sommet à Astana, une position décisive aux côtés de la Russie dans le scénario international actuel.
L'OCS, dont l'Iran, le Pakistan et l'Inde sont également membres, est aussi une organisation de coopération militaire.
À ces instruments et à ce dynamisme diplomatique de ses rivaux, Washington répond par une arrogance aveugle. Une arrogance d'autant plus frappante que les déclarations des sommets politiques de Bruxelles et de l'OTAN sont « insensées » et improvisées.
Une bêtise qui tient à la prétention que seul le collectif occidental représente la fameuse « communauté internationale ». Et que, par conséquent, c'est lui et lui seul qui a le droit d'imposer des règles. Et de les enfreindre à volonté.
Mais cette primauté n'existe plus que dans le monde des rêves. La réalité est tout autre. Et cet Occident se retrouve chaque jour un peu plus isolé et assiégé.
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Mexique, continuité ou changement ?
Mexique, continuité ou changement?
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/messico-continuita-o-cambiamento/
Claudia Sheinbaum est désormais la présidente du Mexique. Après Andrés Manuel López Obrador, abrégé en Amlo, le Mexique s'est choisi un nouveau président au nom difficile à retenir (ndlr: pour les hispanophones et les italophones). Rien à voir avec des origines précolombiennes, comme le rival de centre-droit Xóchitl Gálvez, puisque la nouvelle présidente est la descendante d'une famille juive de Lituanie. Et il lui appartiendra de poursuivre la politique d'Amlo, populiste et de gauche, mais d'un réalisme évident. Ou peut-être Sheinbaum décidera-t-elle sereinement de modifier les choix de son prédécesseur.
Car Amlo a toujours fait savoir qu'il était profondément opposé au turbo-capitalisme de son incommode voisin nord-américain. Mais il a largement profité de la guerre commerciale déclenchée par Washington contre Pékin. Et du capitalisme américain qui investit dans des usines au Mexique pour réduire le coût de la main-d'œuvre.
Ensuite, Amlo a fait un clin d'œil aux pays des Brics, tout en faisant des affaires avec les Yankees. Et il n'a pas fait beaucoup d'efforts pour endiguer le flux de migrants illégaux qui partent d'Amérique latine vers les États-Unis. Car plus la population hispanophone augmente en Amérique du Nord, mieux c'est, non seulement en termes d'économie, mais aussi et surtout en termes de vision géopolitique globale. Après tout, l'âme mexicaine n'a jamais oublié les guerres menées par Washington pour s'approprier d'immenses territoires, du Texas à la Californie.
Cela ne fait pas forcément partie du bagage culturel politique de Sheinbaum. Qui, à première vue, semble plus raffinée qu'Amlo et, par conséquent, moins dangereuse pour Washington. Et même si, dans un premier temps, Obrador exercera une certaine influence sur la nouvelle présidente, le désir d'autonomie de Sheinbaum émergera rapidement. Et l'on verra si elle ne voudra traiter qu'avec le Mexique, avec ses graves problèmes de narcotiques, ou si elle conduira son pays à être le leader d'une Amérique latine qui reste un nain politique en manque de leadership crédible.
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Stoltenberg demande à l'Europe 40 milliards par an pour Zelensky
Stoltenberg demande à l'Europe 40 milliards par an pour Zelensky
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/stoltenberg-chiede-alleuropa-40-miliardi-allanno-per-zelensky/
40 milliards d'euros par an qu'il faudrait donner à Zelensky. C'est la demande faite à l'Europe, non pas par le fou de Kiev, mais par le criminel au sommet de l'OTAN, Stoltenberg. Qui, dans son délire destructeur, ne se contente pas de pousser l'Europe vers la guerre nucléaire mais, pour être sûr de l'anéantissement total du Vieux Continent, veut aussi éliminer toute possibilité de survie économique et sociale.
"Combien de maisons, d'hôpitaux, d'écoles ou de trains seront retirés à notre peuple ? C'est la question que pose Marco Rizzo, leader de Democrazia Sovrana Popolare. Ce n'est pas un hasard si le bon gouvernement italien au service de Washington a changé les règles à l'avance pour empêcher Rizzo de présenter des listes aux élections européennes et si Democrazia Sovrana Popolare ne se présente que dans le centre de l'Italie.
Les autres, en revanche, ne se distinguent que par leur dose de vassalité à Biden, à l'OTAN, à Ursula et à Borrell. Avec Giorgetti qui ne sait pas comment équilibrer les comptes mais n'ose pas dire un mot contre Stoltenberg. Avec des pensions qui ne sont pas adaptées à l'inflation, avec une augmentation de la main-d'œuvre pauvre, avec une opposition qui n'exprime que sa loyauté envers l'Occident collectif et avec des déclarations de plus en plus embarrassantes de la part du Quirinal.
Le tout soutenu, bien sûr, par des médias de service qui ont de moins en moins de lecteurs et de téléspectateurs. Mais plus l'audience diminue, plus la servilité grandit. En attendant de proclamer la mobilisation générale pour la guerre des autres.
Mais il n'est pas nécessaire de souligner les similitudes inexistantes avec le climat qui a précédé la Première Guerre mondiale. Les interventionnistes de l'époque - D'Annunzio, Mussolini, les futuristes - ont vraiment fait la guerre. Mussolini a été blessé, certains futuristes sont morts. Les bellicistes d'aujourd'hui n'iront de toute façon pas à la guerre. Leurs enfants et petits-enfants non plus. Comme il se doit, ils se présenteront aux élections de la semaine prochaine pour se garantir un siège confortable à Bruxelles et non pour se réserver un char d'assaut inconfortable dans le Donbass.
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Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme
Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme
Michael Kumpmann
Source: https://www.geopolitika.ru/de/article/feminismus-wie-eine-linke-ideologie-zur-wegbereiterin-des-neoliberalismus-wurde?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR2cI4-UiLP97PmPrc1goZv-yecAnJQxSzeh6m_25Rdo-0ccqEQN3-XfRRY_aem_AaNUcoHmVb4k34bOq8Jh8tQw8TU2jPrUPHvjcWVuZpVEtod2Y1YbCe1aXZrIjT97DNIOax9MMA46KZ1j0o0jaFu-&utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f
J'ai consacré ici plusieurs articles à la genèse du « libéralisme 2.0 » de gauche. J'y ai énuméré un certain nombre de facteurs, comme la prédominance de la « vie nue » comme principe éthique, décrite par Leo Strauss, et l'abandon de l'éthique de la vertu (cf: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/12/26/leo-strauss-critique-la-vie-nue-dans-le-liberalisme-2-0-6357090.html - http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/21/liberalisme-2-0-la-route-vers-le-meilleur-des-mondes.html ).
De même, j'ai mentionné le progressisme américain, qui représentait quasiment une pseudo-social-démocratie favorable aux entreprises, mais où le sujet social-révolutionnaire n'est pas l'ouvrier, mais l'entrepreneur et la grande entreprise. (L'historien marxiste Gabriel Kolko, l'inventeur de l'anarcho-capitalisme Murray Newton Rothbard et l'auteur allemand Stefan Blankertz ont effectué des recherches sur ce sujet, qui ont révélé des choses étonnantes) [i]. Ce système américain des grandes entreprises, que les gauchistes détestent, a été créé par les « progressistes ». Le progressisme a également introduit dans la politique américaine l'idée de l'efficacité économique et technique comme objectif politique, ce qui, en cas de doute, serait même supérieur à la libre entreprise. L'accent mis sur l'efficacité technique comme objectif est particulièrement intéressant, en raison du concept heideggerien du Gestell comme centre de la modernité technicienne).
On peut également identifier les tribunaux des crimes de guerre de Nuremberg comme une racine du libéralisme 2.0. En particulier en ce qui concerne l'importance du « méchant nazi » en tant qu'ennemi de la gauche libérale, et la politique du culte de la culpabilité, où l'Holocauste et la réparation de celui-ci sont invoqués comme raison d'être de la politique. Et le fait que dans d'autres pays, on cherche quasiment d'autres choses avec des thèmes comme l'esclavage ou le colonialisme, qui, au lieu du phénomène allemand de la Shoah, peuvent mieux y être considérés comme des péchés originels locaux. Il est également frappant de constater que l'Occident tient à traduire des personnes étrangères comme Pinochet ou Joseph Kony devant des tribunaux occidentaux, plutôt que de les laisser à leur propre peuple. C'est pourquoi le libéralisme 2.0 peut aussi être considéré, d'une certaine manière, comme une manière de poursuivre les tribunaux de Nuremberg en tant que mouvement politique international et en tant que « révolution permanente ». (Il faut aussi dire que le projet d'une révolution culturelle anti-traditionnelle a échoué avec fracas en Russie, en Chine et en Corée du Nord, etc. et que ces pays sont aujourd'hui les gardiens de la tradition dans le monde. La RFA, qui voulait passer toute son histoire intellectuelle au crible des références nazies et annuler des auteurs comme Heidegger, Nietzsche, Kant, etc. peut toutefois être considérée comme la première révolution culturelle réussie de l'histoire. Cela joue un rôle ici).
Mais un autre facteur important est le féminisme et son cheminement vers le soutien au néolibéralisme, en assumant presque la fonction que Weber attribuait à l'esprit protestant au 19ème siècle.
De nombreux conservateurs se moquent à juste titre des contradictions internes du féminisme. Celles-ci sont très frappantes, notamment grâce au postmodernisme et à l'intersectionnalité (où le statut d'étranger, de handicapé, de trans, etc. peut déterminer si un même acte est criminel, normal ou même héroïque). Mais même avant que le « bon sens » ne soit déclaré instrument d'oppression patriarcale, certains illogismes ont été fortement remarqués.
Une en particulier : Les féministes décrivaient la famille hétérosexuelle comme une exploitation de la femme et une oppression, mais décrivaient en même temps le travail et la carrière comme émancipateurs, libérateurs et un moyen de se réaliser. En dépit des pratiques bien connues des entreprises, comme le « hire and fire ». (Et malgré des faits tels que ceux où des entreprises comme Foxconn ont dû installer des filets anti-suicide sur les bâtiments de l'entreprise).
Si l'on considère ces contradictions en tenant compte du fait que le féminisme faisait à l'origine partie de la seconde théorie politique (l'impulsion initiale du féminisme remonte en grande partie à Friedrich Engels et le terme féminisme a été inventé par le socialiste Charles Fourier), il est également frappant de constater que ces contradictions dans le féminisme ont en fait trouvé leur origine dans une rupture des féministes avec le marxisme. Selon la théorie marxiste orthodoxe, le travail est par définition l'exploitation et l'aliénation. Il est donc totalement illogique, d'un point de vue marxiste, que les féministes pensent pouvoir se libérer en « remplaçant le travail salarié par la famille ». La dissolution de la famille en une communauté de travailleurs (comme le voulait par exemple Léon Trotsky) ne peut se produire qu'après la révolution et non au sein du capitalisme. En même temps, selon la théorie marxiste, l'oppression des femmes et le capitalisme sont liés, c'est pourquoi l'un ne peut pas être résolu sans l'autre. A fortiori, l'exploitation capitaliste ne peut pas être un remède à l'exploitation sexiste.
Il est alors frappant de constater que la deuxième théorie politique était en fait une critique des hiérarchies au nom de l'égalité. Certaines de ses variantes ne voulaient pas abolir les hiérarchies, mais remplacer les hiérarchies capitalistes injustes par de nouvelles formes d'organisation, plus justes à leurs yeux. Mais le fait est que l'idée du féminisme de carrière va complètement à l'encontre de ces deux attitudes. Une féministe de carrière veut, comme son nom l'indique, gravir les échelons dans son entreprise. Cela affirme fondamentalement les hiérarchies capitalistes existantes et revient de facto à dire « l'exploitation est mauvaise si l'exploiteur est un homme, mais si les femmes exploitent d'autres hommes et femmes, il n'y a rien de répréhensible à cela ». (Voir aussi le célèbre livre féministe « The Will to Lead », c'est-à-dire « La volonté (féminine) de diriger ») [ii].
Ce féminisme de carrière comprend également une « morale de l'inclusion », en fait neutre en termes de valeurs, qui transforme d'un coup le féminisme d'une idée de gauche en une idée qui devient compatible avec le libéralisme et même, à proprement parler, avec le fascisme, parce qu'il élève l'inclusion des femmes (et plus tard des groupes tels que les homosexuels, les transsexuels, les handicapés, etc.) au rang de valeur en soi, sans poser la question évidente de « l'inclusion dans quoi ? Comme si les camps de torture tels que Guantanamo et Abu Ghraib s'amélioraient automatiquement du fait d'un plus grand nombre de femmes et de personnes trans parmi leur personnel.
En ce qui concerne l'affirmation de la hiérarchie, contrairement à l'approche libérale classique, on n'a pas encouragé les femmes à créer leur propre entreprise et à se hisser au sommet de la hiérarchie mondiale. Au lieu de cela, on a encouragé les mégacorporations établies à faire entrer des femmes dans leurs conseils d'administration par le biais de quotas de femmes. On a donc empêché les féministes de faire une révolution socialiste et une révolution capitaliste. Au lieu de renverser les grandes entreprises « patriarcales » comme VW, Mercedes ou Monsanto, on a convaincu les féministes de rejoindre ces entreprises. Ainsi, le féminisme est également devenu un soutien économique pour les « grands » du marché, au lieu de perturber le marché.
Il faut ensuite dire que le féminisme de carrière a connu son heure de gloire à l'époque néolibérale des années 2000 et a coïncidé de manière très frappante avec la propagande selon laquelle les chefs d'entreprise et les membres des conseils d'administration étaient des « prestataires » particulièrement importants, plus précieux que les classes inférieures pauvres et les « parasites sociaux » vivant dans une « décadence romaine tardive ». (Et même aujourd'hui, de très nombreuses personnes en Allemagne pètent les plombs lorsque de jeunes débutantes se plaignent de la dureté et de l'inhumanité du travail rémunéré à temps plein. On assiste alors à de véritables lynchages) [iii].
Ensuite, le féminisme de carrière, en supposant que la participation au capitalisme confère aux femmes une indépendance économique par rapport aux autres (et en niant ainsi le fait que le capitalisme est précisément un réseau massif d'interdépendances), et que cet objectif est non seulement souhaitable mais essentiel pour l'épanouissement de l'individu, tombe exactement dans la conception de la Première Théorie Politique de l'individu indépendant (dont l'indépendance doit être encouragée au maximum) et de l'homo oeconomicus. De plus, ce féminisme se rapproche de l'idéal progressiste de l'entrepreneur en tant que classe sociale révolutionnaire : dans ce système, la grande entreprise aide le féminisme de carrière, notamment en fournissant aux femmes des emplois en haut de l'échelle professionnelle. (Ce qui a certaines conséquences souvent très ridicules a posteriori, comme le fait absurde que Harvey Weinstein, par exemple, ait pu se célébrer comme un combattant des droits des femmes).
Le féminisme de carrière est quelque peu passé de mode avec la crise économique de 2008 et la présidence d'Obama, et a plutôt été remplacé par l'approche de Butler en matière de genre. Cependant, comme Douguine l'a montré à plusieurs reprises, cette approche suit un paradigme individuel. Dans l'approche de genre, la définition du sexe est considérée comme une restriction pour l'individu et il faut donc politiquement libérer l'individu de la biologie par des règles linguistiques, des mères porteuses, des opérations chirurgicales, le transhumanisme, etc. Et on a ainsi séparé en partie le libéralisme et le féminisme du thème de l'économie. (Cette séparation n'a toutefois été que partielle. En effet, pour d'autres questions telles que l'inclusion des handicapés, etc., le féminisme a maintenu le concept d'émancipation de l'individu par la participation au capitalisme en tant que travailleur).
Un grand groupe de victimes du travail à tout prix, particulièrement glorifié par le « néolibéralisme », sont à nouveau les jeunes hommes. Evola a écrit que l'homme connaît fondamentalement deux archétypes. L'ermite et le guerrier. L'ermite n'est pas très pertinent ici, car il vit seul et se retire de la société. Le guerrier l'est d'autant plus. (Le meilleur exemple en est le Japon, où l'éthique du guerrier, déformée, est devenue une éthique du travail). Seulement, le guerrier vit pour sacrifier, comme le disait Evola, tout ce qui est simplement humain en lui pour le « plus haut du plus haut ». Pour la plupart des travailleurs masculins, la femme et la famille étaient également une incarnation du Très-Haut. Seulement, le néolibéralisme féministe rend la fondation d'une famille plus difficile. Il diabolise même les hommes pour leur désir de femme et d'enfants en les qualifiant de toxiques, de dangereux, de violeurs potentiels, etc. Au lieu de cela, il faut se sacrifier soi-même et son indépendance dans le cadre d'un individualisme sauvage, et cette indépendance doit être obtenue principalement par l'accumulation d'argent dans le « capitalisme sauvage ». Par conséquent, le jeune homme doit aujourd'hui se sacrifier pour son compte en banque. On a ainsi perverti l'éthique du guerrier et on dit aux jeunes de se sacrifier non pas pour ce qu'il y a de plus élevé, mais pour ce qu'il y a de plus bas. Le fait qu'il en résulte une crise de sens chez les jeunes hommes (voir Jordan Peterson et ses partisans) est plus que logique [iv].
D'une certaine manière, le féminisme et l'idée d'émancipation sont également devenus la base de la nouvelle définition de l'individu libéral. Cela a abouti à ce que Wesley Yang entendait par son concept d'« idéologie de la succession ». Il a décrit le phénomène selon lequel il y avait une lutte entre la définition libérale classique de l'individu et les libéraux de gauche, et que les libéraux de gauche voulaient transformer fondamentalement le libéralisme. Les libéraux de gauche voulaient changer l'idée de l'individu, en s'éloignant de la définition classique d'un être humain doué de raison et porteur de droits et de devoirs égaux, pour aller vers une définition intersectionnelle. Le concept d'intersectionnalité est issu de la Critical Race Theory et combine le féminisme avec l'antiracisme et d'autres thèmes de la gauche libérale.
Dans un texte précédent, j'ai déjà fait référence à la théorie de l'intersectionnalité. Il s'agit grosso modo d'un abandon du récit de gauche de la lutte des classes (la comparaison avec l'idée de postmodernité en tant que rejet de tous les « grands récits » et idéologies est également importante ici) au profit d'une sorte de réconciliation de l'idée de classe avec celle d'individu. L'intersectionnalité dit en gros qu'un individu n'est pas seulement un travailleur, un homme, une femme, etc. mais que différentes catégories de rapports de domination se combinent en un seul individu. Quelqu'un peut être un homosexuel discriminé qui a tout de même 60 milliards sur son compte en banque et n'est donc pas un prolétaire. Mais on peut aussi être à la fois homosexuel, sans domicile fixe, handicapé, femme, etc. Et la vie de ces deux personnes serait fondamentalement différente en théorie. Ceci n'est qu'un exemple pour illustrer l'idée d'intersectionnalité. En gros, ce système n'est pas un récit d'une classe opprimée contre une classe oppressante, ni un individu totalement indépendant, mais en même temps, il réunit en quelque sorte les deux. (Ou, puisque, selon les intersectionnels, on peut aussi réunir, par exemple, des identités opprimées comme « handicapé » et des identités opprimantes comme l'homme cis, l'intersectionnalité peut aussi être interprétée comme une forme de dissolution de l'homme dans le dividu schizophrène au sens de Deleuze et Guattari).
Notes:
[i] L'ère progressiste : préhistoire de l'État social impérialiste - Murray Rothbard Institut für Ideologiekritik (murray-rothbard-institut.de)
[ii] Ici, sur le thème des hiérarchies, etc., on remarque une grande différence entre les personnalités entrepreneuriales masculines et les féministes carriéristes. Par exemple, l'inventeur de Super Mario, Shigeru Miyamoto, malgré son succès, a refusé des privilèges spéciaux chez Nintendo et a insisté pour être traité comme un travailleur normal. L'inventeur de la Game Boy, Gunpei Yokoi, s'est si peu vanté de ses compétences qu'il n'a d'abord obtenu qu'un poste de concierge, et ce n'est que par hasard que l'on s'est aperçu plus tard qu'il possédait les compétences tant convoitées en matière de production électronique. Et lorsque le Virtual Boy a fait un flop, il a pris tout le blâme (bien que la direction ait également joué un rôle dans ce flop) et a accepté son licenciement. Steve Jobs ne s'est même pas plaint pendant ses heures de travail chez Atari, lorsqu'il a été relégué dans un petit bureau dans une aile isolée parce que d'autres employés étaient gênés par son manque d'hygiène corporelle.
Pendant ce temps, chez Disney, les féministes de carrière ont évincé des talents légendaires comme John Lasseter (photo), et la féministe de carrière Kathleen Kennedy est sérieusement célébrée comme une visionnaire progressiste, même si elle a réussi à faire de Star Wars et d'Indiana Jones des échecs. Et lorsque l'un de ses subordonnés masculins, John Favreau, a réussi à produire des produits qui ont été mieux accueillis que les siens, mais qui auraient également sauvé Star Wars en tant que marque, Kathleen Kennedy l'a écarté de son poste. Ce type de personnalité chez les féministes de carrière est très frappant. (Et bien sûr, cela a tendance à nuire aux entreprises au final).
[iii] Les jeunes ne veulent plus travailler !!! (youtube.com)
[iv] Ici, il faut toutefois prendre quelque peu la défense des libéraux classiques. Joseph Schumpeter a décrit le souci de la famille comme un moteur central de l'action économique et a décrit que la destruction de la famille et de l'esprit de sacrifice qui l'accompagne priverait à long terme le capitalisme de sa base vitale.
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mercredi, 05 juin 2024
Les pseudo-écologistes du monde occidental
Les pseudo-écologistes du monde occidental
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/pseudo-ecologists-western-world
Il est bien connu qu'en Occident, il y a plusieurs décennies, les services ont parfaitement réussi à faire de la publicité, en particulier de la publicité politique. Si nécessaire, les spécialistes des relations publiques peuvent transformer n'importe quelle affaire pour qu'elle paraisse complètement différente de ce qu'elle est. Le thème de la protection de l'environnement ne fait pas exception à la règle. Il a été fortement politisé, mais il est activement utilisé à sa guise sur diverses plateformes internationales et dans le propre intérêt des propagandistes. En voici quelques exemples.
Fin mai, l'agence de presse irakienne Rudaw a rapporté que Hussein Jaloud avait poursuivi la compagnie pétrolière britannique BP après que son fils Ali soit décédé d'une leucémie qui, selon lui, s'est développée en raison du brûlage de gaz dans le plus grand champ pétrolifère irakien de Rumaila. « Après avoir rendu visite aux médecins et l'avoir examiné, ils ont confirmé qu'il [Ali] avait développé une leucémie en raison du pétrole et de la combustion de gaz », a déclaré Jaloud aux journalistes, expliquant que le cancer d'Ali avait été diagnostiqué pour la première fois en 2017. Il a souligné qu'il intentait un procès « non seulement pour Ali, mais aussi pour des dizaines, voire des centaines de patients et de personnes décédées d'un cancer » causé par la combustion de gaz excédentaire.
Lors de l'extraction des puits de pétrole, l'excès de gaz associé qui ne peut être stocké ou utilisé est généralement brûlé et l'Irak est connu pour cette pratique. Cette pratique libère des polluants toxiques tels que le benzène, un agent cancérigène connu pour provoquer des leucémies. En Irak, les communautés vivant à proximité des sites de torchage de gaz sont particulièrement exposées, car elles se trouvent dans une zone où un mélange mortel de dioxyde de carbone, de méthane et de suie noire est rejeté, mélange qui, en outre, pollue aussi fortement l'environnement.
Bien que la loi irakienne stipule que les raffineries ne doivent pas être situées à moins de 10 kilomètres des zones résidentielles, dans la pratique, la distance n'est que de deux kilomètres, et les logements éloignés des champs pétroliers sont chers. Le gouvernement lui-même s'efforce d'éliminer progressivement le brûlage de gaz et d'utiliser le gaz pour produire de l'électricité. Cependant, les entreprises occidentales jouent également un rôle important dans ce domaine. BP se présente comme une entreprise respectueuse de l'environnement. Mais, comme nous pouvons le voir, les faits racontent une autre histoire.
Un autre facteur directement lié à l'environnement et qui ne peut être ignoré est la croissance du marché mondial des équipements électriques et électroniques, qui connaît une croissance exponentielle, l'industrie électronique étant considérée comme l'industrie à la croissance la plus rapide au monde. Mais cette croissance a aussi un coût environnemental, car l'industrie électronique est celle qui produit le plus de déchets.
Par exemple, 53,6 millions de tonnes métriques de ces déchets ont été produites en 2019. Les habitants de la Norvège (28,3 kg par habitant et par an), de la Suisse (26,3 kg), de l'Islande (25,9 kg), du Danemark (23,9 kg), du Royaume-Uni (23,4 kg) et des États-Unis (20 kg) sont ceux qui ont produit le plus de déchets électroniques cette année-là.
Selon l'ONU, au début de l'année 2024, le taux de production de déchets électroniques sera cinq fois supérieur au taux de recyclage déclaré.
Dans le même temps, les principaux flux de ces « déchets » ne sont pas documentés et les experts se demandent raisonnablement si, dans les pays moins développés, le processus de recyclage ou de stockage des déchets électroniques ne se fera pas en violation des normes et exigences de base. Il ne s'agit pas seulement d'une question de commerce, mais aussi de justice environnementale, puisque, en règle générale, les pays économiquement développés envoient des déchets électroniques dans les pays en développement.
C'est le cas du Ghana, où le flux de déchets électroniques est important, mais où 95 % d'entre eux sont traités de manière non officielle. En outre, certains équipements mis hors service dans les pays occidentaux y sont exploités en raison de leur faible prix, puisqu'ils sont achetés en tant que ferraille, mais revendus sur le marché local en tant qu'articles d'occasion. Les trois principaux partenaires du Ghana sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine.
Décharge de déchets électroniques au Ghana
Accra est un lieu central pour l'« industrie » des déchets électroniques. En fait, il s'agit d'une industrie de déchets électroniques caractérisée par un travail manuel intensif, des relations informelles et l'autogestion. Après le tri, divers processus tels que l'incinération et le démantèlement sont utilisés pour recycler les déchets électroniques. Les entreprises locales achètent souvent les métaux contenus dans les déchets électroniques pour en faire des barres de fer, et les métaux sont exportés vers des pays comme la Chine et l'Inde.
Le Ghana abrite l'une des plus grandes décharges de déchets électroniques au monde, connue sous le nom d'Agbogbloshie. Ce territoire couvre environ 10 hectares, avec une population d'environ 80.000 personnes et 10.000 travailleurs informels dans le traitement des déchets électroniques. Ce site, où les déchets sont traités et éliminés, est situé près de la rivière Odaw et de la lagune Korle. On y trouve également de nombreuses usines, bureaux et petites entreprises, étroitement liés au quartier d'affaires d'Accra et au recyclage des déchets électroniques.
Il n'est pas difficile de deviner qu'il s'agit d'un monde semi-criminel, où, bien sûr, les droits de l'homme, dont l'Occident aime à parler, ne peuvent en aucun cas être respectés. Le travail des enfants, l'absence totale de respect des normes environnementales, etc. sont des pratiques courantes.
Une fois de plus, le Royaume-Uni figure sur la liste, tout comme les États-Unis. À propos de ces derniers, il convient de noter que, selon les prévisions, d'ici 2025, la capacité installée des entrepôts de données aux États-Unis atteindra 2,2 zettaoctets, ce qui permettra la production d'environ 50 millions d'unités provenant de disques durs périmés par an. Le stockage en nuage est réparti sur environ 70 millions de serveurs situés dans 23.000 centres de données à travers le monde ; collectivement, ils pèsent autant que 192 tours Eiffel. La superficie de l'un des plus grands centres est de plus de 1,5 million de pieds carrés, ce qui vous permet de loger 20 terrains de football professionnels.
Les processus de mise à niveau et de mise hors service des équipements dans l'industrie du stockage en nuage ont lieu tous les trois à cinq ans, après quoi les appareils sont détruits physiquement par déchiquetage afin de garantir la sécurité et la confidentialité des données. Les déchets qui en résultent sont soumis à divers processus tels que la fusion, le recyclage, l'incinération et la mise en décharge. Cela signifie que la plupart des 11 millions de serveurs produits dans le monde en 2017 auront déjà été mis hors service en 2022. Et comme 700 centres de données de grande envergure seront construits dans le monde au cours des deux prochaines années, le marché des déchets électroniques en fin de vie sera rempli d'un nombre croissant de déchets.
Les principales entreprises de ce secteur sont les sociétés américaines Amazon, Google, Microsoft, Oracle, IBM et un certain nombre d'autres.
La Chine fait bien sûr partie des pays dont l'industrie électronique est développée. Mais la province de Guangdong possède sa propre décharge électronique à Gulyu, qui est considérée comme la plus grande au monde (photo, ci-dessus). En outre, il existe un site de traitement similaire à Hong Kong. Et, du moins en Chine, les normes environnementales ne sont pas dénoncées de manière aussi virulente qu'en Occident.
L'hypocrisie totale des pays occidentaux à cet égard se manifeste également dans l'exemple de l'Allemagne. En avril 2024, ce pays a été condamné pour avoir sous-estimé des dizaines de fois les statistiques sur les émissions de méthane. Selon le rapport, bien que l'Allemagne ait produit 44 % de la production totale de lignite de l'UE en 2022, elle a déclaré des émissions actives de méthane provenant des mines de charbon d'un montant de seulement 1,39 mille tonnes, soit 1 % de ce que l'UE a déclaré. Par conséquent, les émissions de méthane provenant des mines de charbon en Allemagne peuvent être de 28 à 220 fois supérieures aux données officielles.
L'Allemagne estime que le niveau de production de lignite est comparable à celui de la Pologne. Toutefois, selon les estimations allemandes, la teneur en méthane de son charbon est 40 à 100 fois inférieure à celle du lignite polonais.
Mais même le charbon de l'Allemagne ne suffit pas à satisfaire sa faim d'énergie en raison de la décision stupide de suivre les injonctions des États-Unis et d'abandonner le gaz russe. Elle exporte désormais une partie de son charbon de Colombie. Là encore, il y a un décalage entre les belles paroles et les actes.
En Colombie, le charbon est extrait à El Serrejon, où le travail des enfants est exploité et les droits des communautés locales violés. Mais l'Allemagne continue d'acheter du charbon malgré son engagement déclaré à lutter contre « l'inégalité et la vulnérabilité exacerbées par la crise climatique ». Il est significatif que cette politique de deux poids deux mesures ait été rapportée par des journalistes allemands eux-mêmes, qui ont fait état de ces faits honteux.
Dans le même temps, tous ces partis verts et chefs d'entreprise occidentaux, qui versent souvent des larmes lors des présentations de divers sommets sur l'environnement, enseignent aux autres pays ce qu'ils doivent faire dans le domaine de l'écologie et imposent des décisions politiques qui sont toujours motivées par des intérêts économiques.
23:45 Publié dans Actualité, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, déchets électroniques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'homme et le parfait crétin. Une anatomie de la République fédérale
L'homme et le parfait crétin. Une anatomie de la République fédérale
Karl Richter
Toute l'Antiquité était fondée sur une conception hiérarchique du monde et de l'homme, qui distinguait également les valeurs éthiques : le meilleur en haut, le pire en bas. En haut, les dieux, en bas les hommes, plus bas encore les animaux et le reste de la création. On voyait bien sûr cet ordre se refléter dans les petites choses, c'est pourquoi il était parfaitement clair pour Platon que chez l'homme, la tête, siège de l'intellect qui prend toutes les décisions, se trouvait en haut, tandis que les organes nécessaires au fonctionnement matériel du corps, la digestion, le métabolisme, etc. se trouvaient dans les régions inférieures du corps. On peut bien sûr en sourire, mais c'est ainsi que les Anciens voyaient les choses.
Ce qui est encore plus intéressant, c'est que Platon voyait des différences de valeur similaires entre les systèmes politiques et faisait des analogies avec le caractère de l'homme. En d'autres termes, l'attitude politique d'une personne se reflète en fin de compte dans sa constitution, ses capacités, son comportement et son apparence. Aujourd'hui, alors que nous connaissons les questions de psychosomatique, de physique quantique, de champs morphogénétiques et autres, cette idée est encore plus convaincante qu'à l'époque de Platon. Nous savons aujourd'hui que les pensées sont puissantes et ont un effet marquant : on est ce que l'on pense et quelles pensées, quels rêves, quels objectifs on laisse s'installer en soi. Le visage est considéré à juste titre comme le miroir de l'âme. Mais l'ensemble de l'apparence, de l'attitude, du rayonnement ne l'est pas moins.
Il est donc évident qu'un homme « aristocratique », qui défend politiquement la sélection des meilleurs, se présente différemment d'un homme « démocratique », qui est sérieusement convaincu de l'égalité de tous et qui vit lui-même ce principe. Le citoyen « démocratique » a tendance à être un paresseux, car il est convaincu que ce qui est en bas a autant de valeur que ce qui est en haut. Ce qui est inférieur, matériel, donne le ton. Selon Marx, c'est l'être qui détermine la conscience, et non l'inverse. L'homme démocratique ne peut donc pas se commander lui-même, il est livré à ses dépendances et à ses addictions et peut être manipulé à volonté par des appâts matériels comme l'argent. Il n'est donc pas étonnant que les communautés démocratiques ressemblent à des cloaques. La plupart des grandes villes d'Europe occidentale sont devenues des fosses à purin remplies de saletés et de graffitis, expression appropriée de l'idéologie de leurs habitants.
Nota bene : ce qui est dit ici est valable en principe. Bien sûr, il y a aussi des libéraux et des démocrates qui travaillent et s'améliorent, par exemple dans le sport de compétition. Et inversement, il y a des gens de droite qui se laissent aller, qui fument et qui boivent. Mais ce sont des incohérences dans un sens comme dans l'autre. Le personnage démocratique est logiquement une personne obèse, mal lavée et mal rasée, alors que le personnage de droite est idéalement un homme complet, capable de se défendre, en bonne forme physique et mentale.
En tendance, ce sont les personnes politiquement « à droite » qui font figure d'élite, car elles ont intériorisé l'idée hiérarchique, sont orientées vers la performance et recherchent l'optimisation, et non « l'égalité ». Il faut se rappeler que la « virilité » - c'est-à-dire le fait de se maîtriser soi-même - était autrefois, avant 1945, un idéal social évident, dès l'école. L'armée, en particulier, y attachait une grande importance. Comment faire autrement - si l'on n'est pas capable de se dépasser, on ne peut rien attendre de lui en cas d'urgence. Toute la culture occidentale, qui a fait des dons infinis au monde, est fondée sur le dépassement de soi et le renoncement aux pulsions, tandis que les personnages infantiles veulent tout, tout de suite, et n'ont pratiquement aucune tolérance à la frustration. Les jeunes femmes vertes qui ne savent rien faire d'autre que babiller en sont le meilleur exemple.
Suite à la rééducation d'après-guerre, qui a transformé les Allemands en zombies gauchistes et consuméristes (et suite au sabotage actif de nos amis américains !), notre pays est aujourd'hui en chute libre. La chute économique est prévisible. Une étude récente de la grande banque ING montre que la productivité, le secret de la réussite de l'économie allemande, s'est entre-temps évaporée. Entre 1972 et 1992, la performance économique par employé a encore augmenté d'environ deux pour cent par an, mais entre 2012 et 2022, elle n'a augmenté que de 0,3 pour cent. Ce n'est pas surprenant. Les prestataires sont soit déjà partis, soit passés en mode hibernation. Notre compétitivité internationale n'est donc plus d'actualité.
La chute est également palpable dans l'espace public. On le voit dans le paysage urbain, on le voit sur les gens. Les femmes qui s'habillent délibérément avec des jeans déchirés sont en fait un cas pour l'asile, sans parler des « hoodys », des sneakers et autres vêtements de la classe inférieure. Le façonnage de l'homme, la sélection, l'élevage des meilleurs, qui étaient autrefois la chose la plus naturelle du monde, n'ont plus lieu. Aujourd'hui, c'est considéré comme « d'extrême droite ». Dans les circonstances actuelles, c'est un qualificatif de noblesse pour tous ceux qui s'opposent à la chute.
Le cloaque ne manquera pas d'imploser. Et : le plus tôt sera le mieux. Depuis ses débuts, la République fédérale n'a qu'un seul objectif : être en tout point le contraire de ce que le pays était avant. La conception démocratique du monde, qui repose sur l'inversion des conditions naturelles, l'y aide. La République fédérale est le cancer de l'histoire allemande, qui contamine et dénigre rétroactivement un millénaire et demi de notre passé : pas seulement le Troisième Reich, mais aussi l'Empire, la Prusse de toute façon, l'histoire coloniale, Luther, Richard Wagner, Nietzsche - tout. Et comme elle combat le passé, elle veut aussi détruire l'avenir des Allemands. Le régime actuel en haillons n'est que la conséquence interne de la démocratie ouest-allemande d'après-guerre, installée par les vainqueurs en 1948/49. Il ne peut y avoir aucune discussion : la République fédérale doit disparaître si l'Allemagne veut continuer à vivre. La République fédérale est l'ombre maléfique de l'Allemagne, son zombie, sa rampe résiduelle empoisonnée.
Ce qui est réconfortant, c'est que nous n'avons pas besoin de nous casser la tête. Le voyage en enfer a commencé depuis longtemps. L'ordre reviendra.
21:03 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, europe, allemagne, affaires européennes, déclin allemand | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le retour des civilisations
Le retour des civilisations
Carlos X. Blanco
Des relations plus étroites entre les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) peuvent devenir une condition indispensable au dépassement progressif et à l'abandon de l'ONU et d'autres institutions obsolètes, inefficaces ou clairement alignées sur l'hégémon nord-américain.
Récemment - le jour de l'an 2024 - le nombre de pays membres a augmenté, ce qui rend impossible la modification ou l'élargissement de l'acrostiche, et les BRICS élargis peuvent être désignés sous le nom de BRICS+. Les nouveaux pays ajoutés sont issus du monde musulman et africain. L'incorporation complète de l'Argentine, située en marge de ces coordonnées et dotée d'un énorme potentiel pour rejoindre son voisin le Brésil, était prévue, mais le phénomène Milei est venu tout faire dérailler.
Parmi les pays fondateurs et les nouveaux membres, on trouve plusieurs puissances régionales moyennes, occupant des positions stratégiques (Iran, Arabie Saoudite, Brésil, Afrique du Sud), ainsi que des puissances aux possibilités mondiales - et pas seulement régionales - telles que la Russie, la Chine et l'Inde. Bien qu'elles jouissent d'une possibilité d'influence mondiale, ces trois grandes puissances n'ont pas manifesté le désir de devenir « l'hégémon », tout comme les États-Unis sont aujourd'hui un hégémon unipolaire. La vocation de tous les BRICS, qu'ils soient grands, moyens ou petits, est de développer un monde différent, un monde multipolaire.
Toutes ces puissances rencontrent des difficultés dans leur développement, elles ont un « travail inachevé », elles connaissent même des tensions entre elles et manifestent des rivalités sur différents sujets, mais elles ont un telos ou une cause finale : se libérer du joug de l'« hégémon ». L'hégémon américain, déterminé à préserver - par le sang et le feu - son unipolarité, n'admet que des colonies ou des États soumis. Les Etats soumis ont un temps l'illusion d'être des « partenaires et alliés », mots qui semblent renvoyer à une relation d'égal à égal et à une participation proportionnelle ou équitable aux bénéfices du pillage du reste de l'humanité. Mais tout cela s'est avéré être un mensonge.
Pendant trop longtemps, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'opinion publique et certains gouvernements occidentaux ou pro-occidentaux ont cru à toute cette histoire. Le « monde libre » garantirait à la population soumise la paix, les droits de l'homme, la stabilité démocratique et une société d'abondance pour une classe moyenne en pleine expansion.
L'histoire du « monde libre » a commencé à s'effondrer avec la crise économique mondiale de 2007. Il est devenu évident que les méthodes spéculatives des États-Unis et, en général, de l'anglosphère, n'étaient rien d'autre que des virus très dangereux qui pouvaient infecter toute économie capitaliste qui ne conservait pas certains éléments classiques dans ses règles de fonctionnement : a) un niveau élevé de contrôle étatique dans les sphères financières, monétaires et productives, b) un niveau élevé de protectionnisme dans les industries et l'activité agricole, c) une souveraineté économique totale qui permet une planification productive à long terme et la fermeture relative et strictement réglementée des frontières.
À partir de 1945, les pays occidentaux ont commencé à renoncer à tous les mécanismes et règles qui pouvaient garantir leur souveraineté économique. Celle-ci, ainsi que la souveraineté militaire, qui lui est nécessairement imbriquée, garantit toute souveraineté possible. L'« Occident collectif » est tombé dans une situation coloniale malheureuse : ses économies sont exposées à toutes les infections possibles provenant du système américain, un système progressivement et dangereusement déconnecté de la réalité, basé sur des bulles spéculatives qui tendent à étrangler la production.
La preuve la plus notoire de la situation néocoloniale a été l'affaire « Nord Stream » (en 2022), le sabotage ayant très probablement été effectué sur ordre des États-Unis. L'hégémon, dans sa lutte désespérée pour conserver son pouvoir incontesté et maintenir le monde dans l'unipolarité, n'a pas seulement déclaré la guerre aux puissances en déclin et aux pays du Sud. Depuis des décennies, les Américains mènent également une guerre secrète contre leurs « partenaires, alliés et amis », c'est-à-dire les petites puissances d'Europe occidentale. Pour ce cupide Oncle Sam, il est essentiel qu'en dehors de l'anglosphère (sa première ceinture d'hommes de main et de copains), tout l'Occident non anglo-saxon soit soumis et fonctionne comme une colonie et un champ de bataille.
Les Américains ont ri au nez des Allemands naïfs et impuissants en leur coupant brutalement l'approvisionnement en gaz russe bon marché et proche. La coopération eurasienne tout à fait naturelle et nécessaire, qui comprend l'insertion de la Russie en Europe (les Russes slaves sont des Européens, bien qu'il existe également une Russie asiatique, alors que les Yankees ne le sont pas) ainsi que l'insertion de l'Europe en Asie, dont nous sommes, en fin de compte, un appendice, a été amputée. Lorsque les autorités allemandes ont accepté avec soumission le fait brutal du sabotage, ainsi que l'interdiction intimidante de la brute yankee d'acheter librement du gaz russe et d'accepter le gaz beaucoup plus cher de l'Amérique du Nord, le néocolonialisme de l'hégémon a montré au monde son terrible visage.
Le reste du monde en a été témoin. Le Sud global a vu comment le maître traite ses hommes de main, les hommes de main du troisième niveau, comme les Allemands et les Français et les autres chiens aboyeurs de l'Union européenne qui sont sur le point de jeter aux orties les restes de leur « État-providence » pour soutenir le dictateur Zelensky et sa clique corrompue et néo-nazie.
Le Vietnam d'Europe centrale qu'est l'Ukraine, l'Afghanistan à deux pas de l'Allemagne et de la France, l'Ukraine ultranationaliste d'où les « marines » et les « collabos » sortent toujours la queue entre les jambes, prétend maintenant être un problème transféré à une Europe indigne. Les Américains laissent la « patate chaude » aux « partenaires » européens, à une UE otanisée qui accepte l'une après l'autre les impositions du Pentagone, et qui permet à des personnages sinistres ou serviles, comme Borrell, Ursula ou le Dr Sanchez (connu sous le nom de « Dr Death/Dr Mort » lors de ses confinements lors de la pandémie du CO VID-19) de se dire « Européens », alors qu'ils ne sont en réalité que les garçons de course du Parti démocrate des Yankees, c'est-à-dire la faction la plus belliciste et criminelle de l'establishment américain, déjà très belliciste et criminel.
En Espagne, notre Docteur Mort local a promis cette semaine même quelque 1100 millions d'euros au dictateur ukrainien, un autre artiste comique devenu boucher. Ce milliard sera consacré aux armes, et ce dans un contexte critique pour l'Espagne, à savoir a) démantèlement progressif de la petite industrie et du secteur agricole du pays, livrés aux lobbies marocains qui contrôlent Madrid et Bruxelles, b) extrême faiblesse de l'armée espagnole, incapable de repousser toute annexion unilatérale ou toute nouvelle « Marche verte » des Marocains vers Ceuta, Melilla, vers les Canaries ou dans le sud de l'Espagne en général, c) l'érosion et le démantèlement progressifs de l'« État-providence » espagnol, déjà précaire, où le nombre de bras inactifs et de bouches affamées ne cesse d'augmenter, en raison du manque d'investissements productifs et de l'accueil illimité de populations africaines et d'autres populations provenant d'autres latitudes.
En Espagne, la pauvreté des enfants et le nombre de foyers brisés sont en augmentation (en partie à cause des politiques de prétendue « autonomisation » des femmes et de l'idéologie LGTBIQ+). Dans le même temps, le système scolaire s'est détérioré de manière inquiétante, l'ignorance et la fraude se propageant à des niveaux plus élevés. La « culture » de l'hédonisme, de l'aboulie, de l'idéologisation de la classe et du manque de rigueur dans l'attribution des diplômes a triomphé. Elle a créé une société moralement malade, décomposée et appauvrie jusqu'à la moelle des os. Des processus similaires sont en cours dans d'autres pays d'Europe occidentale. Le seul moyen de vivre est le secteur des services, le tourisme (le grand destructeur de la diversité productive), la spéculation. Les talents sont mutilés et les gens vivent dans une forte déconnexion par rapport au réel.
Le grand espoir des BRICS+ est que ce réseau ou système de pouvoirs en vienne à fonctionner comme une ONU alternative au sein de laquelle de véritables lois internationales, et pas seulement des « règles », seraient élaborées. Les tyrans établissent des règles, mais le droit et la souveraineté édictent des lois. L'instauration de transactions dédollarisées, l'immunité contre les sanctions arbitraires de l'hégémon, la possibilité de revenir à un financement équitable - et non usuraire - du développement des pays les plus démunis en technologie, en talent et en argent, ouvrent un horizon humaniste. Après la série d'invasions, de coups d'État, de guerres hybrides de conquête, d'assassinats sélectifs, de bombardements « humanitaires », etc., etc. commis par les Yankees, l'humanité avait presque perdu l'espoir qu'une quelconque institution internationale puisse s'élever avec autorité et prestige et être capable de canaliser les relations entre nations souveraines, voire entre civilisations, de manière solidaire, coopérative et anticolonialiste.
L'Organisation de coopération de Shanghai (上海合作组织, Шанхайская организация сотрудничества), l'une des plus importantes au monde en termes de population et de taille de la planète qu'elle représente, peut également constituer une barrière efficace contre l'agressivité prédatrice de l'hégémon américain. Ce type de cadre institutionnel ouvre la porte à une coopération loyale dans tous les domaines : a) transferts commerciaux, financiers et technologiques, b) échanges culturels et éducatifs, c) construction d'environnements sûrs, où le terrorisme financé par les États-Unis et l'OTAN, ainsi que les ONG d'ingérence et autres unités de guerre hybride, sont dûment neutralisés.
Il est urgent pour nous, habitants d'un Occident colonisé, citoyens d'une Europe prostrée, de créer toutes sortes d'associations culturelles, humanitaires, commerciales, étudiantes et professionnelles, ainsi que des plateformes mixtes pour des rencontres virtuelles et face à face avec ces pays non membres de l'OTAN et non hégémoniques, des pays qui font des pas décisifs vers la désaméricanisation, la dédollarisation, en affrontant le néolibéralisme et le militarisme agressif qui lui est inhérent. C'est à nous, Espagnols, de lancer une mobilisation citoyenne massive contre l'OTAN et contre toute implication dans une guerre suicidaire contre la Russie. Nous devons préconiser la tenue immédiate de conférences de paix pour résoudre le conflit ukrainien et commencer à organiser une politique commune des Européens en faveur d'une plus grande intégration eurasienne. Il est urgent que les nations européennes se réindustrialisent et s'approvisionnent auprès de leurs propres agriculteurs, qu'elles orientent leurs forces armées vers la défense de leur territoire (comme c'est le cas urgent dans le sud de l'Espagne, exposé à l'invasion) et non vers la guerre contre la Russie. Il est nécessaire de collaborer avec la puissance techno-scientifique du 21ème siècle, la Chine, en intégrant nos pays dans sa « nouvelle route de la soie » pour un bénéfice réciproque.
En Espagne, nous savons que les Américains se sont développés à nos dépens. Après avoir dépouillé le Mexique d'une grande partie de son territoire et, peu avant, du territoire espagnol, ils ont exterminé les indigènes d'Amérique, puis ils ont dépouillé l'Espagne de ses provinces de Cuba, Porto Rico, Guam et des Philippines, provoquant ainsi de grands génocides. Depuis lors, l'empire yankee est l'empire de la mort, de la douleur et de l'esclavage. Comme le dit A. Douguine, et pas mal de philosophes chinois actuels, l'empire yankee n'est qu'une parenthèse. L'heure est aux civilisations, plurielles, aux mondes autocentrés mais collaboratifs, aux grands espaces impériaux qui font régner l'ordre à l'intérieur et coopèrent sans coloniser à l'extérieur. Les vieux empires traditionnels reviennent, habillés des vêtements du futur, tandis que la thalassocratie yankee, brutale, anti-traditionnelle et artificielle, se retire.
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mardi, 04 juin 2024
Orson Welles et sa fonction américaine très spéciale
Orson Welles et sa fonction américaine très spéciale
Nicolas Bonnal
Je ne veux pas déboulonner une idole, mais simplement rappeler des faits. Je sais que je pourrais choquer, mais comme je ne lis jamais les commentaires… De toute manière je considère que l’individu génial, baroque, était plus intéressant par sa culture, ses facéties, son côté gauchiste caviar et Pantagruel d’opérette que le cinéaste. Lui-même reconnaissait ses maîtres (Ford, Griffith, Eisenstein…).
Orson Welles est un acteur-marionnettiste (activité symbolique et traditionnelle...) de formation, un agitateur qui vient de l’extrême-gauche américaine (qui a pris dans les années trente et quarante le contrôle de ce pays par le théâtre) et crée un Macbeth avec John Houseman (affairiste marxiste et prof de théâtre, très bon trente ans après dans le rôle de l’oligarque de service de Rollerball) et des acteurs afro-américains. Sa légendaire émission sur la guerre des mondes accompagnait une grosse campagne antinazie en Amérique. A l’époque, rappelle le grand historien communiste Eric Hobsbawn, 90% des Américains croient à la menace allemande… en 1938 donc, contre 11% qui croient à la menace stalinienne. Bravo les médias. A la fin de la guerre, en un claquement de doigts, on créera la menace soviétique-russe, dont on ne sortira que les pieds en fumée ! Bravo encore les médias.
Le très surfait Citizen Kane (lisez l’analyse de Jacques Lourcelles ou celles de Pauline K.) attaque la presse Hearst qui est jugée pro-allemande par le département d’Etat. Le reste c’est du Rosebud, c’est-à-dire pas grand-chose ! Le mystère d’une vie comme celle de Hearst, tu parles… Citizen Kane est un brouillon de biopic, il n’y a que le documentaire du début qui tienne la route. Kane-Hearst y est ridiculisé comme pacifiste pro-hitlérien alors que l’équipe Roosevelt prépare la guerre depuis le milieu des années trente aux côtés des britanniques (lisez Ralph Raico, Beard, Rothbard, etc.)
Orson Welles est ensuite payé comme un agent gouvernemental (le gouvernement US est alors encore procommuniste, lisez George Crocker) pendant tout ce temps, cinéaste provocant mais raté qui multiplie les échecs commerciaux et les provocations formelles : lisez Pauline Kael qui en avait marre du culte, et puis Ciment qui tente de lui rétorquer, avant que Lourcelles ne remette tout le monde à sa place. Skorecki le décrétait baroque : trop d’effets théâtreux… Catherine Benamou dans son livre sur l’odyssée latino-américaine de Welles explique que sous couvert culturel (comme toujours), Welles travaille pour l’intelligence américaine, ni plus ni moins. Hollywood et la CIA : on en a parlé dans notre livre sur la comédie musicale, de cette opération de charme avec les latinos dont bénéficia surtout l’incroyable Carmen Miranda – qui était portugaise… Welles déclina ensuite car en temps de guerre froide il fut jugé trop à gauche. Il chercha l’argent du contribuable-producteur en France – comme tant d’autres après lui.
Avec beaucoup de retard, Wikipédia raconte ses exploits de propagande pendant la guerre. On sait (ou on croit) que l’Amérique du Sud a des penchants nazis suspects (en fait elle est surtout anglophobe et anti-impérialiste, à part Borges…), alors on utilise la carotte avec le bâton pour la ramener dans le camp du bien. Welles est envoyé là-bas, il travaille main dans la main avec Nelson Rockefeller qui tient le Venezuela, a appris l’espagnol et s’est acheté une somptueuse hacienda.
Puis Welles rentre au bercail, continue des œuvres de propagande, comme ce Stranger, film ridicule qui évoque un nazi tueur qui arrive en Amérique pendant la guerre, se marie sans encombre mais n’est pas pris pour un nazi, sauf par un chasseur de nazi (Ed Robinson) ! C’est du maccarthysme à l’envers, mais qu’est-ce que c’est mal fait… Quelques années après, la chasse aux sorcières communistes commence et Welles évidemment pleure toutes les larmes de son corps. Il ne comprend pas que l’Etat profond orwellien a besoin de son ennemi russe. On répète Orwell encore et toujours : on crée un ennemi qu’on ne cherche JAMAIS à vaincre, mais qui justifie tout le reste, dépenses militaires, panique manipulée, paranoïa collective et surtout renforcement étatique ; les masses suivent ensuite ou roupillent, merci La Boétie.
Quand Truman invente le péril soviétique (lisez l’historien disparu Ralph Raico à ce sujet, lisez aussi le fasciste américain Yockey qui en devenait presque russophile !), Welles perd ses jobs. La dame de Shanghai (a-t-on le doit de dire enfin que ce navet est pathétique ? « I don’t want to die ! ») le coule définitivement aux yeux des studios et il part ailleurs, recherchant difficilement de l’argent et en tournant le rôle du méchant (Cagliostro, le grand khan…) dans beaucoup de navets mondialisés. Voyez La tulipe noire d’Hathaway. Ma bonne ville de Fès y devient une capitale chinoise ! Il apparaît en Bayan-Khan quelques minutes à cheval pour sonner des conseils de guerre aux Occidentaux. De quoi se remettre à René Grousset…
Son Othello est scolaire et amusant (Mogador-Essaouira en est le vrai personnage), mais certainement au-dessous de Laurence Olivier, sa Soif du mal est un scandale pédagogique bien dans sa manière provocante : on se croirait chez Joe Biden. La police américaine et les Américains ont tous les torts, le haut fonctionnaire mexicain tiers-mondiste a toutes les vertus, mais il est joué par un Américain nommé Charlton Heston ! L’attentat est maquillé, et cela rend le film intéressant puisqu’on se rapproche des visions actuelles de la conspiration et du False Flag qui est maintenant sur toutes les langues. A noter que le monstrueux inspecteur Hank Quinlan (Welles fait même allusion à son obésité, et il joue déjà à la Godard sur la mort du cinoche et sur son culte nostalgique – voir le personnage vétuste et malsain de Marlène Dietrich) a toutefois raison et que le jeune Mexicain arrêté était vraiment un… terroriste ! Une séquence soigneusement ignorée annonce Psychose : un jeune débile travaille dans un motel, joué par Dennis Weaver, singé par Perkins ensuite (voyez mon Hitchcock).
La suite est européenne. Mr Arkadin est décalé, jet set, bavard, conspiratif et provocateur (enquêtez sur moi, montrez le monstre que je suis…) et Welles joue d’Arkadin comme de Kane dans Citizen. Le personnage devient une manifestation plutonienne de l’entropique monstruosité américaine. Kane montrait le devenir spectaculaire du capitalisme américain (« le capital est devenu image », dit Guy Debord). Un spectacle avec rien derrière, des cadavres derrière le rideau. Le procès/The Trial (1963) devient une allusion à la shoah et à la guerre, avec les bons éclairs : les décors de Zagreb et notre belle gare d’Orsay transformée depuis en musée. Mais qu’Anthony Perkins est à la peine…
Welles poursuit sa carrière crevée, devient « auteur » mythique à l’âge zombi de la cinéphilie universitaire (« Fin de l’Histoire… du cinéma, Tolstoï a expliqué comment l’étude et la critique tue les arts), et il réalise ce qui pour moi est le sommet, « le chef-d’œuvre inconnu » de son étrange, ennuyée et eschatologique carrière. F comme Fake, tourné en Espagne franquiste, le montre tel qu’il est : un faussaire qui vit de faux laborieusement inventés. Dans l’Espagne fasciste et tolérante du général Franco, ce gauchiste d’opérette (tous les gauchistes sont d’opérette, lisez Lénine enfin) adapte des Shakespeare plus ennuyeux les uns que les autres (Falstaff), filme les débuts de la bulle immobilière de Fraga avec son Don Quichotte et finalement confesse à la fin des années soixante-dix : le franquisme n’avait pas détruit toute l’Espagne, il lui restait la fierté, le machisme, la semaine sainte, la tauromachie, que sais-je, par contre la démocratie l’a anéantie elle et en quelques années seulement (Buñuel aussi le pense alors). Honnêteté qui lui fait honneur : enfin un gauchiste qui devient traditionnel (voyez Pasolini aussi…). Mais le ver était dans le fruit du franquisme, cette dictature condamnée, avait encore dit un Bernanos sublimement inspiré.
Son meilleur film ? La splendeur des Amberson, opus nostalgique «Americana» qui évoque sur un ton proche de Boorstyn ou de Mumford la dévastation du territoire, de la société et de la civilisation américaine par la bagnole et l’industrialisation. L’écrivain Booth Tarkington fait allusion, dans le livre, à l’invasion migratoire européenne qui détruit le vieux pays des pionniers anglo-saxons. C’est soigneusement oublié dans le film. L’Americana est un genre très prisé par les gourmets et autres fans d’Henry King, et oublié, qu’on retrouve dans la comédie musicale (Belle de New York, Easter parade, Chantons sous la pluie…). Ajoutons en terminant que si Welles a inspiré le personnage de Norman Bates dans Psychose, l’actrice (Janet…) est la même que dans la Soif du mal...
Sources :
https://www.amazon.fr/Alfred-Hitchcock-condition-f%C3%A9m...
https://www.amazon.fr/com%C3%A9die-musicale-am%C3%A9ricai...
https://www.dedefensa.org/article/bunuel-et-le-grand-nean...
https://www.terreetpeuple.com/culture-enracinee-memoire-8...
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Une route sans retour
Une route sans retour
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/strada-senza-ritorno/
On aurait dit l'intempérance verbale du seul Stoltenberg. Cela confirme presque le dicton « nomen est omen ». Une montagne de... eh bien, disons de bêtises, d'idioties, d'insanités....
Puis Borrell s'est ajouté. Le personnage le plus inutile et le plus insignifiant de la scène européenne. Le bureaucrate qui prétend être le ministre des affaires étrangères de l'Union. Voilà qui est déjà drôle...
Mais voilà que Scholz et Macron entrent en scène, à leur tour. Et ça commence à devenir très sérieux. Car, bien sûr, ils ont été précédés par l'intempérance d'autres membres de l'OTAN. Les habituels Baltes - qui, compte tenu de leurs atouts, devraient compter comme les deux de carreau quand l'atout est au trèfle... La Finlande, avec le zèle intempestif des néophytes. Et la Pologne, dont tout le monde dit qu'elle est une remarquable puissance militaire. Mais c'est aussi ce qu'on disait en 1939. En effet, le gouvernement de Varsovie était convaincu qu'il arriverait à Berlin avec ses troupes en une petite semaine. Tout le monde sait ce qu'il en est advenu... les Polonais devraient s'en souvenir aussi.
Mais si l'Allemagne et la France entrent en scène, le jeu devient lourd. Et très risqué. Scholtz est peut-être in chancelier fantôme, le plus ennuyeux de l'histoire allemande. Et Macron est une imitation de Napoléon faite par Louis de Funès... le Totò transalpin. Mais si Paris et Berlin soutiennent eux aussi la position consistant à permettre aux Ukrainiens d'utiliser des missiles à longue portée fournis par les alliés occidentaux contre la Russie, pour frapper même Moscou et Saint-Pétersbourg... eh bien, les choses deviennent vraiment scabreuses.
La position britannique, bien sûr, est la même depuis un certain temps déjà. Et les seuls qui semblent s'y opposer - à part la Hongrie, la Slovaquie et probablement d'autres pays des Balkans trop exposés à l'inévitable réaction russe - sont les Italiens et les Espagnols. Mais il s'agit d'une opposition faible. Qui semble attendre les décisions de Washington.
Oui, parce que Washington freine. Ou plutôt, c'est le Pentagone qui freine. Les militaires réalisent mieux que d'autres les risques inhérents à une telle escalade de la guerre. Notamment parce que ce serait alors à leur tour de se battre.
La décision, en revanche, est politique. Et au sein de l'administration Biden, jusqu'ici prudemment opposée, les partisans de cette escalade l'emportent.
Car les élections approchent. Et ils estiment que le président sortant ne pourra pas arriver à quoi que ce soit avec, en arrière-plan, l'échec en Ukraine sur les épaules.
Un calcul à courte vue. Car un tel déploiement d'armes occidentales ne serait guère en mesure d'inverser le destin désormais clairement tracé du conflit.
Au contraire, il provoquerait une réaction du Kremlin. Et Poutine a déjà fait savoir que, dans une telle éventualité, non seulement l'Ukraine disparaîtrait de la carte, mais aussi de nombreux autres pays européens qui devraient payer un très lourd tribut.
Un prix que nous ne sommes ni prêts ni disposés à payer réellement. Car les jeux de guerre de Stoltenberg, Borrell et consorts sont une chose. C'en est une autre que d'être frappé par la fureur, probablement même nucléaire, de l'ours russe.
20:40 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Un « Choc des civilisation ? Vraiment ?
Un « Choc des civilisation? Vraiment?
20:14 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : choc des civilisations, civilisations, philosophie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Cordwainer Smith et l'Instrumentalité
Cordwainer Smith et l'Instrumentalité
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2024/05/26/cordwainer-smith-och-instrumentaliteten/
Paul Myron Anthony Linebarger (1913-1966) a été l'un des leaders de la guerre psychologique, notamment en formant des agents de la CIA et en conseillant Kennedy. En tant que professeur, il a écrit plusieurs ouvrages sur la politique en Extrême-Orient (il était également le filleul de Sun Yat-sen). Parallèlement à ses carrières académique et militaire, il avait un vice secret : il écrivait de la science-fiction sous le nom de Cordwainer Smith. Comme Philip K. Dick, Isaac Asimov et Frank Herbert, il a créé son propre mythe et diffusé sa propre vision de l'avenir. Smith n'a pas atteint la même renommée que les autres, mais c'était un écrivain habile avec une vision unique (sans surprise, Zappa faisait partie de ses lecteurs).
L'histoire
L'histoire racontée par Smith s'étend sur des dizaines de milliers d'années dans le futur, mais l'accent est mis sur le mythique et l'existentiel, bien qu'il introduise également des inventions technologiques fascinantes. Peu de temps après notre époque, une civilisation périt dans une guerre dévastatrice (« les années s'écoulèrent ; la Terre continua à vivre, même si une humanité tarabustée et hantée se faufilait à travers les ruines glorieuses d'un immense passé »). Plusieurs races différentes sont apparues, dont les vrais humains, les « Morons » primitifs, les chasseurs d'hommes automatiques et les humains animaux. Pendant un certain temps, le monde a été gouverné par les Jwindz, « des Chinois, des philosophes... leur pouvoir ne s'exerce pas sur le corps de l'homme mais sur l'âme... ils sont éloignés, retirés, sans sang... ils ont recruté des personnes de toutes les races, mais l'homme n'a pas bien réagi. Seule une poignée d'entre eux aspire à la perfection esthétique que les Jwindz se sont fixée comme objectif. Les Jwindz ont donc eu recours à leur connaissance des drogues et des opiacés pour faire de l'homme véritable un peuple tranquille et indifférent - pour qu'il soit facile de le gouverner, de tout contrôler ». Nous retrouvons ici deux thèmes récurrents chez Smith : les dirigeants cachés et la perte de vitalité (comparez avec les « derniers hommes » de Nietzsche). Mais il en va de même pour les contre-forces qui surgissent, contre lesquelles les Jwindz transforment leur propre force de police, appelée l'Instrumentalité.
L'Instrumentalité a guidé l'histoire de l'humanité pendant des millénaires, comme une aristocratie décentralisée. Smith l'a décrite comme « un corps d'hommes qui se perpétue lui-même, doté d'énormes pouvoirs et d'un code strict. Chacun était un plénum de la basse, de la moyenne et de la haute justice, et pouvait faire tout ce qu'il jugeait nécessaire ou approprié pour maintenir l'Instrumentalité et la paix entre les mondes. Mais s'il commettait une erreur ou une faute - ah, là, c'était soudain différent. N'importe quel Seigneur pouvait mettre à mort un autre Seigneur en cas d'urgence ». Paradoxalement, ils ont un peu trop bien réussi dans leur objectif d'accroître la sécurité des gens et leur liberté de travail, ce qui a conduit à « une fade utopie de facilité et d'abondance » avec son cortège de futilités. Et de nouvelles solutions, notamment la réintroduction de phénomènes comme le risque, les nations, les maladies et les conflits. Ce projet, baptisé « La redécouverte de l'homme », visait à « restaurer le droit de l'homme à la liberté soit au risque, à l'incertitude et même à la mort ».
Mais avant cela, les histoires de Smith suivaient l'exploration de l'espace et les relations entre les hommes et les animaux. Un thème récurrent est la nature inhumaine de l'espace, où les étendues désolées et les longues périodes de temps poussent les gens à la mort et à la folie. À une époque, les voyages étaient supervisés par des scanners et des habermans de type cyborg, « les habermans étaient des criminels ou des hérétiques, et les scanners des gentlemen-bénévoles ». A une autre époque, les voyages se déroulaient sur d'immenses voiliers. Les scanners perdaient une grande partie de leur humanité, les capitaines la majeure partie de leur vie, tandis que les passagers dormaient congelés pendant des décennies. Une idée originale de Smith était celle des « dragons » qui se cachaient dans l'obscurité de l'espace et pouvaient, en une fraction de seconde, assommer tous les êtres vivants d'un coup de poing psychique. Contre ces êtres, « des bêtes plus intelligentes que les bêtes, des démons plus tangibles que les démons, des tourbillons affamés d'énergie et de haine composés par des moyens inconnus à partir de la matière ténue existant entre les étoiles », les humains ont utilisé des télépathes comme défenseurs. Des êtres étranges ont également rencontré l'humanité sur des mondes étrangers, comme les Apaciens, semblables à des canards, et les Arachosiens, mangeurs d'hommes.
Thèmes mythiques
Contrairement à Asimov, Smith se concentre sur les dimensions mythiques et psychologiques de l'histoire. Le jeu entre la vitalité et l'insignifiance ou la décadence est un sujet récurrent. L'originalité réside dans l'utilisation de l'allemand comme représentant de la vitalité. Une aristocrate prussienne congelée, Carlotta vom Acht, remet l'humanité sur les rails 16.000 ans après la Seconde Guerre mondiale et ses descendants restent des membres éminents de l'Instrumentalité. Une autre solution est représentée par les habitants de la planète Norstrilia, « Old North Australia ». Ils élèvent des moutons assez énormes qui sont la seule source de stroon, un médicament qui prolonge la vie, et sont donc extrêmement riches. Mais pour protéger leur culture et leur mode de vie, ils ont des coutumes tout aussi extrêmes, ce qui signifie qu'ils vivent comme des colons sur leur planète. « L'ancienne Australie du Nord est restée simple, pionnière, féroce et ouverte. Chaque Australien du Nord est également un guerrier tueur et un télépathe.
Le choix des Norstriliens de ne pas utiliser les animaux, les « underpeople » ou « homunculi », comme on les appelle également, comme main-d'œuvre nous amène à un autre fil conducteur de l'histoire de Smith, la relation entre les humains et les animaux. Le travail et la privation de droits des seconds sont la condition sine qua non de la vie facile des premiers. Ce sont des animaux dotés d'une intelligence humaine et de traits plus ou moins humains. Leurs noms sont liés à leurs origines animales ; C'Mell, par exemple, est un chat. Les animaux n'ont aucun droit dans l'avenir de Smith ; s'ils deviennent vieux ou malades, par exemple, ils sont euthanasiés. Au fil des ans, Smith est devenu chrétien, et les tentatives des animaux pour obtenir des droits et la liberté s'inscrivent dans un thème chrétien primitif plutôt que révolutionnaire. Dans The Dead Lady of Clown Town en particulier, ce thème est à la fois puissant et émouvant, les animaux prenant la place des premiers martyrs chrétiens (« the underpeople started to chant love, love, love in a weird plainsong full of sharps and halftones »). Le christianisme, « l'ancienne religion forte », continuera à réapparaître à l'avenir, malgré l'opposition vigoureuse de l'Instrumentalité à l'exportation de la religion entre les mondes.
En général, l'élément mythique est très présent dans l'œuvre de Smith, l'expert en guerre psychologique étant conscient que « l'homme ne vit pas que de pain ». De nombreuses histoires contiennent des chansons et des légendes, d'autres sont structurées comme des mythes chinois. De temps à autre, on voit apparaître un prince de l'Instrumentalité nommé Lord Sto Odin, une planète du châtiment appelée Shayol et une nouvelle version d'Ekhnaton. Les événements menant à l'émancipation des hommes-bêtes sont les plus intéressants d'un point de vue narratif, les événements s'influençant les uns les autres sur plusieurs générations. Mais Smith était également capable d'écrire des histoires courtes et concises, peignant des décors fascinants tels que les profondeurs souterraines où le peuple animal vivait parmi les ruines d'anciennes civilisations situées sous des maisons hautes de plusieurs kilomètres. Un thème plus personnel était l'ailurophilie de longue date de Smith ; les chats jouaient un rôle récurrent et important dans son mythe. Dans l'ensemble, il s'agit d'une connaissance enrichissante, notamment pour ceux qui apprécient Philip K. Dick.
A propos de l'auteur : Joakim Andersen
Joakim Andersen alimente le blog Oskorei depuis 2005. Il a une formation universitaire en sciences sociales et une formation idéologique marxiste. Au fil des ans, l'influence de Marx a été complétée par celles de Julius Evola, d'Alain de Besiont et de Georges Dumézil, entre autres, car le marxisme manque à la fois d'une théorie durable de la politique et d'une anthropologie. Aujourd'hui, Joakim Andersen ne s'identifie à aucune étiquette, mais considère que la fixation, entre autres, sur le conflit supposé entre la « droite » et la « gauche » occulte les véritables enjeux de notre époque. Son blog continue également de s'intéresser à l'histoire des idées et aime présenter des courants étrangers au public suédois.
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Le nouveau romantisme et la Quatrième Théorie Politique (4TP)
Le nouveau romantisme et la Quatrième Théorie Politique (4TP)
Carlos X. Blanco
S'il existe un dénominateur commun aux trois théories politiques prédominantes dans le monde, en particulier dans le monde occidental, c'est bien le matérialisme. Selon la caractérisation du philosophe russe Alexandre Douguine, les trois théories politiques dominantes de la modernité occidentale sont, dans l'ordre, 1) le libéralisme [1TP], 2) le socialisme-communisme [2TP] et 3) le fascisme et le national-socialisme [3TP]. Tous trois sont imprégnés d'une métaphysique léthargique et brutale, qui est la conception philosophique matérialiste. Cela se voit même dans les déclarations que la théorie politique fait sur elle-même, qui servent souvent des objectifs très différents de ceux d'une véritable philosophie : l'objectif de montrer la vérité. La propagande et la polémique contre les théories politiques rivales sont des facteurs qui sont à l'origine du fait que les théories politiques ne sont pas présentées telles qu'elles sont réellement, et il est nécessaire, dialectiquement, de comprendre les précédentes à partir d'une nouvelle théorie politique qui comprend et dépasse les précédentes. Toute théorie politique qui émerge au sommet de son époque implique l'engagement de comprendre cette même époque et, en même temps, intrinsèquement, de dépasser les précédentes qui, d'une manière ou d'une autre, prétendent maintenir leur validité et leur influence.
La quatrième théorie politique [4TP] de Douguine n'est pas seulement chronologiquement postérieure, comme l'affirmation selon laquelle le soir suit le matin, ou l'automne le printemps. La 4TP doit être - et est en effet - un dépassement du matérialisme en tant que dénominateur commun du libéralisme, du socialisme-communisme et du nazi-fascisme.
La 1TP, rappelons-le, ne s'en tient pas exclusivement au libéralisme de Locke, mais aussi au matérialisme grossier de Thomas Hobbes, un autre Anglais qui, comme son lointain mais fondamental prédécesseur, le nominaliste Guillaume d'Ockham, a radicalisé la thèse d'Aristote : la seule chose qui existe est l'individu, et il n'y a pas de place pour les substances « secondes ». Les termes linguistiques qui correspondent à des entités supposées collectives, abstraites, génériques, n'existent qu'en tant que termes de langage (ontologiquement, ils se limitent à être des effets de voix - flatus vocis -, des taches d'encre sur du papier, des impulsions électromagnétiques dans un ordinateur...). Les termes nominalistes se réfèrent de manière univoque à des individus - humains ou non - distincts et ab-solus (c'est-à-dire « libres », détachés de l'arrière-plan sur lequel ils se profilent). Il est évident, comme l'a déjà souligné Costanzo Preve, que la clé de l'ontologie de la 1TP réside dans la doctrine sociopolitique sous-jacente, une ontologie de l'être social : l'entité individuelle, désignée de manière univoque à la manière nominaliste, n'est autre que l'individu humain absolutisé par le libéralisme : un atome sociopolitique et économique. Cette philosophe luciférienne, anglaise elle aussi, Mme Thatcher, l'a exprimé avec la clarté des flammes de l'enfer lui-même : « la société n'existe pas ». C'est du matérialisme pur : ce n'est pas seulement un matérialisme abstrait qui sous-tend une théorie de gouvernement et une conception économique. C'est un matérialisme imposé : la société doit être convertie, manu militari s'il le faut, et par des « chocs » (Pinochet, Videla, Eltsine...), en une masse d'atomes devant un État au service de certains capitaux tout-puissants, c'est-à-dire que la société doit disparaître.
La 2TP a l'avantage de ne pas cacher son matérialisme. Il est vrai que le Hobbes de la 1TP ne le cachait pas non plus, mais la rhétorique de la « libre initiative individuelle », de la liberté et de la société ouverte est une rhétorique qui continue à séduire de nombreuses personnes. Le socialisme et le communisme, en particulier dans sa version marxiste-engelsienne, sont des théories matérialistes et athées avouées. Mais ce n'est pas si simple. Nous devons à plusieurs auteurs (Gramsci, Preve, Fusaro, S. Bravo...) la réinterprétation de la philosophie marxiste dans une clé idéaliste : le philosophe de Trèves était un fidèle disciple de Fichte et de Hegel, un philosophe de la praxis (« au commencement était l'action »), dans la tradition allemande la plus authentique, poursuivie, grâce à Gramsci, par les Italiens.
Cependant, l'implantation dogmatique et obligatoire de ce que l'on appelle le « matérialisme dialectique » et le « matérialisme historique », non seulement dans les États communistes (URSS, Europe de l'Est, Chine, etc.), mais aussi dans les partis communistes de l'Occident et dans une grande partie du monde, a justifié cette identification entre 2TP et matérialisme. Mais je crois que le grand maître Preve a montré au monde que ce qui est pérenne et vrai dans l'œuvre de Marx, c'est que les êtres sont des êtres communautaires, qui tissent et reconstruisent sans cesse leur communauté par l'action, et que c'est l'action communautaire - enracinée malgré les assauts du capital - qui transforme le monde et le fait évoluer, non pas dans sa pensée des Lumières tardives, mais dans son aristotélisme. Les êtres humains sont des êtres communautaires, qui tissent et reconstruisent constamment leur communauté par l'action, et c'est l'action communautaire - grosse de ses racines malgré l'assaut du capital - qui transforme le monde et le fait évoluer.
La 3TP est aussi un matérialisme grossier. Dans sa version nationale-socialiste, nul ne peut nier que derrière les appels nationalistes ou « patriotiques », la destination de cette théorie politique était la Race, et non la nation, une race prétendument supérieure, inventée sur la base de prémisses pseudo-scientifiques tirées de la science britannique et française du 19ème siècle. Le concept purement linguistique de l'« Aryen » a été extrapolé et mélangé à la pseudo-science darwiniste sociale du colonialisme occidental du 19ème et du début du 20ème siècle. L'humanité a été décrite dans des termes très similaires à ceux du bétail, parlant ainsi de races supérieures et inférieures. Les 3TP ont en fait négligé et manipulé les contributions traditionalistes et spiritualistes des penseurs de la révolution conservatrice, et ont compris l'État national allemand, dans le cas du national-socialisme, comme un simple instrument au service d'une « race » mystique et irréelle.
Dans le cas du fascisme italien, c'est précisément la « statolâtrie » proclamée qui lie plus clairement les 3TP au matérialisme, qui tend à réduire toutes les expressions de la vie sociale et communautaire à une seule. La communauté organisée de Perón et d'autres formes (peu développées dans la pratique en raison des attaques et des interférences du néolibéralisme) auraient peut-être été des formes moins matérialistes de la 3TP, dotées d'entrailles plus spirituelles. Voir, par exemple, le profond catholicisme non-vaticaniste du général Perón. Le culte de l'État, au-dessus des peuples et des communautés qui le suscitent, est le triomphe d'une mentalité « romaine », prosaïque et matérialiste, que le grand Oswald Spengler retrouvait dans d'autres organismes « correspondants » (les Aztèques, par exemple).
C'est la 4TP qui est appelé à restaurer l'esprit. Le sujet - Dasein - de l'Histoire est constitué par le Peuple (Ethnos, Volk). Ces peuples « sont là », ils sont des réalités premières, et tous ne doivent ni ne peuvent avoir leurs propres entités étatiques. Parfois, la fortune et l'expansion vitale d'un peuple résident dans sa bonne intégration dans des unités supérieures - empires, civilisations - qui le « transportent » dans le temps, qui servent de véhicules à ses possibilités, qui sont toujours, en dernière analyse, spirituelles. Les micro-peuples (Basques, Bretons, Catalans, Corses), ainsi que ceux de l'Est et des Balkans, n'ont pas seulement été victimes de l'oppression et de l'acculturation par l'unité étatique supérieure dans laquelle ils étaient logés, un fait qui, dans de nombreux cas, ne peut être nié, mais ont également été « sauvés » pour l'histoire par ces unités supérieures. Par exemple, dans le cas le plus proche géographiquement, personne aujourd'hui ne se souviendrait de l'existence d'un peuple et d'une langue basques sans leur sauvetage pour l'histoire par la Couronne espagnole.
La lutte décisive aujourd'hui sera une lutte entre la première théorie politique et la quatrième. L'hégémon nord-américain et son anglosphère représentent le matérialisme le plus brut, qui fait de l'individu non plus un « sujet capable de choisir dans une société ouverte », mais un atome égoïste, un consommateur compulsif (même s'il n'est plus producteur), avide de sexe et d'autres plaisirs déconnectés de l'amour des hommes, de la patrie et de la nature. Face à l'austère matérialisme de la 1TP, un nouvel « idéalisme » fait son apparition. Tout comme le romantisme a secoué l'Europe à la fin du 18ème siècle et a ébranlé toutes ces têtes perlées et ces visages ridés et poudrés, un Sturm und Drang de la jeunesse du 21ème siècle doit et peut commencer. Peut-être commencera-t-il modestement : un groupe d'adolescents brûlera ses sweat-shirts arborant l'énorme Union Jack et redeviendra fidèle à sa culture. La musique commerciale « bâtarde » promue par les majors anglo-saxonnes échouera, et les jeunes rechercheront des racines et une profondeur de sentiment. La procrastination vestimentaire cédera la place au décorum et à la modestie. Le goût pour le noble, le sage et le beau, en se généralisant, remettra en cause la « culture de supermarché »... Cela peut arriver s'il y a une révolution de l'Esprit.
Il ne s'agit pas seulement d'une lutte ouverte dans le domaine militaire, commercial, cybernétique... C'est une lutte pour les consciences. C'est une lutte qui se déploie sur le plan des idées. Elle implique une reconnaissance de soi. Si chaque jeune commence à dire, dès demain, « Je ne suis pas comme les horribles chaînes de hamburgers et je ne suis pas ce que vos producteurs de “reggaeton” veulent que je sois », « Je ne suis pas un animal, je suis une personne », le néolibéralisme sera comme une marée qui ne cessera de reculer. Il y aura alors beaucoup de batailles à mener, mais quelque chose bougera dans cette sorte de chambre magmatique qu'est l'Inconscient ; une énergie profonde et irrépressible qui jaillit de l'inconscient collectif de chaque peuple sera mobilisée. De grandes cheminées et de grands cratères s'ouvriront alors et l'explosion ne tardera pas à se produire. C'est une bataille contre le matérialisme sur tous les fronts, et en leur sein, sur les fronts de l'Esprit : l'esthétique, les loisirs, la bienséance, la morale, l'amour et les loyautés, tout ce qui est le patrimoine de l'homme et non du singe nu, et qui est le patrimoine de l'être humain et non du singe. C'est le magma qui ruinera le néolibéralisme ; c'est le magma qui peut un jour éclater et s'élever pour percer les nuages.
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Le SNP écossais supprime le ministère de l'indépendance
Le SNP écossais supprime le ministère de l'indépendance
Peter W. Logghe
Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94
La folie lexicale et gendériste qui frappe les nationalistes écossais du SNP depuis un certain temps est en train de provoquer une crise au sein de ce parti indépendantiste. Non seulement sur le plan électoral, mais aussi au niveau du personnel politique. Des personnalités politiques de premier plan ont quitté la scène politique, dont tout récemment le premier ministre écossais, Humza Youssaf. On savait depuis longtemps que tout cela ne serait pas sans conséquences dans la lutte pour l'indépendance de l'Écosse. La suppression du "Département de l'indépendance" par le SNP en est peut-être un premier aperçu ? Il semble que la lutte pour l'indépendance subisse un sérieux coup de frein.
C'est le nouveau président du Parti national écossais, John Swinney, qui a annoncé que le "Département pour l'indépendance de l'Écosse" du gouvernement écossais serait supprimé, sans plus. M. Swinney entend ainsi démontrer aux électeurs écossais que son parti a l'intention de se concentrer sur « ce qui compte pour les électeurs lors des prochaines élections générales : le maintien du pouvoir d'achat et la lutte contre la vie chère », dit-il. C'est le premier ministre précédent, Humza Youssaf, qui avait créé ce département ministériel avec l'intention de mettre en lumière les différents aspects liés à l'indépendance du pays. Le 13ème document, publié par le ministère le mois dernier, traitait de la justice dans une Écosse indépendante.
Le gouvernement écossais n'a ni vision ni plan pour l'indépendance
Les partis anti-indépendance ont estimé qu'il s'agissait d'un gaspillage de l'argent des contribuables. Les partisans de l'indépendance, qui ont longtemps dû observer avec impatience l'évolution socio-idéologique du SNP, qui a nui à leur lutte pour l'indépendance, estiment que la décision du chef du SNP, M. Swinney, est une « erreur de jugement » et une illustration parfaite de l'incapacité du gouvernement écossais à développer enfin une vision et un plan pour l'indépendance ».
La raison de cette suppression n'est pas tout à fait claire, John Swinney ayant laissé entendre que son « leadership se concentre sur la construction du soutien le plus large possible à l'indépendance ». Les pouvoirs du ministère supprimé seront repris par le ministre des affaires étrangères et de la culture. Un porte-parole du gouvernement SNP a souligné que « tous les ministres de notre gouvernement se concentrent sur l'indépendance de l'Ecosse ». Mais les opposants à l'indépendance se frottent sans doute les mains à cause de la maladresse du SNP. Espérons que le mouvement indépendantiste trouvera bientôt un second souffle en Écosse.
10:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, écosse, royaume-uni, grande-bretagne, snp, scottish national party | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 03 juin 2024
Frictions entre l'Union des démocrates musulmans et l'islamo-gauchisme
Frictions entre l'Union des démocrates musulmans et l'islamo-gauchisme
Peter W. Logghe
Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94
Entre l'islam et l'islamo-gauchisme (qui a pris sa forme politique principale chez nos voisins français du sud avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon), c'est apparemment la bisbille. La stratégie politique derrière l'islamo-gauchisme - également bien représenté dans le PS francophone de Belgique et chez beaucoup de Verts - est aussi simple que dangereuse: si la gauche veut se développer politiquement et électoralement, elle doit essayer de rendre l'afflux massif de migrants électoralement utile pour elle. « Nous lions les nouveaux arrivants à notre message progressiste par l'intermédiaire de l'Islam », c'est à cela que ça se résume.
Dangereux, parce qu'un certain courant social-démocrate ne voit aucun inconvénient à ce que le dernier électeur de souche quitte progressivement le parti. Dangereux aussi parce que les opinions politiques de nombreux musulmans sont beaucoup plus conservatrices que celles du social-démocrate moyen en Europe et diamétralement opposées à la folie féministe et gendériste de nombreux dirigeants verts et de gauche - comme l'a montré naguère le professeur Em. Elchardus. Un incident survenu en France, qui est resté sous le radar des médias, en est une illustration éclatante. Il y a effectivement divergence entre l'islam et la gauche.
La transsexualité est haram
Le parti UDMF ("Union des démocrates musulmans de France") a pris pour cible une députée du parti d'extrême gauche (LFI), Mathilde Panot, pour avoir appelé sur les réseaux sociaux à manifester contre « l'offensive transphobe qui s'est déclenchée ». L'UDMF ne s'est pas attaqué directement à la députée, mais s'est tourné vers les électeurs musulmans de LFI en leur demandant : « Musulmans, avez-vous vraiment envie de voter pour quelque chose comme ça ? ».
L'UDMF est un petit parti islamiste assez insignifiant qui a à peine obtenu 0,13 % des voix lors des élections européennes de 2019. Il a cependant réussi à obtenir plus de 6 % dans certaines villes, des villes à forte population immigrée comme Trappes, Garges-lès-Gonesse, Mantes-la-Jolie, La Couronne. À l'occasion des prochaines élections européennes, il émergerait avec une coalition de plusieurs partis européens appelée Free Palestine Party, pour, selon son fondateur Nagib Azergui, « faire entendre la voix du peuple palestinien », et défendre les personnes « ayant la même éthique islamique ». La transsexualité n'en fait donc pas partie.
Ainsi, la ligne de fracture éthique continuera à se creuser. Ainsi, l'islamo-gauchisme pourrait bien être détruit par son propre objectif stratégique - l'électeur musulman. Une fois de plus, la révolution mange ses propres enfants.
18:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vote musulman, union des démocrates musulmans de france, france, europe, affaires européennes, islamo-gauchisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'archéofuturisme aujourd'hui
L'archéofuturisme aujourd'hui
Constantin von Hoffmeister
Source: https://www.eurosiberia.net/p/archeofuturism-now?utm_source=post-email-title&publication_id=1305515&post_id=145182681&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email
Que pourrait-il se passer après le « déclin » prophétisé par Spengler ?
L'Archéofuturisme 2.0 de Guillaume Faye est à la fois une tapisserie utopique et une apocalypse dystopique, décrivant les jours à venir de l'humanité après que la « convergence des catastrophes » ait frappé de plein fouet et anéanti notre civilisation occidentale autrefois glorieuse. Il s'agit d'un visiteur du présent qui influence l'avenir, mais en vain, car tout passe et rien n'est jamais vraiment nouveau sous le soleil. L'humanité évolue et change, les systèmes sociaux sont renversés et remplacés par de nouveaux, et même des espèces différentes se succèdent pour l'asservissement de la planète bleue.
L'exploration spatiale était autrefois le rêve de tous les progressistes païens de l'Occident prométhéen, mais - comme le fait remarquer Faye - ne serait-ce qu'une chimère ? Des vaisseaux élégants dans le vide qui tournent lentement autour de la décomposition après avoir été abandonnés par les vivants par manque de chance, et des opportunités gâchées après avoir été incinérées dans le brasier d'un espoir démesuré...
Les primitivistes et les amateurs de vie tribale se réjouiront de la perspective de forêts futures remplies de guerriers sauvages montés sur des destriers ardents et armés jusqu'aux dents, défendant leurs villages néo-médiévaux contre l'empiètement de clans concurrents, tous ne désirant rien d'autre que survivre et dominer. Un rêve humide, darwinien, qui prend vie dans la toundra - le dernier camion chassé par les lanciers aux yeux bleus, les chevaliers du Camelot de la Forêt, post-effondrement, chassant et combattant les descendants des hommes de la jungle du Sud à travers des cols de montagne glacés et des ravins brûlants.
Les chimères de la fantaisie transhumaniste sont tapies dans l'ombre, leurs ailes déployées et leurs noms gravés dans le solide rocher de l'Oblivion, sur lequel sont enchaînés tous les êtres sensibles « normaux », lentement aspirés par la porosité tentaculaire de la pierre froide, qui les prive de leur mémoire.
Redécouvrant accidentellement l'écriture manuelle après des millénaires de dépendance à la technologie informatique et à l'intelligence artificielle, aiguisant leurs plumes et les trempant dans le sang métaphorique des veines de leurs ancêtres symboliques, les gens du nouvel éon se mettent au goût du jour en retournant en arrière et en allant ainsi de l'avant - en retournant aux sources et en livrant par pigeon-poste la missive du renouveau directement sur le pas de votre porte.
Hélas, coincé dans un passé pétrifié, Faye a envoyé des lettres qui ne sont jamais arrivées. Comme Rimbaud explorait les taches blanches sur la carte de l'Afrique, les comparant à des vers qu'il n'a jamais écrits parce qu'il a cessé d'écrire de la poésie à l'adolescence, Faye, par son métier et l'élixir qu'il a consommé, a plongé dans des horizons invisibles aux yeux de la plèbe, s'étendant de l'humble demeure de James Joyce à la mer de repos de l'Est. Rimbaud a vu ce que d'autres imaginaient voir. Faye a su susciter l'adhésion des voyageurs dans le no man's land entre l'éveil fervent et l'aspiration sincère - juste devant la ligne d'arrivée, le prix est déjà bien visible : le trophée ailé à deux têtes enfonçant ses griffes dans la chair des faibles chancelants. Ce trophée s'appelle « Restoration Now ».
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18:11 Publié dans Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle droite, archéofuturisme, guillaume faye | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'escalade nucléaire est-elle possible? Ce que l'Europe risque
L'escalade nucléaire est-elle possible? Ce que l'Europe risque
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28196-giuseppe-masala-escalation-nucleare-possibile-cosa-rischia-l-europa.html
« La dissuasion est l'art de créer dans l'esprit de l'ennemi éventuel la terreur d'attaquer ».
Dr Strangelove de Stanley Kubrick
Il est probablement juste d'affirmer que lorsque deux ou plusieurs puissances nucléaires s'affrontent, même par l'intermédiaire d'États mandataires, une crise nucléaire est déjà en cours. Ce point de vue est encore plus juste dans le cas où l'une ou les deux parties prenantes au conflit sont dotées de l'arme nucléaire et mettent ainsi en péril leur propre intégrité, soit sur le plan territorial, soit du point de vue du statut international, soit du point de vue de l'effondrement des institutions de l'État, soit encore du point de vue de l'effondrement économique et social.
Malheureusement, dans le conflit en cours en Europe de l'Est entre les États-Unis, l'OTAN et l'Ukraine d'une part, et la Russie d'autre part, des éléments fondamentaux tels que la sécurité territoriale, économique, sociale et institutionnelle des pays concernés sont en jeu. Par conséquent, cette crise, dès sa déflagration, devait être considérée - au moins potentiellement - comme une crise nucléaire.
Il faut admettre que, sur cet aspect particulier et fondamental, la quasi-totalité des commentateurs et des experts en relations internationales et en guerre ont sous-estimé les risques. Il n'en va pas de même pour les décideurs des deux camps, qui étaient déjà bien conscients du danger qui menaçait le monde.
En effet, dès les premiers jours qui ont suivi le début de l'« opération militaire spéciale » en Ukraine, les Américains et l'OTAN ont commencé à diffuser dans les médias l'idée que les Russes pourraient utiliser une arme nucléaire tactique comme forme de dissuasion préventive (escalade pour désescalader), c'est-à-dire pour montrer à l'adversaire leur volonté d'agir par tous les moyens nécessaires et l'intimider en fin de compte avec leur propre force de dissuasion.
On peut également affirmer que ce point de vue n'était pas erroné à la lumière de ce qui s'est passé le 27 février 2022, lorsque Poutine, face aux caméras, a ordonné au ministre de la défense Sergey Shoigu et au chef d'état-major Valery Gerasimov de placer les forces de dissuasion des forces armées russes (y compris les armes nucléaires) sous un « régime d'obligation de combat spécial », au motif que « les pays occidentaux ne prennent pas seulement des mesures hostiles contre notre pays dans la sphère économique, c'est-à-dire les sanctions que tout le monde connaît, mais aussi que des hauts fonctionnaires des principaux pays de l'OTAN font des déclarations agressives à l'encontre de notre pays ».
À partir de ce moment, le risque d'un affrontement nucléaire entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie a augmenté lentement mais inexorablement ; je pense que nous pourrions parler d'un bradyséisme nucléaire permanent où, mutatis mutandis, le magma nucléaire dans le chaudron du conflit gonfle vers le haut, augmentant le risque d'un affrontement nucléaire.
Du côté russe, les moments charnières de cette escalade du risque nucléaire ont été, outre le statut « prêt au combat » de la dissuasion nucléaire le 27 février 2022, le transfert d'armes nucléaires tactiques au Belarus qui a eu lieu au cours du premier semestre 2023 et les exercices d'armes nucléaires tactiques en Russie mais à la frontière avec l'Ukraine qui ont commencé au cours de la deuxième moitié du mois de mai de cette année et qui se poursuivent encore aujourd'hui.
Cependant, les Américains et l'OTAN ne sont pas non plus restés inactifs face aux manœuvres russes. Dès le début, ils ont ramené en Europe des bombardiers stratégiques à capacité nucléaire B-52, puis des bombardiers B-2, et surtout, ils ont donné aux Ukrainiens des armes à capacité nucléaire (même potentielle) comme les missiles britanniques Storm-Shadow ou les SCALP franco-italiens.
Il en va de même pour la livraison promise (jusqu'à présent) de chasseurs-bombardiers F-16 à l'Ukraine par les pays de l'OTAN: il s'agit d'avions - comme nous l'avons noté dès le départ - approuvés pour le transport de bombes nucléaires tactiques et, en fait, Sergey Lavrov lui-même a déclaré qu'une fois qu'ils seront dans les airs au-dessus du ciel ukrainien, ils seront considérés par Moscou comme une menace nucléaire potentielle. Enfin, il convient de rappeler que la Pologne a demandé à l'OTAN de déployer sur son territoire, et donc à la frontière avec la Russie et le Belarus, des armes nucléaires à double clé, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent être activées qu'avec le consentement du pays hôte (dans le cas de la Pologne) et du propriétaire de l'arme (les États-Unis et/ou l'OTAN).
Il convient également de préciser que la position nucléaire des États-Unis et de l'OTAN est très agressive depuis de nombreuses années (bien avant le début du conflit en Ukraine), en particulier à l'égard de Moscou. En effet, le bouclier antimissile de l'OTAN est déjà actif depuis des années en Europe, composé d'un système radar d'alerte précoce en Turquie et de deux batteries terrestres, l'une sur la base roumaine de Desevelu en Roumanie et l'autre à Redzikowo en Pologne (tout près de l'enclave russe de Kaliningrad), en plus de toutes les batteries antimissile présentes dans les flottes des pays de l'OTAN et donc mobiles par définition. Un bouclier antimissile qui a immédiatement exaspéré les Russes, non seulement parce que sa fonction est d'abattre les missiles russes de courte et moyenne portée, mais aussi parce que les batteries peuvent également être utilisées comme outil offensif si elles sont chargées de missiles de croisière.
En outre, depuis 2015, les États-Unis ont décidé de remplacer les anciennes bombes nucléaires lancées par avion par les nouvelles B61-12, également lancées par avion. Ces instruments sont « philosophiquement » dangereux parce qu'ils permettent d'ajuster la puissance de l'explosion d'un minimum de 0,3 kilotonne à un maximum de 50 kilotonnes, et pourraient donc être utilisés presque comme des bombes conventionnelles. À cet égard, je voudrais souligner une bonne interview du général Fabio Mini dans laquelle il montre que dans la vision de l'OTAN, les bombes nucléaires tactiques doivent être considérées comme de simples armes conventionnelles et sont en fait à l'entière disposition du SACEUR ou commandant militaire de l'OTAN, qui - soit dit en passant - est toujours un Américain, à l'heure actuelle le général Christopher Cavoli.
Dans cette situation déjà, en soi, incandescente - bien qu'étouffée par la quasi-totalité des commentateurs - de nouveaux épisodes de la plus haute gravité se sont produits ces derniers jours, qui devraient mettre en alerte toute personne sensée.
Tout d'abord, l'accusation du porte-parole du Pentagone, Patrick Ryder, selon laquelle « la Russie a lancé un satellite en orbite terrestre basse qui, selon nous, est probablement une arme anti-spatiale, prétendument capable d'attaquer d'autres satellites en orbite terrestre basse ». Il s'agit d'une accusation très grave, car elle empêcherait les États-Unis (en cas d'utilisation) de détecter le lancement éventuel de missiles nucléaires contre leur propre territoire, et rendrait donc possible une première frappe qui paralyserait le pays, rendant impossible toute riposte crédible. Il faut dire que les Russes, conscients de la gravité de l'accusation, l'ont démentie avec les mots très fermes du vice-ministre des affaires étrangères, Sergey Ryabkov.
Ce démenti n'a pas suffi, étant donné que vendredi dernier, sans surprise, des drones ukrainiens ont attaqué les installations d'antenne du radar d'alerte précoce Voronezh-DM près d'Armavir, dans la région de Krasnodar. Il s'agit d'un acte très grave qui rend vulnérable le réseau de radars russes conçu pour détecter l'arrivée de missiles stratégiques dans le pays. Il faut dire aussi que, selon la doctrine russe, de telles attaques sont à considérer comme stratégiques car elles visent à rendre inoffensive la dissuasion nucléaire. D'ailleurs, ce sont exactement les mêmes considérations que font les Américains lorsque quelqu'un menace leurs satellites d'alerte précoce. À ce stade, il semble inutile de souligner que les Ukrainiens, dans leur attaque ignoble, ont agi sur l'ordre de quelqu'un d'autre, puisque Kiev ne dispose ni d'armes nucléaires ni de lanceurs adéquats pour les utiliser.
Il ne nous reste plus qu'à examiner comment, selon les experts, toute guerre nucléaire commence par une tentative d'aveuglement du système d'alerte précoce de l'ennemi. Il n'y a pas grand-chose à ajouter, si ce n'est d'espérer que personne ne fasse des gestes erronés ou ambigus qui seraient mal interprétés par l'ennemi.
17:49 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, ukraine, guerre nucléaire, missiles nucléaires, europe, affaires européennes, dissuasion, dissuasion nucléaire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
OTAN-Moscou, l'escalade doit cesser
OTAN-Moscou, l'escalade doit cesser
Alessandro Sansoni
Le secrétaire général (sortant) de l'OTAN, M. Stoltenberg, continue de soutenir la nécessité de permettre à Kiev d'utiliser les armes fournies par l'Alliance pour frapper des cibles situées sur le territoire de la Fédération de Russie. Et, entre-temps, le front des pays désireux de le faire s'élargit (il y a aussi le oui de l'Allemagne désormais). Un front de pays disposés à le faire - avec l'Italie qui freine toutefois, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui continue à faire la distinction entre la défense de l'Ukraine et l'entrée en guerre contre Moscou -, en actes et non en paroles, à tel point que la semaine dernière, le conflit à la frontière orientale de l'Europe a connu une escalade inquiétante.
Quelques heures seulement après le début des exercices militaires avec des armes nucléaires tactiques, voulus par le Kremlin, des drones kamikazes ukrainiens ont en effet réussi à toucher la station radar over-the-horizon Voronezh-DM, située près de la ville d'Armavir, dans la région russe de Krasnodar.
Il ne s'agit pas d'un radar ordinaire, mais d'un élément du système d'alerte précoce censé contrer une éventuelle attaque de missiles stratégiques. Toute attaque nucléaire également. L'installation touchée, dont les dommages réels ne peuvent être estimés, couvre une zone d'environ 6000 km et peut suivre jusqu'à 500 cibles.
On estime à dix le nombre de radars de type Voronezh déployés dans le pays. Ils constituent le parapluie stratégique sur lequel repose la doctrine de dissuasion nucléaire de la Russie en matière de défense. L'endommagement d'un seul d'entre eux la compromet et modifie l'équilibre nucléaire.
Preuve que l'attaque n'était ni accidentelle ni occasionnelle, quelques jours plus tard, le lundi 27 mai, la base d'Armavir a fait l'objet d'une nouvelle tentative d'attaque. Mais cette fois, les Ukrainiens ont utilisé un engin de l'OTAN, un drone britannico-portugais Tekever AR3, qui a été abattu et n'a pas atteint sa cible.
L'offensive a déclenché une alerte rouge à Moscou. Le sénateur Dmitry Rogozin - ancien directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos, aujourd'hui responsable d'un centre militaro-technique appelé « Loups du Tsar » - a déclaré sur son compte Telegram que ce type d'attaque pourrait entraîner l'effondrement de l'ensemble de l'architecture mondiale de sécurité nucléaire et a accusé les États-Unis d'être derrière l'opération, au moins au niveau des services de renseignement.
Il est un fait que lorsque Poutine a inauguré le centre radar OTH en 2013, il a déclaré qu'il augmenterait considérablement les capacités de défense du pays dans les directions sud et sud-ouest, et qu'hier, dans le Washington Post, un fonctionnaire américain anonyme a révélé comment les États-Unis avaient exprimé leur inquiétude à Kiev au sujet de telles attaques, qui risquent d'irriter dangereusement Moscou.
Pour bien comprendre ces inquiétudes, il faut se rappeler l'importance de la dissuasion stratégique dans la doctrine militaire russe. Bien plus importante que quelques centaines de kilomètres carrés perdus ou gagnés dans le Donbass. Ce n'est pas un hasard si l'offensive contre l'Ukraine a été justifiée par le Kremlin par le danger que représente la possibilité, en cas d'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN, de disposer de bases de missiles et d'ogives atomiques de l'Alliance atlantique à moins de 300 km de Moscou (et donc non neutralisables par le système de défense russe).
À la lumière de ce scénario, les déclarations de Stoltenberg et de ses commensaux acquièrent une valeur différente: elles pourraient n'être qu'un écran de fumée destiné à dissimuler des épisodes d'escalade nettement plus substantiels. Dans le cas contraire, elles pourraient ouvrir la porte à des circonstances dangereuses : que se passerait-il, par exemple, si les Ukrainiens utilisaient des missiles ATACMS occidentaux à longue portée pour frapper des sites stratégiques sur le territoire russe ? Le général Evgeny Buzhinsky, ancien membre de l'état-major général de Moscou, nous donne la réponse : selon lui, la menace serait telle que la Russie devrait frapper « au moins » le centre logistique de Rzeszów, où sont stockés les missiles destinés à l'Ukraine. En Pologne, donc, membre à part entière de l'OTAN.
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Une armée européenne ?
Une armée européenne ?
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/esercito-europeo/
Une armée européenne commune ? C'est-à-dire des forces armées unifiées avec un commandement commun. Pas simplement des unités spéciales coordonnées, qui existent déjà.
On en parle beaucoup ces jours-ci. Les hommes politiques, sous la pression des prochaines élections, en parlent. Et les analystes et les professeurs en parlent aussi, mais d'une manière beaucoup plus saccadée. Ceux qui infestent généralement les innombrables "programmes d'information" (guillemets ironiques obligatoires) où ils s'exercent à proférer des banalités et à débiter une bonne dose de mensonges sur la guerre en Ukraine, en mer Rouge et sur bien d'autres choses encore.
L'idée plaît, en somme. A la gauche et surtout à une certaine droite. Et même à certains, encore de bonne foi, qui y voient une étape essentielle pour donner vie à une autre Europe. A une « Europe Nation », comme en rêvaient les affiches du MSI dans les lointaines années 1970.
Je ne me retrouve pourtant pas dans cet enthousiasme. Au contraire, je pense que la création d'une armée commune serait une bourde. Exactement comme l'a été la monnaie commune. Le fameux euro.
Ce n'est pas une question de vouloir apporter absolument la contradiction. Juste une question de réalisme. Et de mémoire.
Souvenez-vous de l'enthousiasme avec lequel l'euro a été accueilli. Et, ensuite, ce à quoi il nous a conduits ?
À un appauvrissement progressif des classes moyennes inférieures dans toute l'Union. Et, en Italie, au bradage de notre patrimoine industriel, à un système d'emploi digne du tiers-monde. Du Bangladesh. À des lois financières de type "capestro". Au despotisme des banques qui font tout le bien et tout le mal.
Elle a également anéanti le débat politique. Il fut un temps où les différences entre la DC d'Andreotti et Moro, le PCI de Berlinguer, le PSI de Craxi, le MSI d'Almirante étaient des différences d'idées, de blocs sociaux de référence, de substance.
Aujourd'hui, quelles sont les différences entre Meloni et Schlein ? A quelques accents près, toutes les deux sont atlantistes, toutes les deux sont fondamentalement soumises aux ordres de Bruxelles. Bref, elles se distinguent sans doute plus par les vêtements de marque qu'elles portent que par les pensées qu'elles expriment (ou n'expriment pas).
Il ne s'agit pas pour autant de regretter les « vieux briscards » de la Première République. Qui avaient des défauts, certes. Mais tout aussi certainement plus de substance que les beaux gosses qui représentent notre classe politique aujourd'hui.
Le problème est autre. Après avoir unifié la monnaie sans avoir mis en place un gouvernement, un système politique et une législation communs, nous nous sommes livrés pieds et poings liés à une bureaucratie sans contrôle. Surpuissante et dominatrice. Auto-référentielle. Et liée à des intérêts qui n'ont rien à voir avec ceux des peuples et des nations.
Le contraire d'un véritable système politique, démocratique ou non. Car les fédérations ou confédérations sont construites selon la structure architecturale de la pyramide.
D'abord la base. Unité politique, système électoral commun, législation. Et aussi la fiscalité. Ensuite, les forces de défense. L'armée et bien d'autres choses encore. Enfin, en dernier recours, l'union monétaire.
Pour prendre l'exemple le plus connu, les États-Unis se sont construits ainsi. D'abord une constitution, une définition du pouvoir politique du gouvernement fédéral. Un système législatif et un système fiscal sensiblement communs. Ensuite, les forces armées. Et enfin l'union monétaire. Il a fallu plus d'un siècle pour y parvenir. Et une guerre civile.
En Europe, nous avons prétendu construire une pyramide inversée. Qui devrait tenir sur sa pointe. Ce qui est impossible. C'est ainsi que nos économies ont été progressivement ravagées par les prédateurs. Internes et, surtout, externes.
Certes, pendant un temps, l'Allemagne s'est taillé la part du lion. Mais on ne reste pas longtemps une puissance économique sans véritable pouvoir de décision politique. Et voilà que Berlin s'enfonce dans la crise. Une crise sans fond apparent.
Pensez donc à une armée européenne commune. Avec des commandements unifiés... qui choisirait les commandants ? Qui prendrait la décision de l'utiliser ou non et comment l'utiliser ?
Les militaires font les guerres. Mais ils ne les décident pas. Ce sont les politiques, c'est-à-dire les gouvernements, qui les décident. Mais dans l'UE, il n'y a pas de gouvernement. Seulement une commission de bureaucrates qui, comme je l'ai dit, répond à des intérêts étrangers à ceux d'un État.
Pour faire court... si nous avions une armée européenne à l'heure actuelle, c'est Mme von der Leyen qui déciderait de son déploiement.
Cette perspective vous plaît-elle ?
Honnêtement, elle me fait dresser les cheveux sur la tête.
15:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, armée européenne | | del.icio.us | | Digg | Facebook