vendredi, 25 juillet 2025
Hommages à Udo Voigt (1952-2025)
Hommages à Udo Voigt (1952-2025)
Il était le meilleur. Sur le décès d’Udo Voigt
par Karl Richter
Parfois, lorsqu’un ami s’en va, on a l’impression qu’une époque se termine. Car le défunt était, subjectivement parlant, toujours là. Udo Voigt, le président de longue date de la NPD, en était un exemple. Je ne fais pas partie de ceux qui ont été imprégnés de la NPD dès le berceau, mais je l’ai rejoint seulement en 2004, après l’entrée d"élus du parti au Landtag de Saxe. À cette époque, Udo Voigt dirigeait déjà la formation depuis huit ans. Aujourd’hui, avec le recul, je le sais désormais: il a été le meilleur chef de ce parti. Ses successeurs n’étaient guère plus que des administrateurs de faillite, ce qui, bien sûr, était aussi dû à la montée de l’AfD. On a laissé croire à l’opinion que l’époque de la NPD était révolue. Bien sûr, c’est faux, car un parti d’opposition fondamentalement national serait aujourd’hui plus urgent que jamais. L’AfD est encore loin de jouer ce rôle.
On pouvait dire ce qu’on voulait d’Udo Voigt. Et, bien sûr, beaucoup de choses se disaient au sein du parti. Mais une chose qu’on ne pourra jamais lui retirer, c’est qu’il était un soldat du parti dans le meilleur sens du terme. Pendant de nombreuses années, il a incarné la NPD, en étant son visage, fidèle dans les bons comme dans les mauvais moments. Il était président du parti, mais surtout : il était un excellent camarade. Son passé dans la Bundeswehr, notamment comme capitaine de la Luftwaffe, l’a marqué toute sa vie. On trouvait rapidement un ton commun avec lui, et il appréciait que l’on ait soi-même été au service. Mais, en dehors du militaire, il possédait une humanité que ses successeurs n'ont souvent pas eue.
Et je tiens également Udo Voigt en haute estime comme Jean-Marie Le Pen, l’ancien président du Front National, qui est décédé au début de cette année : il n’a jamais été autre chose qu’un patriote profondément convaincu, ardent. Udo Voigt n’a jamais été de gauche, ni libéral, ni « conservateur ». Son attachement à l’Allemagne et sa lutte pour son redressement l’ont toujours motivé, c’était la dernière force motrice de ses actions. Inoubliable, il y a eu sa protestation en décembre 2018 contre le projet Marrakech, il a été seul contre le Pacte migratoire adopté par l’ONU, ce qui lui a valu une arrestation immédiate.
Il a malheureusement aussi été un combattant solitaire au Parlement européen, dont il a été membre de 2014 à 2019 — là aussi, il a toujours évoqué les problèmes brûlants de l’Allemagne, notamment la question de la souveraineté, encore absente, de la République fédérale, et la rappelait à chaque occasion. Peu de patriotes aussi intransigeants existent aujourd’hui. On dit que ce n’est plus d’actualité ; qu’il faut faire profil bas et se faire ami d’Israël, etc.. Si c’est vrai ou non, le futur le dira, mais j’en doute. Par ailleurs, l’épée de Damoclès du bannissement du parti pèse aujourd’hui tout autant sur l’AfD que, il y a dix ans, sur la NPD.
Udo Voigt ne s’est jamais laissé acheter. Il ne voulait pas suivre la voie de Meloni, Wilders ou Farage. Jusqu’au bout, il a été un combattant pour l’Allemagne, le pays en lequel il croyait. Il est décédé après une courte maladie grave. Je suis fier d’avoir pu partager une partie de son itinéraire politique avec lui.
* * *
Une vie au service de l’Allemagne
Florian Stein
Source: https://www.facebook.com/florian.stein.12
La mort inattendue de mon ami Udo Voigt m’a touché plus profondément que je ne l’avais imaginé. Bien que je connaisse son état de santé, cet adieu est survenu soudainement et avec une force à laquelle on a du mal à échapper, même en tant que personne politiquement aguerrie. Il ne m’a pas été possible de terminer la journée d’hier avec des condoléances. À la place, j’ai lu les nombreux souvenirs sincères des autres et me suis souvenu de ce que nous partagions.
Udo n’était pas simplement le président de cette formation que j’ai rejoint il y a plus de vingt ans. Il était un pionnier. Un mentor. Et, surtout dans les années où nous avons travaillé ensemble en politique à Bruxelles et Strasbourg — souvent du matin jusque tard dans la nuit — il est devenu l’une des figures déterminantes de ma vie. Nous avons essayé, avec des moyens modestes, de sensibiliser le citoyen à la dangereuse direction que prenait l’Europe. Ce que les médias taisaient. Ce qui restait sous le tapis. Ce temps nous a liés, politiquement et humainement.
Je me souviens des soirées après des événements où nous discutions, réfléchissions, et souvent, en sirotant un verre de cognac, passions à la prochaine idée. Quand Udo proposait un toast, il le faisait avec cette honnêteté inégalable: «À la tienne, mon ami». Il ne disait pas cela à la légère. Il le pensait vraiment. Et je savais: oui, nous étions amis.
Udo Voigt n’était pas un orateur. Il ne cherchait pas la lumière des projecteurs. Mais celui qui était avec lui dans la même pièce ressentait bien qu'il se trouvait avec quelqu’un de forte substance. Sa manière polie et collégiale transcendait les oppositions. Il parlait avec l’artisan comme avec l’académicien. Avec des camarades de parti comme avec des adversaires politiques. En tant que président du parti, il a convaincu des personnalités respectées pour notre cause, non par idéologie, mais par confiance. En tant que député européen, il était souvent le seul patriote à la table, mais il était respecté, parfois même apprécié, par des diplomates.
Un journaliste connu a un jour écrit que la politesse d'Udo Voigt était désarmante. Après chaque rencontre, il lui fallait plusieurs jours pour se rappeler que cet homme amical et intelligent était en fait "le méchant" de service. En réalité, c’était l’inverse: Udo rappelait aux gens que la sincérité est possible, même là où on ne l’attend plus.
Je me souviens de moments qui illustrent ce qu’était Udo. Par exemple à Berlin, lors d’une séance du conseil de district de Treptow-Köpenick, quand Gregor Gysi, qui, on s'en doute n'est pas un allié politique, lui a crié: « Bonne allocution, Voigt — très bonne allocution ». Ce n’était pas une simple flatterie. C’était du respect. Et ce respect était mérité.
Avec Udo Voigt, la mouvance patriotique, la droite ou l’opposition nationale ont perdu l’un des derniers représentants de l’ancienne école. Quelqu’un qui, avec intégrité et clarté, a combattu pour ce pays pendant des décennies. Moi-même, je perds un ami. Un mentor. Un homme qui m’a façonné par son exemple. Par sa droiture martiale, sa détermination calme, sa proximité humaine.
Il en demandait beaucoup. Mais jamais trop. Il attendait de la cohérence et la vivait lui-même. Il voulait tirer le meilleur de quelqu’un. Et il a réussi à le faire avec moi.
Udo, tu restes avec nous. Par ta cohérence, ton amitié, ta foi en l’Allemagne.
À la tienne, mon ami.
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Cosmogonies
Cosmogonies
par Francesco Petrone
Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/cosmogonie
L'étrange affinité entre la cosmogonie de la Renaissance et celle des Upanishads
La Renaissance est considérée comme une époque où s'est forgée l'identité de la civilisation occidentale. Ce sentiment est probablement renforcé par le fait que cette période est principalement étudiée sous l'angle de l'esthétique, de la plasticité des formes, de la perspective, du rationalisme urbanistique, de l'équilibre des volumes et du prétendu individualisme. Il existe un autre aspect de cette période historique importante, une transcendance de type quasi initiatique et magique. Il s'agissait cependant d'une «Magia Naturalis», illustrée par l'érudit napolitain Giovan Battista Della Porta.
L'auteur souhaitait étudier les secrets de la nature qu'Héraclite affirmait aimer cacher. Ce qui se développait à cette époque heureuse était une conception mystique associée à une spiritualité de type cosmologique. Ce réveil culturel qui a touché l'Italie, avant de déborder sur toute l'Europe, était imprégné d'une profonde religiosité à saveur presque ésotérique qui, bien qu'elle n'ait eu aucun point de contact, était très similaire à certaines doctrines orientales. La philosophie platonicienne et néoplatonicienne semble fournir à la Renaissance certains éléments analogues à une certaine religiosité indienne. On pourrait penser à un lien avec l'Orient à travers la philosophie platonicienne, mais nous savons que ces élaborations spirituelles étaient des systèmes de pensée éloignés les uns des autres dans le temps et dans l'espace.
De plus, il semble y avoir un peu moins d'un demi-millénaire entre les écrits de Platon et la rédaction des Upanishads. Malgré cela, nous sommes surpris par les incroyables similitudes. Les deux philosophies accordent de l'importance à un principe transcendant, l'Un pour Platon et le Brahman pour l'hindouisme, d'où émaneraient toutes choses. Dans le néoplatonisme, l'âme est conçue comme une entité intermédiaire entre le monde divin et le monde matériel. De ce principe découle le concept, tout à fait renaissanciste, de l'homme au centre de l'univers, concept qui veut exprimer le même principe, un pont entre la matière et Dieu. De même, dans l'hindouisme, l'âme (Atman) est une étincelle divine piégée dans le cycle des renaissances. De plus, à la Renaissance, nous avons le concept de Philosophia perennis ou « théologie arcane », une tradition primordiale à la saveur presque métahistorique. Cette définition semble présenter de profondes analogies avec le concept de « Sanatana Dharma », littéralement « loi éternelle » ou « doctrine éternelle », qui serait le véritable nom de l'hindouisme.
Dans les deux cas, il est question d'une vérité universelle intemporelle qui, historiquement, se serait dispersée en multiples filets. Les Romains parlaient de Mos Maiorum, les coutumes des anciens, que les Romains considéraient comme ayant été transmises par leurs ancêtres. À la Renaissance, on retrouve le concept d'une entité divine vivant dans l'univers lui-même.
Le philosophe du 16ème siècle Bernardino Telesio (illustration), reprenant le concept d'un univers imprégné d'essence divine, et par conséquent la nature serait dotée, pour lui, de ses propres lois, en arrivant à concevoir chaque chose comme dotée d'une âme ou d'une sensibilité, une forme de panpsychisme.
C'est exactement le contraire de la philosophie cartésienne. Tommaso Campanella hérite de ces principes de Bernardino Telesio et suppose lui aussi qu'il existe une âme dans de nombreuses parties de l'univers imprégnées de Dieu qui nous semblent inanimées mais qui auraient une intelligence ou du moins une conscience, même si elle est différente de celle que nous concevons. C'est un principe que l'on retrouve également dans certains courants du jaïnisme et dans une école particulière du bouddhisme, l'école Mahayana Tien Tai. Cette forme de pensée considère que ce que nous appelons la conscience n'est pas une exception mais une caractéristique fondamentale de l'univers, même si elle ne se manifeste pas à nous. Ce sont des écoles de pensée que l'Orient qualifie d'insondables.
En Italie, un autre philosophe, Agostino Steuco (illustration), érudit et philologue, traite de la « philosophie pérenne ». Pour en revenir à Campanella, le philosophe dominicain, lui aussi homme de la Renaissance, conçoit un univers vivant et intelligent où tout participe à la connaissance. Nous savons qu'il n'y a pas eu d'influences, mais l'affinité avec certains aspects de l'hindouisme et de certaines écoles bouddhistes est indéniable.
Le philosophe Karl Jaspers, décédé au siècle dernier, a également remarqué certaines similitudes entre des mondes aussi éloignés que la Grèce et l'Inde, et l'a justifié par sa théorie des périodes axiales de l'histoire au cours desquelles différentes traditions philosophiques et religieuses se seraient développées dans diverses parties du monde. Une méthode différente pour justifier de nombreuses analogies soulignées par la philosophia perennis. Ces analogies ont également été observées par un célèbre théologien, le cardinal français Jean Marie Danielou, dans son essai où il décrit les profondes affinités entre Dionysos et la divinité indienne Shiva.
À la Renaissance, à l'Académie néoplatonicienne de Careggi à Florence, en étudiant Platon et en traduisant, comme l'a fait Marsilio Ficino (portrait), le Corpus Hermeticum, ils pensaient jeter un regard sur les anciennes traditions de la Méditerranée et, sans le vouloir, ils ont construit un pont spirituel avec l'Inde, anticipant de plusieurs siècles le romantisme de Friedrich Schelling ou les études menées après la découverte en Europe des écrits de l'Inde ancienne. William Jones présenta en 1786 un essai dans lequel il soulignait la similitude entre le sanskrit, le grec et le latin. Au siècle dernier, le philologue et spécialiste des religions Georges Dumézil, dans une étude comparative des religions, découvrit que certains rites de la religiosité archaïque romaine étaient tout à fait similaires à des rites que l'on retrouvait dans l'hindouisme. Un seul exemple est celui des deux sœurs qui portaient un enfant au temple et représentaient l'aurore, le lever du soleil et le nouveau soleil.
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Une volonté claire de détruire l'Europe et d'en faire véritablement une colonie
Une volonté claire de détruire l'Europe et d'en faire véritablement une colonie
par Alessandro Volpi
Source : Alessandro Volpi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/una-chiara-volont...
Il est de plus en plus évident que les États-Unis ont l'intention de démanteler l'Union européenne et de la remplacer par l'OTAN, ou par quelque chose de similaire. Les droits de douane à 30%, tout en conservant ceux déjà existants à 50%, sont l'instrument que Trump entend utiliser pour convaincre les différents pays européens de négocier, un par un, avec le gouvernement américain dans l'espoir d'obtenir des conditions favorables.
Face aux impositions douanières basées sur l'idée trumpienne, loin d'être farfelue, selon laquelle les économies des différents pays européens ne peuvent se passer de leur part d'exportations vers le marché américain, et face à la fermeture obstinée des dirigeants des différents États du Vieux Continent à l'égard de la Chine, il est en effet très probable que chaque pays en vienne à remettre en question la solidité globale de l'Union et de la zone euro, en essayant d'obtenir des dérogations pour ses propres productions.
En résumé, Trump a compris la profonde dépendance des Européens vis-à-vis des États-Unis, ainsi que leur servilité, et il veut utiliser les droits de douane pour mettre fin à toute expérience d'Europe commune. De cette manière, il n'y aurait plus de véritables concurrents pour l'économie productive américaine, avec pour conséquence l'afflux de filières entières à l'intérieur des frontières américaines, il n'y aurait plus aucun doute quant à la destination de la grande masse d'épargne européenne vers les marchés américains et, surtout, vers la dette américaine précaire, tandis que le dollar, après la dissolution de l'euro générée par la fin de la zone euro, reprendrait clairement de la vigueur, pouvant d'ailleurs définir avec les différentes monnaies nationales des politiques monétaires plus ou moins accommodantes en fonction de la subordination politique et économique aux États-Unis, comme cela a d'ailleurs été le cas pendant des décennies.
Si l'Europe se transforme en un ensemble de plus en plus conflictuel d'États qui reconnaissent dans l'empire américain leur principal élément de survie économique, une nouvelle phase de la mondialisation néolibérale s'ouvrira, caractérisée cette fois-ci par une acceptation totale du modèle américain qui imposera le démantèlement complet des États sociaux et l'affirmation d'une nouvelle vague gigantesque de privatisations confiées aux grands fonds, auxquels Trump associera ses propres finances.
Avec la guerre des droits de douane, en effet, les États-Unis rendront impossible toute idée de dette publique européenne commune, qu'ils considéreront comme une « faute » à punir précisément par l'imoposition de droits de douane à l'encontre des pays qui la soutiendraient, tout comme ils interdiront toute idée d'imposition des grandes entreprises technologiques et des plateformes numériques. Les États européens qui souhaiteront négocier des conditions plus clémentes en matière de douanes devront voter contre toute hypothèse de ce type et défendre les paradis fiscaux internes indispensables aux grandes entreprises technologiques américaines.
L'Europe des micro-patries, où Trump soutiendra ouvertement certaines forces populistes de droite, sera donc dollarisée et vidée de ses capacités économiques et sociales, avec des citoyens transformés, par l'épargne, en sujets dépendants des décisions des Big Three.
Bien sûr, l'OTAN restera fermement en place pour maintenir l'occupation de vastes zones de l'Europe par des bases américaines, pour consolider la dépendance totale vis-à-vis des États-Unis dans la perspective d'un système de relations internationales uniquement militaires et pour financer certains secteurs très coûteux de l'économie américaine. Les États-Unis, dont le coût des intérêts sur la dette fédérale a largement dépassé les dépenses militaires, ont besoin de bailleurs de fonds externes pour leur appareil stratégique: Rearm Europe servira précisément à cela et, d'ailleurs, ce plan est construit sur les dettes nationales et non sur la dette commune.
Les différents États européens s'endetteront pour porter à 5% les dépenses militaires destinées à l'OTAN, qui restera sous le strict commandement des États-Unis, comme le démontre l'ineffable Rutte; ces dépenses seront destinées aux grandes industries américaines d'armement, entre autres, faisant ainsi grimper constamment la valeur de leurs titres, ainsi que ceux des sociétés des différents États européens, naturellement largement détenus par les Big Three. Parallèlement, le coût de ces dettes publiques sera l'instrument qui accélérera le démantèlement de l'État social.
Face à tout cela, nous assistons au récit obscène et complice d'Ursula Von der Leyen, de la Commission, récit qui évoque des gouvernements volontaires et non volontaires, de la « très bonne amie de Trump » Giorgia Meloni, des chantres d'un réalisme surréaliste de l'esclavage à la Gentiloni, Letta, etc., selon lesquels il faut continuer à négocier pour éviter des ruptures dangereuses avec Trump.
La vérité est tout autre: le capitalisme américain est en crise profonde, il a besoin des droits de douane et de retrouver la crédibilité de sa dette et du dollar, et l'Europe doit se sacrifier dans ce sens. La classe dirigeante néolibérale européenne est prête à le faire car elle craint l'effondrement du système dont elle est l'expression cohérente, tandis que les prétendus souverainistes s'imaginent être les vassaux préférés de l'empereur, visant à sauver les groupes sociaux qui ont accepté de vivre dans un monde dominé par les inégalités, où l'égoïsme de la condition individuelle, tout à fait temporaire et précaire, prévaut sur toute considération collective, selon une logique qui vaut pour les super-riches comme, malheureusement, pour les plus pauvres, qui ont été privés de conscience de soi par le discours dominant.
Mais ce capitalisme, malgré le suicide européen, n'est plus crédible précisément en raison de la faiblesse américaine, dont la crise profonde est saisie par les « maîtres du monde », prompts à remplacer les dollars par des bitcoins et à opérer un gigantesque pillage de l'épargne partout dans le monde, et surtout par le nouveau monde productif, à commencer par la Chine, qui attend, sans hâte, le déclin définitif de l'Occident, qui n'a eu aucune volonté de s'affranchir réellement de la domination impériale américaine.
14:29 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, états-unis, commission européenne, affaires européennes | |
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L'OTAN menace le Brésil de sanctions
L'OTAN menace le Brésil de sanctions
Incapable de reconnaître sa défaite face à la Russie, l'OTAN, désormais impuissante, profère des menaces qui prêtent à rire.
Wellington Calasans
Source: https://jornalpurosangue.net/2025/07/15/otan-ameaca-o-bra...
Les menaces de l'OTAN envers le Brésil ne sont qu'un chapitre supplémentaire de l'histoire de l'impérialisme en crise. Victimes de leur propre corruption, les pays membres de l'OTAN n'ont pas eu le courage d'assumer qu'ils ont utilisé l'Ukraine pour mener une guerre par procuration contre la Russie, qu'ils ont perdu et qu'ils veulent maintenant blâmer les pays du bloc BRICS pour cet échec embarrassant.
L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a récemment élargi sa stratégie de pression mondiale en incluant le Brésil dans une liste de pays-cibles susceptibles d'être soumis à des représailles économiques.
Le larbin de Trump, Mark Rutte, qui joue le rôle clownesque de secrétaire général de l'alliance, a publiquement menacé le pays, ainsi que la Chine et l'Inde, de sanctions « massives » s'ils ne faisaient pas pression sur la Russie pour qu'elle avance dans les négociations sur le conflit ukrainien.
Cette déclaration, faite au lendemain de l'annonce hilarante par Donald Trump de droits de douane supplémentaires de 100% contre les nations qui commercent avec Moscou, révèle une escalade inquiétante, car elle découle de la jactance des désespérés, dont l'ego a été passablement écorné.
L'OTAN instrumentalise la guerre pour imposer son programme, traitant les pays non alignés comme de simples pions géopolitiques. Une stratégie vouée à l'échec, car même si le Brésil est dirigé par un président faible, il sera difficile de l'isoler de ses partenaires du groupe BRICS, car les intérêts en jeu sont très nombreux.
La position de l'OTAN reflète une expansion de son rôle historique. Créée en 1949 comme alliance défensive, elle agit aujourd'hui comme le bras politico-militaire d'un ordre international en plein effondrement.
Malheureusement, le Brésil, qui a toujours recherché l'autonomie dans ses relations extérieures, est devenu une sorte de « pomme pourrie du bloc BRICS », en particulier avec les derniers présidents qui n'ont pas compris que les Occidentaux ne recherchent pas un partenariat, mais visent plutôt l'exploitation.
Aujourd'hui, après avoir offert des jabuticabas à Trump, Lula expose sa fragilité et le pays devient une cible pour ne pas avoir adhéré aux sanctions contre la Russie. Il suffisait d'un coup de poing sur la table pour mettre fin à la mascarade des lions édentés de l'OTAN, mais Lula, tout comme Bolsonaro, est le toutou de l'Occident et préfère raconter des blagues et faire des imitations.
Les menaces telles que celles proférées par Rutte ignorent la souveraineté brésilienne et exposent l'hypocrisie d'un bloc qui, tout en prônant la « sécurité collective », agit pour étouffer les voix critiques à l'égard de ses propres intérêts.
Comme le soulignent les analyses sur la démocratie au 21ème siècle, l'absence de soutien à l'OTAN peut transformer les pays réfractaires en « parias », soumis à un chantage systémique. Cependant, la Chine et la Russie étaient prêtes à affronter un tel chantage et vont remettre les ratés de l'OTAN à leur place.
Le discours de l'OTAN sur l'Ukraine mérite également d'être critiqué. L'alliance, qui depuis 2014 a alimenté la crise en étendant ses opérations à l'Europe de l'Est, utilise désormais le conflit comme justification pour étendre encore davantage son pouvoir coercitif.
Dans le même temps, des pays comme le Brésil sont accusés de « ne pas faire pression sur Poutine » — une exigence cynique, puisque c'est le Kremlin lui-même qui a récemment proposé la reprise des pourparlers de paix à Istanbul.
L'incapacité à reconnaître sa responsabilité dans le conflit révèle le caractère unilatéral de l'OTAN, qui préfère menacer des tiers et promouvoir des politiques néocolonialistes. Il est temps que le peuple brésilien exige de ses dirigeants une position souveraine ancrée dans les institutions.
Depuis les années 2000, le Brésil a renforcé son action sur les questions mondiales, défendant une politique étrangère indépendante. Cependant, la pression de l'OTAN cherche à saper cette autonomie, en imposant le dilemme suivant: « soit vous vous alignez, soit vous serez punis ».
La menace de sanctions secondaires, telles que les tarifs douaniers de Trump, montre comment le bloc OTAN instrumentalise l'économie pour contraindre les gouvernements. Il s'agit d'une stratégie qui combine des « mesures défensives » ambiguës et une coercition ouverte, consolidant un ordre où la souveraineté des pays périphériques est subordonnée aux intérêts des puissances qui, pour le plus grand bonheur du monde, sont en déclin.
Enfin, il est crucial de dénoncer et de rejeter l'impérialisme structurel de l'OTAN. En menaçant le Brésil, l'alliance atlantique expose non seulement son visage autoritaire, mais met également en évidence la crise d'un système international qui traite la guerre comme un simple outil de domination.
Alors que l'OTAN refuse de dialoguer avec la réalité multipolaire émergente, des pays comme le Brésil et d'autres membres des BRICS doivent résister à ces chantages, en réaffirmant que la paix n'est possible que dans le respect de la souveraineté et du droit international — et non sous les menaces d'un bloc obsolète et belliciste.
Mark Rutte n'a même pas d'autonomie chez lui. En tant que larbin de Trump, il ne sert qu'à faire du bruit. Il aboie beaucoup, mais n'a même pas de dents pour mordre.
12:37 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, otan, brésil, amérique ibérique, amérique du sud, amérique latine | |
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La fable chrétienne et le mythe
La fable chrétienne et le mythe
Claude Bourrinet
Le christianisme, issu du judaïsme, n'était pas armé conceptuellement, pour comprendre le paganisme. C'est un truisme. Il n'est qu'à lire par exemple La Cité de Dieu, de Saint Augustin, pour constater que l'évêque d'Hippone ne saisissait pas la complexité polysémique et pluridimensionnelle, de la Weltanschauung gréco-romaine. Le lien religieux, au tournant du 5ème siècle, tant du reste chez les chrétiens, que chez les néoplatoniciens, se résolvait en une relation morale entre l’existence et Dieu, relation justifiée par le suprahumain, qui porte sens. Toute la traduction de l'histoire de l'empire romain pivote autour de la question nodale de la vertu – non au sens antique de valeur, de force éthique, mais dans l'acception que le terme a fini par prendre, de probité, d'honnêteté, de décence, de pureté, bref, de convenance avec le Bien en soi. Pour autant, Augustin a beau jeu de souligner combien l'élite romaine usait de cette manière de juger la religion en critiquant l' « immoralité » des dieux du panthéon. Il note ce jugement chez un Pline l'Ancien, par exemple. En vérité, l'épistémè « païenne » correspondait, de facto, à celle des chrétiens, en cette fin du paganisme, c’est-à-dire à partir du triomphe de Constantin. Il existait de nombreux ponts entre le monde nouveau et le monde ancien.
Quoi qu'il en soit, le rationalisme occidental, même quand il fut antichrétien, partagea ce mépris pour les « superstitions » païennes, y voyant, au mieux, un divertissement pour écoliers ahanant sur des exercices latins ou grecs, au pire, des contes pour les paysans arriérés, voire de la sorcellerie. Christianisme et scientisme sont tombés d'accord pour conférer au polythéisme un rang civilisationnel inférieur, puéril, dans la longue marche de l'humanité, qui doit aboutir au nettoyage de toutes les impuretés irrationnelles dans la vie, comme dans la cité. De là, par exemple, la répulsion pour le panthéon fourmillant de dieux grands ou petits de l'Hindouisme, ou bien, paradoxalement, a contrario, l'attirance irrésistible pour lui de la part d'Occidentaux las de trop de rationalisme.
L'accord entre christianisme et rationalisme modernes s'est aussi effectué sur un terrain commun, celui de l'Histoire. Pour les Juifs et les Chrétiens, la Bible, longtemps, a conté des faits datés, et prétendument avérés. On évaluait, sous l'Ancien Régime, l'histoire humaine, à quelque six mille ans. Je passe les détails chronologiques, en ce qui concerne la durée qui était censée nous séparer de la Création, mais le comput très compliqué qui était pratiqué en cette matière était sujet à débats. Toujours est-il que la conception commune avait pour socle la véracité des faits contés. Il ne faisait guère de doute que David eut existé, qu'il fut roi de Jérusalem, et que la Ville sainte fut une cité riche et resplendissante (ce que, maintenant, les archéologues contestent), et que Jésus ressuscita le troisième jour de sa crucifixion.
Il est vrai que l'Eglise actuelle évite de s'appesantir sur les miracles, très nombreux dans le Nouvel Evangile, sauf à y voir des allégories. On ne met pas expressément en doute la transformation de l'eau en vin, mais cette mutation passe pour traduire une métanoïa spirituelle, soit collective, soit individuelle. On se gausse en général qu'une demoiselle se transforme en buisson, ou qu'un gentilhomme malchanceux devienne un cerf dévoré par les chiens de Diane (dont la seule existence supposée suscite le sourire ou la moue méprisante), mais on n'osera pas démentir l'Evangile qui évoque l'exfiltration, par la volonté de Jésus, des démons résidant chez des porcs, ou dans un possédé, et se mettant à galoper comme des lapins.
On ne sortira pas de ces apories si on pose comme postulat l'existence d'un seul et unique mode de perception et d'interprétation, de fait tributaire de la valeur que l'on accorde à des traditions religieuses. Pour un chrétien, que la Vierge lui apparaisse soudainement fait partie des choses possibles. D'innombrables cas de cette espèce en attestent la réalité. En revanche, le païen, qui vivait en adéquation constante, dans sa vie quotidienne ou dans ses actions politiques, avec les dieux de la cité, aurait bien été surpris si Zeus lui fût apparu au détour d'un chemin, bien qu'une telle situation ne fût pas rare dans les mythes.
Paul Veyne s'est demandé si les Anciens « croyaient » à leurs mythes. C'est en fait une question qui n'appartient qu'à un monde où la « foi » est devenue le fondement du lien religieux. Les païens n'avaient pas la « foi » (qui est une adhésion toute subjective), mais considéraient que le monde, qui était bien fait, avait été compartimenté en plusieurs domaines, et que les dieux avaient le leur, comme les hommes, ou les animaux, et que, parfois, il pouvait y avoir des passerelles. Mais ce cadre était pour ainsi dire « objectif », et tenait le cosmos, à la suite de quoi les rites étaient bien utiles pour cimenter le tout.
Il se peut en outre que les quatre Evangiles, pour ne pas parler de l’Ancien Testament, qui, somme toute, appartient à la même catégorie littéraire, soit le prototype de tout roman moderne. La fiction contemporaine, dont l’on peut dater la naissance au 12ème siècle, avec les récits de la « matière de Bretagne », passe conventionnellement pour transcrire la réalité (qu’elle soit « réaliste », ou « fantastique », l’essentiel étant qu’elle soit « vraisemblable », c’est-à-dire respectant les codes du genre), et ce, à partir d’un protocole psychologique de lecture, d’un « pacte », selon lesquels il va de soi, durant le procès de lecture, et même après, comme une traînée atmosphérique, que ce qui est raconté est « vrai ». Quand on lit un roman de Chrétien de Troyes, les fées sont aussi chargées de réalité que la locomotive de La Bête humaine, de Zola. La prise de distance critique relève d’une autre dimension de l’existence, comme le monde profane est séparé du monde de la sacralité. Le roman est du « mentir-vrai ». Il arrive même que les faits racontés émeuvent davantage que les faits vécus dans la vie vernaculaire. Julien Sorel est plus vivant que mon voisin.
Or, tout se passe comme si les Evangiles proposaient ce genre de « pacte ». On présente comme une « preuve » de la résurrection du Christ, non seulement le témoignage de femmes, mais aussi, entre autres, le fait que Thomas, le sceptique, soit convaincu (et nous avec) de la réalité christique par l’acte de toucher les plaies de Jésus. Le croyant naïf se satisfait de cette démonstration, et l’Église aussi, en l’érigeant comme l’archétype de l’attestation indiscutable, témoignage pourtant qui ne dépasse pas les bornes de ce qui est raconté-lu, de la « legenda ». Il aurait fallu un témoignage contemporain qui ne fût pas celui d’un chrétien. Et encore ! Tous les historiens actuels d’un temps aussi reculés (et même plus proche de nous) savent combien il est difficile de « prouver » la réalité d’un fait, et même chez les meilleurs historiens de ces époques, comme Tacite, Suétone etc. Ce n’est qu’en recoupant les témoignages que l’on peut donner quelque crédit à une assertion. Bref, le croyant fait du bovarysme, en accordant pleinement, avec tout son coeur, la confiance à un récit qui n’a aucune valeur historique.
Le christianisme, néanmoins, a pu bénéficier d’un doute favorable, parce qu’il est une religion de l’Histoire, et qu’il a appuyé son eschatologie et ses révolutions internes (par exemple, le césaropapisme, ou bien le papisme de Grégoire VII - icône, ci-dessus), sur l’Histoire des hommes. Dans les Evangiles, d’ailleurs, combien de fois se soucie-t-on d’inscrire la geste de Jésus dans la réalité de la société juive de l’époque ! La religion du Christ est une spiritualité qui ne peut que reposer sur des faits qui ne reviennent jamais. Ce qui est fait, est fait. C’est une force, mais aussi une faiblesse, si ces « faits » sont mis en doute.
Mais quand les sciences du temps long, le naturalisme, la zoologie, la paléontologie, la géologie, les sciences de la préhistoire et de la longue durée, au 19ème siècle, se sont imposées, il y eut un conflit violent entre cette vision diachronique de l’évolution des espèces, de la nature, et ce qui est proposé dans la Bible, surtout vétérotestamentaire. En reculant indéfiniment l’âge du monde, et l’apparition de l’homme, on mit en cause les « vérités » bibliques. L’Église anglicane, notamment par la voix de W. Buckland, tenta de faire la part du diable, en récupérant certaines découvertes, comme les fossiles d’animaux plus ou moins géants, enfouis dans les strates profondes de la terre, en affirmant qu’il s’agissait de bêtes noyées par le Déluge. Mais la Genèse ne pouvait être inscrite dans le grand Récit positiviste de la science de la Terre et des espèces. Le singe taquinait Adam et Eve.
Le christianisme, en prétendant être en adéquation avec l’histoire positive, refusait le mythe, contrairement au paganisme. Pour lui, le mythe, la « fable », le « mythos », c’est du mensonge. Qu’Europe soit enlevée par Zeus transformé en Taureau blanc, c’est une fabulation. Qu’Adam et Eve ait croqué le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, et que le Serpent leur ait suggéré de devenir des dieux, c’est ce qui arriva vraiment. Que Prométhée ait volé le feu à Zeus, et qu’il en ait été puni en étant attaché au mont Caucase, son foie dévoré éternellement par un vautour, c’est de la fable d’ivrogne.
Le mythe, faut-il le rappeler, est un récit (mythos) expliquant pourquoi les choses sont comme cela. En quelque sorte, il fait concurrence à la démonstration scientifique, mais en se déroulant sur un autre mode, celui de l’imaginaire. Il n’en est pas moins aussi efficace. Les hommes, durant un temps immense, peut-être 99 % de leur existence en tant qu’hommes, ont construit leur vie sur des visions mythiques. Ils le font encore. Mais ces mythes, pour autant qu’ils donnaient du sens aux actions, à la vie, se situaient « in illo tempore », en ce temps-là, comme on dit dans les contes. Ils étaient « vrais », mais en même temps, ils appartenaient à une dimension qui était celle des dieux, ou à un âge où ceux-ci étaient très présents.
En refusant la légitimité du mythe, en alléguant une véracité historique pleinement qu’il ne pouvait avoir, le christianisme s’est condamné à entrer violemment et frontalement en conflit avec les sciences du temps. Il n’allait pas en sortir indemne. En revanche, le paganisme, qui a toujours distingué des ordres innombrables de réalité, peut gérer des contradictions, qui n’en sont pas, car elles relèvent de la multiplicité des états d’être. L’unilatéralité, l’intolérance, la réduction du champ d’interprétation de l’histoire humaine ou naturelle, qui marquent le judaïsme et ses avatars, les condamnent au sort du chêne orgueilleux et rigide brisé par la tempête, tandis que le roseau plie, mais ne rompt pas.
12:11 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traditions, religion, christianisme, paganisme, mythologie | |
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mercredi, 23 juillet 2025
La spirale mortelle de l'Allemagne - Réflexions sur un déclin orchestré par des moyens bureaucratiques
La spirale mortelle de l'Allemagne
Réflexions sur un déclin orchestré par des moyens bureaucratiques
Constantin von Hoffmeister
Source: https://www.eurosiberia.net/p/germanys-death-spiral
Malheur aux vaincus, car leurs enfants parleront la langue de leurs geôliers et construiront des temples à la gloire de leur propre effacement.
Censure, effondrement et mort silencieuse d'une nation autrefois leader
Internet était censé libérer la parole, mais en Allemagne, il n'a fait que rendre la censure plus systématique. L'article 130 du code pénal — la principale disposition relative aux « discours de haine » — englobe désormais non seulement la négation de l'Holocauste et les symboles nazis, mais aussi de larges catégories de « discours incendiaires », où l'immigration, l'identité et la politique mémorielle sont souvent dans le collimateur. Les chiffres sont kafkaïens: des dizaines de milliers de publications signalées en vertu de la loi relatives aux réseaux sociaux et des milliers de cas déposés chaque année pour Volksverhetzung (incitation du peuple), un terme qui, bien que fondé sur la loi, devient élastique dans la pratique.
Les autorités allemandes exhortent les plateformes à supprimer ce qu'elles appellent la « désinformation nuisible », en particulier pendant les campagnes électorales. L'ironie ? Le même État qui finance la « liberté artistique » par le biais d'institutions publiques — comme l'exposition de la Biennale de Berlin 2025 sur « l'art de la résistance décoloniale », qui comprend des œuvres traitant des récits israélo-palestiniens — poursuit les créateurs de contenu nationalistes, qui risquent des peines de prison pour « incitation à la haine et diffusion de symboles émanant d'organisations anticonstitutionnelles », une punition qui convient davantage à un hérétique qu'à un citoyen. La Cour constitutionnelle salue l'article 5 de la Loi fondamentale (« liberté d'expression »), mais la loi réelle n'est pas écrite: vous pouvez vous exprimer comme vous le souhaitez, tant que vous vous conformez au consensus.
Les trains ne circulent plus à l'heure, voire ne circulent plus du tout. Le système ferroviaire allemand, autrefois symbole de l'efficacité prussienne, est devenu une farce faite de retards, d'infrastructures délabrées et de mauvaise gestion, due à des élucubrations idéologiques. En 2024, seuls 62,5% des trains longue distance sont arrivés à l'heure (définie généreusement comme un écart de six minutes par rapport à l'horaire), tandis que 5% des trains régionaux ont été purement et simplement annulés — des chiffres qui feraient honte à un État des Balkans, pour ne pas parler du moteur économique autoproclamé de l'Europe.
Les causes sont systémiques: des décennies de sous-investissement (95 milliards d'euros de retard dans l'entretien), des fantasmes d'électrification motivés par des considérations écologiques (alors que les ponts s'effondrent) et des grèves incessantes amorcée par les syndicats du secteur public qui réclament des augmentations salariales pour compenser l'inflation que leurs propres politiques ont contribué à créer.
Le Deutschlandtakt, un plan directeur pour des liaisons nationales toutes les heures, n'existe que sur des transparents PowerPoint, alors que les gares rurales ferment et que les hubs urbains mal gérés croulent sous la surpopulation. Pourtant, le ministre des Transports tweete à propos de « la signalisation des toilettes neutres en termes de genre » dans les gares, comme si les pronoms pouvaient rattacher les câbles aériens sectionnés. Une nation qui ne peut pas maintenir ses rails en état a déjà perdu le nord. Les voies ne mènent nulle part aujourd'hui, tout comme l'avenir de l'Allemagne.
L'Allemagne se trouve dans un état de souveraineté suspendue, une anomalie géopolitique où les apparences formelles de l'État masquent des chaînes de contrôle plus profondes. La victoire des Alliés en 1945 n'a pas seulement établi une occupation militaire, mais aussi un réalignement permanent de la conscience politique allemande. Ce qui a commencé comme une dénazification s'est transformé en quelque chose de bien plus insidieux: la suppression systématique de toute volonté d'action nationale. La République fédérale d'Allemagne, malgré toute sa puissance économique, a toujours fonctionné dans des limites fixées par d'autres.
La révélation de la surveillance exercée par la NSA en 2013, y compris l'écoute du téléphone personnel de la chancelière Merkel, n'était pas une aberration, mais la confirmation d'un état de fait. Aucune nation souveraine ne tolère de telles intrusions sans conséquences. La réponse de l'Allemagne – des protestations modérées suivies d'un retour à la normale – a mis à nu la réalité: il ne s'agit pas d'un partenariat, mais d'une vassalisation.
La présence continue de bases militaires américaines, l'intégration des services de renseignement allemands dans les structures de l'OTAN et l'alignement de la politique économique sur les exigences de Washington indiquent tous une vérité simple. L'occupation n'a jamais pris fin. Elle s'est simplement habillée d'un autre costume.
Le modèle économique allemand, autrefois envié par l'Europe, est en train d'être délibérément démantelé. Les chiffres de 2025 témoignent d'un déclin contrôlé.
La fermeture définitive des centrales nucléaires en 2023, associée à la rupture politiquement imposée des liens énergétiques avec la Russie, a laissé l'industrie allemande à bout de souffle. Les prix de l'électricité restent 30% supérieurs aux niveaux d'avant 2022, rendant l'industrie lourde de plus en plus non viable. Le transfert des activités principales de BASF vers la Chine en 2024 n'était que le premier domino; Siemens et Volkswagen ont depuis accéléré leur production offshore. La « transition verte » tant vantée n'a pas abouti à l'innovation, mais à une régression: l'utilisation du charbon a bondi à 25% de la production totale d'énergie, une ironie sinistre pour l'Europe qui se proclame « leader climatique ».
Le taux de fécondité, qui s'élève actuellement à 1,46, garantit que chaque génération successive sera moins nombreuse que la précédente, ce qui soulève des questions fondamentales sur la viabilité démographique à long terme.
Dans le même temps, l'immigration reste à des niveaux historiquement élevés, contribuant à une transformation rapide des centres urbains. Dans de nombreux quartiers, les changements linguistiques et culturels sont évidents, changements qui sont souvent décrits dans les rapports officiels par des termes abstraits tels que « ajustements démographiques » et « flux démographiques vitaux ». La réponse politique dominante combine des programmes sociaux expansifs et une réticence à engager un débat ouvert sur l'intégration et l'identité. Une société confrontée à une contraction démographique tout en gérant une immigration à grande échelle sans stratégie claire de cohésion risque de se fragmenter à terme.
La démocratie allemande en 2025 est un théâtre de l'absurde, où l'opposition n'existe que dans des limites strictement imposées. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui recueille 23% des voix, fonctionne comme une soupape de pression contrôlée, une « menace » juste assez importante pour justifier la consolidation du pouvoir, partagé entre les partis traditionnels. Le virage à gauche de l'Union chrétienne-démocrate sous la direction du chancelier Friedrich Merz, l'adhésion du Parti social-démocrate à l'ouverture des frontières et les politiques énergétiques dogmatiques des Verts ont effacé les distinctions significatives. Il n'y a donc plus que deux partis dans l'Allemagne d'aujourd'hui: l'AfD et l'Uniparty (tous les autres).
L'Allemagne gèle le financement des partis grâce à des mécanismes constitutionnels prévus par l'article 21 et la loi sur les partis politiques, qui sont utilisés chaque fois qu'un parti est qualifié d'« anticonstitutionnel » par les services de renseignement intérieurs. En 2025, ces outils ont été renforcés lorsque l'AfD a été soumise à une surveillance accrue et à un étranglement financier potentiel après avoir été classée comme « menace extrémiste confirmée ».
Dans la pratique, la « résilience démocratique » signifie réduire l'opposition au silence grâce à un travail d'une précision bureaucratique masquée sous le couvert de l'hygiène morale. Lorsque la dissidence doit être réprimée légalement plutôt que combattue politiquement, la façade du pluralisme se fissure. La vérité est crue: 77% des Allemands continuent de voter pour des partis qui offrent des différences mineures quant au fond mais avec des politiques identiques en matière d'immigration, de soumission à l'UE et favorisant implicitement le déclin économique.
Aucune nation n'a autant retourné son histoire contre elle-même. La politique mémorielle reste au cœur de l'identité de la République fédérale. L'Holocauste est à juste titre considéré comme une tragédie historique d'une ampleur sans précédent. Pourtant, sa place dans le discours public a évolué, passant du souvenir à une force réglementaire. Les expressions de l'intérêt national, de l'identité culturelle ou du scepticisme à l'égard de la gouvernance supranationale sont souvent filtrées à travers le prisme du traumatisme historique. Dans l'éducation, les médias et la politique, l'accent mis sur la culpabilité passée peut parfois éclipser l'articulation des objectifs futurs.
Le discours public s'inscrit dans des limites étroites:
- Toute critique de l'immigration massive est accueillie par des accusations de « xénophobie ».
- Toute défense des intérêts nationaux est qualifiée de « revanchisme ».
- Tout scepticisme envers la centralisation de l'UE est qualifié de « populisme ».
Il en résulte une société paralysée par la culpabilité, incapable d'articuler l'instinct de conservation comme un objectif légitime. Lorsque le Sénat de Berlin alloue plus de fonds aux « ateliers sur la diversité » qu'au recrutement de policiers, lorsque les programmes scolaires mettent l'accent sur la « culpabilité coloniale » plutôt que sur les compétences mathématiques, lorsque le ministre de la Défense appelle à une Bundeswehr (forces armées allemandes) plus « diversifiée », embrassant l'identité de genre et les origines migrantes comme piliers de sa force, il ne s'agit pas d'échecs politiques. Il s'agit de l'aboutissement logique d'une civilisation qui considère sa propre existence comme un accident historique nécessitant une correction.
L'élection présidentielle américaine de 2024, qui a ramené Donald Trump au pouvoir, a accéléré la transformation de l'Allemagne en dernier bastion du libéralisme mondialiste. Avec la France qui vacille vers le Rassemblement national de Le Pen et l'Italie placée sous le gouvernement nationaliste de Meloni, Berlin est devenu le garant idéologique de l'UE. Le gouvernement allemand soutient ouvertement les ONG qui luttent contre « l'extrémisme de droite » en Europe de l'Est, un renversement remarquable où l'Allemagne, autrefois divisée, cherche désormais à façonner le consensus politique dans les États voisins.
L'ironie est palpable. Une nation qui ne peut pas sécuriser ses propres frontières donne des leçons à la Hongrie sur « l'État de droit ». Un pays qui se désindustrialise à une vitesse vertigineuse dicte sa politique économique à la Pologne. Une armée qui dépend des armes nucléaires américaines reproche aux autres de ne pas dépenser suffisamment pour l'OTAN. Ce n'est pas du leadership. C'est le réflexe spasmodique d'un patient qui ignore que son cerveau est déjà mort.
Trois facteurs expliquent la passivité de l'Allemagne :
- L'élite des baby-boomers, enrichie par la mondialisation, ne vivra pas assez longtemps pour voir les conséquences de ses politiques. Son mantra – « Après nous, le déluge » – est la trahison ultime.
- De Der Spiegel à Deutsche Welle, le discours est uniforme : la dissidence est illégitime, les alternatives impensables.
- Le génie allemand pour l'ordre est devenu son talon d'Achille. Lorsque le déclin est géré par des technocrates compétents, il ressemble moins à un effondrement qu'à une fatalité.
Les 23% de l'AfD ne représentent pas une marée montante, mais un bassin de confinement: ceux qui ne sont pas encore totalement pacifiés par le système. Les 77 % restants ont accepté, activement ou passivement, que le rôle de l'Allemagne n'est plus de diriger, mais de servir.
L'Allemagne de 2025 est un exemple édifiant pour l'ère postmoderne. Il est possible pour une nation d'être riche mais vide, ordonnée mais en déclin, « libre » mais enchaînée. L'occupation se poursuit non pas avec des chars, mais à coups de manuels scolaires, non pas par décret, mais par une honte instillée goutte à goutte.
Lorsque les historiens futurs retraceront le moment du point de non-retour, ils ne pointeront peut-être pas 1945, mais cette année tranquille où les Allemands ont cessé de demander « pourquoi ? » et ont appris à dire « oui » à perpétuité.
La tragédie n'est pas que l'Allemagne soit en train de mourir. La tragédie est qu'elle a oublié comment vouloir vivre.
Vae victis. Et ceux qui sont revenus du feu ont raconté que la terre des Allemands, autrefois fière et nombreuse, n'avait pas été abattue par la lance ou la famine, mais par la loi de l'étranger gravée dans leur langue. Car après la Grande Guerre, que certains appellent la Seconde et d'autres la Dernière, les vainqueurs ne sont pas venus comme des pillards, mais comme des prêtres, portant des parchemins et des fils, et ils ont planté leurs temples au cœur des villes: Stuttgart, Francfort et l'ancienne citadelle de Bonn. Et ils ont dit au peuple: « Vous ne parlerez plus du sang, ni de la terre, ni de la volonté qui meut les cieux, car ce sont là des choses interdites. »
Et c'est ainsi qu'un nouvel ordre fut tissé comme un filet, fin et solide, fait de serments, de dettes et de signes écrits dans l'écriture des peuples de l'Atlantique. Les hommes d'Allemagne baissèrent la tête et enseignèrent à leurs enfants à parler comme les étrangers et à se souvenir toujours du péché de leurs grands-pères, qui aurait assombri les étoiles. Ainsi, ils n'étaient pas liés par des chaînes de bronze, comme à l'époque de Darius, mais par des contrats, des programmes scolaires et des codes. Et j'ai entendu dire par des sages parmi les Slaves et les Hellènes qu'une nation qui oublie les chants de ses pères parlera un jour la langue de ses geôliers et construira des temples à sa propre disparition.
17:57 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, europe, affaires européennes | |
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Elon Musk, théorie et pratique d'un génie égoïste
Elon Musk, théorie et pratique d'un génie égoïste
Un essai de Paolo Bottazzini consacré au magnat, l'un des protagonistes mondiaux de l'industrie et de la politique
par Giovanni Sessa
Source: https://www.barbadillo.it/123021-elon-musk-teoria-e-prati...
Elon Musk est la personnalité du moment. On en parle partout, sans cesse, mais pas toujours de manière pertinente. L'intérêt pour sa personne a d'abord été porté par sa proximité politique avec Trump, tandis que, dernièrement, on est revenu sur son rôle car il avait pris ses distances avec la présidence américaine. Nous venons de terminer la lecture d'un livre critique et intéressant consacré à ce magnat américain. Il s'agit de l'essai de Paolo Bottazzini, The Musk. Teoria e pratica di un genio egoista (The Musk. Théorie et pratique d'un génie égoïste), paru dans le catalogue des éditions Bietti.
Le volume est divisé en trois chapitres. Dans le premier, l'auteur, professeur à l'Université de Milan et journaliste, présente les traits constitutifs de la psyché de Musk en s'attardant notamment sur sa formation et sur les idées qui ont façonné son imaginaire. Les deuxième et troisième chapitres, en revanche, explorent de manière organique les succès et les échecs de ce génie original de l'entreprise. Dans ces brèves notes, nous aborderons les points les plus importants du premier chapitre, car ils permettent au lecteur de se faire une idée de la vision du monde de ce protagoniste de l'histoire contemporaine.
Le récit de Bottazzini s'appuie, d'une part, sur une documentation abondante et une connaissance hors du commun des sources, comme cela transparaît dans les meilleurs essais, et, d'autre part, sur une prose captivante et engageante qui facilite la lecture.
Le portrait de Musk est, en résumé, celui d'un héros postmoderne qui fait de la science et de la technologie les instruments salvateurs vers lesquels l'humanité doit se tourner pour se protéger d'une catastrophe historique possible et probable. Paradoxalement, le caractère postmoderne du magnat américain s'appuie sur une vision solide de l'entreprise, qui renvoie au capitalisme des origines et en rien au capitalisme cool et smart de la phase actuelle, marquée par l'informatique et la mondialisation.
Des acteurs importants du monde de la communication et de larges couches sociales ont été attirés par certains aspects de la personnalité de Musk. Ces aspects ont exercé une influence considérable sur les masses: « L'ampleur spectaculaire de ses gains, sa tendance à la provocation à travers des déclarations lapidaires sur X.com (anciennement Twitter) [...] son excentricité de nerd ou d'autiste dans ses relations avec les autres, son projet de colonisation de Mars [...], sa prolificité record » (p. 13). Musk a déclaré à plusieurs reprises avoir trouvé un modèle archétypal de référence en Samvise Gamgee, personnage du Seigneur des Anneaux, car celui-ci découvre dans le monde un sens (« Il y a du bon dans ce monde ») pour lequel il faut se battre.
Action optimiste
Ce choix l'a conduit à une action optimiste et déterminée, en phase avec la « folie » des premiers capitalistes, qui opéraient dans une réalité hostile à leurs idées. Avec Carlyle, il est convaincu que la réflexion théorique n'est pas apte à dissiper tout doute cognitif: seule l'action volontaire du héros peut mettre de l'ordre dans la réalité: « Le travail [...] est la méthode par laquelle on vainc le manque de sens du réel et on conquiert une signification qui innerve [...] l'espace social commun » (p. 15). Ce modèle actif renvoie à la philosophie individualiste d'Ayn Rand, pour qui « l'égoïsme se réduit au droit civil de propriété privée et au droit naturel d'exercer une liberté d'entreprise qui ne doit s'arrêter devant rien » (p. 18).
Musk est donc le porte-parole d'un capitalisme démesuré. Diplômé en physique, il a très vite épousé la primauté de l'ingénierie, fondant ce choix sur la perspective science-fictionnelle d'Asimov et de Douglas Adams. Ce n'est pas un hasard si un personnage d'Asimov, Hari Seldon, est « capable de deviner l'imminence de l'effondrement de l'humanité » (p. 25). Le héros Musk se considère investi de la mission de sauver l'humanité. Dans la situation historique actuelle, on courrait en effet le risque de perdre « l'encyclopédie des connaissances dans laquelle se distille la conscience de notre civilisation » (p. 25). Sa prolificité (quatorze enfants !), tout comme l'idée de coloniser Mars, sont les conséquences de la terreur que ressent Musk face à l'appréhension pour la continuité de l'humanité dans le futur.
« Altruisme efficace »
Il confie la tâche de penser l'avenir à la secte de l'« altruisme efficace », dirigée par son dauphin, William MacAskill (photo, ci-dessous). Ce dernier a développé les concepts de longtermisme et de risque existentiel. Le premier concept désigne la nécessité de penser également aux « générations futures », à leur bien-être et, pour que cela se réalise, il est nécessaire d'éviter les risques existentiels, tels que les épidémies, les catastrophes nucléaires, le changement climatique.
En particulier, Musk et ses collaborateurs sont convaincus qu'il est indispensable de contrôler les phases de récession qui marquent l'histoire afin d'éviter des drames sociaux tels que ceux provoqués par la crise de 2008. Souvent, il faut le noter, les initiatives de ces groupes ont eu des effets néfastes, comme le montre le cas de la spéculation sur les cryptomonnaies perpétrée par Sam Bankmann-Fried (photo, ci-dessous), proche de l'« altruisme efficace ».
La prévisibilité statistique domine la vision du monde de Musk. Cette tendance l'a conduit à une vision déformée des risques inhérents au renforcement de l'intelligence artificielle, centrée, en fait, sur l'article de foi qui pose l'apparition de propriétés émergentes qui se manifesteraient lorsque certains seuils de puissance de calcul sont atteints. Dans l'état actuel des choses, tout cela n'est pas prévisible. Il s'agit d'une erreur de perspective dictée par le fait que, pour Musk, la solution à la situation actuelle devrait naître dans le même horizon de pensée qui a conduit à la situation actuelle: le paradigme logique et opérationnel du capitalisme libéral qui se manifeste dans le Ge-Stell, dans l'Installation de la techno-science.
Volonté de corriger le monde
En substance, la proposition de Musk est un nouvel historicisme eschatologique néo-gnostique motivé par la volonté de corriger le monde et la vie, au nom d'un état final de l'histoire. Son intention réelle est de préserver l'état actuel des choses, la gouvernance, en prévenant les risques auxquels le système actuel est exposé. Musk, comme on l'a vu, est un lecteur attentif de fantasy et de science-fiction, mais son exégèse de ces genres littéraires est partielle. Il nie que la vie et l'histoire sont le royaume du possible qui tend, en permanence, à déjouer les prévisions statistiques et déterministes. Le livre de Bottazzini peut être, en ce sens, un outil indispensable pour ceux qui veulent revenir avec un regard critique sur notre actualité et ses mythes.
Paolo Bottazzini, The Musk. Teoria e pratica di un genio egoista (Théorie et pratique d'un génie égoïste), Bietti, Milan 2025, 181 pages, 16,00 euros.
16:06 Publié dans Actualité, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, elon musk, livre | |
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« La destra e lo Stato » (La droite et l'État) de Spartaco Pupo: une étude sur les catégories de la pensée politique
« La destra e lo Stato » (La droite et l'État) de Spartaco Pupo: une étude sur les catégories de la pensée politique
Cet ouvrage met en évidence un courant de résistance spirituelle à la dissolution nihiliste produite par le rationalisme abstrait et l'individualisme effréné.
par Giusy Capone
Source: https://www.barbadillo.it/123019-la-destra-e-lo-stato-di-...
À une époque où la modernité avancée se complaît dans la liquéfaction de tout enracinement identitaire et dans la célébration d'un universalisme sans âme, La destra e lo Stato de Spartaco Pupo s'impose comme une œuvre nécessaire, un geste de restauration intellectuelle qui rappelle aux lecteurs les plus avertis que la droite n'est ni une caricature nostalgique du passé ni une aberration pathologique de la politique, mais l'une des plus nobles traditions de la pensée occidentale, façonnée par la conscience tragique des limites inhérentes à la nature humaine et de la nécessité d'un ordre supérieur qui endigue la dérive entropique de l'anomie démocratique, comme l'avertissait Joseph de Maistre lorsqu'il écrivait que la meilleure Constitution pour un peuple est celle qu'il se donne sans le savoir.
Spartaco Pupo, avec une lucidité aristocratique et une rigueur scientifique, reconstitue la relation intime et controversée entre la droite et l'État, montrant comment cette union ne s'est jamais cristallisée en formules dogmatiques, mais a toujours oscillé entre l'exaltation de l'État comme garant de la hiérarchie et de la tradition, et la méfiance envers les dégénérescences de l'étatisme niveleur et bureaucratique; et ici l'on ré-entend la leçon de Carl Schmitt, qui voyait dans l'État le gardien suprême de la décision souveraine contre la neutralité libérale informe. Cette oscillation n'est pas une contradiction, mais plutôt la fidélité à une vision organique de la société, dans laquelle l'État n'est légitime que dans la mesure où il se pose en gardien des identités historiques, des aristocraties naturelles, des liens communautaires façonnés par l'histoire et la lignée. Pupo rejette fermement l'approche caricaturale de ceux qui voient dans la droite une simple réaction irrationnelle au progrès, et redonne à cette tradition son statut authentique: celui d'une résistance spirituelle à la dissolution nihiliste produite par le rationalisme abstrait et l'individualisme effréné.
Ce n'est pas un hasard si son étude considère la droite comme la gardienne de valeurs permanentes, de ces vérités non négociables qui survivent aux bouleversements des modes politiques et aux velléités utopiques de la gauche, conformément à la maxime de Donoso Cortés selon laquelle quand on ne croit pas en Dieu, on finit par croire en n'importe quoi. À travers une analyse fine des différentes âmes de la droite, du conservatisme aristocratique au nationalisme identitaire, du traditionalisme organique au populisme souverainiste, Spartaco Pupo démontre que la relation avec l'État a toujours été filtrée par une vision sacrée de la politique: l'État, lorsqu'il est digne de ce nom, n'est pas une simple administration ou un mécanisme procédural, mais l'incarnation visible d'une volonté historique et spirituelle, un rempart contre le chaos destructeur des passions atomistiques.
Avec perspicacité et sens de la mesure, Pupo illustre comment, à l'époque contemporaine, la droite a dû faire face à de nouveaux défis: la mondialisation, l'érosion des souverainetés nationales, la colonisation culturelle opérée par des élites cosmopolites et technocratiques, contre lesquelles s'élève le souvenir de la leçon d'Ortega y Gasset, selon laquelle les nations ne meurent pas parce qu'elles sont envahies, elles meurent lorsqu'elles se vident de leur substance. Et pourtant, loin d'avoir disparu, la droite a su se renouveler, en revendiquant la centralité de la communauté, la défense des frontières, la restauration de la primauté politique contre les prétentions morales et juridiques de l'universel abstrait.
Ce renouveau, loin d'être une capitulation, se révèle être un retour aux origines profondes de la droite: la primauté de la substance historique sur la forme abstraite, de la racine sur l'élan, de la fidélité sur la nouveauté, selon le principe formulé par Evola selon lequel la Tradition n'est pas ce qui était, mais ce qui est éternel.
La destra e lo Stato est donc bien plus qu'une monographie érudite: c'est un manifeste implicite de résistance culturelle, une invitation à redécouvrir dans l'histoire les raisons éternelles de la communauté contre le cosmopolitisme désintégrateur, de la hiérarchie naturelle contre l'égalitarisme artificiel, de l'ordre substantiel contre l'anarchie déguisée en liberté.
Spartaco Pupo nous rappelle, avec sérénité, que la droite, avant d'être une doctrine politique, est une posture spirituelle face au mystère tragique de l'existence, une fidélité aristocratique à ce qui ne passe pas. À une époque qui a perdu le sens de la limite, du sacré, de la tradition, lire cet ouvrage équivaut à un acte de réappropriation de sa dignité intellectuelle, à une reconquête de la profondeur contre la superficialité joyeuse des masses.
Ces pages contiennent un appel silencieux mais puissant à ceux qui ne veulent pas céder à l'oubli, à ceux qui savent que toute civilisation authentique naît d'un acte de fidélité et d'un sens de l'honneur que nul temps, aussi sombre soit-il, ne peut éteindre.
15:40 Publié dans Livre, Livre, Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : droite, état, philosophie, livre, spartaco pupo, philosophie politique, théorie politique, sciences politiques, politologie | |
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Protestations de masse dans plusieurs villes ukrainiennes
Protestations de masse dans plusieurs villes ukrainiennes
Source: https://www.facebook.com/zannekinbond
Hier, des protestations massives ont éclaté dans plusieurs villes ukrainiennes, après que le président Zelensky ait signé une loi qui limite fortement la Brigade anticorruption nationale NABU et le parquet SAPO qui y est associé. Déjà en début de semaine, sous prétexte d'une « ingérence russe », au moins 70 perquisitions ont été menées chez des employés de NABU. L’un d’eux a été accusé d’espionnage, d’autres de liens avec ce qu’on appelle des « partis interdits ». Depuis mars 2022, le gouvernement Zelensky a interdit de nombreux partis politiques, principalement à gauche et dans la sphère socialiste, comme la Plateforme de l’Opposition – Pour la vie, le Parti socialiste d’Ukraine et le Parti socialiste progressiste. Les partis communistes sont interdits depuis 2015.
À Kiev, une grande foule s’est rassemblée sur la rue Bankova, où se trouve l’administration présidentielle. La forte présence de jeunes manifestants était notable. Les slogans appelaient à la révocation de la loi et à une lutte authentique contre la corruption. Pour beaucoup d’Ukrainiens, la patience a des limites. Le pays reste sous le contrôle des mêmes élites post-soviétiques corrompues qui tirent les ficelles depuis les années 1990. Des investisseurs étrangers sont prêts à prendre le contrôle de secteurs stratégiques, tandis que le coût énorme des armes américaines implique une vente aux enchères des ressources naturelles. Lors de sorties quotidiennes — même au supermarché —, des hommes sont arrêtés par des brigades de mobilisation et envoyés directement au front. Par ailleurs, les taxes générales et taxes militaires sur les salaires ont été fortement augmentées pour financer la guerre. En vertu de la loi martiale, le gouvernement adopte à la hâte des lois néolibérales sur le travail, tandis que les syndicats sont presque marginalisés. Que NABU — une institution créée justement à la demande de partenaires occidentaux — soit maintenant menacée de démantèlement parce qu’elle enquête trop près des pratiques népotistes du régime, constitue pour beaucoup le dernier coup, celui qui est de trop.
Bien que certains médias occidentaux tentent encore de dépeindre les manifestants comme des « patriotes libéraux préoccupés » et mentionnent que « l’UE s’inquiète également », ce qui est surtout frappant, c’est ce qui manque : les drapeaux ukrainiens, et surtout les drapeaux de l’UE et des États-Unis, qui sont habituellement très présents lors de ce genre de manifestations: désormais, ils font totalement défaut. C’est une douche froide pour de nombreux journalistes et propagandistes de NAFO, qui, sur la base de voyages organisés à Lviv ou Kiev et accompagnés de fidèles de Zelensky, ont présenté pendant des années le « peuple ukrainien » comme un bloc homogène pro-européen, motivé par une haine pure et dure envers la Russie et exempt de toute opposition de classe.
Ceux qui se soucient réellement de l’Ukraine savent depuis longtemps que les campagnes de mobilisation deviennent de plus en plus impopulaires — et aussi de plus en plus violentes — et que la critique de la corruption et du gouvernement autoritaire ne cesse de croître. Il était écrit dans les astres que cette crise finirait par éclater. Que ce soit la première fissure dans un mur qui n’a apporté que souffrance au peuple ukrainien depuis 2014, espérons que ce soit le début de quelque chose de plus ample.
12:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, actualité, europe, affaires européennes | |
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Effondrement touristique et progression du Grand Reset
Effondrement touristique et progression du Grand Reset
Nicolas Bonnal
On découvre que plus personne ne séjourne en France et que Trump a chassé le touriste en Amérique : on voit d’ailleurs bien que le bougre orange idolâtré ici par tant d’antisystèmes sert les intérêts de la clique mondialiste, et ce quel que soit le sujet (épuisement US, fin du dollar, guerre orwellienne, fermeture des frontières, missiles ultra-sionistes, flicage fasciste-raciste de tout le monde, censure généralisée, etc.)
Mais j’ai remarqué que cette crise frappait tout le monde en Europe (pas mal de vidéos sur le sujet…) et même ailleurs, la Thaïlande ou l’Inde par exemple, pour ne pas parler de la Chine et la Russie réduites à l’autarcie par les sanctions. La mondialisation prend un tour revêche et totalitaire qui est renforcé par le multilatéralisme cher à nos imbéciles. On crée en effet des camps géopolitiques comme dans Orwell et il est plus facile après de contrôler tout ce monde, un monde condamné à l’immobilité et à l’énième dénonciation médiatique du complotiste…
Nous voyageons moins et d’ailleurs on nous met de plus en plus de bâtons dans les rues (elles deviennent hostiles) pour nous inciter à NE PLUS VOYAGER, des bâtons géopolitiques, cybernétiques, financiers ou autres, des bâtons physiques (l’insoutenable cruauté des personnels d’aéroports…), psychologiques aussi : voyager pollue, ne pratique pas le sur-tourisme, surveille ta conso carbone, l’avion tue, ta bagnole aussi, crève vite tu peux, etc. Le tourisme est devenu un péché cardinal. La chasse au touriste rejoint l’agenda carbone et la disparition de la bagnole maquillée en bagnole électrique : car si la bagnole électrique ne permet plus au pauvre de circuler (car trop chère), elle ne permet plus au riche de voyager. Il faut être super-riche et voyager en jet, c’est tout, avec les fonctionnaires de l’ONU et les députés et ministres achetés (pléonasme).
Ce n’est pas moi qui m’en plaindrai a priori : car il faut voir ce qu’il est devenu le touriste depuis Chateaubriand, Nerval ou Agatha Christie... Ceci dit, je commence à redouter l’an 2030 : pas d’argent (puis pas d’électricité, d’eau, etc.), pas de nourriture, pas de moyens de transports, etc. Philippot a évoqué le contenu des rapports de l’ONU-Davos-Club-de-Rome qui veulent imposer des carnets de rationnement. Privé de tout, sauf si tu es milliardaire. Le malthusianisme GB a toujours rimé avec la ploutocratie officieuse.
You Tube m’envoie des sujets sur cette destination américaine que tout le monde fuit. Paris, c’est fini… New York aussi (ouf d’ailleurs). On évoque aussi ETIAS, preuve que le Lager de l’euro-zone ne cesse de progresser : il devient compliqué, cher et risqué (on peut se faire refouler à la frontière) de voyager y compris pour des voyageurs de pays amis qui n’avaient pas besoin de visa. Trump multiplie lui les obstacles financiers et techniques en Amérique. Même la télé démocrate (NBC) s’en plaint: les Asiatiques ont peur d’être pris dans des rafles en entrant en Amérique. Les petits blancs (ceux qui ne circulent pas en jet donc) rasent les murs. Tout le monde est racketté à l’entrée: 250 dollars pour commencer. Ils sont ruinés ou ils nous en veulent vraiment ?
Une vidéo intéressante était celle sur l’espace américain qui tue l’Amérique. Ce pays est SUBITEMENT DEVENU trop grand et trop cher donc à couvrir et à nourrir, les gens donc en crèvent. Il se vide et on agglutine des populations appauvries et mélangées dans des métropoles invivables ; c’était le modèle anglais primitif, voir le Canada ou l’Australie où tout le monde vit DANS CINQ OU SIX VILLES dont on ne sort plus ou presque ; tout cela ressemble bien à un film réaliste de science-fiction. Le reste est dans les Body Snatchers (film d’horreur de Don Siegel réalisé contre la télé en 1955): la population est tellement altérée par la technologie qu’elle est devenue légume, disait Siegel.
On constate depuis Internet et les smartphones un énième effondrement cognitif de populations abruties comme jamais par la technologie dans l’Histoire, le Grand Reset progresse formidablement cette année, s’appuyant sur l’intelligence artificielle et sur Twitter. Maupassant dénonçait l’alphabétisation : que dira-t-on de l’informatisation…
Mais j’en reviens aux médias. Ils ne servent qu’à conditionner le troupeau et leur mission est de déclasser l’industrie touristique en ce moment, comme le veulent les hommes/femmes politiques (tous) à la solde des mondialistes. Les complications pour se bouger, pour voyager, pour remplir des formulaires, etc. deviennent folles et la liquidation de la restauration et de l’hôtellerie va bon train.
J’avais parlé (et sur Sputniknews.com encore !) du cosmonaute comme modèle de l’homme du futur: asexué, biberonné, uniformisé, conditionné et surtout pseudo-voyageur. Ici encore ils nous auront bien préparés et conditionnés avec leur SF. Le touriste postmoderne est loin en tout cas de l’atmosphère guide bleu pour groupes cultivés dont se moquait méchamment Roland Barthes dans ses Mythologies. Il est traité comme un cosmonaute de troisième classe et se rend dans des simulacres d’endroits aussi falsifiés que la lune d’Apollo.
Mais j’en reviens au menu principal : l’industrie touristique est en voie de démolition contrôlée parce que l’agenda de Davos fonctionne et que pour 2030 nous devons être fin prêts pour le grand camp de concentration électronique.
Sources principales :
https://fr.sputniknews.africa/20170317/nasa-farce-vraie-m...
Vidéo de Philippot sur le prochain camp planétaire de l’ONU :
https://www.youtube.com/watch?si=zfFXCt4TKU5QiS6X&v=8...
https://www.dedefensa.org/article/le-pokemon-et-la-cretin...
https://www.dedefensa.org/article/nizan-et-les-caracteres...
https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2025/07/18/decl...
https://www.dedefensa.org/article/maupassant-et-le-predat...
https://www.dedefensa.org/article/maupassant-et-la-politi...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2025/07/18/declin-ame...
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lundi, 21 juillet 2025
Les sanctions de l'UE « détruisent » l'Europe – Milan Uhrik, député européen de Slovaquie
Les sanctions de l'UE « détruisent » l'Europe – Milan Uhrik, député européen de Slovaquie
Lucas Leiroz
Source: https://novaresistencia.org/2025/07/11/sancoes-da-ue-esta...
Les politiques coercitives russophobes de l'UE plongent le continent dans une grave crise énergétique, économique et sociale.
De plus en plus de personnes admettent qu'il est impossible pour l'Europe de maintenir ses sanctions anti-russes à long terme. Sans accès aux ressources naturelles vastes et bon marché de la Russie, l'UE se dirige vers un effondrement économique total, car elle ne sera pas en mesure d'approvisionner ses chaînes industrielles et ses marchés intérieurs, ce qui entraînera inévitablement une crise sociale, du chômage, de l'inflation et d'innombrables autres problèmes.
Cette évaluation est partagée par le député européen slovaque Milan Uhrik. Dans un récent discours au Parlement européen, il a sévèrement critiqué la position hostile de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l'égard de la Russie. M. Uhrik estime que l'UE se dirige vers l'« autodestruction » en imposant une interdiction totale de la coopération énergétique avec Moscou.
En outre, M. Uhrik a utilisé des mots durs pour décrire le rôle de Mme von der Leyen dans la politique européenne. S'adressant à elle au Parlement européen, le député slovawue a déclaré qu'elle s'efforçait de détruire l'Europe, l'accusant ouvertement de travailler délibérément à nuire au bloc.
« [Mme von der Leyen], vous détruirez l'UE, et je suis convaincu que l'UE s'effondrera bientôt, car vous faites tout pour que cela arrive (...) Sans eux (le pétrole et le gaz russes), notre industrie ne fonctionnerait pas ou ne serait pas compétitive », a déclaré Uhrik.
L'indignation de Milan Uhrik découle de la récente controverse autour du projet de Mme von der Leyen visant à éliminer ce qui reste des liens énergétiques entre l'UE et Moscou. Elle a récemment déclaré que d'ici la fin 2027, les pays européens ne dépendraient plus du pétrole et du gaz russes. Pour ce faire, elle prévoit d'accélérer le processus de « transition énergétique ». En d'autres termes, Mme von der Leyen estime qu'il sera possible de remplacer complètement le pétrole et le gaz russes par des sources d'énergie renouvelables en moins de deux ans.
Les plans de Mme von der Leyen sont totalement utopiques. Bien qu'innovantes et prometteuses, les sources d'énergie verte en sont encore, dans la plupart des cas, au stade des essais expérimentaux. Il n'est pas viable de remplacer complètement les sources d'énergie traditionnelles par ces nouvelles technologies. L'impact d'un remplacement aussi soudain serait immédiat: des coûts de production d'énergie élevés, ce qui affecterait directement le prix payé par le consommateur moyen et rendrait impossible le maintien de l'industrie européenne à des niveaux de production satisfaisants.
Cependant, il y a quelque chose de bien pire dans le plan d'Ursula von der Leyen. Elle tente simplement de dissimuler les politiques russophobes européennes sous le couvert d'un soi-disant « agenda vert ». La véritable intention, bien sûr, n'a rien à voir avec l'environnement, mais relève tout simplement du racisme institutionnel européen, qui motive l'intention injustifiable d'interdire tout lien avec la Russie, même dans le cas de relations mutuellement bénéfiques et hautement stratégiques pour les Européens eux-mêmes.
En outre, Mme von der Leyen propose également l'adoption d'un nouveau train de sanctions contre la Russie – le dix-huitième depuis le début de l'opération militaire spéciale. Les nouvelles mesures se concentreraient sur le boycott des secteurs énergétique et financier russes. Jusqu'à présent, la proposition a été bloquée par la position dissidente ferme du leader slovaque Robert Fico – un leader qui, tout comme le Hongrois Viktor Orban, continue d'exiger la fin de la politique des sanctions et le rétablissement des liens économiques de l'Europe avec Moscou.
Malheureusement, la position rationnelle et souverainiste de la Slovaquie et de la Hongrie reste minoritaire au sein du bloc européen. Sur le plan politique, les pays de l'UE restent contrôlés par des élites russophobes disposées à aggraver les sanctions. Cependant, ce scénario ne reflète pas la mentalité réelle de la population européenne, de plus en plus insatisfaite des résultats concrets qu'apportent ces mesures coercitives.
L'augmentation du coût de la vie, la désindustrialisation, le chômage, l'inflation et diverses autres questions poussent les citoyens européens à adopter des opinions toujours plus eurosceptiques, ce que l'UE tente de combattre par le sabotage politique et des méthodes dictatoriales et illégitimes contre les politiciens et les partis politiques dissidents.
Dans ce contexte, il est clair que les sanctions répétées contre la Russie représentent une menace existentielle pour la stabilité économique et sociale de l'UE elle-même. En insistant sur une politique étrangère guidée par des idéologies libérales extrémistes et des ressentiments anti-russes, les dirigeants du bloc ignorent les impacts directs des sanctions sur leurs populations et leurs industries.
Ce manque de pragmatisme menace la compétitivité européenne à l'échelle mondiale, tandis que les citoyens paient le prix de décisions impopulaires. Ainsi, à moins d'un changement dans les politiques actuelles, l'UE risque d'aggraver son isolement, d'accélérer sa fragmentation interne et de compromettre son avenir en tant que puissance mondiale.
21:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, slovaquie, milan urhik, sanctions | |
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Le curieux cas d'al-Julani
Le curieux cas d'al-Julani
par Daniele Perra
Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-curioso-caso-a...
Tout récemment, l'ambassadeur américain en Turquie, Tom Barrack, a intimé au Liban l'ordre de désarmer le Hezbollah, faute de quoi il serait attaqué conjointement par la Syrie et Israël.
Que l'un des objectifs du « conflit syrien » était précisément de permettre à Tel-Aviv d'encercler le Liban est un fait connu qui a été maintes fois répété. À cette fin, les miliciens qaïdistes et celles de l'EI ont occupé la région de Maaloula, à la frontière avec le pays du cèdre et à proximité de la vallée de la Beeka (fief du Hezbollah), où vit (vivait) une importante communauté chrétienne (décimée pour l'occasion). Et sa libération, grâce à la coopération entre le Hezbollah, l'armée arabe syrienne, les milices chrétiennes et les Forces Quds, a été, avec la libération d'Alep, l'un des plus grands succès de ce qu'on appelle « l'Axe de la Résistance ».
Or, il est tout aussi connu qu'al-Julani dépend de la CIA et du MI6 qui l'ont longtemps alimenté dans l'enclave d'Idlib avec un flux continu d'armes et d'argent qui ont permis d'acheter une partie importante des fonctionnaires de l'ancien régime et des hommes d'affaires qui lui étaient liés. Il est également bien connu qu'avant la chute de Damas, Israël a ouvert la voie à l'offensive qaïdiste par des bombardements ciblés, pour ensuite détruire presque entièrement l'arsenal de l'Armée arabe syrienne, une fois l'objectif atteint (il va sans dire qu'avant cela, il existait un accord tacite avec Moscou - aujourd'hui manifestement rompu - qui consistait à garantir à Damas un minimum de contrôle territorial et d'efficacité militaire).
Quoi qu'il en soit, il n'existe aujourd'hui pas de véritable armée syrienne, malgré les tentatives d'al-Julani de légitimer à cette fin un agglomérat de milices composées en grande partie de Caucasiens et de Centrasiatiques. C'est pourquoi les déclarations de Barrack sur l'attaque conjointe contre le Liban m'ont presque fait sourire. Même si cette éventualité est réelle, compte tenu notamment des pressions exercées par les États-Unis sur Beyrouth (il convient de souligner le rôle de l'envoyé pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Massad Boulos, Américano-Libanais et père du gendre de Trump). Et je ne doute pas qu'al-Julani puisse se rendre disponible même maintenant qu'il est sous le feu des attaques israéliennes.
À cet égard, je tiens à souligner qu'Israël ne veut en aucun cas des « partenaires commerciaux » (selon les « accords d'Abraham » tant vantés), mais simplement des sujets soumis (la Jordanie en est un exemple). Israël ne se contente pas d'une Syrie sans Assad et sans influence iranienne. Israël veut une Syrie détruite et morcelée, malgré les tentatives d'al-Julani de se présenter comme un « ami » d'Israël, prêt à faire des concessions sur le Golan occupé et à normaliser pleinement les relations syro-israéliennes. Il faut bien noter que les actions retentissantes et récentes ne visent en aucun cas à défendre la communauté druze attaquée par le gouvernement central. Elles visent l'expansion et l'occupation du sud de la Syrie, peut-être jusqu'à Damas (comme l'affirmait Smotrich à l'époque). Et le « pauvre » al-Julani est un complice d'Israël, pas une victime.
Comme je l'ai déjà dit à d'autres occasions, la chute de Damas a marqué la fin de la Syrie. Ce qui existe actuellement n'est plus la Syrie, c'est quelque chose de très différent.
21:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, syrie, proche-orient, levant | |
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L'empire de Trump et l'Europe
L'empire de Trump et l'Europe
Marco Rossi
Source: https://electomagazine.it/limpero-di-trump-e-leuropa/
Au final, l'Occident s'est donc regroupé de manière ordonnée sous la direction de Trump, mais bien sûr dans le strict cadre des objectifs fixés par les Seigneurs de Davos, qui sont les véritables maîtres et dirigeants de l'Occident.
L'objectif principal de ces seigneurs serait de reconquérir le monde entier et de le ramener sous leurs règles, qui sont celles du turbo-capitalisme et de la finance spéculative, tous deux entre des mains privées, qui sont en fait leurs mains...
Mais cet objectif est désormais un rêve inaccessible depuis au moins quinze ans; la Chine, la Russie, l'Inde et progressivement les pays du BRICS s'éloignent de plus en plus de l'emprise qu'exercent les structures de pouvoir occidentales (ONU, OTAN, Banque mondiale, Fonds monétaire, etc.) et construisent leurs propres structures qui s'opposeront inévitablement, à terme et de plus en plus nettement, à celles de l'Occident. En effet, nous sommes désormais dans un multipolarisme effectif et opérationnel, et ceux qui restent fidèles aux « fétiches anciens » se révèlent aveugles, ou sont simplement au service de la propagande occidentale.
Mais alors, que poursuivent réellement Trump et les seigneurs de Davos ?
Tout d'abord, l'hypothèse d'une guerre thermonucléaire directe entre les deux adversaires est à exclure, pour des raisons évidentes: même ceux qui s'opposent à l'Occident disposent d'armes nucléaires et de technologies hybrides de toutes sortes, de sorte que les seigneurs de Davos n'ont pas la moindre intention de voir leurs luxueuses résidences en Europe et aux États-Unis frappées par des ogives nucléaires.
Que les Occidentaux anxieux se rassurent donc, il n'y aura pas d'Armageddon apocalyptique final, mais il y aura bien d'autres conséquences graves et difficilement évitables.
En effet, la ligne à suivre est compréhensible à tous égards: l'Occident décadent et empêtré dans ses contradictions internes doit essayer de conserver le contrôle des parties de l'Empire qu'il peut encore dominer efficacement.
Si la Russie, la Chine et les BRICS sont désormais hors d'atteinte, il faut alors créer le maximum de difficultés – économiques, financières, militaires – aux ennemis et lutter par tous les moyens pour ne pas perdre l'Afrique, l'Amérique du Sud, ce qui reste de l'Asie, bref, lutter pour que le Limes soit le plus loin possible du fameux « milliard d'or » (à savoir les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et l'Union européenne, l'Australie et le Japon).
Mais un problème incontournable est que les États-Unis sont en pleine crise économique et financière interne, et alors ?
Il faut donc faire payer une bonne partie de la gestion colossale de l'Empire aux colonies les plus riches, c'est-à-dire à l'Europe: d'où les droits de douane de 30% pour les Européens, puis l'obligation de porter les dépenses militaires, qui s'élèvent généralement autour de 2% du PIB, à 5%, mais cela ne suffit pas car même la guerre en Ukraine – qui ne peut être interrompue pour ne pas laisser la Russie gagner – doit être financée par les Européens, de sorte que les États-Unis construiront gentiment toutes les armes nécessaires, mais ce sont les Européens qui les paieront.
Mais il y a un autre problème incontournable: en Occident, c'est la loi des Seigneurs de Davos qui domine, où le turbo-capitalisme et la finance spéculative, qui sont entre les mains du secteur privé, dictent leur loi à l'économie, mais ce mécanisme génère nécessairement des divisions de plus en plus profondes dans la société occidentale, conduisant à la disparition de la classe moyenne. En d'autres termes: le système occidental draine structurellement les ressources de la classe moyenne et des classes populaires pour les transférer aux plus riches, au fameux 1% le plus riche, ce qui fait que 99% de la population occidentale s'appauvrit chaque année davantage.
Les BRICS, cependant, ne suivent pas du tout ce système et accompagnent l'initiative privée dans l'économie d'une forte présence de l'État dans l'économie, comme c'était le cas autrefois – avant 1989 – en Europe et en Italie, tout en contrôlant également la finance spéculative et les banques, comme c'était encore le cas en Occident avant 1989.
La comparaison avec les BRICS sera donc de plus en plus difficile, car le système dit mixte en économie – à savoir la synergie entre le public et le privé, avec l'État qui contrôle les banques et la souveraineté monétaire – est incomparablement plus efficace et plus souple que le turbo-capitalisme occidental, où les grandes multinationales et les grandes banques d'investissement privées contrôlent tous les secteurs de l'économie et de la finance.
En d'autres termes: le système privé mondial occidental est conçu pour fonctionner comme un totalitarisme de la finance spéculative, et si le monde entier est subordonné à un tel système, alors le système fonctionne; or, bien sûr, les différences s'accentuent et les ressources vont organiquement et progressivement dans les mains du 1%, celui des plus riches, tandis que les 99% restants deviennent de plus en plus pauvres et contraints à la subordination...
On peut dire que de 1991 à la crise de 2008, le monde a subi ce joug, a dû se plier aux règles des Seigneurs de Davos et de la finance spéculative, mais progressivement, avec l'émergence des contradictions et la naissance des BRICS, qui étaient systématiquement ridiculisés au début, les choses ont radicalement changé.
À l'heure actuelle, le système occidental ne peut être imposé qu'à environ 50% de la population mondiale, voire moins, si l'on tient compte de la démographie. Par conséquent, les escroqueries financières spéculatives ou les jeux truqués du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale n'ont que peu d'impact sur plus de la moitié de la population mondiale...
Pour comprendre en détail: les ressources du monde en dehors de l'Occident doivent désormais être payées aux prix fixés par les ennemis de l'Occident et non par notre propre spéculation financière, et nous ne pouvons pas les obliger à nous les vendre au prix qui nous convient. Il en sera bientôt de même pour le destin du dollar, car nous ne pouvons pas obliger nos ennemis à commercer avec notre monnaie...
Des temps difficiles s'annoncent donc: pas de guerre nucléaire, certes, mais un appauvrissement radical de l'Europe, qui devra payer pour régler les contradictions internes des États-Unis, et, en plus devra renoncer à l'énergie russe à bas prix et aux marchés des BRICS; nous devrons également payer la guerre en Ukraine, le réarmement de nos armées – avec des armes américaines, pour améliorer le rendement de l'industrie américaine – et, pour couronner le tout, nous devrons également accepter de nouveaux droits de douane qui garantiront les ressources au centre de l'Empire, qui sera toutefois toujours en difficulté car les autres – à savoir les BRICS – sont désormais armés de l'arme nucléaire et donc libérés de l'emprise de notre néocolonialisme – pardon ! – de l'emprise des Seigneurs de Davos.
21:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, états-unis, europe, affaires européennes | |
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Stratégie de résistance: intensification de la guerre hybride des États-Unis contre Cuba
Stratégie de résistance: intensification de la guerre hybride des États-Unis contre Cuba
Alisa Savina
Les sanctions contre les dirigeants cubains n'auront aucun effet sur eux, mais il ne faut pas exclure des actes de sabotage et de terrorisme
Le 9 juillet, une grande conférence de presse consacrée à la position de Cuba dans la lutte contre le terrorisme a eu lieu, avec la participation de hauts fonctionnaires cubains du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice, du bureau du procureur général et du ministère des Affaires étrangères. Le 11 juillet, le département d'État américain a annoncé des sanctions contre le président cubain Miguel Díaz-Canel, ses proches parents et les ministres de l'Intérieur, Lazaro Alberto Alvarez Casas, et des Forces armées révolutionnaires, Alvaro Lopez Miero.
Il est évident que les sanctions américaines contre les dirigeants cubains n'auront aucun effet: dans le contexte d'un blocus sévère, cette nouveauté ne changera ni leur situation économique ni leur situation personnelle, il s'agit donc d'une mesure purement symbolique. Cependant, cette mesure est, d'une certaine façon, même avantageuse pour le gouvernement, car elle confirme les arguments sur l'injustice et la cruauté des États-Unis et ajoute une motivation pour la mobilisation interne.
Pour en revenir à la conférence de presse, son thème central était la mise à jour de la « Liste nationale des personnes et organisations faisant l'objet d'enquêtes criminelles et recherchées par les autorités cubaines pour leur participation à la promotion, la planification, l'organisation, le financement, le soutien ou la commission d'actes de terrorisme ». Cette version mise à jour comprend désormais 62 personnes et 20 organisations terroristes. Par rapport à la liste initiale, quatre personnes décédées ont été retirées, mais cinq nouvelles personnes physiques et une organisation ont été ajoutées.
Il faut dire que Cuba n'est actuellement pas confrontée à des attentats terroristes aussi violents que ceux qui se produisent dans de vastes régions d'Eurasie et d'Amérique du Nord. Cela s'explique en grande partie non seulement par des obstacles géographiques, mais aussi par la puissance de l'appareil d'État: les services de sécurité fonctionnent très efficacement et les services sociaux s'efforcent d'empêcher la radicalisation interne, y compris dans des conditions difficiles. Cette efficacité est le résultat de la mise en œuvre cohérente de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, qui comprend à la fois des mesures préventives et des mesures d'intervention rapide.
Ainsi, le dernier attentat terroriste majeur officiellement reconnu comme tel par la « communauté internationale » est une série d'explosions dans des hôtels de La Havane en 1997 (d'ailleurs, le terroriste s'est alors tranquillement caché et a vécu jusqu'à la fin de ses jours aux États-Unis). En 2022, une importante explosion s'est également produite à l'hôtel Saratoga de La Havane (photo), qui a fait l'objet d'une enquête comme catastrophe technologique, mais certains pensent qu'il s'agit d'une intervention extérieure. Les autorités cubaines soulignent que, depuis plus de soixante ans, le pays est victime du terrorisme et non sa source, et que chaque événement de ce type ne fait que renforcer leur détermination à lutter contre ce fléau.
C'est pourquoi, lorsqu'ils parlent de terrorisme, les Cubains font référence soit aux actes commis contre l'ambassade de Cuba aux États-Unis (lancers de cocktails Molotov, tirs sur l'ambassade, etc.), soit au cyberterrorisme, dans le contexte d'une guerre informationnelle et psychologique sur les réseaux sociaux plutôt que d'opérations visant à pirater des infrastructures, par exemple. C'est précisément vers ce nouveau front que se tournent activement les forces hostiles qui cherchent à déstabiliser la situation sur l'île. L'objectif est de créer un sentiment artificiel de chaos, de saper la confiance dans les institutions, d'attiser la haine et d'appeler à la violence contre les militaires, les fonctionnaires et tous ceux qui sont associés aux processus révolutionnaires.
Cependant, dans ce contexte, la nouvelle récemment diffusée dans les médias d'État concernant l'arrestation d'un individu coupable d'avoir tenté de saboter les rails devant un train de voyageurs dans la province de Granma prend une dimension nouvelle. Habituellement, ce genre d'informations n'apparaît presque jamais, mais aujourd'hui, cela a servi de toile de fond à la conférence de presse. Cet incident, comme d'autres actes de sabotage moins médiatisés, témoigne des tentatives continues de matérialiser l'agressivité à l'intérieur du pays, souvent sur instruction et avec des moyens provenant de l'extérieur.
Voici donc les déclarations les plus intéressantes, qui, ensemble, brossent un tableau général de la coordination entre les ministères et des sources de danger identifiées (du moins officiellement) par Cuba.
Le ministère de l'Intérieur surveille et neutralise les attentats terroristes planifiés, organisés et financés par des personnes résidant « notamment aux États-Unis ». Comme l'a souligné le colonel Victor Alvarez Valle, de la Direction générale des enquêtes criminelles du ministère de l'Intérieur, les résultats des enquêtes ont fourni des preuves irréfutables de l'implication de personnes résidant dans différents pays, mais principalement sur le territoire des États-Unis. Certaines de ces personnes figurent dans les dossiers d'enquête préliminaires, car elles sont entrées sur le territoire cubain et ont laissé des traces, d'autres ont été dénoncées par les participants eux-mêmes, qui recevaient des financements.
En outre, des exercices sont organisés pour lutter contre le cyberterrorisme et « l'utilisation excessive des réseaux sociaux pour inciter à la violence ».
Un représentant du ministère de l'Intérieur a déclaré qu'il existe encore aujourd'hui un groupe d'organisations contre-révolutionnaires qui poursuivent des entraînements militaires et reçoivent un soutien logistique depuis le territoire américain. Ces faits ont été portés à plusieurs reprises à la connaissance des autorités américaines, car de telles activités menacent non seulement la sécurité de Cuba, mais aussi celle des États-Unis eux-mêmes. Cependant, aucune mesure de rétorsion ni même de réponse claire n'a encore été donnée par la partie américaine. Cette impunité ne fait qu'encourager les agresseurs et, de toute évidence, cela est fait délibérément et avec la connaissance des plus hautes autorités de notre voisin du nord.
Le parquet prépare une justification juridique, notamment à l'intention de la communauté internationale. Ainsi, le chef du parquet général de Cuba, Eduardo Roberts Campbell, a expliqué que de tels crimes, en raison de leur gravité, ne sont pas soumis à un délai de prescription. Lui-même et le représentant du ministère de la Justice, Alexei Batista Segera, ont particulièrement souligné que Cuba fait partie de 19 conventions internationales sur la lutte contre le terrorisme et respecte strictement les obligations découlant des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. La mise à jour de la liste fait partie de la mise en œuvre de la résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations unies (2001). Le cadre juridique du pays prévoit toutes les mesures nécessaires pour lutter efficacement contre le terrorisme, et la gravité de ces crimes exclut la possibilité de les effacer avec le temps.
Le ministère des Affaires étrangères travaille directement sur la « ligne de contact informationnelle et militaire ». La vice-ministre Joséphine Vidal Ferreiro (photo) a déclaré sans ambages que « les autorités américaines ont historiquement fait preuve d'inaction dans ce domaine pour des raisons politiques évidentes » et a souligné le cynisme que reflète cette situation, dans laquelle Cuba, qui respecte ses engagements, est inscrite par les États-Unis sur la liste des pays soutenant le terrorisme. Vidal Ferreiro a clairement souligné le paradoxe: « Tout observateur perspicace et impartial peut conclure quel gouvernement encourage, soutient et favorise réellement le terrorisme, et quel pays s'y oppose et le combat, tout en étant victime de ce fléau depuis plus de 60 ans ».
Elle a rappelé que les forces de l'ordre cubaines ont régulièrement fourni à leurs homologues américains des informations, notamment les noms et les lieux de résidence des personnes qui, ces dernières années, ont promu, financé et organisé des actes violents et terroristes à Cuba. Cependant, « le comportement de nos homologues américains et la volonté politique de leur département d'État d'agir contre ces personnes et de coordonner la coopération avec Cuba, avec nos institutions de sécurité, ont été nuls ». Cette inaction a conduit à « une recrudescence des actes violents et terroristes contre Cuba et au maintien de l'impunité en raison de l'inaction du gouvernement américain ».
Ce contexte rend particulièrement intéressants les événements récents à La Havane. La vidéoconférence du secrétaire d'État américain Marco Rubio avec un groupe de dissidents cubains et de soi-disant journalistes indépendants, réunis à la résidence du chargé d'affaires américain à Cuba, Mike Hammer, ressemblait à une parodie pitoyable indiquant une politique dépourvue de sérieux. Soulignant « l'honneur » de s'adresser à des « dissidents courageux », Rubio et son adjoint Christopher Landau (qui participait également à l'événement mais sur le mode virtuel) ont multiplié les phrases grandiloquentes sur « l'aspiration à la liberté », « l'inspiration » tirée des manifestations du 11 juillet et la nécessité de « libérer les prisonniers politiques ». Rubio a accompagné son message sur X d'une photo de la réunion avec les hashtags #PatriaYVida et #11J, tentant ainsi de lui donner une importance historique.
Cependant, les participants – des visages familiers tels que Berta Soler, Ángel Moya, Camila Acosta ou Oscar Elias Biset – sont depuis longtemps considérés à Cuba comme un groupe marginal dont l'« opposition » se mesure avant tout à l'aune du financement reçu de l'étranger et de la volonté de jouer le jeu de leurs commanditaires. Il s'agissait d'un spectacle destiné à faire les gros titres dans la presse contrôlée et à justifier de nouveaux investissements financiers dans le projet de « changement de régime », et non d'un véritable dialogue avec le peuple cubain.
Il est important de noter que l'annonce des sanctions du Département d'État, publiée le 11 juillet, s'est répandue dans les médias d'opposition cubains avant même sa publication officielle. Il s'agit d'une manœuvre tactique importante qui permet de créer un buzz et un événement médiatique à Cuba avant la réaction du gouvernement, de souligner les liens avec les cercles dissidents et de leur donner une « exclusivité », les soutenant ainsi une fois de plus et montrant que les États-Unis travaillent activement avec des sources d'information alternatives à Cuba, démontrant ainsi comment ils exercent leur influence aux cercles gouvernementaux cubains.
Les actions du chargé d'affaires par intérim Mike Hammer ont largement dépassé les normes diplomatiques, transformant la mission diplomatique en un centre de coordination ouvert pour l'opposition intérieure. Son agenda chargé de rencontres avec des dissidents, des journalistes et des proches de prisonniers politiques, ses déclarations publiques condamnant les « répressions » et assurant son soutien au « peuple cubain dans sa quête de liberté », les messages verbaux diffusés en direct par Rubio, comme par exemple son « Vous serez bientôt libres » en l'honneur du jour de l'indépendance des États-Unis, tout cela constitue une ingérence flagrante dans les affaires intérieures d'un État souverain.
La publication d'une liste actualisée des terroristes et le travail synchronisé des ministères cubains constituent une réponse directe non seulement à des menaces spécifiques, mais aussi à une stratégie générale de pression qui a abouti à la signature par Donald Trump d'un nouveau mémorandum sur la sécurité nationale concernant Cuba. Ce document, qui annule les assouplissements de Biden et durcit le régime des sanctions, a été accueilli avec enthousiasme par Marco Rubio, qui a promis de « faire répondre le régime cubain de ses actes ».
Cependant, La Havane montre qu'elle n'a pas l'intention d'attendre passivement. Alors que les États-Unis utilisent la « lutte contre le terrorisme » comme un bâton contre les gouvernements indésirables et comme un prétexte pour soutenir des éléments destructeurs à l'intérieur de Cuba, l'État cubain lui-même documente méthodiquement les menaces réelles provenant du territoire américain et les porte devant la communauté internationale par l'intermédiaire de l'ONU. La conférence de presse du 9 juillet est un signal clair: Cuba connaît ses ennemis, connaît leurs adresses et leurs méthodes, est prête à justifier juridiquement ses actions au niveau international et exige de Washington non pas des déclarations hypocrites, mais des mesures concrètes pour mettre fin aux activités des terroristes qui profitent de l'hospitalité américaine.
Dans un contexte de durcissement du blocus et de la rhétorique de la nouvelle administration Trump, La Havane mise sur la cohésion de son appareil d'État, sur le droit international et sur la démonstration qui souligne la contradiction flagrante qui existe entre les déclarations des États-Unis sur la lutte contre le terrorisme et leur politique réelle à l'égard de l'île de la liberté. La lutte entre dans une nouvelle phase, plus dure, où la confrontation informationnelle et juridique devient tout aussi importante que le travail opérationnel des services spéciaux.
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Les stratégies anti-russes de l'Occident et les antidotes pour y faire face
Les stratégies anti-russes de l'Occident et les antidotes pour y faire face
Evgueni Vertlib
Un point de vue russe sur la situation.
Aujourd'hui, la Russie est considérée par l'Occident comme une « menace inévitable pour l'ordre européen et mondial ». La déclaration de Washington, énoncée par l'OTAN, le dit clairement : « Nous ne pouvons écarter la possibilité d'une attaque contre la souveraineté et l'intégrité territoriale des Alliés ». Et le rapport RAND 2024 souligne que les mesures les plus prometteuses pour apprivoiser la Russie se situent dans le domaine économique, allant de la pression énergétique aux sanctions. Dans une telle configuration de « croisade hybride », la Russie est contrainte de répondre de manière symétrique et asymétrique.
Depuis février 2022, la politique anti-russe, consistant « à contenir et à impliquer » a été remplacée par un régime d'hostilité stratégique – considérant la Fédération de Russie comme un adversaire inévitable dans la formation d'un monde post-unipolaire. Tous les moyens et méthodes sont utilisés contre la Russie, de l'embargo économique aux opérations cognitives. La « cinquième colonne » traîtresse, qui n'a pas été démantelée au sein de l'establishment russe, bloque la victoire russe sur le théâtre d'opérations ukrainien. Les arrières systématiquement vulnérables des forces armées russes (les détracteurs légalisés et statutaires de l'intérieur: la Banque centrale, le Centre Eltsine – bastion du revanchisme libéral extrémiste, « leur » oligarchie) fait passer le « facteur ukrainien » de la catégorie des guerres régionales par procuration à celle des menaces pour la sécurité intérieure de la Fédération de Russie (point de vue de S. Mikheev). Un autre aspect de la défectologie des décideurs russes est souligné par S. Kourguinian : l'éradication ciblée du code civilisationnel russe ne permet pas de mettre en œuvre la stratégie du « noyau indo-européen » - rétablir l'unité nécessaire des valeurs du peuple, du pouvoir et de l'histoire.
Dans une telle situation de force majeure (avec circonstances de force majeure), l'État russe est condamné, selon les termes de S. Karaganov, à mener « une guerre pour le droit d'être soi-même », « en brisant l'échine de l'Europe ». Pour cela, il faut au moins temporairement oublier la « puissance douce », le soft power, qui consiste à plaire à l'Occident. Car l'initiative offensive et avant-gardiste des partisans de l'Opération militaire spéciale ne peut pas indéfiniment ne pas correspondre à la stratégie arrière-gardiste et post-factum d'une « petite guerre » positionnelle et languissante. Lorsque la diplomatie échoue (Trump, qui imite les autres, a semé la confusion: tantôt il promet la manne céleste, tantôt il fronce les sourcils), il faut frapper préventivement: afin que, par crainte, ils cessent, au moins temporairement, de se moquer de la Russie meurtrie.
Évolution des stratégies anti-russes (1991-2025). Élargissement de l'OTAN, introduction de « chocs » de marché ; sanctions pour la « Géorgie », la « Crimée », NordStream-2 ; campagne hybride totale en cours : 17ème paquet de sanctions de l'UE, projet de loi américain Blumenthal-Graham, pression informationnelle et psychologique via les plateformes mondiales.
Les sanctions étouffantes de l'Occident. « Matrice de sanctions »: environ 20.000 restrictions individuelles et sectorielles; l'objectif est d'épuiser la base de ressources. Augmentation des droits de douane jusqu'à 500% sur les énergies russes, en discussion au Sénat américain.
Guerre cognitive. L'objectif est non seulement d'affaiblir Moscou, mais aussi de « saper l'économie de l'Union européenne en tant que concurrent ». La diversion contre les alliés fait partie d'une stratégie plus large de « diviser pour régner ».
Pression militaro-politique. L'OTAN institutionnalise le tremplin ukrainien, soutient les groupes d'Europe de l'Est, renforce la défense antimissile. Le facteur nucléaire revient dans la politique: le débat sur le « signal préventif tactique » est passé de la théorie à la pratique.
La logique de l'antidote : l'école de la « multidimensionnalité souveraine ».
1. Souveraineté stratégique. La « Concept de politique étrangère de la Fédération de Russie 2023 » formalise pour la première fois la priorité de la « Grande Eurasie » et du BRICS élargi en tant que « fait géopolitique irrévocable ».
2. Viabilité économique. Remplacement des importations 2.0: priorités - micro et nanoélectronique, logistique maritime, pétrochimie. Canaux de paiement parallèles: chaînes de compensation en yuan, commerce des ressources énergétiques en roubles.
3. Code technologique. D'ici 2025, la Russie passera du slogan « faisons-le nous-mêmes » au modèle « faisons-le avec le BRICS+ », en formant des chaînes de création de valeur en alliance avec l'Iran, les Émirats arabes unis et l'Inde. La stratégie de souveraineté technologique considère l'IA, la microélectronique et les matériaux composites comme des « noyaux critiques » du développement.
4. Revirement géoéconomique vers le Sud. L'union élargie des BRICS-10 (mai 2025) regroupe 47% de la population mondiale et constitue une plateforme parallèle à l'architecture financière mondiale.
5. Consolidation culturelle et consolidation des valeurs. Le projet de loi sur l'éducation patriotique en cours d'élaboration établit un cadre réglementaire pour la formation de « l'homme à la volonté tenace », une figure nécessaire à la mobilisation stratégique.
Sept recettes pratiques (antidotes). À la menace occidentale, la Russie répond par des sanctions à plusieurs niveaux: localisation des chaînes d'approvisionnement, contrôle des matières premières, yuan-rouble numérique. À l'étranglement financier du SWIFT, la Russie oppose le système SPFS et le SEPAM iranien + le règlement en monnaies nationales. À la pression militaro-politique: la doctrine de « l'escalade pour la désescalade », la triade hypersonique, le circuit médiatique russophone 2.0. Aux opérations informationnelles et psychologiques: « l'orthodoxie atomique » comme plateforme sémantique.
Face au blocus technologique (puces, IA): les usines 40-90 nm à Zelenograd, les alliances avec la Chine et l'Inde. Contre la « suppression » culturelle : réseau mondial des « Maisons russes » et subventions « Pouchkine-Digital ». Contre la pression démographique due à la migration : politique de « dispersion russe » - programme de rapatriement et d'intégration des russophones.
Prévisions jusqu'en 2030:
1) La probabilité d'un conflit direct entre la Russie et l'OTAN reste faible tant que le « tabou nucléaire » est maintenu, mais le point de démarcation est fixé à 2027 (achèvement de la modernisation du système européen de défense antimissile).
2) Le fossé technologique peut être réduit à 5-7 ans à condition d'investir 3-4% du PIB dans la R&D.
3) Le financement des BRICS (NBR) peut remplacer jusqu'à 30% des marchés de capitaux occidentaux pour la Fédération de Russie.
Optimisme réaliste. La stratégie occidentale « dissuasion + guerre hybride » a épuisé son efficacité: la pression des sanctions ne génère plus de menace d'effondrement systémique, et le chantage informationnel est démasqué. L'antidote réside dans une triple unité: la force (le facteur militaro-nucléaire), l'esprit (la souveraineté technologique) et l'âme (l'identité culturelle et civilisationnelle).
C'est précisément cette triade, renforcée par l'intégration dans la « grande Eurasie », qui transforme la Russie d'un « objet » du contrôle occidental en un sujet de la politique mondiale, comme le confirment les dernières données analytiques et les mesures pratiques prises par l'État.
RÉSUMÉ : « Logique à quatre niveaux » de l'Occident : défense de l'Ukraine → défense de l'OTAN → contenir la Russie à l'échelle mondiale → formation d'une architecture post-russe.
Niveau militaro-stratégique
OTAN 2024-2025. La déclaration de Washington introduit une nouvelle génération de plans de défense et stipule que « la menace russe sera durable ».
CSIS (février 2025). Le groupe de réflexion recommande « le stationnement permanent d'une brigade blindée américaine en Pologne » et un modèle de 4+2 brigades pour le flanc est, soulignant que la Russie « reste une menace sérieuse ».
RAND (mai 2025). Le rapport sur l'escalade en Ukraine prévoit « six scénarios d'escalade forcée pouvant aller jusqu'à l'utilisation d'armes nucléaires ».
Niveau économique et sanctions
G7/UE. L'objectif est de réduire les revenus énergétiques de la Russie de 50% d'ici 2030. (G. Payette, FT, déc. 2023) .
Atlantic Council (avril 2025). Pertes de la Russie dues au plafonnement du prix du pétrole -> 47 milliards de dollars; priorité : « transparence de la flotte fantôme ».
CNAS (juin 2024). Les sanctions: « une nouvelle arme » dans l'arsenal transatlantique.
Niveau technologique
EDIS et Readiness-2030. L'UE identifie sept lacunes critiques en matière de capacités (DCA, artillerie, drones, IA, etc.) et annonce un objectif de 40% de capacités communes.
Contrôle des exportations des États-Unis. Interdiction de fournir 45 articles critiques de microélectronique à la Russie et à la Biélorussie.
Matrice des opérations occidentales (mise à jour)
- Créer une « brèche stratégique » dans le corridor Biélorussie-Kaliningrad (« ABCT permanent en Pologne pour renforcer la dissuasion »).
- Priver Moscou des superprofits pétroliers et gaziers (« Approche multidimensionnelle pour reprendre l'avantage dans le jeu des sanctions » - Atlantic Council).
- Démanteler les fondements économiques des élites [Gel de 30 milliards de dollars d'actifs (AU Policy Brief)].
- Tester les limites du remplacement des importations (« La plus grande vulnérabilité de la Russie est son économie... »).
- Démoraliser et codifier la « toxicité » de la Fédération de Russie (Sullivan : « Nous renforçons notre propre DIB tout en refusant l'accès à la Russie »).
L'antidote russe 2.0: contre-arguments et mesures de rétorsion
1. Le dilemme militaro-nucléaire « escalade ⇄ désescalade »
Karaganov affirme que la « pression nucléaire préventive » pourrait devenir le seul langage que l'Occident comprend. Le Club de Valdaï constate : « La Russie a commencé à revoir sa doctrine nucléaire », tandis que Poutine souligne qu'il n'est « pas nécessaire » de changer la doctrine, car « une riposte laissera l'ennemi sans aucune chance ». Ainsi, l'incertitude stratégique devient un instrument de dissuasion.
2. Le virage géopolitique vers le Sud
Le BRICS-10 et l'EAEU-Rostec forment des chaînes dans six secteurs critiques (IA, micropuces, composites). Cela réduit l'efficacité du « Chip-45 » occidental.
3. Rouble numérique et paiements parallèles
Le lancement du rouble numérique sur la plateforme « GosTech » d'ici la fin 2025 permettra de contourner les barrières SWIFT et SPFS, ainsi que de connecter le SEPAM iranien.
4. Consolidation culturelle et consolidation des valeurs
La loi sur l'éducation patriotique (2ème lecture, juin 2025) consacre le concept de « personne à la volonté tenace », synthèse de l'ethos orthodoxe et de la compétence technologique.
5. La « Grande Eurasie » comme stratégie de rapprochement
Le rapport Valdai « Russia-West : Radical Scenario » met en garde : toute tentative d'isoler définitivement la Russie conduira à l'effondrement du système international. L'alternative : une alliance institutionnelle entre les BRICS, l'OCS et l'UEE.
Synthèse : sept paires thèse-antithèse
Thèse occidentale : « La Russie est une menace pour la stabilité systémique de l'Occident ».
Contre-thèse russe : l'Occident traverse une période de transition vers la post-hégémonie ; la Russie est le déclencheur, et non la cause de la crise.
« La présence permanente de l'ABCT en Pologne est une garantie de dissuasion » vs. Spirale d'escalade : défense antiaérienne S-400 en Biélorussie → « Iskander-M » à Kaliningrad.
« L'énergocap réduira les revenus de 50% » (FT/G. Payette). Non : la diversification des approvisionnements (Inde, Chine) a déjà couvert 70% du volume européen.
« Le Chip-45-list paralyse le complexe militaro-industriel » est compensé par une usine commune de 65 nm avec les Émirats arabes unis et l'Iran + le remplacement des importations à 28 nm d'ici 2028.
« La guerre cognitive détruira la légitimité du régime » - son propre circuit médiatique 2.0, comprenant 310 chaînes Telegram régionales.
« L'EDIS créera le poing industriel de l'UE » - Les industries dispersées de l'UE n'auront pas le temps de passer à la production massive de munitions avant 2028.
« Saisir la fenêtre d'opportunité avant 2030 » (RAND, 2025). Non : la prolongation du conflit épuise le consensus démocratique occidental.
Corridor prévisionnel (2025-2030)
La probabilité d'un affrontement direct reste inférieure à 10%, mais le point de bifurcation est la préparation de l'OTAN au « paquet 2030 ».
Écart technologique: États-Unis/UE → 5 ans ; Chine + Russie → 7 ans ; équilibre possible d'ici 2029 avec des investissements de 4% du PIB russe dans la R&D.
Ressources de sanctions de l'Occident : pic de pression en 2026, puis effet de rendement décroissant (données du CNAS).
Conclusion : la triade additive « force-esprit-esprit »
L'Occident renforce sa pression simultanément sur cinq vecteurs, créant un effet de « compression multi-calibre ». Cependant, la réponse russe repose sur une triade additive: la force militaire (y compris l'incertitude nucléaire), l'intelligence technologique (la coopération BRICS+) et l'esprit culturel (le code historique). Selon les mots de Dostoïevski: « Être russe, c'est aspirer à l'humanité universelle ». Il ne s'agit pas de se fondre dans l'autre, mais de créer sa propre identité, ouverte aux autres - c'est précisément l'antidote qui a déjà commencé à agir.
Tout micro-mouvement de déplacement du contexte géopolitique vers la victoire russe n'échappe pas à l'attention des analystes stratégiques occidentaux. Le conflit militaire entre l'Ukraine et la Russie a radicalement modifié l'équilibre des forces en Europe et au-delà. La principale conséquence a été la rupture des relations entre l'UE et la Russie, qui, à court terme au moins, est irréversible.
Dans le même temps, la coopération entre les États-Unis et l'UE s'est renforcée, ce qui a provoqué un rapprochement entre Moscou et Pékin, créant une nouvelle menace pour l'Occident. Pékin, observant le conflit, s'oriente de plus en plus vers une stratégie de confrontation à long terme avec les États-Unis, en utilisant des leviers économiques et l'expansion technologique. Dans le même temps, les pays du Sud, tels que l'Inde et l'Afrique du Sud, ont refusé de se joindre aux sanctions, ce qui a considérablement affaibli la pression occidentale sur la Russie.
Les États-Unis, par l'intermédiaire de think tanks (tels que la RAND Corporation), préparent la société américaine à sortir du conflit entre Moscou et Kiev. Les think tanks américains, préoccupés avant tout par la Chine et le conflit israélo-palestinien, non seulement rejettent les Slaves ukrainiens hors l'UE/l'OTAN, mais préfèrent également un renforcement logique de la Russie dans TOUTE L'UKRAINE en échange de compromis stratégiques de la Fédération de Russie sur des questions plus «étrangères».
En effet, le renforcement des liens entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine affaiblit a priori l'Union transatlantique. L'Ukraine est devenue un terrain d'essai pour de nouvelles tactiques et technologies. Le conflit qui y sévit a révélé les faiblesses des bases industrielles et militaires de l'OTAN, notamment le manque de munitions et la dépendance à l'égard de chaînes d'approvisionnement obsolètes.
L'adaptabilité et la maîtrise tactique sont devenues plus importantes que la supériorité technologique. Cela remet en question l'efficacité des programmes militaires coûteux des États-Unis, tels que le développement de chasseurs de sixième génération. En outre, les risques d'escalade nucléaire ont été évalués. Il ressort clairement des analyses que Washington doit se préparer à des conflits prolongés, où la victoire dépendra de la résistance économique plutôt que de la puissance militaire. Un récent rapport de RAND affirme qu'il n'y a aucune raison pour les États-Unis de continuer à participer au conflit en Ukraine. Capitulation ou manœuvre stratégique ? L'avenir nous le dira.
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dimanche, 20 juillet 2025
Le grand remplacement: réflexions sur un concept polémique
Le grand remplacement: réflexions sur un concept polémique
Jordi Garriga
« Heureux les doux, car ils hériteront la terre ».
Matthieu 5:5
Le Grand Remplacement existe. Il est réel. C'est la logique du Capital. Il n'y a pas de motivations raciales, mais des motivations économiques. Il ne s'agit pas d'une conspiration juive, musulmane, maçonnique, ni de quoi que ce soit de ce genre, mais de quelque chose d'aussi simple que la traite des esclaves vers la grande métropole qu'est l'Europe. Naturellement, ces esclaves ne sont pas comme les Européens: ils ne pensent ni aux vacances ni aux syndicats, mais plutôt à améliorer leur vie et à fonder une famille. Les Européens n'ont pas assez d'enfants et ne veulent pas renoncer à certains acquis sociaux, le remplacement est donc peut-être inévitable. La seule solution à court terme: la fermeture des frontières.
Lorsque l'immigration massive a débuté en Espagne il y a plus de 30 ans, menée par le PP de droite, l'opinion publique a été trompée sur les retraites: le déclin démographique rendait indispensable l'importation de main-d'œuvre et, de plus, rendait un grand service à ces pauvres gens en les sauvant de la misère de leur pays d'origine. Il s'avère que c'était un mensonge. L'argent gagné par les immigrés soit retourne dans leur pays d'origine, soit reste dans l'économie souterraine, soit, en raison des salaires très bas, n'a aucun impact sur l'économie. La solution est que les travailleurs espagnols vieillissent et meurent au travail, tandis que les jeunes Espagnols doivent eux aussi émigrer et mettre leurs talents et leur énergie au service d'autres nations.
Ce phénomène n'est pas propre à l'Espagne. Partout en Occident, nous vivons le même phénomène de Grand Remplacement, la grande transformation engendrée par l'idéologie hégémonique: le mondialisme. Et parallèlement, nous assistons à une confrontation entre deux camps: les mondialistes et les patriotes. Malheureusement, le camp patriotique compte deux courants majeurs, a priori voués à l'échec.
D'un côté, nous avons un grand parti anti-immigration et patriotique qui fédère l'électorat et est représenté partout: VOX. Son principal défaut est d'appartenir au mouvement mondialiste et de croire en une citoyenneté abstraite. Pour eux, être espagnol signifie apprendre à parler espagnol, travailler et se comporter poliment. Ce qui permet simplement à des milliards d'êtres humains de devenir, s'ils le veulent, espagnols en obtenant un permis de séjour. Pour y parvenir, nul besoin d'être patriote et de se déclarer contre l'immigration (illégale, bien sûr, surtout légale).
L'autre courant est le courant identitaire, qui croit en l'existence matérielle d'une Espagne éternelle, qui aspire au retour de l'Espagne d'avant, de toujours. Cela n'a jamais existé: l'Espagne « d'avant » ne reviendra pas. L'Espagne des années 1980 ne reviendra pas, tout comme l'Espagne des années 1930. Tout change. Les coutumes et tout a radicalement changé en 100 ou en 50 ans. Et cela continue. Admirer le passé est inutile en politique. L'empire espagnol auquel ils font si souvent référence n'était pas nostalgique: tout ce qu'il a fait était le plus moderne et le plus avancé de son époque. Cathédrales romanes, gothiques et baroques, hôpitaux, routes, navires, arquebuses…
Aujourd'hui, être espagnol ne signifie plus rien. C'est un territoire géré par une oligarchie, qui obéit à son tour à une oligarchie supérieure. Alors, imaginez le ridicule d'une Catalogne « indépendante »…
Les deux mouvements patriotiques soulignent, à quelques exceptions près, la dangerosité, la criminalité et la sauvagerie de ceux qui arrivent de terres exotiques, appartenant à des cultures étrangères, qui créeront nécessairement des conflits et seront comme des animaux sauvages parmi nous… Un discours bien ficelé, mais qui nous éloigne de la réalité: le phénomène migratoire de masse ne doit pas être considéré comme un problème d'ordre public, mais comme une déstabilisation spirituelle et un séisme identitaire aux conséquences imprévisibles.
Les criminels et les sauvages ne sont que la partie émergée de l'iceberg, mais ils ne construiront rien. La terre sera conquise par ceux qui ont une vision nationale, une population et savent gérer les ressources. Je veux dire, tout territoire non conquis militairement le sera par la population. Mais une population civilisée, ordonnée, éduquée et travailleuse…
Oui, de nombreux immigrants volent pour survivre, sans papiers, sans famille, etc. Ils volent comme n'importe qui, quelle que soit sa culture, volerait pour survivre. Mais la plupart des gens arrêtent de voler s'ils trouvent une meilleure situation. Pendant ce temps, c’est le petit peuple qui souffre, et non les politiciens, les banquiers, etc., dans leurs quartiers chics. Et comme la pression migratoire ne s'arrête pas, cette situation perdure, créant des conflits dont les seuls responsables sont la classe politique, qui non seulement les autorise, mais les encourage.
Il en va de même pour le viol: des milliers de jeunes adultes sans épouse ni famille ont, de surcroît, une vision différente des femmes. Une autre culture qui choque mentalement. Une femme respectable dans les pays d'origine sort couverte et/ou accompagnée. La façon dont les femmes occidentales marchent dans la rue leur donne des idées mais ils se trompent. Ces idées sont erronées, car elles aussi sont pleines de préjugés et issues de sociétés véritablement patriarcales où les femmes sont protégées par des hommes sans autre horizon de vie que celui autorisé par la société, ou plutôt dépendant de leur famille, et seulement de leur famille. On tolère des comportements machistes qui ne le seraient jamais venant des autochtones (au fond, ils sont perçus comme arriérés et ont besoin d'apprendre… Est-ce du racisme ?).
En bref, les patriotes de tous bords et de toutes origines idéologiques doivent se rendre compte que les leviers les plus négligés qui font avancer l'histoire et qui sont à la base des luttes de classes et de races sont: la pression démographique et le progrès technologique. Cela suffit de croire à la naturalisation automatique et a-historique des masses d'étrangers, cela suffit de toujours se tourner vers le passé, cela suffit de croire aux solutions magiques.
Aujourd'hui, nous devons regarder la réalité en face: les Espagnols autochtones (et les Européens en général) ne sont qu'une communauté parmi d'autres sur un territoire qui ne leur appartient plus. L'Europe est un autre melting-pot à l'américaine, avec des sociétés multiraciales et multiracistes. Il est impossible de savoir à quoi ressemblera l'Espagne dans 100 ans, mais elle sera sans aucun doute très différente d'aujourd'hui. Il ne faut donc pas rester les bras croisés, mais plutôt travailler avec une vision à long terme, sans fétichisme historique ou rédempteur.
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samedi, 19 juillet 2025
Le Sud global n'a pas appris à maîtriser le soft power
Le Sud global n'a pas appris à maîtriser le soft power
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/il-sud-globale-non-ha-studiato-...
D'un côté, nous avons les mensonges quotidiens d'une désinformation italienne servile tant à l'égard de Kiev que de Tel Aviv. De l'autre, l'incapacité totale de Moscou à lancer une stratégie de contre-information. Cela vaut également pour la Chine, en ce qui concerne les guerres commerciales. Les seuls qui peuvent se justifier, en disant qu'ils n'ont aucun soft power, ce sont les Palestiniens, qui sont aujourd'hui affamés et qui sont matraqués par les bombes, totalement ignorés par leurs « frères arabes » qui n'attendent que de faire du fric sur les décombres de Gaza.
Mais les Russes et les Chinois, comme tous les autres pays du groupe BRICS et assimilés, sont sans aucun doute responsables de ne pas avoir recours à une stratégie de soft power qui contredise le discours occidental. Il est vrai que le Sud global est en croissance constante, qu'un jour il n'aura plus besoin de l'Occident arrogant et décadent, etc. Mais ce jour est encore loin et il convient donc de composer avec ceux qui, pendant des années et des années encore, représenteront les débouchés et le marché pour les productions du Sud global.
Même si l'on constate partout, à commencer en Italie, une chute du nombre de lecteurs de journaux et de téléspectateurs qui suivent les journaux télévisés, la désinformation officielle parvient encore à faire des dégâts, à manipuler les consciences et les esprits les plus limités. Car les réseaux sociaux, qui, par nature, ne sont pas coordonnés entre eux, ne suffisent pas à offrir une alternative capable de renverser le discours officiel.
C'est l'incapacité, désormais habituelle, à créer un système. Si les mensonges des quotidiens italiens sur la guerre en Ukraine avaient eu un minimum de rapport avec la réalité, Poutine serait déjà mort depuis longtemps de maladies hautement fantaisistes, Moscou aurait été occupée suite à la joyeuse avancée de la machine de guerre ukrainienne et les Russes seraient aujourd'hui affamés.
Il en va de même pour Xi Jinping, qui serait déjà mort mais on ne nous le dit pas, pour le Venezuela, pour Cuba, pour la Corée du Nord.
Cela vaut pour la culture européenne – la vraie, pas l'officielle – transformée en un mélange obscène entre la nouvelle ligne politiquement correcte de Walt Disney – avec des dieux nordiques interprétés par des acteurs africains et des princesses fluides – et les vieux navets hollywoodiens avec des soldats américains qui, isolés et sans armes, écrasent des pelotons entiers de méchants Allemands et Italiens.
Et lorsque les productions culturelles sont bel et bien italiennes, elles s'alignent parfaitement sur les indications des maîtres américains dans l'espoir de recevoir quelques récompenses.
D'ailleurs, il n'y a pas d'alternative au monde actuel car le Sud global n'a pas encore appris la leçon du soft power.
20:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, sud global, soft power | |
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À l'est d'Eden - L'Europe, l'Iran et Israël
À l'est d'Eden - L'Europe, l'Iran et Israël
Par le Groupe de réflexion Feniks (Flandre)
Source: https://www.feniksvlaanderen.be/blog/2610773_ten-oosten-v...
Introduction
La réaction actuelle des conservateurs, qui consiste à soutenir inconditionnellement Israël dans sa rhétorique virulente et sa confrontation militaire avec l'Iran, est une erreur stratégique. D'un point de vue philosophique – au nom du Groupe de réflexion Feniks (Flandre) –, nous affirmons que la guerre ou le changement de régime en Iran aurait des effets contraires à ceux escomptés pour l'Europe. Malgré la sympathie compréhensible des conservateurs flamands et néerlandais pour Israël, nous devons reconnaître avec lucidité qu'une escalade avec l'Iran nuit aux intérêts propres de l'Europe. Les interventions occidentales précédentes au Moyen-Orient, de l'Irak à la Libye et à la Syrie, n'ont en effet pas apporté l'ordre, mais le chaos, des flux de réfugiés et l'extrémisme. Il est donc moralement et stratégiquement irresponsable que des voix européennes encouragent un changement de régime à Téhéran. Nous devons repenser les réalités géopolitiques: celles qui reposent sur l'opposition entre les puissances terrestres et les puissances maritimes, repenser la place de l'Europe dans ce contexte et la nécessité de se détacher des programmes stratégiques des thalassocraties (des puissances maritimes mondiales) telles que les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël. Cela signifie également qu'il faudra oser regarder en face le double standard avec lequel l'Occident traite le droit international et les valeurs humanitaires. Ce n'est qu'à travers une telle réflexion critique que les droites pourront rester fidèles aux principes qu'elles affichent, tels que la stabilité, la souveraineté et le contrôle de l'immigration.
Leçons tirées des interventions récentes
Avant de nous pencher sur Israël et l'Iran, examinons l'histoire récente des interventions étrangères dans cette région du globe. Ces interventions doivent nous servir d'avertissement. L'Irak a été envahi en 2003 dans le but proclamé de renverser un régime tyrannique et d'instaurer la démocratie. Le résultat ? Une longue guerre civile, la montée en puissance de Daech, des centaines de milliers de morts et un pays en ruines. La politique de puissance de Washington a créé « l'une des pires catastrophes géopolitiques depuis des décennies », un vide dans lequel la violence sectaire a prospéré. La Libye a subi le même sort en 2011: l'Occident a oeuvré à renverser Kadhafi sans avoir de plan pour l'avenir du pays. Il en a résulté l'effondrement de l'État libyen, une deuxième guerre civile et l'émergence d'une zone de non-droit qui a donné libre cours aux extrémistes et aux trafiquants d'êtres humains. Les milices extrémistes, les armes et les réfugiés ont afflué vers les pays voisins et même vers l'Europe via la Libye en faillite. La Syrie n'a pas connu un sort très différent: le soutien occidental aux soi-disant rebelles et l'escalade vers une guerre par procuration ont fait plus d'un demi-million de morts et des millions de déplacés, dont des millions de Syriens qui ont cherché refuge en Turquie, au Liban et en Europe. Les villes syriennes ont été réduites en ruines; le chaos a alimenté le terrorisme et provoqué un flux migratoire sans précédent vers le continent européen. Et n'oublions pas l'Afghanistan: après vingt ans de guerre, les troupes de l'OTAN se sont retirées en 2021, ce qui a permis aux talibans de reprendre rapidement le pouvoir. Ce « cimetière des empires » a coûté aux pays occidentaux des milliers de vies de soldats, des milliards d'euros, et s'est soldé par une retraite humiliante. De plus, une nouvelle crise des réfugiés a immédiatement éclaté lorsque des dizaines de milliers d'Afghans ont fui le pays pour échapper au régime taliban.
Ces dures leçons révèlent une tendance générale: les interventions étrangères et les changements de régime forcés n'apportent pas une démocratie stable, mais plutôt l'instabilité et des catastrophes humanitaires. Elles déstabilisent des régions entières, créent des vides de pouvoir qui sont comblés par les djihadistes et poussent des masses de personnes à fuir. Cela a des conséquences directes pour l'Europe. Les vagues de demandeurs d'asile en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord rompent la cohésion sociale des pays européens, problème auquel les droites sont particulièrement sensibles. La population européenne en a en effet ressenti les répercussions de ces interventions: pensons à la crise des réfugiés de 2015, qui était en partie due à la guerre en Syrie, ou à l'instabilité au Sahel, qui touche également l'Europe via les frontières désormais ouvertes de la Libye. Lorsque les partis de droite en Europe réclament des mesures sévères contre l'Iran ou expriment leur soutien au bellicisme israélien, ils doivent comprendre qu'ils suivent ainsi la même recette qui nous a déjà valu le chaos et la pression migratoire. C'est contre-productif et myope: on promeut l'aventure militaire, mais on récolte l'insécurité et une immigration indésirable.
Géopolitique : loups terrestres contre loups marins
Pour vraiment comprendre les tensions actuelles entre Israël et l'Iran, il est indispensable d'adopter une perspective géopolitique. Au début du 20ème siècle, des penseurs tels que l'amiral Alfred Thayer Mahan et le géographe britannique Halford John Mackinder ont identifié une contradiction fondamentale dans la politique mondiale : celle entre les thalassocraties (puissances maritimes) et les tellurocraties (puissances terrestres). Mahan, stratège de la marine américaine, affirmait que les grandes puissances maritimes ne pouvaient assurer leur position qu'en contenant la volonté d'expansion des principales puissances terrestres.
À l'époque, la Russie était la puissance terrestre par excellence qui devait impérativement être contenue par une coalition de puissances maritimes (c'est-à-dire les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon) afin qu'elle n'obtienne pas un accès illimité aux océans. Mackinder a développé cette idée et a résumé l'histoire mondiale comme étant la confrontation permanente entre la terre et la mer. Dans sa célèbre théorie du « Heartland » (1904), il affirmait que celui qui contrôlait le cœur de l'Eurasie – une vaste région d'Asie centrale – pouvait finalement contrôler le monde. Les puissances maritimes (l'« île mondiale » que constituent la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Japon, etc.) tentaient donc d'encercler ce cœur continental et d'empêcher la puissance terrestre d'accéder aux océans. Mackinder parlait en termes imagés de « loups terrestres » et de « loups marins », deux espèces se disputant le pouvoir sur la planète. Cette métaphore – les prédateurs terrestres contre les prédateurs marins – symbolise une réalité géopolitique profonde qui continue d'avoir des répercussions aujourd'hui.
D'autres penseurs, tels que le géopoliticien allemand Karl Haushofer et le juriste Carl Schmitt, ont également souscrit à cette dichotomie. Schmitt a souligné que les puissances mondiales se sont toujours regroupées autour de ces deux pôles, et il a introduit le concept de Grossraum : de grands espaces continentaux qui devaient échapper à l'ingérence des empires maritimes. Selon eux, l'Europe ne pourrait être véritablement souveraine que si elle formait son propre espace de pouvoir continental, autosuffisant et libre de toute influence anglo-américaine. Cette idée d'un grand bloc eurasien – un axe Berlin-Moscou, éventuellement complété par les grandes puissances asiatiques – était diamétralement opposée à la stratégie anglo-saxonne du « diviser pour régner » par le biais de l'hégémonie maritime. En effet, pendant la guerre froide, les États-Unis ont appliqué précisément la stratégie de l'anaconda, décrite par Haushofer et ultérieurement élaborée par Spykman et Brzeziński: étrangler le continent eurasien le long de ses frontières (sur le « Rimland ») par le biais d'alliances et de bases militaires s'étendant de l'Europe à l'Asie orientale. Tout cela dans le but d'empêcher une puissance continentale comme la Russie ou la Chine de s'avancer sans entrave vers les océans et de dominer l'ordre mondial.
Quel est le rapport avec Israël et l'Iran? Eh bien, Israël est, d'un point de vue géopolitique, un avant-poste des puissances maritimes occidentales au cœur du Moyen-Orient, une région qui fait elle-même partie du cœur de l'Eurasie. Du point de vue de Washington et de Londres, Israël sert de tête de pont stratégique pour contrer les aspirations continentales des puissances terrestres régionales. Ainsi, pendant des décennies, Israël a contenu les régimes nationalistes arabes (tels que l'Égypte de Nasser ou la Syrie baasiste), qui avaient parfois tendance à s'allier à la Russie soviétique. Aujourd'hui, Israël considère l'Iran comme la grande menace terrestre: un pays vaste et influent qui ne veut pas tomber sous la domination maritime américaine et qui tisse des liens étroits avec d'autres puissances terrestres, telles que la Russie et la Chine. L'hostilité entre Israël et l'Iran dépasse donc le simple cadre religieux ou idéologique: il s'agit ici d'un conflit entre thalassocratie et tellurocratie au niveau régional. L'Iran est, géographiquement et historiquement, une puissance terrestre typique: situé au centre d'un espace assez vaste, difficile à conquérir (comme l'ont découvert de nombreux autres empires), avec une civilisation bien enracinée au cœur du continent. Israël, en revanche, est petit et n'est pas une puissance maritime, mais il est étroitement lié aux intérêts des puissances maritimes mondiales (les États-Unis et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni). Le pays bénéficie de la protection de la flotte américaine, de l'aide militaire occidentale et de la couverture diplomatique de l'Occident sur la scène mondiale – et en échange, il soutient implicitement la domination anglo-américaine dans la région.
L'Europe continentale se trouve dans une position délicate au sein de ce champ de forces. D'une part, l'Europe occidentale est traditionnellement l'alliée des puissances maritimes mondiales (pensez à l'OTAN, au partenariat transatlantique, etc.). D'autre part, l'Europe est en fait une péninsule du continent eurasien – une puissance terrestre à part entière, avec des intérêts vitaux dans la stabilité du continent voisin (de l'Europe de l'Est au Moyen-Orient). La question se pose: l'Europe doit-elle continuer à suivre aveuglément la ligne de Washington et de Londres, même lorsque celle-ci conduit à la confrontation et au chaos à nos portes? Ou osera-t-elle se réorienter et penser davantage en termes d'intérêt continental? L'histoire nous enseigne que les puissances maritimes anglo-saxonnes avaient intérêt à maintenir le continent eurasien divisé et affaibli. « Diviser pour régner » sur terre et « régner sur les mers » était leur devise. Ainsi, dans les années 1980, les États-Unis ont soutenu les combattants islamistes en Afghanistan afin de saper l'Union soviétique, ce qui a finalement donné naissance aux talibans et à Al-Qaïda. De même, les États-Unis et leurs alliés se sont longtemps ingérés dans les changements de régime et les révolutions au Moyen-Orient, toujours dans le but de remplacer les gouvernements désobéissants par des gouvernements pro-occidentaux.
Mais pour l'Europe, cela s'est rarement bien passé: les foyers de tension se sont succédé sur sa périphérie immédiate, provoquant de nouvelles instabilités dans la région.
Dans le conflit israélo-iranien, nous voyons aujourd'hui le même scénario se dessiner. Israël, avec le soutien des néoconservateurs américains, insiste depuis des années pour que des mesures sévères soient prises contre l'Iran, allant de sanctions strictes à d'éventuelles attaques militaires contre les installations nucléaires iraniennes. Certaines voix s'élèvent même (principalement à Washington et à Tel-Aviv) en faveur d'un « changement de régime » à Téhéran, dans l'espoir d'installer un gouvernement pro-occidental. Il s'agit toutefois d'un jeu dangereux: l'Iran n'est pas un pion faible, mais une civilisation ancienne et fière comptant aujourd'hui 92 millions d'habitants; une population, qui, précisément en raison de la menace extérieure, se rallie souvent à son régime par patriotisme. Une guerre avec l'Iran serait beaucoup plus destructrice et imprévisible que celles qui ont été menées, tambour battant, contre l'Irak ou la Syrie. L'Iran possède donc une population beaucoup plus nombreuse et dotée d'une volonté plus forte, précisément en raison de la théocratie, qui y règne, et de l'histoire particulière du pays. De plus, dès le début d'un éventuel futur conflit, la Chine et la Russie apporteront un soutien important à leur allié au Moyen-Orient. Si les États-Unis, pour leur part, tentent d'apporter un soutien militaire depuis l'extérieur, l'Iran n'aura qu'à fermer le détroit d'Ormuz pour provoquer une énorme onde de choc économique pour l'économie mondiale. Nous estimons peut-être savoir par quoi nous commençons si nous commettons une telle intervention ou si nous tentons un tel changement de régime, mais nous ne pouvons pas deviner où tout cela finira.
Pour l'Europe, un tel conflit aurait des conséquences désastreuses: interruption des approvisionnements en pétrole et en gaz, amplification du terrorisme, implication possible de l'OTAN (avec le risque d'une guerre à grande échelle) et, inévitablement, un nouvel exode de réfugiés. En cas d'effondrement de l'Iran, des millions d'Iraniens chercheraient refuge, probablement en Europe. Les mêmes partis politiques, qui tiennent aujourd'hui un discours pro-israélien, seraient alors confrontés, quelques années plus tard, à l'accueil de réfugiés iraniens? En bref, d'un point de vue géopolitique et stratégique, il n'est pas dans l'intérêt de l'Europe continentale de suivre Israël dans sa volonté de guerre contre l'Iran.
L'Europe a intérêt à ce que la stabilité règne au Moyen-Orient, et non à ce que des foyers de tension s'y développent. Si les partis de droite veulent sincèrement protéger les frontières de notre espace civilisationnel et endiguer les flux migratoires, la dernière chose qu'ils doivent applaudir est une nouvelle guerre à grande échelle dans la région proche- et moyen-orientale. Au contraire, l'Europe devrait investir dans la diplomatie, plaider la réduction des conflits et promouvoir les relations économiques afin de contribuer à stabiliser le Moyen-Orient, ce qui, à terme, réduirait la pression migratoire.
Se libérer des thalassocraties
Ce qui précède, ici, implique que l'Europe doit réfléchir à son autonomie géopolitique. Pendant des décennies, l'Europe occidentale a aligné sa politique étrangère sur celle de Washington. L'OTAN, dominée par les États-Unis, a dicté la stratégie: interventions en Afghanistan et en Libye, confrontation avec les ennemis d'Israël, etc. Mais nous sommes désormais au 21ème siècle, et l'équilibre des pouvoirs est en train de changer. Le Royaume-Uni a quitté l'UE; les États-Unis se concentrent de plus en plus sur l'Asie (la Chine). L'Europe continentale – en particulier le noyau autour de l'Allemagne et de la France, mais aussi des pays comme la Belgique et les Pays-Bas – doit se demander quelle est la voie à suivre dans son propre intérêt. La géopolitique anglo-américaine traditionnelle considère l'Eurasie comme un risque maîtrisable (selon la logique de Mackinder et Brzeziński). Mais pour l'Europe, l'Eurasie n'est pas seulement une théorie abstraite: c'est notre voisin et, en partie, notre foyer. Nous partageons le continent avec la Russie, la Turquie et le Moyen-Orient. Notre économie est étroitement liée à l'énergie et aux matières premières provenant de Russie et du Golfe, ainsi qu'aux marchés asiatiques. Lorsque les faucons anglo-américains prônent la confrontation – que ce soit avec la Russie en Ukraine ou avec l'Iran au Moyen-Orient –, ce sont nous, Européens, qui en payons le prix fort: récessions économiques dues aux sanctions et aux crises énergétiques, ou tensions sociales liées aux flux de réfugiés.
Se détacher des intérêts des thalassocraties ne signifie pas que l'Europe doive devenir anti-américaine, mais qu'elle doit apprendre à penser de manière mature et indépendante. Nous pouvons rester de bons alliés, mais ne pas demeurer de simples vassaux. Les gouvernements européens ne doivent plus soutenir sans réserve chaque initiative américaine ou israélienne qui, au nom de la « liberté et de la démocratie », vise à mettre un autre pays à genoux. Car soyons honnêtes: trop souvent, ces slogans idéalistes se sont avérés être un prétexte pour une politique de puissance brutale. Il est utile ici de rappeler les paroles du politologue américain Samuel Huntington. Huntington a fait remarquer que «l'Occident n'a pas conquis le monde par la supériorité de ses idées, de ses valeurs ou de sa religion, mais par sa supériorité dans l'application de la violence organisée». Les puissances occidentales – avec les États-Unis et, autrefois, la Grande-Bretagne en tête – ont défendu leurs intérêts par la force militaire et économique, et pas seulement par la supériorité morale.
Cette prise de conscience est un signal d'alarme: l'Europe doit comprendre que la volonté actuelle de renverser le régime iranien, par exemple, n'a rien à voir avec les « droits de l'homme » ou la « démocratie », mais tout à voir avec la volonté de pérenniser une domination géostratégique. Si nous, Européens, voulons vraiment défendre les principes du droit à l'autodétermination et à la souveraineté, nous ne devons pas soutenir la violation de ces principes pour d'autres peuples, et peut-être même la critiquer, non seulement lorsque la Russie le fait en Ukraine, mais aussi lorsque Israël ou les États-Unis le font au Moyen-Orient.
Même le haut représentant de l'UE, Josep Borrell, a récemment admis l'existence d'un double standard occidental. Dans un discours remarquable, il a fait référence à la critique selon laquelle l'Europe semble accorder plus d'importance à la vie des citoyens ukrainiens qu'à celle des citoyens palestiniens de Gaza, et que nous fermons les yeux sur les violations des résolutions de l'ONU par Israël tout en imposant des sanctions à la Russie pour des actes posés comme similaires. Cette hypocrisie sape notre crédibilité et nuit également à notre sécurité à long terme. Car comment pouvons-nous trouver des alliés dans le reste du monde (par exemple pour endiguer les migrations ou lutter contre le terrorisme) si nous sommes perçus comme sélectifs et hypocrites? Il faudrait dès lors fonder une politique étrangère européenne continentale, axée sur la cohérence des principes et l'intérêt propre: plus de chèque en blanc pour les aventures militaires israéliennes, mais plutôt l'accent mis sur la diplomatie, la coopération économique et la prévention des conflits dans notre région voisine.
Dimension coloniale et hypocrisie occidentale
La question israélienne mérite elle-même un examen critique, en particulier dans les milieux dits conservateurs qui attachent généralement une grande importance à la continuité historique et aux principes de souveraineté. C'est une vérité dérangeante, mais Israël est né d'une logique coloniale. Le projet sioniste est apparu à la fin du 19ème siècle comme un mouvement de colonisation européen: les Juifs européens (et plus tard ceux d'autres parties du monde) ont émigré en Palestine avec le soutien de grandes puissances coloniales telles que l'Empire britannique. Les terres ont été acquises au détriment de la population indigène, souvent par la force ou après son expulsion. En 1948, l'État d'Israël a été proclamé, ce qui s'est accompagné de la Nakba, l'expulsion catastrophique de plus de 700.000 Palestiniens de leurs terres. Ces faits sont bien documentés historiquement et reconnus par des historiens honnêtes (dont des Israéliens, ceux que l'on appelle les "Nouveaux Historiens", de l'école "post-sioniste"). Israël s'inscrit dans la lignée des États coloniaux classiques tels que les États-Unis, le Canada et l'Australie: un population de nouveaux arrivants qui peuple un pays sous le prétexte d'un droit historique ou divin, marginalise ou expulse les habitants autochtones et construit son propre mythe national pour justifier cette effrayante procédure.
Pour la droite occidentale, généralement sceptique à l'égard du culte de la culpabilité coloniale et de l'esclavage, la critique d'Israël est souvent un sujet sensible. Après tout, Israël est considéré comme « l'allié de l'Occident dans une région hostile » et comme une sorte de ligne de front contre la menace islamique. Mais cela soulève une incohérence morale. D'une part, nous défendons le principe selon lequel les frontières sont sacrées (rappelons-nous l'indignation suscitée par l'annexion de la Crimée par la Russie); d'autre part, Israël enfreint systématiquement le droit international depuis 1967 en remplissant les territoires palestiniens occupés de colons. Des centaines de milliers de colons israéliens se sont désormais installés en Cisjordanie, ce qui est illégal selon la quatrième Convention de Genève. Les Palestiniens y vivent sous occupation militaire, sans droits civils. À Gaza, nous avons récemment vu comment Israël agit en tant que puissance occupante: punitions collectives, blocus, bombardements qui ne font pas la distinction entre combattants et civils. Pourtant, les gouvernements occidentaux sont remarquablement indulgents dans leur réaction. Pas de sanctions, pas d'embargo sur les armes – au contraire, Israël reçoit souvent encore plus de soutien lorsque les critiques internationales s'intensifient. Cette position exceptionnelle accordée à Israël sape toutes les références que l'Occident dit accorder aux "valeurs".
La cause de cette souplesse occidentale à l'égard d'Israël réside en partie dans notre histoire. L'Europe a un complexe de culpabilité envers le peuple juif en raison de l'Holocauste. Ce profond sentiment de honte – surtout en Allemagne, mais aussi plus largement en Europe occidentale – a conduit à une réticence à critiquer Israël, même si cela serait parfois justifié. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, il y avait en outre beaucoup de sympathie pour les survivants juifs et leur désir d'avoir leur propre État. Cependant, cette réaction émotionnelle compréhensible est devenue au fil du temps presque un dogme: Israël bénéficie d'une immunité morale, comme s'il était au-dessus des normes universelles. Les politiciens européens osent rarement dénoncer les abus israéliens de peur d'être taxés d'antisémitisme ou de profaner la mémoire de l'Holocauste. Ce « complexe de culpabilité lié à la Shoah » est parfois exploité, notamment par le lobby pro-israélien, pour étouffer toute critique et obtenir un soutien inconditionnel.
Bien sûr, il faut être vigilant face à l'antisémitisme, mais cela ne doit pas nous amener à fermer les yeux sur d'autres groupes opprimés ou à excuser des violations flagrantes des droits de l'homme. La véritable justice n'applique qu'un seul critère, sinon elle est nulle et non avenue.
À cela s'ajoute l'influence réelle des lobbies pro-israéliens en Europe. Nous connaissons tous le pouvoir du lobby israélien à Washington (AIPAC, etc.), mais il existe également à Bruxelles, Londres, Berlin et même La Haye des réseaux bien organisés qui promeuvent activement le discours d'Israël et tentent de rallier les politiciens à leur cause. Au Parlement européen, par exemple, un lobbying intense est mené pour tempérer les voix pro-palestiniennes: les eurodéputés qui critiquent Israël sont ouvertement dénigrés, voire déclarés persona non grata à Tel-Aviv, sans que l'UE ne riposte. Des organisations telles que les « European Friends of Israel », des groupes de réflexion et des ONG influencent le discours en coulisses. Les journalistes qui publient des articles critiques risquent d'être accusés de partialité. En bref, Israël a développé en Europe occidentale un réseau d'influence qui n'a pratiquement pas d'équivalent parmi les autres pays. Il est donc difficile pour les citoyens de comprendre pourquoi leurs dirigeants cèdent à chaque fois. Est-ce simplement par culpabilité ? Est-ce par dépendance stratégique (commerce d'armes, échange de renseignements)? Ou parfois même par intérêt financier et politique – dons, promesses d'emplois prestigieux après la carrière politique?
Quelle que soit la raison, une transparence radicale s'impose. Les partis de droite en Europe, souvent préoccupés à juste titre par l'influence étrangère qu'exercent certaines organisations islamiques ou la bureaucratie européenne, devraient avoir le courage d'examiner toutes les influences étrangères – y compris celles des États-Unis ou d'Israël – sur nos démocraties. Un plaidoyer pour la transparence: que les politiciens rendent publics les voyages, les dons ou les services qu'ils reçoivent d'États étrangers ou de lobbies. Pourquoi serait-il suspect qu'une ONG reçoive le soutien des pays du Golfe, par exemple, alors que nous acceptons sans broncher que des parlementaires se laissent choyer par des fondations pro-israéliennes? Quiconque revendique la souveraineté doit également oser penser de manière souveraine. Cela signifie: déterminer ses propres positions en fonction de ses propres intérêts et valeurs, sans se laisser influencer par aucune pression de groupe.
Mythes et réalités sur Israël
Enfin, il est utile de démystifier certains mythes qui poussent principalement les nationalistes de droite en Europe à idéaliser Israël sans réserve. L'un de ces mythes est qu'Israël incarne une sorte d'unité ethnique et culturelle, un peuple qui est « revenu » sur la terre de ses ancêtres. En réalité, la population israélienne est extrêmement hétérogène et résulte en grande partie de l'immigration. Les Israéliens juifs proviennent des cinq continents: les Juifs ashkénazes d'Europe (Russie, Pologne, Allemagne, Pays-Bas...), les Juifs séfarades et mizrahim du monde arabe et islamique (Maroc, Irak, Iran, Yémen...), les Juifs éthiopiens d'Afrique, etc. Beaucoup ont peu de liens génétiques ou culturels avec l'ancien Israël des temps bibliques – leurs ancêtres se sont convertis au judaïsme des siècles plus tard ou se sont mélangés aux populations locales.
Des historiens israéliens tels que Shlomo Sand ont longuement démontré que le concept d'un peuple juif homogène, en exil depuis l'époque romaine et qui « revient » aujourd'hui, est en grande partie un mythe national. Avant le 20ème siècle, les Juifs de Pologne ou du Yémen, par exemple, ne partageaient pas de langue, de culture ou d'ethnicité communes, à l'exception de leur religion. L'État d'Israël n'est donc pas tant une nation-État naturelle qu'un melting-pot nouvellement créé, forgé par l'idéologie (le sionisme en l'occurrence) et alimenté par des vagues migratoires diverses. Cela n'est pas nécessairement un inconvénient en soi – la plupart des nations modernes sont des mélanges –, mais cela sape l'affirmation souvent entendue selon laquelle Israël appartient exclusivement à un « peuple juif » homogène ayant un droit ancestral sur ce bout de terre.
Posons-nous la question suivante: trouverions-nous concevable qu'un nouvel État soit fondé quelque part en Europe sur la base de la religion ou de l'ethnicité, rassemblant une population venue du monde entier pour former une entité exclusive, au détriment de la population locale existante? La réponse est claire: non. Si demain, un mouvement de la diaspora islamique mondiale décidait, par exemple, que l'Andalousie est « la terre sainte des Omeyyades » et y proclamait un État islamique, cela nous semblerait absurde et inacceptable. Pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé en Israël sous la bannière du sionisme: la création d'une colonie religieuse et ethnique. L'Occident a facilité et ensuite soutenu cette initiative, motivé par des circonstances historiques et un sentiment de culpabilité, certes, mais il s'agit en réalité d'un projet de colonisation au milieu du 20ème siècle, à une époque où le colonialisme était justement en train d'être démantelé ailleurs. Cette incohérence est notre talon d'Achille.
Les conservateurs européens, fiers de leur culture et de leur passé, doivent se demander pourquoi une telle expérience est défendue sans critique de l'autre côté de la Méditerranée. Bien sûr, nous souhaitons au peuple juif la sécurité et l'autodétermination après les horreurs de l'Holocauste. Mais cela doit-il impliquer que nous fermions les yeux sur le prix qu'un autre peuple – les Palestiniens – paie pour cela? Où est notre principe d'égalité devant la loi? Le cœur même de la pensée conservatrice en matière d'État de droit n'est-il pas d'appliquer les mêmes critères à tous, indépendamment de l'origine ou de la religion? Dans le cas d'Israël, cependant, il semble y avoir une règle tacite: d'autres normes s'appliquent à eux, parce que... oui, mais pourquoi au juste? Parce que l'on s'identifie à leur image occidentale? Parce que l'on se méfie du monde musulman et que l'on considère Israël comme «l'avant-poste de la civilisation»? Ce dernier argument revient souvent chez les faiseurs d'opinion de droite: Israël serait un avant-poste courageux de l'Occident au milieu d'une mer islamique hostile. Cette vision du monde simplifie toutefois la réalité. Elle suscite en outre peu de compréhension dans le reste du monde, y compris dans de grandes civilisations comme l'Inde, la Chine ou l'ensemble du monde islamique, qui trouvent cette auto-justification occidentale hypocrite.
Conclusion
Les forces conservatrices et nationalistes en Flandre et aux Pays-Bas se trouvent à la croisée des chemins. Vont-elles rester prisonnières d'un vieux réflexe datant de la guerre froide, selon lequel tout ennemi d'Israël est automatiquement considéré comme un ennemi de «l'Occident libre»? Ou oseront-elles tracer une nouvelle voie qui soit à la fois fidèle à nos valeurs occidentales d'ordre et de justice et qui tienne compte de manière réaliste de la place de l'Europe dans un monde multipolaire? Le présent article d'opinion soutient que suivre la voie guerrière d'Israël contre l'Iran est une impasse – contre-productive pour notre sécurité, contraire à nos intérêts et incompatible avec nos propres principes moraux. Au lieu de cela, l'Europe continentale doit apprendre à penser comme un acteur géopolitique à part entière: préserver la stabilité et la paix dans les pays voisins, défendre systématiquement le droit international et se libérer de l'emprise des propgrammes d'autrui, générateurs de conflits.
Que le message de Feniks aux droites soit le suivant: renouvelez votre patriotisme, concentrez-le sur l'avenir de l'Europe. Nos communautés ne seront pas protégées si l'on facilite encore davantage de guerres dans des contrées lointaines; elles seront protégées par la sagesse, la maîtrise de soi et la défense de leurs propres intérêts. Une Europe forte ne se laisse pas entraîner dans les rêves guerriers de puissances étrangères, mais choisit sa propre voie de la paix par la force. Et un conservatisme authentique ose dire des vérités jusqu'ici impopulaires: oui, même en ce qui concerne Israël, là où il fait fausse route. Tout comme un véritable ami doit parfois réprimander un autre ami, nous devons tempérer le nationalisme israélien là où il déraille – non par hostilité, mais par souci des valeurs supérieures et de l'avenir de tous.
Le phénix renaît de ses cendres en affrontant la vérité et en abandonnant l'ancien. Espérons que les droites flamandes et néerlandaises, dans ce dossier, soit également prêtes à se renouveler et à renaître de leurs cendres en abandonnant des certitudes dépassées et en adoptant une vision des choses qui serve véritablement l'Europe.
Sources:
Huntington, S. P. (1996). The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order. New York : Simon & Schuster.
Mackinder, H. J. (1904). "The Geographical Pivot of History". The Geographical Journal, 23(4), 421–437.
Pappé, I. (2006). The Ethnic Cleansing of Palestine. Oxford : Oneworld.
Sand, S. (2009). The Invention of the Jewish People. Londres : Verso.
Schmitt, C. (2015). Land and Sea: A World-Historical Meditation (S. G. Zeitlin, trad.). East Lansing, MI : Telos Press. (Œuvre originale publiée en 1942)
Feniks (2023). Essais contre le récit du mondialisme.
https://www.feniksvlaanderen.be/blog
Ons manifest is beschikbaar!
Dit boek heeft als doel enerzijds een inkijk te geven waarom politieke oplossingen voor tal van vraagstukken ondenkbaar zijn binnen de marges die men vandaag geeft in debatten.
Een tweede doel is het bedoeld als verdieping voor diegene die de afgelopen jaren tot de vaststelling zijn gekomen dat onze politiek alles behalve rechtvaardig is geworden.
Het boek telt 272 pagina's, en is begrijpbaar geschreven voor de nog niet zo ingewijde lezer. Dus laat je zeker niet afschrikken. De prijs van het boek komt op €30.
Bestellingen: https://www.feniksvlaanderen.be/product/10904267/essays-tegen-het-narratief-van-het-globalisme-feniks
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vendredi, 18 juillet 2025
De porteuse d'espoir à source de déception: les critiques à l'encontre de Meloni s'intensifient
De porteuse d'espoir à source de déception: les critiques à l'encontre de Meloni s'intensifient
Rome. Depuis son entrée en fonction à l'automne 2022, Giorgia Meloni était considérée par beaucoup comme le dernier espoir d'un tournant patriotique en Italie. Mais après près de trois ans au pouvoir, les voix qui l'accusent d'avoir trahi ses promesses se multiplient. La cause actuelle de ce mécontentement croissant est un projet de décret sur l'immigration qui vise à permettre une immigration légale à une échelle sans précédent (nous en avions déjà rendu compte).
D'ici 2028, le gouvernement prévoit d'octroyer un total de 500.000 visas de travail à des ressortissants de pays non membres de l'UE – 164.850 sont prévus pour la seule année 2026 et 165.850 pour chacune des années suivantes. Avec les 450.000 visas déjà délivrés entre 2023 et 2025, cela représenterait près d'un million d'immigrants légalisés en six ans, dont une grande partie provient d'Afrique subsaharienne. Ces chiffres ont déclenché une vague d'indignation dans le camp conservateur.
Le chef du mouvement identitaire autrichien Martin Sellner, l'un des détracteurs les plus virulents de Meloni, y voit la mise en œuvre d'un programme mondialiste: « Meloni confirme ainsi les craintes de nombreux militants de droite: elle se présente comme une femme de droite, mais agit dans le sens d'un programme migratoire mondial, et non dans l'intérêt du pays », explique-t-il sur X. Compte tenu d'un taux de chômage des jeunes de 25% et d'une pauvreté croissante dans une grande partie de la population, la « pénurie de main-d'œuvre qualifiée » invoquée par le gouvernement semble pour beaucoup être un argument fallacieux. « Alors que de larges couches de la population souffrent d'une pauvreté croissante (...), la « pénurie de main-d'œuvre qualifiée » est utilisée comme prétexte pour ouvrir davantage les vannes à l'immigration massive », poursuit Sellner.
La critique de la journaliste conservatrice Alessandra Bocchi est particulièrement virulente. Dans une analyse sans concession de la situation actuelle, elle décrit un pays en déclin : « Je vis à Milan, la ville la plus riche d'Italie. Je peux dire qu'après presque trois ans au pouvoir, Giorgia Meloni n'a rien accompli, à part une loi sur la castration des violeurs et des pédophiles (ce qui est une bonne chose)». Les observations de Bocchi brossent un tableau sombre: la présence de migrants illégaux a considérablement augmenté, la criminalité est en hausse, les banlieues se transforment en zones interdites jonchées de détritus. Dans le même temps, les rues pavées, vestiges historiques, sont recouvertes d'un asphalte sans âme, tandis que le coût de la vie explose et que les commerces traditionnels doivent céder la place aux chaînes de magasins. « Les gens sont en colère », résume Bocchi.
Malgré les critiques, la popularité de Meloni reste étonnamment stable dans les sondages – de nombreux Italiens ne veulent pas encore lui refuser leur bonne volonté. Mais la déception grandit surtout dans le camp de la droite. Le politologue allemand Benedikt Kaiser constate que Meloni a certes formulé de nombreuses positions conservatrices « théoriquement formidables » dans son livre, mais qu'elle fait souvent exactement le contraire dans la pratique.
Pour de nombreux détracteurs, le rapprochement de Meloni avec les élites de l'UE revêt une charge symbolique particulière. Ses relations amicales avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la distance qu'elle a prise d'avec Viktor Orbán et ses interventions au Forum économique mondial alimentent les doutes quant à sa fiabilité politique. Alors qu'elle est célébrée internationalement comme une « citoyenne du monde », les accusations de trahison s'accumulent dans sa propre mouvance politique. « Meloni échoue. J'en ai assez de faire semblant qu'il en soit autrement. Elle a trahi son peuple », résume Bocchi.
Andrea Ballarati, ancien membre du parti Fratelli d'Italia de Meloni, en a déjà tiré les conséquences: « Meloni n'a jamais été de « notre côté ». C'est pour cette raison que j'ai quitté son parti en 2020». Il est particulièrement indigné par l'initiative dite « Ius Scholae », qui vise à accorder automatiquement la citoyenneté aux enfants migrants après la fin de leur scolarité. Cela conduirait à une « immigration massive, qui semble acceptable pour la légion des baby-boomers sans cervelle – et alors, pour nous Italiens, il sera presque impossible de ne pas devenir une minorité dans les décennies à venir ».
Alors que Meloni est saluée internationalement comme une figure de proue forte, une chose se confirme de plus en plus : l'ancienne figure de proue de la droite italienne a déclaré la guerre à son propre camp – une tendance que l'on observe également chez d'autres « porteurs d'espoir » de droite dans toute l'Europe (mü).
Source: Zu erst, Juillet 2025.
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Capitalisme sauvage et opinion publique
Capitalisme sauvage et opinion publique
Par Ricardo Vicente López
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/capitalismo-salvaje-y-o...
Considérations historiques nécessaires
Je commence cette série d'articles par quelques précisions et explications concernant le titre de ma première contribution. Cela m'amène à faire un bref tour d'horizon des concepts qui le composent :
Le capitalisme est un système économique dans lequel les individus et les entreprises possèdent la richesse ou le capital et opèrent essentiellement dans un but de profit individuel. Il se distingue des autres systèmes en ce qu'il privilégie la propriété privée et la concurrence comme moteurs de l'activité économique [1].
Capitalisme sauvage: ce concept est utilisé pour décrire une forme de capitalisme caractérisée par la recherche implacable de la rentabilité à court terme, sans se soucier des conséquences sociales, environnementales ou éthiques de ses actions. Il est considéré comme un modèle égoïste et déloyal, qui conduit à l'exploitation des travailleurs ; la richesse est concentrée entre quelques mains, tandis que la majorité de la population s'appauvrit. Il est justifié par une culture financière qui ignore l'existence de la justice sociale, celle-ci étant niée alors qu'elle est la composante nécessaire d'une communauté saine [2].
Le revenu nécessaire prend des dimensions exceptionnelles dans un dispositif économique qui se concentre uniquement sur les résultats financiers à tout prix, laissant de côté les relations sociales indispensables à la subsistance d'une communauté saine [3].
Un autre modèle de capitalisme, apparu en raison des besoins extrêmes liés à l'état catastrophique laissé par la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale, est celui qui a été expérimenté pendant la reprise de ce sous-continent avec l'adoption de divers modèles de capitalisme, influencés et financés par le plan Marshall :
« Le plan Marshall, ou programme de reconstruction européenne (ERP), était un programme d'aide économique et technique lancé par les États-Unis à partir de 1948 pour reconstruire l'Europe occidentale à la fin de la guerre mondiale. Son objectif principal était de revitaliser les économies européennes, afin d'arrêter la propagation du communisme et d'assurer l'influence américaine en Europe ».
On l'appelait le capitalisme keynésien, qui se caractérisait par la nécessaire intervention de l'État dans l'économie afin de la stabiliser et d'éviter les crises cycliques. Contrairement au capitalisme traditionnel qui favorise la main invisible du marché, le keynésianisme soutient que la demande est le principal moteur de l'économie et que l'État doit agir pour la soutenir.
L'opinion publique est un concept qui fait référence au comportement, réel ou stimulé, d'une société massifiée, modifiant les faits sociaux, politiques ou économiques induits par la propagande sous toutes ses formes. L'orientation du vote, le niveau d'approbation ou les attitudes à l'égard de groupes ou de situations sociales sont également des formes d'opinion publique. Au cours du 20ème siècle, des méthodes de recherche sociologique ont été développées afin de connaître les consensus sociaux largement partagés ou les attitudes de rejet du public à l'égard de certains aspects de la politique gouvernementale.
L'opinion publique n'a pas toujours été écoutée, cela dépend du type de gouvernement qui détient le pouvoir politique à un moment donné: s'il s'agit d'une dictature, elle ne sera jamais prise en compte; en revanche, si nous sommes en démocratie, cela dépend du système dans lequel elle s'inscrit, elle peut présenter une diversité d'attitudes à cet égard.
L'influence de l'opinion publique ne se limite pas à la politique et aux élections. C'est une force puissante dans de nombreux autres domaines, tels que la culture, la mode, la littérature et les arts, la propagande, la consommation, le marketing et les relations publiques. Les méthodes que certains groupes de pouvoir peuvent utiliser pour manipuler une ou plusieurs personnes, ou des groupes, peuvent inclure la séduction, la suggestion, la coercition et le chantage.
La manipulation des médias consiste en une série de techniques interdépendantes par lesquelles les membres d'un groupe donné créent une image ou une idée qui favorise leurs intérêts particuliers.
Parmi ces tactiques, on peut citer les sophismes logiques et la propagande politique, qui impliquent souvent la suppression d'informations ou d'autres points de vue par leur déformation, incitant d'autres personnes ou groupes de personnes à ne plus écouter certains arguments, ou simplement en détournant leur attention vers un autre sujet ou une autre question. La manipulation des médias est utilisée dans les relations publiques, la propagande, le marketing, etc., et bien que l'objectif poursuivi soit différent dans chaque domaine, les techniques utilisées sont souvent très similaires. Ainsi, bon nombre des méthodes modernes de manipulation des médias se concentrent sur des formes de distraction, partant du principe que le public a une capacité d'attention réduite, ce qui peut être une méthode associée au soft power ou au pouvoir intelligent.
Notes:
(1) Consulter Les origines du capitalisme moderne sur www.ricardovicentelopez.com.ar
(2) Je recommande également de voir le film Les Compagnons (1963) – Film complet en espagnol qui montre un tableau social de l'Italie qui subit les effets de la révolution industrielle un siècle plus tard. Il est disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=aN15hNJzyko
(3) Vous pouvez consulter Le capitalisme et le bonheur humain sur notre page (réf. supra) – ainsi que Richesse concentrée et pauvreté généralisée – Section Bibliothèque-
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Les opinions des hommes et l'ingénierie sociale
Les opinions des hommes et l'ingénierie sociale
Par Juan Manuel de Prada
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/las-opiniones-de-los-ho...
Beaucoup de gens m'écrivent ou me demandent pourquoi j'ai cessé de participer à des émissions de radio ou de télévision. Il s'agit sans aucun doute de personnes naïves qui vivent dans un monde imaginaire. Dans un passage particulièrement abject de son Contrat social, Rousseau fait sans vergogne référence à la nécessité de façonner l'« opinion publique » de manière induite: « La volonté est toujours droite, mais le jugement qui la guide n'est pas toujours éclairé. Il faut lui faire voir les objets tels qu'ils sont. Tous ont également besoin de guides. Il faut obliger les uns à conformer leur volonté à leur raison; il faut enseigner aux autres à reconnaître ce qu'ils veulent ». Et, un peu plus loin, Rousseau étaye cette vision ignominieuse de l'être humain par un aphorisme malveillant: « Corrigez les opinions des hommes et leurs mœurs se purifieront d'elles-mêmes ».
Pour couronner un exercice d'ingénierie sociale visant à changer les mœurs des hommes, en les transformant en un troupeau facilement manipulable, il faut d'abord corriger leurs « opinions ». Et comment « corrige-t-on » les opinions des hommes? Dans les régimes totalitaires d'antan, la formule était très simple: on recourait à la technique du marteau-pilon, qui frappait sans relâche le cerveau des pauvres gens soumis, jusqu'à broyer leur âme: les commissaires politiques répétaient comme des perroquets la doctrine à respecter obligatoirement; la propagande officielle omniprésente se chargeait de la rappeler à chaque instant; et les matraques se chargeaient d'instruire les dissidents. Mais cette méthode, propre aux régimes totalitaires, n'est pas présentable dans les régimes démocratiques, qui proclament une « liberté d'opinion » feinte; et elle n'est pas non plus efficace et opérationnelle, car la doctrine qui s'impose par la violence ou même par la contrainte finit par être détectée même par les personnes les plus lentes d'esprit, qui cherchent à échapper à son influence (car personne n'aime qu'on lui casse les pieds et qu'on lui dise ce qu'il doit penser). Les régimes démocratiques ont donc essayé d'autres systèmes plus sophistiqués pour corriger les opinions des hommes.
Pour cela, il faut créer ce que Marcuse appelait une « dimension unique de pensée » (ndt: une "pensée unidimensionnelle"), en insufflant aux hommes la croyance illusoire qu'ils pensent par eux-mêmes, alors qu'en réalité ils sont dirigés par d'autres. Cette illusion est créée en amenant les individus à « intérioriser » ou à s'approprier une série de paradigmes culturels que le système leur impose, afin de les transformer en êtres passifs, conformistes et grégaires, soumis à des consignes qu'ils confondent avec des expressions émanant de leur volonté (cette volonté que le scélérat de Rousseau considérait toujours comme « droite », même s'il avait besoin de « guides » pour orienter son « jugement »). Afin d'atteindre cette « dimension unique de la pensée » tout en maintenant l'illusion d'une pluralité sacro-sainte, les régimes démocratiques limitent les idées qui peuvent être soumises à la discussion ou à la controverse, en imposant des prémisses fondamentales qui restent tacites ou inexprimées. La parole est donnée à des personnes qui partagent les mêmes prémisses qui, cependant, ne sont jamais énoncées ; et on les fait « débattre » faussement au nom des idéologies en lice, toujours sur des questions mineures (bien que présentées avec une grandiloquence effrayante, pour donner l'impression qu'il s'agit de questions primordiales), avec une ardeur si acharnée et une apparence de désaccord si tapageuse et stridente que les personnes naïves pensent qu'elles défendent des positions contraires (alors qu'en réalité, elles sont d'accord sur l'essentiel). Comme l'a souligné Noam Chomsky, « la manière intelligente de maintenir les gens passifs et obéissants est de limiter strictement l'éventail des opinions acceptables, mais de permettre un débat animé à l'intérieur de cet éventail (voire d'encourager les points de vue critiques et dissidents). Cela donne aux gens l'impression qu'il y a une libre pensée, alors que les présupposés du système sont constamment renforcés par les limites imposées au spectre du débat ».
Toute opinion qui contredit les prémisses fondamentales sur lesquelles repose le système, toute pensée qui dépasse les limites imposées au débat, finit par être réduite au silence. Pendant un certain temps, en participant à ces marécages médiatiques sordides où l'on donne l'apparence d'un débat, j'ai réussi à camoufler mes opinions dissolvantes, celles qui pouvaient miner les idéologies en lice, en faisant preuve de prudence et même de discipline ésotérique. Mais tôt ou tard, ils vous démasquent, découvrent que vous êtes un élément dangereux et vous expulsent. That's all, folks.
13:59 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : opinion publique, manipulation médiatiques, sociologie | |
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Max Weber sur les classes et les ordres sociaux
Max Weber sur les classes et les ordres sociaux
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/07/05/max-weber-om-klasser...
La droite authentique a historiquement cherché des alternatives à la société fondée sur l'individu et les classes, l'une des plus récurrentes de ces alternatives étant une société fondée sur les ordres sociaux (Stände). On en trouve des variantes chez Per Engdahl, Rudolf Kjellén et Othmar Spann.
Dans une certaine mesure, on peut dire que la société d'états (Stände) abolit la société basée sur les classes et peut ainsi être considérée comme « sans classes ». L'approche consiste à identifier les groupes naturels de la société et à leur donner une représentation formelle. Il n'est pas rare qu'ils correspondent plus ou moins aux trois fonctions indo-européennes, avec les exemples familiers où se juxtaposent « noblesse, clergé, bourgeoisie et paysannerie ». Quelle que soit la façon dont on envisage la possibilité de remplacer le parlementarisme basé sur les partis par une représentation corporative, les classes sociales constituent un complément précieux et une correction du concept marxiste de classe. Il existe d'ailleurs depuis au moins un siècle une forte tendance chez les sociologues à transformer cette dernière en quelque chose qui rappelle la première (cf. « habitus » de Bourdieu et « clercs » de Kotkin).
Dans ce contexte, il est intéressant de mentionner le court essai du sociologue et philosophe allemand Max Weber, Class, Status, Party, qui est en fait un chapitre de Economy and Society. Weber y définit les concepts de classe, de statut et de parti, en se basant sur les types idéaux de Gemeinschaft et Gesellschaft. Ce dernier est un couple d'opposés essentiel pour comprendre la pensée allemande, notamment pour ceux qui souhaitent lire Marx en tant que penseur inscrit dans la tradition allemande. Alors que la Gemeinschaft est la forme de société la plus ancienne, car elle est organique et naturelle, la Gesellschaft est une « communauté » artificielle et mécanique. « La Gemeinschaft se caractérise par le fait que les gens sont unis malgré les facteurs qui les séparent, tandis que la Gesellschaft se caractérise par le fait qu'ils sont séparés malgré ce qui les unit », pour citer un texte ancien consacré à Tönnies. Dans une large mesure, Marx et d'autres penseurs allemands sont des bardes qui chantent le chant du cygne de la Gemeinschaft lorsqu'elle est remplacée par la Gesellschaft sous la forme du marché et de la bureaucratie. Conformément à la dialectique germanique, ils pressentent également un avenir où la Gemeinschaft reviendra mais, cette fois, à un niveau supérieur.
Une idée intéressante de Weber est que la société de classes présuppose la Gemeinschaft. Il a écrit à ce sujet que « l'existence d'une entreprise capitaliste nécessite une action communautaire très spécifique de la part de la Gemeinschaft qui protège la possession des biens, et en particulier le libre pouvoir des individus de disposer des moyens de production ».
Sans une communauté qui a choisi de protéger le droit de propriété, celui-ci n'existe pas. Cela peut être interprété comme signifiant que la propriété privée est liée à la propriété populaire du pays, ce qui ne conduit pas nécessairement au communisme à grande échelle. Weber se rapprochait de Marx lorsqu'il définissait le concept de classe, une relation fondamentalement objective liée à la propriété et à la non-propriété (« la propriété et les biens » et « l'absence de propriété ou de biens » sont donc les catégories de base de toutes les situations de classe). La définition de Weber est même plus restrictive que celle de Marx, car il ne considérait pas, par exemple, les esclaves de l'Antiquité comme une classe et voyait les conflits antiques plus souvent comme des guerres entre ordres sociaux que comme des guerres entre classes. Pour citer Weber :
Nous pouvons également parler de « classe » 1) lorsqu'un grand nombre de personnes ont en commun un élément causal spécifique leur offrant des chances dans la vie, 2) lorsque cet élément causal est représenté exclusivement par des intérêts économiques liés à la possession de biens et aux possibilités de revenus, et 3) lorsque l'élément causal est représenté dans les conditions des marchés des marchandises ou du travail (« situations de classe » 4).
Weber se distinguait également de Marx dans son analyse de ce que cela signifiait concrètement. Alors que Marx considérait la lutte des classes comme la stratégie rationnelle pour les non-propriétaires, la théorie du jeu de Weber était moins figée. La recherche de la réussite personnelle ou, d'ailleurs, la passivité peuvent également être des stratégies tout à fait rationnelles. Ce que Weber appelait « action de classe », comparable à la « lutte des classes » marxiste, est l'une des nombreuses stratégies possibles et suppose, entre autres, que la classe partage des normes (à l'instar des classes sociales et de la Gemeinschaft). Nous notons ici en passant pourquoi l'immigration de masse est une arme si efficace dans la lutte des classes : elle brise la Gemeinschaft historique qu'est la classe ouvrière européenne. Weber l'a exprimé en ces termes : « cette action de masse est fondée sur l'opinion dominante du groupe. Ce fait est à la fois simple et important pour comprendre les événements historiques ». Marx parlait dans ce contexte de conscience de classe plutôt que de Gemeinschaft, et de l'évolution de la classe en soi à la classe pour soi, mais il s'agit de processus similaires.
Par rapport aux classes, qui peuvent être définies objectivement par la situation du marché, les états/Stände sont plus amorphes. Au lieu de l'économie, ils ont trait au statut ou à l'honneur. Les Stände sont des communautés, Weber écrivait que « contrairement aux classes, les états/Stände sont normalement des Gemeinschaften, des communautés. Cependant, ils sont souvent de nature amorphe. Contrairement à la « situation de classe », qui est purement déterminée par l'économie, nous voulons caractériser la situation des classes comme résultant d'une partie intégrante typique de la vie, dans laquelle le destin des hommes dépend d'une évaluation sociale positive ou négative spécifique de l'honneur ». Elles sont exclusives et formulent certaines exigences pour qu'on en devienne membre. Par exemple, on ne peut pas vivre n'importe comment et être un citoyen lambda, ou d'ailleurs un fonctionnaire, un criminel ou un aristocrate. Weber a notamment utilisé ici l'exemple de la noblesse: « La fonction sociale (de la noblesse) fonctionne de manière très exclusive et repose sur une sélection d'individus qui sont personnellement qualifiés pour en être membres (par exemple, la chevalerie), en fonction de leurs aptitudes martiales, physiques et psychologiques ». Comme on peut le constater, nous ne sommes pas très loin ici des biotypes et des classes. Weber a également décrit comment certains groupes ethniques sont devenus dans la pratique des sortes de classes, parmi lesquels les Juifs et les Roms, qui sont des « communautés qui ont acquis des traditions professionnelles spécifiques dans des métiers particuliers ou d'autres arts, et qui favorisent la croyance en une identité ethnique qui sous-tend leur communauté ».
Il est intéressant de noter qu'il considérait les classes comme un frein à l'évolution vers la Gesellschaft. Il a notamment écrit que « l'existence des classes sociales empêche la réalisation conséquente du principe du marché nu ». La situation normale était une société composée de plusieurs classes sociales, chacune ayant ses propres exigences sur la manière dont ses membres devaient vivre pour ne pas être déshonorés. « Les époques et les pays dans lesquels la situation de classe nue revêt une importance prédominante sont généralement les périodes de transformations technologiques et économiques ; alors que tout ralentissement d'un processus de changement économique à court terme conduit au réveil de la culture des classes. En conséquence, l'importance de l'« honneur » social est rétablie ».
Dans l'ensemble, le bref raisonnement de Weber sur les classes et les castes est enrichissant. Des définitions et des idées pertinentes telles que « les gens ne recherchent toutefois pas le pouvoir uniquement pour s'enrichir économiquement. Le pouvoir, y compris le pouvoir économique, peut être apprécié « pour lui-même » apparait à plusieurs reprises dans son écrit. Le texte de Weber devrait également servir d'avertissement à un mouvement ouvrier qui souhaite également mener une politique d'immigration massive, car les classes ouvrières réellement existantes en Occident étaient également des Stände et l'immigration massive les a considérablement affaiblies. D'un point de vue abstrait, les travailleurs suédois et divers travailleurs non suédois appartiennent à la même « classe », mais dans la pratique, ils constituent d'innombrables classes sociales.
Mais Weber, en collaboration avec Burnham, nous rappelle également que le « mouvement ouvrier » n'a peut-être pas été mené par les « ouvriers » dans un passé récent, mais par des classes sociales complètement différentes, avec d'autres systèmes d'honneur internes (comparez le politiquement correct et l'engouement « woke » comme cultures de classe pour les cadres et les universitaires, avec le lien vers le « ralentissement d'un processus de changement économique »). Il est particulièrement intéressant de lire Weber à la lumière des analyses sociales réalisées récemment par Curtis Yarvin et Joel Kotkin sur les groupes de l'Occident contemporain, avec des noms tels que clercs, paysans, serfs et oligarques, ou vaishyas, brahmanes, dalits et hilotes. Le terme « classes sociales » aurait en fait été plus approprié que « castes » pour désigner ces derniers, même si le modèle ingénieux de Yarvin aurait alors probablement eu moins d'impact dans les milieux anglophones.
12:44 Publié dans Sociologie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, théorie politique, politologie, sciences politique, philosophie politique, max weber, karl marx, communauté, sociétés, classes sociales | |
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jeudi, 17 juillet 2025
Financement au lieu de livraison? Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre
Financement au lieu de livraison?
Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre
Elena Fritz
Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10
Le général Freuding l'a confirmé sur la chaîne ZDF:
L'Allemagne finance un « nombre élevé, un nombre à trois chiffres » de missiles à longue portée pour l'Ukraine – les premiers exemplaires devraient être livrés dès juillet 2025. Officiellement, il s'agit d'une « production ukrainienne » soutenue par des fonds budgétaires allemands.
Mais en y regardant de plus près, on se pose tout de même quelques questions:
Comment est-il possible de développer, tester, certifier et livrer un missile entièrement nouveau en quelques semaines seulement, prêt à être utilisé au combat?
Ou s'agit-il en réalité de systèmes déjà existants, tels que les missiles de croisière Taurus, livrés en pièces détachées, avec une nouvelle «étiquette»?
Le financement n'est pas synonyme de livraison, mais il peut avoir le même effet.
La différence entre « nous ne livrons pas d'armes » et « nous finançons la production de systèmes d'armes offensifs » est pertinente sur le plan juridique, mais elle est peut-être insignifiante sur le plan militaire.
Car sur le champ de bataille, ce qui compte, ce n'est pas qui a payé, mais d'où vient la technologie et où elle frappe.
Si des systèmes allemands attaquent, directement ou indirectement, le territoire russe, la réaction ne s'arrêtera certainement pas à cette question de vocabulaire.
La France et la Grande-Bretagne disposent d'une force de dissuasion nucléaire.
Pas l'Allemagne. Et pourtant, elle finance des armes destinées à frapper profondément le cœur du territoire russe.
Dans quelle mesure est-il probable que cela reste sans conséquences ?
Il est peut-être temps de parler plus honnêtement.
Pas de subtilités lexicales. Mais de la responsabilité.
Pas de concepts. Mais des conséquences.
Pas des rôles. Mais des réalités.
La guerre ne commence pas par un coup de tonnerre, mais par une implication insidieuse.
#geopolitik@global_affairs_byelena
18:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, ukraine, allemagne, armements | |
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Igor Chafarevitch et le phénomène ethnomasochiste
Igor Chafarevitch et le phénomène ethnomasochiste
par Joakim Andersen
Il y a eu plusieurs « gauches »: l'objectif de la gauche ouvrière primitive était par exemple de reproduire la Commune de Paris, tandis que la gauche dominée par les cadres visait plutôt un État thérapeutique avec le même encadrement aux commandes. Il est intéressant d'essayer d'identifier d'éventuels traits communs, une éventuelle essence historique, ainsi que la mesure dans laquelle nous avons affaire à une expression de la révolte récurrente contre l'ordre olympique qu'Evola associait à Typhon, ou si nous avons plutôt affaire à la théorie de Douguine selon laquelle la classe ouvrière est principalement une paysannerie urbanisée.
Quoi qu'il en soit, la gauche contemporaine au sens large est un phénomène intéressant. Elle présente des traits de type biologique ou de personnalité (cf. le ressentiment chez Nietzsche), des traits d'intérêts de classe (cf. la révolution managériale selon Burnham) et des traits idéologiques (cf. l'analyse de l'égalitarisme par la "nouvelle droite").
Une contribution intéressante dans ce contexte est celle d'Igor Shafarevich (1923-2017) (*), éminent mathématicien et dissident chrétien qui a notamment influencé Soljenitsyne. Dans The Socialist Phenomenon, publié en 1975, Shafarevich décrit plusieurs socialismes historiques. Même pour les lecteurs de gauche, cet ouvrage constitue une présentation enrichissante où l'auteur explicite de nombreux exemples bien connus tels que Platon, les millénaristes médiévaux, Thomas Müntzer, Campanella et Fourier, ainsi que des personnages moins connus tels que Denis Vairasse et Restif de la Bretonne. Shafarevich a ensuite tenté d'identifier les traits récurrents communs aux différents socialismes. Il estimait que ces principes étaient « l'abolition de la propriété privée, l'abolition de la famille, l'abolition de la religion, l'égalité, l'abolition des hiérarchies dans la société ». Au moins trois d'entre eux sont l'expression d'un principe, celui de la suppression de l'individualité.
Shafarevich est revenu sur l'analyse et les mises en garde de Wittfogel concernant le despotisme asiatique et a notamment cité Heichelheim: « pour les chercheurs qui ont étudié cette évolution en détail, ce n'est un secret pour personne que l'économie planifiée et le collectivisme de notre ère moderne des machines sont revenus inconsciemment aux conditions orientales anciennes partout où nous essayons d'abolir ou de modifier les formes individualistes et libertaires de société qui ont caractérisé l'âge du fer des trois derniers millénaires glorieux... les liens spirituels que le 19ème siècle entretenait avec... Israël, la Grèce et Rome sont plus souvent remplacés, dans une plus grande mesure que nous ne le pensons, par un retour aux fondements orientaux anciens». Il a également évoqué le profil psychologique unique que les socialismes exigent de leurs partisans, et a identifié le nihilisme et la pulsion de mort derrière ce phénomène. Il a notamment retrouvé ce nihilisme dans la correspondance assez peu connue de Marx et Engels, où débordaient la haine et le mépris envers tout, depuis leurs propres parents et camarades de parti jusqu'au prolétariat et à l'humanité tout entière. « Rien à faire avec ma vieille femme tant que je ne suis pas assis sur son cou », pour citer le jeune Marx. Plus tard, ils ont tous deux qualifié Heine de « chien » et Liebknecht de « chose ». Shafarevich estimait que ces passages révélaient un nihilisme profond, tout comme ceux dans lesquels divers socialistes écrivaient sur la destruction future de l'humanité (parfois avec des connotations religieuses, parfois avec des connotations matérialistes).
L'anti-peuple
De toute évidence, à chaque tournant critique de la vie d'un peuple, apparaît le même type de « petit peuple » dont les convictions fondamentales sont OPPOSÉES à la vision du monde du reste du peuple.
– Shafarevich
Les citations peu sympathiques tirées de cette correspondance sont sans doute nouvelles pour de nombreux spécialistes de Marx, y compris moi-même, mais pour le reste, The Socialist Phenomenon ne contient peut-être pas de grandes surprises. L'accusation selon laquelle le socialisme veut abolir l'individualité n'est pas nouvelle. L'article de Shafarevich intitulé Russophobia, publié en 1982, est plus original. Il y identifie une tendance, chez les émigrés et les intellectuels, à dépeindre l'histoire et la culture russes sous un jour très sombre (« une mentalité servile, un manque d'estime de soi, une intolérance envers les opinions étrangères et un mélange servile de malveillance, d'envie et d'admiration envers les puissances étrangères »). « Ils ont l'esclavage dans le sang », disait un représentant de cette tendance à propos du peuple russe. Dans le même temps, ces intellectuels étaient assez peu intéressés par les intérêts et les préoccupations de la majorité des Russes. Shafarevich écrivait ici que « dans le domaine de la nationalité, le sort des Tatars de Crimée attire beaucoup plus l'attention que celui des Ukrainiens, et le sort des Ukrainiens — plus que celui des Russes ». Il existe une parenté évidente avec l'attitude actuelle de l'établissement suédois envers la majorité suédoise, ainsi qu'avec le complexe politico-émotionnel que Guillaume Faye a baptisé «ethnomasochisme».
Shafarevich a identifié des tendances similaires au cours de plusieurs phases historiques et dans plusieurs pays. Dans certains cercles allemands au 19ème siècle, par exemple, les sympathies allaient à la France, « le terme « antipatriotisme pro-français » était en vogue. On espérait que les Français occuperaient à nouveau l'Allemagne et lui apporteraient la liberté. Ces cercles sont apparus dès la Révolution française.
Shafarevich s'est largement inspiré de l'historien français Augustin Cochin (1876-1916), qui parlait d'une certaine couche sociale ou spirituelle qu'il appelait le « petit peuple ». Il s'agissait d'un cercle ou d'un groupe de personnes vivant dans leur propre monde intellectuel et spirituel, qui étaient en grande partie à l'origine de la révolution, car « le petit peuple » a eu pendant quelques années le pouvoir sur « le grand peuple ». Berdiaev les décrivait comme « un groupe étrange de personnes, étrangères aux couches organiques de la société russe ».
Le point de vue de Cochin et de Shafarevich offre une perspective intéressante sur un aspect de la « gauche » contemporaine, à savoir qu'elle est souvent devenue « le petit peuple », aliéné du peuple parmi lequel il est contraint de vivre. Son monde intellectuel et spirituel propre est transmis notamment par certains milieux universitaires, sur les réseaux sociaux et autres. Il existe des biotypes spécifiques qui sont plus attirés par ce monde que d'autres, comparables aux « mutants malveillants » d'Edward Dutton, qui ont également des liens avec certaines couches sociales, comparables à celles de Burnham et Samuel Francis. Mais c'est aussi un environnement, une mentalité et une vision du « Grand Peuple » à part entière, où les individus peuvent se retrouver indépendamment de leur biotype et de leur appartenance sociale.
Shafarevich a été accusé d'antisémitisme lorsqu'il a affirmé que les liens entre la communauté juive russe et le « petit peuple » étaient forts dans la Russie des années 1980: « Les sentiments nationaux juifs sont l'une des principales forces qui motivent actuellement le « petit peuple ». Il a toutefois noté que cela n'avait pas été le cas pendant la Révolution française et que cette mentalité n'était pas directement liée à un groupe social ou national particulier. Dostoïevski avait prédit cette mentalité sécessionniste du "petit peuple" en ces termes: «Quiconque maudit son passé est déjà des nôtres — telle est notre formule!». Il n'est pas nécessaire d'être juif pour se sentir étranger à la population majoritaire. Les termes de Cochin constituent une contribution précieuse à la compréhension des raisons pour lesquelles certains individus et certaines couches sociales se retournent contre leur propre groupe et de la manière dont le phénomène ethnomasochiste apparaît.
Il existe également des aspects psychologiques, mieux décrits par D.H. Lawrence, ainsi que des aspects liés à la lutte des classes, où Marx et Francis sont utiles, mais la description de Cochin du « petit peuple » peut être une révélation enrichissante. Le phénomène « woke » était à bien des égards l'expression du besoin changeant mais récurrent des ressortissants du « petit peuple » de se distancier du « grand peuple ».
Note:
(*) Nous avons maintenu dans l'article la graphie anglaise du patronyme de Chafarevitch, ce qui permettra à nos lecteurs de mieux retrouver ses ouvrages scientifiques, politiques et historiques sur la grande toile car l'anglais est la seule langue en laquelle ses oeuvres ont été amplement traduites.
18:10 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : igor chafarevitch, petit peuple, sociologie | |
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La pause de Trump avant l’Armageddon
La pause de Trump avant l’Armageddon
Retarder un affrontement avec la Russie et lâcher le mouvement MAGA
Alexander Douguine
Alexander Douguine révèle ici que Trump est une figure vacillante qui, pris entre une guerre avec la Russie et la colère de son mouvement MAGA, privilégie le délai au destin, reportant l’apocalypse de cinquante jours.
Hier, beaucoup s’attendaient à ce que Donald Trump fasse des déclarations nettes, concrètes et menaçantes concernant la Russie. Cependant, il a choisi de repousser une confrontation sérieuse — une confrontation que les néoconservateurs insistaient activement pour qu'il l'enclenche. La situation équivalait, très probablement, à un pari 50/50.
Trump aurait pu annoncer des sanctions sévères ou des livraisons sans précédent d’armes à l’Ukraine et ce, en grande quantité. D’un côté, cela aurait pu détourner l’attention des Américains de sa décision de ne pas publier la liste des clients d’Epstein — une décision qui a transformé bon nombre de ses anciens soutiens en opposants.
Sur tout le territoire des Etats-Unis, les militants du mouvement MAGA brûlent, par dépit, leurs casquettes sur la voie publique.
Tout le mouvement MAGA est actuellement contre Trump parce qu’il a, à plusieurs reprises, trahi leurs attentes de manière flagrante et cynique. D’abord, il s’est lancé dans la guerre contre l’Iran. Maintenant, il refuse de divulguer les dossiers sur le lobby pédophile d’Epstein aux États-Unis — ce qui était initialement un point clé de sa plateforme électorale. En conséquence, une cascade de supporters l’a abandonné. En substance, tout le mouvement MAGA, tout le trognon du trumpisme, se dresse maintenant contre Trump.
Dans ce contexte, on aurait pu s’attendre à ce que Trump tente de détourner l’attention avec une Troisième Guerre mondiale — un « Armageddon » contre la Russie — en annonçant des mesures effrayantes et extrêmes: de véritables sanctions capables de frapper aussi la Chine et l’Inde, principaux consommateurs des ressources énergétiques russes, et des livraisons de missiles de portée moyenne à Kiev, ce qui marquerait effectivement le début d’un Armageddon ouvert.
Trump aurait pu faire cela pour détourner l’attention de ses échecs — ou choisir de ne pas le faire, sachant que MAGA lui serait alors encore plus hostile. Un des principes fondamentaux du mouvement, et celui qui a permis à Trump d’accéder au pouvoir, était de mettre fin au conflit en Ukraine et d’arrêter de soutenir Kiev. Fondamentalement, il avait deux options: calmer le jeu (la "désescalade"), chercher la détente et tenter de regagner de l’influence sur le mouvement MAGA — ou lâcher ce public, abandonner le mouvement MAGA complètement et déclencher un conflit direct avec la Russie, créant ainsi un état d’urgence. Il aurait pu choisir l’une ou l’autre voie, mais finalement, il n’en a choisi aucune, reportant tout à une prochaine étape.
Il a lancé des menaces envers la Russie tout en reconnaissant en même temps la grande compétence ès-négociations du président russe Vladimir Poutine, montrant que Poutine est un homme dur qui ne compromet pas ses intérêts nationaux. En revanche, Trump, lui, compromet ses propres intérêts. Toute comparaison entre les deux est donc clairement à l’avantage de Poutine. La Russie a un dirigeant fort, ferme, poli, qui axe sa politique sur des principes, qui ne trahit pas son électorat — contrairement au leader américain. Dans cette compétition réelle et concrète, Trump perd sans aucun doute. Il a perdu le soutien de ses électeurs et est sur une trajectoire descendante. Son charisme et ses plans s’effondrent. En réalité, comme disent les jeunes, c’est un « échec épique » — un échec complet en politique intérieure.
Cependant, il n’a pas choisi de détourner l’attention mondiale de cet échec par une escalade avec la Russie. Il n’a pas dit grand-chose; il a simplement menacé qu'une telle escalade pourrait encore arriver, mais pas maintenant, peut-être dans cinquante jours. Mais même après cinquante jours, il pourrait changer d’avis — ou le faire demain. Trump se comporte de manière très imprévisible, et, à cet égard, on pourrait dire, frivole.
Pourtant, la pire issue — une déclaration immédiate de la Troisième Guerre mondiale — n’a pas eu lieu. Cela ne veut pas dire qu’elle ne se produira pas plus tard: dans cinquante jours, dans dix jours ou dans trois. En tout cas, l’élan d’attente entourant ce lundi a été efficacement désamorcé par le retour de Trump à une position neutre. La dynamique d’escalade reste énorme. Le monde file à toute vitesse vers l’Armageddon. Mais, pour l’instant — du moins — cela ne commencera pas aujourd’hui.
En conséquence, la bourse russe a connu une légère hausse, bien qu’en réalité elle ne devrait pas dépendre de telles choses, surtout compte tenu des pourcentages négligeables qui sont impliqués. Notre marché boursier est fondamentalement défectueux, car il est surveillé par Nabiullina, qui voit la bourse comme une rivale de la Banque centrale — comme c’est habituel dans tout pays et sous tout système. En résumé, notre système est simplement mal conçu, donc ce n’est pas un indicateur pertinent. Je ne lui accorderais pas trop d’attention.
Ce qui est positif, toutefois, c’est que la guerre n’a pas commencé hier. Cela signifie que son début a été quelque peu retardé. Bien que rien ne soit certain, tout peut arriver. L’histoire reste ouverte. Trump a pris une pause, prolongeant ses stratégies inefficaces, envers nous et envers l’Ukraine, de cinquante jours supplémentaires. Il a promis de livrer des systèmes Patriot à l’Ukraine, qui seront payés par les Européens, bien que cette décision ait déjà été prise il y a quelques temps. En somme, Trump a tenté de faire sensation à partir de quelque chose qui ne sera pas sensationnel. En d’autres termes, il a déclaré, en substance :
« Maintenant, je proclame haut et fort que je ne proclame rien. »
Tout reste dès lors comme avant. Mais cette fois, l’intervalle qui nous a été donné — avant la reprise du conflit mondial aujourd'hui reporté — doit être utilisé pour renforcer notre pays, la Russie. Nous ne pouvons plus compter sur personne, ni placer nos espoirs ailleurs. Seulement sur nous-mêmes. Ce que nous construisons de nos propres mains, c’est ce que nous aurons. Par conséquent, nous devons armer, réarmer, surarmer, renforcer, consolider notre souveraineté, et orienter la société vers des trajectoires militaires à long terme. C’est ce qui doit être fait — quoi qu’il arrive. L’Armageddon ne commencera pas aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne commencera pas demain.
17:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : russie, alexandre douguine, états-unis, donald trump, actualité, politique internationale, maga | |
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