mercredi, 13 mai 2009
le mariage transformé par ses célibataires mêmes
Le mariage transformé par ses célibataires mêmes
par Philippe Muray, écrivain* - Ex: http://www.communautarisme.net
Par-delà le néo-mariage, et quelques autres revendications divertissantes, c’est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c’est l’écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d’expression, c’est la mise en examen automatique pour délit de lucidité.
Le mariage est une invention qui remonte à la plus haute antiquité. Je parle du mariage à l’ancienne, cette institution conformiste, vermoulue et petite-bourgeoise qui véhicule depuis la nuit des temps « les valeurs hétéro-patriarcales et familialistes » pour m’exprimer comme Christophe Girard et Clémentine Autain. Sauf erreur de ma part, cette mémorable conquête n’a pas été arrachée, l’arme à la main, de nuit, dans la précipitation et sous la menace des pires représailles, par une petite bande de fanatiques de la nuptialité bien décidés à se servir de la lâcheté des uns, de l’ambition des autres, de la démagogie tremblotante de tous, pour faire triompher leur cause. Nulle part ce type de mariage ne paraît avoir été imposé par la force. Ni en jetant à l’opinion publique un fatras précipité de raisonnements contradictoires afin d’extorquer d’elle, par sondage, une approbation apeurée. Il n’est pas davantage le fruit d’une volonté claironnée de mettre à genoux le pouvoir politique. Aucun gouvernement, à ma connaissance, n’a cédé aux partisans de la conjugalité dans la crainte de se voir accusé de gamophobie (du grec gamos, mariage).
Y a-t-il même eu « débat », à propos de cette importante « question de société », chez les Égyptiens pharaoniques, à Babylone, en Inde, à Lascaux, entre psychanalystes lacustres, sociologues troglodytes, militants de l’un ou l’autre bord ? En a-t-on discuté, dans le désert de Chaldée, à la lueur de la Grande Ourse ? A-t-on menacé de ringardisation les adversaires de cette nouveauté ? Les a-t-on accusés de ne rien comprendre à l’évolution des mœurs, de s’accrocher à des modèles désuets, d’alimenter la nostalgie d’un ordre soi-disant naturel qui ne relève que de la culture ? La Guerre des Games (de gamos, mariage, je ne le répéterai plus) a-t-elle eu lieu ?
Il semble bien que non. La chose, c’est horrible à dire, s’est faite toute seule, suivant la pente de l’espèce, laquelle sait si bien jouer sur les deux tableaux pour protéger ses intérêts, manier en même temps la carotte et le bâton, l’appât et l’hameçon, le désir de satisfaction sexuelle des individus et ses propres nécessités vitales de perpétuation, et emballer cela dans les mirages vaporeux de la pastorale romantique.
On a tout essayé, par la suite, avec le mariage. On l’a plié dans tous les sens. On a tâté de la polygamie, de la bigamie, de la monogamie, de l’adultère, du divorce à répétition, du mariage forcé, du mariage civil, du mariage religieux, du mariage d’argent, du mariage raté. On a même vu des mariages heureux. On a vu des mariages stériles et d’autres féconds, des unions dramatiques et des noces de sang. On en a fait des vaudevilles et des tragédies. Avec des placards pleins d’amants, des cocus en caleçon, des maîtresses acariâtres. Le mariage, en résumé, n’a été inventé que pour fournir des sujets de romans et pour assurer la chaîne sans fin des générations ainsi que le veut l’espèce.
Il n’en va pas exactement de même du futur mariage homosexuel, dont la genèse aura laissé tant de traces, à l’inverse de l’autre, qu’il sera aisé de la reconstituer. C’est que cette nouveauté ne va pas de soi, comme d’ailleurs la plupart des opérations expérimentales de notre temps. L’époque moderne, dont l’essence même est le soupçon dans tous les domaines, explose en cette affaire dans une sorte d’opéra-bouffe stupéfiant où la mauvaise foi et le chantage se donnent la réplique inlassablement. C’est d’abord le code civil qui a été instrumenté. On a prétendu qu’il n’y était stipulé nulle part que le mariage était réservé aux personnes de sexe opposé. Les homosexuels militants se sont engouffrés dans cet « oubli » pour exiger, au nom de l’égalité des droits, « l’accès des gays et des lesbiennes au mariage et à l’adoption ». L’exigence d’égalité est la grosse artillerie qui renverse toutes les murailles de Chine. La marche sans fin vers l’égalité absolue remplace, chez les minorités dominantes et furibondes, le défunt sens de l’Histoire. Pour ce qui est du code civil, d’abord paré de toutes les vertus, il n’a plus été qu’une sorte d’opuscule diffamatoire sitôt qu’on découvrit l’article 75, qui détermine que le mariage consiste à « se prendre pour mari et femme ». Peu soucieux de logique, les militants de la nouvelle union conclurent aussitôt à l’urgence d’une refonte de ce code que, l’instant d’avant, ils portaient aux nues. Et, en somme, puisque la loi est contre les homos, il faut dissoudre la loi.
En quelques jours apparurent les étonnantes notions de « mariage fermé » (antipathique, hétéro) et de « mariage ouvert » (sympathique) puis « universel » (supersympa). On publia des sondages dans lesquels la société française déclarait qu’elle était d’accord pour applaudir aux évolutions de la société française, mais de grâce, qu’on arrête de lui brailler dans les oreilles. Les partisans du néo-mariage expliquèrent à la fois qu’il ne fallait pas interpréter leur demande comme une volonté de normalisation ou comme un désir d’imitation mais qu’il y avait de ça quand même, et que d’ailleurs ils se moquaient des institutions dont ils étaient exclus, sauf que le seul fait d’en être exclus leur apparaissait comme un outrage. Réclamant en même temps le droit à la différence et à la similitude, exigeant de pouvoir se marier par conformisme subversif et pour faire « un pied de nez à la conception traditionnelle du mariage » (comme l’écrivent encore les impayables Christophe Girard et Clémentine Autain), ils affirmaient aussi que ce même mariage, à la fois convoité et moqué, revendiqué pour être rejeté, et de toute façon transformé s’ils y accédaient jusqu’à en être méconnaissable, serait un remède souverain contre « l’alarmant taux de suicide » qui sévit chez les jeunes homosexuels, ce qui laisse supposer que ces derniers se suicident tous par désespoir de ne pouvoir convoler officiellement. On aurait pu imaginer d’autres motifs.
Mais ces réflexions tomberont très bientôt sous le coup des lois anti-homophobie qu’un gouvernement vassalisé par les associations se prépare en toute sottise à faire voter. Mieux vaut donc se taire. Par-delà le néo-mariage, en effet, et quelques autres revendications divertissantes (suppression de la mention relative au sexe sur les papiers d’identité afin d’en terminer avec les « problèmes kafkaïens rencontrés par les individus de sexe mixte, hermaphrodites, transsexuels, transgenres », ou encore « dépsychiatrisation des opérations de changement de sexe »), c’est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c’est l’écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d’expression, c’est la mise en examen automatique pour délit de lucidité. Il est urgent que personne ne l’ouvre pendant que se dérouleront les grandes métamorphoses qui s’annoncent, dont ce petit débat sur l’effacement de la différence sexuelle est l’avant-propos. Le néo-mariage, dans cette affaire, n’est que l’arbre baroque qui cache la prison.
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Ce texte a été publié dans une version légèrement réduite sous le titre "La guerre du mariage a-t-elle eu lieu ?" dans Marianne (18/09/2004, page 79). Cette version intégrale est reproduite avec l'autorisation de l'auteur.
*Philippe Muray est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Après l'histoire, Belles Lettres, 2002.
Voir aussi sur le site de l'Observatoire du communautarisme : Les démons, par Philippe Muray
Photo de Philippe Muray : droits réservés (HANNAH/OPALE - 18, rue des Quatre Fils - 75003 Paris)
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dimanche, 26 avril 2009
La tyrannie technologique - Critique de la société numérique
La Tyrannie technologique :
Critique de la société numérique
Présentation de l'éditeur
Après le travail et le sommeil, la troisième activité des Occidentaux est de regarder la télévision. 80% de la population française possède un téléphone portable contre moins de 5% dix ans plus tôt. Créée en 1998 dans un garage, la société Google est aujourd'hui cotée en bourse et valorisée à plusieurs milliards de dollars. Au cours des dix dernières années, les ventes d'antidépresseurs ont doublé. Les nouvelles technologies, fer de lance et alibi d'une industrie obsédée par la rentabilité, participent chaque jour un peu plus à la destruction du lien social et à la disparition des formes anciennes de sociabilité, d'organisation du travail et de la pensée. Leur diffusion massive et leur omniprésence posent les bases d'une véritable mutation anthropologique comparable à l'apparition de l'écriture. Si l'alphabétisation fut bien souvent la compagne de l'émancipation, les technologies contemporaines préparent et organisent un monde fondé sur la vitesse, l'immédiateté, la superficialité, le profit et la mort. Ecrit par plusieurs auteurs tirant leurs réflexions de leurs travaux militants ou universitaires, La Tyrannie technologique dresse un panorama lucide et percutant de l'emprise des nouvelles technologies sur notre vie quotidienne.
Collectif, La Tyrannie technologique : Critique de la société numérique, Ed. L'échappée, 2007.
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jeudi, 09 avril 2009
Image de la femme dans les médias: nocif pour les jeunes filles
Image de la femme dans les médias : nocif pour les jeunes filles
Le rapport définit la « sexualisation » comme le fait de présenter la femme comme un objet sexuel qui n’aurait d’autre valeur que l’attirance qu’elle exerce à travers son comportement. Les effets nocifs que la « sexualisation » entraîne vont des troubles alimentaires à la dépression. L’étude ne se penche que sur les effets nocifs physiques, n’entrant pas dans le domaine moral qu’il est nécessaire cependant de rappeler ici : l’image dégradante de la femme répandue par les médias et une très forte incitation à une conduite sexuelle désordonnée et immorale.
Exemples de « sexualisation » dénoncés par le rapport :
– Les jeunes « pops stars » présentées comme des objets sexuels
– Les poupées vêtues de façon racoleuse, ainsi que les mêmes « vêtements » pour petite-fille de sept ans : bustiers, bas-filet, etc.
– Les modèles féminins adultes habillées comme des petites filles.
Le groupe d’étude s’est constitué à la suite d’une inquiétude répandue aujourd’hui dans le public familial à la vue des « modèles » présentées par les médias pour les petites filles et les adolescentes. Le Dr Eileen Zurbriggen, qui a dirigé le groupe d’étude de l’American Psychological Association, et qui est professeur associée à l’Université Santa Cruz de Californie déclare : « les conséquences de la sexualisation des filles par les médias sont très réelles. Nous avons d’amples preuves pour conclure que la sexualisation entraîne des effets négatifs dans un grand nombre de domaines, incluant le fonctionnement des connaissances et la santé physique et mentale ». En conséquence, le groupe d’étude recommande aux parents, aux éducateurs et aux professionnels de santé d’être en alerte sur l’impact que celle-ci peut avoir sur les petites filles et les adolescentes. D’un simple point de vue de santé psychologique, il est urgent de combattre les images représentant les filles comme des objets sexuels.
Un exemple parmi bien d’autres cités, est celui d’une publicité avec la pop-star Christina Aguilera habillée en écolière, la chemise largement déboutonnée et une sucette dans la bouche. Le Dr Zurbriggen ajoute : « En tant que société, nous devons remplacer toutes ces images sexualisées par d’autres, montrant la compétence et les valeurs propres aux filles. Le but devrait être de délivrer un message, aussi bien pour les garçons que pour les filles conduisant à un développement du comportement beaucoup plus sain.»
Les recherches systématisées par ce groupe d’étude montrent que ces images et la promotion des filles comme des objets sexuels entraînent de nombreuses conséquences nocives pour la santé psychologique et le développement des jeunes filles.
« Les magazines pour adolescentes ne parlent que de sexualité »
Le Pr. Andrew Hill, professeur de psychologie médicale à l’Université de Leeds, a déclaré qu’il était difficile d’être en désaccord avec les conclusions du rapport. « Si vous regardez les magazines pour adolescentes, on n’y parle que de sexe », a-t-il notamment déclaré. « Nous sommes une société absorbée par le « visuel ». Notre opinion sur les personnes est dominée par leur apparence, la façon dont elles se présentent ». Pour lui, l’utilisation par les médias de l’image des femmes comme des objets sexuels est un sujet important à résoudre.
« Seulement 18% de ce que regardent les enfants à la télévision correspond à l’horaire et aux programmes qui leur sont destinés et la législation ne peut pas être la solution pour tout. « Une des clés est la responsabilité sociale, celle des annonceurs et des médias. Ils doivent être conscients que leurs produits et les images associées avec ces produits ont un impact et que ce n’est pas toujours un bon impact ».
Source : Avenir de la culture
Via Novopress Quebec
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jeudi, 26 mars 2009
Sogni casalinghi per i figli della crisi
di Claudio Risé - 10/03/2009
Fonte: Claudio Risè [scheda fonte]
Anche se gli episodi di cronaca fanno grande impressione, la devianza giovanile perde, complessivamente, slancio e attrattiva. Come illustrato, naturalmente, dallo star system, dove tra i giovani vende, e vince premi, l’acqua e sapone Arisa, con i suoi occhialoni, cantando come ami sognare «una casa/con un balconcino con le piante/ e un angolo cottura bello grande». Aspirazione per nulla trasgressiva, o eversiva. A cosa dobbiamo questa imprevista mutazione nei sogni e stili giovanili?
Anche questa è una conseguenza di ciò che sta accadendo nel mondo. Quando le risorse diminuiscono bruscamente, a essere abbandonati (o almeno a ridursi notevolmente) sono innanzitutto i comportamenti estremi, quelli più lontani da dove scorre il flusso vitale. Come nelle piante: quando una rosa si ammala, il giardiniere comincia a tagliare le propaggini più lontane, per ridare vitalità al fusto.
Nel corpo sociale ciò avviene naturalmente: quando le energie diminuiscono, i comportamenti distruttivi, che nei periodi di abbondanza appaiono quasi irresistibili ai giovani non ancora entrati nel ciclo produttivo, diventano improvvisamente meno attraenti. Non si tratta di mode: quelle vi si costruiscono sopra, quando si scopre che il reggae casalingo di Elisa interessa (e vende) più di quello degli eroi della disperazione e dell’invettiva che spopolavano fino a ieri.
Sotto però c’è qualcosa di più profondo: per usare una parola un po’ grossa (ma non inappropriata) vediamo già qui in azione lo spirito del tempo (Zeitgeist). O, dal punto di vista psicologico, l’inconscio collettivo: insomma ciò che la maggior parte delle persone prova in un determinato momento storico.
L’inconscio collettivo di oggi è turbato dall’incubo della povertà, così come fino ad ieri era ipnotizzato dall’archetipo della ricchezza e della sua anche grossolana dimostrazione. Questo nuovo terrore degli adulti sposta, riposiziona, anche le aspirazioni e l’orizzonte giovanile.
Prima, quando il mondo dei «grandi» era affascinato dal grande lusso (dalle supervacanze ai «derivati» finanziari), i giovani protestavano teorizzando l’emarginazione creativa, l’opposizione politica, i costumi alternativi, la vita a rischio. Adesso, che gli adulti temono di non sapere più come andare avanti, e sembrano aver perso ogni sicurezza, i giovani (o almeno molti di loro) mettono le loro energie nel recupero dei sogni che una volta venivano definiti «piccolo borghesi».
Così mentre Arisa getta nel cestino l’immaginario delle «comuni» giovanili, cantando: «Sono stufa di vivere in una stanza in condivisione, ora quello che voglio è una casa tutta mia»; il giovane autore Christian Frascella racconta in «mia sorella è una foca monaca» un percorso di formazione di un ragazzo che invece di scolarsi una birra dopo l’altra, si trova un lavoro, una brava fidanzata e quasi è davvero felice.
È un fenomeno ricorrente nella storia umana: alla fase dello spreco succede quella della rigenerazione, del risanamento della pianta, della riattivazione delle radici. Gli interpreti più convinti di questa svolta sono sempre, per forza di cose, i giovani: quelli appunto la cui stessa vita dipende dal risanamento della pianta ammalata.
Ecco perché la trasgressione come sistema, i comportamenti a rischio, le distruzioni o imbrattamenti dei centri cittadini, sono destinati a diminuire, anche se non di colpo. Poiché infatti la vita deve continuare, proprio nell’interesse dei più giovani, che devono ancora viverla, l’attrattiva giovanile per gli immaginari distruttivi si sta riducendo rapidamente. Mentre tornano impegni e speranze.
Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it
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mercredi, 25 mars 2009
Gewelddadige spellen
Gewelddadige spellen
Geplaatst door yvespernet
Naar aanleiding van de schietpartijen in scholen is het debat weer opgelaaid over gewelddadige spellen. Nu zouden er weer extra controlemechanismen moeten komen op spellen en anderen willen dan weer dat gewelddadige spellen gewoon niet meer op de markt komen. De daders van deze gruweldaden zouden immers geïnspireerd zijn door gewelddadige spellen en de oplossing zou dan toch simpel zijn? Gewoon heel die boel afschaffen en de overblijvende spellen sterk laten controleren.
Wel beste mensen, die controlemechanismen op spellen bestaan al. Die controlemechanismen heten verantwoordelijke ouders die weten waarmee hun kinderen bezig zijn. Ouders die interesse tonen in wat hun kinderen doen. Natuurlijk heeft elk kind ook geheimen voor zijn of haar ouders, maar als ouder is het maar een zeer kleine moeite om te zien welke beelden verschijnen op het televisie- of computerscherm. Er zullen altijd zonderlingen zijn die geschift zijn en dan daarenboven ook gewelddadige spellen spelen. Maar volgens mij zijn het eerder de daders van zulke daden die zich aangetrokken voelen tot gewelddadige spellen dan de spellen die mensen zouden aanzetten tot het plegen van extreme gewelddaden. Ouders van zulke figuren kunnen natuurlijk zeer weinig doen tegen de daden van hun kinderen, maar zij kunnen wel een rol spelen bij gewone kinderen om het geweld te kaderen en in te grijpen waar nodig. Ik zeg niet dat bij de schietpartijen ouders hun verantwoordelijkheid hebben ontlopen, verre van zelfs. Maar het waren dan ook personen met grote mentale problemen, niet gewone mensen die na een paar spelletjes te spelen opeens bedachten dat hun school overhoop schieten wel eens “tof” zou kunnen zijn.
Persoonlijk ben ik een relatieve “hardcore gamer”. Ik heb dan ook vele “extreem gewelddadige” spellen gespeeld. Noem ze maar op en er is een grote kans dat ik gespeeld heb en nog steeds in mijn bezit heb. Carmageddon I en II, de GTA-serie, Counterstrike, Diablo I & II, Manhunt, etc… Nooit heb ik echter de neiging gevoeld om mijn school overhoop te gaan schieten, mensen op straat voor punten te gaan dood rijden of andere extreme gewelddaden. Dat sommigen vol overtuiging wijzen naar die spellen is mijn inziens dan ook een ontlopen van verantwoordelijkheden. De beste controlemechanismen zijn de ouders. Als men een spel koopt, staat het al vol met waarschuwingen. Zo ben ik een grote fan van de Europa Universalis-reeks. Daar worden rijken gebouwd, legers de dood ingestuurd en mensen al dan niet vrijwillig tot een bepaalde godsdienst bekeerd. Het is minder grafisch dan een Counterstrike, maar in de kern is het wel pakken erger.
Ook het focussen op Counterstrike is compleet onnodig. Dat is een onschuldige mod van de Half Life-serie waar het er nog heel braafjes aantoe gaat. Het is wel enorm bekend en enorm graag gespeeld, maar om nu te zeggen dat het extreem gewelddadig is… Dan is bv Manhunt of GTA pakken “erger”, maar ik blijf erbij dat zo’n spellen mensen niet aanzetten tot moorden. Een spel als voornoemden kan volgens mij zelf als uitlaatklep dienen. Daarbij, als ze de grote sector van videospellen nog meer willen reglementeren, een sector die trouwens nog wel winst kent, dan gaan ze wel op internet spellen zoeken. Gamefudge.com, kongregate.com, etc… Er zijn nog tonnen meer websteks waar je gratis Flash-spellen kan spelen die bij momenten honderd keer gewelddadiger zijn dan wat je in de winkel kan kopen.
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vendredi, 20 mars 2009
Sociologie de la violence des jeunes
Sociologie de la violence des jeunes |
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« Il y a un manque d'autorité qui structure le caractère. Aujourd'hui, les parents sont souvent les amis-confidents de leurs enfants. Ce qui nie un rapport générationnel indispensable. Avant, on recevait une éducation basée sur l'interdit. Cela permettait d'apprendre les limites. Il est important, entre autres, de pouvoir s'opposer à ses parents à une certaine période de sa vie, de pouvoir se révolter. Cela contribue à structurer son identité et à développer un sens moral mais aussi d'appartenance sociale. […]
Les jeunes vivent de plus en plus devant leurs ordinateurs. Certains parmi eux ont peu de contacts avec l'extérieur, se retrouvent isolés. Les adolescents qui disjonctent sont souvent des personnes inhibées, qui se replient face à l'écran. Ils n'ont plus de relations avec l'autre, ne le sentent plus. Bref, l'autre est désincarné. Par ailleurs, quand on est mal à l'aise avec ses propres sentiments, on peut réagir par la violence ou l'on s'organise autour d'elle. C'est ce qu'on voit dans Orange Mécanique, qui était un film précurseur.
professeur Panteleimon Giannakopoulos, psychiatre aux Hôpitaux universitaires de Genève, interviewé par Le Matin, 13 mars 2009 |
00:44 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, actualité, moeurs contemporaines, psychologie, violence, jeunes, jeunesse, éducation, école | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 27 février 2009
Introduction à la novlinguistique
Métapolitique - Introduction à la novlinguistique
par Georges Feltin-Tracol - http://www.europemaxima.com
Depuis sa création en 2002, la fondation Polémia animée par Jean-Yves Le Gallou mène un combat permanent contre la pensée conforme et la volonté mondialiste d’indifférenciation des peuples, des cultures, des États, des personnes et des traditions.
N’hésitant pas à braver les oukases du politiquement correct, Polémia conduit une véritable guérilla métapolitique dont bien des actions détonnent sur le champ de bataille des idées. Pour preuve, la parution dernière du Dictionnaire de novlangue accompagné de La Bataille du vocabulaire. Disponible à la fois en format informatique et en fascicule, l’essai dénonce le détournement des mots et l’abêtissement de nos compatriotes qui s’en suit.
Achevé en janvier 2009, ce Dictionnaire connut un premier succès cet été quand certaines définitions furent publiées sur le site Novopress. La réussite de la première journée d’étude sur la réinformation du 25 octobre 2008 a incité Polémia à le publier. Saluons cette nouvelle arme dans la guerre culturelle en cours !
Novlangue est un clin d’œil à l’expression d’Orwell dans son célèbre roman 1984 ; c’est aussi un appel au réveil des Français d’Europe contre l’insidieux conditionnement sémantique ambiant. Il faut comprendre que « le novlangue, essentiellement une “ langue parlée ”, pour ne pas dire un sabir incompréhensible pour tout non-initié, est en permanence évolutif et ne demande qu’à grandir au détriment de la belle langue française si riche en nuances au service de l’écrit et de l’oral ». Il se combine souvent à l’anglicisme, voire au franglais, afin de donner à son message un air de modernité et de sophistication.
Pourquoi est-il si important de s’intéresser à cette novlinguistique ? Comme le rappelle La Bataille du vocabulaire, « le taux d’exposition des citoyens aux médias est élevé et tend à augmenter ». Le Français moyen passe environ trois heures par jour devant la lucarne allumée. Et il faut maintenant comptabiliser le temps passé devant l’écran d’ordinateur non pas pour consulter l’excellent site de Polémia ou Europe Maxima (ou d’autres sites amis), mais plus sûrement pour aller sur des sites commerciaux quand il ne s’agit pas de sites porno !
Le sens des mots est primordial dans un combat culturel et identitaire, spécialement quand le discours officiel proclame la fin des idéologies. En fait, « nous vivons dans un monde idéologique, c’est-à-dire façonné par l’idéologie dominante qui définit seule la normalité. L’idéologie dominante est au service de la super-classe mondiale et de son projet, en particulier du projet qu’elle a pour les peuples européens. Le fait qu’elle ait progressivement presque éliminé toute expression contraire pourrait donner à penser que cette idéologie n’en est pas une et qu’elle traduit tout simplement “ la vérité ” ».
Décrypter la portée exacte des mots de la novlangue (la brochure emploie le masculin, nous le féminin, preuve de son caractère profondément indifférencié) contribue à contester cette vérité univoque et totalitaire.
Comment donc procéder ? Cinq catégories lexicales servent de repères :
« - les mots trompeurs, qui ont changé de sens et qui signifient souvent le contraire de ce qu’ils exprimaient auparavant ; » (l’un des plus anciens et des plus connus n’est autre que le fameux énervement qui signifie le contraire de ce qu’on croît aujourd’hui) ;
« - les mots subliminaux, qui sont utilisés pour produire certains effets de répulsion ou d’approbation chez le récepteur ;
— les mots marqueurs, qui expriment l’idéologie dominante et traduisent le fait que celui qui les emploie fait partie de la classe dominante ;
— les mots tabous, qui correspondent à des concepts que l’idéologie dominante s’efforce de supprimer ;
— les mots sidérants, qui visent à disqualifier les adversaires du Système ».
Voici un petit échantillon :
• « BLOND, BLONDE. Qualificatif subliminal dévalorisant aux yeux de la nouvelle classe dominante, qui préfère les Noirs et les métis ; curieusement les histoires anti-blondes ne gênent pas les féministes ni les antiracistes professionnels. »
Ajoutons que ces histoires « blondophobes » s’apparentent aux fameuses blagues belges qui pourraient être jugées pour le moins xénophobes et discriminatoires. À quand donc une législation pour réprimer ces manifestations de racisme ? Gageons que féministes extrémistes et antiracistes alimentaires y verraient une atteinte à la liberté d’expression et au droit à l’humour…
• « CITOYEN. Mot trompeur : ce substantif, devenu adjectif, caractérise ce qui se conforme à l’idéologie dominante (ex. : trier ses déchets est un “ comportement citoyen ”) (trad. : moutonnier, docile). »
On peut se demander si, de nos jours, Panurge n’aurait pas troqué son troupeau pour des citoyens…
• « INGÉRENCE. Terme marqueur : connoté positivement désormais dès lors qu’elle prétend se faire au nom de “ l’humanitarisme ” ou du “ maintien de la paix ” (trad. : violation). »
On continuerait ainsi la lecture des quelques trois cents définitions tout aussi coruscantes les unes que les autres. Par cette brochure, Polémia éclaire le travestissement et la mutation de la sémantique par l’idéologie dominante dont les mots d’ordre (de désordre plutôt) sont ensuite repris et répercutés par les médias, les entreprises, l’école, le sport…
Saluons enfin la volonté de l’opuscule de s’inscrire dans notre époque et non au siècle dernier. À l’article « droite, gauche », on lit en effet avec plaisir : « Termes trompeurs ayant perdu toute pertinence à la fin du XXe siècle depuis que la gauche socialiste et communiste s’est ralliée à l’économie de marché et que la droite a adopté l’idéologie égalitaire et cosmopolite des socialistes. Ne désigne plus que des itinéraires personnels et des ancrages locaux différents (trad. : partis au pouvoir). » Ce clivage politicien et électoraliste est désormais désuet, d’autant que l’idéologie dominante, elle, « emprunte à la fois à la mémoire de gauche (égalitarisme, cosmopolitisme, ingénierie sociale) ; et à la doctrine libérale anglo-saxonne (discours sur la dérégulation [aïe ! bonjour l’anglicisme pour « déréglementation » !], la réduction de l’État, la mondialisation, l’ouverture des sociétés, la volonté de substituer la morale et le pouvoir des juges à la souveraineté politique). […] On notera que cette idéologie correspond parfaitement à la sociologie du monde médiatique qui est intellectuellement de gauche […] lié à l’univers marchand ».
Dorénavant et pour les prochaines décennies, la ligne de fracture s’organisera autour des notions d’identité et de mondialisme, d’altérité et d’uniformité. Pour le camp identitaire, c’est un impératif de maîtriser le vocabulaire, car son âme en dépend. Le Dictionnaire de novlangue est donc un auxiliaire précieux.
Georges Feltin-Tracol
• Polémia, Dictionnaire de novlangue suivi de La Bataille du vocabulaire, 2009, 63 p., 10 €, à télécharger sur son site (www.polemia.com) ou à commander pour 15 € (port inclus) à Polémia, 60 ter, rue Jean-Jacques-Rousseau, F - 92 500 Rueil-Malmaison, France.
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mercredi, 04 février 2009
Negras perspectivas para el hombre europeo
Negras perspectivas para el hombre europeo
http://elfrentenegro.blogspot.com/
Oswald Spengler, ya sabía lo que iba a pasar. Lo decía con un tono, que a pesar suyo, era profético. Y digo a pesar suyo porque "Años decisivos”es un libro que ha sido escrito con descarnada objetividad. No nos impone nada, no nos quiere convencer de lo que dice, lo sabe cierto, no necesita un esfuerzo retórico para convencernos de lo que el autor sabe que será real, sino sólo decirlo bellamente. Los que lo pueden entender lo entenderán, los otros, no lo entenderán nunca. Todo está escrito allí, en 1933. Así son los sabios, los magos, los profetas.
Me resistí a la tentación de citar algunos pasajes del libro. Hubiera sido una falta de respeto, porque todo el libro es una sola cita. Confieso que me corrió un frío por la espalda al releer algunos párrafos. Una cosa es aventurar que algo va a ocurrir, y otra cosa es verlo frente a nuestras narices, exactamente como alguien lo anticipó, hace ya setenta y cinco años.
Todo lo que se gesta en la historia es algo que los adelantados a su época dicen que va a pasar, y casi nadie los escucha. Luego, los hechos aparecen en la realidad, y todos se miran entre sí sin saber qué hacer.
Vemos que la mayoría de la descendencia europea son personas por lo general más preocupadas por el modelo de sus automóviles que por sus propios hijos, si es que los tienen, ya que tener hijos afecta su nivel de vida y a su hedonismo. Son unos soberbios desagradables, convencidos que su tarjeta de crédito es el pasaporte al paraíso.
Las clases medias son todavía, en Europa o en América del Sur, en su mayoría de origen europeo, y ésa es la trampa, el vaciamiento y la traición, porque se han convertido en gente sin voluntad de nada que no sea consumir y girar en la rueda de la economía capitalista, porque piensan que ellos van a girar siempre con ella.
Abandonaron toda la historia de sus antepasados, por la tarjeta de crédito y un automóvil, y por otras cosas peores; pero hay algo que ellos no saben, y es que aún para conservar ciertos beneficios materiales, se necesita la capacidad de defenderlos, y esa capacidad, ya casi ningún descendiente de europeo la conserva. Tienen el dinero vacío que el sistema les da, pero lo perderán como perdieron todo lo demás. Sólo les funciona la cabeza para hacer unos numerillos que en el fondo los angustian, porque están llenos de incertidumbre, y para alejarla, se despiertan un día, enamorados de Obama, repitiendo que un mundo mejor ha llegado, y que a ellos nunca les va a pasar nada.
Ellos están siempre prontos a convertirse en cualquier cosa, para mantenerse a flote, pero para eso, uno tiene que ser admitido, por esa otra cosa en que se ha convertido.
Sudamericanos más blancos que muchos europeos actuales se convierten en indios, se arrastran, se disfrazan, pero quizá los indios no los quieran como amigos, sino como esclavos.
Los españoles pueden disfrazarse de “subsaharianos”, como se les dice ahora culposamente a los negros, pero puede ser que los negros no quieran, sino vengarse de los blancos, aunque los esclavistas fueran empresas mixtas de cazadores negros y corsarios blancos, que operaban en común, con la misma mafia comercial que luego explotaría a los obreros blancos.
Los franceses pueden ser todos progresistas, pero los descendientes de argelinos musulmanes no quieren progresistas, sino mandar ellos según sus propios principios.
Todos los europeos y su descendencia tendrán que pagar caro ser lo que son. No importa que un grupo de financieros y capitalistas de diversas razas —y no ellos— hayan sido siempre el real motivo de la explotación del hombre por el hombre.
Cuando los mercaderes vivían en Europa, eran llamados opresores, cuando trasladaron sus bases a otros continentes, y no tienen nada que ver con la verdadera Europa, todo parece estar bien. La injusticia de otros, puede considerarse parte de la revancha de las razas oprimidas, porque el racismo ha establecido que la raza blanca es deleznable en su conjunto.
No es el caso analizar ahora si los mercaderes y banqueros de la historia fueron negros, semitas o asiáticos, además de blancos, el caso es que el nuevo racismo está instalado, y es el más viejo del mundo,es el racismo de los revanchistas y de los resentidos, al servicio del poder global.
Pero recuerden los descendientes de los antiguos europeos que si bien pueden usufructuar todavía las bondades del capitalismo, no es eso lo que los diferencia de otros hombres; claro que viviendo bajo el igualitarismo de la ideología dominante lo habrán olvidado.
En el futuro, seguramente otros disfrutarán en su lugar del capitalismo, por ser más ordenados y eficientes, más astutos, o mejores esclavos, o simplemente por mantener una voluntad de lucha, incluso mediante la violencia desnuda, como la vemos hoy en las calles de cualquier ciudad del mundo.
En el futuro, los vacíos, los blandos, los consumistas progresistas, los blancos defensores de la ideología del automóvil último modelo, de la tarjeta de crédito, de los racismos ajenos, y de la revancha de los pueblos oprimidos, tendrán por fin su merecido por haber abandonado su destino trascendente, pero ya será tarde para reaccionar:perecerán del mismo modo materialista, vacío y miserable en que han elegido vivir.
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dimanche, 01 février 2009
"Signes de mort, signes de vie": identités et territoires face au mondialisme
« Signes de mort, signes de vie » : identités et territoires face au mondialisme
« Les signes de mort sont signes de vie, c’est aussi leur fonction essentielle », nous dit Jean Raspail. Les signes que nous impose chaque jour Ouest-France, que sont-ils, sinon « signes de mort » ? Mort de notre culture, de notre IDENTITE ? Il n’est que de se référer à Ouest-France du 8 décembre 2008, qui évoquait les ambitions iconoclastes de Sam Abi, agent immobilier « d’origine libanaise ». Il n’est que de se référer aux nombreux articles du même Ouest-France qui chantent les mérites de l’immigration britannique en Bretagne. Ces deux cas, au-delà de leurs différences, que révèlent-ils, sinon l’affrontement entre la liberté des marchés et celle des peuples ?
« Il part vendre les manoirs bretons aux émirats », proclame Ouest-France du 8 décembre 2008. Et d’évoquer Sam Abi, « Riécois d’origine libanaise ». Celui-ci, agent immobilier à Riec-Sur-Belon, se dit, avec un associé de Dubai, « décidé à commercialiser aux EMIRS les magnifiques demeures bretonnes de son catalogue », car « beaucoup de riches Arabes cherchent à acquérir des châteaux et des manoirs ». Et, après Dubai, « un autre marché au parfum de pétrole et de gaz : la Russie ». « Si les acheteurs sont sur la Lune, j’irai sur la Lune ! »
Depuis dix ans et plus, Ouest-France évoque l’achat massif de biens immobiliers par des étrangers, à plus de 80% anglophones. En Pays de Rance, en Centre-Bretagne et ailleurs, de véritables « colonies » britanniques. Plus de 60 000 personnes à ce jour, avec leurs journaux (Brit’Mag, Central Brittany Journal, Talking Point), leurs associations (Integration Kreiz Breizh), leurs émissions radiophoniques… et leurs agences immobilières (Brittany Immobilier) !
Cette vague britannique, c’est l’arbre qui cache la forêt. Car l’immigration en Bretagne, légale ou clandestine, est désormais issue du monde entier : Europe, Afrique, Asie et Amérique dite « latine ». D’autres ruptures et inflexions : une féminisation accrue, une explosion du « regroupement familial » et une tertiarisation importante des groupes sociaux. Il en est résulté une forte pression sur l’immobilier rural, sur celui du « rural profond », portée spectaculairement par l’immigration britannique, mais aussi, on le sait moins, sur l’immobilier périurbain.
Et Ouest-France nous annonce que va désormais se manifester une pression tout aussi forte sur notre immobilier patrimonial d’intérêt architectural et historique. Ce journal illustre cette pression par les ambitions de Sam Abi. Mais devons-nous pour autant négliger celles d’autres professionnels, moins exotiques et moins arrogants, mais aussi actifs ?
D’un côté, Ouest-France nous annonce les milliardaires en pétrodollars du Moyen-Orient et les oligarques russes, nouveaux acteurs de notre dépossession. D’un autre côté, le même quotidien continue de chanter ces colonies anglophones qui se constituent en enclaves protégées en zones vertes. Quel rapport entre eux, dira-t-on ? Il en existe bien un, qui est au cœur de cette stratégie mondialiste. Que se propose-t-elle ? Elle se propose d’éradiquer sur son propre territoire toute nation enracinée. Et d’y substituer de nouvelles populations qui n’obéissent qu’à leurs propres règles. Car l’ordre existant ne suscite aucun intérêt de la part du capitalisme sauvage. Nous sommes ici dans le libre marché. Il ne saurait triompher, en Bretagne comme ailleurs, sans oblitérer notre mémoire, notre culture, notre histoire, sans oblitérer notre IDENTITE. La voie royale, pour le libre marché, passe par la TABLE RASE : l’effacement, chez nous en Bretagne, de la mémoire profonde d’une culture millénaire. Il lui faut disposer d’une PAGE BLANCHE où écrire une nouvelle histoire. Les objectifs : éradiquer hommes, cultures, identités ; et d’abord vaincre la capacité de résistance de la population, éliminer les anticorps avant qu’ils ne puissent devenir actifs.
Allons-nous ainsi vers « Le pire des mondes possibles » de Mike Davis ? Ou y sommes-nous déjà ? En sommes-nous à la « déterritorialisation » : la désinsertion hors de l’espace public et l’exclusion de tout vestige de vie citoyenne ? Ou la Bretagne ne se construit-elle pas dès aujourd’hui une pseudo-territorialisation « hors-sol », parcourue de flux de populations et d’informations sans aucune cohésion sociale, technique, morale, ethnique ? Sans aucune cohésion IDENTITAIRE, en un mot.
« Les signes de mort sont signes de vie, c’est aussi leur fonction essentielle », nous dit Jean Raspail. Ne nous donne-t-il pas ainsi une raison d’espérer ? Et nous rallierons-nous à cet espoir du grand historien Arnold Toynbee : « La genèse et la croissance des civilisations obéissent à certaines lois et notamment aux impulsions de la minorité créatrice jusqu’au jour où, né de contradictions internes ou de formes extérieures, un défi est lancé que la civilisation devra relever sous peine de décomposition. » Saurons-nous et voudrons-nous être cette minorité créatrice ? Si oui, comment ferons-nous des signes de mort des signes de vie ?
Christian Beuzec pour Novopress Breizh
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Contradictions et abîmes de la communication de masse
Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - PUNTO Y COMA (Madrid) - ORIENTATIONS (Bruxelles) - Mars 1988
Contradictions et abîme de la communication de masses
par Javier ESPARZA
Traits caractéristiques de la modernité: exigence de communication, nécessité d'une transparence, demande d'un flux libre d'informations. A contrario, la post-modernité se caractérise, entre moults autres choses, par une critique à l'encontre de cette communication de masse, par des doutes à l'endroit de la transparence, par l'inquiétude face au débordement du flux informatif. Cette communication qui, depuis le XVIIIème siècle était considérée comme un facteur de libération, nous apparaît désormais comme un instrument de domination. D'énormes contradictions sociales et culturelles naissent de l'information de masse et surtout depuis l'application des techniques modernes de communication. La télévision s'assied sur le banc des accusés. Pourtant, jamais inculpé ne fut aussi sûr de se tirer si facilement d'affaire: l'Occident accuse la communication de masse tout en regardant un vidéo-clip. Narcisse est de retour mais cette fois il ne s'agit pas d'un jeune homme qui admire son reflet dans les eaux calmes d'un étang mais d'une masse informe qui égratigne l'écran de ses téléviseurs en essayant d'atteindre ce qui, pour elle, a déjà cessé d'exister: la réalité, l'histoire, la vie.
La société de l'information
Ce nouveau monde qui naît avec l'explosion des techni-ques de communication et la culture de masse a reçu le nom de "société de l'information". Les ter-mes contemporains "société post-industrielle" et "so-ciété post-moderne" ou "Nouvelle Société de Con-sommation" (Faye) sont peu à peu utilisés de-puis la moitié des années 70 pour désigner les so-ciétés occidentales en tant que réseaux de flux in-for-matifs: Daniel Bell, Alvin Toffler, S. Nora et Alain Minc, James Martin, J. McHale, Yoneji Misuda ou J.Naisbitt, entre autres, ont popularisé le concept.
En Espagne, l'un des premiers à introduire ce terme dans le monde universitaire en tant qu'objet d'étude —et à éditer des travaux à ce sujet— a été Francisco Javier Bernal. Salvador Giner accorde une cer-taine importance à ce terme; pour lui, "le faisceau de phénomènes évoqué par l'expression “société de l'information” est d'une telle ampleur qu'il faut se de-mander s'il n'est pas en train de se forger ce que, traditionnellement, on avait coutume d'appeler un “mo-de de production”, un mode de domination et un or-dre culturel distincts, sous ce nom, sous un terme proche ou sous un synonyme". Pour Giner, ce "fais----ceau de phénomènes" serait constitué de la télé-matique, de l'informatique, de la microélectronique, de la robotique, de l'intelligence artificielle, etc. Il ne cite pas d'éléments aussi décisifs que la multipli-ca-tion de l'offre propre à la télévision (chaînes privées, antenne parabolique) ou la publicité. De toute façon, pour Giner, l'expression "société de l'information" n'est qu'"une candidate de plus, parmi d'autres expressions également attirantes, à la définition de ce qui est essentiel aux étapes futures de la modernité".
Bien que l'on puisse douter que la modernité (en tant que telle) soit encore à même de nous offrir des "pha-ses futures", l'importance croissante de l'information au sein des structures socio-économiques de l'Occident est indiscutable. D'après Román Gubern, au cours des trente dernières années de ce siècle, le sec-teur électronico-informatique a dépassé celui des in-dustries lourdes comme la pétrochimie et l'auto-mo-bile. Pour l'an 2000, on estime que, dans les pays développés, 90% de la population active tra-vaillera dans le secteur des services et la moitié de ces personnes dans des systèmes d'information ou des réseaux informatisés. Cette conséquence pra-ti-que de l'extension de l'univers médiatique se con-ju-gue, d'autre part, avec une légitimation sociale (et mê-me psychologique) de son utilisation: dans une so-ciété atomisée et individualiste, les média joue-raient le rôle (et c'est ce qu'ils font effectivement) de "thérapeutes sociaux" de l'individu, en essayant de compenser la carence d'une communauté réelle.
Universalisation et résistance
Comme l'écrivent Faye et Rizzi, "les média sont l'une des causes majeures de l'isolement individuel actuel mais, en même temps, leur fonction et leur pré-tention sont d'y apporter un remède. Facteurs d'a-tomisation -une atomisation dont la société de con-sommation a besoin pour survivre- ils se pré-sen-tent pourtant à nous comme des antidotes contre l'ato-misation". Nous pourrions dire que la "so-ciété de l'information" est celle dans laquelle la so-ciété est remplacée par l'information ou, plus pré-ci-sément, cel-le dans laquelle la transmission technique de l'in-for-mation joue le rôle que la société elle-même déte-nait auparavant: définition d'objectifs, normation de rè-gles de conduite, imposition culturelle de modè-les, de formes de production économique, d'échelles de valeurs morales…
Les conséquences sont évidentes: la société dispa-raît, s'évanouit dans le réseau technique de la com-mu-nication de masse. Les cosmovisions particu-lières et enracinées sont remplacées par une culture de masse homogène qui met fin aux cultures tradition-nel-les. La communication se met ainsi au service du néo-colonialisme post-industriel et de la cosmopolis marchande. Comme l'affirme le publicitaire David Vic-toroff, "grâce aux images de marque, la publicité tend à construire de nouvelles valeurs symboliques, communes à la totalité du groupe social, et ce, sur les ruines des systèmes de valeurs et de symboles ca-ractéristiques des sous-groupes particuliers". Un nou-vel imaginaire collectif, universaliste, s'ins-tal-le dans nos sociétés à l'abri de ce que Abraham Mo-les a appelé "l'opulence communicationnelle". Mais ce-la ne se passe pas sans résistances. Un fort cou-rant cri-tique verra dans la communication de masse —et concrètement dans la communication techni-que— un abîme insondable vers lequel notre so-ciété se précipite inéluctablement.
Le regard de la Méduse
Evidemment, les critiques qui s'adressent à la com-munication de masse prirent leur envol bien avant l'usage généralisé des moyens technologiques les plus sophistiqués. Dans les années 40 et 50, une cer-taine critique que, par convention, nous appele-rons "de gauche", a accusé la publicité et la propagande d'asservir les masses: Max Horkheimer, Theo-dor W. Adorno, Dwight MacDonald, Irving Ho--we ou Leo Löwenthal, voyaient, dans la cul-tu-re de masse, un facteur de création d'une "fausse cons-cience" dans les classes populaires, qui annulait leur puissance révolutionnaire et les intégrait dans un système d'exploitation; au fond, ils ne critiquaient pas la communication de masse mais son utilisation sociale.
La perspective de droite, qui leur était antérieure, était différente, elle ne critiquait pas tant la commu-nication que son caractère massif et technique, com-me on peut le voir chez Ortega y Gasset ou Carl Schmitt. Entre les années 60 et 70 et malgré ces cri-ti-ques, la communication de masse s'est développée à une vitesse incroyable et elle ne manqua pas de pro-tecteurs pour la légitimer: tantôt on alléguait la pos-sibilité d'une rétroaction et d'une rétroalimenta-tion (feed-back) qui affirmait que le récepteur pou-vait con-tester le message en agissant selon son libre ar-bitre; tantôt on disait que, grâce à la communi-ca-tion de masse, l'homme moderne pouvait se déta-cher de la terre à laquelle il était lié et entrer dans une société où il manifesterait librement ses goûts cultu-rels. Ce fut là la position défendue notamment par Edward Shils, Herbert Gans, Raymond Williams, Hans M. Enzensberger ou même Walter Benjamin. Parallèle-ment, et à partir du développement à grande échelle de moyens audiovisuels, des auteurs apparaissaient qui se montraient ouvertement criti-ques envers la TV: Jerry Mander écrivait ses célè-bres Quatre arguments pour éliminer la Télévision qui jouirent d'une influence notable. La télé-vi-sion devenait le prin-cipal accusé. Il y a quelques an-nées, David Mata identifiait l'effet paralysateur de la télé au regard terrifiant de la Méduse mythique.
La culture de masse serait intimement liée à la démocratie bourgeoise
Nonobstant, ses défenseurs continuent à insister: pour beaucoup d'entre eux, la culture de masse est in-timement liée à la modernité occidentale, à la civi-li-sa-tion marchande et à la démocratie bourgeoise. Dans cet agencement complexe, faire abstraction d'un élément impliquerait l'oubli des autres. De là, di-verses tentatives visant à concilier démocratie et technologie communicationnelle. C'est notamment l'ob-jectif poursuivi par Manuel Castelles sur le plan de l'informatique; pour cet auteur, les nouvelles techno-logies, qui, effectivement, favorisent le con-trô-le du citoyen par l'Etat, pourraient agir inver-sé-ment en informatisant les procédés de l'Admi-nis-tra-tion et en les ramenant au niveau du citoyen, favo-ri-sant ainsi une transparence publique toujours plus grande.
Pourtant, ces espoirs de "démocratisation" sont peu nombreux, que nous parlions de la TV, de l'infor-ma-tique ou de la publicité (tout cela forme la "société de l'information"). Christopher Lasch pense que la cul-ture de masse, propre des sociétés modernes, ho-mo-généisée comme elle l'est, n'engendre abso-lu-ment pas une mentalité éclairée et indépendante mais, au contraire, la passivité intellectuelle, la con-fu-sion et l'amnésie collective.
Le message de Baudrillard
En fait, le problème ne réside pas dans ce que dit l'ins-trument de masse mais dans la manière dont il agit et dans les effets qu'il crée. Comme l'écrit Jean Bau-drillard: "Le message de la TV n'est pas consti-tué des images qu'elle transmet mais des nouveaux modes de perception et de relation qu'elle impose: le changement dans les structures traditionnelles de la famille et du groupe. De plus, dans le cas de la TV et des mass-media modernes, ce qui est perçu, assi-mi-lé, consommé, n'est pas tant le spectacle que la vir-tua-lité de tous les spectacles. La vérité des moyens de masse est donc la suivante: sa fonction est de neu-traliser le caractère vivant, unique, événémentiel du monde pour le remplacer par un univers multiple de medias homogènes les uns par rapport aux autres en tant que tels, qui ont de la signification les uns pour les autres et qui renvoient les uns aux autres. En dernière instance, les médias deviennent le contenu réciproque les uns des autres -et c'est là que se trouve le message totalitaire d'une société de consommation".
C'est pour cette raison que toute analyse de la médiation technique ne peut se réduire à une simple posologie, ni se limiter à formuler son "utilisation idéale". Les média ne dépendent pas uniquement de la manière dont on les utilise. D'une certaine façon, c'est comme s'ils étaient supérieurs à leur propre instrumentalisation.
Information et inhibition
La fonction que, dans la culture politique dérivée de l'Il-luminisme (des "Lumières"), on attribuait à l'information, c'était de créer une opinion publique ca-pa-ble de discuter les problèmes de gouvernement, de choisir judicieusement ses gouvernants et de décider librement ce qui convenait ou non à la société. On pré-tendait ainsi créer un espace de liberté à la base, per-mettant la coexistence démocratique. Les lois ré-gis--sant la presse, en vigueur au siècle passé et au dé-but de ce siècle, obéissaient à cette logique. Jürgen Ha--ber-mas a rapporté tout cela de manière fort ex-haustive dans Strukturwandel der Öffentlichkeit .
Mais, tout comme la naissance de l'information est liée au commerce, à la banque et au pouvoir éco-no-mique, son développement a continué à dépen-dre de ce type ou d'autres types de pouvoir. Ainsi, au XXè-me siècle, l'information se met au service d'une relation "offre-demande" qui sature le récep-teur: d'abord, il l'inonde de discours au point de le transformer en automate, puis il le bombarde d'in-for-mations jusqu'au moment où il ne répond plus et se noie dans l'indifférence. On est passé du désir de participation, encore vivant dans la modernité, à l'in-hibition complète des masses.
L'hypersollicitation et l'implosion du sens
Et cette situation débouche sur une grave contra-dic-tion sociale: "Partout, on cherche à faire parler les mas-ses", écrit Baudrillard, "on les presse d'exister so-cialement, électoralement, syndicalement, sexuellement, dans la participation, dans la fête, dans l'ex-pression libre, etc. Il faut conjurer le spectre, et qu'il dise son nom. Rien ne montre avec plus d'éclat que le seul véritable problème aujourd'hui est le silence de la masse, le silence de la majorité silencieuse". Et plus on insiste, moins de résultats l'on obtient. La mas-se ne participe pas, non qu'elle ne le veuil-le pas mais parce que cela lui importe peu. L'in-formation n'a jamais connu un tel développement et pourtant le narcissime moderne, comme l'explique Li-povetski, "apparaît comme une forme inédite d'a-pathie, faite de sensibilisation épidermique au monde en même temps que d'une indifférence profonde en-vers celui-ci, paradoxe qui s'explique partiellement par la plé-tho-re d'informations qui nous accablent et par la rapidité avec laquelle les événements traités par les mass-média se succèdent, empêchant toute émo-tion durable". L'individu actuel est com-plè-tement indif-fé-rent au monde qui l'entoure, non parce qu'il ne le con-nait pas mais parce qu'il le connait trop: "L'in-dif-férence postmoderne -poursuit Lipo-vetski- l'est par excès, non par défaut, par hy-persollicitation, non par privation".
Ce comportement a une explication anthropologique. D'après Arnold Gehlen, l'excès d'informations en-traîne un effet de "sollicitation excessive" provoquant une insensibilité progressive; le procesus de per-te de sens ne cesse donc de s'accentuer. Toute l'in-géniosité dont l'homme fait preuve pour structu-rer le monde en fonction des signaux qu'il en per-çoit, finit par disparaître (ou s'amenuise considé-ra-ble-ment) lorsque ces signaux se succèdent à une vi-tese et dans une quantité telles qu'il ne peut plus les appréhender. Aussi toute possibilité de signification dis-paraît-elle devant l'omniprésence de ce que Kon-rad Lorenz a appelé la "formation indoctrinée" et qui constitue un de nos huit péchés capitaux (Cf. Les huit péchés capitaux de notre civilisation, Flam-ma-rion). Et ainsi, l'idée de la participation, issue des "Lu-mières" devient, à travers l'information, à l'ère de la technique, une pure chimère; l'indifférence dé-truit le vieux rêve de la raison. Pour parler comme Bau-drillard, le sens implose.
Sociabilité et narcissisme
On observe une contradiction lorsque nous passons au domaine des comportements en société et à la ré-per-cussion qu'a, sur eux, la communication de mas-se. Dans l'optique moderne de la communicaiton, c'est un lieu commun de dire que celle-ci sert à en-ve-lopper ce que l'on appelle en sociologie le "pro-ces-sus de socialisation"; en d'autres mots, il s'agit des pro-cessus grâce auxquels l'individu apprend à s'in-té-grer dans la société qui l'entoure. Les théories les plus récentes —surtout après la condamnation des to-ta-litarismes par l'Ecole de Francfort— prétendent que cette socialisation est libre et accroît le sens criti-que de l'individu vis-à-vis des valeurs sociales do-mi-nantes.
Dans cette perspective, l'information devrait jouer un rôle important puisqu'elle dote l'individu des élé-ments de jugement qui lui sont nécessaires pour se mouvoir de manière critique parmi les valeurs de sa société. Cependant, non seulement on n'observe pas une plus grande intégration de l'individu mais il sem-ble même que, plus l'individu reçoit d'infor-ma-tions, plus il ressent des difficultés à "se socialiser", à s'intégrer dans la vie sociale.
La critique développée par les conservateurs fait fré-quemment allusion à une "crise des valeurs" qui fe-rait de la société contemporaine un lieu indésirable et dangereux. Pour Lipovetski, une telle carence des va-leurs n'existe pas, on assiste plutôt à la prédo-mi-nan-ce d'une valeur suprême, celle de l'individu et de son "désir de se réaliser", d'"être libre dans la me-sure où les techniques de contrôle social déploient des dispositifs de plus en plus sophistiqués et hu-mains". C'est cette valeur suprême, née pré-ci-sément de l'hypervaloration du sens critique de l'in-dividu fa-ce à la société qui fait que l'individu s'isole et se fa-çonne une sorte de petit monde ambiant. "Le sen-ti-ment communautaire —écrivent Faye et Rizzi— dis-paraît. L'Autre devient une abstraction. Les capa-ci--tés de sociabilité s'évanouissent. De nombreuses en-quêtes ont démontré jusqu'à quel point la télé a con-tribué à l'extinction des formes de vie com-mu-nau-taires. L'homme moderne ne sait plus ce qu'est l'en-vironnement, cette communauté de proches qui lui est éthologiquement indispensable".
Culture de masses et infra-culture
Une des fonctions primordiales attribuée par la cri-ti-que illuministe à l'information était de faire parvenir la vérité (la raison, la lumière) au plus grand nombre possible d'êtres. Elle pourrait garantir le bonheur de l'homme dans la mesure où elle lui permettrait d'ac-cé-der, de plus en plus, à la connaissance du monde. Mais le résultat en a été fort différent. Non seule-ment on n'a pas accédé à la connaissance du monde mais plus on prétend accroître l'audience d'un mes-sa-ge, moins le niveau culturel en est élevé. Il existe une proportion inverse entre la hauteur des messages culturels et l'ampleur possible de l'audience. Plus le message est élevé, moins il y a de gens pour le com-prendre. Plus on veut jouir d'une large audience, moins le niveau du message devra être élevé. D'une cer-taine manière, il s'agit d'une incompatibilité entre ce qui est étendu et ce qui est intense.
De cette situation découle un abaissement général du niveau culturel. D'après Habermas, "les effets de la com-munication de masse sont culturellement régres-sifs". Pour Régis Debray, "les mass-media as-su-rent la plus grande socialisation de l'ignorance pri-vée". Bau-drillard conclut: "L'information, au lieu de trans-former la masse en énergie, produit en-core plus de masse".
L'origine de ces dysfonctions se trouve dans deux théo-rèmes du système de pensée moderne. Le pre-mier est la croyance que l'ordre naturel de la vie (et, partant, de la culure également) fonctionne comme un marché: le meilleur produit culturel, comme le meil-leur homme politique ou la meilleure brosse à dents, sera celui qui suscitera l'unanimité la plus gran-de dans le public.
De la Vox populi à "l'effet Coluche"
Le deuxième théorème (nous pourrions presque dire "mythème") est celui qui donne origine au premier, comme à toutes les constructions théoriques qui concernent l'"opinion publique" et que l'on peut résu-mer par une expression ancienne: Vox populi, vox dei, "la voix du peuple est la voix de Dieu", expres-sion qui possède un sens quand, par peuple, on en-tend communauté, mais également un sens fort dif-fé-rent si, par peuple, on entend classe productrice (en termes chers à Dumézil: la troisième fonction). La bourgoisie a fait ample usage de cette expression à partir du XVIIème siècle en lui attribuant un sens qui corresponde à ses aspirations. Comme dit Julio Ca-ro Baroja, "nous avons tant de raisons de penser que la voix du peuple est la voix de Dieu que d'esti-mer que c'est la voix du Diable ou la voix des imbéciles".
Nous connaissons bien le résultat de cette manipu-la-tion: quantitativement, l'opinion d'un acteur ou d'un présentateur suscite plus de considération que celle d'un professeur, d'un philosophe ou d'un scientifi-que, non en raison de la personnalité du sujet mais en raison de sa fonction sociale, qui consiste à di-vert-ir le particulier. En France, on a appelé ce phé-no-mène "l'effet Coluche", du nom de ce pitre qui, grâ-ce à un discours hyper-humanitaire, prétendit de-ve-nir Président de la République. Quand cette logi-que se transplante sur le terrain culturel, la culture, com-me le politique ou le social, devient une marchandise.
Transparences et stratégies
Le quatrième cauchemar qui angoisse la société mé-diatique provient du rêve irréalisé de la raison: l'im-possibilité de transparence dans la communicaiton entre êtres humains. Toutes les idéologies des XVIIIè-me et XIXème siècles soulignaient la néces-sité d'élucider, en prenant la raison comme base, le réseau complexe de la vie, en abandonnant les cro-yan-ces irrationnelles et superstitieuses et en accédant à un niveau supérieur, celui de la connaissance trans-parente, par le truchement de laquelle les hom-mes parviendront à la compréhension rationelle, tout en dialoguant sans aucun préjugé.
Sur le plan politique, cette situation s'est traduite dans la transparence administrative; sur le plan inter-per-sonnel, la transparence se manifeste dans l'ab-sence de formalités, dans le tutoiement, dans l'indis-crétion. On doit tout connaître; s'y opposer, c'est agir contre la raison. La société de la communication totale n'est que le stade ultime de cette soif de transparence; pour Baudrillard, le processus historique qui domine avec la société médiatique est "cette lon-gue voie vers une traductibilité totale", chemin qui est celui de "la transparence superficielle de toutes les choses, de leur publicité absolue".
Cependant, la vie n'est pas transparente, les hom-mes non plus et, par conséquent, la communication ne peut l'être. La psychologie (surtout la psycho-lo-gie jungienne et la néo-jungienne) a prouvé à quel point, dans l'esprit de chaque homme, on trouve des prédispositions déterminées qui rendent totalement opaque son intimité ultime; et, simultanément, ces prédispositions agissent de telle sorte que cet homme aborde l'autre interlocuteur de front comme s'il s'a-gissait d'un combat. Ces attitudes ont été appelées "stra-tégies" bien que la majorité d'entre elles soient inconscientes.
L'Ecole de Palo Alto
Les théoriciens de l'Ecole de Palo Alto (Bateson, Watz-lawick) ont démontré de quelle manière tout co-de de communication est en soi "un régulateur de relations de pouvoir" inséparable du système culturel auquel il appartient. Les éthologistes en ont donné une bonne explication. La transparence n'existe pas et encore moins dans les milieux de masse, où la règle est la stratégie du communicateur. De cette ma-nière, une stratégie faisant face à une stratégie, la com-munication dans la société de masses devient un flux circulaire de discours irréductibles. Le con-sen-sus est une illusion. Jürgen Habermas a essayé d'es-qui-ver cet écueil en proposant un "horizon commu-ni-catif" qui pourrait faciliter le consensus à l'ombre de la Raison Universelle. Cette attitude ne relè-ve que d'une pure accélération dans le vide car si quel-que chose démontre bien l'impossibilité de la trans-parence, ce quelque chose, c'est précisément l'inexis-tence d'une telle raison.
Expériences de seconde main
Le problème ne se situerait pas dans la communi-cation mais, comme on l'a noté auparavant, dans le canal technique de masses, dans la mesure où celui-ci isole l'individu de la réalité en l'empêchant de l'ex--périmenter. De cette façon, l'homme "technifié" est un autre type d'homme dont les capacités pour la perception et pour une assimilation de la réalité sont fort différentes de celles de l'homme qui vivait il y a seulement quelques générations. Cette mutation an-thro-pologique est facilement perceptible aujourd'hui chez les enfants. "L'enfant est abandonné dans un con-texte permissif, seul et libre face aux médias et aux appareils électroniques. Il erre parmi une jungle de signes, qu'il peut comprendre techniquement mais dont il n'obtient aucune sens. Il devient un néo-primitif. Drogué par les médias, il voit sans ces-se un écran artificiel dressé entre lui et le mon-de… Il faut craindre que les générations qui ont re-çu ce type d'éducation ne soient plus capables d'é-valuer la réalité, de décoder le monde extérieur: la pas-sivité collective naît de l'abrutissement individuel".
Serait-il saugrenu de mettre ceci en relation avec l'in-dice élevé d'échecs scolaires que l'on peut noter parmi les générations éduquées, dès leur plus jeune âge, devant le téléviseur? La communication média-ti-sée par la technique crée des expériences de seconde main dont l'effet se devine: culturellement involutif et individuellement domesticateur.
Déréalisation et fragilité
C'est l'anthropologue allemand Arnold Gehlen qui a vu à quel point l'hypermédiatisation ne laissait sub-sis-ter de la vie que ces expériences de seconde main. Gehlen signale que, sans expérimentation directe, l'hom-me cesse de s'auto-construire. Il tombe dans un état de dépendance psychologique. Les sociétés oc-ci-dentales, par conséquent, se trompent en se cro-yant mûres; elles ne se rendent pas compte de leur extraordinaire fragilité physiologique, fragilité qui les laisserait sans recours si, subitement, les techni-ques de médiatisation venaient à manquer. "Aujour-d'hui, tout est sens dessus dessous: les media sup-pri-ment facilement le vécu et le symbolisent de ma-niè-re incomplète. De là, une fragilité plus grande de l'homme contemporain face à la mort, le combat, la peine, la crise collective…".
Tout cela crée des mentalités très particulières. Une de celles-ci, peut-être la plus frappante, est l'attitude qui se situe à mi-chemin entre le nihilisme et le stoï-cisme que Mario Perniola croit discerner dans le mou-vement punk. Ce mouvement serait un ré-sul-tat du bombardement médiatique et de l'indifféren-ce qui en découle. Il naît ainsi un comportement de refus aveugle et passif, dépourvu de sens mais qui, de temps à autre, se fait bruyamment entendre. Tout ce-la provient de l'impossibilité du système mé-dia-tique à fabriquer la réalité et à la doter de sens. Comme l'explique Baudrillard, "la demande d'ob-jets et de ser-vices peut toujours être suscitée artifi-ciel-lement… mais le désir de signification, quand il est absent, le désir de réalité, quand il se met à man-quer de tous côtés, ne peuvent être comblés et cons-ti-tuent un abîme définitif". Nous sommes plon-gés dans cet abî-me. La technique nous y a mis; et la technique ne nous laisse pas en sortir. Le problème se situe-t-il dans la technique elle-même, dans son es-sence, dans son utilisation sociale ou, même, dans la manière de concevoir la technique et la commu-nication?
Le problème de la technique
Carl Schmitt disait que "culturellement, la technique aveugle". En effet, si elle ne rend pas aveugle, il est in-discutable que la technique moderne, appli-quée à la communication, amenuise considéra-ble-ment les ca-pacités de l'homme à appréhender le mon-de. Tout me-dia, tout élément que nous utilisons pour intercé-der entre nous et le monde, modifie no-tre perception de celui-ci et même la relation physio-lo-gique que nous entretenons avec lui. Le cerveau prend note de cette modification et la met en prati-que, il la fait se répercuter dans le comportement or-ga-nique.
Ce processus s'est déroulé avec la première hache en silex et se répète exactement de la même façon avec l'ordinateur: le nouveau système de médiation conti-nue à exercer des transformations sur l'organisme et le psychisme. En réalité, la différence se situe dans le fait que les nouveaux médiateurs ont remplacé les précédents avec une rapidité inouïe (il n'a fallu qu'une génération) et dans le fait que leur pouvoir quantitatif de transformation de l'organisme puisse toucher toutes les cultures d'un seul coup.
Konrad Lorenz a examiné ce phénomène avec une inquiétude explicite: "Si le développement culturel poursuit sa course à une vitesse supérieure à celle du développement phylogénétique et, malgré tout, obéit à des lois similaires, il est très probable qu'il (le dé-veloppement culturel) puisse mener à une phylogé-nè-se allant dans son sens, c'est-à-dire, dans une di-rec-tion similaire. Vu les circonstances de notre or-dre technocratique mondial, cette direction semble con-dui-re, sans nul doute, vers le bas".
L'analphabétisme informatisé des handicapés réceptifs
Ces nouvelles formes de mass-médiatisation accen-tuent la distance qui nous sépare de la "nature", mais, en plus, elles nous éloignent également de no-tre corps. Il ne s'agit pas seulement qu'apparaisse ce que Joseph Weizenbaum appelle l'"analphabétisme informatisé", c'est-à-dire, l'analphabétisme de ceux qui sont considérablement incultes sur le plan géné-ral mais très compétents en informatique —c'est ce qu'Ortega y Gasset a appelé la "barbarie du spécia-liste". Le problème ne se situe pas non plus unique-ment dans le fait que —comme l'écrit Ri-cheri— "l'usage de l'ordinateur favorise une repré-sentation linéaire et non dialectique de la réalité et in-hibe la capacité critique de celui qui l'utilise".
Le véritable problème, la question réellement préoc-cu-pante que soulève la technique d'information de mas-ses, en tant qu'intermédiaire entre nous et le mon-de, est qu'elle nous éloigne de notre propre cer-veau, de notre propre capacité à donner forme au mon-de que nous voyons et à créer les modèles permettant de l'appréhender. Faye et Rizzi écrivent: "Nous pouvons déjà voir à quel point les individus nés dans un environnement hyper-médiatisé (environnemental et audiovisuel) sont des handicapés ré-cep-tifs, équipés de gadgets technologiques qui leur per-mettent de survivre".
Nous avons créé des formes de connaissance qui se développent plus rapidement que nous, qui nous sup-plantent et qui nous convertissent en êtres limités par rapport à un état antérieur. La communication de masse, au sein d'une société dans laquelle dominent le quantitatif, l'hédonisme et la conception marchan-de de la connaissance, se transforme en un facteur me-naçant de décomposition. D'une certaine façon, c'est comme si nous devions reculer organiquement alors que nous sommes allés si loin d'un point de vue technologique. Qui a parlé de progrès?
La technique pour quelles valeurs?
Cependant et comme on l'a déjà signalé, il serait er-ro-né de faire endosser à la technique la respon-sa-bi-li-té de tous les maux. Toutes les théories définissant la technique comme un "mal", oublient que le fait techni-que est consubstantiel à la nature humaine et que l'homme ne serait pas homme sans ces éléments techniques, qu'il s'agisse du char à bœufs ou du té-les-cope. Pourtant, il serait naïf de croire, à l'instar de certains courants libéraux et marxistes, que la techni-que est un élément neutre en soi, et que tout dépend de son utilisateur et de ses objectifs, en pré-sup-poant que la technique sera bonne si on l'utilise au nom du progrès et mauvaise si on l'emploie pour exercer une domination ou quelque chose de sem-bla-ble. Ce point de vue est naïf car, d'abord, de nom-breux crimes ont été commis au nom du progrès et, ensuite, parce qu'un des traits caractéristiqes de la technique dans le monde moderne est d'être, en soi, un instrument de domination, en marge de celui qui l'utilise.
La solution serait peut être de voir dans la technique un fait de civilisation, la manifestation d'une manière déterminée de voir le monde; cette manifestation peut revêtir l'une ou l'autre forme ne dépendant pas de l'utilisateur mais de l'ordre des valeurs dominant. D'a-près Heidegger, dans le monde grec, la techni-que avait une fonction révélatrice de la réalité, de con-naissance, mais pas de domination du monde (ou du moins de faible domination, de domination sans possession); dans le monde moderne, au contraire, elle a une fonction exclusive de domination et toute connaissance s'y subordonne. Ce changement d'une conception à une autre est, de fait, parallèle à l'essor des conceptions modernes pour lesquelles toute l'his-toire est une ligne ascendante qui conduira l'hom-me à la domination du monde et au bonheur, dans une utopie universellmeent réalisée. C'est pré-ci-sément la même idéologie progressiste, indivi-dua-liste et universaliste qui a donné naissance à toutes les contradictions mentionnées ci-dessus.
En effet, toutes les dysfonctions qui affectent la so-ciété de l'information ne constituent pas tant un pro-duit direct de la communication à travers la techni-que, qu'un résultat, celui d'une manière déterminée de comprendre le monde. Une façon de comprendre le monde définie par l'individualisme, l'universa-lis-me, la tendance à l'homogénéisation, la foi aveugle dans la raison et la science, le sens quantitatif des cho-ses, la prétention progressiste à faire advenir une utopie rationnelle. Une manière de comprendre le mon-de qui, en termes généraux, correspond à ce que nous pourrions appeler "idéologie de la modernité" et qu'aujourd'hui, on nous désigne comme une idéologie largement hétérotélique où la distance en-tre l'objectif à atteindre et le but réellement atteint est énorme.
Vers l'implosion finale?
Et comme cet abîme est incontournable, la commu-ni-cation technique essaie de le surmonter en offrant des simulacres, des farces, le spectacle omniprésent de "ce qui devrait être". En vain. L'individu cher-che, dans les media, le "monde ouvert", la "so-ciété transparente" dont on lui parle. Il ne trouve rien. Et comme plus il se sent isolé, plus il s'a-bandonne aux media, "sa personne, disent Faye et Riz-zi, se ferme dans l'illusion dramatique de l'ouver-ture… Pareils à des mouches enfermées dans un bo-cal renversé, les individus s'efforcent de toucher ce monde extérieur, cette société ouverte, qu'ils voient mais qui n'existe pas".
Ainsi, il s'agit d'un problème de conception du mon-de. Et concrètement, la question de savoir com-ment dépasser la vision moderne du monde. Des solutions? Peut-être n'y en a-t-il pas. Peut-être cela exi-gerait-il des efforts et des volontés collectives qui ont déjà disparu de notre civilisation. Peut-être, par conséquent, serons-nous condamnés à voir, sur no-tre téléviseur, le simulacre gigantesque de ces socié-tés qui, dépourvues de tout sens historique et de tou-te capacité de mobilisation, ont perdu la possibilité de s'auto-représenter et attendent l'implosion finale comme ultime et définitif spectacle - mais qui sera peut-être le plus beau.
Javier ESPARZA.
(texte tiré de Punto Y Coma n°8, 1987. Traduction française de Nicole Bruhwyler).
Adresse de Punto y Coma, Apartado de Correos 50.404, E-28.080 Madrid.
Bibliographie:
Nous renvoyons le lecteur à l'édition originale de ce texte pour les références espagnoles. Ci-dessus, le lec--teur trouvera une bi--blio-graphie succincte, se rap-portant au thème et son exploi-ta-tion.
Daniel BELL, Les contradictions culturelles du capitalisme, PUF, Paris, 1979.
John NAISBITT, Megatrends. Ten New Directions Trans-for-ming Our Lives, Futura/Mac Donald, London/Sidney, 1984.
Régis DEBRAY, Le pouvoir intellectuel en France, Ramsay, Pa-ris, 1979.
Gilles LIPOVETSKY, L'ère du vide. Essais sur l'indivi-dua-lisme contemporain, Gallimard, Paris, 1983.
Jürgen HABERMAS, Strukturwandel der Öffentlichkeit, Luch-ter-hand, 1962-80.
Jean BAUDRILLARD, La société de consommation, Galli-mard, coll. "Idées" n°316, 1974.
Jean BAUDRILLARD, A l'ombre des majorités silencieuses ou la fin du social, Utopie, Paris, 1978. 2ème éd.: Denoël/ Gon-thier, coll. Médiations n°226, Paris, 1982.
Christopher LASCH, Le complexe de Narcisse. La nouvelle sensibilité américaine, Robert Laffont, Paris, 1981.
Guillaume FAYE et Patrick RIZZI, "Vers la médiatisation totale", in: Nouvelle Ecole, n°39, automne 1982.
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samedi, 31 janvier 2009
"Pour une sociologie de l'ethnicité"
« Pour une sociologie de l’ethnicité » : un sociologue rompt le tabou de l’ethnie
Albert Bastenier est professeur au département des sciences politiques et sociales de l’Université catholique de Louvain (Belgique). Dans le (long) article reproduit ci-dessous, il prend acte des effets de l’immigration massive en Europe de populations issues du tiers-Monde, à la différence de certains démographes et politiques qui s’efforcent de nier cette substitution de population. L’auteur voit dans ce bouleversement démographique un phénomène irréversible et ne cherche pas à dissimuler les implications considérables qu’il génère. Loin du discours publicitaire sur les beautés du métissage, il ne porte aucun jugement de valeur sur ce phénomène qu’il se contente d’enregistrer froidement (avec un indubitable fatalisme) en s’efforçant d’en tirer un certain nombre de conclusions. Affirmant que l’intégration républicaine traditionnelle est morte il propose de réévaluer la notion d’ethnicité, mise à mal par les universalistes républicains qui y voient le syndrome de la « peste communautaire » ou du « racisme ». Un discours en rupture (partielle) avec l’idéologie dominante.
Au cours des derniers mois, La vie des idées a publié diverses contributions consacrées au thème de l’identité, dont récemment un texte de Mirna Safi intitulé « L’usage des catégories ethniques en débat ». Il rendait compte du dossier que la Revue Française de Sociologie (2008, 49/1) a consacré aux discussions à propos de l’usage des catégories ethniques dans les sciences sociales. Il y était surtout question de la controverse au sujet du recueil de statistiques ethniques. Dans une perspective complémentaire, nous voudrions revenir sur la question en l’élargissant pour montrer que, comme catégorie d’analyse du social, l’ethnicité est loin de ne concerner que les statistiques.
S’il est vrai que la légitimité de l’instrument de recherche que constituent les statistiques ethniques devrait normalement finir par emporter l’adhésion, à lui seul il ne saurait toutefois prétendre englober l’ensemble des raisons qui justifient une réévaluation de la notion d’ethnicité dans le cadre des discussions que mènent les sciences sociales au sujet des identités. Réduite à cela, la question de l’ethnicité risque même de ne pas voir exploité tout le potentiel intellectuel qu’elle contient. On perdrait en tout cas une grande partie de son bénéfice si on ne voyait pas que, loin de ne permettre qu’un meilleur ciblage des politiques sociales antidiscriminatoires, elle jette aussi les bases d’une réflexion qui permet de mieux comprendre certains des rapports sociaux parmi les plus caractéristiques que génère actuellement l’Europe des migrations.
Ce ne sont, en effet, rien moins que les sources du peuplement continental lui-même qui sont occupées à se transformer par le biais des flux de population que la mondialisation intensifie et diversifie. Et parce qu’elle entraîne une recomposition et une requalification des interactions sociales au sein des populations du vieux continent, c’est de cette nouvelle donne démographique qu’il s’agit de saisir tous les enjeux.
Que les sources et les modalités du peuplement européen connaissent actuellement une profonde mutation, même les chercheurs peu enclins à accorder leurs faveurs aux thèses du multiculturalisme, l’admettent : liée au phénomène de leur vieillissement et de leur fécondité faible, la dépendance démographique des sociétés européennes est de plus en plus évidente. Selon Michèle Tribalat [1], ne fût-ce que le maintien de la population à son niveau actuel ne pourra venir que de la permanence d’un apport démographique externe. En outre, les données fournies par Eurostat permettent de dire que même dans le scénario d’une croissance démographique faible de l’Union à l’horizon 2030 (de 463 à 469 millions pour UE-25), celle-ci sera à mettre au seul crédit de l’immigration. On a là un véritable processus de substitution démographique et, en l’absence d’une hypothétique revivification de la fécondité des Européens, l’immigration est donc, selon l’expression suggestive de M. Tribalat, un « médicament à vie ». Elle souligne enfin que l’immigration suppose évidemment des répercussions importantes au sein des sociétés européennes, notamment sur la reconstruction des codes sociaux dans l’espace public.
Les conclusions auxquelles parvient François Héran [2] expriment des choses fort proches quoique avec un accent un peu différent : la démographie, dit-il, fait partie de ces instruments libérateurs qui permettent de s’extraire des vues étroites et voir que la part croissante des migrations dans la population européenne est un phénomène inéluctable. Le brassage des populations est en marche et rien ne l’arrêtera. Il n’y a pas à se demander s’il faut être pour ou contre. La seule question qui vaille est de savoir comment l’aider à se réaliser dans les meilleures conditions. Mieux vaut se préparer à ce brassage des natifs et des immigrés que de s’enfermer dans sa dénégation volontariste. C’est ensemble qu’il leur faudra croître et vieillir et, au lieu d’agiter l’image d’un spectre qu’il faudrait écarter, la sagesse est d’amener les esprits à y faire face.
Mais précisément, pour faire face, de quels discours disposons-nous ? A l’aide de quels concepts et cadre intellectuel cherchons-nous à penser l’avenir et les phénomènes collectifs complexes, souvent mal vécus, qui se développent dans le sillage des flux migratoires ? A ce monde neuf, de plus en plus hétérogène et caractérisé par la coprésence de plusieurs cultures sur le même espace, il faut fournir les moyens de se connaître, de jeter un regard lucide sur la réalité plutôt que de le laisser vivre dans la nostalgie d’un modèle d’intégration sociale qui ne fonctionne que de plus en plus mal.
C’est à cet égard qu’il y aurait avantage à en venir à une prise en considération dépassionnée de la potentialité intellectuelle contenue dans les catégories de l’ethnicité [3]. Dès lors que l’on admet que l’immigration fait partie des sources du peuplement européen, il s’impose de réfléchir, comme le dit M. Tribalat, sur les principes qu’adoptera l’Union dans la gestion de la diversité ethnoculturelle. Toutefois, même si on peut formuler des réserves à l’égard du multiculturalisme radical [4], n’est-ce pas une désinvolture peu propice à une telle réflexion que de se contenter, comme elle le fait, de qualifier les immigrés de simples « pièces rapportées » dans les sociétés européennes ? La théorie politique du multiculturalisme mérite plus qu’une mise en congé expéditive et, en l’occurrence, les catégories de l’ethnicité peuvent contribuer à l’approfondir et problématiser avec lucidité le nouveau monde social auquel nous avons affaire.
Même si elle commence par déplaire à beaucoup qui n’y voient qu’une atteinte à leur modernité et une concession à ce qu’ils appellent la « peste communautaire », l’anthropologie contemporaine – à commencer par la contribution décisive de Fredrik Barth [5] – nous a fourni des motifs suffisants pour revisiter la notion d’ethnicité. En ceci notamment que, si l’on veut bien abandonner la perspective intellectuelle statique et substantialiste qui en fait un quasi-équivalent de la race, on est loin de devoir comprendre cette notion comme une concession au communautarisme qui s’oppose aux idéaux républicains. En envisageant l’ethnicité non pas comme un patrimoine culturel statufié qui enchaîne les individus, mais de manière dynamique comme un processus social – c’est-à-dire comme une forme de l’action- au travers duquel les différents groupes humains devenus coprésents sur un même espace se perçoivent, se maintiennent ou transforment leurs frontières et leurs sentiments d’appartenance, on peut y discerner tout autre chose que l’expression d’un archaïsme cherchant à préserver des traditions culturelles rétives au compromis.
La tradition sociologique nous a tellement persuadés que l’évolution vers la modernité équivalait à un passage des communautés ethniques vers les sociétés nationales, que nous éprouvons quelque difficulté à accepter que l’on puisse aller aujourd’hui de la nation vers l’ethnicité. Et pourtant, il a une logique à ce qu’elle revienne au centre de la réflexion sociale dès lors que la mondialisation nous place dans une séquence historique où la coprésence de multiples cultures sur un même territoire devient un phénomène socialement aussi important que l’ancienne situation où les cultures différentes restaient pour l’essentiel confinées dans des espaces distincts. Ce sont donc les sociétés les plus modernes qui ne sont plus ethniquement homogènes et qui, en cela, diffèrent des sociétés traditionnelles et des tribus qui, elles, pouvaient l’être.
Face à cette situation, il ne s’agit pas de développer une rhétorique enthousiaste sur les beautés de l’hétérogénéité culturelle, mais d’y reconnaître la réalité en se demandant si, en utilisant la notion d’ethnicité, on ne parvient pas à mieux comprendre les enjeux liés à l’hétérogénéisation du vieux continent. Et à intervenir aussi avec plus de lucidité dans des situations et des luttes que l’on rejoint non pas en fonction de ses goûts et préférences, mais en raison de leur existence et de leur urgence.
Mais tentons d’abord de définir ces situations et ces luttes. Le dernier quart du XXe siècle, avec la tiers-mondisation des flux migratoires, fut le moment où commencèrent à être perceptibles certaines implications culturelles de la mondialisation. Ces flux ont en effet entraîné une recomposition culturelle de la population plus intense que le vieux continent n’en avait connue depuis longtemps. Ils ont également introduit les ingrédients d’une situation qui peut être qualifiée de postcoloniale parce que, parmi les immigrés, le ressentiment culturel des anciens colonisés parvient à se manifester sur la scène publique. Comme le montrent les « études postcoloniales » [6], c’est sur la trame d’un tel contentieux que se reconstruisent localement les identifications collectives et les rapports entre anciens mentors et pupilles coloniaux. Dans cette nouvelle séquence de l’histoire des sociétés européennes qui se reconfigurent en même temps qu’elles se repeuplent, il ne viendrait évidemment à l’esprit de personne de nier l’importance des composantes économiques et politiques qui hiérarchisent les différents groupes mis durablement en présence. On ne peut néanmoins minimiser l’importance de la dimension culturelle qui s’y adjoint et, surtout, ne pas observer qu’il y a des cultures qui confèrent de la dignité et de la puissance sociale tandis que d’autres confinent dans la faiblesse et la subalternité.
Toutefois, pour une sociologie réaliste qui quitte le terrain de la société conceptuelle pour rejoindre celui de la société réelle, il n’y a à vrai dire pas là une grande découverte : les sociétés humaines sont et restent des ensembles complexes de pratiques économiques, politiques et culturelles enchevêtrées, inégalement et imparfaitement unifiées, impliquant en même temps des solidarités et des antagonismes. Cependant, si un tel ensemble est générateur de conflits, il rend aussi particulièrement délicat tout discours sur l’intégration. Toujours cette dernière est poursuivie comme un bien souhaitable, mais elle n’est jamais qu’une intégration conflictuelle et partielle, à la manière du travail historique de la liberté qui lui-même prend souvent la forme d’une opposition à la domination. Ce qui compte le plus à partir de là, c’est de voir que, dans l’Europe actuelle, les appartenances culturelles en sont venues à jouer un rôle stratégique. Chacun des groupes en présence a tendance à réutiliser dans son patrimoine culturel et son passé – réel ou imaginaire – ce qu’il juge le plus approprié en vue d’affronter les défis du présent. Ceci revient à dire que les rapports de hiérarchisation culturelle dans l’Europe contemporaine résultent d’une coprésence spatiale où aucun des groupes en présence n’est plus à même d’être lui-même indépendamment de l’autre.
Ce constat nous place au cœur du processus de catégorisation mutuelle qu’est la logique ethnique. De part et d’autre, les acteurs cherchent à se positionner à l’aide, notamment, des représentations qu’ils se forgent au sujet de leur propre culture et de celle des autres. Les anciens Européens et les nouveaux arrivants suscitent ou transforment des identités, des affiliations et des appartenances en fonction d’objectifs qui ont du sens pour eux. Du côté des uns pour défendre les droits acquis de l’autochtonie. Et du côté des autres pour revendiquer une place respectable dans la société de leur transplantation. A l’aide d’un ensemble de traits culturels, spirituels et matériels parmi lesquels on peut retenir des choses comme la langue, le style de vie, une histoire partagée, la religion ou aussi des critères vus comme ceux de la dignité morale, tous ces acteurs réutilisent les dimensions symboliques de leur mémoire en vue de mieux affronter les enjeux de leur monde actuel. Pourquoi d’ailleurs faudrait-il s’en étonner jusqu’au point de ne pas l’admettre ? Aux côtés des déterminants économiques et politiques, en le combinant avec eux, ne convient-il pas de prendre en compte l’impact du facteur culturel comme source de différenciation et de hiérarchisation sociales ? Et pourquoi dans le domaine des pratiques culturelles davantage que dans celui des pratiques économiques ou politiques faudrait-il postuler que, pour fonctionner, les sociétés devraient disposer d’une assise épargnée par les tensions et les rapports de force ? Ce qui empêche de le penser, ne serait-ce pas le fait que, dans la sociologie française, sur fond d’universalisme abstrait et de jacobinisme, l’idée d’intégration républicaine a intellectuellement joué un rôle comparable à celui qu’avait joué l’idée de dictature du prolétariat dans la sociologie marxiste orthodoxe ?
S’il est exact qu’en adoptant la notion d’ethnicité l’analyse ne se préoccupe plus d’abord de savoir selon quelles procédures les immigrés abandonnent leur identité d’origine en vue de s’intégrer, ce n’est pas pour autant que l’on abandonne l’idée qu’il faut explorer les mécanismes qui président à la réintégration globale des sociétés élargies par l’immigration. La problématique est toutefois renversée : on se demande plutôt pour quelles raisons il ne faut plus s’attendre à ce que les immigrés, par une démarche d’assimilation, se transforment comme autrefois en autochtones. Et ceci non pas parce que, comme catégorie analytique de l’action, la notion d’ethnicité viserait à comprendre la rémanence d’identités intangibles qui auraient été réprimées et demanderaient à être réhabilitées. Ni non plus parce qu’elle affirmerait une volonté de sauvegarde des cultures comme on cherche à assurer la survie d’espèces naturelles menacées. Parce que nous sommes placés tout autrement qu’hier face à la question de la rencontre des cultures, ce que l’on cherche à comprendre, ce sont plutôt les interactions qui se construisent entre des acteurs culturellement différents mais placés dans une situation d’interdépendance irréversible. À l’opposé d’un passéisme, l’ethnogenèse dont il est question est donc synchrone avec la mondialisation qui signe la fin du monoculturalisme et fait passer l’Europe contemporaine dans une situation de pluriculturalité.
Il faudra bien finir par admettre qu’appeler unilatéralement les immigrés à s’intégrer aux sociétés européennes telles qu’elles fonctionnent actuellement, revient à leur demander de rallier la culture dominante comme on se convertirait à une religion. Et pour les sciences sociales, c’est continuer à faire comme si elles ne savaient pas que nombre de sociétés qui ont cherché ou cherchent encore à se bâtir sur la seule affirmation des exigences intégratrices d’une citoyenneté qui n’existe pas vraiment, choisissent en réalité de fonctionner sur l’inégalité, l’injustice et même l’ostracisme contre lesquels elles disent pourtant vouloir lutter. Si ces sciences veulent tenir un discours qui ait du sens, ce devra donc en être un autre, qui parvienne à montrer comment des populations diverses par leurs origines mais rassemblées sur le même territoire, se brassent et s’agrègent tout en développant entre elles les contradictions de la différenciation et de la hiérarchisation sociales où interagissent des différences culturelles, des inégalités économiques et les statuts politiques des uns et des autres. Tant du côté de la majorité que des minorités, les nouvelles solidarités et affiliations surgissent toujours en réponse aux lacunes ou aux échecs de la représentation démocratique, créant pour cela des stratégies de reconnaissance.
Ce n’est bien entendu que dans la mesure où elles rendent plus intelligibles les pratiques sociales caractéristiques des sociétés où les appartenances culturelles connaissent un nouveau développement que les catégories de l’ethnicité s’avèrent utiles. C’est-à-dire en référence avec un principe d’organisation de la totalité sociale qui fait ressortir la logique structurelle de la saillance ethnique. C’est pour ce faire qu’il faut réinterroger la théorie de l’action et s’enquérir du rôle qu’elle reconnaît à la culture dans la construction des rapports sociaux, c’est-à-dire aux acteurs comme sujets réflexifs et imaginatifs, producteurs de signes et de représentations à l’aide de quoi ils cherchent à orienter leur monde plutôt que de simplement le subir. Dans une visée heuristique, on peut alors appeler société ethnique celle où la dimension culturelle de l’agir humain s’affirme comme un ressort spécifique des processus collectifs et où de nombreux acteurs sont placés dans des rapports qui les incitent à remanier leurs identités, concevoir de nouvelles appartenances symboliques et produire divers dispositifs organisationnels qui en sont l’expression.
Pour expliciter cela d’une manière analogique, on pourrait dire que de la même manière que l’on a pu appeler société de classe celle qui, à partir du XIXe siècle et sur arrière-fond d’industrialisation capitaliste, a organisé socialement la conflictualité des statuts économiques, on peut appeler société ethnique celle qui, à la fin du XXe et sur arrière-fond de mondialisation, organise socialement la conflictualité entre les différents statuts culturels. Et que la conscience que l’on a de cette situation dans les différents segments de la population y supplante celle de la classe comme médium principal à partir de quoi les acteurs systématisent leur condition. Il ne faut pas prétendre que le facteur culturel en vient à se substituer au facteur économique dans la hiérarchisation sociale. Mais admettre qu’il y joue toutefois un rôle de plus en plus important qui complexifie davantage les rapports sociaux. On peut y voir une nouvelle configuration de la question sociale.
Dans le domaine scolaire, par exemple, l’analyse ethnique met en lumière que l’on s’y trouve aux prises avec l’une des institutions emblématiques par excellence des enjeux de la culture. Elle est chargée de la double mission de qualifier culturellement les individus qu’elle instruit en même temps que de disqualifier ceux qui ne répondent pas à ses exigences. Et parce que les établissements scolaires fonctionnent selon une logique de quasi-marché, on sait depuis longtemps qu’ils ne distribuent pas équitablement leurs bienfaits. En reconnaissant la chose, on n’a toutefois encore rien dit à propos des opinions qui expriment leur consternation au sujet d’une baisse du niveau scolaire liée à la présence des enfants d’immigrés. Pourtant, là est perceptible la compétition ethnique pour la captation des ressources éducatives. Les dires majoritaires témoignent d’une transformation de leurs attentes sociales. Ils veulent que les établissements scolaires concrétisent une différenciation entre eux et les « autres ». Leur souci est de garder le contrôle sur l’accès aux établissements les plus convoités, au cœur de la machine ethnonationale distributrice des prestiges de la culture. La préoccupation d’un statut avantageux durable se traduit dans une stratégie scolaire du groupe majoritaire qui vise à entretenir la frontière qui le sépare du groupe minoritaire. Se donne ainsi à voir le jeu des compatibilités et des incompatibilités symboliques au centre du processus ethnique. Par contre, pour nombre d’écoliers issus de l’immigration, les interactions sociales propres à l’enfance qui devaient être leur parcours initial dans la citoyenneté deviennent un détour par l’échec, l’épreuve publique que, jeunes encore, ils font de leur dévalorisation culturelle. L’école, dit Françoise Lorcerie [7], enferme les jeunes minoritaires dans les frontières de leurs origines. Il ne suffit donc pas de dire que l’école voit le processus ethnique pénétrer par capillarité dans ses murs. Elle est elle-même l’un des espaces où, au travers d’expériences scolaires hiérarchisées, ce processus pose les bases de sa construction. Et on ne s’étonnera pas que, pour ces jeunes, l’école soit fréquemment perçue comme une imposition sociale humiliante qu’ils vivent comme la domination culturelle toujours active des sociétés ex-colonisatrices. La considération dérisoire qu’affichent régulièrement les jeunes minoritaires à l’égard de l’école ou, plus gravement, la violence qu’y font exister certains, peut alors être vue comme l’expression réactive à l’humiliation qu’ils y éprouvent.
Que l’affaire du foulard se soit déclarée, elle aussi, dans l’enceinte scolaire n’est pas chose anodine. Ce n’est pas par hasard que ce soit sur cette scène éminemment symbolique que des jeunes filles ont tenté d’introduire cette pièce d’habillement. Elle est, en effet, expressive d’un défi ethnique adressé à la laïcité, elle-même non moins expressive de l’identité ethnique républicaine. Certes, il y a une diversité de motivations dans le port du voile islamique. Il s’agit d’une pratique complexe qu’il serait téméraire de réduire à une univocité de signification. Mais si, ici, on accorde prioritairement l’attention à l’antagonisme identitaire qui s’y manifeste plutôt qu’aux divers contenus que ses partisans ou ses adversaires y discernent, c’est parce que, à partir du paradigme ethnique, la dimension polémique entre les valeurs invoquées de part et d’autre n’a valeur que d’instrument : le motif que l’on se donne pour édifier des frontières et organiser socialement la différence. La pièce vestimentaire que d’un côté on exhibe et à laquelle de l’autre on s’oppose, est surchargée de messages contradictoires et vise, paradoxalement, soit par l’affirmation soit par l’interdiction, d’abolir les sources d’une ségrégation. Les portes de l’école deviennent ainsi la frontière de l’universalisme égalitaire, tandis que le voile devient le symbole frontalier d’une exigence de respect des identités différentes. Aux yeux de la majorité, la perception des minoritaires en est transformée : par leurs filles, ils font publiquement état de ce qu’ils vont jusqu’à prétendre à une renégociation de ce qui définit les sphères du privé et du public. Nacira Guénif-Souilamas [8] a bien mis en lumière l’ambivalence de cette situation, montrant que, lorsque l’interdit est placé sur certaines manifestations symboliques de la dignité culturelle des origines, la domination ethnique des majoritaires est contestée par la confrontation dont ces jeunes filles se font les protagonistes. Dans cette opposition, il n’y a pas ceux qui ont raison et ceux qui ont tort. Il y a deux légitimités culturelles qui s’affrontent et qui prennent les filles à témoin du malentendu en les sommant de prendre parti. On peut penser que, d’abord déchirées par ce choix impossible, elles mettent ensuite en scène à l’école l’ébauche des réponses personnelles actuellement possibles et, sur la ligne de crête entre une ethnicité subie et une ethnicité voulue, elles tentent finalement d’ouvrir un espace de liberté.
Outre le rôle d’acteur ethnique joué respectivement par l’État-nation auquel la religion musulmane répond à la manière d’une « patrie portative », d’autres exemples d’interactions pourraient encore être évoqués. Il en va ainsi des politiques urbaines dans les « villes globales », où la conflictualité entre les classes sociales semble en définitive ne plus être ressentie comme aussi menaçante pour la démocratie que celle entre les cultures. On pourrait parler aussi de l’ethnostratification du marché du travail dont témoignent le différentiel des salaires et la discrimination à l’embauche. Si la rivalité entre salariés autochtones et immigrés n’a pas été sans entraîner des contradictions au sein des organisations syndicales elles-mêmes, c’est parce que la question sociale y est restée durablement posée dans des termes exclusivement socioéconomiques, ce qui postulait que, pour y trouver leur place, les immigrés devaient accepter d’oublier leur identité ethnoculturelle au profit de celle de travailleur.
Ainsi, au cours des dernières décennies, diverses expressions de l’ethnicité ont transparu dans les rapports entre majorité et minorité culturelles [9]. Elles tendent certes à définir des frontières entre « eux » et « nous », mais elles montrent en même temps que cette forme de relations clôturées relève moins d’une pure logique de séparation que d’une tension dans l’interdépendance. Les frontières ne font donc pas que séparer et ségréguer. Elles organisent aussi l’interaction dans la contiguïté dès lors que les différents groupes ne disparaissent pas par la simple absorption de l’un par l’autre. On peut donc dire que, même si c’est dans la rivalité et le conflit, l’ethnicité est un mode d’organisation sociale de la différence. Les acteurs se différencient certes sur base d’un contentieux où s’intriquent des facteurs tout à la fois économiques, politiques et culturels. Mais ce que ce mélange de facteurs révèle, c’est, d’une part, que les frontières ethniques ne sont jamais séparables d’un état global de l’organisation sociale et peuvent donc évoluer en fonction de sa transformation, et, d’autre part, que l’ethnicité est moins liée à la matérialité des ressources culturelles mobilisées par les acteurs qu’à la signification qui leur est donnée dans les interactions actuelles de leur monde. L’ethnicité n’organise donc pas des niches culturelles inexpugnables, mais la dramaturgie d’une société qui doit globalement se réintégrer, reconstituer des rapports sociaux qui apparaissent comme défaits, où chacun est renvoyé à son identité personnelle, mais qui demandent à être réarticulés dans une nouvelle identité collective.
S’il est vrai que l’usage des catégories de l’ethnicité va croissant dans les travaux des sciences sociales, on ne manque pas de constater néanmoins que, lorsqu’il n’est pas exclusivement dénonciateur des périls du communautarisme, il en reste le plus souvent à une vision partielle du phénomène où le vocable ethnique désigne exclusivement les autres. L’ethnicisation des relations sociales que l’on y envisage concerne les seules minorités qui ne sont considérées que comme les victimes d’une stigmatisation qu’elles ne font que subir. Un tel usage équivaut en fait à une simple dénonciation de l’imposition identitaire unilatérale dont l’ancien racisme colonial était capable. Or, n’est-on pas dans une nouvelle séquence historique qui, pour les sciences sociales tout au moins, devrait mettre un terme à cet usage unilatéral ? Comme le suggère l’anthropologue indien Arjun Appadurai [10], ne faut-il pas admettre qu’après le colonialisme, la grande question pour les sciences sociales n’est plus principalement de traquer les suites de la colonisation telles qu’elles peuvent se perpétuer dans les discriminations des sociétés européennes, mais d’arriver à une pensée transformée, au-delà de la logique à l’œuvre dans les prétentions intellectuelles de la période coloniale qui substantifiait l’ethnicité et ne l’appliquait qu’aux autres ? Il s’agit, dit-il, non pas de se contenter de penser l’après-colonialisme mais surtout de parvenir à penser après le colonialisme en purgeant la pensée de ce qui reste en elle de son unilatéralisme intellectuel ancien. Ce qui invite à analyser les interactions sociales propres à l’Europe multiculturelle en tenant compte de ce que, comme y insiste F. Barth, on n’assiste jamais à l’apparition d’une affirmation ethnique isolée, mais à un système d’affirmations ethniques indissociables qui, par le truchement d’imputations identitaires croisées, se répondent en vue d’organiser les appartenances, les frontières et les rapports entre les anciens établis majoritaires et les nouveaux entrants minoritaires.
Hélène Bertheleu [11] a fort bien identifié les résistances qu’il y a en France à franchir le pas d’une telle démarche. Elle souligne que tout au long des années 1990, beaucoup d’intellectuels furent convaincus qu’il fallait résister à la montée des particularismes qui équivalaient à leurs yeux à une fragmentation ou une balkanisation de la société française. De leur point de vue, rejeter l’usage de la notion d’ethnicité participait directement au soutien de la pensée républicaine universaliste. Et si au cours des années plus récentes l’expression « ethnicisation des relations sociales » est entrée malgré tout dans le vocabulaire des sciences sociales, ce n’est toutefois qu’au prix d’une sérieuse réduction de sa portée. C’est-à-dire en en restant au seul point de vue de la majorité et des soucis que peut inspirer aux mandataires publics la gestion d’une société de plus en plus composite au sein de laquelle la stigmatisation ethnique des minorités vient anormalement redoubler l’exclusion économique et politique dont elles pâtissent déjà. En creux s’affiche ainsi l’idée que l’on aurait dû normalement en rester à la perspective assimilationniste du traitement de la question migratoire. Mais ce qui est surtout obtenu grâce à cette manière d’utiliser la notion d’ethnicité, c’est que la catégorie nationale française elle-même ne soit pas ramenée au rang de groupe ethnique. Une telle manière de raisonner équivaut cependant à occulter les dimensions constructiviste et interactionniste qui constituaient le principal du potentiel théorique de l’ethnicité comme catégorie analytique de l’action. Elle demeure donc largement impensée dans ce pays, conclut H. Bertheleu.
Dans l’Europe qui voit s’élargir les sources de son peuplement en même temps que la question des identités y prend une forme inédite, il s’agit de parvenir à gérer une nouvelle configuration de la conflictualité sociale. Et il faut parler d’une réintégration de la société globale parce que l’idée d’intégration n’est pas une idée dynamique, capable de nous éclairer au sujet des processus socioculturels en cours dans une société dont l’histoire n’est pas finie. On ne peut s’en remettre à une conception monumentaliste de la société, qui la voit comme un ensemble achevé et quasi immuable, imposant et admirable dans lequel les immigrés ne pourraient aspirer qu’à faire disparaître leurs identités d’origine. Si pour penser la nouvelle conflictualité sociale il n’y a eu longtemps, particulièrement en France, aucune place pour le paradigme ethnique, c’est notamment parce que la question de la citoyenneté y a été phagocytée par celle de la nationalité qui faisait de l’intégration un impératif capable de dissimuler les modalités complexes de la construction des appartenances collectives. Mais la nationalité, qui est elle-même une notion politico-culturelle historiquement située, n’est plus à même de remplir cette fonction aujourd’hui. Et comme le fait valoir Herman van Gunsteren [12], l’alternative culturelle entre le communautarisme et l’universalisme est précisément ce dont la théorie politique de la citoyenneté doit chercher à sortir aujourd’hui. Car la communauté de destin des individus rassemblés par l’histoire sur un même territoire n’a donné naissance qu’à une « citoyenneté imparfaite ». C’est-à-dire à un type d’accomplissement politique qui, au travers d’une multiplicité d’identifications sociales reliant entre eux les individus en même temps qu’elles les opposent, n’assure que provisoirement une maîtrise du lien collectif jugée acceptable. En d’autres termes, les contenus de la citoyenneté confondus avec la conformité culturelle de la nationalité n’ont jamais constitué une réalité achevée, située en dehors des tensions sociales et des rapports de pouvoir. Ils ne correspondent pas à une norme définitivement établie et font continuellement l’objet de luttes non seulement pour les défendre, mais aussi pour les réinterpréter et les étendre.
Le travail du chercheur n’est pas de juger et de prescrire, mais d’abord de comprendre. Dans la présente note, on a simplement voulu montrer que les catégories de l’ethnicité n’ont pas qu’une utilité statistique et qu’elles peuvent constituer un paradigme fécond qui apporte un nouvel éclairage au moment où, sans qu’il soit nécessaire de prétendre que tous les rapports sociaux relèvent d’elles, dans les sociétés européennes contemporaines elles mettent néanmoins en lumière des clivages basés sur une différenciation sociale autre que celles plus traditionnelles de la classe, du sexe ou de l’âge. La reconnaissance de ces clivages ouvre une perspective supplémentaire à l’étude de l’espace public vu tout à la fois comme espace de risque et espace d’accomplissement social. Les catégories de l’ethnicité permettent de comprendre comment naissent, se croisent et deviennent politiques des pratiques consécutives au rassemblement de différentes identités culturelles dans un même espace. Et que ce n’est pas de la bienveillance des uns pour les autres mais au contraire de l’émoi et des désaccords face à ce qui, de part et d’autre, est perçu comme une menace ou comme un risque, que, dépassant leurs contradictions, les sociétés ethniques s’attèlent à la construction d’un nouveau faisceau de normes communes. C’est par le biais de compromis successifs qu’est donc progressivement rediscutée l’autoréférentialité dont spontanément les différentes cultures se réclament et que se créent des possibilités d’action commune entre des parties qui, au départ, s’évitaient par l’érection de frontières entre elles. Ainsi se prépare la mise en forme d’institutions politiques autres que celles qui régissaient les sociétés monoculturelles.
Il est temps de sortir des faux procès en hérésie culturaliste et cesser d’agiter le spectre du communautarisme que la notion d’ethnicité n’est pas soupçonnable de couvrir. Car elle vise précisément à établir que, si la référence à la culture est distincte et ne peut être réduite à n’être qu’une fausse conscience dérivée de l’économique et du politique, cette référence n’a néanmoins pas d’existence en dehors de ses rapports avec ces autres éléments constitutifs de l’agir humain. Avec l’ethnicité, il ne s’agit pas de privilégier le domaine des pratiques culturelles, mais d’affirmer que la vie est action et qu’elle est, notamment, culturelle dans son action. Il faut conférer sa place à la culture dans l’analyse de la dynamique sociale au sein de laquelle, avec les domaines économique et politique, elle donne sa forme à ce que Marcel Mauss appelle le « fait social total ».
par Albert Bastenier [14-10-2008]
Notes
[1] Michèle Tribalat, « Hétérogénéité ethnoculturelle et cohésion sociale », dans [Futuribles, juillet-août 2007, n°332, pp. 71-84.
[2] François Héran, Le temps des immigrés. Essai sur le destin de la population française, Seuil, La république des idées, 2007.
[3] J’ai tenté de montrer la fécondité intellectuelle de ces notions dans mon ouvrage Qu’est-ce qu’une société ethnique ? Ethnicité et racisme dans les sociétés européennes d’immigration, P.U.F., Coll. Sociologie d’aujourd’hui, 2004.
[4] Citant David Miller (Citizenship and National Identity, Cambridge, Polity Press, 2000), M. Tribalat définit le multiculturalisme radical comme une politique uniquement soucieuse de la préservation des différences sans souci pour l’identification avec la communauté nationale et l’État.
[5] Fredrik Barth, « Les groupes ethniques et leurs frontières », traduction française dans P. Poutignat et J. Streiff-Fenart, Théories de l’ethnicité, PUF, 1995.
[6] Parmi tous les auteurs qu’il faudrait citer, on retiendra Stuart Hall, Paul Gilroy, Achille Mbembe, Homi Bhabha, Arjun Appadurai.
[7] Françoise Lorcerie, L’école et le défi ethnique. Éducation et intégration, INRP-ESF, 2003.
[8] Nacira Guénif-Souilamas, « Les beurettes aujourd’hui », dans F. Lorcerie , 2003, op. cit.
[9] Dans mon ouvrage sur la société ethnique, j’ai consacré de longs développements aux expressions concrètes de la conscience identitaire tant de la majorité que de la minorité ethniques.
[10] Arjun Appadurai, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Payot, 2001.
[11] Hélène Bertheleu, « Sens et usage de l’ethnicisation. Le regard majoritaire sur les rapports sociaux ethniques », dans Revue Européenne des Migrations Internationales, 2007, vol.23, n°2, pp. 7-26.
[12] Herman van Gunsteren, A Theory of Citizenship. Organizing Plurality in Contemporary Democracies, Westview Press, 1998.
Source : http://www.laviedesidees.fr
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jeudi, 29 janvier 2009
Televisie kijken...
Dus, is het televisie kijken dan een manier om een interne ruimte te creëren? Is het de televisie die je aanzet tot aanwezigheid in deze wereld? Helaas niet! Gezien je geest niet aangezet wordt tot het aanhoudend genereren van gedachten gedurende lange perioden, synthetiseert het de geestelijke activiteit juist in de uitzending die je bekijkt. Het synthetiseert een televisie versie van de collectieve- én van de eigen gedachten. Je geest is inactief, maar enkel in de zin dat ze geen eigen gedachten voortbrengt. Echter, het absorbeert wel voortdurend de gedachten en beelden van het beeldscherm, deze activiteit vangt je in een passieve toestand van hypergevoeligheid, vergelijkbaar met hypnose. Het is hierdoor dat deze toestand zich goed verleent voor manipulatie. Zoals de politici zo goed weten, of de belangengroepen en publiciteitsagentschappen, die miljoenen dollars betalen om je te vangen in deze beïnvloedbare toestand. Ze willen dat hun gedachten de jouwe worden en, over het algemeen, slagen ze hierin."
Eckhart Tolle
Bron: Zentropa
Denk daar maar eens een weekje over na...
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dimanche, 25 janvier 2009
Qu'est-ce qu'un "queer"?
QU’EST-CE QU’UN QUEER ?
Par Unité Populaire / http://unitepopulaire.org/ , mardi 20 janvier 2009 à 22:58 :: jusqu'où va-t-on descendre ?...
« Sans doute quelques innocents ignorent encore ce qu'est le queer. Et force est de constater qu'ils vivent très bien dans cet obscurantisme crasse. A moins qu'on ne les débusque comme représentants d'un ordre ancien suspect d'archaïsme nostalgique. Ami lecteur, pour vous éviter cet outrage, nous allons de ce pas vous initier à cette nouvelle entité à l'origine d'une discipline universitaire (avec les postes, les bourses et les vacances qui l'accompagnent). L'adjectif queer désigne en anglo-américain quelque chose d'étrange, de tordu, d'inclassable. Il s'oppose au straight, qui est droit, normal, normé. Il est devenu dans les années 80 l'adjectif par lequel se désignaient ceux qui ne se reconnaissaient pas dans la différence des sexes telle que la construisent nos sociétés occidentales. De ce qu'ils vivaient comme une insulte, ils en ont fait un drapeau. (...)
Les queer studies sont aujourd'hui un bastion militant au sein des sciences humaines, et le transgenre est devenu l'étalon à l'aune duquel on mesure la conformité du réel à l'idéologie dominante (dominante non pas dans la population, ni même dans les discours, mais dans cette partie de l'élite intellectuelle qui se considère comme représentante du Bien, du Bon et du Moderne, et qui détient certains relais d'opinion comme certains quotidiens nationaux). La Marche des fiertés lesbiennes bi, gay et trans est le 14 Juillet de ces nouveaux combattants, et la pénalisation des propos homophobes (et bientôt "transphobes") leur arme de destruction massive de toute pensée libre - et de toute vie non aseptisée. (...)
Tout un courant du féminisme contemporain, ce courant culturaliste, qui a décidé que la différenciation sexuée n'existe que dans les diktats d'une société misogyne et phallocrate, s'inscrit dans la droite ligne de ce mouvement et s'associe à ses combats. (...) Etrange tentation, au demeurant, que d'abandonner le féminisme, c'est-à-dire la réflexion sur les rapports hommes-femmes, à celles qui vivent le rapport aux hommes sur un mode problématique, comme on confierait la critique gastronomique à des anorexiques. Sous l'égide de pasionarias qui ne voient la relation hétérosexuelle que comme l'instrument de la domination masculine, le féminisme dérive donc vers une remise en cause des catégories même de sexe et de genre, et l'affirmation d'un combat commun contre cette norme oppressante qu'est l'hétérosexualité dont se rendent coupables la majorité des êtres humains, et sur laquelle est structurée la société occidentale. (...)
Le courant queer relève donc de la pure idéologie, au sens où le réel n'est accepté comme donnée que lorsqu'il permet de justifier le système de pensée et l'ordre coercitif qui en découle. Pour le reste, dans l'esprit de ces idéologues forcenés, quiconque s'imagine que le fait, pour un enfant, de découvrir qu'il a un pénis ou qu'il n'en a pas est en soi un élément constitutif de sa personnalité est à la limite du fascisme. (...) La question n'est pas, pour les queer studies, de modifier l'idée qu'on se fait d'un garçon ou d'une fille, mais de criminaliser la pensée de la différenciation. Pour accepter la différence, nions-la. (...)
Le phénomène queer, dans ses excès comme dans son principe même, est une forme de dictature des minorités qui n'a rien à voir avec l'aspiration démocratique légitime d'individus écrasés par une majorité intolérante et sûre de ses droits et de sa supériorité. L'enjeu n'est pas d'amener la société et les individus qui la composent à repenser la différence sexuelle comme un enrichissement culturel, pendant de l'enrichissement génétique, mais bien d'imposer un ordre nouveau où l'humain, peu à peu détaché de toute référence à son inscription corporelle dans le monde, pourrait enfin flotter dans la vacuité virtuelle du bonheur narcissique et de l'autocontemplation. Plutôt que d'assumer la différence, universaliser le rien au nom de la détestation de ses origines. »
Natacha Polony, L'Homme est l'Avenir de la Femme, J-C Lattès, 2008, p.51-58
Du même auteur :
LE NÉO-FÉMINISME EST-IL UNE HAINE DE L’HOMME ?
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lundi, 12 janvier 2009
Maatschappij allarmerend individualistisch
Maatschappij allarmerend individualistisch
Bijna 1 op 10 van de Vlamingen, of 8 procent, zegt dat hij of zij geen vrienden heeft. Dat staat in het januarinummer van het gratis tijdschrift "çava? " van de Christelijke Mutualiteit (CM) Midden-Vlaanderen.
(belga) - CM Midden-Vlaanderen ondervroeg zo'n 1.500 Vlamingen over vriendschappen. Hoewel 8 procent zei dat ze geen vrienden heeft, telde de Vlaming toch gemiddeld zeven vrienden. Gemiddeld waren er daarvan 2,5 beste vrienden.
Vier op tien leerde zijn vrienden kennen op het werk, ruim een derde via het verenigingsleven en meer dan een vierde via het uitgaansleven. Bijna de helft gaf aan dat ze hun vrienden leerden kennen via gemeenschappelijke vrienden.
Opvallend is dat een derde van de ondervraagden zei online vrienden te hebben. Dat was eerder het geval bij mannen dan bij vrouwen, met respectievelijk 40 procent en 27 procent. Vrouwen sluiten vriendschappen vooral via fora, mannen via gamen of bloggen. Wel zei ruim een vierde dat ze die vrienden nooit in werkelijkheid zien. Ook zou een op acht zich anders voordoen op het net dan in werkelijkheid. Drie kwart van de ondervraagden maakte een onderscheid tussen online vrienden en andere: ruim de helft vond die eerste oppervlakkiger.
Tenslotte zou meer dan een derde een afspraak met vrienden laten doorgaan, ook als de baas zou vragen om over te werken. Als de partner een vriend als liefdesrivaal zou beschouwen zou bijna 9 op 10 van de Vlamingen een en ander proberen uit te praten. Van de ondervraagden zou 3 procent de vriendschap laten vallen, 2 procent zou de relatie beëindigen. Zes procent zou de vriend stiekem blijven ontmoeten.
Het huidige beleid dat steeds meer de nadruk legt op het individu en egoisme ten koste van de gemeenschap, het middenveld en het gezin.
Het beleid dat steeds opnieuw tracht tradities te breken, onze cultuur te vernietigen, en multicultuur in te voeren zodat mensen van elkaar vervreemden, heeft zijn vruchten afgeworpen.
Het middenveld gaat kapot, gezinnen vallen uit elkaar, tradities gaan verloren en de Vlaming vereenzaamd.
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dimanche, 21 décembre 2008
Ein Konzept, das der Wirklichkeit widerspricht
Ein Konzept, das der Wirklichkeit widerspricht
„MenschInnen“-Autorin Barbara Rosenkranz im ZZ-Gespräch über Hintergründe, Einfluß und Folgen der „Gender-Mainstreaming“-Ideologie sowie über mögliche Gegenmaßnahmen
Frau Landesrat, was hat Sie dazu bewogen, das Buch „MenschInnen“ zu schreiben?
Barbara Rosenkranz: Es ist wichtig, daß die Gleichberechtigung der Frauen auf einer soliden, rationalen Grundlage argumentiert wird. Denn ich schätze vernunftbezogene Argumentationen und halte es für gefährlich, auf einer sehr zweifelhaften theoretischen Grundlage die notwendige Gleichberechtigung der Frauen zu verfechten.
Wenn man sich die Reaktionen auf Ihr Buch anschaut, so wurde unter anderem behauptet, es finde eine Umschreibung der Wirklichkeit statt. Trifft dieser Vorwurf nicht eigentlich auf die „Gender Mainstreamer“ zu?
Rosenkranz: Ich habe mich erfolgreich bemüht – es hat bis jetzt keinen sachlichen, inhaltlichen Widerspruch gegeben – alle meine Argumente durch Zitate und Belege aus den Aussagen und Schriften der Gender-„ExpertInnen“ zu stützen. Ich behaupte nichts, was nicht zu beweisen ist.
Warum ist das Gender Mainstreaming eine zweifelhafte theoretische Grundlage?
Rosenkranz: Der Kernsatz, mit dem sich feministische Bewegungen darstellen, aus denen das „Gender Mainstreaming“ hervorgeht, ist der über engere Kreise hinaus bekanntgewordene Satz von Simone de Beauvoir: „Man kommt nicht als Frau zur Welt, man wird es“. Daß dieser Satz falsch ist, sagt nicht nur der Augenschein, sondern das bestätigen mittlerweile auch die Humangenetik und die modernen Neurowissenschaften. Natürlich ist Biologie nicht Schicksal, aber Biologie muß der Ausgangspunkt jeder Diskussion sein.
Den „Gender Mainstreamern“ wird vorgeworfen, einen neuen Menschen schaffen wollen. Trifft dieser Vorwurf zu?
Rosenkranz: Es ist so, daß die Gender-Theorie behauptet, daß zwischen dem biologischen Geschlecht und der Geschlechterrolle – dem „Gender“ – keinerlei Zusammenhang besteht, und daß deshalb jeder Mann oder jede Frau das soziale Geschlecht, „Gender“, frei wählen kann. Das ist eine neue Idee, die leugnet, wovon wir vernünftigerweise immer ausgegangen sind, nämlich, daß das biologische Geschlecht natürlich auch die Geschlechterrolle prägt.
Was bezwecken Ihrer Meinung nach die Befürworter des Gender Mainstreaming?
Rosenkranz: Daß Gender Mainstreaming nicht nur ein Programm für Frauen ist, sondern für die Veränderung der Gesellschaft insgesamt, und auch mit den Männern einiges vorhat, können Sie in allen Texten lesen, die „Gender-ExpertInnen“ veröffentlichen. Wahrscheinlich wollte man wohlmeinend dafür sorgen, daß keinerlei Diskriminierung passiert. Aber man muß Diskriminierung vermeiden, ohne daß man sich auf eine mehr als fragwürdige Grundlage begibt. Und zum anderen ist es das Bestreben – und das zeigt jetzt die Besetzung der Ministerien in Österreich sehr deutlich – Frauen völlig unabhängig von ihrer Mutterrolle zur Verfügung zu haben, was sich auch mit den Wünschen einer Wirtschaft deckt, die sehr kurzfristig denkt. Jetzt haben wir in Österreich kein eigenes Familienministerium mehr, sondern nur mehr ein Familienstaatssekretariat, und das wurde – was ein klares Signal ist – auch dem Wirtschaftsministerium zugeordnet.
Im Regierungsprogramm kommt dreimal das Wort „Gender“ vor, und auch auf EU-Ebene gibt es unzählige Gender-Programme. Diese Ideologie ist doch eigentlich schon sehr weit fortgeschritten und konnte schon sehr viele Bereiche für sich vereinnahmen können.
Rosenkranz: Das ist auch das Ziel und die erklärte Absicht. „Mainstreaming“ bedeutet, dass eine Strategie auf allen Ebenen, von der obersten Organisationsebene – ich meine Brüssel – bis hinunter zur Bezirksverwaltungsbehörde, und in allen Bereichen, vom Bundesheer bis zum Gesundheitsministerium, durchgezogen wird. Daher muß die Genderperspektive in allen Bereichen und auf allen Ebenen berücksichtigt werden.
Welche Strategien können bzw. sollten eigentlich gegen das Gender Mainstreaming unternommen werden?
Rosenkranz: Das wichtigste ist, eine öffentliche Diskussion über dieses Thema zustandezubringen. Das war auch der Anstoß für mein Buch, denn es ist ja eine eigenartige Sache, daß ein Konzept, das alle Bereiche prägen soll und muß, das rechtlich in Verträgen verankert ist, der Bevölkerung weitgehend unbekannt ist. Und ich halte es für notwendig, daß darüber zumindest eine breite Debatte zu führen ist, wenn das absolut nicht umstoßbare Ziel der Gleichberechtigung durch ein weiterreichendes und auch völlig daran vorbeigehendes Konzept abgelöst werden soll, wie es beim Gender Mainstreaming der Fall ist.
Glauben Sie, daß die Gender-Ideologie dahingehend erfolgreich sein wird, einen neuen Menschen zu schaffen?
Rosenkranz: Es ist ganz offenkundig, daß der Mensch als Mann und Frau besteht. Es wird nicht möglich sein, das zu ändern, auch wenn es der abgetretene Sozialminister (Erwin Buchinger, Anm.) in einem Interview mit dem Magazin „Profil“ gesagt hat. Er wurde vom „Profil“ ein bißchen ungläubig gefragt, „und wie wollen Sie nun die Geschlechter abschaffen“ und hat geantwortet: „Das biologische Geschlecht wird bleiben, als soziales Konstrukt verschwindet es. Abgesehen von der kurzen Phase des Kindergebärens sehe ich keine Unterschiede. Grundlage für soziales Verhalten ist die Gleichstellung.“ Man hat also vor, hier wirklich ein völlig anderes Rollenbild zu schaffen. Aber gelingen im positiven Sinn kann es nicht, weil es völlig gegen die Wirklichkeit gerichtet ist. Allerdings kann man gewaltige Zerstörungen anrichten.
Welche Zerstörungen wären das?
Rosenkranz: Sie brauchen sich nur anzuschauen, was unter dem Titel „geschlechtssensible Pädagogik“ praktiziert wird: Daß nämlich in öffentlich geförderten Kindergärten Mädchen ein sogenanntes weibliches Verhalten nicht zeigen dürfen und daß sie statt dessen angeregt und ermuntert werden, ein sogenanntes männliches Verhalten – Kratzen, Beißen, Raufen – anzunehmen und sie dafür gelobt werden.
Umgekehrt werden Buben für ein solches Verhalten bestraft und zu einem völlig anderen Verhalten angeleitet. Ihnen bringt man Massagekörbe und ermuntert sie dazu, in Prinzessinnenkleidung zu schlüpfen und ihre Nägel zu lackieren.
Gender Mainstreaming ist eben nicht ein Förderprogramm für Frauen, sondern hat, wie man in den theoretischen Schriften nachlesen kann, auch mit den Männern einiges vor. Einer der Pioniere auf dem Gebiet der sogenannten Burschenarbeit sagt es auch ganz deutlich: „Das Ziel ist nicht ein anderer Junge, das Ziel ist gar kein Junge.“ Das sollten wir unseren Kindern nicht zumuten.
Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.
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dimanche, 14 décembre 2008
L'âge de la pornophagie
L’ÂGE DE LA PORNOPHAGIE
Trouvé sur: http://www.unitepopulaire.org/
« Il y a eu le développement d'internet, l'accès facile à des scènes pornographiques, le fait que les jeunes peuvent se filmer avec des téléphones portables en train d'avoir des relations sexuelles reproduisant ces scénarios. Sans qu'aucun adulte ne leur dise que le porno, ce n'est pas la réalité, que l'acteur joue, qu'il est dopé. … Il fallait donc se demander ce qui avait changé pour qu'une petite minorité croissante de jeunes se comporte de cette manière. Des études sont en train d'être menées, notamment sur le contenu des téléphones portables. A Zurich, elles ont démontré que 60% des garçons interrogés, mais aussi 40% des filles, détenaient de la pornographie. (...)
Certaines valeurs, en particulier le respect de l'enveloppe charnelle, peuvent être altérées chez des individus n'ayant pas les outils et les accompagnements nécessaires pour gérer ce type d'images. Un certain nombre de garçons se mettent en scène comme de véritables machos. Et certaines filles consommant du porno adoptent cette image. Elles se considèrent comme un morceau de viande, un consommable.
Je parle dorénavant de pornophagie. Il y a une cinquantaine d'années, la pornographie était relativement confidentielle. Des hommes allaient au sex-shop pour en consommer. Avec l'apparition du magnétoscope et des cassettes vidéo, le porno est entré dans les foyers, l'homme l'imposant à sa conjointe. Actuellement, avec internet, il y a suroffre. On surconsomme, ce qui mène à la surstimulation, puis au mimétisme… (...) Il s'agit d'une sexualité désincarnée, sans amour. Le viol est relativement rare entre adolescents. Souvent, la fille acceptera ce que les garçons lui imposent, pour se faire adopter par le groupe. (...) On est dans une sexualité débridée, car exempte de valeurs. C'est le modèle du macho et de la salope sur MTV. (...) Pour voir quelle était la place de la pornographie chez les jeunes, je me suis intéressé à ce qu'ils achètent : du rap. Sur internet, j'ai trouvé des centaines de groupes de rap utilisant des actrices porno pour tourner des clips ! Le porno est devenu un argument marketing sur le marché jeune, ça fait vendre. (...)
Beaucoup de jeunes transportent en outre sur leur téléphone portable des images de pornographie illicite. Récemment dans le district de Boudry, trois mineurs arrêtés détenaient une vingtaine de films, dont la moitié contenaient des actes de torture ou de zoophilie. (...) Pourquoi ne pas mettre la pression sur les providers internet, afin de les contraindre à mettre à disposition de leurs clients des abonnements familiaux, avec des filtres installés automatiquement afin d'éviter les contenus pornographiques ou violents ? »
Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise, interviewé par L’Express, 21 novembre 2008
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jeudi, 16 octobre 2008
La société immédiate
Paru le 01/2008 - Ed. Calmann-Lévy, 2008
Sciences Humaines et Essais 01/2008
La communication a connu deux révolutions : celle née de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1456 – qui a mis des siècles à concerner le grand public et fut longtemps au service exclusif des élites, véhiculant d’abord des connaissances et des idées –, et la révolution numérique que nous vivons aujourd’hui, foudroyante, sans contrôle, et qui est surtout un moyen de divertissement et de satisfaction rapide des désirs. Dans cet essai percutant, Pascal Josèphe nous démontre que la révolution numérique contient en germe la ruine de la notion de projet, qui suppose la médiation du temps, et lui substitue le culte de l’immédiateté. La technologie et l’économie raccourcissent en effet le délai entre l’expression des besoins ou des désirs et leur satisfaction. En résulte une discordance des temps, c’est-à-dire une dé-synchronisation des temps individuel et social qui fait exploser les rythmes fondant la vie en collectivité. Soumis comme nous le sommes au bombardement incessant des sollicitations externes, nous ne disposons plus des outils référentiels permettant de faire des choix : ni certitudes (religion, idéologie politique), ni lieu, ni temps pour échanger avec les autres. Et Internet ? objectera-t-on. Comble du paradoxe : plus la communication généralisée est exaltée dans notre société postmoderne, moins sa fonction médiatrice est prise en compte. Nous sommes gavés d’information et affamés de sens. Comment dès lors résister aux innombrables tentations dont nous sommes l’objet ?
L’avènement de l’ère de l’immédiateté ne risque-t-il pas de nous ramener à des temps anté-civilisés ? s’interroge Pascal Josèphe. « Je veux, je prends », « Je mise, je gagne », « J’ai envie, je consomme. » En d’autres termes, n’est-elle pas en train de réveiller la bête qui sommeille en nous et que dix mille ans de civilisation avaient domestiquée ?
08:15 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : problèmes contemporains, philosophie, théorie politique, politique, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La victoire du rythme binaire consacrait le règne de la masturbation
« LA VICTOIRE DU RYTHME BINAIRE CONSACRAIT LE REGNE DE LA MASTURBATION »
« Dans la salle, les conversations étaient abolies. Les yeux seuls essayaient de se parler, en vain. Dans les cerveaux des danseurs, les connexions rationnelles avaient dû être débranchées. L’humour, le charme, l’ironie, qui accompagnaient jadis la musique, avaient été laissés au vestiaire avec les vestes et les manteaux. Le seul langage autorisé était celui des corps. Ceux-ci ne s’épousaient pas comme avec le tango et ces danses sorties des bordels. Avec le rock, les mains se quittaient et se retrouvaient, comme si la génération du baby-boom avait voulu ainsi marquer qu’elle serait celle de l’indétermination sexuelle et du divorce de masse. La victoire du rythme binaire consacrait le règne de la masturbation et du cinéma pornographique. Les corps ne se mêlaient pas, ne se touchaient ni ne se frôlaient, chacun restait dans son coin et s’agitait, comme pris de transe. On mimait l’acte de va-et-vient sans retenue, solitairement. Mais chacun s’observait, se reluquait sans vergogne, comme si on jaugeait les capacités sexuelles des uns et des autres pour déterminer qui serait l’étalon le plus vigoureux et les juments à la croupe la plus accueillante. »
Eric Zemmour, "Petit Frère", Denoël, 2008, p. 172-173
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lundi, 05 mai 2008
Moi !
Moi !
Moi !
Zentropa
Un des traits les plus étranges, et les plus insupportables, de la psychologie moderne est peut-être la totale confusion entre « avoir de la personnalité » et « exprimer son égoïsme et son égocentrisme ».
En effet, aujourd’hui, tout ce qui peut, de près ou de loin, être assimilé à de l’altruisme, de l’humilité, du don de soi, de l’abnégation discrète, de la reconnaissance silencieuse ou de l’admiration muette est considéré comme de la faiblesse, voir, horresco referens !, de la « soumission ». Et comme chacun sait, toute « soumission » est indigne et infâme, non pas seulement lorsqu’elle est imposée mais même quand elle est choisie… Abjecte par sa nature même qui veut que l’on reconnaisse n’être pas l’individu le plus exceptionnel de l’univers créé, demi-dieu formidable « se suffisant à lui-même », mais un simple héritier doublé d’un serviteur, redevable du passé et débiteur des formes, principes, valeurs, et pourquoi pas personnalités, supérieurs qui entourent ses jours.
Dorénavant, hors de soi, point de salut ! Pour exister et briller socialement il convient de brasser du vent et de faire du bruit afin de s’imposer dans le grand carnaval des relations humaines ! Quel qu’en soit le prix !
Voici venus les temps de l’homme-gyrophare !
Pour capter un peu du regard de cette masse immonde et veule qu’on appelle « les gens », il faut se faire remarquer par tous les moyens possibles, les plus vils étant, bien sûr, privilégiés. Il est ainsi désormais vital de se « distinguer » en crachant à la gueule du monde le petit glaviot de sa « différence » et de son « originalité », évidemment fictives mais que l’on fera exister artificiellement quelques instants par les pitoyables procédés de la « contradiction systématique », du « contre-pied mécanique » ou de la « provocation stérile ».
Cette tendance est notamment abominablement prégnante dans le fonctionnement quotidien d’une foultitude de prétendus couples dont les membres, en apparente concurrence permanente, ne semblent pas avoir d’autre but que d’exhiber aux yeux d’autrui non pas ce qui les rassemble et les unis mais au contraire ce qui les différencie et les sépare, chacun voulant à tout prix prouver que sa formidable (et unique !) personnalité n’a nullement été oblitérée par la vie commune. D’où la grotesque et infinie compétition à laquelle s’adonnent ces paires d’égoïstes incapables de solitude qui ne seront jamais des couples véritables et encore moins des foyers. Rien ne leur tient plus à cœur que de faire la démonstration de leur supposée « indépendance » et de leur position « dominante » dans le « fonctionnement relationnel » auquel se résume leur collage plus ou moins éphémère.
Ainsi les disputes perpétuelles, les désaccords affichés et les sempiternelles contradictions sont-ils peu à peu devenus des preuves de « santé », de « vitalité » et de « caractère passionné » d’une relation conjugale liant « deux fortes personnalités » alors que ce ne sont en réalité que les tristes et piteux prolégomènes de l’échec inéluctable de deux crétins bouffis d’égoïsme et de prétention, incapables se sacrifier la moindre parcelle de leurs egos hypertrophiés pour fonder une entité plus grande et plus digne que la somme de leurs deux médiocrités.
Surtout ne pas simplement « aimer », « servir », « encourager », « aider », « soutenir » ou « suivre » son conjoint mais plutôt le « recadrer », le « remettre à sa place », le « surveiller », le « dénigrer » et le « moquer » (gentiment bien sûr ! la modernité n’est peuplée que de « gentils » !), pour bien montrer « qu’on n’est pas dupe ! » et « qu’on ne se laisse pas faire » ni « avoir ».
Les unions désacralisées étant devenues de vulgaires contrats de type néo-libéral, il est normal, au fond, que les relations qui les sous-tendent soient réduites aux pathétiques gesticulations d’un acheteur d’occasion qui, apeuré à l’idée de passer pour un naïf ou un gogo, expose lui-même, pour s’en gausser avant les autres, les défauts et dysfonctionnements de l’objet de son choix.
Article printed from :: Novopress.info Flandre: http://flandre.novopress.info
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samedi, 09 février 2008
Bruce Begout: extrait de "Pensées privées"
" Alors que la société occidentale a subi au cours des cinquante dernières années une érosion de ses traditions nationales et de ses rites sociaux, que ses classes sociales se sont fortement modifiées, perdant pour beaucoup d’entre elles leur habitus historiques et leurs principales coutumes, l’industrie de la culture a su proposer de nouveaux repères. Dans un monde social et urbain livré à la mutation permanente, à la décomposition et à la recomposition provisoires de toutes les valeurs qui lui servent d’assises, la société de consommation œuvre à la stabilité.
Elle crée une certaine inertie rassurante et répond à la demande sociale d’une cohérence continuée. Pour ce faire, elle constitue des points d’ancrage, des bornes d’identification : logo, marques, slogans, fidélisation. L’homme qui se trouve pris dans le tourbillon infernal de la vie sociale, de la mobilité et de la précarité du monde du travail, de la communication et des échanges urbains, éprouve un certain réconfort dans la standardisation des biens culturels et de consommation. Dépassé par les événements, il sait néanmoins qu’il retrouvera sa série télévisée chaque lundi soir et qu’il pourra acheter sa marque de yaourts favorite au supermarché, il sait également qu’il pourra ainsi compter sur la société de consommation qui ne le laissera pas tomber. Les marques font ainsi office de repères.
Face aux déficits des habitus sociaux, à l’impossible transmission d’une culture de classe, régionale ou nationale, elles s’engouffrent dans l’espace laissé vacant de l’Imitation et proposent des manières de vivre clefs en main qui soulagent la peur de se réinventer soi-même à chaque instant. Les biens culturels comme les marchandises aident ainsi à produire le Même, de l’itération générale et réconfortante. Aussi tout l’espace de la consommation de masse prend-il de plus en plus l’aspect d’une ritualisation de la vie quotidienne. Ce ne sont plus les mythes, les récits et les formes de vie traditionnelles qui fournissent la répétition nécessaire à la reproduction sociale et à l’entretien continuel de la mémoire. La visite hebdomadaire au centre commercial comme le calendrier des programmes télé pourvoient les hommes en jalons spatio-temporels quotidiens. "
Bruce BEGOUT, Pensées privées. Journal Philosophique, Grenoble, Millon, 2007, p. 196.
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samedi, 19 janvier 2008
R. Sennett : l'homme flexible
Brigitte SOB :
Globalisation, néo-libéralisme et « homme flexible »
Les analyses du sociologue américain Richard Sennett
La globalisation exige la flexibilité. La notion des « flexibilité » est aussi le terme magique dont raffole l’économie néo-libérale, qui salue le processus de globalisation comme un défi positif. Cette notion de « flexibilité » est issue, au départ, de l’empirisme des naturalistes : on tire profit de l’expérience, par exemple, en constatant que les arbres ploient sous la force du vent mais qu’après la tempête ils reprennent leur forme originale. La « flexibilité » est non seulement posée comme l’antonyme du « fixisme », de la « rigidité » ou de l’absence de vitalité, mais, dans le cadre de l’idéologie néo-libérale, comme le synonyme de la « liberté » ; dans ce sens, la flexibilité apporte de nouveaux défis, de nouvelles exigences, de nouveaux boulots qui exigent des déménagements fréquents et des délocalisations : l’homme flexible devient ainsi un « perpetuum mobile » au sein de l’économie globale. Tout « perpetuum mobile » est une construction qui, une fois mise en marche, demeure éternellement en mouvement, ce qui, d’après les lois fondamentales de la thermodynamique, est une impossibilité.
Le grand sociologue américain contemporain, critique des fondements de notre culture libérale, Richard Sennett, défend la thèse que cet artifice qu’est l’homme flexible ne peut survivre biologiquement sur le long terme. Pour Sennett, les questions fondamentales qui s’adressent aujourd’hui à l’économie politique et à la science politique sont les suivantes : 1) dans quelle mesure peut-on permettre au système économique de plier, ployer et tordre littéralement l’homme, pour satisfaire ses besoins d’expansion ? ; 2) l’Etat a-t-il le droit de « donner aux hommes, à ses citoyens, cette flexibilité propre aux arbres, de façon à ce qu’ils ne se brisent pas, du moins en théorie, face aux coups permanents que lui assènent les changements imposés par la nouvelle économie néo-libérale et globaliste » ? Sennett ne voit pas du tout comment s’ouvriraient les portes de la liberté si les hommes deviennent flexibles comme le veut l’économie globalitaire. Bien au contraire : l’homme flexible ne sera ni libre ni plus libre mais basculera dans l’impuissance à maîtriser et gérer son destin. Dans un contexte existentiel, dominé par l’économique, on exige sans cesse de faire face à de la nouveauté et à des changements, ce qui rend impossibles les liens sur le long terme : « La profession, le lieu de résidence, la position sociale, la famille, tout est désormais soumis aux exigences hasardeuses de la vie économique ; la vie personnelle de l’individu soumis à de telles pressions apparaît comme une mosaïque éparse et sans cohérence, dépourvue de but et incompréhensible, insaisissable. Le résultat n’est donc pas un surcroît de liberté, mais un sentiment profond d’impuissance, d’isolement et de perte de sens », écrit Sennett.
L’économie à l’ère de la globalisation est marquée par le court terme. Ce court terme exige de l’homme flexible d’être toujours prêt à changer, si besoin s’en faut, de travail, de cadre de travail, d’emploi et de domicile. Ce court terme est contraire, dit Sennett, à l’essence de l’être humain, car la constitution ontologique et psychologique de l’homme repose sur la longue durée, sur la sécurité que celle-ci procure, sur la continuité de mêmes modèles. La thèse centrale de Sennett est dès lors la suivante : la « flexibilisation » du monde du travail détruit l’homme en ses fondements ontologiques : des valeurs comme la fidélité et la responsabilité perdent automatiquement leur sens et leur signification, en même temps que toute éthique du travail ; des vertus comme la faculté de renoncer à la satisfaction immédiate des besoins au profit d’objectifs sur le long terme, disparaît.
Remarquons que Sennett insiste toujours pour dire que la tradition politique de sa famille, du moins depuis ses grands parents, s’ancre dans les réseaux de la gauche américaine. En dépit des évolutions ou involutions des gauches aujourd’hui, notamment en Europe, Sennett demeure fidèle à des valeurs comme la fidélité, la loyauté, la confiance, l’esprit de décision et surtout à celles de la famille et de la communauté.
Richard Sennett est né en 1943 à Chicago. Il a passé sa jeunesse dans les quartiers pauvres de la ville. Après avoir obtenu son diplôme en 1964, Sennett a œuvré à Harvard, à Yale, à Rome et à Washington. Aujourd’hui, Sennett vit à Londres et enseigne la sociologie et l’histoire à la célèbre « London School of Economics ». Il a acquis la célébrité grâce à plusieurs ouvrages comme « La tyrannie de l’intimité », « L’homme flexible » et « La culture du nouveau capitalisme », tous traduits en allemand de 1986 à 2005.
Dans ses livres, ce sociologue désormais célèbre participe aux grands débats sur les effets de l’économie globale sur nos sociétés. Avec un courage étonnant, il défend des idées jugées totalement inactuelles, qui ont pourtant fait de ses livres des best-sellers à l’échelle planétaire et lui ont conféré une notoriété internationale. Sennett critique en effet les involutions de nos sociétés telles l’isolement progressif des individus, la perte de toute orientation dans la jungle sociale et l’impuissance de l’homme contemporain ; de même, il ne ménage pas ses critiques sur la superficialité et l’instabilité des relations interpersonnelles qui ne cessent de croître. Il défend des valeurs telles la fidélité, le sens du devoir, le sens du but à atteindre dans la vie et l’esprit de décision ; ce sont là toutes des valeurs qui postulent que l’homme conserve son caractère naturel qui lui permet d’envisager calmement la longue durée. Sennett perçoit bien la contradiction dans laquelle le « capitalisme de la flexibilité » plonge l’homme des temps présents : « Comment peut-on protéger les relations familiales contre ces comportements basés sur le court terme, contre cette rage de toujours tout remettre en question et surtout contre ce manque chronique de loyauté et de sens communautaire, qui caractérisent le monde actuel du travail ? ».
Le « visage caméléonique » de l’économie parie aujourd’hui sur les seules capacités de l’homme à s’adapter : dans ce cas, une valeur comme la loyauté peut devenir un piège et freiner l’adaptation exigée. Le monde du travail promeut la « force qui réside dans la faiblesse des liens sociaux » et « les formes éphémères » de communauté. « Si l’on transpose cela sur la famille, cela signifie, dans une société entièrement vouée à la flexibilité : reste en mouvement, ne te lie pas et ne fais aucun sacrifice ». Sennett estime qu’une telle évolution de nos sociétés est totalement erronée, constitue une menace pour le genre humain et nous interpelle en ce sens : « Comment peut-on viser des objectifs à long terme dans une société fixée exclusivement sur le court terme ? Comment pourra-t-on maintenir des liens sociaux sur la longue durée ? Comment un être humain dans une telle société, qui ne se compose plus que d’épisodes et de fragments épars et diffus, pourra-t-il opérer une synthèse de son existence, raconter en un récit cohérent son identité et sa vie personnelle ? ».
Sennett contre également l’opinion largement répandue qui veut que les Etats-Unis soient une « démocratie de consommateurs ». A rebours de cette idée toute faite, Sennett défend la thèse que les citoyens américains sont désormais complètement désorientés face aux différences réelles qui divisent leur société. Les Américains sont tellement obsédés par l’individualisme qu’ils considèrent, souvent inconsciemment, que les masses ne méritent aucun intérêt en tant qu’ensembles humains. Pour cette raison, il est important aux Etats-Unis de se poser comme détaché des masses ou des collectivités, de s’élever au-dessus d’elles : « Le besoin de statut s’exprime d’une manière très personnelle : on veut être respecté en tant qu’individu », écrit Sennett. D’après lui, les Américains veulent que l’on juge leur position dans la société selon leur race ou leur ascendance, ce qui remplace souvent la conscience de classe qui subsiste en Europe. Critiquant les évolutions de la société américaine actuelle, Sennett dénonce la polarisation entre riches et pauvres qui ne cesse de croître aux Etats-Unis, alors que la classe moyenne s’amenuise de plus en plus, ce qui génère un sentiment général d’angoisse, de désorientation, d’instabilité et d’insécurité qui touche de vastes strates de la population. Face à ces phénomènes inquiétants, prospère une petite caste de profiteurs de la flexibilité, se hissant au-dessus d’une énorme masse de perdants.
Pour Sennett, Bill Gates, fondateur de Microsoft, constitue l’exemple paradigmatique d’un « boss de l’économie flexible » : bien que les produits de Microsoft soient, d’après Sennett, de « qualité moyenne », ils débouchent très rapidement sur le marché, pour disparaître aussi vite. Sennett cite une phrase significative de Bill Gates, pour stigmatiser son attitude face au travail : « Au lieu de s’immobiliser soi-même dans un travail aux contours bien délimités, … on devrait au contraire se mouvoir dans un réseau de possibilités ». Cette volonté d’imposer une adaptabilité flexibiliste chez Bill Gates démontre surtout, selon Sennett, que le fondateur de Microsoft est prêt, si la situation l’exige, à détruire ce qu’il a créé. D’autres réflexions de Sennett méritent également le détour : notamment celles qui concernent les systèmes d’éducation dans les pays industriels. Ces systèmes d’éducation, d’enseignement et de formation produisent un surnombre de travailleurs hautement qualifiés. Ceci nous conduit aux problèmes du chômage et du sous-emploi, où les victimes de ces effets pervers sont confrontées en permanence à un sentiment d’inutilité sociale.
Les conclusions de Sennett sont claires : les sociétés, dont les ressortissants sont majoritairement désorientés et doivent faire face à un trop grand sentiment d’inutilité sociale, et au sein desquelles des valeurs comme la confiance, la fiabilité, la fidélité, la loyauté et le sens de la responsabilité sont minées, brocardées et éradiquées en toute conscience, risquent, sur le long terme, de mettre leur existence même en péril.
Brigitte SOB.
(article paru dans l’hebdomadaire viennois « zur Zeit », n°51-52/2007 ; traduction française : Robert Steuckers).
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jeudi, 13 décembre 2007
H. De Man, maître à penser
Edgar Delvo lors d'un congrès de l'UTMI pendant la seconde guerre mondiale
Henri De Man, mon "maître-à-penser"
par Edgard Delvo/E.d.V.
En mai 1940, l'homme politique socialiste flamand Edgard Delvo, 35 ans, se présente comme volontaire dans un bureau de recrutement de l'armée française, pour s'engager dans la lutte contre les ³barbares allemands². Mais un mois plus tard, il devient membre du Conseil de Direction (Raad van Leiding) du VNV (Vlaams Nationaal Verbond), le parti nationaliste flamand dirigé à l'époque par Staf De Clercq. Delvo est prêt en 1941 à s'engager pour le front russe, mais, en 1942, il est appelé à la tête de l'UTMI/UHGA (Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels; Unie van Hand- en Geestesarbeiders), le syndicat unifié, pendant belge du Front du Travail allemand. En septembre 1944, il fuit la Belgique, se réfugie en Allemagne et participe au Landsleiding (le gouvernement flamand en exil). Condamné à mort par contumace par un Tribunal militaire belge, Delvo vit trente ans en exil en Allemagne, dont vingt sous une fausse identité. A l'âge de 71 ans, revenu en Flandre, il publie un livre de mémoires Sociale Collaboratie (Collaboration sociale), où il retrace les grandes lignes de son socialisme national-populaire (volksnationaal socialisme) et confie aussi ses souvenirs à E.d.V., chroniqueur historique de l'hebdomadaire satirique flamand Œt Pallieterke (Anvers). Nous en publions un court extrait, où Delvo évoque la figure de Henri De Man, théoricien rénovateur du socialisme européen, très contesté au sein de son propre parti.
La plupart des jeunes militants socialistes de la génération de Delvo ne connaissaient même pas le nom de Henri De Man. "Dans les conférences et les cours du mouvement ouvrier belge, on ne le mentionnait pas. Ce n'est que dans un petit cénacle de notre groupe des Jeunesses Ouvrières (AJ; Arbeidersjeugd) que son nom avait bonne réputation et, pour moi personnellement, ses écrits constituaient un message de salut". Voilà ce que nous déclare Delvo qui ajoute que ses amis et lui comprenaient parfaitement qu'il valait mieux ne rien laisser transparaître de leur admiration pour De Man. Il était préférable, disaient-ils, de ne même pas prononcer son nom en dehors des cercles culturels de la jeunesse socialiste. La meilleure et la seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était d'étudier ses idées de la manière la plus approfondie et d'en parler le moins possible avec les vieux camarades du parti, et certainement pas "avec les dirigeants".
Première rencontre
Henri De Man vivait encore en Allemagne quand Delvo et ses amis le lisait en cachette. Quelques années avant la prise du pouvoir par Hitler en 1933, Delvo reçoit l'ordre d'accompagner son maître vénéré à Gand et de présenter De Man aux socialistes de la ville. De Bruxelles à Gand, De Man et Delvo occupent à eux seuls un compartiment dans le train. Mais ils n'ont pas fait plus ample connaissance. Henri De Man avait vingt de plus que son admirateur; il n'a pas posé à son jeune camarade les questions conventionnelles que l'on pose pour montrer de un intérêt réel ou feint à son interlocuteur. De Man n'interroge donc pas Delvo sur sa jeunesse, son travail, sa façon de penser, ses dififcultés, ses espoirs... Nulle question de ce type. "Ce n'était apparemment pas son habitude de feindre de l'intérêt quand cet intérêt n'existait pas". Delvo était là comme un passant. "Mais n'allez pas croire que De Man était méprisant ou garder ostentativement ses distances. Au contraire. Il n'y avait rien d'affecté ou de blessant dans son attitude. Si je n'avais pas su que je me trouvais en présence de mon idole intellectuelle, je n'aurais rien remarqué de particulier à sa présence tranquille, à cet homme qui fumait confortablement sa pipe et laissait libre cours au vagabondage de ses idées".
Nationalisme et socialisme
En cours de route, les deux hommes ont échangé quelques mots sans signification, mais au moment où le train s'est approché de la gare de Gand-Saint-Pierre, De Man s'est brusquement animé: son intérêt s'éveillait pour la ville où il avait passé ses années d'étudiant et vécu ses premières expériences dans le mouvement socialiste. Il s'est appuyé sur la fenêtre du compartiment et quand nous sommes entrés dans la gare, il a dit: "Il y a bien longtemps! On va voir si on ne m'a pas déjà oublié". Delvo relate cette soirée gantoise: "Non, on ne l'avait pas oublié et, apparemment, on ne lui avait rien pardonné non plus. Pour ce qui concerne le nombre de militants présents, nous n'avions pas à nous plaindre; on s'attendait à une conférence compliquée qui n'attirait évidemment pas la masse. Un théoricien n'est pas une star du football ou un coureur cycliste victorieux. Nous pouvions aussi être satisfait du niveau intellectuel des assistants; le cercle d'étude socialiste qui avait organisé la conférence avait visé les intellectuels. Les dirigeants du parti, eux, ne s'étaient pas montrés. La vieille querelle durait-elle encore? Ou bien l'absence des dirigeants socialistes était-elle plutôt due à leur indifférence à l'égard de la thématique annoncée, ³nationalisme et socialisme², soit un problème auquel le POB n'a jamais voulu consacrer l'attention voulue?
"Je ne sais pas si Henri De Man a été déçu ou non de l'absence des dirigeants ouvriers de Gand lors de sa conférence; quoi qu'il en soit il ne l'a pas fait remarqué pendant le voyage de retour. A l'arrivée à Bruxelles-Nord, notre séparation a été brève et sans façons, comme notre tout première rencontre: une forte poignée de main".
Amis?
Selon Delvo, De Man était "tout naturel, sans contrainte dans son comportement, nullement vaniteux". Il le décrit comme "une personnalité tranquille, maîtresse d'elle-même, avec laquelle on se sentait à l'aise, bien qu'on aurait donné beaucoup pour savoir ce qui se passait derrière ce front haut et dans les sentiments de ce homme remarquable, qui ne laissait rien entrevoir de ses attirances et de ses répulsions".
Delvo, qui avait vingt-cinq ans quand il a rencontré De Man pour la première fois, n'a pas modifié fondamentalement ses premières impressions du théoricien. On a reproché à De Man "une indifférence blessante à l'endroit de ses semblables"; pour Delvo, ce n'était qu'"une inattention pour son environnement, une évasion totale ou un plongeon profond dans le monde de ses idées".
De Man, écrit Delvo, ne se donnait jamais la peine de susciter des effets dans son entourage. Il se comportait comme le dictait sa propre intériorité: "il restait toujours naturel et simple dans ses relations et dans son style de vie; il ne se pavanait pas, n'en mettait jamais plein la vue à ses proches, il ne faisait pas semblant, ne commettait jamais de fanfaronnades". De Man était un exemple pour l'attitude existentielle qu'il prônait lui-même: plus être que paraître, accorder moins d'importance à l'avoir qu'à l'être.
C'est précisément cet Henri De Man-là qui n'avait pas d'amis au sens profond de ce mot, écrit Delvo. Mais il semblait n'avoir nul besoin d'amis, "bien que beaucoup de personnes appartenant à son cercle de pensée souhaitaient que les sentiments de proximité qu'il suscitait en eux, reçoivent une réponse de sa part".
Assainir la démocratie
En 1933, De Man se fixe à Bruxelles. A partir de cette année-là, Delvo aura avec lui "des contacts extrêmement précieux et féconds". Delvo ajoute que De Man n'avait pas quitté l'Allemagne "sous pression", au moment où Hitler a accédé au pouvoir, "comme on l'a dit trop souvent par erreur". D'après Delvo, De Man aurait pu conserver sa chaire sans problème à Francfort, s'il l'avait voulu. "Combien de professeurs allemands compromis politiquement aux yeux des nouveaux détenteurs du pouvoir, pour leurs activités du temps de la République de Weimar, sont restés en Allemagne en dépit du changement de régime, en adaptant tout simplement leurs matières et leurs cours aux circonstances nouvelles, tout comme, ultérieurement, ils se sont réadaptés une seconde fois après 1944, en empruntant une direction nouvelle, dans le cadre du programme démocratique de ³rééducation² du peuple allemand".
De Man, en revanche, a quitté le Troisième Reich volontairement et librement, parce qu'il "n'était pas prêt à s'adapter à un régime dont il rejetait les fondements". Il a préféré mettre son expérience au service "du mouvement socialiste et de la lutte contre la crise dans son propre pays". Mais Delvo nous rappelle n'est pas simplement rentré en Belgique pour défendre une démocratie menacée et exposée aux coups de la dégénérescence. Non: De Man envisageait une réforme en profondeur de la démocratie belge, son assainissement". De Man croyait à la possibilité de telles réformes. Il voulait protéger la Belgique de "toute expérimentation totalitaire et dictatoriale".
Hendrik De Man, dit Delvo, "n'a jamais cessé de nous dire que toute démocratie sans responsabilité et sans autorité personnelles, sans auto-discipline et sans direction consciente, ne résisterait pas aux manipulations démagogiques et à l'auto-destruction". Il a opté pour une "démocratie puissante, vitale et ³autoritaire²" contre toutes les formes de dictature. Mais, en même temps, De Man concentrait toute son attention aux efforts entrepris par Hitler "pour susciter une solidarité nationale plus cohérente par plus de justice sociale". De Man considérait que "les réalisations sociales du Troisième Reich comme une contribution importante à l'unification spirituelle et psychique, condition préalable à ce sursaut soudain et étonnant du peuple allemand".
Peu après son retour en Belgique, Henri De Man devient vice-président du POB/BWP. Cette nomination avait été préparée lors de conversations avec le ³patron¹, Emile Vandervelde. Dans ces années de crise, tous les espoirs, dans le sérail du POB, reposaient sur Henri De Man. Les socialistes belges du POB ne désiraient plus s'adresser exclusivement et principalement aux ouvriers. En réalisant son fameux ³Plan du Travail², le POB entendait libérer toutes les catégories de la population "de l'emprise des forces économiques et financières monopolistiques".
Delvo, fidèle collaborateur à la revue de De Man, Leiding, adepte convaincu de son socialisme éthique, défenseur passionné des point de vue de son maître-à-penser, contribua à diffuser largement, par la plume et la parole, les thèses de l'auteur d'Au-delà du marxisme. Pendant des années, Delvo est resté en rapports étroits avec De Man. Malgré cela, il n'ose toujours pas dire aujourd'hui, "qu'il a bien connu De Man".
"Réformateur du monde"
Pour comprendre la nature de leur relation et pour comprendre la personnalité de De Man, citons ces mots que Delvo consigne dans ses mémoires: "Henri De Man a voulu faire beaucoup de choses pour les gens, mais il n'a pas pu le faire avec les gens". De Man "était profondément convaincu que les gens avaient besoin de lui". Il s'est toujours senti dans la peau d'un "réformateur du monde". Il voulait littéralement compénétrer les gens de ses idées, qu'il avait bien entendu formulées pour leur bien. Il voulait aller de l'avant et diriger, mais, personnellement, il ne ressentait nullement le besoin d'appartenir à l'humanité! "Il n'a jamais été un homme de communauté", au contraire de son élève Delvo, qui ajoute: "il acceptait le soutien et la collaboration de ceux qui étaient prêts à l'aider, et voyait en eux des hommes partageant les mêmes idées et les mêmes sentiments, des compagnons de combat, et non des amis".
Et Spaak?
"Pas même Paul-Henri Spaak", nous dit Delvo, "qui a tout de même, avec De Man, été considéré comme le représentant le plus influent du ³socialisme national² dans notre pays, et qui a été pour lui, un soutien indispensable quand il s'est heurté, inévitablement, au vieux président du parti, Emile Vandervelde, qui possédait encore à cette époque une grande autorité; je le répète, même Paul-Henri Spaak, n'a jamais été son ami. Non, personne n'avait accès à l'intériorité de De Man, n'avait droit à une part de sa vie sentimentale. C'était un homme que l'on appréciait et que l'on respectait, pas un homme à qui on se liait d'amitié".
Spaak et De Man, selon Delvo, "étaient liés dans un combat commun, basé sur une vision commune". Mais De Man avait derrière lui un "long processus de maturation". Spaak, au contraire, était devenu un ³socialiste national² en répudiant brusquement son passé à ³Action Socialiste², où violence et extrémisme s'était souvent conjugués. C'est vrai: le retournement soudain dans la pen-sée politique de Spaak s'est opéré quand il est devenu ministre "de manière inespérée et inattendue"; toutefois, Delvo pense qu'il s'agit bien d'une conversion soudaine, mais sincère, et non d'un ³simple calcul². Delvo croit pouvoir comprendre cette conversion; il sait qu'il n'est pas le seul jeune ³demaniste² qui "à ce moment, sa-vait que Spaak, depuis quelques temps, sous l'influence des concep-tions de De Man, avait soumis son internationalisme prolétarien à une sé-vè-re cri-tique" et était devenu un adepte du ³socialisme na-tional².
De Man et Spaak ont-ils été ³amis²? "Ils ont été liés politiquement", sans aucun doute. "Mais amis?": "Non" répond Delvo. Mais ce n'est certainement pas Spaak qui a été le responsable de cette ³incom-municabilité². Tout simplement, De Man n'accordait aucune valeur à l'amitié. Dans ses rapports humains, il ne visait qu'une chose: faire partager à ses interlocuteurs et à ses camarades les mêmes visions de la société et de la politique. Tous les efforts intellectuels de De Man tendaient à améliorer le sort de l'humanité, mais il perdait presque toujours de vue les "hommes vivants", y compris ceux qui évoluaient dans son environnement immédiat. Delvo a très bien perçu cet aspect de la personnalité de De Man: "Celui qui espérait des avantages personnels, entendait assurer son avenir, faisait bien de se ranger derrière la bannière de Spaak, qui ne décevait jamais ses amis et répondait toujours à leurs attentes". Mais ceux qui suivaient De Man pour ses idées ne récoltait qu'un ³bénéfice intellectuel². Aujourd'hui encore, Delvo pense que c'était là le ³meilleur choix². Et si Delvo a opté pour une autre voie que celle de De Man pendant la seconde guerre mondiale, il reste reconnaissant au théoricien du planisme.
Magnanimité?
Pendant l'été 1940, après la publication de son manifeste ‹qui fit tant de vagues, parce qu'il réclamait la dissolution du parti socialiste et appelait à coopérer avec l'occupant allemand‹ De Man reçut la visite de nombreux dirigeants socialistes et surtout syndicalistes, à qui il a promis son soutien, bien qu'il était parfaitement convaincu "qu'ils le renieraient plus de trois fois avant que le coq ne chante une seule fois, si la fortune des armes venait à changer de camp".
En recevant ces socialistes et ces syndicalistes, De Man a-t-il agit par magnanimité? Ou parce qu'il se souvenait de leur lutte commune au sein du mouvement socialiste belge? Pas du tout, nous répond Delvo. Si De Man a reçu pendant l'été 1940 ses anciens camarades du parti qui venaient lui demander conseil, "sans dire un seul mot à propos de l'attitude hostile qu'ils lui avaient manifestée quelques temps auparavant, sans prononcer le moindre blâme pour le fait qu'ils avaient déserté et abandonné leurs camarades", cela n'a rien à voir avec la sentimentalité ou la vertu du pardon: De Man a reçu ses anciens camarades parce qu'ils avaient besoin de lui, de ses conseils, et qu'il était de son devoir de les aider, au-delà de tout sentiment de sympathie ou d'antipathie, de vénération ou de mépris. Parce que De Man avait décidé de remplir la mission qu'il s'était assignée à ce moment-là de notre histoire: rassembler la population belge derrière son Roi.
Leo Magits
Delvo n'aime pas qu'on lui pose trop de questions sur l'"homme" Henri De Man, pour la simple et bonne raison, dit-il, qu'il ne peut le faire, qu'il n'en a pas le droit. Mais il souhaite expressément nous dire ceci: lorsque De Man "avait pris une décision, lorsque quelque chose était bon et nécessaire selon son propre jugement, aucune considération ne pouvait plus l'empêcher d'agir selon son idée. Devant ce qu'il considérait être son devoir, tout devait fléchir et il oubliait tout, y compris ses propres enfants".
Lorsque Delvo devint en 1932 secrétaire général de la Centrale d'Education Ouvrière, en prenant la succession de Max Buset, il a fallu nommer un nouveau secrétaire flamand. Parmi les candidats: Leo Magits, émigré en 1918 aux Pays-Bas, où il fut actif dans le Syndicat International. Delvo ne connaissait pas Magits personnellement, mais avait lu sa brochure Vlaams socialisme [= Socialisme flamand]. Lorsque les deux hommes font connaissance à Bruxelles, deux choses sautent aux yeux de Delvo: "l'attachement absolu de Magits à la démocratie" et "sa vision du nationalisme qui se profilait avantageusement, par rapport à la vision de De Man sur cette question", dans le sens où Magits opérait une distinction beaucoup plus nette entre les concepts de ³nation² et d'³Etat², ne réduisait pas le nationalisme à une simple question de langue; de plus, son analyse des valeurs qu'apporte le fait national dans le mouvement ouvrier, permet des déductions bien plus positives et fécondes que l'¦uvre de De Man. Magits avait le mérite de ne pas sous-estimer la valeur de la prise de conscience nationale chez les ouvriers, dans la mission culturelle que doit s'assigner tout véritable mouvement socialiste.
Sous la double impulsion de De Man et de Magits, Delvo va évoluer intellectuellement, et finir par théoriser ce qu'il a appelé le ³volksnationaal socialisme², le socialisme national-populaire.
E. de V.
(extrait de la très longue étude de l'auteur, parue dans 't Pallieterke en 1976; cet épisode a été publié le 21 octobre 1976).
[Synergies Européennes, Vouloir, Septembre, 1995]
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vendredi, 07 décembre 2007
Tyranny of Individualism in a Liberal Democratic Society
The Tyranny of Individualism in a Liberal Democratic Society
by Welf Herfurth
Found on: http://majorityrights.com/
(This article contains one sick photo. I included it in the article to show how perverted society has become, at least in my opinion - Welf Herfurth)
1. Introduction
This is an article divided up, roughly, into two halves. The first concerns liberalism, or what liberalism has become. It details a transition in liberalism – from a cult of elections and parliaments, to a cult of doing your own thing (even if that involves sexual and other debauchery). The second half outlines what I consider to be the New Right antidote to the poison of modern liberalism, and explores some of the ideas of a liberal democratic anti-intellectual, Karl Löwenstein, who, in 1937, wrote a paper describing some of the political techniques used by the fascist political movements of the time. Some of those techniques are still being used by nationalists around the world (Hungary, Sweden, Russia, Britain, etc.), and, in my opinion, we in Australia can apply them equally as successfully here.
2. What is liberalism really?
Nowadays, one can read, in the Western liberal democratic press, daily denunciations of General Musharaff of Pakistan and the Burmese Junta. The two dictatorships have attracted media attention recently because of their flagrant crackdowns on ‘liberal democratic’ political opponents (or at least, opponents who the Western media assumes are liberal democratic).
Now and then, other dictatorships and/or authoritarian regimes will occupy the spotlight. One recent case is Georgia, which is led by an American-backed liberal democrat, Mikhail Saakashvili, who came to power through an ‘Orange Revolution’-type coup (nicknamed the ‘Rose Revolution’) in 2003, but is now in danger of being overthrown, and now, as a result, has declared a state of emergency and is using state repression – including tear gas and rubber bullets – to subdue the populace.
A perennial target of the Western media is Vladimir Putin. Despite his massive support among the Russian people, and massive election results in his favor, the Western media still considers him to be ‘undemocratic’ and ‘illiberal’, and upholds his critics – small groups of ‘liberal democratic’ dissidents, who have no popular support, and no agenda beyond being anti-Putin – as being more ‘democratic’, and certainly more morally worthy.
So we have a collection of countries – Burma, Pakistan, Fiji, Russia and others – which are manifestly illiberal and democratic in the eyes of Western liberal democrats. But what is it, exactly, that makes our liberal democracies so good? Why are they preferable to these dictatorships and authoritarian regimes? The answer is, simply, that people in liberal democracies are ‘more free’ – in fact, they are ‘free to do their own thing’.
To explain. One of the objections the Western liberals have against Iran is that supposedly Iran (along with other conservative Islamic States) imposes a strict dress code upon women. Women are allowed to dress freely in the West, as well as engage in nude sunbathing and the like: part of that, in my view, is because of the Western cultural heritage (particularly in the northern European countries) which traditionally has given more freedom to women compared to, for instance, the Mediterranean cultures of North Africa and the Middle East. But according to the liberals, this freedom has nothing to do with the West and its cultural heritage, but is, or at least should be, universal. What is more, that freedom should be forced on to countries with a low regard for the freedom of women, and even on ones (like South Africa or Papua New Guinea) with a high incidence of rape. Israel is held up as a model to other Arab nations – ‘the only democracy in the Middle East’ – because of, among other reasons, its high degree of personal freedom (which translates into a thriving gay and ecstasy culture). Such a level of freedom is ‘Western’. Consistent liberals, however, will acknowledge that liberal freedom cuts both ways: a recent article in the British Guardian newspaper denounces the fact that the secularist regime in Tunisia encourages harassment of women wearing the hijab and men wearing beards.
A country needs more than a high level of personal freedom to qualify as a ‘democracy’ in the eyes of the West, of course. For one thing, there must be a separation of powers: the executive, judiciary and legislature must be separate. And, as Carl Schmitt would say, there must be debate: all legislatures must go through the farcical process of debating the pros and cons of each piece of legislation before the members vote on it (even though the passage of each bill is determined, well in advance, along party lines). The Israeli parliament, the Knesset, allows plenty of debate, all right – mostly on the topic of how best to kill, starve or drive out the Palestinians, or who to bomb first (Iran or Lebanon or Syria?). Because of the daily debates in the Knesset, Israel qualifies as a ‘liberal democracy’.
On top of that, there are other requirements: elections, a multi-party system…
These days, however, there are many countries which do have elections, and an ostensible multi-party system, which are still condemned as ‘un-free’ and ‘un-democratic’: Russia, Belarus, Iran, Syria, Egypt, Tunisia, Venezuela. The Western liberals claim that the governments of these respective countries repress the political opposition, fail to hold elections which are completely, a 100% ‘free and fair’ (that is, meeting the Jimmy Carter electoral observer-standard), reduce the legislature to a rubber stamp, and censor journalists. The worst thing about these countries is that they do not see changes of government: an opposition party is rarely, if ever, voted in: so they are de facto single party States. So, then, these countries are situated in the hazy no-man’s land between complete dictatorship and complete liberal democracy. (And even pro-Western countries like Singapore and Malaysia fit into this category). Some are worse (or better) on the liberal democratic scorecard than others: Russia and Syria tolerate opposition political parties more than Syria and Iran – just barely. In many cases, e.g. Russia, Belarus and Iran, a real opposition exists. In other cases, e.g., Venezuela and Egypt, there is a political opposition which does win seats in parliament, but suffers from repression.
Again, though, we have to ask: what is all this freedom for? Surely elections, multi-party systems, frequent changes of government, the freedom of the press to snipe and criticise the government of the day, parliamentary debates, cannot be an end in themselves? Was Iraq invaded to give the Iraqis these dubious blessings? No: the answer is that the Iraqis were not free, as the Israelis are (or as Americans are) – not free to be gay, for instance, or drop ecstasy pills, or consume pornography, or to cross-dress. The Iraqis, and the Iranians, must reach the lofty status of Israel, which sent a transvestite singer to the Eurovision song contest – and won. Ahmedinejad attracted much Western condemnation for his insistence that ‘There are no gays in Iran’ (a mistranslation: he really said that there is no gay culture in Iran like there is in the West). The most strident criticisms against the Iranian political system is that it is run by Mullahs (democratically elected or not) who ‘repress the rights of women’ and repress gays.
This freedom occurs within a context, a structure, of course: in the West, and in Israel, the consumption of drugs like ecstasy is not legal, or de facto legal. It is merely widespread and socially acceptable – the outcome of a liberal society. (Whereas the consumption of heroin and ice, on the other hand, is not socially acceptable). It is fine to use drugs like ecstasy, marijuana and cocaine, or be a homosexual, or dress as a Goth or an Emo, or for a man to dress as a woman, so long as it does not harm others (to the extent that the consumption of ice and heroin does). If women are to be allowed to dress immodestly (immodestly in comparison to Iranian standards), this does not stem from traditional Western freedoms granted to women, and to tolerance of nudity, but to a woman’s universal right to freedom of self-expression.
Some countries are more socially conformist than others: Japan springs to mind. Ironically, America, up until the 1960s, used to be a very conformist country. One only has to look at the films from that time, the fashion magazines, newsreel footage, to see this. Francis Parker Yockey wrote on this topic in Imperium (in the chapter ‘America’, under the heading ‘World outlook’). The passage is lengthy, but is worth reproducing here in its entirety:
Every American has been made to dress alike, live alike, talk alike, behave alike, and think alike. The principle of uniformity regards personality as a danger and also as a burden. This great principle has been applied to every sphere of life. Advertising of a kind and on a scale unknown to Europe is part of the method of stamping out individualism. Everywhere is seen the same empty, smiling, face. The principle has above all been applied to the American woman, and in her dress, cosmetics, and behaviour, she has been deprived of all individuality. A literature, vast and inclusive, has grown up on mechanizing and uniformizing all the problems and situations of life. Books are sold by the million to tell the American “How to Make Friends.” Other books tell him how to write letters, how to behave in public, how to make love, how to play games, how to uniformize his inner life, how many children to have, how to dress, even how to think. The same principle has been extended to higher learning, and the viewpoint is nowhere disputed that every American boy and girl is entitled to a “college-education.”… A contest was recently held in America to find “Mr. Average Man.” General statistics were employed to find the centre of population, marital distribution of the population, family- numbers, rural and urban distribution, and so forth. Finally a man and wife with two children in a medium-sized town were chosen as the “Average Family.” They were then given a trip to New York, were interviewed by the press, feted, solicited to endorse commercial products, and held up for the admiration of all those who fell short in any way of the desirable quality of averageness. Their habits at home, their life- adjustments generally were the subject of investigation, and then of generalizing. Having found the average man from the top down, his ideas and feelings were then generalized as the imperative-average thoughts and feelings. In the American “universities” husbands and wives attend lecture courses on marriage adjustment. Individualism must not even be countenanced in anything so personal as marriage… The men change from felt hats to straw hats on one certain day of the year and on another certain day discard the straw hats. The civilian uniform is as rigorous— for each type of occasion— as the strictest military or liturgical garb. Departures from it are the subject of sneers, or interrogation [...]
All one can say is: how things have changed. America is now the land of the non-conformist, in every way in which Europe was supposed to be. In Europe in the twentieth century, the cultivation of one’s personality – i.e., emphasising one’s differences from the rest, one’s eccentricities – was always tolerated, if not encouraged. (The one exception? Nationalism: if you are a nationalist, and against multi-cultism, you are a Nazi, fascist, racist, bigot, etc., etc).
Non-conformism was part and parcel of the European aesthetic and intellectual tradition. America, though, had always resisted this – being the land of the conformist, the ‘square’, the ‘average man’. That was until the 1960s. I would hazard that the main cause was the shift in American popular culture. In the fields of music and film, the role of the individual genius, in revolt against society’s norms, came to the forefront. Even the films like Top Gun and Flashdance, which embody the ethos of the conservative 1980s – supposedly a return to traditional ‘American values’ – celebrate the heroic, non-conformist individual. There are still plenty of ‘average Joes’ depicted in American popular culture, but the protagonists of television shows like Desperate Housewives and House are eccentrics – the ‘average Americans’ are background characters.
The odd thing is that this attitude of individualism, eccentricity and non-conformity has filtered through to the American (and Western) population at large, and, in the end, has become a new kind of conformity. Everyone has to be different: the subsumption of oneself to a group, or a higher ideal, or to anything besides one’s own individual desires and preferences is an offence against the liberal spirit of the age. And it is this individualism which lies at the heart of modern liberal democracy. A country like Germany may be only barely liberal democratic – with its State control of the media, its repression of nationalists and Holocaust deniers, its thousands of political prisoners. In this, it is not so different from a country like Egypt or Tunisia. But where Germany is genuinely liberal democratic is its parliamentary debates, its multi-party system – and its tolerance of ethical hedonism and individualism. One cannot wear a ‘fascist’-style political uniform: that would be ‘Nazi’. But one can prance around, high on drugs, in a strange costume, at the Berlin ‘Love Parade’, a kind of annual Mardi Gras event where the attendants openly consume party drugs like ecstasy – while the police turn a blind eye. (In Singapore, or Belarus, it would be a different story).
3. Freedom and degradation
My own views on this are as follows. Freedom to take drugs in public, or for gays to marry one another, or to dress ‘differently’ (i.e., dress like Paris Hilton, Britney Spears or Lindsay Lohan) are low on my list of priorities. Freedom to take a revisionist view of German history, and the history of the Second World War, or to criticise immigration, are, on the other hand, very high. My view is that if that freedom is not possible, then other freedoms are not worth having at all. From my perspective, Russia is more free than the West. Russia, like the West, makes the Allied-Communist interpretation of the Second World War, part of its State ideology; but, unlike the West, it is indifferent to those who disagree with the government’s line on those subjects. Russia does not persecute people who take an alternative view of the history of WWII; and it could not care less if Russian nationalists oppose immigration. A German with a long history of nationalist activism, like myself, can walk the streets of Moscow a free man; but is in danger of arrest if he visits his own country.
Regarding the other freedoms – which my liberal democratic countrymen prize so highly – I am largely indifferent: the consumption of drugs, liquor, pornography, etc., have been part of civilisation ever since it existed; likewise, individualism, the right to act ‘crazy’ or different’, is part of European culture and history. (One only has to look at the Weimar Republic, with its cult of drugs and individualism. Because of the lack of individual identification with the community and the State, the Republic fell apart; out of the ashes arose the Third Reich).
But a recent incident has forced me to reconsider my views. Recently, I took a holiday in the United States, and, while in San Francisco, happened to be in a main street where a local, American version of the German ‘Love Parade’ was passing through. As in Germany, the revellers were high on drugs, prancing around to music, and wearing outlandish clothes. Being a good tourist, I started taking photos on my digital camera. I then saw, out of the corner of my eye, a grossly overweight, middle-aged bearded man, entirely naked except for a pair of sneakers. He had shaved all the hairs off his body (except for the hairs on his face), and, judging by his even tan, must have been a frequently-practicing nudist. I then became aware that he was masturbating – openly, in front of everyone. I must admit I was completely taken aback. Thinking that no-one back home would believe me, I took photos of the man. He looked up, saw me, and continued to masturbate – and even struck poses. Finally, he finished doing what he was doing. Another of the attendees – another overweight person, this time a woman, dressed in strange attire (somewhat reminiscent of a Viking costume) – came up and hugged him.
The man clearly must have been on drugs: ecstasy, fantasy, ice, goodness knows what. The essential thing is, it dawned on me that: this is the ‘freedom’ that George W. Bush speaks of; that he defends; that he insists on imposing on other countries through the unilateral use of military force. Liberalism has changed: from a doctrine of pluralism (manifested through a multi-party electoral system, parliamentary debates, a free press giving dissenting views) to a doctrine of complete individualism free of any restraints.
The liberal argument now is that individuals should be given the maximum amount of freedom, and be allowed to do what they like, so long as those people are not ‘hurting others’. With this principle in mind, the Netherlands allows the smoking of marijuana; it also allows gay men to organise sex parties. Unfortunately for the Dutch liberals, the principle was challenged recently, when it was revealed that gay men, infected with AIDS, would lure young men to these parties, drug them with a date rape drug (called, appropriately, ‘Easy Lay’) and inject them AIDS-infected blood. This caused a scandal.
But, presumably, the liberal position is: organising sex parties is OK; gays should be allowed to do what they like; they only cross the boundary between right and wrong when they hurt others – and injecting men with AIDS-infected blood is ‘hurting others’. The same principle applies to the revellers in the San Francisco Love Parade: the revellers high on drugs, masturbating publicly in the nude, were not ‘hurting others’. There may be laws on the books against indecent exposure, and the consumption of party drugs, but these are written by prudes, moralists, ‘wowsers’ (as the Australians like to call them). It’s OK for people to let their hair down once in a while and break those minor laws. Why not let people be free individuals and do their own thing? What is wrong with that?
4. Freedom and Tradition
The answer is long and complex. I will give it as follows.
Evola, in his work, gives an outline of the various kinds of spiritualities, as they have appeared in human civilisations: he identifies, following Nietzsche, a ‘Dionysian’ spirituality, which is a spirituality of shamanism - achieving altered states of consciousness through the use of drugs, alcohol and revelry. Evola has ambivalent views towards ‘Dionysianism’: on the one hand, he believes that it is an attempt to reach a mystical state of being which is truly ‘Traditionalist’; on the other hand, he thinks that is a mindless, debased spirituality, which breaks down all barriers, all hierarchies – between the sexes, between the classes, between all ethnic groups. What is more, ‘Dionysianism’ is a feminine spirituality – which explains the frequent association of the god Dionysos with female worshippers and revellers. Evola, of course, has nothing against femininity: merely the feminisation of men. Evola’s preference, as his readers know, is for the ‘Olympian’, ‘Solar’, ‘Apollinian’ spirituality, which is ‘virile’ (from the word viros, meaning male).
Now, all this is rather metaphysical: but Evola was a nationalist philosopher, or at least a philosopher of a kind of nationalism which many nationalists today are sympathetic with. Certainly they reject ‘Dionysianism’, or at least, the debased elements. And clearly, in my view, the phenomena of the Love Parade, and the behaviour I saw there, fits into the category of ‘Dionysianism’. As a New Rightist, then, I must reject it. Evola writes of the ‘lunar’ spirituality, which rejects hierarchy and authority, and regards all men as ‘one’ – no matter their race or social position. Certainly, the self-debasement of the Love Parade fits into that category too.
And it is a small leap from the ‘lunar’ spirituality of the Love Parade to the ideology of the Antifa. The Antifa objects to nationalism because that ideology draws distinction between races, and refuses to acknowledge the non-Western immigrant as being the equal, and deserving equal rights, as the indigenous Westerner. The Antifa accepts the immigrant, and the gay, as ‘brothers’. The stereotype of the ‘Lefty’ or ‘Crusty’ is someone who wears his hair in dreadlocks, Rastafarian-style, to show his affinity with the Negro, and smokes marijuana, which, as anyone who has tried it knows, is a notoriously egalitarian drug (which makes one accepting of all people and all things).
All rather complex and metaphysical, true: but Evola’s descriptions get right to the heart of things. He was an eloquent man; not surprisingly, he was a poet as well as a philosopher, and could be described as the ‘poet of fascism’. No-one managed to put the tenets of that ideology in clearer terms than he did.
5. New Rightism in action
All of this raises one question: what is that we from the New Right offer, precisely, which is in contrast to the individualism of the Love Parade and George W. Bush’s America? It is all very fine to talk of he nationalist’s affinity for ‘Olympian’ spirituality – one can be as ‘spiritual’ as one wants – but how does it manifest itself in our actions?
As part of the research for this article, I have been looking at a number of film clips of nationalist rallies on YouTube, from Hungary, Rumania, Russia, Italy, Sweden, Britain, Greece. Despite the national differences, a number of similarities emerged. (These similarities were even present in the film clips from different times: I watched one of National Front demonstration in the 1970s, and one in 2007).
One writer who identified those core elements is an American political scientist, Karl Löwenstein, who wrote a classic article, ‘Militant democracy and fundamental rights’, in the ‘American political science review’, volume 31/no. 3, 1937. The article is one of the most influential ever written: it consists mainly of recommendations for a series of ‘anti-racist’, ‘anti-fascist’ laws (against wearing uniforms, ‘defaming ethnic groups’, etc.) which have been put into practice by Germany, France and a number of other Western countries which have sought to clamp down on resurgent ‘fascism’ and ‘Neo-Nazism’ in their midst. It ought to rank as the holy scripture of the Antifa movement: except that Löwenstein preaches the state repression of nationalism, not in the name of multi-cultism, but of liberal democracy. But I will not dwell on this side of the Löwenstein doctrine, important as it is, here. I will instead quote a number of things he has to say on the subject of ‘fascism’ (loosely defined). In my view, he could almost be speaking of nationalism today. He remarks on the surprisingly international character of fascism:
A closer transnational alignment or “bloc” of fascist nations, a “Union of Europe’s Regenerated Nations”, a fascist International of the multi-colored shirts, is clearly under way, transcending national borders and cutting deeply across historical diversities of traditionally disjoined nationalisms. The modern crusaders for saving Western civilization from Bolshevik “chaos” – a battle-cry which in all countries gone fascist has proved invaluable – for the time being sink their differences and operate jointly according to a common plan. Under this missionary urge, which is one of the most astounding contradictions of a political system based on the superiority complex of each individual nation, what exists of distinguishing marks in program, ideology, and nationally conditioned premises of Realpolitik shrinks to insignificance [...]
He writes, disparagingly, that:
Fascism is not a philosophy – not even a realistic constructive program – but the most effective political technique in modern history. The vagueness of the fascist offerings hardens into concrete invective only if manifest deficiencies of the democratic system are singled out for attack. Leadership, order, and discipline are set over against parliamentary corruption, chaos, and selfishness; which a cryptic corporativism is substituted for political representation. General discontent is focussed on palpable objectives (Jews, freemasons, bankers, chain stores).... In brief, to arouse, to guide, and to use emotionalism in its crudest and its most refined forms is the essence of the fascist technique for which movement and emotion are not only linguistically identical [...]
So how precisely does the ‘fascist technique’ work? Löwenstein writes:
Concomitantly, the movement organizes itself in the form of a semi-military corps, the party militia or private army of the party. Under the pretence of self-protection, the original nucleus of the personal bodyguard of the leaders, and of the stewards for the maintenance of order in meetings, is developed into a large fighting body of high efficiency equipped with the fullest outfit of military paraphernalia, such as military hierarchy, uniforms and other symbols, and if possible arms. Again, this technique has strong emotional values and purposes. In the first place, mere demonstration of military force, even without actual violence, does not fail deeply to impress the peaceful and law-abiding bourgeois. Its manifestation, so alien to the normal expressions of party life, is, as such, a source of intimidation and of emotional strain for the citizens. On the other hand, while democratic parties are characterized by the looseness of their spiritual allegiance, the military organization of the fascist parties emphasizes the irrevocable nature of the political bond. It creates and maintains that sense of mystical comradeship of all for each and each for all, that exclusiveness of political obsession in comparison to which the usual party allegiance is only one among many pluralistic loyalties. When party allegiance finally transcends allegiance to the state, the dangerous atmosphere of double legality is created. The military routine, because it is directed against despised democracy, is ethically glorified as party of party symbolism which in turn is part of the emotional domination. Disobedience towards the constituted authorities naturally grows into violence, and violence becomes a new source of disciplined emotionalism. The conflicts with the state – unavoidable when this phase of active aggressiveness is reached – increase the common sentiment of persecution, martyrdom, heroism, and dangerous life so closely akin to legalized violence during war. In addition, the movement is, within its own confines, genuinely democratic. A successful roughneck forwith rises to distinction in its hierarchy [...]
The quasi-military structure and attributes of fascism are one of its distinguishing features:
The uniform has a mystical attraction also in avowedly non-militaristic countries. The effect of military display on the “soft” bourgeois is all the more last because he contrasts the firmness of purpose of accumulated force in fascism with the uncontrolled fluctuations of normal political life. In politics, the only criterion of success is success. Fascism has been irresistably successful in other countries; thus far, it has never met with a reverse. In any democratic country, be it traditionally ever so sober and balanced, the existence of a political movement organized as military force makes the average citizen uneasy and creates the feeling of restiveness which emotional politics needs [...]
He then goes on to list a few more of the ‘essential techniques’, and lists means of combating fascism through legislation:
All democratic states have enacted legislation against the formation of private para-military armies of political parties and against the wearing of political uniforms or parts thereof (badges, armlets) and the bearing of any other symbols (flags, banners, emblems, streamers and pennants) which serve to denote the political opinion of the person in public. These provisions – too light-heartedly and facetiously called “bills against indoctrinary haberdashery” – strike at the roots of the fascist technique of propaganda, namely, self-advertisement and intimidation of others. The military garb symbolizes and crystallizes the mystical comradeship of arms so essential to the emotional needs of fascism [...]
That ‘militarism’ is applied, by the fascist, as follows:
Political strife carried by the fascists to the extreme of organized hooliganism made the fundamental right of assembly more or less a sham. Creating disturbances in or wrecking meetings of opposing or constitutional parties not only proved a favorite test of the fighting spirit of militarized parties ((“meeting-hall-battles” – “Saalschlacht”), but also deterred peaceable citizens from attending meetings of their own selection. The task of the police to keep peace and order at meetings and public processions became increasingly difficult. The ordinary criminal codes being wholly insufficient to curb the deliberate tactics of extremist parties, more stringent legislation was introduced in Czechoslovakia, Great Britain, and proposed in Switzerland [...]
Löwenstein describes the method of the ‘provocative march’:
A different problem arose when it became obvious that fascist demonstrations, processions, and meetings were held in districts where they could be considered only as a deliberate provocation because of the hostility of the bulk of the people living in these quarters. If, in such cases, disturbances occurred, they were actually created by the opponents. Exploiting this situation was one of the favorite methods of rising fascist methods whereby they could stand on the constitutional right of free processions and assembly [...]
He details, interestingly, the use of the weapon of ‘political abuse’:
Overt acts of incitement to armed sedition can easily be squashed, but the vast armory of fascist technique includes the more subtle weapons of vilifying, defaming, slandering, and last but not least, ridiculing, the democratic state itself, its political institutions and leading personalities. For a long time, in the Action Française, the finesse of noted authors like Daudet and Maurras developed political invective into both an art and a science. Democratic fundamentalism acquiesced, because freedom of public opinion evidently included also freedom of political abuse, and even malignant criticism was sheltered. Redress had to be sought by the person affected through the ordinary procedure of libel, thereby affording a welcome opportunity for advertising the political intentions of the offender [...]
In an unintentionally amusing passage, he takes note of the distinctly fascist method of using martyrs to exalt one’s cause – and dubious martyrs at that:
More patently subversive is fascism’s habit of publicly exalting political criminals and offenders against the existing laws – a practice which serves the twofold purpose of building up the revolutionary symbolism of martyrs and heroes and of defying, with impunity, the existing order. It is still remembered that Herr Hitler, in August, 1933, when the rowdies of his party murdered, under particularly revolting circumstances, a political adversary in Potempa and were sentenced to death by the court, proclaimed his “spiritual unity” with them. Only Czechoslovakia and Finland have provided against this practice of morally aiding and abetting the political criminal [...]
6. Fascism as technique?
At first, when I read Löwenstein’s article, I was somewhat offended by it – in particular, by his characterisation of fascism as being mere ‘technique’, not a real ideology. After all, fascism attracted many intellectuals who gave fascism a well thought-out philosophy, an intellectual basis. And certainly, the post-war ‘neo-fascist’ writers – Yockey, Thiriart, Evola – gave fascism a real intellectual grounding. But, the more I thought about it, the more I saw that Löwenstein’s contention was true. After all, it has to be admitted that nationalism – which Löwenstein would classify, rightly or wrongly, as ‘fascist’ (and certainly his followers in the Bundesrepublik do) – is vague. What the liberal democratic media calls ‘policy detail’ has never been our strong suit. We are not used to contesting in elections, like the mainstream liberal democratic parties, and, when we do, we do not produce budgeted, carefully-crafted plans to improve children’s health care, combat global warming, fix petrol-price gouging, etc., like the Labor and Liberal parties are doing at this Australian federal election. Part of this is sheer lack of experience and money – whereas the mainstream liberal democratic parties have plenty of both, and are very good at organising the logistics of elections.
New Rightism, more than anything else, is an ‘action’ movement, not a ‘talking’ movement, and the heart of our policy, if not worldview, lies in our day to day living: living in community, working in the community, transforming it through our actions.
Nationalism, of course, does tend to elevate people who have fallen in battle – either through actual military conflict, or in the context of a political struggle – into martyrs. Of the film clips I saw, one was a commemoration of a Swedish nationalist martyr – Daniel Wretström, a 17 year old Swedish nationalist killed by immigrants; the other, a wreath-laying ceremony in Hungary commemorating the country’s servicemen who had fallen in WWII.
The ultimate historical fascist martyr figure is, of course, Horst Wessel. There is a scene in ‘Triumph of the Will’ where assembled National Socialist personages sing the Horst Wessel Lied, accompanied by the inevitable salutes and giant banners: the camera focuses on Göring for a few moments, and one can see the beginnings of a tear forming in the hard man’s eye. Without a doubt, nationalists – whether today in Greece or Hungary or Russia, or in yesterday in France or Germany – rely heavily on emotion. These emotions are: indignation, against our liberal democratic and communist enemies; a feeling of the rightness of the cause; self-sacrifice; self-abnegation (which comes from service to a higher goal)… All of this is transmitted through formalities and ceremonies: the Swedish nationalists, for instance, put on a candle-lit vigil and procession for the young Wretström. (Swedish nationalists have set up a site, outlining the rules for the annual march, and meeting points. Click here).Whereas, in a liberal democracy, the Berlin Love Parade has replaced the torchlight processions of the SS: individuality takes the place of community as an object of veneration in the Bundesrepublik.
Even liberal democrats have to admit that, compared to the political street theatre of nationalism, their brand of conventional politics is mundane. There is nothing in mainstream conservatism, social democracy, environmentalism, liberalism, etc., to compare with it. There is a real pleasure in being part of a crowd of demonstrators, marching past communists who are swearing, spitting, jeering, singing communist anthems, who are being held by mounted police (as in one of the old National Front film clips). It is a peculiar pleasure, to be sure, and not for everyone. But once one has a taste of it, one becomes addicted. I am often chastised by liberal democratic friends, and I have plenty of them, for being part of the so-called ‘Neo-Nazi’ nationalist scene: I retort to them, ‘What am I meant to do? Join the Liberal Party, attend boozy functions, sit among fat, middle-aged men in suits, and listen to speakers like Tony Abbott and Peter Costello drone on about the unions?’ The mainstream liberal democratic parties do not give anyone much of a scope for real political activism. What they are about is power to political parties but not the people they claim to represent. New Rightism, on the other hand, is activist-based: and it has the potential to encompass nearly all spheres of life.
One other advantage of nationalism is that it is virtually indestructible. The National Front imploded after reaching a peak in the late 1970s: but it is still in action, albeit with reduced numbers, and this time demonstrating against Islamic immigration and gay marriage. Certain of the problems afflicting Britain have changed, but others remain the same. The prime example of nationalist indestructibility, though, is Germany and Eastern Europe. The Allies and the Soviets embarked on a campaign of unprecedented genocide against Germany and its Allies – with the intention of eliminating ‘fascism’. But nationalism has grown back. Part of the reason for nationalism’s success is that, being a technique, it is easy to apply in all manner of times and places.
So why do some nationalist movements in some countries grow and others do not? I am biased on this. My belief is that, if the British nationalists, for instance, invested as much time and effort in constant, round the clock demonstrations – and taking the ‘war’ to the enemy, the communists and Antifa – as they do in trying to win council seats, they would achieve better results (and certainly earn themselves more media notoriety that way). The Internet has proven to be a boon to nationalism, but it has also made nationalists stay at homes – preventing them from going out, mixing with other nationalists on group activities (like hiking trips), meetings, conferences and the like, and engaging in demonstrations and rallies.
The demonstration is really at the heart of nationalist ‘technique’. Demonstrations are a public show of power: they are political street theatre. What matters in a demonstration is force, strength. Large numbers are required – and flags on poles to make the nationalist crowd look bigger than it really is. Loudhailers, loudspeakers mounted on cars, whistles, drums (the National Front in the 1970s made effective use of drums), ect, are all important for drowning out the hateful cries of the enemy (with their inevitable boring chant of ‘Nazis out!’). It becomes a pitched battle between the nationalist and the communist counter-demonstrators: and the biggest and loudest crowd wins.
I myself recognise the supreme importance of this: and the importance of getting as many nationalists and New Rightists as possible to attend a demonstration, and take the blows directed at them by the communist enemy. But nationalists, it has to be said, spend too much time on doctrinal disputes. On the National-Anarchist and New Right mailing lists, for example, there was a recent debate on whether or not ‘New Right’ and ‘National-Anarchism’ were appropriate names for our ideas. Should we not look for alternative names? Alternatives were suggested: e.g., ’New Left” (the affiliate of the New Right in Portugal actually calls itself ‘New Left’), ‘New Reason’ instead of ‘New Right’. One of the objections to the use of the term ‘New Right’ was that it may be confused with the Anglo-Saxon neo-liberal movement of the same name from the 1980s (as if the average man can remember back that far). As for ‘National-Anarchism’, are not nationalism and anarchism mutually exclusive concepts?
All of this is somewhat missing the point. The early fascist activists cobbled together an ideology which was ‘Left’ as well as being ‘nationalist’: no doubt it confused a good many people. A typical response would have been: ‘I can’t tell if you people are Left or Right: your ideology is an incoherent mish-mash’. (Some commentators characterised German National Socialism, when it first appeared, as ‘conservative Marxism’). I am sure that Mussolini’s movement started off without a name: and that finally, at some point, someone felt that they had to give their rather loose collection of ideas a proper name, and someone came up with ‘fascism’. But what is in a name? And why do political ideas have to be consistently ‘Left’ or ‘Right’? Political theories, in my view, are not mathematical proofs, where every step proceeds logically from the other. The essential thing is to go out and do. The trouble is that the liberal democratic system wants the Left and Right to fight one another; it is happy with the Left-Right divide; it likes the simplicity of the concepts; it does not want people to think; rather, it wants them to be conditioned, to categorise themselves as green or socialist or conservative. That way, a person only sees himself in terms of that category: the ideology does the thinking for him. Which is why Greens feel that they have to fight nationalists, despite their similarities: Bob Brown and the Green Party have ordained that nationalism is evil, racist, and has nothing to do with environmentalism; so the individual ends up not thinking for himself, and instead obeys his party leaders and the dictates of the mainstream political consensus.
7. What to do
Sometimes, when I look at the hostility nationalism generates – from the ‘militant democratic’ governments of Germany and France, in particular – I wonder why it is these governments are so afraid. Look at the footage of any nationalist march, and all you will see – in the last analysis – is a large group of men and women carrying flags and banners, walking along a road. But, from the way the liberal democrats and communists behave, such activities are heinous, and must be stopped by any means necessary. Nationalism will lead to a second Holocaust, etc., etc. (even when the marchers are British or Russian). My pragmatic response, though, is: so what? A bunch of people are marching down the street, waving flags with old Teutonic and Celtic symbols on them – what harm does it do? I wonder what would happen if the German government banned the prohibition of uniforms or Holocaust literature. Would mass riots and discord ensue? Would the Bundesrepublik cease to exist overnight? Simply because ‘fascism’ in the 1920s and 1930s became a Europe-wide movement, embracing millions of men and women, is no reason to believe that it will happen again. The pettiness and stupidity of the ‘militant’ liberal democrats expresses itself in actions like the withholding of two years worth of mail to Ernst Zündel, for example.
Having said that: laws come, and laws go (Holocaust denial in Spain has just recently been legalised again) and there is no body of legislation in existence anywhere which has succeeded in shutting down nationalism completely. The Russian nationalists wear masks and uniforms at their rallies, and use the Roman salute; they also engage in paramilitary training, and even own their own Kalashnikovs. The Italians, on the other hand, labour under the same restrictions as the Germans: but that does not stop them from putting on large demonstrations. It is all a matter of working around the Löwenstein-style laws.
The main strength of our movement is our organisation – our ability to mobilise large numbers of people for mass action. This, of course, occurs only under optimal circumstances – we waste a good deal of time debating doctrinal differences among ourselves, instead of going and doing what we do best. No doubt the demonstrators in Sweden, Hungary, Russia and other countries have, as individuals, a number of doctrinal differences with one another: but the main thing is that they were sufficiently united, and organised, to take to the streets in defiance of communism and militant anti-racism. Ideally, I would like political activists from all over Europe to converge on London – in particular, the financial district (the City of London) – for an annual pan-European anti-capitalist march. And if police and the media, and the communist enemy, descend en masse upon the march, all well and good. That will garner the attention that we need. Because of the location, we would be sure to get worldwide English media coverage, which is considerable.
The main thing which is holding us back is wrong thinking – and lack of courage, or at least, an unwillingness to offend bourgeois proprieties. One German poster, at a mailing list I frequent, wrote recently:
The so-called “free nationalists” are only free from responsible behaviours. They mimic American dress codes and copy antifa strategies which basically makes them appear as dangerous, violence-prone hooded hoodlums. If you disguise your face you not only have something to hide - you also won’t garner any sympathies from the populace...”
That is a common fallacy among some nationalists. The fact of the matter is that the German populace have been trained to hate all forms of German nationalism; the same goes, to a milder extent, for the rest of the world. They are conditioned, Pavlov-style, to react with disgust. Non-German nationalism in the West is fast going the same way – that is, our liberal democratic masters in the media, the church, the parliament, the trade union leadership, the university, are training the Western masses to find it equally as abhorrent. The notion, then, that this hatred (and that is what it is) can be done away with by aping bourgeois manners, is wrong.
Related to this is the fact that many people – especially young people – like outlaws and rebels. You can appeal to more people by trying not to appeal to anyone at all, by being yourself and by making your own values in contrast to the norms of the society you live. In popular culture, this fact has been known at least since the 1950s: James Dean, Marlon Brando, Elvis Presley, were marketed, deliberately, as moody, dangerous rebels – and all three of them made fortunes as a result. Many rock bands nowadays are still being marketed as being as rebellious as the Rolling Stones or the Sex Pistols. Although rock and roll rebellion has now become something of a tired old cliché, the youngsters never seem to get tired of it, as we see with the continuing popularity of likes of the EMO cult. Almost everyone understands this, except for the nationalists who are desperately trying to look respectable and liberal-democratic. Instead of acting independently and doing what has to be done, they are more concerned about what the apolitical consumer-orientated Zombies thinks about, and trying to appease them.
Other nationalists have described their reluctance to refer to the Antifa enemy as precisely that: the Antifa. Why? Because if the Antifa are anti-fascist, it implies that their enemies – us – are ‘fascist’. And we can’t have that. I am surprised that Australians, of all people – a people who wrested this country from the Aborigines, and built a country and a State literally from the dirt, facing great personal hardship and struggle – are afraid of a mere word.
To conclude: what we in the New Right offer is an alternative. Löwenstein is quite right when he says that ‘fascism’ is a method, of confrontation – and investing the political struggle with an honour, dignity and nobility (although he would not use those words). At the risk of sounding ‘irrationalist’ or ‘anti-intellectual’, we New Rightists have to make use of the method (and I am stressing the word method) and get to work – the time for talking is over. We have to show the world our anti-liberal alternative – our alternative to the tyranny of individualism in a liberal democratic society.
Welf Herfurth is a political activist who lives in Sydney / Australia. He was born and raised in Germany. He can be contacted here.
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mardi, 04 décembre 2007
Th. Veblen : mas allà de la lucha de clases
Guillaume FAYE:
Thorstein Veblen. Más allá de la lucha de clases
Raymond Aron ha escrito sobre él: "Entre todos los sociólogos, Veblen es el más famoso de los desconocidos (...) Típicamente americano, siempre con un irreductible optimismo a pesar de la crudeza de los análisis (...) Veblen no ofrece argumentos fáciles a escuela de pensamiento o partido político alguno. La nueva izquierda encontraría en él, quizás, un talante coincidente con el suyo. [Veblen es] una personalidad fuera de lo común, un viandante solitario, perdido en medio del cuerpo docente, un descendiente de emigrantes escandinavos que se siente perdido en la época de los barones de la industria, un nostálgico de la vida simple y libre".
Hijo de campesinos noruegos que emigraron a los Estados Unidos, Veblen estaba marcado por el ideal rural y artesanal de sus ancestros. Despreciaba la arficiosidad burguesa y rechazaba la sociedad —y su sistema económico— dominado tanto por la finanza como por la técnica creativa. Sus experiencias, aquellas que orientaron sus tesis, no tuvieron un carácter intelectual, como había sucedido con Marx o Proudhon, sino empírico: Veblen pudo comprobar el contraste existente entre el trabajador que se ensucia las manos y el burgués de manos blancas, enriquecido como consecuencia no de su trabajo sino de la manipulación de los símbolos sociales y financieros. Veblen ofrece como fundamento de su obra una crítica de la sociedad mercantil y del capitalismo occidental muy distinta de la aportada por el marxismo, más moderna, aunque menos rigurosa. Su estilo de pensamiento está muy próximo a Proudhon, Sombart, Feder, Wagemann o Perroux.
Nacido en 1857, Veblen publicó su obra fundamental en 1899: The Theory of the Leisure Class (Teoría de la clase ociosa) (1). Autor de numerosos artículos científicos, conferencias y de traducciones de leyendas escandinavas, publicó en 1923 otro libro importante: Absentee Ownership and Bussiness Enterprise in Recent Times: the case of America, en el que desarrollará conceptos socio-económicos alejados tanto del liberalismo como del marxismo, y en el que se ha inspirado Baudrillard para su ensayo Para una crítica de la economía política del signo.
El pensamiento de Veblen, radical y anticapitalista —aunque incompatible con el marxismo, repito—, tiene como objeto la economía aunque huye de todo economicismo, se inspira en el evolucionismo biológico en su análisis histórico, rechaza el determinismo social y concede un amplio espacio al irracionalismo, para ofrecer un estilo y un haz de conceptos de gran utilidad. Lo único que no podemos aceptar, desde nuestro punto de vista, es su sentido político e ideológico marcado por un ingenuo optimismo y un irenismo infantil propio de la América luterana, no exento de un cierto idilismo agrario germano-escandinavo.
EL TRABAJO Y EL OCIO
El punto de partida del análisis de Thorstein Veblen es la crítica de la técnica y de la propiedad mobiliaria —en particular de las acciones y los títulos— del capitalismo americano: el propietario anónimo, la riqueza amasada sin trabajo, la especulación inmobiliaria y el reino social de la abstracción monetarista. Al contrario que el burgués Marx, Veblen no desprecia al campesino y no se deja seducir por el determinismo proletario, y rechaza la oposición entre alta burguesía industrial y asalariados industriales, que constituye la base del esquema marxista construído a partir del análisis de la primera revolución industrial, teoría que se revelará falsa en el caso de los Estados Unidos de los años 1900 a 1920. La lucha de clases, para él, no se desencadenaba entre el capitalismo —como sistema de detentación de los medios productivos— y el conjunto de los asalariados industriales (el "proletariado"), sino entre una clase ociosa, en parte compuesta por especuladores financieros (los "capitalistas"), y las categorías productivas de la población, los asalariados.
Esta distinción, que ha sido consustancial una cierta derecha revolucionaria (de Sorel a Jünger), se adapta mucho mejor a la realidad que la tradicional explicación marxista sobre la sociedad moderna, ya sea de corte liberal o socialista. Para Veblen, Marx era un "neohegeliano romántico" cuya teoría de la lucha de clases, como proceso histórico consciente, está influida por los mecanicistas e igualitaristas ingleses, por Bentham y Ricardo fundamentalmente. A pesar de todo, Veblen no dejará de subrayar aquellos elementos positivos, aunque mal formulados según él, de la teoría marxista del valor-trabajo. Al contemplar incorporado en el valor real de las mercancías el valor del trabajo humano necesario para fabricarlas (valor=costo en trabajo), el marxismo opera ciertamente sobre una simplificación —que desemboca en el error económico de la teoría de la plusvalía—, pero provee al análisis de la sociedad de una ética y de un instrumento conceptual más interesante que las interpretaciones liberales del trabajo.
Generalmente, para los liberales, desde Ricardo, el trabajo es una carga desagradable (irksomeness), una acción ingrata desconectada de cualquier valor. El liberalismo clásico —y más tarde los marginalistas— se basaron en parámetros mercantiles sobre la base de un esquema de placeres y penas, infravalorando el trabajo al contemplarlo como un instrumento para la obtención de placer y de enriquecimiento, sin concederle otro valor intrínseco. Aún más mecanicista y economicista que el marxismo, la corriente liberal omite los descubrimientos de la biología —por los que Veblen sí se interesaba— que reconocían al trabajo un papel biológico y cultural. La sociedad con una economía liberal, erigida sobre el hedonismo, no puede sino desembocar en una gigantesca crisis de trabajo. El futuro de la sociedad mercantil dará la razón a este análisis, que considera al hombre como un ser más de acción que de cálculo económico de placeres y penas (el homo oeconomicus).
El marxismo, en su tendencia a glorificar el trabajo, no molestaba ciertamente a Veblen, puesto que el producto de aquél "es el que se produce como consecuencia del despliegue de la vida humana" y es parte "del poderoso proceso vital", así el rechazo marxista del hedonismo y del materialismo burgueses entraría dentro del ámbito de la metafísica: cuestiones como la de la pauperización, la desaparición de las clases y del Estado, el milenarismo de la razón dialéctica, etc.
Además de criticar al homo oeconomicus en nombre de la naturaleza biológica del ser humano, Veblen sentó las bases de una crítica de la economía política de la sociedad industrial según un punto de vista "socialista" mucho más incisivo que el de los marxismos contemporáneos. Desde el punto de vista de Veblen, los trabajadores de todas clases y sean cuales fueren sus funciones, propietarios o no, padecen el dominio de los financieros, de los especuladores, ya sean éstos personas privadas o de las clases funcionariales. Este análisis es, desde luego, aplicable a nuestra civilización, superando el concepto de "finanza" por el de "especulación" ociosa e improductiva, válido tanto para el mundo americano, como para Francia, Suecia o el régimen soviético. Este discurso conforma una crítica sociológica y ética de la burguesía americana, de sus costumbres y de sus ideologías y, por extensión, de la burguesía occidental, como portadora de decadencia y de muerte cultural. Para Veblen, la naturaleza del hombre está sujeta al evolucionismo biológico y a una pluralidad de instintos confrontados. El contraste entre el mundo rural y el mundo yankee ilustra la oposición entre el instinto artesano (workmanship) del "hombre trabajador" y el instinto predatorio de quien se aprovecha de lo que otros producen y nunca ha sido capaz de producir. La oposición parece tanto más válida si corregimos la filiación pacifista de Veblen, que confundía al "depredador" con el guerrero, el financiero o el jefe industrial, en quienes veía la versión moderna del combatiente ávido de botines. Corrigiendo los conceptos veblianos con las tesis de Ernst Jünger, podríamos fructuosamente contraponer un tipo trabajador conformado por elementos artesanos y guerreros a un tipo depredador de esencia mercantil.
LAS NUEVAS CLASES: ARTISTAS CONTRA UTILITARISTAS
Al criticar a la sociedad americana y la explotación de las fuerzas productivas por parte de la ociosa "clase rica" de los financieros, Veblen contrapone dos tipos psicológicos en el seno de la economía occidental. Un primer tipo sería el que sostiene una conciencia utilitaria que reproduciría el sistema y su ideología materialista y hedonista. El segundo tipo, ajeno a la dinámica mercantil y objeto de su desastroso dominio, sería el de los que apuestan por la libre curiosidad (idle curiosity), esto es, los artistas, los inventores, los que arriesgan su propio capital, las personalidades aventureras. Solo la curiosidad libre camina en el sentido de la evolución biológica; por contra, la civilización liberal, como consecuencia del "despotismo del dinero", la esclerotiza.
Adelantándose a Gehlen, Veblen definió al hombre como un ser de acción más que de cálculo o de goce. El utilitarismo de los financieros o de los educadores modernos constituye, como años más tarde demostrará Lorenz, un factor de bloqueo biológico de la cultura. El pensamiento científico es fruto de la curiosidad libre en mayor medida que la racionalidad. Ese instinto artesanal —muy próximo a lo que Heidegger consideraba como "poesía"—, es el más necesario para la evolución de una cultura, para que aquella curiosidad libre se despliegue. Veblen define así este instinto en su ensayo Teoría de la clase ociosa: "El hombre se convierte en un agente activo ante la presencia de una necesidad selectiva. Se considera el centro de un despliegue de actividad impulsiva, de actividad ‘teleológica’". El objeto de este despliegue no es el hedonismo, sino el altruismo y la impersonalidad, dinámica que dota al hombre de un gusto por el esfuerzo eficaz y de un instinto por el trabajo bien hecho.
El aspecto más interesante del pensamiento de Veblen está en el hecho de sustituir la lucha de clases por antagonismos globales que dividen todas las clases. El proletariado no es considerado como "trabajador", en la medida en que Veblen denuncia a los sindicatos como instituciones mercantiles y predadoras. Desde esta misma perspectiva, los propietarios y los creadores de industrias o de actividad son poseedores del instinto artesanal, mientras que no pocos funcionarios bien pueden ser englobados dentro de la misma categoría que la de los especuladores: parásitos que tan sólo piensan en sus ventajas, frenando con sus manipulaciones el trabajo de los demás, y la fuerza de creación y de inventiva de la colectividad. En la economía occidental, esta oposición entre el "mundo de los negocios", entendido en su sentido más amplio, y el "mundo de la industria" se nos antoja actualísima. Veblen fue uno de los primeros en denunciar el riesgo de esclerosis como consecuencia del nepotismo introducido en la sociedad industrial, así como en haber advertido seriamente contra el peligro de una economía sometida a las instituciones y a los mecanismos financieros.
El análisis de Veblen guarda un cierto parecido en algunas de sus propuestas con pensamiento del teórico alemán Feder, al considerar que la verdadera explotación provocada por el capitalismo liberal era de naturaleza financiera ("capital prestamista") al operar sobre un capital técnico-productivo "creativo" (agricultura, industria, comercio y transporte). Veblen, además, sostenía que esta oposición tenía más visos de realidad que el abstracto antagonismo entre "capital" y "trabajo" al denunciar los beneficios monetarios del mundo financiero como "enriquecimiento sin motivo" y cuestionar el interés de la estructura bancaria de la economía liberal. Los financieros, desde el pequeño jugador en bolsa hasta los dictadores de los mercados económicos, "se adueñan de lo que no es suyo". ¿Un análisis sumario? La actualidad nos ofrece, por contra, suficientes ilustraciones: los bancos invierten en función de sus particulares criterios de rentabilidad, las compañías petrolíferas consensuan el aumento de los precios del crudo en un mercado aparentemente libre con objeto de maximizar sus dividendos, los especuladores inmobiliarios sitúan al alza el precio del suelo y de bienes inmuebles provocando crisis en el sector de la construcción, etc. Abundan los ejemplos que confirman la hipótesis según la cual el capital financiero sabotea la producción y restringe la ocupación, con el objetivo de llegar a un nivel marginal más allá del cual los márgenes de decisión están constreñidos al máximo. El capital financiero —que puede ser "nacionalizado", aspecto que Veblen no pudo prever— prevalece sobre la economía nacional provocando la entrada de la sociedad en una era de "cultura del dinero" (pecuniary culture) en la que no cabe ninguna actividad que no haya sido previa y pecuniariamente medida, sometida al control y a la reglamentación dictatorial de la lógica pseudo-racional del beneficio financiero como única alternativa.
CUANDO LA PROPIEDAD SÍ es un robo
En su análisis económico, Veblen está muy cerca de las corrientes del socialismo no-marxista. Al igual que Proudhon, consideraba que la propiedad (en su forma de detentación de los títulos financieros de propiedad de los medios de producción) constituía efectivamente un robo, no en el sentido metafísico y absolutista en el que el liberalismo ha querido estúpidamente interpretar esta célebre expresión (toda propiedad, incluso un objeto: Proudhon nunca sostuvo nada parecido), sino en un sentido que podríamos argumentar de esta otra manera: en la economía mercantil (no necesariamente en cualquier economía) la propiedad, en cuanto detentación jurídica de los derechos financieros de uso de los medios de producción y de servicio (y no como detentación de bienes improductivos), tiene la función histórica de permitir a sus beneficiarios enriquecerse, atribuirse los beneficios fruto de los conocimientos técnicos y del trabajo de la comunidad. En este sentido, una propiedad de tal género constituye, efectivamente, una expoliación de la comunidad popular. Nótese que incluso si el "Estado" es el propietario jurídico (caso de los regímenes socialistas o de los sectores nacionalizados en los países occidentales, como por ejemplo la banca), esta expoliación sigue teniendo lugar, cosa que ni Proudhon, ni Veblen, ni a fortiori Marx, habían previsto: los sectores estatalizados expolian a la comunidad exactamente igual que lo hace el sector privado. Lo que no quiere decir, obviamente —como han considerado quienes han pretendido marginar las tesis de Proudhon o del mismo Veblen—, que toda propiedad industrial (o económica) sea un robo. Dicho de otra forma, y para utilizar las fórmulas de ambos autores, la oficina de un patrón-trabajador no sería una expoliación, mientras que a menudo el puesto de dirección y las prebendas que se atribuye un alto funcionario nombrado como cabeza de un grupo financiero o industrial "nacionalizado", en régimen liberal o comunista, son propiedades expoliadoras, aún si no existe título jurídico de propiedad.
La tesis central de Veblen, resumiendo, es que la economía mercantil debe ser condenada por haber dado el "usufructo de las artes industriales" no a la comunidad popular que, con el conjunto de sus clases, produce el trabajo y la ciencia, sino a la función financiera de la economía que determina las estrategias y, en definitiva, obtiene las ganancias. Una economía comunitaria como la perfilada por Veblen, por el contrario, no autorizaría a una minoría a "obtener algo de nada" (get something from nothing). Mientras que la versión marxista del socialismo, fundada sobre la superada imagen del propietario privado usufructador, pierde fuerza en la medida en que el dirigente no se confunde nunca con el industrial privado y el trabajador no es tampoco el proletario-tipo, la versión vebliana o proudhoniana del socialismo se nos muestra muy actual: el conjunto de los productores es "expoliado" (más que "explotado") por los especuladores: poseedores de capital, banqueros, publicistas, funcionarios ligados al mundo económico, etc. La lucha de clases —ya que es de esta realidad fundamental de lo que se trata— no opone verticalmente a patrones frente a trabajadores, a ricos frente a pobres, sino, de una manera horizontal, a trabajadores (o "productores") frente a parásitos; y de esta última categoría forman parte, tanto los funcionarios corruptos como los falsos desocupados; tanto intermediarios inútiles, como especuladores públicos o privados. Trabajadores los encontramos en todas las clases sociales y en todas las funciones, desde el obrero al artista, desde empresarios a militares.
LA CLASE OCIOSA
La crítica social de Veblen va indisolublemente unida a su crítica de las instituciones económicas. Ésta destapa en la sociedad americana y occidental la interdependencia de factores económicos y culturales, sobrepasando el esquema causal de infraestructura/superestructura; habla de una leisure class (que podríamos traducir por "clase ociosa") para designar a aquella franja de la burguesía para la que la actividad social no significa otra cosa que su objetivo de conquistar, por medio de la posesión cualitativa del símbolo del dinero, una posición de referencia, al tiempo que una superioridad social (sazonada, a título de compensación, con una ideología igualitaria) y de búsqueda del bienestar entendida como un no-trabajo, como hedonismo individualista absoluto. La importancia numérica de esta clase acomodada que conquista espacios a la burguesía media, conformaría el factor social que pondría en peligro a las naciones.
El análisis de Veblen pone el acento sobre la inautenticidad existencial de esta clase. El dinero y el consumo le sirven como símbolos sociales que tienden a camuflar la riqueza acumulada, al tiempo que significan un espectáculo orlado de una superioridad que en absoluto tiene que ver con los méritos obtenidos por servicios a la colectividad, sino a la manipulación social, a maniobras de tipo especulativo, al parasitismo. Veblen habla en este sentido de leyes de disipación ostentosa que "tienen bajo control al consumo", y añade: "se trata de una serie de reglas que mantienen a los consumidores en un determinado nivel de consumo de alto costo y derroche. (...) La regla del derroche ostentoso puede influir, en mayor o menor medida, en el sentido del deber, en el sentimiento de la belleza, en el sentido de utilidad, en el sentido de devoción y de la convivencia ritual, y en el espíritu de la verdad científica". Veblen fija así los mecanismos de influencia del estilo económico sobre la cultura: gastando, consumiendo, es la forma en que los individuos y los grupos muestran sus valores. Esta disipación —o despilfarro— ostentoso (conspicuous waste) constituye para Veblen un hecho criticable en sí. La clase ociosa se empeña en sobrevalorar la importancia de los gastos de índole religiosa. Los gastos ostentosos se convierten en patológicos en el preciso instante en que se individualizan y acaban por confundirse, como sucede en la actualidad, con los objetivos últimos de la existencia individual, sobre todo entre las clases medias. El fin de la existencia se convierte así en una exhibición social, en una exhibición en calidad de "clase ociosa", a través de la medición del valor simbólico de las mercancías y de la posibilidad de compra en función del standing. En este proceso, la pequeña burguesía pone su mirada en la auténtica clase ociosa, que a través de mecanismos de mimetismo alienta y reproduce el sistema económico y social de la sociedad mercantil, gracias a la cual obtiene sus beneficios. En esta perspectiva, las modas, más allá de su aparente superficialidad, asumirían en nuestra sociedad una función política e ideológica más importante que los discursos o la propaganda.
La "disipación ostentosa" conduce incluso a la liquidación de cualquier ética social. "El ladrón que se ha enriquecido de una manera desbocada gracias a la rapiña", escribe Veblen, "tiene muchas probabilidades de saltar por encima de las leyes que se aplican a los pequeños estafadores, de gozar de su botín de hombre bien educado". El estilo burgués de vida, vale decir el significado del dinero, es suficiente muy a menudo para formar parte de la sociedad de los parásitos y los bribones. "Esta riqueza, considerada sagrada, extrae su primordial valor de la buena fama que procura cuando se consume con ostentación". Para mantener su superioridad, las categorías sociales dominantes recurren al simbolismo del consumo y del estilo de vida. Las clases medias, fascinadas, tratan de imitarlas y se ven incapacitadas para contestar el sistema, y así, de esa manera, el consumo masificado, fundamento de la economía mercantil, puede perpetuarse aunque no se ajuste a necesidad fisiológica alguna. De ahí la incesante sucesión de modas y las metamorfosis de estilos de vida que se operan en las clases dominantes, que a penas si dan tiempo a las clases medias a imitarlas.
Jean Baudrillard se ha inspirado de una manera sustantiva en el análisis de Veblen en su notable ensayo Para una crítica de la economía política del signo, donde podemos leer: "Veblen muestra que, a pesar de la tarea que se han impuesto de trabajar y producir, las clases subalternas tienen al mismo tiempo la función de lustrar el estatus del patrón". Esa es, en concreto, la condición de las mujeres burguesas: las "fascinantes cretinas" están ahí, como una mercancía doméstica, para dar testimonio del acontecimiento de su macho —¿o sería mejor decir de su "propietario"?—. Se trata de un "consumo vicario" (vicarious consumption). Baudrillard subraya: "El teorema fundamental del consumo es que no tiene nada que ver con el disfrute personal, sino que es una institución social constrictiva, que determina los comportamientos incluso por encima de la conciencia que de ella puedan tener los actores sociales".
Veblen fue el primero en arrojar luz sobre el carácter superficial de la economía de consumo de masas. Por medio de la dilapidación (wasteful expenditure) que comporta y la tendencia colectiva al ocio (waste of time) que instituye, la economía de consumo mercantil consagra una moral de derroche del tiempo y de las cosas. La "disipación ostentosa", que por un tiempo estuvo limitada a las joyas, a los objetos religiosos o a la decoración urbana, se ha extendido a los objetos cotidianos y a las mujeres "de profesión sus labores", con el resultado de excitar el anhelo de "rango social" sobre la base de signos materiales. La sociedad se hace hipermaterialista y queda penetrada por incesantes conflictos sociales ligados a un acatamiento general de los standing of living (tipología material de vida). El confort no se mide a partir de condiciones racionales de higiene y libertad necesarias para la salud de la población o como meta para la mejora de las condiciones de vida del proletariado, sino que coincide con un determinado estatus identificado con la posesión de mercancías-signos y con la realización de las fantasías desbocadas por los condicionamientos de la publicidad comercial. En la economía mercantil son compatibles condiciones y ritmos de vida o de nutrición insalubres y la posesión de signos de riqueza: automóvil, electrodomésticos de todo tipo, etc.
LA TIRANÍA DEL CONSUMO
Gracias al profundo análisis desarrollado por Veblen sobre la sociedad industrial americana de principios de siglo, que en realidad fue el laboratorio y el modelo de las sociedades occidentales "de consumo" del siglo XX, es posible correr el velo de las contradicciones fundamentales que socavan nuestra sociedad actual. Ésta opone, según la fórmula de Baudrillard, "una moral aristocrática del otium y una ética puritana del trabajo", o, según la formulación de Daniel Bell (en su ensayo Las contradicciones culturales del capitalismo), una cultura "contestataria" fundada sobre el no-trabajo y una organización social y económica fundada sobre el trabajo racional. Nosotros, por nuestra parte, afirmamos que la sociedad mercantil, fundada sobre la productividad del trabajo y su racionalización, genera, como consecuencia de la misma abundancia que engendra la productividad, una ideología y una "fisiología" del lucro y del rechazo de la actividad. Dicho con otras palabras, la prosperidad individual, fruto del trabajo colectivo, mina las bases de este último.
Sin embargo, el carácter dramático de la sociedad occidental no consiste, en el fondo, en esta ostentación social en sí (dada en este caso por el consumo de mercancías). Una ostentación de tal guisa —y Veblen lo puso en evidencia cuando hablaba de las prácticas religiosas— ha existido siempre; la posesión de riquezas puede tranquilamente jugar el papel de símbolo cultural. El drama consiste en el hecho de que la ostentación, por medio del consumo, trata de llegar a convertirse en el único juego social, la única práctica de la existencia individual. En consecuencia, no solo los individuos se despersonalizan como consecuencia de convertirse en meros vectores de los signos, sino que la sociedad pierde su historicidad, se convierte en una pura representación y concluye su misión "transmisora". ¿Por qué hablar de drama? Porque en el drama, a diferencia de la tragedia, los actores ignoran la desgracia que los embarga.
La sociedad occidental, replegada, a pesar de su aparente gigantismo, sobre el fanatismo individual del sistema simbólico de consumo, camina hipnotizada en pos de sus propias mercancías, hacia pruebas que la historia prepara continuamente a los pueblos. Se trata de la marcha de un sonámbulo. Pero la lección de Veblen, más que para esta sociedad "del sueño" —para emplear un término caro a Guy Debord— va dirigida a los pueblos cuyos instintos vitales, creativos o combativos, no esperan otra cosa que la desaparición de la propia posibilidad de "ocio" y "consumo" para desplegar su grandeza y, frente a cualesquiera adversidades, retomar la historia.
NOTA
(1) Primera edición en español: Fondo de Cultura Económica, México, 1944. Otras ediciones: Orbis, Barcelona, 1987 (con prólogo de Jorge Luis Borges).
[Artículo extraído de la revista "Hespérides", 8, noviembre de 1995]
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jeudi, 22 novembre 2007
Arrogance compassionnelle
L'ARROGANCE COMPASSIONNELLE
Trouvé sur : http://ladroitestrasbourgeoise.blogspirit.com/archive/200...
Même si l'on en connaît pas tous les tenants et aboutissants, la rocambolesque razzia d'enfants organisée au Tchad par les polichinelles de l'Arche de Zoé dévoile l''impensé qui taraude l'industrie de l'humanitaire, ses principaux acteurs comme les innombrables samaritains qui les financent.
Il y a d'abord ce préjugé massif qui veut que l'Occident blanc soit un pays de cocagne hors duquel aucune humanité ne saurait valablement s'épanouir. L'Occident est un havre disent-ils en termes voilés et même le seul havre qui se puisse imaginer (en termes voilés car l'occident, dans le même temps, est l'objet d'une persistante campagne d'auto dénigrement qui s'en prend à son passé tout entier criminalisé).
Au delà de son horizon il n'y aurait que les affres de la guerre civile, les risques pandémiques, l'ignoble travail des enfants, la faim, la misère et la barbarie. Face à ce lot inépuisable de calamités en tous genres, il y a le devoir d'ingérence, forme élégante et post-moderne du mépris des autres. Des autres toujours décrits comme des victimes d'une méchante fatalité et de ce fait délestés de leur statut de sujet historique.
L'AUTRE, EMBLÈME DU BIEN
Car l'Autre, en effet, est doté dans nos démocraties post-modernes d'une figure ambiguë.
Il est béni quand il a fait l'effort de l'arrachement et qu'il s'est déraciné pour venir jusqu'à nous. Traversant mille obstacles réels ou fantasmés, il a pour ainsi dire voté avec ses pieds et consacré par son difficile périple et le traumatisme de l'exil l'élection de l'occident comme Terre Sainte des droits humains et de l'opulence infinie.
Cet Autre est devenu d'autant plus méritant qu'il flatte notre insolence ethnocentriste en désignant notre propre parcours historique comme étant le seul conforme aux principes de l'universel. Un universel qui, soit dit en passant, pourrait bien n'être qu'une ruse de notre particularisme. Cet Autre là doit être cajolé en proportion des efforts qu'il a consentis pour s'établir dans le Saint des Saints. Pour lui donc, des logements, tout de suite, et à la taille de sa nombreuse famille; pour lui, des soins gratuits comme n'en connaissent aucuns des cotisants à la Sécurité Sociale et aux diverses mutuelles; pour lui, un travail immédiat et digne avec, si besoin est, le coup de pouce de la discrimination positive; pour lui qui se heurte sans cesse à l'inépuisable xénophobie d'autochtones fascistoïdes qui se refusent à croire dans les vertus citoyennes du métissage, au moins des allocations quel que soit son statut légal car la légalité ne saurait primer sur les exigences de l'égalité; pour lui, surtout, la reconnaissance de sa différence, dussent la nôtre en pâtir.
Mais ne sommes nous pas, par le truchement d'un universel dont nous fûmes les seuls accoucheurs, la quintessence même de l'humanité enfin réalisée par suspension de l'origine, sa glorieuse avant-garde cosmopolite? N'avons nous pas atteint ce niveau d'abstraction qui fait croire à nos élites pensantes que nous sommes désormais, comme les nomades modernes d'Attali, de perpétuels voyageurs, sans ombre, sans terreau et sans histoire, susceptibles de se caser partout avec aisance (mais de préférence dans les bulles off-shore, uniformes et climatisées qu'affectionnent les membres de la Nouvelle Classe)?
C'est sûr, réaliser en sa personne toute la substance de l'universel, cela intime des devoirs, mais cela donne surtout des droits. Obligation d'aimer, droit de haïr aussi celui qui se refuse aux commandements que nous prétendons lui imposer pour son bien.
L'AUTRE, MÉTAPHORE DU MAL
Car, en effet, à cette altérité digne de notre sollicitude et objet de tous nos devoirs, s'oppose un visage bien différent de l'Autre. Visage mystérieux et inquiétant de celui qui est demeuré entiché de sa griffe indigène et adhère à des traditions fatalement archaïques. Celui là, qui se refuse obstinément à passer à la moulinette de notre prêchi-prêcha, défie par son étrangeté opiniâtre nos plus nobles attentions acculturantes et assimilatrices.
Quand il est Chinois, il a le masque de l'Asiatique au sourire déconcertant, dur en affaires et qui emballe les marchés sans se soucier le moins du monde des délocalisations et du chômage qu'il provoque.
Quand il est musulman, iranophone ou arabisant, il a, chevillé au corps et à l'âme, la violence anomique et destructrice qui fait fi des innocentes victimes et, surtout, il dissémine comme de la mauvaise graine un antisémitisme qu'il dit tenir de ses humiliations répétées. Mais c'est quand il est Africain et Noir qu'il provoque les sentiments les plus hystériques.
Car, c'est bien connu, le Noir, grand enfant devant l'Eternel, est innocent de tous les malheurs qui l'accablent. C'est le perpétuel damné du récit biblique, victime de l'esclavage (à inscrire au seul passif des Européens comme la loi nous y oblige), victime du colonialisme, victime d'un développement qui ne fut que le cache-sexe d'une exploitation redoublée, victime du pillage de ses ressources, victime de l'ethnicité et des conflits qu'elle nourrit, une ethnicité, faut il le préciser, qui n'aurait été qu'une forgerie blanche permettant à quelques poignées d'administrateurs métropolitains de régner sur des multitudes divisées par cet artifice, victime de la corruption engendrée par la pauvreté et encouragée par les calculs financiers de la "Françafric", victime du réchauffement, du fanatisme religieux, du machisme, du Sida papiste, de l'eau polluée, des moustiques et de toutes les plaies d'Egypte.
Cette image débilitante de l'Afrique où nombre d'Africains refusent de se reconnaître, elle est depuis des lustres le pain quotidien du 20 heures et l'anti-pub accrocheuse qui fait la fortune de l'humanitaire.
Imagerie larmoyante qui dévide son calamiteux chapelet de clichés lacrymogènes tout en récitant mezzo voce la supériorité d'un occident rationnel et technicien qui aurait su, quant à lui, rompre pour toujours avec l'enchaînement fataliste des catastrophes.
D'UN COLONIALISME À L'AUTRE
Il y a cent cinquante ans l'esprit progressiste européen, celui là même qui a fini par accoucher d'un Occident qui se veut l'instituteur universel du droit, de la démocratie, de la concurrence libre et non faussée et finalement du bonheur lui même, cet esprit donc, nous intimait l'ordre de coloniser l'Afrique. La coloniser d'urgence pour la sauver de l'esclavage, de la famine, du paganisme féticheur, de la malaria et de la mouche tsé-tsé. Les Africains eurent donc droit, certes, à la médecine coloniale (et à l'explosion démographique) mais aussi à tout le cortège de nos innombrables bienfaits.
À l'évangélisation d'abord (sans doute le pire des ethnocides), à des frontières tirées au cordeau mais belligènes à souhait, à la fin de l'économie vivrière et à l'étroite dépendance alimentaire qui l'accompagne, à une fonction publique prolifique, prédatrice et inefficace, sans oublier les hymnes, les drapeaux et les uniformes chamarrés sans lequels on ne peut concevoir l'authentique indépendance.
La leçon de cette histoire a-t-elle été tirée? Il semble bien que non quelles que soient les multiples proclamations de pénitence dont l'Occident se fait gloire désormais. Le catéchisme occidental demeure identique à lui même cent cinquante ans plus tard. Qu'on en juge. Selon Jules Ferry (dit "Ferry-Tonkin") la"France des droits de l'homme" a non seulement le droit mais aussi le devoir d'assumer une "mission universelle" en exportant partout dans le monde le contenu des "immortels principes". Cette mission, déclare-t-il en 1882, consiste "simplement à répandre ou à réveiller au sein des autres races les notions supérieures dont nous avons gardé le dépôt".
Le même affirme dans un essai publié en 1885 que les "races supérieures" ont le devoir d'aider les "races inférieures" à s'engager dans leur sillage sur la route du "progrès". Discours semblable chez Léon Blum, qui assure la main sur le coeur, en juillet 1925, devant ses collègues de la Chambre "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l'industrie". Porter assistance aux oubliés du progrès, on le voit, n'est pas une nouveauté.
Les néocolonialistes de l'humanitaire armés d'un évangile inchangé se donnent le droit, sous un prétexte charitable, de passer outre les lois souveraines, surtout quand elles sont africaines, de mentir à des familles acculées à la détresse, de soustraire des dizaines d'enfants à un environnement jugé trop sauvage pour qu'ils y soient élevés décemment, puis de les exfiltrer en catimini vers l'Eden démocratique.
Initiative irresponsable, amateurisme coupable nous dit-on. Sans doute, mais de tels procédés seraient-ils imaginables hors d'un contexte idéologique qui les rend pensables, s'il ne les justifie pas toujours ? Ces rafles d'enfants ont en effet des précédents significatifs. Celles des jeunes Aborigènes australiens, par exemple, confiés à des familles irréprochablement blanches, celles des jeunes Réunionnais déportés dans le département de la Creuse afin d'y recevoir une éducation conforme aux standards d'une république évoluée. Aucun de ces milliers d'enfants n'était orphelin, mais une singulière conception de l'humanisme occidental commandait de les arracher à une identité délétère pour en faire des répliques aussi ressemblantes que possible du maître blanc.
Nul cynisme dans ces attitudes, nul racisme conscient, mais la pleine certitude d'avoir atteint ce qui se fait de mieux en matière d'humanité et la volonté d'en distribuer autant que possible la jouissance à toutes les nations. La philanthropie occidentale est obsédée par une conception pervertie de l'égalité qui se réduit bien souvent à l'idéologie du même. C'est ainsi que l'ethnocentrisme le plus échevelé peut cohabiter avec l'antiracisme le plus certain de son bon droit. Et ce bon droit ne veut pas se laisser arrêter par les frontières. Comme les multinationales et les impérialismes guerriers il doit pouvoir déployer partout la militance de sa généreuse morale. C'est pourquoi bien souvent il tient le même langage qu'eux quand il n'en est pas l'alibi le plus féroce. D'autant plus féroce qu'il est inattaquable. La protection humanitaire est comme la "protection" de la mafia; elle ne se refuse pas.
LE SACRE DE L'ÉMOTION
En mars-avril, la grande campagne pour le Darfour a battu son plein dans tout le pays. Avec ce pathos inimitable qui est celui de l'urgence, on a lancé des chiffres invérifiables, prononcé les formules qui remuent les consciences, interpellé les gouvernants contre un nouveau Munich de la lâcheté. Théoricien du droit d'ingérence humanitaire des puissants, Bernard Kouchner s'est illustré dans cette croisade aux cotés de Bernard-Henri Lévy, "philosophe" dont l'immense fortune repose pour une part sur l'exploitation des forêts africaines. Contre la dictature islamiste et massacreuse du Soudan il fallait intervenir immédiatement pour éviter un nouveau génocide, ouvrir tout de suite des corridors humanitaires, sauver sur l'heure les enfants en danger de mort.
C'est dans ce climat d'hystérie qu'est née l'association l'Arche de Zoé. Parmi ses initiateurs, des pompiers volontaires et de sympathiques amateurs de 4/4 dont on imagine sans trop de mal qu'ils puissent confondre l'Afrique avec le fléau du Paris-Dakar. Ils ont l'engagement prompt, la foi en leur bon droit, la certitude morale d'incarner le Bien face à tous ceux qui dans l'indifférence des repus laissent libre cours au carnage et à l'infanticide. En un sens, ils sont les premières victimes des maîtres chanteurs de l'hubris humanitaire, envoûtés qu'ils sont par la rhétorique de l'urgence et les tirades des prophètes d'Apocalypse. Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, n'a pas manqué de souligner la responsabilité morale que portent les propagandistes de type Lévy et Kouchner dans le fiasco de l'Arche de Zoé, mais depuis cette pantalonnade, notre ministre des affaires étrangères est aux abonnés absents.
CABOTINAGE HUMANITAIRE
L'autre messie vibrionnant de l'hyperbole, c'est BHL. Lui s'exprime plus souvent qu'à son tour. Sur les ondes, il prend la défense des pieds nickelés de l'Arche et qualifie leur arrestation de "prise d'otage à l'échelle d'un État." Au passage, il n'hésite pas à comparer leur situation à celle des infirmières bulgares, ce qui dénote une certaine désinvolture quand on sait que ces dernières étaient totalement innocentes des accusations délirantes dont la Libye prétendait les accabler.
Les responsables de l'Arche de Zoé quant à eux ne sont pas des innocents. Selon le témoignage corroboré de Marc Garmirian, journaliste de Capa rapatrié du Tchad dans la valise diplomatique du président Sarkozy, ils n'ont jamais "affiché l'objectif final de leur opération, ni à leur personnel, ni aux gens qui leur ont confié les enfants, ni aux enfants eux-mêmes." Il s'est dit également frappé par "la conviction, la détermination et l'état d'esprit" d'Eric Breteau (le président de l'association) et de sa compagne (artiste de cirque dans la vie comme dans l'humanitaire) "convaincus de faire le bien".Cette rafale de mensonges, sans même parler du maquillage des "réfugiés" en blessés de guerre avant leur embarquement avorté, n'importe guère à BHL.
Chez Laurent Ruquier, qui tient le salon le plus réputé de la France pensante, il approuvait l'autre jour le refus affiché par les humanitaires de l'Arche de respecter les frontières des États africains sous le fallacieux prétexte qu'elles auraient été jadis "fixées par des seigneurs de guerre". Calamiteuse ignorance assénée avec fougue qu'il agrémentait d'injures diverses sur le compte du président tchadien Idriss Déby, ce qui n'est sans doute pas le meilleur moyen de venir en aide aux Français détenus à N'djamena. Même si Idriss Déby, porté et maintenu au pouvoir par la seule armée française, n'a jamais hésité à utiliser lui-même des enfants comme bêtes de guerre.
L'AXE DU MAL
Pourquoi tant d'empressement à voler au secours du Darfour où s'activent déjà des milliers d'humanitaires et où, selon l'ONU, les exactions criminelles des différents groupes antagonistes se sont sensiblement raréfiées depuis un an ? Pourquoi en revanche, et parmi tant d'autres exemples, si peu d'énergie pour soutenir le malheureux peuple tibétain victime tout à la fois de l'ethnocide, de la
purification ethnique et du génocide ou encore des populations palestiniennes immolées depuis quarante ans à l'une des occupations militaires les plus impitoyables qui soit ?
Les homélies victimaires sur le Darfour ne sont sans doute pas motivées par la seule compassion même si celle-ci est sans cesse mise en avant.
Nombre de French doctors, en effet, ont épousé depuis des années la ligne stratégique des néoconservateurs américains et, dans leur sillage, classé les autorités de Karthoum sur la liste des États-voyous. Au Soudan, l'enjeu pétrolier est capital. Les Chinois y exploitent déjà un gisement de 500 000 barils/jour tandis que Total est en négociation avec le gouvernement d'Omar El Béchir pour mettre la main sur un gisement équivalent. Les États-Unis sont jusqu'à présent absents de ce partage et l'on sait que dans la perspective de la déplétion imminente des ressources d'hydrocarbures, il leur faut à tout prix assurer la sécurité de leurs approvisionnements. Et ils demeurent les plus gros consommateurs mondiaux. C'est la principale raison qui les anime dans cette partie du monde comme dans tout "l'arc de crise" qui se déploie de l'Asie centrale au Nigéria. Arc de crise qui dispose des principales réserves pétrolières prouvées et où l'islam majoritaire tend à se raidir face aux interventions occidentales. La guerre contre le "terrorisme islamique" est aussi pour les États-Unis une manière de prendre pied dans ces zones grises pour en contrôler les ressources. c'est ce que l'on appelle les guerres de survivance dans le nouveau jargon géostratégique. Nul mystère à cela même si pour Bernard-Henri Lévy, on le sait, il est interdit de formuler la moindre critique vis-à-vis des États-Unis sans se voir aussitôt soupçonné du plus barbare des antisémitismes.
Son alter-ego Bernard Kouchner qui fut l'un des rares responsables français à approuver en 2003 la guerre américaine en Irak est parvenu sans trop de mal à persuader Nicolas Sarkozy d'établir à l'est du Tchad des "couloirs humanitaires" afin de sécuriser les camps de réfugiés. Trois mille soldats européens dont mille cinq cents Français sont prévus pour cette opération, mais nos partenaires rechignent à s'engager dans un tel bourbier tandis que l'ONU, qui doit déployer 26000 hommes sur place au début de l'année 2008, s'enlise dans ses habituelles procédures bureaucratiques. Nombre de pays, en effet, ne se mobilisent que sur la pointe des pieds dans la partie de bras de fer qui oppose au Soudan une Chine de plus en plus solidement implantée en Afrique et une Amérique qui entend lui rendre l'accès aux énergies fossiles de plus en plus difficile. Il n'est pas possible de comprendre les véritables enjeux de la crise du Darfour sans mettre en perspective ces divers facteurs géopolitiques. Et ce n'est pas dans la logorrhée des maître-penseurs du droit d'ingérence que l'on trouvera le motif de tout cet activisme. Leur métier n'est pas d'expliquer mais d'obscurcir les enjeux en répandant l'émotion et en cultivant le sentimentalisme de l'opinion publique pour servir les intérêts de la Nouvelle Classe.
TRIOMPHE POSTHUME DE HEGEL ?
Une opinion abusée. Des candidats à l'adoption rackettés (L'Arche de Zoé aurait recueilli 700 000 euros de dons privés pour réaliser la déportation des enfants tchadiens). D'honnêtes organisations charitables mises en péril par un amalgame inévitable entre illuminés sous influence et véritables associations caritatives opérant avec abnégation. La position et les intérêts de la France malmenés en Afrique centrale au bénéfice de ses concurrents. la xénophobie anti-blanche ranimée par les déclarations paranoïaques d'Idriss Déby servi, il faut bien le dire, par des vantardises fort peu diplomatiques de Nicolas Sarkozy ("Ceux qui restent, je viendrai les chercher quoi qu'ils aient fait"). Et tout cela pour satisfaire la mégalomanie (et le fantastique narcissisme) des faiseurs d'ingérence. Le bilan est désastreux, mais au moins peut-il nous encourager à plus de lucidité.
Après une première ébauche sanglante dans les Balkans toujours occupés par les forces de police de la soi disante communauté internationale et devenus la chasse gardée des mafias de tous ordres. Après une nouvelle expérience en Irak dont il n'est nul besoin de souligner l'éclatant succès, c'est au Soudan désormais que les croisés anti-islamistes et leurs auxiliaires humanitaires prétendent nous promener au nom du droit d'ingérence.
Si, ils en ont un, il est légitime de se demander quel est leur but ultime. Est-ce "l'État universel et homogène" que pronostiquait Hegel après la fin de l'histoire ? Est-ce plus prosaïquement la volonté de faire respecter le droit international ? Mais dans ce cas, quel droit au juste ? Il en existe des formulations radicalement contradictoires. Il n'y a rien de commun par exemple entre la classique formule du droit des gens qui présidait aux relations intra européennes depuis les traités de Westphalie jusqu'au XIX siècle et le wilsonnisme botté qui vit son premier triomphe lors du traité de Versailles en 1919.
Dans ce registre la question fondamentale est toujours la même. Il s'agit de savoir quelle est la nature de l'autorité désignée pour s'imposer aux États qui contreviendraient à la religion civile des droits de l'homme. Soit l'on en reste à la tradition qui fait de tous les problèmes intérieurs une affaire inhérente à chaque État souverain. Mais cela heurte les interventionnistes de tous poils, condamnés dans ce cas aux voeux pieux et au verbalisme sans conséquences. Soit le "droit international" s'érige en véritable droit à compétence universelle et l'autorité nécessaire pour l'incarner ne peut être qu'un gouvernement mondial. Solution ni souhaitable ni d'ailleurs bien raisonnable dont le rêve ne hante que de minces contingents d'intellectuels occidentaux.
Pour l'heure, toute référence au devoir d'ingérence ne peut satisfaire que la seule puissance susceptible de l'imposer par la force contre tout récalcitrant. Cette "hyperpuissance" ce sont les États-Unis d'Amérique.
Voulons-nous être Américains ?
Coclés
01:15 Publié dans Affaires européennes, Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook