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dimanche, 02 février 2025

Hollywood contre Samarcande: le match Amérique-Asie vu par le mage Raymond Abellio en 1960 (La Fosse de Babel)

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Hollywood contre Samarcande: le match Amérique-Asie vu par le mage Raymond Abellio en 1960 (La Fosse de Babel)

Nicolas Bonnal

La dimension nécromancienne de la civilisation américaine apparait dans toute son horreur, à l’heure où l’oligarchie technologique US nous impose la guerre et le Reset. Dans les années soixante l’astrologue Raymond Abellio, après bien d’autres, mais mieux peut-être, dénonce cette civilisation de la matière et de l’épouvante dominée par des oligarques déjà bien fous ; dans son roman d’aventures ésotérique La Fosse de Babel Abellio écrit :

« …Qu’il ne fallait pas toucher à l’Amérique. Toujours une question de déchets. C’est en Amérique que s’accumulent tous les déchets du monde. Un pays qui crée à ce point de la puissance matérielle ne peut pas être la tête de l’humanité, mais son ventre… Il y a un peu plus de trois cents ans, lorsque l’Europe commença à déverser en Amérique le trop-plein de sa matière, on ne savait pas encore que c’était une matière morte, qui n’allait pouvoir revivre là-bas que de façon larvaire ou spectrale. Et depuis l’Amérique a grossi sans évoluer, comme les larves. Elle est le produit de la mort de l’Europe, de sa première mort. Un ancien rêve de grandeur tournant en grossesse adipeuse. Il y aura peut-être plus tard une autre Amérique, quand l’Europe aura fini de mourir, mais celle-là ne connaîtra même plus le nom de l’Europe… »

Ce pays relève déjà de la science-fiction. Un autre qui le comprend à l’époque est William Burroughs, pas très bien compris par la critique alors (allez savoir pourquoi).

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Mais Abellio ne s’arrête pas et s’en prend au communisme russe déjà déclinant :

« Dans leur marxisme dégradé et bassement industriel, les Russes sont d’accord, en profondeur, avec la philosophie productivité des Américains. C’est la lutte de Rome et de Carthage, un simple conflit d’ingénieurs…
Je hais les ingénieurs, dit-il.

« Devant les Russes et les Américains, dit-il encore, nous sommes dans la situation des premiers Chrétiens devant les factions romaines de la décadence. Ils n’avaient pas à prendre parti. On les tolérait, on les exterminait, on les tolérait à nouveau. Du point de vue de l’esprit, ces opportunités sont secondaires. »

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Abellio se trompe ensuite (une alliance russo-américaine ?) mais il sent l’Asie se pointer (c’est l’Autre côté de Kubin, le meilleur livre de SF sur ce qui nous arrive), comme René Grousset alors (Bilan de l’Histoire) :

« J’attends le moment où les Russo-Américains, enfin unis, essaieront de défendre leur civilisation de robots mécaniques contre une autre civilisation, celle des robots religieux, déferlant des plateaux mongols, des rizières chinoises ou des déserts d’Arabie, et poussant devant eux leurs esclaves fanatisés d’Afrique. Le communisme asiatique proposera au monde la civilisation de masse la plus rude, la plus perfectionnée, la plus scientifique, la plus exaltante, la plus étouffante qu’on ait jamais connue. »

L’effondrement va suivre pour nous et pour « Paris » (ou ce qu’il en reste) :

« Mais la nouvelle Rome, cette fois, sera sous les décombres de Paris, dans des caves ou des catacombes, comme l’ancienne, et persécutée comme elle. Je me sens déjà vivre dans ce Paris enseveli, réduit enfin à l’état pur. Les hommes comme moi y seront beaucoup plus à l’aise que dans celui des couturiers pédérastes et des abrutis milliardaires, fit-il d’un ton uni. Et j’imagine assez bien les Champs-Elysées troués par les bombes et envahis par des fourrés obscurs où les nouveaux hommes d’ici voisineront avec des bêtes sauvages et nobles qui leur rendront le goût de la liberté… »

On verra qui pourra survivre dans ces conditions en Occident. Pour le reste il est clair que l’Asie continentale aplatira tout.

Sur cette redoutable entité américaine mon éditeur roumain de Dostoïevski et la modernité occidentale m’envoie ces lignes de Rudolf Steiner :

« Il ne faut pas que le monde soit géographiquement américanisé, car les efforts de l’Amérique visent à tout mécaniser, à tout faire entrer dans le domaine du pur naturalisme, à effacer peu à peu de la surface de la Terre la culture de l’Europe (Rudolf Steiner, Derrière le voile des événements – Le mystère du Double, G.A. 178, Paris, 1999, pp. 88-89) ».

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Et sur la fonction terriblement sinistres des puissances atlantiques et thalassocratiques :

« L’égoïsme universel émane de la race anglo-américaine. Partant de là, l’égoïsme couvrira toute la Terre. Toutes les inventions qui recouvrent la Terre d’un réseau d’égoïsme viennent d’Angleterre et d’Amérique. A partir de là-bas donc, toute la Terre sera recouverte d’une toile d’égoïsme, de mal. Mais une petite colonie se formera à l’est comme la semence d’une vie nouvelle pour l’avenir. La culture anglo-américaine consume la culture de l’Europe […] mais la race elle-même va à sa ruine. Elle porte en elle la disposition à être la race du Mal. » (Rudolf Steiner, Eléments d’ésotérisme, Paris, 2000, p. 275)

Espérons qu’elle aille à sa ruine cette race, et sans emporter le reste du monde avec elle.

Sources:

https://lesakerfrancophone.fr/conference-de-presse-de-pou...

https://lesakerfrancophone.fr/larmaggedon-energetique-eur...

samedi, 28 décembre 2024

Comment un pont terrestre mondial pourrait créer un partenariat entre l'Inde, la Chine, la Russie et les États-Unis à l'ère Trump

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Comment un pont terrestre mondial pourrait créer un partenariat entre l'Inde, la Chine, la Russie et les États-Unis à l'ère Trump

par Atul Aneja

Source: https://telegra.ph/Come-un-ponte-terrestre-mondiale-pu%C3...

Pour les pans de l'humanité qui aspirent à l'avènement d'un monde multipolaire, l'arrivée du président américain nouvellement élu Donald Trump sur la scène mondiale a provoqué un certain émoi.

Non pas parce que Trump est un défenseur du multipolarisme, fondé sur l'essor collectif et collaboratif des États civilisés. En fait, sa vision du monde est plutôt nationaliste et ne vise que la renaissance de la « grandeur » américaine. Cependant, sa vision internationale est basée sur un pragmatisme extrême. Ainsi, si l'élévation de l'Amérique peut se faire en s'engageant avec des régimes dits « autoritaires », que ce soit en Corée du Nord ou en Chine, c'est bien, tout comme il est bien de travailler avec les Européens, à condition qu'ils se débarrassent de leurs instincts parasitaires et qu'ils établissent une relation véritablement équitable et symbiotique avec Washington.

Cependant, il est important de comprendre ce que Trump n'est pas. Le 44ème président** des États-Unis n'est pas un mondialiste. Cela signifie qu'il rejette la croisade anti-tradition d'une élite transnationale ultra-puissante, non élue et dirigée par les États-Unis, qui insiste pour imposer la démocratie libérale à l'ensemble de la planète, même au prix de créer des changements de régime dans les pays qui s'opposent à ce diktat. En d'autres termes, Trump partage son programme antimondialiste avec l'idée sous-jacente du multipolarisme, qui rejette le mondialisme et veut créer un monde multipolaire sous la forme d'une alliance d'États-civilisations souverains.

Selon le philosophe russe Alexandre Douguine, il est peu probable que Trump adhère au multipolarisme ; il est partisan de l'hégémonie américaine. "Cependant, il considère cette hégémonie d'une manière radicalement différente des mondialistes qui ont dominé le pouvoir américain au cours des dernières décennies (qu'ils soient démocrates ou républicains)".

Les mondialistes associent la domination politico-militaire et la supériorité économique à une idéologie libérale fondée sur l'imposition de valeurs anti-traditionnelles dans le monde entier (y compris aux États-Unis). Pour eux, l'hégémonie n'est pas la domination d'un pays, mais d'un système idéologique libéral international.

Trump, quant à lui, estime que les intérêts nationaux doivent primer, enracinés dans les valeurs américaines traditionnelles. En d'autres termes, il s'agit d'une hégémonie droite-conservatrice, idéologiquement opposée à l'approche gauche-libérale (Clinton, Bush Jr., Obama, Biden).

On ne sait pas encore comment le trumpisme se manifestera dans les relations internationales. Il pourrait objectivement accélérer la transition vers le multipolarisme, ou la ralentir ».

Malgré l'incertitude ambiante, l'arrivée de Trump a ouvert la porte à l'entrée d'un air frais. Les partisans du multipolarisme ne peuvent pas gaspiller ce moment de transition possible pour définir un nouveau système mondial.

Pour faire une percée, de nouvelles idées sont nécessaires, en particulier sur la connectivité transcontinentale qui peut naturellement transcender les fixations géopolitiques rigides et générer un nouveau paradigme de collaboration sans précédent.

Le projet de connectivité transcontinentale a déjà été amorcé. Malgré des critiques en partie légitimes, les Chinois ont déjà lancé leur initiative dénommée « la Ceinture et la Route », une gigantesque entreprise de connectivité reliant l'Asie à l'Europe à travers la vaste masse continentale eurasienne, avec des points nodaux s'étendant jusqu'au Sud mondial. La Russie a son propre projet d'Union économique eurasienne (UEE) qui implique également une connectivité profonde. De même, la Russie, l'Inde et l'Iran ont été les pionniers du corridor international de transport nord-sud (INSTC).

Compte tenu de ces avancées, comment les Américains peuvent-ils se joindre à ces gigantesques initiatives de connectivité, créant ainsi un vaste espace pour la création de richesses et l'essor économique ?

La création d'un pont terrestre mondial pourrait apporter une réponse.

L'Institut Schiller, basé aux États-Unis et en Allemagne, propose depuis longtemps que les États-Unis s'associent à la Russie pour intégrer physiquement les Amériques à la Sibérie, ce qui conduirait à un enchevêtrement logistique, économique et culturel avec l'Eurasie, qui est déjà connectée avec la BRI de la Chine et l'UEE de la Russie.

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Dans l'une de ses présentations, l'Institut a souligné qu'il existe un projet visant à combler le fossé entre l'Alaska et la Sibérie par la construction d'un tunnel sous le détroit de Béring. Il s'agit du projet de connectivité le plus décisif, qui conduira à la création d'un pont terrestre mondial, puisqu'il reliera la Russie et les États-Unis, c'est-à-dire toute l'Eurasie, à l'ensemble du continent américain.

Il existe un deuxième projet, également d'une importance capitale pour la connectivité terrestre avec les Amériques et l'ensemble du globe.

Il s'agit de la proposition de relier l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud plus au sud, à travers la fosse dite de Darien, par des routes et des trains à grande vitesse. Une fois la trouée de Darien franchie, une liaison ferroviaire pourra être créée pour relier l'Amérique du Sud à l'Eurasie, générant des millions d'emplois, ouvrant de nouveaux marchés et donnant naissance à de nouvelles villes, à des parcs industriels et à des pôles touristiques. L'osmose culturelle de telles entreprises, par le biais de contacts interpersonnels, à l'échelle industrielle, est impensable.

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Heureusement, Moscou et Pékin soutiennent activement le tunnel de la mer de Béring, conscients qu'il peut contribuer à élever l'économie mondiale à un tout autre niveau, en mettant fin aux rivalités géopolitiques et en bénéficiant à l'humanité toute entière grâce à un projet gigantesque reposant sur une science et une ingénierie de pointe.

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Auparavant, le Siberian Times avait rapporté que Vladimir Iakounine, ancien président des chemins de fer russes, avait présenté un plan de développement d'une gigantesque route transsibérienne qui relierait la frontière orientale de son pays à l'État américain de l'Alaska, en traversant une partie étroite de la mer de Béring.

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Le projet de développement de la ceinture transeurasienne (TEPR) prévoit la construction d'une grande route le long du chemin de fer transsibérien existant, ainsi que d'un nouveau réseau ferroviaire et d'oléoducs et de gazoducs.

Il s'agit d'un projet interétatique et intercivilisationnel », a déclaré M. Iakounine selon le Siberian Times. Le projet doit être transformé en une « zone d'avenir » mondiale et doit être basé sur des technologies de pointe et non de repli ». M. Iakounine a indiqué que la route relierait la région de Tchoukotka, à l'extrême est de la Russie, à la péninsule de Seward, en Alaska, en passant par le détroit de Béring. La route entrerait probablement en Alaska au nord de la ville de Nome.

Les Chinois ont également proposé une liaison « Chine-Russie-Canada-Amérique », qui rejoindrait l'Alaska par le tunnel du détroit de Béring. Le journal d'État Beijing Times a rapporté qu'un tunnel sous-marin de 200 kilomètres serait nécessaire pour traverser le détroit de Béring. La ligne s'étendrait sur 13.000 km, soit environ 3000 km de plus que le chemin de fer transsibérien. Le voyage durerait deux jours et le train atteindrait une vitesse moyenne de 350 km/h.

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La participation de l'Inde au projet de connectivité trilatérale avec le Myanmar et la Thaïlande dans le cadre de l'initiative « Act East » offre un autre moyen de s'engager dans les corridors de croissance transcontinentaux. Par exemple, la Thaïlande est au centre d'un projet de chemin de fer visant à relier Singapour à la province chinoise du Yunnan. Partant de Singapour, le chemin de fer proposé traversera la Malaisie, la Thaïlande et le Laos avant d'entrer dans le Yunnan.

Une fois qu'un corridor terrestre aura été créé avec la Thaïlande, ce pays d'Asie du Sud-Est pourra devenir la porte d'entrée de l'Inde sur un réseau ferroviaire très développé qui relie déjà la Chine à l'Europe.

vendredi, 30 septembre 2022

L’américanisation et notre nullité terminale

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L’américanisation et notre nullité terminale

par Nicolas Bonnal

« Ils ont simplement pris possession d’un butin ouvert à tous ».

Les Américains nous mènent à l’abattoir avec une facilité dérisoire.

La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.

L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »

Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :

« Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques; n'implorez d'elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie… »

C’était avant les véganiens et la nouvelle culture branchée du cannibalisme.

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Le poète ajoute avant les attentats de Las Vegas :

 « Brûler des nègres enchaînés, coupables d'avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l'honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l'Ouest, que les Sauvages (ce terme a l'air d'une injustice) n'avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l'inventeur de la morale de comptoir, le héros d'un siècle voué à la matière. »

Et de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain vers 1850 chez le clergé catholique:

« Il est bon d'appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l'américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu'un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »

Il y a donc déficit de notre part. Ortega Y Gasset évoque cette montée de la stupidité que le penseur et économiste oxonien Cipolla a théorisée. Nous ne sommes et ne valons plus grand-chose, et c’est pourquoi, que ce soit sous Macron, Sanchez, Merkel, Hollande, Johnson, Lyen, Truss, nous nous détruisons et nous anéantissons avec allégresse, démographiquement, spirituellement. Le triomphe du féminisme et du multiculturalisme US, dangers autrement plus percutants que l’épouvantail terroriste ou le baril d’islam saoudien, sont là pour le démontrer – et pour nous absorber.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, comme le rappela Oswald Spengler :

 « La domination mondiale romaine fut un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance ». 

Je trouve géniale cette phrase, moi qui aime surtout dans le monde romain les textes lucides sur sa décadence, en oubliant quelques lueurs comme l’Enéide (chant VI), les bonnes lettres de Sénèque ou le songe de Scipion (Cicéron, République). Pour le reste on est formidablement proche de notre entropie actuelle (un autre qui en parle est Ugo Bardi, chimiste de formation mué historien de vocation sur Lesakerfrancophone.fr).

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On ne va pas rappeler notre époque et sa soumission, et son adoration, et sa déification des américains. L’action Boeing triplait pendant le scandale du Boeing 737, ce qui signifie que nous voulons mourir – nous « crasher » - par et pour ces dieux américains qui nous hypnotisent (cf. mes rappels de Guénon à ce sujet : le monde moderne est hallucinatoire).

Spengler donc, qui remet notre empire romain, sa bureaucratie, son homogénéisation, ses thermes et son multiculturalisme à leur place :

« Considéré en soi, la domination mondiale romaine était un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté - que les Romains n'avaient jamais eu depuis Zama - mais d'un déficit de résistance de l'autre. Que les Romains n'aient pas conquis le monde est certain; ils ont simplement pris possession d'un butin ouvert à tous. L'Imperium Romanum a été créé non pas à la suite d'efforts militaires et financiers aussi extrêmes que ceux qui avaient caractérisé les guerres puniques, mais parce que l'Orient ancien renonçait à toute autodétermination externe. L’apparition de brillants succès militaires ne doit pas nous induire en erreur. Avec quelques légions mal entraînées, mal dirigées et maussades, Lucullus et Pompée ont conquis des royaumes entiers - un phénomène qui aurait été impensable à l'époque de la bataille d'Issus… »

Au passage, et toujours dans son introduction, Spengler, dont on a fait un distrait poète, mais qui est surtout un naturaliste compétent, nous voit déjà cuits culturellement, et à l’époque de Picasso, Schoenberg et Stravinsky encore :

« Qu'il s'agisse de peinture ou de musique de qualité, il ne peut plus y avoir de question pour les Occidentaux. Leurs possibilités architecturales sont épuisées depuis cent ans. Seules d’extensives possibilités leur sont laissées… »

Depuis nous avons touché le fond, mais nous creusons encore. C’est ce qu’on nomme l’art contemporain, qui recouvre et pollue Versailles et les ronds-points de l’ancienne France.

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L’empire romain exerce sa fascination comme aujourd’hui notre matrice US. Spengler :

« Il existe un type d'érudit dont la clarté de la vision tombe sous un charme irrésistible lorsqu'il passe d'une redingote à une toge, d'un terrain de football britannique à un cirque byzantin, d'un chemin de fer transcontinental à une voie romaine dans les Alpes, d'un destroyer de trente nœuds à une trirème, des baïonnettes prussiennes aux lances romaines - de nos jours même, du canal de Suez d'un ingénieur moderne à celui d'un pharaon. » 

Hypnose, quand tu nous tiens…

Spengler rappelle les conditions romaines, notamment dans le domaine… immobilier :

« Pour moi, c’est un symbole de la première importance que dans la Rome de Crassus - le triumvir et le spéculateur de chantier tout-puissant - le peuple romain avec ses inscriptions fières, le peuple devant lequel tremblaient Gaulois, Grecs, Parthes, Syriens, vive dans une misère effrayante dans des établissements de plusieurs étages de banlieues sombres, acceptant avec indifférence ou même avec une sorte d'intérêt sportif les conséquences de l'expansion militaire: beaucoup de familles célèbres et nobles, beaucoup de descendants des hommes qui ont vaincu les Celtes et les Samnites ont perdu leurs maisons ancestrales en se tenant à l'écart de la précipitation sauvage de la spéculation et ont été réduits à louer des appartements misérables… le long de la voie Appienne, où se trouvent les tombes splendides et encore merveilleuses des magnats financiers, les cadavres de la population ont été jetés avec des cadavres d’animaux, la ville ayant été abandonnée dans une fosse commune monstrueuse… »

La ville se dévore elle-même, comme disait un Guy Debord impressionné par Mumford, elle est devenue cetamas de détritus urbainsqui constitue l’universelle mégapole… quant aux vieilles familles, elles ne font plus rêver personne en occident depuis longtemps : elles ont été, comme les rois, réduites à l’état de larves people.

A la place du spéculateur Crassus on a le spéculateur Donaldus qui bute aussi sur les iraniens, pardon, sur les parthes : lisez la vie de Crassus de Plutarque qui vous expliquera mieux que Wikipédia comment les parthes en finirent avec lui (Crassus)…

Et cette cerise sur le gâteau (ou sur le catho, pensez à cet antipape et à sa pacha Mama) sur notre apocalypse touristique :

« dans Athènes dépeuplée, qui vivait de visiteurs et de la richesse de riches étrangers, la foule de touristes parvenus de Rome resta bouche bée devant les œuvres de l'époque péricléenne avec aussi peu de compréhension que le globe-trotter américain de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, tous pièce d'art amovible ayant été enlevée ou achetée à un prix avantageux pour être remplacée par les bâtiments romains qui ont grandi, colossaux et arrogants, à côté des structures basses et modestes de l'ancien temps… »

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L’épuisement du monde actuel, toujours plus lâche et stérile, ne se peut expliquer une nouvelle fois que par Guénon. Notre désindustrialisation sur ordre (n’en déplaise à tel lecteur à la fois peu instruit et malpoli), qui marque l’américanisation, a une dimension tératologique. Après l’époque de la solidification, survient la désintégration bien méphitique. Lisez l’intuition de Guénon sur les fissures de la grande muraille pour vous en convaincre. Dans le monde déchristianisé où nous évoluons, règne un satanisme extatique et cultuel sur fond d’églises cramées. A la pollution des Indes ou au smog du collectionneur Dorian Gray succèdent Netflix et sa froide inculture Illuminati.

Sources

René Guénon - Règne de la quantité, XXV

Guy Debord – La Société du Spectacle, § 174

Lewis Mumford – La Cité dans l’Histoire

Philippe Grasset - La Grâce de l’Histoire, le deuxième cercle, éditions mols

Nicolas Bonnal – Tolkien (Avatar), Les Territoires protocolaires (Maule)

Charles Baudelaire – Préface aux œuvres traduites d’Edgar Poe (ebooksgratuits.com)

Oswald Spengler, déclin de l'occident, introduction, archive.org

13:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicols bonnal, actualité, américanisation, amérique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 19 septembre 2022

Fascination américaine et suicide européen

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Fascination américaine et suicide européen

par Nicolas Bonnal

L’Amérique nous hypnotise à volonté, elle nous pousse au suicide et sans forcer son talent : la dette et les usuriers des fonds de pension comme Fink, c’est elle ; le transhumain et le Reset c’est elle et ses milliardaires ; le virus et les vaccins c’est elle (Bourla veut dire « plaisanterie », burla, en espagnol) ; la russophobie et l’extermination nucléaire en Europe, ce sera aussi elle (elle est sûre que jamais la Russie complexée ne s’en prendra à elle directement) ; les nouvelles chasses aux sorcières et le nouveau puritanisme moral, c’est elle ; les privatisations et la déglingue à la Dick, c’est toujours elle. Elle va nous exterminer et nous l’en remercions, et nous la divinisons. Elle fait penser au serpent biblique : elle amène la connaissance, une connaissance vide et creuse, et nous perdons tout au passage. Mais nous sommes contents. Comme le serpent du Livre de la Jungle, elle nous hypnotise avant de nous bouffer l’Amérique.

Je me souviens des années 90 ; il y avait encore des petites résistances en France ; et puis tout a fondu comme neige au sommeil sans qu’on y prenne garde (Chirac a adoubé Lagarde et Sarkozy). Et nous sommes devenus le pays le plus vil, le plus collabo et le plus déglingué avec fin des communistes et 1% maximum de gaullistes (le texte de Milgram est balayé). Nous n’avons pas été punis comme le voulait Condoleeza, nous avons été séduits, conquis, pressés et stressés. Pays d’abrutis prêts à crever pour Leur Maître. Le Parrain a triomphé comme partout en Europe ; mais comme c’est ici qu’on survit…

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Mais d’où vient cette fascination ? Pour le comprendre relisons Jean Baudrillard, pas le Baudrillard antiaméricain de la Fin, mais le Baudrillard tonitruant et talentueux qui dans un beau et long poème, intitulé Amérique, explique pourquoi ce serpent est décidément fascinant.

Quelques rappels ; l’Amérique c’est d’abord le pays conatif, le pays qui donne des ordres et doit être obéi (sinon on est anéanti, Allemagne, Japon, Irak, Lybie, bientôt Chine et Russie, car il ne faut douter de rien, on est avec le pays qui ose toujours tout, comme Keyser Sose) :

« Tout protéger, tout détecter, tout circonscrire – société obsessionnelle. Save time. Save energy. Save money. Save our souls – société phobique. Low tar. Low energy. Low calories. Low sex. Low speed – société anorexique.

Curieusement, dans cet univers où tout est à profusion, il faut tout sauver, tout épargner. »

Cela c’est le programme gastronomique et économique, avec l’obsession médicale (Rockefeller et les vaccins) et écologique qui était là bien avant Biden (Vance Packard en parle déjà). Ce puritanisme économique est aussi mémoriel :

« Tout recenser, tout stocker, tout mémoriser. »

Tout cela c’est l’obsession de la statistique, des maths, de l’informatique, du reste. L’Amérique nous contrôle. Amazon.fr va nous imposer l’euro numérique avec l’UE sous contrôle, et Gates nous a imposé vaccin, confinement et reset, le tout comme à la parade. Voyez notre texte sur Jack London et les milliardaires humanitaires et bienveillants qui ont progressivement détruit la planète et surtout l’humanité (ce qu’ils appellent le tikkun).

amerique-332185-264-432.jpgBaudrillard constate que l’Amérique contrôle tout avec ses images (l’alunissage), son cinéma, ses musiques. Elle domine notre cerveau et notre imaginaire. Aujourd’hui c’est Netflix et le format CNN qui a dévasté et reprogrammé le peu de cerveaux qui restaient (en termes de Milgram je maintiens que nous sommes 1%, pas plus). Nous sommes ses choses et ses prisonniers, comme dans la caverne de Platon (y compris ceux qui comme nous font mine de s’imposer à elle en utilisant ses concepts et même ses outils) ou comme dans l’Invasion des profanateurs de sépulture, tous remplacés psychiquement et tous reprogrammés pour devenir ces légumes dont parla notre génial Siegel à Benayoun un jour.

Ce qu’il faut comprendre c’est que le simulacre c’est la force et la réalité, le simulacre ce n’est pas ce dont il faut se moquer comme font certains vieux distraits. Le simulacre c’est la réalité et nous sommes devenus d’illusoires ombres. Baudrillard cite Baudelaire et son culte moderne des artifices et il ajoute :

« Inutile de chercher à décinématographier le désert pour lui garder une qualité originelle, la surimpression est totale, et elle continue. Le Indiens, les mesas, les canyons, les ciels : le cinéma a tout absorbé. Et pourtant, c’est le spectacle le plus saisissant du monde. Faut-il préférer les déserts « authentiques » et les oasis profondes (p. 69) ? »

Le simulacre américain : voyez ces queues d’affamés à Moscou au début des années 90 pour entrer dans le premier McDonald’s ouvert. La malbouffe c’est l’unique vraie bouffe, pauvre José Bové.

Baudrillard ajoute : « Les États Unis, c’est l’utopie réalisée. »

Et il va même plus loin. Pourquoi elle triomphe dans les âmes l’Amérique (Renan l’avait bien dit dans ses Souvenirs) :

« La conviction idyllique des Américains d’être le centre du monde, la puissance suprême et le modèle absolu n’est pas fausse. »

Elle conquiert même ses ennemis l’Amérique. Le Vietnam bosse pour les actionnaires américains (Gap et les textiles) et il s’arme avec son ancien bourreau (quatre millions de morts ?) pour résister contre la Chine. Peut-on résister à cette pieuvre ? Baudrillard le nie :

« Quoi qu’il arrive, et quoi qu’on pense de l’arrogance du dollar ou des multinationales, c’est cette culture qui fascine mondialement ceux mêmes qui ont à en souffrir, et ce de par cette conviction intime et délirante d’avoir matérialisé tous leurs rêves. »

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L’Amérique matérialise les rêves, c’est la magie hollywoodienne. On voit d’ailleurs que le wokisme s’impose sans coup férir en Europe et surtout en France.

Baudrillard n’oppose pas le capital à la révolution : le capital c’est la révolution, il emporte et ravage tout. En ceci Baudrillard est marxiste : le capital, dit Marx dans le Manifeste, c’est celui qui fait tomber la Grande Muraille. On verra pour la Chine et on se rappellera que pour McCarthy comme pour d’autres conservateurs façon Mullins, Céline, Belloc ou Chesterton, les USA ont créé à la fois l’URSS et la Chine communiste. Ce pays est si puissant qu’il peut créer à volonté ses (faux) opposants. Là il a deux gros morceaux, mais faites-lui confiance.

Donc le capital est plus rapide que nos rebelles (voyez Klein et No Logo) :

« Non seulement l’histoire ne se rattrape pas, mais il semble que l’actualité même du capital, dans cette société « capitaliste », ne se rattrape jamais. Ce n’est pourtant pas faute, chez nous critiques marxistes, de courir après le capital, mais il a toujours une longueur d’avance (p. 79). »

Baudrillard ajoute un élément essentiel : l’Amérique est ontologiquement supérieure. Elle complexe l’Europe et l’Europe bafouée et humiliée s’en veut et veut s’exterminer. Pourquoi est-elle supérieure ? Lisons le Maître :

« L’Amérique, elle, s’est trouvée en position de rupture et de modernité radicale : c’est donc là que la modernité est originale, et nulle part ailleurs. Nous ne pouvons faire que l’imiter, sans pouvoir la défier sur son propre terrain (p. 80)… »

Et d’enfoncer le clou avec l’inévitable (que dis-je, fatidique) Hannah Arendt :

« Cette auto-indulgence non dénuée d’humour témoigne d’une société sûre de sa richesse et de sa puissance, et qui aurait en quelque sorte intériorisé la formule de Hannah Arendt selon laquelle la révolution américaine, au contraire de toutes celles d’Europe, c’est une révolution réussie (p. 86). »

9782859840693-us.jpgCitant un texte anti-américain de Guillaume Faye, Baudrillard établit que tout ce qu’on reproche à l’Amérique se retourne en sa faveur. On dit qu’elle est violente, criminelle, surendettée, obèse, crétine, bolchevique, féministe, raciste, antiraciste, libérale, clochardisée, fasciste, elle s’en fout : elle se nourrit de nos insultes. Ce qui l’insulte la rend plus forte. On dit depuis cinquante ans qu’elle est moribonde, déclinante, décadente, cool, dégénérée, elle s’en fout encore et nous mène à la chambre à gaz. L’Amérique n’est pas décadente, au contraire donc :

« Bien sûr tout cela est une parodie !  Si toutes ces valeurs ne supportent pas d’être parodiées, c’est qu’elles n’ont plus d’importance. Oui, la Californie (et l’Amérique avec elle) est le miroir de notre décadence, mais elle n’est pas décadente du tout, elle est d’une vitalité hyperréelle, elle a tout l’énergie du simulacre. C’est le lieu mondial de l’inauthentique » – bien sûr : c’est ça qui fait son originalité et sa puissance. Cette montée en puissance du simulacre, vous l’éprouvez ici sans effort (p. 101). »

L’Amérique a même gagné la guerre du Vietnam en faisant pleurnicher le public pour ses bidasses : qui a jamais vu un film vietnamien sur cette guerre ? Elle a même imposé son apocalypse à l’Asie, qui s’est ensuite couverte de gratte-ciels, de fastfoods, d’autoroutes, d’aéroports, de centres de recherches, d’ateliers et de camps de vacances – puis de centres de vaccination anti-covid. Elle a même pu se barrer en se marrant de l’Afghanistan (voyez Mozinor).

Croyez-moi, cessons de la sous-estimer.

Nicolas Bonnal

mercredi, 15 juin 2022

Le sommet de l'OEA ou quand l'hégémonisme échoue

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Le sommet de l'OEA ou quand l'hégémonisme échoue

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/quando-legemonia-fa-fiasco

Du 6 au 10 juin, le sommet de l'OEA a eu lieu aux États-Unis. L'objectif initial du sommet était de restaurer l'image des États-Unis en Amérique latine et de tenter de consolider l'hémisphère occidental contre la Russie et la Chine. Mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu.

Du 7 au 10 juin, le Sommet des Amériques s'est tenu à Los Angeles sous les auspices de l'OEA (l'Organisation des Etats Américains), censé symboliser le retour des États-Unis en Amérique latine et dans les Caraïbes. L'objectif principal de l'événement était de renforcer la position des États-Unis en Amérique latine.

Plongeons un peu dans l'histoire du sommet. L'Organisation des États américains (OEA) est une organisation internationale qui a été fondée le 30 avril 1948. L'objectif de l'organisation est la coopération entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. L'OEA comprend les États d'Amérique latine, des Caraïbes et les États-Unis eux-mêmes. Le sommet s'est tenu pour la première fois en 1994. En juin 2022, ce fut le 9e Sommet des Amériques. Le slogan de cet événement, publié sur le site officiel du gouvernement américain, était "construire un avenir durable et équitable". Cependant, dans le contexte actuel, ce mot d'ordre semble très douteux.

Cette fois, il y a eu plusieurs incidents en même temps. Les États-Unis n'ont pas invité le Venezuela, Cuba et le Nicaragua. Six États ont refusé de participer au sommet: le Mexique, le Guatemala, le Honduras, la Bolivie, Antigua et la Barbade. Ces pays étaient indignés que le président américain Biden n'ait pas invité les principaux États des Caraïbes. À cet égard, l'ordre du jour du dernier sommet perd radicalement de sa valeur. Tout ce que les États-Unis peuvent offrir à l'Amérique latine est un engagement de 300 millions de dollars en faveur de la sécurité alimentaire. En comparaison, le commerce de la région avec la Chine dépasse 450 milliards de dollars. La Chine est déjà le premier partenaire commercial des pays situés au sud des Caraïbes.

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Dans le contexte de la situation actuelle, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a proposé de recréer l'OEA. Il a noté que l'OEA a joué un rôle négatif dans le coup d'État en Bolivie en 2019. Il a également condamné l'organisation pour avoir imposé des sanctions contre des pays d'Amérique latine. Le Premier ministre du Belize, John Briceño, a critiqué les actions de la Maison Blanche et a qualifié l'absence de certains Etats d'"inexcusable". "Il est inconcevable que nous ayons isolé des pays d'Amérique, qui ont contribué à résoudre les problèmes les plus importants de l'hémisphère", a souligné le chef du gouvernement.

"De toute évidence, l'Organisation des États américains et son modus operandi ont fait leur temps", a déclaré le ministre, ajoutant que la proposition mexicaine consiste à former un groupe de travail qui présentera un projet visant à recréer l'organisation pour la coopération interétatique américaine.

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Mais les problèmes dans la conduite du sommet ne se sont pas arrêtés là. Biden a de nouveau "trébuché sur l'échelle, incapable de garder son équilibre". Le président américain s'est efforcé de justifier toutes les actions des Etats-Unis, qui sont critiquées. Il est arrivé avec sa femme et a accueilli tous les invités. Alors que Biden parlait depuis la scène de paix et de prospérité, le service de sécurité présidentiel a brutalement réprimé toutes les tentatives des manifestants de s'exprimer contre lui. Un seul piquet de protestation, organisé par une femme, s'est soldé par une arrestation. En outre, le discours de Joe Biden au sommet a été interrompu par des manifestants qui hurlaient de slogans hostiles. Le président américain s'est arrêté de parler, a gloussé et a poursuivi son discours. Comme l'ont précisé des témoins oculaires, Biden a été interrompu au même moment par deux personnes venues de l'assistance, qui ont été rapidement emmenées hors de la salle par les services de sécurité.

Ainsi, le sommet, conçu comme une démonstration de force américaine, s'est soldé par un échec. Cela s'est produit pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les États-Unis ont commencé à perdre leur pouvoir économique. Puis, l'influence politique a commencé à s'estomper. De nouveaux acteurs forts, tels que la Russie et la Chine, sont apparus sur l'échiquier.

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Deuxièmement, l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale avaient des contradictions avec l'Amérique du Nord. Aujourd'hui, la Russie fait la promotion du système GLONASS dans les pays d'Amérique latine et du Sud. Des conseillers militaires russes travaillent au Venezuela et à Cuba. Le gouvernement nicaraguayen achète 90 % de toutes ses armes à la Russie et, tout récemment, il a accordé la permission aux troupes, aux navires et aux avions russes d'utiliser le territoire du pays pour participer à des formations, des exercices et fournir une aide humanitaire.

La Chine sape visiblement l'hégémonie américaine sur le continent en utilisant ses connexions au Nicaragua. La Russie soutient également le Nicaragua au même titre que la Chine. Le statut de la Maison Blanche en Amérique latine perd considérablement de son pouvoir.

L'expert de l'Institut d'études américaines et canadiennes de l'Académie russe des sciences, le docteur en économie Vladimir Vasiliev, déclare: "Personne ne peut vraiment dire aujourd'hui quelle est la chose la plus importante de ce sommet. Biden a déformé sa rhétorique sur la démocratie. Par exemple, il est nécessaire de développer la démocratie dans les pays d'Amérique latine, alors que Cuba, le Nicaragua et le Venezuela sont des "États non démocratiques". Mais il s'avère une chose intéressante : seuls les migrants de ces pays aux États-Unis ont des opinions opposées, sont venus pour une vie meilleure et jusqu'à présent ne sont pas très heureux de leur séjour en Amérique. Il s'avère que l'Amérique est arrivée à ce sommet avec un problème central: le problème de la migration. Les pays d'Amérique latine, les pays d'Amérique centrale, disent-ils, développent notre économie. Mais Biden a proposé un plan décoratif, rien de concret. Les États-Unis eux-mêmes ne les aideront pas beaucoup".

Il faut en conclure que le sommet n'a apporté aucun résultat positif concret. Ce n'est qu'une fois de plus qu'il est devenu une pomme de discorde entre les pays d'Amérique latine et les États-Unis. Le Sommet des Amériques a montré que les États-Unis n'ont pas beaucoup de partenaires régionaux, et l'absence d'un certain nombre de pays dans le forum constitue un défi patent à l'"hégémonie". Les compétences oratoires du président Joe Biden ne sont pas non plus à la hauteur. Il fait souvent des erreurs et des réserves, qui se retrouvent ensuite sur Internet et ne provoquent que des "rires nerveux". Le sommet montre une fois de plus que les Américains perdent leur puissance. La tentative des États de consolider l'hémisphère occidental contre la Russie et la Chine a échoué. Ce sommet peut se résumer en trois mots : fiasco, échec et déception.

lundi, 31 janvier 2022

L'idée de la désintégration des États-Unis fait son chemin dans les masses.

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L'idée de la désintégration des États-Unis fait son chemin dans les masses

Vladimir Mikheev

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/politica/36486-2022-01-14-00-23-27

Au moins une centaine, sinon plus, de nouveaux États apparaîtront au cours des cent prochaines années, a prédit le blogueur américain Jared Brock dans son billet du 16 novembre 2021 sur le portail d'opinion libéral Medium. La force motrice du séparatisme, étant donné que la multiplication des sujets de droit international sera causée par la fragmentation de pays grands et complexes, et génèrera des contradictions irréconciliables.

Comme justification, l'auteur a cité le fait qu'il existe dans le monde "650 groupes ethniques majeurs, quelque 9800 catégories culturelles et ethno-linguistiques". Dans le même temps, j'ai ajouté 108.000 "sociétés enregistrées au registre public" (dont les actions sont négociées en bourse), qui souhaitent acquérir leurs propres parcelles de terrain et devenir totalement indépendantes.

Même si cette dernière thèse fait écho à l'idée de Klaus Schwab de concentrer les pouvoirs du gouvernement mondial dans les sociétés transnationales, l'idée de Brock la contredit essentiellement: ce sont les Etats qui resteront les détenteurs de la souveraineté.

Pour eux-mêmes

La divination la plus importante de l'oracle autoproclamé était l'affirmation que les États-Unis d'Amérique allaient bientôt se désintégrer ... en 12 états. Ils sont nommés par leur nom.

Les États occidentaux de Washington et de l'Oregon deviendront la Cascadie, dont les frontières seront déterminées par la biorégion du même nom (Cascadia Bioregion). La nouvelle formation comprendra la province canadienne de la Colombie-Britannique, les mégapoles telles que Seattle, Portland et Vancouver devenant des structures d'appui.

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L'Utah, havre mormon, changera son nom en Deseret et reprendra une partie du Nevada. Par ailleurs, il est apparu le 7 décembre que les responsables de l'Utah - malgré le boycott diplomatique des Jeux olympiques et paralympiques en Chine officiellement annoncé par les États-Unis - enverront leur délégation dans l'Empire céleste pour tirer les leçons de l'expérience.

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"La Nouvelle-Angleterre deviendra le fournisseur mondial de myrtilles, de sirop d'érable et d'aventures de ski en hiver", prophétise le blogueur à la manière de Cassandre. "New York (douzième économie mondiale) sera la première ville-État dont les gratte-ciel seront complètement submergés en raison de la hausse du niveau des mers" .

La région des plaines, composée des États de l'Iowa, du Kansas, du Minnesota, du Missouri, du Nebraska, du Dakota du Nord, du Dakota du Sud (bassin du Mississippi Nord), "continuera à nourrir le monde comme une commune agricole géante, qui grouillera probablement de libertaires amateurs de bitcoins "souverains"".

Dans le Sud profond (les États de l'Alabama, de la Géorgie, de la Louisiane, du Mississippi et de la Caroline du Sud), les minorités vont commencer à partir, les "coloureds" vont créer un État appelé "République de Nouvelle Afrique". Les Blancs, se sentant comme des invités indésirables, se précipiteront pour chercher une résidence permanente en Floride et ainsi, selon la prophétie de Brock, plonger les anciens "États du coton" dans un chaos total.

Le paradis des oranges, la Floride, n'est pas mentionné comme un État potentiel sous le toit de l'Amérique. Mais la dynamique communauté hispanique, qui donne le ton et le rythme du développement économique (parfois avec une légère brume de narcotiques), peut se permettre de peser le pour et le contre d'un voyage en solitaire. Les relations privilégiées avec de nombreux pays d'Amérique latine peuvent compenser la rupture des liens avec Washington et Wall Street.

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Les séparatistes les plus désespérés vivent, selon Brock, en Californie, la cinquième économie mondiale (devant la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Inde et des centaines d'autres en termes de PIB). Selon les sondages, rappelle l'auteur, 32% des Californiens "soutiennent déjà le Calexit (par analogie avec le Brexit)".

 Wikipedia cite deux groupes de citoyens en colère parmi les forces motrices: le California National Party et le California Freedom Coalition. Mais en premier lieu, cela concernerait... le gouvernement russe. Ils font référence à une publication de la BBC qui aurait identifié des hackers et des trolls russes de Saint-Pétersbourg qui ont promu l'idée de l'indépendance de la Californie et du Texas sur Twitter.

Même s'il y a des haters de Thatcher et de Nuland dans la ville sur la Neva, pour qui la désintégration de la Fédération de Russie en petites principautés similaires serait la base idéale pour un nouvel ordre mondial s'il existe une "usine à trolls" et un groupe de "vengeurs du peuple" prêts à répondre à une agression hybride de leur propre initiative. L'Occident est contre la Russie - qu'est-ce que les fonctionnaires ont à voir là-dedans ?

La vérité est que des tendances centrifuges sont observées depuis longtemps au Texas. La majorité hispanique pourrait proclamer, toujours selon Brock, "la République du Texas, qui aura la onzième armée du monde, la dixième économie, son propre réseau électrique et suffisamment d'énergie solaire et éolienne pour être un exportateur net d'énergie propre".

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Quant aux fréquentes mentions dans les médias sociaux de la probabilité d'une désintégration des États-Unis dans des formations proto-étatiques, la principale source d'inspiration et les fantasmes sauvages ne sont pas du tout présentés au public par des "bots du Kremlin", mais par des politiciens américains, ainsi que par de simples citoyens inquiets.

Des vues inconciliables du bien et du mal

Un événement marquant a été la publication en 2020 d'un livre du professeur de droit Frank Buckley, dans lequel il déclarait sans ambages que l'Amérique était mûre pour la désintégration, et ce pour de nombreuses raisons.

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En juillet 2020, le magazine Newsweek a tracé l'avenir de l'Amérique du Nord, clairement divisé selon les partis. Les États républicains fusionnent avec les provinces canadiennes conservatrices. L'auteur, apparemment préoccupé par l'identification du genre, prédit que si le mariage homosexuel et l'avortement sont interdits dans la zone rouge (le rouge est la couleur des républicains), dans la zone bleue (le bleu est la couleur des démocrates), n'importe qui pourra se marier.

Récemment, l'un des séparatistes texans, Joe Shehan, a été cité dans la presse. Il estime que la séparation de l'État du reste des États-Unis est subordonnée à la tâche de créer un "havre de sécurité" qui puisse empêcher l'État de sombrer dans le chaos.

On entend des motifs similaires dans la déclaration du journaliste et analyste américain Eric Best : "L'Amérique se désintègre. Ils risquent le chaos et peut-être le totalitarisme, et alors un nouvel État apparaîtra". Son pronostic semble un détail piquant : le moment viendra très vite où les résidents américains voudront fuir le pays, mais il sera trop tard, car les frontières seront déjà fermées.

Le 1er décembre, le chroniqueur de Bloomberg Max Hastings a suggéré que la probabilité d'un effondrement des États-Unis est plus grande aujourd'hui qu'il y a vingt ans. L'argument en faveur de cette conclusion était les résultats d'un récent sondage réalisé par l'Université de Virginie. Il s'est avéré que 52 % des électeurs de Donald Trump sont désormais "plutôt" favorables à ce que les États rouges, contrôlés par des gouverneurs républicains et des majorités républicaines dans les législatures locales, déclarent leur souveraineté en tant qu'États indépendants. La proportion de partisans démocrates qui rêvent d'isoler les États bleus est légèrement inférieure : 41%.

Cependant, le "grand schisme" qui a divisé les États-Unis en deux communautés irréconciliables continue de corroder le pays, qui a toujours été un conglomérat d'unions rivales : financières, industrielles, commerciales, politiques, ethniques, raciales, culturelles, etc.

En 2004, lorsque Barack Obama a fait ses débuts sur la scène politique, il a affirmé, du haut de la tribune des délégués du Congrès démocrate : "Il n'y a pas une Amérique libérale et une Amérique conservatrice. Il y a les États-Unis d'Amérique. Ce passage astucieux est compréhensible, car tout homme politique visant le pouvoir suprême, la présidence, doit réfléchir à la manière de se calmer et de ne pas ostraciser les électeurs qui votent pour son adversaire".

Quatre mandats présidentiels se sont écoulés et une nouvelle anomalie a poussé les gens à dire tout haut ce qu'ils auraient préféré taire. "Nous vivons dans une nation fondamentalement divisée", a prévenu l'ancienne première dame Michelle Obama lors de la convention virtuelle du parti démocrate de 2020. "Si vous pensez que ça ne peut pas être pire, croyez-moi, ça peut."

Il est peu probable que les républicains contestent cette thèse. Rien d'étonnant à ce que, selon l'ancien président américain Donald Trump, qui effraie ses ennemis en envisageant de revenir à la Maison Blanche, "nous nous battons pour la survie de notre nation et de la civilisation elle-même". Les enjeux sont plus élevés que jamais et on ne peut que souscrire aux conclusions de l'auteur de l'article diffusé par l'empire médiatique Bloomberg : "Il y a deux concepts mutuellement exclusifs de bonté et de justice dans le pays".

Le point de non-retour a-t-il été dépassé ou pas encore ?

Grâce aux efforts non coordonnés, mais unifiés dans leur nature et leur objectif, des républicains et des démocrates pour saper le fragile consentement social, le système est devenu fou. L'Amérique a atteint une bifurcation dans la route. Une sorte de bifurcation sur la route. Ce terme, comme l'écrivent les experts, implique un état critique du système, où il devient instable face aux fluctuations et où l'incertitude surgit : l'état du système deviendra-t-il chaotique ou passera-t-il à un nouveau niveau d'ordre supérieur ?

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Les tendances centrifuges s'accélèrent. Sans interférence externe. Ils se développent avec des levures maison. Charles R. Kesler, professeur d'administration publique au Claremont McKenna College, dans son livre The Crisis of Two Constitutions, cite cet épisode : "Il y a plusieurs années, j'ai vu un autocollant sur une voiture : (USA), Try it, try it again". (Si au début ça ne s'enlève pas, essayez, essayez encore)".

Rappelant l'expression "guerre civile froide [c'est-à-dire sans fusillade]" que tout le monde a reprise, le professeur Kesler souligne qu'il s'agit d'une "situation malsaine". L'observation est banale par rapport à une autre déduction : "Au cœur de notre guerre civile froide, l'Amérique est de plus en plus divisée entre deux cultures rivales, deux constitutions" (deux modes de vie).

Tout au long de son histoire centenaire, la société a toujours connu un équilibre du pouvoir en constante évolution entre intégrateurs et séparatistes. Lorsque le conflit entre les tendances centrifuges et centripètes a pris de l'ampleur et a dépassé le point de bifurcation, il y a eu soit la formation d'un puissant État composite complexe (l'Empire romain à l'apogée de sa puissance en tant que modèle), soit la désintégration en parties distinctes (l'Empire britannique dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale).

Aujourd'hui, les attaches et la charpente elle-même craquent, maintenant sous un même toit une puissance multinationale hétérogène, autrefois fière d'être un creuset de centaines de nationalités, qui a absorbé les talents et les compétences de nombreux immigrants en quête d'une vie meilleure.

Mais ... l'amalgame transnational et interracial dans des conditions de croissance rapide du racisme noir, comme il s'est avéré, n'est pas assez fort. Le modèle économique néolibéral ne garantit pas la fuite des emplois vers la Chine et le Mexique. Poussés par le culte de la réussite personnelle et l'ivresse du consumérisme, les emprunts hypothécaires et scolaires sont grevés de dettes à vie. Et la guerre pour le pouvoir au sein de la classe politique est menée avec une cruauté barbare : il y a une chasse aux sorcières, les monuments aux anciennes idoles s'écroulent et à leur place se dressent des personnages étranges comme George Floyd, un drogué et voleur condamné à six reprises.

L'Amérique vivra-t-elle jusqu'à la fin du siècle ? Probablement, mais dans un format institutionnel différent. Et seulement s'il est possible de redécouvrir un dénominateur commun à des intérêts hétérogènes. Sinon, les prédictions de Cassandre sur les Américains à l'esprit alarmiste se transformeront en "catastrophe géopolitique" pour la plupart d'entre eux. Ces cycles historiques ont été interprétés de manière prophétique par Gabriel Derzhavin : "Tout ce qui est grand sur terre se répand comme de la fumée : aujourd'hui le lot est tombé sur trois, demain il tombera sur d'autres".

Analyse : Les États-Unis risquent de répéter le sort de la défunte URSS

Alexander Sadovnikov

Qu'est-ce qui est le plus grave : une pandémie ou la dette nationale américaine ?

À la veille de la nouvelle année, la banque danoise Saxo Bank a présenté ses "10 prédictions chocs" pour l'année à venir. Son directeur des investissements, Steen Jakobsen, a décrit l'essence du "choc" annoncé au public : "Le thème principal des prédictions pour 2022 est la révolution. La tension monte dans nos sociétés et nos économies, qui souffrent d'inégalités. Et compte tenu de l'incapacité du système actuel à résoudre ce problème, ainsi que de notre besoin de nous tourner vers l'avenir d'un point de vue fondamental, la seule question est de savoir quand et comment cela se produira".

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Le pronostic de révolution n'est pas surprenant, puisque la société occidentale est très fragmentée et composée de groupes conflictuels irréconciliables de diverses sortes de minorités, de champions des valeurs familiales traditionnelles, de partisans d'idéologies gauchistes et conservatrices, et tout cela est multiplié par des nationalités raciales insolubles et des contradictions en matière de propriété. Et ces contradictions menacent de se transformer en une forme armée agressive.

Saxo Bank prédit une révolution dans la prise de conscience des jeunes sur les médias sociaux : "Les jeunes vont quitter les plateformes Facebook pour protester contre l'utilisation des données personnelles à des fins lucratives. La tentative de Meta, la société mère de Facebook, de les faire revenir en utilisant le Metaverse n'aboutira pas. À bien des égards, Facebook va soudainement se retrouver au milieu d'une guerre culturelle entre les jeunes de moins de 40 ans et les adultes de plus de 40 ans".

Selon les auteurs des prévisions, le "programme vert" sera radicalement adouci au profit du développement de la production traditionnelle d'hydrocarbures, le pétrole et le gaz, en raison du risque de troubles sociaux causés par la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie. Parmi les autres prédictions, citons une solution au problème du vieillissement, le rôle dans les ventes de musique d'une nouvelle plateforme numérique basée sur la technologie blockchain de NFT, une course aux armements basée sur l'hypersonique, la militarisation de l'espace, etc.

Saxo Bank prévoit une crise constitutionnelle après les élections de mi-mandat aux États-Unis. "Après les élections de mi-mandat, les États-Unis seront perplexes quant à la confirmation ou non des résultats définitifs des élections au Sénat et à la Chambre, ce qui conduira à un scénario dans lequel le nouveau Congrès ne pourra pas se réunir pour sa première réunion le 3 janvier 2023. Joe Biden gouvernera par fiat et la démocratie aux États-Unis sera gelée car même les démocrates s'opposeront à la Cour suprême".

Les analystes de Saxo offrent également des perspectives extrêmement négatives pour le marché financier international en raison de l'extrême volatilité des actifs américains. "Les rendements du Trésor américain vont augmenter et le dollar américain va chuter pour se prémunir contre une 'crise existentielle' de la première économie mondiale et de l'émetteur de la monnaie de réserve mondiale". En conséquence, "les marchés mondiaux peuvent être couverts par une puissante onde de choc". Nous allons décrypter ci-dessous ce que cela signifie en langage clair.

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Nos prévisions :

Tout ce que Saxo a écrit sur les États-Unis n'est pas un jeu d'esprit ou de l'"humour noir". En fait, l'année 2024 est déjà proche, que le Trésor américain a surnommée la "date X". C'est au cours de cette année que la "pyramide de Mavrodi" s'effondrera à la manière américaine. Le fait est qu'à la "date X", les paiements d'intérêts sur la dette nationale américaine atteindront un trillion de dollars et dépasseront tous les nouveaux emprunts pour en assurer le service. En d'autres termes, une pyramide dont la dette s'élève à 32.000 milliards de dollars devient insolvable. La Fed ne peut pas résoudre ce problème, même si elle investit tous ses actifs dans la pyramide.

Il ne peut y avoir ici que deux solutions, et les deux ne sont pas les pires : une forte dévaluation du dollar d'un facteur 10 ou plus de la valeur nominale, ou en général un défaut de paiement, c'est-à-dire le refus des États-Unis d'honorer leurs obligations financières. Il y aura alors un "effet domino" : toutes les grandes banques, les fonds de pension et les compagnies d'assurance, qui ont investi massivement dans les obligations d'État, feront faillite, puis la production s'arrêtera et les licenciements massifs commenceront.

Les prix de tous les biens, et en particulier des denrées alimentaires, augmenteront fortement. Mais surtout, une guerre civile commencera aux États-Unis, car les salaires, les avantages et les pensions seront arrêtés et il y aura des pénuries d'absolument tous les biens. En raison de l'appauvrissement total de la population, les affrontements raciaux sous forme de batailles entre gangs blancs, noirs et de couleur deviendront monnaie courante. Ils vont simplement tuer pour des marchandises dans les magasins, car il y a une abondance d'armes à feu dans le pays.

Le sort des alliés des États-Unis, qui sont en même temps les principaux détenteurs des obligations de la dette nationale américaine, ne sera pas enviable non plus. Tous sont dans une rêverie paniquée. Au cours des dernières décennies, les États-Unis ont pris l'habitude non pas de produire, mais d'acheter tout ce qui leur plaît dans le monde entier, uniquement en imprimant des dollars. Par analogie avec la bombe atomique, ce billet vert a sa masse critique et elle a déjà été atteinte.

Le premier à faire faillite sera le Japon, qui est le plus grand détenteur d'obligations américaines et qui a sa propre dette nationale de 15.000 milliards de dollars. Le système financier de l'Union européenne s'effondrera, car les pays de la zone euro ont également bien investi dans les obligations d'État américaines, et ce malgré le fait que la propre dette de l'UE ait dépassé 18.000 milliards d'euros. L'Allemagne, qui est le premier bailleur de fonds de l'UE, a investi massivement dans la dette publique américaine. Puisqu'il n'y aura plus d'argent allemand gratuit, la Pologne, les pays baltes, la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, habitués à recevoir des aides, feront faillite ou sombreront dans un profond marasme financier.

Aujourd'hui, les États-Unis tentent frénétiquement de juguler l'inflation. Les Américains paient de plus en plus cher dans les stations-service et les supermarchés. Sur l'année, les prix des denrées alimentaires de base ont augmenté de 10,5 %, tandis que les prix de l'essence ont augmenté de 51 %. Aujourd'hui, les rayons vides s'ajoutent à l'inflation galopante due à la crise de la logistique. Il y a des navires avec des marchandises dans les ports, mais il n'y a personne pour les décharger ou les transporter. La pandémie a considérablement réduit l'emploi de la population, qui a atteint un point critique. L'effondrement du secteur du transport routier a déjà été qualifié d'Armageddon, car il n'y a pas assez de chauffeurs routiers. Il y en a certes 100.000 mais ce n'est pas suffisant. Dans les ports, il se passe quelque chose d'inimaginable, les navires sont surchargés, car il n'y a pas d'ouvriers pour effectuer les transbordements. Aux États-Unis, l'époque de la fin de l'URSS approche, avec ses guichets vides et ses énormes files d'attente.

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Que peuvent faire les États-Unis pour retarder l'Armageddon ? Le pire, c'est qu'ils peuvent déclencher une grande guerre qui, comme ils le croient, va tout bouleverser. L'Amérique, comme l'air, a maintenant besoin d'une sorte de crise internationale majeure, dans le contexte de laquelle ses problèmes de dette sembleront insignifiants. Et dans le contexte de l'augmentation des dépenses militaires, il est tout à fait logique de déclarer une dévaluation. De ce fait, on assiste à une montée de l'hystérie anti-russe et anti-chinoise. L'Ukraine ou Taiwan peuvent servir de déclencheurs.

mardi, 10 août 2021

Tocqueville et la destruction du Nouveau Monde par ses conquérants

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Tocqueville et la destruction du Nouveau Monde par ses conquérants

par Nicolas Bonnal

« A mesure que nous avancions, le but de notre voyage semblait fuir devant nous. »

Tocqueville n’a pas fait que de l’analyse en voyageant en Amérique ; il a aussi fait du tourisme avec son ami Beaumont et son bref journal de voyage est un des plus beaux et plus durs qui soient ; car le style incomparable de notre artiste romantique se heurte au mur de briques du puritain américain qui va détruire le monde. Chercher la nature façon Thomas Cole et Alfred Bierstadt est déjà dur ; en effet :

« Une des choses qui piquaient le plus notre curiosité en venant en Amérique, c’était de parcourir les extrêmes limites de la civilisation européenne, et même, si le temps nous le permettait, de visiter quelques-unes de ces tribus indiennes qui ont mieux aimé fuir dans les solitudes les plus sauvages que de se plier à ce que les blancs appellent les délices de la vie sociale ; mais il est plus difficile qu’on ne croit de rencontrer aujourd’hui le désert. A partir de New-York, et à mesure que nous avancions vers le nord-ouest, le but de notre voyage semblait fuir devant nous. Nous parcourions des lieux célèbres dans l’histoire des Indiens, nous rencontrions des vallées qu’ils ont nommées, nous traversions des fleuves qui portent encore le nom de leurs tribus; mais partout la hutte du sauvage avait fait place à la maison de l’homme civilisé, les bois étaient tombés, la solitude prenait une vie. »

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Les indiens eux-mêmes sont déjà des êtres qui rétrécissent, comme dans le film éponyme de Jack Arnold. Tocqueville ajoute sans concession :

« Les Indiens que je vis ce jour-là avaient une petite stature; leurs membres, autant qu’on en pouvait juger sous leurs vêtements, étaient grêles; leur peau, au lieu de présenter une teinte rouge cuivré, comme on le croit communément, était bronze foncé, de telle sorte qu’au premier abord elle semblait se rapprocher beaucoup de celle des mulâtres. Leurs cheveux noirs et luisants tombaient avec une singulière raideur sur leurs cous et sur leurs épaules. Leurs bouches étaient en général démesurément grandes, l’expression de leur figure ignoble et méchante. Leur physionomie annonçait cette profonde dépravation qu’un long abus des bienfaits de la civilisation peut seul donner. On eût dit des hommes appartenant à la dernière populace de nos grandes villes d’Europe, et cependant c’étaient encore des sauvages. Aux vices qu’ils tenaient de nous se mêlait quelque chose de barbare et d’incivilisé qui les rendait cent fois plus repoussants encore. »

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Le contact avec l’Occident souille. On ne saurait être plus guénonien. Et pourtant on n’a pas affaire à des inconnus :

« Ces êtres faibles et dépravés appartenaient cependant à l’une des tribus les plus renommées de l’ancien monde américain. Nous avions devant nous, et c’est pitié de le dire, les derniers restes de cette célèbre confédération des Iroquois, dont la mâle sagesse n’était pas moins connue que le courage, et qui tinrent longtemps la balance entre les deux plus grandes nations de l’Europe. »

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Iroquois.

L’égoïsme froid de l’Américain frappe Tocqueville (il a bouleversé et révolté Beaumont – voyez nos textes) :

« D’autres avouaient que probablement l’Indien mourrait; mais on lisait sur leurs lèvres cette pensée à moitié exprimée : qu’est-ce que la vie d’un Indien? C’était là le fond du sentiment général. Au milieu de cette société si jalouse de moralité et de philanthropie, on rencontre une insensibilité complète, une sorte d’égoïsme froid et implacable lorsqu’il s’agit des indigènes de l’Amérique. Les habitants des États-Unis ne chassent pas les Indiens à cor et à cri ainsi que faisaient les Espagnols du Mexique; mais c’est le même instinct impitoyable qui anime ici comme partout ailleurs la race européenne. »

On ne peut pas dire qu’il la porte dans son cœur cette race européenne qui a rompu déjà avec ses racines spirituelles et le règne de la qualité.

Il ne faut pas lui parler de promenade romantique à notre pionnier :

« Traverser des forêts presque impénétrables, passer des rivières profondes, braver les marais pestilentiels, dormir exposé à l’humidité des bois, voilà des efforts que l’Américain conçoit sans peine s’il s’agit de gagner un dollar, car c’est là le point; mais qu’on fasse de pareilles courses par curiosité, c’est ce qui n’arrive pas jusqu’à son intelligence. Ajoutez qu’habitant d’un désert il ne prise que l’œuvre de l’homme. Il vous enverra volontiers visiter une route, un pont, un beau village; mais qu’on attache du prix à de grands arbres et à une belle solitude, cela est pour lui absolument incompréhensible. Rien donc de plus difficile que de trouver quelqu’un en état de vous comprendre. »

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Après Tocqueville se lance dans de belles descriptions méditatives et presque transcendantales. On pense à Chateaubriand, Senancour, à Maurice de Guérin (merveille méconnue du centaure) :

« Il est difficile de se figurer le charme qui environne ces jolis lieux où l’homme n’a point fixé sa demeure, où règnent encore une paix profonde et un silence non interrompu. J’ai parcouru dans les Alpes des solitudes affreuses où la nature se refuse au travail de l’homme, mais où elle déploie jusque dans ses horreurs mêmes une grandeur qui transporte l’âme et la passionne. Ici la solitude n’est pas moins profonde, mais elle ne fait pas naître les mêmes impressions. Les seuls sentiments qu’on éprouve en parcourant ces déserts fleuris, où, comme dans le Paradis de Milton, tout est préparé pour recevoir l’homme, c’est une admiration tranquille, une émotion douce et mélancolique, un dégoût vague de la vie civilisée, une sorte d’instinct sauvage qui fait penser avec douleur que bientôt cette délicieuse solitude aura cessé d’exister. »

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Mais le blanc va arriver: « déjà, en effet, la race blanche s’avance à travers les bois qui l’entourent, et dans peu d’années l’Européen aura coupé les arbres qui se réfléchissent dans les eaux limpides du lac et forcé les animaux qui peuplent ses rives de se retirer vers de nouveaux déserts. »

Il y a quand même des mavericks chez ces blancs, des artistes, des coureurs des bois comme on disait :

« …ce sont les Européens qui, en dépit des habitudes de leur jeunesse, ont fini par trouver dans la liberté du désert un charme inexprimable. Tenant aux solitudes de l’Amérique par leur goût et leurs passions, à l’Europe par leur religion, leurs principes et leurs idées, ils mêlent l’amour de la vie sauvage à l’orgueil de la civilisation, et préfèrent à leurs compatriotes les Indiens, dans lesquels cependant ils ne reconnaissent pas des égaux. »

Mais il n’y a rien affaire contre le blanc destructeur :

« ce peuple immense qui, comme tous les grands peuples, n’a qu’une pensée, et qui marche à l’acquisition des richesses, unique but de ses travaux, avec une persévérance et un mépris de la vie qu’on pourrait appeler héroïque, si ce nom convenait à autre chose qu’aux efforts de la vertu; peuple nomade que les fleuves et les lacs n’arrêtent point, devant qui les forêts tombent et les prairies se couvrent d’ombrages, et qui, après avoir touché l’Océan-Pacifique, reviendra sur ses pas pour troubler et détruire les sociétés qu’il aura formées derrière lui… »

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Avant de détruire ou de bombarder le reste du monde ! Comme dit Beaumont l’Amérique est le seul pays qui n’ait pas eu d’enfance mystérieuse ! Sa mission était de nous engloutir dans la matrice mafieuse, matérialiste et numérique.

415KXSPMA9L._SX195_.jpgPuis notre voyageur redevient poète et évoque la similitude entre cette forêt et le grand océan. On pense à Melville, à Moby Dick bien sûr et au si bel essai de Jacques Cabau sur la Prairie perdue :

« Il nous est souvent arrivé d’admirer sur l’Océan une de ces soirées calmes et sereines, alors que les voiles, flottant paisiblement le long des mâts, laissent ignorer au matelot de quel côté s’élèvera la brise. Ce repos de la nature entière n’est pas moins imposant dans les solitudes du Nouveau-Monde que sur l’immensité des mers. »

Et plus loin :

Ce n’est pas au reste dans ce seul cas que nous avons remarqué la singulière analogie qui existe entre la vue de l’Océan et l’aspect d’une forêt sauvage. Dans l’un comme dans l’autre spectacle, l’idée de l’immensité vous assiège. La continuité, la monotonie des mêmes scènes étonne et accable l’imagination. »

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On a déjà évoqué nos coureurs des bois (redécouvrez en ce sens la captive aux yeux clairs de Hawks) ; ils reviennent sous la plume de notre indien :

« Pénétrez sous cette cabane de feuillage; vous y rencontrerez un homme dont l’accueil cordial et la figure ouverte vous annonceront dès l’abord le goût des plaisirs sociaux et l’insouciance de la vie. Dans le premier moment, vous le prendrez peut-être pour un Indien. Soumis à la vie sauvage, il en a volontairement adopté les habits, les usages et presque les mœurs : il porte des mocassins, le bonnet de loutre et le manteau de laine. Il est infatigable chasseur, couche à l’affût, vit de miel sauvage et de chair de bison. »

Or cet homme est un bon Français :

« Cet homme n’en est pas moins resté un Français gai, entreprenant, fier de son origine, amant passionné de la gloire militaire, plus vaniteux qu’intéressé, homme d’instinct, obéissant à son premier mouvement moins qu’à sa raison, préférant le bruit à l’argent. Pour venir au désert, il semble avoir brisé tous les liens qui l’attachaient à la vie. On ne lui voit ni femme ni enfants. »

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Et de le comparer au rude américain enfant de Caïn :

« A quelques pas de cet homme habite un autre européen qui, soumis aux mêmes difficultés, s’est raidi contre elles. Celui-ci est froid, tenace, impitoyable argumentateur. Il s’attache à la terre et arrache à la vie sauvage tout ce qu’il peut lui ôter. Il lutte sans cesse contre elle, il la dépouille chaque jour de quelques-uns de ses attributs. Il transporte, pièce à pièce, dans le désert ses lois, ses habitudes, ses usages, et, s’il se peut, jusqu’aux moindres recherches de sa civilisation avancée. L’émigrant des États-Unis n’estime de la victoire que ses résultats… »

Tocqueville sent le danger du métissage ; et il écrit à ce sujet :

« Ne sachant comment se guider au jour incertain qui l’éclaire, son âme se débat péniblement dans les langes d’un doute universel : il adopte des usages opposés, il prie à deux autels, il croit au rédempteur du monde et aux amulettes du jongleur, et il arrive au bout de sa carrière sans avoir pu débrouiller le problème obscur de son existence. »

Ce qu’il ressent dans son voyage (la région de Détroit et du lac Erié donc) c’est l’effrayant et rapide bouleversement en cours :

« Cinquante lieues séparent encore cette solitude des grands établissements européens, et nous sommes peut-être les derniers voyageurs auxquels il ait été donné de la contempler dans sa primitive splendeur : tant est grande l’impulsion qui entraîne la race blanche vers la conquête entière du Nouveau-Monde! C’est cette idée de destruction, cette arrière-pensée d’un changement prochain et inévitable qui donne, suivant nous, aux solitudes de l’Amérique un caractère si original et une si touchante beauté. »

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On est presque chez Tolkien (chez Fenimore Cooper il règne une aura presque elfique parfois). L’homme a un trop grand pouvoir de destruction. Tocqueville :

« On les voit avec un plaisir mélancolique. On se hâte en quelque sorte de les admirer. L’idée de cette grandeur naturelle et sauvage qui va finir se mêle aux magnifiques images que la marche de la civilisation fait naître. On se sent fier d’être homme, et l’on éprouve en même temps je ne sais quel amer regret du pouvoir que Dieu vous a accordé sur la nature. L’âme est agitée par des idées, des sentiments contraires; mais toutes les impressions qu’elle reçoit sont grandes, et laissent une trace profonde. »

Sources :

Tocqueville : Quinze Jours au Désert souvenirs d’un voyage en Amérique

https://fr.wikisource.org/wiki/Quinze_Jours_au_D%C3%A9sert_souvenirs_d%E2%80%99un_voyage_en_Am%C3%A9rique

https://www.amazon.fr/GRANDS-WESTERNS-AMERICAINS-approche-traditionnelle/dp/198318294X/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=bonnal+westerns&qid=1628501397&sr=8-1

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https://www.amazon.fr/Tolkien-dernier-gardien-Nicolas-Bonnal/dp/1973276747/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=bonnal+tolkien&qid=1628501439&sr=8-1

https://www.les4verites.com/international/gustave-de-beaumont-et-la-critique-radicale-de-la-democratie-americaine

https://www.amazon.fr/prairie-perdue-Cabau-Jacques/dp/2020026074/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=jacques+cabau&qid=1628501842&sr=8-1

 

 

dimanche, 16 août 2020

Kerouac and the Faustian West

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Kerouac and the Faustian West

by

The sinner is at the very heart of Christianity. Nobody is so competent as the sinner in matters of Christianity. Nobody, except the saint. ~ Charles Péguy

Love, Work, and Suffer ~ Motto of the Kerouac family (Rivista Araldica)

Am actually not “beat” but strange solitary crazy Catholic mystic ~ Jack Kerouak, Lonesome Traveler

Since I was under the impression that Jack Kerouac was lost in the memory hole, I was recently surprised by the publication of Jack Kerouac and the Decline of the West, an essay by Semmelweis, published by Rhodes Scholar Press.

Since “Semmelweis” claims to be a GenX latchkey kid, the lifestyle described by Kerouac is hardly a living option for him. For my generation (I have GenX sons), Kerouac, when was even acknowledged, was either a passing “stage” one passed through, a proto-hippy, or lumped in, rather inaccurately, with the “beats”. Semmelweis, unburdened by such preconceptions, is able to separate the “real” Kerouac from the stereotypes of the beatnik … not that that task is so easy to do, since Kerouac was rather complex and his behavior did not always match his innermost thoughts. What Semmelweis is able to see is much deeper than what those of Kerouac’s generation were able to see.

One Man and Three Respectable People

Favorite complaint about contemporary world: the facetiousness of “respectable” people ~ Lonesome Traveler

Semmelweis comments on Kerouac’s appearance on Firing Line in 1968, which is worth watching.

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Of the four men on stage, Kerouac was the only one who was able to connect with the audience. Allegedly intoxicated, he brought the audience to laughter several times, while the three “respectable men” droned on. They are what the French call a “type”; that is, they are devoid of individual personality. These are the other three on the show:

  • William F. Buckley: At that time, he was the Maxwell’s Demon of conservatism, deciding who was in and who was out. After 50 years, his brand of conservatism has conserved nothing.
  • Lewis Yablonsky: Professor Yablonsky, I should add. He was the “expert” on hippies, although he contributed nothing. There was no creed for hippies nor membership cards, so he contributed nothing.
  • Ed Sanders: He was the “hippie” type, and the contrast with Kerouac could not have been clearer. He recited the platitudes of love and peace, etc., like a cardboard cutout. You can see them in the baseball games this week. Put the cutout on a new show in 2020 and you would not even know the difference. The same speech repeated ad nauseum, and everyone thinks it is new.
    In high school, I had the Fugs album. When my mother heard it, she took it off the record player and returned it to the record store for an exchange. I guess she could see further than I could.

Personal Encounter

A generation ahead of me, Kerouac grew up in Lowell, Massachusetts, not very far from my home town. As a rather bookish youth, I tended to act out roles from the books I read. Not quite willing and able to takes things as far as Kerouac did, I did find opportunities. So in some ways, I understand his mindset from the inside, not just descriptively. Fortunately for me, I don’t have an addictive type personality and was left unscarred. Unfortunately, that encounter has left me with an attraction to troubled women, like the sad but beautiful Tristessa.

My boomer friends, feeling the cold breath of impending death on their necks, have grown nostalgic, as though memories of old times will be as restorative as blood plasma transfusions from youths. So they send me links to albums by an 80 year old Dion, or old tracks from the wrinkled Rolling Stones. I’d be much more impressed if Dion became an anchorite or Jagger went full sannyasi.

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Few of them have had a new idea since they were 19, despite professional successes. In their best moments, they sound like a second rate Ed Sanders. They can’t figure me out, but I have just followed the logic.

There is a story, perhaps apocryphal, that some hippies tracked him down in St. Petersburg and went to visit to pay homage. He threw them out while claiming to be Catholic and conservative. The hippies didn’t get the point, although some of us did.

Man as adventurer

Kerouac never lost his longing for a loving family, for a wife and children, and for the simpler, wholesome life of small town America. But he was always thwarted by his longing for adventure, passion, excitement, and lust. ~ Semmelweis

If you watch some youtube videos today, you may come to the conclusion that to be religious, it is only necessary to wear a scapula, pray so many rosaries, etc. This is not a criticism of those men or their practices, especially since in this day and age those are acts of defiance. Yet through Christian history, there has always been the desire for more. There have been explorers, knights, traders, warriors, pilgrims, missionaries, all with the urge for travel and adventure. They kept the faith, no matter how imperfectly.

Most of those options are not available today, so Kerouac made America his exploration (and more followed later). A GenXer cannot imagine what the USA was like in 1956, either physically or psychologically. That description will have to wait for my autobiography.

It seems that converts and reverts have been dominating the public discussion of religion. They are sincere and enthusiastic, and know their dogmas, canon law, and rituals perfectly. However, they often lack a certain “feel”, a Catholic mind that has embraced centuries, the globe, and been encultured with tales of saints, sinners, mystics, philosophers, and so on. There are classical pianists who are technically proficient and know how to play each note at the right time. Nevertheless, they lack an aesthetic “feel” that gives life to the music, so they never make it to the top ranks.

Kerouac, on the other hand, has that “feel”, even if he is not a good role model for your children. For example, while getting high with William Burroughs in Morocco, he could be inspired by a Muslim poem, or image some old man on beach as the coming Bodhisattva. Yet in his best moments, he could have a genuine spiritual experience.

And on Good Friday afternoon a heavenly performance of the St Matthew’s Passion … I cried most of the time and had a vision of an angel in my mother’s kitchen … and I realized it didn’t matter that we sin, that all my own petty gripes didn’t matter either. ~ Lonesome Traveler

Final Plans

Hermitage in the woods, quiet writing of old age, mellow hopes of Paradise ~ Lonesome Traveler

Kerouac never got to be old, since alcohol killed him. That should be the goal of every old man, and Kerouac knew it. When Siddhartha tired of the pursuit of money, women, family, he, too, isolated himself. But he could think, fast, and wait. Jack was addicted and impatient, so his road of excess cannot be recommended, even if it leads to the palace of wisdom. Did he attain Paradise? Perhaps, since Paradise is for saints and sinners, not the lukewarm.

The peasant farmers

Semmelweis picks out an interesting theme in Kerouac that I never would have noticed. He references the Fellaheen or “peasant farmer”: those who persist after a civilization has collapsed. Oswald Spengler defines them this way.

only the primitive blood remains, alive, but robbed of its strongest and most promising elements. This residue is the Fellah type … Life as experienced by primitive and by fellaheen peoples is just the zoological up and down, a planless happening without goal or cadenced march in time, wherein occurrences are many, but, in the last analysis, devoid of significance.” ~ Oswald Spengler, The Decline of the West

Valentin Tomberg attributes them to the forgetting of the past. In our time, we can see that the forgetting is deliberate.

the “primitive” tribes and nomadic peoples, disinherited from their past and obliged to begin everything again, began to live in caves or camp under trees. There were once powerful kingdoms and magnificent towns but their descendants had lost all memory of them and gave themselves up entirely to the daily life of “primitive” tribes —the life of hunting, fishing, agriculture and war. ~ Valentin Tomberg, Meditations on the Tarot

Semmelweis points out that Kerouac identified with the Fellaheen of his time: hustlers, drug addicts, winos, even though they could not sustain even a primitive civilization. Nevertheless, Semmelweis points out the logic: Beat = beatific, therefore the Fellaheen, the lumpen, the outcasts, are holy. Perhaps this might also be due to the way the respectable men of the publishing industry marginalized him, so he was never able to penetrate into the respectable literary circles.

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Faustian and Magian Civilizations

Besides the Fellaheen, Semmelweis pulls out another point from Spengler. Kerouac was prophetic about the 21st century. Semmelweis explains:

He saw the distinction in Spenglerian terms, which classifies Western European civilization as “Faustian,” and Near-Eastern civilization as “Magian.”

It’s remarkable that he saw that 21st century culture and spirituality would not be “American,”

which in this context means Western European and Faustian, but would be “Magian,” of the East, and of a type which rather than promoting the heroism and individualism of Faustian man, promotes the dissolution of the individual ego into the greater collective Spirit.

That is why the spirituality of the East involves the dissolution of the Person in the unconditioned state, while Western spirituality, like in Catholicism, there is always the two in one. That so many Westerners are preferring Eastern spirituality is just a regrettable sign of the times.

Dionysus vs Dionysius

I believe in order, tenderness, and piety.

Kerouac confessed this to Buckley:

[the counterculture is] apparently some kind of Dionysian movement in late civilization, and which I did not intend, any more than I suppose Dionysus did … although I’m not Dionysius the Areopagite. I should have been.

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Semmelweis expands on that distinction:

The point [is] that Kerouac’s sensibilities and values are religious like Dionysius the Areopagite, not chaotic and destructive like the god Dionysus.

Since the two names differ by only one iota, it shows how close the two temptations are. At birth, we are assigned a good angel and a bad angel. Hence, life is a perpetual spiritual warfare; that is not an option and you cannot be a draft dodger.

Errata

The beatnik on the TV Show, The Many Loves of Dobie Gillis, was named Maynard G. Krebs.

mardi, 08 janvier 2019

Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

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Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

Gli studiosi di geopolitica hanno approfondito la natura messianica dell’ideologia politica americana, collegandone l’universalismo escatologico di matrice protestante non solo alle prassi politiche filosioniste ed imperialiste, ma anche al pensiero dei moderni teorici americani – da Fukuyama a Huntington. L’ideologia dell’eccezionalismo americano non si esaurisce nel neoconservatorismo, ma, sotto diversa forma, si esprime anche nel pensiero degli “idealisti” progressisti. Gli “idealisti” sono corrente trasversale a democratici e repubblicani, così come i “realisti” – da Kissinger a Brzezinski fino a Mearsheimer – non mettono in discussione l’assunto per cui o l’America è potenza globale o non è. Pur trovando compimento nella dottrina Monroe (enunciata nel discorso al Congresso del 1823), l’origine del virulento imperialismo americano può essere ricercata anche nella prassi politica di Theodore Roosevelt (1858 – 1919, presidenza dal 1901 al 1909). È ormai diffusa anche la comprensione del livello geoeconomico del predominio del dollaro e del controllo sul Medio Oriente, nonché del contrasto all’Eurasia.

È interessante inserire nell’analisi della geopolitica americana e dei suoi riflessi un ulteriore fattore: la comprensione della sua geopolitica “interna”.

Gli Stati Uniti sono un paese animato da una marcata dialettica interna, fatta di contrasti anche aspri tra le sue componenti religiose (per quanto il cattolicesimo americano sia ormai completamente “protestantizzato” e normalizzato, opera che prosegue nell’America Latina di Bolsonaro grazie all’insipienza dei Sacri Palazzi romani) ma soprattutto razziali e, prima ancora, geopolitiche. La società americana è un coacervo di contraddizioni che vengono toccate con mano se la si vive dall’interno: è importante coglierle per comprendere le debolezze presenti e future dell’iperpotenza a Stelle e Strisce.

*

Seguendo un percorso ideale squisitamente geopolitico, di dialettica tra dimensione talassocratica e tellurica, possiamo dividere la storia americana in fasi marittime e terrestri. Le Tredici Colonie Britanniche, popolate da normali coloni in cerca di terra e fortuna nonché da esuli religiosi di sette protestanti, nascono dal mare e sul mare si affacciano, dovendo sì all’agricoltura ma soprattutto al commercio marittimo il proprio sostentamento e la propria incipiente fortuna. La dichiarazione di indipendenza arriva nel 1776 e sorge dall’indisponibilità delle colonie a sottostare all’oppressione fiscale e al monopolio commerciale della madrepatria britannica.

A questa primissima fase marittima succede una fase di terraferma e di espansione continua verso l’Ovest: un’immigrazione giunta da tutto il mondo in cerca di terra ed opportunità nella “Land of the Free” segna l’animo americano con quella fusione di senso dell’avventura e di autosufficienza e individualismo noto come “spirito della frontiera”. Vengono inglobate culture europee provenienti dal Vecchio Continente ma anche già presenti in quello nuovo: la Gran Bretagna (con la quale i rapporti rimarranno tesi per tutto il XIX secolo, fino a quando questa non rivolgerà le proprie attenzioni di nuovo al Vecchio Continente e all’emergente potere tedesco) verrà sconfitta in una nuova guerra nel 1812 senza guadagni territoriali, guadagni che arriveranno dalle sconfitte della Spagna (1898) e del Messico (1846-48), dall’acquisto delle colonie francesi o spagnole e dei territori russi, dall’annessione di Stati sovrani (la Repubblica del Vermont nel 1701 o quella del Texas nel 1845).

La visione degli Stati Uniti si concentra sulla conquista di terra contro le potenze coloniali europee, contro le tribù native (vittime di un vero e proprio genocidio) e contro il vicino messicano. È in questa fase storica che vanno ricercate le basi dell’isolazionismo americano del XIX secolo – isolazionismo rispetto agli affari europei. Per sopravvivere gli Stati Uniti devono concentrarsi sull’esclusione degli avversari dal proprio territorio e dal continente americano, senza intromettersi in vicende diplomatiche ad esso esterne. Una certa “mentalità dell’assedio” si salda con lo “spirito della frontiera”, temprando il carattere di un popolo bellicoso, ostinato e determinato. Popolo composto da popoli: la maggior parte degli americani bianchi discende da tedeschi ed irlandesi, seguiti da inglesi, italiani e polacchi (in ordine di incidenza). Né si può ignorare la presenza di una vasta popolazione di schiavi importati dal continente africano nei secoli trascorsi. Spartiacque della costruzione dell’identità e della fase geopolitica terrestre con la seconda fase marittima è appunto la Guerra Civile tra gli stati del Nord e del Sud. Due modelli politici e geopolitici, economici e sociali. Il Nord è industriale e tendenzialmente protezionista nonché tecnologicamente avanzato, mentre il Sud, assai meno popolato, è mercantile e liberoscambista, con un’economia agricola e cotoniera la cui prosperità dipende dal lavoro degli schiavi, dal libero commercio dell’oro bianco e dal controllo del Mississippi. Il Nord si proietta nella realizzazione della Dottrina Monroe di dominio sul continente: il Sud, filobritannico, continua a guardare al mare e al resto del mondo. Si tratta di due visioni della politica americana confliggenti anche sul piano istituzionale: un’Unione forte e centralista si contrappone ad una Confederazione di Stati gelosi della propria autonomia.

La prima grande linea di frattura della geopolitica americana, quella tra Nord e Sud, si risolve con la sconfitta del secondo, ma si riassume in una faglia tuttora irrisolta: la frattura razziale tra bianchi e neri e tra bianchi ricchi e progressisti del nord e bianchi poveri e conservatori del sud (paradossalmente, in origine repubblicani i primi e democratici i secondi).

Completata la conquista della terra col processo di autocostruzione di una nazione, la strategia americana torna volgersi al mare: gli Stati Uniti riunificati si affacciano saldamente su due oceani e, sconfitta la Spagna sul finire del secolo XIX, guadagneranno Cuba, Porto Rico e le Filippine. La disponibilità di terra e di risorse, lo spirito di intraprendenza degli immigrati europei, la saldezza dei diritti di proprietà e l’assenza di contrasti di classe nel senso europeo – l’operaio oppresso può semplicemente scegliere di cambiare vita spostandosi ad ovest – favoriscono un formidabile accumulo di capitale che proietta gli Stati Uniti ad essere la prima potenza economica globale già nei primi decenni del XX secolo. Se il consolidamento come primo potere militare e politico giunge con la vittoria nelle due guerre civili europee del ‘14-‘18 e del ’39-’45 che hanno come risultato l’autodistruzione del Vecchio Continente, la primazia geopolitica era in realtà già conseguita: gli Stati Uniti si possono volgere al mare e all’intervento nelle altre aree del mondo perché non hanno più rivali sul continente americano.

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La terza fase marittima – meglio: talassocratica – è quella che dura tutt’oggi. La geopolitica interna degli Stati Uniti che permette questo volgersi al mare è in realtà una geopolitica di tutto il continente americano, “giardino di casa” degli USA, che vi dominano con trattati commerciali, tramite l’installazione di governi vassalli o saldamente alleati (i regimi castrensi dell’Operazione Condor) o tramite l’intervento diretto (a Grenada o Panama).

Possiamo identificarvi i seguenti tre cerchi concentrici.

  1. Gli Stati Uniti propriamente detti. Se il grande contrasto tra Nord industriale (diviso tra Midwest e costa orientale) e Sud cotoniero (il Mississippi e i porti del Sud e dell’Est, piegati dal blocco marittimo dall’Unione) si è risolto, non si risolve quello tra le due coste, centro cosmopolita dell’economia globalizzata, della finanza (predominio del Dollaro) e dell’innovazione (predominio tecnologico) e quindi due vere punte di lancia del potere americano globale, e gli Stati centrali agricoli e industriali, dominati da settori dell’economia più tradizionale che vede ormai minori tassi di investimento, accumulazione e crescita delle produzione e dei redditi e dove ha avuto luogo la rivolta della classe media e povera bianca (e non solo). Per la prima volta il Nord industriale e il Sud agricolo, con l’elezione di Trump, si sono saldati contro le coste, nella seconda grande frattura geopolitica e geoeconomica americana.
  2. Il primo anello marittimo: sostanzialmente il Mediterraneo del Golfo del Messico, dallo Yucatan alla Florida, con la salda base del Portorico ma con la spina nel fianco cubana (il cui tasso di effettiva pericolosità si è estremamente ridotto nei decenni). La piaga strategica che infesta quest’area (ma che costituisce anche il pretesto per il continuo intervento statunitense nell’area) è quella di un narcotraffico che ha trasformato interi paesi (come ad esempio l’Honduras) in Stati falliti.
  3. Il terzo anello marittimo e terrestre: l’America del Sud, con il cruciale canale di Panama e i paesi dell’America Latina, che dopo la stagione dei governi progressisti sono stati normalizzati dal riflusso dei governi liberisti di destra neocon (dal Cile al Brasile di Bolsonaro), con la Bolivia ed il Venezuela isolati e minacciati. L’America di Trump, per mezzo del suo grande tessitore Steve Bannon, ha riaffermato che la sua sicurezza e la sua esistenza come potenza hanno nel controllo del Continente un piedistallo non negoziabile. La politica interna dei paesi dell’America Latina è politica interna agli USA: si pensi alla passata diffusione dell’ideologia marxista e dei movimenti anticapitalisti (dalle guerriglie sino alla stagione del movimenti pacifici di Porto Alegre) o al rischio presente, rappresentato dal narcotraffico in Stati travolti da una violenza senza limiti come Brasile, Colombia e soprattutto Messico, con i conseguenti devastanti effetti sociali sul traffico di oppioidi e di cocaina. Geopoliticamente l’America Latina si concentra sulle proprie coste sin dall’epoca dei porti coloniali (molto più che non in entroterra di foreste impenetrabili, aridi deserti o gelidi e inospitali altipiani). È troppo poco per dire che alla potenza marittima basta assicurarsi il controllo dei porti: le risorse dell’America Latina, dalle acque dei fiumi, al petrolio, al rame, agli spazi agricoli, sono nel suo interno.

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Questo sintetico excursus mira a porre il tema della complessità interna agli Stati Uniti d’America e alle loro radici geopolitiche. Visti – a ragione – come una potenza prevalentemente finanziaria, tecnologica e marittima (in una parola: talassocratica), gli Stati Uniti (non esenti in passato da contrasti giunti fino al sanguinoso conflitto civile) sono attraversati da almeno due fratture interne, una di natura sociale e una, per l’appunto, di natura geopolitica.

  1. L’irrisolto contrasto razziale tra bianchi e neri. I primi tendenzialmente più ricchi ed istruiti, i secondi tendenzialmente più poveri ed esposti a forme varie di emarginazione sociale. Si aggiunge il contrasto tra bianchi “wasp” (“white, anglo-saxon, protestant”), i bianchi portatori del nucleo culturale attorno al quale è stata edificata la costruzione statunitense dal 1776 ad oggi, e i nuovi migranti, composti sì da poveri latino-americani, ma anche da una borghesia cosmopolita di indiani, cinesi ed europei.
  2. La faglia geoeconomica che vede da un lato le due coste fulcro dell’economia globalizzata tecnologica e finanziaria, e dall’altro la fascia centrale delle tradizionali economie agricole ed industriali. Qui la vecchia classe media americana, artefice dello sviluppo votato ai consumi dei decenni passati (e spesso, ma non sempre, definibile come “wasp”) ha visto i propri redditi ristagnare nel contesto dell’economia globalizzata della quale è rimasta se non esclusa comunque ai margini. Qui si concentrano sia la classe operaia bianca e nera delle aree industriali (un tempo sicuro serbatoio elettorale democratico). Qui si trovano anche i bianchi poveri del Sud, spregiativamente definiti “redneck” (colli rossi bruciati dal sole durante i lavori agricoli) o addirittura “white trash”, “immondizia bianca”. Questa frattura riproduce lo scontro tra città e campagna, un tempo economie interdipendenti ed oggi scisse, nonché tra i centri dell’economia globalizzata (votati a finanza e tecnologia) e le periferie dell’economia tradizionale industriale ed agricola, nelle quali sopravvivono solo poche eccellenze manifatturiere, e le aree storicamente depresse. Si tratta del medesimo fenomeno in corso in Europa, per quanto su scala geograficamente assai più ridotta e con in più strumenti di coesione sociale e di welfare che agli USA sono ignoti (come del resto è ignoto all’Europa il patriottismo nazionalista americano, unico ma sin qui efficace collante sociale del paese).

Abbiamo proposto una visione in cui l’intera geopolitica del continente americano (Nord e Sud) è vista come geopolitica interna degli USA. Gli USA non possono perdere le Americhe, pena la perdita dell’inviolabilità terrestre. Se il Pacifico resta inattraversabile da forze ostili e l’Atlantico resta un “lago americano”, urge comunque porsi le seguenti domande.

  1. Sino a che punto i popoli dell’America Latina desiderano appartenere ad un proconsolato americano? La recente vittoria elettorale di governi filostatunitensi sembra indicare un forte riflusso dalla stagione delle lotte antimperialiste, ma il successo di questi governi si misurerà nel successo economico di economie deboli, a scarsa tecnologia e dominate dall’esportazione di materie prime, nonché ormai alla fine del proprio “dividendo demografico” o fortemente integrate, quando industriali, nell’economia statunitense (si pensi al Messico).
  2. Sino a che punto il confine settentrionale può restare silente e privo di minacce? Non pensiamo sicuramente al Canada – pur culturalmente molto diverso e segnato da uno stile di vita maggiormente “europeo” – integrato con l’economia americana, ricco di materie prime e spazio ma gelido e poco popolato, quanto all’eventualità che, con lo scioglimento dei ghiacci, l’Artico (e quindi l’Alaska) diventi oggetto di contesa (è già oggetto di attenzioni militari) con Russia e Cina.

Tendiamo a definire le sfide all’egemonia americana nel XXI secolo come completamente esterne all’area geopolitica statunitense, immaginando la prima potenza mondiale come un blocco geopolitico e sociale omogeneo: esse sono sempre considerate di natura economica o finanziaria (sfida al Dollaro, sfida al controllo delle materie prime delle quali pure l’America è immensa riserva), di natura militare (sfida cinese), oppure di natura sì geopolitica, ma prettamente esterna all’area americana (sfida dell’Eurasia unita, sfida dell’Africa cinese). Apprezzarne le contraddizioni sociali e persino le faglie geopolitiche interne ci porta meglio a comprendere come le istanze che gli Stati Uniti d’America dovranno e già devono affrontare siano di natura estremamente più sfaccettata. La domanda che gli osservatori dovrebbero porsi è la seguente: quanto è in primis resiliente ed in secundis flessibile la società americana per assorbire e superare queste contraddizioni in un contesto globale in cui l’America non è più una solitaria potenza egemone?

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Finché gli Stati Uniti garantiranno a larghe fette della propria popolazione livelli enormi di benessere materiale e ai nuovi arrivati opportunità di accostarvisi, tutte le contraddizioni passeranno sotto traccia. È a questo benessere che si deve anche il primato culturale e ideologico americano (il cosiddetto “soft power”) e non certo alle astrazioni “libertà”, “democrazia”, “libera circolazione delle idee”, privilegi riservati alla ristretta cerchia degli appartenenti alle classi ricche o al massimo alle sempre più ristrette classi medie. La domanda che ci poniamo non interessa alle classi politiche ed intellettuali europee, che sembrano conquistate fino a deporre qualsiasi spirito critico. Nessuno, in nessuna corrente politica con diritto di tribuna in Europa, mette in discussione il modello americano, i valori americani, nemmeno l’imperialismo americano. Il mondo “progressista”, un tempo critico, ha applaudito l’intervento in Libia, ha invocato quello in Siria, ha taciuto su quelli degli alleati degli americani in Palestina e in Yemen. Il mondo “conservatore”, che un tempo contrapponeva valori “spirituali” al materialismo (liberale o comunista che fosse), oggi ne è completamente dimentico.

Il benessere deriva dal dominio economico del pianeta, il quale deriva dal dominio tecnologico e finanziario, che a sua volta deriva da quello militare e strategico – il quale, in un circolo virtuoso, è garantito dai due precedenti. Qualora il dominio tecnologico e finanziario dovessero infrangersi o anche solo ridursi o dovesse venir meno quello militare e strategico, l’economia americana non potrebbe più garantire livelli di benessere e consumi a tutta la popolazione né opportunità ai nuovi arrivati, cosicché le faglie sociali interne potrebbero allargarsi pericolosamente. Un paese che ai propri cittadini non concede nulla gratuitamente, né assistenza sanitaria né istruzione di qualità, dovrebbe per esempio iniziare a rendere loro conto di tutto questo, una volta esauritesi le opportunità di arricchirsi e di acquistare il meglio della sanità e il meglio dell’istruzione sul mercato privato. Il dollaro è moneta globale solo finché la potenza militare americana non conoscerà sfide reali; e la potenza militare americana non conoscerà sfide reali finché il dollaro sarà moneta globale.

Non ci è dato sapere se e quando tutto ciò verrà meno, ma quello che è certo è che l’equilibrio interno della società americana dipende dalla sua potenza esterna, dalla sua capacità di espansione nel mondo; e la sua potenza nel mondo dipende viceversa da una coesione sociale interna data dal benessere. Da questo benessere sono escluse ampie fette della popolazione americana (buona parte della popolazione nera ed ispanica nonché i bianchi poveri e della ex-classe media).

In Europa, area del mondo teoricamente democratica e caratterizzata da diritti individuali affermati, il patto socialdemocratico che scambiava pace sociale con benessere si è infranto miseramente con le crisi petrolifere degli anni ’70 e con la globalizzazione; ciò ha generato società pessimiste sino alla sterilità, diseguali, patologicamente incapaci di integrare gli immigrati, nelle quali le classi medie ristagnano e quelle povere regrediscono al livello di “lumpenproletariat”, mentre la Repubblica Popolare Cinese – paese estraneo al sistema liberaldemocratico – vanta continui successi economici e tecnologici. La partecipazione del cinese medio, dell’americano medio e dell’europeo medio al “processo democratico” è del tutto simile e passiva, nonostante la diversità dei tre sistemi: a comprare il consenso sociale sembra che sia il benessere materiale. Con questo non diciamo che vivere nelle tre aree del mondo sia indifferente e che i tre stili di vita siano intercambiabili, data la diversità di ritmi, culture e tradizioni.

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È un dato di fatto che la natura multipolare del pianeta tende altresì a consolidarsi: da un lato il blocco eonomico-politico del continente americano – che sembra riesca a tenere in subordine l’inesistente Europa – dall’altro un blocco cinese asiatico e pacifico in formazione non senza difficoltà, con alcune potenze più (Russia) o meno (India) in fase di collocamento autonomo. In mezzo al guado, una Germania tristemente incapace di assumere la guida dell’Europa e di fare scelte finalmente autonome dall’area atlantica per insipienza della propria classe politica.

Indicatore chiarissimo di questa tendenza è il mercato dell’auto, settore trainante rispetto alla manifattura globale, tra i primi per consumo di acciaio, che muove, su programmazioni pluriquinquennali (se non pluridecennali), investimenti, strategie e forze produttive e tecnologiche immani. È notizia di questi giorni (inizi di Dicembre 2018) che la General Motors desidera chiudere stabilimenti nel Nord America licenziando un totale di 14.000 lavoratori circa per focalizzarsi sul mercato asiatico. È quanto decide di fare anche la Nissan, rompendo forse l’alleanza storica con i francesi della Renault. Questa rottura garantirebbe alle controparti giapponesi la mano libera sul mercato asiatico, mentre il gruppo italoamericano FCA sarebbe in procinto di essere venduto “a pezzi”, nel solco di una profonda rifocalizzazione produttiva e di vendite fuori dall’Europa e verso le Americhe.

Nel mondo multipolare, l’egemonia unica degli USA è già in discussione.

lundi, 12 novembre 2018

Patrick Buchanan et la fin de l’Amérique

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Patrick Buchanan et la fin de l’Amérique

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
On sait que Patrick Buchanan, qui commença sa carrière avec Nixon, tient à Washington D.C. le rôle de “vieux sage” du parti républicain, et aussi représentant de la fraction dite “paléoconservatrtice” regroupant les conservateurs historiques qui entretiennent une hostilité certaine à l’encontre d’un establishment globaliste et néocon. Du fait de cette position d’hostilité à l’encontre de l’establishment, les “paléos” se regroupent derrière Trump bien qu’ils soient en général très critique de sa politique extérieure, tout en reconnaissant qu’elle est essentiellement le fait de l’appareil militaro-industriel sur lequel Trump cherche à s’appuyer.

Buchanan suit avec attention la situation interne du système de l’américanisme (“D.C.-la-folle”). Il avait cru déceler quelque signe d’un apaisement qui aurait pu se concrétiser après les élections à mi-mandat, entre les deux factions qui s’écharpent, – trumpistes et antitrumpistes. Cet article signale que cet espoir n’a valu que pour quelques heures, que l’espoir d’un arrangement s’est complètement évanoui avec l’attitude de Trump(que Buchanan approuve après tout) vis-à-vis de la presse et surtout la liquidation du ministre Session. Buchanan juge que Trump, comme son modèle Andrew Jackson en d’autres temps, est dans la position avantageuse de pouvoir choisir le moment de l’attaque...

Désormais, Buchanan croit qu’il s’agit de la phase finale de la bataille qui s’engage, qu’il n’y aura pas de compromis, que l’un des adversaires doit l’emporter et l’autre être réduit complètement sinon disparaître.L’enjeu, c’est “l’âme de l’Amérique”. Mais allons plus loin, comme Buchanan le suggère sur la fin de son article : l’enjeu, c’est l’Amérique elle-même, et son sort est déjà réglé parce qu’il est absolument impossible d’envisager l’élimination physique de l’un ou l’autre adversaire, et qu’il est désormais évident que ces deux-là ne peuvent plus vivre ensemble...

« La guerre à Washington ne se terminera pas avant la fin de la présidence de Donald Trump. Tout le monde semble le ressentir maintenant. C’est une guerre sans merci qui ira jusqu’au bout.

» La trêve postélectorale qui a eu lieu lorsque Trump a félicité la chef de la minorité de la Chambre, Nancy Pelosi, – “Je lui reconnais beaucoup de crédit pour ce qu’elle a fait et ce qu’elle a accompli”, – n’a duré que quelques heures, c’est désormais de l’histoire ancienne. » Avec la démission forcée du procureur général Jeff Sessions et son remplacement par son chef de cabinet, Matthew Whitaker, la confrontation tant attendue avec Robert Mueller apparaît très probable. Sessions s’était récusé pour la supervision de l’enquête du conseil spécial sur le Russiagate, Whitaker n'a rien fait de semblable. [...]


» Depuis deux ans, Trump est sous le feu d’allégations non prouvées et de suspicions selon lesquelles lui et les plus hauts responsables de la campagne se sont entendus avec la Russie de Vladimir Poutine pour critiquer et publier les emails de la campagne Clinton et du Comité national démocrate. Il est grand temps que Mueller prouve ces accusations ou admette qu’il a bluffé, qu’il termine son enquête et rentre chez lui.

» Désormais, selon les mots de T.S. Eliot, Trump semble avoir trouvé “la force de choisir le moment de la crise”. Son attitude vis-à-vis de l’enquête de Mueller rappelle celle de Andrew Jackson vis-à-vis de Nicholas Biddle : “Tu as essayé de me tuer, moi je te tuerai”.

» Les démocrates du Congrès ont averti Trump que s’il entravait de quelque manière que ce soit le travail du bureau de Mueller, il risquait la destitution. Eh bien, nous verrons. [...]


» Nous savons ce que la gauche pense de la "base" de Trump. Hillary Clinton nous l’a dit : la moitié de ses partisans, dit-elle, est une “bande de de déplorables” qui sont “racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes – choisissez ce qui vous va”.

» Comment la gauche peut-elle “s'unir” avec des gens comme ça ? Comment la gauche ne devrait-elle pas essayer de chasser du pouvoir par tous les moyens nécessaires de tels “racistes” ? C’est le constat qui a engendré les Antifa. Quant à ceux de droite, voyant la gauche dénigrer les grands héros du passé, démolir leurs monuments, purger de tout christianisme leurs écoles publiques, – ils en sont venus à la conclusion que leurs adversaires sont antichrétiens et anti-américains.

» Comment unifier une nation où les camps opposés croient tout cela ?


» L’enjeu de la guerre de l’establishment contre Trump est l’âme de l’Amérique, une guerre dans laquelle l’idée même de la possibilité d’un compromis est considérée comme une trahison. »

vendredi, 18 mai 2018

Keith Preston: Who Am I?

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Keith Preston: Who Am I? 1

Ex: http://www.attackthesystem.com 

This is the transcript of an interview I recently did with a Swiss journal.

In your book “Attack the System” you describe the current ideology of the West as a “totalitarian humanism,” yet you claim to be to the left of Marx (I am referring to a statement you made on the Tom Woods Show). You describe yourself as an anarchist, yet you hold speeches at Richard Spencer’s National Policy Institute. Please tell us: Who is Keith Preston?

I am to the left of Marx in the sense that anarchism was always the left-wing opposition to Marxism. This was true even in the period before the First International when anarchists such as Pierre Joseph Proudhon and Max Stirner would voice their opposition to state-socialism of the kind championed by Marx and his predecessors like Louis Blanc. Marx was so incensed by these attacks from anarchists that he devoted considerable effort to his own counterattacks. For example, much of Marx’s The German Ideology is an attack on Stirner, and Marx’s The Poverty of Philosophy is an attack on Proudhon. It was anarchists such as Mikhail Bakunin that led the opposition to the influence of Marxism in the First International, for which the Bakuninists were expelled. Bakunin was a prophetic opponent of state-socialism and predicted that if the Russian socialist revolutionaries ever gained state power they would become as tyrannical as the czars ever were. Bakunin essentially predicted much of the course of the twentieth century when state-socialist regimes ruled one third of the world’s nations. The anarchists were not only critics of the state, including state-socialism, but were also early critics of imperialism and colonialism during the heyday of these in the nineteenth and twentieth century. Marx and Engels, on the other hand, were champions of imperialism and colonialism, believing these to be historically progressive forces. All of these questions are examples of why I, as an anarchist, am to the left of Karl Marx.

KPB2.jpgI have spoken to the National Policy Institute on two occasions. I spoke there in 2011, and presented a critique of mass immigration that pointed out that large scale migration of the kind that modern societies are experiencing is something that is being driven by the entire range of power elite institutions at the expense of the native populations and working classes of particular societies. The impact of mass migration is to import a “reserve army of labor,” a nice Marxist term, into the advanced capitalist societies for the purpose of wage suppression and exacerbating social conflict in a way that undermines working class cohesion and solidarity. This has the effect of strengthening the forces of state and capital, while simultaneously depriving the developing and underdeveloped world of human capital thereby undermining development and progress in poor countries. The liberal class supports this process because it allows them to pose as cosmopolitan humanitarians while advancing their own class interests and political interests.

I spoke at the National Policy Institute again in 2015 where I presented a critique of American imperialism as a unique and perhaps unprecedented threat to the survival of the world’s many ancient and unique cultures. These are being absorbed in the homogeneity of cultural imperialism driven by the commercial culture that the United States seeks to impose on the world by means of neoliberal hegemony. This is a process that many specialists in international relations have referred to as “McDonaldization,” “Wal-Martization,” or simply as “Americanization.” During that presentation I focused to a great degree on the Americanization of Europe, which I felt to be appropriate given the Eurocentric orientation of the National Policy Institute, although I could have just as easily focused on Southeast Asia, the Middle East or the Amazon rain forests. But what I said at the National Policy Institute was essentially the same as what I would say if I were speaking to a Communist or Islamist organization. I am interested in networking with all enemies of neoliberal imperialism.

What exactly do you mean when you say “totalitarian humanism”?

Totalitarian humanism is a term that I took from a countercultural writer many years ago who suggested that a phenomenon called “totalitarian humanism” was developing into a third wave of totalitarian political ideology in the developed world. The first of wave was Communism which claimed to be liberating the working class from capitalist oppression. The second wave was Fascism or Nazism which claimed to be advancing the interests of allegedly superior races and nations over allegedly inferior ones. The third wave is Totalitarian Humanism which claims to be advancing the interests of all of humanity, but in reality postulates the same kind of dualistic millenarianism rooted in out-group enmity, and with the same double standards, mendacity, and authoritarianism that were found in these older totalitarian ideologies.

KPB3.jpgWe see many different examples of this. On a localized level, we see examples of the state attempting to micromanage every aspect of life for the purpose of advancing some kind of therapeutic, egalitarian, or ostensibly humanitarian objective. This include everything from banning smoking in pubs, to arresting parents for allowing children to play outside unsupervised, to levying special taxes on foods and beverages for social engineering purposes. We also see examples of the state attempting to subjugate local communities, regions, the private sector, and civil society for the purpose of imposing ostensibly progressive values on all of these competing centers of power. This has the effect of eroding zones of autonomy that serve as a bulwark against the state. We see the example of people being removed from their professional or academic positions for expressing ideas that defy progressive orthodoxy. The worst example is what I call “human rights imperialism,” which involves destroying entire nations such as Libya and Iraq under the guise of rescuing them from oppression.

In your political evolvement you went from the Christian right to the far left, from there to libertarianism and after that to the militia movement. At the end of this journey you call yourself an anarcho-pluralist. What is the worldview that stands behind this term?

Anarcho-pluralism is a term that I first heard from an anarchist named Sam Dolgoff many years ago. He was a veteran of the classical anarchist movement of the early twenty first century, and had written extensively about the Spanish Civil War. He used the term anarcho-pluralism to describe his embrace of the range of anarchist thought in terms of potential forms of economic self-organization by the working class. I use the term in a similar but more expansive way. It is an umbrella term that I use to describe the entire range of anarchist thought and tendencies, as well as libertarian, decentralist, anti-state, and anti-authoritarian movements and ideologies generally.

In your book you contrast that with what you refer to as “neoliberal imperialism.” Could you elaborate on what you mean by that?

Neoliberal imperialism is a term that is meant to subscribe the system of global plutocratic rule by means of the G20, individual states that are aligned with the major military and trading blocks, the World Bank, the International Monetary Fund, the World Trade Organization, the United Nations, NATO, transnational corporations, and the wider network of financial, business, media, academic, governmental, and nongovernmental organizations that are connected to this system. At present, for example, about 150 corporations control nearly half of the world’s wealth, and about 200 states control virtually all of the world’s territory.

How would an anarcho-pluralist movement look like and what strategy would it apply, especially given the widely varying conceptions different anarchists have of things like ethics and property rights?

Anarcho-pluralism would involve efforts to decentralize systems of political and economic power into the hands of regions, localities, voluntary associations, and other kinds of communities and organizations that are comprised of people pursing their own interests, whether individually or collectively, in a way that is independent of the state or other external institutions. I do not see anarcho-pluralism, or pan-anarchism, as a prescription for any particular kind of organizational forms, specific sets of economic arrangements, positions on social issues, or as anything which favors any set of identity groups or value systems over others. Rather, anarcho-pluralism could include an infinite array of interests of these kinds, from indigenous tribes that prefer a pre-modern existence, to religious monasteries, to hippie communes, to Afro-centric or neo-pagan or LGBTQ or vegan and animal rights oriented communities, to medieval or Star Trek themed communities, to Islamic or Hasidic or Kekistan communities, to rave partiers to those who dream of colonizing space with communities of robots, from nudist colonies to conservative religious communities, or just ordinary, boring centrist communities.

KPB4.jpgJust as anarcho-pluralism might include an infinite array of values systems and identity or affinity groups, it might also include a similar array of strategies. These could include secession movements that wish to proliferate the number of sovereign countries, regions, and localities, the creation of micronations and independent municipalities, to those building seasteads on the oceans, to anarcho-syndicalist labor unions and worker cooperatives, to mutual aid societies, to the practice of agorist countereconomics, to civil disobedience or independent militias, to alternative currencies, to any kinds of communities, organizations and activities that are functioning independently of the state and which will be the prototypes for the eventual elimination of the state. What I have mentioned are only a few examples.

What is your biggest critique of the current mainstream anarchism in the United States?

The mainstream anarchist movement in North America is largely a youth subculture rather than a political movement. To the degree that mainstream anarchism is politically serious at all, it largely limits itself to a focus standard left-progressive issues, and largely renders itself to being not much different from the local precinct chapter of the Democratic Party as a result. A much more serious issue with mainstream anarchism involves the fact that most anarchists have yet to fully comprehend Nietzsche’s critique of slave morality or Stirner’s critique of humanism, much less incorporate these ideas into their paradigm. Many dissidents from the dominant slave morality paradigm within the general anarchist milieu often error in the other direction and become reactionaries. An example would be those former libertarians that have embraced the neo-reactionary movement, the alt-right or neo-fascism. I am in favor of the development of a form of anarchism that is in opposition to slave morality but without embracing reaction. I suppose you could say that I represent the post-postmodern revolutionary post-left.

In chapter 1 of “Attack the System” you delve into the philosophical foundations of anarchism and you exclusively name German thinkers: Friedrich Nietzsche, Max Stirner and Ernst Jünger. Let’s go through them: How has Nietzsche laid the foundations for modern-day anarchism and what can he tell us about the crisis of the West?

kpb5.jpgNietzsche was not an anarchist. What Nietzsche did was issue the most serious reply to anarchists and one that anarchists have yet to address. Nietzsche considered the political Left to be a modernized, secularized version of Christian morality, in the sense of the idea of the suffering just and notions like the least will be the first, and he considered anarchists to be the Left’s version of fundamentalist true believers. This critique is absolutely correct, and this is why so many mainstream anarchists have such a pronounced inclination towards the persecution of anyone they deem insufficiently progressive that have become the modern versions of heretics. This is why we see ostensibly “anarchist” Antifa thugs attacking peaceful people who are engaged in the exercise of free speech. Until anarchists examine this flaw in their own thinking, and make the necessary changes in their own actions, they will never be anything more than a prototype for a new kind of authoritarian statism of the kind that I call “totalitarian humanism.”

Nietzsche also thought Western civilization was headed for an existential crisis that was rooted in the loss of traditional cultural, religious, moral and philosophical ideas, and that modern ideologies were an effort to find an appropriate substitute. He correctly surmised that these substitutes would prove to be unsatisfactory and that by the twenty-first century Western civilization would be faced with the crisis of nihilism. The only possible resolution of this crisis, in Nietzsche’s view, was the “transvaluation of values,” which would in turn involve a process of both individual and collective “self-overcoming,” and ultimately “becoming who we are,” once again on both the individual and collective level.  I am inclined towards the view that Nietzsche regarded the pre-Socratics, particularly the Sophists, as a kind of prototype for what a post postmodern world might maintain as a philosophical or intellectual foundation. If so, this would represent of a kind of cyclical process that involved a return to a kind of primordial essence. In fact, I am inclined towards the view that this is what Nietzsche meant by his concept of “eternal recurrence.”

How about Stirner?

Stirner was a very similar to thinker to Nietzsche in the sense of recognizing that, as Stirner himself put it, “our atheists are very pious men.” Like Nietzsche, he recognized that humanism of the kind that came out of the Enlightenment was not a rejection of religion or even of Christianity as much as a kind of secularized Christian heresy. I am inclined to think that Nietzsche was influenced by Stirner in an unacknowledged way, and that Nietzsche’s concept of the overman was essentially rooted in Stirner’s idea of a society that consisted of a union of egoists with the idea that the overman would be the product of the union of egoists. However, it is interesting that we have self-proclaimed egoists today who utterly fail to grasp this concept.

And what is Ernst Jüngers contribution?

Ernst Junger’s later work is particularly important for the purposes of cultivating a well-developed philosophical anarchism, especially his novel “Eumeswil” where he introduces the idea of the “Anarch.” During his elder years, Junger was less of a social or political critic, and was instead focused on how the individual might achieve an inner freedom in the face of persistent tyranny that abounds on an external level. His thinking on this question was heavily influenced by Stirner and also resembles certain Buddhist precepts in many ways. The core idea of the Anarch is one that renounces authority on an internal basis even if one does not defy authority on an external basis. The Anarch grants loyalty to nothing but his or her own thoughts and thereby achieves a kind of inward resolution of conflict. However, there is another way in which Junger’s thought is relevant to anarchism and that is his conception of a warrior ethos that stands in opposition to slave morality. An anarchist that was guided by the ideas of Nietzsche, Stirner, or Junger would not be a religious zealot persecuting those who have sinned against slave morality, but an egoist that is both internally self-liberated, and engaged in warfare against external authority as an expression of self-overcoming or becoming who they are.

What is your personal critique of modernity?

Modernity is a model of civilization where traditional institutions have largely been eradicated and replaced by the dominance of the impersonal corporate state that rules as an abstract entity even as its personnel changes. The features of modernity are the public administration bureaucracy, mass society dominated by mass institutions and organizations, the hegemony of commercial values and consumerism with social status largely conferred on the basis of one’s capacity for what Thorstein Veblen called “conspicuous consumption,” technology fused with scientism, therapeutism egalitarianism replacing theocratic traditionalism as the foundation of civil values, sophisticated systems of propaganda promulgated by the mass media and the public relations and advertising industries, the rise of the culture industry, the erosion of intermediary institutions, atomized individualism, and the erosion of individual identity except for that of subject of the state, worker, and consumer. Modernity is essentially a replication of feudalism but within the context of a commercial and technologically driven society where mass bureaucratic institutions assume the role of the new manorial systems.

kpb6.jpgYou engage in conversations with all anarchist camps, yet refuse to pick a label for yourself except for “anarchist without adjectives.” Which critique would you voice specifically towards Anarcho-Capitalism?

Anarcho-Capitalism is the mirror image of Anarcho-Communism in the sense that just as Anarcho-Communism runs the risk of degenerating into Big “C” Communism so does Anarcho-Capitalism runs the risk of degenerating into Big “C” Capitalism and becoming a new kind of plutocratic rule. I would have parallel critiques of virtually any school of anarchist thought, from anarcho-primitivism to anarcho-transhumanism. For example, I am neither an Austrian nor a Marxist when it comes to economic critiques but instead to draw from the better ideas of multiple schools of economic thought. That might include the Marxist or Austrian paradigms in certain ways, but no more so than it would include, for example, the paradigms of behavioral economics or institutional economics. Rather, it is necessary to critique systems of power wherever they appear, and in whatever kind of context, whether political, economic, or social. I am heavily influenced by elite theory in this regard, as well as a range of critics of power from Bertrand Russell to Michel Foucault.

What is your personal brand of anarchism grounded in? Utilitarianism? The self-ownership of one’s own body?

I am neither a utilitarian nor do I subscribe to self-ownership theory which is a derivate of Locke’s natural rights doctrine. I see these ideas as particular to the tradition of English liberalism, which is a fine tradition but not one that represents universal principles. Instead, I regard Anarchist philosophy a representing an intellectual trajectory that can be traced back to Zeno and Diogenes in the West and Zhaung Zhou and Lao-tzu in the East, and which has prototypes in all sorts of indigenous, traditional, and pre-modern societies. Anarchism crystallized as a modern intellectual movement during the time of the Enlightenment with both a left and right wing dimension, with many different cousins and distant relatives, and which continues to evolve and assume new forms over time. Anarchism can be Dorothy Day and Ivan Illich, or it can be the Situationists or the Boston Anarchist Drinking Brigade. It is necessary to move away from singular models and closed systems towards pluralistic models and open-ended systems.

Let’s say you were able to recommend one thinker to the readers of eigentümlich frei, who would make them question their premises. Who would that be?

The thinker that I would recommend would depend on the general political and cultural orientation of the individual I was speaking with. For someone who was more left-leaning, I might recommend Arthur Koestler’s “Darkness at Noon,” or Carl Schmitt’s “The Concept of the Political.” Koestler’s work illustrates very well the legacy of oppression that has historically been perpetrated by ostensibly “progressive” regimes. Schmitt challenges utopian illusions in favor of an uncompromising realism. Leftists of any kind have a bad habit of thinking only conservatives and reactionaries can be tyrants. For someone who was more right-leaning, I might recommend Peter Gay’s “The Enlightenment” or Stefan Zweig’s “The Right to Heresy.” Rightists of any kind have a bad habit of glorifying the past as having been better than it really was. In reality, the past was often quite terrible. One particular thinker whose works I would recommend to both leftists and rightists would be Thomas Szasz, a heterodox psychiatrist who developed a classical liberal-influenced critique of the modern therapeutic state.

What is your favourite anarchist thinker and why?

I can’t say that I have a single favorite anarchist thinker.  I am influenced by too many thinkers in anarchist and related traditions to identify one that really stands out. Philosophically, I am the closest to Stirner. I am closest to Proudhon on economics. I very much appreciate Bakunin as a class theorist, particularly his emphasis on the lumpenproletariat, as well as a strategist and critic of Marxism. Kropotkin’s analysis of the historical development of the state is similar to my own. I am in general agreement with Voline’s critique of the limitations of Platformism. I also very much appreciate the American individual-anarchist tradition. The organizational methods employed by the Spanish anarchist movement are worthy of study. There is an English anarchist writer named Peter Marshall that has produced a voluminous history of anarchism that outlines a trajectory that is very similar to the one that I used when describing the anarchist tradition. There is an anarchist anthropologist named Harold Barclay that has examined anarchist trends in pre-modern societies. If I had to pick one of the more well-known figures from history, it would probably be Voltairine de Cleyre since her “anarchism without adjectives” approach is very similar to my own. Another tradition I admire is panarchism which was first formulated by Paul Emile de Puydt, and the leading contemporary proponent of which is John Zube. I am also pleased to see the ongoing proliferation of new forms of anarchism, and the blending of anarchist ideas with those that have been accumulated from a vast range of other traditions. Tendencies such as Green anarchism, Christian anarchism, black anarchism, national-anarchism, anarcha-feminism, indigenous anarchism, post-colonial anarchism, Islamic anarchism, queer anarchism, anarcho-monarchism, anarcho-transhumanism, and geo-anarchism are examples of these ideas.

I’d like to end the interview with the words you chose to start your book with: “To all enemies of the state, whoever they are and wherever they may be.” Any objections?’

No objections at all. I would say that is an excellent way to end any statement or conversation.

13:15 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : keith preston, amérique, états-unis, anarchisme, entretien | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 17 décembre 2017

Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

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Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce projet, plusieurs fois étudié dans le passé, a toujours échoué devant le refus du Canada et des Etats-Unis d'être relié à la Russie. Pourtant il ressurgit dans l'esprit d'un certain nombre d'Etats et d'investisseurs privés susceptibles d'être intéressés par les perspectives d'emplois et de développement économique qu'il générerait.

Il suffit de regarder une carte pour en comprendre l'intérêt. Même si le réchauffement climatique facilitait les trafic maritimes dans les mers adjacentes dites mer des Tchouktches et mer de Sibérie orientale, ces passages resteraient aléatoires voire dangereux une grande partie de l'année. Les liaisons trans-Pacique présentent leurs propres inconvénients. Une voie ferrée rapide doublée d'un pont-tunnel ferroviaire sous le détroit de Bering représenterait un investissement certes coûteux mais qui serait vite rentabilisé par les retombées économiques en résultant.

Le détroit n'est large que de 51 miles nautiques. Le tunnel pourrait selon les premières estimations être construit à des profondeurs d'entre 50 et 100 m, ce qui est tout à fait à la portée , même si l'on tient compte du fait que le sol est gelé, des méthodes modernes d'ingénierie. Il en serait de même des tronçons de ponts permettant d'y accéder.

La Chine a repris le projet dans le cadre de son grand programme d'interconnexion international dit One Belt One Road. La voie ferrée permettrait la circulation de trains à grande vitesse, tant pour les marchandises que pour les voyageurs. Ils relieraient la Chine et la Russie au Canada et aux Etats-Unis. L'Académie Chinoise d'Ingénierie ( Chinese Academy of Engineering) a déjà proposé de nommer la future ligne China-Russia-Canada-America line.

La Chine a besoin de charbon. Elle pourra l'importer des mines de l'Alaska. De même, elle pourra importer du pétrole de l'Alberta, à hauteur de 3 millions de barils par jour. Les défenseurs des énergies nouvelles ne s'en réjouiront pas, mais ils ne seront évidemment pas écoutés. Le coût du tunnel serait d'environ $35 milliards, montant très faible au regard du coût total d'une future liaison ferroviaire reliant Pékin à Moscou et à Washington.

Même si pour le moment, le climat politique à Washington ne peut pas faire espérer un accord des Etats-Unis sur un tel projet, on peut penser que le Canada, le Mexique et même certains Etats d'Amérique centrale y verraient une occasion irremplaçable de se relier à l'ensemble euro-asiatique en cours de mise en place. L'Allemagne, nous l'avons vu dans un article précédent, sera certainement prête à y investir, compte tenu des bénéfices qu'elle en retirerait.

mercredi, 08 novembre 2017

Comment Tocqueville inspira Soljenitsyne

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Comment Tocqueville inspira Soljenitsyne

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

La dégénérescence médiatique et intellectuelle fait de Soljenitsyne un grand-russe orthodoxe; or Tocqueville n’est jamais loin de lui. On fait quelques rappels et puis on établira quelques puissantes et frappantes ressemblances entre la pensée du libéral français et du grand-russe réactionnaire:

Rappelons ces extraits de Harvard (1978)  :

« Il y a trois ans, aux États-Unis, j'ai été amené à dire des choses que l'on a rejetées, qui ont paru inacceptables.

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui acquiescent à mes propos d'alors...

Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l'Ouest aujourd'hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations Unies. »

Fatigués de nos fonctionnaires et bureaucrates européens ? Soljenitsyne :

« Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et plus encore, dans les considérations théoriques qu'ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d'agir, qui fonde la politique d'un État sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu'on se place. »

Cette fatigue de la volonté dénoncée par Soljenitsyne (comparez Vladimir Poutine aux ludions et pions de l’Europe, ou aux marionnettes US) est aussi devinée cent ans par notre Tocqueville à propos de notre enseignement de… l’histoire :

« On dirait, en parcourant les histoires écrites de notre temps, que l’homme ne peut rien, ni sur lui, ni autour de lui. Les historiens de l’Antiquité enseignaient à commander, ceux de nos jours n’apprennent guère qu’à obéir. Dans leurs écrits, l’auteur paraît souvent grand, mais l’humanité est toujours petite.

Si cette doctrine de la fatalité, qui a tant d’attraits pour ceux qui écrivent l’histoire dans les temps démocratiques, passant des écrivains à leurs lecteurs, pénétrait ainsi la masse entière des citoyens et s’emparait de l’esprit public, on peut prévoir qu’elle paralyserait bientôt le mouvement des sociétés nouvelles et réduirait les chrétiens en Turcs. »

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Soljenitsyne remarque que l’argent ne fait pas le bonheur, que le bonheur matérialiste, démocratique est pauvre :

« Aujourd'hui, enfin, les décennies passées de progrès social et technique ont permis la réalisation de ces aspirations : un État assurant le bien-être général. Chaque citoyen s'est vu accorder la liberté tant désirée, et des biens matériels en quantité et en qualité propres à lui procurer, en théorie, un bonheur complet, mais un bonheur au sens appauvri du mot, tel qu'il a cours depuis ces mêmes décennies. »

L’âme matérialiste est inquiète en occident, comme chez Tocqueville :

« Au cours de cette évolution, cependant, un détail psychologique a été négligé : le désir permanent de posséder toujours plus et d'avoir une vie meilleure, et la lutte en ce sens, ont imprimé sur de nombreux visages à l'Ouest les marques de l'inquiétude et même de la dépression, bien qu'il soit courant de cacher soigneusement de tels sentiments. Cette compétition active et intense finit par dominer toute pensée humaine et n'ouvre pas le moins du monde la voie à la liberté du développement spirituel. »

Voilà Tocqueville :

« L’aspect de la société américaine est agité, parce que les hommes et les choses changent constamment ; et il est monotone, parce que tous les changements sont pareils. Les hommes qui vivent dans les temps démocratiques ont beaucoup de passions ; mais la plupart de leurs Passions aboutissent à l’amour des richesses ou en sortent. Cela ne vient pas de ce que leurs âmes sont plus petites, mais de ce que l’importance de l’argent est alors réellement plus grande. »

Ailleurs :

« J’ai vu en Amérique les hommes les plus libres et les plus éclairés, placés dans la condition la plus heureuse qui soit au monde ; il m’a semblé qu’une sorte de nuage couvrait habituellement leurs traits ; ils m’ont paru graves et presque tristes jusque dans leurs plaisirs. »

Le confort selon Soljenitsyne corrompt l’âme…

« Même la biologie nous enseigne qu'un haut degré de confort n'est pas bon pour l'organisme. Aujourd'hui, le confort de la vie de la société occidentale commence à ôter son masque pernicieux »

Tocqueville, dans une page sublime :

« L’habitant des États-Unis s’attache aux biens de ce monde, comme s’il était assuré de ne point mourir, et il met tant de précipitation à saisir ceux qui passent à sa portée, qu’on dirait qu’il craint à chaque instant de cesser de vivre avant d’en avoir joui. Il les saisit tous, mais sans les étreindre, et il les laisse bientôt échapper de ses mains pour courir après des jouissances nouvelles. »

Plus loin :

« Le goût des jouissances matérielles doit être considéré comme la source première de cette inquiétude secrète qui se révèle dans les actions des Américains, et de cette inconstance dont ils donnent journellement l’exemple. »

Et la presse ?  Pensez à Tocqueville qui écrit que « le seul moyen de neutraliser les effets des journaux est d'en multiplier le nombre ». Soljenitsyne :

« La presse, aussi, bien sûr, jouit de la plus grande liberté. Mais pour quel usage ? ... Quelle responsabilité s'exerce sur le journaliste, ou sur un journal, à l'encontre de son lectorat, ou de l'histoire ? S'ils ont trompé l'opinion publique en divulguant des informations erronées, ou de fausses conclusions, si même ils ont contribué à ce que des fautes soient commises au plus haut degré de l'État, avons-nous le souvenir d'un seul cas, où le dit journaliste ou le dit journal ait exprimé quelque regret ? Non, bien sûr, cela porterait préjudice aux ventes. De telles erreurs peut bien découler le pire pour une nation, le journaliste s'en tirera toujours. »

Soljenitsyne se soucie des Fake news. La pensée en devient jetable, vulgaire et superficielle, comme les hommes qu’elle informe :

« Ces mensonges s'installent dans la mémoire du lecteur. Combien de jugements hâtifs, irréfléchis, superficiels et trompeurs sont ainsi émis quotidiennement, jetant le trouble chez le lecteur, et le laissant ensuite à lui-même ? »

tocam.jpgBien avant Daech, Soljenitsyne observe :

« La presse peut jouer le rôle d'opinion publique, ou la tromper. De la sorte, on verra des terroristes peints sous les traits de héros, des secrets d'État touchant à la sécurité du pays divulgués sur la place publique, ou encore des intrusions sans vergogne dans l'intimité de personnes connues, en vertu du slogan : « tout le monde a le droit de tout savoir ».

Et comme avant lui Théophraste, Thoreau ou Guy Debord, le grand auteur tape sur les ragots et sur cette préoccupation pour les vétilles :

« Mais c'est un slogan faux, fruit d'une époque fausse ; d'une bien plus grande valeur est ce droit confisqué, le droit des hommes de ne pas savoir, de ne pas voir leur âme divine étouffée sous les ragots, les stupidités, les paroles vaines. Une personne qui mène une vie pleine de travail et de sens n'a absolument pas besoin de ce flot pesant et incessant d'information... »

Soljenitsyne reprend aussi le concept de tyrannie de la majorité :

« …on découvre un courant général d'idées privilégiées au sein de la presse occidentale dans son ensemble, une sorte d'esprit du temps, fait de critères de jugement reconnus par tous, d'intérêts communs, la somme de tout cela donnant le sentiment non d'une compétition mais d'une uniformité. Il existe peut-être une liberté sans limite pour la presse, mais certainement pas pour le lecteur : les journaux ne font que transmettre avec énergie et emphase toutes ces opinions qui ne vont pas trop ouvertement contredire ce courant dominant. »

Le conformisme intellectuel est terrible, et la morale, du troupeau :

« Vos étudiants sont libres au sens légal du terme, mais ils sont prisonniers des idoles portées aux nues par l'engouement à la mode. Sans qu'il y ait, comme à l'Est, de violence ouverte, cette sélection opérée par la mode, ce besoin de tout conformer à des modèles standards, empêchent les penseurs les plus originaux d'apporter leur contribution à la vie publique et provoquent l'apparition d'un dangereux esprit grégaire qui fait obstacle à un développement digne de ce nom. »

Soljenitsyne évoque notre irréligiosité :

« Mais il est une catastrophe qui pour beaucoup est déjà présente pour nous. Je veux parler du désastre d'une conscience humaniste parfaitement autonome et irréligieuse. Elle a fait de l'homme la mesure de toutes choses sur terre, l'homme imparfait, qui n'est jamais dénué d'orgueil, d'égoïsme, d'envie, de vanité, et tant d'autres défauts. »

Mais Tocqueville disait, toujours dans sa Démocratie jamais lue :

« …je jugerais que les citoyens risquent moins de s’abrutir en pensant que leur âme va passer dans le corps d’un porc, qu’en croyant qu’elle n’est rien. »

Et Soljenitsyne d’ajouter :

« Nous avions placé trop d'espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu'on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l'Est, c'est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l'Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n'est même pas le fait du monde éclaté, c'est que les principaux morceaux en soient atteints d'une maladie analogue. »

Sur le commerce, je citerai mon Louis-Ferdinand Céline :

« Ma lassitude s’aggravait devant ces étendues de façades, cette monotonie gonflée de pavés, de briques et de travées à l’infini et de commerce et de commerce encore, ce chancre du monde, éclatant en réclames prometteuses et pustulentes. Cent mille mensonges radoteux. »

Ce Soljenitsyne est bien proche de nos auteurs…

Bibliographie

Nicolas Bonnal – Céline, pacifiste enragé (Amazon.fr)

Céline -Voyage.

Soljenitsyne – Discours de Harvard (téléchargeable partout)

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, II, deuxième partie, chapitre XIII et XX ; troisième partie, chapitre XVII

mardi, 16 mai 2017

Forgotten White Slaves - Irish, Scots, poor Englishmen ended up as slaves in America

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Forgotten White Slaves - Irish, Scots, poor Englishmen ended up as slaves in America

Thanks for watching and please visit Red Ice Creations
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Red Ice Radio - They Were White and They Were Slaves: The Untold History of the Enslavement of Whites in Early America. First, Michael shares his inspiration for writing this book and why it is important to highlight this dark corner of suppressed history. He’ll tell of a hidden epoch, the slave trade of Whites, hundreds of thousands of whom were kidnapped, chained, whipped and worked to death in the American colonies and during the Industrial Revolution. We’ll learn about the artificial creation of the underclass and the emergence of the pauper class in England, which led to abduction into slavery. Michael explains how many poor Whites were taken from the British Isles and sent to America for slave labor against their will. He also elaborates on the false narrative surrounding indentured servitude. Additionally, we talk about how the cover-up of White slavery has impacted race relations today. Later, we talk about other historical aspects of slavery that are not discussed. In the second hour, we’ll discuss how the exclusion of politically incorrect aspects of history remains closeted and what must be done about it. Then, Michael talks about the Judas factor among White elites. Where is the yeoman resistance? We’ll also discuss the emergence of the idea of racial supremacy found in Judaic doctrine. He’ll explain the difference between self defense and racial supremacy and how it’s relevant today. Later, Michael comments on the root of White European problems. At the end, we return to White slavery as Hoffman explains the gradual transition from slavery to contractual servitude and he reminds us of the White slaves who were forcefully send to Australia.

01:32 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, amérique, esclavage, servage, irlande, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 23 février 2017

Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

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Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

From Attackthesystem:
http://attackthesystem.com/2013/05/05...

ANP Facebook:
https://www.facebook.com/AllNationsParty

ANP Twitter:
https://twitter.com/AllNationsParty

 

Green in Pacific Northwest: New Europe (White Nationalist)
Black in Mississippi Delta: New Africa (Black Nationalist)
Brown along the southwest: Aztlan (Mestizo Nationalist)
Rose red in north center: Lakota (Native American)
Rose red in eastern Oklahoma: Eastern Oklahoma (Native American)

Light blue in north center: Dakota (Northern Christian State)
Light grey in south center: Kiowa (Southern Christian State)
Beige around Utah: Deseret (Mormon State)

Purple around New Hampshire: Libertarian Republic of New Hampshire
Green around Vermont: Vermont
Beige around Hawaii: Hawaii
Green around Alaska: Alaska
Orange around New York City: New York City
Hot purple around Texas: Texas

Purple around Colorado and Wyoming: Libertarian Republic
Dark Red around great lakes: Democratic States of America
Bright Red in northeast: Progressive States of America
Dark blue in southeast: Republican States of America
Yellow around west coast: Pacific Commonwealth

Light Blue along southeast coast: United States of America (rump state)

The names "Kiowa" and "Dakota" are based on native american tribes that used to live in those areas.

Deseret is the name of a state actually proposed by the Mormon Church in 1849, not something I just made up.

Though the names themselves aren't terribly important. They're more placeholders than anything else.

I made this map after hours of looking up religious, racial, and political statistics in maps and states. It also takes into account contiguity. I look at the size of general political nations, where they are most concentrated, and treat those areas as national regions.

I understand that libertarians (real libertarians, not people who say they are "socially liberal and fiscally conservative", but people who ACTUALLY ARE socially liberal and fiscally conservative), for example, while perhaps 7-8% of the US population, don't have a national region, or any area in which they are a majority. So we take the area where they are closest to a majority that is not best served in some other country, center their new nation on that area, and expand out from there based on the number of libertarians across the entire US.

If your brain is not subtle or nuanced enough to understand that, please just go away. Your input is NOT appreciated.

And I am NOT interested in some map your just pulled out of your ass in a single hour or so, or some pop-crap partition based on ecology or what you think people believe as opposed to what they actually believe.

mardi, 29 novembre 2016

América y Siberia, conexión geopolítica

Ex: http://www.elespiadigital.com

Enrique J. Refoyo 

¿Quién puede pensar que hay alguna conexión entre el continente americano y el enorme espacio de la inmensa Siberia rusa? Hay conexión, conexión geopolítica, y de hecho está en la historia. Hagamos un repaso histórico rápido.

América en las guerras napoleónicas (1799-1815)

A principios del siglo XIX, en el contexto de las guerras napoleónicas, el territorio europeo de España se vio ocupado por el ejército francés de Napoleón. Durante los 6 años de la guerra en España contra las fuerzas napoleónicas (1808 – 1814), no hubo una guerra simplemente en el ámbito europeo, también hubo choques por todo el mundo. El imperio británico aprovechó esa oportunidad para su máximo beneficio, pues en vistas de que había caído la monarquía española lanzaron otro ataque en el continente americano contra el imperio español. Además el imperio británico había lanzado constantes ataques con piratería e invasiones frustradas contra la América española en los siglos XVII y XVIII. Así que desde el liderazgo británico, siendo bien conscientes de su posición geopolítica como potencia naval, sabían que para construir su poder, siempre lo han de levantar sobre la división de las potencias rivales, tanto terrestres como navales.

En este contexto, el imperio británico, en vistas de su incapacidad para invadir militarmente la España americana, pasaron a una guerra indirecta, cuya oportunidad vieron y aprovecharon durante la guerra en España anteriormente mencionada. Hay que recordar que los imperios español y francés, también se unieron a los revoltosos de las 13 colonias para debilitar la influencia británica en América, y desde luego, la eficacia de la acción quedó probada en las victorias militares y subsiguiente expulsión del imperio británico de las mismas 13 colonias fundadas por colonos ingleses. Si bien es cierto que también hubo precondiciones basadas en desigualdades legales y económicas de la metrópoli inglesa respecto a sus 13 colonias.

Los dirigentes británicos aprendieron bien de la lección que recibieron en su pérdida territorial a finales del siglo XVIII. De modo que, aprovechar oportunidades geopolíticas y hacer la guerra indirecta les parecieron buenos elementos a tener en cuenta, y así los usaron en su particular guerra geopolítica contra el imperio español. Por un lado, desde el imperio británico se aprovecharon de cualquier tipo de desigualdad o directamente aprovecharon la avaricia de las élites hispanas en América para crear división y motivos por los que rebelarse y declarar la independencia, todo ello en un momento histórico en que España carecía de gobierno ya que el rey Carlos IV y el príncipe heredero Fernando VII habían sido depuestos y llevados por la fuerza a Francia con la invasión napoleónica.

Así mismo, en el contexto de dicha guerra en España (1808 – 1814), el paso del ejército británico por España fue del todo devastador. Allá donde pasaban, no sólo procuraban expulsar a las tropas francesas, sino que también arrasaban toda la incipiente industria española, así como infraestructura civil y militar, e incluso incendiando deliberadamente ciudades y pueblos. Aquella guerra dejó tres lecciones en España:

  1. Carecer de buenos líderes propios siempre trae desgracias. Lo que Maquiavelo ya mencionaba en su dicotomía de Virtud y Fortuna: La virtud propia del príncipe en sus labores de gobierno y la fortuna de encontrarse con situaciones ventajosas. Un gobernante no-virtuoso arrastra inevitablemente el infortunio.
  2. Al hacer caso al liderazgo francés, España se vio invadida y sus líderes depuestos y secuestrados. Ergo, es muy importante tener una perspectiva geopolítica propia y activa, en vez de actuar de forma reactiva o pasiva, sumándose a las acciones de otros.
  3. La invasión inglesa del territorio español en la península ibérica supuso una manera encubierta de acabar con las capacidades económicas de la España europea, para que tras la derrota napoleónica, el siguiente dirigente de la monarquía española se encontrase con un país arrasado y por tanto debilitado, e incapaz -al máximo- para afrontar las situaciones militares en todo su imperio, que los mismos líderes británicos habían estado promoviendo durante las guerras napoleónicas.

¿A quién benefició la independencia de la América española?

Antes de continuar, es necesario echar un vistazo lejano en tiempo pero cercano en contenido ¿Conocen la historia de Viriato? Fue antiguo caudillo de diferentes tribus ibéricas a mediados del siglo II a.C, que tras vencer a los invasores romanos en todas las batallas, se cuenta que fue asesinado por 3 miembros de una tribu aliada de Viriato, los cuales habían recibido la promesa romana de recibir grandes riquezas, con tierras y otros privilegios a cambio de que asesinaran a Viriato. Cuando los 3 traidores asesinaron a Viriato y fueron ante los romanos para pedir la recompensa, lo que recibieron de los romanos fue: “Roma traditoribus non praemiat”, Roma no paga a traidores.

Regresando a la pregunta de este epígrafe, parece que tal pregunta se responde de manera sencilla, la independencia benefició a los americanos. Pero eso no es cierto. De un territorio unido, de repente apareció una decena de países, que a su vez nacieron entre inestabilidad interna y deudas con el banco de Inglaterra, ese banco propiedad de los Rothschild, que financió a los insurrectos americanos para que ‘supuestamente’ se liberasen del yugo español, pero en realidad, el siglo XIX se vio sembrado de numerosas y sangrientas guerras en esos nuevos países o entre ellos. Unas guerras que siempre iban unidas al sello -principalmente- del imperio británico, que a su vez, no deseaba que ningún nuevo Estado en América pudiera conseguir un poder geopolítico importante y rivalizador.

Como ejemplos, los tenemos por todo el continente americano: La disolución de la república centroamericana, la reducción al máximo de Méjico (pérdidas del norte entre 1836 y 1848), la división de la gran Colombia en tres países, el enfrentamiento entre Chile contra Perú y Bolivia, la división de Argentina mediante la creación de Uruguay, la invasión de la tripe alianza contra Paraguay, etc. Esos son ejemplos del significado geopolítico real que tenía la promoción de la independencia de los territorios imperiales españoles en América para los dirigentes del imperio británico, un simple y efectivo ‘Divide et impera’ (Divide y vencerás).

Russian_claims_in_the_americas_19th_century.png“El gran juego” del siglo XIX

La lucha geopolítica entre el imperio ruso y el imperio británico durante el siglo XIX en Asia es conocida como “el gran juego”. Los líderes británicos, no sólo buscaron la contención, división, y supresión del poder español en América, también lo buscaron frente al imperio ruso, con el que incluso hacían frontera en el noroeste del continente americano (actual Alaska). De nuevo, los líderes británicos buscaron -en primer lugar- la contención del imperio ruso mediante la conquista o influencia territorial desde la que pudieran frenar el avance ruso desde los enormes territorios entre Europa y Asia. Y en segundo lugar, buscaron la hostilidad hacia Rusia, para poner a otras potencias regionales o mundiales contra el imperio ruso, y así presionarlo o incluso atacarlo, como sucedió en la guerra de Crimea (1853 – 1856), en que los imperios británico y francés se unieron al otomano para frenar el avance ruso por las costas orientales y occidentales del mar negro.

Algo que parecía imposible en el siglo XIX, una alianza entre los británicos y los rusos (y los franceses), se vio en la primera guerra mundial (1914 – 1918). Pero aquello sólo fue una alianza temporal ya que ambos imperios tenían un mismo enemigo en el pujante e industrial imperio alemán en Centroeuropa que además en aquella época contaba con colonias en África y Asia, las cuales proporcionaban grandes recursos a la industria alemana. Con la derrota del imperio ruso en la guerra (1917), y la posterior guerra civil (1918-1923) entre las facciones normalmente resumidas en rojos y blancos, se vio la naturaleza imperecedera de los dirigentes del imperio británico: No tienen aliados, sólo tienen intereses en función de la situación geopolítica.

Y así, de la mano de geógrafos políticos ingleses como Halford Mackinder, aparecieron los planes con las verdaderas intenciones hacia Rusia: Contener, dividir, y vencer. Mackinder propuso que en el marco de la debilidad rusa tras su derrota y guerra civil, se tenían que crear al menos 3 países para hacer un tapón entre Rusia y Europa: Bielorrusia, Ucrania y Transcaucasia. Así mismo, también proyectaron la creación de otro país más “Lenaland”, en la zona oriental de Siberia, entre la cuenca del río Lena y la costa del pacífico, para así aislar a Rusia de todos los mares importantes, dejándola reducida a unos pequeños enclaves marítimos siempre limitados por el paso a través del espacio marítimo de otros países, como en los mares báltico y negro que deben pasar entre territorio de Dinamarca-Suecia, y de Turquía respectivamente, quedándole a Rusia el acceso libre a mares árticos de escasa o nula utilidad. En este sentido, los enormes territorios rusos, principalmente la inmensa Siberia, son equiparables a la América hispánica, es decir, un inmenso territorio que le otorga una ventaja geopolítica inigualable al poder que lo mantenga. Dicha ventaja para rusos y españoles respectivamente, resultaba algo intolerable para el poder marítimo británico que nunca podría mantener una dominación global mientras que hubiera grandes potencias terrestres manteniendo extensos territorios.

“Divide et impera”, el axioma eterno

En este sentido, para los dirigentes británicos y posteriormente hasta la actualidad, para los dirigentes estadounidenses, Siberia en particular y Rusia en general, les parece ese territorio demasiado extenso como para que sólo lo tuviera un país, y por eso, siempre han actuado para contener, dividir y someter a cualquiera que gobierne en Rusia. La geopolítica no se trata de ideologías, se trata de conseguir y retener poder a nivel geográfico, por ello, tanto al imperio ruso, la unión soviética o la actual federación de Rusia, mantuvieron las mismas líneas geopolíticas. Y el imperio británico, posteriormente sustituido en importancia internacional por Estados Unidos en el siglo XX, también mantiene las mismas directrices en pos de contener, dividir y someter a cualquier potencia que pueda hacerles frente.

Es más, cuanto mayor sea la división que provoquen, mayor será su poder. Así se vio en América, que no fue una liberación frente a España, sino que era la pugna por conseguir la máxima división y enfrentamiento interno, para obtener un control más sencillo por parte del poder imperial británico. Los dirigentes de Estados Unidos han seguido la misma fórmula. Basta con ver lo sucedido en Yugoslavia desde 1990, con la serie de guerras que desembocaron en la máxima división y enfrentamiento de esos territorios para su uso geopolítico por Estados Unidos. La entonces Federación Socialista de Yugoslavia pretendió mantener una posición equidistante entre Este y Oeste, pero tal cosa fue imposible. Cuando cayó el lado soviético, y los líderes yugoslavos no quisieron seguir la vía de la ‘americanización’ que otros países del antiguo bloque soviético estaban realizando, entonces, Yugoslavia se vio asolada por la peor guerra europea desde 1945. De nuevo, cualquier división fue explotada externamente para crear una guerra brutal que acabase con un país que se creía geopolíticamente independiente, y ahora está convertido en 7 Estados, algunos más y otros menos dependientes de Estados Unidos o su sucursal de la Unión Europea.

Indigenismo “made in USA”

Actualmente, en diversos países iberoamericanos hay una nueva ideología conocida como “indigenismo”, con la que algunos dirigentes políticos pretenden reivindicar el pasado pre-hispánico a la par de una especie de unidad panamericana. Eso tiene tanto sentido como una ideología que pretendiese unir a todos los países mediterráneos con un idioma de origen romano mientras que odian a los romanos y reivindican un pasado pre-romano a la carta (quedándose con la tecnología moderna europea pero llenándolo todo de historias sobre los “buenos y pacíficos indígenas” frente a los “malvados invasores españoles”), ya que fueron los romanos precisamente quienes unificaron el área del mar mediterráneo, y en consecuencia, el elemento romano es la única línea continua entre los diferentes pueblos que conquistaron, al igual que el elemento hispánico es ese elemento común por encima de todas las diferencias. Además, los mismos creadores del indigenismo desde EEUU, defienden el mantenimiento de los supuestos “pueblos originarios” en América como un elemento de justicia, pero si son los Europeos quienes se defienden a sí mismos como pueblos originarios de Europa, tal cosa es racismo. Ahí se puede ver la mano del capitalismo globalizador, siempre creando desigualdades a favor de sus intereses.

Desde luego que los romanos hicieron su dominio por las armas, y desde luego que las tribus e imperios que conquistaron, también eran belicosos, y también se enfrentaban unos a otros, esta es la historia de absolutamente todo el mundo. Pero en Europa, no se duda de que el pasado romano, o en extensión, de que pasado greco-romano, es la base histórica de todos los países europeos. Pero en América, la base de esos países, que es el pasado hispánico, recibe todos los ataques posibles desde los creadores de ideologías de EEUU. Para los dirigentes de EEUU, como lo era para los dirigentes británicos, la división del continente americano entre muchos países enfrentados es una prioridad geopolítica. No pueden tolerar el surgimiento de ninguna potencia fuerte y con independencia en su “patio geopolítico”.

Y el indigenismo, fuera de todos los lemas y pancartas, representa ese elemento de continuación en la división y enfrentamiento interno más que de unidad, ya que ¿si no fuera en español y por la demás herencia hispánica, en qué idioma se comunicarían, y la unidad de qué cosa reclamarían los líderes supuestamente indigenistas americanos? Así mismo, ¿qué ocurriría en Washington DC, si de repente en Iberoamérica se reclamase la creación de un polo geopolítico propio y americano, sobre los fundamentos hispánicos comunes? De repente, se podría formar una enorme potencia de unos 600 millones de habitantes (el doble de EEUU), con inmensos recursos naturales con que sostenerse por sí misma de la guerra económica que les sobreviniera.

Conclusión

El pasado romano es a Europa lo mismo que el pasado hispánico es a América, su pasado que no volverá, porque sucedió en un momento histórico por una serie de circunstancias concretas e irrepetibles, pero siempre será la base fundamental que marque el devenir continental en el pasar de los siglos. Y como bien saben las élites dirigentes en el actual Estados Unidos, atacar el pasado de los pueblos mientras que se les inunda con una ‘cultura’ del materialismo, es la mejor forma que conocen los dirigentes estadounidenses para dominar países enteros.

Cualquier ínfima división o desigualdad será aprovechada por estas élites para crear una cuña desde la que introducirse allá donde marquen sus intereses. Y del mismo modo pueden recibir en el mismo Estados Unidos. Toda división o desigualdad, si es enorme o si se la exagera lo suficiente, puede ser un motivo de conflicto. La falta de liderazgo capacitado para entender las necesidades de su pueblo y las necesidades geopolíticas, estará más próximo al desastre.

Por otro lado, Siberia fue y sigue siendo esa gran región rusa, que existe precisamente por la mano de miles de rusos siglos atrás. Dicha área es una prioridad geopolítica de influencia y división para la potencia marítima estadounidense: Sin Siberia, Rusia perdería la salida directa al océano pacífico así como enormes y variadas cantidades de recursos naturales. Por eso desde EEUU están interesados en que haya fuerte emigración de población china a Siberia, para crear tensiones entre rusos, y chinos y mientras tanto, que el poder estadounidense vaya copando los medios de comunicación y también tal poder vaya cooptando a una élite siberiana fiel a los postulados estadounidenses. Con todo ello dispuesto para que, algún día concreto, los puedan activar y disparar en una revolución de color o guerra no-convencional contra el gobierno ruso.

Fuente: Katehon

mercredi, 19 octobre 2016

Stendhal et la médiocrité américaine

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Stendhal et la médiocrité américaine

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Stendhal aimait une société qu'il cherchait à détruire. D'un côté il était bonapartiste, athée, républicain, de l'autre il aimait les marquises (comparez la Sanseverina à Bovary pour voir !), les cours italiennes, les papotages élégants et les bonnes manières en voie de disparition. Car derrière la république il voyait le bourgeois.

Il suffit d'aller à la source pour lire, sur cette belle question du temps immobile et américanisé, les sentences suivantes, toutes extraites de Lucien Leuwen ou de ses préfaces (sur ebooksgratuits.com).

Epicerie mondialisée :

« L’auteur ne voudrait pour rien au monde vivre sous une démocratie semblable à celle d’Amérique, pour la raison qu’il aime mieux faire la cour à M. le ministre de l’Intérieur qu’à l’épicier du coin de la rue (deuxième préface). »

Intolérance démocratique :

« Le journaliste qui élèvera des doutes sur le bulletin de la dernière bataille sera traité comme un traître, comme l’allié de l’ennemi, massacré comme font les républicains d’Amérique (ibid.). »

Déclin du goût et de la joie :

« Je m’ennuierais en Amérique, au milieu d’hommes parfaitement justes et raisonnables, si l’on veut, mais grossiers, mais ne songeant qu’aux dollars. Ils me parleraient de leurs dix vaches, qui doivent leur donner au printemps prochain dix veaux, et moi j’aime à parler de l’éloquence de M. Lamennais, ou du talent de madame Malibran comparé à celui de madame Pasta ; je ne puis vivre avec des hommes incapables d’idées fines, si vertueux qu’ils soient ; je préférerais cent fois les mœurs élégantes d’une cour corrompue (p.116). »

leuwen53082347-T.jpgTalleyrand et Washington :

« Washington m’eût ennuyé à la mort, et j’aime mieux me trouver dans le même salon que M. de Talleyrand. Donc la sensation de l’estime n’est pas tout pour moi ; j’ai besoin des plaisirs donnés par une ancienne civilisation (P.117)… »

Dégoût du bon sens :

« J’ai horreur du bon sens fastidieux d’un Américain. Les récits de la vie du jeune général Bonaparte me transportent ; c’est pour moi Homère, le Tasse, et cent fois mieux encore. La moralité américaine me semble d’une abominable vulgarité, et en lisant les ouvrages de leurs hommes distingués, je n’éprouve qu’un désir, c’est de ne jamais les rencontrer dans le monde. Ce pays modèle me semble le triomphe de la médiocrité sotte et égoïste, et, sous peine de périr, il faut lui faire la cour (p.117). »

L'argent, bien sûr, encore et toujours :

« Mais je ne puis préférer l’Amérique à la France ; l’argent n’est pas tout pour moi, et la démocratie est trop âpre pour ma façon de sentir (p.120). »

Aussi fort que Tocqueville ici, Stendhal et la tyrannie démocratique :

« Puis-je, après cela, me dire républicain ? Ceci me montre que je ne suis pas fait pour vivre sous une république ; ce serait pour moi la tyrannie de toutes les médiocrités, et je ne puis supporter de sang-froid même les plus estimables. Il me faut un premier ministre coquin et amusant, comme Walpole ou M. de Talleyrand (p.158). »

L'horreur électorale :

« Ah ! l’Amérique !… À New York, la charrette gouvernative est tombée dans l’ornière opposée à la nôtre. Le suffrage universel règne en tyran, et en tyran aux mains sales. Si je ne plais pas à mon cordonnier, il répand sur mon compte une calomnie... Les hommes ne sont pas pesés, mais comptés, et le vote du plus grossier des artisans compte autant que celui de Jefferson, et souvent rencontre plus de sympathie. Le clergé les hébète encore plus que nous ; ils font descendre un dimanche matin un voyageur qui court dans la malle-poste parce que, en voyageant le dimanche, il fait oeuvre servile et commet un gros péché… Cette grossièreté universelle et sombre m’étoufferait (p.858)…»

Mais Stendhal se fait peu d'illusions sur le futur fatigué du gaulois :

« Prenez un petit marchand de Rouen ou de Lyon, avare et sans imagination, et vous aurez un Américain. » C'est Taine qui expliquera que le bourgeois créé par notre monarchie serait ce tsunami qui finirait par tout emporter.

jeudi, 29 septembre 2016

Poe et Baudelaire face à «l'erreur américaine»

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Poe et Baudelaire face à «l'erreur américaine»

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Les deux fondateurs de l'anti-américanisme philosophique sont Edgar Poe et Charles Baudelaire ; le premier dans ses contes, le deuxième dans ses préfaces. La France et sa petite sœur Amérique sont les deux pays à avoir fourni les plus belles cohortes d'antimodernes depuis les révolutions. Souvent du reste on retrouve le thème commun de la nostalgie dans les grands films américains (voyez Naissance d'une nation, la Splendeur des Amberson, l'Impasse de De Palma). Et la rage de Baudelaire contre « la barbarie éclairée au gaz » vaut celle d'Henry Miller avec son « cauchemar climatisé ».

On laisse parler Baudelaire, traducteur et préfacier de Poe. Dans un élan rebelle et réactionnaire, il écrit :

« De tous les documents que j’ai lus en est résultée pour moi la conviction que les États-Unis ne furent pour Poe qu’une vaste prison qu’il parcourait avec l’agitation fiévreuse d’un être fait pour respirer dans un monde plus aromal, – qu’une grande barbarie éclairée au gaz, – et que sa vie intérieure, spirituelle, de poète ou même d’ivrogne, n’était qu’un effort perpétuel pour échapper à l’influence de cette atmosphère antipathique. »

D'ou ces myriades de littérateurs qui de Cooper à James en passant par la génération perdue ou Diane Johnson (romancière et scénariste de Shining, une amie) trouvent refuge en France - avant que celle-ci ne fût crucifiée par Hollande et Sarkozy.

Puis Baudelaire ajoute sur la tyrannie de la majorité :

« Impitoyable dictature que celle de l’opinion dans les sociétés démocratiques ; n’implorez d’elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l’application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l’amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie... »

Baudelaire s'irrite dans une autre préface : racisme, brutalité, sexualité, avortement, tout y passe, avec au passage le nécessaire clin d’œil de sympathie pour les noirs et les indiens :

« Brûler des nègres enchaînés, coupables d’avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l’honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l’Ouest, que les Sauvages (ce terme a l’air d’une injustice) n’avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l’inventeur de la morale de comptoir, le héros d’un siècle voué à la matière. »

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Et notre grand génie de la « modernité » poétique de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain, et ce grâce au clergé catholique (toujours lui...) :

« Il est bon d’appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l’américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu’un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »

Venons-en à Edgar Poe. C'est dans son Colloque entre Monos et Una que notre aristocrate virginien élevé en Angleterre se déchaîne :

« Hélas ! nous étions descendus dans les pires jours de tous nos mauvais jours. Le grand mouvement, – tel était l’argot du temps, – marchait ; perturbation morbide, morale et physique. »

Il relie très justement et scientifiquement le déclin du monde à la science:

« Prématurément amenée par des orgies de science, la décrépitude du monde approchait. C’est ce que ne voyait pas la masse de l’humanité, ou ce que, vivant goulûment, quoique sans bonheur, elle affectait de ne pas voir.

Mais, pour moi, les annales de la Terre m’avaient appris à attendre la ruine la plus complète comme prix de la plus haute civilisation. »

Poe voit l'horreur monter sur la terre (Lovecraft reprendra cette vision). L'industrie rime avec maladie physique :

« Cependant d’innombrables cités s’élevèrent, énormes et fumeuses. Les vertes feuilles se recroquevillèrent devant la chaude haleine des fourneaux. Le beau visage de la Nature fut déformé comme par les ravages de quelque dégoûtante maladie. »

On peut rappeler qu'un grand peintre de l'école de Hudson nommé Thomas Cole a réalisé une suite admirable de tabeaux symboliques nommé the Course of Empire. Intéressez-vous à cette passionnante école de peinture, et à l'artiste allemand Bierstadt qui réalisa les plus géniales toiles de paysages américains. Après la dégoûtante maladie recouvrit tout (Parcs nationaux ! Parcs nationaux !).

Dans Petite conversation avec une momie, Poe règle d'autres comptes. Il relativise nos progrès médicaux (simple allongement de la durée de vieillesse) et mécaniques :

« Je lui parlai de nos gigantesques forces mécaniques. Il convint que nous savions faire quelque chose dans ce genre, mais il me demanda comment nous nous y serions pris pour dresser les impostes sur les linteaux du plus petit palais de Carnac. »

poevoegel.jpgLe comte nommé Allamistakéo, la momie donc, donne sa vision du progrès :

« Le comte dit simplement que, de son temps, les grands mouvements étaient choses terriblement communes, et que, quant au progrès, il fut à une certaine époque une vraie calamité, mais ne progressa jamais. »

L'idée que le progrès ne progressera plus, entre embouteillages et obésité, entre baisse du QI et effondrement de la culture, me paraît très bonne. On ne fait pas mieux qu'au temps de Jules Verne (la lune...), et on ne rêve même plus.

Sur la démocratie US, on se doute que Poe nous réserverait une « cerise » :

« Nous parlâmes alors de la grande beauté et de l’importance de la Démocratie, et nous eûmes beaucoup de peine à bien faire comprendre au comte la nature positive des avantages dont nous jouissions en vivant dans un pays où le suffrage était ad libitum, et où il n’y avait pas de roi. »

Il évoque en riant les treize colonies qui vont se libérer du joug de l'Angleterre.

« La chose néanmoins finit ainsi : les treize États, avec quelque chose comme quinze ou vingt autres, se consolidèrent dans le plus odieux et le plus insupportable despotisme dont on ait jamais ouï parler sur la face du globe.

Je demandai quel était le nom du tyran usurpateur. Autant que le comte pouvait se le rappeler, ce tyran se nommait : La Canaille. »

Cela nous rappelle la juste phrase de Mel Gibson dans le Patriote, qui préférait avoir un tyran (le roi d'Angleterre, le brave George en plus à demi-fou) de l'autre côté de l'Atlantique que 400 (sénat, congrès, bureaucratie, en attendant FBI, NSA, CIA et tout ça) ici tout près. On se doute que la critique de la démocratie ici a quelque chose de tocquevillien. Et à une époque où on vous interdit tel maillot de bain et où on vous met en prison (comme récemment en Espagne) pour une simple gifle (la mère emprisonnée, la gamine se retrouva à la rue !), on ne peut que s'émerveiller des performances du pouvoir de la canaille.

Citons cette phrase méconnue de Tocqueville :

« Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. Un despotisme de cette espèce, bien qu’il ne foule point aux pieds l’humanité, est directement opposé au génie du commerce et aux instincts de l’industrie. »

Et en effet il devenu impossible de créer des emplois en Europe comme en Amérique. On peut juste rayer bureaucratiquement les chômeurs pour plastronner devant la presse...

La peur de l'américanisme est donc aussi partagée en France qu'en Amérique au siècle de Comte. On citera aussi Renan qui parle quelques décennies plus tard:

« Le monde marche vers une sorte d'américanisme, qui blesse nos idées raffinées…

Une société où la distinction personnelle a peu de prix, où le talent et l'esprit n'ont aucune valeur officielle, où la haute fonction n'ennoblit pas, où la politique devient l'emploi des déclassés et des gens de troisième ordre, où les récompenses de la vie vont de préférence à l'intrigue, à la vulgarité, au charlatanisme qui cultive l'art de la réclame, à la rouerie qui serre habilement les contours du Code pénal, une telle société, dis-je, ne saurait nous plaire. »

Et on conclura avec Baudelaire qui voit en poète, en visionnaire, le risque que fera peser l'américanisme sur le monde et l'Europe :

« Les États-Unis sont un pays gigantesque et enfant, naturellement jaloux du vieux continent. Fier de son développement matériel, anormal et presque monstrueux, ce nouveau venu dans l’histoire a une foi naïve dans la toute-puissance de l’industrie ; il est convaincu, comme quelques malheureux parmi nous, qu’elle finira par manger le Diable. »

Nicolas Bonnal

Bibliographie

• Edgar Poe – Histoires extraordinaires.

• Edgar Poe- Nouvelles histoires extraordinaires.

• Baudelaire – Préface de ces deux recueils (ebooksgratuits.com).

• Ernest Renan- Souvenirs.

• Tocqueville – De la Démocratie, II, Deuxième partie, chapitre XIV.

• Nicolas Bonnal – Lettre ouverte à la vieille race blanche, ch.IV.

vendredi, 22 avril 2016

Un probable deuxième site viking découvert en Amérique

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Un probable deuxième site viking découvert en Amérique

Ex: http://metamag.fr

Des vestiges ont été retrouvés bien plus au sud que le premier emplacement mis au jour

Les drakkars se sont-ils aventurés davantage vers le sud des côtes américaines? La découverte au Canada de ce qui pourrait constituer le deuxième site viking en Amérique relance les spéculations sur leur parcours dans le Nouveau Monde, 500 ans avant Christophe Colomb.

Une équipe d’archéologues dirigée par l’Américaine Sarah Parcak a mis au jour au sud-ouest de l’île canadienne de Terre-Neuve des vestiges qui pourraient bien avoir été un bâtiment érigé par les navigateurs scandinaves, ont-ils annoncé vendredi.

Jusqu’à présent, la présence Viking en Amérique n’avait été confirmée qu’à l’extrême nord de Terre-Neuve, à l’Anse aux Meadows. Les fondations de huit bâtiments, ainsi que des artefacts, avaient été découverts dans les années 1960 à l’emplacement de ce qui, selon les archéologues, avait constitué un village habité par ces Européens entre 900 et 1050.

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Traces de charbon de bois

A l’aide de relevés satellites, Sarah Parcak a identifié le site de Pointe Rosée, à 500 kilomètres au sud de l’Anse aux Meadows. Elle y a mené deux semaines de fouilles en juin dernier. Outre un foyer destiné à une forge, les fouilles ont permis de découvrir de traces de charbon de bois et neuf kilogrammes de scories, c’est-à-dire des résidus de fer transformé à partir de tourbe, un procédé bien connu des Vikings qui n’étaient pas de grands mineurs. En utilisant la datation au carbone 14, l’équipe de Sarah Parcak a conclu que le lieu découvert a été fréquenté entre 800 et 1300, soit lorsque les navigateurs scandinaves sillonnaient l’Atlantique Nord.

« Vinland »

«C’est très excitant. Cette découverte donne espoir de trouver un site occupé plus longtemps et de manière plus significative», a indiqué Karyn Bellamy-Dagneau, une historienne canadienne spécialiste du Moyen-Age scandinave. Dans les «Sagas», ces textes semi-légendaires narrant les épopées des Vikings, les Scandinaves évoquent une terre luxuriante baptisée «Vinland», sise au-delà du Groenland qu’ils avaient déjà colonisée.

Pointe Rosée relance donc les spéculations des chercheurs: jusqu’où les Vikings ont-ils navigué? La péninsule de Pointe Rosée se situe à la pointe méridionale de Terre-Neuve, là où les eaux du golfe du Saint-Laurent rencontrent celles de l’Atlantique Nord. Elle constitue donc un bon avant-poste pour explorer le Saint-Laurent ou le littoral américain, relève Karyn Bellamy-Dagneau.
Les côtes du Maine ne sont par exemple qu’à quelques heures de traversée. Et c’est dans cet état américain qu’une pièce en cuivre datant du XIe siècle a été retrouvée, il y a quelques années.

L’emplacement de Pointe Rosée correspond aux usages des Vikings car «ils avaient besoin d’un endroit accessible facilement depuis la plage et offrant un bon point de vue. Ce lieu est donc situé parfaitement: vous pouvez voir vers le nord, l’ouest et le sud», a déclaré Sarah Parcak au magazine National Geographic qui a financé une partie de ses recherches.

«Nous n’en sommes qu’au début des recherches. Jusqu’à présent, aucune preuve ne démontre que ce sont des Vikings qui ont fréquenté ce lieu», confie à l’AFP Shannon Lewis-Simpson, archéologue à l’Université Memorial de Terre-Neuve. Elle rappelle qu’il a fallu huit années de fouilles pour tirer les conclusions sur l’Anse aux Meadows.

«Enthousiaste» au sujet des travaux de Sarah Parcak, elle souligne que dans cette île canadienne, «personne n’a jamais enterré l’idée qu’un autre site viking pourrait être découvert».

jeudi, 29 octobre 2015

Cuba libéré ou Cuba enchaîné demain à l'argent?

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Cuba libéré ou Cuba enchaîné demain à l'argent?
Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Nous n'en aurons jamais fini avec la liberté et la confusion du libéralisme philosophique, du libéralisme politique et du libéralisme économique et nous ne saurions le trancher si facilement. L'économiste américain Milton Friedman soulignait que, dans une société, les arrangements économiques jouaient un double rôle dans la promotion de la liberté politique parce que premièrement, les libertés économiques sont une composante essentielle des libertés individuelles et que par là-même, elles devraient être une fin en soi du politique et que deuxièmement, les libertés économiques sont aussi le moyen indispensable pour parvenir au libre-arbitre. Ainsi alors que pour beaucoup, les chemins de la liberté économique et de la liberté politique divergent et ne sont pas fondamentalement les mêmes, nous parlons d'une seule et même liberté. Choisir de produire sans coercition et sans aucune entrave, choisir de travailler et de financer sans règle, c'est effectivement une position foncièrement différente de la décision sur laquelle s'appuie l'Etat dans son programme politique autoritaire pour prélever l'impôt et les taxes. Nous nous retrouvons dans la pince de la « global-invasion ».


Cuba , le nouvel eldorado ?


Prenons Cuba. Cuba se libéralise mais Cuba n'est pas libéré. Le sera-t-il d'ailleurs un jour lorsqu'il sera totalement devenu capitaliste c'est-à-dire « libéral » au sens économique du terme ? La griffe française de luxe Chanel vient d'annoncer qu'elle présentera sa collection « croisière » du printemps, le 3 mai prochain, pour la première fois en Amérique Latine et pas n'importe où, puisque Chanel défilera à Cuba, l'île communiste qui vient de normaliser ses relations avec les Etats-Unis. Chanel va donc faire défiler à la Havane des filles vêtues de robes légères de luxe et autres tweeds ou maillots de bain à plusieurs milliers d'euros à Cuba, là où sur le Malecon, on se prostitue gayment pour finir les fins de mois de ! Une première pour la maison de luxe parisienne, qui n'avait même jamais organisé de show en Amérique latine et un choix plutôt étonnant sachant que la Maison de la rue Cambon ne possède pas de boutique à Cuba. C'est que la levée de l'embargo américain sur Cuba cet été, et le réchauffement des relations d'affaires avec le « bloc capitaliste », fait depuis quelque temps la joie des entreprises, en particulier françaises . Des fleurons hexagonaux des biotechnologies comme les alcools français profitent déjà de l'ouverture de Cuba aux échanges internationaux, un Cuba devenu en quelques mois le nouvel eldorado du business. 


Depuis cinq décennies, la perle des Caraïbes est sous l'emprise de la dictature communiste qui a plongé le peuple cubain dans un ostracisme international devenu avec le temps de plus en plus anachronique. Cuba, une île paradisiaque où deux frères « blancs » dans un pays nègre ou de métis, les frères Castro décident pratiquement de tous les aspects de la vie sur l'île et où la seule contestation possible s'appelle  « dissidence » puisque toute critique ouverte du régime y demeure interdite. Malgré cela, l'administration du président Barack Obama a récemment décidé de reprendre des relations diplomatiques avec Cuba, avec la volonté avouée de se réconcilier avec les latinos qui sont d'un poids électoral non négligeable pour les élections présidentielles américaines. Obama rêve aussi de laisser derrière lui avant de quitter la Maison Blanche les années d'embargo économique de Cuba comme l'image sépia d'un vieux cauchemar ridicule. La décision est historique pour une administration Obama quelque peu affaiblie actuellement par les problèmes afghans (le bombardement de l'hôpital de Médecins sans frontières) et l'offensive russe en Syrie. Mais de quelle libéralisation cubaine parle-t-on puisque la libéralisation économique de Cuba ne semble modifier en rien la nature du régime cubain ? Pire, le vieux Fidel, El lider maximo semble même en tirer les marrons du feu. C'est en tout cas ce qu'on entend beaucoup en ce moment dans les milieux des exilés de Miami même si Danilo Maldonado, le dernier prisonnier de conscience cubain a été libéré ce mardi 20 octobre.


L'échec des politiques d'embargo 

En fait, l'assouplissement des conditions économiques à Cuba ne sera pas suffisant pour mobiliser l'île vers la démocratie réelle. La libéralisation économique ne garantit pas la liberté politique. Il nous faut donc cocher négativement Friedman et tirer d'ailleurs les leçons du modèle chinois de l'« économie socialiste de marché » et de l'oxymore du « communisme libéral ». En tout cas, Cuba confirme une autre loi politique, l'échec manifeste des politiques d'embargo. L'embargo rend en réalité plus fort celui que l'on veut affaiblir. Pour avoir prétendument affaibli matériellement le gouvernement cubain depuis le milieu du siècle dernier, Cuba est toujours là. Certes, l'embargo américain a sapé durant des décennies l'économie des familles cubaines, les a maintenues dans une pauvreté scandaleuse mais l'embargo a aussi fourni à Castro et au régime cubain le moyen de se maintenir en justifiant ses piètres performances économiques en tant que gouvernant par l'affermissement de son patriotisme, la défense de la grande cause de l'unité nationale et de la lutte héroïque contre l'«ennemi extérieur». Il est curieux que les Etats-Unis n'ait tiré aucune leçon de Cuba reproduisant ainsi les mêmes erreurs mais à une toute autre échelle aujourd'hui avec la Russie de Vladimir Poutine.

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Ainsi, timidement, certaines réformes amènent Cuba à une plus grande liberté dans le domaine économique. La téléphonie mobile presque inexistante jusqu'à récemment aurait déjà dépassé trois millions d'utilisateurs. Les marchés de l'automobile et de l'immobilier sont devenus plus ouverts et en 2015, plus de 3000 restaurants sont passés en gestion privée. L'espoir demeure que ces changements en matière économique permettent rapidement une prise de conscience des citoyens cubains vers l'obtention de plus de droits civils, et éventuellement une demande de réforme et de transformation politique. Mais en réalité les Américains le veulent-ils vraiment ? N'est-il pas préférable en effet de commercer à La Havane avec des Cubains blancs et sans parole politique ?


Paradoxalement, les assouplissements des règles de l'économie cubaine offrent un répit inattendu à la dictature de Castro qui en arrive même à légitimer son pouvoir par un slogan gauchiste pour ne pas dire bolchévique dans le genre « la liberté dans l'ordre », en quelque sorte la règle et même l'étalon du pouvoir capitaliste. Or, après plus d'un demi-siècle de régime communiste et toutes les tentatives extérieures, comme celles des exilés de Miami, d'étouffer sans succès l'administration cubaine, il faudrait « hacker », pirater Cuba, redoubler d'astuces pour permettre aux jeunes cubains de se donner les moyens d'échanger des idées, d'organiser et de progresser dans la voie d'un renversement politique du régime qui maintiendrait comme priorité la défense de leur identité. Cuba est l'un des derniers territoires de la planète non connecté, l'internet y est extrêmement limité et surtout pas libre à tel point que l'île est surnommée « l'île des déconnectés ». L'autonomie cubaine ne peut pas être qu'économique. Elle exige le politique, la représentativité populaire mais elle réclame aussi l'Etat et non sa suppression afin de contrer le rêve capitaliste d'en faire un gigantesque paquebot de croisière terrestre.  En réalité, l'Etat préserve les libertés, protège les individus contre ceux, les prédateurs, entrepreneurs et financiers, tous les requins du mercantilisme qui souhaitent contraindre les gouvernements au libéralisme économique sans libéralisme philosophique ou politique. La réflexion sur le cas de Cuba et sur beaucoup d'autres, comme la Chine communiste ou même l'assassinat de John F. Kennedy  nous pose ainsi en filigrane une autre question, celle de l'« Etat profond » de Peter Dale Scott, des responsabilités de la finance dans la dilution des Etats mondiaux et de la régulation juridique nécessaire de la mondialisation, l'anarchie libertarienne dans la « global-invasion ». Elle pose la question critique du néo-constitutionnalisme contemporain, de la dilution du droit, de l'extinction du droit dans l'économisme. Le libéralisme économique est ainsi enchaîné à des prémisses telles qu'elles présentent finalement Milton Friedman comme un naïf ou plutôt comme l'idiot utile du système qui ne saurait du coup être capable de reconsidérer métapolitiquement la liberté. Autrement dit et après tout, la vraie mesure de l'avancement politique de nos peuples sera non pas le grand remplacement mais le grand renversement à la manière stylée de la grande révolution cubaine idéalisée par le romantisme révolutionnaire du guérillero et de la lutte armée mais sans la violence des autocrates du prolétariat.


A noter un jeu de société très « cubain » pour petits et grands.

vendredi, 15 mai 2015

Cuba, quo vadis ?

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Cuba, quo vadis ?
 
Les temps passent, les idéologies trépassent, les peuples persistent.
 
Professeur de Lettres
Ex: http://bvoltaire.fr
 

Les temps passent, les idéologies trépassent, les peuples persistent. Souvenons-nous : pour De Gaulle, il n’existait pas les « soviétiques », mais les « Russes ». De même n’était-il pas question de « nazis », mais d’ « Allemands ». Aussi, dans le fond, à l’échelle de la plus ou moins longue Histoire, ce n’est pas tant au régime castriste que les Américains du Nord eurent quelques démêlés, qu’au peuple cubain. Et le Vatican lui-même, tout État ecclésiastique qu’il soit, n’en est pas moins un État, avec sa diplomatie. Il a eu un rôle important dans l’ « ouverture » du régime castriste, depuis Jean-Paul II, qui se rendit sur l’île en 1998, jusqu’à maintenant, où l’Église a servi d’intermédiaire entre les Cubains et l’administration d’Obama. Ainsi apprend-on que le pape François a reçu Raoul Castro, le frère de Fidel. Faut-il s’en étonner ?

Le Grand Frère soviétique défaillant, aucune manne pétrolière ne venant irriguer les finances, quel avenir le régime, exsangue, poussiéreux, cruellement vieilli, comme son « Lider maximo », a-t-il désormais, quand la vitrine yankee montre, par le truchement des médias modernes, les miroitements dorés d’une société de surabondance ?

Le sort en est jeté : l’utopie communiste sera troquée, et la bonne vieille nature humaine reprendra ses droits, avec le principe de réalité. Les Cubains auront donc droit, comme un juste retour de Fulgencio Batista, à la cataracte touristique bas de gamme, à l’argent facile, l’alcool à gogo, la drogue et son trafic, les prostituées pour toutes les bourses, la corruption universelle, et, bien sûr, les droits de l’Homme.

Les réactions nationalistes, telles que celles de Perón, des sandinistes, d’Hugo Chavez, etc., prenaient les couleurs que leur offraient les circonstances. Castro fut, du reste, d’abord nationaliste, proche des milieux de droite, avant de basculer dans le marxisme, sous l’influence du Che. Que la démocratie n’ait pas eu droit de cité sur l’île socialiste, ne serait-ce pas, somme toute, une question spécieuse ? Car enfin, si des emprisonnements et des exécutions eurent lieu, selon les nécessités des rapports de force entre responsables du parti, militaires et politiques, ou parce qu’on empêchait les pro-Américains de sévir, n’est-ce pas une question biaisée ?

Du reste, il n’y eut pas de Goulag à Cuba, du moins, rien à voir avec l’infâme camp de concentration de Guantánamo, que les Américains ont installé au bout de l’île. Et, contrairement à l’abject Pinochet, le régime castriste avait le soutient du peuple, à qui il offrit éducation et service de santé efficace.

Cuba, qu’on le veuille ou non, a fait rêver les révolutionnaires, communistes ou nationalistes révolutionnaires. Cuba, c’est le songe lacédémonien en plein vingtième siècle, la tentation d’un républicanisme platoniciens à la mode latino. Mais demeure l’aspiration bolivarienne. Cuba a-t-elle encore la volonté d’y répondre ?

samedi, 02 mai 2015

7ème SOMMET DES AMÉRIQUES

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7ème SOMMET DES AMÉRIQUES
Cuba retrouve la famille et le Venezuela reste la brebis galeuse

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le 7ème Sommet des Amériques s’est déroulé les 10 et 11 avril au Panama. C'est déjà en soi un sommet historique car il est le premier sommet des Amériques à accueillir Cuba. C'est donc le premier signe visible sur le plan international du  rapprochement cubano-étasunien dont on parle depuis des mois et qui fut annoncé en décembre. 


Une rencontre directe entre les présidents Raul Castro et Barack Obama a été réalisée. Le duel idéologique entre les deux pays est cependant loin d'être clos. Cuba est donc toujours sur la sellette mais moins que le Venezuela, en pleine crise économique. Des antigouvernementaux vénézuéliens ont été judicieusement invités, entre autres Mitzy Capriles et Lilian Tintori, les épouses respectives des opposants Antonio Ledezma, le maire de Caracas, et Leopoldo Lopez, tous deux actuellement incarcérés. 28 organisations internationales vont demander au Venezuela présidé par Nicolas Maduro de cesser « d’intimider et de harceler » les défenseurs des droits de l’homme et 19 ex-présidents latino-américains réclament la libération des « prisonniers politiques » vénézuéliens. De son côté le professeur d’université panaméen, Olmedo Beluche, l’un des organisateurs d’un autre événement parallèle, le Sommet des Peuples, estime que le Forum de la société civile est « manipulé » par les États-Unis.


En fait, le 9 mars, Barack Obama a signé un décret que l'on a très peu commenté en Europe mais qui a fait beaucoup de bruit en Amérique latine. Ce décret déclare que le Venezuela constitue une « menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ». Le décret a été signé dans un double contexte : les accusations officielles du gouvernement vénézuélien d'un coup d'état organisé par les Etats-Unis avec de jeunes officiers vénézuéliens qui auraient été déjoué en janvier mais aussi dans celui de la politique intérieure américaine, Obama cherchant par ce décret à endiguer l’opposition de la majorité parlementaire républicaine au rétablissement des pleines relations diplomatiques avec La Havane.


Ce qui est certain c'est que le département d'Etat a conféré cette année toute son importance au 7ème Sommet des Amériques. Obama semble vouloir donner cette année un relief particulier et une impulsion nouvelle grâce à ce sommet. Avec les années, elle était devenue une institution endormie. 


Le Sommet des Amériques, avait été fondée à l’initiative des États-Unis sous la présidence de Bill Clinton, en 1994 à Miami. Lors du premier sommet, Cuba était exclu, 34 chefs d’État latino-américains y avaient participé puis lancé ce qui fait toujours partie du grand objectif stratégique pour les Etats-Unis dans le sous-continent, la création progressive d'une vaste zone de libre-échange des Amériques (ZLEA ou, ALCA selon son sigle espagnol). 


De l’Alaska à la Terre de Feu, cette zone devait constituer un marché de 850 millions d’habitants. Avec le traité Trans-Pacifique et le prochain traité Trans-Atlantique, la ZLEA constitue un maillon clef de la pax americana mondialiste en préparation.


Or, cette ambition d'une vaste zone de libre-échange regroupant toute l'Amérique du Sud fut torpillée au 4ème Sommet des Amériques, de Mar del Plata, en 2005 en Argentine.  Ce fut l’opposition féroce et le résultat de l’influence alors des présidents vénézuélien et argentin, Hugo Chavez et Nestor Kirchner, mais aussi les conséquences des ambitions régionales du Brésil qui signifièrent la fin du grand rêve américain et du projet de la ZLEA, défendu alors par un président étasunien George W. Bush, très isolé et critiqué sur la scène internationale. Aux deux Sommets des Amériques suivants, le 5ème en 2009 à Puerto España (Trinité-et-Tobago) et le 6ème en 2012 à Carthagène (Colombie), les États-Unis étaient déjà représentés par Barack Obama mais mus de divisions internes très fortes (Venezuela, Argentine et Brésil). Aucun de ces deux sommets ne put émettre un communiqué final, le principal obstacle ayant été l’exclusion de Cuba exigée par les États-Unis et l’embargo imposé à l’île par Washington depuis 1962. Ce fut la cause principale de l’absence de consensus et ce sont ces deux échecs successifs des Sommets des Amériques qui expliquent en grande partie la volonté d'Obama de détendre l'atmosphère avec La Havane. De plus, le Venezuela de l'après Chavez est très affaibli et n'a plus aucun charisme mais Dilma Roussef malgré sa victoire électorale de 2014 vient aussi de subir des manifestations populaires anti-gouvernementales très violentes. L'Argentine ne va pas non plus très bien : récession interne et problèmes de corruption endémique de ses ministres. 


Le revirement des Etats-Unis sur Cuba a modifié les rapports de force à l'intérieur du sommet même si indéniablement l’influence régionale des États-Unis a rétréci et limité les marges de manœuvre étatsunienne dans la région. En revanche les Etats-Unis veulent en tout cas la peau du Venezuela. Or, pour l'instant, l’Amérique latine continue d'appuyer le Venezuela même si la Colombie souhaite un changement de régime à Caracas et que le Pérou ou le Chili le font du bout des lèvres. En levant son interdit à l’intégration de Cuba à la plus haute instance de concertation interaméricaine, Washington a rouvert sur le continent des voies de dialogue politiques et économiques possibles qu’une solidarité latino-américaine inattendue, renforcée l'année dernière par le scandale des écoutes de Roussef lui fermait graduellement.

 
Toute la vision du leadership étasunien a été illustrée par le thème de ce 7ème Sommet des Amériques, « Prospérité avec équité », manière en fait de refourguer le projet du libre-échangisme total à l'échelle continental, en somme  qu’on reparle encore de la ZLEA, qu'on remette une fois de plus sur le tapis les ambitions du premier sommet de Miami, d'un grand marché continental, fût-ce sous un autre nom alors que de l'autre côté de l'Atlantique, le traité transatlantique se négocie toujours dans le plus grand secret.

mardi, 02 décembre 2014

Cuando la mayoría de los esclavos en América del Norte y el Caribe eran blancos y católicos

Una realidad casi olvidada en cine, literatura e historia

Cuando la mayoría de los esclavos en América del Norte y el Caribe eran blancos y católicos

por José Ángel Antonio

Ex: http://culturatransversal.wordpress.com

¿Cuántas películas ha visto sobre esclavos negros maltratados por sus amos blancos? La horrible institución de la esclavitud que oprimió durante varios siglos a los africanos y afroamericanos en el Nuevo Mundo ha sido denunciada, con justicia y frecuencia, por el cine y la televisión.

Pero, ¿cuántas películas ha visto usted sobre esclavos blancos en el s.XVII? Una excepción sería la película de piratas Capitán Blood, de 1935, inspirada en las novelas de Sabatini, protagonizada por Errol Flynn y Olivia de Haviland (por primera vez juntos). Allí los llaman “indentured servants”, pero eran, a todos los efectos, esclavos.

Casi nadie sabe que en el siglo XVII la inmensa mayoría de los esclavos en el Caribe y las posesiones británicas en Norteamérica eran blancos y católicos.

Más aún, los esclavos blancos eran abundantes, baratos y desechables, y tendían a morir con facilidad.

Los esclavos negros, en cambio, se consideraban resistentes, fuertes, escasos y caros, y se les alimentaba y trataba mejor.

Durante el s.XVII, los ingleses deportaron cientos de miles de irlandeses y, en menor medida, escoceses, a sus plantaciones en el Caribe y Norteamérica.

Los ingleses, conocidos por su meticulosidad en la documentación, no llevaban apenas cuenta de lo que hacían en Irlanda. Faltan muchos datos, pero los historiadores irlandeses, estadounidenses, caribeños y escoceses han ido recomponiendo las piezas del puzle.

Kinsale: empieza un siglo negro para Irlanda

white-cargo-cover.jpgEn 1541 Enrique VIII, el mismo que repudió a Catalina de Aragón y creó la Iglesia Anglicana con él al frente, se proclamó como rey de Irlanda. Durante medio siglo los ingleses fueron conquistando el país, con una última gran batalla en Kinsale en 1602, en la que participaron unos 3.500 soldados españoles. Los ingleses vencieron, y en ese momento expulsaron del país a los resistentes irlandeses (muchos fueron a España o a sus territorios europeos). A esos expatriados irlandeses se les llamó “Gansos Salvajes” y los hubo durante todo el siglo y parte del siguiente.

Pero poco después, el rey inglés Jacobo II estableció una nueva política: en vez de expulsar a los descontentos, favoreció venderlos como esclavos. El primer caso documentado se dio en una colonia en la Guayana, en el Amazonas, en 1612: la primera venta de esclavos irlandeses.

Una proclamación del rey inglés estableció en 1625 que los prisioneros políticos irlandeses se venderían como mano de obra forzada a las plantaciones de las Islas Orientales.

En 1632 se sabe que la inmensa mayoría de los esclavos de las islas caribeñas inglesas de Montserrat y Antigua eran irlandeses. Un censo de 1637 muestra que 7 de cada 10 habitantes de Montserrat eran esclavos irlandeses.

A estas alturas, la demanda era alta, y los esclavos morían pronto. No bastaban los presos políticos (rebeldes al dominio inglés): cualquier crimen común (pequeños robos, etc…) era excusa para deportar irlandeses a las plantaciones.

También había bandas de secuestradores que recorrían el campo, atrapaban a cualquiera y lo vendían a los traficantes sin que nadie preguntara mucho.

Los esclavos negros en el Caribe británico había que comprarlos. Los esclavos irlandeses, en cambio, llegaban casi regalados por el Estado a las plantaciones.

Cromwell, puritano y feroz anticatólico

En 1641 estalló otra revuelta irlandesa, la Guerra de la Confederación, que fue sofocada en 1649 por el nuevo líder inglés, el puritano y autoritario Cromwell, ferozmente anticatólico (por ejemplo, intentó eliminar la Navidad del calendario y la celebración popular en las islas británicas; incluso prohibió los pasteles de Navidad).

De 1641 a 1652, durante esta revuelta y en sus años inmediatos, la población de Irlanda descendió de 1.466.000 habitantes a apenas 616.000.

Aproximadamente 550.000 irlandeses fueron eliminados físicamente o por hambre provocada. Otros 300.000 fueron deportados como esclavos. La deportación de varones dejaba a mujeres y niños inermes… y ellos también podían ser comprados y deportados en posteriores oleadas.

 

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De 1650 a 1660 se desarrolló el llamado “Reinado del Terror” de Cromwell, que activamente quería eliminar la población irlandesa y católica de la isla. En 1650, llegaron a las plantaciones caribeñas de Saint Kitt 25.000 esclavos irlandeses.

Se calcula que en esta década la Corona y sus administradores secuestraron a cien mil niños irlandeses de entre 10 y 14 años y los llevó a las plantaciones del nuevo mundo: el Caribe, Virginia y Nueva Inglaterra.

Sólo en esta década llegaron más esclavos irlandeses al Nuevo Mundo que el total de población libre anglosajona radicada allí.

En 1651, Cromwell ganó dos guerras contra Holanda para asegurarse que podía tener el monopolio del tráfico de esclavos y en 1655 conquistaba Jamaica a los españoles para convertirla en su gran base esclavista en el Caribe. Pero no desatendió el resto de las plantaciones. En 1652 envió otros 12.000 esclavos irlandeses a las Barbados.

Hay que tener en cuenta que Cromwell financiaba sus guerras en Irlanda, simplemente, prometiendo tierras a los señores ingleses que allí acudieran a luchar. En esas tierras sobraba población campesina: los señores preferían dedicarlas a pastos. Una norma de 1657 establecía que todos los habitantes del condado de Clare debían trasladarse en seis meses o ser detenidos por “alta traición” y enviados a las Américas.

En esta época no era un crimen que cualquier inglés matase un irlandés… pero preferían atraparlos vivos y venderlos.

Cuando se equivocaban de esclavos

A veces, las bandas de secuestradores se excedían y se equivocaban de víctimas. En 1659 llegó a Londres una petición de 72 esclavos en las Barbados que aseguraban ser ingleses ilegalmente secuestrados y atrapados allí. La misma petición aseguraba que en las plantaciones americanas había 7.000 u 8.000 escoceses tomados prisioneros en la batalla de Worcester de 1651 e incluso 200 franceses, secuestrados y vendidos, cada uno a cambio de 900 libras de algodón.

Hay más cifras registradas de los últimos días de Cromwell: 52.000 mujeres, chicas y jóvenes irlandeses se vendieron en las Barbados y Virginia en 1657. Mil chicos y mil chicas más de Irlanda se vendieron en Jamaica en 1656.

Cromwell murió en 1660, pero su sucesor Carlos II, hijo del decapitado Carlos I, no dudó en mantener el negocio de la trata, con el compromiso de entregar al menos 3.000 esclavos anuales a la “Real Compañía de Aventureros” (en realidad, una compañía de venta de esclavos).

De “indentured servants” a esclavos

En su origen, el concepto de “indentured servants” tenía una definición bastante bien delimitada y quizá a ella se acogían muchos irlandeses antes de 1620. En esa primera fase, el individuo aceptaba voluntariamente ir a América y pagaba el pasaje, manutención y un pedazo de tierra en las colonias trabajando en el lugar de destino una serie de horas diarias durante unos años. Este acuerdo podía figurar por escrito.

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Sin embargo, desde 1625 los irlandeses fueron simplemente secuestrados, vendidos y puestos a trabajar como esclavos: era un nuevo y lucrativo negocio masivo. Aunque la propaganda inglesa siguió llamando a estos esclavos “indentured servants”, desde 1625 se trataba ya siempre de mera trata de seres humanos y esclavitud forzada.

Durante este siglo un esclavo irlandés costaba el equivalente a 5 libras esterlinas, mientras que uno negro costaba entre 4 y 10 veces más. Los dueños de las plantaciones no tenían apenas interés en mantener vivos a los esclavos irlandeses. El coronel William Brayne pedía en 1656 que llegasen a las plantaciones más esclavos negros porque “puesto que los dueños tendrán que pagar más por ellos, tendrán más interés en mantenerlos con vida, algo de lo que carecen en [el caso de los esclavos irlandeses]”.

Los negros duraban más en el clima caribeño y además eran paganos, algo que los dueños ingleses preferían a los irlandeses, que era odiados papistas.

Además, en teoría un negro servía toda la vida, mientras que un irlandés debía ser liberado en 7 o 10 años… pero esto no sucedía con frecuencia, ya que la mayoría moría antes.

Sin derecho a asistencia religiosa

Book-WhiteSlavery.jpgA efectos religiosos, los irlandeses católicos no eran considerados cristianos y no tenían derecho a asistencia religiosa (tampoco la tenían los católicos libres en Inglaterra).

Muchos no sabían la lengua inglesa, y hablaban sólo gaélico. Pero otros estaban alfabetizados, sabían escribir y llevar cuentas. Con todo, cualquier dueño podía matar a cualquiera de sus esclavos, negros o irlandeses, sin excusa ninguna: no era un crimen, sólo un gasto de propiedad.

Cuando el Parlamento estableció el Acta de Regulación de Esclavos en las Plantaciones en 1667 enumeró los castigos que se podían infligir a los esclavos que hubiesen cometido un delito contra “cristianos”… se especificaba que los católicos no se consideraban cristianos, ni siquiera si habían logrado sobrevivir y ser libres de alguna manera.

“Aparear” irlandesas con negros, cosechar mulatitos

Los dueños de las plantaciones no solían tener relaciones sexuales con las esclavas negras, cosa que aterrorizaba su mentalidad racista, pero sí forzaban a las esclavas irlandesas. La ley establecía que los bebés hijos de esclava eran esclavos y pertenecían al amo.

Los amos podían hacer que las esclavas se cruzasen con otros esclavos blancos o con negros, buscando esclavos mulatos más resistentes y que se podían revender a buen precio.

A veces las irlandesas sobrevivían a todos los abusos y lograban ser libres… pero no sus hijos. Esas madres liberadas decidían quedarse en la plantación con sus niños que seguían siendo esclavos, y ellas seguían un tipo de vida de práctica esclavitud.

En 1681 se aprobó una ley que prohibía la práctica de aparear mujeres esclavas irlandesas con esclavos africanos “para vender” los hijos: era una ley implantada por la Real Compañía Africana porque interfería con sus beneficios.

Pero seguía siendo legal aparearlas para la “producción propia” de la plantación. De esta época se sabe que la Real Compañía Africana envió 249 cargamentos de esclavos irlandeses y negros a las Indias entre 1680 y 1688: eran 60.000 “unidades”, 14.000 murieron durante el viaje.

La mortandad de los irlandeses

¿Cuál era el nivel de mortandad de los esclavos irlandeses?

No es fácil establecerlo, pero los historiadores no conocen ni un solo caso de irlandés deportado a América como esclavo que consiguiera volver a su país para contarlo. Los irlandeses que lograban la libertad por lo general dejaban esa colonia y marchaban a otra en la América continental o en otra isla.

Se sabe que entre 1641 y 1649 se compraron en las Barbados 21.700 esclavos irlandeses. Sin embargo, parece que nunca hubo más de 8.000 o 10.000 en las islas. Morían rápido y necesitaban ser sustituidos.

A veces los barcos esclavistas tiraban sus esclavos por la borda porque si morían “por accidentes en el mar” se cobraba un seguro, pero si morían de hambre en las bodegas no se cobraba nada (se conoce el caso del navío Zong, que arrojó 132 esclavos vivos por la borda).

Montserrat, la isla más irlandesa

La isla de Montserrat (así la llamó Colón en 1493, recordando su paso por Barcelona) fue quizá en la que sobrevivieron más irlandeses, y de hecho llegaron de Saint Kitts y otras islas en 1643 porque había fama de que en esta isla había más libertad para los católicos (aunque no había clero ni culto).

En 1724 seguía sin haber clero católico en la isla, pero el pastor anglicano, James Cruickshank se quejaba de que en su zona, Saint Peters, en el norte de la isla, había 20 familias protestantes frente a las 40 católicas (que no iban a su parroquia). En el sur de la isla, la población católica era aún mucho mayor.

Hoy la isla (de hecho media isla, la mitad sur está destruida por el volcán local desde hace pocos años) tiene 2 parroquias católicas. La población es negra, aunque quizá de piel algo más clara que en otras islas, y muchos tienen apellidos irlandeses, aunque eso no significa necesariamente ascendencia de esa nación.

Una católica ahorcada por no saber inglés

Un personaje que puede poner rostro a esa época es Ann Glover. Fue deportada con otras decenas de miles de irlandeses como esclava a Barbados durante la invasión de Cromwell en Irlanda. Hay fuentes que dicen que su marido fue asesinado en Barbados porque se negaba a renunciar a su fe católica.

En 1680 era ya una mujer mayor que vivía con su hija en Boston, Massachusetts, trabajando como criadas en la casa de un hombre llamado John Goodwin. En verano de 1688 se pusieron enfermos 4 o 5 de los niños de la casa. El médico sugirió que la causa podía ser brujería. Una niña de 13 años aseguró que se puso enferma después de descubrir que la hija de la vieja Ann Glover robaba ropa de la casa.

Ann fue arrestada y juzgada por brujería. Ella apenas sabía hablar inglés y durante el juicio se aferraba a su gaélico nativo. Un testigo la consideró “una vieja irlandesa escandalosa, muy pobre, católica romana obstinada en idolatría”.

El tribunal pidió a la anciana que recitase el Padrenuestro. Ella lo recitó mezclando gaélico y latín, como lo había aprendido de niña. ¡Nunca más había tenido acceso a ninguna formación católica viviendo en colonias protestantes como esclava! No pudo recitarlo en inglés, y se consideró una prueba de brujería.

Fue condenada a muerte y se le dio la oportunidad de renunciar al catolicismo, pero se negó. Fue ahorcada entre los gritos y burlas de la multitud en Boston, que se había reunido para ver “si la papista se arrepentía”, como escribió un contemporáneo. Es famosa por ser la última “bruja” ajusticiada en Boston.

Fuente: Religión Digital

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jeudi, 27 novembre 2014

Obama régularise les clandestins

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Obama régularise les clandestins. Pourquoi? Vers l’explosion des USA?

 Passant par dessus l’avis du Congrès et utilisant la procédure du ”décret exécutif”, le président Obama vient de régulariser 5 millions de clandestins ”latinos”, originaires du Mexique et d’Amérique latine ; sur un total estimé (ou sous-estimé) de 11 millions de sans-papiers présents aux États-Unis. C’est la plus grande régularisation de toute l’histoire du pays, celles de Clinton et de Reagan ayant été beaucoup plus limitées. Un journal new-yorkais parle d’ « obamnestie ».

La vague hispanique

Après sa déroute aux élections législatives de mi-mandat le 4 novembre face aux Républicains hostiles à la régularisation des sans-papiers, Obama a décidé de passer en force. John Boehner, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants l’a accusé d’agir « en roi ou en empereur ». Joe Arpaio, un shérif du comté de Maricopa (Arizona) qui lutte depuis longtemps contre l’arrivée incessante des illégaux depuis le Mexique a lancé une procédure en justice contre le président. Les gouverneurs du Texas, Rick Perry, et du Wisconsin, Scott Walker, menacent de l’imiter. 

Le Congrès pourrait aussi refuser les crédits que nécessiteront cette régularisation en provoquant un shutdown (”verrouillage”) budgétaire. Les partisans de cette régularisation de grande ampleur avancent un argument sophistique auquel il fallait penser : cela fera 5 millions de contribuables en plus, puisqu’ils ne travailleront plus au noir ! 

Cela fait longtemps que les États-Unis font face à une véritable invasion migratoire venue d’Amérique latine. Pourtant, ils essayent de se protéger beaucoup plus efficacement que l’Europe de Schengen par la construction d’un mur et l’organisation de patrouilles de nombreux garde-frontières, le long du Rio Grande. La population blanche du Midwest est de plus en plus inquiète de cette vague hispanique qui bouleverse l’équilibre démographique, racial et culturel de la région. Autant dire que la décision d’Obama apparaît comme une aggravation de la menace et une catastrophe. L’élue républicaine du Minnesota, Michelle Bachman a déclaré : « tout ce que nous allons récolter, ce sont des électeurs illettrés  », en créant un scandale dans la sphère du politiquement correct, même dans son parti. 

En effet, cette régularisation va avoir un effet d’attraction sur  les millions d’autres candidats qui, au Mexique et en Amérique latine (voir venus d’ailleurs dans le monde !) ne rêvent que d’entrer illégalement aux Etats-Unis. Maintenant, ils peuvent espérer pénétrer d’abord et être régularisés ensuite, un jour. D’autant que, comme en Europe, les expulsions de clandestins, bien que plus sérieuses, ne touchent qu’une minorité. De plus, cette obamnestie risque évidemment d’avoir un effet en Europe et notamment en France où l’on pratique déjà des régularisations à petit flux continu et où l’on va être tenté par une opération massive de régularisation des fameux sans-papiers, tant choyés par l’oligarchie.

L’idéologie d’Obama

Que cherche Obama ? Passons sur les cuisines électorales internes : on prétend qu’il vise à diviser un peu plus le GOP (”Great Old Party”, le Parti républicain) déjà partagé sur l’immigration entre les opposants et ceux qui recherchent un électorat latino de tempérament conservateur, et aussi déstabilisé par le mouvement des Tea Party. Mais Obama ne se représentera pas, donc l’électoralisme ne l’intéresse pas. Sa démarche est peut-être idéologique. Mr. Obama n’est pas d’abord un politicien. Il a des idées derrière la tête, c’est un militant.

En effet, le premier président noir de l’histoire n’a jamais caché sa sympathie pour un modèle qui ne serait plus une ”Amérique blanche”  mais  un pays totalement multiracial et multiculturel.  Historiquement, le melting pot (”creuset”) américain n’a jamais signifié la multiracialité mais la fusion dans une même nation d’immigrants de diverses origines européennes ; les Etats-Unis se pensant comme une nouvelle Europe, c’est-à-dire comme un pays tout de même globalement homogène d’un point de vue ethnoculturel. (1)

Or, nous assistons à un basculement capital : pour des raisons démographiques et migratoires, les États–Unis sont en train, au cours de ce début du XXIe siècle, de voir les ”Blancs” (terme légal outre-Atlantique) passer en dessous de la barre des 50%. Il se pourrait qu’Obama cherche tout simplement à accélérer le mouvement. Il suit ses convictions : ”déseuropéaniser” l’Amérique. En faire le creuset du monde entier. Lui-même étant d’origine mêlée, keynianne et anglo-saxonne, il projette sur ses conceptions politiques sa situation et sa psychologie personnelles. Une Amérique majoritairement ”blanche”, d’origine ethnique européenne, ne lui semble pas acceptable. En ce sens, il est en phase parfaite avec l’idéologie dominante dans tout l’Occident, de Saint-Germain-des-Prés à Yale. L’Amérique profonde de la low middle class  (milieux populaires) ne partage pas cette vision des choses.

L’hypothèse de l’éclatement des États-Unis

Mais les mêmes lois produisant partout dans le monde les mêmes effets et  les pays multiraciaux et multiculturels ayant tendance à verser dans l’instabilité, la division et le conflit endémiques (comme le remarquait déjà Aristote), le risque existe pour les Etats-Unis de connaître de grave troubles voire des partitions au cours de ce siècle. Les rêves de fusion et de métissage pacifiques n’existent que dans le cerveau des utopistes cosmopolites.  Surtout en Amérique, espace continental aux dimensions immenses, où les métissages ne se pratiquent pas. Et où toutes les séparations sont possibles.

Ce qui peut donc se produire aux Etats-Unis où la cohabitation entre populations d’origines différentes risque d’échouer, de tourner au vinaigre, au conflit, c’est un éclatement et une partition territoriale.  Déjà, dans tous les États du sud, de la Californie à la Floride, la population hispanique est en train de devenir majoritaire. Au Mexique, il y a même des mouvements nationalistes qui militent pour une récupération de ces États perdus au XIXe siècle.

L’hypothèse suivante est donc possible :  après des troubles de haute ou de basse intensité, des États à majorité hispanique font sécession, ce qui ampute les É–U d’une partie du territoire fédéral.  Dans la foulée, il est possible que se créent des enclaves afro-américaines semi-indépendantes. Des mégalopoles cosmopolites comme New-York ou Los Angeles  pourront même accéder à un statut spécial. 

Ce sera évidemment la fin de la superpuissance américaine qui n’aura été qu’une comète dans l’histoire – trois siècles. Ceux qui balayent cette hypothèse devraient se rappeler la fin de l’Empire romain millénaire : les installations ”contrôlées” de Barbares ont fini aux Ve et VIe siècles par déboucher sur le démantèlement, le dépeçage de la romanité au profit de royaumes indépendants. (2) Partout, l’histoire se répète au fil des siècles, sous des lumières différentes mais avec la même logique, implacable.

Bien sûr, la doctrine officielle est que les É-U vont paisiblement devenir une nation multi-ethnique, à la fois anglo-saxonne, hispanique et tout ce qu’on veut d’autre, tout en conservant son dynamisme. Un modèle pour l’Europe, en somme. C’est une hypothèse possible mais je ne parierai pas un dollar sur elle.  Il y aura certainement  des Européens qui pourront se réjouir de ce possible éclatement ethnique de l’Amérique. Qu’ils fassent bien attention : ce spectre menace aussi l’Europe et il y sera beaucoup plus grave qu’aux É–U. Eux, risquent une sécession d’États ”hispanisés” et nous, en première ligne, nous affrontons déjà bien pis et plus urgent : une installation expansive, dans tous nos territoires, de populations fondamentalement hostiles, une hostilité ancrée dans l’histoire. Il est facile de comprendre de qui je parle. Notre destin est à la fois différent et commun. Mais la perspective de la victoire n’est pas exclue. 

(1) La thèse de l’identité européenne des É-U, consubstantielle à sa nature, est défendue par le think tank American Renaissance, présidé par Jared Taylor. 

(2) Cf. Michel De Jaeghere, Les derniers jours, la fin de l’empire romain d’Occident, Les Belles Lettres.  Paris, 2014.  

mardi, 10 juin 2014

26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

Jeudi 26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

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