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vendredi, 05 avril 2013

Entretien avec Alexandre Latsa

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Entretien exclusif avec Alexandre Latsa, directeur du site "Dissonance"

 

- Bonjour M. Latsa, pourriez-vous nous raconter qui vous êtes et quelle est votre profession dans la vie quotidienne?

 

Je suis français et réside à Moscou depuis 5 ans. J’y dirige un petit cabinet de conseils en Ressources Humaines. Je suis également blogueur et dirige le site Dissonance. Je suis aussi analyste pour l’agence de presse RIA-Novosti ainsi que pour la radio d’état Voix de la Russie et intervient régulièrement dans les médias russes ou étrangers.

 

- Vous avez écrit un livre sur la Russie de Vladimir Poutine. Pourriez-vous nous faire part de votre analyse de ce remarquable personnage politique? Quel(s) aspect(s) vous attire(nt)-il(s) en sa personnalité et en sa politique? Est-ce pour vous une personnalité de rang historique? Et comment vous jugez l'époque Poutine par rapport aux époques Gorbatchev et Eltsine?

 

Il me semble tout d’abord que Vladimir Poutine est, et de très loin, le plus grand leader politique européen actuel. C’est un grand visionnaire et quelqu’un qui a un plan politique à très long terme pour la Russie. Il me semble donc qu’il s’agit d’un leader historique de la trempe d’un De Gaulle par exemple. Ensuite le personnage en lui-même est fascinant, c’est un ancien des services secrets reconverti dans la politique, ce qui fait de lui un personnage atypique et en total décalage avec les profils des hommes politiques ouest-européens par exemple.

 

La période Poutine (2000 à nos jours) est une période qui je crois restera cruciale dans l‘histoire de la Russie. L’administration Poutine a en effet réussi à reconstituer l’état (qui avait quasiment disparu durant le début des années 90) et à permettre au pays de retrouver des indicateurs économiques, sociaux, humains, moraux normaux. Enfin, et peut être surtout, la Russie est de retour comme un acteur de premier plan sur la scène régionale mais aussi sur la scène internationale.

 

- Peut-on parler d'une profonde crise entre les générations en Russie? Comment jugez-vous l'importance de l'opposition contre Vladimir Poutine? Est-ce uniquement un instrument de l'Ouest afin d'affaiblir l'état russe, ou est-ce plutôt l'expression d'une crise plus profonde à l'intérieur de la Russie? Que trouvez-vous du scénario de votre homonyme, l'expert allemand Alexander Rahr, pronostiquant une nouvelle révolution d'octobre en Russie dans son dernier livre, Der kalte Freund?

 

Fondamentalement les Russes sont désintéressés de la vie politique, cela à cause notamment de la chute de l’URSS et des terribles années 90 ou la politique (et donc les politiques) ont été totalement décrédibilisés. La grande majorité des citoyens est aujourd’hui simplement sans illusions sur la politique et les politiciens. Pour de nombreux russes le vote Poutine signifie simplement le vote pour un système global, fonctionnel qui permet l’amélioration de la situation économique et de leur cadre de vie. Cette majorité silencieuse est souvent la moins politisée mais c’est elle qui soutient le pouvoir en place.

 

A coté, il n’y a pas une opposition mais des oppositions. Une opposition est dans le système et l’autre est hors système. La première comprend des grands partis politiques comme le parti communiste ou le parti nationaliste LDPR. Ces partis participent activement à la vie politique du pays. La seconde est l’opposition non parlementaire, dite de rue. En son sein il y a 3 grandes tendances: une tendance libérale, bruyante et concentrée dans certains milieux urbains et modernes mais qui n’a aucun soutien électoral réel, une aile nationaliste dure et enfin une aile radicale de gauche.

 

Les gens qui ont manifesté dans les rues étaient sincères ou alors sincèrement anti-Poutine et en ce sens je ne crois pas que ce soit le fait d’une manipulation occidentale. Cela est peut être différent en ce qui concerne certains dirigeants politiques de cette opposition minoritaire de rue, dont les liens avec des réseaux étrangers et occidentaux sont avérés, j’ai beaucoup écrit à ce sujet sur mon blog (ici, la ou la).

 

Je pense qu’il n’y a aucun choc de génération en Russie tout du moins entre la sphère politique et la jeunesse et cela pour deux raisons. Tout d’abord l’élite russe est très jeune et de nombreux acteurs de la sphère politique ou de gouvernance ont tout juste la 40aine. Ensuite, tant que le développement économique s’accroit, il me semble qu’il n’y a donc dans ses conditions aucun risque de révolution en Russie.

Par contre le rapide développement du pays à entrainé que certaines parties du pays soient modernisées et d’autres beaucoup moins. Par conséquent la Russie reste un pays ou se côtoient tant le 19ième, le 20ième et le 21ième siècle et en ce sens il y a entre les gens de Moscou et ceux du Caucase par exemple de réels différences de mode/type de vie.

 

Je n’ai pas lu le dernier livre d’Alexandre Rahr et ne sait pas de quoi il parle exactement.

 

- Y-a-t'il vraiment une crise démographique, et, si oui, est-elle incontournable?

 

La crise démographique russe est quasi surmontée mais ses conséquences sont à venir.

 

Le nombre de naissances s’est effondré après la chute du monde soviétique et la période libérale des années 90 (et l’effondrement économique lié) a accentué cette tendance. Dans le même temps la mortalité a explosé et par conséquent la population a diminué malgré l’immigration due au retour de nombreux russes ethniques des républiques soviétiques vers la Russie.

 

Dès les années 2000 le nombre de naissances a commencé à remonter, et cette hausse des naissances s’est accélérée après 2005 avec l’instauration de mesures natalistes mais aussi le retour de la confiance envers un environnement économique national stabilisé et en amélioration permanente.

 

L’immigration de résidence à elle diminuée pour se stabiliser et depuis 2009 la population russe augmente. Un historique des ratios naissances/décès est consultable ici.

 

En 2012 le nombre de naissances a augmenté et a équilibré le nombre de décès. 2013 devrait sans doute voir une hausse naturelle de population pour la première fois depuis 1991.

 

- Tournons vers la politique extérieure: comment ressentez-vous la récente crise financière chypriote et le rôle qu'ont joué les Russes, d'une part, et les Européens (càd surtout les Allemands), de l'autre part? Y-a-t'il un avenir pour une forte alliance entre l'Union européenne et la Russie, ou est-ce que les Russes misent sur une "'après-UE" et un système bilatéral de relations franco-russes et/ou germano-russes?

 

En effet la Russie a de fréquents problèmes de fréquences  avec l’UE. A contrario les relations bilatérales avec les nations européennes se passent vraiment bien. Vous citez le cas de l’Allemagne mais c’est pareil avec la France, l’Italie ou la Serbie par exemple.

 

L’affaire Chypriote ne devrait pas arranger la situation des relations entre Moscou et l’UE puisque les mesures totalitaires de Bruxelles et du FMI vont aboutir à ce que la Russie perde énormément d’argent dans cette affaire Chypriote. J’ajoute que la manière dont les mesures ont été imposées à Chypre sans que la partie russe ne soit informée (alors que c’est son argent qui était visé par les mesures de la Troïka) me semble relever de l’agression financière plus que de la maladresse.

 

La relation Russie / UE doit cependant a ce jour être envisagée de façon pragmatique,  la Russie a presque la moitie de ses réserves de change en euros et l’Europe reste son principal client énergétique a ce jour.

 

- Comment évaluez-vous la politique russe vis-à-vis de "l'étranger proche": peut-on parler d'un succès et d'un build-up de pouvoir politique, économique et militaire, ou est-il plutôt un échec? Quels sont les atouts de la Russie pour les Européens?

 

Il me semble que la Russie est en voie de normalisation de ses relations avec les voisins, encore une fois ces processus ne se font pas instantanément et ne peuvent être mis en place que par un état souverain, or la reconstruction de l’état russe est récente.

 

Ensuite la Russie a 20.622 km de frontières terrestres avec 14 pays ce qui rend la gestion de l’étranger proche autant complexe qu’essentielle, le tout au cœur de ressentis postsoviétiques  qui n’ont sans doute pas tendance à permettre de régler sereinement des situations complexes.

 

Il me semble que cependant les choses sont en bonne voie et notamment via l’union douanière au sein de l’Eurasie et de l’ancien espace soviétique.

 

En ce qui concerne l’Europe il me semble que la Russie est le réservoir énergétique nécessaire à l’Europe mais la Russie en outre a un formidable potentiel militaire. Enfin, a mon avis, la Russie représente surtout un réservoir de valeurs pour une Europe en manque d’idées et visiblement de ressources pour affronter ce siècle. A ce titre le modèle de société (conservatisme – Religion- souveraineté) qui se dessine en Russie pourrait être un modèle pour les pays d’Europe de l’ouest, qui drivent l’Europe et l’UE.

 

- Comment évaluez-vous l'OCS?

L’OCS me semble être un mécanisme de coopération régional ayant sans doute vocation à étendre sa sphère d’influence, tant géographique que sur le plan des domaines d’intervention. En outre cette structure fonctionne sur un binôme Russo-chinois qui me semble dynamique et prometteur. La visite du nouveau président chinois en Russie confirme que la coopération entre ces deux pays va s’accentuer dans tous les domaines et tous les territoires, notamment en Arctique. Il me semble que cela confirme les pires scénarios géopolitiques américains mais il faudrait sans doute envisager à terme un axe européen à cette structure, pourquoi pas au sein d’un mécanisme continental et européen à bâtir, mais dont les russes ont déjà proposé le squelette via le projet de Traité sur la sécurité Européenne

 

- En Russie, il y une tradition métapolitique importante, dite "eurasiste": que pensez-vous d'elle et de ses protagonistes? Ont-ils un vrai projet pour la Russie et le monde?

Oui cette tradition eurasiste existe et est très importante. Elle augmente sans doute au fur et à mesure que la Russie est déçue par l’Ouest et que celui-ci n’apporte plus de modèle jugé adéquat ou fonctionnel. Cet horizon eurasien est interprété et interprétable de différents manières, mais il me semble qu’il se développe en réaction à l’inévitable destin occidental que certains ont presque fatalement envisagé pour la Russie.

 

Il me semble que la Russie est une puissance eurasiatique car son territoire est majoritairement en Asie, car sa sphère d’influence et une partie de son étranger proche est en Asie centrale, car elle souhaite augmenter la part de ses échanges économiques avec l’Asie et enfin surtout car de l’objectif déclaré de ses élites est le développement de son territoire a l’est: en Sibérie et en Extrême orient.

 

Je crois donc que c’est la que se situe la clef de l’avenir de la Russie et aussi la réalisation de cette Eurasianité: dans le développement d’une nouvelle Russie tournée vers l’Est de son territoire, plus que peut être simplement tournée vers l’Asie en tant que tel.

 

- Dernière question: vous habitez en Russie: peut-on la décrire comme un pays européen ou un pays asiatique? Certains Russes nous disent l'un, d'autres, souvent jeunes, nous disent l'autre.

 

Il me semble que la Russie est plus européenne qu’asiatique en ce sens que l’héritage spirituel et religieux russe est majoritairement le christianisme Byzantin  et que la population dominante en Russie est majoritairement de souche slave. La Russie est donc évidemment plus proche de la Bulgarie ou de la Serbie que de la Chine.

 

Maintenant je crois que la Russie n’est ni complètement l’Europe ou l’Asie, elle est avant tout une civilisation à part entière dont le modèle n’est pas établi mais en cours de définition. En ce sens, il me semble que l’histoire de ce pays est passionnante car ouverte, tout y est encore possible, le pire comme le meilleur.

 

- Merci beaucoup pour l’interview, M. Latsa !

 

mardi, 26 mars 2013

Viaje de Xi Jinping a Rusia y África

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Viaje de Xi Jinping a Rusia y África

Antecedentes. Las relaciones internacionales pasan por momentos delicados en varias partes del mundo, cuando la dinámica de confrontación entre China y Japón (azuzada por Estados Unidos) por la posesión de las islas Diaoyu ha arrastrado a Norcorea, que ha endurecido su postura, mientras Siria se desangra, y enfrente Chipre sufre un descalabro financiero que ha puesto a temblar a la eurozona y ha enfurecido a Rusia, cuyos ciudadanos tienen 3 mil 500 millones de dólares en depósitos en ese paraíso fiscal isleño. Tampoco se puede soslayar la sensible coyuntura de Venezuela, la mayor reserva de petróleo (convencional/no convencional) del planeta, donde Estados Unidos /España/Israel buscan dar un zarpazo para apoderarse de su oro negro.

Con o sin meteoritos y asteroides, la prensa rusa ha estado muy pesimista y se han generado noticias tangenciales muy extrañas sobre despliegues tanto de submarinos (cerca de la costa de Estados Unidos) como de aviones rusos cerca de la isla de Guam, en el océano Pacífico (DeDefensa.org, 18 y 19/2/13; Bajo la Lupa, 24/2/13).

Konstantin Sivkov, primer vicepresidente de la Academia de Problemas Geopolíticos (IAGP, por sus siglas en inglés) de Rusia, desde 2010 avizora que la tercera guerra mundial empezará 100 años después de la primera (2014) ( Pravda, 25/3/10).

Si resulta correcta la postura de los estrategas de Estados Unidos sobre el gas esquisto ( shale gas) –que otorgaría a Wa­shington tanto la autosuficiencia energética como su preponderancia geopolítica–, Rusia, hoy la mayor productora mundial de gas, se vería seriamente amenazada, como le sucedió con el desplome del petróleo, lo cual la obligaría a una contraofensiva.

Hechos. Dadas las condiciones de alta tensión entre las tres superpotencias geoestratégicas (Estados Unidos, Rusia, China), no es gratuito que la primera visita del mandarín chino Xi Jinping sea a Rusia y luego a tres países del continente africano durante su viaje de nueve días: Tanzania, Sudáfrica (a Durban: a la quinta cumbre de los BRICS) y la República del Congo. No pasa inadvertido que tres de los cuatro países que visita sean africanos.

Cinco días antes de la llegada de Xi Jinping a Moscú vinieron dos jugadas de parte de Estados Unidos: la visita a Pekín del flamante secretario del Tesoro Jacob Lew (muy cercano a Israel), donde se entrevistó con el nuevo mandatario chino, y cuyo enfoque versa sobre la relación comercial entre los dos gigantes económicos, el contencioso del yuan, los derechos de propiedad intelectual y los ciberataques ( Global Times,19/3/13). El mandatario chino le señaló a Jacob Lew los enormes intereses compartidos ( naharnet,18/3/13).

Así como llama la atención que la primera visita de Xi Jinping sea a Moscú, la primera del secretario del Tesoro Lew fue a Pekín, después de laevangelización sobre las reformas neoliberales que debe adoptar China de parte del ex secretario del Tesoro Hank Paulson a The Financial Times(14/3/13), que naturalmente servirían para rescatar a la banca de Estados Unidos de su insolvencia.

Estas visitas en sí solas al más alto nivel denotan la hipercomplejidad de las relaciones, los traslapes y desencuentros de los tres gigantes geoestratégicos.

En paralelo a la visita de Jacob Lew a Pekín, Estados Unidos decidió detener en forma sorprendente la fase final del despliegue del escudo misilístico de la OTAN en Europa, a cinco días del arribo de Xi Jinping a Moscú. Según The Moscow Times(19/3/13), ello se debe al deseo de mejorar las relaciones entre Rusia y Estados Unidos.

Pronto se sabrá el efecto de los recientes acercamientos triangulados entre las tres capitales geoestratégicas, cuando Rusia y China coordinarán su reacción a los planes de Estados Unidos para estimular su defensa de misiles en la región Asia-Pacífico(Ria Novosti, 19/3/13), ya que una cosa es el despliegue misilístico de Estados Unidos en las fronteras europeas de Rusia (bajo el cuento texano de prevenir un ataque de Irán) y otra la instalación de su escudo balístico en la región Asia-Pacífico en la cercanía de las fronteras chinas (bajo el otro cuento texano de impedir un ataque de Norcorea), lo cual afecta en su conjunto el balance estratégico global.

A juicio de Zhou Wa ( China Daily,19/3/13), la visita de Xi Jinpingestablecerá la dirección de los lazos futuros entre China y Rusia, que pretenden alcanzar 200 mil millones de dólares de comercio en el año 2020. Cita a Alexander Lomanov, del Instituto de Estudios del Lejano Oriente (Academia de Ciencias Rusa), quien aduce que la visita de Xi tiene mayor significado simbólico que práctico, cuando los dos países adoptan las mismas o similares posiciones en temas globales, mientras que para el presidente Putin la visita del mandatario chino representa un evento mayúsculo ( People’s Daily,18/3/13).

China y Rusia (con amplias reservas de agua y abundantes recursos naturales) han caminado rutas paralelas desde la invasión de Estados Unidos a Afganistán e Irak: forman parte del Grupo de Shanghai (un poco aletargado) y de los resplandecientes BRICS (Brasil, Rusia, India, China, Sudáfrica), al que muchos países llamados pivote y amortiguadoresdesean ingresar, como es el caso público del candidato a la presidencia de Venezuela Nicolás Maduro.

La asociación –que no alianza– estratégica entre los dos gigantes vecinos es ya complementaria: Rusia abastecerá con 20 millones de toneladas a China desde 2013, lo cualen el futuro la capacidad de los oleoductos excederían 13 millones de toneladas al año (Xinhua, 19/3/13). Se espera un mayor bombeo del petróleo ruso y mayores oleoductos a la región Asia-Pacífico, cuando existen amplios prospectos para la cooperación futura en el espacio, aviación, energía nuclear y construcción de infraestructura (carreteras, vías ferroviarias, aeropuertos, etcétera).

Conclusión. No pasó por alto que esta misma semana se haya difundido la noticia de que China desplazó a Gran Bretaña entre los cinco primeros exportadores globales de armas (People’s Daily, 18/3/13).

Se repite el corolario de siempre: una economía sólida va aparejada a una defensa robusta, cuando las exportaciones de China aumentaron 162 por ciento en el periodo de 2008 a 2012. El salto se ha debido a la mejoría tecnológica y a la productividad de la industria armamentista china con precios muy competitivos. Suena interesante que sus mayores importadores sean Pakistán, Argelia, Venezuela y Marruecos.

Mijail Margelov, enviado de Rusia al continente africano, considera que la próxima quinta cumbre de los BRICS en Durban (marzo 26/27) tendrá como enfoque a África ( The Voice of Russia, 18/3/13), lo que de cierta manera se acopla al viaje de Xi Jinping, quien visitará también Tanzania y la República del Congo.

China es ahora la principal socia comercial de África (mil millones de personas: 15 por ciento del total mundial; PIB: 1.8 billones de dólares), con un volumen bilateral de 166 mil 300 millones de dólares, que se incrementó más de 30 por ciento en promedio anual durante la pasada década ( China Daily, 13/7/12).

Bien vale la pena, con 98 por ciento del cromo del mundo, 90 por ciento del cobalto y platino, 50 por ciento del oro, 70 por ciento de tantalita y coltán, 64 por ciento de manganeso y 30 por ciento de diamantes, darse una vuelta por África, con una escala geoestratégica en Moscú, sin indisponer demasiado a Estados Unidos.

Ex: www.alfredojalife.com

Twitter: @AlfredoJalife

Facebook: AlfredoJalife

lundi, 25 mars 2013

Interview with Mr Leonid SAVIN

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Interview with Mr Leonid SAVIN of the International Eurasian Movement

 

- Could you describe in a few key words the essence and goals of your movement? Does it place itself in an existing sociopolitical-historical trend of Russian politics? Does it lobby in Russian government circles to achieve its goals?

 

The main idea and goal of the International Eurasian Movement is to establish a multipolar

world order, where there will be no dictatorship of the U.S. anymore or of any other country or actor of world politics. In the sector of ideology we strongly reject (neo)liberalism and the

globalization process as its derivative. We agree that we (as well as other nations) need a

constructive platform for our alternative future. In the search of it, our work is directed to

dialogue with other cultures and peoples who understand the meaning and necessity of

conservative values in contemporary societies. Speaking about Russian reality, we are heirs and assigns to the former eurasianists (this ideology was born in the 1920s): Piotr Savitsky, Nikolay Trubetskoy, Nikolay Alekseev as well as Lev Gumilev – the famous Soviet scholar. They all studied historical processes and proposed a unique vision of our history, separate from the eurocentric science approach. The understanding that Russia is not part of Europe or Asia, but forms a very own unique world, named Eurasia, is also implemented in our political activity. In cooperation with members of parliament or the Council of the Federation or other governmental bodies, with our advices and recommendations, we always provide a strong basis linked to our history, culture, diversity and so on. And I must tell you that many people understand and support our ideas and efforts (in governmental structures, local and regional authorities, science and education, religious institutions and in society at large).

 

- What is your vision on a multipolar world? Which role do you see for Western European

nations? Do they have any future at all on the world stage of the 21st century? Will they

surmount the actual crises on a demographic, metaphysical and mental level?

 

In my opinion, a multipolar world is the order with 5 or more centers of power in the world and this reality will keep our planet more safe and balanced with shared responsibility between the regions. But it is not just interdependence by the logic of liberalism: some regions might well exist in relative political and economic autarky. Beside that, there might exist a double core in one center (for example Arabs and Turks in a large Muslim zone or Russia and Central Asian states for Eurasia) and shifted and inter-imposed zones, because, historically, centers of power can be moved. Of course at the moment the most significant centers of power are described in terms of nuclear arms, GDP, economic weight/growth and diplomatic influence. First of all we already have more poles than during the Soviet-US opposition. Secondly, everybody understands the role of China as a ‘Bretton Woods-2’, as well as emerging countries under acronyms as BRICS or VISTA, “anchor countries” and so on. And, thirdly, we see the rise of popular and unconventional diplomacy and the desire of many countries (many of them are strong regional actors such as Iran, Indonesia and Brazil) to not follow the U.S. as satellites or minor partners.

 

Of course, Washington does not like this scenario and tries to make coalitions based on states

with a neocolonial background or on dutiful marionettes. But even in the U.S., politicians and

analysts understand that the time of unipolar hegemony has gone. They are trying to build a more flexible approach to international relations, called ‘multilateralism’ (H. Clinton) or ‘non-polarity’ (R. Haas), but the problem is that the U.S. do not have enough confidence in foreign actors united as joint, but who still have no strong alternative to the contemporary world order. So, they use another option for destabilization of rising regions, known as controlled chaos. Because of its military presence over most parts of the globe and its status of promoter of democracy and the protection of human rights, the White House can justify its own interests in these places. And cyberspace is also the object of manipulation, where the whole world is divided in two camps that remind us of the times of the Cold War (I call it ‘Cold Cyber War’).

 

We think that the contemporary West European nations are one of the poles (centers of power) in a forthcoming multipolar world order). But the problem for now is their engagement in U.S. proatlanticist politics, as manifested in the Euro-Atlantic chart of cooperation (common market, legislation and regulation mechanisms, including items of domestic politics), as well as NATO activity. The same we see on the other side of Eurasia – attempts of Washington to start trans-Atlantic cooperation with Asian countries. The contemporary crisis is neither good nor bad. It’s a fact. And the European nations must think about the way they’ll choose, because it will form the future (at least in Europe). It is not the first time in history: during the middle ages there was decline of population because of pestilence and wars. Religious schisms also occurred, so Europeans have some experience in metaphysics and ethics dealing with system failure too. The point is that now we have more interconnected reality and the speed of information sharing is fantastic, that was not possible, imagine, a century ago. And European society becomes more consumerist! But even in Europe, there are a lot of voices in respect of nature (organic greens), anti-grow movements (in economics) and traditionalists who try to keep and preserve ethnic and historical values and manners. Even the Soviet experience could be useful: after the Great Social Revolution there was a strong anti-church attitude promoted by the government, but after 70 years we’re back at our roots (of course during all this time not all people were atheists and the return to church happened during Stalin’s period when the institute of the Patriarchy was restored).

 

- How do you see the dialogue of civilizations in the light of more than 10 years of wars

between the West and the Muslim world? Where does Russia stand in this opposition? Are there fears of an islamization process within the Russian Federation, or are Russian

authorities setting on long-time accommodation with Muslim minorities and actors?

 

At first we must bear in mind that the idea of Huntington (the ‘clash of civilizations’) was

developed out of necessity of justifying the U.S.’s military and economic expansion. His book

was issued when the first wave of globalization as the highest principle of Westcentrism just

began its tide in the Third World. By the logic of neoliberal capitalism it must be re-ordered and re-programmed in the search for new markets. All non-western societies must consume western products, services and technologies by this logic. And let’s remember that war against the Muslim countries originated from the neocons from Washington. So, these 10 years of wars that you to mention is nothing more than a provoked conflict by a small group that was very powerful in American politics at the beginning of the 2000s. By the way, all kinds of radical Islam (Wahhabism) were promoted by the United Kingdom. This version of Islam was founded in Saudi Arabia only with London’s special support. The Great Game in Eurasia was started many years ago and Britain has played here a most significant role. The U.S. took this role only after WW2, but many destructive processes were already unleashed. Of course, Russia is suspicious of the radical Islam, because emissaries of the wahhabis and al-Qaeda were already in the Northern Caucasus. And still now, there are different terrorist groups with the idea of the socalled “Emirate of the Caucasus”. There were also attempts to spread another sectarian belief promoted by Fetullah Gullen (Nurjular), but for now this sect is prohibited here. Actually Islam is not a threat to Russia, because, traditionally, a lot of people living here are Muslim. Regions like Tatarstan, the North Caucasus republics, Bashkortostan have an Islamic population. And our government supports traditional Islam here.

 

- What do you think about the American/Western strategy of strategic encirclement of

Russia? Can we see this as well in the process of the so-called 'Arab Spring'? Is an open,

Western-waged war against Syria and Iran possible and would it be the onset to a major

world conflict, a 'Third World War'? Where would Russia stand?

 

It works. Not only because of the reset of the Anaconda strategy for Eurasia by means of military presence. Sometimes it doesn’t manifest in classical bases. Logistics is the main element of contemporary warfare, as well as C4ISR – Command, Control, Computer, Communications, Intelligence, Surveillance, Reconnaissance – works in the vein of smart engagement. Other tools are: economics, promotion of democracy and human rights, cyber politics. The Arab Spring is a very complex phenomenon – there are a couple of components, but you can see that the U.S. has a bonus anyway: Egypt has asked for a huge loan from the World Bank; Western companies go to Libya; Muslim extremists are being manipulated against moderate Muslims, because they are a threat to western interests and so on. Organized chaos is just another view on the socio-political reality in turbulence. As Steve Mann (famous theorist of the chaos principle in diplomacy) wrote: the state is just hardware and ideology is its soft version. It were better to use ‘virus’ (in other words ‘promoting democracy’) and not to break PC. Syria and Iran are interesting for many nations now. The hysteria of Israel is not good, because this country has nuclear weapons. What will come of Israel using it? The Palestinian question is also on the table. I think that Israel is a more serious problem than Syria and Iran. Russia firmly supports Syria and takes a moderate

position on Iran. During the presidency of Dmitry Medvedev, Russia declined to provide the “S-300” rocket complex to Iran (we had already signed the contract) and the deal was canceled. You bear in mind that during the same time Russia supported resolution 1973 of UN Security Council and the West started operation “Odyssey Dawn” against Libya. So, even VIP politicians in Russia sometimes do wrong things! But Mr. Putin is actively pro-Syrian and I think that the position of Russia about Iran and about Western pressure will be more adequate than before. As foreign minister Sergey Lavrov told: “we got experience with Libya and don’t believe the West anymore”.

 

- What do you think about the Western Europeans: should they remain loyal to their

historical-political heritage of individualism and atlanticism, or should they rethink

themselves and orient themselves towards Russia and continentalism? What about pro-

Russian elements in European society? Can they be partners or are they, politically and

socially spoken, too marginal for that?

 

John M. Hobson, in his brilliant work The eurocentric conception of world politics, made very

clear that the West is rooted in the logic of immanence instead of the logic of co-development

that is characteristic of non-western societies. He continues that the formula “the West and the Rest” is wrong, because without the rest there is no place for the West. Now we see one United Europe, but in real life we have two levels. The first one is presented by the bureaucratic establishment with its symbols, history, power projections and procedures. The second one is active publicity with movements, political parties and personal activists who are not interested in an Orwellian future with “Big Brother”, universal values and so on. Actually, in geography we have more than one substance. And where is the border between Southern, Western and Eastern Europe? It’s mostly in the minds. From history we remember the Celtic space, the Roman Empire, the Germanic and nomad invasions (Huns, Avars, etc.), that shows that the face of Europe permanently changed throughout the centuries. Now the European population includes people from Africa and Asia and soon the demographic balance will change. Political culture will change too. Without Russia, Europe is impossible. Not only because of geography (just look at the map and you will see that the EU is just the small, overpopulated western peninsula of Eurasia), but also because of the role of Russia in European history. Napoleon and Hitler – the two most significant unifiers of Europe - were stopped and defeated in Russia and, after that, new political orders were established. And for now in Europe we have so many Russian “prints”: in culture, history, the role of some persons and diasporas. I think that pro-Russian elements just now have a very good choice, because the window of opportunity is open. All these elements could form an avant-garde of a new kind of cooperation: in trade relations, science, art and education and public diplomacy. The last one is the tie for all activities. Actually Minister Lavrov just today (i.e. 26.02.2013) announced that, because of the Russia year in the Netherlands and vice versa, there will be more than 350 actions on state level. It is a good sign of mutual respect and it may be deeper.

 

- What about key power Germany? Do you believe in, let's say, an 'Indo-European bloc',

an axis Berlin-Moscow-New Delhi, as a formidable counterweight to the atlanticist bloc of

the axis Washington-London-Paris? Do the horrors of the Second World War still affect

Russians' views of Germany and the Germans, or is it possible to turn the page on both

sides and look forward? What about the French: do they belong in the atlanticist bloc, or

can they be won for the continentalist bloc without giving in to their chauvinism? And what

about China: will it turn out to be an even more dangerous enemy than the USA, or will

both Russia and China remain strategic partners, e.g. within the SCO?

 

Because the EU has two levels, the same is true for Germany. One Germany, represented by the political establishment, is pro-U.S. and cannot do anything without Washington. Another one (latent or potential) is looking for closer cooperation with Russia. At the time of the Russian Empire a lot of German people came to our country at the invitation of Empress Catherine the Great. Even before that, many foreigners were in Russia as military officers, teachers, technical specialists, etc. People’s potential can do a lot of things. We must keep in mind that, besides Sea Power and Land Power in geopolitics, we have Man Power, which is the unique and main axis of any politics. The problem is that, after WWII, there was in most European countries a strong influence of Britain and the U.S.. They used very black propaganda and the peoples of Europe were afraid of a communist invasion. The U.S. even started more horrible projects in Western Europe (for example Propaganda-Due and operation “Gladio” in Italy, as well as “Stay Behind” NATO secret armies, formed from right-wing extremist elements). Still now in the EU, we see anti-Russian propaganda, but our borders are open and any European can go to Russia and see what happens here. The case of Gérard Depardieu is just one example.

 

If we look at what happens in China we’ll understand that it is a very strong actor and that its

power grows from year to year. In the UN Security Council China is an important partner of

Russia (for the Syria voting too). Russia is a supplier of oil and gas to China and we have new

agreements for the future. Besides that we provide military equipment to China, though they

have good weapon systems of their own as well. In the SCO we had good results and I think that cooperation in this organization must be enlarged through strategic military elements with the entry at least of Iran, Belarus, India and Pakistan (they have an observer or dialogue partner status). Turkey is interested as well, but because of its NATO membership it will be difficult to join.

 

I know that some Russians and Europeans describe China as a possible enemy, a “yellow threat” (the Polish writer Ignacy Witkiewicz even wrote about it in his novel in 1929!!!) and so on, but in reality China has no intents of border pretence to Russia. We have had some incidents in Siberia with contraband, but these are criminal cases which do not deal with state politics. China will focus on Taiwan and on the disputed islands in the Pacific and it will take all geopolitical attention and may be some loyalty from Russia and SCO members.

 

Also China has the same view on the future world order – multipolarity. Actually this idea

(duojihua) was born in China in 1986. And with the strategic cooperation with many other

countries in Africa and South America, joint efforts against western hegemony will be fruitful.

So, I think China and Russia can do a lot for a reform of the forthcoming world order.

A lot of people now want to forget their own origins and the origins of other peoples. Bavaria,

for example, was populated centuries ago by Avars from Asia (part of them still live in the

Caucasus) during the Migration Period. Groups of Turkish origin also went to lands of

contemporary Austria. So in contemporary Europe we have a lot of Asian elements. And vice

versa in Asia we have people of Aryan origin. Not only in the North of India, but also in

Tajikistan, Pakistan, Iran (arya is the self-name of the people of Iran and India). And

hybridization is continuing as we speak in Europe and in other regions. Just before Hitler's attack on the Soviet Union we had a pact with Germany and had been cooperating extensively in technologies and in the economy. And France was attacked first by Germany, but now relations between both countries are normal. I think that historical harms between Germany and Russia have been mostly forgotten. And I think that many Germans still remember that the most destructive attacks did not come from the Soviet army but from U.S. and British air forces (Dresden, Leipzig...). It was not a war, but a deliberate destruction of cities and non-armed refugees. Actually now Germans is mostly good businessmen for Russians, compared to representatives of other European nations (these facts have been confirmed by many friends who do business with Europeans).

 

I can not to speak with enough certainty of what happens with Russian-French relations, because I'm not very interested in this sector. During the XXth century we had many deals with France and after WWII it was the idea of Stalin to give the winner status to France. Charles de Gaulle also was pro-Soviet in a geopolitical sense. But after the legalization of the gay marriage in France, many Russians feel suspicious about this country. But every people and every country has its own specifics. We have had many interesting philosophers from France who have had influence on Russian thinkers too.

 

- Turning to domestic Russian problems: Russia under President Putin has been able to

make enormous progress in the social field, mainly due to energy sales during the 2000s.

Has this changed the face of Russia? Has this period come to an end or is there stagnation? How will Russia cope with its domestic problems, such as the demographic crisis, which it shares with Western Europe? Should the Siberian land mass be 're-colonized' by Russians and other Europeans, in order to make it an impregnable 'green lung fortress' for the white peoples?

 

The grand contribution of Mr. Putin is that he stopped liberal privatization and the process of

separatism in Russia. Persons such as Chodorkovsky were representatives of the Western

oligarchy, especially of powerful financial clans (for example, he is a personal friend of

Rothschild) and he had plans to usurp power in Russia through the corruption of parliament. We still have the rudiments of predatory liberalism such as misbalances, corruption, fifth column, degradation of traditional values, etc. For now we see in Russia efforts to build a smarter kind of economics, but it must be done very carefully. The questions that must be at the center are: how to deal with the Federal Reserve System? What about a new currency order that may be represented by BRICS? How to start mobilization? What to do with the neoliberal lobby within the government? The demographic crisis is also linked with neoliberalism and consumerism. A century ago, there was a rise of population in Russia, but two world wars have cut it. Even during Soviet times we had a good demography index. Now the government has started supporting young families and the process of human reproduction. In addition to birth programs we have an initiative dealing with the return of compatriots to Russia and all people who were born in the USSR can come to Russia very easily and get certain funding from the state. But I think that, because the Russians were the state-forming people, there must be a preference for Slavonic origin, because migrants from Asian countries (who do not speak Russian and have other traditions) will flow to Russia for economic reasons. Many Russian activists who take a critical stance on Asian people are already disappointed by this program. I think that the attraction of Byelorussians and Ukrainians can equalize this disproportion. But, strategically, the state must support a system of child-bearing with all necessary needs (fosterage, education, working place, social environmental, etc.). In some regions governors personally start up that kind of programs dealing with local and regional solidarity. First of all, Siberia is still Russian. The Siberian type of Russian is different from citizens from the central or southern regions, but till now it's still mainly Russian, not only institutionally, but also ethnically. Actually, according to our statistics, most labor migrants to Russia come from Ukraine! So, in spite of strange relations between both countries and with strong anti-Russian stances on the part of Ukrainian nationalists and pro-western "democrats", people just make their own choice. Rationally speaking, Siberia is not only interesting, because of its virgin forests and natural resources, but also because of its neighbors - and China is one of them with an emerging economy. So Siberia could serve as a hub in the future. I think that Europeans would also go to

Russia (not only to Siberia), but this migration must be done meticulously, because of the

language barrier, with a period of adaptation to different social conditions and so on. Maybe it could be useful to organize towns of compact residence and also city-hubs for foreign people who come to live in Russia, where they can live and work in new conditions. New Berlin, New Brussels, New Paris (of course translated into the Russian language) will then appear on a new Russian map.

 

- What is your opinion about the future of Putinist Russia? Will the government be able to

enduringly counter Western propaganda and destabilization campaigns, and come to a

'generation pact' between the older generation, born during Soviet times, and the younger

generation, born after 1991? What will be President Putin's fundamental heritage for

Russian history?

 

The key problem for Russia is a neoliberal group inside the Kremlin. Putin has the support of

people who want more radical actions against corruption, western agents and so on. But a

“colored revolution” in Russia is impossible, because the masses do not believe in the prowestern opposition. Ideas of democracy and human rights promoted by West have been

discredited worldwide and our people understand well what liberalization, privatization and such kind of activities in the interest of global oligarchy mean. And because of the announcement of the Eurasian Customs Union Russia must work hard the coming years with partners from Kazakhstan and Belarus. As for counterpropaganda, the new official doctrine of Russian foreign policy is about soft power. So Russia has all the instruments officially legalized to model its own image abroad. In some sense we do this kind of work, just as other non-governmental organizations and public initiatives. You mention a “generation pact”, referring to different ideals of young and older people, especially in the context of the Soviet era. Now, you would be surprised that a figure as Stalin is very popular among young people and thinking part of the youth understands well that Soviet times were more enjoyable than contemporary semi-capitalism. As I told in my previous answer, Putin is important because he stopped the disintegration of Russia. He already is a historical figure.

 

- Is there a common 'metaphysical future' for the whole of Europe after the downfall of

Western Christianity (catholicism, protestantism)? Can Russian Orthodoxism be a guide?

What do you hold of the modest revival of pre-Christian religious traditions across the

continent? What about countering the influence of Islam on the European continent? Is

there a different view concerning that discussion between Russia and Western Europe?

 

Russian Christian Orthodoxy is not panacea, because there are also some problems. Christianity in XIIth century, XVIth century and nowadays is very different. Now many formal orthodox Christians go to church two times a year, at Easter and at Christmas. But Orthodox Christianity is also a thesaurus of wisdom where you can find ideas from ancient Greek philosophy, metaphysics, cultural heritage, transformed paganism and psychology. In this sense, Russian Christian Orthodox old believers keep this heritage alive and may be interested as well in forms (ceremonies) as in the spiritual essence with its complex ideas. Speaking about paganism, Russia is the only country in Europe that still has authentic pagan societies (Republics of Mari-El, Mordovia, Komi) with very interesting rites and traditions. Actually Finno-Ugric peoples historically were very close to Slavonic people and assimilated together, so there is a good chance to research these traditions for those who are interested in Slavonic pre-Christian culture. But the postmodern version of a restored paganism in Europe or any other region to my opinion is just a fake and there is not so much from true paganism. As for Islam, as I told before, in Russia there exist a couple of versions of traditional Islam, which are presented by several law schools (mazhabs). In the Northern Caucasus, the regional government has tried to copy the idea of multiculturalism and to implement EuroIslam as an antithesis to spreading wahhabism. But it has not worked and now more attention is paid to traditional religious culture linked with education and the social sector. But the project of multiculturalism has failed in Europe as well, so all common Euro-Russian outlooks on Islam are finished. But, to be honest, I think that Europe must learn from the Russian experience of coexistence of different religions (not forgetting paganism and shamanism – this belief is widely found in Siberia). In Europe, they use the term tolerance but we, eurasianists, prefer the term complimentarity, proposed by Lev Gumilev, meaning a subconscious sympathy between different ethnic groups. As Gumilev explained, Russia became so large because Russians, during the expansion, looked on other people as on their own and understood them. This differs from the point of view (more specifically in ethnosociology) that all ethnic groups have the idea of “We are” against “The Other”, represented by another group. The imperial principle works with the idea of mosaics where every ethnos is a “We are”. And our famous writer and philosopher Fjodor Dostoevsky told about all-human (all-mankind) nature (not common to all mankind) that is represented by

the Russians, because inside, you can find all radical oppositions. I think it is a good reason to turn to Russia and its people.

 

Thank you, Mr Savin, for this very interesting and open-hearted interview.

 

Cina e Italia più vicine grazie ad ENI

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Cina e Italia più vicine grazie ad ENI

di Michele Franceschelli

Ex: http://www.statopotenza.eu/

ENI continua a dimostrare di essere il principale vettore per un’azione politico-economica italiana libera dagli schemi atlantici, volta in direzione dell’Eurasia e dei BRICS. Dello spirito gagliardo del “cane a sei zampe” di “matteiana” memoria non è rimasto molto, tuttavia ENI è ancora oggi un colosso nazionale capace di muoversi sullo scenario mondiale – pur tra numerosi ostacoli, interni ed esterni, compromessi e cedimenti alle ingiunzioni euro-atlantiche – con un certo grado di autonomia, stringendo alleanze e collaborazioni con paesi non-allineati all’Occidente come Venezuela, Russia, Kazakhstan e Cina, tenendo aperta una fondamentale porta per una politica nazionale orientata in senso multipolare. Un “cane” pertanto non ancora addomesticato ai voleri nordatlantici e che rimane una delle risorse economiche trainanti della nazione proprio per questa sua “selvatichezza”, sempre più necessaria in un mondo di giorno in giorno più dinamico e multipolare. Per quanto tempo ancora ENI riuscirà a mantenere questo carattere non è dato sapere, anche se gli sviluppi recenti non fanno presagire niente di buono: dalle inchieste giudiziarie ad orologeria alle interessate pressioni degli ambienti euroatlantici per la cessione di Saipem, da un’opinione pubblica avversa eterodiretta con i temi del giustizialismo e dell’anti-industrialismo alle pulsioni ecoterrorriste di associazioni e gruppi eversivi e, soprattutto, per la continua assenza di un ceto politico nazionale autonomista capace di fare da scudo e di attuare in modo solido e continuativo un gioco di sponda con le scelte strategiche del management.
La sorte di ENI sembra parallela a quelle delle poche altre grandi aziende semi-pubbliche italiane, in primis Finmeccanica. Se per quest’ultima però le manovre tese a mantenerla dentro un politicamente rassicurante – ma economicante disastroso – perimetro d’azione commerciale euroatlantico sembrano avere ottenuto gli effetti desiderati, non si può ancora dire la stessa cosa per ENI, anche se entrambe lavorano in settori sensibili e strategici. E’ evidentemente decisiva in tal senso la direzione aziendale di ENI che, a differenza di quella di Finmeccanica, è ancora capace di esprimere una certa dose di forza, autonomia e continuità di vedute, pur in presenza di un quadro politico italiano inerte se non apertamente ostile. 
Il recente annuncio di Paolo Scaroni dell’accordo raggiunto con la China National Petroleum Corporation si inserisce all’interno di questo complesso quadro. Con il ceo Zhou Jiping di Petrochina Company Limited, società controllata da CNPC, è stato firmato un accordo per la vendita del 28,57% delle azioni della società Eni East Africa, titolare del 70% della partecipazione nell’Area 4, nell’offshore del Mozambico, in Africa, dove si trovano alcuni dei più importanti giacimenti mai scoperti da ENI nella sua storia. Contestualmente, ENI e CNPC hanno firmato un joint study agreement per la cooperazione finalizzata allo sviluppo del blocco a shale gas Rongchang, che si estende per circa 2.000 chilometri quadrati nel Sichuan Basin, in Cina.
E’ un accordo di mutuo vantaggio. L’ingresso nel gas non convenzionale in Cina rappresenta un’enorme opportunità di business per l’azienda italiana, dato l’incredibile sviluppo che sta attravendo il grande paese asiatico affamato di energia. Dall’altra parte, lavorare con ENI in Africa permette alla CNPC di sfruttare i posizionamenti italiani per consolidare ed ampliare la propria penetrazione nel continente. La Cina è alla ricerca di sempre nuove fonti energetiche per sostenere i suoi alti tassi di sviluppo e la partnership con i paesi dell’Africa è considerata di fondamentale importanza in questo senso. Pechino ha d’altronde un modus operandi con questi paesi diamentralmente opposto alle prassi colonialiste e neocolonialiste che contraddistinguono numerosi paesi occidentali, permettendole di essere ben vista dalle popolazioni locali; una prassi che ricorda molto da vicino quella incarnata da Enrico Mattei – che ha improntato il lavoro dell’azienda italiana per tantissimi anni – e che potrebbe essere un ulteriore punto di contatto per ampliare la collaborazione tra le due realtà aziendali in altri paesi del continente africano. 
Aiutare la penetrazione cinese in Africa – così come è stato fatto con la Russia attraveso Gazprom – non è certamente in linea con la strategia occidentale volta al contenimento della Repubblica Popolare nel continente. Questa alleanza tra ENI e CNPC rappresenta pertanto un ulteriore “peccato” commesso dall’azienda di San Donato Milanese, anche se le è economicamente molto vantaggioso con proficue ricadute per tutto il sistema-Italia; come e quando dovrà essere “lavato” questo peccato lo vedremo nel prossimo futuro sulla pelle di tutti quegli italiani che fanno sempre più fatica ad arrivare alla fine del mese. 

mardi, 19 mars 2013

Mijmeringen over een Eurazische toekomst

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Jörg ASTMANN:

Mijmeringen over een Eurazische toekomst

 

Toen me werd gevraagd om deze bijdrage te schrijven, was ik net terug in België van een trip naar het fabelachtige, en toch o zo vibrerende Moskou, veel meer dan Rome en andere hoofdsteden van het vermoeide en op drift lijkende Europa, de enige stad die vandaag de dag het epitheton “Eeuwige Stad” verdient.

Het “Derde Rome” van vroegere generaties politieke exponenten is vandaag nog steeds een waarlijk imperiale stad, die in elke vezel de ambitie van het herwonnen centrum van de Eurazische ruimte uitstraalt.

Niet dat de overdreven protserigheid van de eindeloze winkeletalages en hun dito bezoekers geen weinig benijdenswaardig kantje van de zaak zijn, maar daar zullen we het in dit essay nu even niet over hebben.

 

Doorheen de discussies over de historische rol van Vladimir Poetin en de ontwikkelingskansen van de Eurazische Unie, kwam tijdens de gesprekken en interviews met aimabele, doch bij de pinken zijnde Russische gesprekspartners uit de universitaire en mediawereld steeds opnieuw de vraag naar de identiteit van Rusland naar boven.

De aloude discussie: Europees of Aziatisch? Eurazische grootruimte of eenzame blanke macht auf verlorenem Posten in Noord-Azië?

Het zijn vraagstellingen die, zoals ik hierboven schreef, niet nieuw zijn en naar mijn bescheiden mening ook nooit voorgoed zullen worden beslecht.

Misschien ligt dat wel aan het hybride karakter van wat in het ontzielde Westen nogal gemakzuchtig-romantiserend “de Russische ziel” wordt genoemd: de ziel van een van oorsprong Oostslavisch-Finoegrisch-Scandinavische staat, die in volle middeleeuwse ontwikkeling krachtig onder de voet wordt gelopen en cultureel wordt doordrenkt door de nazaten van de grote Khan, om zich vanaf de 16de eeuw dan resoluut te wijden aan zijn historische missie, zijnde het integreren van de landen van de Grote Steppe en aangrenzende gebieden tot één aaneengesloten geheel, culminerend in de ambitie om dit Rijk een trapje hoger te tillen naar een wereldmacht met een ongeziene aantrekkingskracht op de rest van de onder het juk van het grove geld gebukt gaande wereldbevolking. Of toch delen daarvan.

 

Op delen die er – politiek, militair, economisch – toe deden en nog steeds, zij het in iets mindere mate dan pakweg een halve eeuw geleden, toe doen, was deze aantrekkingskracht veel minder groot: het zogezegde Westen – lees: de VS en de rest van de anglosphere, aangevuld met de verliezers van beide Wereldoorlogen: Europa en Japan.

U leest het goed: de verliezers van de twee Wereldoorlogen, heus niet enkel Duitsland, Japan en occasionele bondgenoten. Ook de “winnaars” Frankrijk en het Verenigd Koninkrijk, en het dozijn kleinere Europese staten en staatjes.

 

En de Sovjetunie, ja, de Sovjetunie betaalde een heel zware prijs, en ongetwijfeld heeft dit haar steile opgang na de Tweede Wereldoorlog ook enigszins gefnuikt, tot grote, heimelijke genoegdoening van haar concurrenten over de grote plas.

Of was het allemaal zo gepland? Hebben de financiers van Wall Street daadwerkelijk een doorslaggevende rol gespeeld in het doen imploderen en revolutioneren van het Russische Rijk, en van de andere keizerrijken van het Oude Europa?

Samenzweringstheorieën doen het altijd goed bij een daarvoor vatbaar deel van de bevolking, maar nooit bij hen die zichzelf au sérieux nemen. Ahum.

 

Wat er ook van zij, dergelijke slachtingen hebben generaties na het gebeurde nog steeds verstrekkende gevolgen.

 

Plaats dat in het grotere plaatje van de Europese burgeroorlog tussen 1914 en 1945 – sommigen gewagen van de Tweede Dertigjarige Oorlog -, en de menselijke en culturele tol wordt nog verschrikkelijker.

De Russische geschiedenis van dit tijdsgewricht toont een bijzonder jammerlijk beeld: na de slachtingen in de loopgraven van de Eerste Wereldoorlog, met een leger vol pronkerige officieren en soms met slechts stokken bewapende soldaten, volgen de wreedheden van de Burgeroorlog tussen Wit en Rood, pakkend beschreven in de nog steeds beklijvende memoires van de voormalige Duitse krijgsgevangene en latere nationaal-revolutionair Edwin Erich Dwinger, Zwischen Weiß und Rot. Die russische Tragödie 1919-1920.

 

Na een periode van nieuwe moed en revolutionaire experimenten is het de beurt aan Stalin om wat er rest aan oude structuren nog eens grondig overhoop te halen en de veelgeroemde Russische ziel danig op de proef te stellen. Zowat elke familie in de voormalige Sovjetunie kan daarvan meespreken.

Al willen we natuurlijk niet elke daad van de Vader der Volkeren negatief duiden. Zijn mobilisatie van alle krachten in de Sovjetsamenleving na een eerste fase van vertwijfeling na de Duitse inval, dwingt ook vandaag nog respect af. Zijn opbouw van de Sovjetmacht tot een geopolitieke en militaire gigant evenzeer.

Er zijn vele aspecten aan de voormalige Sovjetleider die in het Westen vaak te weinig belicht worden.

 

Maar wat blijkt?

Ondanks de wreedheden, die werden begaan door de troepen van nazi-Duitsland, ondanks de wraak van Sovjetsoldaten op de bevolking van, ondermeer, Oost-Pruisen en Berlijn, ondanks de veelvuldige, diepzittende wonden, blijven de Duitsers het volk dat als enige van de Europese volkeren ten volle in staat is om de Russische ziel te vertalen, te duiden en te her-talen naar de sceptische, individualistische West-Europeaan toe.

 

Ik moet bekennen dat mijn Ruslandbeeld in een eerste fase door het Duitse Ruslandbeeld beïnvloed werd.

Of beter gezegd: het positieve Ruslandbeeld, dat van die vele Duitsers en Oostenrijkers die, al dan niet doorspekt met persoonlijke ervaringen uit oorlogs- en andere tijden, die magische wereld van mystiek en oneindigheid in de meest zoete bewoordingen beschreven.

 

Niet het Ruslandbeeld van die andere Duitsers, de Duitsers uit de atlantische traditie – Hitler voorop -, voor wie de Russische ruimte een despotisch geregeerde buitenaardse planeet is.

Of erger, ranziger.

Dat Duitsland bestaat helaas ook, en ik zou durven stellen dat het zelfs anno 2013, zij het in een “gekuiste”, niet-racistische versie, nog steeds een niet te verwaarlozen deel van de Duitse elite uitmaakt.

Dat officiële Duitsland, van de Atlantik-Brücke tot het journalistieke geweld van de Springerpresse, met slechts enkele uitzonderingen die de spijtige regel bevestigen.

Het Duitsland dat zich liever opwerpt als de beste Europese leerling in dienst van de meesters van het internationale grootkapitaal, dan het hart van een zelfbewust en traditiegericht Europa te zijn.

 

Terug naar ons Ruslandbeeld.

De vraag is wat dat positieve beeld precies beschrijft: een beeld van Rusland als nationale staat der Russen of een beeld van de Eurazische ruimte, grosso modo het vroegere Russische Rijk of de Sovjetunie, dat mysterieuze gebied van steppen, taiga, toendra en woestijnen, dat veelvolkerenrijk, naar de woorden van Andreas Kappeler, dat, méér dan een nationale staat in de (West-)Europese betekenis van het woord, een schoolvoorbeeld was en is van een staatsdragend volk – de Russen, of zie de hierboven summier geschetste genealogie – dat zichzelf, surfend op zijn eigen losbarstende passionariteit – dixit Lev Gumiljov – overstijgt en zich als een veelkleurige vlinder ontpopt tot een rijksvolk, dat zijn samenstellende volkeren door eenheid in verscheidenheid integreert tot een nieuwe identiteitslaag, de Euraziër.

Dit alles zonder zijn eigen nationale, Russische identiteit te verliezen, of dit van de andere samenstellende volkeren te vragen. Of toch min of meer.

 

En meer nog dan de som van zijn samenstellende delen en meer nog dan een sterke geopolitieke realiteit is dit Eurazië, gebaseerd op zijn rijke culturele tradities, een Rijk van de Geest, een rijk van het Land, van de Kwaliteit, dat staat tegenover het Rijk van de Zee, van de vloeibaarheid, de massa, de kwantiteit. Het Rijk van de Orde tegen dat van de chaos. Het Rijk van Sint-Joris tegen het rijk van de draak, van de duivel.

De Russische dubbeladelaar met zijn wapenschild spreekt wat dat betreft boekdelen en het is ongelooflijk veelzeggend dat de Russische staat dit staatsembleem in ere hersteld heeft.

Het vat zijn ambitie ten volle samen.

 

Het is in de Russische ziel, die, doorheen historische ervaringen en interculturele uitwisseling met voornamelijk Turks-Mongoolse volkeren, mens geworden is in de Euraziër, dat wij als West-Europeanen een glimp opvangen van wat de mens in zijn bindingen met de wereld was en nog zou moeten zijn: een mens gebonden in de Traditie, in de Orde.

 

Alleen is een glimp niet genoeg voor de Europeaan: er moet een alternatief voor de huidige toestand voorhanden zijn. Een alternatief dat rekening houdt met het feit dat het civilisatorische subject van de Euraziër niet zomaar getransponeerd kan worden naar het individualistische West- en Centraal-Europa, met zijn eigen cultureel-historische ervaringen.

Het is mooi als voorbeeld, maar de Europeanen moeten hun eigen invulling geven aan de terugkeer naar de Traditie.

Slechts een terugkeer naar die Traditie, en, bijgevolg een afkeer van de materie, van de moderniteit in al haar vormen, van het liberalisme in al zijn uitingen, vermag de fundamenten te leggen voor een politiek en economisch partnerschap met de rest van Eurazië, en met de Russische ruimte in het bijzonder.

 

Een economische, of zelfs politieke aaneensluiting, is slechts het sluitstuk van iets wat veel fundamenteler is dan alledaagse economie of politiek.

Een vrijhandelsruimte van Lissabon tot Vladivostok, en van Reykjavik tot Delhi is slechts het logische gevolg van een mentale, zelfs metafysische aaneensluiting op basis van de afwijzing van de (post-)moderniteit.

 

Deze weg, en dat moge duidelijk zijn, zal niet over rozen verlopen.

Er is namelijk een gigantisch probleem – naast andere, meer alledaagse problemen, zoals het geopolitieke en economische eigenbelang van nationale staten.

 

Om het juiste uitgangspunt te bereiken, moeten de Europeanen nu uitgerekend breken met wat hen rest aan grootsheid uit hun eigen geschiedenis, moeten zij, met andere woorden, een haast rituele zuivering ondergaan.

 

Want, laat ons eerlijk wezen, het is allemaal mooi dat de rest van de wereld het Westen, en Europa in het bijzonder, kastijdt omwille van zijn koloniale verleden en alle mede daaruit voortvloeiende cultuurverschijnselen – niet in het minst de eurocentrische blik op de wetenschappen. Dat neemt niet weg dat dit, in de ogen van de rest van de wereld verachtelijke, verleden mede een onderdeel is van de Europese identiteit en hoe deze beleefd wordt.

 

Met andere woorden, indien Alexander Doegin in zijn Fourth Political Theory pleit voor een alliantie van alle antimoderne krachten ter wereld, dus ook in Europa, dan moet hij beseffen dat hij, afgezien van enkele politieke randgevallen – “identitairen” en andere, door westerse inlichtingendiensten gemanipuleerde politclowns -, nooit aansluiting krijgt bij wat de massa in Europa voelt en hoe ze in deze onzekere tijden verder wenst te evolueren naar iets wat op een mooie toekomst voor de Europeanen lijkt.

Doegins analyse van de moderniteit is correct en lovenswaardig, alleen is deze op maat gesneden van Russen, Chinezen, Latijns-Amerikanen, enzovoort, maar veel minder op maat van de Europeaan zelf, omdat Doegins analyse in het geval van de Europeaan tegelijk een soort diagnose is, waarbij de genezing in veler ogen gelijk staat met euthanasie.

De Europeaan moet dus een daadwerkelijk alternatief krijgen alvorens men een kans heeft hem te overtuigen van de noodzaak om het roer om te gooien en wat er rest van de wereld te behoeden voor de neoliberale ondergang.

 

En dat alternatief moet rekening houden met de culturele eigenheid van de Europeanen, en mag niet de fout maken om gegrondvest te zijn op een cultureel-historische vernedering en ontworteling van de Europeanen. De moderniteit zelf heeft wat dat betreft al meer dan haar “best” gedaan in de Europese samenlevingen.

Dat alternatief moet ook rekening houden met het feit dat de verhouding van een orthodoxe Rus tot een islamitische Tataar anders is gegroeid dan de verhouding tussen een ontwortelde, ontkerkelijkte Europeaan en een ontwortelde, maar islamitisch gebleven Noord-Afrikaan uit de massamigratie. Om maar één voorbeeld te noemen.

 

Laat ons heel eerlijk zijn: allianties met Afrikaanse en Latijns-Amerikaanse partners zijn allemaal zeer wel en lovenswaardig, het raakt niet eens de koude teen van hypermacht Amerika. En deze van de internationale financiële groepen achter uncle sam nog minder. Enkele drones of een paar gerichte aanslagen, en het probleem is van de baan.

 

Het is pas wanneer de Europeanen toetreden tot de globale alliantie tegen de krachten van de moderniteit, dat deze alliantie kans op slagen heeft.

En wie zegt Europa, zegt toch op de eerste plaats – laat ons daar nuchter in blijven – Duitsland.

Het is precies dat land, dat nog niet zo lang geleden door zijn eigen minister van Financiën Schäuble werd omschreven als een land dat sinds de capitulatie van de Wehrmacht in 1945 niet meer soeverein is geweest, dat, meer dan andere Europese landen, bevrijd moet worden van de atlantistische clique die het land en zijn volk opnieuw in de dieperik dreigt te storten, als ze haar weg van Europa-wijde blinde begrotingsdiscipline, 1-euro-jobs en Umvolkung mag voortzetten.

We willen wat dat betreft verwijzen naar de groeiende anti-Duitse stemming, niet enkel in de Europese Unie.

 

Het is ook precies Duitsland, dat de brug kan vormen met de Eurazische ruimte, meer nog dan het Frankrijk met zijn vele nakomelingen van Russische emigranten en zijn russofiel gaullisme, meer nog dan Italië met zijn vele antikapitalistische sympathisanten van de Eurazische zaak, meer nog dan het nuchtere Zweden met zijn geografische en mentale nabijheid, en meer nog dan de Slavische broeders uit het westen, die al te vaak uit kortzichtigheid en onverwerkte historische trauma’s gemene zaak maken met de geopolitieke belangen van de VS.

 

De officier-avonturier Oskar von Niedermayer en zijn ideologische mentor Ernst Niekisch, hoofdfiguur van de Duitse Nationaal-Bolsjevieken, wisten het al: het is het Pruisische aspect in Duitsland – in 1947 in zijn staat geworden vorm afgeschaft door de geallieerden –, de “geest van Tauroggen”, die de ware brugfunctie met de Eurazische ruimte vormt.

Jammer dat de DDR wat dat betreft de verwachtingen tijdens de Koude Oorlog niet of onvoldoende heeft ingelost!

 

Net zoals het Oostenrijkse element voor West-Europa de brug kan vormen naar de Turkse ruimte en het Midden-Oosten.

 

Beide vroegere Germaanse machten – in de woorden van de generaal en geopoliticus Heinrich Jordis von Lohausen ooit de hoekstenen van de Europese ordening, nu nog slechts beperkt overlevend in bepaalde staatstradities van hun opvolgerstaten – zijn essentieel voor de mentale aaneenschakeling waarvan ik hierboven sprak.

Beide elementen zijn essentieel om de rest van Europa de weg te tonen naar een Eurazië, en, bij uitbreiding, een wereld waar de postmoderniteit en het postliberalisme niet verder kunnen uitgroeien tot de enige, niet langer als een ideologie beschouwde, maar als “natuurlijk” aangevoelde condition humaine.

 

Hoe moet die Eurazische toekomst er dan concreet uitzien, na de overwinning op de machten van de moderniteit, die van het Euraziatische continent – niet enkel van Rusland, maar ook van Europa, China en India – één gigantische kolonie van ruwe en menselijke grondstoffen willen maken?

In dit Groot-Eurazië als groothandelsruimte tussen Lissabon en Vladivostok, als völkerrechtliche Großraumordnung mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte, om het met de woorden van de legendarische Carl Schmitt te zeggen, komt de centrale plaats zonder twijfel toe aan de Russische Federatie als kern van de voormalige Sovjetruimte – de ruimte van de voormalige Sovjetunie of Eurazië in de zin van de evrazii en als brug tussen Europa en Azië proper -, met aan haar flanken sterke en betrouwbare bondgenoten, zoals Duitsland en Frankrijk in het westen – al dan niet in een hervormde Europese Unie -, en Iran en India in het zuiden. Wat betreft de Turkse wereld en de Chinese wereld, gekristalliseerd rond respectievelijk Turkije en China, daar zal de toekomst moeten van uitwijzen wat hun plaats in dit geheel is.

 

Door de Turkse volkeren in de Russische Federatie en de snelweg van de Grote Steppe is er via de Eurazische ideologie natuurlijk een directe link met Turkije mogelijk – we verwijzen naar het pionierswerk van de hierboven aangehaalde geniale historicus en etnoloog Lev Gumiljov -, maar de geschiedenis leert ons ook dat de (Anatolische) Turken vaak, zoniet altijd geopolitieke vijanden van Europa én Rusland zijn geweest. Bovendien staat Turan altijd in oppositie met Iran, staat de Turks-Mongoolse traditie doorheen de geschiedenis, ondanks interculturele wisselwerking, tegenover de Indo-Europese traditie. Maar het blijft mogelijk om tot een vergelijk te komen.

Vooral als een veelbelovend land als Kazachstan, de parel van de Eurazische Steppe, hierin het voortouw neemt.

 

Hetzelfde geldt voor China. Mij lijkt de Shanghai Cooperation Organisation vooral een bondgenootschap te zijn dat op de eerste plaats de belangen van China dient en het de nodige ademruimte in de op gang komende globale strijd tegen de Amerikaanse hegemonie verschaft.

We zijn benieuwd om te zien in welke mate China zijn bevolkingsoverschot in de toekomst enkel naar de verre landen van het zuiden – Australië op de eerste plaats - zal duwen, en niet het onmetelijke land boven de Amur in bezit zal willen nemen. Me dunkt is dit een gevaar waar de meeste evrazii te licht over gaan, en waar we – misschien voor één keer – in het Westen een nuchterder kijk op hebben?

 

Waar we evenwel met al deze en vele andere actoren uit Azië, Latijns-Amerika en Afrika in moeten overeenstemmen, is in onze afwijzing van de postmoderniteit, van het neoliberalisme, van de clash-of-civilizations-retoriek en van de breuk met de Traditie, en in ons gezamenlijk streven naar een multipolaire wereld, die vertrekt van de complementariteit van culturen die respect hebben voor elkaars eigenheid en voor de Traditie die ons allen verbindt.

 

Jörg Astmann,

Brussel, maart 2013.

mardi, 12 mars 2013

Sull’orlo del precipizio

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Sull’orlo del precipizio

Venerdi 15 marzo a Roma

Sull’orlo del precipizio: cause, conseguenze e possibili soluzioni della crisi economica in Italia ed Europa.

Via del Quirinale, 26 Roma

Ore: 16:30

Introduce e modera: Stefano Vernole (Cesem, Eurasia)

Intervengono

Bruno Amoroso (economista, docente presso l’Università di Roskilde in Danimarca

Nino Galloni (economista, ex funzionario del Ministero del Tesoro)

Giacomo Gabellini (Cesem, Eurasia, autore del libro “La Parabola. Geopolitica dell’unipolarismo statunitense”)

 

Organizza il Centro Studi Eurasia Mediterraneo (Cesem – www.cese-m.eu)

Ingresso Libero

mercredi, 27 février 2013

La Russie aux temps postmodernes

La Russie aux temps postmodernes

par Georges FELTIN-TRACOL

 

RUSSIAN-1-1.jpgPenseur néo-eurasiste influencé par les œuvres de René Guénon et de Julius Evola, polyglotte émérite à l’insatiable curiosité, Alexandre Douguine incarne pleinement ce que le communiste italien Antonio Gramsci qualifiait d’« intellectuel organique ». L’auteur d’une abondante bibliographie qui va de la géopolitique à l’étude sociologique des musiques contemporaines vient de publier la traduction française de sa Quatrième théorie. Il faut en saluer la parution tant ses écrits demeurent rares et méconnus dans le monde francophone. La sortie de cet essai est un grand événement éditorial !

 

Lecteur attentif d’Arthur Moeller van den Bruck, de Claude Lévi-Strauss, de Georges Sorel, Alexandre Douguine s’est aussi inspiré des travaux de Martin Heidegger, Francis Fukuyama, Carl Schmitt, Gilles Deleuze ou Guy Debord.

 

Pragmatique partant d’un constat accablant, le fondateur du Mouvement international eurasien se demande : « Comment faire de la politique quand il n’y a pas de politique ? Il n’existe qu’une seule solution : refuser les théories politiques classiques, tant vaincues que triomphantes, et faire preuve d’imagination, saisir les réalités du nouveau monde global, déchiffrer correctement les défis du monde postmoderne et créer quelque chose de nouveau, au-delà des affrontements politiques des XIXe et XXe siècles (p. 12). » Prenant par conséquent acte de la victoire de la pensée libérale qu’il appelle “ Première théorie ” et des échecs du communisme, « Deuxième théorie », et du « fascisme » (au sens très large du mot), « Troisième théorie », Alexandre Douguine esquisse une « Quatrième théorie politique » « non pas comme un travail ou une saga d’auteur, mais comme la direction d’un large spectre d’idées, d’études, d’analyses, de prévisions et de projets. Tout individu pensant dans cette optique peut y apporter quelque chose de soi (p. 13) ».

 

Cela fait très longtemps qu’Alexandre Douguine était en quête d’une nouvelle solution politique. Dès 1994, il en exposait les prémices théoriques dans un entretien passé inaperçu paru dans le n° 119 nouvelle série du magazine Le Crapouillot (mai – juin 1994), intitulé « Créer l’Europe des ethnies (pp. 9 – 13) ». Estimant que « le temps de la gauche anti-capitaliste est définitivement passé (art. cit., p. 9) », Douguine prévoyait l’entrée « dans l’ère de la droite anti-capitaliste – donc nationaliste, identitaire, différencialiste et organiciste (art. cit., p. 9) ». Il ajoutait plus loin que « nous sommes en présence de la naissance de la nouvelle idéologie anti-libérale, qui unira, en son sein, trois tendances politiques collectivistes, à savoir : le nationalisme, le socialisme et la démocratie, en opposition à la tendance libérale qui est essentiellement individualiste (art. cit., p. 12) ».

 

Contre le libéralisme postmoderne

 

Une nouvelle vision du monde s’impose, car le début du XXIe siècle marque l’achèvement de l’ère moderne ainsi que l’obsolescence de ses trois grandes théories mobilisatrices au profit d’une fluidité croissante et d’une mutation majeure de la doctrine libérale elle-même. Ce changement s’opère néanmoins dans un monde saturé d’idées libérales qui, du fait de leur réussite même, engendrent un « post-libéralisme » ou un « libéralisme 2.0 », promoteur d’une « société de marché globale (p. 21) ». C’est parce que « le libéralisme, mettant toujours l’accent sur la minimalisation du politique, a décidé, après sa victoire, de supprimer de façon générale la politique (p. 11) » que « le monde global doit être dirigé seulement par les lois économiques et la morale universelle des “ droits de l’homme ”. Toutes les décisions politiques sont remplacées par des techniques (p. 21) ». Ce « post-libéralisme » commence même à modifier la nature humaine. Douguine désigne donc clairement « le libéralisme et ses métamorphoses (p. 37) » postmodernistes (terme à préférer à celui de « post-moderne ») comme l’ennemi principal à abattre. Émanation des Lumières, « l’individualisme est devenu le sujet normatif à l’échelle de toute l’humanité. Apparaît alors le phénomène de la mondialisation, et le modèle de la société post-industrielle commence à se manifester, l’époque du postmoderne commence. Désormais, le sujet individuel n’apparaît plus comme le résultat d’un choix mais comme une certaine donnée générale obligatoire. La personne est libérée de  “ l’appartenance ”, l’idéologie “ des droits de l’homme ” devient communément acceptée (du moins – en théorie) et, dans les faits, obligatoire. L’humanité, composée d’individus, tend naturellement vers l’universalité, devient globale et unifiée. Ainsi naît le projet d’« État mondial » et de “ gouvernement mondial ” (le globalisme) (p. 20) ». Ses méfaits, réels, insidieux et profonds, dévastent tout autant les milieux naturels pollués que les psychismes. Il relève que « la logique du libéralisme mondial et de la mondialisation nous tire vers l’abîme de la dissolution postmoderniste dans la virtualité. Notre jeunesse a déjà un pied dans cet abîme : les codes du globalisme libéral s’introduisent de plus en plus efficacement au niveau de l’inconscient, dans les habitudes, la publicité, le glamour, les technologies, les modèles de réseau. La perte de l’identité, non seulement nationale ou culturelle mais aussi sexuelle et bientôt humaine, est désormais chose commune. Et les défenseurs des droits de l’homme, sans remarquer la tragédie de peuples entiers sacrifiés selon les plans cruels du “ nouvel ordre mondial ”, hurleront demain à la violation des droits des cyborgs ou des clones (p. 54) ». L’égalitarisme prôné par le « libéralisme 2.0 » est l’ultime réductionnisme de l’Occident globalitaire anomique.

 

Ce dispositif total, néo-totalitaire, de nivellement général bénéficie d’un redoutable modèle attractif : les États-Unis d’Amérique. Fille de la Modernité et matrice d’un postmodernisme « ultra-moderne », « l’Amérique prétend désormais à une diffusion universelle d’un code unitaire, qui pénètre dans la vie des peuples et des États par des milliers de voies différentes – comme le réseau global – à travers la technologie, l’économie de marché, le modèle politique de la démocratie libérale, les systèmes d’information, les clichés de la culture de masse, l’établissement du contrôle stratégique direct des Américains et de leurs satellites sur les processus géopolitiques (p. 47) ».

 

Décomposition des droites et des gauches

 

Contre cette « Hydre de Lerne » postmoderniste, un regard critique sur l’histoire des idées politiques est indispensable afin de concevoir une théorie novatrice. Alexandre Douguine prévient qu’elle « ne peut être une tâche individuelle pas plus que celle d’un petit cercle d’individus. L’effort doit être synodique, collectif. Les représentants d’autres cultures et d’autres peuples (d’Europe, ainsi que d’Asie), qui se rendent compte également de façon aiguë de la tension eschatologique du moment présent (p. 32) ». On y décèle ici la double influence de l’« impersonnalité active » chère à Evola et du sobornost de l’Orthodoxie. Il espère que la Quatrième théorie politique sera « une alternative au post-libéralisme, non pas comme une position par rapport à une autre, mais comme idée opposée à la matière; comme un possible entrant en conflit avec le réel; comme un réel n’existant pas mais attaquant déjà le réel (p. 22) ».

 

À cette fin, il devient utile de dresser la généalogie et la taxinomie des idées politiques modernes. L’anti-conformisme de la démarche de Douguine est déjà ancienne puisque cela fait longtemps qu’il propose de comprendre les auteurs de l’ultra-gauche d’un œil révolutionnaire-conservateur et de commenter les penseurs de l’« extrême droite » à l’aune de Marx, de Toni Negri et d’autres théoriciens gauchistes. Tout en reprenant la distinction classique entre la « droite » et la « gauche », Douguine dynamite en réalité cette dichotomie familière en discernant trois idéologies de « gauche » : les « vieilles gauches » avec les marxistes, les sociaux-démocrates et les zélateurs travaillistes d’une pseudo-« troisième voie » du Britannique Giddens, gourou de Tony Blair; les « nouvelles gauches » qui rassemblent sous ce label les néo-gauchistes, les altermondialistes et les postmodernistes genre Negri; et les « nationalistes de gauche », à savoir les tendances nationales-bolcheviques, nationales-communistes et « nationales-gauchistes ». Quant à la « droite » que Douguine préfère nommer « conservatisme » parce que c’« est un “ non ” adressé à ce qui est autour. Et au nom de quoi ? Au nom de ce qui était avant (p. 86) », il distingue :

 

— le conservatisme fondamental où l’on retrouve les écoles de la Tradition et les monothéismes dits « intégristes », y compris un certain islamisme;

 

— le libéral-conservatisme qui « dit “ oui ” à la tendance principale qui se réalise dans la modernité mais s’efforce de freiner à chaque nouvelle étape de la réalisation de ces tendances (p. 92) »;

 

— les forces conservatrices-révolutionnaires qui « ne veulent pas seulement geler le temps à la différence des libéraux-conservateurs ou encore revenir dans le passé (comme les traditionalistes) mais arracher à la structure de ce monde les racines du mal et annihiler le temps en tant que propriété destructrice de la réalité, réalisant le dessein secret, parallèle et insoupçonné de la Divinité elle-même (p. 97) ».

 

Douguine analyse finement l’approche contre-révolutionnaire (Maistre, Bonald, etc.) pour qui « le postmoderne avec sa dérision suive son cours, qu’il dissolve les paradigmes déterminés, l’ego, le super-ego, le logos, que le rhizome et les masses schizophréniques ainsi que la conscience morcelée entrent en jeu et que le néant entraîne derrière lui tant le contenu du monde, alors s’ouvriront des portes secrètes et les archétypes ontologiques anciens, éternels, apparaîtront à la surface et de façon terrible mettront fin au jeu (pp. 99 – 100) ».

 

Après avoir déterminé idéalement ces tendances politiques, Alexandre Douguine les recherche sur la scène politique russe avec d’inévitables mélanges contextuels. Le Parti communiste de la Fédération de Russie de Guennadi Ziouganov est sans conteste national-communiste alors que le mouvement Rodina (« Patrie ») fut inconsciemment national-gauchiste. Si l’opposition à Vladimir Poutine, malgré Limonov, verse plus ou moins dans le libéralisme et l’occidentalisme, Russie unie défend une conception sociale-conservatrice. Enfin, son eurasisme radical puise à la fois dans la Tradition et dans la Révolution conservatrice. Mais toutes les formations politiques russes communient dans un ardent patriotisme, ce que ne comprennent pas les observateurs occidentaux…

 

Il ne fait guère de doute que l’eurasisme constitue, aux yeux d’Alexandre Douguine, le cœur de la Quatrième théorie politique. Discutant des thèses culturalistes du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, il dénie à la Russie tout caractère européen. Par sa situation géographique, son histoire et sa spiritualité, « la Russie constitue une civilisation à part entière (p. 167) ». Déjà dans son histoire, « la Russie – Eurasie (civilisation particulière) possédait tant ses propres valeurs distinctes que ses propres intérêts. Ces valeurs se rapportaient à la société traditionnelle avec une importance particulière de la foi orthodoxe et un messianisme russe spécifique (p. 146) ». Et quand il aborde la question de la Russie et de son peuple-noyau, les Russes issus des Slaves orientaux, Alexandre Douguine déclare son amour à son peuple et à sa terre. « Peuple du vent et du feu, de l’odeur du foin et des nuits bleu sombre transpercées par les gouffres des étoiles, un peuple portant Dieu dans ses entrailles, tendre comme le pain et le lait, souple comme un magique et musculeux poisson de rivière lavé par les vagues (p. 302) », les Russes incarnent un peuple tellurique.

 

Un conservatisme rénové

 

Via l’eurasisme s’élabore une nouvelle approche du conservatisme, un conservatisme repensé, révolutionnaire et adapté à la phase post-moderne des temps. Alexandre Douguine affirme que « le conservateur aime ce qui est grand et dans l’homme, il aime ce qui est grand et élevé (p. 111) ». Il est logique que « le conservatisme, défendant l’éternité, défend également l’éternité de l’homme, de l’homme en tant que structure douée de signes intangibles et d’une vie inaliénable. L’Homme est un concept conservateur (p. 110) ». La modernité libérale et le postmodernisme post-libéral nient au contraire l’homme singulier pour mieux valoriser un homme abstrait doté de droits fallacieux ou extravagants (voir la dernière lubie lyssenkiste en date avec la pseudo-théorie du genre).

 

« Pluralisme gnoséologique, [… l’eurasisme est] une forme spécifique de conservatisme, qui se différencie des autres versions de conservatisme proches (à la différence du libéral-conservatisme), par le fait qu’elle trouve une alternative au moderne non pas dans le passé, ou dans un renversement conservateur révolutionnaire exceptionnel, mais dans les sociétés cœxistant avec la civilisation occidentale mais géographiqement et culturellement distinctes d’elle (p. 101). » Fort de ce constat, Douguine se permet de « déconstruire » la démocratie dans sa pratique libérale hypocrite. Il remarque d’abord que « le principe de prise de décisions collectives constitue le fondement de la démocratie (p. 58) » et que « la démocratie constitue la forme d’organisation politique la plus ancienne, la plus archaïque, la plus primitive et, si l’on veut, la plus barbare (p. 57) ». Ne craignant pas de se mettre à dos les belles âmes occidentalocentrées, il assène que « la démocratie ne reconnaît aucunement l’égalité des individus. Elle comporte une limite très stricte qui sépare ceux qui ont le droit de participer à l’extase politique de la décision de ceux qui ne le peuvent pas (p. 58) ». L’octroi du droit de vote aux étrangers va à l’encontre de cette stricte différenciation et favorise plutôt « la tyrannie [qui] remplace la démocratie en tant que forme d’organisation politique plus contemporaine où pour la première fois se manifeste très clairement un individu distinct, dans notre cas le tyran (pp. 59 – 60) ».

 

L’émergence d’une nouvelle figure tyrannique résulte de l’occidentalisation du monde. « Puisque modernisation et occidentalisation constituent des synonymes (Occident = moderne), il est impossible de mener une modernisation séparée de l’Occident et de ne pas copier ses valeurs (pp. 127 – 128). » Pis, « la fosse noire et vide de sens du postmoderne réalisé brille au centre de l’Occident global, les États-Unis et les pays de l’Alliance transatlantique (p. 138) ». Or, « pour combler le vide, la Russie a besoin d’une nouvelle idée politique. Le libéralisme ne convient pas, tandis que le communisme et le fascisme sont inacceptables (p. 13) ». Dès lors, « seule une croisade mondiale contre les États-Unis, l’Occident, la mondialisation et leur expression politico-idéologique, le libéralisme, peut constituer une réponse adéquate (p. 55) », d’où l’importance d’une Quatrième théorie politique particulièrement adaptée à la Russie.

 

« La lutte contre la métamorphose postmoderniste du libéralisme en postmoderne et un globalisme doit être qualitativement autre, se fonder sur des principes nouveaux et proposer de nouvelles stratégies (p. 22). » C’est le but tactique de l’eurasisme et de la Quatrième théorie politique. Contre le « nomadisme de l’asphalte (p. 258) » célébré par les médiats occidentaux globalitaires ultra-individualistes et ochlocratiques, Alexandre Douguine, en chrétien orthodoxe vieux-croyant conséquent, désigne l’atlantisme, « mal absolu (p. 258) », comme l’hérésie contemporaine contre laquelle le combat doit être implacable. « Pour les eurasistes, le moderne est un phénomène spécifique à l’Occident tandis que les autres cultures doivent démasquer les prétentions à l’université de la civilisation occidentale et construire leur société sur leurs valeurs internes (p. 101). »

 

De l’empire au grand espace

 

Guidé par les travaux de Johann Gottfried von Herder, Friedrich Ratzel, Jean Parvulesco et Raymond Abellio, Alexandre Douguine veut que « l’eurasisme se positionne fermement non pas en faveur de l’universalisme, mais en faveur des “ grands espaces ”, non pas en faveur de l’impérialisme, mais pour les “ empires ”, non pas en faveur des intérêts d’un seul pays, mais en faveur des “ droits des peuples ” (p. 207) ». Dans un monde enfin multipolaire, chaque pôle d’influence mondiale s’édifiera autour d’un grand espace géo-culturel particulier.

 

Homme de Tradition qui se réfère à l’ethnosociologie, à la géopolitique et à la théologie, Alexandre Douguine se défie des concepts d’État et de nation. Si le premier, malgré sa froideur intrinsèque, reste pour lui nécessaire, le second ne correspond pas à l’esprit des steppes eurasiennes. Mais sa critique ne coïncide pas avec celle des libéraux. En effet, pour un libéral, « la “ nation ” désignait l’ensemble des citoyens de l’État, dans lequel s’incarne le contact des individus qui le peuplent, unis par un territoire de résidence commun, ainsi que par un même niveau de développement de l’activité économique (p. 41) ». Quant à l’État-nation, il « représentait une sorte de “ corporation ” ou d’entreprise, créée selon l’accord mutuel de ses participants et qui peut être théoriquement dissoute pour les mêmes raisons (p. 42) ». Or, répondant aux discours tenus par des « nationaux-souverainistes » russes, Douguine affirme que le destin de la Russie n’est pas de devenir une nation, mais de rester un empire. « Entre l’Empire et le “ grand homme ” (homo maximus), il existe une homologie directe. L’Empire est la société maximale, l’échelle maximale possible de l’Empire. L’Empire incarne la fusion entre le ciel et la terre, la combinaison des différences en une unité, différences qui s’intègrent dans une matrice stratégique commune. L’Empire est la plus haute forme de l’humanité, sa plus haute manifestation. Il n’est rien de plus humain que l’Empire (p. 111). » « L’empire constitue une organisation politique territoriale qui combine à la fois une très forte centralisation stratégique (une verticale du pouvoir unique, un modèle centralisé de commandement des forces armées, la présence d’un code juridique civil commun à tous, un système unique de collecte des impôts, un système unique de communication, etc.) avec une large autonomie des formations sociopolitiques régionales, entrant dans la composition de l’empire (la présence d’éléments de droit ethno-confessionnel au niveau local, une composition plurinationale, un système largement développé d’auto-administration locale, la possibilité de cœxistence de différents modèles de pouvoir locaux, de la démocratie tribale aux principautés centralisées, voire aux royaumes) (pp. 210 – 211). »

 

L’idée d’empire est plus que jamais d’actualité dans les faits, car, si l’Union européenne demeure un « empire hésitant (p. 218) », Alexandre Douguine souligne avec raison que les élites étatsuniennes raisonnent, elles, dans ces termes avec le Benevolent empire. Idem chez les islamistes qui rêvent, eux, d’un califat universel et dont « le projet islamique en tant que réponse à la mondialisation américaine coïncide pleinement avec la définition de l’empire. […] Il s’agit d’un projet d’empire mondial alternatif (pp. 217 – 218) ».

 

L’empire correspond de nos jours à la notion géopolitique de civilisation. « La mise en évidence de la civilisation en qualité de sujet de la politique mondiale au XXIe siècle permettra de mener une “ globalisation régionale ”, une unification des pays et des peuples qui se rapportent à une seule et même civilisation (p. 187). » En clair, faire des civilisations des « grands espaces ». Théorisé par Carl Schmitt, l’un des plus grands penseurs du XXe siècle, « le “ grand espace ” ne constitue qu’une autre dénomination de ce que nous comprenons sous le terme de civilisation dans son sens géopolitique, spatial et culturel. Un “ grand espace ” se distingue des États-nations existant aujourd’hui précisément en ceci qu’il se construit sur le fondement d’un système de valeurs et d’une parenté historique, ainsi que par le fait qu’il unit plusieurs, voire un grand nombre d’États différents liés par une “ communauté de destin ”. Dans différents grands espaces, le facteur d’intégration peut varier : dans un cas, la religion peut jouer ce rôle, dans un autre, l’origine ethnique, la forme culturelle, le type sociopolitique ou la situation géographique (p. 188) ».

 

Arme géopolitique anti-mondialiste par excellence, « le “ grand espace ” découle d’une stratégie anticoloniale et présuppose (d’un point de vue purement théorique) une alliance volontaire de tous les pays du continent s’efforçant d’affirmer collectivement leur indépendance (p. 194) ». Ainsi peut-on soutenir, concernant la politogenèse européenne, que « les continentalistes affirment que les États-Unis et l’Europe ont non seulement des intérêts divergents, mais également des valeurs divergentes (p. 140) » parce qu’avec les grands espaces civilisationnels, « il n’y aura aucun étalon universel, ni matériel, ni spirituel. Chaque civilisation recevra enfin le droit de proclamer librement ce qui constitue pour elle la mesure des choses. Ici, ce sera l’homme, là, la religion, ailleurs, l’éthique, ailleurs enfin, la matière (p. 191) ». Si l’Union européenne paraît dans l’impossibilité de former un grand espace impérial conscient de son destin, Douguine appelle cependant les Européens à ne pas céder au fatalisme et au pessimisme. Certes, « aujourd’hui l’axe Paris – Berlin – Moscou apparaît plus que jamais fantomatique mais […] de ces mêmes fantômes naissent parfois de grands phénomènes (pp. 229 – 230) ». Il souhaite en revanche que la C.E.I. (Communauté des États indépendants) et les autres organisations de coopération comme l’Organisation du traité de sécurité collective (O.T.S.C.), la Communauté économique eurasiatique (C.E.E.), l’Organisation de coopération centre-asiatique (O.C.C.E.) et l’Union de la Russie et du Bélarus jettent les bases solides de « l’empire eurasiste du futur (p. 223) » capable d’affronter l’Occident financiariste et mondialiste.

 

Dans cette lutte à venir (mais qui a dès à présent commencé avec les actions médiatiques des bandes pétassières des Pussy Riots et des FemHaine ou les attaques anti-russes des cloportes du Congrès étatsunien), la Russie est à l’avant-poste de la bataille. Toutefois, Douguine se désole que « la position du pouvoir russe contemporain envers l’Occident (dans son incarnation actuelle) demeure indéterminée. Le pouvoir a rejeté un occidentalisme direct sans pour autant occuper une position alternative (slavophile, eurasiste). Le pouvoir s’est figé, de même que quelquefois un ordinateur cesse de fonctionner. Ni dans une direction, ni dans l’autre (p. 165) ». Il déplore que les blindés ne se soient pas entrés dans Tbilissi à l’été 2008. Ces atermoiements sont préjudiciables à la Russie qui, en tant que Troisième Rome potentiel, pourrait déjà pratiquer une diplomatie multipolaire, « même si actuellement seuls l’Iran, le Venezuela, la Syrie, la Bolivie, le Nicaragua, la Corée du Nord, la Biélorussie et, avec prudence, la Chine, la défendent (p. 163) ».

 

Dépassement des idéologies modernes et formulation nouvelle d’un conservatisme traditionnel et impérial, « la Quatrième théorie apparaît donc comme un projet de “ croisade ” contre le postmoderne, la société post-industrielle, le projet libéral réalisé dans la pratique, le globalisme et ses fondements logistiques et technologiques (p. 23) ». C’est une déclaration de guerre qu’il convient d’apprécier ! L’assomption de l’Europe passe bien par la Quatrième théorie politique.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXIe siècle, avant-propos d’Alain Soral, Ars Magna Éditions, Nantes, 2012, 336 p., (B.P. 60 426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1). Pour recevoir le livre, écrire à l’éditeur, en accompagnant cette demande d’un chèque de 32 € franco.

 


 

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mardi, 26 février 2013

Remembering Sven Hedin

sven-hedin2.jpg

Remembering Sven Hedin

By Savitri Devi

Ex: http://www.counter-currents.com/

Editor’s Note: 

We are presenting the following excerpts from Savitri Devi’s And Time Rolls On: The Savitri Devi Interviews [2] in honor of the birthday of the great Swedish explorer Sven Anders Hedin (February 19, 1865–November 26, 1952). For a brief account of his life and work, see his Wikipedia [3] article. 

Hedin’s feats of exploration and his magnificent books recommend him to the attention of all mankind. What recommends him to the North American New Right is his devotion to the survival and flourishing of European man and civilization, which he believed was endangered by both communism and Anglo-Saxon capitalism.

As a Swede and a European, Hedin saw the Second German Reich as the best vehicle for the preservation of European civilization, and when Germany revived under the Third Reich, he reposed his hopes there, enjoying the friendship and admiration of Adolf Hitler, Hermann Göring, and other leading National Socialists.

As this text also makes clear, Hedin had more than a nodding knowledge of the traditional religions and spirituality of Asia.  

. . . I came back to England from Iceland at the end of ’47, and there I had to struggle a long time too. Until it was possible for Mr. Mukherji to send me a little money. He was himself in difficulty at the time. He had no job after the war. His past injured him a lot from the point of view of jobs. In fact, he couldn’t send me anything until ’48. But I already had a job. I got a job in the dancing company of Ram Gopal as a dresser.[1] I had to take care of the costumes of the girls and all that. It was not badly paid: £5 a week in England, £10 a week abroad. I was taken to France. I was taken to Norway. I was taken to Sweden. We stayed two-and-a-half months in Sweden, and that took me to June ’48.

Of course, I didn’t like the surroundings very much, and I don’t mean the surroundings in Sweden. I mean the surroundings in the company. The stage manager, Mr. Ben Topf, was a Jew. A Jew who said in the train he would like to see the larders full and the arsenals empty in Germany, naturally. And I hated him for it. [. . .]

In Sweden on the 6th of June, 1948 I met somebody extraor­dinary. I met Sven Hedin.[2] I wanted to meet him. I knew he was one of our people. But they told me, “Sven Hedin meets nobody after ’45. He doesn’t want to meet anybody. You can try.” So I wrote a letter to him, and he said, “Yes, you can come on Sun­day. You can come at 2:00.” I came there at 2:00, and I told him, “You see, we are going to Germany on the 14th.” I had been spending two or three nights, up all night, writing papers.[3] I had intended to spend all my salary in Sweden buying chocolate, sardines, butter, cigarettes, putting a paper in each box and throwing them from the windows of the Nord Express. We were going to pass through Germany. “And I’d like to know, can we have any hope?”

He said, “Why do you say, ‘Can we have any hope?’ Do you have no hope?” I said, “Well, I’m doing this just as an act of defiance, but what to do? Those of Nuremberg, they have killed them.” Sven Hedin said, “Don’t fear. Germany has more such men.” I said, “Yes, but when will they appear?” “They’ll appear in time.” And I said to him, “What about the Führer? Is he dead or alive?” He said, “Whether he’s dead or alive, he’s eternal. What does it matter to you?” I said, “I’ll never see him if he’s really not alive.” “Well, even if you do see him, what difference would it make? The war is lost anyhow. And his ideas are true anyhow, even with a lost war.” I said, “You are right. You are right.”

And with this sort of talk and with the encouragement he gave me, he said, “You can distribute your papers if you like, all through Germany. If you get into trouble . . .” I said, “I don’t care. I don’t care if I spend my life in an Allied concentration camp.” “In that case, carry on.” I felt my wings, my old wings were growing again. He wanted to give me supper, if you please. I never expected it. “It is 7:00 now, you can have supper with me.” I said, “At 7:00 I must be at the theater. It’s a night show. I have to be there. It’s my job.” He said, “All right.” So I went.

The first person I met in the theater was Ben Topf. He looked at me and said, “Mrs. Mukherji, what happened to you?” I said, “Nothing happened to me.” “You look 20 years younger.” I said, “Do I?” I said, “I met a great man.” “What kind of great man?” I said, “Sven Hedin, the great explorer of Central Asia. The one who found out the real way that Lop Nor and other Central Asian lakes go around and round and round. They fol­low the same route.” He said, “For that you are so pleased to meet that man?” And I said, “Yes I am. I am interested in arche­ology and explorations. What can you expect?” He didn’t believe me, of course. He found it queer. He wouldn’t have found it queer for long.

And Time Rolls On, pp. 54–56

In October ’46, I was staying at 104 Grosvenor Road, in a very quiet room. It was a building for nurses, a kind of hostel for nurses. They used to sleep in the daytime. At night they were on duty. So it was perfectly quiet in the daytime and at night. And that’s what I wanted. I liked physical peace. So I was there on the night of the 15th to 16th of October ’46. And I never read the papers. I didn’t want to read them. I didn’t want to see the evolution of the trial at Nuremberg. I hated it. But I couldn’t sleep. I couldn’t. I couldn’t detach my mind from the fact that I knew, without reading the papers—every­body knew it—that the 11 were to be killed on that night.

I was thinking about it. I was thinking about it. And then sud­denly, I was not asleep, but I felt exactly as I used to feel after my exercises at Hatha yoga ten years before.[4] I was no longer in that room. I don’t know how I went through the walls. I was in Göring’s cell. And I saw Göring just as I see you. He was seated with his hands like this.[5] And suddenly he did like that. As though he saw me and was rather astonished. I had some­thing in my right hand, a tiny little piece of I don’t know what, something I held. And I said to him, “No fear”—“keine Angst.” “No fear. I’m not an enemy. I’m one of your people. I wish I could save you all from this ignominy, but unfortu­nately the heavenly powers gave me permission to save one, and one only, up to my choice, and I chose you because of your kindness to creatures. Because of your solicitude to ani­mals.”

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Göring had been a hunter in his youth. He had given it up. And he liked animals, that’s true. But some hunters do at the same time they’re hunters. He had a leopard for a pet. The leopard used to lie at his feet and purr, like a big cat. I knew that. What I knew also was that he contributed with the Führer to the setting up of the Reichsjagdgesetz,[6] a book thick like that. It is much more than a regulation of hunting. It’s a protection of nature. Traps are forbidden. One man hunting by himself is forbidden. It must be two. If an animal is wounded the other one will shoot it. Mustn’t kill fe­males. Mustn’t, mustn’t, mustn’t, mustn’t. The Führer could not forbid hunting altogether. He did what he could to lessen the effect, and Göring had a part of that.

That I knew before I got into this kind of queer state. I said to him, “Take this,” and gave him what I had in my right hand. I said, “Take this, and don’t allow these people to kill you as a criminal. You are not one. Anything but. Now I must go. Good-bye. Heil Hitler!” And I vanished. And I didn’t see any­thing of the kind. I fell completely unconscious after that. I saw Göring, and I was unconscious. I gave him whatever I had to give him. I was unconscious.

I woke up. It was 10:00 in the morning. I never wake up at 10:00. I wake up at 6:00. I never sleep like that. I opened my eyes. I said, “What a queer experience I had. Where did I go last night?” Anyhow, I bathed quickly, and I went downstairs. It was a rainy day, drizzly. I never bought a paper as I told you. I wasn’t going to buy the paper on the 16th of October, anything but. But I couldn’t help seeing the headlines on the papers. There was a newspaper kiosk just opposite. Headlines like that. Eight centimeters high. “Göring found dead in his cell, half past two in the morning. Nobody knows who gave him the poison. Potassium cyanide.”

I’ll never forget it. And I felt cold all over my body. It seemed to me that I saw the Nataraja, the dancing Shiva, as he is presented in Hindu tem­ples, dancing in the clouds. And I said, “If this has been done through me, use me in greater things still. If it’s me, that’s the best thing I did in my life.” I don’t know what really happened, to this day. I know what experience I had. I know what I felt. I know what I saw. I don’t know anything more. Is it a genuine experience? What is it? I just don’t know. I don’t pretend to know, and I don’t like to speak of what I don’t know.

Less than two years later, on June 6th, 1948, I met Sven Hedin, who is a scholar of Tibetology and has roamed all over Central Asia and seen things in Ladakh and Tibet. I asked him, “What would people in Ladakh or Tibet think of this?” He said, “My dear, they would find that the most natural thing in the world. That is no problem for a Tibetan or for a Ladakhi, for a Buddhist Lama. No problem at all. You went into the astral plane. You gave Göring some astral potassium cyanide, and it materialized in his hand. He took it and died, instead of being hanged.” I said, “I wish I could’ve done it for the 11.” “Well, you could for one. Be thankful that you could for one.” That’s what Sven Hedin told me. I don’t know any more than that. I never had a psychic experience in my life. That’s the only one.

And Time Rolls On, pp. 48–50

Notes

1. Ram Gopal (1912–2003) was one of the leaders of the revival of classical Indian dance and one of the most celebrated and widely traveled dancers of the 20th century. See his Rhythm in the Heavens: The Autobiography of Ram Gopal (London: Secker and Warburg, 1957).

2. On Hedin and Savitri’s first propaganda trip through occupied Germany, see Gold in the Furnace, ch. 4, “The Unfor­gettable Night.”

3. Savitri supplies a translation of the flyer in Gold in the Furnace: “In the midst of untold hardships and suffering, hold fast to our glorious National Socialist faith, and resist! Defy our persecutors! Defy the people, defy the forces that are working to ‘de-Nazify’ the German nation and the world at large! Nothing can destroy that which is built in truth. We are the pure gold put to test in the furnace. Let the furnace blaze and roar! Nothing can destroy us. One day we shall rise and triumph again. Hope and wait! Heil Hitler!” (Gold in the Furnace, 34).

4. See ch. 3, §9 below.

5. According to Sven Hedin (1865–1952), diary entry of 6 June 1948, Savitri told him that, “Han satt med huvudet i händerna” (“He [Göring] sat with his head in his hands”) (The papers of Sven Hedin, box 41, National Archives of Sweden).

6. Reich Hunting Law.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/02/remembering-sven-hedin/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/02/Sven-Hedin.jpg

[2] And Time Rolls On: The Savitri Devi Interviews: http://www.counter-currents.com/2013/02/and-time-rolls-on-now-in-kindle-and-nook/

[3] Wikipedia: https://en.wikipedia.org/wiki/Sven_Hedin

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dimanche, 24 février 2013

Eurasian Doctrine of Kazakh President Nursultan Nazarbayev

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Eurasian Doctrine of Kazakh President Nursultan Nazarbayev: "Thinking space"

 

Kazakhstan becomes a nodal point of the post-Soviet space today. In this context it should be considered not as an ordinary state, balancing between global "centers of power", but as a key element of the great intercivilizational zone stretching through the whole of Eurasia. Whether the zone stays what it was for centuries - the "inner corridor" of Eurasia, separating or linking its civilizations, depends on the Kazakhstan’s fate. That fact brings us inevitably to the geopolitical problems.

It should be noted that for many years Central Asia has been the object of interest for geopoliticians. From the point of view of traditional geopolitics Eurasia is not just a "gap" between "Great Europe" and "Great Asia" - but it is a special cultural and civilizational world, a self-organizing "great space."
 
It should be observed that the debate about the nature and purpose of space in modern geopolitical thought is far from being over. Positivist science of political geography focuses on the phenomena of "objective" external character: the balance of weapons, geographical location of transit infrastructures, etc.
 
Traditional geography and geopolitics are based on the idea of ontological heterogeneity of terrestrial space, on the prevalence of anthropological, civilizational, religious and spiritual factors in determination of the fate and vocation of many nations.
 
For example, modern French researchers do not like to call themselves "geopoliticians", but consider themselves most likely as geographers working at the intersections of geography and history. These sciences, in particular, express their deep surprise that in Germany they still speak about the “Space” (“Raum”) or the "Big space» (“Grossraum”) in the geopolitical discourse. 
 
The concept of “space” is considered “empty” or “abstract” by French researchers, who consequently prefer speaking about the “territory” which  they link to the interests of a certain community and a “collective identity formation”. As a result, according to the French approach the geopolitics itself is defined as the “analysis of contradictions among different types of power institutes of the territory” [1], which narrows the object to geopolitical study, replacing it actually with political geography. 
 
At the same time, within the Eurasian geopolitical research school the desired synthesis has been carried out, and as a result the category of "space" has acquired human, historical, cultural and civilizational contents. That synthesis was embodied in the concept of "local development" which denotes the inseparable connection of space with history and destiny of individuals, societies and nations, with the unique cultural characteristics of the civilization.
 
 As an example of such a "local development" (a model of political, social and economic development which character is defined by country or region location) can be considered as Eurasia in general, so Kazakhstan with its great strategic power as the integral part of “Eurasian space”. What does "to think space" mean, for the founders of states and prominent public figures in this context? 
 
From the author’s point of view it means, first of all, the possibility to correlate spatial, cultural, civilizational and socio-economic characteristics of the states they head with the logic of their history and contemporary political process, and the possibility to draw up the domestic and foreign policy course according to the long-term national, regional and global political trends.
 
One of the founding fathers of classical geopolitics theory K. Haushofer has the same point of view on the “Big space” concept. Speaking on formation of continental alliance connecting European and Asian continents he supposes that “every considerable formations and structures don’t appear ready from the head of some great statesman like the famous Greek goddess of war in her stately spiritual image. A competent person knows that the creation of such formations is a long-term process. I am pleased to admit young colleagues-geographers that I must produce evidence on the formation of a new Euro-Asian continental policy perhaps, more than any other senior representative of the geographical science ". [2]
 
The fullest realization of “thinking space” tendency has been  found in eurasianism  - the movement of Russian intellectuals emigrant groups connected on the first place with the attempt of understanding the origins and consequences of the October Revolution. The movement itself appeared in 1921 in Prague and Sofia, and was founded by four young emigrants from Belorussia - P. Savitsky, geographer, P. Suvchinsky, musicologist, N.Trubetskoy, philologist and Slavicist, Father G. Florovsky, religious philosopher and publicist. Among them there were such prominent Eurasians as religious thinker L.P. Karsavin, famous historian G.V. Vernadsky, lawyer and political scientist Nikolai Alekseev, orientalist V. Nikitin, writer V. N. Ivanov.
 
Much has been said on strong and weak sides of Eurasianism in the historiographical literature. It is admitted that Eurasianism is one of the most significant political theories of the twentieth century bringing up the question on determination of Eurasia’s place in the world. The fact that Eurasians find grounds for necessity of harmonious coexistence of Slavic and Turkish people, Orthodox Christianity, Islam and Buddhism, as a guarantee of integrity and stability of the post-Soviet space are also very important.
 
In parallel the negative sides of the Eurasian doctrine are accentuated. It's pretty clear that when taken to the extreme Eurasianism can act as an ideology justifying totalitarian and autarchic model, causing isolation from the West.
 
How do the subsequent interpretation of this doctrine reproduce and (or) overcome the disadvantages of the "classical Eurasianism"? Perhaps the biggest scientific interpreter of the Eurasianism ideology is Lev Gumilev (1912 - 1992) – a famous Russian historian, anthropologist and philosopher, author of the original teaching about the nature and life of ethnic groups - ethnology. His decade stay at the camp with one of the founders of Eurasianism Peter Sawicki influenced much on his views formation.
 
Actually there were three main ideas of Gumilev’s "Eurasian conception": the first two were adopted, the third was original. The first of them considers the Russian Empire and the USSR historical forms of Eurasian statehood, coming from the empire of Genghis Khan. The second defines the Turkic and Muslim Eurasian peoples as Russian natural allies in their fight against West expansion, as it is equally fatal to any of the "Eurasian power" to unite with it. [3]
 
However, despite the original and profound Gumilev’s interpretation of Russian history, Eurasianism remained for him mainly a geopolitical metaphor. The prominent Russian historian and ethnologist has not formulated yet his specific proposals to arrange the political and socio-economic life of Eurasian countries and peoples. It took time to perceive deeply and completely his ideas.
 
And the time has come. 1990s was the time of large-scale policy changes related to political self-determination and self-assertion in the post-emerging new nation-states, with special and important place occupied by Kazakhstan. At the same time, the 1990s was the period of an increasing interest to the Eurasianism and the conception of underestimated outstanding scientist L. Gumilev.
 
  To bring the key imperatives of Eurasianism to life its entirely new interpretation has been required, as well as the escape from the "mythopoetic" shade, specification of its cultural and civilizational imperatives. This kind of a "modernization" of the Eurasian studies could be used for searching for the most appropriate model of economic and political organization of the post-Soviet space.
 
Thereupon it is no mere chance that the most active and consistent supporter of the Eurasian concept concerning modern political realities is the president of the Republic of Kazakhstan Nursultan Nazarbayev. The leader of a young and dynamic state saw its realization in his project of the Eurasian Union, subsequently implemented in practice in the model of the Eurasian Economic Community (EAEC), and the Customs Union of Russia, Kazakhstan and Belarus founded in 2010.
 
The Eurasian Union project declared in the mid 1990s yet, was supposed to unite new independent CIS states (conserving their political sovereignty) into a common economic space. A little later, N. Nazarbayev repeated his offer with a new meaning - he proposed the creation of the Eurasian Economic Union. This project, as experience has shown, had the fundamental political, historical and cultural base as a result of the Kazakhstan’s specificity as a Eurasian power. The ideology of Eurasianism was officially recognized in Kazakhstan, and one of Kazakhstan's leading universities - the Eurasian National University in Astana - was named after a prominent ideologist of Eurasianism Lev Gumilev.
 
In general we can distinguish following basic features of the "Eurasian concept" by President Nursultan Nazarbayev. In the author’s opinion, they consist in a firm compliance with the following principles:
1) A realistic character, absence of "the ideology primacy";
2) The tendency to connect firmly the idea of "Eurasian integration" in the post-Soviet space with the purposes and objectives of modernization;
3) Focus on the priority of interests of the Republic of Kazakhstan as a sovereign independent State;
4) Realistic reflection of the current state of "the post-Soviet space" and main trends of its development.
5) Review of the prospects of "Eurasian integration" in the context of a multidirectional strategy adopted by the Kazakh government.
6) The tendency to close coordination of the economic and political integration.
7) consulting not only Kazakh and Russian interests within the "Integration Project," but the interests of Central Asian states as well. [4]
 
What factors ensure the success of the geopolitical position of Kazakhstan? Firstly, as Kazakh experts noted, Kazakhstan, represented by the leader Nursultan Nazarbayev, has a strong political will. Secondly, after years of independence Kazakhstan has practically implemented its will in the unique economic, social, political and humanitarian projects of modernization. Thirdly, the Republic of Kazakhstan is the heir of the centuries-old nomadic culture, which passionarity has strongly affected the global world formation since ancient times. Today this passionarity has been realized in proposing a number of initiatives answering the meaning and the essence interpreted in the frames of the contemporary Eurasian doctrine.
 
It is president Nazarbayev who has consistently been reinforcing the status of Kazakhstan as the leader country of the Central Asian region, who seeks to carry out in practice Eurasian principles interpreted in a modern key without confirming to politics or economics. Nursultan Nazarbayev is also an author of cultural and civilizational initiatives (World and traditional religions forum) in the contemporary crisis of the world and is trying to strengthen the dialogue between countries, civilizations and continents. Kazakhstan, a member of the main important institutions of post-Soviet space (CSTO, EurAsEC, Customs Union) and international organizations (the Organization “the Islamic Conference”), expanding its cooperation with the European countries within the OSCE, can play a very important role in establishment and realization of the multilateral partnership.
 
All these achievements and efforts could not stay unnoticed by western and eastern leaders. In this context it is not surprising that for the past several years, many states, representing those cultural civilizational "worlds", seek the partnership with Kazakhstan as a promising economic partner and a key political actor in the complex and little predictable Central Asian region.
 
Due to the realization of complex strategies by the leader of the nation modern Kazakhstan successively transforms into the Eurasian hub, one of the most dynamic and stable states in the territory of the CIS. At the same time, it serves a good example of inter-ethnic and religious tolerance, moderate Muslim country that has become a sort of a "bridge between East and West."
 
Domestic policy strategy of Kazakhstan answers the Eurasian imperatives, particularly in the field of nation-building politics. Over the centuries destinies of many people with different cultures, religions and traditions crossed on the historical Kazakh land. So the unique situation was created in when representatives of 140 ethnic groups and 40 confessions live peacefully together with the Kazakhs. Meanwhile a long-term cohabitation of different ethnic groups has formed a strong tradition of tolerance in the society.
 
Thus, today there are all necessary foundations for leaders, elites and peoples of Russia, Kazakhstan and Belarus to make a new decisive and qualitative step to the “Eurasian integration” - the orientation founded in the early 1990s by the national leader, president of Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev, who has updated and is filled in the ideology of Eurasianism with a modern and concrete meaning.
 
Cited literature:
1. Lacoste Y. Fuer eine neue und umfassende Konzeption der Geopolitik // Welttrends. – 1994. - № 4. – P. 24.
2. Хаусхофер К. Континентальный блок // Элементы. – 1997. - №7. – P. 32.
3. Гумилев Л. Н. Заметки последнего евразийца. // Наше наследие. – 1991. - № 3. - P. 24 - 26.
4. Назарбаев Н. А. Евразийский союз: идеи, практика, перспективы, 1994-1997. – М.: Фонд содействия развитию соц. и полит. наук, 1997.  – 497 p.
 
English translation by Natalia Biryukova

samedi, 23 février 2013

Avez-vous lu Douguine ?

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Avez-vous lu Douguine ?

par Claude BOURRINET

Certains livres viennent à point, comme des fruits de saison.

La question de la temporalité est évidemment cruciale, lorsqu’il s’agit de penser. Il arrive que des œuvres pourrissent en mûrissant. Je relisais dernièrement quelques bouquins d’Alexandre Zinoviev, et je m’étonnais qu’ils fussent si anachroniques, si peu en phase avec ce qu’était devenu le monde depuis 1989, et, faut-il le dire, si illisibles. Les discours sur la réalité, si l’on dissipe les fumets de la mode et des emballements du moment, pâtissent cruellement de la dérive des choses, fût-elle minime. Soudain, c’est une fissure, parfois un abîme, qui les séparent de l’expérience collective ou individuelle, et ils deviennent alors des bavardages, des vapeurs.

Quel est donc le défaut heuristique des écrits de Zinoviev, de tous les dissidents qui s’opposaient à l’empire soviétique, et, plus généralement, de ceux qui étaient plongés dans cette gigantomachie mondiale, mettant en prise les tenants des première et deuxième théories, selon la classification métapolitique d’Alexandre Douguine, c’est-à-dire le libéralisme et le marxisme ? Comment des vérités de l’heure, bien qu’elles ne soient pas devenues pour autant des mensonges, constituent-elles néanmoins des erreurs épistémologiques ?

Il se peut bien que certaines clairvoyances ne se manifestent, ne puissent se manifester, qu’à l’achèvement d’un processus historique. C’est au crépuscule, dit Hegel, que la chouette de Minerve prend son envol. Aussi est-ce lorsque la modernité parvient à son stade terminal, devant notre regard médusé, euthanasiant l’homme, après Dieu, que la conscience vient de ce qu’est la « chose », et qu’elle soit nommable pour tous. Il fallait que la deuxième théorie moderne, le marxisme, après la troisième, le fascisme, qui sont tous deux des tentatives de modernité, mais en même temps des réactions conservatrices au processus dissolvant du libéralisme, pour que la première théorie, le libéralisme, apparût tel qu’en vérité sa nature le fonde, à savoir un destin économique, une « gouvernance » des choses, et un démontage, accompagné d’un bricolage, de la matière humaine.

Or, affirme Douguine avec réalisme, c’est de là qu’il faut partir. De la postmodernité.

Qu’est-ce que peut nous apporter la postmodernité ? D’un point de vue « scientifique » et philosophique, elle est déconstruction théorétique des sociétés. À la suite des penseurs du « soupçon » comme Marx, Nietzsche, Freud, le structuralisme de grands anthropologues tels que Lévi-Strauss ou Foucault, a démontré que la notion de progrès n’était qu’un mythe, à proprement parler une mystification visant à légitimer l’hégémonie universelle de l’Occident, et qu’il n’existait pas, dans l’absolu, de « civilisations » inférieures, ou supérieures. Pire, ou mieux ! ce que l’on appelle « pensée », ou « raison », n’est qu’une construction relative, redevable de la philosophie hellénique, laquelle a « oublié », comme le démontre Heideggger, ce grand penseur capital, auquel se réfère Douguine, l’être, en promulguant la métaphysique occidentale.

Le roi est donc nu. Brutalement, l’usurpation qui laisse croire à sa nature mécanique, irréductible, fatale, place l’entreprise libérale d’arraisonnement idéologique et guerrier du monde comme ce qu’elle est : un mensonge mortel, destructeur des altérités, de la multiplicité de l’être dans le monde.

La première leçon d’Alexandre Douguine apparaît comme une évidence. Le paradigme du flux historique a changé, il faut donc transformer les paramètres, la logique, et le vocabulaire même de notre pensée, si nous voulons non seulement nous opposer à ce qui nous semble inacceptable, mais si nous désirons même avoir accès au monde, et y agir. Il rejoint, par là, l’aventure intellectuelle d’un Alain de Benoist, dont il est proche.

Il va sans dire que toute une panoplie idéologique, comme le projet nationaliste, devient obsolète. Reprenant les analyses de Carl Schmitt, Douguine approfondit le concept de « Grand espace », d’ « Empire », et, particulièrement, d’eurasisme.

Nous, Français, nous sommes nécessairement influencés, lorsque nous abordons la notion d’Empire, par l’épopée napoléonienne, de la même façon d’ailleurs que les Allemands peuvent l’être par le troisième Reich. En Russie, l’équivalent d’un grand ensemble homogène, centralisé, autoritaire et exclusif serait la Russie de Pierre le Grand, lequel ne fit qu’imiter l’Occident. Or, l’empire nationaliste n’est que l’hypertrophie de la nation, donc une manifestation de la modernité, au même titre que l’individu, l’État calculateur, machiavélien et « scientifique », et que la science galiléenne et cartésienne. La preuve est que son expression la plus pure fut la grande révolution de 1789, révolution bourgeoise par excellence.

L’eurasisme, en tant que concept, pour Douguine, ne se cantonne pas à un territoire donné, comme la Russie et ses satellites européens et asiatiques. C’est une « Idée », presque au sens platonicien, générique, qui sert de concept opératoire pour penser les phénomènes postmodernes dans la dimension géopolitique et sociétale. En effet, dans sa course à l’abîme, l’Évangile des temps contemporains, prétendant porter le Bien, mais engendrant misère, désespoir et destruction, rencontre des résistances. Le noyau d’où partit l’expansion moderne, l’Europe, déplacé dans cette terre « purifiée » ethniquement, matrice de la pire utopie de l’histoire, les États-Unis d’Amérique, a été confronté durant deux ou trois siècle à une périphérie, qu’il s’agissait de « civiliser », c’est-à-dire de domestiquer, d’exploiter, d’aliéner, voire de génocider. Cependant, cette « périphérie » n’était rien, aux yeux des « civilisateurs », qu’un terrain vierge de culture, peuplé de sous-hommes, de sauvages ou de barbares.

Or, il était, il est la Terre de plusieurs « civilisations », de « mondes » possédant leur propre manière de voir, de sentir, de raisonner, d’aimer, de haïr, de se confronter avec les aléas du monde. S’inspirant des thèses du penseur américain Huntington, sans faire sienne de manière dogmatique l’idée de « choc », Alexandre Douguine recense un certain nombre de noyaux civilisationnels, comme la Russie, l’Iran, le monde musulman, l’Amérique latine et indienne (l’Amérique bolivarienne et brésilienne), la Chine, l’Inde, peut-être l’Europe (nous y reviendrons). Ces entités enracinées, reposant sur une longue mémoire, présentent des formes disparates. Il n’est pas besoin de s’y attarder ici, il vaut mieux lire l’ouvrage de Douguine, qui analyse parfaitement, avec lucidité et rigueur, le tableau des conflits et des légitimités actuelles. Toutefois, il faut insister sur l’expérience, et l’énergie qui paraissent nous faire espérer un retournement du cours des choses.

Ce qui frappe en effet, c’est que ce qui semblait aller de soi, surtout après la chute du mur de Berlin, devient hautement problématique. D’abord, l’étendue des désastres (économiques, humains, écologiques, culturels, sociaux, etc.). Un autre penseur, Fukuyama, qui, dans son livre La Fin de l’Histoire, proclamait une sorte de paradis consumériste, libéral, comme le fait remarquer Douguine, avec qui il eut des échanges, a reculé avec effroi devant les conséquences d’une machine qui s’emballe, transgresse tout, et ne semble avoir de finalité que le vide, le néant. D’autre part, chacun peut constater que ce qui s’annonçait comme une marche triomphale bute contre des obstacles de plus en plus rudes, aujourd’hui en Syrie, hier en Géorgie, demain dans le Pacifique… ou en Iran… La conquête libérale n’est pas un long fleuve tranquille ! Cela ne signifie pas qu’elle ne puisse réussir. Mais sur quelles ruines ?

Il est aussi un autre aspect du livre de Douguine, outre les éclaircissements théoriques qui nous permettent de mieux appréhender le présent, ce sont toutes les informations qu’il nous livre sur les rapports de forces au sein du pouvoir russe, et des aspirations de l’oligarchie et du peuple russe. Pour ce faire, il lie la longue histoire russe aux événements récents, jusqu’à l’agression provoquée par Saakachvili contre l’Ossétie du Sud. Nous voyons très bien que la Russie, ou l’Eurasie, est à un moment pivot de son histoire, et probablement de celle du monde. Car ce qui se passe là-bas présente un intérêt vital pour nous.

En effet, nous sommes devant un dilemme : être ou ne pas être. En arrimant l’Europe au vaisseau libéral amiral, l’oligarchie européenne a choisi le néant historique, la domesticité ou la complicité, et, pire, la « culture » de la destruction, la « destructivité » néo-libérale. Autrement dit, c’est un suicide, à tous les sens du terme. Il est évident que nous ne sommes pas Russes, bien que les Slaves aient souvent été très proche de notre cœur. Le projet eurasiatique nous met en demeure de réagir, et d’être. C’est une urgence, un devoir, un destin. Être de « bons Européens », comme disait Nietzsche… N’est-il pas trop tard ? Existe-t-il, ce substrat populaire, encore présent en Russie (pour combien de temps, peut-être ?), ce projet politique, autre que celui, vicié à la base, des bureaucrates de Bruxelles, et, surtout, cette spiritualité, cette métaphysique, cette théologie, cette liaison existentielle entre la terre et le ciel, les éléments du territoire, les rêves, les élans, qui se sont manifestés en Iran, qui soudent encore, par l’Orthodoxie, le peuple russe (sans qu’une cœxistence soit impossible avec d’autres spiritualités, d’autres ethnies), ou qui fortifient la foi des musulmans ? Car, s’inspirant du mystique iranien Sohravardî, Douguine nous rappelle que c’est en Orient que le Soleil se lève, et qu’en Occident, il se couche. Échapperons-nous à cette fatalité pour retrouver un destin historial ?

Claude Bourrinet

• Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXe siècle, Éditions Ars Magna (B.P. 60 426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1), 2012, 336 p. Pour recevoir le livre, écrire à l’éditeur, en accompagnant cette demande d’un chèque de 32 € franco.

• D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 4 novembre 2012.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2878

dimanche, 17 février 2013

Interview of Dari Dugina

Interview of Dari Dugina :

“We Live In The Era Of The End”

 

Open Revolt is very happy to present a conversation between the Eurasian Youth Union’s Dari Dougina and our own James Porrazzo.

Dari, the daugher of Alexander Dugin, in addition to her work in the Eurasian Youth Union is also the director of the project Alternative Europe for the Global Revolutionary Alliance.

Dari you are a second generation Eurasianist, daughter of our most important thinker and leader Alexander Dugin. Do you care to share with us your thoughts on being a young militant this deep into the Kali Yuga?

We live in the era of the end – that’s the end of culture, philosophy, politics, ideology. That’s the time without real movement; the Fukuyama’s gloomy prophecy of the ”end of history” turns to be a kind of reality. That’s the essence of Modernity, of Kali Yuga. We are living in the momentum of Finis Mundi. The arrival of Antichrist is in the agenda. This deep and exhausting night is the reign of quantity, masked by the tempting concepts such as Rhizome of Gilles Deleuze: the pieces of the modern Subject changes into the ”chair-woman” from the “Tokyo Gore Police” (post-modern Japanese film) – the individual of the modern paradigm turns into the pieces of dividuum. ”God is dead” and his place is occupied by the fragments of individual. But if we make a political analysis we will find out that this new state of the world is the project of liberalism. The extravagant ideas of Foucault seemingly revolutionary in their pathos after more scruple analyze show their conformist and (secretly) liberal bottom, that goes against the traditional hierarchy of values, establishing pervert “new order” where the summit is occupied by the self-adoring individual, atomistic decay. 
That’s hard to fight against the modernity, but sure – it’s unbearable to live in it – to agree with this state of the things – where all the systems are changed and the traditional values became a parody – being purged and mocked in all spheres of controls of modern paradigms. That’s the reign of the cultural hegemony.
 And this state of the world bothers us. We fight against it – for the divine order – for the ideal hierarchy. The cast-system in modern world is completely forgotten and transformed into a parody. But it has a fundamental point. In Plato’s republic – there is very interesting and important thought: casts and vertical hierarchy in politics are nothing but the reflection of the world of ideas and higher good. This model in politics manifests the basic metaphysical principles of the normal (spiritual) world. Destroying the primordial cast system it in the society – we negate the dignity of the divine being and his Order. Resigning from the casts system and traditional order, brilliantly described by Dumezil, we damage the hierarchy of our soul. Our soul is nothing but the system of casts with a wide harmony of justice which unites 3 parts of the soul (the philosophical – the intellect, the guardian – the will, and the merchants – the lust). 
Fighting for the tradition we are fighting for our deep nature as the human creature. Man is not something granted – it s the aim. And we are fighting for the truth of human nature (to be human is to strive to the superhumanity). That can be called a holly war.

What does the Fourth Political Theory mean to you?

That’s the light of the truth, of something rarely authentic in the post-modern times. That’s the right accent on the degrees of existence – the natural chords of the world laws. That’s something which grows up on the ruins of the human experience. There is no success without the first attempts – all of the past ideologies contained in them something what caused their failure.

The Fourth Political Theory – that’s the project of the best sides of divine order that can be manifested in our world – from liberalism we take the idea of the democracy (but not in it’s modern meaning) and  liberty in the Evolian sense; from communism we accept the idea of solidarity, anti-capitalism, anti-individualism and the idea of collectivism; from fascism we take the concept of vertical hierarchy and the will to power – the heroic codex of the Indo-European warrior.

All these past ideologies suffered from grave shortcomings – democracy with the addition of liberalism became  tyranny (the worst state-regime by Plato), communism defended the technocentric world with no traditions and origins, fascism followed the wrong geopolitical orientation, its racism was Western, Modern, liberal and anti-traditional.

The Fourth Political Theory is the global transgression of this defects – the final design of the future (open) history. It’s the only way to defend the truth.

For us – truth is the multipolar world, the blossoming variety of different cultures and traditions.

We are against racism, against the cultural and strategic racism of the USA’s Western modern civilization, which is perfectly described by professor John M. Hobson in ”The Europocentric conception of world politics”. The structural (open or subliminal) racism destroys charming complexity of the human societies – primitive or complex.

Do you find any special challenges as both a young woman and a activist in this age?

This spiritual war against (post)Modern world gives me the force to live.

I know, that I’m fighting against the hegemony of evil for the truth of the eternal Tradition. It is obscured now, not completely lost. Without it nothing could exist.

I think that any gender and age has its forms to access  the Tradition and its ways to challenge  Modernity.

My existential practice is to abdicate most values of the globalist youth. I think we need to be different from this thrash. I don’t believe in anything modern. Modernity is always wrong.

I consider love to be a form of initiation and spiritual realization. And the family should be the union of  spiritually similar persons.

Beyond your father, obviously, who else would you suggest young militants wishing to learn our ideas study?

I recommend to make acquaintance with the books of Rene Guenon, Julius Evola, Jean Parvulesco, Henri Corbin, Claudio Mutti, Sheikh Imran Nazar Hosein (traditionalism); Plato, Proclus, Schelling, Nietzsche, Martin Heidegger, E. Cioran (philosophy); Carl Schmitt, Alain de Benoist, Alain Soral (politics); John M. Hobson, Fabio Petito (IR); Gilbert Durand, G. Dumezil (sociology). The base kit of reading for our intellectual and political revolution.

You’ve now spent some time living in Western Europe. How would you compare the state of the West to the East, after first hand experience?

In fact, before my arrival to Europe I thought that this civilization is absolutely dead and no revolt could be possible there. I was comparing the modern liberal Europe to bog, with no possibility to protest against the hegemony of  liberalism.

Reading the foreign European press, seeing the articles with titles as ”Putin – the satan of Russia” / ” the luxury life of poor president Putin” / ” pussy riot – the great martyrs of the rotten Russia” – this idea was almost confirmed. But after a while I’ve found some political anti-globalist groups and movements of France – like Egalite&Reconcilation,  Engarda, Fils de France etc – and everything changed.

The swamps of Europe have transformed into something else – with the hidden possibility of revolt. I’ve found the ”other Europe”, the ”alternative” hidden empire, the secret geopolitical pole.

The real secret Europe should be awakened to fight and destroy its liberal double.

Now I’m absolutely sure, that there are 2 Europes; absolutely different – liberal decadent Atlanticist Europe and alternative Europe ( anti-globalist, anti-liberal, Eurasia-orientated).

Guenon wrote in the ”Crisis of the modern world” that we must divide the state of being anti-modern and anti-Western. To be against the modernity – is to help Occident in its fight against  Modernity, which is constructed on liberal codes. Europe has it’s own fundamental culture (I recommend the book of Alain de Benoist – “The traditions of Europe”). So I found this alternative, secret, powerful, Traditionalist other Europe and I put my hopes on its secret guardians.

We’ve organized with Egalite&Reconcilation a conference in Bordeaux in October with Alexander Dugin and Christian Bouchet in a huge hall but there was no place for all the volunteers who wanted to see this conference.

It shows that something begins to move…

Concerning my views on Russia – I’ve remarked that the bigger part of European people don’t trust the media information – and the interest to Russia grows up – it’s seen in the mode of learning Russian, of watching soviet films and many European people understand that the media of Europe are totally influenced by the hegemonic Leviathan, liberal globalist machine of lies.

So the seeds of protest are in the soil, with  time they’ll grow up, destroying the ”society of spectacle”.

Your whole family is a great inspiration to us here at Open Revolt and New Resistance. Do you have a message for your friends and comrades in North America?

I really can’t help admiring your intensive revolutionary work! The way you are working – in the media – is the way of killing the enemy ”with it’s own poison”, using the network warfare strategy. Evola spoke about that in his excellent book ”Ride the tiger”.

Uomo differenzziato is someone who stays in the center of modern civilization but don’t accept it in his inner empire of his heroic soul. He can use the means and arms of modernity to cause a mortal wound to the reign of quantity and its golems.

I can understand that the situation in USA now is difficult to stand. It’s the center of hell, but Holderlin wrote that the hero must throw himself into abyss, into the heart of the night and thus conquer the darkness.

Any closing thoughts you’d like to share?

Studying in the faculthttp://openrevolt.info/2013/01/23/we-live-in-the-era-of-the-end-a-interview-with-dari-dougina/y of philosophy and working on Plato and neo-platonism, I can remark, that politics is nothing but the manifestation of the basic metaphysical principles which lays in the fundament of being.

Making political war for the Fourth Political Theory we are also establishing the metaphysical order – manifesting it in the material world.

Our struggle is not only for the ideal human state – it is also the holy war for reestablishing the right ontology.

http://openrevolt.info/2013/01/23/we-live-in-the-era-of-the-end-a-interview-with-dari-dougina/

mercredi, 09 janvier 2013

Eurasia and Europe: Dialogue of “Big Spaces”

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Natella Speranskaya

Eurasia and Europe: Dialogue of “Big Spaces”

 
Carl Schmitt regarded the earth as a single whole and was looking for its global mission. This "whole" was formed by Schmitt in the concept of Nomos. He used the Greek word derived from the verb «nemein», which is identical to German “nehmen” - “to take”. Nomos comprises three acts of the drama: "taking", "division and distribution of the taken", "exploitation and use of the taken and distributed." According to Schmitt, Nomos of the Earth existed always. First Nomos is described as a "promised land" of ancient peoples. It is the Nomos of the ancient times and the Middle Ages. It ceased to exist after the exploration of the great oceans and the American continent. Thus began the Second Nomos, the Nomos of national sovereign states that had the Eurocentric structure. Events of the World War II led to its destruction, so that the land was divided into east and west, which were in a state of "cold war". It is not about mere geographic opposites, but a more original and profound contradistinctions. Carl Schmitt wrote: "The whole history of the planetary confrontation of East and West in its entirety is reducible to the fundamental dualism of the elements: Earth and Water, Land and Sea. What we now call the East, is a single mass of solid land: Russia, China and India - a huge piece of land, the "Middle Earth", as named by the great English geographer Sir Halford Mackinder. What we call today the West, is one of the world's oceans, hemispheres, where the Atlantic and Pacific oceans are placed. Confrontation of the sea and land powers, worlds - is the global truth that lies at the heart of explanation of civilization dualism that constantly generates a planetary stress and stimulates the whole process of history ." Thus, the birth of a third Nomos was caused by division of the world between the West and the East. However, it was destroyed with the fall of the Berlin Wall and the collapse of the Soviet Union.

Schmitt's understanding of "three Nomoses of the Earth" brings us to the question, what will be the fourth Nomos of the Earth? Alexander Dugin, the founder of the theory of a multipolar world, the founder of the Russian school of geopolitics, believes that the new Nomos of the Earth will be a Nomos of large continental logic of the Eurasian continent. Certainly, the worst possible option would be a unipolar, globalist Nomos. Which of the Nomoses will be established depends on the strategic decision of Heartland, Russia, the civilization of land.

Italian political scientist Tiberio Graziani thinks, that Russia "has everything necessary to fulfill the historical role of the cornerstone of the whole global system," and he regards its location in the heart of Eurasia to be one of its most important elements. That is why all the strategic decisions of Atlanticists imply  fragmentation of the Heartland, considering that this process will provide the accession of a unipolar order. Alexander Dugin says, "On that, whether Russia can be sufficiently weakened, split and destabilized, and subjected by its fragments to the external power, largely depends the fate of globalization." And further: "For anyone who is serious about counter American hegemony, globalization and planetary domination of the West (Atlanticism), the axiom should become the following statement: The fate of the world order is decided at the moment only in Russia by Russia and through Russia." To describe the time in which we now live, the prominent sociologist Zygmunt Bauman applies the concept of Interregnum – so was called in ancient Rome the period between the death of Caesar and the accession of another one. It is a state of instability, uncertainty, unpredictability, when the demolition of the old order is as obvious as the emergence of the new one is. But what this new order (and, accordingly, the new Nomos) will be - is unknown. In the context of the changes of the new world order, we can speak of  paradigmatic shift from the "unipolar moment" to the formation of a multipolar world order. In other words, the focus should be on the end of the era of unipolarity, because there are all essential conditions for the realization of the alternative project. According to Huntington, the unipolar state is able to "effectively deal with all the major international problems alone, and none of the unions of other states can even be hypothetically capable of stopping it." It is difficult to deny that the hegemon represented by the United States now has no serious opponent, whether a coalition of states or, quite incredibly, a single state  that shows such strong potential that it inevitably involves the speedy restoration of the bipolar order.

According to Zygmunt Bauman, about 60-70 years ago an event occurred that contributed to a fundamental change in global politics: the gap between Macht and Staat, in other words, between Might and Politics, Might and the State (which are integral aspects of the Power) led to the situation, when Macht (Might) moved to supra-national space. Thus, the nation-state could no longer control it. In unipolar paradigm namely national states are actors of international relations. The said gap means neither more nor less than a gradual slippage to non-polarity. Namely, this, according to Richard Haass, Director of Foreign Policy Studies at the Brookings Institute and head of CFR, will determine international relations in the XXI century. Nation-states are nearly deprived of possibility of efficiency, "of doing things" (as Bauman understands Macht), emerging into a state of political paralysis. Antonio Gramsci treated Interregnum as a period when the old is no longer working, and the new has not yet appeared.

We are "stuck" between unipolarity and multipolarity, and have no idea what should the solution to this situation be. Of course, the question arises: what to do? And, above all, question themselves nation-states, de jure retained the ability to make decisions , but Zygmunt Bauman rightly argues that under current circumstances, the question should be formulated in a different way: who will do what is necessary rather than what to do? Which actor will assume responsibility for the actions that solve fundamental problems? Sure, we do not consider like such nation-states. Instead, we turn to the theory developed by Alexander Dugin, the Theory of the Multipolar World. Book with the same title gives a clear picture of what is happening in the field of international relations today: when the bipolar model of the world order has changed to unipolar one, it came to mean the triumph of the liberal-democratic ideology . The West has modeled values and guidelines system that were imposed upon the world as universal. Thus, the West came to the consistent implementation of the control (dictatorship) of cognitive and strategic spheres. The area of international relations became "American Science", the content of the discussions was reduced to polemical confrontation between realists and liberals. The diplomatic corps itself was formed within the unipolar world and the Western discourse, Western mentality, where political actors are  the national states. Another model of the world order, namely the multi-polar model, involves a form of organization of spaces based on several actors - "civilizations", as rightly pointed out by Samuel Huntington. This leads us to the formation of a new diplomatic corps and the new diplomatic language based on a multipolar world order. And the most progressive political thinkers have already come to a conclusion about the need to change the paradigm of international relations. One of them just raised the question of what will be next, others - have found the answer and freely operate  the basic concepts of the new system. It is impossible not to recognize the fact that the vast majority of politically engaged figures remain under the old paradigm, failing to perceive  the ongoing shift, which will commence the new historical period, completely changing the picture of the world politics . The Unipolar world - is yesterday. Here and now we are discussing the change of the unipolar paradigm to the multi-polar one, poly-civilizational.

Theory of the multipolar world suggests to establish new actors in international relations, which are of civilizations , and each of them, by definition, has a strategic center, serving as the subject of dialogue in international relations and, therefore, the subject of power. The transition from national states to civilizations is an inevitable consequence of the rupture described by Zygmunt Bauman.

Specialist in International Relations, Professor Adam Roberts notes the loss of a leading U.S. role in the current world order. Asked who will perform their receiver , he gives a completely obvious answer: no one. More precisely, we have not yet entered the period of interregnum, but just got close to it, and all that is happening in global politics - is the agony of the dying Caesar (USA).

The genuine emergence into Interregnum will happen with the final loss of the U.S. role as the world's hegemon and the cancellation of a "unipolar moment." It is here that the danger appears, that in the period of interregnum and consistent implementation of the formative stages of a multipolar world order will come "The variable geometry" of the nonpolarity and everything will be in the melting pot of globalization; we are immersed in liquid modernity (Z.Bauman), the main feature of which is "non-directedness of changes”, that is lack of strict direction, guideline, which ultimately makes us unprepared to respond to sudden challenges, elusive from any calculations and projections. The collapse of the Soviet Union occurred suddenly as lightning, completely changing the landscape of history. Non-polarity, which seems to come, may become a needed respite, a period of possibility of full value formation of the new model of the world order - for it is impossible to deny that the paradigmatic shift, followed by the demolition of numerous structures, will not be able to quickly create in all areas of Political  all the necessary conditions for the accession of the multipolar order. Non-polarity, Interregnum in the XXI century - are the funeral of the retired Caesar and the preparation for the enthronement of the new rulers (in the plural), that is rise of the poles, power centers.

Non-polarity is a "decapitation" of the U.S., but at the same time it can be called the attempt of the hegemon to maintain its influence through self-dispersion, dissolution. Under these circumstances it is strictly necessary to prevent delays, getting stuck in post-liberal environment and humility with a "coherent non-polarity." New actors must challenge the postmodern "non- directedness of changes" now and knowingly take absolute responsibility for strategic decisions and actions in the field of political practice. The leading research associate of the New America Foundation, Parag Khanna, analyzing the current situation and the precarious position of the U.S., discusses a critical role of diplomacy towards which the focus should be shifted . For improvement of the global diplomatic structure is laid the responsibility of the strengthening of U.S. hegemony . However, he does not take into account the fact that the diplomatic language is undergoing  a significant reformatting in the context of  paradigmatic shift to multipolar model, and this process is irreversible. Now we have to discuss  the dialogue of civilizations. The dialogue is built on a completely different level, which is beyond the rules of the dialogue between national states (i.e., outside the imposed Western discourse), with the U.S. having the unltimate decision-making power . Unless we understand that the battle for the world domination is not between civilizations, but a single (western) civilization with all the "other" ones, which are offered only two options: 1) to be on the side of this civilization, 2) or to be against it, defending the right for their own independence and uniqueness - we are not able to form a new diplomatic language for civilizational dialogue. And this should be understood, above all, by the elite of civilization, responsible, according to Alexander Dugin, for the conduct of the dialogue. If all the "others" agree with the unipolar project, our battle is lost, but if they make a radically different choice, we are waiting for  the "rise of the rest" (Fareed Zakaria). We should note that the world-famous British political scientist Paul Kennedy expresses his concerns about the emergence of the ideological differences between the U.S. and Europe, due to opposition to one of the projects of the world order - unipolar or multipolar. In the current environment we should not just rely on the increased conflict between Europe and America, but prepare the situation of split and division of the former from the hegemonic influence of the latter . Here Russia has a special role.

However, we must admit, that during the last decades, Russia increasingly moved away from its original purpose - to be a bridge between East and West. Interregnum can be our chance to recover, a chance for Russia to become and be. The theory of a multipolar world can be considered to be the starting point of the end of the unipolar era and of entry into the "post-American" period, a feature of which will be the presence of several poles (the subjects of inter-civilizational dialogue) and the certain elimination of an identity crisis, because in a multipolar world identity acquires a civilizational character. Today our dialogue with Europe is a dialogue of "big spaces"; in the new system of international relations GROSSRAUM becomes an operational concept of multipolarity. Alexander Dugin offers the "FOUR-polar" or "quadri-polar" model of the world, which consists of four world zones.

In the first zone, under the full control of the United States, there are two or three "big spaces." We get two "big spaces" by combining the U.S. and Canada - on the one hand, and Latin America - on the other. According to Alexander Dugin, three "big spaces" can emerge when "we shall divide those Latin American countries that are sufficiently well integrated with the U.S. and are completely under their control, and those that tend to create their own geo-political zone, challenging the U.S."..

The second zone is the area of Euro-Africa with the European Union as Its undoubted pole . Here appear  three "big spaces": the European Union, the black  Africa and the Arab GROSSRAUM.

The third zone is Eurasia with Russia (Heartland ) as its pole. Meanwhile, Prof. Dugin indicates, there are also a number of regional centers of power, namely Turkey (if it chooses the Eurasian path), Iran, Pakistan and India. Thus, the Eurasian zone consists of several "great spaces": Russia and CIS countries are the Russian-Eurasian GROSSRAUM. Three "great spaces" are also Turkey, Iran, India and Pakistan.

 The fourth zone - is the Pacific region. Its pole can become either China (which is a "big space") or Japan (potential GROSSRAUM, having all the essential factors - economic, geopolitical, technological, etc.- for its recovery:).

Justifying the basic guidelines for practical action to build a multipolar world, Professor Dugin focuses on the following directions:

1. Strategic reorganization of Heartland.

This implies the geopolitical activity of "middle earth" and the implementation of integration projects aimed at strengthening of the multipolar model.

2. Changes in the minds of the political elite of Russia.

Mainly he focuses on acquiring geopolitical thinking, as well as the high level of competence in the field of social science, sociology, and history. "The elite of Russia should understand themselves as the elite of Heartland, should think in Eurasian categories, not just on a national scale, herewith being clearly aware of the non-applicability of the atlanticist and globalist scenario to Russia" - writes A. Dugin. We cannot speak of any awakening of elite, until it makes a conscious choice towards Eurasianism, rejecting blind attempts to play up anti-Russian scenarios of Atlantist strategists.

3. The model of building relations between Russia and the United States.

With the understanding of destructive U.S. policies aimed at dismantling Russia for the absolute control of the whole Eurasia, these relationships become irreversibly hostile. We need to undertake drastic actions in order to prevent the NATO presence in the Eurasian "big space" and weakening of Heartland.

4. The model of building relations with Europe.

This model involves a strategic partnership with countries, adhering to the policy of the continental tradition - France, Germany, Italy and Spain. Here it is appropriate to talk about the project of axis "Paris-Berlin-Moscow". Another situation is deployed with countries of "New Europe", as well as England – that are oriented against Russia and have a tendency to adapt to the requirements of Washington.

5. The project "Great Eastern Europe."

This project includes the Slavs (Slovaks, Czechs, Poles, Bulgarians, Serbs, Croats, Slovenes, Bosnians, Macedonians, Serbs-Muslims), Orthodox (Macedonians, Serbs, Bulgarians, Greeks and Romanians). Prof. Dugin says that Hungarians are the only people who do not fall into the "Orthodox" category and at the same time they cannot be called the "Slavic". Hungarians have a Eurasian-Turanian origin.

6. Heartland and Western CIS countries.

It is about the multi-polar integration of Russia, Ukraine and Belarus, which belong to the area of Heartland, a single strategic structure. This political action will prevent the risk of entry of Belarus and Ukraine into NATO. Special attention is given to Moldova, whose integration with Romania, which is a part of NATO, seems to be impossible until the implementation of the project of the "Great Eastern Europe."

7. Eurasian Middle East and the role of Turkey.

Prof. Dugin mentions the American project the «Greater Middle East Project» concerning the Middle East. It implies the democratization and modernization of Middle Eastern societies, and strengthening of the military presence of the U.S. and NATO. Guided by conflicting interests, the strategy of Heartland in this direction should include political actions directed towards Turkey’s exit from NATO and the creation of the axis "Moscow - Ankara." Furthermore, the project of axis "Moscow - Tehran" should be taken with the utmost attention. According to Alexander Dugin, Iran is a "strategic space that automatically solves the problem of converting Heartland into a force in the global world." Neither Russia nor Iran should allow the implementation of the scenario, laid in the project of the "Greater Central Asia” (Greater Central Asia Partnership). Its launch would inevitably lead to the emergence of the "sanitary cordon", which would hardly separate Russia from Iran. In addition, having included such countries as Georgia, Afghanistan, Armenia, Azerbaijan, Kyrgyzstan, Kazakhstan, Uzbekistan, this cordon would make those countries controlled by American influence. The union of Russia and Iran, of course, will solve yet another fundamental problem, namely, it will open the "anaconda’s terret", depriving American strategists of any possibility of preventing marine operations of Russia.

 The strategy of Heartland should include projects of integration of Russia, Kazakhstan and Tajikistan into a single economic and customs space. In turn, the relationship with Pakistan should be built in strict accordance with the strategy of displacement of U.S. forces from this area. Alexander Dugin points to the need for a new model of relations with Afghanistan's Pashtun majority.

8. Axis "Moscow-Delhi."

Relationships with politically neutral "big space" of India should be directed towards achieving partnership. The main objective of this axis is to deter attempts of Washington to deploy its dominance in the South Asian region.

9. Russian-Chinese relations.

Prof. Dugin focuses on two difficult issues such as:

- Demographic spread of Chinese in sparsely populated areas of Siberia,

- China's influence in Central Asia.

It is necessary to build a balanced relationship with China, focusing on the fundamental point of strategic contact – support of the idea of the multipolar world.

10. Russian - Japanese relations.

Prof. Dugin indicates the need for the release of Japan from the American influence and the support of Japan as a sovereign regional power. Here it is appropriate to talk about  the project of axis "Moscow - Tokyo" as an integral part of Asian politics of Eurasia. "The alliance with Japan is vital - says Alexander Dugin, in his work "The bases of Geopolitics" – the Moscow-Tokyo axis, contrary to the Moscow - Beijing axis is an important and perspective, providing such prospects for continental empire-building, that will finally make Eurasia geopolitically completed, at the same time extremely weakening the Atlantist empire of the West, if not destroying it finally".

11. The geopolitics of the Arctic zone.

The following countries tend to control this zone: USA, Canada, Norway, Denmark and Russia. All of these countries (except Russia) are NATO members. Conquering territories in the polar region, and joining the race to develop large deposits of minerals, to its future plans Russia included the creation of a widescale system of communication and monitoring in the Arctic. Russia claims the polar area with size of 1.2 million square kilometers, with the incoming North Pole. In 2011 a brave move of the Russian researchers who had planted a Russian flag on the seabed of the Arctic Ocean  has been highly publicized by American media.

There is no doubt that we enter into a battle for the fundamental changes of the rules of political discourse, carrying out the task of undermining the basic principles of Western hegemony. The implementation of the multi-polar project, contrary to the considerations of skeptical Western political scientists, depends on the political course which Russia will adhere. The choice towards Eurasianism shows the approaching readiness to take the next step in building a new world order.

Natella Speranskaya

samedi, 05 janvier 2013

War of the Worlds

War of the Worlds

 

Jure Vujić's new book War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism ( Zagreb, Croatia )

On Thursday, December 20, 2012, the promotion of Jure Vujić's book War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism (with a foreword by Dr. Robert Steuckers) took place at the Cultural Information Centre in Zagreb. With the author the event was also attended by historian Toni Abramović and H.E. DSc Robert Markaryan, the Ambassador of the Russian Federation. The moderator was Petar Bujas.

To date, Jure Vujić has published the books Fragmenti geopolitičke misli (2004) and Intelektualni terorizam (2007) in Croatian and the book “ LA MODERNITÉ À L'ÉPREUVE DE L'IMAGE L'obsession visuelle de l'occident in French. This is the fourth book of the prominent Croatian political scientist and geopolitical expert.
In 1919, Sir Halford John Mackinder published the book on Democratic Ideals and Reality: A Study in the Politics of Reconstruction presenting the thesis statement about the heartland: the power that managed to control Eastern Europe would also dominate Euroasia, and whoever dominated Euroasia should rule the world.
The book 'War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism' is a true and the first synthesis in the Croatian language that elaborates on the idea of Euroasia or the heartland as the key geostrategic area in which opposed geopolitical and economic interests come to play. The author approached the subject as a topical metapolitical, philosophical and cultural conceptual matrix that represents a real alternative to Atlantism. The rivalry relation between Atlantism and Euroasianism is symbolically represented by the illustration of Behemoth, the mythical monster of the land, and sea monster Leviathan.


The Ambassador of the Russian Federation to the Republic of Croatia, His Excellency Robert Markaryan, conveyed to the audience the thought of Vladimir Putin that 'whoever has no feeling for the disintegration of the Soviet Union has no heart, and whoever believes it will come together again has no brain.' He also mentioned that Vujić's book was pioneer work in this area and a great scientific contribution to the development of Russian-Croatian relations.


Historian Toni Abramović noted that Europe and Russia are parts of one and the same body, the so-called Big Island or Euroasia. Croatia shares more than just its Slavic roots with Russia. Juraj Križanić (17th c.) played an important role in the creation of the  'Memorandum of Peter the Great'. Croatia is geographically and politically situated at the divide between two global interests, and its future should be perceived as identical to the future of Eurasia.

jeudi, 08 novembre 2012

La Russie, puissance d’Eurasie

Vient de paraître : La Russie, puissance d’Eurasie – Histoire géopolitique des origines à Poutine, d’Arnaud Leclercq

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Vient de paraître : La Russie, puissance d'Eurasie - Histoire géopolitique des origines à Poutine, d'Arnaud Leclercq 

4ème de couverture : Après l’effondrement du soviétisme, le plus vaste pays du monde est passé de la superpuissance à l’humiliation, avant de redevenir un acteur majeur du monde multipolaire. Forte de son identité retrouvée et gorgée de richesses naturelles, la Russie dispose d’atouts considérables, comme les nouvelles routes de la soie ou celles de l’Arctique, qui feront d’elle la superpuissance eurasiatique tournée vers une nouvelle économie-monde centrée en Asie. Loin des clichés médiatiques, plongeant dans les profondeurs de l’histoire et de la géopolitique, Arnaud Leclercq nous offre une réflexion atypique et inscrite dans la longue durée, nourrie d’une connaissance intime des Russes. Il met en lumière les constantes religieuses, identitaires, politiques de la Russie et trace les perspectives d’une puissance qui, n’en déplaise à l’Occident, sera de plus en plus incontournable.

Auteur : Arnaud Leclercq (www.arnaudleclercq.com)
Éditeur : Ellipses
Date de parution : 01/11/2012
ISBN : 2729876456 – EAN : 978-2729876456
Prix : 24,40 euros

Acheter en ligne sur Fnac.com ou sur Amazon.fr

lundi, 15 octobre 2012

Une nouvelle doctrine américaine : contenir l’Eurasie par le chaos

Pierre DORTIGUIER:

Une nouvelle doctrine américaine : contenir l’Eurasie par le chaos

 
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Le magazine texan Stratfor que nous citons, et auquel nous renvoyons, The Emerging Doctrine of the United States | Stratfor est un thermomètre de la température américaine et vise surtout à préparer l’opinion à distinguer entre les intérêts apparents et réels des Etats-Unis, à court et à long terme, ; il n’est donc pas destiné à un très vaste public, ni non plus formellement confidentiel, mais répond aux questions des élites déconcertées par le tapage médiatique « à usage de l’Américain moyen »

« Au cours de la fin de semaine dernière, des rumeurs ont commencé à émerger que l’opposition syrienne permettrait  à des  éléments  du « régime d’Assad » (sic)  à rester en Syrie et de participer au nouveau gouvernement. …  Ce qui se passe en Syrie est importante pour une nouvelle doctrine étrangère émergente aux États-Unis – une doctrine selon laquelle  les États-Unis ne prennent pas la responsabilité principale des événements, mais qui permet  aux crises régionales de se déployer jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre régional soit  atteint. »

Le magazine simplifie volontairement, par souci de pédagogie la formule géopolitique U.S, en insistant sur  ses « intérêts fondamentaux » », à savoir e que assure la base de la prospérité américaine : « cela se résume à l’atténuation des menaces contre les Etats-Unis par le contrôle des mers  en empêchant l’émergence d’une puissance eurasienne qui serait en mesure de mobiliser des ressources à cette fin. Cette nouvelle doctrine consiste « à empêcher le développement d’une substantielle puissance nucléaire intercontinentale qui pourrait menacer les Etats-Unis, au cas où un pays ne serait pas découragé par la puissance américaine pour un motif quelconque. »

Dans cette perspective de maintien de supériorité « l’intérêt américain pour ce qui se passe dans le Pacifique est compréhensible .Mais même là les Etats-Unis, du moins pour l’instant, laissent les forces régionales s’engager dans une lutte qui n’a pas encore affecté l’équilibre régional de la puissance des Alliés américains, et les mandataires de cette puissance, comprenant les Philippines, le Viêt-Nam et le Japon ont été joué aux échec des les mers de cette région »  –sous entendu contre la Chine, et l’on notera que le Viêt-Nam est dans la sphère politique antichinoise depuis sa dernière lutte frontalière, au mépris des sacrifices nationaux antérieurs !- »sans une imosition directe de la puissance navale américaine, même si une telle perspective », conclut Stratfor Global Intelligence, « semble possible » !

Viennent maintenant les leçons que les Américains auraient tiré des derniers engagements ! la campagne d’Irak et la résistance irakienne ont conduit au retrait des forces US et l’iran y aurait gagné une plus grande puissance et un sentiment de sécurité.

La campagne libyenne est présentée –avec une certaine hypocrisie- comme une initiative française et aurait été  plus difficile, voire un échec, sans le soutien de l’aviation US.

La guerre syrienne, naturellement justifiée par l’influence croissante de l’Iran, et visant moins un Etat que ses relations étrangères avec l’Iran, la Russie et la Chine amène à  préciser cette nouvelle politique ; le conflit est régional, les Alliés des Américains sont chargés de l’entretenir, même sans arriver à une solution radicale, et l’auteur Friedmann raconte qu’il a exposé ceci à ses interlocuteurs d’Asie centrale qui espéraient voir un engagement plus net des forces US !

Les conséquences en sont une poursuite indéfinie de la lutte intestine en Syrie et une pression continue sur l’Iran, dans laquelle l’arme économique prime sur tout affrontement utopique militaire.  Ce qu’il importe est de bien lire la conclusion de l’analyse, qui montre que les Etats-Unis sont  eux-mêmes dirigés par une force occulte qui veut l’affrontement général en négligeant les embrasements locaux.
Il s’agit de tester la force de la puissance émergente russo-chinoise !

«  Cela a forcé la fois le régime syrien et les rebelles de reconnaître l’improbabilité d’une victoire militaire pure et simple. Tant le soutien de l’Iran au régime et les diverses sources de soutien à l’opposition syrienne se sont révélés  indécis. Les rumeurs d’un compromis politique émergent en conséquence.

Dans le même temps, les États-Unis ne sont pas prêts à s’engager dans une guerre avec l’Iran, ni prêts  à souscrire à l’attaque israélienne en l’accompagnant de leur soutien avec le soutien militaire . Les USA utilisent  un moyen efficace de pression – des sanctions – qui semblent  avoir eu un certain effet par  la dépréciation rapide de la monnaie iranienne . Mais les Etats-Unis ne cherchent pas à résoudre la question iranienne, il n’est pas prêt à assumer la responsabilité principale, sauf si l’Iran devient une menace pour les intérêts fondamentaux des États-Unis. Il se contente de laisser les événements se dérouler et à n’agir que s’ il n’y a pas d’autre choix

Les Etats-Unis ne sont pas prêts à intervenir par la force militaire conventionnelle.

Cela ne signifie pas que les États-Unis se désengagent  de la scène mondiale. Ils contrôlent  les océans du monde et génèrent  près d’un quart du PNB mondial du produit intérieur. Alors que le désengagement est impossible, l’ engagement contrôlé, basé sur une compréhension réaliste de l’intérêt national, est possible.

Cela va bouleverser  le système international, en particulier celui des alliés américains. Il créera également des contraintes aux États-Unis à la fois de la gauche politique, qui se veut une politique étrangère humanitaire, et le droit politique, qui définit l’intérêt national au sens large. Mais les contraintes de la dernière décennie pèsent  lourdement sur les Etats-Unis et vont donc changer la façon dont le monde fonctionne.

Le point important est que personne ne décide cette nouvelle doctrine. Il émerge de la réalité à laquelle les  Etats-Unis sont confrontés. C’est la force des  de doctrines qui se font jour. Elles se manifestent d’abord et sont annoncés quand tout le monde se rend compte que c’est comme ça que les choses fonctionnent. »

Une fois cette leçon de la Stratfor bien lue, une question se pose : qui dirige la politique US, l’intérêt national capitaliste-come partout, avec ses limites et ses confrontations  ou une politique impériale qui prend les Etats-Unis pour écran et vise à non pas bâtir un ordre, mais régler un désordre général, la maintenir par sa théorie du chaos minimum, abattre un adversaire fort, plutôt qu’imposer la puissance qu’elle n’a pas ? A cet égard, une alliance avec les USA est un chèque en blanc donné à un inconnu !

Pierre Dortiguier

mardi, 09 octobre 2012

A. Dugin, C. Preve e M. Fini, presentano "Eurasia" a Milano

A. Dugin, C. Preve e M. Fini, presentano "Eurasia" a Milano

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dimanche, 07 octobre 2012

Interview with Alexander Dugin

 

Interview with Alexander Dugin http://www.wermodandwermod.com/

Introduction

In February 2012, Professor Alexander Dugin traveled to New Delhi, India to attend the 40th World Congress of the International Institute of Sociology, the theme of which was “After Western Hegemony: Social Science and its Publics.” Professor Dugin was kind enough to take some time away from the conference to answer a few questions by representatives of Arktos who attended the event. 

In this interview, we attempted to have Professor Dugin clarify some of his basic beliefs in order to dispel the confusion and misrepresentations that exist about him and his movement, the Eurasian Movement, and its offshoot, the Global Revolutionary Alliance, in the English-speaking world. The interview was conducted by Daniel Friberg, CEO of Arktos, and John B. Morgan, Editor-in-Chief.

This interview is being released in conjunction with Prof. Dugin’s appearance at Identitarian Ideas 2012, being held by the Swedish organization Motpol in Stockholm on July 28, 2012, and the simultaneous release of Prof. Dugin’s book The Fourth Political Theory by Arktos (http://www.arktos.com/alexander-dugin-the-fourth-political-theory.html). This is the first book by Prof. Dugin to appear in the English language.

There is a perception in the West that you are a Russian nationalist. Do you identify with that description?

The concept of the nation is a capitalist, Western one. On the other hand, Eurasianism appeals to cultural and ethnic differences, and not unification on the basis of the individual, as nationalism presumes. Ours differs from nationalism because we defend a pluralism of values. We are defending ideas, not our community; ideas, not our society. We are challenging postmodernity, but not on behalf of the Russian nation alone. Postmodernity is a yawning abyss. Russia is only one part of this global struggle. It is certainly an important part, but not the ultimate goal. For those of us in Russia, we can’t save it without saving the world at the same time. And likewise, we can’t save the world without saving Russia.

It is not only a struggle against Western universalism. It is a struggle against all universalisms, even Islamic ones. We cannot accept any desire to impose any universalism upon others – neither Western, Islamic, socialist, liberal, or Russian. We defend not Russian imperialism or revanchism, but rather a global vision and multipolarity based on the dialectic of civilization. Those we oppose say that the multiplicity of civilizations necessarily implies a clash. This is a false assertion. Globalization and American hegemony bring about a bloody intrusion and trigger violence between civilizations where there could be peace, dialogue, or conflict, depending on historical circumstances. But imposing a hidden hegemony implies conflict and, inevitably, worse in the future. So they say peace but they make war. We defend justice – not peace or war, but justice and dialogue and the natural right of any culture to maintain its identity and to pursue what it wants to be. Not only historically, as in multiculturalism, but also in the future. We must free ourselves from these pretend universalisms.

What do you think Russia’s role will be in organizing the anti-modern forces?

There are different levels involved in the creation of anti-globalist, or rather anti-Western, movements and currents around the world. The basic idea is to unite the people who are fighting against the status quo. So, what is the status quo? It is a series of connected phenomena bringing about an important shift from modernity to post-modernity. It is shaped by a shift from the unipolar world, represented primarily by the influence of the United States and Western Europe, to so-called non-polarity as exemplified by today’s implicit hegemony and those revolutions that have been orchestrated by it through proxy, as for example the various Orange revolutions. The basic intent behind this strategy is for the West to eventually control the planet, not only through direct intervention, but also via the universalization of its set of values, norms, and ethics.

The status quo of the West’s liberal hegemony has become global. It is a Westernization of all of humanity. This means that its norms, such as the free market, free trade, liberalism, parliamentarian democracy, human rights, and absolute individualism have become universal. This set of norms is interpreted differently in the various regions of the world, but the West regards its specific interpretation as being both self-evident and its universalization as inevitable. This is nothing less than a colonization of the spirit and of the mind. It is a new kind of colonialism, a new kind of power, and a new kind of control that is put into effect through a network. Everyone who is connected to the global network becomes subjected to its code. It is part of the postmodern West, and is rapidly becoming global. The price a nation or a people has to pay to become connected to the West’s globalization network is acceptance of these norms. It is the West’s new hegemony. It is a migration from the open hegemony of the West, as represented by the colonialism and outright imperialism of the past, to an implicit, more subtle version.

To fight this global threat to humanity, it is important to unite all the various forces that would, in earlier times, have been called anti-imperialist. In this age, we should better understand our enemy. The enemy of today is hidden. It acts by exploiting the norms and values of the Western path of development and ignoring the plurality represented by other cultures and civilizations. Today, we invite all who insist on the worth of the specific values of non-Western civilizations, and where there other forms of values exist, to challenge this attempt at a global universalization and hidden hegemony.

This is a cultural, philosophical, ontological, and eschatological struggle, because in the status quo we identify the essence of the Dark Age, or the great paradigm. But we should also move from a purely theoretical stance to a practical, geopolitical level. And at this geopolitical level, Russia preserves the potential, resources and inclination to confront this challenge, because Russian history has long been intuitively oriented against the same horizon. Russia is a great power where there is an acute awareness of what is going on in the world, historically speaking, and a deep consciousness of its own eschatological mission. Therefore it is only natural that Russia should play a central part in this anti-status quo coalition. Russia defended its identity against Catholicism, Protestantism and the modern West during Tsarist times, and then against liberal capitalism during Soviet times. Now there is a third wave of this struggle – the struggle against postmodernity, ultra-liberalism, and globalization. But this time, Russia is no longer able to rely on its own resources. It cannot fight solely under the banner of Orthodox Christianity. Nor is reintroducing or relying on Marxist doctrine a viable option, since Marxism is in itself a major root of the destructive ideas constituting postmodernity.

Russia is now one of many participants in this global struggle, and cannot fight this fight alone. We need to unite all the forces that are opposed to Western norms and its economic system. So we need to make alliances with all the Leftist social and political movements that challenge the status quo of liberal capitalism. We should likewise ally ourselves with all identitarian forces in any culture that refuse globalism for cultural reasons. From this perspective, Islamic movements, Hindu movements, or nationalist movements from all over the world should also be regarded as allies. Hindus, Buddhists, Christians, and pagan identitarians in Europe, America, or Latin America, or other types of cultures, should all form a common front. The idea is to unite all of them, against the single enemy and the singular evil for a multiplicity of concepts of what is good.

What we are against will unite us, while what we are for divides us. Therefore, we should emphasize what we oppose. The common enemy unites us, while the positive values each of us are defending actually divides us.  Therefore, we must create strategic alliances to overthrow the present order of things, of which the core could be described as human rights, anti-hierarchy, and political correctness – everything that is the face of the Beast, the anti-Christ or, in other terms, Kali-Yuga.

Where does traditionalist spirituality fit into the Eurasian agenda?

There are secularized cultures, but at the core of all of them, the spirit of Tradition remains, religious or otherwise. By defending the multiplicity, plurality, and polycentrism of cultures, we are making an appeal to the principles of their essences, which we can only find in the spiritual traditions. But we try to link this attitude to the necessity for social justice and the freedom of differing societies in the hope for better political regimes. The idea is to join the spirit of Tradition with the desire for social justice. And we don’t want to oppose them, because that is the main strategy of hegemonic power: to divide Left and Right, to divide cultures, to divide ethnic groups, East and West, Muslims and Christians. We invite Right and Left to unite, and not to oppose traditionalism and spirituality, social justice, and social dynamism. So we are not on the Right or on the Left. We are against liberal postmodernity. Our idea is to join all the fronts and not let them divide us. When we stay divided, they can rule us safely. If we are united, their rule will immediately end. That is our global strategy. And when we try to join the spiritual tradition with social justice, there is an immediate panic among liberals. They fear this very much.

Which spiritual tradition should someone who wishes to participate in the Eurasianist struggle adopt, and is this a necessary component?

One should seek to become a concrete part of the society in which one lives, and follow the tradition that prevails there. For example, I am Russian Orthodox. This is my tradition. Under different conditions, however, some individuals might choose a different spiritual path. What is important is to have roots. There is no universal answer. If someone neglects this spiritual basis, but is willing to take part in our struggle, during the struggle he may well find some deeper spiritual meaning. Our idea is that our enemy is deeper than the merely human. Evil is deeper than humanity, greed, or exploitation. Those who fight on behalf of evil are those who have no spiritual faith. Those who oppose it may encounter it.  Or, perhaps not. It is an open question – it is not obligatory. It is advisable, but not necessary.

What do you think of the European New Right and Julius Evola? And in particular, their respective opposition to Christianity?

It is up to the Europeans to decide which kind of spirituality to revive. For us Russians, it is Orthodox Christianity. We regard our tradition as being authentic.  We see our tradition as being a continuation of the earlier, pre-Christian traditions of Russia, as is reflected in our veneration of the saints and icons, among other aspects. Therefore, there is no opposition between our earlier and later traditions. Evola opposes the Christian tradition of the West. What is interesting is his critique of the desacralization of Western Christianity. This fits well with the Orthodox critique of Western Christianity. It is easy to see that the secularization of Western Christianity gives us liberalism. The secularization of the Orthodox religion gives us Communism. It is individualism versus collectivism. For us, the problem is not with Christianity itself, as it is in the West. Evola made an attempt to restore Tradition. The New Right also tries to restore the Western tradition, which is very good. But being Russian Orthodox, I cannot decide which is the right path for Europe to take, since we have a different set of values. We don’t want to tell the Europeans what to do, nor do we want to be told what to do by the Europeans. As Eurasianists, we’ll accept any solution. Since Evola was European, he could discuss and propose the proper solution for Europe. Each of us can only state our personal opinion. But I have found that we have more in common with the New Right than with the Catholics. I share many of the same views as Alain de Benoist. I consider him to be the foremost intellectual in Europe today. That it is not the case with modern Catholics. They wish to convert Russia, and that is not compatible with our plans. The New Right does not want to impose European paganism upon others. I also consider Evola to be a master and a symbolic figure of the final revolt and the great revival, as well as Guénon. For me, these two individuals are the essence of the Western tradition in this dark age.

In our earlier conversation, you mentioned that Eurasianists should work with some jihadist groups. However, they tend to be universalist, and their stated goal is the imposition of Islamic rule over the entire world. What are the prospects for making such a coalition work?

Jihadis are universalists, just as secular Westerners who seek globalization are. But they are not the same, because the Western project seeks to dominate all the others and impose its hegemony everywhere. It attacks us directly every day through the global media, fashions, by setting examples for youth, and so on. We are submerged in this global cultural hegemony. Salafist universalism is a kind of marginal alternative. They should not be thought of in the same way as those who seek globalization. They also fight against our enemy. We don’t like any universalists, but there are universalists who attack us today and win, and there are also non-conformist universalists who are fighting against the hegemony of the Western, liberal universalists, and therefore they are tactical friends for the time being. Before their project of a global Islamic state can be realized, we will have many battles and conflicts. And global liberal domination is a fact. We therefore invite everybody to fight alongside us against this hegemony, this status quo. I prefer to discuss what is the reality at present, rather than what may exist in the future. All those who oppose liberal hegemony are our friends for the moment. This is not morality, it is strategy. Carl Schmitt said that politics begins by distinguishing between friends and enemies. There are no eternal friends and no eternal enemies. We are struggling against the existing universal hegemony. Everyone fights against it for their own particular set of values.

For the sake of coherence we should also prolong, widen, and create a broader alliance. I don’t like Salafists. It would be much better to align with traditionalist Sufis, for example. But I prefer working with the Salafists against the common enemy than to waste energy in fighting against them while ignoring the greater threat.

If you are in favor of global liberal hegemony, you are the enemy. If you are against it, you are a friend. The first is inclined to accept this hegemony; the other is in revolt.

In light of recent events in Libya, what are your personal views on Gaddafi?

President Medvedev committed a real crime against Gaddafi and helped to initiate a chain of interventions in the Arab world. It was a real crime committed by our President. His hands are bloodied. He is a collaborator with the West. The crime of murdering Gaddafi was partly his responsibility. We Eurasianists defended Gaddafi, not because we were fans or supporters of him or his Green Book, but because it was a matter of principles. Behind the insurgency in Libya was Western hegemony, and it imposed bloody chaos. When Gaddafi fell, Western hegemony grew stronger. It was our defeat. But not the final one. This war has many episodes. We lost the battle, but not the war. And perhaps something different will emerge in Libya, because the situation is quite unstable. For example, the Iraq War actually strengthened Iran’s influence in the region, contrary to the designs of the Western hegemonists.

Given the situation in Syria at present, the scenario is repeating itself. However, the situation, with Putin returning to power, is much better. At least he is consistent in his support for President al-Assad. Perhaps this will not be enough to stop Western intervention in Syria. I suggest that Russia assist our ally more effectively by supplying weapons, financing, and so forth. The fall of Libya was a defeat for Russia. The fall of Syria will be yet another failure.

What is your opinion of, and relationship to Vladimir Putin?

He was much better than Yeltsin. He saved Russia from a complete crash in the 1990s. Russia was on the verge of disaster. Before Putin, Western-style liberals were in a position to dictate politics in Russia. Putin restored the sovereignty of the Russian state. That is the reason why I became his supporter. However, after 2003, Putin stopped his patriotic, Eurasianist reforms, putting aside the development of a genuine national strategy, and began to accommodate the economic liberals who wanted Russia to become a part of the project of globalization. As a result, he began to lose legitimacy, and so I became more and more critical of him. In some circumstances I worked with people around him to support him in some of his policies, while I opposed him in others. When Medvedev was chosen as his heir, it was a catastrophe, since the people positioned around him were all liberals. I was against Medvedev. I opposed him, in part, from the Eurasianist point-of-view. Now Putin will return. All the liberals are against him, and all the pro-Western forces are against him. But he himself has not yet made his attitude toward this clear. However, he is obliged to win the support of the Russian people anew. It is impossible to continue otherwise. He is in a critical situation, although he doesn’t seem to understand this. He is hesitating to choose the patriotic side. He thinks he can find support among some of the liberals, which is completely false. Nowadays, I am not so critical of him as I was before, but I think he is in a critical situation. If he continues to hesitate, he will fail. I recently published a book, Putin Versus Putin, because his greatest enemy is himself. Because he is hesitating, he is losing more and more popular support. The Russian people feel deceived by him. He may be a kind of authoritarian leader without authoritarian charisma. I’ve cooperated with him in some cases, and opposed him on others. I am in contact with him. But there are so many forces around him. The liberals and the Russian patriots around him are not so brilliant, intellectually speaking. Therefore, he is obliged to rely only upon himself and his intuition. But intuition cannot be the only source of political decision-making and strategy. When he returns to power, he will be pushed to return to his earlier anti-Western policies, because our society is anti-Western in nature. Russia has a long tradition of rebellion against foreign invaders, and of helping others who resist injustice, and the Russian people view the world through this lens. They will not be satisfied with a ruler who does not govern in keeping with this tradition.

vendredi, 05 octobre 2012

Verso una “relazione” Russia-Pakistan in sfida a Washington

Verso una “relazione” Russia-Pakistan in sfida a Washington

Si assiste ad un nuovo inizio dei legami Pakistan-Russia con la prevista visita del presidente russo Vladimir Putin, citata dei media del Pakistan per i primi di ottobre; la prima visita di un presidente russo in Pakistan. Una cosa considerata improbabile, in passato, potrebbe presto diventare una realtà con le due parti che si battono per un nuovo inizio nei rapporti bilaterali. Anche se i media statali russi hanno messo in dubbio la visita di Putin, è ovvio che anche se la visita venisse annullata, un altro funzionario di alto livello, come il ministro degli Esteri, si recherà in visita in Pakistan.


La visita, rivolta principalmente alla conferenza quadrilaterale sull’Afghanistan di Islamabad, porterebbe anche a un faccia a faccia con il presidente del Pakistan. È stato riferito dai funzionari del ministero degli Esteri russo, che i due stati firmeranno anche un MOU (Memorandum of Understanding) multiplo per lo sviluppo e gli investimenti nei settori dell’acciaio e dell’energia del Pakistan. Il presidente Asif Ali Zardari, che ha incontrato una delegazione di alto livello russa in Pakistan, all’inizio di settembre, guidata dal ministro dello sport russo, ha espresso il suo desiderio di cooperazione con Mosca nei settori succitati. [i]
Storicamente, la Russia e il Pakistan non hanno mai goduto di prolungati fruttuosi legami. Anche dopo la nascita del Pakistan, Liaqat Ali Khan, primo ministro del Pakistan, aveva preferito visitare gli Stati Uniti, anche se fu invitato per primo dal governo sovietico. Le relazioni videro il loro culmine solo durante il governo di Zulfiqar Ali Bhutto, quando durante la sua visita, nel 1974 [ii], il governo sovietico decise di costruire l’Acciaieria del Pakistan a proprie spese, aiutandolo anche nel settore dell’energia nucleare. Poi con  il regime di Zia-ul-Haq, l’amministrazione Carter degli Stati Uniti, l’Arabia Saudita e il generale Zia collaborarono, con l’aiuto dei partiti di destra, per formare i mujaheddin contro i sovietici in Afghanistan [iii].


Tenendo a mente il contesto attuale della situazione politica del Pakistan, gli ultimi sviluppi hanno  la massima importanza per il paese.


Attualmente, gli Stati Uniti e i loro alleati hanno aumentato la pressione sul Pakistan per strapparne il supporto alla politica di Washington di rafforzamento della propria influenza nella regione, nonostante l’apparente contraddizione con gli interessi nazionali del Pakistan. Insieme a ciò, gli Stati Uniti stanno perdendo la loro influenza nella regione a causa del crescente sentimento anti-USA. È per questo che una maggiore cooperazione a livello bilaterale e nel quadro della Shanghai Cooperation Organization (SCO), aiuterà a affrontare le questioni politiche ed economiche del Pakistan. Questo, a sua volta, offrirà nuove opportunità a Islamabad per una politica estera più indipendente e una minore dipendenza economica dagli Stati Uniti e dalle istituzioni finanziarie internazionali, apparentemente controllate dagli Stati Uniti [iv]. L’attuale politica di Washington nella guerra in Afghanistan, sembra essere volta a diminuire l’impatto di Islamabad nel paese e sul processo di pace, e a rafforzare il ruolo dell’India nella soluzione della crisi [v]. Non sorprende che i funzionari di Kabul abbiano anche mostrato un atteggiamento ostile nei confronti del Pakistan, che si riflette in regolari accuse nei confronti della dirigenza pakistana di sostenere la rete haqqani e le organizzazioni estremiste che operano in Pakistan [vi] [vii] [viii].

Con l’attuale dipendenza finanziaria e strategica, il Pakistan può agire solo come semplice spettatore contro le politiche e le pretese degli Stati Uniti. Solo aumentando la cooperazione con la Cina e la Russia nell’approccio regionale che affronti la questione afgana e garantisca la stabilità del paese, aiuterà il Pakistan a tutelare i propri interessi nazionali. E’ ovvio che i legami positivi con la Russia non solo rafforzeranno strategicamente il Pakistan, ma saranno anche una buona occasione per superare i problemi energetici del paese, stimolando anche gli scambi e la cooperazione regionali. Nel quadro della cooperazione militare, il Maresciallo dell’Aria Tahir Rafiq Butt, ha visitato Mosca ad agosto, e ha definito la sua visita uno sviluppo significativo verso una maggiore cooperazione con la Russia nel settore della difesa, in particolare nella difesa aerea. Inoltre, è stato segnalato che all’inizio di settembre il capo dell’esercito del Pakistan, Generale Ashfaq Pervez Kiyani, è stato in visita a Mosca per un incontro ad alto livello con il suo omologo russo. Questa visita potrebbe essere di enorme importanza, in quanto punta verso una svolta politica importante. Un portavoce del ministero degli Esteri di Islamabad, in condizioni di anonimato, ha detto: “Abbiamo voltato una nuova pagina nelle nostre relazioni con la Russia. Si tratta di un grande cambiamento.” [ix]
Il Pakistan è un membro attivo della comunità internazionale nella lotta al terrorismo e alla criminalità transfrontaliera. Tenendo conto di questo significato speciale e la pubblicità negativa raccolta dai media mondiali, anche dopo aver fatto tutti gli sforzi e sacrifici possibili, sarebbe utile ampliare la cooperazione con i paesi della SCO, in particolare Russia e Cina. Tale cooperazione può esservi anche in settori quali la prevenzione e la mitigazione dei rischi naturali e tecnologici, la gestione delle emergenze, la formazione e lo sviluppo di esperti locali – dove la Russia ha una vasta esperienza – in materia di risorse scientifiche e tecniche assieme alle risorse umane e finanziarie. L’attuale ripresa nei rapporti può essere utilizzata per sviluppare una cooperazione economica a lungo termine con la Russia.

Mosca ha espresso interesse a partecipare alla costruzione del TAPI (Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-India, Trans-Afghanistan Pipeline), al programma energetico CASA-1000 (Commercio ed Energia per la Regione Asia Centrale – Asia Meridionale) e all’Acciaieria del Pakistan [x]. A questo proposito, Islamabad potrebbe elaborare proposte per la partecipazione di Mosca nella realizzazione di grandi progetti infrastrutturali del paese, portando a uno sviluppo positivo delle relazioni bilaterali. Il Pakistan gode di un grande vantaggio strategico, è un ponte e corridoio per diverse regioni. Questo lo rende, anche per la Russia, un luogo attraente per materializzare la sua profondità strategica. Pertanto, gli sviluppi in corso tra Mosca e Islamabad, le visite ad alto livello e il possibile ruolo del Pakistan nella SCO, le indicazioni per una grande alleanza Sud ed Est asiatica, nella forma dello SCO e di un asse del partenariato Cina-Russia-Pakistan-Iran, possono portare a presagi positivi non solo per la regione, ma anche per il continente asiatico nel suo complesso.

Note
[i] [ii] [iii] [iv] [v] [vi] [vii] [viii] [ix] [x]

Copyright © 2012 Global Research

Traduzione di Alessandro Lattanzio - SitoAurora

vendredi, 21 septembre 2012

An interview with Daniele Scalea

An interview with Daniele Scalea
 
 

An interview with Daniele Scalea, scientific secretary of the Italian Institute of Geopolitics (IsAG), co-editor-in-chief of the Italian journal Geopolitica.

GRA : Western media confidently say that the fall of the current Syrian regime is inevitable. In your opinion, how well founded this prediction is, and is there some political power that can bring order to this situation?

D.S.: I think that the Syrian regime has so far shown a stunning solidity. There was a period in which Syrian army lost a substantial part of national territory, but it has managed to reconquer it; there was then a surprise attack to Damascus (similar to the surprise attack against Tripoli which toppled Gaddafi), but the government has regained control of the city; there were some important defections among the power establishment, but the latter remain so far close and gathered around Bashar al-Assad. So, I don't think that a violent overthrow of Syrian government is imminent nor probable, except for the case of a foreign invasion.

Thus who can bring order to this situation is a NATO-led invasion (which would obviously create an order favorable to US hegemony, which could also be a "disorder", i.e. a sectarian division of Syria) or a peaceful negotiated agreement between involved great powers, which would put an end to foreign interference that is feeding the civil war in Syria.

GRA: How likely is a forceful U.S. intervention in the Syrian conflict and attempt to violently overthrow the regime of Bashar al-Assad (or the U.S. will keep a distance and will not dare to risk)? Under circumstances of such a possibility, what consequences it will bring to America itself?

D.S.: I hold really unlikely a direct armed intervention of US in the Syrian conflict, i.e. an intervention further that the arming of rebels (which is probably already underway). New US strategy provide for the use of proxy countries in war - especially in the Near East, since US focus is shifting towards Far East - with at most a limited direct contribution. Lybian war is the model: France, UK, Italy and Qatar were in the frontline, while US remained on the second row. In the Syrian case proxy roles is assumed by Turkey, Saudi Arabia and Qatar. It is so more probable an intervention by those countries. But I believe it is unlikely too. In fact, such an action would risk to bring in the conflict also Iran, and then US would be obliged to intervene in first person. That is a dream scenario for Israel, and also for a part of US establishment, but I guess that the main part of Washington rulers - and especially Obama and his entourage - want to avoid it.

GRA: How do you assess Russia's position in this issue? Is Russia able to compromise, yielding to the wiles of the West (for example, the proposal of Hillary Clinton to establish demilitarized zone), despite the fact, that Russia has already received a very difficult experience in the situation in Libya?

D.S.: Russian position has been very balanced and sane: Moscow condemns violence on both sides, works for a negotiated and peaceful solution of the crisis, and doesn't appear willing to surrender to NATO one more time, as was in Lybian case last year. A big problem would emerge in the event - for me very unlikely but not impossible - of a NATO-led or NATO-inspired foreign armed intervention in Syria. What would be Russian response? She would be ready to react? And also if morally ready, she would have the capacity for a strong power projection in the Near East? Or, as in 2003 with the US invasion of Iraq despite Russian opposition, would might make right?

GRA : How, in your opinion, will deploy the situation after the overthrow of Bashar Assad? According to the information, disseminated through the media, there are already dozens of catastrophic scenarios.

D.S.: A forced overthrow of Bashar al-Assad would very probably entail a period of futher domestic turmoil or a foreign occupation of Syria. Subject should change if al-Assad resign in the frame of a negotiated peaceful solution of the crisis.

GRA : One possible scenario is the territorial division of Syria into three parts. Chagry Erhan, Director of the Center of Strategic Research of the European peoples, believes that the Baath regime, that is being removed from power, will try to create a new state on the basis of belonging to a madhhab through Latakia-Tartus, what can lead to a decision of destruction or assimilation of the Sunni population. In addition, such a step (creation of a new state) can undertake also Kurds. And here raises a difficult question - how to prevent the partition of the country? Erhan believes that once the government will intervene in the process by violent means, this will lead to more bloodshed. How likely do you think, this scenario is?

D.S.: I don't hold likely the very creation of a new Alawi state in Syria, whereas is probable that a violent overthrow of the current regime could create a situation of civilian and sectarian war in the country. Resistance by Syrian government and armed forces have created an ideal scenario for a negotiated solution of the crisis. Negotiation should be bring domestically, between Baathist rulers and mainly Islamist opponents, and internationally between US and Russia, Turkey-Egypt-GCC and Iran.

 

 

 

jeudi, 20 septembre 2012

Allemagne/Russie: alliance eurasiatique!

 

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Giacomo GABELLINI:

Allemagne/Russie: alliance eurasiatique!

 

La rigidité, qui caractérise les rapports que Berlin vient d’instaurer avec l’Europe (suite à la crise grecque), ne correspond nullement au dynamisme dont l’Allemagne fait preuve en se rapprochant de la Chine, de la Russie et de l’Inde, trois Etats qui forment les principaux piliers de soutien de l’ensemble désormais dénommé BRICS. La visite d’Angela Merkel à la Nouvelle Delhi en mai 2011 est venue sceller la collaboration avec l’Inde, surtout dans le domaine de la haute technologie. Les échanges entre l’Allemagne et la Chine en 2011 s’élevaient, en chiffres, à 144 milliards de dollars et seront sans nul doute doublés d’ici 2015, année où on les estime d’ores et déjà à quelque 280 milliards. Ces chiffres permettront à l’Allemagne de se hisser sur le podium des principaux pays exportateurs de biens et de services vers la Chine et de dépasser les Etats-Unis. Berlin resserrera ispso facto ses rapports stratégiques avec la Chine. En avril 2012, le premier ministre chinois Wen Jibao s’est rendu à Wolfsburg, la ville-mère de l’entreprise automobile Volkswagen, dans le but de sceller un accord visant à installer une nouvelle usine Volkswagen dans la région du Xinjiang (le “Turkestan” chinois). Les autorités chinoises prévoient, par cet accord, de diminuer le taux élevé de chômage dans cette province, qui a contribué, dans un premier temps, à alimenter les sentiments centriguges de la population indigène.

 

Cette intensification des rapports avec la Chine constitue la part intégrante et principale d’un processus qui vise le repositionnement de l’économie allemande en direction des marchés émergeants. Selon un rapport établi par l’“European Council on Foreign Relations”, “l’Allemagne tend désormais à se considérer comme une force crédible dans un monde multipolaire, ce qui alimente son ambition de devenir ‘globale’ en tablant sur ses propres forces” (1).

 

Cet accroissement important des échanges germano-chinois est toutefois dû au rôle joué par la Russie, à laquelle l’Allemagne est liée par le biais d’une alliance stratégique et énergétique de tout premier ordre. Outre la mise en oeuvre du gazoduc “Nord Stream” —qui permet au méthane russe de s’acheminer vers le terminal allemand de Greifswald et d’alimenter ainsi la croissance économique allemande— et la présence de 6000 entreprises allemandes sur le territoire russe, il faut compter le projet d’aménager une ligne ferroviaire moderne capable de transporter 400.000 tonnes de marchandises de la Chine à l’Allemagne, grâce à un accord conclu entre les chemins de fer allemands (Deutsche Bundesbahn) et leurs homologues russes (Rossiyskie Zheleznye Dorogi). Il s’agit là d’une réalisation économique d’importance fondamentale qui garantira des perspectives stratégiques de premier plan. Le but ultime de cet accord se perçoit dans l’émergence d’une nouvelle société mixte, l’“Eurasia Rail Logistics”, par laquelle les chemins de fer allemands sont appelés à s’occuper de la modernisation des lignes russes en fournissant les services d’ingénierie technique —subsidiés par des entreprises comme “Simens”— afin de remplacer des milliers de kilomètres de vielles voies binaires par des parcours de haute vitesse. Cette modernisation concerne surtout le “Transsibérien” —le “pont eurasiatique” par antonomase— dont on doit la construction, commencée en 1890 et terminée en 1916, à la volonté de ce grand premier ministre russe que fut Sergueï Witte, qui voulait relier par fer tous les points de l’immense espace couvert par l’Empire russe. Le “Transsibérien”, dont le trajet dépasse les 9000 km, demeure la plus longue voie ferrée du monde. Il relie le port russe de Vladivostok à Moscou. Le tracé qui reliera Moscou au port hollandais de Rotterdam allongera le trajet Pacifique/Atlantique de quelque 3000 km. Il sera construit ultérieurement. Les problèmes de manutention et la vitesse maximale réduite constituent les deux facteurs qui avaient, jusqu’ici, limité considérablement les potentialités de ce formidable corridor eurasiatique. L’intervention de la Deutsche Bundesbahn renverse la situation. La modernisation des structures du Transsibérien par les chemins de fer allemands a permis, en janvier 2008, de transporter par voie ferrée des marchandises par le “Beijing-Hamburg Container Express”, connecté au Transsibérien au point de jonction russe d’Oulan Oudé. Ces marchandises sont arrivées à destination en l’espace de quinze jours alors que le transport par mer demande le double de temps au minimum. Cet “exprès” a parcouru plus de 10.000 km, en passant par la Mongolie, la Russie, la Biélorussie et la Pologne.

 

 

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De cette façon, la Russie aura la possibilité de moderniser ses propres voies de communication stratégiques, en apprenant des Allemands comment construire des chemins de fer à haute vitesse et à géer le trafic par ordinateurs. Ils revendront ensuite cette technologie allemande à des pays asiatiques comme l’Iran et l’Inde. L’Allemagne a ainsi obtenu l’accès direct à la Chine, à travers l’immense territoire russe. La Deutsche Bundesbahn, grâce à cette formidable projection vers l’Est, pourra diffuser dans toute l’Eurasie les critères stabilisés par l’UE et consignés dans le “Trans-European Transport Network” (TEN), un projet visant à favoriser les trafics en provenance d’Europe et en direction de l’Extrême-Orient et, à l’inverse, à transporter des matières premières vers les industries européennes. Le projet TEN, pour lequel on prévoit des crédits de 400 milliards d’euro, n’envisage pas seulement de construire des voies de chemin de fer mais aussi de faciliter la construction de routes et d’autres “corridors transcontinentaux”. L’Allemagne cherche donc à se redonner du “Lebensraum”, de l’“espace vital”, en reprenant sa politique traditionnelle de “Drang nach Osten” (de “poussée vers l’Est”) et, par la même occasion, en créant une série de corridors stratégiques qui partent de l’Ouest vers l’Est. Le concept d’“espace vital” avait été élaboré par le géopolitologue allemand Karl Ernst Haushofer, bien avant qu’il ne fut exploité et détourné de son sens par les Nazis). Il suffit de jeter un coup d’oeil sur une carte géographique pour constater que la “poussée vers l’Est” est la voie traditionnelle de l’expansion allemande. Seul l’Est est capable de rapporter des bénéfices énormes, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan économique, non seulement à la métropole allemande mais aussi à tous les pays impliqués, tout simplement parce qu’elle permet d’accélérer l’inéluctable intégration économique de la Russie, riche en matières premières, et de l’Allemagne, qui dispose d’une industrie très importante et d’un savoir-faire technologique enviable. C’est justement pour empêcher l’émergence d’un aussi formidable bloc économique intégré, qui assurerait l’hégémonie germano-russe sur l’ensemble de l’Eurasie, que les Etats-Unis ont déclenché l’attaque contre la Serbie de Slobodan Milosevic. En 1999, les premières cibles détruites par les bombardiers de l’OTAN ont été les ponts sur le Danube et sur la Save parce que l’objectif principal était de barrer la route au trafic fluvial allemand (comme nous avons déjà eu l’occasion de le démontrer) en direction du Sud-Est de l’Europe (et donc de la Méditerranée orientale).

 

Les prémices de la formation d’un bloc hégémonique continental similaire se sont manifestés dès 1989, suite à l’écroulement du Mur de Berlin. L’Allemagne s’est alors réunifiée sous la houlette du Chancelier Helmut Kohl et, surtout, d’un homme très habile, le Président de la “Deutsche Bank”, Alfred Herrhausen. “D’ici dix ans, affirmait Herrhausen, l’Allemagne de l’Est deviendra le complexe technologiquement le plus avancé de l’Europe et, en même temps, le tremplin qui permettra de lancer notre économie vers l’Est, de manière telle que la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et aussi la Bulgarie joueront, à leur tour, un rôle essentiel dans le développement européen” (2). En conformité avec cet objectif, Herrhausen entendait supprimer la dette “inter-entreprises”, fait comptable qui pesait sur l’industrie ex-communiste (en 1994, cette dette s’élevait à 200 milliards de marks), en considérant que cette dette, précisément, était un atout entre les mains de la Banque Mondiale et du FMI qui, tous deux, s’opposaient, de manière irréductible, à tout assainissement du secteur industriel hérité par l’Allemagne suite à la réunification. Le Président de la Deutsche Bank soutenait, entre autres choses, le projet, jugé nécessaire, de construire des voies ferrées rapides menant à Moscou. C’est là exactement le type de projet que les puissances maritimes —l’Angleterre d’abord, les Etats-Unis ensuite— ont toujours rejeté. Herrhausen se distinguait en proposant une vision nouvelle et innovante des rapports internationaux et proposait de redimensionner le rôle de l’Allemagne qui, selon sa conception, devrait fonctionner comme un “pont” entre l’Est et l’Ouest et comme le moteur d’une reconversion industrielle et d’un développement nouveau dans une Europe soustraite au contrôle de la Banque Mondiale et du FMI.

 

 

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Tandis qu’il se décarcassait pour mettre ses plans en oeuvre, Herrhausen dénonçait ceux qui le critiquaient outrageusement (3), quand il exposait ses vues et demandait à la Banque Mondiale et au FMI d’épargner aux pays ex-communistes la “thérapie de choc” préconisée par un Jeffrey Sachs; il demandait, en insistant beaucoup, que soit accordé à ces pays un moratoire sur leurs dettes pendant quelques années, de manière à ce qu’ils puissent exploiter leurs propres ressources pour la reconstruction plutôt que payer immédiatement aux banquiers, dès l’exercice suivant, une part de leurs dettes, ou les intérêts dus. Malgré l’hostilité de la BM et du FMI, Herrhausen réussit à trouver bon accueil partout en Europe pour ses idées et projets; en l’espace de quelques petites années, la traduction de ses plans dans les réalités européennes et euro-russes aurait pu s’avérer suffisante pour faire décoller ses grands projets. Le plus important de ceux-ci fut la création, à Varsovie, d’une banque pour le développement, destinée à financer la reconstruction et l’intégration de l’Europe centrale et orientale à l’Europe occidentale. Le 1 décembre 1989, avec une ponctualité effrayante, un engin explosif —équipé d’un système d’amorçage sophistiqué fonctionnant au laser— fait sauter l’automobile blindée dans laquelle Herrhausen se déplaçait. La responsabilité de l’attentat a été attribuée au groupe terroriste communiste de la “Rote Armee Fraktion” (RAF), après une enquête des plus superficielles.

 

Immédiatement après la disparition tragique de Herrhausen, un économiste mieux noté, comme Detlev Karsten Rohwedder, a cherché à poursuivre le sillon ouvert par son malheureux prédécesseur. Rohwedder était le chef de la “Treuhandanstalt”, un holding public qui regroupe toutes les industries d’Etat de l’ex-République Démocratique Allemande (DDR/RDA), après une belle carrière déjà, où il avait préparé et géré en personne le plan d’assainissement et la réorganisation du colosse chimique et pharmaceutique Hoechst AG. Rohwedder affirmait: “A partir du moment où un libéralisme de marché de type doctrinaire ne fonctionne plus, il faut néanmoins privilégier une politique publique d’assainissement dans le cadre plus général des privatisations” (4). C’était là la politique contraire de celle réclamée par le FMI et la Banque Mondiale. Rohwedder avait l’intention de favoriser les investissements publics pour remettre en état de marche et pour moderniser le vieil appareil industriel hérité de la RDA, afin que “la population d’Allemagne de l’Est puisse dépasser au plus vite sa condition d’infériorité matérielle” (5). Cet économiste, relativement inconnu, projettait de transférer le contrôle de la “Treuhandanstalt” du ministère des finances à celui de l’économie, de façon à ce que le holding devienne l’organe central d’un dirigisme allemand rénové. Le 12 avril 1991, un ou plusieurs assassins stipendiés prennent Rohwedder pour cible, tirent trois coups de fusil à visée infra-rouge qui fracasent une fenêtre de sa maison à Düsseldorf, la fenêtre de la pièce où il se trouvait, et le tuent. La RAF revendique la responsabilité de l’attentat, ce qui démontre, une fois de plus, quelle est la véritable fonction de tout “terrorisme extrémiste”. La menace que représentait des personnalités comme Herrhausen et Rohwedder est dénoncée, de manière très précise, par un Henry Kissinger, d’après qui: “Si les deux puissances que sont l’Allemagne et la Russie s’intègrent économiquement, en tissant des liens plus étroits entre elles, alors surviendra le péril que peut représenter leur hégémonie” (6). Le rapprochement actuel entre l’Allemagne et la Russie est dû essentiellement, aujourd’hui, aux efforts de Vladimir Poutine: c’est lui qui met tout en oeuvre pour que les plans d’intégration, pensés par Herrhausen et Rohwedder, reçoivent une nouvelle chance. La situation actuelle montre que l’Allemagne a reconsidéré de manière radicale son positionnement stratégique, en se repprochant des nouveaux centres de gravité de la planète, soit les centres que représente le BRICS, qui sont en train de faire basculer l’axe de la croissance mondiale de l’Atlantique en direction des Océans Indien et Pacifique, tout en ouvrant des perspectives nouvelles et profondément révolutionnaires pour le continent européen tout entier.

 

Si l’Allemagne parvient à bétonner solidement sa tentative d’entraîner l’Europe dans le sillage de Berlin, le péril, que pointait Zbigniew Brzezinski dans ses admonestations aux Etats-Unis, risquerait bien de prendre forme. Brzezinski: “Pour tout dire en des termes qui rappellent l’ère la plus brutale des empires antiques, les trois grands impératifs de la géostratégie impériale des Etats-Unis sont d’empêcher la collusion entre les vassaux et de les maintenir dans la dépendance (en ce qui concerne leur défense), de garder des tributaires faibles qu’il faut protéger et d’empêcher les barbares de s’unir” (7). Une “union des barbares” est justement en train de se forger et elle pourrait apporter une certaine discontinuité dans les scénarios du futur...

 

Giacomo GABELLINI,

Article paru sur le site: http://www.eurasia-rivista.org/

URL: http://www.eurasia-rivista.org/germania-russia-l’alleanza-eurasiatica/16549/print/ - Mis en ligne le 26 juillet 2012.

 

Notes:

(1)   Corriere della Sera, 24 avril 2012.

(2)   Il Tempo, 30 novembre 2009.

(3)   Ibid.

(4)   Frankfurter Allgemeiner Zeitung, 30 mars 1991.

(5)   Ibid.

(6)   Welt am Sonntag, 1 mars 1992.

(7)   Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier.

mardi, 18 septembre 2012

Tiberio Graziani: 'US uses Europe as a bridge-head to attack Eurasia'

Tiberio Graziani:

'US uses Europe as a bridge-head

to attack Eurasia'

 

mardi, 24 juillet 2012

L’itinéraire d’un géopolitologue allemand: Karl Haushofer

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Robert Steuckers:
L’itinéraire d’un géopolitologue allemand: Karl Haushofer

Préambule: le texte qui suit est une brève recension du premier des deux épais volumes que le Prof. Hans-Adolf Jacobsen a consacré à Karl Haushofer. Le travail à accomplir pour réexplorer en tous ses recoins l’oeuvre de Karl Haushofer, y compris sa correspondance, est encore immense. Puisse cette modeste contribution servir de base aux étudiants qui voudraient, dans une perspective néo-eurasienne, entamer une lecture des oeuvres de Haushofer et surtout analyser tous les articles parus dans sa “Zeitschrift für Geopolitik”.

Haushofer est né en 1869 dans une famille bien ancrée dans le territoire bavarois. Les archives nous rappellent que le nom apparaît dès 1352, pour désigner une famille paysanne originaire de de la localité de Haushofen. Les ancêtres maternels, eux, sont issus du pays frison dans le nord de l’Allemagne. Orphelin de mère très tôt, dès l’âge de trois ans, le jeune Karl Haushofer sera élevé par ses grands-parents maternels en Bavière dans la région du Chiemsee. Le grand-père Fraas était professeur de médecine vétérinaire à Munich. En évoquant son enfance heureuse, Haushofer, plus tard, prend bien soin de rappeler que les différences de caste étaient inexistantes en Bavière: les enfants de toutes conditions se côtoyaient et se fréquentaient, si bien que les arrogances de classe étaient inexistantes: sa bonhommie et sa gentillesse, proverbiales, sont le fruit de cette convivialité baroque: ses intiatives porteront la marque de ce trait de caractère. Haushofer se destine très tôt à la carrière militaire qu’il entame dès 1887 au 1er Régiment d’Artillerie de campagne de l’armée du Royaume de Bavière.

En mission au Japon

Le 8 août 1896, il épouse Martha Mayer-Doss, une jeune femme très cultivée d’origine séphérade, côté paternel, de souche aristocratique bavaroise, côté maternel. Son esprit logique seront le pendant nécessaire à la fantaisie de son mari, à l’effervescence bouillonnante de son esprit et surtout de son écriture. Elle lui donnera deux fils: Albrecht (1903-1945), qui sera entraîné dans la résistance anti-nazie, et Heinz (1906-?), qui sera un agronome hors ligne. Le grand tournant de la vie de Karl Haushofer, le début véritable de sa carrière de géopolitologue, commence dès son séjour en Asie orientale, plus particulièrement au Japon (de la fin 1908 à l’été 1910), où il sera attaché militaire puis instructeur de l’armée impériale japonaise. Le voyage du couple Haushofer vers l’Empire du Soleil Levant commence à Gênes et passe par Port Saïd, Ceylan, Singapour et Hong Kong. Au cours de ce périple maritime, il aborde l’Inde, voit de loin la chaîne de l’Himalaya et rencontre Lord Kitchener, dont il admire la “créativité défensive” en matière de politique militaire. Lors d’un dîner, début 1909, Lord Kitchener lui déclare “que toute confrontation entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne coûterait aux deux puissances leurs positions dans l’Océan Pacifique au profit du Japon et des Etats-Unis”. Haushofer ne cessera de méditer ces paroles de Lord Kitchener. En effet, avant la première guerre mondiale, l’Allemagne a hérité de l’Espagne la domination de la Micronésie qu’elle doit défendre déjà contre les manigances américaines, alors que les Etats-Unis sont maîtres des principales îles stratégiques dans cet immense espace océanique: les Philippines, les Iles Hawaï et Guam. Dès son séjour au Japon, Haushofer devient avant tout un géopolitologue de l’espace pacifique: il admet sans réticence la translatio imperii en Micronésie, où l’Allemagne, à Versailles, doit céder ces îles au Japon; pour Haushofer, c’est logique: l’Allemagne est une “puissance extérieure à l’espace pacifique” tandis que le Japon, lui, est une puissance régionale, ce qui lui donne un droit de domination sur les îles au sud de son archipel métropolitain. Mais toute présence souveraine dans l’espace pacifique donne la maîtrise du monde: Haushofer n’est donc pas exclusivement le penseur d’une géopolitique eurasienne et continentale, ou un exposant érudit d’une géopolitique nationaliste allemande, il est aussi celui qui va élaborer, au fil des années dans les colonnes de la revue “Zeitschrift für Geopolitik”, une thalassopolitique centrée sur l’Océan Pacifique, dont les lecteurs les plus attentifs ne seront pas ses compatriotes allemands ou d’autres Européens mais les Soviétiques de l’agence “Pressgeo” d’Alexander Rados, à laquelle collaborera un certain Arthur Koestler et dont procèdera le fameux espion soviétique Richard Sorge, également lecteur très attentif de la “Zeitschrift für Geopolitik” (ZfG). Dans son journal, Haushofer rappelle les rapports qu’il a eus avec des personnalités soviétiques comme Tchitchérine et Radek-Sobelsohn. L’intermédiaire entre Haushofer et Radek était le Chevalier von Niedermayer, qui avait lancé des expéditions en Perse et en Afghanistan. Niedermayer avait rapporté un jour à Haushofer que Radek lisait son livre “Geopolitik der Pazifischen Ozeans”, qu’il voulait faire traduire. Radek, roublard, ne pouvait faire simplement traduire le travail d’un général bavarois et a eu une “meilleure” idée dans le contexte soviétique de l’époque: fabriquer un plagiat assorti de phraséologie marxiste et intitulé “Tychookeanskaja Probljema”. Toutes les thèses de Haushofer y était reprises, habillées d’oripeaux marxistes. Autre intermédiaire entre Radek et Haushofer: Mylius Dostoïevski, petit-fils de l’auteur des “Frères Karamazov”, qui apportait au géopolitologue allemand des exemplaires de la revue soviétique de politique internationale “Nowy Vostok” (= “Nouveau Monde”), des informations soviétiques sur la Chine et le Japon et des écrits du révolutionnaire indonésien Tan Malakka sur le mouvement en faveur de l’auto-détermination de l’archipel, à l’époque sous domination néerlandaise.

Le séjour en Extrême-Orient lui fait découvrir aussi l’importance de la Mandchourie pour le Japon, qui cherche à la conquérir pour se donner des terres arables sur la rive asiatique qui fait face à l’archipel nippon (l’achat de terres arables, notamment en Afrique, par des puissances comme la Chine ou la Corée du Sud est toujours un problème d’actualité...). Les guerres sino-japonaises, depuis 1895, visent le contrôle de terres d’expansion pour le peuple japonais coincé sur son archipel montagneux aux espaces agricoles insuffisants. Dans les années 30, elles viseront à contrôler la majeure partie des côtes chinoises pour protéger les routes maritimes acheminant le pétrole vers les raffineries nippones, denrée vitale pour l’industrie japonaise en plein développement.

Début d’une carrière universitaire

Le retour en Allemagne de Karl et Martha Haushofer se fait via le Transibérien, trajet qui fera comprendre à Haushofer ce qu’est la dimension continentale à l’heure du chemin de fer qui a réduit les distances entre l’Europe et l’Océan Pacifique. De Kyoto à Munich, le voyage prendra exactement un mois. Le résultat de ce voyage est un premier livre, “Dai Nihon – Grossjapan” (en français: “Le Japon et les Japonais”, avec une préface de l’ethnologue franco-suisse Georges Montandon). Le succès du livre est immédiat. Martha Haushofer contacte alors le Professeur August von Drygalski (Université de Munich) pour que son mari puisse suivre les cours de géographie et passer à terme une thèse de doctorat sur le Japon. Haushofer est, à partir de ce moment-là, à la fois officier d’artillerie et professeur à l’Université. En 1913, grâce à la formidable puissance de travail de son épouse Martha, qui le seconde avec une redoutable efficacité dans tous ses projets, sa thèse est prête. La presse spécialisée se fait l’écho de ses travaux sur l’Empire du Soleil Levant. Sa notoriété est établie. Mais les voix critiques ne manquent pas: sa fébrilité et son enthousiasme, sa tendance à accepter n’importe quelle dépêche venue du Japon sans vérification sourcilleuse du contenu, son rejet explicite des “puissances ploutocratiques” (Angleterre, Etats-Unis) lui joueront quelques tours et nuiront à sa réputation jusqu’à nos jours, où il n’est pas rare de lire encore qu’il a été un “mage” et un “géographe irrationnel”.

Le déclenchement de la première guerre mondiale met un terme (tout provisoire) à ses recherches sur le Japon. Les intérêts de Haushofer se focalisent sur la “géographie défensive” (la “Wehrgeographie”) et sur la “Wehrkunde” (la “science de la défense”). C’est aussi l’époque où Haushofer découvre l’oeuvre du géographe conservateur et germanophile suédois Rudolf Kjellen, auteur d’un ouvrage capital et pionnier en sciences politiques: “L’Etat comme forme de vie” (“Der Staat als Lebensform”). Kjellen avait forgé, dans cet ouvrage, le concept de “géopolitique”. Haushofer le reprend à son compte et devient ainsi, à partir de 1916, un géopolitologue au sens propre du terme. Il complète aussi ses connaissances par la lecture des travaux du géographe allemand Friedrich Ratzel (à qui l’on doit la discipline de l’anthropogéographie); c’est l’époque où il lit aussi les oeuvres des historiens anglais Gibbon (“Decline and Fall of the Roman Empire”) et Macaulay, exposant de la vision “Whig” (et non pas conservatrice) de l’histoire anglaise, étant issu de familles quaker et presbytérienne. Les événements de la première guerre mondiale induisent Haushofer à constater que le peuple allemand n’a pas reçu —en dépit de l’excellence de son réseau universitaire, de ses érudits du 19ème siècle et de la fécondité des oeuvres produites dans le sillage de la pensée organique allemande,— de véritable éducation géopolitique et “wehrgeographisch”, contrairement aux Britanniques, dont les collèges et universités ont été à même de communiquer aux élites le “sens de l’Empire”.

Réflexions pendant la première guerre mondiale

Ce n’est qu’à la fin du conflit que la fortune des armes passera dans le camp de l’Entente. Au début de l’année 1918, en dépit de la déclaration de guerre des Etats-Unis de Woodrow Wilson au Reich allemand, Haushofer est encore plus ou moins optimiste et esquisse brièvement ce qui, pour lui, serait une paix idéale: “La Courlande, Riga et la Lituanie devront garder des liens forts avec l’Allemagne; la Pologne devra en garder d’équivalents avec l’Autriche; ensuite, il faudrait une Bulgarie consolidée et agrandie; à l’Ouest, à mon avis, il faudrait le statu quo tout en protégeant les Flamands, mais sans compensation allemande pour la Belgique et évacuation pure et simple de nos colonies et de la Turquie. Dans un tel contexte, la paix apportera la sécurité sur notre flanc oriental et le minimum auquel nous avons droit; il ne faut absolument pas parler de l’Alsace-Lorraine”. L’intervention américaine lui fera écrire dans son journal: “Plutôt mourir européen que pourrir américain”.

Haushofer voulait dégager les “trois grands peuples de l’avenir”, soit les Allemands, les Russes et les Japonais, de l’étranglement que leur préparaient les puissances anglo-saxonnes. Les énergies de l’ “ours russe” devaient être canalisées vers le Sud, vers l’Inde,sans déborder ni à l’Ouest, dans l’espace allemand, ni à l’Est dans l’espace japonais. L’ “impérialisme du dollar” est, pour Haushofer, dès le lendemain de Versailles, le “principal ennemi extérieur”. Face à la nouvelle donne que constitue le pouvoir bolchevique à Moscou, Haushofer est mitigé: il rejette le style et les pratiques bolcheviques mais concède qu’elles ont libéré la Russie (et projettent de libérer demain tous les peuples) de “l’esclavage des banques et du capital”.

En 1919, pendant les troubles qui secouent Munich et qui conduisent à l’émergence d’une République des Conseils en Bavière, Haushofer fait partie des “Einwohnerwehrverbände” (des unités de défense constituées par les habitants de la ville), soit des milices locales destinées à maintenir l’ordre contre les émules de la troïka “conseilliste” et contre les pillards qui profitaient des désordres. Elles grouperont jusqu’à 30.000 hommes en armes dans la capitale bavaroise (et jusqu’à 360.000 hommes dans toute la Bavière). Ces unités seront définitivement dissoutes en 1922.

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Les résultats du Traité de Versailles

La fin de la guerre et des troubles en Bavière ramène Haushofer à l’Université, avec une nouvelle thèse sur l’expansion géographique du Japon entre 1854 et 1919. Une chaire est mise à sa disposition en 1919/1920 où les cours suivants sont prodigués à onze étudiants: Asie orientale, Inde, Géographie comparée de l’Allemagne et du Japon, “Wehrgeographie”, Géopolitique, Frontières, Anthropogéographie, Allemands de l’étranger, Urbanisme, Politique Internationale, Les rapports entre géographie, géopolitique et sciences militaires. L’objectif de ces efforts était bien entendu de former une nouvelle élite politique et diplomatique en mesure de provoquer une révision des clauses du Traité de Versailles. Pour Wilson, le principe qui aurait dû régir la future Europe après les hostilités était celui des “nationalités”. Aucune frontière des Etats issus notamment de la dissolution de l’Empire austro-hongrois ne correspondait à ce principe rêvé par le président des Etats-Unis. Dans chacun de ces Etats, constataient Haushofer et les autres exposants de la géopolitique allemande, vivaient des minorités diverses mais aussi des minorités germaniques (dix millions de personnes en tout!), auxquelles on refusait tout contact avec l’Allemagne, comme on refusait aux Autrichiens enclavés, privés de l’industrie tchèque, de la viande et de l’agriculture hongroises et croates et de toute fenêtre maritime de se joindre à la République de Weimar, ce qui était surtout le voeu des socialistes à l’époque (ils furent les premiers, notamment sous l’impulsion de leur leader Viktor Adler, à demander l’Anschluss). L’Allemagne avait perdu son glacis alsacien-lorrain et sa province riche en blé de Posnanie, de façon à rendre la Pologne plus ou moins autarcique sur le plan alimentaire, car elle ne possédait pas de bonnes terres céréalières. La Rhénanie était démilitarisée et aucune frontière du Reich était encore “membrée” pour reprendre, avec Haushofer, la terminologie forgée au 17ème siècle par Richelieu et Vauban. Dans de telles conditions, l’Allemagne ne pouvait plus être “un sujet de l’histoire”.

Redevenir un “sujet de l’histoire”

Pour redevenir un “sujet de l’histoire”, l’Allemagne se devait de reconquérir les sympathies perdues au cours de la première guerre mondiale. Haushofer parvient à exporter son concept, au départ kjellénien, de “géopolitique”, non seulement en Italie et en Espagne, où des instituts de géopolitique voient le jour (pour l’Italie, Haushofer cite les noms suivants dans son journal: Ricciardi, Gentile, Tucci, Gabetti, Roletto et Massi) mais aussi en Chine, au Japon et en Inde. La géopolitique, de facture kjellénienne et haushoférienne, se répand également par dissémination et traduction dans une quantité de revues dans le monde entier. La deuxième initiative qui sera prise, dès 1925, sera la création d’une “Deutsche Akademie”, qui avait pour but premier de s’adresser aux élites germanophones d’Europe (Autriche, Suisse, minorités allemandes, Flandre, Scandinavie, selon le journal tenu par Haushofer). Cette Académie devait compter 100 membres. L’idée vient au départ du légat de Bavière à Paris, le Baron von Ritter qui, en 1923 déjà, préconisait la création d’une institution allemande semblable à l’Institut de France ou même à l’Académie française, afin d’entretenir de bons et fructueux contacts avec l’étranger dans une perspective d’apaisement constructif. Bien que mise sur pied et financée par des organismes privés, la “Deutsche Akademie” ne connaîtra pas le succès que méritait son programme séduisant. Les “Goethe-Institute”, qui représentent l’Allemagne sur le plan culturel aujourd’hui, en sont les héritiers indirects, depuis leur fondation en 1932.

L’objectif des instituts de géopolitique, de la Deutsche Akademie et des “Goethe-Institute” est donc de générer au sein du peuple allemand une sorte d’ “auto-éducation” permanente aux faits géographiques et aux problèmes de la politique internationale. Cette “auto-éducation” ou “Selbsterziehung” repose sur un impératif d’ouverture au monde, exactement comme Karl et Martha Haushofer s’étaient ouverts aux réalités indiennes, asiatiques, pacifiques et sibériennes entre 1908 et 1910, lors de leur mission militaire au Japon. Haushofer explique cette démarche dans un mémorandum rédigé dans sa villa d’Hartschimmelhof en août 1945. La première guerre mondiale, y écrit-il, a éclaté parce que les 70 nations, qui y ont été impliquées, ne possédaient pas les outils intellectuels pour comprendre les actions et les manoeuvres des autres; ensuite, les idéologies dominantes avant 1914 ne percevaient pas la “sacralité de la Terre” (“das Sakrale der Erde”). Des connaissances géographiques et historiques factuelles, couplées à cette intuition tellurique —quasi romantique et mystique à la double façon du “penseur et peintre tellurique” Carl Gustav Carus, au 19ème siècle, et de son héritier Ludwig Klages qui préconise l’attention aux mystères de la Terre dans son discours aux mouvements de jeunesse lors de leur rassemblement de 1913— auraient pu contribuer à une entente générale entre les peuples: l’intuition des ressources de Gaia, renforcée par une “tekhnê” politique adéquate, aurait généré une sagesse générale, partagée par tous les peuples de la Terre. La géopolitique, dans l’optique de Haushofer, quelques semaines après la capitulation de l’Allemagne, aurait pu constituer le moyen d’éviter toute saignée supplémentaire et toute conflagration inutile (cf. Jacobsen, tome I, pp. 258-259).

Une géopolitique révolutionnaire dans les années 20

En dépit de ce mémorandum d’août 1945, qui regrette anticipativement la disparition de toute géopolitique allemande, telle que Haushofer et son équipe l’avaient envisagée, et souligne la dimension “pacifiste”, non au sens usuel du terme mais selon l’adage latin “Si vis pacem, para bellum” et selon l’injonction traditionnelle qui veut que c’est un devoir sacré (“fas”) d’apprendre de l’ennemi, Haushofer a été aussi et surtout —c’est ce que l’on retient de lui aujourd’hui— l’élève rebelle de Sir Halford John Mackinder, l’élève qui inverse les intentions du maître en retenant bien la teneur de ses leçons; pour Mackinder, à partir de son célèbre discours de 1904 au lendemain de l’inauguration du dernier tronçon du Transibérien, la dynamique de l’histoire reposait sur l’opposition atavique et récurrente entre puissances continentales et puissances maritimes (ou thalassocraties). Les puissances littorales du grand continent eurasiatique et africain sont tantôt les alliées des unes tantôt celles des autres. Dans les années 20, où sa géopolitique prend forme et influence les milieux révolutionnaires (dont les cercles que fréquentaient Ernst et Friedrich-Georg Jünger ainsi que la figure originale que fut Friedrich Hielscher, sans oublier les communistes gravitant autour de Radek et de Rados), Haushofer énumère les puissances continentales actives, énonciatrices d’une diplomatie originale et indépendante face au monde occidental anglo-saxon ou français: l’Union Soviétique, la Turquie (après les accords signés entre Mustafa Kemal Atatürk et le nouveau pouvoir soviétique à Moscou), la Perse (après la prise du pouvoir par Reza Khan), l’Afghanistan, le sous-continent indien (dès qu’il deviendra indépendant, ce que l’on croit imminent à l’époque en Allemagne) et la Chine. Il n’y incluait ni l’Allemagne (neutralisée et sortie du club des “sujets de l’histoire”) ni le Japon, puissance thalassocratique qui venait de vaincre la flotte russe à Tsoushima et qui détenait le droit, depuis les accords de Washington de 1922 d’entretenir la troisième flotte du monde (le double de celle de la France!) dans les eaux du Pacifique. Pour “contenir” les puissances de la Terre, constate Haushofer en bon lecteur de Mackinder, les puissances maritimes anglo-saxonnes ont créé un “anneau” de bases et de points d’appui comme Gibraltar, Malte, Chypre, Suez, les bases britanniques du Golfe Persique, l’Inde, Singapour, Hong Kong ainsi que la Nouvelle-Zélande et l’Australie, un cordon d’îles et d’îlots plus isolés (Tokelau, Suvarov, Cook, Pitcairn, Henderson, ...) qui s’étendent jusqu’aux littoraux du cône sud de l’Amérique du Sud. L’Indochine française, l’Insulinde néerlandaise et les quelques points d’appui et comptoirs portugais sont inclus, bon gré mal gré, dans ce dispositif en “anneau”, commandé depuis Londres.

Les Philippines, occupées depuis la guerre hispano-américaine puis philippino-américaine de 1898 à 1911 par les Etats-Unis, en sont le prolongement septentrional. Le Japon refuse de faire partie de ce dispositif qui permet pourtant de contrôler les routes du pétrole acheminé vers l’archipel nippon. L’Empire du Soleil Levant cherche à être une double puissance: 1) continentale avec la Mandchourie et, plus tard, avec ses conquêtes en Chine et avec la satellisation tacite de la Mongolie intérieure, et 2) maritime en contrôlant Formose, la presqu’île coréenne et la Micronésie, anciennement espagnole puis allemande. L’histoire japonaise, après Tsoushima, est marquée par la volonté d’assurer cette double hégémonie continentale et maritime, l’armée de terre et la marine se disputant budgets et priorités.

Un bloc continental défensif

Haushofer souhaite, à cette époque, que le “bloc continental”, soviéto-turco-perso-afghano-chinois, dont il souhaite l’unité stratégique, fasse continuellement pression sur l’ “anneau” de manière à le faire sauter. Cette unité stratégique est une “alliance pression/défense”, un “Druck-Abwehr-Verband”, soit une alliance de facto qui se défend (“Abwehr”) contre la pression (“Druck”) qu’exercent les bases et points d’appui des thalassocraties, contre toutes les tentatives de déploiement des puissances continentales. Haushofer dénonce, dans cette optique, le colonialisme et le racisme, qui en découle, car ces “ismes” bloquent la voie des peuples vers l’émancipation et l’auto-détermination. Dans l’ouvrage collectif “Welt in Gärung” (= “Le monde en effervescence”), Haushofer parle des “gardiens rigides du statu quo” (“starre Hüter des gewesenen Standes”) qui sont les obstacles (“Hemmungen”) à toute paix véritable; ils provoquent des révolutions bouleversantes et des effondrements déstabilisants, des “Umstürze”, au lieu de favoriser des changements radicaux et féconds, des “Umbrüche”. Cette idée le rapproche de Carl Schmitt, quand ce dernier critique avec acuité et véhémence les traités imposés par Washington dans le monde entier, dans le sillage de l’idéologie wilsonienne, et les nouvelles dispositions, en apparence apaisantes et pacifistes, imposées à Versailles puis à Genève dans le cadre de la SdN. Carl Schmitt critiquait, entre autres, et très sévèrement, les démarches américaines visant la destruction définitive du droit des gens classique, le “ius publicum europaeum” (qui disparait entre 1890 et 1918), en visant à ôter aux Etats le droit de faire la guerre (limitée), selon les théories juridiques de Frank B. Kellogg dès la fin des années 20. Il y a tout un travail à faire sur le parallèlisme entre Carl Schmitt et les écoles géopolitiques de son temps.

En dépit du grand capital de sympathie dont bénéficiait le Japon chez Haushofer depuis son séjour à Kyoto, sa géopolitique, dans les années 20, est nettement favorable à la Chine, dont le sort, dit-il, est similaire à celui de l’Allemagne. Elle a dû céder des territoires à ses voisins et sa façade maritime est neutralisée par la pression permanente qui s’exerce depuis toutes les composantes de l’ “anneau”, constitués par les points d’appui étrangers (surtout l’américain aux Philippines). Haushofer, dans ses réflexions sur le destin de la Chine, constate l’hétérogénéité physique de l’ancien espace impérial chinois: le désert de Gobi sépare la vaste zone de peuplement “han” des zones habitées par les peuples turcophones, à l’époque sous influence soviétique. Les montagnes du Tibet sont sous influence britannique depuis les Indes et cette influence constitue l’avancée la plus profonde de l’impérialisme thalassocratique vers l’intérieur des terres eurasiennes, permettant de surcroît de contrôler le “chateau d’eau” tibétain où les principaux fleuves d’Asie prennent leur source (à l’Ouest, l’Indus et le Gange; à l’Est, le Brahmapoutre/Tsangpo, le Salouen, l’Irawadi et le Mékong). La Mandchourie, disputée entre la Russie et le Japon, est toutefois majoritairement peuplée de Chinois et reviendra donc tôt ou tard chinoise.

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Sympathie pour la Chine mais soutien au Japon

Haushofer, en dépit de ses sympathies pour la Chine, soutiendra le Japon dès le début de la guerre sino-japonaise (qui débute avec l’incident de Moukden en septembre 1931). Cette option nouvelle vient sans doute du fait que la Chine avait voté plusieurs motions contre l’Allemagne à la SdN, que tous constataient que la Chine était incapable de sortir par ses propres forces de ses misères. Le Japon apparaissait dès lors comme une puissance impériale plus fiable, capable d’apporter un nouvel ordre dans la région, instable depuis les guerres de l’opium et la révolte de Tai-Peh. Haushofer avait suivi la “croissance organique” du Japon mais celui-ci ne cadrait pas avec ses théories, vu sa nature hybride, à la fois continentale depuis sa conquête de la Mandchourie et thalassocratique vu sa supériorité navale dans la région. Très branché sur l’idée mackindérienne d’ “anneau maritime”, Haushofer estime que le Japon demeure une donnée floue sur l’échiquier international. Il a cherché des explications d’ordre “racial”, en faisant appel à des critères “anthropogéographiques” (Ratzel) pour tenter d’expliquer l’imprécision du statut géopolitique et géostratégique du Japon: pour lui, le peuple japonais est originaire, au départ, des îles du Pacifique (des Philippines notamment et sans doute, antérieurement, de l’Insulinde et de la Malaisie) et se sent plus à l’aise dans les îles chaudes et humides que sur le sol sec de la Mandchourie continentale, en dépit de la nécessité pour les Japonais d’avoir à disposition cette zone continentale afin de “respirer”, d’acquérir sur le long terme, ce que Haushofer appelle un “Atemraum”, un espace de respiration pour son trop-plein démographique.

L’Asie orientale est travaillée, ajoute-t-il, par la dynamique de deux “Pan-Ideen”, l’idée panasiatique et l’idée panpacifique. L’idée panasiatique concerne tous les peuples d’Asie, de la Perse au Japon: elle vise l’unité stratégique de tous les Etats asiatiques solidement constitués contre la mainmise occidentale. L’idée panpacifique vise, pour sa part, l’unité de tous les Etats riverains de l’Océan Pacifique (Chine, Japon, Indonésie, Indochine, Philippines, d’une part; Etats-Unis, Mexique, Pérou et Chili, d’autre part). On retrouve la trace de cette idée dans les rapports récents ou actuels entre Etats asiatiques (surtout le Japon) et Etats latino-américains (relations commerciales entre le Mexique et le Japon, Fujimori à la présidence péruvienne, les théories géopolitiques et thalassopolitiques panpacifiques du général chilien Pinochet, etc.). Pour Haushofer, la présence de ces deux idées-forces génère un espace fragilisé (riche en turbulences potentielles, celles qui sont à l’oeuvre actuellement) sur la plage d’intersection où ces idées se télescopent. Soit entre la Chine littorale et les possessions japonaises en face de ces côtes chinoises. Tôt ou tard, pense Haushofer, les Etats-Unis utiliseront l’idée panpacifique pour contenir toute avancée soviétique en direction de la zone océanique du Pacifique ou pour contenir une Chine qui aurait adopté une politique continentaliste et panasiatique. Haushofer manifeste donc sa sympathie à l’égard du panasiatisme. Pour lui, le panasiatisme est “révolutionnaire”, apportera un réel changement de donne, radical et définitif, tandis que le panpacifisme est “évolutionnaire”, et n’apportera que des changements mineurs toujours susceptibles d’être révisés. Le Japon, en maîtrisant le littoral chinois et une bonne frange territoriale de l’arrière-pays puis en s’opposant à toute ingérence occidentale dans la région, opte pour une démarche panasiatique, ce qui explique que Haushofer le soutient dans ses actions en Mandchourie. Puis en fera un élément constitutif de l’alliance qu’il préconisera entre la Mitteleuropa, l’Eurasie (soviétique) et le Japon/Mandchourie orientant ses énergies vers le Sud.

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Toutes ces réflexions indiquent que Haushofer fut principalement un géopolitologue spécialisé dans le monde asiatique et pacifique. La lecture de ses travaux sur ces espaces continentaux et maritimes demeure toujours aujourd’hui du plus haut intérêt, vu les frictions actuelles dans la région et l’ingérence américaine qui parie, somme toute, sur une forme actualisée du panpacifisme pour maintenir son hégémonie et contenir une Chine devenue pleinement panasiatique dans la mesure où elle fait partie du “Groupe de Shanghai” (OCS), tout en orientant vers le sud ses ambitions maritimes, heurtant un Vietnam qui s’aligne désormais sur les Etats-Unis, en dépit de la guerre atroce qui y a fait rage il y a quelques décennies. On n’oubliera pas toutefois que Kissinger, en 1970-72, avait parié sur une Chine maoïste continentale (sans grandes ambitions maritimes) pour contenir l’URSS. La Chine a alors eu une dimension “panpacifiste” plutôt que “panasiatique” (comme l’a souligné à sa manière le général et géopolitologue italien Guido Giannettini). Les stratégies demeurent et peuvent s’utiliser de multiples manières, au gré des circonstances et des alliances ponctuelles.

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Réflexions sur l’Inde

Reste à méditer, dans le cadre très restreint de cet article, les réflexions de Haushofer sur l’Inde. Si l’Inde devient indépendante, elle cessera automatiquement d’être un élément essentiel de l’ “anneau” pour devenir une pièce maîtresse du dispositif continentaliste/panasiatique. Le sous-continent indien est donc marqué par une certaine ambivalence: il est soit la clef de voûte de la puissance maritime britannique, reposant sur la maîtrise totale de l’Océan Indien; soit l’avant-garde des puissances continentales sur le “rimland” méridional de l’Eurasie et dans la “Mer du Milieu” qu’est précisément l’Océan Indien. Cette ambivalence se retrouve aujourd’hui au premier plan de l’actualité: l’Inde est certes partie prenante dans le défi lancé par le “Groupe de Shanghai” et à l’ONU (où elle ne vote pas en faveur des interventions réclamées par l’hegemon américain) mais elle est sollicitée par ce même hegemon pour participer au “containment” de la Chine, au nom de son vieux conflit avec Beijing pour les hauteurs himalayennes de l’Aksai Chin en marge du Cachemire/Jammu et pour la question des barrages sur le Brahmapoutre et de la maîtrise du Sikkim. Haushofer constatait déjà, bien avant la partition de l’Inde en 1947, suite au départ des Britanniques, que l’opposition séculaire entre Musulmans et Hindous freinera l’accession de l’Inde à l’indépendance et/ou minera son unité territoriale ou sa cohérence sociale. Ensuite, l’Inde comme l’Allemagne (ou l’Europe) de la “Kleinstaaterei”, a été et est encore un espace politiquement morcelé. Le mouvement indépendantiste et unitaire indien est, souligne-t-il, un modèle pour l’Allemagne et l’Europe, dans la mesure, justement, où il veut sauter au-dessus des différences fragmentantes pour redevenir un bloc capable d’être pleinement “sujet de l’histoire”.

Voici donc quelques-unes des idées essentielles véhiculées par la “Zeitschrift für Geopolitik” de Haushofer. Il y a en a eu une quantité d’autres, parfois fluctuantes et contradictoires,  qu’il faudra réexhumer, analyser et commenter en les resituant dans leur contexte. La tâche sera lourde, longue mais passionnante. La géopolitique allemande de Haushofer est plus intéressante à analyser dans les années 20, où elle prend tout son essor, avant l’avènement du national-socialisme, tout comme la mouvance nationale-révolutionnaire, plus ou moins russophile, qui cesse ses activités à partir de 1933 ou les poursuit vaille que vaille dans la clandestinité ou l’exil. Reste aussi à examiner les rapports entre Haushofer et Rudolf Hess, qui ne cesse de tourmenter les esprits. Albrecht Haushofer, secrétaire de la “Deutsche Akademie” et fidèle disciple de ses parents, résume en quelques points les erreurs stratégiques de l’Allemagne dont:
a)    la surestimation de la force de frappe japonaise pour faire fléchir en Asie la résistance des thalassocraties;
b)    la surestimation des phénomènes de crise en France avant les hostilités;
c)    la sous-estimation de la durée temporelle avec laquelle on peut éliminer militairement un problème;
d)    la surestimation des réserves militaires allemandes;
e)    la méconnaissance de la psychologie anglaise, tant celle des masses que celle des dirigeants;
f)    le désintérêt pour l’Amérique.
Albrecht Haushofer, on le sait, sera exécuté d’une balle dans la nuque par la Gestapo à la prison de Berlin-Moabit en 1945. Ses parents, arrêtés par les Américains, questionnés, seront retrouvés pendus à un arbre au fond du jardin de leur villa d’Hartschimmelhof, le 10 mars 1946. Karl Haushofer était malade, déprimé et âgé de 75 ans.

L’Allemagne officielle ne s’est donc jamais inspirée de Haushofer ni sous la République de Weimar ni sous le régime national-socialiste ni sous la Bundesrepublik. Néanmoins bon nombre de collaborateurs de Haushofer ont poursuivi leurs travaux géopolitiques après 1945. Leurs itinéraires, et les fluctuations de ceux-ci devrait pouvoir constituer un objet d’étude. De 1951 à 1956, la ZfG reparaît, exactement sous la même forme qu’au temps de Haushofer. Elle change ensuite de titre pour devenir la “Zeitschrift für deutsches Auslandswissen” (= “Revue allemande pour la connaissance de l’étranger”), publiée sous les auspices d’un “Institut für Geosoziologie und Politik”. Elle paraît sous la houlette d’un disciple de Haushofer, le Dr. Hugo Hassinger. En 1960, le géographe Adolf Grabowsky, qui a également fait ses premières armes aux côtés de Haushofer, publie, en n’escamotant pas le terme “géopolitique”, un ouvrage remarqué, “Raum, Staat und Geschichte – Grundlegung der Geopolitik” (= “Espace, Etat et histoire – Fondation de la géopolitique”). Il préfèrera parler ultérieurement de “Raumkraft” (de “force de l’espace”). Les ouvrages qui ont voulu faire redémarrer une géopolitique allemande dans le nouveau contexte européen sont sans contexte ceux 1) du Baron Heinrich Jordis von Lohausen, dont le livre “Denken in Kontinenten” restera malheureusement confiné aux cercles conservateurs, nationaux et nationaux-conservateurs, “politiquement correct” oblige, bien que Lohausen ne développait aucun discours incendiaire ou provocateur, et 2) du politologue Heinz Brill, “Geopolitik heute”, où l’auteur, professeur à l’Académie militaire de la Bundeswehr, ose, pour la première fois, au départ d’une position officielle au sein de l’Etat allemand, énoncer un programme géopolitique, inspiré des traditions léguées par les héritiers de Haushofer, surtout ceux qui, comme Fochler-Hauke ou Pahl, ont poursuivi une quête d’ordre géopolitique après la mort tragique de leur professeur et de son épouse. A tous d’oeuvrer, désormais, pour exploiter tous les aspects de ces travaux, s’étendant sur près d’un siècle.

Robert Steuckers,
Forest-Flotzenberg, juin 2012.

Bibliographie:

Hans EBELING, Geopolitik – Karl Haushofer und seine Raumwissenschaft 1919-1945, Akademie Verlag, 1994.
Karl HAUSHOFER, Grenzen in ihrer geographischen und politischen Bedeutung, Kurt Vowinckel Verlag, Berlin-Grunewald, 1927.
Karl HAUSHOFER u. andere, Raumüberwindende Mächte, B.G. Teubner, Leipzig/Berlin, 1934.
Karl HAUSHOFER, Weltpolitik von heute, Verlag Zeitgeschichte, Berlin, 1934.
Karl HAUSHOFER & Gustav FOCHLER-HAUKE, Welt in Gärung – Zeitberichte deutscher Geopolitiker, Verlag von Breitkopf u. Härtel, Leipzig, 1937.
Karl HAUSHOFER, Weltmeere und Weltmächte, Zeitgeschichte-Verlag, Berlin, 1937.
Karl HAUSHOFER, Le Japon et les Japonais, Payot, Paris, 1937 (préface et traduction de Georges Montandon).
Karl HAUSHOFER, De la géopolitique, FAYARD, Paris, 1986 (préface du Prof. Jean Klein; introduction du Prof. H.-A. Jacobsen).
Hans-Adolf JACOBSEN, Karl Haushofer, Leben und Werk, Band 1 & 2, Harald Boldt Verlag, Boppard am Rhein, 1979.
Rudolf KJELLEN, Die Grossmächte vor und nach dem Weltkriege, B. G. Teubner, Leipzig/Berlin, 1930.
Günter MASCHKE, “Frank B. Kellogg siegt am Golf – Völkerrechtgeschichtliche Rückblicke anlässlich des ersten Krieges des Pazifismus”, in Etappe, Nr. 7, Bonn, Oktober 1991.
Emil MAURER, Weltpolitik im Pazifik, Goldmann, Leipzig, 1942.
Armin MOHLER, “Karl Haushofer”, in Criticon, Nr. 56, Nov.-Dez. 1979.
Perry PIERIK, Karl Haushofer en het nationaal-socialisme – Tijd, werk en invloed, Aspekt, Soesterberg, 2006.
Robert STEUCKERS, “Les thèmes de la géopolitique et de l’espace russe dans la vie culturelle berlinoise de 1918 à 1945 – Karl Haushofer, Oskar von Niedermayer & Otto Hoetzsch”, in Nouvelles de Synergies européennes, n°57-58, Forest, août-octobre 2002 [recension de: Karl SCHLÖGEL, Berlin Ostbahnhof Europas – Russen und Deutsche in ihrem Jahrhundert, Siedler, Berlin, 1998].

samedi, 16 juin 2012

Il Mediterraneo tra l’Eurasia e l’Occidente: i sommari

Il Mediterraneo tra l’Eurasia e l’Occidente: i sommari

Il Mediterraneo tra l’Eurasia e l’Occidente: i sommari

È uscito il numero XXVI (2/2012) della rivista di studi geopolitici “Eurasia”, un volume di 264 pagine intitolato:

IL MEDITERRANEO TRA L’EURASIA E L’OCCIDENTE

Ecco di seguito l’elenco degli articoli presenti in questo numero, con un breve sommario per ciascuno di essi.

IL MEDITERRANEO TRA L’EURASIA E L’OCCIDENTE di Claudio Mutti

“Chi controlla il territorio costiero governa l’Eurasia; chi governa l’Eurasia controlla i destini del mondo”. Questa celebre formula, proposta dallo studioso americano Nicholas J. Spykman (1893-1943) in un libro che apparve postumo mentre era in corso il secondo conflitto mondiale, può aiutare a comprendere il significato geopolitico della “primavera araba”. Ricordiamo che secondo Spykman, esponente della scuola realista, gli Stati Uniti dovrebbero concentrare il loro impegno su un’area fondamentale per l’egemonia mondiale: si tratta di quel “territorio costiero” (Rimland) che, come una lunga fascia semicircolare, abbraccia il “territorio centrale” (il mackinderiano Heartland), comprendendo le coste atlantiche dell’Europa, il Mediterraneo, il Vicino e il Medio Oriente, la Penisola Indiana, l’Asia Monsonica, le Filippine, il Giappone. Non appare perciò infondata una lettura della “primavera araba” alla luce dei criteri geostrategici dettati da Spykman, i quali suggeriscono agli Stati Uniti l’esigenza di mantenere in uno stato di disunione e di perenne instabilità il “territorio costiero” – nel quale rientrano anche le sponde meridionali ed orientali del Mediterraneo.

AL DI LÀ DELL’ETHOS DELL’OCCIDENTE di Fabio Falchi

Nella conferenza “La fine della filosofia e il compito del pensiero” Martin Heidegger non esita ad asserire che «la fine della filosofia significa: inizio della civilizzazione mondiale fondata sul pensiero occidentale-europeo».Tuttavia, se da un lato si deve riconoscere nella tecnoscienza il centro ordinatore della nostra epoca, dall’altro è innegabile che l’Occidente non possa non entrare in relazione con culture “diverse”, in grado di “resistergli” sotto il profilo geopolitico, e che esso stesso rechi in sé ciò che lo “contraddice”, vuoi sotto l’aspetto economico e antropologico (Karl Marx e Karl Polanyi), vuoi sotto quello politico e culturale (Carl Schmitt). Non si dovrebbe allora vedere in ciò, tenendo anche conto che “occidentale” ed “europeo” non sono affatto sinonimi, il segno di «un primo incalzante lampeggiare dell’Ereignis», cioè di una “luce” al di là dell’ethos dell’Occidente?

LA LIBIA CHE È STATA DISTRUTTA di Giovanni Armillotta

Nel saggio si esaminano essenzialmente i processi istituzionali e l’ingegneria costituzionale che hanno presieduto alla fondazione della Prima Repubblica Libica (1969-1977) e della Jamâhîriyya (1977-2011). Analizziamo la tal forma di governo venuta alla luce nella comunità internazionale: le novità e le differenze rispetto ai tradizionali significati della repubblica nei sensi liberal-democratico “occidentale” che democratico-popolare in adozione nei Paesi marxisti posti sia ad Ovest che in Estremo Oriente. Vediamo le cause che hanno favorito l’emergere della Libia quale primo Paese africano ai vertici del prodotto interno lordo procapite, fino al crollo – auspici le liberalizzazioni economiche – della Jamâhîriyya, il cui soffocamento da parte delle potenze postcolonialiste ha fatto precipitare l’ex Stato maghrebino nel tribalismo, nella violenza e nell’integralismo islamico a tutto vantaggio dell’imperialismo e dello sfruttamento dei popoli.

QUO VADIS, TURCHIA? di Aldo Braccio

C’è una duplice possibilità, un diverso destino che incombe sulla Turchia nel medio e lungo termine: sovranità e indipendenza, ovvero essere parte integrante dell’”asse del male” di occidentale invenzione, o essere “serva (alleata di ferro) della NATO”, in prosecuzione dell’impegno filoatlantico imposto al Paese a partire dal secondo dopoguerra. In altri termini, vi è la possibilità di una Turchia ancorata  a una concezione unipolare del mondo, a guida occidentale e particolarmente a guida statunitense, e quella di un Paese che fa affidamento su una futura, prossima dimensione multipolare del pianeta e cerca di favorirne l’avvento.

TURCHIA E SIRIA di Aldo Braccio

Il dipanarsi delle relazioni storiche fra queste due nazioni – sorte dalla dissoluzione dell’impero ottomano – è significativo della difficoltà di ricostruire uno stabile centro geopolitico nell’area vicinorientale. Le contraddittorie strategie di Ankara sono oggi all’origine di una nuova fase di tensione che non corrisponde agli interessi e alle aspirazioni né dello Stato turco né di quello siriano e che provoca evidente imbarazzo nell’opinione pubblica dei due Paesi.

BOICOTTAGGIO CONTRO IL REGIME SIONISTA di Claudia Ciarfella

La campagna di Boicottaggio, Disinvestimento e Sanzioni (BDS) contro le politiche del governo israeliano in Palestina, avviata il 9 luglio 2005, costituisce ad oggi il caso più cruciale e delicato di boicottaggio per fini politici e umanitari: la campagna fu lanciata attraverso un appello della società civile palestinese, sottoscritto poi da numerose altre associazioni, sindacati e personalità di spicco in tutto il mondo, e punta a colpire Israele su vari fronti. Il movimento BDS non tenta di salvaguardare solamente la categoria dei palestinesi nei Territori Occupati, bensì mira al rispetto dei diritti fondamentali dei cittadini arabo-palestinesi di Israele ed, infine, di quelli dei profughi palestinesi, in primis circa il loro diritto al ritorno nelle proprie terre, così come stabilito dalla Risoluzione 194/1948 delle Nazioni Unite. Il grado di incisività della campagna BDS in relazione alla forza politica ed economica di Israele è ancora oggetto di accesi dibattiti.

“TRIPOLI, SUOL DEL DOLORE…” di Alessandra Colla

Dopo una gestazione trentennale, il 29 settembre 1911 le ambizioni colonialistiche del giovane Regno d’Italia sfociano nell’aggressione alla Libia: dichiarata guerra con un pretesto all’Impero ottomano, possessore di quella regione nordafricana, l’Italia si imbarca in un’avventura destinata a segnare irrimediabilmente il corso degli eventi futuri che vedranno protagonista il bacino del Mediterraneo e le terre che vi si affacciano. Sorta di prova generale della guerra 1915-1918, il conflitto italo-turco costituisce da un lato la prima grande campagna di informazione/disinformazione di massa della storia italiana, e dall’altro il terreno ideale per la sperimentazione della nuova tipologia bellica che s’imporrà nel XX secolo: il bombardamento aereo.

LA “PRIMAVERA” DELLA LEGA ARABA di Finian Cunningham

Dal 1945 in poi, la Lega degli Stati Arabi ha sospeso due soli Stati membri: la Libia e la Siria, ambedue nel 2011. L’organizzazione araba ha fornito un sostegno all’azione neocolonialista degli USA e dei loro alleati.

L’EVOLUZIONE NEOOTTOMANA di Federico Donelli

L’articolo analizza il fondamento ideologico e culturale dell’attuale politica estera della Turchia. Definita da molti analisti come una politica di stampo neoottomano, questa, fonda le proprie radici negli anni ottanta e nella carismatica figura di Turgut Ozal che per primo cercò di rilanciare le ambizioni turche attraverso un deciso richiamo del glorioso passato imperiale. L’idea che l’odierna Turchia possa rivivere il ruolo centrale degli antichi fasti ottomani è alla base della dottrina e dell’azione politica del Primo Ministro Erdoğan e del suo ideologo Davutoğlu. In un Vicino Oriente in cui regna un clima di generale instabilità la Turchia è quindi sempre più legittimata a proporsi come il Paese guida della regione.

UN PERICOLO PER L’EURASIA di Andrea Fais

Mentre negli USA e in Europa i canali d’informazione hanno scatenato un clima di entusiasmo per le “primavere arabe”, altrove le reazioni a questi eventi hanno registrato toni contrastanti e umori controversi. Mosca ed Astana avvertono la minaccia di una destabilizzazione che, come auspicato negli USA, potrebbe far saltare le cerniere eurasiatiche comprese tra Egitto e Xinjiang e tra Siria e Tatarstan; Pechino vede nello sconvolgimento del Nordafrica un attacco occidentale all’Unione Africana e ai programmi di sviluppo patrocinati dalla Cina nel Continente Nero.

CHE COSA VUOL DIRE REPUBBLICA ISLAMICA? di Ali Reza Jalali

Il sistema politico iraniano si basa sull’Islam ed in particolare sulla forma sciita, corrente minoritaria per numero di fedeli rispetto all’Islam sunnita. Le istituzioni iraniane quindi sono sottoposte alla tutela di una guida religiosa di alto rango, che ha il compito di intervenire nelle attività dei tre poteri dello Stato (legislativo, esecutico, giudiziario) quando questi si allontanano dai principi islamici. I fondatori della Repubblica Islamica dell’Iran hanno però voluto adattare all’idea tradizionale di Stato islamico i precetti di un moderno sistema costituzionale: questa interessante sfida,che si è concretizzata con la Rivoluzione islamica del 1979, continua oggi ad affascinare gli intellettuali, iraniani e non.

INTRIGO CONTRO LA SIRIA di Alessandro Lattanzio

La Siria è sottoposta a una pressione internazionale, che viene esercitata tramite diversi mezzi: militari, spionistici, terroristici, economici e mediatici. Organizzare una simile operazione ha richiesto molto tempo, grandi risorse ed un’ampia rete internazionale, che comprende sia capi di stato ed ex-ministri, sia docenti, politici e militanti arabi, turchi e occidentali, ovviamente con il necessario sostegno di dissidenti, terroristi e traditori di origine siriana. L’articolo si propone di definire il quadro dell’intrigo contro la Siria.

LA SFIDA DELLA MEZZALUNA TURCA di Vincenzo Maddaloni

Se si pensa che fino ad alcuni mesi fa la marina israeliana e quella turca compivano le manovre congiunte sotto l’egida della NATO, si può capire l’ansia di Tel Aviv quando si è saputo che nei radar della flotta turca le navi e gli aerei israeliani non sono più segnalati come «amici» ma come «ostili». Con i suoi ottantacinque milioni di abitanti a schiacciante maggioranza islamica la Turchia è il secondo paese NATO per potenza militare e ha un forte orgoglio nazionale, memore della storia imperiale ottomana.

GUERRA DI LIBIA: BANCHE, PETROLIO E GEOPOLITICA di Claudio Moffa

Gen. Wesley Clark: “… Una decina di giorni dopo l’11 settembre 2011, andai al Pentagono. Un Generale che aveva collaborato con me mi chiamò: ‘Sir, vi devo parlare un secondo … abbiamo preso la decisione di attaccare l’Iraq’. ‘Una guerra contro l’Iraq? E perché?’ ‘Non lo so! Credo che non sanno più che fare’ . ‘Hanno trovato forse qualche prova di legami tra Saddam e Al Qaeda?’ ‘No, No ..” … Tornai a trovarlo qualche settimana dopo, erano cominciati i bombardamenti in Afghanistan. ‘Stiamo ancora preparandoci ad attaccare l’Iraq?’ ‘Ancora peggio, Sir!’. Prese un foglietto dal tavolo e disse: ‘l’ho appena avuto dalla Segreteria della Difesa. E’ un promemoria che illustra un piano per prendere (to take) 7 paesi in 5 anni’ ” “Cominciamo con l’Iraq, poi la Siria e il Libano, la Libia, la Somalia, il Sudan e infine l’Iran” (http://blog.alexanderhiggins.com/2011/05/22/general-wesley-clark-revealsplan-invade-iraq-syria-lebanon-lybia-somalia-sudan-iran-22858/)

LA FUNZIONE EURASIATICA DELL’IRAN di Claudio Mutti

La strategia statunitense, finalizzata a conseguire il controllo del bordo esterno del continente eurasiatico, ha individuato nell’Iran il segmento centrale di quella fascia islamica che rappresenta il potenziale presidio dell’Eurasia sul versante meridionale. Nell’area che va dall’Asia centrale al Vicino Oriente, l’influenza iraniana è in grado di contrastare la penetrazione occidentale, che ha i suoi attuali veicoli nei movimenti settari appoggiati dalle petromonarchie del Golfo. L’asse Mosca-Teheran può risolvere le contraddizioni esistenti tra la Russia e i musulmani dell’Asia centrale e caucasica, contraddizioni alimentate ed utilizzate dall’Occidente per destabilizzare l’area.

LA DESTABILIZZAZIONE DELLA SIRIA di Carlo Remeny

Ma che cosa c’entra la violenza in Siria con la “Primavera araba”, ammesso che di primavera si possa parlare? Nulla. Si tratta, invece, di un attacco ben preparato da Paesi che per anni hanno recitato la parte degli amici di Damasco con l’obiettivo di monitorare la Siria per lanciare al momento opportuno la loro sfida mortale ad una componente fondamentale dell’alleanza tra Iran, Siria e Resistenza libanese, tanto temuta dall’Occidente.

LA PRIMAVERA EGIZIANA DEL 1919 di Lorenzo Salimbeni

Nell’autunno del 1919 l’Egitto, all’epoca sotto protettorato britannico ed ancora unito con il Sudan, fu attraversato da un movimento rivoluzionario che si opponeva al persistere della presenza britannica, nonostante le promesse di piena indipendenza con le quali era stato stimolato il coinvolgimento egiziano nella Prima Guerra Mondiale. Gli insorti ricevettero la solidarietà di Gabriele d’Annunzio e della Lega dei popoli oppressi che stava prendendo corpo nell’ambito dell’impresa che aveva portato il poeta abruzzese a prendere il controllo di Fiume: non mancarono gli abboccamenti fra emissari fiumani ed egiziani, però non vi furono risultati concreti.

STRATEGIA E GEOPOLITICA DELL’AMERICA LATINA, parte seconda, di Miguel Ángel Barrios

Di fronte alle novità geopolitiche di grandezza epocale di cui è apportatore il secolo XX, l’autore si domanda se l’America Latina possa trasmettere un suo specifico contributo ad un mondo multipolare, che affermerà e sottolineerà le differenze, le diversità e le pluralità. Egli ritiene che, perconseguire un tale scopo, sia indispensabile recuperare l’esercizio del pensiero strategico, al fine di riscattarlo e renderlo capace di far fronte alle molteplici sfide della globalizzazione. L’argomentazione si articola dunque in tre parti, tre veri e propri saggi, il primo dei quali (“Approssimazioni teorico-pratiche”) si prefigge di mettere in luce l’importanza del pensiero strategico e dell’azione strategica. L’autore effettua preliminarmente una panoramica storica della strategia, dalla prospettiva in cui prende forma una teoria generale della guerra; quindi egli colloca la strategia, in quanto metodo di ragionamento, nel campo dell’azione sociale.

INTERVISTA AD ALDO COLLEONI, ex Console della Corea del Nord a cura di Marco Bagozzi

A COLLOQUIO CON MASSIMO FINI di Luca Bistolfi

INTERVISTA A FRANCO CARDINI a cura di Enrico Galoppini

INTERVISTA A SERGEI MARTYNOV, Ministro degli Affari Esteri della Repubblica di Bielorussia a cura di Stefano Vernole

L’INDIPENDENZA DELL’EGITTO NEI PIANI DELL’ASSE a cura di Stefano Fabei

Alessandro Lattanzio, Songun, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2012. Recensione di Augusto Marsigliante

Domenico Quirico, Primavera araba. Le rivoluzioni dall’altra parte del mare, Bollati Boringhieri, Torino 2011. Recensione di Claudio Mutti

mardi, 12 juin 2012

Multipolarity as challenge

Multipolarity as challenge

Interview with political analyst Alexander Latsa by N.Speranskaya for GRAnews

Ex: http://www.granews.info/

The collapse of the Soviet Union meant the cancellation of the Yalta system of international relations and the triumph of the single hegemony - the United States, and as a consequence, transformations of the bipolar world order to a unipolar model. Nevertheless, some analysts are still talking about a possible return to a bipolar model. How do you feel about this hypothesis? Is there a likelihood of emergence of a power capable of challenging the global hegemony?

The collapse of the Soviet Union has indeed led directly to an American domination of the world affairs. When Bush father proclaimed the new world order in the sands of Iraq, many (in the Western world) even thought that it would be so forever, that the history of ideas had stopped and that the world would from now on forever be under American domination. 

We can see today that those who thought so were wrong, and it only took a decade for History to take back its rights, leading America into wars that will accelerate its decline, while paradoxically, they were supposed to establish its domination. 

During the same decade, Russia was reborn from its ashes and has once again become a strong regional power, a power that has visions of domination of Eurasia, as Vladimir Putin hammered during his first speech as the elected president on May 7, 2012. 

We hear a lot more about the Russia / America confrontation than at the beginning of this century but these countries will probably never be anymore the main key players in the world of tomorrow, unlike America and the USSR in the world of yesterday. 

Logically, China is today targeted by the American strategists as being a main adversary as it is most likely to become the leading world power during this century, on an economical, financial and demographic level - perhaps even a military one. China should therefore become the biggest competitor of an America in decline, and if nothing is done, the world of tomorrow will be punctuated by the China/America opposition.

Zbigniew Brzezinski openly admits that the U.S. is gradually losing its influence. Here it is possible to apply the concept of "imperial overstretch", introduced by renowned historian Paul Kennedy. Perhaps, America has faced that, what was previously experienced by the Soviet Union. How do you assess the current state of the U.S.?

Zbigniew Brzezinski is getting older and is probably aware of his mistakes, realizing that his outlook for the future world (under an American domination) have not fully come true. I say "not fully” because today the world is still dominated by the American hyper-power. The dollar is still the dominant currency in 2012 and America remains the world's largest economy, although the 2008 crisis seems to have been almost fatal to this financial domination. On the military level, its predominance is also over. Iraq and especially Afghanistan have shown the limits of the American military supremacy. Nobody longer sees America as an invulnerable power as it was the case a decade ago. Curiously though, America just like the USSR chose to die and go to prove their vulnerability to the world in the same location:Afghanistan. I would like to add that this “end of Empire” had already been planned by a French sociologist, Emmanuel Todd, in 2002.

The loss of global influence of the U.S. means no more, no less, as the end of the unipolar world. But here the question arises as - to which model will happen the transition in the nearest future? On the one hand, we have all the prerequisites for the emergence of the multipolar world, on the other – we face the risk of encountering non-polarity, which would mean a real chaos.

In fact, no one knows what direct and indirect consequences the collapse of this superpower may have. Neither do we know if the unilateral post-transition will not be chaotic, nor how this potential chaos will occur. One can really wonder who the future major players will be in a "world of post-American domination."
China and India are likely to become (in that order) the two dominant powers in the Southern Eurasia and in the South East Asia. Russia will likely become the dominant power in Northern and Western Eurasia but it will also probably be a new pole of attraction for the European nations, for cultural, political and religious reasons.

I would also add that if neither China nor Russia nor India have and probably should not have, global ambitions, those powers should have strong regional ambitions in their respective zones of influence, that is to say in Eurasia / Central Asia / South East Asia. And yet this area is obviously a key strategic geopolitical area. Russian, Indian, Chinese and American regional interests will therefore probably continue to cross, and accentuate the new great game between these great powers at the heart of Eurasia. Thus it is doubtful that the transition towards a multipolar world (or at least towards a world that will no longer be under American control) happens in a non-chaotic, at least initially.

The project of "counter-hegemony", developed by Cox, aims to expose the existing order in international relations and raise the rebellion against it. For this, Cox calls for the creation of counter-hegemonic bloc, which will include those political actors who reject the existing hegemony. The basis of the unipolar model imposed by the United States, is a liberal ideology. From this we can conclude that the basis of the multipolar model just the same has to be based on some ideology. Which ideology, in your opinion, can take replace the counter-hegemonic one, capable of uniting a number of political actors who do not agree with the hegemony of the West?

The opposition of the communist and liberal ideologies had the advantage of structuring the world. With the victory of the liberal ideology, through the military and political victory of the Western coalition, there was more or less  a sense of global unity  because "the world" thought that victory was final and that the ideology of the winner would be "functional". But three decades later (and this has accelerated since the crisis of 2008) the system now appears to be corrupt, probably unsustainable and not adapted to the world. 

The liberal ideology has accelerated the globalization process, but this globalization has probably contributed indirectly to the destruction of the Western domination and of the related liberal ideology, that had put the economy at the heart of human history, just as Marxism had somehow done it before.

To have a glance at the emerging powers undoubtedly gives clues about the near future. The  new emerging  players of the world (BRICS for example), are a group of emerging powers that despite their important cultural, civilizational, geopolitical and demographic differences, also appear to have a lot of similarities. Their emergence is characterized by a type of development that challenges the recommendations of economic liberalism. These powers are characterized by strong state intervention. The BRICs are also societies in transition from an authoritarian tendency (China, Russia) or conservative societies dominated by a cast system (India, Brazil). Consequently they do not accept Western standards i.e. the rule of law and democracy. Their foreign policies are converging to challenge the status quo of the post-Cold War and the Western domination as it is American-centered. BRICS share a core value: a national sovereignty as a basic structural element  of the international system. Last, the BRICS systems have focused on societal systems based on traditions, identity and religion. All these are probably indications on the possible BRICS ideologies in construction, that will replace the current reigning ideology.

If we project the multipolar model on the economic world map, then we’ll get the coexistence of multiple poles, and at the same time, will create a complete matrix for the emergence of a new economy - outside of Western capitalist discourse. In your opinion, is the concept of “autarky of big spaces”, suggested by List, applicable for this?

I think we should differentiate the end of the unipolar world, and its corollary - the end of the current Western-centered world - from the globalization process, as the latter will continue. The Western world collapses mainly for political, demographic and economic reasons but also for spiritual ones. Its "code" of operation is clearly not functional anymore, nor adapted to today's world. Globalization will be lethal to the system that helped to accentuate it. Besides, the dominant power since the end of World War II (America) does not have the means anymore to promote its system of values and of thoughts, nor to impose its military domination. Therefore, America cannot control the Western world any longer.

That said, even if the Western world disappeared and even if the weakening of America continued during the first half of this century, globalization will spread culturally and demographically. As an example, in 2030, the world will perhaps count 8.5 billion people, and all the younger generation of the entire planet will read and write, which never happened before. There are human upheavals to come that are probably unprecedented. I do not think the anti-Western ideology is a sufficient vector to build a new world. BRICS though probably give a “first and vague” idea of what tomorrow's world could be: a world of civilizational and identity consolidation. Actually, it will be world made of a self-centered and wide open spaces.

Globalization should therefore widen and force "the worlds of tomorrow" to get more in contact the ones with the others, but one can sincerely doubt that this will happen in a friendly way and without tension. All this will probably be happening in a very chaotic way at first, since there will not be one dominant power able to more or less control, structure or master these flows.

Do you agree that now the fate of the world order is solved in Russia, that is, in the Heartland, to contain and weaken of which aims the Planetary U.S. strategy?

I see several interrelated equations together, and they are all related to the Heartland. First the global takeover of America and its globalist device happened via a projection capacity, that is to say, by extension beyond its borders to its military, economic and political devices, through NGOs and the revolutions of colours for example. This extension occurred through a unique  military control of the oceans in History, but also by using the dominated Western Europe as a bridgehead to attack Eurasia. This battle against the USSR for the global control turned  (since the fall of the Soviet Union) in a battle against Russia for the control of Eurasia.

Today the U.S. project is weakened by the financial, social, moral and political situation of the country. The expansion of NATO is jammed: the U.S. strategists surely foresaw Russia as a compliant bridgehead to America and that could attack an awakening China. But the reconstruction of Russia since March 2000 and the development of China hamper those plans. This is the reason why Russia is again the main enemy, as it prevents the American’s interference in what is known as the Heartland. 

Russia is now the key equation to prevent the unilateral world under American domination, to turn into a bilateral America / China world. Paradoxically, Russia will now have to deal with China in a subtle balance of forces, both friendly but firm.

We are now on the verge of paradigmatic transition from the unipolar world order model to the multi-polar one, where the actors are no more nation-states, but entire civilizations. Recently in Russia was published a book "Theory of multipolar world," written by the Doctor of Political and Social Sciences, Professor Alexander Dugin. This book lays the theoretical foundation, basis, from which a new historical stage can start, and describes a number of changes both in the foreign policy of nation-states and in today's global economy, which involve a transition to the multipolar model. Of course, this also means the emergence of a new diplomatic language. Do you believe that multipolarity is the natural state of the world and that transition to the multipolar model is inevitable?

I do not believe in the unipolar world and it seems to me that a multipolar world is best able to preserve the overall balance. But this requires several consistent players, of equivalent size and weight and whose own interests do not intersect. We know very well that this is not the case. The grandees of today and of tomorrow have their own interests in mind. I do not believe in an eternal honeymoon between non-western victorious countries.

In that sense, Russia may be facing a very difficult equation to contain an explosion in Asia: first, China will probably naturally and very quickly have its own sphere of influence felt in the pre-squared Russian Central Asia, and second, a Western coalition is currently installing a military device on the Western Russian side. Therefore, the collapse of the U.S. in my opinion refers directly to the place of Europe and Russia in the world of tomorrow. I put these two blocks together for several reasons. Neither Russia nor Europe can afford to face each other, as they both have strategic and structural weaknesses. Europe is currently an economic giant but a political and spiritual dwarf. On the opposite, Russia is a political and spiritual giant but also relatively an economic dwarf, apart from its raw materials.

The Europe / Russia relationship is one of the key points of the future. The political, economic and military potential of a European-Russian block, from the Atlantic to the Pacific Ocean, could make it become one of the giants of tomorrow's world.Of course it also means that Europe must accept to become part of a Eurasian  block, allied with Russia and all the countries that would choose to ally themselves with Russia too, in the near future. 

I spoke of the need to have players of similar size; As a French of Eurasia - and in order for this Eurasian block to constitute itself, I believe in the creation of a Paris-Berlin-Moscow-Astana axis. This huge Euro-Eurasian pole would be a sovereign power and would be essential to contribute to peace on the continent, and why not, in the world.

 

 

dimanche, 08 avril 2012

Spengler profeta dell'Eurasia

Andrea VIRGA:

Spengler profeta dell'Eurasia

Ex: andreavirga.blogspot.com/

 
Questo breve articolo è recentemente uscito sul numero III (dedicato all'Eurasia) della rivista Nomos, alla cui redazione collaboro.
 
spengler.jpgNon ci si stancherà mai di raccomandare la lettura di Oswald Spengler (1880 – 1936), eclettico filosofo della storia tedesco e teorico del socialismo prussiano, le cui opere hanno riscosso successo e interesse negli ambiti più disparati, da Mussolini a Kissinger, dalla Germania di Weimar alla Russia contemporanea. Tra i vari motivi per cui risulta ancora oggi molto attuale, non possiamo non citare le sue ipotesi storiche riguardanti la Russia.

Nel 1918[1], mentre la guerra civile era ancora in corso, egli già prevedeva che la Russia avrebbe abbandonato nell’arco di pochi decenni il marxismo, per affermarsi come una nuova potenza imperiale eurasiatica – il che si è puntualmente avverato in questi ultimi anni. Noi vogliamo ora mettere a confronto il pensiero di Spengler con le attuali teorie eurasiatiste, che concepiscono lo spazio eurasiatico come di primaria importanza per la costruzione di un polo geopolitico alternativo a quello atlantico.

La sua tesi di fondo è che la Russia sia una realtà ben differente dalla “civilizzazione” occidentale, ma avente in sé tutte le premesse per la formazione di una nuova “civiltà”, la quale è ancora in una fase embrionale. Per analogia, la civiltà russa si trova perciò nella stessa fase di quella occidentale durante l’Alto Medioevo[2].

Questa civiltà era stata fino ad allora soggetta a forme ideologiche e culturali prettamente occidentali come il petrinismo e il leninismo, rispettivamente derivazioni di modelli occidentali come l’assolutismo e il marxismo, che le avevano impedito di esprimere il suo vero spirito. Tuttavia, era inevitabile, secondo il filosofo tedesco, che il bolscevismo sarebbe stato man mano superato e scartato dalla Russia, in favore di una forma politica più propriamente autoctona. Lo stesso bolscevismo russo, con Stalin, è andato assumendo caratteri decisamente nazionalisti e una sua politica di potenza a livello mondiale, interrotta dalla disintegrazione della potenza sovietica alla fine della Guerra Fredda, ma ripresa da Putin.

La “natura russa” (Russentum), «promessa di una Kultur [“civiltà”] a venire»[3], è modellata dal suo paesaggio natio, l’immensa piana eurasiatica che si estende oltre i confini delle civilizzazioni esistenti (Occidente, Islam, India, Cina), ed è infatti propria ai numerosi popoli, d’istinto nomade o seminomade, che vi vivono: slavi, iranici, uralici, altaici, ecc. Non dimentichiamo che, per l’occidentalista Spengler, «L’Europa vera finisce sulle rive della Vistola […] gli stessi Polacchi e gli Slavi dei Balcani sono “Asiatici”»[4].

Ancora più interessanti sono i rilievi che emergono dagli appunti postumi di Spengler dedicati alla protostoria[5]: nel Neolitico, delle tre grandi “civiltà” aurorali esistenti, che lui chiama Atlantis, Kush e Turan, quest’ultima occupa proprio la parte settentrionale dell’Eurasia, dalla Scandinavia alla Corea. L’uomo di Turan è un tipo eroico, in cui prevale il senso del tragico, dell’amor fati, della nostalgia e dall’irrequietezza data dai grandi spazi aperti. Queste caratteristiche si riscontrano per Spengler sia nel tipo prussiano sia in quello russo, il che contribuisce alla vicinanza tra questi due popoli. L’influenza di Turan si proietta inoltre dall’Europa al Medio Oriente, dalla Cina all’India, sulla scia della diffusione del carro da guerra indoeuropeo nel II millennio a.C[6], ponendo le basi per le civiltà successive.

Vediamo poi il significato politico delle teorie di Spengler. Robert Steuckers ipotizza che il comune substrato turanico potesse essere la base mitico-ideologica per un’alleanza politica tra il Reich tedesco, l’Unione Sovietica, la Cina nazionalista, e i nazionalisti indiani, in un’ottica anti-occidentale[7]. Viceversa, la critica coeva di Johann von Leers[8] accusava Spengler per la sua opera “Anni della decisione” (1933)[9] di voler formare un asse occidentalista e razzista con l’Inghilterra e gli Stati Uniti bianchi, di contro alle potenze di colore (America Latina, Africa, Asia, incluse Giappone, Italia e Russia). Non va però scordato che in scritti precedenti[10] aveva affermato chiaramente una maggiore affinità tra Prussia e Russia. La sua stessa interpretazione del bolscevismo russo come prodotto essenzialmente autoctono, in contrasto con quella antigiudaica delle destre europee anticomuniste, ha ispirato autori di tendenze nazionalbolsceviche come Arthur Moeller van den Bruck[11], Ernst Jünger, Ernst Niekisch, Erich Müller[12].

Risulta quindi evidente come Spengler, non adoperi il termine “Eurasia”, ma di fatto descriva quello stesso spazio (Raum) etnoculturale e geopolitico, identificandolo con una nascente civiltà russa, con caratteristiche sia asiatiche che centro-europee. La sua interpretazione della storia russa contemporanea coincide inoltre con l’interpretazione data dagli odierni eurasiatisti (Dugin, Baburin), ossia di una continuità nella politica internazionale tra zarismo, stalinismo e neo-eurasiatismo nell’affermazione della Russia come potenza eurasiatica.

 


[1] O. Spengler, Prussianesimo e socialismo, Ar, Padova 1994, p. 111 ssg.
[2] Id., Il tramonto dell’Occidente. Lineamenti di una morfologia della storia mondiale, Longanesi, Milano 2008, pp. 931 ssg.
[3] Ibid., p. 111.
[4] Id., Il doppio volto della Russia e il problema della Germania ad Est, in Forme della politica mondiale, Ar, Padova 1994, pp. 28 ssg.
[5] Id., Gli albori della storia mondiale, Ar, Padova 1996, 2 voll.
[6] Cfr. la conferenza Der Streitwagen und the Seine Bedeutung für den Gang der Weltgeschichte, 6 agosto 1934, Monaco; in Reden und Aufsätze, C. H. Beck, München 1937 [inedito in Italia].
[7] R. Steuckers, Atlantis, Kush, & Turan: Prehistoric Matrices of Ancient Civilizations in the Posthumous Work of Spengler, in Nouvelles de Synergies européennes, n° 21, 1996.
[8] J. von Leers, Contro Spengler, All’Insegna del Veltro, Parma 2011.
[9] O. Spengler, Anni della decisione, Ar, Padova 1994.
[10] Id., Prussianesimo e socialismo, cit.
[11] A. Moeller van den Bruck, Il Terzo Reich, Settimo Sigillo, Roma 2000.

[12] E. Müller, Nazionalbolscevismo, in Aa. Vv., Nazionalcomunismo, SEB, Milano 1996.