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mercredi, 09 novembre 2011

Une révolution sous nos yeux

Une révolution sous nos yeux

Ex: http://aristidebis.blogspot.com/

 
Les éditions du Toucan viennent de publier la traduction française du livre de Christopher Caldwell Reflexions on the revolution in Europe, sous le titre Une révolution sous nos yeux.
Je profite donc de cette occasion pour republier - cette fois d'un seul tenant - le compte-rendu que je lui avais consacré, et je vous encourage vivement à lire cet ouvrage et à en parler autour de vous. Ce livre mérite une large audience, et il se pourrait qu'il l'obtienne si chacun de nous y contribue un peu
 
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Veritas odium parit
 
 
Lorsqu’Edmund Burke publia ses Réflexions sur la révolution en France, en 1790, peu de gens lui en furent reconnaissants et moins encore, sans doute, prirent au sérieux ses prévisions concernant la tournure que devaient prendre les événements. Annoncer ainsi les tempêtes qui allaient se déchaîner sur la France et sur l’Europe toute entière, au moment où la plupart des beaux esprits croyaient au contraire voir se lever l’aube radieuse de la liberté, ne pouvait être que le fait d’un réactionnaire furieux ou d’un esprit dérangé. Burke fut ainsi soupçonné de s’être secrètement converti au catholicisme et le bruit courut que son équilibre mental était atteint.
On ne saurait dire si Christopher Caldwell avait présent à l’esprit le sort réservé à l’ouvrage de Burke, et à son auteur, lorsqu’il choisit d’intituler son propre livre Réflexions sur la révolution en Europe[1]. Mais, à coup sûr, Christopher Caldwell pense que la situation qu’il examine est porteuse d’autant de bouleversements et de déchirements que celle dont Burke entrevoyait trop bien les conséquences voici deux siècles. La « révolution » que Christopher Caldwell a en vue est indiquée avec toute la clarté nécessaire par le sous-titre de son livre : « L’immigration, L’islam, et l’Occident ». « L’Europe », écrit-il, « est devenue une société multiethnique dans un moment d’inattention » (p3). Ce sont les conséquences probables de cette « inattention » que Christopher Caldwell se propose d’examiner, et les conclusions auxquelles il parvient ne plairont ni à ceux qui les contesteront ni à ceux qui les accepteront. Que Christopher Caldwell soit un journaliste américain, écrivant pour des publications aussi notoirement « conservatrices » que The Weekly Standard ou le Financial Times, sera pour beaucoup une raison suffisante pour ignorer ses analyses. Ceux qui agiront ainsi le feront à leur propre détriment, car Christopher Caldwell connaît manifestement bien le sujet dont il traite et, s’il n’apporte pas d’éléments réellement nouveaux au dossier, le sérieux et l’intelligence de ses analyses pourraient bien faire de son ouvrage une référence en la matière. 
 
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Bien qu’il soit devenu presque nécessaire d’affirmer, en public, que les pays européens sont « depuis toujours » des pays d’immigration, nul n’ignore que cette affirmation est au moins à demi mensongère. Le phénomène auquel l’Europe est confrontée depuis bientôt un demi-siècle est celui d’une immigration extra européenne de masse intervenant en un temps relativement court, et ce phénomène là est incontestablement inédit. Ainsi, d’ici 2050, dans la plupart des pays européens, la population d’origine étrangère devrait représenter entre 20% et 32% de la population totale[2]. Ce bouleversement démographique n’est pas dû seulement à l’arrivée massive et continue d’immigrants, mais aussi à la très faible natalité de la plupart des populations européennes. En 2008 le taux de fécondité global au sein de l’Union Européenne était de 1,6 enfants par femme. D’ici 2050 l’Union Européenne devrait donc avoir perdu une bonne centaine de millions d’habitants, hors immigration. 
Le déclin sera plus ou moins marqué selon les pays, léger dans certains d’entre eux, comme la France, spectaculaire dans d’autres, comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne. Sur la base des tendances actuelles, ces trois derniers pays devraient ainsi avoir perdu entre un quart et un tiers de leur population actuelle en 2050. En 2100, et toujours sur la base des tendances actuelles, ces pays auront, pour ainsi dire, disparu. Les prévisions sont tout aussi sombres pour la plupart des pays d’Europe de l’Est. Si les européens de souche ne font plus guère d’enfants tel n’est pas le cas des populations immigrées qui rentrent en Europe et qui, bien souvent, conservent des taux de fécondité élevés même longtemps après leur installation sur le sol européen. En conséquence la proportion des jeunes d’origine étrangère s’accroît rapidement dans la plupart des pays d’Europe[3]. Christopher Caldwell remarque, avec une certaine ironie, que cette réalité démographique nouvelle transparaît involontairement dans l’euphémisme employé pour désigner une certaine délinquance. Lorsqu’un Parisien parle des déprédations commises par « une bande de jeunes », tout le monde comprend que les jeunes en question sont, la plupart du temps, d’origine africaine ou nord-africaine (p16).

Comme le rappelle Christopher Caldwell, la décision de recourir à une immigration extra-européenne massive se fondait essentiellement, à ses débuts, sur des considérations économiques. Les pays européens, ravagés et décimés par la seconde guerre mondiale, avaient un important déficit de main d’œuvre qui paraissait justifier le recours à des travailleurs étrangers. Des programmes furent donc mis en place, un peu partout en Europe, pour les attirer. L’immigration semblait alors une bonne affaire pour les pays d’accueil. En réalité ce calcul apparemment rationnel reposait sur deux hypothèses qui furent insuffisamment examinées. La première était que les besoins couverts par la main d’œuvre étrangère étaient des besoins durables, la seconde était que ces immigrants rentreraient chez eux une fois que ces besoins auraient cessé. A la fin des années 1960, la plupart des emplois industriels occupés par la main d’œuvre immigrée avaient disparu ou étaient en voie de disparition mais la main d’œuvre, elle, était toujours là. Non seulement les « travailleurs invités » (gastarbeiter) ne rentraient pas chez eux, mais leur simple présence sur le sol européen suscitait un flot continu de nouvelles arrivées : « Le premier facteur de l’immigration, c’est l’immigration. Il faut du courage pour se lancer le premier et pour se soumettre aux lois, aux coutumes et aux caprices d’une société qui ne se soucie pas de vous. Mais une fois que vos compatriotes ont établi une tête de pont, l’immigration devient simple et routinière. » (p31). Autrement dit, et sans en avoir bien conscience, en recourant à l’immigration les décideurs européens avaient choisis de résoudre des problèmes économiques transitoires par un changement démographique permanent (p35).
Au moment où le chômage de masse commençait à frapper l’Europe et où il devenait évident que les maigres gains économiques que l’on pouvait attendre de l’immigration n’étaient plus d’actualité, un nouvel argument apparu pour expliquer à des populations de plus en plus inquiètes pourquoi les flux migratoires ne diminuaient pas. Les pays européens, du fait de leur natalité déclinante, avaient besoin d’un apport massif de jeunes étrangers pour sauvegarder leur Etat-providence. L’idée que les indigents du tiers-monde puissent se porter au secours des avantages acquis et des confortables retraites des travailleurs européens est pourtant encore plus improbable, en termes économiques, que l’idée de recourir à eux pour faire tourner des industries déclinantes. Personne, apparemment, n’avait envisagé que les migrants puissent vieillir et faire un jour valoir leurs droits à la retraite, ni que leur nombreuse famille pourrait peser sur le système social qu’ils étaient censés sauver. 
En réalité, pour que les immigrés puissent aider l’Etat-providence, il faudrait qu’eux-mêmes et leurs descendants cotisent plus qu’ils ne reçoivent, mais ce n’est jamais le cas : ils travaillent et gagnent trop peu pour cela (p49). Parmi les nombreuses statistiques que cite Christopher Caldwell sur ce sujet, deux peuvent suffire pour mesurer le problème. En 2005 aux Pays-Bas, 40% des immigrés recevaient une forme ou une autre d’aide sociale. Entre 1971 et 2000, le nombre d’étrangers résidants en Allemagne est passé de 3 à 7,5 millions, mais le nombre de travailleurs étrangers est lui resté constant. Il va sans dire que la situation de l’Allemagne et des Pays-Bas n’a rien d’atypique. Les mêmes phénomènes peuvent être observés dans tous les pays européens.
 
Les chiffres qu’utilise Christopher Caldwell pour montrer le caractère largement illusoire des gains attendus de l’immigration ne sont pas secrets, la plupart sont même produits par des organismes officiels. Le mécontentement croissant des autochtones face à l’arrivée continue de nouveaux migrants n’est pas un secret non plus. Comment expliquer alors que des gouvernements démocratiquement élus n’aient pas fermé brutalement les portes, au moment où il devenait évident pour tout le monde que l’eau commençait sérieusement à monter ?
Les portes ne se sont pas fermées, car ceux qui les commandaient n’ont pas eu le courage de les actionner. Un pays ne peut guère refuser l’entrée sur son territoire aux migrants qui se pressent à ses frontières que pour deux raisons : pour préserver sa prospérité, ou pour préserver ses lois, ses coutumes, sa religion, ce que l’on appelle ordinairement sa culture. Mais le premier motif paraîtra égoïste, voir injuste si l’on s’est persuadé « qu’ils sont pauvres parce que nous sommes riches ». Le second motif paraîtra xénophobe, voire raciste. Dans une Europe rongée par la culpabilité après les crimes du nazisme et désireuse de désavouer son passé coloniale, de telles accusations étaient insupportables (p55, 268). Plus exactement, ces accusations se révélèrent impossibles à supporter pour les élites européennes. Plutôt que de devoir y faire face, ces élites politiques, économiques et intellectuelles préfèrent donc fermer les yeux sur une immigration dont elles n’avaient guère à supporter personnellement les conséquences, et elles ne purent résister à la tentation de battre leur coulpe sur la poitrine de leurs concitoyens.
Christopher Caldwell insiste sur le fait que les populations européennes n’auraient, dans leur très grande majorité, jamais accepté une telle immigration si elles avaient été consultées sur le sujet (p4, 14, 65, 101, 111, 328). Qu’elles ne l’aient pas été n’est pas un oubli : jusqu’à aujourd’hui presque toutes les décisions prises en matière d’immigration reposent implicitement sur l’idée qu’il n’est pas possible de faire confiance à un électorat démocratique pour se conduire de manière civilisée dans ce domaine (p80, 330). La politique d’immigration fait partie de ces questions sur lesquelles les élites européennes s’accordent, pour reconnaître qu’il ne serait pas raisonnable de demander leur avis aux premiers concernés.
Christopher Caldwell ne manque pas de noter les similarités, et les interactions, entre cette approche des questions migratoires et la construction européenne (p83). Bien qu’elle ait pendant longtemps été officiellement justifiée par des considérations économiques, la construction européen est essentiellement, depuis ses débuts, un projet moral, visant à rédimer les pays européens de leurs pêchés nationalistes et elle procède, depuis toujours, soigneusement à l’abri des réactions électorales des populations concernées. Au fond de l’intégration européenne, comme au fond des politiques migratoires suivies depuis un demi siècle, se lisent le même désir d’expier les crimes de l’Europe, réels ou supposés, et la même défiance vis-à-vis des citoyens ordinaires, soupçonnés, sans doute à juste titre, d’être spontanément attachés à leurs mœurs, à leurs coutumes, à leurs pays.
Non seulement l’intégration européenne rend la défense de vos frontières de plus en plus difficile à justifier – pourquoi défendre ce que vous cherchez par ailleurs à dépasser ? – mais elle tend à priver effectivement les gouvernements nationaux des moyens nécessaires pour le faire. Au sein de l’espace Schengen, n’importe quel Etat-membre est à la merci de l’Etat le plus faible ou le plus corrompu pour régler ses flux migratoires. Par ailleurs cette intégration habitue insensiblement les citoyens des Etats-membres à dépendre, dans leur vie quotidienne, des décisions d’une administration lointaine, opaque et, à strictement parler, irresponsable. Elle les rend peu à peu indifférents au fait de se gouverner eux-mêmes. Bien que la construction européenne ait été pensée tout à fait indépendamment de la question migratoire, cette construction contribue sans doute beaucoup à expliquer la relative passivité avec laquelle les populations européennes ont accepté des politiques migratoires qu’elles désapprouvaient.
 
Malheureusement pour les pays européens, ce qui avait provoqué l’ouverture de leurs frontières aux migrants extra-européens était aussi ce qui allait rendre leur assimilation de plus en plus difficile.
Outre l’invocation du pieux mensonge selon lequel leurs pays seraient « depuis toujours » des pays d’immigration, un grand nombre d’Européens tentent de se rassurer face à la transformation démographique en marche en invoquant l’exemple des Etats-Unis. Ne sont-ils pas la preuve du fait qu’un pays peut accueillir un très grand nombre d’immigrants et cependant rester essentiellement lui-même ? Mais, comme l’explique Christopher Caldwell, les Etats-Unis ne peuvent guère servir de modèle pour l’Europe. Outre les différences historiques et géographiques considérables entre la situation américaine et la situation européenne, deux éléments principaux expliquent le relatif succès des Etats-Unis, jusqu’à présent, dans l’assimilation de leurs immigrants : un patriotisme vivace et un Etat-providence de taille encore modeste. 
Aux Etats-Unis, la plupart des nouveaux venus adoptent rapidement la langue, les mœurs et jusqu’au patriotisme sourcilleux de leur pays d’accueil essentiellement car ils n’ont pas le choix (p338-340). Ne pas s’assimiler signifie l’isolement, l’ostracisme, le confinement aux marges de l’économie. Il n’est nullement besoin de faire signer aux immigrants des « contrats d’intégration », car ceux-ci découvriront très vite que, si les Etats-Unis sont bien une terre d’opportunité, ils sont aussi un pays où la plupart des habitants attendent des nouveaux venus une loyauté sans faille vis-à-vis de leur pays d’accueil et où le système économique rejette impitoyablement ceux qui ne s’adaptent pas à ses exigences. 
Cette situation, où la pression pour s’assimiler est d’autant plus forte qu’elle est informelle, était celle qui prévalait dans les pays européens avant la seconde guerre mondiale (p151). Mais aujourd’hui la plupart des immigrants savent, avant même d’arriver sur le sol européen, que le gouvernement viendra à leur secours s’ils déclarent n’avoir pas de ressources et ils savent aussi, ou ils découvrent rapidement, qu’en Europe le patriotisme est passé de mode. Pourquoi donc les nouveaux arrivants devraient-ils se donner de la peine pour s’intégrer sur le marché du travail, alors que l’Etat-providence rend cette intégration à la fois plus difficile et moins nécessaire ? Pourquoi donc devraient-ils s’attacher à leur pays d’accueil, alors que les autochtones paraissent avoir honte de la plus innocente manifestation de patriotisme ? Dans de telles conditions, le fait étonnant n’est pas que l’assimilation n’ait pas lieu mais plutôt le fait qu’elle continue parfois à avoir lieu.
La conjonction malheureuse de l’immigration de masse, de l’extension de l’Etat-providence et de la construction européenne aurait, par elle-même, été porteuse de bouleversements considérables pour les pays européens concernés. Mais, selon Christopher Caldwell, c’est un quatrième facteur qui menace d’élever ces bouleversements au rang d’une véritable révolution. Ce facteur est l’islam.
 
L’expansion de l’islam en Europe est devenue ce sujet auquel tout le monde pense, mais dont il est bien entendu qu’il ne faut surtout pas parler entre gens de bonne compagnie. La raison officielle de ce silence est que l’islam n’est pas du tout un problème, mais la raison véritable est bien plutôt que nul ne sait comment résoudre ce problème. Etant Américain, Christopher Caldwell n’a pas ces pudeurs et il n’a pas non plus à craindre l’ostracisme qui, en Europe, frapperait celui qui cesserait d’être de bonne compagnie.
 
L’Europe, depuis une cinquantaine d’années, est devenue terre d’accueil pour une immigration de masse. Ces migrants sont d’origines diverses, mais une grande partie d’entre eux partagent une caractéristique très importante : ils sont musulmans. A ce caractère majoritairement musulman de l’immigration extra-européenne s’ajoutent les taux de fécondité en général élevés de ces migrants. Comme le remarque Christopher Caldwell, la religiosité est le meilleur indicateur de la fécondité et, même longtemps après leur arrivée, les populations musulmanes conservent un taux de fécondité supérieur à celui des autochtones (p118). La conséquence est la croissance continue de la population musulmane en Europe. Ainsi, en Autriche, un pays presque uniformément catholique à la fin du siècle dernier, l’Islam sera probablement devenue la religion majoritaire parmi les moins de quinze ans en 2050. A Bruxelles, en 2006, 57% des nouveaux-nés étaient nés dans des familles musulmanes. Par conséquent il est probable que, d’ici vingt ans, la capitale de l’Union Européenne sera devenue une ville à majorité musulmane. A un journaliste allemand qui lui demandait, en 2004, si l’Europe serait une grande puissance à la fin du siècle, le grand orientaliste Bernard Lewis avait répondu sans ciller que, à cette date, l’Europe serait devenue une partie du Maghreb (p14).
Cette transformation religieuse de l’Europe aurait pu passer relativement inaperçue parmi des populations européennes de plus en plus indifférentes à leur propre religion, si les européens de souche n’avaient pas remarqué, avec un malaise grandissant, que ces populations musulmanes paraissaient avoir beaucoup plus de mal à s’assimiler que toutes les autres. Bien pire, certains indicateurs semblaient même montrer que les dernières générations allaient plutôt dans le sens de la désassimilation (p133). Un moyen relativement sûr de juger de l’assimilation d’une population immigrée est d’observer ses pratiques matrimoniales. 
Une population en voie d’assimilation est une population dont les enfants se marient, pour l’essentiel, avec des autochtones. Mais, partout en Europe, les populations musulmanes montrent une nette préférence pour les mariages à l’intérieur de leur communauté religieuse et ethnique. Cette préférence parait même plus marquées pour les plus jeunes générations. En Allemagne, en 2004, plus de la moitié des citoyens allemands d’origine turque allaient chercher leurs conjoints en Turquie. En Grande-Bretagne, on estime couramment que 60% des mariages à l’intérieur des communautés pakistanaises et bangladeshi se font avec des conjoints venus de l’étranger. Comme le note Christopher Caldwell, les statistiques de ce genre émeuvent légitimement les pays concernés, car elles sont le signe clair d’un refus collectif de l’assimilation (p225). Plus immédiatement inquiétant, les taux de réussite scolaire des jeunes hommes issus de l’immigration musulmane se révèlent, là où les statistiques existent, parmi les plus bas et leurs taux de délinquance parmi les plus hauts. En France l’absence de statistiques officielles permet de jeter un voile pudique sur cette réalité, mais tous les professionnels de la justice savent parfaitement que l’islam est vraisemblablement aujourd’hui la première religion des prisons françaises (p136). Que, lors des émeutes qui se sont déroulées en octobre 2005 autour de Paris, l’écrasante majorité des émeutiers aient été des jeunes gens d’origine africaine ou nord-africaine n’a pas échappé au grand public, pas plus que le fait qu’un bon nombre d’entre eux paraissaient attacher une grande importance à leurs racines musulmanes (p141-142).
La seule interprétation publiquement acceptable de ces particularités est que les populations musulmanes ne s’assimilent pas à cause du racisme et des discriminations dont elles seraient victimes dans leur pays d’accueil. Christopher Caldwell n’est manifestement pas convaincu par ce genre d’explications. Il n’est pas vraisemblable que les sociétés européennes soient plus racistes aujourd’hui ou plus portées à la xénophobie qu’au début du siècle dernier. Le contraire est même presque certain. Pourtant les immigrants arrivés au siècle dernier se sont fondus bien plus rapidement dans leur pays d’accueil que les migrants actuels. Personne, en France, n’a jamais parlé des Italiens ou des Polonais de la seconde génération, car cette seconde génération ne se distinguait plus du reste de la population que par son patronyme. Ces immigrés Italiens, Polonais, Russes, Portugais n’avaient aucun organisme gouvernemental pour les aider à leur arrivée, pas de travailleurs sociaux pour les informer sur leurs « droits », pas ou peu de prestations sociales, pas d’habitations à loyer modéré pour se loger, et cependant l’assimilation se faisait rapidement. Mais aujourd’hui, en dépit de tous ces nouveaux avantages, en dépit de milliards d’euros dépensés en « politiques de la ville », en dépit d’une traque aux « discriminations » de plus en plus obsessionnelle de la part des pouvoirs publics, parmi les populations musulmanes chaque génération est toujours, dans une large mesure, une première génération (p228).
Les gouvernants européens, aidés en cela par une certaine sociologie, tentent de dissimuler ce fait massif en substituant à la notion d’assimilation celle d’intégration et en définissant l’intégration comme certains comportements extérieurs. Les nouveaux venus sont censés être « intégrés » à leur société d’accueil s’ils adoptent certaines de ses particularités insignifiantes, ou s’ils acquièrent des diplômes, ou s’ils obéissent aux lois. Mais bien sûr la question qui taraude l’Européen ordinaire n’est pas de savoir si les immigrants obéissent aux lois, puisque cela est de toutes façons obligatoire, ni s’ils acquièrent des diplômes, puisque cela est leur intérêt évident, ni s’ils connaissent la différence entre une Schinkenwurst et une Bratwurst, mais s’ils sont loyaux envers le pays qui est censé être le leur (p154-158). Si leur attachement envers leur patrie d’accueil est, comme pour les autochtones, supérieur à tous les autres éléments de leur « identité ». C’est ce que l’Européen ordinaire entend par « assimilation », mais c’est ce dont les gouvernants européens ne veulent plus entendre parler, en partie sans doute car ils devinent trop bien la réponse.
 
Bien qu’il ne le dise pas tout à fait aussi explicitement, Christopher Caldwell estime à l’évidence que le facteur essentiel qui s’oppose à l’assimilation des populations musulmanes est leur religion. Christopher Caldwell semble penser que l’islam, au moins tel qu’il existe actuellement, n’est pas compatible avec des institutions et, surtout, avec des mœurs démocratiques. Il rappelle ainsi que l’islam n’est pas seulement une foi mais aussi une loi religieuse hautement détaillée (la Sharia) qui règle tous les aspects de la vie des croyants. Il rappelle aussi que « les cultures musulmanes ont produit régulièrement des régimes autoritaires - si régulièrement en fait que, lorsque des savants bien intentionnés veulent apporter des preuves que l’islam est ouvert aux réinterprétations et au débat rationnel, ils se tournent en général vers les innovations éphémères des Mu’tazilites au neuvième siècle. » (p278). 
En suggérant que l’islam est incompatible avec des principes démocratiques aussi fondamentaux que la liberté de conscience ou la liberté de parole, Christopher Caldwell reprend simplement à son compte une interprétation vénérable et qui, jusqu’à une date récente, était très majoritaire parmi les penseurs européens, l’interprétation selon laquelle l’islam est fondamentalement la religion du despotisme. De nos jours cette interprétation est bien évidemment frappée d’anathème parmi les élites européennes, mais elle transparaît néanmoins involontairement dans l’assurance donnée par ces mêmes élites que l’islam serait sur la voie de la « modernisation ». La « modernisation » en question est celle qui devrait amener l’islam au point où en est parvenu le christianisme : une religion qui accepte la séparation des autorités temporelles et spirituelles et qui respecte toutes les grandes libertés démocratiques. 
Les deux prémisses essentielles du dogme de la « modernisation » sont que toutes les religions sont fondamentalement identiques et que ce qui est arrivé au christianisme arrivera nécessairement à l’islam. Ces deux prémisses sont fausses. Certaines religions sont, de par leurs caractéristiques intrinsèques, plus « modernisables » que d’autres et cette « modernisation » dépend aussi de conditions extérieures qui ne sont pas toujours réunies. Comme le rappelle à juste titre Christopher Caldwell, la « modernisation » du christianisme fut en partie le produit de luttes intenses, et parfois violentes, entre les autorités religieuses et leurs adversaires (p201). Mais aujourd’hui l’obsession européenne de la « tolérance » et de « l’anti-racisme » protège efficacement l’islam contre le genre de pressions auquel le christianisme fut soumis pendant des siècles. Les libres-penseurs européens, qui se réclament de Voltaire lorsqu’il s’agit de ridiculiser le christianisme, seraient parmi les premiers à exiger sa condamnation pour « islamophobie » si celui-ci venait à publier son Mahomet aujourd’hui. Ce n’est pas qu’au fond de leur cœur ils jugent l’islam plus aimable que le christianisme, mais ils espèrent, sans oser le dire, que l’islam aura l’amabilité de bien vouloir s’écrouler tout seul, de l’intérieur.
La situation serait déjà suffisamment sérieuse si les populations musulmanes d’Europe se contentaient de former des enclaves de plus en plus séparées du reste de la population. Mais une partie de ces populations, et notamment leur fraction la plus jeune, montre des signes aussi clairs qu’inquiétants d’hostilité franche envers le pays qui est censé être le leur. Leur attachement, leur loyauté, ne vont pas au pays européen dans lequel ils résident, et dont beaucoup d’entre eux sont désormais citoyens, mais à l’Oumma, la communauté mondiale des musulmans. 
Christopher Caldwell s’attarde longuement sur l’affaire des caricatures de Mahomet publiées en septembre 2005 par le quotidien danois Jyllands-Posten, car cette affaire lui semble particulièrement révélatrice. Outre le fait que les protestations extrêmement violentes qui secouèrent le monde musulman après la publication de ces caricatures avaient été orchestrées par deux imans danois, « l’aspect le plus alarmant de cette affaire était que les musulmans d’Europe tendaient à prendre parti pour les manifestants à l’étranger plutôt que pour leurs concitoyens » (p207). Cet aspect de la question ne passa pas inaperçu des gouvernants et des milieux d’affaire européens qui, dans leur immense majorité, rivalisèrent d’obséquiosité pour bien montrer à la « communauté musulmane » de leur pays à quel point ils désapprouvaient « l’offense » qui lui était faite. Derrière les déclarations solennelles sur le « respect » dû à toutes les religions et sur « l’insensibilité » des éditeurs du Jyllands-Posten, il n’était guère difficile, en effet, de percevoir qu’un tout autre sentiment était à l’oeuvre : la peur. Christopher Caldwell remarque ainsi qu’il existe désormais en Europe, de facto, une loi contre le blasphème, à l’usage exclusif des musulmans (p203). Cette loi repose sur la détermination de certains fanatiques religieux à assassiner ceux qui parleraient de l’islam d’une manière qui leur déplait. Ces fanatiques ne se trouvent pas seulement dans les pays musulmans, mais aussi un peu partout sur le sol européen. De Salman Rushdie à Robert Redeker en passant par Ayaan Hirsi Ali, nombreux sont désormais ceux qui ont dû basculer dans la clandestinité ou quitter le territoire européen pour avoir blessé certaines sensibilités musulmanes ; trop heureux de ne pas avoir été assassinés, comme Théo Van Gogh ou l’éditeur Norvégien des Versets sataniques. Sans doute seraient-ils plus nombreux encore, si les menaces adressées à certains n’avaient pas eu pour effet d’amener la plus grande partie des élites politiques et intellectuelles à renoncer, par avance, à tout ce qui pourrait de près où de loin ressembler à une critique de l’islam (p204).
Le caractère manifestement très fragile de la loyauté d’une partie de la population musulmane à l’égard du pays dans lequel elle vit est évidemment particulièrement inquiétant dans le contexte actuel de la lutte contre le terrorisme islamiste. Nul n’ignore que les auteurs des attentats de Londres, le 7 juillet 2005, étaient de jeunes musulmans britanniques. Cette lutte contre le terrorisme est officiellement présentée, en Occident, comme une lutte contre une frange infime de mauvais musulmans qui pervertiraient l’islam. Nombre d’hommes politiques occidentaux se sont ainsi transformés du jour au lendemain en expert en théologie islamique, et affirment gravement que l’islam est une religion pacifique et tolérante qui est défigurée par ceux qui tuent en son nom. Peut-être est-il de bonne politique de dire de telles choses en public, mais Christopher Caldwell ne parait pas tout à fait convaincu que ce genre d’affirmation soit plus qu’un pieux mensonge. 
Bien qu’il ne se prononce pas définitivement sur la question, Christopher Caldwell semble plutôt être de l’avis du sociologue anglais David Martin, selon lequel l’islam recherche certes la paix, mais à ses propres conditions (p277, 298). Les gouvernants européens cherchent eux désespérément à obtenir le soutien des « musulmans modérés » face aux islamistes, afin de valider leur thèse sur le caractère essentiellement pacifique de l’islam. Mais les interlocuteurs les plus « modérés » qu’ils parviennent à trouver condamnent du bout des lèvres les méthodes d’Al-Quaida, tout en insistant sur le fait que l’Occident doit surtout veiller à ne pas « offenser » les musulmans de par le monde. Christopher Caldwell remarque, avec un peu d’ironie : « Al-Quaida dit que l’Occident doit faire certaines choses ou subir des attaques terroriste. Les modérés disent que l’Occident doit faire certaines choses ou les modérés rejoindront les rangs d’Al-Quaida. S’il s’agit là du choix de l’Occident, il est difficile de voir ce qu’il pourrait gagner en courtisant les musulmans modérés. » (p287).
 
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L’avenir est par définition inconnu et Christopher Caldwell reste légitimement prudent lorsqu’il s’agit d’envisager les développements de la révolution qu’il décrit. Mais il est assez clair qu’il ne pense pas que le futur de l’Europe sera radieux. Il insiste notamment sur le fait que l’immigration massive à laquelle l’Europe fait face aura un coût élevé en termes de libertés (p13, 93, 209, 214, 229, 237), ce qui en réalité est moins une prévision qu’une constatation. La peur, le politiquement correct et les lois « anti-discriminations » ont déjà réduit à bien peu de choses la liberté de paroles quand il s’agit de traiter le sujet de l’immigration en général et de l’islam en particulier. Par ailleurs, lorsqu’un gouvernement européen tente timidement de s’opposer à des pratiques importées contraires aux coutumes et aux mœurs du pays, il ne parvient en général à le faire qu’en restreignant les droits de tous ses citoyens. Ainsi, pour stopper la progression du foulard islamique dans ses écoles publiques, la France a pris une loi bannissant tous les signes religieux ostensibles des lieux publics. Pour s’opposer aux mariages arrangés pratiqués par une partie de leur population musulmane, plusieurs pays européens, comme les Pays-Bas ou le Danemark, ont imposé des restrictions à tous leurs citoyens qui désireraient épouser un étranger ou une étrangère. Pour s’opposer aux mutilations génitales pratiquées par certains immigrants musulmans originaires d’Afrique, un ministre suédois a proposé que soit instauré un examen gynécologique obligatoire pour toutes les petites suédoises.
Le problème essentiel, selon Christopher Caldwell, est que, dans sa confrontation avec l’islam, l’Europe apparaît bien comme la partie spirituellement la plus faible. Elle a perdu de vue depuis longtemps, non seulement ce qui faisait la spécificité de la civilisation occidentale mais aussi les raisons pour lesquelles celle-ci mériterait d’être défendue (p82, 347). Son relativisme l’empêche de mener plus que des combats d’arrière-garde contre ceux qui voudraient changer ses mœurs et ses lois. Un demi-siècle d’Etat-providence et de construction européenne ont considérablement affaibli l’attachement de ses habitants à leurs libertés essentielles et à leurs patries. Sa déchristianisation accélérée la laisse sans grande ressource face à une religion conquérante, incapable même de comprendre la séduction qu’une vie organisée autour de la religion peut exercer (p181). Au vu de tous ces éléments, il est aisé de comprendre pourquoi le livre de Christopher Caldwell ne dit pas un mot sur la manière dont l’Europe pourrait sortir de l’impasse où elle s’est engagée. Il conclut en ces termes :
« Il est certain que l’Europe émergera changée de sa confrontation avec l’islam. Il est beaucoup moins certain que l’islam se révèlera assimilable. L’Europe se trouve engagée dans une compétition avec l’islam pour gagner l’allégeance de ses nouveaux arrivants. Pour le moment l’islam est la partie la plus forte, dans un sens démographique bien sûr, mais aussi dans un sens philosophique moins évident. Dans de telles circonstances, les mots « majorité » et « minorité » ont peu de signification. Lorsqu’une culture doutant d’elle-même, malléable, relativiste, rencontre une culture bien ancrée, confiante et fortifiée par des doctrines communes, c’est en général la première qui change pour s’adapter à la seconde. »
 
 
 
 


[1] Christopher Caldwell, Reflections on the revolution in Europe, Doubleday, 2009, 422 pages.
[2] Le terme population d’origine étrangère signifie ici essentiellement les population d’origine extra-européenne. Etant donnés les très faibles taux de natalité des pays européens, les migrations de populations d’origine européenne resteront selon toute vraisemblance marginales comparées aux migrations d’origine extra-européenne.
[3] Pour la France voir par exemple Bernard Aubry et Michèle Tribalat, « Les jeunes d’origine étrangère », Commentaire n°126.

mardi, 08 novembre 2011

Les tribulations d'un poète au pays des Soviets

Les tribulations d'un poète au pays des Soviets

Emmanuel Carrère, Prix Renaudot pour son "Limonov"

par Minnie Veyrat

Ex: http://www.metamag.fr

Quel est le metteur en scène qui s’emparera, le premier, de l’incroyable scénario écrit par Emmanuel Carrère dans son dernier livre, « Limonov » tout juste consacré par un jury Renaudot qui a jeté sa gourme ? Car, tout y est. La naissance du héros : gros plan sur le bébé couché dans une vielle caisse d’obus et suçant une queue de hareng séché. A parents médiocres, enfance morose et c’est à l’adolescence que les choses commencent à bouger.


Savenko réalise vite qu’il trouvera argent et succès chez les voyous. Il tentera donc d’en faire partie pour essayer de sortir de la grisaille de sa petite ville de Kharkov. Notre apprenti voyou, malheureusement, est aussi poète, mais n’est pas Villon qui veut !

Là, entre en jeu Anna. Grosse femme excentrique dont la librairie sera l’antichambre (puis la chambre)  des premier succès d’Edouard. Le voilà amant en titre et sa petite renommée locale commence. Il sera désormais Ed. Limonov.

Il reste qu’il faut bien vivre à Moscou où ils s’installent en 1968. Et ce n’est pas forcément déchoir pour un poète que de vendre des pantalons fabriqués à demeure. Exit Anna. Voici la splendide Elena qui partagera son rêve américain : devenir mannequin pour elle et connaître enfin le succès pour lui. Mais le rêve tourne rapidement au cauchemar.

Heureusement, une autre femme, Jenny, lui ouvre les portes d’un milliardaire dont il deviendra le « majordome poète » et que celui-ci se plaît à exhiber dans son salon. Le poète russe plaît dans le nouveau monde.

Elena le quitte et le plonge dans un de ces chagrins éthyliques à la Russe : un zapoï. Rien de tel que Paris pour se consoler. Limonov devient, ici, la coqueluche, pour un temps, des intellos de l’époque (Robbe–Grillet et Edern Hallier entre autres...), dont il fréquente le QG de la place des Vosges. Ses premiers livres autobiographiques paraissent, écrits que Madame Carrère d’Encausse juge, pour sa part, « pornographiques et ennuyeux ». C’est aussi à Paris qu’il rencontre Natacha, dont il tombe amoureux, malgré sa nymphomanie et son goût immodéré pour les boissons fortes. Là, on a envie de dire « stop ». Trop, c’est trop. Mais non, le film continue.

Une vie de merde ?

Limonov rêve de voir son pays retrouver sa grandeur. Mais, après un court passage à Moscou, où il apprend qu’Anna s’est pendue et que ses anciens amis sont soit morts soit en prison, plus rien ne le tente que la guerre. Quel meilleur endroit que les Balkans ? Croates, Serbes, Bosniaques… On s’y perd un peu, mais voici Limonov chez les Serbes en tenue camouflée, la kalachnikov à l’épaule.   

Ses livres se vendant bien, il retourne à Moscou où commence le règne de Poutine. Le voilà rédacteur en chef contestataire d’une feuille de chou, organe d’un obscur parti national-bolchévique. Il manquait la case prison, c’est fait. Le voilà condamné pour terrorisme et trafic d’armes. C’est, bizarrement, en prison qu’il accédera à une certaine sérénité. L’auteur pourra enfin peaufiner son œuvre de poète maudit, oublié de tous.

C’est là qu’il écrit, d’après Emmanuel Carrère, son chef d’œuvre, « Le livre des eaux ». Hélas, les politiciens russes ont besoin de nouvelles idoles et ils découvrent qu’un nouveau « Dostoïevski » croupit dans un camp de travail, à Engels. On l’en fait sortir en grande pompe, sous les caméras de la télévision. La suite sera sans grand intérêt.

Vous croyez écrire le mot « fin ». Vous n’y êtes pas encore. Car, dans les tribulations de ce Russe à travers le siècle, tout est vrai ou presque. Qui plus est, le vrai Limonov existe. Emmanuelle Carrère l’a rencontré. Et il pourrait être indispensable de le consulter pour éclaircir quelques points de détail, avant de dire « moteur ».

Que dire du livre d’Emmanuel Carrère ? Bien que Limonov ne soit guère sympathique, on peut comprendre la sorte de fascination qu’un tel personnage ait pu inspirer à l’auteur qui se qualifie, lui-même, de « bourgeois-bobo » et qui, bien qu’à l’opposé du voyou ukrainien, aimerait sans doute, à ses heures, voir son propre visage se dégager du reflet de Limonov dans un miroir.

Limonov, quant à lui, termine sa vie dans un beau domaine, avec sa dernière épouse et son jeune enfant. Lorsque l’on évoque, devant lui, l’Asie centrale et ses immensités, ses yeux brillent encore. Toutefois, si l’on en vient, plus largement, à parler de sa vie et de son œuvre, il répond, désabusé : « une vie de merde... »

Ce livre se lit comme un roman d’aventures ; le style est alerte, mais, parfois, Carrère fait preuve de facilité en adoptant, avec une certaine gourmandise, le vocabulaire ordurier de son modèle.

Limonov d’Emmanuel Carrère aux éditions POL, 488 pages à 20 €

vendredi, 28 octobre 2011

The Shock of History

The Shock of History

By Michael O"Meara

Ex: http://www.alternativeright.com/

A propos:
Dominique Venner.
Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.
Versailles: Via Romana, September 2011.

 

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Conservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’s longue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

 

The Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

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jeudi, 27 octobre 2011

L’Empire selon Bourrinet

L’Empire selon Bourrinet

 

par Pierre LE VIGAN

 

L’âge de fer, le politique, quelques figures d’écrivains et le sacré : c’est ainsi que chemine le livre de Claude Bourrinet, L’Empire au cœur. Notre âge est celui du triomphe du sentimentalisme, de l’oubli des codes, et du factice. Notre société nie les disciplines qui font les civilisations et c’est pourquoi elle nie en fait l’École au sens fort à mesure qu’elle parle de plus en plus et à tort et à travers d’éducation. Rendant hommage au Finkielkraut de Nous autres modernes. Quatre leçons, Bourrinet met en cause dans l’émergence et la domination d’une « littérature sans estomac » (Pierre Jourde), le rationalisme desséchant. Il en appelle à la nature, au cosmos englobant et en même temps vertigineux. Bourrinet met aussi en cause la religion du travail avec toute l’ambiguïté qui s’y attache : quand le travail est œuvre (Beruf), il est honorable et donne sens à la vie de l’homme, quand il est répétitif, idiot, aliénant, simple dépense usante d’énergie (Arbeit), il fait perdre à l’homme au contraire son ancrage en lui-même, et la possibilité de déployer même ses capacités d’invention, d’initiative, de maîtrise des savoirs-faire. Sur ce point, l’anti-calvinisme de l’auteur ne convainc pas car valoriser l’œuvre c’est bel et bien faire l’éloge de la face positive du travail. L’école devrait justement être le lieu d’apprentissage des savoirs pour faire ensuite naître – telle une seconde naissance liée à l’éducation – des citoyens pensant par eux-mêmes. C’est pourquoi l’art d’enseigner n’est pas une science mais justement un art, c’est-à-dire un équilibre entre transmission et reformulation des savoirs.

 

Si l’enseignement au sens noble du terme est dévalué, c’est que l’hyperclasse mondiale, ou encore « nouvelle classe dirigeante transnationale », n’a plus besoin de citoyens. Elle n’a besoin que de consommateurs et d’électeurs passifs dont les différences ne soient plus que de minimes segmentations de marketing. De là s’impose la nécessité selon Bourrinet de mener, Européens et non Européens, un même combat pour exister humainement et politiquement. « Je me sens plus proche d’un griot Peul que d’un bouffeur blanc de hamburger. »

 

 

L’introduction que fait Bourrinet aux figures de Simone Weil, de Corneille, de François Augiéras l’ermite du Périgord, d’Albert Camus « le nietzschéen » (en un sens), de Jack Kérouac sont des façons de prendre le contrepied de notre monde : en s’opposant au puritanisme contemporain, qui réussit à associer l’impudeur la plus grande avec l’esprit le plus coincé qui soit, en opposant les voyageurs aux semelles de vent, ceux qui pensent en marchant aux demi-intellectuels assis. En opposant l’homme face au cosmos et à Dieu à l’homme de la pensée calculante.

 

C’est, à côté des arts tel le cubo-futurisme, la poésie, celle d’un Michel Deguy, qui inspire à Bourrinet ses plus belles pages, celles où lui paraissent possibles le retour de l’engagement citoyen, et les passions sanguines, et le retour de l’Empire, fondé sur la subsidiarité et sur le règne néo-platonicien, et plotinien, de l’Un (ce qui n’empêche pas l’auteur de prendre ses distances avec la méfiance de Platon envers le corps). L’Empire doit être celui de la protection, de la prévoyance (la pronoia), mais aussi de l’élévation. D’où l’association de l’idée d’Empire à celle de sacré. En ce sens, l’Empire qui est la garant de l’unité de ses peuples en une culture commune et reconnaît aussi les différences, c’est la paix dit justement Bourrinet. Si l’Empire au cœur est discutable sur certains points comme de voir à l’origine de la modernité contemporaine, si désastreuse, la Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique, Claude Bourrinet nous a donné ici une réflexion exigeante et essentielle.

 

Pierre Le Vigan
 
Claude Bourrinet, L’empire au cœur, préface de Georges Feltin-Tracol, Éditions Ars Magna, 2011, 384 p., 33 € (+ 2 € pour le port), chèque à l’ordre des Éditions Ars Magna, B.P. 60426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=1333

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mercredi, 26 octobre 2011

Der Renegat der konservativen Revolution: Das Buch „Thomas Mann – Der Amerikaner“

 

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Der Renegat der konservativen Revolution: Das Buch „Thomas Mann – Der Amerikaner“
     

 Geschrieben von: Simon Meyer   

 Ex: http://www.blauenarzisse.de/

 

Als im Sommer 1914 auf die Schüsse von Sarajevo die allgemeine Mobilmachung folgte, machte einer der schon damals berühmtesten Schriftsteller Deutschlands keinen Hehl aus seiner Solidarität mit dem Reich und dessen Kriegsführung: Thomas Mann. Er wurde – nicht zuletzt wegen seines berühmten Namens – vom Kriegsdienst freigestellt. Doch sein literarisches Schaffen stellte er in den Dienst der Sache. Zwanzig Jahre später jedoch, befand er sich geographisch und politisch auf der anderen Seite.

Thomas Manns literarischer Kriegsdienst begann noch 1914 mit der Schrift Gedanken im Kriege, auf die im gleichen Jahr der Großessay Friedrich und die große Koalition folgte. Und er legte nach. 1915 verfaßte er eine leidenschaftliche Verteidigung Deutschlands in einem Beitrag für die Schwedische Tageszeitung Svenska Dagbladet. Drei Jahre später, zum Ende des Krieges, sammelte er seine Gedanken unter dem Titel Betrachtungen eines Unpolitischen – einem der Grundlagenwerke der Konservativen Revolution.

Flucht vor der Heimat und der eigenen politischen Vergangenheit

Um so verwunderlicher: Derselbe Schriftsteller propagierte gut zwei Jahrzehnte später aus seinem amerikanischen Exil heraus unablässig die bedingungslose Vernichtung Deutschlands als notwendig und verdient. Während des Zweiten Weltkriegs hatte Thomas Mann die amerikanische Staatsbürgerschaft erworben. Seit 1938 hatte er in den Vereinigten Staaten seinen ständigen Aufenthalt. Der Amerikaner Thomas Mann war den Deutschen ein Fremder geworden. In den Nachkriegsjahren war er nicht willkommen, zu frisch war bei vielen die Erinnerung an das, was Mann ihnen in den Rundfunksendungen der Alliierten entgegengeschleudert hatte. Doch auch als die Verhältnisse sich 1968 grundlegend geändert hatten, blieb er ein Fremdkörper. Zu liberal-großbürgerlich erschien Thomas Mann nun und wurde angesichts seiner frühen Schriften schon fast als unsicherer Kantonist behandelt, jedenfalls als Fossil aus einer überholten Epoche.

Warum ging Thomas Mann, der für die Buddenbrooks mit dem Literaturnobelpreis ausgezeichnet wurde und darin eine hanseatische Handelsfamilie beschrieb, diesen Weg? Warum wurde er nicht nur aus der Notwendigkeit des Exils sondern aus innerer Überzeugung zum Amerikaner? Wäre nicht der Weg, den etwa Gottfried Benn, Martin Heidegger oder Ernst Jünger während der Jahre der nationalsozialistischen Herrschaft gingen, für ihn der wahrscheinlichere gewesen? In diese Fragestellungen, so hofft man, würde ein Buch des Deutschamerikaners Hans Rudolf Vaget, Professor an einem College in Massachusetts und ausgewiesener Kenner des Lebens und Schaffens Manns, etwas Klarheit bringen können. Dieses Buch befaßt sich mit den amerikanischen Jahren Manns, ist unlängst im S. Fischer Verlag erschienen und trägt den bezeichnenden Titel Thomas Mann, der Amerikaner.

Ein detailreicher Blick in eine wenig bekannte Epoche Manns

Der Autor beeindruckt im Buch mit einem Detailreichtum, der eine langjährige, akribische Arbeit erahnen läßt. In allen Einzelheiten schildert Vaget die Zeit und die Zeitgenossen Manns in den Vereinigten Staaten, so daß der Leser den Weg des Autors in seinem Exil bis ins einzelne nach verfolgen kann. Viele deutsche Leser Thomas Manns haben sich zunächst mit den Buddenbrooks und dem Zauberberg befaßt und haben auch Tonio Kröger und den Tod in Venedig gelesen. Alles Werke, die für den Deutschen Thomas Mann stehen. Die amerikanischen Jahre und die amerikanischen Verhältnisse jener Zeit sind oft weniger bis überhaupt nicht bekannt. Insoweit eröffnen sich durch das vorliegende Werk in großer Breite neue Aspekte auf einen Zeitraum, mit dem man sich bisher vielleicht kaum oder gar nicht eingelassen hatte.

Leider erschöpft sich das Buch auch häufig in der Aneinanderreihung von Fakten und Ereignissen. Vaget ist stärker in der Schilderung der amerikanischen Protagonisten, etwa Franklin D. Roosevelts oder der Gönnerin Manns, Agnes Meyer. Thomas Mann selbst bleibt in den Schilderungen etwas blaß. Vor allem gelingt es Vaget nicht, den eigentlichen Grund für die Entwicklung Manns aus der Fülle der Details zu entwickeln. Die Verweise auf die Beschäftigung Manns mit den Dichtern Walt Whitman oder Joseph Conrad während der zwanziger Jahren, die eine erste tiefere Verknüpfung Manns zur anglo-amerikanischen Literatur entstehen ließ, mag biographisch interessant sein. Erhellend für die Amerikanisierung Manns sind sie nicht.

Thomas Manns politischer Lagerwechsel wird nicht begründet

Die Verwandlung Manns vom Verteidiger des deutschen Sonderwegs hin zu einem glühenden Anhänger des Sozialdemokraten Roosevelt bleibt dunkel. Denn gerade Roosevelt ist dem, was Mann noch 1918 für richtig hielt diametral entgegengesetzt. Roosevelt war ein Mann von ausgesprochener Deutschfeindlichkeit, der schon vor dem Krieg bedauerte, man habe es 1918/19 versäumt, den Deutschen den ihnen gebührenden Denkzettel zu verpassen. Im Gegensatz hierzu herrschte in der amerikanischen Öffentlichkeit überwiegend die Überzeugung vor, mit Versailles weit über das Ziel hinausgeschossen zu sein, und man blickte verschämt auf das Auseinanderklaffen des eigenen Anspruchs, mit dem man 1917 angetreten war, und dem Ergebnis der Friedensbedingungen. Roosevelt ging es – ähnlich wie Churchill – nicht nur um die Beseitigung Hitlers sondern um die Vernichtung Deutschlands als Subjekt der Geschichte. Thomas Mann erkannte dies und unterstützte Roosevelt trotzdem vorbehaltlos.

Die Frage nach dem „warum“ scheint Vaget aber auch nicht besonders wichtig zu sein. Vaget ist selbst so durchdrungen von der Überzeugung der gerechten Sendung der Amerikaner. Und zwar der Amerikaner in ihrer Variante der demokratischen Partei und ihres Anspruchs auf eine Formung und Umgestaltung der Welt in ihrem Sinne. Eine Alternative, einen dritten Weg gleichsam, kann sich Vaget nicht ernsthaft vorstellen.

Wiederholt schimmert so die eigene Vorliebe des Autors für die amerikanischen Demokraten von F. D. Roosevelt bis hin zu Obama durch. Zuweilen ist es schwer zu unterscheiden, wo die Wiedergabe der Gedanken Manns endet und eigene Ansichten des Autors in den Vordergrund rücken. Man hält den Autor zunächst für einen typischen Amerikaner, der trotz seiner ausgewiesenen Kenntnisse über Goethe, Mann und Nietzsche schlußendlich doch Amerikaner bleibt. Herbert Rosendorfer bemerkte in einem seiner Bücher, sowohl Sprache als auch Geschichte Deutschlands bliebe selbst dem intelligentesten Ausländer dem Grunde nach unbegreiflich. Aber Vaget ist Deutscher, im böhmischen Marienbad geboren. Gleichwohl scheint er sich derart amerikanisiert zu haben, wie dies auch beim späten Thomas Mann der Fall war. Da ihm selbst der Zugang zu dem fehlt, was Mann vor diesem Wandel ausmachte, kann er diesen Wandel auch nicht erklären.

Jünger, Benn und Bergengruen: Das politische Exil war 1933 nicht der alleinige Weg

So selbstverständlich, wie der Autor meint, war selbst 1933 der Weg nicht, den Thomas Mann genommen hatte. Zwar galt Mann seit etwa 1922, damals für viele überraschend, als Anhänger des parlamentarischen Parteienstaats, aber noch 1933 hätte ihn das Regime zumindest aus propagandistischen Zwecken mit offenen Armen begrüßt. Warum Mann nicht in der Schweiz blieb, sondern schlußendlich ein amerikanischer Linksliberaler mit noch dazu einem zuweilen pathologischen Haß auf Deutschland und die Deutschen wurde, bleibt nach der Lektüre dieses sehr umfangreichen Werkes komplett im Dunkeln.

Man kann Thomas Mann nicht vorwerfen, die Möglichkeit eines deutschen Sonderwegs in der Moderne nicht erfaßt zu haben. Er sah dies und ging trotzdem den langen Weg nach Kaisersaschern. Thomas Mann bleibt in der Vielgestaltigkeit seiner Facetten und seiner Entwicklung ein Rätsel. Anders als viele konservativ-bürgerliche Deutsche, die der Ansicht waren, zunächst sollte der Krieg gewonnen werden, wie man danach Hitler loswerde, werde man dann schon sehen, wollte Thomas Mann zuletzt zwischen Hitler und Deutschland nicht mehr trennen. Warum wurde Thomas Mann zum Amerikaner? Eine letzte Antwort hierauf gibt auch das vorliegende Buch nicht und eine letzte Antwort kann hierauf vielleicht auch nicht gefunden werden.

Hans R. Vaget: Thomas Mann, der Amerikaner. S. Fischer Verlag Frankfurt. Gebunden, 545 Seiten. 24,95 Euro

samedi, 22 octobre 2011

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

 

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Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

Par Olrik

Ex: La Droite strasbourgeoise (cliquez ici)

choc-histoire.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain. 

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme - qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde - se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30 000 ans d'identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3 000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

 

Livres de Dominique Venner (NDLR) :

Le Choc de l'Histoire, Dominique Venner, Editions Via Romana, 185 pages, 2011, 20,00 € (cliquez ici)

Le Siècle de 1914, Dominique Venner, Editions Pygmalion, 408 pages, 2006, 22,50 € (cliquez là)

Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité, Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 2002, 273 pages, 17,50 € (cliquez là)

 

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mardi, 18 octobre 2011

L'Occident, un crime contre l'imaginaire européen

L'OCCIDENT, UN CRIME CONTRE L'IMAGINAIRE EUROPEEN

Jure Georges Vujic, un écrivain „contre-bandier“ d'idées

 

A propos du livre „Un Ailleurs européen -Hestia sur les rivages de Brooklyn“

Avatar Editions, mai 2011

 

un ailleurs europeen.jpg„La tradition est inversée. L’Europe ne raconte plus l’Occident. C’est l’Occident qui comte l’Europe. La marche en avant des proto-iraniens, peuples de cavaliers vers leur foyer « européen », la « hache barbare » du peuple des demi-dieux hyperboréens, Alexandre, Charlemagne, Hoffenstaufen, Charles Quint, Napoléon ne font plus rêver. L’Occident hyperréel sublimé, le mirage du « standing », du bonheur à la carte est le songe éveillé et névrotique du quart-monde favellisé, d’un imaginaire tiers-mondiste « bolly-woodisé ». Il n’y a plus de grand métarécit européen faute de diégèse authentiquemment européenne. La « mimesis vidéosphérique » occidentale dévoile, déshabille, montre et remontre dans l’excès de transparence. Loin des rivages de l’Hellade, Hestia s’est trouvé un nouveau foyer sur les bords de Brooklyn, aussi banal et anonyme que les milliers d’« excréments existentiels » qui jonchent les rivages de Long Island.“

 

C'est sur ce constat pessimiste que l'on pourrait très bien résumer le dernier livre de Maitre Jure Georges Vujic, (écrivain franco-croate),   intitulé  „ Un Ailleurs européen-Hestia sur les rivages de Brooklyn ». Ce livre qui sort aux éditions Avatar, pourrait très bien être autobiographique, l'auteur y mêlant avec un langage á la fois lapidaire, incisif et au style hermétique, á la fois des éléments mémorialistes et anthologiques, mais aussi analytiques qui rendent très bien compte de l'état de la crise á la fois politique , spirituelle  et identitaire que traverse aujourd'hui l'Europe. Au fil d'une méditation et d'une réflexion personnelle que l'auteur qualifie de „contrebandière“ „transversale“ et „asymétrique „ Vujic se livre á un défrichage intellectuel des contradictions et de maux internes qui accablent l'Europe contemporaine. Dans le cadre de cette réflexion, il l'oppose l'idée  d’Europe, éminemment spirituelle, aristocratique, organique et plurielle á l'occidentisme contemporain mercantile, néolibéral, techniciste americanocentré contemporain. Selon lui : « L’Europe d’après 1945 et l’Europe de nos jours ne sont guère différentes et présentent des similitudes flagrantes ou plutôt portent les mêmes stigmates « décadentistes » de la « fin d’un monde », . Depuis la guerre froide jusqu’au monde unipolaire américanocentré de nos jours, l’Europe semble inéluctablement engagée dans une lente agonie á la fois « festives «  et « hyper-réelle » caractérisée par un climat généralisé de déliquescence, la corruption des « idées » et mœurs, l’anomie généralisée, l’absence de « sens et de principes métaphysiques », l’irresponsabilité et la pusillanimité des démocraties parlementaires, l’imposture libérale et le déclin de la notion de souveraineté. La blessure et l’humiliation infligées à l’Europe au lendemain de 1945 ne cessèrent de grandir et d’affecter les organismes vivants que sont les peuples européens : d’est en ouest les mêmes maux accablent l’Europe d’hier comme celle d’aujourd’hui, et je persiste à croire que les mêmes remèdes restent indispensables pour une renaissance authentiquement européenne. »

Il convient de reconnaitre á l’auteur le mérite  et l’audace de vouloir á travers cette démonstration littéraire concilier les thèses et les pensées d’écrivains et penseurs de la « droite révolutionnaire » ou de la « tradition »« » tels que Jünger, Évola, Bardèche, Salomon, avec des penseurs contemporains « post-structuralistes » et « dé-constructivistes » classés à gauche, tels que Derrida, Deleuze, Guattari, Cacciari, Foucault ou Baudrillard. Vujic prône une reconquête de cet esprit européen originel mais sans tomber dans le carcan  d’un discours passéiste et néoromantique antimoderniste. »Remonter à l’essence, à la source spirituelle de la pensée européenne, c’est reconnaître que dans sa solidarité comme dans sa diversité. Cette Europe « plurielle » et « buissonnière » apparaissait ainsi dès le XIXe siècle aux plus hauts et sages de nos penseurs à un Goethe, un Renan. Michelet, Proudhon, Quinet, fils de 1789 et militants de la génération de 1848, traitaient déjà des thèmes socialistes et nationaux : respect de la force, critique de la démocratie, culte du travail et de la patrie, contre-religion. La génération de 14 et la « camaraderie » de 1945 feront entendre la même mélodie martiale : reconquête de la virilité, fidélité à la fraternité des tranchées, exaltation de l’héroïsme guerrier ; Péguy, E. von Salomon, Moeller Van den Bruck, E. Jünger, Georges Sorel apportaient un bain de jouvence révolutionnaire à la pensée nationale. La pensée de Vujic est manifestement « oecuménique «  et reflète bien son idiosyncrasie personnelle,  qui tente dedépasser la simple dimension réactive d’une pensée hétéroclite et à la fois cohérente, pour en extraire les matrices constantes et stables qui imprègnent les diverses chapelles de pensées dites de « droite » ou de « gauche », le plus souvent dispersées voire rivales.

vujic foto.jpgEn abordant la question du devenir de l’Europe, l’auteur rend compte des mutations du „monde européen“ contemporain dans le sens symbolique, essentialiste et métaphysique, asphyxié sous l’empire d'un „occidentalo-centrisme“ mécaniciste qui l'a indéniablement absorbé et consumé, est qui du reste constitue son degré zéro de la puissance symbolique.  Il constate  que l'Europe actuelle  s'est mise aux couleurs de l’Occident qui, dans ses excès, dans son absurdité, produit une fatale réversion pour se transformer en son exact contraire : un extrême-occident impérialiste et mortiphère. Au de la de toute pensée passéiste , a l’opposé des formules réactionnaires et restauratrices, Vujic fait preuve d’une extrême lucidité en appelant á  constater le monde en soi, l’Europe contemporaine « en soi »  c'est-à-dire par ce qu'elle nous offre de plus concret. Cette approche qui nous rappelle l’attitude d’un Jünger ( réalisme tragique), le gai savoir d’un Nietzche et « l’être au monde » d’un  Merleau-Ponty, conduit l’auteur á la réflexion su « l’ailleurs européen » le miroir- inversion, la version spéculaire d’une Europe « kidnappée » par l’occidentisme contemporain. » Défendre le passé d'une Europe „originelle“, intact et mythique consisterait en une opération tautologique qui tendrait á s'opposer á son propre devenir et de défendre son propre „simulacre“, car il faut partir du simple constant que l'esprit prométhéen européen a bel et bien depuis l'antiquité enfanté l'occidentisme hypermoderne actuelle. L'Europe d'hier s'est irrmédiablement  retournée en son contraire, l'Occident contemporain. » C’est ce qui l fait dire a l’auteur que l’Europe actuelle est en proie « au jeu de simulacres ». « La « simulacr-isation » de l’Europe sous forme de produits consuméristes, d’images d’épinal, d’archétypes culturels, de stéréotypes touristiques ne fait que simuler d'autres simulacres sois-disants « évènementiels » « rétrospectifs » ou « ostensibles » . Toute méta-narration incantatoire, tout grand-récit, toute notion de « grande politique »  á la fois « vectorielle » et « vertêbrante », d'une œuvre originale, d'un événement authentique, d'une réalité première a disparu, pour ne plus laisser la place qu'au jeu des simulacres ». En ceci,  Vujic  rejoint l'analyse nietzschéenne de la vérité comme voile, et de la pudeur de la féminité, ensemble de voiles qui ne font que voiler d'autres voiles. Ôtez tous les voiles, et il ne reste plus rien. ». Pour lui l’occident contemporain est «  avant tout un paysage sociétal, de « landscape » virtuel. Souffrant d’un vide identitaire et d’une absence de paternité, L'Europe s'est peu á peu transformer en super-usine occidentale qui produit á l’excès une idéologie économiciste de marché, des valeurs exclusivement consuméristes , une prolifération sans frein de développement technologique, de progrès infini, et s'est fait le porte drapeau d’une morale totalitaire planétaire, qui 'est donnée pour but de réaliser le rêve utopique d'une „unite intégrale“ mondiale.

La structure du livre quasi-photographique pourrait très bien être celle d’un scénario de Godart alors que le séquençage rappelle les actes du théâtre antique- La méprise, la Forclusion, ect… au nombreuses  références de la mythologie grecque. Le style de l’auteur est á la fois baroque et dépouillé, et témoigne d’une curieuse « sérendipité » comme l’aime  l’appeler l’auteur qui nous plonge dans un récit dystopique,  métapolitique et philosophique qui n’en finit pas d’interroger au gré des chapitres.

Le parcours narratif de l’auteur, est hanté par la présence du personnage parabolique et métaphorique d’Hestia, une sorte de déesse postmoderne du foyer et de l’identité, mi-démon mi-ange, qui au gré du cheminement réflexif de l’auteur, rôde telle une vagabond en quête de sens sur les rivages de Brooklyn, comme leitmotiv d’un Occident désoeuvré, spirituellement ravagé et vidé, un peu comme dans un film noir,  mêlant les accents d’un Kerouac  ou d’un Céline.

„Que faire ? Hestia devra-t-elle chevaucher ce nouveau paysage extrême-occidental, c’est-à-dire faire en sorte que ce paysage devienne le centre de l’aventure d’une nouvelle extension métaidentitaire ? Faire l’expérience d’une nouvelle déconstruction identitaire par « l’archipélisation » ? La tâche de Hestia est celle du poète qui s’efforce de diffuser la totalité dans son lieu, trouver et inscrire « l’Ailleurs » dans « l’Ici ». Faire d’un territoire hostile et rival un lieu commun. Le génie « européen » qui avait pensé sensiblement le monde, qui l’avait dompté et conquis en l’accaparant dans la raison instrumentaire et intelligible avait fini par être consumé par la res cogitans occidentale, un « Nouveau monde » qui l’avait pulvérisé dans la sphère de l’intelligible et la surreprésentation excessive. En un mot l’esprit européen avait lui-même enfanté une image criminelle de lui-même. Et si c’était vrai ? Si l’Occident n’avait été que ça : un crime contre l’imaginaire ? S’il n’était rien d’autre qu’une machine à sublimer qui n’a cessé de servir le plus sournois des cultes de la représentation et de la raison discursive ? L’Occident en tant que processus de désenchantement irréversible ?“

 

La question reste ouverte, l’auteur ne nous offre pas des réponses toutes faites, L’intertextualité et les thèses critiques de Vujic sont éminemment politiquement incorrect, contestataires et  « réfractaires », mais aussi pédagogiques et anticipatrices ouvrant diverses pistes de réflexions, de nouvelles lignes de fuites dans la pensée unique. Le grand mérite de ce livre est de mettre en exergue et d’offrir au de lá  des schémas de critique « binaire »,« un archipel de « litteralité » qui regroupe des pensées de générations différentes

C’est pourquoi , dans le contexte de la pensée unique dominante, Vujic fait incontestablement preuve d’un liberté de pensée indéniablement subversive car  l’acte de penser librement et en toute indépendance est indéniablement « subversif », acte non pas illégal mais a-légal, qui se situe en amont du systémisme et du positivisme dominant. Le livre est á recommander á tous les esprits épris de sens et d’amour pour une certaine idée de l’Europe. On parle de la fameuse quête du sens en oubliant que la question du sens est inséparable de la mise en question du sens établi.

 

Edouard Largny

Journaliste et critique littéraire

samedi, 15 octobre 2011

Céline, un génie des lettres, un enfant et un fou

 
Céline, un génie des lettres, un enfant et un fou
 
 
 
Par Amaury Watremez. A propos de la sortie en Folio d’une partie de la correspondance de Céline, les Lettres à la NRF, passionnantes.

Les Lettres à la NRF de Céline sont au fond comme un journal littéraire de ce dernier, et dans les considérations de ces deux misanthropes on perçoit des remarques qui se rejoignent très souvent sur eux, sur leur entourage, leur œuvre, le reste de l’humanité.

Ce que dit Céline dans sa correspondance sur la littérature, il le mettra en forme plus clairement encore dans les Entretiens avec le professeur Y en particulier. Céline écrit tout du long de sa vie littéraire qui se confond avec sa vie tout court car la littérature, n’en déplaise aux petits marquis réalistes, est un enjeu existentiel. Il écrit des lettres pleines de verve, parfois grossières, à la limite du trivial. Il y explique, en développant sur plusieurs courriers sa conception de l’écriture, basée sur le style. Il se moque de l’importance de l’histoire par l’écrivain (« des histoires, y’en a plein les journaux »), se moque des modes littéraires, n’est pas tendre avec ses amis, dont Marcel Aymé, dont il suggère l’édition sur papier toilettes ainsi que l’œuvre de Jean Genet, comme un gosse jaloux du succès de ses pairs, qui entend conserver toute l’attention sur lui.

Car il cultive les paradoxes, il est misanthrope mais a soif de gloire et de la reconnaissance la plus large possible des lecteurs.

Ses correspondants ne sont pas sans talent, ainsi Gaston Gallimard, son éditeur : on s’étonne encore du flair remarquable de celui-ci en matière d’édition, on chercherait vainement son équivalent de nos jours où domine à des rares exceptions le clientélisme, l’obséquiosité, le copinage entre « beaux messieurs coquins et belles dames catins » pour reprendre le terme de Maupassant dans sa correspondance. Ce qui montre d’ailleurs que ce copinage ne date pas d’hier, ce qui n’est pas une excuse vu les sommets himalayens qu’il atteint en ce moment dans les milieux littéraires en particulier, culturels, ou plutôt « cultureux » en général.

Céline comme Léautaud est un misanthrope littéraire exemplaire, ce que sont finalement la plupart des littérateurs de toute manière, qui se libèrent des blessures subies par eux à cause de l’humanité en écrivant, en ouvrant un passage vers des univers mentaux et imaginaires inexplorées. Mais l’écriture n’est pas qu’une catharsis, contrairement à ce que les auteurs d’auto-fiction voudraient nous laisser croire, eux qui font une analyse en noircissant des pages qui ont pour thème central l’importance de leur nombril.

La misanthropie en littérature est un thème couru, maintes fois traité et repris, souvent lié à la pose de l’auteur se présentant en dandy, en inadapté, en poète maudit incompris de tous.

C’est un sujet d’écriture au demeurant très galvaudé.

Parfois, l’auteur qui prend cette posture a les moyens de ses prétentions, de ses ambitions, et d’ailleurs la postérité a retenu son nom à juste titre, pour d’autres, c’est souvent assez ridicule voire grotesque. Les artistes incompris de pacotille, les rebelles de ce type sont des fauves de salon comparés aux écrivains qui refusent les mondanités, les dorures, et l’ordure. Ces fauves de salon ne sont pas méchants, ils sont émouvants à force d’évoquer Rimbaud ou Baudelaire pour tout et n’importe quoi, de manière aussi désordonné que l’adolescent post-pubère clame sa détestation de la famille pour mieux y coconner, et continuer à se vautrer ensuite dans un mode de vie bourgeois. Et après tout, Claudel qui se réclamait de Rimbaud, et qui était un grand bourgeois conservateur, était aussi un grand écrivain, les fauves de salon peuvent donc avoir encore quelque espoir que leur démarche ne soit pas totalement vaine.

C’est encore mieux quand le prétendu inadapté rebelle, artiste et créateur, est jeune, et vendu comme génie précoce pour faire vendre (ne surtout pas oublier la coiffure de « rebelle » avec mèche ou frange « ad hoc »).

Cette rentrée littéraire, on nous refait le coup avec Marien Defalvard dont le livre s’avère certes plutôt bien écrit, et certainement réécrit, mais sans personnalité, sans saveur, sans couleur, sans odeur.

Les personnages misanthropes les plus connus sont le capitaine Némo et Alceste, les plus intéressants, les plus remarquables aussi. Louis-Ferdinand Destouches alias Céline, semble être eux aussi de véritable misanthrope, détester ses semblables.

Au final, on songe plutôt à son encontre au mot de Jean Paulhan répondant à une lettre d’injures de Céline, ces misanthropes, ce sont à la fois des enfants, des fous, mais aussi des hommes de talent, des génies avides de gloire. Ils ont des blessures diverses, surtout à cause du monde, dont ils ressentent la sottise et la cruauté plus fortement que les autres. Ce sont finalement des blessures d’amour, en particulier pour Léautaud, mais aussi pour Céline, qui feint de haïr ses semblables mais qui veut à tout prix ou presque leur reconnaissance.

Céline fût fidèle à Lucette, toujours discrète, toujours présente, consolatrice, fluette et solide, qui avait son atelier de danse au-dessus du cabinet de l’écrivain à Drancy, l’exception peut-être de quelques « professionnelles » de Bastoche, ce qu’évoque Claude Dubois dans son ouvrage sur La Bastoche : Une histoire du Paris populaire et criminel dont l’auteur de ses lignes a déjà parlé sur Agoravox.fr. Derrière les pétarades de l’auteur du Voyage on distingue aussi un grand pudique goûtant la présence discrète de sa femme attentionnée.

Ces deux auteurs comme beaucoup de natures très sensibles sont dans l’incapacité au compromis sentimental, amical, à l’amour mesuré, raisonnable, sage, et finalement un rien étriqué. Il est difficile de leur demander de rentrer dans un cadre ce dont ils sont incapables.

Sur ce point là, Céline est aussi un enfant comme Léautaud, on sent dans ses amitiés, à travers ses lettres à Roger Nimier, Denoèl ou Gaston Gallimard, cette recherche de la perfection et d’une amitié sans réelle réciprocité où c’est l’ami qui couve, qui prend les coups, les responsabilités à la place, et à qui l’on peut reprocher la brutalité et la sottise du monde extérieur, du monde des adultes où ils ne sont jamais au fond rentrés en demeurant des spectateurs dégoûtés par ce qu’ils y voient.

Sa misanthropie est aussi sa faiblesse, mais comme du charbon naissent parfois quelques diamants, de celle-ci naît le génie particulier de son œuvre littéraire. Cette hyper-émotivité du style que l’on trouve surtout chez Céline, ce chuchotement fébrile et passionné.

Amaury WATREMEZ
Agorafox.fr, 26/09/2011.

> Mes terres saintes, le blog d'Amaury Watremez.

jeudi, 13 octobre 2011

Civilisations en collisions

Civilisations en collisions

par Georges FELTIN-TRACOL

En 1993, l’universitaire étatsunien Samuel P. Huntington publiait dans la revue d’inspiration mondialiste Foreign Affairs un article intitulé « The Clash of Civilizations ? » qui se voulait une réponse réaliste à la théorie idéaliste avancée en 1989 par Francis Fukuyama sur Le dernier homme et la fin de l’Histoire. Trois ans plus tard, Samuel P. Huntington développait son analyse dans un essai roboratif intitulé Le choc des civilisations. Loin de clore l’histoire, l’achèvement de la Guerre froide ouvrait le monde sur de nouvelles fractures identitaires et civilisationnelles. Le concept fut rapidement repris et simplifié, voire déprécié dans son acception, en le réduisant à la seule confrontation entre l’Islam et l’Occident euro-atlantique. Rares furent les commentaires prévenant que le débat Huntington – Fukuyama s’inscrivait dans le vaste champ intellectuel aux contours indistincts du néo-conservatisme étatsunien…

En 2009, le géopoliticien français Aymeric Chauprade réexaminait cette notion huntingtonienne dans un livre consacré aux enjeux actuels. Étudiant en priorité les suites du 11 septembre 2001, il avait l’honnêteté d’y exposer – sans nullement les approuver – des versions alternatives à la thèse officielle qui accuse Ben Laden et Al-Qaïda d’être les responsables des attaques. Un médiocre plumitif d’une feuille de chou quelconque accusa alors Aymeric Chauprade de « négationnisme » et obtint son renvoi immédiat du Collège interarmées de Défense par le ministre de la Défense d’alors, Hervé Morin, ineffable responsable d’un groupuscule politique au nom de secte et pilier de l’ambassade U.S. à Paris. Cette éviction a été cassée par la justice sans qu’il y ait pour l’instant la moindre réintégration.

Une réédition bienvenue

Les Éditions Chronique viennent de rééditer Chronique du choc des civilisations d’Aymeric Chauprade avec un texte fortement renouvelé, revu et corrigé. D’une dimension respectable et doté de magnifiques photographies et d’excellentes cartes qui assoient son exposé, l’ouvrage, très pédagogique, ne peut que satisfaire les décrypteurs avisés du monde.

Attention néanmoins de ne pas se méprendre ! Chauprade ne paraphrase pas, ni ne reprend ou ne vulgarise Huntington. Il expose un point de vue différent. Ainsi, à l’encontre du célèbre professeur, Chauprade dénombre une quinzaine de civilisations (anglo-saxonne, océanienne, européenne, est-européenne orthodoxe, arabo-musulmane, irano-musulmane, turco-musulmane, latino-américaine, etc.). Il ne réduit pas non plus en un choc unique des civilisations l’antagonisme islamo-occidental. Nous entrons dans l’ère des chocs des civilisations.

Ses démonstrations géopolitiques se déploient en dix chapitres, plus ou moins longs. Certes, il y a un choc entre l’Islam et l’Occident américanocentré moderne. Mais perdure aussi l’affrontement féroce, interne à l’islam, entre les sunnites et les chiites. L’« Islamérique » est par ailleurs en guerre occulte contre l’Europe. L’Oncle Sam veut en outre contenir la renaissance chinoise et empêcher la montée en puissance d’une Amérique latine enfin affranchie de sa tutelle. Quant à l’Islam, il s’oppose à l’hindouisme, à la Chine et au bouddhisme (le séparatisme islamiste des régions méridionales de la Thaïlande par exemple).

Tous ces événements témoignent des heurts civilisationnels passés, en cours ou à venir. Toutefois, « l’histoire ne se réduit pas au choc des civilisations ! prévient Chauprade. Point de caricature ici, ou de simplification historique. Il y a le choc des peuples et des États, le choc des grandes figures humaines, et aussi le choc des économies. […] Il y a bien un univers mental de la civilisation, touchant à la conscience populaire, et cet univers mental est l’un des moteurs essentiels de l’histoire (p. huit) ».

Plaidant en faveur de relations diplomatiques multipolaires, l’auteur remarque qu’une « guerre, de dimension planétaire, entre les forces de la multipolarité et celles de l’unipolarité, se déchaîne dans tous les compartiments de l’affrontement de puissance, du contrôle des ressources stratégiques jusqu’au contrôle de l’information, en passant par le redécoupage des frontières étatiques, la guerre des monnaies (statut du dollar), les fonds souverains… (p. 13) ». Puissance sur le déclin avec une économie au ralenti, un surendettement gigantesque, une paupérisation grandissant des classes moyennes et une hispanisation croissante, véritable Reconquista pour le Mexique dans les prochaines décennies, les États-Unis « ont compris que la roue de l’histoire est en train de tourner à leur désavantage. Les guerres qu’ils déclenchent visent à briser l’ascension de rivaux qu’ils voient naître à l’orient. À défaut d’imposer un ordre mondial américain, ils créeront le désordre sur le chemin de leurs ennemis (p. 11) ». Leurs actions sont multiples : militaires bien sûr, politiques et économiques évidemment, mais aussi culturelles et spirituelles. Aymeric Chauprade, à la suite de Thomas Molnar (1), évoque la « “ protestantisation ” du catholicisme américain [qui] ne passe pas seulement par un ralliement à un messianisme d’essence puritaine, il se traduit concrètement dans la pratique religieux : autant par l’affaiblissement progressif du rôle de la messe et du clergé au profit de petites communautés catholiques “ autogérées ”, que par la participation croissante de catholiques à des offices pentecôtistes (conséquence logique de l’œcuménisme prôné par Vatican II), par exemple (p. 245) ». Il souligne l’importance du rôle politique des sectes néo-protestantes d’émanation étatsunienne (pentecôtisme et évangélismes) en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en Europe de l’Est. « La “ théologie de la prospérité ”, dont elles sont les propagatrices, a remplacé la “ théologie de la libération ” du temps de la Guerre froide : elle bâtit des temples, investit des universités et des chaînes de télévision, et exploite la détresse qui suit les catastrophes naturelles (cyclones, glissements de terrain et tremblements de terre ont durement frappé les pays d’Amérique centrale ces trente dernières années) (p. 243). »

De l’« État profond » étatsunien

Ces menées déstabilisatrices ne sont pas à imputer qu’aux seuls néo-conservateurs belligènes, mais aussi et surtout aux instances qui les soutiennent et les financent : l’« État profond ». Reprenant une terminologie en vigueur en Turquie, « par “ État profond ”, les dissidents entendent une structure de gouvernement à la fois invisible (par rapport à l’administration officielle) et continue (qui survit aux changements de président), rassemblant des éléments et des moyens du Pentagone, de la C.I.A. et du F.B.I., des sociétés militaires privées et, plus globalement, du complexe militaro-financier américain (p. 13) ». Cet « État profond » ne fait pas le deuil de son hégémonie planétaire évanouie. Déjà, la Chine, la Russie et l’Iran ont brisé la vieille « doctrine Monroe » en s’associant avec le Brésil, le Venezuela et d’autres États ibéro-américains. Contre cette chute inéluctable, l’« État profond » yankee favorise et encourage des diversions parmi lesquelles le regain de l’islamisme. C’est risqué ! Chauprade juge en effet qu’« à côté d’un altermondialisme stérile, car privé d’une puissance qui le soutienne, l’islamisme apparaît bel et bien comme le seul véritable internationalisme révolutionnaire (p. 19) », ce qui n’empêche pas Washington et ses affidés européens (Sarközy et Cameron) de s’acoquiner avec les franges les plus extrémistes du sunnisme salafiste et djihadiste. L’agression contre la Libye réactive cette vieille connivence « islamo-américaine » mâtinée à Benghazi et à Tripoli d’une horrible négrophobie de la part d’un pseudo-gouvernement rebelle croupion sans soulever l’indignation des belles âmes… Plus que jamais, O.T.A.N. et Al-Qaïda mènent le même combat !

Dans un entretien roboratif accordé à Flash, aujourd’hui disparu, Aymeric Chauprade n’hésite pas à proclamer : « Maintenant, ce qui fait sens, c’est distinguer les États-Unis de l’Europe. L’Europe est une vieille civilisation aujourd’hui asservie par la géopolitique américaine. Les signes de notre libération sont là. Nous avons deux grandes révoltes à mener : contre les États-Unis et contre l’immigration de peuplement qui est en train de submerger nos vieux peuples (2) ». Il y oublie une troisième révolte à fomenter contre les banques et les financiers rapaces de l’hyper-classe.

Chronique du choc des civilisations fourmille d’informations précieuses. On y trouve la carte (p. 31) d’un nouveau Moyen-Orient redessiné suivant les rêves déments des États-Unis qui parient sur une balkanisation généralisée. Chauprade rappelle que « contrairement à une idée répandue, les talibans n’ont jamais lutté contre l’opium. Ils ont interdit le haschich car il est consommé localement par des musulmans. Mais ils ont encouragé la production et l’exportation de l’héroïne afin de “ pourrir ” les “ Kafir ” (mécréants) occidentaux (p. 47) ». Il révèle des phases méconnues de la vie de Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah libanais. « Formé militairement en Corée du Nord à la toute fin de la Guerre froide, il gardera des liens étroits avec ce pays, comme la guerre de l’été 2006 l’a montré (ce sont en effet des conseillers nord-coréens qui ont préparé les miliciens chiites à la guerre souterraine) (p. 156). » La Corée du Nord, cette incroyable stratocratie qui continue à tenir tête à l’Abomination yankee !

On pourrait continuer les citations tant cet ouvrage est dense. On sait en revanche mieux pourquoi « depuis le 11 septembre 2001, les États-Unis ont repris la main sur l’histoire et sont engagés dans une vaste opération d’endiguement des forces multipolaires (Chine, Russie, Iran, Venezuela, Brésil…) (p. 13) ».

Pendant ce temps, les Européens s’enfoncent dans les délices de Capoue et dissertent à satiété sur le sexe des anges postmodernistes, c’est-à-dire la discrimination positive, la diversité ethnique et autres joyeusetés sociétales. Avec le réalisme qu’on lui connaît, Aymeric Chauprade se garde bien d’invoquer l’axe fantôme (et illusoire ?) Paris – Berlin – Moscou, surtout avec une Allemagne qui perd chaque jour des habitants alors que sa population extra-européenne est en croissance constante : « Berlin n’est-elle pas la troisième ville turque dans le monde, s’interroge Dmitri Rogozine ? (3) ». L’Allemagne d’aujourd’hui a définitivement accepté le lavage de cerveau collectif commencé il y a soixante-cinq ans par Washington. Il est clair que le pays d’Angela Merkel joue contre l’idée européenne au nom de ses intérêts consuméristes à court et moyen terme (d’où l’alliance énergétique avec la Russie et l’abandon de la filière nucléaire) et de ses puissants liens transatlantiques. « L’Union européenne devra-t-elle être la seule construction privée d’histoire ? (p. 29) ». Il faut le craindre avec, toutefois, l’espoir d’un sursaut possible dans des circonstances exceptionnelles.

Aymeric Chauprade ne verse pas dans le pessimisme. Pour lui, « l’affirmation islamique en terre d’islam comme à l’intérieur de l’Europe (immigration massive) pourrait néanmoins conduire de plus en plus d’Européens à considérer que l’enjeu identitaire est l’enjeu vital du XXIe siècle (p. 29) ». Il ne cache pas que « ce combat est essentiel; pour que l’Europe ne devienne jamais la périphérie soumise d’une Asie hyperpuissance ou que les filles de France n’aient pas à craindre demain la rigueur d’une police “ du vice et de la vertu ” (p. huit) ». Chronique du choc des civilisations établit un panorama passionnant des fractures de notre temps et en dessine les prochaines. Voilà un ouvrage indispensable pour saisir l’histoire en marche.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Thomas Molnar, « Où va l’Amérique impériale ? », dans Études, n° 1, tome 384, janvier 1996.

2 : « Comment les attentats du 11 septembre 2001 ont changé le monde… », entretien avec Aymeric Chauprade, dans Flash, n° 74, 8 septembre 2011.

3 : « L’O.T.A.N. refuse de surmonter l’héritage de la Guerre froide », entretien avec Dmitri Rogozine, dans Le Figaro, 17 et 18 septembre 2011.

Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations. Du 11 septembre au printemps arabe, actualité, analyses géopolitiques et cartes pour comprendre le monde, Éditions Chronique – Éditions de Noyelles (15 – 27, rue Moussorgski, 75018 Paris), 2011, 256 p., 31 €.


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dimanche, 09 octobre 2011

Stuff Our Betters Like

Stuff Our Betters Like

By James J. O'Meara

Ex: http://www.counter-currents.com/

Olivier Magny
Stuff Parisians Like: Discovering the Quoi in the Je Ne Sais Quoi [2]
New York: Berkley, 2011.

Chris Lehmann
Rich People Things: Real-Life Secrets of the Predator Class [3]
Chicago: Haymarket Books, 2011.

Considering how Christian Lander’s Stuff White People Like, first the blog, then the book, then the sequel, created more than a little frisson among the NPR crowd (see the Counter-Currents reviews here [4] and here [5]) it’s surprising we haven’t seen more knock-offs or outright parodies (along the lines of The Job of Sex or Bored of the Rings); in fact, as far as I know, these are the very first (not counting the rather differently intended but invaluable provocateur of White consciousness, Stuff Black People Don‘t Like [6]).

Stuff Parisians Like shares its title and numbered format with SWPL. Turns out, it’s an excellent format for studying le vie Parisiene, since “reaching a form of happiness in Paris” (the Parisiene is never just “happy” like an American — despite “the fact that all Parisians deliberately wear American clothes, watch American movies, listen to American music, use American words or fantasize about American celebrities . . . when hearing the phrase “Les Américains”, the Parisian will implacably … just be taken over by one overpowering thought . . . “Oui, mais les Américains, ils sont cons”) entails “internalizing certain codes and refusing certain habits” (p. 75).

But while Lander writes as a mildly cynical member of the group, establishing, as the more perceptive reviewers noted, his credentials precisely by gently mocking but never really challenging his group’s tastes and ideas (WASPs do love self-criticism and faux objectivity, after all!), Magny writes as a Parisian, oui, (apparently a restaurateur and oenophile no less, to judge from his website, where you can “Optimize your future interactions with Homo Parisianus [by] browsing the full list of Stuff Parisians Like [7]”), but with a difference; he disagrees heartily with his confreres, and seems to be something of a . . . well, conservative, I guess. Horreurs!

Which comes first, the dyspeptic view or the conservatism, is a toss up. Suffice to say, it makes for some very penetrating observations about an urban type that has not only fascinated Americans, but also seems remarkably like some of our own domestic species.

Thus while filled with cultural tidbits such as

  • Fans of “continental dining” should beware that the cheese course has given way to just coffee, although the addition of a little beurre sale [8] will make the sweetest concoction acceptably ascetic;
  • Wine, too is passé; lunch means water – San Pellegrino, or San-Pé [9], to the American’s amusement – dinner perhaps beer, a party definitely only hard liquor;
  • License plate numbers reveal the driver’s place of origin [10] as well as their character; the very best is 75 – Paris, of course – and the others ‘smell of mud’ or ‘depression’ in various numerical ratios, while also revealing their driving habits — “C’est ce con de 27 qui bloque tout le monde depuis deux heures.”

along with some surprises — the Parisian despises artists [11], who are perceived as lazy and un-credentialed (state-funded art degrees are almost unknown, a pretty good idea it seems to me) unlike the busy graduates of the grandes Ecoles [12]; the Parisian loves not art but his idea of France’s cultural heritage — and stuff you only need to have read an Edmund White to know — the L’ile Saint-Louis [13] is the place to be! The Luxembourg Gardens [14] are the place to be seen! — we also learn that

Parisians have an opinion about most things, thus making it clear they have a significant knowledge about most things in life.

Having theories takes this to the next level.

Theories prove that not only does the Parisian have more information and knowledge than other people, but he also processed that information through his own personal filter. The superiority filter. Parisians will use theory after theory but never warning that these are theories. Other people, including Parisians, will be fooled and will inevitably reach the conclusion that this Parisian is extremely cultivé and intelligent.

It is important to realize that very few Parisians form their own theories. Most Parisians repeat theories they heard on TV, or from their really smart uncle. No actual credit is ever given to the actual source. The actual source is always the Parisian. (pp. 89-90)

Theories, of course, are not facts; who needs facts when you have theories?

The Parisian, no matter how much he is into freedom of mind and against propaganda, rarely bothers to double-check his facts. He remains vastly foreign to elements that might otherwise feed and qualify his reflections. (p. 254)

While the American Leftist might have an opinion about, say, the Dalai Lama, the Parisian has a theory:

Le Dalai Lama is good. China is bad. Amen.

And that leads to some stuff those on the Alternative Right, or even non-Democrats, will recognize:

Worldwide, a fascist is a follower or an admirer of the pre-WWII Italian Fascist regime.

In Paris, a fascist is anyone who disagrees with a Parisian and makes a point.

The rarest use of the word facho is to define extreme right wing people. More common use of the word is to be found in situations when someone expresses beliefs and thoughts that are unacceptable to Parisians. The more brutally true the statement is, the more facho the person who says it is.

Calling someone a facho is a fantastic way for Parisians to win a conversation. [See “Winning Conversations [15]”]. When a Parisian’s dabbling is countered by superior, non-PC, implacable reasoning, the opponent will be called a facho. To seal the victory, the Parisian will say, “On peut pas discuter avec toi.” And walk away. Victory. (pp. 169-70)

Or, as Charlie Sheen would say, “Winning!”

Interestingly, both “Calling People Fachos” and “Le Dalai Lama” are not part of the “complete” list on his website; as he says himself:

If your opinion is susceptible to reach a significant number of people through a given media, Parisians will start a petition against you. It’s best to behave really . . .

One reviewer has suggested that the book’s disparaging remarks about Parisian nightlife and parties are a cheap attempt to drum up business for his wine bar. These more political passages, and his reticence about them, lead me to think he knows his Parisians too well.

Do not support small businesses — that will make you a fascist.

Dressed in black [16] and lacking testosterone ["There are three types of males in Paris: the gay-looking homosexuals, the gay-looking heterosexuals, and men over fifty"], the Parisian may seem familiar; didn’t we meet them that time in New York?

Calling people beaufs is a wonderful thing for Parisians. It allows them to assert conveniently their superiority while not going through the trouble of enduring a painstaking analysis that might lead them to interrogations about themselves or others.

But of course, it would be too easy to mock the beauf (the “redneck” if you will) for wearing white socks [17] or liking football.

Superior perceived social status is acquired by mocking habits and attitudes that are typical of upper class or even better – rich people. “He’s spending the weekend in Deauville? Can’t believe it, quel beauf!”; “Is he really driving a Hummer? Quel gros beauf!” By striking his audience with an unsuspected beauf designation, the Parisian scores serious social points: “Did he really take his nephew to Disney Land? Quel beauf!” The ultimate goal is to make all the people surrounding the Parisian wonder if, compared to him, they are not ultimately complete beaufs. (p. 7)

Le Beauf Americain

Yes, indeed, the New York State of Mind, and the feeling is mutual:

Paris is every Parisians’ wife. New York is their mistress. Parisians know how living with your wife gets old.

NY gear is very popular, especially amongst the younger generation of Parisians. The I Love New York T-shirt is a must. Worn properly, it is considered very chic in Paris. Less stylish people will opt for a NYPD T shirt. FDNY gear is exclusively reserved for the gay community in Paris. (p. 130)

Each section ends with a Helpful Tip (“When in doubt, just say putain”) and instructions on how to “Sound Like a Parisian” (which, I am sure, must contain its share of booby traps).

* * *

[18]Chris Lehmann’s Rich People Things, from its title to its cover to its number system, is clearly another SWPL title, but he and even his publishers make no mention of the earlier books; Lehmann claims his online column “began life as an afterthought title without any particular mission statement.” It’s a bit odd, considering his (well deserved) savaging of Chris Anderson (# 11. Wired Magazine) for mistaking his upstream rent-seeking for a new paradigm of free information.

Whatever. Lehmann seems part of what we might call the “unattached Left”; unattached, that is, to the conventional Democratic Party and its personality cult. No Obama-worshiping minion, he. (Unlike the Parisian, who very much likes Obama: his election proves the Parisian is right, there is no problem with immigrants, only racist fachos — see Magny‘s penultimate item.)

Thus, his targets and criticisms will be shared by many on the Alternative Right. He even quotes Steven Pinker — favorably! No paradox this; if one thinks of the traditional Left/Right field as a ping pong table, those not playing the game and just standing around share a space around it, and thus have more in common with each other than with either “player.”

He takes as his theme class analysis, not identity politics, and Americans’ peculiar lack thereof (boasted about, as Americans always find their limitations to be a source of perverse pride, as “our Exceptionalism;” Americans are proud to let everyone know they are very ‘special’ as they ride on the short bus of nations). And his targets are what takes the place — literally displaces, as a obscuring ideology — of class analysis: the “free markets and free men” mythology. So his topics tend to fall into two categories: economic myths (low taxes create jobs), and the mythical triumphant “individuals” (from Ayn Rand to Facebook and the aforementioned Wired) whose stories are thrown out by the system like squid ink.

Speaking of Rand, his chapter strikes me as one of the best objective (if you will) analyses of her work. His analysis hits the exact point where Rand gains her influence; starting out from the rather conventional standpoint of Nietzschean individualism (We the Living could even be filmed in Mussolini’s Italy) she hits the jackpot when she connects to the Horatio Alger myth of the Robber Baron era. By transposing individualism from the deterministic realm of nature to the marketplace of “free choice,” she allows her readers to vicariously imagine themselves (of course, who thinks of the Master Race without thinking oneself part of it?) being able, not so much to be heroes as to recognize them (most of us, after all, are mediocre but loyal Eddies not heroic Galts) and by serving them (buying their products and lowering their taxes) avoid the unforgivable sin of siding with the looters.

In general, Lehmann seems to be able to mouth the usual PC cliches, say, about the “genuine virtues of openness and diversity” while pointing out that:

These qualities form the basis of the twenty-first century’s corporate managerial mindset . . . a more diverse and culturally tolerant world is also a far more market-friendly world. It’s also, far from coincidentally, a world in which wealth and income disparity never seem to achieve the same vaunted status as cultural and gender diversity. (pp. 82-83)

This is not to say that Lehmann is a Traditionalist. For one thing, his good-thinking Liberal credentials show in an obsession with the Catholic Church as the citadel, or at least syneccdoche, of evil. The very first line reads:

American class privilege is very much like the idea of sex in a Catholic school — it’s not supposed to exist in the first place, but once it presents itself in your mind’s eye you realize that it’s everywhere.

My, what an original trope!

Later, he can’t even express his loathing and contempt for corporate (and, he fails to observe, Judaicly) backed frauds like Damien Hirst without making this outburst:

[W]e have entered an aesthetic universe every bit as blinkered and morally obtuse as that of the Catholic Church, when it elected to suppress classical composers in the wake of the Napoleonic Wars out of the conviction that they presented an urgent Jacobin threat to the established order of things. (p. 104)

[19]

This makes Lehmann think of Palestrina

I can’t be bothered to research this, but does anyone remember some papal bull condemning equal temperament? Myself, I get my history from fiction, and I remember Huysmans, in his Catholic phase, bemoaning the Church’s replacement of Gregorian chant with half-assed operatics by Gonoud and Faure (long before the LP-driven fashion for it, Huysmans was promoting the reconstruction work of the Abbey of Solesmes, which contributed to our more recent “early music” revival). One wants to say, like one of Lehmann’s landsmen, “from your mouth to God’s ear”; if only the Church had, successfully, stamped out that demonic manifestation known as “classical music”; see Evola in Ride the Tiger, or even Colin Wilson: passing from Mozart to Beethoven, one is wearied by all the table-pounding; or Delius: a preference for Mozart over Beethoven was his test of a new acquaintance’s cultural level.

If you can ignore the weird, unmotivated Catholic bashing, and the recurrent genuflection to PC orthodoxy, the reader on the Alternative or Traditionalist Right will be able to find much useful historical and critical discussion of our most contemporary economic and cultural busybodies and nuisances, from Malcolm Gladwell to Alan Greenspan to Frank Gehry.

However, it lacks any information on food and drink, and above all, don’t quote any of it to a Parisian.

Source: http://jamesjomeara.blogspot.com/ [20]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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samedi, 08 octobre 2011

Au temps de la Méduse

Au temps de la Méduse

par Georges FELTIN-TRACOL

En 2009, Pierre Le Vigan avait publié Le front du Cachalot, un épais ouvrage de réflexions, d’analyses et de notes de lectures. Il récidive avec un nouveau volume plein de fureur et de jubilation, La tyrannie de la transparence.

 

Collaborateur aux magazines Éléments, Flash, Le Spectacle du Monde, ainsi qu’aux sites L’Esprit européen, Vox N.-R. et, bien sûr, Europe Maxima, Pierre Le Vigan scrute, dissèque, démonte les tares de notre époque. Il s’attaque tout particulièrement au désir artificiel de transparence de nos congénères. Hormis le port du vêtement, tout devrait être mis à nu afin que tout un chacun puisse épier son prochain depuis sa bulle ! « Cette transparence devenue obligatoire, je l’associe à un animal bien particulier. […] La méduse est un animal marin sans os qui prolifère particulièrement en notre époque, sans doute en liaison avec les transformations de la planète dues à l’homme. Il n’est pas interdit de voir dans la prolifération de cet animal quasi-transparent et invertébré […] tout un symbole (pp. 11 – 12). » C’est aussi une allusion évidente à la célèbre Gorgone de la mythologie antique dénommée la Méduse qui pétrifiait de son regard les inconscients venus la défier.

 

 

Par des textes relativement courts qui se rapprochent des aphorismes, Pierre Le Vigan montre qu’il est un grand lecteur et un cinéphile averti. Il examine l’influence intellectuelle des Lumières et du P.C.F. de Marchais, salue les grands acteurs français des années 1920 – 1930, cite Montherlant et Michéa, disserte sur le film La traversée de Paris de Claude Autant-Lara, réfléchit sur les œuvres de Rousseau, de Benjamin Constant et de Tocqueville, ce critique précoce du nihilisme alors naissant, etc. Il nous rappelle aussi le courage héroïque, fort peu connu de nos jours, des troupes françaises lors de la campagne de France en mai – juin 1940. On ne partage pas toujours toutes ses appréciations. Sur Giorgio de Chirico par exemple. Sur Talleyrand « un traître intelligent (p. 96) ». Certes, du 14 juillet 1790 à son décès en 1838, l’ancien évêque d’Autun, le « Diable boiteux » a servi tous les régimes afin de préserver ses intérêts lucratifs. Néanmoins, il ne faut pas oublier que le diplomate en chef qu’il fut permit au jeune Consulat d’être accepté sur la scène internationale et qu’il atténua, en 1815 après les Cent-Jours, le second traité de Paris… Malgré tous ses défauts, ses vices même, un tel personnage nous manque, surtout si on le compare à Philippe Douste-Blazy, Bernard Kouchner ou Alain Juppé.

 

Une grande méfiance envers une croissance prédatrice qui tend vers la démesure incite ce connaisseur de Serge Latouche et de Pierre Rabhi à « louer le sens de la mesure, chercher à la retrouver, redécouvrir le bienfait d’une certaine rareté des biens pour le bénéfice possible de l’abondance des savoirs et du geste sans cesse renouvelable de l’exercice plein et entier des cultures, ce qui suppose leur réenracinement (p. 39) ».

 

L’ami Le Vigan appartient donc aux « objecteurs de croissance », non par idéalisme, mais par réalisme et parce qu’il côtoie dans sa vie courante les méfaits de cette croissance. À diverses reprises dans La tyrannie de la transparence reviennent les questions d’habitat, d’architecture et d’urbanisme. Et pour cause ! Sa profession le confronte à la souffrance existentielle dans les grands ensembles et au travail segmenté, précarisé, jetable. Il dénonce la « dictature de la santé (p. 59) » et l’avènement de Big Mother – l’État thérapeute omniscient – qui remplace le dorénavant désuet Big Brother au point que « notre société est […] de l’économique – la loi de la jungle – tempéré par du juridique (p. 75) ».

 

Pierre Le Vigan constate qu’à l’heure actuelle, « les partis politiques sont à la remorque des associations, ce qui est beaucoup plus grave que les problèmes posés par l’existence même des partis politiques (p. 142) », ce qui dévalorise la politique. Dans sa sympathique préface, Arnaud Guyot-Jeannin le décrit comme un « homme de droite de gauche (p. 10) ». Pourquoi lui appliquer ce schéma convenu et dépassé, lui qui sait que « dans de nombreux domaines, on ne peut même plus renvoyer dos à dos la droite et la gauche car tout simplement il n’y a plus de pensée de droite et pas non plus de pensée de gauche (p. 115) » ? Lucide, il explique que « la gauche a longtemps été vue par elle-même comme le contraire de la droite. […] Maintenant, la gauche (une certaine gauche bien sûr) est le laboratoire de recherche de la droite. Elle explore, au nom de la “ liberté ” libertaire, ce que seront les champs possibles, demain, de la marchandisation (pp. 57 – 58) ».

 

Cette situation résulte de la domination d’une nouvelle idéologie mortifère. Il faut « caractériser notre époque comme celle d’un nouveau totalitarisme post-démocratique. L’obscurantisme et l’inculture ont eu raison de la démocratie. L’immigration a déplacé le terrain des débats idéologiques. La pensée a suivi une pente primitiviste. L’idéologie des droits de l’homme est devenue un nouvel obscurantisme pseudo-démocratique qui tue à petit feu le droit et la démocratie. Malgré l’usage inflationniste du terme “ citoyen ”, plus rien ne renvoie à la réalité de ce mot, et l’homme abstrait et interchangeable a supplanté le citoyen (p. 19) ». Pierre Le Vigan développe une autre approche du droit des hommes. En effet, « tant qu’on n’aura pas compris que les droits de l’homme ne peuvent être qu’une conséquence des droits des peuples, les droits des peuples à exister, à perdurer, à avoir leur terre, leur langue, leur autonomie, leur identité, leurs mœurs, leur façon d’écrire leur histoire et ainsi tout simplement leur avenir, on ne fera jamais avancer concrètement les droits humains. Car l’homme concret appartient à un peuple. C’est par la mise en œuvre des droits des peuples – le droit notamment de contrôler leurs ressources -, de s’émanciper de la dictature mondiale des marchés, de l’empire de la finance – que les droits humains peuvent être pris en compte. L’homme est d’abord un être social, un être en communauté, un être politique (p. 36) ».

 

Arnaud Guyot-Jeannin qualifie Pierre Le Vigan de « républicain subsidiariste, démocrate organiciste et socialiste populiste, […] attaché au(x) peuple(s) de façon charnelle. Son populisme, jamais démagogique, est exigeant, aristocratique et anagogique. Il s’agit d’un aristo-populisme (p. 9) ». C’est bien vu, d’autant que « P.L.V. » encourage une combinaison inédite et originale des formes participative et représentative de la démocratie. Mieux, en réponse au débat lancé à la fin des années 1980 par Régis Debray entre « républicains » et « démocrates », il déclare clairement : « je crois que la République – et la distinction citoyen – étranger, et la nécessaire existence de critères pour passer d’un statut à un autre -, est la condition de la démocratie. La République ce ne sont pas des frontières infranchissables – ce serait alors des murailles – mais c’est le sens des frontières. En ce sens, je suis républicain avant tout – mais non pas “ à la place ” – d’être démocrate. Je suis républicain comme condition pour être démocrate (pp. 65 – 66) ».

 

Pierre Le Vigan se proclame en outre Européen. Son Europe n’est pas celle de Bruxelles, de Maastricht et de Lisbonne. Elle n’est pas non plus euro-régionaliste. Pour lui, « L’Europe aux cent drapeaux (Yann Fouéré), c’est l’Europe aux cent Kossovo. C’est une zone de faiblesse où s’engouffreraient plus encore les vents de l’impérialisme (p. 129) ». L’Europe qu’il souhaite serait une organisation politique politique des nations européennes à vocation impériale ultime. Mais « l’Empire doit être républicain, avant même d’être démocratique (avant, pas à la place de, car la République est la condition de la démocratie) (p. 126) ». Il rappelle qu’entre 1804 et 1808, « les monnaies françaises portaient l’inscription : “ République française. Napoléon Ier Empereur ” (p. 126) ». Certes, l’article Ier du sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804) proclame : « le gouvernement de la République est confié à un Empereur ». Paradoxal ? Non, car l’oncle et le neveu portent le titre d’empereurs des Français comme Louis XVI lors de l’expérience de monarchie constitutionnelle en 1791 – 1792 et Louis-Philippe Ier sous la Monarchie de Juillet (1830 – 1848) sont rois des Français. Dans les quatre cas, et les textes institutionnels sont formels, ils tiennent leur fonction de la nation et, par conséquent, de la souveraineté nationale. Or peut-on bâtir une communauté européenne cohérente à partir de la souveraineté nationale ? Très certainement pas, surtout que le précédent napoléonien d’unification européenne est loin d’être pertinent et probant… Et la souveraineté populaire ? Peut-être, à la condition sine qua non de redéfinir ce que sont les peuples et non ces masses agglomérées et individualisées gavées de télévision.

 

Cette redéfinition essentielle nécessitera une libération des esprits de l’idéologie du bonheur matérialiste. « Reconstruire des patries et des peuples se fera en sortant du règne de l’argent (p. 173). » Mieux, à l’indispensable impératif géopolitique, il est primordial que l’idée impériale soit « une idéologie alternative à l’imaginaire marchand. Il faut l’idée, et même le mythe, d’un ordre nouveau en Europe. Un ordre post-productiviste et post-consumériste (p. 26) ». Ce nouvel ordre révolutionnaire devra être territorial. Vient alors le dilemme entre l’Eurosibérie et l’Eurasie. Hostile à la conception ethnosphérique blanche de l’Eurosibérie, Pierre Le Vigan opte pour la vision grand-continentale de l’Eurasie. Mais une telle immensité est-elle compatible avec la démocratie organique interne des communautés de peuples autochtones ? Voilà un bien beau débat en perspective, en toute transparence, bien sûr…

 

Georges Feltin-Tracol

 

Pierre Le Vigan, La tyrannie de la transparence, Paris, L’Æncre, coll. « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », 2011, 177 p., préface d’Arnaud Guyot-Jeannin.

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Hermann Parzinger: "Die frühen Völker Eurasiens"



Die frühen Völker Eurasiens

Der international renommierte Vor- und Frühgeschichtsforscher Hermann Parzinger legt mit diesem höchst informativen, reich bebilderten Band ein Grundlagenwerk über Geschichte und Kultur der frühen Völker zwischen Ural und Pazifik vor.
Die Ausstellungen über Skythen und Mongolen haben das Interesse von Hunderttausenden Besuchern auf sich gezogen, und doch stellen diese beiden Völker nur einen kleinen Ausschnitt der zahlreichen Kulturen dar, die in dem gewaltigen Territorium zwischen Ural und Pazifik von der Jungsteinzeit bis zum Mittelalter entstanden sind. Den Völkern in diesem Gebiet kommt eine entscheidende Bedeutung für die Frühgeschichte der Alten Welt insgesamt zu, und so erscheinen sie als ein fester Bestandteil unseres gemeinsamen kulturellen Erbes. Nach dem Fall des Eisernen Vorhangs konnte der Austausch zwischen westlichen Wissenschaftlern und den Forschern auf dem Gebiet der ehemaligen Sowjetunion intensiviert werden, so daß mit dem Werk von Hermann Parzinger erstmals eine große Synthese des heutigen Wissensstandes über die archäologische Erforschung dieses Gebiets vorgelegt werden kann. Im Zentrum der Darstellung stehen die Verbreitungsgeschichte der Völker, ihre materielle Kultur, ihre Siedlungs- und Wirtschaftsweise, ihre Bestattungsbräuche und ihre künstlerischen Ausdrucksformen. All dies wird systematisch erschlossen und in enger Verbindung von Text und Bildern präsentiert. Auf diese Weise ist eine differenzierte und zugleich anschauliche Darstellung eines bedeutenden Kulturraums der Menschheitsgeschichte entstanden.

Afbeelding en tekst: Verlag C.H. Beck.

dimanche, 02 octobre 2011

La fabrique du temps nouveau

« La fabrique du temps nouveau » de Jean de Maillard

 

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Jean de Maillard, inspecteur du travail dans les années 1970 puis magistrat spécialisé dans la criminalité financière, répond dans « La fabrique du temps nouveau » aux questions de Karim Mahmoud-Vintam, éditeur de Temps présent.

Une analyse en profondeur de la mondialisation financière dans ces attendus et ses conséquences.

La fabrique du temps nouveau est une généalogie du néo-libéralisme (que l’auteur ne distingue pas de l’ultralibéralisme ou encore du mondialisme, en tant que système) – replacé dans le temps long de l’Histoire, ce temps long dont Dominique Venner dit qu’il est la seule mesure pertinente de l’évolution des sociétés humaines.

Il est aussi manifestement une autopsie anticipée de l’humanité de l’homme.

Pour Jean de Maillard, le néolibéralisme est en effet une arme de destruction massive de l’ensemble des entités naturelles qui ont porté la conception traditionnelle de la nation, telle que Renan l’a définie dans sa fameuse conférence de 1882 : « Une nation est une âme, un principe spirituel (…) une grande solidarité, constituée par le sentiments de sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore (…) Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation ».

La socialisation horizontale remplace l’héritage et la transmission

 

La société qui émerge est pour Jean de Maillard une société de réseaux, qu’il qualifie également de fractale – par analogie avec ces objets mathématiques dont chaque partie est isomorphe au tout -. Cette société de connexion, façonné par le néolibéralisme, est en rupture radicale avec la société traditionnelle, fondée sur la transmission. « On peut relire les évolutions contemporaines, écrit l’auteur, comme le passage d’une société verticale, intergénérationnelle, reposant sur des institutions qui en quelque sorte évoluent à l’intérieur et transmettent un savoir vivre ensemble, à une socialisation horizontale, reposant sur l’instantanéité de la connexion des réseaux, des individus, des choses, à la place de la mémoire et de la transmission ».

La société d’avant était ainsi celle de l’héritage. De génération en génération, se transmettaient un savoir, une culture, une histoire. Ce qui supposait un socle immémoriel fondé sur la famille, le peuple, l’identité, la langue, la culture, la nation… Depuis l’après-guerre, le travail de sape néo-libéral a substitué à cet ordre qui semblait immuable une société sans mémoire collective et sans racine. Une société qui se veut cosmopolite et non discriminante. Tout individu est ainsi, virtuellement, citoyen du monde, un monde sans frontière ni hiérarchie, du moins en droit et en apparence. Car si aucune barrière ne saurait être reconnue comme pertinente entre les individus qui la compose, ni linguistique, culturelle ou sociale, ni – encore moins – ethnique ou raciale, les inégalités sociales, quant à elles, explosent. [...]

Dictature du devoir de mémoire et du politiquement correct

L’inconscient collectif, précise Jean de Maillard, est l’ensemble des croyances auxquels adhèrent les membres d’une même société. Il s’articule autour de principes réputés transcendants sur lesquels tout questionnement est intempestif, voire scandaleux. [...] Explosion des inégalités et des communautarismes, perte du sens et du lien social, dictature du devoir de mémoire et du politiquement correct, fin de l’espace public comme lieu d’expression d’individus libres, obligation d’absolue transparence, d’absolue équivalence… « Finalement, s’interroge Jean de Maillard, la question n’est-elle pas celle-ci : nous vivons dans une société ouverte, qui a perdu toute unité, et si nous n’avions pas cet inconscient et cet imaginaire pour nous obliger à la supporter [c’est nous qui soulignons], ne risquerions-nous pas de la rejeter avec une telle violence que nous pourrions voir ressurgir de nouveaux pogroms ? ». [...]

De même, fort prudemment, Jean de Maillard rejette toute téléonomie humaine dans la manière dont la convergence néolibérale s’est opérée : « [S]ans qu’il existe une quelconque coordination, et moins encore de volonté ni même de perception de cette complémentarité, tout va se mettre à peu près en même temps, et dans une direction qui va permettre la constitution d’un nouvel ordre logique et cohérent, mais sans lien visible entre toutes ces mutations ». Difficile, à vrai dire, de suivre l’auteur dans ce discours irénique et croire que la mutation néolibérale n’est que le fruit d’une succession de hasards. Chaque avènement d’un « nouvel ordre » mondial est le résultat d’un long travail de groupes de pression au sein des élites dirigeantes.

Les politiques par lesquelles, depuis un demi-siècle, les peuples de la vieille Europe ont été invités à réprimer leur identité profonde et à s’approprier l’impératif du métissage et du multiculturalisme – puissants marqueurs du néolibéralisme en acte – paraissent trop efficaces pour ne pas résulter d’une stratégie mûrement réfléchie de puissants groupes d’intérêt mondiaux. En matière d’idéologie, il ne saurait y avoir de génération spontanée…

La finance internationale réseau sanguin de la mondialisation

Le déclin du capitalisme fordien et la montée du capitalisme financier articule le passage du libéralisme au néolibéralisme, marqué par la financiarisation de l’économie. « La finance internationale est un peu le réseau sanguin de la mondialisation, et peut-être de tout le système économique de la mondialisation », souligne Jean de Maillard. Cette virtualisation des échanges nécessite elle-même une virtualisation des individus. L’auteur évoque à ce propos la réduction de ces derniers au rang de monades leibnitziennes, qui sont autant de noeuds d’un réseau totalement désincarné, au comportement égoïste, versatile et veule : « [L]‘homme post-moderne (…) n’accepte plus que les solidarités qu’il crée lui-même, quitte d’ailleurs à les briser à sa guise si elle ne lui conviennent plus ». Le travail ne crée plus de lien social, car chaque « agent de marché », plongé dans une « démocratie de marché » (Clinton), en concurrence continuelle avec tous les autres, simple « entrepreneur de lui-même » (Schumpeter) doit perpétuellement se réinventer s’il veut rester compétitif sur le marché du travail.

« Virtualisation » des individus, contractualisation et marchandisation des rapports sociaux

Les institutions – famille, école, justice… – qui constituaient autant de matrices de la socialisation, laissent place à une contractualisation des rapports sociaux, en symbiose avec l’essence-même du néolibéralisme. « Aujourd’hui, remarque l’auteur, tout se passe comme si l’enfant avait implicitement passé un contrat avec ses parents : si les parents ne remplissent pas le contrat, un tiers peut juger les parents selon différentes modalités – jugement pénal, jugement civil – et éventuellement leur retirer la garde de l’enfant (…) Aujourd’hui, les justiciables peuvent attaquer la personne du juge en déposant plainte contre lui. Il a perdu sa position transcendante (…)

[L]‘institution scolaire elle-même a banni l’asymétrie du rapport enseignant-enseigné au profit d’une contractualisation de la relation entre le professeur et l’élève, [qu'elle a] marchandisé (…) On pourra en dire de même du rapport entre hommes et femmes (…) l’homme était celui qui assurait le rapport de la famille avec l’extérieur, un rapport dominant certes, mais qui ne plaçait pas pour autant la femme dans un simple état de domination, puisqu’elle était l’élément structurant à l’intérieur de la famille ». La récente introduction de la théorie du genre dans l’enseignement des Sciences de la Vie et de la Terre au lycée est à cet égard symptomatique : cette théorie déconnecte en effet sexe et genre. Si le sexe est un fait de nature, l’appartenance à un genre est, quant à elle, le résultat d’un contrat passé entre l’individu et la société…

Les systèmes de surveillance se substituent au lien social Si l’homme de la post-modernité n’accroche plus son char à la moindre étoile, il désire néanmoins encore quelque chose, du fond de son égoïsme et de sa solitude : la sécurité. D’où l’explosion toute rhétorique des « droits à » (droit au travail, droit à la paresse, droit au logement…, avec ce résultat antinomique que « tous les droits = aucun droit »), et, plus concrètement, de la surveillance. « Ce n’est pas un État totalitaire de surveillance qui se met en place, prévient Jean de Maillard, mais une surveillance généralisée parce que tout le monde a peur de tout le monde. La société post-moderne, c’est la surveillance de tout le monde par tout le monde ». Si, comme l’affirme Jean de Maillard, « la généralisation des systèmes de surveillance [compense] la disparition du lien social », on pourra également remarquer que l’insécurité est une modalité de la bonne gouvernance néo-libérale : des individus qui ont peur sont en effet des individus dociles au système.

L’homme post-moderne, monade néo-libérale, noeud d’un vaste réseau déshumanisé, est profondément athée. Il ne rêve plus non plus de Progrès ni encore moins de Révolution. Cet absolu désenchantement du monde avait été prophétisé par Nietzsche, qui, dans le prologue de son Zarathoustra, décrit l’avènement du dernier des hommes. « Dieu est mort, mais Hegel aussi », ironise Jean de Maillard. On referme son livre avec un fort sentiment de désespérance. Si les analyses de Jean de Maillard sont fondées, les voies par lesquelles l’homo occidentalis pourrait échapper à ce destin annoncé passent nécessairement par l’effondrement du capitalisme financier, un effondrement cataclysmique dont nous pressentons les prémisses, et dont il serait illusoire de croire qu’il sera indolore…

Henri Dubost

Jean de Maillard, La fabrique du temps nouveau – Entretiens sur la civilisation néolibérale, Collection Racines & ruptures, Éditions Temps présent, 2011, 234 pages

Polémia

vendredi, 30 septembre 2011

Contra Yanquilandia

Contra Yanquilandia

TdE/NOVEDAD en ENR

Selección de textos y prólogo de Juan Antonio Llopart

1ª edición, Barcelona, 2011

21×15 cms., 160 págs.

Páginas interiores con fotografías.

Cubierta a todo color, con solapas y plastificada brillo

PVP: 15 euros


 

 

 

 

Orientaciones:

“Nacida de una ruptura con el pasado (europeo), Norteamérica no puede imaginar un futuro diferente a la línea indefinidamente prolongada de un ‘progreso’ utópico: carece del soporte necesario para tal ’imaginación’. Frente al devenir histórico, Norteamérica vive en un eterno presente, en una sucesión irreversible de momentos presentes que constituyen el cuadro de esa ‘búsqueda de la felicidad’ (pursitit of happiness) a todos garantizada por la Declaración de Independencia.

Su pensamiento implícito consiste en reducir a la unidimensionalidad la tridimensionalidad del tiempo; su objetivo social, en hacer coincidir al máximo de hombres en una misma dimensión de simultaneidad.

El inconsciente norteamericano, como tan a menudo se ha constatado,

se funda en una mística del espacio (la idea de que, más allá de la frontera, siempre hay un espacio a explotar), por oposición a la mística del tiempo. De ahí la importancia de la ‘conquista del espacio’, como sustituto a la ‘conquista del tiempo’ característica de toda cultura tradicional…”

[Alain de Benoist]

Índice

Prólogo [Juan A. Llopart]

América y la Nueva Izquierda [Alain de Benoist)

Civilización americana [Julius Evola]

Romper con la civilización occidental [Guillaume Faye]

“Europa” y “Occidente”: dos conceptos antagónicos [Claudio Finzi]

Qué es el antinorteamericanismo? [Roger Garaudy]

La influencia de América en Europa [Thomas Molnar]

El Amblimoron antifascista o la extrema-izquierda pro americana [Claudio Mutti]

Carta a John F. Kennedy [Juan Domingo Perón]

El enemigo americano [Robert Steuckers]

Dinámica histórica del liberalismo: del mercado total al Estado total [Tomislav Sunic]

La colonización sutil: “American Way of Life” y Dinámica Social [Marco Tarchi]

Pedidos:

enrpedidos@yahoo.es

Tlf: 682 65 33 56

Pagos por Paypal en ENR

mardi, 27 septembre 2011

Un abécédaire contre-culturel

Un abécédaire contre-culturel

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien connu dans le Pays nissard, Philippe Vardon-Raybaud est un jeune trentenaire qui mène de front diverses activités. Ce fondateur de Nissa Rebela et des Jeunesses identitaires dont il fut le porte-parole un quinquennat durant, ce membre éminent du Bloc identitaire, candidat à la mairie de Nice en 2008, vient de publier un abécédaire militant intitulé Éléments pour une contre-culture identitaire. Par le biais d’une introduction, d’un texte d’une conférence placé en annexe et de nombreuses notices, l’ouvrage examine des livres, des événements, des concepts, des films… selon une orientation identitaire clairement revendiquée. L’objectif est limpide : « au long de ces définitions, de ces mots qui peuplent l’univers (et l’imaginaire) des militants identitaires, ce sont bien les contours de cet idéal, et puis avant tout une vision du monde et une attitude face à celui-ci (p. 11) ».

Cette véritable Weltanschuung qui réaffirme en priorité « le droit des peuples à demeurer eux-mêmes […] De l’auto-détermination à l’auto-préservation (p. 91) », célèbre d’abord des écrivains enracinés : Dominique Venner, Vladimir Volkoff, Henri Vincenot, Jean Raspail, mais aussi ce grand penseur méconnu – Éric Werner – dont il faut lire et relire les essais remarquables et prémonitoires. Y figurent l’incontournable Georges Bernanos et, pour la littérature non francophone, Yukio Mishima et J.R.R. Tolkien. Ce n’est pas tout. En bon Nissard, Philippe Vardon-Raybaud ne pouvait pas oublier Monsieur Albert Spaggiari qui concilia avec brio l’action (l’armée, l’O.A.S., le « Casse du siècle ») et la réflexion par trois bons livres. Alors que la « Grasse Presse » et les médias encensent toujours Mesrine et ses acolytes qui ont du sang sur les mains pour mieux dénigrer l’ancien photographe niçois accusé de coupables penchants politiques, il importe de montrer aux plus jeunes d’authentiques héros de notre temps. À côté de « Bert », Philippe Vardon-Raybaud évoque deux autres magnifiques exemples d’honneur, de courage et d’abnégation : Jean de Brem, l’auteur du Testament d’un Européen, et Alain Escoffier, militant solidariste qui s’immole en 1977 devant le siège parisien de l’Aeroflot soviétique.

Philippe Vardon-Raybaud admire en outre le roi d’Araucanie – Patagonie Orélie-Antoine Ier, le baron von Ungern-Sternberg, l’Irlandais Patrick Pearse ou Blanqui l’« Emprisonné » indomptable. Faut-il y adjoindre Clint Eastwood ? Sans aucun doute répond l’auteur qui rappelle les controverses autour de l’inspecteur Harry ou les succès filmographiques, plus récents, de l’ancien maire de Carmel (Gran Torino, Lettres d’Iwo-Jima, Mémoires de nos pères…). On peut ne pas partager ce point de vue. Eastwood a en effet rejoint le moralisme ambiant (Invictus en est une preuve flagrante) et abandonné l’aventurier franc-tireur qu’il jouait dans la trilogie de Sergio Leone ou dans le superbe Josey Wales hors-la-loi, ce véritable hymne à la résistance et à la renaissance des communautés après la catastrophe finale, qu’il réalisa.

Un autre héros à valoriser est Albator, le corsaire de l’espace, ce personnage de dessin animé « tourmenté, souvent sombre et parfois même désespéré par l’humanité (p. 17) » comme d’ailleurs le Batman des films de Christopher Nolan. Oui, Albator vaut bien mieux que l’ineffable Capitaine Flam au service d’un gouvernement mondialiste terrien.

Outre l’absence de notices géopolitiques, on sera plus critique sur la valorisation, infondée à nos yeux, de l’école littéraire appelée « les Hussards » et de Roger Nimier. De son œuvre subsiste difficilement Le Grand d’Espagne. Quant au reste, il s’est mal bonifié… Regrettons en revanche l’oubli de « Maît’Jean » (Jean Mabire), l’« eurorégionaliste » idéal d’après ses détracteurs. Les plus vives réserves concernent principalement la référence à l’English Defence League aux nettes « envolées occidentalistes (p. 96) » qui serait surtout une manœuvre d’officines spéciales britanniques afin d’assécher l’électorat potentiel du British National Parti (B.N.P.) de Nick Griffin et de l’écarter de la scène politique. Comme la formation de Geert Wilders, le Parti du peuple danois ou le Parti du progrès norvégien, l’E.D.L. appartient à cette catégorie de mouvements faussement populistes et vraiment atlantistes qui contribuent à la conservation du Système de domination occidentale moderne sous le prétexte de combattre l’islamisation de l’Europe. « Qui dit que l’ennemi de mon ennemi doit être mon ami ? Souvent, il arrive que l’ennemi de mon ennemi soit même mon pire ennemi, prévient Tomislav Sunic dans Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (Akribeia, 2010, p. 112).

Divers groupes musicaux d’origine française, italienne et aussi anglo-saxonne sont mentionnés. Bien mieux que la littérature, la contre-culture revendiquée par Philippe Vardon-Raybaud se transmet par la musique, les films (300, Fight Club, Braveheart), les fringues, la mode, le tatouage… « Aucun de nos choix quotidiens n’est anodin, et […] finalement – via la métapolitique – tout est politique ! La façon dont on porte ses vêtements, et ceux que l’on choisit, notre coupe de cheveux, les motifs que l’on encre dans notre peau, les films auxquels on se réfère, les auteurs que l’on cite, les jouets que l’on offre à nos enfants ou les airs que l’on fredonne; rien n’est anodin, tout est politique (p. 12). » Avec le danger éventuel que le paraître s’impose aux dépens de l’être. La métapolitique au risque d’un néo-dandysme ? Il est dommageable que le jeans se porte encore et toujours chez les jeunes Européens.

Que l’auteur me permette d’exprimer ces quelques divergences, car, si son projet général attire, ma foi, de la sympathie, il me semble néanmoins plus intéressant d’émettre des critiques bienveillantes plutôt qu’énoncer de simples points d’accord. Il est vital que la contre-culture, conséquence de la métapolitique, constitue « une alternative solide, […des] îlots de liberté et d’identité (p. 13) ». Un embryon de société identitaire alternative, pourquoi pas ? Philippe Vardon-Raybaud croît en l’impératif métapolitique, « Métapolitique d’abord ! » proclame-t-il, qui est « une stratégie éminemment politique, car elle a un but très clair : la conquête, et l’exercice, du pouvoir (p. 275) ».

Prenant acte de l’échec dans les années 1970 du « gramscisme intellectuel » (la tentative d’influencer l’opinion publique à partir des organes de presse généraliste tel Le Figaro-Magazine) et utilisant à son tour les vastes ressources du « gramscisme technologique » (Jean-Yves Le Gallou), c’est-à-dire les immenses possibilités du cybermonde et d’Internet, l’auteur envisage la faisabilité d’un « gramscisme du quotidien » grâce à la bande dessinée, à la radio, aux musiques nouvelles, aux activités sportives particulières, au port de vêtements distinctifs et reconnaissables (la reconnaissance par les siens étant un élément déterminant du sens communautaire). « La prise de pouvoir culturel, ce n’est pas que toucher des professeur d’université, mais aussi fournir des sons qui vont accompagner des jeunes de la classe populaire dans leur iPod (p. 278). »

Cet activisme culturel s’accompagne nécessairement de « bases autonomes durables » (pour reprendre l’excellente terminologie de Michel Drac), de foyers contre-culturels (La Barricade à Paris, La Traboule à Lyon, Lou Bastioun à Nice, Ti-Breizh en Bretagne)  émetteurs de codes culturels dissidents. Dans cette perspective de longue haleine, il ne faut pas hésiter comme naguère les situationnistes à détourner et à récupérer slogans publicitaires et affiches de propagande marchande. Plutôt que de marquer sur des maillots de corps les portraits de Nietzsche, de Julius Evola ou de Jünger, pourquoi ne pas imprimer l’effigie de l’ancien candidat identitaire à la présidentielle, Arnaud Gouillon, le symbole des foyers déjà cités ou quelques archétypes animaliers européens ? Que ce soit sur la Toile numérique, sur les murs ou sur des vêtements, l’action exige de réfuter le vocabulaire ennemi, de faire connaître ses idées et de l’imposer dans l’opinion. Face au Big Brother mondialiste et oligarchique, savoir organiser la résistance dans la société anomiée devient une ardente obligation. Ce travail passe par une multiplicité d’initiatives recensés dans Éléments pour une contre-culture identitaire : des A.M.A.P. (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) identitaires à l’agence de presse Novopress, de l’intervention intempestive et bruyante contre les « cercles du silence » xénophiles aux détournements humoristiques de Patrons sans frontières qui singe la collusion réelle entre le patronat mondialiste, l’extrême gauche du Système et les délinquants clandestins. L’agitation n’est pas qu’intellectuelle, médiatique, politique, électorale et internautique; elle enchâsse tout le quotidien. La tâche est considérable et l’émulation indispensable.

S’appuyer sur des films cultes, le pochoir ou la sérigraphie contribuent à ce que le sociologue spécialiste de la post-modernité dionysiaque, Michel Maffesoli, désigne par « infra-culture » (ou sub-culture ou culture urbaine périphérique). Ne verrait-il pas probablement dans le désir de reconnaissance à travers l’habit, la musique, les références cinématographiques et littéraires, la pratique sportive, la genèse, l’ébauche d’une nouvelle tribu post-moderne, celle des « Zids » ? Cela ne serait pas si surprenant à la condition, toutefois, que cette tribu et future communauté parvienne à dépasser son caractère « présentiste », segmenté et postmoderniste afin d’œuvrer en faveur d’une Post-Modernité perçue comme une véritable après-modernité. Oser une contre-culture identitaire signifie contribuer au remplacement définitif des Lumières et de leurs funestes valeurs moderne par le Feu archaïque d’un avenir incandescent…

Georges Feltin-Tracol

Philippe Vardon-Raybaud, Éléments pour une contre-culture identitaire, Nice, IDées, 2011, 304 p., 20 €., pour l’acquérir, cf. le site http://www.contre-culture.com/


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éléments pour une contre-culture identitaire

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Cet ouvrage de 300 pages se veut une porte d’entrée vers la contre-culture identitaire telle qu’elle a été forgée par les militants – et en particulier les plus jeunes – de ce courant politique novateur apparu en 2002.

Tout comme le mouvement identitaire lui-même, cet abécédaire est protéiforme et sensiblement asymétrique. D’une définition à une autre, vous pourrez passer d’un philosophe à un modèle de chaussures ! Car c’est ainsi, une contre-culture est faite de multiples références : lieux, auteurs, films, marques, concepts, images, expressions, chansons, personnages, souvenirs, etc.

L’abécédaire est suivi du texte Métapolitique d’Abord, tiré d’une conférence du même auteur.

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à propos de l’auteur

Philippe Vardon-RaybaudPhilippe Vardon-Raybaud a 31 ans. Marié et père de famille, il est diplômé d’un troisième cycle de sciences politiques.

Engagé depuis son adolescence dans la résistance enracinée, il est depuis dix ans un acteur incontournable du combat identitaire. Il a participé à la fondation des Jeunesses Identitaires en 2002 et en fut le porte-parole pendant cinq ans.

C’est notamment à lui que l’on doit des campagnes telles que « Face à la racaille tu n’es plus seul » ou encore « Ni voilée – ni violée ».

Il s’est ensuite consacré à l’implantation en Pays Niçois à travers le lancement et la direction du mouvement régionaliste Nissa Rebela. En 2008, il a été candidat à la mairie de Nice.

Sur le plan culturel, il a contribué à plusieurs revues (notamment Jeune Résistance et IDmagazine) et a participé à des aventures musicales telles que le groupe Fraction ou le label Alternative-s productions.

Trait d’union entre lutte politique et combat culturel, il était certainement l’un des mieux placés pour nous livrer cet abécédaire.

Un abécédaire contre-culturel

Un abécédaire contre-culturel

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien connu dans le Pays nissard, Philippe Vardon-Raybaud est un jeune trentenaire qui mène de front diverses activités. Ce fondateur de Nissa Rebela et des Jeunesses identitaires dont il fut le porte-parole un quinquennat durant, ce membre éminent du Bloc identitaire, candidat à la mairie de Nice en 2008, vient de publier un abécédaire militant intitulé Éléments pour une contre-culture identitaire. Par le biais d’une introduction, d’un texte d’une conférence placé en annexe et de nombreuses notices, l’ouvrage examine des livres, des événements, des concepts, des films… selon une orientation identitaire clairement revendiquée. L’objectif est limpide : « au long de ces définitions, de ces mots qui peuplent l’univers (et l’imaginaire) des militants identitaires, ce sont bien les contours de cet idéal, et puis avant tout une vision du monde et une attitude face à celui-ci (p. 11) ».

Cette véritable Weltanschuung qui réaffirme en priorité « le droit des peuples à demeurer eux-mêmes […] De l’auto-détermination à l’auto-préservation (p. 91) », célèbre d’abord des écrivains enracinés : Dominique Venner, Vladimir Volkoff, Henri Vincenot, Jean Raspail, mais aussi ce grand penseur méconnu – Éric Werner – dont il faut lire et relire les essais remarquables et prémonitoires. Y figurent l’incontournable Georges Bernanos et, pour la littérature non francophone, Yukio Mishima et J.R.R. Tolkien. Ce n’est pas tout. En bon Nissard, Philippe Vardon-Raybaud ne pouvait pas oublier Monsieur Albert Spaggiari qui concilia avec brio l’action (l’armée, l’O.A.S., le « Casse du siècle ») et la réflexion par trois bons livres. Alors que la « Grasse Presse » et les médias encensent toujours Mesrine et ses acolytes qui ont du sang sur les mains pour mieux dénigrer l’ancien photographe niçois accusé de coupables penchants politiques, il importe de montrer aux plus jeunes d’authentiques héros de notre temps. À côté de « Bert », Philippe Vardon-Raybaud évoque deux autres magnifiques exemples d’honneur, de courage et d’abnégation : Jean de Brem, l’auteur du Testament d’un Européen, et Alain Escoffier, militant solidariste qui s’immole en 1977 devant le siège parisien de l’Aeroflot soviétique.

Philippe Vardon-Raybaud admire en outre le roi d’Araucanie – Patagonie Orélie-Antoine Ier, le baron von Ungern-Sternberg, l’Irlandais Patrick Pearse ou Blanqui l’« Emprisonné » indomptable. Faut-il y adjoindre Clint Eastwood ? Sans aucun doute répond l’auteur qui rappelle les controverses autour de l’inspecteur Harry ou les succès filmographiques, plus récents, de l’ancien maire de Carmel (Gran Torino, Lettres d’Iwo-Jima, Mémoires de nos pères…). On peut ne pas partager ce point de vue. Eastwood a en effet rejoint le moralisme ambiant (Invictus en est une preuve flagrante) et abandonné l’aventurier franc-tireur qu’il jouait dans la trilogie de Sergio Leone ou dans le superbe Josey Wales hors-la-loi, ce véritable hymne à la résistance et à la renaissance des communautés après la catastrophe finale, qu’il réalisa.

Un autre héros à valoriser est Albator, le corsaire de l’espace, ce personnage de dessin animé « tourmenté, souvent sombre et parfois même désespéré par l’humanité (p. 17) » comme d’ailleurs le Batman des films de Christopher Nolan. Oui, Albator vaut bien mieux que l’ineffable Capitaine Flam au service d’un gouvernement mondialiste terrien.

Outre l’absence de notices géopolitiques, on sera plus critique sur la valorisation, infondée à nos yeux, de l’école littéraire appelée « les Hussards » et de Roger Nimier. De son œuvre subsiste difficilement Le Grand d’Espagne. Quant au reste, il s’est mal bonifié… Regrettons en revanche l’oubli de « Maît’Jean » (Jean Mabire), l’« eurorégionaliste » idéal d’après ses détracteurs. Les plus vives réserves concernent principalement la référence à l’English Defence League aux nettes « envolées occidentalistes (p. 96) » qui serait surtout une manœuvre d’officines spéciales britanniques afin d’assécher l’électorat potentiel du British National Parti (B.N.P.) de Nick Griffin et de l’écarter de la scène politique. Comme la formation de Geert Wilders, le Parti du peuple danois ou le Parti du progrès norvégien, l’E.D.L. appartient à cette catégorie de mouvements faussement populistes et vraiment atlantistes qui contribuent à la conservation du Système de domination occidentale moderne sous le prétexte de combattre l’islamisation de l’Europe. « Qui dit que l’ennemi de mon ennemi doit être mon ami ? Souvent, il arrive que l’ennemi de mon ennemi soit même mon pire ennemi, prévient Tomislav Sunic dans Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (Akribeia, 2010, p. 112).

Divers groupes musicaux d’origine française, italienne et aussi anglo-saxonne sont mentionnés. Bien mieux que la littérature, la contre-culture revendiquée par Philippe Vardon-Raybaud se transmet par la musique, les films (300, Fight Club, Braveheart), les fringues, la mode, le tatouage… « Aucun de nos choix quotidiens n’est anodin, et […] finalement – via la métapolitique – tout est politique ! La façon dont on porte ses vêtements, et ceux que l’on choisit, notre coupe de cheveux, les motifs que l’on encre dans notre peau, les films auxquels on se réfère, les auteurs que l’on cite, les jouets que l’on offre à nos enfants ou les airs que l’on fredonne; rien n’est anodin, tout est politique (p. 12). » Avec le danger éventuel que le paraître s’impose aux dépens de l’être. La métapolitique au risque d’un néo-dandysme ? Il est dommageable que le jeans se porte encore et toujours chez les jeunes Européens.

Que l’auteur me permette d’exprimer ces quelques divergences, car, si son projet général attire, ma foi, de la sympathie, il me semble néanmoins plus intéressant d’émettre des critiques bienveillantes plutôt qu’énoncer de simples points d’accord. Il est vital que la contre-culture, conséquence de la métapolitique, constitue « une alternative solide, […des] îlots de liberté et d’identité (p. 13) ». Un embryon de société identitaire alternative, pourquoi pas ? Philippe Vardon-Raybaud croît en l’impératif métapolitique, « Métapolitique d’abord ! » proclame-t-il, qui est « une stratégie éminemment politique, car elle a un but très clair : la conquête, et l’exercice, du pouvoir (p. 275) ».

Prenant acte de l’échec dans les années 1970 du « gramscisme intellectuel » (la tentative d’influencer l’opinion publique à partir des organes de presse généraliste tel Le Figaro-Magazine) et utilisant à son tour les vastes ressources du « gramscisme technologique » (Jean-Yves Le Gallou), c’est-à-dire les immenses possibilités du cybermonde et d’Internet, l’auteur envisage la faisabilité d’un « gramscisme du quotidien » grâce à la bande dessinée, à la radio, aux musiques nouvelles, aux activités sportives particulières, au port de vêtements distinctifs et reconnaissables (la reconnaissance par les siens étant un élément déterminant du sens communautaire). « La prise de pouvoir culturel, ce n’est pas que toucher des professeur d’université, mais aussi fournir des sons qui vont accompagner des jeunes de la classe populaire dans leur iPod (p. 278). »

Cet activisme culturel s’accompagne nécessairement de « bases autonomes durables » (pour reprendre l’excellente terminologie de Michel Drac), de foyers contre-culturels (La Barricade à Paris, La Traboule à Lyon, Lou Bastioun à Nice, Ti-Breizh en Bretagne)  émetteurs de codes culturels dissidents. Dans cette perspective de longue haleine, il ne faut pas hésiter comme naguère les situationnistes à détourner et à récupérer slogans publicitaires et affiches de propagande marchande. Plutôt que de marquer sur des maillots de corps les portraits de Nietzsche, de Julius Evola ou de Jünger, pourquoi ne pas imprimer l’effigie de l’ancien candidat identitaire à la présidentielle, Arnaud Gouillon, le symbole des foyers déjà cités ou quelques archétypes animaliers européens ? Que ce soit sur la Toile numérique, sur les murs ou sur des vêtements, l’action exige de réfuter le vocabulaire ennemi, de faire connaître ses idées et de l’imposer dans l’opinion. Face au Big Brother mondialiste et oligarchique, savoir organiser la résistance dans la société anomiée devient une ardente obligation. Ce travail passe par une multiplicité d’initiatives recensés dans Éléments pour une contre-culture identitaire : des A.M.A.P. (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) identitaires à l’agence de presse Novopress, de l’intervention intempestive et bruyante contre les « cercles du silence » xénophiles aux détournements humoristiques de Patrons sans frontières qui singe la collusion réelle entre le patronat mondialiste, l’extrême gauche du Système et les délinquants clandestins. L’agitation n’est pas qu’intellectuelle, médiatique, politique, électorale et internautique; elle enchâsse tout le quotidien. La tâche est considérable et l’émulation indispensable.

S’appuyer sur des films cultes, le pochoir ou la sérigraphie contribuent à ce que le sociologue spécialiste de la post-modernité dionysiaque, Michel Maffesoli, désigne par « infra-culture » (ou sub-culture ou culture urbaine périphérique). Ne verrait-il pas probablement dans le désir de reconnaissance à travers l’habit, la musique, les références cinématographiques et littéraires, la pratique sportive, la genèse, l’ébauche d’une nouvelle tribu post-moderne, celle des « Zids » ? Cela ne serait pas si surprenant à la condition, toutefois, que cette tribu et future communauté parvienne à dépasser son caractère « présentiste », segmenté et postmoderniste afin d’œuvrer en faveur d’une Post-Modernité perçue comme une véritable après-modernité. Oser une contre-culture identitaire signifie contribuer au remplacement définitif des Lumières et de leurs funestes valeurs moderne par le Feu archaïque d’un avenir incandescent…

Georges Feltin-Tracol

Philippe Vardon-Raybaud, Éléments pour une contre-culture identitaire, Nice, IDées, 2011, 304 p., 20 €., pour l’acquérir, cf. le site http://www.contre-culture.com/


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

éléments pour une contre-culture identitaire

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Cet ouvrage de 300 pages se veut une porte d’entrée vers la contre-culture identitaire telle qu’elle a été forgée par les militants – et en particulier les plus jeunes – de ce courant politique novateur apparu en 2002.

Tout comme le mouvement identitaire lui-même, cet abécédaire est protéiforme et sensiblement asymétrique. D’une définition à une autre, vous pourrez passer d’un philosophe à un modèle de chaussures ! Car c’est ainsi, une contre-culture est faite de multiples références : lieux, auteurs, films, marques, concepts, images, expressions, chansons, personnages, souvenirs, etc.

L’abécédaire est suivi du texte Métapolitique d’Abord, tiré d’une conférence du même auteur.

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à propos de l’auteur

Philippe Vardon-RaybaudPhilippe Vardon-Raybaud a 31 ans. Marié et père de famille, il est diplômé d’un troisième cycle de sciences politiques.

Engagé depuis son adolescence dans la résistance enracinée, il est depuis dix ans un acteur incontournable du combat identitaire. Il a participé à la fondation des Jeunesses Identitaires en 2002 et en fut le porte-parole pendant cinq ans.

C’est notamment à lui que l’on doit des campagnes telles que « Face à la racaille tu n’es plus seul » ou encore « Ni voilée – ni violée ».

Il s’est ensuite consacré à l’implantation en Pays Niçois à travers le lancement et la direction du mouvement régionaliste Nissa Rebela. En 2008, il a été candidat à la mairie de Nice.

Sur le plan culturel, il a contribué à plusieurs revues (notamment Jeune Résistance et IDmagazine) et a participé à des aventures musicales telles que le groupe Fraction ou le label Alternative-s productions.

Trait d’union entre lutte politique et combat culturel, il était certainement l’un des mieux placés pour nous livrer cet abécédaire.

Le spectacle est devenu « la meilleure des polices »

Le spectacle est devenu "la meilleure des polices"

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Ex: http://ungraindesable.hautetfort.com/

En exergue de ce livre figurent deux belles citations de Guy Debord et Jean-Claude Michéa particulièrement bien choisies. L’auteur est très curieux à  voir l’abondante bibliographie (Jean-Pax Méfret, Murray, Michéa, Debord, Debray,Raymond Boudon, etc) ; ce livre est donc particulièrement intéressant car il s’attaque à de vrais sujets, de vrais problèmes.

Selon l’auteur, le lien est évident entre Murray et Debord ; « l’ordre spectaculaire et festif a pour conséquence (…) la disparition du réel . La " société hyperfestive " apparaît comme l’aboutissement de " la société du spectacle "».

Ce livre est une violente et véritable attaque contre le libéralisme mais sous un angle plutôt proche de Michéa que de Besancenot.
 

« (…) dans la société libérale, aucun vice ne doit en lui-même être à priori réprimé (…) Par ailleurs, et pour en revenir au présent , un taux relativement élevé de criminalité ne nuit pas au bon fonctionnement du « système libéral », au contraire. Prenons un exemple contemporain avec les émeutes urbaines : les voitures brûlées doivent être remplacées, les vitrines brisées réparées, etc. Et, comme le note avec ironie le philosophe Jean-claude Michéa dans L’emprise du moindre mal, le « système libéral «  dans sa grande ruse, a su aussi produire en parallèle toute « une industrie de l’excuse, voire de légitimation politique », se proclamant de gauche ou d’extrême gauche, mais en fait culturellement et politiquement libérale : « C’est le travail habituellement confié aux rappeurs, aux cinéastes « citoyens » et aux idiots utiles de la sociologie d’Etat. »

Il aborde ensuite le milieu du showbiz avec le politique et la corruption.

Il conclue ainsi « (…) Chaque époque a ses tabous et son idéologie dominante. Sous l’Ancien Régime, l’Eglise catholique » aujourd’hui « son influence a bien pâli » (…) le dieu caché du temps présent : la nouvelle religion spectaculaire et festive, diffuse, fluide et totalisante, avec ses prêtres et ses dévots de la médiasphère et du show-business (…) de nouvelles hiérarchies sociales, des tabous d’un genre nouveau, un conformisme inédit, tout un système dans lequel les troubadours jouent désormais les premiers rôles(d’anesthésistes). Car ainsi que le note Jean-claude Michéa, « il serait temps de reconnaître enfin que de nos jours, c’est le spectacle lui-même qui est devenu « la meilleure des polices » »

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lundi, 19 septembre 2011

Dr. R. Schmoeckel - Die Indoeuropäer

 

Reinhard Schmoeckel

Die Indoeuropäer

Aufbruch aus der Vorgeschichte

Bastei-Lübbe-Verlag (Taschenbuch)
576 S. mit 24 Karten und Übersichten
ISBN 3-404-64162-0
1. Auflage 1999, 4. Auflage vergriffen

Überarbeitete und aktualisierte Neuauflage
des erstmals 1982 im Rowohlt Verlag erschie-
nenen Buches "Die Hirten, die die Welt ver-
änderten – Der Aufbruch der indoeuropä-
ischen Völker"
Leseprobe und aus dem Inhalt


Ganze Bibliotheken füllen die Bücher über die Geschichte der Griechen und Römer, Völker, die oft und gerne als Wiege unserer Zivilisation zitiert werden. Doch was geschah eigentlich, bevor die Griechen ihre Tempel bauten und die Römer ihre Legionen ausschickten ? Wer waren die Menschen, die dafür sorgten, dass man von Indien bis hin zu den äußersten Gestaden Westeuropas Sprachen spricht, die denselben geheimnisvollen Ursprung zu haben scheinen ?
Dr. Reinhard Schmoeckel machte sich auf die Suche nach unseren Ahnen, den Ahnen fast aller Europäer . Dieses Buch ist jenen Völkern gewidmet, aus deren Zeit keine oder so gut wie keine Dokumente überliefert sind: der Vorgeschichte. Dennoch weiß man heute schon sehr viel darüber. Man muss es nur wagen und das in Tausenden von dicken wissenschaftlichen Büchern verstreute Wissen allgemein verständlich darstellen. Das Buch versucht, die frühen Erlebnisse unserer Vorfahren, über die der historisch Normalgebildete sonst praktisch nie etwas erfährt, wenigstens in einem groben Überblick zu erhellen, Zusammenhänge deutlich zu machen und das Wichtigste über die wichtigsten frühen Kulturen und Völker indoeuropäischer Abstammung zu erzählen.

Stimmen zum Buch

...Sehr anschaulich und mit verblüffender Quellenkenntnis...
(Rheinische Post)
...Spannender als mancher Abenteuerroman...
(Fuldaer Zeitung)
Dieses Buch beinhaltet all das Wissen über die indoeuropäischen Völker, das ich mir mühevoll aus zig Büchern zusammensuchen musste. Nie war umfassender komplexes Wissen so zugänglich.
(Leserurteil bei Amazon)



Een vulgair-wetenschappelijke inleiding tot de problematiek, die evenwel vlot leest en wetenschappelijke feiten afwisselt met een fictief verhaal.

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dimanche, 18 septembre 2011

Céline - Hergé, le théorème du perroquet

 Céline - Hergé, le théorème du perroquet

par David ALLIOT (2005)

Ex: http://lepetitcelinien.com/

Dans son dernier ouvrage intitulé Céline, Hergé et l’affaire Haddock ¹, Émile Brami, nous expose sa théorie sur les origines céliniennes des célèbres jurons du non moins célèbre capitaine. Même s’il ne dispose pas de "preuves" en tant que telles, l’on ne peut être que troublé par ces faisceaux qui lorgnent tous dans la même direction. En attendant l’hypothétique découverte d’une lettre entre les deux susnommés ou d’un exemplaire de Bagatelles pour un massacre dans la bibliothèque Hergé, nous en sommes malheureusement réduits aux conjectures. Pendant la rédaction de son livre, j'indiquais à Émile Brami quelques hypothèses susceptibles de conforter sa thèse. Par exemple, est-ce que le professeur Tournesol et Courtial de Pereires partagent le même géniteur ? etc. C'est un heureux hasard qui me fit découvrir un autre point commun entre le dessinateur de Bruxelles et l'ermite de Meudon. Hasard d'autant plus intéressant, qu'à l'instar de Bagatelles pour un massacre, les dates concordent. Si les premières recherches furent encourageantes, l'on en est également réduit aux hypothèses, faute de preuve matérielle.


Grâce aux nombreuses publications dont Hergé est l'objet, l'on en sait beaucoup plus sur la genèse de son œuvre. Grâce aux travaux de Benoît Mouchard ², on connaît maintenant le rôle primordial qu’a joué Jacques Van Melkebeke dans les apports "littéraires" de Tintin. Mais surtout les travaux d'Émile Brami ont permis, pour la première fois, de faire un lien entre les deux, et de replacer la naissance du capitaine Haddock et la publication de Bagatelles pour un massacre dans une perspective chronologique et culturelle cohérente. Néanmoins, il n'est pas impossible que d'autres liens entre Céline et Hergé figurent dans certains albums postérieurs du Crabe aux Pinces d’or.

Le lien le plus "parlant", si l'on ose dire, entre le dessinateur belge et l'imprécateur antisémite est un perroquet, héros bien involontaire des Bijoux de la Castafiore.

Lorsque Hergé entame la rédaction de cet album au début des années 1960, il choisit pour la première (et seule fois) un album intimiste. Coincé entre Tintin au Tibet et Vol 714 pour Sydney, Les Bijoux de la Castafiore a pour cadre exclusif le château de Moulinsart. Tintin, Milou, Tournesol et le capitaine Haddock ne partent pas à l'aventure dans une contrée lointaine, c'est l'aventure qui débarque (en masse) chez eux. Et visiblement, l'arrivée de la Castafiore perturbe le train-train habituel de nos héros. Les Bijoux de la Castafiore offre également l'intérêt d'être un album très "lourd" du point de vue autobiographique, avec des rapports ambigus entre la Castafiore et Haddock (projets de mariage), des dialogues emplis de sous-entendus ("Ciel mes bijoux") et, au final, bien peu de rebondissements et d’action. Néanmoins, au milieu de ce joyeux bazar, émerge un élément comique qui va mener la vie dure au vieux capitaine. C’est Coco le "des îles", qui partage de nombreux points communs avec Toto, le non moins célèbre perroquet de Meudon.

Illustration de David Brami
Tout d'abord, il y a l'amour que Hergé et Céline portent aux animaux. L'œuvre d’Hergé est truffée de références au monde animal ; quant à Céline, il transformera son pavillon de Meudon en quasi arche de Noé… Mais revenons aux deux psittacidés. Dans les deux cas, les perroquets sont offerts par des femmes. Lucette achète le sien sur les quais de la Mégisserie. La Castafiore destine "cette petite chose pour le capitaine Koddack". Dans les deux cas, Céline et Haddock ne sont pas particulièrement ravis de voir arriver l’animal dans leur demeure. Mais au final, ils finissent par s’y faire, voire s’en réjouissent. Céline fait de son perroquet un compagnon d’écriture, le capitaine Haddock s’en sert pour jouer un mauvais tour à la Castafiore. Autre élément commun, les deux perroquets portent presque le même nom; " Toto " pour celui de Céline, et " Coco " (avec un C comme Céline ?) pour celui de Haddock. Certes, ce n’est pas d’une folle originalité, mais bon… Détail intéressant, les deux espèces sont différentes. Lucette rapporte à Meudon un perroquet gris du Gabon (Psittacus erithacus, communément appelé " Jaco " ³). La Castafiore offre un perroquet tropical (Ara ararauna (4)). Autre détail intéressant, dans les deux cas, les perroquets parlent. Céline apprend au sien quelques mots, et même un couplet de chanson. Celui de Haddock se contente de répéter des phrases. Or de ces deux perroquets, le seul qui a la capacité de retenir quelques mots, et de parler, est bel est bien le perroquet gris du Gabon. Le perroquet tropical peut reproduire des sons (téléphone, moteur de voiture, etc.) mais il ne possède pas les capacités vocales que lui prête Hergé. Est-ce une erreur délibérée? Est-ce que la documentation d'Hergé était défaillante? Est-ce dû à l'ajout précipité du perroquet dans Les Bijoux de la Castafiore ? Cette dernière hypothèse a notre préférence.

L'autre élément qui accrédite l'hypothèse du perroquet est chronologique. La conception des Bijoux de la Castafiore et la mort de Céline sont concomitantes. Alors qu'Hergé est en train de construire l'album, Céline décède, en juillet 1961. Si peu de journaux ont fait grand cas de cette nouvelle, Paris-Match évoquera, dans un numéro en juillet et un autre, en septembre 1961, la disparition de Céline (et d’Hemingway, mort le même jour). Largement illustrés de photographies, deux thèmes récurrents se retrouvent d’un numéro l’autre: Céline et son perroquet Toto. Dans son numéro de juin, Paris Match s’extasie devant la table de travail de Céline sur laquelle veille le perroquet, dernier témoin (presque muet) de la rédaction de Rigodon... Dans le numéro de septembre, l'on peut voir la photographie de Céline dans son canapé, avec Toto, ultime compagnon de solitude.

Grâce aux biographes d'Hergé, on sait que ce dernier ne lisait pour ainsi dire jamais de livres. Quand il s'agissait de ses albums, il demandait à ses collaborateurs de préparer une documentation importante afin qu'il n'ait plus qu'à se concentrer sur le scénario et le dessin. Éventuellement, il lui arrivait de rencontrer des personnes idoines qu'il interrogeait sur un sujet qui toucherait de près ou de loin un aspect de ses futurs albums (Bernard Heuvelmans, pour le Yéti, par exemple.). Si Hergé lisait peu de livres, on sait, par contre, qu'il était friand de magazines (5) et qu’il puisait une partie de son inspiration dans l’actualité du moment. La grande question est : a-t-il eu dans les mains les numéros de Paris-Match relatant la mort de Céline ? C’est hautement probable car l’on sait qu’il lisait très régulièrement ce magazine. S’en est-il servi pour Les Bijoux de la Castafiore ? Pour cela, il suffit de comparer la photographie de Céline dans son canapé à Meudon, à celle de Haddock dans son fauteuil, à Moulinsart. La comparaison est probante.

En voyant ainsi Céline et son perroquet dans Paris-Match, Hergé s'est-il souvenu des conversations qu'il avait eu autrefois à ce sujet avec Melkebeke ou Robert Poulet ? A-t-il admiré autrefois Céline, non pas forcément comme écrivain, mais comme "éologue" antisémite ? A-t-il décidé de faire un petit clin d'œil discret au disparu en reprenant son fidèle perroquet ? Malheureusement, il est encore impossible de répondre. Lentement, les éditions Moulinsart ouvrent les "archives Hergé" en publiant chaque année un important volume chronologique sur la genèse des différentes œuvres du dessinateur. À ce jour, ces publications courent jusqu’aux années 1943, et il faudra attendre un petit peu pour en savoir plus sur la genèse des Bijoux de la Castafiore et de son célèbre perroquet.

Reste néanmoins un élément troublant. Dans son livre, Le Monde d’Hergé (6), Benoît Peeters publie la planche qui annonce la publication des Bijoux de la Castafiore dans les prochaines livraisons du Journal de Tintin. Sur cette planche apparaissent tous les protagonistes du futur album, Tintin, Haddock, les Dupond(t)s, Tournesol, Nestor, la Castafiore, Irma, Milou, le chat, l'alouette, les romanichels, etc. Mais point de perroquet, qui pourtant a une place beaucoup plus importante que certains protagonistes précédemment cités. Hergé a-t-il rajouté Coco en catastrophe? Coco était-il prévu dans le scénario d'origine ? Pourquoi Hergé fait-il parler un perroquet qui ne le pouvait pas ? Erreur due à la précipitation ? Ou à une mauvaise documentation ? Est-ce la vision de Céline et de son compagnon à plumes qui ont influencé in extremis cette décision en cours de création ? Détail intéressant, dans ses derniers entretiens avec Benoît Peeters, Hergé avoue qu'il aime se laisser surprendre: " J’ai besoin d’être surpris par mes propres inventions. D’ailleurs, mes histoires se font toujours de cette manière. Je sais toujours d’où je pars, je sais à peu près où je veux arriver, mais le chemin que je vais prendre dépend de ma fantaisie du moment " (7). Coco est-il le fruit de cette "surprise" ? À ce jour, le mystère reste entier, mais peut-être que les publications futures nous éclaireront sur ce point. Il serait temps ! Mille sabords !

David ALLIOT
Article paru dans Le Bulletin célinien n°260 de janvier 2005,
Repris dans Le Petit Célinien n°1 du 20 avril 2009.



Emile Brami, Céline, Hergé et l'affaire Haddock, Ed. Ecriture, 2004.


Notes
1. Éditions Écriture. Les travaux d'Émile Brami sur Hergé et Céline ont été présentés au colloque de la Société d'Études céliniennes de juin 2004 à Budapest, et partiellement publiés par le magazine Lire de septembre 2004.
2. Benoît Mouchart,
À l’ombre de la ligne claire, Jacques Van Melkebeke le clandestin de la B. D., Vertige Graphic, Paris, 2002.
3. Il est amusant de noter que ce perroquet est relativement courant dans les forêts du golfe de Guinée, et que sa répartition s'étend de l'Angola jusqu'à en Sierra Leone. Peut-être que le jeune Louis-Ferdinand Destouches en vit-il quelques-uns lors de son séjour au Cameroun.
4. Originaire d'Amérique du Sud, ce perroquet ne vient nullement "des îles", comme l'indique la Castafiore.
5. Hasard ?
Les Bijoux de la Castafiore évoque justement le poids grandissant des médias dans la société.
6. Benoît Peeters,
Le Monde d’Hergé, Casterman, 1983.
7. In
Le Monde d’Hergé, entretien du 15 décembre 1982. Cité également par Émile Brami, p. 73.

 

 

samedi, 17 septembre 2011

Kampf und Tragödie des Barons Ungern-Sternberg"

Berndt Krauthoff: "Ich befehle! Kampf und Tragödie des Barons Ungern-Sternberg"

Eine Rezension

Götz KUBITSCHEK

Ex: http://www.sezession.de/

khan.jpgIm Regin-Verlag erscheint seit rund zwei Jahren ein ambitioniertes Programm, das sich – grob gesagt – dem traditionalen Gedankenkreis um Julius Evola, der Konservativen Revolution im weitesten Sinne sowie Figuren und Leitbildern einer Antimoderne widmet. Der Verleger bestückt also – salopp gesagt – die Nische in der Nische mit Büchern, und jeder, der sich ein bißchen mit dem Verlagsgeschäft auskennt, muß sich fragen, ob und wie man dort ein paar Mark verdienen will:

Denn der Regin-Verlag hat weder »Ever-Brauns« im Programm, noch legt er schlampiges Zeug vor, dem man ansieht, daß wirklich jeder Pfennig gespart wurde. Die Bücher sind vielmehr gut gesetzt, gut lektoriert, interessant und angemessen gestaltet. Ein Blick auf die stets aktuell gehaltene Internetseite www.regin-verlag.de lohnt sich.

In diesem Jahr erschienen ist der Nachdruck des Romans Ich befehle! von Berndt Krauthoff aus dem Jahr 1938 (hier einsehen und bestellen). Der Autor schildert darin Aufstieg und Fall des Barons Ungern-Sternberg, der als Befehlshaber einer bunt zusammengewürfelten, auf seine Person eingeschworenen Armee den Kommunisten vier Jahre lang schwer zusetzte. Er nahm den Kampf auf Seiten der »Weißen« unmittelbar nach der bolschewistischen Februarrevolution 1917 auf, hielt bis zur Niederlage Admiral Koltschaks seine sibirische Stellung und setzte danach auf eigene Faust, und ohne weiterhin in gegenrevolutionäre Strategien eingebunden zu sein, einen bereits vorbereiteten Plan um: Ungern-Sternberg überschritt im Oktober 1920 die Grenze der Äußeren Mongolei, eroberte im Februar die Hauptstadt Urga (das heutige Ulan Bator) und bis Mitte April 1921 das gesamte Gebiet. Allerdings überspannte er bereits im Sommer seine Kräfte und scheiterte bei dem Versuch, von der Mongolei aus Teile Sibiriens von den »Roten« zu säubern und seinen Einflußbereich auszuweiten. Am 15. September wurde Ungern-Sternberg, der auch die eroberten Teile der Mongolei wieder verloren hatte, gefangengenommen und erschossen.

Ich befehle! folgt insgesamt dem, was an historisch gesichertem Wissen über die kurze, aber intensive Führerschaft Ungern-Sternbergs vorhanden ist. Da die Darstellung – streng chronologisch und im Präsenz verfaßt – wie das unmittelbare Tagebuch eines Feldschreibers wirkt, ist es sogar als historisches Dokument wahrgenommen und verwendet worden. Das Nachwort des russischen Historikers Sergej Lwowitsch Kusmin zeigt allerdings, wie in der Darstellung des Lebens Ungern-Sternbergs stets biographische Exaktheit und Mythenbildung einander abwechseln: Natürlich gibt es Berichte über den Mut oder die Führungsgewalt des Barons, dessen geradezu unwiderstehliches Charisma ebenso belegt ist wie seine asiatische Grausamkeit in der Bestrafung seiner Untergebenen, wenn Befehle nicht ausgeführt oder Eide gebrochen wurden; aber die Quellenlage ist alles in allem doch dürftig, und so ist der Zugriff Berndt Krauthoffs eben vor allem eine gut erzählte historische Geschichte, die dem Faktenskelett sozusagen das Fleisch an die Knochen hängt. Manchmal gerät die Darstellung sogar zur Legende über eine dämonische Heiligenfigur: In ihm sah man einen Befreier, einen Retter, sogar die Inkarnation einer kriegerischen Gottheit der Mongolen. Krauthoff gelingt es, den Stoff nüchtern anzufassen und damit ein geradezu unwirkliches Leben in der Wirklichkeit zu halten.

Mit der »dramatischen Ballade« Kreuzzug 1921 von Michael Haupt ist ein zweiter literarischer Text im Buch enthalten. Dieses Drama ist viel weiter weg von der historischen Persönlichkeit als der Roman, aber es verdichtet wichtige Stationen und Szenen und ist, wie das Nachwort festhält, »ein Beispiel dafür, wie man das Ungernsche Epos in Europa verstand, kurz nachdem es bekannt wurde.« Die Widmung ist pathetisch, sie gilt »den wenigen Auserlesenen, die in der Welt zu führen verstehen«. Ist Haupts Drama je aufgeführt worden? Hier wünscht man sich mehr Auskunft über den Autor und über die Aufnahme seines Stückes.

Aber vielleicht ist das für das Ansinnen des Regin-Verlags auch zu sehr germanistisch gedacht. Hier geht es um die Bergung und Bewahrung verschütteten Schrifttums, und zwar aus gegebenem Anlaß. 2011 ist nämlich ein Gedenkjahr für alle Ungern-Sternberg-Verehrer: Er ist vor 125 Jahren geboren worden und wurde vor 80 Jahren füsiliert. Das ist auch der Grund, warum neben der literarischen Würdigung des Barons bereits im vergangenen Jahr in der »Anderen Bibliothek« (Eichborn) die Biographie Der blutige, weiße Baron aus der Feder James Palmers erschien (Sezession verwies im Februar-Heft dieses Jahres darauf). Auch dieses Buch hat keine Furore gemacht. Wer kennt schon Ungern-Sternberg, wer die literarischen Zeugnisse über ihn? Nun sind sie also wieder erhältlich, sind in der Welt und gut in Form gebracht.

Berndt Krauthoff: Ich befehle! Kampf und Tragödie des Barons Ungern-Sternberg mit Anhang: Michael Haupt: Kreuzzug 1921. Dramatische Ballade, Kiel: Regin-Verlag 2011. Hier bestellen.

Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

Les éditions Heligoland viennent de publier L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale, un copieux recueil d'article de Georges Feltin-Tracol, préfacé par Pierre Le Vigan. Georges Feltin-Tracol est un des animateurs du site Europe Maxima et a déjà publié chez le même éditeur Orientations rebelles, un recueil dont les textes, selon Alain de Benoist, témoignaient "d'un sens aigu de la synthèse et d'une belle capacité de pensée critique".

 

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"Débat sur l’identité nationale en France pendant l’hiver 2009-2010, appels répétitifs à respecter la laïcité, enlisement institutionnel de l’Union européenne, rejet référendaire de la Constitution européenne en 2005, réveil des peuples sans État, domination stratégique pesante de l’Occident et de l’hyper-classe oligarchique mondialiste sur le "Vieux Monde", risques d’éclatement de la Belgique et de l’Italie, regain des régionalismes dans l’Hexagone, anticipation d’une « Grande Suisse », rôle asphyxiant de Paris et de sa région, prégnance de la géopolitique…, notre continent arrive à un moment décisif de son histoire sans que ses peuples apathiques, déboussolés et amnésiques s’en aperçoivent vraiment.

Et si, en dépit de tous ces dangers, ces épreuves invitaient à retrouver notre esprit européen dans sa multiplicité déclinée en mémoires locales, régionales et nationales, souvent antagonistes et contradictoires, et en une volonté géopolitique continentale soucieuse d’agir (et de réagir) aux événements du monde ? 

Produit plus que somme de nos peuples, de nos cultures, de nos identités, l’esprit européen se compose de formes variées et éclectiques à l’opposé d’une uniformité moderne et hyper-moderne. Cet éclectisme est une richesse, c’est aussi la meilleure façon de contenir et de riposter à la menace mondialiste américanocentrée, aux défis démographiques africain et musulman, aux périls de la finance transnationale et des banksters et à la rude concurrence des nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine. Les Européens devraient se souvenir que l’union construite sur la force cumulée des identités fait la puissance.

Recueil de soixante-dix textes dont certains sont inédits, d’un avant-propos et d’une préface de Pierre Le Vigan, L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale participe au combat culturel d’aujourd’hui et de demain. Il en fournit les indispensables munitions.

Contre le projet dément de l’hyper-classe, de la Mégamachine occidentaliste mondiale et de son bras armé, le simulacre de l’U.E., la réappropriation de l’esprit européen dans sa complexité charnelle intrinsèque est nécessaire afin de redonner un sens à la spiritualité, à la légitimité, à la souveraineté, à l’identité, à la laïcité et à la puissance et de rétablir l’Europe sur des assises populaires et historiques grâce à ses mémoires locales et à sa volonté géopolitique. Allons donc à la découverte de cet esprit polymorphe !"

 

samedi, 03 septembre 2011

Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon


Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon (PUF)

vendredi, 19 août 2011

The New Jewish Question of Guillaume Faye

The New Jewish Question of Guillaume Faye

By Michael O'MEARA

Ex: http://www.counter-currents.com/

Guillaume Faye
La nouvelle question juive  
Chevaigné: Editions du Lore, 2007

“I don’t know whether God loves or hates the English; I only know that they must be driven out of France.”— Saint Joan

In his critique of this controversial book, the Swiss “revisionist” scholar Jürgen Graf, now exiled in Russia, writes that Guillaume Faye has permanently discredited himself “in racial nationalist and nationalist circles worthy of the name.”[1] The reason: His “dishonest” and defamatory attack on those who challenge the Holocaust story and on those who uphold the traditional “Judeophobic” orientation of the nationalist right.

“The New Jewish Question” (henceforth NJQ) may indeed mark the end of Faye’s career as a leading identitarian and nationalist ideologue among certain segments of the racially conscious community—though by no means all of it, maybe not even the majority of it. For the sharp differences pitting the Holocaust-debunking exile against the militant anti-Islamic Frenchman reflect differences that divide nationalists throughout Europe, as long-standing historical-theoretical identities closely associated with the anti-liberal wing of the nationalist right clash with the electoral imperatives of national-populist parties endeavoring to stem the pro-immigrant policies of their respective states.[2] The white man’s future may well hinge on how these differences are resolved.

The Argument

Faye’s anti-revisionism is part of a larger argument related to what he claims is the changing Jewish relationship to white society.

Central to this change is the Third World colonization of the European heartland—and all the world-destroying effects that have followed in its wake.

Since the late 1990s, as the colonizers became bolder and more assertive, attacks on French Jews (in the form of vandalized synagogues, school violence, murders, etc.) have steadily risen. The Mainstream Media routinely denounce the “radical right,” but these attacks are largely the work of Muslim immigrants. Still of “low intensity,” Faye claims they are symptomatic of a new, more virulent anti-Semitism, which mixes anti-Zionist politics with the Koran’s traditional ethnocidal aversion to the Jews, threatening in this way to move Europe ever closer to Eurabia.

In appraising this new phenomenon, Faye, who has long been persecuted by Jewish advocacy groups for his nationalism, professes to be neither pro- nor anti-Jewish. His single avowed concern as a writer and activist is the survival of Europe. In his treatment of the NJQ, he thus fully acknowledges that the Jews are not “white” (i.e., not of Aryan or European Christian descent) and that their relationship to European society has often been negatively affected by their “schizophrenic” attitude toward Europeans (or what Kevin MacDonald more forthrightly calls their ethnocentric “double standard”).[3] He also acknowledges that the Jewish Question was once “pivotal to the issue of European, especially French, identity, for, historically, the Jews were seen as the métèque [i.e., the ‘wog,’ the ‘wop,’ the offensive foreigner] who threatened the corruption of the nation’s blood and morals” (p. 23).

Given the present Third-World inundation, the Jews, he argues, can no longer seriously be taken as either an alien menace or a métèque, especially considering that more and more of them are allegedly beginning to doubt the wisdom of open borders. Not a few nationalists and identitarians have consequently abandoned their traditional anti-Semitism. The Vlaams Belang, Europe’s most successful nationalist formation, has, for example, formed a tacit alliance with the Jewish community of Flanders in order to stem the nation’s Islamization; he also cites the Jews’ role in Jared Taylor’s American Renaissance and could have mentioned Griffin’s BNP, Fini’s National Alliance, Kjaersgaard’s Danish People’s Party, and many others.

Anti-Jewish sentiment nevertheless persists on the nationalist right, in Faye’s view distorting its movement and distracting it from its principal tasks.

He also claims that nationalist and far right anti-Semites have, in face of the invasion, altered their view somewhat, seeing Jews less as an immediate physical threat than a pernicious influence—as Zionism and elite social engineering—responsible for policies, immigration preeminently, that threaten white survival. Contemporary anti-Jewish ideology, as a result, now rests on three general tenets: That (1) the Jews dominate the world through the cultural and financial powers they wield; that (2) they are the principal force promoting white decadence; and that (3) they immunize themselves to criticism through their manipulation of the Holocaust Story. Much of the NJQ seeks to refute these tenets, revealing not just their alleged political inappropriateness to the nationalist cause, but their role in occultating the challenges facing it. More specifically, the NJQ seeks to sever all association with historic anti-Semitism, the Third Reich, and everything else that might alienate whites from joining nationalists in repelling the Muslim advance. In the name of political realism, then, Faye makes a case for abandoning principles and positions that Graf, among others, considers essential to the nationalist project.

Decadence

The poorly researched and poorly argued case Faye makes in support of his argument, especially regarding the third tenet, is amply demonstrated in Graf’s review and need not be rehashed here. Two larger and equally serious questions raised by Faye do, however, deserve revisiting: Namely (1) are the Jews, traditional purveyors of anti-ethnic and anti-racial principles, the cause of the white man’s present decline, and (2) are the Jews, as the most powerful group in society, the principal enemy in the battle for white survival?

In respect to the first question, Faye says that though white or European decadence may have been promoted by certain Jewish intellectuals, its real origins lie in the inner recesses of the European soul—specifically in the secular and religious distillations of Christianity. Jews, in other words, have only exacerbated tendencies already indigenous to white life.

The French Catholic Church, he points out, dwarfs French Jewish efforts in promoting not just open borders, race mixing, and pro-immigrant policies, but cosmopolitanism, universalism, and a self-denying love of the Other.

Faye’s argument here is certainly correct in claiming that the ultimate responsibility for our race replacement lies with ourselves and that Christianity, along with its various secular offshoots (egalitarianism, individualism, universalism, etc.), has had a terrible effect on white identity, helping foster processes destructive of both the race’s organic and cultural substratum.

The problem with this aspect of his argument is that Catholicism, like other forms of Christianity, is a temporal institution subject to history. And as a historical subject, it has been different things in different periods. Thus it was that Bishop Turpin in La Chanson de Roland confronted the “Saracens” as a “Christian” warrior bearing the arms of the Frankish hero cult, while antebellum Episcopalians defended the legitimacy of negro slavery with chapter and verse. Even if the argument is only that the deep structure of Christian belief harbors an anti-white or anti-ethnic impetus, it still doesn’t explain why for centuries it served an opposite purpose. Finally, and most importantly, it was the secularization of Christian belief, associated with modernization, that provoked (or, at least, marked the beginning of) the “crisis of Western man” and the subsequent assault on the unique worth of his specific being—and not Christianity itself.[4]

In a similar way, this historical factor also affects the anti-Semitic argument. When Jew-hatred shed its religious forms in the latter part of the nineteenth century, becoming an “anti-Semitism” (implying a critique of Jewish behavior) instead of an anti-Judaism (implying a critique of Jewish religion), it did not explain why the Jews’ anti-gentile disposition (which, after all, had been around since the Hellenistic Age) was suddenly becoming hegemonic. Many of the great anti-Semites (e.g., Proudhon, Dühring, Drumont, Sombart, etc.) consequently directed their critique not just against the Jews but against those white elites who collaborated with them and especially against the emerging social-economic order which fostered such collaboration and made Jewish subversion possible. (Hence also the prominence of anti-Semites in nineteenth- and twentieth-century anti-modernist movements). The point here is that this people “that shall dwell alone” may have evolved a psychology destructively opposed to white society—a psychology, given its biological foundation, that transcends historical contingencies—but in itself this doesn’t explain why in one period Jews were fleeing pogroms and in another managing the White House.

Faye is much more convincing when he emphasizes those larger processes that turned Europeans against themselves, noting that the history leading to the white man’s present self-destruction—the history whose distant origins reside in the Renaissance, the Reformation, and the French Revolution and whose most imposing forms were philosophically expressed in the Enlightenment, politically in liberalism, and economically in capitalism—was part of a long, complex chain of causes and effects that cannot seriously be attributed to a Jewish conspiracy. Egalitarianism, human rights, materialism, individualism, and the categorical imperative, moreover, may all have been promoted by Jewish intellectuals at the white man’s expense, but to think that they are not preeminently products of European culture is possible only through an ignorance of that heritage. The sources of what Faye calls the present decay lie, as a consequence, as much in ourselves as elsewhere.[5] Since Jews, then, are only the occasional instrument of this historical subversion, they are no worse than the multitude of whites who also serve the subversive forces. To blame them for the predicament we’re in is not only false, Faye insists, but dishonorable.

There is a truth in this, just as vulgar or obsessive anti-Semitism which attributes all the white man’s woes to the “highly-ethnocentric, Christian-hating” Jews is something of a bugaboo, justifying its critics’ contempt. But there is nevertheless sound reason for seeing the forces assaulting white life and culture as Judaic in spirit—in the sense that they either stem directly from the Jews’ innate hostility to white existence, reflect the white man’s embrace of Jewish behavioral norms, represent what it means to be “modern” in Yuri Slezkine’s use of the term and “postmodern” in the current multicultural sense, or constitute part of the Jews’ historic campaign against Europe’s traditions, aristocracies, symbols, and transcendent values.[6] Relatedly it is hardly coincidental that for millennia European peoples designated the esprit juif—the spirit of “rule breakers, border crossers, and go-betweens”—as not just alien to their own, but destructive to their unique “synthesis of spirituality and virility.” (The more extreme forms of this designation went so far as to link Jews with “those cosmic forces which are destructive and evil and inimical to human life.”) This still doesn’t make the Jews the chief source of white decadence, and Faye is certainly correct in emphasizing that Europeans have never needed them to engage in ethnomasochist behavior—for the entire course of modern, especially twentieth-century, history has been cause enough. But it does suggest that white and Jewish spirits are fundamentally opposed and that the hegemony of the latter cannot but have a distorting effect on white being. Indeed, it is the white man’s alienation from his spirit that causes him, as Heidegger says, to “fall out of being” and thus into decay, decline, and decadence.[7]

Revealingly, Faye ignores the fact that anti-Semitism appears in virtually every period of European history. He understands the Jewish Question only as a facet of nineteenth- and early twentieth-century developments and does so without actually examining the nature of our increasingly Hebraicized world. Moreover, it is only the Jews’ “schizophrenia,” the divided loyalties they harbor toward Europe, that he sees as arousing European hostility and provoking gentile opposition. Though acknowledging the often negative offshoots of this “schizophrenia,” he also claims it is nowhere near as threatening as the menace posed by Islam and that it is frequently mitigated by the Jews’ identification with “Western Civilization.” Faye thus joins those nationalists who seek “freedom from history” in order to pursue anti-immigrant politics without being associated with the demobilizing tags of anti-Semitism, Nazism, and extremism, dismissing, in effect, the contention that it is the anathematization of these earlier expressions of European being that empowers and legitimatizes the system’s anti-European policies.

It would be historically unserious, I believe, to dispute Faye’s claim that the Jews are not wholly responsible for the white man’s decline. But at the same time it is quite another thing to then claim, as Faye does, that the Jewish Question is today passé and of no political interest to the struggle for white survival. There’s a difference he ignores between discarding the baggage of past failures and avoiding the challenges the past poses for the present. A case in point is the Holocaust Story, whose misrepresentation, as Graf, among many others, points out, is used to defame Europe’s greatest people, the Germans, demonizing not only their history and ethnos, but that of all Europeans. A European or white nationalist movement to stave off the race’s destruction by accepting this defamation and demonization, along with the lies, propaganda, and repression accompanying them, might arguably enhance its electoral prospects, but the proponents of such a system-accommodating movement never seem to concern themselves with the kind of “nationalism” it would represent or the sort of goals it could possibly achieve—or if it would actually be able to address the real sources of European decay. Following Heidegger, I would go further and argue that Europe and the “West” will never be reborn without the spiritual rebirth of the Germans and that this is impossible as long as they are forced to cower in the shadow of the Holocaust Story.

The Enemy

Of even greater concern for Faye is his belief that nationalists and identitarians fixated on the Jewish Question ignore the real enemy: The non-white, Muslim-led hordes encamped on Europe’s southern border who threaten to replace the indigenous European population.

Confronted with six million non-whites inside France and the millions to arrive in the near future, Faye argues that 600,000 French Jews (the largest Jewish community in Europe) are hardly an enemy. He even argues that the power and influence of France’s Jewish minority, virtually omnipotent in anti-Semitic eyes, are waning. Unlike the nineteenth and first half of the twentieth century, Jews no longer dominate the nation’s financial heights, having been supplanted by the holders of Anglo-American pension funds, Arab petro-dollars, and the new East Asian economies; he also stresses that none of the world’s top fifty banks are Jewish owned. Likewise, in French education, the judiciary, the unions, and the civil service, Jewish power is marginal and in French politics, ideas, and media, while still prominent, is hardly dominant. Possessing powers incommensurate with their demographic weight, these powers are not, then, what they once were. Future trends (world opinion’s increasingly negative image of Israel, European Islamization, and the rise of the East Asian powers and a non-Eurocentric world order, etc.), Faye insists, will exacerbate this tendency. At the same time, Jews are allegedly becoming less and less supportive of mass Third World immigration.[8] In a period when Europe is under assault by Islam, revisionism and other anti-Jewish engagements, he argues, are “a typical example of a phony problem, a strategy of avoidance, of taking shelter in the past” (p. 171).[9] Anti-Semitism, in a word, has become “an ideological relic of a dead past,” irrelevant to the great challenge posed by the rising tide of color.

I imagine TOQ readers will find this a strange argument, given that Jewish power in the United States has never been greater or more destructive and that even France, the one European country not completely subject to American hegemony, has recently been captured by “semi-neocons.”[10] How, then, can Faye, given his history and publishing record, make such a claim?  One obvious reason, touched on above, is that anti-Jewish politics have the effect of politically marginalizing nationalists and that for them to break out of their ghetto they need to conform to the system’s underlying principles or else risk continued irrelevance. His argument (which is not entirely wrong) nevertheless rests on the assumption that the European situation is roughly analogous to the American one. Jewish power in Europe, however, has never been as great as its American counterpart and has a different nature, for it is a product of the American-centric system introduced in 1945—a system, I would argue, whose deracinating, globalizing, and totalizing economic and technological tendencies are preeminently Jewish, though it takes an ostensibly American form (Graf describes it as “a Frankenstein monster with a non-Jewish body and a Jewish head”).[11]

Given the power of this system’s centripetal forces and the degree to which the old European order was destroyed during the Second World War (and thus the degree to which it is no longer possible to speak of Europe as an autonomous actor), Faye in my view underestimates the external (American) sources of Jewish influence. For this system—which today subjects the entire planet to its “democratic” terrorism—is geared to the transnational imperatives of U.S. planners, which has the effect of subordinating Europe to its inherently Judeo-American logic. When Faye points out that France’s pro-immigration policies were mainly the work of gentiles and that countries like Sweden, Ireland, and Spain, with negligible or non-existent Jewish communities, have enacted similar ethnocidal policies, he is quite right to argue that Jewish involvement, if any, was peripheral. Nevertheless, the anti-European system prompting the implementation of these policies—the system which transferred sovereignty from the nation-state to the New World’s global economic order—is very much Jewish in depriving whites of everything that might prevent their submersion in its great coffee-colored market.[12] In effect, Europe’s philosemitic policies are facets of the “invisible empire” to which its comprador elites are irreparably tied, and this empire (with its liberal-capitalist impetus and often Jewish leadership) is inherently disposed to destroying the white man’s “racial and blood values.” Faye, in fact, has himself in numerous previous works emphasized the degree to which the United States has lobbied, if not compelled, Europeans to promote multiculturalism, mass Third World immigration, and Muslim Turkey’s admission to the EU.[13]

All this is mentioned by way of getting to Faye’s most important question: Who is the enemy?

From the Schmittian perspective of twentieth-century nationalism, the designation of the enemy is at the heart of every grande politique. “The enemy,” Carl Schmitt writes, “exists only when . . . one fighting collectivity of people confronts a similar collectivity.”[14] Historically, the enemy was a rival state that threatened one’s survival. But the political—which poses man’s highest existential tasks—is invoked whenever friend and enemy polarities come into play, as one adversary “intends to negate his opponent’s way of life.”[15] That the question of race replacement touches on the continued existence of the white biosphere makes racial politics “political” in the highest sense.

Even though “some” Jews continue to employ their double standard, Faye believes they are not the life and death threat that the non-white invaders pose. And though their open border advocacy and their pathologization of white identity have helped foster conditions facilitating the replacement of the indigenous white population, Faye questions if this makes the Jews a greater threat than the Third World interlopers—who are presently ethnically cleansing neighborhoods, disrupting traditional ways of life, and de-Europeanizing Europe. Worse, an obsession with Jews has caused not a few nationalists to ally with their enemy—the Muslims, who are qualitatively more anti-white and supremacist than the Jews. (The latest, most disastrous example of this was the 2007 presidential campaign of Le Pen’s National Front.) He claims, moreover, that the Jews (specifically their intellectuals) are not solely responsible for opening the gates to the “barbarians,” that they have in fact been joined by other, often more consequential, white culprits, and that to waste energy focused on their gate-opening activities is to neglect the real danger lurking in the suburbs and on the border. If nationalists are to mount an effective resistance to the anti-European forces, it is imperative, Faye insists, that they jettison their anti-Semitism and wage their struggle within the system’s philosemitic terms.

There is both a political and a theoretical issue at stake here. In our postmodern age, when the jus publicum Europaeum has given way to globalism’s anti-European order, nationalists confront a situation where they are obliged to fight a multi-front, asymmetrical war: Against an external enemy, the non-white hordes replacing Europeans, and against an internal enemy, those liberal elites, Jewish and otherwise, who promote and make possible this replacement. Faye and the reformists focus on the external enemy, his critics, like Graf, on the internal enemy. And, as in every multi-front war, the question inevitably arises: Who is the principal enemy, the gate keepers or the gate crashers?

For Faye, it’s the non-white immigrants, and every distraction from this realization is a step closer to the European’s impending Islamization. For Graf, it is the system responsible for the Third World invasion. “Effective struggle against immigration within the current framework,” he writes, “is totally impossible. In order to stop the invasion the system has to be overthrown either by a popular insurrection or a coup d’état.” This is a revolutionary answer that strikes at the root of the problem.[16] Of course, such an anti-institutional answer is one that neither Faye nor the conservative majority in nationalist ranks is presently willing to entertain—if for no other reason than it slights the visible enemy in our midst and complicates white efforts to reform existing policies.

How one sees the system, then, affects how one defines the principal enemy. And how one sees the Jews in relation to the system decides if this makes them the principal enemy or not. To the degree, therefore, that the esprit juif is the system’s spirit and favors specifically Jewish interests at the expense of white ones, the Jews are the real danger. But—and this is the qualification that muddies the waters—to the degree that it is the system itself, independent of the Jews, that is responsible for our predicament and thus the degree to which the Jews are only one of its instruments, then they are just facets of a larger, more complex web of subversion—which makes them an adversary to be sure, and one with a very distinct visage, but not, in themselves, the principal enemy.[17]

There is, admittedly, nothing neat and tidy in this, yet it is characteristic of late twentieth-century struggle that nationalists, compelled to fight both foreign invaders and their own collaborating ruling class, face nearly insurmountable challenges under the worst possible conditions.[18] The totalizing character of such struggle, with its universalization of enmity and its confusion of opponents, again owes a great deal to the breakdown of the Eurocentric system of nation-states after 1945, for this breakdown, in addition to threatening the existence of white people and denying a future to their children, completely undermined the traditional European “bracketing” of war—to such an extent that it now increasingly pits the state against the nation, conflates the forces of civil war, revolution, and national liberation, and entails a struggle that is as much about class as it is about race.[19] This makes it very difficult to designate the principal enemy. Relatedly, it raises a question of the highest political order, which Faye neglects entirely: For instead of exonerating the Jews, whose collaboration with the system is either necessary or sufficient to its purpose, and instead of abandoning our European past, which offers numerous historical examples of successfully waged anti-system struggles, Faye might have asked if anything meaningful can possibly be accomplished within a system which he himself once described as “the destroyer of nations” (le tueur des peuples).

Notes

[1] Jürgen Graf, “The New Jewish Question, or The End of Guillaume Faye,” http://www.adelaideinstitute.org/LEGAL2006/Faye.htm [2]; my quotations come from the French original, “La nouvelle question juive ou la fin de Guillaume Faye,” http://www.juergen-graf.sled.name/articles/graf-la-fin-de-guillaume-faye.html [3]. Cf. “Dr. Robert Faurisson on Guillaume Faye,” http://www.thecivicplatform.com/2007/ 11/23/dr-robert-faurisson-on-guillaume-faye-2/ [4]; Michael O’Meara, “Guillaume Faye and the Jews [5].”

[2] For disclosure’s sake, I should mention the divided loyalties affecting my review of this work. Revisionism, especially as disseminated by Mark Weber’s IHR, played a major role in shaping my work as a professionally trained historian and as a racial nationalist; relatedly, revisionist ideas led to the termination of my short-lived academic career. My identification with Graf is thus both personal and intellectual. At the same time, I helped introduce English-speaking nationalists to Faye’s ideas, which I continue to think are an invaluable contribution to the coming European Revolution.

[3] Kevin MacDonald, The Culture of Critique (Bloomington, Ind.: 1stBooks, 2002).

[4] This is not an apology, but a simple historical observation—one, moreover, made with the knowledge that most non-Orthodox distillations of Christianity are today objectively anti-white and that, at the same time, any credible nationalist movement in America cannot be anti-Christian.

[5] In probing the sources of European decay, our greatest thinkers are closer to Faye than to the anti-Semitic vulgate: Think of Nietzsche’s theory of nihilism, Weber’s Iron Cage, Heidegger’s evasion of being, Spengler’s organic cycles, or Evola’s loss of Tradition—all of which emphasize the self-destructive tendencies inherent in European culture. Kevin MacDonald’s own work, in considering the role that individualism, weak ethnocentrism, and moral universalism have played in making whites vulnerable to Jewish subversion, also acknowledges the effects of these European sources (though he tends to emphasize the primacy of the Jewish ones).

[6] When Slezkine argues (further substantiating MacDonald’s argument in The Culture of Critique) that the “Modern Age is the Jewish Age,” he affirms, in effect, the essentially Judaic character of the existing system. Yuri Slezkine, The Jewish Century (Berkeley: University of California Press, 2004). Julius Evola, whom I consider the most profound anti-Jewish critic of the twentieth century, actually ended up abandoning his anti-Semitism after 1945 because he thought it “absurd” to continue posing the Jewish Question when the “negative behavior attributed to Jews had become that of the majority of Aryans.” Julius Evola, Il Camminino del Cinabro (Milan: Scheiwiller, 1972). See also Michael O’Meara, “Evola’s Anti-Semitism [6].”

[7] Martin Heidegger, Introduction to Metaphysics, trans. by G. Fried and R. Polt (New Haven: Yale University Press, 2000).

[8] As evident in the immigration policies of Nicolas Sarkozy, French Jews are becoming less supportive of the present Afro-Arab immigration, which is the principal source of the growing anti-Semitism. But this does not mean, as Faye assumes, that they are beginning to oppose Third World immigration tout court. Rather, Sarkozy’s “select immigration” is increasingly oriented to East Asians, who are both less of a welfare charge and indifferent to Judaism. See Michael O’Meara, “Racial Nationalism and the French Presidential Election of 2007,” http://www.vanguardnewsnetwork.com/?p=1703 [7].

[9] This argument bears comparison to the argument he makes against European anti-Americanism. See Guillaume Faye, Le coup d’Etat mondial: Essai sur le Nouvel Impérialisme Américain (Paris: L’Æncre, 2004); Michael O’Meara, “Europe’s Enemy: Islam or America? [8]

[10] “Semi” because Sarko l’Américain has on several occasions threatened (and threatens still) to mutate into Sarko l’Européen—given that the geopolitical imperatives of France’s leadership of Europe overrides the pro-Americanism of his neocon ideology. See “Candide postmoderne, avec Ray-Bans, jeans et ‘esprit apocalyptique’” (1-11-08), http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=4819 [9].

[11] The history of this system has yet to be written. It was anticipated as early as 1950 in Carl Schmitt, The Nomos of the Earth, tr. by G. L. Ulmen (New York: Telos Press, 2006). Its origins have been examined in Jean-Gilles Malliarakis, Yalta et la naissance des blocs (Paris: Eds. du Trident, 1982, 1995). One of its better recent theoretical conceptualizations is Alexandre Zinoview, La grande rupture: Sociologie d’un monde bouleversé (Lausanne: Eds. L’Age d’Homme, 1999). Faye himself attempted to grasp the system’s nature in one of his more important early works, Le Système à tuer les peuples (Paris: Ed. Copernic, 1981).

[12] Julius Evola, Three Aspects of the Jewish Problem (NP: Thompkins & Cariou, 2003).

[13] “What we call Americanism is nothing else . . . than the Jewish spirit distilled.” Werner Sombart, The Jews and Modern Capitalism, trans. by M. Epstein (New Brunswick: Transaction Books, 1982). Writing at the end of the twentieth century, Kevin MacDonald makes a similar contention in The Culture of Critique. The difference is that Sombart believed the liberal-capitalist core of American civilization was inherently Judaic, while MacDonald contends that it was imposed.

[14] Carl Schmitt, The Concept of the Political, trans. by G. Schwab (Chicago: University of Chicago Press, 1996).

[15] Schmitt, Concept of the Political.

[16] Cf. Michael O’Meara, “The Defeat of the Jewnited States as Imagined by H. A. Covington,” http://www.vanguardnewsnetwork.com/?p=1936; and “Through the Barrel of a Gun or Not at All,” http://www.vanguardnewsnetwork.com/?p=2236.

[17] For decades now, the Jewish spirit has obviously influenced the “hostile elite” managing America’s world system, but whether this elite is Jewish in essence is something that anti-Jewish critics have yet to prove.

[18] Think of France in the early Sixties, when General Salan’s Organisation Armée Secrète had to fight a non-white enemy in Algiers and a French enemy in Paris; or the situation today in Iraq, as Sunni insurgents simultaneously battle Shi’ites, the puppet government in Baghdad, and the foreign army of occupation.

[19] Carl Schmitt, “Theory of the Partisan,” Telos no. 127 (Spring 2004).


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/08/the-new-jewish-question-of-guillaume-faye/

jeudi, 04 août 2011

Julien Freund et la dynamique des conflits

Julien Freund et la dynamique des conflits.jpg
 
Julien Freund et la dynamique des conflits
 
Caractéristiques :

Auteur :
DELANNOI GIL/HINTERM
Editeur : BERG INTERNATIONAL EDITIONS
Paru en : mars 2011
Présentation : 499 g - 15 cm * 23 cm
Collection : BERG INTERNATIO Code barre :9782917191361ISBN :
2917191368
 
Résumé
 
 
Julien Freund (1921-1993), auteur d’une oeuvre abondante au rayonnement international, s’est fait connaître par sa thèse de philosophie, préparée sous la direction de Raymond Aron et intitulée L’Essence du politique (1965). Il y tient le conflit pour l’une des données fondamentales de la vie sociale et politique. Comme pour d’autres universitaires très influents de leur vivant, la mort de Julien Freund a ouvert une période où la réception de son oeuvre est restée en suspens. C est à l’université de Strasbourg, qu’il avait suivie en tant qu’étudiant lorsqu’elle s’était repliée à Clermont Ferrand au début de la Seconde Guerre mondiale, qu’un premier colloque a été consacré à son oeuvre les 11 et 12 mars 2010. Ce colloque, résolument transversal, a réuni des philosophes, sociologues, politistes, anthropologues, juristes, linguistes, autour de la manière dont Julien Freund a renouvelé les recherches sur le conflit dans les sciences sociales contemporaines. Le présent ouvrage est le prolongement de ces perspectives croisées et de cette réflexion commune.
À partir de ses connaissances et de ses réflexions sur l’histoire, Julien Freund s’est beaucoup interrogé sur l’instabilité des sociétés contemporaines et notamment sur les multiples conflits qui les traversent et les opposent, donnant lieu à d’incessantes résurgences. Cette permanence des risques délétères que comportent les conflits le conduit à s’intéresser à toutes les ressources permettant de les stabiliser, de les désamorcer et d’en tirer parti. Cela le conduit à réaffirmer l’importance du politique et de sa vocation à assurer la sauvegarde collective. En même temps, Freund élabore une conception d’ensemble des processus conflictuels envisagés comme un continuum. À la suite de Georg Simmel, il relève les conditions propices à l’actualisation des potentialités socialisatrices des conflits et précise selon quelles modalités les conflits peuvent être source de transformations et de structurations sociales.
Les contributions ici réunies se proposent de montrer la fécondité de l’approche de Julien Freund pour analyser et comprendre les dynamiques conflictuelles contemporaines.
 

lundi, 25 juillet 2011

Storia della cultura fascista

Storia della cultura fascista

di Luca Leonello Rimbotti


Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

image.jpgÈ appena uscito un libro eccellente sul Fascismo e la sua importanza come moderno movimento rivoluzionario: non esitiamo a considerarlo un vero e proprio manuale di base, in grado di rompere gli steccati del conformismo vetero-ideologico e di porsi come strumento di contro-cultura di qualità: su di esso può essere ricostruita pezzo a pezzo tutta la storiografia del nuovo Millennio sul Fascismo. E con esso si può finalmente buttarsi alle spalle la lunga e avvilente stagione in cui a dominare la scena erano gli intellettuali codardi e opportunisti, i gestori della menzogna storica, i grandi camaleonti allevati in gioventù dal Regime, da questo messi in pista e poi, alla prova dei fatti, rivoltatiglisi contro come un groviglio di serpi rancorose, subito asservite ai nuovi padroni del dopoguerra. L’eccezionale uscita editoriale si chiama Storia della cultura fascista (il Mulino) di Alessandra Tarquini, una giovane ricercatrice di scuola defeliciana che già conoscevamo come ottima storica di Gentile e del gentilianesimo. Di questo libro bisogna parlare alto e forte. Deve essere da tutti conosciuto, studiato, divulgato. Non foss’altro per quella compostezza ed equanimità che, a distanza di quasi settant’anni dalla fine del Fascismo, è il minimo che si possa richiedere ad uno studioso di oggi.

Fatti i conti con i vecchi rottami della faida ideologica, appartenenti a una stagione ingloriosamente trapassata, la Tarquini passa in rassegna tutte le componenti che hanno costituito l’anima del movimento e del Regime fascisti: l’uno e l’altro sono da lei giudicati essenzialmente come soggetti politici rivoluzionari portatori di modernità e di cultura innovatrice. Viene così rovesciato l’assunto propagandistico di quanti avevano per decenni irriso il Fascismo, dicendolo privo di una sua originale ideologia, di una sua peculiare cultura, di una sua spinta modernizzatrice. La studiosa – in questa che è propriamente una storia della storiografia sul Fascismo – precisa che, per la verità, negli ultimi decenni già si erano avuti i sintomi di un generale ripensamento degli storici in materia. I tempi dei Quazza, dei Bobbio, dei Santarelli, dei Tranfaglia e compagni, una volta crollato il comunismo sovietico e prontamente liquidata la sbornia marxista che aveva dettato legge soprattutto negli anni Settanta, ha lasciato campo a posizionamenti più seri. Le boutade sul Fascismo reazionario e sul Mussolini pagato dai padroni capitalisti, le pedestri generalizzazioni sugli incolti picchiatori, tutte cose che comunque rimangono a testimonianza di un’atmosfera italiana popolata da studiosi sovente di rara bassezza qualitativa, vengono sostituite con l’analisi che oggi «gli storici hanno capovolto i loro giudizi e sono passati dal negare l’esistenza della cultura fascista al ricostruire i suoi diversi e molteplici aspetti considerandoli non solo importanti, ma addirittura decisivi per capire il fascismo».

Quando, negli anni Sessanta, uscirono gli studi capitali di Mosse e De Felice, la canèa antifascista fece di tutto per spingerli ai margini. Poi, mano a mano, si aprivano spiragli, si notavano marce indietro. Poterono così aversi i libri, per dire, di Isnenghi, Turi, Zunino, che, pur non rinunciando alla polemica ideologica anche fuori posto, tuttavia dimostravano che la repubblica delle lettere si stava rendendo conto che il Fascismo era stato un fenomeno ben più complesso che non “l’orda degli Hyksos” immaginata da Croce e sulla cui traccia si era gettata la muta degli storici marxisti o di scuola azionista. Poi, soprattutto dall’estero, arrivarono in successione un Gregor, uno Sternhell, un Cannistraro, ma specialmente poi un Griffin, e su questa scia si è potuta avere in Italia la densa produzione soprattutto di Emilio Gentile, ma anche di tutta una serie di nuovi storici, che nell’insieme hanno prodotto con risultati notevoli indagini anche minute sul Fascismo come combinazione di mito e organizzazione, di totalitarismo e modernità.

Intendiamoci, il rigurgito passatista è sempre dietro l’angolo: e ogni tanto ancora escono libri che sembrano scritti, e male, quarant’anni fa, e pur sempre i vecchi Tasca o Salvatorelli continuano qua e là a far pessima scuola. Ma, in generale, le nebbie si stanno diradando e il Fascismo comincia a vedersi riconosciuti alcuni tratti fondamentali. Che, come la Tarquini ben precisa, furono essenzialmente la modernità, la centralità del popolo e la cultura. Il tutto, incardinato sul principio del primato della politica, dette vita ad una autentica rivoluzione. Anzi, come la storica puntualizza, si trattò proprio di una sorta di rivoluzione conservatrice, che se da un lato proteggeva quanto di buono vi era nel tessuto sociale tradizionale, dall’altro si presentava con un massimo di proiezione sul futuro. Ciò che la Tarquini, riferendosi ad esempio a Sternhell, ha sottolineato nel senso che il Fascismo fu un fenomeno politico «dotato di una propria ideologia rivoluzionaria non meno coerente del liberalismo e del marxismo, che aveva espresso la volontà di creare una nuova civiltà e un uomo nuovo». Fu infatti anche una rivoluzione antropologica, un tentativo di rifare l’uomo accentuandone le disposizioni alla socialità e al solidarismo, infrangendo così sia l’individualismo liberale che la massificazione collettivista marxista.

La Tarquini riassume gli ambienti che erano alla base della concezione politica fascista: i “revisionisti” (guidati da Bottai, con elementi di spicco come Pellizzi);  gli “intransigenti” (con Soffici, Maccari, Ricci come punte di lancia); e i “gentiliani” (Cantimori, Spirito, Carlini, Volpicelli, Saitta fra gli altri). Tra queste posizioni si muovevano uomini ai limiti dell’una o dell’altra cerchia e talvolta si avevano passaggi non contraddittori, trasversali, come ad es. un Malaparte o un Longanesi, vicini sia a “Strapaese” che a “900″ di Bontempelli.

Grazie a questi gruppi venne assicurata la centralità del popolo nella visione del mondo fascista, il popolo come “pura forza”, cioè «un soggetto depositario di valori positivi», per il quale, come scrive la Tarquini, gli scrittori politici «si impegnavano nella società del loro tempo sostenendo la costruzione di un nuovo Stato nazionale e popolare». Qualcosa che accendeva la modernità. Le veloci pagine della studiosa ricordano che il Fascismo fu cultura, e anzi alta cultura, sin dagli inizi del Regime vero e proprio, con il “Manifesto degli intellettuali fascisti” voluto da Gentile nel 1925 e che vedeva schierati alcuni pesi massimi della cultura italiana del Novecento, fra i quali Pirandello, Volpe, Codignola, Ungaretti, Soffici, che si andavano ad affiancare ai D’Annunzio, il “primo Duce del Fascismo”, ai Marinetti, ai Cardarelli, ai Papini, etc. E siamo in attesa di qualcuno che ci dica quale altro regime si sia mai avvalso di una così potente schiera di aperti sostenitori.

Ma la Tarquini è anche originale, laddove traccia percorsi nuovi: ricordando l’influenza che il filosofo Giuseppe Rensi (in anni recenti al centro di un processo di rivalutazione, dopo un lungo oblìo) ebbe sul Fascismo e sulla sua idea di autorità; oppure sulla figura di Emilio Bodrero, storico della filosofia e docente alla Scuola di Mistica Fascista, secondo il quale, sin dal 1921, il Fascismo doveva «mobilitarsi come forza rivoluzionaria, per conquistare il potere e dare vita a un nuovo ordine politico».

La Tarquini ricorda anche l’avanguardismo giovanile, fulcro incandescente di elaborazione ideologica e di spinta rivoluzionaria il cui programma, sin dagli esordi del 1920, esprimeva un massimo di moderna socialità, dato che proponeva di «adeguare i programmi scolastici alle esigenze professionali dei ragazzi» e di «abolire il voto in condotta, di sostenere gli studenti più poveri e di rendere obbligatorio l’insegnamento dell’educazione fisica». E poi c’erano le donne. E che donne…da Ada Negri (prima donna nominata all’Accademia d’Italia, nel 1940), alla Deledda (che partecipò alla stesura del testo unico per le scuole medie), fino alla Sarfatti, regina incontrastata del modernismo fascista in politica, in letteratura e nelle arti.

E, a proposito dell’arte e della sostanza del Fascismo come «politicizzazione dell’estetica» e volontà di «socializzazione degli intellettuali» (e in campo artistico basti ricordare la passione fascista di un Sironi, di un Severini, di un Primo Conti, di un Piacentini, di un Terragni, etc.), l’autrice rammenta la presenza massiccia di artisti e letterati di primo piano nello squadrismo (Rosai, Maccari, Malaparte-Suckert, ma potremmo aggiungere lo stesso Marinetti, oppure Lorenzo Viani, Gallian, etc.), così come non manca di scrivere che l’enorme fermento ideologico e culturale messo in moto e catalizzato dal Fascismo si presentò, come avevano già indicato i vari Nolte, Mosse e Del Noce, come «un fenomeno politico figlio della modernità», così da «esprimere una forte spinta alla modernizzazione dell’economia, della società e della cultura». Il senso della missione dei giovani, il progetto di un destino comune, l’esaltante prospettiva di un popolo unito e socialmente avanzato furono il cuore dello sforzo culturale messo in campo dal Fascismo, che poté usufruire di un vero e proprio esercito di intellettuali d’alto e non di rado altissimo livello: ad un impietoso confronto, l’odierna incolta e rozza liberaldemocrazia mondiale – priva di intellettuali che superino il quarto d’ora di celebrità mediatica – ne esce distrutta.



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