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mardi, 15 septembre 2020

L’Affaire Navalny : « Les Bonnes Questions »

par Héléna Perroud*
Ex: https://geopragma.fr

Un opposant russe des plus médiatiques, une dose de novitchok, une jeune femme russe de Londres – Maria Pevchikh – qui vient encore épaissir le mystère et une crise internationale aigüe. La fin de l’été a vu un bien étrange événement se produire en Russie. Le 20 août, alors qu’il rentrait d’un déplacement en Sibérie en lien avec les élections russes du 13 septembre, Alexey Navalny a été pris d’un malaise à bord du vol Tomsk-Moscou. L’avion s’est posé en urgence à Omsk pour qu’il puisse au plus vite être pris en charge par des médecins. Plongé dans le coma, c’est là qu’il a reçu les premiers soins. Puis à la demande de sa famille, dès le 22 août, il a été transféré par un avion privé médicalisé à Berlin, au désormais fameux hôpital de la Charité. Le 2 septembre, alors que les médecins russes n’avaient pas décelé d’empoisonnement, le porte-parole du gouvernement allemand annonçait qu’un laboratoire miliaire allemand avait retrouvé des traces de « novitchok » dans son sang. La chancelière Angela Merkel faisait une déclaration solennelle dans la foulée pour condamner « l’agression » dont avait été victime Navalny sur le sol russe.

A première vue les analyses russes et allemandes du même patient ne concordent donc pas. La vérité médicale se fraiera peut-être un chemin ; les médecins russes ont gardé des échantillons prélevés sur leur patient d’Omsk et ont proposé le 5 septembre, par la voie du président de l’ordre des médecins, le Dr Leonid Rochal, de travailler avec leurs collègues allemands au rétablissement de Navalny ; à quoi sa femme a répondu sèchement qu’elle ne souhaitait aucune collaboration de la partie russe.  

Ce qui est manifeste en revanche, c’est le retentissement géopolitique d’ores et déjà considérable de cette affaire et le regard accusateur porté par une bonne partie du monde occidental vers le Kremlin sommé de s’expliquer.

Depuis près d’un mois beaucoup de choses ont été dites et écrites et chacun essaie de comprendre qui est derrière cet « empoisonnement » – si les faits sont établis. Dès le 21 août, l’ambassadeur aux droits de l’homme François Croquette écrivait : « Nous savons qui est le coupable » – égrénant les noms d’Anna Politkovskaïa, Alexandre Litvinenko, Natalia Estemirova, Boris Berezovsky, Boris Nemstov, Serguei Skripal, Piotr Verzilov pour finir avec Alexey Navalny. Derrière chacun de ces noms il y a pourtant des réalités différentes et les amalgamer n’aide pas à comprendre la situation actuelle. Le 23 août, une émission allemande – « Les bonnes questions » – était plus explicite encore et n’en posait qu’une : « était-ce Poutine ? ». Depuis nombre de chefs d’Etat, les pays du G7, le secrétaire général de l’OTAN se sont tous exprimés sur le sujet et certains réclament de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie. Curieux qu’un tel emballement n’ait pas suivi la mort atroce de Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre 2018…

Sans doute, à ce stade, l’affaire Navalny soulève-t-elle plus de questions qu’elle n’apporte de réponse. Encore faut-il essayer de poser les bonnes, en prenant en compte le contexte russe et international. On peut les résumer autour de trois interrogations simples : pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? pourquoi le novitchok ? 

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Pourquoi Navalny ?

Incontestablement charismatique et courageux, Alexey Navalny est présenté par les média occidentaux comme « l’opposant n° 1 à Poutine ». Les médias officiels russes le qualifient généralement de « blogueur » et jusqu’à ces dernières semaines ne mentionnaient que rarement son nom. Il a fallu attendre les déclarations allemandes du 2 septembre pour que le principal journal télévisé « Vremia » évoque le sujet (même si d’autres émissions de la première chaîne avaient évoqué plus tôt son « malaise »).

Il est vrai qu’il s’est fait connaître du grand public à travers la dénonciation de la corruption des élites dirigeantes via le site internet de sa fondation de lutte contre la corruption, FBK, et le combat politique, à travers un parti rebaptisé récemment « La Russie du futur ». La seule élection à laquelle il a pu se présenter jusqu’à présent – élection du maire de Moscou en septembre 2013 – avait été prometteuse : 27% des voix, en deuxième position derrière le maire sortant Sobianine, élu au premier tour avec 51% des voix. Condamné depuis dans des affaires qu’il dénonce comme politiques, il est aujourd’hui inéligible jusqu’en 2028. Les deux candidats à l’élection présidentielle russe de 2018 les plus proches de ses positions, Sobtchak et Iavlinski, ont réuni respectivement 1,7% et 1% des voix, loin derrière Poutine réélu avec 76% des voix, et loin derrière le candidat communiste arrivé second avec 11%. Il avait d’ailleurs été à ses débuts un compagnon de route de Iavlinski dans son parti d’opposition Iabloko, dont il avait été exclu en 2007 à cause de prises de position jugées trop nationalistes. Il avait en effet participé au mouvement de « La Marche russe », ouvertement anti-caucasienne. Dans un spot publicitaire pour le moins étrange il assimilait les Tchétchènes à des insectes nuisibles et suggérait de les éliminer à coup de fusil.

S’il est momentanément hors du jeu électoral à titre personnel, il reste néanmoins très présent sur la scène politique russe. A la veille de son malaise il venait de réaliser des enquêtes filmées d’une trentaine de minutes chacune sur les « élites » politiques de Sibérie. Les deux premières, l’une sur Novosibirsk – « Qui a pris le contrôle de la capitale de la Sibérie et comment la libérer ? » – l’autre sur Tomsk – « Tomsk aux mains de la mafia des députés » – ont été mises en ligne début septembre et ont déjà recueilli près de 10 M de vues. Un film consacré à Dmitri Medvedev en 2017 (« Ne l’appelez plus Dimon ») a, lui, recueilli plus de 36 M de vues et a contribué à ternir l’image du premier ministre d’alors. L’impact de ses prises de position n’est donc pas négligeable, même si son passage par le World Fellows Program de Yale en 2010 le classe, pour une partie de l’électorat russe, dans le camp des « agents américains ».

Pourquoi maintenant ?

L’affaire Navalny se déclenche un an tout juste après l’assassinat, dans un parc berlinois, d’un Géorgien d’origine tchétchène considéré comme terroriste en Russie, qui avait déjà créé des tensions entre la Russie et l’Allemagne. Et 80 ans jour pour jour après l’assassinat de Trotsky à Mexico. Sans chercher de parallèles historiques qui n’ont sans doute pas lieu d’être, il faut néanmoins replacer cet événement dans son contexte immédiat. 

Sur le plan intérieur russe on peut retenir au moins trois éléments importants.

Les élections régionales, qui ont lieu le 13 septembre, mobilisent 40 millions d’électeurs, appelés à voter pour élire des gouverneurs et des parlements régionaux. En vue de cette échéance Navalny et ses partisans ont initié la campagne du « vote intelligent », pour faire barrage aux candidats du parti au pouvoir, Russie Unie. L’an dernier de semblables élections avaient été marquées par de grandes manifestations à Moscou suite au refus des autorités d’enregistrer certaines candidatures de la mouvance de Navalny et une volonté, de la part des candidats du pouvoir, de se détacher de l’étiquette « Russie Unie ». A l’heure où ces lignes sont écrites les résultats ne sont pas connus mais se liront forcément à l’aune de l’affaire Navalny.

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Par ailleurs on assiste depuis deux mois à une mobilisation sans précédent dans l’Extrême-Orient russe, dans la ville de Khabarovsk, depuis l’arrestation du gouverneur de la région le 9 juillet dernier. Placé en détention provisoire à Moscou, Sergueï Fourgal se voit soupçonné de complicité de meurtre dans une affaire qui remonte à plus de 15 ans. L’intéressé a pourtant siégé pendant des années comme député à la Douma. Très bien élu en septembre 2018 au poste de gouverneur contre le candidat de Russie Unie, affilié au LDPR du nationaliste Jirinovski, enfant du pays et apprécié localement, il est largement soutenu par la population qui organise des rassemblements pour demander sa libération. 

Plus généralement les élections de septembre ont lieu dans un climat social tendu qui s’est installé après la réforme des retraites à l’automne 2018 et sans embellie réelle depuis. Il est vrai que le referendum sur la Constitution a été largement remporté par Poutine le 1er juillet dernier (74%). Outre quelques réformes de fond, il a été pour lui une façon d’arrêter le compte à rebours jusqu’à un départ qui n’est plus annoncé en 2024, même si rien ne dit qu’il se présentera effectivement à sa succession à ce moment-là. En revanche sa popularité a connu une forte érosion depuis sa réélection de 2018 d’après diverses analyses sociologiques qui toutes concordent. Selon le centre indépendant Levada 56% des Russes le choisiraient comme président aujourd’hui, contre plus de 70% à la veille de la présidentielle il y a 2 ans. Certains sociologues estimaient au début de l’été que le climat était propice à des mobilisations plus fortes encore qu’à l’hiver 2011-2012. Des analystes russes voyaient même un possible coup de force en gestation, qui aurait contraint Poutine à accélérer le calendrier en janvier dernier par l’annonce du referendum et le changement de gouvernement que rien ne laissait prévoir.

Sur le plan international l’affaire Navalny s’inscrit dans un contexte de percée diplomatique de la Russie. Au début du mois d’août le Kremlin a annoncé la mise au point d’un vaccin contre le coronavirus, Sputnik V, prenant la tête de la course au vaccin qui oppose un certain nombre de pays et des intérêts financiers puissants. Dès cette annonce une vingtaine de pays aurait déjà pré-commandé 1 milliard de doses aux Russes et ce chiffre se monterait à une trentaine de pays aujourd’hui. Sans même mentionner sa diplomatie active vis-à-vis de l’iran, de la Turquie, de la Libye et de la Syrie, où elle est un appui de poids pour les pays européens, en Europe elle-même, la Russie continue dans la voie de la consolidation. Dans la foulée de l’entrevue de Brégançon l’an dernier, et d’un échange fructueux fin juin par visioconférence, les présidents russe et français devaient poursuivre leur dialogue constructif par un déplacement de Macron en Russie d’ici la fin de l’année ; une réunion des ministres de la défense et des affaires étrangères était prévue pour ce 14 septembre. Depuis début août également, dans la foulée des élections biélorusses du 9, donnant une nouvelle fois Loukachenko largement vainqueur (80%), mais cette fois largement contestées par la population, Moscou tente de gérer les désaccords de Minsk avec l’obsession de ne pas répéter le scénario ukrainien. Même si Loukachenko n’est certainement pas le partenaire idoine pour Poutine, les deux pays sont liés depuis plus de 20 ans par une union d’Etats et la Russie se trouve en première ligne dans la gestion de cette crise « interne », où la voix des pays voisins de la Biélorussie, membres de l’UE et de l’OTAN que sont la Pologne et la Lituanie, se fait entendre avec force.

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Mais c’est avec l’Allemagne – premier partenaire économique européen de la Russie – que les relations sont les plus fortes et c’est là que l’effet immédiat de l’affaire Navalny est le plus dévastateur, avec pour cible le gazoduc Nord Stream 2. Initié par le chancelier Schröder en 2005,  qui suit toujours activement le projet, construit à 95%, il n’a jamais été vu d’un bon oeil par les Etats-Unis qui cherchent à récupérer le marché européen du gaz. Depuis son arrivée au pouvoir Trump n’a cessé de faire pression sur Merkel pour qu’elle renonce à Nord Stream 2, usant de sanctions contre les entreprises qui travaillent sur le chantier. Début août encore, trois sénateurs américains proches de Trump adressaient aux dirigeants de la société du port de Sassnitz, base logistique du chantier du gazoduc – et circonscription électorale d’Angela Merkel – un courrier comminatoire : « Si vous continuez d’apporter soutien, aide logistique et services au projet Nord Stream 2, vous exposez votre entreprise à la destruction financière. » La réaction allemande assimilait alors ces agissements à du chantage. Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent en Allemagne pour arrêter le projet de gazoduc, sur fond de succession annoncée de Merkel en 2021.

Pourquoi le novitchok ?

La mention du novitchok par les officiels allemands le 2 septembre amène fatalement à faire un parallèle avec l’affaire Skripal. Là aussi, l’empoisonnement des Skripal père et fille, découverts sur un banc le 4 mars 2018, avaient eu lieu quelques mois avant la coupe du monde de football organisée par la Russie et 15 jours avant l’élection présidentielle… qui verra Poutine réaliser son meilleur score (76%). Comme les Britanniques en 2018, les Allemands ont fait savoir qu’ils ne pouvaient transmettre les résultats des analyses aux Russes, malgré une demande officielle des autorités russes. En revanche, comme en 2018, l’affaire a pu être portée devant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et prendre une dimension internationale, sortant d’un cadre bilatéral, germano-russe en l’occurence.

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Avant de connaître cette soudaine notoriété, le novitchok était apparu dans un article du NYT du 25 mai 1999 ; il y était question d’un accord signé entre Américains et Ouzbeks, à l’initiative du Pentagone, pour nettoyer l’usine d’armes chimiques située à Nukus, en Ouzbékistan… qui fabriquait le fameux poison au nom si russe. Il y était fait mention d’un chimiste militaire, Mirzayanov, qui avait fait défection après 25 ans d’ancienneté et avait parlé du novitchok aux Américains. On peut dès lors se demander si le novitchok reste bien une spécialité strictement russe. Enfin, le fait qu’un laboratoire militaire allemand ait fait cette découverte est sans doute gage de sérieux. Il faut toutefois rappeler que précisément en 1999, au mois d’avril, le ministre allemand de la défense d’alors avait annoncé avoir découvert le plan « Potkova », un document censé prouver l’épuration ethnique programmée par les Serbes, et qui avait servi de prétexte à l’intensification des bombardements. Un remarquable article du Monde diplomatique en avril 2019, 20 ans après les faits, reviendra sur ce « plus gros bobard du XXème siècle ».

Il est curieux en tout cas que, s’il est si dangereux, le novitchok n’ait pas fait d’autres victimes que Navalny. Curieux également que « de hauts responsables russes », s’ils avaient employé ce poison, l’aient sciemment laissé partir en Allemagne pour s’y faire soigner.

A qui profite l’affaire Navalny ? Difficile d’imaginer que d’une manière ou d’une autre elle serve la cause du Kremlin. En revanche, en Russie même, Poutine a des ennemis. Après l’assassinat de Nemtsov son service de sécurité a été fortement renforcé. Il est certain aussi que Navalny s’est attiré beaucoup d’ennemis par ses « enquêtes » qui mettent en cause des personnalités influentes. Comme le disait récemment un politologue russe, les moeurs au-delà de l’Oural, dans le monde des affaires, sont encore pour partie celles des années 90, une période sombre où les meurtres allaient bon train. Une conséquence déjà visible c’est que la partie de l’entourage du président qui le pousse à se détourner de l’Occident pour s’allier plus fortement à l’Asie se trouve aujourd’hui confortée par les réactions assez unanimes du camp occidental et mal reçues en Russie.

Sur la scène internationale cette affaire risque d’affaiblir pour un temps la position russe, au moment où le pays est engagé sur divers fronts, de la promotion de son vaccin à la Biélorussie en passant par « l’Orient compliqué ». Elle renforce tous ceux qui ne veulent pas, sur le continent européen, d’un axe fort Paris-Berlin-Moscou. Et très concrètement semble profiter, dans un premier temps, aux Etats-Unis.

Le temps semble bien loin où, il y a quelques semaines, les anciens alliés d’hier se congratulaient réciproquement pour le 75ème anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans la dernière interview qu’il a donnée avant de quitter son exil américain, en 1994, Solenitsyne disait que si l’on regardait loin dans l’avenir, il voyait « une époque au XXIème siècle où l’Europe et les Etats-Unis auront grand besoin de la Russie en tant qu’alliée ». Manifestement, ce temps n’est pas encore arrivé.

*Héléna Perroud est membre du Conseil d’administration de Geopragma

lundi, 14 septembre 2020

Le Grand jeu : un gazoduc entêté

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Le Grand jeu : un gazoduc entêté

Il y a une dizaine de jours, les manchettes de notre bonne presse se réjouissaient ouvertement de la possible mort du Nord Stream II suite à la mascarade Navalny, prouvant presque par défaut que les deux affaires étaient liées. Aucune surprise pour les lecteurs de nos Chroniques :

À l’Ouest de l’échiquier eurasien, la farce Navalny est une énième tentative foireuse, et tellement prévisible, de découpler le Rimland européen et le Heartland russe :

En cet auguste mois, la journaloperie a trouvé son feuilleton de l’été. Une vraie saga, avec empoisonnement raté et opposant ciblé par le terrible Poutine, mais qui peut quand même tranquillement partir à l’étranger se faire soigner, et dont la guérison miraculeuse rendrait jaloux le sanctuaire de Lourdes. Le scénario est quelque peu bancal mais nos plumitifs ne sont plus à ça près…

Derrière cette mascarade, évidemment, la pression impériale pour renouveler/durcir les sanctions euronouilliques à l’égard de Moscou, notamment à un moment charnière pour le Nord Stream II. Frau Milka a bien vu la manœuvre et veut absolument découpler les deux événements : la gazoduc n’a rien à voir avec le blogueur, meine Herren, qu’on se le dise.

Depuis, dame Angela a reçu les pressions adéquates et, en bonne euronouille feudataire, semble avoir à moitié retourné sa gabardine. Sur le cas Navalny, mais pas seulement, nous y reviendrons dans le prochain billet…

Sans surprise, le Nord Stream II est à nouveau sous le feu des critiques de tout ce que l’Allemagne et l’UE comptent de pions impériaux. C’était évidemment le but de la manœuvre alors que, comme nous l’expliquions en juillet, l’achèvement du pipeline de la discorde se jouera dans les arrêts de jeu.

Cependant, les fidèles piliers de l’empire ont dû mettre un peu d’eau (baltique ?) dans leur coca cola. Si la Première Ministre danoise a tombé le masque, avouant qu’elle avait toujours milité contre le tube, le fait que Berlin n’ait pas réagi au quart de tour pour annuler le gazoduc a semble-t-il pris de court les impatients affidés de Washington.

Même CNN, dans un article remarquable d’objectivité (une fois n’est pas coutume), s’est cru obligé de reconnaître que l’abandon du projet n’était pas aussi simple. En cause, cette satanée et agaçante réalité économique, sur laquelle se fracassent souvent les mirages impériaux faits de sable et de vent.

La mise en place du Nord Stream II fera baisser le prix du gaz de 25% en Europe. De plus, les compagnies énergétiques européennes ont déjà investi cinq milliards d’euros dans le projet et n’ont pas l’intention de les passer par pertes et profits, pouvant d’ailleurs réclamer des dommages et intérêts aux États responsables de l’annulation.

Significatives divisions au sein du Bundestag allemand

C’est ce qu’a dit en substance Klaus Ernst, président de la Commission de l’économie et de l’énergie du Bundestag et membre du parti Die Linke. Chose intéressante, les divisions de la scène politique allemande sur le pipeline se font jour au sein même des partis et un petit point sur la situation n’est peut-être pas inutile.

Les élections fédérales de 2017 ont donné la législature suivante, le gouvernement de coalition mis en place par Merkel comprenant la CDU/CSU et le SPD :

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La CDU est divisée, certains appelant à l’arrêt des travaux, d’autres à leur continuation. D’après ce qu’on en sait, la CSU souhaite la poursuite du projet. Quant au SPD, ses ténors ont toujours été et restent favorables au Nord Stream II (n’oublions pas que l’ancien leader du parti, Schröder, est le patron du consortium). Voilà pour la coalition gouvernementale.

Le reste du Bundestag a également son mot à dire. Là aussi, la division règne et l’on retrouve d’ailleurs, mise à la sauce allemande, notre fameuse opposition entre Li-Li et Bo-Bo :

J’ai plusieurs fois abordé dans les commentaires la véritable division de la politique française et, partant, européenne, depuis un demi-siècle et qui transcende la fausse opposition droite-gauche : BO-BO vs LI-LI. D’un côté, la droite bonapartiste et la gauche « bolchévik », qui prend sa naissance dans l’alliance de facto entre De Gaulle et le PCF et court jusqu’à l’actuel duo Le Pen-Mélenchon. Ce courant indéniablement patriote a depuis plus de cinquante ans une certaine idée de l’indépendance nationale et de l’équilibre international, étant très critique vis-à-vis du système impérial américain et de ses alliances pétromonarchiques, préconisant un rapprochement avec la Russie, plus récemment avec l’Iran, Assad etc. Dans les années 60, le grand Charles et les communistes ont fait partir l’OTAN ; en 1991, Georges Marchais et Le Pen père s’opposaient à la guerre du Golfe, rebelote en 1999 et la guerre du Kossovo, jusqu’au copié-collé actuel des positions du FN et du FG sur toutes les questions internationales. Ce qui est vrai en France l’est également en Europe : sur la Syrie, l’Ukraine, la Russie ou le Moyen-Orient, UKIP, Podemos, Syriza, La Ligue du nord, Wildeers disent exactement la même chose. Jamais à court de mépris, la mafia médiatique parle d’alliance, populiste forcément, “rouge-brune”.

Car les médias appartiennent tous à l’autre bord, le système LI-LI (droite libérale et gauche libertaire) qui a pris le pouvoir au tournant des années 70 (Giscard + soixante-huitards) et ne l’a plus lâché depuis (UMPS). Ce courant est marqué par un tropisme pro-américain évident. Est-ce un hasard si les maoïstes de Mai 68, peut-être d’ailleurs l’une des premières révolution de couleur de l’histoire de la CIA, sont aujourd’hui les plus fervents supporters des guerres néo-conservatrices (BHL, Cohn-Bendit, Glucksman, Barroso) ? Les LI-LI vouent une admiration béate pour l’UE, l’OTAN et la pax americana, une haine féroce envers Poutine et le monde multipolaire etc. Au fil des décennies, ce système est devenu un tout à peu près cohérent, unifié. Union européenne = médias = OTAN = UMPS = alliance saoudienne = TAFTA = soutien au Maidan ou aux djihadistes syriens…

Retour au Bundestag. Sans surprise, les Verts et les libéraux du FDP s’opposent au Nord Stream II. Fidèles à leur hypocrisie désormais légendaire, les “écologistes” préfèrent sans doute le transport extrêmement polluant du gaz naturel liquéfié US ou qatari par méthaniers…

À l’inverse, Die Linke (partiellement) et l’AfD (totalement), américano-sceptiques dans l’âme, sont favorables à la poursuite du projet, ce qui ne manquera pas d’entraîner les habituels commentaires du camp du Bien sur ces horribles “populistes d’extrême-drouaaate” mangeant dans la main de l’abominable Poutine des neiges.

On le voit, jusqu’à présent, la farce Navalny n’a eu pour effet que d’exacerber des divisions déjà existantes sans réussir (encore ?) à faire dérailler le gazoduc de la discorde. Le feuilleton de l’été continue…

=> Source : Le Grand jeu

dimanche, 13 septembre 2020

Biélorussie, Navalny : à qui profite le crime ?

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Biélorussie, Navalny: à qui profite le crime?

Chaque fois que la s’apprête à célébrer une victoire politique internationale, il faut qu’un événement maléfique vienne systématiquement gâcher la fête. Au moment où Moscou et Damas sonnaient l’hallali des islamistes en Syrie, les médias dominants les accusaient d’organiser des attaques chimiques. Au moment où le président ukrainien Ianoukovitch s’apprêtait à signer un accord économique majeur avec Moscou, les manifestants de l’Euromaïdan organisèrent un coup d’État. Avant le lancement de la Coupe du monde de football, en , un ancien agent double russe est retrouvé empoisonné en Grande-Bretagne… Curieux, non ?

La malédiction se poursuit aujourd’hui. Pile au moment où le projet gazier stratégique de dix milliards d’euros, , s’approche de sa fin, la Russie se retrouve avec une révolution de couleur sur sa frontière biélorusse et le Kremlin est accusé d’avoir empoisonné un opposant insignifiant, Alexeï Navalny. Avant d’élucider tout crime, la première question que doit se poser l’enquêteur est cui bono ?

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Ce qui est certain est que ces événements ne servent absolument pas les intérêts russes. En revanche, ils font clairement les affaires des États-Unis dont on peut reconnaître de plus en plus facilement le modus operandi. L’Amérique a peur que la Russie devienne une puissance européenne. Elle redoute plus que tout la force d’un continent qui, de Brest à Vladivostok, pourrait s’affranchir de sa tutelle. Les Américains ne veulent pas que les Européens s’approvisionnent en hydrocarbures russes car ils veulent nous vendre les leurs qui sont plus chers. La part de gaz naturel liquéfié issu du gaz de schiste ne cesse de grimper en Europe sous la pression américaine.

Le Congrès américain a déjà imposé deux volets de sanctions économiques contre les sociétés travaillant sur le projet Nord Stream 2. En juillet dernier, le secrétaire d’État Mike Pompeo avertissait les entreprises participant au projet : « Sortez immédiatement, ou il y aura des conséquences pour vous ! » a vivement critiqué ces méthodes, mais les intimidations de l’Oncle Sam sont en train de briser sa résistance. La société française Engie a investi un milliard d’euros dans le projet. Si les USA tuent le gazoduc, c’est le contribuable français qui va encore payer la facture, comme pour l’annulation des ventes des Mistral à Moscou, en 2015.

Les méthodes américaines sont inacceptables et les puissances européennes doivent les condamner. Les menaces, les calomnies, les sanctions et la guerre ne sont pas des procédés qu’on emploie entre amis. Ce sont des méthodes de caïd. Si Trump gagne les élections en novembre prochain, il aura un travail herculéen à mener pour nettoyer les écuries d’Augias de l’État profond américain qui ne sait toujours pas que la guerre froide est terminée. En attendant, cessons de grimper au rideau dès que la Russie est montrée du doigt. Posons-nous toujours la question suivante : à qui profite le crime ?

Napoleon or NATO? 'Reading 'War and Peace,' You Might Think Tolstoy Was Describing Current Affairs

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Napoleon or NATO? 'Reading 'War and Peace,' You Might Think Tolstoy Was Describing Current Affairs

 
Ex: https://russia-insider.com
 
Leo Tolstoy’s War and Peace is widely considered to be the best war novel ever written. Spatially, in its more than 1,800 pages it offers a vast panorama of Russia during the Napoleonic wars, both on the battlefield and on the home front. Temporally, Tolstoy shifts our attention back and forth between the big picture in time-lapse and close-up slow-motion psychological portraits of the leading characters.  With its “scenography” already sketched by the author, War and Peace has inspired a number of beloved films produced both in the West and in Russia. It provided the material for Sergei Prokofiev’s brilliant opera of the same name, which enjoys periodic revivals in the world’s grand opera theaters.

Of course, the dramatizations of War and Peace tend to highlight the affective romantic themes which carry along readers, in particular teenage girls. We envision Natasha’s first ball, her dance with Andrei. We see her by his bedside in his final agony as he succumbs to his injuries from the Borodino battle.  We tend to skip over and ignore the considerable dose of Tolstoy’s historiographical musings on whether great men like Napoleon or Tsar Alexander I are the decisive force of history or the involuntary agents of the people they think they govern, his philosophical shadow boxing with Schopenhauer over free will versus determinism.

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Tolstoy injected these “asides” into the work at regular intervals, and then let go of all self-restraint at the very end in the 75 pages of the Epilogue, Part Two. That non-narrative text, in which the author was reasoning directly with his readers rather than through his characters confused professional reviewers of War and Peace when it was first released in 1869 to the extent that there was some uncertainty whether the work even qualified as a novel in terms of genre.

Indeed, some publishers chose to delete the second Epilogue from their editions.  However, the briefer passages of historiographical reflections spread through the novel are there to be savored in most all editions. In the appendix to this essay, I offer an extensive citation of one such “aside” so that the reader can appreciate from Tolstoy’s text his method of reasoning, which is at the same time homely and unrelenting. The given selection focuses ultimately on the relationship between kings, generals, ministers and the people. It is as applicable to our understanding of Donald Trump as it was to Tolstoy’s understanding of Napoleon or Alexander I of Russia. The translation from the Russian is mine.

The philosophical asides of Tolstoy in War and Peace serve as the raw input for this essay, because they strongly suggest the relevance of Napoleon’s invasion of Russia in the late spring of 1812 to the psychological and strategic situation we find ourselves in today on the Old Continent in what could well be a prelude to all-out war. To go a step further, I would argue that the Napoleonic invasion of Russia is more relevant today than Cold War 1.0, not to mention WWI and WWII.

To be specific, 1812 as interpreted by Tolstoy raises the following issues:

  1. The precondition for war is the near universal acceptance of the logic of the coming war by not only those who will be doing the fighting but also by all those who must support the war effort in civilian capacity in production and logistics. That is to say people fight not because Power compels them to do so but because they are persuaded it serves their interests

In 1812, the logic of those enlisted by Napoleon was, on the high-minded side, the spread of the values of the French Revolution to the very fringes of autocratic Asia. On the low side, it was the incalculable riches awaiting the victors.  For soldiers and officers that meant whatever could be seized by those lucky enough to occupy Moscow. For the French emperor and his coterie, it meant enforcement of the Continental System that enriched France at the expense of Britain and the other European states.

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Transposed to our own day, this issue finds its parallel in the informational war the United States and the West more generally have been waging against Russia.  The defamation of Putin, the denigration of Russia all have been swallowed whole by the vast majority of our political classes, who today would view with equanimity, perhaps even with enthusiasm any military conflict with Russia that may arise, whatever the immediate cause.

  1. Napoleon’s invasion of Russia was not a French force acting out purely French ambitions but was described by Tolstoy as “a movement of the peoples of Europe from West to East.” The Grand Armée of 680,000 soldiers which Napoleon led had as its core his Imperial Guard of 20,000, which he never deployed in action against the Russians because of their vital role in keeping him in power. Ordinary French soldiers and officers who were put on the field to fight and die made up less than half of the total forces at Napoleon’s orders. They were a still smaller percentage of those who perished in the campaign. The rest of the army consisted of willing recruits from petty German states along the Rhine, Prussians, Dutch, Italians, Austrians and others, in particular Poles, who deserve special mention below.

Transposed to our own day, the multinational forces of French-led Europe of 1812 translate very nicely into American-led NATO.

  1. The single biggest contingent of the voluntary forces serving in the Grand Armée poised to invade Russia in 1812 were Poles, who were there for their own geopolitical purposes to restore their homeland to the map of Europe and to prove their value as Europe’s protectors. This is a point which Tolstoy develops at some length not just because of the numbers of Polish troops, which were very significant, at approximately 96,000 but because of the Poles’ likely influence on how the whole campaign by Napoleon was conceived, including the peculiar decision to march not on St Petersburg but on the ancient Russian capital of Moscow, where the Poles sat on the throne exactly two hundred years before during a turbulent period known in Russian as the Time of Troubles.
 

Tolstoy goes out of his way to highlight the Polish factor in the invasion. This begins with his description of the June day when Napoleon stood on the banks of the Nieman River which marked the western border of the Russian Empire and gave the order to invade.

Jan_Henryk_Dabrowski_2.jpgWhile Napoleon rested on a tree stump and looked over his maps, Tolstoy tells us that a Polish lancer came up to him, shouted Vivat and offered to lead his cavalry troops across the river before the eyes of the Emperor. Napoleon distractedly looked the other way, while the lancer’s men attempted the crossing, during which more than 40 of them drowned.  The emperor afterwards made sure that the leader, who did make it across was duly given a medal.

A further tip-off on Tolstoy’s thinking about the role of the Poles in the invasion is his remark on what was going through Napoleon’s mind as he looked across the river to the Russian Cossack detachment on the other side.  He tells us that Napoleon believed he was looking at the Asiatic steppes!

While Tolstoy does not attribute this specific extravagant idea to Napoleon’s Polish allies, who otherwise are close by his side, we note that at this time Napoleon has already donned a Polish officer’s uniform. And in a day or so he will be taking up residence in the home of a Polish nobleman in Vilno (today’s Vilnius, capital of Lithuania, then still a Polish province of Russia) where Alexander I had had his field headquarters just weeks before.

Transposing all of this to present-day, we find that once again Polish ruling elites are hard at work prompting, goading the European Union and the United States to use Poland as the shield against Russia.  The notion of a Fort Trump falls perfectly in line with the sycophancy of their forebears to Bonaparte.

Finally, there are two observations about the invasion of 1812 which Tolstoy repeatedly tells us in his asides. They both merit the full attention of today’s leadership in Washington and Brussels.

  1. Watch your supply lines!

It is today widely believed in the general public here in Belgium, in France that Napoleon was  defeated in Russia not by   superior military skills of his enemy but by “General Winter.”  Even a cursory      reading of Tolstoy shows that this is utter nonsense.  The French retreat began after only 5 weeks of the occupation of Moscow in mid-September, when blasts of winter cold were still months away. But from the moment the withdrawal began the Grande Armée was melting away due to illness and desertions related to lack of provisions. The overall breakdown in discipline following on the marauding and looting during the occupation of Moscow compounded this disaster.

Provisions were lacking for a number of reasons, including very poor decisions by Napoleon on the route of return, using the already wasted Minsk highway. But the single most important reason was that Napoleon’s forces were overstretched.  And, of course, that was no accident. Insofar as the Russian commander Suvorov had a consistent strategy it was precisely to draw the French far into the country till their ability to sustain war was vitiated by the scorched earth policy of the Russian population, from peasants up to nobility.

Transposed to today’s strategic confrontation with Russia, the notion of NATO defending the Baltics or pursuing a war at Russia’s borders generally is as foolish as what Napoleon undertook.  The United States is simply too far away to respond effectively to Russia fighting on its home soil, with or without the forward stationing of US supplies and rotating NATO forces in the East.

  1. The outcome of battles and of war itself is not foreseeable.

arton2593.jpgIn his narrative of the battles between the warring forces during the 1812 campaign, Tolstoy tells us repeatedly that the relative strength in men and materiel of the respective sides was only one factor to success, however important. That advantage could be overturned by greater determination and morale of the nominally weaker side. It could be overturned by the arbitrary decision of a noncommissioned officer on the front line to shout ‘hooray’ and lead his troops in attack or it could be enhanced by the arbitrary decision of such an officer to shout “we are lost” and pull back his forces in a rout.   In no maneuver is morale more important than in retreat, which was the strategic plan of the Russian leadership.

Readiness for self-sacrifice to save the fatherland was the outstanding feature of the Russians in   1812, just as later proved itself in WWII.  The battle of Borodino was, in purely military terms, a loss for the Russian side which left the battlefield with casualties and deaths more damaging than Napoleon’s Grand Armée suffered. However, it was a moral victory, because unlike all the European armies Napoleon had fought till then, only the Russians absorbed horrific losses from artillery bombardment and nonetheless stood their ground, leaving in an orderly retreat in the end. The way was now open for the French to take Moscow, but the Russian Army was not broken and would be there to enforce the flight of Napoleon’s force after it lost its strength to indiscipline and desertion  during its stay in Moscow.

Transposing this message to our present day, we have reason to take seriously the manifest will of today’s Russians to stand their ground at whatever cost. More generally, we should pay close  attention to a crusader for moderation who has the military experience to justify our respect. In his several books, Andrew Bacevich has argued repeatedly, like Tolstoy, that there are no certainties in war and that wars of choice must therefore be avoided.

Appendix

War and Peace. First pages of Volume Three. Part One     Tolstoy’s philosophical thoughts on historical causality, on the role of Great Men in history and on day one of the invasion.

“From the end of 1811 there began a strengthened arming and concentration of forces of Western Europe and in 1812 these forces – millions of people (taking into account those who transported and fed the army) moved from West to East, to the borders of Russia to which precisely as in 1811 the forces of Russia were drawn. On 12 June the forces of Western Europe crossed the borders of Russia and war began, i.e.an event occurred which went against human reason and against all of human nature. Millions of people did to one another such countless evil deeds, deceptions, betrayals, theft, counterfeit and release of fake bank notes, stealing, arson and murders which for whole centuries you do not find in the chronicles of all courts of the world and for which in this period of time the people who perpetrated them did not view them as crimes.

“What produced this unusual event? What were its causes?  Historians with naïve certainty say that the causes of this event were the offense given to the Duke of Oldenburg, the failure to observe the Continental system, the thirst for power of Napoleon, the firmness of Alexander, the errors of diplomats, etc.

“Consequently, you needed only that Metternich, Rumyantsev or Talleyrand, between the going forth and the rout, had to try harder and write some paper more skillfully or for Napoleon to write to Alexander: “Sir, my brother, I agree to accord the duchy to the Duke of Oldenburg,” and there would have been no war.

91uKdHKNBzL.jpg“It is understandable that it seemed to be the case to contemporaries. It is understandable that to Napoleon it appeared that the cause of the war was the intrigues of England (as he said on the island of St Helena); it is understandable that to members of the English House of Commons it appeared that  the cause of the war was the thirst for power of Napoleon; that to the prince of Oldenburg it appeared that the cause of war was the violence committed against himself; that to merchants it appeared that the cause of war was the Continental system, which ruined Europe; that to the old soldiers and generals it seemed that the main cause was the need to use them in the affair; to the legitimists of that time it was necessary to restore the proper principles, and to the diplomats of that time, everything resulted from the fact that the alliance of Russia with Austria in 1809 was not sufficiently skillfully concealed  from Napoleon and the memorandum No. 178 was clumsily written. It is understandable that these and still countless more reasons, whose number depends on countless different points of view, appeared to contemporaries; but for us – the descendants who see the enormity of the event and are looking into its simple and terrible sense, – these causes are insufficient. For us it is not clear that millions of people- Christians – killed and tortured one another because Napoleon was thirsty for power, Alexander was firm, the policy of England was crafty and the Duke of Oldenburg was offended. We cannot understand the connection between these circumstances and the fact of murder and violence; why in consequence of the fact that the duke was offended thousands of people from one end of Europe killed and destroyed people of Smolensk and Moscow provinces and were killed by them.

For us, the descendants – not historians, not carried away by the process of searching and therefore with undimmed common sense contemplating the event, the causes seem to be countless in number.  The more we get into the search for causes, the more they are revealed to us and every cause taken separately or a whole array of causes seems to us to be equally just by themselves, and equally false in their insignificance by comparison with the enormity of the event and equally false due to their inability (without the participation of all the other coincidental causes) to create the event which took place. Such a cause as the refusal of Napoleon to move his troops back beyond the Vistula and to give back the duchy of Oldenburg seems to us to rank with the refusal of the first French corporal to enroll for a second tour of duty: for if he did not want to go into the service and did not want a second tour and a third tour and the thousandth corporal and soldier there would be so many fewer people in the army of Napoleon and the war could not have been.

“If Napoleon had not been insulted by the demand that he move back beyond the Vistula and had not ordered his troops to advance, there would not have been a war; but if all the sergeants had not wanted to go for a second tour of duty war also would not have been possible. Also there could not have been a war if there were no intrigues by England and if there was no prince of Oldenburg and the feelings of insult in Alexander, and if there were no autocratic power in Russia, and if there had been no French revolution and the dictatorships and empire which followed from it, and everything that produced the French revolution, and so forth. Without one of these causes nothing could have been. And so these causes, all of them, billions of causes, came together for what happened to occur.  And consequently nothing was the exclusive cause of the event, but the event had to happen only because it had to happen. Millions of people had to abjure their human feelings and their reason, going to the East from the West and killing people like themselves, just as several centuries before that crowds of people went from the East to the West and killed people like themselves.

“The actions of Napoleon and Alexander, from whose words it would seem the event took place or would not take place – were also no more arbitrary than the action of each soldier who went on the campaign by drawing lots or by recruitment. It could not be otherwise because for the will of Napoleon and Alexander (people upon whom, it seemed, the event depended) to be executed it was necessary that there be a coincidence of innumerable circumstances without one of which the event could not be carried through.  It was necessary that millions of people in the hands of which there was real power, the soldiers who shot, carried the provisions and cannon, they had to agree to carry out the will of the singular individuals and weak people and they were brought to this by an innumerable number of complex and diverse reasons.

“Fatalism in history is inevitable to explain unreasonable phenomena (i.e., those whose reasonableness we cannot understand). The more we try to reasonably explain these phenomena in history, the more they become unreasonable and incomprehensible for us.

“Every person lives for himself, uses his freedom to achieve his own personal objectives and feels by his whole being that he can now do or not do some action; but as soon as he does it, this action completed at a certain moment in time becomes irreversible and becomes the property of history, in which it has not a free but a predetermined significance.

“There are two sides to life in each man: his personal life, which is freer the more abstract are his interests, and the elemental life where man inevitably performs what the laws prescribe for him.

“Man consciously lives for himself, but serves as an unconscious tool for the achievement of historical, general human goals. The act completed is irreversible, and his action, coinciding in time with millions of actions of other people, receives historic significance. The higher a man stands on the social ladder, the more he is bound up with big people, the more power he has over other people, the more obvious is the predetermination and inevitability of his every action.”

“The tsar’s heart in in God’s hands.”

“The tsar is the slave of history”

tsar-alexandre-ier-biographie-napoleon.jpg“Napoleon, despite the fact that more than ever before in 1812 it seemed to him that it depended on him whether to spill or not to spill the blood of his peoples (as Alexander wrote to him in his last letter),never more than now did he submit to those inevitable laws which forced him (acting in relation to himself, as it seemed to him, by his arbitrary choice) to do for the common cause, for history, what had to be done.

“The peoples of the West move to the East to kill one another. And by the law of coincidence of causes it happened on its own and coincided with this event that there were thousands of small causes for this movement and for the war: rebuke over nonobservance of the Continental system, and the duke of Oldenburg, and the movement of troops into Prussia undertaken (as it seemed to Napoleon) only to achieve an armed peace, and the love and habits of the French emperor for war coinciding with the predisposition of his people, the attraction to grandeur of preparations, and the expenses on preparations, and the need to acquire advantages which would justify these expenses, and the ……millions and millions of other causes which underlay the event and coincided with it.

“When the apple falls, why does it fall? From the fact that it is drawn to the earth, from the fact that the stem dries out, from the fact that it is dried by the sun; that it grows heavy, that the wind shakes it, from the fact that a boy standing underneath it wants to eat it?

“Nothing is the cause. These are just the coincidence of conditions under which any live, organic and elemental event occurs. And the botanist who finds that the apple falls because its cells decompose, etc. will be just as correct and just as incorrect as the child standing underneath who says that the apple fell because he wanted to eat it and prayed for this. Just as right and wrong will be the person who says that Napoleon went to Moscow because he wanted this and he was ruined because Alexander wanted his destruction: both right and wrong will be the person who says that an excavated hill weighing a million poods fell because the last worker struck it the last time with a pick. In historical events so called great men are labels which give a name to the event, which like labels have least of all any connection with the event.

“Every action by them which seems to them to be arbitrary and for themselves in historical sense is not arbitrary but is bound up with the whole course of history and has been determined eternally.”

29 May 1812 [Old Style] Napoleon left Dresden where he spent three weeks surrounded by his court.

“Although diplomats still firmly believed in the possibility of peace and worked hard with this goal, despite the fact that the emperor Napoleon himself wrote a letter to emperor Alexander calling him Monsieur mon frère and sincerely assuring him that he did not want war and always would love and respect him – he went to the army and gave at every station new orders aimed at speeding up the movement of the army from west to east. He traveled in a carriage pulled by six horses, surrounded by pages, adjutants and a convoy on the road to Posen, Torn, Danzig and Koenigsberg. In each of these cities thousands of people met him with thrill and delight.

“The Army moved from West to East and exchange teams of horses bore him there. On 10 June [Old Style] he reached the army and spent the night in the Wilkovis forest in an apartment prepared for him in the estate of a Polish count.

“The next day Napoleon caught up with the army and in a carriage approached the Nieman so as to inspect the place of crossing. He changed his dress into a Polish uniform and went out onto the shore.

“Seeing on the other side Cossacks and the Steppes spreading out, in the middle of which was Moscow, the Holy City, the capital of a state like the Scythian state, where Alexander of Macedon had gone. Napoleon, unexpectedly for everyone and against both strategic and diplomatic considerations, ordered the attack and on the next day his troops began to cross the Nieman.”


Russia Insider Tip Jar - Keep truth alive!

 

samedi, 12 septembre 2020

Nord Stream 2 menacé : quels enjeux pour l’Europe?

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Nord Stream 2 menacé : quels enjeux pour l’Europe?

Ex: https://www.katehon.com

Le projet de gazoduc Nord Stream 2 n’a jamais semblé aussi proche d’être abandonné, sous la pression de facteurs politiques. Mais pourquoi et qui gêne-t-il tant, et qu’aurait l’Europe à perdre ou à gagner, en y renonçant, à deux tuyaux du but ?

Alors que sa construction est achevée à près de 95%, le gazoduc sous-marin Nord Stream 2 est plus proche que jamais d’être abandonné par ses promoteurs. Les oppositions constantes à ce projet d’infrastructure énergétique russo-européen – de la part des Etats-Unis et de certains pays d’Europe orientale – ont, depuis l’«affaire Navalny», trouvé de nouveaux renforts.

En France, alors que la compagnie Engie – dont l’Etat est actionnaire majoritaire – est investie dans Nord Stream 2 pour près d’un milliard d’euros, le président de la République Emmanuel Macron a confié, fin août, à des journalistes de l’Association de la presse présidentielle ses «réserves» sur la construction du gazoduc. Pour Emmanuel Macron «l'approche qu'on doit avoir auprès de la Russie» ne devait pas «se nourrir d'un accroissement de notre dépendance». Une allusion au doublement de la capacité d'exportation de gaz russe vers l'Allemagne que permettrait l'achèvement de Nord Stream 2.

En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères qui s’indignait encore récemment des menaces américaines contre Nord Stream 2, et martelait que «La politique énergétique européenne [était] décidée en Europe et non aux Etats-Unis», a changé de ton depuis l’empoisonnement présumé de l’homme politique russe Alexeï Navalny. Dans une interview accordée au supplément dominical du quotidien allemand Bild publiée le 7 septembre, Heiko Maas a ainsi concédé :«J'espère vraiment que les Russes ne nous forceront pas à changer de position sur Nord Stream 2.» 

Norbert Röttgen, président de la commission des affaires étrangères de l'Allemagne au Bundestag et candidat à la direction de la CDU – et donc potentiel successeur d’Angela Merkel – est allé plus loin en appelant, le 3 septembre sur Twitter, à renoncer à ce projet: «Après l'empoisonnement de Navalny, nous avons besoin d'une réponse européenne forte, ce que Poutine comprend. L'UE devrait décider conjointement d'arrêter Nord Stream 2.» 

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L'Ukraine au cœur du problème pour Washington et Varsovie 

Aux Etats-Unis, un consensus politique s’est forgé de longue date au Congrès entre Républicains et Démocrates contre ce projet de gazoduc d’un coût de 10 milliards d’euros, dirigé par Gazprom et co-financé par le géant russe du gaz avec cinq acteurs majeurs de l’énergie européens : les allemands Uniper (groupe E.ON) et Wintershall (groupe BASF), l’anglo-néerlandais Shell, l'autrichien OMV et le français Engie. 

Dès le départ ce consensus contre Nord Stream 2 a été lié à l’Ukraine. Un pays que les Etats-Unis souhaiteraient intégrer dans l’Otan, arrimer à l'Union européenne, et par lequel transite encore une part importante du gaz russe exporté en Europe. 

En janvier 2016, donc avant l’élection de Donald Trump, le président ukrainien s’était réjoui de sa rencontre au Forum de Davos avec le vice-président des Etats-Unis qui était alors Joe Biden, aujourd'hui candidat à l’élection présidentielle. Sur son compte twitter, Petro Porochenko pouvait écrire : «Lors d’un entretien avec @VP [le compte officiel du vice-président des Etats-Unis, qui était alors Joseph Biden] il a été clairement dit que le projet Nord Stream 2 était purement politique et que nous devions agir de manière efficace pour y mettre un terme.» 

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Depuis l’élection de Donald Trump, le ton s’est durci et le 20 mars 2018 la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert (photo) lors d'une conférence de presse a martelé: «Comme beaucoup de gens le savent, nous nous opposons au projet Nord Stream 2, le gouvernement américain s'y oppose», ajoutant que Washington ferait tout ce qui est en son pouvoir pour faire capoter le projet russo-européen de gazoduc. 

Nord Stream 2 permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine pour le transit de gaz vers l'Europe, ce qui priverait l'Ukraine de revenus de transit substantiels et augmenterait sa vulnérabilité à l'agression russe

En 2019, le Département d’Etat a publié sur son site une note qui résume la position américaine officielle à propos de Nord Stream 2 qualifié d’«outil que la Russie utilise pour soutenir son agression continue contre l'Ukraine». 

La diplomatie américaine estime aussi que «Nord Stream 2 permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine pour le transit de gaz vers l'Europe, ce qui priverait l'Ukraine de revenus de transit substantiels et augmenterait sa vulnérabilité à l'agression russe». 

Enfin, pour la diplomatie américaine : «Nord Stream 2 contribuerait également à maintenir la forte dépendance de l’Europe à l’égard des importations de gaz naturel russe, ce qui crée des vulnérabilités économiques et politiques pour nos partenaires et alliés européens.» 

«Partenaires et alliés européens» 

Et dans sa guerre diplomatique contre Nord Stream 2, Washington peut compter sur des alliés au cœur même de l’Union européenne. Dès 2015, alors que l’Allemagne n’avait pas encore donné son accord officiel au projet, dix Etats baltes et d’Europe centrale et orientale ont envoyé un courrier à la Commission européenne, dans lequel ils affirmaient que «l'extension de Nord Stream pour livrer des volumes croissants de gaz en Allemagne pourrait avoir de graves conséquences pour les pays de l'UE et Kiev». 

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Dans leur lettre ces pays affirmaient que la préservation de la voie de transport à travers l'Ukraine était «d'intérêt stratégique pour l'UE dans son ensemble, non seulement du point de vue de la sécurité énergétique, mais également une stabilité renforcée de la région Europe de l'Est». Un discours surprenant, dans la mesure où les relations complexes entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’entre Gazprom et la compagnie d’Etat Ukrainienne NaftoGaz, ont conduit à de multiples interruptions des livraisons de gaz à ces pays y compris pendant des périodes hivernales. Des incidents qui contredisent au mois la notion de «sécurité énergétique» invoquée.

Parmi ces opposants au projet de gazoduc russo-européen qui se recrutent principalement dans la «Nouvelle Europe» vantée par le ministre de la Défense des Etats-Unis en 2003 James Rumsfeld, la Pologne se distingue par son ardeur. En janvier 2018 son ministre des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz affirmait au quotidien allemand Handelsblatt que Nord Stream 2 était «en train de tuer l'Ukraine» et expliquait déjà : «Si le transit du gaz russe via l'Ukraine prend fin, le pays ne perd pas seulement des revenus importants, il perd également la garantie de protection contre une nouvelle agression russe.» Une analyse que l'on retrouvera au mot près dans la note du Département d’Etat américain.

A propos de l’Ukraine, Nord Stream 2 a effectivement été conçu pour la contourner et éviter les risques de complications politiques et commerciales qui ont abouti à des ruptures temporaires de livraisons lors des hivers 2006 et 2009, sans compter une multitude d’incidents au cours des années suivantes. Le renouvellement de l’accord de transit décennal via l’Ukraine, qui prenait fin en décembre 2019, a fini par être signé à 24 heures du réveillon de la nouvelle année, après de très âpres négociations qui ont nécessité l’implication forte de la Commission européenne. Mais la Russie n’a accepté de signer que pour cinq ans et avec des volumes minimaux de transport en nette réduction par rapport à la moyenne des années précédentes. Une période de transition vers la marginalisation programmée du transport de gaz russe via l’Ukraine ?

Priorité à l'exportation de ressources énergétiques américaines 

Depuis longtemps le gouvernement allemand voit dans la pression américaine contre Nord Stream 2 un but avant tout commercial : imposer au marché européen un gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis et transporté par méthaniers à travers l'Atlantique en remplacement du gaz russe. 

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Nous estimons qu'il est inacceptable qu'une loi [américaine] puisse demander aux Européens de renoncer au gaz russe pour nous vendre du [gaz] américain à la place, à un prix bien plus élevé

Heiko Mass s’en était déjà offusqué, lors d’une visite à Moscou en juin 2017, déclarant selon le quotidien allemand Handelsblatt : «Nous estimons qu'il est inacceptable qu'une loi [américaine] puisse demander aux Européens de renoncer au gaz russe pour nous vendre du [gaz] américain à la place, à un prix bien plus élevé». Le chef de la diplomatie allemande évoquait les nouvelles sanctions contre la Russie adoptées par le Sénat américain à la mi-juin, et notamment un amendement précisant : «Le gouvernement des Etats-Unis devrait donner la priorité à l'exportation de ressources énergétiques [américaines] afin de créer des emplois américains, aider les alliés et les partenaires des Etats-Unis et renforcer la politique étrangère [américaine].» 

Le 18 mai 2018, lors d’une interview à la chaîne de télévision allemande ARD, le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier livrait à son tour son analyse : «Ils ont une importante infrastructure de terminal de gaz naturel liquéfié dont ils veulent tirer profit […] mais leur GNL [gaz naturel liquéfié] sera nettement plus cher que celui du gazoduc ...» 

«Nord Stream 2 contribuera à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe occidentale»

L’indépendance énergétique de l’Europe est-elle menacée par la Russie comme le martèlent les responsables américains ? Nord Stream 2 ou pas, elle importe de toute façon plus de la moitié (55%) de son énergie et cette proportion devrait augmenter dans les prochaines années. En effet, les réserves européennes, comme celles du gaz de la mer du Nord, sont en train de s’épuiser. Or, la Russie effectivement, occupait en 2018, la première place des fournisseurs de pétrole et de gaz de l'Europe avec respectivement 29,8% et 40,1% de part de marché. Loin devant l’Irak (8,7%) et l’Arabie saoudite (7,4%) pour l’or noir, ainsi que la Norvège (18,5%), l’Algérie (11,3%) et le Qatar (4,5%) pour l’or bleu. 

Pourtant, à rebours des déclarations américaines ou est-européennes, certaines voix en Europe estiment que «Nord Stream 2 contribuera à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe occidentale», comme le disait en juillet 2016 à RT France Gérard Mestrallet, pdg de Engie de 2008 à mai 2016, et président de son conseil d’administration jusqu’en mai 2018. 

«Depuis quelque temps, expliquait-il, la production du gaz est en déclin en Europe et notamment en Mer du Nord, au Royaume-Uni comme aux Pays-Bas. Nous serons donc obligés d’accroître les importations. Il faudra couvrir le déficit à l’aide d'exportations en provenance de Russie, ce qui exige une infrastructure appropriée. C’est pour cela que nous soutenons le Nord Stream 2 et sommes prêts à investir dans ce projet.» 

Le gaz russe qui passe par des pipelines offre en outre l’avantage de la stabilité de prix et de fourniture, grâce à des contrats pluriannuels que ne peuvent efficacement concurrencer des livraisons de gaz liquéfié avec, pour leur transport par voie maritime, une empreinte carbone très défavorable par rapport à des tuyaux sous-pression. 

Le gaz russe est surtout une priorité pour l’Allemagne qui a renoncé au nucléaire et doit réduire sa consommation importante de charbon. Elle reçoit déjà par le premier tronçon Nord Stream 1, inauguré en 2012, près de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Et Nord Stream 2 doit permettre de doubler cette capacité, la portant à 110 milliards de mètres cubes, soit plus de la moitié du volume des exportations actuelles de gaz de Gazprom vers l’Europe. 

Au titre de l'année 2019, Gazprom revendique 199 milliards de mètres cubes de gaz exportés vers l'Europe, dont les deux tiers via des réseaux de conduites terrestres qui traversent l'Ukraine ou… la Biélorussie, des pays qui prélèvent des frais de transit substantiels et ont des relations complexes avec la Russie. 

Ivan Lapchine

Source : RT France

Les noces arrangées Navalny-NordStream 2

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Les noces arrangées Navalny-NordStream 2

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Nous donnons ci-dessous deux textes, qu’il importe de lire avec la plus extrême attention et surtout, surtout, en n’en croyant même pas un demi-mot puisqu’il s’agit de deux textes d’origine russe, l’un de Spoutnik-France , l’autre de RT-France. Qui plus est le second met en scène Zemmour, Eric, agent bien connu et toujours jeune de la très-vénérable Tchéka. Toutes les pièces du dossier sont donc prêtes pour prononcer le verdict avant même que le procès n’ait lieu, rendant inutile de se dépenser en un procès dont le verdict est connu d’avance puisqu’il n’y a pas matière à procès. Il s’avère donc que, bien que n’ayant pas encore sauvé la civilisation dont il est le soutien et le souteneur tout nûment, le bloc-BAO a inventé le mouvement perpétuel. Il en fait le meilleur usage du monde.

Le procès qui n’aura pas lieu, c’est celui du coupable, l’effroyable et infernal trio-maléfique, Moscou-Poutine-FSB, en présence de l’attentat innommable contre Navalny. Puisque le sacrilège est si évident tel qu’on l’a décrit, on est passé directement aux applications diverses de la peine, laquelle passe essentiellement, – très joyeuse nouvelle pour les familles respectives, – par une noce arrangée des culpabilités, entre Navalny et le projet quasi-terminée de gazoduc sous-marin entre la Russie et l’Allemagne, NordStream 2. C’est donc à ce niveau qu’il faut traiter l’affaire.

Au départ, donc, l’attaque contre le malheureux Navalny : montage complet bien entendu, business as usual et toujours les mêmes amateurs au boulot (selon PhG : « On sait depuis longtemps, depuis les trouvailles fameuses de la CIA ridiculisant le secrétaire d’État Powell devant l’ONU en 2003, que les officiers des ‘services’ ont véritablement adopté les godillots des Dupont-Dupond lorsqu’il s’agit de fabriquer des bidouilleries faussaires. ») Il n’empêche et malgré les grognements cyniques et le scepticisme défaitiste de PhG, l’affaire Navalny nième version a été bel et bien lancée début septembre.

Le 3 septembre 2020, Karine Bechet-Kolovko (nommons-là KBK de ses initiales, cela permettra aux organes de ‘désintoxication’ de Libé et du Monde d’annoncer la création d’un nouveau services de subversion russe, chargé de ‘K’, qui est une lettre douteuse et subversive), – KBK donc, qui n’est en général pas si tendre que cela pour Poutine et sa politique qu’elle juge trop laxiste, nous annonçait fort justement et à propos :

« Ca y est, l’opération Navalny tourne à plein régime. Merkel l'a déclaré : la Russie a empoisonné Navalny au Novichok, il n'y a aucun doute. Et comme c'est la Russie, elle doit reconnaître les faits. Et comme il n'y a aucun doute, il n'est pas nécessaire de présenter les preuves. Quant à savoir pourquoi un produit si toxique et volatil a réussi à ne toucher absolument personne dans l'entourage de Navalny, ni dans l'avion, ni dans l'hôpital à Omsk, cela doit faire partie des mystères de la géopolitique. En attendant, la communauté internationale prépare sa ‘réponse’, autrement dit continue son attaque contre la Russie. »

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Le lendemain 4 septembre 2020, le même PhG, nous voulons dire dans le même texte déjà référencé, nous faisait part de ses espoirs que la crétinerie cosmique des amateurs et la crétinerie complète de leurs montages étaient telles que cette affaire Navalny n’iraient pas très loin malgré la goinfrerie zombiesque de la presseSystème à cet égard...

« Cette ‘mécanique’, celle qu’est la presseSystème, ou mainstream outre-Atlantique, fonctionne à cet égard effectivement comme une entité absolument fiable et superbement apprêtée, démarrant au quart de tour, sans demander son reste ni se préoccuper des restes. Pour elle, pour la presseSystème et ses bataillons obéissants, la culpabilité russe est l’existence qui précède l’essence, et au-delà, pour le prochain ‘crime d’État’ de Poutine & Cie, l’essence qui précède l’existence. La culpabilité russe existe avant même que ne soit connu et encore moins commis le crime, tout comme le communiqué de dénonciation du bloc-BAO.
» Tout juste mais tout de même, pourra-t-on noter qu’il existe cette fois un peu moins de place faite à la dernière monstruosité poutinesque, cette narrative Navalny-Novichok, dans le cours de la communicationSystème, essentiellement pour cause de crises diverses en cours qui doivent être régulièrement alimentées et mises en scène avec une durabilité sans faille, et qui prennent leurs aises dans la susdite communication. (Je veux parler des stars de la GCES : Covid19 et dépression à suivre, Grande Émeute2020, etc.) »

Las, c’était sans compter sur l’effronterie et le sens de l’à-propos dans les coups fourrés de Pompeo et de soin ancienne CIA, et sur l’absence de limites de la ‘goinfrerie zombiesque’ de la presseSystème. En effet, aussi incroyable que cela paraissait au départ en regard de la légèreté grossière de l’affaire Navalny et du poids énorme du gazoduc, comme signalé plus haut les familles réussirent à rassembler les deux partis et à annoncer un mariage de convenance entre le pseudo-‘dissident principal’ russe et NordStream 2.

Outre les surprises de l’amour (celui de Navalny-NordStream 2), PhG n’avait pas prévu, dans sa dénonciation de la sottise cosmique des amateurs des ‘services’ anglo-saxons, qu’il y a une sottise encore plus grande et une couardise à mesure du côté européen, et particulièrement de l’Allemagne, dont on nous annonce régulièrement la renaissance de sa puissance, au moins depuis la réunification, et peut-être même depuis les euromissiles de 1979 et la complicité Mitterrand-Kohl de 1982. Rien du tout : l’Allemagne de Merkel est encore plus sotte et plus soumise à ses ‘valeurs’ que lui suggèrent la CIA par courrier diplomatique et la NSA par l’intermédiaire de son portable. Exécution, donc, ‘selon le plan prévu’, et l’affaire Navalny déboule en cascade sur la nécessité absolue, pour sauver la liberté du monde et les Lumières toujours brûlantes de la civilisation, de liquider NordStream 2 pour aider le brave Navalny à se remettre complétement sur pied et à se remettre à savourer sa dose quotidienne de Novichok.

(A propos, pour ne pas oublier la distribution des sucettes en chocolat et pour expliquer sa présentation au Prix Nobel de la Paix 2020, Trump tient à nous rappeler que “c’est moi qui ait eu le premier l’idée” [de couler NordStream 2].) «

Pour autant et en fonction des développements qui nous sont contés dans les textes ajoutés à celui-ci, nous vient comme un des derniers événements en date la bienheureuse possibilité que cette crise-simulacre devienne une vraie crise... La même et avisée KBK déjà citée ci-dessus nous avertit ce 10 septembre 2020 de cette chose intéressante que si le montage se poursuit de façon aussi dramatiquement ridicule du côté du bloc-BAO, il y a désormais le risque d’une grave “crise internationale”, du fait des Russes qui commence à être incommodés. Cela serait en effet la meilleure chose du monde, si, pour une fois en tous cas et peut-être enfin pour “une bonne fois“, les Russes poussaient les feux jusqu’à une vraie-de-vraie ‘grave crise internationale’.

« Au regard de la poussée d'hystérie en Occident autour de l'affaire Navalny, des déclarations agressives du G7 envers la Russie et de l'implication de l'OIAC, la Russie a décidé de réagir fermement. Le ministère des affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur allemand pour lui remettre une note de protestation. Puisqu'à ce jour aucune analyse n'a été transmise aux autorités russes, Navalny est quand même citoyen russe, si les autorités russes ne reçoivent pas les documents demandés, elles considéreront cela comme une provocation hostile, avec toutes les conséquences qui, logiquement, en découlent, faisant reposer la responsabilité de cette crise internationale, non seulement sur l’Allemagne, mais aussi sur l'OTAN et l'UE. A suivre. »

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Enfin, et pour en terminer avec le dossier KBK, il faut signaler la toute-toute dernière nouvelle qu’elle (KBK) a mise en ligne, ce 11 septembre 2020 d’aujourd’hui et de l’anniversaire sacrée que l’on sait, à savoir l’étonnement des Russes relevant que le Conseil de l’Europe avait mis au mois d’août, à son ordre du jour pour la rentrée, le cas Navalny, et cela bien avant que la santé de ce héros de la démocratie ait été mise en péril par cette subversive action dix mille fois russe. L’explication par l’hypothèse du don de voyance du Conseil de l’Europe offerte par KBK ne peut être écartée ; non seulement son sérieux est avéré puisqu’il s’agit du bloc-BAO et de ses vertus, mais il l’est doublement parce qu’il sera assuré, dès lors qu’il s’agit (le Conseil de l’Europe) d’un organe du bloc-BAO, que l’origine du don est elle-même avérée comme vertueuse et divine, donc très-très au-dessus de tout soupçon.

« Une information aussi surprenante que significative vient d’être dévoilée par le chef de file de la délégation russe à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe : dès le mois d'août, avant que l'on ne sache ce qui se passe avec Navalny, l'ordre du jour des séances prévoyait à la rentrée une discussion ... sur Navalny. Si le politiquement correct nous oblige à écarter la voie de la mise en scène concertée de l'exfiltration du blogueur-opposant et de la relance de l'attaque de la Russie, il ne reste qu'une seule explication possible : le Conseil de l'Europe a recours à des voyants ... C'est tout aussi plausible que le Novichok.
» Pietr Tolstoï, à la tête de la délégation russe à l’APCE vient de faire une déclaration qui, à n’en pas douter, passera inaperçue dans les médias occidentaux. Et pour cause.
» “Pour moi, ça a été particulièrement surprenant de voir, encore en août, à l'ordre du jour des séances de la commission des questions juridiques et des droits de l’homme un point prévoyant la discussion de ce sujet (Navalny). Alors qu’à ce moment, il n'y avait absolument aucune information sur l'état de santé de Navalny et ni sur son diagnostic. (...) Il a été demandé aux collègues européens une aide concertée dans l'enquête sur l’incident avec le blogueur Navalny, pour que par la suite, il soit possible de discuter de la confirmation des faits et non pas des rumeurs.” »

Voilà, nous allons nous arrêter là pour l’instant, en attendant les résultats de l’interrogatoire de Navalny par la police russe (en Allemagne, rien que ça !), – lequel interrogatoire sera sans doute refusé pour cause de pandémie Covid19 accompagnant toute diffusion du Novichok. L’on pourrait poursuivre en détaillant le brio de l’intelligence et de l’héroïsme des membres de l’UE, de l’OTAN et du bloc-BAO, décidés à défendre jusqu’au sacrifice suprême le modèle civilisationnel dont les crises à répétition prouvent le bien-fondé et la vertu sans limites. Nous sommes pour l’instant, et pour ce commentaire, un peu découragés par l’amas sans fin de vertus et de brio. Pour un peu de détente, nous préférons laisser l’attention du lecteur se disperser et prendre un peu d’aise avec les textes subversifs et absolument catastrophiques, détestables, déplorables et pitoyables... Voici donc successivement :

« Arrêt du Nord Stream 2: une sanction européenne contre la Russie à double tranchant », de Maxime Perrotin, sur Spoutnik-français le 10 septembre 2020, et ;
« Navalny, la Biélorussie et la CIA : cris d’orfraie après les propos de Zemmour sur CNews », à propos du galopin mucho-subversif remis à sa place par quelques beaux et scintillants esprits EnMarche, sur RT-France le même 10 septembre 2020.
dedefensa.org

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Le double tranchant de NordStream 2

Les appels à interrompre le projet Nord Stream 2 se multiplient, en guise de sanction à l’encontre de la Russie, accusée de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny. Mais cet arrêt du projet profiterait avant tout à ses principaux concurrents, Américains en tête, qui mettent tout en œuvre pour couler le gazoduc avant sa mise en service.

Nord Stream 2 verra-t-il le jour? Le mégaprojet de gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne en passant par la mer Baltique est aujourd’hui sur la sellette, du fait de l’affaire Navalny.

Depuis l’annonce le 2 septembre, par Angela Merkel, que le gouvernement allemand détiendrait la preuve qu’Alexeï Navalny aurait été victime d’un empoisonnement, les appels à remettre en cause le projet de gazoduc se multiplient jusque dans le camp de la chancelière allemande. Alors qu’elle répétait le 1er septembre, face aux menaces de sanctions américaines, son attachement à ce projet entériné en 1997, Angela Merkel a finalement depuis ouvert la porte à son éventuel arrêt.

«Cela serait une première, car cela traduirait un gâchis important», réagit pour Sputnik Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN).

En effet, s’il n’est pas exceptionnel que des projets de pipeline ne voient pas le jour (tel South Stream, qui devait relier la Russie à l’Europe occidentale), le professeur émérite à l’université de Montpellier souligne qu’il est en revanche beaucoup plus rare que des projets mis en chantier soient annulés en cours de route. Nord Stream 2, qui passe par la mer Baltique, est déjà achevé à plus de 95%, sa mise en service étant prévue début 2021.

Ainsi, une telle décision politique s’accompagnerait-elle d’une casse financière considérable pour les compagnies européennes ayant participé à ce projet: le français Engie, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et les allemands Uniper et Wintershall. Sur les 10 milliards d’euros investis dans gazoduc, chacune d’entre elles a mis environ un milliard sur la table, le solde ayant été apporté par le russe Gazprom.

Des compagnies européennes qui sont déjà sous le coup de sanctions américaines. En effet, Nord Stream 2 aurait dû être mis en service en janvier 2020, mais des sanctions adoptées par le Congrès américain fin 2019 à l’encontre des compagnies prenant part à la construction du pipeline ont in extremis interrompu le chantier en provoquant le retrait de la compagnie helvético-néerlandaise Allseas, chargée de construire la section offshore du projet.

Suite à la reprise du chantier, qui enregistre ainsi un an de retard, les Américains ont décidé en juillet d’élargir leurs sanctions à l’égard de toutes les compagnies impliquées d’une manière ou d’une autre (armateurs, assurances, autorités portuaires, organismes de certification, etc.) dans Nord Stream 2, et ce d’une manière rétroactive. Comme le précisait alors à Sputnik la société Nord Stream 2 AG, opérateur du gazoduc, ce dernier fait travailler pas moins d’un millier d’entreprises originaires de 25 pays.

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Des sanctions présentées par les élus américains comme une mesure de «dissuasion contre l’agression russe», dans le contexte de la crise ukrainienne et contre un Nord Stream 2 dépeint comme «une menace pour la sécurité énergétique européenne», car il offrirait au Kremlin un levier de pression. Un dernier argument «pas très crédible» aux yeux de Jacques Percebois, qui rappelle la diversification amorcée en Europe, couplée à la démultiplication des sources d’approvisionnement en gaz à travers le monde. Pour le président du CREDEN, les Européens ne doivent pas être dupes des intentions de Washington.

«L’indépendance énergétique de l’Europe, c’est un paravent derrière lequel les États-Unis s’abritent. La vraie raison derrière, c’est qu’ils souhaitent exporter vers l’Europe du gaz sous forme liquide [gaz naturel liquéfié (GNL), ndlr]. Tout ce qui sera acheté en Russie ne sera pas acheté aux États-Unis. Il ne faut pas se voiler la face!»

De fait, au premier rang de ces nouvelles sources d’approvisionnement en hydrocarbures figurent les producteurs américains, qui ont bousculé le jeu mondial ces dernières années. Portés par la révolution du pétrole et du gaz de schiste, les États-Unis sont rapidement devenus les premiers producteurs de la planète tant de pétrole que de gaz.

Un statut qui va de pair avec certaines ambitions en matière d’exportations, malgré son coût. Lors du premier forum économique sur l’énergie organisé par l’UE et les États-Unis, le 2 mai 2019, Rick Perry, secrétaire d’État américain à l’Énergie, vantait les qualités de son GNL: « Bien que plus cher que le russe », soulignaient nos confrères du Figaro à l’époque, « celui-ci est “fiable” et synonyme de “liberté” pour les Européens.»

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre que Trump a déclaré à la presse, le 7 septembre dernier, qu’il a «été le premier à émettre l’idée» d’asséner un coup fatal au projet Nord Stream 2, qui doit doubler les fournitures de gaz russe à l’Allemagne. L’affaire Navalny tombe donc à pic pour l’industrie gazière américaine.

Autres pays, cette fois-ci en Europe, qui brandissent l’argument d’une augmentation de la pression russe sur les Européens via le levier du gaz: les pays baltes, la Pologne ou encore l’Ukraine. Ces deux derniers pays, pour l’heure, profitent de la manne financière que leur procure le transit par leur territoire… de ce même gaz russe. «Il est toujours prévu qu’il en passe un peu, mais à partir du moment où Nord Stream 2 va entrer en fonctionnement, on n’aura plus besoin de l’Ukraine», précise Jacques Percebois.

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La Pologne est elle-même active en matière de sanctions à l’encontre des entreprises participant à Nord Stream 2. Varsovie a notamment infligé 40 millions d’euros d’amende à Engie après le refus «sans fondement légal» du groupe français de communiquer aux autorités polonaises des détails sur le financement du projet gazier. Aujourd’hui, la Pologne n’hésite pas à brandir l’argument de la préservation de l’environnement. Un positionnement qui peut surprendre au regard de son statut de l’un des plus gros pollueurs européens, notamment du fait de sa consommation record de charbon. Un argument écologique à l’encontre de Nord Stream 2 également repris depuis quelques jours par une partie de la presse française, qui appelle à mettre un terme à un projet «climaticide», ou encore de le renvoyer «dans les dents de Vladimir Poutine».

Pourtant, comme le souligne Jacques Percebois, en cas de non-aboutissement du projet Nord Stream 2, le plan de sortie du charbon de l’Allemagne (deuxième consommateur européen derrière la Pologne depuis sa décision de sortir du nucléaire) à l’horizon 2038 sera lui aussi remis en cause. «Le gaz a une vertu, c’est que c’est la moins polluante des énergies fossiles», souligne le directeur du CREDEN, avec deux fois moins de CO² émis par kilowattheure produit par rapport au charbon.

«Le charbon, c’est un peu moins de 30% de la production d’électricité en Allemagne. S’il n’y a pas ce gaz russe, cela veut dire qu’on va maintenir plus longtemps les centrales à charbon. [14: 35] Renoncer au projet, cela veut dire retarder l’arrêt des centrales à charbon», met-il en garde.

Cependant, l’impact du gaz naturel sur l’environnement est amplifié par la liquéfaction du gaz lui-même, un processus gourmand en énergie, ce qui «pose la question du bien-fondé d’une augmentation des livraisons de gaz liquéfié, par exemple depuis les États-Unis», soulignait dans un article, pourtant critique à l’encontre du Nord Stream 2, Maxime Filandrov, consultant en coopération industrielle et commerciale pour le marché russe et ancien représentant de la Commission européenne à Saint-Pétersbourg, responsable de la coopération entre l’UE et la Russie du Nord-ouest. Quant aux méthodes d’exploitation des hydrocarbures américains, la fracture hydraulique (fracking) est un procédé très loin d’être considéré comme écoresponsable.

La bataille autour de la survie de ce mégaprojet devrait pourtant plus se jouer sur le terrain politique qu’environnemental. Si Jacques Percebois soulignait l’ampleur des «coûts échoués» économiques –une ardoise potentielle de 10 milliards d’euros, rappelons-le–, il souligne en effet que ceux-ci seraient également politiques.

Ce serait bien sûr le cas pour Vladimir Poutine et Angela Merkel, qui subiraient l’affront de voir enterré un projet qu’ils ont soutenu, mais aussi pour Emmanuel Macron, dont l’accord sera nécessaire à cet arrêt. En pleine crise économique, le Président de la République devrait assumer de faire perdre près d’un milliard d’euros à Engie, avec d’imprévisibles conséquences sur l’emploi et l’investissement de l’ancien groupe public. 

Maxime Perrotin

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Navalny, Biélorussie, CIA, Zemmour

Eric Zemmour s'est interrogé sur la main des services américains dans l'escalade diplomatique autour d'Alexeï Navalny, ou dans la situation en Biélorussie. Plusieurs personnalités se sont émus de la diffusion, selon eux, de «propagande» pro-russe.

Le polémiste et essayiste Eric Zemmour n’est décidément pas effrayé par le «qu’en-dira-t-on». Présent comme chaque soir, le 9 septembre, dans l’émission de Cnews Face à l’info, l’écrivain s'est permis une analyse assez peu en vue dans les médias occidentaux traditionnels concernant l’affaire Navalny, mais également à propos des troubles survenus en Biélorussie depuis la réélection, contestée par l’opposition, du président Alexandre Loukachenko le 9 août. Il a émis l’hypothèse d’une entreprise des services extérieurs américains : la CIA. «Certains fantasment sur le KGB devenu FSB, moi je fantasme sur la CIA restée CIA»

«J’essaye de comprendre et il y a des choses qui me troublent. Si c’est Poutine qui a donné l’ordre d’empoisonner cet opposant politique [Alexeï Navalny], pourquoi les médecins russes lui ont sauvé la vie et l’ont transféré en Allemagne pour se faire soigner par les Allemands quitte à voir [le] crime démasqué ? C’est bizarre», a-t-il d’abord déclaré au sujet de l’affaire Alexeï Navalny, opposant qui aurait, selon Berlin été victime d'empoisonnement.

«Il y a cette histoire au moment où les Américains font pression sur les Allemands pour qu’ils renoncent à Nord Stream 2 [projet de gazoduc devant relier l'Allemagne à la Russie] […] Incroyable hasard ! Certains fantasment sur le KGB devenu FSB, moi je fantasme sur la CIA restée CIA», a-t-il poursuivi, ajoutant : «Cela ressemble beaucoup à la CIA.»

Questionné par la journaliste Christine Kelly sur la mise en place de possibles sanctions contre la Russie dans ce dossier, Eric Zemmour a expliqué y être opposé par principe. «C’est contre-productif», a-t-il rétorqué, faisant mention de sanctions prises à l’encontre de la Russie concernant la Crimée qui «se sont retournées contre nous».

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L’auteur du Suicide français a par la suite évoqué la situation en Biélorussie, développant un argumentaire similaire. «Sur la Biélorussie, je vois venir gros comme une maison la CIA derrière parce que c’est un coup qu’ils ont fait depuis dix ans. A chaque fois qu’il y a une révolution orange il y a comme par hasard les Américains derrière, les ONG "sorossiennes" [du financier George Soros] et les services secrets américains. C’est étonnant que BHL [Bernard-Henri Lévy] n’ait pas débarqué en Biélorussie», a-t-il fustigé.

Réagissant sur Twitter, la députée européenne du groupe Renew, Nathalie Loiseau, a dénoncé, selon elle, «l’extrême-droite russolâtre en action». L'ancienne ministre en charge des Affaires européennes a même fait référence à notre média : «J’ai cru que j’étais sur Russia Today. Non, c’est CNews et c’est Zemmour. Ça devient de plus en plus pareil. L’extrême-droite russolâtre en action.»

De son côté, sur le même réseau social, le député MoDem des Français de l'étranger pour l'Allemagne, l'Europe centrale et de l'Est et une partie des Balkans, Frédéric Petit, s'est dit «sidéré d’entendre Eric Zemmour déverser sur une chaîne française la propagande (complotiste) servie par le régime de Loukachenko et la Russie».

Deux versions s'opposent actuellement sur le cas de l'opposant russe Alexeï Navalny, toujours hospitalisé en Allemagne. D'une part, les médecins russes qui ont initialement pris en charge l'opposant, selon lesquels «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'a[vait] été trouvé».

D’autre part, Berlin soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d’un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps d'Alexeï Navalny. Des accusations fermement contestées par la Russie.

Par ailleurs, l'Allemagne a fait savoir être ouverte à un possible gel du projet de gazoduc Nord Stream 2 si la Russie n'apportait pas rapidement les réponses attendues par Berlin, faisant peser une pression supplémentaire sur les autorités russes, déjà ciblées dans l'affaire Navalny par les accusations d'autres gouvernements occidentaux dont la France ou les Etats-Unis.

Concernant le dossier biélorusse, lui aussi au cœur de l'actualité, de nombreuses manifestations de l'opposition se succèdent dans le pays, rassemblant plusieurs centaines de milliers de citoyens, depuis la réélection d'Alexandre Loukachenko lors de la présidentielle du 9 août. L'opposition, emmenée par Svetlana Tikhanovskaïa, arrivée deuxième et qui a quitté le pays pour la Lituanie, conteste les résultats de l'élection et demande un nouveau vote. Le chef d'Etat biélorusse voit de son côté la main de l'étranger dans la crise que traverse son pays. Les autorités biélorusses ont arrêté, ces derniers jours plusieurs membres de l’opposition, comme Maxime Znak et Maria Kolesnikova.

RT-France

vendredi, 11 septembre 2020

The New Axis: Berlin-Warsaw-Moscow-Bejing?

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The New Axis: Berlin-Warsaw-Moscow-Bejing?
 
by Konrad Rekas
Ex: http://oneworld.press
 
In fact, the axis from Berlin through Warsaw to Moscow and Beijing, the continental bridge that realists wrote about, who saw geopolitical and geoeconomic benefits and obviousness – this is the future.

What is the lesson from the anniversary of the Molotov-Ribbentrop Pact? That it was the Polish minister Józef Beck who could and should sign a pact with Molotov or Ribbentrop, and preferably with both - instead of sitting like this… believing in "Western guarantees".

Do Not Count On The Mistakes Of Others By Making Our Own

Poland has focused on the German-Russian conflict many times in its history, most often not supporting either side, but the forces that provoked these clashes. And despite the immediate benefits - it was a strategic Polish FAULT, which had to be based on the hope that one of our great neighbours would also make a mistake and act against their own geopolitical interests. Such a mechanism took place, for example, on the eve and during the Great War, which MUST be an almost successful suicide both for Russia and Germany - because that was the reason why it broke out. A similar situation happened in World War II, when Hitler, in turn, not only betrayed Nazism by selling it to great capital, but also tried to deny the geopolitical destiny of Germany, causing a war only in the interest of the Anglo-Saxons and for their rule over the World. Par excellence, therefore, both the Russian mistake in World War I and the German fault in World War II temporarily paid off for Poland - however, in the first case, almost only because there was simply a season to appoint small and weak national transition states in Central Europe as a necessary stage of reaching World Government (i), and in the second case, we were shielded by the scale of the Soviet victory and the suspension by communism of further geopolitical and civilization processes for less than half a century.

For the truth, the German-Russian alliance, or more broadly the Euro-Eurasian alliance, is the most obvious thing in the World, and it is by no means true that this is a deal, without exception, that can only deadly for the very existence of Poland. Well, that is, this is deadly, but only in a situation where Poland itself assumes the absurd role of the Trojan horse of Atlantism, deliberately acting against its own geopolitical determination. If we, Poles, stop considering as our historical mission to counteract the absolutely necessary combination of the potential of Europe and Eurasia - then we will become BENEFICIARIES, and not a hindrance to this process, which is also profitable for us.

China: A Necessary Fulfilment To Eurasia

Equally evident, but more recent date, is the geopolitical falsehood of the conflict with China, which seems to be the dominant economic power of Asia, and is our natural partner, not an enemy, for Poland and the whole of Central Europe, thus providing an opportunity to escape the trap of medium development and investment, barely keeping us alive, but transferring profits outside our country. And it does not matter for such an emerging natural European-Russian-Chinese alliance that historically China had moments in its long history, or rather makings, when the periodic advantage of the mercantile factor could make it the Ocean Empire. However, there has always been an introverted withdrawal to the Continental areas and the return of the domination of the political factor over the trade factor, typical for this formation.

Now the situation might only look different. But is it really bad? Let us remember, however, that such as United States had all the data to not go Alfred Mahan’s way, but to remain an alternative Continent, that is China has this comfort in the opposite direction to some extent. Their real return to Zheng He’s routes does not have to deny Eurasianism, but only supplement its formula.

Anyway, the Eurasian choice of Europe (including Poland) would be a salvation for all of us from the burdensome American dependence and the destruction of suicide, which for the Old Continent were two World Wars, and for Poland a joyful appearance in the Second one as a pretext, a spark, and the first a victim of a conflict that artificially divides (our) natural allies. In fact, the axis from Berlin through Warsaw to Moscow and Beijing, the continental bridge that realists wrote about, who saw geopolitical and geoeconomic benefits and obviousness – this is the future. Let us not repeat the mistakes of our ancestors, let us not ignore the reality that is happening around us. Whenever we went against our geopolitical destiny in history, only sacrifice and destruction awaited us. It is high time to change that.

(i) Nota bene, on the eve of the Great War, Russia was planning to give Poles independence, because it was already fed up with us, and its ruling spheres felt a deep reluctance to think about joining more lands inhabited by Poles. In addition, the Russians finally found a partner, in the form of Polish National-Democracy, to whom they could leave Poland - both in the conviction of the unity of interests and the durability of such governments in reborn Poland, more reliable than conservatives deprived of social support. This has been a theme that has been running in Polish-Russian relations for 300 years. Already Catherine II, sending Nikolai Repnin to Poland as her ambassador, instructed him: "We need reliable Poles!". And nothing has changed since the times of the Great Empress...

By Konrad Rękas
Polish journalist
 

dimanche, 06 septembre 2020

Stolypin vs. Bogrov: Themes of Ethnonationalism in Solzhenitsyn’s August 1914

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Stolypin vs. Bogrov:
Themes of Ethnonationalism in Solzhenitsyn’s August 1914

The white man stood tall and proud. He was handsome and confident, and was well-dressed in his white summer-weight frock coat. Regal, although not quite the Tsar. As Prime Minister, he was the next best thing. Despite this, Pyotr Stolypin had remarkable little security around him when he attended a play at the Kyiv Opera House on September 14th, 1911. His relationship with the Tsar had soured a bit recently due to his insistence that the local governments of the western provinces (called zemstvos) be dominated by the Russian people and not the influential Polish landowners. He had also alienated the Empress over his disapproval of her great friend Rasputin.

51VB0BQ6ZCL._SX308_BO1,204,203,200_.jpgStill, he was secure in his wildly successful record as prime minister. In the Russia he loved, the economy was strong, people were working, and the threat of revolution which had haunted the Romanovs for decades had finally subsided. War was also no longer on the horizon. Recently, he had convinced the Tsar not to mobilize against Austria-Hungary over a pesky affair in the Balkans. Foreign policy was so easy for Stolypin; he never understood why people struggled with it. As Aleksandr Solzhenitsyn tells us in the expanded version of August 1914:

He was in his prime and at the height of his powers and he infused the whole administration with his own youthful vigor. He hid nothing, stood where all Russia could see him, and left no dark patches where slander might flourish. He lived up to his name, the pillar (stolp) of the Russian state. He became the hub of Russian life as no Tsar had ever been.

Throughout his and the Tsar’s stay in Kyiv in mid-September, there had been whispered rumors of conspirators and assassination. But Stolypin had paid it little mind. Leftists and anarchists had tried to murder him several times before, and he had survived. And what good would a bulletproof vest be against a bomb, anyway?

The Jew Bogrov, on the other hand, had had his eye on Stolypin for a long time. He was well-dressed and pretentious in his pince-nez. He came from a well-off family, but had been steeped in revolution from an early age. He had a powerful, disciplined, and calculating mind, yet he was “weak and sickly in appearance,” Solzhenitsyn tells us. He had “puny arms, and a stoop, as though his growth had been stunted.” He knew the Tsar was inconsequential. He knew Stolypin was “the kingpin of the regime.” If anyone in the Russian government should be targeted for assassination in the name of all the non-Russian people in the Empire — especially the Jews! — it would be him.

Despite having done nothing directly against the Jews, Stolypin was the enemy of the Jews because he

. . .boosted Russian national interests too blatantly and too insistently — the Russianness of the Duma as a representative body, the Russianness of the state. He was trying to build, not a country in which all were free, but a nationalist monarchy. So that the future of the Jews in Russia was not effected by his goodwill toward them. The development of the country along Stolypin’s lines promised no golden age for the Jews.

Bogrov remarked to himself how easy it had all been. Several years as a double agent working for the blockheads at the Okhrana, feeding them lies, feeding them hopes, feeding them some of the more surly and self-destructive elements of the Revolution from time to time. They trusted him, the idiots. And so, when he invented rumors regarding Stolypin’s assassination during the Tsar’s upcoming visit to Kyiv in September, these complacent Okhrana fools had asked Bogrov to be in Kyiv as well — in case he can help locate the conspirators. Help locate the conspirators! He was the conspirator. They even gave him a ticket to the play that Stolypin was going to attend! It was almost as if they wanted to give their empire away.

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Dmitri Bogrov

And when that fateful moment arrived, Bogrov did not hesitate. It was the decisive historical moment for which he was born. He pumped two bullets in Stolypin with his Browning revolver — one in the hand, and one in the chest. The great man watched his assassin’s black back “wriggling away up the aisle” like a speedy insect. He died three days later. For Solzhenitsyn, this was nothing less than catastrophe, effectively the first eddies in a swirl of nihilism, war, and death that soon would consume Europe. With the death of Stolypin came the death of Russian nationalism, and the resulting rejuvenation of dangerous and destructive ideologies such as imperialism, globalism, and pan-Slavism, all of which could be said to have contributed to the disaster that was the First World War.

A fatal pistol shot was no new event in Russian history.

But there was never one so fraught with consequences — for the whole of the twentieth century.

Neither at that moment nor later did the Tsar go down to the wounded man.

Didn’t come to him. Didn’t come near him.

But what those bullets had slain was the dynasty.

They were the opening shots of the fusillade at Yekaterinburg.

*  *  *

Themes of nationalism appear often in the works of Aleksandr Solzhenitsyn, especially in his essays, speeches, and histories. It’s a subject the man clearly thought deeply about. But in his fiction, nationalist themes become a bit more obscure — as they should. Themes in fiction (especially political themes) should never be as explicit than the more immediate fictive elements such as character, plot, and conflict. These are what readers crave when they are being told a story. August 1914, the first work in Solzhenitsyn’s Red Wheel epic, however, makes themes of nationalism more explicit. . . more so than any other of his novels. Then again, August 1914 isn’t really a novel. It’s a novelization of history, the admixture of pure fiction and hard documentary. It almost requires that one have an advanced knowledge of the subject matter before embarking upon its story — and to have a concern about nationalism.

In chapter one, young Isaaki Lazhenitsyn, a farm boy from Sablinskaya, boards a train. He had lied to his family about having to return to university a few weeks early when in reality he was preparing to enlist. The war was hardly three weeks old, and already there were reports of Russian and Serbian victories. At the train station, Isaaki by chance meets Varya, an old high school friend who once harbored a crush on him. Thrilled to see him, Varya proposes they spend some time together and then asks where he’s headed. A little embarrassed, he admits that he’s on his way to Moscow to volunteer.

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Varya is horrified. This is not the progressive, pacifistic, idealistic youth she knew. They had studied all the literature and ideas of the intelligentsia together. “A fine thing!” she thinks, “Surrendering to vulgar patriotic feeling, betraying all his principles.” She hurls argument and argument at him against going to war, and Isaaki’s only response is, “I feel sorry for Russia.”

In chapter four, young Ksenia Tomchak can barely contain her embarrassment of Russia. Despite being raised on a prosperous Ukrainian farm, she pines for the stylish life in Petersburg. She longs to dance like Isadora Duncan, and one August morning tries scheming with her brother Roman to abandon her university classes for the dancing life. The very idea of staying home and being a farmer like her father and ultimately marrying a Ukrainian peasant simply appalls her.

Later that morning, she’s receives a gentle scolding from her stepmother Alina. “Russia’s roots are here,” the older woman says.

It saddens me, Ksenia my dear, that everything here inspires either shame or ridicule in you. There is, of course, a lot that is shameful and ridiculous, but still this is where you see how real Russian people live, where you can feel the bedrock under the soil. The grain for our daily bread is grown here, not in Petersburg. You even find the church fast days superfluous. But fasting helps people to grow spiritually.

In chapter twenty-one, two officers meet during a lull in battle. General Nechvolodov, a traditionalist and monarchist in his fifties, remarks to himself how he had taken command of the very regiment that had put down the 1905 uprising in Moscow. This regiment had been the “sole prop of the throne,” according to Solzhenitsyn, and here he was discussing the throne with the younger and quite thoughtful Colonel Smyslovsky. Where Smyslovsky questions the war in the vast cosmological scheme of things, Nechvolodov tells him that he “can’t look beyond Russia.”

“You know, a lot of us don’t understand even Russia,” Smyslovsky argues. “Nineteen out of twenty don’t understand what ‘fatherland’ means. Our soldiers fight only for their religion and for their Tsar — that’s what holds the army together.”

“It’s all the more important that the idea of the fatherland should be cherished in every heart,” the older man responds.

Smyslovsky is aware that Nechvolodov had written a book entitled Tales of the Russian, a popular work of middling quality meant to inspire patriotism in the Russian public. He was afraid that the general would start boring him by quoting from his own work. Despite this, and his sense of greater sophistication, Smyslovsky appreciated the old man. “Alexei Smyslovsky himself had outgrown both the Tsar and religion, but the fatherland was something he understood very well.”

Later, in chapter fifty-four, Solzhenitsyn reveals what a lonely figure Nechvolodov really is:

He did not feel that Russian history was something separate from his army service, but rather was a shared tradition outside of which his own present service as an officer would be meaningless. . . . If Nechvolodov’s devotion to the monarchy had seemed extravagant to the generals and alarmed them, it now incurred the ridicule of the educated, who held that Russian history could only arouse derision and disgust — if, of course, it could be said ever to have existed.

In a century, things have not changed for nationalists of all stripes, except that perhaps the globalist pressure for them to completely disavow their own history, inheritance, and identity has only gotten worse. Solzhenitsyn perceived this trend clearly and presented it in its own historical context within the pages of August 1914.

*  *  *

220px-StolypinCrop.JPGWhen Solzhenitsyn first published August 1914 in 1971, he hadn’t included the Stolypin and Bogrov chapters. When he did, slightly more than a decade later — after having gained access to Western libraries during his exile from the Soviet Union — he added ten chapters and nearly 200 pages, much of which was in small type and dealt with the minutiae of Stolypin’s interactions with the Duma. If Solzhenitsyn’s nationalism and his Judeo-skepticism had been in any doubt before he published the expanded version of August 1914, this was the work that began to remove it.

He had dared to use anti-Semitic stereotypes to depict Bogrov. Solzhenitsyn’s Bogrov was a scheming, two-faced, lying manipulator. He constantly thought one thing and said another. Bogrov was highly intelligent but soulless, egomaniacal, and neurotic. “He was racked by a feeling of spiritual unfulfillment, an indefinable anxiety,” Solzhenitsyn tells us. “He loved himself. And he despised himself.” He was physically weak and averse to all forms of labor. He was crooked and raspy, and slack and sickly. He was rootless and consumed by his own hatred of the Other — in his case, the Russians. There was nothing the Russians could do besides cede power to the Jews that would satisfy him. He lusted after revenge as if it were a whore. He was a Jew who wasn’t religiously Jewish but whose throbbing racial identity achieved primacy in his fevered mind. He could not bear the Russians being in control of Russia and in control of his people — and it did not matter how benign that control actually was. All slights in the past against Jews were remembered, and kept close, and sharpened like weapons. All slights by Jews against Russians never even entered his mind.

When the expanded August 1914 was published in 1983, many Jews took exception to Solzhenitsyn’s depiction of Bogrov, claiming it was highly stereotypical. (And to be fair, there were some Jews who defended Solzhenitsyn to varying lengths.) Lost in this, however, was that Mordecai Bogrov was a Jew, he did assassinate Pyotr Stolypin, and he did act as a double agent with the Okhrana. Solzhenitsyn used whatever documentary evidence he could find to build a believable psychological composite of the assassin. As he describes in Book 1 of Between Two Millstones, shortly after arriving in America:

That summer I had brought with me the first stack of personal accounts that elderly Russians had sent me by way of the San Francisco newspaper Russkaya Zhien (Russian Life). An even larger stack had come to me from New York’s Novoye Russkoye Slovo (New Russian Word), and more personal accounts were arriving — all I had to do now was read them! Not to mention that more packages were coming over the ocean from Paris’s Russkaya Mysl (Russian Thought).

It was as if all these elderly people, contemporaries of the Revolution, were handing Alya and me the baton of their struggle; and the personal account of every person impressed me as if I had met that person in those years.

Any less of the psychological intensity and fragility of Bogrov and we wouldn’t have a believable assassin. Solzhenitsyn puts us in the mind of an unstable yet competent killer. How else should he have portrayed him? Sane, law-abiding, and self-composed people do not assassinate world leaders. If Solzhenitsyn portrayed Bogrov as a villain, it’s because he was a villain, both in August 1914 and in history. Furthermore, Jews were highly overrepresented among Left-wing and anarchist radicals back then (as they continue to be). Here’s Solzhenitsyn describing Bogrov’s university milieu:

Choosing his party was the most important decision of a man’s life. Bogrov wobbled between the uncompromising Maximalists and the anarchists. Among the anarchists, some of them in their twenties, some not yet that old — Naum Tysh, the Grodetsky brothers, Saul Ashkenazy, Yankel Shteiner, Rosa No. 1 (Mikhelson), and Rosa No. 2. . .

Solzhenitsyn also drops names of other Jewish radicals Bogrov knew such as Yuda Grossman, Hanna Budyanskaya, and Ksenia Ternovets. So why is it outlandish for Solzhenitsyn to imply that it was no coincidence that a self-identifying Jewish radical murdered Stolypin when so many of the radicals of the time were self-identifying ethnic Jews? Should he have done something as dishonest as tacking negative Russian traits onto his “Bogrov” character in order to in order to ward off the philo-Semitic vengeance mob ahead of time?

51dMYSgZNNL._SX288_BO1,204,203,200_.jpgSolzhenitsyn’s critics also overlooked how Solzhenitsyn took a similar approach with his depiction of his near-psychotic Lenin in Lenin in Zurich [2]. Was that anti-Semitism as well? Yes, Lenin was a quarter Jewish, but Jewish complaints converged not around Solzhenitsyn’s positively revolting Lenin but around his treatment of the Jew Parvus (born Izrail Lazarevich Gelfand) as embodying every negative stereotype one can think of in a fat, sleazy, unscrupulous, Jewish financier. But with such a large proportion of radicals being Jewish, and with most racial and ethnic stereotypes being born from truth, one can respond to such complaints by quipping that if the shoe fits, then wear it.

Furthermore, did any Jewish critic of Solzhenitsyn complain when he penned the following paragraph about Kulyabko, the Russian Okhrana official whom Bogrov duped so easily?

Sleepy Kulyabko’s mind, however, was less active. The stupidity in Kulyabko’s face was not just an individual trait, it was characteristic of his type, perhaps of his race. He scratched and pulled his dressing gown around him. He had noticed nothing.

Bogrov refers to Kulyabko as a blockhead because he was a blockhead. Where Bogrov wriggles like an insect, Solzhenitsyn sees Kulyabko “waddling like a drake.” Does this make Solzhenitsyn anti-Russian? If anything, most of the Russian authority figures from the Tsar on down (excluding Stolypin) are either stupid, self-serving, weak, vain, or just plain lazy. Notably, the police chief Kurlov — the man in charge of security in Kyiv who once promoted Kulyabko well beyond his ability in the Okhrana — is portrayed as a detestably self-serving careerist. Solzhenitsyn spares nothing in exposing many of his fellow Russians for allowing the twin disasters of the First World War and the October Revolution to happen.

Did Solzhenitsyn’s Jewish critics even care? Perhaps they didn’t realize that in writing August 1914, Aleksandr Solzhenitsyn was holding up a mirror to his own people, just as he was doing to them.

*  *  *

In an ironic twist, Solzhenitsyn pursues themes of nationalism and ethnonationalism through his treatment of Jews and the Jewish Question in August 1914. Of course, Bogrov identifies as an ethnic Jew and believes that he is striking a righteous blow for his people in murdering Stolypin.

“Precisely because I am a Jew I can’t bear the knowledge that we are still living — if I may remind you — under the heavy hand of the Black Hundred leaders,” he tells a conspirator. He also knows that targeting Stolypin will not incite pogroms the way targeting the Tsar would — and ultimately he was right. Bogrov always acts as a member of a nation within a nation, who above all, wants no harm to befall Jews.

The Jews of Kyiv seemed to have shared this attitude:

Next day, Sunday, a rabbi was allowed in to see the condemned man. “Tell the Jews,” Bogrov said, “that I didn’t want to harm them. On the contrary, I was fighting for the benefit of the Jewish people.”

That was the one and only part of his testimony to remain unchanged.

The rabbi said reproachfully that Bogrov might have caused a pogrom. Bogrov replied, “A great people must not bow down to its oppressors!”

This statement also was widely reported in the press.

The obvious ethnocentrism of these Jews should not escape attention. After Stolypin was murdered, they did not mourn for Russia. They fretted only for themselves. Shortly after the assassination, the Kyiv rabbis appealed to the Russian authorities to protect them from impending pogroms. And this is exactly what the authorities did, posting thousands of soldiers in the Jewish quarter to make sure law and order was maintained. And it was. Meanwhile, “[m]any Jewish students in Kyiv went into mourning for Bogrov.”

aout-quatorze-241901-264-432.jpgAugust 1914 also contains one of the few wholly positive Jews in Solzhenitsyn’s fiction: Ilya Isakovich Arkhangorodsky. Based on a real-life benefactor of Solzhenitsyn’s mother, this character is a wealthy and well-respected engineer who embodies the conundrum of nationalism among racial minorities. To whom should the minority pledge its allegiance? To its nation or to its nation within a nation? The middle-aged Ilya Isakovich belongs in the former category. Late in the book, during the early days of the war, he entertains an engineer friend over lunch with his family. Included are his radical daughter Sonya and her friend Naum — both fervent believers in revolution.

The young people are ashamed of Ilya for having recently taken part in a demonstration of Jewish patriotism in the city of Rostov. The young Jews can barely contain their contempt for the old man. Here are the nauseating details:

The synagogue, which had a choir, was decorated with tricolors and a portrait of the Tsar; there were soldiers present and the service began with prayers for the victory of Russian arms. The rabbi’s speech was followed by one from the chief of police, “God Save the Tsar” was sung, then some twenty thousand Jews paraded through the streets with flags and placards bearing the words “Long live great Russia, one and undivided,” accompanied by a body of newly enlisted volunteers. They held a mass meeting by the statue of Alexander II, they sent greetings to the city police chief and a loyal telegram to the Tsar. . .

When asked to explain his obsequiousness towards the Russians, Arkhangorodsky explains that his interest is to build, not to tear down. He sees revolution as a “prolonged process of insane destruction” and wonders if the mills he has built will continue to grind under communist rule. He also sees the revolutionaries as privileged children who don’t know how to build anything and predicts that they will replace the Monarchy with something worse. But his reasons aren’t entirely practical.

The paths of history are more complicated than you would like them to be. The country you live in has fallen on evil times. So what is the right thing to do? Let it perish, and to hell with it? Or say: “I too want to help you. I belong to you?” Living in this country as you do, you must make up your mind and stick to your decision: do you, heart and soul, belong to it, or do you not?

Clearly, Arkhangorodsky is contemplating the issue of identity. He chooses a Russian identity because he allows his Jewish identity (which he never denies in August 1914) to carry little political weight. Beyond his family, his political loyalty is to the Tsar and the nation and people he represents. When Sonya takes him to task for the historic and ongoing oppression of Jews in the Russian Empire, he insists that Jews must “rise above it.” When Sonya accuses him of paying homage to the anti-Semitic Black Hundreds, he responds by referring to similar dangers presented by the Red Hundreds. In this sense, Arkhangorodsky is speaking not just like a true reactionary but also like a Russian patriot. He’s concerned for Russia and fears how both radical groups may one day tear it apart.

Neither Arkhangorodsky nor Solzhenitsyn offers any solution to the question of nationalism among minority peoples. But the implication is clear: nationalism is real, and ethnonationalism becomes extremely complicated when multiple ethnic or racial groups occupy the same country. A gentile nation with Jews such as Ilya Isakovich Arkhangorodsky can prosper greatly. Sadly, however, his daughter Sonya and her friend Naum — and perhaps even Bogrov himself — were closer to the norm among Russian Jewry at that time. In only three years, this imbalance would play a major part in causing the great cataclysm which Arkhangorodsky had feared all along.

*  *  *

Of course, the central historical figure of the expanded August 1914, more than General Samsonov, more than Lenin, even more than Tsar Nicholas II, is Pyotr Stolypin. Students of the Right should read these Stolypin chapters carefully because Solzhenitsyn illustrates what is, in effect, not merely a splendid statesman but the ideal ethnonationalist.

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It was not a question of knowledge, or conscious thought, or intent; it was just a persistent and poignant feeling that the Russian land and the Russian peasant were inseparable, that both were inseparable from Russia, and that away from the land there was no Russia. He had a constant anxious awareness of all Russia as though it were there in his breast. Unsleeping compassion, a love that nothing could alter.

As such, Stolypin believed that the monarchy’s prime goal was to “raise the prosperity of the peasantry.” This alone made him remarkable among the chattering fortune and power-seekers within the Russian government. This also won him many enemies on the Left and the occasional opponents on the Right. So hated was he that he survived multiple assassination attempts — one of which, a bomb attack, crippled his daughter for life. But in the Duma, he could think quickly on his feet and often skewered and embarrassed his Left-wing adversaries. He was always prepared and he savored debates. Once, after an egregious insult from a Leftist member of the Duma, Stolypin challenged him to duel. Being cowardly in nature, the Leftist was forced back to the rostrum to publicly apologize to Stolypin.

Stolypin’s reforms centered mostly around neutralizing the socialist communes which were impeding the productivity and welfare of the peasant. Prior to his becoming prime minister, Progressives had persuaded the Tsar to enact various socialist reforms dealing with peasant use of farmland. While not standing in direct opposition to his autocrat, Stolypin understood that “egalitarian land use lowers agricultural standards and the general cultural level of the country at large.” He worked to revive the zemstvos, he removed all restrictions on peasant rights, he encouraged democratic reform on the district level, and he increased the autonomy of local governments — all of which undermined the control the communes had over the peasantry. Stolypin also toured the provinces and met with the people. He’d often dive into hostile crowds unarmed and win them over with reason and charisma. The result was a staggering increase in economic prosperity.

Stolypin also knew not to give into to the radical Left. Its representatives in the Duma, he knew, could not call for an end to terror because that would be an end to their careers. He would deal with them when he could, but when it came to law and order, he was unbending:

Stolypin told himself that the tougher he was to begin with, the fewer lives would be lost in the end. Excessive leniency at the beginning could only increase the number of victims later. He would use conciliatory methods where persuasion was possible. But the mad dogs would not be converted by persuasion — swift and relentless punishment was the only thing for them. What sort of government would it be (and where in the world would you find another?) that refused to defend the state order and forgave murderers and bomb-throwers?

41+HjZ8CkrL._AC_UL600_SR390,600_.jpgStolypin saw Christianity as being historically bound with Russia, and saw that adhering to Russia’s historical principles would be the antidote to rootless socialism. He saw patriotism as a necessary virtue. He was also a great defender of the Autocracy and its divine mandate. Most of all, he was a Russian who believed that ethnic Russians should control Russia — just as many white nationalists in the West today believe that whites should remain in control of their ancient homelands.

The State Duma must be Russian in spirit. The other nationalities which form part of Our Domain must have deputies in the Duma to represent their needs but they must not, and shall not, appear in numbers which give them the possibility of determining matters of purely Russian concern.

When the newspapers reported on Stolypin’s assassination, few defended him. The Left-wing media did everything it could not to celebrate his passing, and his deteriorated relationship with the Emperor and Empress made defending him difficult for Right-wing outlets as well. But one paper, New Times, saw Stolypin’s assassination most clearly according to Solzhenitsyn: it was nothing less than an assault on Russia, and it made Pyotr Stolypin a martyr for Russian nationalism.

Given that the waves of Leftist tyranny that followed Stolypin’s death still crash menacingly against the shores of traditional white homelands today, Pyotr Stolypin can now be seen today as a martyr for white nationalism as well.

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vendredi, 04 septembre 2020

Kris Roman ontmoet Robert Steuckers over Witrusland

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Время Говорить

Kris Roman ontmoet Robert Steuckers over Witrusland

Nederlandse versie

 
In het praatprogramma Время Говорить ('Time to Speak - Tijd om te Spreken') ontvangt Kris Roman speciale gasten die hun bevindingen en kennis over actuele onderwerpen aan het grote publiek uitleggen.
 
In deze aflevering, opgenomen op 25-08-2020, is Robert Steuckers onze gast. In augustus 2020 begon een opstand in Wit-Rusland. Wat zijn de oorzaken? Waar zal dit eindigen? Geopolitiekspecialist Robert Steuckers beantwoordde deze vragen. Robert Steuckers is een specialist in geschiedenis en geopolitiek. Hij spreekt meerdere talen, waaronder Frans, Nederlands, Engels, Duits, Spaans, etc. Hij heeft talloze lezingen gegeven. Hij schreef talloze geopolitieke teksten. Hij heeft verschillende boeken van hoge kwaliteit geschreven en gepubliceerd, waaronder een driedelige serie genaamd "Europe", een tweedelige "the German Conservative Revolution", Nordic Pages en Celtic Pages. Hij schreef een boek over de Duitse politieke filosoof Carl Schmitt. Vergeet niet dat Robert Steuckers zijn mening en zijn analyses in honderden artikelen heeft neergepend.
 

mardi, 01 septembre 2020

Kris Roman rencontre Robert Steuckers pour parler des événements de Biélorussie

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Время Говорить

Kris Roman rencontre Robert Steuckers pour parler des événements de Biélorussie

Version française

 
25 août 2020: Dans le talk show Время Говорить («Il est temps de parler»), Kris Roman reçoit des invités qui expliquent au grand public leurs découvertes et explicitent leurs connaissances sur des sujets d'actualité. Dans cet épisode, enregistré le 25-08-2020, Robert Steuckers est notre invité pour parler de la Biélorussie.
 

dimanche, 30 août 2020

Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

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Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

Le chaos post-Covid dans lequel se débat l’empire occidental capitaliste pourrait bien rebattre les cartes des alliances géopolitiques plus vite qu’il n’y paraît. « L’Alliance eurasienne définitive est plus proche que vous ne le pensez », écrit le journaliste Pepe Escobar dans un récent billet.

Rappelons que l’Eurasie désigne conjointement l’Europe et l’Asie en tant que continent unique. Comme nous l’explique le Grand jeu à longueur de ses chroniques reprises sur le yetiblog, l’alliance Moscou-Pékin est déjà factuelle à l’heure qui l’est. Ces deux puissances ont bien compris qu’une véritable puissance se mesurait à deux critères :

  • son autonomie économique-énergétique-technologique (souveraineté)
  • une alliance intelligente avec le ou les puissances qui peuvent lui permettre de se procurer ce dont elle manque encore.

Il est une autre chose que ces deux puissances émergentes ont aussi très bien assimilé : on ne peut plus compter sur une vieille puissance décatie comme l’est l’Amérique de Trump (ou de Biden). Pepe Escobar citant Poutine :

« Négocier avec l’équipe Trump, c’est comme jouer aux échecs avec un pigeon : un oiseau dément qui marche sur l’échiquier, chie sans discernement, renverse des pièces, déclare la victoire, puis s’enfuit. »

Le pragmatisme allemand dans l’océan des dérives psychopatheuses occidentales

À la différence de leurs homologues déments du bloc occidental. Poutine et Xi Ping ont ceci de commun qu’ils sont de vrais chefs d’État pragmatiques et intelligents, pas les chargés de mission demeurés et inopérants de quelques mafias financières occultes en pleine désintégration (suivez mon regard du côté de l’Élysée).

Un seul pays occidental échappe au carnage psychopatheux qui frappe le bloc occidental : l’Allemagne. C’est le fameux pragmatisme allemand qui a permis à ce pays de se tirer de l’épisode pandémique de coronavirus bien mieux que ses voisins européens. C’est le pragmatisme allemand qui a fait de Berlin la puissance dominante de l’assemblage hétéroclite qu’est l’Union européenne. Et soyez persuadés que Frau Merkel a pris depuis longtemps la mesure de la déliquescence de ses homologues washingtoniens quels qu’ils soient ou quels qu’ils pourraient être après la présidentielle US du 3 novembre.

Lorsqu’il parle d’« alliance eurasienne » – qui devrait inclure l’ensemble de la partie occidentale du continent européen – Pepe Escobar évoque naturellement surtout une jonction Berlin-Moscou-Pékin, les autre pays membres de l’UE étant partie négligeable, sinon ridicule.

Le lobbying de Moscou et de Pékin auprès de Berlin

Il va de soi que l’Allemagne a encore de nombreux intérêts à défendre au sein du bloc occidental, ses exportations d’automobiles vers les États-Unis par exemple. Mais l’effondrement économique de l’Occident, les désordres monétaires qui finiront par s’ensuivre avec un euro trop fort pénalisant les exportations allemandes, le constat enfin que l’axe Pékin-Moscou est en train de prendre l’ascendant militaire sur l’empire US, y compris dans sa chasse-gardée maritime, font grandement réfléchir la chancellerie allemande. Se couper de l’approvisionnement en gaz et pétrole russes, risquer de subir une fermeture du détroit d’Ormuz suite aux agressions permanentes du Deep State US contre l’Iran serait suicidaire pour l’Allemagne.

Si l’axe Moscou-Pékin est déjà une réalité, écrit Pepe Escobar, le rapprochement Berlin-Pékin est déjà largement avancé. Et le chaînon manquant, mais pas si lointain, pragmatisme oblige, est le lien Berlin-Moscou. La conclusion imminente du Nord-Stream II, le lobbying malin de Moscou pour séduire Frau Merkel et surtout les séquelles économiques inouïes de l’épidémie de Covid sur le capitalisme occidental, pourraient bien précipiter ce jeu de bascule fatal pour Washington.

=> Lire : Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think par Pepe Escobar sur Zero Hedge.

samedi, 29 août 2020

Le « mystère russe » au chevet de l’Occident

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Le « mystère russe » au chevet de l’Occident

Après Eugène-Melchior de Vogüé ou comment la Russie pourrait sauver la France , la Guebwilleroise d’origine russe Anna Gichkina publie un nouvel essai sur son thème de prédilection : L’Europe face au mystère russe : transcendance, nation, littérature.
 
Propos recueillis par M. PF.
Ex: https://www.lalsace.fr
 
 

Historiquement, l’Occident est issu du rationalisme grec, du droit romain et de la tradition chrétienne. J’appelle « naturelles » les valeurs morales qui en découlent. En rejetant son héritage chrétien, l’Occident tourne le dos à ces valeurs. Le libéralisme, tel qu’on le connaît justifie toute action individuelle qui ne dérange pas d’autres individus. Poussé à l’excès et sans encadrement, comme c’est le cas aujourd’hui, il donne lieu à une société où le matérialisme triomphe. L’Occident a perdu la notion d’éternité au profit de l’hédonisme et de la vision à court terme.

31h3qOp1YqL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgLe rejet de la religion est-il vraiment la source de tous les maux de l’Occident ?

« Si Dieu n’existe pas, tout est permis », écrivait Dostoïevski (c’est en fait la synthèse d’un passage des Frères Karamazov, N.D.L.R.). Quand il n’y a plus de points de repère, ou plutôt quand l’Homme fixe ses propres règles, il finit par les changer. Et sans toujours en imaginer les conséquences.

Si l’Occident va mal, que dire de la Russie où, pour ne prendre que l’exemple le plus récent, l’opposition est malmenée par le pouvoir en place ?

Y a-t-il vraiment plus de violences du pouvoir en Russie que contre les manifestants en France ? Plus sérieusement, je sais très bien que tout n’est pas parfait là-bas. La Russie, même si elle va mieux qu’il y a quelques années, est un pays qui est encore très mal organisé en comparaison de la France. Il y a encore des choses aberrantes, trop de corruption, trop de pauvreté, notamment dans les campagnes…

Malgré cela, vous estimez qu’elle a beaucoup à offrir à l’Europe…

Oui car, en dépit de tous ses défauts, elle ne tourne pas le dos à sa tradition et sa religion (majoritairement orthodoxe, N.D.L.R.). Malgré son histoire tourmentée, le pays revient toujours à ses fondamentaux. Il vit avec la conscience de son histoire et la volonté de la porter et de la transmettre. L’idée que la Russie est un « pays-messie » est partagée par de nombreux penseurs et écrivains russes.

Qu’est-ce que le « mystère russe » qui donne une partie de son titre à votre ouvrage ?

C’est cette façon de toujours se relever de ses malheurs et d’aller de l’avant sans jamais se couper de son passé ni s’enfermer dans un progressisme vide de sens. Le philosophe russe Nicolas Berdiaev (qui a d’ailleurs passé une partie de sa vie en France, N.D.L.R.) avait trouvé une formule pour expliquer cela : « La beauté des ruines appartient au présent ». Et puis il y a la littérature…

La littérature russe pour « sauver » l’Occident ?

Dans mon livre, je parle de « sainte littérature russe ». Le XIXe siècle est considéré à juste titre comme l’âge d’or avec Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï. C’est à la fois un manuel de morale et un remède au vide spirituel européen. Elle enseigne la pitié, la compassion et la charité.

L’Europe face au mystère russe : transcendance, nation, littérature (Anna Gichkina, éd. Nouvelle Marge, 91 p., 14 €).

«L'Europe face au mystère russe» par Anna Gichkina

 
Conférence du 11 Novembre 2019
Parloir Chrétien : 9 rue du Vieux Colombier 75006 PARIS
Les vidéos des conférences d'Octobre seront prochainement mises en ligne. Nous avons eu un sérieux souci technique, en voie de réparation, merci de votre compréhension.
 
 
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vendredi, 28 août 2020

Biélorussie – L’OTAN reconnaît que sa révolution de couleur a échoué

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Biélorussie – L’OTAN reconnaît que sa révolution de couleur a échoué

Par https://lesakerfrancophone.fr & Moon of Alabama

Le 15 août, nous avons expliqué pourquoi la révolution de couleur en Biélorussie échouerait. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait proposé au président russe Vladimir Poutine de mettre enfin en œuvre l’État de l’Union, longtemps retardé, qui unira la Biélorussie à la Russie. En échange, il voulait le soutien total de la Russie pour mettre fin à la révolution de couleur menée par les États-Unis et l’Otan contre lui. Poutine a accepté l’accord.

En conséquence :

Loukachenko et sa police ne seront pas suspendus à un lampadaire. La Russie s'occupera 
du problème et l'État de l'Union sera enfin établi. Cela ne veut pas dire que la tentative de révolution de couleur est terminée.
Les États-Unis et leur laquais polonais ne vont pas simplement faire leurs bagages et partir.
Mais avec le plein soutien de la Russie assuré, Loukachenko peut prendre les mesures
nécessaires pour mettre fin aux émeutes.

Et c’est ce qu’il a fait. Loukachenko a continué à autoriser les manifestations, mais lorsque dimanche les manifestants ont reçu l’ordre de prendre d’assaut le palais présidentiel, ils ont vu une réponse théâtrale mais forte :

La chaîne Nexta Telagram dirigée par les Polonais - qui est le principal média utilisé 
par l'Empire pour renverser Loukachenko - a initialement appelé à une manifestation
pacifique, mais à la fin de la journée, un appel a été lancé pour tenter de reprendre
le bâtiment. Lorsque les émeutiers - à ce stade, nous avons affaire à une tentative illégale
et violente de renverser l'État - donc je n'appelle pas ces personnes des manifestants -
sont arrivés au bâtiment, ils ont été confrontés à un véritable «mur» de flics anti-émeute
entièrement équipés : ce spectacle, vraiment effrayant,a suffi à arrêter les émeutiers
qui sont restés un moment sur place, puis ont dû partir. Deuxièmement, Loukachenko a fait quelque chose d'assez étrange, mais qui est
parfaitement logique dans le contexte biélorusse : il s'est habillé avec un équipement
de combat complet, a attrapé un fusil d'assaut AKSU-74, a habillé son fils (15 ans!)
également avec un équipement de combat complet (casque inclus) et a survolé Minsk,
puis a atterri dans le bâtiment présidentiel. Ils se sont ensuite dirigés vers les policiers
anti-émeute, où Loukachenko les a chaleureusement remerciés, ce qui a abouti à ce que
les forces de police au complet lui fassent une ovation. Pour la plupart d'entre nous,
ce comportement peut sembler plutôt bizarre, voire carrément ridicule. Mais dans le
contexte de la crise biélorusse, qui est une crise principalement combattue dans le
domaine de l'information, cela est parfaitement logique.

Les manifestants, que la police avait précédemment identifiés comme « des enfants riches de la ville, les enfants de parents riches qui en ont assez de la vie bien nourrie », n’avaient pas les cojones pour attaquer une police bien armée et motivée.

La vitrine du lobby de l’OTAN Atlantic Council a également reconnu ce fait et le déplore :

Les manifestants sont généralement très gentils, polis et pacifiques. Beaucoup sont de 
jeunes Biélorusses de la classe moyenne qui travaillent dans l'industrie informatique
du pays, en plein essor, et qui viennent à des rassemblements vêtus d'ensembles hipster
moulants. Contrairement aux événements de Kiev en 2013-14, il n'y a pas de militants casseurs
dans les manifestations. En effet, cette révolution est si douce que parfois elle semble
vraiment endormie. Pour le meilleur ou pour le pire, il y a une absence évidente de jeunes
hommes rudes et vaillants capables de mettre les libéraux mal à l'aise ou de diriger la
résistance si, et quand, l'État autoritaire décide de déployer la force.

Sans des SS nazis comme ceux que les États-Unis ont utilisés lors des émeutes de Maidan en Ukraine en 2014, il n’y a aucune chance de renverser Loukachenko. Avec de telles troupes, le combat se terminerait par un massacre et Loukachenko serait toujours le vainqueur. L’auteur conclut à juste titre :

La résistance du régime de Loukachenko se renforce de jour en jour. Alors que la Russie 
semble maintenant se tenir fermement derrière Loukachenko, des rassemblements
photogéniques et des actions de grève sporadiques ne suffiront pas à provoquer un
changement historique.

C’est fini. Les «grèves sporadiques» n’ont jamais été de véritables actions revendicatives. Quelques journalistes de la télévision d’État biélorusse ont fait une grève. Ils ont été licenciés sans cérémonie et remplacés par des journalistes russes. Quelques centaines de travailleurs du MTZ Minsk Tractor Works ont fait un petit cortège. Mais MTZ compte 17 000 employés et les 16 500, ou plus, qui n’ont pas participé savent très bien pourquoi ils ont toujours leur emploi aujourd’hui. En cas de chute de Loukachenko, il est fort probable que leur entreprise publique soit vendue pour quelques centimes et immédiatement remise «à la bonne taille», ce qui signifie que la plupart d’entre eux seraient sans travail. Au cours des trente dernières années, ils ont vu cela se produire dans tous les pays voisins de la Biélorussie. Ils n’ont aucune envie d’en faire l’expérience eux-mêmes.

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Lundi, le chef du cortège de grévistes de MTZ, un certain Sergei Dylevsky, a été arrêté alors qu’il faisait de l’agitation pour de nouvelles grèves. Dylevsky est membre du Conseil de coordination autoproclamé de l’opposition qui exige des négociations sur la présidence. D’autres membres du conseil ont été appelés pour être interrogés par des enquêteurs de l’État sur une affaire pénale instruite contre le Conseil de coordination.

Pendant ce temps, la candidate de l’opposition, plutôt malheureuse, Sviatlana Tsikhanouskaya, qui a faussement prétendu avoir remporté les élections, est en Lituanie. Elle est censée être professeur d’anglais mais a des difficultés à lire le texte anglais pendant sa supplique (vidéo) pour un soutien «occidental». Elle a déjà rencontré divers politiciens « occidentaux », dont le secrétaire général du parti de l’Union chrétienne-démocrate allemande de la chancelière Angela Merkel, Peter Zeimiag et le secrétaire d’État adjoint américain Stephen Biegun.

Aucun des deux ne pourra l’aider.

Avec le soutien de la Russie, la stabilité militaire, politique et économique de la Biélorussie est pour l’instant garantie. Loukachenko sera à un moment donné évincé, mais ce sera à un moment et d’une manière qui conviennent à la Russie et non pas parce que certains malheureux hipsters informaticiens, financés par la National Endowment for Democracy, tentent de mettre en scène une révolution.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pou le Saker Francophone

samedi, 22 août 2020

Le gazoduc Nord Stream 2 et les sanctions des Etats-Unis

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Le gazoduc Nord Stream 2 et les sanctions des Etats-Unis

par Jochen Scholz*

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Dès le début de la construction du gazoduc Nord Stream, les Etats-Unis ont rendu clair qu’ils empêcheraient coûte que coûte la construction d’un deuxième gazoduc menant de la Russie en Allemagne en passant sous la mer. On a d’abord essayé d’influencer par voie diplomatique ou par les médias les membres de la Commission Européenne et du Parlement Européen sous l’emprise aux intérêts des Etats-Unis ainsi que les pays membres de l’Union Européenne qui répandent la chimère d’une Russie menaçante depuis des années. Maintenant, le congrès et le gouvernement américains commencent à serrer les vis. Toujours est-il qu’il faut tolérer cette ingérence dans la souveraineté (des pays respectifs).

De quoi s’agit-il? A la base de l’article 232 du «Countering America’s Adversaries Through Santions Act» (https://congress.gov/bill/115th-congress/house-bill/3364/...les Etats-Unis ont décidé d’imposer des sanctions aux entreprises et aux personnes qui construisent le gazoduc ou sont associées à ce projet. Ces sanctions représentent une violation sans équivoque du droit international parce qu’on applique la loi nationale d’un pays dans un contexte extraterritorial. Comme l’exemple de l’Iran le montre, ce comportement n’a rien de particulier. Les Etats-Unis l’ont souvent appliqué ces dernières années. Mais les sanctions appliquées sont seulement efficaces à cause du rôle du dollar dans le système financier mondial. A vrai dire, il s’agit du chantage.

Certes, le gouvernement allemand a officiellement interdit toute ingérence en ce qui concerne ses activités économiques, mais cela ne dissuadera pas les Etats-Unis d’empêcher l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2. Un criminel se trouvant l’arme à la main devant sa victime ne sera pas dissuadé non plus de son attaque par la seule discussion. Ce n’est rien d’autre que le droit international créé par la Charte des Nations Unies après l’an 1945 qui est mis en jeu. Il semble de plus en plus être remplacé par le droit du plus fort qui ne cesse de se propager depuis la fin de l’Union Soviétique.

Donc, quel conseil donner au gouvernement allemand? Il faut surtout éviter de rendre la pareille, c’est-à-dire de menacer les Etats-Unis de sanctions. Ceci accélérait l’érosion du droit international dont le gouvernement allemand se plaint. La Charte des Nations Unies montre le chemin. Jusqu´à la fin de l’année 2020 l’Allemagne sera membre non permanent du Conseil de sécurité et le présidera jusqu’à la fin juillet. Je lui conseille de prendre l’initiative pour appliquer l’article 96 de la Charte:

«Article 96

a. L’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité peut demander à la Cour internationale de Justice un avis consultatif sur toute question juridique.

b. Tous autres organes de l’Organisation et institutions spécialisées qui peuvent, à un moment quelconque, recevoir de l’Assemblée générale une autorisation à cet effet ont également le droit de demander à la Cour des avis consultatifs sur des questions juridiques qui se poseraient dans le cadre de leur activité.

(https://www.un.org/fr/sections/un-charter/chapter-xiv/ind...)

Au lieu d’être pour l’instant uniquement discuté en Europe et aux Etats-Unis1, le problème sera ainsi un sujet plus connu, voire mondialement connu, même au cas où les Etats-Unis y opposeraient leur véto au Conseil de sécurité ce qui est probable.

La raison principale de l’opposition des élites se trouvant au pouvoir indépendamment de la présidence états-unienne est de nature géopolitique. Car la collaboration de l’Allemagne et de la Russie dans le domaine de l’énergie représente sans aucun doute un élément constitutif d’un espace économique eurasien en train de naître qui entraînera par conséquent une nouvelle architecture de sécurité. Ceci dit, la lutte anglo-américaine pour contrôler «l´île-monde» qui dure depuis des décennies aurait été vaine. Car d’après Halford Mackinder la domination de l’île-monde est la condition préalable à la domination du monde entier.2 D’autres raisons comme par exemple la vente du gaz de fracturation sous forme liquide à l’UE sont moins importantes et représentent plutôt un sujet de la campagne électorale du président Trump. Le gazoduc par contre est très important pour la Russie en ce qui concerne sa géopolitique et sa structure économique.

Il serait donc à souhaiter que la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité réfléchisse à appliquer le paragraphe/article 96 de la charte.•


1Y inclus la Russie
 https://www.lettre.de/beitrag/mccoy-alfred-w_herzland-und-weltinsel https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_Heartland


*Jochen Scholz, ancien lieutenant-colonel de l’armée allemande (Bundeswehr) a travaillé pendant plusieurs années à l’OTAN à Bruxelles. Pendant la guerre contre la Yougoslavie, il faisait partie du ministère fédéral de la défense où il apprit que les discours officiels des hommes politiques sur la violation des droits de l’homme par les Serbes ne correspondaient pas à ce qu’en rapportaient les experts sur place. En 1999, il quitta le Parti social-démocrate allemand SPD à cause de ces mensonges.

mercredi, 19 août 2020

Pourquoi Poutine s'intéresse-t-il désormais à la Biélorussie ?

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Pourquoi Poutine s'intéresse-t-il désormais à la Biélorussie ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Contrairement à ce que nous pensions et avions écrit dans un article du 12/08, intitulé La Biélorussie, la « dernière dictature d'Europe » Vladimir Poutine semble désormais prêt à soutenir, y compris militairement, le président biélorusse Alexandre Loukachenko au cas d'une intervention des Occidentaux.

Ceux-ci pourraient être tentés, comme le demande actuellement la Pologne, d'appuyer les manifestations incessantes de citoyens biélorusses protestant contre la réélection de Loukachenko qu'ils considèrent comme le résultat de fraudes électorales massives de la part du pouvoir. Notons en passant que des manifestations similaires en soutien de Loukachenko se produisent ailleurs.

L'appui occidental pourrait se traduire par des interventions militaires provenant des Etats de l'Otan proches de la Biélorussie, Pologne et Etats Baltes notamment. Nul n'ignore que les Etats-Unis en profiteraient pour rétablir leur influence dans cette région, influence actuellement très en recul.

Ceci justifie le fait que Vladimir Poutine, qui paraissait jusqu'à présent se désintéresser de l'avenir politique de Loukachenko, semble désormais prêt à le soutenir, y compris là encore militairement. Mais ceci serait au prix de l'acceptation par Minsk d'une entrée dans la Fédération de Russie, c'est-à-dire d'une perte d'autonomie politique au profit de Moscou. Il semble désormais que Louchachenko pourrait s'y résigner.

Dans l'immédiat, Moscou vient d'annoncer le déploiement de missiles tactiques à courte portée Iskander-M, à capacités tant conventionnelles que nucléaires, sur les frontières de la Biélorussie, prêts à intervenir en cas d'invasion de l'OTAN. Les militaires russes ont même laissé dire que pourraient s'y joindre, si nécessaire, des missiles hypersoniques. L'emploi de missiles air-sol Kinjai portés par des Mig 31 et pouvant atteindre Mach 10, avec une portée de 2 000 km portée, est notamment envisagé.

Il ne s'agit encore que de simples menaces . Mais elles permettent d'ores et déjà à Vladimir Poutine de démontrer l'intérêt stratégique de tels missiles face aux armes conventionnelles de l'US Air Force. La leçon ne sera pas perdue par le Pentagone, qui cherche actuellement l'accord du Congrès pour faire réaliser ses propres missiles. Mais ceux-ci auront toujours un retard technologique face aux missiles russes.

lundi, 17 août 2020

Zinoviev et le grand avènement de la démocratie totalitaire

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Zinoviev et le grand avènement de la démocratie totalitaire

par Nicolas Bonnal

Alexandre Zinoviev devint un dissident de la société mondiale après avoir été un dissident soviétique. A l’époque il y avait des dissidents, maintenant, comme dit Paul Virilio, il n’y a plus que des dissuadés.

En 1998 le maître répond à une interview et explique que tout allait bien à l’ouest quand nous étions sous la menace soviétique (le capital avait peur) :

« Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le communisme, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, un extraordinaire progrès social, d’énormes découverts scientifiques et techniques, tout y était!»

La fin du communisme fut le crépuscule de nos droits sociaux et politiques (fin de l’Histoire !) :

« Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie, notre époque aujourd’hui n’est pas que post communiste, elle est aussi post démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique, ou si vous préférez à l’instauration de la démocratie totalitaire. »

30046266853.jpgZinoviev décrit très bien le redoutable mondialisme qui naît du défunt et redouté communisme :

« Aujourd’hui nous vivons dans un monde dominé par une idéologie unique, un fait unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a commencé à  l’époque de la guerre froide, quand des structures transnationales se sont mises en œuvre sous les formes les plus diverses : médias, sociétés bancaires, sociétés commerciales…Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. »

Cette démarche est suicidaire, qui va à terme, avec la crise du Covid, nous priver de nos libertés, de nos économies et aussi (pourquoi pas ?) de nos vies :

 « Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés car perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la «supra société». Elle est constituée d’entreprises commerciales et non commerciales dont la zone d’influence dépasse les nations. Les pays occidentaux sont soumis comme les autres au contrôle de ces structures non nationales… Or la souveraineté des nations est elle aussi une part considérable et constituante du pluralisme, donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. »

Zinoviev comprend l’horreur européenne :

« L’intégration Européenne qui se déroule sous nos yeux, provoque elle la disparition du pluralisme au sein de ce conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational. »

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Il comprend que nous ne connaîtrons plus de démocratie politique ou économique comme à l’époque de la guerre froide :

« Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini.

Parce le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’ouest a commencé avec la chute du communisme à l’ouest. »

les-hauteurs-beantes-141693-264-432.jpgA la fin des années 90  les socialistes sont de pures canailles (voyez aussi les excellents pamphlets de Guy Hocquenghem et de mon éditeur Thierry Pfister qui datent des années 80) :

« Aujourd’hui les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de plus socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus en occident de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour d’avantage. »

C’est le totalitarisme financier jadis expliqué par Paddy Chayefsky dans Network (1976) :

« La démocratie tend aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale.

Cette super structure non démocratique donne des ordres, sanctionne, bombarde, affame. Même Clinton s’y conforme. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié, ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison de ce totalitarisme-là. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures, aucune révolte n’est possible contre une banque. »

L’andouille qui interroge Zinoviev l’accuse déjà de Théo rire du complot quand Zinoviev ne pratique que la théorie de la constatation. Zinoviev rappelle que nous sommes très abrutis :

« Nous sommes dans une époque post idéologique mais en réalité la supra idéologie du monde occidental diffusée au cours des 20 dernières années est bien plus forte que l’idéologie communiste ou nationale-socialiste. Le citoyen occidental est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance de diffusion des médias occidentaux est énorme. (…) Il suffit que la décision soit prise de stigmatiser un Karadzic ou un Milosevic et ça y est, une machine de propagande planétaire se met en branle. Et alors qu’il faudrait juger les dirigeants occidentaux pour viol de toutes les règles de droit existants… La majorité des citoyens occidentaux sont persuadés que la guerre contre la Serbie était juste. »

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Puis Zinoviev fait une remarque intéressante sur un sujet que j’avais évoqué dans la presse russe (pravda.ru) :

« L’Occident se méfiait moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez son ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science Russe dépend aujourd’hui des financements Américains. Et est dans un état pitoyable, car ses derniers n’ont aucun intérêt à faire travailler leurs concurrents. Ils préfèrent faire travailler les avants Russes aux Etats-Unis. Le cinéma soviétique a lui aussi été détruit et remplacé par le cinéma Américain. »

Le destin de l’Amérique est d’abrutir et de « fabriquer de la merde » comme me disait un jour le grand et courageux cinéaste Richard Brooks :

51TneYRmBmL._AC_UL600_SR414,600_.jpg« En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent depuis des décennies à faire baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent baisser au leur pour pouvoir exercer ce diktat. »

J’ai évoqué ces réalités dans mes textes sur la culture comme arme de destruction massive. Regardez ce qu’ils ont fait de l’Inde ou de l’Asie… Tous abonnés à Marvel comics ! Même Scorsese ou Ridley Scott s’en sont plaint…

Tout cela est irrésistible car c’est malheureusement un vieux processus. C’est l’uniformisation entamée depuis la Renaissance. Ici Zinoviev rejoint Spengler et René Guénon :

« Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale. Evolution commencée à la Renaissance. »

Sources :

Extrait du livre d’Alexandre Zinoviev: «La grande rupture» Disponible à l’age d’homme. L’entretien à été réalisé par Victor Loupan à Munich en juin 1999 quelques jours avant le retour définitif de Zinoviev en Russie.

https://alexandrelatsa.ru/2008/01/la-grande-rupture-analy...

https://www.pravdareport.com/opinion/122042-western_cultu...

https://strategika.fr/2020/08/07/la-culture-moderne-comme...

https://www.amazon.fr/CULTURE-COMME-ARME-DESTRUCTION-MASS...

 

 

 

dimanche, 09 août 2020

The Prison Plays of Aleksandr Solzhenitsyn

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The Prison Plays of Aleksandr Solzhenitsyn

Ex: http://www.counter-currents.com

Known mostly as a novelist, memoirist, and historian, Aleksandr Solzhenitsyn had actually completed four plays before his first novel, One Day in the Life of Ivan Denisovich, was published in 1962. He composed his first two, Victory Celebrations and Prisoners, while a zek in the Soviet Gulag system in 1952. These Solzhenitsyn composed in verse and memorized before burning since prisoners were forbidden to own even scraps of paper. His third play, the title of which is most commonly translated into English as The Love-Girl and the Innocent, he composed outside of the gulag in 1954 while recovering from cancer. In writing Love-Girl, he rejoiced in his ability to actually type and hide his manuscript, rather than keep it all bottled up in his head. [1] [1] Solzhenitsyn composed his final play, Candle in the Wind, in 1960 in an earnest attempt to become a Soviet playwright. Where his earlier plays exposed the evil and corruption of the gulag system — and beyond that, impugned the Soviet Union for its unworkable Marxist-Leninist ideology, disastrous collectivization policies, totalitarian government, and ubiquitous cult of personality in Stalinism — Candle in the Wind avoided politics altogether. It takes place in an unspecified international setting and focuses on the dangerous effects of untrammeled technological progress on the human soul. Of all his plays, Candle in the Wind has the least relevance to the political Right. It also cannot be classified as a prison play, despite how its main character had recently been released from prison.

It would be fair to describe Solzhenitsyn’s first two prison plays as “apprentice works,” in the words of his biographer Michael Scammell. [2] [2] And this is not just in comparison to Solzhenitsyn’s most famous and successful volumes such as One Day and the sprawling Gulag Archipelago. Victory Celebrations and Prisoners do come across as uneven and amateurish. Excessive dialogue makes the reading tedious at times. Solzhenitsyn always had the historian’s impulse to explain and the prophet’s impulse to warn, and seemed to doggedly follow both impulses while writing these plays. As a result, purely narrative elements such as plot and character tend to suffer. Further, many of the themes appearing in his prison plays resurface in more complete form in both One Day and Gulag as well as in his other early novels Cancer Ward and In the First Circle.

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Regardless, it is in his three prison plays where Solzhenitsyn’s conservative, Christian, ethnonationalist, and anti-Leftist outlook appears as firm as it does in his later works. It’s as if the man never changed, other than spending the last forty-eight years of his life not writing plays. Even if he had stopped writing altogether by 1960, his prison plays still would have had value to the Right for their keen perception of human nature under the most trying circumstances as well as for their conveyance of the cruelties and absurdities brought about by an oppressive communist ideology that is wholly at odds with human nature. That Solzhenitsyn had produced works that were much greater than these three plays later in his career is no reason for any student of the Right to exclude them from study.

Victory Celebrations

Burdened with a loose plot, excessive dialogue, and an awkwardly large cast of characters, Victory Celebrations (also called Feast of the Conquerors) takes place during the last days of World War II in which a Soviet artillery battalion prepares a lavish victory banquet in the Prussian mansion they had just captured. The play switches back and forth from the minor characters opining their various frustrations with the Soviet regime to what could be a political — potentially deadly — love triangle. This relationship is the heart of the play and produces its only real suspense, brief and poignant as it is.

Galina, a Russian girl living in Vienna, had traveled to Prussia to be with her fiancé who is fighting with the doomed Russian Liberation Army (a force of disgruntled Red Army POWs and anti-Soviet, pro-White Russian émigrés whom had been conscripted by the Germans). Before the story begins, however, she is captured by the battalion and convinces them that she had been a prisoner of the Germans working as a slave girl. Believing her, they invite her to take part in the upcoming celebration.

Counter-intelligence officer Gridnev, however, sees through her and suspects that she is a spy. Any Russian person who has had exposure to the enemy must be held suspect, and Gridnev quickly threatens her with imprisonment if she does not confess all. But Galina is also beautiful, and Gridnev soon finds himself falling in love (or lust) with her. This causes him to append a promise to his threats — if she sleeps with him, he’ll protect her.

While agonizing over this dilemma, Galina meets Captain Nerzhin, a childhood friend of hers. To him, she tells the truth. Nerzhin, being an honest and honorable soldier, empathizes and sees the justice in her position. How could not when Galina delivers a speech such as this?

The U.S.S.R.! It’s impenetrable forest! A forest. It has no laws. All it has is power — power to arrest and torture, with or without laws. Denunciations, spies, filling in of forms, banquets and prizewinners, Magnitogorsk and birch-bark shoes. A land of miracles! A land of worn-out, frightened, bedraggled people, while all those leaders on their rostrums. . . each one’s a hog. The foreign tourists who see nothing but well organized collective farms, Potyemkin style. The school-children who denounce their parents, like that boy Morozov. Behind black leather doors there are traps rather than rooms. Along the rivers Vychegda and Kama there are camps five times the size of France. Wherever you look you see epaulettes with that poisonous blue strip; you see widows, whose husbands are still alive. . .

Now Nerzhin faces a dilemma of his own: shepherding this woman to her fiancé just as Soviet forces are about to crush the Russian Liberation Army will not only be physically dangerous but will make himself vulnerable to a charge of treason. Can he trust anyone in his battalion? Yes, his fellows may see through the corruption and hypocrisy of the Soviet authorities or find fault with Marxism. For example, one tells the harrowing story of how a series of unjust NKVD arrests nearly wiped out an entire town. Another relays the humorous story of how, as an art student, his instructors imagined they saw a swastika in his painting. Despite this, these men wish to survive in the current system, as absurd as it is. They just don’t want to think about it, and thus choose to bow to evil.

Major Vanin says it best:

Thinking is the last thing you want to do. There is authority. There are orders. No one grows fat from thinking. You’ll get your fingers burnt from thinking. The less you know, the better you sleep. When ordered to turn that steering wheel, you turn it.

But with Galina, there is clearly so much more. During her dialogue with Nerzhin, she keeps distinguishing “us” from “them,” and soon a leitmotiv evolves involving loyalty. Galina expresses loyalty to the Russian people and never doubts herself. Nerzhin professes loyalty to the Russian nation — or, at the very least, its military. Meanwhile, Gridnev expresses loyalty to the current Russian government and its inhuman machinations as laid down by the genocidal Stalin. Of course, Gridnev never strays far from his own selfish designs.

Contemporary Soviet audiences, likely still bruising from the Second World War, would most likely have reacted negatively to the Galina character simply for her traitorous support of the RLA. Nevertheless, later audiences, even Russian ones, carry less baggage and will likely see her as the most sympathetic character in the play. At one point, she rejects the terms “Comrade” and “Citizen” and avers that the more traditional courtesy titles of “Sir” and “Madam” are more civilized. She had studied music in Vienna and remains in thrall of great Germanic classical composers such as Mozart and Haydn despite her love of Russia. Clearly, she represents the world that preceded the Soviets. She is the only tragic character in the story, since she symbolizes Solzhenitsyn’s own ethnonationalism, but only under a cloud of death or unspeakable oppression. She’s also the only character moved enough by romantic love to put herself at great risk — even if all it will amount to is her dying by her lover’s side in a hail of artillery fire.

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Solzhenitsyn could express his sympathy for this heartbreaking character (and presage the stirring ending of his story Matryona’s House) no better than in the admiring words of Nerzhin:

“I’ve no fears for the fate of Russia while there are women like you.”

Prisoners

Originally titled Decembrists Without December, Prisoners suffers to a greater extent than Victory Celebrations from a thin, meandering plot, a bloated dramatis personae, and excessive dialogue. It lacks even the scraps of narrative formalism found in the earlier play, and instead resembles the dialogues of Plato for of its reliance upon dialectic. The events take place in a gulag wherein the mostly-male cast discuss the absurdities of Soviet oppression, argue the merits and demerits of communism, and endure ludicrous interrogations from counter-intelligence officers. Most of the characters were based on people Solzhenitsyn himself knew. Further, several of the characters appear in later, more famous works, such as Vorotyntsev (The Red Wheel), Rubin (In the First Circle), and Pavel Gai (The Love-Girl and the Innocent).

While much weaker than Victory Celebrations in terms of plot, character, and resolution, Prisoners far surpasses it in astute political commentary as well as in philosophical and historical discourse. In its many debates, Solzhenitsyn does not always demonize the representatives of the Soviet system and sometimes puts wise, thoughtful, or otherwise honest words in their mouths. This leads to some fascinating reading (as opposed to what would seem like tedious chatting onstage). On the whole, however, Prisoners devastates the Soviet Union in a way that would have invited much more than mere censure in that repressive regime. Solzhenitsyn had to keep the play close to his chest for many years, and revealed its existence only after his exile in the West during the 1970s. Had the KGB ever acquired the play, it is likely there would not have been an exile for Solzhenitsyn at all.

Due to the narrative’s unmoored rambling, examples of Solzhenitsyn’s incisive observations can appear with little context and in list form. The relevance to the broader struggle of the Right in all cases should become clear.

We clutch at life with convulsive intensity — that’s how we get caught. We want to go on living at any, any price. We accept all the degrading conditions, and this way we save — not ourselves — we save the persecutor. But he who doesn’t value his life is unconquerable, untouchable. There are such people! And if you become one of them, then it’s not you but your persecutor who’ll tremble!

Far too many on the Right today meekly accept the degrading, second-class citizenship imposed upon us by the racial egalitarian Left. If more of us could value our lives a little less and the Truth a little more, perhaps this unnatural state of affairs could be overturned.

Here, now, we’re all traitors to our country. Cut down the raspberries — mow down the blackcurrants. But that’s not what I got arrested for. I got arrested for infringing on the regulations. I issued extra bread to the collective farm women. Without it, they would have died before the spring. I wasn’t doing it for my own good — I had enough food at home.

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Aside from revealing the murderous lack of concern that the Soviet authorities had for their own people, this passage reveals how the Left does not merely value some lives over others but becomes by policy quite hostile to those lives it values least. In today’s struggles, whites in the West who act in their racial interests are meeting with increasing hostility from our Leftist elites, while these same elites actively encourage non-whites to act in their racial interests.

Of course, Solzhenitsyn’s proud ethnonationalism (as expressed by his angst-filled love for Russia) shines through the text as well.

They are ringing the bell. They are ringing for Vespers. . . O Russia, can this ever come back again? Will you ever be yourself? I have lived on your soil for twenty-six years, I spoke Russian, listened to Russian, but never knew what you were, my country! . . .

In some cases, the dialogue becomes downright witty. Take, for example, the absurd interrogation scene between intelligence officer Mymra and Sergeant Klimov, who had been captured in battle by the Germans:

Mymra: Prisoner Klimov. You are here to answer questions, not to ask them. You could be locked up in a cell for refusing to answer questions. Personally, we are ready to die for our leader. Question three: what was your aim when you gave yourself up? Why didn’t you shoot yourself?

Klimov: I was waiting to see if the Divisional Commander would shoot himself first. However, he managed to escape to Moscow by ‘plane out of the encirclement and then got promoted.

Mymra (writing down): Answer. I gave myself up, my aim being to betray my socialist country. . .

Klimov: We-ell, well. You can put it like that…

The Rubin character in Prisoners is no different than his namesake in In the First Circle — a friendly, erudite apologist for communism, and clearly Jewish. Just as in the novel, Prisoner’s Rubin insists that he’d been incarcerated by mistake and that, regardless of his personal circumstances, he remains a true believer in the Soviet system. At one point, in the middle of the play, he is beset upon by his angry co-inmates who challenge him to defend Soviet atrocities such as blockading Ukraine and starving millions into submission. Rubin explains that the great socialist revolutions and slave rebellions of the past had failed because they showed too much leniency towards their former oppressors. They doubted the justice of their cause. He then praises the Soviet Revolution as the product of “unconquerable” science and laments that it has had only twenty-five years to produce results.

. . . you unhappy, miserable little people, whose petty lives have been squeezed by the Revolution, all you can do is distort its very essence, you slander its grand, bright march forward, you pour slops over the purple vestments of humanity’s highest dreams!

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Rubin fixates upon the same wide, historical vista that all Leftists do when they wish to explain away failure or atrocity. Conservative debunking of this arrogant folly is as old as Edmund Burke. In Solzhenitsyn’s case, however, he depicts it with almost cringe-worthy realism when he humanizes Rubin as a reasonable and enthusiastic, if misguided, adherent of the Left. We actually grow to like Rubin, especially at the end of the play when he leads a choir of zeks in song as Vorotyntsev contemplates his fate with the others.

The most memorable scene in Prisoners occurs towards the end when Vorotyntsev debates a dying counter-intelligence officer named Rublyov. In this debate we have perhaps Solzhenitsyn’s most eloquent affirmation of the Right as a way of life, and not just as a reaction to the totalitarian Left. Vorotyntsev claims to have fought in five wars on the side of Monarchy or Reaction — all of which were ultimately lost: the Russian-Japanese War, World War I, the Russian Civil War, the Spanish Civil War, World War II (on the side of the Russian Liberation Army). When Rublyov taunts him for this colossal losing streak, Vorotyntsev speaks of “some divine and limitless plan for Russia which unfolds itself slowly while our lives are so brief” and then responds that he never wavered in his fight against the Left because he felt the truth was always on his side. All that Rublyov ever had on his side was ideology. He explains:

You persecuted our monarchy, and look at the filth you established instead. You promised paradise on earth, and gave us Counter-Intelligence. What is especially cheering is that the more your ideas degenerate, the more obviously all your ideology collapses, the more hysterically you cling to it.

When Rublyov accuses the Right of having its own executioners, Vorotyntsev responds, “not the same quantity. Not the same quality,” and proceeds to compare the twenty thousand political prisoners of the Tsar to the twenty million political prisoners of the Soviets.

The horror is that you grieve over the fate of a few hundred Party dogmatists, but you care nothing about twelve million hapless peasants, ruined and exiled in the Tundra. The flower, the spirit of an annihilated nation do not exude curses on your conscience.

In this, Vorotyntsev makes the crucial point of the Right’s moral superiority to the Left. Note his similarity to Rubin in positing a plan as broad as history. For Rubin, however, it is Man’s plan, an atheist’s plan. It is hubris in action, a contrivance of pride. For Vorotyntsev, on the other hand, it is God’s plan — not something he can begin to understand. All he can do is to live according to Truth as he sees it and according to his nature as a human being.

It’s hard to find a more stark distinction between Left and Right than this.

The Love-Girl and the Innocent

Of Solzhenitsyn’s prison plays, The Love-Girl and the Innocent works best. This perhaps explains why it has been staged most often and continues to be put on today. Notably, the BBC produced a television adaptation of Love-Girl in 1973. Love-Girl resembles most closely what most people expect when they read or see a play: Four acts; a beginning, middle, and end; three-dimensional, evolving characters; and a plot filled with conflict, action, and suspense. We could quibble with some of Solzhenitsyn’s authorial choices, such as making the lead character Nerzhin too passive towards the end, employing too many characters (again), or his general lack of focus regarding some of the plot. Nevertheless, that Solzhenitsyn manages to pursue many of the profound themes from Victory Celebrations and Prisoners to their poignant conclusions in Love-Girl as well as explore new ones that would reach their apotheosis in later works such as Gulag Archipelago makes Love-Girl and the Innocent, in this reviewer’s opinion, the first of Solzhenitsyn’s great narrative works.

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As in Victory Celebrations, we have a potentially deadly love triangle — but one that achieves greater meaning since the audience can now experience the love and all its wide-ranging consequences. In Victory Celebrations, the story takes place during a lull in the action, with all the real action having already happened or will happen in the near future. The battalion had just captured a mansion and plans to advance on the RLA’s position the next day. By the play’s end, Galina’s fate swings between Gridnev’s protection and Nerzhin’s. Will she become Gridnev’s mistress? Will she be shot or be incarcerated in a gulag? Will Nerzhin take her to her fiancé before the Soviet forces attack? Will she even survive? Note also how this love triangle is not entirely real since Nerzhin, despite his demonstrable affection for Galina, can only serve as a stand-in for her fiancé.

In Love-Girl, all the appropriate action happens on stage and in the here and now. There are no stand-ins. It takes place in a gulag in 1945 where the love is real, agonizing, and immediate. It is also multifaceted, since there are technically two love triangles occurring simultaneously. The “love-girl” of the title is a beautiful and compassionate female inmate named Lyuba, while the “innocent” is Rodion Nemov, an officer recently taken in from the front who is committed to behaving as honorably as possible while in the gulag. The third point in the triangle is Timofey Mereshchun, the prison’s fat, repulsive doctor who promises Lyuba privileges and protection in return for sex. He also has the power to send her off to camps in much harsher climates where her chances of survival would become drastically reduced.

The other love triangle involves another beautiful female inmate named Granya. She is a former Red Army sniper incarcerated not for political reasons, like many of the others, but because she murdered her husband while on furlough after finding him in flagrante delicto with another woman. It’s as if Solzhenitsyn could not decide which woman he was in love with more while writing the play. The men vying for Granya’s affections are an honest and feisty bricklaying foreman named Pavel Gai (first seen in Prisoners) and the corrupt and cruel camp commandant Boris Khomich.

Aside from Solzhenitsyn’s now-familiar themes of ethnonationalism, ethno-loyalty, exposing Soviet atrocities, and impugning communist ideology, Love-Girl also introduces the theme of honor vs. corruption. When the play begins, Nemov is responsible for increasing efficiency in prison work. And he does a fine job, noting how the camp authorities could increase productivity by easing up on the harsh exploitation of the prisoners and cutting much of the self-serving and politically-appointed administrative personnel. He quickly runs afoul of the shady and perfidious ruling class of the camp, however, when he demands that the bookkeeper Solomon turn over a recent shipment of boots to the workers rather than divvy them up among his cronies.

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Solomon, along with Mereshchun and Khomich, take their revenge soon after when they manipulate the drunken and irresponsible camp commandant Ovchukhov into transferring Nemov to general work duties while replacing him with the depraved Khomich. In the battle between honor and corruption, honor never has a chance. And, as if to infuriate the audience even further, Solzhenitsyn reveals how Khomich has a few ideas for the commandant, all of which involve increasing the corruption in the camp and turning the screws harder on the prisoners. These ideas include:

  • Issuing the minimum bread guarantee after 101 percent work fulfillment, instead of 100 percent.
  • Forcing the workers to over-fulfill their work requirements to have an extra bowl of porridge.
  • Not allowing prisoners to receive parcels from the post office unless they have fulfilled 120 percent of their work norms.
  • Not allowing men and women to meet unless they have fulfilled 150 percent of their work norms.
  • Building a grand house for Commandant Ovchukhov in time for the anniversary of the October Revolution.

Khomich puts it succinctly and smugly: “They’ll realize: either work like an ox or drop dead.”

The Love-Girl and the Innocent is also notable because of how Solzhenitsyn employs its Jewish characters. Prisoners’ Rubin certainly defends the Soviet orthodoxy and the atrocities it entailed. But at least he’s honest, thoughtful, and friendly about it — which certainly counterbalances some of the audience’s negative feelings for him. Love-Girl’s Jews, however, are not only ugly, corrupt, and cruel, they’re stereotypical as well.

Scammell, in summarizing Jewish-Soviet émigré Mark Perakh’s analysis [3] [5] of Solzhenitsyn’s supposed anti-Semitism, writes:

It was in certain of Solzhenitsyn’s other works, however, the Perhakh found the most to criticize, notably in Solzhenitsyn’s early play The Tenderfoot and the Tart. [4] [6] Again, the three Jews in the play — Arnold Gurvich, Boris Khomich, and the bookkeeper named Solomon — were all representatives of evil, but this time grossly and disgustingly so, and Solomon was the very incarnation of the greedy, crafty, influential “court Jew,” manipulating the “simple” Russian camp commandant and oozing guile and corruption. As it happened, Solomon was modeled on the real-life prototype of Isaak Bershader, [5] [7] whom Solzhenitsyn had met at Kaluga Gate and later described at length in volume 3 of The Gulag Archipelago. . . [6] [8]

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Solzhenitsyn’s habit during his early period was to include characters based on people he personally knew. In this reviewer’s opinion, he often did so to the detriment of the work itself. Why include such a bewildering array of characters in his already wordy volumes when he could have condensed them into fewer characters for more pithy and forceful results? In some cases, Solzhenitsyn didn’t even bother to change his characters’ names: for example, the fervent Christian Evgeny Divnich (Prisoners) and the Belgian theater director Camille Gontoir (Love-Girl).

Thus, when Solzhenitsyn portrays gulag Jews doing evil things in recognizably Jewish ways, it’s probably because he was being true to what he witnessed in the gulag. It was not Solzhenitsyn’s style to invent a Shylock or Fagin out of thin air just to annoy Jewish people, just as he did not employ anti-Russian stereotypes for the sake of stereotyping. He portrays the Russian thieves in Love-Girl as particularly vile. And the simple-minded, corrupt, and drunken commandant Ovchukhov is no better. There should be no doubt that prisoner Solzhenitsyn had known and dealt with the flesh-and-blood prototypes of many of the characters appearing in his plays.

Regardless, that Solzhenitsyn refused to self-censor his negative Jewish characters while also refusing to include positive ones for the sake of political correctness should tell us something about the ethnocentric line he drew between Russians and Jews. He did not consider Jews as Russians, and he did not care if certain Jews got upset over this. If being labeled an anti-Semite by some is the price to pay for his honesty, his rejection of civic nationalism, and his profound love for his nation and his people, then so be it. [7] [9]

There is quite a bit in The Love-Girl and the Innocent that will resonate with the Right. It was probably unintended by Solzhenitsyn that such a meta-analysis of the Jewish Question would do so as well.

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Notes

[1] [12] Aleksandr Solzhenitsyn, The Oak and the Calf. New York: Harper & Row, 1975, p. 4.

[2] [13] Michael Scammell, Solzhenitsyn: A Biography. New York: W. W. Norton and Company, 1984, p. 330.

[3] [14] Scammell writes of Perakh’s analysis (page 960):

Perakh’s article, a kind of summa of those that had gone before, had appeared in Russian in the émigré magazine Vrennia i My (Time and We) in February 1976 before being published in English in Midstream.

[4] [15] The Love-Girl and the Innocent appears under several titles in English. These include The Tenderfoot and the Tart (as preferred by Scammell), The Greenhorn and the Camp-Whore, and The Paragon and the Paramour. Scammell (on page 217) has this to say about it:

The question of what to call this play in English is problematical. Solzhenitsyn’s Russian title Olen’ I shalashovka is based on camp slang. Olen’ (literally “deer”) means a camp novice, and shalashovka (derived from shalash, meaning a rough hunter’s cabin or bivouac) means a woman prisoner who agrees to sleep with a trusty or with trusties in exchange for food and privileges—not quite a whore, more a tart or tramp. The published English title The Love-Girl and the Innocent seems to me to catch none of this raciness.

[5] [16] I believe that both Scammell and Solzhenitsyn biographer D.M. Thomas overlooked something regarding Solzhenitsyn’s basing of Solomon on Bershader in Love-Girl. It seems to me that Solzhenitsyn based both the bookkeeper Solomon and the doctor Mereshchun on Bershader. The connection with Solomon is based on their shared profession (bookkeeping) and the fact that they were both corrupt, cunning, manipulative trusties in the gulag. But Solomon only appears in two scenes in Love-Girl and has nothing to do with any of the female inmates (Thomas falsely claims that Solomon was “adept at corrupting women prisoners”). The episode with Bershader in The Gulag Archipelago depicts him laying siege to and ultimately corrupting a beautiful and virtuous Russian woman prisoner, which Solomon does not do. Bershader is also described by Solzhenitsyn as “a fat, dirty old stock clerk” who is “nauseating in appearance.” Solzhenitsyn first describes Solomon, on the other hand, as carrying himself “with great dignity” and looking “sharp by camp standards.” Later, he describes Solomon as “very neatly dressed.”

On the other hand, Mereshchun is described as a “fat, thick-set fellow,” which is more in keeping with Bershader’s appearance. Further, Mereshchun enthusiastically corrupts the female inmates. In fact, in his first line of dialogue, he announces: “I cannot sleep without a woman.” After being reminded that he had kicked his last woman out of bed, he responds, “I’d had enough of her, the shit bag.” Clearly, Mereshchun is as revolting as Bershader. He also engages in the same exploitive behavior with women. Could Mereshchun also have been based on Bershader?

In a curious moment in Love-Girl, Solzhenitsyn describes how Mereshchun immediately strikes up a friendship with Khomich the moment he meets him. It was as if they recognized and understood each other without the need of a formal introduction. Could it be that in Solzhenitsyn’s mind they were both Jewish? It’s hard to say. Mereshchun is an odd name, but it could be a Russianized Jewish one, and in the Soviet Union during that time, doctors were disproportionately Jewish. On the other hand, few Russian Jews would be named Timofey. Perhaps Solzhenitsyn meant for this character to have enigmatic origins.

M. Thomas, Alexander Solzhenitsyn: A Century in his Life. New York: St. Martin’s Press, 1998, p. 492.

[6] [17] Scammell, pp. 960-961.

[7] [18] Thomas (page 490) conveys an astonishingly hysterical example of gentile-bashing from Jewish writer Lev Navrozov who really did not like Solzhenitsyn:

An émigré from 1972, Navrozov denounced Solzhenitsyn’s “xenophobic trash.” He is “a Soviet small-town provincial who doesn’t know any language except his semiliterate Russian and fantasizes in his xenophobic insulation”; August 1914 was as intellectually shabby as The Protocols of the Elders of Zion — but that turn-of-the-century forgery, purporting to show that the Jews were plotting world domination, was actually “superior” in its language to the Solzhenitsyn. . . . His style shows a “comical ineptness”; Navrozov writes that when Ivan Denisovich appeared, he thought its author might develop into a minor novelist, but Khrushchev’s use of him to strike the Stalinists, and his subsequent persecution, made him strut like a bearded Tolstoy, so “this semiliterate provincial, who has finally found his vocation — anti-Semitic hackwork — has been sensationalized into an intellectual colossus. . .

 

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samedi, 08 août 2020

Vladimir Nabokov's Gift

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Vladimir Nabokov's Gift

Pavel Tulaev

Ex: https://www.ateney.ru

Vladimir Vladimirovich Nabokov (1899-1987), the best English speaking Russian writer of the 20th century, a brilliant novelist, poet and translator, stands fully apart from the national literary school. His modern language went so far from the traditional Slavic mentality that some critics even don’t want to consider him a great Russian thinker. Nabokov’s biography gives certain reasons for it.

He was born into a noble family with aristocratic European roots. His grandfather was Minister of Justice under Alexander II who married a young baroness Marie von Korff. His father, Vladimir Dmitrievich Nabokov, was a well-known liberal statesman, a member of the first Russian Parliament and one of the leaders of anti-Bolshevik opposition. Being an undisguised “westerner” and Anglofile (his favourite author was Alexander Herzen) Vladimir Dmitrievich invited an English nurse for his son.

Thus Vladimir Nabokov became a bilingual from the baby age. At the age of five he began learning French. And when the family moved from St. Petersburgh to Berlin, in 1919, because of the Red Terror and the Civil War. Vladimir applied for Trinity college at Cambridge University and chose foreign languages as his specialty. The two foreign languages were French (medieval and modern) and Russian.

Another passion of his life from the very childhood was Lepidopterology. Nabokov collected, hunted and described butterflies. His first serious study on the Crimean butterflies, written in English, was published in “The Etimologist” magazine on 1920.

Later on Nabokov liked to give himself out for lepidopterologist whose hobby was literature, but it was just one of his typical tricks and mystifications. He spent most of his enthusiasm on fiction.

mary.jpgHis first Russian literary publications, signed with pseudonym Syrin (the name of the mythological paradise bird), were printed by emigrant press (“Mashenka”, “The Defence”). Some short stories and lyrical poems where he depicted the drama and tragedy of the Russian refugees, the downfall of their first hopes and their despair (an emigrant chess-player Luzhin in “The Defence” committed a suicide by jumping out of the window) were accepted with understanding by readers. One of them was Ivan Bunin, the Noble Prize winner for literature and one of Nabokov’s authorities of that time.

However, the young writer was far from following standards of the old realistic school. He was too complicated and ambitious for such a primitive task. Being a contemporary of the proletariat revolution and the bloody communist dictatorship, he hated any kind of primitivism and philistinism.

The next novels – “The Despair”, “The Lantern in the Dark” and “The Invitation to Beheading”, written in an anti-realistic, hard-modernist language,  sometimes close to Kafkian absurdity, expressed not only his own existential cry but also a programmatic challenge to the cruelty of the communist dictatorship.

Dostoevsky noticed once that all Russian Literature went out of Gogol’s “Overcoat”. I should say that Nabokov came out of Gogol’s “Nose”. And when he stood up, everybody could see “The Diaries of a Madman” in his hands, opened on the last page.

During that time the best of Nabokov’s novels was born. It was “The Gift”. It is very specific. There is no ordinary plot in the book. Formally, it is a life and carrier story of a Russian writer Godunov-Cherdyntsev and his love Zina Mortz. But the real heroine of the novel is not Zina. It is the Russian Literature. Modernist Language and the structure of “The Gift” which let Nabokov show the lustre and the darkness of our cultural heritage: from Pushkin to “the five poets” with names, beginning with “B”: Balmont, Bunin, Beliy, Blok and Bulgakov – the five senses of the new Russian poetry.

indexgift.jpg“The Gift” ’s author doesn’t say many words about his favorite writers in a direct way. You just see their reflections or allusions to their aesthetics, feel their invisible breathing. At the same time he dedicates the whole chapter 4 to the biography of Nikolai Chernyshevskiy, a famous revolutionary-populist (narodnik) and a spiritual father in the person of Lenin that becomes the negative center of the novel. Nabokov follows the example of Dostoevskiy’s “Demons” and gives a caricature portrait of the revolutionary, but he makes it in a different manner. Not to be boring, Nabokov retells the Cherdyntsev’s utilitarian and socially limited ideas in the black ironic verse.

“…No great intelligence is needed to distinguish a connection between the teaching materialism, regarding inborn tendency to good; equality of man’s capacities – capacities that generally are termed mental; the great influence exterior  circumstances have on a man; omnipotent of experience; sway of habit and upbringing; the extreme importance of industry; the moral right to pleasure and communism”.

In opposition to this blind social reductionism,  Nabokov puts a pure aesthetic contemplation of the life mystery which we find in Godunov-Cherdyntsev’s poems:

One night between sunset and river

On the old bridge we stood, you and I,

“Will you ever forget it”, I queried,

“That particular swift that went by?”

And you answered so earnestly: “Never!”

And what sobs made us suddenly shiver

What story life emitted in flight

Till we die, till tomorrow, for ever,

You and I on the old bridge one night.

To any kind of negativism and foolish optimism, especially political demagogy with its promising “social progress”, “happy future”, he sets off his clear anti-equalizing  pessimistic credo: “An oak is a tree, a rose is a flower, a deer is an animal, a sparrow is a bird. Russia is our Fatherland, death is inevitable”.

“The Gift” was received with cold indifference by the immigrant community. The Orthodox people couldn’t  accept Nabokov’s antichristian philosophy, the left wing – his anti-socialist and anti-populist views, the bourgeois (in the Flaubertian sense) couldn’t  accept his unusual Avant-Guard language. And, of course, it was impossible even to dream about some Russian readers in his Fatherland. All Nabokov’s works were absolutely banned by the Soviet regime.

This kind of reaction was not unexpected by the author. He was proud of his forced solitude:

Thank you, my land for your remotest,

Most cruel mist my thanks are due.

By you possessed, by you unnoticed

Unto myself I speak of you.

“The Gift” was the best Vladimir Nabokov’s novel, written by him in the native language. It was the top of the whole Russian period of his creative work. When the conclusive chapter of the book was completed in 1937 in France, he and his family – his wife Vera and his son Dmitry – moved from Europe to USA. There Nabokov had to find a job to earn his living. In Germany he taught many language classes. He taught Russian literature at Weleshy College and then from 1948 till 1959 he lectured on Russian and European Literature at Cornell University. And all that time he never stopped writing fiction.

unnamedVNcev.jpgHe finished the book of memories – its first title “Conclusive Evidence” (1951) – later changed into “Speak, Memory” by the author -, where he described in a pure classic manner his happy childhood in a family village Rozhdestveno near St. Petersburgh, portrayed with infinite tender his parents and represented the general life atmosphere of a good old pre-revolutionary Russia.

Very few people in America could appreciate that elegant nostalgic book. The next novels “The Real Life of Sebastian Knight» and «Bend Sinister” were easier and more understandable for a western reader but they were not noticed either. And Nabokov decided to create something totally different.

“Lolita, light of my life, fin of my loins. My sin, my soul, Lo-lee-ta: the tip of the tongue, taking a trip of three steps down the palate to tap, at thee, on the teeth. Lo-lee-ta!

She was Lo, plain Lo in the morning, standing from feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dollores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita”.

About 1955 he was writing the world famous, magic and sensational Lolita. It was a thrilling, intensely lyrical, sentimental story about the aging Humbert, Humbert’s doomed passion for a twelve-year-old nymphet, a sexually attractive young girl Dolores Haze.

“Wanted, wanted: Dolores Haze.

Hair: brown. Lips: scarlet.

Age: five thousand three hundred days.

Profession: None, or starlet”.

(…)

My car is limping, Dolores Haze,

And the last long lap is the hardest.

And I shall be dumped where the weed decays

And the rest of rust and stardust.

From the very beginning the book brought surprises to its author. Firstly, Nabokov could not find an editor in USA. When the novel was published by the “Olympic Press” in Paris, American critics fired a common volley at “Lolita”. One of them said that the author of the novel was “hypercivilized European debanching young American”, another classified the story as “pornographical”, the third called the book “anti-American” and the forth called it “anti-semitic”.

Humbert was at least three times mistaken for a Jew, and the pistol of his rival Guilty was a German one.

1957-Stockholm..jpgNabokov tried to defend himself. He said that “Lolita” couldn’t be considered as anti-American. While composing the story, he tried to be an American writer. What one should bear in mind he was not a realistic author, he wrote fiction. It had taken Nabokov some forty years to invent Russia and Western Europe. And at that moment  he faced the task of inventing America. He didn’t like Humbert Humbert. Indeed that character was not an American citizen, he was a foreigner and an anarchist. Nabokov disagreed with him in many ways, besides, nymphets like his, disagreed, for example, with Freid or Marx.

He was not understood and pled guilty. After an enormous scandal round “Lolita” Nabokov lost his job at Cornell University. After that final knock-out which in fact became the beginning of Nabokov’s world glory, the writer could devote all his time to the literary work. He published a poem “Pale Fire” of nine hundred ninety-nine lines, divided into four cantos with a long fantastic commentary, a novel “Pnin” about an emigrant university lecturer like him. Among other fiction, there was a novel “Ada or Azdor: a Family Chronicle”, some books and short stories, plays and a screen-play for his “Lolita”, ordered by Stanly Kubrik.

And let’s remember that Vladimir Nabokov was a brilliant translator and an expert in the world literature. The most important creation in this field was Pushkin’s “Eugen Onegyn”, published by Bollinger Foundation in four volumes with huge commentary in every one. He also made the English translation of “The Song of Igor’s Campaign”, a famous Medieval tale, Lermontov’s “Hero of our time” and some poems of the Russian classics. From English into Russian he retold “Alice’s Adventures in the Wonderland” by Luis Carrol (“Alisa v strane chudes”) and his memories (“Drugie Berega”).

51doGKP4FoL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgNabokov’s critical biography by Nikolai Gogol (a non-Christian interpretation of a Christian author were the first books, published in the Soviet Union. But his “Lectures on Russian Literature”, “Lecture on Literature” (on Western Europe), “Strong Opinions” where he collected some interviews, letters and articles were unknown until post-soviet times.

“Why?” – you can ask. May be, because of his not very Russian American novels? I don’t think so. Many American writers have been translated and published in the USSR. By the way, Nabokov himself was quite clear about his country orientations, especially after he came back to Europe (Swirzerland) in 1961. Many time Nabokov said that he loved many things in America, where he had found good friends and readers, but he was not going to become a citizen of USA. He and his wife Vera were travelling from motel to motel, hunting butterflies. He had never had a house of his own. In one of his interviews, he said that he felt Russian and thought that his Russian works were a kind of a tribute to his Fatherland, as well as the English books on the Russian Literature.

Of course he realized that after living for so many years abroad he couldn’t remain unchangeable. He had to change. And it was a difficult kind of switch. Sometimes he said that his private tragedy should not be anybody’s concern, and he had to abandon his national idiom, his untrammeled rich and infinitely docile Russian tongue for a second-rate brand of English.

Nabokov was banned in the Soviet Union exactly for this nostalgia, because it was an invincible, indocile, unconquered love for the old, noble White Russia. He hated Lenin’s terrorist regime and any kind of communism. He despised the clumsy, trivial and melodramatic Soviet literature. And the Soviet writers couldn’t forgive it to him. Those literary bureaucrats couldn’t excuse neither his genius, nor his devine language which was dangerous like sunshine for the night shadows.

Vladimir Nabokov is coming back home. His dreams became true. Hundreds of underground copies of his best Russian novels. Nabokov’s books are on sale in St. Petersburgh and Moscow. Luzhin, Godunov-Cherdyntsev, Pnin and others live souls moor to “Drugie Berega”

Speaking on his memories, I would like to cite the concluding lines:

“To my love I will not say “Good-bye”.

I will carry it with me for ever.

And remember, please, “Never say never”

Till we live, till we honestly die”.

Pavel Toulaev, Utica College, N.Y., 1994

mardi, 04 août 2020

L’âge d’argent de la littérature russe : Rozanov, penseur vitaliste

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L’âge d’argent de la littérature russe : Rozanov, penseur vitaliste

Par Robert Steuckers

L’ « âge d’argent » de la littérature russe correspond à ce que nous appelons la « Belle Epoque ». Elle est une période de contestation de l’autocratie tsariste et des figements de l’orthodoxie mais les exposants de cette contestation dont nous retenons le nom, ici, ne sont pas des révolutionnaires au sens marxiste du terme. Le premier personnage que nous choisissons dans cette nébuleuse est Vassili Vassilévitch Rozanov (1856-1919). Cet auteur représente un itinéraire très particulier, une vita exceptionnelle, dirait Hannah Arendt, qui ne peut être aisément campée dans un camp conservateur ou « progressiste » : Rozanov pense en dehors de tout parti, de toute conviction. « Je suis venu au monde, écrira-t-il, pour le regarder et non pour y accomplir quelque chose ». Les vagabondages de ce regard seront dûment consignés dans un volume en trois volets temporels (1913, 1915 et 1918) : Feuilles tombées, recueil hétéroclite de notes diverses, écrites non pour durer dans la postérité mais pour exprimer spontanément une sensation, une humeur. Rozanov veut renouer là avec l’espièglerie du copiste médiéval qui gribouille une plaisanterie ou un dessin grivois en marge de son vénérable manuscrit. Il voit en cela une véritable littérature, une expression d’avant l’imprimerie donc d’avant la modernité. Pour lui, « ce dont nous avons besoin, ce n’est point d’une ‘grande littérature’ mais d’une grande et belle vie, bien remplie ». La littérature véritable est une petite arrière-cour de ma maison, rien de plus, et ne doit certes pas servir à des quidams prétentieux qui veulent plastronner devant leurs contemporains.

De là, Rozanov inaugure l’un des fondements de la « révolution conservatrice », dont l’apport russe est essentiel, par le filon qui court de Rozanov au couple Merejkovski/Hippius et de ce couple à Moeller van den Bruck. Quel est ce fondement ? Celui qui entend aller aux petites choses du quotidien, aux particularismes les plus particuliers, car ces particularismes sont mon divin, les divins de mes semblables. Rozanov est un « physionomiste » : il valorise les regards, les corps, l’immersion dans le soi le plus profond. Il se déclare ainsi indépendant de tout public, se dégage, à la façon de Schopenhauer, de toute volonté militante et frénétique, fébrile et acquisitive, de toute participation à de mauvais cirques idéologiques. Rozanov, sans prétention, se veut le plus normal des hommes : celui qui voit ce que ne voient pas ces partisans de toutes moutures schématisantes qui jugent toutes choses en noir et blanc. Il voit ce que les idéologues ne voient pas. Et les choses essentielles résident dans le foyer intime : la vraie vie s’épanouit dans un foyer privé, chaleureux et confortable, il est « rond » comme un nid d’oiseau. Il faut œuvrer à se créer un « foyer tout en rondeur », alors Dieu ne nous abandonnera pas. Ce nid familial est l’ordre ménager qu’il appelle de ses vœux, le domostroï slave ou le kahal juif qui, s’il est détruit, engendrera un socialisme inorganique, où la fraternité ne sera qu’un leurre.

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Cette immersion dans le soi induit, chez Rozanov, une haine du positivisme libéral (occidental) : « Le positivisme est le mausolée philosophique de l’humanité en déclin. Je ne veux rien avoir à faire avec lui. Je le méprise. Je le hais. Je le crains ». La nature tout entière est préstabilisée, car elle est là, tout simplement, et c’est là uniquement que pourront s’exprimer les potentialités qui deviendront réalités. On pense au réel sans double de Clément Rosset. La raison raisonnante des positivistes est inférieure à ce réel sans double. Quant à la vérité, elle n’a pas d’importance en soi ; elle n’a d’importance que si (et seulement si) elle est constitutive de la réalité réelle. On croit entendre Armin Mohler, admirateur de Rosset.

Rozanov fréquentait la « société religieuse/philosophique » de Saint-Pétersbourg qui entendait moderniser la religion non dans un sens positiviste, bien sûr, mais en lui donnant une vigueur nouvelle. Dans ces débats, parfois houleux, Rozanov n’a eu de cesse de dénoncer le rejet par l’église orthodoxe des facteurs vitaux, posture qui lui a donné une réputation de révolutionnaire antireligieux, alors qu’au même moment il prenait fait et cause pour la « Centurie noire » pogromiste, qui accusait les juifs de « meurtre rituel », et il brocardait la pusillanimité des progressistes dans cette affaire. Cette ambivalence le discrédite aux yeux des libéraux, pourtant réceptifs à sa critique de l’orthodoxie. La pétrification de l’orthodoxie a généré un gouffre profond de l’âme qui provoquera à terme une catastrophe de colossale dimension : elle engloutira tout, trône, classe, travailleurs, …

51HG0ihqOoL._SX195_.jpgRozanov développe sa pensée religieuse : elle n’est pas directement centrée sur l’Eglise orthodoxe, qu’il n’abandonnera toutefois jamais, car, malgré ses lacunes et ses travers, elle réserve pour ses fidèles un espace de chaleur inégalée : on y enterre ses parents, ses proches, on y marie ses enfants. Le corps de l’Eglise, ce sont ses rites qui rythment la vie, celle du foyer, du nid.  D’emblée, on le voit, la critique antireligieuse de Rozanov n’est pas celle des positivistes et des libéraux, dont il perçoit les idées comme également pétrifiées ou en voie de pétrification. Le noyau central de sa critique de l’orthodoxie russe est vitaliste. La doctrine chrétienne est hostile à la vie, au désir. Elle s’est détachée de l’« arbre de la vie », alors que l’Ancien Testament, qu’il revalorise, y était étroitement attaché. L’Evangile, qui, pour lui est un poison mais non au sens où l’entendait Maurras, véhicule une profonde tristesse, un deuil permanent. Il n’est pas tellurique, encore moins phallique. Il méconnait le rire et l’amour charnel, seul amour véritable. Mais fidèle à sa manière de dire aussi, et dans la foulée même de ses écrits provocateurs, le contraire de ce qu’il vient d’affirmer, Rozanov chante les vertus du monachisme européen, générateur d’un être hermaphrodite et monacal, qui est parvenu à sublimer à l’extrême les instincts vitaux et, par là même, à générer la civilisation en Europe. Ce monachisme créateur a toutefois cédé le pas à l’infertilité évangélique en Europe, si bien qu’à terme tout deviendra « ombre ». Ce n’eut pas été possible si la religion avait été plus charnelle, plus solaire, plus fidèle aux cultes antiques de la fertilité, dixit Rozanov, l’inclassable, car le soleil est là, est l’élément le plus patent du réel (sans double), sans lequel aucune vie, ni élémentaire ni monacale n’est possible, sans lequel les liturgies cycliques n’ont aucun sens. Comme David Herbert Lawrence, Rozanov réclame un retour de la religion au cosmos pour que la théologie ne soit plus un grouillement sec de radotages syllogistiques mais la voix du peuple paysan qui chante le retour du printemps.

C_ROZANOV_Feuilles-360x600.jpgLa disparition du cadre doux du domostroï et l’a-cosmicité, l’anti-vitalisme, de la religion officielle sont les vecteurs du déclin final de la civilisation européenne. Sans vitalité naturelle, une civilisation n’a plus l’énergie d’agir ni la force de résister. Elle a perdu toute étincelle divine. Lev Gumilev, qui déplore la disparition des passions, Edouard Limonov, récemment décédé, qui parle d’un Occident devenu un « grand hospice », Alexandre Douguine, qui développe sa critique particulière de l’Occident, sont des échos lointains de ce vitalisme de Rozanov. Préfigurant également Heidegger, Rozanov déplore l’envahissement de nos foyers par l’opinion publique/médiatique, qui décentre nos attentions et disloque la cohérence de nos nids. Nous sommes dans un processus de « sociétarisation » qui détruit les communautés archaïques, dissout les ciments irrationnels et les remplace par un bla-bla intellectuel pseudo-rationnel. La politique est dès lors dominée par cet intellectualisme infécond et tout ce qu’elle produit comme idéologies ou comme programmes mérite le mépris. Rozanov formule donc un credo apolitique. Si la révolution bolchevique, survenue pendant la rédaction des Feuilles tombées, réussit à bouleverser de fond en comble l’édifice impérial tsariste, c’est parce qu’elle est portée par la vitalité des moujiks qui se sont engagés dans l’Armée Rouge. La révolution est une manifestation de la jeunesse, écrit-il, qui veut autre chose qu’un empire sclérosé.

Rozanov avait fréquenté à Saint-Pétersbourg, ce couple extraordinaire que formaient Dimitri Merejkovski et Zinaïda Hippius qui, à leur tour, avaient fréquenté à Paris cet autre couple hors du commun, Arthur Moeller van den Bruck et Lucie Kaerrick (traducteurs de Dostoïevski). Par l’intermédiaire de ces deux couples, très actifs dans les milieux culturels russes et allemands, les idées vitalistes de Rozanov, avec son antipositivisme viscéral, sa critique de l’assèchement des religions, sa vision de la mort civilisationnelle par la disparition des communautés archaïques et, enfin, sa valorisation, au début de la révolution russe, du facteur jeunesse, sont passées, mutatis mutandis, dans le corpus de la révolution conservatrice. Et s’y sont ancrées. Définitivement.

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, avril-mai 2020.

Bibliographie :

  • - Helmut Dahm, Grundzüge russischen Denkens – Persönlichkeiten und Zeugnisse des 19. Und 20. Jahrhunderts, Johannes Berchmans Verlag, München, 1990.
  •  
  • - Peter Krug, Dichters, Denkers en Rebellen – De Russische cultuur tussen traditie en revolutie, Kok Agora/Pelckmans, Kampen, 1990.
  •  
  • - Pierre Pascal, Strömungen russischen Denkens 1850-1950, Karolinger Verlag, Wien, 1981.
  • - Vasili Rozanov, Foglie cadute, Adelphi, Milano, 1976.
  •  
  • - Karl Schlögel, Petersburg – Das Laboratorium der Moderne 1909-1921, Fischer, Frankfurt a. M., 2009.
  •  
  • - Robert Steuckers, La révolution conservatrice allemande – Biographies de ses principaux acteurs et textes choisis, tome 1, Ed. du Lore, s. l., 2014 (voir le chapitre : « Sur l’entourage et l’impact d’Arthur Moeller van den Bruck »).
  •  
  • - Emmanuel Waegemans, Geschichte der russischen Literatur von Peter dem Grossen bis zur Gegenwart, UVK, Konstanz, 1998.

vendredi, 19 juin 2020

Sans unification, l'Europe sera le théâtre du conflit opposant les Etats-Unis à la Chine

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Sans unification, l'Europe sera le théâtre du conflit opposant les Etats-Unis à la Chine

Ex: http://imperiumeuropa.hautetfort.com   

Parmi les nombreuses raisons qui sont avancées pour justifier l'unification politique de l'Europe, que celles-ci soient données par les européistes mondialistes ou par les identitaires européens, il y en a une qui n'est jamais évoquée. L'unification politique de notre continent est nécessaire, car elle est indispensable à notre survie pour empêcher que notre continent ne devienne le théâtre de l'affrontement entre la Chine et les Etats-Unis. Durant la période entre 1945 et 1991, année de l'effondrement de l'URSS, l'Europe a vécu une période bénie des Dieux. Notre continent était divisé entre les deux principales puissances de l'époque. Elles concentraient sur notre sol une grande partie de leurs forces armées et de leurs moyens de destruction. Mais l'équilibre de la terreur empêchait paradoxalement tout affrontement direct entre les deux. Washington et ses alliés tout comme Moscou et les siens savaient qu'une guerre en Europe équivaudrait à une destruction mutuelle. Cette situation a été à l'origine de la période de paix qui a prévalu en Europe durant des décennies. C'est tellement vrai, qu'il faudra attendre la chute du mur de Berlin en 1989 pour que le Vieux continent connaisse à nouveau les affres d'un conflit militaire avec l'éclatement de la Yougoslavie en 1991. La conscience qu'un affrontement direct en Europe provoquerait leur destruction mutuelle a conduit ces puissances à s'opposer indirectement sur les théâtres périphériques (Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine). La situation aujourd'hui me semble comparable. Sauf que le cœur de l'affrontement ne se situe plus en Europe mais en Asie. Et pour les Européens, malheureusement, cela va tout changer.

La Chine et les Etats-Unis veulent tous les deux la suprématie planétaire. La plus grande partie de leurs forces sont concentrées en Asie. Du côté américain, cette situation a été validée lors de la double présidence de Barack Obama avec la décision de transférer vers la zone Asie-Pacifique la majeure partie de la flotte américaine. Mais comme au siècle dernier, les deux puissances savent pertinemment qu'un affrontement direct en Asie et dans le Pacifique engendrerait leur destruction mutuelle. C'est donc sur les théâtres périphériques que ces deux puissances s'affrontent déjà, de manière indirecte, via des nations, des rébellions, des mouvements terroristes ou des consortiums économiques. Et cette fois, malheureusement, l'Europe est devenu l'un des enjeux de cette bataille. Les stratèges américains, conscients de l'impossibilité d'une guerre traditionnelle face à la Chine du fait de l'arme atomique, misent leurs espoirs sur une répétition de la Guerre Froide. Ils veulent entraîner la Chine dans une guerre économique, commerciale, numérique et technologique qu'elle ne serait pas en mesure, selon eux, de gagner afin de provoquer comme jadis en URSS l'essoufflement puis l'effondrement du régime. La guerre sur les tarifs douaniers lancée par Donald Trump ou ses attaques contre l'un des fleurons de la technologie chinoise, l'entreprise Huawei, pour le contrôle planétaire de la 5 G, sont les signes précurseurs de cette stratégie. Et on peut même se demander, certains m'accuseront ici de complotisme, si les pannes électriques majeures au Vénézuela et plus récemment en Uruguay, économie florissante à la différence de sa voisine bolivarienne, ainsi qu'en Argentine, n'entrent pas dans la préparation de ces nouvelles formes de guerre qui opposeront les deux géants.

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En Europe, la Chine avance ces pions. Bien aidée par l'hostilité des néo-conservateurs américains qui voient toujours en Moscou une puissance rivale. Les Etats-Unis n'ont jamais voulu d'une Russie indépendante, forte et européenne. Leur hantise que cela puisse déboucher sur l'émergence d'une Europe continentale unie, qui passe nécessairement par un axe Paris-Berlin-Moscou, et qui se placerait automatiquement en rivale des Etats-Unis a toujours était au cœur des préoccupations de la géopolitique anglo-saxonne. Il suffit de se rappeler de ce que les Américains ont tenté de faire de ce pays sous la présidence du pantin Boris Eltsine pour comprendre de quelle Russie ils se satisferaient. Le malheur pour les Européens et que cette politique pousse Moscou dans les bras de la Chine ce qui entraîne déjà des répercussions dramatiques pour notre continent. Les tensions et les guerres aux confins des frontières russes ou dans ses traditionnelles zones d'influence se multiplient. On le voit déjà en Ukraine mais attendez-vous à ce que cela tangue en Transnistrie, en Moldavie, dans les Balkans, dans le Caucase, en mer Baltique et peut-être autour de l'enclave de Kaliningrad dans le pire des cas. On le voit déjà dans les pressions exercées par Washington sur l'Allemagne et différents pays européens pour empêcher la réalisation du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit alimenter l’Europe en énergie russe bon marché au détriment du gaz de schiste américain. Une déstabilisation de la dictature Biélorusse peut également s'inscrire dans ce schéma d'affrontement indirect entre la Chine et les Etats-Unis. L'Europe ne manque pas de terrain de jeu.

À cela s'ajoute le fait que le projet chinois de nouvelles routes de la soie n'épargne pas l'Europe. Ses tentatives de prendre le contrôle d'une partie de l'économie grecque, n'oublions pas qu'elle a acheté le port d'Athènes, ses investissements de plus en plus nombreux dans les Balkans, notamment en Albanie, ou ses récentes propositions économique alléchantes aux différents gouvernements italiens, entrent bien entendu dans ses plans de domination économique. Mais ces initiatives prouvent surtout que l'Europe devient pour la puissance chinoise un théâtre d'affrontement dans le cadre de sa rivalité avec la puissance américaine pour la suprématie mondiale. Et cela n'augure rien de bon pour les Européens. Si nous ne voulons pas subir ce que les nations africaines, asiatiques ou sud-américaines ont subi durant la Première Guerre Froide, les Européens doivent mettre immédiatement un terme à leurs divisions, tendre la main à Moscou et sortir de l'OTAN. Seule une Europe puissante et unie, rassemblant la Russie, pourra nous éviter le destin funeste que Chinois et Américains nous réservent au travers de leur affrontement.

D.B.

vendredi, 12 juin 2020

Russia aiming to realize Greater Eurasia dream

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Russia aiming to realize Greater Eurasia dream

The Russian role will be to balance the hegemonic powers, as a guarantor of a new union of non-aligned nations

Professor Sergey Karaganov is informally known in influential foreign policy circles as the “Russian Kissinger” – with the extra bonus of not having to carry a “war criminal” tag from Vietnam and Cambodia to Chile and beyond. 

Karaganov is the dean of the Faculty of World Economy and International Affairs at the National Research University Higher School of Economics. He’s also the honorary chairman of Russia’s Presidium of the Council on Foreign and Defense Policy.     

In December 2018, I had the pleasure of being received at Karaganov’s office in Moscow for a one-on-one conversation essentially about Greater Eurasia – the Russian path for Eurasia integration. 

Now Karaganov has expanded his main insights for an Atlanticist made in Italy vehicle usually more distinguished for its maps than its predictable “analyses” straight from a NATO press release.   

Even noting, correctly, that the EU is a “profoundly inefficient institution” on a slow path towards dissolution – and that’s a massive understatement – Karaganov observes that Russia-EU relations are on their way to a relative normalization.

This is something that has been actively discussed in Brussels corridors for months now. Not exactly the agenda envisaged by the US Deep State – or the Trump administration, for that matter. The degree of exasperation with Team Trump’s antics is unprecedented.

Still, as Karaganov recognizes: “Western democracies don’t know how to exist without an enemy.” Enter NATO’s routine secretary-general Stoltenberg’s platitudes on the Russian “threat.” 

Even as Russia’s trade with Asia is now equivalent to trade with the EU, a new “threat” emerged in Europe: China.    

An Inter-Parliamentary Alliance on China was just invented last week as a new demonization platform, congregating representatives from Japan, Canada, Australia, Germany, the UK, Norway and Sweden as well as members of the European Parliament. 

China “as led by the Chinese Communist Party,” is to be faced as a “threat” to “Western values” – the same old triad of democracy, human rights and neoliberalism. The paranoia embodied in the dual Russia-China “threat” is nothing but a graphic illustration of the prime Grand Chessboard clash: NATO vs Eurasia integration.

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‘Russia’s Kissinger’: Head of the Council on Foreign and Defense Policy Sergey Karaganov.

A great Asian power 

Karaganov breaks down the crucial Russia-China strategic partnership to an easily absorbed formula: As much as Beijing finds strong support on Russia’s strategic power as a counterpunch to the US, Moscow can count on China’s economic might. 

He recalls the crucial fact that when Western pressure on Russia was at its peak after Maidan and the Crimea referendum, “Beijing offered Moscow virtually unlimited credit, but Russia decided to brave the situation on its own.” 

One of the subsequent benefits is that Russia-China abandoned their competition in Central Asia – something I saw for myself in my travels late last year. 

That does not mean competition has been erased. Conversations with other Russian analysts reveal that fear of excessive Chinese power is still on, especially when it comes to China’s relations with weaker and non-sovereign states. But the bottom line, for such a sterling realpolitik practitioner as Karaganov, is that the “pivot to the East” and the strategic entente with China favored Russia in the Grand Chessboard.   

Karaganov totally understands the Russian DNA as a great Asian power – taking into consideration everything from authoritarian politics to the natural resource wealth of Siberia.

Russia, he says, is “close to China in terms of common history despite the enormous cultural distance separating them. Up to the 15th century, both were under Genghis Khan’s empire, the largest in history. If China assimilated the Mongols, Russia ended up expelling them, but in two and a half centuries of submission it incorporated many Asian traits.” 

Karaganov considers Kissinger and Brzezinski “lucid strategists,” and laments that even if they suggested otherwise “the American political class” inaugurated a “new Cold War” against China. He breaks down Washington’s objective as playing a “Last Battle” profiting from the forward bases the US still dominates in what Wallerstein would define as our collapsing world-system. 

New Non-Aligned Movement

Karaganov is very sharp on Russia’s independent streak – always fiercely countering “whoever pointed at a global or regional hegemony: from the descendants of Genghis Khan to Charles XII of Sweden, from Napoleon to Hitler. In the military and political spheres, Russia is self-sufficient. Not in the economic, technological and cyber spheres, where it needs markets and external partners, which it will search and find.”

The result is that the Russia-EU rapprochement dream remains very much alive, but under “Eurasian optics.”   

That’s where the concept of Greater Eurasia comes in, as I discussed with Karaganov in our meeting: “a multilateral, integrated partnership, officially supported by Beijing, based on an egalitarian system of economic, political and cultural links between diverse states,” with China playing the role of primus inter pares. And that includes a “significative part of the Western extremity of the Eurasian continent, that is, Europe.” 

That’s what the evolution in the Grand Chessboard seems to point at. Karaganov – correctly – identifies western and northern Europe as attracted to the “American pole,” while southern and eastern Europe are “inclined towards the Eurasian project.”  

The Russian role, under this framework, will be to “balance the two possible hegemonic powers,” as a “guarantor of a new union of non-aligned nations.” That hints at a very interesting new configuration of the Non-Aligned Movement.

So meet Russia as one of the supporters of a new multilateral, multi-vector partnership, finally moving from a status of “periphery of Europe or Asia” to “one of the fundamental centers of northern Eurasia.” A work in – steady – progress.

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Yugoslav President Marshal Josip Broz, better known as Tito (R, 1892-1980) shares joke with Egyptian President Gamal Abdel Nasser (L) and Indian Prime Minister Jawaharlal Nehru (C) in July 1956 at Brioni Island during a Non-Aligned Movement summit. (Photo: AFP)

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jeudi, 11 juin 2020

Comment des «samouraïs russes» se sont battus pour le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale

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Comment des «samouraïs russes» se sont battus pour le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale

Les Russes sont peut-être les seuls Européens à s'être portés volontaires afin de se battre pour la création de la sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale, sous l'égide du Japon. Mais ils avaient aussi leurs propres objectifs.

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La victoire des bolcheviks lors de la guerre civile russe a contraint des centaines de milliers de Russes à quitter le pays. Avec leurs enfants, ils ne cessaient d'espérer qu'ils pourraient un jour rentrer chez eux et renverser ce pouvoir soviétique qu'ils détestaient tant.

Mais si de nombreux émigrants russes en Europe ont parié sur Hitler pour leur lutte contre l'URSS, ceux qui se sont installés en Extrême-Orient ont choisi de s'allier à l'Empire du Japon.

Alliés

À partir des années 20, les Japonais ont tissé des liens avec les Russes blancs s'étant installés dans le Nord-Est de la Chine, dans la région de Mandchourie. Lorsque l'armée japonaise du Guandong a occupé la région en 1931, une grande partie de la population l'a donc soutenue dans sa lutte contre les troupes chinoises.

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Soldats de l'armée blanche en Chine.

L'État fantoche de Mandchoukouo a été proclamé sur les territoires de Mandchourie et de Mongolie intérieure et Puyi, dernier empereur de Chine, a été placé à sa tête. Cependant, le réel pouvoir était entre les mains des conseillers japonais et du commandement de l'armée du Guandong.

Les Japonais et les Russes se sont alors unis sur la base de leur rejet commun du communisme. Ils avaient besoin les uns des autres dans la guerre de « libération » contre l'Union soviétique qui s'annonçait.

>>> Rouges vs. blancs: le jour où les ennemis jurés sont devenus alliés

Les « samouraïs russes »

Comme le proclamait l'idéologie officielle du Mandchoukouo, les Russes étaient l'un des cinq peuples « indigènes » du pays, et avaient les mêmes droits que les Japonais, Chinois, Mongols et Coréens qui y vivaient.

Démontrant leur attitude bienveillante envers les Russes blancs émigrés, les Japonais les ont activement impliqués dans leur bureau de renseignement en Mandchourie, l'Agence Spéciale de Harbin. Comme l'a noté Michitarō Komatsubara, son dirigeant : « Ils sont prêts à n'importe quel sacrifice matériel, et acceptent avec joie toute entreprise dangereuse pouvant mener à la destruction du communisme ».

En outre, des détachements militaires russes ont été créés pour protéger les principales infrastructures de transport contre les attaques des Honghuzi, des bandits locaux. Plus tard, ces détachements seront impliqués dans des opérations contre les partisans chinois et coréens.

Les « samouraïs russes », comme le général Genzo Yanagita appelait les Russes blancs qui collaboraient avec les Japonais, ont reçu une formation à la fois militaire et idéologique.Généralement, ils étaient indifférents, voire favorables, à l'idée de construire la Grande Asie orientale sous l'égide du Japon, mais leur projet d'annexer toutes les terres russes jusqu'en Oural les irritait grandement, ce qu'ils devaient soigneusement cacher.

« Nous avons filtré tout ce que les orateurs nous disaient, et nous ne gardions pas en tête tout ce qui avait un esprit trop nippon qui ne correspondait pas à notre esprit russe »,a témoigné l’un des cadets, un certain Goloubenko.

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Le détachement Asano

Le plus important des détachements militaires russes créés par les Japonais était le détachement Asano, nommé en l'honneur de son commandant, le major Asano Makoto. Selon les époques, il comptait entre 400 et 3 500 soldats.

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Fondé le jour de l'anniversaire de l'empereur Hirohito, le 29 avril 1938, le détachement comprenait des unités d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie. Basés à Mandchoukouo, les soldats du détachement Asano étaient toutefois entièrement supervisés par l'armée japonaise.

Les soldats de cette unité secrète se préparaient à mener des opérations de sabotage et de surveillance sur les terres de l'Extrême-Orient soviétique lors de la guerre à venir contre l'URSS. Les soldats d'Asano devaient en effet prendre ou détruire les ponts et nœuds de communication importants, s'infiltrer dans les camps d'unités soviétiques et y empoisonner la nourriture et les sources d'eau.

L'Empire du Japon a par deux fois pu se confronter au potentiel militaire de l'Armée rouge : d'abord en 1938, lors de la bataille du lac Khassan, puis en 1939 lors de la bataille de Khalkhin Gol. Les soldats d'Asano ont été envoyés dans les zones de combats, où ils s'occupaient principalement des interrogatoires des prisonniers de guerre.

On peut trouver des informations sur des heurts militaires entre les soldats du détachement et leurs adversaires. Ainsi, lors de la bataille de Khalkhin Gol, un détachement de cavalerie de la République populaire mongole a rencontré les cavaliers du détachement Asano, mais les soldats mongols les ont d'abord pris pour les leurs ; cette erreur leur a presque à tous coûté la vie.

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Un nouveau rôle

Fin 1941, les dirigeants japonais ont abandonné l'idée d'une « guerre éclair » contre l'URSS, connue sous le nom de « plan Kantokuen ». En 1943, il devenait clair que les incursions japonaises en Extrême-Orient soviétique n’auraient lieu sous aucune forme.

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Les Japonais ont par conséquent procédé à la réforme des unités russes. Les soldats russes sont passés de leur détachement spécial dédié à la surveillance et au sabotage, à l'armée générale. Ainsi, le détachement Asano, qui avait perdu son statut de détachement secret, est devenu subordonné au 162e régiment des fusiliers des forces armées de Mandchoukouo.

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Drapeau de l'empereur du Mandchoukouo.

Cependant, les soldats russes étaient encore très appréciés à Tokyo. En mai 1944, Takahito de Mikasa, frère cadet de l'empereur Hirohito, est venu sur les lieux où se trouvaient les soldats d'Asano. Il a prononcé un discours, dans lequel il souhaitait renforcer l'esprit et la formation militaire des peuples japonais et russe.

L’effondrement

La lutte difficile et héroïque de l'Union soviétique contre l'Allemagne nazie a provoqué la croissance rapide des sentiments patriotiques et antijaponais au sein des populations russes de Mandchourie. De nombreux officiers ont alors commencé à coopérer avec les services de renseignements soviétiques. Il s'est d'ailleurs avéré que l'un des dirigeants du détachement Asano, Gourgen Nagolian, était en fait un agent du NKVD.

>>> Comment le dernier empereur chinois est tombé entre les mains de l'Armée rouge

Quand l'Armée rouge a envahi la Mandchourie, le 9 août 1945, les détachements de soldats russes ont réagi différemment : une petite partie d'entre eux a résisté, mais est rapidement tombée avec les troupes de Mandchoukouo. Le major soviétique Piotr Melnikov se souvenait que les soldats du côté japonais criaient souvent en russe pour perturber les soldats soviétiques, afin qu'ils ne puissent pas distinguer leurs ennemis de leurs alliés.

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Arrivée des troupes soviétiques en Mandchourie.

La majorité des Russes a choisi de changer de camp. Ils ont arrêté leurs commandants nippons, organisé des détachements de partisans pour combattre les Japonais, et pris le contrôle de villages pour les livrer aux troupes soviétiques qui arrivaient. Il est même arrivé que les relations entre les soldats de l'Armée rouge et les Russes blancs émigrés soient amicales, et ces derniers étaient autorisés à assurer la garde de certains sites.

Mais cela a pris fin lorsque les officiers de l'organisation de contre-espionnage de l'Armée rouge SMERCH sont arrivés à la suite des soldats. Moscou disposait en Mandchourie d'un vaste réseau de renseignement et était bien au courant des activités des Russes blancs émigrés lors des années précédentes. Ces derniers ont été massivement déportés en URSS, où les figures les plus importantes ont été exécutées, pendant que les autres ont écopé de jusqu'à 15 ans de détention dans les camps.

Dans cet autre article, découvrez le mystérieux peuple des Aïnous, à cheval entre Japon et Russie.

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vendredi, 29 mai 2020

Trump pourrait préparer une guerre nucléaire contre la Russie en s'appuyant sur la Pologne

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Trump pourrait préparer une guerre nucléaire contre la Russie en s'appuyant sur la Pologne

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Durant la guerre froide, l'Allemagne, principale de membre l'Otan (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) s'était vu imposer le stationnement d'une vingtaine de bombes nucléaires tactiques B-61 visant à équiper sous contrôle américain des avions d'attaque allemands en vue de préparer une frappe nucléaire de l'Otan contre la Russie.

Cette frappe avait été présentée comme dissuasive (deterrent ou de seconde frappe) mais aucun membre de l'Otan n'ignorait qu'elle pouvait être offensive (première frappe) si le Pentagone décidait de s'appuyer sur ses bases au sein de l'Otan, notamment en Allemagne, pour attaquer la Russie. Cette possibilité avait été implicitement acceptée par les membres européens de l'Otan. Ce fut la raison pour laquelle en son temps le président De Gaulle avait refusé la présence de la France au sein de l'Organisation. L'Allemagne ancienne puissance vaincue et sous contrôle américain, n'avait pas refusé de jouer ce rôle de première ligne contre la Russie, en n'ignorant pas cependant qu'elle serait la première victime d'une telle guerre.

Aujourd'hui, en Allemagne, certains membres du SPD, parti social-démocrate, qui soutient la coalition des conservateurs CDU-CSU présidée par Angela Merkel,, demandent le retrait des forces nucléaires américaines en Allemagne. Angela Merkel a aussitôt réagi en déclarant que cette décision serait inopportune. Néanmoins, aux Etats-Unis, Donald Trump et son ministre de la défense Mike Pompeo ont laissé entendre qu'en cas de refus allemand, la Pologne accepterait de les remplacer, et que les armes nucléaires pourraient être stationnées sur son sol, au plus près de la frontière avec la Russie.

On trouvera référencé ci-dessous un article de Scott Ritter, précédemment chargé au sein de l'ONU du suivi des questions d'armement. Pour lui ce redéploiement augmenterait considérablement les risques de guerre. Il serait inévitablement considéré à Moscou comme une provocation militaire, peut-être destinée à préparer un véritable conflit armé.

Cette mesure s'ajouterait à deux autres menaçant la coexistence pacifique entre les deux puissances nucléaires, jusqu'ici acceptée tant par Washington que par Moscou. Il s'agit du retrait américain du traité dit Ciel ouvert, Open Sky Treaty, ou OST signé en 2002 et acceptant que l'Amérique et la Russie puissent librement s'assurer par des patrouilles aériennes non armées qu'elles ne se dotaient pas d'équipements militaires lourds susceptibles d'être employés dans une guerre réciproque. Ce retrait vient d'être décidé par Donald Trump. Aujourd'hui, avec la surveillance satellitaire, des patrouilles aériennes ne s'imposent plus, néanmoins l'OST était considéré comme une marque de bonne foi réciproque. Cette décision a été très mal accueillie en Allemagne.

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Précédemment, Donald Trump avait décidé le retrait américain du traité FNI ou Traité sur les forces nucléaires intermédiaires signé en 1987 et visant à éliminer tous missiles non-intercontinentaux et portant des têtes nucléaires. Ce retrait signifie que de tels missiles pourraient désormais être utilisés contre la Russie par les Etats-Unis. Washington avait prétendu que Moscou ne respectait pas ses obligations, ce qui n'a jamais pu être prouvé.

On rappellera que les Etats-Unis se sont également retirés du traité JCPOA avec l'Iran permettant le contrôle de la politique d'armement nucléaire de l'Iran en échange d'une levée des « sanctions » imposées à ce pays par les autres signataires. Là encore Washington avait prétendu sans preuves que l'Iran ne respectait pas le traité.

Par ailleurs Donald Trump laisse entendre qu'il ne renouvellera pas le traité New START qui limite les plateformes nucléaires stratégiques américaines et russes permettant de lancer des missiles nucléaires contre l'adversaire. Le traité expirera le 5 février 2021. La Russie a proposé de le renouveler pour cinq ans sans aucune condition. Les États-Unis ont rejeté cette offre. Ils disent que la Chine doit être intégrée au traité, même si la Chine ne disposera pas avant longtemps de telles armes.

Enfin, Trump pense maintenant  à rompre  le  traité d'interdiction  totale des essais nucléaires que les États-Unis ont signé mais pas ratifié. Son administration discute de l'opportunité de procéder à un nouvel essai nucléaire, qui serait le premier depuis 1992, au prétexte que la Russie et la Chine procèdent à des essais nucléaires de faible puissance, ce que ces deux pays démentent. De tels essais, là encore, ne pourraient pas passé inaperçus des moyens d'observations satellitaires.

Scott Ritter considère que ces différents décisions américaines commencent à inquiéter sérieusement Moscou. Mais ceci ne devrait pas l'inciter à lancer une guerre nucléaire préventive globale dont les conséquences seraient catastrophiques. Il estime que la Russie s'appuierait sur les capacités des formations de première ligne de sa 1ère armée blindée de la Garde et de sa 20ème armée des forces combinées pour mener des opérations offensives de pénétration profonde destinées à capturer et détruire toute arme nucléaire de l'OTAN sur le sol polonais, avant qu'elle ne puisse être utilisée.

Il est douteux cependant que ceci puisse se faire sans déclencher une guerre globale. Manifestement, il semble que le Complexe militaro industriel américain dit Etat Profond, dont Trump n'est que l'émissaire (la puppet), ne redoute pas cette perspective. Il serait temps qu'en Europe, notamment en France et en Allemagne, on se décide à réagir en menaçant Trump, notamment, d'un rapprochement stratégique avec la Russie et la Chine.

Références:

US nukes in Poland would not be a deterrent, but a MASSIVE provocation for Russia
19 mai 2020 https://www.rt.com/op-ed/489068-nato-nuclear-poland-russia/

Scott Ritter https://fr.wikipedia.org/wiki/Scott_Ritter

lundi, 25 mai 2020

Le mémoriel russe doit rester pacifique

Se souvenir des blessures dont la patrie a souffert, ne pas oublier les drames qui l’ont marquée et qui font partie de son histoire est parfaitement compréhensible et naturel, d’autant que ces moments douloureux ont souvent contribué à forger son unité. Quoi de plus normal également, que ceux qui en furent les martyrs, les héros, soient honorés. Mais tout ceci doit rester dans le cadre national et ne pas se transformer en haine contre l’autre.

Des atrocités, les guerres en regorgent. Elles résultent souvent d’ambitions, nationales, mais parfois personnelles. Aucun des camps qui s’affrontent ne peut prétendre se parer du blanc-manteau de l’innocence. Au nom de valeurs trop fréquemment hypothétiques, elles voient les peuples s’écharper allégrement. L’apogée dans l’horreur revenant certainement à la seconde guerre mondiale, où l’inhumanité a atteint son paroxysme.

Malgré tout ce qui rapproche les peuples européens, les difficultés à s’unir, pour contrebalancer les deux grandes puissances dominatrices et celles qui commencent à émerger, sont difficiles à dépasser. Il en va ainsi avec la Russie, pourtant nécessaire à la grande Europe, qui nous hisserait au premier rang mondial.

Cette immense entité serait sécurisante et avantageuse pour les deux parties, l’Union européenne et la Russie. Ce n’est pas en exhumant les contentieux d’une histoire, même récente, que l’on y parviendra. Laissons le temps poursuivre son œuvre d’apaisement. Les cicatrices seront toujours présentes, mais elles doivent surtout nous rappeler que la coopération et la paix doivent seules nous inspirer.

La Russie peut-être amère, face à une Europe qui n’a pas su, pour certains de ses membres pas voulu, saisir l’occasion d’engager une saine et féconde coopération.

Pour notre part, nous avons souvent dénoncé l’attitude malveillante de certaines initiatives européennes. Le Partenariat Oriental illustre ce comportement.

Particulièrement cynique et provocateur, à travers toutes les dispositions, politiques, sécuritaires et économiques, il nuit à la Russie. De même, nous nous sommes élevés contre les sanctions démesurées, prises lors de l’annexion de la Crimée.

Tout bien considéré, elles sont loin d’être justifiées, cette région étant historiquement, linguistiquement, culturellement, russe. Quelle curiosité cet empressement à châtier ce pays, alors que ces mêmes censeurs sont totalement passifs, face aux annexions absolument arbitraires, commises par d’autres nations dans le monde. Cela étant, la dernière initiative prise par la Russie, concernant la Finlande, est pour le moins inappropriée.

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N’extirpons pas de la mémoire des faits douloureux ou glorieux, capables de faire ressurgir du tréfonds de l’être, des sentiments de revanche. Posons-nous la question de savoir si les batailles mémorielles qu’ils vont alimenter sont nécessaires pour laver des affronts.

L’intérêt des nations ne s’identifie pas forcément à celui de ses dirigeants. En ouvrant une enquête pénale contre la Finlande, sous le chef d’accusation de génocide, la Russie ne favorise guère le bon voisinage.

Les faits reprochés, des crimes commis par les troupes d’occupation finlandaises entre 1941 et 1942 en Carélie, ne soulèvent aucun doute. Cependant, les termes de l’accusation, par les graves implications qui peuvent en résulter, nous semblent excessifs. Que la Russie désire explorer ce passé lancinant, pour en connaître toutes les facettes, rien de plus naturel. Les historiens dont c’est la vocation et la compétence peuvent mener ces recherches, en toute honnêteté et au seul profit de l’histoire.

Contrairement à la majorité des autres pays de la région, qui à l’instar de la Pologne, entretiennent une suspicion chargée d’agressivité à l’égard de la Russie, la Finlande est plutôt placide. Malgré les incursions de l’aviation russe dans son espace aérien, elle a des rapports apaisés. La Finlande a fait preuve de bonne volonté.

Elle a privilégié une mitoyenneté profitable et toujours recherché le dialogue. L’attitude de la Russie n’en est que plus déroutante et interrogative. Enjeu des rivalités territoriales russo-finlandaises, la Carélie est une région martyre, qui n’a pas été épargnée lors de la seconde guerre mondiale. Durant cette période, l’armée finlandaise a commis des meurtres en Carélie orientale, qui sont connus et qu’elle a reconnus. Au-delà du problème soulevé, les drames qui ont ravagé cette région n’honorent ni la Finlande, ni la Russie.

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Le président Urho Kekkonen, ancien des Corps francs anticommunistes finlandais et artisan d'une paix durable avec l'URSS.

Dans le passé, Le Président Vladimir Poutine nous avait habitués à une autre approche de ce type de question. À Varsovie, en avril 2010 et alors qu’en 2008 la Pologne avait signé l’accord sur le bouclier antimissile, il a déclaré, concernant le massacre de Katyn « Un crime ne peut être justifié d’aucune manière », ajoutant « Nous n’avons pas le pouvoir de changer le passé, mais nous pouvons rétablir la vérité et la justice historique. »

Enfin, rejetant tout impérialisme : « Dans l’Europe du XXIe siècle, il n’y a pas d’alternative à un bon voisinage entre la Pologne et la Russie. »

C’est ce langage que nous aimerions voir adopter à l’égard de la Finlande qui, contrairement à la Pologne, a constamment manifesté son désir d’entretenir des rapports pacifiés. La construction de la grande Europe doit emprunter les chemins de la conciliation.

Il est logique que la Russie, comme toutes les nations, recherche la vérité sur les événements qui l’ont affectée. Mais cette quête doit seulement concourir à construire son histoire.

mardi, 19 mai 2020

Aleksandr Solzhenitsyn’s Lenin in Zürich

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Aleksandr Solzhenitsyn’s Lenin in Zürich

51tMhCAkhzL._SX303_BO1,204,203,200_.jpgIn 1975, Aleksandr Solzhenitsyn excised the several Lenin chapters from his massive and unfinished Red Wheel epic and compiled them into one volume entitled Lenin in Zürich. At the time, only one of these chapters had been published — in Knot I of the Red Wheel, known as August 1914 — while the remaining chapters would still have to languish in the author’s desk drawer for decades before appearing as part of The Red Wheel proper (November 1916 and March 1917, specifically). In order to save time and make an impression on his contemporaries, many of whom in the West still harbored misplaced sympathies for Lenin, Solzhenitsyn decided to share with the world his eye-opening and unforgettable treatment of the Soviet Revolutionary.

Solzhenitsyn’s approach, which was based on close study of Lenin’s speeches and letters as well as few accounts of his exile in Switzerland, combines third-person narration and first-person intimacy to deliver a nearly-Satanic depiction of Lenin at that time. Lenin is peevish, intolerant, tyrannical, ideologically murderous, and astoundingly petty. He’s also brilliant, dedicated, focused, and consumed by inhuman energy. It’s both fiction and not, and, as with the entire Red Wheel saga, demonstrates how Solzhenitsyn used the narrative arts to reconstruct and decipher historical events.

Lenin in Zürich’s enduring meaning for the Right lies not so much in Solzhenitsyn’s negative portrayal of Lenin, the memory of whom most Rightists would rather smash with a pedestal than hold up with one. Lenin’s ruthlessness and cruelty as a world leader is well documented. Rather, Solzhenitsyn cuts open, as only a novelist could, the repulsive psychological innards of the nation-killing Left, thereby defining the Right as its opposite in comparison.

We feel the strain, first off. Through his Nietzschean use of exclamation points and the constant stream of insults he hurls, unspoken, at his fellow socialists, Lenin never seems to enjoy being Lenin. He resembles Milton’s Lucifer cast down to Hell in Paradise Lost, only he’s stuck in Zurich, a place so peaceful, so prosperous, so bourgeois, so pleased with itself — in the middle of a world war, no less — that Lenin could just spit. Even the socialists there are incompetent, blockheaded vacillators. All Lenin can do is study the newspapers, plot unlikely ways in which the war could instigate communist revolutions, and fulminate. But mostly, he fulminates.

But worst of all, obscenest of all, Kautsky, with his false, hypocritical, sneaking devotion to principle, had started squawking like an old hen. What a vile trick: setting up a “socialist court” to try the Russian Bolsheviks, and ordering them to burn the all-powerful five-hundred-ruble notes! (Lenin had only to see a picture of that hoary-headed holy man in his goggling glasses, and he retched as though he had found himself swallowing a frog.)

August 1914 was a low point for the Bolsheviks abroad, apparently. They had few prospects and constantly bickered among themselves. That many on the Swiss Left were hampered by quaint notions of nationalism infuriated Lenin, but there was little he could do about it. After the failed Russian revolution in 1905, expectations were low — that is, until world war is declared. Solzhenitsyn’s first indication of how the Left operates against humanity, almost like a cancer, appears when Lenin reveals how overjoyed he is with the war. Death and destruction mean nothing to him unless it helps the Cause. He sees the struggle on the Left as patriots vs. anti-patriots — but on a larger scale, his revolutionary framework pits nationalists against anti- (or super-) nationalists. And nothing can weaken nationalism more than a senseless and protracted war. At one point, he ghoulishly admits that the greater the number killed in battle, the happier he gets. He worries only that the European leaders would do something stupid and ghastly like sue for peace before he and his fellows could instigate revolution in teetering-on-the-brink nations such as Switzerland and Sweden.

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The little things that Lenin does, and many of his offhand remarks and observations, also reveal his enmity towards everything traditional, natural, and morally wholesome. He complains bitterly against the principle of property rights. He recoils when approached by nuns on a train platform. He endeavors to keep his colleagues quarreling when it is useful to him. He opposes the Bolshevik employment of individual terror only because he believes terror should be a “mass activity.” He passes shops and delicatessens on the street and imagines them being smashed by an axe-wielding mob. He even foreshadows the Soviet Dekulakization of the next decade by claiming that

The Soviet must try to ally itself not with the peasantry at large but first and foremost with the agricultural labourers and the poorest peasants, separating them from the more prosperous. It is important to split the peasantry right now and set the poor against the rich. That is the crux of the matter.

Lenin not only pits himself against mankind, he pits himself irrevocably against his own colleagues. When he meets with the Swiss Social Democrats (dubbed “the Skittles Club”) at a restaurant, Solzhenitsyn offers this diabolic nugget:

Lenin’s gaze slides rapidly, restlessly over all those heads, so different, yet all so nearly his for the taking.

They all dread his lethal sarcasm.

And don’t get him started on the Mensheviks. He hates the Mensheviks. At one point, Lenin rather hilariously avers that he “would sooner see Tsarism survive another thousand years than give a millimetre to the Mensheviks!”

He also lies. He announces that Switzerland is an imperialist country when he knows it isn’t. He also claims, to the bafflement of the Swiss socialists, that Switzerland is the most revolutionary country in the world. He makes false promises to the more moderate socialists regarding their post-revolutionary roles. Double standards are nothing to him as well. He advocates opposing the war in public but egging it on in private. He professes to support democracy, but only before the revolution. Afterward, it should be abolished with all other hindrances to his planned totalitarian rule.

If any of this sounds familiar, it should. The Left has not changed much since Lenin’s day, merely exchanging class for race in the twenty-first century. The same bunch that clamored for civil rights for non-whites in the 1960s are now calling for the open oppression of whites. Just as with Lenin, what the Left says it wants and what it truly wants are two different things — the only determining factor here being who wields the power. Furthermore, a stroll through anti-white Twitter or anti-white Hollywood will show quite clearly that Left’s violent fantasies against their perceived enemies aren’t going anywhere.

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Another aspect of the Left that Solzhenitsyn reveals is its Jewishness. True, he does not name the Jew in Lenin in Zürich like he does in 200 Years Together. However, since all the characters in these chapters are historical figures, it’s easy enough to gauge exactly how Jewish Lenin’s circle was and how important some of these Jews were to his — and the Bolsheviks’ — ultimate success. And the answer is considerable on both counts.

Parvus_Alexander.jpgA man known as Parvus appears foremost among the Jews in Lenin in Zürich. Born Izrail Lazarevich Gelfand, he comes across, at least to Lenin, as an enigmatic and somewhat unscrupulous capitalist and millionaire who, for some reason, dedicates his life to socialist causes. Either this, or he wishes to destroy Russia while exhibiting a suspicious allegiance to Germany. Parvus, along with his protégé Leon Trotsky, had tried and failed to overthrow the Tsar in 1905, and now offers a new plan: With his deep contacts in the German government, he will arrange for the Bolsheviks’ to travel through Germany in order to re-enter Russia where they can foment revolution against a weakened Tsar. This would serve not only Lenin but Parvus’ German friends as well by knocking Russia out of the war. Suspicious of Parvus’ outsider status, and especially of his tolerance of Lenin’s detested Mensheviks, Lenin at first refuses. However, he cannot shake his respect and fascination for this mysterious benefactor.

Fat, ostentatious, and lacking tact, Parvus appears just as repulsive to the reader as he does to Lenin. However, his great wealth and his acumen for political scheming tames Lenin’s rapacious attitude and manages to shut him up for a while (which perhaps exonerates him somewhat as a character in the reader’s mind). He’s also quite prescient, having predicted World War I at an earlier point and impressing upon an incredulous Lenin that “the destruction of Russia now held the key to the future history of the world!”

And, of course, he’s a financial genius:

It was a matter of instinct with him, the emergence of disproportions, imbalances, gaps which begged him, cried out to him to insert his hand and extract a profit. This was so much part of his innermost nature that he conducted his multifarious business transactions, which by now were scattered over ten European countries, without a single ledger, keeping all the figures in his head.

d595b497ad4d0145202370e65cddfeb5.jpgAnother Jew who figures prominently in Lenin in Zürich is Radek (born Karl Berngardovich Sobelsohn). Lenin has tremendous respect for Radek as a writer and propagandist — that Radek had become one of the Soviet Union’s most prominent journalists years after Lenin’s death certainly justifies Lenin’s esteem. In all, he is clever and resourceful and the only person to whom Lenin would voluntarily surrender his pen. After the February Revolution in Russia, as Lenin prepares for travel back to his home country according to Parvus’ plan, Radek contrives ingenious solutions to formidable logistical problems that threaten to sink the enterprise. This makes Lenin, for one of the few times in the book, truly happy.

Not included in the later editions of The Red Wheel, which contain all of the Lenin in Zürich chapters, is an extremely useful “Author’s Index of Names” in the back of the book. Forty-nine names are mentioned, fifteen of which are Jews — sixteen if we include the half-Jewish Ryazanov (David Borisovich Goldendakh). This is over thirty percent, with a couple of names that I could not verify one way or the other. The ones I could are: Aleksandr Abramovich, Moisei Bronski, Grigory Chudnovsky, Lev Kamenev, Moisei Kharitonov, Paul Levi, Maksim Litvinov, Yuly Martov, Parvus, Radek, Georgy Shklovsky, Georg Sklarz, Grigory Sokolnikov, Moisei Uritsky, and Grigory Zinoviev.

Further, not all of the gentiles mentioned were part of Lenin’s inner circle. Some, such as the much-despised Robert Grimm and Fritz Platten, were Swiss socialists who contended with Lenin and did not accompany him to Russia. Others, such as Aleksandr Shlyapnikov and Nikolai Bukharin, were important and were mentioned frequently in the text but were not in Switzerland during the timeframe of the chapters. And two, Nadezhda Krupskaya (his neglected wife) and Inessa Armand (his beloved mistress) made few substantive contributions to his revolutionary work in the pages of Lenin in Zürich. According to Solzhenitsyn, many of Lenin’s closest associates in Zurich were Jews. Certainly, the two most important ones were.

From the perspective of the Right, Solzhenitsyn offers tantalizing evidence that the October Revolution would not have occurred (or would not have been as successful) without crucial actions from Jews at the most important moments. Without Parvus and Radek, Lenin likely would have stayed in Zurich in March 1917. Would he have gotten out in April or May or at all? Would he have even made it to Russia in time to make a difference? Would the Bolsheviks have been as successful without him? Impossible to say, but a reasonable conclusion would be that the fate of the Soviet Union would have hung much more in the balance without Lenin running things during its formative years. And without a successful October Revolution, we likely wouldn’t have the tens of millions of people senselessly killed by the Soviets during the 1920s and 1930s.

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Lenin in Zürich offers positive value to the Right as well, almost to the point of irony. Despite being an unhinged, foul-tempered, miserable villain, Solzhenitsyn’s Lenin exhibits some admirable characteristics that dissidents of any stripe would do well to emulate — provided they sift out the destructive elements. His gargantuan faith in himself makes him utterly impervious to ridicule and embarrassment. He thinks in slogans — always striving for a way to control and motivate the masses. (“The struggle against war is impossible without socialist revolution!”) He’s obsessed with time and gets annoyed almost to the point of rage whenever he wastes any. Everything is urgent for him. The man also demonstrates inhuman energy, always working, always reading, always striving. Solzhenitsyn, to his great credit as an author, makes Lenin’s intensity vibrate on nearly every page. Here’s a sample:

By analogy, by association, by contradiction, sparks of thought were continually struck off, flying at a tangent to left or right, on to loose scraps of paper, on to the lined pages of exercise books, into blank margins, and every thought must be stitched to paper with a fiery thread before it could fade, to smoulder there until it was wanted, in a draft summary or else in a letter begun there and then so that he could forge his sentences red-hot.

In essence, Lenin’s bulletproof spiritual constitution makes him the perfect radical machine. Who wouldn’t want to follow such a man during a crisis?

But to afford this, Lenin must live a Spartan life. He dedicates his entire life for his cause, and so does little for himself in terms of pleasure. Sadly for him, and for humanity, his dear Inessa could not requite his infatuation with her. In a candid moment, Lenin admits that only in her presence could he slow down and relax and do things for himself — day after gloriously languid day. Perhaps if he had found a little more solace with her, the world could have been spared his Mephistophelean wrath. Perhaps with her, he could have been more human and less Lenin.

Here is where I believe Solzhenitsyn fibs in the way all great authors should fib. This is all too good, too perfect a story to tell. I sense an all-encompassing tragic architecture rather than the ramshackle formation of truth. I can’t prove it, but I would guess that Vladimir Lenin would have remained a devourer of worlds even if he had had his way with Inessa every night while in Zurich. He would have eventually grown bored and contemptuous of her, like he did with most everyone else. Nothing would have changed.

But Solzhenitsyn makes us wish it had. And he makes us believe, even if only for a moment, that through romantic love it could have. When Lenin has an introspective moment alone, shortly after learning of the first revolution in Russia, he contemplates how his life is going to change forever. He then sits on a park bench before an obelisk commemorating a 1799 Zurich battle between the Russians and Austrians and the French. Yes, Russians of the past had fought even here, he thinks.

The clip-clop of hooves startles him. Inessa! Here she comes! What a surprise! She’s sitting upright in the saddle of a chestnut horse. She’ll be with him at any moment!

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Of course, it isn’t her, but a beautiful woman nonetheless. And this gets our Lenin to thinking. . .

He sat very still studying her face and the hair like a black wing peeping under her hat.

If he could suddenly liberate his mind from all the work that needed to be and must be done — how beautiful this would seem! A beautiful woman!

Her only movement was the swaying of shoulders and hips as the sway of the horse lifted her toe-caps in the stirrups.

She rode on downhill to a turn in the road — and there was nothing but the rhythm of hooves for a little while longer.

She rode on, carrying a little part of him away with her.

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