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jeudi, 11 juin 2020

Comment des «samouraïs russes» se sont battus pour le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale

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Comment des «samouraïs russes» se sont battus pour le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale

Les Russes sont peut-être les seuls Européens à s'être portés volontaires afin de se battre pour la création de la sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale, sous l'égide du Japon. Mais ils avaient aussi leurs propres objectifs.

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La victoire des bolcheviks lors de la guerre civile russe a contraint des centaines de milliers de Russes à quitter le pays. Avec leurs enfants, ils ne cessaient d'espérer qu'ils pourraient un jour rentrer chez eux et renverser ce pouvoir soviétique qu'ils détestaient tant.

Mais si de nombreux émigrants russes en Europe ont parié sur Hitler pour leur lutte contre l'URSS, ceux qui se sont installés en Extrême-Orient ont choisi de s'allier à l'Empire du Japon.

Alliés

À partir des années 20, les Japonais ont tissé des liens avec les Russes blancs s'étant installés dans le Nord-Est de la Chine, dans la région de Mandchourie. Lorsque l'armée japonaise du Guandong a occupé la région en 1931, une grande partie de la population l'a donc soutenue dans sa lutte contre les troupes chinoises.

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Soldats de l'armée blanche en Chine.

L'État fantoche de Mandchoukouo a été proclamé sur les territoires de Mandchourie et de Mongolie intérieure et Puyi, dernier empereur de Chine, a été placé à sa tête. Cependant, le réel pouvoir était entre les mains des conseillers japonais et du commandement de l'armée du Guandong.

Les Japonais et les Russes se sont alors unis sur la base de leur rejet commun du communisme. Ils avaient besoin les uns des autres dans la guerre de « libération » contre l'Union soviétique qui s'annonçait.

>>> Rouges vs. blancs: le jour où les ennemis jurés sont devenus alliés

Les « samouraïs russes »

Comme le proclamait l'idéologie officielle du Mandchoukouo, les Russes étaient l'un des cinq peuples « indigènes » du pays, et avaient les mêmes droits que les Japonais, Chinois, Mongols et Coréens qui y vivaient.

Démontrant leur attitude bienveillante envers les Russes blancs émigrés, les Japonais les ont activement impliqués dans leur bureau de renseignement en Mandchourie, l'Agence Spéciale de Harbin. Comme l'a noté Michitarō Komatsubara, son dirigeant : « Ils sont prêts à n'importe quel sacrifice matériel, et acceptent avec joie toute entreprise dangereuse pouvant mener à la destruction du communisme ».

En outre, des détachements militaires russes ont été créés pour protéger les principales infrastructures de transport contre les attaques des Honghuzi, des bandits locaux. Plus tard, ces détachements seront impliqués dans des opérations contre les partisans chinois et coréens.

Les « samouraïs russes », comme le général Genzo Yanagita appelait les Russes blancs qui collaboraient avec les Japonais, ont reçu une formation à la fois militaire et idéologique.Généralement, ils étaient indifférents, voire favorables, à l'idée de construire la Grande Asie orientale sous l'égide du Japon, mais leur projet d'annexer toutes les terres russes jusqu'en Oural les irritait grandement, ce qu'ils devaient soigneusement cacher.

« Nous avons filtré tout ce que les orateurs nous disaient, et nous ne gardions pas en tête tout ce qui avait un esprit trop nippon qui ne correspondait pas à notre esprit russe »,a témoigné l’un des cadets, un certain Goloubenko.

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Le détachement Asano

Le plus important des détachements militaires russes créés par les Japonais était le détachement Asano, nommé en l'honneur de son commandant, le major Asano Makoto. Selon les époques, il comptait entre 400 et 3 500 soldats.

>>> Harbin, étonnante ville chinoise construite par les Russes et refuge des tsaristes

Fondé le jour de l'anniversaire de l'empereur Hirohito, le 29 avril 1938, le détachement comprenait des unités d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie. Basés à Mandchoukouo, les soldats du détachement Asano étaient toutefois entièrement supervisés par l'armée japonaise.

Les soldats de cette unité secrète se préparaient à mener des opérations de sabotage et de surveillance sur les terres de l'Extrême-Orient soviétique lors de la guerre à venir contre l'URSS. Les soldats d'Asano devaient en effet prendre ou détruire les ponts et nœuds de communication importants, s'infiltrer dans les camps d'unités soviétiques et y empoisonner la nourriture et les sources d'eau.

L'Empire du Japon a par deux fois pu se confronter au potentiel militaire de l'Armée rouge : d'abord en 1938, lors de la bataille du lac Khassan, puis en 1939 lors de la bataille de Khalkhin Gol. Les soldats d'Asano ont été envoyés dans les zones de combats, où ils s'occupaient principalement des interrogatoires des prisonniers de guerre.

On peut trouver des informations sur des heurts militaires entre les soldats du détachement et leurs adversaires. Ainsi, lors de la bataille de Khalkhin Gol, un détachement de cavalerie de la République populaire mongole a rencontré les cavaliers du détachement Asano, mais les soldats mongols les ont d'abord pris pour les leurs ; cette erreur leur a presque à tous coûté la vie.

>>> Portraits de descendants d’émigrés blancs en France

Un nouveau rôle

Fin 1941, les dirigeants japonais ont abandonné l'idée d'une « guerre éclair » contre l'URSS, connue sous le nom de « plan Kantokuen ». En 1943, il devenait clair que les incursions japonaises en Extrême-Orient soviétique n’auraient lieu sous aucune forme.

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Les Japonais ont par conséquent procédé à la réforme des unités russes. Les soldats russes sont passés de leur détachement spécial dédié à la surveillance et au sabotage, à l'armée générale. Ainsi, le détachement Asano, qui avait perdu son statut de détachement secret, est devenu subordonné au 162e régiment des fusiliers des forces armées de Mandchoukouo.

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Drapeau de l'empereur du Mandchoukouo.

Cependant, les soldats russes étaient encore très appréciés à Tokyo. En mai 1944, Takahito de Mikasa, frère cadet de l'empereur Hirohito, est venu sur les lieux où se trouvaient les soldats d'Asano. Il a prononcé un discours, dans lequel il souhaitait renforcer l'esprit et la formation militaire des peuples japonais et russe.

L’effondrement

La lutte difficile et héroïque de l'Union soviétique contre l'Allemagne nazie a provoqué la croissance rapide des sentiments patriotiques et antijaponais au sein des populations russes de Mandchourie. De nombreux officiers ont alors commencé à coopérer avec les services de renseignements soviétiques. Il s'est d'ailleurs avéré que l'un des dirigeants du détachement Asano, Gourgen Nagolian, était en fait un agent du NKVD.

>>> Comment le dernier empereur chinois est tombé entre les mains de l'Armée rouge

Quand l'Armée rouge a envahi la Mandchourie, le 9 août 1945, les détachements de soldats russes ont réagi différemment : une petite partie d'entre eux a résisté, mais est rapidement tombée avec les troupes de Mandchoukouo. Le major soviétique Piotr Melnikov se souvenait que les soldats du côté japonais criaient souvent en russe pour perturber les soldats soviétiques, afin qu'ils ne puissent pas distinguer leurs ennemis de leurs alliés.

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Arrivée des troupes soviétiques en Mandchourie.

La majorité des Russes a choisi de changer de camp. Ils ont arrêté leurs commandants nippons, organisé des détachements de partisans pour combattre les Japonais, et pris le contrôle de villages pour les livrer aux troupes soviétiques qui arrivaient. Il est même arrivé que les relations entre les soldats de l'Armée rouge et les Russes blancs émigrés soient amicales, et ces derniers étaient autorisés à assurer la garde de certains sites.

Mais cela a pris fin lorsque les officiers de l'organisation de contre-espionnage de l'Armée rouge SMERCH sont arrivés à la suite des soldats. Moscou disposait en Mandchourie d'un vaste réseau de renseignement et était bien au courant des activités des Russes blancs émigrés lors des années précédentes. Ces derniers ont été massivement déportés en URSS, où les figures les plus importantes ont été exécutées, pendant que les autres ont écopé de jusqu'à 15 ans de détention dans les camps.

Dans cet autre article, découvrez le mystérieux peuple des Aïnous, à cheval entre Japon et Russie.

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vendredi, 29 mai 2020

Trump pourrait préparer une guerre nucléaire contre la Russie en s'appuyant sur la Pologne

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Trump pourrait préparer une guerre nucléaire contre la Russie en s'appuyant sur la Pologne

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Durant la guerre froide, l'Allemagne, principale de membre l'Otan (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) s'était vu imposer le stationnement d'une vingtaine de bombes nucléaires tactiques B-61 visant à équiper sous contrôle américain des avions d'attaque allemands en vue de préparer une frappe nucléaire de l'Otan contre la Russie.

Cette frappe avait été présentée comme dissuasive (deterrent ou de seconde frappe) mais aucun membre de l'Otan n'ignorait qu'elle pouvait être offensive (première frappe) si le Pentagone décidait de s'appuyer sur ses bases au sein de l'Otan, notamment en Allemagne, pour attaquer la Russie. Cette possibilité avait été implicitement acceptée par les membres européens de l'Otan. Ce fut la raison pour laquelle en son temps le président De Gaulle avait refusé la présence de la France au sein de l'Organisation. L'Allemagne ancienne puissance vaincue et sous contrôle américain, n'avait pas refusé de jouer ce rôle de première ligne contre la Russie, en n'ignorant pas cependant qu'elle serait la première victime d'une telle guerre.

Aujourd'hui, en Allemagne, certains membres du SPD, parti social-démocrate, qui soutient la coalition des conservateurs CDU-CSU présidée par Angela Merkel,, demandent le retrait des forces nucléaires américaines en Allemagne. Angela Merkel a aussitôt réagi en déclarant que cette décision serait inopportune. Néanmoins, aux Etats-Unis, Donald Trump et son ministre de la défense Mike Pompeo ont laissé entendre qu'en cas de refus allemand, la Pologne accepterait de les remplacer, et que les armes nucléaires pourraient être stationnées sur son sol, au plus près de la frontière avec la Russie.

On trouvera référencé ci-dessous un article de Scott Ritter, précédemment chargé au sein de l'ONU du suivi des questions d'armement. Pour lui ce redéploiement augmenterait considérablement les risques de guerre. Il serait inévitablement considéré à Moscou comme une provocation militaire, peut-être destinée à préparer un véritable conflit armé.

Cette mesure s'ajouterait à deux autres menaçant la coexistence pacifique entre les deux puissances nucléaires, jusqu'ici acceptée tant par Washington que par Moscou. Il s'agit du retrait américain du traité dit Ciel ouvert, Open Sky Treaty, ou OST signé en 2002 et acceptant que l'Amérique et la Russie puissent librement s'assurer par des patrouilles aériennes non armées qu'elles ne se dotaient pas d'équipements militaires lourds susceptibles d'être employés dans une guerre réciproque. Ce retrait vient d'être décidé par Donald Trump. Aujourd'hui, avec la surveillance satellitaire, des patrouilles aériennes ne s'imposent plus, néanmoins l'OST était considéré comme une marque de bonne foi réciproque. Cette décision a été très mal accueillie en Allemagne.

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Précédemment, Donald Trump avait décidé le retrait américain du traité FNI ou Traité sur les forces nucléaires intermédiaires signé en 1987 et visant à éliminer tous missiles non-intercontinentaux et portant des têtes nucléaires. Ce retrait signifie que de tels missiles pourraient désormais être utilisés contre la Russie par les Etats-Unis. Washington avait prétendu que Moscou ne respectait pas ses obligations, ce qui n'a jamais pu être prouvé.

On rappellera que les Etats-Unis se sont également retirés du traité JCPOA avec l'Iran permettant le contrôle de la politique d'armement nucléaire de l'Iran en échange d'une levée des « sanctions » imposées à ce pays par les autres signataires. Là encore Washington avait prétendu sans preuves que l'Iran ne respectait pas le traité.

Par ailleurs Donald Trump laisse entendre qu'il ne renouvellera pas le traité New START qui limite les plateformes nucléaires stratégiques américaines et russes permettant de lancer des missiles nucléaires contre l'adversaire. Le traité expirera le 5 février 2021. La Russie a proposé de le renouveler pour cinq ans sans aucune condition. Les États-Unis ont rejeté cette offre. Ils disent que la Chine doit être intégrée au traité, même si la Chine ne disposera pas avant longtemps de telles armes.

Enfin, Trump pense maintenant  à rompre  le  traité d'interdiction  totale des essais nucléaires que les États-Unis ont signé mais pas ratifié. Son administration discute de l'opportunité de procéder à un nouvel essai nucléaire, qui serait le premier depuis 1992, au prétexte que la Russie et la Chine procèdent à des essais nucléaires de faible puissance, ce que ces deux pays démentent. De tels essais, là encore, ne pourraient pas passé inaperçus des moyens d'observations satellitaires.

Scott Ritter considère que ces différents décisions américaines commencent à inquiéter sérieusement Moscou. Mais ceci ne devrait pas l'inciter à lancer une guerre nucléaire préventive globale dont les conséquences seraient catastrophiques. Il estime que la Russie s'appuierait sur les capacités des formations de première ligne de sa 1ère armée blindée de la Garde et de sa 20ème armée des forces combinées pour mener des opérations offensives de pénétration profonde destinées à capturer et détruire toute arme nucléaire de l'OTAN sur le sol polonais, avant qu'elle ne puisse être utilisée.

Il est douteux cependant que ceci puisse se faire sans déclencher une guerre globale. Manifestement, il semble que le Complexe militaro industriel américain dit Etat Profond, dont Trump n'est que l'émissaire (la puppet), ne redoute pas cette perspective. Il serait temps qu'en Europe, notamment en France et en Allemagne, on se décide à réagir en menaçant Trump, notamment, d'un rapprochement stratégique avec la Russie et la Chine.

Références:

US nukes in Poland would not be a deterrent, but a MASSIVE provocation for Russia
19 mai 2020 https://www.rt.com/op-ed/489068-nato-nuclear-poland-russia/

Scott Ritter https://fr.wikipedia.org/wiki/Scott_Ritter

lundi, 25 mai 2020

Le mémoriel russe doit rester pacifique

Se souvenir des blessures dont la patrie a souffert, ne pas oublier les drames qui l’ont marquée et qui font partie de son histoire est parfaitement compréhensible et naturel, d’autant que ces moments douloureux ont souvent contribué à forger son unité. Quoi de plus normal également, que ceux qui en furent les martyrs, les héros, soient honorés. Mais tout ceci doit rester dans le cadre national et ne pas se transformer en haine contre l’autre.

Des atrocités, les guerres en regorgent. Elles résultent souvent d’ambitions, nationales, mais parfois personnelles. Aucun des camps qui s’affrontent ne peut prétendre se parer du blanc-manteau de l’innocence. Au nom de valeurs trop fréquemment hypothétiques, elles voient les peuples s’écharper allégrement. L’apogée dans l’horreur revenant certainement à la seconde guerre mondiale, où l’inhumanité a atteint son paroxysme.

Malgré tout ce qui rapproche les peuples européens, les difficultés à s’unir, pour contrebalancer les deux grandes puissances dominatrices et celles qui commencent à émerger, sont difficiles à dépasser. Il en va ainsi avec la Russie, pourtant nécessaire à la grande Europe, qui nous hisserait au premier rang mondial.

Cette immense entité serait sécurisante et avantageuse pour les deux parties, l’Union européenne et la Russie. Ce n’est pas en exhumant les contentieux d’une histoire, même récente, que l’on y parviendra. Laissons le temps poursuivre son œuvre d’apaisement. Les cicatrices seront toujours présentes, mais elles doivent surtout nous rappeler que la coopération et la paix doivent seules nous inspirer.

La Russie peut-être amère, face à une Europe qui n’a pas su, pour certains de ses membres pas voulu, saisir l’occasion d’engager une saine et féconde coopération.

Pour notre part, nous avons souvent dénoncé l’attitude malveillante de certaines initiatives européennes. Le Partenariat Oriental illustre ce comportement.

Particulièrement cynique et provocateur, à travers toutes les dispositions, politiques, sécuritaires et économiques, il nuit à la Russie. De même, nous nous sommes élevés contre les sanctions démesurées, prises lors de l’annexion de la Crimée.

Tout bien considéré, elles sont loin d’être justifiées, cette région étant historiquement, linguistiquement, culturellement, russe. Quelle curiosité cet empressement à châtier ce pays, alors que ces mêmes censeurs sont totalement passifs, face aux annexions absolument arbitraires, commises par d’autres nations dans le monde. Cela étant, la dernière initiative prise par la Russie, concernant la Finlande, est pour le moins inappropriée.

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N’extirpons pas de la mémoire des faits douloureux ou glorieux, capables de faire ressurgir du tréfonds de l’être, des sentiments de revanche. Posons-nous la question de savoir si les batailles mémorielles qu’ils vont alimenter sont nécessaires pour laver des affronts.

L’intérêt des nations ne s’identifie pas forcément à celui de ses dirigeants. En ouvrant une enquête pénale contre la Finlande, sous le chef d’accusation de génocide, la Russie ne favorise guère le bon voisinage.

Les faits reprochés, des crimes commis par les troupes d’occupation finlandaises entre 1941 et 1942 en Carélie, ne soulèvent aucun doute. Cependant, les termes de l’accusation, par les graves implications qui peuvent en résulter, nous semblent excessifs. Que la Russie désire explorer ce passé lancinant, pour en connaître toutes les facettes, rien de plus naturel. Les historiens dont c’est la vocation et la compétence peuvent mener ces recherches, en toute honnêteté et au seul profit de l’histoire.

Contrairement à la majorité des autres pays de la région, qui à l’instar de la Pologne, entretiennent une suspicion chargée d’agressivité à l’égard de la Russie, la Finlande est plutôt placide. Malgré les incursions de l’aviation russe dans son espace aérien, elle a des rapports apaisés. La Finlande a fait preuve de bonne volonté.

Elle a privilégié une mitoyenneté profitable et toujours recherché le dialogue. L’attitude de la Russie n’en est que plus déroutante et interrogative. Enjeu des rivalités territoriales russo-finlandaises, la Carélie est une région martyre, qui n’a pas été épargnée lors de la seconde guerre mondiale. Durant cette période, l’armée finlandaise a commis des meurtres en Carélie orientale, qui sont connus et qu’elle a reconnus. Au-delà du problème soulevé, les drames qui ont ravagé cette région n’honorent ni la Finlande, ni la Russie.

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Le président Urho Kekkonen, ancien des Corps francs anticommunistes finlandais et artisan d'une paix durable avec l'URSS.

Dans le passé, Le Président Vladimir Poutine nous avait habitués à une autre approche de ce type de question. À Varsovie, en avril 2010 et alors qu’en 2008 la Pologne avait signé l’accord sur le bouclier antimissile, il a déclaré, concernant le massacre de Katyn « Un crime ne peut être justifié d’aucune manière », ajoutant « Nous n’avons pas le pouvoir de changer le passé, mais nous pouvons rétablir la vérité et la justice historique. »

Enfin, rejetant tout impérialisme : « Dans l’Europe du XXIe siècle, il n’y a pas d’alternative à un bon voisinage entre la Pologne et la Russie. »

C’est ce langage que nous aimerions voir adopter à l’égard de la Finlande qui, contrairement à la Pologne, a constamment manifesté son désir d’entretenir des rapports pacifiés. La construction de la grande Europe doit emprunter les chemins de la conciliation.

Il est logique que la Russie, comme toutes les nations, recherche la vérité sur les événements qui l’ont affectée. Mais cette quête doit seulement concourir à construire son histoire.

mardi, 19 mai 2020

Aleksandr Solzhenitsyn’s Lenin in Zürich

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Aleksandr Solzhenitsyn’s Lenin in Zürich

51tMhCAkhzL._SX303_BO1,204,203,200_.jpgIn 1975, Aleksandr Solzhenitsyn excised the several Lenin chapters from his massive and unfinished Red Wheel epic and compiled them into one volume entitled Lenin in Zürich. At the time, only one of these chapters had been published — in Knot I of the Red Wheel, known as August 1914 — while the remaining chapters would still have to languish in the author’s desk drawer for decades before appearing as part of The Red Wheel proper (November 1916 and March 1917, specifically). In order to save time and make an impression on his contemporaries, many of whom in the West still harbored misplaced sympathies for Lenin, Solzhenitsyn decided to share with the world his eye-opening and unforgettable treatment of the Soviet Revolutionary.

Solzhenitsyn’s approach, which was based on close study of Lenin’s speeches and letters as well as few accounts of his exile in Switzerland, combines third-person narration and first-person intimacy to deliver a nearly-Satanic depiction of Lenin at that time. Lenin is peevish, intolerant, tyrannical, ideologically murderous, and astoundingly petty. He’s also brilliant, dedicated, focused, and consumed by inhuman energy. It’s both fiction and not, and, as with the entire Red Wheel saga, demonstrates how Solzhenitsyn used the narrative arts to reconstruct and decipher historical events.

Lenin in Zürich’s enduring meaning for the Right lies not so much in Solzhenitsyn’s negative portrayal of Lenin, the memory of whom most Rightists would rather smash with a pedestal than hold up with one. Lenin’s ruthlessness and cruelty as a world leader is well documented. Rather, Solzhenitsyn cuts open, as only a novelist could, the repulsive psychological innards of the nation-killing Left, thereby defining the Right as its opposite in comparison.

We feel the strain, first off. Through his Nietzschean use of exclamation points and the constant stream of insults he hurls, unspoken, at his fellow socialists, Lenin never seems to enjoy being Lenin. He resembles Milton’s Lucifer cast down to Hell in Paradise Lost, only he’s stuck in Zurich, a place so peaceful, so prosperous, so bourgeois, so pleased with itself — in the middle of a world war, no less — that Lenin could just spit. Even the socialists there are incompetent, blockheaded vacillators. All Lenin can do is study the newspapers, plot unlikely ways in which the war could instigate communist revolutions, and fulminate. But mostly, he fulminates.

But worst of all, obscenest of all, Kautsky, with his false, hypocritical, sneaking devotion to principle, had started squawking like an old hen. What a vile trick: setting up a “socialist court” to try the Russian Bolsheviks, and ordering them to burn the all-powerful five-hundred-ruble notes! (Lenin had only to see a picture of that hoary-headed holy man in his goggling glasses, and he retched as though he had found himself swallowing a frog.)

August 1914 was a low point for the Bolsheviks abroad, apparently. They had few prospects and constantly bickered among themselves. That many on the Swiss Left were hampered by quaint notions of nationalism infuriated Lenin, but there was little he could do about it. After the failed Russian revolution in 1905, expectations were low — that is, until world war is declared. Solzhenitsyn’s first indication of how the Left operates against humanity, almost like a cancer, appears when Lenin reveals how overjoyed he is with the war. Death and destruction mean nothing to him unless it helps the Cause. He sees the struggle on the Left as patriots vs. anti-patriots — but on a larger scale, his revolutionary framework pits nationalists against anti- (or super-) nationalists. And nothing can weaken nationalism more than a senseless and protracted war. At one point, he ghoulishly admits that the greater the number killed in battle, the happier he gets. He worries only that the European leaders would do something stupid and ghastly like sue for peace before he and his fellows could instigate revolution in teetering-on-the-brink nations such as Switzerland and Sweden.

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The little things that Lenin does, and many of his offhand remarks and observations, also reveal his enmity towards everything traditional, natural, and morally wholesome. He complains bitterly against the principle of property rights. He recoils when approached by nuns on a train platform. He endeavors to keep his colleagues quarreling when it is useful to him. He opposes the Bolshevik employment of individual terror only because he believes terror should be a “mass activity.” He passes shops and delicatessens on the street and imagines them being smashed by an axe-wielding mob. He even foreshadows the Soviet Dekulakization of the next decade by claiming that

The Soviet must try to ally itself not with the peasantry at large but first and foremost with the agricultural labourers and the poorest peasants, separating them from the more prosperous. It is important to split the peasantry right now and set the poor against the rich. That is the crux of the matter.

Lenin not only pits himself against mankind, he pits himself irrevocably against his own colleagues. When he meets with the Swiss Social Democrats (dubbed “the Skittles Club”) at a restaurant, Solzhenitsyn offers this diabolic nugget:

Lenin’s gaze slides rapidly, restlessly over all those heads, so different, yet all so nearly his for the taking.

They all dread his lethal sarcasm.

And don’t get him started on the Mensheviks. He hates the Mensheviks. At one point, Lenin rather hilariously avers that he “would sooner see Tsarism survive another thousand years than give a millimetre to the Mensheviks!”

He also lies. He announces that Switzerland is an imperialist country when he knows it isn’t. He also claims, to the bafflement of the Swiss socialists, that Switzerland is the most revolutionary country in the world. He makes false promises to the more moderate socialists regarding their post-revolutionary roles. Double standards are nothing to him as well. He advocates opposing the war in public but egging it on in private. He professes to support democracy, but only before the revolution. Afterward, it should be abolished with all other hindrances to his planned totalitarian rule.

If any of this sounds familiar, it should. The Left has not changed much since Lenin’s day, merely exchanging class for race in the twenty-first century. The same bunch that clamored for civil rights for non-whites in the 1960s are now calling for the open oppression of whites. Just as with Lenin, what the Left says it wants and what it truly wants are two different things — the only determining factor here being who wields the power. Furthermore, a stroll through anti-white Twitter or anti-white Hollywood will show quite clearly that Left’s violent fantasies against their perceived enemies aren’t going anywhere.

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Another aspect of the Left that Solzhenitsyn reveals is its Jewishness. True, he does not name the Jew in Lenin in Zürich like he does in 200 Years Together. However, since all the characters in these chapters are historical figures, it’s easy enough to gauge exactly how Jewish Lenin’s circle was and how important some of these Jews were to his — and the Bolsheviks’ — ultimate success. And the answer is considerable on both counts.

Parvus_Alexander.jpgA man known as Parvus appears foremost among the Jews in Lenin in Zürich. Born Izrail Lazarevich Gelfand, he comes across, at least to Lenin, as an enigmatic and somewhat unscrupulous capitalist and millionaire who, for some reason, dedicates his life to socialist causes. Either this, or he wishes to destroy Russia while exhibiting a suspicious allegiance to Germany. Parvus, along with his protégé Leon Trotsky, had tried and failed to overthrow the Tsar in 1905, and now offers a new plan: With his deep contacts in the German government, he will arrange for the Bolsheviks’ to travel through Germany in order to re-enter Russia where they can foment revolution against a weakened Tsar. This would serve not only Lenin but Parvus’ German friends as well by knocking Russia out of the war. Suspicious of Parvus’ outsider status, and especially of his tolerance of Lenin’s detested Mensheviks, Lenin at first refuses. However, he cannot shake his respect and fascination for this mysterious benefactor.

Fat, ostentatious, and lacking tact, Parvus appears just as repulsive to the reader as he does to Lenin. However, his great wealth and his acumen for political scheming tames Lenin’s rapacious attitude and manages to shut him up for a while (which perhaps exonerates him somewhat as a character in the reader’s mind). He’s also quite prescient, having predicted World War I at an earlier point and impressing upon an incredulous Lenin that “the destruction of Russia now held the key to the future history of the world!”

And, of course, he’s a financial genius:

It was a matter of instinct with him, the emergence of disproportions, imbalances, gaps which begged him, cried out to him to insert his hand and extract a profit. This was so much part of his innermost nature that he conducted his multifarious business transactions, which by now were scattered over ten European countries, without a single ledger, keeping all the figures in his head.

d595b497ad4d0145202370e65cddfeb5.jpgAnother Jew who figures prominently in Lenin in Zürich is Radek (born Karl Berngardovich Sobelsohn). Lenin has tremendous respect for Radek as a writer and propagandist — that Radek had become one of the Soviet Union’s most prominent journalists years after Lenin’s death certainly justifies Lenin’s esteem. In all, he is clever and resourceful and the only person to whom Lenin would voluntarily surrender his pen. After the February Revolution in Russia, as Lenin prepares for travel back to his home country according to Parvus’ plan, Radek contrives ingenious solutions to formidable logistical problems that threaten to sink the enterprise. This makes Lenin, for one of the few times in the book, truly happy.

Not included in the later editions of The Red Wheel, which contain all of the Lenin in Zürich chapters, is an extremely useful “Author’s Index of Names” in the back of the book. Forty-nine names are mentioned, fifteen of which are Jews — sixteen if we include the half-Jewish Ryazanov (David Borisovich Goldendakh). This is over thirty percent, with a couple of names that I could not verify one way or the other. The ones I could are: Aleksandr Abramovich, Moisei Bronski, Grigory Chudnovsky, Lev Kamenev, Moisei Kharitonov, Paul Levi, Maksim Litvinov, Yuly Martov, Parvus, Radek, Georgy Shklovsky, Georg Sklarz, Grigory Sokolnikov, Moisei Uritsky, and Grigory Zinoviev.

Further, not all of the gentiles mentioned were part of Lenin’s inner circle. Some, such as the much-despised Robert Grimm and Fritz Platten, were Swiss socialists who contended with Lenin and did not accompany him to Russia. Others, such as Aleksandr Shlyapnikov and Nikolai Bukharin, were important and were mentioned frequently in the text but were not in Switzerland during the timeframe of the chapters. And two, Nadezhda Krupskaya (his neglected wife) and Inessa Armand (his beloved mistress) made few substantive contributions to his revolutionary work in the pages of Lenin in Zürich. According to Solzhenitsyn, many of Lenin’s closest associates in Zurich were Jews. Certainly, the two most important ones were.

From the perspective of the Right, Solzhenitsyn offers tantalizing evidence that the October Revolution would not have occurred (or would not have been as successful) without crucial actions from Jews at the most important moments. Without Parvus and Radek, Lenin likely would have stayed in Zurich in March 1917. Would he have gotten out in April or May or at all? Would he have even made it to Russia in time to make a difference? Would the Bolsheviks have been as successful without him? Impossible to say, but a reasonable conclusion would be that the fate of the Soviet Union would have hung much more in the balance without Lenin running things during its formative years. And without a successful October Revolution, we likely wouldn’t have the tens of millions of people senselessly killed by the Soviets during the 1920s and 1930s.

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Lenin in Zürich offers positive value to the Right as well, almost to the point of irony. Despite being an unhinged, foul-tempered, miserable villain, Solzhenitsyn’s Lenin exhibits some admirable characteristics that dissidents of any stripe would do well to emulate — provided they sift out the destructive elements. His gargantuan faith in himself makes him utterly impervious to ridicule and embarrassment. He thinks in slogans — always striving for a way to control and motivate the masses. (“The struggle against war is impossible without socialist revolution!”) He’s obsessed with time and gets annoyed almost to the point of rage whenever he wastes any. Everything is urgent for him. The man also demonstrates inhuman energy, always working, always reading, always striving. Solzhenitsyn, to his great credit as an author, makes Lenin’s intensity vibrate on nearly every page. Here’s a sample:

By analogy, by association, by contradiction, sparks of thought were continually struck off, flying at a tangent to left or right, on to loose scraps of paper, on to the lined pages of exercise books, into blank margins, and every thought must be stitched to paper with a fiery thread before it could fade, to smoulder there until it was wanted, in a draft summary or else in a letter begun there and then so that he could forge his sentences red-hot.

In essence, Lenin’s bulletproof spiritual constitution makes him the perfect radical machine. Who wouldn’t want to follow such a man during a crisis?

But to afford this, Lenin must live a Spartan life. He dedicates his entire life for his cause, and so does little for himself in terms of pleasure. Sadly for him, and for humanity, his dear Inessa could not requite his infatuation with her. In a candid moment, Lenin admits that only in her presence could he slow down and relax and do things for himself — day after gloriously languid day. Perhaps if he had found a little more solace with her, the world could have been spared his Mephistophelean wrath. Perhaps with her, he could have been more human and less Lenin.

Here is where I believe Solzhenitsyn fibs in the way all great authors should fib. This is all too good, too perfect a story to tell. I sense an all-encompassing tragic architecture rather than the ramshackle formation of truth. I can’t prove it, but I would guess that Vladimir Lenin would have remained a devourer of worlds even if he had had his way with Inessa every night while in Zurich. He would have eventually grown bored and contemptuous of her, like he did with most everyone else. Nothing would have changed.

But Solzhenitsyn makes us wish it had. And he makes us believe, even if only for a moment, that through romantic love it could have. When Lenin has an introspective moment alone, shortly after learning of the first revolution in Russia, he contemplates how his life is going to change forever. He then sits on a park bench before an obelisk commemorating a 1799 Zurich battle between the Russians and Austrians and the French. Yes, Russians of the past had fought even here, he thinks.

The clip-clop of hooves startles him. Inessa! Here she comes! What a surprise! She’s sitting upright in the saddle of a chestnut horse. She’ll be with him at any moment!

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Of course, it isn’t her, but a beautiful woman nonetheless. And this gets our Lenin to thinking. . .

He sat very still studying her face and the hair like a black wing peeping under her hat.

If he could suddenly liberate his mind from all the work that needed to be and must be done — how beautiful this would seem! A beautiful woman!

Her only movement was the swaying of shoulders and hips as the sway of the horse lifted her toe-caps in the stirrups.

She rode on downhill to a turn in the road — and there was nothing but the rhythm of hooves for a little while longer.

She rode on, carrying a little part of him away with her.

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mercredi, 06 mai 2020

Le Tannou-Touva : un Etat pastoral inféodé à Moscou

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Erich Körner-Lakatos :

Le Tannou-Touva : un Etat pastoral inféodé à Moscou

Situé au Nord-Ouest de la Mongolie, la République populaire du Tannou-Touva a existé de 1921 à 1944

Celui qui, de nos jours, se souvient encore de la république pastorale du Tannou-Touva au Nord-Ouest de la Mongolie, peut être considéré comme un as imbattable en histoire contemporaine. Cette république a disparu en 1944, âgée d’à peine vingt-trois ans. Elle n’est un objet de recherches que pour une poignée d’historiens spécialisés, tout comme les républiques boers de Zoutpansberg et de Goshen en Afrique du Sud ou encore l’Etat libre d’Acre, proclamé peu avant 1900 par des pionniers de la culture du caoutchouc dans ce triangle territorial situé entre le Brésil, la Bolivie et le Pérou.

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Le Tannou-Touva avait une superficie deux fois supérieure à celle de l’Autriche actuelle, avec 170.500 km2. C’était une immense vallée fermée. Sa partie orientale était impropre aux cultures et servait de zone de pâturages. La partie septentrionale, elle, était riche de forêts et de lacs. C’est la raison pour laquelle les Chinois appellent les habitants de ce pays les « our yan khai » (Uriankhai), soit « le peuple qui habite les forêts ». Il convient de signaler encore une particularité du pays : aucune région du monde ne se trouve plus éloignée de la mer que ne l’était le Tannu-Tuwa.

En 1921, 65.000 âmes vivaient dans le pays, dont 12.000 agriculteurs et négociants russes. Les autochtones se donnent le nom de « Touvains ». Leur ethnogénèse est largement méconnue de nos jours encore. La plupart des ethnologues pensent qu’ils sont le produit d’un mélange de tribus turques et de groupes ethniques mongols et sibériens, même si certains traits du visage, chez une minorité d’entre eux, rappellent ceux des Finno-Ougriens. Sur le plan religieux, ils adhèrent au lamaïsme, soit à la forme tibétaine du bouddhisme.

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Malgré son éloignement de tout, la région a vu arriver et partir bien des conquérants étrangers. En 1207, Gengis-Khan conquiert la région mais, par la suite, les Mongols perdent rapidement tout intérêt pour la région peuplée de pasteurs nomades. A partir de 1757, le Tannou-Touva fait formellement partie de la Chine et paie tribut à son empereur. L’impôt annuel est constitué de peaux rares que l’on envoie à Pékin. Sur le plan administratif, les Touvains relèvent d’une province chinoise appelée le Tannou-Uriankhai et attribuée à la Mongolie extérieure, elle-même soumise à la tutelle chinoise depuis 1697.

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Au 19ème siècle arrivent des négociants chinois qui troquent les bois des cerfs de type maral, considérés comme la base d’un aphrodisiaque, contre du thé vert, du tabac et des tissus. En même temps arrivent de l’Ouest des colons russes. Après 1880, les populations autochtones connaissent un éveil politique, ce qui crée des tensions puis suscite des révoltes contre la tutelle chinoise et contre les incursions des négociants russes.

Le 12 février 1912, la monarchie est renversée définitivement en Chine. Pour le Tannou-Touva, c’est là un motif pour faire sécession car ses habitants ne se sentent liés à la Chine que par le rapport féodal avec l’empereur mandchou. Trois jours après l’abolition de la monarchie, la République de l’Uriankhai est proclamée. En octobre 1913 arrive à Saint-Pétersbourg une pétition rédigée en langue mongole demandant au Tsar de bien vouloir placer le pays sous la protection russe. Six mois plus tard, c’est chose faite.

Le 16 juin 1918, des notables touvains et russes proclament la fin du protectorat et annoncent l’indépendance du pays. Mais c’est un vœu pieux car, en novembre 1918, des unités russes blanches sous le commandement de l’Amiral Koltchak occupent le pays. Dans le Sud s’installent des troupes mongoles et au Sud-Est, pendant un certain temps, ce sont des unités chinoises qui occupent les terres touvaines. En juillet 1919 arrive l’Armée Rouge.

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Le 14 août 1921, la République populaire du Tannou-Touva est proclamée. L’organe suprême de cette république populaire est le « Grand Khoural », une sorte d’assemblée du peuple, où chaque délégué représente cinquante yourtes. Le terme « Khoural » dérive du mongol et signifie, à l’origine, un conseiller de Gengis-Khan. Le Parlement proprement dit est le « Petit Khoural » qui élit le gouvernement. Le premier Premier ministre fut Dondouk Kuular reste prudemment à Moscou, à 4688 km du Tannou-Touva, à cause de la ferme opposition des moines lamaïstes. Cette prudence ne lui a pas servi à grand-chose car Staline donna l’ordre de l’arrêter en janvier 1929. Trois ans plus tard, Kuular est fusillé.

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Son successeur Salchak Toka, lui, reste bien droit dans la ligne et cherche à sédentariser les pasteurs nomades. Beaucoup de ceux-ci fuient alors vers les forêts. La répression exercée par le Parti populaire révolutionnaire des Touvains frappe ensuite les moines : en 1929, il y avait plus de vingt monastères dans le pays. Deux ans plus tard, il n’en restait que deux.

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Sur le modèle des purges moscovites, Toka, devenu président du parti, organise à son tour une féroce répression : en 1938, il met en scène un procès-spectacle dans la capitale Küsül et fait fusiller plusieurs de ses rivaux politiques sous prétexte qu’ils étaient des espions japonais.

A partir de 1940, le pays est dirigé par la première femme présidente du monde, Khertek Ankhima-Toka, dans la vie privée épouse du chef du parti. Mais les jours de la petite république pastorale sont comptés : Staline projette son annexion car on y aurait découvert des gisements d’uranium.

Le 17 août 1944 le « Petit Khoural » vote à l’unanimité son annexion à l’Union Soviétique, ce que Moscou accepte officiellement deux mois plus tard. Le 11 octobre 1944 s’achève définitivement la brève histoire de la République du Tannou-Touva.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°12/13-2020).

Les dernières années

A partir de 1940, le Tannou-Touva a donc pour présidente Khertel Ankhimaa-Toka, première femme au monde à accéder à un tel statut. Dans la vie privée, elle est l’épouse du Chef du Parti Populaire Révolutionnaire. Cette dame a pris des positions géopolitiques courageuses. Trois jours après le déclenchement de l’Opération Barbarossa, elle déclare la guerre à l’Allemagne, acte qui, à Berlin, dans les locaux de la Wilhelmstrasse, cause une certaine perplexité. Même les plus chevronnés des fonctionnaires du ministère allemand des affaires étrangères ont du mal à situer sur la carte cet étrange sujet du droit international. Le Tannou-Touva est dès lors le tout premier Etat à s’être proclamé allié de l’Union Soviétique.

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Pendant la seconde guerre mondiale, le Tannou-Touva aligne dans l’Armée Rouge un régiment d’infanterie et une unité de cavalerie. En tout, 1600 hommes. Ils participèrent à la guerre bien qu’une grande partie des Touvains aient fui la conscription. L’armée touvaine est surtout constituée de colons russes et d’immigrés chinois ou mongols. Le Tannou-Touva offre ensuite à l’Union Soviétique 60.000 chevaux de trait pour tirer les charrettes « panje », typique des pays de la steppe. Un certain nombre de Touvains participent à un entraînement de conducteurs de chars, qui seront envoyés au front.

On ne sait pas exactement où ces alliés touvains de Staline ont été engagés. L’un de ces combattants a toutefois été proclamé « héros de l’Union Soviétique ». Quelque 90 officiers et soldats ont obtenu la médaille du mérite touvain pour bravoure au feu.

E.K.L.

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vendredi, 01 mai 2020

Contre-discours américain - Infodémie et guerre de l’information

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Contre-discours américain

Infodémie et guerre de l’information
 
par François-Bernard Huyghe
 
Ex: http://www.huyghe.fr

En France on instaure le Ministère de la Vérité ; aux USA, les agences gouvernementales et les think tanks lancent une opération contre la « désinformation chinoise

D’après la directrice du Global Engagement Center, dépendant du Département d’État, Lea Gabrielle (récemment venue de Fox News) : “le Kremlin poursuit ses tentatives de propager la désinformation, mettant en danger la santé mondiale en sapant les efforts des gouvernements, des agences et organisations de santé chargées de diffuser des informations précises sur le virus, comme l'Organisation mondiale de la santé.” (déclaration). Elle ajoute : ” En Chine, au cours de la crise, nous avons surveillé quelques pistes des narratifs. L’un est la désinformation malveillante destinée à blâmer faussement les États-Unis, accusés d’être à l'origine du coronavirus et le second, l'effort de la Chine pour transformer la crise en un événément mettant en évidence la suprématie du Parti communiste chinois dans la gestion de la crise sanitaire .”.

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Lea Gabrielle

Bref, les suspects habituels (accessoirement aussi l’Iran) profiteraient de la pandémie pour déstabiliser les États-Unis. On reconnaît un classique du counter-narrative (récit destinés à décrédibiliser celui de l’adversaire) ou de la contre-influence : nous disons la vérité, nos adversaires font une propagande internationale mensongère et subversive, nous les démasquons.

Pour comprendre (et sans remonter à la Guerre froide et à l’US Information Agency de 1953), un petit retour en arrière.

Le GEC est un héritage d’Obama : crée en 2011 le Center for Strategic Counterterrroism Communications pour coordonner l’action de déradicalisation ou de prévention de l’extrémisme violent (euphémisme poue jihadisme). Il est censé s’adresser à des publics étrangers (l’État n’ayant en principe pas le droit d’influencer politiquement des citoyens américains ni de collecter leus données personnelles).

En 2016, le CSCC devient le Global Engagement Center toujours dépendant du département d’’État. Sa mission reste de décourager les jeunes a priori musulmans de s’engager dans le djihad, de monter des partenariats avec des ONG ou des écoles, des leaders religieux, etc. Le GEC est censé aussi faire de l’analyse de données de l’étranger (façon sans doute pudique de dire celles collectées par la NSA ou le renseignement en général) pour mieux comprendre la propagande djihadiste et proposer un contre-discours. Il s’agit contre-influence surtout sur les réseaux sociaux, en somme.

Surprise : à la fin 2016, juste avant de quitter la Maison blanche, Obama, dans la foulée de la loi Portman-Murphy, rajoute aux compétence du GEC, la lutte contre la propagande ou les interférences étrangères (Corée, Chine, Russie). Histoire d’ennuyer Trump par un cadeau empoisonné. Dans une ambiance où l’on accuse le piratage et les « fakes » russes d’avoir altéré l’élection, tout le monde comprend qu’il s’agira surtout de faire de la contre-propagande anti-russe (vertueusement baptisée « fact-based narrative »).

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À Washington les médias, les think tanks et les agences gouvernementales sont de plus ne plus préoccupées de l’influence russe et chinoise (et dans une moindre mesure iranienne après quelques campagnes en ligne). Elles dénoncent une propagande « classique » (avec des médias comme Russia Today), plus du hacking pur (vol de données, sabotage) venant d’internautes de l’est, plus des interférences dans le Brexit et l’élection de Trump (via des réseaux d’influence et mouvements amis), plus des manipulations via les réseaux sociaux (théories complotistes, fake news, images truquées, propos extrémistes anti-système, discours dits de haine). Bref une guerre de l’information tous azimuts où Poutine coche toutes les cases

Washington théorise même une supposée ère de la post-vérité, où les masses (celles qui votent Brexit ou Trump, en tout cas) deviendraient indifférentes aux faits et n’écouteraient que leurs passions. Et seraient vulnérables à l’action des réseaux d’influence russe « en guerre avec la réalité », et bientôt chinois avec la pandémie.

L’idée constante est que les puissances hostiles cherchent, non seulement à décrédibiliser les gouvernements libéraux et à soutenir leurs adversaires illibéraux, mais aussi à saboter toute confiance dans l’information et la démocratie en général (quitte à adresser des messages contradictoires à des partis opposés). Ainsi, on soupçonnera Moscou, en début de campagne, de soutenir à la fois Trump et Sanders pour créer un maximum de chaos, de façon presque nihiliste. Et maintenant, c’est l’action subversive de la Chine qui fait peur.

Si les gens ne votent pas bien, c’est parce que Moscou répand de fausses nouvelles et manipule des réseaux (une thèse de la puissance persuasive du mensonge que même MacCarthy n’osait pas soutenir de façon aussi primaire dans les années 50). Si l’opinion internationale (en Italie, par exemple) croit que la Chine a été efficace, et pas l’UE ou les États-Unis, c’est parce qu’il y a eu manipulation. C.Q.F.D.

D’après la loi, le GEC doit avancer des « fact-based narratives that support United States allies and interests », i.e. être« véridique » et pro-U.S.A. (ce qui est présumé nécessairement compatible)< On sait bien qu’en matière d’influence, ce que je dis est la vérité, ce que dit l’autre est de la désinformation. Ce que je pense est réaliste, ce qu’il pense est de l’idéologie, etc.

D’où le prétention d’opposer un discours « scientifique ». Mais est-il si facile d’opposer des faits scientifiques à l’infodémie ? Surtout s’il est questions de probabilités, de causes difficiles à reconstituer, des anticipations...

Le discours scientifique en question

a) évolue très rapidement voire se contredit sur l’origine, la gravité, les solutions, les facteurs aggravant de la pandémie (y compris par des déclarations successives et contradictoires de l’O.M.S. pourtant à la pointe de la lutte contre l’infodémie.

b) les experts se contredisent sur des sujets comme la chloroquine ou le code génétique du virus. Et pas les moindres (Raoult, Montagnier).

Il y a quelques semaines dire que le virus provenait du laboratoire P4 de Wuhan vous faisait apparaître comme un complotiste extrémiste Aujourd’hui, si vous proclamez que le Cov-19 a peut-être fuité du laboratoire pourtant hyper-sécurisé et qu’il n’est peut-être pas initialement véhiculé par les chauve-souris ou les pangolins, vous n’êtes plus considéré comme un fou ou un agent d’influence de l’étranger.

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Le laboratoire P4 à Wuhan

Ceci vaut pour l’OMS une organisation soumise à des informations changeantes et contradictoires mais qui a lancé une campagne contre la désinformation sanitaire. Par ailleurs l’OMS est elle-même soupçonnée d’être sous influence chinoise et de filtrer très diplomatiquement certaines informations qui pourraient gêner Pékin.

Les grands du Net et les plateformes ont réagi.

YouTube s’engage à supprimer les vidéos qui accusent le déploiement de la 5G d’avoir provoqué l’épidémie de coronavirus p.e;Suite à l’incendie de plusieurs antennes 5G au Royaume-Uni, Google, maison mère de YouTube, met en place de nouvelles mesures contre les fake news qui s’ajoutent à une longue liste. Suivant The Verge, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Reddit, Twitter et YouTube déclarent lutter contre les fakes (théories douteuses, remèdes imaginaires, coupables inventés, faits inventés).

Cela confirme une tendance lourde : la panique des élites (thèmes obsessifs : faux, complotisme et discours de haine) incite les GAFAM, - moitié par conviction, moitié pour soigner leur image - à suveiller les contenus douteux, soit pour les retirer et supprimer les faux comptes, soit pour les signaler comme faux et manipulatoires. On a ainsi délégué à des acteurs techniques un pouvoir considérable du point de vue des libertés publiques : dire ce qui atteindra notre cerveau ou pas.

Parmi les nombreuses controverses, la question de l’origine du virus est cruciale. Les sources chinoises ont évoqué l’hypothèse d'une contamination initiale par des militaires américains lors d’une compétition sportive. Globalement, la ligne de défense chinoise est : le virus est d’origine naturelle, pas forcément chinoise, en tout cas, il n’a pas fuité de notre laboratoire de Wu Han. Ainsi, l’ambassade de Chine - et c’est nouveau - fait du « debunking » en dénonçant toute les fakes et légences (forcément sinophobes) sur le virus. Effet de miroir ou réponse du berger à la bergère : pour Pékin, les désinformateurs sont occidentaux.

Il y a une cohérence du « narratif » chinois : ce pays, après de toutes petites confusions au début, a dit la vérité, agi efficacement, bien plus efficacement que les Occidentaux, apporté son aide à des pays par la « Route sanitaire de la Soie » et en somme le modèle chinois serait excellent, universel et exportable.

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Antenne médicale chinoise en Italie

C’est donc une guerre de l’information où chacun traite l’autre de falsificateur et le rend responsable, sinon du déclenchement, du moins de la propagation de l’épidémie. Avec comme point d’horizon le lendemain de la crise (le « jour d’après ») : qui gagnera l’hégémonie géopolitique et fera triompher son soft power.

L’ambassadeur de Chine a été convoqué par notre ministre des Affaires étrangères qui s’inquiète de cette volonté des représentations diplomatiques chinoises d’intervenir dans le débat à travers les médias et réseaux sociaux étrangers. Abonnez vous, par exemple, au compte Twitter de l’ambassade de Chine et vous constaterez un activisme (et très nouveau) pour contre la désinformation anti-chinoise et soncontre-discours structuré.

De fait, l'influence chinoise passe par

⁃ sa diplomatie et sa communication publique

⁃ ses médias internationaux

⁃ des réseaux et relais dont sa présence dans les organisations internationales

⁃ ses actions spectaculaires comme l’aide médicale à l’étranger et la fourniture de matériel

⁃ une sinosphère en ligne (que l'on commence à comparer aux trolls russes).

Au final, difficile de distinguer une « opinion » d’un message ou élément de langage d’État. Si l’on peut présumer qu’un diplomate reprend la version officielle de son pays, sur les réseaux sociaux, on peut seulement présumer que telle communauté en ligne est dirigée secrètement par un gouvernement ou encouragée.

La méthode américaine - discréditer toute critique comme action concertée et finalisée - rapelle un vieux sophisme ad consequentiam : si ce que vous dites était vrai, les conséquences seraient mauvaises, donc c’est faux).

Est-ce suffisant ? Il va falloir changer de cible principale et comprendre les règles d’un jeu d’influence qui commence à peine.

jeudi, 30 avril 2020

¿RUSIA Y CHINA COMO ‘ALTERNATIVAS’?

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¿RUSIA Y CHINA COMO ‘ALTERNATIVAS’?

Hemos de ser conscientes que el enemigo actual es el poder del dinero y los procesos que apoya, como por ejemplo la globalización o el endeudamiento que anula a los Estados. Este enemigo esencial es apátrida, pero sin duda tiene dos centros actuales esenciales: Israel y USA.

En el caso de USA estamos solo ante un país parasitado, no es USA el problema sino el parásito que lo domina, la finanza y las multinacionales de los medios de información, cine, Tv, internet, etc… que ahora están allí centrados, usando su poder militar y económico como marioneta de sus presiones a los demás países. Parásitos que en realidad no trabajan en favor de USA sino de sus intereses. Israel si es un medio directo de poder de la finanza, no es su ‘cabeza’ sino un refugio y brazo armado.

Ante esta situación actual Europa, si desea liberarse del poder del parásito financiero, sabe que deberá enfrentarse al poder USA manejado por los magnates financieros. Así que solo es pensable (y ya por ahora es muy optimista creer en esa posibilidad) una liberación de Europa con la ayuda de aliados poderosos militarmente, capaces de rechazar las presiones USA-Israel tanto económicas como militares.

Por supuesto otra posibilidad, aún más remota, aunque mucho más agradable, sería que una reacción interna del pueblo americano logarse liberar primero a USA del parásito. Dejemos eso para las utopías.

En Europa es evidente que la única opción es una alianza Euro-Rusa, cuyo poder conjunto militar, tecnológico y económico haría ineficaz cualquier presión USA.

Si además hubiera un eje Ruso-Chino, el conjunto sería totalmente capaz de anular los planes de la finanza y su marioneta USA.

Ahora bien, todo esto, que no es ningún secreto puesto que muchos pensadores lo han indicado, choca con muchos problemas, pero además tiene un tema que se comenta muy poco y sobre el que no se quiere incidir. Vamos a centrarnos pues en el motivo de muchas reticencias a la alianza con Rusia.

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RUSIA O LA URSS

Todos los rusófilos se olvidan que en los antiguos países ‘satélites’ de la URSS hay una reticencia clara hacia Rusia mientras no renuncie a volver a ser la URSS, o sea mientras no denuncie Rusia a la URSS como una tiranía, como algo que no era Rusia, que solo era una marioneta del comunismo soviético, no Rusia.

Cuando en los países bálticos de recuerdan de las Waffen SS o en Polonia se habla de Katyn, cuando en Hungría repugnan de la entrada de los tanques de la URSS, etc. Rusia debería aplaudir, no sentirse culpable sino unirse a esos pueblos que sufrieron, como los rusos, la tiranía soviética durante 50 años.

Pero no es así, Rusia aún no ha logrado desprenderse de la sombra de la URSS, y por ello no solo inspira miedo y repudio, en los países del Este europeos, sino que ni siquiera inspira confianza en los países del Oeste europeo.

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CHINA O MAO

Algo similar pasa con China, entre los países de su entorno que sufrieron la brutalidad de Mao.

La India, Taiwán, Corea del Sur... todos ellos atacados por Mao, y luego el recuerdo del Tíbet.

Mientras China siga usando la imagen de Mao en sus billetes de banco, en fotos en sus calles, mientras no logre separar esa China brutal maoísta de la China eterna, sus vecinos no tendrán mucha confianza en ella.

En China el problema no es el Partido Comunista, que total ya no es realmente comunista más que en las formas externas, sino su incapacidad para condenar con fuerza y decisión al maoísmo, reconociendo sus crímenes. No solo eliminando toda alabanza al maoísmo sino condenándolo públicamente.

Los habitantes de Hong Kong no temen a China sino al maoísmo, a volver a soportar revoluciones culturales salvajes, crímenes y torturas.

Una Europa alternativa necesita a Rusia, pero no a la sombra de la URSS.

11:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, russie, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 14 avril 2020

Les dieux de la peste : la géopolitique de l’épidémie et les bulles de néant

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Les dieux de la peste : la géopolitique de l’épidémie et les bulles de néant

Alexandre Douguine

Nous croyons que le vide de l’univers est en équilibre, c’est-à-dire que le cycle entier d’entropie possible est  passé… mais si c’était seulement une apparence ?

Le coronavirus et l’effondrement de l’ordre mondial

Depuis quelques décennies nous nous attendions à quelque chose de fatal, quelque chose d’irréversible et de décisif. Peut-être que l’épidémie de coronavirus sera cet événement.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions précises, mais certains éléments de géopolitique et d’idéologie ont peut-être déjà passé le point de non-retour.

L’épidémie de coronavirus représente la fin de la globalisation. La société ouverte est mûre pour l’infection. Quiconque veut supprimer les frontières prépare le terrain pour l’annihilation totale de l’humanité. Vous pouvez sourire, bien sûr, mais des gens en combinaisons de protection blanches mettront fin aux rires inappropriés. Seule la fermeture peut nous sauver. La fermeture dans tous les sens – frontières fermées, économies fermées, fourniture fermée de biens et de produits, ce que Fichte appelait un « Etat de commerce fermé ». Soros devrait être lynché, et un monument devrait être bâti en l’honneur de Fichte. Leçon n° 1.

Deuxièmement : le coronavirus tourne la dernière page du libéralisme. Le libéralisme a facilité la diffusion du virus – dans tous les sens. L’épidémie requiert la démolition de toutes les différences. Le libéralisme est le virus. Un peu plus de temps passera, et les libéraux seront identifiés à des « lépreux », des « maniaques » contagieux qui appellent à danser et à faire la fête au milieu de la peste. Le Libéral est le porteur du coronavirus, son apologiste. C’est particulièrement le cas s’il s’avère qu’il a été créé aux Etats-Unis, la « citadelle du libéralisme », comme arme biologique. Leçon n° 2 : le libéralisme tue.

Troisièmement : les critères pour le succès et la prospérité des pays et des sociétés sont en train de changer spectaculairement. Dans la bataille contre l’épidémie, ni la richesse de la Chine ni le système social européen, ni l’absence de système social aux Etats-Unis (qui a la plus grande armée et le plus grand pouvoir financier du monde) ne les sauveront. Même le régime spirituel et vertical iranien est impuissant. Le coronavirus a coupé tout le sommet de la civilisation – pétrole, finance, libre-échange, le marché, la domination totale de la FED… les dirigeants du monde sont impuissants. Des critères complètement différents sont apparus :

- la possession d’un antivirus 

- l’aptitude à assurer la vie d’une manière autonome pour eux-mêmes et pour leurs proches dans des conditions de fermeture maximum. 

Répondre à ces critères signifie réévaluer toutes les valeurs. Le vaccin est dans la province de ceux qui ont très probablement développé le virus, et ce n’est donc pas une solution fiable. Cependant, la fermeture et la transition vers l’autosuffisance est quelque chose que chacun peut faire, bien que faire cela requiert la multipolarité. Les petites fermes et les échanges naturels survivront à l’effondrement total de tout.

Donc, quels seraient les prochaines mesures logiques après une marche triomphante du coronavirus à travers la planète ? Au mieux, l’apparition de plusieurs zones mondiales relativement fermées – des civilisations, des grands espaces, ou – au pire – les mondes de Mad Max et de Resident Evil. La série russe « L’épidémie » est en train de devenir une réalité devant nos yeux.

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Les dieux de la peste

Je commence à comprendre pourquoi les dieux de la peste étaient respectés et adorés dans certaines sociétés. La venue de la peste permet un renouvellement complet des sociétés. L’épidémie n’a pas de logique et n’épargne ni le noble ni le riche, ni le puissant. Elle détruit tout le monde d’une manière indiscriminée, et ramène les gens au simple fait de l’être. Les dieux de la peste sont les plus honnêtes. Antonin Artaud écrivit des choses là-dessus, comparant le théâtre à la peste. Le but du théâtre, d’après Artaud, est, avec toute la cruauté possible, de faire revenir l’homme au fait qu’il est, qu’il est ici et maintenant, un fait qu’il tente constamment et obstinément d’oublier. La peste est un phénomène existentiel. Les Grecs appelaient Apollon Smintheus « le dieu souris » et attribuaient à ses flèches le pouvoir d’apporter la peste. C’est ainsi que commence l’Iliade, comme chacun sait.

C’est ce qu’Apollon ferait s’il regardait l’humanité moderne – banquiers, blogueurs, rappeurs, députés, employés de bureau, migrants, féministes… C’est bien cela.

Buñuel a fait un film nommé « L’Ange Exterminateur » qui est plus ou moins là-dessus. 

8e589f495bdabdfc4eeaea1b443330c9.jpgComment le monde finit

On peut aussi prendre note des éléments de l’épidémie qui semblent suggérer une origine humaine, permettant à l’Occident d’utiliser le virus contre ses adversaires géopolitiques (ce qui explique la Chine et l’Iran, mais pas l’Italie et les autres) ou même un début d’extermination ciblée de tous ces milliards d’humains en trop par un petit cercle de l’humanité disposant d’un vaccin lui-même produit par le « progrès » et la « société ouverte ». Dans ce cas, les « dieux de la peste » pourraient s’avérer être des représentants très spécifiques de l’élite financière globale, qui a depuis longtemps compris les « limites de la croissance ». Mais même dans ce cas – spécialement si cela n’est pas le début d’un génocide global complet, mais seulement un test – la conclusion est la même : ceux qui prétendent être responsables des sociétés humaines ne sont pas ce qu’ils semblent être.

Le libéralisme est seulement un prétexte pour l’extermination de masse, comme l’étaient la colonisation et la diffusion des standards de la civilisation occidentale. Les élites globales et leurs marionnettes locales comptent peut-être survivre grâce à un vaccin, mais quelque chose suggère que c’est peut-être là que le bât blesse. Le virus pourrait se comporter d’une manière imprévue, et les processus qui ont commencé au niveau civilisationnel, et même dans des événements individuels spontanés et imprévisibles, pourraient perturber leurs plans soigneusement pensés.

Toute l’économie mondiale ne s’effondrera peut-être pas en quelques mois, mais elle semble se diriger exactement dans cette direction…

Tout ce que les modernes considèrent comme « durable » et « fiable » est pure illusion, le coronavirus est en train de le montrer clairement et vivement. En fait, dès que la logique de l’événement continuera de se développer un peu plus, nous pourrions voir comment le monde finit – du moins le monde que nous connaissions. Et en même temps, les premiers contours de quelque chose d’autre commenceront à apparaître.

Matière en danger

Il est curieux que parallèlement au coronavirus, qui est devenu en un sens le sujet de la civilisation, des discussions sur les « bulles de néant » ont commencé dans la communauté scientifique, réactivant certaines hypothèses du fameux physicien Edward Witten, l’un des principaux théoriciens des phénomènes des « super-cordes ».

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Edward Witten

D’après les idées des physiciens modernes, des « bulles de néant » peuvent surgir d’un « faux vide », c’est-à-dire un vide qui n’a pas atteint la stabilité, mais qui semble seulement l’avoir atteint. Dans le monde déca-dimensionnel (avec 4 dimensions ordinaires et 6 de plus, présentes par la compacification), de telles « bulles de néant » sont très probables. Si elles apparaissent, elles pourraient aspirer des galaxies dans le néant et avaler l’Univers. Ces tourbillons produits par des vides instables sont très impressionnants.

Et encore une fois, comme dans le cas du coronavirus, ils disent « rien de mal ne se produit, tout est sous contrôle ». Des représentants de l’élite scientifique nous rassurent en disant que la chance de l’apparition des « bulles de néant » est ridiculement faible.

Mais il me semble qu’elle ne l’est pas. Au contraire, elle est très importante. Le monde moderne est précisément une telle « bulle de néant » qui se développe rapidement, absorbant le sens et dissolvant l’existence : le libéralisme et la globalisation sont ses expressions les plus vivaces. Le coronavirus est aussi une bulle de néant.

La nature du virus lui-même est intéressante (bien que je déteste le concept de « nature », il n’y a rien de plus insensé). C’est quelque chose entre un être vivant – il a de l’ADN ou de l’ARN – et un minéral (il n’a pas de cellules). Cependant, il nous rappelle avant tout un réseau neuronal ou même une Intelligence Artificielle. Il est là ou il n’est pas, vivant, ou inanimé… c’est précisément ce qu’est le « vide non-équilibré » [nonequilibrium vacuum], qui crée ces « bulles de néant ».

Nous croyons que le vide de l’univers est en équilibre, c’est-à-dire que le cycle entier de l’entropie possible est passé… mais si c’était seulement une apparence ?

Quand vous entendez l’histoire du marché de Wuhan et que vous imaginez le combat entre des chauves-souris et des serpents venimeux, leur féroce échange de contagion et leurs mortelles flèches microscopiques de non-existence formées en couronne, il est impossible d’échapper à l’image des bulles de néant. Le même sentiment est provoqué par la chute du prix du pétrole et l’effondrement des indices boursiers. Même la guerre – avec sa spécificité et son éveil existentiel – ne nous sauve pas de l’attaque du néant, puisque la motivation des guerres modernes est si profondément emmêlée dans des intérêts matériels, financiers et corrompus, ayant perdu sa pureté originelle : la rencontre directe avec la mort. Elle sert seulement de bulle de néant supplémentaire, accomplissant ses instructions de conduire la matière vers l’oubli total.

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La peste comme Evénement

Est-il possible qu’après avoir surmonté le coronavirus, l’humanité tire les conclusions appropriées, mette fin à la globalisation, rejette les superstitions libérales, stoppe les migrations et mette fin aux obscènes inventions techniques qui submergent toujours plus profondément les gens dans des labyrinthes sans fin de matière ? La réponse est très clairement non. Chacun reviendra rapidement à ses vieilles habitudes en un clin d’œil, avant même que les victimes aient été enterrées. Dès que – c’est-à-dire, si – les marchés reprendront vie et que le Dow Jones se réveillera, tout reviendra à la normale. Le naïf est celui qui pense le contraire. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que même une épidémie de cette ampleur sera transformée en un malheureux malentendu. Personne ne comprendra le sens de la venue des dieux de la peste, personne ne pensera aux « bulles de néant » et tout se répétera encore et encore jusqu’à ce que l’on atteigne le point de non-retour.

Si l’on prête soigneusement attention au passage du temps, il devrait être clair que nous sommes actuellement en train de franchir ce point.

lundi, 13 avril 2020

Revolution in the Education of the 21st century

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Revolution in the Education of the 21st century

Ex: https://medium.com/@natella.speranskaya/

Kirill Boldyrev’s interview With Natella Speranskaya, a philosopher and founder of the Janus Academy project.

You often write about the crisis of the modern educational system, about the need to return to the roots (in particular, to revive the idea of Paideia, Socratic maieutics, and dialogue). In other words, Your criticism relates to the Western model of education. What can you say about education in the East, and what, in your opinion, are the significant differences between these systems?

— I will allow myself to refer to the book “Cultural Foundations of Learning: East and West” by Jin Li, where this issue discussed. The author believes that the main difference between the Western and Eastern (we are talking mainly about the Chinese, based on Confucianism) educational systems is that the first focused on the knowledge of the external world based on reason, and the second — on man’s knowledge of himself based on virtue. I don’t quite agree with that.

If we turn to the origins of the Western educational system, we find that based on the principle of “know thyself” (the inscription on the pediment of the Delphic temple read: Γνῶθι Σεαυτόν). This knowledge was directly connected, on the one hand, with the Mysteries that changed the ontological status of man, and on the other — with the philosophical schools of Antiquity.

In the Middle ages, as well as in the Renaissance, education not supported on the knowledge of the external world based on reason; this principle arose in the educational paradigm of the New time (rationalism of the Descartes, the empiricism of Bacon). And became dominant in the age of Enlightenment, the main idea of which is expressed by Kant: “Have the courage to use your mind.” It is not for nothing that Jin Li cites Faust as the embodiment of an approach to learning and knowledge that was an integral part of the Western world. As for the reliance on virtue, it is difficult to deny that in the Ancient world virtue was the foundation of education and upbringing (Paideia, the idea of kalokagathos, τὸ ἀγαθόν by Plato, the “Nicomachean Ethics” by Aristotle). Is it worth Recalling the role of virtue in the Christian Middle Ages or the significance of virtu — the main defining category of the humanistic ideal of the individual in the Renaissance?

Thus, what is Jin Li said about the Western education system does not affect its origins (where it, frankly, coincides with the Eastern one), but refers exclusively to the model of education that arose during the Enlightenment. If we turn again to Antiquity, we will have to admit that the works of Ancient Greek thinkers were “spiritual exercises” (Pierre Hadot), aimed at the formation of the soul and mind, at the metamorphosis of the personality, at its transformation. And in the philosophical schools of Antiquity, there was no informing of students (which is typical of modern education), but the only formation. Moreover, I would like to make a bold conclusion: in the epochs, when a person’s worldview had a religious foundation (Antiquity — the Middle ages — the Renaissance), education always meant the formation and transformation of the individual. During the triumph of rationalism and materialism and the advent of a secular worldview, the goals of education change dramatically. It is this educational model that I criticize.

It was in the Age of Enlightenment that intellectual specialization appeared, and various disciplinary knowledge, as noted by Waqas Ahmed in the book “Polymath”, was institutionalized in the form of academic departments at universities. The unprecedented fragmentation of disciplines has led to the fact that polymaths with extensive knowledge in various fields have been pushed to the periphery of social processes, giving way to the now famous specialists of a narrow profile. The Eastern educational system has been more successful in maintaining its roots than the Western one.

One of the primary skills of the XXI century is called the Ability to Learn. Books on to “Learning How to Learn” tell you about the organization of the learning process, as well as provide effective planning methods and skills for conscious learning. One of them is written by Ulrich Boser, a scientific journalist, and researcher in the field of education. Do You attach importance to this skill, and do You focus on it in Your projects?

page_1.jpg— I’m familiar with Boser’s work. The book provides many examples of successful application of various skills of working with information, immersion in a particular problem and the development of new professional competencies. However, I did not have enough perspective in it, which includes methods of teaching polymaths, people who have the ability to create atypical combinations of skills, to combine and synthesize knowledge from different disciplines. The type of thinking and perception of such people is radically different from the thought and understanding of narrow specialists. The methods of learning that polymaths use are not even discussed in the book, but it is these individuals who can significantly enrich the understanding of the idea of “Learning How to Learn.” Although we must admit that we do not often think about how we feel, how we learn as if our mental tools are used unconsciously, automatically; Boser writes that even masters are often lost as soon as it becomes necessary to explain exactly how they acquired such a high degree of skill. In Boser’s book, I did not have enough examples of using non-traditional but efficient forms of learning. I am engaged in this topic not only as a researcher and theorist, but also as a practitioner, so I pay great attention to everything that forms the new educational landscape today.

-For example?

- Already in the Preface, Boser writes about the ineffectiveness of traditional lectures. Many people write about this, giving endless statistics. I will allow myself to dwell on this in more detail. I assure you, it is worth thinking about this not only for people who teach certain disciplines in educational institutions but also for everyone who is related to any institutions where there is at least a small hint of learning (from cultural centers with educational programs to tiny cafes where some lectures are given from time to time).

The academic format of training implies a standard mono-process when there is a lecturer who brings certain information to a passive (I emphasize) audience. It does not take into account that each listener has its type of perception, thinking, speed of information processing, it’s accumulated cultural, philosophical, historical background. And now the lecturer notes with displeasure that the audience one by one turns off their attention and transfers it to gadgets, to each other, to their internal monologue, to the view from the window, etc. And the lecturer doesn’t know how to hold their attention. There is no involvement of listeners in the overall process. They don’t feel part of it. In the “Manifesto for Liberal Education” by Eva Brann emphasizes that lectures are not an integral and mandatory part of humanitarian education (I would not limit myself to the “humanitarian” direction since this is a phenomenon that affects the educational system as a whole). Since the latter is dialogue-oriented by its nature, the student in the learning process becomes not a passive recipient of knowledge, but an active participant in the general search. Brann calls such education “dialectical education,” which should be understood in the key of the “dialectical method of Socrates.”

As someone who occasionally engages in personalized Learning, I invariably choose dialogue, not lecture. As for the broad audience, then this is not a dialogue, but a polylogue (the conversation of many participants). The method remains the same. I call it the “polylogic method.” When you break the old format and make students direct participants, you turn the learning process into a mutual exchange of knowledge, thanks to which participants learn to hear each other, express and argue their point of view, and most importantly — to focus their attention.

Moreover, this is how the intellectual and creative environment forms. Not the sum of atomic individuals who fill the audience to listen to your monologue, but individuals who have come not only to learn but also to teach, not only to take but also to give. When I conceived the JanusAcademy project and planned what courses I would teach there myself, I began to develop these courses based on the “polylogic method.”

What are non-traditional lecture formats You talking about? Which ones do You use yourself?

— First, a Lecture by two teachers. Two teachers give a lecture, interacting both with each other and with the audience — the dialogical communication between lecturers and listeners. The latter find themselves in a socially active position and are involved in a dialogue. All types of non-traditional lectures, which I will briefly describe, are aimed at immersing listeners in the process of constant “co-thinking” with the lecturer (s) and active dialogue. This increases both the level of attention and the level of motivation. A person becomes interested in learning. He is involved in the process.

Second, a Lecture with PLANNED ERRORS. This type of lecture will also be called a “provocation lecture.” Important: this lecture requires a severe level of preparation, a lot of work, the element of improvisation in it is almost excluded. It is written as a “scenario”. The lecturer announces the topic of the lecture and then warns the audience that in the process of reading it, he will make a certain number of deliberate mistakes that students must track down. Naturally, he should prepare these errors in advance and have a list before his eyes. Usually, the number of errors does not exceed ten. At the end of the lecture, students need to name the errors found. Then they reflect on them with the lecturer and give the correct answers.

Third, Lecture-Discussion. I don’t think this type needs any comments. This is a discussion between specialists (which makes it possible to assemble a real interdisciplinary team), with whom the audience actively interacts.

Fourth, a Problematic Lecture. The lecturer does not just give a lecture but creates a problem situation in which the entire audience is involved. Again, it’s a Dialogic form of interaction.

Fifth, the Lecture-Performance. The learning process becomes an artistic act. This type of lecture requires a lot of preparation (including rehearsals). It is the creation of an interdisciplinary field where the union of science and art, music, and mathematics can be realized. There can be a great variety of forms of performative lectures, and it all depends on the imagination of their creators.

Sixth, the lecture-dialogue, which I have already described.

There are other formats, but I have mentioned only the most well-known ones.

How did You come up with the idea to create Your educational project? What task do You set for Janus Academy?

— Revolutionary task. Israeli historian Yuval Harari calls our time the Era of Algorithms, of Big Data. But we must understand that Big Data is not a substitute for Big Ideas. It is the absence of Big Ideas that is the main characteristic of the modern era. Big Ideas always carry transformational potential, imply radical transformations, changes, and those who dare to express them, as a rule, are tested by distrust, skepticism, and accusations of unrealistic fantasies — from a society that is not ready for change. But only these people have had and will have an impact on the course of human history.

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Thaddeus Zelinsky

In the Silver age, there was a Big Idea that went down in history as the “Third Renaissance.” For the first time, the famous classical philologist Thaddeus Zelinsky, a Russian by language and birth, a Pole by blood and a Hellenic by spirit, spoke about it. The essence of this idea was that the European world experienced two great Renaissance of Antiquity — the Romanesque Renaissance; this is the XIV-XVI centuries. And the German Renaissance, which occurred in the XVIII-XIX centuries. Zelinsky founded the Union of the Third Renaissance, which included such people as I. Annensky, the Bakhtin brothers, Gustav Shpet, and others. The Third Renaissance was a grandiose project of the Silver age of Russian culture. And I, as a person whose intellectual activity connected with Classical Reception Studies, immediately “inherited” the idea of the Third Renaissance and made it сentral both in my educational mission and the Janus Academy project.

Hence, it became necessary to transform the educational system since it is absurd to talk about a Renaissance in the current circumstances. Observing what is happening in the educational environment in the West, I saw that all the trends that I initially put in the Janus Academy project are now gaining significant influence. A new type of intellectual, which embodies the idea of homo universalis, today openly advocates a polymathic approach to learning, insists on interdisciplinarity, and advocates the revival of the Humanities.

I am one of those who are worried about everything that happens in the educational and cultural spheres. Many years of thinking about the current situation in the field of education, the cultural crisis, the intellectual desert, led me to the idea of creating a new Academy. Of course, I had specific intellectual reference points: the Mouseion at Alexandria, the Platonic Academy, the Platonic Academy of Florence. This idea matured gradually. When I was searching for teachers for Janus Academy, I had to read books by modern researchers continually, scientists, philosophers, specialists in various fields, listen to lectures, watch videos, find interviews, and pass through a massive amount of analyzing information. I was searching for new names to introduce them to the Russian-speaking intellectual space gradually, I followed the processes taking place in different communities of the Western world (philosophical, scientific, artistic, etc.); I compared their experience with the experience of the predecessors, I identified archetypal models based on the paradigm that were created educational institutions, and educational projects are built.

Even at the initial stage of creating the project, I set a goal — to reform the entire educational system.

Not on the scale of one educational institution, but the size of a whole country. My task was to create a kind of laboratory of elite culture. This cultural and educational center would form a new cultural and philosophical paradigm, influence the educational system, discover new names, identified new intellectual and artistic trends of the era, and conduct a constant “dialogue of cultures” (“dialogue of minds”!) with the West and the East.

This project is large-scale, but this does not make it unrealizable. Today, in the face of a terrifying intellectual crisis, the only thing we can and should do is thinking large-scale. Unfortunately, we have begun to forget that education has always been a way of inheriting culture. Changing the educational model, making specific educational trends dominant, we inevitably change the culture.

Your Academy is already being compared to the Eranos Society. Do I understand correctly that You do not want to create a universal online educational platform and are more focused on live learning? You have planned both lecture tours and the formation of communities of polymaths around the project.

— I chose the best of the best for the Academy as Lorenzo de’ Medici had done. Only the most outstanding philosophers, scientists, researchers, cultural, and artistic figures can change the prevailing paradigm and, accordingly, lead to its change. From the very beginning, I decided that learning at the Academy will be Blended, but the emphasis will undoubtedly be on active learning. You are right, the project includes both lecture tours and communities of polymaths. First, it is a community of polymaths-students engaged in project work, interdisciplinary research, the creation of intellectual clubs, creative laboratories, etc. Secondly, the community of polymaths-teachers. For them, the Academy will become a multidisciplinary platform for the exchange of knowledge and experience, a territory for the development of international cooperation. The Academy can itself initiate the creation of temporary communities of interdisciplinary scientists and researchers to solve global problems (environmental problems, demographic crisis, possible AI threats, space exploration, terrorism, social inequality, atmospheric pollution, etc.). Today, in the face of a pandemic, this becomes even more relevant.

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Lorenzo de Medici

Janus Academy is

1. Formation of a fundamentally new educational paradigm based on the “union of music and mathematics”, science and art:

- a complex of Humanities disciplines which provide students with fundamental knowledge,

- a STEM complex (Science, Technology, Engineering, Mathematics), developing innovative thinking and an ability to collect, analyze, organize, and critically evaluate information.

2. 32 directions.

3. More than 150 author courses forming a unique educational complex that you will not meet in any of the educational institutions. Each teacher receives an individual order to create a course of lectures, which is then taught at the Academy.

4. Outstanding teaching staff (about 200 leading Russian and Western scientists and specialists, researchers, philosophers, artists).

5. Polymathic approach to learning. The formation of a polymath, homo universalis, Renaissance man, generalist.

I understand that when dealing with such a large-scale project, I will have to be patient and decide on a gradual implementation of the idea.

In the educational sphere, I am creating a niche that does not yet exist.

It is an expensive project, and I realize that I need an ambitious patron who is dissatisfied with the modern educational system.

As far as I know, Your Academy is planning rather rare courses? Tell me about it.

— I can only open a few cards. For example, Janus Academy will develop an entire field — Imagination Studies-which will combine several courses at once. This field includes the sociology of the imagination by Gilbert Durand, the research of the imagination of Henry Corbin, the iconological method by Aby Warburg (and his mysterious the Mnemosyne Atlas will be studied in a comprehensive, interdisciplinary way, involving both acting methodology and ancient mnemonic techniques), and the legacy of some members of the legendary community “ERANOS.” In this direction, I am currently developing a powerful program that is not similar to any of the existing in the educational institutions and research centers.

The modern science of imagination appeared in the middle of the 20th century thanks to the efforts of philosophers, theorists, and historians of religion: Gaston Bachelard, Henry Corbin, Mircea Eliade, Charles Baudouin, Charles Moron, Gilbert Durand, etc. Currently, there are more than 40 research laboratories and institutes of imagination in the world, United in a single network (CRI — centers de Recherches sur l’imaginaire), with centers in France, Belgium, Brazil, Israel, Portugal, Spain, Korea, Poland, the Czech Republic, and Romania.

Also, I plan to launch the course “ARS MEMORIA. Ancient and modern mnemonic techniques”, and has already found three teachers who will not just provide some information (which you can find in The Art of Memory by Frances A. Yates), but will provide you with useful tools and pass on new methodologies based on ancient techniques Dating back to Antiquity. I even found a polyglot who created a method of learning languages based on the medieval Ars Memoria and now consults for diplomats.

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Of course, I will do my best to promote the Mnemosyne Atlas by Aby Warburg and look for an opportunity to give impetus to Warburgian Studies in Russia. In particular, I plan to find a basis for an interdisciplinary dialogue: iconology of Warburg — acting methodology (Dr. Mischa Twitchin is already developing this direction) — the legacy of Henry Corbin — The Anthropological Structures of the Imaginary by Gilbert Durand. You feel that this is the creation of a new “Eranos,” so the comparison was not accidental?

I was able to find a follower of Joseph Campbell (I’m sure all of you have read or at least heard of his book “The Hero with a Thousand Faces”), who traveled with him in the late 70s, and then began teaching (including at the C. G. Jung Institute Zürich, Küsnacht), and now developing new approaches to mythological studies. He continues on the path of Campbell. Of course, I want him to teach at the Academy.

An essential place in the program occupied by courses related to new technologies, but this is a separate conversation, and I am not ready for it yet. I opened four cards out of 150, which is not bad.

If You allow me, I will still ask a question about new technologies. It does not directly concern Your project. You translated Tobias Rees’s article, “Why tech companies need philosophers — and how I convinced Google to hire them.” On Syg.ma it has received a large number of views. The modern Western tendency to introduce humanitarians into large business corporations for Russia is somewhat surprising. Do You think that this trend is likely to appear in our country shortly?

Let’s start with the main thing. What does Tobias Rees do? In this article, Tobias Rees demonstrates a revolutionary approach to areas such as Artificial Intelligence and synthetic biology and proposes that they are perceived as philosophical and artistic “laboratories” where new concepts of human, politics, understanding of nature and technology are formed. What was traditionally associated with the main tasks of the Humanities, which were centered on humans, has now moved to the fields of natural and technical sciences. The Humanities no longer answer the question: “What is a human?» More precisely, they stopped answering the question: “What is human in the current world, what is his relationship with nature, with technology?» But it is the question of what it means to be a human being that is fundamental and key today.

Tobias Rees embeds philosophers and artists to the world’s largest corporations, so that they, along with engineers and technologists, form a new idea of the human. It is a method that, in my opinion, can completely transform not only the business sphere but also the educational paradigm. Unfortunately, nothing like this is happening in Russia yet. But I dare hope it is only a matter of time.

https _specials-images.forbesimg.com_imageserve_57e344d04bbe6f24d1f87b3a_0x0.jpg background=000000&cropX1=2&cropX2=720&cropY1=177&cropY2=896.jpgIt is important to note that the studies of Tobias Rees (Transformations of the Human Program) conducte at the Berggruen Institute, which is one of the key think tanks today. I am deeply convinced of this.

Nicholas Berggruen, in my opinion, is the new Lorenzo de’ Medici, who decided to unite all the most outstanding minds of our century. And in this, our goals are similar.

Berggruen attaches great importance to ideas, seeks to bring philosophy back to the center of life, and in fact, creates a Mecca for scientists, one of whom is undoubtedly Tobias Rees. These people are shaping the future. As for Russia, much will depend on whether we will have our own Medici.

jeudi, 09 avril 2020

Dostoïevski et le virus de la servitude mondialiste (1870-2020)

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Dostoïevski et le virus de la servitude mondialiste (1870-2020)

par Nicolas Bonnal

Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

« Un dixième seulement de l’humanité possédera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci perdront leur personnalité, deviendront comme un troupeau ».

Pendant que certains antisystèmes vous recommandent de porter des masques, d’applaudir Cuba, la Chine ou la Russie où les populations sous smartphone sont si libres, heureuses, je ne dirai pas mon idée sur ce virus qui sert à propos la pauvreté et la servitude volontaire, la confiscation des comptes, l’interdiction du mouvement (voyez ce que dit le MIT dessus), la digitalisation des individus, la dépopulation, le gouvernement mondial, les vaccins obligatoires et le tatouage numérique du troupeau. On me considérerait comme complotiste. Tout est excellemment et quotidiennement référencé et dénoncé sur le site libertarien Lewrockwell.com héritier de mon vieux maître Rothbard. Profitez du peu de liberté qui vous reste, et qui sera bouffé comme le reste. La vérité c’est que cette histoire monstrueuse permettra à nos grenouilles modernes  d’avoir le tyran qui leur manquait depuis un bon siècle déjà. Et d’en mourir.

J’en reviendrais donc à Dostoïevski et à son inquisiteur qui avait tout dit avec son catholicisme impérial et viral, basé sur la peur et le contrôle (relisez mon texte sur Foucault) :

« Sans nous, ils seront toujours affamés. Aucune science ne leur donnera du pain, tant qu’ils demeureront libres, mais ils finiront par la déposer à nos pieds, cette liberté, en disant : « Réduisez-nous plutôt en servitude, mais nourrissez-nous. » Ils comprendront enfin que la liberté est inconciliable avec le pain de la terre à discrétion, parce que jamais ils ne sauront le répartir entre eux ! Ils se convaincront aussi de leur impuissance à se faire libres, étant faibles, dépravés, nuls et révoltés. »

Le tortionnaire sévillan (visitez leurs sémillants musées de la torture) rappelle :

«Tu leur promettais le pain du ciel ; encore un coup, est-il comparable à celui de la terre aux yeux de la faible race humaine, éternellement ingrate et dépravée ? Des milliers et des dizaines de milliers d’âmes te suivront à cause de ce pain, mais que deviendront les millions et les milliards qui n’auront pas le courage de préférer le pain du ciel à celui de la terre ? Ne chérirais-tu que les grands et les forts, à qui les autres, la multitude innombrable, qui est faible mais qui t’aime, ne servirait que de matière exploitable ? Ils nous sont chers aussi, les êtres faibles. Quoique dépravés et révoltés, ils deviendront finalement dociles. »

Le besoin de la communauté et du troupeau. Dostoïevski annonce ici le dernier homme de Zarathoustra et le croyant en papier mâché.

« Mais il ne veut s’incliner que devant une force incontestée, que tous les humains respectent par un consentement universel. Ces pauvres créatures se tourmentent à chercher un culte qui réunisse non seulement quelques fidèles, mais dans lequel tous ensemble communient, unis par la même foi. Ce besoin de la communauté dans l’adoration est le principal tourment de chaque individu et de l’humanité tout entière, depuis le commencement des siècles. C’est pour réaliser ce rêve qu’on s’est exterminé par le glaive. »

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Surtout, pas de liberté :

« Vois ce que tu fis ensuite, toujours au nom de la liberté ! Il n’y a pas, je te le répète, de souci plus cuisant pour l’homme que de trouver au plus tôt un être à qui déléguer ce don de la liberté que le malheureux apporte en naissant. Mais pour disposer de la liberté des hommes, il faut leur donner la paix de la conscience. »

Le christ a perdu car il a refusé l’antique dosage de la religion traditionnelle, basée sur le miracle, le mystère, l’autorité :

« Tu as ainsi préparé la ruine de ton royaume ; n’accuse donc personne de cette ruine. Cependant, était-ce là ce qu’on te proposait ? Il y a trois forces, les seules qui puissent subjuguer à jamais la conscience de ces faibles révoltés, ce sont : le miracle, le mystère, l’autorité ! Tu les as repoussées toutes trois, donnant ainsi un exemple. »

C’est que Jésus rêvait à tort de liberté, de rebelles :

« Tu ne l’as pas fait, car de nouveau tu n’as pas voulu asservir l’homme par un miracle ; tu désirais une foi qui fût libre et non point inspirée par le merveilleux.

Il te fallait un libre amour, et non les serviles transports d’un esclave terrifié. Là encore, tu te faisais une trop haute idée des hommes, car ce sont des esclaves, bien qu’ils aient été créés rebelles. »

Et le bilan est là…

« Vois et juge, après quinze siècles révolus ; qui as-tu élevé jusqu’à toi ? Je le jure, l’homme est plus faible et plus vil que tu ne pensais. »

La suite nous concerne.

On aura donc à la place le césarisme universel et la mondialisation de l’esclavage démocratique :

« … nous avons accepté Rome et le glaive de César, et nous nous sommes déclarés les seuls rois de la terre, bien que jusqu’à présent nous n’ayons pas encore eu le temps de parachever notre œuvre. Mais à qui la faute ? Oh ! L’affaire n’est qu’au début, elle est loin d’être terminée, et la terre aura encore beaucoup à souffrir, mais nous atteindrons notre but, nous serons César, alors nous songerons au bonheur universel. »

Car le rêve du grand inquisiteur, c’est bien le nouvel ordre mondial :

« L’humanité a toujours tendu dans son ensemble à s’organiser sur une base universelle. Il y a eu de grands peuples à l’histoire glorieuse, mais à mesure qu’ils se sont élevés, ils ont souffert davantage, éprouvant plus fortement que les autres le besoin de l’union universelle. Les grands conquérants, les Tamerlan et les Gengis-Khan, qui ont parcouru la terre comme un ouragan, incarnaient, eux aussi, sans en avoir conscience, cette aspiration des peuples vers l’unité. En acceptant la pourpre de César, tu aurais fondé l’empire universel et donné la paix au monde. »

dostoc3afevski_moi.jpgComme Tocqueville, on prévoit un troupeau bien doux et obéissant :

« Qui a le plus contribué à cette incompréhension, dis-moi ? Qui a divisé le troupeau et l’a dispersé sur des routes inconnues ? Mais le troupeau se reformera, il rentrera dans l’obéissance et ce sera pour toujours. Alors nous leur donnerons un bonheur doux et humble, un bonheur adapté à de faibles créatures comme eux. 

Nous les persuaderons, enfin, de ne pas s’enorgueillir, car c’est toi, en les élevant, qui le leur as enseigné ; nous leur prouverons qu’ils sont débiles, qu’ils sont de pitoyables enfants, mais que le bonheur puéril est le plus délectable. »

Une élite torturée (unhappy lords, dixit Chesterton) dominera ces légions de bobos :

« Ils nous soumettront les secrets les plus pénibles de leur conscience, nous résoudrons tous les cas et ils accepteront notre décision avec allégresse, car elle leur épargnera le grave souci de choisir eux-mêmes librement. Et tous seront heureux, des millions de créatures, sauf une centaine de mille, leurs directeurs, sauf nous, les dépositaires du secret. Les heureux se compteront par milliards et il y aura cent mille martyrs chargés de la connaissance maudite du bien et du mal. »

Le bilan pour leur âme :

« Ils mourront paisiblement, ils s’éteindront doucement en ton nom, et dans l’au-delà ils ne trouveront que la mort. Mais nous garderons le secret ; nous les bercerons, pour leur bonheur, d’une récompense éternelle dans le ciel. »

Et le troupeau aidera la hiérarchie cléricale à renverser Dieu définitivement ! Vive ce pape jésuite :

« Je suis revenu me joindre à ceux qui ont corrigé ton œuvre. J’ai quitté les fiers, je suis revenu aux humbles, pour faire leur bonheur. Ce que je te dis s’accomplira et notre empire s’édifiera. Je te le répète, demain, sur un signe de moi, tu verras ce troupeau docile apporter des charbons ardents au bûcher où tu monteras, pour être venu entraver notre œuvre. Car si quelqu’un a mérité plus que tous le bûcher, c’est toi. Demain, je te brûlerai. Dixi. »

On cite souvent Schiller à propos de ce prodigieux discours – mais on oublie Alexis de Tocqueville qui a mieux que quiconque décrit ce pouvoir mondialisé et anesthésiant (sauf pour les victimes de ses bombes et de ses sanctions) :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sut leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir… » 

Grand lecteur de Dostoïevski (« le seul qui m’ait appris quelque chose en psychologie… »), Nietzsche écrit dans son Zarathoustra :

« Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement. On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point. On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. »

Car même les maîtres sont fatigués…

Citons pour terminer ce bel élan des « possédés » toujours du même Dostoïevski :

« Un dixième seulement de l’humanité possèdera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci perdront leur personnalité, deviendront comme un troupeau ; astreints à l’obéissance passive, ils seront ramenés à l’innocence première, et, pour ainsi dire, au paradis primitif, où, du reste, ils devront travailler. Les mesures proposées par l’auteur pour supprimer le libre arbitre chez les neuf dixièmes de l’humanité et transformer cette dernière en troupeau par de nouvelles méthodes d’éducation, – ces mesures sont très remarquables, fondées sur les données des sciences naturelles, et parfaitement logiques. »

Un millième fera l’affaire, la télé contrôlant le reste. Je sais, le pire n’est jamais sûr…

Mais le meilleur ?

N.B.

Sources

Nicolas Bonnal – Dostoïevski et la modernité occidentale (Amazon.fr).

Fiodor Dostoïevski – L’Idiot (1869) – Les Possédés (1872) – ebooksgratuits.com

Dostoïevski – Les frères Karamazov, le grand inquisiteur, pp.376-393 (ebookgratuits.com).

Nietzsche – Prologue de Zarathoustra, §5.

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, II, quatrième partie, chapitre VI.

http://www.revuemethode.org/m121727.html

https://www.dedefensa.org/article/dostoievski-et-la-proph...

mardi, 31 mars 2020

Gueïdar Djemal

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Gueïdar Djemal

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cette nouvelle chronique évoque une personnalité publique dite en novlangue « controversée » parce qu’elle représente une déclinaison politique quasi-inconnue en France de l’idée grande-européenne ou, plus exactement, du néo-eurasisme dans le monde post-soviétique.

Gueïdar Djemal naît le 10 juin 1947 à Moscou et meurt à l’âge de 69 ans le 5 décembre 2016 à Almaty au Kazakhstan. Azéri (c’est-à-dire turcophone chiite d’Azerbaïdjan) par son père, il est russe par sa mère. Après d’excellentes études au cours desquelles il apprend avec brio l’allemand, l’anglais et le français, il rejoint à la fin des années 1960 un cercle intellectuel informel moscovite conduit par Evgeny Golovine. Il y découvre l’œuvre de René Guénon et de Julius Evola. Ce cénacle non conformiste surveillé par le KGB qui y voit une association de farfelus asociaux accueille dans les années 1980 un jeune étudiant prometteur et sous peu polyglotte : Alexandre Douguine.

Dans le tumulte de la Pérestroïka, Gueïdar Djemal se distingue par ses positions tranchées. Bien qu’en délicatesse avec le régime communiste, il souhaite le maintien de l’Union Soviétique. Il participe en 1990 à la fondation à Astrakhan du Parti de la Renaissance islamique (PRI) qui s’affiche pan-soviétique. Il en devient le principal conseiller politique. À partir de 1991 – 1992, le PRI – bientôt qualifié de « mouvement terroriste » – participe à la guerre civile au Tadjikistan.

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De retour de la capitale russe, le directeur – fondateur de la revue Nationalisme et République, Michel Schneider, décrit dans le n° 9 de septembre 1992 sa rencontre avec Gueïdar Djemal, un « homme [qui] a la très forte personnalité des génies, ou des fous… […] D’une intelligence hors du commun, cette personnalité douée d’une réelle présence physique est un magnifique comédien, sachant jouer de tous les registres ». Il le perçoit finalement comme « un homme redoutable ».

En effet, membre vite viré du mouvement archéo-nationaliste Pamiat, Gueïdar Djemal qui dirige la revue russophone Tawhid (« Monothéisme ») et Wahdad (« Unité »), l’organe du PRI, veut prolonger les réflexions de Constantin Léontieff. Ce penseur du XIXe siècle prônait face à l’Occident romain-germanique une alliance entre l’islam et l’Orthodoxie, soit les retrouvailles des deux héritiers de Byzance, les Empires russe et ottoman. Gueïdar Djemal est l’un des théoriciens de l’eurislamisme, c’est-à-dire l’activisme en faveur d’un empire paneuropéen de Vladivostok à Dublin islamiste.

Président du Comité islamique de Russie, il entend aussi écarter le soufisme et l’islam saoudien pour mieux rapprocher les dimensions ésotérique du chiisme et géopolitique du sunnisme. En 1992, Gueïdar Djemal se rend ainsi à Khartoum au Soudan à l’invitation du penseur panislamiste Hassan al-Tourabi dans le cadre de la Conférence arabe et islamique populaire. Il influence durablement les oulémas russophones. Il n’est pas anodin que deux cents sages musulmans venus de Russie et des marches de l’ancienne URSS se rassemblent en août 2016 à Grozny à l’invitation du président tchétchène Ramzan Kadyrov. Malgré la pression, les menaces, puis la vive colère de Riyad, cette réunion s’achève par une fatwa qui exclut le wahhabisme de l’islam sunnite.

Gueïdar Djemal prévient en 2013 dans le quotidien Vzgliad : « Ceux qui croient que l’islamisme est un instrument maîtrisé par l’Occident se trompent. L’islam politique mène au contraire une lutte ouverte contre le système politique occidental. La Russie doit comprendre qu’elle n’a pas intérêt à suivre l’Occident sur ce front. » Dans Pour le Front de la Tradition (Ars Magna, 2017), Alexandre Douguine explique dès 1991 que « Tawhid est la revue de l’avant-garde métaphysique islamique fondamentaliste fondée et animée par le grand penseur et métaphysicien de notre époque, Gueïdar Djemal. On y considère l’islam sous la lumière initiatique et géopolitique, eschatologique, raciale, ethnique, économique, scientifique, artistique. C’est un curieux et génial mélange d’avant-garde intellectuelle et de traditionalisme radical (p. 143) ». Il n’hésite cependant pas à intégrer dans sa vision du monde la « lumière du Nord hyperboréenne ». Il est significatif que son premier essai paru en 1981 s’intitule L’Orientation du Nord.

Ce proche de l’ancien philosophe communiste français converti à l’islam Roger Garaudy lance en février 2009 à Iekaterinbourg dans une perspective ouvertement révolutionnaire et contre les nationalistes ethniques « petits »-russes une Union internationale de soutien aux travailleurs migrants. « Ce mouvement va œuvrer pour la défense des couches les plus déshéritées de la société russe, annonce-t-il. Il intègre également la société civile favorable à la renaissance des idées internationalistes. C’est pourquoi aucun critère ethnique, confessionnel ou de citoyenneté n’est requis pour y participer. »

Ces dernières années, il se félicitait que de plus en plus de Russes d’origine slave se convertissent à l’islam. Dans le journal national-patriotique Zavtra du 12 mars 2002, cet ennemi juré de l’OTAN affirmait que « l’union avec près d’un milliard d’hommes, formant aujourd’hui un front d’opposition à l’hégémonisme américain se révèle nécessaire, sinon la Russie n’est tout simplement pas capable de survivre en tant que sujet de la grande Histoire ». Pour lui, la conversion de la Russie – déjà membre observateur à l’Organisation de la coopération islamique – à la foi mahométane lui permettra « d’enrayer son processus de décadence nationale provoqué par l’Occident ». Un temps conseiller politique du général Alexandre Lebed (14,73 % à la présidentielle de 1996), il sert d’intermédiaire entre les autorités russes et les indépendantistes tchétchènes, et permet la fin de la première guerre de Tchétchénie.

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Auteur de sept ouvrages dont un recueil de poèmes, Une fenêtre sur la nuit, et en 2003, La révolution des prophètes, Gueïdar Djemal confirmait encore à Michel Schneider que « la lutte en cours n’oppose pas tant l’ethnoparticularisme à l’universalisme musulman que deux types antinomiques de mondialisme : le mondialisme américain horizontal et le mondialisme islamique, sacral et vertical. En réalité, le mondialisme américain domine avec succès les ethnoparticularismes qui, en fin de compte, se mettent à le servir et se transforment en éléments fonctionnels de ses stratagèmes ». Il classera plus tard les forces politiques du monde moderne en trois groupes antagonistes : les libéraux, les traditionalistes et les radicaux.

Gueïdar Djemal demeura toujours fidèle à sa conception d’une puissance islamo-orthodoxe russo-soviétique alliée au tiers monde musulman. Il désapprouva par exemple l’intervention militaire française au Sahel et invita son gouvernement à s’implanter durablement en « Françafrique ». Son fils, Orkhan Djemal, fait d’ailleurs partie des trois journalistes russes assassinés en République centrafricaine en juillet 2018.

Gueïdar Djemal restera un personnage paradoxal. Ce traditionaliste convaincu combattait le « monothéisme de marché » au nom d’un autre monothéisme tout aussi dangereux. Preuve supplémentaire que le cosmopolitisme se manifeste sous bien des aspects.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 33, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 25 février 2020 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

dimanche, 29 mars 2020

Russia’s World Mission

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Russia’s World Mission

Ex: https://blackhousepublishing.com

It would be easy to regard Oswald Spengler, author of the epochal Decline of The West in the aftermath of World War I, as a Russophobe. In so doing the role of Russia in the unfolding of history from this era onward could be easily dismissed, opposed or ridiculed by proponents of Spengler, while in Russia his insights into culture-morphology would be understandably unwelcome as being from an Slavophobic German nationalist. However, while Spengler, like many others of the time in the aftermath of the Bolshevik Revolution, regarded – partially – Russia as the Asianised leader of a ‘coloured revolution’ against the white world, he also considered other possibilities.

RUSSIA’S ‘SOUL’

Spengler regarded Russians as formed by the vastness of the land-plain, as innately antagonistic to the Machine, as rooted in the soil, irrepressibly peasant, religious, and ‘primitive’. Without a wider understanding of Spengler’s philosophy it appears that he was a Slavophobe. However, when Spengler wrote of these Russian characteristics he was referencing the Russians as a still youthful people in contrast to the senile West. Hence the ‘primitive’ Russian is not synonymous with ‘primitivity’ as popularly understood at that time in regard to ‘primitive’ tribal peoples. Nor was it to be confounded with the Hitlerite perception of the ‘primitive Slav’ incapable of building his own State.

To Spengler, the ‘primitive peasant’ is the well-spring from which a race draws its healthiest elements during its epochs of cultural vigour. Agriculture is the foundation of a High Culture, enabling stable communities to diversify labour into specialisation from which Civilisation proceeds.

However, according to Spengler, each people has its own soul, a German conception derived from the German Idealism of Herder, Fichte et al. A High culture reflects that soul, whether in its mathematics, music, architecture; both in the arts and the physical sciences. The Russian soul is not the same as the Western Faustian, as Spengler called it, the ‘ Magian’ of the Arabian civilisation, or the Classical of the Hellenes and Romans. The Western Culture that was imposed on Russia by Peter the Great, what Spengler called Petrinism, is a veneer.

The basis of the Russian soul is not infinite space – as in the West’s Faustian (Spengler, 1971, I, 183) imperative, but is ‘the plain without limit’ (Spengler, 1971, I, 201). The Russian soul expresses its own type of infinity, albeit not that of the Western which becomes even enslaved by its own technics at the end of its life-cycle. (Spengler, 1971, II, 502). (Although it could be argued that Sovietism enslaved man to machine, a Spenglerian would cite this as an example of Petrinism). However, Civilisations follow their life’s course, and one cannot see Spengler’s descriptions as moral judgements but as observations. The finale for Western Civilisation according to Spengler cannot be to create further great forms of art and music, which belong to the youthful or ‘ spring’ epoch of a civilisation, but to dominate the world under a technocratic-military dispensation, before declining into oblivion like prior world civilisations. It is after this Western decline that Spengler alluded to the next world civilisation being that of Russia.

According to Spengler, Russian Orthodox architecture does not represent the infinity towards space that is symbolised by the Western high culture’s Gothic Cathedral spire, nor the enclosed space of the Mosque of the Magian Culture, (Spengler, 1971, I, 183-216) but the impression of sitting upon a horizon. Spengler considered that this Russian architecture is ‘not yet a style, only the promise of a style that will awaken when the real Russian religion awakens’ (Spengler, 1971, I, p. 201). Spengler was writing of the Russian culture as an outsider, and by his own reckoning must have realised the limitations of that. It is therefore useful to compare his thoughts on Russia with those of Russians of note.

41JkTwFc0dL.jpgNikolai Berdyaev in The Russian Idea affirms what Spengler describes:

There is that in the Russian soul which corresponds to the immensity, the vagueness, the infinitude of the Russian land, spiritual geography corresponds with physical. In the Russian soul there is a sort of immensity, a vagueness, a predilection for the infinite, such as is suggested by the great plain of Russia. (Berdyaev, 1).

The connections between family, nation, birth, unity and motherland are reflected in the Russian language:

род [rod]: family, kind, sort, genus родина [ródina]: homeland, motherland родители [rodíteli]: parents родить [rodít’]: to give birth роднить [rodnít’]: to unite, bring together родовой [rodovói]: ancestral, tribal родство [rodstvó]: kinship

Western-liberalism, rationalism, even the most strenuous efforts of Bolshevik dialectal materialism, have so far not been able to permanently destroy, but at most repress, these conceptions – conscious or unconscious – of what it is to be ‘Russian’. Spengler, as will be seen, even during the early period of Russian Bolshevism, already predicted that even this would take on a different, even antithetical form, to the Petrine import of Marxism. It was soon that the USSR was again paying homage to Holy Mother Russia rather than the international proletariat.

‘RUSSIAN SOCIALISM’

Of the Russian soul, the ego/vanity of the Western culture-man is missing; the persona seeks impersonal growth in service, ‘in the brother-world of the plain’. Orthodox Christianity condemns the ‘I’ as ‘sin’ (Spengler, 1971, I, 309).

The Russian concept of ‘we’ rather than ‘I’, and of impersonal service to the expanse of one’s land implies another form socialism to that of Marxism. It is perhaps in this sense that Stalinism proceeded along lines often antithetical to the Bolshevism envisaged by Trotsky et al. (Trotsky, 1936).

A recent comment by an American visitor to Russia, Barbara J. Brothers, as part of a scientific delegation, states something akin to Spengler’s observation:

The Russians have a sense of connectedness to themselves and to other human beings that is just not a part of American reality. It isn’t that competitiveness does not exist; it is just that there always seems to be more consideration and respect for others in any given situation.

Of the Russian traditional ethos, intrinsically antithetical to Western individualism, including that of property relations, Berdyaev wrote:

Of all peoples in the world the Russians have the community spirit; in the highest degree the Russian way of life and Russian manners, are of that kind. Russian hospitality is an indication of this sense of community. (Berdyaev, 97-98).

9782081223219.jpgTARAS BULBA

Russian National Literature starting from the 1840s began to consciously express the Russian soul. Firstly Nikolai Vasilievich Gogol’s Taras Bulba, which along with the poetry of Pushkin, founded a Russian literary tradition; that is to say, truly Russian, and distinct from the previous literature based on German, French and English. John Cournos states of this in his introduction to Taras Bulba:

The spoken word, born of the people, gave soul and wing to literature; only by coming to earth, the native earth, was it enabled to soar. Coming up from Little Russia, the Ukraine, with Cossack blood in his veins, Gogol injected his own healthy virus into an effete body, blew his own virile spirit, the spirit of his race, into its nostrils, and gave the Russian novel its direction to this very day.

Taras Bulba is a tale on the formation of the Cossack folk. In this folk-formation the outer enemy plays a crucial role. The Russian has been formed largely as the result of battling over centuries with Tartars, Muslims and Mongols.

Their society and nationality were defined by religiosity, as was the West’s by Gothic Christianity during its ‘Spring’ epoch, in Spenglerian terms. The newcomer to a Setch, or permanent village, was greeted by the Chief as a Christian and as a warrior: ‘Welcome! Do you believe in Christ?’ —‘I do’, replied the new-comer. ‘And do you believe in the Holy Trinity?’— ‘I do’.—‘And do you go to church?’—‘I do.’ ‘Now cross yourself’. (Gogol, III).

Gogol depicts the scorn in which trade is held, and when commerce has entered among Russians, rather than being confined to non-Russians associated with trade, it is regarded as a symptom of decadence:

I know that baseness has now made its way into our land. Men care only to have their ricks of grain and hay, and their droves of horses, and that their mead may be safe in their cellars; they adopt, the devil only knows what Mussulman customs. They speak scornfully with their tongues. They care not to speak their real thoughts with their own countrymen. They sell their own things to their own comrades, like soulless creatures in the market-place…. . Let them know what brotherhood means on Russian soil! (Spengler, 1971, II, 113).

Here we might see a Russian socialism that is, so far form being the dialectical materialism offered by Marx, the mystic we-feeling forged by the vastness of the plains and the imperative for brotherhood above economics, imposed by that landscape. Russia’s feeling of world-mission has its own form of messianism whether expressed through Christian Orthodoxy or the non-Marxian form of ‘world revolution’ under Stalin, or both in combination, as suggested by the later rapport between Stalinism and the Church from 1943 with the creation of the Council for Russian Orthodox Church Affairs (Chumachenko, 2002). In both senses, and even in the embryonic forms taking place under Putin, Russia is conscious of a world-mission, expressed today as Russia’s role in forging a multipolar world, with Russia as being pivotal in resisting unipolarism.

Commerce is the concern of foreigners, and the intrusions bring with them the corruption of the Russian soul and culture in general: in speech, social interaction, servility, undermining Russian ‘brotherhood’, the Russian ‘we’ feeling that Spengler described. (Spengler 1971, I, 309).

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The Cossack brotherhood is portrayed by Gogol as the formative process in the building up of the Russian people. This process is not one of biology but of spirit, even transcending the family bond. Spengler treated the matter of race as that of soul rather than of zoology. (Spengler, 1971, II, 113-155). To Spengler landscape was crucial in determining what becomes ‘race’, and the duration of families grouped in a particular landscape – including nomads who have a defined range of wandering – form ‘a character of duration’, which was Spengler’s definition of ‘race’. (Spengler, Vol. II, 113). Gogol describes this ‘ race’ forming process among the Russians. So far from being an aggressive race nationalism it is an expanding mystic brotherhood under God:

The father loves his children, the mother loves her children, the children love their father and mother; but this is not like that, brothers. The wild beast also loves its young. But a man can be related only by similarity of mind and not of blood. There have been brotherhoods in other lands, but never any such brotherhoods as on our Russian soil. (Golgol, IX).

The Russian soul is born in suffering. The Russian accepts the fate of life in service to God and to his Motherland. Russia and Faith are inseparable. When the elderly warrior Bovdug is mortally struck by a Turkish bullet his final words are exhortations on the nobility of suffering, after which his spirit soars to join his ancestors. (Gogol, IX). The mystique of death and suffering for the Motherland is described in the death of Tarus Bulba when he is captured and executed, his final words being ones of resurrection:

‘Wait, the time will come when ye shall learn what the orthodox Russian faith is! Already the people scent it far and near. A czar shall arise from Russian soil, and there shall not be a power in the world which shall not submit to him!’ (Gogol, XII).

PSEUDOMORPHOSIS

A significant element of Spengler’s culture morphology is ‘Historic Pseudomorphosis’. Spengler drew an analogy from geology, when crystals of a mineral are embedded in a rock-stratum: where ‘clefts and cracks occur, water filters in, and the crystals are gradually washed out so that in due course only their hollow mould remains’. (Spengler, II, 89).

By the term ‘historical pseudomorphosis’ I propose to designate those cases in which an older alien Culture lies so massively over the land that a young Culture, born in this land, cannot get its breath and fails not only to achieve pure and specific expression-forms, but even to develop its own fully self-consciousness. All that wells up from the depths of the young soul is cast in the old moulds, young feelings stiffen in senile works, and instead of rearing itself up in its own creative power, it can only hate the distant power with a hate that grows to be monstrous. (Ibid.).

A dichotomy has existed for centuries, starting with Peter the Great, of attempts to impose a Western veneer over Russia. This is called Petrinism. The resistance of those attempts is what Spengler called ‘Old Russia’. (Spengler, 1971, II, 192). Spengler described this dichotomy:

Nikolai Berdyaev wrote in terms similar to Spengler’s: ‘Russia is a complete section of the world, a colossal East-West. It unites two worlds, and within the Russian soul two principles are always engaged in strife – the Eastern and the Western’. (Berdyaev, 1).

With the orientation of Russian policy towards the West, ‘Old Russia’ was ‘forced into a false and artificial history’. (Spengler, II, 193). Spengler wrote that Russia had become dominated by Late Western culture:

Late-period arts and sciences, enlightenment, social ethics, the materialism of world-cities, were introduced, although in this pre-cultural time religion was the only language in which man understood himself and the world. (Spengler, 1971, II, 193).

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Ivan Aksakov

‘The first condition of emancipation for the Russian soul’, wrote Ivan Sergyeyevich Aksakov, founder of the anti-Petrinist ‘Slavophil’ group, in 1863 to Dostoyevski, ‘is that it should hate Petersburg with all this might and all its soul’. Moscow is holy, Petersburg Satanic. A widespread popular legend presents Peter the Great as Antichrist.

The hatred of the ‘West’ and of ‘Europe’ is the hatred for a Civilisation that had already reached an advanced state of decay into materialism and sought to impose its primacy by cultural subversion rather than by combat, with its City-based and money-based outlook, ‘poisoning the unborn culture in the womb of the land’. (Spengler, 1971, II, 194). Russia was still a land where there were no bourgeoisie and no true class system but only lord and peasant, a view confirmed by Berdyaev, writing: ‘The various lines of social demarcation did not exist in Russia; there were no pronounced classes. Russia was never an aristocratic country in the Western sense, and equally there was no bourgeoisie’. (Berdyaev, 1).

The cities that emerged threw up an intelligentsia, copying the intelligentsia of Late Westerndom, ‘bent on discovering problems and conflicts, and below, an uprooted peasantry, with all the metaphysical gloom, anxiety, and misery of their own Dostoyevski, perpetually homesick for the open land and bitterly hating the stony grey world into which the Antichrist had tempted them. Moscow had no proper soul’. (Spengler, 1971, II, 194). Berdyaev likewise states of the Petrinism of the upper class that ‘Russian history was a struggle between East and West within the Russian soul’. (Berdyaev, 15).

RUSSIAN THE KATECHON

Berdyaev states that while Petrinism introduced an epoch of cultural dynamism, it also placed a heavy burden upon Russia, and a disunity of spirit. (Ibid.). However, Russia has her own religious sense of Mission, which is as universal as the Vatican’s. Spengler quotes Dostoyevski as writing in 1878: ‘all men must become Russian, first and foremost Russian. If general humanity is the Russian ideal, then everyone must first of all become a Russian’. (Spengler, 1963, 63n). The Russian Messianic idea found a forceful expression in Dostoyevski’s The Possessed, where, in a conversation with Stavrogin, Shatov states:

fyodor-dostoevsky-the-possessed-by-fritz-eichenberg-01.jpgReduce God to the attribute of nationality?…On the contrary, I elevate the nation to God…The people is the body of God. Every nation is a nation only so long as it has its own particular God, excluding all other gods on earth without any possible reconciliation, so long as it believes that by its own God it will conquer and drive all other gods off the face of the earth. …The sole ‘God bearing’ nation is the Russian nation… (Dostoyevsky, 1992, Part II: I: 7, 265-266).

This is Russia as the Katechon, as the ‘nation’ whose world-historical mission is to resist the son of perdition, a literal Anti-Christ, according go the Revelation of St. John, or as the birthplace of a great Czar serving the traditional role of nexus between the terrestrial and the divine around which Russia is united in this mission. This mission as the Katechon defines Russia as something more than merely an ethno-nation-state, as Dostoyevsky expressed it. (Ibid.). Even the USSR, supposedly purged of all such notions, merely re-expressed them with Marxist rhetoric, which was no less apocalyptic and messianic, and which saw the ‘decadent West’ in terms analogous to elements of Islam regarding the USA as the ‘Great Satan’. It is not surprising that the pundits of secularised, liberal Western academia, politics and media could not understand, and indeed were outraged, when Solzhenitsyn seemed so ungrateful when in his Western exile he unequivocally condemned the liberalism and materialism of the a ‘decadent West’. A figure who was for so long held up as a martyr by Western liberalism transpired to be a traditional Russian and not someone who was willing to remake himself in the image of a Western liberal to for the sake of continued plaudits. He attacked the modern West’s conceptions of ‘rights’, ‘freedom’, ‘happiness’, ‘wealth’, the irresponsibility of the ‘free press’, ‘television stupor’, and referred to a ‘Western decline’ in courage. He emphasised that this was a spiritual matter:

But should I be asked, instead, whether I would propose the West, such as it is today, as a model to my country, I would frankly have to answer negatively. No, I could not recommend your society as an ideal for the transformation of ours. Through deep suffering, people in our own country have now achieved a spiritual development of such intensity that the Western system in its present state of spiritual exhaustion does not look attractive. Even those characteristics of your life which I have just enumerated are extremely saddening. (Solzhenitsyn, 1978).

These are all matters that have been addressed by Spengler, and by traditional Russians, whether calling themselves Czarists Orthodox Christians or even ‘Bolsheviks’ or followers of Putin.

Spengler’s thesis that Western Civilisation is in decay is analogous to the more mystical evaluations of the West by the Slavophils, both reaching similar conclusions. Solzhenitsyn was in that tradition, and Putin is influenced by it in his condemnation of Western liberalism. Putin recently pointed out the differences between the West and Russia as at root being ‘moral’ and religious:

Another serious challenge to Russia’s identity is linked to events taking place in the world. Here there are both foreign policy and moral aspects. We can see how many of the Euro-Atlantic countries are actually rejecting their roots, including the Christian values that constitute the basis of Western civilisation. They are denying moral principles and all traditional identities: national, cultural, religious and even sexual. (Putin, 2013).

Spengler saw Russia as outside of Europe, and even as ‘Asian’. He even saw a Western rebirth vis-à-vis opposition to Russia, which he regarded as leading the ‘coloured world’ against the whites, under the mantle of Bolshevism. Yet there were also other destinies that Spengler saw over the horizon, which had been predicted by Dostoyevski.

Once Russia had overthrown its alien intrusions, it could look with another perspective upon the world, and reconsider Europe not with hatred and vengeance but in kinship. Spengler wrote that while Tolstoi, the Petrinist, whose doctrine was the precursor of Bolshevism, was ‘the former Russia’, Dostoyevski was ‘the coming Russia’. Dostoyevski as the representative of the ‘coming Russia’ ‘does not know’ the hatred of Russia for the West. Dostoyevski and the old Russia are transcendent. ‘His passionate power of living is comprehensive enough to embrace all things Western as well’.  Spengler quotes Dostoyevski:

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‘I have two fatherlands, Russia and Europe’. Dostoyevski as the harbinger of a Russian high culture ‘has passed beyond both Petrinism and revolution, and from his future he looks back over them as from afar. His soul is apocalyptic, yearning, desperate, but of this future he is certain’. (Spengler, 1971, II, 194).

To the ‘Slavophil’, of which Dostoyevski was one, Europe is precious. The Slavophil appreciates the richness of European high culture while realising that Europe is in a state of decay. Berdyaev discussed what he regarded as an inconsistency in Dostoyevski and the Slavophils towards Europe, yet one that is comprehensible when we consider Spengler’s crucial differentiation between Culture and Civilisation:

Dostoyevsky calls himself a Slavophil. He thought, as did also a large number of thinkers on the theme of Russia and Europe, that he knew decay was setting in, but that a great past exists in her, and that she has made contributions of great value to the history of mankind. (Berdyaev, 70).

It is notable that while this differentiation between Kultur and Zivilisation is ascribed to a particularly German philosophical tradition, Berdyaev comments that it was present among the Russians ‘long before Spengler’, although deriving from German sources:

It is to be noted that long before Spengler, the Russians drew the distinction between ‘culture’ and ‘civilization’, that they attacked ‘civilization’ even when they remained supporters of ‘culture’. This distinction in actual fact, although expressed in a different phraseology, was to be found among the Slavophils. (Ibid.).

Dostoyevski was indifferent to the Late West, while Tolstoi was a product of it, the Russian Rousseau. Imbued with ideas from the Late West, the Marxists sought to replace one Petrine ruling class with another. Neither represented the soul of Russia. Spengler states: ‘The real Russian is the disciple of Dostoyevski, even though he might not have read Dostoyevski, or anyone else, nay, perhaps because he cannot read, he is himself Dostoyevski in substance’. The intelligentsia hates, the peasant does not. (Ibid.). He would eventually overthrow Bolshevism and any other form of Petrinism. Here we see Spengler unequivocally stating that the post-Western civilisation will be Russian.

For what this townless people yearns for is its own life-form, its own religion, its own history. Tolstoi’s Christianity was a misunderstanding. He spoke of Christ and he meant Marx. But to Dostoyevski’s Christianity, the next thousand years will belong. (Ibid.).

To the true Russia, as Dostoyevski stated it, ‘not a single nation has ever been founded on principles of science or reason’. (Dostoyevski, 1872, II: I: VII).

By the time Spengler had published The Hour of Decision in 1934 he was stating that Russia had overthrown Petrinism and the trappings of the Late West, and while he called the new orientation of Russia ‘Asian’, he said that it was ‘a new Idea, and an idea with a future too’. (Spengler, 1963, 60). To clarify, Russia looks towards the ‘East’, but while the Westerner assumes that ‘Asia’ and East are synonymous with Mongol, the etymology of the word ‘Asia’ comes from Greek Aσία, ca. 440 BC, referring to all regions east of Greece. (Ibid., 61). During his time Spengler saw in Russia that,

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Race, language, popular customs, religion, in their present form… all or any of them can and will be fundamentally transformed. What we see today then is simply the new kind of life which a vast land has conceived and will presently bring forth. It is not definable in words, nor is its bearer aware of it. Those who attempt to define, establish, lay down a program, are confusing life with a phrase, as does the ruling Bolshevism, which is not sufficiently conscious of its own West-European, Rationalistic and cosmopolitan origin. (Ibid.).

Of Russia in 1934 Spengler already saw that ‘of genuine Marxism there is very little except in names and programs’. He doubted that the Communist programme is ‘really still taken seriously’. He saw the possibility of the vestiges of PetrineBolshevism being overthrown, to be replaced by a ‘nationalistic’ Eastern type which would reach ‘gigantic proportions unchecked’. (Spengler, 1963, 63). Spengler also referred to Russia as the country ‘least troubled by Bolshevism’, (Ibid.,182) and the ‘Marxian face [was] only worn for the benefit of the outside world’. (Ibid., 212). A decade after Spengler’s death the direction of Russia under Stalin had pursued clearer definitions, and Petrine Bolshevism had been transformed in the way Spengler foresaw. (Brandenberger, 2002).

CONCLUSION

As in Spengler’s time, and centuries before, there continues to exist two tendencies in Russia : the Old Russian and the Petrine. Neither one nor the other spirit is presently dominant, although under Putin Old Russia struggles for resurgence. U.S. political circles see this Russia as a threat, and expend a great deal on promoting ‘regime change’ via the National Endowment for Democracy, and many others; these activities recently bringing reaction from the Putin government against such NGOs. (Telegraph, 2015).

Spengler in a published lecture to the Rheinish-Westphalian Business Convention in 1922 referred to the ‘ancient, instinctive, unclear, unconscious, and subliminal drive that is present in every Russian, no matter how thoroughly westernised his conscious life may be – a mystical yearning for the South, for Constantinople and Jerusalem, a genuine crusading spirit similar to the spirit our Gothic forebears had in their blood but which we can hardly appreciated today’. (Spengler, 1922).

Bolshevism destroyed one form of Petrinism with another form, clearing the way ‘for a new culture that will some day arise between Europe and East Asia. It is more a beginning than an end’. The peasantry ‘will some day become conscious of its own will, which points in a wholly different direction’. ‘The peasantry is the true Russian people of the future. It will not allow itself to be perverted or suffocated’. (Ibid.).

The arch-Conservative anti-Marxist, Spengler, in keeping with the German tradition of realpolitik, considered the possibility of a Russo-German alliance in his 1922 speech, the Treaty of Rapallo being a reflection of that tradition. ‘A new type of leader’ would be awakened in adversity, to ‘new crusades and legendary conquests’. The rest of the world, filled with religious yearning but falling on infertile ground, is ‘torn and tired enough to allow it suddenly to take on a new character under the proper circumstances’. Spengler suggested that ‘perhaps Bolshevism itself will change in this way under new leaders’. ‘But the silent, deeper Russia,’ would turn its attention towards the Near and East Asia, as a people of ‘great inland expanses’. (Ibid.).

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While Spengler postulated the organic cycles of a High Culture going through the life-phases of birth, youthful vigour, maturity, old age and death, it should be kept in mind that a life-cycle can be disrupted, aborted, murdered or struck by disease, at any time, and end without fulfilling itself. Each has its analogy in politics, and there are plenty of Russophobes eager to stunt Russia’s destiny with political, economic and cultural contagion. The Soviet bloc fell through inner and outer contagion.

Spengler foresaw new possibilities for Russia, yet to fulfil its historic mission, messianic and of world-scope, a traditional mission of which Putin seems conscious, or at least willing to play his part. The invigoration of Orthodoxy is part of this process, as is the leadership style of Putin, as distinct from a Yeltsin for example. Whatever Russia is called outwardly, whether, monarchical, Bolshevik or democratic, there is an inner – eternal – Russia that is unfolding, and whose embryonic character places her on an antithetical course to that of the USA.

REFERENCES

Nikolai Berdyaev, The Russian Idea, MacMillan Co., New York, 1948.

D Brandenberger, National Bolshevism: Stalinist culture and the Formation of Modern Russian National Identity 1931-1956. Harvard University Press, Massachusetts, 2002.

T A Chumachenko, Church and State in Soviet Russia, M. E. Sharpe Inc., New York, 2002.

H Cournos,‘Introduction’, N V Gogol, Taras Bulba & Other Tales, 1842, http://www.gutenberg.org/files/1197/1197-h/1197-h.htm

Fyodor Dostoevsky, The Brothers Karamazov, 1880

Dostoevsky, The Possessed, Oxford University Press, 1992.

V Putin, address to the Valdai Club, 19 September 2013.

Alexander Solzhenitsyn, A World Split Apart — Commencement Address Delivered At Harvard University, June 8, 1978

Oswald Spengler, Prussian and Socialism, 1919.

Spengler, ‘The Two Faces of Russia and Germany’s Eastern Problems’, Politische Schriften, Munich, 14 February, 1922.

Spengler, The Hour of Decision, Alfred A Knopf, New York, 1963.

Spengler, The Decline of The West, George Allen & Unwin, London, 1971.

TelegraphVladimir Putin signs new law against ‘undesirable NGOs’, May 24, 2015,

Leon Trotsky, The Revolution Betrayed: what is the Soviet Union and where is it going?, 1936.

samedi, 28 mars 2020

Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

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Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

(Club d'Izborsk, 26 mars 2020)

26 Mars 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

 

https://izborsk-club.ru/19009

 

 

Au cours des cinq premières années, en installant des usines géantes de défense en Ukraine, en Biélorussie, en Russie centrale, Staline avait un plan pour évacuer ces usines à l'est, au-delà de l'Oural, en cas d'attaque immédiate de l'ennemi. D'énormes terrains vagues ont été choisis pour ces usines, les premiers pieux ont été enfoncés, du matériel a été acheté à l'Ouest, les futurs travailleurs ont été formés dans des écoles professionnelles, et il y avait déjà un plan d'évacuation stratégique. Les voies ferrées sont posées, le nombre nécessaire de plates-formes et de wagons est préparé, des brigades sont sélectionnées pour démonter le matériel, le charger et l'envoyer vers l'est. Et là, à l'est, il y avait déjà des lieux équipés pour recevoir ces usines, qui n'avaient même pas encore été construites, réunir des équipes d'ouvriers, déterminer les sources de matières premières. L'évacuation de l'industrie la plus puissante vers l'est dans les premiers jours de la guerre a assuré la Victoire.

 

En 1941-1942, l'Armée rouge a perdu la moitié de ses effectifs, mais l'industrie de la défense a survécu et a fourni à l'armée des chars, des canons et des avions de combat. Le plan de mobilisation mis en œuvre dans l'industrie a fonctionné dans d'autres branches de la société soviétique. Des branches scientifiques ont également été prévues et des universités, des laboratoires ont été construits, des étudiants ont été recrutés pour de futures études. Les terres arables de Sibérie ont également été préparées en cas de perte des terres fertiles d'Ukraine, du Kouban, de Biélorussie. En outre, dans un pays pacifique, des groupes de combattants clandestins se sont formés dans les territoires menacés de saisie. Le compositeur Isaac Dunayevsky s'est également vu proposer d'écrire des chansons telles que "The wide country is my native". L'Union soviétique était un projet de mobilisation, était une organisation unique et énorme créée par un grand concepteur, une organisation qui était plus efficace et plus précise que celle d'Hitler.

 

Aujourd'hui, dans les conditions de la guerre bactériologique déclarée à toute l'humanité, la Chine fait preuve de merveilles de résilience. La population d'un milliard et demi d'habitants, toutes ses divisions - science, armée, médecine, organisations publiques - mènent de manière coordonnée et synchrone une tâche stratégique grandiose et mortelle qui sauve la Chine de la perdition. Pendant toutes ces décennies, la Chine a vécu dans les conditions d'un projet de mobilisation : un État puissant, un parti inébranlable qui est l'intellect de la nation, un régulateur de toutes les contradictions du pays. La planification stratégique, la capacité de mobilisation de l'immense population, la subordination des intérêts personnels, les caprices et les lubies d'un but et d'un objectif communs, et la confiance dans l'État permettent à la Chine de faire face à une terrible épidémie parmi d'autres nations non préparées à ce fléau, dominées par l'hédonisme, la consommation aveugle, la soif de plaisir, l'idée d'une liberté individuelle débridée et l'abandon de l'État.

 

La Russie a connu une épidémie de personnes démobilisées. La démobilisation est le mot qui peut décrire l'existence de la Russie post-soviétique. L'égoïsme individuel et collectif, les intérêts des citoyens individuels ou des groupes privilégiés qui sont placés au-dessus des intérêts de l'État et de la société dans son ensemble, la philosophie de la consommation, du plaisir, la recherche inlassable de nouveaux divertissements toujours plus nombreux, le rejet d'une culture mobilisatrice qui éveille chez l'homme la ténacité, le sacrifice pour la famille, pour la Patrie.

 

Pendant des décennies, la population russe a été délibérément malmenée par les principales chaînes de télévision, offrant au téléspectateur des images de délabrement, de chute et de destruction suprême. Brillants, incomparables, inimitables prêcheurs du nihilisme, de l'ironie, du ridicule et du renversement de tout ce qui était autrefois considéré comme précieux et inébranlable. Ksenia Sobchak ou Andrei Malakhov, qui ont créé une puissante industrie multicolore de décomposition et de désintégration, ont fait apparaître plusieurs générations de bourgeois démantelés, sales, nihilistes, pour qui l'État est, au mieux, une abstraction, mais plus souvent - l'ennemi, avec lequel il faut se battre et se battre constamment. La Russie a fait face à cette attaque universelle sans préparation, sans organisation. Nous pouvons voir comment cette organisation se construit sous nos yeux - en parties contradictoires, hâtives, séparées, et une partie nie l'autre, créant un mouvement absurde et turbulent de contradictions. Créer une organisation est un art supérieur, un type supérieur d'ingénierie sociale. Il est plus facile de construire des vaisseaux spatiaux pour aller sur Mars que de concevoir, concevoir une organisation capable de créer et de lancer de telles super-machines.

 

Poutine se réserve le droit de gouverner à vie, de ne pas remplir les comptes bancaires étrangers avec des pétrodollars. Ne pas poursuivre un jeu fascinant et sans égal sur la scène internationale, en équipant des joueurs habiles dans l'Ancien et le Nouveau Monde. Il consacrera son énergie à la création d'une organisation étatique dans laquelle il y aura un nouveau type de gestionnaire, différent des gouverneurs et ministres inutiles et inefficaces. La création de ces gestionnaires s'inscrit dans un nouveau projet de mobilisation.

 

Le projet de mobilisation n'est pas les fossés de tir de Butovo, ni les tibias qui nous ont été jetés par les opposants à la mobilisation, les partisans de l'hédonisme. La mobilisation est la création d'une telle organisation capable de répondre instantanément aux défis dans toutes ses parties : au centre et à la périphérie la plus éloignée. Synchroniser ces réactions, concentrer les ressources disponibles, toujours pauvres, sur les principales orientations du développement, planifier et opérer non seulement avec le pétrole, les systèmes bancaires ou le taux de change du rouble, mais aussi avec la culture, l'idéologie, où l'idée de l'État prend la première place. L'intelligence artificielle, pour la création de laquelle tant d'argent est permis, est impuissante s'il n'y a pas d'organisation. Seule une organisation équipée d'intelligence artificielle est capable d'obtenir de grands résultats en matière de développement. Cette même intelligence artificielle, lancée dans une société lâche remplie de chaos et de mauvaise énergie, conduira à une destruction catastrophique.

 

En entrant dans une bataille contre le coronavirus, des gens effrayés, non préparés, socialement disparates, nous sortirons de cette lutte, bien qu'avec de grandes pertes, mais un peuple qui a trouvé une organisation, créé un projet de mobilisation, sans lequel la Russie ne survivra pas parmi les défis historiques croissants, l'un plus sérieux que l'autre. Au cœur de l'organisation de la mobilisation de la Russie peut et doit se trouver l'idéologie du rêve russe.

 

La mobilisation ou la mort.

 

Alexander Prokhanov

 

Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc

 

 

Alexander Prokhanov

http://zavtra.ru

Alexander Andreevich Prokhanov (né en 1938) - éminent écrivain, publiciste, homme politique et personnalité publique soviétique russe. Il est membre du secrétariat de l'Union des écrivains russes, rédacteur en chef du journal Zavtra. Président et l'un des fondateurs du Club d'Izborsk.

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jeudi, 26 mars 2020

Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis

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Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis


Par Tom Luongo

Source Strategic Culture

Je suis un grand joueur de jeux de société. Je ne suis pas trop pour les classiques comme les échecs ou le go, préférant les plus modernes. Mais, quoi qu’il en soit, en tant que personne qui apprécie le délicat équilibre entre stratégie et tactique, je dois dire que la maîtrise des horloges par le président russe Vladimir Poutine m’impressionne.

Car s’il y a jamais eu un moment où Poutine et la Russie pouvaient infliger un maximum de souffrance aux États-Unis via leur talon d’Achille, les marchés financiers et leur soif inextinguible de dette, c’est ce mois-ci, juste au moment où le coronavirus atteignait ses côtes.

Comme je l’ai dit, je suis un grand joueur de jeu de société et j’aime particulièrement les jeux où il y a un équilibre délicat entre la puissance des joueurs, qui doit être maintenue pendant que ce n’est pas leur tour. Les attaques doivent être contrecarrées, mais juste assez pour empêcher la personne d’avancer, et pas au point où vous ne pourriez plus vous défendre lors du tour du joueur suivant.

Tout cela au bénéfice de la survie du jeu jusqu’à ce que vous trouviez le moment idéal pour percer et remporter la victoire. Après avoir regardé Poutine jouer à ce jeu au cours des huit dernières années, je crois fermement qu’il n’y a personne, en position de pouvoir aujourd’hui, qui le comprenne mieux que lui.

Et je crois que cette décision de briser l’OPEP+ et ensuite de regarder Mohammed bin Salman briser l’OPEP était le grand mouvement de renversement du style judo de Poutine. Et ce faisant, en moins d’une semaine, il a complètement paralysé le système financier américain.

Le vendredi 6 mars, la Russie a dit niet à l’OPEP […pour une réduction de la production de pétrole pour maintenir les cours]. Le mercredi 11, la Réserve fédérale avait déjà doublé ses interventions quotidiennes sur le marché des REPO, le refinancement des banques au jour le jour, pour maintenir la liquidité bancaire à un niveau suffisant, car les banques ne voulaient plus prendre en pension les bons du Trésor US qui affichaient des taux d’intérêt trop élevés.

Le 12 à midi, la Fed a annoncé 1 500 milliards de dollars de nouvelles facilités de REPO, y compris des contrats à trois mois. À un moment donné pendant la négociation ce jour-là, l’ensemble du marché du Trésor américain s’est tari. Personne n’a fait d’offre pour les actifs financiers les plus liquides et recherchés au monde.

Pourquoi ? Les prix étaient si élevés que personne n’en voulait.

Non seulement nous avons eu une expansion massive des interventions sur le marché REPO par la Fed, mais en plus pour une durée plus longue. C’est un signe clair que le problème est presque sans issue. Les opérations sur le marché  REPO de plus de trois jours sont dans ce contexte une rareté.

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La Fed qui a besoin d’ajouter 1 500 milliards de dollars en pensions sur trois mois signifie clairement qu’elle envisage le prochain problème à la fin du trimestre, et même au-delà.

Cela signifie, en bref, que les marchés financiers mondiaux sont complètement paralysés.

Et pire que ça…. L’intervention de la Fed n’a pas marché.

Les actions ont continué à fléchir, l’or et d’autres actifs refuges ont été durement touchés par une inversion des flux de capitaux à partir des États-Unis. Dans la foulée immédiate de la décision de Poutine, le dollar a été chahuté alors que les investisseurs européens et japonais, qui avaient empilé les actions US comme refuge, ont liquidé leurs positions et ramené le capital à la maison.

Cela a duré quelques jours avant que Christine Lagarde n’organise son show, à la foire de la Banque centrale européenne, pour dire à tout le monde qu’elle n’avait pas de réponses autres que d’augmenter les achats d’actifs et de continuer à faire ce qui a échoué dans le passé.

Cela a déclenché la phase suivante de la crise, où le dollar commence à se renforcer. Et c’est là que nous en sommes maintenant.

Et Poutine comprend qu’un monde inondé de dettes est un monde qui ne peut plus se payer la devise nécessaire pour rembourser la dette, libellée dans cette devise, dont le coût est en forte augmentation.

Cela exerce une pression supplémentaire sur les rivaux géopolitiques de la Russie en les obligeant à se concentrer sur leurs préoccupations nationales plutôt que sur celles de l’étranger.

Pendant des années, Poutine a supplié l’Occident de mettre fin à sa folle belligérance au Moyen-Orient et en Asie. Il a fait valoir avec éloquence aux Nations Unies et dans des interviews que le moment unipolaire était révolu et que les États-Unis ne peuvent maintenir leur statut de seule superpuissance mondiale si longtemps. La dette finirait par saper sa force qui, au bon moment, se révélerait bien plus faible qu’elle ne le croyait.

Cela ne convient pas au président Trump, qui croit à l’exceptionnalisme américain. Il se battra pour sa version de « America First » jusqu’au bout, en utilisant toutes les armes à sa disposition. Le problème avec cette attitude de «ne jamais reculer» est que cela le rend très prévisible.

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L’utilisation par Trump de sanctions contre l’Europe pour arrêter le gazoduc Nord Stream 2 était stupide et à courte vue. Il s’est ainsi assuré que la Russie serait impitoyable dans sa réponse, et ne retarderait son projet que de quelques mois.

Trump était facile à contrer sur ce coup là. Signer un accord avec l’Ukraine, désespérément à court d’argent, pour faire transiter le pétrole, et rediriger le navire poseur de tuyaux vers la Baltique pour terminer le pipeline Nord Stream 2.

Et avec les prix du gaz naturel en Europe, déjà dans les chaussettes à cause d’une offre excédentaire et d’un hiver doux, il n’y a finalement pas beaucoup de temps ou d’argent perdu. Mieux vaut faire baisser le prix mondial du pétrole bien en dessous des coûts de production aux États-Unis, ce qui garantit que le précieux Gaz Naturel Liquéfié de Trump reste hors du marché européen, alors que le mythe de l’autosuffisance énergétique des États-Unis disparaît dans les cendres des produits financiers dérivés […de la dette astronomique accumulée pour financer la fracturation de l’huile de schiste non rentable.]

Maintenant, Trump fait face à un effondrement du marché bien au-delà de sa capacité à y répondre, et même à le sonder. Alors que la Russie est dans la position unique de réduire les coûts du pétrole pour un grand nombre de personnes, tout en surmontant le choc du système globalisé grâce à ses économies.

Parce que l’argent se déplace là où se trouvent les meilleurs rendements, les prix élevés du pétrole et du gaz étouffent le développement des autres industries. La baisse du prix du pétrole, non seulement dégonfle toutes les bulles financières gonflées par les États-Unis, mais elle dégonfle également une partie de la puissance de l’industrie pétrolière du pays. Cela donne à Poutine la possibilité de continuer à diriger l’économie russe selon des axes moins ciblés que l’énergie. Le pétrole et le gaz bon marché signifient une baisse du retour sur investissement dans les projets énergétiques, ce qui, à son tour, permet au capital disponible de se déployer dans d’autres domaines de l’économie.

Poutine vient de dire au monde qu’il n’exploite pas les ressources pétrolières et gazières de son pays comme une vache à lait, mais plutôt comme un élément important d’une stratégie économique différente pour le développement de la Russie.

C’est comme regarder quelqu’un jouer la première mi-temps d’un jeu avec une stratégie, et passer ensuite à une autre à mi-parcours, profitant de la négligence de son adversaire.

Cela se voit rarement, mais quand ça marche, les résultats peuvent être spectaculaires. Jeu, set, et match, Poutine.

Tom Luongo

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

mardi, 17 mars 2020

Geopolitics of South Asia and Interests of Russia

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Geopolitics of South Asia and Interests of Russia

Ex: https://www.geopolitica.ru

If we are talking about geopolitics, we must apply an integrated an complex approach that combines power (primarily hard power - military strength and economic) and a certain view on the territory issues. The key concepts in geopolitics are Land Power, Sea Power and Manpower. The first two categories relate to geographical determinism and people are more likely to adjust and adapt to environmental conditions, trying to extract from this rational use - mountains, deserts, rivers and seas can serve both as natural boundaries and as a source of well-being. Man Power refers to the field of pure politics - the human will can determine how to develop the territory, whether to use military force, what to do for development and strengthening the national economy, as well as what ideological factors can serve - religions and other forms collective identity, such as nationalism.

In this article, we will look at geopolitical factors, including those numerous drivers that push the centripetal and centrifugal forces of the region. Also we will analyze the perception of South Asia from three positions. To do this, it will be necessary to understand the interests of not only the countries of the region, but also others global players. And Russia's interests cannot be understood without Western opposition, especially in the context of current international relations.

At the same time, we must take into account global geopolitical turbulence and the tectonic shift from a unipolar to a multipolar world order.

Global positioning of the region

There are different definitions of South Asia. Some refer to this region as the territories that were previously controlled British empire.1 According to the most common version, South Asia includes eight States: Afghanistan, Bangladesh, Bhutan, India, Maldives, Nepal, Pakistan and Sri Lanka.

If we consider the region from a global position, South Asia is the Rimland zone - the coastal zone of Eurasia, characterized by active dynamics, which is confirmed by the historical facts of the presence of the centers of ancient civilizations, trade and migration routes, as well as the banality that more than 70% of the World's population lives off the banks of rivers, seas and oceans.

The history of the last two centuries shows that this Rimland has become a place of intense pressure from Sea Powers -early Britain, then the United States. The logic of Land Power forced the Russian Empire, and then the Soviet Union to respond in a manner based on instruments of deterrence and then ideology.

asiageopol.jpgIf the US had once followed the doctrine of Henry Kissinger's rollback and used the myth of the Communist threat, now Washington has a more difficult time justifying its presence in the region. In addition, Russia is separated from these countries by a buffer of the independent states of Central Asia. Although the political reality has changed, the geopolitical logic remains the same.

Russia-Heartland is interested in integration processes, while Sea Power, represented by the United States, is interested in controlling the coastal zone.

This is evident from a number of strategic documents. If you have previously under the administration of Barack Obama, the focus was in the South-East Asia and the creation of the Pacific pivot was announced, a new model of the Indo-Pacific region was emerged just now.2

Geopolitics of the region

It is obvious that according to its geopolitical characteristics and significance, there are three most important States, which are in the Heartland of South Asia. These are Afghanistan, Pakistan and India. The rest of the countries serve as a kind of buffer and objective reasons can not have a fundamental impact on the geopolitical processes in the region. The role and status of the other five States are limited, they fall into the sphere of influence of other actors, although they can act as significant subjects. So, for example, Sri Lanka has become an important element in China's "Strings of Pearl" strategy.

If we use the terminology of Zbigniew Brzezinski, proposed in his work "The Great Chessboard", on the regional scale Afghanistan, Pakistan and India are active geopolitical actors, while Bangladesh, Nepal, Bhutan, Maldives and Sri Lanka as geopolitical centers with varying degrees of importance. Afghanistan we attributed to the actors because of the strategic instability of this state and the influence it has had on the policy of Eurasia for the last 35 years. In some sense, it is negative geo-political actor.

In South Asia context itself, regionalism may be analyzed from different contexts i.e. positive and negative.3

It should also be borne in mind that with the exception of Sri Lanka and the Maldives, whose borders are natural due to their island situation, the remaining six states' borders are the result of the intervention of the British Empire and the consequences of the colonial policy of London, which is still felt to varying degrees throughout South Asia.

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This has created the effect of grey zones and hybrid borders, which are characterized by a high degree of political tension. A number of states have certain vulnerabilities in the form of hotbeds of instability, which can be classified as gray zones.

The disputed territory is Kashmir. In addition, India has a disputed territory with the People's Republic of China. Killings of Bangladeshi citizens by Indian border guards on the Bangladesh-India border are facts not often reported in the international press, but are indicative of the characteristics of Indo-Bangladeshi relations. In India itself there is a threat from the Maoist Naxalites in the North-Eastern States. The Western States of India may be subject to manipulation from radical Islamists. However, the growth of Indian hindutva nationalism also provokes instability.

In general, most countries in South Asia are characterized by domestic political problems associated with threats of terrorism and separatism.

There is regional entity presented by interstate organization - The South Asian Association for Regional Cooperation or SAARC that was established on December 8, 1985.4 However, we see that many initiatives within this organization are still at the stage of organizational decisions. It is also important, that this platform can serve as a venue for a regional polylogue, including a discussion of various critical issues.

The theory of the three worlds

For an adequate understanding of the processes taking place in South Asia, it is necessary to take into account not only the political contradictions and tensions between the countries of the region, but also the view from the outside. Therefore, we will inevitably come to the need to consider South Asia from three positions. There is a well-known concept of the three worlds. The first world is represented by industrialized countries.

The second world are countries in the process of technological development. The third world is represented by countries that have yet to go the way of development. This theory represents the Western point of view and has a certain element of racism to it.

In our case the three worlds are three perceptions of South Asia - from South Asia itself, from Russia (as we consider Russia's interests in region) and the United States, as this state still claims to be a global hegemon and openly declares persecution its objectives in Asia, some of which are clearly contrary to the development strategies of a number of States in the region.

Conflict of interest is clear in the frame of US strategy and interests, but it is covered by specific bilateral policies and the general diplomacy of the State Dept. The United States has traditionally been interested in maintaining the conflict potential between countries in order to face different sides and depending on the situation to take one side or another. Ex Secretary of Defence Ash Carter in the context of American strategy for Asia noted that "The heart of that policy is a mesh of political, diplomatic, economic, and military relationships with many nations that has sustained security and underwritten an extraordinary leap in economic development."5

His idea is to establish kind of network for Asia. "Important to see these relationships as an informal network — not an alliance, not a treaty, not a bloc" -  wrote Carter in his “Reflections on American Grand Strategy in Asia.” In his opinion "The network structure suits Asia."6

It is significant that in this speculative network structure, he deliberately introduces an enemy element. At least China is represented as a kind of power that not only opposes American interests in the whole region, but also conducts activities, undermining the sovereignty of other States.

“Maritime and cyber activities are two forms of Chinese aggression that cause concern in the states of the Pacific network, which deepens China’s self-isolation. China’s actions in the South China Sea are a direct challenge to peace and stability in the Pacific”.7

It is important to note that Carter mentions China not only as a military-political actor, but also as an economic power.

The China-proposed network would include such initiatives as the Asian Infrastructure Investment Bank (IAAB) and One Belt, One Road (OBOR)—both of which would be detrimental to U.S. interests. The IAAB,a potential rival to the World Bank and International Monetary Fund, would not match the high standards of the WB and IMF in relation to governance, environmental, and other safeguards—and OBOR is likely to extend China’s political influence more than it extends actual property”.8

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India, on the contrary, is described as a potential ally of the United States, and therefore as a kind of proxy power, able to be a conductor for Washington's interests in the region.

India is another example of how the strategic benefits of the principled, inclusive network can overcome hesitation. Once deeply skeptical of U.S. influence in South Asia, India became a more active participant in regional security during my two years as Secretary of Defense than at any time in its history”.9

It is possible that Carter's position reflects the political instability throughout Asia, described by Robert Kaplan more than 20 years ago?

"The future map - in a sense, the 'last map' - will be a constantly changing representation of the cartographic chaos, in some areas favorable or even productive, and in some violent... This card will be all less and less applied by the rules that diplomats and other political elites have been ordering for centuries. Decisions will mainly come from within the cultures themselves, exposed to those decisions."10

But this instability is a special feature - it is neither anarchic chaos, or geopolitical tabula rasa. Rather, these are new opportunities that are associated with global changes, but have their own characteristics of a deep nature. Russia's view of South Asia will be discussed in the relevant section on strategies. Now we have to ask - does Asia look at itself with Asian eyes?

It is obvious that in South Asia to a greater or lesser extent in different countries there is a problem of colonization of consciousness, although all States are formally sovereign. These questions often become the subject of Subaltern Studies in European and American Universities.

And "the formation of different disciplines, including production of Western Orientalist scholarship on Asia was directly or indirectly related to the patterns of domination of Asia. The disciplinarisation and systematisation of human knowledge was a part of the project of modernity."11 The attempt of South Asian States to build themselves under the model of Western institutions - hence, for example, the well-known aphorism that India is the largest democracy in the world, although it is not because of the actual caste system - and statements by the officials of Asian countries regarding common interests and values thus look pretty paradoxical.

Interests and values

Now we need to decide on a taxonomy related to interests. The point is that the concept of interests in politics can differ depending on which school of international relations is taken as a pattern. In realism, the state it is perceived as a rational subject that acts like a human being and is guided by common sense. However, since Thucydides, we know that human behavior itself is irrational, especially when decisions are made under the influence of anger, greed and ambition. Machiavelli, who is considered one of the harbingers of realism introduced a division of ethics and politics, justifying any kind of action if it leads to the desired goal.

At the liberal school of international relations “achieving peace” is spoken of as a kind of imperative. In practice, as we know, it turns into wars and interventions.

A kind of marker is the Democratic and Republican parties in the United States. The Democratic party tends to gravitate toward the liberal school, while the Republicans adhere more to realism. At the same time, both theories are Western in origin and they are considered to be standards for international relations at the global level.

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In addition, the structures of States differ in substance. In the US, there is a model of iron triangles when lobby groups can actively influence international processes. An example is the decision to invade Iraq in 2003, when neoconservatives controlled the military-political apparatus of the presidential administration. Lobby groups of influence may include both ideological structures and commercial ones, for example, transnational corporations. And in Pakistan and Russia are other socio-political models, which are rooted in centuries-old traditions. So even if we try to withdraw some of the formula of net interests (for example, quotas for the supply of some goods or services, the size of duties, admission to the market a certain number of companies) - it will be almost impossible to do.

Another reason is the different sizes of state economies and the availability of priority sectors in the industry. Russia is among the leaders of the countries exporting gas and oil. Pakistan has its own economic priorities, India has its own as well.

However, in addition to interests, there are always values. Interests can be negotiated, values represent a static phenomenon that are not negotiable. Of course, values can be eroded or deeply influenced by exogenous impact. And with modern technologies of social engineering in certain conditions, the change of value orientations can happen very quickly, especially if charismatic public opinion leaders from the local environment are involved. On the example of Ukraine we can see how with the help of external influence values were restructured by socially-political processes and changed the identity of the Ukrainian people.

Values also include the phenomenon of nationalism, which differs from country to country and from region to region. South Asian nationalism, as Sayantan Dasgupta aptly puts it, is ‘monstrous,’ with much of the discourse surrounding it tending to further stoke the conflict between the notion of nationalism as empowerment and as an exercise of homogenization. Languages of power and struggle for belonging through language are most acute in South Asia.12 When fragmentation is possible to detect such details as, for example, the description of the Taliban as a "nationalist Islamist insurgency, who, for his own purposes, feeds and manipulates tribal imbalances and rivalries."13

However, on the scale of the value system it is possible to consider whether the interests of one country can be interfaced with the interests of another country. It seems to me that representatives of the two States will be able to reach an agreement with each other faster if their countries have traditional family values. But if one country has a patriarchal system and another country has legalized same-sex marriage and political feminism is a fashion trend, it will be harder to do so.

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Strategies of Russia in general and in relation to Asia in particular

It is important to understand that there is no clear definition of Russia's actions in the international arena. On the one hand, there are a number of documents, related to national security and foreign policy. But they are more likely to wear desirable and recommendatory character. A number of provisions that are spelled out in these strategies, despite their important nature, have never been realised. For example, in the national security doctrine of 2008, it was said that Russia has the right to apply its armed forces abroad to protect its citizens. But the case of Ukraine has shown that this item has not found its applications, although there were numerous facts indicating the possibility of its implementation.

A number of existing strategies also have some aspects that are difficult to put into practice. In other words: the desire and reality are different. However, a number of excerpts from these documents are needed to show the general trends and some limitations in the strategic thinking of the persons who made up these doctrines.

We will cover only those items that relate to the region under consideration or reflect the attitude towards the international community.

In The Foreign Policy Concept of the Russian Federation (approved by President of the Russian Federation Vladimir Putin on November 30, 2016)14we see several points connecting with Asian issues.

79. Russia attaches importance to further strengthening the SCO’s role in regional and global affairs and expanding its membership, and stands for increasing the SCO’s political and economic potential, and implementing practical measures within its framework to consolidate mutual trust and partnership in Central Asia, as well as promoting cooperation with the SCO member States, observes and dialogue partners.

80. Russia seeks to reinforce a comprehensive long-term dialogue partnership with the Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) and achieve a strategic partnership. Efforts in this area will be supported by expanded cooperation within such frameworks as the East Asia Summit, which provides a platform for strategic dialogue between country leaders on conceptual issues related to the development of the Asia-Pacific Region, the ASEAN Regional Forum and ASEAN Defence Ministers’ meeting with the dialogue partners.

81. Russia promotes broad mutually beneficial economic cooperation in the Asia-Pacific Region, which includes the opportunities offered by the Asia-Pacific Economic Cooperation forum.

82. Russia is committed to establishing a common, open and non-discriminatory economic partnership and joint development space for ASEAN, SCO and EAEU members with a view to ensuring that integration processes in Asia-Pacific and Eurasia are complementary.

83. Russia views the Asia-Europe Meeting and Conference on Interaction and Confidence-Building Measures in Asia as relevant mechanisms for developing multi-faceted practical cooperation with the Asia-Pacific States and intends to take an active part in these frameworks. But Afghanistan and Pakistan are mentioned rather in negative context.

97. The persisting instability in the Islamic Republic of Afghanistan after the withdrawal of all but a few international contingents poses a major security threat to Russia and other members of the CIS. The Russian Federation, together with the Islamic Republic of Afghanistan, other interested states relying on the possibilities offered by the UN, CIS, CSTO, SCO and other international organizations will be consistent in its efforts to resolve as soon as possible the problems this country is facing, while respecting the rights and legitimate interests of all ethnic groups living in its territory so that it can enter post-conflict recovery as a sovereign, peaceful, neutral state with a sustainable economy and political system. Implementing comprehensive measures to mitigate the terrorist threat emanating from Afghanistan against other states, including neighbouring countries, as well as eliminate or substantially reduce the illicit production and trafficking of narcotic drugs is an integral part of these efforts. Russia is committed to further intensifying UN-led international efforts aimed at helping the Islamic Republic of Afghanistan and its neighbouring states counter these challenges.

And point 15 is about global security and threats: The global terrorist threat has reached a new high with the emergence of the Islamic State international terrorist organization and similar groups that have descended to an unprecedented level of cruelty in their violence. They aspire to create their own state and seek to consolidate their influence on a territory stretching from the shores of the Atlantic Ocean to Pakistan. The main effort in combating terrorism should be aimed at creating a broad international counter-terrorist coalition with a solid legal foundation, one that is based on effective and consistent inter-state cooperation without any political considerations or double standards, above all to prevent terrorism and extremism and counter the spread of radical ideas.

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Next, consider the presidential Decree of 31.12.2015 N 683 "On the national security Strategy of the Russian Federation."  First of all, it should be pointed out that "as a Central element of the system of international relations, Russia sees the United Nations and its Security Council".

It has a number of items on the South Asian region.

88. Russian Federation increases cooperation with BRICS partners (Brazil, Russia, India, China, South Africa), RIC (Russia, India, China), Shanghai cooperation organization, Asia-Pacific economic cooperation forum, the G20 and other international institutions.

92. The Russian Federation attaches great importance to building the political and economic potential of the Shanghai organization of cooperation, stimulation within its framework of practical measures, contributing to the strengthening of mutual trust and partnerships in Central Asia, as well as the development of cooperation with member States, observers and partners.

Organizations, including in the form of dialogue and cooperation on a bilateral basis. Special attention is paid to the work with countries wishing to join the Organization as full members.

93. The Russian Federation is developing comprehensive partnership and strategic cooperation with The People's Republic of China, considering them as a key factor in maintaining global and regional stability.

94. The Russian Federation attaches great importance to the privileged strategic partnership with the Republic of India.

95. The Russian Federation supports the establishment of reliable mechanisms in the Asia-Pacific region to ensure regional stability and security on a non-bloc basis, improving the effectiveness of political and economic cooperation with the countries of the region, expansion of cooperation in the field of science, education and culture, including in the framework of regional integration structures. Next is economic security Strategy of the Russian Federation for the period up to 2030 (Decree of the President of the Russian Federation of 13.05.2017. № 208).

- building an international legal system that meets the national interests of the Russian Federation economic relations, prevention of its fragmentation, weakening or selective application;

- expansion of partnership and integration relations within the framework of the Commonwealth of Independent States,  

The Eurasian economic Union, BRICS (Brazil, Russia, India, China, South Africa), Shanghai cooperation organization and  other intergovernmental organizations; creation of regional and TRANS-regional integration associations in compliance with national interests of Russian Federation;

Next is the foreign economic strategy of the Russian Federation till 2020, prepared by the Ministry of Economic Development of the Russian Federation, issued in December 2008.

In the block devoted to Asia from South Asia only India is specified.

It is noted that Russian non-primary goods and services, including high-tech products, are traditionally in demand on the Indian market.

This creates opportunities for increasing supplies of the existing range of exports, as well as for diversification of the structure of trade. The main objectives are to expand Russia's access to Indian markets and joint technology development in selected areas.

It is worth mentioning Doctrine of Information Security of the Russian Federation (Approved by Decree of the President of the Russian Federation No. 646 of December 5, 2016).15

28.  A strategic objective of information security in the field of strategic stability and equal strategic partnership is to create a sustainable system of conflict-free inter-State relations in the information space.

29.  The main thrusts of ensuring information security in the field of strategic stability and equal strategic partnership are the following:

- protecting the sovereignty of the Russian Federation in information space through nationally-owned and independent policy to pursue its national interests in the information sphere;

- taking part in establishing an international information security system capable of effectively countering the use of information technologies for military and political purposes that are contrary to international law, or for terrorist, extremist, criminal or other illegal purposes;

- creating international legal mechanisms taking into account the specific nature of information technologies and intended to prevent and settle conflicts between States in information space; promoting in international organizations the position of the Russian Federation advocating equitable and mutually beneficial cooperation of all interested parties in information sphere.

The fog and friction of diplomacy

At the same time, the actions and even intentions of Russia are often misunderstood and used by other parties to promote their own interest. For example, Hillary Clinton while working as Secretary of state after Vladimir Putin announced the creation of the Eurasian Economic Union in 2011 (it would be more correct to say the reform of the Customs Union), she said that Moscow will create the Soviet Union-2.

mearshemier_collage.jpgThus, the situation with regard to Ukraine and Russia's actions on the one hand, and the West on the other, describes well John J. Mearsheimer opinion, who pointed to the guilt of the West in the Ukrainian crisis.

The United States and its European allies share most of the responsibility for the crisis. The taproot of the trouble is the enlargement of NATO, the central element of a larger strategy to move Ukraine out of Russia’s orbit and integrate it into the West. At the same time, the EU’s expansion eastward and the West’s backing of the pro-democracy movement in Ukraine -- beginning with the Orange Revolution in 2004 - were critical elements, too.

The West’s triple package of policies - NATO enlargement, EU expansion, and democracy promotion -- added fuel to a fire waiting to ignite.

This is Geopolitics 101: great powers are always sensitive to potential threats near their home territory. After all, the United States does not tolerate distant great powers deploying military forces anywhere in the Western Hemisphere, much less on its borders”.16

Emma Ashford also on the same side with John J. Mearsheimer, and noted that “today’s confrontational rhetoric and policies toward Russia often ignore reality and highlight the need for an alternative approach”.17

And Stephen Kotkin argues that “Russia today is not a revolutionary power threatening to overthrow the international order. Moscow operates within a familiar great-power school of international relations, one that prioritizes room for maneuver over morality and assumes the inevitability of conflict, the supremacy of hard power, and the cynicism of others’ motives. In certain places and on certain issues, Russia has the ability to thwart U.S. interests, but it does not even remotely approach the scale of the threat posed by the Soviet Union, so there is no need to respond to it with a new Cold War”.18

Realpolitik and Russia's actions

As we can see from the official documents, India is given priority among the countries of the region. In practice, we also see close cooperation between Russia and India, especially in the sphere of arms supplies (70% of the arms in India are Soviet and Russian origin). Because of the traditional Indian-Pakistani confrontation and by virtue of the fact that during the cold war Pakistan belonged to the number of geopolitical opponents of the USSR, the Russian Federation's relations with this country have not received the same scale of development and do not have the same traditions of relations like Russia has with India. Despite this, the basis for mutually beneficial relations in trade is stable - there are economic, energy and investment spheres between Russia and Pakistan.

From the geopolitical point of view, the North-Western regional segment, including Pakistan, is the most significant for Russia. Afghanistan and leading to Central Asia is a region that is particularly important for Russia, bordering Siberia and the Ural-Volga region.

Basic Russian prospects are seen in strategic cooperation with India, trade and economic cooperation with others states in the region. Potential risks are due to the likely destabilization of the situation in the North-West of South Asia, capable of "spread" to the Central Asian republics.

There is also a kind of risk associated with the aggravation of relations between India and Pakistan, in the extreme case, a military confrontation including the use of nuclear weapons.

Another threatening area for the region from the Russian point of view is humanitarian and environmental. For the moment refugees from Afghanistan, Pakistan or India have had no impact on Russian domestic policy, but on the international scale Russia always pays attention to this problem. In addition to natural disasters and cataclysms, including here the problem of piracy in the Northern Indian ocean.

Earlier it was predicted that in order to reduce regional tensions and balance its policies in South Asia, Russia, obviously, will strengthen economic cooperation with Pakistan, and will help it, in particular, in the construction of the gas pipeline from Iran and Turkmenistan, as well as providing assistance in organizing electricity supplies from Tajikistan and Kyrgyzstan to Afghanistan and Pakistan.

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After the launch of the Rogun hydroelectric power plant in Tajikistan in November 2018, this interaction is now close to practical embodiment. It has not excluded the implementation of other cooperation projects, in particular, through industry, as well as cooperation in security sphere with the growing use of the potential of SCO (Shanghai cooperation organization) and the "Dushanbe four" (Russia, Tajikistan, Afghanistan, Pakistan).

Russian experience as mediator for water sharing between Central Asian countries may be utilized in South Asia too because of violating the Indus Water Treaty by India as well as problem with water flows after heavy rains from India into Bangladesh.

As for Pakistan, according to Russian experts, despite certain developments in the country such as higher education, including technical education, Pakistan, unlike India, has not found a high-tech niche in the world division of labour. Demand for the services of scientists, engineers and technicians comes mainly from the military-industrial, and especially the nuclear missile complex.19

This gap may be filled with Russian assistance too. The sale of weapons systems by Russia to South Asian States illustrates well the level of interaction between the countries.20 The Rosoboronexport company cooperates with four States, i.e. half of the countries of South Asia. India since 1947, Pakistan since 1948, Sri Lanka since 1957 and Bangladesh since 1972. It is significant that Rosoboronexport makes no sales to the States, which pursues a hostile policy towards Russia.

Russia is interested in enhancing the strategic capacity of such organizations as SCO and The Conference on Interaction and Confidence-Building Measures in Asia to form a new security architecture for Greater Eurasia. This approach is directly linked to the realization of the Russian initiative of “integrating integrations”, which takes into account all actors and all possible changes in the balance of powers in the region, including natural leadership changes.21

Transport and energy routes (built and projected too) may be implemented and synchronized in the context of Eurasian Economic Union led by Russia and New Silk Road led by China.

As a rule, considering the interests of Russia in the region, analysts mention only material factors. Actually there is a great interest on the part of Moscow in intellectual cooperation. Denoting the course to create a multipolar world order Russia needs semantic filling of this concept that is not possible without the active participation of the outside scientific and expert community of South Asian countries.

Although multipolarity can be interpreted in different ways, the main criterion is the attitude toward the United States and the willingness to challenge Washington. For example, Indian Prime Minister Narendra Modi has repeatedly stated that India is committed to multipolarity and he expressed flattering compliments to Russia as a country that is one of the main poles of influence in the world. But in fact India follows the doctrine of multilateralism, actually fulfilling the imperatives of the Obama administration. Although India did not support sanctions against Russia and was not afraid of sanctions by the United States for the contract of the purchase of the S-400 systems, cooperation that is more intensively developing between the US and Israel than with its neighbors in Eurasia.

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Pakistan, on the contrary, took the position of sovereignty and denied its critics in Washington, so it aroused considerable interest from Russia as an emergent power. This window of opportunity can be favorably used by two parties.

In the current geopolitical situation and in light of the irresponsible behavior of the United States (and their satellites) on the world stage, the implementation of joint Russian-Pakistani projects, including military cooperation, will help strengthen security in Eurasia in the interests of all participants.22

Non-Western theories of international relations as sovereign intellectual developments supporting the discourse on multipolarity also will be in great demand in the academic circles of Russia.

In addition, discussions on non-Western approaches to international relations and alternative political theories can not only be a bond for a dialogue of a new quality between Russia and the countries of South Asia, but also lay additional foundations for rethinking regionalism.

Still, South Asia is part of Eurasia, and Russia is interested in strengthening its stability and the predictability of the actions of all its actors.

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1 Michael Mann. 2014. South Asia's Modern History: Thematic Perspectives. Taylor & Francis. pp. 13–15.

2 Prashanth Parameswaran. Trump’s Indo-Pacific Strategy Challenge in the Spotlight at 2018 Shangri-La Dialogue. The Diplomat. June 05, 2018. Available at: https://thediplomat.com/2018/06/trumps-indo-pacific-strat... [Accessed 23 October 2018].

3 Tariq Mehmood. Regionalization of Peacekeeping Operations in South Asia // Margalla Papers Vol. XX, 2016. National Defence University Islamabad. P. 205.

5 Ash Carter. Reflections on American Grand Strategy in Asia. Belfer Center for Science and International Affairs, Special Report. October 2018. P. 4. Available at: https://www.belfercenter.org/sites/default/files/files/pu... [Accessed 3 November 2018].

6 Ibidem. P. 5.

7 Ibidem. P. 14.

8 Ibidem. P. 32.

9 Ibidem. P. 29.

10 Kaplan Robert D. 1996. The Ends of the Earth: A Journey at the Dawn of the Twenty- first Century. Random House, Inc. P. 337.

11 Georgekutty M. V. Problematising South Asian Area Studies // SAJD, 2013. P. 40.

12 Rohit K Dasgupta, Remembering Benedict Anderson and his Influence on South Asian Studies // Theory, Culture & Society 0(0), 2016. P. 3.

13 Gopal Anand. The Battle for Afghanistan: Militancy and Conflict in Kandaghar. Counterterrorism Strategy Initiative Policy Paper. Washington, DC: New America Foundation, November 2010. P. 14.

14 The Foreign Policy Concept of the Russian Federation (approved by President of the Russian Federation Vladimir Putin on November 30, 2016). Available at: http://www.mid.ru/en/foreign_policy/official_documents/-/... [Accessed 23 November 2018].

15 Doctrine of Information Security of the Russian Federation (Approved by Decree of the President of the Russian Federation No. 646 of December 5, 2016) 5 December 2016. Available at: http://www.mid.ru/en/foreign_policy/official_documents/-/... [Accessed 6 October 2018].

16 John J. Mearsheimer. Why the Ukraine Crisis Is the West’s Fault. Foreign Affairs. September/October 2014 Issue. Available at: https://www.foreignaffairs.com/articles/russia-fsu/2014-0... [Accessed 6 October 2018].

17 Emma Ashford. How Reflexive Hostility to Russia Harms U.S. Interests. Foreign Affairs. April 20, 2018. Available at: https://www.foreignaffairs.com/articles/russian-federatio... [Accessed 6 October 2018].

18 Stephen Kotkin. Russia's Perpetual Geopolitics. Putin Returns to the Historical Pattern. Foreign Affairs. May/June 2016 Issue. Available at: https://www.foreignaffairs.com/articles/ukraine/2016-04-1... [Accessed 6 October 2018].

19 Вячеслав Белокреницкий. Южная Азия 2013–2020: возможности и риски для России. 7 июля 2013 г. Available at:

http://russiancouncil.ru/analytics-and-comments/analytics... [Accessed 23 November 2018].

21 Savin, Leonid. Russian security frame for Black sea region. Geopolitica.ru. 06.12.2017 Available at: https://www.geopolitica.ru/en/article/russian-security-fr... [Accessed 6 October 2018].

22 Savin, Leonid. Pakistan-Russian friendship. The Nation. November 05, 2018. Available at: https://nation.com.pk/05-Nov-2018/pakistan-russian-friend... [Accessed 23 November 2018].

Publishsed in "Conflict and Cooperation in South Asia. Role of Major Powers. Islamabad: IPRI, 2019. P. 153 - 180.

La grande guerre du pétrole de 2020 a commencé. La Russie peut-elle la gagner ?

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La grande guerre du pétrole de 2020 a commencé. La Russie peut-elle la gagner ?

par Nikolas K. Gvosdev
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Après la signature de la dernière série de sanctions américaines contre la Russie l’année dernière, le président russe Vladimir Poutine a averti que la Russie exercerait des représailles au moment et à l’endroit de son choix. Le démantèlement de l’accord OPEP-Plus et le déclenchement d’une guerre des prix avec l’Arabie saoudite peuvent sembler être une façon étrange et déroutante de réagir, mais il y a peut-être une méthode dans cette folie. Je crois que le Kremlin fait le pari que, d’ici la fin de l’année, il sera capable non seulement de repousser les États-Unis mais aussi de reconstruire son partenariat avec l’Arabie saoudite.

L’un des principaux défauts des politiciens américains est leur mauvaise habitude de proclamer haut et fort leurs stratégies des mois, voire des années à l’avance, donnant ainsi à leurs adversaires tout le temps de se préparer. Au cours des deux dernières années, les membres du Congrès ont fait savoir très clairement que les projets de pipeline de contournement de l’Ukraine par la Russie – avec le Turkish Stream et le Nordstream-2 – étaient dans leur ligne de mire. Moscou a tenté d’accélérer l’achèvement de ces projets avant que le lent processus législatif américain ne permette de finaliser une autre série de sanctions punitives. Le projet Turkish Stream a été achevé juste à temps et envoie déjà de l’énergie russe en Turquie et en Europe du Sud. Pendant ce temps, Nordstream-2 aurait pu être achevé sans ces satanés Danois et leurs processus de protection de l’environnement, qui ont retardé les travaux du Nordstream juste assez longtemps pour permettre une volée de sanctions américaines de dernière minute. Même avec ce délai – et grâce à une prise de bec avec le Danemark à propos d’une éventuelle vente du Groenland – Moscou a été tellement avertie à l’avance qu’elle a demandé à ses entrepreneurs européens de se concentrer avant tout sur les parties du gazoduc les plus difficiles techniquement. Gazprom possède la capacité technique de terminer le projet – avec un certain retard, c’est vrai – mais Nordstream devrait être achevé d’ici la fin de l’année 2020. Oui, le retard a été suffisant pour obliger la Russie à continuer à utiliser l’Ukraine comme voie de transit, mais la position de Moscou sur les marchés européens de l’énergie reste largement intacte.

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Le plan de secours américain a consisté à pousser les Européens, puisque que le projet Nordstream était encore inachevé, à acheter plus d’énergie provenant de sources nord-américaines. En effet, un élément important de la stratégie américaine dans cette nouvelle ère de concurrence entre grandes puissances est de concurrencer la Russie sur les marchés de l’énergie afin de diminuer les ressources que Moscou peut accumuler en tant qu’exportateur.

Au départ, la stratégie des États-Unis durant le second mandat de l’administration Obama était d’encourager l’Arabie saoudite à répéter ses performances des années 1980 en utilisant sa capacité à ouvrir les robinets et à faire baisser les prix de manière à paralyser les producteurs russes et à forcer Moscou à reculer en Ukraine et en Syrie. Malgré la tentative de l’Arabie saoudite de baisser ses coûts de production, Riyad n’a pas pu soutenir une guerre des prix à long terme en raison des besoins massifs du budget saoudien. L’Arabie saoudite a radicalement abandonné sa politique de concurrence avec la Russie pour se tourner vers une nouvelle stratégie de coordination avec elle. Riyad et Moscou sont finalement devenus les co-axes de l’accord OPEP-Plus, qui a été conçu pour stabiliser les marchés énergétiques mondiaux et fixer un « plancher » définitif pour les prix de l’énergie. En échange de sa coopération, Moscou attendait de l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe qu’ils dirigent vers l’économie russe les flux financiers bloqués par les sanctions américaines et européennes. L’achat par le Qatar d’une participation minoritaire dans la société d’État russe Rosneft fut un exemple de ce renvoi d’ascenseur.

Mais la faiblesse de cette tactique tient au caractère sauvage du secteur énergétique américain. Les producteurs américains ont bénéficié de prix plus élevés et étaient prêts à alimenter le marché lorsque la Russie et l’Arabie saoudite ont réduit leur production. Lorsque les États-Unis ont refusé de prendre part à l’accord OPEP-Plus, la poursuite de la participation de la Russie a dépendu largement de la volonté de l’Arabie saoudite de continuer à inciter Moscou à se conformer à l’accord.

Ces derniers mois, nous avons assisté à un nouveau durcissement de la politique du Kremlin – où la Russie est prête à risquer une escalade afin de prendre l’avantage ou de discréditer les États-Unis. Le monde a vu ce schéma commencer à se dérouler en Syrie, par rapport à la Turquie, au cours des dernières semaines. Les Russes ont franchi certaines des lignes rouges d’Ankara et ont ensuite laissé la Turquie voir dans quelle mesure elle pouvait ou non compter sur les États-Unis et ses alliés européens – puis le président Recep Erdogan s’est rendu à Moscou pour rouvrir les négociations avec Vladimir Poutine.

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Les producteurs d’énergie russes ont eu le sentiment d’être du côté des perdants de l’accord Moscou/Riyad. Depuis un an, ils réclamaient avec véhémence que la Russie se retire de l’accord. La panique du coronavirus leur a donné l’occasion de faire valoir que de nouvelles réductions OPEP-Plus ne feraient rien pour empêcher un effondrement des prix de l’énergie et que la Russie continuerait à perdre des parts de marché. La réaction des Saoudiens a été de faire jeu égal avec la Russie et de la mettre au pied du mur en la menaçant de produire davantage pour provoquer des prix encore plus bas. Mais les Russes ont encore plusieurs avantages : le budget russe peut atteindre ses objectifs avec des prix bien plus bas que ce que permet le budget de l’Arabie saoudite ; la Russie peut augmenter rapidement ses exportations par pipeline alors qu’une augmentation de l’Arabie saoudite prendrait plus de temps pour arriver sur les marchés par voie maritime ; et, plus important encore, les endroits où les Saoudiens veulent concurrencer la Russie pour des parts de marché – le marché européen – évinceraient les exportations américaines produites à plus haut prix.

La Russie semble prête à s’engager dans un test de résistance majeur de la tactique américaine en matière d’exportation d’énergie en s’engageant dans une guerre des prix prolongée. Étant donné qu’il est peu probable que l’administration Trump achète de grandes quantités de production américaine à un prix élevé pour garantir ses réserves stratégiques, les producteurs américains seront confrontés à la perspective de revenus beaucoup plus faibles et atteindront un point où il n’est plus logique, d’un point de vue commercial, de rester en activité. Si certains activités sont susceptibles d’être absorbées par les grandes sociétés énergétiques, dont les économies d’échelle peuvent assumer certains projets non rentables, la production américaine globale pourrait diminuer. Et si Joe Biden s’installe au 1600 Pennsylvania Avenue en janvier 2021, les Américains peuvent s’attendre à ce que bon nombre des réglementations environnementales et d’aménagement du territoire de l’époque d’Obama soient à nouveau pleinement en vigueur, ce qui aura des répercussions tant sur la production que sur la construction de nouvelles infrastructures d’exportation.

Les Saoudiens seraient-ils alors plus enclins à reprendre les négociations avec Moscou ? C’est possible. Tout dépend de l’état des relations américano-saoudiennes après une longue guerre des prix. Le prince Mohammad bin Salman, qui a déjà ses détracteurs des deux côtés de l’allée politique à Washington, pourrait avoir plus de mal à faire face aux achats importants de biens et de services américains par les Saoudiens dans le contexte de la concurrence des prix. De plus, il pourrait constater que les États-Unis sont devenus beaucoup moins disposés à fournir aveuglément une sécurité aux Saoudiens. En outre, si la Russie perd son intérêt à agir comme force de retenue au sujet de l’Iran, les États-Unis ont montré leurs limites quant au projet de s’attaquer à Téhéran au profit de Riyad. Une nouvelle crise dans le Golfe persique ne ferait pas qu’augmenter les prix de l’énergie, mais renforcerait l’argument de la Russie selon lequel sa route du Nord est un pari bien plus sûr pour l’exportation d’énergie.

La Russie entre donc dans cette guerre des prix avec deux objectifs principaux : chasser les producteurs américains du marché et exposer Riyad aux limites du soutien américain. Grâce à l’équipe talentueuse du ministère des finances du pays, ils disposent des fonds nécessaires pour atteindre cet objectif. Poutine a repris un argument de Trump sur les guerres commerciales : soyez prêt à subir des dommages à court terme si vous pensez que vos adversaires seront contraints de céder sur le moyen terme. Ces hypothèses devraient se confirmer dans les semaines et les mois à venir.

Nikolas K. Gvosdev

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

dimanche, 15 mars 2020

Haine russo-saoudienne : Fracking the Fracking

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Haine russo-saoudienne : Fracking the Fracking

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Cette nouvelle, à partir d’extraits d’une élision de RT.com, permet d’avoir une bonne idée du climat actuel d’effondrement général, de la façon dont les masques tombent et volent dans tous les sens, de la rapidité avec laquelle les simulacres se vident de toute leur fausse substance... Ici, il s’agit du Professeur Richard D. Wolff, fameux professeur dans toutes les grandes universités US, auteur, économiste, de tendance marxiste, voire Rethinking Marxism, fameux également pour son émission télévisée hebdomadaire Economic Update.

Wolff donne une version qui est de plus en plus favorisée sur la crise pétrolière, qui appréhende l’explication d’une complicité dissimulée entre les Russes et les Saoudiens, dans :le but de la destruction de l’industrie du pétrole de schiste US, – l’industrie dite du Fracking, pour son avidité à fracturer les sous-sols à la chasse au schiste. « Ils[les Russes et les Saoudiens] ont haï cette industrie dès le premier jour »

La description de la situation par Wolff est catastrophique, sinon apocalyptique, mais certes sans grande originalité car qui ne flirte pas avec cette perspective aujourd’hui ? La crise Covit-19 et la crise de la “guerre du pétrole” « sont comme un droite-gauche [asséné par un boxeur] », directement sur le pif de Wall Street, avec suffisamment de force pour dissiper tous les mirages des narrative et faire comprendre que la toute-puissance proclamée “première du monde” de l’économie US n’est rien de moins qu’un simulacre entretenu par les politiciens corrompus et grassement subventionnés pour cette tâche, – simulacre qui n’a pas la moindre base sérieuse, la moindre assise, la moindre fondation.

Le spectacle est donc horrible, de l’effondrement d’une civilisation qui a accepté de devenir la serveuse obéissante du Système, – horrible mais également sublime c’est selon. Ainsi en est-il de la colère des dieux, nous suggère le professeur Wolff, qui nous conduit comme tout expert qui se respecte aujourd’hui sur la terra incognita de l’Effondrement du Système.

... Sur RT.com le 12 mars 2020 : « [L’émission] ‘Boom Bust’ reçoit le professeur Richard Wolff, de Economic Update, pour discuter de la crise pétrolière en cours. Wolff explique que les États-Unis, qui voulaient “l’indépendance énergétique”, ont décidé il y a 10-20 ans de se lancer dans l’industrie de fracturation simplement parce que cela était jugé comme étant rentable.
» “Certes, l’industrie de la fracturation est très coûteuse... mais tout était basé sur l’idée que le prix du pétrole resterait très élevé”, explique Wolff. “Les Saoudiens et les Russes ont été touchés par l'émergence de l'industrie américaine de la fracturation ; ils ont haï cette industrie dès le premier jour parce que c’était un concurrent[jugé déloyal].”
» “L’idée qu'ils se battent entre eux est une illusion“, précise Wolff. “En fait, les Russes et les Saoudiens se battent contre les États-Unis parce qu’en faisant baisser le prix du pétrole, toutes ces compagnies pétrolières américaines de fracturation vont faire faillite. Elles sont finies”.
» Il ajoute que les compagnies pétrolières de la fracturation “ne peuvent pas rembourser leurs dettes et cela plonge le marché du crédit et les banques dans une nouvelle crise que nous commençons à peine à comprendre et qui en fait menace l’ensemble du système financier”.
» “Vous mettez le coronavirus avec le pétrole et vous avez un droite-gauche directement enchaîné qui fait réaliser à la plupart des gens de Wall Street que la description élogieuse de l'économie américaine comme la plus grande du monde était une illusion des politiciens et n'a aucun fondement... »

samedi, 14 mars 2020

Le projet de nouvelle constitution russe et l'avenir de Poutine

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Le projet de nouvelle constitution russe et l'avenir de Poutine

par le Général Dominique Delawarde

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Sous le titre : Le Parlement russe autorise Vladimir Poutine à se représenter en 2024, le journal le Monde vient de publier une "fake news" de plus qui sera abondamment commentée par la presse mainstream occidentale.(voir le lien ci après)

Cet article est de Dominique Delawarde, membre de notre comité de rédaction

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/10/le-parlement-russe-autorise-vladimir-poutine-a-se-representer-en-2024_6032499_3210.html

C'est une Fake news, au moins pour le titre, car le parlement russe n'était actuellement qu'en phase finale d'approbation d'un "PROJET" de constitution. Ce "PROJET" devra être approuvé ou rejeté par référendum par l'ensemble du peuple russe qui, seul, autorisera ou refusera les changements constitutionnels proposés. On fait encore des référendums dans ce pays et le parlement n'y a pas tous les pouvoirs.La Russie n'est pas la France .....

Que s'est-il passé à la Douma ?

La députée Valentina Terechkova, ancienne cosmonaute et première femme à avoir effectué un vol dans l'espace en 1963, est la dernière intervenante au débat sur le projet de constitution. Elle propose un amendement au projet de Constitution avant le vote final. Elle dit ceci : « Pourquoi tourner autour du pot ? pourquoi imaginer des constructions artificielles ? Regardons les choses honnêtement : si les gens le veulent et si la situation l'exige, il faut permettre au président en exercice de se présenter à nouveau à ce poste. ».

 Transformé en amendement, la proposition de Valentina Terechkova est adopté à une écrasante majorité. Le référendum aura lieu dans 6 semaines, le 22 avril prochain. Il projet sera très probablement voté, ce qui me réjouit pour deux raisons:

 1 - Poutine représente aujourd'hui le seul contre pouvoir solide à l'OTAN dont on connaît la propension à générer le chaos et la mort sur la planète depuis 1995.
(Au cours du dernier quart de siècle, 1 million de bombes ont été larguées par des pays membres de l'OTAN, agissant en coalition de circonstance, sur des pays qui n'avaient agressé aucun des membres de l'Organisation).
https://www.breizh-info.com/2019/11/19/130735/lotan-artisane-de-paix-ou-fautrice-de-troubles-et-de-chaos-general-2s-dominique-delawarde-le-13-novembre-2019

Garder Poutine jusqu'à 2036 sera probablement un bien pour son pays qu'il a remis sur pied entre 2000 et 2020 et surtout un bien pour le maintien de la paix sur la planète entière, par le retour à "l' équilibre de la terreur". Il serait bon que les fous furieux "néoconservateurs" des Etats Unis, de l'UE et de l'OTAN qui entendent régenter le monde en fonction de leurs seuls intérêts trouvent quelques "garde-fous" sur leur chemin.

 2 - Poutine a manoeuvré merveilleusement, comme à son habitude. Il n'a pas proposé lui même cet amendement, il a laissé une députée mondialement connue le faire et le parlement voter. Mais Poutine a proposé lui même des amendements à la Constitution qui vont droit au coeur d'une partie importante de l'électorat russe et de l'homme que je suis, citoyen d'un pays en déliquescence économique, politique, sociale, morale et sociétale. Ces amendements correspondent aux valeurs qui sont les miennes : Ainsi du respect de la « foi en Dieu », de l'interdiction du mariage homosexuel ou de la protection par l'Etat d'une «vérité historique », souvent mise à mal par les occidentaux qui ne cessent de la ré-écrire à leur avantage (notamment sur la 2ème guerre mondiale).

En conclusion, si le projet de nouvelle constitution est voté par référendum et si Poutine décide de rester jusqu'à 2036, il pourrait dépasser la longévité au pouvoir de la grande Catherine II, impératrice de Russie. Avec son expérience et celle de son ministre des affaires étrangères Lavrov, avec la complicité active de Xi Jingping, président à vie de son pays, il pourrait s'opposer avec succès aux velléités guerrières des "gouvernements de passage inexpérimentés" de chacun des grands pays d'une coalition occidentale en déclin. Notons au passage que les tenants du pouvoir des grands pays de l'OTAN sont de plus en plus mal élus, que leur opinion publique est profondément divisée et que ces états membres de l'OTAN sont, eux même, divisés entre eux.

Dominique Delawarde.

mardi, 10 mars 2020

Actualité d’Alexandre Douguine

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Actualité d’Alexandre Douguine

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cela fait bientôt quatre ans que le philosophe russe Alexandre Douguine est interdit de séjour dans l’ensemble de l’Union dite européenne en raison de ses prises de position interventionnistes contre l’Ukraine. Cette interdiction n’empêche heureusement pas les vaillantes éditions Ars Magna de Nantes de poursuivre et d’amplifier la parution en français des ouvrages du penseur de la « quatrième théorie politique ». Il y en aurait plus de soixante-dix disponibles en russe…

En octobre 2019 paraissait dans la collection « Heartland » Les racines de l’identité (écrits eurasistes 2012 – 2015) (300 p., 30 €) suivi un mois plus tard dans la même collection par Le retour des grands temps (écrits eurasistes 2016 – 2019) (449 p., 32 €). Le titre de ce dernier livre est une référence évidente à un ouvrage de Jean Parvulesco sorti en 1986 chez Guy Trédaniel. Alexandre Douguine n’a jamais caché son admiration pour ce romancier qui joua dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Il est compréhensible que l’éditeur en reprenne le titre.

Dans ces deux nouveaux ouvrages, Alexandre Douguine prend acte de la domination tyrannique de l’Occident matérialiste ultra-moderne. Il offre en réponse une alternative résolument non libérale qui ne puise pas dans ces échecs historiques que furent le communisme et le fascisme. Dans cette « ère des titans » post-moderniste, l’auteur s’applique à définir de nouvelles orientations. Ainsi confirme-t-il que l’ennemi principal, l’ennemi majeur, l’ennemi prioritaire demeure « le libéralisme [qui] est le nom de la mort (Le retour…, p. 26) ». En effet, « le libéralisme détruit tout sens de l’identité collective, écrit-il avec raison, et, logiquement, le libéralisme détruit l’identité européenne (avec sa soi-disant tolérance et ses théories des droits humains) (Idem, p. 72) ». Il dénonce en outre la complicité étroite des différentes coteries politiciennes, du gauchisme sociétal à l’extrême droite suprémaciste en passant par les formations institutionnelles, qui se soumettent aux injonctions libérales.

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Il insiste sur la démarche macabre du monde occidental et ne s’étonne pas de l’actuelle mode des zombies qui déferlent au cinéma, dans la bande dessinée, dans les séries télé et dans les jeux vidéo. Il prend en contre-exemple l’action déterminante de Vladimir Poutine. « Il choisit la puissance, pas la démocratie, affirme Douguine. L’unité, pas le pluralisme territorial. L’ordre, et pas le chaos sanglant et la guerre civile. En bref, face à la mort, Poutine choisit la vie. La vie du pays, de l’État, de la nation (Id., p. 207). »

En ce moment crucial où « la post-modernité doit être globale (Id., p. 223) », Alexandre Douguine considère que « la redécouverte de la pré-modernité est la seule action logique. Ici nous rencontrons la philosophie traditionaliste et la critique essentielle du monde moderne en tant que concept (Id., p. 223) ». De tels propos pourraient dérouter plus d’un lecteur. Toutefois, si l’auteur commente l’actualité politique (il mise beaucoup sur les Gilets Jaunes français pour contrecarrer les manœuvres mondialistes), il s’appuie toujours sur la géopolitique qui « dans l’ère de la fin des idéologies est la seule manière d’interpréter correctement les relations internationales et certains processus intérieurs. Ainsi, poursuit-il, l’ignorance de la géopolitique est une action contre soi-même. Si vous n’êtes pas sujet de la géopolitique, vous êtes simplement son objet (Id., p. 305) ».

Alexandre Douguine fournit à tous les combattants anti-cosmopolites de bien belles munitions tant spirituelles que politiques, culturelles que sociales qu’on comprend mieux maintenant pourquoi il est devenu l’ennemi public n°1 de la République globalitaire des Lettres inverties.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 162, mise en ligne sur TV Libertés, le 2 mars 2020.

lundi, 09 mars 2020

La Russie de Poutine, entre despotisme oriental et démocratie souveraine

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La Russie de Poutine, entre despotisme oriental et démocratie souveraine

par Jure Georges VUJIC

La Russie n’a jamais été une démocratie à l’occidentale. En annonçant les nouvelles réformes constitutionnelles, Vladimir Poutine le prouve une fois de plus, en mettant fin après douze ans de « tandémocratie », une démocratie à la russe où le pouvoir était partagé en apparence entre Poutine et Dmitri Medvedev à la tête de l’exécutif bicéphale russe depuis 2008.

Il est vrai que les analyses ne manquent pas pour identifier ce type singulier de démocratie poutinocentrée et l’on parle de « démocratie dirigée », d’oligarchie, d’autocratie, de nouveau tsarisme (D. Trenin), de néo-féodalisme autoritaire (S. Rabinovitch), de corpocratie (J.-R. Raviot)… Les vocables typologiques ne manquent pas pour qualifier ce régime qui conjugue les tendances libérales et réformistes, conservatrices et étatistes. Pourtant si l’on se réfère à la période depuis son retour au Kremlin en 2012 après l’interlude Medvedev, le système poutinien d’apparence plus libéral, pencherait fortement vers l’autoritarisme, la personnalisation du pouvoir, la centralisation. Et, depuis la récente démission du gouvernement, certains parlent d’une nouvelle concentration de pouvoir qui ouvrirait la voie à une autocratie à vie. Et pourtant, contrairement à ce courant politiste démocentriste qui voit des formes démocratiques un peu partout, il est utile de se référer à l’actualité des travaux de Karl August Wittfogel sur les despotisme orientaux.

Wittfogel et les despotisme orientaux

Selon les thèses de Wittfogel, le modèle même du despotisme oriental était constitué par les «sociétés hydrauliques», les grands travaux d’irrguation et la maîtrise de l’eau, lesquels étaient à la base même de la constitution de grands États et d’empires, comme la Chine, l’Égypte ou la Mésopotamie.

L’URSS de Staline s’inscrivait dans la continuation de cette forme étatique de « production asiatique », lorsque Staline, entreprenait de grands travaux «hydrauliques » : creusement de canaux, liaisons entre les grands fleuves (par exemple le Don et la Volga). Le contrôle de vastes espaces supposait un renforcement de la centralisation bureaucratique et étatique. Et c’est pourquoi Wittfogel élargissait cette catégorie de despotisme oriental à l’Union soviétique, en tant que déclinaison russe du « Pouvoir total », le communisme soviétique étant selon lui à l’origine des sociétés disciplinaires, coercitives ou autoritaires, une version russe de la technocratie organisatrice évoquée par James Burnham. À la suite de la parenthèse chaotique du régime eltsinien, la reprise en main de l’État post-soviétique russe par Poutine s’est elle aussi accompagnée d’une vaste refonte institutionnelle et politique, marquée par le renforcement du dirigisme étatique dans l’économie et par une politique de grands travaux d’infrastructures initiée par Poutine lui-même.
Cette politique de grands travaux s’inscrit dans la continuité historique des deux vagues des grands travaux staliniens à partir de 1930, et la modernisation de Moscou voulue par Khroutchev dans les années 60.

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La politique de Vladimir Poutine entendait initier une troisième vague avec la rénovation de Saint-Pétersbourg, la construction de douze grands stades en Russie, d’une vingtaine d’aéroports et de centaines de kilomètres d’autoroutes…

Sans oublier l’immense ouvrage de préparation de la ville de Sochi, du littoral de la mer Noire et des montagnes du Caucase à l’accueil des Jeux Olympiques d’hiver 2014. L’administration russe de régime poutiniste (qui lui-même était membre de la Société russe de géographie) était consciente de la fragilité des infrastructures et du manque de cohésion du territoire russe, aggravés depuis l’éclatement de l’URSS en 1991, et se lancera dans une restructuration en profondeur l’ensemble des réseaux d’infrastructure du pays.

Le poutinisme incarnation de l’État long

L’autre élément en commun avec le modèle du despotisme oriental est la concentration, voire la personnalisation du pouvoir, qui s’appuie sur le contrôle de l’opinion publique.

Si l’on se souvient que la peur structurelle est inhérente au système totalitaire soviétique et à sa stabilité même à l’époque moderne, la Russie de Poutine même en s’appuyant sur l’appareil politico-policier omniprésent, doit cependant compter avec la postmodernité d’un pouvoir qui doit reposer sur le consentement de l’opinion publique majoritaire, sur un softpower russe, une sorte de « Russan way of life », suffisamment intégrateur et attractif, plus que sur le seul hardpower répressif.

Et c’est précisément dans ce contexte que s’incrivent les dernières décisions poutiniennes et la démission du dernier gouvernement rufsse. En effet, ayant pris conscience du fort mécontentement social qui monte en Russie depuis plusieurs années et de la baisse relative de sa popularité, Vladimir Poutine entend rénover son image de marque pour développer un nouveau discours axé sur les priorités sociales et démographiques des régions russes (et cela depuis 2018), l’innovation et le développement économique de la Russie. En étant conscient de la baisse de popularité du Président Medvedev, Poutine entend rajeunir et renforcer le gouvernement en faisant le parrainage d’une nouvelle génération patriotique de cadres technocratique, au profil méritocratique, indépendant si possible des réseaux oligarchiques et des clans, pour en faire une « réserve » générationnelle d’une nouvelle élite gouvernementale des nouveaux hauts cadres de l’État, qui assurera la pérennité, non plus du seul président Poutine, mais du poutinisme après 2024, qui devrait incarner alors cette nouvelle figure de « l’État long » que certains qualifient de système corpocratique, de « capitalisme d’État » – une adaptation postmoderne du despotisme oriental à l’heure globale. Postmoderne car, en dépit de sa volonté de « restaurer son statut de puissance dans un monde devenu multipolaire » et de son repositionnement géopolitique sur la scène internationale (Moyen-Orient, Syrie, etc.), la Russie reste tout de même encore une puissance militaire asymétrique profitant, d’une part, de l’arsenal civil et militaire ex-soviétique mais pâtissant, d’autre part, de forces conventionnelles réduites et à moderniser.

La pérennité de la puissance de l’État russe ne sera effective que si certains problèmes sont résolus à terme : le gaspillage énergétique et la question environnementale, les phénomènes de ségrégation socio-spatiale et l’opulence ostentatoire des « nouveaux Russes » (dont une cinquantaine de milliardaires), le « déclin démographique inquiétant », et son rapport paternaliste avec l’« étranger proche » dans ses relations avec les ex-républiques soviétiques. De puissance montante, elle pourrait très vite redevenir puissance relative et déclinante. En choisissant d’osciller entre une « ligne directe », d’asseoir une  légitimité populaire et la nécessité de consolider dans le temps long le rôle historique de la Russie en tant qu’empire autoritaire, la Russie poutiniste s’expose à deux processus centrifuge inhérents à toute construction néoimpériale et multinationale : le risque de sur-extension (l’« imperial overstretch » de Paul Kennedy) de sa puissance militaire et économique, et la volonté d’émancipation souveraine et nationale des peuples du giron moscovite.

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Démocratie souveraine ?

Il est vrai que la définition du despotisme, catégorie occidentalo-centriste bien commode des Lumières pour classer les gouvernements et les civilisations, relevait de Montesquieu qui influença Wittfogel (« le pouvoir d’un seul, sans loi et sans règle »), aboutissant à une orientalisation du despotisme, alors que la démocratie occidentale peut être aussi bien contaminée par les despotisme, ce que relevait déjà Alexis de Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique. Selon ce dernier, la société démocratique recèle des dangers profonds, au premier rang desquels la tendance à la centralisation qui, dans la recherche de l’égalité, y sacrifie trop souvent la liberté et les droits des individus. Il faut rappeler aussi que Wittfogel considérait les États-Unis comme une société hydraulique (avec ses nombreux travaux d’aménagement fluvial) au même titre que l’Union Soviétique, mais cependant « non despotique », alors que dans les faits, les États-Unis puissance impériale bi-océanique, de par leur histoire d’expansion géopolitique mondiale, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, peuvent être à juste titre qualifiés de despotisme démocratique par l’exportation parfois manu militari du modèle de la démocratie de marché et de la religion des droits de l’homme.

Vladimir Sourkov, vice-président du gouvernement, a développé en 2005-2006 la conception de « démocratie souveraine », à savoir une démocratie qui ne se soumet pas aux influences étrangères et où les élections expriment non pas l’opposition des intérêts, mais l’unité du peuple et du pouvoir. On se souvient que Poutine avait déclaré que la démocratie occidentale reposait sur l’illusion du choix. Si le choix démocratique n’est qu’une illusion, il est bien plus sain de le rejeter en faveur du rôle historique que la Russie a toujours assumé : celui d’un Empire autoritaire. Selon lui, il ne s’agit pas de l’imposition d’un modèle autoritaire d’en-haut, mais du choix libre de la société russe.

Cependant, cette vision sourkovienne de démocratie souveraine se heurte au paradoxe multinational et multiconfessionnel de l’ensemble Russe et renvoie à l’analyse schmittienne, selon laquelle la condition préalable à toute forme de démocratie réelle et fonctionnelle est la présence d’une population homogène.

D’autre part, l’histoire du déclin des despotisme orientaux et de l’Empire soviétique a démontré que ces empires multinationaux reposaient eux aussi sur l’illusion de la force éternelle et que la plupart ont dû céder à long terme, à ce que Thimoty Garton Ash désigne par « l’ottomanisation », à savoir la poussée de l’autonomie et de l’indépendance des colonies et territoires périphériques de l’empire ottoman.

Selon Daniel Vernet, en dépit de l’occidentalisation de la politique étrangère russe, la Russie semble peiner à choisir entre les quatre options qui se présentent à elle : le modèle chinois, le réformisme musclé, la lutte antiterroriste ou la « double occidentalisation », qui garantirait son insertion durable dans le « mainstream » des relations internationales.

Cependant, l’annexion de la Crimée et le conflit avec l’Ukraine ont accéléré la mutation vers un système où le nationalisme grand-russe et l’anti-occidentalisme confortent le fameux complexe russe d’obsidionalité, ce sentiment de l’encerclement et de menace perpétuelle.

Jure Georges Vujic.

Notes

• Daniel Vernet, Le Rêve sacrifié, Paris, Odile Jacob, 1994.

Daniel Vernet, La Renaissance allemande, Paris, Flammarion, 1992.

• Daniel Vernet, URSS, Paris, Le Seuil, 1990.

• Karl August Wittfogel, Oriental Despotism. A Comparative Study of Total Power, New Haven, Connecticut, Yale University Press, 1957, en français, Le Despotisme oriental. Étude comparative du pouvoir total, traduit par Michèle Pouteau, Paris, Éditions de Minuit, 1964.

• Thimoty Garton Ash, History of the Present. Essays, Sketches, and Dispatches from Europe in the 1990s, Allen Lane, 1999.

• D’abord mis en ligne sur Polémia, le 2 février 2020.

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dimanche, 08 mars 2020

La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

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La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

L’humain sera t-il un jour capable de vivre en paix ? Les USA vont-il tenir leur promesse?

***

Source Observateur-Continental

Les Etats-Unis se sont engagés à quitter l’Afghanistan d’ici le 1er mai 2021. C’est le terme central de l’accord signé par les autorités américaines avec les talibans, les véritables gouverneurs de la majeure partie de ce pays montagneux. Mais qu’arrivera-t-il après le retrait de l’Otan d’Afghanistan?

L’accord signé la semaine dernière dans la capitale du Qatar entre l’administration américaine et le gouvernement taliban peut être résumé à un seul point – les forces étrangères quitteront l’Afghanistan dans 14 mois. En effet, cela arrivera si les talibans n’attaquaient pas les occupants et les forces gouvernementales, et s’entendaient sur la gestion conjointe du pays avec les protégés des Américains.

Mais c’est néanmoins la reconnaissance par Washington de l’évidence –après presque vingt ans l’occupation de l’Afghanistan les Américains se retirent en transférant le pouvoir à ceux qui dirigeaient le pays avant leur invasion. En d’autres termes, les Etats-Unis ont perdu la guerre après avoir dépensé 2.000 milliards de dollars avec une rotation totale d’effectifs de plus de 700.000 soldats.

Il était inutile d’attendre vingt ans pour s’en convaincre que les talibans ne peuvent pas être battus – l’absence de perspectives des tentatives de créer à Kaboul un gouvernement fantoche était claire dès le départ. Les Américains sont parvenus à occuper l’Afghanistan, mais pas à contrôler le pays: les talibans ont simplement quitté Kaboul et les centres provinciaux au profit des protégés des forces américaines et de leur propre armée – aux représentants de l’Alliance du Nord, essentiellement des Tadjiks et des Ouzbeks, tout en conservant le contrôle de la majeure partie du pays. Les talibans n’étaient pas seulement un « pouvoir de la nuit » – pendant toutes ces années ils restaient le pouvoir réel au moins pour les Pachtounes, le peuple le plus nombreux de l’Afghanistan.

Les Américains se sont enlisés en Afghanistan ne pouvant ni partir ni rester. Les activités militaires contre les talibans sont insensés – les Afghans ne veulent pas combattre des Afghans, malgré tous les différends interethniques et intertribaux. Se racheter constamment contre les talibans? Mais la guérilla des talibans ne cesserait alors jamais. Les talibans contrôlent déjà la majorité du pays, alors que les Américains sont bloqués dans leurs bases et à Kaboul.

La signature en soi de l’accord à Doha paraissait symbolique – des deux côtés il a été signé par des Pachtounes. Non, la paix avec les talibans n’a pas été signée par le gouvernement afghan, qui n’est pas reconnu par les talibans. Simplement du côté des Etats-Unis l’accord sur le retrait des troupes a été signé par le représentant spécial pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad, un Pachtoune, tout comme le chef adjoint des talibans Abdul Ghani Baradar, qui a signé l’accord du côté du pouvoir de la nuit.

La paix est signée à présent. Sera-t-elle respectée, les Américains partiront-ils? Eu égard à toutes les complexités de la répartition des forces afghanes et aux divergences parmi les talibans, aux conditions que les talibans doivent se séparer et mettre les choses au clair avec Daech et Al-Qaïda (ce qui pourrait toujours être un prétexte pour faire échouer l’accord), la disposition en soi des Américains à se retirer ne fait aucun doute. Le président américain Donald Trump veut quitter l’Afghanistan non seulement parce qu’il avait promis de le faire, mais également parce qu’il n’y a rien à en tirer.

La signification stratégique de l’Afghanistan est immense – dans la partie contre la Chine et la Russie elle pourrait, avec le temps, offrir des possibilités uniques. Mais les Américains ne peuvent pas en profiter – le pouvoir de Kaboul est aux prises avec des querelles intestines, d’année en année les talibans deviennent plus forts.

Certes, les Etats-Unis voudraient partir en maintenant leur influence avec un pouvoir ami, des conseillers militaires, voire une grande base. Mais les talibans ne toléreront aucun soldat américain sur le territoire afghan, sinon la guerre éclatera de nouveau.

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Mais ne commencerait-elle pas quoi qu’il arrive après le départ des Américains? Il est évident que le chemin de la paix ne sera pas facile, et le nouveau pouvoir afghan devrait être dans un premier temps une coalition – c’est précisément ce qui fera l’objet des négociations qui commenceront dans une semaine entre Kaboul et les talibans. D’abord sur la libération des prisonniers, la trêve, puis un accord sur la gouvernance conjointe.

Les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras, les Turkmènes et les autres peuples du pays doivent s’entendre aussi bien en leur sein qu’entre eux – le pays aurait alors une chance de mener une vie pacifique. Certes, il serait merveilleux si les forces extérieures les laissaient tranquilles, mais, hélas, c’est impossible. Sachant qu’ils seront influencés non seulement par les Etats-Unis, mais également par le Pakistan, l’Iran, la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite et d’autres forces intéressées. Dans tous les cas il faut aider les Afghans à trouver un terrain d’entente entre eux, et non les confronter.

Alors qu’un Afghanistan calme et paisible obtiendrait les garanties de sa sécurité de la part des voisins, ceux qui souhaitent la pacification réelle de ce pays, notamment la Russie et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L’Afghanistan possède le statut d’observateur à l’OCS depuis 2012 – il ne peut pas devenir membre à part entière de l’organisation tant que des troupes de l’Otan demeurent sur le sol afghan. Après leur retrait et le renforcement du nouveau pouvoir, le pays pourra adhérer à l’OCS, qui entoure déjà l’Afghanistan de tous les côtés.

Observateur-Continental

samedi, 07 mars 2020

Poutine sur la mondialisation, les élites débiles et la classe moyenne en déclin

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Poutine sur la mondialisation, les élites débiles et la classe moyenne en déclin

par Mike Whitney
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
La mondialisation est l’un des grands problèmes de notre temps. L’effacement des frontières nationales, l’affaiblissement des gouvernements souverains et l’appauvrissement des travailleurs dans le monde développé ont déclenché une réaction patriotique massive qui menace de faire reculer le schéma d’intégration économique qui a placé le capital à la tête d’un nouvel ordre mondial.  
 
Les troubles sociaux généralisés, l’approfondissement de la polarisation politique et la montée incessante des partis de droite ont mis un frein à un processus visant à transformer le monde en une zone de libre-échange non réglementée supervisée par des banquiers centraux et des mandarins d’entreprises. L’avenir de ce projet est désormais très incertain.

Le problème fondamental de la globalisation n’est pas difficile à saisir. Les multinationales géantes ont externalisé des millions d’emplois manufacturiers bien rémunérés vers des plateformes à bas salaires à travers l’Asie, laissant derrière eux des milliers d’usines fermées et des communautés brisées, une forte augmentation de la dépendance aux opiacés et l’érosion constante du niveau de vie. L’auteur Paul Craig Roberts a prédit les retombées dévastatrices de la globalisation il y a quinze ans dans une série d’articles sur Counterpunch. Voici un extrait de l’un de ces articles :

«Les sociétés ont délocalisé ou externalisé à l’étranger leur production manufacturière, dissociant ainsi les revenus américains de la production des biens qu’ils consomment. La prochaine étape du processus a profité de l’Internet haut débit pour déplacer des emplois de services professionnels, tels que l’ingénierie, à l’étranger. La troisième étape consistait à remplacer les restes de la force de travail domestique par des étrangers, payés au tiers du salaire, avec des visas H-1B, L-1 et autres visas de travail.

Ce processus par lequel le capital financier a détruit les perspectives d’emploi des Américains a été masqué par des économistes du «marché libre», qui ont été stipendiés par des entreprises offshores en échange d’une propagande prétendant que les Américains bénéficieraient d’une «nouvelle économie» basée sur les services financiers, et par des complices dans le secteur de l’éducation, qui ont justifié les visas de travail pour les étrangers sur la base du mensonge selon lequel l’Amérique manque d’ingénieurs et de scientifiques….
La paupérisation des travailleurs n’est pas le résultat de l’aggravation d’une crise de surproduction de biens et de services, mais plutôt de la capacité du capital financier à forcer la délocalisation de la production destinée au marché intérieur vers des pays étrangers. Les pressions de Wall Street, y compris les pressions des OPA forcées, ont obligé les entreprises manufacturières américaines à «augmenter les bénéfices des actionnaires». Cela a été fait en substituant une main-d’œuvre étrangère bon marché à la main-d’œuvre américaine. » – «Marx et Lénine reconsidérés», Paul Craig Roberts, Counterpunch.


En 2016, le matraquage du discours anti-commerce radical de Trump l’a propulsé à la Maison Blanche. Malheureusement, ses actions n’ont pas correspondu à sa rhétorique. Trump a déclenché un tollé avec sa guerre commerciale contre la Chine, mais les gains ont été, au mieux, minimes. Les partisans de Trump pensaient qu’il augmenterait les droits de douane et ramènerait des emplois manufacturiers aux États-Unis, mais cela ne s’est pas produit et ne se produira probablement pas. En vérité, la guerre commerciale de Trump n’a pas vraiment pour but d’aider le petit prolétaire, elle est conçue pour décourager les transferts de technologie forcés et le vol de propriété intellectuelle. C’est un cadeau pour la Silicon Valley, pas pour les travailleurs. Trump a également promis de renégocier l’ALENA qu’il a qualifié de «cauchemar» et qui a entraîné des pertes d’emplois massives aux États-Unis. Mais le nouvel accord n’apporte que des modifications superficielles au projet de loi qui ne devraient pas augmenter l’emploi aux États-Unis. Voici comment le Wall Street Journal l’a résumé :

«L’ALENA nouveau ne l’est pas tant que ça – L’essentiel de l’accord États-Unis-Mexique-Canada, ou USMCA, est une version modifiée, et renommée, de l’Accord de libre-échange nord-américain, qui est entré en vigueur en 1994, ainsi que certaines dispositions plus récentes que l’administration Obama avait négociées dans un pacte commercial autour du Pacifique, que M. Trump a quitté. L’USMCA et l’ALENA garantissent essentiellement le commerce hors droits de douane et l’intégration économique en Amérique du Nord….
La Commission bipartite – républicains et démocrates – du commerce international des États-Unis a déclaré que l’accord entraînera un gain minime du produit intérieur brut américain – une augmentation de 0,35% au total à long terme – en grande partie parce que l’USMCA supprime l’incertitude de la politique commerciale pour les industries clés.» «USMCA: l’accord a été signé, mais le débat continue» Wall Street Journal.


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La réécriture de l‘ALENA par Trump est un tour de passe-passe destiné à tromper ses partisans, ce n’est pas une tentative sérieuse d’empêcher la fuite des emplois. Trump n’a pas non plus changé la position du gouvernement sur la globalisation, en fait, il l’a intensifiée. Il suffit de regarder la manière dont l’administration a intimidé l’Allemagne au sujet de l’achat de gaz à la Russie (Nordstream2), ou comment une dirigeante de Huawei a été arrêtée à Vancouver, ou comment des pays ont été condamnés à des sanctions unilatérales qui sont clairement interdites par les règles de l’OMC. Où que vous regardiez, Washington utilise des moyens plus coercitifs pour imposer son propre modèle économique au reste du monde. Le problème n’est pas le «marché libre» proprement dit, mais un modèle d’intégration économique qui favorise un petit groupe de pays occidentaux dont les entreprises récoltent une part injuste des avantages et qui souhaitent conserver un contrôle absolu sur les manettes du pouvoir. C’est pourquoi la globalisation connaît un rejet si répandu, car les récompenses sont principalement allées au 1% supérieur de la population tandis que tout le monde reçoit des miettes. Le président russe Vladimir Poutine, qui a passé pas mal de temps à analyser la mondialisation à l’occidentale, a déclaré ceci :

«Quelqu’un a-t-il déjà pensé à qui cela a réellement profité et quels avantages ont été tirés de la globalisation, que nous avons observée et au développement de laquelle nous avons participé au cours des 25 dernières années ? La Chine a profité de la globalisation pour sortir des millions de Chinois de la pauvreté… Aux États-Unis, les principales sociétés américaines, leurs dirigeants, leurs actionnaires et leurs partenaires ont profité de ces avantages. Mais la classe moyenne aux États-Unis n’a pas profité de la globalisation. Elle a été laissée de côté lorsque ce gâteau a été partagé.»

Poutine fait valoir un bon argument, mais il est systématiquement ignoré dans les médias grand public, où l’évocation des inconvénients nocifs de la globalisation est évitée comme la peste. Les médias ont effectivement interdit toute discussion publique sur un sujet critique qui anime désormais notre politique et alimente la montée du populisme d’extrême droite. Heureusement, la censure n’a pas atténué le malaise grandissant du public avec un système qui a infligé de graves dommages à la nation. Voici à nouveau Poutine :

« Il semble que les élites ne voient pas l’approfondissement de la stratification dans la société et l’érosion de la classe moyenne… [mais la situation] crée un climat d’incertitude qui a un impact direct sur l’humeur publique. Des études sociologiques menées à travers le monde montrent que les gens dans différents pays et sur différents continents ont tendance à voir un avenir sombre et sinistre. C’est triste. L’avenir ne les séduit pas, mais les effraie. Dans le même temps, les gens ne voient aucune opportunité ou moyen réel de changer quoi que ce soit, d’influencer les événements et de façonner la politique. Quant à l’affirmation selon laquelle la frange des populistes a convaincu la minorité sensible, sobre et responsable, elle est irrecevable, nous ne parlons pas de populistes ou de quelque chose comme ça, mais de gens ordinaires, de citoyens ordinaires qui perdent confiance dans la classe dirigeante. C’est le problème… »

Poutine a raison. Des enquêtes récentes montrent que la confiance dans la démocratie et les institutions publiques n’a jamais été aussi faible. De plus, la plupart des personnes âgées acceptent maintenant que le niveau de vie continue de baisser et que leurs enfants soient confrontés à une réalité plus sombre que celle qu’ils ont connue. Tout cela a ajouté au sentiment croissant de désespoir qui a saisi de grandes parties du pays et qui s’exprime dans des sentiments d’impuissance, d’hyper-nationalisme et de ressentiment fiévreux envers les immigrants. Poutine continue :

«Les gens ressentent un fossé toujours plus grand entre leurs intérêts et la vision, par l’élite, de la seule voie correcte, une voie que l’élite a elle-même choisit. Il en résulte que les référendums et les élections créent de plus en plus souvent des surprises pour les autorités. Les gens ne votent pas comme les médias officiels et respectables leur ont conseillé de le faire, ni comme les partis traditionnels l’ont conseillé. Les mouvements publics qui, récemment encore, étaient trop à gauche ou trop à droite occupent le devant de la scène et marginalisent les poids lourds politiques.»

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Encore une fois il a raison. Trump a concouru contre sept politiciens chevronnés du Parti républicain, tous auraient pu le battre en temps normal. Mais après sept ans de fausse reprise économique d’Obama, de nombreux électeurs ont commencé à rejeter les politiciens traditionnels et se sont tournés vers des candidats plus extrêmes, comme Trump. Hillary Clinton a fait face à la même fureur anti-establishment. Des millions de Démocrates ont changé de camp et voté pour Trump non pas parce qu’ils n’ont pas remarqué ses lacunes évidentes mais parce que leur situation financière misérable nécessitait un remède plus radical. Voici à nouveau Poutine :

«Au début, ces résultats gênants [des élections] ont été qualifiés, à la hâte, d’anomalie ou de hasard. Mais quand ils sont devenus plus fréquents, certains ont commencé à dire que la société ne comprenait pas ceux qui étaient au sommet du pouvoir et n’avait pas encore suffisamment mûrie pour pouvoir évaluer le travail des autorités pour le bien public, alors que d’autres ont sombré dans l’hystérie et déclaré que la situation est le résultat d’une propagande étrangère, généralement russe. »

C’est vrai, encore une fois. Maintenant que les élites se rendent compte qu’il y a un rejet généralisé de leurs politiques, en particulier de la globalisation, elles éloignent leurs détracteurs en disant «ils n’apprécient tout simplement pas les merveilleuses choses que nous faisons pour eux». Les élites sont passées du déni à l’illusion, sans désemparer. Mais alors que leur compréhension du problème s’améliore, ils sont toujours aussi obstinément opposés au changement du système, ce qui nous ramène aux remarques finales de Poutine qui suggèrent, de manière surprenante, que le système – la globalisation – peut être corrigé avec quelques ajustements. Voici ce qu’il a dit :

«À la fin des années 80 et au début des années 90, il y avait une chance non seulement d’accélérer le processus de globalisation mais aussi de lui donner une qualité différente et de le rendre plus harmonieux et durable par nature. Mais certains pays qui se considéraient comme les vainqueurs de la guerre froide, non seulement se voyaient ainsi mais le disaient ouvertement, et ont simplement remodelé l’ordre politique et économique mondial pour répondre à leurs propres intérêts.
Dans leur euphorie, ils ont essentiellement abandonné un dialogue substantiel et égal avec les autres acteurs de la vie internationale, choisi de ne pas améliorer ou créer des institutions universelles, et ont plutôt tenté de mettre le monde entier sous la férule de leurs propres organisations, normes et règles. Ils ont choisi la voie de la globalisation et de la sécurité pour eux-mêmes, pour quelques privilégiés, mais pas pour tout le monde. » – Réunion du Valdai International Discussion Club.


Ce n’est pas un échec du marché, c’est un échec de l’itération «hybride» particulière de la globalisation qui a émergé après la dissolution de l’Union soviétique. Ce modèle d’exploitation économique et d’intégration est progressivement remplacé par un modèle sino-russe qui reliera les principales villes métropolitaines d’Asie à l’Europe, au Moyen-Orient et à certaines parties de l’Afrique. Le nouveau système multipolaire protégera la souveraineté des États-nations contre le pouvoir intrusif des entreprises tout en créant des amortisseurs sociaux – aide de l’État-providence, formation professionnelle, etc. – qui empêchent le saccage généralisé qui a frappé les communautés à travers les États-Unis. Poutine et Xi sont déterminés à créer un régime de libre-échange qui distribue la richesse de manière plus équitable et produit moins de perdants.

Bravo pour ça.

Mike Withney

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

mercredi, 04 mars 2020

«Der Griff nach Eurasien» - Interview mit Hermann Ploppa

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«Der Griff nach Eurasien»

Interview mit Hermann Ploppa

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Zeit-Fragen: Nach Ihren Büchern «Hitlers amerikanische Lehrer» und «Die Macher hinter den Kulissen» haben Sie sich in Ihrem neuen Buch, «Der Griff nach Eurasien»*, die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland vorgenommen. Was hat Sie dazu bewogen, dieses Buch zu schreiben? Und was ist – in Stichworten – der rote Faden Ihres Buches?
Hermann Ploppa: Sie haben bereits auf meine ersten beiden Bücher hingewiesen. Bei der Recherche zu beiden Büchern ergaben sich derart viele Erkenntnisse sozusagen nebenbei über den tatsächlichen Ablauf des 20. Jahrhunderts, dass ich diese Erkenntnisse nicht ewig für mich behalten wollte. Das fing an mit der traditionellen Erzählung über die Ursachen für Hitlers Erfolg. Es war recht schnell klar, dass Hitler nicht durch sein «Charisma» oder seinen angeblich hypnotischen Blick und seine Redebegabung so schnell zu Geld und Macht gelangt ist. Und dass ihm auch nicht nur Mitgliedsbeiträge und die vereinzelten Spenden deutscher Industrieller zu Hilfe gekommen sind. Faschistische Organisationen sind auch keine weltanschaulichen Veranstaltungen, sondern schlicht und einfach Dienstleistungsunternehmen für Konzerne, Kartelle, Geheimdienste oder Militär. Die Nazis wurden von angloamerikanischen Konzernen mit unbeschreiblichen Geldsummen aufgeplustert, um Deutschland fest in die angloamerikanische Macht-Matrix hineinzuzwingen. Denn, und damit komme ich auf den roten Faden meines aktuellen Buches, Deutschland hatte traditionell enge Bindungen an Russland. Schon Preussen hatte Sonderbeziehungen zu Russ-land. Und nachdem Deutschland durch den Diktatfrieden von Versailles 1920 an seiner weiteren Entfaltung gehindert wurde, hatten weder die Reichsregierung noch die Reichswehr irgendwelche Bedenken, mit der neu entstandenen Sowjetunion engste, ja, man kann sagen intime Beziehungen durch den Vertrag von Rapallo 1922 einzugehen. Das beinhaltete Militärentwicklung bei der Luftfahrt wie auch bei Panzern. Und diese Politik wurde durch die Hitler-Diktatur abrupt und äusserst gewaltsam unterbrochen. Nach dem Zweiten Weltkrieg erzwangen die Westmächte die Spaltung Deutschlands, um Westdeutschland zu einem explosiven Sprungbrett für Atomwaffen und konventionelle Waffen zu machen. Mein Buch erzählt, wie trotz aller festen Bindungen der Bundesrepublik an die USA so ziemlich jeder Kanzler den Versuch unternahm, mit Frankreich oder der Sowjetunion gemeinsam wieder mehr nationale Souveränität zu erarbeiten.
Aktuell sind wir in einer schwierigen Situation. Denn zwischen Deutschland und Russ-land liegen mittlerweile die Nachfolgestaaten des Warschauer Pakts, deren Regierungen jetzt die aggressive Position der USA gegen Russland voll mittragen. Diese Staaten beginnen sich im Intermarium1 als besonders russlandfeindliche Front zu formieren. Deutschland befindet sich somit in einem gefährlichen Schwitzkasten: Nach Westen hin ergeben sich kaum neue Entwicklungsmöglichkeiten. Und von den dynamischen Zukunftsoptionen Eurasiens, Stichwort: Neue Seidenstrasse, kapselt sich die Bundesregierung ab, um statt dessen die russophobe Linie der USA zu unterstützen. Was nach meiner Einschätzung ein Selbstmordkommando ist.

Sie beginnen Ihr Buch mit einem Kapitel über den einflussreichen britischen Geographen Halford Mackinder und dessen Heartland-Theorie aus den Jahren vor dem Ersten Weltkrieg. Warum?
Alle schauen ja auf die Bemerkung von George Friedman beim Chicago Council on Foreign Relations, die Politik der USA sei immer darauf bedacht gewesen zu verhindern, dass sich Russland und Deutschland verbünden, um dann auf Augenhöhe zu den USA zu stehen. Nun, das ist nichts Neues. Genau diese Agenda verordnete der zu seiner Zeit ungeheuer einflussreiche britische Intellektuelle Halford Mackinder. Mackinder erkannte ganz klar, dass mit dem Fortschritt von Eisenbahn und Automobil den Engländern ihre Weltbeherrschung über die Meere nichts mehr bringt. Zum einen würden sie die Kontinentalplatte Eurasiens gerne selber ausbeuten mit ihren immensen Rohstoffen. Zum anderen wusste Mackinder, dass Grossbritannien das aus eigener Kraft nicht schaffen kann und deswegen eine Art von «Subunternehmer» auf dem Kontinent benötigte, der diese Eroberung für England bewerkstelligen sollte. Mackinder warnte auch ausdrücklich vor einem Bündnis Deutschlands mit Russland. Mackinders Agenda war das grosse Leitmotiv sowohl Englands wie auch der USA im 20. Jahrhundert. Dafür waren beide Staaten bereit, extreme Vernichtungskriege zu riskieren. Dass es nach dem Zweiten Weltkrieg keinen weiteren grossen Weltenbrand gegeben hat, verdanken wir lediglich äusserst glücklichen Zufällen.

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Welche Rolle beim «Griff nach Eurasien» hatten und haben die angelsächsischen Mächte und deren Wirtschafts- und Finanz-interessen insgesamt, also nicht nur Grossbritannien, sondern auch die USA usw.?
Grossbritannien und die USA erhoffen sich eine enorme Ausweitung ihrer wirtschaftlichen Potenz durch die Aneignung der Rohstoffe Eurasiens, und hier lockt ja auch ein grosses Potential an Abnehmern von Fertigprodukten. Dafür wurde der Erste Weltkrieg ausgefochten, um eine grössere Kontrolle über das eurasische Festland zu erlangen. Und dann hatte sich eine politisch vergleichsweise stabile Sowjetunion etabliert. Zum einen hat man nolens volens zunächst Handelsbeziehungen und dann sogar diplomatische Beziehungen mit den Sowjets aufgenommen. Hat aber auf der anderen Seite ständig versucht, mit militärischen und geheimdienstlichen Mitteln das verhasste kommunistische System zu vernichten.

Welche Rolle spielt heute die Nato?
Nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges versuchten sowohl Grossbritannien mit der Operation Unthinkable als auch die USA mit ihrer Operation Dropshot, die vom Krieg ausgelaugte Sowjetunion militärisch zu vernichten. Da sich diese Planung schnell als undurchführbar erwies, begann die Regierung der USA, zunächst die verwüsteten westeuropäischen Staaten, die in ihrer Einfluss-zone lagen, mit dem Marshallplan wieder fit zu machen. Kaum war dies bewerkstelligt, wurde auch schon die Nato gegründet. Die wieder erstarkten westeuropäischen Verbündeten mussten von diesem Zeitpunkt an selber für die Kosten einer antisowjetischen Aufrüstung aufkommen. Die Eroberung Eurasiens war ein US-amerikanisches Projekt, für dessen Kosten nun über die Nato im wesentlichen die mit den USA verbündeten Staaten mit eigenen Steuergeldern aufkommen müssen.

Die Rolle Deutschlands beim «Griff nach Eurasien» war und ist widersprüchlich: einerseits Zusammenarbeit mit Russland und auch mit der Sowjetunion, andererseits an vorderster Front beim Angriff auf Russland und die Sowjetunion. Wie ist das zu erklären?
Es ist ein Wechselspiel. Einerseits haben die USA in der Bundesrepublik Deutschland über die Jahrzehnte hinweg äusserst einflussreiche diskrete Netzwerke aufgebaut, aus denen sich die Eliten rekrutieren liessen. Jeder Bundeskanzler verdankt seine Karriere diesen transatlantischen Netzwerken. Andererseits erkennen diese Kanzler irgendwann, dass sie auch dem Gemeinwohl ihres Landes verpflichtet sind. Ganz besonders und zuerst verspüren sie eine Verpflichtung gegenüber der eigenen Wirtschaft. So geht Kanzler Ludwig Erhard auf die Kontaktangebote des sowjetischen Regierungschefs Chruschtschow ein, eine mögliche Wiedervereinigung zu koppeln an massive Entwicklungshilfe der Sowjetwirtschaft durch die deutsche Industrie. Noch weiter ging Erhards Vorgänger Konrad Adenauer. Der arbeitete schon seit 1958 an einer Vereinigung der Bundesrepublik mit Frankreich, um sogar ein eigenes europäisches Machtzentrum den USA entgegenzusetzen. Helmut Kohl wiederum war schon mit Gorbatschow einig über eine deutsch-sowjetische Zusammenarbeit. Das hätte die Bundesrepublik mit einem Schlag auf Augenhöhe mit den USA gebracht. Doch die Sowjetunion wurde von dem russischen Präsidenten Jelzin aufgelöst, und so löste sich auch diese Option in Luft auf. Kanzlerin Merkel versucht ein Stück weit den Weg nach Osten offenzuhalten durch die deutsche Mitgliedschaft in der Asiatischen Infrastruktur Investitionsbank. Allerdings trägt die Bundesregierung die aggressive Linie der USA gegen Russland voll mit, was langfristig für Deutschland übel ausgehen muss.

Sie nennen in Ihrem Buch auch Politiker, die versucht haben, sich dem US-amerikanischen Machtanspruch zu entziehen, und eigene Wege gehen wollten, zum Beispiel der von Ihnen schon genannte Nikita Chruschtschow, Charles de Gaulle und auch der ebenfalls schon erwähnte Konrad Adenauer, aber auch ein US-Präsident selbst, nämlich Dwight D. Eisenhower. Was hat deren Politik ausgezeichnet?
Ich habe in der Tat drei herausragende Politiker etwas ausführlicher betrachtet. Alle drei haben vornehmlich positive Leistungen vollbracht. Chruschtschow hat die soziale Lage der sowjetischen Bevölkerung erheblich verbessert und hat es obendrein mit der Entwicklung einer eigenen Interkontinentalrakete den USA praktisch unmöglich gemacht, die Sowjetunion anzugreifen. De Gaulle hat Frankreich im Zweiten Weltkrieg praktisch neu erfunden und im Kalten Krieg ständig daran gearbeitet, Europa unabhängig zu machen von den USA. Eisenhower hat durch sein enormes Prestige als Weltkriegsgeneral in seiner Eigenschaft als Präsident der USA atomare Schläge seitens der USA energisch vereitelt. Alle drei Persönlichkeiten sind grandios gescheitert. Ich zeige an ihrem Beispiel, dass sich moderne Gesellschaften nur noch durch Netzwerke regieren lassen, aber nicht mehr durch noch so grossartige Einzelpersönlichkeiten.

Sie schreiben, dass der Konfrontationsmodus nicht zwingend sei und dass es Alternativen zum «Tod der Lemminge» gibt. Welche Rolle können dabei die Bürgerinnen und Bürger der westlichen Länder spielen? Welche gangbaren Wege sehen Sie, dem «Griff nach Eurasien» etwas entgegenzusetzen?
Die Bürgerinnen und Bürger müssen tatsächlich viel, viel energischer ihre Interessen vertreten, als das bislang der Fall ist. Es reicht nicht, alle vier Jahre ein Kreuzchen zu machen beim amerikanisierten Wahlspektakel. Zunächst einmal gibt es noch existierende Reste früherer Teilhabe an der Gestaltung der Gesellschaft. Denn die Mit-Eigentümerschaft an der Wirtschaft ist ein integraler Bestandteil einer echten Mitbestimmung. Das haben Sie mit der Schweiz als Genossenschaftsstaat ganz wunderbar hinbekommen. Das haben wir in Deutschland auch, wenn auch in geringerem Ausmass, und das muss wiederbelebt werden. Ausserdem müssen wir in Deutschland auch die direkte Demokratie einführen, die ja bei Ihnen seit mehr als 150 Jahren wunderbar funktioniert. Wir müssen zudem die mittelständische Wirtschaft, die Geschäfte mit den eurasischen Staaten wie z. B. Russland und China macht, politisch unterstützen. Sich mit diesen Ländern wirtschaftlich zu verbinden, ist auch ein Stück Friedensarbeit. In der eurasischen Wirtschaft der Neuen Seidenstrasse liegt die Zukunft, nicht in der extrem künstlichen Anbindung an einen Partner, der durch achttausend Kilometer Ozean von uns getrennt ist und der offenkundig sich selbst und alle Bündnispartner mit in den Abgrund reisst. Wie heisst es in dem Märchen von den Bremer Stadtmusikanten: Was Besseres als den Tod findste immer.

Herr Ploppa, vielen Dank für das Gespräch. 

* Ploppa, Hermann. Der Griff nach Eurasien. Die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland, Liepsen Verlag 2019, ISBN 978-3-9812703-4-1

1  Das «Intermarium» war ein vom polnischen Marschall Józef Piłsudski nach dem Ersten Weltkrieg unterbreitete Vorschlag eines konföderierten vorwiegend slawischen Staatsgebildes, das vom Schwarzen Meer bis zur Ostsee reichen sollte und sich strategisch sowohl gegen Deutschland als auch gegen die noch junge Sowjetunion richtete. Auf Bestreben Polens wurde 2016 an diese Initiative der Zwischenkriegsjahre angeknüpft, jetzt mit dem neuen Namen «Drei-Meere-Initiative». Mitglieder sind Bulgarien, Estland, Kroatien, Lettland, Litauen, Österreich, Polen, Rumänien, die Slowakei, Slowenien, Tschechien und Ungarn. Auf der Sicherheitskonferenz in München sagte der US-amerikanische Aussenminister Mike Pompeo dieser Initiative eine finanzielle Unterstützung von 1 Milliarde US-Dollar zu.

 

mercredi, 26 février 2020

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

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Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be


TABLE DES MATIÈRES

- Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

- Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

- Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques

- Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

- Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

- ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse. Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle Route de la Soie

- La mondialisation à la chinoise, "un Cheval de Troye"?

- La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

- Sur les "révolutions de l'espace"

- Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

- Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

- Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

- Un bilan conceptuel

..........................................................................

Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

La montée en puissance  de la Chine, depuis la fin de la guerre froide, en termes économiques, politiques, diplomatiques et militaires,fera de celle-ci, selon nombre d' observateurs ,le plus grand protagoniste de l'histoire mondiale.

Cette émergence est susceptible de produire une inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis, puissance dominante établie et  premier empire global de l'histoire et la Chine," Empire du milieu" ou État-civilisationnel, vieux de trois mille cinq cents ans et fort d'un milliard-quatre cents millions d'hommes.

A ce sujet, Chalmers Johnson, spécialiste de l'Asie, a soutenu la thèse d'une antinomie conceptuelle  entre "expansion impériale" et "adaptation régionale" et il a précisé, quant à  la conception de l'ordre mondial: "qu'on l'appelle "consensus de Washington", "soft power", ou "nation indispensable", cela aboutit toujours à la nécessité de maintenir un ordre mondial, inspiré, financé,et dirigé par les États-Unis."

Les tentatives américaines pour établir une hégémonie sur la Chine tendent vers des futurs explosifs et sont, en tous cas, vouées à l'échec."

En effet il n'y a pas de place dans le monde pour deux empires.

Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

Or, dès à présent, la contestation chinoise du "statu-quo" normatif, imposé par les États-Unis après la fin de la guerre froide, a déjà pris corps avec le rejet de l'universalité des  valeurs occidentales et de  la première menace ressentie par Béijin, qui est la menace idéologique du "regime change" et donc le défi intérieur de libéralisation du pouvoir et du pluralisme  politique, identifiés à la démocratie occidentale. (ex.Hong Kong)

Quant à l'Europe, le destin de celle-ci se jouera en Eurasie, tant sur le plan diplomatique que militaire. Quant au  premier, dans la capacité de la diplomatie européenne de dissocier la Russie de la Chine, quant au deuxième, par le rôle accru du Pacifique et de l'Indo-pacifique dans l'échiquier stratégique global.

Puisque le modèle de la stratégie dominante des deux derniers siècles a été celui de Clausewitz, la puissance de la terre qu'est Chung Kuo' se prépare à une politique d'affrontement  par une logistique, qui peut adopter Clausewitz sur terre, en cas de guerre conventionnelle, Mahan, sur les deux Océans, Pacifique et Indo-Pacifique, et Sun Tzu dans l'hypothèse d'un double front de combat, terrestre et maritime .

Dans ce contexte la logistique du système One Belt, One Road  devient l'élément décisif de l'épreuve de force probable entre les puissances de la terre et les puissances de la mer, au Nord, au Sud et à l'Ouest du continent européen.

Au même temps , la "limite" du conflit, entre guerre d'alternance hégémonique et guerre d'alternative civilisationnelle, deviendra la variable des ambitions et du combat des  acteurs aux prises,

Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques


Un rappel peut éclairer ce point non négligeable.

Si l'Europe et l' Asie appartiennent géographiquement à un même espace continental, l'Eurasie, un seul pays tache de les rapprocher par un immense réseau d'infrastructures routières, portuaires et numériques.

Ce pays est le Chung Kuo', l'héritier de l'Empire du milieu, dominant "tout ce qui est sous le ciel".

Puissance de la terre, la Chine, rivalisant avec la puissance de la mer, entend manœuvrer, en cas de conflit, par les lignes intérieures du continent, sans dépendre de la logique des flux et des reflux de la "société liquide".

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En Eurasie,marquée par la diversités des Etats et des institutions, la dominance continentale est passée de la Russie à la Chine et le resserrement des alliances prendra la forme d'une activation du réseau des routes de la soie,  modifiant le rapport des forces global.
 

En effet la guerre, selon Sun Tzu,  ne se gagne pas principalement à la guerre ou sur le terrain des combats, mais dans sa préparation.

Les risques  de conflit instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme.

Il s’agit d’une politique qui a pour enjeu le contrôle de l’Eurasie et de l’espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland.(2).

Les rivalités, qui secouent aujourd’hui l'Eurasie, ont forcé l’Est et l’Ouest à s’interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe, de stabilité stratégique et d’unité  de l’espace européen.

Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l’acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires autour du leader.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s’esquissent au niveau planétaire :

– l’alliance sino-russe, assurant l’autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR -One Belt, One Road - avec la participation d’environ 70 pays)

– la stratégie du « containement» des puissances continentale, par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc.), comme ceinture péninsulaire extérieure à l’Eurasie.

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et que  leurs buts stratégiques respectifs,ne sont pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d’échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques, sous la surface de la stabilisation apparente.

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Ainsi la  fin de la bipolarité, avec l’effondrement de l’empire soviétique, a engendré une source de tensions, entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les étrangers proches », visant à s’affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d’alliances enveloppantes. (OTSC, OCS)

A l’Ouest c'est l’Alliance atlantique, aujourd'hui en crise,  qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique d'Hégémon, dans l' immense étendue continentale entre l’Amérique et la Russie

Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique" ?

La question qui émerge du débat en cours  est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante-dix ans par l’Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin de l'Empire et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial dans le cadre toutefois, d'un système planétaire

L’interrogation connexe peut être formulée de manière plus abrupte et intempestive : "Quelle forme prendra-t-elle, cette transition ?"

La forme, déjà connue, d’une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXe siècle, ou bien, la forme d’un changement d’ensemble de la civilisation, de l’idée de société et de la figure de l’homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l’univers des relations ,socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues?

ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse.                                                                                                                                                

Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle  Route de la Soie

Pour mieux inscrire dans la géographie eurasienne, l’ambiguïté de la relation de rivalité-partenariat existante entre l'Empire du milieu et le reste du monde,sous la forme redoutable  d'une politique de coopération multilatérale, Xi Jinping a promus, en 2013 à Astana, la construction d'un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires rappelant les anciennes "voies de la soie",dans le but de rapprocher la Chine, l'Afrique et l'Europe, en traversant les pays d'Asie centrale

La mondialisation à la chinoise. Un "Cheval de Troie"?

Dans la perspective d'un ordre  global et à la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire, la Chine, poursuivant une quête d’indépendance stratégique et d'autosuffisance énergétique étend sa présence et sa projection de puissance vers le Sud-Est du Pacifique, l’Océan Indien, le Golfe et l'Afrique, afin de contrer les goulots d’étranglement de Malacca et échapper aux conditionnements extérieures maritimes, sous contrôle américain.

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Elle procède par les lignes internes, par la mise en place d'un corridor économique et par une route énergétique Chine-Pakistan-Golfe Persique, reliant le Port de Gwaidar, au pivot stratégique de Xinjiang.

Beijing adopte la gestion géopolitique des théâtres extérieures et resserre ses liens continentaux avec la Russie. L'influence chinoise est concrétisée par la construction d'une gigantesque "Route de la Soie", reliant le nord de la Chine à l'Europe, via le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Rien de semblable,depuis l'époque pré-impériale (VIIème siècle avant J.C.), lorsque commença la construction de la Grande Muraille, achevée par Quin (en 221 avant J.C.), après avoir conquis un à un l'ensemble des Royaumes combattants et avoir unifié ainsi  la Chine.

La similitude n'est pas pour dérouter, car l'idée d'unifier l'Eurasie n'est pas lointaine de l'esprit de Xi-Jinping.

Or Obor rassemble à un véritable "Cheval de Troie" de l'âge moderne, destiné à faire basculer l'Histoire du côté de l'Orient Chinois.

Cette entreprise colossale pourrait avoir  pour principe un précepte de Maître Sun Tzu: dans la guerre,"trompe l'ennemi sur tes intentions!" .

Ainsi, en  détournant l'attention des  ennemis de  la conquête de l'Eurasie,le plan de bataille du nouveau Qin Shi Huang consisterait à vaincre sans combattre, "sans ensanglanter la lame!".

La transition d'un système international  à l'autre ne peut comporter une dissertation sur la morale, ni sur la licéité de la guerre, juste ou inique, car la guerre est une réalité primordiale et il faut l'accepter comme un ensemble de confrontations , préparées de longue haleine.

La recherche de l'avantages par la ruse, ou par l'ordre apparent, ne peut cacher que nous combattons hors limites,et que  l'apparence de l'ordre , comme l'apparence du chaos est une conséquence de la force montante, dont dispose aujourd'hui l'Empire du milieu.

Obor, le nom des nouvelles routes de la soie, ne peut être autre chose que l'apparence de l'ordre, face au désordre  de l'Otan, dénoncé par Macron, à l'extrémité occidentale de l'Eurasie.

Un grand dessein non -militaire, destiné à faire capituler l'Occident

Avec Obor, la Chine entend manoeuvrer,à l'intérieur des terres, rivalisant dans tous les domaines, y compris les plus sophistiqués ( les numériques), avec la puissance thalassocratique dominante dans l'Océan Pacifique et indo-pacifique.

Or ce projet de modernisation et de mondialisation, présente l’entreprise de la Chine comme  pacifique, une "Initiative" et pas comme une "grande stratégie", pour éloigner toute allusion à la guerre.

En revanche cet immense vecteur d'hommes et de biens, constitue un incomparable outil de gains stratégiques et logistiques pour la mobilité des théâtres  et le transfert des forces.

Le transfert des forces du front de l"Est au front de l'Ouest par l'Allemagne, pendant la première et deuxième guerre mondiale a été rendu possible par un réseau ferroviaire moderne, à l'époque, et d'une redoutable efficacité militaire.

En Eurasie les fronts sont multiples et il n'y a plus une seule ligne de front, à alimenter en permanence, d'où la valeur accrue du transport multimodal

La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

Ainsi,en départageant les deux grandes  stratégies de Chung Kuo', terrestre et  maritime, Obor exprime la prépondérance décisionnelle, en cas de crise, de l'armée populaire sur le groupe dirigent, sur le comité centrale du parti et son  primat stratégique sur les  hauts commandements  des armées de terre, de mer et du ciel  , car elle influence  la liaison du peuple et des élites et rappelle l'épopée mythique de la "longue marche".

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En forte expansion par tonnage annuel ,la marine chinoise aura pour but le"dénis d'accès" des puissances de la mer vers le littoral et, plus loin vers le coeur des terres, le Hearthland de Halford MacKinder, pivot de l'Histoire, car l'empire du milieu, n'a pas vocation à passer d'une existence terrestre à une existence maritime et veut maintenir sur une base continentale la suprématie de Chung -Kuo'.

En réalité, "le jeu politique qui concerne les mers est déterminé par les États terriens." (Julien Freund, in "Terre et Mer" Carl.Schmitt, postface)

Par son tracé, en volutes de dragons, la nouvelle route de la soie  concrétise la géopolitique des partenariats que dessinent les sept corridors de ce grand " boa constrictor" et, par conséquent, la désignation des théâtres et les formes de combats coordonnés dans les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, afin qu'ils soient  soudés par un réseau de couloirs routiers et maritimes, serrés par une seule main.

Pour atteindre la victoire un État doit avoir la possibilité d'occuper tout ou partie du territoire ennemi et seul la Chine est à la hauteur de cet exploit.

Sur les "révolutions de l'espace"

L'initiative chinoise est elle en train  de susciter une nouvelle révolution de l'espace, comparable, pour ses répercussions, à celles qui l'ont précédées?

Après l'âge de la mondialisation(1980-2019),menée par la logique de l'échange,ainsi que  par l'idéologie des droits de l'homme et d'un monde sans frontières, la Chine inaugure-t-elle une nouvelle phase historique, celle de la "continentalisation" du monde autour de l'Eurasie et d'une autre stabilisation  du pouvoir et  de l'économie?

L"élargissement des horizons du monde, provoqués par l'effondrement du système soviétique, a provoqué une mutation culturelle profonde et donné à l'Asie centrale  une vision "déterritorialisée" de l'univers socio-politique, aux possibilités illimités.

Avec les nouvelles routes de la soie, une autre conception de l'espace s'affirme, par laquelle la terre éclipse la mer et la contourne.

C'est un tournant, dans lequel l'humanité se déplace et un autre rapport s'instaure, plus autonome,  dans la relation entre villes et campagnes du monde, marquant la dépendance de certaines régions d'un moteur plus souple de planification, sous forme de partenariat, de projets de co-développement et d'autres maillage d'affaires

Ce ne sont plus "les écumeurs des mers" (pirates, corsaires, boucaniers et flibustiers), à la recherche d'aventures individuelles et lucratives, mais de vagues de terriens , en quête d'une autre stabilisation et existence sociétale.

La nouvelle dimension  de l'espace exige une autre organisation des terres, à l'échelle planétaire, et cette réorganisation sera naturellement belliqueuse.

Or, si la mer avait rendu possible le rêve de l'Amiral Mahan, d'une unification  des peuples de la mer (Grande Bretagne et États-Unis en 1904), et si les Hollandais à la fin du XVIème siècle,devinrent les "transporteurs" des autres pays d'Europe, par les perfectionnements apportés à un nouveau type de navire, pourvu de vergues, de quoi seront ils porteurs les chinois, si non d'un autre type de transports et de parcours terrestres irradiants.

Pourra-t-on encore faire la distinction entre étrangers et locaux, lorsque des dizaines de millions d'hommes , embarqués sur les rails, feront de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, un univers sinisé et une "République de Confucius", par une  prise de terre, massive, pacifique et commerçante ?

Au rétrécissement de l'espace européen, fera suite une conscience globale plus éveillée. qui donnera naissance à une nouvelle race, métissée, biologiquement et politiquement, où se confondront blancs, mongols et noirs, gardes rouges fanatiques, ultra-démocrates honkongais, hommes des triades, geishas européennes et arabo-musulmanes, progressistes  trans-gendres, trafiquants  violents et militaires aguerris, pour se disputer le butin de la croissance et le droit à une parole plus libre?

Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

Xi-Jinping veut reprendre l'hégémonie géopolitique du monde sur la base de la puissance terrestre et de la vieille tradition des Empires,par la voie des partenariats et non des alliances, qui seules permettent la constitution de blocs homogènes.

Or, le caractère terrestre a pris en Chine une signification culturelle et historique, à laquelle  les autres pays ne peuvent pas prétendre,celle de se percevoir au mileu du monde et de devoir régner "sur tout ce qui est sous le ciel".

Rien de semblable depuis l'Empire de Rome, lorsque les voies impériales et consulaires conduisaient toutes à Rome, "Caput Mundi" et règne du pouvoir  et de la loi.

La maîtrise de la logistique impressionnante d'Obor, dont la clé appartient à la Chine, s'imposera aux forces combattantes et dictera les formes de l'affrontement de demain, autrement dit , les conditions de la paix et de la guerre entre"Orient et Occident".

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Quel sera-t-il, dans ce cas, unique dans l'histoire, le rôle de l'Europe, en ce choc de continents et de civilisations?

Dans une période de mutations profondes et globales, quel espace d'autonomie et de manœuvre, culturel et civilisationnel restera-t-il à l'Europe, par rapport à la puissance extérieure dominante, au sein d'une Eurasie sinisée et d'un Rimland américanisé?

La liberté d'action de l'Europe ne pourra  se définir que par une inversion stratégique à l'Est, autrement dit, par le passage de l'isolement continental de la Russie à celui de la Chine.

C'est pourquoi ce résultat ne peut être obtenu par l'Otan, qui demeure une alliance défensive euro-atlantique, visant la Russe. dans un contexte global d'affrontement.

Si Obor représente la logique d'une ouverture atlantique de la Chine, atteignant  l'Europe, en réponse à la stratégie adverse d'isolement , l'esquisse géopolitique de Macron, concernant les blocages de l'Otan et la reprise du dialogue avec la Russie, laisse présager une ouverture euro-russe du Hearthland et une manœuvre diplomatique de désarticulation du partenariat chino-russe.

A terme, un" Yalta 2 ", influant sur le système international du XXIème siècle, sous espèce d'une "Doctrine Monroe" de l'Eurasie, comme zone d'influence européenne, entre l'Europe,la Russie et la Chine, aura pour but de maintenir le pluralisme étatique et non seulement démocratique en Asie centrale, afin qu'il ne se constitue pas un bloc hostile aux intérêts européens.

Ce plan déterminera aussi  la liberté des Océans Pacifique et Indo-Pacifique et libérera l'accès à  l"extrême Orient, de la part de  l'Australie et du Cône sud des Amériques.

Une nouvelle alliance euro-russe, en défense des intérêts des "grands espaces" schmittiens, sur les frontières de l'ancienne Union Soviétique, replacera l'affrontement hégémonique au cœur de l'Asie centrale,de manière à ne pas être pensé encore sur le modèle la guerre froide à l'Est du continent.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine au plan géopolitique, a eu pour but de jouer un rôle d’équilibrage et de contre-poids, au cœur de la masse continentale eurasienne et de repartir les zones d'influence entre les deux puissances dominantes, dans le cadre de la multipolarité.

Cette double poussée, virtuellement antinomique, est corrélée à l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui fait fonction de stabilisateur régional

Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

La stratégie de la future (et encore hypothétique armée européenne) devrait adopter une politique de recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe ( de Lisbonne à Vladivostock) et passer de la tentative de roll-back et d'isolement de la Russie ( par l'Otan), à une doctrine inversée du Hearthland, en isolant  la Chine qui représente la menace majeure pour la puissance thalassocratique extérieure.

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Celle-ci, comme Athènes dans les guerres du Péloponnèse,  ne pourra gagner au même temps et conjointement la Russie et la Chine, provoquant à l'Ouest l'effondrement définitif de  l'Europe et l'écroulement de la civilisation Occidentale.

La mort d'Athènes et de Rome ne grandiront point l'image créatrice et chaotique de l'Amérique post-impériale, comme héritière du berceau culturel de l'Occident.

Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

Le repositionnement des ambitions du triangle États-Unis, Russie et Chine, rééquilibrant la multipolarité actuelle, aurait pour but de rendre limité le règlement d'un conflit éventuel entre les États-Unis et la Chine, évitant une guerre discriminatoire , élargie à l'ensemble de la planète. 


L'affrontement à prévoir aurait alors pour limite l'alternance entre "peer competitors" ou candidats à l'hégémonie et non la structure générale du système international

Il laisserait  subsister les vieilles nations, leurs peuples et leurs mémoires,  dans une position subalterne,  donnant lieu à des métissages inconnus de liberté et de la soumission, au lieu de précipiter le dilemme d'une opposition existentielle entre l'Orient et l'Occident.

Cette limite aurait pour signification essentielle ,la préservation d'un"statu quo" civilisationnel entre les deux hémisphères,  évitant, entre-autre, une invasion des peuplades désordonnées  de l' hémisphère Sud vers  le Nord  de la planète, où une  seule civilisation, continentale et blanche, a promu les grandes découvertes et a fait évoluer le genre humain.

Un bilan conceptuel


Au moment où le Royaume Unis, avec le Brexit, embrasse à nouveau son insularité  et se tourne vers le grand large, les pays du continent voient réapparaître les figures protectrices des États-Nations (souverainisme  et populisme).  Dans ce cadre, l'Europe  considère qu'une conversion du continent à la mer et au libre-échange intégral, est impossible. Ses citoyens gardent la fidélité à leur habitat, essentiellement terrien et prétendent  le préserver et l'améliorer (campagnes écologiques)

En effet l'arcanum des réflexes européens est constitué par la terre et par l'ordre de l’État, le Léviathan.continental.

L'Europe ne garde pas le réflexe côtière de ses anciennes républiques maritimes (Gênes ou Venise), mais l"attachement des paysans, désormais périphériques, à leur terroir et à leur système de vie (Gilets Jaunes).

Dans ce contexte, dans lequel l'état de nature hobbesien ne peut être arbitré que par la violence et par le spectre du conflit, la conception thalassocratique de la guerre, visant le libre commerce, repose sur l'ubiquité du danger, désigné  par la puissance maritime, par le biais d'une alliance  océanique illimitée, l'Otan

C'est dans ce contexte que l'intervention de Macron sur la "mort cérébrale" de l'Alliance Atlantique, éclaire sur la conscience globale de la nouvelle conjoncture historique.

Face à la discorde sur la désignation de l'ennemi, il prend le parti de la terre (Russie) contre la mer (bloc thalassocratique) et sutout contre l'interventionnisme "illimité"et universel de la puissance de la mer (hégémon).

L'Iran, la Chine et la Corée du Nord n'obéissent pas aux figures obsidionales du"Mal", contre lesquelles une violence totale est justifiée et légitime, mais à des figures de "justi hostes", disposant des mêmes droits et des mêmes raisons de faire appel  à la guerre et contre lesquelles une violence illimitée est injustifiée.

En effet le "juste ennemi" est celui que l'on ne peut identifier à la figure du Mal , au nom d'un exclusivisme ou d'une intransigeance morales et dont on peut comprendre l'hostilité et les objectifs politiques, puisque demain il sera peut être un allié.

Puisque l'Eurasie occupe l'espace  historique de l'Allemagne et de la Russie réunies,  la lutte entre la puissance de la mer et la puissance de la terre prend la forme actuelle d'un affrontement entre l'atlantisme de certains pays européens et l'eurasisme de certains courants de pensée russes.

Ainsi, compte tenu de la double impossibilité, d'une domination mondiale unipolaire  et d'un État de l'humanité pacifié, qui suppose une neutralisation et une dépolitisation totale du monde, l'évolution planétaire va dans la direction d'un pluralisme des grands espaces (C.Schmitt), autrement dit, vers des sphères d'influence et des zones culturelles homogènes (Yalta 2), dont la cartographie  obéit , en large partie aux oppositions binaires de la terre et de la mer.

L'échec de la tentative d'instaurer un unipolarisme dominant et la montée en puissance des anciens empires  historiques comme, l'Inde, l'Iran, la Russie et la Chine, justifie la démarche de Macron vers  un nouveau pluralisme du monde autour d'une mère civilisationnelle commune à la Russie et l'Europe, l'Occident romain - orthodoxe.

Le caractère identitaire et irrévocable de cette distinction est au fond la reconnaissance d'une faille profonde entre l'Orient Russe et le grand Orient Chinois, dont les voies de la soie constituent les tentacules puissantes d'un dragon, tiré de son histoire et doué d'un feu existentiel et spirituel  trente cinq fois séculaire.

BRUXELLES le 23 Décembre 2019

The Two Faces Of Russia And Germany’s Eastern Problems

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Oswald Spengler:

The Two Faces Of Russia And Germany’s Eastern Problems

An address delivered on February 14, 1922, at the Rhenish-Westphalian Business Convention in Essen

First published in Spengler, Politische Schriften (Munich, 1932).

Ex: https://europeanheathenfront.wordpress.com

In the light of the desperate situation in which Germany finds itself today -- defenseless, ruled from the West by the friends of its enemies, and the victim of undiminished warfare with economic and diplomatic means -- the great problems of the East, political and economic, have risen to decisive importance. If from our vantage point we wish to gain an understanding of the extremely complex real situation, it will not suffice merely to familiarize ourselves with contemporary conditions in the broad expanses to the east of us, with Russian domestic policy and the economic, geographic, and military factors that make up present-day Soviet Russia. More fundamental and imperative than this is an understanding of the world-historical fact of Russia itself, its situation and evolution over the centuries amid the great old cultures -- China, India, Islam, and the West -- the nature of its people, and its national soul. Political and economic life is, after all, Life itself; even in what may appear to be prosaic aspects of day-to-day affairs it is a form, expression, and part of the larger entity that is Life.

One can attempt to observe these matters with "Russian" eyes, as our communist and democratic writers and party politicians have done, i.e., from the standpoint of Western social ideologies. But that is not "Russian" at all, no matter how many citified minds in Russia may think it is. Or one can try to judge them from a Western-European viewpoint by considering the Russian people as one might consider any other "European" people. But that is just as erroneous. In reality, the true Russian is basically very foreign to us, as foreign as the Indian and the Chinese, whose souls we can likewise never fully comprehend. Justifiably, the Russians draw a distinction between "Mother Russia" and the "fatherlands" of the Western peoples. These are, in fact, two quite different and alien worlds. The Russian understands this alienation. Unless he is of mixed blood, he never overcomes a shy aversion to or a naïve admiration of the Germans, French, and English. The Tartar and the Turk are, in their ways of life, closer and more comprehensible to him. We are easily deceived by the geographic concept of "Europe," which actually originated only after maps were first printed in 1500. The real Europe ends at the Vistula. The activity of the Teutonic knights in the Baltic area was the colonization of foreign territory, and the knights themselves never thought of it in any other way.

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Soviet architecture, 1920s

In order to reach an understanding of this foreign people we must review our own past. Russian history between 900 and 1900 A.D. does not correspond to the history of the West in the same centuries but, rather, to the period extending from the Age of Rome to Charlemagne and the Hohenstaufen emperors. Our heroic poetry, from Arminius to the lays of Hildebrand, Roland, and the Nibelungs, was recapitulated in the Russian heroic epics, the byliny, which began with the knights at the court of Prince Vladimir (d. 1015), the Campaign of Igor, and with Ilya Muromets, and have remained a vital and fruitful art form through the reigns of Ivan the Terrible and Peter the Great, the Burning of Moscow, and to the present day. [1] Yet each of these worlds of primeval poetry expresses a very different kind of basic feeling. Russian life has a different meaning altogether. The endless plains created a softer form of humanity, humble and morose, inclined to lose itself mentally in the flat expanses of its homeland, lacking a genuine personal will, and prone to servility. These characteristics are the background for high-level politics in Russia, from Genghis Khan to Lenin.

(1. Cf. my The Decline of the West, II, 192ff.)

Furthermore, the Russians are semi-nomads, even today. Not even the Soviet regimen will succeed in preventing the factory workers from drifting from one factory to another for no better reason than their inborn wanderlust. [2] That is why the skilled technician is such a rarity in Russia. [3] Similarly, the home of the peasant is not the village or the countryside into which he was born, but the great expanses. Even the mir or so-called agrarian commune -- not an ancient idea, but the outgrowth of administrative techniques employed by the tsarist governments for the raising of taxes -- was unable to bind the peasant, unlike his Germanic counterpart, to the soil. Many thousands of them flooded into the newly developed regions in the steppes of southern Russia, Turkestan, and the Caucasus, in order to satisfy their emotional search for the limits of the infinite. The result of this inner restlessness has been the extension of the Empire up to the natural borders, the seas and the high mountain ranges. In the sixteenth century Siberia was occupied and settled as far as Lake Baikal, in the seventeenth century up to the Pacific.

(2. Cf. several stories of Leskov, and particularly of Gorki.)

(3. Except perhaps in the earlier arteli, groups of workers under self-chosen leaders, which accepted contracts for certain kinds of work in factories and on estates. There is a good description on an artel’ in Leskov’s The Memorable Angel.)

Even more deep-seated than this nomadic trait of the Russians is their dark and mystical longing for Byzantium and Jerusalem. It appears in the outer form of Orthodox Christianity and numerous religious sects, and thus has been a powerful force in the political sphere as well. But within this mystical tendency there slumbers the unborn new religion of an as yet immature people. There is nothing Western about this at all, for the Poles and Balkan Slavs are also "Asiatics."

The economic life of this people has also assumed indigenous, totally non-European forms. The Stroganov family of merchants, which began conquering Siberia on its own under Ivan Grozny [4] and placed some of its own regiments at the tsar’s disposal, had nothing at all in common with the great businessmen of the same century in the West. This huge country, with its nomadic population, might have remained in the same condition for centuries, or might perhaps have become the object of Western colonial ambitions, had it not been for the appearance of a man of immense world-political significance, Peter the Great.

(4. Grozny means "the terrifying, just, awe-inspiring" in the positive sense, not "the terrible" with Western overtones. Ivan IV was a creative personality as was Peter the Great, and one of the most important rulers of all time.)

There is probably no other example in all of history of the radical change in the destiny of an entire people such as this man brought about. His will and determination lifted Russia from its Asiatic matrix and turned it into a Western-style nation within the Western world of nations. His goal was to lead Russia, until then landlocked, to the sea -- at first, unsuccessfully, to the Sea of Asov, and then with permanent success to the Baltic. The fact that the shores of the Pacific had already been reached was, in his eyes, wholly unimportant; the Baltic coast was for him the bridge to "Europe." There he founded Petersburg, symbolically giving it a German name. In place of the old Russian market centers and princely residences like Kiev, Moscow, and Nizhni-Novgorod, he planted Western European cities in the Russian landscape. Administration, legislation, and the state itself now functioned on foreign models. The boyar families of Old Russian chieftains became feudal nobility, as in England and France. His aim was to create above the rural population a "society" that would be unified as to dress, customs, language, and thought. And soon an upper social stratum actually formed in the cities, having a thin Western veneer. It played at erudition like the Germans, and took on esprit and manners like the French. The entire corpus of Western Rationalism made its entry -- scarcely understood, undigested, and with fateful consequences. Catherine II, a German, found it necessary to send writers such as Novikov and Radishchev into jail and exile because they wished to try out the ideas of the Enlightenment on the political and religious forms of Russia. [5]

(5. "Jehova, Jupiter, Brahma, God of Abraham, God of Moses, God of Confucius, God of Zoroaster, God of Socrates, God of Marcus Aurelius, God of the Christians -- Thou art everywhere the same, eternal God!" (Radishchev).)

And economic life changed also. In addition to its ages-old river traffic, Russia now began to engage in ocean shipping to distant ports. The old merchant tradition of the Stroganovs, with their caravan trade to China, and of the fairs at Nizhni-Novgorod, now received an overlay of Western European "money thinking" in terms of banks and stock exchanges. [6] Next to the old-style handicrafts and the primitive mining techniques in the Urals there appeared factories, machines, and eventually railroads and steamships.

(6. Cf. Decline of the West, II, 480f., 495.)

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German architecture, 1920s, "Chilehaus" in Hamburg and Berlin Tempelhof

Most important of all, Western-style politics entered the Russian scene. It was supported by an army that no longer conformed to conditions of the wars against the Tartars, Turks, and Kirghiz; it had to be prepared to do battle against Western armies in Western territory, and by its very existence it continually misled the diplomats in Petersburg into thinking that the only political problems lay in the West.

Despite all the weaknesses of an artificial product made of stubborn material, Petrinism was a powerful force during the two hundred years of its duration. It will be possible to assess its true accomplishments only at some distant future time, when we can survey the rubble it will have left behind. It extended "Europe," theoretically at least, to the Urals, and made of it a cultural unity. An empire that stretched to the Bering Strait and the Hindu Kush had been Westernized to the extent that in 1900 there was hardly much difference between cities in Ireland and Portugal and those in Turkestan and the Caucasus. Travel was actually easier in Siberia than in some countries in Western Europe. The Trans-Siberian Railway was the final triumph, the final symbol of the Petrinist will before the collapse.

Yet this mighty exterior concealed an internal disaster. Petrinism was and remained an alien element among the Russian people. In reality there existed not one but two Russias, the apparent and the true, the official and the underground Russia. The foreign element brought with it the poison that caused that immense organism to fall ill and die. The spirit of Western Rationalism of the eighteenth century and Western Materialism of the nineteenth, both remote and incomprehensible to genuine Russian thought, came to lead a grotesque and subversive existence among the intelligentsia in the cities. There arose a type of Russian intellectual who, like the Reformed Turk, the Reformed Chinese, and the Reformed Indian, was mentally and spiritually debased, impoverished, and ruined to the point of cynicism by Western Europe. It began with Voltaire, and continued from Proudhon and Marx to Spencer and Haeckel. In Tolstoy’s day the upper class, irreligious and opposed to all native tradition, preened itself with blasé pretentiousness. Gradually the new world view seeped down to the bohemians in the cities, the students, demagogues, and literati, who in turn took it "to the people" to implant in them a hatred of the Western-style upper classes. The result was doctrinaire bolshevism.

At first, however, it was solely the foreign policy of Russia that made itself painfully felt in the West. The original nature of the Russian people was ignored, or at least not understood. It was nothing but a harmless ethnographic curiosity, occasionally imitated at bals masques and in operettas. Russia meant for us a Great Power in the Western sense, one which played the game of high politics with skill and at times with true mastery.

What we did not notice was that two tendencies, alien and inimical to each other, were operative in Russia. One of these was the ancient, instinctive, unclear, unconscious, and subliminal drive that is present in the soul of every Russian, no matter how thoroughly westernized his conscious life may be -- a mystical yearning for the South, for Constantinople and Jerusalem, a genuine crusading spirit similar to the spirit our Gothic forebears had in their blood but which we hardly can appreciate today. Superimposed on this instinctive drive was the official foreign policy of a Great Power: Petersburg versus Moscow. Behind it lay the desire to play a role on the world stage, to be recognized and treated as an equal in "Europe." Hence the hyper-refined manners and mores, the faultless good taste -- things which had already begun to degenerate in Paris since Napoleon III. The finest tone of Western society was to be found in certain Petersburg circles.

At the same time, this kind of Russian did not really love any of the Western peoples. He admired, envied, ridiculed, or despised them, but his attitude depended practically always on whether Russia stood to gain or lose by them. Hence the respect shown for Prussia during the Wars of Liberation (Russia would have liked to pocket Prussian territory) and for France prior to the World War (the Russians laughed at her senile cries for revanche). Yet, for the ambitious and intelligent upper classes, Russia was the future master of Europe, intellectually and politically. Even Napoleon, in his time, was aware of this. The Russian army was mobilized at the western border; it was of Western proportions and was unmistakably trained for battle on Western terrain against Western foes. Russia’s defeat at the hands of Japan in 1905 can be partly explained by the lack of training for warfare under anything but Western conditions.

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Such policies were supported by a network of embassies in the great capitals of the West (which the Soviet government has replaced with Communist party centers for agitation). Catherine the Great took away Poland, and with it the final obstacle between East and West. The climax came with the symbolic journey of Alexander I, the "Savior of Europe," to Paris. At the Congress of Vienna, Russia at times played a decisive role, as also in the Holy Alliance, which Metternich called into being as a bulwark against the Western revolution, and which Nicholas I put to work in 1849 restoring order in the Habsburg state in the interest of his own government.

By means of the successful tradition of Petersburg diplomacy, Russia became more and more involved in great decisions of Western European politics. It took part in all the intrigues and calculations that not only concerned areas remote from Russia, but were also quite incomprehensible to the Russian spirit. The army at the western border was made the strongest in the world, and for no urgent reason -- Russia was the only country no one intended to invade after Napoleon’s defeat, while Germany was threatened by France and Russia, Italy by France and Austria, and Austria by France and Russia. One sought alliance with Russia in order to tip the military balance in one’s favor, thus spurring the ambitions of Russian society toward ever greater efforts in non-Russian interests. All of us grew up under the impression that Russia was a European power and that the land beyond the Volga was colonial territory. The center of gravity of the Empire definitely lay to the west of Moscow, not in the Volga region. And the educated Russians thought the very same way. They regarded the defeat in the Far East in 1905 as an insignificant colonial adventure, whereas even the smallest setback at the western border was in their eyes a scandal, inasmuch as it occurred in full view of the Western nations. In the south and north of the Empire a fleet was constructed, quite superfluous for coastal defense: its sole purpose was to play a role in Western political machinations.

On the other hand, the Turkish Wars, waged with the aim of "liberating" the Christian Balkan peoples, touched the Russian soul more deeply. Russia as the heir to Turkey -- that was a mystical idea. There were no differences of opinion on this question. That was the Will of God. Only the Turkish Wars were truly popular wars in Russia. In 1807 Alexander I feared, not without reason, that he might be assassinated by an officers’ conspiracy. The entire officers’ corps preferred a war against the Turks to one against Napoleon. This led to Alexander’s alliance with Napoleon at Tilsit, which dominated world politics until 1812. It is characteristic how Dostoyevsky, in contrast to Tolstoy, became ecstatic over the Turkish War in 1877. He suddenly came alive, constantly wrote down his metaphysical visions, and preached the religious mission of Russia against Byzantium. But the final portion of Anna Karenina was denied publication by the Russian Messenger, for one did not dare to offer Tolstoy’s skepticism to the public.

As I have mentioned, the educated, irreligious, Westernized Russians also shared the mystical longing for Jerusalem, the Kiev monk’s notion of the mother country as the "Third Rome," which after Papal Rome and Luther’s Wittenberg was to take the fulfillment of Christ’s message to the Jerusalem of the apostles. This barely conscious national instinct of all Russians opposes any power that might erect political barricades on the path that leads to Jerusalem by way of Byzantium. In all other countries such political obstacles would simply disturb either national conceit (in the West) or national apathy (in the Far East); in Russia, the mystical soul of the people itself was pierced and profoundly agitated. Hence the brilliant successes of the Slavophil movement, which was not so much interested in winning over Poles and Czechs as in gaining a foothold among the Slavs in the Christian Balkan countries, the neighbors of Constantinople. Even at an earlier date, the Holy War against Napoleon and the Burning of Moscow had involved the emotions of the entire Russian people. This was not just because of the invasion and plundering of the Russian countryside, but because of Napoleon’s obvious long-range plans. In 1809 he had taken over the Illyrian provinces (the present Yugoslavia) and thus became master of the Adriatic. This had decisively strengthened his influence on Turkey to the disadvantage of Russia, and his next step would be, in alliance with Turkey and Persia, to open up the path to India, either from Illyria or from Moscow itself. The Russians’ hatred of Napoleon was later transferred to the Habsburg monarchy, when its designs on Turkish territory -- in Metternich’s time the Danubian principalities, and after 1878 Saloniki -- endangered Russian moves toward the south. Following the Crimean War they extended their hatred to include Great Britain, when that nation appeared to lay claim to Turkish lands by blockading the Straits and later by occupying Egypt and Cyprus.

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Finally, Germany too became the object of this hatred, which goes very deep and cannot be allayed by practical considerations. After 1878, Germany neglected its role as a Russian ally to became more and more the protector and preserver of the crumbling Habsburg state, and thereby also, despite Bismarck’s warning, the supporter of Austro-Hungarian intentions in the Balkans. The German government showed no understanding of the suggestion made by Count Witte, the last of the Russian diplomats friendly to Germany, to choose between Austria and Russia. We could have had a reliable ally in Russia if we had been willing to loosen our ties to Austria. A total reorientation of German policy might have been possible as late as 1911.

Following the Congress of Berlin, hatred of Germany began to spread to all of Russian society, for Bismarck succeeded in restraining Russian diplomacy in the interest of world peace and maintaining the balance of power in "Europe." From the German point of view this was probably correct, and in any case it was a master stroke of Bismarckian statesmanship. But in the eyes of Petersburg it was a mistake, for it deprived the Russian soul of the hope of winning Turkey, and favored England and Austria. And this Russian soul was one of the imponderables that defied diplomatic treatment. Hostility to Germany kept on growing and eventually entered all levels of Russian urban society. It was diverted momentarily when Japanese power, rising up suddenly and broadening the horizons of world politics, forced Russia to experience the Far East as a danger zone. But that was soon forgotten, especially since Germany was so grotesquely inept as to understand neither the immediate situation nor the future possibilities. In time, the senseless idea of the Berlin-Baghdad Railway came up; Germany now seemed intent on capturing full control of this path to Constantinople, a move which would have benefitted neither German politics nor the German economy.

Just as in the field of politics, the economic life of Russia was divided into two main tendencies -- the one active and aggressive, the other passive. The passive element was represented by the Russian peasantry with its primitive agrarian economy; [7] by the old-style merchants with their fairs, caravans, and Volga barges; by Russian craftsmen; and finally by the primitive mining enterprises in the Urals, which developed out of the ancient techniques of pre-Christian "blacksmith tribes," independent of Western mining methods and experience. The forging of iron was invented in Russia in the second millennium B.C. -- the Greeks retained a vague recollection of the beginning of this art. This simple and traditional form of economy gradually found a powerful competitor in the civilized world of Western-style urban economy, with its banks, stock exchanges, factories, and railroads. Then it was money economy versus goods economy; each of these forms of economic existence abhors the other, each tries to attack and annihilate the other.

(7. On the contrast between agrarian and urban economy, see Decline of the West, II, 477ff.)

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The Petrinist state needed a money economy in order to pay for its Westernized politics, its army, and its administrative hierarchy, which was laced with primitive corruption. Incidentally, this form of corruption was habitual public practice in Russia; it is a necessary psychological concomitant of an economy based on the exchange of goods, and is fundamentally different from the clandestine corruption practiced by Western European parliamentarians. The state protected and supported economic thinking that was oriented toward Western capitalism, a type of thinking that Russia neither created nor really understood, but had imported and now had to manage. Furthermore, Russia had also to face its doctrinary opposite, the economic theory of communism. Communism was in fact inseparable from Western economic thinking. It was the Marxist capitalism of the lower class, preached by students and agitators as a vague gospel to the masses in the Petrinist cities.

Still, the decisive and truly agitating factor for Russia’s future was not this literary, theoretical trend in the urban underground. It was, rather, the Russians’ profound, instinctively religious abhorrence of all Western economic practices. They considered "money" and all the economic schemes derived from it, socialistic as well as capitalistic, as sinful and satanic. This was a genuine religious feeling, much like the Western emotion which, during the Gothic centuries, opposed the economic practices of the Arabic-Jewish world and led to the prohibition for Christians of money-lending for interest. In the West, such attitudes had for centuries been little more than a cliché for chapel and pulpit, but now it became an acute spiritual problem in Russia. It caused the suicide of numerous Russians who were seized by "terror of the surplus value," whose primitive thought and emotions could not imagine a way of earning a living that would not entail the "exploitation" of "fellow human beings." This genuine Russian sentiment saw in the world of capitalism an enemy, a poison, the great sin that it ascribed to the Petrinist state despite the deep respect felt for "Little Father," the Tsar.

Such, then, are the deep and manifold roots of the Russian philosophy of intellectual nihilism, which began to grow at the time of the Crimean War and which produced as a final fruit the bolshevism that destroyed the Petrinist state in 1917, replacing it with something that would have been absolutely impossible in the West. Contained within this movement is the orthodox Slavophils’ hatred of Petersburg and all it stood for, [8] the peasants’ hatred of the mir, the type of village commune that contradicted the rural concept of property passed down through countless family generations, as well as every Russian’s hatred of capitalism, industrial economy, machines, railroads, and the state and army that offered protection to this cynical world against an eruption of Russian instincts. It was a primeval religious hatred of uncomprehended forces that were felt to be godless, that one could not change and thus wished to destroy, in order that life could go on in the old-fashioned way.

(8. "The first requirement for the liberation of popular feeling in Russia is to hate Petersburg with heart and soul" (Aksakov to Dostoyevsky). Cf. Decline of the West, II, 193ff.)

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The peasants detested the intelligentsia and its agitating just as strongly as they detested what these people were agitating against. Yet in time the agitation brought a small clique of clever but by and large mediocre personalities to the forefront of power. Even Lenin’s creation is Western, it is Petersburg -- foreign, inimical, and despised by the majority of Russians. Some day, in some way or other, it will perish. It is a rebellion against the West, but born of Western ideas. It seeks to preserve the economic forms of industrial labor and capitalist speculation as well as the authoritarian state, except that it has replaced the Tsarist regime and private capitalist enterprise with an oligarchy and state capitalism, calling itself communism out of deference to doctrine.

It is a new victory for Petersburg over Moscow and, without any doubt, the final and enduring act of self-destruction committed by Petrinism from below. The actual victim is precisely the element that sought to liberate itself by means of the rebellion: the true Russian, the peasant and craftsman, the devout man of religion. Western revolutions such as the English and French seek to improve organically evolved conditions by means of theory, and they never succeed. In Russia, however, a whole world was made to vanish without resistance. Only the artificial quality of Peter the Great’s creation can explain the fact that a small group of revolutionaries, almost without exception dunces and cowards, has had such an effect. Petrinism was an illusion that suddenly burst.

The bolshevism of the early years has thus had a double meaning. It has destroyed an artificial, foreign structure, leaving only itself as a remaining integral part. But beyond this, it has made the way clear for a new culture that will some day awaken between "Europe" and East Asia. It is more a beginning than an end. It is temporary, superficial, and foreign only insofar as it represents the self-destruction of Petrinism, the grotesque attempt systematically to overturn the social superstructure of the nation according to the theories of Karl Marx. At the base of this nation lies the Russian peasantry, which doubtless played a more important role in the success of the 1917 Revolution than the intellectual crowd is willing to admit. These are the devout peasants of Russia who, although they do not yet fully realize it, are the archenemies of bolshevism and are oppressed by it even worse than they were by the Mongols and the old tsars. For this very reason, despite the hardships of the present, the peasantry will some day become conscious of its own will, which points in a wholly different direction.

The peasantry is the true Russian people of the future. It will not allow itself to be perverted and suffocated, and without a doubt, no matter how slowly, it will replace, transform, control, or annihilate bolshevism in its present form. How that will happen, no one can tell at the moment. It depends, among other things, on the appearance of decisive personalities, who, like Genghis Khan, Ivan IV, Peter the Great, and Lenin, can seize Destiny by their iron hand. Here, too, Dostoyevsky stands against Tolstoy as a symbol of the future against the present. Dostoyevsky was denounced as a reactionary because in his Possessed he no longer even recognized the problems of nihilism. For him, such things were just another aspect of the Petrinist system. But Tolstoy, the man of good society, lived in this element; he represented it even in his rebellion, a protest in Western form against the West. Tolstoy, and not Marx, was the leader to bolshevism. Dostoyevsky is its future conqueror.

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There can be no doubt: a new Russian people is in the process of becoming. Shaken and threatened to the very soul by a frightful destiny, forced to an inner resistance, it will in time become firm and come to bloom. It is passionately religious in a way we Western Europeans have not been, indeed could not have been, for centuries. As soon as this religious drive is directed toward a goal, it possesses an immense expansive potential. Unlike us, such a people does not count the victims who die for an idea, for it is a young, vigorous, and fertile people. The intense respect enjoyed over the past centuries by the "holy peasants" whom the regime often exiled to Siberia or liquidated in some other way -- such figures as the priest John of Kronstadt, even Rasputin, but also Ivan and Peter the Great -- will awaken a new type of leaders, leaders to new crusades and legendary conquests. The world round about, filled with religious yearning but no longer fertile in religious concerns, is torn and tired enough to allow it suddenly to take on a new character under the proper circumstances. Perhaps bolshevism itself will change in this way under new leaders; but that is not very probable. For this ruling horde -- it is a fraternity like the Mongols of the Golden Horde -- always has its sights set on the West as did Peter the Great, who likewise made the land of his dreams the goal of his politics. But the silent, deeper Russia has already forgotten the West and has long since begun to look toward Near and East Asia. It is a people of the great inland expanses, not a maritime people.

An interest in Western affairs is upheld only by the ruling group that organizes and supports the Communist parties in the individual countries -- without, as I see it, any chance of success. It is simply a consequence of Marxist theory, not an exercise in practical politics. The only way that Russia might again direct its attention to the West -- with disastrous results for both sides -- would be for other countries (Germany, for instance) to commit serious errors in foreign policy, which could conceivably result in a "crusade" of the Western powers against bolshevism -- in the interest, of course, of Franco-British financial capital. Russia’s secret desire is to move toward Jerusalem and Central Asia, and "the" enemy will always be the one who blocks those paths. The fact that England established the Baltic states and placed them under its influence, thereby causing Russia to lose the Baltic Sea, has not had a profound effect. Petersburg has already been given up for lost, an expendable relic of the Petrinist era. Moscow is once again the center of the nation. But the destruction of Turkey, the partition of that country into French and English spheres of influence, France’s establishment of the Little Entente which closed off and threatened the area from Rumania southwards, French attempts to win control of the Danubian principalities and the Black Sea by aiding the reconstruction of the Hapsburg state -- all these events have made England and, above all, France the heirs to Russian hatred. What the Russians see is the revivification of Napoleonic tendencies; the crossing of the Beresina was perhaps not, after all, the final symbolic event in that movement. Byzantium is and remains the Sublime Gateway to future Russian policy, while, on the other side, Central Asia is no longer a conquered area but part of the sacred earth of the Russian people.

In the face of this rapidly changing, growing Russia, German policy requires the tactical skill of a great statesman and expert in Eastern affairs, but as yet no such man has made his appearance. It is clear that we are not the enemies of Russia; but whose friends are we to be -- of the Russia of today, or of the Russia of tomorrow? Is it possible to be both, or does one exclude the other? Might we not jeopardize such friendship by forming careless alliances?

Similarly obscure and difficult are our economic connections, the actual ones and the potential ones. Politics and economics are two very different aspects of life, different in concept, methods, aims, and significance for the soul of a people. This is not realized in the age of practical materialism, but that does not make it any less fatefully true. Economics is subordinate to politics; it is without question the second and not the first factor in history. The economic life of Russia is only superficially dominated by state capitalism. At its base it is subject to attitudes that are virtually religious in nature. At any rate it is not at all the same thing as top-level Russian politics. Moreover, it is very difficult to predict its short and long-range trends, and even more difficult to control these trends from abroad. The Russia of the last tsars gave the illusion of being an economic complex of Western stamp. Bolshevist Russia would like to give the same illusion; with its communist methods it would even like to become an example for the West. Yet in reality, when considered from the standpoint of Western economics, it is one huge colonial territory where the Russians of the farmlands and small towns work essentially as peasants and craftsmen. Industry and the transportation of industrial products over the rail networks, as well as the process of wholesale distribution of such products, are and will always remain inwardly foreign to this people. The businessman, the factory head, the engineer and inventor are not "Russian" types. As a people, no matter how far individuals may go toward adapting to modern patterns of world economics, the true Russians will always let foreigners do the kind of work they reject because they are inwardly not suited to it. A close comparison with the Age of the Crusades will clarify what I have in mind. [9] At that time, also, the young peoples of the North were nonurban, committed to an agrarian economy. Even the small cities, castle communities, and princely residences were essentially marketplaces for agricultural produce. The Jews and Arabs were a full thousand years "older," and functioned in their ghettos as experts in urban money economy. The Western European fulfills the same function in the Russia of today.

(9. Cf. Decline of the West, II, Chapters XIII and XIV, "The Form-World of Economic Life.")

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Machine industry is basically non-Russian in spirit, and the Russians will forever regard it as alien, sinful, and diabolical. They can bear with it and even respect it, as the Japanese do, as a means toward higher ends, for one casts out demons by the prince of demons. But they can never give their soul to it as did the Germanic nations, which created it with their dynamic sensibility as a symbol and method of their struggling existence. In Russia, industry will always remain essentially the concern of foreigners. But the Russians will be able to distinguish sensitively between what is to their own and what is to the foreigners’ advantage.

As far as "money" is concerned, for the Russians the cities are markets for agricultural commodities; for us they have been since the eighteenth century the centers for the dynamics of money. "Money thinking" will be impossible for the Russians for a long time to come. For this reason, as I have explained, Russia is regarded as a colony by foreign business interests. Germany will be able to gain certain advantages from its proximity to the country, particularly in light of the fact that both powers have the same enemy, the financial interest-groups of the Allied nations.

Yet the German economy can never exploit these opportunities without support from superior politics. Without such support a chaotic seizure of opportunities will ensue, with dire consequences for the future. The economic policy of France has been for centuries, as a result of the sadistic character of the French people, myopic and purely destructive. And a serious German policy in economic affairs simply does not exist.

Therefore it is the prime task of German business to help create order in German domestic affairs, in order to set the stage for a foreign policy that will understand and meet its obligations. Business has not yet grasped the immense economic significance of this domestic task. It is decidedly not a question, as common prejudice would have it, of making politics submit to the momentary interests of single groups, such as has already occurred by means of the worst kind of politics imaginable, party politics. It is not a question of advantages that might last for just a few years. Before the war it was the large agricultural interests, and since the war the large industrial interests, that attempted to focus national policy on the obtaining of temporary advantages, and the results were always nil. But the time for short-range tactics is over. The next decades will bring problems of world-historical dimensions, and that means that business must at all times be subordinate to national politics, not the other way around. Our business leaders must learn to think exclusively in political terms, not in terms of "economic politics." The basic requirement for great economic opportunity in the East is thus order in our politics at home.