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samedi, 26 janvier 2019

Le patriarcat : le fondement naturel de la société eurasienne

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Le patriarcat : le fondement naturel de la société eurasienne

Pisarenko

Les rôles sociétal et familial différents accomplis par les hommes et les femmes se rapprochent des différences physiques évidentes qui existent entre eux – les deux moitiés masculine et féminine également importantes de l’espèce humaine. Loin d’être arbitraires, les rôles spécialisés spécifiques au genre accomplis par les hommes et les femmes dans les sociétés eurasiennes traditionnelles furent développés à partir de la nécessité patriarcale – c’est-à-dire organique – et maintenus pendant des millénaires remontant très loin dans le passé, jusqu’à l’époque obscure de la préhistoire, c’est-à-dire les débuts de l’histoire de l’Homo Sapiens.

Un simple survol des grandes cultures eurasiennes passées et présentes qui ont adopté des formes strictes de patriarcat inclut : les Indo-Aryens, les Perses, les Chinois, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Turcs, et les Russes. Si nous laissons l’Histoire être notre guide, c’est tout à fait clair : le patriarcat est la seule forme structurelle de hiérarchie suffisamment forte pour maintenir les cultures eurasiennes traditionnelles à tous les niveaux (socialement, culturellement, politiquement, etc.).

Pour que le système patriarcal fonctionne convenablement, comme un développement de la loi organique, il doit être fermement enraciné dans la société, depuis la cellule familiale de base jusqu’aux échelons supérieurs de la direction politique d’une société. L’ancienne institution romaine du Pater Familias résume le paradigme patriarcal dans toute sa splendeur. Bien sûr, les sociétés générées par les grandes cultures eurasiennes du passé sont en forte opposition avec la « société globale » a-historique postmoderne que nous voyons se déployer tout autour de nous – d’Hollywood à Hong Kong.

En seulement quelques générations, les gens de l’Occident (c’est-à-dire ceux qui habitent l« épicentre » de toute la décadence mondiale) ont pu voir les effets néfastes des normes anti-patriarcales, c’est-à-dire la féminisation forcée, dans presque tous les aspects de leur existence collective. Dans l’éducation, la politique, le commerce, la culture, l’art, l’armée, et même dans l’apparence physique et la manière de parler de plus en plus efféminées de leurs jeunes hommes. Sur tous les fronts, les hommes occidentaux sont en train d’être transformés en simples femmes avec un appareil génital mâle, au point où ils doivent continuellement se sentir coupables et s’excuser d’être des hommes. Est-ce vraiment étonnant que tant de lanceurs de mode culturelle américains (les dénommées « célébrités ») se pressent comme des moutons pour devenir des curiosités de la nature ?

jupiter_vatican.jpgInutile de le dire, cette féminisation forcée a infligé une énorme quantité de dégâts mentaux, émotionnels et culturels aux Occidentaux dans leur ensemble – aux hommes tout comme aux femmes. De plus, le « totalitarisme soft » de l’Etat démocratique libéral n’a fait qu’envenimer ce problème, puisque c’est la démocratie libérale elle-même qui est si attirante pour le beau sexe, et pour le « coté féminin » des hommes aussi. Des actions comme les élections (un concours de popularité), les manifestations et le boycott (comportement agressif-passif), le lobbying, les avis d’experts (c’est-à-dire le bavardage) – tous ces comportements sont essentiellement féminins.

Maintenant, il faut le souligner, le néo-eurasisme (ou ce qui est désigné simplement sous le nom d’eurasisme) n’est pas contre la féminité lorsqu’elle est convenablement équilibrée par sa contrepartie masculine. En effet, nous les eurasistes pensons fondamentalement qu’une femme est égale à un homme en dignité humaine, de même que nous rejetons catégoriquement la misogynie. Et tout comme les hommes, les femmes ont leurs propres droits uniques ainsi que des devoirs à accomplir. Les femmes sont les grandes éducatrices de l’espèce humaine. Ce n’est pas un idéal abstrait qui a besoin d’être inscrit dans la loi, mais un fait de la Nature tout comme de l’Histoire. Les eurasistes s’opposent seulement à l’émasculation complète d’un peuple qui se produit inévitablement quand le concept anti-patriarcal corrompu du féminisme est autorisé à infecter une société saine. Nous croyons que le féminisme est à égalité dans son pouvoir destructeur avec l’agenda homosexuel, et c’est par conséquent l’un des plus grands crimes qui puisse être commis contre un peuple.

Ainsi, le concept – ou plutôt, l’idéologie ! – du dénommé féminisme est totalement étranger à notre propre moralité eurasienne et incompatible avec elle. De plus, les racines libérales du féminisme sont faciles à découvrir quand on étudie un peu le sujet. En tant qu’idée, le féminisme (comme son progéniteur libéral) est totalement antithétique aux lois de la Nature. Car où exactement peut-on voir dans le royaume animal que la femelle est égale au mâle en termes de force physique et de simple solidité ? Peut-être qu’une meilleure question serait : où dans toute la Nature, et parmi toutes les espèces, trouvez-vous des animaux femelles accomplissant les mêmes rôles exacts que leurs contreparties masculines ? La réponse : parmi les êtres humains, dans le stupide Monde Occidental. C’est-à-dire dans le Monde Occidental politiquement libéral, économiquement capitaliste, culturellement dégénéré, et sous contrôle américain.

Comme Francis P. Yockey l’a souligné il y a bien des années dans son magnum opus Imperium, le libéralisme « lui met [à la femme] un uniforme et l’appelle un ‘soldat’ ». Une telle absurdité ne fait que confirmer, poursuit Yockey, que « les réalités fondamentales ne peuvent être niées, même par les constructions idéologiques les plus élaborées ». Tout à fait illogiquement, par conséquent, les féministes promeuvent leur agenda comme une sorte d’image-miroir déformée de la masculinité, au détriment de la vraie féminité. Julius Evola décrivit ce développement, qui réapparaît d’une manière cyclique à travers l’histoire, sous le nom d’amazonisme – un terme approprié s’il en est !

Au cours du dernier siècle, les Occidentaux ont ardemment tenté de se convaincre que les femmes sont : (1) les égales physiques des hommes, et (2) bien adaptées pour accomplir des rôles traditionnellement masculins. Loin d’améliorer vraiment la stabilité émotionnelle et la qualité de vie des « femmes de carrière », ces mensonges évidents ont conduit à l’un des plus grands crimes dans l’histoire connue : la rupture de la cellule familiale. Les statistiques ont montré qu’à mesure que le nombre de femmes s’accroissait dans le monde du travail, le nombre de divorces s’accroissait aussi, ce qui conduisait ensuite à un accroissement du nombre des enfants négligés, maltraités et délinquants.

Véritablement, depuis les années 1960, quand les super-féministes comme Gloria Steinem, Betty Friedan et Bella Abzug faisaient campagne pour leur version déformée des « droits des femmes » (ce qui signifiait donner aux femmes tout ce qui est masculin, sauf l’anatomie mâle), le nombre des foyers brisés et d’enfants psychotiques a explosé ! Les masses crédules ont été trompées par l’agenda féministe et d’autres dogmes matérialistes sinistres. En fait, les masses occidentales ont été tellement déboussolées qu’à de nombreux égards, elles sont elles-mêmes à blâmer. Bien qu’une énorme quantité de propagande ennemie ait été diffusée continuellement pendant les dernières décennies, la simple vérité est que les gens ne sont pas obligés de la croire. La triste vérité est que de nombreuses familles ont volontairement renoncé à transmettre à leurs enfants ne serait-ce qu’un semblant de valeurs traditionnelles et patriarcales. En faisant cela, ils font volontairement honte à chacun de leurs ancêtres.

Les fruits bien trop mûrs de l’égocentrisme extrême, d’abord semés à l’époque des Lumières, ont finalement éclaté pour que tout le monde puisse les voir, et quelle affreuse et vraiment tragique vision est-ce là ! Aujourd’hui aux Etats-Unis, presque tous les enfants sont affligés d’un « désordre de déficit d’attention » et d’autisme, entre autres maladies. Bien sûr l’usage de drogues est aussi répandu parmi la jeunesse américaine, ainsi que la violence des gangs et toutes les autres formes de dégénérescence. Pendant ce temps les vrais parents – c’est-à-dire les mères et les pères qui ont transmis des valeurs traditionnelles à leurs enfants – deviennent de moins en moins nombreux.

Maintenant tournons notre attention vers le jumeau idéologique du féminisme : l’agenda homosexuel et la part qu’il joue dans la destruction de la famille hétérosexuelle traditionnelle. Ce n’est certainement pas un hasard si cette forme spécifique de perversion sexuelle a, pendant de nombreuses décennies, été systématiquement imposée aux hétéros dans tout le Monde Occidental. Ce royaume psychotique de dégénérescence pornographique, avec le féminisme et le libéralisme, est l’un des fronts américains les plus visibles de la contre-culture et de l’anti-Tradition.

Quand on examine le sujet de l’activisme homosexuel, on trouvera une surabondance d’Américains libéraux parmi les plus fanatiques défenseurs du « style de vie alternatif ». Les noms qui suivent ne sont que quelques-uns de ceux qu’on peut rencontrer : Harvey Milk, Mark Segal, Mary Bernstein, Brenda Howard, Paul Goodman, Andy Thayer, Larry Kramer et d’autres trop nombreux pour être cités ici. En gros, les Américains libéraux de gauche ont « conquis le marché » (pour ainsi dire) avec l’agenda homosexuel dans leur effort pour pervertir les esprits des masses avides de pop-culture et à la mentalité de troupeau, dans leur propre pays et dans les autres pays. Naturellement, les « icônes » de la pop-culture américaine qui soutiennent les soi-disant « droits des gays » sont alors indispensables à la promotion de l’agenda homosexuel dans le monde entier.

Cependant, dans ces temps de dégénérescence abjecte, dans ces temps de Kali Yuga (comme disent les hindous), peu importe si tel ou tel homosexuel ou féministe déclaré est américain ou pas. Il y a une quantité d’autres activistes homosexuels et féministes dans le monde. Ce qui est important, c’est qu’une écrasante majorité de ces activistes sont des libéraux. En fait, il semblerait qu’ontologiquement, pour devenir un homosexuel ou un féministe, il faille d’abord être un libéral effronté !

Que cette dernière observation de l’auteur soit vraie ou pas, c’est un fait absolu que ces trois dégénérés moraux – l’homosexuel, la féministe et le libéral – sont identiques lorsqu’on en arrive au sens de l’honneur. De même que l’homosexuel trahit l’honneur de la nature, la féministe trahit l’honneur de son genre. Quant au libéral, il ou elle trahit l’honneur de tous les êtres humains. En tant que déformateurs-de-culture, cette anti-Trinité dépravée se révèle dans sa défense commune de l’anarchie érotique totale. En tant que destructeurs-de-culture, l’anti-Trinité est conduite par un sentiment de haine profonde pour tous les aspects du patriarcat et toutes les formes de traditionalisme socioculturel. D’où les facéties dépravées des groupes pro-homosexuels et pro-féministes comme les Femen et les « Pussy Riot ».

Zeus_(Hermitage).jpgSpécialement concernant l’homosexualité, le concept d’honneur n’a même pas un semblant d’existence dans le cerveau d’un homosexuel. L’homosexuel est quelqu’un qui est défini par le sexe ; son désir de sexe est incorporé dans l’être même de l’homosexuel. Cela est facilement constatable dès qu’on a le malheur de croiser le chemin du mâle « ouvertement gay ». Cette pauvre âme perdue, qui a souvent son « boyfriend » en train de glapir joyeusement à coté de lui, ne cessera jamais de tenter d’avoir un contact visuel clair avec chaque mâle assez attirant qui passe dans la rue. Cette pathétique créature n’est manifestement jamais satisfaite sexuellement, et donc il tente d’établir un « contact » avec autant d’hommes que possible, et même au grand plaisir de son partenaire ! Un tel comportement ouvertement « libéré » de la part d’un mâle hétérosexuel conduirait rapidement sa femme ou sa petite amie à le quitter. Mais pas pour l’homosexuel ; car il (ou elle) a une vie de vampirisme – une quête incessante et infatigable pour convertir autant d’autres dégénérés à la perversion gay. Souvent la conversion est faite en échange d’un gain monétaire, comme à Hollywood où des « jeunes talents » sont continuellement « découverts » et ensuite promptement « lancés », simplement pour satisfaire les besoins momentanés des directeurs de studios sodomites.

Le désir pour le même sexe est le coté visible de l’agenda homosexuel. Cependant, il y a aussi un motif caché derrière cela et c’est la destruction de la famille. Plus spécifiquement : la destruction de la famille traditionnelle. Pour chaque personne qui est gay ou lesbienne, c’est la fin de sa lignée familiale. Dans certains cas les lesbiennes portent des enfants par insémination artificielle, mais l’adoption est beaucoup plus fréquente. Et bien sûr tous les groupes d’intérêts spéciaux féministes soutiennent ardemment l’avortement et les styles de vie alternatifs – spécialement pour les femmes seules.

Avant de conclure, disons quelques mots sur l’avortement. Du fait des taux de plus en plus élevés de cette erreur de la Justice Naturelle parmi les parents biologiquement sains, le nombre d’enfants sains décline rapidement. En même temps, et en conséquence, le nombre d’enfants physiquement maltraités et émotionnellement instables augmente. C’est la mission  de l’avortement : convaincre les parents potentiels et sains (spécialement les femmes) qu’il est naturel et même nécessaire de s’engager dans l’activité sexuelle sans le désir de produire des enfants. Et ainsi la mission libérale d’avortement est l’extinction totale de la race humaine – un processus totalement anti-Naturel qui mise sur l’auto-annihilation consciente et volontaire d’une espèce entière. Encore une fois, si l’on regarde le royaume animal, où trouvera-t-on quelque chose de comparable ? Où voit-on un massacre intentionnel de la progéniture ? Quand a-t-on vu une louve frottant intentionnellement son ventre contre un arbre pour tuer l’embryon ? Réponse : jamais. Cela n’arrive pas. Pourtant c’est exactement ce qui se produit aujourd’hui en masse parmi l’espèce humaine.

Par conséquent, la vision-du-monde eurasiste s’oppose résolument à l’horreur de l’avortement – au génocide inspiré par Steinem-Friedan-Abzug et qui se produit en ce moment même. L’eurasiste comprend mieux que quiconque que son enfant représente le futur sacré et le plus précieux de son peuple. Il comprend que ses enfants ont le droit de grandir physiquement, mentalement et émotionnellement pour eux-mêmes, ainsi que pour leur famille, leur culture et leur peuple. En effet, les enfants sont le plus grand investissement que tout être humain peut faire ou fera.

Donc le futur Etat Eurasien devra être fermement opposé au crime de l’avortement dans tous les cas sauf si le fœtus est le produit du viol, de l’inceste, ou si on peut médicalement prouver qu’il est une menace pour la propre survie de la mère ou qu’il est défectueux, c’est-à-dire déformé. Permettre à la vie de naître après ces derniers crimes est en soi criminel et irrationnel pour des humains civilisés (soit dit au passage, c’est un parfait exemple de la manière dont la philosophie morale eurasiste est en opposition avec les valeurs hypocrites de  la religion organisé).

Pour conclure, c’est le rôle du Mouvement Eurasien International de corriger et d’inverser l’actuel cours cataclysmique que nous subissons en tant qu’espèce. De plus, c’est le rôle du dit Mouvement de défendre et de promouvoir les normes patriarcales à l’échelle mondiale, et spécialement dans la culture eurasienne.

Quand la Bête Atlantiste Mondiale sera finalement vaincue en même temps que son idéologie libérale décadente, et dès que le Comité Central du Mouvement Eurasien se sera assuré d’un pouvoir politique durable, les normes patriarcales seront renforcées dans la société eurasienne et ainsi le traditionalisme sera (finalement !) sauvegardé. Le renouveau du patriarcat et du traditionalisme sèmera même de nouvelles racines et deviendra un sujet d’inspiration pour les peuples dans le monde entier.

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samedi, 12 janvier 2019

La théophanie : la signification cosmique du baptême du Christ

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Théologie politique:

La théophanie : la signification cosmique du baptême du Christ

Russia

Steve Turley

Traduction française de Chlodomir

Depuis des siècles, l’Eglise Orthodoxe s’est appropriée le 6 janvier comme l’occasion de se souvenir et de commémorer le baptême du Christ par Jean dans le fleuve Jourdain. La célébration est connue sous le nom de « Théophanie », qui vient de l’ancien grec « apparition d’un dieu ». Dans des passages comme Mathieu 3:13-17, Marc 1:9-11, et Luc 3:21-22, le baptême de Jésus marque la première manifestation explicite de la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Pour l’Eglise des premiers temps, il était hautement significatif qu’une telle manifestation divine soit associée au rite du baptême, car une telle association reliait la vraie nature du Créateur à la vraie nature de la création. En d’autres mots, la révélation de Dieu en tant que Trinité était inextricablement liée à la révélation de Dieu en tant que Créateur et Rédempteur du cosmos.

L’étude de Kilian McDonnell sur les dimensions cosmiques du baptême de Jésus dans la première pensée chrétienne remarque que le témoignage unanime de ces premiers auteurs était que le Christ fut baptisé non pour ses propres péchés mais pour la purification du cosmos [1]. Ignace d’Antioche, qui était un élève de l’Apôtre Jean, écrivit que Jésus fut baptisé pour sanctifier les eaux du monde et accomplir ainsi la parfaite vertu (Eph. 18:2 ; Smyrn. 1:1). Le martyr Justin (100-165 apr. J.C.) dit que l’onction de Jésus par l’Esprit servait à établir l’identité de Jésus en tant que roi messianique et donc l’incarnation du Logos primordial par lequel toutes les choses furent faites (Dial. 88). La Démonstration de la Prédication Apostolique d’Irénée comprend le baptême de Jésus comme l’intermédiaire par lequel le Père accomplit l’onction du cosmos matériel par l’Esprit, un acte qui révélait dans le temps et dans l’espace l’onction pré-temporelle du Christ par le Père avant la création [2].

Le site du fleuve Jourdain amplifiait la signification cosmique du baptême du Christ. Dans des textes extra-canoniques juifs comme la Vie d’Adam et Eve, le fleuve Jourdain était le fleuve qui coulait dans le Jardin d’Eden. Les chrétiens reprirent cette tradition et l’appliquèrent au baptême du Christ. Hippolyte de Rome (170-235 apr. J.C.) identifiait le Jourdain à un fleuve cosmique allant et venant dans le Paradis restauré dans le Christ, et Grégoire de Nysse (335-394 apr. J.C.) voyait toutes les eaux baptismales comme des extensions du Jourdain, englobant le monde entier, et ayant sa source dans le Paradis.

L’iconographie de la Théophanie témoigne de la signification paradisiaque du Jourdain. Dans le texte juif, la Vie d’Adam et Eve, Adam, ayant été expulsé du Paradis, reste plongé jusqu’au cou dans le Jourdain pendant quarante jours comme acte de repentance pour son péché. Dans l’icône, le Christ se tient debout dans le Jourdain, soit nu soit à peine vêtu, s’identifiant ainsi avec la nudité originelle d’Adam dans le Paradis.

Pour ces premiers chrétiens, l’effet sanctifiant que Jésus eut sur les eaux du Jourdain rend toutes les eaux dignes de servir pour le baptême, de sorte que les chrétiens baptisés participent en fait à une manifestation proleptique [*] de la nouvelle création. Clément d’Alexandrie, après avoir déclaré que le Christ était le chef de toute la création, écrivit : « Pour cette raison le Sauveur fut baptisé, bien qu’il n’en ait pas besoin, afin de sanctifier toutes les eaux pour ceux qui seraient régénérés » (Sélection des Ecrits prophétiques, 4, 5) [3]. L’Enseignement Arménien de Saint Grégoire fournit une appropriation particulièrement pertinente du baptême du Christ pour les chrétiens. C’est le rôle de l’Esprit d’ordonner le cosmos, de changer le désordre en ordre. Quand Adam commit le péché, l’Esprit abandonna non seulement Adam mais le cosmos tout entier. Le baptême du Christ, « en marquant les eaux de ses propres pas, (…) les sanctifia et les rendit purifiantes ». La restauration de la création implique donc « la gloire de l’adoption », dans laquelle le baptême de Jésus restaure l’Esprit pour une nouvelle humanité habitant un ordre créé renouvelé. L’identité de l’initié est dérivée de l’identité de Jésus puisque toutes deux sont forgées au moment du rajeunissement de la création.

La Théophanie est donc un jour de fête qui célèbre le fait que la totalité du cosmos a été incorporée dans la vie, la mort et la résurrection transformatives du Christ. Le Créateur trine rédime la créature aussi bien que la création dans sa propre auto-manifestation en tant que Créateur, Rédempteur, et Sanctificateur. La Théophanie est donc une commémoration de l’Un par qui toutes les choses sont faites, et en qui toutes les choses sont renouvelées.

***

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[1] The Baptism of Jesus in the Jordan: The Trinitarian and Cosmic Order of Salvation (Collegeville: The Liturgical Press, 1996), 24.

[2] McDonnell, Baptism of Jesus, 58.

[*] Proleptique : qualifie un événement qui est fixé ou daté d'après une méthode ou une ère chronologique qui n'était pas encore établie au moment où l’événement en question s’est produit. (NDT)

[3] McDonnell, Baptism of Jesus, 55.

mercredi, 09 janvier 2019

I “concetti teologici secolarizzati" della geopolitica

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I “concetti teologici secolarizzati" della geopolitica
 
Ex: https://www.eurasia-rivista.com

“Geopolitica” è uno di quei termini di cui occorre preliminarmente chiarire il significato, perché da diversi anni se ne fa un vero e proprio abuso, attribuendo ad esso contenuti che non ha ed usandolo per lo più come un sinonimo di “geografia politica”, “relazioni internazionali”, “politica estera”, “geostrategia” ecc. In realtà la geopolitica è un’altra cosa.

Pare che il termine compaia per la prima volta in un manoscritto inedito di Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) del 1679, all’epoca in cui il filosofo era consigliere di corte degli Hannover e, incoraggiato dal principe Giovanni Federico nelle sue iniziative culturali e diplomatiche, si adoperava per favorire la pace religiosa. Ma come fondatori della geopolitica vengono generalmente indicati due studiosi: il geografo ed etnologo tedesco Friedrich Ratzel (1844-1904), fondatore della geografia antropica, e il sociologo, politologo e geografo svedese Rudolf Kjellén (1864-1922). 

Quanto a Ratzel, la sua geografia è considerata “una filosofia darwiniana dello spazio, poiché è animata dalle teorie dell’evoluzione della specie e della lotta per la sopravvivenza, filtrate attraverso l’ottica sociale di Herbert Spencer”[1]. Allo Stato, concepito come un organismo biologico e spazializzato costretto ad espandersi, Ratzel assegna una funzione centrale; ma ritiene fondamentale che gli uomini politici, per comprendere il significato spaziale delle loro decisioni, si impadroniscano delle necessarie conoscenze geografiche.

La prospettiva geografico-politica di Ratzel viene integrata da Kjellén in un tipo di studio che nel 1899 riceve da lui per la prima volta la denominazione di geopolitica. Prima nei suoi corsi all’università di Göteborg, poi in un’opera del 1905, Kjellén definisce la geopolitica come “la scienza dello Stato in quanto organismo geografico o entità nello spazio: ossia lo Stato come paese, territorio, dominio o, più particolarmente, come regno. In quanto scienza politica, essa osserva fermamente l’unità statale e vuol contribuire alla comprensione della natura dello Stato”[2].

La geopolitica come “geografia sacra” secolarizzata?

Per quanto grande sia il peso attribuito dalla geopolitica ai fattori geografici, è dunque essenziale il suo rapporto con la dottrina dello Stato, sicché viene spontaneo porsi una questione che finora non risulta abbia impegnato la riflessione degli studiosi.

La questione, che si colloca tra il sacro e il profano, è la seguente: è possibile applicare anche alla geopolitica la celebre affermazione di Carl Schmitt, secondo cui “tutti i concetti più pregnanti della moderna dottrina dello Stato sono concetti teologici secolarizzati”[3]?

L’affermazione di Schmitt riprende una riflessione di Proudhon, che nel 1849 scriveva testualmente: “È sorprendente che al fondo della nostra politica noi trovassimo sempre la teologia”. (“Il est surprenant, qu’au fond de notre politique nous trouvions toujours la théologie”)[4].

Riformuliamo la questione in questi termini: è possibile ipotizzare che la geopolitica rappresenti la derivazione secolarizzata di idee collegate con quella che è stata chiamata la “geografia sacra” da René Guénon[5], autore che peraltro attrasse l’attenzione di Carl Schmitt[6]?  

Se così fosse, la geopolitica si troverebbe in una situazione per certi versi analoga non soltanto alla “moderna dottrina dello Stato”, ma anche ad altre scienze moderne (per citare due soli esempi: la chimica e l’astronomia).

Per essere più esplicito, faccio ricorso ad una citazione dello stesso Guénon: “Separando radicalmente le scienze da ogni principio superiore col pretesto di assicurar loro l’indipendenza, la concezione moderna le ha private di ogni significato profondo e perfino di ogni interesse vero dal punto di vista della conoscenza: ed esse son condannate a finire in un vicolo cieco, poiché questa concezione le chiude in un dominio irrimediabilmente limitato”[7].

Per quanto riguarda in particolare la “geografia sacra”, alla quale – secondo l’ipotesi che abbiamo formulata – si ricollegherebbe in qualche modo la geopolitica, è ancora Guénon a fornirci una sintetica indicazione al riguardo.

“Esiste realmente – egli scrive – una ‘geografia sacra’ o tradizionale che i moderni ignorano completamente così come tutte le altre conoscenze dello stesso genere: c’è un simbolismo geografico come c’è un simbolismo storico, ed è il valore simbolico che dà alle cose il loro significato profondo, perché esso è il mezzo che stabilisce la loro corrispondenza con realtà d’ordine superiore; ma, per determinare effettivamente questa corrispondenza, bisogna esser capaci, in una maniera o nell’altra, di percepire nelle cose stesse il riflesso di quelle realtà.

È per questo – prosegue Guénon – che vi sono luoghi particolarmente adatti a servire da ‘supporto’ all’azione delle ‘influenze spirituali’, ed è su ciò che si è sempre basata l’installazione di certi ‘centri’ tradizionali principali o secondari, di cui gli ‘oracoli’ dell’antichità ed i luoghi di pellegrinaggio forniscono gli esempi esteriormente più appariscenti; per contro vi sono altri luoghi che sono non meno particolarmente favorevoli al manifestarsi di ‘influenze’ di carattere del tutto opposto, appartenenti alle più basse regioni del dominio sottile”[8].

Queste ultime considerazioni di Guénon hanno un evidente rapporto con l’antica nozione del “genius loci”.

Oggi con questa espressione intendiamo semplicemente lo spirito che aleggia in un determinato luogo, la sua atmosfera specifica. Ma nella religione romana veniva chiamato genius loci il nume che presiede ad un luogo e lo protegge, tant’è vero che sul territorio dell’Impero esistevano molti altari dedicati ciascuno ad un particolare genius loci.

E questo perché non esiste alcun luogo che non abbia il suo genio: “Nullus locus sine genio”, afferma Servio commentando il passo dell’Eneide in cui Enea – vedendo sbucare dai recessi della terra un serpente che si accosta agli altari, assaggia le sacre offerte e poi scompare – non  capisce se si tratti del genio del luogo o di uno spirito ministro del padre Anchise (incertus geniumne loci famulumne parentis – esse putet)[9].

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Tracce della “geografia sacra” nella geopolitica

Non è detto, dunque, che una traccia di quella che Guénon chiama “geografia sacra” non sia individuabile in alcune caratteristiche nozioni geopolitiche, le quali potrebbero essere perciò considerate, secondo l’indicazione di Schmitt, “concetti teologici secolarizzati”.

Un caso che si può proporre a questo proposito è costituito dal concetto, eminentemente geopolitico, di confine.

Come è noto, la parola latina che significa “confine” è stata acquisita dal lessico geopolitico, tant’è vero che esiste una rivista di geopolitica intitolata proprio con questa parola: limes.

In origine il termine limes indicava una linea divisoria tracciata fra le porzioni di terreno assegnate ai coloni; in seguito “il suo valore si allargò a indicare più precisamente una strada militare, fortificata, anzi l’insieme stesso delle fortificazioni distese ai confini dell’impero (limes imperii), là dove questi non erano segnati dal mare o da un fiume, cioè da una ripa[10].

La dimensione sacrale di questa nozione diventa evidente allorché si considera che supremo tutore del limes era un dio, Terminus, quello che secondo Ovidio segna i confini di popoli e città e grandi regni: “Tu populos urbesque et regna ingentia finis[11].

Terminus è quel dio che, assieme alla dea Juventas, rifiutò di ritirarsi dal Campidoglio quando Tarquinio il Superbo avrebbe voluto sgombrare il colle dagli altri santuari per erigervi un tempio alla Triade Capitolina (Giove, Giunone e Minerva). Dalla resistenza di Terminus e Juventas si dedusse che il popolo romano non sarebbe mai invecchiato e che le sue frontiere non sarebbero mai state violate[12].

Attraverso la comparazione dei materiali indoiranici, Georges Dumézil ha mostrato che il nome Terminus, prima di essere applicato ad una divinità autonoma e particolare, corrispondeva ad una caratteristica qualità del dio sovrano adorato dai popoli indoeuropei: quella di supremo tutore dei limiti territoriali.

Insomma, la funzione di Terminus era analoga a quella che il rito dei Fratres Arvales riconosceva a Marte in quanto protettore delle messi e dell’abitato agricolo, esortandolo a prender posto sulla “soglia” (limen) dell’ager Romanus per proteggerlo dalle calamità.

D’altronde la storia di Roma ha inizio proprio con una drammatica affermazione della santità dei confini: il fondatore della Città punisce con la morte il fratello che ha violato il perimetro della Roma Quadrata.

Questo episodio illustra nel migliore dei modi l’affermazione di Carl Schmitt secondo cui il nómos – “la prima misurazione da cui derivano tutti gli altri criteri di misura”[13] e quindi la regolamentazione, la norma, la legge – “può essere definito come un muro, poiché anche il muro si basa su localizzazioni sacrali”[14], cosicché la terra, “detta nel linguaggio mitico la madre del diritto (…) reca sul proprio saldo suolo recinzioni e delimitazioni, pietre di confine, mura, case e altri edifici. Qui divengono palesi gli ordinamenti e le localizzazioni della convivenza umana”[15].

Anche il concetto di nómos proviene da una teologia, poiché nella religione greca Nomos è il dio che da Eusebeia (la Pietas) ha generato Dike (la Giustizia).

D’altronde l’originaria essenza teologica di questo concetto risulta evidente anche dalla definizione eraclitea del nómos come “divino” (theios), da quella pindarica come “sovrano” (basileús), da quella platonica e stoica come “dio” (theós). 

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Il katéchon

Ma l’episodio più drammatico in cui il muro appare come simbolo del nómos è forse quello che nella ierostoria coranica ha per protagonista il Bicorne (Dhu’l-qarnayn)[16], correntemente identificato con Alessandro Magno.

Per imprigionare le orde devastatrici di Gog e Magog e frenare i loro assalti, Alessandro fa erigere un baluardo di ferro e di rame, che le orde riusciranno ad abbattere solo alla fine dei tempi, nel momento apocalittico che precederà la parusia anticristica.

La muraglia costruita da Alessandro, in quanto trattiene le orde di Gog e Magog, rientra in quel paradigma che reca il nome greco di katéchon, altro termine che è stato acquisito dal vocabolario geopolitico.

Il katéchon è una “figura” eminentemente teologico-escatologica; ma nell’opera di Carl Schmitt, che come scrive lo stesso giurista[17]si spinge “fino alla soglia dell’escatologia”, tale  “figura” ha dato luogo ad una nozione di filosofia politica che presenta evidenti implicazioni geopolitiche.

In origine, la “figura” del katéchon compare nella Seconda Lettera di San Paolo ai Tessalonicesi.

San Paolo (o chi per lui, poiché l’autenticità della Seconda Lettera ai Tessalonicesi è ancora in  discussione) afferma che il secondo avvento del Cristo non è imminente; infatti prima della gloriosa parusia del Signore dovrà avvenire la grande apostasia e dovrà manifestarsi colui che nella Lettera viene definito come “l’Uomo dell’iniquità” o “l’Uomo del peccato” (ho ánthropos tês anomías; variante: ho ánthropos tês hamartías), “il Figlio della perdizione” (ho hyiòs tês apoleías), “l’Avversario” (ho antikeímenos), colui che si innalza al di sopra d’ogni cosa divina, fino ad insediarsi nel tempio stesso di Dio come se fosse lui Dio[18].

L’autore della Lettera afferma che il “mistero dell’iniquità” (tò mystérion tês anomías) è in atto già adesso; ma l’epifania finale dell’iniquità è frenata e ritardata da qualcosa o qualcuno che viene indicato prima con un participio neutro, tò katéchon, “ciò che trattiene”, poi con un participio maschile, ho katéchon, “colui che trattiene”; alla fine, quando questa enigmatica forza frenante e rallentatrice sarà tolta di mezzo, la potenza dell’empietà si rivelerà compiutamente e il Signore Gesù Cristo la distruggerà “col soffio della sua bocca” (tôi pneúmati toû stómatos autoû)[19].

Nella sua produzione scientifica, Schmitt utilizza per la prima volta il concetto di katéchon in un breve scritto del 1942 apparso in “Das Reich” sotto il titolo Beschleuniger wider Willen [20].

“Tertulliano e altri autori – egli scrive – vedevano nel vecchio imperium romanum di allora il rallentatore, ovvero il fattore che con la sua semplice esistenza ‘tratteneva’ l’eone, determinando un rinvio della fine. Il Medioevo europeo ha ripreso questa credenza, e molti avvenimenti essenziali della storia medioevale sono comprensibili solo in questa prospettiva”[21].

In effetti, nell’esegesi neotestamentaria l’identificazione della figura paolina del katéchon con l’Impero Romano rimase preponderante, dall’epoca patristica in poi.

Per quanto concerne l’opera di Schmitt, il katéchon vi ricorre come la forza frenante che tenta di opporsi alla distruzione di un ordinamento politico, quindi come il lato più propriamente spirituale del nómos della terra.

Ben prima che si parlasse correntemente di “globalizzazione”, Carl Schmitt aveva capito che l’egemonia anglo-americana avrebbe cancellato ogni distinzione e pluralità spaziale, unificando il mondo per mezzo della tecnica e delle strategie economiche e assoggettandolo ad una sorta di “polizia internazionale”.

A questa prospettiva di un mondo spazialmente uniforme e indifferenziato, sradicato dai suoi fondamenti terranei, Schmitt contrappone l’idea che non può esservi Ordnung senza Ortung, ossia che non può esistere un vero ordinamento mondiale senza una localizzazione geografica.

In altri termini, Schmitt sostiene la necessità di un nuovo nómos della terra, ossia di una differenziata suddivisione dello spazio terrestre. Ma dovrà trattarsi di una suddivisione che superi l’angustia territoriale dei vecchi Stati nazionali, ormai inadeguati nell’epoca degli Stati continentali, e realizzi il principio dei “grandi spazi”; al centro dei quali – questa era la speranza di Schmitt fino al 1942 – dovrebbe tornare a porsi l’Europa, autentico katéchon di fronte alla minaccia dell’uniformazione planetaria, che inevitabilmente assume un marchio anticristico.

L’Anticristo, infatti, viene presentato da San Paolo come ho ánomos, “l’iniquo”;

ma il greco anomía, che noi traduciamo correntemente con “iniquità”, è propriamente la negazione del nómos, per cui Schmitt riconosce nella anomía anticristica la radice di quella sinistra parodia dell’Impero che è il globalismo americanocentrico, forma attuale di quello che una volta veniva chiamato “imperialismo americano”, o meglio “statunitense”.

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L’Impero

Il fatto che l’esegesi neotestamentaria sia stata per lo più incline a riconoscere l’Impero romano nell’enigmatica figura paolina del katéchon ci induce a rinnovare in relazione all’idea di Impero l’interrogativo dal quale siamo partiti. Insomma, dobbiamo vedere anche nel concetto geopolitico di Impero il prodotto di un pensiero teologico?

Un glossario geopolitico compilato in ambito accademico definisce l’Impero come uno “Stato dalle grandi dimensioni al cui interno convivono, più o meno liberamente e più o meno paritariamente, diverse nazioni e, conseguentemente, il cui principio costitutivo non sia nazionale. Normalmente si tende a parlare di impero quando questa forma di Stato si è formata [sic] attorno ad una nazione che ne ha il ruolo di guida”[22].  

In maniera più adeguata, forse, l’Impero potrebbe essere definito come “un tipo di unità politica che associa delle etnie, dei popoli e delle nazioni diverse ma imparentate e riunite da un principio spirituale. Rispettoso delle identità, [l’Impero] è animato da una sovranità fondata sulla fedeltà più che sul controllo territoriale diretto”[23].

Infatti ogni manifestazione storica del modello imperiale si è configurata, al di là della sua dimensione geografica e della varietà etnica e confessionale della popolazione corrispondente, come un ordinamento unitario determinato da un principio superiore.

Se ci limitiamo a considerare le forme di Impero che nacquero nell’area del Mediterraneo e del Vicino Oriente, sembra di poter constatare che a creare il modello originario dell’ordinamento imperiale sia stata la civiltà dell’antico Iran, la quale probabilmente attinse tale concezione dal mondo assiro e babilonese.

Se entro i confini della Persia antica il fondamento di tale concezione è la dottrina dell’onnipotenza di Ahura-Mazda, il dio creatore del cielo e della terra che ha assegnato al “Re dei re” la signoria su popoli diversi, in Babilonia e in Egitto i sovrani achemenidi fanno riferimento alle forme religiose locali e in tal modo “assumono il carattere di re nazionali dei diversi paesi, mantenendo in ciascuno di quelli la tradizionale figura di monarca di diritto divino”[24]

Come sappiamo, il modello persiano ispira ad Alessandro un progetto di monarchia sovranazionale che, attraverso i regni ellenistici, si realizza nell’Impero romano, del quale sono noti i fondamenti concreti: il comune ordinamento legale (che convive con una molteplicità di fonti giuridiche), la diffusione della lingua latina (accanto al greco ed alle lingue locali), la difesa militare delle frontiere, l’istituzione di colonie destinate a diventare centri di irradiamento dell’influsso romano nelle province confinarie, una moneta imperiale comune (accanto alle monete provinciali e municipali), un’articolata rete stradale, i trasferimenti di popolazione.

La tradizione romana comporta un concetto teologico di Impero che troviamo enunciato nell’Eneide: Virgilio evidenzia il carattere metastorico dell’idea di Impero, presentandolo come l’archetipo di un ordinamento politico perfetto. 

Nel libro I del poema è Giove stesso che traccia il destino di Roma, dall’arrivo di Enea nel Lazio fino all’instaurazione del principato augusteo. Con una promessa solenne il Padre degli uomini e degli dèi assegna ai discendenti di Enea una potenza illimitata: “His ego nec metas rerum nec tempora pono; – imperium sine fine dedi[25].

Imperium sine fine” è un impero non vincolato dai limiti spaziali e temporali di altre analoghe organizzazioni geopolitiche.

Sine fine”, a mio parere, significa che la possibilità dell’Impero è perenne nella sua universalità e quindi trascende ogni contingenza storica.

Storicamente, ciò è confermato dal fatto che nel Medio Evo l’Impero Romano rinacque, per iniziativa germanica, assumendo la forma del Sacro Romano Impero.

La teologia romana dell’Impero trova il suo culmine nel libro VI dell’Eneide, al termine del lungo discorso con cui l’anima di Anchise indica ad Enea il destino delle anime che si assiepano sulle rive del fiume Lete.

Il lapidario comandamento di Anchise è formulato in questi tre versi celeberrimi: “Tu regere imperio populos, Romane, memento – (hae tibi erunt artes) paci[s]que imponere morem, – parcere subiectis et debellare superbos[26]. “Tu ricorda, o Romano, di governare i popoli – (sarà questa la tua arte) e di imporre costumi di pace, – usar clemenza a chi si arrende, ma abbattere i tracotanti”.

Imperium sine fine”: mezzo millennio dopo Cesare e dopo Augusto, viene deposto l’ultimo imperatore d’Occidente, ma l’Impero romano continua ad esistere per altri mille anni nella sua parte orientale.

Nonostante lo si chiami correntemente “bizantino”, fu un Impero romano, come sottolinea uno dei suoi massimi storici, Georg Ostrogorsky: “Struttura statale romana, cultura greca e religione cristiana sono le fonti principali dello sviluppo dell’impero bizantino. (…) L’impero, eterogeneo dal punto di vista etnico, fu tenuto unito dal concetto romano di stato e la sua posizione nel mondo fu determinata dall’idea romana di universalità. (…) Si forma tutta una complessa gerarchia di stati, al cui vertice è l’imperatore di Bisanzio, imperatore romano e capo dell’ecumene cristiana”[27].

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“Impero Romano turco e musulmano”

In seguito alla conquista di Costantinopoli da parte degli Ottomani, sorgono due nuove e distinte forme imperiali, nelle quali è possibile scorgere l’impronta dell’Impero romano. Sono l’Impero ottomano e l’Impero russo.

Come scrive un altro grande storico, Nicolae Iorga, “Dopo più di mille anni il Sultano turco rifaceva l’opera di Costantino il Grande”[28], cosicché “il dominio ottomano non significava altro che una nuova Bisanzio, con un nuovo carattere religioso per la dinastia e l’esercito”[29]. Perciò nella visione di Iorga[30] l’Impero ottomano costituì – cito ancora una volta le sue parole – “l’ultima ipostasi di Roma, (…) la Roma musulmana dei Turchi”[31].

In modo analogo si esprime Arnold Toynbee: “l’Impero Romano greco e cristiano cade per risorgere nella forma di un Impero Romano turco e musulmano”[32].

In effetti, di fronte all’evento epocale della conquista ottomana di Costantinopoli e al conseguente insediarsi della nuova dinastia nella capitale dell’Impero Romano, i principi dell’Europa cristiana si resero conto di assistere ad un trapasso di autorità e di poteri che trasferiva alla Casa di Osman l’eredità dei Cesari. Lo stesso Papa di Roma, Pio II, proponeva a Mehmed II il Conquistatore di farsi riconoscere come “legittimo imperatore dei Greci e dell’Oriente mediante un pochino d’acqua (aquae pauxillum)”, mostrandosi desideroso di battezzarlo e di accoglierlo nella cerchia dei sovrani cristiani e ammettendo in tal modo, sia pure implicitamente, che il Sultano era già, quanto meno de facto, imperatore romano.

D’altronde, come scriveva testualmente Giorgio Trapezunzio (1395-1484) in una delle due orationes indirizzate al Sultano nel 1466, a Roma “nessuno dubitava ch’egli fosse di diritto imperatore dei Romani”.

Infatti, affermava il filosofo cretese, ripetendo un’argomentazione consueta in quegli anni, “imperatore è colui che a giusto titolo possiede la sede dell’Impero, e la sede dell’Impero Romano è Costantinopoli. Chi dunque possiede di diritto Costantinopoli è imperatore”. E proseguiva: “Ma non dagli uomini, bensì da Dio tu desumi, mediante la tua spada, il possesso del trono suddetto. Quindi tu sei legittimo imperatore dei Romani! Chi dunque continua ad essere imperatore dei Romani, è anche imperatore di tutto l’orbe terracqueo!” Nessuno, concludeva il Trapezunzio, avrebbe potuto meglio di Mehmed fondere in un solo impero, con l’aiuto di Dio, tutte le genti dell’Europa e dell’Oriente[33].

Va poi menzionato il riconoscimento ufficiale ed esplicito proveniente dalla Repubblica di Venezia: Mehmed II era Imperatore di Costantinopoli e quindi gli spettavano di diritto tutti i territori dell’Impero bizantino, tra cui anche le vecchie colonie greche della Puglia: Brindisi, Taranto e Otranto.

Quanto a Firenze, Lorenzo il Magnifico fece coniare una medaglia sulla quale, accanto all’immagine del Sultano Conquistatore, si leggeva: “Mahumet, Asie ac Trapesunzis Magneque Gretie Imperat[or]”. L’espressione Magna Gretia designa qui non l’Italia meridionale, bensì quella che, a paragone di Trebisonda (Trapesus), cioè della “piccola Grecia”, è la “grande Grecia”, vale a dire Bisanzio col suo vasto entroterra.

Altre due medaglie, che parlano anch’esse un linguaggio inequivocabile in ordine al riconoscimento del carattere romano rivestito dall’imperium ottomano, furono fatte coniare nel 1481 da Ferrante d’Aragona. Le rispettive iscrizioni qualificavano Mehmed II “Asie et Gretie imperator” e “Bizantii imperator”. Dunque: imperatore bizantino, imperatore della Grecia e dell’Asia.

Ma il primo ad essere consapevole di questa eredità era lo stesso Mehmed, che sul modesto abito di panno nero portava l’aquila bicefala dei basileis. Oltre ad Alessandro Magno, il modello ideale scelto da Mehmed era Giulio Cesare; “e dice che la sede di Costantino gli è concessa dal cielo e che questa sede sembra esser in verità Roma, non Costantinopoli (hanc vero Romam esse, non Constantinopolim videri), e ciò esser giusto e corrispondere bene, come se, presa la figlia con la forza, possa prendersi anche la madre…”[34].

Insomma, “persino la corte dei sultani, eredi della potenza bizantina (…), prese ad imitare nell’organizzazione e nello splendore quella che Costantino VII Porfirogenito ci ha così efficacemente rappresentato nel suo de coeremoniis. Lo stesso titolo sultaniale di “ombra di Dio sulla terra” riecheggiava la dottrina che era stata esposta nel 527 da Agapito, diacono di Santa Sofia, in occasione dell’incoronazione di Giustiniano. Degno di nota è in particolare il fatto che Solimano il Magnifico “pretese di assumere il titolo di ‘imperatore’ e di negarlo, secondo la politica di Bisanzio nei confronti dell’occidente, a Carlo V”[35]

D’altronde Solimano I (che in turco non è chiamato “il Magnifico”, bensì Qanuni, ossia “Legislatore”, dal greco kanón, che è il “Canone” di Giustiniano, il corpus juris civilis) era solito presentarsi come “Signore dei Signori (…) Signore della Grecia, della Persia e dell’Arabia (…) Signore del Mar Nero e d’ogni altro mare, nonché della città santa della Mecca, fulgente di tutta la luce di Allah, della città di Medina e della santa e casta città di Gerusalemme; Principe di tutta l’Ungheria e sovrano di molti altri regni e territori, sui quali esercito la mia autorità imperiale (…)”[36].

Già nel 1538, dopo il trionfo moldavo, il Magnifico si era proclamato, in una sua poesia, “Scià dell’Iran, imperatore dei Romani, sultano dell’Egitto”. Nei versi di un altro sultano, viene ripetuto il titolo di zar: “Sono zar di Zarigrado (= Istanbul) – e zar di Macedonia, – zar dei greci, dei serbi e dei moldavi, – e zar di Babilonia. – Sono zar di Podolia e di Galizia, – e della nobile Crimea, – zar d’Egitto e d’Arabia – e zar di Gerusalemme”[37].

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La Terza Roma

Intanto Mosca si preparava a diventare, in una nuova metamorfosi dell’Impero, la “Terza Roma”. A coniare questa definizione fu un monaco ortodosso russo, lo starec Filofej, che tra il 1523 e il 1524, in un messaggio inviato al granduca di Moscovia Basilio III, enunciò l’idea di Mosca quale “terza Roma” nei termini seguenti.

“La Chiesa dell’antica Roma è caduta a causa dell’eterodossia dell’eresia apollinarista [che negava l’integrità dell’anima umana del Cristo]. La seconda Roma – la Chiesa di Costantinopoli – è stata fatta a pezzi dalle scuri dei figli di Agar e ora questa Terza Roma del tuo potente regno – la Chiesa santa cattolica e apostolica – illuminerà l’universo intero come fa il sole… Sappi e riconosci, pio Zar, che tutti i regni cristiani si sono compendiati nel tuo; che la prima e la seconda Roma sono cadute; e che ora si erge una terza Roma, alla quale non succederà mai una quarta: il tuo regno cristiano non cadrà in potere di nessun altro”.

Parlando di Roma e di Mosca, Filofej non intendeva indicare le due città come capitali politiche universali. Per lui “Roma” significava la prima capitale religiosa del cristianesimo, che, cadendo nell’eresia, aveva lasciato a Bisanzio, la seconda Roma, il compito di custodire la vera fede. Il crollo della prima Roma era stato un crollo spirituale; quello della seconda era stato anche un crollo politico.

Secondo gli Ortodossi, dunque, Bisanzio era stata annientata e l’Occidente cattolico era preda dell’eresia. Perciò la Russia, che aveva preservato l’indipendenza nazionale, era diventata l’unico baluardo della fede ortodossa.

Filofej non pensava alla Russia come ad una Terza Roma con connotazione politica, ma solo ad una Terza Roma religiosa. Tuttavia nella sua tesi c’era un’implicazione politica e geopolitica: l’idea di Mosca quale Terza Roma comportava l’idea della centralità della Russia.

Heartland

Arriviamo così ad un altro caso in cui un concetto religioso trasmette la sua forza ad un concetto geopolitico.

Alla centralità della Russia nel continente eurasiatico corrispondono infatti i caratteristici termini introdotti nel lessico geopolitico da Sir Halford John Mackinder (1861-1947): Heartland (lett. “territorio cuore”), pivot-state (“Stato perno”) e pivot area (“area perno”)[38].

Secondo Mackinder, che enuncia la sua tesi nel 1904, esiste una gigantesca fortezza naturale, inaccessibile alla potenza marittima: si tratta di quell’area, compresa fra l’Asia centrale e l’Oceano Artico, dalla quale si sono irradiate, fino al XVI secolo, le successive invasioni (di Unni, di Mongoli e Tartari, di Turchi) che hanno interessato la Cina, l’India, il Vicino Oriente e l’Europa. Il dominio di quest’area, che egli chiama inizialmente “area perno” (“pivot area”) e poi “territorio cuore” (“heartland”), garantirebbe il dominio della massa continentale eurasiatica e quindi del mondo. Nel 1919, quando ritiene che il pericolo per l’Inghilterra provenga dalla Germania, Mackinder sposta più ad ovest i confini occidentali dell’area-perno; li colloca più ad est nel 1943, quando giudica più pericolosa la Russia. In ogni caso, per impedire l’unità continentale ed assicurare alle potenze marittime il predominio sul resto del mondo, secondo Mackinder occorre interporre fra la Germania e la Russia, come un diaframma, un’Europa centro-orientale garantita dalla Società delle Nazioni.

Questi termini, che riprendono concetti d’origine orientale circolanti negli ambienti della Phabian Society frequentati dal geografo inglese, richiamano in maniera esplicita il simbolismo del cuore ed il simbolismo assiale e ripropongono in qualche modo quell’idea di “Centro del Mondo” che le culture tradizionali rappresentano attraverso una varietà di simboli, geografici e non geografici.

La storia delle religioni ci insegna che l’homo religiosus “aspira a vivere il più possibile vicino al Centro del Mondo e sa che il suo paese si trova effettivamente nel centro della superficie terrestre”[39]; questa convinzione non è scomparsa insieme con quella che Mircea Eliade chiama la visione “arcaica” del mondo, ma ha lasciato le sue tracce in contesti storico-culturali più recenti.  

Fino all’epoca delle grandi scoperte geografiche, fa notare Carl Schmitt, gli uomini avevano “un’immagine mitica del cielo e della terra”, per cui “ogni popolo potente si considerava il centro della terra e guardava ai propri domini territoriali come alla casa della pace, al di fuori della quale regnavano guerra, barbarie e caos”[40].

In realtà, ciò era vero già molto prima delle grandi scoperte geografiche. Per esempio, secondo la geografia sacra dell’Avesta zoroastriano, la sede originaria degli Ariani, cioè degli Irani, Airyanem Vaejah, si trova al centro di Xvaniratha, che fra i sette cosiddetti “climi” (karshvar) della terra è quello centrale, circondato dagli altri sei. Lì, nel centro della zona centrale, dove nacque Zarathustra, alla fine dei tempi nascerà l’ultimo Saoshyant (l’ultimo Salvatore), che ridurrà all’impotenza Ahriman e porterà a compimento la resurrezione e l’esistenza ventura.

Troviamo una rappresentazione analoga anche in una fase successiva della civiltà persiana. Il Kitâb al-tafhîm di Mohammad al-Birûnî (che visse nei secc. IV e V dell’Egira, ossia tra il X e l’XI dell’era volgare) contiene uno schema geografico in cui l’Iran è rappresentato dal cerchio centrale; intorno a questo cerchio centrale sono raggruppati altri sei cerchi, che a loro volta rappresentano: 1) Turkestan, 2) Cina, 3) India, 4) Arabia e Abissinia, 5) Siria ed Egitto, 6) area bizantina e mondo slavo.

Attualmente l’idea della centralità iraniana si esprime nell’uso del termine heartland in riferimento all’Iran stesso: un uso, questo, che è riscontrabile nei discorsi di alcuni esponenti della classe religioso-politica della Repubblica Islamica. In un’intervista apparsa sulle pagine di “Eurasia”, un hojjatoleslam iraniano dichiara testualmente: “Il movimento religioso e strategico della Rivoluzione Islamica ha assegnato all’Iran una funzione geostrategica. (…) L’Iran si è trasformato nell’heartland geostrategico”[41].

È vero che sono diversi i paesi e le regioni correntemente definiti come “centrali” relativamente all’area geografica alla quale appartengono: l’Europa centrale o Europa di Mezzo (Mitteleuropa, Zwischeneuropa), l’Italia centrale, l’Asia centrale, l’America centrale ed anche la Repubblica Centroafricana.

Ma l’idea di una centralità rispetto alla totalità del mondo terrestre si trova nel nome tradizionalmente usato dagli abitanti della Cina per designare il loro Paese: Chong-kuo, letteralmente “Paese del Centro”.

Il simbolismo islamico dell’Occidente

Mentre la Cina è, ancora oggi, il “Paese del Centro”, l’Europa, in seguito alle due svolte storiche del 1945 e del 1989, è stata inglobata in quella grande area geopolitica che, essendo egemonizzata dagli Stati Uniti d’America, viene chiamata “Occidente”.

Non sarà perciò privo d’interesse vedere qual è il significato che il simbolismo tradizionale assegna a questo punto cardinale.

Nella tradizione indù la distribuzione tradizionale delle caste nello spazio cittadino assegna ai brahmana i quartieri settentrionali, mentre agli kshatriya spetta l’est ed ai vaishya il sud; “per gli shudra rimane soltanto l’ovest, considerato il lato dell’oscurità”[42].

Per quanto concerne l’Islam, il simbolismo geografico si sviluppa a partire dal versetto coranico in cui Allah è chiamato “Signore dei due Orienti e dei due Occidenti” (Rabbu l-mashriqayni wa rabbu l-maghribayni)[43].

Secondo l’esegesi della gnosi sciita, il versetto allude a quattro orizzonti metafisici, quattro realtà archetipiche divine (haqâ’iq mutaassila ilâhîya); due di esse, l’Intelligenza universale e l’Anima universale, si trovano ad oriente della Realtà vera (mashriq al-haqîqat), mentre le altre due si trovano ad occidente, e sono la Natura universale e la Materia universale”[44].

Nella cosmologia di Avicenna, quale essa traspare dal Racconto di Hayy ibn Yaqzân di Ibn Tufayl[45], lo schema del mondo “divide la totalità dell’essere pensabile in un Occidente cosmico e in un Oriente cosmico”[46]. Ma questo Oriente cosmico non coincide con l’est delle nostre carte geografiche; esso è il polo celeste, il centro di ogni orientamento, e deve essere cercato nella direzione del nord cosmico, dove si trova la Terra di Luce.

In questo schema, l’Occidente “rappresenta il mondo materiale sensibile, ed è duplice: vi è il ‘clima’ [ossia la zona] della Materia terrestre sublunare, quello della nostra Terra materiale, soggetto alla generazione e alla dissoluzione; e vi è il ‘clima’ [la zona] della Materia celeste, quello delle Sfere costituite d’una sostanza eterica, diafana e incorruttibile, ma che tuttavia rientra ancora nella fisica”[47].

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Il simbolismo dantesco dell’Occidente

Se la gnosi islamica vede nell’Occidente il simbolo di una Materia che non è solo terrestre, ma acquisisce nel mondo celeste una sua dimensione più “sottile”, il Poema sacro di Dante assegna a questo punto cardinale una valenza che attiene all’aspetto più tenebroso e mortale della materia.

Infatti nel canto XXVI dell’Inferno, mentre viene confermata la santità dei confini collocati da Ercole sul limite occidentale del Mediterraneo “acciò che l’uom più oltre non si metta”[48], l’Ulisse dantesco rievoca così il discorso con cui egli aveva esortato i propri compagni ad affrontare il “folle volo”: “O frati, dissi, che per cento milia – perigli siete giunti all’occidente (…)”[49].

Se ci sforziamo di intravedere qualcosa di quel senso allegorico che, per espressa dichiarazione di Dante, si trova celato dietro il senso letterale “delli versi strani”, possiamo supporre che l’Occidente evocato da Ulisse nella sua “orazion picciola” non si esaurisca nell’accezione spaziale e geografica del termine, ma simboleggi la prossimità a quel limite che l’uomo non deve violare.

Ricordiamo che la parola “Occidente” trae origine dal participio latino del verbo occĭdo, il quale, essendo composto di ob e di cado, significa “cadere”, “morire”. Sol occĭdens è dunque il “Sole che tramonta”, il “Sole che muore”, e designa il luogo in cui ha inizio il regno della tenebra e della morte. Lì termina il cosmo degli uomini e inizia quello che Dante chiama il “mondo sanza gente”.

Non è escluso che l’Occidente dantesco, data la polivalenza semantica del simbolismo, indichi anche una fase temporale, cosicché un senso ulteriore del discorso di Ulisse sarebbe questo: i suoi compagni, in quanto “vecchi e tardi”, sono giunti “a l’occidente” della vita, cioè in prossimità della morte.

E siccome essi rappresentano la nostra umanità, l’umanità europea, in base a questa possibile accezione del simbolo saremmo indotti ad intendere che l’Europa doveva arrivare – e vi sarebbe effettivamente arrivata proprio al tempo di Dante – in prossimità di quella fase della sua esistenza che, secondo René Guénon, “ha rappresentato in realtà la morte di molte cose”.

D’altronde l’Occidente, il luogo della tenebra, è anche un simbolo di quello che Martin Heidegger ha chiamato “l’oscuramento del mondo”. “Mondo” – spiega lo stesso Heidegger – “si deve sempre intendere in senso spirituale”, sicché “l’oscuramento del mondo implica un depotenziamento dello spirito”. E la situazione dell’Europa, prosegue Heidegger, “risulta tanto più fatale e senza rimedio in quanto il depotenziamento dello spirito proviene da lei stessa”.

Secondo Heidegger, l’oscuramento del mondo, “anche se è stato preparato in passato, si è definitivamente verificato a partire dalla condizione spirituale della prima metà del secolo XIX”[50], cioè col trionfo del razionalismo contemporaneo, del materialismo, dell’individualismo liberale. D’altra parte, questo oscuramento del mondo è proceduto di pari passo con quella che Serge Latouche ha chiamata “l’occidentalizzazione del mondo”[51].

L’inferno, nel fondo del quale è finito quell’Ulisse dantesco che lasciò l’Europa per inoltrarsi nella tenebra occidentale, è un Occidente perenne, perché la luce non vi splende mai. Dante può uscire da questa eterna tenebra occidentale e infernale solo perché è guidato da Virgilio, il poeta dell’Impero; il poeta di un Impero che, come è detto esplicitamente in Paradiso, VI, 4-6, è per la sua stessa origine legato allo spazio europeo e mediterraneo: “cento e cent’anni e più l’uccel di Dio – ne lo stremo d’Europa si ritenne, – vicino a’ monti de’ quai prima uscìo”[52].

È infatti il caso di ricordare che, secondo Dante, l’Aquila imperiale (“l’uccel di Dio”) spiccò il suo volo partendo da “lo stremo d’Europa”, cioè dall’odierna Anatolia, là dove sorgeva Troia, patria di Enea, antenato di Romolo.

Della riva orientale del Mediterraneo era originaria la stessa Europa, la fanciulla che fu amata da Zeus e diede il proprio nome al nostro subcontinente (a questa “penisoletta avanzata dell’Asia”, sein vorgeschobenes Halbinselchen Europa[53], per dirla con Nietzsche).

Ciò potrebbe indurci a riflettere sul fatto che per i Greci e per i Romani, e poi ancora per gli uomini del Medioevo, l’Europa si estendeva verso oriente molto più che non nell’età moderna e in quella contemporanea; ma questo sarebbe un altro discorso, che implicherebbe questioni molto attuali e dibattute, come ad esempio quella relativa allo statuto (culturale e geopolitico) della Turchia rispetto all’Europa.


NOTE

[1] Carlo Jean, Geopolitica, Laterza, Roma-Bari 1995, p. 26.

[2] Stormakterna. Konturer kring samtidens storpolitik, första delen. Ried. Hugo Gebers förlag, Stockholm 1911, p. 95. Trad. fr., Les grandes puissances. Des contours de la grande politique contemporaine, première partie, p. 39.

[3] Carl Schmitt, Teologia politica, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna 1972, p. 61.

[4] Pierre-Joseph Proudhon, Les confessions d’un révolutionnaire, pour servir à l’histoire de la révolution de février, “La voix du peuple”, Paris, 1849, p. 61.

[5] René Guénon, Il regno della quantità e i segni dei tempi, Edizioni Studi Tradizionali, Torino 1969, p. 162. Una decina d’anni prima di pubblicare Il regno della quantità, Guénon aveva patrocinato la pubblicazione, su “Études traditionnelles”, di uno studio di Vasile Lovinescu sulla “Dacia iperborea”. L’Autore, che si firmava con lo pseudonimo di “Geticus”, dichiarava esplicitamente la propria intenzione di applicare i criteri della “geografia sacra, (…) fra tutte le scienze tradizionali la più dimenticata in Occidente” (Geticus, La Dacia iperborea, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 1984, p. 18.

[6] Cfr. Cristiano Grottanelli, Mircea Eliade, Carl Schmitt, René Guénon, 1942, “Revue de l’histoire des religions”, tome 219, n. 3, 2002, pp. 325-356. La crise du monde moderne è citata da Schmitt in Der Leviathan in der Staatslehre des Thomas Hobbes, Stuttgart 1982, pp. 44-45.

[7] René Guénon, La crisi del mondo moderno, Edizioni dell’Ascia, Roma 1953, p. 66.

[8] René Guénon, Il regno della quantità e i segni dei tempi, cit., ibidem.

[9] Virgilio, Eneide, V, 84-96.

[10] W. Kubitschek, Limes, in Enciclopedia Italiana, 1934.

[11] Ovidio, Fasti, II, 659.

[12] Dionigi di Alicarnasso, II, 74. “Juventas Terminusque maximo gaudio patrum vestrorum moveri se non passi” (Livio, V, 54; cfr. I, 55, 3 s.). “nempe deorum – cuncta Jovi cessit turba, locumque dedit. – Terminus, ut veteres memorant, inventus in aede, – Restitit et magno cum Jove templa tenet” (Ovidio, Fasti, II, 667-670).

[13] Carl Schmitt, Il nomos della terra, Adelphi, Milano 1991, p. 54.

[14] Carl Schmitt, Il nomos della terra, cit., p. 59.

[15] Carl Schmitt, op. cit., p. 19.

[16] Corano, XVIII, 82-98.

[17] Carl Schmitt, Lettera a Álvaro d’Ors del 13 settembre 1951, cit. nell’Epilogo di Günther Maschke in: C. Schmitt, Stato, grande spazio, nomos, Adelphi, Milano 2015, p. 492, n. 1.

[18] “Ne quis vos seducat ullo modo; quoniam nisi venerit discessio primum, et revelatus fuerit homo peccati, filius perditionis, qui adversatur et extollitur supra omne, quod dicitur Deus aut quod colitur, ita ut in templo Dei sedeat ostendens se tamquam sit Deus” (Thess. II, 2, 3-4).

[19] “Non retinetis quod, cum adhuc essem apud vos, haec dicebam vobis? Et nunc quid detineat scitis, ut reveletur in suo tempore. Nam mysterium iam operatur iniquitatis; tantum ut qui tenet nunc teneat, donec de medio fiat. Et tunc revelabitur ille iniquus, quem Dominus Iesus interficiet spiritu oris sui” (Thess. II, 2, 5-8).

[20] Trad. it.: Carl Schmitt, Acceleratori involontari, in: Stato, grande spazio, nomos, cit., pp. 199-213.

[21] Carl Schmitt, Acceleratori involontari, in: Stato, grande spazio, nomos, cit., p. 209.

[22] Enrico Squarcina, Glossario di geografia politica e geopolitica, SEB, Milano 1997, p. 82.

[23] Louis Sorel, Ordine o disordine mondiale?, in L. Sorel – R. Steuckers – G. Maschke, Idee per una geopolitica europea, Milano 1998, p. 39.

[24] Pietro de Francisci, Arcana imperii, vol. I, Roma 1970, p. 168.

[25] Verg., Aen. I, 278-279.

[26] Verg., Aen. VI, 851-853.

[27] Georg Ostrogorsky, Storia dell’impero bizantino, Torino 1993, pp. 25-26.

[28] Nicolas Iorga, Byzance après Byzance, Paris 1992, p. 48.

[29] Nicolas Iorga, Formes byzantines et réalités balkaniques, Paris-Bucarest 1922, p. 189.

[30] La visione di Iorga coincide con quella di Arnold Toynbee: “The Greek Christian Roman Empire fell to rise again in the shape of a Turkish Muslim Roman Empire” (Arnold Toynbee, A Study of History, 2a ed., London – New York – Toronto 1948, vol. XII, p. 158).

[31] Nicolae Iorga, The Background of Romanian History, Cleveland, 17 febbr. 1930, cit. da Ioan Buga, Calea Regelui, Bucureşti 1998, p. 138.

[32] Arnold Toynbee, A Study of History, vol. XII, 2a ed., London – New York – Toronto 1948, p. 158.

[33] A. Mercati, Le due lettere di Giorgio da Trebisonda a Maometto II, “Orientalia Christiana Periodica”, IX, 1943, pp. 65-99.

[34] Nicola Sagundino, in: AA. VV., La caduta di Costantinopoli, Milano 1976, II, pp. 132-133.

[35] Pietro de Francisci, Arcana Imperii, Roma 1970, III, t. II, p. 239.

[36] Fairfax Downey, Solimano il Magnifico, Milano 1974, p. 307.

[37] Gianroberto Scarcia, Storia della letteratura turca, Milano 1971, p. 68.

[38] Halford John Mackinder, The geographical pivot of history, “The Geographical Journal”, vol. XXIII, n. 4, Aprile 1904, pp. 423-444. È prevista la pubblicazione della traduzione italiana di questo fondamentale testo della geopolitica sul n. 50 di “Eurasia”.

[39] Mircea Eliade, Il sacro e il profano, Boringhieri, Torino 1967, p. 42.

[40] Carl Schmitt, Stato, grande spazio, nomos, Adelphi, Milano 2015, p. 294.  

[41] Intervista all’hojjatolislam Abolfazl Emami Meybodi, a cura di C. Mutti, “Eurasia”, 1/2018, genn.-marzo 2018.

[42] R. Guénon, Simboli della Scienza sacra, Adelphi, Milano 1994,p. 96.

[43] Corano, LV, 17.

[44] H. Corbin, L’immagine del Tempio, cit., pp. 89-90.

[45] Ibn Tufayl, Epistola di Hayy ibn Yaqzân, Rusconi, Milano 1982.

[46] H. Corbin, Corpo spirituale e terra celeste, cit., p. 94.

[47] Ibn Tufayl, Epistola di Hayy ibn Yaqzân, Rusconi, Milano 1982.

[48] Inf. XXVI, 109.

[49] Inf. XXVI, 112-113.

[50] Martin Heidegger, Introduzione alla metafisica, Mursia, Milano 1972, p. 55.

[51] Serge Latouche, L’occidentalisation du monde, La Découverte, Paris 1989.

[52] Par. VI, 4-6.

[53] Friedrich Nietzsche, Jenseits von Gut und Böse, III, 52.

Herman Wirth’s Theory of Civilization

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Herman Wirth’s Theory of Civilization

Ex: http://www.geopolitica.ru

The Cultural Circle of Thule

Bachofen’s idea of a primordial matriarchy and his theory of “cultural circles” were developed by another historian and archaeologist, a specialist in paleo-epigraphy, Herman Wirth (1885-1981).

Wirth’s theories are based on the hypothesis borrowed from the Indian author Bala Gandhara Tilak (1856-1920) [1], that the original Proto-Indo-European civilization was formed in the late Paleolithic (the Aurignacian culture) in the lands of the northern polar circle. This hypothesis was based on the interpretation of the data of Indian astrology, Vedic texts, and the myths of the Hindus, Iranians, and Greeks which speak of the existence in remote antiquity of a populated country lying in the Far North (Hyperborea). This continent was described in the Vedas as the “land of the white boar”, Varahi, and the “island of light”, or Sweta Dvipa. The Zoroastrian tradition speaks of the ancient abode of the first man, the city of Vara, located in the Far North, from which he was forced to descend southwards as the dark deity Angra Mainyu, the enemy of the god of light, Ahura-Mazda, unleashed a “great cold” across these lands. Tilak argues for the existence of this “Nordic” proto-civilization on the basis of Indian astrology, the symbolism of which, according to Tilak, becomes clear only if we accept that the constellations were originally observed in the circumpolar regions, where the day of the gods is equal to the year of men.

wirthboek.jpgWirth adopted this hypothesis and constructed his own theory upon it, the “Hyperborean theory” [2] or theory of the “cultural circle of Thule” [3], which represents the Greek name for the mythical city lying in the country of the Hyperboreans. According to this theory, before the latest wave of global cooling, the circumpolar zone in the North Atlantic Ocean was home to inhabitable lands whose inhabitants were the creators of a primordial cultural code. This culture was formed under conditions when the natural environment of the Arctic was not yet so harsh, and when its climate was similar to the modern temperate Central European climate. There were present all the annual and atmospheric phenomena which can be observed in the Arctic today: the Arctic day and Arctic night. The yearly solar and lunar cycles of the Arctic are structured differently than their counterparts in middle-range latitudes. Thus, the symbolic fixations of the calendar, the trajectory of the sun, the moon, and the constellations of the zodiac necessarily had a different form and different patterns.

On the basis of an enormous swathe of archaeological, paleo-epigraphical (cave paintings, Paleolithic symbols, ancient carvings, etc.), mythological, and philological material, Herman Wirth undertook an attempt to reconstruct the primordial system of this Arctic proto-civilization’s cultural code. At its heart he put the reconstructed proto-calendar, the last traces of which Wirth believed are constituted by the Scandinavian runes, which he attributed to remote antiquity. Wirth proposed to examine this calendar, which records the key moments of the Arctic year, as the key to all later versions of mythological, religious, ritualistic, artistic, and philosophical heritages which continued and developed this primordial algorithm over the course of the wave-like migrations of the bearers of “Thulean culture” into the southern regions. When applied to other climatic conditions, however, many of the symbolic patterns of this calendar, otherwise crystal clear in the Arctic, lost their meaning and rationale. They were partially transferred to new realities, partially frozen as relics, and partially lost their meanings or acquired new ones.

First and foremost, this change entailed a fundamentally new understanding of the basic unit of time: instead of the Hyperborean day, equal to a year, the daily circle, which is much more clearly defined in the regions south of the polar circle, became the measure of events of human life. What is more, the localizing points of the spring and autumn equinoxes changed in relation to southward movement. All of this gradually confused the crystal clarity and simplicity of the primordial matrix.

Wirth believed that his reconstruction of the sacred complex of the culture of Thule lay at the heart of all historical types of writing and language, as well as musical tones, the symbolism of colors, ritual gestures, burials, religious complexes, etc.

Studying this culture formed the basis of Wirth’s attempts at reconstructing what he called the “proto-writing” or “proto-script” of humanity. Wirth published the results of his studies in two monumental works, Der Aufgang der Menschheit (The Emergence of Mankind) [4] and Die Heilige Urschrift der Menschheit (The Sacred Proto-Script of Mankind) [5], both equipped with an enormous lot of synoptic tables, comparative illustrations of archaeological excavations, writing systems, etc.

Nordic matriarchy

Wirth embraced Bachofen’s notion of primordial matriarchy and attributed to the “Thule culture” a matriarchal form of civilization. He suggested that the belief that the female gender is inclined towards materiality, corporeality, chthonicity, and empirical specifics is purely a product of patriarchal censorship, and that matriarchy could be no less, indeed even more of a spiritual phenomenon than patriarchy. Wirth believed that societies dominated by women and female priesthoods, religions, and cults represented the more advanced types of Hyperborean culture, which he termed the “culture of White Ladies” (weisse Frauen).

wirthoera.jpgWirth thus presented an altogether peculiar view on the relationship between matriarchy and patriarchy in the archaic culture of the Mediterranean region. In his point of view, the most ancient forms of culture in the Mediterranean were those established by bearers of the Hyperborean matriarchy, who in several stages descended from the circumpolar regions, from the North Atlantic, by sea (and that ships with shamrocks on the stern were characteristic of them). These were the people mentioned in ancient Near Eastern artifacts as the “sea-peoples”, or am-uru, hence the ethnic name of the Amorites. The name Mo-uru, according to Wirth, once belonged to the very main center of the Hyperboreans, but was transmitted along with the natives of the North in their migration waves to new sacred centers. It is to these waves that we owe the Sumerian, Akkadian, Egyptian (whose pre-dynastic writing was linear), Hittite-Hurrian, Minoan, Mycenaean, and Pelasgian cultures. All of these Hyperborean strata were structured around the figure of the White Priestess.

Patriarchy, according to Wirth, was brought by immigrants from Asia, from the steppe zones of Turan, who distorted the primordial Hyperborean tradition and imposed upon the Mediterranean cultures quite different – rude, violent, aggressive, and utilitarian -values which contrasted (for worse) the pure spiritual forms of the Nordic matriarchy.

Thus, in Wirth we have the following reconstruction: the Hyperborean cultural circle’s primordial, spiritual and highly-developed type of matriarchal culture spread from a circumpolar center, mainly be sea, penetrating the Mediterranean, scraping Africa, and even reaching the southern coast of Asia all the way down to Polynesia, where the Maori culture still retains traces of the ancient Arctic tradition. Another offshoot of the center of Mo-uru in the North Atlantic migrated to North America, where it laid the foundations of the cultural code of many tribes. One of Wirth’s undertakings was to demonstrate a homology between these two branches that dispersed out of the culture of Thule – the European, Mediterranean, and further African and Pacific on the one hand, and the North-American on the other.[6]

Meanwhile, in continental Asia there formed a cultural pole which represented the embryo of proto-patriarchy. Wirth associated this culture with crude naturalism, phallic cults, and a martial, aggressive, and utilitarian type of culture, which Wirth believed to be lower and Asian. We have devoted a whole separate volume to a more detailed outline of Herman Wirth’s views.[7]

The significance of Wirth’s ideas to geosophy

Many aspects of Herman Wirth’s unjustly forgotten works deserve attention in the study of plural anthropology. First of all, his extremely fertile hypothesis of the cultural circle of Thule, which is usually discarded from the outset without any careful analysis of his argumentation, is so rich that it deserves serious attention in itself. If such an hypothesis allows for the resolution of such numerous historical and archaeological problems associated with the history of symbols, signs, myths, rituals, hieroglyphs, the calendar, writing, and the most ancient views of the structure of space and time, then this alone is enough to warrant thorough inquiry. Even though Wirth’s works contain many claims which seem either unequivocally wrong or highly controversial, we can set them aside and try to understand the essence of his theory which, in our opinion, is an extraordinarily constructive version that expands our understanding of the archaic epochs of the ancient history of mankind. The theory of the cultural circle of Thule need not be unconditionally accepted, but an assessment of its interpretive potential is necessary.

wirthdeutsch.jpgSecondly, Wirth’s positive appraisal of matriarchy is extremely interesting and adds weight to sympathy for Bachofen. Indeed, we are dealing with an interpretation of a conditionally reconstructed matriarchal civilization from the position of what is the, in the very least nominal, patriarchy to which our society has become accustomed. Wirth proposes an alternative interpretation of the female Logos, an attempt to view the Logos of the Great Mother through different eyes. This is also an extremely unconventional and fertile proposal.

Thirdly, in Wirth’s theories we can see clear analogues to the reconstructions of both Spengler and Frobenius. If Frobenius and especially Spengler took the side of Indo-European (Turanian, Eurasian) culture, i.e., the side of patriarchy as they interpreted it, then Wirth proposes to look at things from the standpoint of the civilization of the White Ladies, i.e., from the position of the primordial Mediterranean culture that preceded the invasion of the “people on war chariots.”

Footnotes:

[1] Tilak, B.G., Arkticheskaiia rodina v Vedakh (Moscow: FAIR-PRESS, 2001). In English: Tilak, B.G., The Arctic Home in the Vedas: Being Also a New Key to the Interpretation of Many Vedic Texts and Legends (Poona City: Tilak Bros, 1903).

[2] Dugin, A.G., Znaki Velikogo Norda: Giperboreiskaiia Teoriia (Moscow: Veche, 2008). English translation of introduction available here.

[3] Wirth, H., Khronika Ura-Linda. Drevneishaiia istoriia Evropy (Moscow: Veche, 2007). In German: Wirth, Herman. Die Ura-Linda Chronik (Leipzig: Koehler & Amelang, 1933).

[4] Wirth, H., Der Aufgang der Menschheit. Forschungen zur Geschichte der Religion, Symbolik und Schrift der atlantisch-nordischen Rasse (Jena: Diederichs, 1928).

[5] Wirth, H., Die Heilige Urschrift der Menschheit. Symbolgeschichtliche Untersuchungen diesseits und jenseits des Nordatlantik (Leipzig: Koehler & Amelang, 1936).

[6] The full title of Wirth’s Die Heilige Urschrift der Menschheit specifies “on both sides of the North Atlantic.” See footnote 5.

[7] See footnote 2.

Translator: Jafe Arnold

Chapter 22 of Part 2, “Theories of Civilizations: Criteria, Concepts, and Correspondences”, of Noomachy: Wars of the Mind – Geosophy – Horizons and Civilizations (Moscow, Akademicheskii Proekt, 2017).

lundi, 07 janvier 2019

René Guénon sur notre société festive

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René Guénon sur notre société festive
 
par Nicolas Bonnal
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Comme prévu la société festive est de plus en plus sinistre, et comme prévu elle est de plus en plus autoritaire et orwellienne, avec un arrière-fond imbibé de satanisme. Voyez Vigilantcitizen.com qui recense le bal illuminé de l’UNICEF. Ici, on passe de la fête de la musique à l’arrestation de Drouet et à l’épuration du web parce qu’on est cool, ludique État-de-droit dans ses bottes....

Philippe Muray a brillamment « tonné contre » la société festive. On l’a rappelé ici-même. Mais on va remonter plus haut et examiner le corps du délit avec notre René Guénon. Qu’était une fête dans le monde traditionnel ? Une subversion momentanée de l’ordre. Guénon, dans ses admirables Symboles de la science sacrée :

« Il n’est pas inutile de citer ici quelques exemples précis, et nous mentionnerons tout d’abord, à cet égard, certaines fêtes d’un caractère vraiment étrange qui se célébraient au moyen âge : la « fête de l’âne », où cet animal, dont le symbolisme proprement « satanique » est bien connu dans toutes les traditions, était introduit jusque dans le chœur même de l’église, où il occupait la place d’honneur et recevait les plus extraordinaires marques de vénération ; et la « fête des fous », où le bas clergé se livrait aux pires inconvenances, parodiant à la fois la hiérarchie ecclésiastique et la liturgie elle-même. Comment est-il possible d’expliquer que de pareilles choses, dont le caractère le plus évident est incontestablement un caractère de parodie et même de sacrilège, aient pu, à une époque comme celle-là, être non seulement tolérées, mais même admise en quelque sorte officiellement ? »

Guénon évoque aussi les saturnales :

« Nous mentionnerons aussi les saturnales des anciens Romains dont le carnaval moderne paraît d’ailleurs être dérivé directement, bien qu’il n’en soit plus, à vrai dire, qu’un vestige très amoindri : pendant ces fêtes, les esclaves commandaient aux maîtres et ceux-ci les servaient ; on avait alors l’image d’un véritable « monde renversé », où tout se faisait au rebours de l’ordre normal… »

La fête a donc pour but de canaliser (aujourd’hui on dirait défouler) les forces inférieures de l’homme déchu. Guénon rappelle :

« …c’est là, en effet, quelque chose qui est très propre, et plus même que quoi que ce soit d’autre, à donner satisfaction aux tendances de l’« homme déchu », en tant que ces tendances le poussent à développer surtout les possibilités les plus inférieures de son être. Or, c’est justement en cela que réside la véritable raison d’être des fêtes en question : il s’agit en somme de « canaliser » en quelque sorte ces tendances et de les rendre aussi inoffensives qu’il se peut, en leur donnant l’occasion de se manifester, mais seulement pendant des périodes très brèves et dans des circonstances bien déterminées, et en assignant ainsi à cette manifestation des limites étroites qu’il ne lui est pas permis de dépasser. S’il n’en était pas ainsi, ces mêmes tendances, faute de recevoir le minimum de satisfaction exigé par l’état actuel de l’humanité, risqueraient de faire explosion, si l’on peut dire et d’étendre leurs effets à l’existence… »

Guénon conclut : « le fait qu’il n’y a là rien d’imprévu « normalise » en quelque sorte le désordre lui-même et l’intègre dans l’ordre total. »

Guénon parle alors des masques (voyez mon livre sur Kubrick et mes analyses symboliques sur les masques dans Eyes Wide Shut calqué de l’admirable Sarabande de Dearden, avec Stewart Granger)). Le masque ne masque pas, il révèle :

« En effet, les masques de carnaval sont généralement hideux et évoquent le plus souvent des formes animales ou démoniaques, de sorte qu’ils sont comme une sorte de « matérialisation » figurative de ces tendances inférieures, voire même

« infernales », auxquelles il est alors permis de s’extérioriser. Du reste, chacun choisira tout naturellement parmi ces masques, sans même en avoir clairement conscience, celui qui lui convient le mieux, c’est-à-dire celui qui représente ce qui est le plus conforme à ses propres tendances de cet ordre, si bien qu’on pourrait dire que le masque, qui est censé cacher le véritable visage de l’individu, fait au contraire apparaître aux yeux de tous ce que celui-ci porte réellement en lui-même, mais qu’il doit habituellement dissimuler. »

Guénon ajoute sur le retournement parodique : « Il est bon de noter, car cela en précise davantage encore le caractère, qu’il y a là comme une parodie du « retournement » qui, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs, se produit à un certain degré du développement initiatique ; parodie, disons-nous, et contrefaçon vraiment « satanique », car ici ce « retournement » est une extériorisation, non plus de la spiritualité, mais, tout au contraire des possibilités inférieures de l’être. »

Ce retournement parodique momentané servait certainement à détourner les attaques du Malin.

Tout se retourne comme toujours au dix-septième qui marque le déclin ou la sanction/récupération des carnavals. Et dans le monde moderne la fête devient permanente pour pousser la consommation-consumation des âmes et des forces : Halloween, Black Friday, Noël, Pride machin, Saint-Valentin toutes les fêtes sont là qui se succèdent et puent. Comme dit Tocqueville, en démocratie on laisse le corps pour aller droit à l’âme (on dira au croyant que la mission est de remplir les enfers).

Guénon sur cette extension du domaine du mal :

« Si les fêtes ne semblent même plus éveiller qu’à peine l’intérêt de la foule, c’est que, dans une époque comme la nôtre, elles ont véritablement perdu leur raison

d’être : comment, en effet, pourrait-il être encore question de « circonscrire » le désordre et de l’enfermer dans des limites rigoureusement définies, alors qu’il est répandu partout et se manifeste constamment dans tous les domaines où s’exerce l’activité humaine ? »


Et le coup de massue final :

« Ainsi, la disparition presque complète de ces fêtes, dont on pourrait, si l’on s’en tenait aux apparences extérieures et à un point de vue simplement « esthétique », être tenté de se féliciter en raison de l’aspect de « laideur » qu’elles revêtent inévitablement, cette disparition, disons-nous, constitue au contraire, quand on va au fond des choses, un symptôme fort peu rassurant, puisqu’elle témoigne que le désordre a fait irruption dans tout le cours de l’existence et s’est généralisé à un tel point que nous vivons en réalité, pourrait-on dire, dans un sinistre « carnaval perpétuel ».
 
Nicolas Bonnal
 

Sources

René Guénon, Symboles de la science sacrée. Chapitre XXI. Sur la signification des fêtes «carnavalesques»

http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/Symboles_science_sacree/symboles_sc_sacree.html

Nicolas Bonnal – Stanley Kubrick, génie du cinéma (Amazon.fr)

http://www.dedefensa.org/article/philippe-muray-face-au-d...

https://en.wikipedia.org/wiki/Saraband_for_Dead_Lovers

https://vigilantcitizen.com/vigilantreport/inside-unicefs...

samedi, 15 décembre 2018

Myth, Satire, and Lucian’s “True History”

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Myth, Satire, and Lucian’s “True History”

Ex: http://www.theimaginativeconservative.org

For the ancient myth-maker, there is something at the heart of all of human events that is worth preserving, something marvelous and worthy of renown, even if the account is not entirely true to life…

The second-century satirist, Lucian of Samosata, makes the following inflammatory statement in his True History:

[Historical accounts] are intended to have an attraction independent of any originality of subject, any happiness of general design, any verisimilitude in the piling up of fictions.…I fall back on falsehood — but falsehood of a more consistent variety; for I now make the only true statement you are to expect — that I am a liar. This confession is, I consider, a full defence against all imputations. My subject is, then, what I have neither seen, experienced, nor been told, what neither exists nor could conceivably do so.

For Lucian, the end of his own peculiar history is to “loosen the mind so that it is in better form for hard study.” While he mentions several “lying” authors by name, and spends a majority of his time in A True History lampooning their accounts; his main argument against these ancient poets, historians, and philosophers is that they “have written many monstrous myths,”[1] following in the tradition of Odysseus, and meant to deceive and overawe the uneducated. Meanwhile, he presents his own narrative as a “new subject, in pleasing style,” with clever references to these same ancient poets, philosophers and historians, “in order that I would not alone lack in the of share myth-making”[2].

Lucianus.jpgLucian, in response to the poet’s fancy, intends to compose an account in which there is no pretense at truth, and which will surpass the work of the poets because he, at least, has openly declared himself a liar. His goal is to provide a pleasant literary spectacle for the entertainment of his highly educated audience, not unlike the various gladiatorial matches that took place in his own day. But, by describing “myth-making” (mythologeo) in this way, he has misunderstood and therefore, unjustly butchered the goal of the poet, the historian, and the philosopher. For the goal of the ancient myth-maker is not to create an entertaining story or a perfectly accurate description, but to explore and explain aspects of the human experience.

Myth in the Ancient World

 

However, before we condemn Lucian too harshly, let us try to understand what he means by “myth.” The troublesome word mythos within its various classical contexts includes definitions ranging from simply “word” (close to the meaning of logos), to the more modern connotation of myth as purely false. Monica Gale, in her work on Myth and Poetry in Lucretius, describes this progression throughout Greek literature: “[Mythos] is frequently employed as a blanket term for anything about which the author is skeptical. Thus Herodotus criticizes the [muthoi] of Homer and the poets only to be reprimanded by Thucydides and Aristotle for his acceptance of [to mythodes] (‘that which resembles mythos’).” Lucian himself follows in this critical tradition, equating the historians’ mythical accounts with those of the ancient rhetoricians, who are concerned with the persuasive power of their accounts, rather than their veracity (puxagogiai). This distinct dilemma, as presented by Lucian and other critics regarding the complete truth or falsity of an account is, according to Gale, misleading at best.

While the term “myth” itself falls into the category of mere falsehood (pseudees) in Lucian’s case, a classical understanding of mythos as its own distinct genre remains. There are two main criticisms that follow the genre as such: that myth is either impious or irrational. These are the basis of Plato’s objection to myth his Republic, saying that it causes confusion within the soul because of its misrepresentation of reality and that it ought not to be recited to any “listeners who do not possess, as an antidote, a knowledge of its real nature,” (Plato X.605c, 595b). However, while Plato and Lucian condemn the myths of Homer, these same myths nevertheless continued to function as the basic source of truth in the education of the Greek world, and even serve to inspire Socrates himself in his allegorical creation of the City in his Republic dialogue.

The Philosopher’s Art of Myth-making

If the purpose of myth-making lies outside of its accuracy, then it must serve some other purpose. We have already seen how Plato condemns the poets in his Republic; however, in excluding the poets from the ideal City, he “put[s] himself to shame and condemn[s] himself when he condemns by word, those who are indeed his fellow-workers and models,” as Carleton L. Brownson argues. Indeed, Strabo, a Roman historian who wrote concerning the study of geography about one hundred years before Lucian, describes the poets themselves as “creative philosopher[s]” (philosophian teen poieetikeen). Strabo goes on to make the distinction between the “fable-making old wife” who invents “whatever she deems suitable for the purposes of entertainment,” and the poet who “’invests’ the hearer with special knowledge.” To illustrate this, he describes Odysseus as a man whose wiliness came not from his skillful rhetoric but from the substance of past experience. In Strabo’s mind, the substance of a poet is not his rhetorical abilities, but the combination of both wisdom and rhetoric; to quote Homer, “’But when he uttered his great voice from his chest, and words like unto snowflakes in winter, then could no mortal man contend with Odysseus.’” Odysseus is so persuasive because he understands a deeper truth that exists in reality and cannot be adequately expressed except in fables.

On the other hand, Lucian views Odysseus as a charlatan,[3] who merely uses his rhetoric to enchant the Phaeacians and gain their favor. His argument is that Odysseus could not have had any experience that would support or add substance to his story and that he was intentionally trying to deceive his audience. Lucian takes this more secular view of myth throughout his works, often referring to it as a pleasing kind of rhetoric, rather than a mode of conveying abstract or abstruse realities. In Lucian’s Lover of Lies, he says that the common people “prefer a lie to the truth simply for its own merits… now what good can they get out of it?” Lucian, again, berates the historians and poets as he did in his introduction to his True History, blaming them for not only deceiving their listeners but using the power of rhetoric to perpetuate ignorance in the people. He offers some defense of the poets, saying that these myths capture the attention of the audience and add luster to the mundane; however, this is the only defense that he gives, and he does not admit any additional substance outside of this rhetorical appeal.

Historians Following in the Poetic Tradition

Herodotus, the historian that Lucian mocks the most in his narrative, begins his own accounts by stating two basic goals: first, “that neither the deeds of men may be forgotten by lapse of time”; and second, that “the works great and marvelous, which have been produced some by Hellenes and some by Barbarians, may [not] lose their renown.” As Lucian and other later historians are so eager to point out, if Herodotus, as a historian, meant to preserve the accuracy of the stories, then he has sadly failed in this respect, because his accounts are either completely fantastic or sadly misinformed. However, that is not what he has told us in the proem. Marc Bloch, in his book on the historical method, describes the element of humanity that is necessary in any historical narrative: “There must be a permanent foundation in human nature and in human society or the very names of man or society become meaningless.” While a perfectly scientific account of any historical event is often considered impossible—even Herodotus admits this in his investigations, quoting the accounts of a variety of sources—he, Herodotus, seems to believe that there is something at the heart of all these human events that is worth preserving, something marvelous and worthy of renown, even if the account is not entirely true to life. Herodotus’ idea of the central meaning of the human existence or the human essence is something that cannot be explained through facts; it is explained in the “great deeds of men.” David Grene elaborates on this point in his introduction to his translation of The Histories: “Herodotus certainly believed in the universal characteristics of the human imagination… He is interested in the eccentricities of men’s beliefs and practices, [for] he is sure of a common core where men think and feel alike.” As Marc Bloch says: “The historian’s job is to make sense of the nearly infinite expanse of historical evidence, just as the poet’s is to make sense of the equally infinite expanse of human experience.”

In that sense, Herodotus, follows the same literary tradition as Homer and Hesiod. The chief difference lies in who controls the actions of history: While Homer and Hesiod focus on the actions of gods, and invoke their aid as they begin their works, Herodotus seeks to understand mankind and his deeds, as we saw in his proem. He, therefore, does not invoke the gods for inspiration but rather calls on his sources for aid in narrating his account, jumping straight from his proem to the varied accounts given by the Persians as to the cause of the Persian war with the Assyrians. Truesdell S. Brown, in his work on The Greek Historians, describes Herodotus’ approach, to history in much the same terms: “Herodotus’ methods cannot be easily reduced to a stylistic formula…[and] he lived well ahead of the formulation of specific rules for prose composition.” The reason why his style is so notoriously hard to track, as many classical critics of Herodotus have observed, is that he is not concerned with the accuracy of his account; indeed, he often casts doubts on his own narrative. His goal is to meditate on and make sense of the “works great and marvelous, which have been produced some by Hellenes and some by Barbarians, [so that they] may [not] lose their renown.” He never makes the pretense at a truly aleethee account, rather, he intends to “publish his findings.”

Modern Defenses of Myth

Within any iteration of truth, the limitations of language, time, and space act as rigorous editors. However, to merely convey accurate factual information is not the same as understanding what it means. The responsibility of the poet, the philosopher, or the historian is to understand and convey a meaning that draws from and explains the significance of the facts. Lucian’s True History serves neither of these ends, for he neither presents anything constructive “[having] nothing true to tell,” nor does he have any experience, “not having any adventures of significance.” In his narrative, he is only critiquing that which is already obvious to his readers, and fostering a kind intellectual pride and chronological snobbery by rejecting the accounts of the ancients. Alexander Pope, a Neo-Classical poet, describes this type of critic in his Essay on Literary Criticism:

The bookful blockhead, ignorantly read,
With loads of learnéd lumber in his head,
With his own tongue still edifies his ears,
and always list’ning to himself appears.

In Pope’s mind, the critic must possess “a knowledge both of books and human kind,” as well as “a soul exempt from pride.” This is in keeping with the classical understanding of education as “encompass[ing] upbringing and cultural training in the widest sense,” with poetry and the poets at the center. The poets in the ancient world not only served as a style guide for other authors but as the foundation for the entire culture, providing an understanding of how to find the answers from the variety of human experience.

C.S. Lewis, another illustrious student in the classical vein, offers a defense of myth along much the same line in his essay “On Stories.” Here Lewis describes the goal of “story” as similar to that of art, by which “we are trying to catch in our net of successive moments something that is not successive…. I think it is sometimes done—or very nearly done—in stories.” Additionally, J.R.R. Tolkien offers his own defense of myth in his essay, “The Monsters and the Critics”“The significance of a myth is not easily to be pinned on paper by analytical reasoning. It is at its best when it is presented by a poet who feels rather than makes explicit what his theme portends; who presents it incarnate in the world of history and geography, as our poet as done.” This idea is in no way limited to the religious sphere, for both Friedrich Nietzsche in his Birth of Tragedy and Albert Camus in his essay “On Sisyphus” have attested to the inimitable power of myth to express that which is inexplicable about the nature of the universe: “Whatever is profound loves masks,” Nietzsche writes. “Every profound spirit needs a mask.”

Conclusion

By reducing these storytellers to this false dichotomy of pure truth and pure falsehood, Lucian has eviscerated philosophy and history, and left mankind with a meaningless string of facts, dates, abstractions, and reflections. In daring to suppose himself above the gods, he has, intentionally or unintentionally, pitched himself from the height of learning into the void of meaningless abstraction. He does not foster an attitude of learning, but rather a callous existentialism that will cauterize the natural affections of the human heart, rotting the core from the center of a society, and leave the human race, in the end, utterly blind, deaf, and dumb.

Lucian has a full understanding of what he was doing when he uses the terms muthos and mythologeomai to describe the efforts of philosophers, poets, and historians. His concern is for those who have taken the mythos for aleethees (accurate truth), and is speaking up on their behalf. However, this does not justify his dismissal of myth as a genre, nor does his satire constructively contribute to the discussion of meaning in poetry, philosophy, or history. Not only that, but Lucian’s criticism is a sign of a deeper and more troubling problem: that is, the great divorce of the intellectuals from a simple understanding of the world and human nature. Lucian thinks that he has seen through the poets to something greater when, in reality, he has destroyed any hope of finding meaning in the culture that surrounds him.

The Imaginative Conservative applies the principle of appreciation to the discussion of culture and politics—we approach dialogue with magnanimity rather than with mere civility. Will you help us remain a refreshing oasis in the increasingly contentious arena of modern discourse? Please consider donating now

Notes:

[1 ] “πολλὰ τεράστια καὶ μυθώδη συγγεγραφότωv” (“putting these many lies and myths to paper”)

[2] “ἵνα μὴ μόνος ἄμοιρος ὦ τῆς ἐν τῷ μυθολογεῖν ἐλευθερίας” (“in order that I myself am not left out of this

myth-making”)

[3] “διδάσκαλος τῆς τοιαύτης βωμολοχίας” (“the teacher of these mendicants”)

Works Cited:

Bloch, Marc. The Historian’s Craft. Vintage Book, 1953.

Brown, Truesdell S. Greek Historians. D.C. Heath and Co, 1973.

Gale, Monica. Myth and Poetry in Lucretius. Cambridge University Press, 2007.

Grene, David. “Introduction,” History of Herodotus. University of Chicago Press, 1987.

Herodotus. The History of Herodotus, trans. G. C. Macaulay. 1890 edition.

Lewis, C.S. On Stories and other Essays on Literature. ed. Walter Hooper. Harcourt Brace Jovanovich, Publishers, 1983.

Lucian. A True History. Trans. A.M. Harmon. Loeb Classical Library: Harvard University Press, 1913.

Lucian. “A True History”. The Complete Works of Lucian. Vol III. trans. H.W. Fowler and F.G. Fowler. Oxford University Press, 1949.

Lucian. “The Liar (ΦΙΛΟΨΕΥΔΗΣ Η ΑΠΙΣΤΩΝ)”. The Complete Works of Lucian. Vol III. trans. H.W. Fowler and F.G. Fowler. Oxford University Press, 1949.

The Oxford Classical Dictionary. Eds. Hornblower, Simon, and Antony Spawforth.

Nietzsche, Fredrich. Beyond Good and Evil. trans. Walter Kaufmann. Vintage Books. 1989.

Plato. Republic. Plato, Complete Works. ed. Cooper. Hackett, 1997.

Strabo. The Geography of Strabo. trans. Horace Leonard Jones. Loeb Classical Library: Havard University Press, 1913.

Tolkien, J.R.R. “Beowulf: On the Monsters and The Critics.” On The Monsters and The Critics and Other Essays. ed. Christopher Tolkien. Harper Collins, 2007. pp 103-120.

Twain, Mark. The Adventures of Huckleberry Finn. Penguin Classics, 2005.

Renehan, Robert, and Henry George Liddell. Greek Lexicographical Notes: A Critical Supplement to the Greek-English Lexicon of Liddell-Scott-Jones. Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht. 1975.

Editor’s Note: The featured image is “Sapho embrassant sa lyre” by Jules Elie Delaunay (1828-1891), courtesy of Wikimedia Commons. The image of Lucian is a speculative portrayal taken from a seventeenth-century engraving by William Faithorneis, courtesy of Wikipedia.

mercredi, 05 décembre 2018

Le règne de la Quantité contre l'Éternité

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Message de la résistance n°7 :

Le règne de la Quantité contre l'Éternité

 
Messages pour la résistance des insoumis au diktat de la pensée unique, contre l'inculture.
 
Montage vidéo : https://www.exil.it/
Extrait des "Propos réfractaires" de Luc-Olivier d'Algange
Editions Arma Artis 2013 http://arma-artis.com/editions-catalo...
 
"L'allongement de la durée de vie, voici le fin du fin de l'argumentaire progressiste. Vivre plus, pour travailler plus, pour gagner plus. Mais ce "plus" n'est pas en intensité, en qualité, mais en en quantité. Qui n'a fait l'expérience de laisser passer trois mois sans que rien n'y advienne d'ivresse, de songe, spéculation, d'aventure, de contemplation ou d'extase; ces trois mois sont passés comme un envol de cendre. A l'inverse, il est des heures intenses où il semble que l'éternité vienne se loger, - mais c'est encore une erreur de perspective: l'éternité s'y trouvait déjà sans que nous eussions encore la clef qui en ouvre le royaume. L'éternité n'est pas en dehors du temps, mais à l'intérieur, cœur secret, qui contient tout l'en-dehors car il en est la source. "
 
Lecture : Didier Carette
Musique 1 : Philip Glass - String Quartet No. 3
"Mishima" , VI. Mishima/Closing (extrait)
Catalyst Quartet Karla Donehew Perez & Jessie Montgomery, Violin Paul Laraia, VIola Karlos Rodriguez, Cello https://www.youtube.com/watch?v=_4XMe...
 

jeudi, 29 novembre 2018

Julius Evola dans la guerre et au-delà...

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Julius Evola dans la guerre et au-delà...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Les éditions Akribéia viennent de publier un essai de Gianfranco de Turris intitulé Julius Evola dans la guerre et au-delà 1943-1951. Journaliste et intellectuel italien, Gianfranco de Turris est un spécialiste de l’œuvre d'Evola, et également de celle de Tolkien.

742058157.jpg" Malgré les nombreuses études qui lui ont été consacrées, une période cruciale de la vie de Julius Evola restait encore dans l’ombre, d’autant plus que l’intéressé, discret jusqu’à la réticence au sujet de lui-même, en avait très peu parlé : les années 1943-1951, qui furent celles de l’attitude à adopter face à la grande crise du régime fasciste et à la fondation de la République sociale italienne (rsi), puis de l’accident survenu à Vienne début 1945 qui le laissa paralysé des membres inférieurs, du véritable « chemin de croix » médical qui suivit entre l’Autriche, la Hongrie et l’Italie, enfin du retour définitif à Rome au printemps de 1951.

Avec une passion de la vérité et de la précision qui force l’admiration, l’auteur fait défiler, sur un rythme qui évoque souvent celui du roman policier, rencontres, personnages et initiatives. Qu’il s’agisse de la présence d’Evola au quartier général de Hitler aussitôt après la libération de Mussolini, de sa collaboration avec le sd, de sa fuite rocambolesque de Rome le 4 juin 1944 pour échapper aux services secrets américains, de ses liens étroits, à Vienne, avec le philosophe Othmar Spann et son cercle, du projet d’écrire un grand ouvrage antimaçonnique, des conditions exactes du bombardement dont il sortit victime –, les pages remplies d’informations souvent inédites se succèdent pour réduire à néant toutes les « légendes urbaines » accumulées au fil des ans autour d’un personnage très controversé.

Peu à peu émergent la figure d’un homme étonnamment actif, d’abord désireux de rassembler les forces éparses du conservatisme aristocratique en un réseau secret paneuropéen, puis, après son accident, celle d’un « guerrier immobile » dont l’enseignement va influencer durablement plusieurs générations de néofascistes habités par l’idée d’une Droite traditionnelle d’orientation « gibeline ».

Un livre strictement indispensable à quiconque entend accéder à une connaissance authentique de l’homme Evola et de son œuvre. "

mardi, 27 novembre 2018

History through the Traditionalist Lens: Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

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History through the Traditionalist Lens:
Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

Alexander Wolfheze
The Sunset of Tradition and The Great War [2]
Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars, 2018
£67.99 (sale price £33.99 until December 1 [3])

Of the major (and even several of the minor) European languages, the Traditionalist school of philosophy – that articulated by René Guénon and Julius Evola and their offshoots – was a latecomer in the Anglophone world. After the better part of a century of near-total obscurity, it was only thanks to the hard work of publishers such as Sophia Perennis, Inner Traditions, and World Wisdom (not to mention Counter-Currents!) that most of the writings of the Traditionalist school finally appeared in English and became known – in certain circles, at least – in recent decades.

While this has been a major step forward, there is still a dearth of original, secondary works pertaining to the Traditionalist perspective in English. And most of what has been produced in English has focused exclusively on esotericism (particularly of the Islamic variety). What has been conspicuously absent have been works dealing with history, social issues, and politics from a Traditionalist point of view.

AW-title.jpgIt’s not difficult to understand why, however, given that for a long time, Traditionalists have been operating under the guise of being purely concerned with religion and mysticism, remaining silent about the fact that Traditionalism in its complete form is one of the most – if not the most – reactionary current of thought that exists in the postmodern world. This is of course a consequence of the fact that most Traditionalist thinkers today have opted for the safety of academic careers (something which Evola noted already in the 1950s and for which he expressed his contempt), and thus want to avoid being called fascists. Their cover has been somewhat blown, however, as a result of Steve Bannon’s claim that Guénon was a crucial influence on him, which has in turn led to some superficial and ill-informed propaganda from journalists using Traditionalism as a branding iron with which to mark both Bannon and Trump (by association) as fascists, by bringing attention to the connection between Evola and Guénon. (And Evola had the audacity to call himself a “superfascist,” so by the logic of the average half-witted journalist of today, that makes Bannon and Trump really fascist!) It remains to be seen what the long-term consequences of this will be in terms of Traditionalism’s reception in the mainstream, although I’ve noticed that it’s become harder to find Evola and Guénon’s books on bookstore shelves these days. It may have the beneficial effect of forcing Traditionalists out of the realm of pure scholasticism and into putting their beliefs into practice, if academia ultimately becomes a hostile environment for them – which it inevitably will, if present trends continue. Time will tell.

Alexander Wolfheze is thus to be commended for defying this trend and producing a work which openly declares the anti-modern and anti-liberal spirit of Traditionalism and applies it to the temporal world, rather than focusing on esotericism alone. The Sunset of Tradition and the Origin of The Great War, fortunately, takes a large step towards rectifying the lack of original Traditionalist literature in English, being essentially a Traditionalist historiography – or, according to the author, only the start of a multi-volume Traditionalist historiography – of the birth of the postmodern world. According to the biography included in the book, Dr. Wolfheze is a Dutch scholar who specializes in Assyriology, cultural anthropology, pre-modern epistemology, and (naturally) Traditionalism, and he has previously published studies on Near Eastern cultural history. He is also active with the Dutch Right-wing metapolitical organization, Erkenbrand [4], so clearly, unlike most Traditionalist scholars, Dr. Wolfheze is not content to merely sit on the sidelines while his civilization is destroyed, justifying it by whining about “muh Kali Yuga.” While many Rightists pay lip service to Traditionalism without actually knowing much about it, Dr. Wolfheze seems to be one who is bridging that divide.

The book’s Preface is titled “Childhood’s End,” and in it Dr. Wolfheze briefly discusses the Arthur C. Clarke science fiction novel of the same name as being symptomatic of the post-war (in this case meaning the Second World War) mentality: namely, that the rapid and dramatic progression of science and technology are leading us towards an apocalypse that we cannot yet identify, but which still fills us with a sense of dread. (Spoilers ahead; if you haven’t yet read the book but think that you might, skip to the next paragraph.) In that book, a near-future humanity is visited by an extraterrestrial civilization which helps to solve all of humanity’s problems, bringing about Utopia. The problem, as humanity soon learns, is that it turns out that it was the struggle to deal with those problems that gave their lives meaning, and having everything handed to them eventually leads to stagnation. It turns out that all of human history was merely a process leading us towards humanity’s real end, for which the aliens have come to act as midwives: evolving into a species of plain, anonymous children, all identical and part of a collective with no more distinguishing features than ants, but endowed with what we would consider to be superpowers. Ultimately, these children combine their forces and transform themselves into a non-corporeal being, destroying the Earth in the process and incidentally all of those unevolved humans such as ourselves – those who haven’t already committed suicide, that is.

As an allegory of the modern world, the parallels to the Right-wing and Traditionalist view of the modern world is clear, even if Traditionalists would deny that “progress” is leading us towards anything higher, collectively or otherwise. We, too, are fighting against the transformation of the world into a giant supermarket, where everyone is identical and meaning is to be found solely through the acquisition of material possessions.

Dr. Wolfheze does not seem to be an “orthodox” Traditionalist, in the sense that he is not nearly as pessimistic as many other Traditionalists have been about the predicament of the modern world, seeing potential amidst the devastation that is currently being wrought upon the traditional foundations of civilization:

In the second decade of the 21st Century it is clear, even to the most simple-minded and retired-living individuals, that mankind’s global natural and social habitat is changing beyond recognition – and that this change is taking place at breath-taking speed. Accordingly, culture and knowledge are being transformed at the same speed – and with it mankind’s experience of its history. Thus, a new form of audience for a new form of history is being created by sheer force of circumstances. It is this new audience, as yet un-defined and un-determined, that is addressed by this present work.

But one thing about this new audience is certain: it will not include the old audience. The old audience will cling to its complementary comforts of infotainment consumption and academic snobbery, but it will also be left behind because it is existentially unable to match the impudent curiosity and steel nerves required of the new audience. The old audience can only reject, up front and out of hand, the new realities and new concepts that will inevitably invalidate its own decades-long experience of educational indoctrination, media propaganda and political correctness – an experience that is approaching the ne plus ultra of Modernity. About the old audience little remains to be said.

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This is a welcome development in Traditionalism, since it is surely the dark and pessimistic view of our era common to the scholastic Traditionalists, which in turn lends itself to apathy, that has led to Traditionalism being so marginalized among those who prefer to do more than just detach from the world around them. Dr. Wolfheze – much like the present reviewer – prefers to see what can be made of the postmodern world, even given the chance that it might all end up being futile, to just throwing up one’s hands and saying, “It’s hopeless.” For Dr. Wolfheze, the end of the Traditional world should not be seen as a cause for mourning, but rather the mark of a need for a new maturity, a desire to be a “man among the ruins,” to use Evola’s phrase, not by denying the world as it is, but by attempting to understand how it got there, and in so doing learning to stand for values that transcend it. Childhood’s end in this book thus means not “going gentle into that good night” by accepting our fate, but rather of discovering a form of maturity that gives us the power to be in this world, but not of it.

Nevertheless, I did find myself somewhat balking at the author’s own statement of purpose, which he gives as follows: “This present work, Sunset, will provide the young people of the world a tool to work towards childhood’s end.” A dense book on philosophy and metaphysics – 450 pages in length including the endnotes, with small type – might seem an odd way to attempt to appeal to young people in an age which, by the author’s own admission, the printed book has less appeal to the young than ever before; nonetheless, it is clear that Dr. Wolfheze wishes to address himself to the more capable elite among the youth, those who can straddle both the worlds of the past and the one just coming in to being, rather than attempting to reach a mass audience. And indeed, this book, while extremely interesting, is certainly not for everyone – but then Traditionalism has always been an elitist doctrine. And I myself have always been firmly convinced that there will always be things that only books can accomplish, even in the age of social media.

Dr. Wolfheze divides his critique of modernity in terms of Ten Key Concepts, which he identifies as Modernity (which he associates with “meta-history” in terms of cultural-historical perspective), the Dark Age (metaphysics), Apocalypse (religion), Materialism (philosophy), Ecocide (economics), Regression (sociology), Narcissism (psychology), Decadence (art), Anomy (domestic politics), and Imperialism (international politics). Each of these gets a chapter describing the way in which each thread developed towards and produced the Great War, and the world that came after it, in detail. The scope of the book actually goes far beyond the Great War, which the author sees as a pivotal event which witnessed the final end of the long-decaying world of Tradition that had been sustained by the ancient monarchies and empires that were swept away in the deluge, setting the stage for the coming of our own, rootless world. But the author also explores the trends which culminated and burst forth in the Great War, as well as their implications for the world since, and thus his analysis runs far afield from merely the War itself.

Engagement with history has always been a weak point in Traditionalism; the Traditionalist authors will make occasional reference to certain historical events as being indicative of the metaphysical trends they see at work in the world, but to my knowledge there has never before been a sustained analysis of modern history from a sacred, Traditional perspective, which has always seemed to me to be a major flaw in their work since it neglects to show how the forces which have produced the modern world have been at work in material and tangible ways. Dr. Wolfheze’s book thus takes Traditionalist thought in a new and welcome direction in this regard, citing very specific events that can be identified and examined, which led to the transition from the sacred world of Tradition and into the secular world of modernity. In his Postscript, Dr. Wolfheze tells us that The Sunset of Tradition – all 450 pages of it – is but a prologue to a series of books he is writing to offer “a Traditionalist history of the entire Great War,” although he also makes it clear that he regards it as a work that can be viewed as a standalone work. Given the value of this first book, it is to be hoped that he perseveres in this effort.

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I intend to write a more in-depth review of The Sunset of Tradition at a later time – my primary purpose in writing this brief announcement is to make readers aware of the book, and of the special price for which it is temporarily being offered, given its hefty cover price ordinarily. The book’s publisher, Cambridge Scholars, is offering the book at a half-price discount until December 1 as part of a commemoration of the Armistice, and information on how to get it can be found on their Website [3]. For those who have found the Traditionalist perspective appealing, but who have longed for a more robust form of it which engages with real-world problems in a clear manner, this book is an important first step in this direction – and is thus for you.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/11/11-25-18-1.jpeg

[2] The Sunset of Tradition and The Great War: https://www.cambridgescholars.com/the-sunset-of-tradition-and-the-origin-of-the-great-war

[3] sale price £33.99 until December 1: https://www.cambridgescholars.com/the-centenary-of-armistice-cambridge-scholars-publishing

[4] Erkenbrand: https://www.erkenbrand.eu/nl/

La Caballería Espiritual de Carlos X. Blanco

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La Caballería Espiritual de Carlos X. Blanco

Extraídas del prefacio del nuevo libro de Carlos X. Blanco, La Caballería Espiritual, [Editorial EAS, 2018], ofrecemos en exclusiva al lector de La Tribuna del País Vasco unas líneas de dicho ensayo de Psicología Profunda. En un lenguaje claro y asequible Carlos X. Blanco ofrece pautas de crecimiento personal, auto-superación y análisis de la vida humana sin caer en los habituales tópicos de los manuales de auto-ayuda hoy tan en boca. Inspirado en la psicología de Carl Gustav Jung y en la filosofía tradicional, éste texto invitará a reflexionar sobre los misterios de la psique humana y las incertidumbres del decadente mundo moderno.

A ti te están reservadas estas páginas de La Caballería espiritual. Se han escrito con amor y delicadeza. Para posarte sobre ellas debes guardar una actitud calmada y paciente. De momento no es mucho lo que te pido. Te supongo un lector moderno y con problemas. Casi todos somos así, personas “de nuestro mundo” y nunca libres del todo de esos “problemas”. Grandes o pequeños, los problemas están ahí. A veces crees que te va a aniquilar ese cúmulo de dificultades y, sin embargo, si pudieses leer la mente de tus semejantes muy pronto llegarías a la firme conclusión de que tus tropiezos son también normales, y que forman parte de la lógica del universo. No vas a encontrar aquí un manual de “auto-ayuda”. Se debe ayudar al desvalido, pero tú no tienes por qué serlo. La verdadera medicina para la lógica defectuosa que estropea tu vida parte de una idea muy simple. Eres un ser sano. No hacen faltan medicinas para la lógica de tu vida, ni para la del universo. Lo único que debes hacer es crecer.

Por supuesto, cuando el cuerpo está dolido es preciso tomarse una pastilla, acudir al doctor. Si el dolor afecta al alma, la cosa se complica. Tu alma puede verse alterada por disfunciones del sistema nervioso, por el estrés social del medio que te rodea. Hay factores congénitos y experiencias negativas que se pueden tener en cuenta para el alivio de una dolencia, para la sanación de aquello que funciona mal, en suma, para cuanto forma parte de lo que en medicina y psicología llamamos enfermedad. Acude al especialista, cuando en esa categoría te sientas incluido, la categoría del enfermo.

Pero tanto si estás enfermo (¿y quién no lo está, en algún grado?) como si no, es de todo punto esencial que te hagas una pregunta. ¿Has pensado alguna vez en el crecimiento? ¿Has enumerado en algún momento los factores que recortan tu vida, que te menguan como ser íntegro y pleno? Si lo has intentado alguna vez, ya te hallas a un paso del comienzo. La carrera del crecimiento.

carlos.pngPero, ¿en qué consiste semejante cosa? ¿Crecer? Tú ves que tus hijos crecen, física y mentalmente. Eso es lo normal, la lógica de la vida siempre incluye una dinámica del crecimiento. No confundas crecimiento con aumento del tamaño. Este aspecto físico y espacial tan solo es una manifestación externa de las cosas, que con toda lógica y bajo fines que se nos escaparán siempre, constituyen la vida y el universo. Pero en tus hijos, o si no los tienes, en los niños en general, se observa que desde su etapa de simples células, desde su estado embrionario, como bebés o como mozalbetes, en ellos acontece un sinfín de variaciones en su cuerpo y en su alma. Se transforman drásticamente antes de que tú, como observador externo, te llegues a dar cuenta de tales cambios continuos. La cantidad se transforma en cualidad. Crecer es cambiar en cualidad, regenerarse bajo la forma de un ser nuevo. Crecer es tomar el camino de la mutación, ser más amplio, mutación de uno mismo en nuevas especies y nuevos géneros. Mutación desde uno mismo, para uno mismo.

Si quieres crecer, leerás con paciencia estas páginas. No necesito de ti una adscripción religiosa ni política. Puedes tener un Dios, muchos, ninguno. Puedes ser conservador, liberal, marxista, ácrata. Solo preciso de mis lectores una especie de anhelo, un afán por crecer en todas las direcciones, en un sentido ampliativo.

No hace falta que te explique en qué clase de mundo vivimos. Tú, mi lector, creo que eres ese ser humano normal y corriente, que vive envuelto en un sinfín de prisas, agobios, compromisos. ¡Qué mundo! Apenas ese mundo nos deja unos minutos para el encuentro del yo consigo mismo. No hay ratos para ti, instantes en los que hacer las paces con el pasado, ordenar tu caos cotidiano, proyectar un futuro feliz y razonable. El reloj parece tu tirano, pero el reloj carece de culpa. La sociedad entera ha empleado ese instrumento del diablo para tenernos apresados. Si creaste una familia, o bien dependes de ella, sientes que tu individualidad se diluye en cargas, tareas, ocupaciones. El trabajo llena el calendario, domina por completo la agenda, y el hogar solo se te representa, las más de las veces, como un lecho y una oscuridad en la que poder desaparecer unas horas. Vendrá luego el grito horrible del despertador, y vuelta a empezar. No hay tiempo en tu vida para lo más sagrado, tu yo y ese mundo que un día comenzó a orbitar en torno a ti. Pero en las más variadas religiones lo que se dio en llamar mundo resultó ser un trasunto del diablo. El mundo más o menos infernal que creemos que se nos vino como algo dado, es el infierno que nosotros mismos nos hemos hecho. El mundo lo has hecho tú, querido amigo. Eres un demiurgo (un “artífice”, en griego). Por supuesto hay unos materiales previos, un barro que accidentalmente te viene ofrecido por las circunstancias. No elegimos nacer en un país o en otro. Nadie te ofreció vivir en tal siglo o en tal periodo determinados. No hemos escogido a nuestros padres ni el color natural de nuestra piel o de los cabellos. Pero con los barros y materiales externos nosotros somos los verdaderos creadores de un mundo interior, el mundo de la vida que gira a nuestro alrededor y que, una vez puesto a andar, necesitará atenerse a la lógica universal.

Una persona bonachona y simple, tendrá quizá por diablo, es decir, por mundo, un simple y travieso espíritu burlón. Un ser humano retorcido y que no se ama a sí mismo, vivirá en el más dantesco de los infiernos, y no tendrá por enfermedad más que su propia esencia, su propio ser. La peor enfermedad es no saber –no querer– crecer. La mejor sanación, por el contrario, consiste en crecer sin parar, disparado hacia el infinito, superando cualquier tropiezo con el mal, la enfermedad o la adversidad. El crecimiento consiste en una especie de super-sanación. De ella quiero hablarte.

¿Cuántos mundos hay? La pregunta no debe desconcertarte, amigo lector. Ya sabes que por mundos no quiero decir planetas, ni galaxias. Por mundo hemos de entender en este libro nada más –y nada menos– que demonios, males y sufrimientos. Por lo menos hay uno por persona. Y personas, ahora mismo vivas sobre la tierra, hay miles de millones. Un enjambre de seres humanos que crece geométricamente. Cada una lleva consigo su demonio particular. Unos llevan a cuestas el hambre. Otros llevan consigo el SIDA o cualesquiera de las pestes, viejas o nuevas, que asolan a la especie. Un demonio muy destacado, tenaz y devastador, es la pobreza. La locura, el fanatismo, los complejos, el vicio, todos son nombres que damos a nuestros males. Todos ellos son demonios. Forman parte del mundo y constituyen el mundo mismo. ¿Cómo se puede huir de ellos? ¿Existe alguna especie de prevención? Aquí no te ofrecemos ninguna varita mágica. Solo una especie de pequeña orientación. El camino has de hallarlo por ti mismo. Solo en cada uno existen las pistas por donde encontrar la salida. Comencemos por ahí, por las pequeñas pistas e indicios.

 

lundi, 19 novembre 2018

Guénon et les grands esprits pour les gilets jaunes

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Guénon et les grands esprits pour les gilets jaunes

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Le mouvement des gilets jaunes nous permet de redécouvrir modestement les forces vives de la nation dont avait parlé un jour Pie XII ; il a très utilement été insulté par BHL et va constituer un pont entre les forces de gauche et de droite.

On lui reproche d’être populiste et de n’avoir pas su se joindre au train des hérauts de la modernité. Ce qui m’amuse c’est que les avant-gardes et autres minorités ne sont guère une élite, bien plutôt cet amalgame de journaliers pressés et torturés qui passent leur vie dans les bureaux et les aéroports, et se revêtent des oripeaux de la pensée humanitaire. Les classes moyennes c’est le dernier homme de Nietzsche qui dit avoir inventé le bonheur mais se bourre de médicaments pour dormir. Concentrée dans des grosses villes de plus en plus sales, cette post-humanité n’est pas tellurique mais numérique.

On va citer Guénon qui sentait venir cette nouvelle humanité de classes moyennes et de médiocrités, classe moyenne mondiale et uniforme (elle est caricaturale en Chine par exemple), sans aucun génie vernaculaire. Vous pouvez le lire ici : Le masque populaire, chapitre XXVIII d’Initiation et réalisation spirituelle.

Guénon donc, incarnation de notre déchue élite sacerdotale (au sens de Dumézil presque) qui écrit ceci du peuple :

« C’est d’ailleurs à ce même peuple (et le rapprochement n’est certes pas fortuit) qu’est toujours confiée la conservation des vérités d’ordre ésotérique qui autrement risqueraient de se perdre, vérités qu’il est incapable de comprendre, assurément, mais qu’il n’en transmet cependant que plus fidèlement, même si elles doivent pour cela être recouvertes, elles aussi, d’un masque plus ou moins grossier ; et c’est là en somme l’origine réelle et la vraie raison d’être de tout « folklore », et notamment des prétendus « contes populaires ». Mais, pourra-t-on se demander, comment se fait-il que ce soit dans ce milieu, que certains désignent volontiers et péjorativement comme le « bas peuple », que l’élite, et même la plus haute partie de l’élite, dont il est en quelque sorte tout le contraire, puisse trouver son meilleur refuge, soit pour elle-même, soit pour les vérités dont elle est la détentrice normale ? Il semble qu’il y ait là quelque chose de paradoxal, sinon même de contradictoire ; mais nous allons voir qu’il n’en est rien en réalité. »

J’ai bien décrit dans mon livre sur le paganisme au cinéma (Dualpha et Amazon.fr) le lien entre folklore et culture populaire. Guénon ajoute à ce sujet :

« Le peuple, du moins tant qu’il n’a pas subi une « déviation » dont il n’est nullement responsable, car il n’est en somme par lui-même qu’une masse éminemment « plastique », correspondant au côté proprement « substantiel » de ce qu’on peut appeler l’entité sociale, le peuple, disons-nous, porte en lui, et du fait de cette « plasticité » même des possibilités que n’a point la « classe moyenne » ; ce ne sont assurément que des possibilités indistinctes et latentes, des virtualités si l’on veut, mais qui n’en existent pas moins et qui sont toujours susceptibles de se développer si elles rencontrent des conditions favorables. »

Le plus dur est de maintenir le potentiel d’un peuple intact (c’est pourquoi on cherche à le remplacer ou à la faire changer de sexe quand on n’incendie pas son sol comme ici ou là) :

« Contrairement à ce qu’on se plaît à affirmer de nos jours, le peuple n’agit pas spontanément et ne produit rien par lui-même ; mais il est comme un « réservoir » d’où tout peut être tiré, le meilleur comme le pire, suivant la nature des influences qui s’exerceront sur lui. »

rgpor.jpgAprès Guénon se défoule sur la classe moyenne apparue en France à la fin du Moyen Age et si visible déjà au temps de Molière (que ne le lisez-vous en ce sens celui-là !) :

« Quant à la « classe moyenne », il n’est que trop facile de se rendre compte de ce qu’on peut en attendre si l’on réfléchit qu’elle se caractérise essentiellement par ce soi-disant « bon sens » étroitement borné qui trouve son expression la plus achevée dans la conception de la « vie ordinaire », et que les productions les plus typiques de sa mentalité propre sont le rationalisme et le matérialisme de l’époque moderne ; c’est là ce qui donne la mesure la plus exacte de ses possibilités, puisque c’est ce qui en résulte lorsqu’il lui est permis de les développer librement. Nous ne voulons d’ailleurs nullement dire qu’elle n’ait pas subi en cela certaines suggestions, car elle aussi est « passive », tout au moins relativement ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est chez elle que les conceptions dont il s’agit ont pris forme, donc que ces suggestions ont rencontré un terrain approprié, ce qui implique forcément qu’elles répondaient en quelque façon à ses propres tendances ; et au fond, s’il est juste de la qualifier de « moyenne », n’est-ce pas surtout à la condition de donner à ce mot un sens de « médiocrité » ? »

Voilà pour Guénon, qui n’a guère besoin de commentaires. J’ajouterai ce fameux passage de Taine dans son La Fontaine, dernière grande incarnation du génie français traditionnel :

« Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l’antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d’hommes que la société façonne, la moins capable d’exciter quelque intérêt. Car il est exclu de toutes les idées et de toutes les passions qui sont grandes, en France du moins où il a fleuri mieux qu’ailleurs. Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l’élégance. L’administration, par sa régularité, lui épargne les aiguillons du danger et du besoin. Il vivote ainsi, rapetissé et tranquille. A côté de lui un cordonnier d’Athènes qui jugeait, votait, allait à la guerre, et pour tous meubles avait un lit et deux cruches de terre, était un noble. »

Que cela est bien dit !

Et je reprends Balzac qui a tout dit aussi sur la classe moyenne, le bobo et le parigot dans les deux premières pages fascinées de sa Fille aux yeux d’or :

« À force de s’intéresser à tout, le Parisien finit par ne s’intéresser à rien. Aucun sentiment ne dominant sur sa face usée par le frottement, elle devient grise comme le plâtre des maisons qui a reçu toute espèce de poussière et de fumée. En effet, indifférent la veille à ce dont il s’enivrera le lendemain, le Parisien vit en enfant quel que soit son âge. Il murmure de tout, se console de tout, se moque de tout, oublie tout, veut tout, goûte à tout, prend tout avec passion, quitte tout avec insouciance ; ses rois, ses conquêtes, sa gloire, son idole, qu’elle soit de bronze ou de verre ; comme il jette ses bas, ses chapeaux et sa fortune. À Paris, aucun sentiment ne résiste au jet des choses… »

Il oubliera Macron alors le parisien ?

« Ce laisser-aller général porte ses fruits ; et, dans le salon, comme dans la rue, personne n’y est de trop, personne n’y est absolument utile, ni absolument nuisible : les sots et les fripons, comme les gens d’esprit ou de probité. Tout y est toléré, le gouvernement et la guillotine, la religion et le choléra. »

La base de tout alors ? Le fric et le cul, répond Balzac.

« Vous convenez toujours à ce monde, vous n’y manquez jamais. Qui donc domine en ce pays sans mœurs, sans croyance, sans aucun sentiment ; mais d’où partent et où aboutissent tous les sentiments, toutes les croyances et toutes les mœurs ? L’or et le plaisir. »

Au moyen âge on disait que Dieu avait créé le prêtre, le laboureur et le guerrier, que le diable avait créé le bourgeois. Balzac évoque alors nos avocats politiciens, des gestionnaires de fortune comme on dit :

« Nous voici donc amenés au troisième cercle de cet enfer, qui, peut-être un jour, aura son DANTE. Dans ce troisième cercle social, espèce de ventre parisien, où se digèrent les intérêts de la ville et où ils se condensent sous la forme dite affaires, se remue et s’agite par un âcre et fielleux mouvement intestinal, la foule des avoués, médecins, notaires, avocats, gens d’affaires, banquiers, gros commerçants, spéculateurs, magistrats. Là, se rencontrent encore plus de causes pour la destruction physique et morale que partout ailleurs. »

balzac.jpgLa classe moyenne pense sur tout pareil, et c’est en fonction des médias. Elle a été d’abord terrifiante en Angleterre (lisez Fukuyama) puis en France et dans le monde. Balzac :

« Alors, pour sauver leur amour-propre, ils mettent tout en question, critiquent à tort et à travers ; paraissent douteurs et sont gobe-mouches en réalité, noient leur esprit dans leurs interminables discussions. Presque tous adoptent commodément les préjugés sociaux, littéraires ou politiques pour se dispenser d’avoir une opinion ; de même qu’ils mettent leurs consciences à l’abri du code, ou du tribunal de commerce. »

Il est évident pour conclure que le peuple peut être dévié de son but, comme dit Guénon. Mais que comme le chien Ran-Tan-Plan du génial Goscinny (un concentré du génie de la sagesse juive humoristique) qui nous fit tant rire enfants, « il sent confusément quelque chose » au lieu de foncer comme le petit-bourgeois qui mène le monde à sa perdition sous la forme Macron ou Merkel chez le premier Homais venu pour se déboucher le nez.

Sources

Guénon, Initiation et réalisation spirituelle (classiques.uqac.ca)

Balzac – La Fille aux yeux d’or

Bonnal – Chroniques sur la Fin de l’Histoire ; le paganisme au cinéma ; Céline pacifiste enragé (Amazon.fr).

Taine – La Fontaine et ses Fables

dimanche, 18 novembre 2018

Le Mos Majorum : les vertus cardinales de l’homme romain

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Le Mos Majorum : les vertus cardinales de l’homme romain

Le Mos Majorum, signifiant « mœurs de anciens » ou « coutume des ancêtres », désigne dans la Rome antique, les 7 vertus cardinales de l’homme romain : la Fidès, la Pietas, la Majestas, la Virtus, la Gravitas, la Constantia et la Frugalitas.


Issues de l’ère républicaine (509 av J-C – 27 av J-C), considérée comme l’âge d’or de Rome, ces vertus ont pour fonction de modeler l’homme et de définir son attitude vis-à-vis de la cité et de ses pairs. Lorsque des pratiques ou des mœurs décadentes envahissent la vie de la cité, des voix s’élèvent pour rappeler le Mos Majorum, demandent à ce que l’on revienne à la Virtù et à la Gravitas : Cicéron et Caton l’ancien y font référence dans leurs écrits, ainsi que Virgile et Ovide. Et lors de tels rappels, une figure est particulièrement évoquée : celle de Lucius Quinctius Cincinnatus, l’homme politique patricien (-519-430 av J-C), modèle de droiture et d’humilité qui sauva Rome à deux reprises en endossant le rôle de dictateur.

Dans la société romaine, le profane et le divin ne sont pas séparés comme dans nos sociétés modernes ; l’homme romain vit dans un espace sacré au milieu des dieux, dont la présence est sans cesse rappelée par les temples et les statues qui occupent la cité; il honore aussi ses aïeux par un autel consacré dans sa demeure ou lors des Parentalia, en février et des Lemuria, en mai.
Cependant, la religion n’est pas seulement ce culte rendu aux dieux et aux ancêtres : elle permet aussi la sacralisation et même la déification d’un corpus d’attitudes et de coutumes appelé Mos Majorum. Ces attitudes idéales sont au nombre de 7 dont 4 d’entre elles sont particulièrement importantes, la Majestas, la Pietas, la Fides et surtout la Virtus.

La Majestas (sentiment d’être élu)

Les Romains se considèrent comme « élus », choisis par une destinée particulière ; Rome se sent invulnérable face à tous ses ennemis car ses habitants et ses soldats ont foi en ses traditions et en ses mœurs qui lui assurent une supériorité de fait sur les « barbares » : austérité, discipline, fidélité aux engagements, stricte honnêteté, dignité, constance font d’elle et de ses habitants le pôle dominant et sûr de lui de la civilisation face aux autres, au reste du monde qui ne reconnait pas encore « le légitime ascendant » de Rome. Si Rome est puissante, c’est par la force de ses légions mais également par la tenue des Romains. Polybe, l’historien grec, constate « qu’un Grec, s’engageât-il par serment en présence de dix témoins, trouvera toujours le moyen de se dégager, tandis que la parole d’un Romain, » fût-il prêteur ou consul », sera sa loi.

La pietas (piété)

Les Romains désignent sous le nom de Pietas, l‘attitude qui consiste à observer scrupuleusement non seulement les rites mais également les codes de conduite entre eux.
Les choses doivent être à leur place, bien ordonnées et on doit les y remettre à chaque fois qu’un accident a révélé quelques troubles. Le terme est en rapport étroit avec piare, qui désigne l’action d’effacer une souillure, un mauvais présage, un crime. Dans l’ordre intérieur, la pietas consistera, pour un fils, à obéir à son père, à le respecter, à le traiter en conformité avec la hiérarchie naturelle. Alors qu’un fils qui désobéit à son père ou même qui le frappe est un monstrum.
La pietas peut donc être également assimilée au patriotisme, au respect de l’ordre social et à la dévotion aux divinités tutélaires.

La Fidès (fidélité)

La Fidès est l’une des manifestations les plus anciennes de la pietas car elle est le respect des engagements. Mais si La Pietas régit l’attitude de l’homme romain envers la société, la Fidès permet de souder les êtres entre eux. Son importance est-elle que les Romains la divinisent comme figure présente sur le Capitole où elle a son temple à côté de celui de Jupiter Très bon et Très grand. Elle est là pour garantir la bonne foi et la bienveillance dans la vie sociale toute entière. Elle est la fidélité à la parole donnée, le lien de confiance inébranlable et l’assurance de la réciprocité entre deux citoyens. Elle garantit donc les rapports entre les êtres, aussi bien dans les contrats que dans les traités, et plus profondément encore dans l’accord implicite, défini par les différentes coutumes, qui lie les citoyens entre eux. « O Fides Quiritium ! » (Ô Bonne Foi des Citoyens) crient les personnages du théâtre comique lorsque s’abat sur eux quelque catastrophe. Cet appel au secours invoque la solidarité que se doivent tous les membres de la cité. Y manquer revient à compromettre tout l’édifice. Et l’on comprend alors pourquoi la fides constitue l’une des vertus cardinales de la morale romaine.

La virtus (vertu) 

Le Romain est non seulement supérieur au barbare par la qualité de ses institutions, la grandeur de ses dieux qu’il ne manque de servir ou le lien de solidarité qui l’unit aux autres citoyens mais également par ses qualités propres, son énergie et son courage qu’il met au service de la cité.
La virtu, la virilité, se manifeste d’abord par le courage physique. Un courage qui à Rome est au service de l’armée, pour la défense de la patrie car c’est dans la guerre que s’exprime en priorité la virilité romaine. La virtus, c’est d’abord le courage militaire mais un courage individuel qui se fond au sein de la légion, dans le respect de la discipline. La recherche de l’exploit individuel est qualifiée de façon négative, d’intemperantia, et il faut une autorisation hiérarchique pour commettre ce genre d’acte comme allumer un incendie dans un camps ennemi ou détruire une voie de passage.
Être un Romain, c’est donc être un citoyen viril, c’est « facere et pati fortia », « accomplir et subir avec un courage indomptable. » et la guerre est bien le moment de vérité où se révèle la virtus du citoyen, du mâle romain : Les Romains ne sont-ils pas des Martigenae, des fils de Mars ?
L’emploi du mot Vir désigne souvent le chef courageux et héroïque qui meurt au combat ; dans la locution latine, ce héros est même comparé au viril taureau : « Sic pugnant tauri, sic cecidere viri » (c’est ainsi que combattent les taureaux, c’est ainsi que sont tombés les héros »).
Mais si le Romain défend la cité par devoir patriotique, il le fait également pour montrer sa virtus et posséder ainsi une bonne réputation auprès de ses pairs et de ses descendants. Il se doit en effet de laisser un souvenir de ses actions pour être honoré après sa mort, pour rester « sur les lèvres des hommes ». C’est donc en combattant pour Rome et surtout en tuant et en obtenant la victoire pour Rome que l’on atteint la gloire, que la vie acquiert valeur exemplaire pour les générations suivantes qui perpétueront la puissance de Rome.

La gravitas (sens du devoir), la frugalitas (simplicité) et la constancia (l’humeur égale) complètent ses 4 valeurs : elles caractérisent l’exemplarité du simple citoyen mais aussi la figure du héros romain, du chef politique idéal que de nombreux politiciens ou écrivains romains comme Tite-Live louent au travers du personnage de Lucius Cincinnatus.

concinnatus.jpgLucius Quinctius Cincinnatus

Lucius Quinctius Cincinnatus incarne les valeurs d’impersonnalité active et de loyauté envers la cité. Son chemin est celui de l’homme qui n’agit que pour le bien commun, qui ne s’impose pas mais répond par l’affirmative (avec un peu d’hésitation d’ailleurs) à la demande de ceux qui voient en lui LE RECOURS face aux périls qui menacent.
Figure emblématique de tout un empire, Cincinnatus va pourtant entrer dans l’histoire assez tardivement. 
Lucius Quinctius Cincinnatus est un patricien appauvri par la lourde amende payée après la condamnation de son fils, cultivant lui-même son champ, quand il est élu « consul suffect » en remplacement d’un autre consul tué pendant une révolte d’esclaves, fomentée par les Sabins. Cincinnatus reprend la ligne politique anti-plébéienne tenue par son fils exilé et s’oppose violemment aux tribuns de la plèbe réélus sans cesse. Il réinstaure la moralité en politique, dénonce l’oisiveté des consuls et neutralise pendant quelques temps l’outrance des plébéiens en trouvant un accord de gouvernement avec eux. Mais en – 458 av J-C, les tensions reprennent vite entre les deux factions et c’est à ce moment précis que deux peuples voisins, les Eques et les Sabins, rompent les accords de paix et envahissent le latium vetus. Les tribuns de la plèbe s’opposant à toute mobilisation, le peuple prend de lui-même les armes et, mené par le consul Caius Nautius Rutilus repousse les Sabins sur leur propre territoire puis le dévaste. Mais la situation face à l’avancée des Eques est intenable : les Consuls supplient alors Cincinnatus de prendre la dictature. Celui-ci accepte malgré la nécessité de cultiver ses terres pour nourrir sa famille ; il nomme un commandant de cavalerie et, en seize jours, libère un consul et ses troupes assiégés par les Eques, les écrase à la bataille du Mont Algide, célèbre un « triomphe », fait condamner les traitres à la solde de l’ennemi et… abdique.

C’est l’« auto-destitution » de Cincinnatus, celle de l’homme providentiel qui remet les pouvoirs confiés après l’accomplissement du devoir, qui deviendra pour la postérité, l’incarnation de la Virtu.

Vingt années s’écoulent quand les Consuls viennent à nouveau chercher Cincinnatus. Il s’agit, cette fois, de parer au danger de guerre civile que fait courir un riche plébéien, Spurius Maelius, manoeuvrant pour déstabiliser l’Urbs en corrompant une partie de la population et bon nombre de tribuns de la Plèbe. Cincinnatus accepte à nouveau la dictature et riposte de façon foudroyante. Il fait exécuter le ploutocrate, ordonne qu’on rase sa maison et que l’on confisque ses biens. Une fois encore, Cincinnatus se démet de ses fonctions de dictateur après la crise surmontée.

Depuis des dizaines de siècles, Rome nous offre non seulement l’héritage d’une langue, d’une culture, d’une histoire grandiose et jamais égalée, mais elle nous propose aussi un mode de comportements vertueux, le Mos Majorum, ce corpus de vertus qui lui permit de forger un type d’homme supérieur, conquérant et bâtisseur, doté d’une force de caractère et d’un courage dans l’action : le « summus operator ». Celui qui subjugue la femme, soumet l’étranger, vainc le barbare et dont, la fidélité à la parole donnée et à la patrie reste infaillible.

Julius Evola, le métaphysicien italien du vingtième siècle (1), rendra hommage à cette figure du romain, en écrivant : « Sur le plan de l’esprit, il existe quelque chose qui peut déjà servir de trace aux forces de résistance et de renouveau : c’est l’esprit légionnaire. C’est l’attitude de ceux qui surent choisir la voie la plus dure, de ceux qui surent combattre… de ceux qui surent « convalider » les paroles de la vieille saga : « Fidélité est plus forte que feu », et à travers lesquels s’affirma l’idée traditionnelle qui veut que ce soit le sens de l’honneur ou de la honte – et non de petites mesures tirées de petites morales – qui crée une différence substantielle, existentielle, entre les êtres, comme entre une race et une autre race. » (2)

(1) Julius Evola, « le dernier des romains » comme aimaient le nommer ses contempteurs.
(2) Orientations – Julius Evola

Pour aller plus loin :

L’Empire romain – Pierre Grimal
Histoire des guerres romaines – Yann Le Bohec
Bellum Iustum – Jean-François Chemain préfacé par Yann Le Bohec
Histoire romaine – Tite-Live

 

http://www.blogimperatif.fr/le-mos-maiorum-les-vertus-car...

dimanche, 11 novembre 2018

Le symbolisme du « Pôle » et du « Nord »

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Le symbolisme du « Pôle » et du « Nord »

par Pierre-Yves Lenoble ( Articles )

Ex: https://sophiaperennis.unblog.fr

« (…) nous considérons l’origine des traditions comme nordique, et même plus exactement comme polaire, puisque cela est expressément affirmé dans le Vêda, aussi bien que dans d’autres livres sacrés. La terre où le soleil faisait le tour de l’horizon sans se coucher devait être en effet située bien près du pôle, sinon au pôle même », René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (Gallimard, 1970, p. 37).

Chez un nombre considérable de traditions et de sacralités humaines, généralement issues de la sphère civilisationnelle indo-européenne et de l’hémisphère nord, le symbolisme du « Pôle » ou du « Nord », sous des formes mythologiques diverses et variées, a joué un rôle central et primordial.

On ne compte plus en effet les récits et les écrits sacrés faisant état de l’archétype, tant micro- que macrocosmique, du continent (de l’île ou de la montagne) situé dans les lointaines régions polaires ou circumpolaires, et considéré à la fois comme une terre réelle et une terre céleste, à la fois foyer originel de l’humanité et séjour spirituel suprême, à la fois « Centre » du monde et de l’être, à la fois lieu bien réel et état ontologique surhumain, ainsi que l’exige la pensée traditionnelle faisant de la géographie terrestre un reflet analogique de la géographie de l’âme.

Mettant en parallèle les traditions avestique et islamique de Perse, Henry Corbin montre bien l’omniprésence et l’importance de cet archétype imaginal du « Nord cosmique », de la « Montagne polaire » ou du « Pôle céleste » dans leurs enseignements cosmologiques et métaphysiques, et écrit par exemple que « (…) les Hyperboréens symbolisent l’homme dont l’âme a atteint une complétude et une harmonie telles, qu’elle est sans négativité ni ombre ; elle n’est ni de l’orient ni de l’occident. (…) un paradis terrestre dans l’Extrême-Nord dont la configuration est celle d’un carré parfait, comme le var de Yima, comme les cités d’émeraude Jâbalqâ et Jâbarsâ, comme la Jérusalem céleste » (L’homme de lumière dans le soufisme iranien, Présence, 1971, p. 65).

Nous élargirons le propos en rappelant l’universalité et la floraison du symbolisme polaire, et surtout, en précisant qu’un grand nombre de civilisations traditionnelles à travers l’histoire — de l’Arabie musulmane à l’Antiquité gréco-latine en passant par l’Europe nordico-celtique, du Moyen-Orient mazdéen à la Sibérie chamanique en passant par l’Inde brahmanique, des diverses traditions amérindiennes à la Chine confucéenne en passant par les steppes païennes d’Eurasie — ont toutes connu des récits sacrés, des mythes et des légendes autour d’un situs nordique primordial, d’une région septentrionale, mi-tangible mi-éthérée, en tant que berceau géographique de l’humanité et terre édénique des Immortels.

Donnons donc quelques illustrations caractéristiques, de façon non-exhaustive bien entendu, des plus célèbres traditions autour du « Pôle » symbolique et du « Nord » cosmique.

vendidad.jpgAinsi, dans l’ancienne religion iranienne la contrée nordique et archétypique est l’Airyanem Vaejah (ou Erân-Vêj), le lieu d’origine des fameux Aryens (et plus généralement de l’humanité entière), aujourd’hui rayé des cartes suite à une terrible glaciation planétaire provoquée par les puissances ahrimaniennes. Selon le Vendidad (II, 21), le dieu céleste Ohrmazd demande à Yima, le premier homme, de construire le Var — sorte d’enclos paradisiaque incorruptible, éclairé de l’intérieur par une lumière supra-sensible — afin de se prémunir contre la catastrophe à venir et pour y rassembler les meilleurs de tous les êtres. Notons que ce territoire fortifié, situé idéalement dans les hautes régions polaires (assimilées au sommet du mont cosmique Alborj), doit être avant-tout conçu comme un domaine supra-terrestre en dehors de notre espace/temps et se présente donc comme un monde spirituel, tant génésiaque qu’eschatologique.

Des archétypes et des symboles tout à fait similaires se rencontrent aussi chez les voisins de l’Inde védique et brahmanique. Les textes de l’hindouisme parlent à cet égard d’une fabuleuse Île Blanche primordiale (Shwêta-dwîpa), située dans l’ « océan de lait » à l’extrême-nord du monde habité et considérée comme un âge d’or intemporel (on la surnomme l’ « île de la splendeur » ou le « séjour des Bienheureux »). Sur cette île trans-mondaine (amalgamée symboliquement avec le sommet du mont cosmique Mêru où se trouve l’Étoile Polaire flamboyante, le pivot central de l’univers) vivent harmonieusement tous les yogis et les hommes libérés des liens de la matière, réunis autour du dieu Vishnu sous sa forme solaire (il est présenté comme le « Blond », le « Doré » et le « portier du ciel », son palais brille de mille feux). Ce peuple d’élus est connu comme la race des Uttarakura (uttara signifiant en sanskrit « nord » ou « région la plus élevée » ; les auteurs grecs évoquent quant à eux les Attacori ou les Ottorokorai) ou les « fils de Brahma » ; voici comment les protagonistes du Mahâbhârata (III, 38-39) décrivent les habitants de ce paradis polaire : « Là nul n’était supérieur aux autres, tous avaient la même luminosité, d’un blanc étincelant. Nous pensâmes que ce continent était le séjour de la lumière des origines »…

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Notons enfin que toutes ces traditions concernant le foyer arctique primitif des peuples indo-iraniens — qui revêtent prioritairement un caractère symbolique et qui sont porteuses de multiples enseignements métaphysiques — se présentent également comme un lointain souvenir d’un précédent cycle d’humanité, historique bien qu’antédiluvien. Effectivement, l’éminent savant indien Lokamanya Bâl Gangâdhar Tilak (dont la vie est aussi instructive que l’oeuvre), dans son livre d’un intérêt majeur intitulé explicitement Origine polaire de la tradition védique (Archè, 1979, p. 363) a indiscutablement démontré que les sacralités indo-aryennes proviennent d’un ancien peuple unique, originaire des régions polaires et circumpolaires, obligé de descendre vers des contrées plus méridionales suite à une catastrophe naturelle (vraisemblablement une glaciation soudaine) : « Notre objet était simplement de montrer qu’il y a suffisamment de preuves dans les Védas et l’Avesta pour établir l’existence d’une origine arctique des Aryens à l’époque interglaciaire, et le lecteur qui nous a suivis tout au long de notre exposé peut voir à présent que la théorie que nous avons tenté de démontrer est fondée sur un solide ensemble de textes et de passages qui ont été préservés par la tradition, qui appartiennent aux deux plus anciens recueils de la race aryenne, et qui trouvent une confirmation indépendante à partir de sciences telles que la géologie, l’archéologie, la paléontologie linguistique, la mythologie comparée et l’astronomie ».

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En ce qui concerne les ancestrales traditions extrême-orientales (Chine, Tibet et Sibérie), le mythe universel de l’île/continent septentrionale en tant qu’ailleurs béatifique éthéré est également bien présent. Songeons par exemple aux aventures des héros civilisateurs Yu-le-Grand et Mou, les empereurs légendaires naviguant chacun vers une terre arctique merveilleuse, sorte de pays de Cocagne habité perpétuellement par les « hommes transcendants » et autres sages immortels (les textes parlent de « la race aux os mous et aux corps souples », d’hommes blancs comme la neige et volant à travers les airs) qui s’abreuvent à la fontaine de jouvence ; dans le Lie-Tseu (V, 6), nous lisons ainsi : « Alors que le grand Yu mettait de l’ordre sur terre et canalisait les eaux, il s’égara, contourna la mer du nord, et arriva, très loin, tout au septentrion, dans un pays sans vent ni pluie (…). La région est très salubre, ses habitants sont doux et simples. (…) Ils apaisent leur soif en buvant l’eau du geyser merveilleux et réparent leurs forces par un bain dans ces mêmes eaux. », et plus loin, il est dit : « Le roi Mou de Tcheou, voyageant dans le Nord, atteignit, lui aussi, cette contrée et s’y oublia durant trois années. Quant il eut rejoint son palais de Tcheou, il fut pris d’une si grande nostalgie pour ce pays qu’il fut frappé de mélancolie : il refusa de toucher à la nourriture et au vin, il refusa de voir ses femmes et ses serviteurs ».

Pour le Bouddhisme tibétain, le séjour spirituel suprême, réservé aux pieux et aux justes, est incarné symboliquement par le fameux territoire caché d’Agartha et sa capitale mystique de Tshang Shamballa, surnommée de façon explicite la « Cité du Nord » ou la « Cité de la Paix » (entendu comme la paix intérieure) ; les yogis utilisent d’ailleurs l’expression caractéristique de « chemins du Nord » pour parler de la voie initiatique menant à la délivrance finale (cela équivaut à la « voie lactée » des cultes païens, la « voie des dieux » platonicienne, la Dêva-yâna de l’Inde, le Tao chinois, le Shinto japonais ou la « voie droite » islamique).

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Dans un registre similaire, les traditions ésotériques de l’Islam évoquent également une terre transfigurée (de nature psycho-cosmique dira-t-on) localisée à l’extrémité septentrionale du monde connu, pour ne pas dire au seuil de l’autre-monde. Selon les récits et les légendes du Soufisme, il est possible pour l’être engagé dans une voie de libération spirituelle — via une ascèse constante et une vision théophanique provoquée par l’imagination active, en faisant fonctionner « l’œil du coeur » — d’accéder à la cime imaginale de la montagne polaire de Qâf située in medio mundi, que l’on atteint « ni par terre ni par mer », qui est insubmersible lors des déluges et qui abrite saints et autres immortels. Sur le blanc sommet de Qâf, en ce domaine subtil des Lumières incréées, des Formes parfaites et autres Archétypes apparitionnels, les voyageurs de l’âme, revenus à « l’état primordial » d’avant la Chute, ont l’occasion de contempler et de découvrir divers endroits (ou plutôt des envers) tous plus magico-idylliques les uns que les autres, à l’image de la terre mystique de Hûrqalyâ et ses cités rayonnantes, de la Sphère des Sphères planétaires ou du Plérôme archangéliques, de l’inébranlable Rocher d’émeraude communiquant son reflet à tout le cosmos, de la Source de Vie, du Huitième Continent central (notons qu’à notre époque de souillure généralisée, le « huitième continent » désigne un gigantesque amas de déchets en plastique répugnant), ou encore de la mystérieuse Île Verte au milieu de la mer blanche.

Nous terminerons ce rapide tour d’horizon de la symbolique du « Pôle » en évoquant bien sûr les traditions de l’Antiquité gréco-latine et de l’Europe barbare nordico-celtique. Songeons simplement à la légende très connue de l’Apollon Hyperboréen (célébré notamment dans le prestigieux sanctuaire de Delphes), le dieu de la lumière civilisatrice venu des terres polaires originelles, guidé par des cygnes sacrés…

apollonleukos.jpgDe même, de nombreux philosophes antiques (Pythagore, Homère, Plutarque, Diodore, Pindare, Strabon, Pline, Cicéron… etc.) ont fait mention d’un mystérieux continent perdu (ou d’une île inaccessible) situé tout au nord de la planète, près du pôle, et considéré, comme il se doit dans la perspective traditionnelle, tel un Élysée mirifique, un jardin des délices supra-terrestre et achronique, où héros et bienheureux vivent des jours heureux. La meilleure description de cette terre céleste nous est donnée par Hécatée d’Abdère (cité par Diodore de Sicile au Livre II de sa Bibliothèque historique) plusieurs siècles avant notre ère : « Vis-à-vis de la contrée des Celtes‚ dans les parties de l’Océan‚ il y a une île appelée Leuké‚ c’est-à-dire Blanche. Latone‚ mère d’Apollon‚ y naquit‚ et à cause de cela‚ Apollon y est vénéré plus que les autres dieux (Apollon était appelé Apollon LeukosLeukiosLeukaios). Parce que les Hyperboréens de l’Île Blanche célèbrent ce dieu chaque jour et lui rendent les plus grands hommages‚ on dit que ces hommes sont les prêtres d’Apollon. (…) De cette île on peut voir la Lune‚ peu éloignée. Les souverains sont les Boréades‚ descendants de Borée. On appelait aussi cette île Helixea (Felicia) ou l’île des Bienheureux ».

D’autres auteurs ont particulièrement insisté sur les caractères éthérique, surnaturel, intemporel et paradisiaque de l’Île Blanche boréenne. Le poète Pindare, dans sa dixième Ode Pythique, précise bien que « Ni par bateaux ni par terre vous ne pourrez trouver la merveilleuse route qui vous mènerait chez les Hyperboréens » ; dans le même esprit, le navigateur semi-légendaire Pythéas le Massaliote, dans ses récits de voyage en mer du Nord (qui sont connus grâce à son De l’Océan dont de rares bribes nous sont parvenues), dépeint l’extrémité septentrionale du monde comme une zone « où on ne trouve plus de terre proprement dite, ni de mer, ni d’air, mais un mélange de tous ces éléments ». Dès lors, nous dirons simplement que l’île nordique de l’Ultima Thulé (similaire à la Tula des Hindous ou la Tullan des vieux Toltèques), de Leuké ou d’Hyperborée des traditions antiques, au même titre que l’Ogygie homérique, n’est localisable sur aucune mappemonde et est bel et bien, comme ses surnoms l’indiquent, la « terre du brouillard » ou la « terre au-delà des brumes », pour ne pas dire la terre subtile située dans les nuées des « eaux supérieures »…

Les traditions celtes et scandinaves des barbares européens ne furent pas en reste quant à ce continent polaire primordiale, d’une nature plus imaginale que géographique. Pensons par exemple aux mythiques Boréens, ces fameux « descendants de Borée » évoqués par Diodore, qui sont identiques aux « fils de Bor » de la tradition nordique (surnommés la « race d’or » et siégeant intemporellement dans le Midgard)‚ c’est-à-dire proprement les “fils de l’Ours”‚ les racines bor, bur ou bar désignant « l’ours ». Du reste, selon certains linguistes, le terme « barbare » proviendrait de l’expression wisigothique Bär Baur signifiant « fils de l’ours », et serait vraisemblablement à l’origine de notre mot « baron » ; on retrouve aussi cette dénomination chez certains peuples anciens comme les Burgondes, les Bouriates ou les Borussis (anciens noms des Prussiens).

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De même‚ les racines celtes arca ou arth servent à désigner l’ours‚ la Grande Ourse ou le nord, ce qui permet d’avancer que cette “terre de l’ours” est bien située en Arctique (pensons aussi aux régions d’Arcadie ou d’Artois) ; rappelons au passage que le blason des Goths était l’ours et que les Aïnous du Japon (peuple non-asiatique d’origine paléosibérienne) se rangent eux-aussi parmi les “peuples de l’Ours” puisque leur cosmogonie affirme que l’ours divin Aïoïna a été envoyé sur terre par la divinité suprême pour les enfanter et les instruire.

Enfin, à titre anecdotique, nous tenons à citer ce curieux passage d’Hérodote (Clio IV, 7) qui rapporte une étrange croyance scythique faisant référence à une terre nordique cachée, vraisemblablement plus aérienne que physique : « Les lieux les plus lointains, au nord des régions habitées, ne sont, disent les Scythes, ni visibles ni abordables, à cause des plumes répandues en l’air et sur le sol : leur abondance est telle qu’elles interceptent la vue »…

A travers cet article et à la suite de tous ces exemples (tout à fait concordants entre eux bien qu’issus de traditions complètement disparates), l’idée principale nous souhaitions dégager est celle-ci : à une époque fort reculée, la région polaire et circumpolaire ― qui devait jouir en ces temps-là d’un climat tempéré ― a été l’un des plus importants foyers de l’espèce humaine (nous ne disons pas Le foyer de l’humanité, tel R. Guénon, mais l’un des foyers car il en existe d’autres selon nous), et, à la suite d’une catastrophe naturelle (vraisemblablement une terrible glaciation, mais certains auteurs parlent d’une inclinaison de l’axe terrestre), les hommes ont émigré vers le sud pour y fonder diverses civilisations.

Cependant, selon la loi traditionnelle d’analogie entre les causes physiques et les causes spirituelles, la question de la provenance géographique de l’humanité n’a qu’une importance secondaire. En effet, si l’on se penche de plus près sur tous les textes et les récits sacrés évoquant la terre nordique originelle, on en arrive vite à la conclusion que ce lieu idyllique devait être avant-tout d’une nature supra-terrestre : nous sommes là en face du mythe universel de la chute des anges rebelles, de l’expulsion du paradis ou de la fin de l’âge d’or, dont la signification première est celle de la solidification du proprium humain, de la dégradation ontologique de l’homme (en ce sens, on peut dire qu’il a « perdu le nord »), voyant ce dernier quitter son origine subtile et parfaite au sein de la Terre céleste éternelle pour se retrouver ici-bas, incarné dans un corps de chaire corruptible…

lundi, 22 octobre 2018

Le paradoxe de la modernité japonaise

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Le paradoxe de la modernité japonaise

par Matthieu Giroux

La modernité, telle qu’elle est apparue au Japon au XIXe siècle, déroute l’Occidental qui envisage de l’interroger. Parce qu’elle est souvent perçue à tort comme un phénomène exclusivement européen, son expression japonaise se voit réduite à une tentative d’imitation ayant pour but de combler un retard économique, politique et militaire. Pourtant, dans Moderne sans être occidental : aux origines du Japon d’aujourd’hui (NRF, Gallimard, 2016), le spécialiste de l’histoire du Japon Pierre-François Souyri démontre que la modernité japonaise, loin d’être un ersatz de la modernité occidentale, possède une identité et une genèse qui lui sont propres.

nouyri.jpgL’identité entre modernisation et occidentalisation du Japon est un des lieux communs les plus véhiculés. Les écrivains, les cinéastes, mais également, ce qui est plus grave, les historiens décrivent souvent un archipel féodal qui aurait embrassé la modernité occidentale en découvrant la puissance nouvelle des empires européens en pleine expansion au milieu du XIXe siècle. Les canonnières britanniques auraient suscité chez ce peuple de tradition isolationniste un sentiment d’urgence et de faiblesse, l’obligeant à rattraper son retard technique, économique et politique. Cette approche considère donc que la modernité japonaise est le produit de l’Occident, que les causes profondes de la transformation de la société japonaise sont exogènes et que ce changement radical peut se comprendre sur le mode de la pure et simple imitation, notamment à travers des tendances nouvelles comme le nationalisme, l’impérialisme ou encore le capitalisme à la japonaise.

Pourtant, dans Moderne sans être occidental : aux origines du Japon d’aujourd’hui, Pierre-François Souyri défend la thèse d’un développement autonome en soulignant les causes internes qui ont poussé l’archipel à embrasser une modernité spécifique et, précisément, non occidentale. À ses yeux, si la modernité trouve bien son origine dans l’Europe du XVIe siècle, elle a également trouvé son expression dans le Japon du XIXe siècle qui a connu, indépendamment de l’arrivée des Américains sur son territoire, des bouleversements qui ont redéfini en profondeur l’organisation de la société japonaise ainsi que la mentalité même de son peuple. Selon lui, « la vision européenne de la modernité […] imprégnait les discours japonais, au point que certains y voient présente comme une “colonisation spirituelle de l’intérieur” qui aurait pollué leur imaginaire historique pendant plus d’un siècle ». En d’autres termes, les Japonais eux-mêmes étaient jusqu’à récemment incapables de penser leur propre modernité en dehors du paradigme occidental. Ils ont « longtemps cherché à penser l’écart qui séparait le Japon du modèle, faisant, consciemment ou pas, du “comparatisme eurocentré” ». Il n’agit pas ici d’affirmer que la modernité japonaise ne doit rien à la modernité occidentale, il s’agit bien plutôt de restituer l’originalité d’un phénomène historique en évitant de pratiquer la comparaison systématique avec le modèle européen. « Depuis une vingtaine d’années, on a en effet beaucoup revisité au Japon cette manière de voir les choses, au point que l’histoire de la modernisation japonaise se conçoit désormais à un rythme identique à celui des “grandes puissances”, avec des décalages souvent moins pertinents que l’on n’a pas voulu le penser. » Dès lors, la modernité japonaise n’est plus à appréhender négativement, c’est-à-dire en cherchant toujours ce dont le Japon ne dispose pas par rapport aux Européens, mais positivement, c’est-à-dire en réfléchissant sur la nature de cette modernité. En bref, il ne s’agit plus de raisonner en termes d’échec mais de différence. « L’histoire nous invite en effet à voir que des formes spécifiques de la modernité sont nées au Japon, avec leurs dimensions propres, hybrides et hétérogènes, et qu’elles peuvent parfois s’exporter. »

Les « Lumières » japonaises

Le changement de régime est décisif pour comprendre cette période de l’histoire du Japon. La restauration de Meiji (1867-1912), le retour au premier plan de l’empereur après plus de deux siècles de domination du shogunat des Tokugawa (1603-1867), s’inscrit dans le cadre des « Lumières » japonaises (bunmei kaika). Au IXe siècle, avec la faillite de l’État central à défendre les provinces, le pouvoir politique de l’empereur s’était estompé pour laisser place à un Japon féodal dominé par des daimyos (seigneurs) et à plusieurs siècles de guerre civile jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Tokugawa Ieyasu au début du XVIIe siècle. L’autorité du shogunat Tokugawa s’était en partie fondée sur sa capacité à pacifier le Japon mais, face à la supériorité militaire et technique de l’Occident, le régime ne semblait plus avoir les moyens de protéger le pays. Dès lors, seul un État central doté d’une armée moderne serait en mesure d’assurer la sécurité du peuple japonais face à un éventuel envahisseur. Les partisans des « Lumières » japonaises avaient été particulièrement impressionnés par Bismarck lors de la mission Iwakura qui sillonna l’Europe de 1871 à 1873. La restauration de l’Empereur s’inscrit donc dans un contexte de modernisation et de « civilisation » mais, contrairement à la modernité occidentale, cela n’implique pas la création d’un nouveau type de régime comme en France ou aux États-Unis. L’écrivain et théoricien des idées politiques Fukuzwa Yukichi évoque une « restauration révolutionnaire ». La modernité politique japonaise a d’emblée quelque chose de « conservateur » et les occidentalistes se sont parfaitement accommodés du caractère autoritaire du nouveau régime. Le cas japonais est donc très différent des cas français et américains marqués par des révolutions intrinsèquement progressistes. De plus, si l’Occident apparaît comme un modèle sur le plan technique et militaire, il est également un rival, un ennemi qu’il faut imiter pour mieux s’en protéger. C’est donc un double-mouvement, à la fois xénophile et xénophobe, qui conditionne l’avènement de la modernité japonaise.

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Cela dit, de nombreux partisans des « Lumières » estimaient que le changement politique était insuffisant et qu’il fallait également transformer la société en profondeur en influençant les mentalités. C’est le cas de la Société de l’an VI qui a importé d’Europe la pratique du débat public jusque là complètement absente dans l’archipel. « On connaissait le palabre ou la discussion informelle en petit groupe, mais le débat conflictuel n’était guère en usage. Il aurait même été choquant », explique Pierre-François Souyri. Muragaki Norimasa, chef adjoint de la délégation japonaise qui s’était rendue à Washington en 1860, avait été très surpris de la violence verbale de certains échanges au parlement. « Tel ministre pris à parti par un député répondait calmement, là où le samouraï aurait dégainé un sabre ! » Le Japon féodal était administré par les samouraïs qui respectaient un code d’honneur strict. Les élites étaient forgées par une mentalité guerrière et non politicienne. Aux insultes, on répondait par les armes. Il y avait donc un long chemin à parcourir pour faire passer cette société de la hiérarchie et de l’honneur à une société d’individus libres pratiquant le débat public et l’échange entre citoyens égaux. Certains membres de la Société de l’an VI avaient bien compris le lien qui existait entre la nature du régime politique et les mentalités individuelles, le despotisme n’étant pas vraiment en mesure de produire des individus « civilisés » comme en Occident. Le philosophe Nishi Amane affirmait : « La docilité est une qualité importante pour les Japonais. Dans un régime despotique, c’est en effet une qualité fort prisée. » Nakamura Masano, quant à lui, estima très tôt qu’il fallait créer des assemblées et des conseils élus par le peuple pour rompre avec cette tradition despotique et éveiller les Japonais à la pratique de la politique.

La « doctrine de la quintessence du pays »

Okakura_Tenshin.jpgLa modernité japonaise se caractérise également par l’émergence de nationalismes de nature différente. Si les premiers intellectuels de la période Meiji s’interrogèrent sur la possibilité d’un changement de régime pour permettre aux Japonais de disposer de plus de droits individuels (liberté de réunion, d’association, d’expression…) et de véritables libertés politiques, le débat s’est ensuite orienté sur la question de la définition de cette nouvelle identité japonaise. « À partir des années 1887-1888 […], les termes du débat évoluèrent et se cristallisèrent désormais sur la question des identités à l’intérieur de la nation, avec un balancement entre trois éléments, l’Occident et son influence toujours fascinante et menaçante, l’Orient (mais il s’agit surtout de la Chine) qui devint une sorte de terre d’utopie ou d’expansion, et le Japon enfin, dont il fallait sans cesse redéfinir l’essence entre les deux pôles précédents. » Ce qui est particulièrement intéressant dans le cas japonais, c’est que le nationalisme, qui est par excellence une doctrine politique moderne, ne s’est pas seulement constitué à partir du modèle occidental.

Okakura Tenshin (photo)

C’est notamment le cas d’une tendance nommée la « doctrine de la quintessence du pays » (kokusui shugi). « Ils se voulaient les défenseurs et les promoteurs d’une identité nationale pure, d’une forme de nationalisme d’une nature nouvelle, d’un idéalisme national », souligne Pierre-François Souyri. Dès lors, il ne faut pas imiter aveuglément le modèle occidental qui détruit ce qui fait l’identité japonaise mais construire un nationalisme capable de saisir, de respecter l’histoire et l’ethos japonais. En adoptant les mœurs et les techniques occidentales, le Japon risque de perdre son âme, de perdre ce qu’il a de spécifiquement japonais. Ceux qui défendent la « doctrine de la quintessence du pays » estiment que le Japon ne doit pas être absorbé par la modernité mais qu’il doit inventer sa propre modernité, notamment en conservant ce qu’il a de proprement asiatique.

Une notion ancienne a permis au gouvernement de Meiji de définir la nature de la nation japonaise pour faire face aux revendications populaires en même temps qu’aux tenants de l’ancien régime féodal : le kokutai qui « désigne […] la particularité nationale que constitue la dynastie impériale qui dirige le pays depuis toujours et pour l’éternité ». Pourtant, au départ, le kokutai signifiait seulement la forme et l’identité d’un État, japonais ou non. C’est une forme de nationalisme mystique au XIXe siècle qui donna au kokutai un sens nouveau et spécifiquement japonais : une doctrine conservatrice, nationale et antiféodale. L’idée de kokutai vint bouleverser les anciennes hiérarchies féodales qui structuraient la société sous la dynastie Tokugawa. Elle servit à construire un État central fort qui prônait l’égalité de tous les sujets face à la personne divinisée de l’empereur, un moyen particulièrement efficace de favoriser l’émergence d’une nation moderne. « L’empereur cumule l’autorité politique et un prestige de nature spirituelle. Il est à la fois le kaiser allemand et le pape de Rome incarné en un seul individu. » Encore une fois, on observe que la modernité politique japonaise s’est construite en empruntant et en refondant des notions héritées de la tradition, et non en faisant table rase du passé. Le terme de kokutai figurera dans la Constitution impériale de 1889. Son article premier affirme : « L’Empire du Grand Japon est placé sous le gouvernement de l’empereur dont la lignée règne sur notre pays depuis la nuit des temps. » La continuité historique de l’Empire japonais, malgré les périodes de mise à l’écart notamment sous le shogunat Tokugawa, permettait aux défenseurs du nouveau régime Meiji de se faire les garants d’une autorité politique absolue, capable de résister aux Occidentaux et de défendre une identité japonaise ancestrale menacée. Paradoxalement, cette forme nouvelle de nationalisme, par rejet des valeurs occidentales, se tourna notamment vers le confucianisme. « Si doctrine il y a, c’est plutôt une forme de syncrétisme dans lequel la pensée confucéenne la plus conformiste s’allie avec les préceptes nationaux de la pensée autochtoniste, se mélange avec des formes de darwinisme social et de nationalisme moderne », estime Pierre-François Souyri.

L’antimodernisme japonais

En 1886, Shiga Shigetaka va fonder un nouveau type de nationalisme de type culturel. Dans Des paysages du Japon (1894), il explique que la beauté de la nature japonaise est supérieure à celle des pays occidentaux et que de cette supériorité esthétique doit découler un sentiment de fierté. « Shiga fait le lien entre un discours poétique et impressionniste, et un discours naturaliste scientifique mais fondé sur la comparaison, implicite ou non, avec le reste des pays. » L’objectif de ce livre consistait à décomplexer les Japonais vis-à-vis des Occidentaux en insistant sur la beauté naturelle de l’archipel mais également en louant la grandeur de leur poésie. La pensée de Shiga va donc à l’encontre de l’universalisme des Lumières pour développer une forme nouvelle de particularisme mais sans verser dans la xénophobie de la « doctrine de la quintessence du pays » dans laquelle il ne se reconnaît pas. « Plus qu’une idéologie politique, c’est une pensée à vocation culturelle », insiste Pierre-François Souyri. Dans la même veine, on peut citer Okakura Tenshin, célèbre pour son Livre du thé, qui comprit tôt l’importance de la valorisation de l’art japonais dans la sédimentation du nouvel État. Il participa à la création de musées, à la protection du patrimoine et à l’enseignement de l’art. À ses yeux, « les beaux-arts sont la quintessence et la splendeur d’une nation ». Alors que les Japonais étaient fascinés par l’art occidental, Okakura Tenshin, qui en était un fin connaisseur, avait pour ambition de faire connaître à l’Occident l’importance de l’art japonais traditionnel. Il « [fut] à l’origine de cette image d’un Japon antimoderniste s’appuyant sur une culture japonaise mystérieuse et raffinée ». En cela, la modernité d’Okakura Tenshin peut se rapprocher de la modernité antimoderne d’un Baudelaire définie par Antoine Compagnon. Son antimodernisme est une réaction à la domination culturelle occidentale qui cherche à réactiver, dans le cadre du développement de l’État moderne, les formes esthétiques de la tradition japonaise. Ce faisant, il aurait tout de même participé à créer « une sorte d’invariance, le “Japon éternel” » ainsi que son « propre orientalisme ».

Le livre de Pierre-François Souyri permet donc de comprendre que la modernité japonaise s’est structurée autant en imitant le modèle occidental qu’en le rejetant. S’il y eut bien, dans l’histoire du Japon, un premier mouvement influencé par les Lumières européennes, il fut rapidement contrebalancé par des doctrines politiques qui cherchaient à préserver l’identité spirituelle et culturelle du Japon, en puisant dans des éléments hétérogènes : l’asiatisme, le confucianisme mais aussi dans un kokutai réinterprété. Cet ouvrage est donc une invitation à se détacher de tout ethnocentrisme pour mieux saisir les conditions de possibilité de l’émergence d’une modernité proprement japonaise. « [Cela] nous oblige à assimiler dans nos schémas mentaux cette idée simple : nous ne sommes pas les dépositaires uniques de la modernité. Celle-ci n’a pas été inventée une fois pour toutes par les Européens, et la modernité européenne n’est peut-être pas un phénomène exceptionnel et quasi miraculeux. D’autres formes de modernité se sont manifestées ailleurs, et singulièrement au Japon. »

jeudi, 18 octobre 2018

Peut-on encore soigner l’âme post-Européenne ?...

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Peut-on encore soigner l’âme post-Européenne ?...

par Jure Georges Vujic

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré à la maladie de l'âme post-européenne... Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

 

L’ère de l’après Europe

Il n’y a pas si longtemps, le philosophe tchèque Jan Patocka, développait dans son livre L’Europe après l’Europe la thèse selon laquelle nous vivions dans le monde de l’« après Europe », que Patocka situe dès la fin de la Première Guerre mondiale. Une Europe dévoyée spirituellement par la « globalisation marchande » et « l’ère planétaire ». S’ interrogeant sur l’héritage européen, Patocka constate avec raison que l’Europe a renié son identité originelle et sa vocation première – celle du « soin de l’âme » – en reprenant ce thème socratique, le sacrifiant à l’adoption généralisée et démesurée du seul calcul de la puissance et des reliquats de sa suprématie déchue.

Patocka – dans la lignée des intellectuels anti-totalitaristes et libéraux tels que Kundera – élabore ensuite une analyse de l’identité de l’Europe, laquelle serait « étrangère à toute notion réductrice d’appartenance et à toute illusoire spécificité ». Bien sûr, à l’heure de la domination planétaire du marché, il serait bien  opportun de s’interroger s’il demeure encore quelque chose de « l’héritage spirituel européen »  qui pourrait nous permettre de cultiver et prendre soin de son âme, et peut être même de nous ouvrir au monde autrement, tout en ne versant pas dans un eurocentrisme étriqué ou dans un universalisme irénique et béat.

Il persiste néanmoins une aporie propre à la pensée Patockienne qui semble arraisonnée à l’horizon indépassable de la démocratie libérale : comment se soucier uniquement de l’âme européenne (enfin ce qu’il en reste) en faisant abstraction de son corps collectif que constitue ses milliers de patries charnelles ? Comment ne pas prendre acte de l’état de déliquescence morale, démographique, culturelle et identitaire de ce même corps à l’heure de l’immigration massive, la perte de sens et de la dé-souverainisation généralisée ? Comment renoncer à l’aspiration vers la puissance, seule à même de préserver l’identité propre à cette âme dans son ancrage tellurique et géopolitique qui  fait d’elle une âme-continent ?

Patries charnelles et esprit européen

Faut-il rappeler que, même si l’âme constitue l’incarnation de cette « étincelle d’éternité » en tant que fondement de notre philosophie, le corps est consubstantiel  et « représente cette enveloppe charnelle de l’âme ».
Souvenons-nous de Lucrèce : « Le corps est l’enveloppe de l’âme, qui, de son côté, en est la gardienne et la protectrice » et de Leibniz sur la nature divine du corps : « Chaque corps organique d’un vivant est d’une espèce de machine divine, ou d’un automate naturel, qui surpasse infiniment tous les automates artificiels ».

Ce corps mystique que constituent les patries charnelles de l’Europe qui, depuis l’antiquité gréco-romaine a nos jours, ont été porteuses de cette esprit et de cette spiritualité européenne, à la fois singulière et universelle.
Et c’est la raison pour laquelle on peut tout à  fait faire preuve d’ouverture spirituelle au monde tout en conservant l’identité  des peuples qui sont à la fois les composantes ethniques et les émanations identitaires subtiles et vulnérables de cette âme européenne.

Ce corps européen est à la fois  le bouclier et la cage de résonance de cet esprit européen. Charles Péguy l’affirmait : « On n’atteint le spirituel qu’à travers une patrie charnelle; il faut s’incarner ». Souvenons nous que la France est, aux yeux de Péguy, le corps qui reçoit, soigne le mieux la vérité et la justice, entendu qu’un corps peut toujours tomber malade, tuer en lui la fraternité sensible, sombrer dans la terre et le sang du nationalisme ou se dissoudre dans l’abstraction bourgeoise des droits formels.
D’autre part, cette thèse essentialiste semble aujourd’hui conforter le déni de réalité et le paradigme victimaire occidental, dont se font les portes paroles les élites politiques libérales, tout en trouvant une légitimation dans  le discours multiculturaliste et relativiste.
Ainsi, Leszek Kolakowski affirme « qu’à la même époque où l’Europe a acquis – peut-être surtout grâce au danger turc – la conscience claire de sa propre identité culturelle, elle a mis en question la supériorité de ses propres valeurs et ouvert le processus de l’autocritique permanente qui est devenue la source de sa puissance ainsi que de ses faiblesses et de sa vulnérabilité ». Si l’on suit ce discours – corroboré par  l’ethnomasochisme et l’idéologie de repentance pleurnicharde du passé colonialiste -, soigner son âme consisterait, pour l’Europe, à persévérer dans son déni de puissance.

Maladies de l’âme et post-humanité

Et pourtant, il convient de rappeler que Patocka développe sa thèse à l’aide d’un paradigme de la philosophie antique, « les soins de l’âme » étant la préoccupation première de la philosophie grecque, en tant que « philosophia medicans ».
Au regard de cette philosophie, prendre soin de l’âme consistait à éviter que les passions prennent le dessus sur la raison, étant susceptibles de nous faire souffrir.

Plutôt que la domination de l’epithumia, le siège des désirs présent dans toutes les âmes, il fallait conserver l’hêgemonikon de la raison, seul gardien de l’équilibre et la santé spirituelle et corporelle.
Diogène Laërce use de la même comparaison : « Comme on parle des infirmités du corps, la goutte, le rhumatisme, il y a aussi dans l’âme l’amour de la gloire, le goût du plaisir et choses semblables. »
La post-Europe déspiritualisée et colonisée est devenue la demeure des corps déchus et impuissants. Ce que Patocka n’a pas vu, c’est que la post-Europe semble anticiper l’après-anthropologie classique et l’impact corporel du darwinisme social postmoderne, lequel apparait sous les traits de l’ultralibéralisme global qui ne laisse plus aucune place à la sollicitude de l’âme des  peuples.

C’est sous les traits d’une hybridation généralisée et d’une consommation uniformisante qu’une nouvelle forme d’hominisation globale de l’être humain apparaît avec le globalisme, par la création et la promotion d’un génotype générique, docile consommateur entièrement conditionné par l’idéologie dominante. Cette nouvelle hominisation est à l’opposée de la bio-pluralité des peuples et de la terre qui tend de plus en plus à disparaître. Car, bien sûr, afin de détruire la singularité et l’identité spirituelle, on s’attaquera non seulement aux fondements historiques et philosophiques mais aussi en affaiblissant de l’intérieur les capacités de cette corporéité défensive.
La post-Europe est à l’image de cette post-humanité expérimentale, qui  – au nom du progrès infini, des chimères transhumanistes, du marché et du capital – réifie le monde et les peuples en valeur d’échanges.

Ainsi, l’Europe ne renouera avec son âme originelle qu’en prenant conscience de cette maladie de la démesure, de l’hybriséconomique et marchand, de l’individualisme libéral et hédoniste qui gangrènent et handicapent son corps charnel, ses ressorts virils de défense et d’affirmation souveraine.
Cette prise de conscience collective a eu lieu a l’Est européen, dans les patries charnelles de Patocka, Kundera, Kolakowski, Czeslaw Milosz qui, conscientes des menaces de cette maladie contaminatrice venue de l’Occident libéral, ont pris soin de leurs âmes mais aussi de leur corps collectif et, de ce faits sont devenues, comme Valery le préconisait, les porteurs d’une nouvelle espérance, les porteurs du renouveau de la « politique de l’esprit », une authentique « puissance de transformation ».

Jure Georges Vujic (Polémia, 15 octobre 2018)

vendredi, 14 septembre 2018

Leopold Ziegler. Eine Schlüsselfigur im Umkreis des Denkens von Ernst und Friedrich Georg Jünger

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Leopold Ziegler.

Eine Schlüsselfigur im Umkreis

des Denkens von Ernst und

Friedrich Georg Jünger

 
ISBN: 978-3-8260-3935-5
Autor: Kölling Timo
Year of publication: 2008
Price: 26,00 euro
 

Pagenumbers: 172
Language: deutsch

Short description: Der große Einfluß, den das Werk des Philosophen Leopold Ziegler (1881-1958) auf das Denken der Brüder Ernst Jünger und Friedrich Georg Jünger ausgeübt hat, ist bislang nicht nur unterschätzt, sondern im Grunde überhaupt noch nicht zur Kenntnis genommen worden. Die vorliegende Studie, die zugleich als Einführung in Zieglers Werk gelesen werden kann, legt diesen Einfluß erstmals frei. Im Zentrum steht der Nachweis, daß Ernst Jüngers umstrittene und in vielerlei Hinsicht rätselhafte Konzeption des „Arbeiters“ als metaphysische „Gestalt“ sich in allen ihren wesentlichen Momenten auf Leopold Zieglers Buch „Gestaltwandel der Götter“ zurückführen läßt. Der entscheidende Grundgedanke Zieglers wird von Jünger aber in sein Gegenteil verkehrt: aus der philosophisch fruchtbaren Konzeption einer mystischen Teilhabe wird die theoretische Sackgasse einer magischen Identitätstheorie. Der Aufweis dieser Differenz erlaubt es, Zieglers Denken, das in seinem Kern der Versuch einer zeitgemäßen Erneuerung der Philosophia Perennis mit den Mitteln einer negativen Geschichtsphilosophie ist, gegen das Konstrukt der sogenannten „Konservativen Revolution“ abzugrenzen. Der Autor Timo Kölling lebt und arbeitet als freier Schriftsteller in Frankfurt am Main. Seit März 2007 Arbeitsstipendium der Leopold-Ziegler-Stiftung. http://www.leopold-ziegler-stiftung.de

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Leopold Ziegler,

Philosoph der letzten Dinge.

Eine Werkgeschichte 1901-1958.

Beiträge zum Werk, Bd. 4

ISBN: 978-3-8260-6111-0
Autor: Kölling, Timo
Band Nr: 4
Year of publication: 2016
 
 
58,00 EUR - excl.Shipping costs
Pagenumbers: 540
Language: deutsch

Short description: Leopold Ziegler (1881–1958) ist der Poet unter den deutschsprachigen Philosophen des zwanzigsten Jahrhunderts. Seiner Philosophie eignet ein künstlerischer Zug, der ihren sachlichen Gehalt zugleich realisiert und verschließt, ausdrückt und verbirgt. Ziegler hat sein Anliegen in Anknüpfung an Jakob Böhme, Franz von Baader und F. W. J. Schelling als „theosophisches“ kenntlich gemacht und damit die Grenzen der akademischen Philosophie seiner Zeit weniger ausgelotet als ignoriert und überschritten. Timo Köllings im Auftrag der Leopold-Ziegler- Stiftung verfasstes Buch ist nicht nur das erste zu Ziegler, das nahezu alle veröffentlichten Texte des Philosophen in die Darstellung einbezieht, sondern auch eine philosophische Theorie von Zieglers Epoche und ein Traktat über die Wiederkehr eines eschatologischen Geschichtsbildes im 20. Jahrhundert.

Der Autor Timo Kölling ist Lyriker und Philosoph. Als Stipendiat der Leopold-Ziegler-Stiftung veröffentlichte er 2009 bei Königshausen & Neumann sein Buch „Leopold Ziegler. Eine Schlüsselfigur im Umkreis des Denkens von Ernst und Friedrich Georg Jünger“.

Paganisme et christianisme populaire, remparts de la civilisation européenne

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Paganisme et christianisme populaire, remparts de la civilisation européenne

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Le Parti des Européens souffre d’un malentendu quant à ses positions sur les questions de religion, donnant parfois l’impression aux euro-chrétiens qu’il s’oppose à eux. 

Pourtant, le programme du parti explicite clairement la défense des religions d’Europe dans leurs espaces enracinés, à savoir non seulement l’euro-paganisme sous ses différentes « chapelles » mais aussi les trois christianismes (catholicisme, réforme et églises orthodoxes nationales), le judaïsme en raison de l’ancienneté de sa présence historique en Europe, comparable au parsisme en Inde, et l’islam enraciné qu’on retrouve dans les Balkans, dans le Caucase et dans certaines républiques autonomes de Russie (comme le Tatarstan). C’est la notion d’enracinement sur la longue durée qui est ici essentielle.

L’analyse historique des origines proche-orientales du christianisme, tant sur le plan historique (Ramsay Mac Mullen, Thomas Römer…) que philosophique (Friedrich Nietzsche, Jean Soler, Michel Onfray…), ne saurait se confondre avec une démarche politique. 

La réalité sombre de la christianisation, à partir du règne de Constantin, loin du conte pour enfants d’une conversion spontanée et heureuse des Européens, doit être acceptée comme le fait historique indiscutable qu’il est. Le christianisme était l’une des religions orientales qui s’est développée au bas-empire, comme le mithraïsme et le manichéisme, et Constantin fut un Açoka qui a réussi (le roi indien Açoka échoua à imposer le bouddhisme aux Indiens). 

Constantin y trouva son intérêt, considérant l’adhésion au monothéisme comme une manière de renforcer l’autocratisme et tous les rois « barbares » qui l’imiteront agiront dans le même sens. « Un seul Dieu, un seul roi ». La disparition de la démocratie scandinave à l’époque viking au profit de la monarchie est concomitante de l’adoption du christianisme. Les résistances furent nombreuses et ce pendant des siècles. Ainsi trois siècles après la conversion de Vladimir, des prêtres païens animent encore la révolte à proximité de Kiev. Et cinq siècles après la loi de Théodose de 392 interdisant le culte des dieux, suivi en 394 de l’interdiction des Jeux Olympiques, la Laconie autour de Sparte était encore majoritairement païenne.

Le pape Grégoire Ier autour de l’an 600, confronté aux résistances des Européens païens, décida d’une politique audacieuse, qui a été de récupérer les lieux de culte et les divinités locales des païens, de les christianiser en offrant aux populations des substituts acceptables. C’est ainsi que des saints imaginaires succédèrent aux dieux, que les fêtes païennes devinrent les fêtes chrétiennes, et que des pans entiers de la tradition indo-européenne furent sauvés par une église qui trois siècles avant ne rêvait que de la faire disparaître.

C’est ce que l’on nomme le pagano-christianisme ou la double foi (en russe : двоеверие) et qui a été la religion de l’Europe chrétienne médiévale. C’est ce christianisme populaire et laïc, s’opposant aux dogmes du clergé, qui constitue encore la religiosité de l’Europe contemporaine, avec ses baptêmes et ses mariages à l’église. Il est bien différent des « valeurs devenues folles » fustigées par G. K. Chesterton et en revanche encensées par le pape François et par un clergé fondamentalement athée et qui ne prône plus d’un vague globalisme moral. C’est le christianisme du bon sens de l’Européen moyen, qui refuse l’implantation de migrants, comme en Pologne et en Hongrie. C’est le christianisme de Salvini ou d’Orban face au pape. C’est le christianisme modeste et sans excès de Vladimir Poutine. C’est moins le cas de Jaroslaw Kaczynski, qui paraît trop bigot.

Le christianisme populaire n’est pas en effet la bigoterie sectaire, mais une religiosité tolérante et la manifestation de la fidélité à ses ancêtres, à ses parents. Un tel christianisme ne s’oppose pas à la renaissance païenne mais l’accompagne même avec bienveillance.

Car la révélation de ce début du XXIème siècle en Europe, c’est le retour du paganisme ou euro-paganisme (pour le distinguer des polythéismes non-européens), et notamment en Europe scandinave et en Europe centrale et orientale. Il n’est pas tant une réaction au christianisme clérical qu’une affirmation identitaire d’une religiosité plus nationale, plus enracinée encore, mais aussi plus proche de la nature. La « vraie religion de l’Europe » n’entend pas reprendre sa place ancienne en imitant la religion qui s’est substituée à elle. Elle ne rêve pas d’une revanche ni d’un nouveau Julien. Peut-être espère-t-elle en revanche un Numa Pompilius pour l’organiser et lui donner les moyens de son culte.

En effet, sous la forme d'asatru dans les pays germano-scandinaves, de la rodnoverie « foi native » dans les pays slaves, en Ukraine comme en Russie pourtant contextuellement opposées, et sous divers noms partout sur le continent (suomenusko en Finlande, hellenismos en Grèce, Ősmagyar vallás en Hongrie, religio romana en Italie, draiocht « druidisme » en Irlande, romuva en Lituanie, hetanosyun en Arménie), l’euro-paganisme est à nouveau présent en 2018. Beaucoup d'euro-chrétiens l'acceptent volontiers et sont loin de s'en offusquer, à la différence du Vatican qui s'en inquiète.

Il ne faut pas opposer euro-paganisme et euro-christianisme ou « christianisme populaire européen », mais les associer pour susciter le renouveau spirituel qui fait défaut à l’Europe et pour en faire les instruments de la résistance au globalisme, un globalisme soutenu par l’actuel Vatican comme paradoxalement par ses pires adversaires. Le bon sens de l’Européen, chrétien comme païen, sera la réponse appropriée pour en triompher.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

dimanche, 02 septembre 2018

La mode : les manipulations physiques de la subversion mondiale

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La mode : les manipulations physiques de la subversion mondiale

par Pierre-Emile Blairon

Nous avons plusieurs corps

Les traditions indoues distinguent chez l’individu cinq types de corps subtils, par ordre ascendant de l’immatérialité : le corps physique, puis éthérique, astral, causal, et mental.

La Tradition primordiale, qui inclut les traditions indoues et toutes les autres, admet comme seule hiérarchie celle qui va du haut vers le bas, donc du supérieur à l’inférieur, de la Tradition aux traditions, du spirituel au matériel, de l’intérieur à l’extérieur, du naturel à l’artificiel, du fondamental au superficiel, de l’être au paraître, principe que nous avons signifié symboliquement par la roue[1] où le moyeu immobile, au point le plus central et le plus intérieur, représente le fondement immuable, intangible, permanent, celui qui ne tourne pas, et, au bout des rayons qui convergent vers ce centre, en contact direct avec le sol et la matérialité, le cercle de fer ou de bois, le point le plus extérieur.

Comme tout est analogique, le corps humain procède du même principe. Le plus vulnérable, soumis à toutes les agressions, est sa surface, sa peau, tout comme l’écorce de la Terre est la partie la plus fragile de son entité.

Cette hiérarchie s’applique avec toute sa force au début d’un cycle civilisationnel (ce que les Grecs appelaient l’Age d’or) mais, les civilisations étant aussi mortelles que tout ce qui vit, le déclin advient lentement, amenuise leurs défenses immunitaires et les rend plus vulnérables, les sciences sacrées cèdent la place aux profanes, les exigeants fondements spirituels sont grignotés par les besoins matériels créées artificiellement.

Des fonctions qui ne sont plus vitales

Les fonctions qui étaient vitales et nécessaires autrefois : se nourrir, se protéger des variations climatiques (les vêtements) et des agressions (la maison) n’ont cessé de grossir artificiellement – le règne de la quantité, qui est aussi celui de l’argent - (prolifération des obèses, accroissement de l’offre vestimentaire, envolée des prix du logement) alors mêmes qu’elles sont devenues superflues puisqu’abondantes dans nos sociétés occidentalisées. D’autres fonctions sont apparues, communication, déplacements, loisirs… qui ne sont ni vitales ni nécessaires mais tout aussi superflues et pléthoriques.

A la fin du dernier Age, l’Age de fer, celui dont nous vivons les derniers instants, les valeurs positives de bon sens, de respect et de rectitude qui maintenaient l’équilibre de la société et réglaient sa bonne marche sont désavouées, ignorées, méprisés et périclitent sous les coups de boutoir des populations fanatisées ou décérébrées par les gourous du désordre mondial et du chaos qui prêchent l’uniformité, la confusion, la facilité, l’hédonisme, l’égalitarisme et l’anarchie. Toutes les fins de cycle civilisationnelles voient l’apparition de non-valeurs qui sont l’inversion systématique de celles qui constituaient la colonne vertébrale des dites civilisations.

Le corps vestimentaire

A la liste des cinq types de corps subtils, nous ajouterons un corps de plus, dans le sens de la matérialité : le corps vestimentaire, qui constitue comme une seconde peau de l’Homme.

Sans remonter aux débuts de notre cycle (ni même à celui de notre dernier Age, le Kali-Yuga, qui a commencé son processus involutif 4500 ans avant notre ère), en s’en tenant aux temps historiques bien plus récents, on sait que le vêtement était très codifié, en accord avec le type de culture que s’était donnée la communauté de sang et de sol qui l’avait adopté ; parmi les exemples les plus intéressants, celui des clans écossais qui portaient des tartans (kilts) dont les couleurs étaient tirées de plantes qui poussaient sur le sol qu’ils occupaient. Cette coutume est très ancienne puisqu’on a retrouvé des momies tokhariennes dans le désert du Tarim en Chine, qui vivaient 3500 ans avant notre ère ; ces momies portant des tartans sont supposées être indo-européennes, voire ancêtres des Celtes.

Le vêtement, à l’origine marque d’une tribu, d’une communauté, d’un clan, d’une fonction, s’est ensuite individualisé chez presque tous les peuples du monde, pour s’uniformiser en même temps que progressait l’emprise du mondialisme initié par la sous-culture américaine destructrice des cultures natives. L’Homme est passé, sans se révéler entièrement en tant qu’être humain, du statut naturel à celui de la machine et même de « produit ».

Le vêtement : voile ou dévoilement de l’être intérieur ?

En Europe, les familles royales qui voulaient s’accaparer le plus de territoire possible ont pratiqué une centralisation effrénée et ont exigé de leurs vassaux l’abandon des langues, coutumes et vêtements régionaux bien vite méprisés. La « mode » en pratique dans les cours royales, commune à toute l’Europe, est née mais le rapport avec les fondamentaux traditionnels a subsisté sous d’autres formes et l’élégance qui a remplacé la tradition est l’une des formes de cet héritage ancien.

Quelques princesses ont été remarquées et admirées dans ces cours, non seulement pour leur beauté, mais aussi pour leur maintien, leur port de tête. Certains hommes, princes et officiers, se distinguaient par leur stature, une élégance désinvolte et une prestance qui les supposaient aussi à l’aise à cheval sur un champ de bataille que sous les lustres des salons royaux.

Les cas extrêmement rares où la beauté extérieure reflète parfaitement la beauté intérieure sont une résurgence miraculeuse des temps anciens où cette adéquation était la règle ; où le paraître était l’expression de l’être ; la cohésion de la personne était assurée par la cohérence de ses divers composants ; c’était de vrais aristocrates, qui n’avaient pas besoin de prouver leurs quartiers de noblesse qui trouvaient leurs sources dans les traditions enfouies.

Chez les Européens de l’Ouest, certains peuples ont conservé cet héritage à travers leurs traditions, comme en témoignent encore de nos jours les Arlésiennes ou les Bavarois. Les Françaises, d’une manière générale, ont su longtemps imposer leur distinction naturelle et leur grâce au monde jusqu’à une période très récente ; ce fut ensuite la dégringolade et la disparition quasi-totale de tout ce qui pouvait se rapporter à cette intelligence du goût et de la beauté.

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La dictature de l’informe

On peut facilement situer ce basculement qui a vu disparaître toute trace de raffinement en France après les manifestations des « révoltés » de mai 68, petits-bourgeois, enfants de grands bourgeois, ceux-là même qui sont maintenant au pouvoir.

La forme a alors disparu au profit de l’informe et la prestance au profit de l’inconsistance. Le vêtement reflétait bien la décomposition des caractères et des corps.

Les pseudo-rebelles de 68 se sont insurgés contre les uniformes (surtout militaires)… pour en adopter d’autres ; après le passage de ces gauchistes qui prétendaient s’affranchir de la pesanteur américaine sur la culture mondiale, on a vu déferler en France et en Europe le « style » américain : baskets, jeans, tee-shirts, casquettes ; les petits écoliers français et européens ont été sommés d’adopter cet uniforme sous peine d’être exclus des cours de récréation.

Les enfants du nouveau système, lentement dépossédés de toute éducation, d’exemple, de repères et, plus encore, d’héritage culturel, se glissèrent avec joie sous le rouleau compresseur de Big Brother ; le mimétisme et le paraître devinrent pour eux les seules attitudes gratifiantes, l’argent, qui leur permettait d’acheter les gadgets à la mode, la seule valeur susceptible d’éveiller chez eux un soupçon d’intérêt.

Des trous à l’âme

Le débraillé vestimentaire, l’absence de recherche esthétique, a ensuite franchi un nouveau pas au début du XXIe siècle avec la mode des jeans troués qui nous fait penser aux « trous » du corps astral, lorsque l’individu est en état d’agression ou de faiblesse, et nous pensons aussi aux trous de la couche d’ozone, agression opérée par l’être humain sur la nature.

Pendant ce temps, les couturiers invertis – il fallait bien ceux-là dans une société en inversion complète des valeurs - qui donnent le ton de ce qu’on appelle la « mode » dans les salons parisiens, anglais, italiens ou américains ne visent qu’à ridiculiser les femmes et efféminer les hommes. Il suffit de voir les vidéos des défilés conçus par ces « génies » de la « haute » couture pour réaliser à quel niveau de perversité le citoyen est tenu d’adhérer[2]. Le « show » que nous avait offert le Président de la République sur le perron de l’Elysée le 21 juin 2018 procède de la même démarche « esthétique ».

C’est vrai qu’il n’y a là qu’un très lointain rapport avec cette mode populaire somme toute banale, et presque innocente, des jeans troués. Encore faut-il bien comprendre ce que cette démarche qui consiste à acheter un jeans usagé (quelquefois beaucoup plus cher qu’un neuf) dans une boutique représente d’absurde et de pathologique.

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Une ethnospiritualité de l’enveloppe

Mais il y a plus grave. Le jeans troué est le symptôme de l’attaque de forces négatives sur le processus même de la vie, le processus vital. Le vêtement, symboliquement, est une protection (sans doute illusoire concrètement) contre les agressions extérieures. Le triomphe de la matière advient quand elle commence à grignoter ce qui n’est plus de son domaine. Sous son action, le corps vestimentaire se délite, devient poreux, le chemin vers le centre intérieur s’insinue par les brèches ouvertes. L’usure de l’enveloppe, qui était naturelle et l’œuvre du temps, est devenue artificielle et l’œuvre de puissances malsaines.

Mais les forces de la subversion mondiale ne s’en sont pas tenues là ; l’objectif, leur semble-t-il, est à leur portée.

Sous le corps vestimentaire commence le corps physique qui, tout physique qu’il est, n’en fait pas moins partie des cinq corps subtils de la Tradition. La peau est son enveloppe extérieure. Première ou ultime protection selon qu’on l’envisage de l’extérieur ou de l’intérieur. Notre corps recèle en effet d’autres système de protection, contre les multiples agressions, extérieures ou intérieures (les maladies). Mais la peau constitue aussi l’interface entre l’intérieur et l’extérieur, entre la matière et le spirituel. Et elle donne aussi à connaître au monde le mode de vie et le sol que le divin, qui n’aime pas l’uniformité, a choisi pour matérialiser l’âme que transporte ce corps sur notre Terre : notamment sa couleur.

Les forces anti-traditionnelles s’efforcent de nier cette évidence par tout un système de propagande que nous connaissons bien. Ceci reste du domaine de l’idéologie mais ces forces négatives s’attaquent désormais concrètement, matériellement, à cette protection naturelle et à cette forme d’identité qu’est la peau par le biais, encore une fois, de la mode.

Il faut sauver sa peau !

Toutes les formes d’agression sont utilisées pour décomposer et meurtrir cette enveloppe. La contre-tradition, comme son nom l’indique déjà, est une imposture qui s’efforce de reprendre maladroitement les codes présumés et incompris de la Tradition qui seraient restés vaguement ancrés dans les esprits, comme une mémoire collective. C’est ainsi que prolifèrent sur les visages des jeunes gens (mais aussi des plus âgés, mais aussi ailleurs que sur les visages) toutes sortes d’anneaux ou de bijoux accrochés, insérés, à toutes les parties symboliques du corps comme il était souvent coutume chez les peuples dits primitifs (lesquels sont en réalité des peuples tardifs découlant d’un processus dégénératif, mais ceci est une autre histoire[3]). De même que les scarifications en pratique chez ces peuples lors de rites initiatiques sont reprises sous forme de tatouages indiscrets et pléthoriques qui font ressembler de frêles jeunes filles européennes à de vigoureux camionneurs ou à des membres de la secte japonaise des Yakuzas.

La subversion mondiale, qui croit avoir déjà gagné, n’a qu’un but : atteindre le centre de la Tradition pour le détruire et empêcher le retour à un nouveau cycle. Le corps humain est la représentation analogique du corps de la Tradition et la plus vulnérable. Il convient que chacun résiste à cette intrusion.

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Face à ces agressions, que doivent faire les hommes différenciés ?

Les hommes différenciés sont, selon l’expression employée par Julius Evola, cette infime minorité de personnes lucides et responsables, celle-là même qui est investie d’une mission propre à faire repartir la roue du temps pour un nouveau cycle.

Selon Guénon, les individus n’ayant pas su conserver dans leurs différents êtres une cohérence et une consistance seront irrémédiablement condamnés à disparaître, à se « volatiliser »  lorsqu’adviendra, inévitablement, la catastrophe finale ; seule, une minorité, dotée encore de la conscience des valeurs traditionnelles primordiales, un souvenir de l’Age d’Or, ayant conservé les repères naturels, biologiques, spirituels, culturels, intellectuels, émotifs, de la Tradition, sera sauvegardée afin d’accomplir sa mission de transition, cette mission consistant à semer les germes du nouveau cycle.

L’on n’est pas toujours maître de son apparence physique mais on est presque toujours responsable de l’aspect de son corps vestimentaire et, plus intimement, de son enveloppe corporelle.

Il convient donc pour ces personnes appartenant à cette minorité de ressembler à ce qu’elles sont, ou à ce qu’elles essayent d’être sans qu’il y ait, entre les différents corps, de visible différence. Le principe étant celui de l’équilibre et du bon sens. Il est indispensable de recentrer ses différents corps pour les besoins de sa cohérence psychologique et de sa cohésion physique. La tradition exige de disposer d’une colonne vertébrale solide et de présenter une forme définie dans toutes les circonstances de la vie. Il appartient à chacun, à la fois dans sa démarche spirituelle et dans son comportement extérieur, d’être à la hauteur de ce qu’il est ou de ce qu’il prétend être, dans son désir d’être perfectible.

La vie est faite de signes perceptibles et apparents ; mais les symbolistes savent qu’un monde parallèle existe qui est fait de signes imperceptibles et apparents seulement à certains, et que ces signes sont aussi nombreux, aussi clairs et aussi évidents que ceux du monde directement perceptible. Le paraître est une composante essentielle de la vie ; il n’est superficiel, inconsistant, que si on l’est soi-même profondément. Le paraître est le miroir de ce que nous sommes au regard des autres ; il n’est l’œuvre que de notre intelligence, de notre sensibilité et de notre volonté ; il est un aspect de l’exercice de notre responsabilité, de notre libre-arbitre, il reflète, dans la forme, le respect que nous avons de nous-mêmes et des autres. Il nous situe, et nous revendiquons cette situation.

Notes:

[1] Pierre-Emile Blairon, La Roue et le sablier, Amazon

[2] https://www.vogue.fr/video/vogue-hommes/videos/les-backstage-du-defile-man-printemps-ete-2019-a-la-fashion-week-de-londres/34833

[3] Julius Evola : La Métaphysique du sexe, éditions L’Age d’Homme, page 18.

dimanche, 05 août 2018

Invoquons Mars, père des Européens !

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Invoquons Mars, père des Européens !

Mars, père des Européens

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Il est le dieu latin de la guerre, et si son nom de Mars est connu de tous, il était également appelé Mamers et surtout Mavors, directement issu de son nom indo-européen originel *Maworts (génitif *Mawertos), désignant le dieu de l’orage et de la guerre, correspondant au dieu letton Martins et aux divinités indiennes de l’orage, les Maruts, qui font partie du cortège d’Indra. Sous d’autres noms indo-européens, Mars correspond au Thor scandinave ou au Perun slave, et bien sûr à l’Arès grec.

C’est le dieu du « printemps sacré » (uer sacrum), lorsque toute la jeunesse d’une tribu est envoyée fonder une nouvelle cité guidée par un animal sacré associée au dieu. Les Mamertins furent guidés par le dieu en personne sous sa forme physique, comme leur nom l’indique. Les Eques furent guidés par un cheval envoyé par Mars, tandis que les Taurins avaient été guidés par un taureau, les Hirpins pas un loup, les Picéniens par un pivert, et toute la nation italique, le nom originel étant Vitalia, le pays des (troupeaux de) veaux, est en réalité associée au dieu Mars.

Parmi tous les peuples et au sein des peuples latins, la cité de Rome est des plus éminentes. La tradition attribue sa fondation à deux jumeaux, Romulus et Rémus, fils de Mars et de la vestale Rhea Silvia, elle-même fille de Numitor, le roi d’Albe, et que son oncle Amulius avait fait enfermer. Les jumeaux furent protégés par un pivert et une louve envoyés par leur père. Et un couple de bergers les adopta, ignorant leur origine divine et royale. C’est ainsi que Mars fut qualifié de « père des Romains ».

Lorsque Romulus et ses hommes enlevèrent les filles sabines, les mariages furent bénis par Venus Cloacina, épouse de Mars. C’est ainsi que Rutilius Namatianus, douze siècles plus tard, dira des Romains qu’ils associent les qualités réunies de Mars et de Venus, mère d’Enée par ailleurs. C’est sous la forme d’un nuage d’orage que Mars enlèvera par la suite son fils Romulus, devenu alors le dieu Quirinus, et l’emmènera sur l’Olympe.

Père des Romains, il s’assura toujours d’intervenir aux côtés des légions face au danger et plusieurs soldats à plusieurs époques témoigneront de la présence à leur côté d’une figure puissante galvanisant leur élan guerrier. Il est vrai que les Grecs aussi chantaient le péan afin qu’Arès soit parmi eux. Protecteur de César, qui dédaigna malgré tout ses avertissements, comme lorsque le dieu fit tinter ses lances dans la Regia la veille de son assassinat, il veilla auprès d’Octavien et d’Antoine afin que le dictateur soit vengé. C’est Mars Vengeur (Ultor) qui porta la colère des légions contre Brutus et Cassius. C’était aussi Mars Vengeur qui avait incité Brutus l’ancien à chasser les rois étrusques, Brutus qui avait dédié le poignard de Lucrèce au dieu puis offert un champ à celui-ci, le Champ de Mars (Campus Martius).

A la tête des armées de la république, il était Mars Gradivus, qui parcourt le champ de bataille afin d’occire les ennemis de la cité. Et en temps de paix, il devenait Mars Quirinus, « rassembleur du peuple », et à l’occasion protecteur du blé contre la rouille, agissant en guerrier même sur le champ du paysan latin.

Par la guerre, il amenait la paix. On l’honorait comme Mars Pacifer, lorsqu’il apportait la paix, et comme Mars Pacator, quand il revenait vainqueur de la bataille. Bien avant le dieu du soleil (Sol Invictus), Mars était dit Invictus, c’est-à-dire invaincu et invincible. Il était souvent simplement vainqueur, Mars Victor, aux côtés d’une Venus Victrix l’accompagnant tout comme Nerio, Bellone et Minerve au combat.

Au sein de la légion, Mars était devant et harcelait l’ennemi, il était Propugnator. Les cris de colère des Gaulois invoquant leur dieu champion, Camulos, lui répondaient. Et lorsque la légion était triomphante, et que l’empire s’étendait, il était honoré comme dieu Propagator. C’est ainsi que les valeurs de la Rome italique s’étendaient jusque dans les provinces orientales, sans grand succès ceci dit dans ce dernier cas.
L’empereur Maxence, face à Constantin qui se tournait vers un dieu étranger, honora à son tour Mars Propagator et donna même à son propre fils le prénom de Romulus. Il reconstruit quatre-vingt temples à Rome comme l’empereur Auguste en son temps s’en était vanté dans ses Res Gestae. Et Julien lui-même voulut sacrifier à Mars avant sa guerre contre les Perses. Mais le dieu ayant envoyé des signes contraires, tout comme César avant lui, Julien négligea son message et trouva la mort au combat, transpercé d’une lance revendiquée par le parti chrétien.

Mais Mars était là en témoin silencieux lorsque l’armée européenne d’Arbogast fut écrasée par l’armée chrétienne de l’empereur Théodose. Il ne sauva pas Rome car il avait promis douze siècles, et pas un de plus, à Romulus, comme les douze vautours que ce dernier avait vus dans le ciel.

Et aujourd’hui, alors que l’Europe est menacée comme jamais elle ne l’a été de toute son histoire, et que son existence même est en question, il est temps d’invoquer la puissance de celui qui ne fut pas seulement le père des Romains mais qui est aussi celui de tous les Européens, amis de la bravoure comme les qualifiait Hippocrate il y a 2.500 ans, de tous ces *Āryōs ancestraux dont Arès porte le nom.

Mars, uigila !

jeudi, 28 juin 2018

La solitudine siderale di Evola

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La solitudine siderale di Evola

Marcello Veneziani

Ex: http://www.marcelloveneziani.com 

“Ho dovuto aprirmi da solo la via…Quasi come un disperso ho dovuto cercare di riconnettermi con i miei propri mezzi ad un esercito allontanatosi, spesso attraversando terre infide e perigliose”. Così Julius Evola descrive nella sua autobiografia la solitudine siderale del suo cammino. Mezzo secolo fa Evola scese dal cavallo altero dell’impersonalità e si raccontò in un’autobiografia intellettuale che intitolò con spirito alchemico Il cammino del cinabro.

Evola racconta la sua vita attraverso le sue opere e i suoi snodi fondamentali: l’esperienza della Grande Guerra, poi il periodo di pittore dada, quindi la fase filosofica, poi il suo percorso esoterico, infine il suo cammino nella Tradizione. E sullo sfondo, i suoi rapporti con gli artisti e gli iniziati, gli scrittori e i filosofi del suo tempo, le trasgressioni, il suo controverso rapporto col fascismo tra sostegno e dissenso, superfascismo e antifascismo, e poi con i giovani della destra postbellica.

C’è anche il capitolo scabroso del razzismo. Evola fu teorico di un razzismo spirituale che non piacque ai razzisti doc e ai nazisti ma gli restò addosso come il suo peccato originale. Non c’è in lui odio antisemita né alcun fanatismo, c’è perfino una dignitosa coerenza, riconobbe Renzo De Felice. Ma Evola prescinde totalmente dai fatti e dalla tragedia dello sterminio e si attesta solo sui principi; ciò infonde un tono astratto alle farneticazioni della razza, qui ridotte peraltro da lui a “una parentesi” nella sua vita e nella sua opera.

Evola confessa di aver rasentato da giovane “l’area delle allucinazioni visionarie e fors’anche della pazzia” e “una specie di cupio dissolvi, un impulso a disperdersi e a perdersi”. Nelle pagine del Cinabro, a fianco del pensiero e delle opere, scorre la vita, la storia – arricchita dalle note dei curatori – gli ambienti a lui vicini e a lui avversi, le note ostili della questura ai tempi del fascismo, perfino la vicenda di un duello rifiutato da Evola per non abbassarsi al rango dello sfidante che però gli costò la rimozione del grado di ufficiale e gli impedì di partire volontario nella seconda guerra mondiale.

Ci sono gli scontri con alcuni fascisti, c’è la sua fama di mago e c’è perfino l’accenno di Evola al Mussolini superstizioso: “aveva un’autentica paura per gli iettatori di cui vietava che si pronunciasse il nome in suo cospetto”. C’è la storia assurda del processo nel dopoguerra a un gruppo di giovani neofascisti in cui fu coinvolto un Evola del tutto ignaro e ormai paralizzato, vittima di un bombardamento a Vienna. C’è la sua scelta antiborghese e anticonservatrice rivendicata in Cavalcare la tigre ma c’è poi la critica di stampo conservatore al ’68 e alla dissoluzione in atto.

E ci sono gli ultimi capodanni di Evola nella sua casa romana, la sua tazza di brodo di tartaruga, un sorso di champagne e il concerto di Capodanno in tv.

E la cronaca della sua morte, l’11 giugno di 40 anni fa, quando si fece portare davanti alla finestra e morì in piedi, guardando al Gianicolo; e poi i funerali con la sua bara senza croce e senza corteo funebre, secondo le sue volontà, e le sue ceneri disperse dopo vicissitudini tra le cime delle Alpi, che aveva amato e scalato. Evola fu un mito già da vivente, avvolto in un alone di magia.

In queste pagine aleggia un paradosso: un pensatore isolato e in disparte che incrocia nella sua vita e nella sua opera, gli autori, le correnti, gli eventi più salienti del Novecento. A questo paradosso ne corrisponde uno inverso sul piano del pensiero: Evola, fautore della Tradizione e del Sacro, fonda la sua opera su un Individualismo Trascendentale, non solo teorico e psichico ma pratico e magico. Per Evola la verità è solo “un riflesso della potenza: la verità è un errore potente, l’errore è una verità debole”. Un relativismo imperniato sulla potenza, che ne decide il rango e il valore. “Essere, verità, certezza non stanno dietro ma avanti, sono dei compiti”, non dei fondamenti.

Grandiosi piani metastorici in nome della Tradizione, templi sacri, civiltà millenarie dell’Essere ma in piedi resta solo la solitudine stellare dell’Io. Solipsismo eroico. “Debbo pochissimo all’ambiente, all’educazione, alla linea del mio sangue – scrive Evola in queste pagine, sottolineando la sua assoluta estraneità alla tradizione cristiana, famigliare e patriottica – il mio impulso alla trascendenza è centrato sull’affermazione libera dell’Io”. Anzi, avverte Evola, “non vi è avvenimento rilevante dell’esistenza che non sia stato da noi stessi voluto in sede prenatale”. Siamo quasi all’autocreazione, al “self made man” metafisico. Resta sospesa nei cieli la domanda che qui si pone Evola: “Che cosa può venire dopo il nichilismo europeo?… Dove si può trovare un appoggio, un senso dell’esistenza, senza tornare indietro?” Evola rispose che l’unica soluzione era “essere se stessi, seguire solo la propria legge, facendone un assoluto”. Ma non è proprio questa incondizionata libertà la punta più avanzata del nichilismo europeo, non è di questo individualismo assoluto che sta morendo la nostra civiltà? E se fosse l’Individuo Assoluto l’ostacolo estremo alla rivelazione dell’Essere?

Un titanico e aristocratico disdegno del mondo accompagna il racconto biografico di Evola. Ma ogni tanto si apre uno squarcio nel suo severo stile impersonale. Ad esempio quando riporta in queste pagine i giudizi lusinghieri sulle sue opere. Fa tenerezza notare che per lenire il suo isolamento Evola citi queste sporadiche e spesso modeste attenzioni alla sua opera. O quando sfugge al suo stoicismo imperturbabile qualche umanissima amarezza per la scarsa risonanza delle sue opere e per il mancato riconoscimento del suo pensiero: “La grande stampa e la cultura ufficiale rimasero, e anche in seguito dovevano rimanere, sorde”.

Lo stesso Cammino del Cinabro, confessa nella nota d’esordio, fu scritto “nell’eventualità che un giorno l’opera da me svolta in otto lustri sia fatta oggetto di un’attenzione diversa da quella che finora le è stata concessa”. Altri lustri sono passati dalla sua morte ma non sembrano ancora bastati. La solitudine di Evola sfida i secoli.

MV, relazione al convegno su Evola nel 2014, poi pubblicato dalla Fondazione  Evola con le edizioni de Il Borghese

mardi, 22 mai 2018

What Would Evola Do?

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What Would Evola Do?

The follow is the text of the talk that Counter-Currents editor John Morgan delivered to The New York Forum on May 20, 2017.

Tonight I thought I’d talk about Julius Evola, since yesterday (May 19) was his 119th birthday, and I have overseen the publication of many of Evola’s texts in English. Evola’s the sort of figure who people seem to either love or hate, although he’s someone more often referenced than actually read on the Right, which is unfortunate. And really, in order to appreciate Evola, you need to be willing to step back from the everyday world and look at just about everything from the exact opposite perspective that we’re conditioned to look at them these days, and that’s not easy for most people. So in that sense, Evola most definitely isn’t a thinker for everyone. And to be fair, he made it clear in his work that he wasn’t interested in addressing himself to the masses. He wanted to speak to the spiritual elite which he believed was the real driving force behind culture and history. So from a modern perspective, the sort of ideas that Evola propagated are about as far removed from our present-day reality as possible, and yet I think he remains relevant to us, as I’ll get into later. Certainly, the mainstream media thinks Evola is relevant. I’m sure you’re all familiar with the article [2] The New York Times ran in February, which tried to suggest that Steve Bannon is supposedly some sort of disciple of Evola, and which resulted in my inbox becoming clogged with messages from people sending me the link and asking, “Did you see this?”

I have to address this briefly, as it became the source of a lot of annoying rumors. As much as I would like to believe that the White House Chief of Staff is an Evolian, an objective look at the facts quickly dispels this idea. It’s true that Bannon mentioned Evola once in passing in a talk he gave to the Vatican [3] in 2014 where he was speaking about “the global tea party movement,” but to read any significance into it is really making a mountain out of a molehill. Here is everything Bannon has ever said about Evola publicly:

When Vladimir Putin, when you really look at some of the underpinnings of some of his beliefs today, a lot of those come from what I call Eurasianism; he’s got an advisor [Alexander Dugin] who hearkens back to Julius Evola and different writers of the early twentieth century who are really the supporters of what’s called the traditionalist movement, which really eventually metastasized into Italian Fascism. A lot of people that are traditionalists are attracted to that.

evola1.jpgAll this proves is that Bannon has heard of Evola. It no more indicates that Bannon is a traditionalist than Obama referencing Mao in passing means that he is a Maoist. And it isn’t even an accurate statement, since it certainly can’t be said that traditionalism led to Fascism, as it didn’t even exist prior to the advent of Fascism in Italy in 1922, so clearly Bannon doesn’t even have a good understanding of it, nor is he speaking of it favorably.

Bannon went on to say:

One of the reasons is that they [the traditionalists] believe that at least Putin is standing up for traditional institutions, and he’s trying to do it in a form of nationalism – and I think that people, particularly in certain countries, want to see the sovereignty for their country, they want to see nationalism for their country. . . I’m not justifying Vladimir Putin and the kleptocracy that he represents, because he eventually is the state capitalist of kleptocracy. However, we, the Judeo-Christian West, really have to look at what he’s talking about as far as traditionalism goes – particularly the sense of where it supports the underpinnings of nationalism – and I happen to think that the individual sovereignty of a country is a good thing and a strong thing.

What he said is a bit confusing, since he’s equating Evola and traditionalism with Fascism, and then in turn with Putin, which is pretty ridiculous in itself, but it seems that what he means by “tradition” is “family values” and conservative canards of that sort which wax lyrical about the wonders of the 1950s or the nineteenth century (or I guess these days even the 1980s, which, as an American in his 40s who lived through Reagan’s America, is still baffling to me). What Evola meant by capital-T Tradition was something very different from the lower case-t traditions so beloved by conservatives, but I’ll get into that later.

So really, given that this is the sole reference to Evola that Bannon has ever made, while he is most likely the first major American political figure who has even heard of Evola, it’s nevertheless pretty clear that Evola doesn’t have any real significance for him, and still less for Trump. All it really demonstrates are the failing standards of journalism in America and the increasing stupidity of the Left. It’s just yet another attempt by them to try to link Trump’s administration to fascism. On the plus side, it did have the interesting effect of sending Evola’s main work, Revolt Against the Modern World [4], to the number one spot [5] in Amazon’s “New Age” category for a couple of months. Although I don’t want to sound as if I’m belittling Bannon, since he does have some fascinating interests, including one report I read which claimed that Bannon has studied the Hindu Bhagavad Gita [6] and cited it on occasion – something which Evola would certainly have approved of.

But before I get into what Evola has to tell us today, I want to tell a bit about his background. Evola never wrote much about himself, but he did pass on a few things, and scholars have pieced together some of the rest. He was born in 1898 as Giulio Evola in Rome, where he was to live for his entire life, but as an adult he assumed the ancient Roman form of his name, Julius. He’s often referred to as “Baron” Evola, although as far as has been determined, he held no actual title and never used one himself, and thus it seems to be an honorific bestowed by his admirers in reference to his aristocratic origins – Evola’s family originally came from the Sicilian nobility.

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He studied engineering at university, although he refused to take a degree since he considered doing so too bourgeois – which is the exact opposite of the attitude of most American university students today, where they’d be happy to forego all the studying and just get the degree. By then, the First World War had broken out, and Evola served as an artillery officer in the Italian army. He didn’t stick with engineering, however, and after the war he soon became the leading exponent of the Dadaist avant-garde art movement in Italy. In fact, I don’t know if this is still the case, but I have heard that at least at one time, one of Evola’s paintings [7] used to be on display in the entrance hall of the Modern Art Museum in Rome.

Not much is known about Evola during this period, but he sometimes hinted at having led a rather bohemian existence. He did write about taking psychedelic drugs at this time, which was one of the experiences which led him to take an interest in mysticism. We also know that he was friends with the Russian Satanist and occultist Maria de Naglowska, who wrote a series of books on sex magick, some of which Evola wrote introductions for – so read what you want into that. Evola was also an avid mountain climber.

The 1920s saw Evola pass through several phases which ended with him coming around to the traditionalist perspective that would remain more or less the same for the rest of his life. He found the nihilism inherent in avant-garde circles untenable, and soon became interested in the Idealist philosophical tradition. It was here that he first encountered the idea that the world which we experience through our senses isn’t the “real” world, something which is also a fundamental teaching of many of the ancient religious and mystical traditions. He also developed the idea of what he termed the “Absolute Individual,” and he called the system of thought surrounding it “Magical Idealism.” Already drawing on Asian sacred doctrines, Evola identified the Absolute Individual with certain Taoist notions, in that the Absolute Individual is a type of man who frees himself from the limitations of the individual ego and attains a transcendent, impersonal perspective akin to what is usually attributed to the gods. He wrote several large books on this theme, which were his first publications.

Evola ultimately found Western philosophy too narrow, however, and before long he became much more interested in occult and religious doctrines, especially, but not only, those of the East. In 1927, Evola was one of the founding members of the UR Group, which many scholars and practitioners have agreed was one of the most serious attempts to study and practice occult techniques anywhere in modern times. Evola’s involvement was short-lived, however, and he left the group the following year.

The 1920s were also, of course, the time when Mussolini and the Fascists took power in Italy. Evola greeted the rise of the Fascists favorably. Early on, the Italian Fascists were strongly Nietzschean and hostile to Christianity, as was Evola himself, as he considered Christianity to be a foreign, weak, Judaic element that had imposed itself on essentially pagan and imperial Europe, and he believed that the egalitarianism and universalism of Christianity’s teachings opened the door for liberalism and Communism. This argument is not unique to Evola, and I’m sure many of you have heard it reiterated elsewhere.

traditionalism-propaganda41.pngBy the late 1920s, however, Mussolini recognized that he needed to reconcile with the Catholic Church if he was going to retain power. Alarmed by this development, Evola published perhaps his most controversial book, Pagan Imperialism, where he called for Fascist Italy to reject Christianity and return to its roots in the ancient traditions of the Roman Empire. The book didn’t have the desired effect, however, as Mussolini signed a pact with the Vatican in 1929, which among other things established it as an independent state. In addition to the book being blacklisted by the Vatican, Evola also earned himself a lot of enemies, including many prominent people within the Fascist Party itself, and for years he only went out in public accompanied by bodyguards. Evola regretted this book in later years, not because of the backlash against it but because he felt that the ideas he had expressed in it weren’t yet mature enough. While Evola always considered Christianity to be something inappropriate for Europeans, his stance on it softened, and in later years it’s clear from his writings that while it wasn’t his ideal, he recognized that a Christian Europe was far preferable to a secular or a Communist one.

By the end of the 1920s, Evola had also discovered the thinker who was to have a more decisive influence on his life than any other: René Guénon. Guénon was a French metaphysician who was, from the standpoint of religious studies, very possibly the most important thinker of the twentieth century.  He wrote dozens of books describing the worldview that he saw as being common to all the world’s religious and esoteric traditions, and cataloguing and explaining their sacred symbols.

Guénon decried all forms of progressivism, and upheld the teachings found in many of the world’s religious traditions which teach that, contrary to the modern view, civilizations begin in a state of perfection and then gradually decay into degeneracy, and that the forms of technical and scientific progress that modern man is so proud of are in fact mere illusions, and that while he gains greater power over the material world, man is in fact becoming weaker and sicker in a physical and spiritual sense.

Another of Guénon’s crucial insights was the idea of Tradition. This idea of Tradition holds that at the core of all the world’s religious and mystical traditions, there is a single metaphysical reality which reveals itself to men at certain crucial points in time, and that it assumes different outward forms depending on the place and time that it manifests itself and solidifies as religion. This may sound suspiciously New-Agey, but Guénon was quite strict on the fact that he did not believe that one could combine several different traditions into one, but had to accept each on its own terms as a metaphysical whole, and also he believed that esoteric knowledge could only be conveyed by properly initiated authorities, and as a result he rejected all of what we would call “New Age” thought as subversive and counter-traditional.

As I mentioned before, it’s important to distinguish between Tradition and tradition in the usual sense. A tradition, as in for example giving gifts to loved ones at Christmas, might be a positive form of cultural continuity, and it might even be connected to the metaphysical in some way (in this case, to the celebration of a holy day), but these lesser traditions form the outermost layer of tradition, and can change with time, whereas the core of Tradition is eternal and unchanging throughout time.

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The last important element of Guénon’s worldview that is important to mention is the cycle of ages. All the ancient civilizations, including both the Nordic and Greco-Roman traditions, had a sense of time as occurring in a sequence that begins with a Golden Age, and then passes through a series of gradually declining ages until it reaches a final age of darkness after which everything is destroyed, and then the entire cycle repeats itself. Guénon and Evola, consistently with most other modern spiritual figures, identified the age we are living in now as the final age, or Kali Yuga, as it is called in both Hinduism and Buddhism. In the ancient Scandinavian religion, the equivalent age was the Wolf Age. Lest this seems like just some metaphysical mumbo-jumbo, let me quote a few examples from the Hindu scriptures that describe the characteristics of Kali Yuga:

In Kali Yuga, wealth alone will be considered the sign of a man’s good birth, proper behavior, and fine qualities. And law and justice will be applied only on the basis of one’s power.

Men and women will live together merely because of superficial attraction, and success in business will depend on deceit. Womanliness and manliness will be judged according to one’s expertise in sex.

A person’s propriety will be seriously questioned if he does not earn a good living. And one who is very clever at juggling words will be considered a learned scholar.

He who can maintain a family will be regarded as an expert man, and the principles of religion will be observed only for the sake of reputation.

Cities will be dominated by thieves, the Vedas will be contaminated by speculative interpretations of atheists, political leaders will virtually consume the citizens, and the so-called priests and intellectuals will be devotees of their bellies and genitals.

When irreligion becomes prominent in the family, the women of the family become corrupt, and from the degradation of womanhood comes unwanted population.

These are just a few of many such examples. Whatever one thinks of Hinduism as a religion, this description certainly seems uncannily accurate in our present world.

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To get back to Evola, he quickly came to see Guénon as the definitive scholar of esotericism, and many of Guénon’s basic ideas were to form the basis of Evola’s work for the rest of his life. He was no uncritical disciple, however, and there were significant differences in their respective approaches to Tradition. Evola, for instance, identified the Primordial Tradition from which all the other religions later emerged as being the same thing as the Hyperborean, Aryan, masculine, and solar tradition, and saw later religions, especially the Abrahamic religions of Judaism, Christianity, and Islam, as lunar, feminine, degenerated forms of it. He still believed that they were legitimate vehicles for esoteric knowledge, but that they were lesser forms of religion than, for example, Hinduism, Buddhism, Zoroastrianism, or the pre-Christian religions of Europe. By the same token, Evola was not a neo-pagan. While he respected the pagan European religions and frequently referenced them in his work, he thought their time had passed and that there was no meaningful way to resurrect them in the modern world – in fact, he thought that people who try to bring them back were actually counter-traditional.

But while Evola saw religion as the key to overcoming the problems of the modern world, he didn’t understand it in the sense of going to church on Sundays or following the Ten Commandments. He thought that those outer forms of religion were necessary for the normies, but Evola’s interest was always in the spiritual elite, and the aspects of religion that most interested him were those that could be used to overcome the self and to increase one’s power to a godlike state – essentially the same as the goal of the Absolute Individual that he had written about earlier, but relying on the practices of the mystics and ascetics of the ancient religions. And while the idea of aiming at becoming a god may sound crazy to modern ears, I should point out that many of the pre-Christian religious texts maintain that such a thing is indeed possible for a very few superior, self-realized individuals.

I’ve scarcely done justice to Evola’s esoteric thought, but it’s so massive and complex that there’s no way I can give a comprehensive overview of it in the time I have tonight. Those who are interested in learning more about it should consult Evola’s books on the subject – most of the major ones have already been translated – and especially his main work, Revolt Against the Modern World, where he really outlines his entire worldview. The Path of Cinnabar [8], his autobiography, also gives a good overview of his ideas.

reco.jpgIntroducing Evola’s concept of Tradition, however, is necessary for understanding his relationship with politics, which is what I want to talk about now. As I said, Evola was on the outs with the Fascists after he published Pagan Imperialism. But Evola saw Fascism – not just Italian Fascism, but all the fascist movements of Europe – not as something Traditional in the true sense, since fascism by its very nature was something very modern and revolutionary, but at least as something which preserved certain elements of the traditional world, and which could possibly serve as a bridge toward an eventual restoration of Tradition. For Evola, Tradition could only be maintained in a civilization which had a legitimate hierarchy, in which the priesthood and the warrior class stood in a privileged position over the lower classes. To a Traditionalist, the only legitimate form of government can be a monarch and a nobility ruling in tandem with a priesthood, since, as all sacred traditions have held, the King acts as the bridge between the spiritual and the material worlds. This is necessary so that these upper castes can act as the guardians of Tradition and make sure that the society as a whole continues to be guided by it.

In a time when Europe was torn between Communism on one side and liberal democracy on the other, it was clear to Evola that fascism was by far the best alternative. To Evola, Communism and democracy, especially as represented by the United States, were just two sides of the same coin, since both civilizations have equality as their goal and both allow no place for the sacred to enter into politics. He also saw Fascism as flawed, especially in its socialist aspects – Evola had no tolerance for any form of socialism, whether nationalist or internationalist – but he nevertheless believed that it had the potential to become something better, especially if it were to become guided by Traditional principles.

Evola had no illusions that he could convert the entire Fascist movement into a Traditionalist one, but he did hope that he might be able to help to forge a Traditionalist elite within the Party by influencing some of its intellectuals and leaders. And indeed, Evola did succeed in winning friends among the Fascist elite who were receptive to his message, and in the 1930s Evola was able to begin publishing articles in some of the official Fascist newspapers and journals. He never joined the Fascist Party, however, and in fact referred to his standpoint as “supra-fascist”: transcending what Fascism was already offering. A quote which seems to encapsulate Evola’s attitude toward Fascism is, “To the extent that Fascism follows and defends our principles, so far can we consider ourselves Fascists. So far and no further.” (A quote which I’ve paraphrased to describe my own attitude toward both Trump and the Alt Right.)

youth.jpgEvola didn’t limit himself to Italy, and he forged contacts with fascist and nationalist movements all over Europe during the 1930s. He held Romania’s Iron Guard and its leader, Corneliu Codreanu, in particularly high esteem, respecting them for combining Romanian Orthodox mysticism and rites with their political activities. He also had many contacts among the radical Right in Germany, although during the 1930s the National Socialists kept their distance from him, as they were suspicious of his aristocratic ties (the Nazis saw the old German aristocracy and the Kaiser as an obstacle to their own revolutionary aims). And in fact, Evola didn’t think very highly of the Nazis, either. If you read what he wrote about them, especially in his post-war book, Notes on the Third Reich [9], he doesn’t have much good to say about them, apart from admitting that the milieu they emerged from in the 1920s had had potential, and that he had respect for the SS for being an order along the lines of what he had desired to see in Italy. But the Third Reich itself he faulted for being too populist and bourgeois, and he disliked the Nazis’ scientific, dogmatic approach to race and their obsession with racial purity. If you compare what he says about the Nazis with his book on Italian Fascism, Fascism Viewed from the Right [10], it’s quite clear that he believed that Fascism was the more dynamic and less reactionary of the two movements, and he appreciated the fact that Italy had retained its monarchy, whilst Germany was led only by a “bohemian Corporal,” to quote von Hindenburg.

The early 1940s saw the pinnacle of Evola’s involvement with Italian Fascism when he published a book called Synthesis of a Doctrine of Race. In this book, Evola outlined his idea of the various races of humanity as being like Platonic ideal types, and held that character was as important as biological factors in determining one’s racial essence. While Evola by no means discounted the importance of biology – this is something that his critics often get wrong – he did believe that it was possible for someone of purely Aryan blood to exhibit characteristics one usually finds among Jews or blacks, and that the converse was possible as well. Mussolini himself read the book and was very impressed with it, as he had been looking for a form of racial ideology which Fascism could adopt that would be distinct from Nazi race theory. He invited Evola for a meeting and tasked him with helping to develop a uniquely Fascist form of racialism.

Evola’s involvement with Fascism was cut short in July 1943, when Mussolini was overthrown by his own Fascist Grand Council after the Allies invaded the southern tip of Italy. Evola travelled to Germany and joined with those Fascist leaders who sought to reconstitute a new Fascist state in northern Italy, plans which came to fruition when Mussolini was rescued from prison by Otto Skorzeny in September. Evola was present at Hitler’s headquarters with other Italian leaders when Mussolini was brought there, and he assisted in setting up what became known as the Italian Social Republic. Evola returned to Rome and remained there until it was occupied by the Allies in June 1944. According to Evola’s diary, secret service men came to his mother’s door looking for him, and his mother delayed the men while Evola escaped out the back and then travelled north.

evola13.pngEvola found the Italian Social Republic disappointing, as it was even more strongly socialist in nature than Fascism’s original incarnation. But by this time, in the aftermath of their defeat in Russia and the imminent invasion of the Reich itself by the Allies, the National Socialists in Germany were becoming a lot less strict about picking their allies. Some researchers have claimed that Evola, acting on the Germans’ behalf, made use of his many contacts in the fascist and nationalist groups across Europe to keep many of them engaged in the war. We also know that in 1944, the SS brought Evola to Vienna, where they had archived the many esoteric and Masonic texts they had confiscated during their sweep across Europe. Evola was tasked with cataloging the materials and determining exactly what it was they had. And this was the work that Evola was engaged in during late 1944 and early 1945, while Allied bombers streaked overhead. Evola relates how, during this period, he “tested his fate” by going on solitary walks through the city during air raids, when everyone else was cowering in shelters. And on March 12, 1945, a Russian bomb exploded near Evola on one of these walks, injuring his spine, and he was confined to a wheelchair for the rest of his life.

After the war, Evola never again engaged with practical politics in any way, but he remained unapologetic for his views on Fascism and National Socialism, and even in his post-war writings he always restated that they had been superior to anything in our contemporary world. He also became something of a guru to the various Right-wing and neo-fascist groups which emerged in Italy in the first three decades after the war. Indeed, in 1951 he was charged with conspiring to revive Fascism. He was ultimately acquitted of the charges, and as part of his defense, he said, “My principles are only those which were accepted and seen as normal by every well-born person everywhere in the world prior to 1789.”

Although he remained on friendly terms with political activists, it seems that Evola himself gave up on the idea of a political solution to the problems of our age after 1945. His advice, as he offered in post-war writings such as his book Men Among the Ruins [11], was to establish orders of elite individuals who could preserve Traditional principles and pass them down through a chain of initiations until an age would return in which their seeds could again bear fruit. But Evola had no interest in the democratic party politics of our age.

Evola continued to write after the war, but his life otherwise remained unremarkable due to the constraints of his injury. He died at his apartment in Rome on June 11, 1974. But he had already left his mark on the Italian political scene. The leader of the neo-fascist Italian Social Movement, Giorgio Almirante, famously remarked of Evola that he was “our Marcuse, only better.”

So what does Evola have to say to us today? Would he tell us to vote for Trump or Le Pen? Would he tell us to build bombs and blow up the local shopping mall? Would he tell us to find a cave in a mountain somewhere and meditate for the rest of our lives?

yoga.jpgEvola never developed anything like a political program or a plan of action, so in that sense I don’t think he has anything to offer. Evola always addressed the individual who has higher aspirations. So where I think he has value is in helping a Right-inclined individual to cope with living in a liberal, degenerate age.

First of all, I would say that, regardless of what one thinks of the heavy-duty metaphysics underlying his ideas, the concept of Tradition is a valuable one regardless. In our time, when politics is getting pettier than it has ever been before, I think it’s important that we keep in mind that our final goal is not simply ending immigration or voting out the liberals. Ultimately, we stand for a set of principles that have guided our civilization from its origins and that stand above everyday politics. Even if we could send out all of the non-whites from America and Europe tomorrow, the rot that is afflicting all of our minds and souls would still be there. We have to try to put ourselves in the mindset of our ancestors and what made them great. Our approaches might change, but the principles we stand for are timeless. When I’ve tried to think about what it is that most fundamentally distinguishes the various and sundry strands of the Right from the liberals, what it ultimately comes down to is that we believe that there is an essential meaning to things. There is something essential in being an American or a German or an Italian, and that’s why not just anyone can become one, just as there is something essential in being a man or a woman . . . and similarly, there is an essential difference between being a white person engaged in the life of your civilization as opposed to being a pop culture, fast food junkie sleepwalking through history who happens to have white skin.

Second, Evola was certainly hostile to political movements that relied on the masses rather than an elite, and even Fascism was woefully inadequate for him, which means that he no doubt wouldn’t have thought very highly of the populism of our time. But rather than being a dogmatist, I think Evola is just being realistic here. I’ve been involved with the Right in some capacity for about twenty years now, and there’s an ever-growing list of saviors that the Right has latched onto, developed unrealistic expectations for, and then become disillusioned with. Twenty years ago there was Jörg Haider. Ten years ago there was Ron Paul. Three years ago there was Putin. Last year, of course, we had Trump. I don’t mean to suggest that these people aren’t worth supporting or that there is no difference between them and their opponents. Nevertheless, we have to bear in mind that none of these people are Rightists in the true sense, and could not act as true Rightists even if they wanted to be, so any support we give to them or people like them is simply to choose the least bad option, not a good option. The system as it is currently constituted will never allow a candidate with genuine Right-wing principles to attain real power. This is something that Evola recognized and why he held himself aloof from the endless games and maneuverings and compromises of party politics, and this is why we should try not to pin our hopes and dreams to any of democracy’s shooting stars, but recognize that we’ve got to keep working in the shadows regardless of whatever’s happening on stage.

And lastly, the idea that we are living in Kali Yuga and that everything is inevitably doomed to collapse may seem like quite a black pill. But as I said before, I think it does accurately describe our situation. And also I think some people who claim to be Traditionalists tend to be too pessimistic when it comes to this, and actually overlook what Evola actually said about the possibilities of our time. In later life, Evola advocated for what he terms apoliteia, by which he meant disengagement from political affairs. But if you really examine what he says on the subject, he never advised that one shouldn’t become involved in politics. Rather, what he meant is that one shouldn’t become attached to whatever result might come from such activities. In this, again, Evola is being consistent with what many of the sacred texts have to say on this. So in other words, sure, get involved with a political party or join the military or vote for Trump or whatever, but do so because it helps you to attain the goals that you set for yourself rather than because you have staked everything on its success and will be shattered if it fails. In Kali Yuga, political restoration may not be possible, but the opportunity still remains for the individual to triumph over modernity in his own way. Besides which, the fact that we may lose the battle doesn’t mean that we are absolved of the responsibility of fighting it and standing for what is true.

32708evola1.jpgThe best illustration of this that I know of comes from the Bhagavad Gita. At the opening, a Prince, Arjuna, is preparing to fight a battle against an opposing army. Although he knows his cause is just, he hates war, and knows that there are members of his own family on the other side who he may have to kill in order to win. The god Krishna is acting as his advisor. Just before the battle, Arjuna loses his resolve, and tells Krishna that he will put down his weapons and go into the forest to meditate instead of fighting. Krishna basically says to him, “Stop being such a pussy! You’re a kshatriya (the Hindu warrior caste)! It’s your job to do your duty and fight for justice. Meditating in the forest is for brahmanas (priests).” The rest of the Gita is Krishna explaining the entire metaphysics of existence, and Arjuna’s place in it, and at the end, of course Arjuna does his duty.

And that’s how I see those of us here tonight. In spite of the million other things you could have been doing in this enormous and hyperactive city tonight, you decided to come here and meet with a group of some of the most hated people in America to listen to a lecture on Julius Evola. That clearly indicates that there’s something in you that has decided that there are more important things than just doing what everyone else expects you to do. So really, we’re already creating the “order” that Evola called for in order to preserve Tradition in the face of degeneracy. So let’s not despair about the latest headlines, but keep our heads up in the knowledge that, whatever happens, we are the ones who stand for what is timeless, and our day of victory will come, whether it is tomorrow or a thousand years from now.

Thank you.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/05/5-19-18-1.jpg

[2] article: https://www.nytimes.com/2017/02/10/world/europe/bannon-vatican-julius-evola-fascism.html

[3] talk he gave to the Vatican: https://www.buzzfeed.com/lesterfeder/this-is-how-steve-bannon-sees-the-entire-world?utm_term=.qjWj7aJzb#.pjOBl849J

[4] Revolt Against the Modern World: http://amzn.to/2qTdDpP

[5] number one spot: http://alt-right-news.blogspot.com/2017/02/evola-soars-to-top-of-amazon-charts.html

[6] Bhagavad Gita: http://amzn.to/2qTebfv

[7] paintings: http://www.juliusevola.net/paintings.html

[8] The Path of Cinnabar: http://amzn.to/2qT6iqs

[9] Notes on the Third Reich: http://amzn.to/2qe14Ci

[10] Fascism Viewed from the Right: http://amzn.to/2qTddja

[11] Men Among the Ruins: http://amzn.to/2ry5Oqd

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samedi, 05 mai 2018

Evola’s Nietzschean Ethics: A Code of Conduct for the Higher Man in Kali Yuga

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Evola’s Nietzschean Ethics:
A Code of Conduct for the Higher Man in Kali Yuga

The subtitle of the English translation of Julius Evola’s Ride the Tiger (Cavalcare la Tigre) promises that it offers “A Survival Manual for the Aristocrats of the Soul.”[1] [2] As a result, one comes to the work with the expectation that it will constitute a kind of “self-help book” for Traditionalists, for “men against time.” One expects that Evola will offer moral support and perhaps even specific instructions for revolting against the modern world. Unfortunately, the subtitle proves misleading. Ride the Tiger is primarily devoted to an analysis of aspects of the present age of decline (the Kali Yuga): critiques of relativism, scientism, modern art, modern music, and of figures like Heidegger and Sartre; discussions of the decline of marriage, the relation between the sexes, drug use, and so forth. Many of the points Evola makes in this volume are made in his other works, sometimes at greater length and more lucidly.

JEv-FN.jpgFor those seeking something like a “how to” guide for living as a Traditionalist, it is mainly the second division of the book (“In the World Where God is Dead”) that offers something, and chiefly it is to be found in Chapter Eight: “The Transcendent Dimension – ‘Life’ and ‘More than Life.’” My purpose in this essay is to piece together the miniature “survival manual” provided by Chapter Eight – some of which consists of little more than hints, conveyed in Evola’s often frustratingly opaque style. It is my view that what we find in these pages is of profound importance for anyone struggling to hold on to his sanity in the face of the decadence and dishonesty of today’s world. It is also essential reading for anyone seeking to achieve the ideal of “self-overcoming” taught by Evola – seeking, in other words, to “ride the tiger.”

The central figure of the book’s second part is unquestionably Friedrich Nietzsche, to whom Evola repeatedly refers. Evola’s attitude toward Nietzsche is critical. However, it is obvious that Nietzsche exercised a profound and positive influence on him. Indeed, virtually every recommendation Evola makes for living as a Traditionalist – in this section of the work, at least – is somehow derived from Nietzsche. This despite the fact that Nietzsche was not a Traditionalist – a fact of which Evola was well aware, and to which I shall turn later.

In the last paragraph of Chapter Seven, Evola announces that in the next chapter he will consider “a line of conduct during the reign of dissolution that is not suitable for everyone, but for a differentiated type, and especially for the heir to the man of the traditional world, who retains his roots in that world even though he finds himself devoid of any support for it in his outer existence.”[2] [3] This “line of conduct” turns out, in Chapter Eight, to be based entirely on statements made by Nietzsche. That chapter opens with a continuation of the discussion of the man who would be “heir to the man of the traditional world.” Evola writes, “What is more, the essential thing is that such a man is characterized by an existential dimension not present in the predominant human type of recent times – that is, the dimension of transcendence.”[3] [4]

Evola clearly regarded this claim as of supreme importance, since he places the entire sentence just quoted in italics. The sentence is important for two reasons. First, as it plainly asserts, it provides the key characteristic of the “differentiated type” for whom Evola writes, or for whom he prepares the ground. Second, the sentence actually provides the key point on which Evola parts company with Nietzsche: for all the profundity and inspiration Nietzsche can provide us, he does not recognize a “dimension of transcendence.” Indeed, he denigrates the very idea as a projection of “slave morality.” Our first step, therefore, must be to understand exactly what Evola means by “the dimension of transcendence.” Unfortunately, in Ride the Tiger Evola does not make this very easy. To anyone familiar with Evola’s other works, however, his meaning is clear.

“Dimension of transcendence” can be understood as having several distinct, but intimately-related meanings in Evola’s philosophy. First, the term “transcendence” simply refers to something existing apart from, or beyond the world around us. The “aristocrats of the soul” living in the Kali Yuga must live their lives in such a way that they “stand apart from” or transcend the world in which they find themselves. This is the meaning of the phrase “men against time,” which I have already used (and which derives from Savitri Devi). The “differentiated type” of which Evola writes is one who has differentiated himself from the times, and from the men who are like “sleepers” or pashu (beasts). Existing in the world in a physical sense, even playing some role (or roles) in that world, one nevertheless lives wholly apart from it at the same time, in a spiritual sense. This is the path of those who aim to “ride the tiger”: they do not separate themselves from the decay, like monks or hermits; instead they live in the midst of it, but remain uncorrupted. (This is also little different from what the Gurdjieffian tradition calls “the fourth way,” and it is the essence of the “Left-Hand Path” as described by Evola and others.)

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However, there is another, deeper sense of the “dimension of transcendence.” The type of man of which Evola speaks is not simply reacting to the world in which he finds himself. This is not what his “apartness” consists in – not fundamentally. Nor does it consist in some kind of intellectual commitment to a “philosophy of Traditionalism,” as found in books by Evola and others. Rather, “transcendence” in the deepest sense refers to the Magnum Opus that is the aim of the “magic” or spiritual alchemy discussed by Evola in his most important works (chiefly Introduction to Magic and The Hermetic Tradition). “Transcendence” means the overcoming of the world and of the ego – really, of all manifestation, whether it is objective (“out there”) or subjective (“in here”). Such overcoming is the work of what is called in Vedanta the “witnessing consciousness.” Evola frequently calls this “the Self.” (For more on this teaching, see my essays “What is Odinism? [5]” in TYR, Vol. 4 [6], and “On Being and Waking” in TYR, Vol. 5, forthcoming [7].)

These different senses of “transcendence” are intertwined. It is only through the second sense of “transcendence,” of the overcoming of all manifestation, that the first sense, standing apart from the modern world, can truly be achieved. The man who is “heir to the man of the traditional world” can retain “his roots in that world” only by the achievement of a state of being that is identical to that of the “highest type” of the traditional world. That type was also “differentiated”: set apart from other men. Fundamentally, however, to be a “differentiated type” does not mean to be differentiated from others. It refers to the state of one who has actively differentiated “himself” from all else, including “the ego.” This active differentiation is the same thing as “identification” with the Self – which, for Evola, is not the dissolution of oneself in an Absolute Other, but the transmutation of “oneself” into “the Self.” Further, the metaphysical differentiation just described is the only sure and true path to the “differentiation” exhibited by the man who lives in the Kali Yuga, but stands apart from it at the same time.

Much later I will discuss how and why Nietzsche fails to understand “the dimension of transcendence,” and how it constitutes the fatal flaw in his philosophy. Recognizing this, Evola nonetheless proceeds to draw from Nietzsche a number of principles which constitute the spirit of “the overman.”[4] [8] Evola offers these as characterizing his own ideal type – with the crucial caveat that, contra Nietzsche, these principles are only truly realizable in a man who has realized in himself the “dimension of transcendence.” Basically, there are ten such principles cited by Evola, each of which he derives from statements made by Nietzsche. The passage in which these occur is highly unusual, since it consists in one long sentence (lasting more than a page), with each principle set off by semi-colons. I will now consider each of these points in turn.

1. “The power to make a law for oneself, the ‘power to refuse and not to act when one is pressed to affirmation by a prodigious force and an enormous tension.’”[5] [9] This first principle is crucial, and must be discussed at length. Earlier, in Chapter Seven (“Being Oneself”), Evola quotes Nietzsche saying, “We must liberate ourselves from morality so that we can live morally.”[6] [10] Evola correctly notes that in such statements, and in the idea of “making a law for oneself,” Nietzsche is following in the footsteps of Kant, who insisted that genuine morality is based upon autonomy – which literally means “a law to oneself.” This is contrasted by Kant to heteronomy (a term Evola also uses in this same context): morality based upon external pressures, or upon fealty to laws established independent of the subject (e.g., following the Ten Commandments, conforming to public opinion, acting so as to win the approval of others, etc.). This is the meaning of saying, “we must liberate ourselves from morality [i.e., from externally imposed moral commandments] so that we can live morally [i.e., autonomously].” In order for the subject’s standpoint to be genuinely moral, he must in a sense “legislate” the moral law for himself, and affirm it as reasonable. Indeed, for Kant, ultimately the authority of the moral law consists in our “willing” it as rational.

Of course, Nietzsche’s position is not Kant’s, though Evola is not very helpful in explaining to us what the difference consists in. He writes that Nietzsche’s notion of autonomy is “on the same lines” as Kant’s “but with the difference that the command is absolutely internal, separate from any external mover, and is not based on a hypothetical law extracted from practical reason that is valid for all and revealed to man’s conscience as such, but rather on one’s own specific being.”[7] [11] There are a good deal of confusions here – so much so that one wonders if Evola has even read Kant. For instance, Kant specifically rejects the idea of an “external mover” for morality (which is the same thing as heteronomy). Further, there is nothing “hypothetical” about Kant’s moral law, the “categorical imperative,” which he specifically defines in contrast to “hypothetical imperatives.” We may also note the vagueness of saying that “the command” must be based “on one’s specific being.”

jev-cumbres.jpgStill, through this gloom one may detect exactly the position that Evola correctly attributes to Nietzsche. Like Kant, Nietzsche demands that the overman practice autonomy, that he give a law to himself. However, Kant held that our self-legislation simultaneously legislates for others: the law I give to myself is the law I would give to any other rational being. The overman, by contrast, legislates for himself only – or possibly for himself and the tiny number of men like him. If we recognize fundamental qualitative differences between human types, then we must consider the possibility that different rules apply to them. Fundamental to Kant’s position is the egalitarian assertion that people do not get to “play by their own rules” (indeed, for Kant the claim to be an exception to general rules, or to make an exception for oneself, is the marker of immorality). If we reject this egalitarianism, then it does indeed follow that certain special individuals get to play by their own rules.

This does not mean that for the self-proclaimed overman “anything goes.” Indeed, any individual who would interpret the foregoing as licensing arbitrary self-indulgence of whims or passions would be immediately disqualified as a potential overman. This will become crystal clear as we proceed with the rest of Evola’s “ten principles” in Chapter Eight. For the moment, simply look once more at the wording Evola borrows from Nietzsche in our first “principle”: the “power to refuse and not to act when one is pressed to affirmation by a prodigious force and an enormous tension.” To refuse what? What sort of force? What sort of tension? The claim seems vague, yet it is actually quite clear: autonomy means, fundamentally, the power to say no to whatever forces or tensions press us to affirm them or give way to them.

The “forces” in question could be internal or external: they could be the force of social and environmental circumstances; they could be the force of my own passions, habits, and inclinations. It is a great folly to think that my passions and such are “mine,” and that in following them I am “free.” Whatever creates an “enormous tension” in me and demands I give way, whether it comes from “in me” or “outside me” is precisely not mine. Only the autonomous “I” that can see this is “mine,” and only it can say no to these forces. It has “the power to refuse and not to act.” Essentially, Nietzsche and Evola are talking about self-mastery. This is the “law” that the overman – and the “differentiated type” – gives to himself. And clearly it is not “universalizable”; the overman does not and cannot expect others to follow him in this.[8] [12]

In short, this first principle asks of us that we cultivate in ourselves the power to refuse or to negate – in one fashion or other – all that which would command us. Again, this applies also to forces within me, such as passions and desires. Such refusal may not always amount to literally thwarting or annihilating forces that influence us. In some cases, this is impossible. Our “refusal” may sometimes consist only in seeing the force in question, as when I see that I am acting out of ingrained habit, even when, at that moment, I am powerless to resist. Such “seeing” already places distance between us and the force that would move us: it says, in effect, “I am not that.” As we move through Evola’s other principles, we will learn more about the exercise of this very special kind of autonomy.

2. “The natural and free asceticism moved to test its own strength by gauging ‘the power of a will according to the degree of resistance, pain, and torment that it can bear in order to turn them to its own advantage.’”[9] [13] Here we have another expression of the “autonomy” of the differentiated type. Such a man tests his own strength and will, by deliberately choosing that which is difficult. Unlike the Last Man, who has left “the regions where it is hard to live,”[10] [14] the overman/differentiated man seeks them out.

Evola writes that “from this point of view everything that existence offers in the way of evil, pain, and obstacles . . . is accepted, even desired.”[11] [15] This may be the most important of all the points that Evola makes in this chapter – and it is a principle that can serve as a lifeline for all men living in the Kali Yuga, or in any time. If we can live up to this principle, then we have made ourselves truly worthy of the mantle of “overman.” The idea is this: can I say “yes” to whatever hardship life offers me? Can I use all of life’s suffering and evils as a way to test and to transform myself? Can I forge myself in the fire of suffering? And, going a step further, can I desire hardship and suffering? It is one thing, of course, to accept some obstacle or calamity as a means to test myself. It is quite another to actively desire such things.

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Here we must consider our feelings very carefully. Personally, I do not fear my own death nearly as much as the death of those close to me. And I fear my own physical incapacitation and decline more than death. Is it psychologically realistic for me to desire the death of my loved ones, or desire a crippling disease, as a way to test myself? No, it is not – and this is not what Evola and Nietzsche mean. Rather, the mental attitude in question is one where we say a great, general “yes” to all that life can bring in the way of hardship. Further, we welcome such challenges, for without them we would not grow. It is not that we desire this specific calamity or that, but we do desire, in general, to be tested. And, finally, we welcome such testing with supreme confidence: whatever life flings at me, I will overcome. In a sense, I will absorb all negativity and only grow stronger by means of it.

3. Evola next speaks of the “principle of not obeying the passions, but of holding them on a leash.” Then he quotes Nietzsche: “greatness of character does not consist in not having such passions: one must have them to the greatest degree, but held in check, and moreover doing this with simplicity, not feeling any particular satisfaction thereby.”[12] [16] This follows from the very first principle, discussed earlier. To repeat, giving free rein to our passions has nothing to do with autonomy, freedom, or mastery. Indeed, it is the primary way in which the common man finds himself controlled.

To see this, one must be able to recognize “one’s own” passions as, in reality, other. I do not choose these things, or the power they exert. What follows from this, however, is not necessarily thwarting those passions or “denying oneself.” As Evola explains in several of his works, the Left-Hand Path consists precisely in making use of that which would enslave or destroy a lesser man. We hold the passions “on a leash,” Evola says. The metaphor is appropriate. Our passions must be like well-trained dogs. Such animals are filled with passionate intensity for the chase – but their master controls them completely: at a command, they run after their prey, but only when commanded. As Nietzsche’s words suggest, the greatest man is not the man whose passions are weak. A man with weak passions finds them fairly easy to control! The superior man is one whose passions are incredibly strong – one in whom the “life force” is strong – but who holds those passions in check.

4. Nietzsche writes, “the superior man is distinguished from the inferior by his intrepidity, by his defiance of unhappiness.”[13] [17] Here too we have invaluable advice for living. The intrepid man is fearless and unwavering; he endures. But why does Nietzsche connect this with “defiance of unhappiness”? The answer is that just as the average man is a slave to the passions that sweep him away at any given time, so he is also a prisoner of his “moods.” Most men rise in the morning and find themselves in one mood or another: “today I am happy,” “today I am sad.” They accept that, in effect, some determination has been made for them, and that they are powerless in the matter. If the unhappiness endures, they have a “disease” which they look to drugs or alcohol to cure.

evola-the-yoga-of-power.jpgAs with the passions, the average man “owns” his moods: “this unhappiness is mine, it is me,” he says, in effect. The superior man learns to see his moods as if they were the weather – or, better yet, as if they were minor demons besetting him: external mischief makers, to whom he has the power to say “yes” or “no.” The superior man, upon finding that he feels unhappiness, says “ah yes, there it is again.” Immediately, seeing “his” unhappiness as other – as a habit, a pattern, a kind of passing mental cloud – he refuses identification with it. And he sets about intrepidly conquering unhappiness. He will not acquiesce to it.

5. The above does not mean, however, that the superior man intrepidly sets about trying to make himself “happy.” Evola quotes Nietzsche as saying “it is a sign of regression when pleasure begins to be considered as the highest principle.”[14] [18] The superior man responds with incredulity to those who “point the way to happiness,” and respond, “But what does happiness mean to us?”[15] [19] The preoccupation with “happiness” is characteristic of the inferior modern type Nietzsche refers to as “the Last Man” (“‘We have invented happiness,’ say the last men, and they blink. They have left the regions where it was hard to live, for one needs warmth.”[16] [20]

But if we do not seek happiness, in the name of what do we “defy unhappiness”? Answer: in the name of greatness, self-mastery, self-overcoming. Kant can be of some limited help to us here as well, for he said that the aim of life should not be happiness, but making oneself worthy of happiness. Many individuals may achieve happiness (actually, the dumber one is, the greater one’s chances). But only some are worthy of happiness. The superior man is worthy of happiness, whether he has it or not. And he does not care either way. He does not even aim, really, to be worthy of happiness, but to be worthy of greatness, like Aristotle’s “great-souled man” (megalopsuchos).[17] [21]

6. According to Evola, the superior man claims the right (quoting Nietzsche) “to exceptional acts as attempts at victory over oneself and as acts of freedom . . . to assure oneself, with a sort of asceticism, a preponderance and a certitude of one’s own strength of will.”[18] [22] This point is related to the second principle, discussed earlier. The superior man is master, first and foremost, of himself. He therefore seeks opportunities to test himself in exceptional ways. Evola provides an extended discussion of one form of such self-testing in his Meditations on the Peaks: Mountain Climbing as Metaphor for the Spiritual Quest (and, of course, for Evola mountain climbing was not entirely metaphorical!). Through such opportunities, one “assures oneself” of the strength of one’s will. But there is more: through such tests, one’s will becomes even stronger.

“Asceticism” suggests self-denial. But how does such testing of the will constitute “denying oneself”? The key, of course, lies in asking “what is my self?” The self that is denied in such acts of “self-mastery” is precisely the self that seeks to hold on to life, to safety, to security, and to its ephemeral preoccupations and possessions. We “deny” this self precisely by threatening what it values most. To master it is to progressively still its voice and loosen its hold on us. It is in this fashion that a higher self – what Evola, again, calls the Self – grows in us.

7. The superior man affirms the freedom which includes “keeping the distance which separates us, being indifferent to difficulties, hardships, privations, even to life itself.”[19] [23] This mostly reaffirms points made earlier. But what is “the distance that separates us”? Here Nietzsche could be referring to hierarchy, or what he often calls “the order of rank.” He could also be referring to the well-known desire of the superior man for apartness, verging sometimes on a desire for isolation. The superior man takes himself away from others; he has little need for the company of human beings, unless they are like himself. And even then, he desires the company of such men only in small and infrequent doses. He is repulsed by crowds, and by situations that force him to feel the heat and breath and press of others. Such feelings are an infallible marker of the superior soul – but they are not a “virtue” to be cultivated. One either has such feelings, or one does not. One is either the superior type, or a “people person.”

jev-bow.jpgIf we consult the context in which the quote appears – an important section of Twilight of the Idols – Nietzsche offers us little help in understanding specifically what he means by “the distance that separates us.” But the surrounding context is a goldmine of reflections on the superior type, and it is surprising that Evola does not quote it more fully. Nietzsche remarks that “war educates for freedom” (a point on which Evola reflects at length in his Metaphysics of War), then writes:

For what is freedom? Having the will to responsibility for oneself. Maintaining the distance that separates us. Becoming indifferent to trouble, hardships, deprivation, even to life. Being ready to sacrifice people to one’s cause, not excluding oneself. Freedom means that the manly instincts, the instincts that celebrate war and winning, dominate other instincts, for example the instinct for “happiness.” The human being who has become free, not to mention the spirit that has become free, steps all over the contemptible sort of wellbeing dreamt of by grocers, Christians, cows, women, Englishmen, and other democrats. The free human being is a warrior.[20] [24]

The rest of the passage is well worth reading.

8. Evola tells us that the superior man rejects “the insidious confusion between discipline and enfeeblement.” The goal of discipline is not to produce weakness, but a greater strength. “He who does not dominate is weak, dissipated, inconstant.” To discipline oneself is to dominate one’s passions. As we saw in our discussion of the third principle, this does not mean stamping out the passions or denying them. Neither does it mean indulging them: the man who heedlessly indulges his passions becomes “weak, dissipated, inconstant.” Rather, the superior man learns how to control his passions and to make use of them as a means for self-transformation. It is only when the passions are mastered – when we have reached the point that we cannot be swept away by them – that we can give expression to them in such a way that they become vehicles for self-overcoming.

Evola quotes Nietzsche: “Excess is a reproach only against those who have no right to it; and almost all the passions have been brought into ill repute on account of those who were not sufficiently strong to employ them.”[21] [25] The convergence of Nietzsche’s position with Evola’s portrayal of the Left-Hand Path could not be clearer. The superior man has a right to “excess” because, unlike the common man, he is not swept away by the passions. He holds them “on a leash” (see earlier), and uses them as means to transcend the ego, and to achieve a higher state. The common man, who identifies with his passions, becomes wholly a slave to them, and is sucked dry. He gives “excess” a bad reputation.

9. Evola’s penultimate principle is in the spirit of Nietzsche, but does not quote from him. Evola writes: “To point the way of those who, free from all bonds, obeying only their own law, are unbending in obedience to it and above every human weakness.”[22] [26] The first words of this passage are somewhat ambiguous: what does Evola mean by “to point the way of those who . . .” (the original Italian – l’indicare la via di coloro che – is no more helpful). Perhaps what is meant here is simply that the superior type points the way for others. He serves as an example – or he serves as the vanguard. This is not, of course, an ideal to which just anyone can aspire. But the example of the superior man can serve to “awaken” others who have the same potential. This was, indeed, something like Nietzsche’s own literary intention: to point the way to the Overman; to awaken those whose souls are strong enough.

10. Finally, Evola tells us that the superior type is “heir to the equivocal virtus of the Renaissance despots,” and that he is “capable of generosity, quick to offer manly aid, of ‘generous virtue,’ magnanimity, and superiority to his own individuality.”[23] [27] Here Evola alludes to Nietzsche’s qualified admiration for Cesare Borgia (who Nietzsche offers as an example of what he calls the “men of prey”). The rest of the quote, however, calls to mind Aristotle’s description of the great-souled man – especially the use of the term “magnanimity,” which some translators prefer to “greatness of soul.”[24] [28] The superior man is not a beast. He is capable of such virtues as generosity and benevolence. This is because he is free from that which holds lesser men in thrall. The superior man can be generous with such things as money and possessions, for these have little or no value for him. He can be generous in overlooking the faults of others, for he expects little of them anyway. He can even be generous in forgiving his enemies – when they are safely at his feet. The superior man can do all of this because he possesses “superiority to his own individuality”: he is not bound to the pretensions of his own ego, and to the worldly goods the ego craves.

FNiet-dessins.jpgEvola’s very long sentence about the superior man now ends with the following summation:

all these are the positive elements that the man of Tradition also makes his own, but which are only comprehensible and attainable when ‘life’ is ‘more than life,’ that is, through transcendence. They are values attainable only by those in whom there is something else, and something more, than mere life.

In other words, Nietzsche presents us with a rich and inspiring portrayal of the superior man. And yet, the principles he discusses will have a positive result, and serve the “man of Tradition,” only if we turn Nietzsche on his head. Earlier in Chapter Eight, Evola writes: “Nietzsche’s solution of the problem of the meaning of life, consisting in the affirmation that this meaning does not exist outside of life, and that life in itself is meaning . . . is valid only on the presupposition of a being that has transcendence as its essential component.” (Evola places this entire statement in italics.) In other words, to put the matter quite simply, the meaning of life as life itself is only valid when a man’s life is devoted to transcendence (in the senses discussed earlier). Or we could say, somewhat more obscurely, that Nietzsche’s points are valid when man’s life transcends life.

Evola’s claim goes to the heart of his criticism of Nietzsche. A page later, he speaks of conflicting tendencies within Nietzsche’s thought. On the one hand, we have a “naturalistic exaltation of life” that runs the risk of “a surrender of being to the simple world of instincts and passions.” The danger here is that these will then assert themselves “through the will, making it their servant.”[25] [29] Nietzsche, of course, is famous for his theory of the “will to power.” But surrender to the baser impulses of ego and organism will result in those impulses hijacking will and using it for their own purposes. One then becomes a slave to instincts and passions, and the antithesis of a free, autonomous being.

On the other hand, one finds in Nietzsche “testimonies to a reaction to life that cannot arise out of life itself, but solely from a principle superior to it, as revealed in a characteristic phrase: ‘Spirit is the life that cuts through life’ (Geist ist das Leben, das selber ins Leben schneidet).” In other words, Nietzsche’s thought exhibits a fundamental contradiction – a contradiction that cannot be resolved within his thought, but only in Evola’s. One can find other tensions in Nietzsche’s thought as well. I might mention, for example, his evident preference for the values of “master morality,” and his analysis of “slave morality” as arising from hatred of life — which nevertheless co-exist with his relativism concerning values. Yet there is so much in Nietzsche that is brilliant and inspiring, we wish we could accept the whole and declare ourselves Nietzscheans. But we simply cannot. This turns out to be no problem, since Evola absorbs what is positive and useful in Nietzsche, and places it within the context of Tradition. In spite of what Nietzsche himself may say, one feels he is more at home with Tradition, than with “perspectivism.”[26] [30]

Evola’s ten “Nietzschean principles,” reframed for the “man of Tradition,” provide an inspiring guide for life in this Wolf Age. They point the way. They show us what we must become. These are ideas that challenge us to become worthy of them.

Notes

[1] [31] Julius Evola, Ride the Tiger: A Survival Manual for the Aristocrats of the Soul, trans. Joscelyn Godwin and Constance Fontana (Rochester, Vt.: Inner Traditions, 2003).

[2] [32] Evola, 46, my italics.

[3] [33] Evola, 47.

[4] [34] Übermensch; translated in Ride the Tiger as “superman.”

[5] [35] Quoting Nietzsche, Will to Power, section 778.

[6] [36] Evola, 41. Translator notes “adapted from the aphorism in Kritische Gesamtausgabe, vol. 7, part 1, 371.”

[7] [37] Evola, 41.

[8] [38] There is a great deal more that can be said here about the difference between Kantian and Nietzschean “autonomy.” Indeed, there is an argument to be made that Kant is much closer to Nietzsche than Evola (or Nietzsche) would allow. Ultimately, one sees the stark difference between Kant and Nietzsche in the “egalitarianism” of the different formulations of Kant’s categorical imperative. How can a man who is qualitatively different and superior to others commit to following no other law than what he would will all others follow? How can he affirm the inherent “dignity” in others, who seem to have no dignity at all? Should he affirm their potential dignity, which they themselves simply do not see and may never live up to? But suppose they are so limited, constitutionally, that actualizing that “human dignity” is more or less impossible for them? Kant wants us to affirm that whatever men may actually be, they are nonetheless potentially rational, and thus they possess inherent dignity. For those of us who have seen more of the world than Königsberg, and who have soured on the dreams of Enlightenment, this rings hollow. And how can the overman be expected to adhere to the (self-willed) command to always treat others as ends in themselves, but never as means only – when the vast bulk of humanity seems hardly good for anything other than being used as means to the ends of greater men?

[9] [39] The translator’s note: “Adapted from Twilight of the Idols, ‘Skirmishes of an Untimely Man,’ sect. 38, where, however, it is ‘freedom’ that is thus gauged.” Beware: Evola sometimes alters Nietzsche’s wording.

[10] [40] Nietzsche, Thus Spake Zarathustra, “Zarathustra’s Prologue,” 5.

[11] [41] Evola, 49.

[12] [42] Evola, 49. The Will to Power, sect. 928.

[13] [43] Will to Power, sect. 222.

[14] [44] Will to Power, sect. 790.

[15] [45] Will to Power, sect. 781.

[16] [46] Thus Spake Zarathustra, “Zarathustra’s Prologue,” 5.

[17] [47] Aristotle also said that the aim of human life is “happiness” (eudaimonia) – but “happiness” has a connotation here different from the familiar one.

[18] [48] Will to Power, sect. 921.

[19] [49] Twilight of the Idols, “Skirmishes of an Untimely Man,” sect. 38. Italics added by Evola.

[20] [50] See Twilight of the Idols, trans. Richard Polt (Indianapolis: Hackett Publishing, 1997), 74-75.

[21] [51] Here I have substituted the translation of Walter Kaufmann and R. G. Hollingdale for the one provided in Ride the Tiger, as it is more accurate and concise. See The Will to Power, trans. Kaufmann and Hollingdale (New York: Vintage Books, 1967), 408.

[22] [52] Evola, 49.

[23] [53] The translators of Ride the Tiger direct us here to Beyond Good and Evil, sect. 260.

[24] [54] Grandezza d’animo literally translates to “greatness of soul.”

[25] [55] Evola, 48.

[26] [56] Evola writes (p. 52), “[Nietzsche’s] case illustrates in precise terms what can, and indeed must, occur in a human type in which transcendence has awakened, yes, but who is uncentered with regard to it.”

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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mardi, 17 avril 2018

Frithjof Schuon et la grandeur des indiens

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Frithjof Schuon et la grandeur des indiens 

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

« Sa tête rasée de très près n’offrait d’autres cheveux que cette touffeque l’esprit chevaleresque des Indiens conserve sur le sommet de la tête, comme pour narguer l’ennemi qui voudrait le scalper… » (Le dernier des Mohicans).

Pour mieux apprécier les références à Frithjof Schuon, on se reportera au film d’Elliott Silverstein, un homme nommé cheval ; à celui de mon regretté ami Irvin Kershner, la revanche d’un homme nommé cheval. Au Dernier des mohicans de Michael Mann (scénario tarabiscoté mais fantastique partition de Trevor Jones), mais aussi à la version de 1936 avec Randolph Scott dans le rôle de Hawk Eye. Enfin bien sûr à Danse avec les loups qui en dépit de son catéchisme bon enfant, sensibilisa une opinion distraite.

FS-p1.jpgIci on va juste tenter d’élever le débat américain (en oubliant Trump, ses tweets et ses bombes) avec Frithjof Schuon, immense ésotériste suisse de culture alémanique et musulmane, qui a vécu en Amérique du Nord auprès de ses chers sioux lakotas…

Il est amusant avant de commencer de rappeler que les costumes indiens dans un homme nommé cheval venaient d’Hollywood ! Cette anecdote digne de Baudrillard rappelle que nous sommes tombés si bas que même quand nous parlons de tradition, nous évoluons dans le simulacre.

On ne va pas pleurnicher, on va citer Schuon.

Schuon écrit dans Avoir un centre, le message d’un art vestimentaire :

« Le vêtement indien des Plaines « humanise » la Nature vierge, il transmet quelque chose de l’immensité des prairies, de la profondeur des forêts, de la violence du vent et autres affinités de ce genre. On aurait du reste tort d’objecter - comme aiment à le faire les « démystificateurs » professionnels - que le vêtement indien n’avait qu’une portée sociale et pratique limitée, que tous les individus ne le portaient pas, d’autant que la nudité, pour les Peaux-Rouges, avait elle aussi sa valeur à la fois pratique et symbolique ; mais ce qui importe ici, ce n’est pas le flottement des modalités, c’est le génie ethnique qui, s’il peut s’extérioriser de diverses façons, reste toujours fidèle à lui-même et à son message foncier.

C’est un fait curieux que beaucoup de gens aiment les Indiens mais n’osent pas l’avouer, ou l’avouent avec des réticences de commande, en se désolidarisant ostentatoirement du « bon sauvage » de Rousseau aussi bien que du « noble sauvage » de Cooper, et surtout de tout « romantisme » et de tout « esthétisme » ; sans oublier le souci de ne pas être pris pour un enfant. »

Sur la plume d’aigle Schuon rappelle :

« La plume d’aigle, comme l’aigle lui-même, représente le Grand-Esprit en général et la présence divine en particulier, nous a-t- on expliqué chez les Sioux ; il est donc plausible que les rayons du soleil, lui-même image du Grand-Esprit, soient symbolisés par des plumes. Mais ces plumes très stylisés, qui constituent le soleil à cercles concentriques, représentent également le cocon, symbole de potentialité vitale ; or la vie et le rayonnement solaire coïncident pour d’évidentes raisons.

Un des symboles les plus puissants du soleil est la majestueuse coiffure en plumes d’aigle ; celui qui la porte s’identifie à l’astre solaire, et il est facile de comprendre que tout le monde n’est pas qualifié pour la porter ; sa splendeur - unique en son genre parmi toutes les coiffures traditionnelles du monde suggère la dignité à la fois royale et sacerdotale ; donc le rayonnement du héros et du sage. »

FS-p2.jpgIci le grand esprit inspire notre sage alsacien :

« Le vêtement du chef ou du héros suggère l’aigle s’élevant vers le soleil : la nature de l’aigle, c’est de voler vers le haut, donc aussi de voir les choses de loin, « de haut » précisément : l’aigle monte et ensuite plane dans une lumineuse solitude. »

L’aigle va ici au-delà du message impérial européen :

« Selon une tradition quasi universelle, l’aigle symbolise lui- même le soleil ; ce qu’exprime précisément la parure de plumes d’aigle. Autrefois, chaque plume devait être gagnée : l’identification de l’homme avec l’astre solaire exige un drame héroïque. »

Sur les vêtements et leurs franges Schuon ajoute – et sur le calumet :

« Les objets les plus divers peuvent être ornés de broderies et de franges ; l’un des plus importants est le sac contenant la « Pipe de Paix » et le tabac rituel, la fonction de ce dernier étant de se sacrifier en brûlant et de monter vers le Grand-Esprit. Ce sac fut apporté aux Indiens, avec le Calumet, par la « Femme Bisonne-Blanche » (Pté- San Win en lakota) ; et c’est elle - ou plus précisément son archétype céleste, Wohpé - qui fait monter la fumée et nos prières vers le Ciel. »

Après il ne faut pas s’étonner du prestige de ces indiens de notre volonté de les imiter, même quand c’est pour les combattre.

Schuon ajoute, toujours dans Avoir un centre :

« Le prestige dont jouissent les Indiens dans les milieux et les pays les plus divers s’explique par la coïncidence proprement fascinante de qualités morales et esthétiques, par la combinaison d’un courage intrépide et stoïque avec une extraordinaire expressivité des physionomies, des vêtements et des ustensiles.

Le fait que l’Indien se perpétue dans les jeux des enfants presque dans le monde entier, et parfois dans les jeux des adultes, ne peut être un hasard sans signification ; il indique un message culturel d’une puissante originalité, un message qui ne peut mourir et qui survit, ou plutôt rayonne, comme il peut. »

Un peu de Nietzsche (« royauté d’un enfant », dit son maître et ancêtre Héraclite bellement) pour nous rapprocher des enfants et des indiens : 

« L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation.

Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation : l’esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde.

Je vous ai nommé trois métamorphoses de l’esprit : comment l’esprit devient chameau, comment l’esprit devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. »

FS-p3.jpgLa destruction des indiens a été mille fois plus dénoncée par Hollywood que l’esclavage. Ce n’est pas un hasard : le sujet était jugé plus noble notamment par Tocqueville.

Schuon note sur cette destruction bien démocratique :

« La démocratie est pratiquement la tyrannie de la majorité ; la majorité blanche, en Amérique, n’avait aucun intérêt à l’existence de cette minorité rouge ; de ce fait l’armée - qui dans certains cas aurait dû défendre les droits des Indiens, droits solennellement garantis par des traités - défendait les intérêts des Blancs à l’encontre de ces accords. Qui dit démocratie dit démagogie ; en un tel climat, une criminalité populaire « de fait » devient une criminalité gouvernementale « de droit », du moins quand la victime se situe en dehors de la collectivité incluse dans telle légalité démocratique. »

Mais dans REGARDS SUR MONDES ANCIENS, Schuon est presque optimiste. Cette destruction devait hélas avoir lieu pour des raisons cycliques (le Kali-Yuga pour tout le monde) et elle n’a pas empêché un paradis de mille ans ou plus !

« Pour bien comprendre le destin abrupt de la race indienne, il faut tenir compte du fait que cette race a vécu pendant des millénaires dans une sorte de paradis pratiquement illimité ; les Indiens de l’Ouest s’y trouvaient encore au début du XIXesiècle. Ce fut un paradis rude, certes, mais offrant une ambiance grandiose à caractère sacré, et comparable à bien des égards à ce que fut l’Europe nordique avant l’arrivée des Romains »

Schuon rappelle notre âge de fer :

« Comme les Indiens s’identifiaient spirituellement et humainement à cette nature inviolée, et inviolable selon eux, ils en acceptaient toutes les lois, donc aussi la lutte pour la vie en tant que manifestation du « principe du meilleur » ; mais avec le temps, et en fonction des conséquences de l’« âge de fer » où prédominent les passions et où disparaît la sagesse, les abus se répandirent de plus en plus ; un individualisme héroïque, mais vindicatif et cruel obscurcissait-les vertus désintéressées, comme ce fut du reste le cas chez tous les peuples guerriers. »

Tout cela était condamné comme le monde elfique et oublié de Tolkien (il y a des ressemblances troublantes entre le style du Seigneur des Anneaux et le Dernier des Mohicans) :

fs-p4.jpg « La situation privilégiée des Indiens - en marge de l’« Histoire » et des écrasantes civilisations citadines - devait finir par s’épuiser ; il n’y a rien d’étonnant à ce que cet épuisement d’un paradis en quelque sorte vieilli coïncidât avec les temps modernes. »

Comme Tocqueville Schuon rappelle que la triste destruction s’est fait au nom des idéaux modernes :

« Mais de toute évidence, cet aspect unilatéral de fatalité ne saurait atténuer ni excuser aucune des vilenies dont l’Indien a été la victime depuis des siècles, sans quoi les notions de justice et d’injustice n’auraient pas de sens et il n’y aurait jamais eu d’infamie ni de tragédie. Les défenseurs de l’invasion blanche et de toutes ses conséquences font volontiers valoir que tous les peuples ont de tout temps commis des violences ; des violences, oui, mais non pas forcément des bassesses, perpétrées, par surcroît, au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, de la civilisation, du progrès et des droits de l’homme... La destruction consciente, calculée, méthodique, officielle - et non point anonyme - de la race rouge, de ses traditions et de sa culture, en Amérique du Nord et aussi en Amérique du Sud, loin d’avoir été un processus inévitable - et éventuellement excusable par des lois naturelles à condition qu’on ne prétende pas les avoir dépassées grâce à la « civilisation » - cette destruction, disons-nous, demeure en réalité l’un des plus grands crimes et l’un des plus insignes vandalismes dont l’Histoire ait gardé le souvenir. »

Tocqueville sur le même sujet :

« Les Espagnols, à l'aide de monstruosités sans exemples, en se couvrant d'une honte ineffaçable, n'ont pu parvenir à exterminer la race indienne,ni même à l'empêcher de partager leurs droits;les Américains des États-Unis ont atteint ce double résultat avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul des grands principes de la morale aux yeux du monde. On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l'humanité… »

Schuon rajoute magnifiquement : On condamne le mal pour sa nature, non pour son caractère inévitable.

Le passage :

« Ceci dit, il reste l’aspect inéluctable des choses, celui de la fatalité, en vertu duquel ce qui est possible ne peut pas ne pas se manifester en quelque manière, et tout ce qui arrive a ses causes proches ou lointaines ; cet aspect du monde et du destin n’empêche toutefois pas les choses d’être ce qu’elles sont : le mal reste le mal sur son propre plan. On condamne le mal pour sa nature, non pour son caractère inévitable ; ce dernier, on l’accepte, car le tragique entre nécessairement dans le jeu divin, et ne serait-ce que parce que le monde n’est pas Dieu… »

fs-p5.jpgNous avons écrit un livre sur le paganisme au cinéma. Schuon établit lui une comparaison entre les indiens et LES japonais des grands temps :

« Certaines tribus - les Algonquins surtout et les Iroquois - distinguent le démiurge d’avec l’Esprit suprême : ce démiurge a souvent un rôle quelque peu burlesque, voire luciférien. Une telle conception du Pouvoir créateur, et du dispensateur primordial des arts, n’est point particulière aux Peaux-Rouges, comme le prouvent les mythologies de l’Ancien Monde, où les méfaits des titans voisinent avec ceux des dieux ; en langage biblique, nous dirons qu’il n’y a pas de Paradis terrestre sans serpent, et que sans ce dernier il n’y a pas de chute et pas de drame humain, ni aucune réconciliation avec le Ciel. Comme la création est malgré tout quelque chose qui s’éloigne de Dieu, il faut bien qu’il y ait en elle une tendance déifuge, si bien qu’on peut considérer la création sous deux aspects, divin l’un et démiurgique ou luciférien l’autre ; or les Peaux-Rouges mélangent les deux aspects, et ils ne sont pas seuls à le faire ; rappelons seulement, dans la mythologie japonaise, le dieu Susano-o, génie turbulent de la mer et de la tempête. »

Art de l’espace, le cinéma était fait pour célébrer les indiens. Schuon encore :

« L’on sait le rôle crucial que jouent les directions de l’espace dans le rite du Calumet. Ce rite est la prière de l’Indien, dans laquelle l’Indien parle, non seulement pour lui-même, mais aussi pour toutes les autres créatures ; l’Univers entier prie avec l’homme qui offre la Pipe aux Puissances, ou à la Puissance. »

Schuon évoque ensuite les rites. Nous les citons pour le principe :

« Mentionnons ici également les autres grands rites du Chamanisme peau-rouge, du moins les principaux, à savoir la Loge à transpirer, l’Invocation solitaire et la Danse du Soleil1; nous choisissons le nombre quatre, non parce qu’il marque une limite absolue, mais parce qu’il est sacré chez les Peaux-Rouges et qu’il permet, en fait, d’établir une synthèse qui n’a rien d’arbitraire.

La Loge à transpirer est le rite purificatoire par excellence : par lui, l’homme se purifie et devient un être nouveau. Ce rite et le précédent sont absolument fondamentaux ; le suivant l’est aussi, mais en un sens quelque peu différent.

L’Invocation solitaire - la « lamentation » ou l’« envoi d’une voix » - est la forme la plus élevée de la prière ; elle peut être silencieuse2, suivant les cas. C’est une véritable retraite spirituelle, par laquelle tout Indien doit passer une fois dans sa jeunesse - mais alors l’intention est particulière - et qu’il peut renouveler à tout moment suivant l’inspiration ou les circonstances.

La Danse du Soleil est d’une certaine façon la prière de la communauté entière ; pour ceux qui l’exécutent, elle signifie - ésotériquement tout au moins - une union virtuelle qu’il a été décrit comme un homme sincère par des blancs qui pourtant n’avaient aucun préjugé favorable ; la vérité est sans doute qu’il a été, lui aussi, une victime des circonstances. Pour ramener tout ce mouvement à ses justes proportions, il faut le regarder dans son contexte traditionnel, le « polyprophétisme » indien et l’« apocalyptisme » propre à toute religion, puis dans son contexte contingent et temporel, l’écroulement des bases vitales de la civilisation des Plaines. »

Autre grand moment sur cette splendide destinée initiatique et chevaleresque :

« La fascinante combinaison de l’héroïcité combative et stoïque et de l’allure sacerdotale conférait à l’Indien des Plaines et des Forêts une sorte de majesté à la fois aquilin et solaire, d’où cette beauté puissamment originale et irremplaçable qui s’attache à l’homme rouge et contribue à son prestige de guerrier et de martyr1. Comme les japonais du temps des samouraïs, le Peau-Rouge était profondément artiste dans sa manifestation personnelle même : outre que sa vie était un jeu perpétuel avec la souffrance et la mort2et de ce fait une sorte de karma-yogachevaleresque, il savait donner à ce style spirituel un revêtement esthétique d’une expressivité insurpassable. »

L’indien devient un vrai héros de western qui va déteindre sur le pauvre homme blanc déraciné (hélas il va déteindre en solo pas au collectif) :

fs-p6.jpg« Un élément qui a pu donner l’impression que l’Indien est un individualiste - par principe et non de facto seulement - c’est l’importance cruciale que revêt chez lui la valeur morale de l’homme, le caractère si l’on veut, d’où le culte de l’acte. L’acte héroïque et silencieux s’oppose à la parole vaine et prolixe du lâche ; l’amour du secret, la réticence de livrer le sacré par des discours faciles qui l’affaiblissent et le dilapident, s’expliquent par là. Tout le caractère indien se laisse en somme définir par ces deux mots, si de telles ellipses sont permises : acte et secret ; acte foudroyant, au besoin, et secret impassible. Tel un roc, l’Indien d’autrefois se reposait en lui-même, en sa personnalité, pour ensuite la traduire en acte avec l’impétuosité de l’éclair ; mais en même temps il restait humble devant le Grand Mystère dont la nature environnante était, pour lui, le message permanent. »

Enfin ces lignes sur la nature qui ne sont pas si éloignées (hélas pour nous) que cela de notre saint Bernard de Clairvaux :

« La nature est solidaire de la sainte pauvreté et aussi de l’enfance spirituelle ; elle est un livre ouvert dont l’enseignement de vérité et de beauté ne s’épuise jamais. C’est au milieu de ses propres artifices que l’homme se corrompt le plus facilement, ce sont eux qui le rendent avide et impie ; auprès de la nature vierge, qui ne connaît ni agitation ni mensonge, l’homme a des chances de rester contemplatif comme l’est la nature elle-même. »

Quand l’homme est tombé si bas, peut-il encore rêver ?

Tiens, un peu de Fenimore Cooper, pour vous donner envie de le relire, ce plus grand classique de la littérature initiatique pour enfants :

« Il serait impossible de donner une idée du respect et de l'affection que témoigna toute la peuplade en voyant arriver inopinément un homme qui semblait déjà appartenir à un autre monde. Après quelques instants passés dans un silence commandé par l'usage, les principaux chefs se levèrent, s'approchèrent de lui tour à tour, lui prirent une main et l'appuyèrent sur leur tête, comme pour lui demander sa bénédiction. Les guerriers les plus distingués se contentèrent ensuite de toucher le bord de sa robe. Les autres semblaient se trouver assez heureux de pouvoir respirer le même air qu'un chef qui avait été si vaillant et qui était encore si juste et si sage. »

Sources

Frithjof Schuon – Avoir un centre ; regards sur les mondes traditionnels (archive.org)

Fenimore Cooper – Le dernier des Mohicans (ebooksgratuits.com)

Nicolas Bonnal – Le paganisme au cinéma (Dualpha ; Amazon.fr)

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, I, deuxième partie, dernier chapitre

Nietzsche – Les trois métamorphoses, dans Zarathoustra

dimanche, 18 mars 2018

Sugimoto Gorō & Soldier-Zen

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Sugimoto Gorō & Soldier-Zen

Asceticism often has a bad reputation in vitalist circles. The idea of the sexless, passionless, passive, world-rejecting monk seems self-evidently maladaptive, an evolutionary dead end, as Nietzsche and Savitri Devi surmised. Yet the fact is that monks have often been warriors, and the monarchs of ascetic religions, such as Christianity and Buddhism, have often been great conquerors. The Christian monastic orders contributed greatly to the fight against Muslim aggression in the Middle Ages and proved capable of exterminating the last pagan holdouts in the Baltic region.

In Japan, Zen Buddhism was the religion of the samurai, who developed a warrior ethos, Bushidō, which was one of the most profound and spiritual of its type in the entire world. Whereas Buddhism today is often associated with a kind of rootless, feel-good pacifism, in the first half of the twentieth century, the Zen schools of Imperial Japan enthusiastically supported national military power and selfless service to the Emperor as the divine embodiment of their nation. Zen monks and leaders developed a so-called “soldier-Zen” (gunjin-Zen) and strongly supported Japan during the Second World War, both in its imperial ambitions and in its resistance to the Allies. In the post-war years, many liberal Western converts to Zen were shocked to discover that their “enlightened” masters had supported authoritarian militarism and imperialism.

Personally, I have long thought that Zen spiritual practice could lead either to world-rejecting withdrawal or to detached, possibly violent, self-sacrifice of the kind evocatively described in the Hindus’ Bhagavad Gita. The Zen practitioner trains himself to tolerate discomfort, self-discipline, self-awareness, and ultimately a kind of transcendence of the self as illusory. One realizes, intimately, that one is nothing but a part of a boundlessly greater whole and a web of interdependent relationships. At the same time, there is a grim quality to Buddhism in general: Gautama’s insight was in recognizing the transience of all things: not merely of nations and empires and of one’s life and possessions, but even of one’s mind, even of the gods (on which the Nordic Eddur agree, for they foresee the inevitable Twilight of the Gods), perhaps even of the universe itself. In Zen in particular, all is “vacuity,” and one learns to stare into the void with serenity, without flinching, even cultivating a quiet, transcendent joy. However, not all are so strong. The “abyssal realization” can easily lead one to fall into despondent discouragement or withdrawn nihilism. There is little emphasis in Zen on building something that might outlive us, on the cultivation of Life.

Brian Zaizen Victoria, a Western Zen practitioner, has written a great deal on the now-politically incorrect attitudes of the Imperial Zen schools. In “A Buddhological Critique of ‘Soldier-Zen’ in Wartime Japan,”[1] [2] Victoria provides an overview of soldier-Zen and translated extracts from its promoters (the quotes from Buddhist texts and Zen practitioners cited in this article are all drawn from Victoria’s chapter). Victoria argues that “soldier-Zen” was in fact non-Buddhist, claiming that Gautama himself was a preacher and practitioner of non-violence:

[W]hen looking at records of Buddha Śākyamuni’s life, we find his actions to be totally consistent with his earliest teachings. Śākyamuni peacefully sought to prevent war, as can be seen in his initial successful attempt to prevent an attack on his own country. Further, he successfully dissuaded King Ajātasattu from attacking the Vajjians. Still further, even when the very existence of his own homeland was at stake, he did not mobilize the members of the sangha as monk-soldiers to defend his country, nor did he use force to enlarge the power and landholdings of the sangha itself (as was later done in medieval Japan).[2] [3]

However, Victoria recognizes that early on in the Mahayana tradition,[3] [4] violence could be religiously sanctioned, which he claims were monastic rationalizations in the service of pro-Buddhist monarchs, and that such violence has been a recurring feature in Buddhist history. The first-century Nirvana Sutra had commanded “protecting the true Dharma [Buddha’s teaching] by grasping swords and other weapons.” In passing, it appears that the ancient Greek converts to Buddhism of Gandhara had, as monks and kings, a certain role in shaping and spreading Mahayana.

One can easily see how a belief in the transient unreality of the world could lead to an unsentimental attitude towards life. A seventh-century Chan (Chinese Buddhist) text, the Treatise on Absolute Contemplation, argued that killing is ethical if one recognizes that the victim is only empty and dream-like.[4] [5] A millennium later, the seventeenth-century Zen master Takuan Sōhō wrote that:

The uplifted sword has no will of its own, it is all of emptiness. It is like a flash of lightning. The man who is about to be struck down is also of emptiness, and so is the one who wields the sword. None of them are possessed of a mind that has any substantiality. As each of them is of emptiness and has no “mind,” the striking man is not a man, the sword in his hands is not a sword, and the “I” who is about to be struck down is like the splitting of the spring breeze in a flash of lightning.[5] [6]

The samurai appear to have had little difficulty in reconciling their Zen religion with their warrior ethos.

sm-chevel.jpgIn the twentieth century, the Imperial Japanese developed soldier-Zen as a particular spiritual ethos compatible with their nation and state. This was advocated in particular by Lieutenant Colonel Sugimoto Gorō (1900-1937), who died in battle in China, and was honored by the Zen orders as a “military god” (gunshin).

Here are some passages from Sugimoto’s writings and sayings:

The Zen that I do . . . is soldier-Zen. The reason that Zen is important for soldiers is that all Japanese, especially soldiers, must live in the spirit of the unity of sovereign and subjects, eliminating their ego and getting rid of their self. It is exactly the awakening to the nothingness of Zen that is the fundamental spirit of the unity of sovereign and subjects. Through my practice of Zen I am able to get rid of my ego. In facilitating the accomplishment of this, Zen becomes, as it is, the true spirit of the Imperial military.

* * *

The emperor is identical with the Great [Sun] Goddess Amaterasu. He is the supreme and only God of the universe, the supreme sovereign of the universe. All of the many components [of a country] including such things as its laws and constitution, its religion, ethics, learning, art, etc. are expedient means by which to promote unity with the emperor. That is to say, the greatest mission of these components is to promote an awareness of the non-existence of the self and the absolute nature of the emperor. Because of the nonexistence of the self everything in the universe is a manifestation of the emperor . . . including even the insect chirping in the hedge, or the gentle spring breeze. . . .

* * *

If you wish to penetrate the true meaning of “Great Duty,” the first thing you should do is to embrace the teachings of Zen and discard self-attachment.

* * *

War is moral training for not only the individual but for the entire world. It consists of the extinction of self-seeking and the destruction of self-preservation. It is only those without self-attachment who are able to revere the emperor absolutely.

* * *

Life and death are identical. [Compare the Zen concept: “Unity of life and death” (shōji ichinyo)] . . . Warriors who sacrifice their lives for the emperor will not die, but live forever. Truly, they should be called gods and Buddhas for whom there is no life or death. . . . Where there is absolute loyalty there is no life or death. Where there is life and death there is no absolute loyalty. When a person talks of his view of life and death, that person has not yet become pure in heart. He has not yet abandoned body and mind. In pure loyalty there is no life or death. Simply live in pure loyalty!

* * *

In Buddhism, especially the Zen sect, there is repeated reference to the identity of body and mind. In order to realize this identity of the two it is necessary to undergo training with all one’s might and regardless of the sacrifice. Furthermore, the essence of the unity of body and mind is to be found in egolessness. Japan is a country where the Sovereign and the people are identical. When Imperial subjects meld themselves into one with the August Mind [of the emperor], their original countenance shines forth. The essence of the unity of the sovereign and the people is egolessness.

sm-debout.jpgThere is an almost “national-pagan” quality to soldier-Zen’s sublimation of the self into an assertive nation mystically united around a divine monarch.

Following his death in battle, Sugimoto was honored as a national hero by Yamazaki Ekijū, the head of the Rinzai Zen school. This is unsurprising given that Yamazaki’s Zen was firmly national and self-sacrificing. He said, “Japanese Buddhism must be centered on the emperor; for were it not, it would have no place in Japan, it would not be living Buddhism. Even Buddhism must conform to the national structure of Japan. The same holds true for Shakyamuni [Buddha]’s teachings.” He claimed that the Japanese had so cultivated selflessness that, “[f]or Japanese there is no such thing as sacrifice.”[6] [8]

Yamazaki described Sugimoto’s death thus:

A grenade fragment hit him in the left shoulder. He seemed to have fallen down but then got up again. Although he was standing, one could not hear his commands. He was no longer able to issue commands with that husky voice of his. . . . Yet he was still standing, holding his sword in one hand as a prop. Both legs were slightly bent, and he was facing in an easterly direction [toward the imperial palace]. It appeared that he had saluted though his hand was now lowered to about the level of his mouth. The blood flowing from his mouth covered his watch.

In the past it was considered to be the true appearance of a Zen priest to pass away while doing zazen [seated meditation]. Those who were completely and thoroughly enlightened, however, . . . could die calmly in a standing position. . . . The reason this was possible was due to samādhi [concentration] power.

To the last second Sugimoto was a man whose speech and actions were at one with each other.

When he saluted and faced the east, there is no doubt that he also shouted, “May His Majesty, the emperor, live for 10,000 years!” [Tennō-heika Banzai]. It is for this reason that his was the radiant ending of an Imperial soldier. Not only that, but his excellent appearance should be a model for future generations of someone who lived in Zen.[7] [9]

For Yamazaki, Sugimoto “demonstrated the action that derives from the unity of Zen and sword [zenken ichinyo].” Furthermore, “[t]hrough the awareness Sugimoto achieved in becoming one with death, there was, I think, nothing he couldn’t achieve.”[8] [10]

Takuan.jpgSocrates is supposed to have said that all philosophy is a preparation for death. By that definition, there is no doubt that Zen is a true philosophy. The Soto Zen leader Ishihara Shummyō said:

Zen master Takuan taught that in essence Zen and Bushidō were one. . . . I believe that if one is called upon to die, one should not be the least bit agitated. On the contrary, one should be in a realm where something called “oneself ” does not intrude even slightly. Such a realm is no different from that derived from the practice of Zen.[9] [11]

This sentiment is perfectly in accord with ancient Western philosophy’s attitude towards death, from Socrates to Marcus Aurelius.

I cannot say whether Mahatma Gandhi was right in claiming that all forms of violence are immoral. However, I observe that, in any case, the vast majority of mankind does not abjure violence. For most, then, the martial self-sacrifice of soldier-Zen cannot be bad in itself, but merely depends on the morality of the cause which it serves. Nor can I say whether Friedrich Nietzsche was right in claiming that the ascetic ideal is inherently emasculating and one needs a more primal, spontaneous, Dionysian way of life. However, we would have to admit that ascetic practices appear to have been central to the martial prowess of fighters as diverse as the ancient Spartans, the medieval Christian warrior-monks, and the Imperial Japanese. No doubt, different individuals will flourish and better actualize their potential in following a more ascetic or more “barbaric” ethos, depending on their temperament.

After the Second World War, the Americans demanded that the Japanese Emperor renounce his claims of godhood. This may have been understandable from a rationalist and materialist liberal perspective, which saw these claims as not only self-evidently false and even deceitful, but also as having provided part of the foundation for Japanese militarism and international aggression. But there was also a price to be paid: the disenchantment of Japan, the reduction of that nation from a mystical family with a special destiny to a mere population of consumers. Human life, no doubt, suffers and becomes impoverished from a lack of a sense of higher purpose. I will not bore you by citing the various psychological studies suggesting this. Each one who, with but a little sensitivity, looks into his own heart will know it to be true.

I do not accept that nothing exists besides this transient world and that, therefore, nothing in a sense ultimately exists. Even when the Himalayas are ground to dust, humanity goes extinct, and this universe itself is torn asunder, some things, I can sense, will always remain and are eternal: the principles of reason and the yearning-for-life. Individual human life, in all its arbitrariness and brevity, seems to have meaning only if that existence can truly be recognized and lived as part of a greater whole. That was evidently one of the ambitions of soldier-Zen.

 

Notes

[1] [12] Brian Zaizen Victoria, “A Buddhological Critique of ‘Soldier-Zen’ in Wartime Japan,” in Michael Jerryson & Mark Juergensmeyer (eds.), Buddhist Warfare (Oxford: Oxford University Press, 2010), pp. 105-30.

[2] [13] Ibid., p. 126.

[3] [14]Mahayana, or the “Great Vehicle,” refers to the great branch of Buddhism largely coterminous with the East Asian nations. It is often contrasted with Theravada Buddhism, which is often criticized by Mahayana Buddhists as aiming for a “nirvana” which means non-existence or oblivion.

[4] [15] Ibid., p. 123.

[5] [16] Ibid., p. 118.

[6] [17] Ibid., p. 111.

[7] [18] Ibid., p. 115.

[8] [19] Ibid., p. 114.

[9] [20] Ibid., p. 119.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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lundi, 26 février 2018

“Da Wagner al jazz”, un nuovo libro su Julius Evola

Giuseppe Brienza