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vendredi, 21 septembre 2007

Big Oil & Peak Oil

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Robert MOTZKUHN :

Deux concepts divergeants : « Big Oil » et « Peak Oil »

Le débat sur l’exploitation internationale des champs pétrolifères

Depuis quelques années, une querelle oppose les analystes, les écrivains et les représentants de l’industrie pétrolifère sur la quantité des réserves de pétrole conventionnelles et potentielles dans le monde et sur la possibilité des pays exploiteurs à développer encore davantage et sur la langue durée. Ce débat est devenu plus acerbe au fil du temps car les connaisseurs de l’univers pétrolier ont fait référence à d’autres sources de pétrole et à d’autres pays potentiellement exploiteurs ; ces connaisseurs sont bien convaincus que l’exploitation du pétrole dans le monde à déjà atteint son maximum, son « peak » (en anglais), ou l’atteindra d’ici très peu d’années. On spécule que ce peak sera atteint d’ici 2010 et, comme nous sommes en 2007, ce point fatidique dans le temps n’est plus guère éloigné.

A partir de ce moment-là, 50% des réserves disponibles et exploitables auront été mises en œuvre et la diminution annuelle de la production pétrolière sera de 2 à 3%, ce qui contribuera effectivement à rendre la situation de plus en plus préoccupante. Des livres paraissent sur cette thématique, tel « Twilight in the Desert » de Matthew Simmons qui aborde la question des champs pétrolifères saoudiens, posés comme étant les plus riches de la planète et fait allusion à tous les effets négatifs que pourrait avoir un recul nettement perceptible de la production ; ou encore, tel « The Coming Oil Crisis » de Colin Campbell, paru en 1997 ; Campbell a été géologue et a passé plusieurs longues années de sa carrière dans le secteur pétrolier, ce qui lui a conféré une expérience considérable dans le domaine. Il a fait plusieurs tournées de conférences dans le monde sur la notion de « Peak Oil » et sur la fin du pétrole bon marché. Selon Campbell, cette situation est potentiellement dangereuse et commence à éveiller plus régulièrement l’attention du grand public.

Autre raison pour avoir peur d’une raréfaction de l’offre pétrolière dans un futur somme toute assez proche : tous les pronostics de la demande, à l’échelle du globe, sont nettement en hausse. Si la consommation mondiale en 2005, selon le « Oil Market Report » de l’Agence Internationale de l’Energie (IEA), était de 83,68 millions de barils et en 2006, de 84,48 millions par jour, l’agence prévoit d’ores et déjà une augmentation de la consommation de 1,6 millions de barils pour 2007, ce qui portera la consommation à quelque 86 millions quotidiens. Cette augmentation est due à une économie mondiale en expansion. Celle-ci a augmenté de 4,9% en 2005 et de 5,4% en 2006 et le FMI, dans son rapport du printemps, prévoit de nouvelles augmentations pour 2007 et 2008, de l’ordre de 4,9%.

Les arguments des sceptiques

Mais ce sont surtout les prévisions à long terme qui suscitent le débat sur la raréfaction du pétrole. Car si le sommet, le « peak », de la production pétrolière est atteint, comment fera-t-on pour satisfaire, dans l’avenir, une demande sans cesse croissante de pétrole ? D’après « International Energy Outlook 2007 », on prévoit pour les années références 2010, 2020 et 2030 des demandes respectives de 90,7 millions, de 103,7 millions et de 117,6 millions de barils par jour. Cela correspond à une croissance annuelle de 1,4%. Si l’on compare tout cela aux chiffres de 2006, la demande augmentera donc de 6,2 millions, 19,2 millions et 33,1 millions de barils par jour. Si l’on tient compte des faits suivants, on se rend parfaitement compte des défis auxquels l’industrie pétrolière devra faire bientôt face : l’Arabie Saoudite a produit en 2005, 9,55 millions de barils par jour ; or une demande de 33 millions de barils par joue en plus excède tout ce que produisent les pays de l’OPEP quotidiennement. A cela s’ajoute un faisceau de faits complémentaires : les chiffres avancés quant aux réserves disponibles sont sérieusement mis en doute par Simmons, Campbell et d’autres analystes. Les réserves pétrolières de l’Arabie Saoudite sont estimées, depuis la fin des années 80, à 260 milliards de barils, mais les estimations plus critiques pensent qu’elles ne s’élèvent en réalité qu’à 175 milliards. Notons enfin que Ghawar, le plus grand champ pétrolifère du monde, qui fournit près de 50% du pétrole saoudien, produit de 4,5 à 5 millions de barils par jour. Une telle concentration de la production sur un seul champ pétrolifère, fût-il énorme, n’est pas tenable à terme. La production de l’Arabie Saoudite diminuera donc fortement dans les prochaines décennies. Voilà les arguments des sceptiques aujourd’hui.

Ce qui vaut pour Ghawar en Arabie Saoudite, vaut également pour le champ pétrolifère de Burgan au Koweit. Cette année, bon nombre d’articles sont parus sur l’éventualité que les réserves pétrolières koweitiennes ne seraient que la moitié de celles annoncées officiellement ; quoi qu’il en soit, l’exploitation du champ de Burgan a déjà fortement baissé. Question : tout cela est-il vrai ? La prochaine crise pétrolière est-elle imminente ? A ce stade de notre démonstration, il convient de rappeler que Campbell a commencé à prévoir le « peak » pétrolier mondial dès 1988 et a toujours affirmé, par exemple, que la production pétrolière atteindrait 50 millions de barils par jour en 2007, ce qui indiquerait, d’après ses chiffres un recul. Or nous en sommes en réalité à 85 millions de barils par jour. Il pense aujourd’hui que le peak pétrolier sera atteint en 2011.

Devons-nous croire les sceptiques ? Au doute portant sur l’ampleur réelle des réserves pétrolières sûres, il faut ajouter une population mondiale en pleine croissance. D’ici à 2030, la population du monde passera de 6,4 milliards d’êtres humains à 8,2 milliards. Cette augmentation démographique conduit tout naturellement à un besoin accru d’énergie (60%) et donc à une augmentation de la demande de pétrole que l’on peut effectivement chiffrer à 117,6 millions de barils par jour. Deux tiers de cette augmentation iront au secteur du transport, qui sera donc responsable pour une part bien solide de cette demande en pleine croissance ; dans les pays de l’OCDE la part du secteur du transport est de 55% ; dans les pays en voie de développement en dessous de la barre des 40%. Mais dans les pays en voie de développement le nombre des véhicules, d’ici à 2030, passera de 55 à 420 millions. Les autres secteurs augmenteront également leur demande : l’industrie, qui sera responsable de 21% de l’augmentation de la demande de pétrole ; les ménages (14%) et la production d’électricité (7%). Pourrons-nous maîtriser ce défi ?

De nouveaux gisements

Les consortiums pétroliers et les instituts habitués à établir les prévisions quant aux besoins d’énergie et/ou de pétrole voient l’évolution des choses de manière plus optimiste. Dans certains pays de l’OPEP, l’exploitation des gisements pétrolifères se verra considérablement étendue. En Irak, d’ici 2030, la production pétrolière passera à 5,3 millions de barils par jour ; au Nigéria à 5,2 millions ; en Iran à 5 millions ; au Koweit, à 4,1 millions ; en Angola à 4 millions ; en Algérie à 3,1 millions et en Arabie Saoudite à 16,4 millions. Ensuite, le Kazakhstan en produira 3,7 millions par jour et le Brésil 3,9 millions, mais pourront encore augmenter leurs capacités de production. Par ailleurs, la production non conventionnelle, c’est-à-dire l’obtention de carburants au départ de pétroles lourds (Venezuela), de carburants biologiques ou éthanol (Brésil, Allemagne) ou de bitumes (Canada) s’avèrera toujours plus importante et permettra, augure-t-on, de produire 10,5 millions de barils par jour. Dans le cas où les prix du pétrole deviendraient très élevés, l’ « Energy Information Administration », dans son rapport intitulé « International Energy Outlook 2007 », évoque même le chiffre hallucinant de 14,3 millions de barils quotidiens. Dans ce cas, l’Arabie Saoudite n’augmenterait sa production, d’ici 2030, que de 11,6 millions de barils par jour ; les autres pays de l’OPEP n’augmenteront guère leur production. Le sommet, le fameux « peak », ne serait atteint que vers 2030, selon cette institution (source : « Energy Information Administration »/  « International Energy Outlook », 2005, p. 29).

Saudi Aramco, la plus grande entreprise pétrolière du monde qui n’est pas notée en bourse, a aussi répondu au cours de ces dernières années aux critiques concernant les réserves de pétrole et l’exploitation par une offensive stratégique. Ainsi, Saudi Aramco évoque dans ses rapports annuels les réserves pétrolières et sur les projets qu’elle cultive pour augmenter la production pétrolière grâce à de nouveaux investissements. D’ici 2010, Saudi Aramco veut accroître les capacités d’exploitation de 10,5 à 12 millions de barils par jour. Ensuite, Saudi Aramco prétend, qu’après sept décennies d’exploitation pétrolière, seuls 28% des réserves de pétrole connues ont été épuisées (et non pas plus de 60% comme on l’a écrit dans certains articles). L’entreprise ajoute qu’à côté des réserves certaines de 260 milliards de barils, il existe sûrement 200 autres milliards de barils inconnus mais, in fine, disponibles. Exxon Mobil, qui, elle, est la plus grande entreprise pétrolière notée en bourse, se montre encore plus optimiste en ce qui concerne les réserves subsistantes. Exxon Mobil perçoit les besoins pétroliers en augmentation constante comme une chance et est parfaitement convaincue que les réserves pétrolières suffiront pour faire face aux besoins croissants des prochaines décennies. On peut lire les estimations d’Exxon dans un document stratégique intitulé « The Outlook for Energy – A View to 2030 ».

Le 19 avril 2007, le « Financial Times » a provoqué la surprise à Londres en titrant, cinq colonnes à la une, que les réserves pétrolières de l’Irak, d’après une étude très récente de l’ « IHS Consultancy » américain, s’élève au double de ce que l’on avait cru jusqu’ici, et notamment de ce qu’avait affirmé BP en disant qu’elles s’élevaient à 115 milliards de barils (cf. « BP Statistical Review of World Energy », 2006). Si cette affirmation est exacte, alors l’Irak pourra prendre la deuxième place, immédiatement derrière l’Arabie Saoudite, dans la liste des pays disposant d’énormes réserves pétrolières. Seuls 27 des 78 champs pétrolifères irakiens sont activement exploités. 25 champs sont en train d’être mis en œuvre, à l’heure actuelle, et le pompage réel pourra commencer à moyen terme. Des investissements, de l’ordre de milliards de dollars, seront nécessaires pour remettre sur pieds l’industrie irakienne du pétrole et pour qu’elle produise un, deux voire trois millions de barils par jour en plus pour atteindre le chiffre de 5 millions qu’on lui a fixé. L’industrie pétrolière en Irak dispose fort probablement de grandes potentialités, mais les conditions nécessaires à la faire fonctionner dans un cadre normal doivent encore émerger : pour cela la situation politique doit être sécurisée, condition sine qua non, évidemment, pour que cette industrie puisse fonctionner à plein rendement. L’exploitation à grande échelle ne pourra commencer qu’une fois la paix définitivement établie.

La Chine, pour sa part, a annoncé en mai 2007 qu’elle avait découvert sur son sol les plus importants gisements de pétrole découverts depuis cinquante ans. Les champs pétrolifères de Jidong Nanpu dans la Baie de Bohai recèleraient, d’après les premières estimations, des réserves s’élevant à environ 7,5 milliards de barils. Ils constitueraient alors le deuxième gisement en importance sur le sol chinois.

Où se trouve le nouveau pétrole ?

Entre 2000 et 2007, les plus grandes réserves pétrolières réévaluées à la hausse l’ont été au Canada (où l’on est passé de 174,3 milliards de barils à 179,2, grâce à une réévaluation des bitumes canadiens) ; en Iran (où l’on est passé de 46,6 milliards de barils à 136,3 milliards) ; au Kazakhstan (de 24,6 milliards à 30 milliards) ; au Nigeria (de 13,7 milliards à 36,2 milliards) et en Libye (de 12 milliards à 41,5 milliards). Ces pays sont suivis du Qatar qui est passé de 11,5 milliards à 15,2 milliards de barils et la Russie, de 11,4 milliards à 60 milliards. Si l’on additionne tous ces chiffres correspondant aux réserves disponibles, on obtient, en date du 1 janvier 2007, une somme de 1.310 milliards de barils (cf. « Oil & Gas Journal »). La somme a donc encore augmentée au cours de ces dernières années. Dans son rapport de l’année 2006, soit à la date du 31 décembre 2005, BP annonce que les réserves mondiales s’élèvent à 1.200 milliards de barils. La différence de chiffres entre « Oil & Gas Journal » et le rapport de BP vient que les rédacteurs des deux documents classent différemment les bitumes canadiens. Mais il existe encore d’autres arguments pour faire des estimations qui iraient encore à la hausse. Ainsi, au Kazakhstan, d’après l’ « US-Kazakhstan Business Association », on n’hésite pas à évaluer les réserves potentielles à un chiffre allant de 100 à 110 milliards de barils, du même ordre de grandeur que les réserves koweitiennes. L’Irak aussi, d’après des études plus récentes, pourraient réévaluer ses réserves. Tous ces chiffres ne permettent donc pas de jouer la comédie de la panique devant des puits à sec.

LA SITUATION GEOPOLITIQUE

Ce contexte nous renvoie à la situation géopolitique. Elle est bien trop complexe pour qu’une analyse aussi courte que celle-ci puisse réellement faire le tour du problème ; il n’en demeure pas moins que la « lutte pour le pétrole » a commencé depuis belle lurette. Les besoins énergétiques globaux ont initié une lutte âpre entre acteurs concurrents pour l’accès au pétrole disponible. Tous constatent que la Chine est en pleine croissance et devient une nouvelle grande puissance mondiale. Les pays producteurs de pétrole constatent clairement, pour leur part, qu’ils pourront, prochainement, vendre leur pétrole à des puissances autres qu’occidentales. Désormais, des puissances montantes en Orient deviennent d’ores et déjà des clients potentiels. Au cours de ces deux dernières années, la Chine a suscité, à elle seule, 30% de l’augmentation de la demande de pétrole dans le monde. Les prévisions estiment que l’accroissement de la demande chinoise passera de 6,4 à 15,7 millions de barils par jour d’ici à l’année 2030. La Chine s’efforce depuis déjà pas mal d’années à consolider ses relations commerciales avec quelques pays pétroliers comme le Kazakhstan, le Venezuela, le Soudan et l’Angola. La Chine s’intéresse aussi à l’Iran. Des projets communs en matières pétrolière et gazière voient le jour mais leur réalisation est freinée par les stratégies occidentales, notamment celles qui cherchent à isoler l’Iran.

Pour sa part, l’Iran tente de vendre son pétrole et son gaz où ceux-ci sont urgemment nécessaires. Les exportations pétrolières et gazières de l’Iran vont donc en priorité vers les régions d’Asie en pleine croissance. Les accords commerciaux portent sur des milliards de dollars ; ils concernent certes la Chine, en premier lieu, mais aussi l’Inde, que l’Iran tente d’avoir pour client. Dans ce contexte, les Etats-Unis ne cessent d’exercer des pressions diplomatiques sur les pays concernés par la stratégie commerciale et pétrolière iranienne, pour faire échouer les transactions. La Russie semble s’intéresser à une coopération renforcée avec l’Iran. Le Chine et la Russie ont un intérêt commun : créer un contrepoids politique et économique eurasien face aux Etats-Unis. L’Iran dispose de la deuxième réserve de gaz au monde, après la Russie. Pour ce qui concerne les réserves de pétrole, l’Iran est le troisième au hit parade, avec 136,3 milliards de barils estimés, derrière l’Arabie Saoudite (262,3 milliards de barils) et le Canada (179,2 milliards) (source : « Oil & Gas Journal », vol. 104, n°47, 18 décembre 2006).

Enfin, beaucoup d’argent est en jeu. Les pays de l’OPEP ont, en l’espace de deux années, engrangé la somme de 990 milliards de dollars (470 milliards en 2005 et quelque 520 milliards en 2006). Pour 2007, on prévoit la somme de 500 milliards de dollars. Une bonne partie de cette somme doit être placée ou réinvestie. Les pays du Golfe placeront une grande partie de leurs pétro-dollars en Europe ou en Asie, selon les habitudes qu’ils ont prises dans le passé. Des Etats comme le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan choisiront une politique de dispersion de leurs moyens, plus grande que d’habitude. Tandis que la Libye parie actuellement sur les consortiums américains et britanniques du pétrole, le Venezuela a décidé de renforcer ses stratégies de nationalisation.

La plus grande partie du brut vénézuelien est encore vendue aujourd’hui aux Etats-Unis mais les premiers contrats signés avec la Chine montrent qu’un nouveau client est là, prêt à prendre la place des Américains, si ceux-ci font mine, d’une manière ou d’une autre, de renoncer au pétrole du Venezuela. Perdre l’Irak et puis l’Iran, les Etats-Unis ne peuvent se le permettre. Car il s’agit de deux pays présentant des potentialités de croissance très élevées. De plus, les Etats-Unis ne réussiront jamais à isoler l’Iran de la scène internationale pour l’éternité. A un certain moment, la communauté internationale sera bien obligée de tendre la main aux Iraniens pour faire avancer la coopération économique. La dernière guerre d’Irak, qui a été planifiée dans ses moindres détails par le Président George W. Bush et son vice-président Dick Cheney, n’a été rien d’autre qu’une guerre pour le pétrole, surabondant dans ce pays. William R. Clark a explicité de manière exhaustive les mobiles du gouvernement américain dans son livre de 2005, « Petrodollar Warfare – Oil, Iraq and the Future of the Dollar ». De même, Antonia Juhasz, dans son livre « The Bush Agenda » (2006) explique en long et en large les tenants et aboutissants du gouvernement Bush et ses intentions au Proche Orient.

Conflits potentiels

Au Proche Orient, un changement de gouvernement imprévu pourrait rappeler cruellement la dépendance de l’Occident, mais il y a d’autres régions dans le monde, où des conflits pourraient survenir. J’en ai parlé longuement dans mon livre « Der Kampf um das Öl » (Hohenrain, Tübingen, 2006); ainsi, j’ai rappelé qu’entre la Chine et le Japon sommeille une querelle portant sur des revendications territoriales dans l’Est de la Mer de Chine. Dans cette zone océanique, on pense qu’il y a d’énormes réserves de pétrole et de gaz, pouvant bien entendu faire l’enjeu d’un conflit chaud, surtout si l’un des actuels pays fournisseurs de pétrole venait à faire défaut. Dans la Mer Caspienne, les revendications encore floues ne se sont pas devenues véhémentes mais le statut de cette mer intérieure n’a pas été établi et les portions qui devraient revenir, d’une part, à la Russie, au Kazakhstan et à l’Azerbaïdjan, et, d’autre part, à l’Iran, n’ont pas été définies.

Ensuite, toute une série de pays connaissent des conflits intérieurs pour savoir comment répartir et redistribuer les revenus des exportations pétrolières : c’est le cas en Equateur et au Nigeria. Raison pour laquelle la production et l’exploitation des gisements s’arrêtent parfois dans ces pays, ce qui provoque des fluctuations en bourse, donc des augmentations de prix. D’autres mobiles de conflits potentiels pourraient survenir, lorsque l’offre ne peut satisfaire la demande, lorsqu’il y a « panne d’offre ». Ce scénario n’est pas encore prévisible, à l’heure actuelle, vu l’augmentation planifiée des capacités dans de nombreux pays.

Les conflits d’ordre géopolitique créeront dans l’avenir des tensions entre certains pays. D’autre part, les futurs besoins en énergie, dans le monde, constitue, pour nous Européens, une chance historique à saisir : nous devons prévoir une coopération entre toutes les régions, puis la concrétiser, la renforcer et la consolider. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons maîtriser les grands défis du siècle.

Robert MOTZKUHN

(article paru dans la revue « Deutschland in Geschichte und Gegenwart », Tübingen, n°3/2007).

Robert Motzkuhn, né en 1963, a étudié à Heidelberg et à Londres. Après un long séjour au Koweit (de 1976 à 1981 et en 1984/85), il travaillé dans le secteur bancaire et financier. Il vit à Berlin et à Barcelone. Il a écrit deux livres : « Crashonomics. Vom Börsenkrach zur Weltwirtschaftskrise » (Tübingen, 2002) et „Der Kampf um das Öl“ (Tübingen, 2006).

 

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jeudi, 20 septembre 2007

Désastre de Valmy

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20 septembre 1792 : Désastre de Valmy. Les hordes jacobines et les troupeaux de sans-culottes ivres et en guenilles, par la masse qu’ils représentent, débordent, dans cette petite localité de Lorraine, les belles armées prussiennes et autrichiennes, conçues pour la guerre en dentelles. C’est la fin d’une époque, c’est le début de la guerre des masses. La Prusse post-frédéricienne avait subi le règne d’un roi incapable et n’était plus en mesure d’aligner des troupes aguerries. Les armées de l’Europe traditionnelle étaient des armées de métier, très coûteuses à former et à organiser. L’ère des masses de fantassins issus de la levée en masse était advenue. Le jeune Clausewitz, qui, à douze ans, se trouvait à Valmy, en tirera les conclusions. Ses réflexions paraîtront dans son « De la guerre », paru après sa mort en 1831, grâce aux efforts de son admirable veuve, et devenu, depuis, un bréviaire de l’art militaire dans tous les pays du monde. Avec Gneisenau, il forgera les concepts du renouveau prussien, et les appliquera de 1813 -en incluant dans ses réflexions le modèle du soulèvement contre-révolutionnaire et traditionaliste espagnol contre les bandes bonapartistes cherchant à imposer un modernisme et un juridisme délétères dans la péninsule ibérique-  à Waterloo, où la masse de l’armée de Blücher, produit d’une levée en masse, fera la décision à Plancenoit et à Lasnes, mettant un terme à une aventure sanglante et inutile qui avait déstabilisé l’Europe et continue à semer des germes de dissolution. En effet, l’Europe ne retrouvera de stabilité que lorsque l’esprit du Code Napoléon sera définitivement extirpé et que nos régions, par exemple, retrouveront leurs droits coutumiers. La bataille de Waterloo n’est pas terminée…

 

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Traité de Ryswick

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Traité de Ryswick

20 septembre 1697 : Traité de Ryswick. La Hollande, l’Angleterre et l’Espagne (dont nos provinces) signent un traité de paix avec la France. Ce Traité marque l’arrêt des guerres et des pillages perpétrés par l’ignoble Louis XIV, qui doit rendre bon nombre de places qu’il avait annexées au nom de sa théorie fumeuse des « Réunions », que notre diplomate Stockman avait réfutée avec brio, dans un mémoire rédigé à l’attention des négociateurs impériaux. Le Traité de Ryswick est donc une victoire tardive de Stockman et de Rubens, qui fut certes un peintre très célèbre, mais aussi un diplomate de grande envergure au double service de l’Espagne et du Saint-Empire. A Ryswick, Louis XIV doit rendre également le Duché du Luxembourg, dont il s’était emparé avant de ravager cruellement le Palatinat, où il a laissé un souvenir épouvantable, ravivé douloureusement par l’occupation française de 1918 à 1930, marquées de sauvageries, de mesquineries et d’actes arbitraires impardonnables (à ce propos : cf. Günter Zerfrass/Hrsg., « Die Pfalz unter französischer Besatzung von 1918 bis 1930 – Kalendarische Darstellung der Ergebnisse vom Einmarsch im November 1918 bis zur Räumung am 1. Juli 1930 », Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, 1996). Au Sud, Louis XIV, enfin vaincu, doit rétrocéder la Catalogne. En Amérique, il doit rendre l’île d’Hispaniola / Saint-Domingue, dont il avait fait un nid de pirates, sur les modèles anglais et barbaresque, menaçant toutes les côtes circumcaribéennes. Malheureusement, à Ryswick, il conserve le droit d’occuper Strasbourg et les autres territoires alsaciens, qu’il avait conquis et qui nous reviennent de droit, en tant qu’Etat héritier du Saint-Empire.

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mercredi, 19 septembre 2007

Eurasianismo: a "nova" geopolitica russa

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Eduardo Silvestre dos Santos:

O Eurasianismo: a“nova” Geopolítica russa

Em grandes linhas, existem actualmente duas aproximações quanto às opções geopolíticas da Rússia: os internacionalistas liberais ou “ocidentalizadores” (zapadniki) e os eurasianistas.

Os primeiros (Gorbatchev, Kozyrev, Yeltsin, Trenin, etc.) crêem que os valores ocidentais do pluralismo e da democracia são universais e aplicáveis à Rússia. Os segundos (Dugin, Zhirinovsky, Zyuganov, Solzhenitsyn, etc.) têm linhas ideológicas nacionalistas e patrióticas que acreditam que, devido às particularidades geográficas, históricas, culturais e mesmo psicológicas, a Rússia não pode ser classificada como Ocidental ou Oriental, sendo um Estado forte e dominante na Eurásia.

O Eurasianismo conseguiu reconciliar filosofias muitas vezes contraditórias como o comunismo, a religião ortodoxa e o fundamentalismo nacionalista.

Desde que Vladimir Putin assumiu a presidência da Rússia, em Dezembro de 1999, a política externa de Moscovo alterou o seu rumo. A sua nova aproximação baseia-se no Eurasianismo, uma obscura e velha moldura ideológica que emergiu agora como uma força maioritária na política russa.

Na história do mundo, existem, em competição constante, duas aproximações às noções de espaço e terreno – a terrestre e a marítima. Na História antiga, as potências marítimas que se tornaram em símbolos da “civilização marítima” foram a Fenícia e Cartago. O império terrestre que se lhes opunha era Roma. As Guerras Púnicas foram a imagem mais clara da oposição “terra-mar”.

Mais modernamente, a Grã-Bretanha tornou-se o “pólo” marítimo, sendo posteriormente substituído pelos EUA. Tal como a Fenícia, a Grã-Bretanha utilizou o comércio marítimo e a colonização das regiões costeiras como o seu instrumento básico de domínio. Criaram um padrão especial de civilização, mercantil e capitalista, baseada acima de tudo nos interesses materiais e nos princípios do liberalismo económico. Portanto, apesar de todas as variações históricas possíveis, pode dizer-se que a generalidade das civilizações marítimas tem estado sempre ligada ao primado da economia sobre a política.

Por seu lado, Roma representava uma amostra de uma estrutura de tempo de guerra, autoritária, baseada no controlo civil e administrativo, no primado da política sobre a economia. É um exemplo de um tipo de colonização puramente continental, com a sua penetração profunda no continente e assimilação dos povos conquistados, automaticamente romanizados após a conquista. Para os eurasianistas, na História moderna, os seus sucessores são os Impérios Russo, Austro-Húngaro e a Alemanha imperial.

Contra o “Atlantismo”, personificando o primado do individualismo, liberalismo económico e democracia protestante, ergue-se o “Eurasianismo”, personificando princípios de autoritarismo, hierarquia e o estabelecimento de um comunitarismo, sobrepondo-se às preocupações de índole individualista e económica.

Pode-se recuar na geopolítica russa até ao movimento eslavófilo do século XIX. Nesta época, o Eurasianismo tentou sobrepor-se às diferenças entre as tendências reformistas pró-ocidentais e os czaristas eslavófilos. O papel ímpar da Rússia era juntar a rica diversidade da Eurásia numa “terceira via”, consistente com a cultura e as tradições da Ortodoxia e da Rússia.

Estas ideias acerca da geopolítica da Eurásia e do destino do Império Russo, foram retomadas no período a seguir à 1.ª Guerra Mundial pelo etnólogo e filólogo Nikolai S. Trubetskoy, nobre russo branco, pelo historiador Peter Savitsky, pelo teólogo ortodoxo G.V. Florovsky e, posteriormente, pelo geógrafo, historiador e filósofo Lev Gumilev, defendendo a luta cultural e política entre o Ocidente e o distinto sub-continente da Eurásia, liderado pela Rússia.

Gumilev foi o criador da “teoria da etnogénese”, pela qual as nações são originárias da regularidade do desenvolvimento da sociedade, e da “teoria da paixão”, a capacidade humana para se sacrificar em prol de objectivos ideológicos. Esteve 16 anos presos no tempo de Estaline, combateu na 2.ª Guerra Mundial, esteve num campo de concentração nazi e voltou a cumprir uma sentença de 10 anos no Gulag, por actividades contra a ideologia marxista-leninista.

Aqueles teóricos da geopolítica eurasiana analisaram com profundidade e atenção os impérios de Gengis Khan, Mongol e Otomano, tendo-se encontrado várias vezes em Praga com Karl Haushofer.

Baseado nas ideias de MacKinder, o Eurasianismo procura estabelecer a identidade ímpar da Rússia, distinta da Ocidental e foca a sua atenção para Sul e Leste, sonhando numa fusão entre as populações ortodoxas e muçulmanas. Rejeita categoricamente o projecto do Czar Pedro para “europeizar” a Rússia, mas os termos em que o país era idealizado eram os de um império europeu, pela simples circunstância que consistia em territórios, a maioria dos quais se localizavam na Ásia, em que um grupo nacional dominava outras nacionalidades subordinadas.

Defendia que a Rússia era claramente não europeia porque a vasta região ocupada, apesar de situada entre os dois continentes – Europa e Ásia - , era geográfica e, logo, objectivamente separada de ambos. Era um continente em si mesmo, denominado Eurásia; além disso, a cultura russa tinha sido maioritariamente moldada por influências vindas da Ásia.

Durante a 1.ª Guerra Mundial, surgiram os primeiros dilemas e ambiguidades, quando a Rússia se aliou à Grã-Bretanha, à França e aos EUA, com o intuito de libertar os seus “irmãos eslavos” do domínio turco, começando a lutar contra os seus aliados geopolíticos naturais – Alemanha e Áustria –, mas também mergulhando numa revolução e guerra civil catastróficas.

A revolução de 1917 terminou com a existência formal do Império Russo, e Trubetskoy tentou adaptar o seu pensamento ao novo estado de coisas. Os russos, antes considerados como os “donos e proprietários” de todo o território, passaram a ser “um povo entre outros” que partilhavam a autoridade. O conceito de separatismo não era aceitável para Trubetskoy, que insistia na indivisibilidade da grande região que correspondia à Eurásia, uma ideia de globalidade geográfica, económica e étnica integral, distinta quer da Europa, quer da Ásia.

Segundo Savitsky, a Eurásia tinha sido modelada pela Natureza, que tinha condicionado e determinado os movimentos históricos e a interpenetração dos seus povos, cujo resultado tinha sido a criação de um único Estado. Devido à unidade da região derivar da Natureza, possuía a qualidade transcendente dessa mesma Natureza. Trubetskoy afirmava que “o substrato nacional do antigo Império Russo e actual URSS, só pode ser a totalidade dos povos que habitam este Estado, tido como uma nação multiétnica peculiar e que, como tal, possuía o seu próprio nacionalismo.

Chamamos a essa nação Eurasiana, o seu território Eurásia e o seu nacionalismo “Eurasianismo.” Para Dugin, o principal ideólogo eurasianista da actualidade, a liderança de Lenine tinha um substrato eurasiano pois, contrariamente à doutrina marxista, preservou a grande unidade do espaço eurasiano do Império Russo.

Por seu lado, Trotsky insistia na exportação da revolução, na sua mundialização, e considerava a URSS como algo efémero e transitório, algo que desapareceria perante a vitória planetária do comunismo; as suas ideias traziam, por isso, a marca do atlantismo! Para o mesmo autor, “a grande catástrofe eurasiana foi a agressão de Hitler contra a URSS. Após a guerra fratricida e terrível entre dois países geopolítica, espiritual e metafisicamente chegados, a vitória da URSS foi de facto equivalente a uma derrota.

Apesar da “guerra fria” ser primária e fundamentalmente sobre ideologias e não sobre geopolítica – alguns autores chamam-lhe “geopolítica ideológica” –, a Geopolítica desenvolvida pelos pensadores europeus do final do século XIX foi uma matéria importante para Estaline. Imediatamente após a derrota alemã, começou a imaginar um novo projecto geopolítico, o Pacto de Varsóvia, para integrar os países da Europa de Leste na esfera soviética.

Desde o final da 2.ª Guerra Mundial, uma figura chave na geopolítica soviética foi o General Sergey M. Shtemenko, chegando a ser, durante os anos 60″s, comandante das forças armadas do Pacto de Varsóvia e Chefe do Estado-Maior General da URSS. Nos seus planos estratégicos, bem como nos do General Gorshkov, estava, desde 1948, a penetração económico-cultural no Afeganistão, afirmando que aquele país tinha um papel geopolítico especial, permitindo o acesso soviético ao Índico.

Khrutschev tinha conceitos geoestratégicos exclusivamente baseados no emprego de mísseis intercontinentais, em detrimento das outras armas. Estava preocupado com a América Latina e insistia no conceito de “guerra nuclear intercontinental relâmpago”. Ao contrário, Shtemenko já anteriormente tinha alertado que não seria sensato basear a segurança da URSS apenas em mísseis balísticos intercontinentais.

Um dos herdeiros das ideias geopolíticas e geoestratégicas de Shtemenko foi o Marechal N. V. Ogarkov. Foi ele o responsável pela montagem da operação contra a Checoslováquia, em que os serviços de informações da OTAN foram confundidos com uma contra-informação excelentemente conduzida, e também pela adopção de uma opção doutrinária de guerra convencional na Europa, como objectivo de planeamento e desenvolvimento militar.

Grande parte deste novo alento do Eurasianismo deve-se ao seu principal ideólogo, Alexander Dugin. Apesar do seu passado obscuro (antigo membro duma organização radical anti-semita e, posteriormente, da Revolução Conservadora racista, Dugin é hoje considerado o principal geopolítico russo e conselheiro de assuntos internacionais de várias figuras proeminentes da Duma, nomeadamente o seu “speaker”, Gennady Seleznev. As suas ideias têm influenciado o líder do Partido Comunista, Gennady Zyuganov, e outros altos dignitários. O Partido Eurasiano foi fundado por Dugin em Maio de 2002, supostamente com apoio organizacional e financeiro do Presidente Putin.

O Eurasianismo ganhou rapidamente importância nos meios da política externa russa e, mais significativo ainda, é cada vez mais evidente na conduta daquela política pelo Presidente Putin. Dugin adaptou as teorias tradicionais de Mahan e MacKinder e defende uma luta pelo domínio internacional entre as potências terrestres – personificadas na Rússia – e as potências marítimas – principalmente os EUA e o Reino Unido. Como resultado, Dugin crê que os interesses estratégicos da Rússia devem ser orientados de um modo anti-ocidental e para a criação de espaço Eurasiático de domínio russo. Por outras palavras, a Rússia não poderá subsistir fora da sua essência imperial, em virtude da sua localização geográfica e do seu caminho histórico.

“O novo império eurasiano será construído no princípio fundamental do inimigo comum: a rejeição do ‘Atlantismo”, controlo estratégico dos EUA e na recusa em aceitar valores liberais para nos dominar. Este impulso civilizacional comum será a base de uma união política e estratégica”. Dada a presente situação internacional pouco influente da Rússia, Dugin reforça a necessidade de construir alianças que sirvam para aumentar o domínio político e económico.

Assim, põe ênfase num eixo Moscovo-Teerão e na criação de uma zona de influência iraniana no Médio Oriente. Na Europa, advoga um eixo Moscovo-Berlim, que vê como essencial para a criação de um “cordão sanitário” contra a influência ocidental no antigo bloco soviético.

Nos seus esforços para manter os EUA longe da região do Cáspio, o Irão encontrou um aliado inesperado na Rússia. Ambos puseram temporariamente as suas divergências de lado, para fazer frente às actividades americanas na área. A aliança russo-iraniana pode aliás considerar-se um dos mais importantes factos geopolíticos do pós-guerra fria. Para a Rússia, uma relação estrita com o Irão pode considerar-se como uma reacção à expansão da NATO para a Europa Oriental.

O fornecimento de material militar convencional e de tecnologia nuclear russa ao Irão é um dos aspectos fulcrais desta aliança, já que muitos poucos países estão interessados em fornecer armas ao regime dos “ayatollahs”. O Irão confia na Rússia como fornecedor de armamento, dado não existirem muitos países que o queiram fazer; a Rússia também vê vantagens e lucros no fornecimento de armamento, nuclear inclusive, ao Irão.

A doutrina consensual da “vizinhança próxima” define que a Rússia quer manter um papel político, económico e estratégico preponderante nas ex-repúblicas da URSS, legitimando uma intervenção militar, se necessário. Contudo, a incapacidade da Rússia implementar as necessárias reformas nas suas Forças Armadas e na sua economia, em conjunto com a hostilidade com que a sua presença é vista, limita as suas possibilidades de cooperação e faz diminuir a sua influência, em especial no Cáucaso, em detrimento dos EUA.

A Rússia vê assim a sua posição na região ameaçada pela expansão militar americana e da NATO, bem como pelos seus próprios problemas internos (a guerra na Tchechénia fez com que as relações com a Geórgia, a quem acusa abertamente de abrigar terroristas tchetchenos, se deteriorasse muito). Para contrabalançar esta situação, propôs uma cooperação triangular com a China e com a Índia e através da Organização de Cooperação de Xangai (com Cazaquistão, Quirguizistão e Tadjiquistão).

As maiores preocupações da Rússia dizem respeito ao controlo das rotas de exportação dos recursos energéticos. O maior objectivo de Moscovo é assegurar que uma parte significativa dos recursos energéticos do Cáspio seja transportada pelo sistema russo de oleodutos para o Mar Negro e, daí, para a Europa. Porém, o sistema existente de oleodutos e gasodutos da era soviética é considerado como obsoleto, feitos com materiais de qualidade duvidosa e com manutenção de má qualidade técnica, que se estão a deteriorar com o tempo.

As novas repúblicas procuram por isso outras opções para se distanciar e não depender da Rússia, e serem capazes de alcançar mercados diversificados. Para tentar manter a sua influência nas exportações dos produtos energéticos, a Rússia apoia apenas oleodutos que passem através do seu território.

Todavia, as tentativas russas para retardar os projectos de desenvolvimento liderados por outras potências, levaram ao estudo de rotas alternativas para levar os recursos até aos mercados, prejudicando a posição da Rússia como potência dominante na região e fazendo-a perder o controlo sobre os recursos energéticos da região e do seu transporte.

Para a Rússia, os alvos geopolíticos primários para a subordinação política parecem ser o Cazaquistão e o Azerbaijão. A subordinação deste último ajudaria a “selar” a Ásia Central do Ocidente, especialmente da Turquia.

O Azerbaijão, encorajado pela Turquia e pelos EUA, rejeitou os pedidos russos para a manutenção de bases militares no seu território e desafiou também as exigências daquele país para um único oleoduto com terminal no porto russo de Novorossiysk, no Mar Negro.

A vulnerabilidade étnica do Cazaquistão (cerca de 40% da população é russa) torna quase impossível uma confrontação aberta com Moscovo, que pode também explorar o receio do Cazaquistão sobre o crescente dinamismo da China.

Para tentar diminuir as iniciativas unilaterais de desenvolvimento das novas repúblicas, nomeadamente as duas referidas atrás, tem utilizado também a incerteza quanto ao regime legal do Mar Cáspio.

Ao bloquear ou atrasar novos projectos de oleodutos, a Rússia conseguiu vencer praticamente todos os negócios energéticos, com investimentos pequenos. Porém, o actual sistema de oleodutos não possui a capacidade para o aumento de produção que se prevê para o Cazaquistão e para o Azerbaijão e, se tiverem de construir mais, a Rússia gostaria que passassem por território seu.

No Cáucaso, todos os conflitos têm também a ver, pelo menos parcialmente, com o petróleo. A Rússia continua a ver o Azerbaijão como parte do seu império e considera a Geórgia como a chave do Cáucaso meridional. Contudo, a maior ameaça à estabilidade e aos interesses petrolíferos ocidentais no Cáucaso, deriva da guerra na Tchetchénia.

A Tchetchénia era uma região autónoma gozando já de uma larga autonomia, quando declarou unilateralmente a sua independência em 1994. A Rússia decidiu resolver o assunto pela força por duas razões principais: em primeiro lugar porque, se a Tchetchénia fosse autorizada a sair da Federação Russa, seria um perigoso antecedente que outras repúblicas predominantemente islâmicas do Norte do Cáucaso (Tcherkessia, Dagestão, Kabardin-Balkar, etc.) poderiam querer seguir; em segundo lugar, a Tchetchénia é um eixo fundamental da rede de oleodutos vindos do Cáspio.

Se a materialização dos planos do oleoduto para Oeste falhar, todo o petróleo do Azerbaijão irá continuar a ser transportado pelo único oleoduto existente para o mar Negro, e esse atravessa a Tchetchénia. Se a Rússia quiser lucrar com o aumento de produção no Azerbaijão, tem de manter o controlo da república a todo o custo. Grozny, capital da Tchetchénia, é o centro de uma importante rede de oleodutos que liga a Sibéria, o Cazaquistão, o Cáspio e Novorossiysk.

Para finalizar, o que torna Dugin notório e preocupante é que o seu pensamento faz lembrar, em certos aspectos, Hitler: fala sobre capitalismo, baseado numa combinação de nacionalismo e socialismo. As suas teorias foram banidas durante a época soviética pelas suas ligações ao Nazismo, mas são hoje aceites sem relutância pelo Partido Comunista.

Mesmo assim, o Eurasianismo ganhou rapidamente importância nos meios da política externa russa e, mais significativo ainda, é cada vez mais evidente na conduta daquela política pelo Presidente Putin.

Eduardo Silvestre dos Santos
Jornal Defesa & Relações Internacionais


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mardi, 18 septembre 2007

Constantin bat Licinius

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18 septembre 324 : Constantin, l’empereur qui introduisit le christianisme en Europe, bat son rival Licinius à Chrysopolis. De ce fait, il devient le seul souverain de l’Empire et choisit Byzance comme capitale, qu’il rebaptisera « Constantinople », après avoir achevé d’immenses travaux de rénovation et d’embellissement en 330. A partir de ce moment se crée véritablement le clivage entre un « Occident », centré sur Rome et sur Trêves, et un « Orient » centré sur la nouvelle capitale du Bosphore. Les fils de Constantin régissent l’Empire au départ de Trêves, qui devient la deuxième ville d’ « Occident », avec des thermes et un cirque quasiment équivalents à ceux de Rome. En dépit de la christianisation, les prisonniers, incapables de servir dans l’armée ou ailleurs, y sont jetés aux fauves. A noter aussi, que, du point de vue géopolitique, l’Empire est désormais centré non plus exclusivement sur la Méditerranée, mais sur, d’une part, le complexe mosellan rhénan, et d’autre part, sur le système danubien pontique. En quelque sorte, il se « continentalise » et les événements de l’époque révèlent déjà clairement les lignes de forces de la géopolitique continentale européenne. Les géopolitologues, les militaires et les historiens anglo-saxons,  notamment dans le sillage de Luttwak, ont étudié à fond cette dynamique géopolitique qui, si elle était activée par une volonté romaine traditionnelle, ou carolingienne ou ottonienne, donnerait bonne et forte cohérence à notre grande patrie. L’objectif des stratèges américains est d’étudier ses cohésions réelles ou potentielles, de cerner les projets de cohésion qui ont été élaborés au cours de l’histoire, pour mieux éviter qu’ils ne se reproduisent et ne s’ancrent dans les faits à venir. L’idée de Bush, de distinguer une « vieille Europe » d’une « jeune Europe », vise à perpétuer, sur le plan militaire et diplomatique, le clivage entre Rome et Byzance ou la situation de la Guerre Froide, avec le Rideau de fer. La réunification apparente de l’Europe, depuis 1989, n’est malheureusement qu’un leurre. Pour Washington, l’Europe ne peut plus redevenir « romaine », soit unie et cohérente, de l’Atlantique au Pont Euxin.

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Falangistas contra Franco

Gustavo MORALES :

Falangistas contra Franco : los azules fusilados en 1942

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El año en que los camisas azules cayeron en el paredón de los nacionales, a la par que el Estado seguía usando el acompañamiento coreográfico nacionalsindicalista.

Finalizada la Guerra Civil, en plena Segunda Guerra Mundial, en distintos puntos de España se sucedieron los incidentes. Algunos falangistas manifestaron abiertamente su rebeldía ante un régimen que no consideraban el suyo; algunos de ellos acabaron frente a un pelotón de fusilamiento de los nacionales, sus camaradas de armas. El fracaso de la última experiencia azul de entonces desde dentro del sistema, los sindicatos de Gerardo Salvador Merino, llevó a algunos falangistas a instalarse en la clandestinidad y la acción subversiva.

Hay casos llamativos por el apellido. Marciano y Pedro Durruti, hermanos de Buenaventura, el líder anarquista asesinado el 20 de noviembre de 1936, eran falangistas. Pedro había sido miembro del grupo anarquista leonés Paz y Amor en septiembre de 1932. Cayó en las sacas republicanas. El caso más interesante es el de Marciano, quien ingresó en Falange en febrero de 1936, avalado por José Antonio Primo de Rivera, y el 1 de abril le entregaron el carnet número 1.501 de FE de las JONS. Su hermana Rosa Durruti le bordó el yugo y las flechas. Marciano realizó gestiones para un encuentro entre Buenaventura Durruti, líder de la Federación Anarquista Ibérica, y Primo de Rivera. Marciano a punto «estuvo de ser estrangulado por su propio hermano cuando le llegó con la embajada» (Garcival 2007). Sí hubo un encuentro con Ángel Pestaña el 3 de mayo de 1935. A la reunión con el líder sindicalista asistieron José Antonio y Diego Abad de Santillán. La reunión la facilitó la amistad existente entre el líder sindical, Marciano Durruti y el falangista Lluys Santa Marina, inventor de la camisa azul. Pestaña se había separado del anarquismo con el Manifiesto de los Treinta y criticó frontalmente a Moscú, donde estuvo como delegado en una reunión de la Internacional: «Pueblos encaminados a la libertad no darán nunca déspotas».

Marciano tuvo aún peor suerte con las derechas. En 1937 fue detenido por los nacionales y encerrado en el penal leonés de San Marcos, donde ya estuvo Quevedo. Más tarde, el grafista Siro habló de él: «Me metieron en la cárcel con Durruti. A él lo fusilaron. Me dijeron: a usted le toca mañana. Les propuse que mejor montábamos un periódico. Me sacaron de la cárcel y creamos Proa. Lo hice yo. No había visto una linotipia, pero la necesidad crea el órgano. Hasta que apareció uno que me denunció por rojo. Yo era sindicalista».{1} «Según el sumario del consejo de guerra celebrado contra él entre el 21 y el 22 de agosto de 1937, Marciano Durruti iba proclamando con absoluto descaro, en público y en privado, ideas corrosivas como… la subordinación del Ejército a la Falange»{2}. Fue el sumario 405/37:

«RESULTANDO que Marciano Pedro Durruti Domingo, vecino de León, que fue elemento de confianza de la organización anarquista y por ello y su participación en una huelga ilegal encarcelado en 11 de diciembre de 1933 y que en 10 de octubre de 1934 estuvo detenido a disposición del Comandante Militar de esta Plaza por considerársele como directivo y complicado en el movimiento sedicioso de aquellos días y ser elemento muy significado de la FAI, ingresó posteriormente en Falange Española de Madrid. La suposición de que fue a esta última organización con el propósito único de servir de enlace con la de su procedencia y al servicio de ésta, aparece robustecida con la desaparición del fichero puesto bajo su custodia y que según rumor insistente fue a parar a la Dirección General de Seguridad y del cual se tomaron los datos para practicar detenciones y fusilar ya iniciado el Movimiento a un buen número de afiliados a la JONS de Madrid, y probada plenamente con su conducta posterior.
RESULTANDO que iniciado el Movimiento Nacional apareció de nuevo en León procedente de zona roja y de nuevo consiguió ser admitido en Falange captándose la confianza de los Jefes, y abusando de ella y firme en sus ideas arraigadas de marxista, no desperdició ocasión de difundirlas buscando desmoralizar y escindir la apretada y compacta retaguardia Nacional; y así, el día 4 del corriente mes y sobre las veintitrés o las veinticuatro horas se presentó en el domicilio del Alcalde de Armunia Don Lucio Manga Rodríguez en unión de otros individuos y en presencia del Alcalde citado y otros dos vecinos del pueblo hizo las manifestaciones de que él sabía que en aquella localidad se había notado entre el vecindario cierto malestar con ocasión de celebrarse el aniversario del Movimiento Nacional atribuyéndolo a que el pueblo indicado en su mayoría era contrario a aquél. Que había que trabajar y llevar a Falange el mayor número de personas, importando poco que fueran socialistas o comunistas, puesto que el objeto era crear un partido fuerte para en su día hacerse dueños del poder y que todos los mandos fueran falangistas, ya que el Ejército, en el que había demasiadas estrellas, quería mangonear, siendo así que el saludo debía hacerlo el Ejército a Falange. Que la campaña debía comenzar con el desprestigio de la Guardia Civil poniendo en circulación la especie de que en los primeros días del Movimi= ento había cometido asesinatos, abandonando en el monte los cadáveres de sus víctimas. Añadió, para mejor convencer a sus oyentes, que contaban con los Guardias de Asalto y estaba preparado en Valladolid el personal designado para ocupar los cargos y que era necesario realizar estos planes antes de terminar la guerra, siendo preferible morir en la retaguardia que morir en el frente, conceptos que repitió el día 14 del corriente mes en el Café Central, en presencia de varios individuos…
FALLAMOS que debemos condenar y condenamos a Marciano Pedro Durruti Domingo como autor responsable de un delito de adhesión a la rebelión con circunstancias agravantes, a la pena de MUERTE.»

Marciano Durruti, con 26 años de edad, «bajo y fuerte como un legionario romano», fue fusilado por un pelotón vestido de azul en El Ferral de Bernesga, León, a las seis de la tarde del 22 de agosto de 1937. La acusación real era participar en la conspiración hedillista. La derecha hizo correr el rumor de que era «un atracador como su hermano Buenaventura».

Marciano fue asesinado en zona nacional, de nada le sirvió el carnet falangista ni el apellido. Acaso fueron agravantes en León. Muchos pensaron que su ingreso en Falange se había producido para salvar la vida, como ocurrió en otros casos y que dio origen a la expresión «failangista». Marciano coincidió con José Antonio en la cárcel Modelo de Madrid. Pero mientras el líder falangista era trasladado a Alicante, Marciano Durruti fue liberado gracias a gestiones de su madre que usó la fuerza del apellido probablemente ante la CNT-FAI. En cuanto pudo, Marciano se pasó a zona nacional pero cometió el error de volver a León donde era conocido por sus andanzas anteriores, de carácter anarcosindicalista.

Narciso Perales se refiere al fusilamiento: «Yo, también como tú soñé toda mi vida con la revolución. Pero es obvio que no con la de Buenaventura Durruti, sino con la de José Antonio, con la que también soñaron Pedro Durruti, falangista antiguo, fusilado en Barcelona [sic], al comenzar la guerra, y Marcelo [sic] Durruti, fusilado en León por los enemigos de la Falange, poco después de su incorporación a ella. Estoy seguro de que la muerte brutal de sus dos hermanos fue para él [Buenaventura] –que era ante todo un hombre bueno– un terrible dolor que sólo pudo mitigar en el fragor de la lucha» (de Guzmán 1977).

Otras fuentes{3}, como Perales y Siro, hablan de otro hermano falangista, Pedro Durruti:

«El día 22 de agosto se produce un asalto de milicianos republicanos a la Cárcel Modelo de Madrid con la liberación de presos comunes y el asesinato de numerosos políticos de derechas o falangistas, como Melquíades Alvarez, José María Albiñana Sanz, Fernando Primo de Rivera, Pedro Durruti (falangista y hermano de Buenaventura Durruti), el general Osvaldo Capaz Montes (el general Capaz fue quien tomó posesión del territorio de Ifni para España), el aviador falangista del vuelo Plus Ultra Ruiz de Alda, los ex ministros y diputados José Martínez de Velasco, Manuel Rico Avello y Ramón Álvarez Valdés, el ex comunista y actual falangista Enrique Matorras y el militar José Fanjul Sedeño, entre otros. Fue efectuado por la checa oficial de Fomento […] con la ayuda de milicianos de la checa del Cine Europa. Comenzó como un registro el día 21 y la matanza continuó el día 23. Se buscó como excusa un incendio que fue provocado por presos comunes […]. Ante los incidentes acudieron a la prisión el director general de Seguridad y prisiones, Manuel Muñoz, y el ministro de Gobernación, general Sebastián Pozas, que no tomaron ninguna medida […]. Los bomberos apagaron el fuego, los milicianos dejaron en libertad a los presos comunes, hicieron salir a los funcionarios de prisiones y comenzó la matanza […] continuó con las grandes sacas de noviembre (principalmente Paracuellos del Jarama)»{4} «Pedro Durruti cayó en las sacas republicanas de las cárceles de Madrid en 1936» (Cervera Gil).

El falangista J. Pérez de Cabo, autor del libro Arriba España, prologado por José Antonio Primo de Rivera en agosto de 1935{5}, es fusilado por un pelotón del Ejército en Valencia, en 1942. No fue el único. Pérez de Cabo fue el primero en escribir un libro sobre Falange. De él dice Primo de Rivera:

«Cierta mañana se me presentó en casa un hombre a quien no conocía: era Pérez de Cabo, el autor de las páginas que siguen a este prólogo. Sin más ni más me reveló que había escrito un libro sobre la Falange. Resultaba tan insólito el hecho de que alguien se aplicara a contemplar el fenómeno de la Falange hasta el punto de dedicarle un libro, que le pedí prestadas unas cuartillas y me las leí de un tirón, robando minutos al ajetreo. Las cuartillas estaban llenas de brío y no escasas de errores. Pérez de Cabo, en parte, quizá –no en vano es español–, porque estuviera seguro de haber acertado sin necesidad de texto alguno, veía a la Falange con bastante deformidad. Pero aquellas páginas estaban escritas con buen pulso. Su autor era capaz de hacer cosas mejores. Y en esta creencia tuve con él tan largos coloquios, que en las dos refundiciones a que sometió su libro lo transformó por entero. Pérez de Cabo, contra lo que hubiera podido hacer sospechar una impresión primera, tiene la virtud rara entre nosotros: la de saber escuchar y leer. Con las lecturas que le suministré y con los diálogos que sostuvimos, hay páginas de la obra que sigue que yo suscribiría con sus comas. Otras, en cambio, adolecen de alguna imprecisión, y la obra entera tiene lagunas doctrinales que hubiera llenado una redacción menos impaciente. Pero el autor se sentía aguijoneado por dar su libro a la estampa, y ni yo me sentía con autoridad para reprimir su vehemencia, ni en el fondo, renunciaba al gusto de ver tratada a la Falange como objeto de consideración intelectual, en apretadas páginas de letras de molde. El propio Pérez de Cabo hará nuevas salidas con mejores pertrechos, pero los que llevamos dos años en este afán agridulce de la Falange le agradecemos de por vida que se haya acercado a nosotros trayendo, como los niños un pan, un libro bajo el brazo»{6}.

El falangista Pérez de Cabo era un teórico en ciernes del nacionalsindicalismo. Francisco Blanco da cuenta de los proyectos que presenta ante secretario general de Falange Española:

«En uno de los informes emitidos por el falangista Juan Pérez de Cabo para el Secretario General Fernández-Cuesta, se calificaba a Méjico de ‘el pueblo mejor preparado para nuestra Revolución’. Ilusionado de un pueblo mestizo que ‘admiran al héroe por instinto, porque descienden de dos pueblos heroicos’ y además ‘[…] les seduce la gesta heroica de la España nacional’. Pérez de Cabo, conocedor de las colonias españolas americanas pensaba que la revolución falangista era fácilmente exportable a aquel país. Llegó incluso a esbozar un plan de ‘nueva conquista de Méjico’, a partir de la toma de los sindicatos CROM (Confederación Regional Obrera Mejicana) –de carácter nacional y sindical– y de la FROC (Federación Regional Obrera Comunista) a la que apuntilla Pérez de Cabo ‘cree ser comunista. Pero no lo es’. El terreno lo suponía abonado este teórico del falangismo: Ejército favorable, veteranos de la revolución también y una colonia española simpatizante con el movimiento español rebelde aunque ‘Ninguno tiene la menor idea de nuestra doctrina’. Planes, en donde la impresión de aventurerismo no queda ausente, pero que revelan a un profundo conocedor y sobre todo a un activista de gran originalidad. Análisis en los que esperaba hasta la comprensión y apoyo yanqui en el movimiento obrero–militar que se conseguiría y en donde llegaba a ver al Presidente Roosevelt casi como un aliado (‘[…] pues Roosevelt es, quizás sin sospecharlo, un pretotalitarista’). Estas ideas cuanto menos sorprenden porque muestran una realidad diferente a la que hemos tenido sobre aquel país. La utopía creadora y revolucionaria de Pérez de Cabo no iba a llegar en absoluto. Pero junto a ese hiperoptimismo que más parece fruto de la euforia romántico-revolucionaria, se observa una visión ‘diferente’, tanto en cuanto a las pretensiones del autor del Arriba España como a la que tradicionalmente se mantiene sobre Méjico. La nación que no reconoció nunca al Régimen de Franco, que propuso su condena internacional, que fue lugar predilecto del exilio republicano, resultó también ser uno de los espacios donde la Falange se movió con mayor intensidad. En 1939 el Sinaia, el Ipanema y el Mexique llevaban a Méjico tres barcos cargados con exilados y a cargo de la SERE. Ese mismo año y al terminar la guerra civil española, el responsable falangista Alejandro Villanueva, experto conocedor de las Falanges de América, llegaba a hablar de un 95% de la colonia ‘simpatizantes de nuestra España’».{7}

Pérez de Cabo trabajaba en ‘Auxilio Social’ de Valencia cuando le acusaron de apoderarse de fondos. Dicen que vendió en el mercado negro unas partidas de trigo para obtener financiación para la Falange clandestina en 1942. Había estado en diciembre de 1939 en la fundación de Falange Auténtica en la casa madrileña del coronel Emilio Rodríguez Tarduchy, jefe de Provincias de la Falange originaria, que había sido miembro de la Unión Patriótica del general Primo de Rivera y de la Unión Militar Española. La primera Junta de Mando quedó formada por el presidente, el propio Rodríguez Tarduchy; el secretario, el periodista González de Canales; y los vocales Daniel Buhigas, ex jefe de Falange de Villagarcía y anterior miembro de la Vicesecretaría de Acción Popular; Ricardo Sanz, de Asturias; Ventura López Coterilla, de Santander; Luis de Caralt, de Barcelona; José Antonio Pérez de Cabo, de Levante; Gregorio Ortega Gil, de Canarias, y Ramón Cazañas, nombrado jefe de Melilla por José Antonio y quien intentó canjearle por familiares del general Miaja. González de Canales pidió a Pérez de Cabo que resolviera el problema de financiación. La solución le costó la vida.

Armando Romero indica que fue el general Varela, deseoso de acabar con la «insolencia falangista» quien descubrió la acción de Pérez de Cabo y forzó su juicio y su condena a muerte. En la misma página de un periódico que anuncia su ejecución, se publica la concesión de una medalla al valor por su heroísmo en la guerra. Pérez de Cabo buscaba dinero para la Junta Política clandestina. «Debe tratarse de uno de los pocos casos en que una infracción administrativa se saldaba con la pena capital»{8}. En la pugna entre militares y falangistas, éstos pagaban con la muerte. En 1942 Narciso Perales y Patricio González de Canales vuelven a ser detenidos. Otros falangistas lo pasarán peor.

El 16 de agosto de ese año en el Santuario de Nuestra Señora de Begoña de Bilbao el bilaureado general Varela asiste a Misa en sufragio por las almas de los requetés muertos del Tercio Nuestra Señora de Begoña en la Guerra Civil. Los hombres con boinas rojas son centenares. Después de la misa, los carlistas se reunieron fuera de la iglesia coreando consignas monárquicas y cantando estribillos antifalangistas, se oían gritos de «¡Viva el Rey!», «¡Viva Fal Conde!», «¡Abajo el Socialismo de Estado!», «¡Abajo la Falange!», e incluso dijeron haber oído los falangistas «¡Abajo Franco!». Tres falangistas bilbaínos paseaban con sus novias por las inmediaciones. Berastegui, Calleja y Mortón. Ante la algarabía tradicionalista, gritan «¡Viva la Falange!», y «¡Arriba España!», lo que los carlistas tuvieron por provocación, enzarzándose en una ensalada de golpes. Pasaron por la zona otros cinco falangistas, que acudían a Archanda, para ir después a Irún, a recibir a algunos repatriados de la División Azul. Eran Jorge Hernández Bravo, Luis Lorenzo Salgado, Virgilio Hernández Rivaduya, Juan José Domínguez, Roberto Balero y Mariano Sánchez Covisa. Al pasar por Begoña, apercibidos de la paliza que les daban los carlistas a sus camaradas, por inferioridad numérica, ante los gritos de las novias, acudieron en su ayuda. Juan José Domínguez dispersó a los carlistas tirando dos granadas. Los falangistas fueron a denunciar los hechos en la comisaría de Policía. Y los carlistas hicieron lo mismo, cargando la mano, al acusar a los falangistas de «ataque al Ejército», por la presencia de Varela, quien, en el vestíbulo del hotel Carlton de Bilbao prometió: «Se hará justicia. Yo me encargo de ello».

En el juicio se tuvo en cuenta el hecho de que los veteranos falangistas estuvieran presentes allí y de que llevasen armas, incluidas granadas de mano, «indicaba su intención premeditada de provocar disturbios»{9}. Uno de ellos, Juan Domínguez, inspector nacional del SEU, lanzó una granada que no explotó y, a continuación, otra que explosionó e hirió a varios de los presentes. Alfredo Amestoy cifra el resultado en «70 heridos leves, carlistas en su mayoría. El general Varela, presente, se adjudicó sin razón ser él el objetivo del supuesto atentado». «Los falangistas Domínguez y Calleja, que han sido detenidos, son dos ex divisionarios que han ido expresamente a cazarle (…) Varela habla con varios colegas de armas que están en sintonía y extraen la conclusión de que el momento es oportunísimo para asestar el golpe de gracia a la Falange» (Palacios 1999: 387) Varela aprovechó el incidente como una oportunidad para acusar a la Falange en general y a Serrano Suñer en particular. Explicó el caso como un ataque falangista contra el Ejército, envió a tal efecto un comunicado a los capitanes generales de toda España, sin consultar con Franco. Varela y otros generales exigían una compensación inmediata, hasta el punto de que la conversación grabada entre Varela y Franco fue tan exaltada que sobrepasó los límites de las buenas maneras. En ella Varela acusa a Franco de no gritar nunca «Viva España» a lo que el Generalísimo le contesta: «Porque doy el ‘Arriba España’ (…) es un grito más dinámico (…) mientras que el ‘Viva España’ es un grito decadente».{10}

Los carlistas agrandaron las cifras a 117 heridos, tres de ellos graves, 25 con pronóstico reservado y cuatro de ellos muy graves de los que, más tarde, murieron tres a consecuencia de las heridas recibidas: Francisco Martínez Priegue, Roberto Mota Aranaga y Juan Ortuzar Arriaga.

El general Castejón, al que Varela presenta como camisa vieja lo que niega el propio Franco, presidió el consejo de guerra y firmó la sentencia el 24 de agosto. El resultado fue la condena de los falangistas Hernando Calleja, subjefe provincial de FET de Valladolid; Juan Domínguez, inspector nacional del SEU; Hernández Rivadulla, periodista, y Mariano Sánchez Covisa, excombatiente de la División Azul. Dos de ellos fueron condenados a muerte, el vieja guardia de Valladolid Hernando Calleja Calleja y Juan José Domínguez. Calleja salvó la vida por ser caballero mutilado de guerra.

Los esfuerzos llevados a cabo por figuras relevantes de la Falange, como Narciso Perales, Miguel Primo de Rivera, Girón, Valdes, Guitarte, Ridruejo, Tovar e incluso por el führer Hitler, que concedió a Domínguez una prestigiosa condecoración alemana, no sirvieron para salvar la vida del falangista, al que se llegó a difamar como espía de Inglaterra. De nada le valió a Domínguez su calidad de ‘vieja guardia’, muy activo en la creación del falangismo andaluz. «En Sevilla, Narciso Perales y Juan Domínguez ponían a punto una sección local, integrada por una treintena de estudiantes, que se revelaría enseguida de las más activas de la naciente Falange»{11}. Tampoco le tuvieron en cuenta los servicios prestados en ocasiones señaladas, antes de la guerra, como el tiroteo de Aznalcóllar, donde Narciso Perales y él habían arrebatado la bandera enemiga en el ayuntamiento de Aznalcóllar, rescatando a la par a varios camaradas, en medio de una refriega de tiros del 9 largo. Durante la guerra, Domínguez pasó repetidas veces de una zona a otra en la Guerra Civil, en misiones de información{12}.

El 20 de agosto de 1942 Franco presidió una concentración falangista en Vigo. En ella habló de peleas mezquinas, de torpes luchas entre hermanos y se refirió a que en España intentan retoñar pasiones y miserias. Tres días después en La Coruña, el mismo Franco se pregunta: «Camaradas del Ejército y de la Falange, ¿habrá diferencias que puedan desunirnos?». Evidentemente las había{13}. Los militares tenían a uno de los suyos en el poder y no lo querían compartir; los falangistas habían sido la vanguardia en la lucha contra la sangrienta república y ponían la forma que vestía al nuevo Estado y algunos creían que también aportaban parte de la esencia.

Serrano Suñer cuenta que le dijo a Franco: «Desde luego es intolerable que la intervención irresponsable de media docena de falangistas en una concentración en la que se grita ‘¡Viva el rey!’ y hasta –creo– algún ‘¡Muera Franco!’, se presente como una pugna entre la Falange y el Ejército […] A ese chico no se le puede matar. Ya sé que por mucho que allí se gritara a favor del rey, eso no le autoriza a tirar una bomba. Pero no ha habido muertos, él no es más que un alocado idealista, y lo hizo además porque creía que iban a matar a un compañero. Hay que castigarlo, sin duda, pero el castigo no puede ser la muerte». Lo fue.

Cuando el obispo de Madrid le pidió al Caudillo clemencia para Juan José Domínguez, Franco le contestó enigmático que tendría que condecorarlo pero ha de ejecutarle.

El 1 de septiembre de 1942 Domínguez fue fusilado. Cuando ya estaba en capilla le permitieron coger a su hija Mari Celi, que a los cuatro meses era tan pequeña que pudo pasar entre dos barrotes de la celda. Alentó Juan José a su viuda, una gallegoleonesa del pueblo de Cacabelos, y le comunicó que seguía firme en su fe y moriría brazo en alto.

«Cuando fue colocado ante el piquete de ejecución, en el verano del 42, Juan José Domínguez cantaba el Cara al sol […]. Fue el mismo día que Hitler concedía al ‘mártir’, acusado en España de ser espía británico, la Cruz de la Orden del Águila Alemana»{14}. Acaso sea un factor más que impulsó al general Varela a exigir dureza. El militar, que llegó de soldado a capitán general, era más carlista y anglófilo tras su matrimonio con la tradicionalista millonaria vasca Casilda Ampuero.

La Falange de Bilbao –más mujeres que hombres, como ha contado la viuda de Juan José Domínguez– se hizo cargo del cadáver del falangista, estuvo allí enterrado hasta que la familia lo llevó a una sepultura propia, en el cementerio del pueblo madrileño de Galapagar.

Serrano Suñer lo explicaba así poco antes de morir: «Lo de Begoña fue un suceso lamentable, pero no hubo ni fuerza ni unión ni para salvar a Domínguez ni para mantener el poder. En aquel momento vivíamos con un dinamismo trepidante, pero Franco, en seguida, se dio cuenta de que esos falangistas que parecían tan intransigentes, los Arrese, los Fernández-Cuesta, los Girón, venían a comer de la mano. Y ése fue el principio del fin. El gran amigo de todas las horas, Dionisio Ridruejo, dimitió de todos sus cargos el 29 de agosto y lo mismo hizo Narciso Perales, Palma de Plata y el tercer hombre en el mando de la Falange después de José Antonio y Hedilla. Fue por eso por lo que yo propuse que la Falange fuera ‘dignamente licenciada’» (Amestoy 2002).

Celia Martínez, la viuda de Domínguez, reconoce: «Narciso Perales se movió lo indecible, pero con su dimisión el día 29, por la pena de muerte a mi marido, ya no tuvo influencias. Incluso fue confinado». En 1942, siendo gobernador civil de León, Perales dimite y es desterrado durante más de un año en el Campo de Gibraltar. Desde allí maniobra para espiar la base británica de Gibraltar y analiza la posibilidad de volar el polvorín. La rebeldía contra Franco y la exigencia de llevar a cabo el proyecto nacionalsindicalista tenía aliados evidentes y no entre los anglosajones. Hicieron planes audaces y limitados dada su capacidad. Como dijimos, en 1943 Perales intervino en sabotajes en Gibraltar que costaron la vida de dos jóvenes españoles de 23 y de 19 años como vimos en el epígrafe anterior «División Azul».

La bomba de Begoña se politizó íntegramente. Por un lado estaban los que rodeaban a Franco, en especial Arrese, que pensaban que había que castigar al camisa vieja para complacer al Ejército. Por otro, la gente de Girón, entonces y siempre el rebelde Narciso Perales. Algunos jefes del carlismo franquista y del falangismo militante, como protesta, abandonan las filas de FET y de las JONS.

Hay otros casos de falangistas muertos en la inmediata postguerra. Son casos de lenta investigación. «José Fernández Fernández, Vieja Guardia de la Falange, Medalla Militar Individual, asesinado el 28 de agosto de 1942, contra las tapias del cementerio de Alía, junto con sus padres y otros vecinos de las localidades de La Calera y Alía (Extremadura), por cuestionar la autoridad del entonces teniente coronel de la Guardia Civil, Manuel Gómez Cantos, al intentar evitar que fusilara a toda aquella gente».{15} Estos casos evidencian que los roces fueron muchos. De forma especial cuando los falangistas empezaron a comprender que las promesas postbélicas de un Estado nacionalsindicalista eran como la definición del horizonte: una línea imaginaria que a medida que uno se acerca, se va alejando. El poder lo detentaban quienes tenían las armas y Franco sobre todos.

«La desradicalización que estaba llevando a cabo [José Luís] Arrese entre las bases de la Falange era un proceso lento y progresivo que necesitaría algunos años para completarse. Mientras tanto, seguía creciendo el resentimiento de los oficiales hacia los falangistas en general y Serrano en particular. Algunos de los generales más abiertos le exigieron personalmente a Franco que echara a su cuñado del Gobierno. Los falangistas radicales mantuvieron reuniones subversivas con los oficiales del Partido Nazi, mientras generales destacados comentaban entre ellos sobre la necesidad de llevar a cabo cambios básicos en el Gobierno español. El General Antonio Aranda, el mayor entrometido de la comandancia, alardeaba con los diplomáticos británicos –de quienes, al parecer, recibió enormes sobornos– de ser el líder de una ‘junta de generales que planeaba derrocar a Franco’, aunque no hay duda de que era una exageración»{16}.

Para Franco los falangistas seguían comportándose como niñatos a quienes gustaban las broncas y las bravuconadas. Así se lo expresará con desprecio el Caudillo a su médico personal: «Vicente, los falangistas, en definitiva, sois unos chulos de algarada»{17}. Para Franco todas estas algaradas azules no harían sino deteriorar más el prestigio de España en el exterior. A principios de ese mes, Franco había desencadenado la crisis ministerial. El 2 de septiembre de 1942, siguiendo la táctica fernandina de ‘golpe al burro negro y golpe a burro blanco’, el Caudillo había cesado a Valera en el Ministerio del Ejército, a Galarza en Gobernación y a Serrano en Asuntos Exteriores{18}. Franco eliminaba las presencias más molestas cuando era necesario acercarse a los Aliados y también se deshacía de las espigas más altas de su Gobierno, oyendo los tañidos de la campana de Huesca. En el caso de Serrano también pesó su adulterio abierto y fructífero. Varela como ministro del Ejército y Galarza de Gobernación habían manifestado excesiva independencia en una dictadura cuando tras el incidente de Begoña despacharon mensajes a los capitanes generales y gobernadores civiles de toda España sin consultar con Franco.

Por el referido fusilamiento, como quedó dicho, dimitieron los falangistas Narciso Perales y Dionisio Ridruejo. Éste había escrito al comprender la diferencia entre el partido real y la promesa azul: «La Falange (…) no es ni siquiera una fuerza. Está dispersa, decaída, desarmada, articulada como una masa borreguil (…) De la ‘Falange esencial’ no me voy»{19}. Franco quiso dar satisfacción a los camisas viejas, comprendía que el fusilamiento había sido necesario para calmar a sus compañeros de armas pero se estaba produciendo un terremoto en el partido único. Nombró a Blas Pérez González, amigo de José Antonio Girón, para sustituir a Galarza en las responsabilidades de interior. «El elegido para Gobernación no se quitaba el uniforme de Falange ni para dormir y era amigo de Girón» (Merino 2004). Blas Pérez González había sido catedrático de Derecho en la Universidad de Barcelona y era comandante del Cuerpo Jurídico Militar. «Varela era más difícil de sustituir y Franco terminó por poner en su puesto al general Carlos Asensio, que era proalemán, pero muy leal y eficaz»{20}. Por consejo de Carrero Blanco, para evitar la imagen de una crisis con vencedores y vencidos, también fue destituido Serrano Suñer el dos de septiembre de 1942, que dejó de ser ministro de Asuntos Exteriores y presidente de la Junta Política de FET.

Los sinsabores de los falangistas no habían acabado ese año. Rafael García Serrano, voluntario falangista navarro, ganó el premio nacional de literatura ‘José Antonio Primo de Rivera’ con su novela La fiel infantería, sobre la vida en los frentes. A pesar del galardón recibido su obra fue censurada por el clero. Fue editada, casi completa, en 1964, unos 22 años después.

Aunque no quedan huellas aparentes en los periódicos de la época de las actuaciones falangistas rebeldes, sí las hay en los expedientes gubernativos. «La existencia de rebeldes falangistas en torno a una ‘Falange Auténtica’ queda demostrada por los intentos de reprimirla desde el Ministerio de Gobernación. En 1943, el antifalangista Galarza cursaba al Ministro Secretario General un escrito en el que se interesaba por las relaciones entre miembros de una denominada ‘Falange Auténtica’ y la Secretaría General del Movimiento, ya que se iba a proceder contra aquéllos».{21} La represión no fue multitudinaria. Los reclusos falangistas fueron concentrados en la prisión de Alfaro, en Logroño. Los militantes detenidos en otras cárceles estaban acusados de delitos comunes, como fue el caso de Pérez de Cabo.

No sería el único año de la represión contra los falangistas revolucionarios, que Franco había iniciado en 1937, pero sí fue el año en que los camisas azules cayeron en el paredón de los nacionales, a la par que el Estado seguía usando el acompañamiento coreográfico nacionalsindicalista.

Gustavo Morales

Notas

{1} Entrevista a Siro de Verónica Viñas, en:
www.diariodeleon.es /reportajes/noticia.jsp?CAT=3D345&TEXTO=3D4306775].

{2} Gonzalo Garcival, «El hermano falangista de Durruti», Crónica El Mundo, 1º abril 2007.

{3} foros.diariovasco.com/foroshist/read.php?v=3Dt&f=3D2&i=3D90346&t=3D90346

{4} Testimonios perso.wanadoo.es/jorgegroj/testimonios.htm

{5} José Antonio Primo de Rivera, Obras Completas
www.rumbos.net/ocja/jaoc0137.html

{6} José Antonio Primo de Rivera, Obras Completas, pag. 648/649, www.plataforma2003.org/diccionario-falange/diccionario_p.htm.

{7} Francisco Blanco, ‘La proyección de la Falange en México’, El Rastro de la Historia, nº 11. [www.rumbos.net/rastroria/rastroria11/lindo_querido.htm].

{8} Francisco Blanco, «Hacia una historia del FES», El Rastro de la Historia, nº 14. [www.rumbos.net/rastroria/rastroria04/Historia_FES_III.htm].

{9} Diccionario falangista
www.plataforma2003.org/diccionario-falange/diccionario_b.htm#begoña,atentado

{10} La conversación está recogida por Laureano López Rodó en el anexo de La larga marcha hacia la monarquía. Aparece extractada en La España totalitaria de Jesús Palacios.

{11} Julio Gil Pecharroman, José Antonio Primo de Rivera, retrato de un visionario, Temas de Hoy, Madrid 1996, página 179.

{12} ‘Juan-José Domínguez: falangista fusilado por Franco’, El Rastro de la Historia, nº 12 [www.rumbos.net/rastroria/rastroria12/dominguez_.htm].

{13} Laureano López Rodó, La larga marcha hacia la monarquía, Plaza & Janés, Barcelona 1979, pág. 31

{14} Alfredo Amestoy, ‘El falangista que fusiló Franco’, El Mundo (1/09/2002) [www.el–mundo.es/cronica/2002/359/1030952812.html].

{15} El ave fénix maldita [www.falange-autentica.org/article.php?sid=3D299].

{16} Stanley G. Payne, ‘Tensión política interna. España época: primer franquismo 1942 Franco y la Segunda Guerra Mundial’,
http://www.artehistoria.jcyl.es/histesp/contextos/7386.htm

{17} Vicente V. Gil, Cuarenta años junto a Franco, Planeta, Barcelona 1981, página 31.

{18} César Vidal, «Enigmas de la historia y 4. ¿Intentó Hitler derribar a Franco?», revista.libertaddigital.com/articulo.php/1275767536

{19} Jesús Palacios, La España totalitaria. Las raíces del franquismo: 1934-1946, Planeta, Barcelona 1999, pág. 396-398.

{20} Heleno Saña, El franquismo sin mitos, Ediciones Grijalbo, Barcelona 1982, pág. 267.

{21} Francisco Blanco et al «Hacia Una Historia Del F.E.S. (II)» El Rastro de la Historia, nº 3, [www.rumbos.net/rastroria/rastroria03/historia_FES_II.htm].


Article printed from Altermedia Spain: http://es.altermedia.info

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lundi, 17 septembre 2007

Prise de Melilla

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Prise de Melilla

17 septembre 1497 : Les troupes du Roi de Castille, commandée par le Duc de Medina-Sidonia, débarquent sur le sol nord-africain et prennent la ville de Melilla, toujours espagnole depuis, malgré les tentatives insidieuses du Maroc de la reprendre. L’impératif géopolitique d’une Europe rendue à elle-même serait de défendre bec et ongles, et en bloc, la souveraineté espagnole sur ce territoire.

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1941: viol de la neutralité iranienne

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Viol de la neutralité iranienne

17 septembre 1941 : Après le viol de la neutralité iranienne par les Britanniques et les Soviétiques, qui occupaient seulement le nord du pays (région de Tabriz) et les champs pétrolifères du sud depuis le 25 août, la capitale Téhéran est investie le 17 septembre et les chars anglais s’approchent du palais du Shah. Les troupes iraniennes ne peuvent qu’opposer une résistance symbolique (comme à Kerman dans le centre du pays contre les divisions indiennes de l’armée britannique). Les envahisseurs forcent le Shah à abdiquer en faveur de son fils, qu’ils espèrent manipuler à leur guise. Le Shah Reza Khan mourra misérablement en exil en Afrique du Sud, où l’on refusera de le soigner d’un cancer. Les Britanniques éliminent ainsi un adversaire tenace, qui n’entendait pas leur laisser une mainmise totale sur les pétroles perses. L’occupation de l’Iran procurera aux alliés la victoire sur l’Allemagne. Et pas uniquement grâce à ses réserves de pétrole. C’est en effet par le territoire iranien que transiteront les fournitures de matériel lourd aux troupes soviétiques, via le nouveau chemin de fer transiranien, créé par Reza Khan et amélioré rapidement par des ingénieurs américains dès l’occupation du pays, via la navigation maritime intérieure sur la Caspienne et la navigation fluviale sur la Volga et les canaux qui relient son bassin aux lacs Ladoga et Onega, puis ceux-ci à la Mer Blanche, à l’Arctique et à l’Atlantique. Les Alliés disposent d’une voie ininterrompue qui part des Etats-Unis à l’Océan Indien, en passant par la Russie et l’Iran. Seule la prise de Stalingrad aurait permis aux Allemands de rompre cette continuité territoriale et stratégique. C’est pourquoi la bataille, dont cette ville fut l’enjeu, a été véritablement cruciale.

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Pays-Bas: guerre de religions

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Mouvement Identitaire Démocratique – Bruxelles – septembre 2007

 

Pays-Bas : en pleine guerre de religions

Réflexions hétérodoxes sur le relativisme occidental et l’absolutisme axiologique islamique

 

Note à l’adresse des lecteurs wallons : Encore une réflexion issue du « ‘t Pallieterke » d’Anvers, qui tient, chaque semaine, une rubrique sur la Wallonie, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Dans la rubrique consacrée aux Pays-Bas, nous pouvons suivre l’essentiel de la politique néerlandaise, grande inconnue de notre presse subsidiée, alignée et muselée, qui a toutefois le culot de se prétendre la plus démocratique de la planète. On nous parle à satiété du Congo, d’ex-colonies françaises très éloignées de nos préoccupations quotidiennes, de dictateurs exotiques qu’il convient de fustiger avant chaque repas, fût-il le plus frugal, de méchants fascistes qu’il faut exécrer de toutes nos tripes et qui sévissent en Hongrie ou en Russie, etc. mais on ne nous dit rien de la politique allemande ou néerlandaise, scandinave ou centre-européenne, on ne nous pipe mot des mouvements de fonds qui secouent la Grande-Bretagne, comme l’indépendantisme gallois ou écossais. C’est la raison majeure qui nous a poussé à traduire ce premier article de la rubrique néerlandaise du « ‘t Pallieterke », intitulée « Den Vaderlandt ghetrouwe » (inspiré de l’hymne national néerlandais dans sa graphie du 16ième siècle).L’intérêt de cet article est de nous faire entrevoir une approche para-théologienne de la politique, inconnue chez nous, et qui mérite pleinement l’attention du politiste ou du militant engagé.

 

Aux Pays-Bas règne non seulement une effervescence politique mais aussi une non moins remarquable effervescence religieuse. Car la religion aux Pays-Bas est tributaire de l’identité culturelle de la nation. Jadis, les choses y étaient simples. D’un côté, il y avait les protestants dans toutes leurs diversités. De l’autre, on avait les catholiques qui formaient une unité monolithique. Dans le meilleur des cas, les deux communautés vivaient séparées, du berceau au tombeau, véritable apartheid de fait, dans un état de guerre froide perpétuelle. Dans le pire des cas, les protestants cassaient la figure aux catholiques. Cette différence religieuse n’était pas seulement de nature historique : une cassure géographique existait tout aussi clairement. Même longtemps après la deuxième guerre mondiale, on pouvait tracer une ligne droite sur la carte du pays, de Hulst en Flandre zélandaise jusqu’à Almelo dans la province d’Overijssel. Tout ce qui était au nord de cette ligne était protestant, tout ce qui se trouvait au sud était « papiste ». Une partie de la Zélande, le Brabant septentrional, le Limbourg néerlandais, le Pays de Gueldre et l’Overijssel étaient catholiques romains. Les autres provinces ne l’étaient pas. Seulement dans les provinces de Hollande septentrionale, de Hollande méridionale et d’Utrecht on pouvait trouver, ci et là, quelques enclaves catholiques dans des régions rigoureusement protestantes. A cela s’ajoutait des communautés juives plus ou moins importantes qui vivotaient, sans trop se faire remarquer, entre les deux grandes confessions des Pays-Bas.

 

Cette ligne de démarcation religieuse n’existe plus de nos jours : elle s’est transformée en ligne de démarcation culturelle. Mais, en réalité, les conceptions religieuses et culturelles sont partout les mêmes aujourd’hui. Tant le protestantisme que le catholicisme néerlandais ont perdu leurs aspérités doctrinales et se sont fondus dans une sorte de relativisme hollandais généralisé, qui s’insurge contre toute pensée dogmatique et qui ressemble, comme deux gouttes d’eau au libéralisme juif contemporain. Jusqu’il y a peu, ce relativisme culturel échevelé était le produit d’exportation le plus connu des Pays-Bas. Ce relativisme culturel est l’aboutissement de la révolution protestante portant sur les normes et les valeurs, une révolution qui avait commencé au 16ième siècle pour se terminer provisoirement, mutatis mutandis, dans les dernières décennies du 20ième.

 

Les Pays-Bas ne reconnaissent donc plus aucune valeur ni norme. En témoignent la légalisation sur l’avortement, l’euthanasie et le mariage homosexuel. Mais simultanément, le relativisme culturel, et partant, religieux, des Pays-Bas a été ébranlé dans son sommeil paisible au cours des trois dernières décennies. Par l’arrivée massive de travailleurs immigrés venus de pays islamisés, les Pays-Bas sont devenus l’arène où se déroule, de fait, une guerre de religion entre le relativisme et l’absolutisme axiologiques dans le monde de la culture et, par voie de conséquence, sur le terrain religieux. Pendant la première décennie de présence musulmane aux Pays-Bas, on n’a pratiquement rien remarqué de l’intolérance islamiste. Le nombre d’immigrants n’était pas fort important et leur présence avait le goût de l’exotisme et de la nouveauté. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. La majorité des Néerlandais ne sont plus croyants. La plupart d’entre eux sont conscients de leur athéisme ou agnosticisme et l’affirment sans baisser les yeux et sans rougir. Mais beaucoup de Néerlandais engagés dans des cercles religieux militants chrétiens, protestants ou catholiques, ont une position plus ambiguë, car leur christianisme s’est si édulcoré qu’il n’est finalement plus qu’une maigre couche d’un vernis résiduaire bien estompé.

 

Une guerre culturelle

 

Face à ces chrétiens, toutes confessions confondues, la communauté musulmane des Pays-Bas est bien consciente de son identité religieuse. Si la première génération de travailleurs immigrés ne constituait encore qu’une minorité insignifiante, et ne cultivait aucune ambition culturelle ou sociale, la génération actuelle fait entendre bruyamment sa voix. Le catholicisme, dans ce contexte, peut aligner, en théorie, le chiffre de 4,5 millions de croyants et le protestantisme, dans sa luxuriante diversité, un peu plus de 2,5 millions ; ces chiffres sont cependant trompeurs. Car ces protestants et catholiques ne se différencient guère, sur le plan du relativisme culturel, des 43% de Néerlandais qui se déclarent incroyants. Tous, incroyants, catholiques ou protestants, sont des moutons dociles qui ne croient même pas à ce qu’ils affirment haut et fort à l’occasion, et ne font pas le poids face au gros million de musulmans du pays. Je ne veux pas dire que ces musulmans sont tous des fondamentalistes islamistes, mais la grande majorité d’entre eux sont tous simplement des croyants et inscrivent leurs existences dans un cadre de normes et de valeurs absolues.

 

Si l’on suit l’actualité politique néerlandaise, comme le font les rédacteurs de cette rubrique hebdomadaire, on constate que la situation ou les événements ponctuels sont bel et bien le reflet de ce choc entre un relativisme autochtone généralisé et un absolutisme axiologique allochtone. Depuis des siècles, les Pays-Bas se posent comme l’avant-garde d’un libéralisme culturel universel. Aujourd’hui, rien n’a changé sur ce chapitre, sauf que la présence des immigrés musulmans donne lieu à une nouvelle lutte qui est essentiellement spirituelle et religieuse. Le relativisme culturel est omniprésent et omnipotent aux Pays-Bas depuis que Luther et Calvin, par la réforme qu’ils ont initiée, côté protestant, et depuis qu’un théologien ultra-moderniste comme Schillebeeckx flanqué de ses acolytes et successeurs, embrayent, côté catholique, sur les aggiornamenti de Vatican II, ont sapé les assises de toute forme de pensée dogmatique en religion. Des phénomènes comme le « Mouvement du 8 mai » ou la récente offensive dominicaine aux Pays-Bas contestent désormais le caractère sacramental de la prêtrise : voilà bien une illustration claire que le travail de sape continue. L’islam radicalisé, pour sa part, n’a pas subi un tel travail de sape et conserve sa croyance en des valeurs fondées dans l’absolu. La confrontation entre relativisme et absolutisme axiologique a donc lieu, aujourd’hui même, aux Pays-Bas, avec une acuité plus forte qu’ailleurs. Le climat social, chez nos voisins du Nord, présente déjà nettement des caractéristiques proto-révolutionnaires. Le combat réel n’a certes pas encore commencé, mais une chose est d’ores et déjà certaine : les Bas Pays près de la Mer du Nord vont redevenir le théâtre de guerre où des combats décisifs vont se livrer.

 

« BiM ! »

(article paru dans « ‘t Pallierterke », Anvers, 12 septembre 2007).       

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dimanche, 16 septembre 2007

Prise d'Antequera

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Prise d'Antequera

16 septembre 1410 : Don Fernando, Régent de Castille, avait lancé, pendant l’été 1410, une offensive contre les Maures de Grenade. Le 16 septembre, la place d’Antequera tombe aux mains des forces castillanes, libérant ainsi une nouvelle portion du territoire européen de l’emprise mauresque. Cette bataille marque le début de l’expansion espagnole en Méditerranée. Le prise d’Antequera permet aux Castillans d’engranger de la puissance et de repartir très vite à l’offensive, en direction du bassin occidental de la Méditerranée, car, en 1412, le fils de Don Fernando, Alphonse, reçoit Naples en fief et, en 1415, les Portugais débarquent sur les côtes marocaines et s’emparent de Ceuta, qui passera plus tard à l’Espagne, qui a gardé la place jusque aujourd’hui, place que lui conteste le Maroc. Dans cette affaire très actuelle, qui date de six siècles, l’Europe légitime doit appuyer l’Espagne sans conditions.

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La escuela de mistica fascista

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Antonello Patrizi

La escuela de mistica fascista

En los primeros días de abril de 1930 Niccolò Giani funda en Milán, junto a un grupo de jóvenes mayoritariamente universitarios, la Escuela de Mística Fascista: “Para la gran mayoría de nuestros compañeros –escribía Giani- nuestra revolución era contemplada con relación a sus logros concretos, el aspecto profundamente espiritual del fascismo se les escapaba en todo o casi. Frente a tal petrificación de nuestra revolución nos levantamos” (1)

La Escuela (que se autotituló Sandro Itálico Mussolini hijo de Arnaldo Mussolini prematuramente desaparecido) se proponía “difundir mediante conferencias y publicaciones, los principios conformadores de la Mística Fascista y su realización especifica” (2).“No busquéis más allá –escribía Giani director de la Escuela hasta 1941- mirad el fascismo, preparaos para conocerlo y lo amareis, estudiadlo y se convertirá en vuestra idea. No será para vosotros una cadena sino un vínculo de amor que enlace con un estadio más grande para la humanidad. Será para vosotros y para todos la aurora de un nuevo día”.(3)

La actividad de los jóvenes místicos se centraba en reuniones públicas, abiertas a todos “puesto que –afirmaban- el Fascismo es apostolado al que todos pueden acercarse con corazón sincero para sentir la belleza y tomar conciencia de la altura de la misión que la providencia ha confiado al Duce”(4). Inspirador del grupo de jóvenes de la Mística fue Arnaldo Mussolini (5) que con el discurso Conciencia y deber, pronunciado durante la inauguración del tercer año de la escuela, suministró a los jóvenes místicos lo que consideraron su manifiesto ético-político, “el espíritu que os anima –había afirmado Arnaldo Mussolini- está en perfecta sintonía con el transcurrir del tiempo que no conoce barreras ni límites críticos; Mística constituye una llamada a una tradición ideal que revive transformada y recreada dentro de vuestro programa de jóvenes fascistas renovadores. […] Para nosotros el problema de los jóvenes es una cuestión de formación sólida del carácter y para vosotros los jóvenes se resume en la indisoluble unidad de este binomio: conciencia y deber. […] El mañana debe ser mejor que el hoy. En una palabra, vosotros debéis ser mejores que nosotros. No me disgusta ver en vosotros a jueces severos e intransigentes con cosas y personas. […] Las cuestiones de estilo incluso en asuntos menores deben tener para vosotros una importancia singular, esencial. Todo joven fascista debe sentir el orgullo de su juventud unida al sentido de sus propios límites […] cualquier mácula en el estilo, estará siempre fuera del espíritu y fuera de los hábitos fascistas. Las miserias no son dignas del siglo veinte. No son dignas del Fascismo. Nos son dignas de vosotros”.(6)

El culto al Duce, como fundador y máximo intérprete del fascismo y de su misión histórica, se colocó en el centro de la actividad de las Escuela de Mística Fascista. “Toda auténtica revolución mundial –escribía Giani- tiene su mística, que es su arca santa, es decir el conjunto de ideas-fuerza que están destina a desplegarse y actuar sobre el subconsciente de los hombres. La Escuela ha surgido precisamente para extraer del núcleo del pensamiento y de la acción del Duce estas ideas-fuerza. La fuente, la única, exclusiva fuente de la mística es de hecho Mussolini, solamente Mussolini. ¿Es que acaso ignorando o no conociendo a fondo el pensamiento del Duce se puede afirmar que se es fascista? Nosotros decimos que no. Que el fascismo no es instinto sino educación y por ello es conocimiento de su mística, que es conocimiento de Mussolini”(7) En el estudio de Mussolini, único y auténtico “evangelio del fascismo”, los jóvenes de la mística encontraban todas las respuestas, “solo Su palabra puede dar respuesta exacta y perfecta a nuestras dudas, puede aplacar nuestras ansias, puede disipar nuestras dudas. He aquí por qué razón Sus actos y Sus discursos deben ser nuestro viático cotidiano, nuestro breviario de cada día, la respuesta rápida a todas nuestras angustias secretas. He aquí por qué los jóvenes debemos tenerlo siempre cerca y estudiarlo con amor, conocerlo sin lagunas, profundizando en él sin descanso. […] Dudas y pesimismo, miedos e incertidumbres desaparecen cuando se abre la página correcta y se lee el pensamiento preciso del jefe. Esta alegría y esta riqueza deben ser generales: es lo que queremos; y para ello debemos lograr la exposición orgánica de todo Su Pensamiento y de toda Su Acción”(8).

La fe se consideraba por los “místicos” como uno de los principales valores de la militancia política, Giani “fue sobre todo un creyente y un intransigente.. Algunos podrían denominarlo un fanático […]. Su espíritu se rebelaba contra cualquier forma de compromiso; en el terreno de la fe no admitía componendas; lo bello, lo bueno, lo verdadero están a un lado de la trinchera; en el otro lado lo feo, el mal, la mezquindad”.(9) Los jóvenes de la mística se sentían parte de una orden religiosa, de hecho en la consigna dada a la Escuela por Mussolini había dicho de ellos: “La mística es más que partido orden. Quien forma parte de ella debe estar dotado de un gran fe. El fascismo debe tener sus misioneros, es decir que sepan persuadir de la intransigencia de la fe. Es la fe la que mueve –literalmente- las montañas. Esta podría ser vuestra consigna.”(10).

Fueron frecuentes los llamamientos desde la Escuela para combatir el espíritu burgués en todas sus formas: “rechazamos –escribía Giani- con todas nuestras fuerzas a aquellos que querrían sofrenar la Revolución reduciéndola a diligente y disciplinado guardián de sus pequeñas o grandes, pero siempre miserables, fortunas, olvidando que al Fascismo hay que servirle y no servirse de él […] Señalemos a los temerosos, a los remolones, a todos los que en la revolución han visto y continúan viendo solamente al carabinero que debe garantizar su respetuosa tranquilidad doméstica”.(11)

Tenía –según Daniele Marchesini- “una actitud intolerante ante todo cuanto no fuese fanáticamente ortodoxo y se opusiera a la realización de un fascismo revolucionario. Mantenía […] una polémica llevada con sinceridad, honestidad y buena fe contra el “arribismo” y el “conformismo”, contra una jerarquía esclerotizada por la burocrática mentalidad de las media tintas” (12). Los jóvenes de la mística debían formar a los hombres, a los hombres nuevos, a los italianos de Mussolini, “solo cuando un valor –escribía Giani- o un principio se hace connatural hasta el punto de convertirse exigencia irrevocable, o sea estilo, es históricamente operativo. Y el estilo, solamente el estilo es revelador de la capacidad de los hombres nuevos y el estilo distingue realmente al fascista”(13). La mística debía representar no una “concepción cultural”, sino de un modo de vivir fascista, “no quiere suministrar cultura, ni doctrinarismo, sino que ellas es y quiere ser maestra de vida: que todo vuelve a los hombres, ha dicho Mussolini” (14).

“Somos de los místicos –afirmaba Giani en el Encuentro nacional organizado por la Escuela en 1940 sobre el tema “Por qué somos de los místicos”- porque somos de los intransigentes, de los sectarios, si tal cosa puede decirse, del Fascismo, partisanos

por antonomasia y por ello mismo, para el burgués clásico, también absurdos […] por lo demás en lo imposible y en lo absurdo solamente no creen los espíritus mediocres. Pero cuando existe la fe y la voluntad, nada es absurdo […] La historia es y será siempre un absurdo: el absurdo del espíritu y de la voluntad que somete y vence a la materia: es decir la mística. Fascismo igual a Espíritu, igual a Mística, igual a Combate, igual a Victoria, porque creer no se puede si no se es místico, combatir no se puede si no se cree, avanzar y vencer no se puede si no se combate”(15)

El estallido de la guerra representó para los jóvenes de la Escuela el banco de pruebas de su capacitación, “una revolución –había escrito F. Mezzasoma vicedirector de la Escuela- que quiera mantenerse y perpetuarse en el tiempo tiene necesidad de poner a prueba bajo el fuego de la guerra la idea de la cual ha surgido y por la cual combate” (16). En la primavera de 1943 serán 16 los caídos (cinco las Medallas de oro) de la Escuela.Niccolò Giani cayó en Albania el 14 de marzo de 1941. Se le confirió la Medalla de Oro al Valor Militar a título póstumo por los siguientes motivos: “Voluntariamente, como ya había hecho otras veces, asumió el mando de una dura patrulla de asalto, a la cual se le había confiado una misión arriesgada. Combatiendo contra fuerzas superiores en numero, con gran coraje las atacó usando bombas de mano, haciendo prisionero a un oficial. Rodeado, dispuso con soberbia calma y decisión a sus hombres para resistir. Falto ya de municiones, se lanzó contra el enemigo a la cabeza de los escasos supervivientes, a bayoneta calada, para no ser capturados. Mientras que en pie lanzaba su última granada y arengaba a los arditi con su heroico ejemplo, al grito ¡Adelante Bolzano, Viva Italia! , cayó herido de muerte. Magnifico ejemplo de sentido del deber, de excelso valor y amor patrio.”(17) Su muerte fue coherente con el ideal de una vida entendida como sacrificio y heroísmo, era el retorno de la enseñanza de Arnaldo: “ Ser siempre entusiastas, jóvenes, lleno el espíritu de alegría, alegres de combatir y alegres de morir, para dar a este mundo que nos rodea la forma de nuestros sueños y de nuestros ideales”(18).

Antonello Patrizi
del Instituto Siciliano de Estudios Políticos de Palermo, ISSPE.

NOTAS:

(1) Libro e moschetto, 20 marzo 1930.
(2) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, Feltrinelli, Milano 1976.
(3) N. Giani, Aver coraggio, Dottrina fascista, settembre 1937.
(4) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord. N. Giani, 509017, fasc. SMF, programma della Scuola per l’ anno XI.
(5) Cfr. M.Ingrassia, L’idea di Fascismo in Arnaldo Mussolini, ISSPE, Palermo 1998.
(6) A. Mussolini, Coscienza e dovere, in Il Popolo d’ Italia, 1 dicembre 1931.
(7) Generazioni di Mussolini sul piano dell’ impero, estratto dalla rivista Tempo di Mussolini, n. 2 1937.
(8) idem.
(9) F. Mezzasoma, Niccolò Giani discepolo di Arnaldo, in Dottrina fascista, luglio 1941.
(10) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, cit.
(11) N. Giani, Aver coraggio, cit.
(12) D. Marchesini, Un episodio della politica culturale del regime: la Scuola di Mistica Fascista, in Rivista di Storia Contemporanea, n. 1 1974.
(13) N. Giani, La mística come dottrina del fascismo, in Dottrina fascista, aprile 1938.
(14) Idem.
(15) N. Giani, Perché siamo dei mistici, in Dottrina fascista, gennaio-marzo 1940.
(16) F. Mezzasoma, Il cittadino della nuova Italia, in Dottrina fascista, febbraio-marzo 1942.
(17) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord., N. Giani, busta 985, fasc. 509017/2, segreteria politica del PNF.
(18) A. Mussolini - F. Belfiori - L. Gagliardi, Arnaldo: la rivoluzione restauratrice, Settimo Sigillo, Roma 1985.

(Trad. A. Beltrán)


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samedi, 15 septembre 2007

Désintérêt pour l'Agence FRONTEX

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Andreas MÖLZER, député européen

Lettre de Bruxelles

Un scandale inouï : le désintérêt pour l’Agence FRONTEX

La lutte contre l’immigration de masse illégale ne semble jouer qu’un rôle mineur dans les priorités de l’UE. L’agence FRONTEX, mise sur pied pour protéger les frontières de l’Union, a dû annoncer qu’elle mettrait fin à ses activités en Méditerranée dans les semaines à venir. Or, c’est en septembre et en octobre que la « haute saison » commence pour les Africains qui veulent entrer illégalement en Europe. La volonté manque totalement de prendre toutes mesures efficaces contre le flux grandissant de l’immigration clandestine. C’est comme si l’on voulait faire comprendre aux immigrants potentiels que les portes de l’UE sont grande ouvertes pour eux.

Si Euro-Bruxelles ferme les yeux face à ce problème, il faudra compter sur une augmentation substantielle de l’immigration illégale. De plus, tous les efforts qui avaient été consentis au cours de ces dernières années pour protéger la frontière maritime de l’UE en face des Iles Canaries seront réduits à néant. Par exemple, sur base des observations effectuées, les autorités espagnoles ont pu constater que dans les sept premiers mois de 2007, le nombre de « réfugiés » arrivés par bateau avait diminué de plus de la moitié par rapport à 2006. Une diminution du même ordre s’observait également en Italie.

Or, une surveillance sévère des frontières en Méditerranée ne constitue qu’un premier pas. J’ai pu personnellement me rendre compte, de visu, en juillet 2007, lors d’une visite à Lampedusa, l’île italienne entre la Sicile et la Tunisie, que les camps d’hébergement pour illégaux venus d’Afrique étaient pleins à craquer. Vu l’ampleur que prennent les flux migratoires vers l’Europe, c’est donc un scandale inimaginable que l’agence FRONTEX ne puisse disposer cette année que de 40 millions d’euro. En revanche, quand il s’agit de subsidier diverses agences, créées à tour de bras et dont le sens et les objectifs sont généralement fort contestables, les cénacles dirigeants de l’UE se montrent exceptionnellement généreux. Le meilleur exemple de cette politique dispendieuse reste, à mon sens, la fameuse agence des « droits fondamentaux » de l’UE. Jusqu’en 2013, Euro-Bruxelles libérera 150 millions d’euro pour cette instance dont l’objectif principal est de fouiner partout et de faire la chasse aux opinions jugées incorrectes.

Si l’on compare les subsides colossaux encaissés par l’agence dite des « droits fondamentaux » aux fort maigres subsides accordés à FRONTEX, on constate immédiatement quelles sont les priorités de l’établissement politique de l’UE. Il faut, selon ces messieurs-dames, d’abord et avant tout satisfaire dans le réel les projets fumeux et irréalistes du « politiquement correct », tandis que la protection bien réelle et bien concrète de nos peuples, forgés par notre histoire, contre la marée ininterrompue des illégaux est considérée comme une activité indigne de l’intérêt des puissants du jour. Le comportement des Etats membres de l’UE est dès lors tout aussi scandaleux et honteux, car ils n’ont pas tenu les promesses faites à FRONTEX, comme l’a rappelé le Commissaire européen compétent, Franco Frattini.

Ceux qui veulent empêcher que dans les années et les décennies à venir le visage ethnique de l’Europe ne se modifie définitivement, doivent se rendre compte qu’il ne suffira pas d’accumuler des subsides pour protéger les frontières extérieures de l’UE, mais qu’il faudra travailler à « conscientiser » en profondeur les décideurs politiques de l’Union. Ce ne sont donc pas des cogitations oiseuses et pseudo-humanitaires qu’il faudra prendre en considération avant de légiférer et d’agir dans le combat contre l’immigration illégale en Europe, mais, plus concrètement, il faudra ne tenir compte que d’une chose : du salut et de l’avenir des peuples d’Europe, qu’il s’agit de protéger maintenant, tout de suite. Dans ce domaine, il y a bien entendu une mesure à prendre d’urgence : mettre sur pied une politique européenne de rapatriement des illégaux, à appliquer sans délais ni tergiversations.

Andreas MÖLZER.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°36/31 août 2007).

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11 septembre: l'Amérique sur le banc des accusés

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11 septembre: l’Amérique sur le banc des accusés

(Komsomolskaïa Pravda, 11 sep 07) Mardi, 130 ingénieurs et architectes d’Auckland (Californie) présenteront au Congrès américain une version des événements tragiques du 11 septembre 2001 qui risque de faire sensation. Selon eux, les tours jumelles du World Trade Center, cibles de l’attaque de deux avions pilotés par des terroristes kamikazes, se sont effondrées à la suite d’une “démolition contrôlée” au moyen d’explosifs.

“Nous arrivons à une conclusion terrifiante: l’attentat aurait pu être organisé et orchestré par quelqu’un au sein du gouvernement américain”, a déclaré Richard Gage, membre de l’Institut américain des architectes et principal auteur d’un appel à lancer une nouvelle enquête qui sera adressé au Congrès.

Les experts russes considèrent qu’il s’agit d’une version tout à fait vraisemblable.

Il ne faut pas exclure la version selon laquelle la tragédie du 11 septembre aurait été orchestrée par les services secrets américains, estime Victor Baranets, ancien conseiller du chef d’État-major général des Forces armées russes. On peut supposer que les dirigeants américains en auraient eu besoin pour justifier leur nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme. Ils auraient pu également atteindre ainsi d’autres objectifs stratégiques: pénétrer en Afghanistan et en Irak et promouvoir les idées patriotiques aux États-Unis.

L’opération aurait pu se dérouler selon un scénario mixte: des avions pilotés par des kamikazes devaient attaquer les tours déjà minées. On essaie de nous persuader que les pilotes musulmans se sont préparés à l’attaque en six mois. N’importe quel pilote vous dira qu’il est impossible de former un équipage capable d’effectuer des manoeuvres aussi complexes sur une période aussi courte. Pour cela, la formation devait durer au moins un an et demi.

Deuxièmement, il est impossible de croire que les services secrets américains n’aient pas remarqué la concentration inquiétante de pilotes musulmans au sein des équipages de Boeing, d’autant plus que les autorités parlaient constamment de la menace islamiste. Certaines personnes ont sans doute fermé les yeux sur les faits ou ont dirigé ce processus.

Mais même un scénario parfaitement bien rodé ne pouvait pas garantir le succès à 100%. L’avion qui devait attaquer le Pentagone a effectivement raté sa cible. Qui plus est, il était impossible d’apporter des explosifs au Pentagone alors qu’il était très facile de le faire dans les tours jumelles du WTC où des travaux de réparation se déroulaient en permanence. Il suffisait d’apporter quelque 400 kg de TNT ou de plastic en les faisant passer pour des matériaux de construction et de les activer au moyen d’un portable. Les tours se sont effondrées verticalement. Or elles étaient si solides que les Boeing ne pouvaient qu’en couper une partie. Cela a attiré l’attention des architectes.

On a aidé les gratte-ciels à tomber, affirme Vladimir Boulatov, ancien officier du contre-espionnage russe.

Por qué los EE.UU. no pueden atacar a Iran?

Por qué los Estados Unidos no pueden atacar a Irán ?

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Maximiliano Sbarbi Osuna.

Fuente: Rebelión

La estrecha relación que Irán tejió con potencias regionales, como Rusia, China y Turquía, sumada al papel importante que va a desempeñar para los intereses europeos, aleja cada vez más la posibilidad de que Occidente considere a Teherán como un objetivo bélico.

El resurgimiento de las milicias talibanes en Afganistán y en Pakistán sumado a los problemas crecientes de seguridad en Irak, son dos factores claves que alejan la posibilidad de un ataque norteamericano a Irán. A este escenario hay que agregarle que la República Islámica cada vez está menos aislada del contexto político y económico regional e internacional.

Mucho se ha escrito en los últimos cuatro años sobre la inminencia de una invasión o de un ataque aéreo a Teherán, apoyado por Washington y Londres, debido a las enormes diferencias que mantienen desde la Revolución de 1979. Sin embargo, muchos analistas atribuyeron la dilación del plan bélico a que Irán, país rico en petróleo, podría dejar de bombear crudo hacia occidente y bloquear la salida de buques de otros estados del Golfo Pérsico que exportan hidrocarburos, lo que provocaría una grave crisis económica mundial.

Esta observación no es del todo completa, ya que la economía de Teherán depende en gran parte de las compras de combustible por parte de las potencias. El principal factor que impide un ataque a Irán es que el régimen de Irán no está tan solo como se piensa.

Relación con Rusia

Moscú es uno de los principales aliados de Teherán sin importarle cuál sea la línea ideológica del gobierno. Lo era con el moderado Mohamed Jatami y lo es con el conservador Mahmud Ahmadinejad.

Rusia no sólo veta todas las resoluciones contrarias a Irán en el Consejo de Seguridad de la ONU, sino que es un inversor directo del programa nuclear iraní. Además, saca provecho de la cuantiosa venta de armas, entre las que se destacan los misiles S-300 para defender las instalaciones nucleares.

Además, Rusia utiliza en su provecho la situación de enfrentamiento de Estados Unidos con Teherán, ya que la influencia regional iraní es un freno a la temida expansión de la OTAN en Eurasia.

Relación con China

La rápida expansión industrial de Pekín demanda cada vez más cantidad de hidrocarburos, que China no posee y que debe importar en su mayoría de Irán. A su vez, Teherán junto con Pakistán son los dos principales compradores de armas chinas.

Tal como sucede con Rusia, China es miembro permanente del Consejo de Seguridad de la ONU y ha frustrado toda resolución contraria a Irán propuesta por Occidente.

Relación con el espacio postsoviético

Sin duda, los dos ex países soviéticos más cercanos a Irán son Armenia y Turkmenistán. Con el primero mantiene una fluida relación energética, ya que este año se inauguró un gasoducto que reduce la dependencia armenia del gas ruso. Con respecto a su vecino del norte, Turkmenistán, Irán se beneficia de lo depreciado que se encuentra el gas turkmeno.

Sin embargo, Teherán mantiene excelentes relaciones diplomáticas con ex estados soviéticos muy cercanos a Estados Unidos: Georgia, Kazajstán y Azerbaiyán.

El gobierno de Georgia anunció en diciembre de 2006 que va a importar gas iraní si continúan los constantes sabotajes rusos al sistema de gas georgiano. A su vez, Kazajstán tiene planeado tender un oleoducto para suministrar combustible a las industrias iraníes. Y por último Azerbaiyán tiene importantes acuerdos comerciales con su vecino del sur y ha propuesto que el problema nuclear de Irán sea tratado exclusivamente dentro del marco legal de la ONU, rechazando la posibilidad de una invasión unilateral norteamericana.

Además, Irán participa cada vez más activamente como miembro – por ahora observador – del Grupo de Shanghai, asociación política-económica-militar entre Rusia, China y los países de Asia Central, la cuál contrapone la influencia de la OTAN en el Mar Caspio.

Relación con Europa

La oposición europea al programa nuclear iraní no tiene tanta relación con la posibilidad de que éste sea utilizado para agredir a Israel o a aliados norteamericanos en Europa del Este, sino que constituye un modo de coerción para que los mismos estados europeos puedan formar parte del lucrativo desarrollo nuclear de Irán, con la excusa de que controlan que no se desvíe material para la construcción de armas.

Europa considera de alta importancia la relación energética con Irán. En primer lugar cada vez está más cerca de la construcción del gasoducto Nabucco Este proyecto crea una fisura entre los intereses norteamericanos de aislar a Irán con los deseos europeos de reducir su dependencia del gas ruso. El proyecto Nabucco busca extraer el gas de Azerbaiyán para ser transportado a través de Georgia, Turquía, Bulgaria, Rumania, Hungría y Austria. Existen avanzadas negociaciones para sumar a Irán a este proyecto, precisamente este es el punto álgido entre Europa y Washington. Su extensión sería de 3000 kilómetros y estaría finalizado en 2011.

Además, en julio de 2007 el presidente Ahmadinejad firmó con Turquía la construcción de un gasoducto que va a transportar el gas turkmeno hacia Europa. Así, Bruselas reduce la dependencia gasífera de Rusia y apuesta a un tendido de redes de hidrocarburos menos costoso que si atravesara el Mar Caspio desde Turkmenistán.

Relación con Turquía

Más allá de los negocios de transporte de gas y petróleo compartidos, Irán participa con Turquía de una política común de contención de kurdos independentistas. El Kurdistán es la nación más numerosa del mundo que no cuenta con un estado propio.

El gobierno de Turquía planea periódicamente junto con Irán bombardeos a aldeas kurdas, donde supuestamente se refugian soldados de milicias independentistas de esta nación.

Relación con Afganistán

El presidente afgano Hamid Karzai, es un cercano aliado de EE.UU. en la lucha contra el terrorismo. Pero, la semana pasada en su visita a Washington, Karzai dijo que Irán ayudaba y no entorpecía la reconstrucción de Afganistán.

Las raíces históricas entre estos dos pueblos se hallan por encima de cualquier desacuerdo político entre los gobiernos. Existen alrededor de un millón de obreros afganos trabajando en Irán y más de 300 empresas iraníes operan en Afganistán.

Influencia en Irak

A pesar de que Irán niegue su participación en la insurgencia iraquí, Teherán ejerce una enorme influencia en la población chiíta iraquí. Algunos líderes religiosos chiítas iraquíes se han formado en Irán.

Además, Irán presiona a Estados Unidos a través de la comunidad chiíta iraquí a la cuál influencia.

Ahmadinejad comparte con Bush el mismo objetivo de un Irak pacífico, pero las influencias iraníes actúan a favor de que la comunidad chiíta domine por completo el panorama político por sobre los sunnitas y los kurdos. En cambio, Washington busca que la participación multisectorial iraquí devuelva la calma que permita seguir invirtiendo en el sector petrolero y de servicios públicos del país árabe.

Otro objetivo común que mantiene EE.UU. con Irán es la erradicación de la presencia de Al Qaeda en Irak, ya que esta agrupación extremista lucha por establecer el islamismo sunnita.

El tema más candente entre Teherán y Washington gira en torno a la supuesta provisión de armas por parte de Irán a las milicias insurgentes iraquíes. No existen pruebas concretas de que esto suceda a pesar de que se hayan encontrado armas iraníes entre las milicias anti norteamericanas.

Conclusión

Estados Unidos va a seguir apostando al descrédito internacional de Irán y a una implosión política basada en la falta de libertades y el descontento social, que provoque la caída del régimen religioso y que lo sustituya por uno pro occidental.

Actualmente, los vetos rusos y chinos a las resoluciones del Consejo de Seguridad han frenado todas las iniciativas anti iraníes. También, hay que agregar que EE.UU. cuenta con el apoyo de pocos países para un ataque, pero cabe recordar que en marzo de 2003 muy pocos estados apoyaron la invasión a Irak y sin embargo ésta se produjo y la fuerza ocupante contaba con soldados de decenas de países.

A pesar de este dato, Irán no es un país débil, no sufrió el desgaste que sobrellevó Irak entre 1991 y 2003 por las sanciones económicas, y ha estrechado lazos muy fuertes con potencias regionales que siguen apoyando al país, con una visión estratégica, sin importar quién lo gobierne.


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vendredi, 14 septembre 2007

Géopolitique de la guerre des Balkans

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Géopolitique de la guerre des Balkans : le dessous des cartes

Personne n’est dupe. On ne peut objectivement traiter la guerre au Kosovo, avec ses implications géo­poli­ti­ques dans les Balkans, comme une simple question interne aux Balkans. Toute décision relative à l’utilisation de for­ces américaines et de l’OTAN modifie de manière déterminante tous les aspects de la situation stratégique glo­bale. La guerre menée par le régime de Milosevic au Kosovo est utilisée pour atteindre des objectifs géo­po­li­ti­ques et stratégiques d’un tout autre ordre :

- Ecarter la Russie, la Chine et le Conseil de Sécurité de l’ONU de la prise des décisions politiques mondiales les plus importantes.

- Rompre les liens politiques et économiques entre l’Est et l’Ouest du continent eurasiatique.

- Empêcher un nouveau Bretton Woods qui permettrait de surmonter la crise économique et financière mon­diale.

La Realpolitik, qui n’ose pas dire son nom, et que les Etats-Unis et leurs alliés dociles continuent d’appliquer dans les Balkans, reste substantiellement traditionnelle et conservatrice. Que ce soit pour des raisons de jeux de puissance traditionnels ou dans l’optique d’un possible conflit de civilisation au siècle prochain, les Etats-Unis continuent à vouloir enfermer la Russie dans la masse terrestre eurasiatique, barrant son accès aux mers chaudes. Depuis deux siècles, ce verrouillage continental de la Russie a été poursuivi par une remarquable constance par l’Angleterre, puis par les Etats-Unis, leur soutien au non-alignement de la Yougoslavie titiste n’en fut qu’une des illustrations. Actuellement, l’occupation militaire et l’élargissement del ‘OTAN à l’espace reliant la Hongrie à la Grèce (toutes deux membres de l’OTAN), par le truchement du Partenariat pour la Paix et le contrôle américain des oléoducs géorgiens débouchant sur la Mer Noire, neutraliserait l’hypothétique constitution d’une transversale orthodoxe et verrouillerait Moscou, empêchant, même à moyen terme, son retour dans la région et surtout dans les ports monténégrins, dont la base navale de Boka Kotorska. L’encouragement croissant de l’Occident à la sécession du Monténégro de Djukanovic hors de la Fédération Yougoslave va dans ce sens. Washington serait donc guidée par des préoccupations globales pour étendre et préserver sa domination en érigeant l’OTAN comme superpuissance militaire néo-impériale. Nous sommes loin des préoccupations humanitaro-altruistes des Etats-Unis et de l’OTAN envers les pauvres populations albanaises. Mais cet endiguement des Moscou par Washington aura aussi à moyen terme pour conséquence de créer une alliance objective russo-chinoise, Pékin étant l’autre contestataire crédible de l’ordre américain.

Afin d’évaluer les ramifications géopolitiques des opérations militaires actuelles de l’OTAN contre la Yougoslavie, il convient de comprendre les manipulations de la situation dans les Balkans, intervenus depuis 1991. Les guerres menées par la Serbie contre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine ont été activement encouragées par les gouvernements britanniques et celui de Mitterrand afin d’endiguer l’Allemagne (c’était la politique de Thatcher, considérant l’Allemagne réunifiée comme un « Quatrième Reich »). Aujourd’hui, ceux qui tirent les ficelles de la guerre dans les Balkans, sont les défenseurs des intérêts du Commonwealth anglo-américain (British-American Commonwealth ou, en abrégé, le BAC), intervenant par l’intermédiaire du gouvernement Blair et du Groupe réuni autour d’Al Gore dans le gouvernement américain, comprenant Albright, Cohen et le Général Shelton. L’élément déterminant de tout changement global de la politique stratégique ou militaire est son effet sur la politique économique et financière mondiale. Il s’agit de savoir si une politique stratégique donnée favorise ou pénalise la mise en œuvre d’un nouveau Bretton Woods. De ce point de vue, le Président Clinton se trouve devant un choix décisif.

Dans un document paru le 7 avril dernier sous le titre « Balkans : la doctrine LaRouche », ce dernier, Lyndon LaRouche, écrit : « Le Président Clinton essaye actuellement de trouver un équilibre entre deux politiques absolument inconciliables. L’aspect positif, c’est qu’il défend un partenariat stratégique avec la Russie, la Chine et d’autres ; mais, d’un autre côté, en raison de ses politiques de libre échange, de mondialisation, de confrontation avec l’Irak et de déploiement de l’OTAN, auxquelles vient de s’ajouter le détonateur de la guerre contre la Yougoslavie, sa présidence risque d’être vouée à l’ignominie éternelle. Si la deuxième dynamique se poursuit, il n’y aura bientôt plus de possibilité de partenariat et le monde se dirigera alors vers une guerre mondiale de longue durée, comme celle qui ravagea l’Europe centrale entre 1618 et 1648, avec un risque de recours aux armes nucléaires. D’un point de vue américain, que faut-il faire pour parvenir à éviter la détérioration de la situation stratégique globale ? ».

Selon LaRouche, de concert avec au moins l’un de leurs principaux partenaire d’Europe continentale (la France, l’Allemagne ou l’Italie), les Etats-Unis doivent prendre les mesures d’urgence pour instaurer un partenariat stratégique général de coopération économique, entre autres, avec la Chine, la Russie, l’Inde, etc. L’objectif devrait être de revenir au type de politiques anti-britanniques sur lesquelles le Président américain Roosevelt avait tenté de fonder un nouvel ordre économique mondial plus juste, libéré de l’impérialisme, entre Etats-Nations parfaitement souverains, jouissant du libre accès aux découvertes scientifiques et technologiques les plus avancées.

Causalité financière de la guerre

La causalité fondamentale qui sous-tend la confrontation stratégique menée par le BAC vis-à-vis de la Russie et de la Chine et l’escalade militaire dans les Balkans, au Proche-Orient et ailleurs, réside dans l’aggravation de l’état du système économique et financier international. Le changement de phase est survenu lors de la faillite, en septembre 1998, du Hedge Fund LTCM, qui détenait un portefeuille de 3250 milliards de dollars en produits dérivés. Un mois auparavant, les marchés financiers internationaux avaient été secoués par la cessation de paiement de la Russie. Même la BRI a récemment admis que le système financier se trouvait à ce moment-là au bord de l’effondrement. Pour y faire face, les gouvernements et banques centrales du G7 ont lancé en octobre une folle politique hyper-inflationniste, avec réduction des taux d’intérêt, déversement de liquidités et divers programmes de renflouement. Ce miracle était destiné à retarder pour quelque temps l’effondrement systémique autrement inévitable. Cette politique a provoqué une détérioration qualitative de la lucidité des responsables gouvernementaux et parlementaires. C’est le même état d’esprit qui régnait lors des kracks financiers des 17ième et 18ième siècle en Angleterre et en France, mais les conditions stratégiques actuelles sont bien plus dangereuses.

C’est au cours du changement de phase intervenu en octobre-novembre 1998 que le Commonwealth anglo-américain a lancé l’escalade vers la confrontation. D’abord, on a utilisé le prétexte du rapport Butler, délibérément mensonger, pour lancer la guerre non déclarée contre l’Irak. Ensuite, on a imposé à l’OTAN un nouveau concept stratégique néo-impérial, avant d’en arriver à la guerre actuelle dans les Balkans. Pour comprendre comment la crise financière est devenue une crise à la fois économique et militaro-stratégique, il faut analyser la situation à partir de la triple courbe. En effet, l’étude des relations entre trois éléments —croissance explosive des agrégats monétaires, expansion hyperbolique des agrégats financiers et écroulement accéléré de l’économie physique— est la seule façon de comprendre la transposition de la crise financière au domaine militaire et stratégique, comme Clausewitz l’avait décrit au 19ième siècle. Ne pouvant ou ne voulant pas résoudre efficacement les problèmes économiques et financiers en changeant la politique économique et financière, les oligarchies démo-ploutocratiques tendent à les résoudre par d’autres moyens. L’argent, nerf de la guerre, ou la guerre, nerf de l’argent.

Clinton et la « Troisième Voie » parasitaire

La réforme de l’aide sociale, la politique étrangère au sujet de l‘Afrique ou des Balkans, dénotent l’influence dominante qu’exercent sur la Maison Blanche et sur le Président Clinton les conseillers politiques, les nouveaux démocrates du courant de Tony Blair, représentés aux Etats-Unis par Al Gore. Ces conseillers utilisent la méthode dite de la troisième voie : plutôt que de considérer les conséquences sur la vie réelle des décisions à prendre, on considère ce qui peut être permis selon les règles du jeu existantes. Concrètement, chaque impulsion politique est soumise à des considérations politiques plus générales qui visent à trouver un consensus et doivent être prévalentes. En conséquence, une politique proposée par le Président sera redéfinie afin d’être appliquée selon les règles du jeu. Dans ce processus, la politique originelle est souvent transformée en son exact opposé !

La manifestation la plus tangible de cette « troisième voie » s’incarne dans le fascisme à visage démocratique, version Tony Blair, à l’œuvre en Grande-Bretagne. Rassurons-nous, nous sommes là bien loin du « tercérisme européiste » d’essence nationale-révolutionnaire ! L’économie politique de la « troisième voie » de Blair ne se distingue en rien du néo-libéralisme radical introduit en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher. C’est toujours la mondialisation, le libre-échange, l’écologisme, la réduction démographique, etc., mais la version « troisième voie », basée sur le consensus, se présente comme « démocratique ». Le principal interlocuteur de Blair à Washington est le vice-président Al Gore, fer de lance du projet écologiste utopique, comme l’a montré sa campagne contre le réchauffement global. Martin Walker annoncera dans le Guardian qu’une bonne partie de la pensée du courant « troisième voie » repose sur la conscience que l’économie globale est le moteur actuellement le plus puissant du changement. Au sein du parti démocrate, la « troisième voie » s’est structurée sous le vocable du « Democratic Leadership Council » (ou : DLC). Le DLC a été fondé en 1985 avec, principalement, des démocrates du Sud, dont Sam Nunn de Géorgie, Chuck Robb de Virginie, John Breaux de Louisiane. Clinton et Gore ont adhéré au DLC et Clinton le présidait avant d’être candidat à la Présidence. On les appelle les « nouveaux démocrates », du nom de leur magazine. Les « nouveaux démocrates » ont créé dans la foulée un groupe de réflexion, le « Progressive Policy Institute » (PPI). En 1992, le DLC avait des sections dans trente Etats, un budget annuel de 2,5 milliards de dollars et dix-neuf permanents. A l’origine de la fondation du DLC, qui était une réponse à la défaite de Walter Mondale à l’élection présidentielle contre Reagan en 1984, il y avait l’idée que le Parti Démocrate devait abandonner sa base traditionnelle, composée de syndicalistes, de membres des minorités ethniques, d’agriculteurs, pour courtiser plutôt les couches de la société ayant une activité plus éloignée de la production ou même parasitaire : les yuppies des banlieues chics, les employés du secteur des services, les boursicoteurs, les comptables, etc. Le DLC exerce une influence pernicieuse sur les décisions du Président Clinton, par l’intermédiaire de son vice-président Al Gore, qui a été choisi comme candidat démocrate à l’élection présidentielle de l’an 2000. L’influence idéologique de cette « troisième voie parasitaire » finit de parachever la désintégration du système financier et monétaire international et plonge le monde entier dans le pire désastre économique et social de l’histoire.

Rodolphe LUSSAC.

De l'identité confédérale des pays belgiques

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Jan NECKERS, chroniqueur de l’hebdomadaire « ‘t Pallieterke » (Anvers) :

De l’identité confédérale des pays belgiques

 

Introduction du traducteur : Sur fond d’une crise gouvernementale aiguë, et apparemment sans solution, Jan Neckers, nationaliste flamand et chroniqueur de l’hebdomadaire « ‘t Pallieterke », reprend une idée essentielle : l’identité politique et institutionnelle des pays belgiques (romans comme thiois) repose sur un principe confédéral, comme en Suisse, et toute tentative de centraliser cet ensemble conduit non pas à l’explosion mais à l’implosion. Les fossoyeurs de l’unité  -une unité qui fut tout en souplesse et sans rigidité aucune-   de cet ensemble que furent les « Pays-Bas royaux » (espagnols puis autrichiens), sont ceux qui ont importé l’idéologie centralisatrice des Jacobins et des sans-culottes. Dont les héritiers, même s’ils prétendent avoir des racines catholiques et démocrates-chrétiennes, opposent un refus total à tout retour à cette identité confédérale, dont Jan Neckers rappelle, ici, l’histoire et les principes.

 

Doemnis ! (= « Malédiction ! »). Voilà mon juron favori : je l’ai repris sans vergogne à Henri Conscience qui le place dans la bouche de son héros Breydel, doyen des bouchers de Bruges et héros de la Bataille des Eperons d’Or. Doemnis, donc, quand je vois que les politiciens flamands forment finalement un bien vilain petit zoo de nullités, dépourvues de conscience historique. Même un Bart de Wever, président de la NVA tant décriée par les médias francophones ces jours-ci, qui est historien de formation et qui a bien eu un cours d’ « institutions des temps modernes », ne se réfère jamais à ces siècles où nos pays belgiques (1) formaient une solide confédération, et que cet état de choses confédéral ne posait aucun problème et plaçait même le pays en tête du raffinement, de la culture et de la santé économique en Europe. Aujourd’hui, dans les pays belgiques, on ne cesse de se référer, en se lamentant ou en se gargarisant, aux institutions de l’Etat belge, vieux de 180 ans seulement. D’un point de vue politique, c’est là pure absurdité. La confédération des pays belgiques existe depuis près de 600 ans ; seules ces 180 dernières années leur ont imposé une forme unitaire d’Etat, selon un modèle parisien perfide.

 

Seulement au cours de ces 180 dernières années, une minorité francophone anti-démocratique a empêché la majorité de réclamer ses droits. C’est seulement au cours de cette période que la majorité a été trahie par ses représentants et… par sa propre lâcheté car, il faut le dire, par honnêteté foncière, nous avons été des lâches car personne, au grand jamais, n’a forcé les Flamands, en leur pointant un couteau dans le dos, à élire les lavettes qui les ont si lamentablement représentés dans les assemblées.

 

Ces jours-ci, vous lirez un peu partout que ce pays, la Belgique unitaire, a été créé pour faire office d’Etat-tampon en 1830. C’est faux. On a fait des pays belgiques une zone-tampon en 1648, dans le cadre des traités de Westphalie. La cause de cette disposition vient de l’un des axiomes de la politique étrangère de la République des Provinces-Unies qui ne voulaient pas avoir de frontière commune avec la France ; par voie de conséquence, les Pays-Bas Royaux (espagnols à l’époque ; on n’utilisait jamais le terme de « Pays-Bas Méridionaux » à l’époque) devaient rester intacts, même si les Provinces-Unies, quelque fois, fermaient les yeux quand la France grignotait à son profit quelques portions de leurs territoires. L’attitude hautaine et intransigeante du Nord a empêché que le Sud tout entier ne soit absorbé par la France et ne soit devenu une « France du Nord » (Brrr… on en tremble d’effroi rétrospectivement…). Mais cette attitude a laissé des blessures morales profondes, si bien qu’au début du 19ième siècle, les projets d’unification du Roi des Pays-Bas unis, Guillaume I, ne pouvaient réussir, même si le souverain était parvenu à limiter les transferts financiers du Sud au Nord, qui étaient considérables à l’époque.

 

Guillaume I était trop un enfant de son temps pour pouvoir se rendre compte que les bons accords rationnels et les bons comptes financiers, équilibrés, ne suffisaient pas à créer l’harmonie dans un Etat unitaire où devaient cohabiter des partenaires différents. Sa décision d’accorder l’autonomie au Sud est dès lors venue beaucoup trop tard, car la noblesse, la bourgeoisie et l’église locales avaient décidé, depuis longtemps déjà, de restaurer les anciens « Pays-Bas Royaux », mais cette fois dans une camisole unitaire. Il serait peut-être bon que les politiciens flamands racontent à nos bonnes gens qu’ils ont toujours cherché, eux, leurs inspirations dans l’histoire politico-institutionnelle des Pays-Bas historiques et qu’ils refusent désormais une bonne fois pour toutes les structures qui furent inventées jadis par la canaille française assoiffée de sang, dont les représentants emblématiques sont Danton, Robespierre et Bonaparte.

 

L’idée confédérale

 

Quoi qu’il en soit, force est de constater que ces pays belgiques ont constitué pendant plus de trois siècles une confédération (devenue plus tard fédération) qui fonctionnait bien et sans heurts. Et sans l’arrivée des vautours français, qui furent, à partir de 1794 les vrais premiers occupants illégitimes de nos pays, cette (con)fédération aurait continué à vivre pendant fort longtemps. Cette confédération est née en 1433 lorsque Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, devint Comte de Hollande, de Zélande et du Hainaut. Ce Duc de Bourgogne était déjà Comte de Flandre, Duc de Brabant, Comte de Namur et d’Artois et, onze ans plus tard, il devint encore souverain du Duché de Luxembourg. Le ciment de cette confédération était seulement la personne du souverain unique, si bien que les « Pays de Par-deça » (Landen van Herwaerts Over) découvrirent, subitement, qu’ils pouvaient certes encore se chamailler entre eux, mais sans plus faire appel aux armes, car le souverain, en tant que Duc du pays X, ne pouvait tout de même pas faire la guerre à lui-même, en tant que Comte du pays Y.

 

A l’origine, le souverain négocie la levée des impôts avec chacun des pays pris isolément mais, finalement, il trouve plus aisé de rassembler les représentants de tous ces états au sein d’une instance, les Etats-Généraux (Staten-Generaal). Les membres des Etats-Généraux représentent leurs pays et non pas la « nation » (ndt : au sens jacobin et aberrant du terme) comme le stipule la Constitution belge. Ces représentants devaient dire, au souverain, ce que les états, en tant que parlements embryonnaires, leur avaient demandé de dire.

 

Les représentants étaient donc subordonnés à leurs commanditaires dans les pays qui formaient la confédération et, pour toute concession qu’ils auraient été amenés à faire, devaient demander l’autorisation de leurs états respectifs. Bien sûr, souvent, l’égoïsme particulier se hissait au-dessus de l’intérêt général de l’ensemble. Ainsi, lorsque Maarten van Rossum (Martin de Rossum) envahit le Brabant et le pille pour le compte du Duc de Gueldre, la Flandre et la Hollande, hypocrites, font comme si rien ne se passait, car elles ne subissaient pas directement les effets de cette invasion. Quand Charles de Gand, le futur Charles-Quint, arrive sur le trône, les choses vont changer : il mettra un terme à ses manifestations d’égoïsme particulariste. A l’étranger, on appelle de plus en plus souvent ses pays du Nord-Ouest les Pays-Bas, ou la « Belgica » en latin. Il leur donne des structures qui survivront pendant 300 ans sans gros problèmes. Les structures de Charles-Quint ont même survécu à la révolte des provinces du Nord et à la scission de l’ensemble « Belgica ». Charles-Quint avait crée quelque chose qui ressemblait à un gouvernement central, qu’il avait installé à Bruxelles, et que l’on avait appelé les « conseils collatéraux », et qui ont attiré à eux toujours plus de compétences au fil des siècles, notamment sur le plan de la politique internationale, des affaires maritimes, de la gestion des routes reliant les divers pays entre eux, des tarifs douaniers, etc., si bien que le pays, de confédéral, est devenu de plus en plus fédéral.

 

Mais il ne s’agissait pas d’un fédéralisme de la consommation comme aujourd’hui. Le Comte, le Duc, etc. qui vivait à Madrid et plus tard à Vienne, ne parvint jamais à lever le moindre impôt dans l’ensemble des pays de la « Belgica » sans l’accord de toutes les parties des Pays-Bas Royaux. Lorsqu’un seul des Etats refusait l’impôt proposé, le souverain n’avait légalement aucun recours. Plus encore : les Etats ont le droit de gérer tout l’argent de toutes les contributions levées sur leur territoire. Ils donnent une part de cet argent au souverain, pour l’entretien des armées et pour la cour, mais ils gardent le reste. Les Etats lèvent également des impôts pour des finalités propres à leur territoire : pour des travaux publics, des subsides, pour l’enseignement, etc. Il n’est pas question que le gouvernement central vienne écrémer leurs revenus pour aller les donner à une autre entité au nom d’une sacro-sainte solidarité ; et encore moins pour entretenir, par exemple, suivez mon regard, un parti relevant de la criminalité organisée et le maintenir en selle ad vitam aeternam. J’espère que Leterme et De Wever m’ont bien compris…

 

Dissiper une légende

 

Les Pays-Bas, dans le contexte de ces trois siècles de confédéralisme à la Charles-Quint, font certes partie d’un ensemble plus vaste, espagnol ou autrichien, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils suivent leur souverain dans tous ses errements. Pendant la guerre entre l’Impératrice Marie-Thérèse et Frédéric de Prusse, la part néerlandaise de l’empire autrichien se déclare carrément neutre et l’Impératrice doit s’en contenter. Bruxelles abrite même son propre « corps diplomatique » : les nations européennes sont donc représentées directement dans les « Pays-Bas Royaux ». Voilà qui est d’un bien meilleur niveau que les misérables représentations flamandes, appendices boiteux de certaines ambassades de l’actuelle Belgique.

 

Les divers pays sont administrés par des Conseils qui, tant sur le plan législatif que sur le plan judiciaire, sont maîtres chez eux (à une époque où la séparation des pouvoirs n’existe pas encore). Le souverain choisit certes les administrateurs des Conseils, mais toujours dans une liste de juristes issus du pays lui-même. Il n’est donc pas question qu’un Namurois, par exemple, ait son mot à dire en Flandre ou dans le Brabant. A Malines, siégeait le Grand Conseil, principale instance judiciaire, à laquelle tous peuvent faire appel pour les affaires civiles. Mais le Brabant et le Hainaut n’ont jamais voulu renoncer à leur souveraineté et n’ont jamais reconnu l’instance de Malines. Dans les affaires pénales, Malines ne peut intervenir. Enfin, le Brabant gardait le droit d’approuver ou de désapprouver les décisions du gouvernement central.

 

Je terminerais cet article en détricotant une légende tenace, qui refait surface sur fond de crise actuelle : certains Flamands pointent les Wallons du doigt, en leur reprochant d’avoir adhéré à l’Union d’Arras, au 16ième siècle, et qu’en le faisant, ils ont contribué à détacher la Flandre et le Brabant de leur biotope néerlandais naturel. C’est faux. L’Union d’Arras, de fait, a été plutôt une initiative des régions romanes comme Namur, le Hainaut et l’Artois, mais l’aversion qu’elle cultivait à l’endroit d’autres entités des Pays-Bas n’était pas motivée par une haine à l’égard de leur nature thioise/germanique, mais par une haine du protestantisme. Les régions romanes étaient catholiques et entendaient le rester (notamment parce que le rôle spirituel, social et économique des abbayes y était fort important).

 

Ces entités romanes de la « Belgica » du 16ième siècle avaient été effrayées par le calvinisme fanatique qui sévissait en Hollande et en Zélande et tenait ces provinces sous sa coupe, tant et si bien que la majorité catholique de celles-ci n’avait plus aucune liberté de pratiquer sa religion. Elles avaient aussi remarqué que la même intolérance calviniste s’était abattue sur Gand et sur Anvers et que cette intolérance ne reculait devant aucune violence même si la population préférait rester au sein de l’ancienne église traditionnelle. Farnèse reconquerra dès lors aisément les régions majoritairement thioises du Brabant et de la Flandre et les ramènera sans trop de heurts sous la houlette royale, aussi parce que Philippe II d’Espagne renonça à toutes ses exigences et redevint tranquillement Comte et Duc et parce que le peuple opta finalement pour le catholicisme qui lui était familier.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 05 septembre 2007).

 

Note :

(1) NdT : J’utilise ici l’adjectif traditionnel de « belgique », dérivé du latin « Belgica », terme latin servant à désigner le Nord-Ouest de l’Europe ayant appartenu au « Cercle de Bourgogne », sans la Franche-Comté, mis sur pied par Charles-Quint. L’adjectif « belgique » ne se réfère donc pas à l’Etat belge né en 1830, mais au Cercle de Bourgogne, de Philippe le Bon à l’invasion des hordes jacobines en 1792. La traduction néerlandaise de cet adjectif « belgique » est tout simplement « Nederlands », ou « Diets ». Au 19ième siècle, on utilisait parfois « Nederduyts ».  

 

jeudi, 13 septembre 2007

G. Reisegger: Entretien à POLITICA (Belgrade)

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Entretien de Gerhoch Reisegger accordé à la revue POLITICA (Belgrade)

Propos recueillis par Dragos KALAJIC, lors de la 7ième Université d’été du Groupe de réflexion grand-européen « Synergies Européennes » (Perugia, août 1999)

Q. : Quelle est la différence entre les écoles économiques anglo-saxonnes et la conception allemande traditionnelle de l’économie, théorisée par des esprits comme Friedrich List, Othmar Spann, Alois Schum­peter ou par leur élève français François Perroux ? Ici, en Serbie, la plupart des observateurs, journalistes, politologues ou politistes ne sont pas capables de discerner les concepts de la pensée économique alle­man­de ou d’évoquer des écoles économiques ; malheureusement pour nous, nos élites économiques et u­ni­­versitaires ne connaissent que les concepts, théorèmes et dogmes de l’école libérale anglo-saxonne et du capitalisme anglo-saxon. Pour eux, le concept fondamental qui devrait présider à la reconstruction de la Yougoslavie est le suivant : « Trouver du capital et accepter pour cela toutes les conditions ». Au­jour­d’hui, mêmes les Yougoslaves ne font qu’ânonner les dogmes du libéralisme à l’américaine…

GR : Ma position est le contraire diamétral des dogmes néo-libéraux. Selon ces dogmes, le capital (les « in­ves­tis­sements directs ») conduit à l’essor de l’économie (nationale), ce qui conduit à l’opinion suivante : « Le ca­pi­tal crée le travail », alors que c’est le contraire qui est vrai, c’est « le travail qui crée le capital » ! On de­vrait se focaliser sur l’économie réelle et non pas sur l’économie « virtuelle ». Il faut donc refaire fonctionner l’économie nationale en toutes circonstances et même tenter d’inverser la vapeur, aller à contresens de la tendance générale à la globalisation. Cela implique de poursuivre des objectifs économiques déduits de priorités politiques nationales. La hiérarchie des valeurs devrait donc être : culture, politique, économie (et non l’inverse). L’économie n’est jamais qu’un moyen et non pas un but en soi au sein de tout Etat national qui se respecte et qui agit en faveur de l’ensemble de sa population.

Q. : Comment la conception économique d’un Hjalmar Schacht pourrait-elle être appliquée en You­go­sla­vie, si du moins, cela s’avère possible ?

GR : Schacht, dans le fond, était un partisan du libre marché, mais il a dû affronter les conditions de la grande dépression de l’économie mondiale, c’est-à-dire le chômage de masse en Allemagne, les impositions du Traité de Versailles et le manque cruel de devises en Allemagne, avec, simultanément, un besoin urgent de matières premières pour l’industrie allemande. Il a donc dû imposer des contrôles très stricts du marché des devises et du commerce extérieur. Afin d’obtenir des devises étrangères (un allongement du crédit n’était pas possible à cette époque), il proclama le « nouveau plan », afin de diriger les flux d’exportations et d’importations en direction des pays, qui acceptaient des compensations en produits finis allemands pour leurs importations en Allemagne de matières premières. Les offices du commerce extérieur allemand ont reçu pour mission d’acheter moins de produits finis, mais davantage de matières premières ou de produits semi-finis (y compris des denrées alimentaires), pour augmenter la valeur des créations et réalisations industrielles allemandes et épargner les réserves de devises.

Cette façon complexe de pratiquer le commerce extérieur a été possible dans la mesure où l’on a pratiqué, en fait, une économie de troc. Ainsi l’Allemagne a réussi à inverser la vapeur et à effacer sa balance commerciale négative et sa balance des paiements, également négative. Elle a même pu avoir un très léger excédent d’ex­por­tations. Autre mesure prise pour des raisons économiques : la substitution de matières premières cha­que fois que cela était possible, afin de juguler la dépendance importante de l’Allemagne vis-à-vis des ma­tiè­res pre­mières importées (ce qui permettait aussi d’économiser les réserves de devises). Pour modifier les ha­bi­tu­des d’achat et de production de diverses branches de l’industrie allemande, qui devaient, selon la nouvelle po­li­ti­que, travailler de préférence avec des matières de substitution, le ministère de Schacht a pris une série d’au­­tres mesures : il a favorisé la recherche pour que l’on sache, dans le pays, travailler de manière optimale avec ces nouvelles matières. Il a fallu ensuite construire de nouvelles installations industrielles, éviter la con­sti­­tution de monopoles, etc.

L’objectif de l’autarcie allemande et le principe de substituer, autant que possible, les matières premières ha­bituellement importées, n’était pas le résultat d’une théorie de l’autarcie ou d’une idéologie autarciste, qui au­rait été le propre de la NSDAP nationale-socialiste, mais a tout bonnement été imposé par les circonstances : l’Allemagne souffrait d’un déséquilibre entre ses exportations de biens et de services (et donc d’un manque de devises) et la nécessité inconditionnelle de payer ses importations à l’aide de devises (qu’elle n’avait pas en suffisance) (1). Le système économique allemand entre 1933 et le début de la seconde guerre mondiale n’a nul­lement été une « économie de guerre » placée sous la direction d’un instance centralisée (2). Mais ce sy­stè­me n’a pas été représenté uniquement par Schacht. D’autres personnalités et d’autres économistes l’ont im­pul­­sé et incarné. Aujourd’hui, l’Allemagne paria d’après Versailles nous semble être un modèle pour la You­go­sla­­vie paria d’après les bombardements de l’OTAN.

Q. : L’Europe aura-t-elle un jour la force de secouer le joug de la pensée économique anglo-saxonne ?

GR : Oui, si l’Europe met volontairement un terme à son statut de protectorat des Etats-Unis. Ensuite, si l’ac­tuel­le économie mondiale s’effondre et si les Etats-Unis sont précipités dans le chaos. Malheureusement, les « é­lites » européennes ne sont pas du tout préparées à affronter de telles catastrophes. Pourtant, si un tel é­tat de détresse devient réalité, il n’y aura pas d’autre issue que de mettre un terme au type d’économie « vir­tuel­le » que les Etats-Unis ont imposé au monde.

Q. : La Yougoslavie peut surtout offrir un surplus d’énergie (électrique), de produits agricoles (blé), même si cette énergie et ces produits agricoles ne sont pas produits selon des critères écologiques rigoureux, et des techniques de communication (y compris la possibilité de les fabriquer). Comment ces atouts de l’é­co­no­mie yougoslave pourraient-ils être valorisés, pour accéder plus aisément aux marchés ouest-européens, est-européens et asiatiques ? Que devrait faire l’homme politique qui occuperait le poste de ministre des af­faires économiques pour restaurer la position de notre pays dont les atouts sont, je le répète, l’énergie, l’a­griculture et les technologies de la communication ? Surtout s’il doit faire face à un déficit de moyens fi­nanciers, s’il ne reçoit aucun crédit du FMI et s’il doit tenir compte de l’embargo imposé au pays…

GR : En aucun cas, il ne faut accepter de l’argent du FMI ni accepter un quelconque « accord politico-éco­no­mi­que », qui porterait atteinte à la souveraineté du pays ou qui vous enlèverait, à vous les Serbes, le droit de fa­çon­ner les institutions de votre pays comme vous l’entendez. Une telle politique de subordination signifierait la fin de toute stratégie nationale propre dans la reconstruction de votre économie. Si vous ne comprenez pas ce­la clairement, il me semble oiseux de parler de « compromis » ou d’ «alternatives », qui engloberaient les « e­co­nomic adjustment policies » du FMI ou poseraient celles-ci comme des conditions incontournables. L’ap­pli­ca­tion de telles idées débouchent toujours sur le chaos, la destruction du tissu économique et la perte de la sou­ve­raineté nationale dans les pays qui croient naïvement aux dogmes du néo-libéralisme. Pourquoi ? Parce que les dettes ne cessent d’augmenter auprès du FMI et des banques anglo-américaines.

Q. : Comment jugez-vous les plans de Georges Sörös pour l’Europe de l’Est : les peuples de cette région de­vraient s’unir au sein d’une Union Balkanique qui abolirait les frontières entre les Etats actuels (You­go­sla­vie, Macédoine, Roumanie, Bulgarie) et donc aussi les barrières douanières. Les pertes en matière de re­cette, jusqu’à des montants de 5 milliards de dollars ou d’euros, seraient compensées par la Commission de l’UE, l’Euro deviendrait la seule monnaie en cours dans cette Union Balkanique.

GR : C’est une stratégie qui vise la destruction des Etats nationaux. Mon compatriote, le philosophe et théo­lo­gien Friedrich Römig a constaté : «La monnaie, c’est l’Etat ! » ou, inversemment, « L’Etat, c’est la mon­naie ! ». Si l’on renonce au droit de battre monnaie, toute souveraineté apparente n’est qu’illusion. De tels pro­jets, qui n’ont aucun modèle dans l’histoire ou dans l’histoire politique, qui n’ont aucune justification é­thi­que, ethnique ou autre, débouchent forcément sur le chaos, sur la perte de l’autodétermination des peuples dans le fa­çon­na­ge de leur propre destin. En fait, le projet de Sörös est un projet qui vise à faire de l’ensemble de la péninsule bal­kanique un protectorat occidental. De plus, l’UE elle-même, dans sa constitution actuelle, n’est pas en me­su­re de garantir quoi que ce soit ; elle n’est pas sûre de survivre à la première crise éco­no­mi­que sérieuse, alors qu’une crise de grande ampleur est manifestement proche…

Q. : Quel est le rôle et la signification de l’euro ou du dollar, quelles sont les conséquences de l’intro­duc­tion de l’euro (même d’un euro fort) pour l’économie ?

GR : L’euro n’est nullement pris au sérieux par les Américains. Si les Etats-Unis percevaient dans l’euro un dan­ger pour le dollar, l’euro n’aurait même pas été inventé. Nous pensons dès lors que l’euro n’est pas un avan­ta­ge pour l’Europe, et surtout par pour l’Allemagne, qui perd ainsi sa dernière possibilité d’influencer le destin de l’Europe ou d’exercer une forme, même minime, de puissance sur notre sous-continent. De cette façon, la vieil­le recette s’applique toujours : il faut entraver et juguler l’Allemagne. La chute du cours de l’euro face au dol­lar montre très bien les faiblesses de cette nouvelle monnaie. Quant aux réévaluations plus récentes, elles sont artificielles, elles sont des manipulations du Japon et de la Banque Centrale Européenne (BCE), mais cela n’a ab­solument rien à voir avec la fin de la guerre en Yougoslavie ou avec une amélioration de la situation éco­no­mique en Europe. Tout cela, c’est de la propagande.

Les raisons « techniques » de ces fluctuations de l’euro résident dans les différences en matières de législations sociales, fiscales, et de droit du travail, etc. et vouloir placer ces innombrables différences sous le dé­no­mi­na­teur commun d’une seule monnaie contribuera à plonger les économies nationales réelles dans le désordre. Les di­verses priorités d’ordre politique dans les Etats membres ne nous permettent pas d’augurer une politique co­hé­­ren­te de la part de la BCE (il suffit de se rappeler les débats qui ont eu lieu à propos de l’é­lection du pre­mier pré­sident de cette BCE : Duisenberg a été élu pour la moitié du temps qui aurait normalement dû lui être ac­­cor­dé, pour laisser la place au Français Trichet ; ces discussions laissent clairement entrevoir les difficultés fu­­tu­­res…).

Les analyses financières les plus récentes prévoient d’ores et déjà un effritement de l’union monétaire, dès que les premiers signes d’un crash du système financier international apparaîtront. Les démissions du ministre a­méricain des finances R. Rubin et du vice-ministre des finances japonais E. Sakarikaba (surnommé « Mister Yen ») ont certainement pour cause l’éventualité fort probable d’un crash. Sakarikaba a clairement donné cette raison pour expliciter sa démission (3).

Q. : Même si les sociaux-démocrates sont au pouvoir en Europe, ce sont eux qui détruisent de facto les in­sti­­tu­tions de l’Etat-Providence et tous les filets de sécurité sociale, tissés au cours de longues décennies de luttes ou­vrières. Ils remplacent les institutions sociales européennes par les principes du néo-libéra­lisme.

GR : Oui, effectivement, ce sont les socialistes actuels qui détricotent les filets de la politique sociale, tissés par leurs prédécesseurs ! On peut dire clairement aujourd’hui qu’ils ne sont plus du tout les représentants des intérêts sociaux de la population, mais les laquais des puissances financières hégémoniques dans le monde. On peut aussi les accuser d’être des voleurs, car ils tentent, dans l’opération, de rafler un maximum pour leurs pro­pres poches. Les anciennes différences entre socialistes et conservateurs, entre verts et libéraux, ont fini par disparaître et perdre toute signification : tous, sans exception, mettent en pratique les penchants les plus frau­­duleux de la partitocratie et sont totalement corrompus. La seule chose qui les préoccupe, c’est d’être réé­lus et de conserver leurs « jobs ».

Q. : Quelles expériences avez-vous eues avec des élites balkaniques ?

GR : Je me suis aperçu qu’elles étaient bien souvent naïves, quand elles demandent des aides substantielles aux organisations internationales ou au FMI. Elles sont obnubilées par le néo-libéralisme sans en connaître, au fond, les principes pervers. Lorsque ces élites économiques balkaniques se présentent dans les conférences internationales, comme à Davos ou au « South European Summit » de Salzbourg ou aux conférences sur la « re­construction », organisées par le FMI, la Banque mondiale ou l’UE, elles viennent, parfois sans s’en rendre comp­te, recevoir des ordres. Il semble qu’elles n’ont pas compris les mécanismes en place…

Dans la plupart des pays, la « démocratisation », toujours suivie de la « privatisation », de la « libéralisation » et de la « dérégulation », conduit à une destruction massive des capacités de production, accompagnée d’un taux de chômage catastrophique et, pire, dans les pays agricoles, d’une pénurie de denrées alimentaires (avec des débuts de famine !), parce que la dérégulation néo-libérale ruine l’agriculture. L’erreur n’a pas été de procéder à une « démocratisation » insuffisante, mais d’avoir repris et appliqué le système néo-libéral dans son ensemble et de manière a-critique.

D’abord, ce système ne pouvait pas s’appliquer dans une économie de type traditionnel. Ensuite, il n’y avait pas les conditions-cadres nécessaires (d’ordres institutionnel, légal, juridique et autres) ni suffisamment de ca­dres formés à ces écoles anglo-saxonnes, pour que ce type d’économie puisse s’organiser. Mais, chose plus im­por­tante encore, l’ensemble du processus de néo-libéralisation consiste en une « reprise en main par l’enne­mi », en la personne de spéculateurs (le capital international, des trafiquants de toutes espèces, des escrocs). Fi­nalement, le système néo-libéral a atteint son point terminal, le crash, comme nous pouvons le constater à la suite ininterrompue de crises dans le monde entier. L’illusion, qui consiste à croire que, si le système ancien était mauvais, le nouveau devait automatiquement être bon, est une conclusion complètement erronée. Il ne s’a­git pas de cela. Si on prend conscience de QUI, ici en Europe orientale, dans des délais très brefs, en est ve­nu à dominer l’industrie, le système bancaire ou les médias, on s’étonne et on se demande comment cela a-t-il pu se faire… Sont-ce des événements normaux ? Ou un processus téléguidé de l’extérieur par des forces ano­ny­mes et secrètes ? Pour trouver réponse à ces questions, il suffit de se demander « Cui bono ? », « A qui profite le crime ? ».

Q. : Quelles sont vos impressions après votre voyage en Serbie, frappée par les bombardements de l’O­TAN ? Sur le plan géopolitique, que signifie la Serbie pour vous ? Garde-t-elle une signification dans l’af­fron­tement futur entre l’Europe et les Etats-Unis ?

GR : La Serbie a été, est et restera très importante pour des raisons géopolitiques. Elle se situe au carrefour de plu­­sieurs lignes de communication entre l’Europe et l’Asie. Si l’on songe à la résistance que vient d’opposer la Ser­bie à l’impérialisme américain et aux pressions hégémoniques de Washington, alors on peut dire, sans hé­si­ta­tion, que les Serbes, une fois de plus dans l’histoire, ont pris en charge la mission très difficile de défendre l’Eu­rope contre le despotisme d’une puissance étrangère à l’espace européen. La Serbie est donc le dernier pays d’Europe à opposer une résistance au nouvel ordre mondial annoncé jadis par Bush, Président des Etats-U­nis. Je me souviens d’avoir lu un livre très ancien, publié au début du siècle, qui avait pour titre « Die Serben – Wächter des Tores » (= « Les Serbes, gardiens de la porte »). Ce livre est plus actuel que jamais. Malgré toutes les nuées de la propagande, l’exemple donné par le peuple serbe cette année a changé la situation de manière dé­cisive. Car les Etats-Unis n’ont pas atteint le but de leur guerre : ils n’ont pas un modèle casuel pour justifier d’autres interventions, comme par exemple, en Tchétchénie contre la Russie ; ils n’ont pas pu installer une nouvelle « international law » en mesure de sa passer d’un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU ; ils n’ont pas pu étendre leur contrôle à l’ensemble du territoire serbe, c’est-à-dire à l’extrémité occidentale du « pont terrestre » de la « route de la soie », et de remplacer les forces de sécurité de l’ONU par l’OTAN. L’exemple serbe est donc de première importance, surtout sur le plan mental.

ADDENDUM : Réflexions sur les notions de « terre » et de « mer » (Carl SCHMITT)

Pour répondre plus en détails à votre question sur les différences entre économie anglo-saxonne et économie al­­lemande, il faut d’abord bien comprendre la différence fondamentale qu’il y a entre « terre » et « mer », com­­me Carl Schmitt l’a démontré dans son œuvre. Il a notamment approfondi ces concepts dans tous leurs as­pects dans son ouvrage intitulé Der Nomos der Erde (= Le Nomos de la Terre). Les différences entre les pays qui tien­nent leur puissance de la mer, comme l’Angleterre et plus tard les Etats-Unis, et ceux qui la tiennent de la ter­re, comme l’Allemagne, la Russie et la Chine, sont considérables. Je conseille à tous de lire attentivement l’œu­­vre de Carl Schmitt pour comprendre réellement combien les différences dans les forces motrices in­té­rieu­res des pays maritimes et des pays continentaux sont fondamentales. Les puissances maritimes basent leur économie sur le commerce mondial illimité et exercent dès lors leur contrôle sur les mers, en tous points du globe. Elles occupent les têtes de pont stratégiques les plus importantes dans le monde entier : Gibraltar pour les Britanniques, Panama pour les Américains, Suez, etc. (4).

Une caractéristique : ces puissances maritimes veulent la concurrence illimitée entre des marchés « libres », dans le monde entier, le commerce ne peut connaître d’entraves. L’OMC/WTO et d’autres organisations in­ter­na­tionales comme le Mercosur, l’ALENA et l’UE servent d’instruments à cette idéologie du libre-échange pla­né­tai­re. Lorsqu’une économie nationale particulière a un marché solvable, génère une surproduction mais se fer­me au principe du libre marché, alors les Etats-Unis appliquent, sans fard ni hésitation, leur stratégie habi­tuel­le de répression, qu’avait annoncé en son temps le Président Wilson : « S’ils ne veulent pas nous ouvrir leurs por­tes, alors nous allons les enfoncer… ». Exemple : le blocus subi par le Japon au 19ième siècle et perpétré par la flotte américaine ; plus tard, à partir de 1937, ces blocus directs ou indirects, ont obligé les Japonais, qui dé­pendaient cruellement des matières premières, à faire une guerre qu’ils ont perdue.

Aujourd’hui, les méthodes sont plus subtiles. A côté de « l’économie réelle » (investissements dans la produc­tion), dominent en économie les « financial markets ». On devrait plutôt les appeler des « marchés virtuels », car ils sont complètement détachés de l’économie réelle ; leurs transactions sont en fait des jeux d’ordi­na­teurs, aux caractères hautement spéculatifs.

Les problèmes majeurs liés à ce type de marchés virtuels sont les suivants :

- moins de 1% des transferts financiers quotidiens concernent la paiement effectif de biens réels et de véritables services. Plus de 99% sont de nature purement spéculative.

- Les « dérivats », tels qu’on les appelle, sont en réalité purement virtuels et relèvent de l’économie casino. Ils ressemblent à ces jeux de pyramides financières et, par définition, sont des escroqueries graves et des at­tentats criminels contre les économies nationales et contre l’économie mondiale. Pire : la « bulle d’air » gé­nérée par les spéculations de cette économie virtuelle peut éclater à tout moment et précipiter l’en­sem­ble du système financier et monétaire du monde dans le chaos, avec toutes les conséquences d’un ef­fon­drement économique général, frappant toutes les économies nationales, la perte de toutes les épargnes des familles et d’une masse incalculable d’emplois, la pénurie générale de tous les biens importants. Un tel crash ferait apparaître celui de 1929/1930 comme une broutille sans importance !

-  Depuis quelques temps, l’ampleur des transactions spéculatives a dépassé la masse dominable. Les éva­lua­tions à la fin de l’année 1997 estiment que les « investissements » de ce type —et ils ne sont pas tous répertoriés ; de plus, parler « d’investissements » en cette matière est déjà une escroquerie— s’élèvent à 120.000 milliards de dollars. La Banque internationale des paiements rapporte que le taux de crois­sance de cette bulle spéculative est de 60% par an !

(La suite de cette étude de Gerhoch Reisegger dans notre prochain recueil ; version allemande parue dans la revue Staatsbriefe à Munich, http://members.tripod.de/staatsbriefe – version anglaise disponible chez l’auteur reisegger-gerhoch@netway.at ou chez robert.steuckers@skynet.be ).

Notes :

1. Hans KEHRL, Krisenmanager im Dritten Reich.

2. C’est immédiatement visible lorsque l’on observe les chiffres des budgets pour la défense et les questions militaires en pourcents du BNP :

Dépenses pour les questions militaires :

1933/34 : 1,9 milliards de RM = 4% du BNP

1934/35 : 1,9 milliards de RM = 4% du BNP

1935/36 : 4,0 milliards de RM = 7% du BNP

1936/37 : 5,8 milliards de RM = 9% du BNP

1937/38 : 8,2 milliards de RM = 11% du BNP

1938/39 : 18,4 milliards de RM = 22% du BNP

A titre de comparaison en 1934 : France : 8,1% du BNP ; Japon : 8,4% du BNP ; Union Soviétique : 9,0% du BNP ; Angleterre : 3,0% du BNP. Ce n’est qu’au début de la guerre que les dépenses de l’armée allemande et de l’industrie de guerre ont été comparables à celles des autres puissances.

3. Le journal financier australien Australian Financial Review a dévoilé les véritables raisons de la démission du vice-ministre des finances japonais, Eisuke Sakakibara (alias « Mister Yen »), responsable du départe­ment « finances internationales ». Sakakibara entrevoyait parfaitement la possibilité d’un gigantesque crash. « Il a dit à un ami qu’il n’insisterait pas pour rester un an de plus à son poste parce qu’il croyait que Wall Street allait crasher endéans cette période et qu’il ne voulait pas être responsable de la résolution des problèmes résultant de ce crash au Japon ». Plus loin, la magazine financier australien écrit : « Non seu­lement l’économie américaine s’effondrera, mais l’ensemble du système capitaliste global sera me­na­cé ». Il est assez inhabituel qu’un ministre parle un tel langage. Sakakibara est l’homme qui a inventé un ter­me moqueur pour désigner l’économie américaine : « bubble.com ». « Les Etats-Unis seront aux pre­miè­res loges quand la bulle internet va éclater et crasher ».

4. Dans The Grand Chessboard, Z. Brzezinski énumère toutes les positions stratégiques importantes du globe et les régions géopolitiquement importantes. D’un point de vue européen, nous ne partageons pas toutes ses analyses : elles sont néanmoins cohérentes dans les plans de l’hégémonisme américain.

 

Bataille de Marignan (1515)

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Bataille de Marignan

13 septembre 1515 : Bataille de Marignan entre Français et Suisses. Les Suisses y sont écrasés grâce à l’usage efficace de l’artillerie. François I triomphe. Il faut replacer cette bataille dans le contexte général des guerres dites d’Italie. En 1492, après avoir été durement étrillé par notre Empereur Maximilien, le roi de France Charles VIII abandonne toute prétention sur l’Artois et la Franche-Comté et sur le Roussillon au profit de Ferdinand d’Aragon.

L’alliance hispano-impériale a bien joué. Pour compenser cette double défaite, Charles VIII caresse le rêve de s’emparer de la plaine du Pô, de culbuter les troupes de Venise et de doter la Francie occidentale d’une façade sur l’Adriatique. Son fils Louis XII s’empare de Milan, ville centrale dans le bassin du Pô, et, par traité, occupe une partie du Royaume de Naples. La présence française devient tellement pesante en Italie que le Pape Jules II, inquiet, forge la Sainte Ligue (Cantons suisses, Venise, Angleterre, Espagne) en 1511.

Sous la pression de cette alliance, Louis II doit renoncer à Milan en 1514. Mais son successeur François I dénonce tous les accords antérieurs et marche sur Milan, défendue par les régiments suisses de la Sainte Ligue. Ces régiments sont écrasés à Marignan(o), localité à l’ouest de la métropole padane. En février 1525, Charles-Quint vengera cette victoire, chassant définitivement les Français de Lombardie. Ses troupes, regroupées autour des Bandes d’Ordonnance des Pays-Bas, étaient commandées par le Comte de Lannoy. La bataille de Marignan(o) contraint les Suisses à signer la fameuse « paix perpétuelle » avec la France, qui implique le recrutement de soldats suisses pour les armées françaises. Cette tradition se perpétuera jusqu’en 1789, où les gardes suisses de Louis XVI, fidèles, seront réduits en charpies par des bandes d’ivrognes parisiens sanguinaires. Curieuse façon de remercier des hommes qui avaient montré tant de fidélité et de dévouement… Mais l’idéologie révolutionnaire, que l’on veut nous présenter comme une panacée, comme un modèle indépassable, a-t-elle quelque chose à faire de vertus aussi magnifiques que la fidélité ?

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La fin du kémalisme en Turquie

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Andreas MÖLZER, Député européen

Lettre de Bruxelles

 

La fin du kémalisme en Turquie

 

Avant son élection à la fonction de Président, Abdullah Gül avait promis solennellement, en jurant ses grands dieux, qu’il respecterait la constitution laïque de la Turquie. Va-t-il réellement tenir cette promesse électorale ? Pour répondre à cette question, il faudra observer ses faits et gestes avec attention dans les mois qui viennent. Personne ne s’est étonné évidemment que l’ancien ministre des affaires étrangères du gouvernement AKP islamiste cherchait à éviter toute provocation inutile à l’endroit des militaires, gardiens de l’ordre kémaliste. Au cours de ce printemps 2007, les militaires avaient menacé le pays d’un putsch, si Gül entrait au Palais présidentiel de Cankaya, menace qui avait suffi à le faire reculer mais avait aussi plongé le pays dans une crise profonde.

 

Aujourd’hui, on ne sait pas trop si Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan résisteront à la tentation de transformer la Turquie selon leurs visions, ce qui correspondrait, finalement, à son islamisation complète. Un premier pas dans cette direction pourrait bien survenir fin septembre 2007, lorsque Erdogan proposera l’ébauche annoncée d’une nouvelle constitution. Le point principal de cette ébauche, d’après ce que l’on sait déjà ou que l’on subodore, serait de dépouiller totalement l’armée de ses pouvoirs, ce qui signifierait de facto la fin définitive du kémalisme.

 

L’islamisation menaçante de la Turquie ne semble pas troubler du tout l’UE. Bien au contraire : l’élection de Gül a soulevé d’enthousiasme l’établissement politique de l’UE, surtout le Président de la Commission, José Manuel Durao Barroso, car, prétendait-il, un « nouvel élan » avait enfin secoué la Turquie et permettait d’entrevoir du nouveau dans les négociations en vue de l’adhésion d’Ankara à l’Union, négociations qui s’étaient enlisées depuis quelques mois. L’Etat turc est donc désormais aux mains d’un parti d’obédience islamiste et cela ne dérange nullement l’établissement eurocratique. Au lieu de cultiver une inquiétude légitime, l’eurocratie bruxelloise préfère sottement écouter les discours lénifiants venus d’Ankara, qui disent que le processus de réforme, auquel l’Europe légale tenait tant, va enfin pouvoir se poursuivre. Alors qu’il aurait fallu, au plus tard après l’élection effective de Gül à la présidence, mettre sans délais un terme définitif aux pourparlers préparant une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE. Car en examinant le parcours personnel de Gül et en analysant les déclarations qu’il fit dans le passé, de lourds soupçons pèsent sur le nouveau président turc, car, tout comme pour Erdogan, ce contexte nous porte à penser que les deux compères ne cherchent pas à européaniser la Turquie mais bien plutôt à islamiser l’Europe.

 

La sagesse empirique nous enseigne à nous méfier des promesses pré-électorales des présidents, qui changent d’avis dès qu’ils sont en poste, comme le prouve d’ailleurs, aujourd’hui, la nouvelle attitude de Nicolas Sarközy ; hier, le président français disait s’opposer à une éventuelle adhésion turque ; aujourd’hui, il tient des propos assez différents. Lors des présidentielles françaises, rappelons-nous, il jouait le rôle de l’opposant clairvoyant à toute adhésion turque. Aujourd’hui, à peine deux mois et demi après son entrée en fonction, il abandonne cette position de combat, au vif plaisir du puissant lobby pro-turc. Si les pays membres de l’UE mettaient sur pied une « Commission des Sages » pour préparer l’avenir de l’Europe, déclarait Sarközy dans un de ses discours, alors il ne s’opposerait plus à l’ouverture de nouvelles négociations avec la Turquie.

 

Ce dont l’Europe a besoin, ce n’est nullement d’une commission confuse qui permettrait à Sarközy de passer élégamment à d’autres la « patate chaude » que fut cette très importante promesse électorale en matière de politique étrangère, qu’il n’a plus l’intention de tenir. L’Europe a bien plutôt besoin d’hommes d’Etat véritables, capables d’aller au devant des désirs et des soucis de la population, de les prendre au sérieux, et non pas de charlatans frivoles qui, délibérément, jouent avec l’avenir de notre continent. Car le citoyen, qui est en réalité, ne l’oublions pas, le souverain réel, rejette majoritairement, et de manière claire, l’adhésion de la Turquie à l’UE, parce que ce pays a une autre culture, une autre histoire et une autre mentalité et qu’il se trouve en dehors des frontières de l’Europe.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°37/05 septembre 2007).

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mercredi, 12 septembre 2007

Clinton, la Turquie et l'UE

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Texte ancien de 1999 pour rappeler la collusion américano-turque, aujourd'hui battue en brèche mais toujours potentiellement activable contre l'Europe !

Clinton veut ouvrir les portes de l’UE à la Turquie

A propos des déclarations du Président américain lors  de sa visite à la Turquie, dévastée par un tremblement de terre

Le Président Bill Clinton a esquissé clairement, devant l’ensemble des dirigeants turcs, la tâche stratégique que les Etats-Unis entendent donner à la Turquie : celle-ci doit être un « pont », surtout par le biais de son ad­hé­sion (espérée) à l’UE, entre l’Europe et l’Islam modéré ; elle doit également être le « bastion avancé de l’Oc­cident » contre les menaces des fondamentalistes (l’Iran) et de l’Irak ; elle sera l’élément porteur de la sta­bilité dans les Balkans ; elle sera l’alternative au monopole russe sur les fournitures énergétiques du Cau­ca­se, grâce à l’oléoduc Bakou-Ceyhan et au gazoduc transcaspien ; elle sera, enfin, l’alternative à l’hégémonie po­litique de Moscou en Asie Centrale. Toutefois, Clinton, en utilisant un langage très prudent, a aussi esquissé les « conditions » que la Turquie devra remplir pour que le peuple américain puisse accepter son rôle d’allié pri­vilégié qu’il compte lui attribuer : « approfondir la démocratie », objectif pour lequel « il y a encore beau­coup de travail à faire » ; la Turquie doit ensuite améliorer ses rapports avec Athènes et atténuer les tensions dans l’Egée ; elle doit ensuite favoriser un accord sur Chypre. Clinton, qui est en visite officielle à Ankara et qui doit participer le 18 novembre au sommet de l’OSCE, a affirmé, devant le parlement, que « le futur de la Tur­­quie est la clef pour donner forme au XXIième siècle ». Il a ensuite souligné, avec insistance, la grande im­portance géopolitique du pays, à cheval entre l’Est et l’Ouest, entre l’Occident chrétien et le monde mu­sul­man. Cependant, avec une égale insistance, la Président a insisté sur la nécessité, pour la Turquie, de con­ti­nuer les réformes démocratiques, « en particulier en ce qui concerne la liberté d’expression » et les droits de l’hom­me. Il a laissé entendre qu’il souhaitait également une solution à la question kurde. En même temps, Clin­ton dit l’urgence d’une amélioration des rapports de la Turquie avec la Grèce, afin que le dégel gréco-turc puisse favoriser l’adhésion à l’UE, projet que le Président américain « soutient avec force et fermeté » et aussi afin de faire de la Mer Egée une mer de paix. Clinton s’est ensuite félicité de la décision du leader turc-cypriote Rauf Denktasch d’accepter les négociations indirects qui auront lieu à New York ( !), mais il a dit au Pré­sident turc Suleyman Demirel et au Premier Ministre Bulent Eçevit qu’il attendait que ces négociations con­dui­sent à « des pourparlers significatifs qui mèneront à un accord général sur le problème cypriote ». Allusion claire aux tentatives directes de négociations qu’a entreprises Denktasch, qui reçoit le soutien d’Ankara, mais dont la « République Turque de Chypre du Nord » n’a pas encore été reconnue formellement par d’autres pays que la Turquie elle-même. Toute la classe politique turque, à commencer par Eçevit lui-même, était présente au Parlement pour écouter Clinton, flanqué de sa femme Hillary et de sa fille Chelsea. Eçevit s’est borné à ap­pré­cier l’importance que Clinton accorde à la Turquie, soulignant, dans sa réponse, que le Président américain connaissait bien le pays. Cependant, toute l’élite turque ne semble pas avoir apprécié la visite de Clinton. Une cen­taine de manifestants de la gauche turque ont été arrêtés pour avoir organisé des manifestations de pro­tes­ta­tion et scandé des slogans comme « Yankees go home ». Mises à part toutes questions politiques, ce sont les terribles séismes d’août et de novembre qui préoccupent l’homme de la rue en Turquie. Effectivement, le nom­bre de victimes du tremblement de terre du vendredi 12 novembre 1999 ne cesse d’augmenter. Le séisme a eu une ampleur de 7,2 sur l’échelle de Richter. D’après le dernier bilan officiel, il y aurait eu 452 morts et 2386 blessés. Les espoirs de trouver encore des survivants s’amenuisent d’heure en heure, même si les équipes de secours turques et étrangères continuent à creuser ou à fouiller les décombres s’il y a la moindre chance de trouver un être humain encore en vie. Le Président Clinton a assuré le soutien des Etats-Unis, qui ne lésineront en rien et multiplieront les efforts pour aider le nouvel « allié principal » de Washington dans le désastre qui le frappe. Clinton a annoncé un financement d’un milliard de dollars, via l’Eximbank. Cette fois, le gouvernement turc est intervenu rapidement sur les lieux du séisme, en y envoyant des militaires, attitude contraire à son inertie lors du tremblement de terre du 17 août, qui a fait 20.000 victimes. Le problème principal pour les si­nis­trés reste le froid et l’hi­ver qui arrive : de sérieux problèmes resteront irrésolus, y compris pour les sans-a­bri du séisme de cet été. De nombreux pays continuent à envoyer de l’aide, l’Italie en tête. A Duzce et à Kay­nas­li, les deux localités les plus touchées en novembre, où, respectivement, 350 et 301 des 722 immeubles à é­ta­ges se sont écroulés, les équipes de se­cours poursuivent avec obstination leurs recherches dans les ruines, mais 72 heures après le séisme, les espoirs de trouver encore quelqu’un en vie se réduisent considérablement.

Mauro BOTTARELLI.

(Article paru dans La Padania, 16 novembre 1999 ; http://www.lapadania.com ).

Lili Marleen - Histoire d'une chanson

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Lili Marleen - Histoire d’une chanson

 

En avril 1941, Richard Kistenmacher part pour Belgrade. Avec d’autres mobilisés qui, dans la vie civile, sont techniciens auprès de l’émetteur radio de Berlin, il a reçu pour mission de créer un émetteur pour les soldats dans la ville danubienne occupée. Kistenmacher est compositeur musical de profession. En route pour la capitale serbe, il s’arrête à Vienne et fouille les archives de l’émetteur autrichien pour voir s’ils n’ont pas là quelques disques en trop. Il en choisit soixante. L’un de ces disques présente « Lied eines jungen Wachtpostens » (= « La chanson d’une jeune sentinelle »), un flop commercial de l’été 1939. Le chiffre de vente de ce disque avait été seulement de 700 exemplaires. Kistenmacher n’a pas eu le temps d’écouter tous les disques qu’il avait emportés de Vienne. Il choisit d’après les titres et n’écoute chaque fois que quelques mesures. « Das Lied eines jungen Wachtposten » commence par le son d’un clairon, comme dans une fanfare, ce qui lui paraît adéquat pour un émetteur de l’armée. Mettre sur pied la station radiophonique de Belgrade prendra du temps, mais, en fin de compte, avec de faibles moyens, elle finit par pouvoir émettre. Pendant cette période de préparation, Kistenmacher a eu le temps d’écouter ses disques mais c’est la mélodie du « Lied eines jungen Wachtpostens » qu’il trouve potentiellement la meilleure. Le 18 août 1941, le programme du soir se termine par cette chanson, sélectionnée par Kistenmacher. Elle lui plaît énormément et il l’utilise pendant une semaine entière pour mettre un terme aux émissions vespérales. Mais le chef de la station radiophonique de Belgrade n’est pas d’accord : il appelle Kistenmacher dans son bureau et lui dit : « Trop, c’est trop ! J’interdis dorénavant cette Lili d’antenne, amusez-vous avec d’autres filles ! ».

 

Mais les soldats allemands stationnés en Yougoslavie, en Grèce et en Afrique du Nord ne sont nullement du même avis, eux qui sont continuellement branchés sur cet émetteur belgradois. Les lettres de protestation affluent et Kistenmacher reçoit l’autorisation de terminer les émissions radio à 21 h 55 par la chanson qui n’est plus la version originale du « Lied » mais est devenue « Lili Marleen ». Les soldats qui reviennent en permission en Allemagne demandent aux émetteurs allemands de programmer la chansonnette. En un rien de temps, elle envahit le Reich tout entier et tous les territoires qu’il occupe. Hitler dit à son aide de camp : « Cette chansonnette va nous survivre ».

 

Tristesse

 

« Lili Marleen » devint ainsi la chanson-culte de la deuxième guerre mondiale, bien qu’elle soit née, en fait, pendant la première. Le rédacteur du texte d’origine fut un certain Hans Leip, natif de Hambourg, qui suivait à l’époque une formation d’officier à Berlin. Là, il rencontre d’abord une fille prénommée Lili, puis une autre, prénommée Marleen. Dans un poème, il fait des deux filles une seule et même personne. Vingt-deux ans plus tard, il y ajoute deux vers et le fait paraître, avec quelques poèmes de matelots, dans un petit recueil qu’il intitule « Kleine Hafenorgel » (= « Petit harmonika au port »). Un an plus tard, le compositeur Norbert Schulze est attablé dans une taverne avec quelques amis où traîne un exemplaire du recueil. Schulze n’est pas le premier venu. Deux ans auparavant, il avait obtenu un succès retentissant avec « Schwarzer Peter », œuvre qui était mi-opérette mi-opéra. Toute l’Allemagne fredonnait alors l’air du ténor, « Ach ich hab’ in meinen Herzen… ». Cet air demeure encore très populaire aujourd’hui. Le ténor Rudolf Schock, fort aimé en Flandre, donnera à ses mémoires le titre de cet air. Le soir où il découvrit le « Kleine Hafenorgel », Schultze, en présence de ses commensaux, lut et relut le poème de Leip, qui lui fit littéralement jaillir une mélodie dans la tête. Il fonça sur le piano de la taverne et commença tout de suite à travailler le thème. En peu de temps, sa chanson fut prête. Un an plus tard, il demande à la chanteuse Lale Andersen de la chanter. Le disque sera un formidable succès.

 

La chanson correspond parfaitement à l’atmosphère de l’époque. Les Allemands ne veulent plus entendre ces habituelles chansons de soldats, trop saccadées, trop martiales. Dans la vie quotidienne, la guerre est devenue bien trop présente, et les gens préfèrent des rengaines plus sentimentales. Au top, on trouve « Heimat, deine Sterne », si joliment chanté par le bassiste Wilhelm Strienz et « Gute Nacht, Mutter », entonné par le baryton Karl Schmitt-Walter, que l’on entendait souvent lors du « Wunschkonzert » de la radio, quand on rendait hommage aux soldats tombés au combat. La tristesse de Lili Marleen, où l’on sent l’approche de la mort, s’inscrit bel et bien dans cette veine. De surcroît, le succès de la chanson est dû aussi à l’interprétation qu’en donnait Lale Andersen, une blonde dont la voix avait été rendue rauque par le tabac. Même l’organe de la NSDAP honore la chanteuse et la chanson, en écrivant que le texte a beaucoup en commun avec les œuvres publiées dans l’anthologie des chansons populaires intitulée « Des Knaben Wunderhorn » (mais, et pour cause, ce ne fut pas en référence à la composition de Gustav Mahler, à l’époque boycotté parce qu’Israélite).

 

Les soldats réclament Lili Marleen

 

Andersen devient une star en peu de temps et réclame des honoraires ad hoc pour chanter à la radio. Normalement, à l’époque, un chanteur connu recevait quelque 200 Reichsmarke pour un spectacle life, ce qui correspondait au salaire moyen d’un ouvrier allemand. Les chanteurs et chanteuses du hit parade des années de guerre, comme Marika Rökk, Rosita Serrano et Zarah Leander, gagnaient cinq fois plus. Les exigences de Lale Andersen sont inacceptables pour le grand chef de tous les émetteurs allemands, Joseph Goebbels. De plus, il a horreur de la sentimentalité qui se dégage de « Lili Marleen ». En novembre 1941, l’ordre tombe : la chanson ne peut plus être chantée que par une voix masculine. Les soldats sont furieux et font entendre leur fureur par un flot de lettres : ils exigent le retour de Lale Andersen, mais Goebbels refuse. L’émetteur de Belgrade fait partie de la Wehrmacht et n’est pas directement subordonné au Ministère de la Propagande de Goebbels. Plus tard, de nombreux soldats ayant combattu sur l’effrayant front de l’Est se souviendront : ils se rassemblaient autour de leur poste de radio, le « Volksempfänger », après une journée d’enfer et de sang ; le technicien, dont les doigts étaient plus sensibles, cherchait fébrilement l’émetteur de Belgrade.

 

Finalement, Goebbels laissera la paix à Belgrade, tout en continuant la guerre personnelle qu’il livrait à Lale Andersen. Il alla jusqu’à faire détruire les matrices du tout premier enregistrement. Mais la chanteuse n’a jamais eu peur du ministre de la propagande et a refusé, au printemps 1942, de chanter pour les gardiens du ghetto de Varsovie. Six mois plus tard, Goebbels parvient à la coincer. Avec naïveté, elle a écrit une lettre à une ancienne connaissance qui s’était installée en Suisse ; cette connaissance était juive. Elle se voit infliger une interdiction professionnelle et plus personne ne peut diffuser ses autres disques. Mais Belgrade continue à émettre Lili Marleen. Lorsque la BBC annonce que Lale Andersen s’est suicidée à cause des nazis, elle reçoit à nouveau l’autorisation de monter sur les planches, mais non pour la radio. Goebbels est occupé à dresser des listes de chansons à interdire et son ministère est inondé de réactions furibardes après un terrible bombardement de Berlin. Le jour après cette attaque aérienne, la radio avait diffusé « Für eine Nacht voller Seligkeit » de Marika Rökk. Comme de plus en plus de sous-marins allemands sont coulés, le ministère interdit aussi la radiodiffusion de « Eine Seefahrt, die ist lustig ». Une chansonnette comme « Warum soll ich treu sein… » se voit également interdite car jugée mauvaise pour le moral des soldats du front. Et chaque fois que la radio diffuse la chanson « How do you do ? » de Rosita Serrano, le speaker doit expliquer clairement aux auditeurs que ce sont là les seuls mots anglais du texte et que la chanson a pour objectif de se moquer des Britanniques.

 

L’éloge d’Eisenhower

 

Lili Marleen poursuit sa voie triomphale. En Afrique du Nord, ce ne sont pas seulement les soldats de l’Afrika Korps qui écoutent l’émetteur de Belgrade. Vers vingt-deux heures, les Britanniques, eux aussi, cherchent à le capter. Lorsque les lignes de front sont très proches et que les Britanniques n’ont pas de récepteur, ils crient, le soir, à leurs ennemis allemands : « Comrades, louter please » (= « Plus fort, camarades ! »). Les commandants alliés ne sont pas heureux mais ne peuvent pas davantage enrayer le succès de la chanson dans les rangs de leurs soldats. Les Allemands produisent même une version anglaise qu’ils diffusent pour leurs émissions de propagande destinées à la Grande-Bretagne. Les autorités alliées sont acculées et ne peuvent que faire contre mauvaise fortune bon cœur : elles produisent à leur tour une traduction. En Grande-Bretagne, c’est Vera Lynn, la « sweeheart of the forces », qui enregistrera la chanson. Aux Etats-Unis, ce rôle sera dévolu à Marlène Dietrich.

 

La version de Marlène Dietrich fut un tel succès que beaucoup croiront plus tard que ce fut elle qui avait été la première à lancer la chanson. Sur les partitions et écrits où figure la musique de Lili Marleen, on trouve erronément le nom du compositeur Paul Lincke mais tous s’accordent à concéder, en toute honnêteté, le « copyright » à « Apollo Verlag Germany » (même si les bénéfices en ont été confisqués).

 

Après la guerre, Lale Andersen continua à chanter sa chanson la plus connue lors de concerts organisés pour les troupes d’occupation américaines et britanniques en Allemagne. Eisenhower rendit hommage au poète Hans Leip en disant de lui « qu’il fut le seul Allemand qui avait rendu le monde plus heureux pendant toute la guerre ». Sur le compositeur Norbert Schulze, le général américain ne prononça pas un mot car il avait également composé des chansons politisées à grand succès, telles « Bomben auf Engeland » (= « Bombes sur l’Angleterre ») et « Panzer rollen in Afrika vor » (= « Les panzer foncent en avant sur la terre d’Afrique »). Liese-Lotte Bunnenberg, comme se nommait Lale Andersen à l’état-civil, mourut en 1972, âgée de 67 ans. Hans Leip décéda en 1983, ayant atteint l’âge de 90 ans. Et Norbert Schulze allait avoir 92 ans quand il mourut en 2002.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 22 août 2007).

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mardi, 11 septembre 2007

R. Steuckers: Entretien accordé à G. Luyt

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Réponses aux questions de Guillaume Luyt

Entretien avec Robert Steuckers

Robert Steuckers, qu'est-ce que Synergies Européennes ?

«Synergies Européennes» est une amicale paneuropéenne, qui regroupe, de manière somme toute assez infor­mel­le, des non conformistes de toutes nationalités qui travaillent sur un ensemble de thèmes communs: criti­que du mondialisme et des idéologies dominantes, révolution conservatrice et thématiques assimilables à ce complexe politico-idéologique riche de différences, projets alternatifs en économie et en droit, littérature cri­tique des travers de notre monde contemporain, philosophie nietzschéenne et postmoderne, etc. Cette ami­cale "fonctionne" naturellement et spontanément sans structures autres qu'un bureau européen, dont j'assure le secrétariat et qui a pour simple tâche de coordonner des activités communes, comme les séminaires ré­guliers ou ponctuels, les universités d'été ou les rencontres amicales. Comme vous l'aurez sans doute appris par la rumeur, j'avais découvert la ND en 1973 quand j'avais 17 ans et j'y ai travaillé longtemps en gardant toutefois un certain scepticisme au fond du cœur. Toujours, j'ai voulu œuvrer à la charnière de cette ND, que je percevais comme un cercle d'études (j'étais avec Guillaume Faye au “Secrétariat Etudes & Recherches"/ SER), et les diverses expressions du nationalisme révolutionnaire, que je percevais comme des tentatives d'an­crage de nos études dans la réalité sociale; comme des espaces effervescents capables de conquérir une niche et de la consolider sur les échiquiers politiques nationaux dans les Etats européens.

Pour moi, l'aire NR devait être aux forces identitaires ce que le tissu associatif gauchiste était aux forces mar­xistes et surtout à la sociale-démocratie européenne. On mesure pleinement aujourd'hui le succès de ce travail gau­chiste en marge de la sociale-démocratie ou des forces écologistes quand on aperçoit des Fischer ou des Jo­s­pin, des Blair ou des Schröder au pouvoir. Je me suis malheureusement trompé jusqu'ici, mais, en dépit de cet­te erreur d'analyse factuelle, je demeure convaincu qu'une consolidation de cette aire politique, si elle se réa­­lise, sera la base de départ d'un renouveau. Que les extrêmes droites classiques, véhiculant un vétéro-natio­na­lisme anti-social, a-critique à l'égard des structures dominantes, ou des résidus de pensée théologique ou des bricolages complotistes ou des nostalgies des fascismes ou des para-fascismes, sont incapables de mener à bien. La ND, centrée autour d'Alain de Be­noist, avait toujours refusé, avant 1985 et après 1987, de frayer avec des groupes plus militants, portés par des jeunes gens dynamiques (entre 1985 et 1987, les principaux ex­po­sants de la ND accordent toutefois des entretiens aux revues du MNR de J. G. Mal­liarakis, sans que cette coo­pé­ra­tion ponctuelle et passagère ne donne de véritables résultats). Pour nous, qui œuvrions à Bruxelles depuis 1976, ce refus néo-droitiste était une insuffisance. Nous préférions les synthèses allemandes et italiennes, notamment le mélange allemand de nationalisme révolutionnaire et de nouvelle droite, dont les observateurs scientifiques ou critiques ne parviennent pas à séparer les ingrédients (voir les travaux de Bartsch, Pröhuber, etc.). En Italie, Pino Rauti, entre 1978 et 1982, dirigeait le bimensuel Linea, où les options nationales ré­vo­lu­tion­nai­res se mêlaient très habilement à certaines thèses de la ND, rendant particulièrement instructive la lecture de cette publication très vivante, très en prise sur les réalités quotidiennes de la péninsule. La syn­thèse réussie de Linea a toujours été pour moi un modèle.

Dans le cadre de mes activités en marge du GRECE d'abord, du Groupe EROE ("Etudes, Recherches et Orien­ta­tions Européenne") puis de Synergies Européennes ensuite, j'ai toujours tenté de rétablir un contact entre ces deux pôles, l'un théoricien, l'autre activiste. Je n'ai jamais renié mon compatriote Jean Thiriart, avec qui j'ai échangé un courrier aussi abondant que truculent (nous nous échangions des épithètes dignes du Capitaine Haddock), qui fut un maître incontournable sur deux plans: sa volonté de parfaire toujours une analyse géopo­li­ti­que de la scène internationale et, ensuite, sa volonté d'analyser les situations politiques intérieures à l'aune des instruments que nous ont laissés des hommes comme Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Serge Tchakhotine, Da­vid Riesman, Raymond Aron (surtout "Les grands courants de la sociologie contemporaine"), etc. Thiriart était un analyste lucide des tares des régimes dominants; il méprisait profondément les politiciens à la petite semaine, qui n'agissent que par fringale d'intérêts personnels et par appétit de petits pouvoirs sans impact sur le fonctionnement réel de la politique. J'ai aussi participé régulièrement aux activités du MNR de Jean-Gilles Malliarakis à Paris, dont les interventions publiques étaient si chaleureuses à la mode latine et méditerra­néen­ne. Le MNR de Malliarakis était comme une grande famille et je regrette vivement qu'une structure de ce type n'existe plus aujourd'hui dans la capitale française, permettant des échanges féconds.

J'ai également participé à la revue Nationalisme et République de Michel Schneider, ce qui m'a valu les foudres d'A­lain de Benoist et de Charles Champetier. Heureusement que ces deux personnages ne sont que des Jupiters de petit voltage, juchés sur des taupinières, et que leurs foudres ne m'ont pas terrassé: elles n'ont eu que l'ef­fet d'un micro-postillon crachoté par une musaraigne. L'expérience de Nationalisme et République a été fort in­­téressante dans la mesure où des esprits très différents ont fait confluer leurs réflexions non conformistes dans ce journal, lui conférant une pertinence rarement égalée depuis. Ensuite, dernière remarque sur Natio­na­lisme et République: cette trop courte expérience éditoriale a permis notamment de suggérer les bases d'une recomposition géopolitique de l'Europe.

Incompatibilité entre politique et satano-saturnalisme

En revanche ma collaboration avec Christian Bouchet ("Nouvelle Résistance", le FEL) a tourné court. Bien que j'ai toujours amèrement déploré sa rupture, incompréhensible, avec le mouvement "Troisième Voie" de Jean-Gilles Malliarakis, qui, lui, a trop vite jeté l'éponge, j'ai toujours regardé le mouvement lancé ou repris par Bouchet avec sympathie et nous échangions publications et informations; nous nous sommes retrouvés à Paris dans une salle du 18ième arrondissement à côté d'Alexandre Douguine, nous semblions coopérer sans arrière-pen­sées, jusqu'au jour où Bouchet a eu une idée somme toute assez saugrenue. A la veille des élections euro­péennes de 1994, il a rendu visite au président français de "Synergies Européennes", Gilbert Sincyr, un ancien du GRECE, pour lui demander de placer les membres de SE sur une liste de candidats, dirigée par Bouchet lui-même, qui devait s'opposer à celle du FN de Le Pen. A juste titre, Sincyr a jugé que cette opé­ra­tion n'avait pas raison d'être et que SE, tout comme le FEL, risquait de se couvrir de ridicule, vu les scores for­cé­ment dérisoires que cette liste aurait obtenus. Bouchet a très mal pris ce refus et s'est mis en campagne contre Synergies Européennes, avec, en coulisse, l'appui d'Alain de Benoist et du "Chancelier" (!) du GRECE, Maurice Rollet, qu'il rencontrera à Marseille pour jeter les bases d'un "front commun" contre nous (et contre moi en particulier!).

Ce comportement irrationnel et puéril a fait perdre beaucoup de temps au mouvement. Par ailleurs, bon nom­bre de "synergétistes" voyaient d'un fort mauvais œil les activités non politiques de Bou­chet, où se mê­laient un culte du Britannique Aleister Crowley (sujet/objet de sa thèse universitaire), des pra­ti­ques sa­ta­nistes et sa­turnalistes, des rites sexuels du plus haut comique, où les participants s'affublent d'ori­peaux sacerdotaux d'où dépassent, obscènes, leurs attributs, sacrifices de poulets (pauvres bêtes!) par dé­ca­pitation en psalmodiant des in­cantations hystériques en faux tibétain, etc. Bouchet fait évidemment ce qu'il veut dans ses pénates, s'in­vente les jeux érotiques qui lui plaisent (à chacun selon ses voluptés!), mais un mixte de ces bouffonneries et de la politique —chose sérieuse quand elle refuse d'être purement politicienne— ne peut rien rapporter de bon, si ce n'est les quolibets de nos adversaires, qui peuvent ainsi largement alimenter leurs fantasmes. Le grou­pe “anti-fasciste” Golias étant particulièrement friand de ce genre de mixtum com­po­situm. Tout en gar­dant certaines réserves et en conservant mon esprit critique, je reconnais pleinement par ail­leurs l'excellence des deux derniers ouvrages de Bouchet: le volume collectif intitulé Les nouveaux natio­nalistes et l'ouvrage didactique qu'il vient de publier chez Pardès: Le B.A.BA du néo-paganisme. Bouchet a fait là œuvre utile, mais pour ses dérapages "saturnalistes", je conseille à tous de lire les deux pages bien claires de Victor Vallière, intitulées “De Satan à Loki: l'erreur de parcours de certains néo-païens” (in: Réfléchir & Agir, n°9, été 2001). Vallière nous donne là le vade-mecum de tout responsable local pour faire face à des velléités de saturnalisme ou de satanisme: il faut leur opposer un non possumus catégorique.

Ma collaboration avec Lookmy Shell (PCN) n'a débouché sur rien non plus, mis à part quelques articles dans ses publications. Ultérieurement, la querelle Bouchet/Shell, quels qu'en soient les motifs, a enrayé, à mon avis, la progression du mouvement nationaliste révolutionnaire, y compris des revues de Shell lui-même, qui au­raient pourtant mérité une plus ample diffusion, surtout qu'elles contenaient les articles de Frédéric Kisters, dont le niveau est excellent. Je reconnais notamment le bien fondé des tentatives de Lookmy Shell d'éradiquer tou­­tes les formes de “nazisteries” qui entachent le mouvement national-révolutionnaire et le couvrent de ridi­cule. Mais de là à imiter les insuffisances des mouvements qui s'auto-proclament “anti-fascistes” ou “anti-ra­cis­tes” et de faire du “nazisme” (défunt depuis mai 1945!!!) un concept extensible à l'infini, il y a une marge… Lookmy Shell a malheureusement franchi cette marge et renforcé la confusion qui règne depuis longtemps déjà dans la mouvance NR. J'aurais voulu poursuivre avec lui une quête sur le stalinisme, l'histoire de la diplomatie so­vié­ti­que, la mise en œuvre de la Sibérie dans les premières décennies du pouvoir soviétique, sur l'eurasisme, sur la di­plomatie soviétique pendant la guerre froide, sur la géopolitique des Balkans. A cause de l'attitude incom­pré­hensible de Lookmy Shell, toute cette documentation est restée en jachère mais, soyez-en sûrs, elle ser­vi­ra à d'autres. Par ailleurs, le comportement de Shell à mon égard demeure inexplicable. Il me reproche no­tam­ment d'a­voir dialogué avec le FNB de Marguerite Bastien, dont le journal, Le Bastion, a repris certains de mes pro­pos, sous la forme de deux ou trois interviews, axés principalement sur le problème de la Turquie dans l'OTAN et dans l'an­tichambre de l'UE. Lookmy Shell accusait l'équipe du Bastion d'être inspirée par une idéologie bru­ne-bleue (c'est-à-dire naziste-libérale) et d'être pro-occidentale, alors que dans le conflit du Kosovo, par ex­em­ple, elle a sévèrement critiqué la politique de l'OTAN et ne s'est jamais réclamée du national-socialisme. Je me de­man­de en quoi mes rapports avec les uns ou les autres regardent Lookmy Shell, et pourquoi s'arroge-t-il le droit de se poser en juge (fouquier-tinvillesque) de toute une presse, nationale ou autre? Quelles sont ses com­pé­­ten­ces intellectuelles, quelle élection l'a donc érigé à ce poste qu'il se donne arbitrairement? Shell n'a jamais été mon professeur et je n'ai jamais été membre de son mouvement. Dont acte. Et s'il n'en prend pas acte, je pense que son jugement est vicié et s'assimile aux rodomontades d'un interné qui se prendrait pour l'Empereur Napoléon (ou pour un autre personnage historique). Il y aurait là un vice dans l'appréhension du réel. Que je dé­­plore. Quand je visiterai une nouvelle fois un Asklepion hellénique, je demanderai à ce bon Esculape d'in­ter­céder en sa faveur, de trouver remède à ce mal qui afflige mon bon compatriote Lookmy Shell. Et quand un voi­sin catholique se rendra à Lourdes, je lui demanderai de dire une belle prière pour le Chef suprême du PCN, dont le retour à l'équilibre vaut bien quelques cierges consumés devant cette belle grotte pyrénéenne. Afin que nous puissions tous bénéficier de son rétablissement. Et relancer la machine interrompue à cause de ses co­lères aussi bruyantes qu'inexplicables.

Ces diverses péripéties montrent que l'espace ND/NR pose problème. Qu'il est tiraillé entre un empyrée théo­rique parfaitement éthéré —la planète Sirius disait un jour Pierre Vial en faisant allusion au GRECE— et un dis­cours qui s'englue dans des répétitions stériles, c'est-à-dire dans un piège mortel, où l'on n'appréhende plus le réel correctement. Si, à cet irréalisme et à ses répétitions, s'ajoutent l'arbitraire de personnalités en proie à des défaillances de jugement ou des illusions de grandeur, tout l'édifice, déjà fragile, bascule dans le néant. C'est pourquoi je salue avec joie, aujourd'hui, l'émergence de personnalités nouvelles, qui ont le sens de la camaraderie, de la solidarité, des nuances, de la nécessité de fédérer toutes les forces, de proposer une al­ter­native crédible et acceptable, à condition que ces personnalités adoptent systématiquement des démarches prospectives en direction des besoins réels de nos sociétés, quittent les marécages dangereux du nostalgisme et du sectarisme. Je pense aux efforts d'Eddy Marsan en France, qui juge la situation politique avec le regard acéré du philosophe réaliste, et de l'équipe du journal De­venir en Belgique, qui bénéficie depuis quelques nu­méros de la plume de Frédéric Kisters, qui a quitté, ef­fra­yé, le PCN de Lookmy Shell, à la suite de déboires dont je ne connais pas les détails. La tâche de ces person­na­lités nouvelles et dynamiques sera ardue, mais si elles persévèrent, elles réussiront au moins à établir soli­de­ment un édifice critique (à l'encontre de l'éta­blis­se­ment) et affirmateur (de valeurs et de perspectives poli­ti­ques nouvelles) dans le double champ de la ND et du NR. Et devenir, par conséquent, l'espace de renou­velle­ment des forces identitaires en Europe, que j'avais tou­jours espéré voir advenir. Laissons les personnalités à pro­blèmes se réfugier dans leur tour d'ivoire, prendre une retraite parfois méritée, dans de belles demeures ru­ra­les, en zone verte, pour se calmer les nerfs en siro­tant de réconfortantes tisanes.

Travailler à l'avènement d'une collégialité conviviale

Ce dont nous avons besoin, et que nous appelons de nos vœux depuis l'émergence de "Synergies Européennes", c'est l'avènement d'une col­lé­gialité conviviale et courtoise (ce sont les termes mêmes de notre charte), où cha­cun garde bien sûr qui sa re­vue, qui son cercle, qui son site internet, dans une pluralité féconde qui sera fédé­rée en ultime instance par un état d'esprit non sectaire, où l'intérêt collectif prime les humeurs et les af­fects per­sonnels. Ceux qui souf­frent de tels affects, ou se prennent pour des oracles infaillibles tout en menant des "stra­tégies personnelles" et en semant la zizanie, n'ont pas leur place au sein d'une telle collégialité. Il ne s'agit pas d'oblitérer les élans personnels et les initiatives de qualité; au contraire, il faut les laisser intacts et les fé­dérer ponctuellement, sans faire régner un mauvais esprit de soupçon, ni un caporalisme stérilisant, car de tels es­prits sapent le fonc­tion­nement optimal de tout groupe organisé.

Dans le cadre de la ND, il faut aussi déplorer une ambiguïté importante dans la définition qu'elle donne de la "cul­­ture", en tentant de la dégager et de l'autonomiser par rapport à toute démarche ou réflexion politiques, aus­si modestes soient-elles. Pour moi, une culture politique implique d'aborder les questions

- de la géopolitique (la dynamique croisée de l'histoire et de la géographie, des volontés humaines et de la don­née spatiale),

- du droit (le droit comme expression de l'identité politique d'un peuple, d'un Etat ou d'un Empire),

- de l'économie (les institutions économiques nationales ou locales sont autant l'expression de la culture d'un peu­ple que ses productions artistiques; la revalorisation des institutions économiques spécifiques est un an­­tidote contre les tentatives d'arasement globaliste)

- de l'histoire ancienne et immédiate, car nos méthodes sont généalogiques et archéologiques au contraire de celles des idéologies dominantes, qui plaquent sur le réel des idées toute faites; chaque entité poli­ti­que doit être ramenée à son histoire, à sa trajectoire propre dans le temps, et ramasser son passé pour le pro­jeter vers l'avenir, son avenir, distinct de celui des autres entités.

Cette approche nous différencie de la ND au sens habituel du terme, qui n'a pas abordé ces questions de ma­niè­re systématique, mais a mis davantage l'accent sur la volonté de créer une religion-ersatz (avec des rituels as­­sez parodiques et puérils: incantations biscornues devant une vieille pierre de meule rebaptisée "soleil de pierre", d'où l'expression d'un humoriste, qui avait assisté, à son corps défendant, à ce médiocre spectacle: le "pa­­ganisme du soleil pétrifié"), de forger une nouvelle morale en posant des interrogations sans fin (comme l'at­­­testent, par exemple, les deux numéros de Krisis sur la morale qu'Alain de Benoist a fait paraître naguère). Je ne nie pas l'importance des questions religieuses, morales ou éthiques mais je critique la propension à pren­dre prétexte de ces questions pour générer un questionnement sans fin qui n'aboutit à rien (les philosophes di­ront: le "trilemme de Münchhausen"). Les grandes valeurs religieuses ou éthiques ont déjà été énoncées et vé­cues dans le passé: il suffit de le reconnaître et de s'y soumettre. Le Bushido du shintoïsme japonais ou le Tao Te King chinois, par exemple, tous deux sources d'inspiration d'Evola, sont là, depuis toujours à notre dispo­si­tion. Nous pouvons les méditer, nous forger le caractère à leur lecture comme des millions d'hommes avant nous, intérioriser les admirables leçons de force et de modestie que ces deux textes nous offrent. C'est cela la pé­rennité de la Tradition. Un questionnement inquiet et torturé ne peut rien apporter de bon, si ce n'est l'in­dé­cision et le solipsisme, tares impolitiques par excellence.

Quelle est la dimension de votre combat ?

La dimension de notre combat est tout à la fois culturelle et politique. Elle vise la création d'une école politi­que européenne, puisant ses arguments dans les corpus culturels de notre continent. Géographiquement, ce com­bat est d'emblée européen, car, en notre point de départ, la Belgique, le cadre offert par le territoire na­tional est insuffisant (voire ridicule dans ses limites et indéfendable militairement). Les grands élans politiques ont toujours été impériaux ou européens chez nous, tant dans leurs dimensions laïques (comme chez "Jeune Eu­­rope" de Jean Thiriart), que bien souvent aussi dans leurs dimensions catholiques, où l'iconographe et pé­da­go­gue de l'histoire, le Chanoine Schoonjans des Facultés Saint-Louis, défendait toujours un point de vue im­pé­rial et catholique, même s'il devait parfois faire des concessions au "nationalisme petit-belge". En ultime in­stan­­ce, la patrie est le Saint-Empire, héritier de Rome. Les intellectuels de la fonction souveraine de ce Saint-Em­­pire, à ses débuts, étaient les clercs "lotharingiens", dont la plupart venaient du triangle Liège/Maas­tricht/ Aix-la-Chapelle, patrie originelle des Pippinides. Malgré cet affreux oubli du passé, qui nous pousse au­jourd'hui vers un univers orwellien, vers cette société du spectacle absolu sans profondeur temporelle que nous annon­çait Guy Debord, l'idée de cet aréopage de "lotharingiens" qui travaillent silencieusement au maintien de la struc­ture impériale, est une des idées motrices qui nous animent dans nos cercles de Brabant et de Liège. Cet­te Chancellerie "lotharingienne" trouve un écho dans la volonté de Carl Schmitt de recréer une telle in­stance, ap­pelée à énoncer un droit constitutionnel continental, de facture historiciste, flanquée d'une é­co­no­mie auto-cen­trée d'échelle continentale, reposant tous deux sur un recours à la Tradition, c'est-à-dire aux for­ces spi­ri­tuelles éternelles de l'Europe. Des "Lotharingiens" à Carl Schmitt, nous avons trouvé la conti­nui­té de gran­de pro­fondeur temporelle dans laquelle, humblement, nous nous inscrivons, en tâchant d'être de mo­destes con­ti­nua­teurs ou, du moins, les vestales de feux qui ne doivent pas s'éteindre.

De la guerre préventive des Américains contre l'Europe dans les Balkans, en Méditerranée orientale et en Asie centrale

Quant à la dimension plus pragmatique, que les impératifs de l'heure nous imposent, nous tentons de travailler de concert avec des amis allemands, italiens, espagnols, britanniques, français, helvétiques, russes, croates ou ser­bes sur des thématiques communes à toute l'Europe. Nous tentons de déconstruire à l'avance les antago­nis­mes artificiels que les services de diversion américains cherchent à bétonner en Europe. Par exemple, quand Hun­tington laisse sous-entendre qu'un clivage insurmontable existe de facto entre l'Europe occidentale (catho­lique et protestante) et l'Europe orientale (slavo-orthodoxe et son prolongement sibérien), il avance en fait un ar­gument de propagande pour rendre possible la guerre préventive que mènent les Etats-Unis contre toute con­centration de forces sur la masse territoriale eurasienne. En incluant la Grèce dans la sphère slavo-orthodoxe, les Etats-Unis, héritiers des stratégies de "containment" de l'Empire britannique, veulent à l'avance bloquer toute avancée des puissances danubiennes d'Europe centrale (allemande et serbe) en direction du bassin orien­tal de la Méditerranée, où Chypre déjà, est occupée par les Turcs depuis 1974. En fabriquant un axe musulman et néo-ottoman de la Thrace turque à l'Albanie, les Américains tirent un verrou infranchissable dans la portion sud du territoire balkanique, isolant la Grèce, qui, membre de l'UE et de l'OTAN, et réticente face aux pro­vocations turques, ne peut plus servir de tête de pont dans le bassin oriental. La géopolitique, vous le con­sta­tez, dans cet exemple très actuel, est une discipline faite de méthodologies diverses, qui vise à donner autant d'ouvertures possibles à nos forces continentales et apprend à prévoir l'organisation par nos adversaires de verrous ou le déploiement de stratégies bloquantes, qui visent à nous asphyxier politiquement, économique­ment, culturellement. Les travaux de nos amis croates et serbes (Antun Martinovic et Dragos Kalajic) ont été très éclairants dans cette problématique.

Enfin, il n'y a pas d'impérialité possible en Europe sans une économie propre qui suit ses règles spécifiques et non pas des recettes, néo-libérales et globalistes, énoncées en d'autres lieux, notamment dans les écoles et in­stituts de l'adversaire principal, les Etats-Unis. L'application de ces recettes conduit à notre impuissance. Nous travaillons donc sur les alternatives viables en économie, que des économistes français, tels Perroux, Albertini et Silem, avaient nommé les "hétérodoxies", qu'ils opposaient aux "orthodoxies", c'est-à-dire le libéralisme clas­sique (radicalisée aujourd'hui en "néo-libéralisme"), le communisme soviétique, désormais défunt, et les recet­tes de Keynes telles qu'elles sont appliquées par les sociales démocraties européennes (alors que l'œuvre de Key­­nes, nous le verrons parce que nous la travaillons actuellement, permet d'autres politiques). Pas d'im­pé­ria­lité non plus sans un droit clair et unifié, permettant d'harmoniser l'unité et la diversité. Un disciple de Carl Schmitt, Ernst Rudolf Huber, nous suggère un fédéralisme unificateur, respectueux des forces enracinées, seu­les garantes d'une "Sittlichkeit", c'est-à-dire d'une identité éthique et historique offrant la stabilité évoluante d'une continuité. C'est-à-dire une éthique vivante, politique et historique, qui permet de se projeter dans l'a­venir sans rester engluée dans des formes de gouvernance figées et sans jeter par-dessus bord les acquis du pas­sé. Guillaume Faye parlerait, lui, d'"archéofuturisme". En bref: l'antidote radicale à l'obsession de la "table rase" qui nous conduit tout droit à l'ambiance sinistre du 1984 d'Orwell et à la société moutonnière du spec­tacle, critiquée par Debord.

Vous venez de tenir votre université d'été, quelle place tient ce rendez-vous dans l'action de SE ?

L'Université d'été tient effectivement une place centrale dans nos activités. Elle est simultanément la Diète du mouvement, qui permet à nos sympathisants, venus de toute l'Europe, de se rencontrer et de constater que bon nombre de leurs préoccupations sont les mêmes en dépit des barrières nationales ou linguistiques.

Quelles en ont été les interventions principales ?

Il n'y a pas eu d'interventions principales et d'interventions secondaires, lors de cette 9ième Université d'été (qui est simultanément notre 16ième rencontre internationale). Nous avons toujours voulu présenter un panel d'orateurs chevronnés et d'orateurs néophytes. Cette méthode permet un enrichissement réciproque et évite le piège de la répétition, qui, comme je viens de vous le dire, est mortel à terme. Souvent les orateurs néophytes se défendent d'ailleurs fort bien. Ce fut le cas cette année plus que jamais. Parmi les orateurs chevronnés, nous avons eu Guillaume Faye, Frédéric Valentin, le Général Reinhard Uhle-Wettler et moi-même.

Faye nous a parlé de la "convergence des catastrophes" qui risque fort bien de s'abattre sur l'Europe dans les deux prochaines décennies. C'est un thème qu'il a déjà eu l'occasion d'évoquer dans ces trois derniers ouvrages, mais qu'il va approfondir en étudiant les théories de la physique des catastrophes. Le résultat final de cette quête va paraître dans une dizaine de mois et nous offrir une solide batterie d'argumentaires pour notre "philosophie de l'urgence", que nous avons tous deux héritée de nos lectures de Carl Schmitt (l'Ernstfall sur lequel nous travaillions déjà ensemble au début des années 80, notamment avec le concours de notre ami milanais Stefano Sutti Vaj et de la revue portugaise Futuro Presente), d'Ernst Jünger et de Martin Heidegger. Cette "philosophie de l'urgence" est dénoncée avec rage aujourd'hui par notre ancien "patron", Alain de Benoist, qui renie ainsi une bonne partie de ses propres positions, exprimées dans les colonnes des diverses revues néo-droitistes: on reste pantois à voir ainsi le chef de file de la ND/Canal historique renier purement et simplement les auteurs clefs de la RC et de la ND, qui se veut son héritière. Pire: il s'était posé comme le disciple fidèle d'Armin Mohler, auteur du manuel de référence principal des ND allemandes et italiennes (paru en version fran­çaise chez Pardès). Mohler développait une pensée de l'urgence, tirée des auteurs de la RC dont Jünger, de Carl Schmitt (“die Entscheidung”, “der Ausnahmezustand”), des disciples de celui-ci qui parlaient d'«Ernstfall», de la théorie de Walter Hof sur le “réalisme héroïque” et de la philosophie du Français Clément Rosset, auteur d'un ouvrage capital: La logique du pire. Pour Rosset, il fallait en permanence penser le pire, donc l'urgence, pour pouvoir affronter les dangers de l'existence et ne pas sombrer dans le désespoir devant la moindre contra­rié­té ou face à un échec cuisant mais passager. Mohler et Rosset sont mes professeurs: je n'accepte pas qu'on les trahisse aussi misérablement, que l'on opère une volte-face aussi pitoyable, surtout que rien, mais alors rien, n'est jamais venu infirmer la justesse de leurs démonstrations. La critique d'Alain de Benoist contre la pen­sée de l'urgence, telle que Faye l'articule, est résumée en une seule page de son journal, celle du 1 août 1999 (cf. La dernière année, L'Age d'Homme, 2000). Elle est à mon avis très bête, et toute à la fois suffisante et insuffisante. “Suffisante” par la prétention et la cuistrerie qui se dégagent de cette leçon sans substance, dia­métralement opposée à celles de Mohler et Rosset, et “insuffisante” par sa nullité et sa non pertinence.

Economie régulée et modèles sociaux traditionnels

Frédéric Valentin a abordé deux thèmes importants: la théorie de la régulation, avancée par les gauches au­jourd'hui, mais qui puise dans les corpus "hétérodoxes" (selon la définition de Perroux, Albertini et Silem). Pour les régulationistes français, la bonne marche de l'économie dépend de l'excellence des institutions politiques et économiques de l'entité où elle se déploie. Ces institutions découlent d'une histoire propre, d'un long terme his­torique, d'une continuité, qu'il serait tout à fait déraisonnable d'effacer ou de détruire, sous peine de dis­lo­quer la société et d'appeler une cascade de problèmes insolubles. Par conséquent, une économie qui se vou­drait "mondiale" ou "globale" est une impossibilité pratique et une dangereuse illusion. Dans sa deuxième in­ter­vention, il a montré comment les civilisations indiennes et chinoises avaient mis au point des garde-fous pour em­pêcher les classes sociales s'adonnant au négoce (du latin "neg-otium", fébrilité ou frénésie sans élégance) de contrôler l'ensemble du corps social.

Le Général Uhle-Wettler, ancien commandant des unités parachutistes allemandes et ancien chef de la 1ière Division aéroportée de la Bundeswehr, nous a exhorté à lire attentivement

- les ouvrages de Paul Kennedy sur la dynamique des empires et sur le concept d'hypertension impériale (im­perial overstretch),

- de Zbigniew Brzezinski pour connaître les intentions réelles de Washington en Eurasie et

- de Noam Chomsky pour connaître les effets pervers du globalisme actuel.

Cet exposé a été d'une clarté limpide, tant par la voix d'un homme habitué à haranguer ses troupes que par la concision du chef qui donne des ordres clairs. En tous points, les énoncés et les conclusions du Général cor­res­pondaient aux projets de notre "Ecole des Cadres", dirigée par Philippe Banoy, ce qui a évidemment en­thou­siasmé les stagiaires de cette école, présents à l'Université d'été! Mieux: debout à côté du Général pour tradui­re ses propos en français, j'ai été frappé d'entendre son appel aux jeunes Allemands à rejoindre un cercle com­me le nôtre pour élaborer l'alternative au monde actuel.

Pour ma part, j'ai présenté 54 cartes historiques de l'Europe, montrant le conflit cinq fois millénaire de nos peuples avec les peuples de la steppe eurasiatique. Nos cartographies scolaires sont généralement insuffisantes en France, en Allemagne et en Belgique. Les Britanniques en revanche, avec les atlas scolaires de Colin McEvedy, que je ne cesse de potasser depuis plus de vingt ans, disposent d'une cartographie historique beaucoup plus précise. En gros, quand les peuples européens dominent la steppe eurasienne jusqu'aux confins du Pamir (et peut-être au-delà, vers la Chine, à partir de la Dzoungarie et du désert du Taklamakan), ils sont maîtres de leur destin. Mais dès qu'un peuple non européen (Huns, Turcs) dépasse le Pamir pour s'élancer sur la ligne Lac Balkhach, Mer d'Aral, Mer Caspienne, il peut rapidement débouler en Ukraine puis dans la plaine hongroise et disloquer la cohésion territoriale des peuples européens en Europe. Cette vision, bien mise en exergue par la cartographie de Colin McEvedy, depuis la dispersion des peuples iraniens en Eurasie (vers 1600 av. J. C.), permet de bien mesurer les dangers actuels, où, avec Brzezinski, les Américains considèrent que l'Asie centrale fait partie de la zone d'influence des Etats-Unis, qui s'appuient sur les peuples turcophones.

Pour jeter les bases d'une "révolution conservatrice" civile

Dans une deuxième intervention, plus littéraire celle-là, j'ai montré comment les ferments de la fameuse "ré­volution conservatrice" allemande étaient né dans un cercle lycéen de Vienne en 1867, pour se développer en­suite à l'Université puis dans la sphère politique, tant chez les socialistes que chez les nationalistes. L'objectif de ce cercle, animé par la personnalité d'Engelbert Pernerstorfer, était de raviver les racines, de promouvoir un système d'enseignement populaire, de combattre les effets de la société marchande et de la spéculation boursière, de diffuser des formes d'art nouvelles selon les impulsions lancées par Schopenhauer, Wagner et Nietzsche (la "métaphysique de l'artiste", créateur de formes immortelles par leur beauté). La "révolution con­ser­vatrice" de Pernerstorfer est intéressante dans la mesure où elle se déploie avant la césure gauche/droite, socialistes/nationalistes, dévoilant une synthèse commune qui nous permet aujourd'hui de surmonter le clivage gauche/droite, qui bloque toute évolution idéologique, sociale et politique dans nos sociétés. Ensuite, le cor­pus idéologique qui a germé à Vienne de 1867 à 1914, permet de déployer une "révolution conservatrice" civile, c'est-à-dire une RC qui est en phase avec toutes les problématiques d'une société civile et non pas de la réduire à un "univers soldatique" comme dans la période de guerre civile qui a régné en Allemagne de 1918 à 1923. L'"u­ni­vers soldatique" est certes fascinant mais demeure insuffisant pour une pratique politique en temps normal (ceci dit pour répondre aux critiques insuffisantes et insultantes de de Benoist à l'encontre de toute pensée de l'urgence).

Deux autres orateurs de 40 ans se sont succédé à notre tribune: Andreas Ferch qui nous a brossé une esquisse biographique de Georg Werner Haverbeck, ancien animateur de la jeunesse "bündisch", inféodé par décret aux jeunesses hitlériennes, en rupture de banc avec le parti dès 1936 (parce que Haverbeck voulait une jeunesse fonctionnant selon les principes de la "démocratie de base" et non pas une jeunesse sous la tutelle d'un Etat), pasteur à Marbourg dans les années 40 et 50, animateur de cercles pacifiques au temps de la guerre froide (ce qui lui a valu le reproche d'être un "agent rouge"), fondateur de l'écologie non politicienne dans les années 80, refusant l'inféodation au gauchisme des Grünen (ce qui lui a valu le reproche de "néo-nationaliste" sinon pi­re…). Un destin étonnant qui résume toutes les problématiques de notre siècle. Werner Haverbeck est décédé à la fin de l'année 1999, à l'âge de 90 ans.

Heidegger et les effets pervers de la manie "faisabiliste"

Oliver Ritter, pour sa part, nous a parlé avec une extraordinaire concision et une remarquable clarté de Martin Heidegger. Il a parfaitement démontré que la transposition de critères et de grilles d'analyse de type technique ou de nature purement quantitative/comptable dans l'appréhension du réel conduit à des catastrophes (à cause du "voilement" ou de l'"oubli" de l'Etre). Face à l'option "archéofuturiste" de Faye, qui a des aspects techniciens, voire assurément "technophiles", en dépit de références heideggeriennes, les positions de Ritter sont bien sûr différentes, mais non "technophobes", dans la mesure où Heidegger s'émerveille aussi devant la beauté d'un pont qui enjambe une vallée, d'un barrage qui dompte une rivière ou un fleuve. Heidegger, et Ritter à sa suite, dénonce le désenchantement, y compris celui des productions de la technique, par l'effet pervers de ce culte technicien et quantitativiste de la faisabilité (Machbarkeit, feasability). Cette faisabilité (que critique aussi Ema­nuele Severino en Italie) réduit à rien la force intérieure des choses, qu'elles soient organiques ou produites de la main de l'homme. Cette réduction/éradication conduit à des catastrophes, et assurément à celles, convergentes, qu'annonce Faye. Ce dernier est plus proche du premier Heidegger, qui voit l'homme ar­raisonner le réel, le commettre, le requérir; Ritter, du second, qui contemple, émerveillé, les choses, souvent simples, comme la cruche qui contient le vin, au sein desquelles l'Etre n'a pas encore été voilé ou oublié, de ce second Heidegger qui dialogue avec ses disciples zen japonais dans son chalet de la Forêt Noire.

Sven Henkler, secrétaire de Synergon-Deutschland, vient de sortir un ouvrage sur le rapport homme-animal, totalement vicié aujourd'hui. Henkler nous a présenté son ouvrage le plus récent, Mythos Tier, qui déplore la déperdition définitive du rapport sacré qui existait entre l'homme et l'animal, de l'effroi respectueux que ressentait parfois l'homme face à la force de l'animal (notamment l'ours). L'animal est devenu pure mar­chan­di­se, que l'on détruit sans pitié quand les réquisits de l'économie l'exigent. Thierry de Damprichard a présenté un panorama des auteurs américains de la Beat Generation et explicité quelles influences ils avaient reçues d'Ezra Pound. Cette présentation a suscité un long débat qu'il a magistralement co-animé avec Guillaume Faye, très bon connaisseur de cette littérature, très en vogue dans les années 60. Ce débat a permis de rappeler que no­tre contestation du système (et de l'«américanosphère») est également tributaire de cette littérature protesta­taire. Guillaume Faye a notamment dit qu'elle avait marqué une figure non-conformiste française qui a démar­ré sa carrière dans ces années-là, qui est toujours à nos côtés: Jack Marchal.

Le rôle géopolitique futur de l'Inde et de sa marine

Jorge Roberto Diaz nous a parlé de la géopolitique de l'Inde, dans le cadre de diverses interventions sur les questions stratégiques et géostratégiques. Nous abordons chaque année un ensemble de questions de ce domai­ne, afin de consolider nos positions géopolitiques. L'ouvrage auquel Diaz s'est référé pour prononcer son exposé est celui d'Olivier Guillard, La stratégie de l'Inde pour le 21ième siècle (Economica, Paris, 2000). Jouer la carte in­dienne est un impératif géostratégique pour l'Europe et la Russie d'aujourd'hui, qui permettrait de contourner la masse territoriale turcophone, afghane/talibanique et pakistanaise, mobilisée contre l'UE et la Fédération de Rus­sie par les Etats-Unis. Une alliance entre l'UE, la Russie et l'Inde aurait pour corollaire de contenir l'effer­ves­cence islamiste et surtout, comme l'a très bien exposé Diaz, de contrôler l'Océan Indien et le Golfe Persique, donc les côtes des puissances islamiques alliées des Etats-Unis. Le développement de la marine indienne est donc un espoir pour l'Europe et la Russie qui permettra, à terme, de desserrer l'étau islamique dans le Caucase et les Balkans et de parfaire, le cas échéant, un blocus de l'épicentre du séisme islamiste, c'est-à-dire l'Arabie Saoudite. La menace qui pèse sur l'Inde vient de l'occupation américaine de l'île de Diego Garcia, où sont con­cen­trées des forces impressionnantes, permettant aux Etats-Unis de contrôler les flots et le ciel de l'Océan In­dien ainsi que le transit maritime du pétrole en direction de l'Europe, de l'Afrique du Sud, du Japon et des nou­veaux pays industriels d'Asie orientale.

Max Steens nous a plongés dans la pensée politique chinoise, en évoquant la figure de Han Fei, sage du 3ième siècle avant l'ère chrétienne. Han Fei nous suggère une physique politique limpide, sans jargon, avec, en plus, 47 principes pour prévenir toute pente vers la décadence. Phrase ou aphorismes courts, à méditer en perma­nen­ce! Le renouveau de notre espace politico-idéologique passe à notre sens par une lecture des sagesses po­litiques extrême-orientale, dont

- le Tao-Te-King, traduit en italien par Julius Evola pendant l'entre-deux-guerres et texte cardinal pour com­prendre son idéal de “personnalité différenciée” et son principe de “chevaucher le Tigre” (c'est-à-dire de vivre la décadence, de vivre au sein même de la décadence et de ses manifestations les plus viles, sans perdre sa force intérieure et la maîtrise de soi),

- le traité militaire de Sun Tsu comme le préconise Philippe Banoy, chef de notre école des cadres de Wal­lonie,

- le "Tao du Prince" de Han Fei, comme le préconise Steens de l'école des cadres de Bruxelles et

- le code du Shinto japonais, comme le veut Markus Fernbach, animateur de cercles amis en Rhénanie-West­phalie. Fernbach est venu nous présenter le code du Shinto avec brio, avec une clarté aussi limpide que son homologue français ès-shintoïsme, que je n'ai pas l'honneur de connaître, Bernard Marillier, auteur d'une étude superbe sur ce sujet primordial, parue récemment chez Pardès.

Tremper le caractère, combattre les affects inutiles qui nous distraient de l'essentiel

Ces voies asiatiques conduisent à tremper le caractère, à combattre en nos fors intérieurs tous les affects inu­tiles qui nous distraient de l'essentiel. Un collège de militants bien formés par ces textes, accessibles à tous, per­mettrait justement de sortir des impasses de notre mouvance. Ces textes nous enseignent tout à la fois la du­reté et la sérénité, la force et la tempérance. Après la conférence de Fernbach, le débat s'est prolongé, en abordant notamment les similitudes et les dissemblances entre ce code de chevalerie nippon et ses homologues persans ou européens. On a également évoqué les "duméziliens" japonais, étudiés dans le journal "Etudes indo-européennes" du Prof. Jean-Paul Allard de Lyon III, bassement insulté par la presse du système, qui tombe ainsi le masque et exhibe sa veulerie. Enfin, il y a eu un aspect du débat qui me paraît fort intéressant et promet­teur: notre assemblée comptait des agnostiques, des païens, des catholiques et des luthériens. Ethique non chré­tienne, le Shinto peut être assimilé sans problème par des agnostiques ou des païens, mais aussi par des ca­tho­liques car le Vatican a admis en 1936 la compatibilité du shintoïsme et du catholicisme romain. On peut donc être tout à la fois catholique et shintoïste selon la hiérarchie vaticane elle-même. Dès lors pourquoi ne pas étendre cette tolérance vaticane aux autres codes, ceux de la Perse avestique ou des kshatriyas indiens, le culte romain des Pénates, etc., bref à tout l'héritage indo-européen? Voilà qui apporterait une solution à un problème qui empoisonne depuis longtemps notre mouvance. Mais cette reconnaissance du shintoïsme, qui da­te de 1936, sous le Pontificat de Pie XII, est-elle encore compatible avec les manifestations actuelles du catho­li­cisme: les mièvreries déliquescentes de Vatican II ou l'impraticable rigidité des intégrismes obtus?

Manfred Thieme nous a ramenés à l'actualité en montrant avec précision les effets de la privatisation de l'éco­nomie dans les PECO (pays d'Europe centrale et orientale), en prenant pour exemple l'évolution de la Répu­blique Tchèque.

Les autres conférences, prévues à Bruxelles pendant le week-end précédant l'Université d'été proprement dite, seront prononcées plus tard, majoritairement en langue néerlandaise. Successivement, Jürgen Branckaert, Pré­sident des Jeunes du Vlaams Blok, l'historien brugeois Kurt Ravyts, Philippe Banoy, Guillaume Faye et moi-même y prendront la parole. Branckaert évoquera une figure cardinale de notre histoire: le Prince Eugène de Savoie, vainqueur des Turcs à la fin du 17ième siècle. Un cercle "Prince Eugène" verra le jour à Bruxelles, ras­sem­blant des Flamands et des Wallons fidèles à l'idée impériale, fédérant les cercles épars qui véhiculent la même inébranlable fidélité, tels “Empire et puissance” de Lothaire Demambourg ou la “Sodalité Guinegatte”. Des sections seront créées ensuite en Autriche, en Hongrie et en Croatie, de façon à nous remémorer notre seule légitimité politique possible, détruite par la révolution française, mais dans une perspective plus claire et plus européenne que celle de l'iconographie que nous avait présentée, dans notre enfance, le Chanoine Schoonjans, avec les images de la collection “Historia”. Ravyts analysera les influences de Gabriele d'Annunzio et de Léon Bloy, notamment sur la figure du national-solidariste flamand Joris Van Severen. Il rendra de la sorte cette figure de notre histoire plus compréhensible pour nos amis français et italiens. Cet exposé per­mettra également de raviver le souvenir de Léon Bloy dans notre mouvance, qui l'a trop négligé jusqu'ici. Banoy analysera l'œuvre de Vladimir Volkoff et en tirera tous les enseignements nécessaires: lutte contre la sub­version et la désinformation. Guillaume Faye présentera une nouvelle fois sa théorie de la “convergence des catastrophes".

La diversité de vos intervenants se retrouve dans la liste de diffusion multilingue que vous animez sur le net. Qu'il s'agisse de culture, de politique ou de géostratégie, vous offrez à vos destinataires des contri­butions qui tranchent bien entendu avec la pensée unique mais aussi bien souvent avec la routine intel­lectuelle des milieux nationalistes, français en tous cas. Précisément, quel regard portez-vous sur les na­tionalismes européens en général et français en particulier ?

Le rôle d'un cercle "métapolitique" est aussi de diffuser de l'information en vrac pour aider les jugements à se forger, pour concurrencer, dans la mesure du possible, l'idéologie que véhiculent les médias. Nous diffusons en six langues, le français, l'anglais, l'allemand, le néerlandais, l'espagnol et l'italien. Ce sont les six langues de travail de Synergies Européennes en Europe occidentale. Bon nombre de nos destinataires sont multilingues et la combinaison de langues maîtrisées varie d'individu à individu. Ce service de documentation électronique vise essentiellement, comme vous le devinez, à contredire et à critiquer l'idéologie dominante, celle de la "pensée unique" et de la "political correctness", mais aussi à enrichir le discours de nos lecteurs, quel que soit le secteur où ils sont actifs, politiquement ou professionnellement. En confrontant les idées de leurs milieux national, politique ou professionnel à celles de milieux similaires dans d'autres pays ou espaces linguistiques, ils consolident leurs idées, apprennent à les illustrer avec davantage d'arguments donc à transcender tout ce qui pourrait être répétition stérile. Nous tranchons de la sorte avec les routines du nationalisme français comme avec toutes les autres routines qui sévissent ailleurs. Pour moi, le nationalisme n'a de sens que s'il est une pratique qui consiste à capter les forces agissantes dans la société civile, dans le "pays réel" aurait dit Maurras, mais qui sont contrecarrées dans leur déploiement par l'établissement, ou le "pays légal".

Le "pays réel" des petites et honnêtes gens

Quant au regard que nous portons sur le nationalisme français, vous devinez qu'il est critique, justement parce qu'il vient d'ailleurs, d'un lieu hors Hexagone. En général, les observateurs scientifiques des phénomènes nationalistes dans le monde opèrent une distinction entre les "nationalismes étatiques" et les "nationalismes populaires" ou "ethniques". Les nationalismes étatiques, dans cette optique, seraient ceux qui privilégieraient les appareils d'Etat sans tenir compte des facteurs ethniques ou en s'opposant à ceux-ci. Les nationalismes populaires ou ethniques serait ceux qui instrumentaliseraient les forces populaires contre les appareils, jugés étrangers et coercitifs. Généralement, les nationalismes populaires ou ethniques se réclament du philosophe allemand Johann Gottfried Herder, père spirituel des nationalismes allemand, flamand, scandinaves, finnois, hongrois, russe, serbe, croate, tchèque, grec, slovaque, irlandais, breton, etc. On a opposé ce nationalisme du substrat ethnique aux idées de la révolution française, qui utilisent les forces organiques du peuple pour faire triompher des abstractions qui, une fois établies, travailleront à éradiquer les peuples réels. En dehors de France, le nationalisme français est souvent confondu avec les idées révolutionnaires jacobines, qui sont considérées comme anti-nationales. Ernest Renan a tenté de formuler un "nationalisme d'élection", un nationalisme fait d'adhésion volontaire à une "idée" nationale. Cette formule est également considérée comme un leurre par les nationalismes d'inspiration herdérienne, cette volonté et cette "idée" apparaissant trop éthérées par rapport à la substantialité que représentent l'héritage ancestral, la littérature véhiculée de génération en génération, les lignées de chair et de sang, la langue comme réceptacle de tous les souvenirs ataviques. La formule de Maurras éveille la même suspicion, à l'exception de sa distinction entre "pays réel" et "pays légal". Où le pays réel des "petites et honnêtes gens" (Péguy!) est exploité et écrasé par un pays légal mais foncièrement illégitime. En ce sens, Maurras est ambigu: dans sa jeunesse félibrige, il était un adepte de Herder qui s'ignorait. Il pariait directement sur le charnel local, cherchait à le dégager de l'emprise d'un légalisme abstrait. Cette trajectoire va continuer : la nostalgie d'un populisme organique ne cesse de hanter de grands esprits en France. Les fédéralistes autour d'Alexandre Marc et de Guy Héraud, qui commencent leurs travaux dans les années 30, les éléments critiques à l'égard d'un étatisme trop rigide que l'on repère dans l'œuvre de Bertrand de Jouvenel, le "folcisme" provençal, rural et paysan d'un Giono, les mouvements paysans de l'entre-deux-guerres, le slogan la "Terre ne ment pas" du temps de Vichy, les éléments épars de toute cette quête diffuse qui se retrouve dans le populisme gaulliste pendant la guerre et dans l'après-guerre, etc. La synthèse de toutes ces merveilles de la pensée du 20ième siècle n'a pas encore été faite. Malheureusement ! Cependant, les orientations nouvelles du gaullisme dans les années 60, après les tumultes de la guerre d'Algérie, avec la volonté de créer un Sénat des régions et des professions et de lancer l'idée mobilisatrice de "participation" mériteraient, à notre sens, une attention plus soutenue de la part des cercles néo-nationalistes en France, qu'ils soient inféodés à des partis ou non.

Un programme nouveau pour le nationalisme français

Enfin, il est évidemment qu'en dehors de France, et même dans les régions francophones à la périphérie de l'Hexagone, l'Histoire n'est pas jugée de la même manière. Par rapport au reste de l'Europe, l'Histoire de Fran­ce, depuis Louis XI (que nos instituteurs appelait l'«Universelle aragne», en reprenant l'expression qu'utilisait à son propos Charles le Hardi, Duc de Bourgogne, que l'historiographie française nomme le «Téméraire») et sur­tout depuis François I est regardée avec une évidente animosité. L'alliance que François I noue avec les Ot­tomans est considérée comme une trahison à l'égard du "bloc civilisationnel" européen. Cette animosité est difficilement surmontable, car lorsque nous avons affaire à des amis allemands (surtout du Sud), espagnols, autrichiens, hongrois, croates, lombards ou vénitiens, nous sommes amenés tout naturellement à partager la même vision de l'histoire: celle qui voit l'Europe unie contre les adversaires communs en Afrique du Nord et dans les Balkans. La France, comme du reste l'Angleterre, et dans une moindre mesure le Portugal et la Suède, fait bande à part, est perçue comme étant en marge de notre bloc civilisationnel. Par conséquent, notre souhait est de voir se développer une nouvelle historiographie française qui aurait les caractéristiques suivantes:

◊ Elle se réapproprierait une bonne part de la tradition bourguignonne, dans la mesure où celle-ci est fidèle à l'Empire, forge un "Ordre de la Toison d'Or" visant à reprendre pied dans l'espace pontique (Mer Noire);

◊ Elle revaloriserait des figures comme Catherine Ségurane, héroïque niçoise en lutte contre les Ottomans et François I (cf. «Une jeune Niçoise résiste au Turc Barberousse», in : Historia, n°593, mai 1996);

◊ Elle se réfèrerait davantage à la Sainte-Ligue, au-delà d'un catholicisme trop intransigeant, car la Sainte-Ligue était alliée à une Espagne combattante, notamment en Méditerranée et en Afrique du Nord;

◊ Elle se réfèrerait aux mouvements populaires de résistance, ainsi qu'à la Fronde, contre les tentatives de centralisation, qui n'avait qu'un but, spolier la population pour financer des guerres contre le reste de l'Europe et au profit de l'allié ottoman;

◊ Elle réactualiserait la politique maritime de Louis XVI, qui fut capable de damer le pion à la Royal Navy, et qui aurait, s'il avait réussi, dégagé définitivement l'Europe de l'«anaconda» thalassocratique (Haushofer);

◊ Elle mettrait en exergue la conquête de l'Algérie, imposée par la Restauration européenne à la France, pour expier les fautes de François I, qui avait, par ses manœuvres pro-ottomanes, fait échouer les conquêtes de Charles-Quint, amorcées en Tunisie, et des troupes espagnoles en Oranie;

◊ Elle renouerait avec le gaullisme anti-impérialiste et participationniste, en dépit des clivages catastrophiques de la guerre d'Algérie, ce qui permettrait de retomber à pieds joints dans le concret, en avançant une politique d'indépendance agricole et d'indépendance énergétique, pariant sur la diversité des sources, en proposant un modèle social original, dépassant les insuffisances du libéralisme et du capitalisme de type anglo-saxon, de lancer une politique spatiale (de concert avec le reste de l'Europe), de consolider un armement nucléaire, de relancer une flotte crédible (cf. les thèses de l'Amiral Castex et les travaux de Hervé Coutau-Bégarie) et de maintenir l'atout majeur qu'est une industrie aéronautique autonome, prête à coopérer avec ses consœurs européennes (notamment Saab en Suède).

Vous le constatez: nous ne sommes pas seulement critiques, par rapport aux errements du passé, nous sommes surtout positifs car nous proposons aux Français de mettre leurs atouts au service d'un bloc civilisationnel, capable de résister aujourd'hui aux Etats-Unis et à son appendice, le monde islamique, travaillé par les intégrismes de tous acabits.

 

lundi, 10 septembre 2007

Traité de Tanger

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Traité de Tanger

10 septembre 1844 : Le sultan du Maroc signe un accord avec la France lors du Traité de Tanger. Il se ménage ainsi une neutralité dans la guerre qui oppose Paris aux insurgés marocains et algériens rassemblés autour de l’Emir Abd el-Kader, chef charismatique, développant une mystique ascétique et guerrière digne d’admiration. Le sultan, vénal et corrompu, préférait s’allier aux Français plutôt que d’élever son peuple aux principes religieux et militaires prônés par Abd el-Kader. Ce dernier se rendra l’année suivante au général Lamoricière, esprit clairvoyant qui a su admirer à sa très juste valeur l’éthique militaro-religieuse du chef marocain. Ce rapprochement entre Paris et le sultan du Maroc, plutôt allié de revers des Anglais contre l’Espagne, conduit à une première ébauche d’alliance franco-anglaise contre le reste de l’Europe, ce qui conduira le diplomate Constantin Frantz à démontrer que seuls la Prusse et les empires austro-hongrois et russe sont authentiquement européens : les nations occidentales ont désormais des intérêts extra-européens et ne possèdent plus leur centre de gravité en Europe même (cf. « Constantin Frantz », par Robert Steuckers, in : « Encyclopédie des Œuvres Philosophiques », PUF, 1992).

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World Company: farce démocratique

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Texte de 2000: toujours d'actualité pouyr connaître notre dossier "Etats-Unis" !!

Les commentaires de Rodolphe LUSSAC sur les élections américaines

La farce démocratique de la World Company

Le plus populaire et le plus grand dispensateur de morale démocratique à l'échelon planétaire, empêtré dans un imbroglio médiatico-judiciaire a bien du mal cette fois-ci à cacher la crise de son propre modèle démocratique. A ce stade de crétinisme jubilatoire des médias américains et de leurs relais européens, il ne faudrait surtout pas compter sur les Américains pour nous dire le fin mot de l'épisode burlesque qui dévoile leur système politique et leur démocratie. Il convient pour les Européens de tirer eux-mêmes les leçons de l'impasse d'un certain modèle démocratique, voué à s'exporter dans le monde entier. La crise d'une pratique démocratique et des mécanismes de la plus grande puissance mondiale n'est l'illustration d'un phénomène de banqueroute généralisé des mécanismes démocratiques à l'échelon planétaire. Bien sûr, l'hypocrisie occidentale subsiste, le décalage entre le discours "prêt-à-porter" —et plein de compassion— destiné aux pays “non démocratiques” ou “tout juste” démocratiques, et les précautions si peu "démocratiques" dont s'entoure ce même Occident pour maîtriser la démocratie et contrôler voire détourner le suffrage universel.

A/ Première leçon du fiasco de l'élection présidentielle américaine. Les spectateurs, ébahis et étourdis par les infos contradictoires, découvrent qu'un candidat ayant largement la majorité du vote populaire peur perdre l'élection. En fait, l'élection américaine en question ne se fait pas au suffrage universel direct. Pourtant, ce serait le fondement de toute vraie démocratie. La non application du suffrage universel pour l'élection présidentielle est même inscrite dans la constitution, et cela dure depuis plus de deux siècles, sans que personne aux USA, ni ailleurs, ne s'en offusque. On peut comprendre que les pères fondateurs se soient méfiés du vote populaire, du choix des citoyens; et qu'ils aient mis en place un subtil dispositif d'ajustement, un correctif de démocratie. Un suffrage indirect, avec grands électeurs et quotas par Etats. Depuis deux cents ans personne de rouspète, alors qu'on clouerait au pilori n'importe quel pays qui voudrait se démocratiser graduellement et à sa façon, et qu'on accuserait violemment de manipulation, de lèse-majesté, les Américains en premier.

B/ Les Américains sont le modèle par excellence de la bipolarisation, les champions du bipartisme, l'Amérique est le paradis d'une prétendue stabilité que le système est censé garantir. Tout a été construit, concocté dans ce sens: le mode de scrutin, le financement de la politique, le fonctionnement des institutions et du monde judiciaire, et toute la gigantesque propagande médiatique adéquate. De la sorte, deux grands partis, blanc bonnet, bonnet blanc, sont assurés du monopole éternel sur les institutions et la politique du pays. Deux écuries immuables qui, quels que soient les résultats de n'importe quelles élections, dans le rôle du battu ou du vainqueur, sont assurées d'être d'une manière ou d'une autre au pouvoir. En gros, toute idée, toute conviction, tout autre intérêt, d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, est contraint de prêter allégeance à l'une des deux grandes familles. C'est une sorte de politique en "figures imposées". Le pluralisme, dans ce cas, ne doit pas dépasser le chiffre deux, 1+1=2, coëfficient d'intelligence moyen de nos voisins d'outre-mer. C'est binaire, kabbalistique, c'est électronique, c'est "fun" et "hightec", c'est simple, c'est "con", disons-le, mais ce n'est pas démocratique. Aux USA, on n'interdit pas les partis, on s'arrange astucieusement pour les empêcher de naître.

C/ Résultat 1: tous ceux qui n'entrent pas dans les deux moules imposés ne votent pas, ne s'intéressent pas à la politique et ne s'engagent pas. Puisque aucun parti nouveau ne peut percer dans un système verrouillé, tous ceux qui ont des revendications spécifiques et mènent une politique au "réel" se replient dans les réflexes identitaires et catégoriels. D'autres prennent même la bonne vieille Winchester pour faire de la rébellion au fin fond du Wyoming. Les groupements de Noirs, Latinos, Jaunes, Arabes, femmes, les sectes diverses témoignent alors d'un éclatement parallèle de la société américaine, qui n'est pas le pluralisme politique. Bref un décloisonnement si peu universel, si peu politique, en aucun cas démocratique.

D/ Le bipartisme planifié, verrouillant la vie politique, génère inéluctablement l'isolement de la classe politique en une petite coterie hermétique. D'abord, parce qu'elle est perçue comme une caste professionnelle fermée, et ensuite parce que les deux parties n'étant menacées par aucune concurrence ne voient pas l'intérêt d'un recrutement immédiat. C'est pourquoi il n'y a pas de circulation des élites mais omniprésence d'une oligarchie toute puissante. Les élites politiques se recrutent dans les mêmes familles, sinistres dynasties qui transmettent de génération en générations le kitch et le mauvais goût, label père et fils. Pour ne citer que les superstars de l'élection présidentielle, le candidat Bush est le fils de son père d'ancien président, et le frère de son cadet de gouverneur de la Floride, Etat de tous les litiges et affaires crapuleuses. Quant à Gore, digne des stars de films aussi débiles que lui, il est fils d'ancien sénateur, tout comme le nouveau sénateur Hillary est la femme de son célèbrissime Clinton de mari.

E/ Le discours et l'idéologie ultra-libérale, dispensés un peu partout dans le monde, qui prônent la mort des partis, le règne du consensus, le dénigrement de la politique et, du coup, l'aliénation de la volonté populaire et la soumission de tous les pouvoirs aux seules puissances de l'argent, sous-traitent la figuration et l'industrie du spectacle politico-médiatique à des partis sur mesure, ce bon vieux rêve ultra-libéral trouve son illustration et son apothéose dans le système américain. Ni gauche ni droite ni idées ni idéaux ni convictions mais deux gentils pôles interconnectés, si d'accord sur l'essentiel, sur la loi de la jungle, la société de marché et de consommation, la fatalité des inégalités, et puis, pour la galerie, un peu divergents sur deux ou trois rubriques budgétaires qui n'empêchent pas la bourse de Wall Street de dormir et de flamber.

F/ Tout ce beau système s'entretient. Les médias appartiennent bien entendu aux puissances financières qui sont toujours là pour la besogne des campagnes opulentes. Leur rôle entre deux élections est de maintenir le citoyen dans les abîmes de la médiocrité. Culture saupoudrée de l'individualisme le plus crasse, ragots et supercheries de bas étages. Pour la politique, bruits de chiottes et scandales minables. Circulez, bonnes gens, il n'y a pas d'idées. La seule institution qu'il convient d'aduler, c'est la bourse, les empires financiers, tout ce qui dispense publicité et recettes pour que vivent les médias qui ne pensent rien et surtout n'incitent pas à la réflexion. A haïr, à calomnier, à s'abrutir, se chouter, démissionner, à désespérer, à se désengager totalement de la vie collective, oui, mais comprendre, réagir, réfléchir et s'engager, non. Bref la boucle est bouclée, le système fonctionne à merveille. Mais cette fois-ci l'imbroglio électoral, la bévue monumentale des médias, les suspicions de fraudes et de manipulation, seront-ils balayés d'un coup? La démocratie américaine peut-elle prendre le risque de pérenniser un système qui révèle des failles aussi flagrantes? Oui, je le crois, car nos voisins sont trop bêtes et avachis dans leur système, à coup sûr ils perpétueront encore pour des siècles et des siècles, jusqu'à l'apocalypse peut-être, et, j'ironise bien sûr, jusqu'au paradis de la "WORLD COMPANY": Consensus, talk-shows débiles et voyeurisme grassouillet, bipolarisation forcée, négation du pluralisme, dépolitisation, dérive commerciale des médias, abstentionnisme. Ils en sont capables car ils ont peu d'imagination et pas le moindre signe d'intelligence.

La Floride, pivot des "Etats-Désunis”

Des semaines après la fermeture des derniers bureaux de vote, les Etats Unis ne sont toujours pas certains de pouvoir connaître l'identité du prochain président. La victoire dans la course à la Maison Blanche qui a mobilisé plus de 100 millions d'électeurs, se joue dans les banlieues de Palm Beach, en Floride, peut-être même au Kosovo, où plusieurs dizaines de GI's floridiens votent par correspondance. En Floride, le recomptage manuel des voix —ou judiciaire peu importe— prend progressivement les allures de guérilla juridique, sous les yeux d'une Amérique déboussolée. On envoie sur place des bataillons de juristes qui vont compliquer et alambiquer l'affaire au point d'en arriver à la farce électorale. Trois recours en justice ont déjà été intentés par les électeurs de Gore dans le comté de Palm Beach, majoritairement démocrate. La légitimité du président sortant sera —une chose est sûre— quelque peu tarie par les contorsions de la Floride. Le dysfonctionnement des mécanismes électoraux, et le déficit de la démocratie témoignent de l'abîme qui sépare deux Amériques, irréconciliables, l'une pauvre, moyenne, populaire, avachie et dépolitisée, l'autre riche, sectaire et privilégiée du système dominant. Le prochain président devra recoller les morceaux de ces Etats-Désunis. Il était tout de même plus facile de changer de président en Roumanie, en Côte d'Ivoire et même à Belgrade.

L'amphétamine judiciaire comme antidote aux réformes

La “judiciarisation” à outrance du vote floridien témoigne de la carence du système électoral américain. Des voix s'élèvent paradoxalement pour étouffer tout débat sur une réforme hypothétique du système. Des voix dans le désert synarchique. L'appât des votes floridiens est devenu si avide que les parties concernées ne cessent d'utiliser tous les recours juridiques possibles que le système électoral des Etats-Unis fabrique tel un labyrinthe pour les citoyens égarés, les noces fastueuses pour les avocats impliqués. Si cette anecdote se poursuit ad vita eternam, si cette bataille juridique perdure, alors il y aura une possibilité pour que le vote de la Floride soit récusé le 18 décembre, le jour au cours duquel les grands électeurs de tous les Etats de l'Union doivent se prononcer. Ainsi les grands électeurs de la Floride ne peuvent pas voter lorsqu'une seule et unique cause reste pendante devant les tribunaux, alors seuls leurs collègues des autres Etats pourront agir. Il leur reste le temps suffisant pour consulter tous les lobbies et groupes de pression concernés. Cela démontre que le système électoral américain reste une architecture inextricable qui suscite une confusion généralisée des esprits saturés. Seuls les avocats se délectent dans les dédales des recours judiciaires. En fait, une sacralisation des textes judiciaires aboutit à diffuser une amphétamine redoutable via les médias pour éviter un quelconque débat sur la fiabilité du système électoral, la grande majorité de la scène politico-médiatique réitère inlassablement une confiance absolue en la constitution. L'histoire est restée figée en 1787 à l'époque où l'on colonisait en toute impunité sans vote préalable des terres étrangères au nom d'un messianisme pionnier qui ne cesse de faire des ravages encore à notre époque contemporaine. Le discours passéiste et apologétique des autorités de ce pays ne cesse de ressasser que la démocratie américaine a ceci de très vertueux qu'elle est justement perfectible. En fait si refonte il y a, alors c'est bien le collège électoral auquel s'accrochent les dix plus grands Etats avec verve parce qu'il les avantage indûment par rapport aux autres Etats; bref la “judiciarisation” étouffe tout débat et contestation et les Etats-Unis se transforment en une république de sophistes censitaires et de gargantuas modernes infatués et incorrigibles.

Au royaume corrompu de la polyarchie

L'électorat universel, cosmopolite et bigarré pourrait choisir entre un président blanc bonnet et un président bonnet blanc. L'US Air Force fatiguée de larguer des bombes, pourrait bien finir par larguer les urnes. La technologie avancée de l'Oncle SAM, lassé de téléguider des missiles sur les peuples récalcitrants à la pax americana, pourrait se refaire une santé en téléguidant des volontés politiques des peuples. Pour le moment, la responsabilité d'élire ce super-président pèse lourd sur les épaules d'un seul Etat: la Floride. Connaissant l'allégeance politique de cet Etat, le problème aurait dû être réglé dès le début en faveur de Bush Junior. Mais il faut tenir compte du fait que cet Etat contient une grande concentration de militaires (théoriquement ralliés au camp Républicain) et une large communauté cubaine qui en voudrait à mort au camp démocrate du fait de l'affaire du "petit Gonzales", ceci sans oublier le rôle des démocrates dans l'affaire de la Baie des Cochons. Comment donc expliquer les résultats si serrés de l'élection, surtout en Floride? Est-ce que certains lobbies bien pensants y seraient donc pour quelques chose? Un certain lobby bien connu du public noyaute profondément l'appareil démocrate, tout en étant présent dans l'appareil républicain. Derrière Bush, on trouve tous les complexes puissants tel que le complexe militaro-industriel. Ce qui distinguerait cette élection des précédentes serait plutôt, comme le rapporte la presse américaine, qu'Al Gore s'est adjoint, et ce, pour la première fois dans l'histoire des USA, un vice-président d'origine juive. Cette décision aurait établi un consensus juif autour du camp d'Al Gore. Il ne s"agit pourtant pas de schématiser et d'adopter une position trop réductionniste car l'Amérique est dirigée par une pléthore de lobbies, avec des intérêts parfois convergents ou divergents, de sorte qu'une polyarchie corrompue se retrouve de bas en haut de la pyramide du pouvoir. Il n'en reste pas moins qu'aux plus forts moments de la crise au Proche-Orient, Hillary Clinton dénonce la résolution des Nations Unies condamnant Israël “pour usage excessif de la force contre les Palestiniens”. Ce n'est pas un concours de circonstance, mais Hillary est devenue ensuite la première femme américaine à être élue au Congrès. Qui dirige l'Amérique du Nord ? Post scriptum: secret de polichinelle.

La pax americana à la lumière de Montesquieu

L'élection présidentielle aux Etats-Unis, aussi médiocre et tragi-comique soit-elle, peut pourtant être sujette à une réflexion intéressante, voire comparative, qui générera des considérations inspirées de celles de Montesquieu sur "les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence", écrites en 1734. Elles sont toutes d'actualité et très instructives notamment lorsqu'elles se transposent à la Pax americana, et surtout dans le chapitre sur "l'Art de la conduite que les Romains tinrent pour soumettre tous les peuples". On y lit ils "tenaient à terre ceux qu'ils trouvaient abattus", "ôtaient une partie du domaine du peuple vaincu pour le donner à leurs alliés", se servaient de ceux-ci pour faire la guerre à leurs ennemis, "ce en quoi ils faisaient deux choses; ils attachaient à Rome des rois dont elle avait peu à craindre et beaucoup à espérer et en affaiblissaient d'autres dont elle n'avait rien à espérer et tout à craindre". Après avoir détruit des armées, ils ruinaient les finances en faisant payer les frais de guerre, ce qui forçait les dirigeants de ces pays "d'opprimer leurs peuples et de perdre leur amour. Les vaincus pouvaient se voir décerner les récompenses éclatantes, notamment le titre convoité "d'allié du peuple romain", amis ils n'en étaient que le plus souvent humiliés. Comment ne pas songer au Traité de Versailles, accablant et honteux, que les Etats-Unis et leurs alliés ont imposé en 1919 à l'Allemagne avec des réparations de guerre que le peuple allemand devait payer jusqu'en 1988, puis encore comment ne pas transposer cette stratégie d'assujettissement des peuples à la situation des pays du Tiers Monde sans parler des immondes sanctions infligées à l'Irak. En effet, la fin de l'ordre bipolaire, avec l'effondrement de l'URSS, permettait aux Etats-Unis, en tant que puissante dominante du moment, d'en revenir à la politique de la canonnière; la mise en œuvre d'une telle politique est le produit d'un approfondissement des réflexions stratégiques entreprises depuis 1984 sur les opérations de dissuasion sélective, lesquelles, après avoir planché sur les conflits de faible intensité, étudièrent les moyens à mettre en œuvre pour faire face à des conflits de moyenne intensité, qui mettaient en scène des puissances régionales disposant d'un important armement conventionnel comme la Syrie et l'Iraq. Dans les pays les plus faibles, on utilise la stratégie du "coupe-feu" qui consiste à monnayer au prix d'une libéralisation du marché le bouclier protecteur d'Oncle Sam et le titre d'alliés; là ou le pays est plus récalcitrant et "entêté", on met en œuvre le concept de conflit de moyenne intensité qui implique la mise au point de nouvelles techniques d'intervention, prévoyant le transport sur de longues distances, et dans les délais les plus brefs possibles, des troupes nombreuses et un matériel conventionnel important, capable de faire la différence face à des ennemis disposant d'une puissance de feu non négligeable. Bref pour soumettre l'ennemi on utilise tout d'abord la dissuasion, le "pressing diplomatique", euphémisme pour un chantage économico-financier, ou, sous prétexte de pacification, on intervient militairement et médiatiquement comme ultime recours. Ainsi, Grenade, l'Afghanistan, la Guerre du Golfe, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, ne sont que le théâtre où les Etats-Unis ont pu tester la pertinence de leurs schémas théoriques stratégiques et la fiabilité de leur logistique et de leur armement. Là où il n'y avait pas de conflit dans une zone géostratégique convoité par l'Oncle Sam, on induit artificiellement et volontairement des conflits de faible ou de moyenne intensité pour prétexter une intervention hypothétique. Les Etats-Unis sont passé maîtres en l'art de générer le chaos déterminé et minuté. Mais poursuivons la lecture de Montesquieu. L'utilisation des peuples voisins étaient en général la tactique adoptée: "quand deux peuples étaient en guerre, quoiqu'ils n'eussent aucune alliance, ni rien à démêler avec l'un ni l'autre, ils ne laissaient pas de paraître sur la scène et de prendre le parti du plus faible. C'est l'illustration de la politique d'alliance des Etats-Unis vis-à-vis des conflits régionaux du type Ossétie, Bosnie, Azerbaïdjan-Arménie, etc... "Ils s'appuyaient toujours sur des alliés à proximité du peuple qu'ils désiraient vaincre, alliés qu'ils avaient créés de toute pièces. "Ils n'accordaient point de paix à un ennemi qui ne contint une alliance, c'est-à-dire qu'ils ne soumettaient point de peuple qu'il ne leur servit à en abaisser d'autres". Les peuples soumis ou à soumettre mettaient tous leurs espoirs dans un tel traité. Pour Rome, la paix n'était qu'une manière de préparer la guerre et les traités n'étaient que des suspensions dans la guerre; les peuples vaincus, soumis ou à se soumettre n'étaient jamais épargnés même dans l'humiliation: après chaque victoire, Rome suscitait deux factions, s'immisçait dans les affaires intérieures, utilisaient les opposants qualifiés "d'alliés du peuple romain" et divisait afin d'affaiblir. Du Honduras au Salvador, en passant par le Chili et le Nicaragua, toute la politique étrangère et militaire des Etats-Unis est ici expliquée en quelques mots. Néanmoins Montesquieu constate que Rome "avait une manière lente de conquérir", "car il fallait attendre que toutes les nations fussent accoutumées à obéir comme libres ou comme alliés avant de leur commander comme sujettes". C'est ce qui distingue la mission civilisatrice universelle qu'entreprenait les Légions Romaines dans les quatre coins du monde et dans le respect des religions et de la diversité des peuples sujets, et la Barbarie hégémoniste des Etats-Unis d'aujourd'hui qui ne propose aucune vision du monde ni de véritable projet de société, et broie, pille et appauvrit tel un rouleau compresseur niveleur, impitoyablement, les peuples qui refusent de se soumettre au dictat de l'Argent-roi, du libéralisme mercantile, de la loi du marché et de la société multiculturelle.

 

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dimanche, 09 septembre 2007

Maladie de la pomme de terre en Irlande

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La maladie de la pomme de terre en Irlande au XIXième siècle

9 septembre 1845 : Le journal irlandais « Dublin Evening Post » signale l’apparition de la maladie de la pomme de terre, qui ruinera le petit paysannat irlandais, provoquera une épouvantable famine et enclenchera un processus d’émigration de très grande ampleur. Le nationalisme irlandais prendra son envol au départ des terribles injustices commises par les propriétaires britanniques et protestants et par une sordide « justice » aux ordres contre les familles paysannes insolvables. Plus rien n’arrêtera la progression de la revendication identitaire irlandaise. Notons que la Flandre, elle aussi, sera victime de cette terrible maladie affectant la tubercule de Permentier, base de l’alimentation des masses ouvrières et rurales. La Reine Louise-Marie fera beaucoup pour les déshérités mais un processus d’émigration frappera aussi la Flandre, en direction de la Wallonie en voie d’industrialisation rapide, de la France qui avait besoin de main-d’œuvre agricole et des Etats-Unis.

Le sentiment national flamand s’en trouvera également renforcé, de même qu’une solidarité avec les souffrances des Irlandais. Cette solidarité catholique et paysanne a alimenté la veine anglophobe du mouvement flamand, aujourd’hui largement battue en brèche par l’offensive anglophile et américanophile du publiciste Paul Belien, dont l’objectif sournois est de dégager le mouvement flamand de toutes autres influences qu’anglo-saxonnes, notamment de le dépouiller de toutes les influences allemandes et autrichiennes qui lui avaient donné sa force depuis les dernières décennies du 19ième siècle jusqu’aux années 60.

Ces influences, à la fois catholiques et herdériennes (issues de la pensée de Herder), avaient créé une option solidariste, imperméable à l’égoïsme libéral de tradition anglo-saxonne. Pour ce qui concerne le « Vlaams Belang », l’ère de Karel Dillen, influencée par le mouvement catholique allemand de Maria Laach, par le solidarisme et l’esprit du poète Stefan George est définitivement close : plus aucune référence à ces corpus ne se repère dans la littérature du parti. C’est la grande offensive néo-conservatrice et néo-libérale à l’américaine qui a le vent en poupe. Une catastrophe culturelle pour la Flandre, mais aussi pour les mouvements wallons similaires, surtout vivaces en Namurois et au Luxembourg, notamment dans la tradition « stevensiste » (sur laquelle nous reviendrons).

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