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jeudi, 04 octobre 2007

En souvenir de Julien Freund

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En souvenir de Julien Freund

par Alessandra COLLA

Le 10 septembre 1993, Julien Freund nous a quitté silencieusement. En Europe, il était l'un des plus éminents philosophe de la politique, une référence obligée pour tous ceux qui voulaient penser celle-ci en dehors des sentiers battus. La presse n'en a pas fait écho.

Né à Henridorff, en Alsace-Lorraine, en 1921, il s'engage dans les rangs de la résistance au cours de la seconde guerre mondiale. Dans l'immédiat après-guerre, il enseigne d'abord la philosophie à Metz, puis devient président de la faculté des sciences sociales de l'université de Strasbourg, dont il assurera le développement.

Inspiré initialement pas la pensée de Max Weber, un auteur peu connu dans la France de l'époque, Freund élabore petit à petit une théorie de l'agir politique qu'il formule, en ses grandes lignes, dans son maître-ouvrage, L'essence du politique (1965).

«Le politique est une essence, dans un double sens: d'une part, c'est l'une des catégories fondamentales, constantes et non éradicables, de la nature et de l'existence humaines et, d'autre part, une réalité qui reste identique à elle-même malgré les variations du pouvoir et des régimes et malgré le changement des frontières sur la surface de la terre. Pour le dire en d'autres termes: l'homme n'a pas inventé le politique et encore moins la société et, d'un autre côté, en tous temps, le politique restera ce qu'il a toujours été, selon la même logique pour laquelle il ne pourrait exister une autre science, spécifiquement différente de celle que nous connaissons depuis toujours. Il est en effet absurde de penser qu'il pourrait exister deux essences différentes de la science, c'est-à-dire deux sciences qui auraient des présupposés diamétralement opposés; autrement, la science serait en contradiction avec elle-même».

Ou encore: «La politique est une activité circonstancielle, causale et variable dans ses formes et dans son orientation, au service d'une organisation pratique et de la cohésion de la société [...]. Le politique, au contraire, n'obéit pas aux désirs et aux fantaisies de l'homme, qui ne peut pas ne rien faire car, dans ce cas, il n'existerait pas ou serait autre chose que ce qu'il est. On ne peut supprimer le politique  - à moins que l'homme lui-même, sans se supprimer, deviendrait une autre personne».

Freund, sur base de cette définition de l'essence du politique, soumet à une critique serrée l'interprétation marxiste du politique, qui voit ce dernier comme la simple expression des dynamiques économiques à l'œuvre dans la société. Freund, pour sa part, tient au contraire à en souligner la spécificité, une spécificité irréductible à tout autre critère. Le politique, dans son optique, est «un art de la décision», fondé sur trois types de relations: la relation entre commandement et obéissance, le rapport public/privé et, enfin, l'opposition ami/ennemi.

Ce dernier dispositif bipolaire constitue l'essence même du politique: elle légitimise l'usage de la force de la part de l'Etat et détermine l'exercice de la souveraineté. Sans force, l'Etat n'est plus souverain; sans souveraineté, l'Etat n'est plus l'Etat. Mais un Etat peut-il cessé d'être «politique»? Certainement, nous répond Freund:

«Il est impossible d'exprimer une volonté réellement politique si l'on renonce d'avance à utiliser les moyens normaux de la politique, ce qui signifie la puissance, la coercition et, dans certains cas exceptionnels, la violence. Agir politiquement signifie exercer l'autorité, manifester la puissance. Autrement, l'on risque d'être anéanti par une puissance rivale qui, elle, voudra agir pleinement du point de vue politique. Pour le dire en d'autres termes, toute politique implique la puissance. Celle-ci constitue l'un de ses impératifs. En conséquence, c'est proprement agir contre la loi même de la politique que d'exclure dès le départ l'exercice de la puissance, en faisant, par exemple, d'un gouvernement un lieu de discussions ou une instance d'arbitrage à la façon d'un tribunal civil. La logique même de la puissance veut que celle-ci soit réellement puissance et non impuissance. Ensuite, par son mode propre d'existence, la politique exige la puissance, toute politique qui y renonce par faiblesse ou par une observation trop scrupuleuse du droit, cesse derechef d'être réellement politique; elle cesse d'assumer sa fonction normale par le fait qu'elle devient incapable de protéger les membres de la collectivité dont elle a la charge. Pour un pays, en conséquence, le problème n'est pas d'avoir une constitution juridiquement parfaite ou de partir à la recherche d'une démocratie idéale, mais de se donner un régime capable d'affronter les difficultés concrètes, de maintenir l'ordre, en suscitant un consensus favorable aux innovations susceptibles de résoudre les conflits qui surviennent inévitablement dans toute société».

On perçoit dans ces textes issus de L'essence du politique  la parenté évidente entre la philosophie de Julien Freund et la pensée de Carl Schmitt.

Particulièrement attentif aux dynamiques des conflits, ami de Gaston Bouthoul, un des principaux observateurs au monde de ces phénomènes, Freund fonde, toujours à Strasbourg, le prestigieux Institut de Polémologie  et, en 1983, il publie, dans le cadre de cette science de la guerre, un essai important: Sociologie du conflit, ouvrage où il considère les conflits comme des processus positifs: «Je suis sûr de pouvoir dire que la politique est par sa nature conflictuelle, par le fait même qu'il n'y a pas de politique s'il n'y a pas d'ennemi».

Ainsi, sur base de telles élaborations conceptuelles, révolutionnaires par leur limpidité, Freund débouche sur une définition générale de la politique, vue «comme l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une unité politique particulière, en garantissant l'ordre en dépit des luttes qui naissent de la diversité et des divergences d'opinion et d'intérêts».

Dans un livre largement auto-biographique, publié sous la forme d'un entretien (L'aventure du politique, 1991), Freund exprime son pessimisme sur le destin de l'Occident désormais en proie à une décadence irrémédiable, due à des causes internes qu'il avait étudiées dans les page d'un autre de ses ouvrages magistraux, La décadence (1984). Défenseur d'une organisation fédéraliste de l'Europe, il avait exprimé son point de vue sur cette question cruciale dans La fin de la renaissance (1980). Julien Freund est mort avant d'avoir mis la toute dernière main à un essai sur l'essence de l'économique. C'est le Prof. Dr. Piet Tommissen qui aura l'insigne honneur de publier la version finale de ce travail, à coup sûr aussi fondamental que tous les précédents. Le Prof. Dr. Piet Tommissen sera également l'exécuteur testamentaire et le gérant des archives que nous a laissé le grand politologue alsacien.

Dott. Alessandra COLLA.

(la version italienne originale de cet hommage est paru dans la revue milanaise Orion, n°108, sept. 1993; adresse: Via Plinio 32, I-20.129 Milano; abonnement pour 12 numéros: 100.000 Lire).

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

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Jules II

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

4 octobre 1511 : Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue, formée à son initiative, à celles du Pape Jules II et de la République de Venise. L’objectif proprement géopolitique, et non religieux car Jules II ne brillait pas spécialement par sa bigoterie, est de bloquer l’avancée française en Italie du Nord et plus spécialement dans la vallée du Pô. L’Angleterre, encore catholique à l’époque, Florence et les Suisses se joindront à elle. Cette initiative est tardive car la volonté des rois de France de grignoter les frontières impériales dans l’ancien Royaume d’Arles (qui s’étendait de la Franche-Comté à la Provence) remontait à près de deux siècles.

En effet, les Français avaient pris pied sur la rive orientale du Rhône. Philippe VI avait acquis le Dauphiné en 1343, marquant l’avancée de la France dans l’ancien Royaume d’Arles. L’acquisition du Dauphiné coupe effectivement la romanité impériale du Nord (Bresse, Savoie, Franche-Comté, Lorraine, Luxembourg, Namur et Hainaut) de la Provence et de la Méditerranée. Le Comté de Provence, isolé, tombera définitivement et de jure sous la domination française en 1481. La chute de la Provence donnera le signal préliminaire des guerres d’Italie, où, après la maîtrise du Rhône, la France cherchera à asseoir sa domination sur la plaine du Pô et, à terme, à absorber Venise, puis toute l’Italie jusqu’aux Etats pontificaux, et à maîtriser l’Adriatique, ses côtes dalmates, pour en faire un tremplin vers la Méditerranée orientale, la Palestine et l’Egypte.

On peut comprendre le projet d’un point de vue isolationniste français, mais sa réalisation empêche tous les autres Etats de se développer harmonieusement : Charles le Hardi (dit le « Téméraire ») se heurtera à se projet, tentera de récupérer les cantons suisses et le Milanais et de reconquérir la Provence, afin de donner aux Etats bourguignons et au Saint Empire une façade sur la Méditerranée occidentale, et à conserver une façade sur la Méditerranée orientale. Le Duc Charles essaiera, mais en vain, de mobiliser l’Empereur Frédéric III pour ce projet. La Sainte Ligue arrive donc après les tentatives du Duc. Charles Quint aussi voudra récupérer la Provence. Si la Belgique, devenue aujourd’hui inviable, n’est plus que le lambeau de l’ancienne Lotharingie et si l’Allemagne n’est plus que le résidu sans frontières défendables de l’ancien Saint Empire, nous le devons à l’échec de la Sainte Ligue à récupérer la Provence. Le testament politique et géopolitique de Charles Quint est très clair à ce propos.

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mercredi, 03 octobre 2007

Ethnopsychiatrie : le livre de l'âme

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Ethnopsychiatrie: le livre de l'âme

Docteur en anthropologie, Taoufik Adohane publie une très intéressante étude sous le titre Le livre de l'âme. Psychisme, corps et culture en Sud-Méditerranée. Il écrit: « Curieuse alliance que celle de l'âme et du corps. Le système psychique s'apparente dans le langage des migrants sud-méditerranéens à une entité d'autant plus somato-psychique qu'ils sont hors de leurs propres références culturelles. Tout traitement nécessite d'abord un travail de traduction au sens de transposition des mots dans une autre langue, et d'étymologie en vue de rendre compte des significations du champ de la parole et de l'histoire culturelle signifiée par le mot en langue maternelle. Dans leur solitude, ceux qui sont en perte de leur référence oscillent entre l'oubli et les symptômes organiques. La maladie les pousse à se remémorer les signifiants de leur culture. Au soignant, ils demandent d'abord à être assistés dans cet effort de "se remémorer". Mais à défaut d'un rapprochement révélateur entre les mots et les choses par le biais du rite, ils s'affrontent à la brutalité des pensées. Aucun patient n'adhère, du moins pas consciemment, à des actes sans valeur symbolique. Si le corps s'assujettit parfois aux techniques de soins modernes et aux actes qui en découlent, c'est sans doute du fait de l'illusion de voir s'opérer une magie. Celle du soignant qui, en toute logique, est tributaire de cette propriété. L'âme, qui n'est pas distincte du corps, s'associe à cette illusion et c'est sans doute la raison pour laquelle depuis toujours le soignant est aussi un "magicien". La magie de l'acte, celle du lien, surseoiront-elles encore longtemps au seul geste de gérer une "demande"? C'est pourtant là ce qui caractérise bon nombre de consultations de nos jours et nombreux sont ceux qui gèrent les signes de l'âme comme des symptômes universels. Car si universelle soit-elle, aucune démarche clinique ne saurait détenir à elle seule la vérité. Toute connaissance ne s'efforçant pas d'être tributaire d'un esprit de complémentarité finit tôt ou tard par tomber dans les mailles de l'aliénation » (P. MONTHÉLIE).

 

Taoufik ADOHANE, Le livre de l'âme. Psvchisme. corps et culture en Sud-Méditerranée, 1998. 156 pages. 94 FF. Editions Synthélabo (22 avenue Galilée, F-92.350 Le Plessis Robinson).

 

 

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Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

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Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

3 octobre 1700 : Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, succède, sur le trône d’Espagne, à Charles II, mort sans descendance. Nos provinces tombent alors sous la souveraineté d’un petit-fils de Louis XIV, qui sait pratiquer l’ « art d’être grand-père », comme nous l’enseignaient les volumes « Nos Gloires » des collections « Historia », lorsque nous étions enfants. Des garnisons françaises s’installent dans les murs de nos villes et des fonctionnaires français lèvent l’impôt, se rendant très impopulaires : nos ancêtres qualifieront ce régime d’ « anjouin » ; l’hostilité à celui-ci créera en nos provinces un clivage politique entre « cuirassiers », majoritaires et partisans de l’Autriche, et « carabiniers », partisans de Philippe V, et, par voie de conséquence, de l’odieux Louis XIV. La guerre de succession d’Espagne avait commencé en 1701 ; elle durera près de treize ans. Nos troupes, levées généralement contre la France et l’Empire ottoman, vont se retrouver, par le hasard des combines dynastiques, alliées à Louis XIV, qu’elles avaient auparavant toujours combattu, notamment dans les formations de « partisans » avant la lettre, conduites par le Brabançon Jacques Pastuur, qui commencera par étriller les Français au départ de son repère en Forêt de Soignies (Fort Jaco à Uccle) et terminera Maréchal de camp de Louis XIV qui fera de ce leader paysan un marquis de Saint Lazare.

Les fameuses « Gardes wallonnes » de l’armée espagnole se battront contre Léopold I d’Autriche, surtout pour défendre le Royaume des Deux Siciles, alors sous dépendance espagnole. L’écrivain hennuyer Maurice des Ombiaux narrera leur épopée dans un livre poignant, beaucoup lu dans la première moitié du vingtième siècle, mais totalement oublié aujourd’hui, en notre époque de totale déliquescence. En juillet 1706, après la proclamation du candidat autrichien Charles III comme roi d’Espagne, les Etats généraux créeront une armée nationale sous les ordres du Prince de Ligne, du Comte du Holstein et du Comte de Mérode-Westerloo ; le Prince Eugène de Savoie-Carignan commandera l’ensemble des troupes impériales, flanquées des Anglo-Hollandais de Marlborough, qui bouteront dehors les Français.

L’objectif des protagonistes français de la guerre de succession d’Espagne était, bien entendu, d’absorber les Pays-Bas royaux, de parfaire les sophismes de la politique des « Réunions » de Louis XIV et d’atteindre le Rhin ; pour les Habsbourgs d’Autriche, les Pays-Bas royaux devaient rester dans le giron impérial pour éloigner les Français du Rhin et du Palatinat et pour conserver une fenêtre sur la Mer du Nord. L’Angleterre profitera de l’occasion pour s’emparer de Gibraltar en 1703. La coalition contre Louis XIV vaincra, notamment par les batailles qui se sont déroulées sur notre sol à Ramillies, Audenaerde et Malplaquet, où le Duc d’Arenberg, commandant de nos régiments nationaux se distinguera. Ces victoires accroissent les chances des Habsbourgs d’Autriche de récupérer le trône d’Espagne et de mettre la main sur les Amériques, donc de devenir la puissance dominante en Europe, voire d’unifier le continent. Les puissances maritimes (Angleterre, Pays-Bas) lâchent alors l’Autriche et se rapprochent de la France.

La guerre se termine par le Traité d’Utrecht (1713). Philippe V garde l’Espagne et les Amériques. L’Autriche récupère les Pays-Bas royaux, mais les forteresses qui font face à la France seront gardées par des garnisons hollandaises, qui, au premier retour des Français, capituleront pratiquement sans combattre à Ypres, Bruxelles et Namur, tandis que les régiments nationaux se battront aux côtés des Impériaux, et défendront la forteresse de Maestricht et la route d’Aix-la-Chapelle sous les ordres du Marquis de Deynze.

Autre implication du retour à l’Autriche : aussitôt le danger français écarté, nos régiments marcheront contre les Ottomans dans les Balkans, où le Duc d’Arenberg combattra à Temesvar (Timisoara) en 1716 ; le Comte de Mérode-Westerloo se battra à Peterwardein (Petrovaradin) aux confins de la Serbie ; le Général wallon de Bauffe, officier du génie impérial autrichien, et le Luxembourgeois Philippe-Joseph Nothomb conduiront le siège de Belgrade en 1717. Après cette campagne, l’Empire ottoman ne tentera plus aucune opération d’envergure contre le centre de l’Europe et les Français, privés de leur allié musulman et asiatique sur lequel ils avaient toujours compté pour faire le sale travail contre le reste de l’Europe, ne ravageront plus nos provinces pendant près d’un siècle, mis à part l’épisode éphémère de Fontenoy (1745). Nos provinces, à partir de 1720, seront réorganisées sur le plan militaire : les régiments d’active, commandées par des officiers issus de la noblesse, formeront le noyau de la nouvelle armée, tandis que la réserve, issue des masses paysannes et dénommée « compagnies franches », seront commandées par des officiers roturiers, comme les Capitaines Bouvier et Pertuiseaux, qui se battront contre Louis XV et le Maréchal de Saxe à Fontenoy.   

 

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Réunification allemande

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3 octobre 1990: Réunification allemande de jure, après la chute de facto du Mur, un an auparavant. Les deux Allemagnes ne forment plus qu’un seul pays. Jusqu’au bout, Mitterrand avait tenté de s’y opposer. Cette réunification met un terme aux divisions artificielles qui avaient paralysé le continent européen depuis 1945. Mais au lieu de profiter de cette aubaine, de tisser des liens entre eux contre un double environnement hostile, anglo-saxon et musulman, de réintégrer la Russie dans le concert européen et de forger une alliance avec l’Inde, le Japon et la Chine, les Européens ont continué à se vautrer dans la politicaillerie infructueuse et se retrouvent, en dépit de leur unité retrouvée, dans un état de faiblesse rédhibitoire.

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mardi, 02 octobre 2007

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave

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 Dimitri Ljotic

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave de 1919 à 1985

 

par Mladen SCHWARTZ

 

Mladen Schwartz, né en 1947 à Zagreb, est originaire de la diaspora juive de Croatie. Il a étudié la philosophie et adhéré, pendant ses études, au groupe néo-marxiste PRAXIS de Belgrade. Tombé en disgrâce parce qu'il entretenait des contacts avec le célèbre dissident yougoslave de l'ère titiste, Milovan Djilas, il émigre en RFA en 1973, où il poursuit ses études pour devenir journaliste indépendant à Ludwigsburg. Mladen Schwartz publie des articles à thématiques philosophique et politique dans la presse croate, juive et allemande. Il a publié récemment, dans un ouvrage collectif signé aussi par les Prof. Lorkovic et Pinterovic, un article remarqué sur la question croate, «Über den seelischen Zustand der kroatischen Nation. Beiträge zur Psychopathologie der Staatslosigkeit» (in: Das kroatische Trauma. Kulturpsychologisches über ein Volk am Rande der Vernichtung, Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, s.d., ISBN 3-926584-15-7). Le texte que nous reproduisons ici date de 1988, immédiatement avant que ne se déclenchent les événements tragiques qui ont ensanglanté la défunte Yougoslavie.

 

Présenter les courants conservateurs, droitiers et fascistes de l'espace yougoslave n'est possible que si l'on garde deux choses à l'esprit.

 

D'abord, que la Yougoslavie est un mythe, ce qui signifie que d'un point de vue ontologique, pour paraphraser Berdiaev, elle est inexistante. La notion de «Yougoslave», de «Slavité du Sud», stricto sensu, relève aussi du monde de l'imaginaire. Déjà le terme de «slave» est en soi problématique: au Moyen Age, on ne le connaissait pas, ce qui fait dire à certains polémistes qu'ils étaient des «Germains dont la langue avait été déformée», notamment par «une langue artificielle créée par les missionnaires» (cf. à ce propos Franz Wolff, 1977).

 

L'idée «yougoslave» elle-même dérive des conceptions panslavistes à connotations racisantes. Mais pour être précis, dans la Yougoslavie actuelle, il y a peu de «Slaves méridionaux»: les Slovènes sont issus des Vénètes et sont fortement germanisés; les Croates ont des ascendances iraniennes; les Monténégrins sont les descendants des anciens «Croates rouges», c'est-à-dire des Croates méridionaux. Les Macédoniens de souche bulgare ont des ancêtres mongoloïdes et les Serbes sont un peuple balkanique très mélangé, où l'élément slave ne joue qu'un rôle secondaire; quant aux Albanais, c'est un peuple illyrien. A tout cela s'ajoutent des éléments romans, italiens, magyars, turcs, grecs, valaques et tziganes.

 

Ensuite, les mouvements de droite n'apparaissent pas dans cet espace yougoslave comme des partis politiques bien profilés ou comme des théories solidement étayées; il s'agit plutôt de façons générales de penser qui, sur base de traditions nationales et vu l'expérience catastrophique que fut la tyrannie communiste, tendent naturellement vers le conservatisme. En tant que parti, la droite «yougoslave» s'est surtout organisée en exil, puisque les partis sont interdits dans le pays. Tous les courants de droite sont d'orientation nationale en Yougoslavie, c'est-à-dire impérialiste (chez les Serbes) ou défensive (chez tous les autres peuples de la fédération).

 

C'est sur ce terrain complexe, explosif, que sont nés au cours de la dernière guerre mondiale, un certain nombre de mouvements quasi-fascistes chez les «Slaves du Sud». Mais dans les formations de gauche, notamment chez les Albanais et les Macédoniens, l'idéologie motrice était, elle aussi, d'inspiration nationale, séparatiste, anti-yougoslave et, dans ce sens, conservatrice de valeurs ethniquement profilées.

 

Monténégro

 

Preuve de la nature non institutionnelle de ce conservatisme bien présent mais diffus: cette omniprésente éthique de l'honneur chez les Monténégrins, répérable depuis des siècles; elle est un code patriarcal de cojstvo i junastvo,  d'humanité et de bravoure, qui s'est maintenu jusqu'au XIXième siècle quand les partis au sens moderne du terme ont fait leur apparition. Parmi ceux-ci, il y avait les partisans du Prince Nikola, les klubasi,  les «membres du Club»; les autres, les pravasi, c'est-à-dire les «partisans du Droit», étaient contre le Prince. Il est difficile de déterminer lequel de ces deux partis était le plus conservateur. Pendant la première Yougoslavie, apparaissent les zelenasi,  les «Verts», qui n'ont rien à voir avec nos actuels écologistes. Les zelenasi  étaient opposés à l'unité yougoslave, contre l'union avec la Serbie et louvoyaient entre le fédéralisme inter-yougoslave et le séparatisme monténégrin. Certains d'entre eux se sont rappelé leurs racines croates pendant la guerre, comme Sekula Drljevic et Savic Markovic Stedimlija, qui prônaient un Etat monténégrin indépendant, appuyé sur la Croatie et l'Italie.

 

Avant la guerre, les communistes étaient quasiment inconnus au Monténégro. Si une partie d'entre eux ont rejoint les formations de partisans communistes, c'était essentiellement pour des raisons patriotiques, pour combattre l'envahisseur étranger. En 1968, l'anarcho-communiste monténégrin Vladimir Mijanovic, chef de la rébellion étudiante de Belgrade à l'époque, plus tard jugé comme appartenant aux «Six de Belgrade», nous racontait qu'il était fier du fait que sa femme, selon la vieille coutume monténégrine, lavait souvent les pieds de son beau-père. N'est-ce pas là une caractéristique de l'ultra-conservatisme du communisme monténégrin?

 

Le plus célèbre des Monténégrins, outre le Prince-Poète Njegos, est le socialiste de gauche Milovan Djilas, qui défend, depuis son éviction, des idées assez conservatrices, au sens occidental du terme: en effet, il est anti-communiste (même s'il refuse cette étiquette) et anti-utopiste. Il donne priorité à la Vie par rapport à l'idéologie, il affirme qu'il est impossible qu'un Etat puisse forger définitivement un ordre, il est pour les libertés concrètes (car la référence à la Liberté, unique et déclinée au singulier, conduit toujours au totalitarisme). C'est partiellement sous l'influence des idées de Djilas que, dans les années 60, le Groupe réuni autour de Michail Michailow s'est mis à agir par-delà les frontières des républiques fédérées au nom d'un socialisme chrétien, tout en défendant, dans cette optique, certaines idées conservatrices.

 

Aujourd'hui, les idées politiques de droite, dans l'Etat yougoslave, sont condamnées à la clandestinité, sont dépourvues de toute systématicité et incohérentes. Il existe des tendances quasi-conservatrices et para-fascistes qui survivent dans le discours, notamment derrière le paravent de l'ultra-communisme orthodoxe, du moment qu'elles ne se déclarent pas formellement «de droite». Tous les phénomènes que la presse a recensés au cours de ces dernières années, comme les «Punks nazis» de Slovénie, la campagne serbe en faveur de Hitler et du Troisième Reich, la coalition ethnique des Serbes, tous partis confondus, contre les Albanais, relèvent plus ou moins de ce para-fascisme diffus, complexe et bigarré.

 

Slovénie

 

Au XIXième siècle, naissent aussi en Slovénie des partis conservateurs et de droite, une droite qui, par opposition aux libéraux, est nettement d'inspiration nationale. Après 1848, les conservateurs «vieux-slovènes», avec Janez Bleiweiss, optent pour un maintien de la Slovénie dans l'Empire autrichien. Mais les «Jeunes-Slovènes» s'enthousiasment pour l'idée «yougoslave», dirigée contre l'Autriche. Cependant Vieux-Slovènes et Jeunes-Slovènes s'opposent de concert, à Vienne, à toute germanisation de la Slovènie. A la fin du siècle, les conservateurs slovènes se regroupent autour de Mahnic dans une formation cléricale et catholique, d'où sortira très vite la Katoliska ljudska stranka  (Parti Populaire Catholique), qui était modérément nationaliste et s'est mis plus tard à défendre des idées plutôt sociales-chrétiennes. A partir de 1905, sous l'impulsion de Janez Krek (que l'on ne confondra pas avec Miha Krek) et Sustersic, ce parti devient la Slovenska ljudska stranka  (Parti Populaire Slovène), le plus grand parti de Slovénie. Il défendait dans le cadre de la monarchie austro-hongroise un point de vue trialiste (autonomie des Slovènes et des Croates en tant que troisième élément  composant l'Empire, aux côtés des Allemands et des Magyars). En 1917, le parti se scinde en deux fractions, dont l'une, sous la direction de P. Anton Korosec, reconnait et accepte le fait yougoslave.

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, émerge en Slovénie l'habituelle quantité de groupements quasi- et para-fascistes. Parmi ceux-ci, la Domobranci  (la Garde Nationale ou Heimatwehr  qui comptait 12.000 hommes en 1944), la Belogardejci  (la Garde Blanche dirigée par Lev Rupnik). Au sein de ces deux organisations, plusieurs formations plus petites ont joué un rôle spécial, comme les diverses légions catholiques ou fascistes, comme la «Légion de la Mort», le «Mouvement National Slovène», la «Commission des Gardes villageoises» (Odbor vaskih straza),  ainsi que l'unité de Tchetniks pro-serbes, la «Garde Bleue».

 

La politique actuelle de la direction slovène du PC, de même que celle défendue par l'élite intellectuelle du pays, vise à protéger le pays et le peuple, à défendre et à illustrer l'histoire, la langue et la culture slovènes contre les «intégralistes yougoslaves». Cette politique est préservatrice, dont conservatrice. Les tenants de ce conservatisme sont présents aujourd'hui dans les structures politiques dominantes et dans les principales institutions culturelles.

 

Macédoine

 

La Macédoine actuelle estime que ses buts nationaux ont été atteints en gros dans le cadre de l'Etat yougoslave. Et pourtant la Macédoine n'est pas réunifiée, elle demeure divisée entre la Yougoslavie, la Bulgarie et la Grèce et n'est toujours pas souveraine. Or ces deux objectifs étaient défendus jusqu'il y a peu d'années par le Dvizenjeto za osloboduvanje i obedinuvanje na Makedonija (Mouvement pour une Macédoine libre et unie), avant que les services spéciaux yougoslaves n'en neutralisent les dirigeants. A l'origine, l'organisation de libération de la Macédoine, la VMRO (Vnatresnata makedonska revolucionerna organizacija  — Organisation intérieure et révolutionnaire macédonienne), était ambigüe sur le plan national: une partie de ses militants était pro-bulgare, l'autre séparatiste macédonienne. Fondée à Salonique en 1893, elle s'est divisée en 1908, à la suite de la révolution jeune-turque. L'aile droite, dites des «supérieurs» (vrhovisti),  fit allégeance à la Bulgarie et travailla, sous la direction de son chef Ivan-Vanco Mihajlov, non seulement avec les Bulgares, mais aussi avec les Italiens et les Croates. Parmi les résultats de cette coopération: l'assassinat du Roi Alexandre à Marseille en 1934 par un activiste de la VMRO, Vlado (Velicko) Georgijev-Cernozemski.

 

Lors de l'occupation de la Yougoslavie, plusieurs groupes se sont constitués, en tout une quarantaine, dont la plupart avait leur siège en Bulgarie, et se sont reconnus dans l'idéologie fasciste. La VMRO en exil est ainsi devenue une sorte de parti fasciste bulgare. Il est intéressant de noter que le parti communiste macédonien, dirigé par Metodi Satorov-Sarlo, à l'instar de la VMRO, se déclarait en faveur de l'union avec la Bulgarie, ce qui a eu pour résultat que son chef fut rapidement remplacé par des dirigeants pro-yougoslaves.

 

Albanie

 

Nous englobons les Albanais dans notre étude sur les «Slaves du Sud», parce que presque la moitié des 5 à 6 millions d'Albanais vivent en territoire yougoslave. La vie politique moderne des Albanais commence en 1878 quand est fondée la première Prizrener Liga  (également dénommée «Ligue albanaise»), qui s'était fixé comme objectif provisoire l'autonomie de l'Albanie dans l'Empire du Sultan. Au cours des années 1912/1913, l'Albanie accède à l'indépendance et, en 1924, c'est un gouvernement bourgeois-démocratique sous l'égide du Président Fan Noli qui est aux affaires. A la fin de cette même année, Ahmed Zogu se rebelle contre lui, avec l'appui de l'homme politique serbe Nikola Pasic. Quatre ans plus tard, Ahmed Zogu se fait proclamer roi.

 

Après l'occupation italienne (7 avril 1939), le gouvernement formé de membres du parti Bashkimi Kombëtare  adopte l'idée d'une «Grande Albanie». Les occupants créent également un parti fasciste albanais qui leur sert de courroie de transmission. Après la capitulation yougoslave de 1941, l'Albanie annexe le Kossovo et réalise ainsi le rêve historique d'une «Grande Albanie». Dans l'administration et dans les écoles de cette province, on emploie pour la première fois la langue albanaise. Contrairement au reste de l'Albanie, qui était indépendant depuis 1913, le Kossovo accueille les Italiens en libérateurs. Les émigrés albanais du Kossovo, partis avant guerre en Albanie indépendante, rentrent d'exil, y compris les communistes. En novembre 1942, se crée une organisation nationaliste et pro-fasciste, le Balli Kombëtare,  qui se fixe pour objectif, avec l'appui italien, de défendre la Grande Albanie contre la Yougoslavie et les communistes.

 

Quand l'Albanie, après la capitulation italienne de septembre 1943, est occupée par 70.000 soldats allemands, de nouvelles organisations voient le jour: Legalitati, Zogu, Tasha...  L'organisation de jeunesse fasciste italienne Balilla  n'existant plus, les Allemands mettent sur pied la 21ième Division de montagne SS Skanderbeg, du nom du héros national albanais.

 

Avant la seconde guerre mondiale, il y avait 239 communistes au Kossovo, dont 23 Albanais. Dans la «Petite Albanie», il n'y en avait pas un seul, mis à part quelques infiltrés de nationalité serbe. A la fin de 1943, les communistes organisent une conférence de leur parti dans le village de Bujan au Kossovo. Les hommes du PC, peu nombreux dans l'assistance, se déclarent en faveur d'un Etat albanais unitaire, Kossovo compris, contre la Yougoslavie. Pas étonnant dès lors qu'après la fondation du deuxième Etat yougoslave en 1945, les communistes albanais sont restés suspects pendant des décennies. Aucun d'entre eux n'a jamais cessé d'être ouvertement nationaliste albanais, de penser, de sentir et d'agir dans ce sens. Ne parlons pas des non communistes: immédiatement après la guerre, 30.000 Albanais prirent part à la révolte armée contre Tito: les soulèvements se sont d'ailleurs répétés tous les dix ans, avec une surprenante régularité. Ils furent suivis de répressions yougoslaves et de persécutions. Fadil Hoxha, chef du PC du Kossovo pendant de nombreuses années, s'est révélé lui aussi «élément albanais» et exclu comme tel du parti, dont il fut pourtant le président au niveau yougoslave! Mais le véritable héros de la droite albanaise fut Adem Demaqi, embastillé depuis 1964, avec quelques rares interruptions seulement. Pourquoi? Parce qu'il a milité sans compromissions pour une Albanie unie et bien entendu non communiste.

 

La Prizrener Liga  existe toujours au sein de l'organisation Besëlidhja Kombëtare Demokratike Shqiptare  (Ligue nationale-démocratique de la parole d'honneur albanaise). La cause de la droite et de la libération nationale albanaise, pour sa part, est défendue par un nombre impressionnant de petits groupes, de cellules, qui se déclarent «marxistes-léninistes» et se réclament de la «Doctrine», mais qui, au fond, ne rassemblent que des patriotes albanais.

 

Serbie

 

Les Serbes, qui occupent une partie de l'Albanie, soit le Kossovo, territoire où se trouve le fameux champ de bataille de 1389, où les Serbes ont dû ployer le genou devant les Turcs. La bataille perdue a été décisive. Rarement dans l'histoire, bataille perdue n'a autant susciter de mythe à facettes aussi multiples (historiques, religieuses, mystiques) que cette bataille du Kossovo, point focal du nationalisme et des droites serbes. Noyau de ce mythe est la croyance qu'après le Golgotha vient la ressurection, y compris dans la vie d'un peuple. Ce mythe, renforcé par les légendes de Saint-Sava qui avait fondé l'église autocéphale serbe au début du XIIIième siècle, a permis à des générations et des générations de Serbes de survivre spirituellement pendant tous les siècles de la domination turque. C'est pétris du mythe de la Bataille du Kossovo que les partis serbes modernes se sont constitués à la fin du XIXième siècle.

 

Paradoxalement, les partis de droite se donnaient l'adjectif de «progressifs» mais leur idéologie et leur pratique débouchaient sur un impérialisme serbe. La même année, en 1881, le «Parti Radical» sous l'égide de Nikola Pasic se constitue comme pôle adverse de ce «progressisme de droite». L'orientation de ce parti était également grande-serbe, tout comme celle des Libéraux de Jovan Ristic. Après la création de la Yougoslavie en 1918, le pays fut dominé politiquement et en toute exclusivité par l'idéologie grande-serbe. Lorsque le tribun croate Stjepan Radic est assasiné en plein Parlement à Belgrade, le Roi Alexandre instaure en 1929 la dictature royale. Cette dictature est également de facture grande-serbe. Plusieurs années après, les partis sont à nouveau autorisés. Le Serbe Milan Stojadinovic fonde, avec quelques non Serbes, la «Communauté radicale yougoslave» (Jugoslovenska radikalna zajednica, ou, en abrégé, la «Jereza»).  Très vite Stojadinovic fait montre de sa sympathie pour le Troisième Reich et reçoit la visite de Hermann Göring. L'homme politique et idéologue serbo-yougoslave voulait imiter le Reich allemand en bien des points. Il s'était même doté d'une garde personnelle en uniforme, portant des chemises vertes. Pour l'anecdote, disons qu'une seule chose n'allait pas: quand ses militants scandaient Vodja-Vodja (Chef-Chef), cela ressemblait très vite à Djavo-Djavo  (Diable-Diable).

 

Le seul mouvement fasciste yougoslave, plus exactement serbe, était le Zbor  (= «Rassemblement» ou «Cri d'appel»), dirigé par Dimitrije Ljotic. Descendant d'une très vieille famille serbe de Smederevo, il était, comme tous les hommes politiques serbes, d'inspiration grande-serbe, mais, à la différence des autres, son intégrité était exemplaire. Dans sa jeunesse, Ljotic était pacifiste dans le sens de Tolstoï et voulait se faire moine. Les guerres balkaniques et la guerre mondiale qui les a suivies immédiatement lui ont appris que la violence, l'autorité et la discipline étaient des données de la nature humaine qui avaient leur place dans l'univers de la politique. Mais ces données devaient être disciplinées, policées par une élite et légitimées par les vertus de décence et de bravoure (cojstvo i junastvo). 

 

Devenu homme politique contre son gré, il entre en politique en se posant d'emblée comme un orateur hors ligne, mieux, comme un prédicateur fascinant. Il salue le coup d'Etat anti-parlementaire du Roi, le 6 janvier 1929. Une année plus tard, il devient ministre de la justice mais démissionne l'année suivante, après que le Roi Alexandre ait refusé son ébauche de constitution anti-démocratique. Quand le Roi meurt victime de l'attentat de Marseille en 1934, Ljotic fonde son organisation, le Jugoslovenski Narodni Pokret Zbor  (Mouvement populaire yougoslave Zbor). Ljotic sympathisait avec Hitler et Mussolini, bien qu'il n'hésitait jamais à les critiquer. Pendant la guerre, il n'a pas vu d'alternative à la lutte engagée par les puissances de l'Axe contre le bolchévisme. Il a voulu sauver de la Yougoslavie ce qu'il y avait à en sauver. Aux côtés des Allemands, le Corps des Volontaires serbes (Srpski dobrovoljacki korpus)  de Ljotic a lutté contre les partisans de Tito. Ceux-ci, vainqueurs, les ont tous condamnés à mort en 1945.

 

Ljotic, qui avait gardé l'espoir en 1939 qu'un putsch militaire sauverait la Yougoslavie, a pensé en 1945 que l'Istrie pourrait devenir le centre d'une résistance armée contre Tito. Au milieu de l'effondrement germano-italien, il a immédiatement pris des mesures dans ce sens. Mais un accident d'auto met un terme à ses jours, à proximité de Slovenska Bistrica, et empêche la consolidation définitive de ce mouvement de résistance. Son successeur involontaire, au départ très réticent, fut son frère Jakov Ljotic, qui continua l'œuvre politique du Zbor  à Munich, jusqu'au jour où il se fit étrangler par des agents yougoslaves en 1974.

 

Ljotic a laissé derrière lui une œuvre théorique: il était sans doute le seul penseur fasciste sérieux de l'espace sud-slave. Son corpus doctrinal partage avec les autres fascistes les idées d'un corporatisme, d'un parlement des états, son hostilité au communisme, à la démocratie, aux partis et aux Juifs, mais aussi un souci très net de la question sociale. Mais son christianisme très profond, intensément vécu, et son monarchisme radical sont, chez lui, des motivations non fascistes. Son traditionalisme populaire serbe transposait le culte du domacin,  du maître de maison, dans la sphère de l'Etat  —le Roi étant le domacin  de l'Etat—  et dans le cosmos  —Dieu étant le domacin  de l'univers.

 

Croatie

 

Comme les droites slovènes, les droites croates sont au départ ambigües sur le plan national. En 1848, le héros national du Banus de Croatie est le Comte Josip Jelacic Buzimski, qui vainc l'ennemi héréditaire hongrois mais en étant au service de Vienne. Ante Starcevic, le pater patriae,  fonde en 1861 le Hrvatska stranka prava  (Parti croate du droit de l'Etat) et réclame, animé par le souci conservateur de renouer avec la tradition perdue, le droit historique des Croates à avoir un Etat propre, mais, dans sa doctrine, fondamentalement conservatrice, il n'hésite pas non plus à se référer à la Révolution française. Les héritiers de Starcevic en notre siècle sont les Ustase  (Oustachistes), souvent décrits comme fascistes.

 

Ante Pavelic fonde son organisation Ustasa - Hrvatski oslobodilacki pokret  (= Mouvement de libération croate; ustasa  signifiant «rebelle») un jour après que le Roi Alexandre ait proclamé sa propre dictature, le 6 janvier 1929. Pavelic est rapidement contraint à l'exil, où il sera l'instigateur et le responsable de quelques actions spectaculaires. Au pays, ce sera la révolte paysanne de Velebit; à l'étranger, l'assassinat du royal dictateur de la Yougoslavie.

 

Les Ustase ne constituaient pas un mouvement typiquement fasciste. Pavelic lui-même était par tradition familiale un «libéral éclectique», fortement influencé par les idéaux de la Révolution française. Au départ, les Oustachistes se considéraient comme les représentants d'un mouvement de libération nationale dépourvu de caractéristiques fascistes (ce que n'a pas manqué de signaler Ernst Nolte dans un ouvrage consacré aux fascismes et paru en 1966). Au début des années 30, les Oustachistes bénéficiaient même du soutien des communistes, qui, à cette époque, considéraient également la Yougoslavie comme une «prison des peuples». Mais dès qu'ils accèdent au pouvoir, les Oustachistes reprennent à leur compte certaines caractéristiques des mouvements fascistes, très populaires dans l'Europe d'alors, notamment parce qu'il leur paraissait impossible, en plein milieu d'une guerre mondiale sanglante et d'une guerre civile non moins cruelle, d'appliquer les méthodes éprouvées de la démocratie parlementaire. Les libertés intellectuelles, en revanche, sont demeurées quasiment intactes; ainsi, au projet d'«Encyclopédie croate», ont collaboré plusieurs communistes notoires, alors que la guerre civile faisait rage.

 

La persécution des Juifs, très exagérée par la propagande actuelle, avait été imposée par la puissance occupante. La brochure programmatique du mouvement oustachiste, rédigée par Pavelic, contient des éléments nationaux-libéraux ou sociaux, mais rien qui ne soit typiquement fasciste. Dans l'Etat indépendant croate, plusieurs tentatives eurent lieu de créer un parti national-socialiste, mais elles restèrent limitées à une petite brochette d'individus et n'enregistrèrent en fin de compte aucun résultat. Il m'apparaît important de le souligner aujourd'hui, où la lutte de libération des Croates est décriée partout dans le monde comme «fasciste», ce qui contribue à décréter comme pleinement fascistes des organisations ou des groupes qui ne sont que très partiellement affectés par cette idéologie. Variante de la technique de l'amalgame...

 

La lutte oustachiste s'est poursuivie après 1945. Après que l'armée croate invaincue, ainsi que les civils qui l'accompagnaient (quelque 300.000 personnes), ait été livrée à Tito par les Anglais et envoyée à la mort, pendant des années, des bandes armées livrèrent une guerre de guerilla aux titistes, nourries par le souvenir de la bravoure militaire des soldats croates, notamment ceux de la 13ième Division de montagne de la Waffen SS Handzar.  Les compagnons de Pavelic fondent en exil en 1946 un Hrvatski drzavni odbor  (Commission de l'Etat croate, sorte de gouvernement en exil). Trois ans plus tard, Pavelic crée le Hrvatska drzavotvorna stranka (Parti croate fondateur d'Etat), organisation chargée de prendre le relais du mouvement oustachiste. Depuis 1956, cette organisation a changé de nom et s'appelle Hrvatski oslobodilacki pokret  (Mouvement de libération croate). Après la mort de Pavelic, à la suite d'un attentat yougoslave perpétré à la fin de l'année 1959, le mouvement se scinda en multiples fractions. L'une d'elles, sous la direction du Général Vjekoslav Max Luburic, s'est appelée Hrvatski narodni otpor  (Résistance populaire croate), qui, elle aussi, a connu de multiples scissions.

 

En outre, le Parti paysan croate, parti traditionnel, a continué à exister, mais divisé en deux fractions. Enfin, le Parti Républicain Croate se pose également en successeur du mouvement oustachiste. Quelques-uns de ces mouvements scindés ou éparpillés, avec d'autres groupes et groupuscules, ont réussi à s'unir en 1974 dans le «Conseil National Croate» (Hrvatsko narodno vijece).  C'est une organisation qui se fixe pour objectif de chapeauter les différents groupes en exil; elle ne veut pas mener les organisations croates au combat mais les représenter dans les pays occidentaux, dont elle accepte le modèle démocratique et parlementaire. Ce «Conseil National» mène son action en feignant d'ignorer que les démocraties occidentales soutiennent l'Etat yougoslave.

 

Résultat de l'insatisfaction des exilés et des combattants de l'intérieur face à cette politique pro-occidentale: la naissance en 1981, à New York et à Lund (Suède), du Hrvatski drzavotvorni pokret  (Mouvement croate fondateur d'Etat), qui veut poursuivre la lutte de libération croate en Croatie même. C'est un regroupement qui se place au-delà des idéologies, qui défend les intérêts généraux de tous les Croates et qui a des tendances nationales-révolutionnaires, ouvertes aux nationalistes de droite et de gauche. Ce mouvement est neutraliste sur le plan international et réclame la création d'une armée croate autonome. Il s'efforce d'arriver à une bonne entente avec la minorité serbe de Croatie, considérée jusqu'ici comme une «cinquième colonne» de Belgrade. Il rêve d'un Etat croate national, neutre, social et non confessionnel. Ce but est identique à celui qui veut dépasser la Yougoslavie. Le résultat de ce dépassement, s'il a lieu, permettrait à une véritable «nouvelle droite», originale et libre, de naître dans l'espace sud-slave.

 

Mladen SCHWARTZ.

(texte issu de Criticon, n°106, mars-avril 1988; adresse: Knöbelstrasse 36/0, D-8000 München 22; abonnement annuel: DM 63,-; étudiants, lycéens, DM 42,-).    

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lundi, 01 octobre 2007

Hommage à Hellmut Diwald

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Hommage à Hellmut Diwald

 

Né le 13 août 1924 dans le pays des Sudètes, plus précisément à Schattau en Moravie méridionale, le professeur Hellmut Diwald a quitté la vie le 26 mai 1993. Fils d'ingénieur, il s'était d'abord destiné à suivre les traces de son père: il suit les cours de l'école polytechnique de Nuremberg et y décroche son premier diplôme. Mais c'est à l'université d'Erlangen qu'il trouvera sa véritable vocation: l'histoire, l'événémentielle et celle des religions et des idées. De 1965 à l'année de sa retraite, il a enseigné l'histoire médiévale et moderne dans l'université qui lui avait donné sa vocation. Auparavant, il avait travaillé sur les archives d'Ernst Ludwig von Gerlach, un homme politique conservateur et chrétien de l'époque de Bismarck, avait rédigé une monographie sur le philosophe Dilthey et publié plusieurs études, notamment sur Ernst Moritz Arndt, père de la conscience nationale allemande (mais qui a eu un grand retentissement en Flandre également, si bien qu'il peut être considéré à Anvers, à Gand et à Bruxelles comme un pater patriae), et sur l'évolution des notions de liberté et de tolérance dans l'histoire occidentale.

 

Ces premiers travaux scientifiques permettent de comprendre quel homme fut Hellmut Diwald, quelle synthèse il a incarnée dans sa vie intellectuelle et militante: homme de progrès dans le sens où il s'inscrit dans la tradition émancipatrice des Lumières et de la Prusse, il ne conçoit pas pour autant cette émancipation comme un pur refus de tout ancrage historique et politique, mais au contraire, à l'instar du romantique Arndt et du conservateur von Gerlach, comme la défense d'un ancrage précis, naturel, inaliénable, dont l'essence est de générer de la liberté dans le monde et pour le monde. Cet ancrage, ce sont les nations germaniques, nations d'hommes libres qui se rebiffent continuellement contre les dogmes ou les institutions contraignantes, contre les coercitions improductives. Cette notion germanique de l'homme libre a donné la réforme, les lumières pratiques du XVIIIième siècle frédéricien ou joséphien, ou, chez nous, le mythe d'Uilenspiegel. Elle est donc à la base du progressisme idéologique, avant que celui-ci ne deviennent fou sous l'impact de la révolution française et du messianisme marxiste.

 

Hellmut Diwald doit sa notoriété à un ouvrage paru en 1978: une «histoire des Allemands» inhabituelle, où notre auteur inverse la chronologie en commençant par l'histoire récente pour remonter le cours du temps. Cette originalité n'est pas une simple facétie de professeur. En effet, les historiens allemands de notre après-guerre n'ont cessé de juger l'histoire allemande comme le préliminaire à l'horreur nationale-socialiste. Tous les événements de cette histoire étaient immanquablement jugés à l'aune du national-socialisme, ramenés à l'une ou l'autre de ses facettes. Reductio ad Hitlerum: telle était la manie, lassante, répétitive, morne, de tous les zélotes de la profession qui travaillaient à réaliser une seule obsession: tenir leur peuple à l'écart de l'histoire qui se jouait désormais à Washington ou à Moscou, à Pékin ou à Tel Aviv. Tout retour de l'Allemagne sur la scène de l'histoire réelle aurait signifié, pour ces savants apeurés, le retour d'une tragédie à l'hitlérienne. On peut évidemment comprendre que les Allemands, après deux défaites, aient été échaudés, dégoûtés, rassis. Mais ces sentiments sont justement des sentiments qui ne permettent pas un regard objectif sur les faits historiques. En inversant la chronologie, Diwald se voulait pédagogue: il refusait d'interpréter l'histoire allemande comme une voie à sens unique débouchant inévitablement sur la dictature nationale-socialiste. S'il y a pourtant eu ce national-socialisme au bout de la trajectoire historique germanique, cela ne signifie pas pour autant qu'il ait été une fatalité inévitable. L'histoire allemande recèle d'autres possibles, le peuple allemand recèle en son âme profonde d'autres valeurs. C'est cela que Diwald a voulu mettre en exergue.

 

Du coup, pris en flagrant délit de non-objectivité, les compères de la profession, ont crié haro sur Diwald: en écrivant son histoire des Allemands, il aurait «banalisé» le national-socialisme, il l'aurait traité comme un fragment d'histoire égal aux autres. Pire: il ne l'aurait pas considéré comme le point final de l'histoire allemande et aurait implicitement déclaré que celle-ci demeurait «ouverte» sur l'avenir. Pendant deux ans, notre historien a subi l'assaut des professionnels de l'insulte et de la délation. Sans changer sa position d'un iota. Meilleure façon, d'ailleurs, de leur signifier le mépris qu'on leur porte. Mesquins, ils ont voulu «vider» Diwald de sa chaire d'Erlangen. Ils n'ont pas obtenu gain de cause et se sont heurtés au ministre de l'enseignement bavarois, Maier, insensible aux cris d'orfraie poussés des délateurs et des hyènes conformistes.

 

Diwald n'a pas cessé de travailler pendant que ses ombrageux collègues vitupéraient, complotaient, s'excitaient, pétitionnaient. En 1981, avec Sebastian Haffner, un homme de gauche éprouvé et un anti-fasciste au-dessus de tout soupçon, et Wolfgang Venohr, historien et réalisateur d'émissions télévisées, il participe en 1981 à la grande opération de réhabilitation de l'histoire prussienne, dont le point culminant fut une grande exposition à Berlin. Parallèlement à cette série d'initiatives «prussiennes», Diwald travaillait à un sujet qui nous intéresse au plus haut point dans le cadre de notre souci géopolitique: une histoire de la conquête des océans. Deux volumes seront les fruits de cette recherche passionnante: Der Kampf um die Weltmeere  (1980) et Die Erben Poseidons. Seemachtpolitik im 20. Jahrhundert  (1987). Conclusion de Diwald au bout de ces sept années de travail: l'Allemagne a perdu les deux guerres mondiales sur l'Atlantique, parce que sa diplomatie n'a pas compris le rôle essentiel de la guerre sur mer.

 

Au cours de toute sa carrière, Diwald, auteur classé arbitrairement à droite à cause de son nationalisme d'émancipation, n'a jamais perdu la réunification allemande de vue. Cet espoir le conduisait à juger très sévèrement tous les ancrages à l'Ouest qu'essayait de se donner la RFA. Chacun de ces ancrages l'éloignait de sa position centre-européenne et des relations privilégiées qu'elle avait eu l'habitude de nouer avec la Russie. Diwald était donc un critique acerbe de la politique du Chancelier Adenauer, dont l'objectif était l'intégration totale de la RFA dans la CEE et dans le binôme franco-allemand. Inlassablement, Diwald a critiqué le refus adénauerien d'accepter les propositions de Staline en 1952: neutralisation de l'Allemagne réunifiée. Ce refus a conduit au gel des positions et condamné la RDA à la stagnation communiste sous la houlette d'apparatchiks pour lesquels le Kremlin n'avait que mépris.

 

La vie exemplaire de Diwald, clerc au service de sa patrie, nous lègue une grande leçon: l'historien ne peut en aucun cas faire des concessions aux braillards de la politique. Sa mission est d'être clairvoyant en toutes circonstances: dans l'euphorie du triomphe comme dans la misère de la défaite. Pour l'un de ses amis proches, venu lui rendre visite peu de temps après le diagnostic fatidique qui constatait la maladie inéluctable, Diwald a prononcé cette phrase qui fait toute sa grandeur, qui scelle son destin de Prussien qui conserve envers et contre tout le sens du devoir: «Pourvu que je puisse régler toutes les affaires en suspens qui traînent sur mon bureau avant de m'en aller». Hellmut Diwald, merci pour votre travail.

 

Robert STEUCKERS.

 

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dimanche, 30 septembre 2007

Charles le Hardi & Frédéric III

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30 septembre 1473 : Les négociations entre Charles le Hardi (dit le « Téméraire » par ses ennemis français) et l’Empereur Frédéric III commencent à Trêves en vue de constituer à l’Ouest un « Royaume de Bourgogne » sous suzeraineté impériale. Le but est d’unir les forces européennes traditionnelles contre la sédition gauloise  animée par Louis XI, dit l’ « Universelle Aragne ». Ces négociations dureront jusqu’au 25 novembre et n’auront guère d’effets et de résultats. Les hésitations de Frédéric III, personnalité plus réservée que le fougueux Duc, auront un effet retardateur et temporisateur. Cette différence entre un Empereur hésitant et un Duc énergique constitue l’un des thèmes du beau roman de l’écrivain wallon contemporain Gaston Compère (« Je soussigné Charles le Téméraire Duc de Bourgogne »).

Même  si les pourparlers de Trêves n’ont pas abouti immédiatement, leur objectif, celui d’unir Bourgogne et Empire se réalisera in fine par le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, fils héritier de Frédéric III.

Maximilien écrasera les hordes de l’Universelle Aragne, qui se vengera en excitant le particularisme des villes flamandes, qui devront se soumettre à la raison. De ce jeu complexe, se dégage aujourd’hui les idéologies identitaires wallonnes et flamandes : les Wallons, conservateurs, soucieux de l’héritage bourguignon, se réclament du Duc, comme l’atteste le livre de Gaston Compère, qui critique très fort les particularismes flamands et alsaciens ; les identitaires flamands, sauf les héritiers du mouvement DINASO de van Severen, ont tendance à survaloriser le particularisme urbain des villes rebelles contre le « Prince ». Or ce particularisme était à la solde de la France, ce qui constitue une contradiction avec le mouvement flamand d’après 1918, qui s’est battu pour que la Belgique, et partant la Flandre, soit totalement dégagée de toute alliance française (« Los van Frankrijk »).

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Leçons d'histoire pour donneur de leçons de morale

 

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Une leçon d'histoire pour les donneurs de leçons de morale

 

Depuis plus d’un siècle les Etats-Unis se sont arrogé le monopole de la vertu politique internationale, s’octroyant ainsi le privilège de mener leurs guerres impériales sous le couvert de la morale. Un dossier paru, ce mois de novembre 99, dans la revue Historia (n° 635 bis) consacré aux grandes manipulations de l’histoire, vient à propos rappeler que les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’agir avec le plus parfait cynisme et la plus constante brutalité pour asseoir leur hégémonie mondiale. Leur domination est le fruit d’une technique éprouvée. Cette technique, assez grossière, n’en est pas moins d’une redoutable efficacité. Elle se décline en quatre temps :

 

Le premier temps est celui où l’ennemi à abattre est choisi en fonction des priorités d’expansion économique du moment.

 

Le second temps est celui où l’ennemi est diabolisé aux yeux de l’opinion publique.

 

Le troisième temps vise à créer les conditions qui acculeront l’ennemi à la faute, si possible à l’agression directe contre les Etats-Unis ou l’un de ses alliés. Dans l’hypothèse où cette agression ne se produirait pas, une opération de désinformation est systématiquement organisée pour faire croire à cette agression.

 

Le quatrième temps est celui de la guerre totale. L’ennemi doit non seulement être détruit mais ses dirigeants remplacés par des hommes de paille.

 

Le scénario est exposé. Il convient, maintenant, de le vérifier à l’aune de la politique de conquête poursuivie par les Etats-Unis depuis la guerre de Sécession. On peut, en effet, affirmer que c’est à partir de l’expérience acquise lors de ce conflit que (1861-1865) l’élite du Nord des Etats-Unis a mis en place la machinerie idéologique et militaire qui allait lui assurer l’accès à la suprématie planétaire.

 

En 1861, l’Union américaine était divisée en deux zones – pour schématiser le Nord et le Sud – aux intérêts antagonistes. Le Nord était industriel et le Sud agricole. Dans les Etats du Nord, l’esclavage (*) avait été aboli, non par générosité d’âme, mais pour créer une main d’œuvre mobile, disponible, servile, et à bon marché. Le Nord était protectionniste, tourné vers son marché intérieur et animé par l’égalitarisme distillé par les loges maçonniques. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l’Europe – c’était là sans doute sa plus grave faute – mû par un esprit de tradition. La confrontation était inévitable. Les élites du Nord étaient toutefois bridées dans leur volonté de domination du Sud, par le droit de sécession que prévoyait la constitution fédérale. La guerre ne pouvant se faire au nom du droit se ferait donc au nom de la morale. Les manœuvres contre le Sud commencèrent dès 1832. Cette année là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord) imposa unilatéralement à la Caroline du Sud un nouveau tarif douanier, qui menaçait tous les équilibres fondamentaux de son économie.

 

(*) L’auteur tient à signaler que ce développement a pour seul but d’éclairer le lecteur sur la politique impériale américaine. Il n’est ni d’une manière directe, indirecte, inconsciente ou subluminale, une apologie de l’esclavage, ce qui est cohérent avec sa position de refus de l’asservissement des peuples, européens en particulier, aux idées reçues et son refus de toute forme d’avilissement.

 

La Case de l’Oncle Tom : instrument de propagande

 

Cet Etat tenta de s’opposer au tarif douanier en question, mais dut finalement se soumettre devant la menace d’une intervention armée des troupes fédérales, brandie par le président Jackson. Le galop d’essai était un succès. Le scénario de la provocation/répression/soumission était rodé. Mais il fallait encore préparer les consciences à la guerre civile. Tel fut le rôle « confié » à certains intellectuels, dont Harriet Beetcher-Stowe faisait partie. Son ouvrage La case de l’oncle Tom (1852), fut l’un des premiers ouvrages de propagande de l’ère moderne et produisit l’émotion voulue. Dans les années suivantes, le parti Républicain (créé en 1854) sous l’influence du lobby industriel, fit du thème de l’abolition de l’esclavage son unique discours politique. Celui-ci était ostensiblement orienté contre les Etats du Sud. En novembre 1860, l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln fut donc vécue par les Etats du Sud comme une véritable déclaration de guerre. En effet, ce président très minoritaire, élu avec seulement avec 39,8% des voix, n’avait pas l’intention d’abandonner son programme qui condamnait dans la pratique toute la structure politique, économique, culturelle et sociale des Etats du Sud. Face à ce péril, la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, le Texas, La Géorgie, le Texas, la Louisiane, se retirèrent – conformément à leur droit – de l’Union et formèrent le 8 février 1861 un nouvel Etat baptisé « Les Etats confédérés d’Amérique ». Cet Etat voulut naturellement exercer sa sou­veraineté sur un certain nombre de places fortes fédérales situées sur son territoire : Sumter à Charleston (Ca­roline du Sud) et Pickens  à Pensacola (Floride), ce à quoi leurs commandants fédéraux s’opposèrent. De­vant ce refus, les troupes confédérales organisèrent leur siège. C’est alors que Lincoln saisit l’opportunité po­li­tique et stratégique que son parti avait réussi à créer et se décida à engager la guerre civile, fort de sa posture d’agressé. La suite est connue. La leçon tirée du conflit par les dirigeants du Nord fut inestimable : les foules ai­maient être ébahies par la propagande humanitaire et le sentiment du bon droit (*). Elles allaient être servies.

 

1898 : Ecraser l’Espagne !

 

A la fin du siècle dernier, les Etats-Unis se donnèrent de nouveaux objectifs impériaux : le contrôle exclusif de l’accès à l’Amérique du Sud, et la percée dans le Pacifique. Une puissance s’opposait à ce dessein : l’Espagne. Cependant, l’éloignement et l’expérience diplomatique du nouvel ennemi rendaient les tentatives de manipulation difficiles. Pour pallier l’absence d’agression espagnole, les Etats-Unis allaient exploiter l’ex­plo­sion accidentelle du cuirassier Maine (1898) au large de Cuba, et faire croire, à leur opinion publique, qu’il s’agissait d’une attaque surprise de l’Armada espagnole. Sur la base de ce motif, inventé de toutes pièces, les hostilités furent ouvertes. Après de courtes batailles navales, les Etats-Unis remportèrent une victoire totale et acquirent, en retour, la mainmise sur Porto Rico, Cuba, les Philippines et l’île de Guam. Tout cela n’était pas très moral, mais les formes (mensongères) y étaient.

 

(*) A ceux qui douteraient que la propagande abolitionniste du Nord n’était que poudre aux yeux,  il est rappelé les faits suivants : presque tous les noirs libérés de l’esclavage se retrouvèrent aux lendemains  de la guerre dans une situation de misère insoutenable. L’économie ruinée du Sud ne pouvant plus leur fournir d’emplois, ils émigrèrent vers le nord où ils furent employés à vil prix et dans des conditions souvent plus déplorables que leur ancien esclavage. Bien que libérés, ils durent attendre un siècle pour obtenir leurs droits politiques. Quant aux Indiens, les seuls véritables américains, ils durent attendre 1918 pour recevoir... la nationalité américaine.

 

La seconde guerre mondiale allait donner l’occasion aux Etats-Unis de décliner le scénario décrit plus haut sur une  grande échelle. L’ennemi cette fois était le Japon qui menaçait les fruits de la victoire sur l’Espagne (Philippines et Guam) et qui était en passe de devenir une superpuissance mondiale par son industrie et ses conquêtes asiatiques. A partir de ce moment, le conflit était inéluctable. Il débute le 28 juillet 1941, par la décision de Roosevelt de geler les avoirs du Japon aux Etats-Unis et d’étendre l’embargo aux livraisons du pétrole à destination du Japon. Cette décision accule les Japonais à l’intervention militaire. Mais cette intervention militaire est diligentée par les services secrets américains, dont on a aujourd’hui (cf. dossier du magazine Historia) la certitude qu’ils en suivaient pas à pas les préparatifs. Ainsi, l’intervention japonaise sur Pearl Harbor était non seulement connue dans ses détails mais désirée pour créer l’électrochoc qui permettrait de mobiliser tout un peuple dans une guerre totale contre un autre, déclaré perfide et immoral, bon à réduire en poussières atomisées.

 

La seconde guerre mondiale à peine achevée les Etats-Unis se donnent un nouvel objectif stratégique : évincer les Européens de l’Ouest – ceux de l’Est ont été donnés par Roosevelt en pâture à Staline - de leurs colonies pour s’emparer de leurs ressources. Dans cette logique, les Etats-Unis arment le Viêt-cong et le F.L.N. en Algérie contre les Français Au Viêt-nam, leur objectif est atteint, mais le résultat de leur action est mitigé par l’existence d’un Etat communiste hostile au nord. L’opinion publique américaine est selon sa tradition hostile à une intervention sans motif. Qu’à cela ne tienne l’administration de Lyndon Johnson va, en 1963, lui en tailler un sur mesure en accusant la marine Nord Vietnamienne d’avoir attaqué leur destroyer l’USS Maddox dans le golfe du Tonkin. Ce qui était là aussi un pur mensonge, mais un mensonge suffisant pour justifier une intervention directe.

 

La démonisation de Noriega 

 

La défaite contre les Vietnamiens allait refroidir quelque temps l’expansionnisme américain. Il n’allait, toutefois, pas tarder à se réchauffer et à employer les bonnes vieilles recettes du succès. D’abord contre le Panama, où la venue au pouvoir d’un certain Général Noriega (face d’Ananas selon l’expression américaine) avait tout pour déplaire à Washington. L’homme s’opposait à la fois au FMI, critiquait l’action de la CIA aux côtés des Contras au Nicaragua, et menaçait de réviser les clauses du traité régissant les droits octroyés aux Etats-Unis sur le Canal de Panama. La réaction américaine fut foudroyante. Une campagne de presse fut savamment organisée dans laquelle Noriega était présenté à la fois comme le grand organisateur du trafic mondial de la drogue, un être satanique, et l’adorateur d’Adolf Hitler. L’opinion publique américaine soigneusement mijotée, Georges Bush put sans résistance interne lancer, le 20 décembre 1989, son opération militaire contre Panama, dénommée « Juste cause » - tout un programme. Cette intervention effectuée en violation totale du droit international, ne suscita que quelques rodomontades diplomatiques sans conséquence sur l’influence américaine dans la zone. En 1991, l’ennemi suivant était l’Irak, une proie pétrolifère de choix. Cette fois la recette fut cuisinée avec un degré de raffinement jamais atteint. D’un côté les autorités américaines pressaient les Koweïtiens de mettre le couteau sur la gorge des Irakiens en les incitant à leur refuser l’aménagement de la dette contractée à leur égard, de l’autre ils faisaient savoir à Saddam Hussein, par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, que dans l’éventualité où l’Irak attaquerait le Koweït ils observeraient une bienveillante neutralité.

 

L’Europe, rivale éternelle…

 

Le piège était tendu il allait fonctionner à merveille. La préparation concoctée par les services secrets était si subtile que pour la première fois la potion morale américaine allait se marier au droit international Les dupes européennes qui suivirent l’empire sans barguigner en furent pour leurs frais. La potion était plus amère que le fumet de pétrole qui s’en échappait. Malgré leur aide inconditionnelle et benoîte, les puissances européennes perdaient pied dans la région et dans le même temps la sécurité de leurs approvisionnements en hydrocarbures. On aurait pu penser que la tempête du désert une fois passée, les élites qui nous gouvernent auraient recouvré un peu d’esprit critique. Que nenni ! Inlassablement elles demandent à être resservie du même brouet infâme, aussi furent-elles comblées avec le Kosovo, où la CIA grande manipulatrice de l’UCK parvint à pousser Milosevic à la faute qui justifierait sa nouvelle campagne morale contre le droit. Quel était l’objectif stratégique de cette guerre ? Mais voyons toujours le même : l’Europe, le rival éternel, la civilisation à abattre.

 

J’allais oublier un détail : la recette impériale américaine ne produit tous ses effets qu’avec le bombardement des populations civiles : celles de Tokyo, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde, de Hanoi, de Hué, de Phnom Penh, Panama, de Bagdad et de Belgrade. Juste quelques petits millions de morts et de carbonisés. Pas de quoi émouvoir, une conscience humanitaire bien trempée.

(© Charles Magne – Novembre 99).

samedi, 29 septembre 2007

Bernanos, l'homme habité

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Bernanos,

  

l’homme habité

1998 aura été, littérairement parlant, l'année Bernanos. Alors que de toutes parts, patiemment érigé sur vingt siècles d'histoire euro­péen­ne, l'imposant édifice catholique s'effrite, les plus grandes maisons d'édition parisiennes ont tenu l'an durant à célébrer la mémoire du plus fameux de nos « catholiques écrivant », mort il y a tout juste cinquante ans, par la réédition de quelques-uns de ses meilleurs brû­lots: Français si vous saviez, La liberté pour quoi faire, La grande peur des bien-pensants. Le tout assorti de quelques nouvelles iné­di­tes. Sans oublier, en ces temps où, misère de l'esprit, l'on s'intéresse davantage aux petits secrets de nos auteurs qu'à ce qu'ils ont pu é­crir­e (que penser de « l’affaire » Marguerite Duras?), l'inévitable cor­tè­ge de biographies, plus ou moins littéraires et bien troussées. Iro­nie de l'histoire, pour une des rares plumes libres du siècle, guère plus connue aujourd'hui que pour ses trois volumes de la Pléiade.

 

Le don, cette force sur laquelle fut élevée notre civilisation

 

Et pourtant. Une fois n'est pas coutume, de toutes ces publications, celles qui retinrent le plus notre attention ne furent pas tant Français si vous saviez ou Dialogue d'Ombres, mais bien deux courtes biographies, éclectiques, passionnées, de VRAIS LECTEURS chez qui Bernanos a signifié plus encore sans doute que la vision très personnelle qu’ils nous en donnent. Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien Lapaque, et Georges Bernanos, une parole libre, de Claire Daudin rendent chacun à sa manière le juste hommage qui revenait au dernier «chrétien de combat ». Si le premier, journaliste au Figaro Littéraire, eut volontiers été des jeunes camelots du Roi qui suivirent Bernanos dans ses échauffourées estudiantines, la seconde eut fourni pour sa part une confidente attentive et pleine de réserve au Bernanos des soirs de doute. Chaleureux et engagés, les deux dis­cours se complètent et se répondent: pourquoi donc «une telle rencontre est-elle souhaitable aujourd'hui? Dans un monde envahi par la violence, où chacun, tant bien que mal, essaie de lui échapper, à quoi bon nous proposer ce rendez-vous avec la colère d’un hom­me?» (Claire Daudin). Parce que précisément, l’homme moderne est abandonné à la satisfaction de ses (seuls) égoïsmes. A son âme, il a substitué une conscience. A Dieu, il préfère les vertus. Il ne songe pas à préserver ce qui le dépasse. Le don, cette folie sur laquelle fut élevée notre civilisation, lui est aussi étranger qu'aux robots, ses maîtres. Renonçant à sa liberté, il n'obéit qu'à celui qui le programme. La télévision, le travail et les loisirs, les joies et les pei­nes, tout est programmation » (Sébastien Lapaque). Au milieu de l'a­pathie généralisée, sous laquelle étouffe notre vieille Europe, Ber­na­nos nous enseigne l'insurrection de l'esprit, sa violence se fait a­mour, des siens, des hommes, de Dieu. «L'homme de ces temps a le cœur dur et trop sensible» écrivait-il déjà en 1937.

 

«Vieillir, c'est se renier»

 

Fanatique, il le fut, c'est certain. Mais pas de ce fanatisme qui tue au nom d'un dogme, d'une idéologie. Le  «scandale de la vérité», sa croisade personnelle, fut d'abord d'affirmer le primat du cœur guidé par la foi sur le vile confort matériel. Ni conservateur ni révolutionnaire, ni de droite ni de gauche, mais royaliste jusqu'à la racine, «de cet écrivain contestataire, l'histoire littéraire a fait un marginal, utopiste ou réactionnaire, nostalgique d'âges d'or, éternel inadapté dans un monde qu'il refuse » note Claire Daudin. C'est ne rien comprendre à l'essence-même de son œuvre qu'il a située dans tous les engagements de son temps. «Rester fidèle aux grandes passions de l'adolescence ou périr avec elles. Vieillir c'est se renier». Faire face, l'esprit en alerte, prêt à bondir. «Romancier des vertiges de l'âme, Bernanos fut également un écrivain qui ne se sentait bien que dans l'Histoire » (S. Lapaque). Le présent, et plus encore l'avenir, furent sa préoccupation constante, ce qui explique qu'il se soit tou­jours adressé en priorité à la jeunesse. Car pour Bernanos la chré­tienté ne pouvait rimer qu'avec la jeunesse, époque d'aventure et de pauvreté par excellence (rien n'horripilait davantage Bernanos que la bourgeoisie catholique, repue et replète), l'âge où se conquiert la sainteté, puis le monde.

 

Dictature et démocratie tendent au même dirigisme universel

 

Antidémocrate par conviction: «Je ne comprendrai jamais, confiait-il à un ami prêtre en 1906, qu'on se désintéresse d'une lutte dont l'enjeu est le pays et qu'on se contente de mettre un billet dans l'urne», sa constante fidélité à ses principes premiers reste exemplaire dans le tumulte. Goguenard, Lapaque écrit: «Il est vrai que la veulerie de l'Episcopat espagnol, la lâcheté de Munich et le cynisme de Pétain le firent bondir. (« on ne va tout de même pas nous faire croire que c'était au nom de la démocratie et des droits de l'homme!»). Militant royaliste épris d'action (une photo le montre perturbant, canne en main, le transfert des cendres de Zola au Panthéon), et forcément déçu par l'AF (à lire absolument, sa participation au complot avorté de restauration de la monarchie portugaise), l'écriture s'impose bientôt à lui comme le support idéal à son message. Une fois Sous le Soleil de Satan paru, remarqué par Daniel Halévy («Vous aurez en France cinq cent lecteurs. Vous arrivez trop tôt ou trop tard»!) et André Gide («C'est la même chose que Bloy et Barbey d'Aurevilly, et cette chose m'est contraire»), la machine littérature, une fois lancée, ne s'arrêtera plus. On est en 1926, Bernanos a 38 ans. Des romans aux essais (L’Imposture, La Joie, Les Grands Cimetières sous la Lune, Nous Autres Français, Les Enfants Humiliés, Le Dialogue des Carmélites et tant d'autres), son appel en faveur d'un «Front chrétien» est inchangé. Sans Dieu présent dans chacun de nos actes, le monde est réduit à son absurdité.

 

Avant comme après 1945, la situation reste la même, et elle le navre. «Je n'ai jamais cru à la guerre des démocraties contre les dictatures, la formule n'ayant jamais été qu'un slogan (...) Dictature et dé­mo­cratie tendaient au dirigisme universel, à l'univers totalierté sera son drapeau, celle qui prescrit d'agir en son âme et conscience. Si ses ex­hortations restèrent lettre morte, des figures littéraires aussi diverses qu'estimables salueront son indépendance, son refus de la glo­riole (il refusa par trois fois la Légion d'Honneur), sa soif de ju­stice: Camus, Weil, Claudel, Artaud. De Gaulle lui-même, qui re­con­naîtra : «Celui-là, je n'ai pas réussi à l'atteler ».

 

A mille lieues de Mauriac mais frère en Péguy, Georges Bernanos de­meure aujourd'hui encore un cas dans la littérature française. Seul Malraux daignera assister à ses obsèques, le 13 juin 1948. Aucun représentant de la République, et pour cause, ne fera acte de pré­sence. Sans optimisme bêlant, Bernanos fut jusqu'au bout l'homme de l'espérance, jusqu'à l'hérésie. Brasillach avait bien raison, qui le surnommait «l'anar chrétien ».

 

Laurent SCHANG.

 

- Georges Bernanos une parole libre, de Claire DAUDIN, éditions Des­clée de Brouwer, collection Témoins d'humanité, 1998.

- Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien LAPAQUE, Essai, éditions L'Age d'Homme / Les Provinciales, 1998.

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Lothaire I

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29 septembre 855 :  Lothaire I, empereur, meurt à Prüm. Détenteur théorique de la prééminence impériale, qu’il avait perdue de facto lors du partage de Verdun en 843, au profit de ses frères Louis le Germanique et Charles. A la mort de Lothaire 1, le territoire de la Grande Lotharingie est partagé à son tour entre Louis II, l’aîné, qui recevra l’Italie et portera le titre impérial, Lothaire II, qui recevra le nord, qui héritera du nom de « Lotharingie », et comprendra les terres entre l’Escaut et le Léman, et Charles, qui recevra la Provence et tous les territoires situés entre le Léman et la Méditerranée. L’unité grande-lotharingienne prend fin et excite la convoitise des Francs occidentaux et des Francs orientaux. Louis le Germanique reprendra à son compte l’ensemble lotharingien. Conrad II, Empereur germanique, assoira son autorité calme et tranquille sur la « Burgondie » (du Léman à la Méditerranée provençale). Le Duc de Bourgogne, Charles le Hardi, dit le « Téméraire » par les Français, aura pour objectif de réunir à nouveau cet ensemble médian, et de le lier à l’Empereur Frédéric III. Son rêve sera un échec. Le clivage franco-allemand, qui ensanglantera l’Europe et l’affaiblira définitivement, prend naissance, car les rois de France n’auront de cesse de récupérer les territoires ayant appartenu à Lothaire. Seules nos régions, en souvenir de l’héritage politique et spirituel bourguignon, et en vertu des clauses ayant scellé le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, ont échappé à cette volonté annexionniste. L’occupation par la France de la Lorraine, de l’Alsace, de la Franche-Comté, de la Savoie, de la Provence et du Dauphiné est toutefois foncièrement illégitime et illégale et ne saurait être acceptée comme telle.

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vendredi, 28 septembre 2007

ND: débat Champetier/Tingaud/Steuckers

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Débat ND (13)

 

Lettre de Charles Champetier

Réponses de Grégoire Tingaud (MNR)

Réponses de Robert Steuckers

 

Cher Grégoire

Quelques remarques très rapides :

 

1.

Je n'ai jamais critiqué le FN parce qu'il était "populiste" (j'ai mêmerédigé il n'y a pas si longtemps une présentation élogieuse du principal théoricien américain du populisme, Christopher Lasch ; cf. "Les peuples  contre la Nouvelle Classe" in Eléments). Au contraire, le "gaucho-lepénisme" m'apparaissait comme un des aspects les plus intéressants du phénomène, à l'encontre de ses réflexes plus conservateurs (moins de fiscalité, critique facile du "gauchisme", ordre moral, valeurs chrétiennes, etc.), souvent dominants dans les discours.

 

GT - Je n'avais pas relevé cette subtilité dans tes propos, et je trouve ton explication contradictoire avec ton argumentation contre Guillaume Faye (qui selon toi "bunkeriserait" nos idées par un goût affirmé de la provocation et la flatterie à l'égard des pulsions supposées "racistes" du peuple).

Mais ce n'est pas la première fois que je découvre ton étonnante sympathie pour Le Pen et le lepénisme : serais-tu à ton corps défendant touché par ce "romantisme de la défaite" propre à cette extrême-droite que tu méprises tant ?..

 

RS - Je peux témoigner avoir entendu très souvent (trop souvent) Monsieur Champetier se moquer méchamment des réactions populaires et populistes, que celles-ci émanent du FN français ou d'autres formations politiques ou associations. Je prends note de son recours à des thèses américaines actuelles, au demeurant excellentes, qui posent le peuple (voire la "majorité silencieuse", dénomination que Champetier n'aime pas) aux nouvelles élites intellectuelles, tenaillées par des utopies idéologiques impossibles à incarner dans la réalité politique, et aux détenteurs du pouvoir marqués par cette bouillie idéologique. Utopisme et idéologie sont ici considérés comme les armes d'un pouvoir qui se proclame "démocratique" mais qui n'est rien d'autre que coercitif. Souvent les révoltes populistes américaines étaient fort anti-intellectualistes, plus anti-intellectualistes que les mouvements identitaires européens d'aujourd'hui. Champetier se contredit en quelque sorte...

 

Ensuite, je trouve curieuse la démarche de Champetier aujourd'hui, qui est si fier d'avoir recensé un ouvrage de Lash. Faye avait analysé cet auteur en profondeur dès 1980-81 (Bulletin intérieur du GRECE, Nouvelle école, Orientations, que CC compulse sa documentation ou celle de son patron). Lash a exercé une influence profonde sur Faye. D'où, nous sommes en présence d'un paradoxe supplémentaire: CC s'attaque aux nouvelles thèses de Faye, qui dérivent partiellement d'une lecture ancienne et attentive de Lash, tout en se réclamant du populisme de Lash. Pourquoi cette attitude pour le moins biscornue? Tout simplement parce que CC tente de flatter les directeurs de la revue américaine Telos, pour qu'il puisse encore y écrire un article. Or, Paul Piccone, directeur en exercice de cette revue intéressante, ne cache pas son enthousiasme pour la Lega Nord de Bossi, dont le discours sur l'immigration est tout de même fort musclé. Ce flou dans l'attitude de CC (et d'AdB qui se dissimule toujours derrière lui et tient souvent sa plume...) semble donner raison à Faye: leur attitude hostile à son égard est dictée par des motivations bassement commerciales. Ils veulent éliminer un concurrent, qui publie dans une autre maison d'édition que le Labyrinthe.

 

2.

Je pense que la "majorité morale" n'existe plus en tant que force politique ; elle perdure en revanche en tant que masse sociologique réactive sur des points précis de l'évolution de nos sociétés. Il me semble que les partis politiques ne sont plus les formes les mieux appropriées pour faire bouger les choses sur ces points précis (cf. le paradoxe connu depuis 16 ans: les deux-tiers des Français partagent certains points du programme FN-MNR

mais les deux-tiers des Français considèrent en même temps ces partis comme dangereux).

 

GT - Il y a eu de tout temps des personnes pour enterrer l'action politique en la qualifiant d'impasse.

Il n'empêche qu'elle est toujours là, et qu'elle peut, en complément d'autres initiatives, se révéler la plus efficace, ne serait-ce que par sa capacité à toucher le maximum de personnes.

 

RS - Que Champetier le veuille ou non, il existe une "majorité morale" dans tous les pays du monde, même si celle-ci n'a plus nécessairement des références chrétiennes. C'est là effectivement que réside la difficulté majeure pour ceux qui veulent l'action politique. Ils doivent prendre appui sur une minorité activiste, ou sur un ensemble (limité) de minorités activistes, dont le discours est profilé d'une certaine manière bien précise et non partagé, en apparence, par la majorité de la population. L'objectif est de conquérir cette majorité, en diversifiant les langages et les argumentaires, en leur donnant un ton naturel (c'est le succès de Haider), sans heurter les activistes du départ (qui tiennent à conserver leurs prérogatives au sein des partis, associations, etc.). Les partis politiques ne sont plus tout à fait des formes adéquates effectivement: il me semble qu'ils doivent être flanqués de lobbies, à la manière américaine. Il faut travailler sur les contradictions de nos sociétés, dont les oligarques et leur prêtraille d'idéologues sont responsables. Néanmoins, le travail en lobbies doit déboucher sur une traduction politique, via des formations participant aux élections. Il faut au moins faire perdre un maximum de voix aux partis établis, freiner leur progression. Si 2/3 des Français sont d'accord avec les idées des partis populistes mais les considèrent comme dangereux, c'est la un hiatus dû à la dictature médiatique, que doivent combattre les associations métapolitiques. Que CC se mette donc au travail.

 

3.

La loi Gayssot n'empêche nullement de créer un Observatoire de l'immigration ou même un Observatoire des minorités. Et sauf erreur de ma part, la discrimation religieuse est autant punie par la loi que la discrimination raciale. La focalisation sur l'Islam plaît surtout à une minorité catholique. Elle est contradictoire avec la focalisation sur l'ethnie.

 

GT - Je suis d'accord sur le premier aspect (si ce n'est que parler d'islam évite de parler ouvertement de "race", alors que le message sous-jacent est bien le même).

Quant à l'opportunité du combat contre l'islam - et a fortiori contre l'islamisme et l'islamisation - nous sommes évidemment en total désaccord, ce qui ne te surprendra pas. PS : Ce combat est d'autant moins réductible à une "minorité catholique" qu'il s'inscrit parfaitement dans une vision du monde polythéiste...

 

RS - Champetier semble accepter que les discriminations religieuses soient punies par la loi. Soit. Mais toute religion est discriminante par rapport aux autres. Donc on risque de ne jamais en sortir et d'en arriver, tôt ou tard, à la saturation des tribunaux (ce qui est logique quand on veut arbitrer les goûts et les couleurs, ce qui n'est pas la fonction du droit)... Ensuite, il n'y a pas si longtemps  —mais sans doute Champetier a-t-il la mémoire courte—  sa revue éléments revendiquait haut et clair le "droit au blasphème", donc le droit à s'opposer à toutes les formes d'intolérance religieuse, voire le droit de se moquer des dévots. Pourquoi Faye n'aurait-il dès lors pas le droit de s'insurger contre certaines dérives du fondamentalisme islamiste?

 

Quant à la "focalisation sur l'Islam" dont parle Champetier, elle n'est pas la spécialité d'une minorité catholique, mais se retrouve également dans bon nombre de milieux laïcs voire laïcards qui s'inquiètent justement du recul de l'esprit voltairien. De plus, les options "païennes" de la secte où officie Champetier, à la droite du gourou, ne sont pas davantage compatibles avec un islamisme fondamentaliste, même si quelques psychopathes qui s'y produisent se proclament tout à la fois catholiques, islamistes et païens. Mais ce n'est pas là un fait sociologique, mais une psychopathologie individuelle. 

 

4.

Nous n'avons pas le même "adversaire principal", et c'est bien là le problème. L'entreprise de destruction systématique de la ND depuis la campagne de 1979 aussi bien que les 15 ans de harcèlement du FN ont démontré que les véritables maîtres de l'opinion en démocratie occidentale sont désormais les médias au sens large, qui conforment les mentalités et discriminent les attitudes ou opinions recevables/irrecevables. Jusqu'à plus ample information, ces médias ne sont pas tenus par des islamistes ou des afro-asiatiques. La dénonciation de l'islamisme est précisément un lieu commun de ces médias depuis longtemps : sur ce point, je ne vois pas de  différences majeures entre les violents éditos "anti-intégristes" de Jean Daniel et la prose d'Alexandre Del Valle.

 

GT - Je ne vois pas en quoi l'adversaire principal est différent.

Mais attaquer frontalement les "médias" s'est jusqu'à présent révélé infructueux, voire contre-productif (cf. les expériences dans ce domaine, effectivement, du FN et de la ND...).

Je crois que c'est dû principalement au fait que ce danger n'est pas ressenti par l'opinion, contrairement à l'excès d'immigration, lequel n'est possible que par la complicité du système dans son entier (politique, médiatique, etc.).

Une fois encore, il ne faut pas confondre combat politique (nécessairement simplificateur car mobilisateur à partir d'un fait / d'une menace tangible) et engagement métapolitique (qui doit en effet analyser en profondeur les rapports de force afin de dégager des axes de rupture possible).

Quant à moi, je me refuse à mettre sur un pied d'égalité envahisseurs et envahis, par principe et par solidarité "naturelle" avec les seconds, qui constituent malgré tout mon peuple ...

 

RS - L'adversaire principal est effectivement l'établissement, qui use et abuse des armes médiatiques. Or le phénomène migratoire (dont la majorité des ressortissants sont de confession islamique) a servi à cet établissement pour disloquer systématiquement et graduellement les bases juridiques de nos Cités politiques, pour ruiner l'idée de citoyenneté (liée à l'appartenance), pour détruire l'enseignement (qui donnait une égalité des chances à tous), pour démolir les ressorts des communautés et des familles, etc. De manière à avoir des masses atones de consommateurs dociles.

Ensuite, que Champetier ne fasse pas le bête: l'anti-intégrisme de Jean Daniel dérive de son idiosyncrasie per­sonnelle: il est né à Alger, il connaît l'Algérie charnellement, etc. Son anti-intégrisme repose essentielle­ment sur une appréciation personnelle du drame algérien depuis Sétif en 1945. Le propos de Del Valle est complè­te­ment différent: il argumente de manière plus globale et tire des leçons d'ordre géopolitique. Del Valle a le mé­rite de dénoncer l'alliance des Etats-Unis, de la Turquie et de l'Arabie Saoudite (et du Pakistan) contre l'Europe, la Russie et l'Inde. Je ne crois pas que Jean Daniel ait le souci de défendre l'Europe (centrée autour de l'Alle­magne et de l'Autriche), la Russie et l'Inde... 

 

5.

Le positionnement "droitier-conservateur" est une tactique. Peut-être. Mais en politique, les tactiques devien­nent vite des stratégies, et les stratégies des réalités. RV donc dans quelques mois ou années pour voir à quoi tout cela vous mène. Et si cela menait au pouvoir —ce qu'après tout je vous souhaite—, voyons pour quoi faire.

 

GT - La conquête du pouvoir ne se confond pas avec son exercice, à moins de s'enivrer d'un idéalisme par trop adolescent.

Quand au positionnement "conservateur", je maintiens qu'il est tout à fait compatible (voire consubstantiel) avec un état d'esprit révolutionnaire. Une preuve ? L'une des valeurs les plus conservatrices a priori (l'enra­cine­ment, et par voie de conséquence le régionalisme et le combat identitaire) est une arme de combat contre le Système dans son entier (mondialiste et donc niveleur) et est d'ailleurs considéré comme tel (cf. l'opération de "repentance" exigée du Mouvement breton, de l'attentat de Quevert au lycée Diwan "Roparz Hémon"...).

 

RS - La défense de l'enracinement a eu des visages conservateurs et des visages révolutionnaires. Tout comme la défense du peuple contre les oligarchies aux Etats-Unis, pour revenir au début de cette discussion et aux débats qu'organise la revue Telos. L'objectif de toute métapolitique bien comprise doit être de fusionner ces motivations diverses en un tout cohérent. Ce à quoi je me suis employé, très tôt, dès le début des années 80, dans le sillage du neutralisme allemand. J'ai été épaulé dans ce combat par Thierry Mudry, Jean-Pierre Patin, Ange Sampieru et plusieurs autres. A l'époque, de Benoist nous traitait de "trotskistes" et s'amusait à répandre des ragots ineptes contre la personne de Thierry Mudry. Aujourd'hui, cette politique, qui fut la nôtre, et qui fut critiquée par les pontes de la ND, est devenue subitement la panacée, chez ceux qui la rejetaient hier. Comprenne qui pourra...

 

CC - Cordialement

GT - Idem.

RS - Meilleures salutations.

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J. Attali : Remarques critiques

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Remarques critiques sur le "Dictionnaire du XXIe siècle" de Jacques Attali

 

Jacques ATTALI : Dictionnaire du XXI° siècle. Le livre de Poche, n°14778, 350p. 2000.

 

L'idée fondamentale de l'auteur ressort de la classique prédication en faveur du paradis sur terre. Tous les ar­tic­les lus s'inscrivent dans le même courant, poursuivi avec acharnement :la prophétie qui n'engage que ceux qui y croient. Trois thèmes sont systématiquement abordés :

 

1 - Le métissage:

 

Employé à tout propos, dans le maximum d'articles et un maximum de fois dans chacun d'eux, il ressort de la mé­thode d'intoxication par les mots. C'est un véritable bombardement verbal. L'auteur continue la tradition des sectes religieuses issues de tribus nomades qui y voient le moyen de détruire les peuples sédentaires et leurs cultures, ainsi que leurs valeurs spécifiques, pour y substituer une "vérité révélée". A titre d'illustration, on lira l'article CANADA.

 

La seconde méthode d'abrutissement est mise en œuvre systématiquement en faveur de ce concept : le couple diabolisation / adulation. Le néo-nomade discrédite et diabolise les traditions des peuples, notamment le sens de la lignée et du mariage endogamique. Il adule tout ce qui leur est étranger, antagoniste.

 

2 - La démagogie:

 

Tout viendra demain sans effort. Que ce soit dans l'ENSEIGNEMENT, où les nouvelles techniques dispenseront de beau­coup d'efforts ; ou à propos de l'AUTOGESTION, censée caractériser les nouveaux entrepreneurs de l'hy­per­clas­se, alors que c'est un mode d'organisation très fragile qui demande beaucoup d'efforts. Les articles qui se ré­fèrent à la science, par exemple la BIOAGRICULTURE, n'évoquent jamais les difficultés qu'il faut fran­chir pour ob­tenir une science de qualité.

 

3 - Le nomadisme:

 

Aussi fréquemment martelé que le mot métissage, il vise à empêcher les humains de se poser pour penser, ré­flé­chir, méditer. Car le sage n'est pas obsédé par l'agitation : il se déplace pour une raison précise, non à la ma­nière d'un badaud attiré par le clinquant et mis en branle par l'ennui. Donc, tout ce qui bouge et interdit la réflexion est présenté comme fondamental.

 

A -  Le dictionnaire est fondamentalement "occidentiste" au sens que Zinoviev donne à ce terme. Il prêche en faveur du CIVILEGO, un bric à brac de fragments de civilisation qui permet à la GLOBALISATION de règner par­tout. Il essaie de rabaisser tout ce qui n'est pas occidentiste, et critique donc les Asiatiques car l'Asie se pense comme un orchestre où chacun joue sa partition, alors que l'Occident organise les monopoles à la manière des "ecclesia" monothéistes ou des "soviets" des régimes à parti unique. Aussi, l'auteur affirme dans ses rubriques consacrées à l'ASIE, à la CHINE et au JAPON que ceux-ci se développeront à condition de s'engager sur la voie des réformes dictées par le modèle occidental.Il est important de remarquer la contradiction. Les grands EM­PIRES ont toujours reposé sur des hiérarchies légitimes, donc sur la CONFIANCE. Or, l'auteur souligne, à notre avis avec justesse, que la confiance est en régression et qu'elle est remplacée par la législation et les juristes. Com­ment s'organiseront alors les EMPIRES dont l'auteur ne prévoit pas la disparition pour la CHINE, l'INDE, le NI­GE­RIA ? L'Empire fondé sur le contrat et la démocratie actuelle n'a aucun sens.

 

B - Tous les articles consacrés aux trois piliers de la domination occidentale, finance, commerce, médiats, sont di­thyrambiques.

 

A propos de l'ASSURANCE, il est affirmé que les fonds de pension auront nécessairement un rôle dominant. La FI­NANCE connaîtra une crise (mais c'est banal depuis l'origine du capitalisme...). Une MONNAIE mondiale émer­gera et la monnaie électronique, le paiement par cartes avec photos et empreintes, se généralisera. La globa­li­sa­tion recherchée par les maîtres de la finance vaut tant pour l'EURO que pour le YEN. Ce sont des étapes inter­médiaires vers la monnaie mondiale.

 

Les médiats (PRESSE, TELEVISION, INTERNET) sont présentés sous l'angle exclusif de l'atomisation individuelle. Car l'objectif des néo-nomades, chantés par Attali,  est de former des groupes antagonistes, de soutenir toutes les oppositions et d'attiser l'envie.

 

C - L'ecclesia néo-nomade, à laquelle appartient l'auteur, exprime aussi sa haine de toute haute culture en pré­sen­tant plusieurs scénarios pour l'EUROPE où domine celui du pandémonium des races mêlées. La TURQUIE est pré­sentée comme sauvant l'Europe de son côté étriqué en lui apportant, avec l'Islam, la dimension universelle qui lui manque...

 

L'IMMIGRATION est souhaitée, comme chez les homologues d'Attali qui ont rédigé le dossier de l'ONU sur ce su­jet. L'ethnocide, les souffrances des populations victimes des colonies de peuplement, tout cela n'est jamais pris en considération. L'objectif est évidemment d'attiser les crises économique, politique, idéologique. Tout ce qui provient de la fébrilité nomade ou néo-nomade, tout ce qui est, selon notre expérience, médiocre, bor­né, aliénant, est présenté comme merveilleux et universel. C'est l'escroquerie monothéiste de base : Dieu ou l'hu­manité c'est nous, disent ces cagots. Le reste appartient à la non-humanité. Discrimination inacceptable. Ar­rogance assimilable au "racisme".

 

CONCLUSION

 

Dans les articles lus, les éléments intéressants, crédibles ou acceptables, se trouvent dans n'importe quelle re­vue. L'auteur est très banal. Le fond de son intervention réside dans les prophéties qualitatives destinées à en­dor­mir l'attention et à favoriser la croyance au miracle. Demain tout sera merveilleux si on écoute les propos lé­ni­fiants de ce genre de personnage. Pour un bon Européen, il est clair que l'auteur ment. Et il sait qu'il ment.

 

PONOCRATES.

jeudi, 27 septembre 2007

Nouvelle cible: la Birmanie

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Guerre froide : nouvelle cible, la Birmanie !

Alors qu’on ne s’occupe plus des affrontements intercommunautaires et du gouvernement maoïsant du Népal pour cause de danger de conflit direct avec la Chine, le fusil de l’Axe du Mal semble cette fois braqué sur la Birmanie. Il y a quelques jours, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe (aussi appelée Union européenne) ont fermement demandé à l’O.N.-U. de sanctionner ce pays suite à la répression d’une manifestation religieuse à Rangoun.

Le diplomate nigérian Ibrahim Gambari et (représentant de l’O.N.-U. dans la région) a constitué une délégation pour juger sur place de l’état des lieux. Les dirigeants birmans ont reçu l’ordre de “coopérer pleinement avec cette mission”. Le président « de France », Nikolas Sarközy, a appelé l’ensemble des entreprises françaises à « faire preuve de la plus grande retenue » dans leurs investissements là-bas et de ne pas en réaliser d’autres ; alors que ce marché est l’un des rares où nous ne soyons pas concurrencés par les Américains ! Quelle inconscience ! Il n’est pas inintéressant de constater par ailleurs que les relations franco-birmanes ne sont quasi-nulles ! Chose amusante à noter: les médias qui, il y a peu, ignoraient l’existence de ce pays nous gavent de son actualité. Ne serait-ce pas pour nous préparer à une nouvelle « révolution de couleur » non plus orange, comme en Ukraine, mais safran, de la couleur de la robe des bonzes ? Supposons que l’un d’entre eux s’immole par le feu, comme au Sud-Vietnam en 1963, et la boucle de haine médiatique aura trouvé sa nouvelle cible : la junte nationaliste des généraux birmans !

Cette stratégie rappelle celle employée il y a peu par les Américains pour justifier leurs attaques sur l’Irak et l’Afghanistan. S’il ne semble pas se dessiner d’intervention en Birmanie pour le moment, cette dernière a visiblement un rôle à jouer dans le plan mondial. Gorgée de forêts de teck, de rizières, de vallées herbeuses et de paysages escarpés, ses principales richesses sont naturelles. C’est un État-nation « à la française » caractérisé par une forte diversité culturelle, linguistique et ethnique. Peut-être que son caractère autarcique et rural est un agacement dont « Big Brother » se passerait bien, mais c’est bien mince vous ne trouvez pas ?

La réalité est beaucoup plus simple : Les plus importants gisements de gaz naturel ont été découverts le long de la côte Ouest de la Birmanie. D’importants gisements de gaz naturel ont également été décelés le long de la côte occidentale. Ces découvertes pourraient rapporter à ce pays la somme de trois milliards de dollars par an. Ses partenaires sont pour l’instant l’Inde et la Corée du Sud (dans le cadre du projet Shwe Gas Development) bien que les principaux protecteurs de ces intérêts soient actuellement la Russie et la Chine. Pour finir, elle dispose aussi de réserves de pétroles et de pierres précieuses !

Les moines bouddhistes souhaitent que ses richesses profitent à la population, c’est tout à leur honneur et ils sont dans leur rôle, et se croient soutenus en cela par la Communauté internationale. Mais cette dernière souhaite-elle sincèrement que de tels richesses géostratégiques profites aux travailleurs nationaux Birmans ?

Pour Altermédia France : K.H.

Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

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mercredi, 26 septembre 2007

Le premier numéro du journal "Tintin"

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Le premier numéro du journal "Tintin"

26 septembre 1946 : Le premier numéro du journal de Tintin, hebdomadaire, sort dans les kiosques belges. Quatre dessinateurs oeuvrent dans cet hebdomadaire : Hergé, bien sûr, Jacobs, Cuvelier et Laudy. Jacobs y publie les premières planches de sa fameuse aventure de Blake et Mortimer, « Le Secret de l’Espadon ». Il a fallu batailler contre toute une cohorte d’excités, haineux et profondément stupides, pour pouvoir autoriser Hergé à republier son œuvre et à la poursuivre. Le mérite de ce combat tenace revient au résistant national-royaliste Raymond Leblanc, qui souhaitait que le cataclysme de 1939-1945 n’ait pas pour effet complémentaire de ruiner les bonnes valeurs au sein de la jeunesse de notre pays. Il a réussi là un brillant combat d’arrière-garde, permettant de les conserver, presque intactes, jusqu’au seuil des années 70, où tout a commencé à partir en quenouille.

Les ennemis de Hergé en 1945, ces individus écervelés et échaudés par des propagandes ineptes, lui reprochaient d’avoir publié le « Secret de la Licorne », « Le Trésor de Rackham le Rouge » et « Les Sept boules de cristal » (l’histoire fut interrompue lors de l’arrivée des troupes anglo-saxonnes) en feuilleton dans le quotidien le « Soir », qui avait été non pas réquisitionné par l’occupant allemand, mais cédé en bonne et due forme par l’héritière de la famille qui possédait le quotidien ! On a beau écarquiller les yeux, mais on ne trouve aucune allusion politique aux événements de la seconde guerre mondiale dans ces albums. Hergé fut arrêté à plusieurs reprises, chaque fois relâché et ne fut jamais traîné devant un tribunal de ces terrifiants « auditorats militaires » de l’époque, qui suscitaient, disait un ministre d’alors, une « justice de roi nègre ». Rien n’y fit : la hargne obsessionnelle de ses adversaires n’a jamais cessé de se manifester, jusqu’à nos jours, où récemment l’affaire « Tintin au Congo » a suscité quelques émois, en Angleterre d’abord, en Belgique ensuite, avec la plainte déposée par un pitre congolais auprès du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, sans oublier l’odieux pamphlet, heureusement peu commenté et commis par un gauchiste échevelé, un certain Maxime Benoît-Jeannin (« Les guerres d’Hergé. Essai de paranoïa-critique », janvier 2007).

Dans cette période peu glorieuse de l’histoire belge, entre 1944 et 1951, Hergé a cherché un moment refuge en Suisse, sur les bords du Léman, puis a montré une belle fidélité à bon nombre de proscrits, tels Robert Poulet, Raymond De Becker, Paul Jamin (alias « Jam » puis « Alidor »), Paul Werrie, Soulev S. Kaya, J. van den Branden de Reeth, etc. Et n’oubliait pas non plus, dans ses chagrins, l’exécution d’un journaliste, Victor Meulenijzer, dont le pire crime fut sans doute d’avoir publié, avant-guerre, un livre sur les coups bas des services secrets britanniques…  Et se révoltait contre le sort que l’on fit à son ami Jacques Van Melkebeke, inspirateur de bon nombre d’albums. Hergé n’avait rien d’un fasciste ou d’un nazi, comme tente de le démontrer le délirant Maxime Benoît-Jeannin, mais un homme qui avait été élevé dans le vaste monde intellectuel du catholicisme belge d’entre les deux guerres, où, comme l’a dit une romaniste avisée, qui a étudié le phénomène dans toute son ampleur, « on écrivait sous le regard de Dieu », et où communiaient des idéologèmes conservateurs et sociaux-justicialistes.

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mardi, 25 septembre 2007

Elsass Frei !

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La France redevient un satellite de Washington

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Andrea PERRONE :

La France est redevenue un satellite de Washington

 

Sarközy et Morin annoncent le retour imminent de Paris au sein du commandement militaire de l’OTAN

 

Les temps changent et la France cesse d’être une puissance au profil propre, abandonne sa voie gaullienne et se soumet aux Etats-Unis. Il y a plus de quarante ans, la France avait quitté le commandement militaire de l’OTAN parce que le Général De Gaulle l’avait voulu. Sarközy met un terme à cette politique de l’honneur et entend revenir servilement à l’obéissance inconditionnelle à Washington.

 

Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, l’a annoncé par surprise, en confirmant que le chef de l’Elysée, Nicolas Sarközy est favorable au renforcement du rôle de la France dans l’Alliance Atlantique. Bon nombre d’analystes retiennent en fait que Sarközy veut aujourd’hui combler un vide, où, pendant plus de quarante ans, la France avait été absente des structures de commandement de l’OTAN. Le quotidien « Le Monde », citant des sources officielles, pense que Paris pourrait profiter du sommet de l’OTAN l’an prochain à Bucarest pour annoncer le retour de la France au sein du commandement militaire de l’Alliance Atlantique. « Le Monde » croit pouvoir émettre cette hypothèse en interprétant les paroles de Morin, qui a suggéré que le rôle de la France au sein de l’Alliance Atlantique, rôle qui sanctionnerait à nouveau sa dépendance envers Washington, pourrait être défini et annoncé dans un livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont la parution est prévue vers mars 2008. Ensuite, le ministre français pense que les relations renforcées de son pays avec l’OTAN pourraient servir à consolider les projets de défense européenne et à influencer le sens des opérations militaires de l’Alliance Atlantique. Morin semble oublier que le contrôle général de l’OTAN reste et restera aux mains des Etats-Unis seuls qui décideront de faire ce qui leur plait et de faire intervenir leurs troupes partout dans le monde, sans le minimum de respect pour les intérêts et les vues de leurs « alliés », dont le seul rôle qui leur est dévolu est d’obéir sans discuter à leurs diktats. Il y a un mois déjà, le nouveau président français avait souligné que, dans un bref délai, Paris retrouverait pleinement sa place au sein de l’Alliance Atlantique.

 

Actuellement, la France est le cinquième pays dans l’ordre de ceux qui financent l’Alliance contrôlée par Washington. Bien sûr, les déclarations enthousiastes commentant les décisions imminentes de Sarközy n’ont pas manquées, et, parmi elles, celles du porte paroles de l’OTAN, James Appathurai, qui, à Bruxelles, devant un parterre de journalistes, vient de déclarer que « la France est un pays qui contribue beaucoup financièrement, et se trouve même parmi les pays qui contribuent le plus, à l’Alliance, et qui soutient également nos opérations militaires ». Appathurai a ensuite dit que le moment était venu pour la France de décider si elle voulait réintégrer à plein titre la structure militaire de l’Alliance Atlantique.

 

Nous assistons à un changement de fond de la politique étrangère française, mais ce changement était prévisible, vu les positions du nouvel occupant de l’Elysée, qui sont clairement néo-libérales et philo-atlantistes.

 

De très nombreuses années sont passées depuis cette journée du 7 mars 1966, quand le Général Charles De Gaulle avait annoncé la sortie de son pays hors de la structure de commandement militaire de l’OTAN au président américain de l’époque, Lyndon B. Johnson, tout en maintenant sa présence au sein des structures civiles de l’Alliance Atlantique. Après cette décision historique, lucide et courageuse de De Gaulle, l’OTAN déménagea son quartier général installé à Versailles et à Fontainebleau en avril 1967. La crise avait commencé lorsque Washington avait manifesté sa volonté de contrôler plus étroitement l’Europe que dans l’immédiat après-guerre. La France avait maintenu de fait une indépendance relative par rapport aux autres pays européens, plus petits ou vaincus en 1945. Cette position avait permis à la France d’obtenir un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et, partant, son droit de veto, comme les grandes puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale.

 

De Gaulle avait voulu de détacher de l’emprise américaine et avait manifesté l’intention de forger un « axe carolingien » avec l’Allemagne de Konrad Adenauer, axe qui aurait dû, à terme, s’élargir à Moscou et favoriser de facto un « Axe Paris-Berlin-Moscou », ce dont Washington ne voulait à aucun prix. A ce projet, envisagé sur le très long terme, la politique gaullienne entendait ajouter la création d’une structure militaire européenne indépendante, réelle alternative à l’OTAN. Cependant, ce qui effrayait davantage Washington, était un troisième volet dans les projets gaulliens : détacher la France du coût fixe que constituaient les pétro-dollars, sur lesquels Washington jouait pour juguler les crises inflationnistes, modus operandi qui mettait en danger les réserves d’or de Paris. De Gaulle décida donc de restituer les dollars aux Etats-Unis, ce qui lui avait permis de conserver intactes ses réserves d’or. Avec leurs pétro-dollars, les Etats-Unis avaient envisagé d’imposer une stratégie globale d’asservissement à leurs intérêts : De Gaulle l’avait refusée, en sachant que Paris allait être satellisé, réduit à un instrument de la politique américaine du dollar.

 

En annonçant le retour de la France dans le bercail atlantiste, Sarközy a trahi cette politique gaullienne indépendantiste, amorcé un changement calamiteux, où son pays retourne servilement sous la dépendance de Washington, perdant en même temps, et d’un seul coup, toutes les cartes qui lui garantissaient son autonomie politique.

 

Andrea PERRONE.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », vendredi 14 septembre 2007).

 

lundi, 24 septembre 2007

Sarközy se soumet à Washington

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Andrea PERRONE :

Sarközy se soumet à Washington

 

Le président français met en œuvre son programme d’asservissement à l’hyper-puissance d’Outre-Atlantique

Sarközy et son entourage sont en train de soumettre complètement la France à la politique américaine. Depuis l’annonce, vendredi 14 septembre 2007, du retour imminent de Paris au sein du commandement général de l’OTAN, le nouveau président français Nicolas Sarközy a ouvert encore de nouvelles perspectives sur le très prochain asservissement total de la France aux Etats-Unis.

 

Le chef de l’Elysée s’est rendu vendredi 14 septembre en Hongrie pour rabibocher les rapports entre la France et les Magyars, après le gel des relations entre les deux pays sous l’ère Chirac. Les relations entre Paris et Budapest s’étaient considérablement rafraîchies après les commentaires méprisants qu’avait formulés Chirac lorsque la Hongrie avait appuyé le contenu d’une lettre de soutien à l’intervention américaine en Irak. Chirac avait déclaré que la Hongrie « avait perdu une bonne occasion de se taire ». Pour effacer ce souvenir cuisant, Sarközy a dit, dans un discours prononcé à la fin de ses entretiens avec son homologue hongrois Laszlo Solyom, qu’il « était venu à Budapest pour porter le message que l’Europe a besoin de la Hongrie et que la France serait désormais plus présente en Europe centrale et orientale ».

 

Le chef de l’Elysée a ensuite ajouté que « dans l’esprit de la France, il n’y a pas de petits pays et de grands pays, des pays qui ont droit à la parole et d’autres qui n’ont que le droit de se taire ». Cette allusion dépréciative et directe aux paroles fortes de Chirac montre bien que la nouvelle politique internationale inaugurée par le président Sarközy entend bien mettre un terme aux principes les plus sains du gaullisme, à les détruire définitivement, pour s’incliner servilement devant les diktats du gendarme américain de la planète. Mais cette soumission verbale n’est que la partie émergée de l’iceberg.

 

Paris a désormais l’intention de supprimer l’obligation que la France s’était donnée d’organiser à chaque fois un référendum populaire quand l’UE proposait l’adhésion d’un pays. Disposition constitutionnelle qui visait bien entendu à faire barrage à l’adhésion turque. Paris flanche, Paris recule, Paris s’amollit. Cet amollissement se perçoit clairement dans les propos tenus par Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, dans les colonnes du quotidien « Le Figaro », vendredi 14 septembre 2007. L’existence de ce référendum français pour toute future adhésion à l’UE, était perçue, à Ankara comme à Euro-Bruxelles, comme une menace permanente contre l’adhésion turque. Jouyet a suggéré, dans son entretien accordé au « Figaro », de supprimer le fameux article 88, alinéa 5, de la Constitution française qui fixait les modalités de l’obligation de consulter le peuple par référendum lors de chaque proposition d’élargissement de l’UE.

 

Cet article 88 devait s’appliquer à toutes les adhésions futures, après celle de la Croatie, prévue pour 2010. Il avait été adopté en 2005 par les députés réunis en congrès à Versailles avec l’appui clair et net de Jacques Chirac, alors président de la république. Jouyet remet tout en question en demandant, « Faut-il supprimer ou maintenir cette disposition ? », lors d’une intervention à la tribune d’un « think tank » parisien présidé par l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Précisant qu’il s’exprimait à titre personnel, le responsable français des affaires de l’UE a feint d’avoir subitement oublié que « revenir sur une décision qui figure dans le texte même de notre Constitution constituerait un gros risque, surtout en prévision de la ratification du nouveau Traité », que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devront accepter de manière informelle lors du sommet de l’UE à Bruxelles en décembre prochain. Dans un climat de méfiance à l’égard des institutions eurocratiques de Bruxelles, surtout en France, le référendum de l’article 88, alinéa 5, était perçu comme l’ultime barrage contre les élargissements sans fin de l’Union, à commencer par un élargissement à la Turquie.

 

Jouyet explique notamment, qu’avec ce référendum, la France « risquerait de bloquer, au moment opportun, un processus d’adhésion, même si toutes les conditions sont respectées » par un pays ou un autre. Dans tous les cas de figure, poursuit Jouyet, « l’idée ne serait pas de supprimer le référendum mais de permettre au chef de l’Etat de choisir entre celui-ci et la voie parlementaire ».

 

La proposition est examinée actuellement par l’Elysée, qui a tenu à rappeler que Sarközy, lors de sa campagne pour les présidentielles, avait déjà émis l’hypothèse de la suppression éventuelle de l’article 88, sanctionnant l’obligation d’organiser un référendum pour tout élargissement de l’UE.

 

Andrea PERRONE.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 15/16 septembre 2007).

 

 

Marguerite Yourcenar

Marguerite Yourcenar : cachez cet écrivain de droite que je ne saurais voir !

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France Culture a des éclairs de génie. Une série de 15 émissions sur Marguerite Yourcenar, préparée par l’écrivain Clémence Boulouque a durant quelques jours, enchantée les amateurs de littérature et de culture française et européenne. A écouter : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/dossier…

Certains sujets chers à cet auteur sont longuement abordés, pour mieux cerner cette figure marmoréenne, alors que l’on s’apprête à célébrer (du moins peut-on l’espérer) le vingtième anniversaire de sa disparition, en 1987. Mais lors de deux émissions, certains n’ont pu s’empêcher d’aborder le sujet qui fâche, l’éventuel “côté sombre” de Marguerite Yourcenar : c’est peut-être un écrivain de droite !

Celle-là, on ne l’attendait pas aussi tôt. L’auteur des « Mémoires d’Hadrien » ressuscitant au fil des pages la grandeur de l’Empire romain, ou d’un essai sur l’écrivain japonais Mishima, fasciste notoire ne pouvait pas y échapper, du moins pas sur France Culture. Même si des pincettes ont été prises, on sent tout ce beau monde universitaire un peu gêné aux entournures.
Pensez donc dès 1929, elle est déjà accusée d’antisémitisme dans un livre qui lui est consacré. Forcément, qui dit « écrivain de droite » dit antisémite.

Certains des doutes, des incompréhensions voire de la haine de l’Empereur Hadrien contre les juifs, évoqués dans son roman rendent certains commentateurs soupçonneux. Heureusement, le spécialiste invité ce jour-là, gomme cette image d’une phrase : il s’agit là d’ « une confusion entre ses personnages et elle, entre ce qu’ils pensent et ce qu’on prête à l’auteur.» Ouf…
Et cela n’a pas lieu d’être quand on est un lecteur un minimum intelligent peut-on rajouter.

Malheur, elle avait pourtant aggravé son cas dans son roman « Le coup de grâce » où elle parle de la « race juive ». Le commentateur, toujours docte balaye cela d’un coup méprisant en expliquant qu’elle «reprenait là les clichés propagés par « toute cette littérature à droite, raciste, xénophobe et évidemment antisémite ».
Nous vous le disions déjà au fil de nos articles, l’écrivain de droite est un salaud.

Jean d’Ormesson : ” je ne m’occupe que très peu des opinions politiques des écrivains”
Heureusement, Jean d’Ormesson est aussi invité dans l’une des émissions nommée « Une femme sous la Coupole ».
Il est vrai qu’au moment de son élection à l’Académie Française, certains ont hurlé au scandale tel l’Académicien André Chamson qui la trouvait selon l’animatrice Clémence Boulouque « trop droitiste, une personnalité trop marquée à droite ».
Et Jean d’Ormesson de répliquer : « elle n’était pas très à droite ; d’ailleurs, elle n’était pas giscardienne ! Je ne m’occupe que très peu des opinions politiques des écrivains ». C’est aussi cette sage décision que certains devraient prendre…

Une aristocrate magnifique
Enfin, dans l’émission intitulée « Le mythe de l’histoire » on s’interroge, au sujet du thème de la décadence que Marguerite Yourcenar ne cessera de manier. Et voilà ce qu’on entend de la part de Mme Boulouque lors de cette émission « Cette omniprésence du thème de la décadence, a fait l’objet d’une critique de Yourcenar ; certains verraient en elle un écrivain un peu droitier, d’autant plus que sa réappropriation des thèmes antiques de l’entre-deux guerres s’est faite, comme l’ont fait un certain nombre d’auteurs qui voyaient là une occasion de parler d’un rappel à l’ordre, d’une communion avec un modèle antique, qui serait une critique de la modernité. Elle se réapproprie ces thèmes aussi, dans une critique de la modernité mais qui ne serait certainement pas cette enveloppe vide du fascisme. » L’Universitaire à qui elle s’adresse passe du temps après cela, à dédouaner la pauvre Yourcenar. On entendra même l’une des invités proférer cette idiotie : « mais Yourcenar était écologiste ! L’écologie n’est pas un sujet de droite ! »

La logique est donc implacable. Vous parlez de l’Antiquité, c’est suspect car fasciste. Vous préférez les philosophies orientales au judaïsme ou à d’autres religions par exemple, c’est suspect. Vous êtes aristocrate, d’une grande culture et voyageuse c’est suspect. Ainsi donc, Marguerite Yourcenar, l’un des plus grands écrivains français est donc suspecté d’être de droite. La pire des hontes dans le joyeux monde culturel… Mais on recommandera tout de même chaudement l’écoute de ces émissions remarquables.

« Il taisait ses pensées qui pour lui comptaient le plus, mais il savait de longue date que celui qui s’expose par ses propos n’est qu’un sot, quand il est si facile de laisser les autres se servir de leur gosier et de leur langue pour former des sons.» L’œuvre au noir

Laurent Husser (La droite strasbourgeoise)

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Pépin III le Bref

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24 septembre 768 : Pépin III, dit le « Bref », meurt à Paris. Il avait déposé les derniers mérovingiens et, de « Maire du Palais », il était devenu, Roi des Francs. Il les avait unis sous son autorité unique. A sa mort et selon la coutume germanique, les possessions franques sont partagées entre Charles (le futur Charlemagne) et Carloman. Celui-ci meurt en 771, permettant de rassembler une nouvelle fois les possessions franques sous l’autorité d’un souverain unique, en l’occurrence son frère. Celui-ci laissera toutefois trop de pouvoir à l’Eglise : cette politique a d’abord été nécessaire, car, à l’époque, seule la vaste institution ecclésiale pouvait offrir un cadre administratif à l’Empire ; cette politique crée toutefois un précédent malsain, dans la mesure où l’Eglise voudra sans cesse supplanter l’institution impériale, même dans les domaines militaires et stratégiques, pour lesquels elle n’était pas formée et même totalement incompétente. Ce clivage entre institution impériale et institution ecclésiale, qui connaîtra son maximum d’intensité lors de la querelle des investitures, laissera souvent l’Europe, et surtout son centre germanique, tchèque et hongrois, dans un état de faiblesse problématique, la rendant incapable de parachever les croisades et la reconquista rapidement. Pire, quand la volonté ottomane se forme sur les rives du Bosphore à la fin du 14ième siècle et envisage de conquérir l’Europe en remontant le Danube, le désordre dans lequel l’intransigeance anti-impériale des pontifes de Rome a plongé l’Europe, ne permet pas d’opposer à cette volonté étrangère une riposte fulgurante et définitive. Une Europe cohérente à la fin du 11ième siècle, non affaiblie par le schisme Rome/Byzance et par la querelle des investitures (commencée en 1075), aurait parfaitement pu conserver ses postes avancés sur la rive orientale de la Méditerranée, former une alliance avec l’Arménie, barrer ainsi la route à toutes les invasions turques ultérieures et sauver l’empire perse indo-européen, islamisé en surface seulement.

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dimanche, 23 septembre 2007

République théocratique française

République Théocratique Française.

République Théocratique Française.

Bien qu’il se définisse ainsi, l’Idéal Républicain français de l’an 2000 n’est absolument pas la république laïque. Son modèle n’est plus du tout celui de “la séparation de l’Église et de l’État”. Désormais la République Française, peut-être pour mieux ressembler à ses amis du Tiers-Monde, est devenue une théocratie.

Désormais, il incombe à l’État, et seulement à l’État, de se prononcer sur ce qui est Bien et ce qui est Mal, c’est à dire de définir le champ de la moralité et de la foi. Il existe ainsi une véritable religion républicaine, avec son culte, ses prêtres, son tribunal, ses saints et ses martyrs, etc. Naturellement, c’est une religion d’amour, et elle est universelle. Issue d’une dissidence rationaliste du christianisme, elle lui ressemble autant qu’elle s’y oppose, comme deux images inversées de part et d’autre du miroir. Mais elles sont sœurs ennemies, et la religion républicaine s’ingénie chaque jour davantage à ressembler à son modèle pour masquer ses funestes desseins sous une couverture d’impeccable probité.

La République Française possède son texte révélé, son Décalogue fondateur : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le fait que cette Déclaration soit à la fois française ET universelle positionne d’emblée la France comme une sorte de Peuple Élu dont le rayonnement sur les nations doit être un devoir sacré. Autrefois la France était “fille aînée de l’Église”, désormais son aura divine porte le nom de “Pays des Droits de l’Homme”. Avant le Décalogue, c’était la corruption et l’obscurité. Avant les Droits de l’Homme, il n’y avait que le néant. Depuis 1789, le monde reçoit enfin la lumière [ou plutôt les Lumières] de la bonne nouvelle. Assise sur cette légitimité absolument sacrée et inviolable, la Religion Républicaine [RR] organise le service du culte.

La RR possède son catéchisme. A l’instar des curés d’antan qui enseignaient une morale moisie, les écoles de la RR veillent aujourd’hui à bien enseigner aux enfants la connaissance du Bien et du Mal. Dans le camp du Bien, on place les vertus théologales : Tolérance, Vigilance, Citoyenneté, Progrès, Solidarité, Diversité. Dans le camp du Mal, on place les vices funestes : Racisme, Intolérance, Inégalités, Discrimination. Évidemment, il convient de faire triompher le Bien et de dénoncer le Mal. Comme il s’agit d’une théocratie, le Tribunal de la RR ne sert pas seulement au jugement des affaires civiles. Il sert aussi au jugement des affaires morales, puisqu’il tranche ce qui est licite de ce qui est illicite, tous objets confondus. C’est la raison pour laquelle on punit sévèrement les Intolérants et les Racistes qui refusent d’embaucher des Noirs dans les salons de coiffure, ou qui refusent d’embaucher des musulmans dans une fabrique de saucisson ou de rillettes. Il ne convient pas de juger d’un crime de fait, comme une agression, un meurtre, ou vol, mais d’un crime moral, c’est à dire une pensée habitée par le Mal. Le Tribunal de la RR est aussi une Inquisition : il est tout à fait en droit de demander des comptes à n’importe qui sur la conduite de leur moralité. Quiconque n’a pas clamé en place publique son antiracisme est soupçonné de déviance morale. Quiconque ne s’est pas flagellé en public pendant les processions électorales de la Passion Antifasciste est soupçonné de servir le camp du Mal. Quiconque ne s’est pas indigné du sort des clandestins risque de se voir convoqué en haut lieu, par exemple par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité [HALDE], l’administration suprême de l’Inquisition.

Comme il n’est pas de théocratie honorable sans contrôle actif de la vie privée, les tribunaux de la RR font tout pour veiller à la bonne moralité de leurs ouailles, y compris des plus jeunes. L’émancipation sexuelle est bien entendu un impératif, la couleur de peau de ses partenaires sexuels en est un autre. Les tribunaux gardent un œil sur les trombinoscopes multiculturels des chaînes de TV. Les individus ne sont libres que dans la mesure où ils satisfont aux commandements de Vigilance et de Diversité. Le code civil et la morale ne font qu’un.

Vous noterez au passage l’importance que revêt le fait d’être français ou non. Avoir des papiers français est l’assurance d’une dignité, l’assurance d’avoir gagné sa place au paradis. Je vous rappelle que la France est une terre sacrée car elle est la terre d’élection des Droits de l’Homme : refuser d’accorder des papiers français, c’est comme refuser de se pencher sur ses petits frères pécheurs pour leur accorder le pardon, c’est leur refuser la grâce, c’est comme leur refuser la pleine communion avec l’Église de la RR. Devenir français est d’ailleurs un si grand sacrement qu’il fait l’objet d’une cérémonie du Baptême Républicain, destinée à faire entrer l’impie dans la communauté des croyants. Celui-ci choisit alors publiquement de refuser la souillure pour épouser le Bien. La fusion du fait civil et du fait religieux est de plus en plus complète, si bien qu’on ne sait plus lequel des deux à engendré l’autre.

La RR possède ses dogmes. En premier lieu, le dogme de l’Immaculée Conception est désormais acquis pour les théologien de la RR orthodoxe. Il ne s’agit pas de la Vierge Marie, puisque la RR est un détournement du christianisme, mais du Socialisme. Il faut bien comprendre que le socialisme est un des véhicules du progressisme, donc une force divine. Les tribunaux de la RR sont d’une sévérité implacable pour condamner les forces de l’anti-progressisme, donc du Mal [Pinochet, Franco, l’Ancien Régime,…] mais sont d’une clémence miséricordieuse et magnanime à l’égard des forces progressistes passées ou présentes parce qu’elles sont dans le camp du Bien. Les régimes de Fidel Castro, des Khmers rouges ou de Staline n’ont jamais fait l’objet d’une condamnation par les tribunaux de la RR, par exemple, parce qu’ils s’affichent sous la bannière immaculée de la Vigilance, de la Citoyenneté, du Progrès, et de la lutte contre l’Inégalité.
Il existe tout de même une exception, puisque le Parti National-Socialiste a profondément trahi la cause du Bien, au point de s’identifier au Mal Absolu.

D’ailleurs, un autre dogme important de la RR est celui de la Shoah. Quiconque ose remettre en cause le moindre détail de la Shoah s’est ouvertement dévoilé comme un suppôt du Mal. Le dogme est absolument intouchable, le dossier est définitivement clos, l’affaire est bouclée pour de bon. Et, évidemment, les tribunaux de la RR mettent tout en œuvre pour répondre à la vertu de Vigilance et envoyer en prison ceux qui affirment effrontément qu’il serait bon de pouvoir poursuivre l’étude de la Shoah librement. La chasse aux hérétiques est ouverte.

Le dogme de l’Autre est également un pilier de la RR. L’Autre, parce qu’il est le petit, le faible, le discriminé, le minoritaire, est la voie du salut. En se penchant sur sa condition, on travaille certainement pour le Bien puisqu’il participe à l’œuvre de rédemption qui nous appelle à la sainteté. L’Autre est appelé à devenir bon, autant qu’à nous faire devenir bon en l’amour de notre prochain. Toutefois, si les tribunaux de la RR sont bienveillants avec cet Autre là, ils encouragent volontiers un certain mépris quand l’Autre est un riche ou un puissant [exemple typique : les américains]. Car les riches et les puissants n’ont pas accès au Royaume des Cieux, ils ne sont ni solidaires, ni citoyens, et ils discriminent. Ils se vautrent dans la corruption, donc.

Et puis le dogme de l’Autre fonctionne avec un autre dogme à la filiation chrétienne-bigote évidente, celui de la haine de soi. Un bon fidèle de la RR sait que dans son corps et dans son âme, il porte la charge du péché originel [encore un autre dogme, incarné par la Colonisation, l’Occupation, etc…], que celui-ci peut ressurgir à tout moment et provoquer la Faute, et qu’il doit toute sa vie expier ce terrible fléau. Les infidèles, ceux qui choisissent le Mal, ne ressentent pas ce besoin d’expiation et de confession ; alors que les fidèles, eux, pour chaque attention qu’il accordent à autrui, rachètent un peu de leur âme.

Divers groupes de fervents croyants désirent volontairement faire œuvre pour l’Église du Bien. Ils doivent demander auprès des tribunaux officiels une bénédiction pour leur communauté, accompagnée d’une subvention pour en assurer la survie. En général, on les appelle collectifs ou associations.
Vers l’an 1000, la France s’est couverte d’un blanc manteau d’églises. Vers l’an 2000, la France s’est couverte d’un blanc manteau d’associations et de collectifs, défendant avec fougue les causes antifascistes, antiracistes, antimachistes, antidiscriminations, etc. Ils forment la troupe des soldats de la RR, manifestant régulièrement leur foi en public, leur dégoût pour le Mal et leur amour du Bien. Ils pratiquent un culte festif destiné à invoquer la Gentillesse et la Tolérance pour effrayer le Mal et le faire fuir.
Ils lâchent des ballons pour libérer des otages, ils chantent pour lutter contre le sida, ils défilent contre le racisme, ils chassent les démons sur leur passage. Les Solidays, la Fête de l’Huma, les Enfoirés, les festivals antifascistes en tous genre,… tous ces rites reposent sur la pratique du catéchisme traditionnel de la RR : Tolérance, Vigilance, Citoyenneté, Progrès. Ces militants sont en réalité des ligues de vertu pudibondes et paranoïaques, mais franchement plus proche de la police de la pensée orwellienne ou des tribunaux islamiques iraniens que de l’ordre chevaleresque chrétien.

Notons que la confusion est parfois possible entre une manifestation de type “grand-messe antiraciste” et une manifestation de type “pélerinage festivo-vigilant”. Car la RR est aussi une religion de pélerinages. Parfois ce sont des pélerinages aux Mystères Joyeux [festivals métis, festivals d’Avignon ou d’Aurillac, etc], parfois ce sont des pélerinages aux Mystères Douloureux [Auchwitz, monument aux Justes de France, etc.].

Les prêtres de la bonne moralité sont nombreux, on les lit dans Libération, on les voit chez Ardisson, on les entend chez Ali Baddou. Ils gouvernent les applaudissements et font tomber les fatwas.

Jacques Chirac fut l’homme qui instaura solidement la théocratie française, et, à ce titre, il entrera dans l’Histoire. Il fut le premier président à endosser la double casquette de chef de l’État et de chef de l’Église. Il suffit d’écouter ses discours pour s’en convaincre : ils n’étaient remplis que de la Parole du Bien. Au lieu de nous parler de politique, de stratégies économiques ou d’engagements divers pour la patrie, il nous parlait le langage moralitaire de la Diversité, du Vivre-ensemble, de la Tolérance, de la gentillesse et de la bonté qui devait animer nos pensées les plus intimes. Il nous disait combien le Mal était dangereux, et nous prouva qu’il était funeste de se commettre avec les suppôts de l’Intolérance. Maintenant qu’il a cédé la place à un autre homme, le relais de l’autorité des tribunaux de la RR est pris par les milices du régime elles-mêmes [HALDE, CRAN, MRAP, RESF, ACLEFEU, collectifs et associations en tous genres] et M. Sarkozy ne semble pas s’en préoccuper. La HALDE et ses satellites de la Vigilance pourrait bien un jour convoquer les hommes politiques non encore soumis à la loi de la RR pour leur faire entendre raison et asseoir encore davantage son emprise sur la vie publique du pays.

Comme toutes les religions, la RR possède ses pharisiens. Ils crient leur vertu à qui veut bien l’entendre, ils aiment s’entendre dire combien leurs paroles sont pleines des vertus théologales de la RR, ils s’offusquent médiatiquement de tous les blasphèmes pratiqués contre les vertus du Bien, ils prennent faits et cause pour les petits et clament leur haine de ces égoïstes qui n’obtiendront jamais le Royaume des Cieux. Ils s’appellent Jack Lang et habitent place des Vosges, ils s’appellent Julien Dray et collectionnent les montres de luxe, ils s’appellent François Hollande et mènent la grande vie en clamant leur haine des riches, ils s’appellent les bobos qui roulent en vélos solidaires et partent en vacances dans les pays si pittoresques du Tiers-Monde.

Enfin, tout comme le christianisme produit des bondieuseries, la RR produit ses Droidelhommeries. Niais et ravis, la RR fabrique par centaines des “Murs de la Paix” à Paris, des tracts appelant à la mobilisation citoyenne et à l’union de prière contre les forces du Mal, des émissions de TV à faire pleurer Margot pour nous sensibiliser au malheur de n’avoir pas reçu le baptême français, des disques entiers de sirop pro-métissage et de crème diversitaire dégoulinante de vertu citoyenne.

Source : fromageplus.hautetfort.com


 

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Metapolitica de lo social

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Alberto BUELA

Metapolítica de lo social

El fenómeno de lo social es estudiado por las denominadas ciencias sociales – sociología, derecho, economía, política, etc.- las que rara vez se preguntan por la naturaleza de lo social. Hace más de medio siglo Ortega y Gasset en El hombre y la gente hacía notar esta observación. Así Augusto Comte, el padre de la sociología moderna, en su voluminosa obra de más de cinco mil páginas no alcanza a llenar una hoja sobre el tema. Lo mismo sucede con los Principios de filosofía de Spencer. Otro tanto pasa con el Curso de Sociología de Durkeim. En una palabra, no ha sido suficientemente estudiada la naturaleza de lo social. “Es que las circunstancias especiales -histórico político, filosóficas- que enmarcaron el nacimiento de la sociología contribuyeron a privar de claridad a la mente sobre la esencia de la sociedad: de un lado el positivismo, preconizador de que la única fuente de conocimiento es la experiencia, engendró las corrientes naturistas que quisieron hacer de la sociología una mera ciencia de la naturaleza (parecida a la física, la geografía o la botánica); y, por otro lado, las direcciones romántica y hegeliana, a cuyo calor se produjeron también importantes conatos de sociología que intentaron concebir la sociedad como una realidad substante e independiente de los seres humanos que la integran tratando de explicarla como un alma colectiva de naturaleza psicológica (tal la tesis romántica) o como un espíritu objetivo a manera de sistema dialéctico de ideas (según pretendió Hegel)” #, ha sostenido ese gran pensador del derecho y la sociología que fue Recasens Siches. Vemos como la aproximación al fenómeno sólo se puede realizar válidamente desde la filosofía y más específicamente desde la metapolítica, pues la sociología no puede preguntarse por su fenómeno originario sino haciendo filosofía. Y entonces, alguno preguntará. ¿desde cuál filosofía o corriente filosófica?. Desde el realismo crítico que está apoyado en la ontología clásica y desde la metapolítica como disciplina específica, por ser ésta aquella que estudia en sus fundamentos las grandes categorías que condicionan las acción social y política de los hombres en comunidad.

La tarea de revisión crítica en sociología respecto de la definición de lo social la inició en el siglo XX el alemán Georg Simmel (1858-1918) para que se terminara con el vago enciclopedismo que había dominado hasta su época y propuso su teoría de la interacción de las formas sociales. Vino luego la máxima figura de la sociología europea Max Weber (1864-1920) con su teoría del obrar social, pero poco suministró al esclarecimiento de la naturaleza de lo social.
Lo siguieron a él durante todo el siglo XX sociólogos de la talla de Talcott Person, Robert Mac Iver, Pitirim Sorokin, Francisco Ayala y nuestro Alfredo Poviña entre otros, que si bien, buscaron distintas aproximaciones al tema, siempre quedó latente la necesidad de revisión crítica sobre los supuestos y fundamentos, objeto, método y alcances de las ciencias que se ocupan de lo social.

Este es el hecho cierto y sobre el que vamos a intentar telegráficamente una respuesta desde la metapolítca, esto es, desde la metafísica de la política, la sociología y la economía.

La ontología de lo social

Así tituló nuestro viejo maestro en filosofía don Diego Pró (1915-2000) un trabajo suyo sobre el tema # pues es desde el punto de vista ontológico que nos vamos a preguntar qué clase de ser es eso que llamamos lo social.
Es sabido que existen diversa regiones o dominios del ser y que el ser se dice de muchas maneras. Así está lo inorgánico, lo orgánico, lo psíquico, lo espiritual, lo trascendente y que al mismo tiempo el ser se dice tanto de la sustancia o sujeto como de los accidentes que lo acompañan.

El término ser no significa lo mismo si se aplica a Dios, a la mesa, al hombre o a la sociedad. Son dominios diferentes del ser, si se quiere de lo real. Así podemos decir que Dios es “el que es”, el ser absolutamente expresado con ese término, la mesa un ser corpóreo de naturaleza artificial pues fue necesario la intervención de un carpintero como causa eficiente y de la madera como causa material, el hombre un ser psicofísico y lo social un ser en relación de unos con otros.
Y así como existen diversos dominios del ser como acabamos de ver también sabemos que el ser propiamente dicho se dice en muchos sentidos # , y con ello queremos significar que existen varias categorías en cada dominio del ser, y que esta categorías son la de sustancia y sus múltiples accidentes. Entre los diez considerados, aquellos a los cuales se pueden reducir los demás son: la cantidad, porque sigue a la materia, la cualidad que sigue a la forma y la relación que se tiene con respecto a otro. La filosofía ha deducido las categorías por el modo de predicación.

Destaquemos a través de un ejemplo la relación entre la sustancia y los accidentes, tomemos el caso de un sombrero del que se puede decir que es, y que es de tal color y que es distinto a otro sombrero. Entre las tres acepciones del término es, aplicadas al sombrero en sí, al color y a la desigualdad, hay diferencias abismales. El es del sombrero indica el carácter de sustantivo, de sustancia, es decir, algo con existencia propia que no necesita de otro para ser, en cambio el es del color está apoyado sobre otra cosa, en este caso el sombrero, es una cualidad. Y finalmente, el es de la desigualdad es algo que existe entre dos cosas (los dos sombreros comparados), no es ni una sustancia, ni una cualidad sino una relación.
La primera conclusión a que arribamos desde la metapolítica acerca del ser de lo social es que éste se expresa a través de la categoría de relación.

Detengámonos ahora para analizarla un poco más detenidamente. Es difícil explicar la naturaleza de la relación porque de todas las categorías es la que posee el mínimo de entidad, pues su ser es referirse a otro. Prós ti la denominaban los griegos y ad aliud se habere los romanos. Ella expresa el sentido del orden que encontramos en la naturaleza y en el cosmos. Sirvió a la teología católica para explicar el misterio de la Santísima Trinidad mediante términos de relación: Padre, Hijo y Espíritu Santo.

Mientras que para el idealismo alemán la relación primaba sobre el ser, pues la posibilidad de ser no consistía en otra cosa que en el acto de pensar.

Lo cierto es que la relación al ser, como un puro “referirse a”, caracteriza en forma adecuada el fenómeno de lo social, donde hay un orden de una institución a otra y de unos hombres a otros.

Gracias a la relación podemos explicar lo propio del hombre, es decir, aquello que tiene carácter de permanente y regular como lo es el appetitus societatis de donde nacen la familia, la comunidad, las asociaciones, las costumbres y creencias. Porque la relación nos da y nos explica la razón de orden de esta variedad de partes que tienden a un fin en la constitución de lo social.

Esta meditación nuestra ofrece un mentís claro y contundente a todas aquellas teorías sostenidas por muchos sociólogos del siglo XIX y algunos del siglo XX que pensaron la sociedad como un ser sustancial ya sea como un organismo gigante, como un alma nacional o como un espíritu objetivo. El fracaso de todas estas invenciones sustancializadoras de lo social- sobre todo el Estado concebido como algo substante- y los zafarranchos sociales que se han llevado a cabo en su nombre han sido en el siglo XX innumerables y desastrosos. Ello nos obliga a tratar de pensar lo social sobre bases más serias y profundas como las que nos devela el estudio de la metapolítica.

Concluyamos esta especulación teórica afirmando que la categoría en que se expresa lo social es la de relación, aquella de entre todas las categorías del ser la menos sustancial, que tiene su ser en la vinculación de unos con otros expresado en el sentido antropológico de las instituciones o asociaciones.

Alberto Buela
CEES-Federación del papel
alberto.buela@gmail.com
Casilla 3198
(1000) Buenos Aires


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samedi, 22 septembre 2007

Citation de Steinbeck

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Steinbeck : Craignez le temps où les bombes ne tomberont plus et où les avions existeront encore…

« Voici ce qu’on peut dire de l’homme… ! Quand les théories changent et s’écroulent, quand les écoles, les philosophies, quand les impasses sombres de la pensée nationale, religieuse, économique, croissent et se décomposent, l’homme va de l’avant, à tâtons, en trébuchant, douloureusement, parfois en se trompant. S’étant avancé, il peut arriver qu’il recule, mais d’un demi-pas seulement, jamais d’un pas complet. Cela vous pouvez le dire et le savoir, le savoir. Cela vous pouvez le savoir quand les bombes tombent des avions noirs sur les places des marchés, quand les prisonniers sont égorgés comme des cochons, quand les corps écrasés se vident dégoûtamment dans la poussière; Ainsi vous pouvez le savoir. Si les pas n’étaient pas faits, si le désir d’aller de l’avant à tâtons n’existait pas, les bombes ne tomberaient pas, les gorges ne seraient pas tranchées. Craignez le temps où les bombes ne tomberont plus et où les avions existeront encore… car chaque bombe est la preuve que l’esprit n’est pas mort. Et craignez le temps où les grèves s’arrêteront cependant que les grands propriétaires vivront… car chaque petite grève réprimée est la preuve qu’un pas est en train de se faire. Et ceci encore vous pouvez le savoir… craignez le temps où l’Humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée, car cette seule qualité est le fondement de l’homme même, et cette qualité seule est l’homme, distinct dans tout l’univers. » (John Steinbeck, Les raisins de la colère)

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Intervista con Putin

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Putin boccia la politica imperialista americana

Tensione con gli Usa su armamenti, diritti umani, caso Litvinenko.
«Non uso un linguaggio da luna di miele»
Putin: pronto a puntare i missili sull’Europa

Intervista al presidente russo: le manifestazioni represse? Sciocchezze

NOVO-OGARYOVO (Russia) — Sono passate le otto di sera, Vladimir Putin
è in ritardo perché è andato a visitare la vedova di Eltsin. I
rappresentanti dei giornali invitati dal Cremlino, uno per ogni Paese
del G8 che si apre mercoledì in Germania, lo attendono nella dacia
presidenziale di Novo-Ogaryovo, immersa in un bosco stupendo oltre il
quale spuntano come funghi le seconde case dei nuovi miliardari
moscoviti. L’atmosfera è rilassata, funzionari e guardie del corpo
giocano a biliardo per ingannare il tempo. Ma quando il Presidente
arriva e comincia un incontro che poco dopo si trasferirà a tavola,
l’amichevole informalità che regna nella dacia diventa poca cosa
davanti alla rudezza delle parole. Sì, risponde Putin a una nostra
domanda, i missili nucleari russi torneranno a essere puntati contro
città e obiettivi militari europei se gli Usa insisteranno a
modificare l’equilibrio strategico con il coinvolgimento di Polonia e
Repubblica Ceca nella creazione di uno «scudo» anti- balistico. Il
messaggio è forte, ma conviene cominciare dall’antipasto.

Signor Presidente, non c’è più amore tra Russia e Occidente, lei parla
di imperialismo Usa come si faceva ai tempi dell’Urss; siamo già in un
clima da nuova guerra fredda?

«Nelle relazioni internazionali non si usa un linguaggio da luna di
miele. Vanno sempre difesi i propri interessi nazionali, e la
coesistenza consiste nel farlo insieme, in uno spirito di compromesso.
Qualcuno nella comunità internazionale crede che le sue idee e i suoi
interessi siano valori assoluti da affermare con ogni mezzo. Questo
non aiuta. Faccio un esempio: se avesse prevalso lo spirito di
compromesso, i nostri consigli sarebbero stati ascoltati e gli Usa non
avrebbero attaccato l’Iraq. Certo oggi la situazione sarebbe migliore
ma non voglio nemmeno drammatizzare i contrasti, non è proprio il caso
di parlare di guerra fredda».

Al centro dei dissensi con Washington c’è il sistema difensivo
anti-missile e la volontà di installare alcuni suoi componenti in
Polonia e nella Repubblica Ceca. Quando la Russia protesta, vuole che
l’America rinunci del tutto al progetto difensivo?

«Vorrei rispondere partendo dal Cfe, il trattato che limita le forze
convenzionali in Europa. Noi lo abbiamo applicato scrupolosamente, e
cosa abbiamo avuto in cambio? L’Europa si sta riempiendo di nuove
basi, di nuove truppe, di nuovi radar, di nuovi missili. Allora
dobbiamo chiederci: stiamo forse disarmando unilateralmente? Non
possiamo permetterci di non essere preoccupati, e per questo abbiamo
dichiarato una moratoria sul Cfe. Lo stesso ragionamento vale per il
cosiddetto scudo difensivo, esso fa parte dell’arsenale americano, è
un elemento del sistema nucleare che protegge il territorio degli Usa,
ed è la prima volta nella storia che elementi di questo sistema
vengono dislocati in Europa. Ci dicono che la difesa serve contro i
missili iraniani, ma non esistono missili iraniani con la gittata
necessaria. Allora diventa evidente che queste novità riguardano noi
russi.
È ben noto che l’equilibrio strategico può essere alterato con sistemi
difensivi, creando l’illusione teorica di non essere più vulnerabili e
dunque di poter attaccare senza conseguenze. Noi non intendiamo
inseguire questo sogno. Intendiamo invece riequilibrare gli strumenti
difensivi con più efficaci strumenti offensivi, senza tuttavia
aumentare le spese militari, ma sappiamo che questo rischia di
riaprire una corsa agli armamenti di cui non saremo comunque
responsabili. Non abbiamo cominciato noi ad alterare l’equilibrio
strategico, non siamo stati noi ad abbandonare unilateralmente il
trattato Abm».

Le viene mai la tentazione di restituire pan per focaccia all’America,
di collocare missili russi a Cuba o in Venezuela?

«No, non ci penso nemmeno, anche se oltre alla Polonia e alla
Repubblica Ceca vedo sorgere basi Usa anche in Romania e in Bulgaria».

Se lo «scudo» andrà avanti, i missili russi torneranno ad essere
puntati contro le città e gli obiettivi militari americani come
accadeva ai tempi della guerra fredda?

«Naturalmente sì. Se il potenziale nucleare americano si allarga al
territorio europeo noi dovremo darci nuovi bersagli in Europa. Spetta
ai nostri militari la definizione di questi bersagli così come la
scelta tra missili balistici e missili da crociera. Ma questo è
soltanto un aspetto tecnico».

Dopo il Cfe sulle forze convenzionali anche il trattato Inf sugli
euromissili è in pericolo?

«La questione del trattato Inf non è direttamente collegata alle
difese antibalistiche americane. Il problema è che in base a quel
trattato Usa-Urss del 1987, soltanto la Russia e gli Stati Uniti non
possono avere missili con gittata da 500 a 5.500 chilometri, mentre
molti altri Paesi se ne stanno dotando. Così non va. Noi non vogliamo
complicare ulteriormente le cose, ma stiamo seriamente considerando
l’impatto dell’Inf sulla nostra sicurezza».

Come reagirebbe se l’Ucraina entrasse nella Ue e nella Nato?

«Al primo processo, quello che riguarda la Ue siamo sempre stati
favorevoli. Al secondo no, perché la Nato è un’alleanza militare e
nessuno ha bisogno, nemmeno in Ucraina, di ulteriori motivi di
contrasto. La politica dei blocchi è fuori dai tempi, e del resto la
maggioranza degli ucraini non è favorevole a entrare nella Nato».

Se lo «scudo» Usa fosse multilaterale e gestito dalla Nato, la Russia
accetterebbe di parteciparvi?

«Non credo che cambierebbe molto, noi che abbiamo conosciuto il Patto
di Varsavia sappiamo come vengono prese le decisioni nella Nato. La
sapete la barzelletta sul telefono speciale di Honecker? Era un
telefono fatto di un pezzo soltanto, la cornetta di ascolto. Anche la
Nato oggi funziona così. Quanto alla collaborazione russa, eravamo
stati noi a proporla e ad ottenere un rifiuto. Oggi l’idea riaffiora.
Ma cosa ci viene offerto? Di usare i nostri missili come bersaglio nei
test. Viene da ridere. Se invece ci fossero proposte serie, noi
saremmo pronti a lavorare insieme».

In quale modo si può risolvere il contrasto nucleare con l’Iran?

«Come è stato fatto con la Corea del Nord: con la pazienza e il
negoziato».

Lei è d’accordo con George Bush quando dice che un Iran con la bomba
atomica è inaccettabile?

«Sono assolutamente d’accordo con lui».

La vostra posizione sul Kosovo non rischia di accelerare una
dichiarazione di indipendenza unilaterale?

«La Russia si limita ad affermare le norme del diritto internazionale
sancite peraltro anche nella risoluzione 1294 dell’Onu. Se si ritiene
che l’autodeterminazione debba prevalere sul diritto, allora questo
deve essere valido ovunque. Anche in Ossezia, in Abkhazia o in
Transdnistria, e anche in regioni europee che vanno dalla Scozia alla
Catalogna e a tante altre. Un dialogo con la Serbia può favorire
l’evoluzione della loro posizione sul Kosovo, perché avere tanta
fretta a umiliarli come nazione?».

Vladimir Vladimirovich, qualcuno chiede che la Russia sia esclusa dal
G8 perché la sua democrazia è troppo imperfetta. Cosa risponde?

«È una cosa che non ha senso. Siamo nel G8 perché ci hanno invitati. E
per quanto riguarda la nostra democrazia non siamo gli unici ad avere
difetti. Con la differenza che gli altri non attraversano un periodo
di trasformazioni epocali come noi. Del resto alcune libertà sono
garantite da noi meglio che altrove. Per esempio noi non abbiamo la
pena di morte e nemmeno i senza casa, Guantánamo, la tortura, la
violenza contro i dimostranti».

Eppure piccole manifestazioni sono state represse con molta durezza di
recente…

«Sciocchezze. Altrove vengono usati i gas, le scariche elettriche, i
proiettili di gomma. Perché dobbiamo essere sempre noi i più cattivi,
perché tanto scandalo? Si può dimostrare, ma non si possono bloccare i
trasporti o creare rischi per gli altri, e in questi casi le autorità
hanno il dovere di intervenire. Noi usiamo metodi meno duri di quelli
in vigore in Occidente. Ho detto ad Angela Merkel che ero sorpreso per
le perquisizioni e per i raid preventivi effettuati in Germania in
vista del G8, ma in realtà so che bisogna garantire la sicurezza prima
dei grandi eventi. E poi con Angela ho un buon rapporto. Ma la si
smetta di considerarci degli orchi cattivi».

Lei è indubbiamente popolare in Russia, ma ha il vantaggio di non
subire la minima critica in televisione…

«Anche questo è sbagliato. Abbiamo 19 mila media elettronici. Anche se
volessi, non potrei controllarli tutti. E poi non è vero che non vengo
mai criticato.
Quando sbaglio le critiche arrivano. E per giunta la presenza dello
Stato in tv non è da noi diversa da quella che c’è in Francia o in
altri Paesi europei».

La Gran Bretagna ha chiesto alla Russia l’estradizione di Andrej
Lugovoj per l’omicidio Litvinenko. Perché non viene accordata?

« Intanto perché bisognerebbe emendare la Costituzione. Ma se anche si
facesse questo, il Procuratore generale mi dice che non sono state
fornite motivazioni sufficienti. Anche in Russia c’è un’indagine su
Lugovoj, e noi procederemmo se trovassimo materiale d’accusa. A questo
punto mi chiedo: coloro che vogliono l’estradizione, ignorano le
nostre leggi oppure non sono in grado di fornire elementi di accusa
validi? Viene il sospetto che si tratti di una mossa politica, proprio
da parte di chi nasconde sul suo territorio terroristi e ladri».

Il suo mandato scade nel marzo 2008. Come vorrebbe che fosse il suo
successore?

«Saranno gli elettori a decidere. È troppo presto e sarebbe
inopportuno fare speculazioni sui candidati. Per quanto mi riguarda
non ho l’età della pensione. Lavorerò, ma non so dire dove».

Che ne pensa sua moglie?

«Lyudmila ha i suoi interessi, è filologa, ha la sua vita
professionale. La mia presidenza è stata per lei causa di limitazioni
più che di lustro. Non ha mai protestato, ma non credo che le
dispiaccia la mia uscita dal Cremlino».

La Shell e ora forse la Bp perderanno le loro licenze di estrazione.
Ma in questo modo la Russia non scoraggia gli investimenti che pure
desidera?

«Qualcuno ha letto l’accordo originale per Sakhalin-2? Era un testo
coloniale, non rispondeva in alcun modo agli interessi della Russia.
Posso soltanto rammaricarmi che negli anni ‘90 qualcuno l’abbia
firmato. E anche così, se i nostri partner avessero rispettato gli
impegni, noi avremmo fatto lo stesso. Ma è andata diversamente e le
decisioni prese erano inevitabili. Anche per il giacimento di Kovykta
in cui è impegnata la Bp, vanno protetti tutti gli azionisti, i
traguardi produttivi non sono stati rispettati e chi ha concluso
l’accordo conosceva gli ostacoli sin dal primo momento. Pure in
materia energetica noi russi passiamo per cattivi. Veniamo accusati se
applichiamo regole di mercato all’Ucraina dopo averla sovvenzionata
per 15 anni; lo stesso è accaduto con i Paesi baltici, e persino con
la Bielorussia. Insomma, qualsiasi cosa facciamo non va bene.
Parliamo delle società europee: perché dovrebbero avere paura della
partecipazione russa? Se fossimo stati nel consorzio Airbus avremmo
salvato molti posti di lavoro. Noi non puntiamo a conquistare,
applichiamo le regole di mercato».

Ciò vale anche per Aeroflot e Alitalia?

«Naturalmente. Faciliteremo un accordo se le parti lo vorranno, ma di
sicuro non forniremo aiuti pubblici».

A Parigi è diventato Presidente un amico dell’America che tiene molto
ai diritti umani. Andrà d’accordo con Sarkozy?

« Guardi che anche noi ci sentiamo amici dell’America. Forse le
sembrerà strano per le critiche che rivolgo a Washington, ma tra noi
non esiste più inimicizia, il problema è non compromettere la
sicurezza collettiva che ci riguarda entrambi. Quanto a Sarkozy, che
incontrerò tra pochi giorni, lui ha detto di essere amico dell’America
ma di conservare gelosamente anche il diritto di dissentire
dall’America. Ecco, io la penso esattamente allo stesso modo».

Fabrizio Dragosei / Franco Venturini

L’incontro con il presidente russo ha avuto luogo venerdì sera. Dal
momento che il settimanale tedesco Der Spiegel ha parzialmente violato
l’embargo concordato per domani, il
Corriere della Sera, che ha intervistato Putin in esclusiva italiana,
si ritiene libero di pubblicare oggi il suo articolo

Fonte: Corriere della Sera


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vendredi, 21 septembre 2007

Révolte contre le monde moderne

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