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lundi, 18 janvier 2021

La politique russe en Libye

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La politique russe en Libye

Une étude de Can Acun (revue de presse: TRT en français – 16/1/21)*

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

Si la Libye est un pays important par sa position géopolitique dans le contexte de l'Afrique du Nord, de la Méditerranée orientale et de l'Europe du Sud, c'est aussi un pays très riche en ressources énergétiques. Dans ce contexte, les puissances régionales et mondiales cherchent à être efficaces dans la lutte pour le pouvoir en cours dans le pays et à avoir leur mot à dire dans la construction de l'avenir de la Libye. La Russie vient en tête de ces pays.

Avant le renversement de Kadhafi en 2011, la Libye a suivi une politique indépendante de Moscou bien qu’elle soit un pays socialiste. Malgré cela, les relations entre la Libye et la Russie incluaient une coopération militaire et économique très profonde. Cependant, après la dissolution de l'Union soviétique, cette coopération a pris fin avec notamment le soutien politique de Moscou aux sanctions internationales imposées à la Libye. Cependant, la Russie, qui a commencé à se renforcer sous Poutine, a rétabli ses relations avec la Libye en revenant sur la scène politique mondiale.

Elle a commencé à être efficace en Libye en concluant des accords importants sur les armes et l'énergie jusqu'à la révolution et l'intervention étrangère qui ont commencé dans le pays avec l’impact du printemps arabe. Lorsque l'intervention dirigée par l'OTAN a renversé Kadhafi, la Russie a été mise à l'écart en Libye. Alors que la Russie a longtemps été indifférente aux conflits internes en Libye, elle a finalement recommencé à devenir active en 2017 en profitant du vide de pouvoir dans le pays.

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En se rapprochant du général insurgé Haftar, elle a gagné en influence notamment dans l'est du pays en déployant ses forces militaires mercenaires comme Wagner et a préféré parvenir à un compromis avec des pays comme les Emirats Arabes Unis (EAU). Aujourd'hui, la politique russe en Libye vise à amener officiellement le Gouvernement d’entente nationale (GNA) et l'Armée nationale libyenne (ANL) à la table des négociations. Essayant d'assumer le rôle d ‘ « arbitre neutre », Moscou se présente comme le défenseur d'une solution politique à la crise. Cependant, la situation sur le terrain montre le contraire.

Moscou est connue pour fournir un soutien non seulement politique mais aussi militaire à l'armée de Haftar. Les armes russes sont souvent retrouvées entre les mains des combattants de l’ANL et des mercenaires sont présents dans les zones de conflit. Cependant, le Kremlin continue de nier la présence de mercenaires et la vente d'armes.

Ces dernières années, Moscou a tendance à appliquer des « méthodes non traditionnelles » comme les mercenaires et le Groupe de contact dans sa politique en Libye. Dans ce contexte, le cours de la politique étrangère de la Russie en Libye est marqué par le président de la République tchétchène, Ramazan Kadirov, qui joue le rôle de représentant de la Russie au Moyen-Orient. En outre, Ramazan Kadirov et ses conseillers Adam Delimkhanov et Lev Dengov, forment le Groupe de contact russe pour la Libye, créé en 2015.

Par conséquent, la Russie a été efficace sur le terrain en profitant du vide de pouvoir en Libye, elle a commencé à soutenir militairement Haftar et amélioré ses relations avec la famille Kadhafi, en particulier avec Saïf al-Islam. En s'engageant avec des pays comme les Émirats arabes unis et l'Égypte, elle a placé Wagner en Libye et acquis une influence significative, en particulier à l'est. À l’heure actuelle, elle souhaite principalement garder son influence pertinente.

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L'un des objectifs de la Russie en Libye est d'essayer de devenir un acteur efficace sur le marché énergétique méditerranéen en créant une atmosphère politique appropriée pour ouvrir des espaces aux entreprises énergétiques russes telles que « Rosneft », « Tatneft » et « Gazprom ». En outre, la participation de Moscou à la lutte pour le pouvoir en Libye est déterminée par son désir d’obtenir certains gains politiques qui stabiliseront sa présence dans le pays.

En outre, Moscou vise à étendre sa présence sur le continent africain, en particulier dans la région de la Méditerranée orientale. Ainsi, la Libye, qui est riche en énergie et qui possède le plus long littoral méditerranéen de la « région », a gagné une place dans l'agenda de politique étrangère russe. Malgré son importance économique, la résolution du conflit libyen n'est pas l'un des problèmes les plus vitaux pour Moscou. Malgré cela, la Russie entend montrer son influence auprès d'autres acteurs régionaux en s’impliquant dans la crise libyenne.

Can Acun est chercheur sur la politique de la Russie en Libye à la Fondation des études politiques, économiques et sociales (SETA), un think tank proche de l'AKP.

*Source : TRT en français

Dostoïevski et le grand virus 

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Dostoïevski et le grand virus 

A la fin de Crime et châtiment, Raskolnikov fait un rêve eschatologique :

« Il avait rêvé que le monde entier était condamné à devenir la victime d’un fléau inouï et effrayant qui venait d’Asie et envahissait l’Europe. Tous devaient y succomber, excepté certains élus, fort peu nombreux. Des trichines d’une espèce nouvelle avaient fait leur apparition ; c’étaient des vers microscopiques qui s’insinuaient dans l’organisme de l’homme, mais ces êtres étaient des esprits pourvus d’intelligence et de volonté. Les gens qui les avaient ingérés devenaient immédiatement possédés et déments. Mais jamais personne ne s’était considéré comme aussi intelligent et aussi infaillible que les gens qui étaient contaminés. Jamais ils n’avaient considéré comme plus infaillibles leurs jugements, leurs déductions scientifiques, leurs convictions et leurs croyances morales. Des villages, des villes, des peuples entiers étaient infectés et succombaient à la folie.

Tous étaient dans l’inquiétude et ne se comprenaient plus entre eux ; chacun pensait que lui seul était porteur de la vérité et chacun se tourmentait à la vue de l’erreur des autres, se frappait la poitrine, versait des larmes et se tordait les bras. On ne savait plus comment juger ; on ne pouvait plus s’entendre sur le point de savoir où était le mal et où était le bien. On ne savait plus qui accuser ni qui justifier.

Les gens s’entretuaient, en proie à une haine mutuelle inexplicable. Ils se rassemblaient en armées entières ; mais à peine en campagne, ces armées se disloquaient, les rangs se rompaient, les guerriers se jetaient les uns sur les autres, se taillaient en pièces, se pourfendaient, se mordaient et se dévoraient. Le tocsin sonnait sans interruption dans les villes ; on appelait, mais personne ne savait qui appelait et pour quelle raison, et tous étaient dans une grande inquiétude. Les métiers les plus ordinaires furent abandonnés parce que chacun offrait ses idées, ses réformes et que l’on ne parvenait pas à s’entendre; l’agriculture fut délaissée. Par endroits, les gens se rassemblaient en groupes, convenaient quelque chose tous ensemble, juraient de ne pas se séparer mais immédiatement après, ils entreprenaient de faire autre chose que ce qu’ils s’étaient proposé de faire, ils se mettaient à s’accuser entre eux, se battaient et s’égorgeaient. Des incendies s’allumèrent, la famine apparut. Le fléau croissait en intensité et s’étendait de plus en plus. Tout et tous périrent. Seuls, de toute l’humanité, quelques hommes purent se sauver, c’étaient les purs, les élus, destinés à engendrer une nouvelle humanité et une nouvelle vie, à renouveler et à purifier la terre : mais personne n’avait jamais vu ces hommes, personne n’avait même entendu leur parole ni leur voix. »

Dostoïevski, Crime et châtiment, pp. 657-658 (classiques.uqac.ca)

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Hommage à Joseph Joubert

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Hommage à Joseph Joubert

par Luc-Olivier d'Algange 

D’emblée, à lire les Cahiers de Joseph Joubert, nous sommes saisis par un sentiment de légèreté, d’enfance, un « je ne sais quoi », un « presque rien » (selon la formule de Fénelon) qui évoque le matin profond des dialogues platoniciens, - ce moment qui précède leur exécution maïeutique ou didactique. La pensée de Joseph Joubert fréquente l’amont. Elle scintille au vif de l’instant qui la voit naître et l’auteur ne s’y attarde pas. A trop s’attarder sur elles-mêmes, les pensées les plus justes, les plus heureuses, deviennent fallacieuses et mauvaises.

S’il est des penseurs de l’après-midi ou du soir, ou de la nuit, Joseph Joubert est le penseur du matin, du jour qui point, de la fine pointe. D’où la vertu éveillante et roborative de ces fragments, - cette façon d’aviver l’intelligence, de la cueillir, de la précipiter, comme on le dirait dans le vocabulaire de la chimie, non sans lui donner parfois, et comme par inadvertance, une portée prophétique ou générale : «  Les idées exagérées de compassion, d’humanité conduisent à la cruauté. Chercher comment. » Esprit chrétien, classique et platonicien, Joseph Joubert répugne à l’exagération, mais son goût de la mesure loin d’être seulement un accord de la morale et de la raison se fonde sur une intuition métaphysique. Pour Joseph Joubert, il n’est d’équilibre, d’harmonie et d’ordre que légers. L’ordre n’échappe à sa caricature que par des affinités particulières avec l’âme, la germination, la composition musicale : «  L’ordre aperçu dans le mouvement : la danse, la démarche, les évolutions militaires ». L’exagération de la compassion, comme toute exagération, substitue à l’âme la volonté qui est négation de l’âme. La volonté outrecuide et grince ;  sa dissonance est d’outrepasser les prérogatives humaines en passant à côté des bonnes actions qui naissent directement de la bonté et du cœur.

unnamedJJcarnets.jpgOn se souvient de la phrase de La Rochefoucauld : «  Cet homme n’a pas assez d’étoffe pour être bon ».  C’est que la bonté est un art, une force, un don, une  résolution peut-être, mais nullement une volonté. Elle nous est donnée par la Providence et nous devons la servir. Répondant aux circonstances qui la sollicitent en nous, elle ne peut exagérer ; elle est juste ou elle n’est pas. La vérité et le bonheur ne se détiennent pas, ils n’obéissent pas à notre volonté : « Nous sommes nés pour les chercher toujours, mais pour ne les trouver qu’en Dieu ». La belle et heureuse fidélité n’est pas crispée sur son dû. Elle est consentement à ce qui, en nous, est plus profond ou plus haut que nous-mêmes et non pas volonté de faire de nous-mêmes autre chose que ce que nous sommes dans nos plaisirs et vraisemblances. De la vraisemblance à la vérité, le chemin, qui n’est point une marche forcée, ne saurait être que providentiel.

Ainsi, « le siècle a cru faire des progrès en allant dans des précipices ». La suspension de jugement est bien souvent plus spirituelle que la certitude dont la volonté s’empare pour la faire servir à ses exagérations et ses aveuglements. L’humanité véritable s’exerce non dans le système, dans l’abstraction, dans la volonté, mais dans le regard échangé, dans l’attention et le recueillement : « Porter en soi et avec soi cette attention et cette indulgence qui fait fleurir les pensées d’autrui. »

Joseph Joubert distingue l’incrédulité de l’impiété, l’une n’étant qu’une « manière d’être de l’esprit », presque égale à la crédulité, alors que l’autre est « un véritable vice du cœur » : « Il entre dans ce sentiment de l’horreur pour ce qui est divin, du dédain pour les hommes et du mépris pour l’aimable simplicité. ». L’incrédulité est une vue partielle, alors que l’impiété est une volonté. «  La piété nous rattache à ce qu’il y a de plus puissant et de plus faible ». Printanière, la pensée de Joseph Joubert l’est aussi par cette déférence à l’égard de la fragilité, par ce sens tragique du caractère irremplaçable de tout ce qui est, par la soumission à l’impératif divin qui fonde en son unificence chaque chose qui existe, et dont l’existence est, par voie de conséquence, à nulle autre semblable. La beauté du principe resplendit en chacun : « L’Un est tout ce qui n’est pas lui ».

61-E3NglvBL.jpgLa pensée de Joseph Joubert opère ainsi par élans, par des brusqueries bienvenues qui devancent le préjugé et nous donnent une chance, deux siècles plus tard, de nous poser les bonnes questions. «  Scintillation, lumière par élancement » écrit Joseph Joubert, nous donnant la clef de sa méthode : «  La musique a sept lettres, l’écriture a vingt-cinq notes. » Cette attention musicale sera singulièrement favorable à l’intelligence prospective. « Connaître la musique », l’expression vaut aussi pour les désastres de l’Histoire, les ruses des idéologues, les moroses confusions de l’Opinion dont les ritournelles ne sont pas si nombreuses.  L’ « Empire du Bien », comme disait Philippe Muray, nous y sommes, et l’enfer moderne pave la planète de ses indiscutables bonnes intentions au nom d’une humanité qui n’est plus la douceur mais une abstraction vengeresse, une farouche volonté de contrôle et d’uniformisation, moins imputable à tel ou tel système qu’à l’esprit du temps lui-même qui est au ressentiment, à la conjuration puritaine contre toute forme de sérénité ardente et de profonde intelligence du cœur : «  L’envie est un vice qui ne connaît que des peines ».

La cruauté moderne est de nous arracher exactement le « bonheur » qu’elle nous promet: « Chercher comment. » L’injonction joubertienne a ceci d’imparable et de nécessaire que faute de comprendre le processus qui nous asservit nous ne pouvons-nous en libérer. L’œuvre de Joubert est une invitation à perfectionner l’art de poser des questions imprévues au programme des idéologies, par exemple : « La démocratie et l’esclavage inséparables ». D’aucuns se contenteront de reléguer l’aperçu au rang des paradoxes ou des mauvaises pensées. Mais aussitôt consentons-nous à y chercher une question, c’est une grande partie de notre passé qui s’en trouvé éclairé, autrement dit ces « totalitarismes » toujours fondés sur la décapitation des autorités légitimes, voués à la surveillance généralisée, la haine du secret, la « fusion » sociale obligatoire, qui éteignent peu à peu tous les feux de l’âme et de l’esprit.

Dans le règne des esclaves sans maîtres, qui s’accommode fort bien, au demeurant, de vertigineuses disparités de fortune, l’esclavage est universel. C’est un « meilleur des mondes » où, tout simplement, la liberté n’a plus cours et où toute pensée n’est jamais, comme le remarquait Ernst Jünger, que réponse à un questionnaire préétabli. Or lire Joseph Joubert, c’est s’initier, pas à pas, à trouver ses propres questions, à varier leurs angles, leurs aspects, à exercer librement son attention et la rendre digne de la solennité légère du langage et du monde, digne d’être à la ressemblance des hirondelles de mars qui passent dans un cri.

71iJJxGvmzL.jpgNulle trace, chez Joseph Joubert, de cette hubris (de laquelle, à des degrés divers tous les modernes sont atteints, y compris les modernes « antimodernes ») mais approche déférente de ce qui est et de ce qui passe, l’éphémère et l’éternel n’apparaissant pas comme des catégories radicalement séparées. Joubert écrit exactement ce qui lui passe par la tête. Il écrit non pas ce qu’il pense devoir écrire, ou ce qu’il faudrait écrire, moins encore ce qu’il conviendrait d’écrire mais ce qui lui apparaît, ce qui surgit, ce qui vole : «  Evocations d’idées. Evoquer ses idées. Attendre que les idées apparaissent. »

Joseph Joubert nous révèle que le centre de gravitation de sa pensée n’est pas le moi, ni le nous, mais, comme en dehors de l’individuel ou du collectif, un consentement à la vérité de l’être : «  Car l’erreur est ce qui n’est pas ». La vérité, si elle vaut comme réalité métaphysique et universelle, ne saurait être circonscrite par l’entendement humain. Joseph Joubert distingue « les pensées qui naissent de l’entendement » et « les pensées qui y viennent et s’y forment seulement ». Distinction capitale qui ouvre la perspective à l’intuition d’un suprasensible concret, à des idées dont l’entendement humain serait l’instrument de perception. «  Ainsi l’esprit est presque à l’âme ce que la matière est à l’esprit ». Entre le sensible et l’intelligible, en bon platonicien, Joseph Joubert perçoit les états intermédiaires, comme entre la lumière et les couleurs : «  Imagination, cet œil. Objets qui se peignent dans sa prunelle ». »

Ce sentiment de liberté qui nous gagne à la lecture  de Joseph Joubert tient non seulement aux latitudes heureuses laissées à l’intuition mais encore à ce dégagement du moi, de la subjectivité, de la psychologie qui ne conçoivent les formes, les idées, les imaginations qu’issues du moi, le sien propre ou le moi d’autrui, sans jamais entrevoir, ne fût-ce qu’à titre d’hypothèse, qu’elles soient telles des lumières extérieures en provenance du monde, y compris du monde de l’âme ou du monde de l’esprit : «  Et comme la poésie est quelquefois plus philosophique même que la philosophie, la métaphysique est, par sa nature, plus poétique même que la poésie ».

Mieux qu’un traité systématique, didactique, fermé sur lui-même, singeant la perfection ou la totalité ( et l’on sait à quelles abominations conduisent ces singeries lorsqu’elles ajoutent une « praxis » à leur « théorie »), l’œuvre en sporades, en fulgurances, en étincellements de Joseph Joubert nous reporte au centre qui, « partout et nulle part » selon le mot de Pascal, se trouve toujours et en toute plénitude dans l’instant pour peu qu’à l’auteur fût dévoué le génie de s’en saisir : «  Poésie. Ce qui la fait. Claires pensées, paroles d’air, et lumineuses. »

Ce centre est non dans la subjectivité, où la critique subalterne, appareillée de « sciences humaines », cherche des preuves explicatives mais dans la hauteur et la profondeur dont l’entendement humain reçoit les figures et les symboles, autrement dit «  la lumière par élancements ». Cette luminologie poétique ouvre à une métaphysique du resplendissement et du miroitement : « Dieu, seul miroir où l’on puisse se connaître. Dans tous les autres on ne fait que se voir ». De reflets en reflets, nous comprenons qu’il faut « penser au-delà de ce que nous disons » et « voir au-delà de ce que nous pensons ». La poésie est mouvement vers la lumière, vers l’Intelligence, au sens platonicien : «  Dans le ciel personne ne sera poète car nous ne pourrons rien imaginer au-delà de ce que nous voyons. Nous ne serons qu’intelligents. »

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Platonicien, Joseph Joubert l’est par expérience de la pensée comme le furent, avant lui, Marsile Ficin ou Pic de la Mirandole. Ce ne sont pas les catégories qui requièrent son intelligence mais les passages, les gradations, les notes et les couleurs, les nuances et les nuées, le chatoiement, le frémissement des feuillages, l’âme qui « se parle en paraboles » dans la rapidité des choses entrevues : «  Pour entendre Platon, et le supporter, il faudrait que les mots avec lesquels on les traduit eussent pour nous le sens équivoque qu’avaient les siens propres pour les lecteurs et les auditeurs de son temps ». Les mots pour Joseph Joubert n’ont pas d’identité fixe, ils oscillent dans la balance des analogies, selon les poids et les mesures de la phrase, selon un ordre qui dépasse l’entendement de celui qui le perçoit : « Il faut que les mots naissent des pensées et que les phrases naissent des mots. » C’est aimée des Muses, musicienne, que la pensée se laisse ressaisir par la métaphysique et non par le jargon qui fixe arbitrairement le sens, perversion commune aux idéologues et aux spécialistes. La clarté et la légèreté ne sont pas hostiles à la profondeur et au mystère, bien au contraire, ils en exaltent les vertus, les sauvent de l’informe et du difforme et redonnent à nos trouvailles l’enfantine vérité des commencements : «  Il faut adorer et prier selon les coutumes de son enfance. Dieu le veut, et aussi la nécessité. »

Joseph Joubert n’a nul besoin d’être antimoderne pour ne pas être moderne, et, plus encore, pour être déjà au-delà de la modernité, pour faire du monde moderne une chose obsolète, déjà dissipée et dont on peine à se souvenir. Sa pensée ne lutte plus avec ce qui nous entrave encore, elle s’en dégage, et comme dit Rimbaud, « vole selon », non sans donner, en une phrase, le portrait parfait et suffisant du siècle révolu où nous sommes nés, qu’il ne pouvait que deviner : «  Un cerveau sombre, un esprit lourd, une imagination glacée et une raison échauffée… »

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Le commentaire universitaire, qui ressasse Platon depuis quelques décennies, en croyant par surcroît le réfuter ou le « renverser », témoigne à sa façon de cette « imagination glacée » qui fige en simplifiant et ne renverse qu’une préalable caricature. Or, écrit Joseph Joubert, «  Le même trait qui est agréable lorsqu’il est fugitif devient hideux s’il reste fixe ». Peut-être conviendrait-il alors de se souvenir que les dialogues platoniciens, ces « jardins tournoyants », donnent une pensée en conversation et en promenade, et non un système dualiste qui opposerait le sensible et l’intelligible. L’objection ordinaire faite à Platon et aux néoplatoniciens tombe ainsi d’elle-même. Le système que l’on croit réfuter n’est que l’invention du contempteur ou du réfutateur : «  Il est des objections qui annoncent moins le défaut d’une exposition que les défauts de celui qui écoute. Elles ne viennent pas de l’obscurité de la matière mais de l’obscurité de l’esprit qui la considère, ou de sa lenteur, de sa précipitation ou de son inattention. »

Pour Joseph Joubert, le sensible et l’intelligible ne s’opposent pas mais se distinguent comme la lumière se distingue des couleurs : « La lumière entre dans les couleurs, qui néanmoins ne deviennent visibles que lorsqu’elles sont fixées, agglomérées par une matière propre à fournir cet effet ». D’où la préférence joubertienne pour l’élancement de la lumière, qui précède la fixation de la couleur, pour l’âme, qui est pur mouvement, pour l’intelligence d’où naissent les mots et la musique des phrases. Ce serait pure outrecuidance que de vouloir fixer l’éternité dont le temps est précisément, selon la formule de Platon « l’image mobile ».

La Tradition n’est pas immobilité mais traduction, interprétation infinie, scintillante rivière, elle ne peut être servie par des « cerveaux sombres » et des « esprits lourds ». Elle vient à nous par enchantement, par ce qui nous chante, par le suspens, dans l’apesanteur, qui est pure attente, claire attention : « Suspendue. Cette idée entre essentiellement dans toute idée d’enchantement. L’éclat y entre aussi. Et la légèreté, et le peu de durée. Ravissement est la suspension de l’âme ». La durée et la volonté sont des impiétés ; elles se substituent à l’éternité qui  nous apparaît par éclats et à l’âme qui se meut par elle-même. L’âme est involontaire. Il en va de même dans l’art : «  Il ne faut qu’un sujet à un ouvrage ordinaire. Mais pour un bel ouvrage, il faut un germe qui se développe de lui-même dans l’esprit comme une plante. »

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Si donc pour atteindre aux idées, la pensée doit se retirer dans l’intelligible, ce retrait n’est nécessaire que pour y emporter avec soi, en les transfigurant, les images sensibles, d’autant que « toute grande attention est toujours double et quand on regarde devant soi, on regarde au dedans de soi ».  Remonter de la couleur vers la lumière, ce ne sera pas nier les couleurs et moins encore les dévaloriser de façon puritaine mais œuvrer ( « comme les secousses d’une lumière qui cherche à se dégager ») à la recouvrance du principe : «  Expliquer les reflets, et à quel point les rayons du soleil les augmentent ». Point de séparation entre le sensible et l’intelligible, mais des gradations : «  Il faut une échelle à l’esprit. Une échelle et des échelons. »

La vérité n’est jamais acquise, ni détenue, mais approchée. Ce qui interdira donc de la planifier ou de l’administrer de façon indue. L’approche laisse un vague, mais ce vague n’est pas un vice mais une probité : «  Il y a des figurations vagues qui doivent demeurer telles. La précision y nuirait à la vérité, et, pour ainsi dire, à la justice ». Le jargon, qui échauffe la raison (au point de la rendre meurtrière) est une outrance de la précision, de même que les écrits excessivement subdivisés sont des logiques outrées. La pensée juste est plus exigeante : elle désire rendre justice à ce qui lui parvient : «  L’essentiel n’est pas qu’il y ait beaucoup de vérités dans un ouvrage mais qu’aucune vérité n’y soit blessée. » Nous n’avons de part à ces vérités que par reflet, de façon seconde, par notre disposition à les recevoir : «  Nos meilleurs jugements sont ceux qui se forment en nous malgré nous et sans que par nos soins, nous y ayons part pour ainsi dire. »

D’où la nécessité du silence et du retrait qui honorent la parole et la communion : «  C’est ici le désert. Dans ce silence tout me parle : et dans votre bruit tout se tait » Excellent alexipharmaque contre les poisons léthéens de notre temps, art de recouvrance du beau silence profané par nos temps vacarmeux, et qui font du vacarme une arme de destruction massive contre toute forme de méditation, l’œuvre de Joseph Joubert éveille en nous apprenant, par touches successives, à empreindre nos gestes et nos pensées de la beauté donnée. Il s’en faut d’infiniment peu que le monde ne soit paradisiaque, mais ce peu obnubile, tonitrue, s’impose. Sans cesse, pour ne pas en être possédé, il faut apprendre et réapprendre à se délier, reprendre souffle. Il n’est pas une occurrence du monde qui ne soit atteinte, marquée par le déni, par l’usure ou par cette formidable volonté de contrôle, guidée par la peur, qui semble être le mouvement majeur de notre temps, sa « vocation » oserait-on dire si l’on ne craignait de profaner le mot.  D’où encore la justesse de l’œuvre de Joseph Joubert dans sa forme même, insaisissable, diverse et mouvementée, sa parfaite actualité faisant de la pensée des actes, des sollicitations agissantes à l’intelligence du lecteur, aux antipodes de toute propagande. Point de train en marche qu’il faudrait prendre, point de locomotives, point de rails, mais bien plutôt une façon de descendre du train, d’aller dans le paysage, dans « le silence des champs », de retrouver le monde de la pensée accordé au monde (c’est-à-dire en constellation et non plus en ligne droite), un monde délivré de cette compulsion à démontrer à tout prix, de cette hybris discuteuse, de cet assommoir argumentatif qui nous interdit de le voir comme il est !

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Si donc de tous nos grands classiques, Joseph Joubert est l’un des moins fréquentés, sans doute est-ce qu’il ne trouve aucune prise à notre manie du résumé et à l’utilisation que nous en voudrions faire : il nous laisse émerveillés et désemparés aux rayonnements du jour et aux hirondelles de mars. Lorsqu’un penchant funeste nous porte à considérer toute pensée serve de l’idéologie, de la stratégie, voire de la cupidité ou du pouvoir, Joseph Joubert la reporte, si l’on peut dire, sur sa naturelle portée musicale d’où elle nous dit ce qui lui chante, infiniment humble et souveraine, puissante et fragile.

Si presque toutes les apparences du monde sont désormais profanées par le ricanement, la dérision, la « joie d’abaisser » comme disait Nietzsche, qu’en est-il de nos pensées, - et de celles, surtout, qui « se forment dans notre entendement », qui nous viennent d’ailleurs ou d’autre part ? Savons-nous encore les accueillir ? « L’œil de l’imagination » n’est-il pas aveuglé ? « Esprit humain. J’en cherche la nature ; d’autres en apprendront l’usage ». Aveu capital, immense dessein ! Ce n’est pas à l’usage de l’esprit humain que s’attache l’attention de Joseph Joubert mais bien à sa nature, à ce qu’il est, à la source même de nos paroles et de nos pensées, avant leur profanation utilitaire, avant leur réduction au plus petit dénominateur commun.

L’œuvre est celle du retour de l’âme (« L’Ame. Elle peut soulever le corps ») qui ré-enchante la pensée dans sa nature tout en nous désabusant de ses usages. Cependant la lucidité de Joseph Joubert n’est nullement désespérée car la nature de la pensée, à sa source, demeure impolluée de ses usages. Toujours vient le moment : «  Dieu reprend alors le gouvernement de ce monde perdu ». Dieu, principe lumineux, antérieur, en amont, au matin, son heure est de toutes les heures, étymologiquement, de toutes les prières. Son éloignement est à la mesure de nos mauvais usages. Mais le Ciel est invariable : «  Ciel, - le raisonnement en est banni, mais non l’éloquence ou la poésie. Au contraire, c’est là leur véritable séjour. Toutes les pensées y ont une éclatante beauté, parce qu’elles ont toutes pour objet les essences mêmes qui sont représentées dans tous les esprits avec une exactitude et une clarté parfaite. »

Luc-Olivier d’Algange

Une dystopie bien ambiguë

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Une dystopie bien ambiguë

par Georges FELTIN-TRACOL

La Française d’origine belge Diane Ducret se fait connaître du public en 2011 et 2012 avec la parution des deux volumes sur les Femmes de dictateur. Elle se tourne ensuite vers le roman et l’essai. Elle a depuis sorti huit autres titres. Son plus récent, La Dictatrice, est un récit dystopique fictif. Cet ouvrage présente d’indéniables ambiguïtés politiques qui laissent songeur le lecteur.

L’intrigue de La Dictatrice est simpliste. Diane Ducret ne se fatigue pas beaucoup en imaginant la trame de son récit. Née sous X à Strasbourg, l’héroïne, Aurore Henri, est adoptée par le couple Henri. Journaliste, cette femme aux cheveux châtains et aux yeux bleus couvre le conflit en Irak et anime un blogue irrévérencieux, L’observatrice sans filtre.

L’histoire débute à Munich, le 8 novembre 2023. Les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement des États-membres de l’Union européenne, en majorité eurosceptiques, discutent des modalités pratiques de sa dissolution. Aurore Henri manifeste à Marienplatz contre cette folle décision. Mécontente, elle prend une pierre, la lance et atteint le nouveau chancelier allemand. Arrêtée quelques semaines plus tard à Paris, elle est extradée, jugée à Munich, le 26 février 2024, et condamnée pour l’exemple à cinq ans de détention dans la prison de Landsberg.

Ces quelques éléments attirent de suite l’attention. D’autres dates et d’autres personnages n’entraînent aucune équivoque possible. Née un 20 avril 1989, Aurore Henri (AH) s’entoure de Hugo Humbert, d’Edward Golling ou de l’architecte génial Alberto Sperucci… La Dictatrice calque volontairement son intrigue sur la chronologie politique d’un célèbre dirigeant germanique des années trente et quarante du XXe siècle. Diane Ducret a-t-elle voulu prendre le contre-pied de la fameuse maxime de Karl Marx pour qui « la première fois l’Histoire se répète comme tragédie, la seconde fois comme farce » ? À la différence que la répétition se veut ici dramatique.

Comment canaliser le mécontentement populaire ?

Assumant son geste et montrant sa sincère compassion à tous, y compris ses détracteurs les plus virulents, Aurore Henri devient bientôt une vedette politique. Elle reçoit dans sa cellule un abondant courrier de femmes battues, de filles empêchées d’avorter, d’homosexuels et de lesbiennes persécutés. Elle entretient sa notoriété en mettant en ligne un commentaire hebdomadaire sur Twitter. La prisonnière la plus célèbre d’Europe s’attaque aux mouvements anti-avortement, aux groupes homophobes, au « nationalisme viril (p. 60) » ainsi qu’au « souverainisme membré (idem) ». Telle une nouvelle Lysistrata, elle demande aux femmes de faire la grève du sexe. Elle avait prévenu son auditoire. Au moment de son procès, n’avait-elle pas lancé au juge : « Je crois que les privations sont le germe des révolutions. Nous venons d’assister à une révolution. Mais nous avons oublié que les révolutions engendrent des années de terreur (p. 35) » ?

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Quand Aurore Henri retrouve la liberté en 2029, le continent européen subit de plein fouet la « Grande Dépression » économique, le « Grand Effondrement » civilisationnel, une féroce crise énergétique et des catastrophes climatiques alternant des épisodes de froid rigoureux et d’autres d’intenses sécheresses. Les États-nations font faillite. Le désordre s’installe partout. Vienne la sociale-démocrate se sépare de la très conservatrice Autriche. La Catalogne et l’Andalousie proclament leur indépendance. Les Européens crèvent de froid, faute de chauffage, et meurent de faim. En France, par exemple, « la politique de réduction des terres agricoles et l’industrialisation du territoire a affaibli l’indépendance alimentaire du pays (p. 78) ». La poly-crise mondiale n’empêche cependant pas que « les États-Unis, la Russie et la Chine se partageaient l’énergie et les richesses du monde. Le rêve européen s’était éteint (p. 118) ».

Inquiets de la tournure des événements, deux membres de l’hyper-classe mondialistes, la richissime Helen et le conseiller de l’ombre Nicolas, prennent sous leurs ailes Aurore Henri dès sa sortie de prison. Malgré ses réticences initiales, Aurore Henri accepte les conseils avisés de Nicolas. Ce dernier lui apprend que sa fraîcheur médiatique et ses années de détention représentent deux excellents atouts publics. L’ancienne prisonnière bénéficie aussi du soutien du « magnat tchèque de la presse (p. 171) », Artur Krotinsky qui « possède nombre des quotidiens, hebdomadaires et féminins les plus importants d’Europe (p. 82) ». Allusion limpide à Daniel Kretinsky, le propriétaire tchèque de Marianne (cf. Faits & Documents, n° 452, du 1er au 30 juin 2018). Pourquoi est-il visé et non pas Drahi, Bouygues ou Dassault ? Serait-ce une manifestation xénophobe ? Diane Ducret se vengerait-elle indirectement d’un quelconque refus ?

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Autre fait intrigant. Diane Ducret imagine que la crise de civilisation frappe durement la Grande-Bretagne post-Brexit si bien que ses banques « tentèrent d’abord de se maintenir à flot en ponctionnant les comptes de leurs clients. Les assurances vie, les actions, les portefeuilles sont vidés, avec pour obligation légale de laisser 10 000 livres disponibles par tête. Ceux qui en ont les moyens s’enfuient en direction des États-Unis, du Golfe ou de l’Asie, les autres voient partir en fumée le travail de toute une vie. Les maisons achetées à crédit sont saisies, si bien qu’à la fin de l’année, Londres compte cinq cent milles personnes sans foyer (p. 75) ». Plus que le corralito argentin et les récents exemples grec et chypriote de blocage des comptes courants, elle sous-entend le retour de l’emprisonnement pour dette qui appartient à la tradition judiciaire anglo-saxonne. L’importation de cette mesure sur le continent serait couplée à la nationalisation des domiciles. Les députés de la majorité macronienne n’ont-ils pas envisagé une taxe sur les propriétaires au motif ubuesque qu’ils ne paient pas de loyer ? Le bankstérisme cherche à domestiquer des populations de plus en plus rétives.

Mandragore et eunomie

Dans un contexte chaotique et conflictuel, Aurore Henri développe une vision féministe, matriarcale, écologiste et gynocratique. Contre les États nationaux-souverainistes, elle rappelle « aux peuples que de grandes valeurs, dépassant leur intérêt personnel, les unissent (p. 85) ». Elle soutient la renaissance de l’Europe, car « nous sommes une civilisation, nous sommes une famille. Nous ne sommes pas un marché, une économie dont on se débarrasse lorsqu’elle n’est plus avantageuse ! […] L’Europe nous a élevés, c’est notre foyer. […] Sitôt que nous ne serons plus une grande puissance […] d’autres s’approprieront nos ressources, puisqu’ils ne nous craindront plus. Nous allons devenir la cible des spéculateurs qui s’enrichiront sur nos dettes (pp. 13 – 14) ». Elle réclame par conséquent « la création d’une Nouvelle Europe, rempart contre la corruption, les affaires, la violence, l’avarice et le manque de valeurs. Une Nouvelle Europe maternelle, spirituelle et bienfaitrice ! (p. 165) » Ainsi partage-t-elle la juste colère de son conseiller spécial quand le pape refuse de les recevoir au Saint-Siège. « “ C’est bien le problème de notre continent, il est pris en otage par la gériatrie. Ils nous emportent avec eux dans la tombe, parce qu’ils n’ont plus la force de faire pousser la vitalité ”, enrage Nicolas (p. 133). »

Détentrice d’une formidable notoriété, Aurore Henri invite d’abord les Européens à assiéger les sièges du pouvoir. Elle somme ensuite les gouvernements nationaux d’organiser un référendum fondateur de la « Nouvelle Europe ». Dix-sept États sur les vingt-sept participent à ce scrutin, ouvert le 30 janvier 2033, qui se traduit par 70 % de oui.

Depuis le début de sa carrière politique et en faveur d’une crise polymorphe toujours plus grave, Aurore Henri anime une formation politique de dimension européenne, les « Phalanges sacrées ». Militant dévoué corps et âme, le « phalangiste » se doit de renier sa foi en public. Tous agissent en faveur du « Programme pour l’établissement d’une Nouvelle Europe ». Peu de temps auparavant, la future chancelière de la Nouvelle Europe a répondu à une journaliste que « ce n’est pas moi qui suis radicale, c’est le chaos de notre époque. Je ne suis qu’une voix qui tente d’ordonner le chaos (p. 203) ».

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Elle ne veut pas refaire les mêmes erreurs que ses prédécesseurs en matière de construction européenne. Attachée aux symboles, elle présente au peuple européen un nouvel étendard plus mobilisateur à ses yeux. « Voici le drapeau de notre Union. Il unifie dans la même couleur les disparités de nos peuples, le rouge du sang que nous avons versé pour nous retrouver. La plante en son centre nous rappelle ce que nous avions oublié. Nos racines communes, seules, feront fleurir la paix et l’unité (p. 211). » La plante en question est la mandragore. Pourquoi cette plante ? « La mandragore est le symbole du combat pour la singularité de notre culture. Elle est notre signe de ralliement dans la lutte contre les excluants en tant que destructeurs d’unité et d’égalité (p. 415) », s’enflamme Hugo Humbert.

Aurore Henri reprend à son compte la réflexion de Nicolas qu’elle tue peu après. Son conseiller évoque Sparte et la notion d’eunomie qui « signifie la bonne législation, l’ordre bien réglé, l’équité, le juste équilibre, l’harmonie (p. 163) ». Dans l’hémicycle vide et en ruine du Parlement européen à Bruxelles, elle lance au monde entier en direct : « Vivons dans une Europe qui, telle une cité grecque, respecterait l’humain, le vivant, et glorifierait son environnement ! Convergeons vers un même but, comme un arbre unit en un seul tronc toutes ses racines ! Nous sommes la déesse Europe ! (p. 165) » Elle fait édifier un somptueux palais, le Megala Mandragora, sur un pic rocheux des Météores en Thessalie grecque. Quelle en est l’explication ? « Les Météores, en équilibre entre ciel et terre, entre Orient et Occident, entre terre et mer, étaient la quintessence géographique de son projet politique (p. 400) », parfaite concrétisation géographique de la Nouvelle Europe eunomique. Ne propose-t-elle pas d’ailleurs établir « l’équilibre parfait entre les citoyens, dotés des mêmes droits, éduqués dès leur plus jeune âge par la poésie et la philosophie, tournés vers le bien commun (p. 163) » ?

Manifestation d’une idée grande-européenne

Certes, au début de son ascension politique, Aurore Henri défendait « une seule humanité, une seule Terre, une seule vie. Il faut oser repenser la transcendance, et privilégier comme valeurs maîtresses de nos sociétés celles qui nous unissent et donnent sens à nos vies. Le collectif et l’individuel ne feront alors plus qu’un, ils ne s’opposeront plus, puisque chacun, en se réalisant lui-même, réalisera les valeurs de tous (p. 86) ». Le poids des responsabilités l’oblige néanmoins à revoir se renouveler. Portée par l’eunomie, la Nouvelle Europe se veut idéocratique. « Tout comme la Nouvelle Europe, l’Union soviétique était le nom d’un pays conceptuel, d’une idée (p. 494). » Citant Nietzsche et Hegel, Aurore Henri rêve d’un État « régénéré. Un État total harmonieux constituant une unité organique, qui soumettrait la science et la religion, dans lequel la séparation des pouvoirs n’existerait pas. Un État qui subordonnerait le particulier à l’universel pour le bien de l’humanité. Un État qui, par la discipline qu’il imposerait, serait le chemin sur la liberté véritable des hommes (p. 345) ». Le nouvel État eunomique sort de l’OTAN, se désengage du FMI, annule ses dettes et nationalise les firmes transnationales. Quant à l’OMS, pour rester dans l’actualité sanitaire et vaccinale, son bras droit rugit : « L’OMS ? Une bande de dégénérés vendus aux laboratoires pharmaceutiques de l’Ancien Monde ! (p. 419) »

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Avec Aurore Henri, l’habitant du vieux continent se transforme en « fier Néo-Européen à part entière (p. 424) ». Désormais, « la Nouvelle Europe est un corps organique, libéré de ceux qui l’entravaient. Chaque pays est un organe nécessaire à sa survie, tous les organes œuvrant de concert (p. 285) ». Les seize points du Programme entrent dès lors en application. Le point 3 affirme ainsi que « seuls les citoyens bénéficient des droits civiques. Pour être citoyen, il faudra adhérer aux valeurs de la Nouvelle Europe, et par ses actes, ses croyances ou ses intentions, ne pas chercher à la détruire ou à la déstabiliser. Les citoyens pourront être déchus de leurs droits civiques et être bannis s’ils ne respectent pas les valeurs de la Nouvelle Europe (p. 167) ». Le gouvernement néo-européen commence une politique ambitieuse de grands travaux en liaison avec le septième point : « La Nouvelle Europe ne financera plus ses politiques publiques par la taxation du travail, mais par la taxation des transactions financières et commerciales, et la mise en place de nouveaux mécanismes économiques libérant les citoyens du joug de la pression fiscale (p. 168). » Le pendant social de l’eunomie officielle sonne familièrement avec le cinquième point : « La Nouvelle Europe s’engage à procurer à tous ses citoyens des moyens d’existence sous la forme d’un revenu d’existence de base, donné à chaque citoyen afin de garantir sa survie et sa dignité (p. 168). » Une nouvelle forme de servage se réinstalle de cette façon tant l’allocation universelle de base – à ne pas confondre avec le revenu de citoyenneté – incite à la caporalisation des masses.

L’eunomie s’occupe de tout et de tous…

Diane Ducret a-t-elle lu L’Altermonde de Jean-Claude Albert-Weil ou certains textes du jeune Guillaume Faye qui théorisent un grand espace continental autarcique ? On peut s’interroger. « Les anciennes usines automobiles sont recyclées en usines propres fabriquant des voitures à air comprimé (p. 295) » d’un seul et unique modèle : la Henri. Mieux encore, « Les villes côtières sont alimentées par d’incroyables turbines sous-marines nourries par les courants marins. Leur fabrication, sur les chantiers du Havre à l’abandon, redonne vie à la région, et fierté aux habitants. […] Sur les pourtours de l’Atlantique, des centrales à énergie marémotrice sont bâties, captant l’énergie issue des mouvements de l’eau créés par les marées et l’effet conjugué des forces de gravitation de la Lune et du Soleil. La première, celle du Mont-Saint-Michel, est un symbole de la liaison entre patrimoine et futur eunomique. Des centrales captant l’énergie sismique sont creusées au pied des volcans. La première est inaugurée en Italie, sur les contreforts de l’Etna. Dans le sud de l’Espagne, les immenses plaines industrielles d’Andalousie sont recouvertes de panneaux solaires. En Allemagne ainsi qu’en Pologne sortent de terre des centrales géothermiques, afin d’en capter l’énergie qui est convertie en chaleur. Des barrages et moulins de taille considérable sont construits sur chaque fleuve et rivière, afin d’en potentialiser la force et de capter l’énergie hydraulique liée au déplacement de l’eau. Des dynamos eunomiques sont installées dans chaque foyer. Les citoyens sont invités à produire leur part d’énergie, afin de prouver leur implication dans le projet commun. Un fichier recense les foyers selon le ratio de leur production (p. 296) ». L’autosuffisance énergétique sans recourir au nucléaire ? Comme c’est bizarre…

Aurore Henri lance des équipes scientifiques à travers le monde entier à la recherche des vestiges primordiaux de la femme originelle et de la Déesse-Mère. Le régime eunomique exalte en effet la Terre-Mère, sacralise la femme et célèbre les menstruations. Cet hyper-féminisme qui ravirait l’exquise Alice Coffin et la délicieuse Caroline De Haas s’accompagne d’une misandrie légale. « La parole d’une femme est désormais comme une preuve indirecte et suffit à déclencher une enquête à charge, faisant sauter, pour l’homme incriminé, la présomption d’innocence. Sur simple dénonciation, les hommes reconnus coupables de viol ou de harcèlement sexuel sont soumis à la stérilisation chimique (p. 371). »

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Cette politique misandrique se décline aussi en mesures démographiques osées. La sexualité eunomique implique l’usage obligatoire de moyens contraceptifs masculins et féminins jusqu’à l’âge révolu de 20 ans. Il y a en outre un contrôle strict des naissances avec la limite de deux enfants par couple et un emploi de la PMA pour les femmes stériles. Quant à la cérémonie des « Fiancés de la mandragore », elle relève sciemment des pratiques eugéniques. « Chaque participant trouvera l’amour eunomique. […] Ces derniers s’engagent à confier l’éducation du premier-né de leur union à la chancelière, renonçant à leurs droits parentaux. Ils ne se montreront pas infidèles et ne pourront dissoudre leur lien qu’en motivant par écrit leur choix, le ministère examinant alors le bien-fondé de leur requête (p. 378) ». Pourquoi ? Parce que « un véritable mariage eunomique unit harmonieusement deux citoyens de Nouvelle Europe, lors d’une cérémonie néopaïenne officiée par des membres du parti (p. 368) ». Là encore apparaît l’exemple spartiate.

Contre une opposition souvent armée (Nowa Prawica en Pologne et Terra Lliure en Catalogne), le régime eunomique prend diverses lois répressives contre tous « ceux qui par leurs mots, par leurs pensées contestataires contradictoires avec les valeurs de l’Union, mettent en péril son grand projet (p. 415) ». Par ailleurs, il s’attaque au fléau de l’obésité. Et si les gros refusent leur cure d’amaigrissement ? « C’est bien tout le drame des malades, la plupart d’entre eux n’ont même pas conscience d’avoir besoin d’aide. Il est de votre devoir, lorsque vous tenez à quelqu’un, de tout faire pour le préserver, même contre sa volonté (p. 420) », tonne Hugo Humbert. Les chantres de la vaccination ne disent-ils pas la même chose ? Dans ces conditions, il va de soi que « l’opinion n’existe pas […], c’est un fantasme créé par la presse, faisant profit de la peur et du doute. Dans un pays où un dirigeant montre la voie avec assurance, le peuple est libéré de l’asservissement de l’opinion. Il n’a plus à penser, il n’a qu’à le suivre ! (p. 240) » Le nouveau réseau social néo-européen Newer remplace à juste titre Twitter, Facebook et Instagram. La liberté d’expression serait-elle finalement qu’une illusion vicieuse ? Pour sa part, Hugo Humbert, commandeur suprême des SS1 et ministre de l’Intérieur, a constitué en secret un immense fichier de toute la population. Il a « eu l’idée de placer des logiciels espions dans les messages envoyés aux membres s’abonnant aux pages Twitter et Instagram d’Aurore Henri. Collectant patiemment toutes les informations disponibles en ligne ainsi que sur leurs clouds privés, il avait amassé en quelques années la plus grande banque de données personnelles jamais détenue par aucun parti politique. De leurs goûts musicaux, leurs problèmes de santé à leurs préférences intimes, l’Internet livrait à son œil myope tout de leurs frustrations et de leurs espoirs (p. 251) ». On pense ici à l’inscription gratuite à La République en marche. Mais remplir en ligne sa déclaration fiscale annuelle ne permettent-elle pas à l’administration des impôts de tout connaître des contribuables en temps réel ?

Avertissement ou anticipation ?

Dès 2037 – 2038, la production néo-européenne chute; la crise économique repart. La Nouvelle Europe s’oppose aussi à une Russie expansionniste avant de lui déclarer la guerre. Les forces eunomiques néo-européennes s’effondrent en 2045 sous les coups d’une alliance entre la Russie, la Turquie et les États-Unis. Aurore Henri met fin à ses jours dans son palais des Météores.

La Dictatrice se lit-il au second degré ou entre les lignes ? Le fichage informatique, le revenu d’existence de base, la judiciarisation des intentions sont des sujets de préoccupation immédiate. Contre qui ou contre quoi ce livre est-il destiné ? Diane Ducret a-t-elle rédigé une satire dystopique ? Prévient-elle le public des menées menaçantes de l’État profond hexagonal ? S’élève-t-elle contre la manifestation tangible du « populisme des bien-pensants », Emmanuel Macron ? Dénonce-t-elle au contraire par avance un éventuel candidat – surprise à la présidentielle de 2022 – genre Christophe Mercier dans la troisième saison de Baron noir – en résonance avec l’exaspération grandissante des électeurs ?

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Bien que paru au début de l’année 2020, l’ouvrage fait écho à la sortie énigmatique d’Emmanuel Macron à Brut, le 4 décembre 2020 ? « Peut-être que je ne pourrai pas être candidat. Peut-être que je devrais faire des choses dans la dernière année, dans les derniers mois, dures parce que les circonstances l’exigeront et qui rendront impossible le fait que je puisse être candidat. » Des commentateurs y ont vu l’annonce préventive d’une répétition d’un renoncement à un second mandat à l’instar de François Hollande. Il est en fait possible qu’Emmanuel Macron ne soit pas candidat en 2022 car, pour un motif quelconque (sanitaire, sécuritaire, voire « anti-populiste »), il n’y ait pas d’élections présidentielles. Son mandat présidentiel sera prolongé sine die par une Assemblée nationale complaisante, elle aussi prolongée, et un Sénat mis au pas au cours d’un coup d’État élyséen réussi. Ce putsch institutionnel obtiendrait la bénédiction de la Commission européenne, de Berlin et du gâteux de la Maison Blanche Joe Biden ou de la future Messaline de Washington, Kamala Harris. On ne peut en tout cas que rester circonspect devant un livre si étrange quant à son intention véritable.

Georges Feltin-Tracol

• Diane Ducret, La Dictatrice, Flammarion, 511 p., 2020, 21,90 €.

 

dimanche, 17 janvier 2021

Arctique : Douche froide pour les ambitions - nucléaires - des Etats-Unis

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Arctique : Douche froide pour les ambitions - nucléaires - des Etats-Unis

Ex: https://zebrastationpolaire.over-blog.com

L'un des derniers foyers de tension allumés par l'administration Etasunienne sortante a été de développer des " stratégies pour l'Actique " avec en autres avatars la publication de doctrines pour l' Us Navy   [ pdf ] ,  l'USCG et même une doctrine pour le Département de la Sécurité Intérieure [ pdf ] . Ces doctrines ont pour ambition , on s'en doute un peu , de lutter contre l'influence de la Russie mais aussi désormais de la Chine dans cette région . L'un des objectifs affichés de cette stratégie est de contrer la montée en puissance de la " Route de la soie Polaire " " Polar Silk Road "  que j'ai évoqué ce blogue dans le cadre d'un article sur le concept d' Arcto-Pacifique .

Si l'ex-Sénatrice  Sarah PALIN pouvait " garder un oeil sur la Russie " de la fenêtre de sa maison dans l'Alsaka , le Secrétaire d'Etat sortant Mike POMPEO pouvait lui "voir les traces des bottes Russes" dans l'Arctique ! 

L'un des axes majeurs de cette stratégie de " containment " et même de " roll-back " de la Russie mais aussi de la Chine dans l'Arctique était de doter l' USCG de brise-glaces à propulsion nucléaire . C'était du moins la situation au courant de l'été 2020 . Ces brise-glaces devaient même être armés selon certain projets . Cette flotte de brise-glaces se devait aussi d'être un " couteau suisse " des intérêts Etasuniens dans l'Arctique puisqu'ils devaient être capables à la fois d'assurer la surveillance des pêches dans le détroit de Béring , d'aider à la pose de câbles sous-marins , d'assurer leur intégrité et de servir de plateformes à drones aériens et sous-marins .  Le déploiement de cette flotte de brise-glaces était prévue pour 2029 avec en plus la construction d'un port en eau profonde pour l'abriter .  Certains analystes Etasuniens comme Dan GOURE voient dans la construction de cette infrastructure la possibilité d'un " effet de levier " stratégique qui obligerait la Russie à divertir des ressources militaires d'autres théâtres d'opération pour contrer cette nouvelle menace . 

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Un coup de froid vient d'être donné à cette stratégie ambitieuse avec l'annonce faite par le commandant de l'USCG ,  l'amiral Karl Leo SCHULTZ le 13 janvier 2021 : L'USCG renonce à équiper sa flotte de brise-glaces à propulsion nucléaire . L'amiral Karl SCHULTZ a affirmé qu'il se concentrait sur la stratégie " Six - Trois - Un " . " Nous avons besoin de six brise-glaces . Parmi eux trois doivent être des brise-glaces lourds ou Polar Security Cutters comme nous les appellons . Et nous en avons besoin d'un tout de suite "  La construction du premier Polar Security Cutter aux chantiers VT Halter Marine est censée commencer cette année pour des essais à la mer en .... 

Pour effectuer le " tuilage " des capacités opérationnelles de l' USCG dans l'Arctique l'amiral SCHULZ a évoqué l'idée de louer des brise-glaces ( au Canada , à la Finlande , à la Norvège , ... Voir tableau ci-dessous ) mais à rejeté l'idée de renforcer - " briseglaciser " des navires garde-côtes existants !

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Ceux-ci ont d'ailleurs d'autres lièvres de mer à courir : Traquer les " narcos " au large du bouchon de Darien , traquer les pêcheurs Pékinois au large de l'île de Guam et même dans l'Atlantique-Sud . La premiére option quand à elle peut engendrer des limitations quand à la nature des missions , en particulier si elles ont un caractère sécuritaire , d'exercice de souveraineté de l'état en mer ou militaire et non plus seulement logistique ou scientifique . Le cas peut se compliquer encore lorsqu'il s'agit de données scientifiques destinées à un usage militaire comme ce fut le cas avec la mission de l' USCGC Healy au cours de l'été 2020 . L'USCG ne dispose que de deux brise-glaces de type " slush-breaker "™© , l'un d'entre eux , l' USCGC Healy est resté indiponible pendant des semaines suite à un incendie survenu en aout 2020 et l'autre , l' USCGC Polar Star , est agé de 44 ans ... 

Il est fort probable que pour la décennie qui s'ouvre la Russie restera la seule nation à disposer de brise-glaces à propulsion nucléaire ; capacité qu'elle partagera peut-être au cours ou à la fin de cette période  avec la Chine ?  

Pour comprendre l'utilité d'un brise-glace à propulsion nucléaire comme l'Arktika qui vient d'être lancé par la Russie au mois de septembre 2020 dans la maîtrise de l'Arctique il faut regarder la mésaventure survenue au navire de ravitaillement Russe Sparta III en décembre 2020-janvier 2021  

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Ce navire dont la mission est de ravitailler les bases militaires Russes de l'Arctique s'est retrouvé prisonnier des glaces le 13 décembre dernier dans l'embouchure du fleuve Iénissei au cours d'un trajet Dudinka -Arkhangelsk . Son capitaine avait très probablement refusé de se conformer à l'ordre d'interdiction de naviguer émis par l'administration de la Route Maritime Nord en raison des conditions de glace . Au bout de trois semaines ce porte-conteneurs chargé du ravitaillement des bases militaires Russes dans l'Arctique a été délivré par le brise-glace à propulsion nucléaire Vaygach envoyé par la compagnie Rosatomflot  Le Sparta III navigue désormais vers la mer de Barents escorté par le brise-glace Amiral Makarov .

On peut analyser - et même polémiquer sans raisons comme le fait la feuille de chou électronique Otanienne The Barents Observer - de diverses manières cette odyssée . Voici mon analyse : Une mission  logistique de ravitaillement de bases mlilitaires dans l'Arctique a été remplie grâce à au déploiement d'un brise glace à propulsion nucléaire même si elle a été annulée au départ en raison de conditions de banquise extrêmes !

Rédigé par DanielB

Le XXIe siècle et la tentation cosmopolite

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Le XXIe siècle et la tentation cosmopolite

Par Bernard Plouvier
Ex: https://www.eurolibertes.com

« Consommer est devenu le but suprême
de l’existence des individus,
ce qui comble d’aise
les maîtres du “village terrestre”
peuplé d’hédonistes
(les travailleurs)
et de psychopathes
(les parasites sociaux) »

Entretien avec Bernard Plouvier, auteur de Le XXIe siècle et la tentation cosmopolite, éditions de L’Æncre

Vous abordez dans votre livre des thèmes très divers, tel les origines de l’Homo sapiens, le domaine territorial de la race blanche, dite « caucasienne », les constantes de la société humaines et les variables culturelles, mais également l’ambiguïté du « libéralisme » et du « melting pot » des USA, l’expérience mondialiste et l’économie globale qui permet aux ploutocrates de confisquer les États… Le titre de cette collection « Nouveau siècle, nouveaux enjeux » semble parfaitement s’appliquer au thème de ce livre ?

le-populisme-ou-la-vraie.jpgNous autres, Européens autochtones, vivons indéniablement une période de « fin de civilisation », qui ressemble à s’y méprendre à celle vécue par les contemporains de la fin de l’Empire romain d’Occident. Cette constatation, assez peu réjouissante, mérite à la fois que l’on établisse un bilan des réalisations anciennes et que l’on apporte quelques réflexions comparatives sur les valeurs qui s’estompent et celles qui émergent.

Au Ve siècle, l’enrichissement général des citoyens de l’Empire romain avait conduit au relâchement de l’effort collectif et deux nouvelles religions moyen-orientales – la chrétienne et celle des adorateurs de Mithra – avaient supplanté le culte des dieux de l’État. De nos jours, la fraction la plus inventive de l’humanité contemporaine s’est lancée dans la course effrénée aux petites joies individuelles, au lieu d’œuvrer comme auparavant pour la collectivité.

Au Ve siècle, le pouvoir spirituel avait asservi puis anéanti la puissance politique. De nos jours, les maîtres de l’économie écrasent les autres pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire, médiatique et même spirituel.

Consommer est devenu le but suprême de l’existence des individus, ce qui comble d’aise les maîtres du « village terrestre » peuplé d’hédonistes (les travailleurs) et de psychopathes (les parasites sociaux).

L’économie globale et la mondialisation de la vie économique et culturelle sont deux notions nées aux USA durant la IIe Guerre mondiale. Du fait de l’implosion des sociétés communistes, elles sont devenues la réalité quotidienne de presque tous les peuples de la planète : rêve pour les uns, cauchemar pour les autres… c’est affaire de sensibilité et d’idéal.

Il est évident que Franklin Delano Roosevelt, le grand concepteur, n’aurait nullement apprécié notre monde où les grands actionnaires des multinationales et des trusts nationaux d’Asie manipulent, du fait de la toute-puissance de l’argent, les pantins de la politique et des media.

Quelle est votre définition du « cosmopolitisme », un mot qui, au XVIIIe siècle, à l’époque des Lumières, représentait le nec plus ultra : cela revenait alors, pour l’élite, à s’informer des autres cultures que celle de son pays d’origine ?

Le cosmopolitisme à la sauce mondialiste équivaut au mixage des cultures et au brassage des populations, de façon à liquider l’option nationale, jugée pernicieuse. L’Europe est ainsi envahie d’extra-Européens, souvent incultes, toujours faméliques et avides, également nantis pour la plupart d’une religion médiévale, c’est-à-dire grosse de l’expression d’un fanatisme anachronique, mais également porteurs d’un racisme revanchard dont l’expression est évidente, sauf pour les pitres qui façonnent l’opinion publique et ceux qui font semblant de nous gouverner.

005984422.jpgLa propagande mondialiste reflète, c’est évident, les choix de nos maîtres, qui leur sont dictés par leur intérêt. Le grand village terrestre ne doit plus être composé que d’individus qui consomment beaucoup, au besoin à crédit, et pensent gentiment ce qu’imposent les fabricants d’opinion publique.

Dans leur désir d’uniformiser l’humanité, pour augmenter la rentabilité du négoce en facilitant le travail des producteurs, des distributeurs et des revendeurs de biens de consommation, nos maîtres font l’impasse sur de nombreuses données génétiquement programmées de l’espèce humaine, non susceptibles d’éducation ou de rééducation. En outre, il nient allègrement une évidence : la profonde inégalité des êtres humains et des civilisations passées.

Par intérêt également, ils autorisent le développement de conduites sociales aberrantes pour peu que cela leur fournisse un marché lucratif (pornographie, conduites addictives, coutumes alimentaires absurdes conformes à des préceptes religieux antiques ou médiévaux).

Que cela envahisse le continent phare du melting pot, celui des trois Amériques (pour reprendre une expression rooseveltienne), ne nous regarde pas en tant qu’Européens, mais il est grotesque de le tolérer dans notre continent, qui fut le continent civilisateur durant deux millénaires et demi.

Pourquoi ne pas aimer ce monde nouveau, apparu il y a une vingtaine d’années, lors de l’effondrement des sociétés communistes et du triomphe de l’american way of life ?

Dépourvus de culture historique et philosophique, nos nouveaux maîtres créent une société mono-culturelle, multi-raciale parfaitement artificielle, qui ne peut en aucun cas créer une civilisation stable, donc durable, ni innovante au plan intellectuel et spirituel.

L’étude des espèces animales démontre que l’égoïsme et l’individualisme sont nocifs à moyen terme pour l’espèce, mais aussi pour les individus. Sans discipline, sans hiérarchie fondée sur les qualités et les mérites individuels, sans cohésion du groupe fondée sur l’utilité sociale, il ne peut y avoir de sécurité donc de survie, encore moins d’expansion pour l’espèce considérée.

Ce qui effare le plus un observateur européen contemplant la société actuelle est de constater que les Européens de souche ont, par veulerie et par esprit de facilité, renoncé à leur histoire. De la position de civilisateurs de la planète, ils sont passés en un demi-siècle au statut de colonisés, achetant des produits de médiocre qualité et d’infime durée de vie, fabriqués le plus souvent en Asie, et se gavant d’une sous-culture élaborée aux USA et au Japon.

L’étude de quelques grandes civilisations européennes défuntes démontre que l’homogénéité ethnique est l’une des conditions fondamentales de l’implantation, puis du rayonnement d’une civilisation originale. La perte du sens de l’effort collectif, l’incorporation de populations ou de croyances issues d’autres continents sont les conditions idéales pour amener la dégénérescence, puis la mort d’une civilisation, c’est-à-dire l’instauration d’un nouvel « âge des ténèbres ».

On ne peut guère compter sur le milieu des universitaires, où règnent en maîtres le conformisme et le misonéisme, ni sur les media, par définition aux ordres du Pouvoir, pour provoquer une réflexion critique chez nos contemporains, alors même que l’avenir de l’Europe dépend essentiellement de la prise de conscience de l’originalité et de la richesse de leur passé par les Européens de souche, qui seuls doivent décider de l’avenir du continent et de sa race.

Le XXIe siècle et la tentation cosmopolite, édition L’Æncre, collection « à nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 452 pages, 35 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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Musique pour un empire : de Glinka à Tchaïkovski

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Musique pour un empire : de Glinka à Tchaïkovski

Sergio Fernández Riquelme

Ex: https://adaraga.com

Chaque empire a besoin d'une expression sonore. Et une génération de compositeurs a mis en musique la grandeur dont la dynastie Romanov avait besoin pour son autocratie. C'est Mikhail Glinka qui a été le premier représentant de ce mouvement culturel et artistique. Inspiré par la musique traditionnelle hispanique (qu'il a recueillie dans son ouvrage Las oberturas españolas), il a construit sous le règne de Nicolas I la première musique nationaliste russe dans ses compositions Una vida por el Zar (= Une vie pour le Tsar, 1836) et Ruslán y Liudmila (1842, sur le livret de Pouchkine), qui ont pour la première fois introduit des mélodies populaires nationales dans le genre académique de l'opéra grand-européen.

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Mikhail Glinka.

Leur œuvre exaltée et célèbre a inspiré Mili Balakirev, Cesare Cui, Modest Moussorgski, Nikolai Rimski-Korsakov et Aleksandr Borodin. Connus sous le nom de "Les Cinq Grands", prenant pour modèle les courants romantiques européens de l'époque, ils ont développé depuis les années 50 du XIXe siècle la "musique nationaliste russe" la plus connue. Le point de départ a été lorsqu'en mai 1867, le critique Vladimir Stasov a écrit l'article "Le concert slave de M. Balakirev" (événement organisé avant la visite des délégations slaves à l'exposition ethnographique russe à Moscou) où les œuvres de Balakirev, Glinka et Rimski-Korsakov ont été jouées, et où il a souligné que "Dieu a permis à nos invités slaves de ne jamais oublier le concert d'aujourd'hui, Dieu leur a permis de conserver dans leur mémoire combien de sentiments, de poésie, de talent et d'intelligence sont possédés par la petite mais déjà grande poignée de musiciens russes".

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Moussorgski.

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M. Balakirev.

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César Cui.

Un groupe de jeunes musiciens autodidactes, formé après une première rencontre entre Balakirev et Cui, rejoint Moussorgski en 1857 (militaire), Rimski-Korsakov en 1861 (officier de marine) et Borodine en 1862 (chimiste). Issus de l'aristocratie provinciale, ils étaient conscients d'un "esprit de corps" authentiquement russe, avec un langage musical qui leur était propre par opposition à l'académie classique du populaire Tchaïkovski, et du formalisme excessif de Mikhaïl Glinka et d'Alexandre Dargomizhsky. Ils sont restés profondément unis jusqu'en 1870, date à laquelle leur éloignement de la vie musicale centrée autour de Balakirev a commencé. Leur langue, étrangère au conservatoire, se caractérisait par l'incorporation de la musique traditionnelle (des danses cosaques et caucasiennes aux chants d'église et à l'utilisation des cloches), par l'imitation de paroles paysannes et la préservation des aspects distinctifs de la musique folklorique russe (mutabilité tonale, hétérophonie et gamme hexagonale) en surmontant la sonorité ou l'harmonie occidentale, et par leur amour pour les thèmes orientaux particuliers qui avaient historiquement construit le caractère national russe ; Cet "orientalisme" profond était évident dans Islamey de Balakirev, Prince Igor de Borodine et Shéhérazade de Rimski-Korssakov.

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Rimski-Korsakov.

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Danses polovtsiennes.

Nous avons là une génération unique d'auteurs avec des œuvres d'une énorme importance. Balakirev, aristocrate et mathématicien, est l'auteur de l'ouverture fantaisiste sur le thème d'une marche espagnole, du poème symphonique Tamara, et de sa première Symphonie 1 en do majeur. Borodine, fils illégitime d'un noble et chimiste géorgien, a laissé à la postérité l'œuvre précitée (avec ses célèbres Danses polovtsiennes) et les quatuors à cordes Dans les steppes d'Asie centrale. Rimski-Korsakov, le grand maître de l'orchestration, a composé des œuvres de la stature du Caprice espagnol, l'Ouverture de la Grande Pâque russe ou la suite symphonique Schéhérazade que nous venons d’évoquer. Moussorgski, fils d'un propriétaire paysan, est à l'origine de l'opéra populaire Boris Godounov et des légendaires poèmes symphoniques Une nuit sur le mont Pelado et Images à une exposition. Et le militaire russe Cui, d'origine française, a écrit des compositions remarquables telles que Le Prisonnier du Caucase, Le Fils du Mandarin et La Fille du Capitaine, ou la musique du célèbre thème Le Chat botté de Perrault.

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Le Lac des cygnes.

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Opéra Eugène Onéguine.

Et face aux cinq grands patriotes, nous trouvons le célèbre et classique Piotr Tchaïkovski, auteur de certaines des plus belles et des plus célèbres pièces musicales, comme les ballets Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant et Casse-Noisette ou l'opéra Eugène Onéguine. Élève d'Anton Rubinstein et de Nikolai Zaremba dans la société musicale russe et au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il s'est toujours considéré comme un perfectionniste et a toujours recherché la célébrité ; c'est pourquoi son travail professionnel et sa sensibilité envers le monde occidental lui ont valu la faveur de publics à l'autre bout du monde, mais presque jamais l'acceptation des musiciens et des critiques de son époque dans son pays. Il a cependant forcé le respect de la scène musicale nationaliste, en particulier du futur Cercle Beliáyev, une société de musiciens russes de Saint-Pétersbourg qui a existé entre 1885 et 1908, avec des étudiants de Rimski-Korssakov comme Aleksandr Glazunov et Anatoli Liádov, et parrainée par l'homme d'affaires Mitrofán Beliáyev ; Bien qu'opposé à la tendance artistique aristocratique et libérale du magazine Mundo del Arte, ce cercle appréciait la capacité de construction de Tchaïkovski et son esthétique thématique, assumant des modèles occidentaux parfaitement adaptés.

Sergio Fernández Riquelme.

Sergio Fernández Riquelme est historien, docteur en politique sociale et professeur d'université. Il est l'auteur de nombreux livres et articles sur la recherche et la diffusion dans le domaine de l'histoire des idées et de la politique sociale, et est un spécialiste des phénomènes communautaires et identitaires passés et présents. Il est actuellement le directeur de La Razón Histórica, une revue hispano-américaine sur l'histoire des idées.

histoire, musique, russie, Nicolás II, mártir para unos y errático para otros, fue el último zar de todas de las Rusias. En pocos años cayó el inmenso Imperio ruso, dando lugar al triunfo de la primera revolución comunista del mundo, profetizada por Leontyev como la victoria del anticristo. Sergio Fernández Riquelme es historiador, doctor en política social y profesor titular de universidad. Autor de numerosos libros y artículos en el campo de la historia de las ideas y la política social, es especialista en los fenómenos comunitarios e identitarios pasados y presentes. En la actualidad es director de La Razón Histórica, revista hispanoamericana de historia de las ideas.

Pour commander l'ouvrage: https://www.amazon.es/dp/B08JQTQ269/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&linkCode=sl1&tag=microprensa-21&linkId=9e5a3ebad0cdc053b331c6d5b4c7e5ec&language=es_ES

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Rémi Soulié: Nietzsche, l'avenir des Européens ?

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Nietzsche, l'avenir des Européens ?

Le Zoom avec Rémi Soulié - TVL

Philosophe et écrivain de renom, Rémi Soulié a écrit la postface d'une anthologie des œuvres de Friedrich Nietzsche réalisée Pierre-Marie Durand. Rémi Soulié évoque les deux parties de l'ouvrage : décadence et renaissance. Il définit la notion de "derniers hommes" que Pierre-Marie Durand qualifie d'avortons et autres crevettes bien-pensantes de notre temps. Pour Rémi Soulié, toute l'œuvre de Nietzsche vise à laisser mourir le vieil homme en nous, "le dernier homme", pour retrouver les voix de la volonté et de la puissance. Un message qui reste d'une vibrante actualité.
 
 
Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/
 

rémi soulié,philosophie,friedrich nietzsche

Anthologie Friedrich Nietzsche : L’Avenir des Européens

21,00 (port compris)

Pour commander : https://www.tvlibertes.com/produit/anthologie-friedrich-nietzsche-lavenir-des-europeens

Nietzsche demeure un éveilleur que les âmes nobles et fortes se doivent de connaître et de fréquenter assidûment, sans préjugés ni certitudes. Mais comment aborder ce massif de textes et s’en faire un allié dans la tempête ? En laissant mourir le vieil homme en nous ― le Dernier Homme ― pour retrouver les voies de la volonté, de la puissance et du devenir.
Cette anthologie originale mobilise une centaine de textes pour répondre à l’une des questions sans doute les plus cruciales de notre temps : l’avenir des Européens.
La première partie, « Décadence », analyse l’origine de la déchéance de l’Europe depuis son effondrement intérieur sous l’Empire romain jusqu’au nihilisme contemporain. La deuxième partie, «Renaissance», explore les pistes de la grande aventure à venir de l’Europe pour ceux de ses fils qui sauront renouer avec son héritage antique sur les chemins étroits et héroïques de la surhumanité.
G. K. Chesterton dénonçait des «vertus chrétiennes devenues folles ». Nietzsche commande : « Deviens ce que tu es. »

samedi, 16 janvier 2021

Les suprémacistes aiment la fiction

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Les suprémacistes aiment la fiction

par Philippe-Joseph Salazar

Ex: https://lesinfluences.fr

Comment trois romans signés Jean Raspail, William L. Pierce et Jack London sont plébiscités par la contre-culture suprémaciste.

COMMENT RAISONNENT-ILS ? Un jour, à la Rhumerie, Roland Barthes, en tirant sur son Petit Corona de chez Freeman & Son, jadis sis à 65 Kingsway, Londres, déclara : « Si un jour tout ça disparaissait et qu’il faudrait choisir entre la Théorie de la relativité et la Recherche du temps perdu, je garderais Proust. Avec la Recherche on pourra retrouver Einstein, mais l’inverse c’est douteux ... » Pour saisir cette saillie, il faut se souvenir que Barthes s’était approprié un mot ancien, remis en selle par Michel Foucault – ce mot ? « Mathésis ».

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Par « mathésis », Roland Barthes voulait dire que la littérature a des pouvoirs d’apprentissage et de connaissance qui souvent dépassent, et de loin, ce que la science ou les intellectuels peuvent dire du monde.

Une racine indo-européenne remontant à la nuit des temps. En grec ancien le mot dénote apprentissage, instruction, connaissance. Par « mathésis », Barthes voulait dire que la littérature a des pouvoirs d’apprentissage et de connaissance, et d’intellection, qui souvent dépassent, et de loin, ce que la science ou les intellectuels peuvent dire du monde. Un roman peut parler mieux qu’un bouquin d’historien sur une révolution volée au peuple – L’Éducation sentimentale de Flaubert. Mieux révéler de la (dé)colonisation que des mémoires d’universitaire sur l’Algérie – L’Étranger d’Albert Camus. Etc. Cherchez les exemples. On pourra continuer à produire des thèses sur l’URSS : Soljenitsyne a tout dit, et en mieux.

« Mathésis » a partie liée avec la connaissance divinatoire, la mantique (même souche) : la littérature est une forme de divination, elle fait entrevoir ce qui sera, ou pourrait être, ou ne sera pas. Les œuvres de fiction anticipent et font présager du futur car, dixit Platon : « Le dieu a donné la divination à l’homme pour suppléer à la raison. » La fiction supplée aux idées. D’ailleurs cette citation se trouve dans le Timée qui, avec le récit du Critias, donne une narration à mi-chemin entre la science fiction et la politique, la fameuse description d’une société idéale – l’Atlantide. Platon invente là d’un coup à la fois un genre littéraire (le récit dit utopique) et un genre politique (qu’est-ce une société idéale). « Idéale », bref structurée selon une idée testée, car l’Atlantide a existé, dit Platon. Ce n’est pas une fiction mais une réalité qu’il s’agit, politiquement, de rétablir.
Voilà qui nous mène au cœur du sujet : les récits de politique-fiction raciale. Pas tous, seulement ceux qui sont lus, récités et cités maintenant, et qui ont un effet politique de formation, de « mathésis ».

Deux constatations : un, ceux de l’extérieur ne saisissent pas l’importance formatrice de ces récits ou se contentent de les ridiculiser – comme les adversaires du djihad se moquaient des discours et écrits du Califat de l’État islamique. Deux, si l’internationale blanche peut aligner des récits de politique-fiction forts, la gauche radicale (ou flasque), elle, n’a plus rien, et c’est stupéfiant : aucun roman, aucun récit de fiction qui galvanise les troupes. Car dans les années cinquante et soixante la gauche eut sa grande littérature d’action, à la fois hautainement littéraire et les mains dans le cambouis de la pratique : deux ou trois générations de jeunes ont lu les romans de Sartre, Camus, Beauvoir – et ont cru à la Révolution – politique, sociale, sexuelle. En 1968 ils sont passés à deux doigts de la victoire politique immédiate mais force est d’admettre qu’ils ont alors remporté une victoire sur le long terme : l’idéologie régnante et le discours dominant actuels, même dans leur travesti gestionnaire et leur langage hébété, gardent en effet les traits les plus forts de ce qui fut mis en imagination par ces œuvres littéraires prémonitoires, leur « mathésis ».

Or, en catimini, c’est la droite raciale qui a pris le relais. Il existe une littérature qui forme, qui instruit, qui fait apprendre – une « mathésis » blanche, lue et relue à la fois comme mantique, c’est-à-dire par son pouvoir de prémonition, et comme une pratique, c’est-à-dire de quasi manuels de rébellion. Trois romans : Le Camp des saints de Jean Raspail (1973), Les Carnets de Turner d’Andrew Macdonald (nom de plume de William L. Pierce) (1978) et Le Talon de fer de Jack London (1908). On a là un « dispositif » rhétorique (autre notion de Foucault).

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Jean Raspail, une fascination incantatoire

  Le Camp des saints est devenu un classique de l’internationale blanche, traduit en de nombreuses langues. C’est un des romans français les plus vendus au monde. Au début des années 1970, Jean Raspail imagina cette invasion de l’Europe depuis l’Inde, et la défaite mondiale de l’Occident, désespérément et inutilement défendue par de rares Justes face à l’holocauste global, et narrée depuis le réduit suisse alors que les « Barbares » montent à l’assaut. En 1972, la loi Pleven contre l’incitation au racisme est votée, le film Avoir vingt ans dans les Aurès sort en salle, le militant maoïste Pierre Overney est assassiné, Le Pen fonde le Front national et la guerre du Viêt-Nam a encore trois ans devant elle avant la déferlante des boat-people (1975-1978). Le roman vient aussi quatre ans après le discours du Britannique Enoch Powell, des « rivières de sang », prémonitoire, selon lui, de la montée de l’immigration du Commonwealth vers le Royaume-Uni et de ses conséquences.

On a dit que c’était une dystopie, mais c’est inexact : contrairement à Orwell dans 1984, Raspail ne décrit pas une société néfaste qui s’installe, un fonctionnement inhumain d’institutions, bref une utopie de malheur, mais l’effondrement d’une société, l’Occident comme on disait alors.

Aucune solution n’est proposée, sauf une, inéluctable, et rapide, celle de la destruction. C’est un livre de politique-fiction, ce n’est pas une utopie politique qui offre la prémonition d’une société idéale à rebâtir. C’est une apocalypse géopolitique sans rachat des péchés – les erreurs politiques ayant conduit à ce génocide des Occidentaux – et sans espoir de renaissance.

Pour les lecteurs de l’internationale blanche actuelle, le roman est lu à travers le calque de la crise récente des réfugiés et de la crise plus ancienne de l’immigration en France. Raspail a pu, adroitement, faire de nouvelles éditions, raboter, expliquer, paraphraser mais une chose est certaine : il ne propose pas un projet politique. Son attrait, général par l’internationale blanche actuelle, est qu’il avertit de ce qui arrivera si aucun « plan » n’est en place pour contrecarrer l’action délétère des gouvernants occidentaux. La fascination qu’exerce le roman est de l’ordre incantatoire : sans « plan », sans préparation, nous sommes perdus – les réseaux suprémacistes parlent de « prepping » : il faut se préparer. Comme l’intrusion au Congrès américain, et toutes ses conséquences, le jour où se tint le vote de certification du scrutin présidentiel (6 et 7 janvier 2021) le réseau Boogaloo sommait ses partisans : « Commencez le maillage, planifiez, préparez-vous. Imprimez des cartes de vos quartiers. Sortez vos kits de survie et entraînez-vous. Ayez des amis sûrs. Au jour fixé vous n’aurez sous votre contrôle que ce que vous aurez préparé. »

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William Luther Pierce III, l’influence suprématiste

  Or c’est ici qu’intervient le deuxième roman clef (Roland Barthes parlait de « texte tuteur »), Les Carnets de Turner.

Ce qu’ils offrent est justement un scénario de politique-fiction où ceux qui se sont préparés finissent, après des aventures épiques, par faire triompher leur résistance à la destruction des Blancs par les Noirs téléguidés par les Juifs (le roman fonctionne avec ces trois actants comme on dit en théorie de la narration). Sa structure narrative est cruciale pour comprendre la fascination que ce roman exerce sur la jeune génération des « réalistes raciaux ». Il s’agit de mémoires retrouvés longtemps après le triomphe de l’Organisation (blanche) sur le Système (le gouvernement américain et ses alliés), présentés par un historien de la Grande Révolution – celle-ci fut le résultat de la résistance et de la campagne de terreur menée par l’Organisation et planifiée par son comité central, l’Ordre. Cette insurrection nationaliste blanche, après des revers et des défaites, finira par s’étendre au monde entier, en 2000, par l’éradication de tous les peuples non blancs (Juifs compris). Peu importe son auteur, William Luther Pierce III (1933-2002), un intellectuel et figure éminente du suprématisme blanc américain (l’Alliance nationale), car l’impact intellectuel du roman dépasse le cadre, en réalité assez restreint, de sa propre influence : c’est un cas où les idées passent par une fiction plus que par la propagande de parti, et s’étendent au delà du cercle étroit des fidèles.
Mais les Carnets ne sont pas une utopie : on n’y trouve pratiquement aucune description de l’Organisation et encore moins du fonctionnement de la société née de la Grande Révolution et de l’éradication des races non blanches. Le but du roman est de décrire un processus de « prepping » d’un individu, de sa conscientisation d’homme blanc, de sa préparation à l’action et de son passage à la résistance, y compris avec l’aveu de ses faiblesses : non seulement le roman est centré sur un actant principal, le héros, Turner, mais c’est lui-même qui raconte, à la première personne, ce qu’il a vu et fait. En d’autres termes c’est l’individu en action qui est placé au premier plan, avec forces et défauts, non pas un chef charismatique, mais un fantassin, de base. Le roman, outre qu’il est bien écrit et bien structuré, offre donc à lire l’histoire d’une résistance réussie à l’oppression vue de la base, d’où sa force d’identification et le succès qu’il rencontre depuis.

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Jack London, le levier anticapitaliste et anti-élites

  Mais le Système, l’ennemi des Carnets ? C’est ici qu’intervient le troisième texte tuteur, le roman plus ancien de Jack London, Le Talon de fer. Le livre est le récit, consigné dans un manuscrit miraculeusement retrouvé sept siècles après les évènements, d’une insurrection « fraternelle » suivie de trois autres « Révoltes » étalées sur trois siècles, « toutes noyées dans le sang, avant que le mouvement mondial du travail ne s’épanouisse ». Trotsky en donne ce résumé fulgurant en 1937 : « Dans son tableau de l’avenir il ne laisse absolument rien subsister de la démocratie et du progrès pacifique. Au-dessus de la masse des déshérités s’élèvent les castes de l’aristocratie ouvrière, de l’armée prétorienne, de l’appareil policier omniprésent et, couronnant l’édifice, de l’oligarchie financière. »

Le récit est une dystopie : on y découvre une société « idéale », c’est-à-dire, selon l’idée que décrit assez justement Trotsky, d’une oligarchie financière dans ce qu’il nomme, à tort ou à raison, écrivant en 1937, un régime fasciste. Le héros n’est pas le narrateur mais sa femme, issue de cette oligarchie. En quoi ce récit de politique fiction est-il le troisième élément du dispositif rhétorique ? De quoi est-il persuasif ? Premièrement du fait que, pour les lecteurs de l’internationale blanche, il ne décrit pas une société fasciste, justement, mais la société actuelle. La phrase de Trotsky est aisément traduisible : au dessus de la masse des Blancs dont on a annulé l’héritage s’élèvent les élites, à savoir les syndicats, les forces de l’ordre, un système omniprésent de contrôle et, au sommet, l’oligarchie de la finance. Il manque les médias mais ne font-ils pas partie de l’appareil idéologique de la superstructure, cet Überbau, cet édifice, terme marxiste employé par Trotsky à juste escient ? Or, deuxièmement, la nouvelle idéologie raciale blanche, suprémaciste ou non, est anticapitaliste ou anti-élites car, à ses yeux, elles sont les leviers du « cosmopolitisme » qui opère un gommage forcené des différences culturelles et biologiques entre les races afin d’optimiser les flux marchands et les flux de main d’œuvre de l’internationalisme marchand. Troisièmement, l’« oligarchie » dissimule la dureté de ses opérations sous les labels lénifiants de diversité, proximité, solidarité, vivre ensemble – une rhétorique de l’asservissement consenti de « déshérités ». Ce qu’offre donc Le Talon de fer c’est une description de ce qu’est le « Système » auquel Les Carnets de Turner font allusion, mais ne décrivent pas. Les deux romans s’emboîtent.

Pour résumer, ces trois romans forment une « mathésis », une construction prémonitoire du monde qui anime la jeune génération de « réalistes raciaux », « nationalistes blancs » ou « suprémacistes ». L’influence de ces récits de fiction tient donc à la fois à leur contenu et à la manière dont les trois romans se soutiennent les uns les autres pour former un cadre intellectuel – au sens où la passion qui anime ces récits porte une interprétation des faits et une intelligence des enjeux. Ce sont les trois fictions clefs qui nourrissent, par toutes sortes de réseaux parfois extrêmes, un plan de prise de conscience de l’identité blanche et de préparation à une prise éventuelle du pouvoir. Puissance potentielle de la fiction.

Que nous apprennent les vicissitudes américaines actuelles ?

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Ugo Boghetta

Que nous apprennent les vicissitudes américaines actuelles ?

Source : Il Paragone (https://www.ilparagone.it )

Les vicissitudes qu’éprouvent les Etats-Unis aujourd’hui nous démontrent qu'une démocratie de masse ne tient la route et n'a de sens que s'il y a égalité, s'il y a un État-providence qui protège ses citoyens au moins à un niveau décent. Ici aussi, l'inégalité et la fragmentation sociale peuvent, tôt ou tard, conduire à la violence. C'est pourquoi la deuxième république (italienne) et tout ce qu'elle a entraîné doit être jetée à la poubelle de l’histoire : individualisme de plus en plus exagéré, destruction progressive de l'État-providence, système électoral majoritaire, perte de la souveraineté monétaire et politique. Nous pouvons peut-être encore nous sauver. Mais nous avons besoin d'un changement radical !

Il suffit de regarder la tendance des bourses pour comprendre où bat le portefeuille de la turbo-finance par rapport à la crise américaine. Toutefois, cela ne doit pas conduire à des simplifications : les événements doivent être analysés à différents niveaux.

Certaines analyses et certains commentaires, même non conventionnels, ont le défaut de nous dire, péremptoirement et unilatéralement, ce qui se passe aux États-Unis et dans le domaine social. Nous ne croyons pas que le courant dominant ‘’fait semblant’’, mais en réaction, bon nombre de nos contemporains ont tendance à prendre toutes les critiques formulées contre l’idéologie et les praxis dominantes pour argent comptant, alimentant ainsi la vague des « contre-fausses nouvelles ». Le produit final est souvent une inutile cascade d’acclamations bipartisanes.

Les États-Unis sont nés et ont été envahis par des sectes religieuses en forte concurrence les unes avec les autres. Ils sont nés partisans d'un individualisme exaspéré et d'un anti-étatisme idéologique. Ils sont nés d'un génocide et ont vécu longtemps avec l'esclavage. Ils ont mené une guerre civile sanglante entre deux modèles économiques : le libéral-industrialiste au Nord, le conservateur-agricole au Sud, tandis que la question des esclaves n'était qu'un corollaire mineur. Un affrontement qui n'a jamais été complètement réconcilié. La violence a également été la réponse au mouvement ouvrier naissant du début des années 1900 jusqu'à l'utilisation de la mafia. Obervons ! La violence était la réponse aux mouvements de 68. La violence est un fait fondateur tant au niveau interne qu'externe. Comme nous le savons, la possession d'armes est très largement répandue et protégée par la Constitution. À son tour, l'articulation du système institutionnel et électoral est incroyablement compliquée.

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Les politiques libérales téléguidées par la sphère turbo-financière, mises en œuvre au cours de ces cinquante dernières années ont multiplié les divergences et la fragmentation. Des divergences et des fragmentations qui, aux États-Unis, naissent racialisées et deviennent immédiatement raciales. La question raciale, pour certains universitaires, est la cause de l'absence de l'État-providence : personne ne veut donner de l'argent aux communautés d'une autre couleur. Le tout amplifié par l'idéologie de l'individualisme et du "do it yourself". Mais en quelques décennies seulement, nous sommes passés de l'hédonisme reaganien au sinistre individualisme actuel, qui implose.

La crise du libéralisme globalisant en 2007-2008, et la montée de la Chine provoquée par la délocalisation des entreprises occidentales, ont ensuite empêché que les tensions internes ne soient évacuées. Et la mixture est devenue folle. Les élites se sont fortement divisées et le conflit social à la base s'est élargi et approfondi. Trump a donné une voix à une partie de la société fragmentée. Tout comme, du côté opposé, le mouvement Black Lives Matter est né, pour formuler les exigences d’une autre partie. Avec de l'extrémisme des deux côtés. Cela montre toutes les limites d'une démocratie qui est toujours partiale, à peine inclusive. Quel modèle !

Lors des derniers tours de scrutin, la seule alternative potentielle à tout cela est apparue : c’était Sanders. Mais l'unification des couches populaires n'est pas œuvre politique facile : elle est peut-être même impossible. Il est difficile de mettre en place un troisième pôle et de se désengager du parti démocrate, notamment en raison d'un système électoral majoritaire et diversifié, État par État.

Dans ces conditions, il est possible que la crise interne n'ait pas de solution et que cela ne fasse qu'accélérer le déclin des États-Unis dans le monde.

Trump a donc perdu. Et il a perdu non pas à cause de la fraude (après tout, il a gagné contre Clinton même s'il a pris 1,5 million de voix de moins) mais parce qu'il n'a pas dépassé ses propres « enclôturements » idéologiques, n’a pas opéré un changement de registre qui aurait été possible dès qu'il a été élu.

L'inégalité et la fragmentation sociale peuvent, tôt ou tard, conduire à la violence. La violence n'est pas toujours évitable. Elle est parfois souhaitable lorsque même la forme démocratique couvre des privilèges inacceptables. Mais toutes les violences ne sont pas les mêmes. Cela dépend de qui elle émane et de ce qui est pratiqué dans son exercice. Il faut distinguer les sujets sociaux des sectes comme les tenants de la suprématie blanche, par exemple. L'expérience américaine nous montre qu'une démocratie de masse ne tient et n'a de sens que s'il y a égalité, s'il y a un État social qui protège au moins à un niveau décent. Et que cela est possible si un peuple est substantiellement uni. C'est pourquoi toute immigration doit être préalablement évaluée avec soin. C'est une question de démocratie.

A y regarder de plus près, c'est la même erreur que celle commise par d'autres populistes, par exemple Salvini. Le même Salvini qui, au lieu d'essayer d'unifier le bloc social du gouvernement vert-jaune, visait à défendre son propre petit jardin : il a fini dans le fossé. C'est un problème récurrent d'un certain populisme qui est plus médiatique et "communicationniste" que social et politique.

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Ma conclusion est de dire qu’il est impérativement nécessaire d'annuler en Italie la « deuxième république » qui, du modèle américain, est une copie : pour l'idéologie libérale ; pour l'individualisme de plus en plus exaspéré ou pour le fait que chacun pense pouvoir être son propre entrepreneur. Beaucoup ont cru à cette fable : ils sont maintenant dans l'enfer des numéros de TVA ; la « deuxième république » est aussi une pâle copie du système américain parce qu’elle opte pour la destruction progressive de l'État-providence (école, santé, pensions, etc.) visant à la marchandisation de l'économie (avec pour objectif la marchandisation des droits et de l'assurance personnelle pour tout, y compris maintenant contre le COVID-19 ! ) ; copie aussi pour la fragmentation régionale, ou le fédéralisme en quelque sorte, que le COVID a coulé ; pour le système électoral diversement majoritaire qui a eu pour corollaire la transformation des partis idéologiques de masse en comités électoraux similaires les uns aux autres. Le tout aggravé par la perte de la souveraineté monétaire et politique.

Une deuxième république où la dichotomie droite/gauche a perdu son sens, non pas parce qu'il n'y a pas de différences idéologiques et pratiques, mais à cause de l'assujettissement des uns et des autres à la pensée unique. Au contraire, les polarisations sociales se sont étendues, radicalisées, mais ont aussi sombré dans la confusion. Et maintenant, la situation est très grave en raison du chevauchement de la crise de 2008 avec celle induite par le COVID. Comme, tôt ou tard, le COVID prendra fin, tous les problèmes remonteront à la surface en même temps, mais, pire, ils s'aggraveront à cause de la destruction des entreprises les plus faibles dont Draghi a déjà tracé les lignes. Nous avons donc besoin d'autres thèmes mobilisateurs, d'autres politiques qui identifient les chocs haut/bas, in/out, sinon nous demeurerons aveugles et muets. En fait, le risque est toujours celui de retomber dans la mélasse idéologique et politique du système libéral. Malheureusement, il n'existe pas de vaccin qui immunise contre ce danger. M5S docet.

La différence avec les États-Unis est que nous pouvons peut-être encore nous sauver nous-mêmes. Mais nous avons besoin d'un changement radical !

 

Le visage ambigu de la révolution conservatrice allemande

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Le visage ambigu de la révolution conservatrice allemande

Luca Leonello Rimbotti

Ex: https://www.centrostudilaruna.it

La Révolution conservatrice - un phénomène essentiellement allemand, mais pas seulement - était un réservoir d'idées, un laboratoire, dans lequel infusaient tous ces idéaux qui, d'une part, rejetaient le progressisme des Lumières occidentales, et, d’autre part, préconisait le dynamisme d'une révolution de grand style : mais dans le sens d'un renouveau, d'un retour à la tradition nationale, à l'ordre des valeurs naturelles, à l'héroïsme, à la communauté du peuple, à l'idée que la vie est une lutte tragique mais aussi magnifique.

Entre 1918 et 1932, ces idéaux ont eu des dizaines de partisans d'une grande profondeur intellectuelle, selon un éventail très large de variations idéologiques : de la petite minorité de ceux qui ont vu dans le bolchevisme l'aube d'une nouvelle conception communautaire, à la grande majorité de ceux qui ont plutôt lutté pour l'affirmation extrême du destin européen à l'ère des technologies de masse, en gardant intactes, voire en les relançant de manière révolutionnaire, les qualités traditionnelles liées aux origines du peuple : identité, histoire, lignée, patrie, culture. Parmi ces derniers, de loin les plus importants, se trouvaient des personnalités du calibre de Jünger, Schmitt, Moeller van den Bruck, Heidegger, Spengler, Thomas Mann, Sombart, Benn, Scheler, Klages et bien d'autres. Dans le Sodome chaotique qu'était la République de Weimar - où la crise du Reich était lue comme la crise de tout l'Occident libéral - tous ces esprits avaient un dénominateur commun : s'engager dans la lutte pour s'opposer à la désintégration de la civilisation européenne en rétablissant l'ordre traditionnel sur des bases modernes par la révolution. Malheureusement, aucun d'entre eux n'a jamais été homme politique. Et peu d'entre eux avaient même une culture politique. Cette absence de sensibilité politique est la raison pour laquelle, le moment venu, l'enjeu historique a trop souvent été méconnu. Et, parmi les plus célèbres, seuls quelques-uns ont compris que le destin ne peut pas toujours avoir le visage que nous imaginons dans le silence de nos études, mais qu'il apparaît parfois soudainement, parlant le langage simple et brutal des événements.

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Ils ont écrit sur une Allemagne à restaurer dans sa puissance, ils ont proposé à leurs lecteurs un type d'homme héroïque et courageux, métallique, qui dominerait le nihilisme de l'époque moderne ; ils ont décrit la civilisation occidentale comme le plus grand des maux, le progrès comme une sinistre diablerie, le capitalisme comme une lèpre d'usuriers, l'égalitarisme et le communisme comme des cauchemars primitifs... et ils sont retournés aux racines du germanisme, aux sources de l'identité. Armé de Nietzsche et d'anciens mythes dionysiaques, il y a même eu ceux qui ont rallumé les feux de ces nuits primordiales où l'homme européen est né ... Pourtant, quand tout cela a pris vie sous leurs fenêtres, quand les mythes et les invocations ont pris la forme d'hommes de chair et de sang, d'un parti, d'une volonté politique, d'une voix, quand l'"homme d'acier" décrit dans les livres a frappé à leur porte dans les formes stylisées de la politique, beaucoup de yeux se sont détournés, beaucoup d'oreilles ont commencé à ne plus nous entendre... Le vieux syndrome du rêveur, qui ne veut pas être dérangé même par son propre rêve qui prend vie... La révolution conservatrice allemande a souvent exprimé la tragique cécité de beaucoup de ses épigones face à l’émergence de bon nombre de leurs constructions théoriques.

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Ils n'ont pas voulu reconnaître le son d'un carillon, dont le tintement est largement sorti de leurs propres livres. Puis, soudain, tout est devenu trop "démagogique", trop "plébéien". L'intellectuel voulait laisser le militantisme, la vraie lutte, à ceux qui acceptaient de se salir les mains dans les faits. Ainsi, certaines dérives du national-socialisme peuvent être historiquement attribuées à la réticence d'intellectuels et d'idéologues, qui n'ont pas participé à la "lutte pour les valeurs" et qui, après avoir longuement prêché, se sont isolés au moment de l'action dans un petit monde de romans et de digressions. La mentalité de club est-elle vraiment un "exil intérieur" ou est-elle plutôt désertion face à ses propres idéaux ? Et pourtant, un certain espace critique a existé, à l’époque, même au sein du régime totalitaire, car beaucoup d’historiens font état de luttes idéologiques internes sous le Troisième Reich, de controverses, de divergences de vues : Rosenberg ne pensait certainement pas comme Klages ; Heidegger et Krieck étaient des opposants politiques campés sur des rivages différents... Prenons Jünger. Toujours en 1932, il avait parlé de la Herrschaft, de la Hiérarchie des Formes, de la Sagesse des Ancêtres, du Guerrier, du Réalisme Héroïque, de la Force Primordiale, du Soldat Politique, de la "Masse qui voit son existence réaffirmée par l'Individu doté de la Grandeur"... Rappelons au passage que Jünger a collaboré, dans les années 20, aux journaux les plus connus du nationalisme radical, également au Völkischer Beobachter, le journal national-socialiste, et qu'en 1923 il a envoyé à Hitler un exemplaire de son livre Orages d’acier, avec une dédicace... À la lumière des faits, est-il peut-être temps de considérer ces proclamations uniquement comme de bons exercices littéraires ? Dans le feu de la véritable lutte pour la domination politique globale, qui va bientôt se déclencher pendant les années décisives de la Seconde Guerre mondiale, nous retrouvons Jünger non pas dans les tranchées où il avait été dans sa jeunesse, mais aux tables des cafés parisiens. On le voit ici décidé à se moquer d'Hitler dans le secret de son journal, aux pages duquel il se réjouit de l'appeler par le surnom de Knièbolo. Tout cela était-il une "frange" ésotérique ou une paupérisation du talent idéologique ? Un exemple historique de haute dissidence aristocratique ou un pathétique épuisement d'un ancien courage de militant ?

Et Spengler ? Lui aussi, après avoir prédit le réarmement du germanisme et de la civilisation blanche, dès que ces postulats ont eu l'ébauche d'un parti politique qui semblait les prendre au sérieux, il s'y est opposé avec un détachement dédaigneux. Et Gottfried Benn ? Après avoir chanté les destinées de "l'homme supérieur qui combat tragiquement", après avoir célébré la "bonne race" de l'Allemand qui a "le sentiment de sa terre natale", en voyant que tout cela devenait un État, une loi, une politique, il a laissé tomber sa plume....

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Mais la révolution conservatrice, à vrai dire, n'a pas été que cela. C'était aussi le socialisme de Moeller, l'anti-économisme de Sombart, l'idée nationale et populaire de Heidegger, le philosophe-paysan proche des SA. En effet, la majorité des personnes affiliées aux différents groupes révolutionnaires-conservateurs ont rejoint la NSDAP, contribuant ainsi largement à la consolidation de sa pensée politique et, dans certains cas, devenant ses hommes de tête : on pense à Baeumler et à Krieck. Selon Ernst Nolte - le plus grand historien allemand contemporain - la Révolution conservatrice a eu l'occasion d'être davantage une révolution qu'une conservation, uniquement parce qu'elle s’est mêlée à la voie politique nationale-socialiste : à un parti de masse, à une propagande moderne, à un leader charismatique capable de viser le pouvoir. Tout ce qui manquait aux théoriciens. « Le national-socialisme n'était-il pas, se demandait Nolte, simplement une négation de la Révolution française et de la Révolution bolchevique-communiste, il était une contre-révolution aussi révolutionnaire que la Révolution conservatrice aurait pu l'être ».

Après tout, comme l'a déclaré l'expert le plus expérimenté en ces sujets, Armin Mohler, "le national-socialisme reste une tentative de réalisation politique des prémisses culturelles présentes dans la révolution conservatrice". La tentative posthume de découpler la RC du NSDAP est objectivement anti-historique : essayez d'additionner les thèmes idéologiques des différents mouvements nationaux-populaires de l'époque de Weimar, et vous obtenez l'idéologie nationale-socialiste.

* * *

Extrait de Linea du 25 juillet 2004.

Kunstler : les prévisions pour 2021…

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Kunstler : les prévisions pour 2021…


…  des feuxde Bengale chinois avec des frites française – à la mode jacobine – et une vinaigrette russe


Par James Howard Kunstler

Le 1er janvier 2021

Source Clusterfuck Nation

Au moment où j’écris, l’élection présidentielle n’est toujours pas réglée, avec des événements dramatiques potentiels pendant les premiers jours de la nouvelle année. Je ne suis pas convaincu que M. Trump soit dans une position aussi faible que les médias l’ont fait croire en ces mois post-électoraux de brouillard et de brouhaha politiques. La réunion du 6 janvier du Sénat et de la Chambre pour confirmer les votes du collège électoral pourrait encore propulser les choses dans une terra incognita de monstruosité politique constitutionnelle. La tension monte. La démonstration publique de cette semaine, faite par Jovan Hutton Pulitzer, de la facilité de piratage en temps réel des machines à voter de Dominion a certainement plongé les législateurs de l’État de Géorgie dans un abîme de réflexion, et cette démonstration pourrait avoir des conséquences dans la confrontation de mercredi prochain [6 Janvier, NdT] à Washington DC.

Il peut y avoir d’autres surprises de la onzième heure dans la partie Trump de l’échiquier. Comme je l’ai affirmé lundi, nous n’avons toujours rien entendu de la part de Ratcliffe, le Directeur National du Renseignement, et vous pouvez être sûr qu’il est assis sur quelque chose, peut-être quelque chose d’explosif, disons, des preuves de l’ingérence de la CIA dans les élections. Il y a eu des indices inquiétants de quelque chose de tordu à Langley [siège de la CIA] depuis des semaines. Le Département de la Défense, sous le Secrétaire Miller, a repris toutes les fonctions opérationnelles de terrain de la CIA avant Noël – «Fin des coups tordus pour vous !» C’était une grosse affaire. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles la directrice de la CIA, Gina Haspel, aurait été d’une certaine manière détenue, destituée et …peut-être pire. Elle était, après tout, chef de la CIA à Londres à l’époque où certaines des pires manigances du RussiaGate étaient concoctées, impliquant les personnages internationaux mystérieux, Stefan Halper, Josepf Mifsud et Christopher Steele. M. Ratcliffe a semblé se battre avec la CIA dans les semaines qui ont suivi les élections au sujet de la lenteur à  fournir des documents qu’il avait exigés.

Que sait d’autre M. Trump au sujet de cette rumeur de querelle inter-institutionnelle ? Ou un certain nombre d’autres questions délicates entourant l’élection, ainsi que des questions concernant le harcèlement qu’il a subi à la suite du coup d’État de quatre ans dirigé par ses antagonistes de l’État Profond – dont beaucoup sont à la CIA. Que sait-il de l’infiltration de la Chine dans nos affaires nationales, dont l’entreprise de la famille Biden traitant avec des entreprises liées au PC Chinois n’est qu’un élément ? Ou de la relation de la Chine avec les machines à voter de Dominion – la Chine aurait acquis une participation de 75% dans l’entreprise aussi récemment qu’en octobre.

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Dans tous les cas, le président a interrompu ses vacances en Floride avant le réveillon du Nouvel An pour rentrer à Washington. Sa ligne de conduite est qu’il veut épuiser toutes les procédures légales prescrites pour contester le décompte du vote du 3 novembre. Et si rien de tout cela ne permet de corriger le résultat, il pourrait passer à… autre chose. Si même les preuves, révélées publiquement jusqu’ici, des stratagèmes de trafic d’influence de la famille Biden à l’étranger sont vraies – et que les e-mails et les mémorandums commerciaux de l’ordinateur portable de Hunter semblent authentiques – alors il serait du devoir de M. Trump d’empêcher Joe Biden de devenir président. Et en dehors du processus constitutionnellement mandaté par la législature nationale, cela lui laisserait une sorte d’autre action exécutive d’urgence.

M. Trump a appelé à une gigantesque manifestation de ses partisans le 6 janvier à Washington. Il ne les a pas appelés là-bas pour le voir se faire humilier. Quelque chose va se passer. Vous pouvez le sentir dans l’air. Je parierai bien que Donald Trump sera celui qui posera la main sur la bible le 20 janvier. Un hic possible à tout cela : l’année 2021 va être une glissade très difficile, avec de nombreux inconforts, traumatismes et choses que l’Amérique devra abandonner derrière elle. Quiconque occupera le bureau ovale sera submergé par les ennuis. En théorie, j’aurais préféré voir un Démocrate démêler cet affreux sac de nœuds, ne serait-ce que pour le récompenser de toute sa mauvaise foi et de son sale combat des quatre dernières années. Mais M. Trump est apparemment prêt à assumer ce fardeau et, dans une telle urgence existentielle, il est susceptible d’être un meilleur leader que le vieux White Joe corrompu et incapable.

D’accord, je vais juste sortir de mon trou et vous éclabousser avec un tas de prévisions personnelles dans ce chapitre principal, et si vous êtes intéressé, vous pouvez continuer à affiner avec les arguments ci-dessous. Je suis reconnaissant à tous les lecteurs motivés de venir ici deux fois par semaine, et à ceux d’entre vous qui maintiennent mon navire à flot avec le soutien de Patreon. Je vous souhaite une année 2021 saine, physiquement et mentalement, déterminée et droite !

Un cahier de doléances pour 2021

  • L’élection est réexaminée, la fraude soustraite du décompte et le président Trump est déclaré vainqueur.
  • Le vote par correspondance pour le second tour du Sénat de Géorgie est disqualifié car une fraude systématique est révélée. Stacey Abrams est mise en examen pour avoir organisé la fraude.
  • Un certain nombre de célébrités politiques, des créatures du marais de Washington DC, des arnaqueurs de K-Street – repère des think-tanks comploteurs – des personnalités des médias et des dirigeants d’entreprises de la Big Tech sont arrêtés et accusés de crimes graves liés à la fraude électorale.
  • La CIA est purgée et réduite à un rôle strictement analytique pour conseiller l’exécutif.
  • Le FBI est également purgé ; Le directeur Wray est accusé d’entrave à la justice.
  • À la suite du renversement du récit électoral des médias d’information – et des résultats réels des élections – Black Lives Matter et Antifa sont lâchés sur un certain nombre de villes pour provoquer des destructions considérables, mais finissent par se faire botter le cul par les troupes fédérales. Les maires qui ont livré leurs villes aux ravages sans réagir sont arrêtés, accusés de complicité d’insurrection et démis de leurs fonctions en attendant leur procès.
  • Nancy Pelosi a été remplacée à la présidence de la Chambre. Mitch McConnell a été remplacé comme chef de la majorité au Sénat.
  • L’avocat américain John Durham porte des accusations contre les avocats impliqués dans l’enquête Mueller, notamment Andrew Weissmann, Aaron Zebly, Brandon Van Grack et Jeanie Rhee. M. Mueller est désigné comme co-conspirateur non inculpé en raison d’insuffisance mentale.
  • Un procureur spécial est nommé pour enquêter sur les opérations de l’entreprise familiale Biden ; les mises en accusation suivent fin 2021.
  • Le marché boursier entre dans une déflation longue et profonde de la valeur des actifs au cours des premier et deuxième trimestres et rebondit le reste de l’année. Le S & P tombe à 550 points ; le Dow Jones moins de 10 000 ; et le Nasdaq sous les 3000.
  • L’indice DXY dollar tombe sous les 80 au 2ème trimestre, et les 60 en fin d’année.
  • Le PIB américain a baissé de 40% à la fin de 2021.
  • La production de pétrole aux États-Unis – sans le gaz naturel liquéfié – a baissé de 40%, fin 2021.
  • Le système bancaire est en plein désarroi en raison du non-paiement des loyers et des hypothèques. Le gouvernement fédéral intervient avec des paiements directs pour secourir les locataires. Les propriétaires en défaut sont autorisés à rester dans leur maison à titre provisoire – ce qui n’est jamais révisé.
  • Une épidémie de peste bubonique s’installe chez les sans-abri de Los Angeles alors que les rats prolifèrent dans leurs campements.
  • Les fonds de pension s’effondrent alors que la chaîne brisée des paiements de loyer et d’hypothèque détruit les bénéfices des placement immobiliers.
  • Le gouvernement fédéral est contraint d’organiser des programmes massifs de distribution de nourriture.
  • Des millions de personnes se sont inscrites dans des projets de création d’emplois dans le cadre du New Deal – certains d’entre eux intéressants.
  • La ville de New York a été contrainte de réduire le service de métro au strict minimum alors que l’argent s’épuise.
  • Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a été évincé de ses fonctions.
  • George Soros et plusieurs directeurs d’ONG financées par celui-ci, sont accusés de crimes de racket et de financement de campagne électorale.
  • General Motors, Chrysler et Ford recommencent à quêter une protection contre les faillites. Cette fois, leurs actifs sont vendus et réorganisés en petites entreprises. Pas de renflouement.
  • Le virus Covid disparaît de la scène au 3ème trimestre, mais le carnage économique persiste. Une énorme quantité de matériel de restauration est vendue à 10% de sa valeur.
  • Le bitcoin «Hodler» [thésauriseur] devient bitcoin «Solders» en tant que réservoir de crypto monnaie.
  • L’hystérie « Woke » [Éveillée] s’évapore alors que les Américains luttent contre les problèmes désespérants de la réalité quotidienne.
  • L’effondrement de l’enseignement supérieur commence sérieusement alors que le racket des prêts universitaires implose. Des dizaines de collèges et même d’universités doivent fermer ; d’autres diminuent considérablement la voilure dans un effort désespéré pour continuer.
  • Les célébrités hollywoodiennes s’excusent en masse pour leur comportement passé de «Woke», implorent le pardon des victimes et des fans. Néanmoins, l’effondrement de l’industrie cinématographique se poursuit alors que, après la Covid, les Américains recherchent désespérément la compagnie d’autres personnes au lieu des divertissements en conserve, dont ils ont marre.
  • Le sport professionnel s’effondre à mesure que le modèle économique échoue. Les Américains appauvris lancent des ligues locales de base-ball et de football à bas prix.
  • Twitter et Facebook deviennent des services publics.

La crise de la Covid et l’effondrement économique

Je n’aurai pas grand chose à dire sur le virus de la Covid-19 que d’autres ont probablement mieux analysé ailleurs, alors je vais être bref. Dans le brouillard de la pandémie, il est difficile de savoir qui, ou quoi, croire. L’épidémie au début de 2020 a induit des réponses officielles similaires et des changements sociaux dans de nombreux autres pays, soulevant la question : le monde entier a-t-il été couillonné ? Si c’est le cas, c’était une sacrée acrobatie. Était-il conçu comme une couverture pour activer le très prolixe « Great Reset » ? Plus d’informations ci-dessous.

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Un grand mystère est de savoir comment, en Chine, la maladie semblait principalement contenue à Wuhan et dans sa province du Hubei, et à quelle vitesse ce pays l’a surmontée par rapport à tant d’autres endroits dans le monde où la maladie a persisté et a connu un second souffle à l’automne. Cela dit, il est évident qu’en Amérique, le virus a été exploité de manière opportuniste par la Résistance et ses serviteurs des médias d’information, d’abord pour rendre M.Trump aussi mauvais que possible, puis pour promouvoir le système de vote par correspondance qui a conduit à une élection criblée de fraude.

Une grande partie de la confusion sur la maladie elle-même – ventilateurs ou non … masques ou non … hydroxychloroquine ou pas … confinements ou pas – a fini par porter atteinte à l’autorité des experts médicaux et scientifiques comme le Dr Anthony Fauci, Deborah Birx, le chirurgien général Adams, le NIH et la FDA, et n’est toujours pas réglé à la satisfaction de nombreuses personnes. Et, comme si nous n’avions pas déjà eu un problème assez important de défaillance de l’autorité institutionnelle, cet échec scientifique s’ajoutait à notre corrosion culturelle déjà aiguë. Je me méfie des statistiques concernant le vrai nombre de cas et la manipulation officielle des décès dus à la Covid-19, mais en réalité venant d’autres causes, ainsi que des tests qui ont produit à tant de fausses conclusions. Il semble assez évident en ces semaines tendues après les élections que le New York Times, CNN et d’autres médias ont travaillé pour intensifier l’hystérie de la Covid et détourner l’attention du public des nouvelles émergentes sur les élections contestées.

Ce qui est assez clair à propos de l’épisode de la Covid-19 à ce jour, c’est à quel point la réponse du gouvernement des États a nui aux petites entreprises américaines qui représentent au moins 40% de l’économie. Selon Bloomberg News, plus de 110 000 restaurants ont fermé leurs portes, dont 17% d’entre eux sont définitivement fermés, avec sûrement d’autres à venir avec les restrictions hivernales. Plus de trois millions d’employés ont perdu leur emploi dans cette seule industrie. Les données de l’Université de Californie à Santa Cruz indiquent que près de 317 000 petites entreprises ont fermé entre février et septembre, dont 60% pour de bon.

Les affaires économiques du pays étaient dans un désordre considérable avant que le virus de la Covid-19 ne jette les choses dans un désarroi encore plus grand. Des décennies de délocalisation industrielle ont décimé la classe ouvrière. Dans une grande partie du Flyover Country [zone pauvre des USA, agricole et industrieuse située entre les deux rives océaniques opulentes, seulement survolée par les jets, NdT], la classe ouvrière a été réduite à une oisiveté démoralisante, et à la dépendance, avec un taux de suicide remarquablement élevé, en particulier pour les hommes. La situation ne s’est que légèrement améliorée sous le président Trump, qui, finalement, s’est heurté à pratiquement toutes les entreprises américaines, qui appréciaient très bien les avantages de la délocalisation.

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Je crois que la classe ouvrière retournera au travail, et non pas dans les usines américaines géantes du type que nous avions dans les années 60, mais parce que les filets de sécurité sociale du gouvernement seront à court de moyens financiers dans la décennie à venir. Ainsi, ils n’auront d’autre choix que de travailler – en même temps que de nombreuses activités automatisées, et dont nous avons profité, ne fonctionneront plus. Une grande partie de cette automatisation a été appliquée, par exemple, dans l’agriculture, où une personne pouvait labourer ou récolter des centaines d’acres par jour dans la cabine climatisée d’une machine de plusieurs millions de dollars guidée par GPS, permettant au conducteur de regarder des films pendant qu’il «travaillait». Eh bien, ce modèle agro-commercial est sur le point de faire faillite. L’échelle est totalement erronée et les besoins en capital sont trop exorbitants. Conclusion : de nombreux ouvriers désœuvrés ont un avenir dans le travail agricole. Ils ne le savent pas encore. Attendez-vous également à plus d’opportunités en tant que domestiques à mesure que la société américaine devient plus nettement hiérarchisée et dans des couches plus élaborées que simplement les riches et les pauvres. C’est loin d’être un mauvais résultat, si vous considérez combien il est important pour la psychologie humaine d’avoir une place dans ce monde, à la fois en termes de but et de lieu où vivre. Et, de toute façon, à quel point la situation actuelle de l’ancienne classe ouvrière est-elle envieuse en tant que toxicomane, souvent sans abri et suicidaire ? Souhaitez-vous que les choses restent ainsi ou pouvez-vous imaginer de nouveaux arrangements sociaux pour répondre aux nouvelles réalités économiques ?

La consolidation du commerce en quelques entreprises géantes telles que Walmart, Target, Amazon avait atteint un sommet mortel et tragique avant la Covid-19, détruisant tous les organismes intermédiaires de l’écosystème commercial et des milliers de rues principales, locales et commerçantes, dans le processus. Avec les confinements liés à la crise de la Covid-19, les grandes entreprises étaient en quelque sorte exemptées de fermeture. Bien qu’elles semblent triompher pour le moment, ces chaînes nationales d’usines de merchandising géantes sont dans leur phase finale crépusculaire. Comme je le répéterai sûrement dans cette prévision, la tendance macro-économique est à la réduction d’échelle et à la relocalisation partout et dans toutes les activités. Les chaînes de magasins et les grandes surfaces dépendent de systèmes et d’arrangements qui ne persisteront pas, par exemple les longues lignes d’approvisionnement en provenance des usines asiatiques. La fin de l’automobile de masse se révélera également problématique pour le commerce à grande échelle répandu dans les paysages suburbains. Et, bien sûr, le modèle commercial d’Amazon de livraison à domicile pour absolument tout et n’importe quoi, était parfaitement adapté à la crise de Covid-19 – bien qu’à plus long terme, son modèle se révélera fatalement défectueux, car il dépend du transport de chaque article à ses clients, et la raison deviendra évidente plus bas.

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L’échec catastrophique de tant de petites entreprises en Amérique jusqu’en 2020 fournira les semences pour une renaissance lorsque les géants tomberont. Un grand nombre d’équipement seront disponibles pour trois fois rien. Les loyers seront bon marché. Les gens entreprenants devront faire attention à l’endroit où ils décident de s’installer pour de nouvelles entreprises : plutôt Main Street [Les gens ordinaires, NdT] qu’un centre commercial vide. La consolidation fonctionnera d’une manière différente – non pas pour agrandir les entreprises, mais pour rapprocher de nombreuses petites entreprises dans des lieux où les gens peuvent se rendre sans voiture – ce que l’on appelait autrefois un quartier d’affaires, un centre-ville ou une rue principale. L’Amérique n’aura pas besoin d’autant d’infrastructures commerciales qu’avant 2020, et pas d’autant de restaurants. Mais nous aurons besoin de certaines de ces choses, bien que d’une autre manière. Je peux aussi imaginer de nouvelles entreprises qui auraient été impensables il y a un an. À un moment donné, lorsque la Covid-19 sortira de la scène, les gens voudront très fortement se réunir avec d’autres personnes. Pensez à ouvrir une salle de danse ou une discothèque avec de la musique live, voire un théâtre.

L’économie américaine était déjà entrée dans une zone structurelle dangereusement fragile avant que la Covid-19 n’entre sur scène. Comme Tim Morgan et Gail Tverberg le soutiennent si bien dans leurs blogs respectifs, l’économie est un système énergétique qui, sous sa forme techno-industrielle avancée, dépend absolument des combustibles fossiles, qui sont devenus un problème au cours des deux dernières décennies, conduisant au présent point d’inflexion entraînant la décroissance, le début d’une longue urgence et ce que d’autres appellent un quatrième tournant. Tout cela converge, vraiment. Nous sommes entrés dans un état de contraction, et il est dans la nature des grands organismes économiques de passer de la contraction à l’effondrement assez rapidement, car les interconnexions complexes de leurs systèmes se ramifient et amplifient les échecs dans un jeu de domino. Le virus a rendu tout pire et plus rapide.

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Le pétrole

Presque personne n’a prêté attention à l’histoire du pétrole cette année avec toutes les effrayantes distractions de la Covid-19, les ravages économiques des confinements et les élections capricieuses. L’histoire du pétrole est probablement plus importante que tout autre facteur dans la situation actuelle et est en grande partie responsable du désordre économique des États-Unis, où tout fonctionne avec du pétrole et notre business modèle d’affaires est foutu. La décroissance change tout.

De 2000 à 2008, nous étions sur la pente descendante de notre approvisionnement en pétrole conventionnel – le genre de pétrole où il suffit de percer un trou dans le sol pour voir jaillir la manne, ou, au pire, l’aspirer par une pompe – l’un dans l’autre, une procédure simple. En 2008, la production totale de pétrole aux États-Unis était inférieure à 5 millions de barils par jour, en baisse par rapport à l’ancien pic de production d’un peu moins de 10 millions de b/j en 1970. Et bien sûr, notre consommation a continué d’augmenter à environ 20 millions de b/j en 2008. Donc, nous importions l’essentiel de notre pétrole à l’époque.

Cela a créé de terribles problèmes pour notre balance des paiements dans le commerce international, mais nous avons truqué cela en prétendant pendant des décennies que les déficits n’ont pas d’importance, comme le disait le Vice-président Dick Cheney. Le résultat, via les opérations réconfortantes et pernicieuses de la financiarisation – c’est-à-dire le remplacement d’une économie de production par une économie basée sur la pure manipulation de la monnaie et de ses instruments spéculatifs, les produits dérivés – a provoqué la grande crise financière de 2008-2009. La crise a été annoncée à l’été 2008 avec un prix du baril de pétrole frôlant les 150 dollars – ce qui a mis à rude épreuve ce qui restait de véritable industrie productive. La dynamique en jeu a incité les autorités politiques à cesser de réglementer les inconduites sauvages dans la finance et la banque, alors qu’elles tentaient de remplacer l’économie productive par des jeux d’argent hasardeux. Ces malversations se sont surtout manifestées dans l’immobilier et dans les obligations hypothécaires titrisées «innovantes» qui ont été refourguées à bon prix par les banques. Les crimes abscons ont été largement relatés ailleurs – par exemple dans mon livre de 2012 Too Much Magic. Mais considérez également que toutes les fraudes hypothécaires du début des années 2000 reposaient sur les derniers avatars de l’expansion suburbaine, et comprenez que la banlieue était entièrement à la merci de l’automobile de masse, qui dépendait d’un pétrole abordable.

Ainsi, le pétrole a frôlé les 150 dollars, l’économie a vacillé, les banques et les constructeurs automobiles ont dû être renfloués et les interventions de la banque centrale sont devenues la norme, y compris la politique de  taux zéro de la Réserve fédérale, un levier désespéré pour maintenir l’apparence d’une bonne santé économico-financière. Et cela a conduit au «miracle du pétrole de schiste».

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C’était plus une cascade qu’un miracle, vraiment. Premièrement, vous aviez une suite de techniques qui pouvaient être employées pour extraire la dernière goutte de pétrole provenant d’une roche mère autrement improductive. Ces techniques comprenaient le forage horizontal guidé par informatique et l’injection de fluides et de produits chimiques pour fracturer la roche imperméable et libérer le pétrole. C’était la «fracturation». Ce n’était pas nouveau mais n’avait pas été développé comme une activité majeure lorsque des sources plus faciles étaient disponibles. C’était très différent de l’ancienne méthode simple consistant à forer un trou dans le sol et à le laisser s’écouler hors de la roche perméable. L’ancienne méthode simple coûtait environ un demi-million de dollars (en dollars courants) par puits pour forer et démarrer la production. Le pétrole de schiste, avec toutes ses complications, coûte entre 6 et 12 millions de dollars par puits. Les anciens puits de pétrole conventionnels des années 1960 ont produit des milliers de barils par jour pendant des décennies. Les nouveaux puits de schiste ont produit une centaine de barils par jour pendant la première année et s’épuisaient au bout de quatre ans. Le taux de déplétion était horrible.

Le pétrole de schiste a été rendu possible grâce aux politiques de prêts faciles et à taux d’intérêt extrêmement bas de la Réserve fédérale. Ils ont rendu disponible beaucoup de capitaux bon marché et des centaines de milliards ont migré vers les nouveaux gisements de pétrole de schiste dans l’espoir de générer d’excellents revenus réguliers. Les grands investisseurs institutionnels comme les fonds de pension et l’assurance recherchaient en particulier des revenus fiables avec des taux d’intérêt obligataires très bas en raison de la politique de la Fed. Ils pensaient nager dans les dividendes des sociétés pétrolières de schiste et les flux de revenus provenant des prêts aux foreurs de schiste qui rapportaient plus que les bons du Trésor américain. Une chose est sûre, pensaient-ils : l’Amérique ne cesserait pas d’avoir besoin de beaucoup de pétrole. Ainsi, le pétrole de schiste semblait être une chose sûre. Sauf qu’au bout de quelques années, il s’est avéré que personne ne gagnait d’argent en produisant ce genre de pétrole.

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Il en coûte tellement cher de sortir ces trucs du sol. Et le taux d’épuisement était si sauvage que vous deviez forer et re-forer sans cesse. Et ce qui était pire, l’économie avait évolué au point où il n’y avait plus de valeur stabilisée pour le prix du pétrole. Le pétrole à plus de $75 détruisait le modèle commercial des activités industrielles productives qui reposaient sur du pétrole bon marché ; tandis que le pétrole à moins de $75 affectait les sociétés pétrolières parce qu’elles ne pouvaient pas faire de profit à la sortie du puits. Le mélodrame s’est déroulé sur dix ans à travers plusieurs cycles d’assouplissement quantitatif de la Fed – création de monnaie ex-nihilo – et des augmentations incessantes de déficits publics. Les compagnies pétrolières elles-mêmes ont été prises dans le «syndrome de la reine rouge» (voir Alice au Pays des merveilles) dans lequel elles produisaient autant et aussi vite qu’elles le pouvaient juste pour maintenir leur trésorerie pour rembourser leurs prêts, sans générer de profit, et un bon nombre d’entreprises ne pouvaient même pas assurer leurs remboursements de prêts, de sorte que le schiste a été un effondrement total pour elles et elles ont fait faillite. Tout a atteint son paroxysme au début de 2020.

Juste avant que le virus de la Covid-19 ne frappe, la production de pétrole de schiste s’élevait à plus de 9 millions de barils par jour, avec environ 4 millions supplémentaires provenant du pétrole conventionnel, du pétrole offshore et du gaz naturel liquéfié (GPL), pour un total de près de 13 millions de barils par jour pour la production pétrolière américaine, un nouveau record ! C’était 3 millions de b/j de plus que le pic précédent de 1970, à un peu moins de 10 millions de b/j. Un exploit ! À cela s’ajoutent un peu moins de 5 millions de b/j de GPL. La consommation quotidienne aux États-Unis était d’environ 20 millions de b/j à l’approche de 2020. Elle est tombée brièvement lors de la panique initiale de la Covid à environ 15 millions de b/j et a un peu rebondi à environ 18 millions de b/j à l’automne 2020. Ainsi, la production semblait être égale à notre consommation.

Cependant, la qualité du pétrole a faussé l’équation de «l’indépendance pétrolière». Le pétrole de schiste avait tendance à être ultra léger, composé principalement de distillats de qualité essence. Bien, l’Amérique utilise beaucoup d’essence parce que nous roulons partout et sans cesse. Le problème est que l’huile de schiste contient peu des distillats lourds essentiels : le carburant diesel, dont dépendent l’industrie du camionnage et de la machinerie lourde, le carburant d’aviation, essentiellement du kérosène, un carburant lourd pour le chauffage domestique et les moteurs des navires. Pas plus que ces près de 5 millions de barils par jour de GPL, qui n’étaient en réalité utilisés que mélangé au pétrole lourd, qui était principalement ce que les États-Unis ne produisaient pas et n’étaient pas bien équipés pour raffiner. En fin de compte, les États-Unis ont dû échanger beaucoup d’essence avec d’autres pays pour obtenir des distillats plus lourds afin de maintenir l’économie en marche. Cela a fonctionné, mais c’était gênant et impliquait une quantité énorme de transport. Ainsi, la situation pétrolière américaine à la sortie de 2019 était superficiellement stable mais fragile.

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Mais à l’orée de 2020, la production de pétrole de schiste s’effondrait. Le manque de rentabilité a fini par rattraper l’industrie. Les investisseurs ont finalement remarqué que les producteurs de pétrole de schiste ne pouvaient pas gagner d’argent. À un moment donné au printemps 2020, avec la Covid-19, les marchés pétroliers ont été si bouleversés par l’effondrement de la demande que le pétrole sur le marché à terme s’est enfoncé jusqu’à une valeur négative surréaliste de -$40 le baril. Il s’est rapidement redressé à la valeur positive de $30 à $40, ce qui était loin d’être suffisant pour que le secteur du pétrole de schiste réalise un profit. Par conséquent, les entreprises ne pouvaient pas obtenir de nouveaux financements pour poursuivre leurs merveilleuses opérations «Red Queen», et sans nouveau financement, elles ne pouvaient pas maintenir leur trésorerie… alors elles ont craqué. Trente-six producteurs ont déposé le bilan en 2020, dont Chesapeake, Oasis, Lonestar, Ultra, Whiting et Chaparral. Les sociétés de services pétroliers qui sont sous-traitées pour effectuer le forage et la fracturation hydraulique ont également fait faillite.

La production de pétrole de schiste a chuté d’environ 2,7 millions de b/j de mars à mai 2020, s’est un peu rétablie en milieu d’année, et a de nouveau trébuché avec la vague hivernale du virus. L’analyste pétrolier Steve St Angelo prédit que la production totale de pétrole aux États-Unis – schiste et tout le reste – se situera à la baisse entre 9,5 et 10 millions de b/j en 2021, ce qui nous ramènerait aux niveaux de 1970 alors que la population du pays n’était que de 205 millions d’habitants – comparé à plus de 330 millions aujourd’hui. Donc, c’est beaucoup moins de pétrole par habitant, pour le voir sous un autre angle. L’analyste pétrolier indépendant Art Berman prévoit un krach de production plus grave d’ici le milieu de l’année 2021, soit environ la moitié de ce qu’il était à la fin de l’année 2019. Nafeez Ahmed, directeur de l‘Institute for Policy Research & Development, appelle simplement cela la fin de l’ère du pétrole. Ahmed dit qu’elle «commencera au cours des 30 prochaines années, et continuera jusqu’au siècle prochain.»

Je crois que cela diminuera beaucoup plus rapidement parce que la baisse de la production est si destructrice pour le business model de la société industrielle qu’elle entraînera un désordre économique, social et politique évident. Tout ce désordre générera des boucles de rétroaction auto-alimentées rendant un retour aux niveaux précédents de confort, de commodité, de prospérité et d’ordre beaucoup moins probable. L’effet net sera un niveau de vie beaucoup plus bas parmi les pays autrefois «avancés», ainsi qu’une diminution des populations. Nous vivons juste le début de ce processus avec la destruction de la classe moyenne américaine. C’est l’essence même de la longue urgence. Nous ne pouvons tout simplement pas dire, pour le moment, jusqu’où ces dynamiques nous conduiront, et à quelle vitesse. 2021 est susceptible d’afficher un désordre intense aux États-Unis, alors que les gens chancellent sous le poids de la faillite des petites entreprises, de la détérioration continue des conditions économiques , et que les griefs politiques sont amplifiés par l’incapacité institutionnelle à prendre en compte, voire à résoudre, nos nombreux problèmes et dilemmes.

Quant à la transition vers une «économie durable» alimentée par des «énergies renouvelables» telles que l’énergie solaire et éolienne, cela n’arrivera tout simplement pas – à moins que vous n’évoquiez les attelages de bœufs et le bois de chauffage, et une population humaine d’environ 10% de celle que la planète porte actuellement. Tous nos fantasmes sur une utopie high-tech tirée par le vent et le soleil dépendent d’une économie de combustibles fossiles pour produire et transporter le matériel nécessaire, puis les pièces de rechange, et cela à l’infini. Cela ne vaut pas la peine d’aller plus loin sur ce sujet ici, mais si vous voulez voir des arguments plus élaborés, ils figurent dans mon récent livre Living in the Long Emergency (BenBella Books, 2020).

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La soi-disant Grande réinitialisation [Great Reset]

La vie aux États-Unis et dans d’autres pays «avancés» se réinitialisera, mais pas de la façon dont la plupart des gens qui bavardent à propos de «la grande réinitialisation» le pensent ou le disent.

Il y a sûrement des groupes, des gangs, des cliques et des assemblées de sorciers dans le monde qui sont en accord sur la façon dont les choses pourraient fonctionner et comment elles les dirigeraient à leur avantage, dans leur hypothétique disposition idéale des choses. Par exemple, la soi-disant «clique de Davos». Qui sont-ils ? Un agrégat de banquiers, d’influenceurs du marché, de politiciens, de magnats des affaires, d’entrepreneurs de la High-Tech, d’éphèbes et d’érastes hollywoodiens, de fomenteurs de coups fourrés et de garçons de courses qui ont beaucoup d’influence financière et politique dans leur propre royaume, mais pas assez collectivement pour mener à bien le genre de coup d’État mondial qui se profile derrière le fantasme paranoïaque standard du Great Reset. Le fait qu’ils se rencontrent dans le décor ultra-luxueux d’un film de James Bond chaque année attise une fascination, une envie, une colère et une paranoïa terribles qu’ils sont capables de tout au-delà d’un festival de m’as-tu-vu, fayotage, léchage de cul, auto-congratulation qui sont les activités réelles du meeting de Davos.

D’autre part, aux États-Unis, au moins, il y a trop de gens méprisés, avec des armes légères, endurcis par des années de mauvaise foi et de malhonnêteté émanant du complexe politique / médiatique / élitiste, pour juste se courber et accepter de se faire mettre par une bande d’aristo-totalitaires séditieux, aux prétendus rêves de lèse-majesté grâce une rédemption marxiste nostalgique-de-la-boue. Si vous avez le moindre doute sur la façon dont les gens en colère avec des armes légères et beaucoup de munitions pourraient perturber les élites condescendantes, il suffit de passer en revue les événements au Moyen-Orient ces vingt dernières années et d’imaginer ces dynamiques transférées au Kansas.

Qu’est supposé être le fantasme de cette «réinitialisation» ? Un «nouvel ordre mondial», un fantasme d’un gouvernement mondial unifié, ce qui est absurde parce que la tendance majeure en ce moment de l’histoire mondiale est à l’opposé de la consolidation et de la centralisation du pouvoir, et se situe plutôt du côté de l’éclatement, de la réduction d’échelle et de la relocalisation. Pourquoi ? Comme vous l’avez vu dans le chapitre Économie, parce que l’échelle, la hauteur et la portée de toutes nos activités doivent être réduites pour survivre dans les conditions post-industrielles de rareté des ressources et des capitaux. Et cela se produira que cela nous plaise ou non et malgré les objections de quiconque.

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Qu’y a-t-il d’autre dans le sac à malice du Great Reset ? Soi-disant une monnaie mondiale unique, également absurde pour des raisons déjà exposées – à moins que vous ne parliez d’or et d’argent, qui peuvent éventuellement devenir le moyen d’échange universellement accepté, et la réserve de valeur, l’indice des prix, etc. si la contraction post-industrielle est assez sévère et destructive. Mais les «monnaies numériques» – laissez tomber ça –  en particulier aux États-Unis, car trop de gens ne sont pas «bancarisés» ou dépendent d’une autre manière de l’argent liquide dans l’économie informelle grise à la va-comme-j’te-pousse – et il y en aura beaucoup plus de ces types, alors que la classe moyenne se fait pilonner plus loin dans la boue de la tranchée – plus une longue cohorte de personnes, capables de numériser, mais tout simplement grincheuses d’être parquées dans un cul-de-sac de surveillance tous-azimuts, dont un grand nombre se battront jusqu’au bout pour empêcher les crypto-dollars parrainés par le gouvernement de remplacer ce qui était autrefois considéré comme de l’argent. Et si, dans le cas peu probable où la rébellion échoue, elle reviendra à l’or et à l’argent par défaut – et cela pourrait littéralement signifier par défaut.

Maintenant, je vous concède qu’il y a des problèmes indiscutables avec toutes les principales devises, en particulier le dollar américain, et elles sont toutes susceptibles de finir sans aucune valeur à terme pour toutes les raisons habituelles et traditionnelles. Le dollar américain est particulièrement vulnérable car son statut de monnaie de «réserve» mondiale – un moyen d’échange fiable dans le commerce mondial – n’est plus compatible avec la véritable situation financière de notre pays, qui souffre d’une obésité financière morbide avec une dette qui ne sera jamais remboursée – une phase terminale. Il y aura, au bout du compte, une sorte de défaut de paiement, soit de la manière la plus simple en déclarant carrément le non-paiement aux détenteurs d’obligations et aux créanciers, soit en créant sournoisement une hyperinflation pour détruire la valeur du dollar. Si l’un ou l’autre de ces événements se produit, la nation sera plongée dans un grave désordre social et politique, l’anathème sera jeté, les gens seront frappés, et il faudra un certain temps avant que les subtilités du contrat social ne se recollent, par exemple un accord visant à introduire un «nouveau dollar» quelconque pour remplacer l’ancien en ruine. À ce moment-là, les anciens États-Unis pourraient ne plus être debout intacts, et il appartiendrait aux États ou aux régions de régler la question de l’argent.

Je ne pense pas qu’elle sera réglée avec une nouvelle monnaie numérique pour les raisons exposées ci-dessus, mais aussi parce que la monnaie numérique est totalement dépendante d’Internet, qui, à son tour, dépend totalement d’un réseau électrique fiable, et les deux systèmes sont susceptibles de sombrer dans les convulsions sociopolitiques entraînées par un effondrement financier. Non seulement les transactions deviendraient impossibles, mais les moyens qui garantissent la propriété de l’argent – «portefeuilles» ou fichiers – pourraient être définitivement perdus, anéantissant avec eux les fortunes. Cela inclut évidemment Bitcoin et les choses similaires. La blockchain est aussi solide que la chaîne, et sans Internet, il n’y a pas de chaîne du tout. Donc, encore une fois, l’or et l’argent doivent entrer dans l’épure, peut-être en soutenant une monnaie papier, peut-être en circulation sous forme de pièces de monnaie.

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En attendant une telle crise, très peu de la vie quotidienne en découlerait comme avant 2020. Nous verrons une Grande Réinitialisation, d’accord, mais pas de bouillie totalitaire distribuée à la plèbe à partir des vapeurs des cuisines de Davos ou de tout autre service de restauration d’élite. Ce sera un phénomène émergent et auto-organisé, de A à Z, dans lequel les gens devront improviser, au quotidien, de nouveaux systèmes locaux pour obtenir de la nourriture, organiser un foyer et créer des activités commerciales autour de leurs besoins les plus fondamentaux : la production alimentaire, le transport, le commerce, la  fabrication, l’approvisionnement en énergie, les soins médicaux, les nettoyages, la construction, et cetera.

Je dis depuis un moment que cela reviendrait peut-être à «un retour au médiéval». Ça pourrait être mieux, ça pourrait être pire. Eh bien, ça y est. Voici votre Grande Réinitialisation à vous. Tenez-vous prêt et préparez-vous à foncer.

L’abîme regarde derrière lui

Le moratoire fédéral sur les expulsions adopté par le Congrès avec l’arrivée au printemps 2020 de la Covid-19 expirera à la fin du mois de janvier dans l’état actuel des choses, exposant 30 millions de locataires au risque de devoir quitter leur logement. En plus, 28 millions de propriétaires de maison ont été placés dans un moratoire hypothécaire. Que se passera-t-il dans un mois ? Eh bien, d’une part, ne négligez pas le fait tout simple que ces moratoires n’excusent personne de devoir payer tous les arriérés de loyer et les arriérés de versements hypothécaires qui ont été suspendus pendant l’année. Le gouvernement fédéral ne peut tout simplement pas continuer à agir comme cela éternellement parce que cela gronde dans le système bancaire. Si les propriétaires ne sont pas payés de leurs loyers, ils ne peuvent pas payer leur prêt hypothécaire – et la plupart des biens immobiliers locatifs sont hypothéqués pour autoriser un flux de trésorerie, le paiement des impôts et un modèle commercial cohérents. Les propriétaires ne peuvent pas non plus payer leurs impôts locaux aux municipalités, États et gouvernement américain. Les villes sont particulièrement touchées par l’effondrement des recettes fiscales, car elles ne peuvent pas continuer à réparer les infrastructures, ni couvrir les retraites ou financer les écoles, c’est le cercle vicieux de la dégradation urbaine.

Comment les gens qui ont perdu leurs entreprises et leurs moyens de subsistance vont-ils trouver l’argent pour compenser ces arriérés ? Ils ne le pourront probablement pas. Jusqu’à présent, il n’y a pas de discussion nationale sur ce problème, mais nous voyons les premiers signes d’une réponse émotionnelle dans les rébellions de la rente sous la bannière «annulez le loyer». Ce dilemme met en évidence la probabilité d’une campagne du gouvernement fédéral pour  renflouer les locataires et les propriétaires, et/ou une campagne pour le programme qui a fait ses premiers pas lors des primaires Démocrates de 2020, le «revenu de base universel» (UBI). L’un ou l’autre de ces événements a de bonnes chances de se produire alors que l’effondrement économique des États-Unis se poursuit et que les politiciens paniquent.

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Ces programmes ne fonctionneront pas. Dès qu’ils seront renfloués de leurs anciennes dettes, les locataires et les «propriétaires» de maisons commenceront à accumuler de nouveaux arriérés s’ils n’ont pas assez pour générer un revenu régulier, ou tout simplement ne peuvent pas parce que l’économie est totalement brisée. Et maintenant, quoi ? Un autre renflouement dans six mois ? Toute la création monétaire pour faire tourner ce moulin à eau de la futilité ne fera qu’accélérer l’inflation et la dépréciation du dollar car de plus en plus d’argent est créé à partir de rien pour ces renflouements et ces dons. Le type de revenu universel évoqué lors des primaires de 2020, en particulier par le candidat Andrew Yang, s’élevait à 1 000 dollars par mois. La plupart des locataires ne pourraient probablement pas couvrir leurs loyers mensuels avec cela, sans parler de tous les autres éléments du coût de la vie. Alors quoi ? $5000 par mois ? Si vous voulez donner de grosses sommes d’argent pour rien, pourquoi ne pas simplement faire de chaque Américain pauvre un millionnaire ? … Et puis regarder le prix d’un sandwich monter jusqu’à $150.

Une crise parallèle a également mûri dans l’immobilier commercial alors que les entreprises s’adaptent à leurs employés travaillant à domicile et tentent de sortir de leurs baux – ou simplement renoncer si leurs baux doivent être renouvelés. L’immeuble de bureaux n’est peut-être pas tout à fait une chose du passé, mais ce ne sera pas comme avant 2020, et le problème est plus aigu dans un endroit comme New York ou Chicago où le centre-ville est coincé avec des mégastructures qui sont passées du statut d’actif à celui de passif pratiquement du jour au lendemain. Nous n’avons aucune idée de ce qu’ils vont devenir, mais je doute qu’ils soient réaménagés en appartements pour deux raisons, d’abord le coût serait inabordable, et d’autre part la tour d’appartements n’est qu’un accessoire de celle de bureaux et si les tours de bureaux sont obsolètes, les tours d’appartements le seront aussi.

710POOWGTPL.jpgCela conduit à ce que je dis depuis que j’ai écrit Too Much Magic : nos villes vont se contracter considérablement; le processus va devenir douloureux ; et il y aura des batailles pour savoir qui habitera les quartiers qui, pour une raison ou une autre, conservent leur valeur – les fronts de mer, les vieux quartiers de petite taille et les maisons de faible hauteur. Covid-19 plus les émeutes et les pillages en ville ont incité les gens qui en avaient les moyens à se réinstaller à la hâte dans les banlieues. Mais cette tendance est un faux semblant. Face aux problèmes pétroliers que nous rencontrons, les banlieues suivront rapidement les villes dans l’inutilité et le dysfonctionnement. Les personnes qui y ont déménagé l’année dernière découvriront qu’elles ont commis une grave erreur, surtout si elles ont acheté une maison.

Le changement le plus permanent se fera vers les petites villes et cités américaines, des lieux adaptés aux réalités énergétiques, et aux faibles ressources en capital, qui nous attendent, y compris la nécessité de vivre plus près de l’endroit où la nourriture est cultivée.

Ce fiasco existentiel national en boule de neige suggère certainement la nécessité de réorganiser l’économie américaine et les choix sont assez difficiles. Le parti Démocrate et toute la secte du côté gauche sont enclins à tenter un contrôle centralisé de l’activité économique d’une manière qui ressemble fortement aux gigantesques expériences nationales du XXe siècle qui portaient le nom de socialisme. Désolé, mais je veux dire … comment pouvez-vous l’appeler autrement ? Il n’existe plus vraiment dans la pratique, même pas en Chine, qui n’est plus qu’un État totalitaire racketeur. Le XXe siècle a été un moment de l’histoire où tout a vraiment pris de l’ampleur, et avec lui est venu le souhait de contrôler tout cela avec des gouvernements nationaux. Il a été mis à l’épreuve dans de nombreux endroits et partout il s’est terminé par la tyrannie, des difficultés et le meurtre de masse.

La dynamique des choses a  changé. Elles s’est inversée. Elle  se contracte. Donc, l’autre choix que nous avons est de suivre ce courant, de réduire les choses que nous faisons, le terrain que nous occupons et la gamme de phénomènes que nous pensons pouvoir contrôler. Ce sera en fin de compte le seul choix, bien sûr, car le besoin d’un nouveau socialisme étatiste va à l’encontre de l’impulsion actuelle de l’histoire, et donc contre la nature. Cela échouera et nous devrons ensuite utiliser le programme que le Zeitgeist [l’esprit du temps] propose réellement.

Les Illuminés Éveillés

Parfois, les sociétés chient dans leurs frocs et deviennent folles et c’est un peu ce qui est arrivé à l’Amérique en 2020. La détresse s’était accumulée pendant des années, surtout depuis la grande crise de 2008-2009 lorsque la classe moyenne a commencé à se dissoudre pour de bon. Maintenant, leurs enfants adultes perçoivent que l’avenir sera très différent du passé récent et que leurs espoirs et leurs rêves programmés ne correspondent pas à ce que cet avenir exige réellement d’eux : rigueur, réalisme, sérieux et droiture. C’est trop pour eux. C’est trop douloureux. Et ils ne sont pas prêts pour cela. Ils se replient dans la fantaisie, le cynisme et l’ambiguïté. Donc, au lieu de la vertu, nous avons le simulacre de la vertu et, chez les adultes qui devraient être mieux informés, le genre de comportement de chipie que vous constatez chez les filles de 13 ans.

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Le terrain a été préparé par une société qui a choisi de transformer la plupart de ses activités institutionnalisées importantes en rackets, plus particulièrement l’enseignement supérieur, qui est entré dans une expansion métastatique tardive alimentée par le racket des prêts garantis par le gouvernement. Le racket de prêts a permis aux universités et aux collèges d’augmenter leurs frais de scolarité de manière extravagante, ce qui les a incités à considérer leurs étudiants surendettés et surpayés comme des clients, ce qui a évolué vers une flagornerie se pliant à tous leurs souhaits [le client est roi, non ? NdT].

Déjà en place comme héritage des années 1960, se trouvait l’appétence de croisés et d’activistes, en révolte contre les indignités bourgeoises de leur propre vie confortable, à faire cause commune avec toutes les autres «victimes de l’oppression» pour monter un théâtre à vocation carriériste. Ils ont concocté des programmes d’études de disciplines stupides pour diverses cohortes de victimes en mal d’identité afin de monétiser leurs obsessions de griefs, et tout a fonctionné à merveille jusqu’à ce que la Covid-19 déchire les campus et commence à faire exploser tout le modèle commercial. Et maintenant, les inscriptions dans les collèges diminuent d’environ 20% pour 2021, un grand nombre d’écoles moins bien dotées cesseront leurs activités, mais d’autres écoles mieux dotées suivront bientôt.

Une autre chose s’est produite parallèlement aux hystéries de griefs sur les campus. La campagne d’un demi-siècle pour les droits civiques – qui s’est soldée par une impasse, avec toutes les politiques destructrices de services sociaux à la famille de la fin du XXe  siècle – est devenue un échec si manifestement embarrassant, avec une classe inférieure hostile et dangereuse, que, dans une posture de honte et de dépit abjects, tout le libéralisme blanc a dû trouver une excuse, qui a finalement pris le nom de Critical Race Theory avec, en figure de proue, son credo du racisme systémique.

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Donc : Black Lives Matter, basé sur le fantasme que les policiers blancs étaient engagés dans un génocide contre les personnes de couleur. En vérité, ce que vous avez vu avec Trayvon Martin à Sanford, FLA, Michael Brown à Ferguson, MO, Tamir Rice, à Cleveland OH, et une longue série de martyrs instagrammés, était une série d’incidents, au mieux extrêmement ambigus, et, au pire, d’adolescents ayant un mauvais contrôle de leurs impulsions en agissant de manière susceptible de leur causer de gros problèmes. Et puis, enfin, avec la folie Covid-19 arrivant sur la terre, et la hausse des températures autour du Memorial Day, est venu George Floyd, ex-détenu d’âge moyen et récidiviste – invasion de domicile, vol à main armée, etc. – parfois star du porno, arnaqueur, toxicomane qui «retournait vivre» à Minneapolis, pris au piège sous le genou de l’officier Derek Chauvin….

Black Lives Matter peut être simplement compris comme une agitation bien financée, et par «agitation», j’entends un programme pour s’approprier malhonnêtement les biens d’autrui, une variante grossière du « vol à la tire » dans la rue. BLM affiche également une patine de falsification morale, à savoir son prétendu credo «marxiste» – une tentative de paraître intelligent et politique là où il est en fait purement et simplement criminel. En réalité, c’est juste une force destructrice, un moyen de punir ses ennemis présumés, en particulier la police qui est censée – mais pas en réalité – perpétrer un génocide raciste. Cela touche plus généralement le Wokesterism [l’idéologie des Éveillés] sous tous ses aspects, de la théorie critique de la race pour effacer la culture, au jeu #Me Too. Son objectif est la coercition, le désir de bousculer les autres, de trouver des excuses pour les punir et de le faire pour le plaisir sadique de les voir se tortiller, souffrir, perdre leur gagne-pain et périr. C’est ça. Le reste est de la pure connerie.

Au cours de la nouvelle année, le carnage économique en cours sera si grave que la nation n’aura peut-être pas le temps d’analyser les subtilités de la théorie et de la philosophie du Wokesterism, ou la patience d’entendre les explications fastidieuses des plaintes identitaires. Les femmes devront arrêter de prétendre être une version alternative des hommes et commencer à concevoir un rôle plausible pour elles-mêmes en tant que division complémentaire de la race humaine dans une lutte nouvelle et dure pour prospérer. Les cris des Éveillés «raciste, raciste, raciste» ne seront plus accueillis par des génuflexions, des excuses et des câlins. Les allégations de victimisation spéciale seront ridiculisées lors des réunions publiques. Pour la première fois depuis des décennies aux États-Unis, tout le monde devra prendre sa propre mesure et fermer sa gueule à ce sujet. [Vous serez mesuré avec les mesures dont vous vous serez servi, Mathieu 7.2, NdT] Les temps difficiles sortiront l’Amérique de ses fantasmes spongieux et concentreront des millions d’esprits sur la satisfaction de leurs besoins fondamentaux sans câlins de maman, trophées de participation, ou saut d’obstacle par affirmative action.

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Antifa, un autre auxiliaire Woke avec un très mauvaise comportement, a passé la majeure partie de l’année Covid-19 confiné, en tant qu’espace social pour les rencontres de jeunes comme tous les lieux sociaux habituels – campus, bars, cafés, fêtes, concerts, etc. À Seattle, WA, Portland, OR, Minneapolis, MN, Philly, PA, et NYC, NY, où des politiciens irréfléchis ont forcé la police à se retirer, ou l’ont paralysée en interdisant d’utilisation de la force, ou les ont tout simplement licenciés en masse, dans ces lieux donc, les émeutiers Antifa ont découvert qu’il était particulièrement amusant de jouer à des versions pour adultes de capture-le-drapeau ou au gendarme et au voleur lors des chaudes nuits d’été avec les flics. Ils ont pu porter des tenues de combat de rue sensass et brandir des parapluies contre les attaques de gaz, et les jeunes hormones mâles ont exécuté des actes de bravoure avec des feux d’artifice, des skateboards, des battes de base-ball et, plus d’une fois, hélas, des armes à feu. S’ils étaient arrêtés par la police, le procureur local les laissait repartir et beaucoup sont retournés aux émeutes amusantes à maintes reprises, tout l’été.

Beaucoup de biens ont été endommagés, des statues d’Américains célèbres ont été abattues, peintes à la bombe, cassées, décapitées. Les entreprises qui avaient assez de mal à rester à flot sous les confinements liés à la Covid-19 ont vu leurs vitrines brisées, du matériel et des marchandises pillés. Cinquante ans plus tard, les vieux Antifas ridés se rappelleront à quel point c’était romantique, mais en 2021, le public perdra patience face à d’autres singeries des Antifas dans les rues. Ils verront juste leurs petits parapluies déchiquetés et leurs culs bottés, et ils retourneront vite, pipi-pipi-pipi, à ce qu’est aujourd’hui un crash-pad, ou au sous-sol chez maman. Nous apprendrons également une chose ou deux sur qui finançait les Antifas en 2020, en payant les billets d’avion pour organiser leurs émeutes amusantes ville après ville, et nous nous assurerons qu’ils étaient bien approvisionnés en palettes de briques, parpaings et vaporisateur. Beaucoup d’Antifas d’aujourd’hui seront les ouvriers agricoles de demain. Après avoir passé leur jeunesse dans les pillages, la drogue, les jeux de genre il/elle/ça, et leurs téléphones portables, ils ne seront qualifiés pour rien d’autre.

Feuxde Bengale chinois avec vinaigrette russe

Donald Trump a tenté de mettre la pagaille dans l’ordre des choses établi entre les États-Unis et la Chine, qui s’était constamment retourné contre notre propre intérêt national. Pendant quelques décennies, ils nous ont envoyé des produits manufacturés bon marché et nous leur avons envoyé des bons du Trésor américain. La Chine a assez bien aimé cet arrangement, mais cela ne fonctionnait vraiment pas si bien pour nous. Leur ayant cédé notre secteur manufacturier, à eux et à tout le monde en Asie de l’Est, notre classe ouvrière n’avait plus d’emplois décents et était de plus en plus obligée d’acheter toutes ces choses bon marché fabriquées en Chine, même à des prix Walmart bas, très bas. Donc, M. Trump a craqué à ce sujet et a infligé des droits de douane sur les produits chinois, et ils ont récemment vendu des bons du Trésor américain au lieu de les empiler comme avant. Ils détiennent toujours plus de 1000 milliards de dollars, et ils ne peuvent pas se débarrasser de tout en même temps sans en détruire la valeur. Et nous achetons encore beaucoup de choses en Chine, même si la relation est maintenant très tendue.

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Certains disent que nous sommes en guerre avec la Chine, que c’est un nouveau type de guerre, une guerre d’information et d’infiltration. Qu’est ce que la Chine possède aux États-Unis, qui et quoi ? Le peuple américain commence à le découvrir. Dieu sait que notre communauté du renseignement est peu fiable. Peut-être que la Chine possède maintenant notre CIA. C’est peut-être pour cela que M. Trump a été si occupé à éliminer les divers avantages et moyens de la CIA. Nous avons appris avec certitude qu’ils ont acheté et payé le candidat Démocrate à la présidence, Joe Biden, grâce à une série d’accords commerciaux lucratifs conclus par son fils, Hunter, avec la filiale d’une agence de renseignement détenue par la Chine. Personne ne semble s’en soucier pour le moment – mais peut-être qu’on s’en souciera davantage à l’approche de son hypothétique investiture.

Il est assez clair que la Chine a fait une offre à un membre du Congrès Eric Swalwell (D-CA), membre Démocrate du Comité de renseignement de la Chambre des représentants. Ils ont envoyé un adorable petit biscuit de fortune nommé Fang Fang en Californie il y a quelques années, lorsque M. Swalwell était membre du conseil municipal de Dublin, en Californie, et elle est restée avec lui pendant des années, recueillant l’argent de la campagne et l’aidant à gagner un siège au Congrès. Selon la rumeur, il jouait à cache-cache le melon d’hiver pendant des années. Était-il vendu ? Personne ne semble s’en soucier pour le moment. Cela va peut-être changer.

Et, bien sûr, nous avons appris il y a quelque temps que la sénatrice Diane Feinstein (D-CA) avait un chauffeur et un gérant chinois (national) pendant vingt ans, y compris durant ses années en tant que présidente de la commission du Renseignement du Sénat. Il s’est rendu en Chine lorsque son identité d’espion a été révélée. Tout le monde s’en fout. C’est ainsi que nous sommes devenus un pays de mauviettes.

La Chine, apparemment, a des milliers et des milliers d’agents soigneusement placés dans toute l’Amérique, en particulier dans les grands centres de recherche universitaires et les entreprises technologiques américaines et même dans les médias d’information. Des rapports indiquent qu’une société chinoise a acheté une participation de 75% dans Dominion Voting Systems pour 400 millions de dollars à Staple Street Capital en octobre 2020 dans le cadre d’un accord ténébreux passé par la banque suisse UBS. Il a été démontré que les machines à voter de Dominion utilisées lors des récentes élections nationales américaines étaient connectées à Internet, même si, conformément à la loi, elles ne sont pas autorisées à le faire. Bizarre, non ? Connecté à qui ? Jusqu’à présent, personne ne semble s’en soucier.

Oh, et il y a presque un an, il y a eu un cadeau du Nouvel An lunaire de la Chine à l’Amérique : la Covid-19.

Merci, Chine. Que savons-nous réellement de la façon dont cela s’est passé ? Apparemment, ils sont occupés, alors que j’écris, à détruire des échantillons de virus dans le laboratoire de Wuhan.

Cette guerre informationnelle et économique entre la Chine et les États-Unis jusqu’à présent va-t-elle se réchauffer et devenir un autre type de guerre ? Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire pour que la Chine emprunte cette voie. Quoi qu’il en soit, ils ont tout en main en attendant de voir si leur garçon de courses acheté et payé, M. Biden, deviendra réellement président et peut-être aussi dans l’attente de voir exactement comment les États-Unis s’effondreront l’année prochaine. Ils perdront beaucoup de clients pour les meubles de jardin et autres produits divers, mais ils n’auront alors plus à se soucier que nous surveillions toute leur activité ailleurs dans le monde, où, avouons-le, il se passe beaucoup de choses.

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Le principal à savoir est que la Chine est presque aussi fragile que nous, mais de différentes manières. Ils n’ont pas beaucoup de réserves de pétrole, et ils brûlent près de 13 millions de barils par jour, dont ils produisent près de 5 millions et importent le reste. Ce n’est pas une bonne situation, et pas sensiblement meilleure que la nôtre. Leur système bancaire est au moins aussi déglingué que le nôtre, probablement pire, puisque leurs banques n’ont qu’à répondre au PC Chinois et qu’elles peuvent éponger toute blessure au cœur. Une dépression mondiale pourrait créer de graves problèmes de chômage pour eux, et donc une pression politique sur, et au sein du PC Chinois. Pour 2021. Si, par hasard, Donald Trump se retrouve à la Maison Blanche, les choses pourraient devenir un peu plus inattendues.

Il y a quelques jours à peine, des rapports ont révélé que le président Xi Jinping subirait une chirurgie cérébrale pour l’aggravation d’un anévrisme. Cela impliquera une lutte de pouvoir au sein du PC Chinois au cas où l’opération ne se passerait pas bien. Je ne peux pas confirmer ces rumeurs, mais c’est comme ça … je dis ça je dis rien …

La Russie semble la mieux placée pour éviter les désordres économiques de l’Occident et les mécontentements de la Chine. La Russie a déjà connu un effondrement économique et politique traumatisant et en est sortie plus allégée, rationalisée et viable. En raison des sanctions américaines punitives, elle a dû développer une économie de remplacement des importations, répondant davantage à ses propres besoins. Elle a environ deux fois plus de réserves de pétrole prouvées que les États-Unis et moins de la moitié de notre population. Elle a régulièrement acquis des réserves d’or et a fait du foin au sujet de la création d’une monnaie adossée à l’or – ce qui serait une véritable nouveauté dans un monde de monnaie fiduciaire. Elle a une population bien éduquée et relativement homogène de personnes capables qui se sont remises psychologiquement de la foutaise politique de 75 ans du communisme. Elle possède un arsenal d’armes nucléaires hypersoniques de renommée mondiale. Elle a un leadership politique rationnel et intelligent. Et la Russie vient de passer une loi stipulant que quiconque porte de fausses accusations #MeToo contre un autre citoyen encourt cinq ans de prison. On regarde avec admiration !

L’Europe

Putain … oubliez-ça. Pas de pétrole. Pas de quoi bander. Enterrée dans la dette. Échec des filets de sécurité sociale. Plus d’un million d’immigrants musulmans hostiles qui cherchent à agrandir la faille. En 2021, l’UE s’effondrera et les États s’efforceront désespérément de consolider leurs économies. Ils ne réussiront pas. Les troubles suivront et les gouvernements tomberont. Angela Merkel fait ses adieux au Volk. Boris Johnson fera face à un vote de censure au Parlement. Macron survivra et deviendra très dur, mais la France devient pauvre et aigrie. Tout le monde commence à dire de belles choses sur Victor Orban.

Voilà tout le champ de bataille. Pardonnez-moi de ne laisser de côté qu’environ dix mille autres sujets et problèmes, y compris le changement climatique, dont je dirai seulement : croyez-y ou pas, nous avons des choses plus urgentes à craindre.

Bonne année à tout le monde !

James Howard Kunstler

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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vendredi, 15 janvier 2021

L'aigle contre le drone : Une métaphore "haute" provenant d'un pays "bas"

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L'aigle contre le drone :

Une métaphore "haute" provenant d'un pays "bas"

par Frédéric Andreu-Véricel

Surtout ne le répétez à personne, mais je crois bien qu'une métaphore sismique vient de briser les faux vitrages de la pensée unique : un aigle royal attaque un drone !

Les serres du roi des oiseaux entrent dans la structure de l'appareil téléguidé ; l'objet s'écrase aussitôt sur le sol comme un jouet déglingué, puis, le puissant volatile reprend son envol en direction des empyrées célestes...

Imaginez un instant que les métaphores ne soient pas réservées à un petit cercle de gens lettrés, ni même aux poètes, mais ouvert à tous ceux pour qui voir ne va pas de soi... alors, un aigle qui attaque un drone, cela pourrait résonner dans les tous les recoins de notre imaginaire individuel et collectif, cela pourrait entraîner les cris de la terre, le Cri de Munch, le cri du nouveau né, cela pourrait même réveiller cet instinct de survie qui est au fond du peuple.

Pour le moins, cette métaphore est d'une puissance à couper le souffle. Elle "rétablit les hiérarchies vraies" aurait dit Antoine de Saint-Exupéry... Au-dessus, c'est le soleil ! Je ne trouve rien de plus à ajouter, un peu abasourdi moi-même par cette découverte...

Le drone représente la technologie noire par où s'effectue le grand transfert des souverainetés humaines. Il représente aussi la surveillance de la néo-dictature orwellienne sous couvert de sécurité sanitaire. On se demande même si notre conscience collective n'aurait pas encore totalement sombré dans le Léthé anesthésiant de la technique ? Si la fin de l'Histoire n'aurait pas encore sonné ?

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Le "plan de secours" des peuples qui ne veulent pas mourir a connu son prophète, Guillaume Faye ; il a connu une traduction sociale, la révolte des Gilets Jaunes ; gageons qu'il connaîtra un avenir : le réveil des peuples de l'aigle par le retour à la communauté organique.

Au Moyen-Age, on entraînait des aigles à la chasse aux nuisibles, aujourd'hui, contre les drones de Big Brother.

Cet élevage a lieu dans un petit pays, ingénieux, discret, et diablement bien organisé - bref un peu le contraire de la France. Autre paradoxe, ce pays singulier porte un nom pluriel : les Pays-Bas.

La première fois que je visitai les Pays-Bas, c'était à bicyclette. Attendez un peu que je vous raconte...

Quelques lieues après la frontière, je m'arrêtai devant une boutique pour acheter un stylo. Je posai ma bicyclette, entrai dans la boutique, puis attendis mon tour pour payer. Le vendeur s'écria alors :

- Savez-vous qui était la personne qui est passé juste avant vous ?

- Je répondis : non.

- C'est le premier ministre des Pays-Bas !

Je sortis de la boutique à journaux, un stylo neuf à la main... scène augurale qui portait le sceau de l'avenir : "tu écriras un jour une histoire sur ce pays singulier..."

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Les Pays-Bas sont un pays où le ministre se déplace sans garde du corps ; il achète son journal dans une boutique et vous le croisez dans la rue, tout simplement. On m'a dit plus tard que Mark Rutte (c'est son nom) donne des cours d'histoire dans un lycée. Pour se faire, il s'y rend à bicyclette. Car aux Pays-Bas vous pouvez être premier ministre et donner des cours dans un lycée. Il n'y a pas de bourgeois qui vous marchent sur les pieds sans s'excuser car il n'y a pas de bourgeois, aux Pays-Bas. Il y a des gens qui travaillent et des gens qui travaillent, aux Pays Bas. Vous pouvez ramasser les poubelles ou être premier ministre, personne ne vous marchera sur les pieds.

Bref, je m'arrête ensuite dans un parking, gare mon vélo. Tout-à-coup, une fille belle comme un soleil passe devant moi et me sourit : le monde bascule aussitôt dans la mythologie nordique. La fille engloutie alors un sandwich et monte dans son camion.

Aux Pays-Bas, les muses peuvent être des camionneuses qui vont livrer des briques dans une usine !

Dépité, je reprends ma bicyclette en direction des îles de la lointaine Frise. L'aigle royal me jette un regard depuis les altitudes célestes. C'est normal, je suis poète et donc un peu chamane aussi...

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Post Scriptum : vous croyez que les aigles qui attaquent les drones, cela n'existe pas ? Alors prière de cliquer ci-après :

https://www.rtbf.be/info/monde/detail_des-aigles-pour-neu...

 

Interview with Stefano Vaj on Biopolitics and Transhumanism

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Interview with Stefano Vaj on Biopolitics and Transhumanism

by Adriano Scianca (ed.)

Translation from Italian by Catarina Lamm 

Rome, May 2007. Festival of Philosophy.  The cream of Italic official bigwigs convening. Here are the titles of some of the speeches featuring in the program: “Science at the Frontiers: Potentiality, Limits, Guarantees,” “Real, Virtual, Imaginary: Where are the Boundaries?” “The Confines of Life and Euthanasia. An Ethical and Scientific Perspective,” “Second Life: the New Frontiers of Experience,” “Is Man Obsolete? Human/Posthuman,” plus thematic lectures on Charles Darwin, Gunther Anders and Philip Dick.  Stefano Vaj, am I wrong or is there a spectre haunting Europe, and is it the spectre of biopolitics?

51KfZnKQ1qL.jpgEurope – even today – remains the epicentre, at least culturally, of paradigm shifts.  And there is no doubt that we are facing a growing awareness that what I call “biopolitics” represents the crucial issue of the day, our next horizon, and the really political level, in Carl Schmitt’s sense of the word, meaning the level that renders all other persuasions and affiliations secondary.  Since the time when I began to work on the essay Biopolitics. The new paradigm, which is now online full-text [in Italian TN] at the address http://www.biopolitica.it, this has little by little become ever clearer, to the point when it downright stares you in the face.  At the turn of the second millennium of our era, there isn’t a corner of the Earth’s biosphere that is immune to the hand of man. As a widely circulated article in the review Science remarked some years ago, “there are no more places on Earth that are not in the shade of humans”.  Today humankind exerts its influence on the entire surface of the planet, either by directly transforming it or by modifying its biochemical and physical equilibria.  Of course we are far from mastering its processes, but there is no more part that is immune to man’s influence.

And also vice versa…

Exactly.  Our nature and identity are obviously shaped by our environment, and not just culturally, but also biologically, if anything through the varying reproductive success of our genes.  Once the environment in which we grow and evolve and the selective pressures acting on our genetic heritage become altogether artificial, then it becomes clear that it is no longer just a matter of our responsibility in defining our environment in relation to a project, but that of having a project defining in the first place what we want to be, a project allowing us, in Nietzsche’s words, to “become what we are”.  Heidegger writes: “Nietzsche is the first thinker, who, in view of the world history emerging for the first time, ask the decisive question and thinks through its metaphysical implications. The question is: Is man, as man in his nature till now, prepared to assume dominion over the whole earth? If not, what must happen to man as he is so that he may be able to 'subject' the earth and thereby fulfill the world of an old testament? Must man, as he is, then, not be brought beyond himself if he is to fulfill this task? […] One thing, however, we ought soon to notice : this thinking that aims at the figure of a teacher who will teach the Superman concerns us, concerns Europe, concerns the whole Earth – not just today, but tomorrow even more. It does so whether we accept it or oppose it, ignore it or imitate it in a false accent.”

In conclusion, the question of the Übermensch cannot be eluded, even though the market rabble tries to do so when, in Zarathustra, it invokes the less frightening “Last Man”…

Let us imagine three men thrown on board a sailing boat at large.  The first imprecates the fate that brought him there, and insists that involuntary passengers like himself should abandon ship using the lifeboats or even swimming if necessary.  The second suggests they impose a rule that prohibits any interference with the random drifting of the boat, except minimally for its maintenance; and he is above all intent to grab hold of the available rations and the best berth; or at most to find some way to divide them up equitably so as to maintain peace on board.  What instead matters to the third man is the possibility to steer the boat where he wants, learn to manoeuvre it, and decide on the route to follow.

510KiTr4e7L._SX342_SY445_QL70_ML2_.jpgToday, the space available to the second stance – that of the Freudian repression, still prevailing, above all at the level of governments and businesses – is gradually shrinking.  This in favour of both the first, the neo-Luddite, stance, be it of a traditionalist or neoprimitivist persuasion, rooted in religion or in “deep ecology”; and of the third stance, which we may call – without going too deep  here into the different shades of meaning of these terms – transhumanist, posthumanist, postmodern or overhumanist. 

In fact, when I recently took part in a project that researched the bibliography relative to the subject of biopolitics,  transhumanism, and the momentous transformation currently underway, I had the opportunity to inventory several hundred works published in the last 10 or 15 years, at an ever increasing pace, that deal explicitly with this topic, and that recognise that we are facing a transformation in comparison to which, in the words of Guillaume Faye, future historians will view the Industrialisation as small-time and the French Revolution as a storm in a teapot. A change that has its only precedent in the Neolithic revolution, if not in hominisation itself.  And in Italy this debate is anything but absent, not only because of my own modest contribution, but also because of a local awareness of the importance of the subject that is spreading ever further across the ideological and intellectual spectrum. 

Besides, in the short term, the bio-luddite technophobes on the one hand, and the transhumanists on the other, are objectively allied – if for no other reason than the common goal to raise public awareness that an era is over, that “business as usual”, which implicitly leaves it to the market and to abstract juridical rules to choose in our place, is both impracticable and potentially catastrophic.

The comparison you propose between the biopolitical revolution and hominisation is very interesting.  Before discussing this subject, however, I should first like to dwell on another matter: you fleetingly mentioned transhumanism.  What is it?  How does “biopolitics” relate to “transhumanism”?  Would it be the case that the former keeps the more “neutral” and “descriptive” tinge of a phenomenon that is actually taking place, while the latter indicates a specific path on which to direct the on-going mutations?  Is this correct?

Transhumanism is at once a very simple position, and a loosely organised galaxy of associations, authors, foundations, and initiatives existing primarily online.  As such, it effectively represents one of two poles around which rotates the paradigm shift that goes under the name of “biopolitical revolution”; the other pole is of course the one that transhumanists somewhat pejoratively refer to as “neo-luddite” or “humanist”– even though the respective alignments are still in the making, and still remain partly overshadowed by the residual weight given to other kinds of affiliation (such as the hazy ideological shades that might still be left in the nineteenth century distinction between “rightwing” and “leftwing”).  Now, not only it should be abundantly clear to everyone even vaguely familiar with my ideas that I stand firmly in the transhumanist camp, but in the last few years I have also actively participated in “organised” transhumanism, especially by serving as board member of the Associazione Italiana Transumanisti (http://www.transumanisti.it), by taking part in international forums on the topic, etc.

On the other hand, “transhumanism” in its wider sense, and when boiled down to its core “meme” (to use the concept Richard Dawkins forged in The Selfish Gene to refer to basic cultural units), means simply this: it is legitimate and desirable to employ technoscientific means to take charge of one’s own destiny and go beyond the human condition.

41UWKEWlVbL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgIn this sense, transhumanism today stands at once for something more and for something less than my own personal take on matters of biopolitics.  Something more, in the sense that it consists of a very diverse spectrum of positions and backgrounds that, although mostly finding themselves on an inevitably converging path, still include some, in my view, residuals of outdated ideas derived from monotheism, albeit in a radically secularised form.  Something less, in the sense that my vision of the challenges and radical changes that are looming is based on a quite specific philosophical perspective, that many transhumanist trends and thinkers have as yet adopted (at best!) only implicitly.

And what exactly is that perspective?

Clearly, I think that the “fundamentalist”, overhumanist and posthumanist version that I stand for represents in the last analysis the only viable outcome for any consistent transhumanism.  And, conversely, that a rejection of decadence, of Fukuyama’s end of history, of Brave-New-Worldish cultural and anthropological entropy, in one word of the Zivilisation that today wants to project itself to eternity, of Nietzsche’s “Last Man”, of Gehlen’s “late culture” or Heidegger’s “oblivion of Being”, can really take us forward only if based in a “new beginning” of transhumanist inspiration.  Modern technology, with its futuristic capability to insert mutations in our environment and in us, is a Moloch that has been awakened after two thousand years of monotheistic repression of the European subconscious and of desacralisation of the world, but it is also something that will lead either to an outcome most likely to be catastrophic, or to as radical a rupture with our recent past as was the Neolithic revolution with respect to what came before it.  As Hölderlin writes in Patmos, “Wo aber Gefahr ist, wächst das Rettende auch.” (“Where poison grows, there too sprouts the remedy.”)

You mentioned the very Heideggerian expression of “a new beginning”.  This takes us back to what we said earlier when we compared the “biopolitical revolution” to the “Neolithic revolution”.  It would seem, then, that these future changes awaiting man in the scarcely begun third millennium retain in your opinion an undeniably “archaic” aspect.  How come?

“Archaic” literally means “initial”, “primordial”.  Accordingly, it may refer to the origin of what we are, as living beings, species, races or cultures; or it may refer to an origin that is yet to come, to our ability to become this origin.  Current linguistic usage privileges the first sense, and gives it a negative twist: the origin obviously does not embody all its subsequent developments, and in a way its residual, contemporary fossils reflect only a fraction of the potential which has in the meantime unfolded, thus betraying and denying its own developments and deployments. Such fossils represent then only the dream of a “reversion to the past” that has nothing to do with the original position of those who instead created, precisely through a revolution, a rupture with the world that came before them.  This is the reason why I have always been reluctant to adopt Faye’s word “archeofuturism”, be it just as an easy slogan; this, and because of archaic features that are already intrinsic to Futurism as those of one who posits or claim to posit himself as the origin of a new age, including that kind of nostalgia that is essentially a nostalgia of the future.  Furthermore, it may pertain to man as an historical animal – at least in the interpretation of history given by authors like Friedrich Nietzsche or Giorgio Locchi – that he is unable to plan, to conceive a revolution unless he can base it on the claim to a heritage. Viewed in this light, such a claim is a variable feature of every time and tendency and movement: the only difference with overhumanism is that this mechanism is consciously adopted, and radically so, because the depth of the desired transformation and the greatness of the collective destiny are assumed to be proportional to the historic depth that one is able to assume as one’s own.

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This brings to mind Nietzsche’s famous idea that “the man of the future will also be the one with the longest memory”, doesn’t it?

Exactly.  From this perspective, it is not by chance that the coming of age of contemporary technology and the gradual emergence of biopolitics, as a demand for human self-determination that digs into every aspect of our bodily and physical and spiritual “environment”, coincides with the gradually expanding knowledge of our most remote history.  In such a perspective, as already mentioned, the only precedent that might – just – be compared to the paradigm change that is taking place today is indeed that of the Neolithic revolution – and especially, from my point of view, how it interweaves with the response given to it by the Indo-European culture, which was partly its result, and partly its cause at least with respect to how the Neolithic age actually came to take on the shape it did.

In fact, hundreds of thousands of years after hominisation, it is with the Neolithic revolution, some time after the end of the last Ice Age, and in yet another impressive stage of the project of self-domestication that denotes the adventure of our species, that a “second man” emerges for the first time.  This Second Man is of course the man of agriculture (and the correlated sedentary lifestyle and first demographic explosion), of “towns”, of politics, religion, traditions, division of labour, of what has come to be called “pyric technology”, of the great Spenglerian cultures.  At the time of the Second Man, the “natural environment” becomes for the first time a cultural environment.  Not only is the natural environment henceforth influenced and moulded by the presence of man, but the human factor properly speaking becomes inextricably interwoven with the purely biological factors in a combined action at once on the individual phenotype and on the selective pressures that shape his genetic lines.

Fascinating...

Spengler wrote: “[At this point,] the tempo of history is working up tragically.  Hitherto, thousands of years have scarcely mattered at all, but now every century becomes important.[...]  But what in fact has happened?  If one goes more deeply into this new form-world of man’s activities, one soon perceives most bizarre and complicated linkages. These techniques, one and all, presuppose one another’s existence. The keeping of tame animals demands the cultivation of forage stuffs, the sowing and reaping of food-plants require draught-animals and beasts of burden to be available, and these,again, the construction of pens. Every sort of building requires the preparation and transport of materials, and transport, again, roads and pack-animals and boats. What in all is this is the spiritual transformation? The answer I put forward is this — collective doing by plan. Hitherto each man had lived his own life, made his own weapons, followed his own tactics in the daily struggle. None needed another. This is what suddenly changes now. The new processes take up long periods of time, in some cases years — consider the time that elapses between the felling of the tree and the sailing of the ship that is built out of it. The story that divides itself into a well-arranged set of separate ‘acts’ and a set of ‘plots’ working out in parallel in one another. And for this collective procedure the indispensable prerequisite is a medium, language.”

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Gehlen however remarked many years ago, much before bioengineering, nanotechnology or artificial intelligence existed even hypothetically: “The industrial revolution which today is drawing to a close marks in fact the end of the so called ‘advanced cultures’, that prevailed between 3500 BCE until after 1800 CE, and fosters the emergence of a new kind of culture, as yet not well defined.  Along these lines of thinking, one could indeed come to believe that the ‘civilised age’ as historical period is about to pass away, if one understands the word civilisation in the sense that has been exemplified by the history of the advanced cultures of humanity until today.”

So in fact what lies ahead is the end of the post-Neolithic age and of everything that pertains to it…

There’s no doubt about it.  But at the same time, the Neolithic turning point is the only example we have of what a response to the biopolitical revolution might consist in, the revolution that will see man “inherit the Earth”, and gain total responsibility for his physiology, psychology, identity, composition, and everything that will sustain and interact with him.  On this matter I refer to the distinction I make in my already mentioned bookBiopolitics between societies that have refused or ignored this sort of transformation, consequently heading more or less deliberately towards irrelevance and extinction; “cold” cultures that have tried to congeal early achievements into an endless repetition, somehow mimicking the previous stagnation; “tepid” cultures, active but unwilling “preys of history”; and finally the (Indo-)European response and the myth it gave rise to. It is of course this last response I have in mind when I take the Neolithic revolution as a model.  And it is also interesting to notice that if the rupture that is currently about to take place is likely to be even more radical, and in this sense more similar (since it will necessarily lead to a posthuman outcome) to hominisation itself, the most recent studies tend to emphasise how the time of the Neolithic revolution is one of significant biological mutations, of which only a few years ago we had no idea.

81DYW0uwLtL.jpgNicholas Wade writes in Before Dawn (Penguin 2006): “The recent past, especially since the first settlements 15,000 years ago, is a time when human society has undergone extraordinary developments in complexity, creating many new environments and evolutionary pressures. Hitherto it has been assumed the human genome was fixed and could not respond to those pressures. It now appears the opposite is the case. The human genome has been in full flux all the time. Therefore it could and doubtless did adapt to changes in human society”. Inferring from the studies Wade uses for illustration, these changes include among other things the gradual spread, originating in Europe, of genetic traits that would indeed have influenced the cognitive performance of our ancestors!

It has also already been remarked elsewhere that in a certain sense history’s major cultures represent grand experiments in eugenics and/or inbreeding, inasmuch as they not only clearly result from originally different populations, but also consciously or unconsciously end up selecting for arbitrary, different and – as Peter Sloterdijk remarks in Regeln für den Menschenpark (Suhrkamp Verlag KG, 1999)– totally artificial traits, in a loop that ends up reinforcing and evolving the initial features in unpredictable ways. Here too the Third Man, who according to my prognostics is summoned to command the biopolitical revolution, can perceive the true level of magnitude of the transformation, which is not that of the first green revolution in agriculture going back to the fifties and sixties of last century, nor that of the nineteenth century Industrial revolution, but of the one that began eight or ten thousand years ago.

Before we continue it might be a good thing if you clarified the nature of this figure, the “Third Man”, that you just mentioned.  What’s it about?

The expression “third man” does not in itself refer to a new species or a new race (even though biological mutations are inherent in the origin, and even more so in the implications, of the term in its wider sense).  And even less does it connote some next step in the cultural progress of “humanity”.  It is merely an anthropological Idealtypus, a category of philosophical anthropology, discussed in greater detail by Arnold Gehlen or Giorgio Locchi, but intrinsic also in the converging intuitions of many authors of different leanings and objectives, from Ernst Jünger to Herbert Marcuse, from Peter Sloterdijk to Martin Heidegger to Filippo Tommaso Marinetti, and the definition of which bears deeply on man’s essence, the rein-menschliches, and its relation to technology at a time of profound upheaval.

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In this light, the “first man” would be represented by what the anthropologists call the “behaviourally modern man”; he is the hunting-and-gathering being who self-creates through the adoption of language and magic, which allow him or her to identify with models borrowed from the environment in which he is immersed in order to make up for his natural shortcomings and exploit his ethological plasticity, thereby becoming the “omnibeast”, the “open-ended” animal.  The Second Man, on the contrary, is represented by the emergence, precisely with the Neolithic revolution, of the new diverse, long-lasting and fast-changing ways of life and artifacts, the differentiation and affirmation of which are well illustrated by the biblical myth of the Tower of Babel.  If the “first man” epitomises the ability to mirror his environment and recast himself therein, and the second man the ability to modify and choose his own self – also biologically - by shaping his own specific environment (Umwelt), the Third Man is then the one who masters this process, which has necessarily become self-conscious and deliberate inside an environment which, at least within the Earth’s biosphere, can from now on be nothing other than through and through artificial – even when it is intentionally architected to maintain or recreate the idea of an arbitrarily, and culturally identified, image of “nature”...

Could you elaborate?

In other words, if the cultural texture of the selective pressures and environmental influences that shape individuals and their communities is what determines the humanity of the “second man”'s phylogenesis and ontogenesis, in the Third Man these processes are themselves cultural products.  With the third man, when the technologies of transportation, storage and long-distance transmission of texts, data, sounds and images, modern medicine, computation, engines running on physical and chemical energy, emerge, then our “extended phenotype” alters both gradually and dramatically until transforming into a cyborg or at least into a fyborg ( (a “functional cyborg”, as described by Gregory Stock in Redesigning Humans, Mariner Books 2003).  So, it is not by chance that the arrival of this “third man” immediately opens up a new perspective of eugenic self-determination, which the new responsibilities now weighing on us render both possible and necessary – as do the potentially catastrophic consequences of the process of his own affirmation.

It should be added, as I have done elsewhere, that the above mentioned anthropological types are of course to survive, and their histories to overlap to a certain extent, at a geographical or cultural level – at least until the deplorable and final establishment of a global Brave New World -, at a social level, and in individual psychologies and reflexes, as the reptile may in general terms survive in man; exactly like pre-Neolithic cultures, for instance the Australian aborigines, have somehow managed to survive until now, or at least until the beginning of last century.  Actually, if the past is a good precedent for the future, the sociology of the third man might have a few surprises in store  for us concerning the commonplace of an “evolution” that would be “reserved to a few”.

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Meaning?

In the post-Neolithic society, contrarily for instance to Guillaume Faye's hypothesis in Archeofuturism (Arktos Media 2010) that the future might bring us modi vivendi with two velocities, it is in fact the elites, if anyone, who perpetuated archaic ways of life, albeit in an idealised and largely symbolic form. The king's park, as I stress in Biopolitics, does not consist of cultivated fields around densely scattered farms, but of essentially uninhabited gardens, orchards, hunting grounds, areas set apart for the occasional and highly ritualised combats (duels and tournaments), where until relatively recently the aristocracy still mimicked lifestyles more than a little related to those of hunting-and-gathering cultures.  While for most people daily life, for better or for worse, had been much more disrupted by on-going historical mutations than for those who found themselves to organise and manage such mutations.

But what would be the corresponding changes applicable to the Third Man?

Of course, with respect to the Third Man, if the origin of this transformation might be that the geographical exploration of all land above sea level and the first industrial revolution had essentially been exhausted, it is the promise of the technologies subsumed by the umbrella term defined by the expression “bio-nano-info-cogno” that represented the final point of rupture with the “old” lifestyle.  So, to conclude, I will adopt a metaphor taken from computer science, with all due caution required when dealing with metaphors: if with respect to the somewhat static and repetitive behavioural modules of chimps and gorillas we could “poetically” compare the first man to a calculator, who would for the first time make it possible to add, multiply or divide arbitrary integers, then the second man would correspond to a universal and programmable computer, such as the PC that stands on everyone's desk, and the third man could be likened to an artificial intelligence capable of self-programming.

This idea of man consciously self-designing calls to mind what Craig Venter, the American scientist once more made famous by the announced creation of a lab-synthesised chromosome, recently declared in an interview with the BBC: “The synthesis of an entire human genome in a test tube will be possible already in this century, but I don't think that it will take place, because we scientists are all against this kind of experiments on humans. This of course doesn't rule out that someone will do it next century, or attempt to change some pieces of DNA to improve some physical features”.  What do you think of this?

I think that, with all due respect for Venter and for what he has achieved until now, to speak of “all we scientists” is stretching it, because scientists' stances are (luckily) spread across the whole spectrum of opinions found inside the communities where they are active, even though there are important statistical discrepancies  (for instance, on average, American scientists subscribe much less to Intelligent Design than does their society at large), and often they feel  a degree of solidarity with the aspirations alive in these communities. In fact, contrary to Venter’s view, I daresay that if something is doable, and likely to be advantageous to those concerned, then it is pretty likely that sooner or later someone will go ahead and do it.  Nevertheless, what a repressive legislation is able to affect is the when, who, where and why (here in the sense of “to what end?”, “in whose interest?”).

413sardSmGL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgAs Gregory Stock say in Redesigning Humans (op. cit p113): government regulations “in this area are unlikely to alter the fundamental possibilities now emerging.  The legal status of various procedures in various places may hasten or retard their arrival but will have little enduring impact, because, as already noted, the genomic and reproductive technologies at the heart of GCT [germinal choice technology] will arise from mainstream biological research that will proceed regardless.  Bans will determine not whether but where the technologies will be available, who profits from them, who shapes their development, and which parents have easy access to them.  Laws will decide whether the technologies will be developed in closely scrutinized clinical trials in the United States, in government labs in China, or in clandestine facilities in the Caribbean.”

On the other hand, it is within the realm of possibilities that an indefinitely expanding and ever more pervasive system of social monitoring, aimed at exorcising such a prospect, will emerge.  For instance, regarding human reproduction and genetic engineering, when the relevant technologies will be available to everybody, not much beyond the level of a children’s chemistry set, in order to prevent their adoption we shall have to enforce the sequestration of all ovules and spermatozoa from their natural holders in order to prevent their manipulation, institute a database of “natural” species and race that it shall be prohibited to bypass, and create laws that make testing of all pregnancies compulsory to verify that they are the result of one’s own ovule, fertilised by a randomly selected partner of unknown genetic identity, and that all pregnancies must be carried to completion while the nature of its fruit remains in the dark. 

A terrifying scenario, which however is  hardly sustainable in the long run...

Effectively very hard indeed, and this despite efforts of  “bioethical committees” and of reactionary legislators.  In fact, in a conference in 1998, James D. Watson, the Nobel laureate and father of the Genome Project, and with Francis Crick, the discoverer of DNA, long before his crucifixion by the media that recently affected him, at the age of eighty, because of some not-really-politically-correct statements, when confronted with the usual litany of the difference between the “good” genetic engineering that aims to “cure”, and the “bad” one that aims to modify or meliorate, stood up to say: “No one really has the guts to say it, but if we could make better human beings by knowing how to add genes, why shouldn’t we?” Stock adds: “Watson’s simple question, ‘If we could make better humans…why shouldn’t we?’ cuts at the heart of the controversy about human genetic enhancement.  Worries about the procedure’s feasibility or safety miss the point…” No one is seriously worried about what is impossible.  “Some critics, like Leon Kass, a well-known bioethicist at the University of Chicago who has long opposed such potential interventions, aren’t worried that this technology will fail, but that it will succeed, and succeed gloriously.”

Another frontier which, to the dismay of scandalised bioethicists, is on the verge of being conquered by science, is human cloning.  It was recently announced that a team of biologists of the Oregon National Primate Research centre of Beaverton, USA, would for the first time successfully have cloned tens of embryos from adult monkeys, and this demonstrates that primates too (and therefore humans) can today be cloned. What do you think of this scientific practice, considered by many to be the very incarnation of the conformist and egalitarian spirit of the system of power in place?

Cloning is a term that generally refers to the possible asexual reproduction of sexually reproducing animals and plants.  In stricter terms, it is in principle a banal procedure, although technically difficult in the case of higher animals, that consists in substituting the genetic material of an ordinary, and therefore diploid, cell to that found in an ovule, which consequently develops, with no prior fecundation, an embryo which for most practical purposes is a twin of the donor.  This method of asexual reproduction is equivalent to parthenogenesis, which consists in stimulating a ovule to duplicate its genetic code in order again to have it develop into an embryo that is genetically identical to the mother and so, contrarily to the best-known religious narrative about human parthenogenesis, inevitably female.  And it is equivalent to any intervention that causes an embryo to split while still at the totipotent stage, which as known does not induce the growth of two “half-foetuses”, but of two genetically identical foetuses.

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The latter technique presents us with an “interesting” theological dilemma with respect to the soul of the original embryo: does the soul of the original embryo split as well? Is it miraculously supplemented, in favour of either randomly chosen foetus, by  and additional one? Or, if actually two brand-new souls are instead supplied, does the first soul “return to heaven”?  Luckily this problem has been solved by the Italian parliament, with Law n. 40/2004, so-called on “assisted procreation”, even though it plainly concerns several additional issues.  According to article 12, paragraph VII, of this statute, which puts all these procedures in the same basket, “whoever implements a procedure meant to obtain a human being descending from a single initial cell, and possibly with identical nuclear genetic heritage to that of another human being alive or dead, shall be subject to imprisonment for a duration to be determined between ten and twenty years and to a fine between 600000 and 1 million euros.  If he is a medical doctor he shall in addition be permanently barred from the practice of medicine».  Now, given that this sentencing guideline is more severe than that concerning punishment of involuntary homicide and assisted suicide in the Italian jurisdiction, we know that our legislator, in the spirit of the paranoia stemming from bioluddite circles and the so-called movements pro... life (!), regards as homicidal the quite trivial decision to provoke the birth of two monozygotic twins – a phenomenon that occurs spontaneously in about one in 300 pregnancies without causing bereavement in the family, social alarm or for that matter any attempts to prevent it... 

Besides,  it is significant that the “pro-life” concerns of these milieux are especially directed against reproductive cloning, which after all yields individuals destined to have a normal life, while they find it somewhat more difficult to attack the so-called “therapeutic cloning”, the purpose of which is the development of stem cells necessary to cure the sick, although this procedure results in the inevitable destruction of all the utilised embryos; so that those movements tend in this case to prioritise the promotion of competing alternative procedures (adult stem cells, etc.) rather than investing in unconditional criminalisation campaigns.

Is it not true, on the other hand, that therapeutic cloning and reproductive cloning are simply the two faces of the same coin?  Aren’t the distinctions between them just byzantine, specious and doomed to be outstripped by events?

It is very true.  And it is just as true that the one makes the other move forward.  While it is unclear whether there are already cloned children walking among us, it would only require the implantation into an available uterus, with methods now tried and tested, for the human embryos generated from casual cells since May 2005 in the United Kingdom and Korea for possible “stem cell therapies” to turn into children, thus guaranteeing the indefinite repeatability of interventions and experiments.

71RJu8sJZLL.jpgSuch prospects have also become increasingly realistic by the announcement of recent breakthroughs in the cloning of embryos from the cells of adult primates; and, before that, by English research programmes that hint at the feasibility of human DNA transplants into ovules of bovine origin, a practice which would avoid the complicated and rather unhealthy procedure necessary to remove several ovules from human donors.  Hence cloning, perhaps just because its realisation is already in sight, becomes “the” primary target of the whole bioluddite movement throughout the world.

As Brian Alexander writes in Rapture (Perseus 2003, p 129), “The reality of cloning and stem cells pulled bio-Luddites like Kass from the margins and galvanized a strange coalition between conservative politicians, Christian evangelists, the Catholic Church, leftwing intellectuals, and green environmentalists, all of whom realized, like the bioutopians, that gene technologies, welded to stem cells and cloning, might finally permit humans to decide their own biological future.  With cloning technology it was now possible to genetically engineer a cell with some desired trait, insert that cell into an egg, and get a custom-made creature.  That’s why it was invented.  Stem cells made that prospect even simpler, just like they had for making customized lab mice.  Those prospects drove the unlikely alliance. […] No amount of hyperbole was too much if it succeeded in scaring the bejesus of the public.  Kass even equated the fight against the evils of biotechnology to the battle against international terrorism: ‘the future rests on our ability to steer a prudent middle course, avoiding the inhuman Osama bin Ladens on the one side and the post human Brave New Worlders on the other’”

Of course the popularisation of these 'battles' continues to generate monsters...

Certainly.  In the debate on American law against human cloning, that the Bush administration has actively tried to extend to the rest of the world, in particular via the United Nations (see resolution no. 59/280, “The United Nations Declaration on Human Cloning”), the proposer of the parliamentary bill Cliff Sterns from Florida made matters splendidly clear: “When you do a clone, there are these tentacles, part of the ovum.  They remove that.  There’s an actual term for that.  When you clone, you don’t have an exact clone of the ova material.  The tentacles are all removed…The clone would not have these and yet you and I have these when we are born.  If we clone ourselves, we would not have them.  We would have a category of somebody, people who did not have these tentacles and these might be superior or inferior people”.  As Alexander comments (Rapture, op.cit. p140): “This was the sort of explanation that made scientists bury their faces in their hands, speechless.  But such misconceptions were popular.  On April 14, 2002, pundit George Will appeared on ABC’s This Week with George Stephanopoulos and argued that all forms of cloning, therapeutic or not, should be banned because ‘these are entities with a complete human genome’.  In fact, just about every cell, red blood cells being one exception, has a complete genome.  By Will’s logic, you could not tamper with any cell in the body, even cancer cells.”

Things quickly get paradoxical when thinking along these lines...

Now, it is evident that, while cloning may strike the areas of the public who are collectively more receptive to bioluddite and politically correct propaganda, owing - paradoxically - to the dreaded risk that humans might indeed become...all equal, it does not per se increase the odds of a reduction in genetic diversity for the species concerned. Actually, not only does cloning enable science to study the heredity of specifically human traits such as “intelligence” without the limitation of work on natural monozygotic twins (and only people who fear the results of these studies will dispute their value for anthropology, public health, education, etc.); but it also makes it possible to investigate how identical genetic endowments, perhaps pertaining to individuals that are phenotypically exceptional in some respect or other, are expressed in different, and indefinitely renewable, contexts. In fact, objecting that the price to pay for knowledge of this kind would be an ever greater “uniformisation” of the human genus – an oddly paradoxical criticism in a culture where equality and conformity are considered positive values and goals – is only valid with regard to the choice to create a very large number clones of a single, or very few, individual(s) while preventing everybody else to reproduce.

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Gregory Stock writes: “The very fact that human cloning has become the rallying point for opposition to emerging high-tech reproductive techniques emphasizes the challenges ahead for that opposition.  Human cloning is largely a symbol. It appeals to only a tiny fringe.  It does not yet exist.  There could be no easier target for a ban.  And whether or not restrictions are enacted makes little difference, because as Kass and Fukuyama must know, if procedures for human cloning do not arrive through the front door, the will come through the back, probably propelled by state-supported research on embryonic stem cells […] Attempts to prevent cloning in the United States or Europe would simply shift the effort elsewhere [...] At the end of 2002, Britain announced it would add an additional £40 million to the £20 million it had already committed to stem cell research.  Japan is building a big centre in Kobe that will have an annual budget of some $90 million.  And China and Singapore are also moving ahead aggressively”.

In reality, a cloned individual implies a genetic loss for his species only in the case in which his birth correlates to an extinction of the genome of the potential reproductive partner of his or her parent; that is, in the case in which the sexual partner is not destined to reproduce because of the parent’s choice to give birth to a clone.  Short of this, reproduction via cloning does not entail more depletion of genetic diversity than does the natural occurrence of monozygotic twins in higher animals and in humans, or the reproduction via parthenogenesis of plants and animals that can resort to this as an alternative to sexual reproduction.  On the contrary, in the case of animals, cloning is already used as much to perpetuate the lineages of animals with exceptional characteristics as to conserve species on the verge of extinction.  Similarly, human and animal cloning could well be deliberately used to defend biodiversity, just as much as to reduce it; that is, to preserve and spread desirable differentiations inside a given population, that perhaps would otherwise have been destined to disappear and to be reabsorbed, possibly in the framework of more general dysgenic trends arising from present-day lifestyles, ensuring their  transmission to the immediate offspring of the individuals concerned, and their protection from the genetic roulette of sexual reproduction.

Your reflections on technoscientific interventions on “man's humanity” seem to draw a fundamental line of demarcation between your position and the traditional outlook of the so-called “Nouvelle Droite”, with which you had connections in the past: in fact, when this French school began to think about technoscience and sociobiology, the positions they expressed were still too “rightwing” with respect to your current theses. At that time, that is, the challenge was that of “biological realism”: namely to show (thanks to Darwin, Eysenck, Lorenz, etc.) how inequality, conflicts, hierarchies and territoriality were “natural” facts, in opposition to the abstract ideology of judeo-christian and leftwing egalitarianism.  With Biopolitica, however, you sound closer to a form of “biological constructivism”than to a mere “biological realism” .  Is that so?

5752.jpgIn fact, the “Nouvelle Droite”, precisely from the moment when it accepted this appellation, has had a constant inclination to shun any sensitive subjects of a biological or biopolitical nature.  However, prior to that time, and even before I came in contact with its principal exponents, it had certainly played an important role in the divulgation and philosophical assessment on scientific (ethological, psychological, psychometric, genetical, anthropological, etc.) discoveries of the fifties, sixties and seventies of last century; thus reviving the debate and demystifying the idea, until the seventies almost taken for granted by human sciences, of man as a tabula rasa (see Steve Pinker, The Blank Slate, Penguin 2003), and of a humankind clearly set apart from the rest of the biosphere and internally undifferentiated, whose behaviour as well as individual and collective variations would be dictated by purely contingent factors.  But the alternatives innate/acquired, nature vs nurture, have always been a foolish and journalistic way of putting things, and in fact the nearly exclusive prerogative of those biased in favour of the second term of such dichotomies.  In evolutionary terms, it is clear for example that it is the environment which selects the variants found inside a species, or that allows genetic drift to act through the reproductive segregation of subpopulations.  Similarly, in the specific case of the human species, its specific environment itself, as Peter Sloterdijk stresses (op. cit.) is always a largely cultural product; therefore cultures are in fact large scale experiments in self-domestication and goal-oriented selection, especially when it comes to sexual selection.

But cultures, in their turn, even though they are subsequently transmitted by “memetic” diffusion, are necessarily the creation of a specific people, whose identity and composition are thereby reflected in a unique and unrepeatable way, reinforcing and modifying its characteristics via an altogether artificial feedback loop, thus defining lifestyles, collective values and correlatively differentiated reproductive successes for its members, and differentiated from one culture to another, from one society to another.  It suffices to think of something that is by definition cultural like languages: even today, as has been shown by, for example, Luigi Cavalli-Sforza (Genes, Peoples, and Languages, University of California Press 2001), the existence of a linguistic barrier drastically reduces, from a statistic standpoint and for equal geographical distances, the genetic exchange between communities; this in turn tends to create a more entrenched and complex diversity that is not only phenotypical.

It follows that, once one has accepted the idea that “God is dead” and that “man is summoned to inherit the earth”, it becomes immediately clear that also our own “nature” is destined to become, and this in a novel and deeper sense than has been true hitherto, the object of a culturally deliberate choice. 

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Therefore I cannot see, at least among the people writing at the time for the magazines and reviews of the Groupement de Recherche et Etudes pour la Civilisation Européenne or of Alain de Benoist, many believers in the doctrine of an eternal, uniform and immutable human nature, even though it is effectively a traditional reactionary Leitmotiv against “social” - but until the nineteen twenties also eugenic -  experimentalism by the European (but not only European) left. The contrary would have been paradoxical, given the French movement's insistence on anti-egalitarianism, and on ethnic and cultural identity.  It is not a coincidence then that Yves Christen, the author in the winter 1971 issue of Nouvelle Ecole of one of the best studies on pre-biotechnological eugenics of the time, wrote at the same time Marx ou Darwin, L'Heure de la Sociobiologie, but later, and more recently, Les années Faust. La Science face au vieillissement, which was one of the first French popular books on matters of longevity and on the possibility, now debated, of “forcing” current human nature to this effect.  There is as well no need to recall the firm and consistent bio-Faustian positions of Guillaume Faye – a character who has certainly moved away from what had in the meantime become the Nouvelle Droite, but who has made major contributions to its original thematics –; they are manifest throughout all his more strictly philosophical works.  Or even the convergent, though distinct, position of Charles Champetier, who at one stage was one of the animators of the French transhumanist movement, in particular with the site at http://www.lesmutants.com, and who published on Eléments the article “Avec les robots, par delà le bien et le mal”. Therefore, those who have been involved with such milieux and share the idea that the current biopolitical revolution is a central issue, are very unlikely to have “rightwing” positions on these matters. For those instead who have in the meantime “turned right”, mostly they are no longer interested in these issues, and when and if they are they appear more likely to be influenced by Arne Næss’s “deep ecology” than by the traditional belief that human nature would be universal and immutable.

What we're left with, out of the biopolitical efforts of the GRECE, is the positive element of “realism” your question refers to: namely that it is foolish to elaborate philosophical or sociological theories on, for instance, aggression or sexuality or social ranking without taking into account the extent to which these aspects are simply dictated by our evolutionary history and correlatively by our ethological, genetical, neurological and endocrinological make.  This element deserves to be retained, both in terms of amor fati to set against the various humanist frustrations on these matters, and in view of a later and deliberate development of precisely this biological “nature”.

51UVqg3ZDVL._SX325_BO1,204,203,200_.jpgIt is however undeniable that the age of genetic engineering, of cybernetics and of nanotechnology predisposes us, also conceptually, to a major quality leap. Many now explicitly speak of a “posthumanity”.  Would man, in fact, be destined to vanish like “a trace in the sand between an ebb and a tide” in the words of Michel Foucault? Who added that “man is a composition who only appears between two other, that of traditional past that knew nothing of him and that of a future than will no longer know him.  This is a cause neither of pleasure nor of lamentation”.  Is it not not a widespread opinion that manpower has already coupled with the power of another kind, that of information, and that together they compose something distinct from man, that is indivisible “man-machine” systems, where man has been inextricably linked up with third generation machines? A union based on silicon rather than on carbon?

Man is definitely a borderline figure, a “stretched rope” in the ultra-famous words from Nietzsche’s Zarathustra, and it is no accident that that humanism's final success (in the sense here not of the Renaissance’s Humanism, but as the fulfillment of judeo-christian theo-anthropocentrism, including in its nowadays dominant secularised version) has been raising, now for more than a century, the issue of going beyond man.  “Going beyond” becausethis appears, in the Wagnerian sense, what the “specifically human”, the rein-menschliches, really is; at least for those who see such “going beyond” precisely as our destiny, outside which one finds accordingly not only the renunciation to the “overhuman”, but also, as a consequence, to the “human” quality itself.  Now, if this issue has been with us for a long time, today is is our immediate horizon, both because of the new light in which we interpret man's relation to his artificial environment and because of the “quantic leap” represented by the (possible) coming of the “third man” already mentioned.  Even before Roberto Marchesini (Post-Human. Verso nuovi modelli di esistenza, Bollati Boringhieri 2002), Richard Dawkins emphasised how the traditional conception of the living individual as defined and limited by a “body” is no longer adequate, and replaced it with that of the “extended phenotype” (The Extended Phenotype: The Long Reach of the Gene, Oxford University Press 2002), in which the organism is a set of complex relations with the surrounding world, its parasites, its symbionts, its material and non-material tools, its nutrition and its predators.

If this is true, given that it isn't functionally possible to abstract an oyster from its shell or an ant from its anthill, before we even become cyborgs, we are already, all of us and increasingly so, what we have seen Gregory Stock call “fyborgs”.  Our cognitive, sensory, immunitary, digestive, locomotive, predatory capacities as well as those of mechanical work and of climatic adaptation, are radically mutated by a heap of tools, devices, procedures, interactions and techniques so powerful that their growth curve, after having increased at a steady rate for thousands of years, appears today to have taken on an exponential form.

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As Roberto Marchesini emphasizes in Posthuman.  Verso nuovi modelli di esistenza (op. cit.), it is naive to believe that all this points to changes in “the external world”.  It points, and always has pointed, to changes inwhat we are, not abstractly but practically.  This is just made more obvious when this metaphorical “body” is itself invaded by anything from dental fillings or hip replacements, contact lenses or pacemakers - but today much more radically and arbitrarily by cochlear and retinal implants, by plastic surgery, by subcutaneous RFIDs, up to the first experimental neuronal interfaces with digital devices and equipment.

And this process seems to be accelerating...

Clearly, owing to the stage, still rather rudimentary, of these technologies, they are mostly restricted for the time being to therapeutical  and prosthetic applications. Why replace two perfectly healthy legs with mechanical prostheses when any when any gain in performance thereby obtained would easily be outdone by a motorbike?  And above all, speaking for instance of man-computer interfaces, sight, touch and hearing have for thousands of years been selected for as preferential cerebral input channels, so it is reasonable to expect that before running into genuine bandwidth limitations we can look forward to a great many enhancements in our use of these channels.  Nevertheless, if fictions such as Robocop, Bionic Woman or The Six Million Dollar Man continue to view human enhancement as a response to very serious physical damage, today the athlete Oscar Pistorius has demonstrated how performances allowed by devices designed to palliate a handicap already enable humans to surpass what is considered as merely “normal”.  And if the shortcomings arising from the transition to “all-artificial” solutions will gradually be going away, our experience in matters of vaccination or mammary prostheses teaches us that the “remedial” goals will simply become less and less relevant in comparison with the desire to modify or to enhance characteristics deemed “just” normal. 

9782226216441_1_75.jpgNaturally, as Hervé Kempf writes in La révolution biolithique (Albin Michel 1998) , it is absurd to dread (or, for that matter, to look forward to) a world in which we would be transformed into the caricatural robots of sci-fi movies from the fifties.  In fact, while genetic engineering continues to work with the organic stuff that has always made us up, our fusion with “silicon” is in any case bound to take place on a different level (and perhaps never to take literally place at all, given that much of the most promising research in the field of information technology or materials science actually involves...carbon!).  In other words, save perhaps for the experimentalism or the “tribal” trademarks of minorities who are heavily into “body modification”, such a fusion is bound to happen gradually as part of a cross-pollination between technologies and cultural paradigms, in such a way as to make their encounter go both unnoticed and unannounced in a world of increasing flexibility, freedom and morphological reversibility.  Which of course can yield things either horrific or splendid, decadent or vigorous, depending upon their use, and also upon how their use will be perceived.

Here, nothing new under the sun...

In any event, today more and more thinkers with interests not only in technology, but also in philosophy or anthropology, ask themselves questions and imagine scenarios, above all interpretative, about the momentous metamorphosis under way, almost invariably on the basis of some consideration of the essence of technology in its relation to man, an essence which ends up representing a form of converging “unveiling”, in the Heideggerian sense, of the limitations of humanism and of the “modernity”, as we have understood it so far, which is anyway undergoing a crisis in its philosophical, anthropological, epistemological and axiological aspect.  And here I am pleased to notice a surprising vivaciousness and keenness on the part of the Italian intellectual landscape - something which stands in sad contrast to the generally devastated condition of technoscientific research in our country, for which sporadic centres of excellence unfortunately cannot make up.

In particular, if doomsayers of various levels of perception express, albeit with a negative prefix, an understanding of these matters remarkably similar to my own, from Severino to Galimberti to Barcellona to Esposito, Italy is still the land of syntheses between postmodern (or better, in the words of Riccardo Campa, post-postmodern) criticism and downright posthuman positions such as those by Roberto Marchesini, Aldo Schiavone (Storia e Destino, Einaudi 2007) and Mario Pireddu (see Postumano. Relazioni tra uomo e tecnologia nella società delle reti, Guerini 2006).  While these authors may reject the more folklorically eschatological or millenial aspects of a certain American transhumanism, they all clearly share a rejection of more or less chimeric neoluddite evasions and an endeavour to think a posthuman culture.

31uFPdXEK2L._SX289_BO1,204,203,200_.jpgReturning to the main tenets of the Nouvelle Droite, something very similar to the Eysenck and Jensen affair, who had obtained much support at the time by de Benoist and company, has happened to the well-known biologist James Watson, attacked because he recently declared himself “inherently gloomy about the prospect of Africa because all our social policies are based on the fact that their intelligence is the same as ours—whereas all the testing says not really”. What do you think of this statement and of the polemics it gave rise to?

Frankly, what is really striking about the Watson affair, even more than its merits, is the extreme and paradigmatic meaning it takes on by showing how far and deep the blanket of conformism and political correctness, which today essentially chokes freedom of thought, speech and research all over the planet, has actually reached.  Of course we all know that there are people, above all but not only in the US, who go around with Ku Klux Klan hoods, wear brown shirts or wave the flag of insurrectional anarchy, absolute monarchy, satanism or stalinism.  All this is intermittently repressed, viewed at worst with a kind of resigned annoyance, but in reality it is mainly perceived as functional to the maintaining of status quo.  First of all, as a visible manifestation of an Evil for good citizens to point the finger at, in an Orwellian “Three-Minutes-Hate” style; and secondarily as a spectacular safety valve -  and sterilisation device - for whatever “drives” of radical dissent there might exist, whose most dangerous exponents are “emulsified” from the rest of society, and now and then eventually “skimmed off” via legal action and other means.  But all this concerns only the lunatic fringe, openly defined as such, and who in their heart of hearts is often all to happy to remain a lunatic fringe.

And therefore nothing to do with Watson...

Not at all: James Watson is a Nobel laureate, a certified genius, especially as the discoverer, together with Francis Crick, of DNA - a scientist whose towering figure has impacted on the whole of the twentieth century, on par with Heisenberg, Gödel, Chomsky, Einstein, von Braun or Lorenz.  At the age of eighty and at the end of his career, free from tenure, assignments or funding concerns, financially independent, author of many bestsellers still in print, all but outside the political arena, he could be considered as one of the least vulnerable of all people, be it to blackmail or to reprimands by the intellectual establishment. And yet, because of a passing remark, quoted out of context, he has been forbidden to give talks and to present his latest book anywhere in United Kingdom, has been pilloried by the media all over the world, has lost his (now nearly honorary) chair, which he has held for over forty years in the Cold Spring Harbor Laboratory, in addition to which he has been unconditionally and irrevocably banned by representatives of academia, by public agencies and institutes, by scientific boards.

71FbXk06QtL.jpgThis reveals the abyss between contemporary political correctness and what Alain de Benoist and others used to call “intellectual terrorism” in the seventies, for example with respect to the polemics over the outcome of psychometric research, on which de Benoist’s publishing company, Copernic, published in France a book called Race et Intelligence, signed Jean-Pierre Hébert.  At this time, Hans Jürgen Eysenck or Arthur R. Jensen were definitely attacked, even physically attacked, by a minority of politically active students, and  were prevented to speak on a few occasions.  But the controversial nature of their research was certainly not an obstacle to their invitation to public debates or to having their work printed, and in fact few public figures, even among their most scandalised opponents, openly admitted to wishing more than anything that their ideas be challenged and confuted.  Even in 1994 Richard J. Herrnstein still managed to publish, passably untroubled, The Bell Curve (Free Press 1994), on the bell-shaped distribution of intelligence, the conclusions of which were taken seriously at the time, despite the ritual anathemas.

And today this is no longer the case? What has changed in the meantime?

In the meantime what has happened is that “leftwing” students have become civil servants, politicians, intellectuals, researchers and administrators, who are by now totally integrated in the system, and mostly converted to conservatism; but their openness to freedom of speech and heretical opinions has not changed, and has even grown ever narrower because of influential positions held, mutual reinforcement, and the awareness that they are no longer part themselves of a vulnerable minority. Worse, the radical blanket described earlier has spread globally, implicating, if not the whole planet, at least the whole “Western” sphere.

But let us get to the merits.  What Watson said is a banality that has time and again been confirmed by empirical data.  The so-called “intelligence quotient”, just like most quantitative and measurable characteristics within a population, is distributed so that its curve has a “bell shape”.  This distribution curve, in other words, starts off with a small percentage at very low levels of the variable in question; then it grows, slowly at first, then more steeply, until it flattens out around the mean value; after which it decreases, and finally once again asymptotically tends to nought as it little by little approaches the most extreme, highest values.

Now, as is the case for practically all genetically influenced characteristics, the “bells” representing different components of the same population, or different populations, are not superposable at all.  More specifically, they can have a different shape (be for instance steeper or flatter), or their barycentre might be further right or further left on the axis of the quantity under consideration.  Hence, the remark, whenever their performance in solving IQ tests is measured, the average results of Ashkenazi Jews are higher than that of other “whites”; that “yellow” people have sharper differences between their average and maximum values; and that the performances of Americans with a recent African origin are lower than the US average, and those of individuals of the negroid race still living in Africa lower still.

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It is also the case that other characteristics or abilities (from velocity in sprinting, to the efficiency of the immune system, to empathy, to longevity) can yield, and do yield, entirely different results.  Not only that.  Contrary to the implications of the cheap irony dumped on Watson by an ignorant journalist with reference to the presence in his DNA (made public by himself) of around 16% of negroid genes, consistent with the existence of an unknown great grandfather or great great grandfather of African ethnicity, the scenario here described does not in any way exclude, and even foresees, that there must exist individuals belonging to populations exhibiting lower results who present values even noticeably above the average of more “favoured” populations.

Finally, in the case of intelligence quotient, even the researchers who give most weight to its innateness still regard the hereditary factor to account for no more than 70% of the differences encountered in our species, which at the individual level leaves quite a lot of room for the action of educational and environmental factors.

If this is the case, how do you explain the number of scandalised protests such studies give rise to?

In fact, I think that such reactions betray the biases of protesters more than those of the researchers in the field of psychometry.  In reality IQ tests measure only...the ability to succeed in IQ tests. As such, their results should not be taken more at heart than tests tests measuring the average tallness of a population; and, even less, interpreted as a value judgement of general nature on the individual concerned.  Indeed, they could even in theory be used to justify supportive measures or policies of “affirmative action”, along the lines of - just to make a quip - remedial baseball lessons for white Americans, hypothetically at a statistical “disadvantage” in this sport. 

Be that as it may, there is a problem.  Results in “intelligence tests” are statistically correlated - after all, that's what they exist for - on the one hand to scholastic success (not in terms of popularity among peers but in scores achieved), and on the other (even though to a weaker extent) to “success” tout court of the individual concerned inside contemporary Western societies, especially in social and economical terms, everything else being equal.

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The latter qualification is however of the utmost importance, because even though our societies love to fancy themselves as denoted by a high degree of social mobility, wealth is in fact mostly transmitted by inheritance; and in any event it automatically buys one’s own offspring, real or presumed, a better education, more important family connections, status and reproductive partners of better quality, thus contributing - also thank to a discrete level of class endogamy - to minimise in real terms any contemporary “circulation of the élites”.  Besides, many of the most resounding cases of upward social mobility in the West are in fact not correlated in the least with traits that could hypothetically be measured by an IQ test, but for example to physical appearance, sheer luck, or to one’s athletic performance in some sport or there.

For this reason, what the results coming out of IQ tests really hint at is basically the degree to which an individual has adapted to contemporary Western societies and to its mechanisms and selective criteria.  Now, it is obvious that this risks amounting to an ultimate value judgement for intellectuals and journalists blindly convinced of the objective superiority of this social model (“the best of all worlds”) over any other that exists, has existed or even has just been speculated about; and of the manifest destiny of this model to establish universal and eternal hegemony through a global uniformisation. And, even more, for intellectuals and journalists convinced that one’s socio-economical success in such a society represents the only, or at least the only relevant, objective criterion of differentiation among human beings, the goal suggested right, left and center to each and everyone, and the objective measure of everyone's worth.

It becomes therefore totally irrelevant that what IQ tests measure does not necessarily say anything about the fitness or the probability of success of the subject in other contexts, be these the jungle of Borneo or the Tibetan religious hierarchy or a youth gang in the Bronx, or - more important still - about other personal characteristics that might matter just as much or even more than one’s chances to get wealthy. And, at the same time, many regard as morally intolerable, not to mention politically unpresentable, the fact that obviously populations that for longer have  been adapting and selected (for better or worse) with reference to this model perform better according to the parameters, in no way universal, defined by that very model.

This is also what critics of IQ tests stress, without realising however that the fact that the tests are “culturally biased” is a truth at once much deeper than they think, and a truth inevitable in any kind of test, given that it is impossible in general to make measurements independently of the choice... of what one intends to measured. 

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In the light of all this, Watson's statement, according to which it is naive to expect that African societies will easily and rapidly be transformed into “perfect” Western societies, appears less “scandalous” than many claimed...

I should rather say that Watson’s statement seems in fact rather plausible.  Likewise, it is just as plausible, precisely in addition to what has repeatedly been confirmed by test results, that on average individuals in the American society who belong to to unfavoured social classes and/or originate from different ethnic groups may well on average achieve inferior results in what are the specialities of their “landlords”.

This also implies the paradoxical consequence that an Afro-American who attains the highest status in the American society is probably better adapted than a white American at the same level - more “intelligent”. This because not only has he had to excel in normal social competition, but he has also had to confront the natural presumptions created by the generalisation in his contacts (including perhaps in the same interested minority) of their own empirical direct and indirect experiences.  Thus, he is on average likely to be more economically ambitious, more conformist, more diligent, less scrupled, to have a higher IQ, and ultimately to possess a combination of these and other factors which may be useful for success in the relevant society that is on average higher than that enjoyed the members of the class, race or ethnicity generally favoured.

All this in fact seems to correspond to basic sociological, psychological and anthropological considerations.

That's right.  In addition, if the conclusions, in terms of biopolitics, that one might draw from them are several, and potentially contradictory, since they depend on fundamental choices of values, I still believe that one cannot get away from drawing conclusions.  For example, in the sense of moving beyond the ideology of the tabula rasa that still prevails in social sciences and popular culture; or in the recognition of  an inevitable phenomenon of “regression towards the mean”, in this case in terms of populations, that the prospective of a perfect melting pot - which would eliminate almost all forms of genetic drift and oriented selection depending on ethnic, cultural and environmental contexts – inevitably involves, to start with in terms of decreased biodiversity, flexibility and richness of the species' gene pool.

Also in this respect do the prospects of self-determination opened up by the biological revolution remain equally open.  We may expect, and hope, that the human species grows beyond itself in manifold ways and following a plurality of ideal models; or else we might end up with a universally imposed idea of optimality, of the “Ken and Barbie” variety, according to which, if today Michael Jackson displays his skin-deep ethnic pride by having himself depigmented, tomorrow African societies or ethnic minorities might basically be offered a biological uniformisation, both ethologically and intellectually, as well as at the level of mental processes, to values that are in fact “white”, and that actually one may well consider relative and instrumental also from an Europoid point of view, all the more so since these do not define any ultimate or objective concept of intelligence even in this more limited context .

It is indeed arguable that relatively remote ages of European history, is spite of the likely poor results their contemporaries would obtain in today’s tests, actually demonstrated lower vibrancy or creativity in any plausible sense. On the contrary, many consider our own achievements at least in part to be  the feats of dwarves on the shoulders of giants. In any event, it is true that in other times highly estimated parameters for the evaluation of someone's intellectual capacity consisted in the ability to memorise a huge quantity of formulae or facts, or to effectuate mental arithmetical operations on many-digit integers, in the manner of “idiot savants”. Today, the idea of endeavouring to genetically engineer, or eugenically select for, such a capacity would appear comical.  For tomorrow, it seems reasonable to expect that some abilities, which allow an individual to score very highly on IQ tests, will see their importance maintained or increase; others will see theirs decrease; others still will become completely irrelevant in comparison with entirely different abilities that perhaps are currently underestimated.

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One question that nevertheless lies “at the heart” of the Watson affair and that permeates, though more or less silently, all current debates on biology and genetics, is the one about the existence of races. The holy scripture of political correctness unambiguously informs us that the concept of race has no scientific value and that any statement to the contrary is a sign the utterer is a dangerous enemy of humanity.  How are things in fact?

Actually, my impression is that no one has any trouble admitting the existence of different races of horses or tigers.  The same goes for races of plants, commonly called varieties (when the latter does not simply refer to the... sets of clones of a single individual).  The taboo really concerns only human races, and it subjected to the “specieist” - even though allegedly “anti-racist” - view that men would be both of a nature and value transcendentally different from that of all other living beings, and at any given time essentially equal to one another – a concept the genealogy of which, especially religious, is easy to reconstruct.  This idea of “separateness” and “homogeneity” is besides easier to sell inasmuch as, if Sapiens are today divided in races and scattered all over the planet, on the other hand they are also the only and last surviving species of the Homo family – a scenario, for that matter, subject to change if ever a  research programme actually succeeded with the reconstruction and cloning of the DNA of Neanderthal specimens or with reverse engineering their genome and restore it to a living organism.

It should be pointed out, however, that the taboo this matter has been subjected to is increasingly running out of steam.  It proved impossible, for instance, to censure the news that, according to recent American research, the human immune system varies from race to race, with considerable differences from one ethnic group to another, something which has of course resounded in matters of pharmaceutical research and practice.

Not only that.  The taboo in question manifests its schizophrenic nature also in policies of positive discrimination (that aim to promote or protect the components of a given social group by reserving them exclusive quotas), or that target the repression of possible racially based discrimination.  Policies that are inevitably obliged to first of all acknowledge the reality of the racial fact.

What is it all about anyway?  The matter is made more complicated by its historical and psychological load, but is routinely dealt with by population genetics, and I discussed it quite extensively in the already mentioned essay Biopolitica. Il nuovo paradigma, not only out of abstract anthropological interest, but because the issues involved are of crucial importance to understand how current biodiversity arise inside our (and other) species, and how it could be preserved and developed rather than being gradually depleted.  A race is, as Dobzhansky says, nothing other than an abstraction of the identifying features of secondary Mendelian populations within the same species.   To manipulate such a concept it is not necessary to adhere to the “realistic”, platonising vision of 19th century positivist anthropology, according to which there are, or at least there were, “pure types” - from which present day real organisms would have descended via hybridisation -, let alone resort to concepts such as “spiritual races”, which basically boil down to metaphors since it is indeed difficult to understand how such a concept could ever be applied to races of ….canary birds.

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Today, genetic analysis brings an original contribution to the identification and definition of racial identities; a contribution that adds to, rather than replaces, the traditional typological classification.  In fact, if the combined resultant of all the possible genetic gradients or variations in the distribution of phenotypic traits had been uniform, the genetic frequency would increase or decrease regularly by so many percentage units per mile covered in a given direction.  With uniform gradients the boundaries between races could only be arbitrary; and races would be no more than  “ideal” models.  On the contrary the gradients are often very steep in some directions or zones, and softer in other.  Theodosius Dobzhansky writes, in Genetic Diversity and Human Equality (Basic Books Inc, 1973): “Consider two gene alleles, A1 and A2, in a species with a distribution area 2,100 miles across. Suppose that for 1,000 miles the frequency of A1 declines from 100 to 90%; for the next 100 miles from 90 to 10%; and for the remaining 1,000 miles from 10 to 0%. It is then reasonable and convenient to divide the species into two races, characterized by the predominance of A 1 and A 2, respectively, and to draw the geographic boundary between the races where the cline is steep.”

Hence,  it is perfectly true that “races don't exist” (and neither in this sense do species, families, genuses, phylae, kingdoms), inasmuch as they don't correspond to any tangible reality, but only to taxonomic criteria which defines, as is the rule in these cases, a model founded not on intrinsic characteristics, but simply on tendential, statistical or deterministic differences that might exist, with respect to an inclusive set; something which does not prevent species or race to remain useful, albeit ideal, concepts, at least as useful as that of “ideal” rectangular triangles or pendulums.

Indeed.

But there is more.   The specific connotations pertaining to races are even more meaningful when applied to artificially selected races - and by definition, human races can in any event, following hominisation, at least to some extent be considered among these, and as the work of processes of segregation and oriented selection applied by man upon himself within the framework of a process of self-domestication that lasted for tens of thousands of years.

Hence, we are perfectly aware that a Dobermann is not the incarnation of the Platonic form of the Dobermann, to be found in some celestial realm, which at the beginning of time incarnated in an imperfect earthly copy; and that, on the contrary, it is the result, via standard breeding techniques, of the gradual approaching to to a goal, to an idea... held by Mr. Dobermann himself. 

What is less often considered is that, as Peter Sloterdijk remarks, the transformation of human societies, also from the point of view of their biological substrate, is through and through the result of analogous, albeit more implicit and less deliberate, developments.  Thus, the true novelty that regards today's world is that presently technoscience has at the same time brought these processes beyond the brink of consciousness and/or started a debate about them; so that they can be maintained or developed for the future - perhaps, who knows, up to and beyond the limits of speciation - only by a deliberate choice for biodiversity, biological becoming andposthuman change

This is by the way what most deeply worries the bioluddites, for instance Jürgen Habermas who warns us (The Future of Human Nature, Polity 2003 p.121 footnote 34) against what he calls the “uncanny scenario” of a “genetic communitarianism” according to which various subcultures will pursue the eugenic self-optimizing of the human species in different directions, thus jeopardizing the unity of human nature as the basis, up to now, for all human beings to understand and to mutually recognize one another.”

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Except that such a unity, unless as an ideological aspiration, has never existed, no more than have ever existed the “pure” racial types of 19th century anthropologists; and that it is at the best one of many alternative prospectives that are proposed to today's world, and certainly for many not a very alluring one.  Indeed the contrived convergence towards a unique model of humanity presupposes after all the reduction and the destruction of human diversity in favour of a single paradigm said to be, as in the typical theorisations of American racism, objectively and universally “superior”.  Argument which not only is unacceptable to whoever defends instead positions of cultural relativism, but would also require a really extreme degree of alienation in order to obtain the support of those whose specific ethnic identity would, in this case, be doomed to be wiped out in the context of objectively genocidal proceedings, no matter how “peacefully” and “inadvertently” they are supposed to take place.

Another spectre that is regularly raised at the same time as that of racism concerns eugenics.  This topic is viewed as particularly “sulphurous” but has antecedents even in “liberal” or socialist circles, and finds some of its first theoretical expressions in Plato.  But is it really necessary to equate measures of a eugenic kind to Orwellian, consumerist and massifying scenarios, like those found in dystopic and “humanistic” Hollywood films?

Eugenics is indubitably the object of Freudian, hypocritical repression nowadays.  Nevertheless, one can say that eugenic concerns are an implicit constant in most post-neolithic cultures. What comes to mind are the practices that most stir modern sensitivity, from the mount Taygetos and the Spartan agogé, to the Tarpeian rock in Rome, to medieval exposing of newborns, all the way to the “mabiki” (a euphemism which refers to the trimming of the leaves of the weakest rice plants to allow the better development of the other plants) practiced by Japanese midwives until the Meiji Restoration and beyond.  But it is enough to think also of the typical exo-endogamic regimes in matrimonial matters, or of the taboo relative to incest as a potential guard against monozygotic individuals with harmful recessive traits.

However, the real and true question of eugenic flares up with the advent of the Darwinian revolution, and of Mendelian genetics, which has been considered one and the same with eugenics for a long time.  And this in front also of a contemporary dysgenic risk, in itself very real, given that few believe that the change – and partial removal, via modern life styles and medicine as well as the decline of reproductive differentials – of “traditional” selective factors leads per se the genetic pool of one's own community of reference in a desirable direction. 

However, eugenics, before becoming “cursed”, also as a consequence of all modern ideologies becoming increasingly marked with the humanist seal, has been perceived for a long time – and essentially until the nineteen thirties – as a “progressist” theme, since it was linked to concerns about the evolution of society in general and correlated with the latter “taking charge of itself” also biologically, to the extent that even USSR intellectuals and scientists promoted its study. Of course, where the term is put in universalist, moralist, classist terms, it quickly risks leading to grotesque results, like the mania for sterilisation as a penalty and a form of social control (the “Indiana Idea”) that was all the rage in the United States from the beginning of the nineteenth century until the New Deal, with the ultimate blessing of the Supreme Court, going as far as ridiculous bills for the compulsory sterilisation of car thieves, or to Theodore Roosevelt's timocratic programs of selective breeding, and all the other more or less bizarre examples quoted by Jeremy Rifkin in The Biotech Century (J P Tarcher, 1998). 

On the other hand, as Jürgen Habermas stresses in The Future of Human Nature (op. cit.), our time brings also in this respect to completion a certain kind of change, which radically alters the scenario we face on eugenic matters.

Could you expand on that?

Certainly.  As a matter of fact, the rather ideological and biopolitical substance of one's chosen position with respect to eugenics is today accentuated by the increasing erosion, because of technoscientific progress,  of thesubjective costs of eugenic practices. Such costs have been in constant decrease, from the moment that the exposure of newborns and the strict parental or communal control of mating were succeeded by chemical or surgical sterilisation of heavily retarded individuals as well as by birth control; and that these are succeeded by prematrimonial anamnesis; and that this one in turn is replaced with prenatal diagnosis and genetic screening; and these are going to be supplanted by IVF with embryo and gamete selection, and finally by the direct and actually “therapeutic” manipulation of germlines, In fact, with respect to contemporary and upcoming procedures, the natural empathy for the individuals concerned militates in an entirely favourable sense, to the point of rendering their unconditional rejection  an increasingly embarassing and untenable position also in view of the humanistic, hedonistic and individualistic values of the prevailing worldview.

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According to Gregory Stock (op. cit.p130), statistics show that today 90% of US couples, catholics included, who discover by means of prenatal tests that they are expecting a child affected with cystic fibrosis already choose to abort it. Obviously, the percentage of them that would accept to have deliberately implanted an embryo affected by such a pathology, that is what the Italian law on IVF insanely wants to impose, would be much lower than the modest 10% of Americans who are ready to carry forth an already commenced pregnancy with an affected foetus.  It is legitimate to suppose that even smaller would be the percentage of people who would make such a choice precisely when it would be possible to remove from the embryo - and from all its descendants - the disease, to the benefit of everybody.  So the spectre of State eugenics is destined to remain no more than... a spectre, given that there is no plausible reason in the first place why a legal enforcement of eugenic measures would be required.  If anything, in our near future, very large enforcement efforts would be requiredto prevent their generalised adoption.

There remains however the issue of socio-cultural, rather than legal, norms that will direct the concrete utilisation of such techniques, from the selection of the reproductive partner as a function of his genetic traits to the selection and modification of the embryo.  And here, once more, emerges the potential for disaster, at least for whoever cares for the biological wealth and diversity of our species, not to mention its flexibility and its long-term evolutionary capacity, of the technologies in question. 

Indeed, it seems clear to me that the hegemony of a universal, intercultural, monoethnic, standardised “Ken and Barbie” model, particularly through the cultural alienation of all the peoples inhabiting the planet by means of the globalisation process currently in place, risks seeing eugenics turning from an instrument of communitarian self-assertion and self-determination to an additional factor - together with the vanishing of genetic drift and diversification of selective mechanisms via an Umwelt stabilised and uniformised on a planetary scale – of an entropic “end of history” in the terms described many years ago by Julian Huxley in Brave New World.

This last point is very interesting and certainly involves more than the issues directly related to eugenics.  We just said that biotechnologies could well yield “inhuman” rather than “overhuman” results, if left in the hands of powers that use them only with private and short-term interests in view.  Yet, for you, such a decidedly undesirable outcome has nothing to do with the technologies themselves but with the use one might make of them.  This may well be true. But in practice, if one has to take a concrete political stance, one is bound to take the present situation into account (that of a mercantilistic world essentially ruled by multinational conglomerates), not some hypothetical Futurist, posthumanist scenario.  Agreed, biotechnologies could serve as well a project aimed at the “regeneration of history”; but, as things are now, we are heading in the opposite way.  Should we not first of all confront this kind of situation?  Following your advice, aren’t we running the risk of accelerating towards a dead end in the name of a “new beginning” that may certainly be desirable but that we cannot realistically envisage in our immediate horizon?

Such concerns are altogether legitimate, but the explosion of the “old world” is definitely a requirement for the the possibility itself of a new beginning to exist.  On the other hand, unlike the Apostles or Marx - but in this sense also unlike Guillaume Faye, who professes to believe in the ineluctability of  pending “catastrophes” (scientific, economic, social, ecological, etc.) - I do not maintain that such an explosion is inevitable.  I am more inclined to see the end of history as a gloomy “eternal and never concluded ending”, a kind of possible “crystallisation” of modernity, but in a very different and much more extreme way than what we have experienced until now.

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Some processes cannot be reversed; man's increasing power over himself and over his environment cannot be easily renounced; the “abyss” of a possible alternative to the ongoing Freudian repression of such power opened its gape as early as the 19th century and can be kept shut, to make certain no one looks inside again, only by means of a constant pressure.  Such surveillance would necessarily lead to, on the one hand total social control, on the other to our relying on ever more impersonal and “rational” mechanisms to govern the System, so that any temptation to take charge of one's own destiny may be prevented and defeated as soon as it rears its ugly head.  We are already witnessing for example the voidance of formal “liberties” and privileges (out of many different grounds such as preventing the access to others' personal data, limiting the risk of bacteriological or digital attacks, obstructing the unrestrained circulation of news and opinions, etc.); also, in the last years we have seen the gradual obliteration, in the same way, of the principle of non-interference, of self-determination, of “electoral” legitimisation of governments etc., since maintaining all that becomes ever more incompatible with the stability and necessary globality of the System.  All this does of course fulfill the promises of the System itself, but in a very peculiar way, which, when perceived for what it is, is not especially enjoyed even by the peoples more fully subjugated to its official doctrines, and which besides results in perpetual contradictions.

Today the System uses technology, it cannot do otherwise, and needs it in ever larger doses, but at the same time in technology it finds problems and questions that it cannot address.  In this sense, it is, if anything, the prohibitionist movements and opinions, the restriction of the circulation of information, the proposal for instance of compulsorily “freezing” investments in GNR (genetics, nanotechnology, robotics), the attempts to “regulate” Internet, that try to control these same contradictions in view of the above-mentioned “crystallisation”.

Fukuyama however is no longer talking about the end of history, but of “our post-human future” (Our Posthuman Future: Consequences of the Biotechnology Revolution, Picador 2003). Of course he does this to denounce it and to ward it off, insofar as this can still be done; but I think that, for those who does not share his value system, his current pessimism on these issues is indeed reassuring.

Hence, your line of argument seems to contradict the equation that  underlies almost all “antagonistic” discourses, be they left-wing or right-wing: the one between the “modern world”, “Western society”, “capitalist system”, “globalisation” or “one-worldism” on the one hand, and the global deployment of technology on the other. But how is it possible to establish a contradiction between these two environments given that, historically speaking, the Western system has expanded at the same rhythm as the imposition on a planetary scale of a certain kind of technological development?

The techné, even though it can be considered in general terms as congenital to the “specifically human”, certainly represents something that has been developed and thought out in a very peculiar way in the (Indo-)European context. At the same time, it is probably reasonable and justified to suspect that modern technology - as it is the case for the great and unique blossoming of tonal, polyphonic music - is closely linked to the West, a culture to be understood as a “compromise” between Europe and Judeo-Christianity, but more accurately as the impact of the long-standing monotheistic repression of the European collective subconscious, and of the contradictory process of secularisation and emancipation that this repression gave rise to with the Renaissance.

Hence, in this sense, the planetary generalisation of technoscience does certainly have a “Western” matrix, and does represent a disruptive factor with respect to the identity, diversity and sovereignty of the peoples, that is objectively functional to processes of globalisation.  But such a role can indeed be reversed.  If thousands of years of post-neolithic cultures, and especially two centuries of industrial civilisation, are (also) bringing about diminished biodiversity, environmental degradation, dysgenic consequences, today the only remedy to this situation is an “excess” of technology and development - beyond the neoprimitivist dreams of the ideology ofDegrowth that has  been so successful among the most decadent circles of European extreme right and extreme left.

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This “excess” of technology is however hardly compatible with a final success of a globalised, entropic, neocapitalist system and with an “end of history” that this one would be destined to implement to according to the hopes of its own prophets like Fukuyama.  As Valérie Merindol illustrates well in La recherche et la technologie, enjeux de puissance (Economica 2003), there are well-known reasons for the constitutional incapacity of the Market to invest in breakthrough technologies or in paradigm shifts or in fundamental research, and more generally in high-risk mid- or long-term projects, let alone civilisational projects.  And there exist, moreover, cultural factors (in the strong, anthropological sense of the word) that appear decisive for the possibility to maintain a certain pace of technological development.  In this light, today's dazzling technoscientific achievements do not appear at all reassuring, and  sometimes they even make one wonder if they are not just the last hurrahs of a very large momentum doomed rather sooner than later to die out.

In what sense?

For example, rockets and digital computers, DNA and mutations, the atom and the evolution, automatic recording, reproduction and transfer of data, images and sounds, microscopes and pathogens, antibiotics and internal combustion engines and quantum mechanics, all this was invented or discovered during a span no longer than a human life, roughly speaking between 1870 and 1950, corresponding to an acceleration, a “incandescence” of history which manifested simultaneously in all fields of social, political and cultural life.

Many of the things achieved afterwards can be regarded as a refinement, an improvement, an application, a byproduct of things imagined, planned and designed in this period, and this only where such developments actually exist in the first place.  The Western citizen of the seventies had good reasons to believe 1982 to be a plausible date for the first human mission to Mars or for the construction of the first nuclear fusion plant, and crossed the Atlantic on supersonic airplanes that have not been in circulation for a very long time.  The United States, after the eventual retirement of their disastrous Shuttle, have to resort to Russian technology of the time of the lunar conquest (!) to transport Chinese low-tech gadgets to the orbiting trashcan pompously called International Space Station.  The average speed of transportation by land, sea, air and space has not changed for a very long time now, and their respective records have also remained stationary.

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All this makes one doubt the fact that the present-day “Western system” really represents an engine for technological development, instead of a socio-economical mechanism that has become a freeloader to an historical legacy that is much more complex, yet whose own technoscientific hegemony is today questioned by countries that are, if not absolute outsiders, at least “periferal” to this legacy, such as China, India or the Russian Federation.

You just mentioned technoscience as the “emergence” of a restless Indo-European spirit that is emancipating from the grip of the “single-track” Judeo-Christian thinking.  Nevertheless in Greek thought we undeniably find at the center many not-really-Faustian references to the “golden mean”, to “temperance”, to the Olympic condemnation of “Prometheism”.  Vice-versa, various analysts have stressed how Christianity, through “disenchanting” the world, would be the origin of the development of modern technology.  Your Futurist theses on biotechnologies might seem, in this light, much more “christian” than “pagan”...

In reality, Titanism, Prometheanism, subversion, excess, are concepts the meaning of which changes with the context where they are immersed.  Let us  analyse more specifically the myth of  Prometheus.  It is absolutely obvious that the myth of Prometheus was perceived by the Greek in a totally different way from how it was later taken up in the Romantic, and finally overhumanist, milieux, because the Greek identified with their gods; and their feelings of empathy, if any, were more likely to go to the  eagle condemned to a monotonous diet of liver for all eternity.  But what does the Titan really represent? It represents the eternal return, from obscure, immemorial and telluric roots, of a prior and defeated religiosity, which threatens to rise anew to exploit, steal and adulterate the “lightning”, the “fire” of the new Olympian order, or like Lucifer the “light”, and subjugate it to perfectly blasphemous ends.  And its figure essentially represents a warning that we must constantly to be on our guards against all this, because the human and cosmic order will never be integrally realised or perennially granted.   

Now, one has to be ideologically blind not to see how the myth has come to mean the exact opposite when it is “the religion of the Greek”, the Indo-European paganism, that finds itself playing the part of former and defeated religiosity, and yet destined to return eternally, faced with a new historic trend and worldview that has victoriously exploited and distorted its historical dynamism, and is even succeeding in establishing planetary hegemony. 

Hence, in a more confused fashion for the Romantics - including aspects of romanticism that would end up in what positively are palingenetic dreams, but of social and eschatological nature (“the proletarians who shake their fetters”) - then more explicitely with overhumanism, up to the archeofuturism of Faye or to transhumanism or with Marchesini’s praise of hybris, Prometheus becomes a hope, a promise, an example; hence, it becomes the very symbol of man's tragic destiny and of whoever demands to incarnate it.

Nevertheless, as Nietzsche said, “the Greek do not come back”.  Desacralisation, the “disenchantment” of the world, whatever aversion or regrets it might provoke, has taken place.  Therefore,  the death of the Judeo-Christian God also meant the death of the pagan gods, whom its presence indirectly and inevitably kept alive so far, as a kind  of “relative antithesis”.  After two thousand years of Western civilisation, after the establishment of a globalised System, a “new beginning” could not be imagined simply as another cycle (of the type of “the Doctrine of the Four Ages”), and not even as a new Spenglerian civilisation: Spengler himself rules this out, for example in Man and Technics (University Press of the Pacific 2002).

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For this reason it is necessary, in order to claim an exemplary origin, to refer to something as distant and as radical as the neolithic revolution, and to the “higher magic” with which the Indo-Europeans mastered it.  Judeo-christianity, and more generally the “Western civilisation” that was born with its arrival in Europe, irrevocably belongs to our past.  It is not the past the legacy of which those who share my worldview claim as theirs, it is  a past (and a present) that I fight and want to overcome. But we are also aware that attempts at Freudian repression would lead to nothing other than to a “return of what has been repressed”, it would take us to nothing else, as in Santayana's well known expression, than having to relive it again.

Therefore, a true overhumanism is post-Christian and post-modern, not pre-Christian; neopagan, not pagan. As Heidegger says, when the world strikes midnight, lest we fall back into nihilism, we can do nothing other than lend our ear to the sound of the new gods calling out beyond daybreak's horizon.  Today, however, as Nietzsche explicitly indicates in Thus Spake Zarathustra, these new gods can be no other than ourselves; they can only be the result of our conscious creation, of a “superhuman” choice against that of “the last man”.  As for what has been called “technoscience”, given that nothing similar has been produced in other areas where biblical religion eventually prevailed, we might at most consider it, as already said, as a sublimated fruit of the repression worked by the Judeo-Christian tendency on the European collective subconscious and one form of the latter's final rebellion, another being represented for instance by the grand adventure of tonal music. 

However, in the sense clarified above, it is perfectly true that without Christianity no Bach, Beethoven and Wagner; no Linné and Heisenberg, Marconi and von Braun. 

Today it is the “fire” of this complex legacy that the overhumanist titanically wants to make his own and to set to the humanist Walhalla, so that the twilight of today's idols already announced by Nietzsche may be consummated.  Besides, the historical experience of last century shows us how rethinking and deploying the potential of modern technology is an obligatory step of any possible dream of power and freedom; and how such rethinking could entail a prodigious acceleration of that same technological capacity.

As Heidegger also writes, although he is perceived by many as adverse to the world of modern technology: “What is really worrying is not that the world is transformed in something entirely controlled by technology.  Much more worrying is that man is not at all prepared for this radical mutation of the world.  Much more worrying is that our speculative thinking does not enable us to adequately cope with the events of our time.”

You have defined your vision as being “postmodern”.  This is interesting also in relation to what we were saying a little earlier on the connection - unnecessary and rather, little by little, ever more problematic - between technology and the “Western system”.  Similarly, I believe to detect in your wording a chipping away at the binomial ideological modernity - technological modernity, that has already been prophesied, be it with opposite value judgements, by Faye and Habermas.  Your biopolitical stance is therefore “postmodern” in the sense that it tends to stress only one aspect of modernity (the one Faye would call “sensorial”) and to provide it with an entirely new philosophical armature, in order to give rise to a new combination that already looks beyond modernity itself. Am I correct?

In fact, the first thing that partisans and opponents of modernity had better realise is that modernity is long since behind us.  The beginning of its end coincides with the death of God, that modernity too contributed to kill, and commences to take root in people's minds at the eve of the First World War, despite endless lags that continue to this day, especially at the level of popular culture and of the values implicit in the power system in place. 

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At least at a theoretical level, it is exactly modern science, the one, born with Galileo, Leonardo, Giordano Bruno, which coincides with the advent of the modern era, that has, together with critical thinking, undermined the presuppositions of modernism. After having progressively demystified the legacy that the moderns not wrongly defined as “obscurantist”, it ended up by demystifying also objectivism, positivism, naive rationalism, the progressism à la Excelsior Ball, the ethical universalism that represent modernism's most salient features. 

This is manifest, to go back to the topic of this interview, first of all in the understanding that science finally allows us of “the specifically human” and of life from an ethological, genetical, sociobiological, biochemical, populational, psychological, neurological, ecological, evolutionary, etc., point of view. But it is even more obvious, if possible, in the field of the hard sciences and of scientific epistemology itself.

Of course, like all great historical phenomena, modernity has a fundamentally ambiguous meaning, that does not derive only from its composite nature or from the historical phenomenon that Jules Monnerot defines as heterotelia (and that represents the inevitable drift of actual historical developments in comparison to the intended goals); but more radically from the perspective of the “present” inside which the phenomenon itself is looked at – a present that is first of all defined on the basis of the future that each of us wants to envision.

Interesting.  To what perspective are you referring?

For example, with respect to the monotheistic legacy and to the decadent connotation that many associate with it, modernity represents on the one hand a becoming-true, an actualisation, a secularisation which is also abanalisation, that is a final, hegemonic penetration into mindsets and languages; on the other, it represents nonetheless a movement that breaks the metaphysical referential framework of that same legacy, and represents in nuce the unavoidable premise of its own surpassing, which not by chance regularly refers back, throughout the 16th, 17th 18th and 19th centuries, to a critical and empirical tradition that represents, as Luciano Pellicani remarks in Le radici pagane dell'Europa [“The Pagan Roots of Europe”, not translated] (Rubbettino 2007), the very soul of European culture, from Thales to Pythagoras to Democrites, from Hippocrates to Lucretius.  For this reason, to say “modernity” is in a way like saying (Renaissance’s) Humanism yesterday, the Humanism of Pico of Mirandola, Lorenzo Valla and Machiavelli, with all the extraordinary cultural emancipation that this phenomenon finally allowed for also as regards our own possibility to be today what we are; and it is like saying humanism today, with everything outdated, exhausted, reactionary that this word now stands for with respect to the biopolitical, “transhuman” revolution which represents our immediate horizon.

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And here again Nietzsche represents the ideal watershed, the point of reference and the turning point of what is “more than modern”, and that therefore is already not modern any more.  Thus, postmodernity, as I understand it, represents the Aufhebung of modernity: the closure of what in modernity actually represents nothing else than the radicalisation and the immanentisation of preexistent ideas, and a moment (specifically the synthetic, post-ideological one) of the dialectics inherent to such ideas.   A “closure” which naturally is still in quest of itself, and that is constantly facing the risk of a return to premodern categories and to the temptation of shallowness, of pointless obscurity, of elaborating self-referential narratives that shun the fundamental confrontation with what Heidegger or Gehlen or Faye call “the question of technology”[2], and that coincides precisely with the historical fracture represented by the looming (possible) passage to a stage that is not only posthumanist, but posthuman. A confrontation which today is central in the views and concerns of various contemporary thinkers such as Sloterdijk, Marchesini or Schiavone.

In the beginning of the eighties, Guillaume Faye wrote: “Habermas said that one cannot conceive of a ‘nuclear poetry’. On the contrary, it is the opposite that is the case, even though the System is incapable of creating it. […] The speed, the rumbling of the machine that carries its rider over great distances, the potential grandness of modern urbanism remain present in the individual and collective psyche, because they correspond to popular archetypes. And yet this technical arsenal is not utilized by the System other than prosaically, because, unconsciously, it it frightening”.  Is all this still true today?  Can there be a “biopolitical poetry”?

In the end, what else is the biopolitical and transhuman revolution, in its properly epical dimension, than a primordial demand for poetry on behalf of a world vowed to Becoming?  As Heidegger says, the essence of technology is nothing “technical”, and instead claims an originary and originating poiesis: “What at the dawn of Ancient Greece was thought or poeticised is still present today, so much so that its essence, still closed to itself, is before us and approaches us from all sides, above all where we least expect it, that is within the reign deployed by modern technology, which is totally foreign to that ancestral tradition and yet finds therein it essential origin».

Hence the posthuman change that represents the central aspect of the present biopolitical challenge is first and foremost the framework of a possible metamorphosis that traces an ideal line between the European ancestral myth that is handed down to us by for instance the homonymous poem of Ovid and Nietzsche's Overman, Marinetti's Multiplied Man, Gehlen's Third Man, Ridley Scott's Replicant, the Cyborg of science fiction and of the transhumanist culture, Marchesini's Posthuman.

Here it can well be said that “nature imitates art”; or rather, that art is turning into nature, on a scale hitherto not even dreamt of.  Indeed, as I write in the conclusion to Biopolitica. Il nuovo paradigma: “Our restless exploring of the world, the techniques that derive from it, condemn us to choose, offer us means, but cannot tell us what to make of it.  This is not the task of engineers or scientists or lawyers, but of the ‘founding heroes’, of poets, and of the aristocracies who can translate into deeds the obscure collective will of the community of people whence it emanates, build monuments destined to challenge eternity, and leave behind ‘undying glory’”.

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Quel est l'avenir de l'Afghanistan après l'échec de Trump ?

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Quel est l'avenir de l'Afghanistan après l'échec de Trump ?

par Andrew Korybko

Ex: https://oneworld.press

Le représentant spécial du président russe pour l'Afghanistan, Zamir Kabulov, est quasi certain que le président élu Biden ne fera pas grand-chose pour inverser la tendance au retrait d’Afghanistan du président sortant Trump, malgré la nouvelle législation promulguée qui entrave la perspective de nouvelles réductions, mais il craint également que les troupes américaines soient remplacées par des entrepreneurs militaires privés dans un scénario dont il a averti qu'il serait une erreur.

Les prévisions de la Russie pour l'Afghanistan

De nombreuses questions demeurent en suspens sur la politique étrangère du président élu Biden, à l'occasion de son investiture imminente la semaine prochaine, mais l'une des questions les plus pertinentes pour toute l'Eurasie est la position qu'il adoptera face à la guerre apparemment sans fin des États-Unis contre l'Afghanistan. Le représentant spécial du président russe pour l'Afghanistan, Zamir Kabulov, est quasi certain que le président élu Biden ne fera pas grand-chose pour inverser le cours des choses concernant le retrait d’Afghanistan préconisé par le président sortant Trump, malgré la législation qui entrave la perspective de nouvelles réductions, mais il craint également que les troupes américaines soient remplacées par des entrepreneurs militaires privés dans un scénario qui, selon lui, serait une erreur. Il s'agit d'une prévision assez sérieuse qui mérite d'être approfondie afin de mieux comprendre la logique qui la sous-tend.

La nouvelle stratégie américaine en Asie centrale

J’ai expliqué l'année dernière que "la stratégie américaine en Asie centrale n'est pas aberrante, mais cela ne signifie pas qu'elle va réussir". Il a été souligné que la vision officielle de Trump pour la région, telle qu'elle est articulée par le document "Stratégie pour l'Asie centrale 2019-2025" de son administration, contraste fortement avec celle, non déclarée, de ses prédécesseurs. Au lieu de se concentrer sur la guerre hybride, qui consiste à « diviser pour régner », menée contre les terroristes, elle se concentre principalement sur un projet de connectivité régionale pacifique afin d'étendre calmement l'influence américaine dans le cœur géostratégique de l'Eurasie. Il convient de saluer la volonté de mettre en œuvre des moyens non violents, avec lesquels on peut compter dans le cadre du soft power, même s'il ne faut pas exclure la possibilité que certains éléments des anciennes stratégies informelles restent en place, en particulier après l'inauguration de Biden.

L'argument contre une autre « avancée violente »

L'ancien vice-président ramène à la Maison-Blanche un groupe de fonctionnaires influents de l'ère Obama, d'où la crainte, chez bon nombre d’observateurs, qu'il envisage sérieusement de répéter la fameuse "avancée" de l'ancienne administration, qui a finalement échoué. La donne géopolitique a cependant beaucoup changé depuis lors, et il ne semble pas y avoir de réel intérêt à la réitérer dans les conditions actuelles. Non seulement la planète est en train de se remettre de ce que l'auteur a décrit comme la "guerre mondiale C" - qui fait référence aux processus de changement de paradigme à grande échelle déclenchés par les efforts non coordonnés de la communauté internationale pour contenir le COVID-19 - mais l'Amérique est sur le point de lancer une version nationale de sa "guerre contre le terrorisme" en réponse à la prise d'assaut du Capitole la semaine dernière et les États-Unis doivent également s'adapter au rôle croissant de la Chine dans le monde. Ces deux tâches ont la priorité sur les Talibans.

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L'amélioration des liens entre les États-Unis et le Pakistan est de bon augure pour l'Afghanistan

J’ai évoqué ces derniers développements ainsi que le manque de confiance de l'administration Biden dans le gouvernement de Modi perceptible dans l'analyse qu'il a faite en début de semaine pour le Pakistan Tribune Express sur "Les trois facteurs qui vont façonner l'avenir des relations américano-pakistanaises". Cette analyse conclut que les relations bilatérales s'amélioreront à la suite de ces pressions, ce qui réduira encore la possibilité de voir les États-Unis augmenter leur participation à la guerre contre l'Afghanistan, qui, de toute façon, a d’ores et déjà échoué. Le processus de paix dansle dossier des Talibans, aussi imparfait soit-il, a véritablement donné des résultats notables au cours de l'année écoulée. Non seulement ce serait du gâchis pour Biden d'abandonner tout cela juste pour faire le contraire de ce que fit son prédécesseur, mais cela ne servirait pas à grand chose de toute façon, vu les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la stratégie de l'administration Trump pour l'Asie centrale.

Trump & Biden : des visions différentes, des intérêts partagés

En fait, c'est en Asie centrale que Trump et Biden ont une confluence d'intérêts unique. La politique d'engagement économique du premier s'accorde bien avec les projets du second de créer, dans cette région du monde, une "Alliance des démocraties". Les deux projets sont des moyens non militaires d'étendre l’influence américaine et se complètent parfaitement. S'il est probable que Biden maintiendra la présence des troupes américaines en Afghanistan ou même qu'il l'augmentera légèrement pour des raisons de politique intérieure s'il le juge opportun, il est peu probable qu'il consacre autant de temps et d'efforts militaires à ce conflit qu'Obama ne l'a fait pour les raisons mentionnées plus haut. Si les républiques d'Asie centrale ne pratiquent pas des formes occidentales de démocratie, les États-Unis les considèrent néanmoins comme étant différentes en substance des modèles de gouvernement de la Russie et de la Chine, et donc comparativement plus "légitimes",ce qui leur permettra de s'associer à elles.

L'influence pernicieuse du complexe militaro-industriel

Malgré cela, le puissant complexe militaro-industriel des États-Unis n'acceptera pas que ses intérêts les plus directs soient menacés dans la région par la décision du gouvernement civil de maintenir les troupes à un niveau historiquement bas. Compte tenu de cela, il est logique que Biden exécute la proposition de l'administration Trump de privatiser le conflit par l'intermédiaire d'entrepreneurs militaires privés (PMC), car ces derniers constituent une partie importante, avant-gardiste, du complexe militaro-industriel, surtout parce qu'ils permettent à Washington de conserver un degré de "déni plausible". De nombreux anciens militaires passent des forces armées aux PMC après leur démobilisation parce que cela paie beaucoup mieux, faisant ainsi de ces entités pratiquement une seule et même entité, sauf au sens juridique, les deux remplissant la tâche importante de garder le trillion de dollars de minéraux et de terres rares de l'Afghanistan.

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Réflexions finales

Pour l'avenir, Biden (ou plutôt, la structure du pouvoir qui se profile derrière lui) ne fera peut-être pas beaucoup de progrès politiques dans la résolution de la guerre américaine contre l'Afghanistan, mais il n'aggravera probablement pas les choses non plus. Au contraire, cette "guerre sans fin" pourrait continuer à persister, mais devenir simplement de plus en plus "oubliable" dans les médias. S'il estime qu'il serait politiquement commode de le faire au niveau national, il pourrait alors soit augmenter légèrement le niveau des troupes, soit annoncer publiquement que certaines des troupes existantes seront remplacées par des PMC. Ses services de renseignement continueront probablement à fomenter des scénarios de déstabilisation de faible intensité dans toute la région, mais ils ne concentreront probablement pas trop d'efforts sur ce point, car la grande orientation stratégique des États-Unis se déplace ailleurs, à la lumière des nouvelles conditions nationales et internationales dans lesquelles l'hégémonie unipolaire en déclin est forcée de s'adapter.

La Suède et la Hongrie Face au Covid-19

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Cafe Noir N.06

La Suède et la Hongrie Face au Covid-19

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du Vendredi 15 Janvier 2021 Avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & leur Invité Raoul Weiss.
 
Liens des sites, chaînes ou livres mentionnés dans l'émission:
– Chaîne de Jérémy Mercier, "réfugié" à Tallinn https://youtube.com/channel/UCeN_qQV8...
– Chaîne de notre compatriote "réfugié" à Stockholm https://youtube.com/c/Un%C3%AAtrehumain
– The Global Risks Report 2020 – World Economic Forum (Pdf) http://www3.weforum.org/docs/WEF_Glob...
 

jeudi, 14 janvier 2021

Trump a été englouti par le marais parce qu'il n'a pas eu la force de le drainer

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Trump a été englouti par le marais parce qu'il n'a pas eu la force de le drainer

par Andrew Korybko

Ex: https://oneworld.press

Trump pensait sincèrement qu'il pouvait apporter des changements irréversibles sur le long terme dans la manière dont l'Amérique est dirigée en "asséchant le marais" que tous ses partisans méprisent si profondément, mais il a finalement manqué de force à maintes reprises pour prendre les mesures décisives nécessaires à la réalisation de cette grande vision stratégique, et ce pour plusieurs raisons importantes qui méritent d'être longuement débattues.

Le Commandant en chef capitule

L'ère de Trump est terminée après que le président sortant ait annoncé, au lendemain de la prise d'assaut du Capitole américain mercredi, que "mon objectif est maintenant d'assurer une transition du pouvoir en douceur, ordonnée et sans heurts", ce qui a été largement interprété par ses amis et ses ennemis comme la concession tacite qu'il avait promis de ne jamais faire un peu plus de 24 heures auparavant lors de son discours au rallye "Save America". Lors de cet événement, il a littéralement déclaré que "nous n'abandonnerons jamais". Nous ne céderons jamais, cela n'arrivera pas. On ne fait pas de concession quand il y a un vol", mais il a complètement changé de ton après les événements tumultueux de la journée du 6 janvier et après avoir mystérieusement "sombré" pendant plus de 24 heures, période pendant laquelle certains spéculent qu'il a été forcé par ses ennemis de la bureaucratie militaire, du renseignement et de la diplomatie permanente ("l’état profond") d'abandonner le combat.

Trahir sa base

Cela a totalement dévasté ses partisans qui l'ont élu principalement dans le but d'exécuter sa principale promesse de "vider le marais" qu'ils méprisent tous si profondément. Ils croyaient sincèrement qu'il pouvait apporter des changements irréversibles sur le long terme dans la façon dont l'Amérique est gérée, ce que Trump lui-même pensait sincèrement qu'il pouvait faire également, mais il n'a finalement pas eu la force de prendre les mesures décisives nécessaires pour y parvenir. Ainsi, il a fini par se faire avaler par le même "marécage" qu'il a tenté de drainer, qui se lèche les babines après s'être régalé de la carcasse politique qu'il est devenu depuis lors à la suite de sa capitulation. Malgré tout l'espoir qu'il a inspiré à ses partisans et le respect que beaucoup d'entre eux lui portent encore, la plupart d'entre eux sont profondément déçus qu'il ait abandonné et qu'il n'ait pas emporté le combat.

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Cela ne veut pas dire que la grande majorité d'entre eux s'attendaient à ce qu'il résiste avec force à l'inauguration imminente de Biden, mais simplement qu’ils ne pensaient pas voir le jour où il capitulerait publiquement après avoir soigneusement cultivé une réputation de combattant aussi convaincante parmi eux. Surtout lui qui a littéralement dit un peu plus de 24 heures auparavant que "Nous n'abandonnerons jamais". Nous ne céderons jamais, cela n'arrivera tout simplement pas". Cela a déclenché un processus d'introspection permanente parmi les plus sobres d'entre eux qui ne sont pas endoctrinés par le cultissime Q-Anon qui prétend que Trump a toujours un soi-disant "plan directeur" qu'il se prépare à mettre en œuvre après ce dernier coup d'"échecs 5D". C'est fini, l'ère Trump est terminée et le mouvement "Make America Great Again" (MAGA), qu'il a inspiré, risque maintenant d'être déclaré organisation "terroriste nationale" dans un futur proche.

L'erreur de calcul politique la plus fatale de Trump

"L'Amérique de Biden serait un enfer dystopique", comme je l’avais prédit il y a quelques mois, et tous les partisans de Trump le savent. Certains s'étaient déjà résignés à son apparente inévitabilité après l'échec de ses efforts pour inverser légalement les résultats contestés des dernières élections pour diverses raisons que la plupart d'entre eux attribuent à la corruption du "marais", mais ils sont néanmoins restés aussi positifs que possible après avoir cru que leur héros allait sombrer avec eux jusqu'au bout. Personne n'a jamais réfléchi à deux fois à sa promesse de "ne jamais abandonner, ne jamais concéder", et ils s'attendaient même à ce qu'il doive être escorté hors de la Maison Blanche le 20 janvier, pourtant sa concession tacite oblige nombre d'entre eux à réévaluer avec le recul leur opinion sur lui. Non seulement il sort en gémissant selon les termes dictés par "l'État profond", mais il n'a jamais complètement "asséché le marais".

L'erreur de calcul politique la plus fatale de Trump est qu'il pensait pouvoir changer le système de l'intérieur après en avoir pris le contrôle symboliquement - mais surtout pas substantiellement - en tant que premier président américain "étranger" des temps modernes. Il est immédiatement passé d'un "outsider" à un "insider" peu après son investiture en capitulant aux demandes de l'"Etat profond" de renvoyer l'ancien conseiller à la sécurité nationale Flynn, ce qui était son "péché originel" qui a ouvert la voie à tout ce qui allait suivre par la suite. Le "faiseur de marché" autoproclamé pensait qu'il pouvait trouver un "compromis" avec ses ennemis par ces moyens, mais tout ce qu'il a fait, c'est les encourager à intensifier leurs faux efforts médiatiques pour l'évincer et continuer à le saboter de l'intérieur par le biais des mêmes créatures "du marais" dont il continuait naïvement à s'entourer.

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RINOs + MSM = La défaite de Trump

La plus vilipendée d'entre elles aux yeux de sa base est "Javanka", le populaire portemanteau du gendre de Trump, Jared Kushner, et de sa fille Ivanka. Il continue d'écouter ces "Républicains de nom seulement", ou RINO comme les décrivent de nombreux membres de MAGA, ainsi que beaucoup d'autres comme ceux qui siègent encore au Congrès mais qui ont prétendu être son ami juste pour gagner leur réélection. De plus, l'influence que son ancienne carrière de télé-réalité a exercée sur lui a fait que Trump est resté obsédé par la façon dont ses ennemis pourraient le diffamer dans les médias traditionnels (MSM) pour toute action décisive qu'il aurait prise pour détruire l'"État profond". Cette faiblesse de caractère s'est avérée être son plus grand défaut personnel puisqu'il aurait dû suivre son instinct au lieu de se soumettre au désir égoïste d'être "aimé" par ses ennemis.

Il a été tellement influencé par les MSM que ses ennemis ont pu utiliser les astuces les plus basiques de la "psychologie inversée" pour le manipuler afin qu'il "joue la sécurité" dans sa lutte contre l'"état profond". Ils craignaient, avant même qu'il n'entre en fonction, qu'il ne devienne un soi-disant "dictateur", mais il n'a jamais sérieusement envisagé de prendre de telles mesures autoritaires dans cette direction, bien qu'il ait toujours eu la possibilité d'utiliser les immenses pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution pour le faire s'il l’avait sincèrement voulu. Ses partisans de MAGA ont plaidé avec passion pour qu'il devienne le pire cauchemar de ses ennemis en déclarant au moins une loi martiale limitée en réponse à la guerre de terreur hybride contre l'Amérique qui a duré des décennies et qui a finalement pris son essor l'été dernier après qu'Antifa et "Black Lives Matter" (BLM) aient orchestré des émeutes nationales pour l'évincer.

Les trois plus grands échecs de Trump

A rebours de sa base, Trump n'a pas non plus réussi à révoquer l'article 230, malgré les craintes désormais avérées qu'il donne ainsi à Big Tech le pouvoir de le censurer, lui et ses partisans. Il n'a pas non plus contrecarré les projets de vote par correspondance des démocrates ni l’instauration du système de vote Dominion qui, selon eux, les ont finalement conduits à voler l'élection. Sa décision de ne pas empêcher les gouverneurs démocrates de confiner leurs populations pour des raisons politiques sous le prétexte commode du COVID-19 était tout aussi inquiétante. J’ai abordé toutes ces questions dans mon analyse publiée peu après l'élection sur les raisons pour lesquelles "la phase de changement de régime anti-Trump vaut la peine d'être étudiée". Trump aurait pu légalement exercer des pouvoirs quasi "dictatoriaux" pour éviter tout cela et ainsi sauver l'Amérique telle que ses partisans la voient, mais à maintes reprises, il n'a pas réussi à rassembler la force nécessaire pour le faire en raison de ses profonds défauts personnels.

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La guerre hybride contre l'Amérique est terminée

Bien que Trump ait été incontestablement victime de l'"Etat profond" pendant toute la durée de son mandat, il n'est plus aussi martyr qu'il l'était après avoir soudainement abandonné le combat suite à l'assaut du Capitole américain mercredi dernier. Il s'est rendu, en heurtant sa base, a ensuite été avalé par le "marécage", et est maintenant impitoyablement détruit, signe inquiétant de ce qui attend le reste du mouvement MAGA à l'ère Biden-Kamala. S'il était allé jusqu'au bout du combat et n'avait "jamais abandonné" comme il l'avait promis, ce serait une toute autre histoire, mais au lieu de cela, son instinct de "faiseur de marché", trop exacerbé, a pris le dessus à la toute dernière minute et il a cru bêtement qu'il pourrait se sauver en capitulant devant leurs exigences. L'"État profond" lui montre maintenant sa "reconnaissance" en le censurant sur les médias sociaux et en poussant à sa destitution.

Le mouvement MAGA a toujours pensé que le pays était déjà en "guerre" depuis des années, même si la plupart ne pouvaient pas en exprimer la nature hybride comme je l’ai fait dans mon article de l'été dernier sur la façon dont "la guerre de terreur hybride contre l'Amérique était en cours depuis des décennies". Ils ont vraiment eu le sentiment que Trump partageait leur évaluation de la menace après avoir été sauvagement attaqué par l'"Etat profond" dès la seconde où il s'est lancé dans la campagne électorale, mais il s'est avéré qu'il sous-estimait la menace même si ses ennemis ne l'ont jamais fait. Pour l'"État profond" et ses mandataires démocrates publics, il s'agissait toujours d'une "guerre" à leur manière, qu'ils n'ont jamais hésité à exprimer. L'ironie suprême est que si Trump a fustigé les "républicains faibles" dans son discours du rallye "Save America", il a lui-même fini par incarner cette même faiblesse en se rendant un peu plus tard.

L'État profond" a gagné

Ses adversaires ne connaissent pas de limites et croient à la mode machiavélienne classique selon laquelle "la fin justifie les moyens", alors qu’il pensait pouvoir jouer selon les règles - et même pas toutes les règles comme on l'a expliqué très tôt en soulignant son refus d'utiliser les pouvoirs quasi "dictatoriaux" que lui confère la Constitution - et quand même s'imposer. Sa naïveté restera dans l'histoire car c'est elle qui est le plus directement responsable du fait qu'il n'ait pas pleinement reconnu la gravité de la guerre sans merci que l'"État profond" lui a livrée, ainsi qu'au reste de l'Amérique. Né et élevé à New York, Trump a perfectionné l'art de la langue de bois, à tel point qu'il a même réussi à faire croire à sa base qu'il partageait leur évaluation de la menace que représente la guerre de terreur hybride contre l'Amérique, qui dure depuis des décennies. Ils se sont laissé prendre à cette mascarade car ils voulaient désespérément croire qu'il restait encore un peu d'espoir.

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Mais il n'y en a plus, puisque la guerre est terminée et que l'"État profond" a gagné une fois pour toutes. Le "Grand Reset"/"Quatrième Révolution Industrielle" provoquée par la guerre mondiale avance à toute vitesse, et pratiquement toutes les réalisations nationales que Trump a à son actif seront probablement annulées par Biden-Kamala au cours de leur première année de mandat, d'autant plus que les mandataires démocrates de l'"État profond" contrôlent désormais toutes les branches du gouvernement (en se rappelant que la supposée "supermajorité conservatrice" de la Cour suprême n'est en réalité constituée que de RINO, comme l'a prouvé leur refus d'entendre les cas convaincants de fraude électorale). Après "l'analyse de l'échec du mouvement MAGA en matière de sécurité démocratique", mercredi, il est clair que quel que soit le "plan directeur" que lui et/ou le mouvement MAGA auraient pu avoir, il s'est retourné contre eux et a été en fait exploité par leurs adversaires.

Le vrai "plan directeur"

En fait, le seul véritable "plan directeur" était celui de "l'Etat profond", qui a effectivement contrecarré chacun des mouvements de Trump et a finalement transformé le "dernier hourra" de ses partisans lors d'un rassemblement essentiellement pacifique en un clou qui sera maintenant enfoncé dans le cercueil du mouvement MAGA. Il est extrêmement suspect que le Capitole américain ait été si mal défendu malgré la tenue d'une session du Congrès en ce jour historique et après des semaines de préparation pour assurer la sécurité du site avant la Marche pour la sauvegarde de l'Amérique prévue depuis longtemps par Trump. Il est encore plus déconcertant de constater que certains policiers ont levé les barricades et même ouvert les portes à certains des manifestants, ce qui, avec le recul, laisse penser que l'"État profond" a voulu tenter les plus "passionnés" d'entre eux (sans parler des provocateurs présumés) pour prendre d'assaut le site comme prétexte à ce qui a suivi.

En facilitant passivement ce scénario par l'exploitation magistrale de la psychologie des foules, l'objectif était de jeter les bases d'une répression nationale globale contre le mouvement MAGA au motif qu'il est désormais "prouvé" qu'il s'agit d'un groupe "terroriste national". Cela explique la mise en accusation de Trump moins de deux semaines avant qu'il ne reconnaisse lui-même, l'autre jour, qu'il quittera ses fonctions après avoir assuré la "transition du pouvoir". S'il ne s'était pas rendu, il serait probablement encore un martyr pour la plupart des membres du mouvement MAGA, mais maintenant il n'est plus qu'un otage du palais qui attend son exécution politique très médiatisée comme première salve des représailles de l'"État profond", mené par les démocrates, contre ses partisans au nom de la "défense contre le terrorisme intérieur". Ce n'est pas ce que Q-Anon imagine, c'est le véritable "plan directeur", et il a réussi.

Réflexions finales

Trump a été englouti par le "marais" parce qu'il n'avait pas la force de le vider. Chaque membre de MAGA doit accepter cette dure vérité, aussi douloureuse soit-elle. À maintes reprises, il n'a pas réussi à rassembler la force nécessaire pour accomplir de manière significative ce que beaucoup croyaient sincèrement être son destin. Cela est dû à son erreur politique fatale qui a consisté à se transformer d'un "outsider" en un "insider" dans une tentative vouée à l'échec de changer le système de l'intérieur. Il a continué à s'appuyer sur les RINO malgré leur manque de fiabilité avéré. L'obsession de Trump pour la façon dont ses ennemis le dépeignaient dans le MSM l'a également conduit à ne jamais sérieusement contrecarrer l'utilisation des pouvoirs quasi "dictatoriaux" qui lui sont conférés par la Constitution pour sauver l'Amérique. Il a pathétiquement capitulé après la réussite du "plan directeur" de l'"État profond", et maintenant il ne peut même pas entrer dans l'histoire comme un martyr.

Le messianisme technologique - Illusions et désenchantement

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Le messianisme technologique - Illusions et désenchantement

Par Horacio Cagni

Ex; http://novaresistencia.org

Les contradictions du progrès, et en particulier la terrible expérience des guerres du XXe siècle, ont mis à mal la portée de la science et de la technologie, obligeant les penseurs de toutes origines et de tous horizons à s'interroger avec angoisse sur le sort de notre civilisation.

En analysant des aspects emblématiques tels que les goulags soviétiques, le génocide arménien par les Ottomans ou l'holocauste - l'extermination des Juifs par le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale - ainsi que les conséquences des bombardements stratégiques anglo-américains - appelé ainsi par euphémisme - qui, tant dans ce conflit que dans d'autres qui ont suivi, était du pur terrorisme aérien, on peut conclure que ces massacres en série sont la conséquence de la planification et de l'organisation, imités de celles des grandes industries. La mort industrielle, l'objectivation d'un groupe social ou d'un collectif à détruire, est évidente pour les spécialistes de l'holocauste et de l'annihilation raciale, comme elle l'est pour ceux qui se sont ingéniés à réviser l'annihilation sociale que les communistes ont menée contre les koulaks, les bourgeois, les réactionnaires ou les "déviationnistes".

Dans tous les cas, la distance que la technologie met entre le fauteur de mort et sa victime assure la dépersonnalisation de cette dernière, transformée en simple matériel à exterminer ; ceux qui sont entassés dans un camp de concentration en attendant la fin avant l'administrateur de leur mort, comme les civils qui sont sous la ligne de mire du bombardier, ne sont que de simples numéros sans visage. La responsabilité du génocide est diluée dans l'immense structure technobureaucratique, ce que Hannah Arendt a appelé "la banalité du mal".

Il est utile de rappeler que tout au long du siècle dernier, de nombreuses voix se sont élevées avec lucidité pour dénoncer les limites de la technique et les dangers du messianisme technologique. La technique, clé de la modernité, est devenue une religion du progrès, et la machine a été tout autant vénérée et exaltée par les libéraux, les communistes, les nazis, les réactionnaires et les progressistes.

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Guerre et technique - La critique d'Ernst Jünger

Ecrivain, naturaliste, soldat, né plus de cent ans avant l'an 2000, Ernst Jünger a été le témoin lucide et le critique aigu d'une des époques les plus intenses et les plus cataclysmiques de l'histoire, de ce siècle si bref, qu'Eric Hobsbawm situe entre la fin de la belle époque en 1914, et la chute du mur de Berlin et de l'utopie communiste en 1991.

On n'insistera jamais assez sur le fait que, pour comprendre Jünger et les courants spirituels de son époque, qui est aussi la nôtre, la clé, une fois de plus, est la Grande Guerre. Le premier conflit mondial a été la grande sage-femme des révolutions de ce siècle, non seulement au niveau idéologique et politique, mais aussi en termes d'idées, de science et de technologie. Pour la première fois, tous les cas de vie humaine ont été subsumés et subordonnés au spectre guerrier. C'était la conséquence logique de la révolution industrielle, la fierté de l'Europe, mais il fallait aussi la conjuguer avec un nouveau phénomène sociopolitique, que George Mosse a défini à juste titre comme "la nationalisation des masses". Dans tous les pays belligérants, mais surtout en Italie et en Allemagne, le processus de coagulation nationale et l'exaltation de la communauté ont atteint leur point culminant. Les pays qui étaient arrivés en retard, en raison de vicissitudes historiques, à la conquête d'une unité intérieure - comme l'ont justement fait remarquer ceux qui sont arrivés en retard - avaient finalement trouvé cette unité sur le front. Dans les tranchées, les dialectes ont été laissés de côté, pour commander et obéir dans la langue nationale ; dans le voisinage et sous l'avalanche de feu, on a vécu et on est mort de manière absolument égale.

916dAyucHqL.jpgEmbarrassés par un tel désastre, ces hommes "civilisés" ont dû faire face au fait que leur seule arme et leur seul espoir était la volonté, et leur seul monde les camarades du front. Derrière eux se cachaient les fiers idéaux des Lumières. Le jeu de la vie dans les bonnes formes et la rhétorique pamphlétaire parisienne étaient enfouis dans la boue de Verdun et de la Galice, dans les rochers du Carso et dans les eaux froides de la mer du Nord.

La catastrophe n'a pas seulement signifié le naufrage du positivisme, mais elle a également démontré à quel point la technique avait progressé dans son développement incontrôlé, et à quel point l'être humain y était soumis. Les soldats et les machines de guerre étaient une seule et même chose, avec leur quartier général et la chaîne de production de guerre. Il n'y avait plus de front et d'arrière, car la mobilisation totale s'était emparée de l'âme du peuple. Jünger, un officier de l'armée du Kaiser, a appelé ce nouveau type de combat "Materialschlacht". Dans les opérations guerrières, tout devient matériel, y compris l'individu, qui ne peut échapper à l'opération conjointe des hommes et des machines qu'il ne comprend jamais.

Quand on lit les ouvrages de Jünger sur la Grande Guerre - édités par Tusquets - tels que Orages d'acier ou Le Boqueteau 125, le récit des actions guerrières devient monotone et abrupt, comme doit l'être la vie quotidienne au front, suspendue au risque, ce qui insensibilise la force de mortification. Dans La guerre comme expérience intérieure, Jünger accepte la guerre comme un fait inévitable de l'existence, car elle existe dans toutes les facettes de l'agir humain : l'humanité n'a jamais rien fait d'autre que de se battre. La seule différence réside dans la présence en tous modes et dé-personnalisante de la technique, mais, dans ce contexte, nous sommes toujours ou plus forts ou plus faibles.

La littérature créée par la Grande Guerre est abondante, et parfois magnifique. De L'incendie d'Henri Barbusse, qui fut le premier, une série d'œuvres racontées sur la douleur et le sacrifice, telles que la satire La boue des Flandres, de Max Deauville, Guerre et après-guerre, de Ludwig Renn, Chemin du sacrifice, de Fritz von Unruh, et la célèbre A l’Ouest rien de nouveau, d'Erich Maria Remarque et Quatre de l'infanterie, d'Ernst Johannsen, qui a été traduite en film. Dans toutes ces œuvres, le sentiment d'impuissance de l'homme face à la technique déclenchait chez tous ces écrivains une volonté d’occulter le réel. Au-delà de son excellence littéraire, cette veine s'épuise dans la critique de la guerre et le désir que la tragédie ne se répète jamais.

29908002._SY475_.jpgJünger alla beaucoup plus loin ; il comprit que ce conflit avait détruit les barrières bourgeoises qui enseignaient l'existence comme une recherche de la réussite matérielle et l'observation de la morale sociale. C'est alors que les forces les plus profondes de la vie et de la réalité ont émergé lors du conflit, ce qu'il a appelé les "élémentaires", des forces qui, par une mobilisation totale, sont devenues une partie active de la nouvelle société, composée d'hommes jeunes et durs, une génération abyssalement différente de la précédente.

L'homme nouveau est fondé sur un "nouvel idéal" ; son style est la totalité et la liberté de s’immerger, selon la catégorie et la fonction, dans une communauté où il faut commander et obéir, travailler et se battre. L'individu se subsume et n’a de sens que dans un Etat total. L'individu et la totalité sont combinés, sans aucun traumatisme dû à la technique, et son archétype sera le Travailleur, symbole dans lequel l'élémentaire vit et, en même temps, s’impose comme une force mobilisatrice. Bien que l'exemple soit celui de l'ouvrier industriel, tous sont des travailleurs par-delà les différences de classe. Le type humain est l'ouvrier, qu'il soit ingénieur, contremaître, ouvrier, qu'il soit à l'usine, au bureau, au café ou au stade.

A l'"homme économique" - l'âme du capitalisme et du marxisme - s'oppose l'"homme héroïque", mobilisé en permanence, que ce soit dans la production ou dans la guerre. Cette distinction entre l'homme économique et l'homme héroïque avait bientôt été esquissée par le jeune Peter Drucker dans son livre The End of Economic Man, 1939, faisant allusion au fascisme et au national-socialisme, qui avaient émergé dans l'histoire par l’agir des "artistes de la politique", qui avaient entrevu la mission rédemptrice et salvatrice de l'unité nationale dans les tranchées où ils avaient combattu.

Le travailleur est une "personne absolue", avec une mission qui lui est propre. Conséquence de l'ère technomécanique, il est un membre et une unité du travail et de la communauté organique à laquelle il appartient et qu'il sert, souligne Jünger dans son livre Der Arbeiter, l'un de ses plus grands essais, écrit en 1931. L'aspect le plus important de ce travail est la vision du travailleur comme une forme dépassant la bourgeoisie et le marxisme : Marx comprenait partiellement le travailleur, puisque le travail, pour lui, n'est pas soumis à l'économie. Si Marx croyait que l'ouvrier devait devenir un artiste, Jünger soutient que l'artiste devient un ouvrier, puisque tout désir de pouvoir s'exprime dans le travail, dont la figure est dite « ouvrière ».

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Quant au noyau de la pensée bourgeoise, il nie tout ce qui est démesuré, essayant d'expliquer chaque phénomène de la réalité d'un point de vue logique et rationnel. Ce culte rationaliste méprise l'élémentaire comme étant irrationnel, finissant par prétendre vider le sens même de l'existence, érigeant une religion du progrès, où l'objectif est de consommer, garantissant une société pacifique et lisse. Pour Jünger, cela conduit à l'ennui existentiel le plus toxique et le plus angoissant, un état spirituel d'asphyxie et de mort progressive. Seul un "cœur aventureux", capable de maîtriser la technique en l'assumant pleinement et en lui donnant un sens héroïque, peut prendre la vie d'un assaillant et ainsi assurer à l'homme non seulement d'exister mais d'être vraiment.

Autres critiques sur le technomécanisme

coverFGJtech.jpgAu début des années 1930, une série d'écrivains sont apparus en Europe, surtout en Allemagne, dont les œuvres se référaient à la relation entre l'homme et la technique, où la volonté comme axe de la vie résulte en une constante. C'est le cas de L'homme et la technique d'Oswald Spengler - qui reprend les prémisses nietzschéennes de La volonté de puissance -, de la philosophie de la technique de Hans Freyer, de l’idée d’une perfection et de l'échec de la technique de Friedrich Georg Jünger - frère d'Ernst - et des séminaires du philosophe Martin Heidegger, tous contemporains du Travailleur, ouvrage précité. (Le livre de son frère Friedrich a été publié immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, mais il avait été écrit de nombreuses années auparavant et les vicissitudes du conflit l'ont empêché de voir le jour). Mais ces questions n'étaient pas uniquement du monde germanique, car il ne faut pas oublier les futuristes italiens dirigés par Filippo Marinetti, ni Luigi Pirandello de Manivelas, les écrits du Français Pierre Drieu La Rochelle - comme La Comédie de Charleroi - et le film Modern Times, de Charles Chaplin.

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L'auteur du Petit Prince, le remarquable écrivain et aviateur français Antoine de Saint Exupéry, fait également plusieurs réflexions sur la technique. Dans son livre Pilote de guerre, il y a une page significative, lorsqu'il souligne qu'au milieu de la bataille de France en 1940, dans une ferme, un vieil arbre "à l'ombre duquel se sont succédé des amours, des romans et des tertulias de générations successives" obstrue le champ de tir "d'un lieutenant artilleur allemand de 26 ans", qui finit par le faire tomber. Craignant d'utiliser son avion comme machine à tuer, St. Ex, comme on l'appelait, disparut lors d'un vol de reconnaissance en 1944, sans que sa dépouille ne soit retrouvée. Sa dernière lettre disait: "Si je reviens, que puis-je dire aux hommes ?".

L'éminent juriste et politologue Carl Schmitt a également interpellé la question de la technique. Au début de son essai classique Le concept de politique affirme que la technique n'est pas une force pour neutraliser les conflits mais un aspect indispensable de la guerre et de la domination. "La diffusion de la technique", souligne-t-il, "est imparable", et "l'esprit du technicisme est peut-être mauvais et diabolique, mais il ne peut être écarté comme mécaniste ; c'est la foi dans le pouvoir et la domination illimitée de l'homme sur la nature. La réalité, précisément, a démontré les effets du messianisme technologique, tant dans l'exploitation de la nature que dans le conflit entre les hommes. En corollaire de l'ouvrage précédent, Schmitt définit comme processus de neutralisation de la culture ce type de religion du technicisme, capable de croire que, grâce à la technique, la neutralité absolue sera atteinte, la paix universelle tant désirée. "Mais la technique est aveugle en termes culturels, elle sert la liberté et le despotisme de la même manière... elle peut accroître la paix ou la guerre, elle est prête à faire les deux à la fois dans une mesure égale".

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Ce qui se passe, selon Schmitt, c'est que la nouvelle situation créée par la Grande Guerre a ouvert la voie à un culte de l'action virile et sera absolument contraire au romantisme du XIXe siècle, qui avait créé, avec son apolitisme et sa passivité, un parlementarisme délibératif et rhétorique, archétype d'une société dépourvue de formes esthétiques. L'influence des écrits d'après-guerre de Jünger - la guerre forgée comme une "esthétique de l'horreur" - sur les idées de Schmitt est indéniable. Mais à cette recherche désespérée d'une communauté de volonté et de beauté, capable de conjurer le Golem technologique par le déploiement d’une barbarie héroïque, pratiquement personne n'y échappait à l'époque. Aujourd'hui, il est facile de regarder en arrière et de désigner tant de penseurs de qualité comme étant des "fossoyeurs de la démocratie de Weimar" et des "préparateurs du chemin du nazisme". Ce regard superficiel sur une période historique aussi intense et complexe s'est imposé à la chaleur des passions, seulement après la Seconde Guerre mondiale et, par conséquent, d'autant plus que le journalisme a progressivement pris le dessus sur l'histoire et les sciences politiques. La réalité est toujours plus profonde.

Pendant ces années ‘’Weimar’’, la plupart des Allemands ressentent la frustration de 1918 et les conséquences de Versailles ; les jeunes cherchent avec empressement à incarner une génération distincte, à construire une nouvelle société qui reconstruira la patrie qu'ils aiment avec désespoir. C'était une époque d'incroyable épanouissement de la littérature, des arts et des sciences, et cela s'est évidemment transféré dans le domaine politique. Moeller van den Bruck, Spengler et Jünger - malgré leurs différences - sont devenus les éducateurs de cette jeunesse par des écrits et des conférences. L'esthétique populaire völkisch, qui a précédé le national-socialisme, embrassait tous les aspects de la vie quotidienne. La plupart des penseurs ont abjuré le piètre parlementarisme de la République, né de la défaite, et, dans le cœur du peuple, la Constitution de Weimar était condamnée. N'était-ce pas un succès éditorial, Der Preussische Stil, de Moeller van den Bruck, qui proposait une éducation à la beauté ? Et Heidegger ? Dans son discours du solstice de 1933, il disait : "les jours déclinent / notre humeur grandit / les flammes, la brillance / les cœurs, la lumière".

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August Winnig.

Ce qui est intéressant, c'est que l’on découvre pas mal de correspondances, de chassés-croisés entre leurs oeuvres. Entre le Schmitt catholique, dans son analyse "Chute du Second Empire", qui soutenait que la raison principale du déclin était la victoire de la bourgeoisie sur le soldat et les néo-conservateurs comme August Winnig, qui faisait la distinction entre la communauté ouvrière et le prolétariat ; entre Spengler avec son "prussianisme socialiste" et Werner Sombart qui théorisait l’opposition entre "héros et marchands" ;sans oublier les soi-disant bolcheviques nationaux. Le plus éminent des intellectuels national-bolcheviques, Ernst Niekisch, avait rencontré Jünger en 1927 ; dès lors, il élaborera également une réflexion sur la technique. Son bref essai La technique, dévorer les hommes est l'une des analyses les plus lucides du messianisme technologique, et l'une des plus grandes critiques de l'incapacité du marxisme à comprendre que la technique était une question qui échappait au déterminisme économiste et aux différences de classe. C'est aussi l'un des meilleurs commentaires de Niekisch sur Le Travailleur de Jünger, une œuvre dont il a eu un grand concept. Ils ont tous essayé de donner à la technique un visage brutal mais toujours humain, trop humain, la seule trouvaille au monde, comme le soutenait Nietzsche.

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Certes, toutes ces énergies ont été mobilisées par les hommes politiques, qui ne pensaient ou n'écrivaient pas autant, mais elles pouvaient faire tomber des barrières que les intellectuels n'osaient pas franchir. Ces nouveaux politiciens avaient fait leur cette nouvelle philosophie : ils ne venaient plus de la peinture, des beaux-arts, ni n'étaient des professionnels de la politique mais des "artistes du pouvoir", comme le disait Drucker. Lénine a ouvert la voie, mais des hommes comme Mussolini et Hitler, et beaucoup de leurs partisans, étaient des archétypes de cette nouvelle classe. Ils venaient des tranchées du front, ils étaient les moteurs d'un mouvement auquel adhérait la jeunesse, ils avaient une grande ambition, ils méprisaient les bourgeois, qui confondaient leurs idées de salut national avec le siècle dernier et ses divers préjugés.

La fin d'une illusion

Schmitt coïncide avec Jünger dans son mépris du monde bourgeois. Dans la conception jüngérienne, l'ami est aussi important que l'ennemi : tous deux sont des référents de sa propre existence et lui donnent un sens. Le postulat significatif de la théorie de Schmitt sera la distinction spécifique du politique : la distinction entre ami et ennemi. Le concept d'ennemi n'est pas ici métaphorique mais existentiel et concret, car le seul ennemi est l'ennemi public, l'hostis. Préoccupé par l'absence d'unité intérieure dans son pays après les vexations de 1918, entrevoyant en politique intérieure le coût de la faiblesse de l'État libéral bourgeois et en politique étrangère les faillites du système international de l'après-guerre, Schmitt s'engagea d'abord profondément dans le national-socialisme. Il est devenu l'un des principaux juristes du régime. Il croyait y trouver la possibilité de réaliser le décisionnisme, l'incarnation d'une action politique indépendante des postulats normatifs.

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Jünger, attentif à ce qu'il appelle "la deuxième conscience la plus lucide et la plus froide" - la possibilité de se voir agir dans des situations spécifiques - est plus prudent, et prend progressivement ses distances avec les nationaux-socialistes. Sans aucun doute, son côté conservateur avait entrevu les excès du plébéisme nazi-fasciste et sa force de nivellement. Schmitt, lui aussi, a commencé à voir comment des éléments médiocres et indésirables sont entrés dans le régime et ont acquis un pouvoir croissant. Heidegger, d'abord si enthousiaste, s'était éloigné du régime en peu de temps. Spengler est mort en 1936, mais il les avait critiqués dès le début.

Néanmoins, il y avait des différences fondamentales. Spengler, Schmitt et Jünger pensaient qu'un État fort avait besoin d'une technique puissante car la primauté de la politique pouvait concilier technique et société, soudant les antagonismes créés par la révolution industrielle et technomécanique. Ils étaient antimarxistes, anti-libéraux et anti-bourgeois, mais pas anti-technologiques, comme l'était Heidegger ; il s'était retiré dans son chalet de Todtnauberg  pour ruminer sa réflexion sur la technique comme obstacle à la "dés-occultation/dévoilement de l'être", qu'il explicitera si magistralement longtemps après.

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La ville soviétique de Magnitogorsk, fruit des plans quiquennaux de Staline et oeuvre d'un architecte allemand du Werkbund.

Un autre aspect sur lequel Jünger, Schmitt et aussi Niekisch coïncident est dans leur réflexion sur la manière dont la Russie stalinienne s'aligne sur la tendance technologique qui prévaut dans le monde. À la fin des années trente, deux nations semblaient se distinguer comme exemples d'une volonté de pouvoir orientée et subsumée dans une communauté de travailleurs, à rebours de ses différents principes et systèmes politiques: le Troisième Reich et l'URSS stalinienne (dans une moindre mesure également l'Italie fasciste). Mais, évidemment, ses classes dirigeantes n'étaient pas perméables aux considérations jüngeriennes ou schmittiennes, car la carcasse idéologique ne pouvait pas admettre d'attitudes critiques. Jünger et Schmitt leur ont fait la même chose : ils n'étaient pas assez considérés comme nationaux-socialistes et ont commencé à être critiqués et attaqués. Schmitt s'est réfugié dans la théorisation - brillante, sans doute - de la politique internationale.

Quant à Jünger, sa conception de l'"ouvrier" a été rejetée par les marxistes, l'accusant d'être un écran de fumée pour masquer l'opposition irréductible entre la bourgeoisie et le prolétariat - c'est-à-dire "fasciste" - autant que par les nazis, qui n'ont trouvé en elle aucune trace de problèmes raciaux. Dans son exil intérieur, Jünger a écrit l'un de ses plus importants romans : Sur les falaises de marbre ; c'est une réflexion profonde, à portée symbolique, sur la concentration du pouvoir et le monde déchaîné par les forces "élémentaires". À travers une prose hyperbolique et métaphorique, il dénonce le sophisme de l'union des principes guerriers et des principes idéalistes quand il manque une métaphysique de base. Certes, cet ouvrage, édité à la veille de la Seconde Guerre mondiale, a été considéré, non sans raison, comme une critique du totalitarisme hitlérien, mais il ne s’épuise pas pour autant dans cette attitude. L'écriture va plus loin, car elle fait référence au monde moderne où aucune révolution, aussi réparatrice soit-elle, ne peut empêcher la chute de l'homme et de ses dons de tradition, de sagesse et de grandeur.

Jünger a toujours été sceptique. Dans La mobilisation totale, il y a un paragraphe éclairant : "Sans discontinuité, l'abstraction et la crudité sont accentuées dans toutes les relations humaines. Le fascisme, le communisme, l'américanisme, le sionisme, les mouvements d'émancipation des peuples de couleur, sont autant de sauts en faveur du progrès, jusqu'à hier impensables. Le progrès se dénature afin de poursuivre son propre mouvement élémentaire, dans une spirale faite de dialectique artificielle. A la même époque, Schmitt a fait remarquer : "Sous l'immense suggestion d'inventions et de réalisations, toujours nouvelles et surprenantes, naît une religion du progrès technique, qui résout tous les problèmes. La religion de la foi dans les miracles devient alors la religion des miracles techniques. Ainsi, le XXe siècle est présenté comme un siècle non seulement de technique mais aussi de croyance religieuse en elle.

Si les deux penseurs croyaient en une tentative de briser le cycle cosmique déclenché, ils auraient vite perdu tout espoir. Les challengeurs mêmes du phénomène mondial d'homogénéisation - dont le moteur technique est issu du monde anglo-saxon de la révolution industrielle - comme le national-socialisme et le soviétisme, ont à peine pu mener à bien ce processus de rupture alors qu'ils constituaient une part importante, et dans bien des cas l'avant-garde, du progrès technologique. L'homme d'aujourd'hui n'y échappe pas, et le principe totalitaire, froid, cynique et inévitable que Jünger a envisagé dès ses premiers travaux, et qu'il a continué à développer jusqu'à sa fin, sera la caractéristique essentielle de la société mondiale.

L'issue de la Seconde Guerre mondiale, avec son cortège d'horreurs, a éliminé la possibilité d'intronisation de l'"homme héroïque" tant désiré et a consacré l'"homme économique" ou "consumériste" comme archétype. Ce triomphe évident de la société fukuyamienne est dû non seulement à la prodigieuse expansion de l'économie mais essentiellement au boom technologique et à la démocratisation de la technologie. Cela ne signifie pas pour autant que l'homme soit plus libre ; il se croit libre alors qu'il participe à des démocraties de quatre mois, habitant du centre commercial et esclave de la télévision et de l'ordinateur, producteur et consommateur dans une société qui a accompli le miracle de créer l'empressement pour l'inutile ; le calme apparent dans lequel il vit cache des aspects inquiétants.

La technologie a totalement dépersonnalisé l'être humain, ce qui est évident dans la macro-économie virtuelle, qui cache une exploitation, une inégalité et une misère étonnantes, ainsi que dans les guerres humanitaires, euphémisme qui sous-tend la tragédie des guerres interethniques et pseudo-religieuses, vestige de l'exploitation des ressources naturelles par les puissances mondiales. Du FMI à l'invasion de l'Irak, le "philistin moderne du progrès" - Spengler dixit - est, sous ses multiples manifestations, génie et fugitif.

Dans les dernières années de sa vie, Jünger en a eu assez. Son conseil au Rebelle était de fuir la civilisation, l'urbanisation et la technique, en se réfugiant dans la nature. Le silence actuel des jeunes - qu'il a souligné dans Le recours aux forêts - est encore plus significatif que l'art. La chute de l'État-nation a été suivie par "la présence du néant, tout en sécheresse et sans ornements". Mais de ce silence, ‘’de nouvelles formes peuvent émerger’’. L'homme voudra toujours être différent, il voudra quelque chose de distinct. Et comme le calme avant la tempête, tout état d'immobilité et tout silence est trompeur.

L'homme qui a tué le président des États-Unis d'Amérique - Présentation du roman posthume de Guillaume Faye

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L'homme qui a tué le président des États-Unis d'Amérique

Présentation du roman posthume de Guillaume Faye

Duarte Branquinho

Guillaume Faye (1949-2019) s'est fait connaître comme un penseur et un essayiste de la droite radicale française et de ce que l’on appelle désormais le ‘’réseau identitaire européen’’, mais son imagination et sa fascination pour la technoscience se sont révélées assez tôt. Il n'est donc pas surprenant qu'il nous ait donné cette surprise posthume, un roman qui est une incursion dans l'histoire alternative, ou plutôt, dans un univers parallèle.

Déjà en 1985, Faye, qui s'était fait remarquer par ses essais politiques, notamment le brillant ouvrage intitulé Le Système à tuer les peuples (1981), écrit le scénario d'une bande dessinée, faisant ainsi ses débuts dans la fiction. Avant-guerre, illustré par Jean-Marc et Éric Simon et publié par Carrère, était un "thriller" qui mêlait la science-fiction et le fantastique, mais où, surtout, le décor nous montrait le monde qu'il entendait prophétiser, celui de la Grande Fédération Européenne, dans laquelle se mêlaient des éléments archaïques et futuristes. En 1998, dans son livre L'Archéofuturisme, en annexe de cet essai provocateur et révolutionnaire, Faye a aussi illustré son monde par la fiction, dans une nouvelle intitulée Un jour dans la vie de Dimitri Léonidovitch Oblomov, qui a été traduite en allemand et publiée de façon autonome par les éditions Jungeuropa l'année dernière. Ensuite, dans L'Archéofuturisme V2.0: nouvelles cataclysmiques (Editions du Lore, 2012), il a à nouveau utilisé la fiction pour illustrer ses idées et présenter l'avenir qu'il espérait.

Nederland

Bartholomé est un homme d'âge moyen, chef de ventes dans une entreprise de nouilles et soupes asiatiques, solitaire dont la vie est inintéressante. Un jour, depuis son nouvel appartement, il observe une belle voisine sur un balcon voisin et tombe immédiatement amoureux. Il devient obsédé par cette femme qui correspond exactement à son type et lui rappelle un amour passé, achète de puissantes jumelles et commence à l'observer quotidiennement, à contrôler ses mouvements et à imaginer sa vie, présente et future - avec lui, bien sûr. Jusqu'au jour où elle voit un homme la rencontrer dans son appartement. L'existence d'un rival est insupportable et Bartholomé, sur les conseils de Barthélémy, son "double" qui vivait comme un parasite dans son cerveau depuis l'enfance, décide de le tuer et, sans le savoir, assassine le président des Etats-Unis, Frank Nederland, à coups de carabine.

Dès lors, la "solution" qui allait ouvrir la voie à son grand amour se transforme en une course où les événements se précipitent et où les vents changent soudainement de direction.

L'intrigue a tous les ingrédients d'un roman policier, d'un thriller politique et d'un roman de science-fiction, sans oublier les touches d'humour.

Il y a des références que l'on a repéré dans des ouvrages antérieurs, comme la firme géante Typhoone, qui figurait déjà dans Avant-guerre, ainsi que des jeux de mots amusants sur des noms propres, comme le procureur Silvester Schwarzenegger et l'agent Arnold Stallone, mais aussi des noms fictifs dans lesquels on reconnaît des auteurs pour lesquels Guillaume Faye n'est pas toujours amical et en profite parfois pour régler des comptes, comme Bernard Loogan, Albin Delanoist, John-Yvan Legallooblow ou Peter Krebs. Il y a également une référence à un sport populaire, le "rollerball", en hommage au film culte du même nom réalisé en 1975 par Norman Jewison.

Le texte se réfère à l'annexe des notes à la fin du livre, et c'est là que nous trouvons un indice qui nous dit où l'action de ce roman se déroule à Washita D.C., où l'on paie en "thalers" et où il existe une religion officielle avec ses déesses, où les gens communiquent par le réseau Intertronic avec leurs PED, boivent des boissons comme la "vodschkaïa" ou le "café salé" et où il y a des animaux comme la "chepulavanka" ou le "sanglion". Dans la note sur le professeur Josef Stiin, on nous dit que cet astrophysicien, adepte de la théorie des "pluri-verses", a révélé dans son ouvrage Pluridimensional Journey qu'il a réussi à voir une planète semblable à la sienne, appelée par ses habitants Terre, et située dans une dimension cosmique parallèle dans la soi-disant Voie lactée.

Nederland, publié par Alba Leone en septembre de l'année dernière, se lit comme un film d'action, avec son rythme rapide, ses descriptions passionnantes, une scène bien construite et des personnages nombreux et variés. Mais au final, ce que l'histoire anticipe bientôt, il y a un sentiment de manque car l’étrangeté du lien entre cet univers et le nôtre demeure. Serait-ce vraiment "le nôtre", ou serait-ce un monde différent ? La réponse se trouve dans une suite que Faye, enlevé par les dieux trop tôt, n'a pas eu le temps d’écrire.

Texte publié dans l'hebdomadaire O Diabo, 8 janvier 2021.

Pour commander le roman: https://danielconversano.com/product/nederland-guillaume-faye/

Cinq livres de Faye pour 80 euros: http://www.ladiffusiondulore.fr/home/851-pack-faye-5-ouvrages-a-prix-reduit-.html?search_query=faye&results=8

Archéofuturisme 2.0 : http://www.ladiffusiondulore.fr/documents-essais/368-l-archeofuturisme-v20-nouvelles-cataclysmiques.html?search_query=faye&results=8

 

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L'âge du fer qui fond : réflexions sur la modernité et le Kali Yuga

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L'âge du fer qui fond : réflexions sur la modernité et le Kali Yuga

par Angel Millar

Il y a un certain débat sur le moment exact où les âges commencent et se terminent, mais selon les traditionalistes, qui s'inspirent de l'hindouisme, nous descendons de l'âge d'or (Satya Yuga), lorsque l'humanité était intimement liée au Divin et vivait en harmonie avec la nature, et nous sommes maintenant dans l'âge de fer matérialiste (Kali Yuga).

Dans le Kali Yuga, la quantité prime sur la qualité ; la richesse (et non l'intelligence ou la sagesse) est considérée comme la preuve de la valeur d'un homme ; les gens ne se soucient plus de leurs parents ou de leurs aînés, et les hommes et les femmes s'unissent exclusivement par attirance physique.

Peut-être parce que nous associons l'âge de fer à la "quantité" et, plus précisément, au "royaume de la quantité", nous devrions considérer le Kali Yuga comme pesant, comme une époque de fer et de ruine. Pourtant, ce n'est pas le cas aujourd'hui.

550x820.jpgDans Liquid Modernity, le sociologue polonais Zygmunt Bauman décrit comment la politique des Lumières a voulu éroder ce qui était devenu statique et oppressif. L'idée était qu'une fois l'ancien régime ruiné, de nouveaux systèmes, plus équitables et plus gratifiants, seraient mis en place. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. L'acide corrosif a continué à désintégrer tout ce qu'il touche, de sorte que nous avons maintenant une "modernité liquide", une modernité où tout est léger, fugace, fluide, mutant, autodestructeur, et peut-être surtout, dénué de sens.

La vision orwellienne de notre monde après la Seconde Guerre mondiale était grise, rigide, oppressante et industrielle. Certaines caractéristiques "orwelliennes" font partie de notre époque, il est vrai ; en particulier l'abus politique de mots creux, qui en fait leur contraire ("dommage collatéral", terme militaire désignant les morts violentes dues aux opérations, étant l'un des plus connus), et la "double pensée" que le "politiquement correct" impose à ses adeptes, qui doivent croire des choses différentes selon la personne qui parle, et à quelle catégorie politique leur "identité" correspond.

L'expressivité apparaît également dans la foule qui crie, dénonçant l'individu pour ses mauvaises pensées. Mais ces foules sont composées de volontaires, plutôt que d'acteurs étatiques, et bien qu'elles se considèrent comme les gardiens d'une haute moralité, et dénoncent la superficialité des Occidentaux qui ne s'intéressent qu'au cinéma, à la musique populaire et à la télévision, c'est leur comportement criard qui vise à créer un tel monde de désintérêt pour les questions sérieuses, un monde où il n’y a qu’absence de réflexion. En d'autres termes, contrairement à ce que fait Orwell dans 1984, l'oppression agit elle aussi ‘’pour se liquéfier et faire lumière’’. Mais regardons quelques exemples de la réalité liquide de notre âge de fer.

Nous avons tous entendu parler du besoin de "liquidité" sur les marchés financiers, longtemps libérés de l'étalon-or, solide et lourd, et de la nécessité pour les entreprises individuelles de disposer de liquidités. Depuis que Bauman a écrit Liquid Modernity, le "genre fluide" est devenu partie intégrante du langage et de l'idéologie du monde moderne. Le genre, par exemple, est devenu changeant, et donc "l'hétéro-normativité", ou le schéma traditionnel du genre, pourrait-on dire, est désormais considéré comme oppressif. La fluidité entre les sexes est aussi souhaitable que la fluidité financière, il n’est donc pas idéal pas qu'ils soient entièrement séparées.

La "quantité" n'est pas une question de poids et d'immobilité, mais est dorénavant ce qui est léger, plus menu, vide et fluide. Prenons l'exemple de la nourriture. Il y a de la nourriture bon marché partout. Et pourtant, cette nourriture habituellement produite en vrac ne nous donne guère plus que des "calories vides" qui nous rendent parfois malades. Des légumes vaporisés de pesticides aux innombrables rangées de boîtes colorées avec des personnages dessinés sur leur côté pile, qui plaisent aux jeunes enfants, le domaine de la quantité est soit caché, soit évident, mais toujours d'apparence amicale.

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Et puis il y a la guerre. Il ne s'agit plus de défendre sa nation, et certainement pas sa culture traditionnelle. La guerre, dit Bauman, "ressemble de plus en plus à une ‘’promotion du libre-échange mondial’’ par d'autres moyens". (p. 12). Mais elle se justifie aussi par les choses les plus glissantes : apporter la "liberté", la "démocratie", ou peut-être les droits des femmes. La guerre, c'est aussi le nomadisme. Les cultures traditionnelles sont arrachées de leur sol pour la première fois depuis plus de mille ans.

En plus d'être plus léger et plus fluide, il y a une autre caractéristique de la modernité : moins cher. Il y a un siècle, ou moins, nous avons compris qu'il valait la peine d'acheter quelque chose qui durerait toute une vie. Il pourrait être transmis à la génération suivante. Aujourd'hui, le consommateur moyen veut acheter le produit le moins cher, même s'il s'effondre après une utilisation de courte durée, car il est probable que, quoi qu'il arrive, il sera démodé avant même cette date.

Les "travailleurs illégaux" contribuent évidemment à maintenir les prix bas. Lorsque l'on parle du "rêve américain" en matière d'immigration, l'idée confortable et consciente que les immigrants s'en sortent bien aux États-Unis est sous-tendue par le "rêve" inconscient mais réel : que la classe moyenne, de plus en plus appauvrie, puisse maintenir un mode de vie de classe moyenne grâce à une main-d'œuvre de plus en plus bon marché.

En Europe aussi, les immigrants et les réfugiés ne seront pas intégrés au rêve britannique, français ou allemand, quel qu'il soit. Ils sont utiles pour le travail bon marché, et utiles pour les élites qui ont besoin de montrer à quel point elles sont morales et consciencieuses, mais qui ne veulent pas le faire à leurs dépens.

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Malgré tous les discours sur l'intégration, les gens ne peuvent pas s'intégrer dans l'existence vide, liquide et en mutation de la modernité. Au contraire, ironiquement, les immigrants de Syrie, de Libye, du Pakistan et d'ailleurs apportent ce qui est défini et enraciné dans la tradition et la religion, et ils ne le quitteront pas facilement, notamment parce qu'ils sont des immigrants. Les États-Unis, qui jusqu'à récemment n'étaient guère plus que l'Europe portés vers la religion, se sont accrochés à la religion et aux traditions européennes d'une manière que les États européens modernes n'ont pas, parce qu'ils sont eux aussi une "nation d'immigrants".

Dans le film Duna, "l'épice doit couler". L'épice est similaire à ce que nous connaissons sous le nom de Soma ou de Hoama zoroastrien, une sorte de narcotique ou de substance qui semble apporter une sorte de lumière. Peut-être parce que le film, et le livre sur lequel il est basé, se déroule dans le désert, l'"épice" a naturellement été comparée au pétrole : "le pétrole doit couler", de préférence vers l'ouest. Mais le pétrole était hier instable sur le plan économique. Aujourd'hui, pour entretenir l'illusion de richesse et de modernité, c'est l'immigration qui doit circuler.

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"Nous assistons à la revanche du nomadisme sur le principe de territorialité et de colonisation", déclare Bauman. "Dans la phase fluide de la modernité, la majorité stable est gouvernée par l'élite nomade et extraterritoriale. Garder les routes libres pour le trafic nomade et faire disparaître les derniers points de contrôle est devenu le méta-objectif de la politique, et aussi des guerres..." (p. 13).

Mais même la main-d'œuvre bon marché ne peut pas être rendue assez bon marché. Si nous avons des problèmes pour remplacer le pétrole par l'énergie solaire, nous avons moins de problèmes pour remplacer les gens par des machines, ce qui a commencé avec la révolution industrielle. Récemment, les fonds Oppenheimer ont lancé leur propagande "le non-humain est beau". Dans la publicité, on voit un robot qui aide une femme à mettre son manteau et un autre petit robot qui sert des boissons lors d'une fête au bord de la piscine. Nous avons peut-être peur des robots, tout comme les gens craignent une immigration incontrôlée, mais la société d'investissement mondiale nous assure qu'il y aura des robots dans chaque foyer d'ici 2025. Les robots sont "beaux", et nous devrions investir dans un "bel avenir", ou pour le dire autrement, un avenir plus liquide.

L'âge du fer, oui, mais d’un fer qui a été fondu. La tradition, nous dit Gustav Mahler, n'est pas de conserver les cendres, mais de transmettre la flamme. Nous devons également dire qu'il s'agit de transmettre l'essentiel. Mais ce doit être aussi pour transmettre les formes des choses, pour transmettre un royaume mort et devenu psychique, avec des guerriers, des prêtres, des mystiques, des amoureux, de grandes œuvres d'art, de grandes constructions, des compétences, des idées, etc. qui existent maintenant sous forme de légende, d'histoires, de philosophies, de dictons, de peintures, de sculptures, etc.

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Le fer est une chose particulière. Considéré par les alchimistes comme l'un des métaux de base, et par les hommes modernes comme archaïque et moins utile que l'acier, les anciens le voyaient différemment. Les Zoroastriens pensaient que les cieux étaient faits de "pierre dure", ils semblaient donc faire référence au fer météorique, quelque chose que beaucoup de peuples anciens utilisaient, surtout de manière rituelle. Le fer, sombre et dense, est, comme nous l'avons découvert, symbolique du ciel, des dieux, du Divin. Que ce soit intentionnel ou non, nous pouvons prendre cela comme un signe de la façon de vivre dans l'âge de fer actuel : renforcer notre corps et aiguiser notre esprit, notre pensée et nos capacités.

Intentionnel ou non, nous pouvons prendre cela comme un signe de la façon de vivre à notre époque. Comme les métallurgistes, nous pouvons appliquer de la chaleur à notre propre vie, en nous purifiant, mais en devenant plus solides, en façonnant notre vie en quelque chose qui reflète l'éternel. Nous pouvons penser à des exercices, où notre corps est trempé dans notre propre sueur "liquide", mais est moulé et durci à cause de cela. L'âge du fer fondu veut nous emporter avec lui, mais en appliquant la flamme et en ré-imaginant les formes des valeurs et des pratiques anciennes, des domaines de la force physique et de la santé à l'élévation mentale et spirituelle, et en nous remodelant en conséquence, nous pouvons résister aux coulées fondues de la modernité.

 

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mercredi, 13 janvier 2021

Sun Tzu et Clausewitz - Guerre et politique

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Sun Tzu et Clausewitz

 

Guerre et politique

 

Irnerio Seminatore

 

Sun Tzu est une figure à la fois historique et légendaire, qui appartient à la Chine des royaumes combattants, celle du IVe siècle avant Jésus-Christ. Son identité est incertaine, sa biographie vide et la véracité de son œuvre contestée. Qui est donc Sun Tzu et pourquoi son actualité ? Mérite-t-il de figurer sur les frontons de gloires militaires et par là de nos maîtres à penser ? L’identité de Sun Tzu, quoiqu’incertaine, tire sa raison d’être de l’enseignement d’un grand texte, L’Art de la Guerre, qui est l’expression d’une philosophie de l’existence et la référence obligée d’une pensée, résumant les concepts essentiels d’une Chine septante fois séculaire.

s-l500.jpgSon actualité tient à la géopolitique mondiale et à l’importance croissante du pays de Chung Kuò sur le plan économique et stratégique, mais aussi à l’exotisme de formulations littéraires du texte, inspirant une tradition de savoir dont l’ambiguïté, comme celle des écrits de Lao Tse, est susceptible d’interprétations multiples. Par ailleurs, l’actualité de L’Art de la Guerre découle de la somme des dilemmes et des interrogations que les hommes de pensée et d’action doivent résoudre dans les drames individuels de leur vie, ou dans les engagements collectifs de leurs peuples ou encore dans les questionnements imposés par des situations graves, de danger existentiel et de menace imminente.

Étudié dans les écoles militaires occidentales, en particulier anglo-saxonnes, depuis les guerres révolutionnaires de la Chine, de l’Indochine et du Vietnam, comme source de réflexion stratégique, les options de Sun Tzu, leur niveau d’abstraction et leur rapport au réel sont davantage tributaires de la situation historique qui les a inspirés que d’une tradition militaire codifiée et spécifique. En effet, leurs leçons fondamentales sont d’ordre métapolitique et philosophique. Elles tiennent à l’idée que la guerre est une affaire aventureuse et aléatoire dans laquelle se joue la survie ou la mort des nations et que la réflexion qui la concerne doit être traitée avec élévation d’esprit et profondeur de jugement.

L’Art de la Guerre s’inscrit parfaitement dans la phraséologie combattante de notre époque, où la guerre classique, tout en se retirant du vécu quotidien, envahit les formes de communication les plus diverses, perçant dans les domaines de la vie civile, d’où elle avait été exclue sous l’apparence trompeuse d’un devenir pacifié de la scène mondiale. L’actualité de Sun Tzu s’inscrit parfaitement dans la logique des sciences économiques contemporaines, pensées en termes de compétition « hors limite ». En effet, l’idéologie du discours économique contemporain est pénétrée d’une terminologie guerrière, due pour une part à la dépolitisation du politique et pour l’autre à une guerre totale impraticable, mais omniprésente, celle d’une rivalité poussée à des formes de compétition sans règles. Cette actualité tient également à la fausse opinion que la guerre réelle s’identifie à la guerre économique. La guerre proprement dite, dans la pensée occidentale, est l’expression d’une lutte d’anéantissement, d’une antinomie éthique et de ce fait d’un « commerce sanglant », qui ne peuvent être réduits à une compétition marchande. La guerre économique, en revanche, tient à une opposition d’intérêts entre acteurs, zones et secteurs d’activités, dont le niveau d’innovation et de maturité relève de périodisations de développement différentes. Dans le sillage de cette deuxième interprétation, L’Art de la guerre devient un manuel pour des chefs d’entreprise et une référence, de lecture et de méthode, pour une stratégie de conquête des marchés. Ainsi, la Chine est vue comme le miroir inversé de l’Occident et L’Art de la guerre comme le modèle abstrait d’une militarisation de la société internationale et d’une dévalorisation parallèle des conflits sanglants.

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Au plan historique et dans l’empire du Milieu, à partir du VIe et Ve siècle avant Jésus-Christ, la guerre change complètement de nature, de méthode et de forme. Change en particulier la structure de l’organisation militaire, le sens du combat et le rôle du guerrier. C’est à cette époque que se modifie le rapport entre guerre et politique et entre politique et société. L’art chinois de la guerre est un art de l’oblique, qui prétend vaincre « sans ensanglanter la lame » en investissant le champ tout entier du politique et en dominant totalement l’adversaire, avant même le déclenchement du combat.

En Chine, la réflexion sur l’art de la guerre, en se hissant du savoir-faire militaire et du rapport de forces pur entre belligérants, tend à dépasser la sphère de l’affrontement violent et du conflit sanglant pour parvenir à la formulation d’une théorie globale du conflit qui s’étend à l’univers céleste et à l’ensemble du corps social.

Ainsi, la transformation de l’art de la guerre autour du Ve siècle, découle de trois mutations majeures :

  • la monopolisation et hiérarchisation de la violence, autrefois sacrificielle ;

  • la militarisation de la société chinoise de l’époque et la dévalorisation parallèle du guerrier, jadis noble et désormais piétaille ;

  • la transformation de la structure de l’armée, dans les mains de guerriers, investis, à l’époque archaïque d’une fonction aristocratique, mystique et de prestige, et au Ve siècle avant Jésus-Christ d’un rôle subalterne, au sein d’une armée de fantassins, encadrée sévèrement et tenu par un seul maître, commandant en chef ou souverain.

Au VIe siècle avant Jésus-Christ, la dévaluation des qualités guerrières, soustraites au privilège d’un exercice par définition mâle, s’accompagne d’une mutation des formes de combat, qui de rituelles deviennent réelles et de « viriles » (créditées du symbole du yang et porteuses de châtiments et de morts) deviennent « féminines » (cernées par le sceau du yin, emblème de la féminité) et marquées par la faiblesse, la souplesse et l’esquive. C’est ainsi que la victoire change de sexe et l’univers des combats devient un monde de stratagèmes, inspirés par le souci d’éviter l’affrontement et l’effusion de sang.

L’art du général s’inspire désormais de l’attitude du yin dans le cadre d’un conflit où l’issue de l’épreuve est d’induire un doute sur le statut du « fort » ou sur celui de la « force », eu égard au résultat du conflit. L’habilité suprême, selon les théoriciens de l’époque des royaumes combattants consistait à dominer un conflit par l’art de l’obliquité, en remportant la victoire par le détour de la violence ou par des affrontements peu meurtriers. Ce détour est tout autant diplomatie et stratégie, art de la subtilité et cruauté sélective. Il ne pourrait réussir, s’il n’était pas dominé par un postulat, la suprématie du pouvoir civil sur le pouvoir militaire, de la ruse sur la vaillance, de la manipulation et de l’intrigue sur la manœuvre, ou encore de la gesticulation guerrière sur l’attrition des forces.

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À l’époque où Sun Tzu rédige son traité, les combats constituent des immenses boucheries et les morts se comptent par centaines de milliers auxquelles se rajoutent des centaines de milliers de vaincus, qui sont égorgés ou passés par les armées. La Chine de l’époque baigne dans le sang, mais aussi dans l’intrigue et dans un univers de suspicion. Le jeu diplomatique est stimulé par des tractations secrètes, des démarches biaisées, des pièges et des ruses retorses. Sur le front, les massacres demeurent la règle et la ruine des pays un facteur d’hésitation dans l’engagement belliqueux face aux calamités et aux tragédies collectives. Les sept royaumes combattants, qui restent de la centaine des principautés de l’époque Tchéou, nouent des manœuvres et des alliances éphémères pour isoler leurs rivaux, les vaincre et s’en partager les dépouilles. Malheurs et souffrances sont partout. Si l’expérience nous enseigne qu’un pays affaibli devient une proie pour des rivaux prédateurs, l’alliance devient alors un moyen de politique qui permet de préserver sa survie. Ainsi, la ruse diplomatique, visant à renverser une alliance, est un but indispensable du jeu de puissance. Chacun doit redouter la trahison et à tout moment. La faiblesse et la suspicion encouragent l’intoxication et l’espionnage. L’influence au sein d’une cour étrangère permettra l’achat des conseillers du roi et l’orientation d’une coterie, dont dépendra la décision du prince et la conduite militaire de ses armées. Le personnel diplomatique de la Chine ancienne est constitué de véritables professionnels de la politique qui se vendent à l’ennemi et passent de prince en prince, au service d’autres souverains et d’autres entreprises. On ne peut s’attendre à aucune fidélité, car celui qui a déjà trahi peut encore trahir, en servant un autre prince ou en restant attaché secrètement à l’ancien. Deux comportements insidieux règnent aux cours des souverains de l’époque : la manipulation et l’intrigue. L’intelligence politique est une intelligence rusée. Elle se définit par la capacité de prévoir à long terme, d’épouser les mutations, de renverser des positions, de permuter les rôles qui transforment le yin (féminin) en yang (masculin) et le yang en yin, dans une dialectique permanente et cyclique. L’intelligence politique se doit donc d’être divinatoire. Cette mutation est perceptible par l’instauration d’une « mentalité indicielle », car, dans la lecture du futur tout est signe, indice et symbole. Elle doit viser les implications d’un acte, d’une trace, d’un détail. Le chef de guerre ou le souverain sont tels, s’ils sont capables d’interpréter le temps, de saisir l’occasion, d’exploiter la circonstance, de mettre la ruse au profit de l’imprévu. L’anticipation, visible dans un détail éphémère, y joue une fonction essentielle, car le combat qu’on livre dans l’immédiat, doit être lu dans l’intention de l’ennemi, par une sorte de la prescience. La faculté d’anticiper, de décider et d’agir avant l’éclatement du conflit doit étouffer dans l’œuf toute velléité de l’adversaire d’attaquer en premier. La pensée conjecturale est à la racine de l’attaque préemptive et celle-ci fonde une stratégie d’équilibre entre adversaires déclarés, si elle est partagée et à condition qu’elle le soit. Il s’en dégage ainsi une doctrine de la parade ou de la non-guerre, autrement dit une dissuasion réciproque, fondée, comme aujourd’hui, sur la prééminence stabilisatrice d’une politique sans combat, d’une stratégie de frappe en premier, qui exorcise l’affrontement permanent. Le principe de subjuguer sans frapper fonde celui de vaincre sans recourir aux armes. Dans une situation caractérisée par la guerre permanente et par un univers de traîtrise omniprésente se forge peu à peu une doctrine qui prétend conjurer les convulsions de la guerre, la désolation ou le chaos.

LE « LIVRE DES MUTATIONS ». FRAPPER LA TRANQUILLITÉ PAR L’IMPRÉVU ET L’ÊTRE PAR LE CHAOS

9782081309890.jpgLa subtilité du coup d’œil et la rapidité d’exécution décident de la réussite immédiate et à long terme. Elles fondent dans l’instant, l’esprit et l’âme de l’action du stratège. Voir, agir et vaincre le futur se dévoilent totalement dans l’instant, dans l’occasion fugace, dans la saisie d’un acte, dans un détail divinatoire. Voir, interpréter et agir exigent de passer par des manifestations infimes, par un coup de regard et une étincelle des yeux ! Il faut saisir toutes les implications d’un acte par une décision foudroyante ! Agir sur le futur, c’est acter dans les amonts du temps, c’est penser la durée dans l’instant, c’est troubler l’ordre absolu par l’irruption du chaos, c’est former par l’informe, dans toute la profondeur des temps. La victoire, dans l’ordre absolu, est le fruit de l’ordre intérieur, brisant la législation du prévisible. C’est frapper par l’imparable, portant atteinte aux vertus du paisible. C’est là que la lame scinde la lumière de ses origines et coupe le regard de l’homme pour le faire rentrer dans les ténèbres de la nuit et dans celles du vide. Dans la domestication de la guerre et des conflits permanents, quatre écoles mènent le jeu et orientent les solutions dans la Chine ancienne :

  • l’école des diplomates, pour qui le combat doit être mené dans l’esprit même de l’adversaire et au cœur de son mental. L’arme-clé y est celle de la parole, de l’engagement, de la conviction, du sophisme ;

  • l’école des confucéens, qui prônent la rectitude et la vertu, seules capables de subjuguer la guerre ;

  • l’école des légistes, porteurs d’un ordre despotique, en mesure de remporter des victoires à la faveur d’une discipline sans pitié, inspirée par la soumission des sujets à une législation sans concessions ;

  • l’école des stratèges, à laquelle appartient Sun Tzu, qui élabore une synthèse des trois écoles, limitant l’affrontement aux issues consécutives à l’échec des trois méthodes.

SUN TZU ET CLAUSEWITZ. L'ART DE L'OBLIQUITÉ ET DE LA RUSE, OPPOSÉ AU PRINCIPE D'ANÉANTISSEMENT

Si les opérations militaires sont au cœur de la réflexion stratégique, la manière de les concevoir et de les conduire change radicalement en Occident et en Extrême-Orient. Change par ailleurs la distinction entre stratégie et tactique et la conception, directe ou indirecte de la manœuvre et de l’affrontement. En Occident, Clausewitz choisit d’allier la connaissance et l’épée et donne une définition kantienne de la guerre, comme action guerrière fondée sur une idée-maîtresse, le principe d’anéantissement. L’ambition de la pensée occidentale en général, et celle de Clausewitz en particulier, est de saisir la guerre par le raisonnement logique, par des démonstrations géométriques et par des certitudes rationnelles. Or, si une manœuvre peut se concevoir dans l’abstrait, la guerre comme action se développe dans le réel et ce réel montre à chaque fois et dans toute situation des résistances imprévisibles.

Soumettre la guerre à la catégorie de l’entendement et du libre jeu de l’esprit a pour finalité de mieux saisir le réel, afin de mieux le soumettre à la volonté et ce réel, pour Clausewitz, est politique. La guerre est donc conçue comme une activité dont la finalité est de porter préjudice à l’ennemi et pas seulement de le tromper, car tout dans une guerre repose sur le combat, sur le principe d’anéantissement de l’ennemi et sur la suprématie de l’intelligence politique sur les moyens militaires. Ainsi, il doit y avoir une connexion logique entre stratégie et tactique, une connexion qui s’atténue dans la conception de Sun Tzu. En effet, chez Clausewitz, la « tactique » est l’« enseignement qui a pour objet l’emploi des forces armées dans le combat » et la « stratégie », l’« enseignement de l’emploi des combats dans l’intérêt du but de guerre ». En ce sens, « le combat est à la stratégie ce que le paiement en espèces est au commerce par traites ». Dans l’empire du Milieu, les théories de la guerre font de l’occultation de l’affrontement, et donc de l’évitement du combat, le fondement même des discours de la guerre. La réflexion chinoise sur la guerre présente des caractéristiques incantatoires. Elle est axée sur le rejet du face à face avec l’ennemi et la valorisation des procédés indirects, les ruses stratégiques, les subterfuges, l’action oblique qui n’impliquent pas la manœuvre ou l’ampleur du mouvement stratégique et de ce fait la concentration des forces en vue de l’engagement.

51wRTp1v6CL._SX333_BO1,204,203,200_.jpgOr, si la stratégie à l’occidentale suppose l’organisation des combats en fonction du but de guerre (Zweck) et l’investissement des forces dans l’espace en fonction des combats, la stratégie chinoise conçoit le fondement de la stratégie dans l’action indirecte, comme pratique intelligente de la ruse. L’intelligence rusée du chef de guerre construit sa victoire sur le mouvement de l’adversaire, dans l’esprit même de l’ennemi. Or, si tel est un objectif important de la conduite des opérations militaires, de quelle manière peut-on assimiler une opération militaire, en particulier celle du stratège à un art, à une activité de l’âme. Comment par ailleurs, peut-on construire une philosophie ou une théorie de cet art ? Or, puisque toutes les guerres réunissent trois caractères essentiels, la violence originelle, la libre activité de l’âme et l’entendement politique, comment concilier violence et politique et dans quelles conditions justifier, au nom de l’entendement politique, l’abandon du principe d’anéantissement ou de victoire, sur l’ennemi ? Et encore, là où la décision est inséparablement politique et militaire, comment justifier un abandon du combat, qui est le seul conforme à l’essence de la guerre et à son concept pur ? Si la guerre n’est pas une réalité autonome du politique (d’après Carl Clausewitz, « la guerre a bien sa grammaire, mais non sa logique propre »), quel est le sens d’une action guerrière qui s’oriente délibérément vers la manœuvre et vers l’action indirecte, tournant le dos à la bataille et au combat ? Et pour terminer, la série des questionnements inhérents au débat stratégique, comment réconcilier le caractère historique, conditionné et déterminé d’une guerre, liée à des circonstances conjoncturelles et aux intentions politiques des belligérants, aux modèles abstraits, philosophiques et anhistoriques des guerres absolues, seuls conformes au concept pur de guerre ? En son temps, Sun Tzu suggère de « construire sa victoire sur les mouvements de l’ennemi » et cette recommandation opère par le renouvellement constant de deux modalités du combat : de « front » ou de « biais ». Or, la « puissance de l’action de biais » repose sur des ruses, des surprises et des procédées indirectes qui relèvent de l’action tactique, qui ne font appel ni à l’organisation des armés sur le terrain ni à leur réunion en vue de l’engagement. Elles appartiennent aux procédés des manœuvres hétérodoxes et à la tactique plus qu’à la stratégie.

DISCOURS OCCIDENTAL ET DISCOURS CHINOIS SUR LA POLITIQUE ET LA GUERRE

Les traités chinois sur la guerre et les livres militaires de Sun Tzu s’adressaient aux princes et aux gouvernants, et non pas aux officiers et aux généraux. La guerre était un prétexte pour la théorisation de la « bonne gouvernance ». Au cœur de la réflexion de ces théoriciens ne se situait pas la manœuvre militaire ou le combat, mais la toute-puissance du prince et sa maîtrise de l’univers. Politique et métaphysique étaient donc les objectifs des analystes, au lieu et à la place du stratégique et du politique. En Chine, la sphère la plus élevée de l’abstraction cesse d’être un discours sur la guerre, pour devenir une spéculation sur le devenir entre les deux entités, de l’être et du néant. Les traités sur la guerre de cet empire occultent le cœur des préoccupations occidentales, l’affrontement, le combat, la lutte (Kampf), l’anéantissement, la percée et la bataille de front. Puisque dans la conscience et dans la philosophie chinoises ce qui n’a pas de forme domine le monde des formes, la force suprême d’une armée est sa ductilité polymorphe qui, à la manière de l’eau, enveloppe et évolue, sans épuiser le modelage infini des formes. La force tient au fluide, à la souplesse, à la capacité de transformation, à l’habilité manœuvrière de la troupe et du chef de guerre, au perpétuel mouvement du devenir, la véritable anima mundi.

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L’art de la transformation et du camouflage d’une armée, tiennent à sa « forme informe » à l’insaisissable et au fuyant, à la dialectique inexorable et incessante du yin (féminin) et du yang (masculin), aux infinies combinaisons des deux forces, régulières et extraordinaires, en quoi se résume le dispositif stratégique d’une armée. L’indescriptible chaos de l’univers se rend sensible par les capacités de démiurge du grand chef de guerre, à même de déployer une armée dans une virtualité pure. L’engagement d’une armée est ainsi un accouchement du chaos, un enfantement cosmique. Dans cette projection métaphysique de la guerre se réalise une identité fusionnelle entre les figures du chef de guerre et du créateur de l’univers. Ainsi, les niveaux de l’action sont triples, politique, militaire et cosmique. La totale assimilation du général et du Tao, dilue le « sujet » de l’action en une force universelle, totalement désincarnée, où la bataille n’est plus un combat ou un moyen d’anéantissement, et l’État ou le souverain, ne sont plus des forces de violence primordiales et originelles, mais des forces cosmiques, au sein desquelles le général est doté des attributs du souverain, qui a pour le modèle le ciel. Selon cette pensée la réalité se produit à partir de l’imaginaire et de la supériorité du néant sur l’être, car si « Toutes les choses sous le ciel naissent de l’être, l’être est issu du néant.

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Sun Tzu serait philosophe et uniquement philosophe, s’il ne s’occupait pas de la morphologie des théâtres de guerre où des hommes s’affrontent en fonction des difficultés du terrain. De nombreux éléments définissent l’influence du milieu sur l’homme, dans des conditions normales et encore davantage s’il est dans l’obligation de combattre. Après la « vertu », qui influe sur la cohésion entre le peuple et ses élites et le « ciel », caractérisé par l’alternance des saisons et de cycles, lunaires et solaires, le « milieu » exerce une influence déterminante, par deux autres éléments, l’inconstance du « climat » avec la chaleur et le froid, et les difficultés du « terrain », ouvert ou resserré. Toutes ces variables, qui doivent être connues à l’avance par le chef de guerre, afin de dégager une bonne tactique, permettront aux combattants de bénéficier des meilleures dispositions du milieu physique et d’en tirer parti.

De ce constat découle toute une série d’enseignements et de préceptes, établissant un rapport entre les données instables de la nature et la psychologie craintive des combattants. Sun Tzu discerne lui-même six types de terrain dont le général doit s’occuper. Sa classification fait également place aux espaces de manœuvre et à ceux qui sont favorables aux grandes batailles, de même qu’aux territoires praticables ou impraticables. D’autres auteurs, bien successifs à Sun Tzu, ont repris, en le paraphrasant, les conceptions relatives à la stratégie et à l’espace, ainsi que les caractéristiques permanentes de la stratégie et de la tactique militaire, que Sun Tzu sut présenter et résumer subtilement dans son court traité sur « l’Art de la Guerre ».

LE « DÉSARMEMENT DE L’ENNEMI » DANS LA PENSÉE CHINOISE

614uDXVkE2L._SX260_.jpgDans la conception occidentale de la guerre est exclu tout principe de « limite » qui, dans la stratégie chinoise, trouve sa forme elliptique dans le désengagement et la « fuite ». L’expression plus fidèle de la philosophie chinoise est celle du « Livre des mutations » dont les figures divinatoires offrent une représentation symbolique de l’univers et une référence aux forces qui y sont à l’œuvre. Ces représentations de la « science des mutations », sont liées, depuis les origines, aux arts martiaux, à la dialectique du Yin et du Yang, au sein de laquelle il n’y a pas de négation, mais de simple dépassement. Grâce à l’art divinatoire, il est possible de déchiffrer et de prévoir ce qui est encore en germe, par l’identification des traces ou des signes avant-coureurs, des mutations ou des évènements qui se dessinent. L’énoncé philosophique selon lequel « l’occulte est au cœur du manifeste et non dans son contraire » est au cœur du système d’interprétation de la réalité contenu dans le « Livre des mutations ». Le réel se définit par son instabilité et ses configurations transitoires. Il faudra en déchiffrer les formes et en appréhender le sens afin d’en tirer parti.

« La dureté se cache sous la douceur ». On gagne la confiance en tranquillisant l’ennemi et on complote contre lui en préparant l’offensive.

« Créer de l’être à partir du non-être ». Tous les êtres de l’univers sont issus de l’Être, l’Être est issu du non-être.

Ainsi, dans une pensée où la ruse est essentielle, l’art du divin comme l’art du stratège constituent la science ce qu’il advient. Scruter les signes est capital, car dans la maîtrise du futur où tout est signe et indice, ceux-ci dévoilent les secrets du temps, lisibles dans les hautes combinaisons stratégiques, qui exigent à chaque fois déchiffrement et interprétation.

Or, dans la pensée chinoise qui est mélange de religion et de sagesse, l’importance des temps fonde l’inaction taôiste, comme observation de l’immuable, et celle-ci se révèle dans la supériorité de la transcendance sur l’immanence et de la « ruse du temps » sur la « ruse de l’homme ».

Dans cette science des mutations, qui fut la matière première des lettrés, la « ruse » de guerre apparaît comme le produit d’une malice et la forme suprême de cette « ruse » est la « fuite » face à l’ennemi, les meilleurs des stratagèmes en cas de revers militaire.

Face à cette malice, le gagnant doit « laisser filer l’adversaire pour mieux le capturer », ou donner du mou à la laisse. C’est miner son potentiel offensif, émousser sa volonté de combattre et affaiblir son ardeur de réagir. C’est vaincre sans combattre, gagner sans « ensanglanter la lame », conformément à l’un des enseignements capitaux de l’« Art de la guerre ».

LE DÉSARMEMENT DE L’ADVERSAIRE DANS LA PENSÉE OCCIDENTALE

La philosophie de l’Occident, élaborée à partir de la Renaissance, partait d’un postulat capital : la certitude que derrière les formes et les phénomènes les plus divers de la vie, existent des lois qui gouvernent ces évènements. Ces lois sont à découvrir pour réduire les incertitudes et gouverner le devenir. Machiavel, en homme de la Renaissance, partageait l’idée selon laquelle l’homme pouvait dominer la « Fortuna », le hasard de la vie et de la guerre, et que, par la raison, on pouvait constater et dominer l’empire du profond inconnu.

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La vie et encore davantage la guerre, lui apparaissait comme un combat entre la raison, empreinte d’une discipline sévère, et la Fortuna, soumises aux variables caprices d’une déesse féminine. Les hommes de la Renaissance ne doutaient guère que la raison finisse par l’emporter et cette croyance dans la suprématie de la raison était la clé de leur admiration pour Rome et les institutions militaires romaines.

L’invincibilité des armées de Rome était la preuve que cette ville s’était donné la meilleure organisation que la « raison » pouvait concevoir. Ses institutions militaires étaient l’expression du principe universel qui gouvernera pendant longtemps toutes les institutions militaires du monde. À sa base, nous retrouvons le postulat selon lequel le succès d’une guerre et d’une opération militaire, dépend de la résolution d’un problème intellectuel, d’ordre rationnel.

Le terme de la stratégie ne faisant pas partie du vocabulaire de la pensée militaire de l’époque, mais la pensée stratégique venait de naître. Si la bataille demeure le facteur décisif d’une guerre, l’ordre de bataille constitue le point culminant de celle-ci. Ainsi, l’étude rationnelle du plan de bataille et de l’ensemble de la campagne, fonde les moments de préparation théorique, sur lesquels se greffent l’organisation du commandement et la formation intellectuelle du chef de guerre. On s’aperçoit, depuis cet âge d’optimisme et de rationalité, que la guerre n’est pas une science, mais un art, qui réserve une place décisive aux impondérables et à l’esprit d’initiative et d’aventure.

Or, l’importance accordée à la particularité de la guerre et de la bataille, le caractère personnel et unique de l’intuition et du commandement, associent Machiavel et Clausewitz, dont le trait commun est la conviction que la validité et la pertinence de toute analyse des problèmes stratégiques ou militaires, dépend d’une perception générale, une idée « juste » sur la nature de la guerre.

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Clausewitz rejetait l’esprit scientifique de l’époque de l’Ancien Régime qui ennoblissait le combat et refusait l’idée de la guerre comme acte de violence extrême, en attachant de l’importance à des manœuvres, dans le but d’éviter tout affrontement. Il affirmait clairement que le côté scientifique du combat est d’importance secondaire. Clausewitz, insistant sur la prééminence des facteurs immatériels et moraux, confirmait que, ce qui fait le génie est, dans la figure de l’homme d’action, une étroite symbiose de philosophie et d’expérience. À l’instar de cette traduction « continentale de l’Occident », prônant le concept de guerre absolue comme « acte de violence, poussée à ses limites extrêmes et destinée à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », les penseurs « insulaires » (anglais) mettent l’accent sur le rétrécissement d’une stratégie « à sens unique » et, avec l’autorité d’un Liddel Hart, déclarent que « la stratégie doit réduire le combat aux proportions les plus minces possible ». L’accent mis sur le talent et la subtilité, rapprochent-ils ces théoriciens occidentaux et chinois, sur la préférence accordée à l’action indirecte, plutôt que directe ?

SUN TZU ET « L’ART DE LA GUERRE ».

LA « LUTTE MODERNE » ENTRE CLAUSEWITZ ET LIDDELL HART

Deux principes régisseurs inspirent l’« Art de la Guerre », selon deux maîtres de la stratégie, Sun Tzu (au VIe siècle avant l’ère vulgaire) et Napoléon, « Dieu de la guerre » selon Clausewitz et maître de la « brutalité extrême » et des « haines primaires » (à cheval entre le XVIIIe et le XIXe siècle en Europe) : Contraindre l’adversaire à abandonner la lutte et épargner l’ennemi en fuite pour le premier, en s’insérant dans le « dao » et en allant dans le flux, en s’adaptant aux conditions naturelles et aux circonstances. Battre l’adversaire par une méthode primitive et brutale, puis le poursuivre de manière impitoyable, et anéantir ses forces pour le deuxième. Il en ainsi pour l’école de ses héritiers occidentaux, en particulier ceux qui forgeront les conceptions et doctrines d’actions prusso-germaniques. En amont de ces deux principes, deux philosophies et deux visions de l’histoire, président à la définition sur la « nature » de la guerre, comme domaine primordial de l’existence sociale, ainsi qu’a la quête des lois des conduites belliqueuses. Une philosophie de l’inclusion et de la non-contradiction dans un cas, qui conçoit le renversement des rôles et des positions, selon une logique évolutionniste et organique, celle taôiste du yin et du yang et une dialectique de l’antagonisme et de la négation radicales, dictée par la « nature absolue » de la guerre, poussée aux extrêmes. Il s’agit de la négation radicale de l’adversaire, et d’une affaire révolutionnaire, là où la nation se réveille dans un engagement total, renversant les bornes naturelles des armées de métier et poussant à l’écrasement total des armées adverses. Utiliser la ruse et pousser l’adversaire à abandonner la lutte, laisser qu’il prenne la fuite, cela s’apparente à la « stratégie indirecte ». C’est autre chose que le détruire ou anéantir ses forces, par une stratégie de « percées centrales ». Une stratégie, qui selon le Mémorandum de 1905 de Schlieffen et ses réflexions antérieures, est conçue comme une bataille d’enveloppement contre les deux ailes de l’ennemi, afin de détruire sa liberté d’action. Dans le mode de combat de Sun Tzu., les sujets de l’ennemi sont intégrés à notre volonté et à notre autorité. Ils deviendront sujets de la cité et du pouvoir une fois la victoire assurée. Dans la stratégie occidentale, ils demeurent hostiles, car soumis à la loi nationale d’appartenance. Dans le cas de Sun Tzu il faut également s’interroger si le rapport de la guerre et de la politique est celui théorisé par Clausewitz, selon lequel les deux ont la même logique, quoiqu’elles n’utilisent pas la même grammaire, ni, forcément, la même philosophie d’action. Un autre aspect de la comparaison est de savoir si le rapport entre l’action militaire ou d’exécution, et l’action politique de décision et de direction, garde un contact étroit avec les opinions et les forces sociales, pour garantir l’unité des forces morales et le maximum d’efficacité, dans un état d’urgence, de mobilisation et de crise spirituelle. Trois autres éléments, sociologiques, philosophiques et historiques, influencent le caractère arbitraire de la comparaison entre stratégie chinoise et stratégie occidentale :

  • le premier est représenté par la notion d’ennemi, elle-même liée à celle d’incertitude ;

  • le deuxième au rapport entre offensive et défensive, influant sur la stratégie des percées centrales ;

  • le troisième, qui détermine avec la stratégie le succès des opérations militaires, est de tout temps la manœuvre tactique et il en découle que la victoire de la bataille est le produit de la mobilité ; celle-ci, dans le cas de Sun Tzu, est assurée par la tactique de la ruse et par l’esquive.

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La guerre commence, s’affirme et se termine par la destruction de tout système dogmatique de pensée. Elle résulte à chaque fois d’une percée d’abord intellectuelle. Or, le système dogmatique de nous jours, en Europe, consiste à émousser par le droit, l’économie, le scientisme et l’humanitaire, l’effet brutal de l’épée, du sang, de la destruction et de la mort. En effet c’est l’élément culturel qui constitue le concept d’ennemi et avec lui tout concept de guerre.

Sun Tzu et Napoléon vivent et agissent en deux périodes historiques dissemblables, mais qui ont un caractère commun, celui de troubles et de désordres publics. Pour Sun Tzu il s’agit d’une période (475-221 avant l’ère vulgaire) de violence et de chaos, engendrés par la lutte impitoyable et sanglante entre sept états qui aboutira en 221 après la défaite de l’État de Chu par Chin en 223, à la première unification territoriale et politique de Chung Kuo.

Les campagnes militaires par les États batailleurs pendant la période (770-446 avant Jésus-Christ) étaient de natures féodale et conquérante. Ceci n’atténuait guère leur caractère politique. En ce sens s’applique à cette ambition, l’idée que ces luttes visaient l’hégémonie continentale et la prééminence d’un État sur l’autre, justifiant l’énoncé que la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par le sang, un acte de violence poussé à ses limites extrêmes et destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté.

LES ENSEIGNEMENTS DE SUN TZU ET DE CLAUSEWITZ PEUVENT-ILS ÊTRE DES RÉFÉRENCES DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI ?

Comment traduire aujourd’hui l’enseignement si éloigné, des pensées stratégiques chinoises et occidentales, emblématisées par Sun Tzu et Clausewitz dans des lectures de la scène internationale actuelle et donc dans des conceptions et des doctrines ayant un sens politique et une application opérationnelles dignes de ces noms. Quel est par ailleurs l’aperçu de ce monde actuel ? D’après une communication sur les « Grandes Puissances au XXIe siècle, « présentée à la conférence du « Forum des Relations internationales « de Séoul du 27 février 2007 » Karl Kaiser, l’auteur de cette communication, faisant état de l’environnement mondial, souligne l’ascension de l’Asie, en particulier de la Chine et de l’Inde.

Il met au premier plan l’importance croissante : des ruptures démographiques, affectant différemment les grands ensembles politiques puis l’immigration, comme phénomène central du XXIe siècle.

Quant aux aspects politiques, il souligne : les caractéristiques de la « nouvelle nature » de la violence.

Ensuite l’érosion du système de non-prolifération des armes nucléaires et le risque d’une acquisition élargie de ces capacités, par des États menaçant la stabilité mondiale.

Puis l’expansion de l’Islam radical et la menace du djihadisme, pour la plupart des grandes puissances.

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En termes de répercussions, il attire l’attention sur la pénurie des ressources, induite ou aggravée par le réchauffement climatique, engendrant l’émergence de politiques réactives à l’échelle internationale. Quant à la logique des grandes puissances qui ont dominé jusqu’ici l’ordre international, cette étude précise que la tendance vers un monde multipolaire, est marquée par une forte influence des USA, mais que leur suprématie n’est plus si nette ou évidente. Ce monde multipolaire émergent est soumis à une sorte de « soft balancing » de la part des puissances régionales montantes, réagissant, en contre-tendance, à toute politique de primauté. Cette évolution est déjà visible, mais elle n’infirme pas la considération de fond que la solution des problèmes majeurs exigera toujours une intervention ou un soutien américains. L’avenir du multilatéralisme, dicté par la dépendance mutuelle des grandes puissances sera un multilatéralisme de groupe, qui pourra jouer un rôle croissant, à la condition qui y soient inclus les grands acteurs du système mondial.

Ainsi, les trois questions qui se posent à ce sujet peuvent être formulées de la manière suivante :

  • Comment le multilatéralisme et ses deux formes de gestion collective, la forme civile ou « gouvernance », et la forme militaire ou « défense collective » - forme régionale de l’OTAN - peuvent-elles s’adapter à un monde de conflits et de désastres humanitaires ?

  • Comment une idée, celle d’une institution mondiale réunissant toutes les démocraties, peut-elle nuire à la réforme des Nations unies, paralysées dans leurs responsabilités politiques et dans leur action pacificatrice ou d’équilibre.

  • Comment, enfin, l’Europe peut-elle trouver sa voie dans son but de s’affranchir ou de ne pas décliner en pesant sur les décisions stratégiques des USA et sur les grandes affaires mondiales ?

Hier comme aujourd’hui, la réflexion sur la guerre est à la base de toute philosophie de la paix, car elle est à la source de tout questionnement sur le destin de l’homme et sur sa capacité à maîtriser sa force et son pouvoir illimités et ultimes depuis que l’homme, comme le rappelèrent Jaspers et Sartre, a été mis avec l’atome en possession de sa propre mort.

Bruxelles, 2009

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L'UE et les États-Unis - Entretien avec Tiberio Graziani

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L'UE et les États-Unis

Entretien avec Tiberio Graziani, président de Vision & Global Trends. Institut international pour les analyses globales

Ex : https://en.interaffairs.ru/article/eu-and-usa/

Quelle est l'attitude de l'Union européenne face aux événements aux États-Unis, y compris la prise du Capitole américain par les partisans de Donald Trump ?

En ce qui concerne la récente attaque du Capitole américain par les partisans de Trump, les dirigeants européens ont publiquement exprimé leur stupéfaction et critiqué cette action.

Au niveau national, les dirigeants politiques des principaux partis, même ceux considérés comme eurosceptiques, nationalistes et/ou populistes, ont crié au scandale, affirmant que l'attaque du Capitole américain était une attaque contre la démocratie tout court.

Une telle déclaration - attaque du Capitole = attaque de la démocratie - de la part des dirigeants européens et des hommes politiques, issus des différentes nations membres de l'Union européenne, mérite au moins deux réflexions.

L'une de ces réflexions a un caractère général : les dirigeants européens sont incapables de concevoir un type de démocratie différent du modèle démocratique libéral, c'est-à-dire du modèle que les États-Unis ont répandu et exporté depuis 1945 dans une grande partie de la planète et qui constitue la superstructure - à la fois idéologique et opérationnelle - du système occidental dirigé par les États-Unis. Du point de vue de la culture politique, cette incapacité fait que les positions et les intérêts exclusifs de Washington sont automatiquement privilégiés dans les décisions prises par les classes dirigeantes européennes et par leurs hommes politiques en matière de politique économique et sociale intérieure et en politique étrangère. Tout cela se traduit par des choix politiques qui - outre la non prise en compte des diverses identités culturelles propres et des intérêts spécifiques du Vieux Continent - à moyen et long terme pourraient s'avérer très négatifs pour la mise en œuvre de l'intégration européenne elle-même et l'évolution de l'UE dans un sens unitaire.

Une autre réflexion - plus attentive aux circonstances actuelles - concerne plutôt l'intérêt pratique de l’eurocratie de Bruxelles et des classes dirigeantes européennes en général qui ne cherchent qu’à plaire à la nouvelle administration qui sera dirigée à partir du 20 janvier par le démocrate Joe Biden.

Quelles seront les conséquences de la situation politique aux États-Unis sur les relations entre l'UE et les États-Unis ?

À long terme, il n'y aura pas de conséquences notables, à moins qu'il n'y ait des changements - actuellement non prévisibles - dans la direction actuelle de l'Union européenne. La politique de Bruxelles, par ailleurs, pourrait être influencée par le positionnement de certains gouvernements nationaux. En particulier, en ce qui concerne l'Europe centrale et occidentale, il faudra accorder une grande attention à la France, et dans une certaine mesure à l'Allemagne, pour ce qui est de la mise en œuvre des politiques étrangères individuelles de ces deux pays à l'égard de la Chine, de la Russie et de l'Iran. L'harmonie manifestée en certaines occasions entre Paris et Berlin, concernant leurs intérêts nationaux vis-à-vis de la Chine et de la Russie, pourrait aussi se refléter dans certaines décisions futures de Bruxelles à l'égard des deux puissances eurasiennes, décisions qui s’avèreront dès lors stratégiques pour son évolution : les États-Unis, évidemment, n'entraveraient pas de telles éventualités. Quant à l'Europe de l'Est, la situation semble moins claire, en raison des effets que les initiatives ambiguës et conflictuelles de Budapest et de Varsovie et leurs relations spéciales avec les États-Unis pourraient avoir sur Bruxelles. La Hongrie d'Orban, rhétoriquement critique de la vision libérale et démocratique de Bruxelles et, dans une certaine mesure, plus proche de la "doctrine de Trump", pourrait subir de lourdes "représailles" de la part de la nouvelle administration américaine, compte tenu de certaines "sympathies" existant entre Budapest et Moscou. En cas de "représailles", des processus qui pourraient conduire à une sorte de "révolution de couleur" sur le modèle de ce qui a été vécu en Ukraine, visant à éliminer Orban, ne peuvent être exclus. La Pologne, tout aussi critique de Bruxelles que de la Hongrie, reste cependant le "meilleur ami" des États-Unis en Europe : c'est pourquoi je ne pense pas qu'elle subira de "représailles" de la part de Biden. Au contraire, la fonction anti-russe et pro-ukrainienne de la Pologne sera renforcée par le nouvel occupant de la Maison Blanche.

Les relations bilatérales entre l'Union européenne et les États-Unis changeront-elles sous la présidence de Joe Biden et si oui, dans quelle mesure ?

Les États-Unis, même sous la présidence démocratique de Biden, ne changeront pas leur stratégie désormais séculaire à l'égard de l'Europe. Dans le cadre de la stratégie américaine, l'Europe est considérée comme une tête de pont jetée sur la masse eurasienne et sur le continent africain, notamment par l'intermédiaire de l'Italie : l'administration Biden restera donc fidèle à cette perspective, vitale pour la survie des États-Unis en tant que puissance mondiale. Dans cette perspective, il faut s'attendre à ce que la nouvelle administration soit encore plus affirmatrice que la précédente, qui était républicaine, à l'égard de Bruxelles et des États membres de l’UE. Il est probable que Biden prendra des mesures encore plus résolues que Trump pour contrer le projet russo-allemand North Stream 2 ou d'autres initiatives de partenariat similaires entre Moscou et Berlin mais aussi entre Moscou et Paris. Il est également réaliste de prévoir que Biden fera obstacle à tout type d'initiatives de partenariat euro-chinois, centrées, de diverses manières, sur le projet de la nouvelle route de la soie. À la lumière de cela, la contradiction entre les véritables intérêts européens et américains ne peut cesser d’exister que si l'Allemagne et la France mènent une bataille commune au nom de la refondation de l'Union européenne en tant qu'acteur indépendant dans le nouveau scénario mondial, apparemment polycentrique.

America First: 1939–1941

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America First: 1939–1941

thoseangrydays-200x300.jpgLynne Olson
Those Angry Days: Roosevelt, Lindbergh, and America’s Fight over World War II, 19391941
New York: Random House, 2013

The idea of America First policy is back after a long hiatus. The first proponent for such a policy was none other than George Washington. He endorsed the idea in his farewell address [2], stating:

The nation which indulges towards another a habitual hatred or a habitual fondness is in some degree a slave . . . which is sufficient to lead it astray from its duty and its interest. Antipathy in one nation against another disposes each more readily to offer insult and injury, to lay hold of slight causes of umbrage…when accidental or trifling occasions of dispute occur. Hence, frequent collisions, obstinate, envenomed, and bloody contests.”

The president who took an opposing view [3] was John F. Kennedy:

“Let every nation know, whether it wishes us well or ill, that we shall pay any price, bear any burden, meet any hardship, support any friend, oppose any foe to assure the survival and the success of liberty.” (My emphasis.)

How the standard wisdom went from Washington’s concern for entangling foreign alliances to Kennedy’s declaration that he’ll bet the farm on the liberty of an ally occurred in the years between 1939 and 1941. The great issue was whether or not the United States should become involved in World War II.

How that debate occurred is documented by Lynne Olson’s [4] book Those Angry Days: Roosevelt, Lindbergh, and America’s Fight over World War II, 19391941. The book is highly illuminating. The controversy was hot and heavy from the start of World War II in 1939 until the attack on Pearl Harbor. The quarrel split families, caused fistfights in Congress, and led to deplatforming and other forms of nastiness. When reading about the conflict, there is a raw sense of current events to it also.

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For example, how far does America go to protect an ally? If an ally is spying on one’s citizens, are they really an ally? Are “dictators” an automatic evil or are they a rational response to a nation’s foreign and domestic threats? How big should the military be in a time of peace? Are Jews full citizens or a separate people pursuing their own interests?

To Fight or Not to Fight

The two men that personified the struggle are Charles A. Lindbergh and Franklin Delano Roosevelt. Lindbergh, the first man to cross the Atlantic solo in an airplane, believed the United States should keep out of the war in Europe. Roosevelt was the chief interventionist. Or, more accurately, Roosevelt’s passionate supporters caused him to be an interventionist.

Lindbergh’s and Roosevelt’s mutual dislike went back to a controversy in 1934. Roosevelt wanted to end any appearance of impropriety involving airmail contracts to private aviation firms by using Army Air Corps aircraft to deliver the mail. Lindbergh argued that the Army’s aircraft were not suited to the role for technical reasons. After several crashes, Roosevelt went back to contracted aircraft. Lindbergh won his first round against the President.

In September 1939, the antipathy between the two men intensified when the British declared war on Germany for invading Poland. Lindbergh and the isolationists felt that the United States should stay out of the war. They were motivated by the unsavory end to the First World War.

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In brief, the United States had lent money to various Allied powers. Thus Americans were drawn into the conflict to protect their investments, then weren’t paid back anyway. World War I killed 500 Americans per day during the Meuse-Argonne Offensive, so the price for involvement was steep. The British also loaded armaments on passenger ships and flew the US Flag on these ships to deceive German U-Boats. When those passenger ships were sunk, Americans understood they were being manipulated by the British. Additionally, British propaganda about “The Hun” had been proven false before the 1920s were finished. Furthermore, there was a sense that the British were not an innocent party in the war — they were an imperialist power.

Shortly after the start of hostilities, Lindbergh argued for [5] an American policy along the following lines:

  1. An embargo on offensive weapons and munitions.
  2. The unrestricted sale of purely defensive armaments.
  3. The prohibition of American shipping from the belligerent countries of Europe and their danger zones.
  4. The refusal of credit to belligerent nations or their agents.

He further argued that the United States had an important racial connection to all of Europe that should not be forgotten in a time of increasing Japanese belligerence and other problems with non-whites.

Since Lindbergh was already a national hero, people took notice.

Meanwhile, there was a highly active pro-intervention group consisting of different factions with different backgrounds and motivations. Olson mentions Jewish pressure in Hollywood, but she doesn’t say much about Jewish influence in the Roosevelt administration. Olson also mentions “anti-Semites,” but puts them in the category of kooks rather than the serious thinkers that they were. Of that, Wilmot Robertson says,

Instead of submitting anti-Semitism to the free play of ideas, instead of making it a topic for debate in which all can join, Jews and their liberal supporters have managed to organize an inquisition in which all acts, writings, and even thoughts critical of Jewry are treated as a threat to the moral order of mankind. The pro-Semite has consequently made himself the mirror image of the anti-Semite . . . the Jewish intellectual who believes passionately in the rights of free speech and peaceful assembly for all, but rejoices when permits are refused for anti-Semitic meetings and rocks crack against the skulls of anti-Semitic speakers. [1] [6]

In addition to the organized Jewish community, several other groups supported American involvement in the conflict. Some were American Anglophiles who were prominent in New England. There was also a sub-set of men who can be called the Plattsburg graduates.

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The Plattsburg graduates were upper-class Americans who had attended military training in Plattsburg, New York in 1915. These men went on to become officers during the First World War. They were not isolationists so much as men wishing the nation be prepared for conflict should it come. Although they had some training, many of their enlisted soldiers were rushed into battle with only two days’ training. Since they were prominent men as well as veterans, people took notice of their ideas. They pushed for enlarging the armed forces in 1940.

A First Look at the Isolationists’ Problems

The isolationists’ main problem was that the German point of view was never well-received by Americans. The fact that Hitler was greeted with flowers in Austria, the Sudetenland, and other parts of German-speaking Europe just didn’t register. Instead, the public felt that Nazi Germany was an enormous threat. The German American Bund, a pro-Nazi group based in New York City, were painted as “fifth columnists” in the media. German books and publications that stated their case didn’t sell.

Fascist optics have never worked in America.

Interventionist Dirty Tricks and Metapolitics

The pro-interventionist faction had two things going for them: dirty tricks and great metapolitics. The British government focused on intelligence gathering on isolationists, German diplomats in the US, and German sympathizers. This included wiretapping as well as infiltration of spies by the British, the FBI, and private groups like the Jewish Anti-Defamation League (ADL). The ADL didn’t use Jews as spies; they found whites to do the job.

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Other than a few exceptions, most isolationists had no connection to any foreign government and they weren’t able to draw upon organizational resources or any government to do the same to their enemies.

The dirty tricks weren’t as important as metapolitics:

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One of the best metapolitical leaders for intervention was Robert E. Sherwin [9], a playwright who came to believe that America should enter the war. Many of his plays were made into influential pro-intervention movies. Some of the outstanding movies based on Sherwin’s work were:

  • Waterloo Bridge [10] (1940): This is a fallen woman/romance story that made the British look cool.
  • Abe Lincoln in Illinois [11] (1940): “The implied comparison of America’s dilemma in the 1850s to that in the late 1930s was clearly understood by the play’s audiences. Heywood Broun of the New York World called Abe Lincoln in Illinois “the finest piece of propaganda ever to come into our theater. . . . To the satisfied and the smug, it will seem subversive to its very core. And they will be right. . . . It is the very battle cry of freedom.” [2] [12]

Pastor-Hall-images-94004dff-57c6-41b4-a00a-ed9815faef8.jpgOther pro-intervention movies were:

  • Pastor Hall [13](1940): This film tells the story of a Christian minister put in a Nazi prison camp. It is probably more fiction than fact.
  • That Hamilton Woman [14] (1941): Starring Vivian Leigh, it compares Hitler to Napoleon and endorses war against dictators.
  • Mrs. Miniver [15] (1942): This film follows the life of a happy upper-middle-class English family that participates in the Dunkirk evacuation and the following Battle of Britain. It is the best of the pro-war films of the early 1940s.

No Hollywood movies were portraying the Communists in Europe during the 1920s and 30s in a poor light. There was nothing about Germans stranded in dysfunctional new Eastern European nations following the collapse of the Austro-Hungarian Empire. There was nothing about Bela Kun, Soviet atrocities, or Gulags. The pro-intervention movies were “propaganda with a very thick coating of sugar.” [3] [16]

An Incident Was Inevitable . . .

By late 1941, the Battle of Britain was over, but the Roosevelt administration had drafted many young men into the armed forces where they trained with wooden rifles or trucks labeled “tank.” Morale was low, and the economy had not shifted to producing war equipment. Meanwhile, Roosevelt also adopted the Lend-Lease Policy. This allowed the British to get American aid, and it effectively made America a British ally, albeit a non-belligerent one.

By this point, Lindbergh felt that war was inevitable. It was only a matter of time before some incident would draw the United States into the fray. On September 11, 1941, Lindbergh decided to deliver a speech [17] explaining which factions had pushed America into a corner. He identified the three factions as the British, the Roosevelt administration, and the Jews. The Des Moines speech was entirely true, and it led to an explosion in the national conversation. Any criticism of Jewish interests carries the charge of anti-Semitism. [4] [18] Olson argues that the speech caused the American public to focus on Jewish issues rather than avoiding entry into the conflict.

The incidents were already on the way, though, so it hardly mattered. The US Navy was escorting merchant ships to Britain as far as Iceland, and the USS Greer had already fired shots at a German U-Boat.

Between September and December 1941, the isolationists retained a solid grip on the public mind and confined pro-war activists a great deal. Wrinkles from the USS Greer incident could be smoothed over. Then isolationist newspaper, the Chicago Tribune, owned by the isolationist Robert R. McCormick, published a leaked War Department plan to fight Germany. Ironically, the plan was created by a pro-German American army officer, Albert Coady Wedemeyer, and it was used when war came. The leak was probably made by US Army Air Forces General “Hap” Arnold.

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Then came Pearl Harbor.

In the wake of the devastation in Hawaii, the isolationists admitted that the United States had to go to war — with Japan. And the President agreed with them. The US only declared war on Japan. It was Hitler who declared war on the United States following the attack. Had that not occurred, it is highly likely that America would have cut aid to England and Russia and focused on the Pacific. The conflict in Europe would have played out far differently.

Charles Lindbergh spent the war as an industry consultant. He ceased criticism of Roosevelt and became a test pilot and aircraft developer. The pro-German Wedemeyer helped the invasion of Normandy and became a general officer. Other prominent America First activists joined the war effort and did heroic service. One of them, Gerald Ford, eventually became president. Another isolationist who became president was John Kennedy. Indeed nearly all the isolationists turned out to be heroes later, but most had to “disavow,” to a degree, their previous activism.

The far-Right of the isolationists, William Dudley Pelley and Laura Ingalls [19] (the aviator, not the girl from Little House on the Prairie) (photo) were sent to jail for a time under trumped-up charges.

Laura_Ingalls_aviator_2a.jpgAmerica First and isolationism still matter. Indeed, the isolationists were not proved wrong. They could claim that they had kept America neutral until it was attacked by a treacherous foe. They did, however, make mistakes that can be discussed in retrospect.

Isolationist Failings 

The Second World War was not caused by Hitler, it was caused by the reaction to his rise to power. Hitler was greeted with the same hysteria by the same sorts of people that got hysterical over Trump. Hitler’s movement could have been tempered by the ordinary workings of the representative government, but an Antifa mattoid burned down the Reichstag, allowing Hitler to assume emergency powers.

Additionally, the British drew the red line against Hitler in the wrong place. It should have been drawn between Germany and France and Germany and the Low Countries. Instead, it was drawn at Poland. Once the British and French drew the line in Poland, it was only a matter of time before the United States was involved due to the many ties between the two nations. In the end, isolationism came apart when the Japanese attacked Pearl Harbor.

There was also never creative output on the part of the isolationists that matched the pro-war effort. Anne Lindbergh’s book that supported America First ideas, The Wave of the Future, was difficult to understand. Futurist books are always iffy. In addition to good movies, the interventionists had Dr. Seuss as a cartoonist who portrayed isolationists as ostriches with their heads in the sand. There were also many pro-intervention newspaper editors and reporters.

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America’s Yankee elite was terribly divided. Yankees from the Mid-West tended to support isolationism. Those in New England wanted preparedness, if not outright interventionism. Meanwhile, the hostile organized Jewish community was united in pushing for war. Therefore, criticism of Jews as war agitators could be balanced by many examples of blue-blooded Northeastern WASPs who were members of Jew-free country clubs that supported interventionism.

Epilogue

The isolationists did shape policy to such a degree that the British paid a dear price for World War II. To get the Lend-Lease Act passed, Roosevelt pressured the British government to sell large British holdings in the United States. [5] [20] This action was repeated enough times that by the end of the conflict, Britain had debts and no assets to generate income to pay the debts. Additionally, the Labour Party made several poor economic decisions after they came to power at the end of the war. The British were the richest and most powerful people in the world in 1914. By the winter of 1946, the British were on food rations and they were suffering a coal shortage.

The isolationists were also not wrong about Jewish and Communist influence on American policy. In the aftermath of World War II, the political Right in Hollywood organized a blacklist and removed the worst of the lot. American cultural products flourished afterward. The music, movies, and television of the 1950s remain the gold standard. Consider that there are TV channels devoted to shows from the 50s and early 60s, but none replay the 1980s sitcom Head of the Class or the late 1970s’ Welcome Back Kotter. The America First Right also used the various tools — anti-subversion acts, anti-totalitarianism measures, et cetera that were designed for use against American “Nazis” — against Communists.

The interventionists were right about other things too. It became standard wisdom that “dictators” were always a threat, and Hitler could have been “stopped at Munich” before the war. Events in Iraq, Egypt, and Libya during the Arab Spring have proven that anarchy is far worse than “dictators.” Furthermore, stopping “aggression” at some figurative “Munich” is not always a viable option. Those who escalated the Vietnam War genuinely believed they were stopping a “Hitler” at the “Munich” of South Vietnam.

The questions raised by the America First and isolationist movements remain valid today.  How far should America go to support an ally? How can we take sides in far-off wars involving nations with vastly different cultures than our own? How big should America’s military be? When is the right time to get involved?

Notes

[1] [21] Wilmot Robertson, The Dispossessed Majority (Cape Canaveral, Florida: Howard Allen Press, 1981), p. 187.

[2] [22] Ibid., 109.

[3] [23] Ibid., 409.

[4] [24] One of Lindbergh’s supporters during this time was Kurt Vonnegut. He would go on to serve in the Battle of the Bulge and was a prisoner of war in Dresden when it was firebombed in 1945. Vonnegut would go on to write Slaughter House Five, perhaps one of the greatest anti-war works of literature.

[5] [25] For further reading on this matter, I suggest The Last Thousand Days of the British Empire (2009).

Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

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[1] Image: https://counter-currents.com/wp-content/uploads/2021/01/thoseangrydays.jpeg

[2] farewell address: https://www.ourdocuments.gov/doc.php?flash=true&doc=15&page=transcript

[3] an opposing view: https://www.jfklibrary.org/archives/other-resources/john-f-kennedy-speeches/inaugural-address-19610120

[4] Lynne Olson’s: http://www.lynneolson.com/

[5] argued for: http://www.charleslindbergh.com/americanfirst/speech3.asp

[6] [1]: #_ftnref1

[7] Image: https://counter-currents.com/wp-content/uploads/2020/10/HERES-THE-THING-scaled.jpg

[8] here.: https://counter-currents.com/2020/10/heres-the-thing-selected-interviews-vol-2/

[9] Robert E. Sherwin: https://www.imdb.com/name/nm0792845/?ref_=ttfc_fc_wr4

[10] Waterloo Bridge: https://www.imdb.com/title/tt0033238/fullcredits?ref_=tt_ov_wr#writers/

[11] Abe Lincoln in Illinois: https://www.imdb.com/title/tt0032181/

[12] [2]: #_ftnref2

[13] Pastor Hall : https://www.imdb.com/title/tt0032894/

[14] That Hamilton Woman: https://www.imdb.com/title/tt0034272/

[15] Mrs. Miniver: https://www.imdb.com/title/tt0035093/?ref_=nv_sr_srsg_0

[16] [3]: #_ftnref3

[17] deliver a speech: https://modernhistoryproject.org/mhp?Article=Lindbergh1941

[18] [4]: #_ftnref4

[19] Laura Ingalls: http://wesclark.com/burbank/ingalls.html

[20] [5]: #_ftnref5

[21] [1]: #_ftn1

[22] [2]: #_ftn2

[23] [3]: #_ftn3

[24] [4]: #_ftn4

[25] [5]: #_ftn5

Aspects de la stratégie maritime américaine

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Aspects de la stratégie maritime américaine

Par Giuseppe Gagliano

Ex : https://moderndiplomacy.eu

Partons d'une prémisse qui devrait être tout à fait évidente d'un point de vue stratégique : toute stratégie maritime, qu'elle soit anglaise - du XVIIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale - ou américaine, est nécessairement une stratégie à long terme et nécessite donc des investissements à long terme tout en cherchant où il est possible d'anticiper les défis futurs. Nous pensons à cet égard aux porte-avions nucléaires de la classe Gerald Ford dont la première série devrait être mise en place l'année prochaine. Si les États-Unis ont décidé d'investir des ressources importantes pour la projection de leur puissance maritime, cela résulte de la nécessité de consolider leur puissance navale, consolidation qui est possible à la fois grâce à la puissance économique et financière dont ils disposent au moins jusqu'à aujourd'hui et grâce à l'innovation technologique. (pensons par exemple au fait que les Etats-Unis sont le seul pays à construire des catapultes pour les porte-avions à pont plat et au fait qu'avec la nouvelle classe de porte-avions Ford, la marine va se doter de catapultes électromagnétiques qui pourront augmenter d'environ un tiers les capacités actuelles des catapultes).

Bien entendu, des investissements aussi importants pour les porte-avions ne sont certainement pas accidentels, car ceux-ci jouent un rôle fondamental dans la dissuasion traditionnelle - à la fois dans le sens où ils peuvent menacer d'une intervention armée en cas de crise - et de la dissuasion nucléaire, dans la mesure où les avions qui quittent les porte-avions sont équipés d'armes nucléaires, bien qu'à faible potentiel. Ils jouent donc un rôle dissuasif très important. En bref, le porte-avions permet de recourir à une dissuasion graduelle ou souple.

Mais pour que la puissance navale américaine soit effectivement consolidée - notamment dans le cadre de l'espace indo-pacifique donc en fonction de l'endiguement de la Chine - aujourd'hui comme hier (on fait allusion à la guerre froide), les infrastructures militaires américaines présentes dans les principaux carrefours stratégiques au niveau mondial lui permettent d'exercer efficacement sa puissance navale : le renforcement du partenariat militaire avec le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et les Philippines doit être lu comme un intérêt renouvelé de la part des Américains pour le rôle fondamental de la puissance navale. Toutes ces raisons réunies ne peuvent que nous amener à définir les États-Unis comme une véritable thalassocratie moderne.

Ce n'est pas un hasard, en revanche, si l'administration Obama a tourné son attention vers l'Asie de l'Est et du Sud à partir du constat que l'avenir du monde se joue dans ces environnements géopolitiques.

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En effet, sur le front de la concurrence économique avec la Chine, le Partenariat Trans-Pacifique (TPP) a été signé en 2016, un traité auquel ont adhéré - entre autres - Brunei, le Japon, la Malaisie, Singapour, le Vietnam, à l'exclusion de la Chine. Barack Obama a défini son programme de politique étrangère, appelé "La doctrine Obama", en rejetant l'isolationnisme et en soutenant le multilatéralisme. En d'autres termes, Obama a explicitement poursuivi la tradition de réalisme incarnée par Bush "senior" et par Scowcroft : les interventions militaires, trop souvent soutenues par le Département d'Etat, le Pentagone et les think tanks, ne devraient être utilisées que lorsque l'Amérique est sous une menace imminente et directe. Dans un environnement où les plus grands dangers sont désormais climatiques, financiers ou nucléaires, il appartient aux alliés des États-Unis d'assumer leur part du fardeau commun. Tout en convenant que les relations avec la Chine seront les plus critiques de toutes, son programme politique souligne que tout dépendra de la capacité de Pékin à assumer ses responsabilités internationales dans un environnement pacifique. Si elle ne le fait pas et se laisse conquérir par le nationalisme, l'Amérique devra être résolue et prendre toutes les initiatives visant à renforcer son multilatéralisme dans la fonction d'endiguement anti-chinois. Il est donc très probable que l'actuel président américain Biden mène une stratégie de cette nature.

mardi, 12 janvier 2021

Le 6 janvier 2021 à Washington, un autre 6 février 1934 ?

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Le 6 janvier 2021 à Washington, un autre 6 février 1934 ?

par Georges FELTIN-TRACOL

La journée du 6 janvier 2021 marquera durablement la mémoire collective des Étatsuniens. Ce jour-là, une foule bon enfant composée de braves gens se mobilise contre le Système politicien en place. Dans une ambiance bientôt chamailleuse, des manifestants déterminés par leur foi dans leurs croyances, leur patrie et leur travail, protestent contre le gigantesque détournement électoral réalisé par la mafia démocrate et ses comparses républicains. Prenant au mot les médiats dominants d’invasion psychologique qui ne cessent de vanter toutes les transgressions possibles et imaginables, ils violent les conventions ploutocratiques et occupent pendant quelques heures le Capitole, siège du pouvoir législatif.

Au printemps 2020, une scène similaire s’était passée au Michigan. Des anti-masques usèrent de leurs droits civiques pour refuser le harcèlement sanitaire et le confinement autoritaire imposées par Gretchen Whitmer, gouverneur démocrate de l’État. Ils occupèrent quelques minutes le parlement local. L’irruption et l’occupation d’une assemblée furent en France monnaie courante entre 1789 et 1870. Se souvenant de ces moments fâcheux, la majorité conservatrice de l’Assemblée nationale s’installa à Versailles afin de négocier la paix avec Bismarck sans craindre la pression populaire parisienne. En revanche, contrairement à un cliché bien répandu à gauche et chez les modérés, le 6 février 1934 ne fut jamais une tentative de coup d’État nationaliste. Les anciens combattants communistes côtoyaient les ligues patriotiques. L’impréparation de la manifestation, l’absence d’intentions communes et la candeur des organisateurs, eux-mêmes divisés en chapelles rivales, empêchèrent tout coup décisif sérieux.

Les images de la prise du Capitole sont jubilatoires. Il ne faut pas comparer ce sympathique charivari aux troubles inhérentes à l’escroquerie intellectuelle estivale Black Lives Matter. Coiffé d’une belle tête de bison, ce qui scandalise déjà les végans, Jake Angeli occupe le perchoir du Sénat. Un autre brandit le drapeau confédéré dans ce haut-lieu de pourriture politico-financière. Un troisième se prend en photographie assis dans le bureau de la présidente de la Chambre des représentants, le troisième personnage de l’État, l’ineffable démocrate californienne Nancy Pelosi. Toute la caste consanguine de la fange politique et du monde médiatique condamne bien évidemment ce coup de vent frais qui aère un instant l’antre putride des compromissions sordides.

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Les médiats dominants d’occupation mentale enragent devant cette réaction populaire qu’ils diabolisent volontiers. La presse hexagonale se distingue par sa partialité. Le correspondant permanent aux États-Unis d’une radio périphérique ose qualifier le réseau QAnon de « secte complotiste ». Les présentateurs des journaux télévisés répètent en bons petits perroquets les éléments de langage distillés par le gang Biden – Harris. Il ne leur viendrait pas à l’esprit l’hypothèse que la foule ait été manipulé dès le départ par quelques provocateurs professionnels de l’« État profond » yankee. Sinon pourquoi les unités de police affectées à la protection de la colline du Congrès étaient-elles en sous-effectifs ? Joe Biden pourra ensuite prétexter la moindre agitation oppositionnelle pour suspendre certaines libertés publiques et réinterpréter par des ordonnances présidentielles (executive orders) la portée des premier et deuxième amendements de la Constitution de 1787.

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En France, toute la coterie politicarde a versé dans une compassion larmoyante. La palme revient néanmoins au garnement de l’Élysée qui, une nouvelle fois, se déconsidère aux yeux du monde entier. Déniant une colère fondée et légitime, le Tartarin présidentiel confirme avec la bannière étoilée derrière lui sa fonction de petit télégraphiste de l’atlantisme, de l’américanisme et de l’occidentalisme. Les trois anciens présidents US ont eux-aussi craché leur venin. Le tueur en série par drone Barry « Barack » Obama poursuit son long travail de sape en faveur du cosmopolitisme avancé. L’expert en stagiaires, Bill Clinton, par ailleurs grand ami de cette haute valeur morale de Jeffrey Epstein, s’indigne des évènements. Le génocideur en chef George W. Bush parle pour sa part de « république bananière ». Il oublie que c’est le cas depuis le temps des « barons – voleurs » de la fin du XIXe siècle. La corruption électorale est même consubstantielle à la vie politique étatsunienne. Dans Alamo, un film de John Wayne sorti en 1960, l’ancien représentant du Tennessee Davy Crockett discute avec un couple de fermiers de cet État réfugiés dans l’ancien monastère texan. La femme avoue que son mari n’a pas voté pour lui, car l’autre candidat lui avait versé un pot-de-vin.

Les médiats rapportent cinq décès parmi lesquels quatre honnêtes manifestants. La première victime est une femme de 35 ans, Ashli Elizabeth Babbitt. Une autre femme de 34 ans, Rosanne Boyland, fait aussi partie des quatre tués. Entendons-nous les habituelles indignations horrifiées alors que les violences policières sont ici incontestables et ces deux « féminicides » bien réels ? Le silence radio et télévisé est assourdissant ! Certaines vies, principalement blanches, ne valent donc moins que d’autres selon les critères du politiquement correct. Les meneurs de l’assaut sont maintenant recherchés par la police politique du Régime yankee. Gageons que les ONG droits-de-l’hommiste ne les défendront pas devant des tribunaux au fonctionnement kafkaïen.

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Les trublions du 6 janvier 2021 ont investi avec brio, courage et audace l’enceinte du Capitole. Malheureusement, leur coup d’éclat ressemble surtout à un coup de tonnerre solitaire. Faute de disposer des moyens médiatiques, financiers et humains satisfaisants, ils se retrouvent vite esseulés. En effet, Donald Trump vient de dévoiler toute son ambiguïté. Il condamne avec raison l’insincérité du scrutin présidentiel, voire des élections sénatoriales en Géorgie, demande à ses partisans de marcher sur le Capitole, puis se ravise et les invite à rentrer chez eux. L’homme d’affaires de New York s’est appuyé sur un Parti républicain qui ne l’a jamais accepté et qui l’a plutôt soutenu comme une corde soutient le pendu. Les responsables de ce parti sont plus que jamais de formidables planches pourries. Mais le 45e président des États-Unis n’a pas non plus fait preuve de persévérance, de cohérence et de prévoyance. Velléitaire et erratique, il n’a pas sorti son pays du carcan belliciste de l’OTAN. Il n’a jamais voulu purger l’appareil du Great Old Party (GOP) de tous les stipendiés de la Silicone Valley et de la nouvelle finance numérique. Il n’a pas anticipé un trucage massif des élections. Plus grave encore, il n’a jamais nommé aux postes-clé des partisans fidèles et dévoués. Il n’a même pas imaginé une structure parallèle secrète (ou clandestine) capable de se substituer immédiatement aux infrastructures légales militaires, politico-administratives et judiciaires. Il a ensuite désavoué ses propres partisans. Son reniement public n’arrête cependant pas les démissions en chaîne da sa propre équipe. Les Étatsuniens peuvent-ils vraiment encore se fier à un tel gars ? Donald Trump incarne ce que le philosophe catholique Thomas Molnar nommait un « faux héros contre-révolutionnaire (ou réactionnaire) ». Et si Trump avait été un alibi, consentant ou non, de l’« État profond » ? Sa candidature a su canaliser une aspiration qui, autrement, se serait cristallisée sur un autre candidat plus perturbateur encore.

Au moment où cette ignominie de Wikipédia le classe dès à présent parmi les anciens présidents, Donald Trump aurait pu « assécher le marais de Washington »; il aurait même dû passer à l’action ce 6 janvier. Ainsi aurait-il ordonné aux officiers subalternes d’arrêter Biden, Harris, leur équipe pré-gouvernementale, les élus récalcitrants, des généraux, des amiraux, des gouverneurs, des juges, des journalistes et des milliardaires du numérique. Usant de prérogatives exceptionnelles, le chef de l’État aurait dans la foulée proclamé la loi martiale, fédéralisé les gardes nationales et contraint les États où les votes sont les plus litigieux à recommencer le scrutin. Donald J. Trump n’a pas eu le courage de franchir le Rubicon.

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À l’instar de Grover Cleveland, 22e et 24e président des États-Unis (1885 – 1889 et 1893 – 1897), il se prépare déjà à la présidentielle de 2024. Or, outre l’opposition des caciques du Parti républicain qui commencent déjà à séduire Mike Pence, plus malléable et intégré aux jeux délétères du Système (il l’a prouvé en contournant la chaîne de commandement dans la journée du 6), les démocrates feront tout pour éviter une nouvelle candidature de l’ancienne vedette de télé-réalité. Leur victoire malhonnête à la présidentielle et aux sénatoriales géorgiennes les incite à poursuivre, à amplifier et à généraliser la fraude aux élections intermédiaires de 2022 et à l’échéance capitale de 2024. En outre, leurs procureurs piaffent d’impatience à l’idée d’inculper l’ancien président populiste. Le 6 janvier 2021 ne restera donc pas dans l’histoire des États-Unis comme un nouveau 2 décembre 1851 français.

Georges Feltin-Tracol.