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dimanche, 08 mars 2009

Dans les coulisses de la crise, la nouvelle guerre du pétrole

Dans les coulisses de la Crise, la nouvelle guerre du pétrole

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Par Maxime Lion
Altermedia France

L’organisation des Pays exportateurs de Pétrole (Opep) pourrait procéder à une nouvelle baisse de sa production, en mars, lors de sa prochaine réunion à Vienne. C’est en tout cas ce qu’a affirmé samedi à Alger le ministre algérien de l’Énergie et des mines Chakib Khelil. Raisons invoquées : le possible maintien à la baisse des cours du brut. Ceci alors même que l’Agence internationale de l’Énergie abaissait vendredi ses prévisions de demande mondiale pétrolière, tablant désormais sur une contraction en 2009 comme en 2008. L’occasion de faire le point sur un marché fondamental de l’économie moderne où le politique n’est jamais loin.

 

Une véritable guerre « discrète » fait aujourd’hui rage sur le marché du Pétrole. Du côté des offreurs, l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole, qui représente 40 % de la production mondiale et qui bénéficie du soutien de la Russie, se veut le syndicats de défense des pays producteur : il rêve d’un baril de pétrole à 60 $ afin de rentabiliser l’ensemble des exploitations des ses membres, et d’assurer de confortables profits pour les plus compétitifs d’entre eux, comme l’Arabie Saoudite. La demande, quant à elle, s’organise pour l’essentiel autour des pôles occidentaux et asiatiques. Cependant, les États-Unis, premier consommateur au monde d’hydrocarbure et inventeurs de toute la filière économique du pétrole, donne le la : le prix du pétrole est actuellement gouverné par le niveau des stocks américains de pétrole. Depuis l’été dernier, il oriente les courts toujours dans le même sens, la baisse.

Si la baisse des courts s’explique avant tout par une cause objective - la chute de la demande de pétrole attestée par la litanie des rapports mensuels de l’Agence Internationale de l’Énergie annonçant une régression de la consommation de brut de 0,6 % en 2009 - elle devrait être compensée en grande partie par le diminution de la production de l’OPEP, suivie par celle opérée par la Russie. L’objectif est de relancer le baril à la hausse pour atteindre un objectif de court terme de 45 $ la baril. Or, peine perdue : alors que les consignes ont été relativement suivies par les pays membres de l’organisation, la production se maintient, voire augmente légèrement. Qui sont les coupables, augmentant leur production contre toute logique économique ? La réponse : des pays à la fois producteur et consommateur qui ont plus à perdre dans les surcoûts d’un pétrole en hausse que dans les pertes de leur propre puits… et en tout premier lieu les États-Unis, suivis de la Chine et du Brésil.

La baisse des courts du pétrole semble ainsi être devenu un objectif majeur de la politique américaine. Certains y ont vu un motif essentiel de la volonté de l’oncle Sam de freiner les ardeurs israéliennes quant à une campagne de raids aériens sur l’Iran, craignant les conséquences d’un conflit prolongé au Moyen Orient sur les courts de l’or noir. Qu’est-ce qui pousse les Américains à maintenir à grand frais les courts du pétrole à des courts les plus bas possibles, quitte à hypothéquer l’avenir de leur propre industrie pétrolière ?

La réponse est simple : le choix de la surchauffe de la planche à billet comme moyen de venir à bout de la crise, voire de la dépression économique. Le nouveau président O’Bama a promis d’injecter 850 milliards de dollars dans l’économie américaine sous forme d’infrastructures et de réduction d’impôts. D’où vient l’argent ? De bons du trésor dont la valeur repose dans la crédulité des étrangers dans la puissance de l’Oncle Sam. Si ces derniers ne suffisent pas, la planche à billet fera le reste. Or ce schéma ne fonctionne que tant que la confiance en la monnaie est maintenue par une inflation quasi nulle, garantissant, du moins à court terme, son pouvoir d’achat. Or le facteur principal de la chute de l’inflation aux Etats-unis, au point qu’elle devienne une véritable déflation, est justement la chute des courts des hydrocarbures. Une forte augmentation des courts de pétrole, ou choc exogène, suite à une crise géopolitique, aurait pour conséquence de relancer dramatiquement l’inflation et ainsi de transformer les injections massives de liquidités dans l’économie en empoisonnement du système financier mondial. A la crise - se matérialisant par la chute des valeurs des actifs, actions et immobiliers, c’est-à-dire une destruction de richesse - s’ajouterait l’effondrement du dollar, ce qui finirait de laminer le revenu des actifs… Il s’agit du pire scénario des économistes, l’hyper-inflation, qui se caractérise par une défiance générale pour la monnaie papier dite fiduciaire. Cette dernière revient à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire quasi-nulle, celle d’un petit papier imprimé en quadrichromie… Ceci signifierait l’arrêt de mort du dollar, et donc la fin de l’empire américain car il n’y a pas d’Empire sans impôt impérial.

Les liens entre le Politique et l’Économique ne sont jamais aussi forts qu’en tant que crise, et l’Histoire n’est jamais loin. Si la crise a aujourd’hui surtout le goût amer des licenciements et du marasme, marquant la fin d’un modèle économique, elle est aussi l’annonce de changements profonds, du mutations insoupçonnées. A nous de les décryptées afin de fêter la fin de ce « monde vétuste et sans joie… »


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samedi, 07 mars 2009

Année 2008 : l'effondrement du modèle individualiste

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Année 2008 : l’effondrement du modèle individualiste [1]

Par Olivier Carer

La faillite de Lehman Brother le 15 septembre 2008 et l’écroulement du frauduleux château de cartes Madoff auront signifié pour l’ordre marchand ce que l’effondrement des Tours jumelles du World Trade center représenta pour l’Empire états-uniens.

Le krak mou qui aspira en quelques mois l’adiposité des fortunes les plus installées, de même que la déconfiture des usuriers ou la ruine de leurs malheureux clients ont scellé la fin du mythe de l’argent facile fondé sur une pyramide spéculative, sur des montages financiers incompréhensibles ou même souvent sur des manipulations mirobolantes. L’immoralité des spéculateurs névrotiques, la perversité de systèmes de rémunérations des traders ou des banquiers, la complaisance d’agences de notation consanguines ont accompagné la généralisation d’agissements collectifs illégaux pour lequel le médiatique Kerviel servit un temps de bouc émissaire utile.

Mais cette analyse technique de la crise de l’automne 2008, somme toute assez classique, ne laisse apparaître que l’écume de la vague. Car sous les soubresauts boursiers, un mouvement tellurique de grande ampleur ébranle tout un système de valeurs. C’est une véritable déflagration à laquelle nous assistons. Elle vient saper les fondements d’un ordre marchand que le vaticinateur Jacques Attali décrivait avec une provocante délectation dans sa « Brève histoire de l’avenir ».

La bataille de l’homme invisible avec lui même

Avec un à-propos salvateur, une intelligence invisible est venue menotter « la main invisible du marché » et faire sortir de ses rails la globalisation marchande et la financiarisation de l’économie qui se voulaient inéluctables. Ce déraillement de la locomotive mondialiste a surtout renvoyé à la figure d’une élite mondiale anthropocentrée qui a cru pouvoir revendiquer le meurtre de Dieu, les règles de l’ordre naturel.

La revanche du réel

L’économie qui relève moins d’une science prédictive que d’une méthode d’analyse de phénomènes passés, feint depuis peu d’opportunes indignations !

Comment réclamer 12% de rendement garanti lorsque la richesse effectivement produite ne dépasse pas 3%? Comment les banques ont-elles pu s’écarter des règles prudentielles en acceptant d’investir dans un système de titrisations risquées enrobé dans une opacité entretenue ? Pourquoi aucun organisme de contrôle privé ou étatique n’est intervenu comme régulateur d’un petit monde financier devenu fou ? Comment professer qu’un prêt puisse être accordé au delà des capacités propres de remboursement de l’emprunteur? Comment les états ont-ils pu croire que l’overdose de crédits allait pouvoir masquer indéfiniment l’érosion du pouvoir d’achat des ménages ? Comment imaginer un seul instant que la planète pouvait supporter la généralisation du modèle de consommation américaine pour les milliards d’humains à venir?

Le retour sur terre est effroyable. L’univers « champagne» où les financiers naviguaient dans un océan de liquidités et de bulles, s’est brutalement asséché. Les bulles boursières, du crédit, de l’immobilier, et récemment celle des matières premières ont explosé faisant de nombreuses victimes. On ne peut dépenser que la richesse que l’on a réellement créée. On ne peut engager nos économies que sur des risques que l’esprit humain est capable de mesurer. On ne peut rembourser qu’avec des revenus effectifs et non supposés car personne n’est riche de crédits garrotteurs. Enfin, la terre ne peut satisfaire la promesse mondialiste de l’accès à un salut de l’homme ici-bas par la consommation planétarisée. Dans un monde purement matérialiste où le seul moteur collectif est la consommation, lorsque le mirage des écrans plats et des gadgets informatiques qui servait de but ultime de la vie s’évapore, il ne reste rien que le désarroi. En 1951, l’économiste François Perroux proclamait déjà avec justesse: « les biens les plus précieux et les plus nobles dans la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui, ne doivent venir sur aucun marché ».

La revanche du grégaire

La conception d’un monde « nomade », du règne de la jouissance éphémère et immédiate qu’avec Bernard Attali, les mondialistes appelaient de ses vœux sombre dans le grand tourbillon bancaire et financier. Nous vivons le discrédit d’un paradigme cosmopolite qui annonçait l’avènement de l’homme nouveau « libéré » de ses attaches territoriales, historiques ou identitaires et devait voir la naissance d’un être de consommation, ne vivant que pour lui, n’agissant que pour satisfaire son égocentrisme, ne connaissant de loyauté qu’envers ses propres intérêts.
En cette fin d’année, cette utopie dangereuse rejoint le communisme au cimetière des idéologies cannibales.

Ce cataclysme bienfaisant qui balaye « le nouvel ordre mondial » devenu subitement ancien, déverrouille les portes d’un monde qui situe l’homme dans sa communauté et dans la chaine des générations. L’hétéronomie a désormais vocation à effacer progressivement la tyrannie de l’autonomie qui reconnaissait à l’homme un droit absolu de s’affranchir de tout mode de pensée héritée, de toute référence à une norme collective. Dans une économie qui ne doit être une fin en soi, ce mouvement rappelle à nous les valeurs des peuples sédentaires, celles des hommes qui construisent les murets de la montagne sur plusieurs générations pour eux-mêmes mais aussi pour leurs descendants. Refusant l’éphémère, le superficiel et l’individualisme prédateur, ils œuvrent dans la durée, dans le souci du futur et le respect de la nature.

Ce mouvement plein d’espoir pour l’avenir, vient donner à Barrès et à Péguy une nouvelle modernité.


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vendredi, 06 mars 2009

Retour dans l'OTAN: Bayrou réclame un référendum

Retour dans l'Otan : Bayrou réclame un référendum

Le président du Modem François Bayrou a déclaré ce dimanche, lors du lancement de sa campagne pour les européennes, que le projet de réintégrer la France dans l'Otan, serait une "défaite" pour la France et l'Europe. Il juge que c'est aux Français de trancher cette question.

BAYROU.jpgFrançois Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem), a qualifié dimanche 8 février de "défaite" pour la France et pour l'Europe le projet de réintégration de la France dans le commandement de l'Otan, défendu par Nicolas Sarkozy, jugeant qu'un tel sujet exigeait un référendum.

Tout comme l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, François Bayrou se dit opposé au retour de la France dans le commandement de l'Otan. Lors d'une conférence nationale du MoDem à Paris, il a demandé que le choix qui avait été fait en 1966 par le général de Gaulle, de quitter la structure militaire intégrée de l'Alliance atlantique, "ne soit pas bradé, pas jeté aux orties".

Une réintégration serait "un aller sans retour", a-t-il prévenu. "Parce qu'il n'est pas imaginable qu'un grand pays comme le nôtre, à chaque alternance, entre et sorte du commandement intégré".

"Un tel choix, aussi lourd, ne peut pas se faire par les autorités politiques seules, encore moins par le président de la République. Ce choix ne peut se faire que par un référendum du peuple français", a déclaré M. Bayrou, interrogé par la presse à l'issue de la réunion.

"C'est un changement de cap radical, qui porte atteinte au patrimoine historique et diplomatique de la France, et un tel choix ne peut pas se faire en catimini, simplement par entente au sein d'une majorité passagère. Il faut que ce soit une décision majeure du peuple français", a-t-il ajouté.

En réintégrant cette structure, "nous lâchons la proie pour l'ombre", a également déclaré M. Bayrou à la tribune. "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité dans le concert des nations, y compris dans le concert des nations européennes".

"C'est une défaite pour la France", et "c'est une défaite pour l'Europe", a-t-il affirmé. "Nous abandonnons une part de notre héritage, et nous l'abandonnons pour rien".

"Quand on est intégrés, on ne compte plus", a assuré le député des Pyrénées-Atlantiques. "On peut être indépendants en étant alliés, on ne peut pas être indépendants en étant intégrés".

L'ex-candidat à la présidentielle s'en est pris également au ministre de la Défense Hervé Morin, qui fut un de ses lieutenants du temps de l'UDF.

"Il a dit : 'il faut arrêter de barguigner'. Et il a ajouté: 'notre position d'indépendance aujourd'hui, elle est purement symbolique'", a cité M. Bayrou. "Innocent !" s'est-il exclamé. "On peut en dire des bêtises, en deux phrases!".

Le président Nicolas Sarkozy a fait un nouveau pas samedi, devant la conférence sur la sécurité de Munich (sud de l'Allemagne), vers un retour complet de Paris dans l'Otan. 

Source : L'EXPRESS

 

Arabisch geld voor de Palestijnen?

Arabisch geld voor de Palestijnen?

Geplaatst door yvespernet

http://www.spitsnieuws.nl/archives/buitenland/2009/03/arabieren_geen_cent_voor_pales.html

De Arabische landen beloofden 1,3 miljard dollar aan de Palestijnen, maar voorlopig heeft nog niemand een cent overgemaakt. De officiele lezing is dat Hamas en Fatah het niet eens zijn over de besteding van de gelden. De Arabische landen stonden na de Israelische invasie in de rij om in het openbaar te roepen dat ze hun broeders zouden steunen.

Maar nu het op betalen komt, verzandt de hele actie in vergaderingen. Morgen wordt er verder over gesproken in Egypte. Saoedie Arabie beloofde een miljard, Qatar 250 miljoen en Algerije 100 miljoen.

Zo kan ik mij ook de actie naar aanleiding van de tsunami herinneren. Toen gaven de Arabische landen hun moslimbroeders- en zusters ook maar een peuleschil. In het geval van Palestina beloven Arabische landen veel, maar laten zij liever de sociale problemen in hun land bestaan en gebruiken ze Israël als afleiding om het protest tegen de grote ongelijkheid in hun eigen landen stil te houden.

Met de hulp van de CIA e.d. houden Arabische landen ook gematigde bewegingen tegen die de landen willen hervormen. Op die manier hebben zij zelf de radikale moslims een voedingsbodem gegeven, vaak hebben ze die radikale moslims ook actief gesteund. Willen we de moslimterroristen tegenhouden, dan is het dringend tijd om te werken aan een alternatief voor de huidige corrupte regimes. Want het is wel héél triestig gesteld als een racistische staat als Israël op het vlak van mensenrechten e.d. een palmares kan voorleggen dat op vele vlakken beter is dan de Arabische regimes…

El postneoliberalismo y sus bifurcaciones

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El postneoliberalismo y sus bifurcaciones

 

Ana Esther Ceceña
Observatorio Latinoamericano de Geopolítica

 

 

El neoliberalismo tocó fin definitivamente con la crisis estallada en 2008. No hay vuelta atrás. El mercado, por sí mismo, es autodestructivo. Necesita soportes y contenedores. La sociedad capitalista, arbitrada por el mercado, o bien se depreda, o bien se distiende. No tiene perspectivas de largo plazo.

Después de 30 años de neoliberalismo ocurrieron las dos cosas. La voracidad del mercado llevó a límites extremos la apropiación de la naturaleza y la desposesión de los seres humanos. Los territorios fueron desertificados y las poblaciones expulsadas. Los pueblos se levantaron y la catástrofe ecológica, con un altísimo grado de irreversibilidad, comenzó a manifestarse de manera violenta.

Los pueblos se rebelaron contra el avance del capitalismo bloqueando los caminos que lo llevaban a una mayor apropiación. Levantamientos armados cerraron el paso a las selvas; levantamientos civiles impiden la edificación de represas, la minería intensiva, la construcción de carreteras de uso pesado, la privatización de petróleo y gas y la monopolización del agua. El mercado, solo, no podía vencer a quienes ya estaban fuera de su alcance porque habían sido expulsados y desde ahí, desde el no-mercado, luchaban por la vida humana y natural, por los elementos esenciales, por otra relación con la naturaleza, por detener el saqueo.

El fin del neoliberalismo inicia cuando la medida de la desposesión toca la furia de los pueblos y los obliga a irrumpir en la escena.

Los cambios de fase

La sociedad capitalista contemporánea ha alcanzado un grado de complejidad que la vuelve altamente inestable. De la misma manera que ocurre con los sistemas biológicos (Prigogine, 2006), los sistemas sociales complejos tienen una capacidad infinita y en gran medida impredecible de reacción frente a los estímulos o cambios. El abigarramiento con el que se edificó esta sociedad, producto de la subsunción pero no eliminación de sociedades diferentes, con otras cosmovisiones, costumbres e historias, multiplica los comportamientos sociales y las percepciones y prácticas políticas a lo largo y ancho del mundo y abre con ello un espectro inmenso de sentidos de realidad y posibilidades de organización social.

La potencia cohesionadora del capitalismo ha permitido establecer diferentes momentos de lo que los físicos llaman equilibrio, en los que, a pesar de las profundas contradicciones de este sistema y del enorme abigarramiento que conlleva, disminuyen las tendencias disipadoras. No obstante, su duración es limitada. En el paso del equilibrio a la disipación aparecen constantemente las oportunidades de bifurcación que obligan al capitalismo a encontrar los elementos cohesionadores oportunos para construir un nuevo equilibrio o, en otras palabras, para restablecer las condiciones de valorización del capital. Pero siempre está presente el riesgo de ruptura, que apunta hacia posibles dislocamientos epistemológicos y sistémicos.

Los equilibrios internos del sistema, entendidos como patrones de acumulación en una terminología más económica, son modalidades de articulación social sustentadas en torno a un eje dinamizador u ordenador.

Un eje de racionalidad complejo que, de acuerdo con las circunstancias, adopta diferentes figuras: en la fase fordista era claramente la cadena de montaje para la producción en gran escala y el estado en su carácter de organizador social; en el neoliberalismo el mercado; y en el posneoliberalismo es simultáneamente el estado como disciplinador del territorio global, es decir, bajo el comando de su vertiente militar, y las empresas como medio de expresión directa del sistema de poder, subvirtiendo los límites del derecho liberal construido en etapas anteriores del capitalismo.

Los posneoliberalismos y las bifurcaciones

La incertidumbre acerca del futuro lleva a caracterizarlo más como negación de una etapa que está siendo rebasada. Si la modalidad capitalista que emana de la crisis de los años setenta, que significó una profunda transformación del modo de producir y de organizar la producción y el mercado, fue denominada por muchos estudiosos como posfordista; hoy ocurre lo mismo con el tránsito del neoliberalismo a algo diferente, que si bien ya se perfila, todavía deja un amplio margen a la imprevisión.

Posfordismo se enuncia desde la perspectiva de los cambios en el proceso de trabajo y en la modalidad de actuación social del estado; neoliberalismo desde la perspectiva del mercado y del relativo abandono de la función socializadora del estado. En cualquiera de los dos casos no tiene nombre propio, o es un pos, y en ese sentido un campo completamente indefinido, o es un neo, que delimita aunque sin mucha creatividad, que hoy están dando paso a otro pos, mucho más sofisticado, que reúne las dos cualidades: posneoliberalismo. Se trata de una categoría con poca vida propia en el sentido heurístico, aunque a la vez polisémica. Su virtud, quizá, es dejar abiertas todas las posibilidades de alternativa al neoliberalismo -desde el neofascismo hasta la bifurcación civilizatoria-, pero son inciertas e insuficientes su fuerza y cualidades explicativas.

En estas circunstancias, para avanzar en la precisión o modificación del concepto es indispensable detenerse en una caracterización de escenarios, entendiendo que el espectro de posibilidades incluye alternativas de reforzamiento del capitalismo -aunque sea un capitalismo con más dificultades de legitimidad-; de construcción de vías de salida del capitalismo a partir de las propias instituciones capitalistas; y de modos colectivos de concebir y llevar a la práctica organizaciones sociales nocapitalistas.

Trabajar todos los niveles de abstracción y de realidad en los que este término ocupa el espacio de una alternativa carente de apelativo propio, o el de alternativas diversas en situación de coexistencia sin hegemonismos, lo que impide que alguna otorgue un contenido específico al proceso superador del neoliberalismo.

El posneoliberalismo del capital

Aun antes del estallido de la crisis actual, ya eran evidentes los límites infranqueables a los que había llegado el neoliberalismo. La bonanza de los años dorados del libre mercado permitió expandir el capitalismo hasta alcanzar, en todos sentidos, la escala planetaria; garantizó enormes ganancias y el fortalecimiento de los grandes capitales, quitó casi todos los diques a la apropiación privada; flexibilizó, precarizó y abarató los mercados de trabajo; y colocó a la naturaleza en situación de indefensión. Pero después de su momento innovador, que impuso nuevos ritmos no sólo a la producción y las comunicaciones sino también a las luchas sociales, empezaron a aparecer sus límites de posibilidad.

Dentro de éstos, es importante destacar por lo menos tres, referidos a las contradicciones inmanentes a la producción capitalista y su expresión específica en este momento de su desarrollo y a las contradicciones correspondientes al proceso de apropiación y a las relaciones sociales que va construyendo:

1. El éxito del neoliberalismo en extender los márgenes de expropiación, lo llevó a corroer los consensos sociales construidos por el llamado estado del bienestar, pero también a acortar los mercados. La baja general en los salarios, o incluso en el costo de reproducción de la fuerza de trabajo en un sentido más amplio, fue expulsándola paulatinamente del consumo más sofisticado que había alcanzado durante el fordismo.

La respuesta capitalista consistió en reincorporar al mercado a esta población, cada vez más abundante, a través de la producción de bienes precarios en gran escala. No obstante, esta reincorporación no logra compensar ni de lejos el aumento en las capacidades de producción generadas con las tecnologías actuales, ni retribuir las ganancias esperadas. El grado de apropiación y concentración, el desarrollo tecnológico, la mundialización tanto de la producción como de la comercialización, es decir, el entramado de poder objetivado construido por el capital no se corresponde con las dimensiones y características de los entramados sociales. Es un poder que empieza a tener problemas serios de interlocución.

2. Estas enormes capacidades de transformación de la naturaleza en mercancía, en objeto útil para el capital, y la capacidad acumulada de gestión económica, fortalecida con los cambios de normas de uso del territorio y de concepción de las soberanías, llevaron a una carrera desatada por apropiarse todos los elementos orgánicos e inorgánicos del planeta. Conocer las selvas, doblegarlas, monopolizarlas, aislarlas, separarlas en sus componentes más simples y regresarlas al mundo convertidas en algún tipo de mercancía fue -es- uno de los caminos de afianzamiento de la supremacía económica; la ocupación de territorios para convertirlos en materia de valorización. Paradójicamente, el capitalismo de libre mercado promovió profundos cercamientos y amplias exclusiones. Pero con un peligro: Objetivar la vida es destruirla.

Con la introducción de tecnologías de secuenciación industrial, con el conocimiento detallado de genomas complejos con vistas a su manipulación, con los métodos de nanoexploración y transformación, con la manipulación climática y muchos otros de los desarrollos tecnológicos que se han conocido en los últimos 30 años, se traspasó el umbral de la mayor catástrofe ecológica registrada en el planeta. Esta lucha del capitalismo por dominar a la naturaleza e incluso intentar sustituirla artificialmente, ha terminado por eliminar ya un enorme número de especies, por provocar desequilibrios ecológicos y climáticos mayores y por poner a la propia humanidad, y con ella al capitalismo, en riesgo de extinción.

Pero quizá los límites más evidentes en este sentido se manifiestan en las crisis de escasez de los elementos fundamentales que sostienen el proceso productivo y de generación de valor como el petróleo; o de los que sostienen la producción de la vida, como el agua, en gran medida dilapidada por el mal uso al que ha sido sometida por el propio proceso capitalista. La paradoja, nuevamente, es que para evitar o compensar la escasez, se diseñan estrategias que refuerzan la catástrofe como la transformación de bosques en plantíos de soja o maíz transgénicos para producir biocombustibles, mucho menos rendidores y tan contaminantes y predatorios como el petróleo.

El capitalismo ha demostrado tener una especial habilidad para saltar obstáculos y encontrar nuevos caminos, sin embargo, los niveles de devastación alcanzados y la lógica con que avanza hacia el futuro permiten saber que las soluciones se dirigen hacia un callejón sin salida en el que incluso se van reduciendo las condiciones de valorización del capital.

3. Aunque el neoliberalismo ha sido caracterizado como momento de preponderancia del capital financiero, y eso llevó a hablar de un capitalismo desterritorializado, en verdad el neoliberalismo se caracterizó por una disputa encarnizada por la redefinición del uso y la posesión de los territorios, que ha llevado a redescubrir sociedades ocultas en los refugios de selvas, bosques, desiertos o glaciares que la modernidad no se había interesado en penetrar. La puesta en valor de estos territorios ha provocado una ofensiva de expulsión, desplazamiento o recolonización de estos pueblos, que, evidentemente, se han levantado en contra.

Esto, junto con las protestas y revueltas originadas por las políticas de ajuste estructural o de privatización de recursos, derechos y servicios promovidas por el neoliberalismo, ha marcado la escena política desde los años noventa del siglo pasado. Las condiciones de impunidad en que se generaron los primeros acuerdos de libre comercio, las primeras desregulaciones, los despojos de tierras y tantas otras medidas impulsadas desde la crisis y reorganización capitalista de los años setenta-ochenta, cambiaron a partir de los levantamientos de la década de los noventa en que se produce una inflexión de la dinámica social que empieza a detener las riendas sueltas del neoliberalismo.

No bastaba con darle todas las libertades al mercado. El mercado funge como disciplinador o cohesionador en tanto mantiene la capacidad desarticuladora y mientras las fuerzas sociales se reorganizan en correspondencia con las nuevas formas y contenidos del proceso de dominación. Tampoco podía ser una alternativa de largo plazo, en la medida que la voracidad del mercado lleva a destruir las condiciones de reproducción de la sociedad.

El propio sistema se vio obligado a trascender el neoliberalismo trasladando su eje ordenador desde la libertad individual (y la propiedad privada) promovida por el mercado hacia el control social y territorial, como medio de restablecer su posibilidad de futuro. La divisa ideológica del "libre mercado" fue sustituida por la "seguridad nacional" y una nueva fase capitalista empezó a abrirse paso con características como las siguientes:

1. Si el neoliberalismo coloca al mercado en situación de usar el planeta para los fines del mantenimiento de la hegemonía capitalista, en este caso comandada por Estados Unidos, en esta nueva fase, que se abre junto con la entrada del milenio, la misión queda a cargo de los mandos militares que emprenden un proceso de reordenamiento interno, organizativo y conceptual, y uno de reordenamiento planetario.

El cambio de situación del anteriormente llamado mundo socialista ya había exigido un cambio de visión geopolítica, que se corresponde con un nuevo diseño estratégico de penetración y control de los territorios, recursos y dinámicas sociales de la región centroasiática. El enorme peso de esta región para definir la supremacía económica interna del sistema impidió, desde el inicio, que ésta fuera dejada solamente en las manos de un mercado que, en las circunstancias confusas y desordenadas que siguieron al derrumbe de la Unión Soviética y del Muro de Berlín, podía hacer buenos negocios pero no condiciones de reordenar la región de acuerdo con los criterios de la hegemonía capitalista estadounidense. En esta región se empieza a perfilar lo que después se convertiría en política global: el comando militarizado del proceso de producción, reproducción y espacialización del capitalismo de los albores del siglo XXI.

2. Esta militarización atiende tanto a la potencial amenaza de otras coaliciones hegemónicas que dentro del capitalismo disputen el liderazgo estadounidense como al riesgo sistémico por cuestionamientos y construcción de alternativas de organización social no capitalistas. Sus propósitos son el mantenimiento de las jerarquías del poder, el aseguramiento de las condiciones que sustentan la hegemonía y la contrainsurgencia. Supone mantener una situación de guerra latente muy cercana a los estados de excepción y una persecución permanente de la disidencia.

Estos rasgos nos llevarían a pensar rápidamente en una vuelta del fascismo, si no fuera porque se combinan con otros que lo contradicen y que estarían indicando las pistas para su caracterización más allá de los "neos" y los "pos".

Las guerras, y la política militar en general, han dejado de ser un asunto público. No solamente porque muchas de las guerras contemporáneas se han enfocado hacia lo que se llama "estados fallidos", y en ese sentido no son entre "estados" sino de un estado contra la sociedad de otra nación, sino porque aunque sea un estado el que las emprende lo hace a través de una estructura externa que una vez contratada se rige por sus propias reglas y no responde a los criterios de la administración pública.

El outsourcing, que se ha vuelto recurrente en el capitalismo de nuestros días, tiene implicaciones muy profundas en el caso que nos ocupa. No se trata simplemente de privatizar una parte de las actividades del estado sino de romper el sentido mismo del estado. La cesión del ejercicio de la violencia de estado a particulares coloca la justicia en manos privadas y anula el estado de derecho. Ni siquiera es un estado de excepción. Se ha vaciado de autoridad y al romper el monopolio de la violencia la ha instalado en la sociedad.

En el fascismo había un estado fuerte capaz de organizar a la sociedad y de construir consensos. El estado centralizaba y disciplinaba. Hoy apelar al derecho y a las normas establecidas colectivamente ha empezado a ser un disparate y la instancia encargada de asegurar su cumplimiento las viola de cara a la sociedad. Ver, si no, los ejemplos de Guantánamo o de la ocupación de Irak.

Con la reciente crisis las instituciones capitalistas más importantes se han desfondado. El FMI y el Banco Mundial son repudiados hasta por sus constructores. Estamos entrando a un capitalismo sin derecho, a un capitalismo sin normas colectivas, a un capitalismo con un estado abiertamente faccioso. Al capitalismo mercenario.

El posneoliberalismo nacional alternativo

Otra vertiente de superación del neoliberalismo es la que protagonizan hoy varios estados latinoamericanos que se proclaman socialistas o en transición al socialismo y que han empezado a contravenir, e incluso revertir, la política neoliberal impuesta por el FMI y el Banco Mundial. Todas estas experiencias que iniciaron disputando electoralmente la presidencia, aunque distintas entre sí, comparten y construyen en colaboración algunos caminos para distanciarse de la ortodoxia dominante.

Bolivia, Ecuador y Venezuela, de diferentes maneras y con ritmos propios, impulsan políticas de recuperación de soberanía y de poder participativo, que se ha plasmado en las nuevas Constituciones elaboradas por sus sociedades.

La disputa con el FMI y el Banco Mundial ha determinado un alejamiento relativo de sus políticas y de las propias instituciones, al tiempo que se inicia la creación de una institucionalidad distinta, todavía muy incipiente, a través de instancias como el ALBA, el Banco del Sur, Petrocaribe y otras que, sin embargo, no marcan una pauta anticapitalista en sí mismas sino que apuntan, por el momento, a constituir un espacio de mayor independencia con respecto a la economía mundial, que haga propicia la construcción del socialismo. Considerando que, aun sin tener certeza de los resultados, se trata en estos casos por lo menos de un escenario posneoliberal diferente y confrontado con el que desarrollan las potencias dominantes, es conveniente destacar algunos de sus desafíos y paradojas.

1. Para avanzar en procesos de recuperación de soberanía, indispensable en términos de su relación con los grandes poderes mundiales --ya sea que vengan tras facetas estatales o empresariales--, y para emprender proyectos sociales de gran escala bajo una concepción socialista, requieren un fortalecimiento del estado y de su rectoría. Lo paradójico es que este estado es una institución creada por el propio capitalismo para asegurar la propiedad privada y el control social.

2. Los procesos de nacionalización emprendidos o los límites impuestos al capital transnacional, pasándolo de dueño a prestador de servicios, o a accionista minoritario, marca una diferencia sustancial en la capacidad para disponer de los recursos estratégicos de cada nación. La soberanía, en estos casos, es detentada y ejercida por el estado, pero eso todavía no transforma la concepción del modo de uso de estos recursos, al grado de que se estimulan proyectos de minería intensiva, aunque bajo otras normas de propiedad. Para un "cambio de modelo" esto no es suficiente, es un primer paso de continuidad incierta, si bien representa una reivindicación popular histórica.

3. El reforzamiento del interés nacional frente a los poderes globales o transnacionales va acompañado de una centralización estatal que no resulta fácilmente compatible con la plurinacionalidad postulada por las naciones o pueblos originarios, ni con la idea de una democracia participativa que acerque las instancias de deliberación y resolución a los niveles comunitarios.

4. Las Constituyentes han esbozado las líneas de construcción de una nueva sociedad. En Bolivia y Ecuador se propone cambiar los objetivos del "desarrollo" por los del "buen vivir", marcando una diferencia fundamental entre la carrera hacia delante del desarrollo con la marcha horizontal e incluso circular del buen vivir, que llamaría a recordar la metáfora zapatista de caminar al paso del más lento. La dislocación epistemológica que implica trasladarse al terreno del buen vivir coloca el proceso ya en el camino de una bifurcación societal y, por tanto, la discusión ya no es neoliberalismo o posneoliberalismo sino eso otro que ya no es capitalista y que recoge las experiencias milenarias de los pueblos pero también la crítica radical al capitalismo. Los apelativos son variados: socialismo comunitario, socialismo del siglo XXI, socialismo en el siglo XXI, o ni siquiera socialismo, sólo buen vivir, autonomía comunitaria u horizontes emancipatorios.

Ahora bien, la construcción de ese otro, que genéricamente podemos llamar el buen vivir, tiene que salirse del capitalismo pero a la vez tiene que transformar al capitalismo, con el riesgo, siempre presente, de quedar atrapado en el intento porque, entre otras razones, esta búsqueda se emprende desde la institucionalidad del estado (todavía capitalista), con toda la carga histórica y política que conlleva.

El posneoliberalismo de los pueblos

Otro proceso de salida del neoliberalismo es el que han emprendido los pueblos que no se han inclinado por la lucha electoral, fundamentalmente porque han decidido de entrada distanciarse de la institucionalidad dominante. En este proceso, con variantes, se han involucrado muchos de los pueblos indios de América, aunque no sólo, y su rechazo a la institucionalidad se sustenta en la combinación de las bifurcaciones con respecto a la dominación colonial que hablan de rebeliones larvadas a lo largo de más de 500 años, con las correspondientes a la dominación capitalista. Las naciones constituidas en el momento de la independencia de España y Portugal en realidad reprodujeron las relaciones de colonialidad interna y por ello no son reconocidas como espacios recuperables.

La resistencia y las rebeliones se levantan a veces admitiendo la nación, más no el estado, como espacio transitorio de resistencia, y a veces saltando esta instancia para lanzarse a una lucha anticapitalista-anticolonial y por la construcción-reconstrucción de formas de organización social simplemente distintas.

Desde esta perspectiva el proceso se realiza en los espacios comunitarios, transformando las redes cotidianas y creando condiciones de autodeterminación y autosustentación, siempre pensadas de manera abierta, en interlocución y en intercambio solidario con otras experiencias similares.

Recuperar y recrear formas de vida propias, humanas, de respeto con todos los otros seres vivos y con el entorno, con una politicidad libre y sin hegemonismos. Democracias descentradas. Este es el otro camino de salida del neoliberalismo, que sería muy empobrecedor llamar posneoliberalismo porque, incluso, es difícil de ubicar dentro del mismo campo semántico. Y todos sabemos que la semántica es también política y que también ahí es preciso subvertir los sentidos para que correspondan a los nuevos aires emancipatorios.

Lo que viene después del neoliberalismo es un abanico abierto con múltiples posibilidades. No estrechemos el horizonte cercándolo con términos que reducen su complejidad y empequeñecen sus capacidades creativas y emancipatorias. El mundo está lleno de muchos mundos con infinitas rutas de bifurcación. A los pueblos en lucha toca ir marcando los caminos.

Bibliografía

Acosta, Alberto 2008 "La compleja tarea de construir democráticamente una sociedad democrática" en Tendencia N° 8 (Quito).

Prigogine, Ilya 2006 (1988) El nacimiento del tiempo (Argentina: Tusquets).

Constitución de la República del Ecuador 2008.

Asamblea Constituyente de Bolivia 2007 Nueva Constitución Política del Estado (documento oficial)

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

 

DemocratieHet begin van weer eens een verkiezingsronde in dit land is volop begonnen. Dat is niet te merken aan de lawine ideeën en ideologische inzichten door het politieke profitariaat naar onze hoofden geslingerd. Neen, het is alleen te merken aan hoe de kopstukken van de respectieve partijen zichzelf aan het verkiezen zijn om zo zichzelf en hun naaste vrienden (of familieleden) op topplaatsen te wringen. Dat noemen die politieke creaturen dan de eerste stap in een democratisch proces: "Hoe wring ik mezelf op een verkiesbare plaats?" Het is meteen een van de belangrijkste fasen van de partijwerking geworden als men de kranten erop naleest.

Alle nieuwkomers hebben daarbij zo te zien een snelcursus genomen in hoe de oude militanten beter een valse stoot te verkopen. En "Hoe schop ik tijdens lijstvorming een medestander in de vernieling?" is haast uitgeroepen tot een olympische discipline, in zoverre dat die nog niet verheven is tot de enige politieke activiteit die partijkopstukken in het parlementaire circus beoefenen. Die kunst bestaat er ook in (met name voor de slapjanussen die in de partijen tweede viool spelen) zich zo geruisloos mogelijk te verstoppen achter de tapkast van de parlementaire bar en dat liefst gedurende de volledige legislatuur. Het enige wat de ja-knikkers binnen de partijen moeten doen is kijken hoe de kop beweegt van hun voorman. Ze moeten dan vooral hun kop in dezelfde richting bewegen als die verlichte leiders. Dat is alleszins een succesformule die de meeste parlementairen behoorlijk onder de knie hebben. In platbroekerij zijn die parlementairen behoorlijk geschoold. En na een tijdje is niks doen en je vol vreten op kosten van de gemeenschap een tweede natuur geworden voor dat politiek personeel van de tweede garnituur. De bazen, die de grote partijen exploiteren als een soort veredelde bordelen, waar verkozenen zich openlijk prostitueren, zijn dan ook maar wat gewillig om die ongevaarlijke nullen rond zich te tolereren en hun zelfs een mooie carrière in ruil voor bewezen diensten aan te bieden. Inderdaad, politieke hoeren, je moet ze huren en betalen, en ze woekeren meestal in achterkamertjes en louche cafés.

Voor de kopstukken is het van het grootste belang om zichzelf aan te top van de lijsten te plaatsen, want dat is de enige manier om aan de geldpomp van het systeem te kunnen blijven hangen. Al hun mooie manieren en praatjes moeten verbergen dat ze er gewoon op uit zijn weer een periode van vaste vergoedingen en staatsgegarandeerd inkomen te verwerven. En maak je geen illusies: de Dewevers en de Dewinters zijn ook niet te beroerd zichzelf te verkopen om die smerige Belgische euro's van de Belgische staat in hun vette pootjes te nemen. Geld heeft geen naam, en in Europa heeft het zelfs geen volk dat dat  beheert of controleert, maar wie maalt daar nu om? Toch zeker niet de bijna slimste mens en de - op Dedecker na - luidruchtigste? De partijbonzen kijken met bewondering naar iemand als Rudy Aernoudt, hoe deze man zich een weg knort en wroet om ook in de troch te geraken is gewoonweg bewonderenswaardig. Bij zo iemand herkennen ze de fijne kneepjes van het vak!

Terwijl het volk in een steeds vlugger tempo aan het verarmen is en ons economisch en sociaal stelsel zowat implodeert, hebben die partijfeestneuzen zichzelf weer goed in de kijker gezet. Voor het N-SA is deze hele verkiezingbedoening echter een non-event en men zou het beter de 'pak-de-poen show voor onbenullen en maatschappelijk gestoorden' noemen, uitgezonden in een format met Walter Grootaers. Daar hebben die politieke clowns toch al een pak ervaring mee. Zolang er geen hervormingen van het politiek bestel op de agenda staan, is elke verkiezing nutteloos en waardeloos. Het is een bestendiging van het profitariaat, met als enige bedoeling weer enkele jaren een vaste wedde zonder werken binnen te halen. Het zijn parasieten in een parasitair systeem.

U zult deze smeerlapperij toch niet verder ondersteunen met uw goedkeuring in de vorm van een stem? Ik in elk geval niet.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

jeudi, 05 mars 2009

Turkije en de Koerden

Turkije en de Koerden

Geplaatst door yvespernet

Wilt Turkije in de EU worden opgenomen als volwaardigd lid, moeten aan bepaalde sociale, economische en politieke voorwaarden worden voldaan. Met het toelaten van landen als Bulgarije is ondertussen gebleken dat dit voor sommige landen te snel gebeurd is en dat de controle op het naleven van die voorwaarden tekort schiet. Één van die voorwaarden, in het geval van Turkije, is het verbeteren van de huidige bewust achtergestelde toestand van de Koerden. Dat dit nog gebreken vertoont, kan volgend “incident” goed illustreren;

http://edition.cnn.com/2009/WORLD/europe/02/24/turkey.television.kurdish.party/index.html

ISTANBUL, Turkey (CNN) — The head of a Kurdish nationalist party in Turkey addressed his party members Tuesday in the Kurdish language — which is illegal — prompting the national broadcaster to pull the plug on the live broadcast. In

 

his address, Democratic Society Party leader Ahmet Turk began his speech in Turkish, addressing the value of a “multilingual culture” and decrying the fact that the Kurdish language is not protected under Turkey’s constitution. ”We have no objection to Turkish being the official language, yet we want our demands for the lifting of the ban on Kurdish language to be understood as a humanitarian demand,” he said.

Turk then announced he would deliver the rest of his speech in Kurdish and, at that point, state broadcaster TRT cut the broadcast. ”Since no language other than Turkish can be used in the parliament meetings according to the constitution of the Turkish Republic and the Political Parties Law, we had to stop our broadcast,” the TRT announcer stated. “We apologize to our viewers for this and continue our broadcast with the next news item scheduled.”

Binnen nu en een paar decennia zal bijna de helft van de inwoners van Turkije bestaan uit Koerden. Koerden migreren ook meer en meer naar de Turkse steden in plaats van op het platteland te blijven. Dit kan wel eens een zeer gevaarlijke cocktail worden…

NATO Defence College reviews Dmitry Rogozin's book "Enemy of the People"

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The NATO Defence College review of the book ‘Enemy of the People’ by Dmitry Rogozin

 

http://natomission.ru/en/society/article/society/artbews/...

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The curious reader might do well to start Ambassador Dmitri Olegovich Rogozin’s book by looking at the comments about him which the author has chosen to include as an annex - essentially abuse from prominent Russian political figures, including the leader of the LDPR, Vladimir Zhirinovsky (whose father Rogozin pointedly identifies as being named Edelshtein): “Rogozin is an agent three times over - of the Kremlin, the KGB and the Comintern. He is a villain three times over.” Anatoli Chubais, formerly head of electricity monopoly RAO UES, and whom Rogozin identifies as the “spiritual guru” of the liberal SPS party and author of the concept of “voucher privatization”, describes Rogozin as a National Socialist. The author records other attacks on him by some of his favourite targets of abuse.

It would be natural to suppose that these quotations were recorded by Rogozin in a spirit of irony. It would also be wrong. There is so far as I could teil no trace of irony or self doubt in what Rogozin writes in this account of his political development and ideas. He means every word. It is natural enough that an autobiography should centre on its subject’s actions. This one is deeply personal. The only people mentioned in it who come out consistently well are Rogozin himself, and why not, for it is his story; Rogozin’s distinguished military father (General-Lieutenant Oleg Konstantinovich Rogozin, Hero of Socialist Work, Doctor of Technical Sciences and professor); and Vladimir Putin - who has yet to earn Rogozin’s despair. The introduction to the fourth edition of the book, sent for publication as Rogozin was about to take up his appointment as Russian Ambassador to NATO in January 2008, records his view that Rodina “won” the 2003 Duma elections (Rogozin’s word, presumably implying a moral victory since the party did not come near to winning a majority of the recorded votes, even if its showing was better than the Kremlin had anticipated). Since then, he says, vital elements of Rodina’s programme have been adopted by the Russian government. Putin’s real convictions, (page 5) says Rogozin, are those of the patriotic opposition. His book is dedicated to President Putin, as he then was.

The first set of Rogozin’s ideas would not al! be easy to square with Putin’s actions as President or Prime Minister, though some arguably have elements in common with Putin’s sentiments. Rogozin complains at various points in his book of the way that the media are constrained, the legal system is manipulated and elections are fixed. In so doing, he draws on personal experience. “The ability to lie to your face is the visiting card of power (vlast) today.” (An apt quotation from page 14). His writing is even more impassioned in his attacks on the “thieves” who have stolen, and steal, from Russia, whether bureaucrats or ‘oligarchs’. But then, “Bonapartism is always and everywhere partnered by stealing from the treasury…the consolidation of the Vertical of power’ has led to a real epidemic of theft.” Much of the book is a cry of pain for what has happened to Russia since Stalin’s death in 1953, and particularly since 1991, with the failure of the August putsch that year. Rogozin’s admiration for Stalin is for what the author sees as his success as a national leader who instilled discipline, not as the builder of’socialism in one country’.
The remedy sketched by Rogozin for Russia’s present ills is not what might be expected from his attacks on the way the present state of affairs rests on arbitrary controls. It is for the power of the centre to be increased, under the condition that the exercise of absolute power be governed by absolute responsibility, borne personally by the leader himself. He does not explain exactly what this might mean. He would no doubt be enraged by the suggestion that it is a doctrine that notorious figures of the middle of the 20th Century would instantly accept.
Rogozin argues for increased national ownership of critical economic factors. He does not explain how such a system could work, or how it would prevent what he sees as the treachery and incompetence which brought the USSR to needless and tragic collapse being repeated under another centrally directed government of Russia. His domestic policy prescriptions are however often declarative rather than analytical, for instance in his lengthy and agonised account of Russia’s demographic problems. Russia should be, he writes at one point, aiming at a population of 500 million, without giving a clear idea of how this degree of reproductive fervour could be brought about
That should not be read as a sneer. Rogozin’s despair at what he sees as his country’s fall deserves better than that. He records his academic achievements, but his book is not that of an educated sceptic. In one striking passage, following on Rogozin’s account of the Chechen mentality, he tells of an interview with Putin in which he offered to go to Grozny as Presidential Representative. The President’s response, which Rogozin saw as “very significant” was that Putin wanted him to stay for the time being in the Duma. That, thought Rogozin, was a missed opportunity. Had he taken charge in Grozny the bloodshed would have been minimal. It does not seem to have occurred to him that the President may have been less confident than Rogozin of the latter’s ability to sort things out Putin’s ability to keep others under the impression that he sympathises with their aspirations even when he does not is again illustrated at other points in Rogozin’s account.

The heart of Rogozin’s book, whether he is recording his efforts as a dogged and immovable defender of his country’s true interests, or setting out his political creed, is the need to revive Russian national feeling, and thereby to restore Russia to her rightful status, as he would see it, as a Great Power. He makes it very clear, though not in a consistently specific manner, that this aim entails Russia’s borders enlarging to include all the territories that have been hers over the course of Russian history. He refers on page 145 to the national idea enshrining the right for Russians to be the formers of the state not just in the present territory of the Federation but also “inherently Russian lands beyond its borders. Crimea, Little Russia, Belorussia, the Cossack steppes of Kazakhstan, TransDniestra, the PriBaltic - these are the native lands of the Russian nation.” Russians brought civilisation to the peoples who fell under her control, and they now share her destiny as a beneficent result. “It is inadmissible to remain silent while the country that gave you life is robbed and humiliated. If even a drop of Russian blood runs in our veins we should be readying ourselves to fight….It is on our bones that Europe prospers today” (page 443). And so on throughout the book- often.
Rogozin’s political programme is mystical rather than practical, despite the fact that he recounts his involvement in many of the political dramas over the last couple of decades of his country’s history. He vents his frustration at being balked of the success he is sure was his in Duma and Moscow elections. The administrative barriers in the way of setting up independent parties are excoriated. He nonetheless sees the revival and channeling of Russian nationalism as essential to the nation’s survival, and achievable through disciplined action by a committed elite. He seems to take it for granted that the restoration of true patriotic feeling, and the direction of affairs by true patriots, would restore harmony as well as greatness to his country, and that it would be thoroughly democratic too.
This is all disputable, and the*fenguage in which it is conveyed is in places disreputable too. But Rogozin’s book is honest in its efforts to convey what he really thinks, and innocent of guile. There are many other Russians, and decent ones too, that share his prejudices to a greater or lesser degree, and who reach too readily for the language of abuse when others do not accept them: a Pravda inheritance, maybe. Many Russians for instance seem genuinely to believe that they have a better sense of what other formerly Soviet people - and particularly those of Slavonic origin - truly want and need than what these people choose for themselves through their elected leaders. When Rogozin says that Sevastopol is “ours”, and that that is a “fact” (page 129), he is only giving more emphatic expression to a view that others of greater authority than he have set out more cautiously. When he laments the treatment accorded to Russia by her enemies, internal or external, he is giving his own version of the sense of national(ist)
grievance that has developed so strongly in recent years. There was a contrast to be drawn in the 90s between Serbia’s haunted sense of wrong and Russia’s efforts to make a new and post imperial start. The parallels between Serbian nationalism then and Russian feelings now, as illustrated by Rogozin’s book, can be uncomfortably close.

The aim of restoring, as its advocates term it, Russia’s status as a Great Power runs beyond the “patriotic opposition” invoked by Rogozin. It is deeply felt to be legitimate, and necessary, by Russians who are far more liberal in their outlook than Rogozin, and has been articulated in various forms by the highest leadership, including by the former and current Presidents. But while there is no doubting its emotional appeal to many Russians, if to few of their neighbours, Rogozin in his book has been no more able than others to set out exactly what it means. If Russia is a Great Power, then presumably there are others, and presumably they have parallel rights. No one knows exactly who these other “Great Powers” might turn out to be. It would also seem to follow that “Great Powers” have greater rights than lesser ones, a proposition that is contrary to the Charter of the United Nations, and unacceptable to those relegated to the second or perhaps third division. The aspiration to be recognised as a Great Power, which runs so clearly throughout Rogozin’s book, in short, is a lament for past glory to return, not a practical guide to policy. It is not however the less compelling for those who would pursue it because it is incapable of definition, or perhaps even of cure.

ON THE NATO DEFENCE COLLEGE REVIEW OF THE BOOK 
‘ENEMY OF THE PEOPLE’ BY DMITRY ROGOZIN

The very fact that a major agency of NATO’s educational system got down to reading such an alien book dedicated to Russian domestic affairs means a lot. The author of the review has taken the reading seriously, and building upon his knowledge he made an attempt to analyze what was written by Dmitry Rogozin. There is no doubt that NATO is primarily interested in political views of the ambassador it is dealing with rather than Russian domestic policy as such.

It is quite another matter that it is a tough job for a Westerner to give a fair assessment of those views; the temptation to slide down to stereotypes (Putin as the sole ruler of the country, patriotic views as an extreme form of xenophobia, etc.) is too big. The author of the review attempts to disregard details about Russian domestic policy, however, he delightfully quotes Rogozin’s criticism of the Russian bureaucracy and in the end he reduces everything to the ‘favourite’ common denominator of Western analysts – that Russia is yet again aspiring to become an empire and a great power, while it lacks either rights or good reasons for that. In the author’s opinion, such an aspiration lacks “legitimacy”, and he notes that Rogozin is just one among many Russians who want to see their country regain its greatness. The author argues that allegedly there is no ‘cure’ for this concept that has basically become the ideology Russian policy is guided by. Apparently, neither is there a cure for the aspiration of the Westerners to not let Russia become a great country again, just as for any form of maniacal schizophrenia. He particularly bridles at Rogozin’s ideas of uniting inherently Russian lands, and the role of the Russian nation as a civilization factor triggers nothing more than an ironic smile.

Nevertheless, this review seems in general to be quite well balanced and serious. The author admires Rogozin’s sincerity and consistency, his concerns over the present situation in the country, even though the style he chooses does not always seem justified to the author.

Intervention de F. Ranson au Colloque identitaire (28-02-09)

Frédéric RANSON:

Intervention au colloque identitaire du 28 février 2009

Sint-Pieters-Leeuw (Brabant)

Il m’incombe aujourd’hui de vous présenter le manifeste du néo-solidarisme. En fonction du sujet d’aujourd’hui, j’en voudrais retenir deux idées en particulier, à méditer par le public. D’abord, je voudrais féliciter les organisateurs et les autres participants pour leur contribution à un genre de débat qu’on ne connaît plus ailleurs en Flandre, malgré des conditions plus favorables qu’en Belgique francophone. Des identitaires s’occupent aujourd’hui des questions sociales et c’est déjà une bonne description pour les néo-solidaristes.

 

En bref, la crise que nous vivons est celle de plus de trente ans de néolibéralisme anglo-saxon. L’architecture financière mondiale de l’après-guerre a toujours été conçue, par les Etats-Unis et leur haute finance, de telle manière que les profits soient pour eux-mêmes et les charges pour le reste du monde. Depuis les années septante, le néolibéralisme sert de nouvel instrument pour assurer leurs intérêts financiers. L’ouverture des marchés financiers a permis  de prolonger l’hégémonie du dollar. Ensuite, suivaient le Royaume-Uni et plus tard l’Union européenne. La première conséquence était que les « capitaux sociaux » des Etats européens, accumulés depuis des décennies, étaient alors transférés à un marché financier mondialisé. La deuxième conséquence était l’invention des produits dérivés, contrepartie pour les risques sur un marché dérégulé. L’ampleur de la crise actuelle est un indice du degré d’américanisation et de mondialisation.

 

Il faut se rendre compte de quelle manière, non pas seulement les conditions économiques ou financières, mais par là aussi les conditions politiques ont changé. Oui, ils sont encore là, les parlementaires, mais ils sont presque dégradés jusqu’au niveau de conseiller communal dans le « village global ». Le cadre national, base de notre modèle social et du consensus entre travail et capital, est en voie de disparition, sapé par le néolibéralisme et le libre-échangisme. L’embourgeoisement des droites et des gauches les a rendu totalement incapables à proposer des alternatives. Face à leur incapacité et face aux nouvelles conditions, de nouvelles réponses s’imposent. La crise actuelle est une rupture. Ou bien on voit dans cette crise une nouvelle phase de concentration et de mondialisation. Ou bien on y voit une occasion d’organiser une colère légitime et de proposer des alternatives.

 

La première idée que je veux retenir de notre manifeste est donc celle de la renationalisation de l’Etat et de l’économie, tant l’économie monétaire que l’économie réelle, de Fortis à Opel. Dans les conditions actuelles, où vous étés trompés par des propositions européanistes et altermondialistes qui se relaient, où la pensée unique prône un « socialisme des banquiers » et ainsi de suite, cette revendication est déjà un acte révolutionnaire. La deuxième idée à retenir est celle de la souveraineté monétaire, qui implique une redéfinition des notions habituelles sur l’argent. J’y reviens en brève réponse à monsieur Robert. La synthèse idéale de ces deux idées serait la correspondance entre l’économie réelle et l’économie monétaire. Donc : plus de bulles, plus d’inflation, plus de déflation, mais « euflation » (notion d’Antonio Miclavez). Hélas, nos banques centrales semi-publiques n’ont pas ce but. Elles agissent dans l’intérêt des banquiers et pas dans l’intérêt des peuples. Les mêmes critiques, dans la tradition populiste, à la Réserve fédérale américaine peuvent s’appliquer à la Banque centrale européenne. Les premières banques à nationaliser seront donc les banques centrales elles-mêmes !

 

Monsieur Robert vient d’attribuer le « miracle économique » de l’Allemagne nationale-socialiste à son ministre de l’économie Schacht et sa « politique très éloignée du programme en 25 points ». D’autres l’attribueront à Keynes. Eh bien, quel était le secret de ce miracle ? Les travaux publics et le réarmement allemands étaient payés par des « bons Öffa » et des « bons MeFo », donc de l’argent alternatif ou supplémentaire, sans accroître la dette publique, c’est à dire basé sur la notion de souveraineté monétaire. Ces bons étaient au moins une idée hybride, parce que ils étaient effectivement déjà proposée dans le Programme en 25 Points sous le nom de « Staatskassengutscheine » (bons du Trésor publique). Evidemment, les idées de son auteur, Gottfried Feder, allaient encore plus loin. Ses idées étaient très proches des principes antiques et scholastiques, aujourd’hui encore présents dans le financement islamique. Schacht, profondément banquier, a enfin même refusé l’émission ultérieure de cet argent sans dette, ainsi qu’un autre célèbre banquier, Necker, plus d’un siècle avant lui, avait refusé l’émission des assignats. L’argent alternatif est-il une utopie aujourd’hui ? Non ! Qui ne connaît pas les chèques de repas ou les chèques de service, qui sont simplement des formes de salaire alternatif ?

 

Peut-être ces quelques propositions semblent encore précoces ou futuristes, mais nous sommes surs que la situation aggravante les rendra de plus en plus acceptées. L’importance est de ne surtout pas rater ce rendez-vous avec le 21ième siècle, ou de subir le renforcement du système par une « gouvernance mondiale » accrue et répandue par la pensée unique. Je vous remercie pour votre attention.

mercredi, 04 mars 2009

Clint Eastwood heeft gelijk...

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Clint Eastwood heeft gelijk

Geplaatst door yvespernet

Op dit vlak dan toch: http://in.news.yahoo.com/139/20090227/906/ten-eastwood-thinks-political-correctnes.html

London, February 27 (ANI): Acting legend Clint Eastwood , 79, apparently believes that political correctness has rendered modern society humourless, for he accuses younger generations of spending too much time trying to avoid being offensive. The Dirty Harry star insists that he should be able to tell harmless jokes about nationality without fearing that people may brand him “a racist”.

“People have lost their sense of humour. In former times we constantly made jokes about different races. You can only tell them today with one hand over your mouth or you will be insulted as a racist,” the Daily Express quoted him as saying. ”I find that ridiculous. In those earlier days every friendly clique had a ‘Sam the Jew’ or ‘Jose the Mexican’ - but we didn’t think anything of it or have a racist thought. It was just normal that we made jokes based on our nationality or ethnicity. That was never a problem. I don’t want to be politically correct.

We’re all spending too much time and energy trying to be politically correct about everything,” he added. (ANI)

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L'Alsace en Europe

L’Alsace en Europe: Rives du Rhin ou plateau lorrain, il faut choisir!

Le Comité sur la réforme des collectivités locales, présidé par l’ancien Premier Ministre Edouard Balladur, doit rendre ses préconisations sur la future architecture institutionnelle de la France au Président de la République dans les jours qui viennent.

 

Parmi les mesures qui devraient être rendues publiques figurerait le regroupement - sur des bases à priori volontaires - de quelques-unes des 22 régions actuelles qui ne devraient plus à l’avenir en former que 15 dans le but de leur donner “une dimension européenne”.

C’est ainsi que serait envisagé le regroupement des actuelles régions Alsace et Lorraine au sein d’une super région du Grand Est.

Une telle proposition reflète le tropisme franco-parisien de ses auteurs tout comme la méconnaissance des réalités régionales et européennes.

L’observation de ce qui se passe chez nos proches voisins européens nous montre au contraire que la viabilité d’une région, d’un Land allemand ou d’un canton suisse, n’est pas fonction de l’importance de sa superficie ni de sa population, mais de son homogénéité et des atouts liés à sa situation géographique comme à la présence sur son territoire d’activités économiques à forte valeur ajoutée, et à son rayonnement culturel.

C’est le cas de la Freie und hansestadt Hamburg, la ville libre et hanséatique de Hambourg, qui avec ses 1,8 M d’habitants et ses 755 km² est le premier des 16 Länder allemands pour le PIB par habitant.

Plus grand port d’Allemagne et deuxième port européen, la Ville-Etat d’Hambourg a su depuis la fin de la guerre se spécialiser dans les domaines de la chimie, de la construction aéronautique et navale, et est devenu un leader en matière de technique médicale et de biotechnologie, tout en développant un fort secteur des services.

Plus proche de nous la prospérité du canton de Bâle-Ville, le plus petit des cantons suisses avec ses 190 000 habitants et ses 37 km², vient encore contredire le raisonnement du Comité Balladur.

Vouloir noyer l’Alsace dans un hypothétique Grand Est reviendrait en fait à nous couper de l’espace du Rhin Supérieur qui est notre espace de vie et de développement naturel et historique, et à nous éloigner du centre économique européen qui court de l’Italie du Nord jusqu’à Londres en passant par la vallée du Rhin et la Ruhr sous la dénomination de Banane Bleue.

Il est urgent que ces réalités reviennent à l’esprit des grands élus alsaciens et que la dimension régionale et européenne de l’Alsace l’emporte sur la logique nationale.

La clé de la prospérité de l’Alsace et son avenir se trouvent sur les deux rives du Rhin, pas sur le plateau lorrain.

Le blog de Christian Chaton

 


 

Article printed from :: Novopress.info Alsace / Elsass: http://alsace.novopress.info

URL to article: http://alsace.novopress.info/?p=803

mardi, 03 mars 2009

La mort du leadership américain

Un pays discrédité et en faillite/La mort du leadership américain

ex: http://polemia.org/ 

Une fois encore, Paul Craig Roberts présente une analyse pessimiste sur l’avenir américain. Il ne voit pas comment les Etats-Unis retrouveraient leur leadership et il ne peut s’empêcher d’observer l’ancien rival pour se demander si le monde n’assiste pas à l’avènement d’une nouvelle ère « Poutine ». Polémia

Un nombre incroyable de personnes, aux Etats-Unis et à l’étranger, espère que le Président Obama mettra fin aux guerres illégales de l’Amérique, qu’il mettra un terme au soutien de l’Amérique aux massacres de Libanais et de Palestiniens commis par Israël et qu’il punira, au lieu de les récompenser, les banquiers gangsters (ou les « banksters escrocs »), dont les instruments financiers frauduleux ont détruit l’économie et imposé une souffrance massive à tous les gens dans le monde. Si les nominations d’Obama sont une indication, tous ces gens qui espèrent vont être déçus. (…)

Ce qui est décourageant est le fait que, même confronté à une crise économique et à une crise de politique étrangère, le système politique américain est incapable de produire le moindre leadership. Nous nous trouvons dans la pire crise économique de toute une vie, peut-être de notre histoire, et à la veille d’une guerre au Pakistan et en Iran, alors que la guerre en Afghanistan s’escalade. Et tout ce que nous obtenons est un gouvernement constitué de ces mêmes personnes qui nous ont amenés ces crises.

L’ère du leadership américain est révolue. Le système financier d’escrocs de l’Amérique a plongé le monde entier dans la crise économique. Les guerres d’agression de l’Amérique sont vues comme servant d’autres buts, comme l’enrichissement des industries militaires associées à Dick Cheney. Le monde est à la recherche d’un autre leadership.

Vladimir Poutine a bien joué à Davos pour endosser ce rôle. Son discours, lors de la cérémonie d’ouverture, était le plus intelligent de tout l’évènement. Poutine a rappelé au Forum Economique Mondial que les délégués américains qui s’exprimaient depuis cette tribune, il y a tout juste un an, avaient insisté sur la stabilité fondamentale de l’économie américaine et ses perspectives limpides. Aujourd’hui, les banques d’investissement, la fierté de Wall Street, ont virtuellement cessé d’exister. En 12 mois exactement, elles ont publié des pertes excédant les profits qu’elles ont réalisés au cours des 25 dernières années

Poutine a défendu l’idée selon laquelle le système financier existant, basé sur le dollar et l’hégémonie financière américaine, avait échoué.

Poutine a démontré que sa compréhension de l’économie était supérieure à celle de l’équipe d’Obama, lorsqu’il a déclaré que créer plus de dettes venant s’ajouter à des « dettes inextricables », comme le fait Obama, « prolongerait la crise ».

Dans une autre pique visant le leadership économique raté de l’Amérique, Poutine a déclaré qu’il est temps de se débarrasser de l’argent virtuel, des faux rapports financiers et des notations de crédit douteuses. Poutine a proposé un nouveau système de devise de réserve pour « remplacer le concept mondial unipolaire obsolète. » Poutine a dit qu’un monde en sécurité nécessitait la coopération, qui elle-même nécessite la confiance. Il a bien fait comprendre que les Américains avaient prouvé qu’on ne peut pas leur faire confiance.

Ce fut un message puissant qui a été beaucoup applaudi..

Par Paul Craig Roberts
CounterPunch, 3 février 2009
article original : "The Death of American Leadership"
Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]
http://questionscritiques.free.fr/

Correspondance Polémia
12/02/09

La "diversité" au service des inégalités

LA "DIVERSITE" AU SERVICE DES INEGALITES


united colors of nowheristan« Au cours des 30 dernières années, les pays comme la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada sont devenus de plus en plus inégalitaires, économiquement parlant. Et plus ils sont devenus inégalitaires, plus ils se sont attachés à la diversité. C'est comme si tout le monde avait senti que le fossé grandissant entre les riches et les pauvres était acceptable du moment qu'une partie des riches sont issus des minorités. Les gens se sont de plus en plus attachés à un modèle libéral de justice, dans lequel la discrimination – racisme, sexisme, homophobie, etc. – est le pire de tous les maux. Si ça marche, c'est à la fois parce que c'est vrai – la discrimination est évidemment une mauvaise chose – et parce que ça ne mange pas de pain – le capitalisme n'a pas besoin de la discrimination. Ce dont le capitalisme a besoin, c'est de l'exploitation.


Il est évident que la diversité ne réduit pas les inégalités économiques. Si vous prenez les 10% de gens les plus riches (ceux qui ont en fait tiré le plus de bénéfices de l'explosion néolibérale des inégalités) et que vous vous assurez qu'une proportion correcte d'entre eux sont noirs, musulmans, femmes ou gays, vous n'avez pas généré plus d'égalité sociale. Vous avez juste créé une société dans laquelle ceux qui tirent avantage des inégalités ne sont pas tous de la même couleur ou du même sexe. Les avantages en termes de gouvernance sont assez évidents, eux aussi. L'objectif du néolibéralisme, c'est un monde où les riches peuvent regarder les pauvres et leur affirmer (à raison) que personne n'est victime de discrimination, leur affirmer (tout autant à raison) que leurs identités sont respectées. Il ne s'agit pas, bien sûr, de les rendre moins pauvres, mais de leur faire sentir que leur pauvreté n'est pas injuste. (...)


Aux Etats-Unis, les Noirs radicaux se sont battus à la fois contre le racisme et le capitalisme. Des gens comme le Black Panther Bobby Seale ont toujours estimé qu'on ne peut pas combattre le capitalisme par le capitalisme noir, mais par le socialisme. Mais avec l'ère du marché triomphant débutée sous Reagan et Thatcher, l'antiracisme s'est déconnecté de l'anticapitalisme et la célébration de la diversité a commencé. Bien entendu, il n'y a rien d'anticapitaliste dans la diversité. Au contraire, tous les PDG américains ont déjà eu l'occasion de vérifier ce que le patron de Pepsi a déclaré dans le New York Times il y a peu: "La diversité permet à notre entreprise d'enrichir les actionnaires". De fait, l'antiracisme est devenu essentiel au capitalisme contemporain. Imaginez que vous cherchiez quelqu'un pour prendre la tête du service des ventes de votre entreprise et que vous deviez choisir entre un hétéro blanc et une lesbienne noire. Imaginez aussi que la lesbienne noire est plus compétente que l'hétéro blanc. Eh bien le racisme, le sexisme et l'homophobie vous souffleront de choisir l'hétéro blanc tandis que le capitalisme vous dictera de prendre la femme noire. Tout cela pour vous dire que même si certains capitalistes peuvent être racistes, sexistes et homophobes, le capitalisme lui-même ne l'est pas. (...)


Ces quarante dernières années, les étudiants des universités américaines ont changé, et de deux façons. Premièrement, ils se sont beaucoup diversifiés. Deuxièmement, ils sont toujours plus riches. Cela signifie qu'alors que les universités américaines se sont autoproclamées de plus en plus ouvertes (à la diversité), elles se sont en réalité de plus en plus fermées. Ça ne veut pas seulement dire que les jeunes issus de milieux modestes ont du mal à payer leur scolarité, ça signifie aussi qu'ils ont reçu un enseignement si bas de gamme dans le primaire et le secondaire qu'ils n'arrivent pas à passer les examens d'entrée à l'université. Donc, la première chose à faire lorsqu'on décide de mettre en place une politique de discrimination positive, c'est de le faire par classes et non par races. La seconde – mais de loin la plus importante – chose à faire serait de commencer à réduire les inégalités du système éducatif américain dès le primaire. Tant que ça ne sera pas fait, les meilleures universités américaines continueront à être réservées aux enfants de l'élite comme le sont, pour l'essentiel, les meilleures grandes écoles françaises. (...)


Du point de vue de la justice économique, Obama, c'est juste un Sarkozy noir. Bien sûr, ce n'est pas un problème pour Sarkozy, mais c'est un problème pour tous les gens qui se disent de gauche, qui aiment Obama et pensent que l'engagement dans la diversité dont il est le produit va également produire une société plus égalitaire. Le thème central de La Diversité contre l'Egalité, c'est qu'ils se trompent ; la diversité est au service du néolibéralisme, et non son ennemie. »



Walter Ben Michaels, auteur de "La Diversité contre l’Egalité" (Liber, 2009), interviewé par Marianne, 21 février 2009

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Censure et diffamation

Censure et diffamation

Dans le précédent numéro, j’ai signalé le blog « Entre guillemets... » qui comprend une partie consacrée à Céline et  une autre à l’actualité vue de droite,  sans complexe ¹. Est-ce celle-ci ou celle-là qui a défrisé un internaute peu tolérant ? Toujours est-il que ce vigilant citoyen a dénoncé ce blog auprès de « Google ». Conséquence : si l’on souhaite y accéder via ce moteur de recherche, on tombe sur un avertissement, sorte de filtre bien-pensant qui permet l’accès audit blog à condition de cliquer sur l’une des deux options proposées : « poursuivre » (après avoir pris connaissance de cet avertissement), comme s’il s’agissait d’un vulgaire site pornographique. Ce procédé témoigne, une fois encore, d’une intolérance bien dans l’air du temps. Ce qui est tout autant déplaisant, c’est le commentaire d’un (autre) internaute, le fameux célinien-reconnaissable-entre-tous, qui, sous le couvert de l’anonymat, m’accuse de mettre en danger le webmestre en raison du fait que, dans cet article, je précise son identité. Imagine-t-il,  cet autre sycophante, que celle-ci fut révélée sans l’aval de l’intéressé ?!  Pour la gouverne de ce lecteur (faussement ingénu ou franchement malveillant) qui se répand sur la toile, je confirme donc que le texte intégral de cet article fut soumis avant publication à l’animateur du blog. Mieux : c’est ce dernier qui m’avait transmis ces indications afin qu’elles fussent insérées dans cet article destiné à faire connaître son initiative  auprès des lecteurs du BC ².

Ceci m’amène à une réflexion. Dès lors que l’on édite, sur la toile ou ailleurs, un travail régulier sur Céline, faut-il plonger dans la clandestinité comme s’il s’agissait d’une activité répréhensible ? Si tel est le cas, serais-je une sorte de héros de la cause célinienne puisque voici trente ans que j’édite une publication célinienne (d’abord une revue, puis ce bulletin) à visage découvert ? Certes, cela m’a valu des procès d’intention et même parfois des intimidations : le seul fait d’éditer une publication mensuelle consacrée à Céline étant considéré par certains comme une inqualifiable provocation. Il s’est même trouvé un libraire (célinien !) qui n’a pas craint de me dénoncer comme coupable de mauvaises pensées à sa clientèle… laquelle s’est empressée de me le signaler. Comme, dans le même temps, certains lecteurs du BC me reprochaient de trop donner la parole aux détracteurs de Céline, j’ai considéré que ces critiques s’annulaient en quelque sorte. Dans certaines situations, il convient de demeurer impassible. Pour en revenir au blog, d’autres internautes ont heureusement tenu à contredire mon accusateur public. Même si Céline demeure un sujet controversé, ne serait-il pas temps de le défendre, en tant qu’écrivain, sans craindre, à chaque fois, les foudres ou les ukases de tel ou tel ? Et si aucun (modeste) hommage public ne peut manifestement lui être rendu, à Paris, Rennes ou Genève, il n’est pas encore interdit, que je sache, de lui consacrer une revue, un blog ou une émission radiophonique. Et ce serait, à mon sens, donner raison aux minables censeurs que de se dissimuler, comme eux, sous des pseudonymes ou l’anonymat, par ailleurs si commode pour tenter de nuire à ceux envers lesquels on nourrit une rancœur tenace.

 

Marc LAUDELOUT

 

1. M. L., « Un blog consacré à Céline », Le Bulletin célinien, n° 304, janvier 2009. (http://ettuttiquanti.blogspot.com)

2. Entre-temps, Matthias Gadret, l’animateur de ce blog, me signale que cet article lui a valu une audience accrue et des témoignages enthousiastes de lecteurs du Bulletin.

 

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lundi, 02 mars 2009

La lettre de Steinmeier

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La lettre de Steinmeier

MOSCOU, 12 janvier - RIA Novosti. La lettre ouverte du vice-chancelier et ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, au président américain élu, Barack Obama, publiée lundi dans l'hebdomadaire Der Spiegel, est un document opportun à tous les égards, a déclaré à RIA Novosti le sénateur russe Mikhaïl Marguelov.

"Ce texte renferme des idées réalistes et rationnelles de M.Steinmeier sur la future politique mondiale, tout en traduisant le caractère amical des relations entre l'Allemagne et la Russie", a indiqué M.Marguelov, président du Comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (Chambre haute du parlement russe).

Dans cette lettre, le chef de la diplomatie allemande appelle le président élu des Etats-Unis à accepter l'initiative du président russe Dmitri Medvedev visant à rénover l'architecture de la sécurité européenne et insiste sur la nécessité d'une nouvelle orientation pour l'Alliance de l'Atlantique Nord, rappelle le sénateur russe.

M.Steinmeier se montre très critique vis-à-vis de la situation qui règne actuellement au sein de l'OTAN, exigeant une réforme profonde de l'Alliance. Les pays membres "ont trop longtemps esquivé une franche discussion sur les tâches (de l'OTAN)", a-t-il estimé.

M.Steinmeier promet au futur locataire de la Maison Blanche le soutien des Allemands et de l'ensemble de la communauté internationale en cas de changements positifs dans la politique extérieure des Etats-Unis, qu'il s'agisse de l'amélioration de la situation en Irak (les Allemands sont prêts à accorder une assistance réelle dans l'édification d'une nouvelle société) ou de la fermeture envisagée du camp de détention de Guantanamo (les Européens pourraient accueillir les anciens détenus).

"Si l'Amérique tend la main aux autres, je promets que la communauté internationale et l'Europe n'abandonneront pas la nouvelle administration dans l'accomplissement de cette tâche", souligne le ministre.

Selon M.Marguelov, la lettre du chef de la diplomatie allemande montre que le monde, et notamment la Vielle Europe, en ont assez des démarches unilatéralistes des Etats-Unis et veulent des décisions collectives. Néanmoins, a fait remarquer le sénateur, l'Allemagne figure parmi les principaux alliés américains en Europe.

 

15:26 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, allemagne, affaires européennes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quand j'entends le mot "culture"....

QUAND J’ENTENDS LE MOT "CULTURE", JE SORS MON HAMBURGER !


La culture étatisée se voulait un élitisme pour tous : elle n’a abouti qu’à une usine à gaz dont seuls les petits malins, les propagandistes, les copains et les coquins, les fumistes, les nullités et les fonctionnaires des arts peuvent comprendre les arcanes. Nous sommes entraînés, avec la masse, dans des expositions temporaires et médiatisées, aux longues queues et à la contemplation du dos et des crânes de nos concitoyens, ce qui, à vrai dire, ne nous change guère de l’univers des fast food. De même, qui n’a pas admiré les théories blasées des publics captifs en tout genre, allant pérégriner dans les lieux "évènementiels", découvrant avec perplexité les inventions géniales de nos installateurs et autres conceptualistes ? Les chiffres occultent la réalité plus sordide d’une société consumériste de moins en moins sensible aux créations profondes, et de moins en moins éduquée à la délectation artistique. Le nombre d’entrées aux musées et autres "espaces" culturels, dont les statistiques sont aussi pertinentes que l’étaient celles de l’industrie soviétique, est inversement proportionnel à ce qui reste de happy few dans une société abêtie par la télévision et cyniquement mercantile.


Mario Resca en tire les conséquences : les nations européennes sont des entreprises dont le patrimoine est le capital qu’ont légué les ancêtres. Il faut le faire fructifier, d’autant plus que l’art contemporain nous a habitués à une connivence intime entre la création et le monde de l’argent. On peut dire par là que Berlusconi achève le processus d’annihilation de l’identité italienne, donc, en grande partie, européenne. »



Claude Bourrinet, "Quand j’entends le mot culture, je sors mon hamburger", VoxNR, 5 février 2009


LE LIBERALISME CONTRE LA CULTURE ET LA MEMOIRE : L’EXEMPLE DE L’ITALIE

mercredi, 25 février 2009

Prof. M. Storme: la liberté la plus fondamentale: le droit de discriminer

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Matthias Storme

La liberté la plus fondamentale: la liberté de discriminer

 

Honorable assemblée,

Au moment où il est question d’attribuer le Prix de la Liberté, il est assez convenable de réfléchir à l’état de notre liberté et aux conditions de son développement. Je souhaiterais notamment exposer les raisons pour lesquelles la liberté de discriminer est une liberté fondamentale, et même la plus fondamentale des libertés, du fait que, sans cette liberté, la plupart des autres libertés fondamentales n’existent tout simplement pas. A cet effet, il me faut d’abord rappeler ce que sont les bases des libertés fondamentales. Il faut, en effet, les considérer au pluriel: mon titre déjà donne à supposer qu’il n’existe pas une seule liberté, mais plusieurs libertés. Il s’agit là de l’expression de ma conviction que la liberté ne repose pas sur un principe abstrait, auquel on peut confronter le comportement humain ou qu’on peut imposer, mais sur une série de libertés concrètes, d’acquis provenant de combats historiques ou de développements, qui ne vont jamais de soi, mais qui doivent à chaque fois être défendus et rétablis. Nous qualifions de fondamentales certaines de ces libertés, telle la liberté de conscience, la liberté de la personne, la liberté religieuse, la liberté d’association, la liberté de travailler, la liberté d’enseigner, le libre examen (la liberté d’investigation).

 

Liberté, totalitarisme et doute

Ces libertés ne sont donc jamais définitives et les libertés acquises peuvent être menacées par de nouveaux développements sociaux. Dans leur forme concrète, elles ne sont pas universelles, mais le produit d’une histoire particulière, l’histoire de notre civilisation occidentale.

Bien qu’elles soient le résultat d’évolutions séculaires, il existe quelques moments-clé dans cette histoire, dans notre histoire. Dans un essai admirable -que je dois d’ailleurs à mon collègue Boudewijn Bouckaert de connaître - ‘Qu’est-ce que l’occident’(1), Philippe Némo distingue cinq évolutions-clé qui ont été les plus marquantes pour la civilisation occidentale: la cité grecque, le droit romain, l’eschatologie biblique, les réformes grégoriennes et les révolutions modernes. Parmi celles-ci, les éléments les plus importants pour mon thème d’aujourd’hui sont:

-          l’institution de l’autorité de la loi dans la cité grecque : the rule of law, not of men;

-          le développement du droit privé, dont la propriété privée, par les Romains;

-          la distinction entre l’ordre civil (territorial) et l’ordre spirituel, avec pour chacun leur légitimité propre dans la chrétienté occidentale;

-          le développement de la tolérance religieuse et des libertés fondamentales dans les temps modernes.

Cette évolution, qui ne s’est pas produite de manière rectiligne, n’a jamais été définitivement acquise et est régulièrement menacée par d’autres tendances sociales. Au 20e siècle, cela s’est produit principalement sous les diverses formes de totalitarisme qui sont parvenues au pouvoir: le bolchévisme et le national-socialisme. Il se présente aujourd’hui une nouvelle variante du totalitarisme, une nouvelle intolérance religieuse, l’eureligion de la non-discrimination.

 

C’est pour cette raison qu’il est de la première importance, pour le maintien de nos libertés, d’étudier les caractéristiques du totalitarisme et de les évaluer avec exactitude. Sont à cet égard des ouvrages de référence ‘The origins of totalitarianism’ de Hannah Arendt, ‘La tentation totalitaire’ de Jean-François Revel et ‘Mémoire du mal, tentation du bien’ de Tzvetan Todorov.

 

Bien que le totalitarisme ne puisse pas être contenu dans une seule définition ou dans des caractéristiques définitives, quelques constantes peuvent quand même en être dégagées: une claire hiérarchie du pouvoir, le rejet de toute autre légitimité et la distinction entre le droit et la morale, une autorité qui contraint le citoyen à tendre vers le bien qu’elle définit, une autorité qui ne se préoccupe pas seulement des comportements, mais également des motivations du citoyen, etc. Avant toute autre chose, le totalitarisme se caractérise par une claire distinction entre le bien et le mal: le bien doit être imposé et le mal ne peut être toléré mais, doit être combattu. Le contraire du totalitarisme -que nous l’appelions démocratie ou toute autre chose- ne pourra dès lors jamais se présenter sous une autre forme de simplisme. Il ne pourra jamais avoir la même univocité et la même incontestabilité que la pensée totalitaire. Mieux encore: lorsque des notions telles que démocratie, droits de l’homme, tolérance et autres sont devenues des notions univoques, qui échappent ainsi à toute mise en doute, nous avons là l’indication la plus claire qu’il s’agit du déguisement d’une nouvelle forme de totalitarisme. Car ‘lorsque le fascisme reviendra, il le fera sous le sigle de l’antifascisme’.

 

L’antithèse du totalitarisme doit avant tout être recherchée dans la disposition à penser de manière articulée, à donner suffisamment d’espace au doute et donc au débat, à ne considérer ou ne promouvoir aucune évolution comme étant irréversible, à accepter qu’il n’y ait pas qu’une seule direction dans laquelle les braves gens peuvent progresser (2).

 

Cela ne nous contraint pas, bien sûr, au doute absolu, comme l’âne de Buridan, qui se trouvait à égale distance entre deux picotins de foin et qui est mort de faim, parce qu’il ne trouvait aucun argument déterminant pour aller vers l’un plutôt que vers l’autre. Un doute relatif peut, en effet, parfaitement être pensé et même institutionnalisé. Mieux encore: le doute doit même être institutionnalisé dans des formes concrètes, imparfaites, pour ne pas dégénérer lui-même dans l’absoluité du relativisme.

 

La tolérance comme notion-clé

La notion-clé de notre expérience occidentale dans cette manière de penser est la notion de tolérance. Il s’agit d’autant plus d’une notion-clé que la tolérance peut, en se haussant jusqu’à un absolu, dégénérer en une intolérance absolue (3).

 

La clé est à trouver dans la définition scolastique qu’en donne Reimond de Penaforte dans sa Summa de Iure canonico (vers 1123) (4): Minus malum toleratur, ut maius tollatur, un mal est toléré, parce que le combattre entraînerait un mal plus grand que le supporter. Il ne s’agit pas là d’une pensée simple: que quelque chose de mal puisse exister et doive quand même être admis, au motif que le combattre entraînerait un mal plus grand que le mal qu’on combat. Mieux encore: la portée exceptionnellement vaste de cette conception intellectuelle ne devrait pas, je crois, être sous-estimée. L’art de la tolérance ne consiste pas, en effet, à tolérer des choses qu’on considère comme bonnes, mais bien à ne pas combattre ce qu’on considère comme mal d’une manière telle que le combat serait pire que le mal. Selon l’expression de Todorov, la tolérance est ‘le sentier étroit’ (5) entre deux précipices:

-          d’un côté, on trouve l’intolérance classique, qui consiste dans la surtension de soi-même: formes de racisme et de xénophobie, formes de haine idéologique, etc;

-          de l’autre côté, on trouve la perversion de la tolérance en une anti-tolérance: lorsqu’on interdit à d’autres de trouver mal ce qu’ils doivent tolérer et de trouver meilleures ses propres valeurs et que quelqu’un soit contraint de trouver les conceptions que d’autres ont du bien équivalentes à ses propres conceptions. Avec cette perversion de la tolérance, la défense de conceptions personnelles est criminalisée comme étant une offense aux idées des autres, et cela se produit dans des domaines de plus en plus étendus: la défense de sa propre culture est stigmatisée comme étant xénophobe, la défense de conceptions morales relatives à la vie privée à l’encontre d’un subjectivisme moral absolu comme étant homophobe et la défense de sa propre religion comme étant islamophobe. Cela débouche, selon le mot d’Alain Finkielkraut, sur ‘une tolérance qui finalement ne tolère qu’elle-même’ (6). Le mal n’est-il d’ailleurs pas toujours la perversion du bien ?

 

La société démocratique

La société moderne occidentale s’est constituée dans les formes spécifiques dans lesquelles la tolérance a été institutionnalisée. Cela s’est produit, d’une part, par l’acceptation que plusieurs ordres juridiques particuliers (nationaux ou régionaux) coexistent les uns à côté des autres sur pied d’égalité, chacun sur son propre territoire et, d’autre part, par l’institution de libertés fondamentales pour les habitants individuels de ces territoires. Cette dernière institution impliquait le développement d’une société civile, qui a conquis sur le roi et sur l’église un espace privé aussi bien que public. Notre démocratie moderne, basée sur des libertés, repose ainsi sur un équilibre complexe, dont les caractéristiques sont les suivantes:

-          le monopole de la violence est réservé au pouvoir public, qui seul peut imposer manu militari des règles de comportement;

-          en revers à cette médaille, le principe de légalité, qui interdit au pouvoir public de décider autrement qu’à partir de règles générales égales pour tous et définies au préalable (le pouvoir ne peut pas décider ‘à la tête du client’, ne peut pas imposer des règles individuelles, ne peut pas discriminer au sens de traiter inégalement sans le justifier de manière objective et raisonnable):

-          et, en corollaire, l’endiguement du pouvoir par l’institution de libertés fondamentales, en particulier la liberté de conscience et d’expression, la liberté d’association et de religion (séparation de l’église et de l’état) et la liberté de réunion, la propriété privée.

 

Ces libertés ne sont pas seulement, ou pas au premier chef, des droits subjectifs individuels, mais des institutions d’intérêt général, comme cela ressort d’ailleurs clairement de la Constitution belge de 1831. Celle-ci dispose, par exemple, que chacun jouit de la liberté personnelle et de la liberté d’expression et de religion, mais que ‘La liberté de la personne est garantie’ et ‘La liberté de culte, l’exercice public de celui-ci, de même que la liberté d’exprimer son opinion en toute matière sont garanties.’ C’est précisément grâce à ces libertés que les individus peuvent se développer d’une autre manière que par leur droit à l’application de la règle. Ils reçoivent la liberté de s’associer, dans des liens ou des institutions sociaux, d’attribuer du sens (dont la culture), de transmettre des informations (dont l’enseignement), de pratiquer la sollicitude et la solidarité. C’est dans ces relations que se sont épanouis des valeurs (culturelles, pédagogiques, humanitaires, …) et un sens à notre vie. Parallèlement aux relations dont on est partie par nature, plus précisément par parenté, interviennent d’autres relations librement nouées qui jouent un rôle important à l’égard de ces valeurs.

 

La plus-value énorme qu’apportent ces libertés, aussi bien par comparaison avec une société purement fondée sur la parenté qu’avec une société totalitaire, n’est guère contestée. Pourtant, les conditions essentielles à cet apport ne sont pas reconnues et elles sont aujourd’hui, en Europe, mises de plus en plus en péril. Elles concernent le rapport, et plus particulièrement la distinction, entre le droit et l’éthique (morale, bonnes mœurs), de même qu’entre les pouvoirs publics et la société civile (secteur public et secteur privé).

 

Distinction entre le droit et la morale

Une société démocratique édifiée sur des libertés requiert en tout premier lieu qu’on fasse la distinction entre droit et éthique, morale ou correction. Ceci implique aussi bien que beaucoup de ce qui est tenu par la majorité comme étant incorrect soit toléré, et aussi bien que chacun puisse trouver incorrect ce qui est permis ou même encouragé sous la forme de règles de droit par la majorité. La démocratie s’appuie sur la conviction que, pour un nombre très important de comportements humains, interdire même des comportements qui sont considérés comme incorrects ou immoraux par la majorité constitue un mal plus grand que les tolérer: in dubiis libertas. Cette tolérance fait toutefois défaut non seulement lorsque des comportements ou des opinions traditionnellement considérés comme incorrects sont interdits, elle fait bien sûr également défaut lorsqu’il est interdit de combattre comme immoraux, avec des moyens non-violents, des comportements qui sont légalement autorisés.

 

La liberté d’expression particulièrement

Permettez-moi, avant de pousser plus avant l’analyse des aspects pervers du non-respect de la distinction entre droit et éthique, de souligner entre temps l’importance particulière des libertés de conscience, d’expression et d’association. Alors que de manière générale des restrictions raisonnables sont possibles et même nécessaires à la liberté sur le plan des comportements, plus précisément pour la protection des droits d’autrui, cela vaut beaucoup moins pour l’expression des opinions, raison pour laquelle la liberté doit s’appliquer -en principe à toutes- mais tout particulièrement aux expressions d’opinions considérées comme incorrectes.

 

Est encore plus radicale la liberté de conscience: là où un pouvoir démocratique a le droit, dans certaines limites, de réglementer nos comportement, il n’a aucun droit de coloniser nos pensées. Die Gedanken sind frei; ce qui se passe dans la tête des gens ne concerne pas le pouvoir et, dans une société démocratique, les intentions des citoyens ne peuvent pas servir de fondement à une sanction pénale (autre chose étant, et étant effectivement relevant, que certains comportements soient le fait d’une mauvaise intention ou d’une négligence (7)).La liberté d’expression doit donc être tout à fait absolue.  Je ne voudrais pas non plus absolutiser la distinction entre cette liberté et les autres, telle la liberté de religion, la liberté de se réunir pacifiquement, la liberté de pratiquer le commerce ou l’industrie, de jouir paisiblement de la propriété privée et toutes les autres libertés. Mais il existe quand même entre elles une différence importante. Il y a à cela plusieurs raisons

 

  • La liberté d’opinion et d’association a, en effet, été restreinte dans notre régime actuel par les nouvelles lois de contrainte, essentiellement dans la mesure où l’expression d’une opinion constituerait une ‘incitation’ à quelque chose, et non plus seulement, comme par le passé et sous des conditions très restrictives (la diffamation), pour le contenu de l’opinion elle-même. Pourtant, sauf dans le cas d’usage de violence ou de contrainte, entre l’incitation à commettre quelques chose et l’acte commis, il y a encore place pour la libre volonté de la personne qui est incitée. Il y a là une différence essentielle avec les comportements qui causent un dommage par eux-mêmes, ou avec le fait de contraindre quelqu’un d’autre à causer un dommage (auquel cas il ne s’agit plus d’inciter, mais de contraindre, ce qui se situe dans un tout autre registre, car alors la liberté de celui qui est contraint est en cause). A une société qui reconnaît dans la personne un être doté d’une libre volonté, il est impossible d’assimiler une expression de nature à inciter à un comportement illicite, mais sans y contraindre, avec ce comportement illicite lui-même –d’autant moins qu’on puisse encore parler d’une société démocratique lorsque l’incitation à des comportements incorrects, mais non illicites, peut être punie (comme c’est le cas en Belgique aujourd’hui).

 

Un état démocratique n’interdit donc aucune expression d’opinion en tant que telle. Sauf dans le cas elle où atteint une personne, prise individuellement, dans sa dignité personnelle, individuelle. Mais c’est un non-sens de rendre punissable l’offense faite à un groupe. Il y a une différence fondamentale entre des propos qui offensent ou calomnient de façon générale et vague et ceux qui offensent ou calomnient une personne déterminée ou également une personne déterminée individuellement. Le droit à la bonne réputation qui peut justifier une restriction à la liberté d’expression est un droit individuel. Ce n’est pas un droit collectif, d’autant moins qu’il apparaîtrait que ce droit collectif ne vaudrait que pour certains types de groupes. Il est contraire à l’égalité des citoyens d’étendre ces restrictions à la liberté d’expression, qui protègent les droits d’individus, aux fins de protéger des ‘groupes’. En procédant de cette façon, on accorde à ces groupes -notamment à des groupes bien organisés qui parviennent à se faire reconnaître comme un groupe outragé ou discriminé- toutes sortes de droits collectifs dont ne bénéficient pas le groupe des citoyens ordinaires. Il n’est donc pas possible que des expressions d’opinion soient prohibées parce qu’elles seraient offensantes pour un groupe de personnes, et non pas pour une personne déterminée. J’observe, d’ailleurs, que toutes sortes de sentiments collectivement offensés sont aujourd’hui à l’évidence bien mieux protégés que, par exemple, le sentiment national des Flamands, lequel pour toute une série de faiseurs d’opinion est quotidiennement sujet à suspicion -sans pour autant, pour être bien clair, que je mette en doute leur liberté juridique de le mettre en question.

 

Cela veut-il dire que nous devons tolérer les opinions incorrectes ? Oui et non. Nous ne pouvons pas les combattre sur le plan juridique, mais nous le pouvons parfaitement avec notre discours et tout autre comportement non-violent. Si quelqu’un a le droit d’exprimer des idées incorrectes, j’ai en effet également, de mon côté, le droit fondamental de discriminer cette personne (voir plus loin). Ce qui me paraît le plus dérangeant dans le débat sur la liberté d’expression (8), c’est cette distinction qu’on opère entre ce qui est éthiquement justifié et ce qui est juridiquement toléré, de même que l’idée que la notion juridique de liberté d’expression recouvre par essence également la liberté d’exprimer les opinions les plus incorrectes.

 

L’interdiction, par le moyen d’une loi ou d’un juge, d’exprimer une opinion incorrecte est, en toute hypothèse, un mal plus grand que cette expression elle-même, pour autant qu’il ne s’agisse que de l’expression d’une opinion: «Le dommage que la parole libre va immanquablement occasionner est le prix qui doit être payé pour le droit le plus important que connaisse une société libre.» (J. GRIFFITHS, ‘Meer fatsoen en minder recht‘, NJB 2004). Il va de soi que les contradicteurs, qui jugent cette opinion incorrecte, jouissent eux aussi de la même liberté. Chacun a le droit de dire que Buttiglione est un homophobe, tout comme j’ai le droit de qualifier de phobomane intolérant et dangereux celui qui l’accuse d’homophobie. Mais dès lors que notre homophobie éventuelle devient un délit d’opinion, nous ne vivons plus dans une démocratie, mais dans un état totalitaire.

 

D’ailleurs, selon mon opinion, les expressions d’opinion ne sont non seulement pas à prohiber en tant que telles sur le plan juridique, mais elles ne doivent pas non plus être trop promptement qualifiées d’immorales sur le plan éthique. Comme l’écrivait l’anthropologue du droit anglo-néerlandais précité John Griffiths, l’expression abusive –qui donc selon lui ne peut pas être limitée par l’état, mais peut parfaitement être contestée en tant qu’incorrecte par les citoyens- ne peut pas consister dans la pensée qui est à la base de l’expression, mais seulement dans «la manière inutilement blessante dont cette pensée est exprimée. Et l’inutilité ne réside pas dans la peine que cette pensée peut causer, mais dans l’absence de toute plus-value de communication apportée par les mots ou les images qui  causent cette peine inutile: des propos orduriers, des termes lourds de significations disqualifiantes tels que ‘nazi’, des textes sacrés tatoués sur des dos nus, etc.» (fin de citation) Qu’on soit ou non d’accord avec ce dernier exemple, le cœur du problème peut difficilement être mieux exprimé.

 

On ne demanderait pas mieux que toutes les expressions d’opinion se contiennent dans les limites de la correction. Mais comment peut-on dire dans le même temps qu’il était parfaitement incorrect de la part de Théo van Gogh de parler de baiseurs de chèvre -ce qu’il a effectivement fait, même s’il ne s’agissait que d’une allusion à une recommandation faite par l’ayatollah Khomeini- et mener parallèlement dans les écoles des campagnes officielles qui font la promotion du langage grossier et proposent toutes sortes de corps nus enlacés sans la moindre plus-value communicationnelle.

 

  • La liberté d’expression a, par ailleurs, une fonction politique essentielle. Plus précisément, il est de la première importance que les citoyens puissent mettre en question les règles de droit, à condition qu’ils ne les violent pas entre temps, même dans l’hypothèse où ces règles auraient été consacrées au rang des droits de l’homme. Donc éventuellement un plaidoyer pour abroger la CEDH, ainsi que Geert Wilders en a tenu un au niveau de l’Etat néerlandais, ou un plaidoyer pour la modification des droits fondamentaux dans notre Constitution. Et pour ce qui est de cette dernière, je vise ici, bien sûr, une modification dans un sens non-socialiste. Car, pourquoi ne pourrions nous jamais modifier les textes relatifs aux droits fondamentaux que dans une seule direction -toujours plus socialiste- et jamais dans une autre direction ?

 

Et bien cette liberté a été supprimée dans les régimes belge et européen. Il s’y trouve de plus en plus de règles de droit qui sont à ce point absolues, qu’elles ne doivent pas seulement être respectées, mais qu’elles ne peuvent même pas être mises en question et sont donc élevées au rang de dogmes théologiques. La Cour d’appel de Gand a jugé, dans un arrêt fameux du 21 avril 2004, que le simple fait d’argumenter en public pour une modification discriminatoire de la loi (il s’agit d’une modification légale basée sur une distinction qui n’est pas justifiée d’une manière raisonnable et objective) est déjà constitutif d’un délit (9). Les textes de la CEDH et de la Charte des droits fondamentaux dans la constitution européenne sont aujourd’hui consacrés comme étant des textes saints, qui peuvent encore à la rigueur être tatoués sur un dos nu, mais dont la remise en question est interdite et même pénalement sanctionnée. On en trouvera l’illustration dans la disposition de la Charte des fondements de la constitution européenne relative à la prévention de l’exercice abusif (article II-54), qui prévoit qu’aucun de ces droits et libertés ne peut être exercé pour en supprimer un ou pour le restreindre. Lorsqu’on sait qu’entre temps tout ou presque a déjà été élevé au rang de droit de homme, tel par exemple le droit à des congés payés, cela signifie que, après que cette constitution aurait été approuvée, il n’y aura plus de liberté de s’exprimer pour contester l’opportunité des congés payés. C’est cependant un non-sens absolu que de considérer tous les droits de l’homme comme égaux par nature et de leur attribuer un même statut. Pour moi, cette seule disposition est déjà suffisante pour rejeter cette constitution, parce qu’elle consacre une forme nouvelle de totalitarisme, une nouvelle espèce de théocratie. Cette disposition doit également nous amener à écarter comme catégorie unitaire simplificatrice tout discours sur ‘les’ droits de l’homme.

 

Assimilation perverse du droit à la morale

La distinction à faire entre droit et morale n’est pas seulement une condition d’existence des libertés fondamentales, c’est également une condition de praticabilité du débat éthique et de l’activité morale elle-même. Tendre à confondre le droit et la morale est particulièrement néfaste, pour deux raisons qui ne sont contradictoires qu’en apparence:

-          d’une part, cela aboutit à élever trop de règles de bienséance au rang de règles contraignantes -hypertrophie de la morale-, ce qui tend à asphyxier le débat moral par l’imposition d’une trop grande uniformité;

-          à l’inverse, cela conduit à ce que les règles de bienséance qui ne sont pas contraignantes perdent toute dimension morale. Ce dernier aspect constitue la perversion, traitée plus haut, de la tolérance, qui rend impossible aux citoyens d’encore contester de manière non-violente des comportements qu’ils considèrent comme immoraux en les contraignant à trouver également moral tout ce qui est légal.

Celui qui commence par interdire légalement tout ce qui est incorrect finit bientôt par considérer comme correct tout ce qui n’est pas interdit par la loi.  La distinction entre droit et morale ou correction est dès lors une condition indispensable de praticabilité pour tout débat éthique. Il est, par ailleurs, de la première importance pour la société que la légitimité de la puissance publique ne se réduise pas à sa conformité à l’ordre moral. Roger Scruton a, dans The West and theRrest, admirablement décrit comment un des problèmes les plus fondamentaux du monde arabe consiste précisément dans le fait que les pouvoirs publics n’y ont jamais possédé une légitimité autonome et n’en ont jamais eue que dans la mesure où ils ont respecté et fait respecté la loi religieuse, (sharia). Selon mon estimation, nos fondamentalistes des droits de l’homme ne sont guère mieux que les wahhabites et ils ont leur propre doctrine takfir: un état qui ne respecte pas leur conception des droits de l’homme doit être taxé d’illégitimité. Bien que je doive reconnaître que j’ai de la peine à ne pas me conformer à cette doctrine et à considérer moi aussi notre état comme illégitime…

Bien entendu, cela ne peut pas être un objectif d’avoir un ordre juridique qui soit en contradiction avec la morale, mais c’est précisément parce que la tolérance est une vertu morale qu’il est tout sauf immoral, mais essentiellement éthique justement, de ne pas imposer avec des prescrits et des interdits légaux (et donc dans bien des cas avec violence) la moralité dominante (qui n’est que celle de ceux qui détiennent le pouvoir). Un ordre juridique qui tolère des opinions et même des conduites malséantes, voire immorales est dans le même temps un ordre moral, car il exerce la vertu de tolérance; il pratique une morale plus complexe que la morale simpliste qui juge que tout ce qui est incorrect doit être réprimé par le bras des juges et des inquisiteurs, donc sur le plan juridique. Un argument supplémentaire important en faveur de cette tolérance est apporté par Koen Raes, qui souligne qu’une conviction éthique acquise sous la contrainte perd toute valeur (10). La moralité requiert la liberté.

 

Tout ceci est exprimé de manière étincelante par un des plus grands juristes de tous les temps, Friedrich Carl von Savigny. Lorsqu’il traite de l’essence du droit, il souligne le fait que le déploiement de la personne humaine exige une liberté au sens juridique, un espace de liberté. «Das Recht dient des Sittlichkeit, aber nicht indem es ihr Gebot vollzieht, sondern indem es die freie Entfaltung ihrer, jedem einzelnen Willen innewohnenden Kraft sichert” (11). En paraphrasant, cela signifie que le droit ne doit pas imposer la morale par des commandements, mais en donnant à la personne un espace de liberté, espace sans lequel elle n’a pas la possibilité d’agir moralement. Ce fondement de notre ordre juridique a au cours du vingtième siècle été soumis à une pression de plus en plus forte. Pour être tout à fait clair, Savigny ajoutait immédiatement que même un exercice de cette liberté qui n’aurait pas été respectueux de l’éthique n’en demeurerait pas moins dans le champ de cette liberté.

 

Alignement pervers du devoir civil et du devoir politique

Est tout aussi fondamentale pour le rejet du totalitarisme la distinction qui doit être faite entre les agissements du pouvoir public et ceux du citoyen dans la civil society. Le pouvoir ne peut pas discriminer et ses actes doivent être légitimés: il doit pour toute discrimination fournir une justification objective et raisonnable. Ceci en ce que la reconnaissance d’espaces de liberté par le pouvoir tient essentiellement au fait que la loi est imposée également à celui qui ne l’aurait pas approuvée. Sans cette réserve, une démocratie ne serait rien de plus qu’une dictature de la majorité. Le citoyen ne dispose pas cependant de la position monopolistique du pouvoir. Dans un état non-totalitaire, il y a une différence fondamentale entre les devoirs et libertés du citoyen et les devoirs et libertés du pouvoir. Au pouvoir s’applique le principe de légalité et l’interdiction de discrimination, et non aux citoyens qui ne disposent pas d’une situation de monopole. Il va de soi qu’un citoyen devra se justifier s’il contrevient à la loi. Toutefois, dans un état non-totalitaire, la loi implique que, pour un citoyen, il n’existe aucune obligation générale de justifier les choix qu’il opère dans la société, mais bien les libertés qui l’en affranchissent: liberté personnelle, liberté d’expression, liberté de religion, liberté d’association, etc. A cela s’ajoute qu’il peut exister des limites externes à ces libertés mais que, à l’intérieur de ces limites, on ne doit pas produire de justification pour l’exercice de cette liberté: la liberté elle-même est en effet précisément la justification de tout choix opéré à l’intérieur de ces limites externes. C’est pourquoi une interdiction de discrimination imposée aux citoyens est une atteinte totalitaire à la démocratie. En d’autres mots: la liberté de discriminer est l’essence même de toute liberté fondamentale et elle est dès lors la plus fondamentale des libertés.

 

Explication en sept points

Une liberté exclut toute nécessité de justification; interdire une discrimination est donc la négation de cette liberté.

Aux termes de l’article 2 de la loi anti-discrimination (ci-après en abrégé LAD), la discrimination est ‘toute différence de traitement -même apparemment neutre- qui n’est pas justifiée d’une manière objective et raisonnable ???’. Son interdiction dans tout comportement de la vie sociale (donc en dehors du cercle privé au sens strict du mot) implique dès lors, par définition, l’obligation pour quiconque de justifier de manière objective et raisonnable tout comportement qui traite des personnes de manière différente, sous quelque rapport que ce soit (la liste limitative des critères de discrimination interdite a, en effet, été retirée de la loi comme étant elle-même discriminante (12)). Ceci est la lettre de la loi qui a été approuvée par tous les partis dits démocratiques, les prétendus libéraux en premier. Il ne s’agit pas ici d’une obligation morale ou éthique, mais d’une obligation légale, qui dans un grand nombre de cas est sanctionnée pénalement avec des peines de prison qui peuvent aller jusque un an, et encore plus dans certains cas particuliers.

 

Cette interdiction implique une Einlassungszwang bien trop poussée, soit une obligation de se défendre en droit. Le pouvoir se ménage ici un bon nombre de possibilité de chantage. Dans notre système juridique, n’importe qui peut être assigné pour n’importe quoi (sous la réserve qu’il peut réclamer des dommages et intérêts si l’action est téméraire et vexatoire), mais il revient au législateur de veiller à ce qu’une trop grande part de la vie privée ne se trouve pas judiciarisée. Estimer que tout comportement de la vie doit s’apprécier en termes juridique comme étant bon ou mauvais est du panjuridisme. Bon nombre de choses ne doivent être jugées ni bonnes ni mauvaises (confusion évoquée plus haut entre droit et morale). Mettre sur pied un système juridique qui incite à attaquer ses concitoyens, non seulement verbalement, mais civilement et pénalement, peut être rapproché de la libéralisation de la possession d’armes à feu: cela ne justifie pas tout usage d’arme à feu, mais cela augmente les probabilités d’usages injustifiés et cela rend la société plus violente.

 

 Mais indépendamment de cela, le reproche principal réside, comme il a été dit, dans le fait que l’essence des libertés consiste précisément à être libre dans des limites déterminées et à ne pas devoir dès lors justifier auprès des autorités son action de manière objective et raisonnable. C’est la liberté elle-même qui justifie le choix et qui affranchit de toute autre justification. Lorsque cette liberté ne peut être exercée que pour opérer des choix jugés objectifs et raisonnables par le pouvoir, le citoyen est réduit à la dimension d’organe de l’état total. Ladite interdiction de discriminer n’est donc rien moins que l’abolition de la liberté personnelle.

 

A ceux qui objecteraient que la discrimination est anti-chrétienne, je rappellerai la réplique sans ambiguïté du Christ dans l’évangile de Matthieu, au chapitre 20 verset 13: le maître qui avait engagé des ouvriers pour sa vigne payait, aux ‘ouvriers de la onzième heure’ autant que ce qu’il avait promis et payé aux ouvriers qui avaient travaillé la journée entière. Ces derniers se plaignaient d’être discriminés et la Bible leur répond ce qui suit: «Je ne vous ai pas causé d’injustice. N’étions-nous pas convenus d’un denier ? J’entends donner à ces derniers autant qu’à vous. Ou ne puis-je pas faire ce que je veux de mes biens ? Ou votre œil est-il mauvais parce que je suis bon ?» Le Christ a mis alors le doigt sur la plaie: l’exigence d’un traitement égalitaire est elle-même inspirée par un comportement qui est éthiquement  négatif, à savoir l’envie. Dans notre pays, aujourd’hui, le Christ atterrirait en prison, du chef d’incitation à la discrimination. Et si quelqu’un devait à présent m’opposer le verset 12 du chapitre 7 de l’évangile de Matthieu: «Tout ce que voudriez que les hommes vous fassent, faites le pour eux.», je lui répondrais: je souhaite effectivement que les hommes me laissent la liberté de discriminer et je leur laisserai la même liberté.

 

Ne vous laissez pas abuser par les formules, proprement exorcistes, qui sont utilisées de bonne ou de mauvaise foi pour prétendre qu’une loi anti-discrimination ne porte pas atteinte à la liberté. La question n’est pas, bien évidemment, de savoir si ces loi et leurs applications prétendent porter atteinte aux libertés fondamentales, mais bien de savoir si elles le font effectivement. Je vais vous citer un exemple de bonne foi, et aussi de naïveté, et un exemple de mauvaise foi.

-          L’exemple de naïveté, c’est l’article 3 LAD, qui dispose que ‘Cette loi ne porte pas préjudice à la protection et à l’exercice des droits et libertés fondamentales repris dans la Constitution et dans les conventions internationales des droits de l’homme. ???’ Cet article résulte d’un amendement bien intentionné du sénateur Hugo Vandenberghe, un des rares chrétiens démocrates qui ait eu le courage de tirer sur le frein au parlement. Les autres partis ont approuvé son amendement, probablement parce qu’ils savaient déjà qu’ils pourraient en faire usage comme d’un cache-honte. Il est en effet apparu que toute portée pour cet article à été évacuée par une doctrine et une jurisprudence liberticide -la loi n’avait pas encore été publiée au Moniteur Belge que même les juristes généralement modérés écrivaient déjà qu’il allait de soi que l’article 3 ne signifiait pas que cette loi n’apporte aucune limitation aux libertés fondamentales, mais seulement que ces libertés doivent à présent être dosées au crible du droit à un traitement égal (voir divers auteurs dans l’ouvrage Vrijheid en gelijkheid (Liberté et égalité), notamment J. VELAERS, ‘De antidiscriminatiewet en de botsing van grondrechten’(La loi antidiscrimination et sa collision avec les droits fondamentaux)). La loi dit pourtant ‘ne porte aucun préjudice ???’ et pas ‘doit être dosée’. La jurisprudence laisse bravement cette disposition de côté. Dans l’Arrêt de la Cour d’arbitrage sur la LAD (157/2004), l’article 3 LAD n’est même pas mentionné, bien que, dans ma requête, il en avait été tiré expressément argument. C’est comme si cette disposition n’existait tout simplement pas.

 

En bref, c’est un peu comme si on libérait un meurtrier en série à condition qu’il dise de son propre mouvement qu’il n’est pas un meurtrier et qu’il justifie sa libération en expliquant qu’un équilibre doit être recherché entre le droit de tuer du meurtrier et le droit à la vie de ses victimes potentielles et que le juge soit assez intelligent pour trouver cet équilibre.

-          Un exemple de mauvaise foi, d’où ressort ce qu’on vise, semble-t-il, par cet équilibre, se trouve dans l’arrêt de la Cour d’appel de Gand du 21 avril 2004, contre la Vlaamse concentratie et ct. L’arrêt affirme, sous le point 2.2.2, que ‘l’article 3 de la loi du 30 juillet 1981 n’installe en aucune manière le despotisme de la ‘pensée correcte’ et une critique, fût-elle violente et formulée par quelque groupe ou association que ce soit, et d’autant plus par un parti politique, est et reste possible’, mais il se prononce contre, dans le même alinéa déjà, en exigeant que les propositions visant à apporter des solutions aux problèmes de la société multiculturelle ne puissent être formulées que si elles sont objectivement et raisonnablement justifiables ! Ainsi qu’il apparaît plus loin dans l’arrêt, une argumentation, en faveur d’une modification de la loi, qui selon un juge ne serait pas raisonnablement justifiée, constituerait donc un délit dans notre pays. Si le fait d’argumenter en faveur d’une législation qui n’est pas objectivement et raisonnablement justifiée constitue un délit dans notre pays, il est surprenant qu’un bon nombre de parlementaires ne soient pas en prison. Quoi qu’il en soit, proclamer qu’on n’impose pas de cette manière un despotisme, ainsi que le fait l’arrêt, fait irrésistiblement penser à la toile de Magritte qui porte le titre ‘Ceci n’est pas une pipe’.

 

Contradiction avec le principe de légalité et de sécurité juridique

Une interdiction générale de toute discrimination est un attentat contre le principe de légalité et de sécurité juridique et un déplacement injustifiable du pouvoir du peuple et de ses représentants vers le juge. C’est en criante contradiction avec le principe de base, cité plus haut, de l’état de droit que les Grecs ont développé il y a déjà vingt-cinq siècles: the rule of laws, not of men. Or l’interdiction de discriminer est si vague et sujette à tant d’interprétations subjectives qu’elle fait de tout juge pris individuellement un législateur, et cela dans un domaine où on fonctionne avec des sanctions pénales et où le principe de légalité n’en devrait que d’autant plus être pris en compte.

 

L’argument classique pour justifier cette abolition de la liberté, c’est qu’il se trouve toujours inscrit dans les conventions que les libertés peuvent être limités lorsqu’il s’agit de protéger les droits d’autrui. Mais la limitation de la liberté qui impose une interdiction de toute discrimination en matière de libertés est à cet égard d’une nature totalement différente que la limitation des libertés par les droits d’autrui. Tout d’abord, cette protection n’est pas accordée seulement à autrui, mais également à ce qu’on désigne comme des groupes; j’ai déjà formulé pour une large part ci-avant ma critique à leur égard. Ensuite, l’interdiction de discrimination ne s’étend pas du tout à la protection des droits qu’un tiers possède déjà contre son concitoyen, comme le droit à la vie, à l’intégrité corporelle, à la liberté personnelle, à la propriété privée et à la jouissance paisible de celle-ci (protection contre un trouble anormal, contre un endommagement, contre l’éviction, etc), à son intimité familiale, à son honneur, etc. On dispose de droits individuels quelle que soit la manière d’agir du concitoyen discriminant.

 

Mais placer au nombre des possibilités de limiter (ces droits ???) un droit à un traitement égal est une perversion du principe de légalité dans la restriction des libertés fondamentales, une perversion qui doit donner à la théologie dominante de l’égalité un blanc-seing pour vider complètement ces libertés de leur contenu. Cette restriction ne protège notamment en aucune manière les droits des tiers qui existent déjà par eux-mêmes, mais elle crée un nombre indéfini de droits ‘à la même chose’ de la part de tous les citoyens contre tous les autres. Mais une liberté fondamentale est précisément la liberté de marquer des différences qui vont à l’encontre des conceptions ou de la morale dominantes; lorsque celles-ci considèrent que le sexe, l’origine, la religion, etc ne sont pas relevants pour un comportement donné, la liberté fondamentale c’est dès lors en l’espèce de les trouver relevants.

 

Il existe bien entendu des quantités de cas où des comportements discriminatoires constituent des actes illicites, non pas parce qu’ils sont discriminants, mais parce qu’ils sont illicites indépendamment du fait qu’on opère ainsi ou non une distinction entre citoyens. L’idéologie anti-discrimination pervertit notre pensée relativement aux droits à protéger et aux actes illicites. Le raisonnement vicié s’est même infiltré dans les arrêts de la Cour d’arbitrage, qui qualifie toute atteinte portée par le législateur à un droit fondamental de discriminante et, pour cette raison, d’inconstitutionnelle. Il s’agit là d’une évolution aberrante imputable au fait que, jusqu’il y a peu, la Cour d’arbitrage ne pouvait scruter des textes légaux qu’en fonction de l’interdiction de discrimination, et non en fonction des droits fondamentaux. Bien malheureusement, la Cour a après cela encore fait usage de la formule. Lorsqu’on pousse plus avant le raisonnement de la Cour d’arbitrage et Cie, un meurtre ne serait pas punissable parce que c’est un meurtre, mais parce qu’il constitue une atteinte discriminante au droit à la vie. Le résultat de ce Newspeak, c’est que, à l’inverse, les droits fondamentaux et les droits (vie, intégrité corporelle, propriété, honneur) précités sont moins fortement protégés que ce fameux droit à un traitement égal -ainsi que cela ressort bien du point suivant

 

Le législateur punit les motivations au lieu des comportements

Une interdiction de discriminer est totalitaire également en ce qu’elle ne se préoccupe pas seulement des comportements, mais également des motifs des citoyens. Lorsqu’un citoyen commet un délit, sont relevants pour l’appréciation de celui-ci son caractère intentionnel ou la négligence, mais pas ses motifs précis ou l’absence de motifs précis. Pour moi, le vol est punissable parce qu’il constitue une atteinte à la propriété, et pas parce qu’on y discrimine le volé par rapport aux autres. Mais aujourd’hui, selon certains, la discrimination est plus grave qu’aucun autre délit (elle justifie en effet des cordons sanitaires, lesquels ne sont pas installés à l’égard d’autres malfaiteurs et de leurs partis). Le législateur a repris ce même raisonnement stupide dans le Code pénal, sous la forme de facteurs d’aggravation des peines pour une série de délits. Je trouve toutefois nauséabond que, dans notre code, la peine prévue pour un meurtre, des coups et blessures, un vol, etc diffère selon les motifs de ce meurtre, de ces coups, de ce vol. Si la motivation de leur auteur a été discriminante, il sera puni plus sévèrement que quelqu’un qui a commis le délit de manière arbitraire. Cela signifie que quelqu’un qui est victime d’un acte illicite commis sans raison est moins bien protégé que quelqu’un qui en aurait été la victime pour sa religion, la couleur de sa peau ou ses convictions politiques, et cette dernière personne serait à nouveau moins protégée si une ‘justification objective et raisonnable’ pouvait être fournie pour le délit. Peut-on trouver plus absurde ? Cette absurdité a été justifiée par le gouvernement au moyen de toutes sortes de théories sur les sentiments des victimes de délits de haine. Selon ces théories, les personnes qui sont agressées, volées, offensées, etc, sans aucun motif discernable dans le chef de l’auteur ressentiraient donc le fait moins profondément que ceux qui peuvent découvrir chez l’auteur des motivations répréhensibles ? Elles en éprouveraient moins de sentiment de peur, d’impuissance et d’isolement. Il existe des arguments au moins aussi convaincants pour prouver le contraire. Quelqu’un qui est agressé sans motif a, en effet, encore bien plus de raisons de craindre et de se sentir désarmé que quelqu’un qui connaît les motivations de son agresseur.

 

Réductionnisme rationaliste

Une quatrième objection réside dans le fait que les citoyens ne sont pas seulement tenus de justifier devant le juge leurs comportements dans la vie sociale, mais même de les justifier de manière objective et raisonnable. Mis à part le fait que les critères de justification objective et raisonnable sont fixés par le juge lui-même, il y a encore l’objection que bien des affaires peuvent parfaitement être justifiées, encore que le juge, à l’issue d’un processus juridique avec son argumentation formalisée, aboutisse à la conclusion qu’elles n’ont pas été justifiées objectivement et raisonnablement par le prévenu.

 

Prenons la parabole évoquée plus haut des travailleurs de la onzième heure de l’évangile de Matthieu. Ils reçoivent autant de salaire pour moins de travail, ce qui signifie que les autres, pour le même travail, ont reçu beaucoup moins. Considéré en salaire, ils n’ont reçu qu’un onzième de ce qu’ont reçu les travailleurs de la onzième heure. Un salaire inégal pour un travail égal constitue une différence qui, sans aucun doute, est discriminatoire dans le cadre des réglementations européenne et belge et dès lors prohibée.

 

Mais est-ce tellement évident ? Est-il vraiment inadmissible qu’un employeur paye un travailleur à temps partiel, qui est chômeur pour le reste du temps, autant qu’il payerait un travailleur à temps plein ? L’un et l’autre ont quand même plus ou moins les mêmes besoins et nécessités. Pourquoi payer selon les besoins serait-il plus déraisonnable que payer selon la prestation ? La chose ne serait inadmissible que si le pouvoir l’imposait, par l’instauration du communisme, mais il serait également inadmissible de l’interdire. Cependant, sous l’empire de la loi anti-discrimination, tout ce qu’on trouve raisonnable doit également pouvoir être transposé sous la forme d’un raisonnement juridique susceptible d’une certaine généralisation; tout geste d’équité, de générosité qui ne s’inscrit pas dans le cadre d’une règle, mais est limité à un cas particulier, est en cela contraire à la loi. Il existe des conceptions très différentes de l’équité: le pouvoir dispose des compétences pour organiser, au moyen des impôts et des cotisations sociales, une certaine redistribution et pour faire la promotion d’une justice d’échange au moyen des règles du droit patrimonial et de l’organisation de marchés. Mais dans un état non-totalitaire, la compétence du pouvoir ne porte pas plus loin. La législation anti-discrimination n’accepte plus pour des cas de ce type qu’un seul modèle d’équité: la méritocratie. Mais lorsqu’on doit donner dans tous les cas une fonction à la personne qui possède le plus d’aptitudes, c’est toujours celle qui a le plus qui obtient encore plus (13).

 

On peut évidemment toujours dire qu’il est possible de discriminer positivement, mais il est démontré qu’imposer une discrimination positive n’aide pas en fin de compte les groupes désavantagés. Par-dessus le marché, on se retrouve moralement empêtré dans des contradictions internes: on ne peut pas imposer la     non-discrimination et pratiquer dans le même temps une discrimination dite positive. Discriminer positivement implique qu’on avantage quelqu’un, non du fait de ses besoins personnels, mais du fait de son appartenance à un groupe désavantagé (de manière euphémique, on appelle cela une politique de groupe-cible). La justification de cette politique -différente d’une politique sociale normale en faveur des plus démunis en tant que personnes- est souvent à trouver dans une Wiedergutmachung (réparation) pour des fautes du passé. Les Noirs aux Etats-Unis devraient être avantagés, non pas parce qu’ils auraient des besoins sociaux individuels, mais parce que leurs ancêtres ont été discriminés et que cela doit aujourd’hui être corrigé par une discrimination inverse, même s’il s’agit de descendants de la cinquième génération si pas plus. Ainsi que cela a été démontré par une autorité américaine en la matière, c’est une absurdité. Effectivement, les femmes elles aussi constituent un groupe désavantagé et, dès lors, quiconque descend d’une femme doit être positivement discriminé par rapport à qui n’en descendrait pas.

 

Pour en revenir à l’essentiel de mon quatrième argument: il n’existe pas qu’une seule espèce de justice et qu’une seule forme de vertu et nombre de vertus humaines ne sont pas réductibles à une justification objective et raisonnable. L’amour du prochain, l’amitié, la générosité, la loyauté et la fidélité, le courage, la compassion, la gratitude, l’humour. Dans notre régime fondé sur l’anti-discrimination, ces vertus sont refoulées de la vie sociale vers la sphère strictement privée et sont rendues suspectes. Dans la vie sociale, il n’y a plus de place que pour une justification raisonnable, soit pour un calcul froid. Les démunis n’auraient-ils besoin que d’une non-discrimination froide, objective et rationnelle, ou d’humanité, d’attachement ou de sentiments, qui sont précisément discriminants, tels que la sympathie, l’amitié, la générosité ? Mieux encore, les faibles sont les victimes de la législation anti-discrimination, du fait de leur environnement de vie qui est détruit et du fait qu’ils sont particulièrement dépendants d’un engagement concret de leur prochain, lequel n’existe que lorsqu’il y a entre les personnes un attachement qui trouve son expression dans des relations sociales et des institutions qui génèrent une identité de groupe (14). Ce sont en effet, précisément, les structures traditionnelles de solidarité qui disparaissent dans une société qui n’est plus fondée que sur des droits individuels (droits de l’homme et autres) et dans laquelle finalement ce sont les liens qui sont basés sur des intérêts strictement économiques qui résistent le mieux. Ou, comme M. Gauchet l’écrivait  dans ‘Quand les droits de l’homme deviennent une politique’ (15): les droits de l’homme organisent une liquidation de «l’ensemble des facteurs structurants qui continuaient de figurer une transcendance des collectifs par rapport aux individus». Une véritable démocratie exige une société civile dans laquelle l’attribution commune de signification et les signes qui donnent un sens à notre vie en communauté sont représentés et retransmis (16).

 

Mais faisons encore un pas de plus dans l’analyse des conditions d’une justification ‘raisonnable’. De l’exposé des motifs et de l’application de la loi anti-discrimination, de même que des argumentations développées par ses défenseurs, il ressort notamment que cette raison est réservée à une figure humaine unique ‘politiquement correcte’. Une image conservatrice de l’homme, qui se montrerait très réservée à l’endroit de la malléabilité de l’homme, est considérée comme déraisonnable. La loi anti-discrimination repose précisément sur le refus ‘to see reasons in the given world’, le refus d’accepter le caractère incomparable de l’homme et le caractère non-malléable de la société, le refus d’accepter les limitations humaines, et la rancune qui se greffe là-dessus. Je citerai à cet égard le livre d’Hannah Arendt ‘The burden of our time’(17), qu’elle remaniera plus tard sous le titre célèbre ‘The origins of totalitarism’. Elle parle du nihilisme de l’homme moderne et de sa rancune, rancune due au fait qu’il ne peut accepter ses limites, parce qu’il voudrait être son propre créateur: «Modern man has come to resent everything, even his own existence -to resent the very fact that he is not the creator of the universe and himself. I this fundamental resentment, he refuses to see rhyme or reason in the given world. (..) The alternative for this resentment, wich is the psychological basis of contemporary nihilism, would be a fundamental gratitude for the few elementary things that are invariably given us, such as life irself, the existence of man and the world. (..) into the tremendous bliss that man was created with the power of recreation, that not a single man but Man inhabit the earth.”

 

L’homme qui discrimine est un homme qui s’oppose au nihilisme égalitaire, lequel nous oblige à considérer tout comme équivalent, et dès lors sans valeur.

La loi anti-discrimination ne vise, par ailleurs, en aucune manière à protéger les faibles, mais elle est «un instrument pour imprimer à la sphère sociale une uniformisation poussée, à l’opposé de toutes les distinctions traditionnelles. (..) A partir d’idées abstraites, rationalistes, tels les droits de l’homme, les droits de l’enfant, … toutes sortes de choses doivent inévitablement disparaître, telles les discriminations inadmissibles.» (H. de Dijn, Tertio, 11 décembre  2002)

 

Le principe d’égalité et de non-discrimination est destiné à briser les anciens liens et à réduire les traditions. La famille, l’origine, la nationalité, l’appartenance religieuse et l’identité culturelle doivent devenir des produits jetables, sauf peut-être pour des groupes minoritaires. Nombre de vertus sociales ne requièrent pas de l’objectivité, mais de la subjectivité. Et non seulement les vertus qui sont les plus importantes dans la société sont souvent celles qui précisément ne donnent aucune justification raisonnable et objective à des préférences et à des traitements distincts, mais il y a mieux: nombreux sont les traitements, les activités, les choses qui sont précisément sans valeur lorsqu’elles ne reposent que sur une justification raisonnable. Que valent l’amour et l’amitié qui sont exclusivement fondés sur une justification objective et raisonnable ?  Que vaut la générosité si elle repose exclusivement sur une justification objective et raisonnable ? Que vaut une reconnaissance qui est réduite à cela ? Que sont la fidélité et la loyauté, que valent toutes ces vertus si importantes dans notre vie en communauté si elles ne sont que raisonnablement justifiées. Amour, amitié, fidélité, bref tout ce qui donne sens et valeur à la vie est, en effet, par essence fondé sur la discrimination; et cela devient sans valeur lorsque cela ne repose que sur une justification raisonnable et objective.

 

L’idéologie anti-discrimination a donc comme effet, et probablement comme objet, en tout cas comme résultat d’imposer le nihilisme à la civil society. Et ce n’est qu’en aménageant un espace de liberté dans lequel les gens ont le droit de discriminer -à savoir une société civile- que les vertus humaines peuvent s’épanouir, que les hommes ont la possibilité de donner du sens à leur vie, de transmettre du sens, de vivre leur identité, de pratiquer la sollicitude et la solidarité. Et n’y porte nullement atteinte la probabilité que, au sein de cet espace de liberté, il se produise également des faits de moins bon aloi et des comportements qui sont tout sauf vertueux.

 

Par contre, l’idéologie anti-discrimination, en tant qu’expression du nihilisme contemporain, est une agression contre tout ce qui a trait à l’attribution de sens. Elle bannit la subjectivité humaine de la vie sociale. Comme il a été exposé plus haut, faire coïncider droit et morale implique en fait l’évacuation de la morale, de l’éthique. Sous le masque de la promotion de la moralité, l’idéologie anti-discrimination fait en réalité la promotion du comportement amoral et elle bannit de la vie publique toute transmission de sens et toute pratique identitaire. Elle refoule hors de la sphère sociale tous ces aspects de notre humanité vers la sphère strictement privée. Provisoirement du moins, car l’idéologie totalitaire n’arrêtera bien sûr pas là son irrésistible ascension, mais elle a l’intention à terme d’investir également le cercle familial -qu’on considère, par exemple, ce qui se passe avec les droits de l’enfant, avec l’immixtion de l’état dans l’éducation, dans l’enseignement à domicile, etc. L’attribution de sens, le vécu de l’identité, l’amour du prochain requièrent cependant que nous fassions parfois précisément la différence là où il n’existe plus de justification objective. Le combat contre le refroidissement de la société exige donc de nous que nous incitions les gens à la discrimination, une ‘discrimination positive’, il est vrai, en donnant à leur prochain plus que ce à quoi il a droit. Mais il s’agit bien entendu quand même encore toujours de discrimination, puisque les autres ont reçu moins (seulement ce à quoi ils ont droit an sich). «La discrimination est donc un pas dans la direction de l’indifférence qui va réfrigérer notre société humaine.» (18)

 

Entreprise de sape de la open society

L’interdiction de discriminer institutionnalise la suspicion dans les relations publiques interhumaines. En d’autres mots, c’est une source d’aigrissement, monsieur Stevaert. Donner à quiconque la possibilité de mettre en cause comme incorrect tout comportement d’un concitoyen dans la vie sociale mine la disposition des gens à encore avoir une activité sociale. Cela rend invivable toute relation ‘ouverte’ avec des étrangers. Cela incite à adopter un comportement qui évite les contacts et à pratiquer les circuits non-publics pour l’expression d’opinion et l’échange de biens et de services.

Cela menace la open society et renforce la Vier Augen Gesellschaft. (19) Les principaux perdants de l’opération sont les faibles, qui sont en effet ceux qui ont le plus besoin d’une sphère publique, où trouver ce qu’ils recherchent et qui soit basée sur une série de valeurs humaines, fondées par essence sur d’autres motifs qu’une justification raisonnable et objective: confiance, amitié, fidélité, loyauté, solidarité, probité intellectuelle, courage, sollicitude, estime, attribution de sens (pour citer ces valeurs civiques dont notre société, à entendre le Prince Philippe, a un si grand besoin (20). Ce sont eux aussi qui ont particulièrement besoin que les contacts sociaux n’aient pas lieu qu’avec des personnes qu’ils connaissent déjà. C’est là quelque chose que la loi anti-discrimination ne favorise pas. Lorsque je veux donner en location mon appartement et que je le fais savoir publiquement, je cours le risque d’être traîné devant un juge par chaque candidat locataire qui s’est senti frustré. Si je répond que j’ai loué à quelqu’un d’autre parce que je le trouvais plus aimable ou parce qu’il en avait plus besoin, je serai probablement condamné.

 

Ce n’est que si je fais usage d’une pure logique de profit que le juge me donnera raison. Je vais donc, cela va de soi, m’efforcer d’éviter de proposer publiquement mon appartement en location et ne l’offrir qu’à des amis et connaissances et à leurs amis au sein de leur réseau de connaissances. C’est de cette manière que les faibles y perdent, car ils ne disposent pas de ce genre de réseaux. Sans l’interdiction de discrimination, ils auraient peut-être été discriminés, mais ils auraient de toute manière eu plus de chances. C’est eux qui ont le plus grand besoin d’une open society. «Les bénéficiaires privilégiés de l’instauration de ce monstre difforme sont aisés à désigner: quelques groupes de minorités bien organisés, qui définissent aujourd’hui les agendas politiques, déconstruisent l’ensemble de la société et la colonisent en fonction de leur intérêt partisan.» Je reproduis ici la petite phrase pour laquelle j’ai obtenu une nomination pour le prix 2003 de l’homophobie (malheureusement pour moi, le Vatican s’était exprimé avec une formule encore plus homophobe que la mienne -je ne comprends pas comment c’est possible- et il est filé avec le prix. Par ailleurs, il ne s’est trouvé personne à la Fédération Holebi (Homo-lesbo-bisex) en mesure de justifier publiquement leur nomination).

 

La partisan tolerance

Parvenus à ce point, les idéologues de l’anti-discrimination vont probablement s’efforcer d’objecter que tout cela ne va pas se passer de cette manière, que cette loi n’a quand même été mise en place que pour combattre les cas extrêmes les plus marginaux et que les bons citoyens ne doivent pas en avoir peur. Et bien cela ne fait que rendre la chose encore pire. Promulguer une loi inique parce qu’elle ne sera appliquée qu’aux méchants revient à peu près à dire que les grands criminels ne doivent pas bénéficier d’un procès en règle puisqu’il ne s’agit quand même que de grands criminels.

 

Cet argument, comme les autres arguments pro, révèle bien qu’une interdiction de discrimination dans les relations privées est un exemple d’école de la partisan tolerance, telle que la définit Marcuse. Selon cette doctrine, la tolérance ne peut jamais exister que dans une seule direction, la ‘bonne’, bien entendu. Il en est de même, l’interdiction de discrimination, qui est une mesure qui a été mise en place par une idéologie pour n’être appliquée que dans une seule direction idéologique déterminée, et bien sûr jamais dans une autre. Ce n’est pas par hasard que l’interdiction de discrimination du chef de convictions politiques n’a pas été reprise dans la loi et n’y est apparue que par le fait que la Cour d’arbitrage a estimé que cette limitation était elle-même discriminatoire. Ceci rend évident que nous nous trouvons dans un régime où certains partis discriminent de manière effective ceux qui pensent autrement qu’eux, sous le prétexte que ces derniers inciteraient à la discrimination. Si ces règles étaient appliquées de manière non-partisane, elles devraient l’être d’abord aux partis qui ont voté ces lois. Quand va-t-on sanctionner les partis qui ont voté ces loi liberticides, au lieu de punir ceux à qui cette intention a simplement été attribuée par leurs adversaires ?

 

La loi anti-discxrimination ne vise donc pas du tout à rendre les rapports entre citoyens plus corrects, plus moraux. Par cette application perverse du principe d’égalité -à savoir comme une arme tendue aux citoyens dans leurs rapports mutuels et non comme une exigence qui ne s’impose qu’au pouvoir-, la population risque de se retrouver plus que jamais divisées en catégories, hommes et femmes, autochtones et allochtones, hétérosexuels et homosexuels, etc. Cela débouche sur une nouvelle balkanisation de la société, au sein de laquelle ces groupes se trouvent opposés les uns aux autres. Cela aboutit plus d’une fois à des régimes de quotas, par lesquels des personnes se voient attribuer quelque chose parce qu’elles correspondent à un critère ‘illégitime’ déterminé. En fait, tout cela n’est que symptomatique de quelque chose qui tient à l’essence même de l’idéologie anti-discrimination, à savoir qu’elle est elle-même discriminante et qu’elle l’est par nature. Elle discrimine parce qu’elle part d’une distinction entre les bons et les méchants, entre ceux qui discriminent et ceux qui ne discriminent pas et qu’elle prétend justifier de cette manière la discrimination qu’opèrent certains discriminateurs. C’est une idéologie qui sert à justifier sa propre discrimination et à prohiber celle des autres.

 

Pour toutes ces raisons, j’estime qu’il est grand temps d’inscrire, à côté, ou mieux au-dessus, de ces quarante-cinq ou plus encore droits de l’homme qu’on a déjà conçus pour la constitution européenne et autres déclarations ronflantes, le plus fondamental de tous les droits de l’homme, la liberté la plus fondamentale: la liberté de discriminer

 

  1. PUF, Paris 2004
  2. Milan KUNDERA et Michael WALTZER ont qualifié cette dernière idée de ‘gauche kitsch’: “There is nothing to gain from the merger, for the chief value of all this marching lies in the particular experience of the marchers. There is no reason to think that they are all heading in the same direction. The claim that they must be heading in the same direction, that there is only one direction in wich goodhearted (or ideologically correct) men  and women can possibly march is an example -so writes the Czech novelist Milan Kundera in The Unbearable Lightness of being (Part VI: ‘The Grand march’)- of leftist kitsch.” (M. WALZER, Thick and thin, pp. 8-9)
  3. J’ai approfondi ce point dans ma causerie intitulée ‘Tolérance’ au congrès national du Davidsfonds, Anvers 20 avril 2002, in ‘De Vlaamse Beweging. Welke toekomst ?’, Davidsfonds Louvain 2002, p. 164-179. version légèrement corrigée sur le site http://www.storme.be/tolerantie.html; légèrement abrégé sous le titre ‘Tolerantie: een complexe deugd’, in Nieuwsbrief Orde van de Prins 2003, n°4, p.6
  4. Sur ce point, voit B. BOUCKAERT, ‘Tolerantie en permissiviteit: een decadente verwarring ?’, in Tolerantia, een cahier van de Orde van de Prince, Orde van de Prince, 2000, p.47 ss
  5. TODOROV, lors de la réception des spinoziens en 2004
  6. A. FINKIELKRAUT, ‘Tolerantie, de laatste tiran ?,’De groene Amsterdammer, 2 décembre 1998, http://groene.nl/1988/49af_tolerantie.html; A. FINKIELKRAUT, L’ingratitude, Conversation sur notre temps, Gallimard, Paris 1999, p.196 et ss et 204 et ss, en néerlandais sous le titre Ondankbaarheid, Contact, Amsterdam 2000.
  7. C’est la distinction entre meurtre et homicide, tout autre chose est la question du motif du meurtrier.
  8. A titre d’exemple, une contribution dans laquelle cette distinction fait totalement défaut: Jan BLOMMAERT, ‘De crisis van de vrijmeningsuiting’ Samenleving en politiek, décembre 2004, également consultable sur http://cas1.elis.rug.ac.avrug/crisis.htm.
  9. Sous le point 2.2.1: «Pour ce qui concerne l’incitation, il est acquis que suffit déjà un vague encouragement à commettre une discrimination, une ségrégation, à céder à la haine, à la violence. De même tenir à des concitoyens, dans les conditions de publicité de l’article 444 du Code pénal, un plaidoyer en faveur d’une modification législative discriminante peut dès lors, même si une telle modification ne peut être mise en œuvre que de la manière prévue par la Constitution, être incontestablement considéré comme un encouragement en général à la pratique de la discrimination.»
  10. K. RAES, «Tolerantie onder druk: wederzijds respect of wederzijdse onverschilligheid”, 42. Ons erfdeel 1999, repris dans Tolerantia, een cahier van de Orde van de Prince, 2000, p. 47 et ss, p.(133 et ss) 134.
  11. F.C. SAVIGNY, Das System des heutigen Römischen Rechts, I, p. 331.
  12. Arrêt n°157/2004 octobre 2004 sur les requêtes de Vanhecke et ct et de Storme contre la LAD.
  13. Cette critique a déjà été formulée à plusieurs reprises par le professeur Philippe VAN PARIJS (UCL).
  14. Vgl H. de DIJN, Voorbij de ontzuiling, communication à la Chaire Triest 2001
  15. in Le débat 2000, n°110
  16. Vgl. H. de DIJN, ‘Nieuwe politieke cultuur heeft levensbeschouwing nodig’, Ons erfdeel 2000, (347) 352,

avec renvoi à A. MARGALIT, ‘The decent society’,

  1. H. ARENDT, ‘The burden of our time’, Seeker & Warburg, London 1951, p. 438.
  2. Vgl. Alfons Vansteenwegen, in Tertio, “We moeten opnieuw leren discrimineren”
  3. Pour la signification de cette expression, voir ma contribution dans Doorbraak, septembre 2001, http://www.vvb.org/doorbraak/pdf/0109.pdf
  4. Dans son allocution de réception d’un doctorat honoris causa à la KU Leuven

lundi, 23 février 2009

Le secret américain de Nicolas Sarközy

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Le secret américain de Nicolas Sarkozy

 

Par Philippe Bourcier de Carbon*

Ex: Journal du chaos 7, 2009

Dans les coulisses du pouvoir, il y a ceux mis au devant de la scène, ceux qui restent dans l’ombre
et, surtout, ceux des tréfonds que nul n’entrevoit jamais. Qui connaît Frank George Wisner ? Ce
senior américain, diplomate et homme de réseaux, pourrait bien être la clé pour expliquer
l’ascension fulgurante de Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat français bénéficie là du meilleur
conseiller occulte pour jouer un rôle dans la marche du monde. A condition que le Président
continue de servir avant tout les intérêts de l’Empire américain, que celui-ci soit dirigé par Bush ou
Obama.

« Un néoconservateur américain à passeport français » : la formule cinglante d’Eric Besson au sujet de
Nicolas Sarkozy, formulée en vue de la campagne électorale de 2007, demeure d’une lucidité
implacable. Le nouveau ministre chargé de l’immigration n’ira sans doute plus remettre en question
le patriotisme de son mentor. Il n’en demeure pas moins que le mystère du succès rapide dans la
conquête du pouvoir suprême par Nicolas Sarkozy passe par l’analyse de son rapport personnel
aux Etats-Unis.

A cet égard, le destin peut s’avérer facétieux lorsqu’il veut avantager un jeune ambitieux désireux
d’atteindre les sommets. C’est vers la fin des années 70 que le jeune loup du RPR saura tirer profit
d’une fortune incomparable : le remariage de sa belle-mère, Christine de Ganay, avec un
personnage prometteur de la vie politique américaine, Frank George Wisner.

Celui-ci avait déjà hérité d’une charge lourde : le patronyme et la carrière sulfureuse d’un homme
exceptionnel, dans ses coups d’éclat comme dans sa folie, Frank Gardiner Wisner (1909-1965),
cofondateur de la CIA. Le père Wisner, impliqué dans les renversements du pouvoir au Guatamala
et en Iran, restera célèbre pour l’opération Mockingbird (un noyautage réussi des médias
américains par des agents de la CIA), avant de se suicider en 1965, victime de démence. Né en
1938 à New York, diplômé de Princeton, le jeune Frank George ne marchera pas exactement dans
les pas de son père mais suivra plus habilement un tracé parallèle : la diplomatie, dont on connaît
les passerelles avec le monde de l’espionnage. Il apprendra ainsi l’arabe au Maroc dans son
détachement effectué pour le compte du Département d’Etat avant un bref passage par Alger
après l’indépendance et un long séjour au Vietnam. De retour à Washington en 1968, il sera chargé
des affaires tunisiennes. Plus tard, après la spécialisation dans les questions asiatiques et arabes,
Frank George Wisner exerça le poste d’ambassadeur en Zambie, en Egypte, aux Philippines et en
Inde.

Derrière ces honorables activités, qui ont culminé par un poste de sous-secrétaire d’Etat sous
Clinton et, plus récemment, dans sa médiation pour la Troïka dans le règlement de la crise au
Kosovo, Frank G. Wisner demeure, selon ses détracteurs, la clé de voûte dans l’exécution de
l’espionnage économique pour le compte de la CIA. Mieux encore, l’homme est la caricature du
personnage multicartes et influent, présent dans tous les centres réels ou fantasmés du pouvoir
parmi lesquels les fameux Council on Foreign Relations ou le groupe Bilderberg. Mais c’est en 1997
qu’un tournant s’opère : après avoir longtemps manoeuvré dans le monde feutré de la diplomatie et
des renseignements, Wisner se risque à mélanger encore plus les genres en rejoignant, au sein de
son conseil d’administration, l’entreprise Enron, la célèbre compagnie énergétique qui fera scandale
quatre ans plus tard et dont la gigantesque fraude en Californie, portant sur des milliards de
dollars, ne sera jamais exactement détaillée, « grâce » à la disparition des milliers de pages
caractérisant la fraude fiscale dans la destruction des bureaux de la SEC, gendarme américain des
opérations boursières , lors de la chute de la Tour 7 du World Trade Center.

Ironie du sort, ou étrange coïncidence, la sécurité de ce gratte-ciel (effondré alors qu’il ne fut pas
percuté par un avion en ce jour du 11 Septembre 2001) relevait de la compagnie Kroll Associates,
qui appartenait alors à l’AIG, assureur dont Wisner est le vice-président . S’il est vrai que les
entreprises prestigieuses sont souvent interconnectées de par leurs administrateurs, il est notable
de constater la récurrence curieuse de Wisner dans les anomalies du 11 Septembre. Ainsi, pour
résumer, l’homme, spécialiste du monde musulman et de l’espionnage économique, responsable
haut placé de Enron et de l’AIG, échappe à toute poursuite judiciaire lors du scandale Enron, jamais
complètement décrypté de par la destruction des détails compromettants lors de la chute
controversée d’un immeuble du World Trade Center qui abritait également, autre heureuse
coïncidence, les bureaux de la CIA dédiés précisément à l’espionnage économique…
Quel rapport dès lors entre ce personnage sulfureux et Nicolas Sarkozy, mis à part le lien familial
d’antan ?

A priori, il serait logique de présumer que le temps et la distance géographique auront
naturellement creusé le fossé entre le chef de l’Etat et la famille de l’ancienne belle-mère. Il n’en est
rien. Pour preuve, la campagne électorale de l’UMP qui a porté triomphalement au pouvoir, et dès
la première tentative, Nicolas Sarkozy, disposait dans ses rangs d’un acteur discret, responsable de
la section anglophone, mais dont le nom est suffisamment éloquent : David Wisner. Celui-ci semble
également reprendre le flambeau de la lignée Wisner puisqu’il a intégré le Département d’Etat en
septembre dernier, après des études d’arabe.

Et au-delà du légitime renvoi d’ascenseur du chef de l’Etat envers le fils de son parrain d’outreatlantique,
un autre fait passé inaperçu mérite d’être évoqué, non comme la preuve mais plutôt
comme l’indice de la volonté présidentielle d’occulter l’existence et les agissements troubles de
Wisner. S’il s’avère à l’avenir que les fameux délits d’initiés opérés à la veille du 11-Septembre ont
été le fait de citoyens américains avertis, dont le point commun serait d’être à la jonction du
renseignement et de la finance, alors il ne serait guère étonnant de voir figurer sur la liste de ces
personnes au vent d’un « attentat terroriste imminent » un certain Frank George Wisner. Outre
qu’il ait bénéficié de la destruction du dossier fiscal Enron tout en étant dans le même temps
responsable de la sécurité du World Trade Center via Kroll Associates ( détenue par AIG), une
réçente réaction de Nicolas Sarkozy pourrait laisser penser que le silence en la matière doit
s’imposer.

En effet, selon le Canard Enchaîné du 24 septembre 2008, le Président avait vivement critiqué le
Pdg de la chaîne info internationale, France 24, pour avoir organisé un débat sur la « théorie du
complot » autour du 11-Septembre. Cette réaction de Nicolas Sarkozy pourrait prêter à sourire si
elle venait simplement confirmer sa propension légendaire à tout régenter, y compris la
programmation audiovisuelle. Mais compte tenu de l’implication éventuelle d’un de ses proches
dans les coulisses logistiques et financières de l’attentat du World Trade Center, la colère
présidentielle prend une tout autre tournure. De par le signal qu’il envoie ainsi aux journalistes
mainstream tentés d’évoquer à l’antenne la question des zones d’ombre du 11-Septembre, le
message relève plus de la censure tacite d’un sujet grave que de l’irritation d’un téléspectateur
capricieux. Sans aller jusqu’à faire de Wisner un des instigateurs du 11-Septembre, il est plus
vraisemblable de supposer que sa position et ses relations l’ont idéalement avantagé pour faire

partie de ceux à avoir, « au mieux » anticipé l’événement, au pire participé par une quelconque
assistance matérielle, en l’occurrence la mise à disposition de la gestion de la sécurité électronique
des 3 tours effondrées, de par l’implosion de bombes pré-installées selon certains scientifiques
spécialistes de la démolition contrôlée.

Au-delà des inévitables spéculations sur le rôle exact de Wisner dans l’opération à multiples
facettes du 11-Septembre, force est de constater que l’homme dispose des diverses relations
accumulées depuis près de 50 ans dans les élites dirigeantes des Etats-Unis et les cercles
internationaux pour pouvoir, si besoin est, favoriser le jeune politicien impétueux que son épouse
française affectionne. Nicolas Sarkozy doit beaucoup à Jacques Chirac pour son maillage lent et
progressif du corps électoral français. Il doit sans doute davantage encore à Frank George Wisner
pour avoir obtenu l’assentiment et la faveur de l’hyper-puissance occidentale.
Les parrains occultes du Président et méconnus du citoyen sont souvent les plus redoutables.

* Philippe Bourcier de Carbon est démographe à l'Ined (Institut national des études démographiques).

dimanche, 22 février 2009

Affaire Chauprade: lettre ouverte à Hervé Morin

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Lettre ouverte à Hervé Morin,

ministre de la Défense euro-atlantiste

par Georges Feltin-Tracol - http://www.europemaxima.com/


Monsieur le ministre de la Défense de l’Occident,

Je m’autorise de vous interpeller avec un titre erroné puisque, renouant avec une mauvaise habitude pratiquée sous le septennat giscardien, le terme « nationale » a été supprimé de l’intitulé officiel de votre ministère. Permettez-moi par conséquent de vous désigner tour à tour comme le ministre de la Défense euro-atlantiste ou celui de la Défense de l’Occident, tant ces deux appellations me paraissent vous convenir à merveille.

Si je vous adresse aujourd’hui la présente algarade, sachez au préalable que je ne vise nullement l’élu local normand que vous êtes par ailleurs. L’adhérent au Mouvement Normand que je suis, soutient, tout comme vous, l’indispensable (ré)unification normande des deux demi-régions. Notre désaccord concerne l’avenir de la France, de son armée et de l’Europe de la défense.

Je vous dois d’être franc. Quand en mai 2007, vous avez été nommé au ministère de la rue Saint-Dominique, j’ai immédiatement pensé à une erreur de recrutement : vous n’êtes pas fait pour occuper ce poste, faute d’une carrure suffisante. Comment cela aurait pu être autrement avec un Premier ministre qui, lui, est un fin connaisseur de la chose militaire depuis de longues années ? Il s’agissait surtout de vous récompenser pour avoir abandonné (trahi, diraient de mauvaise langues) entre les deux tours de la présidentielle votre vieil ami François Bayrou et rallié le futur président.

D’autres, tout aussi non préparés aux fonctions de ce ministère éminemment régalien, auraient acquis au contact des militaires une stature politique afin de viser, plus tard, bien plus haut. Hélas ! Comme l’immense majorité de vos prédécesseurs depuis 1945, voire depuis l’ineffable Maginot, et à l’exception notable d’un Pierre Messmer, d’un Michel Debré ou d’un Jean-Pierre Chevènement, vous êtes resté d’une pâleur impressionnante. Pis, depuis votre nomination, vous avez démontré une incompétence rare qui serait risible si votre action ne nuisait pas aux intérêts vitaux de la France et de l’Europe.

À votre décharge, je concède volontiers qu’il ne doit pas être facile de diriger un tel ministère à l’ère de l’« omniprésidence omnipotente » et de sa kyrielle de conseillers, véritables ministres bis. Faut-il en déduire qu’une situation pareille vous sied et que vous jouissez en fait des ors de la République ?

Je le croyais assez jusqu’à la survenue d’un événement récent. Depuis, j’ai compris que loin d’être indolent, vous effectuez un véritable travail de sape, pis une œuvre magistrale de démolition systématique qui anéantit quarante années d’indépendance nationale (relative) au profit d’une folle intégration dans l’O.T.A.N. américanocentrée, bras armé d’un Occident mondialiste globalitaire.

Vous vous dîtes partisan de la construction européenne alors que vous en êtes l’un de ses fossoyeurs les plus déterminés. L’Europe, sa puissance sous-jacente, ses peuples historiques vous indiffèrent, seule compte pour vous cette entité despotique de dimension planétaire appelée « Occident ».

Qu’est-ce qui m’a dessillé totalement les yeux en ce 6 février 2009 ? Tout simplement votre décision inique et scandaleuse de congédier sur le champ Aymeric Chauprade de son poste de professeur au Collège interarmées de Défense (C.I.D.). Brillant spécialiste de géopolitique, Aymeric Chauprade présente, dans un nouvel ouvrage Chronique du choc des civilisations, des interprétations alternatives à la thèse officielle des attentats du 11 septembre 2001. Exposer ces théories « complotistes » signifie-t-il obligatoirement adhérer à leurs conclusions alors qu’Aymeric Chauprade, en sceptique méthodique, prend garde de ne pas les faire siennes ?

Peu vous chaut l’impartialité de sa démarche puisque, sur l’injonction du journaliste du Point, Jean Guisnel, auteur d’un insidieux article contre lui, vous ordonnez son exclusion immédiate de toutes les enceintes militaires de formation universitaire. Mercredi dernier - 11 février -, l’infâme Canard enchaîné sortait une véritable liste d’épuration en vous enjoignant d’expulser d’autres intervenants rétifs au politiquement correct. Auriez-vous donc peur à ce point (si je puis dire) de certains scribouillards pour que vous soyez si prompt à leur obéir, le petit doigt sur la couture du pantalon ? Faut-il comprendre que Jean Guisnel et autres plumitifs du palmipède décati sont les vrais patrons de l’armée française ?

Avez-vous pris la peine de lire l’ouvrage incriminé ? Votre rapidité de réaction m’incite à répondre négativement. Il importe par conséquent de dénoncer votre « attitude irresponsable, irrespectueuse et indigne », car « nier la réalité est une attitude particulièrement inquiétante pour un ministre et qui n’atteste pas du courage que chacun est en droit d’attendre d’un haut responsable politique ». Qui s’exprime ainsi ? M. Jean-Paul Fournier, sénateur-maire U.M.P. de Nîmes, irrité par la fermeture de la base aéronavale de Nîmes - Garons, cité par Le Figaro (et non Libé, Politis ou Minute) du 9 février 2009. Le sénateur Fournier a très bien cerné votre comportement intolérable et honteux.

Aymeric Chauprade interdit de tout contact avec le corps des officiers d’active, vous agissez sciemment contre l’armée française, contre la France. En le renvoyant, vous risquez même de devenir la risée de l’Hexagone. En effet, le 12 juillet 2001, Aymeric Chauprade publiait dans Le Figaro un remarquable plaidoyer en faveur d’un « bouclier antimissile français ». Et que lit-on dans Le Figaro du 13 février 2009 ? « La France se lance dans la défense antimissile »… Certes, nul n’est prophète en son pays, mais quand même, ne peut-il pas y avoir parfois une exception ?

Votre action injuste me rappelle d’autres précédents quand l’Institution militaire sanctionnait des officiers coupables de penser par eux-mêmes et de contester ainsi le conformisme de leur temps : le général Étienne Copel, le colonel Philippe Pétain, le lieutenant-colonel Émile Mayer, le commandant Charles de Gaulle.

Anticonformiste, Aymeric Chauprade l’est avec talent et intelligence ; il s’inscrit dans la suite prestigieuse des Jomini, Castex et Poirier. Voilà pourquoi le réintégrer au C.I.D. serait un geste fort pour l’indispensable réarmement moral d’une armée qui en a grand besoin.

Je doute fort, Monsieur le ministre de la Défense euro-atlantiste, que ma missive vous fera changer d’avis. Qu’importe ! Libre à vous de rester insignifiant et de figurer dans les chroniques comme le Galliffet de la réflexion stratégique.

Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations normandes.

Georges Feltin-Tracol,

rédacteur en chef du site Europe Maxima,

membre du Mouvement Normand,

signataire de la pétition de soutien à Aymeric Chauprade.

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vendredi, 20 février 2009

Les nouvelles censures

LES NOUVELLES CENSURES


censure « Procès, pétitions, concerts d’indignation, appels à la vigilance : difficile aujourd’hui d’exprimer une pensée forte sans s’exposer à ces formes subtiles de censure qui jouent sur l’intimidation et la peur. L’actualité en fournit des exemples à un rythme incessant. (...) La liberté de parole semble se rétrécir comme une peau de chagrin, soit en raison d’une pénalisation du débat, soit parce que les clercs de l’idéologie dominante, manient avec un talent consommé l’art de l’intimidation morale. Du coup, soit on pense comme tout le monde parce qu’on a oublié qu’il est possible de penser autrement, soit on se cache, par crainte du ridicule ou par peur. (...)


Il n’est pas jusqu’aux bouffons du roi qui en perdent leur insolence. Certains sketches de Pierre Desproges, à les réécouter vingt ans après, semblent avoir été prononcés sur une autre planète, où l’on ne vivrait pas en permanence, comme sur la nôtre, dans la hantise de franchir une invisible ligne jaune, d’autant plus redoutable qu’on ne sait pas trop qui l’a fixée, ni où elle se trouve. (...) Si les humoristes ont du mal à plaisanter, intellectuels, penseurs, journalistes et hommes politiques sont évidemment soumis à des contraintes bien plus pressantes. L’actualité des dernières années ne manque pas d’exemples de ce rétrécissement de la liberté de parole, toujours sous couvert d’humanisme, de respect et de tolérance. (...)


Inoubliable pour son rôle de postier en chef dans Bienvenue chez les Ch’tis, Kad Merad est amateur de cigares. Dans une interview à un magazine spécialisé, il a ainsi raconté qu’il appréciait "le cigare à l’apéro". Grave erreur : la cour d’appel de Paris vient de condamner la publication à payer 5 000 euros de dommages et intérêts à l’association Droits des non-fumeurs pour “publicité directe ou indirecte en faveur du tabac”. Le journal avait eu le tort, selon la cour, d’associer le tabac "à une image positive, celle d’un acteur connu de cinéma". Connaissant l’activisme judiciaire des modernes ligues de vertu, on voit mal comment ce type de jugement ne s’élargirait pas désormais au vin et à l’alcool. Il risque d’être bientôt impossible, sous peine de poursuites, d’avouer dans la presse qu’on aime le gevrey-chambertin ou les armagnacs hors d’âge. Et pourquoi ne pas traquer aussi les amateurs de religieuses au chocolat, dés lors qu’on exhorte sans cesse les gens à ne pas manger gras, salé, sucré ? (...)


Finis les balayeurs, les mendiants, les handicapés, les voyous : bienvenue aux techniciens de surface, aux SDF, aux personnes à mobilité réduite, aux “jeunes”. Adieu les Noirs, les Jaunes et les Arabes, tous fondus dans ce grand melting-pot des “personnes issues de la diversité” – comme si le fait de nommer l’origine de quelqu’un revenait à lui manquer de respect. Le syndicat des bouchers n’a pas manqué de se ¬plain¬dre, à l’occasion d’on ne sait plus quel fait divers sanglant, que les médias parlent d’une “boucherie”. Le respect des personnes et des communautés se marie mal avec celui du vocabulaire – et l’on sait bien que la censure du vocabulaire débouche toujours sur une cen¬sure de la pensée. À force de ne plus donner aux choses leur vrai nom, on finit par ne plus les voir comme elles sont. Et c’est parce que nous ne sommes plus ca¬pables de regarder la mort, comme le soleil, en face, que plus personne n’est, jamais, en danger de mort : c’est seulement le “pronostic vital” qui, lui, est “engagé”. (...)


En 2007, des plaintes déposées contre le “racisme” de Tintin au Congo décidaient un éditeur américain à renoncer à publier le livre. La même chose arrivera-t-elle bientôt à Ronsard ? Un rapport de la Halde, daté du 6 novembre 2008, se penchait sur les “stéréotypes et discriminations dans les manuels scolaires”. Après nous y avoir appris que le simple fait de représenter un jeune homme qui "aspire au ¬mariage avec une femme et à une famille hétéroparentale" constitue un odieux stéréotype "hétérosexiste" et déploré qu’on n’évoque pas les comportements homosexuels dans l’étude de la reproduction du rat, les auteurs, avec leur imperturbable sérieux, attirent l’attention sur les manuels de français : "Le poème de Ronsard Mignonne allons voir si la rose est étudié par tous les élèves. Toutefois, ce texte véhicule une image somme toute très négative des seniors. Il serait intéressant de pouvoir mesurer combien de textes proposés aux élèves présentent ce type de stéréotypes, et chercher d’autres textes présentant une image plus positive des seniors pour contrebalancer ces stéréotypes." Sans doute faut-il se dépêcher d’en rire, car il se pourrait que nous ne tardions pas à devoir en pleurer. »



Valeurs Actuelles, "On ne peut plus rien dire", 2 janvier 2009

jeudi, 19 février 2009

Marc-Edouard nabe résiste à l'Obamania

MARC-EDOUARD NABE RESISTE A L’OBAMANIA


Tout le monde adore Obama, alors forcément je suis contre... Quel rabat-joie ! Je suis bien bête de ne pas profiter de cette joie mondiale. C’est peut-être à cause de tout ce que j’entends comme conneries...Vincent Cassel dit que "tout à coup, on a envie de vivre aux États-Unis". Rama Yade minaude : "Nous sommes tous Américains, cette fois, on peut le dire dans le sens positif." Le roi du storytelling, Christian Salmon, se pâme : "Avec lui, l’Amérique qu’on aime est de retour ! ". Quant à Dorothée Werner, laide éditorialiste de Elle, elle danse carrément la samba dans sa cuisine : "Comment résister à l’euphorie qui gonfle le monde ? " D’ailleurs, pour toutes les mouilleuses du Elle, Obama c’est Cassius Clay + Robert Redford + Steve McQueen. Pourquoi ne pas ajouter James Dean et Gérard Philippe ? De plus en plus blanc à force d’additions ! Ce qu’elles veulent dire, ces blanchâtres, c’est que, dans leur idéal de Noir, Obama est une somme de soustractions : c’est Malcolm X – George Jackson – Frantz Fanon – Bobby Seale – Angela Davis... Le pompon a été décroché par Philippe Val affirmant sans rire qu’avec Obama élu, c’est enfin le XXIe siècle qui commence ; Ben Laden et son 11-Septembre, c’était encore du XXe ! D’accord, mais que des sans-couilles l’adorent ne suffit pas à expliquer que je ne bande pas. (...)


En France, le racisme est à peine caché sous l’antiracisme consensuel et les tollés des faux-derches franchouillards qui se cabrent au moindre mot de travers. En France, les racistes sont avant tout ceux qui se réjouissent qu’un Noir soit élu du moment qu’il est noir, parce que pour eux tous les Noirs se ressemblent. (...) Fin du racisme, tu parles ! Comme si les Noirs n’allaient plus être persécutés grâce à l’élection d’Obama ! On a vu comment les Arabes vivent sous le règne de Rachida Dati ! Dès qu’un métèque a un petit pouvoir, il ne pense qu’à une chose : faire du zèle contre sa race, pour montrer aux Blancs qu’il n’est pas un métèque justement, et qui paie les pots cassés ? Les autres métèques, ceux sans pouvoir ! Classique. Au pays des antiracistes auto-éblouis, le seul qui reste mesuré dans son obamania, c’est le président... Vexé comme un pou. Obama démode Sarko, Michelle écrase Carla . Premier président juif français, c’est bien. Premier président noir américain, c’est mieux. Sarkozy, qui pensait en 2007 innover dans le genre jeune loup vulgos libéralo-people s’est fait doubler un an et demi après. Comment rattraper le retard soudain pris ? En foutant des Noirs partout ! "Ne me cachez plus ces minorités visibles qu’en temps normal je n’aurais su voir..." (...)


"Obama a réalisé enfin le rêve de Martin Luther King ! " Le hic, c’est que dans son I have a dream, King disait textuellement qu’il ne voulait pas que "les gens soient jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne". Pour quoi d’autre est jugé Barack Obama aujourd’hui ? Ce sont ses deux grands-mères qui le définissent le mieux. La première est une grosse mama qu’on a vu danser de joie en boubou dans son bidonville de Kogelo... le drapeau yankee flottant sur le Kenya. Le Kenya, terre de safaris pour beaufs, est un des rares pays d’Afrique qui ne présente aucune espèce d’intérêt. Seule la Centrafrique est plus nulle encore. Rien ne peut sortir de bon du Kenya, à part quelques Massaï qui d’ailleurs n’en sortent pas. La seconde grand-mère d’Obama, une Blanche, a toute sa vie tremblé de peur en croisant des Noirs dans les rues de Kansas City. Elle est morte la veille de son élection. Quand elle a senti que c’était inéluctable, mémé a préféré mourir... Elle ne voulait pas voir ça : un négro à la Maison Blanche, fût-ce son petit-fils !


C’est son programme peut-être qui me débecquette... Sa gestion de la crise financière ne laisse aucun doute : monsieur ne pense qu’à subventionner les banques, il veut réparer le capitalisme lui aussi, mais à l’avantage des riches. Sa priorité : rassurer les gros portefeuilles provisoirement à sec. Comme tout pratiquant du capitalisme, il est à genoux devant les banques avec l’excuse que la Banque n’est pas plus démocrate que républicaine, elle est la Banque. C’est comme Dieu, il n’est ni de gauche ni de droite, il est Dieu. Et aujourd’hui, Dieu, ce sont les trusts. Sur le dollar, il y aura bientôt écrit : In Trust we trust. C’est le pantin de l’Usure. Obama veut "sauver l’économie", c’est-à-dire les firmes et entreprises, avec la même rengaine fredonnée partout depuis le krach de septembre 2008 : "Sauvons les patrons et ils vous trouveront du boulot !" sauf que une fois que les pauvres auront aidé les riches à se renflouer, Obama et les autres chefs leur diront : "Sorry ! Il ne reste plus rien pour vous, chers pauvres... Next time ! " Pauvres pauvres !


Sur le plan international, Obama va être pire que Bush. Il suffit de voir son équipe. Tout ce qu’il a trouvé, c’est Hillary Clinton et Mme Albright, toutes les deux hyper contre Saddam, faiseuses d’anges irakiens, archi pour les guerres de 1991 et de 2003... Obama a même poussé le vice jusqu’à vouloir engager Colin Powell ! Oui la salope de l’anthrax ! Juste parce qu’il est noir, soi-disant... Pourquoi pas Condoleezza Rice ? Elle aussi est bronzata, comme dirait Berlusconi. Quel raciste, cet Obama ! Sans arrêter de sourire, il enverra plus de Noirs sur la chaise électrique, histoire qu’on ne l’accuse pas de chouchoutage... Obama va aussi travailler avec les mecs de McCain et prendre comme conseiller Joseph Biden, le stratège de John Kerry... James Jones à la Sécurité, Robert Gates à la Défense, Timothy Geithner au Trésor... Jolis messieurs ! Ce n’est plus de l’ouverture, c’est de la béance... Et ça prouve bien que dans son esprit de collabo, la politique c’est bonnet noir, noir bonnet. Tout l’espoir d’une "nouvelle Amérique" a été absorbé par sa stupéfaction d’avoir élu un Noir. Il n’y aura plus de place pour un autre "changement". Ça m’étonnerait beaucoup que le nouveau président annule le Patriot Act. À la limite, il fermera Guantanamo, qu’est-ce que ça peut lui foutre puisque d’autres pénitenciers arbitraires s’ouvriront ailleurs, directement dans les pays ennemis. Il parle déjà de rayer l’Iran de la carte. (...)


L’Irak. Obama annonce un retrait définitif des troupes pour 2011. Évidemment, ce sera reculé à 2012 où il sera remplacé par un autre salaud qui, lui, les maintiendra ! Pour le reste, son objectif est avoué dès le début : capturer Ben Laden ! Oui, cet abruti d’Hawaïen en est resté là. L’Afghanistan. Obama va y envoyer bien plus de soldats encore que Bush et ceux-là seront prélevés en Irak. Vases communicants ! Et s’il n’y en a pas assez, il en tapera à ses chers alliés qui ne pourront rien refuser à un Noir président de l’Amérique, ce pays exemplaire ! Pour finir, son directeur de cabinet est déjà nommé : Rahm Emmanuel, un engagé volontaire dans l’armée israélienne en 1991... Soyons clair : une rampouille sioniste à se damner. Pendant toute sa campagne, Obama a réitéré son soutien indéfectible à Israël. Il veut une Jérusalem israélienne, et des renforts de troupes sur le saint terrain occupé par ces sales Palestiniens... Tout pour Israël ! 78 % de Juifs Amerloques ont voté pour lui. On peut leur faire confiance: ils n’auraient pas élu un nègre s’ils n’avaient pas été sûrs qu’il soit leur man ... Non, tout ça, c’est encore du procès d’intention...


Ça y est. J’ai trouvé. Ce qui me gêne chez Obama, c’est que grâce à lui l’Amérique va redorer son blason de merde ! Yes he can, ce con. J’ai compris à quoi il va servir, ce faux Noir. L’Amérique reprend du poil de la bête, autant dire qu’elle va bientôt s’arracher les cheveux puisque la bête, c’est elle. "L’Amérique se réconcilie avec elle même et avec le monde ! " Ah, bon ? Je connais des milliards d’individus qui n’ont pas du tout envie de se réconcilier avec ce pays d’ordures... Pour en arriver à élire un Noir, c’est que les Yankees étaient à bout... Obama n’a pas été élu parce qu’il était Noir, mais parce que les Blancs au pouvoir ont compris qu’en mettant un Noir devant, l’Amérique allait pouvoir revenir au 1er rang en effaçant ses saloperies. Son image était tellement noircie par ses crimes qu’il fallait bien un Noir pour la nettoyer. Obama blanchit l’Amérique. Obama ne s’en cache pas : il veut redonner "la stature morale" de l’Amérique. En a-t-elle déjà eu une depuis le premier jour où les Espagnols débarquant ont tiré à l’arquebuse sur les Indiens venus leur apporter des fleurs sur la plage ? L’Amérique sera toujours porteuse de guerre et de mort. Kafka avait tout compris: au début de son roman L’Amérique (1911), ce n’est pas un flambeau que le héros voit dans la main de la statue de la Liberté, mais un glaive...


L’Amérique se fout d’Obama, ce qu’elle voulait, c’est faire semblant aux yeux des autres de se laver de Bush alors qu’elle l’a plébiscité deux impardonnables fois. Ne pas oublier que les pires bushistes sont ceux-là mêmes qui ont voté Obama. Logiquement, il ne devrait pas y avoir assez d’oreilles pour mettre toutes les puces dedans. Personne ne semble trouver anormal que les néoconservateurs pro-Bush se soient métamorphosés en obamiens de la vingt-cinquième heure. Il y a pourtant une raison à cela : pour mieux ré-enculer le monde, il fallait à l’Amérique un nouveau gode. Une rédemption de l’Amérique par un Noir ? Je n’y crois pas une seconde. C’est le plus mauvais cadeau fait aux vrais Afro-Américains. (...)


Il va déculpabiliser l’Amérique à peu de prix, car on s’extasie qu’il ait pu devenir président, mais qu’est-ce que c’est qu’être président des États-Unis ? C’est rien comme honneur dans le monde, c’est minable comme fonction, c’est la grosse honte ! Le plus beau jour de la vie d’un Noir, c’est d’entrer à la Maison Blanche, c’est ça le summum de la gloire ? C’est encore se soumettre en esclave, se faire reconnaître par le maître blanc, lui prouver qu’on est respectable comme lui, qu’on est son égal. Il n’était pas esclave, il vient de le devenir. Il a l’air ravi d’être enfin devenu l’esclave de l’Amérique. Le métis avait un complexe de n’être pas un bon nègre au service du maître. "Oncle Tom cherche Oncle Sam ! " Le Destin a répondu à sa petite annonce. Je sais maintenant pourquoi ce Noir me laisse froid. »



Marc-Edouard Nabe, 20 janvier 2009 (ce texte a été placardé sur les murs de Paris sous forme d’une grande affiche, selon la grande tradition révolutionnaire du pamphlet)


en savoir plus sur Marc-Edouard Nabe

lundi, 16 février 2009

Chauprade porte plainte

CID : Chauprade porte plainte contre Morin pour "discrimination" devant la Cour de Justice de la République

"Aymeric Chauprade, qui a été congédié le 5 février du Collège interarmées de Défense à la suite de la parution d'un texte mettant en doute ce qu'il appelle la "version officielle" des attentats du 11 septembre, estime que le ministre de la Défense Hervé Morin "a commis un acte de discrimination au sens des dispositions des articles 225-1 et 225-2 du Code Pénal qui punit de trois ans de prison le fait de sanctionner autrui pour ses idées". Son avocat, Maître Antoine Beauquier va saisir la Cour de Justice de la République pour obtenir des sanctions à l’encontre du ministre de la Défense.

Se définissant lui-même comme appartenant à la "droite conservatrice", très hostile au courant "néo-conservateur", Aymeric Chauprade affirme que "ses opinions politiques et ses convictions religieuses déplaisaient à Hervé Morin. Croyant plaire à l’entourage du Président de la République, monsieur Morin, qui n’a pas caché que sa décision avait été prise en considération de ce que monsieur Chauprade, de religion catholique, était critique à l’égard de la politique américaine devra répondre de son comportement devant la juridiction compétente" peut-on lire dans un communiqué qu'il publie ce matin. Il ajoute qu'Hervé Morin "a manqué à ses devoirs de ministre, au mépris des principes élémentaires qui gouvernent notre droit public, notamment le droit au débat contradictoire".

Par ailleurs, Chauprade devrait attaquer Le Point en diffamation. La décision du ministre a été prise à la suite de la lecture d'un article de Jean Guisnel sur le site Défense ouverte du Point.fr. Cette affaire devrait également avoir un volet devant le tribunal administratif.

Source

A écouter :
>>> Aymeric Chauprade sur Radio-Courtoisie

dimanche, 15 février 2009

Réflexions sur l'idéal "perséide", sur les politiques de la dynastie Pahlavi, sur la révolution islamiste et la notion de "djallihiyya"

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Réflexions sur l'idéal "persédie", sur les politiques de la dynastie Pahlavi, sur la révolution islamiste et la notion de "djallihiyya"

Paris, Invalides, "Mémorial des Rois", 7 février 2009

Intervention de Robert Steuckers

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Monsieur le Président,

 

Nous ne nous connaissions pas et nous allons faire connaissance aujourd’hui. C’est par l’intermédiaire d’un texte que vous avez appris l’existence de nos travaux d’histoire et de géopolitique. Ce texte sur l’histoire et le destin de l’Iran a toutefois une genèse. Une genèse qu’il me paraît plus impérative de vous expliciter, avant de passer au vif du sujet, plutôt que de vous rappeller les grands moments d’une histoire iranienne que, somme toute, vous connaissez bien mieux  que moi.

 

Ce texte s’inscrit dans un itinéraire personnel et l’élément premier, certes le plus modeste, relève peut-être tout simplement d’une piété filiale, car mon père, homme simple, vouait une admiration à l’endroit de SMIR Mohammed Reza Pahlavi et de son oeuvre sociale, économique et politique.

 

Mais la raison qui poussera le jeune adulte que j’étais à respecter et à explorer le passé iranien me vient du peintre, poète et érudit Marc. Eemans, issu des milieux surréalistes bruxellois des années 20 et 30.

 

A cette époque, la Belgique connaissait un “Renouveau bourguignon”, avec les historiens Paul Colin, Luc Hommel et bien d’autres, qui entendaient renouer avec les “fastes de la Cour de Bourgogne” et avec l’âge d’or artistique, musical et chorégraphique (Elsa Darciel) du XV° siècle des Pays-Bas et du Luxembourg.

 

Cette volonté de retrouver l’âge d’or des Ducs de Bourgogne n’avait pas qu’une vocation artistique: elle posait également des objectifs politiques, dont:

1)       Le rappel, dans l’imaginaire des élites et des étudiants, des étapes de l’unification territoriale du “Cercle de Bourgogne” pour tenter de contrer, de manière anamorphique, toutes les forces centrifuges, qu’elles émanent du calvinisme hollandais, de l’imitation du républicanisme français dans les provinces romanes ou du nationalisme flamand plus récent.

 

2)       Le rappel de la vocation impériale et européenne (Drion du Chapois) des terres du “Cercle de Bourgogne”, à cette époque où les héritages bourguignon-bavarois de Philippe le Bon et Charles le Hardi, habsbourgeois de l’Empereur Maximilien I et aragonais-castillan de Ferdinand et Isabelle fusionneront par la politique dynastique des Ducs, Empereurs et Rois. C’est dans ce cadre grand-européen, sans limites territoriales trop exigües, que devait s’épanouir le génie des comtés et duchés du Cercle de Bourgogne.

 

3)       Cette fidélité au triple héritage bourguignon, habsbourgeois et aragonais-castillan a des implications géopolitiques bien évidentes: il faut ramener le Danube de ses sources à son embouchure dans le giron impérial romain, en dépit des défaites  de Nicopolis (1396; avec Jean sans Peur) et de Varna (1444); la maîtrise du bassin danubien dans sa totalité implique de déboucher dans la Mer Noire, dans cet espace pontique qui avait généré  le mythe des Argonautes et de la Toison d’Or, symbole de la chevalerie fondée par Philippe le Bon, une chevalerie qui doit tant, dans ses principes, aux traditions immémoriales de la Perse et de la religion de Zoroastre, dont on situait l’origine, à l’époque, au-delà de la Terre de Colchide.

Le retour à la Mer Noire, à la Terre de Colchide et à l’Orient sarmate ou perse avait pour corollaire stratégique de contrôler l’ensemble de la Méditerranée et surtout son bassin oriental, ce qui nous mènera, plus tard, à la demi-victoire de Lépante en 1571.

 

Dans le cadre de ce renouveau bourguignon, essentiellement artistique et esthétique pour le grand public, examinons le rôle de Marc. Eemans, né en 1905 à Termonde et féru, dès son adolescence, de toutes les avant-gardes provocatrices des trois premières décennies du XX° siècle. Marc. Eemans a vécu, intensément, comme tous les jeunes audacieux de son temps, les avènements successifs du futurisme, du dadaïsme, du surréalisme, du vorticisme anglo-saxon, avec leur cortège de provocations, pour arriver, jeune adulte, à davantage de discernement: on ne construit rien sur les sables mouvants de la provocation et de la polissonnerie; toute critique de l’établissement culturel dominant de l’Occident rationaliste et positiviste passe par un retour aux mythes et aux traditions. Ce fut l’option de quelques figures importantes du post-surréalisme. Quelques exemples: Henry Corbin, Roger Caillois, Jules Monnerot.

 

Marc. Eemans fonde, dans ce contexte, la revue “Hermès” qui paraîtra de 1933 à 1939, plus exactement jusqu’à la mobilisation générale des armées de septembre 1939, où 620.000 hommes revêteront l’uniforme. A l’époque secrétaire national au tourisme, il s’était penché sur l’étude des dimensions spirituelles se profilant derrière l’art religieux de nos pays; dans le cadre de ces activités, il découvre la tradition mystique médiévale de Flandre, de Brabant et de Rhénanie, dont “Hermès” explorera l’univers.

 

Le parallèle était évident entre ces traditions de l’Extrême Occident européen et l’oeuvre de votre grand mystique Sohrawardi, avec son culte de la Lumière que l’on retrouve tout autant dans l’architecture iranienne que dans l’architecture gothique. L’élan vers le Ciel, vers Ouranos et la Lumière divine, techniquement concrétisé dans les vitraux de nos cathédrales est une dimension commune, à l’Iran et à l’Europe, où jaillit et rejaillit la tradition persane et zoroastrienne.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, Marc. Eemans participe, comme Félicien Marceau, à des émissions radiophoniques de nature culturelle, ce qui lui vaut d’être épuré dès 1944, en dépit de sa participation à des cercles ésotériques hostiles à la politique culturelle et artistique du III° Reich, cercles qui s’appelaient les “Perséides”: leur démarche s’inspirait directement de la mystique de Sohrawardi et du culte vieux-persan de la Lumière aurorale, seul capable de rendre à l’Europe une spiritualité originale et fidèle à ses plus lointaines racines indo-européennes.

 

Après la guerre, Marc. Eemans deviendra l’historien encyclopédiste des mouvements artistiques belges. Je ne pouvais omettre de parler devant vous de cette dette à l’endroit du Perséide Marc. Eemans.

 

J’ai connu Marc. Eemans en 1978, à l’époque où l’Iran connaissait les bouleversements qui le conduiront à devenir une “république islamique”. Nous étions dubitatifs devant ces événements que nous ne comprenions guère, n’étant pas du tout au fait des subtilités de la théologie islamique. Seuls les militants un peu hallucinés du “Parti Ouvrier Européen” ou “Europäische ArbeiterPartei”, téléguidé par Lyndon LaRouche depuis les Etats-Unis, dénonçaient les circuits de Khomeiny comme des réseaux au service de l’Intelligence Service et inscrivaient les bouleversements subis par l’Iran dans la stratégie asiatique de Zbignew Brzezinski. Personne ne les prenait au sérieux, et pourtant...

 

Pour nous, plus simplement, quelque chose de beau et de cohérent était en train de s’effriter, d’être brisé, réduit à néant et dispersé sous les vents cruels de l’histoire. Plus prosaïquement, nous lisions, médusés, les slogans idiots bombés par les alliés gauchistes de la révolution islamiste, sur les murailles sinistres de la Gare du Midi et ailleurs dans Bruxelles (“Chat’Iran – Chat-tyran”, etc.). D’autres prévoyaient, furieux, le ressac de l’industrie métallurgique wallonne, privée de ses débouchés iraniens. Ce que le boycot ordonné par Washington allait amplement confirmer.

 

Le Moyen Orient venait donc d’être plongé dans le chaos. Et les cercles politiques, toutes tendances et orientations confondues, s’enlisaient dans deux erreurs d’analyse majeures:

 

1)       Bon nombre d’observateurs, surtout à droite de l’échiquier politique, se mirent à croire, parce que le Toudeh communiste était partie prenante dans la “révolution”, que l’Iran tout entier allait basculer dans l’orbite de l’URSS qui avançait aussi ses pions en Afghanistan. La révolution, en dépit de son discours islamiste, ne camouflait, pensaient-ils, que l’ancienne volonté tsariste et stalinienne d’avoir accès, via l’Iran, aux mers chaudes et à l’Océan Indien.

 

2)       D’autres, viscéralement hostiles à la tutelle qu’exerçaient les Etats-Unis sur l’Europe et sur le reste du monde, se félicitaient que le nouveau pouvoir en place à Téhéran, était anti-américain, du moins en apparence. Leur raisonnement s’articulait comme suit: “Si les Etats-Unis occupent l’Europe et si nous manifestons contre le déploiement de missiles américains de type Pershing en Europe et, enfin, si nous applaudissons au renouveau du neutralisme en Allemagne Fédérale, alors nous devons nous réjouir de voir Washington confronté à un nouvel ennemi en Iran”. Le nouveau pouvoir à Téhéran est devenu ainsi le nouveau joujou idéologique  —pour paraphraser Rémy de Gourmont—  de toute une fraction intellectualiste intransigeante et aussi d’une bruyante “lunatic fringe” qui va des gauchismes de tous poils aux petits cénacles nationaux-révolutionnaires et à la “nouvelle droite” parisienne. Le “chiisme” dans ses variantes extrémistes et militantes, déduites de la révolution khomeyniste, fut ainsi perçu comme un levier capable de soulever l’ensemble du Moyen et du Proche Orient pour le libérer de la tutelle américaine. Résultat de cette hyper-simplification: un dualisme caricatural qui ne peut en aucun cas servir de mesure pour jauger correctement les relations internationales et les conflictualités locales ni même pour rendre compte d’un phénomène dans toutes ses complexités et nuances.

 

Ces deux modes de penser de travers, ces deux batteries de prises de position ont appelé de notre part des correctifs, au fil de nos interrogations et de nos lectures.

 

L’erreur qui consistait à percevoir la “révolution khomeyniste” comme une entreprise machiavélique et camouflée des Soviétiques, désireux de se tailler une fenêtre sur l’Océan Indien, était infirmée par les bons rapports que la diplomatie impériale iranienne entretenait avec l’URSS, sans aucun lien de vassalité et sans aucune concession à l’idéologie communiste. Par ailleurs, cette diplomatie impériale était inspirée par l’excellente notion stratégique de diversification, ce qui impliquait, concrètement, une diversification des rapports de dépendance et d’interdépendance, à l’instar de la politique gaullienne de Maurice Couve de Murville.

 

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S.M. le Shah avait développé une vision cohérente, harmonieuse et pacifique de la géopolitique de l’Océan Indien (cf. les travaux du géopolitologue Mohammed Reza Djalili), si bien qu’une diagonale eurasienne de paix aurait été possible, à terme, de l’Europe à l’Australie, avec le territoire iranien pour segment central, avec deux verrous seulement, que l’on pouvait aisément neutraliser par une diplomatie habile: la Turquie, pro-américaine, et l’Indonésie. Dans cet immense espace pacifié,centré autour du bloc avestique-védique, de l’Iran à l’Inde, la “Grande Civilisation”, rêvée par S.M. le Shah, aurait pu rayonner de ses mille feux.

 

Au regard de cette vision impériale, la géopolitique du chiisme (selon l’expression de François Thual) ne peut jouer le même rôle dans tout l’environnement géographique de l’Iran en tant que territoire, c’est-à-dire tout l’environnement centre-asiatique, indien, sunnite, arabe et turcophone du pays. Toutes les composantes de cet environnement peuvent admettre un apport authentiquement iranien dans leur héritage, mais pas nécessairement un apport chiite, comme le prouvent les inimitiés solides à l’endroit du chiisme qui subsistent au sein de l’univers religieux et politique sunnite et surtout wahhabitique.

 

La notion de “civilisation iranienne”, si clairement explicitée dans la “Réponse à l’histoire” de S.M. le Shah, s’avère finalement plus écouménique et fructueuse sur le long terme que le khomeynisme à coloration chiite. Plus récemment, la politologue française Laurence Louër a démontré, dans ses quelques ouvrages sur les réseaux chiites transnationaux, que ceux-ci, hors de l’Iran, obéissaient à des logiques fortes, le plus souvent locales, et, de ce fait, difficilement instrumentalisables dans une perspective impériale ou post-impériale irano-centrée. C’est partiellement le cas du Hezbollah et surtout du chiisme irakien, où la fraction Al-Dawa et les sadristes demeurent, ou du moins demeuraient jusqu’il y a peu, indépendants de toute influence iranienne déterminante.

 

En Irak, l’ASRII est demeurée pro-iranienne jusqu’en 2007, année où elle a opéré un virage vers des options plus nationales et plus autonomes par rapport à l’autorité religieuse d’Ali Khamenei.

 

L’élimination du pouvoir baathiste de Saddam Hussein, explique Laurence Louër, a certes été une aubaine pour l’Iran post-khomeyniste, qui voyait disparaître son ennemi mésopotamien: sans Saddam Hussein, le  pouvoir post-khomeyniste, que ce soit celui de Khatami, dit “modéré”, ou celui d’Ahmadinedjad, pouvait, en théorie, exercer une influence plus directe sur les communautés chiites extra-iraniennes mais, en dépit de quelques succès francs et évidents, cette influence demeure finalement plus fluctuante, moins assurée, qu’on aurait pu se l’imaginer.

 

Les inimitiés au sein du monde musulman lui-même pèsent très souvent plus lourd que les solidarités potentielles dont rêvaient les pan-islamistes anti-américains qui, en Occident, par tradition contestatrice, énonçaient leurs prophéties apocalyptiques en chambre ou en salon, à défaut d’avoir un impact sur le terrain.

 

La notion de “civilisation iranienne” et le grand dessein de S.M. le Shah pour tout l’espace riverain de l’Océan Indien, appuyé par une diplomatie classique, avait plus de chance de réussir à terme. Et d’ouvrir une ère de paix en Afghanistan, où l’Iran impérial s’apprêtait à offrir une aide au développement;

sur la frontière irako-iranienne où les accords d’Alger de 1975, portant sur le Chatt’El-Arab, avaient aplani bien des différends;

sur la frontière nord avec l’URSS grâce à des accords diplomatiques et économiques bilatéraux bien étayés;

avec la Turquie dans le cadre du CENTO et en souvenir de l’amitié entre S.M. impériale Reza Pahlavi et Mustafa Kemal Atatürk;

avec l’Egypte sunnite, liée à l’Iran par une amitié solide;

avec l’Arabie Saoudite du Roi Fayçal dans le cadre de l’OPEP.

 

La notion de “civilisation iranienne”, et celle de “Grande Civilisation”, induisaient une meilleure stratégie sur l’échiquier international, plus réaliste au sens de la Realpolitik traditionnelle, sans aucun ballast idéologique particulier, plutôt particulariste et donc inexportable. Les services américains et britanniques, qui se profilaient derrière la “révolution khomeyniste”, ont justement voulu éliminer ce facteur de paix et décapiter une armée et une marine qui auraient garanti un ordre régional et plus tard supra-régional dans le Golfe et au moins dans la partie occidentale de l’Océan Indien.

 

L’éradication de l’armée, et plus particulièrement de l’armée de l’air impériale iranienne, avait connu un précédent, en 1941, quand l’aviation britannique avait détruit la marine de S.M. Reza Pahlavi.

 

Washington a donc cherché à établir, entre la Méditerranée orientale et son allié pakistanais, un ordre géopolitique sans assises territoriales réelles, en tablant sur des affinités idéologiques entre le sionisme israélien et le biblisme protestant et puritain qui sous-tend la théologie politique américaine. Washington a donc privilégié une alliance idéologique plutôt que géopolitique, explique le politologue irano-américain Trita Parsi.

 

Israël constituait, pour les Etats-Unis, après 1956, un atout stratégique majeur: celui de disposer d’une armée efficace, structurée sur le binôme char d’assaut/chasseur bombardier (Centurion/MirageIII), à proximité du Canal de Suez pour dégager celui-ci au cas où Nasser, ou tout nouveau Nasser, le fermerait à la circulation maritime. L’Egypte est devenue, avec Sadate et Moubarak, une alliée des Etats-Unis mais le lien de Washington avec Israël est resté puissant, inébranlable. La concurrence majeure au Proche et au Moyen Orient est celle qui sévit entre Téhéran et Tel Aviv, selon Trita Parsi.

 

Dès le développement de la marine impériale iranienne et des capacités spécifiques de ses aéroglisseurs d’assaut, deux pôles de puissance se juxtaposaient dans l’espace du Proche et du Moyen Orient, et se concurrençaient pour obtenir le titre d’allié privilégié des Etats-Unis. Ce sont ces considérations-là qui prévalent aujourd’hui, en dépit des vicissitudes politiques et indépendamment des discours idéologiques ou religieux, des propagandes médiatiques. Il faut tout de même noter une différence de taille: au temps de la Guerre Froide et de l’existence de l’URSS et du Pacte de Varsovie, la concurrence entre Téhéran et Tel Aviv était moins virulente. Une fois que le grand croquemitaine soviétique s’est retrouvé, dès la fin des années 70, sur la pente du déclin économique et technologique, la concurrence est devenue plus vive, plus âpre. Avec, en filigrane, cette question lancinante: “Laquelle des deux  puissances aura la faveur des Etats-Unis dans un avenir plus ou moins proche?”.

 

Israël est demeuré le favori, vu les affinités idéologiques entre le puritanisme bibliste et un certain sionisme. Mais l’insignifiance, l’exigüité et la fragilité territoriales d’Israël permettent aisément de dire qu’un ordre régional reposant sur une base territoriale et démographique aussi ténue n’est guère tenable à long terme, surtout s’il n’y a plus d’ennemi égyptien ou irakien et si l’ennemi syrien peut être considéré comme quantité négligeable.

 

Pour consolider le projet américain de “Greater Middle East”, il faut un noyau territorial plus vaste et une masse démographique suffisante. Qui plus est, ce territoire et cette population doivent occuper une position centrale, au beau milieu de l’espace que l’on entend organiser et pacifier. Au beau milieu de ce “Greater Middle East”, il n’y a que l’Iran qui puisse tenir ce rôle. C’est exactement ce que disait S.M. le Shah quand elle parlait de l’espace de la “civilisation iranienne”. Le “Greater Middle East” dont rêvent les Américains, afin qu’il leur serve de débouché pour relancer leur économie, n’est rien d’autre qu’un espace qui, en toutes ses parties, à un moment ou à un autre de l’histoire de ces cinq ou six derniers millénaires, a reçu une empreinte, une détermination ou une influence iranienne.

 

Cependant, créer un “Greater Middle East” reviendrait à redonner à l’espace territorial iranien sa centralité impériale pluriséculaire, même après avoir écrasé un Iran islamiste comme le voudraient les faucons du Pentagone. Ensuite à restaurer l’aire de la “civilisation iranienne” qui ne peut accepter que des déterminations issues de sa propre matrice spirituelle, historique, linguistique et géographique.

 

La gestion d’une telle aire civilisationnelle implique justement une diplomatie différenciée, non idéologisée, axée sur le divers du réel proche et moyen-oriental, sur la diversification nécessaire, comme l’avaient préconisé les deux Shahs de la dynastie Pahlavi.

 

Richard Nixon était prêt à laisser l’Iran impérial jouer ce rôle de puissance régionale. Les démocrates qui lui ont succédé, après le Watergate, n’ont pas voulu cette solution et ont soutenu directement tous les adversaires idéologiques ou religieux du régime impérial, y compris les plus farfelus. Washington ne veut pas d’adjudant efficace: ni en Europe ni au Moyen Orient ni en Asie orientale. En dépit des propositions d’alliance irano-américaine, que formule aujourd’hui Robert Baer, dans l’espoir de dégager le contribuable américain de la charge très lourde que constitue le double budget de guerre pour l’Irak et pour l’Afghanistan. D’autant plus que le chaos persiste et s’amplifie dans les deux pays voisins de l’Iran, occupés par les Etats-Unis, l’OTAN et leurs alliés et supplétifs. Robert Baer rêve de voir une armée iranienne prendre le relais des Américains et de l’OTAN en Afghanistan et en Irak. Pour étoffer son plaidoyer, il n’évoque ni un impérialisme iranien dangereux à terme pour l’ensemble de la planète, comme l’ont décrit dans les médias et les faucons israéliens et les porte-paroles des cénacles néo-conservateurs. Ni un Iran devenu puissance nucléaire. Le ton est doux, suave et rationnel. Diamétralement différent du discours néo-conservateur d’Outre-Atlantique ou du discours des anciens mousquetaires de la “nouvelle philosophie”, ici, sur la place de Paris.

 

Mais n’est-ce pas pour enliser l’Iran dans une guerre qu’il n’a pas voulu? Une guerre que son dernier Empereur avait justement voulu éviter en signant les accords d’Alger avec l’Irak et en offrant au Roi Zaher Shah d’Afghanistan une aide fraternelle, ce qui a fait hurler les tenants sourcilleux de la vieille géopolitique anglo-saxonne d’Homer Lea qui ne veulent pas, n’ont jamais voulu, d’une présence iranienne en Afghanistan, ni en 1837 ni en 1857 ni dans les années 70 du XX°siècle. Le malheureux pays des Hazaras et des Pachtounes n’aurait alors connu ni la révolution communiste ni l’occupation soviétique ni le “low intensity warfare” des talibans ni l’invasion occidentale.

 

Les Etats-Unis ont voulu éliminer la politique régionale et la stratégie de diversification de S.M. le Shah. Dans la foulée, ils ont voulu bloquer sa politique d’indépendance énergétique par le développement du nucléaire et par sa participation à EURODIF, qui impliquait un tandem euro-iranien; de même, ils ont voulu briser la coopération entre l’Allemagne, la France, d’autres puissances européennes et l’Iran en tous domaines. Pour cela, ils ont créé les conditions qui ont mené à trente ans de gâchis, d’isolement, de boycot, de guerre, de ruine et de désolation.

 

Pour voir in fine ressurgir un Iran, certes affaibli, en deçà des potentialités que lui réservait la politique impériale, mais un Iran, qui, par le poids de l’histoire et de la géographie, reste, en dépit de toutes les avanies qu’il a subies, la puissance principale de la région; que l’on a le culot, aujourd’hui à Washington, de solliciter à nouveau comme allié, alors que l’on avait repoussé les timides ouvertures de Khatami et de son “dialogue des civilisations”, afin de couler sa politique et de faire accéder au pouvoir Ahmadinedjad, que l’on pouvait facilement diaboliser dans les médias afin de poursuivre la politique d’ostracisme à l’endroit de l’Iran, désormais encerclé par les armées américaines campées en Irak et en Afghanistan, sans compter les bases de l’Ouzbékistan et du Kirghizistan, à l’avenir mal assuré, il est vrai.

 

Une partie de l’établissement américain cherche désormais à renouer avec l’Iran pour éviter que son potentiel ne favorise les stratégies russes, tandis que l’Europe ne joue plus aucune politique “pro-active” dans la région la plus hautement stratégique de la planète.

 

La politique impériale de l’Iran avait le mérite, l’immense mérite, de la profondeur temporelle. Le recours à l’histoire pluri-millénaire de la région, depuis l’arrivée des Proto-Iraniens en Asie centrale puis sur les hauts plateaux de l’Iran actuel, était un atout politique extraordinaire, celui que procure en toutes choses la longue mémoire. Elle confère à l’intelligence politique les vertus de la stabilité, de la tempérance, selon le principe zoroastrien qu’il faut avoir de bonnes pensées, dire de bonnes paroles et mener de bonnes actions, exactement comme tout catholique se marque le front, les lèvres et la poitrine d’une croix avant d’écouter l’Evangile dominical. Un rite hérité de la tradition perse!

 

Délibérément, ce pari pour la plus longue mémoire se heurtait à la notion de “jahilliya” chez les islamistes et les wahhabites, pour laquelle toute l’histoire pré-islamique relève d’un “âge d’ignorance”, indigne de l’attention du croyant. L’islamisme n’est certes pas la seule force politique en ce monde à considérer le passé comme obscur et dépourvu de valeur ou d’intérêt. Le républicanisme français ou l’idéologie américaine ont la nette tendance à juger inférieur tout ce qui a précédé 1789 ou 1776. Et à agir en zélote contre tous les vestiges politiques, juridiques ou institutionnels hérités des Anciens, avec cette acribie du converti qu’observe Naipaul, Prix Nobel de littérature, dans tous ses ouvrages sur la civilisation indienne et sa périphérie, notamment indonésienne, contrecarrée dans son élan par l’islamisation qui provoque une cassure et un malaise, qui ne guérit jamais.

 

L’histoire iranienne et l’oeuvre de la dynastie Pahlavi nous rappellent que tout passé, de gloire ou de misère, de splendeur ou de désespoir, que tout passé aussi éloigné fût-il, oblige le souverain comme le soldat, le clerc comme le plus humble des sujets. Que cette notion d’obligation politique et historique descende sur nos têtes et en nos têtes, comme une Pentecôte qui nous donnerait la Kwarnah, le feu de gloire et de victoire.

 

Et c’est là la grande leçon à méditer, si nous voulons être et demeurer des Perséides.

 

Je vous remercie.

 

(écrit à Forest-Flotzenberg, 4 & 5 février 2009).

 

Ont participé à ce Colloque sur l’Iran du “Mémorial des Rois” à Paris, le 7 février 2009, aux Invalides à Paris, sous la présidence de Monsoieur Chahpour Sadler: 

-          Prof. Jean Haudry, sur “la royauté indo-européenne dans la tradition avestique”;

-          Prof. Charles-Henry de Fouchecour, sur “Ferdoussi et le Chahanmeh, le “Livre des Rois””;

-          André Pertuzio, sur “l’Iran et le problème pétrolier”;

-          Joseph-Antoine Santa-Croce, sur “les splendeurs de Persépolis”;

-          Laurent-Arthur du Pléssis, sur “l’Iran et la prochaine guerre mondiale”;

-          Robert Steuckers (intervention in extenso ci-dessus).

-          Le général Pierre-Marie Gallois est intervenu par le truchement d’un entretien filmé, sur “Carter, Giscard d’Estaing et la révolution islamiste”.

00:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iran, moyen orient, surréalisme, islamisme, islam, chiisme, perse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 14 février 2009

Defensa del antiamericanismo

Defensa del antiamericanismo

Augusto Klappenbach

Público

En estos tiempos políticamente correctos suele decirse que las críticas a Estados Unidos no hay que interpretarlas como antiamericanismo sino como cuestionamientos a la política de algunos de sus gobernantes, como sucedió especialmente durante el mandato de Bush. Así, el pueblo español –y muchos otros pueblos– no sería antiamericano sino enemigo de una política concreta, de la cual la guerra de Irak sería el mejor ejemplo. Con la llegada al poder de Barack Obama este prejuicio habría desaparecido y se iniciaría una época de entendimiento entre culturas que comparten los mismos valores.

Creo, sin embargo, que esta concesión a la corrección política es excesiva: las reservas antiamericanas de muchos –entre los cuales me incluyo– no se limitan a rechazar determinadas decisiones políticas del gobierno de Estados Unidos, sino que incluyen el rechazo a una forma de vida, a una determinada jerarquía de valores en muchos sentidos opuesta a nuestra manera de concebir la vida social.

Es conocida la tesis, desarrollada hace tiempo por Max Weber, acerca de la ética protestante y el capitalismo. La riqueza es señal de predestinación: la prosperidad material indica que Dios ve con buenos ojos a quien triunfa en este mundo, triunfo que preludia la bienaventuranza eterna. Probablemente ningún país ha tomado más en serio esta tesis: dos de los rasgos característicos del american way of life son precisamente la religión y el éxito económico. No es casual la inscripción del lema In God we trust en los billetes de dólar. Y este éxito económico, que conlleva la correspondiente superioridad científica, tecnológica y militar, trae consigo otra característica cultural que se sigue de las anteriores: su conciencia de pueblo elegido.

De este modo, tres notas distintivas de su cultura se articulan entre sí y se refuerzan recíprocamente: la riqueza, la religión y el patriotismo. Tres valores muy discutibles tomados por separado, pero sumamente peligrosos cuando se juntan y que explican buena parte de las actitudes antiamericanas. La prepotencia en su gestión de las relaciones internacionales, sustentada en el formidable poder nacido de sus posibilidades económicas y militares, resulta sacralizada por la creencia de que han recibido una misión de la que sólo a Dios –o, en su versión secularizada, a la Historia– deben rendir cuentas. Todo lo cual es compatible con una moral privada que en ocasiones roza el puritanismo: una moral sexual que ayuda a mantener actitudes de autocontrol y culpabilidad sumamente útiles para el control social, así como la pena de muerte vigente en varios Estados, que cumple la función ideológica de limitar la responsabilidad al ámbito individual y su eliminación definitiva por la desaparición del sujeto culpable.
La prosperidad económica que hace posible esta prepotencia se sustenta a su vez en una concepción
darwinista de la historia, compatible con la interpretación protestante de la prosperidad material. La historia humana debe imitar el modelo de la selección natural si quiere seguir avanzando, lo cual constituye una manera de adecuar la estructura social a los signos de la predilección divina: los triunfadores son los elegidos. La sociedad se concibe así como una continua competencia entre individuos que, como toda competencia, produce vencedores y perdedores, estableciendo un principio según el cual los individuos más fuertes y hábiles tienen más derecho que los débiles incluso a la satisfacción de sus necesidades básicas. De tal modo que, por ejemplo, un individuo de escasos recursos económicos no puede permitirse un tratamiento médico de alto coste o una buena educación. Por supuesto que en Europa no somos ajenos a estas desigualdades, pero lo que aún queda del estado de bienestar permite matizar ese darwinismo social, al menos en lo que se refiere a las necesidades básicas.

Esta exaltación de la competencia entre individuos genera una ideología que desconfía sistemáticamente de lo público y deposita su confianza en la iniciativa privada. Es decir, que pone las decisiones que atañen a la sociedad en manos anónimas que concentran el poder económico, hurtándolas a la posibilidad de publicidad y crítica que ofrece, si bien limitadamente, la gestión pública. Esa desconfianza hacia lo público desvía a la iniciativa privada a actividades que en el modelo social europeo son competencia de los Estados, como muchas tareas asistenciales y de seguridad.
Aun cuando se advierten en Europa muchas tendencias afines al modelo americano, el europeo medio tiene una concepción de la vida pública mucho más laica y menos mesiánica: no se le ocurre vincular el destino de su nación a valores religiosos o a misiones históricas. Si prescindimos de los brotes nacionalistas, que requieren un tratamiento aparte, su tipo de patriotismo, cuando lo tiene, es mucho más secular y abierto a la crítica de su propio país. Por otra parte exige una presencia mucho mayor del Estado en la vida social: la sanidad, la educación, las pensiones de jubilación, la atención a los mayores son temas que el europeo incluye en la esfera de los deberes públicos y resultan decisivos en la elección de sus gobernantes, aun cuando individualmente prefiera en ocasiones la oferta privada de esos servicios.

La llegada de Obama a la presidencia abre la posibilidad de que algunas de estas cuestiones se revisen y se acorte la distancia cultural entre Estados Unidos y el resto del mundo. Sin embargo, habría que evitar las excesivas ilusiones que conducen a desilusiones tan excesivas como aquellas. La manera de “estar en el mundo” de una nación no se cambia radicalmente por un proceso electoral.

Augusto Klappenbach es Filósofo y escritor

http://blogs.publico.es/dominiopublico/1070/defensa-del-antiamericanismo/

vendredi, 13 février 2009

Ayméric Chauprade contre-attaque...

Aymeric Chauprade contre-attaque...

SOURCE : LE SALON BEIGE

 

salvador-dali-04.jpgInterrogé dans le Libre Journal d’Emmanuel Ratier sur Radio Courtoisie, le professeur de géopolitique des officiers supérieurs de l'Armée française a déclaré qu'il n'adhérait pas aux théories alternatives sur le 11 septembre. Néanmoins, dans le cadre de son ouvrage sur le choc des civilisations, il avait estimé que ces théories, scientifiquement intéressantes, avaient leur place. De plus, en tant qu'analyste, il se permet librement de douter du rapport officiel américain sur les attentats, doute qui ne le fait toutefois pas adhérer aux théories pour lesquelles il a été brutalement exclu. Il fait remarquer que les Américains sont capables de mentir pour arriver à leurs fins, comme l'a montré la fausse accusation à l'égard de l'Irak de Saddam Hussein concernant les armes de destructions massives. En outre, il rappelle qu'aux Etats-Unis, ce débat est ouvert et libre. Et de constater, mais on le savait, que la liberté d'expression n'existe plus en France.

 

Convaincu d'avoir été écarté en raison de ses idées, il poursuivra le ministre de la Défense en justice pour discrimination. Il a en outre accusé un lobby de type "néo-conservateur" français, proche des intérêts américains, d'avoir voulu lui nuire en raison de ses critiques à l’égard de l’hégémonie américaine..

Michel Janva