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vendredi, 20 décembre 2013

Les États-Unis reformatent le Moyen-Orient

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Les États-Unis reformatent le Moyen-Orient
 
Ils veulent imposer les valeurs occidentales

Actualidad.rt *
Ex: http://metamag.fr
 
"Les États-Unis sont en train de reformater le Grand Moyen-Orient pour lui imposer les standards nord-américains”, affirme le Directeur du Centre de Géopolitique de Russie, Valeri Korovin. 

Aux dires de ce géopolitologue, Washington a mis en œuvre un plan de réorganisation du « Grand Moyen-Orient » dès 2004, bien avant le début du Printemps Arabe. L’expression « Greater Middle East » est un terme utilisé par le président George W. Bush et son administration pour désigner un espace s'étendant du Maghreb et de la Mauritanie au Pakistan et à l'Afghanistan, en passant par la Turquie, le Machrek et l'ensemble de la péninsule Arabique.

Le processus de reformatage consiste, selon cet expert, à désorganiser la structure sociale traditionnelle de la région. « Y est conduit un processus de désorganisation qui vise à imposer les valeurs libérales occidentales, fondées sur l'individu, c'est-à-dire sur un être atomisé ». Pour y parvenir, il convient au préalable de détruire la subjectivité collective, comme facteur constitutif de la base de l’ordre social des États et peuples traditionnels », explique Korovin, cité par le journal « Vzgliad ». 

Selon lui, pour atteindre leur objectif, les États-Unis utilisent la théorie du « chaos contrôlé », tel que théorisé par Stephen Mann. “Certains processus, qui ne semblent réglés que par leur propre mouvement et se mouvoir de façon purement chaotique, finissent  par atteindre des objectifs dûment prédéterminés », précise le Directeur du Centre de Géopolitique de Russie.  

« Par conséquent, le chaos introduit de l'extérieur provoque un résultat prédéterminé. Le Moyen-Orient est ainsi entré dans un processus de désorganisation de son espace social propre à établir la démocratie étasunienne dans la région », affirme cet expert. 

Celui-ci ajoute que Washington, après avoir engagé ses manœuvres de désorganisation, commence à fragmenter l'espace social pour y favoriser la pénétration des valeurs libérales nord-américaines. L'expert russe souligne que ces menées sont bien connues de la Russie, pays qui a subi le même processus à la fin des années 90, après la chute de l'URSS. 

Korovin pense que c'est ce plan « Grand Moyen-Orient » qui est appliqué en Syrie, « où se répète le scénario libyen », ainsi que dans d'autres pays du Moyen-Orient. « Mais l'objectif principal dans la région est l'Iran », conclut cet expert. 

Source: actualidad.rt.com

*Traduit de l'espagnol par Lucas Navarro

jeudi, 19 décembre 2013

Les Japonais et la Guerre de l'Asie-Pacifique

Les Japonais et la Guerre de l'Asie-Pacifique
 
De la tragédie au mythe

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

Le livre de Michael Lucken, Les Japonais et la guerre (1937-1952), est un ouvrage qui fera date dans l'historiographie du Japon contemporain autant par l'originalité et la pertinence de l'approche méthodologique que par l'acuité des idées exprimées par son auteur. 


9782213661414-G.jpgMichael Lucken est professeur des université près l'Institut des langues et des civilisations orientales, spécialiste de l'art japonais, spécialité qui est une des pièces maîtresse du dispositif analytique et des sources exploitées par l’auteur pour saisir notamment les mécanismes psychologiques ayant animé les Japonais pendant la guerre de l'Asie-pacifique et l'immédiat après-guerre (fin de l'occupation américaine). Rien de plus précieux en effet, en une période où la parole publique n'est pas nécessairement libre, que de recourir aux sources littéraires, graphiques et visuelles pour saisir l'ampleur affective du drame, son appropriation par les Japonais et son instrumentalisation par les pouvoirs politiques nippons et américains. 

Il suffit de garder en mémoire les passages poignants de Shûsako Endô, notamment dans son roman Le fleuve sacré, pour apprécier l'impact sur cet auteur lorsqu'il fût informé a posteriori des actes de cannibalisme commis par des soldats affamés, harcelés et en déroute en pleine jungle de Birmanie. L'ombre de la guerre se pose aussi implicitement ou explicitement dans les réalisations cinématographiques et la bande dessinée contemporaines (films, anime, manga). Surtout, Michael Lucken, qui a exploité une importante quantité de sources japonaises, nous démontre comment la Seconde Guerre mondiale est devenue « une figure mythique » au Japon. Il nous explique comment la fin du conflit, et en particulier le drame des bombes atomiques, a été exploitée par l'empereur et sa chancellerie pour assurer, avec le consentement des autorités américaines d'occupation (SCAP), la survie et la permanence de l'institution impériale au prix du sacrifices de nombreuses vies humaines, d'une interprétation et d'une manipulation de la réalité historique. Ce thème est abordé dans la seconde partie de l’ouvrage et apporte un éclairage sur les enjeux mémoriels et politiques actuellement en jeu en Asie.

L’auteur relate peu les crimes commis par l'armée japonaise en guerre. Cela a déjà été traité par Jean-Louis Margolin (Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945, Grand Pluriel, 2009) et les campagnes militaires, ce n'est pas l'objet principal de son livre. Il a surtout étudié le vécu de l'arrière, l'impact de la guerre sur le quotidien : une guerre d'abord coloniale et lointaine, et qui devient de plus en plus présente en raison d'un plus grand embrigadement du corps social, de l'accroissement du nombre des tués et des bombardements alliés. Le lecteur pourra être choqué par le mépris des autorités pour leurs soldats, et en particulier du problème du rapatriement des ossements des morts au combat : pour les Japonais, le respect aux défunts et le deuil des familles est conditionné par le retour des cendres, de restes ou d'effets personnels du défunt ; or, la réalité des engagements armés ne le permettant pas toujours, les autorités militaires japonaises ont multipliés les expédients, et même préconisé le prélèvement in vivo et anticipé de reliques, principalement les phanères (à l'instar des pilotes de kamikaze qui avaient la tête rasée, à l'exception d'une mèche de cheveux destinée à être envoyée aux proches du héros). Ce mépris a ouvert très tôt les portes à toutes les sollicitations au sacrifice : si la valorisation et la pratique d’offrir héroïquement sa vie au combat est ancienne au Japon (et pas uniquement japonaise, l'auteur explique brillamment l'influence de la pensée occidentale au Japon, et en particulier Romain Rolland), c’est surtout l’exemple des trois soldats qui se seraient délibérément sacrifiés à Shangai le 22 février 1932 en transportant un tube de Bangalore (explosif servant à faire des brèches dans les fortifications ou lignes de barbelées adverses) que les contemporains de la guerre ont en mémoire : ces « trois bombes humaines » ou « projectiles de chair » sont à l’origine du terme « nikudan », largement employé dans la presse pour désigner les soldats prêts à mourir dans une mission sans retour. L'épisode des kamikaze se situe dans cette continuité, mais avec une intensité supérieure, car le Japon se trouve devant le gouffre de la défaite...


Enfin, Michael Lucken nous éclaire sur la dimension romantique de l'engagement patriotique de la population japonaise qui pensait sincèrement que l'occupation nippone en Asie serait temporaire, le temps nécessaire d' « éclairer spirituellement » les populations des pays conquis... Malgré la brièveté de la présence des armées impériales, le message d'émancipation véhiculé à l'époque a porté ses fruits, comme en témoigne la vague de décolonisation asiatique. Nous est révélée l'irrationalité et le romantisme du peuple et des élites nippons dans le déclenchement et la poursuite d'une guerre avec de faibles, voire aucune, perspectives de victoire. « Le Japon enfermé dans la modernité occidentale (…) n'avait d'autres solutions (…) que de se lancer dans la guerre, pour que les individus puissent ainsi une dernière fois sentir et prolonger la pureté du souffle national. Il n'y avait à l'horizon ni paix ni après-guerre, seul importait un engagement immédiat, complet et sans retour. La lumière se trouverait dans la ruine. » 


Michael Lucken, Les Japonais et la guerre (1937-1952), Fayard, 2013, 399 p.

jeudi, 12 décembre 2013

Flanker diplomacy: Win-win for India in Asia

The induction of advanced Flanker aircraft in Asian air forces is proving to be an unexpected windfall for India. As a maintenance hub for Sukhoi-27/30 Flanker series aircraft and by training foreign fighter pilots, the country earns a substantial amount of money. But more importantly, it strengthens New Delhi’s ties with the region.

Neutralising Indonesia

In October 2013, India agreed to train and support the Indonesian Air Force in operating its fleet of Sukhoi fighters. The Indonesians currently operate both Su-27 and Su-30 jets, with the latest batch of Flankers arriving last month.

According to the agreement, which was arrived at during the Indian defence minister’s trip to Jakarta, India and Indonesia will cooperate in the areas of training, technical help and spares support.

In the past Jakarta had a pact with China to train its pilots and provide technical support for its Flanker fleet. But Jakarta has now veered round to the view that the Indian Air Force (IAF) is an ideal mentor. For, the IAF has earned a worldwide reputation as a dogfight duke after beating the powerful US Air Force in a series of Cope India air exercises. Plus, in three wars – in 1965, 1971 and 1999 – it has routed the Pakistan Air Force, which is no chump.

Given that India will have one of the largest Flanker fleets in the world once all the planned 272 Sukhoi jets enter service, Indonesia’s decision to change fighter gurus is understandable. Indonesian officials will hold talks with a high-level IAF team to finalise details of the training and spares support package.

Besides Flanker servicing and training of pilots, India and Indonesia will significantly enhance their defence cooperation. “The two sides exchanged views on issues relating to regional and global security, bilateral exercises involving services, training, co-production of defence equipment and ammunition and visits at high levels,” said an Indian Defence Ministry spokesman.

Joint synergies

Defense Industry Daily explains the significance of the India-Indonesia Flanker deal: “The move will have an importance that goes far beyond its dollar value, as it’s part of a wider set of enhanced defence cooperation agreements the two countries are reportedly pursuing.”

DID adds: “Indonesia isn’t looking to antagonise China, but China’s aggressive claims in the South China Sea are contrasting poorly with India’s support for freedom of navigation, and for multilateral resolution of the disputes under international law. The result is an important Indonesian tilt toward more cooperation with India, which fits very well with India’s own strategic priorities.”

Malaysian fleet

India also plays a role in helping the Royal Malaysian Air Force (RMAF) to maintain its fleet. While Sukhoi is the main contractor for supplying Su-30s MKMs, the aircraft’s canards, stabilisers and fins are manufactured by India’s Hindustan Aeronautics Limited at Nasik under a $25-30 million value subcontract.

In 2008 India accepted Malaysia’s request to train the Royal Malaysian Air Force (RMAF) personnel on the operation and maintenance of its Su-30 MKM fighters. “The initial training for the RMAF personnel was conducted in India by HAL and IAF,” says the website of the Indian diplomatic mission in Kuala Lumpur.

“Subsequently, a composite team of flying and technical training instructors was deployed at Gong Kedah Base as part of Indian Air Force Training Team (IAFTT) for two and a half years to impart the training. The training successfully concluded in Sep 2010. The IAFTT team personnel were felicitated in a special ceremony prior to their departure by General Dato Sri Rodzali bin Daud, Chief of the RMAF.

Vietnam spinoffs

Flanker cooperation has had another spinoff. India’s success in mating the BrahMos cruise missile with its Sukhois has Vietnam showing interest in buying the missile. If the deal goes through, it would mark the first overseas sale of the much talked about missile jointly developed by India and Russia.

A senior Vietnamese delegation that visited New Delhi this month requested India to provide submarine training and conversion training for Vietnamese pilots to fly Sukhoi-30 aircraft.

Strategic moves

Indonesia and Malaysia are both Muslims nations and despite their historic Indic roots, their current religious affiliation makes them lean towards other Muslim nations.

Why is this a concern? Well, in the 1965 India Pakistan War, Indonesia dispatched naval warships to Pakistan to fight against India. Prior to that, when the Communist Party of Indonesia came to power, it sided with communist China. Indonesian leaders soon started voicing claims to the Andaman & Nicobar Islands, and demanded that the Indian Ocean be renamed the “Indonesian Ocean”.

Although Indian military power today is of an order of magnitude higher compared with the 1950s and 60s, and the Indonesians are unlikely to repeat their reckless gunboat diplomacy, the fact is India wouldn’t want Jakarta and Kuala Lumpur to support Pakistan in any way.

Flanker diplomacy is thus an excellent way to boost defence ties with these two countries. Indonesian and Malaysian military officers working in sync with the IAF will most likely be in India’s corner in an India-Pakistan or India-China conflict.

samedi, 07 décembre 2013

La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie « à l’occidentale » ?

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La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie «à l’occidentale»?

Eric Miné

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie « à l’occidentale » ? C’est la question qui se pose au regard des récents développements de l’épreuve de force engagée depuis plusieurs semaines déjà dans le royaume par l’ancien vice-premier ministre Suthep Thaugsuban et ses alliés – les « jaunes » – contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, sœur du milliardaire en exil Thaksin, déposé lui-même par un coup d’État militaire en 2006. La radicalisation des dernières heures, qui ont vu les opposants prendre le contrôle à Bangkok de plusieurs ministères et de la télévision publique, ainsi que les premiers morts et les heurts violents qui ont eu lieu entre les affidés de la famille Shinawatra – les « rouges » – et les étudiants de l’université Ramkhamhaeng qui n’ont dû leur salut qu’à l’intervention de l’armée, pourraient bien faire basculer celle-ci en faveur d’un mouvement qui tourne à l’insurrection générale. La porte serait dès lors ouverte à une modification substantielle du régime. Là est le véritable enjeu.

Du complexe gouvernemental de Changwathana qu’occupent les chefs de la rébellion réunis sous la bannière du « Comité du Peuple pour la démocratie absolue thaïlandaise sous la monarchie constitutionnelle », Suthep Thaugsuban, avec le soutien du principal parti d’opposition parlementaire, a en effet clairement indiqué son objectif. Constatant que les élections étaient de plus en plus biaisées par les pratiques corruptives d’un capitalisme international sans scrupules abusant de populations naïves – les Shinawatra en étant l’avatar local –, il entend suspendre la démocratie électorale au profit d’institutions plus représentatives de la nation, reprenant en cela pour partie les revendications insatisfaites des ultra-royalistes du Pad qui avaient bloqué en 2010 les aéroports de la capitale et provoqué la chute d’un précédent gouvernement pro-Thaksin. Si ceux-ci voulaient alors tempérer le pouvoir des députés issus du vote par l’instauration à la chambre de corps désignés pérennes – aristocratique, militaire et religieux –, il semble que Suthep inclinerait davantage vers une expression plus corporatiste des volontés du peuple, mais dégagée tout autant d’une contrainte des urnes jugée aujourd’hui sous ces cieux fauteuse de troubles.

Si l’on en juge par l’élan général et l’enthousiasme suscité, nonobstant les médias occidentaux qui ne voudraient voir dans ces événements que la répétition d’une crise sociale récurrente qui verrait s’opposer des « élites citadines gravitant autour du palais » à des « masses rurales défavorisées du nord-est », il s’agit bien là d’une révolte populaire visant à sauver les intérêts vitaux et les valeurs fondatrices d’un pays qui a su jusque là s’accommoder de la mondialisation tout en préservant ses traditions et ses règles. Ce qui est condamné là-bas, c’est précisément notre modèle démocratique prétendument universel, mais de fait idéologique, daté et occidental.

Si l’entreprise de Suthep Thaugsuban devait être couronnée de succès, elle pourrait ainsi donner des idées à d’autres qui souffrent tout autant ailleurs d’un système n’engendrant plus qu’une représentation collective erronée des peuples pour mieux les soumettre à ses dérives financières, consuméristes et totalitaires.

La portée de ce qui se joue aujourd’hui à Bangkok va donc bien au-delà des frontières d’un royaume tropical prisé des touristes pour ses cocotiers et son sourire.

Article publié sur Breizh info cliquez ici

Le blog d'Eric Miné cliquez là

vendredi, 06 décembre 2013

Dollar survival behind US-China tensions

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Dollar survival behind US-China tensions
 
By Finian Cunningham
 
Ex: http://www.presstv.ir
The escalation of military tensions between Washington and Beijing in the East China Sea is superficially over China’s unilateral declaration of an air defense zone. But the real reason for Washington’s ire is the recent Chinese announcement that it is planning to reduce its holdings of the US dollar.


That move to offload some of its 3.5 trillion in US dollar reserves combined with China’s increasing global trade in oil based on national currencies presents a mortal threat to the American petrodollar and the entire American economy.

This threat to US viability - already teetering on bankruptcy, record debt and social meltdown - would explain why Washington has responded with such belligerence to China setting up an Air Defense Identification Zone (ADIZ) last week extending some 400 miles from its coast into the East China Sea.

Beijing said the zone was aimed at halting intrusive military maneuvers by US spy planes over its territory. The US has been conducting military flights over Chinese territory for decades without giving Beijing the slightest notification.

Back in April 2001, a Chinese fighter pilot was killed when his aircraft collided with a US spy plane. The American crew survived, but the incident sparked a diplomatic furor, with Beijing saying that it illustrated Washington’s unlawful and systematic violation of Chinese sovereignty.

Within days of China’s announcement of its new ADIZ last week, the US sent two B52 bombers into the air space without giving the notification of flight paths required by Beijing.

American allies Japan and South Korea also sent military aircraft in defiance of China. Washington dismissed the Chinese declared zone and asserted that the area was international air space.

A second intrusion of China’s claimed air territory involved US surveillance planes and up to 10 Japanese American-made F-15 fighter jets. On that occasion, Beijing has responded more forcefully by scrambling SU-30 and J-10 warplanes, which tailed the offending foreign aircraft.

Many analysts see the latest tensions as part of the ongoing dispute between China and Japan over the islands known, respectively, as the Diaoyu and Senkaku, located in the East China Sea. Both countries claim ownership. The islands are uninhabited but the surrounding sea is a rich fishing ground and the seabed is believed to contain huge reserves of oil and gas.

By claiming the skies over the islands, China appears to be adding to its territorial rights to the contested islands.

In a provocative warning to Beijing, American defense secretary Chuck Hagel this week reiterated that the decades-old US-Japan military pact covers any infringement by China of Japan’s claim on the Diaoyu/Senkaku Islands.

It is hard to justify Washington and Tokyo’s stance on the issue. The islands are much nearer to China’s mainland (250 miles) compared with Japan’s (600 miles). China claims that the islands were part of its territory for centuries until Japan annexed them in 1895 during its imperialist expansion, which eventually led to an all-out invasion and war of aggression on China.

Also, as Beijing points out, the US and its postwar Japanese ally both have declared their own air defense zones. It is indeed inconceivable that Chinese spy planes and bombers could encroach unannounced on the US West Coast without the Pentagon ordering fierce retaliation.

Furthermore, maps show that the American-backed air defense zone extending from Japan’s southern territory is way beyond any reasonable halfway limit between China and Japan. This American-backed arbitrary imposition on Chinese territorial sovereignty is thus seen as an arrogant convention, set up and maintained by Washington for decades.

The US and its controlled news media are absurdly presenting Beijing’s newly declared air defense zone as China “flexing its muscles and stoking tensions.” And Washington is claiming that it is nobly defending its Japanese and South Korea allies from Chinese expansionism.

However, it is the background move by China to ditch the US dollar that is most likely the real cause for Washington’s militarism towards Beijing. The apparent row over the air and sea territory, which China has sound rights to, is but the pretext for the US to mobilize its military and in effect threaten China with aggression.

In recent years, China has been incrementally moving away from US financial hegemony. This hegemony is predicated on the US dollar being the world reserve currency and, by convention, the standard means of payment for international trade and in particular trade in oil. That arrangement is obsolete given the bankrupt state of the US economy. But it allows the US to continue bingeing on credit.

China - the second biggest economy in the world and a top importer of oil - has or is seeking oil trading arrangements with its major suppliers, including Russia, Saudi Arabia, Iran and Venezuela, which will involve the exchange of national currencies. That development presents a grave threat to the petrodollar and its global reserve status.

The latest move by Beijing on November 20 giving notice that it intends to shift its risky foreign exchange holdings of US Treasury notes for a mixture of other currencies is a harbinger that the
American economy’s days are numbered, as Paul Craig Roberts noted last week.

This is of course China’s lawful right to do so, as are its territorial claims. But, in the imperialist, megalomaniac mindset of Washington, the “threat” to the US economy and indebted way of life is perceived as a tacit act of war. That is why Washington is reacting so furiously and desperately to China’s newly declared air corridor. It is a pretext for the US to clench an iron fist.

FC/HJL
 
Finian Cunningham (born 1963) has written extensively on international affairs, with articles published in several languages. He is a Master’s graduate in Agricultural Chemistry and worked as a scientific editor for the Royal Society of Chemistry, Cambridge, England, before pursuing a career in journalism. He is also a musician and songwriter. For nearly 20 years, he worked as an editor and writer in major news media organisations, including The Mirror, Irish Times and Independent. Originally from Belfast, Ireland, he is now located in East Africa as a freelance journalist, where he is writing a book on Bahrain and the Arab Spring, based on eyewitness experience working in the Persian Gulf as an editor of a business magazine and subsequently as a freelance news correspondent. The author was deported from Bahrain in June 2011 because of his critical journalism in which he highlighted systematic human rights violations by regime forces. He is now a columnist on international politics for Press TV and the Strategic Culture Foundation.

mercredi, 04 décembre 2013

QUAND LA CHINE VACILLERA, LE MONDE TREMBLERA

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QUAND LA CHINE VACILLERA, LE MONDE TREMBLERA

Le cauchemar écologique

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

9782842802233.jpgChine : le cauchemar écologique est le titre du dernier ouvrage de Sébastien le Belzic, correspondant de presse en Chine et romancier (Le lotus et le dragon, éditions Zinedi, 2003). Ce livre a été écrit à partir des données et des enquêtes de terrain qu'il a pu effectuer sur place en contact des acteurs du drame écologique (militants d'ONG, victimes des pollutions).  Sur la forme, ce  livre de 109 pages est très agréable à lire et bien documenté, mais une bibliographie, même sommaire aurait été la bienvenue. L'auteur a pris soin d'intégrer des petits encarts récapitulant les points ou les chiffres clefs des phénomènes observés. Sébastien Le Belzic souhaite informer, alerter à partir des informations qu'il a pu collecter pour ses reportages.


Sur le fond, oui, la Chine, deuxième économie mondiale, est bien le premier pollueur de la planète. Ceci, on le savait déjà, mais Sébastien Le Belzic nous apporte des précisions, des faits concrets et des informations, souvent de première main, très inquiétantes sur les conditions sanitaires en Chine, mais aussi sur la résistance des populations aux abus des autorités. Les mouvements de contestation populaire sont importants, 500 manifestations quotidiennes, et ceci en dépit de la censure et des risques sur la personne. Les informations circulent via le réseau Twitter chinois, Weibo, facilitant ainsi l'organisation d'actes revendicatifs et l'information des ONG, chargée de la défense de l'environnement... ONG, qui nous paraissent, selon notre point de vue, remplir une mission ambiguë de protection de l'environnement et d'outils de dépréciation de l'image de la Chine au service des Ėtats-Unis, car la guerre économique fait rage entre les deux supers-grands : Ma Jun, d'abord journaliste d'investigation (donc un « opposant »), a été officiellement promu directeur de l'Institut des Affaires publiques et Environnementales, puis classé par la « voix de l'Amérique », The Times, parmi les 100 personnes les plus influentes du monde...  

Une résistance des plus légitime


On ne compte plus les villages aux populations ravagées par des épidémies de cancer (plus de 450) : statistiquement, les cancers du poumon ont augmenté de 645% ; une hausse de 98% des accidents industriels depuis 2010 dans une économie en surchauffe, au sein d'entreprises peu intéressées par les conditions de travail de ses ouvriers. 


L'auteur nous présente le cas des « ateliers de la sueur d'Apple » dans les maquiladoras chinois où règnent le travail des mineurs, les discriminations à l'embauche, les heures supplémentaires imposées et non payées, un taux de suicide record, les expositions aux produits chimiques... Sébastien le Belzic nous expose d'autres affaires, comme celles du lait contaminé et autres gourmandises empoisonnées qui ont mis un coup de projecteur sur la mauvaise qualité de certains produits chinois. Les « contrôles qualités » se sont renforcés, mais beaucoup de produits destinés à l'export ne quittent pas les usines ou restent à quai : 51% des aliments chinois ayant fait l'objet d'audits sont impropres à la consommation ou facteurs de risques sanitaires... Parmi les sujets les plus préoccupants : les biotechnologies. Outre les OGM, qui sont censées résoudre en partie les problèmes alimentaires du pays, les scientifiques chinois lorgnent du côté du clonage des embryons humains pour s'emparer du juteux marché des transplantations d'organes : le professeur de philosophie près l'Académie des Sciences sociales de Chine, Qiu Renzong aurait déclaré : « Selon la pensée confucianiste, une personne n'est considérée comme un être humain qu'après sa naissance. Les embryons et les fœtus ne sont donc pas des êtres humains (…) C'est la raison pour laquelle, il n'y a pas de problème pour les Chinois à détruire des embryons humains pour conduire les recherches sur les cellules souches ». Si Confucius l'a dit... La lecture de cet ouvrage ouvre de nombreuses pistes de réflexions dépassant le cadre, déjà catastrophique des problèmes sanitaires et environnementaux. J'en retiendrai deux. Tout d'abord, la montée d'une résistance citoyenne qui tôt ou tard va finir par prendre dessus : et, à ce moment-là, si la crise économique et sociale chinoise ne peut être canalisée, le vacillement chinois aura une répercussion planétaire (pensons aux risques de conflits avec les voisins asiatiques de la Chine, la fuite des bons du trésor chinois investis aux Ėtats-Unis, etc.). Enfin, si dans une perspective « plus heureuse » pour les Chinois, leur pays venait à se hisser à la tête des premières puissances économiques du monde, on peut s'interroger sur les valeurs offertes par ce nouveau modèle.... Un capitalisme pragmatique et sauvage, certes. Un idéal ? Une projet de société ? Probablement aucun.


Chine : le cauchemar écologique, de Sébastien Le Belzic, Editions SEPIA

lundi, 02 décembre 2013

Tajikistan remains of highest strategic value for Russia and India

Tajikistan remains of highest strategic value for Russia and India

 

Relations with Russia are of a dual nature, although it is believed that Tajikistan is one of the main allies in the region. Photo: Tajik President Emomali Rahmon (L) and Vladimir Putin. Source: Olesya Kurlyaeva/RG

Few were surprised that acting head of the state President Emomali Rahmon won the Tajikistan presidential elections with 83.6 percent of the votes. Experts believe that the courses taken by Emomali Rahmon in the last ten years will continue. This means that the coming years will be very difficult for both the president and his country.

A complete economic collapse in Tajikistan and instability in the neighboring Afghanistan, which the U.S. military will partially vacate next year, may lead to internal disturbances in the republic. To keep the situation under control Rahmon is trying to follow a multi-vector foreign policy, relying, in extreme cases, for outside help.

Relations with Russia are of a dual nature, although it is believed that Tajikistan is one of the main allies in the region. The republic accommodates the 201st Russian military base, which will remain there until 2042 according to the agreement. However, the ratification of the relevant treaty was delayed by the parliament, controlled by Rahmon for a whole year. All this time, Tajikistan extracted various concessions out of Russia.

The Ayni conondrum

Rahmon promised to rent out the Ayni military airfield near the Tajik capital to India, Russia and the US. All three countries are interested in obtaining the lease of the site. However, the president’s "multi-vector" policy complicated the situation so much that now the potential tenants are unclear about the status of the base.

India spent a significant amount of money over the last decade developing Ayni, hoping that it would be a major base for the strategically important region. New Delhi is very serious on the Ayni air base project to gain a strategic foothold in Central Asia and improve its C3I (Command, Control, Communications and Intelligence) network to fortify its operations in Afghanistan and keep a close eye on Pakistan. India has however met with Russian resistance as Moscow has been unrelenting in its stand that it doesn’t want foreign powers to deploy fighter aircraft in its backyard and a former territory.

Ayni Air Force Base, also known as Gissar Air Base, is a military air base in Tajikistan, just 10 km west of the capital Dushanbe, which served as a major military base of the Soviet Union in the Cold War era.

The situation with Ayni shows that Tajikistan is not really in position to sign a consistent and binding agreement and that Dushanbe may be left with nothing.  “Rahmon will seek preferences in the supply of arms in lieu of renting out the base,” says Azhdar Kurtov, an expert of the Russian Institute of Strategic Studies.

Dushanbe’s bargaining chips

In exchange for the ratification of the agreement on the 201st Russian military base, Moscow promised to expand a free education program in Russian military academies for citizens of Tajikistan and to provide $200 million worth of arms to the republic. In addition, Moscow has modified work permit laws for citizens of Tajikistan, allowing them to work in Russia for up to 3 years. This is relevant for Dushanbe - according to the Russian Federal Migration Service there are more than 1.2 million citizens of Tajikistan in Russia, who this year alone remitted $3.5 billion to their home country.

However, even such a dangerous dependence on Moscow does not discourage Dushanbe from demonstrating its activity in relation to other countries. For example, until recently it seemed that the US was paying considerable attention to Tajikistan. For a while, the United States and NATO were sizing the option to withdraw troops from Afghanistan via Tajikistan, but Pakistan’s conditions regarding this issue were far more suitable for the West.

Such behaviour periodically makes experts say that Tajikistan is slipping away from Russia’s influence to China, India, Iran, or even the United States. Elena Kuzmina, Manager of the Sector for Economic Development at the Institute of the economy of post-Soviet states recognizes that in the past two years, in fact, it was China that has become a major trading partner and investor in Tajikistan. Russia is only in the second place. Chinese investment accounted for 40 percent of total investments in the Tajik economy. In addition, China provides grants for the construction of infrastructure projects. With the support of the Celestial Empire, Tajikistan was able to implement large-scale projects in the energy and communication sectors.

“It would still be improper to say that Tajikistan is moving away from Russia,” says Kuzmina. There is cooperation between Moscow and Dushanbe in many areas. According to Kuzmina, it would be more accurate to say that Tajikistan has expanded the scope of its economic interests, and will continue to try to expand and diversify its cooperation with various countries.

Azhdar Kurtov also believes that there will be no sharp geopolitical fluctuations, not to mention a change of Dushanbe’s main external partner. “The republic has no oil or gas and because of the high-altitude terrain, production of other resources is more expensive.  Its geographical location does not allow the deployment of a large-scale construction, including, for example, transport communications, which Tajikistan has pinned high hopes on. Attempts to refocus on Iran by creating a union of three Persian-speaking countries (Tajikistan, Iran and Afghanistan), were not successful, “Kurtov said.

L’Océan Pacifique est-il devenu radioactif ?

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APRES FUKUSHIMA…

L’Océan Pacifique est-il devenu radioactif ?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Il faut de l’abnégation et chercher l’information pour entendre parler de Fukushima. Or on apprend assez vite que de l’eau hautement radioactive en provenance des ruines de la centrale de Fukushima se déverserait toujours dans l’océan Pacifique, créant un état d’urgence sanitaire difficilement maîtrisable selon les propres dires d’un responsable de l’agence industrielle Tepco, en charge de la gestion des équipements nucléaires japonais. 

Le problème aurait deux sources : l’eau souterraine contaminée et l’eau stockée dans des réservoirs dont une partie s’écoulerait, suite à des fuites. 300 tonnes d’eau contaminée aurait ainsi déjà atteint la mer, a reconnu Tepco au mois d’Août dernier. Mais les autorités japonaises continuent de nier et affirment que l’Océan Pacifique n’a jamais été atteint ou que le total cumulé d’éléments radioactifs s’écoulant en mer s’inscrirait dans des limites légales et autorisées pour la santé. Qui croire ? Les déclarations ou les cartes de radioactivité des chercheurs indépendants ?
 
Des mesures de contention ont été prises, tel qu’un système de décontamination prévu pour traiter 500 tonnes d’eau par jour ou encore le pompage de l’eau avant qu’elle n’atteigne la mer et enfin, la construction d’une barrière sous-marine qui a débutée en mai 2012 et qui sera achevée en septembre 2014. 

Toutes ces mesures reconnaissent donc bien que le système de décontamination existant n’est pas complètement opérationnel et qu’en tout cas, il est nécessaire. En outre, le chef de l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise a déclaré en octobre qu’une brèche avait été détectée dans une barrière souterraine laissant émerger de l’eau contaminée dans des quantités supérieures à la radioactivité légalement admise. 

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Tepco a répliqué aussitôt en indiquant : “Nous ne savons toujours pas pourquoi le niveau de radiation a bondi, mais nous poursuivons les efforts pour éviter une nouvelle expansion de la contamination”. S’il a souvent été reproché aux autorités japonaises une certaine opacité sur la question, des chercheurs indépendants souvent américains ou canadiens se penchent régulièrement sur le sujet et leurs estimations sont alarmantes. Ce seraient des quantités extrêmement dangereuses de strontium, tritium et césium qui se seraient échappés de Fukushima pour se déverser dans tout l’Hémisphère Nord portés par les courants, la pluie et le vent. 

Face aux derniers aveux de Tepco, les risques semblent bien tangibles et s’étendraient, selon les spécialistes, sur toute la côte ouest des Etats-Unis et cette pollution radioactive pourrait potentiellement affecter la vie marine et la santé de millions de personnes vivant dans l’hémisphère nord au bord des côtes du Pacifique. 

Ce que craignent surtout les spécialistes, c’est un nouveau séisme, un de ces tremblements de terre dévastateurs dont le Japon est coutumier. La revue “The New Scientist” a tenu à préciser que la centrale nucléaire de Fukushima contenait à l’origine 1760 tonnes de matières nucléaires alors que Tchernobyl en contenait 180. Mais vous l’aurez noté, on parle beaucoup moins de Fukushima en France malgré la Polynésie française toute proche. 

dimanche, 01 décembre 2013

B52 EN ASIE : UNE PENTE DANGEREUSE

 

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B52 EN ASIE : UNE PENTE DANGEREUSE

Les stratèges américains en plein chambardement

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Nous l’avions écrit: le prochain théâtre de guerre sera asiatique et en partie maritime (l’Océan Pacifique). Deux bombardiers américains B-52 ont pénétré dans la très controversée « zone aérienne d'identification » (ZAI) mise en place par la Chine.  Cette zone est récente et même très récente puisque elle date tout simplement de samedi dernier ! On nous dit que les Etats-Unis n’en auraient pas référé à Pékin mais heureusement puisque cette ZAI n’existe pas dans les textes ! Les avions US, qui n'embarquaient aucune arme mais sans doute de bons outils de renseignements, ont décollé de l'île de Guam dans le Pacifique lundi soit à peine deux jours après l’annonce unilatérale chinoise. Le soutien des Américains à leur allié japonais est donc total.

Aucun plan de vol n'avait été déposé au préalable auprès de la Chine et la mission s'est déroulée "sans incident". Les deux avions sont restés "moins d'une heure", - ce qui est assez long - dans la dite "zone aérienne d'identification". Ils attendaient sans doute les avions de chasse chinois que Pékin s’est bien gardé d’envoyer. Cette "zone aérienne d'identification" a suscité l'opposition ferme et justifiée du gouvernement japonais car elle englobe les îles Senkaku, îles fermement revendiquées par Pékin sous le nom de Diaoyu. Mais la ZAI chinoise de samedi va aussi plus loin : elle englobe des eaux revendiquées par Taïwan et la Corée du Sud, ces derniers ayant également manifesté leur mécontentement après la décision de Pékin.

CHINA_-_JAPAN_-_Diaoyu-Senkaku.jpgDans sa déclaration de samedi, la Chine exigeait que tout appareil s'aventurant dans cette ZAI fournisse désormais au préalable son plan de vol précis, affiche sa nationalité et maintienne des communications radio permettant de "répondre de façon rapide et appropriée aux requêtes d'identification" des autorités chinoises, sous peine d'intervention des forces armées. Le ton est monté lundi entre Tokyo et Pékin à la suite de la décision chinoise d'imposer cette zone de contrôle aérien. Le même jour et en solidarité avec son allié japonais, le colonel Warren, porte-parole de la Défense américaine a qualifié la mesure chinoise d'"incendiaire". Des responsables du Pentagone ont alors précisé que les avions de l'armée américaine continueraient de voler dans cette région comme avant, sans soumettre de plans de vol à Pékin au préalable.

Le différend territorial entre les deux puissances asiatiques s'est aggravé depuis septembre 2012, lorsque le Japon a nationalisé trois des cinq îles qui appartenaient à un propriétaire privé nippon. Cette décision avait entraîné une semaine de manifestations anti-japonaises violentes en Chine, et une forte contestation de Pékin. Le Japon fit de son côté patrouiller ses garde-côtes dans les mêmes eaux et ce chassé-croisé avait suscité les craintes d'un éventuel incident armé entre les deux puissances.

B52 dans le Pacifique mais lâchage en Afghanistan

Par ailleurs, poursuivant leur politique de « changement de pivot stratégique », la conseillère de sécurité nationale américaine Susan Rice en visite à Kaboul a prévenu le président afghan Hamid Karzaï qu’il ne serait « pas viable » de retarder la signature de l’accord de sécurité entre leurs deux pays. Elle a haussé le ton en affirmant que sans signature rapide d’un accord réciproque, les Etats-Unis n’auraient d’autre choix que de prévoir un après-2014 où les troupes américaines et de l’Otan ne seraient plus présentes .Le gouvernement de Karzaï se retrouverait seul et sans appui financier. Sans le dire ouvertement, les USA affirment qu’ils sont prêts à lâcher l’Afghanistan, quitte à  entériner un retour taliban dans le secteur. Un peu déroutant tout de même pour nos défunts soldats : pour qui, pourquoi sont-ils morts finalement ?

La relation entre les Etats-Unis et l’Afghanistan est extrêmement tendue. L’enjeu est la signature du traité bilatéral de sécurité (BSA) que Washington et Kaboul négocient actuellement depuis plusieurs mois. Kharzaï ne cesse de faire monter les enchères. La Loya Jirga, grande assemblée traditionnelle afghane, a pourtant approuvé dimanche le Traité, qui doit définir les modalités d’une présence militaire américaine en Afghanistan après le départ des 75 000 soldats de l’Otan. En fait, d’ores et déjà, ce retrait fait craindre une recrudescence des violences dans le pays et même une offensive taliban au printemps prochain entraînant une déstabilisation de la partie indienne ou pakistanaise.

Pour précipiter cette signature, la Maison Blanche tente de jouer des divisions locales et s’est donc vivement félicitée de l’approbation du Traité bilatéral de Sécurité par la Loya Jirga pachtoune. Elle demande des comptes à Kharzaï ! Or, ce dernier aurait énoncé de nouvelles conditions pour signer l’accord et aurait même indiqué qu’il n’était pas prêt à signer rapidement.

Hamid Karzaï est aux abois 

Il souhaite que la promulgation de l’accord ait lieu après l’élection présidentielle d’avril 2014, à laquelle cependant la Constitution lui interdit de se présenter. Les Etats-Unis ont refusé catégoriquement les nouvelles exigences de Karzaï et répondu que « retarder la signature jusqu’aux élections de l’année prochaine n’était pas viable, car cela ne donnerait pas la clarté nécessaire aux Etats-Unis et à l’Otan pour planifier leur présence après 2014. L'absence d’un BSA signé mettrait en danger les promesses d’aides faites par l’Otan et d’autres pays aux conférences de Chicago et Tokyo en 2012 ».

La diplomatie a aussi des perspectives économiques. En Iran, les entreprises automobiles américaines s’apprêtent à revenir dans le pays, satisfaites au passage d’avoir pu, avec l’aval du blocus occidental, éliminé les compagnies françaises concurrentes, Renault et Peugeot ! En fait, on n’est pas vraiment sûr que la diplomatie française ait compris les changements d’alliances en cours, qu’elle ait réellement pris la mesure de la rapidité avec lequel les Etats-Unis, très bien informés sur l’état réel de la défense chinoise sont aujourd’hui déterminés à pivoter à cent quatre vingt degrés. Ils ont accéléré l’accord sur le Sahara occidental et renforcé l’alliance militaire avec le Maroc. Ils sont en train  d’éclaircir leurs positions en Amérique latine tout cela pour se concentrer ensuite sur le Pacifique et l’endiguement de la Chine. Il serait peut-être temps que le Quai d’Orsay se réveille. Mais après tant de décisions irrationnelles, le peut-il encore vraiment sans se désavouer totalement ?

dimanche, 24 novembre 2013

Afghanistan occupato fino al 2024

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Afghanistan occupato fino al 2024

Immunità giudiziaria e libertà totale operativa per 15 mila militari Usa

Lorenzo Moore

Secondo la bozza di accordo tra governo di Washington e governo insediato a Kabul dagli occupanti, oggetto di discussione nei cinque giorni che dal 21 novembre vedranno riunita l’assemblea tribale afghana (Loya Jirga), le truppe Usa sono destinate a restare in Afghanistan fino al 2024. Nel documento di “security agreement”, che consta di 25 pagine, è chiaramente esposta la volontà Usa di restare con le proprie forze militari nei territori afghani occupati “in sostegno delle forze afghane di sicurezza”. Una volta firmato l’accordo, ben 15 mila militari, secondo quanto reso noto dalla Nbc, oltre a godere di “immunità” giudiziaria nei tribunali afghani, saranno chiamati di “assicurare la protezione” dell’Afghanistan fino al 2024, per 23 anni cioè dall’aggressione angloamericana del 2001, contro “le forze di al Qaida e i loro affiliati”, anche con interventi operativi “in zone civili e residenziali”, come già verbalmente richiesto dal segretario di Stato Usa John Kerry al presidente afghano Hamid Karzai. Il trattato potrà essere annullato soltanto con un preavviso di due anni. Sia la richiesta di immunità e la libera operatività contro i civili sono state dichiarate dagli Usa “condizioni essenziali”. In poche parole gli Usa hanno richiesto “mani totalmente libere” per il loro ruolo militare di occupazione. Come noto Obama aveva “promesso” il totale ritiro militare Usa dall’Afghanistan entro il 2014.


20 Novembre 2013 12:00:00 - http://www.rinascita.eu/index.php?action=news&id=22681

lundi, 18 novembre 2013

NATO’s Terror Campaign in Central Asia

 

NATO’s Terror Campaign in Central Asia

 

In this age of manufactured terror, one of the most vital regions on the global chessboard is also an area that few in the West know anything about: Central Asia.

This geostrategic and resource-rich area on the doorstep of China and Russia finds itself in the middle of an all out terror campaign. But, as key national intelligence whistleblowers are pointing out, these terrorists are working hand-in-glove with NATO.

This important GRTV Backgrounder was originally aired on Global Research TV on March 14, 2013.

Ever since the staged false flag attacks of 9/11, the US government and its complicit corporate media have focused their attention on fighting the shadowy, all-pervasive, all-powerful, ill-defined and undefeatable “Al Qaeda” enemy that is supposedly menacing the US and its allies at home and abroad. The term “Al Qaeda” of course is merely a cipher for “excuse to invade.” In the case of Afghanistan, for instance, the US used the threat of Al Qaeda as the excuse for their 12 year long invasion and occupation of the country. In Libya and Syria, the US and its allies are supporting those same self-described Al Qaeda-affiliated fighters. The ruse has long since become obvious.

Less obvious, then, because it has been taking place completely under the radar of media attention, is another front in the so-called war on terror: Central Asia and the Caucasus region. Encompassing the region surrounding the Black Sea and the Caspian Sea, this area has long been identified as perhaps the most geostrategically vital part of the globe. It provides access to the exceptionally rich Caspian oil and gas deposits, hosts the “New Silk Road,” a vital trade route between China and Europe, and sits on the doorstep of China and Russia. And it just so happens to have a terrorist problem.

At first blush, it may seem odd that in this “age of terror” the American population has been told so little about the growing terrorist insurgency in Central Asia and the Caucasus. But when examined in the light of regional geopolitics, this deafening silence makes perfect sense.

Indications of how and why this region is so important come from numerous geostrategists, including Zbigniew Brzezinski, Obama’s acknowledged mentor and a key advisor to his administration. In his 1997 book, The Grand Chessboard, Brzezinski identified the Central Asian / Caucasus region as part of a larger area he called “The Eurasian Balkans.”

The countries in this region, he wrote, are “of importance from the standpoint of security and historical ambitions to at least three of their most immediate and more powerful neighbors, namely, Russia, Turkey, and Iran, with China also signaling an increasing political interest in the region. But,” he continued, “the Eurasian Balkans are infinitely more important as a potential economic prize: an enormous concentration of natural gas and oil reserves is located in the region, in addition to important minerals, including gold.”

Brzezinski knew very well what he was writing about. As National Security Advisor under President Carter, he had overseenOperation Cyclone, the US government’s since-declassified plan to arm, train and fund Islamic radicals in Pakistan and Afghanistan to draw the Soviet Union into a protracted war in the region. This, famously, led to the foundation of what became known as Al Qaeda in the 1980s, a point that Brzezinski has since admitted and even bragged about, claiming that the creation of a “few stirred up Muslims” helped to bring down the Soviet Union.

It is no surprise, then, that Brzezinski went on to predict in his 1997 book that the first major war of the 21st century would take place in this region, which is exactly what happened with the NATO invasion of Afghanistan in 2001. And it is also no surprise that even NATO’s hand-picked Afghan President, Hamid Karzai, is now openly accusing the US of supporting the Taliban in the country to convince the public that they will need US protection after the planned troop withdrawal date in 2014.

Global Research contributor and Stop NATO International Director Rick Rozoff appeared on the Boiling Frogs Post podcast in 2011 to discuss this region and the overlap between NATO’s strategic interests and Islamic extremism.

It has long been understood that the terror operations in Chechnya and other key parts of the Central Asia and Caucasus region have been supported, funded and protected by NATO to help destabilize the region surrounding their main geopolitical rivals, Russia and China, in an operation very similar to Operation Cyclone in the 70s and 80s. This has, until now, remained mostly within the realm of speculation. But in a recent groundbreaking series of interviews on The Corbett Report, FBI whistleblower Sibel Edmonds has confirmed that this is, in fact, exactly what is happening.

If it is true that the people perish for lack of knowledge, perhaps it is nowhere more true than in the phoney, NATO-created war of terror. Without the understanding provided by Edmonds and others in identifying the Central Asia / Caucasus terror campaign as a NATO proxy war, the entire concept of Islamic terrorism becomes inscrutable to geopolitical analysis.

As this information will never be disseminated by the complicit corporate media, it is vitally important that the people take this task into their own hands by sharing this information with others and contributing to the analysis of the terror campaign being waged in the region.

The seeds of the next great world conflict are being sowed in Central Asia, on the doorstep of Russia and China, and regardless of whether or not this conflict, too, is being manipulated and managed behind the scenes, the lives of countless millions hang in the balance of the specter of that all-out war. Only an understanding of NATO’s active complicity in fostering and protecting these Muslim extremists can help break the tool of propaganda by which they will try to convince their population to acquiesce to such a war.

dimanche, 17 novembre 2013

US-China Relations and the Geopolitics of the Trans Pacific Partnership Agreement (TPPA)

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US-China Relations and the Geopolitics of the Trans Pacific Partnership Agreement (TPPA)

 

In criticising the leaders of her native New Zealand for their myopia in treating the TPPA as a depoliticised international agreement, Jane Kelsey argues that China is the ultimate target of every major US proposal in this ‘new-generation, twenty-first-century agreement.’

The term ‘competitive imperialism’ applies where ‘free trade is subservient to the goal of projecting influence to another country or throughout a region, and checking actual or perceived reciprocal efforts by another power’. Last decade, it was used to describe the contest between the US and the European Union (EU) as they competed to secure new-generation free trade agreements (FTAs) for strategic reasons. Today, ‘competitive imperialism’ is more appropriately used to describe the growing desperation of the US to neutralise the ascent of the ‘BRICS’ – Brazil, Russia, India, China and South Africa. China is preeminent among them, to the point that, even though it is not a party to the proposed Trans-Pacific Partnership Agreement (TPPA), it is the elephant that is constantly in the room and the ultimate target of the US’s most aggressive proposals.

The strategic and foreign policy dimension of the TPPA has especially serious implications for a country like New Zealand which wants to remain best friends with both sides. On the one hand, Trade Minister Tim Groser warned in February 2012 that New Zealand would pull out of the negotiations if politicians in the United States used them as a vehicle to try to contain the rise of China. Senior government representatives from New Zealand and Australia are believed to have been very uncomfortable with some of Washington’s anti-China rhetoric. As detailed below, that rhetoric continues unabated, but predictably Groser has not walked away.

At other times, political leaders and journalists resort to that happy place where New Zealand can claim neutrality as an independent small power and play on both teams. In late 2012 Prime Minister John Key welcomed the talks for a mega-deal involving China and the Association of South-East Asian Nations (ASEAN), ‘but TPP is the big game for us at the moment’.

New Zealand’s approach is to treat the TPPA as a depoliticised international economic arrangement and float above the geopolitics. That may be achievable in the early stages, but if this becomes a Cold War by proxy each side will expect friends to become allies. A similar studied myopia informs the grand plan for all members of the Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) forum and their other agreements to ‘dock’ onto this US-centred treaty and form one regional APEC free trade agreement. Repeated attempts to achieve that goal have foundered since it was first proposed in the early 1990s because there are divergent economic models and strategic relationships among APEC’s 23 members. It is true that all the TPPA countries have their own reasons for being in this game, and some, such as Vietnam, see it as constructing their own bulwark against China. But there is no evidence to suggest those decades of resistance to a binding and enforceable US template for the Asia-Pacific will simply melt away.

The US Pacific century

US President Barack Obama and Secretary of State Hillary Clinton left no doubts at the APEC meeting they hosted in Honolulu in November 2011 about the drivers behind the TPPA. The US aims to revive its geopolitical, strategic and economic influence in the Asian region to counter the ascent of China, in part through constructing a region-wide legal regime that serves the interests of, and is enforceable by, the US and its corporations. In the TPPA context, what the US wants is ultimately what counts.

Expanding on her article entitled ‘America’s Pacific Century’ in the November 2011 issue of Foreign Policy magazine, Clinton said the security and economic challenges that currently confront the Asia-Pacific ‘demand America’s leadership’. Officials described the US role as ‘the anchor of stability in the region’, committed to ‘managing the relationship with China, economically and militarily’.

According to Obama’s advisers, he made it ‘very clear’ during his bilateral discussions with China’s President Hu Jintao ‘that the American people and the American business community were growing increasingly impatient and frustrated with the state of change in the China economic policy and the evolution of the US-China economic relationship’. China had failed to show the same sense of ‘responsible leadership’ as the US had tried to do.

At the TPPA leaders’ meeting Obama had talked about establishing international norms that would ‘be good for the United States, good for Asia, good for the international trading system – good for any country in dealing with issues like innovation and the discipline of state-owned enterprises (SOEs), creating a competitive and level playing field’. Above all, the TPPA would create international norms that would be good for resurrecting US strategic and economic hegemony.

The bellicose tone intensified during the 2012 US presidential election campaign. Republican candidate Mitt Romney complained that Obama had not been tough enough with China and then endorsed the TPPA as a ‘dramatic geopolitical and economic bulwark against China’. Obama was equally belligerent. While China could be a partner, America was ‘sending a very clear signal’ that it is a Pacific power and intended to have a presence there. In a coded reference to the TPPA he said ‘we’re organising trade relations with countries other than China so that China starts feeling more pressure about meeting basic international standards. That’s the kind of leadership we’ve shown in the region. That’s the kind of leadership that we’ll continue to show’.

There is some tension between the antagonistic foreign policy position of the State Department and the commercial drivers of the TPPA. China is the ultimate target of every US major proposal in this ‘new generation, twenty-first century agreement’, in particular stricter protection for intellectual property rights, disciplines on ‘anti-competitive’ state-owned enterprises, and processes and rules to stop ‘unjustified and overly burdensome’ regulation. It is unclear how they intend to get China to adopt these rules. Sometimes it sounds like an encirclement strategy, creating a model that dominates the Asia-Pacific and forces China first to adjust, and ultimately to accede to the TPPA. At other times, the target seems to be China’s alliances and operations in third countries to undercut its economic foothold and strategic influence.

The US’s potential leverage over China stepped up a notch with the announcement in February 2013 of negotiations for a Trans-Atlantic Free Trade Area (TAFTA) between the US and the EU bloc of 27 countries. There is a synergy between the EU’s Global Europe strategy to externalise its internal regulatory regime and the US goal for the TPPA to provide a seamless regulatory environment for capital, goods, services, data and elite personnel throughout the Asia-Pacific. But there is the sticky question of whose regime would rule, given their longstanding conflicts in areas such as agriculture, food safety, telecommunications and intellectual property. The commercial and strategic attractions of a trans-Atlantic pact are obvious, especially for the US. If they were able to pull it off, America would span the powerful TPPA and TAFTA blocs, massively boosting its power in the face of the BRICS.

China’s diplomatic counter

China’s public response has been measured. In late September 2011, China’s Ambassador to the World Trade Organisation (WTO) said diplomatically that they had ‘no objections to the TPP’ and were waiting to see whether there was a possibility that China might be involved in the discussions. Speaking immediately before the APEC Summit in 2011, a senior Chinese official more sharply criticised US goals as ‘too ambitious’ and called for a balance between the TPPA and ‘other paths to achieve multilateral and regional trade liberalisation’. The TPPA negotiations should be ‘open’; China had not been invited to participate. The US replied that any country must apply to join and demonstrate that it is prepared to operate by the TPPA’s gold-standard 21st-century rules.

China has a number of options. Ignoring the TPPA in the hope that it stalls and goes the way of the Doha Round of WTO negotiations and the moribund Free Trade Area of the Americas carries too high a risk. China could seek to join the talks indirectly through its Hong Kong proxy, but that would bring the extensive holdings of China’s SOEs in Hong Kong under the TPPA disciplines. It would also expose Hong Kong’s governance processes to unpalatable obligations on process, disclosure and external participation.

China could make a direct request to participate in the TPPA. That would set off a feeding frenzy among the TPPA negotiating countries that do not have a free trade agreement with China: the US, plus Canada, Japan, Mexico and Australia. But accession involves a lengthy and demeaning process of bilateral discussions and endorsement by each existing participant, then a collective decision to allow them entry, followed by a 90-day notification to the US Congress. The process for Canada and Mexico took a year. They were told they had to accept everything that had been agreed by the time they formally joined the negotiations, but they were not permitted to see the text itself before then. Even though the US ensured that Japan’s accession was expedited, it will come to the table in late July 2013 on the same terms: Japan will not have had access to the formal texts and will not be able to reopen anything that has already been agreed in negotiations. In reality, many of the chapters of greatest interest to Japan will not have been concluded, which guarantees that an October deadline is unachievable.

It seems inconceivable that China would agree to a process of bilateral discussions and arduous preconditions simply to get to the table, and accept a raft of US-drafted rules that are designed to cripple China’s principal sources of commercial advantage.

The most realistic option is for China to grow its own mega-group. That is already in play. China has a free trade agreement with ASEAN whose scope has progressively expanded from goods to services to investment. It is in bilateral negotiations with South Korea, and the first talks for a China-Japan-Korea FTA were held in March 2013. These relationships are crucial for China. There are ongoing foreign policy tensions with Japan over the disputed Diaoyu/Senkaku islands and this was clearly a factor in Japan joining the TPPA talks, despite vigorous domestic opposition. However, South Korea has said it will not follow suit at this stage because it is focusing on the China negotiations and the three-way deal with Japan.

China’s other major counter-play is the 16-country Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), which brings China and the 10 ASEAN countries together with India, South Korea, Japan, Australia and New Zealand – but not the US. The talks were launched in November 2012. The rhetoric is similar to the TPPA, with supporters describing it as ‘a framework within which business can use the region’s resources to best effect in generating higher living standards and welfare for the region’s people’. There are similar expectations around services and investment liberalisation, supply chains and connectivity, but they are weaker in relation to intellectual property, domestic regulatory reforms, environment, labour, government procurement and non-tariff measures such as consumer protection laws.

Whereas the US sees the TPPA as a vehicle for American leadership in the Asia-Pacific, ASEAN researchers assert ‘it is in the interests of East Asia and the world as a whole that East Asia should be the engine of growth for the world economy’, while being open to the rest of the world. The RCEP negotiations and agreement itself should follow the precedent set by the ASEAN Economic Community and should be guided by the ‘ASEAN way’.

The ethos of the China and ASEAN-led project is fundamentally different from the US-led TPPA. Rather than a uniform commitment to a ‘gold-standard twenty-first century agreement’, the RCEP will recognise ‘the individual and diverse circumstances of the participating countries’. Whereas the TPPA has rejected any special and differential treatment for poorer countries beyond longer phase-in periods and some technical assistance, the RCEP promises to ‘include appropriate forms of flexibility including provision for special and differential treatment’, especially for least developed countries.

Seven countries currently span both sets of negotiations: Australia, Brunei, Japan, Malaysia, New Zealand, Singapore and Vietnam. The timeframe is to conclude an RCEP agreement by the end of 2015. The US clearly does not want these negotiations to advance until it has locked the crossover countries into the orbit of its own TPPA rules, especially those with which it does not already have a free trade agreement. That will become more difficult with Japan at the table.

If both agreements were eventually concluded, countries like New Zealand that are party to both would face some hard decisions further down the line. The two agreements will reflect divergent paradigms, as well as geopolitical allegiances. Parties would be required to implement quite different sets of obligations, and compliance with them both would be enforceable by state parties and foreign firms.

Jane Kelsey is Professor of Law at the University of Auckland in New Zealand. For several decades her work has centred on the interface between globalisation and domestic neoliberalism, with particular reference to free trade and investment agreements. Since 2008 she has played a central role in the international and national campaign to raise awareness of, and opposition to, the Trans-Pacific Partnership Agreement. The above is extracted from her new book Hidden Agendas: What We Need to Know About the TPPA (Bridget Williams Books, May 2013).

vendredi, 15 novembre 2013

Okinawa : la « bataille Ragnarök »

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Okinawa : la « bataille Ragnarök » (1er avril – 21 juin 1945)

par Rémy VALAT

 

En mémoire du soldat Tsukamoto Sakuichi, mort au combat à Okinawa (1945)

 

塚本作一氏を偲んで

 

Il y a 68 ans s’est déroulée sur l’île d’Okinawa une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale. Les habitants de l’île, retournée sous la souveraineté du Japon en 1972, vivent dans le souvenir de cette bataille et subissent au quotidien les conséquences de celle-ci : présence de l’armée américaine d’occupation, à la fois fardeau financier et source de crimes sexuels, un sol miné par 2 100 tonnes d’obus encore intacts, des séquelles psychologiques et morales. En un mot, le Japon paye encore le prix de la défaite face aux forces alliées en septembre 1945.

 

Une île martyre…

 

L’île est encore occupée par un fort contingent de troupes de marine américaines, bien que 9 000 soldats vont être prochainement déplacés sur l’échiquier de la zone Pacifique, en application des accords bilatéraux nippo-américains, récemment révisés, sur le redéploiement des forces américaines stationnées à Okinawa (2006). Les États-Unis vont relocaliser une partie de leurs unités à Guam et à Darwin (Australie). Ces mouvements sont une réponse à la montée en puissance de la flotte de guerre chinoise au sud et à l’est de la Mer de Chine, flotte qui mène d’audacieuses actions de déstabilisations près des îlots dont ils revendiquent la souveraineté (les îles japonaises Senkaku). La stratégie navale chinoise aurait pour ambition de prévenir la présence de porte-avions américains, par la construction de bâtiments de la même catégorie et l’amélioration de son équipement en missiles balistiques anti-navires : la dispersion des unités américaines aurait pour objectif de multiplier les cibles potentielles et de créer une nouvelle donne stratégique. Les unités restantes (9 000 hommes environ) aurait pour zone d’intervention l’Asie du nord-est (péninsule coréenne et façade orientale de la Chine comprise), celle de Guam la zone du Pacifique ouest, et enfin, celle de Darwin, le sud de la Mer de Chine et l’Océan Indien. La présence de la 3e force expéditionnaire du corps des Marine (IIIrd Marine Expeditionary Force) (1) et d’une formation équivalente à un régiment (les 2 200 hommes du 31st Marine Expeditionary Unit) est jugé indispensable par les autorités américaines qui considèrent l’île comme une « position clé de la ligne de front (key frontline base) face à la Chine et à la Corée du Nord. Washington a aussi argué que cette nouvelle répartition faciliterait les interventions humanitaires américaines en cas de catastrophe naturelle majeure dans la zone du Pacifique, ce qui ne peut laisser le gouvernement japonais indifférent après le désastre du 11 mars 2011.

 

Or la population tolère de moins en moins le coût financier et la présence de l’armée américaine dans l’île, dont 10 % du territoire est affecté aux installations militaires. La soldatesque commet régulièrement des actes de délinquance et les habitants subissent les nuisances des entraînements, et aussi un certain mépris des autorités états-uniennes pour leur sécurité. 24 Osprey MV-22, appareils destinés au remplacement des hélicoptères de transport de troupes CH-46 ont été officiellement choisis pour leurs meilleures capacités techniques comparativement aux hélicoptères CH-46 (vitesse double et capacité de portage triple). Leur rayon d’action (3 900 km) permettrait une rapide projection de troupes sur la péninsule coréenne. Mais, les déficiences techniques à répétition ayant occasionné le décès des personnels embarqués (Maroc, Floride et le 5 août 2013 sur une base américaine d’Okinawa) inquiètent les habitants et autorités locales qui se sont opposés vigoureusement à leur arrivée. Les Okinawaiens font également obstacle au déménagement de la base aéronavale de Futenma (qui doit être réinstallée dans la la baie de Henoko). Cette résistance passive, qui rappelle sur la forme celui du « Mouvement d’opposition à l’extension du camp du Larzac » des années 1970 : un noyau de militants, soutenus par la population, se relaient en permanence sur le chantier pour empêcher la progression des travaux. S’ajoute à cela le fléau des viols perpétrés régulièrement et en quasi-impunité (en raison de l’extra-territorialité des polices militaires) depuis 1945 par des soldats américains (118 viols ont été commis par des GI’s entre 1972 et 2008, selon un décompte de l’association des femmes d’Okinawa contre la violence militaire, réalisé à partir de rapports de police et de la presse locale (2). Ce phénomène récurrent (deux marins américains ont été condamnés cette année par un tribunal japonais à 9 et 10 ans de prison pour le viol en octobre 2012 d’une habitante de l’île) a obligé l’état-major des marines a décrété un couvre-feu pour ses hommes.

 

L’actualité entretient le souvenir douloureux de la Seconde Guerre mondiale, la bataille est ancrée dans les mémoires, et aussi souvent dans les chairs. L’année dernière (le 23 juin 2012, en marge des cérémonies officielles) des contemporains de l’affrontement ont relaté leur histoire. « Maman, je suis encore venue te voir cette année », susurre une habitante de Naha, Keiko Oshiro (68 ans). Nourrisson en 1945, Oshiro ne se souvient pas du visage de sa jeune mère, Tomi, âgée de 21 ans, atteinte à l’épaule par une balle alors qu’elle l’alimentait au sein. Selon le témoignages de proches, Tomi serait décédée dans une des grottes servant d’abris et d’hôpitaux aux militaires et aux civils. Lorsque le nom de sa mère a été gravé sur l’un des murs du Mémorial en 1995, Oshiro a pu commencer à faire le deuil de cette disparition… Fumi Nakamura (79 ans), une habitante du village de Nakagusuku est également venue rendre hommage à son père, mort de la malaria dans un camp des prisonniers. Résidant à proximité d’un aérodrome militaire américain, Nakamura déclare se crisper lorsqu’elle entend le rugissement du moteur des avions…

 

On comprend, à la lecture des récits de ces témoins que les habitants de l’île souffrent encore des conséquences de cet épisode de leur histoire : la guerre est restée quelque part en eux. En août 2012, 40 résidents de l’île (survivants ou membres de la famille des victimes) ont décidé d’ester contre le gouvernement : ils réclament un dédommagement financier et moral (une compensation financière de 440 millions de yen et des excuses officielles) pour les souffrances endurées pendant la Seconde Guerre mondiale, soulevant au passage la douloureuse question de l’implication des civils dans la bataille. Cette réclamation s’insère dans un mouvement plus large de reconnaissance des excès de l’armée impériale commis à l’encontre des habitants pendant la guerre.

 

Okinawa est une île marquée par l’Histoire… De par sa position géostratégique, et les derniers développements dans la région le confirment, l’île reste et restera une pièce maîtresse de l’« échiquier nord-américain» dans la région, notamment en raison de l’importance militaire des îles Nansei, passage obligé pour la marine de guerre chinoise voguant vers le Pacifique. Okinawa est un « porte-avion fixe » et une base avancée de l’armée américaine faisant face au continent est-asiatique. Pour ces raisons, les États-Unis ne sont pas prêts de retirer leurs troupes d’une position aussi importante, de surcroît acquise par la mort au combat de milliers de GI’s et de marines, au cours de ce qui a probablement été la bataille la plus sanglante de la bataille du Pacifique. Bataille ayant eu également pour conséquence (même si ce n’était pas la raison première), les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki… Position qui cependant pourrait légitimement défendue par les forces japonaises elles-mêmes, si l’article 9 de la Constitution venait enfin à être modifié et redonnerait au Japon (troisième puissance économique mondiale) sa dignité et sa place comme grande puissance à part entière. De grands espoirs sont portés sur le Premier ministre Abe Shinzô qui œuvre en ce sens dans un contexte international devenu favorable (3).

 

La bataille : enjeux, unités engagées, déroulement des opérations et bilan des pertes humaines

 

Okinawa est une bataille majeure de la guerre Asie – Pacifique : l’ « Opération Iceberg », nom de code donné à l’automne 1944 par l’état-major américain au plan d’invasion des îles Ryûkyû, est l’opération amphibie ayant mobilisé le plus de moyens humains et matériels sur le front Pacifique depuis 1941. Pour la seconde fois, l’armée impériale japonaise va défendre le sol national avec opiniâtreté et courage (Iwo Jima est tombée le26 mars). Surtout, il s’agit d’empêcher l’armée américaine de contrôler les deux bases aériennes de l’île (Yontan et Kadena), autant de facilités pour les flottes de bombardiers stratégiques d’atteindre les îles principales du Japon et sa capitale (550 km environs séparent les deux archipels). Okinawa prise, les troupes américaines pourraient y stationner en prévision de l’invasion du Japon, programmée pour le printemps 1946 (Opération DownFall).

 

Les troupes alliées, très majoritairement américaines (la contribution britannique et des pays du Commonwealth, plus modeste, est navale et logistique) sont appuyées par une importante marine de guerre. L’armée d’invasion (la Xe armée), de plus de 180 000 hommes ayant une expérience du feu inégale, a été subdivisée en deux corps d’armée et en unités de réserve : le IIIe corps amphibie, composé de deux divisions de marines (1re et 6e divisions); le XXIVe corps d’infanterie (7e et 96e divisions d’infanterie), et en réserve la 2e division de marines ainsi que les 27e et 77e divisions d’infanterie. Cette armée est dirigée par le général Raymond A. Spruance.

 

9f312e7244db1e034005b44a2e25f239.jpgL’armée japonaise (la 32e armée, composée de deux divisions d’infanterie  – 24e, 62e divisions – et d’une brigade mixte indépendante), d’un effectif avoisinant 70 000 combattants. La 62e division est une unité aguerrie ayant combattu en Chine. Ce corps principal a été renforcé par des unités à terre de la marine (9 000 hommes), des habitants des îles Ryûkyû réquisitionnés comme combattants ou comme auxiliaires du génie (39 000 individus) et des formations plus modestes composées de lycéens servant de coursiers, de miliciens ou affectés aux hôpitaux de campagne. Les forces navales sont inexistantes ou presque et les forces aériennes reposent sur les unités de Tokubetsu kôgeki-tai (特別攻撃隊), les kamikaze. Comme le firent les officiers commandant les positions de Tarawa ou d’Iwo Jima, les troupes japonaises se sont fortifiées et cantonnées dans des positions souterraines aménagées, construites le plus souvent avec les seuls outils individuels du fantassin (pelle, pioches), un éclairage sommaire et dans des conditions sanitaires pénibles d’un sous-sol volcanique (chaleur et humidité). Les soldats-ouvriers ont ainsi creusé un dense réseau de tunnels de communication et d’installations connectés entre-eux et équipés de discrets systèmes de ventilation. Cette défense a été conçu pour compenser la nette supériorité de la puissance de feu de l’armée d’invasion (aviation, marine et infanterie). D’un point de vue tactique, les fantassins japonais, outre leur valeur intrinsèque, disposent de lance-grenades à tir courbe, très utiles en défense.

 

Avant les opérations terrestres du printemps 1945, l’île a été intensément bombardée : lors du raid du 10 octobre 1944, l’aviation stratégique américaine procède à 1 400 sorties et a lancé 600 tonnes de bombes sur les installations portuaires de Naha et les positions de l’armée. 65 000 civils périrent. Le Jour J, le principal débarquement américain (1er avril 1945) se déroule sans opposition et fait suite aux attaques des îles Kerama et des îlots de Keise prises d’assaut respectivement les 26 et 31 mars.

 

Sur mer, les unités déployées le long de la côte subissent, à partir du 6 avril, des attaques massives et répétées des unités aériennes de kamikaze : entre le 26 mars et le 30 avril, 20 bâtiments lourds sont coulés et 157 unités ont été endommagées; l’armée de l’air japonaise perd 1 100 appareils… Du début des raids massifs au 22 juin, 1 465 unités de kamikaze ont été engagées avec pour cibles privilégiées : les porte-avions. Dans le même esprit, le cuirassé Yamato (le bâtiment était escorté par 8 destroyers), lancé dans une attaque suicide contre l’U.S. Navy, est coulé par l’aviation embarquée américaine (7 avril) sans avoir pu faire le moindre dégât à la flotte de débarquement alliée. Sur une échelle stratégique générale (période du 3 mars au 16 août 1945), les forces aériennes de l’armée de terre et de la marine japonaises ont perdu 2 571 pilotes et aéronefs; la flotte américaine recense 13 navires coulés (dont 9 destroyers) et un grand nombre de navires sérieusement endommagés (9 cuirassés, 10 porte-avions, 4 croiseurs, 58 destroyerset 93 navires de différentes catégories).

 

Sur terre, les unités américaines ont lancé l’offensive sur deux axes après leur débarquement sur les plages de Hagushi (au nord de Naha). La partie nord de l’île est tombée assez rapidement : les aérodromes, enjeux de la bataille, ont été capturés peu après le débarquement (Kadena et Yomidan); le 21 avril, un aérodrome est rendu opérationnel sur l’île de Ie. Le 18 avril, la résistance nippone n’est plus que sporadique et locale dans cette partie de l’île.

 

Mais, comme à Iwo Jima, Ushijima a concentré et fortifié ses unités sur un terrain difficile et c’est dans la partie sud de l’île que va se livrer une sanglante guerre d’usure, proche des combats de la Grande Guerre en Europe. Les positions méridionales de l’île d’Okinawa ont été renforcées et les unités japonaises défendent le terrain pied à pied, avec l’énergie du désespoir et au prix de pertes humaines importantes. Le 12 avril, les unités japonaises contre-attaquent nuitamment avant d’être repoussées et récidivent le 14 avril avec un même résultat. L’offensive américaine reprend, après une relève des unités les plus marquées par l’attrition. La dernière contre-attaque japonaise, le 4 mai, échoue également : mise à découvert, l’artillerie mise en batterie pour appuyer l’assaut a été partiellement anéantie par les canons lourds américains. En juin, sous une pluie continuelle (le phénomène de « mousson japonais », le « tsuyu »), la bataille fait rage autour de la position dite du « Shuri Castle »; celle-ci tombée, la 32e armée se replie, fin mai, encore plus au sud et se positionne sur sa dernière ligne de défense, dans la péninsule de Kiyan. Le dernier carré japonais (environ 40 000 hommes) se bat avec l’énergie du désespoir : face à l’attaque de la 6e division de marines, 4 000 marins japonais (dont l’amiral Minoru Ota) se suicident dans les constructions souterraines leur servant de quartier-général (13 juin).

 

Le 21 juin se livrent les derniers combats d’importance : les généraux Ushijima et Chô se donnent la mort par éventration dans leurs quartiers généraux de la cote 89. Jusqu’en août 1945, des éléments isolés poursuivaient encore le combat contre l’armée américaine en différents points de l’île.

 

Les pertes humaines sont sans précédent sur le front du Pacifique : l’armée américaine déplore 62 000 hommes mis hors de combat (dont 12 500 tués ou portés disparus), à titre de comparaison 58 000 GI’s trouveront la mort au Vietnam entre 1967 et 1973… L’armée japonaise déplore 95 000 morts au combat ou s’étant donné la mort par seppuku ou à l’aide d’une grenade à main (voir l’épisode poignant du film de Clint Eastwood, Letters from Iwo Jima, montrant la mort de soldats japonais selon ce procédé). 7 400 soldats japonais ont été faits prisonniers. Les pertes humaines au sein de la population civile sont estimées être entre 42 000 et 150 000 tués; mais les statistiques officielles de l’armée américaine – qui prennent en considération les civils réquisitionnés – avancent le chiffre de 142 058 victimes (soit ? de la population).

 

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Suicides volontaires ou sacrifice programmé ? Un phénomène d’implication totale de l’individu impliquant les militaires…

 

La bataille d’Okinawa frappe encore les imaginations par les suicides de masse de combattants et de civils, mais aussi par la détermination des combattants (attaques nocturnes au corps-à-corps, collision volontaire de pilotes kamikaze sur les bâtiments de la flotte américaine, flottilles de bateaux suicides, sortie du cuirassé Yamato).

 

L’histoire des kamikaze a fait coulé beaucoup d’encre. Les morts volontaires de pilotes japonais (et américains) dans le Pacifique étaient avant cela des actes héroïques et isolés, d’hommes aux commandes d’un engin sérieusement endommagé et se trouvant dans une situation sans issue. Dès 1942, des pilotes japonais se sacrifient dans de semblables situations et l’idée d’attaques suicides massives chemine dans les esprits en raison du renversement de la situation militaire. La 201e escadrille est la première formation de volontaires a avoir été formée dans ce but et engagée pendant la bataille de Leyte (la première mission se déroule le 25 octobre 1944). Selon Raymond Lamont-Brown, les pilotes auraient eu différents profils à différents moments de leur implication dans la guerre; des profils qui auraient évolués dans le temps. Dans un premier temps se seraient engagés uniquement des volontaires, patriotes fervents, romantiques et inspirés par l’esprit de la chevalerie japonaise : ce sont eux qui instituent les pratiques et les rituels attribués aux kamikaze (écriture de testaments et de poèmes, port d’attributs patriotiques et faisant référence à l’esprit guerrier japonais, la consommation de la dernière coupe de saké, etc.). Les générations suivantes de volontaires auraient eu des motivations plus « rationnelles » : ces jeunes hommes sont souvent des étudiants dont la formation a été interrompue par la guerre ou plus généralement des individus ayant reçu une excellente éducation (85 % étaient lycéens ou étudiants). La lettre de Sasaki Hachirô ci-dessus témoigne d’une grande maturité, mais aussi et surtout d’une forme de résignation : on se sacrifie par devoir, par nécessité… À l’extrême fin de la guerre, toujours selon Raymond Lamont-Brown, d’autres jeunes pilotes auraient été recrutés parmi les délinquants ou des personnes dont le comportement les mettaient en marge de la société. Il est difficile de prendre pour argent comptant une telle catégorisation, mais il est probable qu’il y ait eu une « dépréciation » de la qualité morales des pilotes (des volontaires éduqués aux exclus de la société) en raison du manque de candidats à la mort… La jeunesse (17 ans pour certains) et le niveau d’éducation élevé des kamikaze montre la volonté consciente ou non des autorités militaires à priver la nation d’un futur… Il témoigne aussi peut-être d’une forte intériorisation des valeurs patriotiques apprises, notamment (mais pas seulement) en milieu scolaire. Pendant la bataille d’Okinawa les pilotes étaient aux commandes de chasseurs de combats ou de bombardiers-torpilles (ohka). Ils ont été engagés dans 10 raids majeurs contre la flotte américaine (6 avril – 2 juin 1945). Sur mer, des navires-torpilles, basés dans l’île de Kerama, n’ont pu être engagés et ont été détruits dans leurs installations par les soldats de la 77e division américaine et le cuirassé Yamato, nous l’avons vu, a été coulé avec 4 destroyers de son escorte.

 

Enfin, sur terre, l’armée impériale se livre à des attaques nocturnes ayant pour objectif d’engager l’ennemi en limitant les effets ravageurs de sa puissance de feu. On constate pendant la bataille que, comme pendant la Grande Guerre, l’usage d’une puissance de feu considérable ne peut empêcher la confrontation directe et rapprochée des infanteries ennemies. Celle-ci est souvent d’une brutalité multipliée, parce que fondée sur la recherche du corps-à-corps en réponse à la volonté d’annihilation par les armes de destructions massives (exemple des Stosstruppen de la Première Guerre mondiale). Le soldat japonais s’est bâti une solide réputation de combattant résolu autant pour cette raison que pour sa valeur intrinsèque. Toutefois, la détermination des soldats nippons est une composante de la stratégie des armées alliées qui a pris en considération ce « facteur ». Le maréchal William Slim, commandant des forces alliées en Inde aurait déclaré : « Tout le monde parle de se battre jusqu’au dernier homme, mais actuellement seuls les Japonais le font ». Si les « charges banzai » ont eu un impact moral sur les combattants alliés, les moteurs psychologiques de celles-ci sont plus complexes qu’il n’y parait. Dans son ouvrage, Joanna Bourke (4) souligne l’importance de l’action de « tuer ». Sans minorer l’importance des facteurs et effets psychologiques collectifs (camaraderie, propagande, diabolisation de l’ennemi) et individuels, essentiellement la peur de la mort, cette étude apporte un éclairage significatif l’« intimité » de l’homicide en temps de guerre, la mort donnée au contact de l’ennemi. Les représentations de l’acte de tuer, bâtie souvent sur une éducation, une vision romantique de la guerre ou instrumentalisée par la propagande, tiennent une place importante; et bien souvent l’attaque à la baïonnette ou à l’arme blanche, est considérée être la plus virile et prend une dimension mythique (au Japon le « mythe du samurai »), que renforce le « culte de l’offensive » prôné par l’état-major (qui rappelle la doctrine française des premiers mois de la Grande Guerre). L’entraînement et la discipline (très difficiles dans l’armée impériale japonaise) stimulent le sentiment d’agressivité tout en se mariant aux représentations positives (le mythe du guerrier/« nous ») et négatives (dévalorisation de l’ennemi/« eux ») : l’accent est mis sur les comportements instinctifs et les pulsions primales. Ces facteurs « théoriques » prennent une ampleur plus importante avec l’enchaînement des violences et le sentiment de livrer un combat désespéré.  Ces facteurs sont des pistes utiles à la compréhension des moteurs psychologiques externes et généraux sous-jacents aux attaques suicides, conduites dans un contexte militaire ayant pour horizon la défaite.


 

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Le suicide individuel ou collectif à la grenade était une pratique de l’armée impériale en campagne, souvent le fait de soldats épuisés, grièvement blessés et d’aucune « utilité » militaire. Le sergent Nishiji Yasumasa, décrit une scène de mort collective dans la jungle birmane :« Il arrivait souvent que les soldats prennent leur propres vies par paires. Ils s’étreignaient et plaçaient une grenade entre eux. Nous appelions cela un suicide double. »

 

Les officiers supérieurs pratiquaient généralement l’éventration au sabre (exemple sus-mentionné des généraux Ushijima et Chô) ou livraient le dernier combat avec leurs hommes.

 

Les modes opératoires pourraient être divisés en deux catégories : celui du combattant en pleine potentialité (et correspondant aux normes admises par le groupe) et les autres. Les premiers se donnent la mort avec « noblesse » (seppuku, suicide des pilotes kamikaze) ou au combat avec des armes nobles et viriles (arme blanche, baïonnette); un combat visant au corps-à-corps. Concernant les pilotes d’avion, il pourrait s’agir ici d’une importation des valeurs martiales occidentales qui assimile le combat aérien à un duel chevaleresque (constatations de Joanna Bourke). Que se soit l’arme blanche ou les commandes d’un avion, l’« arme » (avion, sabre, baïonnette) est un prolongement de la main de l’homme : la mort est donnée par la volonté et l’aptitude du combattant à tuer. Il s’agit d’un acte jugé authentique. Les armes de projection (fusils, fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, etc.) ou projetées (grenade à main) sont moins valorisantes (parce que utilisées à distance par un tireur susceptible d’atteindre sa cible à l’insu de celle-ci), c’est pourquoi, elles sont utilisées par les combattants ne se trouvant plus en mesure de se battre. Il y a peut-être, au regard de ces constatations, une dimension culturelle et symbolique dans ces actes. Une dimension que nous replacerons dans un contexte général, en infra.

 

Il est surtout intéressant de constater le phénomène de contagion de la pratique et des méthodes suicidaires des militaires aux civils.

 

… Et, par contagion, les populations civiles

 

C’est surtout l’implication directe des civils dans la bataille, phénomène majeur de la Seconde Guerre mondiale (et déjà constaté pendant la Grande Guerre) qui marque encore les esprits, même si en cela la bataille d’Okinawa ne constitue pas un précédent : celle de Saipan (15 juin – 9 juillet 1944), la préfigurait déjà. Pourquoi ? Parce que la prise de cette île signifiait le bombardement régulier du sol national… Le général Saito n’a fait aucune distinction entre civils et militaires dans les derniers moments de la bataille (préconisant que les premiers s’arment de lances en bambou) qui s’est conclue par une attaque suicide de grande ampleur. Dans le cas de la bataille de Saipan également, des civils se sont jetés du haut de falaises…

 

À la différence de la population d’Iwo Jima, qui a été évacuée sur l’ordre du général Kuribayashi, les habitants d’Okinawa ont dû rester sur place et ont été mobilisés pour des travaux de terrassement et comme combattants. D’ailleurs une population aussi nombreuse aurait-elle pu être déplacée, compte tenu de l’état de délabrement de la flotte japonaise, après plus de trois années de guerre dans le Pacifique ?

 

La population a souffert des excès de militaires (confiscation de nourriture, exécution d’habitants soupçonnés d’espionnage en raison de la différence de leur dialecte) et des conditions sanitaires. Si une frontière perméable exista entre le statut de civil et de combattant (Jean-Louis Margolin les qualifient de « civils militarisés »), c’était autant pour des motifs opérationnels qu’idéologiques (une nation unie contre l’envahisseur) : les habitants de l’île sont des auxiliaires précieux en raison de leur connaissance du terrain, mais aussi, pratique peu honorable, comme chair à canons : si des soldats porteurs d’une charge d’explosif ont pu se faire passer pour des civils pour commettre des attaques suicides, les civils étaient souvent utilisés pour cette mission ou comme boucliers humains pour couvrir une attaque… Sur l’île d’Ie, des femmes armées de lances se sont opposées aux troupes américaines. Ailleurs, des collégiens ont été enrôlés dès l’âge de 13 ans et divisés en escouades, souvent armés de sabres, voire d’explosifs : leur mission dans ce cas était de se précipiter sur les chars américains ou d’aller au contact de l’ennemi. Imamine Yasunabu témoigne : « Il y eut un cas où le groupe avec qui j’étais aperçut 40 ou 50 militaires américains à peu près à 100 mètres. Nous priâmes notre professeur de nous permettre d’ouvrir le feu. À ce moment, nous disposions de fusils. Il refusa, et l’ennemi finit par disparaître sans que nous ayons eu une chance d’agir. Je fus à cette époque stupéfait du comportement du professeur. Maintenant, je le comprends. Il réalisait que le Japon était en train de perdre, et il ne voulait pas sacrifier ses élèves. Nous n’avions que 6 balles chacun. Si nous avions ouvert le feu, les Américains, bien équipés, nous auraient aisément anéantis. »

 

La similitude des décisions et du comportement des officiers supérieurs à l’endroit des populations civiles à Saipan et à Okinawa laissent supposer la possible existence de directives de l’état-major général à l’endroit des populations civiles (ce qui a été partiellement admis par le ministère de l’ Éducation japonais en 2006), mais il ne fait aucun doute que celles-ci étaient considérées comme des « combattants ».

 

Enfin, sur ordre de l’armée, les habitants auraient été incités ou contraints de se suicider sur le modèle des militaires. Les suicides se sont produits par vagues, tout au long de la bataille : la première a eu lieue au moment du débarquement, voire dans certains cas, avant celui-ci, par crainte des représailles et des exactions américaines. Les circonstances ont été décrites par l’historien Jean-Louis Margolin : les responsables, civils ou militaires, organisèrent des regroupements communautaires (familles, voisins); les participants après un toast d’adieu se donnaient la mort (une personne dégoupillait une grenade au milieu d’un petit groupe de participants). Des témoins auraient assistés à des scènes d’horreur entre membres d’une même famille : assassinat à l’arme blanche, matraquages à mort, lapidations…

 

Komine Masao (77 ans en 2007), un survivant des suicides compulsifs de l’île de Tokashiki, raconte (propos recueillis par Kamata Satoshi, le narrateur dans l’extrait qui suit) :« Monsieur Komine m’a montré une grotte d’évacuation [des populations] construite à flanc de colline. Il avait 15 ans au moment de la bataille, et avec l’aide de son jeune frère (qui avait atteint le premier grade [sic]), il l’a creusé pour que sa famille puisse y trouver refuge. La cavité était large de 3 mètres et profonde de 10 mètres. À l’intérieur, Masao, sa grand-mère , tantes et autres parents y ont trouvé refuge des attaques aériennes et des tirs de l’artillerie de marine, mais le 28 mars, le jour suivant le débarquement américain dans l’île, ils se rendirent à Nishiyama, désigné comme un “ point de rassemblement ”. Ce jour-là, des grenades ont été distribuées aux personnes réunies. Massao et ses parents s’assirent en cercle. Sa mère et sa sœur, qui étaient allées chercher du ravitaillement, à leur retour se joignirent au cercle. Sa mère étreignit ses enfants comme s’ils étaient deux jeunes oisillons. Alors le cercle de chaque famille se resserra, se pressant les uns contre les autres et les grenades détonnèrent. Des explosions assourdissantes se firent écho et les gens crièrent. À cet instant, un feu de mortier américain s’abattit sur eux. Comme il était un enfant, Masao n’a pas reçu de grenade, mais le milicien (“ local defense soldier ” dans le texte, ou bôeitai) près de lui en avait une et elle explosa. Sur le sol gisaient des gens recouverts de sang. Les corps allongés les uns sur les autres. Ce jour-là, 315 personnes moururent sur l’île de Tokashiki, soit le tiers de la population du village de Awaren. Les personnes en familles qui ne parvinrent pas à faire exploser leurs grenades s’entre-tuèrent à la faucille ou au rasoir, en se frappant avec des battes ou des rochers ou s’étranglèrent avec des cordes…Ceux qui encore en vie se pendirent eux-mêmes ».

 

Dans d’autres cas, les militaires accompagnent en les contraignant peut-être les civils dans la mort, comme en témoigne notamment le récit de Frank Barron, combattant de la 77e division d’infanterie. L’action se déroule à Kerama Retto, le 26 mars 1944 : « Comme nous atteignions le sommet du premier repli de terrain, j’ai réalisé que les fantassins autour de moi étaient pétrifiés. Aussitôt mon attention a été attiré par un groupe de civils. Sur notre droite, sur le rebord du précipice, une jeune femme portant un nourrisson dans ses bras, avec derrière elle, une autre jeune femme, précédée d’un enfant de 2 ou 3 ans. Elles étaient à 30 ou 40 pieds de moi, toutes les deux nous regardant fixement comme de petits animaux apeurés. À cet instant, apparu la tête d’un homme derrière les épaules de la femme (sic). Je n’ai pu seulement voir que sa tête et son cou, mais il avait un collet d’uniforme. Si cet homme a une arme, à savoir une grenade, nous serions réellement en situation périlleuse, à moins que nous n’ouvrions le feu et tuions l’ensemble des individus se trouvant sur cette colline. J’ai fait signe à l’homme de s’approcher de moi, tandis que je me déplaçai de quelques pas pour voir si il avait quelque chose à aux mains. En un instant, ils étaient tous évanouis. Si j’avais  fait quelques pas de plus, j’aurais pu voir leurs corps rebondir le long de la paroi jalonnant leur chute. »

 

Ailleurs, les suicides en masse se firent avec de la mort-au-rat, quand les grenades vinrent à manquer (île de Zamami, en ce lieu 358 civils trouvèrent la mort). Il y eu des cas, où des officiers poussèrent la population au suicide, puis se rendirent aux troupes américaines (îles de Tokashiki et de Zamami).

 

Cet ensemble de témoignages illustre le contexte d’extrême tension nerveuse dans laquelle se trouvait les habitants. Si il est impossible de connaître les mobiles exacts des personnes à s’entre-tuer ou à commettre l’acte suprême d’autodestruction. Les actes perpétrés par les uns et les autres sont révélateurs d’un contexte : il existe probablement une étude sur ces questions, mais pour saisir ces mécanismes, je renvoie à la lecture du livre d’Alain Corbin (Le village des cannibales), une analyse du massacre d’Hautefaye en 1870.

 

En définitive, cette tactique délibérée ou non a eu pour effet de raidir l’affrontement : les soldats américains préférant souvent ouvrir le feu, et même sur des enfants, que d’être victimes d’une potentielle attaque suicide.

 

Okinawa : une « bataille Ragnarök » dans une guerre totale ?

 

Nous pourrions qualifier l’affrontement d’Okinawa de « bataille Ragnarök », une bataille ultime, eschatologique (nous signalons au passage que cette dimension n’apparaît pas dans la mythologie japonaise). Pourquoi ?

 

Tout d’abord parce qu’elle se déroule sur le sol national, comme à Iwo Jima. Il ne s’agit plus d’îles lointaines comme auparavant. Nous sommes dans le contexte des bombardements de Tôkyô, celui de la nuit du 9 au 10 mars (20 jours avant l’attaque générale sur Okinawa), surpasse en victimes et en intensité celui de Dresde (100 000 victimes de bombes incendiaires lancées de manière à provoquer un maximum de dégâts sur la population et leurs habitations, 30 km2 de surface urbaines ont été détruits). En cette fin de conflit (commencé en 1937), la violence devient quasi-paroxystique et le nombre des pertes humaines augmente sensiblement (186 000 combattants jusqu’en 1941, puis 2 millions, dont 400 000 civils entre 1942 et 1945).

 

Les officiers supérieurs (et probablement une large partie de la population) ont conscience de livrer une bataille perdue d’avance… Le capitaine Koichi Itoh a déclaré, lorsqu’il a été interrogé sur ces événements plusieurs années après : « Je n’ai jamais envisagé, après le commencement de la guerre, que nous puissions la gagner. Mais après la chute de Saipan, je me suis résolu à admettre que nous l’avions perdue. »

 

Quelque puisse être le mobile, l’honneur, la défense de la patrie, différer l’invasion américaine, etc., la guerre est perdue et l’on redoute la ire du vainqueur (le sentiment de peur est entretenu par la propagande) et peut-être la fin d’une vision du Japon.

 

À cela s’ajoute des facteurs internes, tout d’abord le rôle de la propagande. Si cette dernière a pu être intériorisée par les combattants japonais (et en particulier sur les officiers) et peut-être les plus jeunes habitants d’Okinawa, son impact est difficile à déterminer, mais les acteurs ont dû se positionner par rapport à elle. De la lucide méfiance (dans sa lettre Sasaki Hachirô qualifie de « litanies creuses » les discours des « chefs militaires ») à l’adhésion sincère et naïve (dans son journal personnel un jeune habitant d’Okinawa de 16 ans qualifie les Américains de « Bêtes démoniaques », plusieurs passages du texte répète son patriotisme et son attachement au Japon au point de donner sa vie), la palette des motivations a pu varier dans le temps. Les femmes et les enfants qui se donnent la mort « à chaud » dans la bataille n’ont probablement pas suivi le même « raisonnement » qu’un pilote de kamikaze qui « à froid » décide de se porter volontaire pour une mission sans retour.

 

Ces suicides marquent aussi un refus de la réalité, de la défaite et de ses possibles conséquences. D’autant et bien qu’occulté par l’ampleur du nombre des suicides parmi les civils, il apparaîtrait aujourd’hui que, comme sur le sol français (et à une échelle moins importante que l’armée russe en Allemagne au printemps 1945), des soldats américains aient violé des habitantes de l’île (peut-être 10 000 cas).

 

Cette bataille (par un phénomène déjà constaté dans d’autres engagements nippo-américains dans le Pacifique et en particulier à Saipan) prend une dimension symbolique : le Japon offre la valeur (et les valeurs traditionnelles) de ses combattants aux moyensimpersonnels et techniques de l’armée américaine… Cette interprétation paraît résulter autant d’une décision pragmatique sur le champ de bataille que d’une interprétation dépréciative sur la combativité du soldat américain. L’exemple des femmes armées de lance (à l’instar des « fédérés » de la Révolution française, mais aussi parce que les armes longues sont généralement l’apanage des femmes au Japon, par exemple le naginata) symbolise l’engagement total d’un peuple (les femmes étant généralement tenues éloignées du métier des armes) pour défendre son sol, teintés de la part de quelques officiers d’une forme de mépris de la vie humaine. La dimension symbolique se retrouve peut-être également dans les suicides de mères et de leurs enfants du haut des falaises d’Itoman, peut-être un répétition involontaire et inconsciente du sacrifice du jeune empereur Antoku, précipité dans les flots par sa grand-mère Nii qui l’accompagne dans la mort lorsque la bataille navale de Dan-no-Ura (1185) a été perdue pour le clan Taira (face aux Minamoto qui instaureront le premier shôgunat).

 

Si ces facteurs ont motivés les suicides compulsifs (coercition des militaires, propagande et l’éducation données aux jeunes habitants de l’île dans le cadre d’une politique d’assimilation), on recherche aussi échapper à l’ennemi et la mort paraît être le seul refuge, comme pour les défenseurs de Massada… On redoute la culpabilité et l’infamie pour avoir préféré le déshonneur de vivre et d’endosser une partie de la responsabilité de la défaite… On retrouve un écho de cet état d’esprit (notamment dans la littérature et les mangas) dans la jeune génération n’ayant pas pris les armes de l’après-guerre… Les arguments culturels ont été avancés, le code de l’honneur du « bushidô » (en réalité une construction intellectuelle à destination des Occidentaux) notamment… Mais que penser de la lettre de Ichizu Hayashi, pilote de confession chrétienne ? On se rend bien compte qu’il est quasi-impossible de comprendre totalement le phénomène.

 

En 1944, le Japon était entré, selon l’expression de Maurice Pinguet, dans l’« engrenage du sacrifice » : « Dans la guerre du Pacifique, l’armée japonaise avait mis son existence en jeu, la défaite serait sa mort – ce serait donc aussi la mort du Japon : elle s’identifiait trop étroitement à la nation pour imaginer une autre conclusion. » Cela, je pense, résume bien ce qui s’est déroulé à Okinawa à une échelle ayant atteint quasiment son paroxysme.

 

Rémy Valat

 

Notes

 

1 : L’accord initial prévoyait, selon une source rendue disponible par la marine américaine en 2009, le départ de l’état-major du IIIrd M.E.F. pour Guam. Cette structure est un élément singulier des forces américaines outre-mers : elle est dirigé par un lieutenant-général qui commande les forces américaines sur l’île et sert de coordinateur pour la « zone d’Okinawa ».

 

2 : Cf. http://japon.aujourdhuilemonde.com/au-japoncontre-les-viols-des-soldats-americains-les-femmes-lancent-un-cri-dalarme

 

3 : Le 28 août dernier, le ministre de la Défense japonais, Itsunori Onodera et le secrétaire d’État à la Défense nord-américain, Chuck Hagel, ont entamé une discussion en faveur d’une possibilité pour les forces aériennes d’autodéfense japonaise d’effectuer des frappes préventives sur des bases ennemies (c’est-à-dire contre la Corée du Nord).

 

4 : Joanna Bourke, Intimate Story of Killing. Face-to-Face Killing in Twentieth-Century Warfare, Londres, Granta, 1999. Cette étude aborde aussi la guerre du Pacifique, bien que centrée sur la Première Guerre mondiale.

 

Bibliographie

 

• Astor Gerald, Operation Iceberg. The invasion and conquest of Okinawa in World War II, World War II Library, 1995.

 

• Daily Yomiuri (The), 24 juin et 16 août 2012.

 

• Kakehashi Kumiko, Lettres d’Iwo Jima. La plus violente bataille du Pacifique racontée par les soldats japonais, Les Arènes, 2011.

 

• Lamont-Brown Raymond, Kamikaze. Japan’s suicide samurai, Cassell Military Paperbacks, 1997.

 

• Margolin Jean-Louis, Violences et crimes du Japon en guerre (1937 – 1945), Hachette, Pluriel, 2007.

 

• Pinguet Maurice, La mort volontaire au Japon, Tel – Gallimard, 1984.

 

• Rabson Steve, The Politics of Trauma. Compulsory Suicides During the Battle of Okinawa and Postwar Retrospectives, http://intersections.anu.edu.au/issue24/rabson.htm.

 

• U.S. Army in the World War II. The War in the Pacific. Okinawa The last battle,www.ibiblio.org/hyperwar/USA/USA-P-Okinawa/USA-P-Okinawa.

 

Concernant les violences et leur dimension psychologiques en temps de guerre, voici quelques pistes de lectures :

 

— Alain Corbin, Le village des cannibales, Aubier, 1990.

 

— Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de réserve de police allemande et la solution finale en Pologne, Belles Lettres, 1994, (chapitre « Des hommes ordinaires »).

 

— Louis Crocq, Les traumatismes de guerre, Odile Jacob, 2006.

 

— Jacques Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et des génocides, Le Seuil, 2003.

 

— Rémy Valat, Les calots bleus et la bataille de Paris. Une force de police auxiliaire pendant la guerre d’Algérie, Michalon, 2007 (chapitre « Salah est mort ! Les moteurs psychologiques d’une unité en guerre »).

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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mardi, 12 novembre 2013

Bielorussia e Cina resistono alle pretese occidentali sui diritti umani

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Bielorussia e Cina resistono alle pretese occidentali sui diritti umani

Minsk, 1 novembre (BelTA)

Ex: http://www.statopotenza.eu

Bielorussia e Cina resistono agli assalti delle forze occidentali sui diritti umani. Il presidente della Bielorussia Aleksandr Lukashenko ha dichiarato incontrando Meng Jianzhu, membro dell’Ufficio Politico del Comitato Centrale del Partito Comunista Cinese, segretario della Commissione per gli affari politici e legali del Comitato centrale del PCC, membro del Consiglio di Stato della Cina, a Minsk il 1° novembre. Aleksandr Lukashenko ha detto: “Credo che la vostra visita come rappresentante del presidente cinese aprirà una nuova pagina nelle nostre intense consultazioni e relazioni“. Il Presidente ha osservato che non vi è alcuna necessità di analizzare la situazione nei rapporti bielorusso-cinesi e d’indicare l’importanza e l’intensità di queste relazioni per le nazioni bielorussa e cinese.


La Cina è un alleato strategico della Bielorussia. I nostri rapporti sono stati costruiti fin dal primo giorno dell’indipendenza, mentre le basi furono gettate ai tempi dell’Unione Sovietica“, ha detto il leader bielorusso. Secondo lui non vi sono assolutamente problemi tra la Bielorussia e la Cina dal punto di vista dei futuri sviluppi della situazione globale. “Oggi abbiamo le stesse idee sull’agenda internazionale“, ha sottolineato Aleksandr Lukashenko. Secondo il capo di Stato bielorusso, la Cina è in prima linea nel tentativo volto a realizzare un mondo multipolare. “Sosteniamo anche la stessa visione“, ha detto Aleksandr Lukashenko. “Abbiamo sempre sostenuto e sosterremo la Cina sull’integrità territoriale. Agiremo insieme anche nel contrastare gli assalti attuati da certe forze occidentali sui diritti umani e altre cose che conosciamo bene“. Aleksandr Lukashenko ha anche detto che i buoni rapporti e la visione comune sulle questioni politiche evolvono tra la Bielorussia e la Cina.

Traduzione di Alessandro Lattanzio

dimanche, 10 novembre 2013

LE JAPON MEDIEVAL : LE MONDE A L'ENVERS...

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LE JAPON MEDIEVAL : LE MONDE A L'ENVERS...
 
Connaitre l’autre pour être soi-même

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

Le Japon médiéval est méconnu en France et grande est la tentation de le comparer à la période féodale européenne, tant il est vrai que nombreuses similitudes peuvent être constatées entre ces deux modèles de sociétés pourtant situées aux deux extrémités du continent eurasiatique. 


Ce rapprochement, plutôt cette interprétation, est notamment le produit de l'historiographie nippone : le terme de « Moyen-Âge » apparaît pour la première fois sous la plume de l'historien Hara Katsurô, auteur d'une Histoire du Moyen-Âge parue en 1906. Pour lui, cette période instable et transitoire se situe entre deux sociétés stabilisées : Heian (794-1185) et Edo (1603-1867). Ce néologisme s'imposa sur l'appellation originelle des contemporains (l'« âge des guerriers »). Il est vrai que l'émiettement de l'autorité, la captation du pouvoir politique par les hommes d'armes, l'apparition de liens de vassalité, la naissance de seigneuries foncières, le phénomène monastique, l'émergence d'oppositions pour les libertés communales, l'essor économique et démographique, le développement d'une bourgeoisie urbaine favorisent le rapprochement (en dépit d'un décalage chronologique dans le développement de ce type de société au Japon).

 

 

À l'heure de la montée en puissance du nationalisme et d'une politique coloniale dynamique, le livre Hara Katsurô écrit dans le contexte de la victorieuse guerre russo-japonaise souhaite interpréter le « Moyen-Âge » comme une période fondatrice, d'affirmation de l'identité nationale, similaire à la période féodale européenne et où auraient dominé les valeurs martiales : ce discours visait à démontrer une « supériorité intrinsèque » des industries et des armées japonaises et à légitimer l'expansion coloniale en Asie. Une idée similaire sous-tend le livre de Nitobe Inazo, Le Bushidô : l'âme du Japon, ouvrage paru en 1910 et très prisé des artistes martiaux ou amoureux de la chose militaire qui tombent dans le piège tendu par l'auteur... 

Le travail de Pierre-François Souyri a été de « remettre à l'endroit » l'histoire médiévale nippone et de corriger cette interprétation... L'histoire du Japon médiéval : le monde à l'envers, paru cette année au éditions Perrin-Tempus , paru en août 2013, est une réédition de l'ouvrage Monde à l'envers, la dynamique de la société médiévale, publié par la très regrettée maison d'éditions Maisonneuve et Larose en 1998. Le contenu de ce livre offre une forte similitude avec la 3ème partie (consacrée au Moyen-Âge) du même auteur de L'histoire du Japon des origines à nos jours, paru chez Hermann en 2009  avec cependant un intéressant chapitre additionnel comparant les sociétés médiévales européennes et nippones (chapitre 13. De la comparaison entre les sociétés médiévales d'Occident et du Japon). L'auteur, Pierre-François Souyri, professeur à l'université de Genève et ancien directeur la Maison Franco-japonaise de Tôkyô, est un spécialiste incontesté du sujet : on lui doit notamment la traduction du livre de Katsumata Shizuo relatif aux coalitions et ligues de la période médiévale (Ikki. Coalitions, ligues et révoltes dans le Japon d'autrefois, CNRS éditions, 2011). Enfin, le livre se fonde sur une abondante documentation et sources primaires japonaises, soigneusement confrontées et analysées. 


L'« âge des guerriers » est une période foisonnante, aussi violente que créatrice. Après la victoire du clan des Minamoto sur celui des Taira (1185), un premier pouvoir militaire central s'impose : le shôgunat de Kamakura (1185-1333). Minamoto Yoritomo obtient de l'empereur le titre de sei tai shôgun (征夷大将軍 ), c'est-à-dire de « général en chef chargé de la pacification des barbares ». Mais, à la mort de ce dernier en 1199, le pouvoir réel échappe au fils du défunt (Minamoto Yoriie) ; le pouvoir est confié à un conseil de vassaux que domine le clan des Hôjô, clan dont l'influence ne cesse de s'étendre et de s'affirmer. Le shôgunat de Kamakura est resté dans toutes les mémoires en raison du célèbre épisode des tentatives d'invasions mongoles, dispersées par un typhon, un « vent divin » (1274 et 1281)... Ce long XIIIe siècle est propice à une intense réflexion spirituelle et à la contestation religieuse : des réformes sont initiées par les prédicateurs Hônen, Shinran, Nichiren et les maîtres zen, Eisai et Dôgen. 


L'échec des invasions mongoles aussi est le prélude à la chute du clan Hôjô, incapable de récompenser les guerriers qui ont contribué aussi bien financièrement que par leur engagement personnel à la victoire. Une coalition de malcontents appuie l'empereur Go Daigo qui réalise une éphémère et autoritaire restauration impériale (restauration Kemmu, 1333-1336). L'empire se scinde ensuite en deux entités rivales (les cours du Nord et du Sud) ; la guerre civile fait rage, mais celle-ci profite au clan des Ashigaka, partisan de la cours kyôtoîte du Nord : en 1338, Ashikaga Takauji reprend la fonction de shôgun. Après la défaite de la « cour sudiste » en 1392 : les Ashikaga deviennent les maîtres du pays. La période Muromachi (1392-vers 1490) est entrecoupée de crises politiques et sociales sur fond d'essor économique (développement d'une économie commerciale avec échanges monétaires et premières tentatives d'accumulation de capital). C'est le « monde à l'envers » (gekokujô, 下剋上) : les mouvements civils ou religieux d'autonomie rurale et urbaine et l'irrésistible ascension de la classe des guerriers débouchent sur un affrontement général, dont l'enjeu devient l'unification du pays. Oda Nabunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu la réaliseront au prix d'une longue guerre contre les forces politiques centrifuges, conflit dont Ieyasu sort vainqueur en créant la dernière dynastie de shôgun en 1603.

 
Le monde à l'envers c'est surtout celui des petites gens avides d'autonomie et d'ascension sociales dans un contexte de mutation économique et sociale, mais aussi celui d'un monde flottant qui a influencé les modes de vie et la culture nippones (les parias, appelés notamment kawaramono, 河原者). Les guerriers, acteurs principaux de la période médiévale et en particulier ceux de l'est de l'île d'Honshû, s'organisent sur une base familiale et clanique et créent des liens de vassalité (bushidan, 武士団). Ils sont issus de lignées de déclassés de la cour (voire de princes de la famille impériale, c'est le cas du lignage des Taira et des Minamoto qui font s'affronter entre 1180 et 1185) venu tenter leur chance loin de la capitale ou bien proviennent du milieu des paysans aisés et de la petite notabilité rurale. Ces hommes sont très attachés à leur terroir et défendent les intérêts des travailleurs de la terre, desquels ils se désolidarisent progressivement pour les dominer. Ces militaires en quête d'ascension sociale et de récompenses sont loin de la représentation conventionnelle du serviteur fidèle et loyal façonnée à l'époque d'Edo. Leur engagement est conditionné par les revenus de leurs terres : la période des récoltes (et de la perception des redevances) venue, le souffle d'un vent politique ou militaire contraire, ces hommes s'évaporent ou changent de camp. Leurs prouesses militaires, relatées dans les « dits » servent autant à bâtir une réputation qu'à ouvrir droit à récompenses... Si la bravoure du guerrier japonais médiéval ne peut être remis en question, leur éthique et leurs motivations étaient cependant plus prosaïques... 


Histoire du Japon médiéval, le monde à l'envers, de Pierre-François Souyri, aux éditions Perrin-Tempus, août 2013, 522 p.
 

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mercredi, 06 novembre 2013

Al Qaeda in China, Islamic Insurgency in Uighur-Xinjiang, China and the US-Saudi-Israeli Plan for the Middle East

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Al Qaeda in China, Islamic Insurgency in Uighur-Xinjiang, China and the US-Saudi-Israeli Plan for the Middle East

 
Global Research, October 30, 2013

THE YINON PLAN LIVES ON

Named after Israel’s minister of foreign affairs at the time of the 1982 invasion of Lebanon and occupation of Beirut, with about 25 000 dead, this divide-and-rule geostrategy plan for the MENA (Middle East and North Africa) lives on.

Already victims of this strategy since 2011 – operated by Israel, the US and Saudi Arabia – we have the divided and weakened states of Iraq, Libya, Yemen and Syria. Egypt and even Tunisia can also possibly be added to the list. Others can be identified as likely short-term target victim countries.

In February 1982 the foreign minister Oded Yinon wrote and published ‘A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties‘, which outlined strategies for Israel to become the major regional power in the Middle East. High up the list of his recommendations was to decapitate and dissolve surrounding Arab states into sub-nations, warring between themselves. Called the peace-in-the-feud or simply divide and rule, this was part of Yinon’s strategy for achieving the long-term Zionist goal of extending the borders of Israel, not saying where but potentially a vast region. His strategy was warmly and publicly supported by leading US policy makers with close ties to Israel, like Richard Perle, by the 1990s.

This regional balkanization plan is centred on the exploitation of ethnic, religious, tribal and national divisions within the Arab world. Yinon noted the regional landscape of the MENA was “carved up” mainly by the US, Britain and France after the defeat and collapse of the Ottoman empire in 1917. The hastily traced and arbitrary borders are not faithful to ethnic, religious, and tribal differences between the different peoples in the region – a problem exactly reproduced in Africa, when decolonization started in the 1950s and 1960s. Yinon went on to argue this makes the Arab world a house of cards ready to be pushed over and broken apart into tiny warring states or “chefferies” based on sectarian, ethnic, national, tribal or other divisions.

Central governments would be decapitated and disappear. Power would be held by the warlord chiefs in the new sub-nations or ‘mini-states’. To be sure, this would certainly remove any real opposition to Israel’s coming regional dominance. Yinon said little or nothing about economic “collateral damage”.

To be sure, US and Saudi strategy in the MENA region is claimed to be entirely different, or in the Saudi case similar concerning the means – decapitating central governments – but different concerning the Saudi goal of creating a huge new Caliphate similar to the Ottoman empire. Under the Ottomans nations did not exist, nor their national frontiers, and local governments were weak or very weak.

ISLAMIC INSURGENCY IS WELL KNOWN IN CHINA

China knows plenty about Islamic insurgency and its potential to destroy the nation state. Even in the 1980s and 1990s, some 25 years ago, China had an “Islamic insurgency” threat concentrated in its eastern resource-rich and low population Xinjiang region. Before that, since the early days of the Peoples’ Republic in the 1950s, China has addressed Islamic insurgency with mostly failed policies and strategies but more recently a double strategy of domestic or local repression, but aid and support to Islamic powers thought able to work against djihadi insurgents – outside China – has produced results.

The Chinese strategy runs completely against the drift of Western policy and favours Iran.

A report in ‘Asia Times’, 27 February 2007, said this: “Despite al-Qaeda’s efforts to support Muslim insurgents in China, Beijing has succeeded in limiting (its) popular support….. The latest evidence came when China raided a terrorist facility in the country’s Xinjiang region, near the borders with Pakistan, Afghanistan, Tajikistan and Kirgizstan. According to reports, 18 terrorists were killed and 17 were captured”.

Chinese reporting, even official white papers on defence against terror are notoriously imprecise or simply fabricated. The official line is there is no remaining Islamic insurgency and – if there are isolated incidents – China’s ability to kill or capture militants without social blowback demonstrates the State’s “hearts and minds” policy in Xinjiang, the hearth area for Chinese Muslims, is working.

Chinese official attitudes to Islamic insurgency are mired with veils of propaganda stretching back to the liberation war against anti-communist forces. These featured the Kuomintang which had a large Muslim contingent in its Kuomintang National Revolutionary Army. The Muslim contingent operated against Mao Zedong’s central government forces – and fought the USSR. Its military insurgency against the central government was focused on the provinces of Gansu, Qinghai, Ningxia and Xinjiang and continued for as long as 9 years after Mao took power in Beijing, in 1949.

Adding complexity however, the Muslim armed forces had been especially active against the Soviet Union in the north and west – and by 1959 the Sino-Soviet split was sealed. Armed hostilities by Mao’s PLA against the Red Army of the USSR broke out in several border regions, with PLA forces aided by former Muslim insurgents in some theatres. Outside China, and especially for Arab opinion, Mao was confirmed as a revolutionary nationalist similar to non-aligned Arab leaders of the period, like Colonel Husni al-Zaim of Syria and Colonel Nasser of Egypt.

CHINA’S THREAT TO WESTERN STRATEGY IN THE MENA

Especially today, some Western observers feign “surprise” at China’s total hostility towards UN Security Council approval for “surgical war” strikes against Syria. The reasons for this overlap with Russia’s adamant refusal to go along with US, Saudi Arabian, Turkish and French demands for a UNSC rubber stamp to trigger “regime change” in Syria but are not the same. For China the concept of “regime change” with no clear idea – officially – of what comes next is anathema.

As we know, when or if al Assad falls, only chaos can ensue as the country breaks apart, but this nightmare scenario for China is brushed aside by Western politicians as a subject for “later decision”.

China’s successful efforts to keep the global jihad from spreading into its territory is surely and certainly taken as a real challenge by Saudi-backed insurgents in western China. Various reports indicate the al-Qaeda organization trains about 1 000 mostly Xinjiang-origin Uighurs and other Chinese Muslims every year. Located in camps in Afghanistan, Pakistan, Kirgizstan and elsewhere, this terror training has continued since at least the mid-1990s, for a total of more than 15 years.

The focus on Xinjiang, formerly called Turkestan is no accident. The region’s Russian influence is still strong, reinforced by Muslim migration from Russia in the 19th century, accelerated by the Russian Civil War and 1917 revolution. During China’s warlord era preceding Mao’s rule, the USSR armed and supported the Muslim separatist East Turkestan Republic which only accepted Mao’s rule when the PRC under the Chinese communists was fully established in 1949. The longstanding East Turkestan jihadi movement (ETIM) is highly active today after being relaunched in the early 2000′s, especially since the Iraq war of 2003. It however mainly acts in “external theatres” such as Pakistan’s Baluchistan province. The Baluchi of Pakistan have long-term rebellious relations with the central government in Islamabad, and are allied with Kurd nationalists in Iraq, Syria, Lebanon and Turkey.

The US Council on Foreign Relations in a 29 May 2012 briefing on Xinjiang noted that since the Chinese Qing dynasty collapse of 1912, the region has experienced various types of semi-autonomy and on several occasions declared full independence from China. The Council for example notes that in 1944, factions within Xinjiang declared independence with full support from the USSR, but then cites US State Dept. documents claiming that Uighur-related terrorism has “declined considerably” since the end of the 1990s and China “overreacts to and exaggerates” Islamic insurgency in Xinjiang.

Notably, the US has declassified the ETIM Islamic movement – despite its terror attacks – as a terrorist organization. The ETIM was defined as such during the Bush administration years, but is no longer listed as a Foreign Terrorist Organization (FTO) in the State Dept. FTO list as from January 2012.

China has fully recognized the Islamic insurgency threat, with its potential for drawing in hostile foreign powers seeking to destroy national unity and break the national government. Its concern, shared by Indian strategists and policy makers is to “stop the rot” in the MENA.


THE CHINESE STRATEGY

Unofficially, China regards the US and Saudi strategy in the MENA and Central Asia as “devil’s work” sowing the seeds of long-term insurgency, the collapse of the nation state and with it the economy. The US link with and support to Israel is in no way ignored, notably Israel’s Yinon plan for weakening central governments and dissolving the nation state right across the MENA.

China’s main concern is that Central Asian states will be affected, or infected by radical Islamic jihadi fighters and insurgents drifting in from the West, from the Middle East and North Africa. These will back the existing Islamic insurgent and separatist movement in resource-rich Xinjiang. To keep Central Asian states from fomenting trouble in Xinjiang, China has cultivated close diplomatic ties with its neighbors, notably through the Shanghai Cooperation Organization which has a secretariat concerned with counter-insurgency issues.

US analysts however conclude, very hastily, that China “instinctively supports the status quo” and therefore does not have an active international strategy to combat djihadi violence and anarchy outside China. US analysts say, without any logic, that China will respond to and obediently follow initiatives from Washington and other Western powers – as it has starkly not done in the UN Security Council when it concerns the Western powers’ long drawn out attempt to repeat, for Syria, their success in 2011 for getting UNSC approval to the NATO war in Libya!

China was enraged, and regarded it as betrayal when its support for limited action by NATO in Libya – a rare instance of China compromising on nonintervention – turned into an all-out “turkey shoot” to destroy the Gaddafi clan. Libya was handed over to djihadi militants, who subsequently declared war against central government, an accelerating process resulting in Libya, today, having no central government with any real authority. That experience certainly hardened Beijing’s responses on Syria.

Post-Mao China has restored the concept of Chinese cultural continuity, with a blend of Confucian, Taoist and Buddhist strands which had been been weakened but not completely destroyed in the years of ideologically-driven Communism. For the Communists of Mao’s era “history was bunk”, not even a mixed bag but an unqualified evil that must be smashed. The Chinese attitude to radical Islam as embodied in the ideologies of Wahabism and Salafism is the same – they are treated as a denial of world history and its varied cultures, with immediate and real dangers for China. Its counter-insurgency strategy against Islamic radicals is the logical result.

This strategy ensures closer Tehran-Beijing relations, usually described by Western analysts as a “balancing act” between ties to Washington and growing relations with Iran. China and Iran have developed a broad and deep partnership centered on China’s oil needs, to be sure, but also including significant non-energy economic ties, arms sales, defense cooperation, and Asian and MENA geostrategic balancing as a counterweight to the policies and strategies of the United States and its local allies, Saudi Arabia and Israel. Chinese attention now focuses the Washington-Riyadh axis and its confused and dangerous MENA region geostrategy, resulting in a de facto proliferation of Islamic djihadi insurgents and the attack on the basic concept of the nation state across the region. The Chinese view is that Iran’s version of “Peoples’ Islam” is less violent and anarchic, than the Saudi version.

OPPOSING THE WASHINGTON-RIYADH AXIS

Both Chinese and Indian strategists’ perceptions of the US-Saudi strategy in the MENA, and other Muslim-majority regions and countries is that it is dangerous and irresponsible. Why the Western democracies led by the US would support or even tolerate the Saudi geostrategy and ignore Israel’s Yinon Plan – as presently shown in Syria – is treated by them as almost incomprehensible.

China is Tehran’s largest trading partner and customer for oil exports, taking about 20% of Iran’s total oil exports, but China’s co-operation is seen as critical to the Western, Israeli and Arab Gulf State plan to force Iran to stop uranium enrichment and disable the capacity of its nuclear program to produce nuclear weapons. Repeated high-level attempts to “persuade Beijing” to go along with this plan, such as then-US Treasury Secretary Timothy Geithner’s 2012 visit to Beijing, however result each time in Chinese hosts politely but firmly saying no. This is not only motivated by oil supply issues.

Flashpoints revealing the Chinese-US divide on Iran crop up in world news, for example the US unilateral decision in January 2012 to impose sanction on Chinese refiner Zhuhai Zenrong for refining Iranian oil and supplying refined products back to Iran. This US action was described by China’s Foreign Ministry spokesman as “totally unreasonable”. He went on to say that “China (has) expressed its strong dissatisfaction and adamant opposition”.

At the same time, China’s Xinhua Agency gave prominence to the statement made by Iran’s OPEC delegate Mohamed Ali Khatibi: “If the oil producing nations of the (Arab) Gulf decide to substitute Iran’s oil, then they will be held responsible for what happens”. Chinese analysts explained that China like India was irritated that Iranian oil sanctions opened the way for further de facto dominance of Saudi Arabia in world export supplies of oil, as well as higher prices.

Iran is however only the third-largest supplier of oil to China, after Angola and Saudi Arabia, with Russia its fourth-largest supplier, using EIA data. This makes it necessary for China to run sustainable relations with the Wahabite Kingdom, which are made sustainable by actions like China’s Sinopec in 2012 part-funding the $8.5 billion 400 000 barrels-per-day refinery under construction in the Saudi Red Sea port city of Yanbu.

The Saudi news and propaganda outlet Al Arabiya repeatedly criticises China and India for their purchase of Iranian oil and refusal to fully apply US-inspired sanctions. A typical broadside of February 2013 was titled “Why is China still dealing with Iran?”, and notably cited US analysts operating in Saudi-funded or aided policy institutes, such as Washington’s Institute for Near East Policy as saying: “It’s time we wised up to this dangerous game. From Beijing’s perspective, Iran serves as an important strategic partner and point of leverage against the United States”. US analysts favourable to the Saudi strategy in the MENA – described with approval by President Eisenhower in the 1950s as able to establish a Hollywood style Saudi royal “Islamic Pope” for Muslim lands from Spain to Indonesia – say that Iran is also seen by China as a geopolitical partner able to help China countering US-Saudi and Israeli strategic action in the Middle East.

A 2012 study by US think tank RAND put it bluntly: “Isolated Iran locked in conflict with the United States provides China with a unique opportunity to expand its influence in the Middle East and could pull down the US military in the Gulf.” The RAND study noted that in the past two decades, Chinese engineers have built housing, bridges, dams, tunnels, railroads, pipelines, steelworks and power plants throughout Iran. The Tehran metro system completed between 2000 and 2006 was a major Chinese engineering project.

THE BIG PICTURE

China’s Iran policy and strategy can be called “big picture”. Iranian aid and support to mostly but not exclusively Shia political movements, and insurgents stretches from SE Asia and South Asia, to West and Central Asia, Afghanistan, the Caspian region, and SE Europe to the MENA. It is however focused on the Arabian peninsula and is inevitably opposed to Saudi geostrategy. This is a known flashpoint and is able to literally trigger a third world war. Avoiding this is the big picture – for China.

Li Weijian, the director of the Research Center of Asian and African Studies at the Shanghai Institute for International Studies puts it so: “China’s stance on the Iranian nuclear issue is not subject to Beijing’s demand for Iranian oil imports, but based on judgment of the whole picture.” China is guided in foreign relations by two basic principles, both of them reflecting domestic priorities. First, China wants a stable international environment so it can pursue domestic economic development without external shocks. Second, China is very sensitive to international policies that ‘interfere in or hamper sovereign decisions”, ultimately tracing to its experience in the 19th and 20th centuries at the hands of Western powers, and the USSR, before and after the emergence of the PRC. It adamantly opposes foreign interference in Taiwan, Tibet, and Xinjiang.

This includes radical Islamist or djihadi interference, backed by any foreign power. While China has on occasions suspected Tehran of stirring Islamic insurgency inside its borders it sees the US-Saudi geostrategy of employing djihadists to do their dirty work as a critical danger, and as wanton interference. Indian attitudes although not yet so firm, are evolving in the same general direction. Both are nuclear weapons powers with massive land armies and more than able to defend themselves.

Claims by Western, mostly US analysts that China views Iran as exhibiting “unpredictable behaviour” in response to US-led sanctions and that Iran is “challenging China’s relations with its regional partners” can be dismissed. In particular and concerning oil, China is well aware that Iran will need many years of oil-sector development to return to anything like pre-Islamic revolution output of more than 5 million barrels a day. Unless oil sanctions are lifted, Iran’s oil output will go on declining, further increasing the power of the Gulf States led by Saudi Arabia, and Shia-governed but insurgency threatened Iraq to dictate export prices.

China dismisses the claim that its policies have hampered US and other Western political effort to dissuade Iran from developing nuclear weapons capability.

China’s distaste for toppling almost any central government, even those run by dictatorial strongmen springs from a deep sense of history – marked by insecurity about the uncertain political legitimacy of governments arising from civil war and revolution – like the PRC. At its extreme, this Chinese nightmare extends to fears that if the US-Saudi geostrategy can topple governments in the Middle East almost overnight, what will stop them from working to bring down China’s government one day? Unlike almost all MENA countries minus the oil exporters, China has scored impressive victories in the fight against poverty. Its economy although slowing creates abundant jobs and opportunity.

For China, this is the only way to progress.

HARDENING POLICIES AND POSITIONS

The emerging Chinese anti-Islamist strategy also underlines a menacing reality for the US and other Western powers. China rejects the belief there is still only one superpower in today’s world—the USA. The USA’s weakened economy and uncontrollable national debt, its confused and cowardly drone war, its slavish support to Israeli and Saudi whims do not impress China – or India.

To be sure China’s classic-conventional weapons development programs lag far behind the US. The Chinese military strategy for pushing back US dominance focuses global reach ballistic missiles, tactical nuclear weapons, drones, submarines, and military space and cyberwarfare capabilities.

With the PLA it possesses the biggest land army in the world. No US warmonger, at least saner versions would “take on China”.

China has invested heavily in Iraq, Saudi Arabia and other Gulf states, as well as Iran. It does not want to see its investment effort destroyed by deliberately promoted Islamic anarchy. Also, its Middle Eastern presence will continue due to the fact that while US dependence on oil imports is declining, China overtook the US as the world’s largest oil importer on a daily basis, this year, several years ahead of analysts’ consensus forecasts.

The likely result is that China is now poised and almost certain to strengthen relations with Iran. The intensifying Syrian crisis as well as the dangerously out of control US-Saudi-Israeli djihadi strategy, of fomenting sectarian conflict and destroying the nation state in the MENA, will likely prompt China to soon take major initiatives.

Un texte du 19ème siècle sur la formation du Samouraï déchiffré

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Un texte du 19ème siècle sur la formation du Samouraï déchiffré

Auteur : Les Découvertes Archéologiques 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Un texte d'entraînement, utilisé par une école d'arts martiaux pour enseigner aux membres de la classe bushi (samurai ou samouraï), a été déchiffré. Il révèle les règles que les samouraïs étaient censés suivre et ce qu'il fallait faire pour devenir un véritable maître épéiste.

Le texte est appelé Bugei no jo, ce qui signifie "Introduction aux arts martiaux" et est daté de la 15e année de Tenpo (1844).

Écrit pour les étudiants samouraïs sur le point d'apprendre le Takenouchi-Ryu, un système d'arts martiaux , il devait les préparer pour les défis qui les attendaient.

Une partie du texte traduit donne ceci: "Ces techniques de l'épée, nées à l'âge des dieux, ont été prononcées par la transmission divine. Elles forment une tradition vénérée de par le monde, mais sa magnificence se manifeste seulement quand on a pris connaissance (...). Quand [la connaissance] est arrivée à maturité, l'esprit oublie la main, la main oublie l'épée," un niveau de compétence que peu obtiennent et qui requiert un esprit calme.

Le texte comprend des citations écrites par les anciens maîtres militaires chinois et est écrit dans un style Kanbun formel: un système qui combine des éléments de l'écriture japonaise et chinoise.

Le texte a été publié à l'origine par des chercheurs en 1982, dans sa langue originale, dans un volume de l'ouvrage "Nihon Budo Taikei." Récemment, il a été partiellement traduit en anglais et analysé par Balázs Szabó, du département d'études japonaises de l'Université Eötvös Loránd à Budapest, en Hongrie.

La traduction et l'analyse sont décrites dans la dernière édition de la revue Acta Orientalia Academiae Scientiarum Hungaricae.

Parmi ses nombreux enseignements, le texte dit aux élèves de montrer une grande discipline et de ne pas craindre le nombre d'ennemis. "(...) c'est comme franchir la porte d'où nous voyons l'ennemi, même nombreux, nous les voyons comme quelques uns, donc aucune crainte ne s'éveille, et nous triomphons alors que le combat vient à peine de commencer", citation d'un enseignement Sur les Sept Classiques Militaires de la Chine ancienne.

Le dernier siècle des samouraïs

En 1844, seuls les membres de la classe Samouraï étaient autorisés à recevoir une formation d'arts martiaux. Szabó explique que cette classe était strictement héréditaire et qu'il y avait peu de possibilités pour les non-samurai d'y adhérer.

Les étudiants Samurai, dans la plupart des cas, auraient participé à plusieurs écoles d'arts martiaux et, en outre, auraient appris "l'écriture chinoise, les classiques confucéens et la poésie dans les écoles du domaine ou des écoles privées", a expliqué Szabó.
Les étudiants qui commencent leur formation de Takenouchi-ryu en 1844 ne réalisaient pas qu'ils vivaient à une époque où le Japon était sur ??le point de subir d'énormes changements.

Pendant deux siècles, il y a eu des restrictions sévères sur les Occidentaux entrant au Japon. Cela a pris fin en 1853 quand le commodore américain Matthew Perry est entré dans la baie de Tokyo avec une flotte et a exigé que le Japon signe un traité avec les États-Unis.
Dans les deux décennies qui ont suivi, une série d'événements et de guerres ont éclaté qui on vu la chute du Japon Shogun, la montée d'un nouveau Japon moderne et, finalement, la fin de la classe des Samouraïs.

Les règles Samurai.

Le texte qui vient d'être traduit énonce 12 règles que les membres de l'école de Takenouchi-ryu étaient censés suivre.
Certaines d'entre elles, dont "Ne quittez pas le chemin de l'honneur !" et "Ne commettez pas de turpitude !" étaient des règles éthiques que les samouraïs étaient censés suivre.

 

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Une règle notable, "Ne laissez pas les enseignements de l'école s'échapper !" a été créé pour protéger les techniques secrètes d'arts martiaux de l'école et à aider les élèves s'ils devaient se trouver au milieu d'un combat.

"Pour une école d'arts martiaux ... afin d'être attrayante, il était nécessaire de disposer de techniques spéciales permettant au combattant d'être efficace même contre un adversaire beaucoup plus fort. Ces techniques sophistiquées faisaient la fierté de l'école et étaient gardées secrètes, car leur fuite aurait causé une perte aussi bien économique que de prestige", écrit Szabó.

Deux autres règles, peut-être plus surprenantes, précisent que les étudiants "ne se concurrencent pas !" et "Ne racontent pas de mauvaises choses sur d'autres écoles !".

Les occidentaux modernes ont une vision populaire des samouraïs s'affrontant régulièrement, mais en 1844, ils n'étaient pas autorisés à se battre entre eux.
Le shogun Tokugawa Tsunayoshi (1646-1709) avait placé une interdiction sur les duels d'arts martiaux et a même réécrit le code que le samouraï devait suivre, en l'adaptant pour une période de paix relative. "L'apprentissage et la compétence militaire, la loyauté et la piété filiale, doit être promue, et les règles de la bienséance doivent être exécutées correctement", expliquait le shogun (traduction du livre "Études sur l'histoire intellectuelle du Japon des Tokugawa," par Masao Maruyama, Princeton University Press, 1974).

Les compétences secrètes.

Le texte propose seulement un faible aperçu des techniques secrètes que les élèves auraient appris à cette école, en séparant les descriptions en deux parties appelées "secrets les plus profonds du combat" et "secrets les plus profonds de l'escrime."

Une partie des techniques secrètes de combat à mains nues est appelé Shinsei no daiji, ce qui se traduit par "techniques divines", indiquant que ces techniques étaient considérées comme les plus puissantes.

Curieusement, une section de techniques secrètes d'escrime est répertoriée comme ?ry?ken, également connu sous le nom IJU ichinin, ce qui signifie "ceux considérés être accordés à une personne" - dans ce cas, l'héritier du directeur.

Le manque de détails décrivant ces techniques dans des cas pratiques n'est pas surprenant pour Szabó. Les directeurs avaient des raisons pour utiliser un langage crypté et l'art du secret.


Non seulement ils protégeaient le prestige de l'école, et les chances des élèves dans un combat, mais ils contribuaient à "maintenir une atmosphère mystique autour de l'école," quelque chose d'important pour un peuple qui tenait l'étude des arts martiaux en haute estime.

 - Source : Les Découvertes Archéologique

vendredi, 25 octobre 2013

Eurasian Union: Substance and the Subtext

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Eurasian Union: Substance and the Subtext


Ph.D., Professor of the School of International Studies, Jawaharlal Nehru University, New Delhi, India.
 
Ex: http://www.geopolitica.ru
 

The Eurasian Union has come to the present stage in its evolution within a remarkably compressed time-frame. Although the idea was first mooted by the Kazakh president Nursultan Nazarbaev in 1994, it hibernated for long years.[1] It was only in late 2011 that Vladimir Putin revived the idea; visualised it as one of the major centres of economic power alongside the EU, the US, China and APEC; and initiated the process of its implementation. In November 2011, the presidents of Russia, Kazakhstan and Belarus signed an agreement to establish the Eurasian Economic Space (EES) that would graduate towards the Eurasian Union. The EES came into existence on 1 January 2012. The paper proposes to examine the origin of the idea and assess its implementation todate with an analysis of the substance and subtext of the organization.

Eurasian Union: The Origins

On 3 October 2011, Vladimir Putin published a signed article in the daily newspaper Izvestia titled “New Integration Project in Eurasia: Making the Future Today.” Putin was the Russian Prime Minister at that time and set to take over the Russian Presidency. The article can thus be interpreted as the assignment he set for himself in his second tenure. On the ground, the “Treaty on the Creation of a Union State of Russia and Belarus” already existed. The Treaty envisaged a federation between the two countries with a common constitution, flag, national anthem, citizenship, currency, president, parliament and army. On 26 January 2000, the Treaty came into effect after the due ratifications by the Russian Duma and the Belarus Assembly. It provided for political union of the two, creating a single political entity. Whether the Treaty laid down a proto Eurasian Union remains to be seen.

The European Union (EU) announcement in 2008 of its Eastern Partnership Programme (EPP) may also have inspired the Russian drive towards reintegration of the Eurasian space. The EPP was initiated to improve political and economic relations between the EU and six "strategic" post-Soviet states -- Armenia, Azerbaijan, Belarus, Georgia, Moldova and Ukraine -- in the core areas of democracy, the rule of law, human rights, the promotion of a market economy, and sustainable development.[2]  There was much debate over whether to include Belarus, whose authoritarian dictatorship disqualified it. The eventual invitation to Belarus was the concern over an excessive Russian influence in that country.

The US plan to deploy the NATO missile defence system in Poland and Czech Republic was already a source of concern for the Russians. China was emerging as a serious player in the region through its heavy investments in energy and infrastructure. The Russian determination to keep the post-Soviet states away from the US, the EU and China made the Eurasian project a priority in its foreign policy. The Treaty between Russia and Belarus intended to keep the latter into the Russian fold.[3]

 Eurasianism: The Idea

Eurasianism as an idea predates the Soviet Union. The Russian identity has been contested by the Occidentalists, the Slavophils and the Eurasianists. The latter claim Russia as the core of the Eurasian civilization. Today, the former Soviet states accept the Russian centrality but not the core-periphery division bet Russia and the rest.

Within Russia itself, the Eurasianists always considered the Soviet Union to be a Greater Russia. With the collapse of the Soviet Union, the Eurasian political project is to reunite the Russians from the former Soviet territories and ultimately to establish a Russian state for all the Russians. Aleksander Dugin is an ideologue and activist for neo-Eurasianism in Russia. His political activities are directed at restoring the Soviet space and unification of the Russian-speaking people. The South Ossetian President Eduard Kokoity is a sworn Eurasianist himself and eager to make his country a part of Russia.

Organization and Accomplishments

The Eurasian Economic Commission (EEC), the governing body of the EES is set up in Moscow for the time being. Kazakhstan has already staked its claim to host its permanent headquarters. The formula under which the 350-member body would be filled allots Russians 84 percent of staff, the Kazakhs 10 percent and the Belarusians a mere 6 percent. The formula has been worked out on the basis of the population in the three countries. The expenses towards accommodation and infrastructure would be borne by Russia.

The EEC will be eligible to make decisions with regard to customs policies, as also the issues relating to macroeconomics, regulation of economic competition, energy policy, and financial policy. The Commission will also be involved in government procurement and labour migration control.[4] The right of the EEC to sign contracts on behalf of all of them is contested.

The Supreme Eurasian Union Council will be the apex body of the group. The vice- premiers of the three countries would be leading their countries’ delegations in this body. There are differing opinions on the powers of its apex body.

Eurasian Union is an economic grouping. Its objective is to expand markets and rebuild some of the manufacturing chains destroyed by the collapse of the Soviet Union. The Customs Union of Russia, Kazakhstan and Belarus had set the process toward this goal and the Eurasian Union is a continuation of the same process.[5]

The EEC has made some progress, in the meantime. It has simplified the trade rules, eliminated border customs and facilitated free movement of goods, services and capital. It has also encouraged migration of labour among its signatories. The trade among the three is estimated to have gone up by forty percent last year alone. Russia has benefitted from cheaper products and labour force from the rest of the two and several hundred Russian enterprises have re-registered in Kazakhstan to avail cheaper tax rates. Kazakhs and Belarusians have found a large market for their products in Russia.

Major hurdles still remain. A common currency has not been agreed to. The pace of economic integration is yet another point of debate among the three. Belarus would not be comfortable with market integration, which would require economic reforms. Eventually, the economic reforms could lead to political reforms and even changes in political system. Belarus is least prepared for such an eventuality.

Russia, Belarus and Kazakhstan         

Within Russia, the Eurasianism still holds an appeal; and not just among the marginal groups. The Eurasian Union is perceived as an expression of Eurasianism that would lead to the state of Russia for all Russians. There are calls to invite countries like Bulgaria, Czech Republic, Hungary, Finland and even China and Mongolia to join the Eurasian Union. At the leadership level, Putin may also prefer ruling over an expanded space encompassing the entire or most of the former Soviet territory.

The Russian raison d’état for the Eurasian Union cannot be traced to such feelings alone. The missionary zeal to reach out to the neighbours involves subsidizing them. As a general rule, economic integration must necessarily involve mutual benefits for all the parties - even when the benefits are not in equal measure. An economic arrangement does not only eliminate tariffs and other restrictive trade barriers among the signatories, it also formulates and implements tariffs and trade barriers against the non-signatories. Facilitating trade among themselves and restricting trade with the outsiders is the dual track of any economic group. 

As regional integration proceeds in much of the world (not just through the EU but also via NAFTA, ASEAN and Washington’s proposed Trans-Pacific Partnership, among others), the post-Soviet space remains largely on the sidelines. A lack of horizontal trading links and isolation from global markets contribute to the region’s persistent underdevelopment. By reorienting members’ economies to focus on the post-Soviet space, a Eurasian Union would create new barriers between member states and the outside world.[6] Russia is particularly worried about the Chinese forays into its neighbourhood. And the EU Eastern Partnership Programme threatens to encroach into the space that Moscow considers its own sphere of influence.

A second powerful reason for Russia to reach out to its neighbours is that the neighbours are steadily making Russia their home. The influx of migrants from the former Soviet territories has generated a lot of resentment and will soon become a serious political issue. In the circumstances, helping to improve the economic situation beyond the Russian borders and assimilate the new arrivals in a common citizenship is being considered. The then president Dmitry Medvedev explicitly linked the issue of immigrants to the expansion of the state borders. He spoke of the time when the giant state had to comprise different nationalities that created “Soviet People”. "We should not be shy when bringing back the ideas of ethnic unity. Yes, we are all different but we have common values and a desire to live in a single big state," he said.[7]

Russia is not single-mindedly committed to the Eurasian Union. It has initiated and nurtured several other multi-lateral organizations and become a member of scores of others initiated by others. The Collective Security Treaty Organization (CSTO) consisting of Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Russia, Tajikistan and Uzbekistan[8] is one such. So is the Commonwealth of Independent States comprising most of the post-Soviet countries. It is a member of the Shanghai Cooperation Organization that is clearly a China-led group. The Quadrilateral Forum comprising Russia, Tajikistan, Afghanistan and Pakistan is a Russian project.

It has not shied away from making deals with the EU, either. In 2003, it entered into an agreement with the EU to create four common spaces: 1. of freedom, security and justice; 2. cooperation in the field of external security; 3. economy; and 4. research, education and cultural exchange. Since the formalisation of the Customs Union, Putin has insisted that the EU formalise its relations with the Customs Union before a new basic treaty between the EU and Russia could be formalised. At the EU-Russia Summit in June 2012, he also sought the EU support for the Kazakh and Belarusian bids to join the WTO.[9]

Kazakhstan has formulated and pursued a “multivector” foreign policy since independence. It seeks good relations with its two large neighbours as also with the West. Its operational idiom, therefore, is “diversify, diversify and diversify”.

Its relations with the US are centred on counter-terrorism. In Central Asia, it is now the most favoured US partner in the war on terror. It has welcomed the US-sponsored New Silk Road. The Aktau Sea port is expected to emerge as the capital city on this cross-Caspian Road as the central point for transportation, regional educational cooperation and tourism. The Transportation and Logistics Centre is being developed in the city. Aktau hopes to play a role within the New Silk Road that Samarkand played in the Old Silk Road.[10]

Its relations with Europe are as good. Its bilateral cooperation with the EU dates back to 1999, when it entered into the Partnership and Cooperation Agreement with it. The European Commission has agreed to support its application for membership of the WTO. On 1 January 2010, Kazakhstan became the first post-Soviet state to assume the chairmanship of the 56-member Vienna-based Organization for Security and Cooperation in Europe. Its trade with the EU accounts for as much as the trade of all the Central Asian countries put together. France has a trade agreement with it that is worth $2 billion under which France would help build a space station and cooperate on nuclear development.

It is its close ties – in fact, too close ties – with China that explains its active membership of the Eurasian Union. China’s presence in the country is pervasive. In 2005, the Asatu-Alashanku oil pipeline between the two countries went into use. The second stage of the same from Kenkyiak to Kumkol is already in works. A gas pipeline is being discussed. In the same year, China bought Petrokazakhstan that was the former Soviet Union’s largest independent oil company. At $4.18 billion, it was the largest foreign purchase ever by a Chinese company. In 2009, it gained a stake in the MangistauMunaiGas, a subsidiary of the KazMunaiGas, which is the Kazakh national upstream and downstream operator representing the interests of the state in the petroleum sector. Even as economic ties get stronger, there could be a point of friction between the two regarding the Uighur-based East Turkestan Islamic Movement in the Xinjiang province of China. There are 180,000 Kazakhs of Uighur descent, which is a source of discomfort to China.

Belarus is a landlocked country and dependent on Russia for import of raw materials and export to the foreign markets. Its dependence on Russia is aggravated by the fact that the US has passed the “Belarus Democracy Act”, which authorizes funding for pro-democracy Belarusian NGOs and prevents loans to the government. The EU has imposed a visa ban on its president Alexander Lukashenko. Even as the Belarus’s dependence on Russia is overwhelming, their bilateral relations have gone through severe frictions. In 2004, there was a gas dispute as Russia stopped the gas supply for six months before a compromise on the price was worked out.

In 2009, the two fought what has come to be called “milk wars”. Moscow banned import of Belarusian dairy products, claiming that they did not meet Russian packaging standards, a non-tariff measure allowed under the common customs code. The disagreement cost Belarus approximately $1 billion. The real problem was that Belarusian farmers were heavily subsidized, meaning that the cost of milk production in Belarus was substantially lower than that in Russia. As a result, Russian dairy producers were on the verge of bankruptcy and looked to their government for support. In response to Russian action, Belarus introduced a ban on the purchase of Russian agricultural machinery, accusing Russia of not providing leasing for Belarusian tractors (a major source of income for Belarus).[11]

Destination Ukraine?

Ukraine is the raison d’être for the entire Eurasian project, according to many. “Once past the verbal hype, it becomes clear that in fact it [Eurasian Union] has nothing to do with Eurasia and has everything to do with a single country, which, incidentally, is situated in Europe of all places: Ukraine,” according to an analyst.[12] Its key task is to draw Kiev into the integration project.

The primary reason for Russian stake in Ukraine is the Ukraine-Russia-Turkmen gas pipeline. Till the break-up of the Soviet Union, it was a domestic grid. Today, the gas trade between Turkmenistan, Russia and Ukraine is not just a commercial proposition, but an illustration of triangular dependencies of the three countries. The key issues in terms of transit are that all Turkmenistan’s gas exports outside Central Asia pass through Russia, which puts the latter in complete control of around three-quarters of Turkmenistan’s exports. Russia’s position vis-à-vis Ukraine is extremely vulnerable in that more than ninety percent of its gas exports to Europe pass through that country.

Thus, Ukraine is the transit point as well as the choke point of the Turkmen and Russian exports. It has also been a leaking point of the deliveries. In early 1990s, there were serious disruptions as Ukraine pilfered the gas for its own domestic use. Since then the gas deliveries have become an important issue in the political and security relationship between Russia and Ukraine, having featured in the package of agreements which have included issues such as the future of the Black Sea Fleet and Ukrainian nuclear weapons. There was a serious stand-off between the two in 2009, when the Russians cut off natural gas supplies to Ukraine over price dispute. A compromise was reached only after Ukraine agreed to pay more for the gas that was, till then, subsidised.[13]

The second most important Russian stake in Ukraine is that Ukraine’s Crimea peninsula hosts a Russian navy base whose lease term was extended for twenty-five years in 2010 by a special agreement between Presidents Dmitry Medvedev and Viktor Yanukovych, despite an unresolved gas dispute. This facility provides Moscow with strategic military capabilities in an area that Russia once considered crucial for the security of its southwestern borders and its geopolitical influence near the “warm seas.”[14] In return for the extension of the lease, Russia agreed to a thirty percent drop in the price of natural gas it sold to Ukraine.

A third reason for Russian interest in Ukraine could be that the latter represents a promising market of 45 million potential consumers, in the context where Russia seeks to diversify its own economy and export destinations.

Russian diplomacy to retain control over Ukraine and the US diplomacy to extend its control over the same have repeatedly to come to a clash. Till recently, Ukraine was pointedly excluded from both the EU and the NATO expansions[15]; as also from the list of possible invitees. Since the “Orange Revolution”, the situation has radically changed. How the energy pipeline politics plays out in the changed circumstances remains to be seen.

For its part, Ukraine has not closed its options between the EU and the Eurasian Union. Its prime minister Mykola Azarov, speaking at a meeting to discuss “Ukraine at the Crossroads: The EU and/or the Eurasian Union: Benefits and Challenges” said, “Ukraine has never contrasted one economic organization with the other and we cannot do that from many points of view. We are in ‘between’ and we must have friends both here and there.”[16]

Conclusions

There is no Eurasian Union todate. And yet, it has been the subject of intense scholarly scrutiny as also of prescriptive analysis. Its future membership, the direction of its evolution and the gamut of its activities must remain speculative in the meanwhile.

In lieu of the final conclusions, some tentative recapitulation of the above is in order. The Russians aim to retain the former Soviet space within their own sphere of influence, seeking to diminish the US, Chinese and the EU presence out of it to the extent possible. The Kazakhs are keeping all their options open: seeking a central role in the US-sponsored war on terror and the New Silk Road, permitting pervasive Chinese presence in their economy, promoting bilateral and institutional ties with the EU, and becoming a member of the Eurasian Union. “Diversify” is the name of the Kazakh game. Belarus is landlocked and dependent on Russia for its trade exports and imports, and the Belarus president is persona non grata in much of the West. Under the circumstances, the Eurasian Union is a solution to much of its problems.

Ukraine has signed a Memorandum of Understanding on trade cooperation with Eurasian Economic Commission. Much will depend on whether and when Ukraine decides to join the Eurasian Union.

Published in Journal of Eurasian Affairs


[1] The Kazakh people like to point out that Kazakhstan’s president Nursultan Nazabaev was the first leader to propose the Eurasian Union in 1994. Chinara Esengul, “Regional Cooperation”, March 27, 2012. http://www.asiapathways-adbi.org/2012/03/does-the-eurasian-union-have-a-future/

[2] Kambiz Behi and Daniel Wagner, “Russia’s Growing Economic Influence in Europe and beyond”,  23 July 2012. 

http://www.huffingtonpost.com/kambiz-behi/russias-growing-economic-influence_b_1696304.html

[3]  On 30 September 2011, Belarus withdrew from the EU initiative citing discrimination and substitution of the founding principles. Three days thereafter, it refuted its decision to withdraw. The EU-Russia competition was obviously at work in quick turnarounds in Belarusian position.

[4] Retrieved from news.mail.ru and kremlin.ru in Russian. Quoted in Wikipedia, “Eurasian Union”.

[5] The Customs Union came into existence on 1 January 2010. Removing the customs barriers among them, the countries took the first step towards economic integration.

[6]Jeffrey Mankoff, “What a Eurasian Union Means for Washington”, National Interest  http://nationalinterest.org/commentary/what-eurasian-union-means-washington-6821

[7] Gleb Bryanski, “Putin, Medvedev Praise Values of the Soviet Union”, Reuters, 17 November 2011,  http://in.reuters.com/article/2011/11/17/idINIndia-60590820111117   

[8] In June 2012, Uzbekistan decided to suspend its membership of the CSTO.

[9] http://www.euractiv.com/europes-east/putin-promotes-eurasian-union-eu-news-513123 “Putin Promotes Eurasian Union at the EU Summit”, 5 June 2012

[11] Behi and Wagner, n. 2

[12] Fyodor Lukyanov, gazeta.ru. 17 September 2012. Quoted in http://www.telegraph.co.uk/sponsored/russianow/opinion/9548428/eurasian-union-explanation.html   

[13] The Ukrainian prime minister at that time, Yulia Tomashenko, has since been sentenced to seven years in prison for abusing the authority and signing the deal.

[14]  Georgiy Voloshin, “Russia’s Eurasian Union: A Bid for Hegemony?”, http://www.geopoliticalmonitor.com/russias-eurasian-union-a-bid-for-hegemony-4730

[15] Putin was reported to have declared at the NATO-Russian Summit in 2008 that if Ukraine were to join the NATO, he would consider annexing the Eastern Ukraine and Crimea in retaliation.

 

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samedi, 12 octobre 2013

Il Tibet e il problema idrico cinese

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Il Tibet e il problema idrico cinese nel contesto dell’Asia Meridionale

Francesco Bellomia 
 
Ex: http://www.geopolitica-rivista.org

Si discute spesso del crescente fabbisogno energetico cinese e dunque delle problematiche relative al reperimento di materie prime come petrolio, gas naturale e carbone, ma, nell’ambito delle risorse naturali, ciò non rappresenta l’unica esigenza a cui la classe dirigente a Pechino deve far fronte. La mancanza di acqua, unita all’inquinamento di una parte delle risorse idriche disponibili, sta divenendo infatti una questione sempre più pressante, un problema che finisce per ripercuotersi sulla stessa crescita economica del paese, oltreché sulla stabilità sociale e sui rapporti della Cina con gli stati limitrofi nell’area dell’Asia Meridionale.

plateaumap_lgLa Cina detiene il 7% delle risorse mondiali di acqua, stante però una popolazione equivalente al 20% del totale, Pechino si classifica al centesimo posto su centosettantacinque paesi nel ranking relativo alle risorse idriche mondiali pro capite (con un ammontare di 2.093 m3 di acqua a persona)1.Essendo quella cinese un’economia ancora in espansione, il fabbisogno idrico ne risulterà certamente crescente in maniera esponenziale, soprattutto dal punto di vista industriale e abitativo. Sei regioni nel paese registrano già consumi di acqua superiori alle risorse disponibili, mentre altre cinque vengono considerate al di sotto della soglia di criticità (fissata a 1000 m3 di acqua pro capite)2.

Vi è poi un problema di distribuzione tra nord e sud. Il 77% delle risorse idriche è infatti concentrato nel sud del paese, mentre si trovano invece al nord il 64% delle terre arabili e il 40% della produzione industriale. Una parte delle risorse di acqua inoltre, non può essere utilizzata a causa degli elevati livelli di inquinamento. Il 34% dell’acqua dei sette maggiori fiumi cinesi è classificata come inquinata, di questa il 14% come altamente inquinata, il che la rende inservibile anche per gli usi industriali o agricoli. Secondo la FAO, intorno alle aree urbane, soprattutto quelle industrializzate del nord, il 90% dei fiumi può essere considerato come altamente inquinato3. Come è noto, alla base di tali dati vi è la priorità data da Pechino allo sviluppo industriale rispetto alle problematiche relative alla tutela ambientale, che però stanno finendo per ripercuotersi in maniera indiretta sullo stesso sviluppo economico del paese.

Per tentare di attenuare le carenze idriche e favorire un riequilibrio delle risorse tra nord e sud, il governo centrale cinese ha posto in essere alcuni imponenti progetti, sia in termini ingegneristici che economici, tra i quali spicca il South-North Water Diversion Project. Dai costi stimati di 62 miliardi di dollari, il progetto prevede la costruzione di tre sezioni di canali e dighe che, in diversi punti lungo il fiume Yangtze, dovrebbero convogliare l’acqua verso la parte nord del paese. L’obiettivo è di deviare annualmente, verso le pianure settentrionali, 45 miliardi di metri cubi di acqua.

I progetti di costruzione di dighe e di deviazione dei corsi d’acqua, oltreché rappresentare ulteriori minacce dal punto di vista ambientale, rischiano di esacerbare le relazioni di Pechino con i paesi confinanti. Centrale da questo punto di vista è la regione tibetana. Le abbondanti risorse idriche del Tibet sono un’ulteriore ragione per cui l’area ha un un’importanza fondamentale per la Cina, non solo dal punto di vista economico, ma anche strategico.

Nascono infatti in Tibet o nell’area dell’Altopiano tibetano, fiumi di importanza vitale non solo per la parte nord-orientale della Cina, come lo Yangtze o il Fiume Giallo, ma anche per gli altri paesi dell’Asia sud-orientale. È il caso dello Yarlung Tsangpo, che dal Tibet scorre verso l’India (dove prende il nome di Brahmaputra) e il Bangladesh; del fiume Saluen che raggiunge invece Myanmar e Thailandia; del fiume Mekong, che, partendo dalla regione tibetana, attraversa Myanmar, Laos, Thailandia, Cambogia e Vietnam; e del fiume Indo che dal Tibet confluisce poi in India e Pakistan, rappresentando per quest’ultimo la più importante fonte idrica del paese. Si tratta di corsi d’acqua che sono già stati oggetto della costruzione di dighe o altre infrastrutture di deviazione dei flussi, o che sono al centro di progetti in tal senso, pianificati dalle autorità cinesi.

In particolare, i piani riguardanti lo Yarlung Tsangpo, come la costruzione della diga di Zangmu o la sezione occidentale del South-North Water Diversion Project, diffondono una certa apprensione in India. Quest’ultima risulta dipendente dalla Cina non soltanto per la parte settentrionale del fiume Brahmaputra, ma anche per altri corsi d’acqua, come il già citato Indo e un suo importante affluente il Sutej, entrambi i quali sorgono all’interno della regione tibetana. L’India, come la Cina, deve essa stessa fare i conti con i problemi derivanti dalla cronica mancanza d’acqua, per cui la salute e la reperibilità delle proprie risorse idriche diventa vitale per Nuova Delhi. Per questi motivi, in più di un’occasione, gli indiani hanno chiesto alla Cina di essere trasparente, riguardo alla condivisione dei dati idrogeologici relativi al proprio tratto dei fiumi transfrontalieri. Le questioni riguardanti il Tibet restano dunque ancora una volta centrali nell’ambito dei rapporti sino-indiani. Relazioni segnate in larga parte da diffidenza, e che in passato hanno conosciuto significative tensioni collegate proprio allo status della regione tibetana.

Nei conflitti che possono derivare dal possesso delle risorse idriche di un fiume, è evidente il vantaggio di essere paesi “a monte” rispetto che “a valle”. In questo senso, rinunciare al Tibet significherebbe per la Cina perdere il controllo, non solo delle risorse idriche presenti nella regione, ma anche delle sorgenti di fiumi d’importanza fondamentale per il fabbisogno di molti paesi in tutta l’Asia Meridionale, corsi d’acqua che assicurano dunque a Pechino un potere strategico vitale.

Ultimamente, l’economia cinese sta subendo significativi rallentamenti e, secondo diversi analisti, la fase delle crescite a due cifre si è ormai ampiamente conclusa. Tutto ciò può avere significative conseguenza sulla tenuta del sistema. Al momento, i rischi maggiori per Pechino, più che dalle tensioni indipendentiste in Tibet o nello Xinjiang (seppur ancora ampiamente presenti), sembrerebbero nascere soprattutto dalle tensioni sociali che possono derivare dai problemi economici, oltreché dalla richiesta di maggiori diritti. Per anni, la solidità del sistema è stata garantita non solo dalla repressione, ma anche dalle opportunità che una crescita economica impetuosa sembrava offrire.

Da questo punto di vista, il Tibet, visti gli ulteriori margini di crescita economica, la ricchezza di minerali e altre risorse naturali, le possibilità di trasferimenti aggiuntivi di popolazione da aree sovrappopolate, continuerà a giocare un ruolo fondamentale. La regione è cambiata molto negli ultimi anni, la classe dirigente a Pechino infatti, non vi ha portato solo repressione e censura (o popolazioni di etnia Han), ma anche un certo sviluppo economico, particolarmente visibile soprattutto a Lhasa. Uno sviluppo percepito però da una buona parte dei tibetani come “colonialismo”, e dunque come una minaccia alla propria identità. Per decenni, a farla da padrone in Tibet sono stati la geografia e la natura, oggi lo sviluppo tecnologico ha reso la regione un po’ meno inospitale. Chi ha avuto la possibilità di visitarla testimonia di come appaia per certi versi come un “cantiere a cielo aperto”.

Tornando al problema idrico, secondo il 2030 Water Resources Group la domanda cinese di acqua nel 2030 supererà l’offerta di 201 miliardi di metri cubi4. Seppur le previsioni in questi ambiti sono sempre azzardate, la questione non può certo essere negata. Diventa fondamentale per Pechino un utilizzo più efficiente delle proprie risorse e una maggiore sensibilità riguardo ai problemi ambientali. Ulteriori progetti di deviazione e sfruttamento dei fiumi presenti nell’area sud-occidentale sembrerebbero inevitabili. L’acqua ha un’importanza vitale non solo dal punto di vista industriale o agricolo, ma anche da quelli della produzione di cibo, della salute, degli usi abitativi. Non bisogna dimenticare poi, che i vari corsi d’acqua fungono anche da fonti di produzione di energia idroelettrica, consentendo alla Cina di diversificare le sue fonti, attenuando la dipendenza dai combustibili fossili. La tenuta del sistema è quindi in buona parte legata alla disponibilità futura di una risorsa vitale e insostituibile.

L’acqua del Tibet dunque, sembrerebbe destinata a divenire sempre più un ulteriore terreno di attrito tra la Cina e i paesi limitrofi, i quali già accusano Pechino di scarsa trasparenza sui piani di gestione dei propri tratti dei corsi d’acqua transfrontalieri. In definitiva, nel contesto dell’Asia Meridionale, il rischio maggiore è che l’enorme fabbisogno cinese di acqua lasci a bocca asciutta tutti gli altri.

NOTE:
Francesco Bellomia, dottore magistrale in Relazioni Internazionali (Università degli Studi di Roma "La Sapienza"), è ricercatore associato del programma "Asia Meridionale" dell'IsAG.

1. Dato relativo al 2011. The World Bank.
2. Le suddivisioni amministrative in deficit idrico sono: Ningxia, Shanghai, Jiangsu, Tianjin, Pechino e Hebei. Le aree invece considerate in condizione di “carenza idrica” sono: Henan, Shandong, Shanxi, Liaoning e Gansu. Si tratta di 11 regioni che da sole forniscono il 45% del totale del PIL cinese, Chinawaterrisk.org.
3. Aquastat - FAO's global water information system.
4. Charting Our Water Future, "2030 Water Resources Group", 2009.

mercredi, 09 octobre 2013

The Western Challenge to Eurasian Integration

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The Western Challenge to Eurasian Integration

by Nikolai Malishevski

Ex: http://www.strategic-culture.org

Recently, official Warsaw and not-so-official Stockholm have taken a number of steps to reinforce their successes in the East in order to gain new bargaining chips for the upcoming Eastern Partnership summit in Vilnius in November 2013, which will be devoted to developing a unified policy on the East for European countries. According to a statement by EU High Representative for Foreign Affairs and Security Policy Catherine Ashton, this summit will be «an opportunity to deepen the relations» between the EU and the member countries of the Eastern Partnership. The fact that the heads of all the EU member states plan to attend also speaks to that.

The Eastern Partnership, initiated by Washington and Brussels, was formed at the suggestion of Warsaw and Stockholm after the failure of the Georgian aggression in Ossetia. Essentially it has become a kind of continuation of GUAM, which demonstrated its military and political inadequacy in August 2008. The participation of Belarus and Armenia (which are not members of GUAM) is an attempt at a kind of «revenge» for the military and political defeat of Georgia. You could call the Eastern Partnership a tool for energy colonialism, turning Russia into a mere supplier of raw materials to the West, «pushing» it into the northeast of the Eurasian continent and creating a «sanitary» energy collection zone along its borders from the Black Sea to the Baltic. It's not for nothing that many in Russia consider the Eastern Partnership a kind of 'calque' from Adolf Hitler's concept of gaining Lebensraum in the East.

The main players in the project are Sweden in the north, Poland in the west, and NATO member Turkey in the south… Ukraine, Belarus and Moldova have been assigned to Poland, with its neosarmatism and the sympathies of Catholics. To Turkey with its neoturanism, Azerbaijan, Georgia and Armenia have been assigned (and to some extent the Central Asian republics - unofficially, through the personal business interests of their leaders in Ankara, as in Kyrgyzstan, for example). The Scandinavians, with the support of international structures like the Soros Foundation, are taking an avid interest in Karelia, the Kola Peninsula, the islands of the Gulf of Finland and their mineral and forest resource, as well as opposing Russia’s plans in the Arctic.

North. Overseen by Sweden, acting through Finland, which is conveniently located close to the «northern capital»« St. Petersburg. Operations are conducted using the following tools: 

a) Swedish-speaking citizens of Finland who have close ties with the Finnish political elite, the public servants, and who openly express anti-Russian revanchist views, such as Mikael Storsjo, the publisher of the terrorist site Caucasus Center and chairman of the Pro-Caucasus Association, who was convicted of illegally dispatching dozens of terrorists, including relatives of Basayev; 

b) media structures such as the Sweden-based Web center of the site Caucasus Center (the site itself, which has been declared a terrorist resource by the UN, was operating there as well until it was moved to Finland in 2004) and anti-Russian Finnish media activists (Kerkko Paananen, Ville Ropponen, Esa Makinen, Jukka Malonen, etc.) who support the «white ribbon opposition» in Russia; 

c) public structures such as the Pro-Caucasus Association, which is registered in Sweden, the Finnish-Russian Civil Forum (Finrosforum, Suomalais-venalainen kansalaisfoorumi), and U.S-oriented human rights organizations like the Helsinki Group, Amnesty International, etc..

Financing comes from the north, which borders directly on Russia via Finland (from which, in a similar calque, the «export of revolution» and money for it from American and European bankers came even before 1917), and there is an attempt to unite all anti-Russian forces in Europe and Russia itself - from Chechen terrorists, for whom «Turkish transit» is organized to the motley «white ribbon» opposition (supporters of Nemtsov, Navalny, Limonov, Kasparov, etc.).

West. Poland, which does not share a border with Russia (except for the Kaliningrad enclave), operates along the perimeter of a broad geopolitical «arc». From Kaliningrad in the north (already called «Królewiec» by Warsaw diplomats on the official site of the Consulate General of Poland), through Belarus and Ukraine, which are being considered as potential «friendly» territories in the east, to the Crimea in the south. 

With regard to Ukraine and Moldova, the ambitions of Warsaw, which has taken a course toward the creation of a fourth Rzeczpospolita and has its own vision of the future of the lands on Ukraine's right bank, to a great extent coincide with those of Romania and Hungary. Catholic Poland is essentially coordinating its policy with coreligionist Hungary, as their points of view on a number of issues coincide and complement one another, allowing them to develop a common strategy. With regard to Belarus, something similar (with some reservations) is happening with the Latvians and Lithuania, including support via Scandinavia for the pro-Western opposition in Minsk, which has found understanding from the «white ribbonists» and public servants who sympathize with them in Russia.

In the first half of 2013 the European Council on Foreign Relations (ECFR), the «thought factory for the European Union» which conducts analyses on foreign policy and security, distinguished Poland in five areas of foreign policy. Poland was recognized as a leader in implementing joint projects in the framework of NATO and the Common Foreign and Security Policy and was praised for its (visa) policy with regard to Russia, Ukraine and Moldova and for its foreign policy for «the most activity for the democratization» of Belarus. Polish Foreign Minister Radosław Sikorski, after a discussion of the implementation of «Eastern Partnership» programs at a meeting of EU foreign ministers in Brussels, reported (18.02.2013) that his country's eastern policy has met with numerous successes, saying, «Note that we are talking with our Eastern partners about association agreements and not about war. At present, the East is a place where Europe is conducting successful policy. In only remains to formalize these successes in the form of bilateral agreements».

South. In the south Warsaw operates in unison with Ankara, since the sympathy of the Tatar population of the Crimea toward NATO member Turkey facilitates the mutual understanding of local Turks and NATO member Poland. In 2013 several events took place, such as a press conference for the protection of the rights of Crimean Tatars, in which not only the chairman of the Union of Polish Tatars, Selim Chazbiewicz; the head of the communications department of the Crimean Tatar Majlis, Ali Khamzin; and others took part, but also influential Polish politicians such as Lech Wałęsa and former Minister of Internal Affairs Jadwiga Chmielowska. Previously in Simferopol a visa application center and a Consulate General of the Republic of Poland were opened which today demonstrate noticeable activity in the public and cultural life of the autonomous region and Sevastopol, especially in the area of collaborating with the Crimean Tatar Majlis and discrediting the Russian movement. And Poland became the second country after Russia whose consulate in the Crimea received the status of a consulate general. 

From Turkey, via Finland and its citizens of Swedish origin, transit has been organized for extremists who kindle the flame of separatist jihad in the «southern underbelly» of Russia (including the terrorists of Shamil Basayev's battalion of Chechen suicide attackers «Riyad-us Saliheen»).  The Scandinavians coordinate activities with the Turks in the media sphere as well. For example, the Web administrator of the terrorist site Caucasus Center, Islam Matsiev, came to Finland from Turkey. On the Turkish side, Basayev's IHH foundation is collecting funds in Turkey, Dubai, the U.S., England and France to finance the international terrorist network called the «Caucasus Emirate», whose mouthpiece is Caucasus Center (the official representative in Turkey is Musa Itayev, and in Finland it is Islam Makhauri, the brother of Rustam Makhauri - the «Minister of Defense of the Caucasus Emirate», Doku Umarov's personal bodyguard and the representative of terrorist Ali Taziev («Magas».). 

The level of an event held in Washington in late June 2013 at one of the oldest and most authoritative «think tanks» in the U.S., the Heritage Foundation, dedicated to the future of the Eurasian Union and «protecting vitally important interests of the U.S. and its allies in this sphere» with the participation of diplomats, scholars and analysts, goes to show that Western strategists are no longer hiding the fact that they are wary of and closely observing events in the former Soviet Union. And they are not idle in doing so, but are actively building their own toolkit for resisting the rebirth and integration of Eurasia.

 

mardi, 08 octobre 2013

Brazil and China's Unstoppable March through Latin America

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Brazil and China's Unstoppable March through Latin America

by Nil Nikandrov

Ex: http://www.strategic-culture.org

The conflict situation which has arisen between Brazil and the United States due to espionage by the NSA, the CIA and other intelligence agencies has highlighted the existence of deep crisis tendencies in the relations between the «only superpower» and Latin America. The provocation of wars in Africa and Asia in order to establish control over hydrocarbon-rich countries, the early successes of this aggressive strategy and the illusion that they can get away with anything has made the U.S. ruling elite rather giddy with success.  Washington's emphasis on brute force has led to a noticeable «dumbing down» (there's no other word for it!) of its foreign policy, using threats instead of constructive dialog and reasoned arguments. Even outward political correctness has become a useless anachronism for American diplomats.

This explains the hard-line response of Brazilian president Dilma Rousseff to the Obama administration's virtual refusal to apologize for its espionage in the country and guarantee that it would not occur again in the future. To the Brazilian leadership, all Washington's attempts to avoid concrete discussion of the problem are equivalent to a display of imperial haughtiness and hostility. If the Brazilians had any hopes for an «equal partnership» with the United States in the 21st century, they are now gone. Theoretically, it is just such a partnership that could have helped Washington to maintain its position in South America. However, the Obama administration fumbled its chance, thus guaranteeing the further penetration of extra-regional powers into the continent.

On the backdrop of the Syrian failure, which revealed Washington's dirty methods of organizing «humanitarian interventions», the Obama administration's failure in Brazil is not so noticeable, but it is a momentous one for the countries of the Western Hemisphere. The Brazilians have finally shown publicly that they are displeased with the hostile actions of the U.S. Previously, difficult issues were kept quiet and, at Washington's insistence, were resolved «through diplomatic channels», that is, they were relegated to oblivion. U.S. diplomats and intelligence agents took the Brazilian leadership's political correctness for weakness and a lack of political will. Several times (during the presidency of Inacio Lula da Silva) the Brazilian government limited itself to «moderate reprimands» even when they had proof of specific subversive activities by Americans. It is sufficient to remember the U.S. intelligence operations for preparing the seizure of the Amazon basin on the pretext of «preserving» strategic reserves of fresh water «in the interests of humanity».

Amid increasing criticism of the U.S. in Brazilian society, President Dilma Rousseff is expanding relations with China, this time without the traditional glances at Washington's possible reaction. China, one of Brazil's partners in BRICS, is skillfully making use of this alliance's potential to strengthen its positions in the country. The Obama administration has no leverage to hinder this. All of the U.S.'s resources are being used to keep the positions it has won in oil-producing countries in Africa and Asia and on maintaining pressure on Syria and Iran. The U.S. is gradually losing political and economic influence in Latin America, and the vacuum is being filled by powerful competitors.

If one were to analyze the intensity of visits of high-ranking Chinese leaders to the continent, Beijing definitely holds first place in this regard. As a rule, the visits are well-planned and end in the signing of specific agreements, and, most importantly, these agreements are subsequently implemented. At the turn of the millennium, the Chinese promised Latin America that it would implement a program for capital investments in the region's economy. The program is being carried out successfully, from Mexico to Chile and from Ecuador to the island states of the Caribbean Sea. Without fuss, step by step, the Chinese are opening up the region, demonstrating the effectiveness of their industry, their aerospace potential, their technologies for manufacturing modern armaments, and their agriculture. The United States can only conduct an increasingly noisy campaign about the growth of the «yellow peril» on the continent, but the Chinese barely react to it. They are confident in their strengths. And that is one more proof that China has come to the Western Hemisphere, including to the U.S., for the long term, or more accurately, for good.

Experts predict the further consolidation of Brazilian-Chinese relations. Dilma Rousseff is essentially giving a signal to other countries: favorable conditions are now taking shape for getting out from under imperial guardianship and seeking alternatives for development and collaboration without ultimatums and dictates. Alliances of states have been created in Latin America, such as UNASUR, SELAC, ALBA and others, for which Brazil's fundamentally independent foreign policy and economic course will mark a rebirth. Previously, many of these alliances' decisions were made with a backward glance at Brazil's position in order not to exacerbate relations with Washington. In particular, this was the case with the issue of creating a South American defense system. The need for one has come to a head. Sooner or later, the United States will be pushed out of foreign territories, but it will resist this with all its might. Is that not why dozens of U.S. military bases have already been created in Latin America?

 

lundi, 07 octobre 2013

LE MYTHE JAPONAIS DE LA CREATION

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LE MYTHE JAPONAIS DE LA CREATION
L’archéologie à la (re)découverte de la période Jômon

Rémy VALAT*
Ex: http://metamag.fr
La période Jômon est un « mésolithique japonais » caractérisé par une amorce d’agriculture et la mise en place d’une société de chasseurs-cueilleurs complexes.  En Asie, le passage du Paléolithique supérieur à la culture Jômon est marqué par l’usage de la poterie et par une tendance progressive à la sédentarité. Ont simultanément coexisté les cultures Shengwen  (Chine-Modèle de poteries marquées à la « corde » sur une technique proche du modèle japonais.), Chulmun  (Corée-Modèle de poteries marquée au peigne) et Jômon, (La technique consistait à enrouler un cordon (ou plusieurs cordons) autour d’un bâtonnet et à « imprimer » le motif sur l’argile fraîche de la poterie de manière à obtenir des figures décoratives. Ce modèle de poteries n’était pas répandu dans tout l’archipel pendant la période concernée et l’on en trouve encore après, il s’agit juste d’un procédé commode de repérage chronologique adopté par les archéologues japonais) toutes associées à un style de fabrication de céramiques et à un mode de vie sédentaire. Les poteries à cordons -ou « Jômon » -seraient les doyennes de l’Humanité , mais la récente découverte en Chine de fragments de poteries plus anciens (20 000 ans bp) laisse la question en suspens. Cette technologie aurait peut-être été importée du continent, via la péninsule coréenne. Des similarités ont été constatées entre les poteries de la culture Hoabinhian (Vietnam), par exemple. 


D’ailleurs, la date de leur apparition au Japon a été récemment réajustée. Elles remonteraient, selon la professeure Junko Habu, à environ 16 500 ans bp, soit 4 000 ans avant son usage quotidien par les civilisations moyen-orientales. Les fragments retrouvés sur le site de Odaï Yamamoto I (太平山元 1) seraient, sous réserve d’autres découvertes archéologiques, les plus anciennes de l’histoire humaine. Ces créations sont apparentées à un modèle produit à une date ultérieure (11 000 ans av. JC) dont des fragments ont été excavés sur les berges du fleuve Amour (Russie). Il est prudent de dire que les poteries les plus anciennes de l’histoire humaine auraient été façonnées et cuites par des groupes humains présents dans un large triangle Sibérie-Chine-Japon. Sur une échelle planétaire, il s’agit plutôt d’une révolution de forme (manufacture de contenants), car l’usage de la terre cuite (pour la fabrication de statuettes d’argile) est antérieure aussi bien en Europe Orientale (28 000-27 000 bp) qu’au Japon.
 
La Protohistoire nippone échappe au schéma conventionnel des archéologues occidentaux. Elle correspond, selon le découpage chronologique déterminé par les archéologues japonais, aux périodes culturelles  Jômon (縄文) , Yayoi (弥生)  et Kôfun (古墳) , c’est-à-dire la continuité chronologique remontant à 16 500 ans bp (ou 11 000 ans bp, selon d’autres estimations) jusqu’à 645 ap. JC. Ces subdivisions singulières reposent uniquement sur des données matérielles (constatation de l’absence fabrication d’objets usuels en terre cuite, puis leur manufacture selon des modèles caractéristiques variables dans le temps et, en période finale de la Protohistoire, sur un mode d’inhumation des élites politiques locales) et diffèrent des critères européens, fondés sur une perspective globale interdisciplinaire. Si la période précédente (Iwajuku) coïncide aux grandes lignes des changements techniques et culturels du Paléolithique, la période Jômon pose problème du point de vue de l’archéologie occidentale, car l’absence d’une société agraire (qui place l’agriculture au cœur du fonctionnement de la société) ne permet pas de la caractériser comme une culture du Néolithique. 

 
Certains auteurs (Laurent Nespoulous, Sahara Makoto) la rattachent aux caractéristiques communes du Mésolithique européen, dont l’évolution générale tendrait à la « néolithisation ». De même le phénomène de « télescopage », de « rattrapage » ou d’« accélération » technologique de la période Yayoi est une singularité japonaise : l’apparition synchrone du bronze et du fer font passer l’archipel de l’ « Âge de pierre » à l’ « Âge du fer », bien que culturellement (avec la pratique funéraire du dépôt d’objets en bronze), elle pourrait encore se rattacher à l’ « Âge du Bronze » en Europe.

Les cent (ou cent-cinquante) siècles du Jômon ont été subdivisés en six principales sous-périodes par les archéologues nippons permettant de dégager les principales phases de l’évolution technique et des changements culturels de la période (les limites chronologiques indiquées ci-dessous sont celles conventionnellement admises au Japon) : le Jômon initial (proto-Jômon, selon d’autres auteurs, 10 000 à 8 000 bp), précoce (ou archaïque, 8 000-6 000 bp), antérieur (ou ancien, 6 000-3000 bp), moyen (3 000-2000 bp), postérieur (ou récent, 2 000-1 000 bp) et final (1000-500 bp). La culture Jômon sera progressivement subjuguée par une nouvelle vague de migrants venue du continent à la période Yayoi (Ve siècle av. JC-IIIe siècle ap. JC), importatrice de technologies (riziculture, bronze) et d’une culture nouvelles.
 
 
La population japonaise protohistorique a fait l’objet de nombreuses recherches, mais nos connaissances sur son effectif et son mode de vie restent en bonne partie spéculatives en dépit de l’importance des données de l’archéologie. Selon le professeur Shuzo Koyama , la population générale (avec des variations locales) aurait décuplée entre le Jômon naissant (20 100 hab.) et moyen (261 300 hab.), puis diminué progressivement de deux tiers (160 300 hab. Jômon tardif /75 800 hab. Jômon final), mais ces estimations sont probablement surévaluées. Ces variations ont été constatées sur la façade orientale de l’archipel ; sur le versant ouest, la population aurait augmentée lentement pendant toute la période. Il est certain que la densité est toujours restée inférieure à un habitant au kilomètre carré, sur tout le territoire archipélagique. 

Sur l’ensemble des îles du Japon (à l’exception probablement de l’île d’Hokkaidô), les groupes humains étaient mobiles dans les limites d’un territoire dispensateur de nourriture (grâce à l’adoucissement du climat) et adaptaient leurs stratégies de subsistance en fonction des disponibilités. La découverte de la poterie a permis certes la conservation des aliments, mais les tribus continuèrent à connaître des migrations saisonnières lorsque les ressources d’un endroit se tarissaient ou s’étaient épuisées. Les stratégies de subsistance sont opportunistes et les conditions de vie ont considérablement variées dans le temps et dans l’espace. Les membres de la communauté chargés de la collecte, de la chasse ou de la pêche se dispersaient du centre principal d’habitations (rarement de grottes) ou de centres de chasse, de pêche ou de collecte périphériques pour ravitailler le groupe . Lorsque les ressources alimentaires viennent à suffire (sur les îles d’Hokkaidô et de Kyûshû principalement), les communautés se sédentarisent et le ravitaillement en profondeur s’effectue à partir de centres périphériques permanents. Les hommes du Jômon se sont adaptés aux ressources naturelles : essentiellement installés dans le nord-est du Japon, leur environnement de prédilection était les forêts à feuilles caduques, productrices de fruits durs (plus de 50 % de l’apport calorique des hommes du Jômon). La poterie servait à la cuisson lente et à la conservation des fruits de la cueillette, ce qui eu pour principal effet d’améliorer les conditions sanitaires et l’espérance de vie (celle-ci excèdait légèrement la trentaine d’années pour les individus ayant pu atteindre l’âge adulte). 


Ces cultures marginales, que nous pourrions qualifier d’horticulture (ou de « niches de productions »), ne constituaient pas le régime principal de la population et le cycle saisonnier des collectes d’aliments et de la chasse rendaient les hommes tributaires des aléas de la nature. Les communautés n’étaient pas totalement autarciques : des liens de proximité existaient, comme en témoigne les changements et les parentés stylistiques dans les productions artisanales. L’amélioration de la qualité des produits artisanaux , la présence de produits finis exhumés en des sites éloignés de leur lieu de production prouve l’existence d’une économie reposant sur l’échange de biens (déjà constatée au Paléolithique, mais d’une plus grande ampleur et sur de plus longues distances, par voies de terre et de mer ), la spécialisation de la production et la gestion des surplus.
 
Ces changements ont probablement modifié la physionomie des communautés qui se sont structurées tout en générant des inégalités sociales plus prononcées. Il n’existe pas de traces archéologiques significatives de hiérarchisation pérenne (Jômon moyen et tardif), la distinction entre les individus était probablement horizontale, en fonction de leur position « socio-économique» au sein de la tribu. Bien qu’il n’existait probablement pas, selon la professeure Junko Habu, de transmission héréditaire du pouvoir, nous sommes bien en présence d’une société ayant toutes les caractéristiques des chasseurs-cueilleurs complexes.

La mythologie japonaise : tableau général 

Les mythes japonais ont été modifiés et épurés lors de leurs rédactions ; ces textes, rédigés plusieurs siècles après l'introduction de l'écrit au Japon , sont pour les plus importants, le Nihongi (日本紀) ou Nihonshoki (日本書紀)  et le Kojiki (古事記). Le premier a été rédigé en 720 ap. JC et le second a été finalisé en 712 ap. JC. Or, ces textes, et a fortiori le premier cité, sont l'aboutissement d'un long processus séculaire de tentatives publiques et privées d'écriture de l'histoire du Japon ancien. Son objectif est de figer une histoire officielle et de mettre un terme aux nombreuses contrefaçons et ré-écritures servant des intérêts particuliers. Le flores des généalogies fictives mettaient en péril l'équilibre de l’État, car ces dernières justifiaient des revendications à l'exercice de hautes fonctions. 

Le mythe des origines japonais, comme tous les mythes, a subi des influences culturelles et religieuses d’un environnement géographique et temporel proches (notamment le taoïsme chinois, le bouddhisme) ou plus lointains dans l’espace et dans le temps (groupes de populations venues d’Asie centrale à la période Paléolithique) et d’Océanie. Ces empreintes extérieures sont indéniables, mais un simple regard porté sur les mythes fondateurs de civilisations géographiquement proches (mais pas seulement), la Corée (royaume de Koguryŏ ) et la Chine par exemples, permettent de relever de frappantes similitudes : les deux traditions attribuent communément à un œuf l’origine de l’univers (« mythe de l’œuf cosmogonique »). 

Tous ces récits ont la même trame, parce que les mythes de la création de l’humanité, outre leurs similitudes dans le récit, auraient - bien que modifiés dans le temps- été tous imaginés dès le Paléolithique. Il ne fait quasiment aucun doute que le 1er volume du Kojiki et le chapitre « l’Âge des Dieux » du Nihongi (et plus particulièrement l’épisode relatif au couple divin Izanami et Izanagi) recèlent de précieuses informations -certes altérées- sur le panthéon, la cosmogonie et probablement les rites  autochtones du Japon préhistorique. Surtout, il est saisissant de constater que le concept de création de l’univers par un « œuf cosmogonique » est caractéristique des sociétés pratiquant la domestication des plantes, ce qui pourrait effectivement permettre de « dater » le récit à la période Jômon.
 
La Création : la « faute » et le sacrifice d’Izanami et le voyage initiatique d’Izanagi 

Pour les Japonais, la création du monde n’est pas l’oeuvre d’un dieu originel unique, mais plutôt celle de sa descendance, plus précisément du premier couple de sexes différenciés et opposés (masculin-féminin/ciel-terre) : Izanagi et Izanami. Les couples sont une constante des mythes de la création ou de la recréation du Monde. Ce duo d’êtres complémentaires constatant la vacuité du monde terrestre, créent, par un acte au net symbolisme sexuel, la première île de l’archipel en barattant l’eau salée à l’aide d’une hallebarde céleste ornée de joyaux, le tamaboko (玉鉾); des gouttes retombées sur les flots, puis agrégées entre-elles et solidifiées émergent une île, baptisée : le « pilier du centre de la terre » (Ono-Goro-Jima). Le mythe de la création du monde terrestre est tout au long du récit associé au tamaboko, objet renvoyant à la notion de centralité, d’axe du monde, d’échelle permettant la communication entre le ciel et la terre (axis mundi). C’est autour de cet axe, planté dans le sol, que les deux divinités se déplacent, prononcent la phrase rituelle du mariage sur les différentes îles sur lesquelles ils se rendent pour procréer de nouvelles divinités ou créer de nouvelles îles. 

La création reste cependant entachée, par le « péché originel  » d’Izanami. Cette dernière ayant prononcé – en lieu et place de l’époux- la phrase rituelle précédant l’union physique, cette maladresse constitue un irréparable manquement : c’est la « faute  ». Cet acte est sanctionné par la naissance de monstruosités, notamment un enfant sans os (une limace), lequel est abandonné sur esquif de roseau . Plus tard, lorsque le protocole est respecté, Izanami crée les principales composantes de la nature (les rivières, les montagnes, les arbres, etc.), mais également le soleil et la lune. Toutefois, la « faute » d’Izanami ne peut être expiée : Izanami meurt en couche en donnant naissance au dieu du feu, Kagu Tsuchi (迦具土), mais de son corps en décomposition sous l’action destructrice des flammes apparaissent les divinités associées à la fertilité : l’eau, la terre, le mûrier, cinq variétés de graines (chanvre, millet, riz, maïs, légumes secs) et le ver à soie. Commence alors pour Izanagi, un parcours initiatique  : infanticide de Kagu Tsuchi, descente dans le monde chtonien des morts (Yomi) pour y retrouver son épouse, échec de sa quête initiale (Izanagi éclairé par une dent d’un peigne aperçoit le corps décomposé d’Izanami, enfreignant ainsi la promesse qu’il avait faite à son épouse de ne pas porter son regard sur elle) et enfin purification du dieu à son retour dans le monde terrestre des vivants, préliminaire à son ascension définitive dans les cieux. Izanami est par conséquent responsable de son malheur, par son péché, elle est devenue impure. Ce voyage initiatique aux enfers (répété par les dieux Opo-kuni-nushi ) témoigne des racines profondes du mythe, dont on retrouve la trame, par exemple dans la tradition indoeuropéenne et dans de nombreux mythes anciens  : la tristesse d’Izanagi n’est pas sans évoquer la lamentation universelle décrétée par les Ases après la mort du dieu Balder , le regard fatal échangé par le couple rappelle celui d’Orphée et d’Eurydice , le voyage sans retour de Gilgamesh  aux enfers, histoires ayant comme thématique commune et récurrente un séjour au pays des morts. 

Un mythe ritualisé... 

Dans les sociétés traditionnelles, les mythes sont mis en scène : le temps de la Création est « réactualisé ». S' il est difficile de « dater » l’élaboration de l’épisode de la « mort d’Izanami », de forts indices prêtent à penser que ce dernier faisait partie intégrante des rites de quelques communautés de la période Jômon. La concordance des données archéologiques avec le récit et les caractéristiques de la société qui la produit (société pratiquant la domestication des plantes) viennent étayer cette hypothèse. Les traces matérielles sont des indicateurs de rites, associés à des croyances, exprimées par le mythe.

*Rémy Valat publiera très porchainement Les mythes d’argile. La culture spirituelle du Japon mésolithique, aux éditions Dualpha . Il s’agit d’une étude complète sur la culture jômon et sa culture spirituelle.

En savoir plus :

Barnes Gina L., Rise of Civilization in East Asia. The Archeology of China, Korea and Japan, Thames and Hudson, London, 1992.
Eliade Mircea, Histoire des croyances et des idées religieuses. De l’âge de pierre aux mystères d’Eleusis, Paris, Payot, 1976.
Habu Junko, Ancient Jômon of Japan, Cambridge University Press, 2011.
Hayden Brian, A Prehistory of Religion. Shamans, Sorcerers and Saints, Washington, Smithonians Books, 2003 ; L’homme et l’inégalité. L’invention de la hiérarchie durant la préhistoire, CNRS éditions, 2008.
Keiji Imamura, Prehistoric Japan. New Perspectives on Insular East Asia, University of Hawaï Press, 1996.
Kônoshi Takamitsu, Kojiki no sekaikan, Yoshikawa Kôbunkan, 1986.Naumann Nelly, “Japanese Prehistory. The Material and Spiritual Culture of the Jômon Period”, in : Asien und Afrika Studien 6 der Humboldt-Universität zu Berlin, Harrassowitz Verlag, 2000. 
Nespoulous Laurent, « Cadres chrono-culturels et dynamiques protohistoriques », in : Archéologie et patrimoine au Japon, [lieu?], éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2008.Société d’étude sociale du Japon de la période du Quaternaire (Nihon Daiyonki Gakkai), Ono Akira, Harunari Hideji, Oda Shizuo, Les traces de la présence humaine au Japon (illustrations), 1992.図解・日本の人類遺跡 日本第四紀学会/小野 昭/春成秀爾/小田静夫-編 東京大学出版
Yamagata Mariko, “The Shakadô Figurines and Middle Jômon Ritual in the Kofû Basin”, in : Japanese Journal of religious Studies, 1992, 19/2-3.

jeudi, 19 septembre 2013

Une nouvelle Route de la Soie reliera l’Asie à l’Europe

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Une nouvelle Route de la Soie reliera l’Asie à l’Europe

Par Tatiana Golovanova

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Les pays regroupés dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) pourront rétablir la Voie de la Soie sous forme d’un corridor de transport spécialement aménagé. Comme l’a annoncé vendredi au sommet de l’OCS à Bichkek (Kirghizie) le ministre de la Recherche et des technologies de la Chine Wang Gang, ce projet a trouvé un soutien auprès de tous les pays membres de l’organisation.

Les membres de l’OCS sont prêts à développer les échanges économiques et commerciaux. Durant ces trois mois des spécialistes de Chine, qui a pris l’initiative de faire renaître la Voie de la Soie, ont visité les pays d’Asie Centrale – le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Turkménie.

La Voie de la Soie rénovée pourra relier la Chine à l’Europe via la Russie et les États d’Asie Centrale

Des ententes ont été conclues au sujet de la réalisation des projets communs pour des dizaines de milliards de dollars. L’aménagement d’un corridor de transport de l’Asie à l’Europe est une étape suivante de l’essor de ces rapports, remarque Sergueï Sanakoïev, secrétaire de la Chambre sino-russe.

« Il s’agit de créer un corridor transnational traversant le territoire du continent eurasiatique. Comme toujours, l’aménagement de tels corridors en plus de rendre possible la circulation des marchandises et des services prévoient aussi la création de grappes d’entreprises industrielles, de nouvelles productions, de technologies de pointe. Cela veut dire que cela ouvre de plus larges possibilités à la coopération dans le cadre de l’OCS lors de la mise en œuvre d’une telle initiative. »

Le projet est censé mettre en place un réseau routier reliant le Pacifique à la mer Baltique, anéantir les barrières commerciales, réduire les délais de livraison des marchandises et augmenter les règlements mutuels en monnaies nationales. L’une des variantes possibles de la future Voie de la Soie est le corridor de transport « Europe –Chine Occidentale ».

Il passera par le Kazakhstan, approchera la frontière de la Russie et se prolongera par Orenbourg et les autoroutes fédérales vers Saint-Pétersbourg et la Golfe de Finlande et la mer Baltique. La longueur de ce parcours pourra atteindre près de 8 500 km. Voici le commentaire d’Alexandre Potavine, analyste de la compagnie « RGS – Gestion des actifs ».
« En regardant la carte du monde et en évaluant les possibilités d’aménager une telle voie, on verra que les marchandises de Chine seront livrées via la Russie, l’Asie Centrale en Europe. Ce projet profite évidemment à la Chine. Il permet de minimiser les frais de transport, étant donnée que la Grande Voie de la Soie est d’environ un tiers est plus court que la voie maritime, contournant l’Asie et la péninsule Arabique. »

Si on réussit de mettre en œuvre cette conception, la Chine réduira les délais de livraison de ses marchandises. Actuellement les frets parviennent à l’Europe par mer au bout de 45 jours, par le Transsibérien – cela prend deux semaines. La nouvelle voie sera la plus courte et ne prendra pas plus de dix jours.

En plus de la Chine le corridor de transport permettra de se développer à d’autres participants. Ils pourront gagner bien sur le transit et la logistique, et vont encore attirer des investissements chinois pour leurs projets de transport, remarque Sergueï Sanakoïev.

La Voix de la Russie

dimanche, 25 août 2013

Inde : économie et société

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Gilbert ETIENNE:

Inde : économie et société

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

Gilbert Etienne est Professeur honoraire d’économie du développement à l’IHEID Genève. Auteur de nombreux livres sur l’Afghanistan, l’Asie du Sud, la Chine et de diverses publications sur l’Afrique subsaharienne, ex. Repenser le Développement, Messages d’Asie (Afghanistan, Pakistan, Inde, Chine), Paris, A. Colin, 2009

L’année financière (avril de l’année « n » à mars de l’année« n+1 ») 2010-2011 s’est terminée en beauté : le PIB indien a crû de 8,6 %, après un creux suscité par la crise mondiale. Le commerce extérieur se porte bien, les firmes indiennes investissent de plus en plus à l’étranger et la société de consommation s’affirme. Les « Grands » de la planète se succèdent à New Delhi : les présidents Obama et Sarkozy, les premiers ministres David Cameron et Wen Jiabo. Que l’Inde soit bel et bien un pays émergent est évident, mais Amartya Sen et d’autres Indiens rappellent que subsistent de larges pans d’extrême pauvreté dans le pays. L’agriculture, qui occupe encore environ 50 % de la population active, progresse trop faiblement. Les infrastructures (transports, électricité) sont encore très défaillantes, suscitant de lourds surcoûts pour l’économie. Depuis l’automne 2010, plusieurs scandales de corruption ont ébranlé le gouvernement central, créant un climat de suspicion et le ralentissement des prises de décision.

L’économie indienne a le vent en poupe

INTRODUITES à partir de 1980, les réformes se sont très largement amplifiées en 1991 en Inde, grâce à Manmohan Singh, alors Ministre des Finances. Le PIB a enregistré des progressions annuelles de 5 % puis 7 %, voire 8 à 9 %, contre une hausse annuelle moyenne de 3,5 % entre 1950 et 1980. Ouverture, libéralisation, allégements de la bureaucratie, dévaluation de la roupie ont créé un mouvement irréversible. Les gouvernements opposés au Parti du Congrès, qui lui succèderont au pouvoir de 1996 à 2004, ont globalement suivi la même voie. Avec les élections de 2004, le parti du Congrès a repris le pouvoir, mais à la tête d’une coalition disparate de plusieurs partis, ce qui a freiné la poursuite des réformes. Manmohan Singh, devenu Premier ministre, a de nouveau gagné les élections de 2009, mais il doit toujours gouverner avec une coalition de partis alliés.

De nombreux succès sont apparus sur les dernières décennies : modernisation des usines existantes grâce à de nouveaux équipements, floraison de nouvelles entreprises, en particulier dans les technologies de l’information où l’on trouve autant de PME que de sociétés qui démarrent avec quelques milliers de dollars et deviennent des multinationales. Plusieurs unités du secteur public, entre autres SAIL, gros groupe sidérurgique, et BHEL (équipements électriques) se modernisent et s’agrandissent. Le secteur automobile accueille de nombreuses firmes étrangères en joint ventures. Les ventes de voitures explosent, suivant celles de scooters et de motocyclettes, avec pour corollaire un accroissement des embouteillages. Dans l’électroménager, la production, qui s’est affermie entre 1980 et 1991, poursuit sur sa lancée. L’industrie pharmaceutique enregistre des succès en Inde et à l’étranger. Le tourisme médical apparaît, avec d’excellents médecins opérant dans des hôpitaux très bien équipés. Modernisation et innovations débordent des métropoles vers les villes de province.

La construction urbaine bat son plein, après des décennies au cours desquelles le taux de construction de nouveaux immeubles était l’un des plus bas du monde (moins de la moitié de celui de la Thaïlande, trois fois moins qu’en Chine). Dans les districts avancés de Révolution verte (Cf. Infra), apparaissent les premières voitures privées après les motos. La cuisine au gaz remplace la bouse de vache séchée et les femmes font moudre le blé dans un moulin local, au lieu de passer des heures à moudre le grain dans la meule de pierre. Les taux d’épargne et d’investissement indiens se situent désormais autour de 35 % du PIB, contre 22 % pour le premier en 1991.


Les produits indiens deviennent plus compétitifs sur le marché mondial. La catégorie engineering (machines, acier) représente jusqu’à 22 % des exportations, dont 70 % sont assurées par des produits manufacturés. Les produits agricoles totalisent 8,5 % des exportations, les minerais 4,3 %, les produits pétroliers 17,3 % (une partie du pétrole brut importé est raffiné puis exporté). Au sein des importations, le pétrole vient en tête avec 33 %, en forte hausse car la production indienne stagne depuis 2000 autour de 33 millions de tonnes. Viennent ensuite les biens d’équipement, qui représentent 15 % des importations. Fidèle à ses traditions, l’Inde continue à importer de l’or, tandis que de grosses quantités de diamants sont également importées, taillées sur place et exportées. Légumineuses et huiles comestibles représentent 3,7 % des importations.


Les exportations de services sont stimulées par les technologies de l’information et les activités des firmes indiennes pour les entreprises étrangères. Avec les assurances et les transports, les exportations totales de services sont passées de 16 milliards de dollars en 2000/2001 à 96 milliards aujourd’hui, tandis que les importations passaient sur la même période de 15 à 60 milliards. Le commerce extérieur, qui représentait 15 % du PIB en 1990, atteint 35 % vingt ans plus tard. Les principaux pays clients de l’Inde sont l’Asie, avec 57 milliards de dollars, le Moyen-Orient (40 milliards), l’Union européenne (36 %), les États-Unis (19 %). Les exportations indiennes se sont élevées à 179 milliards de dollars sur l’année fiscale 2009/2010. Du côté des importations, le Moyen-Orient est le principal partenaire de l’Inde, avec 81 milliards de dollars (pétrole). Viennent ensuite l’Union européenne (38 milliards), les États- Unis (19 milliards) et l’Asie (90 milliards). Les importations totales s’élèvent ainsi à 288 milliards de dollars. À noter la faiblesse des échanges francoindiens : la France réalise 4 milliards de dollars d’importations et 4 milliards de dollars d’exportations avec l’Inde. À l’inverse, le commerce extérieur de l’Inde se caractérise par un accroissement des exportations chinoises vers l’Inde (31 milliards de dollars) ainsi que par une progression des échanges de l’Inde avec l’Afrique (dont des importations de pétrole) et avec l’Amérique latine.


Très limités dans les années 1970, les investissements privés étrangers (FDI) atteignent 281 milliards de dollars cumulés de 1980 à 2010. Un net ralentissement est apparu en 2010. Est-il simplement conjoncturel ou lié au climat politique actuel (Cf. Infra). Les investissements de portefeuille ont, quant à eux, chuté sous l’effet de la crise financière en 2008 et 2009, avant de remonter à 35 milliards de dollars en 2010-2011. En sens inverse, les entreprises publiques ou privées indiennes investissent à l’étranger, dans l’industrie et les services dans les pays occidentaux, dans les matières premières - notamment le pétrole - en Afrique. De 2000 à 2010, ces investissements ont atteint 133 milliards de dollars.


La société de consommation s’affirme


Comme la Chine, l’Inde subit les ombres de notre révolution industrielle avec toutes sortes d’abus, corruption, coulage, etc. et, dans le même temps, découvre les prémisses de la société de consommation que nous avons connue en Europe occidentale dans les Trente Glorieuses de l’après 1945 (J. Fourastié).


Il existe néanmoins des différences sensibles. Notre niveau de vie en 1945-1950 était très supérieur à celui de l’Inde aujourd’hui. La croissance démographique, même tombée à + 1,5 % l’an, dépasse de loin notre baby boom. Par ailleurs, le taux de croissance économique de l’Inde aujourd’hui est très supérieur au nôtre à l’époque. Mais il faut noter un manque croissant de cadres supérieurs et d’ouvriers qualifiés dans tous les domaines : aux côtés des Instituts de technologie de haut niveau, les universités n’assurent, dans l’ensemble, qu’un enseignement médiocre, ce qui oblige nombre d’entreprises à organiser leurs propres formations de jeunes cadres.


Le développement de la société de consommation se traduit par une amélioration de l’alimentation de la population (lait, fruits, légumes, éventuellement poulet, etc.), ainsi que par des modifications de l’habillement (accroissement du port de jeans pour les garçons et les filles) et une hausse des dépenses en cosmétiques des femmes. Les familles constituant les classes moyennes ou supérieures avec des revenus annuels de 7 000 à 37 000 dollars par an représenteraient environ 13 % de la population totale, soit 160 millions d’âmes. On ne saurait oublier les loisirs : 100 millions de touristes indiens visitent leur propre pays chaque année, sans parler de ceux, nombreux, qui vont à l’étranger. Les repas au restaurant deviennent également à la mode, tout comme la lune de miel pour les jeunes mariés…


27 à 30 % des Indiens ont beau connaître encore l’extrême pauvreté, les aspirations des classes montantes vont constituer un puissant moteur de croissance pour l’Inde pendant encore des décennies, jusqu’à ce que de plus larges couches de la population en profitent.


Le monde rural a besoin de plus d’attention


Le monde rural conserve un très grand rôle dans l’économie indienne, puisqu’il représente encore 69 % de la population totale. L’agriculture emploie environ 50 % du total des actifs et assure 14-15 % du PIB. Des progrès considérables ont été atteints depuis l’indépendance : routes en dur, électricité, croissance agricole d’abord lente, avant que ne soit mise en place la Révolution verte (RV) en 1965.


Le processus de la RV était basé sur des variétés de céréales qui réagissent beaucoup mieux à l’engrais chimique que les semences traditionnelles. Mais qui dit doses relativement élevées d’engrais chimiques dit une exigence en eau plus importante, voire en système d’irrigation. C’est dire que les vastes régions de l’Inde péninsulaire, aux pluies incertaines et aux faibles capacités d’irrigation, se trouvaient - et demeurent encore - en dehors de la Révolution verte. En revanche, dans les plaines irriguées, nombre de paysans, souvent illettrés, ont doublé leurs rendements de blé ou de riz décortiqué en une année pour atteindre 2t/ha dans un premier temps et 3 à 4 t/ha aujourd’hui. En quelques années, l’Inde a ainsi fortement réduit son déficit en céréales, tout en appliquant une politique de stockage d’une partie du grain par l’État en prévision des mauvaises moussons ainsi que pour une distribution de grains à prix modérés.


Autour de 1980, les efforts dans l’agriculture, l’électricité, les routes se sont relâchés, avec une baisse des investissements publics et des dépenses d’entretien. Si l’on observe une plus grande diversité de la production agricole (élevage et lait, fruits et légumes), stimulée par la hausse des revenus, force est de constater que la croissance agricole baisse : la recherche manque de fonds ; les services agricoles sont en plein déclin ; le manque d’électricité affecte les vastes régions dont l’irrigation dépend de puits à pompes électriques ; les canaux d’irrigation sont mal entretenus, tout comme les nouvelles routes ; quant aux investissements dans de nouvelles infrastructures, ils sont très insuffisants.


Au total, les districts concernés par la Révolution verte s’essoufflent et les rendements plafonnent. Qui plus est, les pertes après les récoltes atteignent 30 % pour les fruits et les légumes : lenteur des transports, manque de chambres froides, emballages défectueux, parasites sont autant de nuisances qui plombent la production. Il est non moins urgent de stimuler en particulier les plaines du bas Gange, d’Assam et d’Orissa, encore très peu irriguées malgré un énorme potentiel. Peu développées sous les Britanniques, elles n’ont enregistré que de faibles progressions de leur production depuis 1947, ce qui se traduit par une pauvreté qui reste très aigüe… De gros efforts s’imposent aussi dans les vastes zones de cultures pluviales.


Les infrastructures sont toujours à la peine


Les infrastructures ont joué un rôle décisif de 1950 à 1980, en ville comme à la campagne, pour le développement de l’Inde. Depuis lors, elles sont devenues des freins à la croissance : les plans quinquennaux 1992-2007 n’ont atteint que la moitié de leurs objectifs pour l’électricité ; le plan actuel (2007-2012) ne tient pas non plus l’horaire. Le manque d’investissements et de dépenses pour l’entretien des centrales et des réseaux de transmission et de distribution perdure. Viennent ensuite les vols de courant. Le manque d’électricité aux heures de pointe est passé de 7,5 % en 2001/2002 à 11 % à l’été 2010. Les coupures de courant de plusieurs heures par jour sont fréquentes dans les villes ; elles sont encore plus longues dans les campagnes. 40 à 45 % du courant seraient ainsi perdus sur l’ensemble du territoire. À Bangalore, grand centre du High Tech, les pertes dues au manque d’électricité représentent 12 à 15 % de la production des entreprises informatiques. Des chantiers de grandes centrales ont été ouverts mais les constructions annoncent de nouveaux retards.


Ces défauts sont aussi provoqués par un manque de coordination entre services concernés, des livraisons d’équipement défaillantes, un manque de cadres. Dans ces conditions, les riches installent un petit générateur chez eux, les entreprises en acquièrent de plus gros ou créent parfois leur propre centrale, ce qui grève leurs coûts. La question des matières premières devient délicate : manque de pétrole, de gaz, de charbon pour les centrales électriques et pour d’autres usines. De gros gisements de gaz ont heureusement été découverts au large des deltas de la Godavari et de la Krishna (sud-est de l’Inde) et l’on vient de découvrir des dépôts d’uranium en Andhra qui pourraient être les plus riches du monde : ils sont estimés à 44 000 tonnes.


Autre talon d’Achille de l’Inde, les transports avec, ici aussi, un manque d’investissements et de dépenses d’entretien patents : routes encombrées, souvent étroites, multiplicité des contrôles routiers, au point que les camions ne dépassent guère 25 km/h de moyenne. Le bilan des chemins de fer n’est guère plus brillant, les trains de marchandises roulant eux aussi à 25 km/h. Transports et logistique représentent 20 % des coûts finaux de production en Inde, contre 4 à 5 % en Europe. Les ports sont également sous pression et les coûts d’exportation par container sont de 1 053 dollars, contre 456 à Singapour. Ces insuffisances dans les transports correspondraient à près de 1 % du PIB par an, soit 14 milliards de dollars.


Enfin, mentionnons l’eau dans les villes, dont la fourniture est souvent interrompue et dont seuls 13 à 18 % des eaux usées sont traités. Du point de vue environnemental, les fonds consacrés à la lutte contre la pollution des eaux et de l’air, à l’érosion des sols ou encore aux risques liés au changement climatique sont très insuffisants. Les dommages annuels se situeraient entre 3,5 et 7 % du PIB.


Gouvernance et malaises déstabilisent la vie politique


Une avalanche de scandales se sont succédés depuis l’automne 2010 : pots de vin considérables et détournements touchent le gouvernement et l’administration, des hommes d’affaires, des militaires, etc. La société civile ainsi que de grands industriels donnent de la voix ; les media se déchainent ; même des religieux font la grève de la faim… Il n’est néanmoins pas certain que le coulage et la corruption aient beaucoup augmenté. Lorsqu’il était au pouvoir, en 2001, le Premier ministre Vajpayee du BJP, opposé au Congrès, parlait d’un véritable « cancer ».


La répression des abus a été faible jusqu’à maintenant. Un ministre du gouvernement central est sous les verrous, un autre a été mis à pied, ce qui ne calme pas les critiques, malgré l’intégrité du Premier ministre Manmohan Singh. Un climat de malaise s’est étendu sur New Delhi ; la Chambre du Peuple est secouée de désordres ce qui conduit à de fréquentes suspensions de séance…, le tout étant aggravé par une inflation à 9 % et un ralentissement de la croissance économique depuis le printemps 2011 : + 7,7 % (avril-juin). Les inégalités se creusent. De vastes régions rurales très pauvres, les bidonvilles, une mortalité infantile encore élevée suscitent de légitimes inquiétudes pour l’avenir du pays.


Les inégalités sont également marquées entre les États. Plusieurs d’entre eux, dont l’imposant Uttar Pradesh, sont mal gérés et se développent mal. Au Gujrat, la croissance prend, à l’inverse, des allures à la chinoise. Le Bihar est sorti d’une longue période de pourrissement grâce au gouvernement de Nitish Kumar, depuis les élections de 2005 et 2010. Le Tamil Nadu, malgré beaucoup de corruption, attire toujours plus les grandes firmes de l’automobile. La région de Gurgaon près de Delhi est en plein boom. Le gouvernement central peine plus que jamais à réduire les dépenses et les subventions, à imposer de nouvelles réformes sous le poids des affaires et des dissensions au sein de la coalition. Il faut aussi compter avec le poids de Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès. Depuis 2007, par exemple, est en discussion au Parlement le nouveau Land Acquisition Act pour remplacer celui de 1894 ! Entre temps, conflits, retards se succèdent pour créer des usines, exploiter de nouvelles mines de fer, de bauxite, de manganèse dans l’angle nord-est de la péninsule. Les gouvernements des États concernés perdent des rentrées de fonds, les habitants locaux peuvent être malmenés dans leur opposition, les investisseurs indiens comme Tata ou les firmes étrangères comme POSCO (Corée du Sud) perdent de l’argent alors qu’ils sont prêts à créer de nouvelles aciéries. Une vingtaine de milliards de dollars sont ainsi en attente d’investissement.


En conclusion, malgré le ralentissement actuel, l’économie indienne conserve de solides atouts et presque personne ne conteste le système démocratique du pays en dépit de sérieuses failles. Il serait néanmoins urgent, pour que l’Inde puisse poursuivre son développement, de sortir de la crise de gouvernance qui lèse aujourd’hui l’économie et de réduire l’inflation. Rahul Gandhi, fils de Sonia Gandhi, Présidente du parti du Congrès, actuellement aux États-Unis (pour des soins, semble-t-il), va-t-il quitter ses fonctions au sein du parti pour succéder à Manmohan Singh ? Et si oui, réussira t-il à sortir son pays de la difficile phase d’aujourd’hui ?

Gilbert Etienne (Diploweb)

vendredi, 23 août 2013

Leggere Tucci per comprendere la Cina

Leggere Tucci per comprendere la Cina

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Ex: http://www.centrostudilaruna.it

GiuseppeTucciGrande più o meno quanto l’intera Europa, la Cina è il paese più popoloso del pianeta, con 1 miliardo e 300 milioni di abitanti. Con l’introduzione della riforma economica capitalista, nel 1978 diventa il paese con lo sviluppo economico più rapido al mondo, sino a divenire nel 2010 il più grande esportatore di merci su scala globale, imponendosi prepotentemente dinanzi alla comunità internazionale come nuova superpotenza economica. Tuttavia la Cina è un paese dalle mille contraddizioni, una realtà che include – in maniera a dir poco stridente – 130 milioni di ricchi e 300 milioni di abitanti sotto la soglia di povertà, milioni di fruitori di elettrodomestici hi-tech nelle città e mancanza di acqua e luce elettrica nei villaggi.

Ma la Cina è anche una delle civiltà più antiche della storia, un paese dalle grandi tradizioni culturali, artistiche e filosofiche, è la patria dei saggi Confucio e Lao Tze, è il paese il cui connaturato fascino colpì i grandi viaggiatori europei a cominciare da Marco Polo e Matteo Ricci, affascinati non solo dalla civiltà, ma anche dalle grandi scoperte ed invenzioni che il paese dei Dragoni aveva realizzato nel corso della sua storia plurimillenaria: come la bussola, la carta, la polvere da sparo e la stampa.

Pari al mercante veneziano del Milione ed al sinologo gesuita – per altro suo concittadino maceratese – un altro folgorato sulla via del Catai fu – senza dubbio – Giuseppe Tucci, a detta di molti il più insigne orientalista italiano del XX secolo, ed in particolare – secondo l’opinione corrente – il maggiore fra i tibetologi.

Tucci cominciò sin da giovanissimo a studiare il cinese, e si appassionò ben presto al pensiero di Confucio, incentrato sul buon governo e sulla ricerca di una saggezza tesa al benessere dello stato e del popolo. Insegnamenti, questi confuciani, che avevano già destato nel XVIII secolo l’interesse di Voltaire, e che susciteranno viva ammirazione in Ezra Pound. Ben presto però, dalla lettura del legista Confucio, l’interesse del Tucci si sposterà sugli aforismi di Lao-tze e Chuang-tze sul Tao. Ma il Nostro non abbandonò mai una strada per l’altra, anzi tenne sempre presente il quadro suggestivo dei due principali indirizzi di pensiero su cui si fonda la visione della vita cinese: il confucianesimo e il taoismo, la via della probità e la via della spontaneità.

Nel 1933, insieme a Giovanni Gentile, Tucci promuove la fondazione dell’Istituto Italiano per il Medio e l’Estremo Oriente (IsMEO), diventato oggi IsIAO, Istituto per l’Africa e l’Oriente, di cui sarà presidente dal 1947 al 1978; e presidente onorario dal 1979, dando un grande impulso allo sviluppo dei rapporti culturali tra l’Italia e l’Oriente, in particolare con la Cina e con l’India. Lo stesso Mussolini ebbe a finanziare le molteplici spedizioni asiatiche di Tucci, forse intenzionato a fare di lui un’agente al servizio della politica internazionale italiana. Ma Tucci non fu mai il Lawrence d’Arabia italiano. Non amava particolarmente la politica, e se ne teneva distante quanto possibile, anche se gli vanno riconosciute indubbie doti diplomatiche (molti ritengono che proprio alla sua intercessione si debba la visita in Italia del Mahatma Gandhi nel 1931), che gli valsero il patrocinio e la protezione del Duce durante il Ventennio, e di Andreotti durante gli anni della Democrazia Cristiana.

Tucci non fu solo un fine erudito, il suo studio delle fonti letterarie si accompagnò sempre ad un fervido interesse per la conoscenza e l’esperienza diretta dei paesi, delle tradizioni e dei popoli d’Oriente (tra le altre cose, fu fra i primi europei a visitare la «città proibita» del Tibet). Ricorda lo scrittore e reporter Stefano Malatesta, che «molto spesso Tucci auspicava il riavvicinamento tra la cultura occidentale e quella orientale. Eppure lui, meglio di chiunque altro, sapeva l’enorme distanza dei due modi di essere: noi pensiamo che l’asceta dell’Oriente dissipi vanamente il tempo che passa correndo dietro a fantasmi e visioni. Loro hanno pietà di noi che andiamo alla ricerca di cose che non sono nostre e mai lo saranno».

storia-della-filosofia-indianaSi dirà che il pensiero di Tucci poteva andar bene il secolo scorso, non di certo oggigiorno dinanzi ad una Cina moderna, cosmopolita, aperta agli affari, che ha ormai accantonato il suo passato. Ma provate a farvi un giro nei quartieri più antichi delle metropoli cinesi, o magari recatevi in una delle numerose sale da tè, e ditemi se non intuite il profondo fascino della Cina tradizionale. E se proprio non riuscite a sentire nulla, andate al tempio del Buddha di Giada a Shangai, che sfida il tempo innalzandosi ieratico tra i palazzoni – come un fior di loto nel fango, per usare un’immagine proprio del Buddha – e osserva fiero le orde di turisti profani e le ancor più profane guide turistiche che quotidianamente lo prendono d’assalto. Fatevi quattro chiacchiere con i nuovi ricchi cinesi, e vedrete che malgrado l’evidente omologazione con “l’industrializzato Occidente”, anche il manager della “Pechino da bere”, conserva il rispetto per l’importanza dei legami sociali e di parentela, secondo le regole della tradizione. Se non vi basta, fate un salto alla Città Proibita o alla Grande Muraglia a prendervi una boccata d’arte e di cultura millenaria.

Fatto sta che Giuseppe Tucci, nella sua Storia della filosofia indiana, aveva già intravisto la riscossa dell’Oriente, soprattutto dei due giganti Cina ed India: «L’avvenimento maggiore al quale oggi assistiamo – scriverà – è fuori di dubbio l’ingresso dell’Asia nella storia: voglio dire che l’Asia fino a ieri subiva la storia ed oggi ne è fattore di primo piano». Ma Giuseppe Tucci ci ha soprattutto trasmesso la sua fervida ed acuta dimostrazione dell’unità culturale dell’Eurasia, e una ferma presa di coscienza del fatto che, giunti come siamo ad un tornante della storia, essa dovrebbe ipso facto tradursi in un’effettiva unità geopolitica.

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BIBLIOGRAFIA
Storia della filosofia indiana, Giuseppe Tucci, Laterza, 2012.