jeudi, 19 mai 2016
Le protestantisme évangélique, fer de lance du Nouvel Ordre Mondial en Chine?
Le protestantisme évangélique, fer de lance du Nouvel Ordre Mondial en Chine?
Par Laurent Schiaparelli
La Chine, grâce à son particularisme culturel, sa longévité civilisationnelle et sa puissance économique, est un des derniers bastions en Asie que l’Empire aura du mal à soumettre à son projet de Nouvel ordre mondial. Le protestantisme évangélique est un des chevaux de bataille de l’Empire pour imposer son modèle dans le monde. La Chine est dans le collimateur, et le sait.
La présence ininterrompue du christianisme en Asie débute au XVIe siècle, avec l’arrivée de Magellan aux Philippines. Souvent associés au colonialisme en Asie, les missionnaires étant jésuites, franciscains, dominicains, le christianisme jouit aujourd’hui d’une image de modernité, par opposition aux religions locales, synonymes de tradition.
Symbole de cette modernité, le christianisme a accompagné les transitions démocratiques en Corée du Sud et aux Philippines. C’est ce glissement des églises chrétiennes, en particulier du protestantisme évangélique, du religieux vers le social, puis vers le politique, qui pose problème dans certains pays asiatiques, la Chine en particulier, même si cela ne fait pas encore les gros titres.
On trouve une présence chrétienne dans à peu près tous les pays de l’Asie de l’Est. Au Japon depuis le XVIIe siècle, à Taïwan, en Mongolie, en Corée du Sud (10% de catholiques et 20% de protestants), à Hong Kong, etc. : les protestants, tantôt baptistes, adventistes, méthodistes, pentecôtistes, se taillent la part du lion, grâce à l’influence géopolitique américaine dans ces pays.
De la même manière aux Philippines, où les catholiques (augustins) évangélisèrent les premiers, dès l’arrivée de Magellan, le catholicisme fut progressivement en compétition avec le protestantisme évangélique à partir du rachat des Philippines par les États-Unis en 1898.
A Taïwan, un territoire revendiqué par la Chine, et obligé des États-Unis, le catholicisme (propagé par les jésuites) n’a pas pu s’y développer de façon significative, en dépit de sa présence antérieure au protestantisme. Les églises à Taïwan sont, malgré les liens diplomatiques officiels de Taipei avec le Saint-Siège, à très grande majorité protestantes.
Malgré cette présence déjà importante, l’Asie est pressentie pour être le plus grand foyer d’expansion du christianisme dans le monde au cours du siècle à venir. Pour atteindre cet objectif, il sera donc nécessaire d’évangéliser de nouveaux territoires et de nouvelles populations. C’est précisément ce que les églises évangéliques baptistes américaines font en Mongolie (500 églises protestantes, et une petite présence catholique), au Vietnam, en Birmanie, en Chine et en Corée du Nord.
La Corée du Nord, paradoxalement surnommée le royaume ermite en dépit de son interdiction de tout culte religieux, peut sembler un choix étrange pour envoyer des missionnaires chrétiens évangéliser une population qui n’est autorisée à pratiquer aucune religion, et qui pour la plupart est plus préoccupée par des questions de subsistance. Il faut donc se poser la question de l’objectif de ces pasteurs, qui entrent plus ou moins clandestinement en Corée du Nord, non pas avec les valises pleines de produits de première nécessité, comme on on est en droit de l’attendre, mais avec des valises pleines de bibles traduites en coréen.
Si l’objectif n’est pas humanitaire, alors quel est-il, et pourquoi a-t-il été jugé supérieur à l’impératif humanitaire? Cet objectif ne peut donc être que de fédérer des convertis autour d’une idéologie autre que celle qui émane du gouvernement. Il s’agit donc d’encouragement à la sédition, puisque les missionnaires vont proposer à la population une religion qui, quelle qu’elle soit, leur est interdite par leur gouvernement. Située à la frontière orientale de la Chine du Nord, la Corée du Nord présente un intérêt stratégique pour les États-Unis, et c’est ainsi qu’il faut comprendre l’intérêt des missions protestantes évangéliques pour cette région.
Les missionnaires qui traversent sporadiquement la frontière sino-coréenne, ou qui accueillent les Nord-Coréens qui s’exilent vers la Chine, sont des pasteurs américains, canadiens, sino-coréens ou américano-coréens, basés en Chine, où leur présence est acceptée. Tel fut le cas du missionnaire protestant Kenneth Bae, arrêté en Corée du Nord en 2012, accusé de préparer une insurrection d’inspiration religieuse, qu’il avait baptisée Operation Jericho, référence biblique aux murs de la ville qui furent détruits par les trompettes des Israélites.
En Chine, le christianisme a fait une remarquable percée dans les vingt à trente dernières années, grâce à la tolérance du régime de Pékin, et sa compréhension de l’importance d’un retour de la spiritualité dans une société qui en avait été privée pendant toute la période maoïste.
La grande majorité des églises chrétiennes accréditées en Chine sont protestantes (principalement baptistes, influence des pasteurs sino-américains oblige), car elles ne dépendent pas du Vatican, qui n’a pas de relations diplomatiques avec la Chine. Elles ne répondent pas non plus, en théorie, à une autorité religieuse supérieure venant d’un autre État, comme le Pape, qui, du point de vue de Pékin, aurait une influence jugée excessive sur ses fidèles en Chine (il existe des précédents historiques…), et entrerait en concurrence avec la suprématie du Parti.
Donc, en apparence, le protestantisme évangélique ne présente pas de danger pour Pékin, et remplit une fonction bien précise, en apparence inoffensive, de redonner une spiritualité à une population qui en demande, et qui est autorisée à choisir entre plusieurs formes de bouddhisme, le christianisme, le taoïsme et l’islam.
Le problème est que le protestantisme évangélique vient des États-Unis, et que cette foi est gérée comme une multinationale : département de la stratégie (méthodes de travail), ressources humaines (recrutement et formation des pasteurs), marketing (publications, séminaires), logistique, relations publiques (rayonnement international grâce à une collaboration avec des artistes chrétiens, chanteurs, musiciens, acteurs, etc., qui tournent dans le monde entier).
Il est donc naturel que les églises protestantes évangéliques soient devenues, elles aussi, un outil de politique étrangère au service de l’Empire, comme l’attestent certaines informations émanant de personnalités de l’église évangélique elle-même, qui déplorent les relations incestueuses avec la CIA depuis plus de cinquante ans.
Il est établi que le travail de terrain des pasteurs dans les régions reculées du monde entier est systématiquement soumis à des séances de debriefing à Washington.
En plus des nombreux témoignages, souvent rétractés par la suite, de personnalités de la nébuleuse évangélique, et de personnalités à la retraite de l’industrie du renseignement, il est intéressant de rappeler la confession du Président américain Gerald Ford à ce sujet en 1975, sur l’utilisation passée, et fort probablement future, de missionnaires comme agents de la CIA, en violation flagrante du principe de séparation de l’État et de l’Église.
Ce qui ressort de ces révélations est que l’hégémonie américaine continue d’être promue dans le monde par une nébuleuse d’agents de propagande extraordinairement diversifiée, la religion et l’humanitaire jouant le rôle de fer de lance.
Le travail, dès les années 1960 en Amérique du Sud, de la fondation Wycliffe Bible Translators (aussi connue sous le nom de Summer Institute of Linguistics, ou SIL), associée à l’église évangélique Southern Baptists et à la famille Rockefeller (propriétaires de la Standard Oil) pour pacifier les populations pauvres locales, les convertir au christianisme évangélique, et les exproprier de gré ou de force pour prendre possession des ressources locales (au profit, incidemment, de la Standard Oil), semble avoir été financé par la communauté du renseignement américain. Ce travail d’évangélisation et de pacification est décortiqué dans le remarquable ouvrage Thy Will Be Done, The Conquest of the Amazon, de Gerard Colby et Charlotte Dennett, publié chez Harper Collins en 1995.
Cet ouvrage mentionne notamment deux points intéressants :
– Dès 1930, The Laymen’s Foreign Missions Inquiry (l’enquête sur les missions d’évangélisation des profanes à l’étranger), à l’initiative de John D. Rockefeller Jr. (Standard Oil) et de John Mott (pasteur méthodiste, dirigeant des YMCA et fondateur en 1948 du Conseil œcuménique des églises) a commandité une recherche de terrain sur toute l’Asie, et publié un rapport en 1932 appelé Rethinking Missions (Repenser les missions d’évangélisation).
– Une relation, connue aujourd’hui de tous, entre la CIA et l’agence indépendante du gouvernement des États-Unis USAid (qui comme son nom ne l’indique pas, dépend de la branche exécutive du gouvernement fédéral américain) au Laos et ailleurs en Asie, datant de l’époque de la Guerre du Vietnam:
«Le directeur d’USAid sous l’administration Nixon, John Hannah, a reconnu publiquement qu’USAid a financé des opérations de la CIA au Laos, et des révélations ultérieures établissent bien l’existence d’une telle collaboration en Équateur, en Uruguay, en Thaïlande et aux Philippines. Ces révélations pourraient causer du tort à toutes les missions d’évangélisation, mais le Summer Institute of Linguistics (SIL) était particulièrement vulnérable […] Dès les années 1960, SIL tirait de confortables revenus de l’USAid par le biais de gouvernements étrangers destinataires de l’aide USAid, ou directement de programmes financés par l’USAid dans les domaines de l’éducation bilingue et l’établissement de coopératives de développement agricole. À ces revenus venait s’ajouter une aide en équipement venant de surplus militaires, incluant des hélicoptères qui étaient exfiltrés du Vietnam et donnés à SIL.»
De nombreux exemples récents attestent que ces pratiques ont fait des émules, comme en atteste l’enquête du gouvernement américain en 1976 sur les liens de la CIA coréenne (KCIA) avec la secte évangélique du révérend Moon, et continuent depuis, au Venezuela, en Corée du Nord, en Birmanie, et à Singapour, où plusieurs pasteurs ont été accusés et incarcérés pour activités de sédition contre l’État.
En Birmanie aujourd’hui, les pasteurs baptistes convertissent en masse les membres des groupes ethniques (les Ho, les animistes, les bouddhistes Asho, etc.) historiquement opprimés par le régime de Rangoon. Comme à l’accoutumée, l’Empire endoctrine et forme les opposants naturels des régimes qui sont sur sa route, pour plus tard attaquer ces mêmes régimes par dissident interposé. Suivant les techniques de guérilla, ils travaillent en églises-cellules (cell-churches).
Il existe depuis quelques années une forte activité de ces églises protestantes baptistes en Birmanie, notamment à la frontière avec la Chine. On peut imaginer que ce développement ne doit pas manquer d’attirer l’attention de Pékin, qui pourrait se sentir, là aussi, encerclé et pénétré par une force d’influence extérieure, qui au contraire du Vatican, ne dit pas son nom, n’a pas de centre, n’a pas de leader, mais n’en est pas moins influente sur les esprits. Le fonctionnement des églises-cellules, qui vouent une sorte de culte de la personnalité au pasteur venu de l’étranger, ou ayant une relation proche avec les États-Unis, fait parfois penser à celui de sectes, notamment celles du mouvement protestant néo-charismatique.
En quoi une importante communauté évangélique peut-elle être une source d’inquiétude pour un gouvernement asiatique?
L’intervention avérée de pasteurs et autres intervenants accrédités (télévangélistes, conférenciers, chanteurs, etc.) dans les églises évangéliques pour donner des consignes de vote à leurs fidèles, comme ce fut le cas en Corée du Sud, donne une idée de ce qui attend les pays asiatiques qui laissent se répandre le protestantisme évangélique hors de tout contrôle.
En octobre 2011, lors d’élections en Corée du Sud, un groupe de chrétiens protestants a été accusé par la Commission électorale de la Communauté urbaine de Séoul d’envoyer des courriels de nature politique à des citoyens non-pratiquants et non-membres de leurs groupes, contenant une consigne de vote pour un candidat conservateur.
Dans des pays où il n’y a pas d’élections comme la Chine, la Birmanie ou la Corée du Nord, l’action des convertis, souvent choisis délibérément parmi les classes défavorisées (minorités ethniques, populations paupérisées), bien que pas uniquement, peut mener à des actions de nature anti-gouvernementale. Ce fut le cas récemment en Chine, à Wenzhou (la Jérusalem de la Chine), où l’opposition de fidèles protestants à la destruction d’une église décidée par le gouvernement local s’est soldée en faveur des manifestants. Comme le dit un pasteur chinois à cette occasion, «le gouvernement chinois se méfie de l’Église chrétienne, mais ne peut se mettre à dos 70 millions de fidèles» (dont 10 à 12 millions de catholiques de l’église officielle).
C’est justement ce militantisme grassroot, préconisé par les méthodes de prosélytisme et d’évangélisme baptiste, qui pose problème au gouvernement, car il prend vite une dimension politique, renforcée par son association à diverses ONG et autres acteurs de la société civile, souvent financés depuis l’étranger.
On remarque dans la littérature protestante évangélique une constante, celle de parler de persécution des chrétiens en Asie, alors que le nombre d’églises ne cesse d’y augmenter depuis 30 ans. Il s’agit encore de cette technique éprouvée sous d’autres latitudes, selon laquelle un agresseur se décrit comme victime de la situation qu’il a créée : ici, elle permet de dénoncer des États policiers non démocratiques (le Mal absolu), tout en fédérant les fidèles à l’étranger, pour qu’ils donnent de leur personne et partent évangéliser à leur tour, et lever des fonds pour les victimes (Le Bien).
Si persécution sporadique de chrétiens il y a en Asie, elle est éventuellement le fait d’une concurrence avec d’autres religions en cours d’implantation, comme l’islam dans le sud des Philippines, et non du fait de gouvernements, qui ne font que tenter de maîtriser l’expansion d’une foi considérée comme étrangère, et qui recourt à des techniques de guérilla pour se répandre.
Le protestantisme évangélique a beau s’autodéclarer religion autochtone, ce n’est qu’un mantra destiné à convertir plus de fidèles qui auraient des réticences à adopter une foi jugée étrangère par leur gouvernement.
Ce n’est que lorsque l’ordre public est fortement perturbé, comme à Wenzhou ou en Corée du Nord, qu’un pasteur peut se retrouver emprisonné et les fauteurs de trouble arrêtés. Rien qu’en Chine, entre 1949 à 2015 (mais en fait entre 1978 et 2015, puisque la liberté de religion a été anéantie pendant la révolution culturelle qui dura jusqu’en 1976), le nombre de protestants est passé de 1 à 70 millions, reconnus par l’État, avec leurs églises (plus de 50 000 aujourd’hui), et leur interlocuteur gouvernemental (le Mouvement patriotique des Trois Autonomies) : peut-on parler de persécution des protestants en Chine?
Les réunions que le Parti sanctionne sont celles tenues illégalement dans les maisons des fidèles, avec des pasteurs étrangers inconnus des services d’immigration ou du ministère de tutelle des religions en Chine, venant sur des visas touristiques, ne déclarant pas leur occupation ni l’objet de leur visite en Chine. Ce sont ces églises illégales qui sont à l’origine de l’envoi de missionnaires en Corée du Nord. «Nous voulons aider, et c’est plus facile pour nous que pour un pasteur anglais, sud-coréen ou américain», déclare anonymement un pasteur d’une église illégale en Chine.
Il semble donc établi que le prosélytisme protestant évangélique en Asie est un véhicule comme tant d’autres de pénétration de l’Empire, dans sa quête d’imposer son Nouvel Ordre Mondial.
Est-ce qu’une collaboration avec le Vatican ne serait pas finalement plus bénéfique au gouvernement chinois et au Vatican? Le catholicisme est bien moins prosélyte que son pendant protestant, ce qui est d’ailleurs bien la raison pour laquelle il perd du terrain en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Il est aussi plus détaché traditionnellement de la politique, comme en atteste une lettre adressée en 2007 par le Pape Benoît XVI aux catholiques de Chine, tentant d’établir une méthode de collaboration avec l’autorité de tutelle des catholiques de Chine, l’Association patriote catholique de Chine (qui, pour être autorisée, a dû officiellement désavouer le Pape).
Ce qui pouvait être perçu comme une tentative du Pape Benoît XVI de travailler vers une normalisation des relations avec la Chine sur une base de respect mutuel est peut être moins vrai depuis l’arrivée du Pape François.
Il est probable que Pékin aurait été plus à l’aise de continuer les négociations avec le Pape Benoît XVI, qui oscillaient entre des périodes de consensus puis de différends, plutôt qu’avec son successeur, qui est plus préoccupé de générer un bruit de fond médiatique sur des questions sociétales, plutôt que spirituelles. Les prises de position du Pape François, publiquement pro-immigration, pro-LGBT et droit-de-l’hommistes ne sont pas pour rassurer Pékin, pour qui ces trois questions sont d’anciennes préoccupations qui ne disparaîtront pas de sitôt. Tout d’abord, la crainte d’une immigration incontrôlée de réfugiés nord-coréens si le régime de Corée du Nord s’effondrait; la décision année après année de maintenir l’interdiction du prosélytisme LGBT; et une définition des droits de l’homme différente de la version messianique et moralisatrice de l’Occident.
L’expansion agressive du protestantisme évangélique américain en Asie, aux frontières nord, est et sud de la Chine et en Chine elle-même, ne peut qu’inquiéter le gouvernement chinois. Le rapprochement avec le catholicisme, moins prosélyte et moins porté au discours politique, est une alternative que le régime chinois pourrait envisager. Seule la question de l’ordination des évêques continue de diviser le Vatican et l’Association patriote catholique de Chine, après avoir été en passe d’être résolue sous Benoît XVI, avec des ordinations concertées pendant quelques années.
Malheureusement, les récents développements au Vatican, les prises de position sociétales de la nouvelle papauté, qui causent l’incompréhension même en Occident, ne peuvent que refroidir toute velléité de rapprochement avec le Vatican que la Chine aurait pu avoir, alors qu’il aurait été bénéfique aux deux États.
Le régime chinois, contraint de faire un choix entre un évangélisme baptiste agressif et cheval de Troie de l’Empire, et une mouture nouvelle du catholicisme, droit-de-l’hommiste, moraliste et véhiculant elle aussi les valeurs du même Empire, mais dans une version européenne et jésuite (et donc aussi avec une forte composante évangélique), n’aura peut-être d’autre choix que de maintenir le statu quo voire de durcir le ton vis-à-vis de tous les Chrétiens de Chine.
Laurent Schiaparelli
Article original pour Le Saker Francophone
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dimanche, 15 mai 2016
Un responsable américain attise les tensions à la frontière entre l’Inde et la Chine
Un responsable américain attise les tensions à la frontière entre l’Inde et la Chine
Le consul général des États-Unis à Calcutta, Craig L. Hall, a approuvé de façon provocante des revendications territoriales indiennes visant la Chine au cours d’une réunion le 28 avril avec le ministre- président de l’État d’Arunachal Pradesh, dans le nord-est de l’Inde, Kalikho Pul.
Se référant à des revendications chinoises sur une partie de l’Arunachal Pradesh, Hall a déclaré que le gouvernement américain considérait l’Arunachal Pradesh comme partie intégrante de l’Inde. L’Arunachal Pradesh — situé stratégiquement entre le Bhoutan à l’ouest, la Birmanie à l’est, et la Chine au nord — comprend plusieurs zones également revendiquées par la Chine, telles que Tawang, le site du célèbre monastère de Tawang.
Hall a appelé au développement des infrastructures dans cette région éloignée et stratégique, où la construction de routes et d’infrastructures de transport est vitale pour le déploiement de la puissance militaire. Il a également appelé à des coentreprises et partenariats entre les USA et l’Inde dans le commerce et les échanges, pouvant être organisés par le consulat de Calcutta (Kolkata). « Le consulat, » a déclaré Hall, « sait que des sociétés américaines sont intéressées par des contrats de travaux pour le développement des infrastructures en Inde et dans le Nord-Est en particulier, avec un accent particulier sur l’Arunachal Pradesh ».
Les commentaires de Hall étaient une tentative calculée pour attiser le conflit frontalier entre l’Inde et la Chine et ont été faits quelques jours seulement après que le conseiller de la sécurité nationale de l’Inde, Ajit Doval, a visité Beijing (Pékin) pour des discussions sur la résolution de la question frontalière.
En 1962, l’Inde et la Chine ont mené une guerre d’un mois sur la frontière himalayenne contestée, qui a fait plus de 4000 victimes. La guerre avait éclaté après une série d’incidents frontaliers violents à la suite du soulèvement tibétain de 1959, soutenu par la CIA, contre le régime chinois. Après la défaite de l’insurrection, l’Inde avait accordé l’asile au chef du bouddhisme tibétain, le Dalaï-Lama, et à ce jour le siège du gouvernement tibétain en exil est à Dharamsala dans le nord-ouest de l’Inde.
L’Inde et la Chine partagent une longue frontière qui traverse plusieurs régions contestées, dont une grande partie de l’Arunachal Pradesh et de l’Aksai Chin. Ce dernier est situé entre les régions autonomes chinoises du Xinjiang et du Tibet et est revendiqué par l’Inde comme faisant partie de la région du Ladakh dans le Jammu-et-Cachemire. Au cours de la Guerre sino-indienne de 1962, les forces chinoises ont envahi l’Arunachal Pradesh dont elles se sont retirées plus tard, mais elles ont étendu leur contrôle sur l’Aksai Chin.
Les commentaires de Hall reviennent à jeter de l’huile sur le feu du conflit frontalier sino-indien. Ils montrent que dans le cadre de son « pivot vers l’Asie », qui vise à isoler la Chine et à préparer la guerre contre elle, Washington est prêt à soutenir les revendications territoriales de l’Inde, considérées par Beijing comme des menaces à l’intégrité territoriale de la Chine.
Les remarques de Hall viennent au moment où l’Inde, s’alignant de plus en plus sur l’offensive stratégique des États-Unis contre la Chine, cherche à tirer parti de ses relations avec Washington pour atteindre au statut de puissance mondiale. L’Inde développe rapidement son armée et exige que les États d’Asie du Sud la reconnaissent comme l’hégémon régional.
Les États-Unis font pression pour que l’Inde devienne un État de première ligne dans son « pivot » anti-Chine. En avril, ils ont obtenu l’accord « de principe » de New Delhi pour un Protocole d’entente bilatéral d’échange logistique (Lemoa) qui donnera aux Etats-Unis l’accès à des bases militaires indiennes pour le réapprovisionnement, la réparation et le repos.
La Chine s’est fermement opposée aux commentaires de Hall. Mercredi, Beijing a déclaré que toute intervention « irresponsable » d’un tiers dans le différend frontalier sino-indien, « compliquerait » la question.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré: « La question de la frontière entre la Chine et l’Inde porte sur la souveraineté territoriale de la Chine et les sentiments du peuple chinois. Toute tierce partie doit respecter l’histoire et la réalité concernant la question frontalière, respecter les efforts déployés par la Chine et l’Inde pour résoudre les différends territoriaux par la négociation, éviter de s’impliquer dans les conflits ou de prendre parti sur les questions relatives à la propriété du territoire contesté ».
Il a ajouté: « Des négociations saines entre la Chine et l’Inde sur la question de la frontière ainsi que la paix et la tranquillité des zones frontalières ces dernières années ont créé des conditions favorables à la croissance des relations bilatérales et à leur développement respectifs ».
Les remarques de Hall constituent une provocation délibérée de plus contre la Chine par l’impérialisme américain à l’heure où il attise les tensions dans toute la région.
Dans le cadre de son « pivot » anti-chine « vers l’Asie », les États-Unis sont en train de fomenter le séparatisme en Chine, en particulier au Tibet et au Xinjiang. Des responsables américains ont récemment assisté à une conférence des organisations séparatistes chinoises financées par les États-Unis à Dharamsala, en Inde. Washington cherche à exploiter des conflits sociaux et ethniques acerbes — ayant leurs racines dans la politique réactionnaire du régime chinois, qui a de plus en plus fomenté le nationalisme chinois « Han » depuis la restauration du capitalisme en Chine dans les années 1980 — pour menacer la Chine d’une fragmentation selon des lignes ethniques.
Comme dans la région chinoise proche, où les minorités ethniques souffrent de la pauvreté et de la répression de Beijing, le nord-est de l’Inde est la région la plus pauvre et la moins développée du pays et est en proie aux tensions ethniques et aux insurrections.
« C’est l’endroit le plus complexe d’Asie », dit Sanjoy Hazarika, le président et directeur du Centre d’études du Nord-Est et de la recherche politique de New Delhi. « Vous avez 220 groupes ethniques pressées dans un territoire en forme de triangle, lié à l’Inde juste par un minuscule couloir ».
Comme dans le Jammu-et-Cachemire, New Delhi a depuis des décennies donné, dans l’Arunachal Pradesh et six autres États du Nord, de vastes et draconiens pouvoirs à l’armée en vertu de la notoire Loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées, pour y supprimer de nombreux mouvements sécessionnistes armés ethno-nationaux et anti-gouvernementaux. En raison de la pauvreté et de l’insécurité générale, des centaines de milliers de personnes de cette région défavorisée ont émigré vers les grandes villes indiennes pour y chercher un emploi, où ils sont souvent confrontés à la discrimination.
Washington craint que la Chine puisse exploiter les insurrections dans le nord de l’Inde, encourageant le séparatisme en Inde pour riposter à la promotion du séparatisme en Chine par Washington et il répond en s’ingérant de façon irresponsable dans les différends entre New Delhi et Beijing.
En même temps que Washington œuvre agressivement pour intégrer l’Inde dans son offensive stratégique contre Beijing, la longue rivalité entre l’Inde et la Chine et leurs conflits frontaliers, deviennent de plus en plus étroitement liés à la rivalité stratégique encore plus explosive entre les États-Unis et la Chine, poussant ainsi l’Asie, sinon le monde entier, vers une nouvelle conflagration.
- Source : WSWS
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vendredi, 13 mai 2016
Myanmar’s Suu Kyi is pivoting away from US
Myanmar’s Suu Kyi is pivoting away from US
by M. K. Bhadrakumar
Ex: http://blogs.rediff.com
When an old friend and colleague who had served as ambassador in Myanmar sent to me last November an interview by Aung San Suu Kyi with the Washington Post, it was an eyeopener. The interview went against the grain of the common estimation of Suu Kyi in our country as a creation of the West on China’s soft underbelly.
In the WaPo interview, Suu Kyi point blank refused to give credit to the US for her achievements in fostering democracy. She underscored that Myanmar’s best interests will be served by pursuing non-aligned policies. She even differentiated Myanmar’s stance on the South China Sea problem to stress the importance attached to relations with China. (Washington Post)
In the Indian strategic discourses, wishful thinking often transmutes as hypotheses. The point is, the intense rivalry with China, which is the Indian pundit’s prism, leads him to wrong notions about Suu Kyi being dependent on US support for sheer political survival. (Times of India)
Are we getting the plot straight? Given the “unipolar predicament” of the Indian pundits, they often attribute a larger-than-life US influence over other countries. Even the lessons from Afghanistan haven’t been learnt properly — namely, there are limits to US power. In fact, the indications, increasingly, are that the latent friction between Washington and Suu Kyi is surfacing, and the US is arm-twisting her. The new US ambassador to Myanmar openly defied the advice from the foreign ministry (headed by Suu Kyi) not to refer to the Rohingya problem. (Guardian)
Indeed, the Rohingya problem is hugely consequential for India too – because in the vast majority of opinion in Myanmar, the problem relates to large-scale illegal migration of Muslims from Bangladesh and does not pertain to an ethnic issue or of a persecuted minority.
Now, even as the new US ambassador was raising dust on the Rohingya problem on the diplomatic plane, New York Times wrote an angry editorial blasting Suu Kyi’s “cowardly stance”. The Times has a record of being the flag carrier and it is possible to make out that the real issue here is Suu Kyi herself:
“In the end, the reason Ms. Aung San Suu Kyi doesn’t want the Americans to say “Rohingya” doesn’t really matter. What matters is that a woman whose name has been synonymous with human rights for a generation, a woman who showed unflinching courage in the face of despotism, has continued an utterly unacceptable policy of the military rulers she succeeded… Her halo has been a central factor in Myanmar’s reacceptance into the world community… but already there are calls by human rights groups in the United States for President Obama to renew sanctions against the country before they expire on May 20.” (New York Times)
The Los Angeles Times was more explicit in recommending that “the U.S. government should keep in place at least some of the rules for investors and the sanctions against Myanmar that are set to expire later this month, particularly the ones that require American companies working in Myanmar to report on their efforts to ensure that human and labor rights are maintained, and to not do business with specially designated nationals with ties to human rights abuses”. (LA Times)
The US is shifting the goal post on sanctions. Meanwhile, Wall Street Journal reported on Tuesday quoting the new US ambassador to Myanmar that “Washington isn’t ready to fully shed sanctions on Myanmar, instead awaiting progress on issues including human rights”. (WSJ)
Evidently, the core issue here is Suu Kyi’s policies towards China. The US pressure is building up just when Suu Kyi is called upon to decide on the stalled Chinese projects in Myanmar. (She faces the same predicament that Sri Lanka’s Ranil Wickremesinghe faced.) Will Suu Kyi blink under American pressure? Beijing seems reasonably confident that Suu Kyi will ultimately take decisions that are in her country’s best interests – which was what Sri Lankan Prime Minister Ranil Wickremesinghe also finally did. (Global Times)
All this becomes important at a juncture when New Delhi is figuring out its own approach to the Suu Kyi government. External Affairs Minister Sushma Swaraj was due to visit Myanmar last week but put it off due to health reasons. India has vital interests at stake, which makes it imperative that it has a friendly, cooperative, responsive partner in Suu Kyi, no matter Uncle Sam’s disillusionment with her. The bottom line is that India should have an independent foreign policy toward Myanmar.
– May 11, 2016
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vendredi, 29 avril 2016
Pakistan and India «Trade Off» Allies, KSA and China Start a Cold War
Pakistan and India «Trade Off» Allies, KSA and China Start a Cold War
Ex: http://en.riss.ru
Pakistan and India appear willing to «trade off» allies with one another, «exchanging» their privileged partnerships with the Saudis and Russians
Andrew Korybko
In an unfolding geopolitical shift that would have been unthinkable just a few years ago, Pakistan and India appear willing to «trade off» allies with one another, «exchanging» their privileged partnerships with the Saudis and Russians respectively as a means of enhancing their relative position vis-à-vis their leaderships’ attitude towards China. While Russia and India are still close historic and strategic partners, the former ties of fraternity have, despite rhetorical statements and symbolic actions by their each of their governments, gradually frayed amidst the post-Cold War geopolitical situation and the developing one that’s playing out in the New Cold War. More importantly, however, is that India’s obvious efforts to cozy up with Saudi Arabia are aimed not only against Pakistan, but also tacitly against China in a demonstration of one of the most unusual and nontraditional geopolitical arrangements of the New Cold War.
Preface
The research at hand aims not to present an extensive academic review of the history of relations between the examined countries, the nitty-gritty nuances of their present and developing ties, nor an absolute collection of facts about each and every one of their most recent newsworthy events as it relates to one another, but to broadly raise awareness about the unmistakable geopolitical patterns that are emerging in the larger context of the New Cold War. The spoken-about relationships are not irreversible and many things may still change in this unprecedented period of global uncertainty and systemic transition, although they do convincingly appear to be entering a stage where this will become increasingly difficult as new strategic mentalities set in and become customary thinking among their deep state (military, intelligence, and diplomatic) representatives.
The purpose is not to heap scorn onto India or its countrymen, and the invocation of that country’s name as well as that of its capital should not be interpreted as referring to Indian people in general. When mentioned in this text, they relate only to the present Indian political establishment, and the same general rule holds true for each of the countries that are being studied. Nevertheless, the work is unapologetically critical of India for, as the author sees it, unnecessarily flirting too closely with the unipolar world out of a reactionary knee-jerk response to the presumed imperatives of «containing China» and «pressuring Pakistan», which may ultimately result in New Delhi wittingly or unwittingly becoming a key American strategic ally in the New Cold War with time.
The «Trade-Off»
Pakistan:
To summarize one of the most admittedly unexpected geopolitical trends of the modern day, Pakistan is moving away from Saudi Arabia and closer to Russia at the same moment that India is doing the reverse. For example, Islamabad refused to join Riyadh’s «anti-terrorist» coalition, although this has led to a split between Pakistan’s political and military classes. Saudi Arabia hasn’t given up trying to woo Pakistan, however, since the latest talk is that the commander of Pakistan’s armed forces could possibly lead the Saudis’ «anti-terrorist» bloc. This «tug-of-war» between the pro-Saudi military and the ruling pro-Chinese politicians will likely define Pakistan’s strategic situation for the near future, and it’s very possible that Riyadh and its Washington ally may try to once more stir the pot of separatism and terrorism in Baluchistan as a means of pressuring Islamabad to redirect its trajectory back towards its traditional unipolar allies. That being said, like the author wrote for the Russian Institute of Strategic Studies back in September 2015, Pakistan is the «zipper» of pan-Eurasian integration and this geopolitical obviousness has led to an intensification of ties between Islamabad and Moscow, predicated on the shared anticipated benefit that both of them will receive through the Central Asia-South Asia multipolar transnational connective infrastructure nexus being constructed by China in accordance with its One Belt One Road vision.
India:
India is proceeding in the opposite direction of Pakistan, which can be seen both by its steady replacement of Russia with the US as its chief arms supplier and Modi’s recent visit to the land of King Salman. To expand on New Delhi’s wealth of new strategic relations with Washington, the two sides are on the verge of agreeing to a «Logistical Support Agreement» that «would allow the two militaries to use each other’s land, air and naval bases for resupplies, repair and rest». In practice, this means that the US can employ «plausibly deniable’ pretexts to move its land, air, and sea forces on a de-facto rotational basis, whether indefinite or temporary (likely decided on a case-by-case basis depending on the military facility in question and the current geopolitical context) all the way up to China’s Tibetan and Yunan borders. Though it’s a promising and pragmatic sign that India opted not to participate in the US’ proposal that they jointly patrol the South China Sea, it’s still very disturbing that Modi previously spoke about so-called «freedom of navigation» in the region, which is commonly uttered as a euphemism for «containing China».
Swinging the focus over to Saudi Arabia, the US’ premier unipolar ally in the Arab region, the national general secretary of the BJP and unnamed government officials are quoted by Reuters as openly boasting that the Prime Minister’s trip is meant to «deal with Pakistan» by «[using] economics, strategy and emotional ties to win the hearts of Islamabad’s friends», which amounts to «an effort to ‘de-hyphenate’ India from Pakistan». India’s advances towards Saudi Arabia are not just premised on a simple desire to «pressure Pakistan», but are instead part of what the New Delhi establishment likely sees as a shrewd and preemptive way to deflect the potentially forthcoming danger of Saudi-supported terrorism inside the country against the majority «Hindu infidels» (as they’re derogatorily seen by Islamic extremists). Al Qaeda, which has always been linked to prominent Saudi individuals, businessmen, and «charities», announced in September 2014 that it would be moving into the Indian subcontinent, and given the rising pro-Daesh sympathies and Islamic fundamentalist tendencies that have taken root in Bangladesh since then, India could be trying to ingratiate itself with one of the world’s chief sponsors of international terrorism in order to acquire a guarantee that Riyadh will do its utmost to prevent these Saudi-tied organizations from targeting it.
The Choice:
Russia and China do not force any conditions onto their partners or let their sovereign decisions to engage in diversified geopolitical relations detract from their bilateral ties, though the same cannot be said for the US and Saudi Arabia. While it’s entirely possible for India and Pakistan to pragmatically and simultaneously engage with a multitude of international actors, the US and Saudi Arabia, just as they’ve historically done with others before (most notably in the recent instances of Ukraine and Yemen), will force these two South Asian states into a false «either-or» choice that results in zero-sum consequences for the rejected set of partners. India will likely be able to straddle the New Cold War divide in such a way that the relationship that its civil society and business actors have with Russia would remain intact, but New Delhi’s high-level state-to-state geopolitical coordination with Moscow would undoubtedly suffer.
Furthermore, if India even succeeds in pulling off the aforementioned optimistic scenario of retaining positive non-governmental ties with Russia amidst heavy American pressure, this would be purely due to the historical affinity between both sides and is not replicable as it relates to full-spectrum Indian-Chinese relations. Concerning these, they would obviously be adversely affected and the current in-process Cold War between New Delhi and Beijing in the Greater Indian Ocean-South Asia Region can be expected to accelerate and reach possibly hostile levels, especially in the event that the «Logistical Support Agreement» leads to some sort of American military presence (however temporary) close to China’s mainland borders.
Concerning Saudi Arabia, it’s not in a position to force India into making a choice, but it already is trying to do this with Pakistan, which has been a decades-long ally and in which it has entrenched institutional and soft power influence that it cultivated over time. Just like the US will try to force India to choose between itself and Russia, Saudi Arabia will seek to do something similar in forcing Pakistan to choose between itself and China. Both pressuring actors hold certain foundational assumptions about their given targets, namely the Americans believe that the Indians will unabatedly proceed along their defined anti-Chinese geopolitical trajectory while the Saudis think that the Pakistani-Russian ties are dependent on their shared convergence through China’s One Belt One Road Central Asia-South Asia infrastructure. Accordingly, the US sees no need to explicitly address India’s grand strategy towards China because it already largely aligns with Washington’s interests, while Saudi Arabia correspondingly knows that Pakistan’s choice concerning Riyadh or Beijing will determine its ultimate course of action towards Moscow.
The Saudi-Chinese Cold War
South Asia:
Tangential to the topic of Saudi Arabia’s changing relations towards India and Pakistan, it should be overtly emphasized that both branches of the Saudis’ South Asian ties are based off of Riyadh’s calculations towards China. Extrapolating a bit, a grand strategic review of South Asia and the Horn of Africa indicates that a Cold War between Saudi Arabia and China is indeed occurring at the moment and looks likely to develop into a serious geopolitical factor in the future. To clarify what is meant by this, it’s easier to begin with the region that’s presently under focus. Saudi Arabia and China are competing for influence in Pakistan and the loyalty of its most influential elite classes, the military and political establishments, which has already been described previously.
Moving over to Bangladesh, China worked hard to make itself one of the country’s premier strategic partners over the past couple of decades, but the current political unrest centered on the pro-Saudi Bangladesh Nationalist Party could reverse all of that if the opposition manages to exploit the ongoing events and ends up seizing power. The last zone of competition between the two countries lays in the Maldives, which just emerged from a very tense period of Hybrid War drama that the author analyzed at the time, and is now tilting closer to Saudi Arabia than it is to China. For example, although occupying a crucial position along China’s One Belt One Road Sea Lines of Communication, the Maldives are now part of the Saudis’ «anti-terrorist» coalition and the two sides have agreed to boost «religious ties», which is typically an expression that denotes the Saudis’ institutionalized proselytization of violent Wahhabism.
Horn of Africa:
As it regards the Horn of Africa, China is very closely partnered with Ethiopia, which is the world’s fastest-growing economy and is expected to soon emerge as a continental leader. Central to the One Belt One Road vision is that belief that China must acquire access to new markets and outbound investment destinations in order to sustain domestic growth and internal stability. Ethiopia occupies a major role in this strategy and it’s essential that China tap into its awakening potential, which explains why it’s constructing the Ethiopia-Djibouti Railway that’s set to open very soon. Complementary to this geo-economic imperative, China is also opening its first-ever overseas military base in Djibouti, which will allow it to exert dual influence on the maritime reaches of the Bab-el-Mandeb and the Horn of Africa’s Ethiopian heartland.
In parallel with this happening, the Saudis and the GCC military bloc that they oversee have also been moving into this region ostensibly under the guise of gaining logistical support facilities for their War on Yemen. An October 2015 UN report documented how «Eritrea forged a new strategic military relationship with Saudi Arabia and the United Arab Emirates that involved allowing the Arab coalition to use Eritrean land, airspace and territorial waters in its anti-Houthi military campaign in Yemen” and that «Eritrean soldiers are embedded with the United Arab Emirates contingent of the forces fighting on Yemeni soil». The author thoroughly analyzed what this development means for disrupting the hitherto equitable military balance between Eritrea and its Ethiopian rival, and the conclusion was that the GCC might use its new ally’s territory as a launching pad for exerting asymmetrical influence onto Ethiopia. Furthermore, Qatar already has troops in both Eritrea and Djibouti as part of a UN-agreed conflict mediation mechanism, while Saudi Arabia is about to open up a base in the latter coincidentally at the same time as China is supposed to. Another key development to consider is that the UAE is allegedly interested in opening up a military facility in the Gulf of Aden-abutting Somalian region of Somaliland.
Altogether, it’s plain to see that a recognizable pattern is emerging – the GCC is steadily encircling China’s Ethiopian ally, and whether it had intended for this to happen or not, it’s very possible that a security dilemma between the two sides will erupt as they jostle for influence along the Red Sea and the Horn of Africa hinterland. Ethiopia is integral to China’s global vision and has an irreplaceable role as a geographically convenient middleman for African-based Chinese businesses, using its advantageous conduit position to facilitate their interaction with European and Asian markets via the maritime access that they’ll acquire from the Ethiopian-Djibouti Railway. Contrarily, the US recognizes this unparalleled importance and is likely to call upon its GCC allies in exerting pressure against Chinese interests there as a means of subverting Beijing’s geo-economic benefits. This could take the form of Qatar and Eritrea, both of which have been linked to the terrorist group Al Shabaab, utilizing the militant organization as a proxy lever of destabilizing influence against Ethiopia, particularly in targeting the northwestern part of the latter’s Somali Region through which the Ethiopia-Djibouti Railway is expected to pass. Moreover, even if the GCC only provides strategic support to its new Red Sea ally (or illegally circumvents UNSC sanctions in shipping it weaponry), then this could launch a proxy arms race with China, which would be compelled to boost the capabilities of Ethiopia in order to compensate for the unexpected offsetting of the military equilibrium that its ally has with Eritrea.
It’s relevant to bear in mind that Ethiopia is truly envisioned to play a major role in the One Belt One Road global connective infrastructure network, and that China’s opening of its first-ever overseas military base in Djibouti is partially founded on strategically securing its partner’s rise and supervising the terminal point of the Ethiopia-Djibouti Railway. Likewise, this only gives the US an even greater motivation to try to offset its rival’s plans, which is where the role of the Saudi-led GCC and its Horn of Africa military deployments comes into focus. Relatedly, it’s not a coincidence that both Djibouti and Somalia joined the Saudis’ «anti-terrorist» coalition, and while it’s doubtful that Djibouti would do anything to destroy the enormous win-win benefit that it’s expected to reap from its cooperation with China, the same can’t be said for Mogadishu’s calculations in siding with the bloc. Somalia might not object to its territory being used to asymmetrically destabilize Ethiopia, especially considering that the GCC-allied and fellow extremist-propagating state of Turkey is also opening up a base in the national capital.
India And Pakistan In The New Cold War’s Shifting Geopolitics
The research has argued up until this point that the South Asian states of India and Pakistan are moving in opposite geopolitical directions, with New Delhi and Islamabad «trading off’ their traditional Russian and Saudi allies respectively between one another out of their divergent calculations in posturing towards China. Pakistan is favorable to China and is thus intensifying its relations with Russia in accordance with the same multipolar motivations that guide its relations towards Beijing, while India is opposed to China and is doing the same with Saudi Arabia out of animosity towards both Islamabad and Beijing. It’s this latter angle of how India’s emerging partnership with Saudi Arabia is aimed against China that has yet to be elaborated on, so the forthcoming section will describe the geopolitical principles that are guiding this move and conversely catapulting Pakistan’s global multipolar significance to even greater heights than it ever was before.
Enter India:
As it stands, India is poised to play a decisive role in the emerging Saudi-Chinese Cold War and Modi’s visit to the Arabian Kingdom has to be seen in this context. Recalling all that was analyzed above about the Red Sea-to-Bay of Bengal rivalry between Riyadh and Beijing, it’s self-evident how India’s insertion into this tense geopolitical equation could come as a game-changer for the unipolar world. In fact, as India becomes more assertive in projecting its maritime interests, its strategic anti-Chinese complementarity with Saudi Arabia (especially as it overlaps in the Maldives) can eventually jeopardize the freedom of navigation that China will depend on in making the maritime portion of its One Belt One Road project a feasible reality.
While it’s not expected that the Saudi-Indian «coalition» will ever shut down these routes entirely, from the Chinese perspective, this strategic partnership could certainly present a formidable joint opponent as it relates to the proverbial «line of fire» battleground states of Bangladesh and the Maldives. Should the Saudis and Indians succeed in wrestling these two countries out of China’s pragmatic orbit to the point that that the One Belt One Road’s pertinent infrastructure projects are adversely impacted, then this would complicate China’s efforts to establish reliable Sea Lines of Communication and thus weaken the sustainable reliability of its maritime economic access to Europe and East Africa. The structural ramification of this development is that China would become inversely dependent on the mainland portion of its New Silk Road strategy, which could thus be disproportionately offset if the US and its allies manage to spark a series of Hybrid War scenarios in Central Asia.
The Rimland Alliance:
To put India’s prospective strategic alliances with the US and/or Saudi Arabia into a global perspective, New Delhi would essentially be sealing most of the Eurasian Rimland together as an integral part of Washington’s nascent supercontinental alliance against Russia and China. At this very moment, the US is striving to construct an «Intermarum» coalition of anti-Russian states in Eastern Europe which would then link up with Erdogan’s Turkey and be in a close strategic working proximity with the Saudi-led GCC. On the other side of Eurasia, the US aims to bring Japan and South Korea together under an ostensibly «North Korean»-directed military coordination mechanism that would obviously have an unstated dual anti-Chinese function. Expanding on Japan’s role, the island state is expected to be the US’ main «Lead From Behind» partner in bringing together the Northeast Asian and Southeast Asian theaters into a grand anti-Chinese ‘containment’ front, building upon ASEAN’s TPP-member states and the Philippines in order to expand the US-led strategic coalition into the entire economic bloc. In between these Western, Middle, and Eastern Eurasian blocs lays India, which could arguably play the key role in bridging the geographic divide between the US’ GCC and Japan-ASEAN allies. All told, India is integral to the long-term endurance of the Rimland Alliance, which is why it’s being so aggressively courted by US.
The Pakistani Pivot:
The possibility that India could strategically join forces with the unipolar world by siding with the US and/or Saudi Arabia (either of which would attain the same structural ends vis-à-vis the Rimland Alliance) is not lost on Russia and China, which correspondingly have reacted by deepening their ties with Pakistan out of pure geopolitical necessity. Iran is also important to both of these multipolar Eurasian anchors, but unlike Pakistan, the former Persia is strategically hemmed in by the Saudis and their sectarian «anti-terrorist» coalition, which could predictably be used against it to varying nonconventional extents in a «containment»-esque sort of way. Although there still exists a multitude of beneficial multipolar opportunities in Iran that Russia and China can realistically tap into, the inconvenient geostrategic fact remains that the country is strictly a continental power and that most of its maritime potential (except for the Indian-affiliated Chabahar port) is dependent on the Strait of Hormuz and consequently subject to potential GCC and US obstruction in a similar (albeit less intense) manner as the Strait of Malacca is. So as not to be mistaken, the author isn’t dismissing the importance of Iran in the emerging multipolar world order – the country has a very strategic significance – but this needs to be tempered with a realistic assessment of its geographical limitations.
Pakistan, on the other hand, is the ultimate Eurasian pivot state in China’s One Belt One Road vision, since only it alone has the capability of «zipping» together the diverse economic blocs surrounding its near vicinity and directly connecting the interests of Russia and China. It’s true that Moscow and Beijing’s mainland economic interests also intersect through Tehran, but those of the East Asian state must first transit all the way through Central Asia in order to get there. Accounting for the very real possibility that the US will attempt to stage some sort of Hybrid War disruption there in the coming future, perhaps triggered by the inevitable passing of Islam Karimov, the «Uzbek Gaddafi» who miraculously managed to unify all of his country’s disparate clans, it can be projected that Central Asian destabilization might hinder China’s plans for directly connecting its economy to Iran. On the other hand, Pakistan, while a target itself, is considerably better accustomed to dealing with such threats owing to its battle-hardened experience in the post-9/11 era, and furthermore, Russian-Chinese-Pakistani infrastructure projects would only have to traverse through the relatively stable and much-less-threatened country of Kazakhstan.
The Containment Breakout Plan:
The combined military-strategic axes of Russia-Kazakhstan and China-Pakistan fuse together at the Dzungarian Gate and are strong enough to forge a reliable development corridor for all of Eurasia that boldly breaks through the Rimland Alliance via its pivotal Pakistani portion. Pakistan is absolutely essential to Russia and China in providing both of them with a non-unipolar-influenced access route to the Indian Ocean, which becomes all the more important as the US progressively tightens the «containment» noose around their respective West Eurasian and East Eurasian peripheries. India’s potential incorporation into the Rimland Alliance through its cooperation with the US-Saudi strategic axis only heightens the importance of the Pakistani Pivot to Moscow and Beijing’s long-term planning, and New Delhi’s strong flirtations with this unipolar bloc are unwittingly hastening the fulfilment of the very same development corridor that it ideally wishes was scrapped. It can thence be observed that India’s touchy reaction to the China-Pakistan Economic Corridor and its subsequent outreaches to the US-Saudi strategic axis have the very real potential of setting off a massive security dilemma if they haven’t done so already, and that with Brazil and South Africa already under «constitutional coup» pressure by the US, then India’s «defection» to the unipolar forces would assuredly spell the end of BRICS and strip it down to its original Russian-Chinese core.
Concluding Thoughts
The New Cold War, although still in its infancy, has already been filled with exciting twists and turns, be it the reunification of Crimea with Russia or Russia’s anti-terrorist intervention in Syria. On the negative front, however, it’s led to the US asserting a heavy degree of unprecedented influence over most of Ukraine in turning it against Russia, as well as making strong strides in «poaching» strategic states into the restrictive TPP arrangement and away from China’s sway. With the global proxy war in full gear between the unipolar and multipolar worlds, the two sides are struggling to undermine the other at the same time as they’re competing amongst themselves for the loyalty of on-the-fence «neutral’ states.
It’s this latter dynamic in which India could play a game-changing role, since while it engages in institutional (BRICS) and economic multipolarity, it has yet to fully commit itself to embracing the geopolitical aspects of this responsibility. Attempting to sit on the fence for as long as possible but still making highly publicized geopolitical outreaches to the unipolar world, India is giving its fellow Eurasian allies an uncomfortable feeling that it isn’t fully sincere in its stated multipolar commitments and that it might «flip» towards the US in the same paradigm-changing fashion as China did in the 1970s.
By moving closer to the US-Saudi strategic axis at the precise time that its two main members are waging proxy competitions against Russia and China in the context of the New Cold War, India’s activity inspires justified suspicion from what it claims are its multipolar partners and fully legitimizes their new era of strategic relations with Pakistan. As regretful as it is for the author to forecast, if New Delhi’s current geopolitical trajectory continues to proceed apace, then India might enact the game-changing decision to turn its back on the multipolar world by siding with the US and Saudi Arabia out of narrow-minded spite for Pakistan and China, which could tragically collapse its decades-established relations with Russia in the process.
The author’s viewpoint may not coincide with the opinion of RISS.
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jeudi, 28 avril 2016
America’s Long Misguided War to Control the Greater Middle East
THE CONVICTION that invasion, bombing, and special forces benefit large swaths of the globe, while remaining consonant with a Platonic ideal of the national interest, runs deep in the American psyche. Like the poet Stevie Smith’s cat, the United States “likes to gallop about doing good.” The cat attacks and misses, sometimes injuring itself, but does not give up. It asks, as the U.S. should,
What’s the good
Of galloping about doing good
When angels stand in the path
And do not do as they should
Nothing undermines the American belief in military force. No matter how often its galloping about results in resentment and mayhem, the U.S. gets up again to do good elsewhere. Failure to improve life in Vietnam, Lebanon, Somalia, Iraq, Afghanistan, and Libya stiffens the resolve to get it right next time. This notion prevails among politicized elements of the officer corps; much of the media, whether nominally liberal or conservative; the foreign policy elite recycled quadrennially between corporation-endowed think tanks and government; and most politicians on the national stage. For them and the public they influence, the question is less whether to deploy force than when, where, and how.
Since 1979, when the Iranians overthrew the Shah and the Soviets invaded Afghanistan, the U.S. has concentrated its firepower in what former U.S. Army colonel Andrew Bacevich calls the “Greater Middle East.” The region comprises most of what America’s imperial predecessors, the British, called the Near and Middle East, a vast zone from Pakistan west to Morocco. In his new book, America’s War for the Greater Middle East, Bacevich writes, “From the end of World War II until 1980, virtually no American soldiers were killed in action while serving in that region. Within a decade, a great shift occurred. Since 1990, virtually no American soldiers have been killed anywhere except the Greater Middle East.” That observation alone might prompt a less propagandized electorate to rebel against leaders who perpetuate policies that, while killing and maiming American soldiers, devastate the societies they touch.
Bacevich describes a loyal cadre of intellectuals and pundits favoring war after war, laying the moral ground for invasions and excusing them when they go wrong. He notes that in 1975, when American imperium was collapsing in Indochina, the guardians of American exceptionalism renewed their case for preserving the U.S. as the exception to international law. An article by Robert Tucker in Commentary that year set the ball rolling with the proposition that “to insist that before using force one must exhaust all other remedies is little more than the functional equivalent of accepting chaos.” Another evangelist for military action, Miles Ignotus, wrote in Harper’s two months later that the U.S. with Israel’s help must prepare to seize Saudi Arabia’s oilfields. Miles Ignotus, Latin for “unknown soldier,” turned out to be the known civilian and Pentagon consultant Edward Luttwak. Luttwak urged a “revolution” in warfare doctrine toward “fast, light forces to penetrate the enemy’s vital centers” with Saudi Arabia a test case. The practical test would come, with results familiar to most of the world, 27 years later in Iraq.
The Pentagon, its pride and reputation wounded in Vietnam as surely as the bodies of 150,000 scarred American soldiers, was slow to take the hint. The end of compulsory military service robbed it of manpower for massive global intervention. Revelations of war crimes and political chicanery from the Senate’s Church Committee and the Pike Committee in the House added to public disenchantment with military adventures and intelligence meddling in other countries’ affairs. It would take years of effort to cure America of its “Vietnam Syndrome,” the preference for diplomatic before military solutions.
In the Middle East, President Gerald Ford saw no reason to rescind his predecessor’s policy, the Nixon Doctrine of reliance on local clients armed by the U.S. to protect Persian Gulf oil for America’s gas-hungry consumers. Nothing much happened, though, until one of the local gendarmes, the Shah of Iran, fell to a popular revolution and the Soviets invaded Afghanistan.
CHANGE CAME with the Carter Doctrine, enunciated in the president’s January 1980 State of the Union address: “An attempt by any outside force to gain control of the Persian Gulf region will be regarded as an assault on the vital interests of the United States of America, and as such an assault will be repelled by any means necessary, including military force.”
Carter’s combative national security adviser, Zbigniew Brzezinski, wrote later, “The Carter Doctrine was modeled on the Truman Doctrine.” Bacevich comments that the Truman Doctrine of ostensibly containing the Soviet Union while absorbing the richer portions of the decolonizing French and British Empires “invited misinterpretation and misuse, with the Vietnam War one example of the consequences.” Carter’s doctrine, modified but not rescinded by his successors, led to similar consequences in Afghanistan and Iraq.
George W. Bush took the Carter Doctrine to fresh lengths when he made the case, prepared for him by national security adviser Condoleezza Rice, for preventive war in a speech at the U.S. Military Academy on June 1, 2002: “If we wait for threats to fully materialize, we will have waited too long.” Bacevich quotes the Nuremberg court’s view of preventive war: “To initiate a war of aggression is the supreme international crime differing only from other war crimes in that it contains within itself the accumulated evil of the whole.” After the failures to impose order in Afghanistan and Iraq, President Barack Obama rather than abandon the policy merely moved its emphasis from Iraq to Afghanistan without achieving any military or political objectives.
Bacevich, a West Point graduate and Vietnam veteran, while conceding his “undistinguished military career,” is more willing than most journalists to question the justice and utility of expanded military operations in the Middle East and to challenge the media-hyped reputations of some of America’s favorite generals, Stormin’ Norman Schwarzkopf, Colin Powell, Wesley Clark, and David Petraeus foremost. One general who comes out well in Bacevich’s assessment is British, Sir Michael Jackson, who resisted Wesley Clark’s order to block a runway at Pristina airport against Russian flights into Kosovo. His answer, worthy of Gen. Anthony McAuliffe’s reply of “Nuts” to the German demand for surrender at Bastogne: “Sir, I’m not starting World War III for you.”
This tour de force of a book covers the modern history of American warfare with sharp criticism of political decisions and rigorous analysis of battlefield strategy and tactics. As such, it should be required reading at the author’s alma mater. It would not hurt for those aspiring to succeed Barack Obama as commander-in-chief to dip into it as well. None of them, with the possible exception of Bernie Sanders, is likely to reject the worldview that led to so many deaths around the world. Watch for more military missions. Be prepared for more assassination by drone, of which even former Afghanistan commander Gen. Stanley McChrystal said, “They are hated on a visceral level, even by people who’ve never seen one or seen the effects of one.” McChrystal pointed out that drone strikes are great recruiters, not for the U.S. military, but for the Taliban, al Qaeda, and ISIS.
Ignoring Bacevich and heeding the call of the intellectual warmongers who guided Bush, Obama’s successor, like Stevie Smith’s cat, is likely “to go on being / A cat that likes to / Gallop about doing good,” expanding rather than limiting the projection of armed might into the Greater Middle East.
Charles Glass, former ABC News chief Middle East correspondent, recently published Syria Burning: A Short History of a Catastrophe (Verso).
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samedi, 23 avril 2016
Japan and Foreign Workers to Reach 1 Million: Europe, Capitalism, Islamists and Cultural Stability
Japan and Foreign Workers to Reach 1 Million: Europe, Capitalism, Islamists and Cultural Stability
Sawako Uchida and Lee Jay Walker
Modern Tokyo Times
Prime Minister Shinzo Abe of Japan and capitalist corporations that support the loosening of foreign employment are at the bottom ladder of evolving into yet another cultural wipeout. Indeed, one only needs to visit major cities in Europe including Brussels and Paris to know that yesteryear seems like a distant dream. After all, issues related to crime, the breakdown of the social fabric in certain parts of these cities, the specter of terrorism, issues related to narcotics, and other important negative factors – all point to deterioration and increasingly divided areas. In other words, exclusive zones are in a short-distance of “no-go areas.” Therefore, it could well be that certain mega-capitalist corporations and sectors, along with the current leader of Japan, are on the crest of following an uncertain cultural and ethnic future based on the European disease that is dividing many nations.
If Japan needs to follow the multi-ethnic reality of certain European nations like Belgium, France, Holland, and the United Kingdom – then it is essential that cultural dimensions be taken into consideration. In other words, Japan should focus on immigration within mainly Buddhist and Confucius based societies in order to preserve the ethos of national identity, continuity, shared cultural values and preserving greater social order. After all, the streets of Brussels, London and Paris – and other major cities – are blighted by criminal factors, narcotics, terrorism and areas where the nation state is being superseded by fifth column Islamists who follow Saudi versions of Islam.
Not surprisingly, Brussels and Paris are not only blighted by recent terrorist attacks – just like Britain is blighted by the systematic rape of young white girls in various parts of this nation by mainly Muslim gangs from southeast-Asian backgrounds; but now some of the main individuals that are beheading Alawites, Christians, and Shia Muslims, also emanate from many parts of Europe. Yes, modern Europe is now exporting ISIS terrorists (Islamic State – IS) to nations including Iraq and Syria. Therefore, one can only imagine the future of certain European cities in fifty years and one hundred years time, given the demographic change that seems to be never ending. This notably applies to the Salafi and Takfiri fifth column that hates non-Muslims and Muslims alike but seems to be ever growing within the body politic of Sunni Islam based on Gulf petrodollars.
Of course, many ethnic groups and individuals have assimilated based on various factors including a shared civilization, individual openness, coming from faiths that support accommodation, non-religious backgrounds – and other important factors. Nothing is a monolith but equally to close your eyes to currently what is happening is also alarming because the future of cities including Brussels, London, Paris – and many others in Europe – face an uncertain future based on the policies of successive governments be they conservative, socialist, or liberal political parties. Indeed, some Jews in Marseilles are now scared to dress in religious clothes that draw attention to the faith they follow based on an Islamist agenda.
The BBC reports about the threat of Islamist extremism in parts of Marseilles by stating “For all of Marseille’s 70,000 Jews, the question of whether or not to make aliyah (emigrate to Israel) is more and more acute. Everyone knows families who have gone.”
Turning back to Japan, then the same business and political arguments were made about the need for labor in several leading European nations. In time, multi-cultural policies in Europe were enacted based on diluting the indigenous culture and following the mantra of rampant secularization. The upshot being the erosion of Christianity, the demise of past cultural norms and a dual policy of supporting other faiths that support religious conservatism – while indoctrinating the indigenous community to accept a political correct version of society. However, the apologetic agenda, cultural defeatism, the mantra of multicultural values, the need to accept new gender-based ideas, the white flag of mainstream Christian churches – and so forth – is leading to vacuums, growing divisions within society, the breakdown of the family and a lack of identity among younger members of society. At the same time, more militant strands of Salafi Islam are growing within certain parts of Europe because the political correct, trendy left and cultural liberals appear to appease fifth columnists that seek firstly to destroy Muslim diversity and then to usurp the indigenous culture.
If Japan believes that modern Belgium, France, Germany, Holland, Sweden, the United Kingdom – and others – are paths worth following, then clearly yet another nation is committing cultural suicide. Not only this, Japan must be ignoring all the uncertainties and divisions that blight modern European nations. Indeed, recent events in Brussels and Paris show that the Balkanization of societies is beginning to gather in pace – just like Jews being scared in cities like Marseilles. Therefore, if Japan does need to open up to immigration it is essential to focus on the majority of migrants hailing from Buddhist and Confucian-based societies, in order to preserve continuity, social order, and other important factors (Buddhism and Shintoism are especially important within Japanese culture – Japan is mainly secular). If not, then Abe and modern corporate capitalists will be remembered in Japanese history for creating endless problems for the indigenous community.
It is easy to scoff, but modern day terrorist attacks in Brussels and Paris are a reality. Likewise, certain places of worship are now being protected in France. At the same time, no-go areas do exist based on high crime in many major cities irrespective of ethnic identity (family breakdown, lack of social cohesiveness and the destruction of old conservative values are creating new vacuums). Also, European nations are now exporting ISIS terrorists to several nations in the Middle East that behead minority Muslim sects for fun, while killing and enslaving non-Muslims. Therefore, Japan must weigh up many important things and learn from the indigenous alienated communities in Europe – while ignoring political correct elites who reside in leafy houses and far from the reality of what is happening in major parts of modern Europe.
Of course, Japan is currently far from being like Belgium, France, Holland, and the United Kingdom – and other nations like Sweden; yet, a slippery slope can soon spiral out of control. Indeed, mass immigration and the growing menace of Islamists who seek a parallel world, within various European nations, is creating great strains for Europe. Hence recent terrorist attacks in Brussels and Paris – and increasing Salafi indoctrination that seeks to crush Muslim diversity. Only twenty years ago nobody envisaged the speed of change in parts of Europe and that parts of Brussels and Paris would be under strong surveillance because of terrorism. Given this reality, Japanese political leaders need to focus on shared cultural values in relation to immigration in order to safeguard society for future generations.
http://www.bbc.com/news/world-europe-35445025
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lundi, 18 avril 2016
Power Hovers over Asia Once Again
Power Hovers over Asia Once Again
When Portugal and Castile set out to sail the Atlantic to skirt the Islamic fence, the main political and economic forces of the world were not European. The most important power of the era, as much for its territory (10 millions square kilometers) as for its population (around one-hundred million inhabitants), as well as for its development in manufacturing and craftsman production, was the Chinese Empire.
The Ming Dynasty in 1368, with the expulsion of the Mongols, was able to achieve political unification and the centralization of power. China was the main military force in the world. Its war marina was made up of one-thousand five-hundred ships, and its army added up to a little over one million men. It also bragged the technological vanguard of the era. From this technological development came incredible important inventions, like that compass, gunpowder, paper, the printing press, just to mention the most relevant and well-known ones. Likewise, in matters of infrastructure –roads and canals- China was possibly the most developed region in the world. It also underwent intense commercial traffic – of very considerable dimensions - with the Indonesia, Philippines and Japan of the time.
Asia held in its bosom – together with China - other important political and economic powers: the Moghul Empire, the Maratha Confederacy – in what is now the territory of India -, the Persian Empire and the Ottoman Empire. India, though it covered a surface area of 3.5 million square kilometers, had a population of eighty million inhabitants and with an industrial development not inferior to China, it found itself disincorporated between the Moghul Empire, the Maratha Confederacy and a hodgepodge group of independent princedoms. The Maratha Confederacy dominated the center of modern-day India. To the south, a multitude of independent princes controlled the Malabar and the Coromandel coasts. Political disintegration made India, despite its enormous economic weight, not is a geostrategic player of any importance.
Persia was the second Islamic power, with close to ten million inhabitants. In 1502, under the Safavid Dynasty – of Shiite creed -, it recorded an extremely important rebirth as much of its political power as in trade, industry, art and architecture. Its strategic position caused it to become a power with possibilities of influencing world events. The Turkish Ottoman Empire – then, the main strategic “threat” of the European Peninsula- was the major Islamic power. With fourteen million inhabitants, it dominated the Balkan Islands, the Black Sea, the eastern Mediterranean, Asia Minor, the Mesopotamian, Northern Africa and the Red Sea. [1]
The center of world power was, unarguably, in Asia, Nevertheless, with the ocean voyages of discovery that western European sailors carried out five centuries ago, the transformation of the geopolitical map of the world began. Thus the center of world power gave a sudden leap. It jumped, from the heart of the Chinese Empire, to the Iberian Peninsula and later to flutter over Seville and Lisbon, and then for a time over to Isabel’s England to finally skip over the Atlantic and plant itself in North America, where the elite leadership, descendants of the “founding fathers”, built the first continental industrial State-nation in history, raising, as had England in its time, once again, the threshold of power.
From the beginning of the first period of globalization – starring the great Portuguese, Italian and Spanish sailors -, power abandoned Asia.
Nowadays, however, as Arnold Toynbee warned early on:
We are going into a new age, in which the physical means of human traffic will no longer be the steppe nor the ocean but rather the air, and in an aerial age humanity can reach, by flapping its wings, the liberation of its juvenile bonds to the capricious configuration of the surface –solid and liquid- of the globe. In an aerial age, the central position of gravity of human affairs can be determined by human geography and not the physical one; not by the disposition of the oceans and sea, steppes and deserts, rivers and mountain ranges, passes and narrow passages, but rather by the distribution of mass, energy, ability, knowledge and human character. And, amongst these human factors, the gravitation of mass may eventually become great than its influence in the past. (Toynbee, 1967: 73)
Thus, it is possible to state that power hovers, once again, over Asia though it still has not “alighted” on any specific nation.
China, a New Actor that Aspires to Stardom
The intervention of the United States in the Second World War –though done belatedly so that the setback would allow the definite strategic weakening of the British Empire- was decisive to defeat the attempt of the most anti-human and sinister world domination of modern times. Humanity owes the United States – and Russia - for the defeat of the Nazi barbarity.
Nevertheless, the victory of the United States over the powers of the Axis did not lead it, in and of itself, to become the only hegemonic world power, as the American ruling elite had planned, and believed, as far back as the times of war against Spain.[2]
And it is true that, for forty years, the “soviet counter power” hindered the hegemonic configuration but, from the implosion of the Soviet Union on, the United States recuperated “global primacy” and it was once again left open to North American power the possibility of unilaterally organizing the international system in its different aspects, in such a way that its own interests, in any order, would be assured and would be maintained in time. However, this possibility today depends on – according to Brzezinski’s perspective - not only on the power that the United States has accumulated but also on how it “plays” on the Euro-Asian game board.
According to Brzezinski, since Eurasia is and has been the center of world power –since the time the continents have been able to interact in the terrain of politics, for around five-hundred years, to hinder the emergence of a Eurasian power, dominant and antagonistic, for the United States it is a “fundamental objective” in terms of its capacity to exercise global primacy: “The foreign policy of the United States should continue to dealing with the geopolitical dimension and employ its influence in Eurasia to create a stable continental balance in which the United States would exercise the function of political referee. Eurasia is, well, the game board in which the struggle for global primacy continues being played, and that struggle involves geo-strategy: strategic arrangement of political interests” (Brezinski, 1998: 12). Because of that, he concludes, “it is essential that there not be an emergence of any aspirant to Eurasian power capable of dominating Eurasia and, furthermore, also capable of challenging the United States” (12).
In the analysis made by the majority of the American ruling elite, that “aspirant State” and which, according to Brzezinski’s logic, would have to be neutralized before it finished completely developing its national power- is the People’s Republic of China. In Brzezinski’s thesis, the global primacy of the United States “depends directly on how long, and how effectively, they can maintain their preponderance in the Eurasian continent” (Brzezninski, 1998: 39).
Nationalism & Globalization in China
The extraordinary consistent growth of Chinese domestic gross product, the opening of its economy to foreign investments, the spectacular modernization of its productive apparatus and the impacting outbreak of its industrial production into the world markets clouds the fact that China dives into globalization in outright nationalistic effervescence. This is the politically central fact that should be kept in mind for any serious analysis of the future of this country. Chinese leadership has a historical imperial vocation and has lived through the last five-hundred years of Western predominance as a “deep humiliation”. [3]
In order to comprehend Chinese nationalism and the “feeling of humiliation” –that feeds it to a large extent- it is not enough to retract to the Opium War but rather it is better to remember that five-hundred years ago, when continents began to interact, the Chinese Empire – despite possessing all the required material conditions - was not the main player of the first stage of globalization due solely to an irreversible strategic error made by the Ming dynasty.
As we have already affirmed, globalization starts when the Latino-Germanic world, venturing out into the immense Atlantic Ocean, overcomes the enclosure to which it had been submitted by the Islamic-Ottoman world in the so called “Middle Ages”, from the 7th century on. Until that historic moment, all the small Christian kingdoms of the European peninsula were much farther behind the Chinese Empire and they possessed, before it, an outright scientific and cultural deficit:
The European culture, less developed (in comparison with the Islamic, Hindustani, and especially the Chinese culture), separated by the Ottoman-Islamic “wall” of the central regions of the Asian-AfroMediterranean continent was, then, until the end of the 15th century, peripheral. (Dussel, 2004: 19)
Seventy years before Columbus landed on America, the Chinese Imperial fleet had already carried out numerous trans-oceanic trips with one of the possibly reaching as far as the American continent. Admiral Zheng He, a Muslim Eunuch, installed a large school of oceanic navigation and built the biggest naval squadron in history for the Chinese Emperor.
Zheng made, at least, seven incredible voyages, between 1405 and 1423, around the southern Pacific, the Indian Ocean, the Persian Gulf and the coasts of Africa. With his expeditions he opened the doors of the empire to other cultural realities and also to other commercial possibilities. On March 5th of 1421 he set sail from the Nanking port to make his seventh trip with a fleet composed of six-hundred junks and thirty-thousand crew members. These expeditions were commercial and scientific, and the squads mapped Africa and Asia, being it highly probable that they circumnavigated, for the first time, the entire globe and, thus, discovered America. On the return trip from that seventh voyage, an erroneous geo-political Chinese decision made that new knowledge never turn into a conquest. In 1424, the Emperor – convinced by the members of the court that the Admiral’s trips took away more than they brought back to the imperial coffers - decided to suspend the naval expeditions.
The kingdoms of Portugal and Castile –to which the maps created by the Chinese squadron possibly might have reached -, far less developed than the Chinese Empire, threw themselves into the Atlantic and undertook the great voyages of discovery, thus usufructing the “strategic mistake” made by Chinese power.
The Ming Emperor, in 1424, decided to abandon the naval expeditions, and thus, the indisputable dominion of all the oceans, the discovery and the conquest of new lands. The Chinese decision of abandoning the naval expeditions left, in a sense, an emptiness of power that was filled by Europe.
To our understanding, this is the motive for which – according to the very same “reading of history” - China believes it was destined to create a universal empire and that that vocation was snatched away from it by the “barbaric” peoples of the tiny European peninsula.
Brzezinski:
The intense current nationalism of the Chinese people is new only as far as its social penetration, seeing as how in it intervene self-identification and the emotions of an unprecedented number of Chinese. Chinese nationalism is done being a phenomenon primarily confined to students that, in the early years of this century, were the precursors of the Kuomintang and of the Chinese Nationalist Party. Chinese nationalism is, currently, a phenomenon of the masses that defines the mentality of the most populated State in the world. That mentality has deep historical roots. History has predisposed the Chinese elite to think that China is the natural center of the world. In fact, the word “China” in Chinese – Zhong-guo, or “middle kingdom”- transmits the idea of the centrality of China in world matters and, at the same time, it reaffirms the importance of national unity. (Brzezinski, 1998: 163)
As a consequence, if China is able to neutralize the terrible exogenous forces –that desire its internal fragmentation- maintain its social stability and its accelerated rate of development during the next three decades, it will then reach the conditions that Helio Jaguaribe denominates “equipollence” with the United States. The success of Chinese development –plus the possible partial recuperation of Russian power, that would begin with Vladimir Putin, and to the adoption of a foreign policy and a policy of self-defense on behalf of the hard nucleus (Germany and France) of the European Union- could cause a “multi-polar world order” to prevail mi-century, a circumstance that would increase the international margin of labor and national autonomy of South American countries.
The Challenges that Come from the Far East
And now, independently from the fact that China could become a high technology and knowledge producing power – a condition sine qua non for it to reach a relationship of “equipollence” with American power- there are few doubts as to whether or not it is a real possibility that around 2030 the Asian country would be in a position to become a great industrial power, with real capacities for providing, with their manufactured products, for the entire world.
Once China transforms into the “world’s big factory”, it will also become – as already happens, in a certain way, presently -, a “giant vacuum of raw materials”, consequently provoking a substantial elevation of their international prices. This fact, that already favors the primary South American economies, will tend to become more and more obvious. A new golden wave will then come about for the exportation of primary products, an era into which, maybe, we have already entered.
The adding into the realm of universal commerce of a new and voracious demander of raw materials (to which we must add the growing demand of India) – whose presence can already clearly be “palpated” at present, through the simple statistical survey of the amazing increases in value of commodities in recent years- it will generate a new pressure, added to those already in existence, that could paradoxically influence in a highly negative way in the possibilities of autonomous development of the South American region.
It is that, encouraged by the growing values of their extractive products, the temptation to go back to pre-industrial diagrams – especially in Argentina and, though in less measure, also in Brazil - could become more and more intense. Furthermore, it would encourage – and even worse, “it would justify” - the position of those local elite that consider plans for autonomous industrial development “unnecessary” and even “forced”. This goes without mentioning those South American countries whose economies continue depending on pre-industrial plans, in which, directly, the future would make it unpractical to make any attempt to industrialize or technologize autonomously. To the mental pressure for, and consequent temptation of, deindustrializing we must add, as a compliment or natural corollary, the disproportionate global “offer” of manufactured goods – from low, midrange and high technology- that with the irruption of a “salesmen” China (and probably also of India) they will end up lowering the prices of these manufactured goods to probably despicable levels.
The existence of a new “buyer” of raw materials has, as a logical counterpart, the apparition of a new ”seller” of manufactured goods, and the competition and overabundance of the latter will end up exponentially multiplying international pressure to maintain the totality of South America as a “natural market” and, thus, obtain “unrestricted openness” of the economies of South American nations. Such an overabundance of manufacture good in the global market – of which the scale of production that China can reach will be in large part be responsible- will tend to make the price of any manufactured industrial product made far away from our region infinitely inferior to the cost of any manufactured industrial product in South America.
We will have to add the destructive effect of possible surpluses of global industrial production to the disproportionate supply. Given the enormous scale of production that China’s economy is capable of reaching –and India’s as well- between 2020 and 2050, it is highly probable that these economies generate enormous surpluses of production to such point that, indiscriminately dumped into the international market, they would be sold at despicable prices, even under that of their costs, for it will be more valuable to these new economies to poorly sell their produced goods before halting their growth. The commercial dispute with other already industrialized nations for specific markets will be capable of making South America one of the main “ducks at the wedding” of this global dispute for consumption markets.
This situation would clearly be capable of annihilating local production and, due to not being neatly and completely foreseen and neutralized by an intelligently protective policy, consented to, common and univocal, it would condemn all of South America to an excluding specialization and it would return the nations of the region to the condition of mere providers of raw material and non-manufactured agricultural products.
Footnotes:
1. The numbers on the population, surface area, industrial production and effectives of the armies used here are taken from the brilliant work of Aldo Ferrer (2001b: 19-28).
2. From the beginning of the First World War, the American ruling elite came up with the idea that the United States should support English power to eliminate to only real competitor that was German industrial power, to become in that way the main hegemonic power in the world. One of the men of the elite who most clearly expressed the North American hegemonic project from the time of the war with Spain was Theodor Roosevelt. But the American ruling elite knew that the execution of that geopolitical plan would not be bearable to the people, imbued with deep democratic ideals. Thus, Woodrow Wilson will translate, into a more easily assimilated way –by wrapping it in an idealistic format- for the American people, the hegemonic geopolitical project that had been expressed brutally by Roosevelt. As the American historian Immanuel Wallerstein states (quoted by MetholFerre, 2001: 30), the fundamental fact of the first half of the 20th century is the Anglo-Saxon alliance, that destroys German industrial power, which was the heart of Europe. That act settled the question of the century that later became the competition of two State continents, the Soviet Union on one hand and the United States on the other. And that new competition just barely went to sleep in 1989.
3. All of China’s story has predisposed its ruling elite to think that their nation is the natural center of the world: “That perspective also implies the existence of a hierarchic system of radially ordered influence that goes from the center to the periphery, and thus China, as the center, expects to be treated with difference by others. […] From that lens, the loss of China’s grandiose –the last one-hundred and fifty years of humiliation is an aberration, a profanation of the special Chinese condition and a personal insult to each Chinese- should be erased and its perpetrators deserve to be punished” (Brzezinski, 1998: 163-164).
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samedi, 16 avril 2016
Trains Against Terrorism: The New Silk Road Crosses Afghanistan
Trains Against Terrorism: The New Silk Road Crosses Afghanistan
Ex: http://journal-neo.org
Recent developments around the world concerning the seemingly unrelated topics of railways, heroin production, and international terrorism point toward emerging realities about the global economy.
On April 4, 2016, the 48th anniversary of the assassination of Dr. Martin Luther King Jr., an Amtrak Train derailed in western Pennsylvania. Two Amtrak workers were killed. Accidents on Amtrak and other systems of United States public transportation are becoming much more common. Just a few weeks before, the DC Metro, the second-largest subway system in the country, closed down for an entire day for urgent safety repairs. In January, someone died when a DC metro station filled up with smoke.
Every day, Amtrak train passengers in the United States are transported over a 106-year-old bridge in Hackensack, New Jersey. () It’s widely acknowledged that the decaying railway bridge needs to be repaired, but the funds simply cannot be put together. The plan to replace the bridge was abandoned in 2014 when the funds raised for the project came up $900 million short.
As the US public transportation system decays, it is still highly useful to individuals who support themselves with a certain illicit profession — narcotics trafficking. According to City Lab, train and bus stops are the ideal spot for those transporting cocaine, crystal meth, or the drug which is causing an epidemic throughout the United States: heroin.
The Global Heroin Problem
Every day 78, people in the United States die from heroin overdoses. Heroin use gradually increased in the first decade of the 21st century. By 2012, the rate of heroin-related deaths was four times what it was in 2002. Between 2012 and 2013, the number of deaths skyrocketed by 39%. Heroin addiction is rising all across the United States, and poppy fields are sprouting up across Mexico to meet the demand.
Currently, just over fifty percent of US heroin originates in Mexico. The rest of the heroin can be traced to the country where 90% of the world’s heroin is produced: Afghanistan.
The first poppy fields intended for opium production sprouted in Afghanistan when it was under British economic domination during the 1870s. Heroin sprouted up in many different parts of the world — accompanying the slaughter of indigenous peoples, the singing of “God Save the Queen,” and the institution of public floggings — as a kind of trademark of British imperialism.
Heroin production was a very small factor in Afghanistan until 1979. Following the seizure of power by the pro-Soviet People’s Democratic Party, the US Central Intelligence Agency began cooperating with Gulbuddin Hekmatyar. Hekmatyar was the top drug lord in Afghanistan, and with the help of the CIA and the Saudi monarchy, poppy fields sprouted up everywhere. As Sunni takfiri extremists from around the world went to Afghanistan to fight against the People’s Democratic Party, the booming heroin industry of Afghanistan was utilized to fund the operations. The Pakistani secret police, cooperating with the CIA and the Saudis, escorted trucks full of heroin across the Afghan-Pakistan border.
The Taliban government that came to power in Afghanistan during the 1990s saw the drug as a violation of Islamic teachings and thus worked to wipe out heroin production. According to the United Nations, the crackdown on heroin in Afghanistan had decreased production “from 3,300 tons in 2000 to 185 tons in 2001.”
After the US invasion following the September 11 attacks, heroin production in Afghanistan dramatically increased. Since 2001, heroin production in Afghanistan has risen to astoundingly high levels. No country in history has ever produced as much heroin as Afghanistan currently does, accounting for 90% of all world production.
The “Trade and Transport” Plan
Heroin production has been key in strengthening another problem in Afghanistan — terrorism. Since 2001, US leaders have been fighting a “War on Terror.” The goal is to wipe out “terrorism.” However, in each of the countries invaded by the United States since the “War on Terror” began, terrorist organizations have gotten stronger.
Sunni takfiri terrorist groups like ISIS and Al-Nusra had virtually no presence when the secular Baath Arab Socialist Party controlled Saddam Hussein’s Iraq. Now extremists, including ISIS and Al-Qaeda, are very prevalent in the country. ISIS has set up shop in Libya since the overthrow of Gaddafi. Years of drone strikes have clearly not created stability in Yemen.
In Afghanistan, heroin dealing has been a key factor in subsidizing a terrorist organization called “Jundallah” which conducts kidnappings, bombings, and other terrorist activities. Jundallah are Saudi-funded terrorists based in Afghanistan who seek to overthrow the Islamic Republic of Iran, whose clerics they deem to be “Shia Apostates.” They appear to have received assistance from the United States, Britain, and various pro-western regimes in the region.
While Iran has graciously hosted over 2 million refugees since 2001, Jundallah and other anti-Iranian terrorists based in Afghanistan have arranged for heroin to be routinely smuggled across the borders. Heroin addiction is currently a huge problem in Iranian society.
When addressing the United Nations Security Council about the problems of Afghanistan on June 22, 2015, Iranian deputy ambassador Hossein Deghani explained Iran’s plan to aid the country. He said: “In the view of the Iranian government, trade and transport are two main fields for expansion of Tehran-Kabul relations.” He highlighted the fact that Afghanistan is a landlocked country, and that this has limited its ability to export. He talked of the project for the construction of a railroad from China, through Central Asia and Afghanistan, to Iran.
On February 16, the first train to travel from China to Iran successfully arrived. The train was constructed utilizing the most recent innovations in transportation technology, and completed the journey of 5,900 miles in just 14 days. A sea voyage between the two countries takes 30 days longer, at minimum.
China’s 13th Five-Year Plan includes connecting Afghanistan with the emerging Central Asian Rail System. Trains would travel from China’s city of Kashgar to the Afghan city of Herat, and then connect to Iran after crossing Kyrgyzstan and Tajikistan. Access to Iran’s various seaports would ensure that Afghanistan could begin exporting at a much higher rate.
Currently, China’s government-controlled banks are funding railroad projects in 30 different countries. In 2013, China exported $3.23 billion in railroad equipment.
Afghanistan is not a wealthy country. The CIA World Factbook describes it as arguably the most impoverished country in the world. It has no oil deposits. The once-vast timber resources of Afghanistan were nearly eradicated by the British Empire, and the reforestation efforts of the 1980s were abandoned when the People’s Democratic Party was overthrown. Though Afghanistan has almost nothing to offer the People’s Republic of China, the central banks are willingly investing billions into putting a railroad through this deeply impoverished country. Chinese banks are funding the project, even as growth in the Chinese economy is notably slowing.
Stability for Central Asia: Why Invest in Afghanistan?
How is it possible that projects for building new, modern railroads in impoverished Afghanistan can be financed, while financing is unavailable to replace a 106-year-old railway bridge in the richest country on earth? Why do Chinese banks invest in the most impoverished, drug-infested, and war-torn country in the world — while US banks are unwilling to invest in highly developed and industrialized Hackensack, New Jersey?
The answer can be found in simplistic phrases used by Mao Zedong, the founder of the People’s Republic. US banks operate as capitalist institutions, where, as Mao put it, “profits are in command.” Banks in the United States lend money in order to make a return on their investment. With the huge rate of public debt amid the shrinking US economy, lending money to replace a dangerous bridge in New Jersey — or to the federal government to beef up the Amtrak system, or to the District of Columbia in order to fix up the DC Metro — is not a smart business move. As the wages of US workers go down, and tax revenue shrinks, “debt crises” are plaguing the western world. During the Great Depression of the 1930s, the US government’s slogan was “give a man a job.” During the depression of the 21st Century, the rallying cry is “austerity.” Government workers are being laid off and public services like food stamps, libraries, and fire departments are being cut. It is clearly not a good time to lend money to the US government.
It’s not a good time to lend money to the Afghan government either. The country is arguably worse off than it has ever been before, but the major banks in China operate under a different principal. The government-owned banks in China operate with “politics in command,” to use Mao’s phraseology.
The decision to build and improve railroads in Afghanistan, as well as Indonesia, Thailand, Africa, Eastern Europe, and elsewhere is not a financial decision for China’s banks. It is a political one. The trains that China is constructing all over the world are part of the “One Belt, One Road” policy, and fit into the overall global vision of Chinese President Xi Jinping. Xi has become well-loved throughout the impoverished countries for his plan to build a “New Silk Road.”
Xi Jinping argues that it is in China’s interest to see people around the world lifted out of poverty. According to Xi, one key to eliminating poverty is the construction of infrastructure. The rhetoric of the Chinese Communist Party on the global stage presents a vision of peace, where countries do not go to war with one another, because they are economically bound together.
In the case of Central Asia, China has a real self-interest in stabilization. The drug-dealing terrorists and extremists of Afghanistan, unleashed and empowered by the US invasion, have recently found their way into China. The recent wave of mass stabbings conducted by extremist groups among China’s Islamic Uyghur minority have not arisen spontaneously. Money from Saudi Arabia and training from the western-backed insurgents fighting against the Syrian government has been used to fund anticommunist takfiris in China’s Islamic regions. Many Chinese people fear that the horrors unleashed in places like Paris and Brussels could eventually happen in Chinese cities if conditions in Afghanistan are not improved.
Stability in Afghanistan means jobs, economic opportunities, and a means of survival beyond heroin trafficking and extremism for the impoverished Afghan people. Working in the interests of Chinese society, not the profits of a few capitalists, Chinese banks are funding infrastructure projects in Central Asia. These banks are not obeying stockholders. They are obeying the Communist Party, which has 86 million members who are trained in Marxist-Leninist ideology, Mao Zedong Thought, and Deng Xiaoping Theory.
The foreign policy goals of the Chinese government, under the leadership of Xi Jinping — who in the US press is widely decried as a “hardliner” and compared to Joseph Stalin — has been to stabilize the world by providing economic opportunity to imperiled regions. If people are not starving and desperate, the world will be a much safer place, not just for China, but for all countries.
Wall Street Bankers: The New Opium Warriors
Who gains from instability? What forces could possibly view as beneficial, economically or otherwise, the rise of terrorist groups like ISIS? Unfortunately, the answer is global monopoly capitalism, headquartered on Wall Street and the London Stock Exchange.
The regimes targeted and deposed by the US “War on Terror” have all been sources of stability and economic independence. The Taliban was wiping out the drug trade, and planning to build oil pipelines. Saddam Hussein’s Iraq had an independent, state-run oil company that was exporting petroleum on the world markets, as did Gaddafi’s Libya. Prior to western efforts to foment civil war, Syria was one of the most stable countries in the Middle East, with religious diversity and a high-quality healthcare and educational system.
Though people in western countries continue to live in fear of terrorist attacks, and a crisis of mass migration is causing political turmoil in Europe, the leaders of western government continue to foment chaos in Syria. Each day, as US leaders work to overthrow the Syrian Arab Republic, ISIS and Al-Qaeda get stronger. Iran and Russia, two countries who have made gigantic efforts to fight against ISIS in Syria, are targeted by economic sanctions from the United States.
Economic development does not only mean alleviating poverty and reducing terrorism. It also means eliminating the monopoly of the west. If countries can remain impoverished and war-torn, Wall Street and London can remain at the center of the world economy, and everyone will be forced to purchase from them. Economic development around the world means western corporations will face new competitors.
In two infamous “Opium Wars,” the British Empire forced China to accept the domination of foreign corporations. The official reason for the war was objections to Chinese tariffs and protection of domestic businesses. The wars were known as the “Opium Wars” because they ensured that Britain could import narcotics, which were key in impoverishing China.
The first time the US military intervened in China was to put down the Boxer Rebellion. In 1899, Chinese nationalists called “Boxers” began to attack symbols of Christianity, which they saw as a foreign religion imposed on the country by western capitalism. They also confiscated opium pipes and lynched drug dealers. The United States Marine Corps was dispatched in order to ensure that the Boxer Nationalist Movement was not successful, and that China remained “the sick man of Asia” as it was widely known at the time.
However, China is no longer the “sick man of Asia.” In 1949, it had a revolution and the Communist Party came to power. China soon seized control of its own natural resources, and began to develop its industries with a planned economy. Prior to 1949, China had no steel industry. Today, more than 50% of the world’s steel is produced in China’s government-owned steel industry. The standard of living inside China has risen drastically in what the Communist Party describes as the “Great Revival” of China to its role as a global superpower.
The New Silk Road Vision and the “One Belt, One Road” policy applies the lessons China learned over the course of the 20th century. China’s billions of people have learned that the hope for reducing poverty, drug addiction and other societal ills is with central planning, infrastructure, and public control over the economy.
The United States at this time could serve as a case study in the tragic results of “profits in command.” Crime rises, civil liberties are stripped away, and police routinely kill innocent civilians as corporations make money from “prisons for profit.” The US military is all over the world functioning as part of a “military industrial complex” that stimulates Wall Street. Culture is in decline as Hollywood and television drop to vulgarly low levels. Reality TV shows and superhero action films, pornography and other guaranteed money-makers are everywhere as enlightened artistic expression is rare. Homelessness rises as millions of houses sit empty. Hunger rises amid agricultural surplus. The irrationality of a profit-run economy is on full display as the entire society spirals into a low-wage police state. The fact that media circus clown Donald Trump espouses racism and promotes violence doesn’t prevent him from being a serious contender in the presidential election.
With our transit systems in decay and heroin addiction rising, perhaps it is time for the United States to start learning from China’s alternative vision.
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jeudi, 14 avril 2016
Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles
Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles
Conférence prononcée par Robert Steuckers pour les « Deuxièmes journées eurasistes » de Bordeaux, 5 septembre 2015
Bonjour à tous et désolé de ne pouvoir être physiquement présent parmi vous, de ne pouvoir vous parler qu’au travers de « Skype ».
Je vais essentiellement vous présenter un travail succinct, une ébauche, car je n’ai que trois quarts d’heure à ma disposition pour brosser une fresque gigantesque, un survol rapide des mutations en cours sur la grande masse continentale eurasiatique aujourd’hui. Je ne vous apporterai ce jour qu’un squelette mais vous promets simultanément un texte bien plus étoffé, comme ce fut d’ailleurs le cas après les « journées eurasistes » d’octobre 2014 à Bruxelles.
L’incontournable ouvrage du Professeur Beckwith
Lors de ces premières rencontres eurasistes de Bruxelles, tenues dans les locaux du vicariat à deux pas de la fameuse Place Flagey, je me suis concentré sur les grandes lignes à retenir de l’histoire des convergences eurasiatiques, en tablant principalement sur l’ouvrage incontournable, fouillé, du Professeur Christopher I. Beckwith de l’Université de Princeton. Pour le Prof. Beckwith, la marque originelle de toute pensée impériale eurasienne vient de la figure du Prince indo-européen, ou plutôt indo-iranien, qui émerge à la proto-histoire, un Prince qui a tout le charisme et l’exemplarité nécessaires, toutes les vertus voulues, pour entraîner derrière lui une « suite » de fidèles, un « comitatus », comme l’attestent d’ailleurs la figure mythologique du Rama védique et celle de Zarathoustra, fondant ainsi une période axiale, selon la terminologie philosophique forgée par Karl Jaspers et reprise par Karen Armstrong. Le Prince charismatique et son « comitatus » injectent les principes fondamentaux de toute organisation tribale (essentiellement, au départ, de peuples cavaliers) et, par suite, de tout organisation territoriale et impériale, ainsi que le montre le premier empire de facture indo-européenne sur le Grand Continent eurasiatique, l’Empire perse. Ce modèle est ensuite repris par les peuples turco-mongols. Cette translatio au profit des peuples turco-mongols ne doit pas nous faire oublier, ici en Europe, le « droit d’aînesse » des peuples proto-iraniens.
J’espère pouvoir aborder la dimension religieuse des convergences eurasiatiques lors de futures rencontres eurasistes, en tablant sur des œuvres fondamentales mais largement ignorées dans nos contextes de « grand oubli », de « grand effacement », car nous savons, depuis les travaux de feue Elisabeth Noelle-Neumann que le système dominant procède par omission de thématiques dérangeantes pour n’imposer que du prêt-à-penser, pour ancrer l’oubli dans les masses déboussolées. Parmi ces œuvres à ré-explorer, il y a celle de l’explorateur et anthropologue italien Giuseppe Tucci, dont Payot avait jadis publié l’immense travail sur les religiosités d’Asie centrale, sur les syncrétismes du cœur de l’Asie. Ceux-ci ont émergé sur un socle shamaniste, dont toutes les variantes du bouddhisme, surtout au Tibet, en Mongolie, dans les confins bouriates, ont gardé des éléments clefs. Le « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg, commandeur de la division de cavalerie asiatique du dernier Tsar Nicolas II, était justement fasciné par cette synthèse, étudiée à fond par Tucci. Ensuite, comme le préconise Claudio Mutti, le directeur de la revue de géopolitique italienne Eurasia, une relecture des travaux de Henry Corbin s’avère impérative : elle porte sur les traditions avestiques, sur le culte iranien de la Lumière, sur la transposition de ce culte dans le chiisme duodécimain, sur l’œuvre du mystique perse Sohrawardî, etc. Mutti voit en Corbin le théoricien d’une sagesse eurasiatique qui émergera après l’effacement des religions et confessions actuelles, en phase de ressac et de déliquescence. Le culte de la Lumière, et de la Lumière intérieure, du Xvarnah, de l’auréole charismatique, également évoquée par Beckwith, est appelé à prendre la place de religiosités qui ont lamentablement basculé dans une méchante hystérie ou dans une moraline rédhibitoire. L’avenir ne peut appartenir qu’à un retour triomphal d’une religiosité archangélique et michaëlienne, au service de la transparence lumineuse et du Bien commun en tous points de la planète.
Aujourd’hui, cependant, je me montrerai plus prosaïque, davantage géopolitologue, en n’abordant que les innombrables aspects pratiques que prennent aujourd’hui les convergences eurasiatiques. Les initiatives sont nombreuses, en effet. Il y a la diplomatie nouvelle induite par la Russie et son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ; il y a ensuite les initiatives chinoises, également diplomatiques avec la volonté d’injecter dans les relations internationales une manière d’agir qui ne soit pas interventionniste et respecte les institutions et les traditions des peuples autochtones, mais surtout la volonté de créer de multiples synergies en communications ferroviaires et maritimes pour relier l’Europe à la Chine. Ensuite, l’Inde, sans doute dans une moindre mesure, participe à ces synergies asiatiques. Le groupe des BRICS suggère un système bancaire international alternatif. L’ASEAN vise à annuler les inconvénients de la balkanisation de l’Asie du Sud-est, en cherchant des modes de relations acceptables et variés avec la Chine et, parfois, avec l’Inde ou la Russie.
D’Alexandre II à Poutine
Pour le dire en quelques mots simples, la Russie actuelle cherche à retrouver la cohérence du règne d’Alexandre II, qui avait tiré les conclusions de la Guerre de Crimée lorsqu’il avait accédé au trône à 37 ans, en 1855, alors que cette guerre n’était pas encore terminée. La Russie de Poutine et de Lavrov rejette en fait les facteurs, toujours présents, toujours activables, des fragilités russes du temps de Nicolas II et de la présidence d’Eltsine, période de la fin du XXe siècle que les Russes assimilent à une nouvelle « Smuta », soit à une époque de déliquescence au début du XVIIe siècle. L’idée de « smuta », de déchéance politique totale, est une hantise des Russes et des Chinois (leur XIXe siècle, après les guerres de l’opium) : pour les Européens de l’Ouest, la « smuta » première, c’est l’époque des « rois fainéants », des mérovingiens tardifs et les historiens, dans un avenir proche, considèreront sans nul doute l’Europe des Hollande, Merkel, Juncker, etc., comme une Europe affligée d’une « smuta » dont les générations futures auront profondément honte.
Aujourd’hui, les risques auxquels la Russie est confrontée restent les mêmes que du temps de la guerre de Crimée ou du règne de Nicolas II. Elle est en effet tenue en échec en Mer Noire malgré le retour de la Crimée à la mère-patrie : l’OTAN peut toujours faire jouer le verrou turc. Elle est menacée dans le Caucase, où elle avait soumis les peuples montagnards après des campagnes extrêmement dures, très coûteuses en hommes et en matériels. Sous Alexandre II, elle franchit la ligne Caspienne-Aral pour s’avancer en direction de l’Afghanistan : cette marche en avant vers l’Océan Indien s’avère pénible et Alexandre II prend parfaitement conscience des facteurs temps et espace qui freinent l’élan de ses troupes vers le Sud. Le temps des campagnes doit être réduit, les espaces doivent être franchis plus vite. La solution réside dans la construction de chemins de fer, d’infrastructures modernes.
Des ONG qui jouent sur tous les registres de la russophobie
La réalisation de ces projets de grande ampleur postule une modernisation pratique et non idéologique de la société russe, avec, à la clef, une émancipation des larges strates populaires. Le nombre réduit de la classe noble ne permettant pas le recrutement optimal de cadres pour de tels projets. Dès 1873, dès l’avancée réelle des forces du Tsar vers l’Afghanistan donc potentiellement vers le sous-continent indien, clef de voûte de l’Empire britannique dans l’Océan Indien, dit l’« Océan du Milieu », commence le « Grand Jeu », soit la confrontation entre la thalassocratie britannique et la puissance continentale russe. De 1877 à 1879, la Russie prend indirectement pied dans les Balkans, en tablant sur les petites puissances orthodoxes qui viennent de s’émanciper du joug ottoman. Entre 1879 et 1881, la Russie d’Alexandre II est secouée par une vague d’attentats perpétrés par les sociaux-révolutionnaires qui finiront par assassiner le monarque. La Russie faisait face à des révolutionnaires fanatiques, sans nul doute téléguidés par la thalassocratie adverse, tout comme, aujourd’hui, la Russie de Poutine, parce qu’elle renoue en quelque sorte avec la pratique des grands projets infrastructurels inaugurée par Alexandre II, doit faire face à des ONG mal intentionnées ou à des terroristes tchétchènes ou daghestanais manipulés de l’extérieur. Alexandre III et Nicolas II prennent le relais du Tsar assassiné. Nicolas II sera également fustigé par les propagandes extérieures, campé comme un Tsar sanguinaire, modèle d’une « barbarie asiatique ». Cette propagande exploite toutes les ressources de la russophobie que l’essayiste suisse Guy Mettan vient de très bien mettre en exergue dans Russie-Occident – Une guerre de mille ans. Curieusement, la Russie de Nicolas II est décrite comme une « puissance asiatique », comme l’expression féroce et inacceptable d’une gigantomanie territoriale mongole et gengiskhanide, alors que toute la littérature russe de l’époque dépréciait toutes les formes d’asiatisme, se moquait des engouements pour le bouddhisme et posait la Chine et son mandarinat figé comme un modèle à ne pas imiter. L’eurasisme, ultérieur, postérieur à la révolution bolchevique de 1917, est partiellement une réaction à cette propagande occidentale qui tenait absolument à « asiatiser » la Russie : puisque vous nous décrivez comme des « Asiates », se sont dit quelques penseurs politiques russes, nous reprenons ce reproche à notre compte, nous le faisons nôtre, et nous élaborons une synthèse entre impérialité romano-byzantine et khanat gengiskhanide, que nous actualiserons, fusionnerons avec le système léniniste et stalinien, etc.
Pour affaiblir l’empire de Nicolas II, en dépit de l’appui français qu’il reçoit depuis la visite d’Alexandre III à Paris dans les années 1890, l’Angleterre cherche un allié de revers et table sur une puissance émergente d’Extrême-Orient, le Japon, qui, lui, tentait alors de contrôler les côtes du continent asiatique qui lui font immédiatement face : déjà maître de Taiwan et de la Corée après avoir vaincu la Chine déclinante en 1895, le Japon devient le puissant voisin tout proche de la portion pacifique de la Sibérie désormais russe. Londres attisera le conflit qui se terminera par la défaite russe de 1904, face à un Japon qui, suite à l’ère Meiji, avait réussi son passage à la modernité industrielle. Les navires russes en partance pour le Pacifique n’avaient pas pu s’approvisionner en charbon dans les relais britanniques, au nom d’une neutralité affichée, en toute hypocrisie, mais qui ne l’était évidemment pas...
Le Transsibérien bouleverse la donne géostratégique
Les troupes russes au sol, elles, s’étaient déplacées beaucoup plus rapidement qu’auparavant grâce aux premiers tronçons du Transsibérien. L’état-major britannique est alarmé et se rappelle du coup de bélier des armées tsaristes contre la Chine, lorsqu’il s’était agi de dégager le quartier des légations à Pékin, lors du siège de 55 jours imposé aux étrangers, suite à la révolte des Boxers entre juin et août 1900. Le géographe Sir Halford John Mackinder énonce aussitôt les fameuses théories géopolitiques de la dialectique Terre/Mer et de la « Terre du Milieu », du « Heartland », inaccessible à la puissance de feu et à la capacité de contrôle des rimlands dont disposait à l’époque la puissance maritime anglaise. Le Transsibérien permettait à la Russie de Nicolas II de sortir des limites spatio-temporelles imposées par le gigantisme territorial, qui avait, au temps des guerres napoléoniennes, empêché Paul I de joindre ses forces à celles de Napoléon pour marcher vers les Indes. Henri Troyat explique avec grande clarté à ses lecteurs français tous ces projets dans la monographie qu’il consacre à Paul I. De même, la Russie avait perdu la Guerre de Crimée notamment parce que sa logistique lente, à cause des trop longues distances terrestres à franchir pour fantassins et cavaliers, ne lui avait pas permis d’acheminer rapidement des troupes vers le front, tandis que les navires de transport anglais et français pouvaient débarquer sans entraves des troupes venues de la métropole anglaise, de Marseille ou d’Algérie. L’élément thalassocratique avait été déterminant dans la victoire anglo-française en Crimée.
La Russie de Nicolas II, bien présente en Asie centrale, va dès lors, dans un premier temps, payer la note que les Britanniques avaient déjà voulu faire payer à Alexandre II, le conquérant de l’Asie centrale, assassiné en 1881 par une bande de révolutionnaires radicaux, appartenant à Narodnaïa Voljia. La Russie d’Alexandre II pacifie le Caucase, le soustrayant définitivement à toute influence ottomane ou perse, donc à toute tentative anglaise d’utiliser les empires ottoman et perse pour contribuer à l’endiguement de cette Russie tsariste, conquiert l’Asie centrale et affirme sa présence en Extrême-Orient, notamment dans l’île de Sakhaline. Au même moment, les marines passent entièrement des voiles et de la vapeur (et donc du charbon) au pétrole. La Russie détient celui de Bakou en Azerbaïdjan. La possession de cette aire sud-caucasienne, la proximité entre les troupes russes et les zones pétrolifères iraniennes fait de la Russie l’ennemi potentiel le plus redoutable de l’Angleterre qui, pour conserver l’atout militaire majeur qu’est sa flotte, doit garder la mainmise absolue sur ces ressources énergétiques, en contrôler une quantité maximale sur la planète.
L’assassinat de Stolypine
Comme le danger allemand devient aux yeux des Britannique plus préoccupant que le danger russe, -parce que la nouvelle puissance industrielle germanique risque de débouler dans l’Egée et en Egypte grâce à son alliance avec l’Empire ottoman moribond- l’Empire de Nicolas II est attiré dans l’alliance franco-anglaise, dans l’Entente, à partir de 1904. Stolypine, partisan et artisan d’une modernisation de la société russe pour faire face aux nouveaux défis planétaires, aurait sans doute déconstruit progressivement et habilement le corset qu’impliquait cette alliance, au nom d’un pacifisme de bon aloi, mais il est assassiné par un fanatique social-révolutionnaire en 1911 (les spéculations sont ouvertes : qui a armé le bras de ce tueur fou ?). Stolypine, qui aurait pu, comme Jaurès, être un frein aux multiples bellicismes qui animaient la scène européenne avant la Grande Guerre, disparaît du monde politique sans avoir pu parachever son œuvre de redressement et de modernisation. La voie est libre pour les bellicistes russes qui joindront leurs efforts à ceux de France et d’Angleterre. Ce qui fait dire à quelques observateurs actuels que Poutine est en somme un Stolypine qui a réussi.
Dès que la Russie s’ancre plus solidement dans l’Entente, la propagande hostile à Nicolas II, orchestrée depuis Londres, fait volte-face : le Tsar cesse d’un coup d’être un abominable monarque sanguinaire et devient, comme par miracle, un empereur bon, paternel, qui aime ses sujets. Staline connaîtra un destin similaire : horrible boucher sanguinaire pour ses purges des années 1930, « bon petit père des peuples » pendant la seconde guerre mondiale, tyran antidémocratique dès que s’amorce la guerre froide. Avant Orwell, Lord Ponsonby décortiquera les mécanismes de cette propagande bien huilée, capable de changer de cap, de désigner comme ennemi l’ami d’hier et vice-versa, exactement comme dans l’Oceania de Big Brother. La Russie entre dans la Grande Guerre aux côtés des autres puissances de l’Entente : ce sera sa perte. Dmitri Merejkovski l’avait prévu. Les analyses de Soljénitsyne abondent également dans ce sens. L’affaire désastreuse des Dardanelles, voulue par Churchill en 1915, avait pour objectif inavoué d’arriver à Constantinople avant les Russes et de verrouiller les détroits turcs comme en 1877-78 : la duplicité londonienne ne s’était pas effacée au nom de la fraternité d’armes de 1914.
Au temps des deux « géants rouges »
La Russie actuelle, celle de Poutine, entend conserver la cohérence territoriale de l’Union Soviétique défunte mais sans la rigidité idéologique communiste. Le communisme était une « idéologie froide » (Papaioannou) et un « système réductionniste » (Koestler), dont les retombées pratiques s’avéraient désastreuses, notamment sur le plan de la nécessaire autarcie agricole que devrait détenir toute grande puissance de dimensions continentales. Toute puissance de cet ordre de grandeur a pour obligation pratique de maintenir une « cohérence territoriale », de colmater toutes les brèches qui pourraient survenir au fil du temps, que celles-ci soient le fait de dissidences intérieures ou d’une subversion organisée par l’ennemi. Sous d’autres oripeaux que ceux du communisme, Poutine cherche à rétablir les atouts dont disposait l’Union soviétique entre 1949 et 1972, quand elle formait, avec la Chine, un bloc communiste de très grande profondeur territoriale. La Chine maoïste et l’URSS, de Staline à Brejnev, étaient certes des puissances continentales dont l’idéologie officielle était posée comme « progressiste ». Elles ont toutefois été marquées par une régression industrielle et technologique permanente par rapport aux Etats-Unis, au Japon ou à l’Europe occidentale, corroborant la théorie américaine du technological gap. Les développements internes à l’ère communiste ont certes balayé quelques archaïsmes, il faut le reconnaître, mais à quel prix ? Aujourd’hui, la situation est différente. La Chine est à la pointe de nombreuses innovations techniques. Elle est capable de développer des réseaux de chemins de fer performants, de construire des infrastructures aéroportuaires ultra-modernes, de gérer les flux de trafic urbain par d’audacieuses innovations technologiques, de fabriquer des porte-avions à double piste, etc.
Même si on ne peut pas dire que la Russie et la Chine n’ont plus aucun contentieux, le binôme sino-russe tient parce qu’à Moscou comme à Beijing les diplomates savent que le déclin de l’URSS a commencé en 1972 quand Nixon et Kissinger déploient une intense activité diplomatique en direction de la Chine et transforment celle-ci en un allié de revers contre Moscou. 1972, il faut s’en souvenir, a été une année charnière : l’URSS était encerclée, coincée entre l’OTAN et la Chine, son déclin s’est automatiquement amorcé, tandis que la Chine, attelée à cette alliance de facto avec les Etats-Unis, était contrainte d’opter pour un développement continental, soit de tourner le dos au Pacifique, de ne plus y contrarier les intérêts stratégiques américains. Kissinger faisait ainsi d’une pierre deux coups : il affaiblissait la Russie et détournait la Chine maoïste des eaux du Pacifique (ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, comme l’attestent les incidents récurrents en Mer de Chine du Sud).
De l’alliance sino-américaine au déclin de l’Union Soviétique
Washington consolidait ainsi son hégémonisme planétaire et unipolaire : De Gaulle était mort, l’Allemagne et l’Europe toujours divisées, les stratégistes américains planifiaient déjà la chute du Shah, coupable d’avoir soutenu les revendications des pays producteurs de pétrole et de développer une puissance régionale sérieuse, appuyée par des forces aériennes et navales efficaces, dans une zone hautement stratégique. Pour le monde musulman, 1979, année de la prise du pouvoir par Khomeiny, appuyé par les services américains, britanniques et israéliens dans un premier temps, sera l’année-charnière car, dès ce moment, il sera travaillé par des forces hostiles à l’ordre du monde de type « westphalien », ce qui nous conduira au chaos non maîtrisable que nous connaissons aujourd’hui. Avec ce désordre anti-westphalien sur son flanc sud, Poutine cherche tout simplement un pôle de stabilité alternative, permettant un développement normal de la Fédération de Russie dans un cadre impérial cohérent, combinant in fine les acquis d’Alexandre II -qui avait déclenché le « Grand Jeu »- et la sécurité stratégique obtenue par l’URSS après la seconde guerre mondiale et surtout à l’époque entre 1949 et 1972, quand la Chine ne dépendait en aucune façon des Etats-Unis et de leurs alliances sur les rimlands d’Eurasie. Cette sécurité, offrant la stabilité, doit aussi se refléter sur les plans religieux et idéologique : la pluralité des confessions ou des approches idéologiques ou, encore, des politiques économiques, ne doit pas nécessairement provoquer des dynamiques centrifuges. Au-delà de tous les clivages établis par l’histoire sur la masse continentale centre-asiatique, la politique générale doit être convergente et ne plus admettre les divergences qui conduisent inexorablement à une « smuta ». Cette volonté de convergence devrait valoir aussi pour l’Europe, au sens le plus strict du terme : cette idée était déjà présente chez le Tsar Alexandre I qui, après les troubles de l’ère révolutionnaire et napoléonienne, avait envisagé une convergence religieuse en Europe, une fusion de l’orthodoxie, du catholicisme et du protestantisme, pour consolider la première ébauche d’union eurasienne qu’était la Sainte-Alliance.
Ukraine et « Corridor 5 »
Suite à la petite « smuta » de l’ère eltsinienne, la Russie n’a même pas pu conserver le projet d’une union entre les trois républiques slaves de l’ex-URSS, rêvée par Alexandre Soljénitsyne dès son exil américain. Les forces hostiles à toute union (formelle ou informelle) de l’Eurasie, à toute résurrection de la Sainte-Alliance, aux convergences générées par des communications optimales ont visé l’Ukraine, appelée à se détacher de la symbiose voulue par Soljénitsyne. Deux raisonnements historico-stratégiques ont conduit à cette politique :
1) l’Ukraine redessinée par Khrouchtchev dans les années 1950 contenait la Crimée, presqu’île dans l’espace maritime pontique sans laquelle la Russie n’a plus aucune projection vers la Méditerranée et ne peut plus être une grande puissance qui compte ;
2) ensuite, l’Ukraine, dans la partie occidentale de la masse continentale eurasiatique, est un espace de transit, que les géopolitologues appellent, en anglais, a gateway region. Pour infliger une paralysie à l’adversaire, il convient en effet de bloquer tout transit en de telles régions, a fortiori si l’on veut bloquer les communications entre les puissances situées de part et d’autre de cet espace de transit. De Cadix à Kiev, l’Europe est traversée par ce qu’il est convenu d’appeler le « Corridor 5 ». A partir de Kiev, ce « corridor », poursuivi, mène en Inde, en Chine et sur les côtes du Pacifique : ce sont les tronçons de l’antique « route de la soie », empruntés par Marco Polo.
Pour toute puissance hégémonique hostile à la fois à la Russie et à l’Europe (centrée autour du pôle industriel allemand), le « Corridor 5 » doit être bloqué en tout lieu où l’on peut réanimer un conflit ancien moyennant les stratégies habituelles de subversion. La subversion de l’Ukraine -au nom de conflits anciens et au bénéfice apparent de forces idéologiques autochtones, ultranationalistes, dont on combat pourtant les homologues partout ailleurs dans le monde- est par conséquent, un modèle d’école. On a délibérément choisit l’Ukraine parce qu’elle est une zone de transit des gazoducs russes en direction de l’Europe. En transformant l’Ukraine en une zone de turbulences, on oblige Russes et Européens à investir inutilement dans des projets alternatifs, pour contourner un pays désormais hostile, non pas parce qu’il entend défendre ses propres intérêts légitimes, mais, au contraire, parce qu’il veut, en dépit du bon sens, faire triompher les intérêts d’une puissance hégémonique, étrangère aux espaces russe et européen. Le nouveau gouvernement ukrainien se détache de la sorte de l’espace civilisationnel européen dont il fait partie.
Par ailleurs, la subversion, inspirée par certains préceptes de Sun Tzu, vise aussi à anéantir les ressorts traditionnels d’une puissance ennemie : à l’heure des grands médias, cette forme de subversion déploie des spectacles ou des provocations déliquescentes, à l’instar des « pussy riots » ou des « femens ». Ce type d’actions subversives sape les fondements éthiques d’une société, en tablant sur les bas instincts et les carences en discernement du grand nombre, et, partant, détruit la cohésion de la politie, en ruine les structures sociales, les assises religieuses. La Russie de Poutine a veillé à annuler les capacités de nuisance de ces entreprises, fautrices de déliquescence irrémédiable, au grand dam des officines, généralement américaines, qui les avaient activées dans la ferme intention de saper les assises de la société russe et d’ébranler l’édifice étatique de la Fédération de Russie.
Le mythe occidental des « sociétés ouvertes »
La Russie de Poutine, comme toute autre Russie qui chercherait à se consolider sur le long terme, doit donc retrouver une stabilité territoriale et géopolitique englobant les atouts de la Russie d’Alexandre II et ceux de l’URSS entre 1949 et 1972, quand la longue frontière centre-asiatique avec la Chine était sécurisée : face à la Chine post-communiste, Poutine ne répétera pas l’hostilité sourde et sournoise de Staline et de ses successeurs à l’égard de la Chine maoïste, en dépit d’une unité idéologique de façade qui faisait parler des deux « géants rouges ». La cohérence qu’il vise, à la fois tsariste et communiste, doit se compléter par une ouverture à d’autres zones de grande importance géostratégique dans le monde, afin de pallier les désavantages énormes que les fermetures communistes avaient entrainés. Dans la dialectique Sociétés ouvertes / Sociétés fermées, imaginée par Karl Popper, les sociétés russe et chinoise d’aujourd’hui optent pour un équilibre entre ouverture et fermeture : elles refusent l’ouverture tous azimuts, préconisée par les tenants du globalisme néolibéral (Soros, etc.) ; elles refusent tout autant les fermetures rigides pratiquées par les communismes stalinien, brejnevien, albanais et maoïste. Ce double refus passe par un retour en Chine à la pensée pragmatique de Confucius (condamné par les nervis maoïstes de la « révolution culturelle » des années 1960) et en Russie à des étatistes pragmatiques et bâtisseurs tels qu’en a connus l’histoire russe de la fin du XIXe siècle à 1914. Cette synthèse nouvelle entre ouverture et fermeture, pour reprendre la terminologie inaugurée par Popper, postule un rejet de l’extrémisme néolibéral, un planisme souple de gaullienne mémoire, une volonté de provoquer la « dé-dollarisation » de l’économie planétaire et de créer une alternative solide au système anglo-saxon, manchestérien et néolibéral. Cette synthèse, que l’on vise mais qui n’a pas encore été réalisée, loin s’en faut, permet déjà de forger des économies hétérodoxes, chaque fois adaptées aux contextes historiques et sociaux dans lesquelles elles sont censées s’appliquer. Disparaît alors la volonté enragée et monomaniaque de vouloir imposer à toutes les économies du monde un seul et même modèle.
Le monde est un « pluriversum »
Russes et Chinois espèrent trouver dans le BRICS des cohérences nouvelles dans une diversité bien équilibrée, dans un « pluriversum » apte à respecter la diversité du monde contre toutes les tentatives de l’homogénéiser. Le groupe BRICS constitue une alternative plurielle au système dominant et américano-centré, le monde des Etats n’étant pas un « univers » mais bien un « plurivers » comme le disait le philosophe allemand du politique Bernhard Willms, décédé en 1991, et comme l’affirme aujourd’hui l’analyste géopolitique russe Leonid Savin. La recherche d’une économie hétérodoxe, souple et contextualisée (selon le vocabulaire du MAUSS, « Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales »), correspond aussi à la volonté chinoise de déployer, à l’échelle planétaire, une diplomatie souple, hostile à toute pratique hystérique de l’immixtion, comme celles que préconisent les néo-conservateurs américains, les nouveaux philosophes regroupés peu ou prou derrière le pompon de Bernard-Henri Lévy ou les extrémistes salafistes stipendiés par l’Arabie Saoudite.
La Chine préconise ainsi une diplomatie de la non-intervention dans les affaires intérieures des Etats tiers. La généralisation de ce principe, plus doux et plus pacifique que les modes de fonctionnement occidentaux actuels, devrait conduire à terme à supprimer ces facteurs d’ingérence et de conflits inutiles que sont bon nombre d’ONG américaines : en Chine, elles ne fonctionnent guère, sauf quand elles font appel à des fondamentalistes salafistes du Turkestan chinois, soutenus par les Turcs et les Saoudiens, ou à des sectes pseudo-religieuses farfelues ou quand elles instrumentalisent le Dalaï Lama. La Russie a commencé ce travail de neutralisation des organismes fauteurs de troubles et de guerres en jugulant le travail subversif des ONG d’Outre-Atlantique, considérées à juste titre comme des facteurs de « smuta », et en amorçant le contrôle des médias, de Google, etc.
Le but premier d’un mouvement eurasien serait dès lors de participer à ces nouvelles forces à l’œuvre sur la planète, à favoriser les innovations qu’elles apportent pour nous sortir d’impasses mortifères.
Empêcher le basculement de l’Europe vers la Russie, l’Eurasie, la Chine et l’Iran
Mais cette vaste panoplie d’innovations, qui cherchent à s’imposer partout dans le monde, va, bien entendu, provoquer une riposte de l’hegemon. Les conflits d’Ukraine et de Syrie ont été activés par des stratégistes mal intentionnés pour entraver la marche en avant de cet ensemble alternatif, englobant l’Europe. En effet, l’objectif premier des stratégistes de l’hegemon est d’empêcher à tout prix le glissement de l’Europe vers les puissances eurasiennes du groupe BRICS et vers l’Iran. C’est donc en premier lieu vers les zones possibles de connexion entre notre sous-continent et le reste de l’Eurasie que l’hegemon doit agir pour bloquer cette synergie grande-continentale. L’Ukraine avec, notamment, les ports de Crimée, était en quelque sorte l’interface entre la civilisation grecque, puis byzantine, et les voies terrestres vers le centre de l’Asie, l’Inde et la Chine ; elle a gardé cette fonction aux temps médiévaux des entreprises génoises qui demeuraient branchées sur les « routes de la soie » du nord, en dépit des tentatives de blocage perpétrées au Sud et au niveau du Bosphore par les Seldjouks puis par les Ottomans. La façade maritime méditerranéenne du Levant, soit du Liban et de la Syrie actuels, donnait accès aux routes de la soie menant, par la Mésopotamie et l’espace perse, aux Indes et à la Chine. Aujourd’hui, la Chine a développé les capacités de créer des réseaux ferroviaires trans-eurasiens, où les territoires de la Fédération de Russie, du Kazakhstan et de quelques autres anciennes républiques majoritairement musulmanes de l’ex-URSS, servent de jonction entre les deux espaces, l’européen et le chinois, que Leibniz jugeait déjà les « plus élevés en civilisation ».
Les stratégistes mal intentionnés prévoient d’autres blocages dans la zone de connexion entre notre Europe et le reste de l’Eurasie. D’abord il y a la possibilité de créer une zone de turbulences durables, un abcès de fixation, en Transnistrie et en Moldavie, en bloquant tout transit entre l’Ukraine et l’Europe, tandis que le territoire du Donbass empêche déjà toute communication fluide entre l’Ukraine et la Russie du Don, de la Volga et de la Caspienne. Au sud, un général américain, Ben Hodges, commandant de l’OTAN jusqu’en 2014, envisage de soulever le Caucase du Nord en réactivant les conflits russo-tchétchène et russo-ingouche, de façon à troubler l’acheminement des hydrocarbures de la Caspienne et de créer une zone de turbulences sur le long terme entre les territoires russe et iranien. De même, ces stratégistes envisagent de réanimer le conflit russo-géorgien, placé au frigidaire depuis août 2008. Ou de déclencher un nouveau conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour la région du Nagorny-Karabach, ce qui aurait pour effet de bloquer toute liaison territoriale entre la Russie et l’Iran, surtout après le faux dégel entre l’Occident et Téhéran que l’on observe depuis les dernières semaines de l’année 2015. Plus à l’est, les mêmes stratégistes envisagent un projet de « chaotisation complète » de l’Asie centrale post-soviétique. Au départ de l’Afghanistan, ils envisagent de faire pénétrer au Turkménistan, au Tadjikistan, au Kirghizistan voire en Ouzbékistan des éléments fondamentalistes (talibans, partisans d’Al Qaeda, avatars de l’Etat islamique, etc., les golems ne manqueront pas…) qui feront subir à ces pays, s’ils se montrent récalcitrants, le sort de l’Irak ou de la Syrie. Le Turkménistan, riverain de la Caspienne et voisin de l’Afghanistan, pourrait être transformé en une zone de turbulences s’il ne cède pas aux pressions de l’OTAN qui lui fait miroiter une aide économique. Des terroristes afghans, que l’on posera comme « incontrôlables » en dépit de la présence américaine là-bas, passeront la frontière pour semer le chaos dans ce pays qui est un producteur d’hydrocarbures et un riverain de la Caspienne.
Un chaos créé artificiellement
Ce chaos créé artificiellement est une application agressive de la stratégie ancienne de l’«endiguement». Non seulement il freinera l’acheminement de matières premières et d’hydrocarbures vers l’Europe mais troublera durablement les voies de communication entre la Russie, l’Inde et la Chine, où un pari possible sur des fondamentalistes pakistanais permettrait aussi de bloquer à nouveau les régions du Cachemire-Jammu et de l’Aksai Chin, ruinant toutes les tentatives d’apaisement entre Beijing et New Delhi, lesquelles avaient toujours été laborieuses.
L’objectif impératif que doivent se fixer les cercles eurasistes, c’est d’œuvrer et de militer pour ne pas que nos contemporains s’embarquent dans de telles manœuvres bellicistes, pour qu’ils soient toujours rétifs aux sirènes des propagandes.
Cependant, saper la cohésion européenne, œuvrer à disloquer les sociétés européennes et à affaiblir ses économies nationales et régionales ne passe pas seulement par l’organisation de conflits à ses frontières (Libye, Donbass, Syrie, Caucase) mais aussi, comme certains faits des années 1990 et 2000 semblent l’attester, de provoquer de mystérieux accidents dans le tunnel du Mont Blanc pour bloquer le « Corridor 5 » (toujours lui !), d’organiser des grèves sauvages pour paralyser les communications dans l’Hexagone et autour de lui, comme en 1995 pour mettre Chirac sous pression afin qu’il abandonne son programme nucléaire –Jean Parvulesco se plaisait à le signaler et à rappeler les liens anciens entre certains syndicats socialistes français et l’OSS ou la CIA. Aujourd’hui, les clandestins bloquent parfois le tunnel sous la Manche à Calais, avec l’appui d’associations bizarres, se réclamant d’une xénophilie délirante ou d’une forme d’antifascisme fantasmagorique, dont l’objectif ne peut nullement être qualifié de « rationnel ». Est-ce pour rompre les liens entre la Grande-Bretagne et l’Europe ?
Cet ensemble de pressions constantes, s’exerçant sur les communications entre l’Europe et le reste de la masse continentale eurasiatique, a pour but essentiel d’empêcher la constitution d’un réseau efficace, la réalisation du vœu de Leibniz : faire de la « Moscovie » le pont entre l’Europe et la Chine. Les actuels projets ferroviaires chinois sont en effet très impressionnants. Le nouveau poids de la Chine, certes relatif, pourrait, estiment les stratégistes américains, provoquer un basculement de l’Europe vers l’Asie. Une telle éventualité a été un jour explicitée par Dominique de Villepin : celui-ci estimait que la concrétisation finale des projets ferroviaires et des routes maritimes envisagées par la Chine offrait potentiellement à la France et aux autres pays européens d’innombrables occasions de forger des accords lucratifs avec la Russie, les pays d’Asie centrale et la Chine dans les domaines des transports et des services urbains. Dans un article des Echos, de Villepin écrivait : « C’est là une tâche qui devrait non seulement mobiliser l’Union Européenne et ses Etats membres mais aussi les autorités locales, les chambres de commerce et les hommes d’affaires pour ne même pas mentionner les universités et les boîtes-à-penser ». Grande sagesse. Et clairement exprimée ! En termes très diplomatiques, de Villepin poursuit : le projet de route de la soie « est une vision politique qui induit les pays européens à renouveler le dialogue avec des partenaires du continent asiatique, permettant de forger, par exemple, des projets souples avec la Russie, notamment pour trouver les fonds nécessaires pour re-stabiliser l’Ukraine. Le lien entre l’Est et l’Ouest doit se maintenir ». Mieux : « Nous avons là une vision économique qui adapte la planification chinoise à la coopération économique internationale. Dans un monde financièrement volatile et instable, il s’avère nécessaire d’opter pour la bonne approche dans les projets à long terme, utilisant des outils nouveaux, de type multilatéral ».
Le grand projet OBOR des Chinois
La Chine envisage l’émergence de six corridors économiques, à replacer dans un projet plus vaste, baptisé OBOR (« One Belt, One Road » - soit « Une ceinture (maritime), Une route »). Cet OBOR entend consolider une route maritime de la Chine à l’Iran voire à la Mer Rouge et créer de solides liaisons ferroviaires entre l’Europe et la Chine. Il vise surtout à relier la Chine à soixante pays. Les six corridors majeurs sont : le CMREC ou Corridor économique Chine / Mongolie / Russie ; le NELB ou « Nouveau Pont Terrestre eurasien » (« New Eurasian Land Bridge ») ; le CCWAEC ou Corridor économique Chine / Asie centrale et occidentale ; le CICPEC ou Corridor économique Chine / Péninsule indochinoise ; le CPEC ou Corridor économique Chine / Pakistan ; et, enfin, le BCIMEC ou Corridor économique Bengladesh / Chine / Inde / Myanmar. A ces projets chinois, tous nécessaires d’un point de vue asiatique, s’ajoute celui du « Canal Eurasia », élaboré par les Russes et les Kazakhs. Ce canal doit relier la Caspienne à la Mer d’Azov (face à la Crimée !), permettant notamment d’acheminer du brut vers la Mer Noire donc vers les confins orientaux de l’Europe. L’enjeu ukrainien/criméen prend ici toute son ampleur.
De Marx à List
Ces projets, dont on pourrait dresser une longue liste, démontrent que les puissances du BRICS, du moins la Chine et la Russie, ne sont plus guère affectées, comme jadis, par l’idéologie prêtée à Marx et à Engels mais tentent d’appliquer ou de ré-appliquer les principes pragmatiques de l’économiste Friedrich List (1789-1846). Ce dernier était considéré comme un « libéral » mais, à coup sûr, un libéral « hétérodoxe », soucieux de tenir compte des contextes historiques dans lesquels se déployait l’économie. List était un idéologue du développement. Pour qu’une économie puisse se développer à un rythme correct, l’Etat ne doit nullement jouer un rôle de « veilleur de nuit », à l’instar de ce que souhaitent les théoriciens libéraux anglo-saxons. Au contraire, List pose l’Etat comme une instance constructrice, investisseuse. L’Etat est là pour construire des lignes de chemin de fer et des canaux. C’est List qui planifiera le premier réseau ferroviaire allemand, au sein du Zollverein, de l’Union douanière, dont il fut aussi un père fondateur. En Belgique et aux Etats-Unis, il préconisera le creusement de canaux. En France, il inspirera les praticiens de la « colonisation intérieure ». L’idée du Transsibérien en Russie, les suggestions pratiques des économistes et ingénieurs du Kuo Min Tang chinois s’inspirent toutes d’idées dérivées de List, après sa mort. La politique des grands projets gaulliens est « listienne », de même que le sont les pratiques chinoises, après la parenthèse maoïste et le ressac dû à la tristement célèbre « révolution culturelle » des années 1960. A partir de Deng Xiaoping, la Chine redevient « listienne » et « confucéenne » : c’est à cette double mutation de référence qu’elle doit son succès actuel. Ce serait à un retour à Aristote et à List que l’Europe pourrait devoir son hypothétique renaissance, du moins si l’avenir permettra l’élimination impitoyable des pseudo-élites déchues et abjectes qui nous gouvernent actuellement, exactement comme la Chine maoïste a éliminé sa « bande des quatre », pour ne pas sombrer dans les délires manichéens et idéologiques, dans un remake de la calamiteuse « éthique de conviction » de la « révolution culturelle » et de ses avatars malsains.
Le clivage dans le monde ne passe plus par la dichotomie capitalisme / communisme ni par la piètre distinction entre sociétés ouvertes et sociétés fermées mais par une dichotomie entre « listiens » et néolibéraux qui recoupe aussi la distinction qu’opérait Max Weber entre « éthique de la conviction » et « éthique de la responsabilité ». Les néolibéraux, et le cortège à la Jérôme Bosch que constituent leurs alliés festivistes, gauchistes ou féministes, adhèrent à des éthiques farfelues de la conviction. Leurs adversaires les plus sérieux à une éthique « listienne » de la responsabilité.
L’Allemagne dans ce grand jeu eurasien
Les projets chinois séduisent les Allemands. Ce n’est ni nouveau ni étonnant. Le moteur économique de l’Europe participe aux synergies suggérées par Beijing, en tire de substantiels bénéfices que la délirante « juridification » de la sphère économique tente de réduire par l’artifice de procès farfelus comme celui intenté contre Volkswagen en 2015. Est-ce la raison pour laquelle on tente de faire basculer l’Allemagne de Merkel dans le chaos, en lui imposant des flots d’hères inassimilables, flanqués d’activistes formés au terrorisme et à d’autres formes de guerres de la « quatrième génération », qui n’y produisent que du désordre et de la violence ?
Jusqu’ici, l’Allemagne avait réussi à desserrer la cangue américaine en se branchant sur les gazoducs russes, dont la gestion a été placée sous le patronage et l’impulsion des anciens chanceliers Helmut Schmidt et Gerhard Schröder. Leur socialisme, pragmatique et non idéologique, « listien » et wébérien, conjuguait ses efforts pour parfaire une diplomatie de l’apaisement, une Ostpolitik fructueuse. Ces efforts avaient abouti aux accords permettant, à terme, de construire le tracé des gazoducs « North Stream 1 & 2 », accentuant certes la dépendance allemande par rapport au gaz russe mais déconstruisant simultanément son extrême dépendance politique face au système atlantiste, tandis que le « South Stream » alimente l’Italie, l’Autriche et la Hongrie (où Orban refuse les sanctions contre la Russie, sur fond d’un revival marginal de l’idéologie eurasiste en pays magyar).
Hans Kundnani, dans un article magistral de la revue américaine Foreign Affairs (janvier-février 2015), évoque une « Allemagne post-occidentale », c’est-à-dire une Allemagne qui se serait détachée de ses liens avec l’Occident anglo-saxon, de sa Westbindung, pour se mouvoir vers un espace essentiellement industriel, commercial et énergétique dont les pôles majeurs seraient la Russie et la Chine voire l’Inde. Pour la première fois dans l’histoire de la République Fédérale, une minorité de 45% seulement est encore en faveur du statu quo pro-occidental, impliquant l’adhésion à l’OTAN et/ou à l’UE comme seules possibilités diplomatiques. 49% des Allemands contemporains sont désormais en faveur d’une « position médiatrice », où l’Allemagne équilibrerait le jeu de ses relations entre l’Europe occidentale et la Russie. C’est le résultat tangible d’un anti-américanisme qui s’est sans cesse amplifié depuis la guerre du Golfe, déclenchée par Bush junior en 2003 et depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage systématique pratiqué par la NSA. Les liens commerciaux avec la Russie et la Chine se sont considérablement accrus, accroissement qui permettait, jusqu’il y a peu de temps, le maintien de l’opulence allemande, assorti de l’espoir de voir celle-ci se consolider et se perpétuer. Ce lent glissement de l’Allemagne, cœur industriel et territorial du sous-continent européen, vers un Est eurasien très vaste, explique sans nul doute les attaques qu’elle subit depuis le printemps 2015. Par ailleurs, des stratégistes de l’ombre veillent à créer un espace pro-occidental, agité ou non de turbulences, entre l’Allemagne et la Russie que l’on baptisera pompeusement « Intermarium ». Cet « Intermarium », cet entre-deux-mers entre la Baltique et la Mer Noire, est la ré-activation d’un projet concocté à Londres pendant la seconde guerre mondiale par les gouvernements polonais et tchèque en exil, avec la bénédiction de Churchill, que l’alliance avec Staline avait rendu nul et non avenu : on a sacrifié, à Londres, les velléités d’indépendance polonaises et tchèques pour pouvoir exploiter à fond la chair à canon soviétique. Moscou ne voulait pas de ce bloc polono-tchèque, même à un moment où la guerre contre l’Allemagne hitlérienne atteignait un paroxysme inégalé.
Du « Cordon sanitaire » de Lord Curzon à l’Intermarium
Même si l’on peut considérer que ce projet d’un Intermarium n’est pas, a priori, une mauvaise idée en soi, qu’il est une application actuelle de projets géopolitiques très anciens, visant toujours à relier les mers du nord à celles du sud parce l’Europe, petite presqu’île à l’ouest de la très grande Eurasie, est géographiquement constituée de trois axes nord/sud : celui qui va de la Mer du Nord au bassin occidental de la Méditerranée (l’espace lotharingien du partage de Verdun en 843), celui envisagé mais non réalisé au moyen-âge par le roi de Bohème Ottokar II Premysl qui va de la Baltique à l’Adriatique (de Stettin à Venise ou Trieste, cités aujourd’hui reliées par une voie de chemin de fer directe et rapide) et, enfin, l’axe dit « gothique », reliant depuis les Goths, bousculés par les Huns, la Baltique à la Mer Noire et à l’Egée, au bassin oriental de la Méditerranée. Aujourd’hui, les stratégistes ennemis de toute vigueur européenne et de toute synergie euro-russe, veulent constituer un Intermarium, sur l’ancien axe gothique, qui serait une résurrection du « cordon sanitaire » de Lord Curzon, destiné à empêcher toute influence de l’Allemagne et de ses dynamismes sur la Russie, posée depuis le géopolitologue Halford John Mackinder comme le « cœur du monde » mais un « cœur de monde » qui ne peut être optimalement activé que par une forte injection d’énergie allemande. Toute alliance germano-russe étant, dans cette optique, considérée comme irrémédiablement invincible, invincibilité qu’il faut toujours combattre et réduire à néant, avant même qu’elle n’émerge sur la scène internationale.
La submersion démographique que subit l’Allemagne depuis les derniers mois de l’année 2015, qui provoquera des troubles civils et ruinera le système social exemplaire de la République Fédérale, qui compte déjà plus de 12 millions de pauvres, a été plus que probablement téléguidée depuis certaines officines de subversion : plusieurs observateurs ont ainsi constaté que les nouvelles alarmantes sur la présence de migrants délinquants en Allemagne viennent de serveurs basés aux Etats-Unis ou en Angleterre, de même que les tweets ou autres messages sur Facebook incitant les migrants à commettre des déprédations ou des viols ou, inversement, incitant les Allemands à manifester contre la submersion démographique ou contre la Chancelière Merkel. Le conflit civil semble être fabriqué de toutes pièces, avec, au milieu du flot des réfugiés, l’armée de réserve du système, composée de djihadistes qui combattent le régime baathiste syrien ou le pouvoir chiite irakien ou l’armée russe en Tchétchénie mais se recyclent en Europe pour déborder les polices des Etats de l’UE en menant la guerre planétaire selon d’autres méthodes.
Spykman, les « rimlands » et l’endiguement
Si la submersion de l’Allemagne a pour but essentiel de briser les potentialités immenses d’un tandem germano-russe, elle vise aussi, bien sûr, à ruiner les bonnes relations économiques entre l’Allemagne et la Chine, d’autant plus que les chemins de fer allemands, la Deutsche Bundesbahn, sont partie prenante dans la construction des voies de trains à grande vitesse entre Hambourg et Shanghai. L’Allemagne et, partant, les pays du Benelux, sont fortement dépendants du commerce avec la Chine. Le but de l’hegemon est donc de briser à tout prix ces synergies et ces convergences. Affirmer cela n’est pas l’expression d’un complotisme découlant d’une mentalité obsidionale mais bel et bien un constat, tiré d’une analyse de l’histoire contemporaine : la réalisation du Transsibérien russe sous l’impulsion du ministre Witte a entraîné la théorisation et la mise en pratique de la stratégie de l’endiguement par Halford John Mackinder d’abord, par son disciple hollando-américain Nicholas Spykman ensuite. Sans Mackinder et Spykman, les Etats-Unis n’auraient sans doute jamais élaboré leur géostratégie planétaire visant à rassembler des alliances hétéroclites, parfois composées d’ennemis héréditaires, sur les franges du grand continent eurasien, avec l’OTAN de l’Islande à la frontière perse, le CENTO du Bosphore à l’Indus et l’OTASE en Asie du Sud-Est.
Finalement, ces stratégies de l’endiguement sont une application de la fameuse « Doctrine de Monroe », dite de « l’Amérique aux Américains ». Derrière cette apparente revendication d’indépendance se camouflait une volonté de soumettre totalement l’Amérique ibérique au bon vouloir des Etats-Unis. Mais elle s’opposait aussi à la terrible menace qu’aurait pu faire peser sur le continent américain une Sainte-Alliance européenne inébranlable qui s’étendait de l’Atlantique Nord au Pacifique, puisque l’empire du Tsar Alexandre Ier en faisait partie. Cette Sainte-Alliance aurait parfaitement pu défendre les intérêts espagnols dans les Amériques ou les européaniser. A l’époque, la Russie avait une frontière commune avec l’Espagne en… Californie, à hauteur du poste russe de Fort Ross, abandonné seulement en 1842. Le Vieux Monde européen était uni –mais cette union n’allait durer qu’une petite quinzaine d’années- tandis que le Nouveau Monde américain était fragmenté. La Sainte-Alliance, pour le Nouveau Monde et pour les Etats-Unis, encore en gestation mais sûrs de pouvoir mener à terme une mission civilisatrice déduite de leur idéologie religieuse puritaine, constituait par voie de conséquence un double danger : celui de perpétuer le morcellement politique du Nouveau Monde au bénéfice de l’Euro-Russie et celui de se maintenir comme une unité indissoluble et de contrôler le monde pour le très long terme.
« Doctrine de Monroe » et pratique de la table rase
La « Doctrine de Monroe » est donc un rejet de l’Europe et des vieilles civilisations qu’elle représentait, de même qu’un rejet malsain et pervers de toute civilisation ancienne, quelle qu’elle soit, et, surtout, de toute grande profondeur temporelle : là, les délires puritains des sectes protestantes farfelues hostiles à la culture classique gréco-latine de l’Europe catholique ou même anglicane-élisabéthaine, rejoignait les folies de certains avatars incontrôlés de l’idéologie des Lumières. La conjonction de ces deux formes de folie et de nuisance idéologique, qui sévit toujours aujourd’hui, génère un fantasme criminel de destruction systématique d’acquis positifs et de legs historiques.
La « Doctrine de Monroe », bien davantage que les socialismes messianiques qui pointaient à l’horizon avec la maturation des idées de Karl Marx, est donc une pratique perverse et sournoise de la table rase que tente de parachever de nos jours le néolibéralisme, né aux Etats-Unis à partir de la fin des années 1960 : toute démarche eurasiste constitue donc une révolte contre ce projet d’arasement total, représente une défense des vieilles civilisations, des traditions primordiales, et une revendication du primat de toute profondeur temporelle par rapport à des innovations-élucubrations inventées par des iconoclastes avides de pouvoir absolu, un pouvoir total qui ne peut s’exercer que sur des masses amorphes et amnésiques.
Face aux avatars actualisés de la « Doctrine de Monroe », qui est passée d’une défense affichée de l’autonomie des Etats américains et des Etats créoles de l’Amérique ibérique à la volonté de contrôler les rives atlantiques et pacifiques qui font face à la bi-océanité étatsunienne, l’eurasisme bien compris vise, au contraire, à éradiquer les blocages et fermetures que génèrent les pratiques géopolitiques et la pactomanie américaines sur le continent eurasien, d’abord en Europe et en Asie. Ce rejet des verrouillages incapacitants induit tout naturellement la promotion volontaire d’une politique grande-continentale d’ouvertures rationnelles aux flux qui vivifient et ont jadis vivifié les territoires eurasiatiques.
Ce volontarisme eurasiste réduit à néant le discours stratégique né de la distinction opérée par Karl Popper entre sociétés ouvertes et sociétés fermées, où les Etats-Unis se posent comme les promoteurs et les garants des « sociétés ouvertes », tout en pratiquant des fermetures calamiteuses dues à la pactomanie qu’ils pratiquent sur les rimlands eurasiens de l’Europe à l’Indochine. A l’Eurasie des fermetures, produit de la Guerre Froide, doit succéder une Eurasie des communications sans entraves entre l’Europe et la Chine : le monde réellement fermé est donc celui qu’ont établi les tenants de la « société ouverte » (de Popper et de Soros), tandis que l’Eurasie des communications ouvertes est le fait en gestation de ceux qui sont accusés, dans les médias dominants, d’être les adeptes des « sociétés fermées », d’hégélienne ou de marxienne mémoires. Sur cette contradiction flagrante, mais ignorée délibérément dans les discours médiatiques occidentaux, reposent toutes les ambigüités de la propagande, tout le flou incapacitant dans lequel marinent nos décideurs et nos concitoyens.
Trois ouvertures historiques
Trois ouvertures historiques en Eurasie doivent nous servir de modèles : l’Empire de Kubilaï Khan, visité par Marco Polo, qui ne s’opposait pas à la libre circulation des biens, des caravanes et des idées, contrairement aux verrouillages seldjouk et ottoman ; les rapports espérés entre la Chine et l’Europe quand le jésuite Ferdinand Verbist exerçait son haut mandarinat en Chine au XVIIe siècle ; l’alliance informelle sous Louis XVI entre la France, l’Autriche et la Russie, où la première veillait à contrôler l’Atlantique Nord, les seconde et troisième à faire sauter le verrou ottoman. A ces trois modèles, il convient d’ajouter la notion de syncrétisme religieux, porté par une volonté de ne rien éradiquer, d’opérer des fusions fécondes et de générer de l’harmonie : c’était la préoccupation principale d’Alexandre Ier après les tumultes révolutionnaires et napoléoniens ; c’est la notion de « djadidisme » qui prévaut aujourd’hui dans l’islam de la Fédération de Russie, notamment au Tatarstan où se situe le grand centre spirituel de Kazan ; le djadidisme s’interdit de chercher querelle avec les autres confessions, contrairement aux formes diverses et pernicieuses qu’un certain islam a prises ailleurs dans le monde, soit le salafisme, le wahhabisme ou le mouvement des Frères musulmans, formes virulentes aujourd’hui en Occident et génératrices à court terme de graves conflits civils ; ces formes inacceptables ont cherché à s’implanter en Russie, à partir de la période de « smuta » que fut le premier gouvernement d’Eltsine : elles ont échoué ; ce n’est qu’à Kazan et au Tatarstan qu’un véritable « euro-islam » s’est constitué ; il n’y en a pas d’autres possibles et les constructions boiteuses d’un Tarik Ramadan, dont les prédécesseurs et collatéraux ont été financés et soutenus par les services américains, ne sont que des déguisements maladroits pour gruger les Occidentaux écervelés. Outre la volonté de convergence religieuse du Tsar Alexandre Ier, outre le syncrétisme centre-asiatique promu en Asie centrale au temps de la domination mongole, outre le djadidisme actuel de la Fédération de Russie, nous ne voyons guère d’autres filons religieux traditionnels qui tiennent vraiment compte de la profondeur temporelle voire immémoriale, nécessaire à l’établissement de véritables ferveurs structurantes, indispensables pour contrer les déliquescences du monde moderne. L’ouverture des communications, le rejet des véritables sociétés fermées par les intransigeances occidentales ou wahhabites/salafistes implique l’émergence d’un syncrétisme harmonisateur qui ne raisonne pas par exclusion (« ou bien… ou bien… ») mais par inclusion (« et… et… »).
Quelques mots sur l’Inde
Ma démonstration, ici, que j’annonçais d’emblée « succincte » et incomplète, ne peut donc prétendre à l’exhaustivité. Mais elle ne saurait omettre d’évoquer l’Inde dans ce survol des convergences eurasiatiques. Depuis son indépendance en 1947, l’Inde est traditionnellement alliée à la Russie, hostile à la Chine, contre laquelle elle a mené une guerre sur les hauteurs de l’Himalaya. La volonté de convergence eurasiatique s’occupe de gommer ce conflit. Les régions himalayennes contestées permettraient, une fois pacifiées, un passage entre l’Inde et les territoires anciennement soviétiques et entre l’Inde et la Chine. L’affaire se corse parce que la Chine, du temps de son conflit avec l’Inde, avait soutenu le Pakistan pour obtenir un port sur l’Océan Indien et des voies de communications entre ces installations portuaires avec la région chinoise de Kachgar, via le tracé en montagne dit de « Karakoroum », partant d’Islamabad pour rejoindre le poste-frontière d’Aliabad au Cachemire. Le gros problème est que l’Inde revendique cette partie du Cachemire pour avoir un lien avec le Tadjikistan ex-soviétique. Par ailleurs, comme le soulignent deux historiens insignes des faits indiens, le Britannique Ian Morris et l’Indien Pankaj Mishra, l’Inde souhaite consolider la cohésion du commerce entre le Golfe et la Mer Rouge d’une part, le Golfe du Bengale et les eaux de l’Asie du Sud-Est, d’autre part. L’objectif géopolitique de l’Inde est d’affirmer sa présence dans l’Océan Indien, surtout dans l’archipel d’Andaman et dans les Iles Nicobar, face aux côtes thaïlandaises. Cette volonté entend créer un chapelet de relais entre la Mer Rouge et l’Insulinde, le même que celui voulu par la Chine, qui le prolongerait jusqu’à ses propres ports du Pacifique, ce qui explique le conflit actuel pour les îles et îlots, naturels ou artificiels, dans la Mer de Chine du Sud. La consolidation de ce chapelet de relais maritimes, sans possibilité de le couper ou de le fragmenter, rendrait à l’ensemble des Etats d’Eurasie une autonomie commerciale et navale sur son flanc sud, tandis que la Russie rétablirait les communications par l’Arctique, de Hambourg au Japon. Une Egypte militaire, débarrassée du danger que représentent les Frères musulmans et les autres adversaires des syncrétismes féconds, ouvrirait, par Suez, l’espace méditerranéen au commerce eurasien, réalisant du même coup le vœu des Génois et des Vénitiens de notre moyen-âge, tout en isolant la Turquie, du moins si cette dernière entend encore jouer le rôle d’un verrou et non pas d’un pont, comme le souhaitent les Chinois qui leur proposent la construction, entre l’Iran et l’Egée, d’un chemin de fer les liant tout à la fois à l’Asie et à l’Europe. Erdogan se trouve devant un choix : abandonner les « otâneries » et les sottises fondamentalistes ou renouer avec un laïcisme et un syncrétisme turcs qui n’apporteraient que des bienfaits.
La Chine, le chapelet de relais et l’Océan Pacifique
La consolidation du chapelet de relais maritimes de Cadix à Shanghai permettrait à l’Europe, à son centre germanique et à la Russie de se projeter vers le Pacifique, impératif géopolitique qu’avaient compris des hommes aussi différents que Louis XVI, La Pérouse, Lord Kitchener et Karl Haushofer. Kitchener prévoyait, dans une conversation avec Haushofer, que les puissances européennes (Royaume-Uni compris !) qui n’auraient pas de bases solides dans le Pacifique, seraient irrémédiablement condamnées au déclin. Haushofer avait tiré la conclusion suivante : l’Allemagne, présente dans les Mariannes, suite au retrait espagnol, avait des chances ce consolider ses positions mais, dans la foulée, rencontrait automatiquement l’hostilité des Etats-Unis qui cherchaient -depuis 1848, date à laquelle ils acquièrent l’atout géostratégique majeur de la bi-océanité- à dominer le marché chinois, quantitativement le plus important à l’époque, comme de nos jours. Le destin a décidé qu’après la rétrocession des Mariannes à Tokyo par l’Allemagne au Traité de Versailles de 1919, la lutte pour le Pacifique se déroulerait entre un Japon, agrandi de cette immense Micronésie, et les Etats-Unis, maîtres des Philippines depuis leur victoire sur l’Espagne en 1898. La seconde guerre mondiale donnera aux Etats-Unis la maîtrise absolue du Pacifique, atout qui scelle leur hégémonisme planétaire. Aujourd’hui, le télescopage géopolitique ne s’effectue pas entre une puissance européenne présente au centre du Pacifique (comme le furent successivement l’Espagne puis l’Allemagne de Guillaume II) ou le Japon shintoïste et les Etats-Unis, mais entre les Etats-Unis et la Chine, où cette dernière est endiguée par une chaîne de petites puissances (Japon vaincu en 1945 compris) entièrement contrôlées par le système des alliances américaines. Cette chaîne vise à empêcher la Chine de s’élancer vers le large et à doter les Etats-Unis des bases insulaires nécessaires pour harceler, le cas échéant, les convois et l’acheminement d’hydrocarbures vers les ports du littoral pacifique chinois, pour rendre précaire cette ligne vitale de communications maritimes.
Chine : double stratégie maritime et continentale
L’application de cette stratégie de harcèlement en Mer de Chine du Sud pourra soit étouffer la Chine soit épuiser les Etats-Unis (où le taux de pauvreté augmente dangereusement). La Chine avait jadis deux stratégies possibles : une stratégie continentale, d’expansion vers le Tibet et le Turkestan/Sinkiang, qui ne dérangeait pas les Américains puisqu’elle inquiétait les Soviétiques. Ou une stratégie maritime, à laquelle le maoïsme avait renoncé, permettant, à partir de 1972, de nouer une alliance informelle avec les Etats-Unis. Aujourd’hui, la Chine cherche à échapper à son endiguement par une double stratégie : à la fois continentale, vers le Kazakhstan et au-delà, par le truchement de chemins de fer trans-asiatiques, et maritime, par la consolidation d’un chapelet de relais dans le Pacifique et l’Océan Indien, dans la mesure du possible en harmonie avec son concurrent potentiel, l’Inde. L’Europe, centrée sur l’Allemagne, et, partant, le tandem euro-russe ont donc intérêt à assurer des projections sans obstacles vers l’Inde et la Chine, tout en évitant qu’une puissance comme le Japon continue à faire partie de la barrière maritime américaine. Or le Japon se débat de nos jours, coincé qu’il est dans le dilemme suivant : éviter l’absorption par la Chine, ce qui serait humiliant, eu égard aux conflits sino-japonais depuis 1895 et éviter l’inféodation perpétuelle à une puissance étrangère à l’espace asiatique comme les Etats-Unis. Attiser les contentieux sino-japonais va dans le sens des intérêts de l’hegemon. Harmoniser les rapports futurs entre le Céleste Empire et l’Empire du Soleil Levant est une tâche des cénacles eurasistes partout dans le monde.
La pacification des rapports entre toutes les composantes de la masse continentale eurasiste (flanquée du Japon) permettra l’avènement de ce que Jean Parvulesco appelait l’ « Empire eurasiatique de la Fin », dans toute son acception eschatologique. Cela signifie-t-il une « fin de l’histoire », un peu comme celle qu’avait envisagée Francis Fukuyama au moment de l’effondrement du système soviétique et de la plongée de la Russie dans la « smuta » eltsinienne ? Non, Fukuyama a déjà été réfuté par les faits : l’histoire ne s’est pas arrêtée, bien au contraire, elle s’est accélérée. Cet « Empire eurasiatique de la Fin » signifierait essentiellement la fin des divisions rédhibitoires, des interventions belligènes potentielles, inutiles et néfastes que déploraient Carl Schmitt ou Otto Hoetzsch. Ce serait le retour définitif de l’alliance informelle du XVIIIe siècle ou, enfin, un retour de la Sainte-Alliance, de l’Atlantique au Pacifique.
Douze pistes pour une « pax eurasiatica »
J’emprunte ma conclusion au géopolitologue italien Alfonso Piscitelli qui suggère une douzaine de pistes pour aboutir à cette pax eurasiatica :
- Ne jamais renoncer à la coopération énergétique, ce qui signifie poursuivre envers et contre tout la politique des gazoducs North et South Stream, selon les modalités fixées par l’ancien Chancelier allemand Gerhard Schröder.
- Re-nationaliser les sources énergétiques pour les soustraire aux fluctuations erratiques d’un libéralisme mal conçu.
- Parier sur les BRICS et s’acheminer progressivement vers un « Euro-BRICS ».
- Viser des continuités politiques sur un plus long terme en généralisant les régimes présidentiels, façon gaullienne, avec élection directe du Président comme en France et en Russie, assorti d’un re-dimensionnement des pouvoirs non élus (des potestates indirectae, des pouvoirs indirects, dont la nuisance a été soulignée par Carl Schmitt). Le but final est un retour à une sorte de « monarchie populaire ».
- Proposer un islam modéré, calqué sur le djadidisme soviétique, russe et tatar, compatible, dans le monde arabe, avec des régimes militaires et civils détachés des extrémismes religieux, comme ce fut le cas dans l’Egypte nassérienne, dans l’Iran du Shah, dans la Libye de Khadafi et dans les régimes baathistes de Syrie et d’Irak. Toute pensée politique exprimée par les musulmans des diasporas doit s’inspirer de ces formes de panarabisme, de personnalisme baathiste, de kémalisme ou de valorisation de la chose militaire et non plus de délires salafistes ou wahhabites qui n’ont apporté que le chaos et la misère dans le monde arabo-musulman.
- Favoriser l’intégration militaire de l’Europe, puis de l’Europe et de la Russie et, enfin de l’Euro-Russie et des BRICS, le tout évidemment hors de cette structure vermoulue qu’est l’OTAN qui ne peut conduire qu’au ressac européen, comme on l’observe très nettement aujourd’hui.
- Plaider pour un monde multipolaire contre l’unipolarité voulue par Washington, selon les axes conceptuels mis au point par les équipes eurasistes russe autour d’Alexandre Douguine, Natella Speranskaya et Leonid Savin.
- Travailler à une réglementation positive des migrations, comme l’ont préconisé le Président Poutine dans son discours à la Douma, le 4 février 2013, et Philippe Migault, quand il a plaidé pour une entente euro-russe en Méditerranée, sur fond du triple enjeu grec, syrien et cypriote.
- Favoriser une politique familiale traditionnelle comme en Russie pour pallier le ressac démographique européen.
- Entamer un dialogue culturel inter-européen qui inclut les linéaments de la pensée organique russe, comme l’avaient souhaité des figures allemandes comme l’éditeur Eugen Diederichs dès la fin du XIXe siècle ou le Prof. Otto Hoetzsch, grand artisan d’un réel dialogue germano-russe ou euro-russe de l’ère wilhelminienne à Weimar et de Weimar à l’ère nationale-socialiste, malgré l’hostilité du régime en place.
- Entamer un dialogue entre civilisations et grandes traditions religieuses, comme le voulait le Tsar Alexandre Ier et selon certains axes préconisés par les leaders religieux iraniens, comme le Président Rohani.
- Revenir à l’idée universelle romaine. L’eurasisme est un projet impérial, pan-impérial, qui est une actualisation des pouvoirs impériaux romain (et donc byzantin, allemand et russe), perse et chinois.
J’ajouterai à cette douzaine de pistes une treizième, celle qui doit déboucher sur une dé-dollarisation définitive de l’économie mondiale. Quelques initiatives, surtout au départ des BRICS, ont déjà marqué des points dans ce sens.
Pour réaliser ce programme suggéré par Alfonso Piscitelli, il convient évidemment d’éviter deux écueils :
- Présenter ces pistes sous la forme d’un discours d’excité, truffé de rêveries ridicules, risquant de faire interpréter toute démarche eurasiste comme un irréalisme extrémiste, lequel serait automatiquement discrédité dans les médias.
- Eviter les polémiques gratuites contre les autres sujets de l’histoire européenne : pas de russophobie ou de germanophobie anachroniques, pas de sinophobie rappelant les discours sur le « péril jaune », etc. Et pas davantage de discours anti-grecs, sous prétexte que la Grèce aurait mal gérée ses finances, ou de discours hispanophobes, prenant le relais des « légendes noires » colportées contre l’Espagne impériale par les protestants dès la XVIe siècle.
Vous constaterez qu’il y a un immense chantier devant nous. Au travail !
Robert Steuckers,
Forest-Flotzenberg, septembre 2015, février 2016.
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- Bernhard TOMASCHITZ, Tödliche Mission – Das gefährliche Sendungsbewusstsein der USA, Aula-Verlag, Graz, 2012.
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- Marco ZENONI, Le elezioni tedesche e la politica estera, http://www.eurasia-rivista.org, repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 10 octobre 2013.
- Runyu ZHENG, « Some reflections on Sino-Russian relations after the visit of President Xi Jinping to Russia », Journal of Eurasian Affairs, vol. 1, Number 1, 2013.
Articles anonymes:
- La nouvelle route de la soie, une arme de destruction massive de l’étau géopolitique anglo-américain, https://zoidberginfo.wordpress.com, 26 août 2013.
- Nazarbaev rieletto Presidente del Kazakhstan : significato e reinterpretazioni, http://www.geopolitica-rivista.org , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 10 mai 2015.
- La Russie étend son influence au sud, http://zejournal.mobi , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 28 mai 2015.
- Chinese pledge S600m to Khorgos Free Economic Zone, http://www.eurasianbusinessbriefing.com , 4 septembre 2015.
- Essarcompany hopes Russia will become India’s prime oil, gas supplier, http://www.therussophile.org , 4 septembre 2015.
- Le grand échiquier, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 11 octobre 2015.
- Mackinder, bouche tes oreilles ! , http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 4 novembre 2015.
- Les seigneurs de l’anneau, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, le 12 novembre 2015.
- Moscou ou la technique du rhinocéros, http://leblancetlenoir.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 12 novembre 2015.
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vendredi, 25 mars 2016
La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»
La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»
par Živadin Jovanovic, président du «Belgrade Forum for a World of Equals»
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
Débuts mars, je suis de retour de Chine. J’y ai participé à un laboratoire d’idées de l’Initiative «Nouvelle Route de la soie du XXIe siècle», fondée par le président chinois Xi Jinping en 2013. La conférence a eu lieu dans la région chinoise de Shenzhen, avec 80 participants d’une cinquantaine de pays de l’Europe, de l’Asie, du Proche-Orient et de l’Amérique latine. Des représentants officiels importants de nombreux pays y participaient, par exemple d’importants diplomates israéliens, iraniens, biélorusses, kirghizes, afghanes et kazakhes. On y trouvait des politiciens connus comme l’ancien chancelier autrichien Alfred Gusenbauer, l’ancienne présidente kirghize Rosa Otunbayeva et d’autres personnes.
La conférence a été organisée par le Chinese Center for Contemporary World Studies (CCCWS), le gouvernement de la ville de Shenzhen et l’Université Fudan de Shanghai. L’Association internationale de la Nouvelle Route de la soie a été fondée et la Déclaration de Shanghai a été divulguée.
Les invités visitèrent en outre Pékin, Chongqing et le district Dazu dans la province de Sichuan. Shenzhen est le centre de la production de téléphones portables et a, avec ses 13 millions d’habitants, une population presqu’aussi grande que Hongkong. Les visiteurs furent accueillis par une représentation du gouvernement, par des politiciens et des scientifiques de Pékin.
J’ai appris que Chongqing est la plus grande ville de Chine. Elle est située au bord du fleuve Yangzi, a 33 millions d’habitants, produit chaque année 3 millions de voitures et 55 millions d’ordinateurs portables. Elle joue un rôle central pour la relation de la Chine centrale vers l’est en direction de l’Océan pacifique et vers l’Asie du Sud-Est, et vers l’ouest en direction de l’Asie centrale, la région de Volgograd en Russie et l’Europe centrale. Les présidents chinois et russe, Xi Jinping et Vladimir Poutine soutiennent particulièrement cette relation entre Chongqing et Volgograd.
La Route de la soie est un projet d’envergure mondiale pluridimensionnel, ayant pour but la modernisation et l’intensification du partenariat financier entre la Chine, l’Asie, l’Afrique et toute l’Europe. Ceci permet l’évolution économique tout le long de l’immense ceinture de la nouvelle Route de la soie et intensifie la collaboration culturelle, instaure la compréhension et la confiance mutuelle entre les Etats et les civilisations. Pour la réaliser, il est nécessaire de construire ou de moderniser les routes, les chemins de fer, les installations pour les transports maritimes, le réseau aérien, les systèmes énergétiques et de communication, la production industrielle et agroalimentaire. Environ 900 milliards de dollars de fonds chinois sont nécessaires. L’UE devrait contribuer 315 milliards de dollars en plus pour assurer le plein succès du projet. Cependant, selon certaines sources, l’UE ne serait en mesure d’assurer actuellement que 60 milliards et a demandé le reste du montant à la Chine. Pour le moment, les Etats-Unis ne semblent pas vouloir participer ou soutenir cette initiative chinoise pour la nouvelle Route de la soie.
Les Etats-Unis n’ont pas adhéré à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, en réalité d’origine chinoise, (Asian Infrastructure Investment Bank – AIIB) malgré le fait que cette banque ait attiré déjà plus de 60 pays qui en sont membres, y compris les plus proches alliés des Etats-Unis en Europe, telle la Grande-Bretagne. Par contre, on croit observer que les Etats-Unis tentent de rassembler tous les pays de l’espace asiatique et pacifique, ayant pour une raison ou une autre une tendance à hésiter à collaborer avec la Chine ou bien ayant des conflits avec elle. Ainsi, les Etats-Unis tentent de créer un contrepoids à cette initiative chinoise ou même de la bloquer. Washington n’est guère ravi de la participation de l’Union européenne à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Pour cette raison, les Américains multiplient leurs efforts pour pousser Bruxelles à accepter le TTIP aussi rapidement que possible et à mettre cet accord de libre-échange transatlantique en vigueur. C’est une sorte de course de la vie à la mort, pas seulement entre adversaires, mais également entre pays habituellement alliés. Pour certains pays, cela s’explique en raison de causes économiques, pour d’autres en raison de causes géopolitiques.
Outre l’UE, adhérente à cette initiative notamment pour des raisons économiques, il s’est formé, il y a trois ans, le groupe «Chine plus 16» pour soutenir les intérêts des pays d’Europe centrale et du Sud-Est au sein de cette initiative. Pour le moment, la Chine a mis à disposition 10 milliards de dollars à ce groupe particulier pour divers projets d’infrastructure. La Serbie devrait obtenir 1,5 milliard de dollars, ce qui attribue une certaine importance à ce pays. Une partie de ce montant a déjà été investie dans la construction de deux ponts – l’un sur le Danube, l’autre sur la Sava. Le reste est réservé à la modernisation de la voie ferroviaire entre Belgrade et Budapest. Ce n’est que le début de la modernisation du «corridor européen no 10» qui reliera les ports de Pirée et de Thessaloniki en Grèce avec l’Europe centrale et septentrionale.
La Chine a également entrepris la construction d’une autoroute entre Belgrade et Bar (situé au Monténégro sur la côte adriatique), et le projet thermoélectrique «Obrenovac II». Simultanément, des négociations sont en cours pour la construction d’un parc industriel dans une zone franche, qui sera le premier projet de ce type dans cette partie de l’Europe. Dans tous les projets serbo-chinois, il est prévu de respecter méticuleusement les normes européennes élevées de la protection de l’environnement. Certains participants de la Conférence de Shenzhen ont souligné l’importance de relier les «trois mers», donc la mer Adriatique, la mer Noire et la mer Baltique. Pour ce faire, la voie navigable du Danube sera améliorée et modernisée.
L’initiative de la Nouvelle Route de la soie (en bref: «Une ceinture – une Route») tout juste lancée, il y a quatre ans, comprend déjà dans son projet, le long de cette ceinture, 75 zones franches avec des parcs industriels dans 35 pays. Environ 950'000 personnes ont trouvé un emploi et ces activités ont rapporté jusqu’à présent plus de 100 milliards de dollars de recettes fiscales aux pays participants. S’y ajoutent de nouvelles autoroutes, des lignes de chemins de fer, des ports et des ponts. C’est donc un début prometteur pour cette initiative «Nouvelle Route de la soie», malgré la misère du reste de l’économie mondiale. •
(Traduction Horizons et débats)
Terroristes en Chine et en Syrie
«Un rôle-clé dans l’initiative de la nouvelle Route de la soie doit être attribué à l’actuelle région autonome ouïgoure du Xinjiang où passaient autrefois deux des anciennes voies commerciales les plus importantes au nord et au sud du désert du Taklamakan. […] Depuis les années 1990, il y a constamment des troubles au Xinjiang et des attaques terroristes visant les Chinois Han vivant dans la région. Bien qu’il y ait depuis l’époque des Han, des Chinois ethniques vivant au Xinjiang – dont la part de la population n’a guère changé depuis le début du XIXe siècle – et bien que la République populaire de Chine ait une des lois sur les minorités les plus progressistes du monde, il reste une petite partie des Ouïgoures percevant la politique chinoise comme une menace pour leur ethnie et aspirant donc à un Etat indépendant. […] Le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), fondé par des terroristes ouïghours, a revendiqué la responsabilité de plusieurs attentats au Xinjiang et dans d’autres parties de la Chine. Il n’aspire pas seulement à l’indépendance du Xinjiang, mais également à l’installation d’un califat d’Asie centrale. Aux services de quels pouvoirs se trouve le MITO, relève de plusieurs circonstances intéressantes: après les attaques contre le World Trade Center de New York le 11 septembre 2001, il fut placé sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis et en fut à nouveau biffé en 2004. Aujourd’hui, les unités du MITO se battent aux côtés des groupes terroristes en Syrie. Comme d’autres forces anti-syriennes, le MITO profite du soutien de la Turquie. C’est ainsi que la ville de Jisr al-Choghour, près de la frontière turque entre Idleb et Lattaquié, a été colonisée à l’aide des services de sécurité turques après sa ‹libération› des Ouïghours exilés – beaucoup d’entre eux étant venus de la Turquie – et sert depuis de camp d’entraînement pour le MITO».
Extrait de Hannes A. Fellner: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16
«Coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées»
«Ce n’est donc pas un hasard si le gouvernement chinois actuel utilise pour son initiative le nom de ‹Route de la soie›. Pour la République populaire, il est synonyme, en tant que paradigme – dans l’esprit de la stratégie chinoise du soft power –, pour un échange économique et culturel, basé sur la coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées. L’initiative «une ceinture – une route» vise d’abord à l’intégration, dans une zone économique commune, des pays et régions limitrophes à l’ancienne Route de la soie (Chine, Afghanistan, nord de l’Inde et du Pakistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan, nord de l’Iran, Irak, Syrie). La procédure est de développer les infrastructures, de simplifier et d’intensifier le commerce et de renforcer les contacts culturels. Le plan prévoit, entre autre, la construction de lignes de chemins de fer pour les trains à grande vitesse d’une longueur de 80?000 kilomètres.»
Extrait de Hannes A. Feller: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16
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Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine
Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine
Les États-Unis et les Philippines ont annoncé vendredi dernier que cinq des bases militaires du pays seraient ouvertes aux forces américaines en vertu de l’Accord de la coopération renforcée de défense (EDCA). La mise en œuvre de l’accord sur les bases militaires aux Philippines n’est qu’un des composants de l’accélération du renforcement militaire des États-Unis dans la région Indo-Pacifique dans le cadre de l’encerclement et des préparatifs de guerre contre la Chine.
Les deux pays ont signé l’accord EDCA en 2014, mais la Cour suprême des Philippines vient seulement de rejeter les contestations judiciaires à l’accord en janvier. L’annonce de la semaine dernière faisait suite à deux jours de discussions de haut niveau à Washington autour d’une offre par l’administration philippine faite en février pour rendre huit bases militaires disponibles aux militaires américaines.
Les cinq « lieux convenus » comprennent la base militaire aérienne Antonio Bautista, sur l’île de Palawan, directement adjacente aux îles contestées de Spratley dans la mer de Chine méridionale. Au cours de la dernière année, Washington a considérablement accru les tensions avec Pékin, en dénonçant ses activités de remblaiement dans les îles et la « militarisation » de la mer de Chine méridionale. En octobre dernier et à nouveau en janvier, les destroyers de la marine des États-Unis ont directement contesté les revendications maritimes chinoises par intrusion dans la limite territoriale de 12 milles marins autour des îlots administrés par la Chine.
L’armée américaine aura également accès à la base aérienne de Basa au nord de Manille, le Fort Magsaysay (une base militaire énorme), la base aérienne de Lumbia au Cebu et la base aérienne de Mactan-Benito Ebuen à Mindanao. Le Secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, doit se rendre à Manille le mois prochain pour finaliser les arrangements. Cependant, l’ambassadeur américain aux Philippines, Philip Goldberg, a déclaré aux médias qu’il s’attendait à ce que le mouvement initial des fournitures et du personnel commence « très bientôt. » Le Congrès américain a mis de côté 66 millions de dollars pour la construction d’installations militaires aux Philippines.
Pékin a condamné la nouvelle entente sur les bases militaires et a mis en garde contre le risque de conflit. Un commentaire publié samedi par l’agence de presse Xinhua appartenant à l’État a accusé Washington de « troubler les eaux de la mer de Chine méridionale et de faire de l’Asie-Pacifique un second Moyen-Orient. » Le lundi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a souligné l’hypocrisie des États-Unis, accusant la Chine de « militariser » la mer de Chine méridionale, en criant : « n’est-ce pas ce genre de renforcement continu des déploiements militaires en mer de Chine méridionale et dans les régions avoisinantes qu’ils considéraient comme de la militarisation ? »
Au moment où les États-Unis se préparaient à redéployer les forces militaires dans leur ancienne colonie, le général Dennis Via, chef du Materiel Command de l’armée américaine, a révélé aux médias la semaine dernière que Washington avait obtenu d’autres accords sur des bases militaires en Asie, dont le Vietnam, le Cambodge et d’autres pays qui n’ont pas été nommés. En vertu de ces accords, l’armée américaine sera en mesure de stocker des équipements pour permettre à ses troupes d’être déployées plus rapidement dans la région.
Via a souligné que les « ensembles d’activités » seraient axés sur les opérations de faible intensité telles que les exercices multinationaux de formation et les opérations de secours. « Nous regardons, par exemple, vers le Cambodge pour le placement d’un hôpital de soutien au combat », a-t-il dit.
Les assurances qu’une présence militaire américaine sera bénigne sont sans valeur. Comme aux Philippines, le Pentagone avance avec précaution afin de ne pas enflammer immédiatement une opposition à une présence militaire étrangère. Dans le cas du Cambodge et du Vietnam, la mort et la destruction causées dans les deux pays par la guerre néocoloniale de Washington dans les années 1960 et 1970 sont profondément gravées dans la conscience populaire.
Washington a déjà noué des relations plus étroites diplomatiques, économiques et militaires avec le régime vietnamien, y compris le soutien de sa position plus agressive dans ses différends avec la Chine en mer de Chine méridionale. Les États-Unis ont levé l’embargo sur la vente d’armes au Vietnam, ont mené des exercices militaires conjoints et cherchent un meilleur accès aux installations portuaires. Toutefois, le placement des fournitures de l’armée américaine à l’intérieur du Vietnam pour la première fois depuis que les troupes américaines ont été contraintes de se retirer en 1975 marque un tournant dans la collaboration du régime avec l’impérialisme américain.
Beijing sera encore plus préoccupé par la décision du Cambodge d’accueillir des équipements militaires américains. Le régime cambodgien a des liens étroits avec la Chine et a tenté de bloquer les efforts américains visant à faire pression sur l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour qu’elle prenne une position plus conflictuelle contre la Chine sur la mer de Chine méridionale. Néanmoins, les États-Unis ont développé des liens de défense avec le Cambodge depuis 2006. Ceux-ci comprennent un peu d’entraînement, des droits de faire escale, et des exercices conjoints. Washington a également exploité l’Initiative du sud du Mékong (LMI) afin d’enfoncer un coin entre d’une part le Cambodge, le Vietnam, le Laos et la Thaïlande, et de l’autre, la Chine qui construit des barrages sur le cours supérieur du fleuve Mékong.
Les accords de bases militaires les plus récents avec les Philippines, le Vietnam et le Cambodge viennent conforter le stationnement des navires de combat côtier de la marine des États-Unis à Singapour et la collaboration militaire plus étroite avec l’Indonésie et la Malaisie. L’expansion rapide de la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est va de pair avec la restructuration des bases militaires américaines permanentes en Corée du Sud, au Japon et à Guam, la mise à niveau du partenariat stratégique des États-Unis avec l’Inde, et les préparatifs du stationnement de bombardiers stratégiques de longue portée dans le nord de l’Australie.
Ce renforcement militaire de la part des États-Unis fait partie du « pivot vers l’Asie » que l’Administration Obama avait annoncé officiellement en 2011, une stratégie globale diplomatique, économique et militaire visant à subordonner la Chine aux intérêts de Washington. Le « pivot » a considérablement enflammé les poudrières potentielles de la guerre dans toute la région, et en particulier à travers ses activités provocatrices dans la mer de Chine méridionale.
À Canberra la semaine dernière, l’amiral Scott Swift, commandant de la Flotte du Pacifique des États-Unis, a lancé une autre bordée contre la Chine, déclarant que « la liberté des mers » était « de plus en plus vulnérable à une résurgence menée par un état du principe que la force fait le droit. » Il a déclaré qu’il était troublé par « les signes indéniables de militarisation dans certaines parties de la région, sans précédent par leur étendue et leur échelle. »
Le cynisme de ces déclarations ne connaît aucune limite. La marine américaine a non seulement réalisé deux opérations de « liberté de navigation » dans les eaux territoriales revendiquées par la Chine, mais aussi, plus tôt ce mois-ci, elle a envoyé le porte-avions nucléaire, le USS John C Stennis, avec son groupe d’attaque associé, en mer de Chine méridionale pendant quatre jours d’exercices et de patrouilles. Au cours du dernier quart de siècle, les États-Unis sont passés outre et ont foulé aux pieds le droit international sur la base de « la force fait le droit » en se livrant à une succession continue de guerres, interventions militaires et provocations.
Maintenant, Washington se prépare à la guerre à une échelle encore plus terrible avec la Chine en mettant les pays de la région sous pression afin de les faire rentrer dans les rangs. La visite de Swift à Canberra coïncide avec une campagne concertée pour faire pression sur le gouvernement australien pour monter sa propre opération « liberté de navigation » dans la mer de Chine méridionale – un exercice militaire téméraire qui implique toujours le risque d’une erreur de calcul ou une erreur déclenchant un conflit plus large.
- Source : WSWS
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lundi, 29 février 2016
L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione
L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione
Dottor. Vattani, quest’anno ricorre il 150° anniversario delle relazioni italo-giapponesi, un rapporto che è cominciato ufficialmente nel 1866, pochi anni dopo l’Unità. Come si spiega questa storica amicizia tra due paesi così distanti geograficamente e culturalmente?
Il 1866 è un momento importantissimo nella storia delle relazioni tra Italia e Giappone ma va anche contestualizzato. Sono due paesi che a quella data hanno subito delle profonde trasformazioni: uno si è unificato e sta diventando un protagonista internazionale, l’altro sta attraversando una fase interna di cambiamento strutturale volta alla modernizzazione, all’industrializzazione e, in parte, all’occidentalizzazione proiettandosi anch’esso, con la volontà di potenza tipica della fine dell’Ottocento, sullo scacchiere internazionale. Da quel momento le loro storie hanno seguito un percorso parallelo nelle rispettive regioni. L’Italia fa parte dell’Europa continentale solo perché la unisce un lembo di montagne, ne fa parte ma ne è anche in qualche modo isolata, in competizione con i propri vicini immediati. Questo spinse i governi post-unitari a cercare alleanze con chi fosse più simile alla nostra posizione come il Regno Unito. Per il Giappone lo status quo era molto simile, proiettato in Asia nel tentativo di costruire stabili relazioni con i vicini ma in forte competizione con la Cina e la Russia zarista. A questi fattori di similitudine geopolitica possiamo aggiungerne altri interni come la scarsità di risorse, di materie prime e una popolazione concentrata in modo non omogeneo sul territorio. Ma non sarebbe corretto dire che l’Italia e il Giappone arrivano a conoscersi solo in questo momento di trasformazione. I loro rapporti erano infatti di lunga data. Abbiamo prontezza di importanti missioni risalenti a più di cinquecento anni fa, così come è accertata la presenza italiana a Yokohama con i corallari di Torre del Greco e i semai piemontesi molto tempo prima della rivoluzione Meiji. L’Italia in qualche mondo c’era sempre stata e con interessi commerciali fortissimi. Si andava a comprare i bachi da seta e, sebbene non avessimo ancora firmato un accordo diplomatico, avevamo degli inviati come Fe’ d’Ostiani e Sallier de La Tour, piemontesi del Regno di Sardegna, i quali impostarono fin da subito un rapporto da pari tra i nostri due paesi, a differenza di quanto fecero gli altri europei. C’era un profondo rispetto da parte nostra che si era radicato già nell’incontro avuto nel 1615 da papa Paolo V con Hasenura Tsunenaga, inviato dell’Imperatore; il Pontefice riconobbe non dei pagani semiselvaggi da convertire ma interlocutori colti, raffinati, poliglotti e questo mutuo rispetto si è saldato e sviluppato nel tempo. Riprendendo le fila della domanda iniziale, la data del 1866 è importantissima ma ricordiamoci che ci conoscevamo già da prima, ci rispettavamo a vicenda e riuscivamo già ad avere accesso alle zone chiuse del paese. I semai, per esempio, potevano girare tranquillamente per il paese accompagnati dai nostri diplomatici in posti dove altri europei non erano ammessi. In una dichiarazione del 1887 il primo ministro Inoue disse: “L’Italia, vera amica del Giappone, senza secondi fini, è la Gran Madre delle nazioni occidentali dalla quale esempi debbono essere cercati”. Un riconoscimento notevole al ruolo del nostro Paese.
Del resto l’opinione pubblica italiana in un momento delicato come la guerra russo-giapponese del 1905 si schierò dalla parte di Tokyo e a Tsushima erano presenti due navi da guerra costruite a Genova. Così come il Regno Sardo aveva combattuto contro il gigante austriaco allo stesso modo il Giappone affrontava il gigante zarista.
Certamente, le navi furono armate dai genovesi e vendute al Giappone nel 1903. Erano la Kasuga e la Mikasa, progettate dall’ingegnere italiano Salvatore Positano. Emilio Salgari inoltre, proprio in quel periodo, scrisse un libro dal titolo L’eroina di Port Arthur, ambientato nella guerra russo-giapponese da cui emerge il suo incondizionato appoggio alle ragioni nipponiche. Nel libro descrive “il buono e bravo giapponese”, le “forze armate splendidamente organizzate, in marce meravigliose per celerità”. Gli italiani simpatizzavano per il Giappone insomma, cosa strana perché non bisogna dimenticarsi che in Europa questo era il periodo del pericolo giallo. C’è un interessante quadro di Hermann Knackfub del 1895 che descrive bene questa nuova paura verso i popoli asiatici agli inizi del Novecento. In questo senso possiamo dire che l’Italia ha un credito nei confronti del Giappone per il suo sostegno durante la guerra russo-giapponese. Ma questi fatti purtroppo sono stati oscurati da quanto avvenuto negli anni ’30 e ’40 e questa sorta di special relationship che avevamo costruito venne, se non dimenticata, messa in secondo piano. Se ne approfittarono i francesi che, ad esempio, sotto il governo Chirac investirono fortemente nel paese del Sol Levante quasi a reiventare un rapporto di amicizia stretta che non c’era mai stato. Un francese avrebbe da ridire su questo, ma c’è da precisare che ad esempio quando lo Shogun (signore della guerra N.d.R.) perse il suo potere durante la rivoluzione Meiji, i francesi rimasero fedeli agli accordi con il Bakufu (governo militare, N.d.R.) e si trovarono anche a sostenere i ribelli contro l’Imperatore come nella battaglia di Hakodate. L’Italia invece era riuscita a capire la profondità del cambiamento e firmò un accordo con il governo imperiale di Mutsuhito.
D’Annunzio raccontava di non saper resistere alla cultura giapponese e di aver speso una fortuna nell’acquisto di opere, vasi, dipinti. Puccini colse a piene mani dalla lirica nipponica, Edoardo Chiossone fu direttore nel 1872 dell’Ufficio Valori del Ministero delle Finanze di Tokyo. Al contrario, che cosa trovavano, e trovano ancora oggi, i giapponesi nell’Italia?
Se parliamo di questioni pratiche, dal punto di vista giapponese l’Italia era vista a quei tempi come una specie di banca culturale. C’era tutto. Bastava venire a Roma, Torino, Firenze per vedere quelle che erano le arti e l’eccellenza dell’architettura, del disegno, dell’arte figurativa, della scultura; tutto ciò che aveva quei caratteri occidentali, possiamo dire le radici dell’Occidente, loro sentivano di trovarlo in Italia. Bisogna anche considerare che i giapponesi, ieri come oggi, hanno sempre attuato una politica di “shopping culturale” diversificato. Il sistema educativo, per esempio, fu ispirato a quello tedesco e ancora oggi se leggiamo Mori Ogai, uno scrittore del primo Novecento, notiamo questo tipo di impostazione nei suoi scritti, così come nelle uniformi militari ispirate a quelle scolastiche e di servizio della Prussia di Bismarck. Tutto quello che era tecnica della navigazione, marina militare fu preso dagli inglesi. Quanto aveva a che fare invece con urbanistica, architettura, organizzazione amministrativa, cultura in senso ampio, il modello di riferimento era, come detto, l’Italia. Oggi, saltando un attimo al presente, fanno un altro tipo di “shopping culturale” che, nel bene e nel male, tende a semplificare forse eccessivamente la loro visione dell’Occidente. L’Italia è associata con il classico, il romano, il Barocco ma soprattutto il Rinascimento. E si fermano qui. Dunque è necessario uno sforzo, specialmente da parte nostra, per far conoscere ai giapponesi anche l’Italia che è venuta dopo il Rinascimento. Quest’anno festeggiamo i 150 anni delle relazioni italo-giapponesi; i grandi sponsor nipponici che organizzano esposizioni, mostre, in generale l’offerta culturale italiana nel Sol Levante, sono i grandi media nipponici (spesso proprietari degli spazi museali ed espositivi) che guadagnano sulla vendita di biglietti. Trasferiscono l’oggetto d’arte, creano la domanda, vendono il biglietto. Così l’Italia continuerà a vendere e mostrarsi sempre per le stesse cose sminuendo un patrimonio immenso e non attecchendo come potrebbe su un pubblico che non comprende solo visitatori e turisti ma anche potenziali investitori, imprenditori, politici. Se la società civile giapponese continua ad avere una visione dell’Italia che è sempre la stessa, il nostro lavoro consiste nel continuare a promuovere la multiforme varietà dell’offerta italiana. Questa secondo me è la sfida del futuro da vincere. Molti giapponesi, per fare un esempio, non si rendono conto che noi siamo grandi esportatori di macchinari e alta tecnologia, pensano unicamente ai vini, ai prosciutti, alla moda dimenticando che produciamo parti di aerei e satelliti. Il 150° anniversario è una occasione proprio per farci conoscere meglio.
Riprendendo un attimo le fila del percorso storico parallelo dei due paesi, non si può non menzionare il Patto Tripartito del settembre 1940. Quell’alleanza fu in qualche modo il logico risultato del rapporto costruito negli anni oppure fu una sorta di tragico errore o di tragica patologia delle relazioni internazionali come si stavano strutturando agli inizi del Novecento?
Secondo me bisogna distinguere tra l’alleanza italo-tedesca, l’alleanza italo-giapponese e quella giapponese-tedesca. Sono tre componenti diverse. Non sono uno storico, ma semplificando possiamo dire che l’alleanza italo-giapponese era quella più “tradizionale”, cioè una alleanza militare stretta da paesi che stavano tentando la carta coloniale in un momento in cui era impensabile riuscire a sostenere ancora quel tipo di politica. Ma era un accordo che si basava sul nemico comune cioè gli inglesi, in quanto ostacolo all’espansione fascista in Africa e giapponese in Manciuria. In quel periodo, nonostante Tokyo avesse interessi in Etiopia, decisero di rinunciarvi come contropartita al riconoscimento italiano del Manciukuò. Due paesi che si alleano condividendo progetti e problemi simili. I tedeschi avevano una visione opposta, gli inglesi fino al 1940 non erano il nemico principale quindi la loro alleanza con i giapponesi ebbe premesse diverse. Roma, Berlino e Tokyo furono in qualche modo attirate nell’orbita di una alleanza, che sfocerà nel Patto Tripartito, sebbene le rispettive condizioni storico-politiche iniziali fossero del tutto differenti. Alcuni ambienti diplomatico-militari italo-giapponesi fino ad un certo momento avevano sperato in una alleanza difensiva e quasi neutralizzante tra Roma e Tokyo. Invece l’accordo con la Germania nazista era di per sé molto pericoloso, immediato e aggressivo. Quindi c’era una differenza tra l’alleanza italo-giapponese e quello che fu il Patto Tripartito, una tragica decisione foriera di grandi drammi e orrori. E in questa tragedia ci sono però degli aspetti umani molto profondi che sono stati dimenticati, come quando i sottomarini italiani oceanici combatterono a fianco dei giapponesi a Kobe fino allo sgancio delle bombe atomiche, quando l’Italia si era già arresa da tempo. E’ vero quindi che quella della Seconda Guerra Mondiale è una storia triste e dolorosa, ma se raccontata in modo sano e senza forzature ideologiche, come storia di uomini, possiede anche tratti commoventi. Gli stessi giapponesi quando vengono a sapere del sacrificio dei marinai italiani a Kobe per combattere insieme a loro finiscono per commuoversi, rendendosi conto che, dopo tutto, non erano rimasti soli.
Il Giappone e l’Italia sembrano per alcuni versi molto distanti tra loro ma per altri più vicini di quanto possa sembrare. Una popolazione che invecchia progressivamente, una economia che ha difficoltà a ritrovare una crescita slanciata, un alto debito pubblico. I governi Kan, Noda e Abe hanno tentato di invertire la tendenza con varie riforme di cui l’ultima è la nota Abenomics che sembrava aver avuto successo ma adesso sta rallentando. Dati questi fattori comuni, c’è qualcosa che l’Italia potrebbe prendere ad esempio per invertire la propria tendenza?
Senz’altro esistono queste similitudini e se osserviamo i nostri due Paesi con la lente del 150° anniversario ci rendiamo conto che il loro percorso storico parallelo è stato un insieme di sfide e opportunità comuni. Abbiamo parlato della guerra ma possiamo guardare anche al dopoguerra, quando Giappone e Italia dovettero superare la sfida della ricostruzione economico-sociale a fronte delle devastazioni lasciate dal conflitto. Per quanto riguarda i problemi contemporanei, è vero che abbiamo entrambi un alto debito pubblico ma il Giappone può ancora agire sulle leve delle politiche monetarie cosa che l’Italia non può più fare. Quindi dovrebbe essere l’UE nel suo insieme a prendere di esempio alcune misure della Abenomics. Ma sul fronte di altre sfide importanti l’Italia più che ispirarsi dovrebbe collaborare. Il nostro paese soffre l’afflizione ad esempio del dissesto idrogeologico e sismico, i quali sono connessi a loro volta al progressivo inurbamento e all’abbandono delle campagne. L’invecchiamento della popolazione infatti non ha effetti solo su fisco, economa, assistenza sociale e sanitaria ma anche sul territorio. Il Giappone deve affrontare le stesse difficoltà che però, se interpretate nell’ottica di una mutua collaborazione, possono diventare delle opportunità. Pochi altri paesi industrializzati al mondo hanno i nostri stessi problemi in tema di prevenzione dei disastri, alluvioni, terremoti. L’Italia può presentarsi in questo settore con ottime credenziali dal punto di vista della tecnologia satellitare, aerospaziale e di controllo del territorio e dovremmo farlo conoscere ai giapponesi: il mio ufficio sta lavorando proprio a questo nell’anniversario dei 150 anni di relazioni bilaterali. Esso deve essere infatti non solo un momento di celebrazione culturale ma anche proattivo strumento di promozione. In questo senso poi lo scambio è ovviamente bilaterale: i giapponesi sono i maggiori esperti di prevenzione alluvionale e terremoti. Sull’invecchiamento della popolazione si può agire tramite domotica e tecnologia quotidiana per migliorare la vita di anziani e disabili. Design, architettura, robotica, medicina, farmaceutica, settori in cui entrambi siamo all’avanguardia possono intersecarsi e trovare soluzioni tanto per una popolazione che invecchia quanto per le necessità economiche e lavorative dei più giovani. Se riuscissimo a costruire un rapporto ancora più stretto in questi settori il Giappone e l’Italia potrebbero creare una partnership strategica di notevole valore.
Con questo ha risposto alla mia domanda successiva che partiva dalle dichiarazioni del Presidente Renzi durante il suo viaggio in Giappone. Dopo l’incontro con l’Imperatore Akihito e il Primo Ministro Abe aveva infatti dichiarato che “Le relazioni tra i nostri due paesi sono cruciali”.
Certamente, non dimentichiamo che oltre ad essere un partner commerciale in tutti i settori che abbiamo enumerato il Giappone è anche un partner politico in Asia. E’ un paese che in un contesto regionale molto differenziato, anche con problemi di sicurezza, ha una costituzione democratica, vicino ai valori fondamentali che anche noi riconosciamo, con un sistema di welfare simile al nostro. E’ uno Stato con cui mantenere sempre rapporti immediati, diretti. Siamo già ad un ottimo livello soprattutto dal punto di vista culturale e politico, ma si può sempre fare di più ed è bene impegnarsi per questo. Cercare di accelerare e potenziare i nostri scambi su alta tecnologia, aerospazio, farmaceutica e sulle sfide che ci accomunano. Yukio Mishima è stato uno dei romanzieri più conosciuti in Occidente, rimasto indissolubilmente legato, in modo forse anche un po’ fuorviante, alla critica che aveva mosso contro la perdita delle tradizioni, delle radici culturali e quella che lui chiamava la “svendita” dell’anima giapponese all’Occidente. Si uccise nel 1970 proprio nel momento in cui il suo Paese era nella fase ascendente di sviluppo. Oggi, arrivati nel XXI secolo, come vive il Giappone il rapporto con l’Occidente e quanto le tradizioni sono riuscite a riequilibrare e bilanciare la società tra queste due sponde? Io su questo ho una mia personale opinione che si basa sulla mia osservazione e sulle mie esperienze anche famigliari con il Giappone. Secondo me è difficile parlare di una occidentalizzazione del Sol Levante; fin dai tempi della rivoluzione Meiji i giapponesi sono sempre stati molto pragmatici. Quando vedono che c’è un sistema migliore del loro lo assorbono ma lo fanno senza mai incidere sul nocciolo della loro struttura identitaria. Ci sono stati momenti in cui questo nocciolo influenzava di più i comportamenti esterni e altri dove i comportamenti esterni hanno attecchito di più ma nella sostanza i giapponesi sono rimasti giapponesi e solo loro possono essere giapponesi. Quello che vediamo però è che ci sono state delle fasi importanti nella storia giapponese in cui il paese ha guardato molto all’esterno mantenendo però una forte identità interna, forse anche come meccanismo difensivo. Si prendeva dagli inglesi, dagli olandesi, dai tedeschi e si rielaborava assorbendo e superando. Quando dopo la Seconda Guerra Mondiale ci fu l’occupazione americana i giapponesi capirono che accettare lo status quo era un modo per sopravvivere liberi. Non hanno assunto quindi comportamenti occidentali perché gli piaceva l’occidente ma per salvarsi dall’occidente e dopo pochi anni, grazie a quei sistemi, sono rimasti indipendenti, liberi e con una Costituzione democratica che, anche se imposta dall’esterno, hanno accettato in quanto prodotta da un sistema, quello americano, che aveva vinto e quindi doveva essere per forza di cose funzionante. Oggi il primo ministro Abe rappresenta ancora una volta una fase nuova; egli si è posto, rispetto alla Storia, e lo si è visto nell’anniversario della fine della guerra del Pacifico lo scorso 14 agosto, un obiettivo di riassorbimento nella coscienza collettiva e di superamento. E non si tratta solo di narrativa politica ma di un cambiamento di posizione che nulla toglie al rimorso per quanto occorso nell’ultimo conflitto; si sono accettati gli errori e le responsabilità ma ci si è posti allo stesso tempo la necessità di guardare al futuro. Questo si riflette in tutti i comportamenti giapponesi che, una volta identificato un obiettivo, si impegnano fino al suo completo raggiungimento. L’Abenomics, il nuovo sistema di sicurezza regionale con gli Stati Uniti, l’introduzione dell’inglese nelle università, le Olimpiadi del 2020 e tutto ciò che queste riforme significano come processo di modernizzazione non eliminano nulla dal nocciolo identitario. Ma è certamente un momento in cui si sta pensando ad un Giappone diverso, nuovo, e ciò si è visto anche nella rimodulazione dei rapporti regionali e in una politica estera più attenta ai paesi dell’Asean.
Proprio in connessione al tema delle riforme, il primo ministro sta portando avanti una dura battaglia con la Dieta Imperiale per riformare l’art. 9 e dare alle Jieitai, le forze di autodifesa, la possibilità di essere impiegate all’estero in operazioni di peacekeeping. Da un lato vuole rimettere il Giappone in linea con altre nazioni, dall’altro però c’è un timore di possibili inasprimenti delle tensioni presenti nell’area. Come mai allora, nonostante queste tensioni nel Pacifico con la Corea del Nord, con la Cina e le dispute sulle Senkaku, Abe sta incontrando così tante resistenze nella società giapponese?
E’ difficile dirlo da osservatori esterni. Innanzitutto c’è il dibattito politico interno, perché si tratta di un tema costituzionale talmente radicato nel sistema educativo giapponese che, nel bene e nel male, coinvolge quasi tutti. E’ ovvio che se questa riforma viene presentata con toni sbagliati, come una sorta di ritorno indietro allora può creare numerose difficoltà al governo. Ma è comunque un dibattito aperto e c’è chi perfino sostiene che non c’è bisogno di modificare l’art. 9 per partecipare a missioni di peace-keeping, che Tokyo in sostanza possa già intraprendere buona parte delle azioni richieste dalla comunità internazionale. Questo tema, tuttavia, rischia di polarizzarsi su un argomento, guerra-pace, molto delicato che però finisce per diventare fuorviante rispetto al problema. Soprattutto per noi è infatti più interessante cercare di capire, al di là del dibattito interno, quali siano gli effetti di questa riforma in Asia. E paradossalmente, a parte per qualche rimostranza cinese più diretta agli americani che non al Giappone, nella regione tutto tace. Tendenzialmente infatti, l’idea che nella regione ci sia un altro giocatore di peso militare importante è in realtà rassicurante per molti paesi più piccoli i quali, più che un riarmo giapponese, temono un disengagement americano. Questo è il vero problema: la paura che ci possa essere un reflusso isolazionista americano dalla regione asiatica. Il dibattito interno alla società giapponese è complesso, articolato, riguarda le loro motivazioni e il loro rapporto con la storia recente. Ma come si può ben vedere se la riforma dell’art. 9 dovesse passare non ci sarebbero alterazioni degli equilibri o un aumento critico delle tensioni, tutt’altro. Poiché ciò che preoccupa è come detto un ritiro progressivo degli Stati Uniti dall’Asia, l’idea di una potenza militare navale che ha uno stretto rapporto con Washington potrebbe anzi dare un senso di bilanciamento rafforzando l’equilibrio regionale.
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mardi, 09 février 2016
L'Amérique craint de perdre le contrôle de la Mer de Chine Méridionale
L'Amérique craint de perdre le contrôle de la Mer de Chine Méridionale
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
La carte ci-dessus montre l'ampleur des zones maritimes et côtières concernées. La partie sur laquelle la Chine revendique, non des droits maritimes exclusifs, mais de ne pas en être exclue par la marine américaine et celle de ses alliés notamment le Japon s'étend à l'intérieur de la limite dite des 9 points, dénommée aussi langue de boeuf du fait de sa forme.
Jusqu'à ces derniers temps, les Etats unis s'appuyaient sur un ensemble de moyens militaires d'une puissance exceptionnelle au monde, faits de porte-avions et leurs groupes d'accompagnements, de sous marins et missiles. La Chine, se sachant incapable de rassembler de tels moyens, s'était rabattue, comme nous l'avons ici plusieurs fois signalé sur des missiles terre-mer très sophistiqués capables dans certaines conditions de couler un porte-avion en une frappe unique. Mais cela n'était manifestement pas suffisamment. Elle a entrepris de construire des bases navales artificielles sur des ilots des archipel Paracel et Spratly en dépit du fait qu'elle n'y exerce qu'une souveraineté contestée par les Etats voisins. On a parlé de « porte-avions incoulables » (unsinkable carriers). Il y a quelques jours une compagnie aérienne chinoise y a fait atterrir deux avions civils, au grand émoi du Pentagone et de ses alliés.
Par ailleurs la Chine a mis en place une flottille de garde-côtes capable de « harasser », selon un mot de l'ancien commandant de U.S. Pacific Fleet, James Fanell , le commerce maritime des Etats alliés. Ceci est très exagéré, néanmoins là encore la Chine veut confirmer son rôle dans la Pacifique Sud.
Les Etats-Unis, dans leur volonté de réaffirmer leur présence militaire en Asie, selon le désormais célèbre « pivot vers l'Asie », dont Obama s'était fait le champion, se trouvent très embarrassés. Ils ne peuvent pas réagir militairement, sauf à déclencher une guerre conventionnelle avec la Chine, pouvant dégénérer en conflit nucléaire. Certains des candidats à la Maison Blanche s'y sont déclarés prêts, mais ils ne sont pas certains à ce jour d'être soutenus par l'opinion américaine. Quand aux actions diplomatiques, elles n'auront qu'en effet limité.
La "démission américaine"
Les néo-conservateurs américains font actuellement valoir que les Etats-Unis ont gravement démissionné face à la Chine. La Maison Blanche, disent-ils, comme le Congrès, sont plus attentifs aux évènements du Moyen Orient et à la volonté de pousser l'Otan aux portes de Moscou, qu'à ce qui se passe en Asie. La marine américaine souffre de restrictions budgétaires l'empêchant de renforcer – encore – ses moyens et de se doter d'un arsenal d'armes nouvelles analogues à celles développées par la Chine et la Russie. Les élections présidentielles enfin ne se focalisent pas comme elles le devraient sur le danger représenté selon eux par la Chine.
Les pays européens, notamment ceux ayant une présence maritime non négligeable, devraient-ils partager ces alarmes néo-conservatrices à l'égard d'un « danger chinois »? Il est certain qu'il ne faut jamais baisser les bras d'avance. Néanmoins, à supposer que la Chine prétendre exercer un contrôle renforcé sur les eaux de la Mer de Chine, elle ne pourrait pas prétendre l'étendre à des routes essentielles à son développement, notamment vers le canal de Suez, la Méditerranée, l'Europe et l'Afrique. Le climat est plutôt à la coopération avec la Chine, notamment dans le projet de Nouvelle Route de la Soie. Ceci exaspère les stratèges américains.
Ceux-ci, avec la mise en place d'un Traité Transpacifique qui asservira beaucoup de pays asiatiques aux exigences de Wall Street et du Pentagone, espèrent reprendre par des voies dites commerciales un contrôle en train de leur échapper sur les Etats côtiers de la « langue de vache ». Les pays européens n'acceptant pas d'être engagés dans un Traité Transatlantique (TTIP) présenté par la Commission européenne comme le complément indispensable du Traité Transpacifique, devraient trouver là une raison de plus pour refuser cette perspective.
10:48 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, politique internationale, états-unis, chine, asie, pacifique, océan pacifique, mer de chine méridionale, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Iran Completes Eurasian Golden Triangle
Sometimes profound tectonic shifts in the global politics arise from least noticed events. Such is the situation with Iran and the recent visit to Teheran of China’s President Xi Jinping. What emerged from the talks confirms that the vital third leg of what will become a genuine Eurasian Golden Triangle, of nations committed to peaceful economic development, is now in place. Now Iran, Russia and China have all indicated a will to cooperate that has the potential to change the current Western course of wars and destruction in favor of peace and cooperation. Consider some aspects of recent events since lifting of economic sanctions on Teheran only days ago.
What emerges in the public announcements following talks between China’s President and all top Iranian leaders from Prime Minister Rouhani to Iranian Parliament Speaker Ali Larijani and Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei, merely hints at what is clearly a profound shift in the relations between China and Iran. On January 23, an official Chinese Xinhua news agency statement on Xi’s Iran trip, the first by any Chinese leader in fourteen years, declared the visit will, “lift their ties to a comprehensive strategic partnership.” In Teheran the Chinese President noted, “China stands ready to work with Iran to seize the momentum and further elevate our relationship and practical cooperation, so as to usher in a new chapter for our ties featuring comprehensive, long-term and stable development.”
Developing the economic fibers
The content of that cooperation is of a major geopolitical and geo-economical importance for not merely Eurasia, but for the world. Iran has just formally requested to join the world’s most important infrastructure project, China’s One Belt, One Road initiative, often called the New Silk Road Economic Initiative. The New Silk Road initiative was first proposed during a September 2013 meeting in Astana between Xi and Nursultan Nazarbayev, the President of Kazakhstan. Kazakhstan today is also a member with Russia of the Eurasian Economic Union and also of the Shanghai Cooperation Organization. Keep these various threads of an evolving economic fiber in mind as we proceed.
Since that initial 2013 discussion in Astana, the One Belt, One Road has begun to transform the political and economic map of all Eurasia. Last year in talks in Moscow just prior to the May 9 Russian Victory Day celebrations, where Xi was a specially honored guest, Vladimir Putin announced that the Eurasian Economic Union–Russia, Belarus, Kazakhstan, Armenia and Kyrgyzstan–will formally integrate its own infrastructure development with China’s New Economic Silk Road.
Now the formal addition of Iran to the expanding Eurasian Silk Road is a giant positive step. It will allow Iran to break years of economic isolation and Western sanctions, and to do so over land where NATO color revolutions and other shenanigans are rendered largely impotent. It will open for the rest of Eurasia, especially China, but also Russia, vast new economic potentials.
Iran’s extraordinary resources
Iran has a young, educated population of more than 80 million, more than half under 35 years old, and a strategic land expanse twice the size of the state of Texas. It has the ninth highest literacy rate in the world–82% of the adult population, and 97% among young adults between 15 and 24 without gender discrepancy. Iran has 92 universities, 512 online University branches, and 56 research and technology institutes around the country with almost four million university students, one million of them medical students. One third or 31% are studying in Engineering and construction programs, one of the highest rates in the world. Iran today is not the primitive backwater many American policymakers imagine it to be. I’ve witnessed that first hand.
The country has also been blessed with vast undeveloped economic resources, not only its huge reserves of oil and natural gas. It is situated adjacent to Armenia and Azerbaijan on the north, Afghanistan and Pakistan on the east, and Iraq and Turkey on the west. The Persian Gulf and the Gulf of Oman lie south, and the Caspian Sea—the largest inland body of water in the world—lies to the north, giving Iran most of the water needed for its agriculture.
In terms of other natural resources it has one of the world’s largest copper reserves, as well as bauxite, coal, iron ore, lead, and zinc. Iran also has valuable deposits of aluminum, chromite, gold, manganese, silver, tin, and tungsten, as well as various gemstones, such as amber, agate, lapis lazuli, and turquoise. It’s a beautiful, rich country, as I can personally attest.
Now, by connecting the country to the expanding network of high-speed rail infrastructure in Eurasia’s One Belt, One Road, Iran’s future will become firmly tied to the most vibrant economic space on the planet–Eurasia–from the Pacific to India to Russia and, whenever the EU decides to stop being suicidal vassals to a Washington gone mad, also to Europe.
Notably, the peaceful economic relations between Iran and China go back some 2,000 years, when Persia was a key part of the ancient Silk Road trade route from China to the west. That fact was underscored by President XI. For the past six years, China has been Iran’s largest trading partner, which, despite western sanctions, reached $52 billion in 2014. That is now set to vastly increase, as Western sanctions are gone.
Iran as NATO pawn?
There are some who have speculated in recent months that, with US sanctions now lifted, Iran will become a pawn of Washington geopolitical games. While the Obama Administration clearly would relish the prospect, it will not happen. A recent event that has been covered up in Western, especially USA media coverage, illustrates Iran’s clear intent to defend its autonomy and sovereignty, much as her allies China and Russia do, all to the chagrin of NATO and the Pentagon.
In early January Iran seized two US Navy small ships that had violated its territorial waters in the Persian Gulf. They were captured and boarded and the 10 sailors on board taken into custody before being released, unharmed, allowed to continue their journey in their own boats. Their boats had “wandered” into Iranian territorial waters around Farsi Island.
US Defense Secretary Ash Carter claimed it was “apparently” because of mechanical and navigational failure. Farsi is the home base for the naval wing of Iran’s Revolutionary Guard Corps, in the center of the Gulf. Rear Admiral Ali Fadavi, the commander of the naval branch of the Revolutionary Guard, publicly agreed with Carter, stating to press, “They were positioned in that area due to the failure of their navigation systems and they were not aware of being close to Farsi Island.”
Admiral Ali Fadavi was being diplomatic and more than a bit coy. Farsi Island is one of the most strategic bases in Iran, home to Iran’s maritime unconventional warfare force. The US claims that their two boats “lost” their GPS satellite abilities at precisely the same time, and the Secretary of Defense claims that he isn’t sure what happened? That the two boats also lost radio communication and all other communication during the incident, is a huge embarrassment for the US Navy, who only recently described Iran as an “ox-cart technology culture.”
The loss of all communication equipment and GPS systems on two US Navy boats at the same time means one thing: Iran has developed highly sophisticated electronic means to blind the GPS guidance systems essential to all operations of the world’s most powerful navy. Iran is no ox cart technology culture. In cooperation with Russia and Syria in the war to defeat ISIS, Iran has demonstrated it is no push-over as was Saddam Hussein’s Iraq in 2003. And, despite years of US sanctions, Iran today in military terms is not comparable to Iran during the US-instigated Iran-Iraq war in the 1980’s.
The recent incident recalls the event on December 4, 2011 when a US a Lockheed Martin RQ-170 Sentinel spy drone, the premier spy drone in the US fleet, crashed into the Iranian countryside. Iran claimed its electronic warfare unit brought the plane down. Washington laughed. Iran was right. They didn’t just down the aircraft, they took control of it mid-flight: “Using its knowledge of the frequency Iran initiated its ‘electronic ambush’ by jamming the bird’s communications frequencies, forcing it into auto-pilot. By putting noise [jamming] on the communications, you force the bird into autopilot. This is where the bird loses its brain.’” Iran managed to guide the drone to a peaceful landing inside Iran with the drone “believing” it was Afghanistan. This most recent Iranian capture of two US Navy boats well in Iranian waters by sophisticated electronic jamming says that Iran is hardly bowing before the temple of Washington power. She has become a very formidable military force. This ability for self-defense is very important in today’s hostile world.
SCO membership
Now, with Iran a formal partner in the Eurasian New Silk Road infrastructure development, and with US sanctions finally lifted, Iran will certainly be formally admitted as a full member of the Shanghai Cooperation Organization at their next annual meeting this summer. Iran currently has SCO Observer status.
Presently SCO members include China, Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan and most recently, India and Pakistan.
In coming months the SCO, if present dynamics continue, will form the seed crystal of an emerging unified Eurasia, cooperating economically, politically, and importantly, militarily, as well as in counter-terrorism. It will tend to become the forum where vital issues among all SCO member nations will be worked out, as the Chinese are fond of saying, on a “win-win” manner.
We’re seeing the emergence of a true Eurasian Golden Triangle with China, Russia and Iran as the three key points. With the stated plan to route the Silk Road rail infrastructure to assist the mining of new gold for currency backing of the Eurasian member states, including now Iran with its significant own unexploited gold, the hyper-inflated, debt-bloated dollar system is gaining a formidable positive alternative, one committed to peace and development. Isn’t that a nice prospect?
F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
http://journal-neo.org/2016/02/03/iran-completes-eurasian...
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mardi, 02 février 2016
China’s Counter-Terrorism Calculus
China’s Counter-Terrorism Calculus
Publication: China Brief Volume: 16 Issue: 2
By: Jacob Zenn
Ex: http://moderntokyotimes.com
The Jamestown Foundation
China’s growing global footprint, escalating conflicts and the spread of terrorism in theaters ranging from Syria to Afghanistan and Southeast Asia have created openings for non-state actors to target Chinese interests and citizens overseas. Accompanying China’s growing global footprint and the spread of terrorism in theaters ranging from Syria to Afghanistan and Southeast Asia have created openings for non-state actors to target Chinese interests and citizens overseas. Traditionally, militant groups within China arose from independence movements with ethnically-linked narratives. Their suppression within China, as well as China’s growing international exposure, led some of these groups to build relationships with international terrorist groups abroad: while they could not survive wholly within China, they found breathing room in the form of operational space with co-ethnics outside of the country. This is primarily the case for Uighur movements commonly referred to by the catch-all name “East Turkistan Independence Movement(s), or (ETIM).”
Given China’s rising engagement in the Middle East—from President Xi Jinping’s series of state visits this January, to a role in the Iran nuclear deal, to a growing military footprint on the peripheries of the region boosted by the recent commitment to building a base in Djibouti—an assessment of non-state terrorist threats, particularly from Al-Qaeda and its sub-affiliate, the Turkistan Islamic Party (TIP), and the Islamic State (IS) and its “Provinces,” to China, as well as Chinese perceptions of them, is appropriate. This assessment is useful in understanding the differences in costs to China’s human security versus national security objectives. As such, the knowledge of how non-state actors influence Chinese policy and actions is relevant for governments and analysts in assessing China’s foreign policy, as well as providing opportunities for engagement on issues of overlapping concern.
Al-Qaeda and Islamic State Threats to China
Al-Qaeda / Turkistan Islamic Party (TIP)
Anti-Chinese Uighur militants shifted from operating under the umbrella of the Islamic Movement of Uzbekistan (IMU) and Taliban in Afghanistan and Pakistan to forming the TIP in 2006 (China Brief, May 23, 2014). Since then, the TIP has become part of Al-Qaeda’s structure. Although it is not an Al-Qaeda “affiliate” on the level of AQIM in Northwest Africa, Al-Shabaab in East Africa, AQAP in Yemen and Jabhat al-Nusra in Syria, the TIP now operates alongside Jabhat Al-Nusra and can be considered a “sub-affiliate.” Moreover, before the TIP adopted the Syrian war as its own cause in 2013 (in part to seek reciprocal support from jihadists for its goals in Xinjiang), leading Al-Qaeda figures, such as the late Khalid Al-Husaynan and late Abu Yahya Al-Libi, issued statements in support of the TIP (Terrorism Monitor, May 24, 2015). More recently, in 2015, Abdullah Al-Muhyasini, a Saudi preacher close to Jabhat Al-Nusra, also issued statements supporting the TIP (Islom Awazi, December 2, 2015). Al-Qaeda affiliates, such as AQIM and Al-Shabaab, have formally promoted the TIP and its cause to “liberate East Turkistan,” while the TIP, in turn, has also issued statements in support of mainstream Al-Qaeda figures, such as a eulogy for AQIM sharia official Abu al-Hassan Rashid al-Bulaydi on January 7, 2016.
Beyond its propaganda with Al-Qaeda, the TIP has often claimed responsibility for major operations domestically in China, including:
- Bus-bombings in several cities before the Beijing Olympics in 2008;
- A truck hit-and-run on pedestrians and mass stabbing attack in Kashgar on Ramadan Eve in 2011;
- A low-sophistication suicide car-bombing in Tiananmen Square in Beijing in October 2013;
- A mass stabbing at the Kunming Train Station in March 2014;
- An apparent double-suicide bombing (or suitcase bombing) at Urumqi Train Station in April 2014; and
- Car-bombings and explosions killing at an Urumqi market in May 2014 (Terrorism Monitor, May 24, 2015)
However, as TIP’s propaganda and fighters have shifted their focus from Afghanistan—and even Xinjiang—to Syria, the TIP has become involved in “cheerleading” attacks in Xinjiang than masterminding them. Rather, the “masterminding” of the most recent attacks in China appears to have been carried out by loosely inter-connected cells across the country. These cells have some coordination with each other as well as with Turkey-based Islamist organizations that run fake passport schemes and assist Uighur men and their families migrate from China through Southeast Asia to Turkey (and sometimes to the TIP or other settlements under rebel control in northwestern Syria) (Today’s Zaman, January 14, 2015; Yenisafak.com, June 30, 2014).
While the TIP may be primarily a propaganda platform for recent attacks in Xinjiang, Istanbul-based East Turkistan Education and Solidarity Association (ETESA) also praises—or at least justifies—attacks. These include the aforementioned attacks as well as others that the TIP has not claimed, such as the assassination of the pro-Chinese Communist Party leading imam at the Id Kah mosque in Kashgar in 2014, and a large-scale attack at a coal mine in Xinjiang in October 2015 (SCMP, July 30, 2014). Either these attacks occurred outside the scope of the TIP or were so locally ordered and executed (and minimally reported on outside of China) that the foreign-based TIP did not take notice.
The Islamic State
The Islamic State brought China into its focus in 2015, although a predecessor to the Islamic State in Iraq and Al-Sham (ISIS) featured at least one Chinese fighter in its propaganda as early as 2013 (YouTube, March 18, 2013) The Islamic State’s more recent focus on the Uighurs may have been a reaction to the increasing numbers of Uighurs—reportedly up to 1,000 fighters—fighting in the TIP (and therefore with Al-Qaeda affiliate Jabhat Al-Nusra). The Islamic State’s promotion of the status and cause of Uighurs in its ranks included:
- Two videos and tweeted photos of an elderly Uighur man who made “hijra” (exodus or migration) from Xinjiang to Syria with his family (shanghaiist.com, June 4, 2015);
- Suicide attack “martyrdom” claims of Uighurs (and other Central Asians) in Syria and Iraq; and
- An Islamic State-produced nasheed (Islamic chant) in Mandarin Chinese, which represented a general outreach to Chinese Muslims, including Huis, Kazakhs, and possibly Uighurs who speak Mandarin more fluently than Uighur (although the quality of this nasheed was lower than typical Arabic language ones.
For China, the recruitment of TIP jihadists—China’s traditional opponent—into Islamic State represents an evolved and hitherto unknown threat. While these recruits arguably make the TIP weaker, higher levels Uighur militancy in the Islamic State is a “devil that China does not know.” It is possible that the Islamic State could generate traction within China where, since 2006, the TIP has not—that is, if the Islamic State has the tools to be as effective in social media and propaganda outreach in a more closed media environment like China as compared to Europe.
The Islamic State has also likely begun to compete with the TIP in recruiting Uighurs along the trafficking networks in Southeast Asia that assist Uighurs to travel to Turkey and Syria. Four Uighurs stood trial in Indonesia in 2015 for trying to meet with the Mujahidin Indonesia Timor (MIT) in Sulawesi, which is a militant group based in Central Sulawesi, whose leader, Santoso, pledged loyalty to Al-Baghdadi in 2014 (Jakartapost, December 1, 2015). In addition, numerous Islamist organizations in Indonesia have expressed support for the Islamic State and served as feeders for Islamic State recruitment in Syria and Iraq. One man known as Alli, was part of a group of three Uighur militants arrested outside of Jakarta in December 2015 with a bomb-making manual and lists of jailed Indonesian terrorists, as well as Indonesians in Syria who joined the Islamic State. Counterterrorism officials suspected members connected to this cell were involved in the Erawan Shrine bombing in Bangkok, Thailand on August 17, 2015 (Bangkok Post, December 26, 2015). Alli was also reported to be part of the network of Al-Raqqa-based Indonesian Islamic State militant Bahrun Naim before Naim masterminded a series of attacks in Jakarta on January 14, 2016 (Jakarta Globe, December 24, 2015; Time.com, December 28, 2015).
Assessment of Threats
TIP / Al-Qaeda
Despite the increasing numbers of attacks by networks of Uighur militants in China, the threat to China from such attacks remains an issue of human security—not national security. The rising death toll of Chinese citizens in these attacks are “only” in the several hundreds each year. Even if they were in thousands, however, this would hardly lead China to yield to the demands of groups like the TIP and ETESA for the construction of an Islamic state and ending, among other policies:
- The migration of Han Chinese from eastern China to Xinjiang;
- Use of Chinese language in schools in Xinjiang;
- Encouragement of inter-marriage between Han and Uighurs and job offers for Uighur women in eastern China (where presumably they would assimilate or marry Han Chinese);
- Restrictions on offspring (Uighurs and most Chinese minorities have, however, had fewer restrictions as part of the former “one-child policy” than Han families); and
- Testing of nuclear weapons in Xinjiang (Militant Leadership Monitor, December 30, 2011)
Beyond attacks in China, what also could place pressure on China are actions by states. Thus, TIP, ETESA and other Islamist organizations have adopted a “Palestine strategy” of framing China’s rule in Xinjiang as an “occupation,” delegitimizing Chinese sovereignty, and ultimately seeking an international referendum on Xinjiang’s status (presumably parts of northwestern Xinjiang where Han already far outnumber Uighurs would not be included in such a vote). [1] This strategy may be of greater relevance to China as a state than the human security losses as resulting from Uighur militancy (China Brief, May 23, 2014). While the prospects of any such referendum occurring in the near-term future is highly unlikely, there is some evidence that this narrative is finding sympathetic ears:
- Then Turkish Prime Minister Tayyip Erdogan called Chinese rule in Xinjiang a “genocide” in 2009 (Hurriyet, July 14, 2009);
- The TIP held territory in northwestern Syria as part of the coalition with Jabhat Al-Nusra with support from Turkey or Turkey-based organizations, which furthered support and recognition of the TIP from supporters of Jabhat Al-Nusra around the Muslim world; [2] and
- The prospect of re-shaping the borders in the Middle East that could lead to new conceptions of sovereignty and statehood—not only in that region but elsewhere throughout the Islamic World, including Central Asia and Xinjiang
Thus, it is the mobilization potential of groups like the TIP or ETESA, which merge pan-Islamist themes with Uighur nationalism while accepting—and even promoting—violent struggle, or “jihad” (even though ETESA may not directly participate in it) that may become the broader national security issue for China to deal with in the future. In fact, China’s counterterrorism success in preventing the TIP from gaining the traction to begin a full-blown insurgency in Xinjiang capable of anything beyond a few sporadic albeit deadly attacks may have forced the TIP and ETESA to become increasingly close in their respective “cheerleading” and “advocacy” roles.
The Islamic State
Despite the Islamic State’s overall expansion beyond Iraq and Syria in 2015, its direct threat to China is still low compared to other regions. The Islamic State announced it killed Chinese and Norwegian hostages in its magazine, Dabiq, in November 2015 after having first offered them for “sale.” But the focus of its propaganda in terms of killing hostages is still mostly on Westerners or, in some cases, their allies, such as the Japanese (SCMP, November 20, 2015). Moreover, closer to China’s borders, Southeast Asian jihadists are not yet sufficiently unified for the Islamic State to announce a Province in South East Asia, despite the bayat (pledges) to Islamic State leader Abubakar Al-Baghdadi from several Indonesian and Philippine factions since 2014. Nonetheless, in terms of logistics the Islamic State has funding and immigrant support networks in the Persian Gulf region, Malaysia, Hong Kong and even Japan that can facilitate its “infrastructure-building” in Southeast Asia ahead of a possible Province announcement in 2016 (isisstudygroup, October 15, 2015).
In addition, while the TIP has focused on appealing to recruits from the Chinese Hui and Chinese Kazakh minorities more than the Islamic State, the Islamic State does not appear to have any “local” traction within China. The Islamic State’s apparent hacking of the prestigious Tsinghua University’s website on January 18, 2016 highlights the possibility of the “Islamization” of anti-government sentiment in China, which could lead to the growth in support for the Islamic State in the same way it has in Europe. [3] Some elites, including dissidents from Muslim minority communities, may also have sympathies for the Islamic State for religious, ideological or political reasons (SCMP, January 18).
While Islamic State consolidation in Southeast Asia and a smattering of support for it from within China would certainly be of concern within Chinese borders, no prospective Southeast Asian provinces or domestic pro-Islamic State movement would comprise a national security threat to major Chinese diplomatic or trade interests for the foreseeable future – even if they could harm the human security of Chinese nationals. Rather, China is likely more concerned about the arrival of the Islamic State in Afghanistan via its Khorasan Province, which subsumed the Islamic Movement of Uzbekistan (IMU) and is intended to include Xinjiang and to subsume all of Central Asia. [4] Khorasan province does not appear to be more powerful than the Taliban or likely to control large tracts of territory in Afghanistan, but even fighting between Khorasan Province and the Taliban and Al-Qaeda or the Afghan government could further destabilize and complicate the economic and political situation in Afghanistan. This, in turn, would undermine Chinese strategic interests in Afghanistan and objectives of China’s New Silk Road and One Belt, One Road plan road at a time when China is considering elevating trade with Iran following the U.S. “Iran Deal” and its international profile with expected visits of President Xi to Iran and Saudi Arabia in 2016 (SCMP, January 15).
Conclusion
The threat of non-state actors to China such as the TIP, Al-Qaeda and the Islamic State can influence Chinese state policies, priorities and objectives. Thus, even though this article assesses that these threats mostly concern the human security rather than the national security of China and its citizens, they do indirectly affect China’s power projection, counter-terrorism calculus and foreign policy. These threats also have the potential to affect China’s level of engagement abroad, including its use of special forces overseas, new counter-terrorism laws, pressure relationships with allies (such as Pakistan to crack down on anti-Chinese militancy), tacit support to other governments’ foreign policies (such as Russia’s airstrikes in Syria), and its academic understandings and trainings in counterterrorism studies. Thus, the role of non-state actors is relevant not only in terms of security affairs but also in broader diplomacy, relationships, and engagement with China.
Jacob Zenn is a Fellow of Eurasian and African Affairs at The Jamestown Foundation. Mr. Zenn graduated as a Global Law Scholar from Georgetown Law in 2011 and the Johns Hopkins School of Advanced International Studies (SAIS) Nanjing Center for Chinese-American Studies in Nanjing, China in 2007.
Notes
- Author’s Interview, ETESA supporter in USA, 2015
- The start of the Russian bombing campaign in northwestern Syria in late 2015 appears, however, to have led to more than 30 TIP deaths and the destruction of TIP’s main headquarters as well as settlements where militants were living with their families.
- Oliver Roy, “ International Terrorism: How can prevention and repression keep pace?” BKA Autumn Conference, November 18–19, 2015 life.eui.eu, November 18, 2015
- The Taliban nonetheless reportedly killed or captured the IMU leader, Usman Ghazi, and killed other IMU members after Ghazi pledged to Al-Baghdadi such that the IMU may now be near-elimination.
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dimanche, 03 janvier 2016
L'Amérique ne recherche-t-elle pas une guerre avec l'Iran?
L'Amérique ne recherche-t-elle pas une guerre avec l'Iran?
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Mais tout se passe comme si les Etats-Unis voulaient continuer à traiter l'Iran comme présentant pour eux une menace militaire imminente. Le Wall Street Journal vient d'indiquer que Washington prépare dorénavant des sanctions à l'égard des firmes et personnes supposées collaborer au programme iranien de missiles balistiques.
Deux réseaux de telles entreprises et personnes ont été identifiés. Les firmes américaines ou étrangères se verront interdire de mener des relations commerciales avec les entités mentionnées par ces réseaux. Les banques américaines gèleront leurs dépôts.
L'abus de droit est manifeste, compte-tenu du fait qu'un grand nombre de pays développent de tels missiles, militaires ou civiles, sans vouloir leur confier de charges nucléaires. Pour les autorités américaines, l'Iran serait susceptible d'utiliser ces vecteurs, même sans têtes nucléaires, dans le cadre d'attaques contre les Etats voisins ou en soutien au terrorisme.
Pour Téhéran au contraire, de tels missiles, dont deux exemplaires ont déjà expérimentés, n'ont que des objectifs défensifs. Il en sera de même des matériels livrés par la Russie. Faut-il rappeler que l'Arabie Saoudite, Israël et quelques autres continuent à menacer l'Iran de raids dévastateurs. Doit-on aller jusqu'à interdire l'Iran la fabrication de valises de voyage, sous prétexte que celles-ci peuvent être utilisées par des terroristes pour transporter des bombes?
L'Iran n'a pas encore réagit à l'annonce de telles nouvelles sanctions. Mais précédemment l'Ayatollah Ali Khamanei avait indiqué que le maintien de celles-ci serait considérées comme une violation de l'accord sur le nucléaire.
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vendredi, 01 janvier 2016
Ursula Gauthier, le terrorisme Ouïghour et le rôle délétère de Recep Tayyip Erdogan
Ursula Gauthier, le terrorisme Ouïghour et le rôle délétère de Recep Tayyip Erdogan
L'article de Ursula Gauthier décrivait une politique répressive à l'égard du Xinjiang, vaste région en majorité musulmane de l'ouest de la Chine, de la part de la RPC. Il dénonçait les mesures répressives et la politique "antiterroriste" des autorités chinoises au Xinjiang, région en proie depuis deux ans à une recrudescence de violences. Berceau de la minorité musulmane turcophone des Ouïghours, certains de ses membres dénoncent des discriminations ethniques, culturelles et religieuses grandissantes à l'encontre de cette communauté.
Apparemment, Ursula Gauthier n'avait pas enquêté complètement sur cette question.
Seymour Hersh, chroniqueur diplomatique et politique réputé, souvent accueilli dans la London Review of Books, vient de publier un article Military to Military où il apporte de nouvelles preuves de la complicité de Washington dans le soutien aux mouvements terroristes en Syrie, ceci avec la complicité active d'Ankara. Il y ajoute la dénonciation d'un canal de terroristes Ouïghours “Uyghur rat-line”, organisé par la Turquie en vue de transporter des rebelles musulmans djihadistes provenant de la Région Autonome du Xinjiang à destination de la Syrie.
Erdogan a mis en place des transports spéciaux pour ce faire, dans le même temps qu'il soutenait par différents moyens leur combat en Chine même. Les djihadistes ouïghours et birmans réfugiés en Thaïlande et volontaires pour aller combattre en Syrie reçoivent des passeports turcs qui leur permettent d'entrer en Turquie puis de là en Syrie.
Un autre canal est organisé de la Chine vers le Kazakhstan, puis vers la Turquie puis la Syrie. Il aurait intéressé des milliers de djihadistes depuis les 3 dernières années. La Chine non sans raisons s'inquiète d'une politique turque visant à soutenir les rebelles islamistes au Xinjaing même. Ceci permettrait à Erdogan d'étendre ses ambitions pour la construction d'un califat turc aux frontières mêmes de la Chine, dans le Xinjiang. ..et pourquoi pas à terme vers la Russie.
Il est facile de comprendre pourquoi Pékin s'en inquiète. Il est moins compréhensible de constater que l'Europe, directement à terme menacée par les visées de Erdogan, le laisse faire sans réagir
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jeudi, 31 décembre 2015
Giuseppe Tucci
Giuseppe Tucci
Ex: http://4pt.su
Giuseppe Tucci ci ha soprattutto trasmesso la sua appassionata ed intelligente dimostrazione dell'unitа culturale dell'Eurasia, e una lucida consapevolezza del fatto che, giunti come siamo ad un capolinea della storia, essa dovrа tradursi anche in un'effettiva unitа geopolitica" (Alessandro Grossato, Italiani globali. Giuseppe Tucci, "Ideazione", a. IX, n. 6, nov-dic. 2002, p. 306).
Raniero Gnoli, che di Giuseppe Tucci (1894-1984) fu allievo devoto, commemorando il maestro scrisse di lui che l'idea di "una koinй culturale estendentesi dai paesi affacciati sull'Oceano Atlantico fino a quelli lambiti dal mar della Cina lo accompagnт per tutta la vita, tanto che, poco prima di morire, ancora insisteva coi suoi colleghi italiani e stranieri sulla necessitа ed importanza di una concezione che non vedesse piщ Oriente ed Occidente contrapposti l'un l'altro, ma come due realtа complementari ed inseparabili"1. Lo stesso Gnoli ricorda che Tucci considerava le terre del continente eurasiatico come le sole in cui, "per misterioso privilegio o mirabile accadimento del caso, l'uomo elevт le architetture piщ solenni del pensiero, le fantasie piщ nobili dell'arte, il lento tessuto della scienza, quei tesori di cui oggi l'umanitа tutta partecipa, arricchendoli o corrompendoli"2.
All'unitа spirituale eurasiatica, d'altronde, si richiama quello che ci risulta essere l'ultimo intervento pubblico di Tucci, un'intervista apparsa il 20 ottobre 1983 sulla "Stampa" di Torino. "Io - diceva lo studioso - non parlo mai di Europa e di Asia, ma di Eurasia. Non c'и avvenimento che si verifichi in Cina o in India che non influenzi noi, o viceversa, e cosм и sempre stato. Il Cristianesimo ha portato delle modifiche nel Buddhismo, il Buddhismo ha influenzato il Cristianesimo, i rispettivi pantheon si sono piщ o meno percettibilmente modificati".
Dichiarazioni di questo genere, che potremmo tranquillamente definire eurasiatiste, non sono nй tardive nй rare nell'opera di Tucci. Nel 1977 egli aveva accusato come grave l'errore che si commette allorchй si considerano l'Asia e l'Europa come due continenti distinti l'uno dall'altro, poichй "in realtа si deve parlare di un unico continente, l'Eurasiatico: cosм congiunto nelle sue parti che non и avvenimento di rilievo nell'una che non abbia avuto il suo riflesso nell'altra"3. Nel 1971, commemorando in Campidoglio il fondatore dell'impero persiano, aveva detto che "Asia ed Europa sono un tutto unico, solidale per migrazioni di popoli, vicende di conquiste, avventure di commerci, in una complicitа storica che soltanto gli inesperti o gli incolti, i quali pensano tutto il mondo concluso nell'Europa, si ostinano ad ignorare"4. Negli anni Cinquanta aveva contrapposto, alla tesi della "essenziale incomunicabilitа dell'Oriente e dell'Occidente"5, l'esistenza della "comunione fiduciosa"6 dei due continenti efficacemente rappresentata dal termine Eurasia.
Ma giа nel 1942, celebrando presso la Regia Litterarum Universitas Hungarica Francisco-Josephina di Kolozsvбr il centenario della morte di Sбndor Kцrцsi Csoma (1784-1842), il "padre della tibetologia", che nove anni prima era stato ufficialmente canonizzato come bodhisattva dall'universitа giapponese di Taishф, Tucci affermт l'esistenza di "legami misteriosi (...), simpatie arcane"7 tra il Tibet, l'Ungheria e l'Italia.
И vero che in quegli anni Tucci "non aveva ancora maturato la concezione di Eurasia quale unico continente, fluido deposito di una comune humanitas nel corso della storia"8; nondimeno egli aveva giа ben definita la propria visione circa i rapporti tra l'Europa e l'Asia e il ruolo centrale che l'Italia vi avrebbe potuto svolgere.
***
Laureato in Lettere presso l'Universitа di Roma dopo aver combattuto per quattro anni sui fronti della Grande Guerra, Giuseppe Tucci iniziт la sua carriera di orientalista tra il 1925 e il 1930, quando, incaricato di missione in India, insegnт cinese (oltre che italiano) presso le Universitа di Shantiniketan e di Calcutta. Nominato Accademico d'Italia nel 1929, nel novembre dell'anno successivo fu chiamato ad occupare la cattedra di Lingua e letteratura cinese all'Orientale di Napoli. Nel novembre 1932 passт alla Facoltа di Lettere e Filosofia dell'Universitа di Roma, dove fu professore ordinario di Religioni e Filosofia dell'India e dell'Estremo Oriente, finchй nel 1969 venne collocato a riposo. Dal 1929 al 1948 compм otto spedizioni scientifiche in Tibet e dal 1950 al 1954 sei in Nepal. Nel 1955 iniziт le campagne archeologiche nella valle dello Swat in Pakistan, nel 1957 quelle in Afghanistan, nel 1959 in Iran.
Nel periodo del suo insegnamento in India, Tucci aveva coltivato relazioni personali con Rabindranath Tagore, che gli aveva presentato Gandhi. Inoltre aveva allacciato rapporti con un gruppo di studiosi interessati a collaborare con l'Italia; gravitava intorno a questo gruppo l'ex allievo di Tucci che, una volta diventato professore d'italiano all'universitа di Calcutta, pubblicт in bengalese una biografia ed una raccolta di discorsi di Mussolini9. Si collocano verosimilmente in quegli anni i primi contatti di Tucci con Subhas Chandra Bose, destinati a svilupparsi in un rapporto di amicizia10 e di collaborazione: nel 1937, in una delle "varie occasioni"11 in cui il patriota bengalese venne ricevuto dal Duce, fu Tucci ad accompagnarlo in udienza12. E sarа l'IsMEO guidato da Tucci ad incoraggiare nel 1942 la traduzione italiana del libro del Netaji, Indian Struggle.
In una relazione sulla sua missione in India, inviata il 31 marzo 1931 al ministro degli Esteri Dino Grandi, Tucci propose la fondazione di un istituto culturale finalizzato ad agevolare gli studi dei giovani Indiani in Italia e presso le istituzioni italiane, a promuovere la conoscenza dell'Italia in India, a mettere in contatto studiosi indiani e italiani dagli interessi affini. Mussolini, che giа accarezzava l'idea di dar vita ad un istituto per le relazioni italo-indiane, ricevette in udienza il professore maceratese e rimase d'accordo con lui che avrebbe esaminato il suo progetto quando egli fosse ritornato dal viaggio di esplorazione che si accingeva ad intraprendere nel Tibet. Rientrato in Italia nel novembre del 1931, Tucci riuscм a coinvolgere nel suo progetto il presidente dell'Accademia d'Italia, Giovanni Gentile, che nel luglio dell'anno successivo ottenne dal Duce l'approvazione definitiva.
Quando l'IsMEO vide ufficialmente la luce, nel febbraio 1933, Giovanni Gentile ne fu il presidente e Tucci uno dei due vicepresidenti (l'altro fu G. Volpi di Misurata). L'evento fu celebrato nel dicembre di quello stesso anno dal geografo Filippo de Filippi nel contesto di un'iniziativa patrocinata dal GUF, la "Settimana romana degli studenti orientali" presenti in Europa. Nella sala Giulio Cesare del Campidoglio si tenne un convegno che raccolse circa cinquecento giovani asiatici e numerosi ambasciatori ed ebbe il suo momento culminante nella mattina del 22 dicembre, quando il Duce pronunciт un discorso al quale risposero una studentessa indiana, uno studente siriano e uno persiano.
"Venti secoli or sono - esordм Mussolini - Roma realizzт sulle rive del Mediterraneo una unione dell'occidente con l'oriente che ha avuto il massimo peso nella storia del mondo. E se allora l'occidente fu colonizzato da Roma, con la Siria, l'Egitto, la Persia, il rapporto fu invece di reciproca comprensione creativa". La civiltа particolaristica e materialistica nata fuori dal Mediterraneo, - proseguм - essendo incapace per sua natura di comprendere l'Asia, ha troncato "ogni vincolo spirituale di collaborazione creativa" con essa e l'ha considerata "solo un mercato di manufatti, una fonte di materie prime". Ecco perchй la nuova Italia, che lotta contro "questa civiltа a base di capitalismo e liberalismo", si rivolge ai giovani rappresentanti dell'Asia. E concluse: "Come giа altre volte, in periodo di crisi mortali, la civiltа del mondo fu salvata dalla collaborazione di Roma e dell'oriente, cosм oggi, nella crisi di tutto un sistema di istituzioni e di idee che non hanno piщ anima e vivono come imbalsamate, noi, italiani e fascisti di questo tempo, ci auguriamo di riprendere la comune, millenaria tradizione della nostra collaborazione costruttiva"13.
La visione di Mussolini coincideva con quella di Tucci, che due mesi dopo, il 13 febbraio 1934, in una lettura tenuta all'IsMEO, avrebbe auspicato tra l'Europa e l'Asia una collaborazione basata su "una comprensione aperta e franca, scevra di pregiudizi, di malintesi e di sospetti, come fra due persone leali e di carattere"14.
Il Duce, da parte sua, riprese l'argomento in un articolo pubblicato sul "Popolo d'Italia" del 18 gennaio 1934 e in un discorso pronunciato due mesi dopo al Teatro Reale dell'Opera di Roma. Esaminando la situazione conflittuale esplosa in Manciuria, Mussolini, liquidata la tesi del "pericolo giallo" come una fantasia, "a condizione che si tenti una 'mediazione', non nel senso volgare della parola, fra i due tipi di civiltа", ribadiva la necessitа di "una collaborazione metodica dell'occidente con l'oriente" e di "una piщ profonda conoscenza reciproca fra le classi universitarie, veicolo e strumento per una intesa migliore fra i popoli"15.
Nel 1934 l'Italia, che aveva buone relazioni con la Cina, non era ancora schierata a fianco del Sol Levante; lo stesso Tucci nutriva una certa diffidenza nei confronti della politica di Tokyo, in quanto riteneva che il Giappone progettasse di saldare i popoli dell'Asia in un blocco antieuropeo. Non и dunque affatto fuori luogo pensare che il Duce "avesse rimedi[t]ato da sй il problema del legame tra l'espansionismo giapponese e l'ascesa del nazionalismo asiatico, forse in primo luogo quello indiano, a cui soprattutto pensavano i fondatori dell'IsMEO, nell'ambito della cui attivitа per statuto il Sol Levante sarebbe dovuto rientrare. D'altro canto sappiamo che Mussolini piщ o meno attentamente seguiva gli sviluppi della politica e dell'economia nipponica, in particolare dopo la crisi mancese, sicchй doveva rendersi conto della tendenza del Sol Levante a presentare se stesso come guida dei popoli asiatici sulla via dell'indipendenza. Per quanto vagamente и dunque verosimile che la sua mente pensasse ad una forma di incontro fra Tokyo e l'Italia"16.
D'altronde l'ambasciata giapponese aveva giа sollecitato l'instaurazione di scambi culturali tra le universitа dei due paesi ed anche Giovanni Gentile aveva caldeggiato un accordo per lo scambio di professori e studenti. Verso la metа del 1934 l'IsMEO prese contatto con la Kokusai Bunka Shinkфkai, un'istituzione ufficiale che curava i rapporti culturali del Giappone con l'estero, e Tucci affrontт l'argomento con l'ambasciatore giapponese. In novembre il successore di quest'ultimo, Yotaro Sugimura, parlт sia con Tucci sia con Mussolini, il quale gli indicт lo studioso maceratese, vicepresidente dell'IsMEO, come la personalitа incaricata di condurre i negoziati per arrivare all'accordo culturale, che venne stipulato nella primavera del 1935.
Nel 1936 l'IsMEO, "pilotato pressochй unicamente da Tucci"17, funzionava ormai a pieno ritmo. "Fu realizzato il reciproco invio dei conferenzieri con Tokyo; vennero concesse altre borse di studio; inviati bollettini informativi basati su rassegne della stampa asiatica, con regolaritа periodica, al ministero degli Esteri, alla presidenza del Consiglio e all'Eiar; fu bandito un concorso a premi su temi di attualitа riguardanti i paesi del Medio ed Estremo Oriente (...). Venne ampliata la biblioteca, anche attraverso l'attuazione dell'accordo con la KBS, estesa al bengalese la gamma delle lingue insegnate. Furono anche avviate conversazioni per raggiungere con la Cina un accordo analogo a quello con il Giappone"18.
Invitato in Giappone nel novembre del 1936, il professor Tucci vi fu accolto con tutti gli onori dovuti ad una personalitа ufficiale: venne ricevuto dal Tennф, parlт alla Camera dei Pari, lesse alla radio un messaggio di Mussolini. Ovviamente promosse varie iniziative d'ordine culturale: in particolare, concluse un accordo per l'insegnamento dell'italiano in un'universitа nipponica e fondт a Tokyo un istituto di cultura. La visita di Tucci fu ricambiata nel dicembre 1937 da quella di Kishichiro Okura, presidente della Societа Amici dell'Italia, che pochi giorni dopo la sigla del Patto Antikomintern lesse nei locali dell'IsMEO un messaggio per il popolo italiano. Tucci, con Gentile e Majoni, fece parte del comitato promotore di una costituenda Societа degli Amici del Giappone, che dal gennaio 1941 pubblicт, presso l'Istituto geografico De Agostini, il mensile "Yamato". Membro del comitato di redazione, Tucci collaborт alla rivista "con pezzi di argomento letterario, religioso o di drammatica attualitа, come quello sul sacrificio della guarnigione giapponese ad Attu, che apre il numero del luglio '43"19. Nel 1943 cessт le pubblicazioni non soltanto "Yamato", ma anche il bimestrale "Asiatica", che nel 1936 era subentrato al "Bollettino dell'IsMEO". Quanto a Tucci, l'aver ricoperto la carica di presidente della Societа degli Amici del Giappone gli valse, nella risorta democrazia, un provvedimento di epurazione.
Assunta nel 1948 la presidenza dell'IsMEO, Tucci diede vita ad un nuovo bimestrale, "East and West", al quale collaborarono studiosi di fama mondiale: da Mircea Eliade a Mario Bussagli, da Franz Altheim a Francesco Gabrieli, da Henry Corbin a Julius Evola.
1. R. Gnoli, Ricordo di Giuseppe Tucci, IsMeo, Roma 1985, pp. 8-9.
2. R. Gnoli, Ricordo di Giuseppe Tucci, p. 9.
3. G. Tucci, cit. in: Raniero Gnoli, Ricordo di Giuseppe Tucci, cit., p. 9.
4. G. Tucci, Ciro il Grande. Discorso commemorativo tenuto in Campidoglio il 25 maggio 1971, Roma 1971, p. 14.
5. G. Tucci, Introduzione a: AA. VV., Le civiltа dell'Oriente, Casini, Roma 1956, vol. I, p. xxii.
6. G. Tucci, Marco Polo, IsMeo, Roma 1954, p. 16.
7. G. Tucci, Alessandro Csoma de Kцrцs, "Eurasia", a. III, n. 1, genn-marzo 2006, p. 33.
8. F. Palmieri, Introduzione a: Giuseppe Tucci, Sul Giappone. Il Buscidф e altri scritti, Settimo Sigillo, Roma 2006, pp. 12-13.
9. P. N. Roy, Mussolini and the cult of Italian youth, Calcutta s. d. Il libro di Roy и comunque successivo alle biografie mussoliniane di V. V. Tahmankar (Muslini ani Fachismo, Poona 1927) e di B. M. Sharma (Mussolini, Lucknow 1932).
10. Rievocando l'incontro con Puran Singh, governatore di Pokhara, avvenuto durante il viaggio in Nepal del 1952, Tucci scrive di lui: "и stato l'aiutante del Netaji Subhas Chandra Bose (...) И molto sorpreso di sapere che io fossi amico del grande patriota bengalico e la sua cordialitа diventa piщ calorosa" (Tra giungle e pagode, Newton & Compton, Roma 1979, p. 78).
11. S. Chandra Bose, La lotta dell'India (1920-1934), Sansoni, Firenze 1942, p. 308.
12. V. Ferretti, op. cit., p. 812. Cfr. R. De Felice, Mussolini il duce. II. Lo Stato totalitario 1936-1940, Einaudi, Torino 1981, p. 447 n.
13. B. Mussolini, Oriente e occidente, in Scritti e discorsi, Hoepli, Milano 1934, vol. VIII, pp. 285-287.
14. G. Tucci, L'Oriente nella cultura contemporanea, IsMEO, Roma 1934, p. 20.
15. B. Mussolini, Estremo Oriente, in Opera Omnia, vol. XXVI, Firenze 1958, pp. 153-156.
16. V. Ferretti, Politica e cultura: origini e attivitа dell'IsMeo durante il regime fascista, "Storia contemporanea", a. XVII, n. 5, ottobre 1986, pp. 793-794.
17. V. Ferretti, op. cit., p. 802.
18. V. Ferretti, op. cit., p. 801.
19. F. Palmieri, Introduzione, cit., p. 27. L'articolo Gli eroi di Attu и riportato nel volume curato da F. Palmieri.
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dimanche, 27 décembre 2015
Euro-Rus 12th Round Table with Robert Steuckers
November 28th, 2015
Euro-Rus 12th Round Table with Robert Steuckers
Ronde Tafel met Robert Steuckers
"Rusland en Syrië, geopolitieke veranderingen"
Table Ronde avec Robert Steuckers
"Russie et Syrie, changements géopolitiques"
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samedi, 12 décembre 2015
La senda del samurai
La senda del samurai
por José Luis Muñoz Azpiri
Ex: http://culturatransversal.wordpress.com
A la memoria de Moisés Mauricio Prelooker. “Es mejor prender una vela que maldecir las tinieblas” (Confucio).
Desde hace ya muchos años constituye un lugar común entre los “analistas de café” el célebre apotegma de un premio Nóbel de economía que sentenció: “Existen cuatro clases de países en el mundo: Desarrollados, subdesarrollados, Japón y la Argentina”, dando a entender que un país pródigo en recursos materiales y humanos no tiene nada y que otro, sometido a las adversidades del medio geográfico y a las trágicas vicisitudes de su historia lo tiene todo.
Dicha frase a pasado a integrar la larga lista de sentencias autodenigratorias con las cuales la “intelligentzia” y sus voceros que, pontifican respecto a la “nociva” experiencia histórica de los protagonismos populares y nos estigmatizan como representantes del pensamiento arcaico o resabios de ideologías perimidas y arrasadas por los vientos de una discutible globalización. Omiten destacar que el Japón pudo convertirse en un país moderno porque fue atípico, porque se aferró a sus instituciones tradicionales, porque mantuvo en forma inquebrantable su propia personalidad nacional.
El desarrollo japonés se caracterizó por un elevadísimo ritmo de acumulación, sobre todo de capital productivo. La reinversión llegó a la tercera parte del producto en el largo período de prosperidad que siguió a la Segunda Guerra Mundial. El capitalismo japonés fue fundamentalmente austero, no solo en los estratos superiores, sino en toda la población
Los gastos militares, que antes constituían el 7% del producto, se redujeron a niveles insignificantes a partir del gobierno del general Mc Arthur. Por otra parte, el mismo gobierno japonés impuso una reforma agraria más avanzada que la que habían deseado algunos reformadores. El desmantelamiento de las fuerzas armadas liberó a muchos técnicos, que iniciaron modestas empresas que después alcanzaron dimensiones gigantescas. El gobierno y la iniciativa privada incorporaron masivamente la tecnología de Occidente, sobre todo por el envío sistemático de gente a formarse en el exterior. Pero no renegó de sus propios valores ni abjuró de su historia y su tradición. Solo se admitieron las trasnacionales cuando el Japón pudo tenerlas y competir con ellas.
Ahora bien, ¿A qué se debe la austeridad del capitalismo japonés? ¿Algunos pueblos están predestinados a la acumulación previsora y otros al derroche por su carácter nacional o por un determinismo genético? ¿Existe algún fatalismo histórico que lleva a algunas naciones a la prosperidad y a otras a la pobreza y a la dependencia?
Indagando el pasado
En 1543, un barco comercial portugués que iba rumbo a China naufragó en alta mar y después de varias semanas de estar a la deriva encalló en la isla Tanegashima en el extremo sur de Kyushu. Los tripulantes fueron rescatados por los isleños, quienes repararon el buque portugués para que pudieran volver a su patria. Los portugueses, muy agradecidos, hicieron una demostración de “tubos negros que lanzaban fuego estruendosos y simultáneamente dan al blanco con una distancia de más de setenta metros”. El señor feudal de Tanegashima se asombró por la precisión con que alcanzaron el blanco las balas y compró dos ejemplares a cambio de una cuantiosa cantidad de plata. Fueron los primeros fusiles que se conocieron en Japón.
Unos años después, los portugueses volvieron a Japón trayendo muchos fusiles tratando de venderlos bien; pero el precio que lograron no llegaba al nivel esperado. Después de varios días de frustración, los portugueses descubrieron que ya en el mercado japonés estaban en venta gran cantidad de fusiles fabricados por los japoneses. Resultó que el señor de Tanegashima (Tokitaka, 1528–1579), al comprar los dos fusiles, ordenó a su súbdito, Kinbei Yaita, encontrar la manera efectiva de reproducirlos. Kinbei desarmó los fusiles y con la ayuda profesional de los herreros de espadas logró dominar la metodología para fabricarlos.
La técnica de manufactura de fusiles fue transmitida a Sakai (en aquella época era el centro comercial “industrial” de Japón; se ubica al lado de Osaka). Los herreros especializados en producir las famosas espadas japonesas dominaban los secretos de cómo forjar el acero y dar tratamiento térmico más adecuado para aumentar la resistencia del metal. Tenían sus talleres alrededor de Sakai y empezaron a manufacturar los fusiles con mejores resultados que los originales en cuanto a la calidad de la puntería y resistencia al calor.
Al principio, los tradicionales señores feudales no reconocieron el verdadero valor de los fusiles. Los consideraban armas cobardes e indignas de un samurai y rechazaron darles un lugar merecido en la estrategia militar. Pero la historia de Japón fue drásticamente modificada a partir de la batalla de Nagashino en 1575, cuyos protagonistas no fueron famosos caballeros con armaduras, lanzas y espadas, sino desconocidos fusileros.
Este episodio, y posteriores, se encuentra en el encantador e imprescindible libro de Kanji Kikuchi: “El origen del poder. Historia de una nación llamada Japón” (Sudamericana, 1993) de obligatoria lectura para quien quiera aproximarse al espíritu nipón. Con este incidente, se inicia una lucha de cuatro siglos contra las tentativas de los “bárbaros del este”, es decir, los occidentales.
Una sociedad jerárquica
Hasta 1867 existía en Japón una estructura de poder dual. El emperador, con residencia en Kyoto, resumía la autoridad religiosa y la santificación de la jerarquía social, pues otorgaba títulos y poderes nobiliarios, pero carecía de funciones políticas reales. El verdadero poder estaba en manos de los grandes señores feudales, los daimyos, entre los cuales descolló Tokugawa, quien dio su nombre a todo este período. El emperador era un personaje sin poder real, relegado a un papel simbólico, de carácter esencialmente religioso. El verdadero jefe de gobierno era el shogun, equivalente al chambelán de palacio de los francos, que ejercía un cargo igualmente hereditario.
Al servicio de los daimyos estaba la casta militar de los samurai y, en la base, los labradores (no), los artesanos (ko), los comerciantes (sho) y los desclasados (hinin, “no humanos”); todos despreciados y oprimidos al no ejercer la actividad guerrera, y sujetos a disposiciones rigurosas sobre vestimenta, prohibición de montar a caballo, etcétera.
Los daimyos y sus guerreros profesionales, los samurai, combinaban una difusa lealtad al emperador y a las antiguas instituciones con una despiadada explotación de los campesinos, cuya situación era tan desesperante que los inducía con frecuencia al mabiki (infanticidio) con el objeto de los niños sobrevivientes pudieran seguir alimentándose.
Los occidentales intentaron repetidas veces poner el pie en el Japón, aunque los shogun, en un intento desesperado de cortar todo lazo con Occidente – llegaron a prohibir la construcción de barcos oceánicos y a castigar con la pena de muerte el arribo de extranjeros. Pero todo cambió con la penetración imperialista: en 1853, cuatro barcos pintados de negro dirigidos por el Comodoro norteamericano M.C.Perry (1794-1858) aparecieron el la bahía de Tokio (Edo de entonces) y exigieron la apertura del Japón. ¿La razón?, aunque parezca increíble: las ballenas.
En aquel entonces, los puertos japoneses se necesitaban como bases de reabastecimiento para los buques balleneros norteamericanos. Los estadounidenses, conquistando la frontera oeste, llegaron a California. La población norteamericana estaba en franca expansión y la demanda de la grasa de ballena, una suerte de petróleo de la época, como aceite para las lámparas y la materia prima para fabricar alimentos y jabones, crecía cada vez más. Al principio, los norteamericanos cazaban ballenas en el Océano Atlántico, pero al exterminarlas (los cachalotes del Atlántico), se trasladaron al Pacifico y pronto se convirtieron en los dueños del Océano Pacífico del Norte. Los buques balleneros salían de su base en California y tomaban a las islas Hawai como base de reabastecimiento. Según la estadística del año 1846, los buques balleneros norteamericanos en el Océano Pacífico sumaban 736 y la producción anual de aceite de ballena llegó a 27.000 toneladas.
Estos buques balleneros persiguiendo cachalotes navegaron desde el mar de Behring hasta la costa norte del Japón. Entrando al siglo XIX, los buques balleneros norteamericanos aparecieron varias veces en la costa japonesa, pidiendo suministros de agua y comida, además de combustible. Porque la autonomía de esos balleneros que navegaban a vapor no era suficiente para un viaje que demandara más de cinco meses. Conseguir la base de reabastecimiento en Japón, o no, era de vital importancia para mejorar la productividad de estos buques factorías. Sin embargo, las autoridades locales de las pequeñas aldeas de pescadores del Japón automáticamente rechazaron a los buques balleneros y ni siquiera les permitieron desembarcar. Para ellos no hubo ningún motivo de discusión al cumplir la orden de la Carta Magna celosamente respetada durante siglos por sus antepasados. A nadie le importaba el por qué del aislamiento. No tratar con los extranjeros era simplemente una regla de juego que había que cumplir so pena de muerte, y punto. La ley de aislamiento ya formaba parte del ser japonés.
El Comodoro Perry volvió a la bahía de Edo en el año siguiente (1854), esta vez con siete negros buques de guerra, y llegó hasta la distancia adecuada para el alcance de sus modernos cañones que apuntaban al castillo y a la ciudad de Edo, y exigió de nuevo la apertura. El Shogunato de Tokugawa, completamente asustado, firmó el acuerdo de amistad con Norteamérica, concediendo dos puertos como base de reabastecimiento para sus barcos: Shimeda y Hakodate.
De esta manera, el aislamiento en que el Japón vivía desde el comienzo del siglo XVII fue levantado a la fuerza por la escuadra de Perry. Ese año arribó al Japón el primer Cónsul General de Norteamérica, Mr. Harris (1804-78). La misión del señor Harris era lograr la firma del Tratado de Libre Comercio bilateral con el Gobierno del Japón. Inmediatamente lograron concesiones similares Inglaterra, Holanda, Francia y Rusia.
Esto contribuyó a desprestigiar al Shogun, y el Emperador, apoyado por una parte de la nobleza, de los samurai que controlaban la flota y el ejército, y de algunas poderosas familias de banqueros, depuso al Shogun, destruyó el poder territorial de la nobleza feudal e impuso un régimen centralizado: un ministerio de quince miembros, fuerzas armadas unificadas, impuestos, administración y justicia nacionales.
El grito que surgió en Japón, sin embargo, fue Isshin: volvamos al pasado, recobremos lo perdido. Era lo opuesto a una actitud revolucionaria. Ni siquiera era progresiva. Unida al grito de “Restauremos al Emperador”, surgió el de “Arrojemos a los bárbaros”, igualmente popular. La nación apoyaba el programa de volver a la edad dorada del aislamiento, y los pocos dirigentes que vieron cuán imposible era seguir semejante camino fueron asesinados por sus esfuerzos de renovación.
Con la misma terca determinación con que se habían negado durante cuatro siglos a todo contacto con los extranjeros (salvo la curiosa excepción de los holandeses, que eran tolerados, pero confinados en una isla artificial) los japoneses se lanzaron a la aventura de vencer a los occidentales con sus propias armas. Se acusó al shogun – uno de cuyos títulos era el de “generalísimo dominador de los bárbaros” – de ser incapaz de impedir la humillación nacional, se le obligó a renunciar y se desencadenó un tsunami bautizado como “Restauración Meiji”.
La Restauración Meiji
Desde 1867 ocupaba el trono imperial un muchacho de quince años, Mutsuhito, quien adoptó en 1868 para designar su reinado el nombre del año en curso, Meiji (“gobierno ilustrado”). Los eruditos del culto nacional (Shinto) habían ganado mucho apoyo para su concepción de que el Japón era un país superior, por contar con una casa imperial fundada por la Diosa del Sol. Estas enseñanzas – que constituían en realidad la doctrina nacional japonesa – fueron rescatadas por los grandes señores feudales del sudoeste del Japón, que querían debilitar la institución del Shogunato para imponer su propia autoridad.
Cuando el Estado se configura como tal, a partir de la acumulación mercantil, elementos como la religión (transformación cultural del animismo, según algunos antropólogos), queda incorporado al orden estatal como regulador del consenso.
Se levantó así la bandera del “retorno a lo antiguo” (fukkó) y los jóvenes samurai, violentamente antiextranjeros – que se habían vinculado extensamente entre si a través de años de entrenamiento en las academias de la espada, y que a menudo eran pobres – se plegaron al bando de los daimyos del sur, y derrocaron al último shogun, entregando el poder al emperador adolescente, en cuyo nombre se había realizado todo el movimiento.
En 1868 los principales señores feudales fueron convocados al palacio imperial de Kyoto, donde se proclamó la restauración del poder imperial. Al año siguiente la capital fue trasladada a Tokio, y se inició la construcción del Japón moderno.
Para 1889 se había creado una monarquía constitucional fuertemente oligárquica, con dos cámaras: la de los pares, vitalicios, designados por el emperador y elegidos por los grandes propietarios, y la de diputados, elegida por los habitantes que pagan censo (500.000 sobre 50 millones que componían la población total. El apoyo directo del régimen lo constituía la casta militar.
Tales cambios no modificaron la situación del jornalero agrícola, ferozmente explotado, y fueron acompañados por el empobrecimiento brutal de los pequeños campesinos propietarios, que debieron vender e hipotecar sus tierras. Tampoco se evitaron totalmente las tensiones entre la casta militar y la nueva burguesía. Pero la estructura samurai, actuando sobre el capitalismo existente y el poder fuertemente centralizado, dio origen a un desarrollo aceleradísimo, que se benefició del éxodo de los campesinos arruinados y de los obreros agrícolas, empujados por la miseria hacia las ciudades, donde formaron un enorme ejército de mano de obra barata.
La centralización del poder permitió que, en lugar del tradicional laissez-faire de los capitalismos occidentales, se instituyera un fuerte capitalismo de Estado, que mediante la asociación con la nueva oligarquía, dio origen a una rápida trustificación, tanto en la banca como en la industria. El Estado creó y modernizó la industria del hierro, del acero y las empresas textiles, cediéndolas luego a los particulares. Se crearon instituciones bancarias a imitación de las de Estados Unidos, y los comerciantes japoneses, apoyados por el Estado, desplazaron a los extranjeros.
El período llamado Meiji significó así la estructuración en pocos años de una sociedad capitalista centralizada, monopólica, militarista, que producía a muy bajos costos debido a lo económico de la mano de obra. Estaban dadas todas las condiciones para que Japón se lanzara a la expansión imperialista y territorial, en conflicto con las otras potencias, y en primer término con Rusia, con la que debía dirimir la hegemonía sobre la costa asiática del Pacífico.
Pilares de la transformación
Los líderes revolucionario-tradicionalistas estaban convencidos que la fuerza de los países occidentales provenía de tres factores:
– El constitucionalismo, que originaba la unidad nacional
– La industrialización, que proporcionaba fuerza material
– Un ejército bien preparado. La nueva consigna fue: “país rico, armas fuertes” (fukoku-kyohei).
Basados en estas premisas pusieron en marcha drásticas reformas que significaron en poco tiempo la liquidación de toda la estructura de la sociedad feudal. En primer término se obligó a los grandes daimyos a revertir sus propiedades al trono, que era considerado titular de toda la tierra japonesa. Los señores feudales, en una primera etapa, fueron nombrados gobernadores de sus antiguos feudos.
Pero eso duró poco. En 1871 los gobernadores-daimyos fueron convocados a Tokio, se les entregó un título de nobleza, a la usanza occidental, y se les quitaron sus cargos, al mismo tiempo que se declaraba abolido oficialmente el feudalismo. Los 300 feudos fueron convertidos en 72 prefecturas y tres distritos metropolitanos.
No menos decidida fue la campaña contra la estratificación social que había predominado durante la época feudal. Era fácil otorgar títulos y generosas pensiones a los grandes señores feudales, pero resultaba mucho más difícil reubicar a más de dos millones de samurai y demás dependientes, sin dinero y sin tierras. A éstos se les concedió una pensión igual a una parte de su antiguo estipendio, y cuando la erogación resultó una carga demasiado pesada para el erario, se los sustituyó por bonos del tesoro, inconvertibles y de bajo interés. Se les prohibió también portar espada y seguir exhibiendo su característica coleta.
Pronto las pensiones y bonos se esfumaron, pues la inflación devoró gran parte de su valor. Por otra parte, los samurai carecían de capacidad para adaptarse a las nuevas condiciones imperantes. En 1873, el mazazo final: se instituyó la conscripción obligatoria, con lo cual los samurai perdieron su tradicional monopolio del servicio militar. Hubo motines, por supuesto, pero fueron sofocados. El más célebre fue el de Saigo.
Caballos desbocados
Después de la Restauración Meiji, los samurai que pelearon para derrocar el régimen feudal, advirtieron que habían sido utilizados y que su premio había sido la desocupación y la pérdida de todos sus privilegios. Al hecho de no poder portar katana ni la indumentaria que los había caracterizado durante siglos se sumaba la obligación de tener que trasladarse a Tokio (ex Edo) con el consiguiente abandono de sus castillos tradicionales y la separación de sus súbditos. Era el precio a pagar por la modernización a la que consideraban una traición a los valores tradicionales y nacionales y una imitación servil de todo lo extranjero.
Takamori Saigo, quien fuera Comandante Supremo de las Fuerzas Unidas Reales que derrotaron al Shogunato, surgió por propia gravitación como líder de los descontentos.
Por esa época, al igual que la actual, Rusia porfiaba en lograr puertos cálidos en el sur, que no se congelaran en el invierno (Tal fue una de las principales causas, sino la principal, de la invasión a Afganistán), en algún lugar en la Bahía del Mar Amarillo o en la costa coreana. Por ello el Imperio Ruso se interesaba tanto en Manchuria o en la Península Coreana a las que Japón consideraba vitales para su defensa. Saigo intentó resolver militarmente los dos frentes aprovechando la energía latente de los samurai ora desempleados y planeó la invasión de Corea. El rechazo a sus planes detonó la rebelión de Satsuma de 1877.
Fue la última de las grandes protestas armadas contra las reformas del nuevo gobierno Meiji, y sobre todo contra aquellas que representaban una amenaza para la clase samurai al acabar con sus privilegios sociales, reducir sus ingresos y obstaculizar su tradicional estilo de vida. Son muchos los samurai de Satsuma que en 1873 abandonaron el gobierno junto a Saigo, resentidos por el rechazo a la propuesta de éste de invadir Corea y por el proceso de reforma, que parecía hacer caso omiso a sus intereses. La rebelión surgirá por fin en enero de 1877, acabando con el suicidio de Saigo. Cuenta la tradición que se quitó la vida cometiendo el tradicional seppuku (harakiri) junto con trescientos de sus últimos seguidores.
Junto con Saigo, murieron los samurai como fuerza política vigente. Pero la imagen que dejaron, idealizada y embellecida, renació inmediatamente después de la muerte como símbolo de la ética del pueblo. El espíritu honorable de los samurai y sus almas nobles empezaron a buscar un lugar en el corazón de los ciudadanos comunes de Japón. Hoy se venera su memoria junto a las leyendas de los Marinos de Tsushima, el general Kuribayashi de Iwo Jima o los más de 300 pilotos Kamikaze de la Segunda Guerra Mundial.
Con ligeras variantes, este episodio fue narrado en las novelas de Yukio Mishima, las películas de Kurosawa o en la versión hollywoodense de “El último samurai”.
Cómo generar capital sin endeudarse
La abolición de los señores feudales y la expropiación de sus feudos hizo posible desechar el viejo sistema de tenencia de la tierra e instituir un sistema impositivo regular y confiable. Los líderes del Japón moderno estaban convencidos de que sólo podían y debían depender de sus propios recursos. Para obtenerlos no vacilaron en decretar un impuesto en dinero del 3% sobre los valores inmobiliarios, para lo cual se realizó previamente, en 1873, un censo agrario, determinando sus tasaciones sobre la base de los rendimientos medios en los años anteriores. Este censo permitió también otorgar títulos de propiedad a los campesinos, a quienes se liberó de todas las tabas feudales, dándoles entera libertad para escoger sus propias siembras.
Todas estas medidas requirieron cierto tiempo, y como implicaban cambios fundamentales, hubo momentos de gran confusión y frecuentes desajustes, que provocaron levantamientos y manifestaciones de campesinos. Sin embargo, la entrega en propiedad a los campesinos, junto con las enérgicas medidas adoptadas por el nuevo régimen para promover los adelantos tecnológicos y adoptar nuevos fertilizantes y semillas seleccionadas, produjeron finalmente un enorme incremento en la producción agraria. Sobre esas bases se construyó el Japón moderno, que en tres décadas pasó de sus inofensivos barcos de guerra de madera a una poderosa flota, con la cual el almirante Togo hundió en el estrecho de Tsushima (1905) a toda la flota rusa del Báltico, que acudía a Extremo Oriente para tratar de levantar el bloqueo japonés.
El impuesto a la tierra y la emisión de papel moneda avalado por los valores inmobiliarios se convirtieron durante varias décadas en la principal fuente de recursos del Estado japonés.
En toda su historia, el Japón sólo ha hecho uso de un préstamo inglés de un millón y medio de libras esterlinas.
Así, en el plazo de una generación y contando solamente con sus propias fuerzas, el Japón se convirtió en una gran potencia. Téngase en cuenta para valorar lo realizado, la extrema pobreza del territorio japonés, que obliga a depender tanto del mar como de la tierra para alimentarse. La alternativa consistía en convertirse en una colonia europea o norteamericana, a lo cual Japón parecía predestinado por su carencia de recursos materiales y su falta de tradición tecnológica. Eligió otro camino.
Japón probó que un pueblo asiático era capaz de desarrollar los adelantos técnico-industriales ostentados por los occidentales, y luego enfrentar militarmente a estos, aún derrotándolos, como sucedió con Rusia. El Japón, como ejemplo que demostraba la mentira occidental de una superioridad basada en la raza o en recónditas cualidades espirituales, contó con las simpatía del naciente movimiento nacionalista, tanto chino como indio, indonesio, vietnamita, birmano, malayo o filipino.
¿Imitación o creatividad endógena?
La autogestión y la imitación, ¿son en realidad dos polos opuestos? Un país que desee acelerar su industrialización debe ser capaz de reconciliar ambos aspectos, como lo demuestra la experiencia japonesa.
En 1875 el gobierno Meiji inició la primera fábrica moderna de manufactura de hierro, en Kamaishi, bajo la supervisión de un ingeniero británico. Durante veinte años habían operado allí pequeños hornos, construidos también conforme a un diseño extranjero, pero sin ingenieros extranjeros. Los hornos habían tenido dificultades financieras, pero técnicamente habían tenido éxito. Con todo, el gobierno ignoró esta tecnología tradicional y prefirió los métodos británicos. Los resultados fueron desastrosos. Al cabo de cien días se acabó en carbón. Después de un tiempo se reanudó la producción utilizando coque. Pero esto dio por resultado la congelación del hierro y el coque en el horno y, así, hubo de clausurarse toda la planta.
La investigación tecnológica e histórica señala las tres causas siguientes del fracaso: había una amplia brecha entre la modernidad de la tecnología en que se basaba el nuevo horno y la forma anticuada de producir carbón: la ubicación de los hornos y el sistema total de transporte no eran adecuados para proporcionar rápidamente materia prima, y el diseño del horno mismo era fundamentalmente defectuoso. Además, la operación era dirigida por extranjeros, quienes no tomaron en consideración las características del mineral de hierro y el carbón japoneses. Debe añadirse una cuarta causa, a saber, la veneración por Occidente que sentía el gobierno. Este fracaso inicial de establecer la industria moderna del hierro en Japón demuestra claramente los peligros de importar tecnología sin prestar atención a las condiciones locales, y también demuestra la ventaja de la tecnología doméstica, es decir, su integración prioritaria con las condiciones locales.
Si deseamos examinar intentos anteriores de crear un moderno sector de la manufactura de hierro, podemos volvernos a la historia de la fundición de cañones. Aquí encontramos lo que se puede designar como el “modelo de la autogestión /imitación”, que podría demostrar ser un ejemplo valiosos para los países actualmente en desarrollo. Los hornos de reverbero en Saga, Kagoshima, Nirayama, Tottori y Hagi se basaban todos en un libro en idioma holandés. Hubo un prolongado proceso de prueba y error: tan solo la mitad del hierro se fundía, los cañones estallaban al primer disparo, etc… Pero no debe pasarse por alto el hecho de que, en medio de innumerables fracasos tuvieron un progreso constante. En efecto, en solo unos cuantos años todos los problemas iniciales habían sido superados y para fines del período Edo (1600 –1868) habían construido alrededor de doscientos cañones, incluyendo tres con rayado en espiral, que eran el último avance en la Europa contemporánea. Pese a innumerables fracasos, la velocidad con que asimilaban la nueva técnica exógena nos parece sorprendente. Ha habido muchos debates acerca de las razones de esta velocidad, pero aquí es de interés especial la posición adoptada por el profesor Shuji Ohashi: Usando sus estudios detallados sobre la metalurgia del hierro en las postrimerías del período Edo, el profesor Ohashi ha mostrado tres etapas diferentes en el proceso de formación de la tecnología del fundido de cañones en Saga. Cada una de estas etapas tuvo su propia contraparte en el desarrollo europeo.
La primera etapa fue el fundido de cañones de bronce. En Japón, este período duró de 1842 a 1859, mientras que la misma tecnología en Europa había permanecido en la etapa del bronce hasta mediados del siglo XVII. En ambos lugares, constituyó la base histórica para el fundido de cañones posterior. En Japón, esta segunda etapa de fundir cañones de hierro tuvo lugar entre 1851 y 1859 y correspondió a un avance que tuvo lugar en Europa desde mediados del siglo XVII a la década de 1850. La tercera etapa, que data de 1863, se centró en la capacidad de hacer cañones rayados de acero fundido. Esta etapa correspondió al desarrollo europeo desde la década de 1840. Debe observarse que, aunque cada etapa cubrió solo un breve período de tiempo, Saga había pasado exactamente por las mismas etapas y en el mismo orden que Europa.
En este desarrollo, confiaron no sólo en su propia experiencia en el fundido de cañones de bronce, sino también en muchos otros logros de la ciencia y la tecnología locales, tales como la elaboración de ladrillo refractarios, la utilización de la energía hidráulica, la aritmética japonesa local y, sobre todo, la totalidad de la tecnología doméstica de manufactura de hierro. Los artesanos desde hacía tiempo habían hecho armas, tales como espadas y pistolas, e implementos agrícolas tales como rastrillos y hoces de hierro en bruto y acero. Las temperaturas de sus horno eran comparables a la de los altos hornos. Así, los artesanos tenían un nivel notablemente alto en el arte del forjado y la fundición, y estaban bien informados acerca del comportamiento del hierro fundido y otros materiales diversos en altas temperaturas.
Sin el apoyo sólido de la tecnología local y de sus propias experiencias en las tecnologías precedentes, no puede esperarse que tenga éxito cualquier intento de imitación. Esto está fuera de toda dudad. Pero ¿podrían haber alcanzado los mismos resultado sin imitación alguna?. Sin duda, pero posiblemente con mucha lentitud. El intento de imitar un modelo occidental sin duda los alentó.
Exactamente debido a que sus intentos de fundir cañones fueron una imitación de tecnología exógena, estos intentos fueron acompañados por problemas nuevos, previamente desconocidos. La resolución de éstos requería de un nivel de destreza tecnológica más alto que el que realmente habían logrado los ingenieros.
Afortunadamente, las brechas que se encontraban cada vez eran lo suficientemente pequeñas como para superarlas. Pero, debido a la presencia de estas brechas, el incremento de sus habilidades puede describirse mejor como una serie de “saltos” en vez de cómo un simple progreso.
El desarrollo tecnológico japonés ha conocido muchos saltos así, uno de los cuales, por lo general, se considera como la fecha de nacimiento de la moderna industria del hierro de Japón: el primero de diciembre de 1857 vio encenderse el primer fuego en el alto horno de Kamaishi, un horno de carbón que una vez más se basó en el libro único mencionado arriba. Claro está que, fuera de estos saltos, hubo fracasos, pero también éstos fueron importantes, ya que prepararon a los ingenieros japoneses para su siguiente salto. Esta característica (es decir, una serie de saltos pequeños) del desarrollo tecnológico japonés es extremadamente importante para los países actualmente en desarrollo. En la medida que los países emergentes pretenden alcanzar el mismo nivel tecnológico que los países desarrollados en un período de tiempo más corto, sus planes de desarrollo necesariamente deben diseñarse como una serie de saltos.
Los problemas sociales relacionados con los saltos tecnológicos también deben ser interesantes para los países que inician su propio desarrollo. Los saltos técnicos deben ser vistos en sus contextos sociales e históricos. Pues, aunque en sí es un logro tecnológico, cada salto siempre fue parte inseparable de algún movimiento social histórico. El primer salto surgió de la agitación que comenzó con el choque social ocasionado por la Guerra del Opio y la aparición de buques de guerra occidentales y que terminó con la caída del gobierno Edo. Muchos cañones fundidos durante esa época fueron disparados contra el gobierno de Tokuwaga así como contra escuadrones occidentales. El segundo salto, claro está, estuvo asociado con el gran cambio social después de la Revolución Meiji, y el tercero con la tensión internacional entre la guerra ruso-japonesa. Mas tarde, también, los acontecimientos históricos siguieron siendo el incentivo de los saltos.
Hablando de manera general, en siempre que Japón tuvo siempre éxito en utilizar la pasión nacionalista creada por los períodos de agitación, y emplearla como fuerza motriz para un salto tecnológico. Esto sigue siendo verdad. Por ejemplo, los dirigentes japoneses hicieron uso pleno de la crisis del petróleo en 1973 a fin de crear un sentimiento de urgencia que pudieron aprovechar para el desarrollo integral de tecnología economizadora de energía.
Respecto a los sentimientos nacionalistas como ayuda para crear un salto tecnológico, un período especialmente interesante de la ciencia y tecnología japonesas es el período entre las dos guerras mundiales. La Primera Guerra Mundial impresionó mucho a los japoneses con las virtudes de la ciencia. Mas concretamente, habían sufrido varios tipos de carencias porque hubo que detener ciertas importaciones, y admiraban a los alemanes por haber inventado materiales sustitutos, bajo circunstancias similares, gracias a su ingenio científico. La tendencia que comenzó con esta guerra fue la “ciencia de los recursos”, que significaba la ciencia para asegurarse los recursos y para la invención de sustitutos, así como la ciencia de los “materiales de los recursos”. El problema que Japón había afrontado durante la guerra fue una especie de “dependencia tecnológica” parecida a la que puede verse ahora en los países periféricos. En consecuencia, más tarde se recalcó la independencia respecto de la tecnología occidental.
El respeto a la propia cultura, clave del éxito japonés
¿Cómo puede una sociedad reaccionar a las influencias exógenas y desarrollar capacidades potenciales endógenas? El hecho de que ambas van de la mano se ha demostrado repetidamente a lo largo de la historia. Como hemos visto, la experiencia japonesa misma lo comprueba: Japón fracasó cuando trató sencillamente de importar el conocimiento, sin tener en cuenta las condiciones propias. E incluso Europa lo había tomado en préstamo y lo había integrado, ya que en la temprana edad de este milenio Europa aprendió mucho de la ciencia y técnica altamente avanzadas de las zonas culturales árabe, hindú y china. Este proceso incluyó abundantes ejemplos de imitación y préstamo. Pero, una vez arraigados en la cultura europea, estos elementos exógenos permitieron que surgiera la energía latente en las condiciones domésticas europeas. Y Europa comenzó a desarrollarse rápidamente.
Sobre la industrialización del Japón existen los excelentes estudios del profesor Kazuko Tsurumi, que rechaza la opinión que considera la ciencia y la tecnología como entidades independientes de la cultura de cualquier sociedad en particular. Cada cultura tiene sus propias formas tradicionales de conocer y hacer. Esto significa que habrá un conflicto entre toda la tecnología prestada y la cultura local del país que la pide en préstamo, conflicto que no puede resolverse sino en el momento en que la tecnología se haya integrado a la cultura. El profesor Tsurumi investigó los conflictos en la tecnología local de la manufactura del hierro en el período Meiji en Japón. Este enfoque se recomienda a sí mismo como un método tecnosociológico. Si comparamos los diversos conflictos ocasionados por la importación de tecnología en algunos países, podemos encontrar muchas claves para la comprensión de la relación entre tecnología y cultura social. No obstante, al comparar China y Japón, el profesor Tsurumi siempre parece considerar la autogestión de manera favorable y positiva, refiriéndose a la imitación en términos negativos. Pero sería imposible para los países en desarrollo alcanzar la industrialización sin imitar o tomar a préstamo tecnología. Tal el caso de nuestra industria metalmetalúrgica de aplicación agrícola.
Un país capitalista atípico
Como Rusia, el Japón llegó tarde al desarrollo capitalista. Pero a diferencia de aquella, a partir de la Revolución Meiji de 1867, el sistema feudal fue superado en forma muy acelerada, por un lado; por el otro, también a diferencia de la burguesía rusa, la japonesa, apoyada en un fuerte capitalismo de Estado, logró controlar férreamente el proceso excluyendo del mismo la presencia y penetración del capital extranjero.
La modernización del Japón, ocurrida de este modo, prácticamente se salteó el período del capitalismo de libre competencia, pasando en forma casi directa del feudalismo al capitalismo monopolista. La Restauración Meiji (1868) convirtió al Japón en un país moderno, aunque atípico. En realidad, tendríamos que señalar que pudo convertirse en un país moderno porque fue atípico, porque se aferró a sus instituciones tradicionales, porque mantuvo en forma inquebrantable su propia personalidad nacional.
Ese espíritu independiente se puso de manifiesto en todos los terrenos. En lo referente al desarrollo industrial japonés, este fue totalmente autofinanciado, y los nipones no pidieron el más mínimo crédito a Occidente. Los bancos controlados por el Estado y ampliamente provistos de fondos provenientes de la recaudación del impuesto a la tierra, suministraron todos los capitales necesarios para crear la industria pesada y la liviana. Una vez que se consolidaron las grandes familias (zaibatzu), dotadas de enorme poder económico y político, e integradas en algunos casos por parientes y amigos de los líderes Meiji, se les fueron entregando las plantas industriales. El desarrollo tuvo un ritmo impresionante, pero gracias al bajísimo nivel de vida de la población.
Al mismo tiempo, se producía una profunda revolución político – religiosa. Un decreto imperial de 1890, que amalgamaba elementos confucianos y shintoístas, estableció la política educacional del nuevo régimen. Las lealtades feudales fueron reemplazadas por la lealtad a la Nación, encarnada en la figura mítica del Emperador, como un deber patriótico ineludible. Se inculcó en todos los estratos sociales el ideal samurai del honor y la lealtad, que de este modo se convirtió en la herencia legada por los antiguos clanes dominantes. También quedó claramente en vigencia la veneración por los ancianos – rasgo típico de toda cultura arcaica – y los estadistas de mayor edad, después de abandonar la función pública, integraban una especie de gerontocracia, formando un consejo asesor que mantuvo en forma inflexible la continuidad y la coherencia de la política japonesa.
No se podría comprender nada de lo que ocurrió en Japón en estos cien largos años sin tener presente esta mezcla inextricable de lo antiguo y lo moderno. Y digámoslo con claridad: para que un país se realice debe asumir plenamente su destino y su tradición nacional, es decir, debe de tener como punto de referencia su futuro y su pasado.
En estos términos es posible comprender lo que ocurrió en Japón. En ese país se mantenía totalmente viva, apenas recubierta por un débil estrato feudal, la cultura arcaica, que liga al hombre con su tierra y consigo mismo, esa sociedad que el mundo occidental niega, porque lo toca demasiado de cerca, o que lo relega a los pueblos que llama “primitivos” (Véase al respecto las obras de Pierre Clastres). La Restauración Meiji rescató y permitió el afloramiento de dos aspectos básicos de esta sociedad, en las condiciones históricas muy especiales de ese aislado país insular:
1. la lealtad a la institución imperial, en la cual habían quedado sintetizados y simbolizados todos los valores espirituales de la aldea arcaica, y
2. el odio a los bárbaros es decir, hacia la civilización occidental, en lo cual no se equivocaban en absoluto, porque esa civilización representaba una amenaza clara de destrucción de todos sus valores esenciales.
Civilización y Barbarie
¿Por qué pudieron los japoneses afianzar su existencia como nación ante las presiones de todas las potenciales coloniales?
Disentimos en un todo con las explicaciones reduccionistas de ciertos “analistas” que atribuyen el desarrollo nipón a su espíritu imitativo y pragmático. Esta explicación, elemental por cierto, que atribuye a una civilización milenaria un supuesto deslumbramiento por la técnica y la cultura de Occidente, se da, como hemos visto, de bruces con la realidad, con la historia del Japón. No es otra cosa, que una de las tantas manifestaciones de etnocentrismo occidental.
El Japón evitó ser aplastado e impuso su presencia como nación porque se replegó sobre sus propias tradiciones, que se apoyan en el basamento inconmovible de la cultura arcaica, cimiento insustituible de una comunidad bien organizada.
De este modo se constituyó, como hemos dicho, en el heraldo de las reivindicaciones nacionales de otras naciones asiáticas. Lo logró porque a partir de sus propios valores, plenamente vigentes, antepuso ante todo lo demás su reconstrucción nacional, tras ser el único pueblo del planeta en sufrir una agresión atómica, aceptó una total austeridad, desechó todo lo superfluo y contando solamente con sus propias fuerzas se colocó en dos décadas a la vanguardia de las potencias industriales.
Comprendieron que en el dilema “civilización o barbarie” tan caro al pensamiento de nuestros liberales; que llegaron a importar maestras norteamericanas que ni siquiera sabían el castellano y esgrimieron la consigna para realizar una salvaje campaña de “limpieza étnica” con las montoneras del interior, que civilización es lo propio y barbarie lo extraño. Y los países que lo advierten tienen defensas más eficaces ante el intento la imposición del pensamiento único, mediante el bombardeo masivo de los medios de comunicación donde se ofrece un supuesto mundo racionalista y eficiente. “Un infierno climatizado que nos quieren vender como felicidad” decía Julio Cortázar. Un racionalismo que ha realizado un asalto despiadado e irracional contra el hombre y la naturaleza y una eficacia que se traduce en crisis y guerras eternas.
Al igual que el Japón, debemos afirmar que nuestro propios valores y nuestras propias esencias son más trascendentes, porque hacemos propio el certero axioma de Le Corbusier: “Lo que permanece, en las empresas humanas, no es lo que sirve, sino lo que conmueve”.
Fuente: Una Mirada Austral.
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jeudi, 03 décembre 2015
Iran in context of Syrian conflict
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mardi, 01 décembre 2015
La grande hyperbole eurasienne
La grande hyperbole eurasienne
Ex: http://www.leblancetlenoir.com
Elle nous mène d'Ukraine à Taïwan en passant par Daech, Poutine et Turquie, sur un échiquier qui se réchauffe...
Ces dernières années, Syrie et Ukraine ont été, suivant le principe des vases communiquant, les deux mamelles de la Guerre froide 2.0 : la Syrie jusqu'à l'automne 2013 et le glacial accord russo-américain, l'Ukraine qui prend le relais jusqu'à l'été 2015 et les accords de Minsk II, de nouveau la Syrie depuis septembre et l'intervention russe. De là à penser que quelqu'un (beau temps à Washington ?) allume des feux pour fixer Moscou, il n'y a qu'un pas...
Or, pendant que la case syrienne est plus que jamais en feu, il semble que la case ukrainienne recommence doucettement à se réchauffer. Il ne faut certes pas (encore ?) dramatiser la situation mais certains développements récents sont préoccupants.
Nous avions laissé l'Ukraine dans son conflit gelé, suite logique de l'accord de Minsk imploré par les Européens et convoité avec délice par Moscou. Non contents d'enfoncer leur pays dans une situation dramatique - PIB en chute libre de 15%, exportations en dégringolade d'un tiers - ou peut-être justement pour faire oublier ces piteuses déconvenues bien loin des promesses du Maidan, les clowns de Kiev reprennent une logorrhée vindicative que l'on n'avait plus entendue depuis quelques mois. Ca a commencé il y a cinq jours par le black-out électrique de la Crimée suite au sabotage de lignes à haute tension par les néo-nazis du Pravy Sektor si chers à la mafia médiatique de Saint-Germain-des-Prés. A ce propos, notons que l'Occident s'est à nouveau couvert de ridicule et de honte à l'ONU en refusant de voter, comme l'année dernière, un texte condamnant la glorification du nazisme - les Etats-Unis, le Canada et évidemment l'Ukraine se sont prononcés contre, l'Union Européenne s'est courageusement abstenue...
Deux jours plus tard, des instructeurs de l'OTAN (les habituels suspects : Américains, Canadiens et Lituaniens) commencent à entraîner des militaires ukrainiens dans la région de Lvov tandis que l'Ukraine, par la voix de son premier pitre ministre interdit son espace aérien à tout avion russe. Enfin, il semble que la tension soit remontée d'un cran sur la ligne de cessez-le-feu du Donbass, avec l'envoi par Kiev d'une quarantaine de chars et que des obus recommencent à pleuvoir sur le Donbass (jusqu'à 70 par jour selon l'OSCE). Dans le même temps, sur ordre du gouvernement, Naftogaz renonce aux achats de gaz russe, ce qui fera évidemment dire à l'imMonde que la Russie coupe le gaz à l'Ukraine...
Que mijote donc Kiev ? Est-ce un simple et puéril coup de menton ou les parrains US du régime ont-ils activé un nouveau plan afin de créer un point de fixation pour la Russie et l'obliger à s'activer sur deux fronts différents ? Ou plus simplement augmenter la tension et ainsi prolonger de nouveau les sanctions. Si ça ne les arrange pas du tout, les Européens, dociles caniches de l'empire, devront ravaler leurs chuchotées protestations.
En tout cas, ça chauffe autour de la hautement stratégique Mer noire. Au nord, l'Ukraine et la Crimée. Au sud... la Turquie. Nous disions qu'Ankara regretterait bientôt son coup de folie ; c'est apparemment déjà le cas si l'on en juge par la demande d'Erdogan de rencontrer Poutine pendant le sommet de Paris, proposition sèchement refusée par le maître du Kremlin. L'ours est en colère et les danses du ventre byzantines n'y changeront rien, ce que commence à comprendre avec un peu de retard le sultan...
Les accusations de complicité pétrolière entre Ankara et Daech se précisent et font leur trou dans la presse occidentale ; au contraire de ses dirigeants, l'opinion publique des pays de l'OTAN est échaudée par la flagrante complicité avec Daech et l'arrestation "pour trahison" de journalistes ayant documenté la fourniture d'armes aux djihadistes syriens. En même temps, de plus en plus de voix se font entendre qui critiquent vertement le comportement de l'aviation turque, y compris au sein de la hiérarchie militaire américaine (ici et ici).
Après les lourdes mesures de représailles russes hier, c'est une nouvelle avalanche qui tombe sur Ankara. Le régime de visa est rétabli pour les Turcs. Plus grave, la Russie prépare une résolution à l'ONU sur le financement du terrorisme qui va mettre la Turquie au supplice. Enfin, Lavrov, qui a d'ailleurs prévenu qu'Ankara avait franchi la "ligne rouge", a annoncé que Russes et Syriens étudiaient le moyen de sceller la frontière syro-turque, empêchant l'approvisionnement des djihadistes (et, dans l'autre sens, le transport du pétrole vers qui vous savez).
Tout cela sans compter l'éventuel armement des Kurdes ! Le petit moment de gloriole de Ben Erdogan risque fort de se transformer en harakiri sultanesque ; en quelques jours, il a tout perdu...
A propos d'avion, les Israéliens, moins fous que les Turcs, ont fait savoir qu'ils ne tireraient en aucun cas sur un jet russe même si celui-ci débordait légèrement sur son espace aérien. Quand au gouvernement irakien, il a menacé d'abattre tout avion qui aiderait Daech. Dans le contexte actuel, le message est adressé à Ankara (et peut-être aux Etats-Unis, même s'il paraît assez inconcevable que Bagdad puisse les menacer).
Sur le terrain syrien, l'armée continue de reprendre villes et villages, même si la reconquête est difficile et relativement lente. Mais la balance de la guerre a changé, sans doute définitivement. Assad ne regagnera peut-être pas tout mais ne perdra plus maintenant. Laurent "Al Qaeda fait du bon boulot" Fabius l'a sans doute compris, lui qui vient de déclarer que, ô sainte horreur, finalement oui, l'armée syrienne pourrait être associée à la guerre contre Daech. Fafa la tulipe et Flamby retournent leur veste à la onzième heure ou, plus simplement, ils ouvrent les yeux après des années de coma délirant.
Ca va donc plutôt mal pour les Américains - est-ce la raison du regain de tension en Ukraine ? -, pour les Saoudiens et pour les Turcs. Mais plus encore pour leurs filleuls djihadistes en général, daéchique en particulier. La guerre sera encore longue mais le vent a définitivement tourné. Nous écrivions il y a peu que Daech, après avoir tenté de construire un Etat, fait unique dans l'histoire du terrorisme, retournerait à ce qu'il est fondamentalement, à savoir une organisation djihadiste internationale. Plus son califat est cerné et se déconstruit territorialement, plus il commet d'attentats à travers le monde (l'attaque de la mosquée chiite au Bangladesh hier est là pour nous le prouver).
A cette étonnante capacité planétaire que n'avait pas Al Qaeda s'ajoute une intelligence de situation, un art de la provocation, une subtilité qui là aussi sont uniques dans l'histoire du djihadisme. Dernier exemple en date, dans une vidéo au professionnalisme impeccable : la facétieuse provocation vis-à-vis de la Chine que constitue... la reconnaissance de Taïwan ! Imagine-t-on les rustres barbus de Ben Laden narguer ainsi l'Empire du milieu ?
Certes, Obama a bien aidé avec sa bourde au sommet de l'ASEAN la semaine dernière, déclarant en substance que Taïwan faisait partie de la "coalition internationale", alors que l'île non reconnue internationalement n'intervient que dans le domaine humanitaire. Mais était-ce vraiment une bourde ? Les Taïwanais sont assez furieux d'être mis dans le collimateur de Daech mais le timing est parfaitement choisi, trois semaines après la rencontre historique entre les présidents chinois et taïwanais.
Coup tordu américain, utilisant la caisse de résonance de l'organisation terroriste la plus communicante de l'histoire pour torpiller tout rapprochement entre les frères ennemis qui, à terme, ouvrirait le Pacifique à Pékin et mettrait fin au containment de l'Eurasie sur son flanc oriental ? Coup fumant de Daech, dont l'intelligence stratégique et l'implication dans les affaires planétaires ne sont plus à démontrer, ennemi du monde entier et s'amusant à le diviser ? Il est piquant de constater qu'ici encore, Etats-Unis et Etat Islamique marchent - involontairement ? - dans la même direction...
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/11/la-grande-hyp...
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lundi, 16 novembre 2015
In Birmania è già scontro Cina – USA
La pomposità e il clima festoso con i quali vengono accolte notizie, definite epocali, come la vittoria di leader definiti democratici ed incensati dall’opinione pubblica come salvatori dei popoli, hanno accompagnato ancora una volta le vicissitudini tortuose del trionfo elettorale di Aung San Suu Kyi, storica cenerentola della ex-Birmania, oggi Myanmar, che dopo 15 anni di prigionia politica nella sua villa ed un Nobel per la Pace ha portato ad una vittoria schiacciante la Lega nazionale per la Democrazia, con un 70% che questa volta pare essere stato accordato dal Presidente Thein Sein il quale, insieme all’alleato politico Htay Oo, ha ammesso la schiacciante sconfitta riportata dal Partito dell’Unione per la solidarietà e lo sviluppo, maggioranza uscente. Insomma la democrazia ha vinto? Non lo sappiamo, e le ragioni sono tante e tali da non consentire a tutti gli addetti ai lavori di poter confermare la notabile ondata di entusiasmo che ha seguito l’ufficializzazione di questi risultati. Madre Suu, così come definita in patria, si trova di fronte all’impedimento costituzionale di potersi candidare a Presidente del Paese, in quanto imparentata con cittadini stranieri (vedova e madre di cittadini britannici). Ciò la configura quindi come una “burattinaia”, che detto così può sembrare dispregiativo, ma è quello che si accingerà ad essere, dovendo esprimere un candidato presidente per la terna dalla quale si sceglierà il prescelto, eventualmente destinato a seguire le direttive del partito, quindi di Suu Kyi. All’impedimento personale si somma ovviamente l’ingombrante ed imprescindibile influenza della giunta militare, la quale continua a mantenere il 25% dei seggi in parlamento, a designare un candidato presidente per la terna e a nominare i Ministri degli Interni, degli Affari di confine e della Difesa.
L’arma dell’ostilità verso il regime, dunque, non sarà la via di approccio per la paladina dei diritti umani, la quale, proprio a tal proposito, si trova costretta ad affrontare la faccenda legata al riconoscimento della minoranza islamica dei Rohingya, non riconosciuti cittadini birmani in quanto non identificati come gruppo etnico, soggetti a continue persecuzioni da parte dei nazionalisti buddhisti. La comunità internazionale chiede a Suu di adottare un atteggiamento meno pragmatico di quello dimostrato in precedenza, in quanto limitatasi a non prendere posizioni a riguardo tacendo sulla mattanza operata contro questi musulmani, azione costatagli critiche da parte del Dalai Lama tra gli altri. La mossa più importante, tuttavia, si gioca sullo scacchiere geopolitico internazionale: il bilanciamento dell’egemonia regionale del Sud-Est asiatico, che vede concorrere Cina e Stati Uniti su più fronti. Dopo il TPP pare essersi rafforzata la posizione statunitense nella regione, la quale si trova a vacillare a causa di una serie di rapporti in via di deterioramento con alcuni Paesi dell’area, che hanno ripreso i contatti con Pechino. È il caso di Taipei, forse l’ago della bilancia nella zona, che oggi si trova nuovamente a dialogare con la Repubblica Popolare Cinese – sebbene le relazioni commerciali fossero già da tempo di notevole entità. Anche Myanmar, con la “svolta democratica” delle ultime elezioni, torna a strizzare l’occhio a Pechino. Mentre gli ultimi governi si erano dimostrati maggiormente simpatizzanti per Washington, Suu Kyi pare intrattenere dei rapporti amichevoli con Xi Jinping e Li Keqiang, con i quali ha discusso della tutela degli interessi cinesi nel Paese. Yangon dunque potrebbe essere un nuovo terreno di scontro tra Cina e Stati Uniti, con le mire espansionistiche militari di Pechino, intenzionata ad estendere la sua influenza nel golfo del Bengala e Washington che, dopo la sottoscrizione della partnership del Pacifico non vedrebbe di buon occhio questa crescita del dragone. Resta solo da capire, quindi, se Myanmar sarà un Vietnam o meno per la Casa Bianca, che di sicuro tanto aveva puntato su una democratizzazione di Yangon, rischiando di regalare un vicino importante a Pechino.
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jeudi, 12 novembre 2015
Les seigneurs de l'anneau
Les seigneurs de l'anneau
En attendant l'Inde, qui mettra encore quelques années pour participer pleinement aux dynamiques du continent-monde (ce qui fera d'ailleurs l'objet d'un prochain article), un spectaculaire triangle eurasien se met en place, qui donne vertiges et sueurs froides aux stratèges américains. Les amoureux de la géométrie insisteront certes sur la forme circulaire du nouveau colosse qui émerge et ils n'auront pas tout à fait tort (nous y reviendrons en fin d'article).
Nous avons déjà montré à plusieurs reprises à quel point le rapprochement entre Moscou, Pékin et Téhéran s'est accéléré ces dernières années. Nous écrivions le 20 octobre :
"Tout ceci n'est cependant rien en comparaison de ce qui se prépare avec l'Iran, grande puissance régionale si l'en est, case cruciale de l'échiquier eurasiatique. Si Obama pensait amadouer les ayatollahs avec l'accord sur le nucléaire, il s'est planté en 3D. La marche de Téhéran vers l'alliance sino-russe est inarrêtable. Coopération militaire renforcée avec Pékin, navires iraniens invités en Russie, et bien sûr une position commune sur les grands dossiers internationaux dont la Syrie. L'entrée de l'Iran dans l'OCS n'est qu'une question de temps.
Les liens énergétiques entre Téhéran et Pékin sont déjà anciens mais se consolident chaque jour. Ceci en attendant l'oléoduc irano-pakistanais qui verra prochainement le jour, reliant la base chinoise de Gwadar avant, un jour, de remonter tout le Pakistan et rejoindre la Karakoram Highway dans les somptueux décors himalayens."
Et le 25 octobre :
"Quant à l'Iran, qui ne sert désormais plus de prétexte fallacieux au bouclier anti-missile, sa lune de miel avec Moscou est à la hauteur de la désillusion de l'administration Obama qui espérait sans doute, avec l'accord sur le nucléaire, intégrer Téhéran dans son giron et l'écarter du grand mouvement de rapprochement eurasien. Et bah c'est raté, et drôlement raté...
En l'espace de quelques jours : accords sur des projets d'infrastructure (dont une ligne ferroviaire. Eurasie, Eurasie) d'une valeur de 40 milliards, établissement d'une banque commune pour favoriser les échanges (qui se feront évidemment en monnaies locales. Dédollarisation, dédollarisation). Cerise sur le gâteau, l'Iran va participer la banque des BRICS.
Leur future victoire en Syrie rapprochera encore Moscou et Téhéran, qui entrera bientôt, sous les auspices chinoises, dans l'Organisation de Coopération de Shanghai."
En ce moment, ô temps géopolitiquement excitants, pas une semaine ne passe sans qu'un jalon supplémentaire ne soit posé. Il y a quatre jours, l'Iran a proposé à la Chine d'organiser des exercices militaires communs. Pékin devrait évidemment accepter. Avant-hier, le fameux contrat pour la livraison des S-300 russes à Téhéran a enfin été signé, qui mettra à peu près définitivement l'Iran à l'abri de toute intervention aérienne étrangère.
Résumons :
- dans le domaine militaire : manoeuvres/coopération sino-russes + sino-iraniennes + russo-iraniennes.
- sur le plan énergétique : contrats gaziers du siècle sino-russes en 2014 + achats massifs de pétrole iranien par Pékin + entente russo-iranienne vis-à-vis de l'Europe (blocage des pipelines qataris et saoudiens en Syrie, accord sur le statut de la Caspienne...)
- dans le domaine politique, géopolitique et géo-économique : entente totale des trois sur le dossier syrien, opposition commune aux tentatives unilatérales américaines, marche à la dédollarisation. Future entrée de l'Iran dans l'OCS sino-russe et participation à la banque des BRICS.
Il paraît que Brzezinski en a renversé son bol de café...
En 2013 paraissait un intéressant essai géopolitique intitulé Chine, Iran, Russie : un nouvel empire mongol ? La présentation de l'éditeur mérite qu'on s'y attarde :
"Le 20 mars 2013, le Homeland Security Policy Institute désignait des hackers chinois, russes et iraniens comme auteurs des attaques déstabilisant les systèmes de sécurité américains. Non contents de multiplier les cyber-intrusions, la Chine, la Russie et l'Iran collaborent aujourd'hui de façon croissante dans le domaine des nouvelles technologies. Dans un contexte marqué par l'effacement des frontières, ces trois pays sont-ils en train de fonder un nouvel empire mongol ou à l'inverse tentent-ils désespérément de préserver leurs influences régionales respectives ? Contrairement à la construction politique de Gengis Khan, ayant unifié l'Eurasie à partir d'un centre turco mongol, ces alliés encerclent une aire de civilisation turque dont ils se sont détournés. Cette alliance pragmatique, fondée sur l'axe sino-iranien, se matérialise par des appuis géopolitiques réciproques, une coopération étroite avec l'arrière-pays énergétique russe et la diffusion d'une vision du monde allant à rebours de nos propres stéréotypes. Étrangers à la chimère du dépassement des cultures par l'abolition des frontières, la Chine, la Russie et l'Iran peuvent puiser dans leurs histoires respectives des raisons d'exister sous une autre forme que celle d'une citadelle continentale résistant à la mondialisation océanique. Au delà de ses carences maritimes, le nouvel empire souffre toutefois de nombreuses fragilités telles que son affaiblissement démographique ou les intérêts parfois divergents des pays qui le composent. Aussi pourrait-il bouleverser soudainement nos repères géopolitiques avant de connaître une recomposition."
Si certaines bases de la coopération Moscou-Pékin-Téhéran étaient déjà là, que de chemin parcouru en deux petites années... Les "intérêts parfois divergents" ont presque totalement disparu, balayés par la dangereuse hystérie états-unienne en Ukraine et en Syrie. C'est désormais un triangle, pardon, un anneau extrêmement solide qui émerge, uni par des liens énergétiques, militaires et géopolitiques irréversibles.
A noter l'intéressante référence historique au coeur turco-mongol, centre de l'empire de Gengis Khan mais naine blanche de la nébuleuse annulaire russo-sino-iranienne, tournée vers les extrémités de l'échiquier eurasien. Les pays turcophones d'Asie centrale, qui appartiennent déjà à l'OCS et/ou à l'Union eurasienne, ne feront que suivre le mouvement, se coupant sans doute encore un peu plus d'une Turquie d'ailleurs elle-même embarquée dans un voyage bien turbulent...
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mercredi, 11 novembre 2015
China’s Xinjiang Problem – Made in USA
China’s Xinjiang Problem – Made in USA
China’s western region of Xinjiang, a vast area home to some 21 million people, is one of several hubs of destabilization maintained by the US State Department and its vast network of nongovernmental organizations (NGOs), covert programs, and overt political meddling. America’s “Xinjiang game” is part of a larger, long-term goal of encircling, containing, and undermining China in a bid to maintain American hegemony across Asia.
Were one to believe the rhetoric emanating from any of these NGOs or the US State Department itself, the majority of Xinjiang’s population groans under the unbearable, despotic, inhumane rule of the Chinese Communist Party (CCP).
US-based and funded NGOs claim that ethnic Uyghurs are regularly persecuted, discriminated against, and have their human rights consistently and unreasonably violated by Beijing. Of course, most of these claims are referred to by even the Western media as “allegations,” not documented facts, with the vast majority of these claims coming from a handful of Uyghur groups funded directly by the US State Department through its National Endowment for Democracy (NED).
And most of these allegations are in regards to individuals and organizations directly linked to US efforts to destabilize the region.
NED’s website even refers to China’s Xinjiang province parenthetically as “East Turkistan,” the name of the fictional state separatists seek to carve out of Chinese territory (with US backing).
Xinjiang’s People – Uyghur or Han – Choose Stability
In reality, 45% of Xinjiang’s 21 million people (some 10 million) are Uyghurs, and it is likely that if even half of them felt slighted by Beijing and supported separatist movements, China’s Xinjiang region would already no longer be Chinese.
China is currently developing the far flung region’s infrastructure in hopes of accelerating economic growth, and providing opportunities to all of the region’s people. The last thing China needs – a nation of 1.3 billion people and growing, scattered over a vast amount of ethnically and geographically diverse terrain – is a sizable portion of this terrain to become divided along ethnic lines, destabilized, and mired in chaos.
To that end, China has embarked on programs to help give Uyghurs the ability to participate in China’s growing fortunes, including language courses to allow them to speak Mandarin and thus secure better jobs not only in Xinjiang, but all across China. The move was immediately condemned by the US and its proxy NGOs.
The US State Department’s “Radio Free Asia” (RFA) reported in an article titled, “China’s Mandarin Teaching Drive Sparks Uyghur Anger,” that:
Authorities in the Chinese capital have sent dozens of volunteer teachers to the troubled northwestern region of Xinjiang in a bid to boost comprehension of Mandarin among local ethnic minority Uyghurs, official media reported.
The move was promptly slammed by exile groups as a bid to further wipe out Uyghur language and culture, assimilating it into the culture of the majority Han Chinese population.
The “exile groups” referred to by RFA is in fact the Washington D.C.-based World Uyghur Congress (WUC), openly funded by the US National Endowment for Democracy. That this so-called “exiled group” is literally sitting in Washington D.C., funded by the US State Department, and serving the convenient role of destabilizing China, widely acknowledged by the US itself as an adversary it must encircle, contain, and undermine, clearly explains why efforts to teach Uyghurs Mandarin and thus secure a better future, is opposed, with no viable alternative provided.
A Long Game
Realistically however, learning a language takes time, and mastering it may take a lifetime. The perceived marginalization Uyghurs face, due in part undoubtedly to an inability to speak proper Mandarin alone might take a generation to overcome. China’s only hope of draining the swamps of poor education and poverty within which Beijing’s enemies seek to plant the seeds of division and chaos, is to commit itself to long-term plans to create a more inclusive environment for Uyghurs.
While doing this, Beijing will have to stalwartly weather the chaos of division attempting to prevail in Xinjiang.
Such division suits China’s enemies quite well, constituting the age-old strategy of “divide and conquer.” By dividing the ethnic Uyghurs against Han Chinese, including the funding and backing of armed groups carrying out deadly terrorist attacks – not only in Xinjiang, but across greater China – the US hopes to make Xinjiang ungovernable, forcing Beijing to commit greater resources to quelling violence, instead of fostering unity and moving economic progress forward.
For every long thought-out strategy to educate and empower Uyghurs to participate in greater China’s growing economy, spanning years and costing millions to implement, a single terrorist attack carried out by US-backed separatists can fuel animosity on both sides, and undo any progress made in just hours or days.
While the vast majority of Xinjiang’s population appears intent on choosing the stability Beijing offers versus the violence and chaos offered by the US State Department and its stable of terrorist organizations, the ability of a horrific mass knife attack to disingenuously reframe reality to suit Washington and Wall Street’s interests versus reality still seems unmatched.
It will take Beijing time to formulate the right balance to defend against this tactic – all while ensuring it doesn’t fall into the trap of simply “cracking down” in Xinjiang and only adding fuel to the West’s intentionally lit fire.
Two Roads Ahead – Only One Has a Final Destination
For the Uyghur people, there are two choices. One is to indulge in fantastical notions of an “East Turkistan,” where virtually no economic activity will take place, infrastructure will rot, and Western-backed militancy will reign for the primary purpose of pushing the chaos successfully created to carve off Xinjiang, deeper into China.
The other choice is to commit to Beijing’s long-term vision of integrating Xinjiang’s ethnic minorities into Chinese society where they can enjoy the same opportunities as China’s 1.3 billion other citizens.
Ironically, with US-backed NGOs using Uyghur’s as proxies in what is basically a terror campaign by with the ultimate goal of seizing Chinese territory, it is not Beijing that poses the greatest threat to the culture and traditions of the Uyghur people, but rather the NGOs “protecting Uyghur rights” while hiding a proxy war serving foreign interests behind them.
Just as Islam today suffers collectively because of Western-backed terror groups which in reality constitute but a fraction of 1% of all Muslims – and who practice an ideology that is in fact, the antithesis of Islam – Uyghurs will continue to suffer collectively because of a small minority of violent, loud, well-funded, and well-organized proxies propped up by the West – some literally based in Washington D.C. itself – for the West’s own ends.
While it appears China is still able to successfully move its plans in Xinjiang forward despite the West’s greatest efforts to disrupt them, Beijing could benefit greatly from better educating the world regarding the state of Xinjiang’s sociopolitical landscape, including highlighting Uyghur groups that are working to both preserve their culture and traditions, as well as work together with Beijing to improve the opportunities of the Uyghur people within greater China.
For now, when one types in “Uyghur conflict” into Google, they will be faced with a torrent of headlines providing only one side of the story – and it isn’t Beijing’s.
Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine“New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/11/10/chinas-xinjiang-problem...
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