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jeudi, 24 janvier 2013

Angelica Balabanoff: du Duce à Lénine

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Bruno GRAVAGNUOLO:

Angelica Balabanoff: du Duce à Lénine

Angelica Balabanoff était une “libertaire” qui ne faisait pas de compromis. Cette révolutionnaire venue d’Ukraine a fini par se mettre au service de despotes, au nom même de ses principes, ce qui est un paradoxe. De 1880 à 1965, elle a mené une vie extraordinaire. Un livre récent esquisse sa biographie.

Le destin d’Angelica Balabanoff a été tragique et paradoxal: cette révolutionnaire ukrainienne, fille d’un riche propriétaire terrien juif, fugue, très jeune, et quitte Tchernigov, pour partir à la recherche d’elle-même. Dans cette quête, elle est devenue une icône du socialisme révolutionnaire européen à cheval sur deux siècles. Les vicissitudes de cette existence, Amedeo La Mattina, journaliste à la “Stampa” en Italie, les raconte avec toute la rigueur et la précision voulues dans son livre “La vita di Angelica Balabanoff. La donna che ruppe con Mussolini e Lenin” (Einaudi, 314 pages, 20 euro; “La vie d’Angelica Balabanoff. La femme qui rompit avec Mussolini et Lénine”). Il y a beaucoup d’amertume dans ce destin surtout parce qu’Angelica a cru aux despotes au nom d’une utopie libertaire qui refusait tout compromis. Désillusionnée, se sentant trahie, elle a finit par confier cette utopie à ce qu’elle détestait le plus dans sa tendre jeunesse, le réformisme ministériel (celui de Saragat). Désarmée par les médisants, oubliée au terme de sa vie, elle n’a jamais renié ses choix (mis à part au moment où elle était consumée de douleur à la mort de sa mère dont elle s’était séparée pour vivre sa propre vie).

D’Octobre à Saragat

Entre sa naissance en Ukraine vers 1880 et sa mort solitaire à Rome en 1965 s’est pourtant déroulée une vie extraordinaire. C’est donc cette existence que nous narre La Mattina, avec, pour toite de fond, l’émergence dans toute l’Europe du socialisme, des racines du fascisme, avec la révolution d’octobre 1917, le fascisme, la guerre et l’anti-fascisme. Beaucoup de femmes exceptionnelles ont été les amies d’Angelica, comme l’anarchiste Emma Goldmann, Rosa Luxemburg, Anna Koulichiov, Clara Zetkin, etc. Ces amitiés sont le fil d’Ariane de la vie d’Angelica, les étapes aussi de toute la tragédie du 20ème siècle.

Parmi les atouts de cette biographie, citons surtout la capacité, dont l’auteur fait montre, à éclairer les rapports qu’Angelica a entretenus avec les despotes. Ce qui permet de saisir l’esprit qui les animait. Il y a d’abord Mussolini qu’Angelica a véritablement introduit dans les milieux révolutionnaires à Zürich en 1902, où le futur Duce errait parmi les émigrants et les proscrits subversifs de toute l’Europe. Pour ceux qui connaissaient déjà les grands du socialisme de l’époque, les Turati, Labriola et Kautski, Benito Mussolini apparaissait comme un paumé qui se gobait. Perdu, sans style ni manières, sans le sou, sans rôle à jouer, toujours furieux et désespéré, personne ne le prenait au sérieux. Angelica va prendre le futur Duce en mains, non seulement elle le formera en philosophie, lui fera saisir ce qu’est le socialisme, mais elle lui fera prendre conscience de sa valeur. Elle tombera amoureuse de cet Italien rustique et en deviendra sans doute l’amante, donnant force et puissance à cet ego tourmenté et blessé, piquant au vif la volonté de grandeur encore frustrée qui gisait en lui. Mussolini admettra sa dette dans une conversation avec Yvonne de Begnac: “Sans la Balabanoff, je serais resté un petit fonctionnaire, un révolutionnaire du dimanche”. C’est donc Angelica qui donnera l’impulsion première à tous les succès politiques ultérieurs du futur Duce, à commencer par la victoire des maximalistes lors du congrès socialiste de Reggio Emilia en 1912. Cette année 1912 fut la première où Mussolini joua un rôle de premier plan, notamment en s’opposant à la guerre de Libye, pour devenir rapidement, par la suite, directeur du journal “Avanti”.

En octobre 1914, toutefois, Mussolini trahit les idées qu’Angelica Balabanoff avait tenté de lui inculquer: il passe d’abord à ce que l’on nommait la “neutralité active” pendant la première guerre mondiale puis opte carrément pour l’interventionnisme. Qui plus est, dans la vie de Benito, déjà marié à Rachele, apparaît une nouvelle femme: Margherita Sarfatti, issue de la haute bourgeoisie juive et “moderniste”. Ce sera elle —répudiée plus tard quand Mussolini sera influencé par l’antisémitisme— qui initiera le Duce aux arts et aux avant-gardes du 20ème siècle, notamment au futurisme qu’il aimera avant de retourner à l‘”ordre esthétique”. C’est ainsi que Mussolini, homme toujours en colère et en révolte, a pu convertir son impétuosité plébéienne initiale en un révolutionnarisme conservateur et populiste concret, qui deviendra bien vite le fascisme. Nous avons donc une curieux mélange de subversion par le haut et par le bas chez un homme, au départ marginal, qui n’a pour but que le pouvoir tandis que l’Italie libérale pré-révolutionnaire et pré-fasciste était en crise profonde. Mussolini fut dominé et sauvé par les femmes: ce sont elles qui l’ont fait homme et despote. Nous avons là, plus que probablement, une clef pour comprendre le 20ème siècle italien et le Ventennio fasciste, une clef que nous fournit le livre de La Mattina sur Angelica Balabanoff. Cet ouvrage constitue une source plus vraie que bien d’autres pour comprendre le véritable caractère du Duce, natif de Predappio. Son fond personnel intime le porte à déployer un “transformisme d’assaut”, porté par un mimétisme psychologique de nature subversive.

Russocentrisme

Pour ce qui concerne les rapports Balabanoff/Lénine, les circonstances sont différentes. Angelica l’admirait mais s’en défiait tout autant: le leader bolchevique est “probe, ascétique et tranquillement féroce”, pense-t-elle de prime abord. C’est en tant que socialiste qu’Angelica adhère à ses thèses communistes, mais elle se détachera de lui dès 1921, quand elle s’est rendu compte que le bolchevisme était un despotisme russocentré, cynique, de surcroît terroriste et hostile à tout humanisme éthique. Mais malgré cette déception, Angelica Balabanoff restera marxiste et socialiste, montrant une intransigeance outre mesure: ainsi, elle s’oppose à Nenni et à toute unité avec les communistes italiens. Harcelée par les espions de Mussolini (qui la craignait toujours), elle émigre en Amérique, où elle témoignera de son socialisme libertaire et anti-réformiste. Quand elle revient en Italie, elle quittera le PSI pour adhérer au PSDI de gauche. Ce sera la ennième désillusion, une grande leçon qui prouve, une fois de plus, son “impolitisme”. Angelica Balabanoff est surtout un témoin capital pour comprendre à quelles écoles ont été s’abreuver les dictateurs et pour connaître leur psychologie.

Bruno GRAVAGNUOLO.

(ex: http://www.ariannaeditrice.it/articoli.php?id_articolo=37619/ ).

mardi, 02 octobre 2012

Le numéro 55 de la revue Rébellion

 
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Le numéro 55 de la revue Rébellion
 
SOMMAIRE
 
ÉDITORIAL
Hollande trouve son chemin de Damas.

ACTUALITES
La gauche contre le peuple.
Charles Robin démonte l'idéologie libérale.

DOSSIER
 
BALKANS. L'EUROPE MEURTRIE
La guerre contre la Serbie.
Laboratoire des "guerres humanitaires".
En première ligne au kosovo.
 
Entretien avec Slobodan Despot
 
Balkans. L'éclatement programmé de
Alexis-Gilles Troude.

IDEES
L'encaillement des Clercs. Réflexion sur les
travaux de François de Négroni.
 
Jacob Burckhardt et la communauté locale des citoyens.

CULTURE
 
Child of the black Sun.
Entretien avec Boyd Rice.

Chronique 
Le début de la fin & Autres
Causeries crépusculaires. Eric Werner.
 
Vogelsang ou la mélancolie du vampire
Christopher Gérard.
 
Le numéro est disponible contre 4 euros ( port compris)
à notre adresse :
 
Rébellion - RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02
http://rebellion.hautetfort.com/

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samedi, 26 mai 2012

Au sommaire du numéro 53 de la revue Rébellion :

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Au sommaire du numéro 53
de la revue Rébellion :
Editorial : Le temps des leurres. 
Culture : Sank'ia, l'épopée barbare de Z. Prilipine. 
Dossier géopolitique 
Entretien avec Aymeric Chauprade : comprendre la Realpolitik. 
L'Union pour la Méditerranée par Julien Teil. 
Obama et l'Impérialisme par Terouga. 
Entretien avec Alexandre Douguine. 
Histoire : Thermidor, le crépuscule de la République par david l'Epée. 
Culture : Entretien avec François Bousquet sur Jean Edern Hallier. 
 
Numéro disponible contre 4 euros à notre adresse :
Rébellion c/o RSE BP 62124 31202 TOULOUSE cedex 02 
http://rebellion.hautetfort.com/

samedi, 21 avril 2012

S’il est élu, François Hollande engagera la France dans une intervention militaire de l’ONU en Syrie

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S’il est élu, François Hollande engagera la France dans une intervention militaire de l’ONU en Syrie

Ex: http://jean-marielabraud.hautetfort.com/

Afin de faire revenir le calme en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad est fortement contesté par une partie de la population, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le plan proposé par l’ancien secrétaire général de cette organisation, Kofi Annan.

Ainsi, ce texte, par ailleurs accepté le régime de Damas et son opposition, prévoit la fin de la violence, et donc un cessez-le-feu, la mise en place d’un « processus politique ouvert », une aide humanitaire pour les zones touchées par les combats, la fin des détentions arbitraires, la liberté de la presse et le droit de manifester pacifiquement. A cela s’ajoute l’envoi sur le terrain d’une trentaine d’observateurs des Nations unies

Seulement, depuis l’entrée en vigueur du plan Annan, le cessez-le-feu n’a pas été respecté, 123 civils, au moins, ayant été tués, de même que 8 soldats de l’armée régulière.

Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est exprimé devant le Conseil de sécurité, « des incidents violents et le bilan des victimes ont augmenté à nouveau ces derniers jours, avec des bombardements de zones habitées par des civils et des abus commis par les forces gouvernementales ». « La fin de la violence armée est ainsi clairement incomplète » a-t-il ajouté, en soulignant toutefois que les deux camps souhaitent mettre un terme « à la violence sous toutes ses formes ».

Aussi, les ministres des Affaires étrangères des pays occidentaux et arabes (la Russie et la Chine n’ayant pas souhaité y participer), réunis à Paris le 19 avril, ont indiqué vouloir exercer « une pression maximale sur la Syrie », avec le déploiement rapide d’une force « robuste » d’observateurs en cas d’échec du plan Annan.

« L’opposition a rempli ses obligations au titre du plan Annan (…) Les groupes présents sur le terrain, dont la coordination est pourtant rendue très difficile par la répression, ont respecté le cessez-le-feu malgré les provocations du régime syrien », a expliqué Alain Juppé, le chef de la diplomatie française. « On ne peut pas en dire autant du régime syrien. Il poursuit sans vergogne la répression qui a encore fait des dizaines de morts depuis la date prévue pour l’entrée en vigueur du cessez-le-feu », a-t-il poursuivi.

« Le Conseil de sécurité va devoir adopter une nouvelle résolution pour mettre en place la mission d’observation. Celle-ci doit être dotée du mandat et des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs. La France, avec ses partenaires du Conseil, proposera très rapidement un projet de résolution » a ainsi affirmé Alain Juppé, qui a par ailleurs estimé que les observateurs devraient disposer de « moyens terrestres et aériens ».

Pour Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, « nous devons nous orienter vigoureusement vers le Conseil de sécurité en vue d’une résolution sous le chapitre 7″ de la charte de l’ONU, lequel permet d’imposer – y compris par la force – des sanctions à un pays « en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ».

Invité à s’exprimer au sujet de cette situation sur les ondes d’Europe1, le candidat socialiste à l’élection présidentielle, François Hollande, a affirmé, s’il est élu, que la France « participerait » à une intervention militaire en Syrie à la condition qu’elle se fasse « dans le cadre de l’ONU » afin de « protéger les civils ».

Par le passé, l’on a déjà connu pareille situation. Comme en Bosnie par exemple, où le général Janvier, commandant de la FORPRONU de 1995 à 1996 parlera du paradoxe d’une « force de paix dans un pays en guerre ».

Cela étant, le général Moustapha Ahmed Al-Cheikh, chef du Conseil militaire de l’Armée syrienne libre (ASL) a demandé une intervention militaire en Syrie, sans l’aval de l’ONU, afin de « mener des frappes chirurgicales sur les installations clés du régime ».

Aussi, si une telle opération de l’ONU venait à être décider, il faudra s’assurer que les insurgés syriens ne voient pas en elle une aide militaire directe en leur faveur – et ce n’est pas gagné – et que les règles d’engagement permettent la protection maximale des casques bleus appelés à y participer. Mais l’on n’en est pas encore là, car il faudra convaincre les Russes et les Chinois au Conseil de sécurité…

 

Source et publication: Zone Militaire

mercredi, 11 avril 2012

Rébellion 52 disponible !

Rébellion 52 disponible !

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ÉDITORIAL

A BAS LES ÉLECTIONS, VIVE LA PLANIFICATION!

ACTUALITÉS

SARKOZY. ESSAI DE BILAN

VERTUS ET ILLUSIONS DU VOLONTARISME DE GAUCHE.

PIERRE LE VIGAN DÉCORTIQUE L’ESSAI DE JACQUES GÉNÉREUX NOUS ON PEUT !

VIE ET MORT DU CAPITALISME.

RÉFLEXIONS SUR L’ESSAI DE ROBERT KURZ.

CRISE

LE CAPITALISME AU BORD DU GOUFFRE.

ENTRETIEN AVEC ALAIN DE BENOIST.

COMBATS DES IDÉES

LA COMMUNAUTÉ. L’ESPRIT DE COMMUNAUTÉ, C’EST LE SOCIALISME !

LA COMMUNAUTÉ, CAUCHEMAR DU SYSTÈME

IDENTITÉ ET COMMUNAUTÉ

SURVIE COMMUNAUTAIRE

SURVIVRE À L’EFFONDREMENT ÉCONOMIQUE.

ENTRETIEN AVEC PIERO SAN GIORGIO

CULTURE

CINÉMA. PULP FICTION. ANATOMIE D’UN SIMULACRE

ROBERT MITCHUM. PORTRAIT D’UN REBELLE

Numéro disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 - Toulouse Cedex 2

mercredi, 08 février 2012

Rebellion numéro 51

Camarades ! 

Nous avons besoin de votre aide et de votre soutien pour développer la revue Rébellion ! 

Commandez le numéro 51 de notre revue, participez à l'aventure de notre idéal commun ! 

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Edito : Le culte du cargo capitaliste. 
Evénement : Michéa à la rescousse des gens ordinaires. Par David L'Epée 
Actualité : Niveau de vie, la chute finale ! par Terouga
International : Russie ne nous déçois pas ! Par Costanzo Preve. 
Alternative Economique : Demain le Localisme ? 
Alternative Politique : Relocalisons la Révolution. 
Urbanisme : La banlieue contre la ville par Pierre Le Vigan
Combat des idées : Pourquoi je suis Socialiste Révolutionnaire. 
La bibliothèque du militant. 
Culture : Death In June, parano dans un bunker - The Specials, Rudie pour la vie. 
Numéro disponible contre 4 euros à notre adresse : 
Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 - Toulouse Cedex 2

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dimanche, 29 janvier 2012

Il percorso ideologico di Otto Strasser

Il percorso ideologico di Otto Strasser

otto.jpgOtto Strasser nasce il 10 settembre 1897 in una famiglia di funzionari bavaresi. Suo fratello Gregor (che sarà uno dei capi del partito nazista ed un serio concorrente di Hitler) è maggiore di cinque anni. L’uno e l’altro beneficiano di solidi antecedenti familiari: il padre Peter, che si interessa di economia politica e di storia, pubblica sotto lo pseudonimo di Paaul Weger un opuscolo intitolato Das neue Wesen, nel quale si pronuncia per un socialismo cristiano e sociale. Secondo Paul Strasser, fratello di Gregor e Otto, “in questo opuscolo si trova già abbozzato l’insieme del programma culturale e politico di Gregor e Otto, cioè un socialismo cristiano sociale, che è indicato come la soluzione alle contraddizioni e alle mancanze nate dalla malattia liberale, capitalista e internazionale dei nostri tempi.” Quando scoppia la Grande Guerra, Otto Strasser interrompe i suoi studi di diritto e di economia per arruolarsi il 2 agosto 1914 (è il più giovane volontario di Baviera). Il suo brillante comportamento al fronte gli varrà la Croce di Ferro di prima classe e la proposta per l’ Ordine Militare di Max-Joseph. Prima della smobilitazione nell’aprile/maggio 1919, partecipa con il fratello Gregor, nel Corpo Franco von Epp, all’assalto contro la Repubblica sovietica di Baviera. Ritornato alla vita civile Otto riprende i suoi studi a Berlino nel 1919 e fonda la “Associazione universitaria dei veterani socialdemocratici”.

Nel 1920, alla testa di tre “centurie proletarie” resiste nel quartiere operaio berlinese di Steglitz al putsch Kapp (putsch d’estrema destra). Lascia poco dopo la SPD (Partito social-democratico) quando questa rifiuta di rispettare l’accordo di Bielefeld concluso con gli operai della Ruhr (questo accordo prevedeva il non-intervento dell’esercito nella Ruhr, la repressione degli elementi contro-rivoluzionari e l’allontanamento di questi dall’apparato dello Stato, nonché la nazionalizzazione delle grandi imprese), spostandosi dunque a sinistra dell’SPD. Tornato in Baviera, Otto Strasser incontra Hitler e il generale Ludendorff presso il fratello, che lo invita a legarsi al nazionalsocialismo, ma Otto rifiuta. Corrispondente della stampa svizzera e olandese, Otto si occupa, il 12 ottobre 1920, del congresso dell’USPD (Partito social-democratico indipendente) ad Halle, dove incontra Zinovev. Scrive su “Das Gewissen”, la rivista di Moeller van den Bruck e Heinrich von Gleichen, un lungo articolo sul suo incontro con Zinovev. E’ così che fa la conoscenza di Moeller van den Bruck che lo farà avvicinare alle proprie idee. Otto Strasser entrerà poco dopo nel ministero per gli approvvigionamenti, prima di lavorare, a partire dalla primavera del 1923, in un consorzio di alcolici. Tra il 1920 e il 1925 si attua nello spirito di Strasser una lenta maturazione ideologica data da esperienze personali (esperienza del fronte e della guerra civile, incontro con Zinovev e Moeller, esperienza della burocrazia e del capitalismo privato) e di diverse influenze ideologiche. Dopo il mancato putsch del 1923, l’imprigionamento di Hitler e l’interdizione del NSDAP che l’hanno seguito, Gregor Strasser si è ritrovato nel 1924 con il generale Ludendorff e il politico völkisch von Graefe alla testa del ricostituito partito nazista. Appena uscito di prigione Hitler riorganizza il NSDAP (febbraio 1925) e incarica Gregor Strasser della direzione del partito nel Nord della Germania. Otto allora raggiunge il fratello che l’ha chiamato. Otto sarà l’ideologo, Gregor l’organizzatore del nazismo in Germania settentrionale. Nel 1925 è fondato un “Comitato di lavoro dei distretti settentrionali e occidentali tedeschi del NSDAP” sotto la direzione di Gregor Strasser; questi distretti manifestano così la loro volontà d’autonomia (e di democrazia interna) nei confronti di Monaco. Inoltre il NSDAP settentrionale prende un orientamento nettamente gauchiste sotto l’influenza di Otto Strasser e di Jospeh Goebbels che espongono le loro idee in un quindicinale destinato ai quadri del partito, il “National-sozialistische Briefe”. Dall’ottobre 1925 Otto dà al NSDAP del Nord un programma radicale. Hitler reagisce dichiarando inalterabili i venticinque punti del programma nazista del 1920 e concentrando nelle sue mani tutti i poteri decisionali del Partito. Richiama Goebbels nel 1926, convince Gregor Strasser proponendogli il posto di capo della propaganda, poi quello di capo dell’organizzazione del Partito, espelle infine un certo numero di gauchistes (segnatamente i Gauleiter della Slesia, Pomerania e Sassonia). Otto Strasser, isolato e in totale opposizione con la politica sempre più apertamente conservatrice e capitalista di Hitler, si decide finalmente a lasciare il NSDAP il 4 luglio 1930. Fonda subito la KGRNS, “Comunità di lotta nazional-socialista rivoluzionaria”. Ma poco dopo la scissione strasseriana, due avvenimenti portarono alla marginalizzazione della KGRNS: anzitutto la “dichiarazione-programma per la liberazione nazionale e sociale del popolo tedesco” adottata dal Partito Comunista tedesco. Questo programma esercita sugli elementi nazionalisti anti-hitleriani una considerevole attrazione che li distoglierà dallo strasserismo ( peraltro già nell’autunno 1930 una prima crisi “nazional-bolscevica” aveva provocato l’uscita dalla KGRNS verso il Partito Comunista di tre responsabili: Korn, Rehm e Lorf); in seguito, anche il successo elettorale del Partito Nazista alle elezioni legislative del 14 settembre convinse molti naziona-socialisti della fondata validità della strategia hitleriana. La KGRNS è inoltre minata da dissensi interni che oppongono gli elementi più radicali (nazional-bolscevichi) alla direzione più moderata (Otto Strasser, Herbert Blank e il maggiore Buchrucker). Otto Strasser cerca di far uscire la KGRNS dall’isolamento avvicinando nel 1931 le SA del Nord della Germania che, sotto la guida di Walter Stennes, sono entrate in aperta ribellione contro Hitler (ma questo riavvicinamento, condotto sotto gli auspici del capitano Ehrhardt, le cui inclinazioni reazionarie sono conosciute, provoca l’uscita dei nazional-bolscevichi dalla KGRNS). Nell’ottobre 1931 Otto Strasser fonda il “Fronte Nero”, destinato a raggruppare attorno alla KGRNS un certo numero di organizzazioni vicine, quali il gruppo paramilitare “Wehrwolf”, i “Gruppi Oberland”, le ex-SA di Stennes, una parte del Movimento Contadino, il circolo costituito attorno alla rivista “Die Tat” etc. Nel 1933, decimata dalla repressione hitleriana, la KGRNS si sposta in Austria poi, nel 1934, in Cecoslovacchia. In Germania, gruppi strasseriani clandestini sopravvivono fino al 1937, data in cui vengono smantellati e i loro membri imprigionati o deportati (uno di questi, Karl-Ernst Naske, dirige oggi gli “Strasser-Archiv”). Le idee di Otto Strasser traspaiono dai programmi che ha elaborato, gli articoli, i libri e gli opuscoli che i suoi amici e lui stesso hanno scritto. Tra questi testi, i più importanti sono il programma del 1925, destinato a completare il programma del 1920 del Partito Nazista, la proclamazione del 4 luglio 1930 (“I socialisti lasciano il NSDAP”), le “Quattordici tesi della Rivoluzione tedesca”, adottate al primo congresso della KGRNS nell’ottobre 1930, il manifesto del “Fronte Nero” adottato al secondo congresso della KGRNS nell’ottobre 1931, e il libro Costruzione del socialismo tedesco, la cui prima edizione è del 1932. Da questi testi si trae un’ideologia coerente, composta di tre elementi strettamente legati tra loro: il nazionalismo, l’”idealismo völkisch” e il “socialismo tedesco”. 1) Il nazionalismo. Otto Strasser propone la costituzione di uno Stato pan-tedesco (federale e democratico) “da Memel a Strasburgo, da Eupen a Vienna” e la liberazione della nazione tedesca dal Trattato di Versailles e dal Piano Young. Auspica una guerra di liberazione contro l’Occidente (“Salutiamo la Nuova Guerra”), l’alleanza con l’Unione Sovietica ed una solidarietà internazionale anti-imperialista tra tutte le Nazioni oppresse. Otto Strasser se la prende vigorosamente anche con gli ebrei, la Massoneria e L’Ultramontanismo (questa denuncia delle “potenze internazionali” sembra ispirarsi ai violenti pamphlets del gruppo Ludendorff). Ma le posizioni di Otto Strasser si evolvono. Durante il suo esilio in Cecoslovacchia appaiono due nuovi punti: un certo filosemitismo (Otto Strasser propone che sia conferito al popolo ebraico uno statuto protettore delle minoranze nazionali in Europa e sostiene il progetto sionista – Patrick Moreau pensa che questo filosemitismo sia puramente tattico: Strasser cerca l’appoggio delle potenti organizzazioni anti-naziste americane) e un progetto di federalismo europeo che permetterebbe di evitare una nuova guerra. L’anti-occidentalismo e il filo-sovietismo di Strasser sfumano. 2) Al materialismo borghese e marxista Otto Strasser oppone un “idealismo völkisch” a fondamento religioso. Alla base di questo “idealismo völkisch” si trova il Volk concepito come un organismo di origine divina dalle caratteristiche fisiche (razziali), spirituali e mentali. La “Rivoluzione tedesca” deve, secondo Strasser, ri-creare le “forme” appropriate alla natura del popolo nel campo politico o economico così come in quello culturale. Queste forme sarebbero, in campo economico, il feudo (Erblehen); nel campo politico, l’auto-amministrazione del popolo tramite gli “Stande”, cioè degli stati – stato operaio, stato contadino etc – e nel campo “culturale, una religiosità tedesca. Principale espressione dell’ “idealismo völkisch”, un principio d’amore in seno al Volk – riconoscendo ognuno negli altri le proprie caratteristiche razziali e culturali – che deve marcare ogni atto dell’individuo e dello Stato. Questo idealismo völkisch comporta il rifiuto da parte di Otto Strasser dell’idea di lotta di classe in seno al Volk a profitto d’una “rivoluzione popolare” degli operai-contadini senza classi medie (solo una piccola minoranza di oppressori saranno eliminati), la condanna dello scontro politico tra tedeschi: Otto Strasser propone un Fronte unito della base dei partiti estremisti e dei sindacati contro le loro gerarchie e contro il sistema. Questo idealismo völkisch sottintende lo spirito di “socialismo tedesco” decantato da Strasser e ispira il programma socialista strasseriano. Questo programma comporta i seguenti punti: parziale nazionalizzazione delle terre e dei mezzi di produzione, partecipazione operaia, il piano, l’autarchia e il monopolio dello Stato sul commercio esterno. Il “socialismo tedesco” pretende di opporsi al liberalismo come al marxismo. L’opinione di strasser sul marxismo è pertanto sfumata: “Il marxismo non aveva per Strasser alcun carattere “ebraico” specifico come per Hitler, non era l’ “invenzione dell’ebreo Marx”, ma l’elaborazione di un metodo d’analisi delle contraddizioni sociali ed economiche della sua epoca (il periodo del capitalismo selvaggio) messo a punto da un filosofo dotato. Strasser riconosceva al pensiero marxista come all’analisi dell’imperialismo di Lenin, una verità oggettiva certa. Si allontanava dalla Weltanschauung marxista a livello di implicazioni filosofiche ed utopiche. Il marxismo era il prodotto dell’era del liberalismo e testimoniava nel suo metodo analitico e nelle sue stesse strutture una mentalità la cui tradizione liberale risaliva al contratto sociale di Rousseau. L’errore di Marx e dei marxisti-leninisti stava, secondo Strasser, nel fatto che questi credevano di poter spiegare lo sviluppo storico tramite i concetti di rapporto di produzione e di lotta di classe allorquando questi apparivano validi limitatamente al periodo del capitalismo. La dittatura del proletariato, l’internazionalismo, il comunismo utopico non erano più conformi ad una Germania nella quale era cominciato un processo di totale trasformazione delle strutture spirituali, sociali ed economiche, che portava alla sostituzione del capitalismo con il socialismo, della lotta di classe con le comunità di popolo e dell’internazionalismo con il nazionalismo. La teoria economica marxista rimaneva uno strumento necessario alla comprensione della storia. Il marxismo filosofico e il bolscevismo di partito, perdono significato nello stesso momento in cui il liberalismo entra in agonia”. 3) Il “socialismo tedesco” rifiuta il modello proletario così come il modello borghese e propone di conciliare le responsabilità, l’indipendenza e la creatività personali con il sentimento dell’appartenenza comunitaria ad una società di lavoratori di classi medie e, più particolarmente, di contadini. “Strasser, come Junger, sogna un nuovo “Lavoratore”, ma di un tipo particolare, il tipo “contadino”, che sia operaio-contadino, intellettuale-contadino, soldato-contadino, altrettante facce di uno sconvolgimento sociale realizzato con la dislocazione della società industriale, lo smantellamento delle fabbriche, la riduzione delle popolazioni urbane e il trasferimento forzato dei cittadini verso il lavoro rigeneratore della terra. Per rendere in immagini contemporanee la volontà di rottura sociale della tendenza Strasser, si può pensare oggi alla Rivoluzione Culturale cinese o all’azione dei Khmer rossi in Cambogia”. Otto Strasser vuole riorganizzare la società tedesca attorno al tipo contadino. Per fare questo, preconizza la spartizione delle terre, la colonizzazione delle regioni agricole dell’Est poco popolato e la dispersione dei grandi complessi industriali in piccole unità in tutto il paese – nascerebbe così un tipo misto operaio-contadino. Patrick Moreau non esita a qualificare Otto Strasser come “conservatore agrario estremista”. Le conseguenze di questa riorganizzazione della Germania (e della socializzazione dell’economia che deve accompagnarla) sarebbero: una considerevole riduzione della produzione dei beni di consumo per il fatto dell’ “adozione di un modo di vita spartano, in cui il consumo è ridotto alla soddisfazione quasi autarchica, a livello locale, dei bisogni primi”, e “l’istituzione nazionale, poi internazionale, di una sorta di economia di baratto”. Il socialismo tedesco rifiuta infine la burocrazia e il e il capitalismo privato (Strasser conosce i misfatti dei due sistemi) e propone la nazionalizzazione dei mezzi di produzione e della terra che saranno in seguito ri-distribuite a degli imprenditori sotto forma di feudi. Questa soluzione unirebbe, secondo Strasser, i vantaggi del possesso individuale e della proprietà collettiva.

Thierry Mudry

asslimes.com

mardi, 10 janvier 2012

The Moscow Trials in Historical Context

The Moscow Trials in Historical Context

Kerry Bolton

Ex: http://www.wermodandwermod.com/

Abstract

There is a subject that generally seems to be “no go” among academe: a critical attitude towards Trotsky and a less than slanderous attitude towards his nemesis, Stalin. Submission of papers on the subject is more likely to elicit responses of the type one would expect from outraged Trotskyite diehards than those of a scholarly critique. However, the battle between Trotsky and Stalin is not just one of theoretical interest, as it laid the foundations for outlooks on Russia and strategies in regard to the Cold War. The legacy continues to shape the present era, even after the implosion of the USSR. The following paper is intended to consider the Stalinist allegations against Trotsky et al in the context of history, and how that history continues to unfold.

Introduction

Trotsky had received comparatively good press in the West, especially since World War II, when the wartime alliance with Stalin turned sour. Trotsky has been published by major corporations,[1] and is generally considered the grandfatherly figure of Bolshevism.[2] “Uncle Joe,” on the other hand, was quickly demonized as a tyrant, and the “gallant Soviet Army” that stopped the Germans at Stalingrad was turned into a threat to world freedom, when in the aftermath of World War II the USSR did not prove compliant in regard to US plans for a post-war world order.[3] However, even before the rift, basically from the beginning of the Moscow Trials, Western academics such as Professor John Dewey condemned the proceedings as a brutal travesty. The Moscow Trials are here reconsidered within the context of the historical circumstances and of the judicial system that Trotsky and other defendants had themselves played prominent roles in establishing.

A reconsideration of the Moscow Trials of the defendants Trotsky et al is important for more reasons than the purely academic. Since the scuttling of the USSR and of the Warsaw Pact by a combination of internal betrayal and of subversion undertaken by a myriad of US-based “civil societies” and NGOs backed by the likes of the George Soros network, Freedom House, National Endowment for Democracy, and dozens of other such entities,[4] Russia – after the Yeltsin interregnum of subservience to globalisation –has sought to recreate herself as a power that offers a multipolar rather than a unipolar world. A reborn Russia and the reshaping of a new geopolitical bloc which responds to Russian leadership, is therefore of importance to all those throughout the world who are cynical about the prospect of a “new world order” dominated by “American ideals.” US foreign policy analysts, “statesmen” (sic), opinion moulders, and lobbyists still have nightmares about Stalin and the possibility of a Stalin-type figure arising who will re-establish Russia’s position in the world. For example, Putin, a “strongman” type in Western-liberal eyes at least, has been ambivalent about the role of Stalin in history, such ambivalence, rather than unequivocal rejection, being sufficient to make oligarchs in the USA and Russia herself, nervous. Hence, The Sunday Times, commenting on the Putin phenomena being dangerously reminiscent of Stalinism, stated recently:

Joseph Stalin sent millions to their deaths during his reign of terror, and his name was taboo for decades, but the dictator is a step closer to rehabilitation after Vladimir Putin openly praised his achievements.

The Prime Minister and former KGB agent used an appearance on national television to give credit to Stalin for making the Soviet Union an industrial superpower, and for defeating Hitler in the Second World War.

In a verdict that will be obediently absorbed by a state bureaucracy long used to taking its cue from above, Mr Putin declared that it was “impossible to make a judgment in general” about the man who presided over the Gulag slave camps. His view contrasted sharply with that of President Medvedev, Russia’s nominal leader, who has said that there is no excuse for the terror unleashed by Stalin.

Mr Putin said that he had deliberately included the issue of Stalin’s legacy in a marathon annual question-and-answer programme on live television, because it was being “actively discussed” by Russians.[5]

While The Times’ Halpin commented that Putin nonetheless gave the obligatory comments about the brutality of Stalin’s regime, following a forceful condemnation of Stalin by Medvedev on October 9, 2009, it is worrying nonetheless that Putin could state that positive aspects “undoubtedly existed.” Such comments are the same as if a leading German political figure had stated that some positive aspects of Hitler “undoubtedly existed.” The guilt complex of Stalinist tyranny, having its origins in Trotskyite Stalinophobia, which has been carried over into the present “Cold War II” era of a bastardous mixture of “neo-cons” (i.e., post-Trotskyites) and Soros type globalists, often working in tandem despite their supposed differences,[6] is supposed to keep Russian down in perpetuity. Should Russia rise again, however, the spectre of Stalin is there to frighten the world into adherence to US policy in the same way that the “war on terrorism” is designed to dragoon the world behind the USA. Just as importantly, The Times article commented on Putin’s opposition to the Russian oligarchy, which has been presented by the Western news media as a “human rights issue”:

During the television programme, Mr Putin demonstrated his populist instincts by lashing out at Russia’s billionaire class for their vulgar displays of wealth. His comments came after a scandal in Geneva, when an elderly man was critically injured in an accident after an alleged road race involving the children of wealthy Russians in a Lamborghini and three other sports cars. “The nouveaux riches all of a sudden got rich very quickly, but they cannot manage their wealth without showing it off all the time. Yes, this is our problem,” Mr Putin said.[7]

This all seems lamentably (for the plutocrats) like a replay of what happened after the Bolshevik Revolution when Stalin kicked out Trotsky et al. Under Trotsky, the Bolshevik regime would have eagerly sought foreign capital.[8] It is after all why plutocrats would have had such an interest in ensuring Trotsky’s safe passage back to Russia in time for the Bolshevik coup, after having had a pleasant stay with his family in the USA as a guest of Julius Hammer, and having been comfortably ensconced in an upmarket flat, with a chauffeur at the family’s disposal.[9] In 1923 the omnipresent globalist think tank the Council on Foreign Relations, was warning investors to hurry up and get into Soviet Russia before something went wrong,[10] which it did a few years later. Under Stalin, even Western technicians were not trusted.[11]

Of particular note, however, is that well-placed Russian politicians and academics are still very aware of the globalist apparatus that is working for what is frequently identified in Russia as a “new world order,” and the responsibility Russia has in reasserting herself to lead in reshaping a “multipolar” world contra American hegemony. This influences Russia’s foreign policy, perhaps the most significant manifestation being the BRIC alliance,[12] despite what this writer regards as the very dangerous liaison with China.[13]

What is dismissed as “fringe conspiracy theory” by the superficial and generally “kept” Western news media and academia, is reported and discussed, among the highest echelons of Russian media, politics, military, and intelligentsia, with an analytical methodology that is all but gone from Western journalism and research. For example the Russian geopolitical theorist Alexander Dugin is a well-respected academic who lectures at Moscow State University under the auspices of the Center for Conservative Studies, which is part of the Department of Sociology (International Relations)[14] The subjects discussed by Professor Dugin and his colleagues and students feature the menace of world government and the challenges of globalism to Russian statehood. The movement he inspired, Eurasianism, has many prominent people in Russia and elsewhere.[15]

Perhaps the best indication of Russia’s persistence in remaining resistant to globalist and hegemonic schemes for world re-organization is the information that is published by the Ministry of International Affairs. Despite the disclaimer, the articles and analyses are a far cry from the shallowness of the mainstream news media of the Western world. Articles posted by the Ministry as this paper is written include a cynical consideration of the North African revolutions and the role of “social media;”[16] and an article pointing to the immense socio-economic benefits wrought by the Qaddafi regime, which is now being targeted by revolts “backed by Western intelligence services.”[17] Political analyst Sergei Shashkov theorizes that:

Recent events perfectly fit into the US-invented concept of “manageable chaos” (also known as “controlled instability” theory). Among its authors are: Zbigniew Brzezinski, a Polish American political scientist, Gene Sharp, who wrote From Dictatorship to Democracy, and Steven Mann, whose Chaos Theory and Strategic Thought was published in Washington in 1992, and who was involved in plotting “color revolutions” in some former Soviet republics.[18]

The only place one is going to get that type of analyses in the West is in alternative media sources such as The Foreign Policy Journal or Global Research. What Western government Ministry would have the independence of mind to circulate analyses of this type? Russians have the opportunity to be the most well-informed people in the world in matters that are of real importance. Westerners, on the other hand, do have that essential freedom – to watch US sitcoms and keep abreast of the tittle-tattle of movie stars and pop singers. Clearly, Russia is not readily succumbing to the type of post-Cold War world as envisaged by plutocrats and US hegemonists, expressed by George H W Bush in his hopes for a “new world order” after the demise of the Soviet bloc.[19] Beginning with Putin, Russia has refused to co-operate in the establishment of the “new world order” just as Stalin did not go along with similar schemes intended for the post-World War II era.

The purging of the USSR of Trotskyites and others by Stalin constituted the first significant move against plutocratic aspirations for Russia. The subsequent Russophobia that continues among American foreign policy and other influential circles has an ideological and historical framework arising to a significant extent therefore. The Moscow Trials, and the reaction symbolized by the Dewey Commission, gave primary impetus to a movement that was to metamorphose from Trotskyism to post-Trotskyism and ultimately to the oddly named “neo- conservatism,” and to leading NGOs such as the National Endowment for Democracy. The foundation for the present historical phenomena in regard to Russia was being embryonically shaped even within the Dewey Commission, certain of whose members ended up becoming Cold Warriors.

In the spirit of this legacy, the oligarchs, who were to be unleashed on Russia after the destruction of the USSR, are being upheld by their champions in the West as victims of neo-Stalinism, and their trials are being compared to those of Stalin’s “Moscow Show Trials.” Hence, American Professor Paul Gregory, a Fellow of the Hoover Institution, co-editor of the “Yale-Hoover Series on Stalin, Stalinism, and Cold War,” etc., writes of the trial of oligarch Mikhail Khodorkovsky:

When the history of Russian justice is written fifty years from now, two landmark court cases will stand out: The death sentence of Nikolai Bukharin in his Moscow show trial of March 1938 and the second prison sentence of Mikhail Khodorkovsky expected December 27, 2010. Both processes teach the same object lesson: anyone who crosses the Kremlin will be punished without mercy. There will be no protection in the courts for the innocent, and the guilty verdict and sentence will be already predetermined behind the Kremlin walls. It also does not matter how preposterous or ludicrous the charges. Vladimir Putin was born in 1952, only one year before Stalin’s death. But Stalin’s system of justice was institutionalized and survived Stalin and the collapse of the Soviet Union, for use by apt pupils such as Putin . . . [20]

If Russia continues to take a “wrong turn” (sic) as it is termed by the US foreign policy Establishment,[21] then we can expect the regime to be increasingly demonized by being compared to that of Stalin, just as other regimes ripe for “change,” (such as Milosovic’s Serbia, Saddam’s Iraq and Qaddafi’s Libya) according to the agenda of the globalists, are demonized. John McCain, stated on the Floor of the Senate, speaking of the “New START Treaty” with Russia, that the Khodorkovsky trial indicated that flawed nature of Russia, although McCain admitted that he was “under no illusions” that some of the gains of the oligarch might have been “ill-gotten.”[22] However, to those who do not like the prospect of a renewal of Russia influence, Khodorkovsky is a symbol of the type of Russia they hoped would emerge after the demise of the USSR, and the oligarchs are portrayed as victims of Stalin-like injustice. Old Trot Carl Gershman, the founding president of the Congressionally-funded National Endowment for Democracy, used the Khodorkovsky sentencing as the primary point of condemnation of Russia in his summing up of the world situation frordemocracy in 2010, when stating that:

As 2010 drew to a close, the backsliding accelerated with a flurry of new setbacks—notably the rigged re-sentencing of dissident entrepreneur Mikhail Khodorkovsky in Russia, the brutal repression of the political opposition in Belarus following the December 19 presidential election, and the passage of a spate of repressive new laws in Venezuela, where President Hugo Chavez assumed decree powers.[23]

One can expect “velvet revolutions” to break out in Belarus and Venezuela at any time now, although Russia will obviously take longer to deal with. Hence the vitriol will take on increasingly Cold War proportions, with the accusation of a Stalinist revival being used as prime propaganda material. It is against this background that the legacy of Stalin, including the Moscow Trials for which he is particularly condemned, should be examined.

Background of the Trials

The Moscow Trials comprised three events: The first trial, held in August 1936, involved 16 members of the “Trotskyite-Kamenevite-Zinovievite-Leftist-Counter-Revolutionary Bloc.” The two main defendants were Grigory Zinoviev and Lev Kamenev. The primary accusations against the defendants were that they had, in alliance with Trotsky, been involved in the assassination of Sergey Kirov in 1934, and of plotting to kill Stalin.[24] After confessing to the charges, all were sentenced to death and executed.

The second trial in January 1937 of the “anti-Soviet Trotskyite-Centre” comprised 17 defendants, including Karl Radek, Yuri Piatakov and Grigory Sokolnikov, who were accused of plotting with Trotsky, who was said to be in league with Nazi Germany. Thirteen of the defendants were executed, and the remainder died in labor camps.

The third trial was held in 1938 against the “Bloc of Rights and Trotskyists,” with Bukharin as the chief defendant. They were accused of having planned to assassinate Lenin and Stalin in 1918, and of having plotted to dismember the USSR for the benefit of foreign powers.

These trials have been condemned as “show trials” yet the very openness to foreign journalists and diplomats, as distinct from secret tribunals, is surely an approach that is to be commended rather than condemned. It also indicates the confidence the Soviet authorities had in their charges against the accused, allowing the processes to be subjected to foreign scrutiny and comment.

The world generally has come to know the Moscow Trials as a collective travesty based on torture, threats to families and forced confessions, with the defendants in confused states, declaring their confessions of guilt by rote, as if hypnotised. The trials are considered in every sense modern-day “witch trials.” For example, Prof. Sidney Hook, co-founder of the “Dewey Commission,” cogently expressed the widely held view of the trials many years later that, “The confessions, exacted by threats and torture, physical and psychological, whose precise nature has never been disclosed, consisted largely of alleged ‘conversations about conversations.’”[25] However the opinions of first-hand observers are not unanimous in condemning the methodology of the trials. The US Ambassador to the USSR, himself a lawyer, Joseph E Davies, was to write of the trials in his memoirs published in 1945 (that is, about seven years after the Dewey Commission had supposedly proven the trials to have been a travesty):

At 12 o’clock noon accompanied by Counselor Henderson I went to this trial. Special arrangements were made for tickets for the Diplomatic Corps to have seats. . . . [26] . . . On both sides of the central aisle were rows of seats occupied entirely by different groups of “workers” at each session, with the exception of a few rows in the centre of the hall reserved for correspondents, local and foreign, and for the Diplomatic Corps. The different groups of “workers,” I am advised, were charged with the duty of taking back reports of the trials to their various organizations.[27]

Davies stated that among the foreign press corps were the following representatives: Walter Duranty and Harold Denny from The New York Times, Joe Barnew and Joe Phillips from The New York Herald Tribune, Charlie Nutter or Nick Massock from Associated Press, Norman Deuel and Henry Schapiro from United Press, Jim Brown from International News, and Spencer Williams from The Manchester Guardian. The London Observer, hardly pro-Soviet, opined that: “It is futile to think the trial was staged and the charges trumped up. The Government’s case against the defendants is genuine.”[28] Duranty from The New York Times stated of the 1936 trial of Kamenev, Zinoviev, et al that:

. . . The writer knows beyond doubt that the assassin [of Kirov] was used as an instrument for the needs of political terrorism… No one acquainted with present European politics can fail to realize that, whereas the Soviet government is doing it utmost to maintain peace, there are certain so-called Trotskyist organizations that are trying to cause trouble…[29]

Of Soviet prosecutor Andrei Vyshinsky, Davies opined that: “the prosecutor … conducted the case calmly and generally with admirable moderation.” Especially notable, given the subsequent claims that were made about the allegedly confused, brainwashed appearance and tone of the defendants, Davies observed: “There was nothing unusual in the appearance of the accused. They all appeared well nourished and normal physically.”[30] A delegation of the International Association of Lawyers stated:

We consider the claim that the proceedings were summary and unlawful to be totally unfounded. The accused were given the opportunity of taking counsels.... We hereby categorically declare that the accused were sentenced quite lawfully.[31]

In 1936 the British Labour Member of Parliament, D N Pritt KC, wrote extensively of his observations on the first Moscow Trial. In the lengthy article published in Russia Today, Pritt, after alluding to the apparently good condition of the defendants who, in accord with the observations of Davies, did not appear to have suffered under Soviet detention, wrote:

The first thing that struck me, as an English lawyer, was the almost free-and-easy demeanour of the prisoners. They all looked well; they all got up and spoke, even at length, whenever they wanted to do so (for the matter of that, they strolled out, with a guard, when they wanted to).

The one or two witnesses who were called by the prosecution were cross-examined by the prisoners who were affected by their evidence, with the same freedom as would have been the case in England.

The prisoners voluntarily renounced counsel; they could have had counsel without fee had they wished, but they preferred to dispense with them. And having regard to their pleas of guilty and to their own ability to speak, amounting in most cases to real eloquence, they probably did not suffer by their decision, able as some of my Moscow colleagues are.[32]

Pritt was struck by the informality of the proceedings, and commented on how the defendants could interrupt at will, in what seems to have been a freewheeling debate:

The most striking novelty, perhaps, to an English lawyer, was the easy way in which first one and then another prisoner would intervene in the course of the examination of one of their co-defendants, without any objection from the Court or from the prosecutor, so that one got the impression of a quick and vivid debate between four people, the prosecutor and three prisoners, all talking together, if not actually at the same moment—a method which, whilst impossible with a jury, is certainly conducive to clearing up disputes of fact with some rapidity. [33]

Pritt’s view of Vyshinsky is in accord with that of Davies, stating of the prosecutor: “He spoke with vigour and clarity. He seldom raised his voice. He never ranted, or shouted, or thumped the table. He rarely looked at the public or played for effect.”[34] Pritt stated that the fifteen defendants[35] “spoke without any embarrassment or hindrance.” Such was Pritt’s view of the proceedings that his concluding remark states: “But it is equally clear that the judicature and the prosecuting attorney of USSR have taken at least as great a step towards establishing their reputation among the legal systems of the modern world.”[36]

Although Pritt was a Labour Member of Parliament, and was not a communist party member, he was pro-Soviet. Was he, then, capable of forming an objective, professional opinion? Anecdotal evidence suggests he was. Jeremy Murray-Brown, biographer of the Kenyan leader Jomo Kenyatta, writing to the editor of Commentary in connection with the Moscow Trials, relates that he had had discussions with Pritt in 1970, in the course of which he asked Pritt about the trials:

His reply astonished me. “I thought they were all guilty,” he said, referring to Bukharin and his co-defendants. It was as simple as that; Pritt made no attempt at political justification, but reaffirmed what was for him a matter of clear professional judgment. …In terms of the Soviet Union’s own judicial system, Pritt said, he firmly believed the defendants in the Moscow trials were guilty as charged. It was an argument which came oddly from the man who defended Kenyatta.[37]

Kenyatta, whom Pritt went to Kenya to defend before a British colonial court, had been “evasive” under cross-examination, Pritt stated.[38] Pritt, despite his support for Kenyatta was able to judge the veracity of proceedings regardless of political bias, and had maintained his view of the Moscow trials even in 1970, when it would have been opportune, even among Soviet sympathizers, to conform to the accepted view, including the declarations of Khrushchev. Indeed, Sidney Hook, long since having become a Cold Warrior in the service of the USA, retorted:

In reply to Jeremy Murray-Brown: the significance of D N Pritt’s infamous defense of the infamous Moscow frame-up trials must be appraised in the light of Khrushchev’s revelations of Stalin’s crimes available to the public (outside the Soviet Union) long before Pritt’s avowals to Mr Murray-Brown. Pritt cannot have been unaware of them.[39]

Of course Pritt was not unaware of Khrushchev’s so-called “revelations.” Unlike many former admirers of Stalin, he was simply not impressed by their veracity, and it must be assumed that his scepticism was based on both his eminent judicial experience and his first-hand observations. Certainly, Sidney Hook’s leading role in the formation of the “Dewey Commission” for the exoneration of Trotsky on the pretext of “impartial” hearings, was itself a cynical travesty, as will be considered in this paper.

If there was a general consensus that the proceedings were legitimate, and a quite sceptical attitude towards the findings of the Dewey Commission, despite the eminence of its front man, Prof. John Dewey, what changed to result in such a dramatic and almost universal reversal of opinion? It was a change of perception in regard to Stalin in the aftermath of World War II, and not due to any sudden revelations about the Moscow Trials or about Stalin’s tyranny. The wartime alliance, which, it was assumed, would endure during the post-war era, instead gave way to the Cold War.[40] Such was the hatred of the Trotskyites for the USSR that they were willing to enlist in the ranks of the anti-Soviet crusade even to the extent of working for the CIA[41], and supporting the US in Korea and Vietnam to counter Soviet influence.[42] Their services, as experienced anti-Soviet propagandists, were eagerly sought. Hence the findings of the Dewey Commission, largely ignored in their own time, are now heralded as definitive. The nature of this “Dewey Commission” will now be considered.

“Preliminary Commission of Inquiry into the Charges Made Against Leon Trotsky in the Moscow Trials”

The so-called Dewey Commission, the full title of which was the “Preliminary Commission of Inquiry into the Charges Made Against Leon Trotsky in the Moscow Trials,” having a legalistic and even official sound to it, was convened in March 1937 on the initiative of the American Committee for the Defense of Leon Trotsky as a supposedly “impartial body.”[43] The purpose was said to be, “to ascertain all the available facts about the Moscow Trial proceedings in which Trotsky and his son, Leon Sedov, were the principal accused and to render a judgment based upon those facts.”[44] However, the composition of the Commission indicates that it was set up as a counter-show trial with the preconceived intention of exonerating Trotsky, and was created at the instigation of Trotsky himself.

The stage was set with the founding of the American Committee for the Defense of Leon Trotsky by Prof. Sidney Hook, who persuaded his mentor, Prof. John Dewey, to front for it. Just how “impartial” the Dewey Commission was might be deduced not only from its having been initiated by those sympathetic towards Trotsky, but also by a comment in a Time report at the occasion of Trotsky’s deportation from Norway en route to Mexico: “The American Committee for the Defense of Leon Trotsky spat accusations at the Norwegian Government last week for its ‘indecent and filthy’ behavior in placing the Great Exile & Mme Trotsky on the Norwegian tanker Ruth…”[45]

The mock “trial” organised by the Dewey Commission was prompted by a “demand” from Trotsky from his new abode in Mexico, who “publicly demanded the formation of an international commission of inquiry, since he had been deprived of any opportunity to reply to the accusations before a legally constituted court.”[46] A sub-commission was formed to travel to Mexico and to allow Trotsky to give testimony in his defense under what was supposed to include “cross-examination.” The sub-commission comprised:

  • John Dewey as chairman, described by Novack as America’s foremost liberal and philosopher;
  • Otto Ruehle, a German Marxist and former Reichstag Deputy;
  • Alfred Rosmer, former member of the Executive Committee of the Communist International (1920-21);
  • Wendelin Thomas, leader of the sailor’s revolt in Germany in 1918 and a former Communist Deputy in the Reichstag; and
  • Carlo Tresca, Italian-American anarchist.[47]

Other members, whose political orientations are not mentioned by Novack, were:

  • ·        Benjamin Stolberg, American journalist;
  • ·        Suzanne La Follette, American journalist;
  • ·         Carleton Beals, authority on Latin-American affairs;
  • ·        Edward A Ross, Professor of Sociology at the University of Wisconsin;
  • ·         John Chamberlain, former literary critic of the New York Times; and
  • ·         Francisco Zamora, Mexican journalist.

Of these, Stolberg was a supporter of the Socialist Party, described by fellow commissioner Carleton Beals as being, along with other commissioners, thoroughly under Trotsky’s spell.[48] Suzanne La Follette was described by Beals as having a “worshipful” attitude towards Trotsky.[49] Edward A Ross, who had gone to Soviet Russia in 1917 had come back with a pro-Bolshevik sentiment, writing The Russian Bolshevik Revolution (1921) and The Russian Soviet Republic (1923). John Chamberlain, a Left-leaning liberal by his own description[50], was among those who became so obsessively anti-Soviet that they ended up as avid Cold Warriors in the US camp.[51] In 1946 Chamberlain and Suzanne La Follette, along with free market guru Henry Hazlitt, founded the libertarian journal The Freeman.[52] Both can therefore be regarded as among the many Trotsky-sympathizers who became apologists for American foreign policy,[53] and laid the foundation for the so-called “neo-conservative” movement. Chamberlain and La Follette continued to pursue a vigorous anti-Soviet line at the earliest stages of the Cold War.[54]

Trotsky’s lawyer for the Mexico hearings was Albert Goldman, who had joined the Communist Party of America on its founding in 1920. He was expelled from the party in 1933 for Trotskyism. Goldman was another Trotskyite who became a pro-US Cold Warrior.[55] The Dewey Commission’s “court reporter” (sic) was Albert M Glotzer, who had been expelled from the Communist Party USA in 1928 and with prominent American Trotskyite Max Shachtman, had founded the Communist League and subsequent factions, including the Social Democrats USA,[56] whose executive Secretary had been Carl Gershman, founding president of the National Endowment for Democracy. Glotzer had also served as Trotsky’s secretary in Turkey in 1931, and had met him on other occasions.[57] The Social Democrats USA provided particular support for the Cold War hawk, Sen. Henry Jackson, and has produced other foreign policy hawks such as Elliott Abrams.

Under the façade of an “impartial enquiry” and with a convoluted title that suggests a bona fide judicial basis, the Dewey Commission proceeded to Mexico to “interrogate” (sic) Trotsky on the pretence of objectivity;[58] an image that was to be quickly exposed by the resignation of one of the Commissioners, Carleton Beals.

"Trotsky's Pink Tea Party": The Beals Resignation

Although one would hardly suspect it now, at the time the Dewey Commission was perceived by many as lacking credibility. Time reported that when Dewey returned from Mexico the “kindly, grizzled professor” told a crowd of 3,500 in Manhattan that the preliminary results of the sub-commission justified the continuation of the Commission’s enquiries in the USA and elsewhere. Time offered the view that, “by last week the committee had proved nothing at all,” despite Dewey’s positive spin.[59] Time in referring to the resignation of Carleton Beals cited him as stating that the hearings had been “unduly influenced in Trotsky’s favor,” Beals having “resigned in disgust.”[60] The Dewey report appended a statement attempting to deal with Beals.[61] In a reply to Dewey, Beals wrote in The Saturday Evening Post that despite the publicly stated intention of the enquiry to determine the innocence or guilt of Trotsky the attitudes of the sub-commission members towards Trotsky were those of reverence:

“I want to weep,” remarks one commissioner as we pass out into the frowzy street, “to think of him being here.” All, including Doctor Dewey, chairman of the investigatory commission, join in the chorus of sorrow over Trotsky’s fallen star - except one commissioner, who sees the pathos of human change in less personal terms.[62]

Beals observing Trotsky in action considered that,

above all, his mental faculties are blurred by a consuming lust of hate for Stalin, a furious uncontrollable venom which has its counterpart in something bordering on a persecution complex - all who disagree with him are bunched in the simple formula of GPU agents, people “corrupted by the gold of Stalin.”[63]

It is evident from Beals’ comments - and Beals had no particular axe to grind - that the persona of Trotsky was far from the rational demeanour of a wronged victim. From Beals’ comments Trotsky seems to have presented himself in a manner that is suggestive of the descriptions often levelled against the Stalinist judiciary, making wild accusations about the supposed Stalinist affiliations of any detractors. Beals questioned Trotsky concerning his archives, since Trotsky was making numerous references to them to prove his innocence, but Trotsky “hems and haws.” While Trotsky denied that his archives had been purged of anything incriminating, important documents had been taken out. A primary insistence of Trotsky’s defense was his denial of having any communication with the accused after 1929. However Dr J Arch Getty comments:

Yet it is now clear that in 1932 he sent secret personal letters to former leading oppositionists Karl Radek, G. Sokol’nikov, E. Preobrazhensky, and others. While the contents of these letters are unknown, it seems reasonable to believe that they involved an attempt to persuade the addressees to return to opposition.[64]

Unlike virtually all Trotsky’s other letters (including even the most sensitive) no copies of these remain in the Trotsky Papers. It seems likely that they have been removed from the Papers at some time. Only the certified mail receipts remain. At his 1937 trial, Karl Radek testified that he had received a letter from Trotsky containing “terrorist instructions,” but we do not know whether this was the letter in question.[65]

It can be noted here that, as will be related below, Russian scholar Prof. Rogovin, in seeking to show that the Opposition bloc maintained an effective resistance to Stalin, also stated that a “united anti-Stalin bloc” did form in 1932, despite Trotsky’s claim at the Dewey hearings that there had been no significant contact with any of the Moscow defendants since 1929. Beals found it difficult to believe Trotsky’s insistence that his contacts inside the USSR had since 1930 consisted of no more than a half dozen letters to individuals. If it was the case that Trotsky no longer had a network within the USSR then he and the Fourth International, and Trotskyism generally, must have been nothing other than bluster.[66]

Beals’ less than deferential line of questioning created antagonism with the rest of the Commission. They began to change the rules of questioning without consulting him. Beals concluded by stating that either Finerty, whom he regarded as acting like Trotsky’s lawyer instead of that of the commission’s counsel, resign, or he would. Suzanne LaFollette “burst into tears” and implored Beals to apologise to Finerty, otherwise the “great historical occasion” would be “marred.” Beals left the room of the Mexican villa with the Commissioners chasing after him. Dewey was left to try and rationalize the situation with the press, while Beals countered that “the commission’s investigations were a fraud.”[67] In the concluding remarks of his article, with the subheading “The Trial that Proved Nothing,” Beals stated that:

  • There had been no adequate cross-examination.
  • The Trotsky archives had not been examined.
  • The cross-examination was a “scant day and a half,” mostly taken up with questions about the Russian Revolution, relations with Lenin, and questions about dialectical theory.
  • Most of the evidence submitted was in the form of Trotsky’s articles and books, which could have been consulted at a library.

The commission then resumed in New York, about which Beals predicted, “no amount of fumbling over documents in New York can correct the omissions and errors of its Mexican expedition,” adding:

From the press I learned that seven other commissions were at work in Europe, and that these would send representatives to form part of the larger commission. I was unable to find out how these European commissions had been created, who were members of them. I suspected them of being small cliques of Trotsky’s own followers. I was unable to put my seal of approval on the work of our commission in Mexico. I did not wish my name used merely as a sounding board for the doctrines of Trotsky and his followers. Nor did I care to participate in the work of the larger organization, whose methods were not revealed to me, the personnel of which was still a mystery to me.

Doubtless, considerable information will be scraped together. But if the commission in Mexico is an example, the selection of the facts will be biased, and their interpretation will mean nothing if trusted to a purely pro-Trotsky clique. As for me, a sadder and wiser man, I say, a plague on both their houses.[68]

As can be seen from the last sentence of the above, Beals was not aligned to either Trotsky or Stalin. He had accepted a position with the Dewey Commission in the belief that it sought to get to the matter of the accusations against the Moscow defendants, and specifically Trotsky, in a professional manner. What Beals found was a set-up that was predetermined to exonerate Trotsky and give the “Old Man” a podium upon which to vent his spleen against his nemesis, Stalin. It is also apparent that Trotsky attempted to detract accusations by alleging that anyone who doubted his word was in the pay of Stalin. Yet today the consensus among scholars is that Stalin contrived false allegations about Trotsky et al, and any suggestion to the contrary is met with vehemence rather than with scholarly rebuttal.[69]

The third session of the Mexico hearings largely proceeded on the question of the relations between Trotsky, Kamenev and Zinoviev, and the formation of the Stalin-Kamenev-Zinoviev troika that ran the Soviet state when Lenin became incapacitated. The primary point was that Kamenev and Zinoviev were historically rivals of Trotsky and allies of Stalin in the jockeying for leadership. However, the Moscow testimony also deals with the split of the troika, when alliances changed and Zinoviev and Kamenev became allied with Trotsky. Trotsky in reply to a question from Goldman as to the time of the split, replied: “It was during the preparation, the secret preparation of the split. It was in the second half of 1925. It appeared openly at the Fourteenth Congress of the Party. That was the beginning of 1926.”

Trotsky was asked to explain the origins of the Zinoviev split with Stalin and the duration of the alliance with Trotsky. This, it should be noted, was at the time of an all-out offensive against Stalin, during which, Trotsky explains in his memoirs, “In the Autumn the Opposition even made an open sortie at the meeting of Party locals.”[70] At the time the “New Opposition” group led by Zinoviev and Kamenev aligned with Trotsky to form the “United Opposition.” Trotsky also stated in his memoirs that Zinoviev and Kamenev, despite being ideologically at odds with Stalin, tried to retain their influence within the party, Trotsky having been outvoted by the Bolshevik Party membership which had in a general referendum voted 740,000 to 4,000 to repudiate him:

Zinoviev and Kamenev soon found themselves in hostile opposition to Stalin; when they tried to transfer the dispute from the trio to the Central Committee, they discovered that Stalin had a solid majority there. They accepted the basic principles of our platform. In such circumstances, it was impossible not to form a bloc with them, especially since thousands of revolutionary Leningrad workers were behind them.[71]

It seems disingenuous that Trotsky could subsequently claim that there could not have been a further alliance with Zinoviev and Kamenev, given that alliances were constantly changing, and that these old Bolshevik idealists seem to have been thoroughgoing careerists and opportunists willing to embrace any alliance that would further their positions. Trotsky cited the report of the party Central Committee of the July 1926 meeting at which Zinoviev confessed his “two most important mistakes;” that of having opposed the October 1917 Revolution, and that of aligning with Stalin in forming the “bureaucratic-apparatus of oppression.” Zinoviev added that Trotsky had “warned with justice of the dangers of the deviation from the proletarian line and of the menacing growth of the apparatus regime. Yes, in the question of the bureaucratic-apparatus oppression, Trotsky was right against us.”[72]

During 1927 the alliance between Trotsky, Zinoviev and Kamenev had fallen apart as Zinoviev and Kamenev again sought to flow with the tide. The break with Trotsky came just a few weeks before Trotsky’s expulsion from the Party, as the “Zinoviev group” wanted to avoid expulsion. However all the oppositionists were expelled from the party at the next Congress. Six months after their expulsion and exile to Siberia, Kamenev and Zinoviev reversed their position again, and they were readmitted to the party.

During 1927 Trotsky states that many young revolutionaries came to him eager to oppose Stalin for his having betrayed the Chinese Communists by insisting they subordinate themselves to Chiang Kai-shek. Trotsky claimed: “Hundreds and thousands of revolutionaries of the new generation were grouped about us… at present there are thousands of such young revolutionaries who are augmenting their political experience by studying theory in the prisons and the exile of the Stalin regime.”[73] With this backing the opposition launched its offensive against the Party:

The leading group of the opposition faced this finale with its eyes wide open. We realized only too clearly that we could make our ideas the common property of the new generation not by diplomacy and evasions but only by an open struggle which shirked none of the practical consequences. We went to meet the inevitable debacle, confident, however, that we were paving the way for the triumph of our ideas in a more distant future.[74]

Trotsky then referred to “illegal means” as the only method by which to force the opposition onto the Party at the Fifteenth Congress at the end of 1927. From Trotsky’s description of the tumultuous events during 1927 it seems clear that this was a revolutionary situation that the opposition was trying to create that would overthrow the regime just as the October 1917 coup had overthrown Kerensky:

Secret meetings were held in various parts of Moscow and Leningrad, attended by workers and students of both sexes…. In all, about 20,000 people attended such meetings in Moscow and Leningrad. The number was growing. The opposition cleverly prepared a huge meeting in the hall of the High Technical School, which had been occupied from within. The hall was crammed with two thousand people, while a huge crowd remained outside in the street. The attempts of the administration to stop the meeting proved ineffectual. Kamenev and I spoke for about two hours. Finally the Central Committee issued an appeal to the workers to break up the meetings of the opposition by force. This appeal was merely a screen for carefully prepared attacks on the opposition by military units under the guidance of the GPU. Stalin wanted a bloody settlement of the conflict. We gave the signal for a temporary discontinuance of the large meetings. But this was not until after the demonstration of November 7.[75]

In October 1927, the Central Executive Committee held its session in Leningrad, and a mass official demonstration was staged in honour of the event. Trotsky recorded that the demonstration was taken over by Zinoviev and himself and their followers by the thousands, with support from sections of the military and police. This was shortly followed by a similar event in Moscow commemorating the October 1917 Revolution, during which the opposition infiltrated the parades. A similar attempt at a parade in Leningrad resulted in the detention of Zinoviev and Radek, but Zinoviev wrote optimistically to Trotsky that this would play into their hands. However, at the last moment, the Zinoviev group backed down in order to try and avoid expulsion from the party at the Fifteenth Congress.[76] However Trotsky admitted to having conversations with Zinoviev and Kamenev at a joint meeting at the end of 1927. Trotsky then stated that he had a final communication from Zinoviev on November 7 1927 in which Zinoviev closes: “I admit entirely that Stalin will tomorrow circulate the most venomous “versions.” We are taking steps to inform the public. Do the same. Warm greetings, Yours, G. ZINOVIEV.”[77]

As stated by Goldman, Trotsky’s counsel at Mexico, the letter was addressed to Kamenev, Trotsky, and Y P Smilga. Trotsky explained that, “Smilga is an old member of the Party, a member of the Central Committee of the Party and a member of the Opposition, of the center of the Opposition at that time.” The following questioning then took place:

Stolberg: What do you mean by the center of the Opposition? The executive committee?

Trotsky: It was an executive committee, yes, the same as a central committee.

Goldman: Of the leading comrades of the Left Opposition?

Trotsky: Yes.’[78]

Trotsky stated that thereafter he had “absolute hostility and total contempt” for those who “capitulated,” and that he wrote many articles denouncing Zinoviev and Kamenev. Goldman read from a statement by prosecutor Vyshinsky at the January 28 session of the 1937 Moscow trial:

The Trotskyites went underground, they donned the mask of repentance and pretended that they had disarmed. Obeying the instruction of Trotsky. Pyatakov and the other leaders of this gang of criminals, pursuing a policy of duplicity, camouflaging themselves, they again penetrated into the Party, again penetrated into Soviet offices, here and there they even managed to creep into responsible positions of the state, concealing for a time, as has now been established beyond a shadow of doubt, their old Trotskyite, anti-Soviet wares in their secret apartments, together with arms, codes, passwords, connections and cadres.[79]

Trotsky in reply to a question from Goldman denied any further connection with Kamenev, Zinoviev or any of the other defendants at Moscow. However, as will be considered below, Trotsky, Kamenev and Zinoviev had formed an “anti-Stalinist bloc in June 1932,”[80] a matter only discovered after the investigations in 1935 and 1936 into the Kirov murder.

One of the features of both the first Moscow Trial of 1936 and the Dewey Commission was the allegation that defendant Holtzman, when an official for the Soviet Commissariat for Foreign Trade, had met Trotsky and his son Leon Sedov, at the Hotel Britsol in Copenhagen in 1932. It is a matter that remains the focus of critique and ridicule of the Moscow Trials. For example one Trotskyite article triumphantly declares: “Unbeknown to the prosecutors, the Hotel Bristol had been demolished in 1917! The Stalinist investigators had not done their homework.”[81] Prominent historians continue to cite the supposed non-existence of the Hotel Bristol when Trotsky and his son were supposed to be conspiring with Holtzman, as a primary example of the crass nature of the Stalinist allegations. While Trotsky confirmed that he was in Copenhagen at the time of the alleged meeting, the Dewey Commission accepted statements that the Hotel Bristol had burned down in 1917 and had never reopened. The claim had first been made by the Danish newspaper Social-Demokraten shortly after the death sentences of the 1936 trial had been carried out.[82] In response Arbejderbladet, the organ of the Danish Communist Party, pointed out that in 1932 the Grand Hotel was connected by an interior doorway to the café Konditori Bristol. Moreover both the hotel and the café were owned by a husband and wife team. Arbejderbladet editor Martin Nielsen contended that a foreigner not familiar with the area would assume that he was at the Hotel Bristol.

However these factors were ignored by the Dewey Commission, and still are ingored. Instead the Commission accepted a falsely sworn affidavit by Esther and B J Field, Trotskyites, who claimed that the Bistol café was two doors away from the Grand Hotel and that there was a clear distinction between the two enterprises. Goldman, Trotsky’s lawyer, had stated at the fifth session of the hearings in Mexico that despite the statements that Holtzman was forced to make at the 1936 Moscow trial that he had met Trotsky at the Hotel Bristol, and was “put up” there, “…immediately after the trial and during the trial, when the statement, which the Commissioners can check up on, was made by him, a report came from the Social-Democratic press in Denmark that there was no such hotel as the Hotel Bristol in Copenhagen; that there was at one time a hotel by the name of Hotel Bristol, but that was burned down in 1917…”

Goldman sought to repudiate a claim by the publication Soviet Russia Today that stated that the Bristol café is not next to the Grand Hotel, and used the Field affidavit for the purpose, and that there was no entrance connecting the two, the Fields stating,

As a matter of fact, we bought some candy once at the Konditori Bristol, and we can state definitely that it had no vestibule, lobby, or lounge in common with the Grand Hotel or any hotel, and it could not have been mistaken for a hotel in any way, and entrance to the hotel could not be obtained through it.[83]

The question of the Bristol Hotel was again raised the following day, at the 6th session of the Dewey hearings. Such was – and is – the importance attached to this in repudiating the Stalinist allegations as clumsy. In 2008 Sven-Eric Holström undertook some rudimentary enquiries into the matter. Consulting the 1933 street and telephone directories for Copenhagen he found that – the Field’s affidavit notwithstanding - the Grand Hotel and the Bristol café were located at the same address.[84] Furthermore, photographs of the period show that the street entrance to the hotel and the café were the same and the only signage from the outside states “Bristol.”[85] Again, contrary to the Field affidavit, diagrams of the building show that there was a lobby and internal entrance connecting the hotel and the café. Anyone walking off the street into the hotel would assume, on the basis of the signage and the common entrance that he had walked into a hotel called “Hotel Bristol.” Getty states that Trotsky’s papers archived at Harvard show that Holtzman, a “former” Trotskyite, had met Sedov in Berlin in 1932 “and gave him a proposal from veteran Trotskyist Ivan Smirnov and other left oppositionists in the USSR for the formation of a united opposition bloc,”[86] although Trotsky stated at the Dewey hearings on questioning by Goldman that he had never had any “direct or indirect communication” with Holtzman.

If the statements of Trotsky at to the Dewey Commission and his statements in My Life are considered in the context of the allegations presented by Vyshinsky at Moscow, a number of conclusions might be suggested:

    1. From 1925 there was a Trotsky-Zinoviev-Kamenev bloc, or an “Opposition center,” which Trotsky states had an “executive committee; which functioned as an alternative party ‘central committee.’”
    2. Although Zinoviev and Kamenev were aligned for a time with Stalin in a troika, they repudiated this in favour of a counter-revolutionary alliance with Trotsky, and spoke at mass demonstrations, along with others such as Radek.
    3. Trotsky subsequently condemned Kamenev, Zinoviev et al as “contemptible” for “capitulating,” but Zinoviev, on Trotsky’s own account, was writing to him in November 1928 and warning of what he expected to be Stalin’s attacks.
    4. Was the vehemence with which Trotsky attacked Kamenev, Zinoviev and other Moscow defendants a mere ruse to throw off suspicion in regard to a united Opposition bloc, which, according to Rogovin,[87] had been formalized as an “anti-Stalinist bloc” in 1932?
    5. On Trotsky’s own account he and Zinoviev, Kamenev, Radek, et al had been at the forefront of a vast counter-revolutionary organization that was of sufficient strength to organize mass disruptions of official events in Moscow and Leningrad, which also had support among military and police personnel.

From his exile in Siberia in 1928, Trotsky on his own account, despite the ever-watchful eye of the GPU, made his home the center of opposition activities.[88] Trotsky had been treated leniently in Siberian exile, and was asked to refrain from opposition activities, but responded with a defiant letter to the All-Union Communist Party and to the Executive Committee of the Communist International, in which he referred to Stalin’s “narrow faction.” He refused to renounce what he called, “the struggle for the interests of the international proletariat...” In the letter to the Politburo dated 15 March 1933, Trotsky warned in grandiose manner:

I consider it my duty to make one more attempt to appeal to the sense of responsibility of those who presently lead the Soviet state. You know conditions better than I. If the internal development proceeds further on its present course, catastrophe is inevitable.[89]

As a means of saving the Soviet Union from self-destruction Trotsky advocated that the Left Opposition be accepted back into the Bolshevik party as an independent political tendency that would co-exist with all other factions, while not repudiating its own programme:[90]

Only from open and honest cooperation between the historically produced fractions, fully transforming them into tendencies in the party and eventually dissolving into it, can concrete conditions restore confidence in the leadership and resurrect the party.[91]

With the failure of the Politburo to reply to Trotsky’s ultimatum, he published both the letter and a statement entitled “An Explanation.”[92] Trotsky then cited his “declaration” in reply to the “ultimatum” he had received to forego oppositionist activities, to the Sixth Party Congress from his remote exile in Alma Ata. In this “declaration” he stated what could also be interpreted as revolutionary opposition to the regime, insofar as he considered that the USSR under Stalin had become a bureaucratic state composed of a “depraved officialdom” that was working for “class interests hostile to the proletariat”:

To demand from a revolutionary such a renunciation (of political activity, i.e., in the service of the party and the international revolution) would be possible only for a completely depraved officialdom. Only contemptible renegades would be capable of giving such a promise. I cannot alter anything in these words ... To everyone, his due. You wish to continue carrying out policies inspired by class forces hostile to the proletariat. We know our duty and we will do it to the end.[93]

The lack of reply from the Politburo in regard to Trotsky’s ultimatum to accept him back into the Government resulted in Trotsky’s final break with the Third International and the creation of the Fourth International in rivalry with the Stalinist parties throughout the world. Trotsky declared that the Bolshevik party and those parties following the Stalinist line, as well as the Comintern now only served an “uncontrolled bureaucracy.”[94] That his aims were something other than mass education and the acceptance of a “tendency” within the Bolshevik party became clearer in 1933 when he wrote that, “No normal ‘constitutional’ ways remain to remove the ruling clique. The bureaucracy can be compelled to yield power into the hands of the proletariat only by force.”[95] What he was advocating was a palace coup that would remove Stalin with minimal disruption. This meant not “an armed insurrection against the dictatorship of the proletariat but the removal of a malignant growth upon it…” These would not be “measures of a civil war but rather the measures of a police character.”[96] The intent was unequivocal, and it appears disingenuous for Trotsky and his apologists to the present day to insist that nothing was meant other than for Trotskyism to be accepted as a “tendency” within the Bolshevik party that could debate the issues in parliamentary fashion.

If Trotsky was less than honest with the fawning Dewey Commission, the farcical “cross examination” by the Commission’s counsel was not going to expose it. Heaven forbid that Trotsky could lie to serve his own cause, and that he could be anything but a saintly figure. Certainly a less than deferential attitude toward Trotsky by Beals was sufficient to set the one objective commissioner at loggerhead with the others. Of the lie as a political weapon, Trotsky was explicit. Trotsky had written in 1938, the very year of the third Moscow Trial, an article chastising a grouplet of German Marxists for adhering to “bourgeoisie” notions of morality such as truthfulness. He stated, “that morality is a product of social development; that there is nothing invariable about it; that it serves social interests; that these interests are contradictory; that morality more than any other form of ideology has a class character.”[97]

Norms “obligatory upon all” become the less forceful the sharper the character assumed by the class struggle. The highest pitch of the class struggle is civil war which explodes into mid-air all moral ties between the hostile classes. … This vacuity in the norms obligatory upon all arises from the fact that in all decisive questions people feel their class membership considerably more profoundly and more directly than their membership in “society”. The norms of “obligatory” morality are in reality charged with class, that is, antagonistic content. … Nevertheless, lying and violence “in themselves” warrant condemnation? Of course, even as does the class society which generates them. A society without social contradictions will naturally be a society without lies and violence. However there is no way of building a bridge to that society save by revolutionary, that is, violent means. The revolution itself is a product of class society and of necessity bears its traits. From the point of view of “eternal truths’ revolution is of course “anti-moral.” … It remains to be added that the very conception of truth and lie was born of social contradictions.[98]

Given the lengthy ideological discourse on the value of the lie and the relativity of morality, it is absurd to rely on any statement Trotsky and his followers make about anything. He lied and obfuscated to the Dewey Commission in the knowledge that he was among friends.

Kirov's Murder

The year after Trotsky’s ultimatum to the Politburo (1934) the popular functionary Kirov was murdered. Trotsky’s view of Kirov was not sympathetic, calling him a “rude satrap [whose killing] does not call forth any sympathy.”[99] The consensus now seems to be that Stalin arranged for the murder of Kirov to blame the opposition as justification for launching a murderous purge against his rivals. For example Robert Conquest states that Kirov was a moderate and a popular rival to Stalin, whose murder was both a means of eliminating a rival and of launching a purge.[100] Not only Trotskyites and eminent historians such as Conquest share this view, but also it was implied by Khrushchev during his 1956 “secret address” to the 20th Congress of the Communist Party.[101] After Stalin’s death several Soviet administrations undertook investigations to try and uncover definitive evidence against him.

The original source for the accusations against Stalin regarding Kirov seems to have been an anonymous “Letter of an Old Bolshevik” published in 1937.[102] It transpired that the “Old Bolshevik” was a Menshevik, Boris Nicolaevsky, who claimed that his information came from Bukharin when the latter was in Paris in 1936. In 1988 Bukharin’s widow published a book on her late husband in which she denied that any such discussions had taken place between Bukharin and Nicolaevsky, and considered the “Letter” to be a “spurious document.”[103]

In 1955 the Presidium of the Central Committee of the Communist Party commissioned P N Pospelov, the Secretary of the Central Committee, to investigate Stalinist repression. It had been the opinion of the party by this time that Stalin had been behind the murder of Kirov. Another commission of enquiry was undertaken in 1956. Neither found evidence that Stalin had a hand in the Kirov killing but the findings were not released by Khrushchev, former foreign minister Molotov remarking of the 1956 enquiry: “The commission concluded that Stalin was not implicated in Kirov’s assassination. Khrushchev refused to have the findings published since they didn’t serve his purpose.”[104] As recently as 1989 the USSR was still making efforts to implicate Stalin, and a Politburo Commission headed by A  Yakovlev was set up. The two year enquiry concluded that: “In this affair no materials objectively support Stalin’s participation or NKVD participation in the organisation and carrying out of Kirov’s murder.”[105] The findings of this enquiry were not released either.

J Arch Getty writes of the circumstances of the Kirov murder that the OGPU and the NKVD had infiltrated opposition groups and there had been sufficient evidence obtained to consider that the so-called Zinovievites were engaged in dangerous underground activity. Stalin consequently regarded this group as being behind the assassin, Nikolayev. Although their former followers were being rounded up, Pravda announced on December 23, 1934 that there was “insufficient evidence to try Zinoviev and Kamenev for the crime.”[106] When the trial against this bloc did occur two years later it was after many interrogations, and was therefore no hasty process. From the interrogations relative to the Kirov assassination Stalin found out about the continued existence of the Opposition bloc that focused partly around Zinoviev. Vadim Rogovin, a Professor at the Russian Academy of Sciences, wrote that Kamenev and Zinoviev had rejoined Trotsky and formed “the anti-Stalinist bloc in June 1932,” although Trotsky had maintained to the Dewey Commission and subsequently, that no such alliance existed and that he had nothing but contempt for Zinoviev and Kamenev. Rogovin, a Trotskyite academic having researched the Russian archives, stated:

Only after a new wave of arrests following Kirov’s assassination, after interrogations and reinterrogations of dozens of Oppositionists, did Stalin receive information about the 1932 bloc, which served as one of the main reasons for organizing the Great Purge.[107]

In 1934 Yakov Agranov, temporary head of the NKVD in Leningrad, had found connections between the assassin Nikolayev and leaders of the Leningrad Komsomol at the time of Zinoviev’s authority over the city. The most prominent was I I Kotolynov, whom Robert Conquest states “had, in fact, been a real oppositionist.”[108] Kotolynov, a “Zinovievite,” was among those of the so-called “Leningrad terrorist center” found guilty in 1934 of the death of Kirov. The investigation had been of long duration and the influence of Zinoviev’s followers had been established. However, there was considered to be insufficient evidence to charge Zinoviev and Kamenev.[109]

In 1935 other evidence came to light showing that Zinoviev and Kamenev were aware of the “terrorist sentiments” in Leningrad, which they had “inflamed.”[110] While several trials associated with the Kirov killing took place in 1935, in 1936 sufficient evidence had accrued to begin the first of the so-called “Moscow Trials,” of the “Trotsky -Zinoviev Terrorist Center,” including Trotsky and his son Sedov, who were tried in absentia. The defendant Sergei Mrachovsky testified that at the end of 1932 that a terrorist bloc was formed between the Trotskyites and the Zinovievites, stating:

That in the second half of 1932 the question was raised of the necessity of uniting the Trotskyite terrorist group with the Zinovievites. The question of this unification was raised by I N Smirnov… In the autumn of 1932 a letter was received from Trotsky in which he approved the decision to unite with the Zinovievites… Union must take place on the basis of terrorism, and Trotsky once again emphasised the necessity of killing Stalin, Voroshiloy and Kirov... The terrorist bloc of the Trotskyites and the Zinovievites was formed at the end of 1932.[111]

Despite the condemnation that such testimony has received from academia and media, this at least precisely accords with the relatively recent findings of the Trotskyite academic Prof. Rogovin, and the letter from Trotsky sent to Radek et al, in 1932, referred to by J Arch Getty. The Kirov investigations, which were a prelude to the Moscow Trials, were carefully undertaken. When there was still insufficient evidence against Trotsky, Zinoviev and Kamenev et al, this was conceded by the party press. When testimony was obtained implicating the leaders of an opposition bloc, this testimony has transpired to have conformed to what has come to light quite recently in both the Kremlin archives and the Trotsky papers at Harvard.

Rogovin’s Findings

The reality of the Opposition bloc in relation to the Moscow Trials was the theme of a lecture by Prof. Rogovin at Melbourne University in 1996. The motive of Rogovin was to present Trotskyism as having been an effective opposition within Stalinist Russia, and therefore he departs from the usual Trotskyite attitude of denial, stating:

. . . This myth says that virtually the entire population of the Soviet Union was reduced to a stunned silence by the terror, and either said nothing about the repression, or blindly believed in and supported the terror. This myth also claims that the victims of the repression were completely innocent of any crimes, including opposition to Stalin. They were, instead, victims of Stalin’s excessive paranoia. Since there was no serious opposition to the regime of Stalin, according to this myth, the victims were not guilty of such opposition.[112]

Rogovin alludes to anti-Stalinist leaflets that were being widely distributed in the USSR as late as 1938, calling for a “struggle against Stalin and his clique.” Rogovin also however states that there was much more to the opposition than isolated incidents of leaflet distribution:

Of course these are isolated incidents, but prior to the unleashing of the Great Terror there was a much more widespread, more serious, and well-organised opposition to Stalinism as a regime which had veered ever more widely away from the ideals of socialism.

This battle against Stalin began back in 1923 with the formation of the Left Opposition. The inner party struggle unfolded in ever sharper form throughout the 20s.

Thousands and thousands of communists took part in this opposition, openly in the early days and then, after opposition groups were banned, in illegal underground forms against the abolition of party democracy by the Stalinist party clique.

In 1932 the Opposition coalesced, “the old opposition groups” became more active, and “were joined by layers of newly-formed opposition groups.” Many representatives of the opposition groups that year began to discuss ways of uniting into an “anti-Stalinist bloc.” Rogovin states that the year previously Ivan Smirnov, one of the former leaders of the Left Opposition who had capitulated then returned to the opposition, went on an official trip to Berlin where he established contact with Trotsky’s son, Leon Sedov and discussed the need to “coordinate efforts between Trotsky and his son . . . .” What Rogovin states is in agreement with the supposedly forced confessions of the defendants at the Moscow Trials. J Arch Getty had also found similar material in the Trotsky Papers at Harvard, as previously referred to.

Rogovin states that it was only in 1935 and 1936, having assessed the information garnered from the Kirov investigation in 1934, that the secret police were able to find conclusive evidence on the existence of an anti-Stalinist bloc since 1932. “This was one of the main factors which drove Stalin to unleash the Great Terror,” states Rogovin, who also affirms the basis of the Stalinist accusations that “they did try to establish contact among themselves and fight for the overthrow of Stalin’s clique.”

Rogovin’s statements cannot be lightly dismissed. He was speaking as a sympathiser of Trotskyism, who had access to the Soviet archives in the writing of a six volume series on the political conflicts within the Communist Party SU and the Communist International between 1922 and 1940, of which Stalin’s Great Terror is volume four. On his sixtieth birthday in 1997, Rogovin received tribute from Trotskyite luminaries from Germany, Britain and the USA.[113]

Moscow Trials and the Comintern Pact

These events occurred at a time when the USSR was being encircled by hostile powers. War seemed inevitable, and the opposition bloc was of a type that any state in times of conflict could not afford to tolerate. The Anti-Comintern Pact was signed in 1936 between imperial Japan and Nazi Germany, forming an alliance of aggressive intent specifically aimed at the Soviet Union. While German expansion was ideologically based on annexing Russian territories,[114] the Moscow Trials and accusations against the Opposition bloc of complicity with foreign powers were taking place at a time when there was a likelihood of Japan also directing her expansion towards the USSR. The Japanese attacked the USSR in July 1938 and were halted at the Battle of Lake Khasan,[115] and although defeated, then moved in May 1939 into Mongolia up to the Khalkin Gol River.[116] The decisive victory of Russia here was enough to persuade the Japanese only then to re-direct their expansion into China and the Pacific.

From 1936, with the possibility of a two front war from expansionist powers which had joined in an overtly aggressive alliance, a more tolerant attitude by the Soviet regime against those who were advocating defeatism and discord, albeit couched in dialectical semantics about “defence of the degenerated workers’ state,” seems unrealistic, and was not even expected from the Western democracies in wartime, which went as far as classifying segments of their own populations as “enemy aliens” and interning them.[117]

Trotsky hoped that war would undermine the Stalinist regime and lead to a coup, just as World War I had produced a revolutionary situation. It is therefore disingenuous for Trotsky to insist that he was leading a “loyal opposition” that would defend a “degenerated workers’ state.” Trotsky had adopted a similar position in regard to World War I, contrary to the line insisted upon by Lenin,[118] in stating that he would support Russia’s continuation of the war against Germany, which made him the focus of British efforts via R H Bruce Lockhart, special agent to the British War Cabinet, to secure his support.[119] As Trotsky’s duplicity during World War I, and his close association with British Intelligence via R H Bruce Lockhart shows, Stalinist accusations of Trotskyite association with “foreign powers” was at least based on hard experience. Trotsky had shown himself willing to work with British intelligence during World War I in order to secure his own position to the point of defying Lenin.

Another important Moscow defendant, Karl Radek, had previously been an avid promoter of dialogue with the German extreme Right. Given that he was the living stereotype of an anti-Semitic caricature of what a “Jewish Bolshevik” was portrayed as being, there is nothing outlandish about the Stalinist allegation of oppositionists seeking alliances with Japan and Germany. Trotsky had been openly stating that a fascist war against the USSR would provide the revolutionary situation that would enable a coup against the Stalinist regime. Radek had eulogised before the Executive Committee of the Comintern in 1923, the “German Fascist” Schlageter, who had been executed by the French because of his resistance to the Ruhr occupation. Radek’s Bolshevik pitch was for an alliance with German “Fascism”: “We shall do all in our power to make men like Schlageter, who are prepared to go to their deaths for a common cause, not wanderers into the void, but wanderers into a better future for the whole of mankind…”[120] Given the situation confronting the Soviet Russia, form Japan and Germany, Stalin could not be complacent given the past actions of Radek, Trotsky, Zinoviev, Kamenev, and the intrigues of Smirnov and Holtzman et al.

While Trotsky claimed that in the event of war he was advocating the “defence of the degenerated workers’ state” on account of its nationalized economy, from the viewpoint of the Soviet regime, the Soviet Union could ill afford dissent and anti-state propaganda in the midst of war. Trotsky, despite his outrage at the allegation that he could play any part in assisting fascist or capitalist powers to invade the Soviet Union, nonetheless advocated a strategy that was to take advantage of the war to propagandise and subvert the Soviet Union to foment a revolutionary situation even among the armed forces, as the Bolsheviks had done during World War I:

We do not change our orientation. But suppose that Hitler turns his weapons to the East and invades the territories occupied by the Red Army ...? The Bolshevik-Leninists will combat Hitler, weapons in hand, but at the same time they will undertake a revolutionary propaganda against Stalin in order to prepare his overthrow at the next stage...[121]

With an attitude of the character openly stated by Trotsky, how tolerant was Stalin expected to be, in the face of extreme provocation at the time of immense internal and external problems? As will be shown below, when Trotsky was in authority, he did not possess any degree of toleration towards rivals and threats, both real and imagined, and did not flinch from having someone killed if it served his own agenda. Trotsky continued to call for a “revolutionary uprising” that implies something more than ‘educating the masses,” using class struggle phraseology to identify Stalin’s bureaucracy as a “class enemy”:

The Fourth International long ago recognized the necessity of overthrowing the bureaucracy by means of a revolutionary uprising of the toilers. Nothing else is proposed or can be proposed by those who proclaim the bureaucracy to be an exploiting “class.” The goal to be attained by the overthrow of the bureaucracy is the reestablishment of the rule of the Soviets, expelling from them the present bureaucracy . . . [122]

This was the nature of Trotsky’s continual call for the overthrow of the Soviet state as it was then constituted. Trotsky explained his position unequivocally in stating what he meant by ‘defending the Soviet state”:

This kind of “defense of the USSR” will naturally differ, as heaven does from earth, from the official defense which is now being conducted under the slogan: “For the Fatherland! For Stalin!” Our defense of the USSR is carried on under the slogan: “For Socialism! For the world revolution! Against Stalin!”[123]

How far could it be expected that Stalin should tolerate subversion and calls for the overthrow of his regime in the event of war with Japan and/or Germany? It is not a matter that was extended even to pacifists by the Western democracies during World War II, even in countries such as New Zealand who were relatively far form the war theatres. Additionally, the Western democracies did not even grant those confined for their pacifism the benefit of any legal proceedings; in contrast to the Moscow defendants, who were given full and public legal procedures according to the system of justice they had helped to create.

Moscow Trials in Accord with Soviet System

If the Trotskyites and their liberal and social democratic allies, as well as historians generally, regard the Moscow Trials as a modern-day “witch hunt,” it was one that proceeded in accordance with the system that Trotsky and the other defendants had fought to implement. The real source of the outrage comes from Stalin having outmanoeuvred his rivals, many such as Zinoviev and Kamenev having been opportunists who became the victims of their own system. Trotsky when in authority was as vehement about the need to eliminate saboteurs, plotters and conspirators as Stalin. Trotsky had stated in 1918: “By suppressing the Constituent Assembly the Soviets first and foremost broke politically the backbone of the intelligentsia’s sabotage. . . .We have broken the old sabotage and cleared out most of the old officials . . . .[124]

At this early period of the Bolshevik regime Trotsky was already alluding to “counter-revolutionary” plots within his own Red Army, yet when the same situation was suggested twenty years later in regard to Trotsky et al at the Moscow Trials, Trotsky fumed that any such suggestion was a lie. When Trotsky had the power he spoke and acted in ways that he and others – including mainstream historians – would describe as “Stalinism.” Trotsky wrote of these “plots”:

Running on ahead somewhat, I must mention that certain of our own Party comrades are afraid that the Army may become an instrument or a focus for counter-revolutionary plots. This danger, in so far as there is some justification for it, must compel us as a whole to direct our attention to the lower levels, to the rank-and-file soldiers of the Red Army. Here we can and must create a foundation such that any attempt to transform the Red Army into an instrument of counter-revolution will prove fruitless . . . . [125]

Yet it was precisely a strategy of Trotsky to try and form cadres within the Red Army, in particular during the course of war with Germany, which would enable him to reassume authority through a “police action” or coup that would replace the Stalinist apparatus.

Trotsky when in a position of authority was full of dark forebodings about sabotage and counter-revolution. One of the more shameful episodes was Trotsky’s falsifying evidence and fabricating charges against the commander of the Baltic Fleet, Aleksei Shchatsny. With impending capture of Helsingfors by German and Finnish White forces, and the order from the Commissariat of Naval Affairs under Trotsky to comply with the terms of the Brest-Litovsk Treaty, Shchatsny managed to get the Fleet to Kronstadt, a colossal achievement celebrated as the “Ice March of the Baltic Fleet.” Rabinowitch remarks of this: “Following this feat … He was now a popular hero, revered by the rank-and-file sailors as much as by his officers.”[126] However, the German threat to Kronstadt, Petrograd and the Baltic Fleet remained.[127] As German forces approached, there was a widespread belief that the Soviet authorities were complying with German demands and that Petrograd would be occupied. For the Soviet authorities in Moscow under Lenin and Trotsky the defence of Petrograd and of the Baltic Fleet were of secondary concern. [128]

Trotsky and Shchatsny were in conflict over Trotsky’s orders to scuttle the Baltic Fleet and demolish Fort Ino, “should the situation appear hopeless.” Shchatsny circulated Trotsky’s secret orders regarding the scuttling of the Fleet,[129] which put Trotsky in a poor light publicly. Trotsky protested indignantly at Shchatny’s trial, which he had instigated as a show trial against the acclaimed hero:

When, soon afterward, I received from Shchastny, who was at Kronstadt, a report that Fort Ino was, allegedly, threatened by a suddenly approaching German fleet, I replied, in conformity with my general directive, that, if the situation thus created became hopeless, the fort must be blown up. What did Shchastny do? He passed on this conditional directive in the form of a direct order from me for blowing up the fort, although there was no need for this to be done.[130]

Rabinowitch writes:

Information in Cheka and Naval archives indicates that Shchatsny was largely or wholly blameless in these matters, most importantly that he himself had prepared the fleet for demolition in the event of necessity and that his dissemination of Trotsky’s orders was less an effort to undermine Trotsky than a reflection of his close collaboration with the Baltic Fleet officer and sailor committees.[131]

Shchatsny submitted his resignation, but Trotsky refused it, ordered him to Moscow and,

set him up for arrest, and single-handedly organized an investigation, sham trial and death sentence on the spurious charge of attempting to overthrow the Petrograd Commune with the longer-term goal of overthrowing the Soviet republic.[132]

Trotsky condemned Shchatsny with allegations of “sowing panic,” “conspiracy,” having a “saviour” complex, and seeking power for himself:

Shchastny persistently and steadily deepened the gulf between the fleet and the Soviet power. Sowing panic, he steadily promoted his candidature for the role of savior. The vanguard of the conspiracy – the officers of the destroyer division – openly raised the slogan of a “dictatorship of the Baltic fleet.”

This was a definite political game – a great game, the goal of which was the seizure of power. When Messrs. Admirals and Generals start, during a revolution, to play their own personal political game, they must always be prepared to take responsibility for this game, if it should miscarry. Admiral Shchastny’s game has miscarried.[133]

Given the nature of Trotsky’s own agitation against the Stalinist regime, which includes a time when aggressive anti-Soviet powers were on the rise, a less deferential Dewey Commission might have asked of Trotsky, should he not “take responsibility for this game, if it should miscarry?” Trotsky in his own words had stated that his aim was the “seizure of power” through a palace coup, by infiltrating the police and armed forces. He had devoted years to agitating for the overthrow of the Soviet regime and creating a revolutionary organization for that purpose. Yet when faced with charges of the type that he had once trumped up against Shchastny in order to save have own position, Trotsky feigned great moral outage on the world stage, an outrage which extended beyond his own life and has had a permanent influence on the way much of the world perceives Russia, not only after the death of Stalin, but even after the demise of the USSR. Additionally, it appears that Trotsky, Zinoviev, Kamenev, Radek, Bukharin, and the others had a fairer and more judicial hearing than that received by Shchastny; or the many summarily executed during the years when Trotsky had authority in the Soviet state.

What can also be said about the Moscow Trials was that the confessions of the defendants, which are generally criticized and ridiculed as being delivered by rote as if the product of intense brainwashing and even torture, were also completely in accord with Bolshevik methodology. The character of these confessions was not unique to the Stalinist regime, and was an innate part of the Bolshevik mentality. To admit guilt even in the most abject manner not only before the tribunal of the Soviets but before what many of the defendants regarded as the tribunal of history did not require torture or brainwashing. Of these abject confessions for example, during the 1936 trial Kamenev, stated:

For ten years, if not more, I waged a struggle against the Party, against the government of the land of Soviets, and against Stalin personally. In this struggle, it seems to me, I utilized every weapon in the political arsenal known to me - open political discussion, attempts to penetrate into factories and works, illegal leaflets, secret printing presses, deception of the Party, the organization of street demonstrations, conspiracy and, finally, terrorism.[134]

Zinoviev stated:

We entered into an alliance with Trotsky. We filled the place of the Mensheviks, Socialist-Revolutionaries and white guards who could not come out openly in our country. We took the place of the terrorism of the Socialist-Revolutionaries. Not the pre-revolutionary terrorism which was directed against the autocracy, but the Right Socialist Revolutionaries’ terrorism of the period of the Civil War, when the S-R’s shot at Lenin. My defective Bolshevism became transformed into anti-Bolshevism, and through Trotskyism I arrived at fascism. Trotskyism is a variety of fascism, and Zinovievism is a variety of Trotskyism.[135]

If these confessions are looked at on their own merits, there is nothing outlandish about them. Rogovin has shown that there was such an Opposition bloc, that there were illegal printing presses operative; and Trotsky himself records the extent of the opposition, in alliance with Zinoviev and Kamenev, to the extent that they were able to mobilize thousands to disrupt the official October parades. While the Bolsheviks, whether Leninists or Stalinists or Trotskyites were, and are, rather loose with the smear-word “fascism” that is levelled at their opponents, “through Trotskyism” many did arrive at what was called in the USSR “fascism,” or more accurately avid support for US foreign policy during and after the Cold War, to the present time; to the point of Trotsky’s widow, Natalya Sedova, supporting the USA in Korea; and the entire Shachtmanite movement metamorphosing into anti-Sovietism and eventually the “neo-con” movement. The Stalinist analysis was in principle correct and prescient. History shows that the Stalinists saw in Trotskyism a movement that would end up being aligned with the most anti-Soviet elements, and there is nothing bizarre about the suspicion that Trotskyites and other oppositionists would seek alliance with actual “fascist” powers at a time when those powers were looking at for lebensraum. In the historical circumstances it would have been foolish for Stalin to ignore these trends, and to given them a tolerance that was not even accorded to “Christian pacifists” during World War II by the Western democracies, including those that were not in danger of invasion.

The abject natures of the defendants’ final pleas before the Court are comprehensible if we examine the Bolshevik method of self-criticism. They are prompted by an intense sense of self-guilt or shame regarding recognition of their own invidiousness when confronted with facts. Such abjectivity is not unheard of by murderers and others in the West in the present day. This could be called “The Judas Syndrome,” in regard to the legend of Judas having hanged himself in remorse for his betrayal of Christ.[136] Since 1929 the Soviet Union had embarked on a method known as Sama Kritica (“self-criticism”), which has its equivalent in the West known by such terms as “group therapy,” “sensitivity training” or “group encounters,” that became popular since the 1960s among corporations and government departments, in the USA especially, and has been promoted as therapeutic by “humanistic psychology.”[137] In the USSR in 1929 the slogan first appeared: “through Bolshevist self-criticism we will enforce the dictatorship of the proletariat.”[138] The population was divided into “collectives” of ten to twenty, who held meetings set in a circle where participants face one another, and each would undertake self-criticism and the confession of faults. However ‘self-criticism” was part of the Soviet system which was endorsed by Trotsky himself when he was in a position of authority, when he stated: “Without any doubt we are passing through a period of internal confusion, of great difficulty, and, what is most important, of self-criticism, which, let us hope, will lead to an inner cleansing and a new upsurge of the revolutionary movement.”[139] The abject nature of the confessions and final pleas of the Moscow defendants is hence not reliant on alleged threats, promises, torture or brainwashing. Trotsky was an advocate of “Marxist self-criticism” as early as 1904, at a time when he was closer to the Mensheviks. Robert Services comments on this: “outraging many Mensheviks he called for ‘Marxist self-criticism’ instead of ‘orthodox self-satisfaction.’”[140]

Stalin addressed the matter of “self-criticism” as a key Bolshevik mechanism eight years before the Moscow Trials. Writing in Pravda Stalin stated: “…As to self-criticism in our Party, its beginnings date back to the first appearance of Bolshevism in our country, to its very inception as a specific revolutionary trend in the working-class movement.”[141] Stalin also alluded to self-criticism appearing as a mechanism in 1904 in the Social Democratic party, quoting Lenin as stating, “self-criticism and ruthless exposure of its own shortcomings”[142] was a party method.

Indeed, as previously cited herein, Zinoviev had before the party Central Committee in July 1926, indulged in self-criticism, when he confessed that he had been wrong to have opposed Lenin and the Bolshevik coup in 1917 and to have opposed Trotsky, whose critique of the regime was correct. Hence, there was nothing new about the character of Zinoviev’s abjectivity at the Moscow Trial. He was a Judas who had been publicly exposed, like other defendants. Khrushchev’s “secret speech” to the Congress of the Communist Party in 1956, was a large-ranging example of “self-criticism.”[143]

Conclusion

The Moscow “Show Trials” operated within a system that had been created by those who became its victims. Within context they were therefore perfectly legitimate. The trials were undertaken during a time when aggressive powers had formed an alliance specifically aimed at the Soviet Union, against a background of intrigue long in the making by the defendants; in particular Trotsky, Zinoviev and Kamenev.

While it is disingenuous for Trotsky and his sympathisers to have the Moscow Trials viewed according to Western legal principles when they did not themselves subscribe to those principles, just as inadequate are the Western historians and writers who neglect to consider the historical background against which they were taking place.

There was indeed an Opposition bloc that was working to overthrow Stalin, and given the times and circumstances Stalin could ill afford to adopt a more “liberal” attitude when even the Western democracies later interned their dissidents during World War II as potential “fifth columnists,” including conscientious objectors, on the scantiest evidence at best.

With the prospect of a revived Russian super-power the spectre of Stalin is again being evoked by Western news media, politicians and academics, as are comparisons between the Moscow Trials and the present Russian trials of “dissident” oligarchs who are heralded in the West as the heirs to the like of Bukharin and as victims of a renascent Stalinism.

Notes:

[1] One of Trotsky’s publishers was Secker & Warburg, London, which published the Dewey Commission’s report, The Case of Leon Trotsky, in 1937. The proprietor, Fredric Warburg, was to become head of the British section of the CIA-sponsored, Cold War-era Congress for Cultural Freedom. (Frances Stonor Saunders, The Cultural Cold War : The CIA and the World of Arts and Letters (New York: The New Press, 2000), p. 111.

Trotsky’s Where is Britain going? was published in 1926 by George Allen & Unwin. His autobiography, My Life, was published by Charles Scribner’s Sons, New York, 1930. Stalin: an appraisal of the man and his influence, was published posthumously in 1946 by Harpers.

[2] The most salient example being the hagiographies by Isaac Deutscher, The Prophet Armed (1954), and The Prophet Unarmed: Trotsky 1921-1929 (1959), and The Prophet Outcast (Oxford University Press, 1963).

[3] K R Bolton, “Origins of the Cold War: How Stalin Foiled a New World Order,” Foreign Policy Journal, March 31, 2010,www.foreignpolicyjournal.com/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/

Russian translation: “Origins of the Cold War,” Red Star, Russian Ministry of Defense, http://www.redstar.ru/2010/09/01_09/6_01.html

[4] K R Bolton, “Mikhail Gorbachev: Globalist Super-Star,” Foreign Policy Journal, April 3, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/04/03/
mikhail-gorbachev-globalist-super-star/

Russian translation: “Mikhail Gorbachev: Globalist Super-Star,” Perevodika, http://perevodika.ru/articles/18345.html

[5] Tony Halpin, “Vladimir Putin Praises Stalin for Creating a Super Power and Winning the War,” The Sunday Times, London, December 4, 2009, http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article6943477.ece

[6] K R Bolton, “The Globalist Web of Subversion,” The Foreign Policy Journal, February 7, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/02/07/the-globalist-web-of-subversion/all/1

[7] Tony Halpin, op. cit.

[8] Armand Hammer, Witness to History (Kent: Coronet Books, 1987), p. 160. Here Hammer relates his discussion with Trotsky and how the Commissar wished to attract foreign capital. Hammer later laments that this all turned sour under Stalin.

[9] Richard B Spence, “Interrupted Journey: British intelligence and the arrest of Leon Trotsky, April 1917,” Revolutionary Russia, 13 (1), 2000, pp. 1-28.

Spence, “Hidden Agendas: Spies, Lies and Intrigue Surrounding Trotsky’s American Visit January-April 1917,” Revolutionary Russia, Vol. 21, No. 1., 2008.

 

[10] Peter Grosse, “Basic Assumptions,” Continuing The Inquiry: The Council on Foreign Relations from 1921 to 1996, (New York: Council on Foreign Relations, 2006). The entire book can be read online at: Council on Foreign Relations: http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html

[11] The 1933 charges against employees of Metropolitan-Vickers, including six British engineers, accused of sabotage and espionage. M Sayers and A E Kahn, The Great Conspiracy Against Russia (London: Collett’s holdings, 1946), pp. 181-186.

[12] Brazil, Russia, India, China.

[13] K R Bolton, “Russia & China: An Approaching Conflict?,” The Journal of Social, Political & Economic Studies, Washington,  Vol. 34, No. 2, Summer 2009.

[14] Center for Conservative Studies, Moscow State University, http://konservatizm.org/

[15] KR Bolton, “An ANZAC-Indo-Russian Alliance? Geopolitical Alternatives for New Zealand and Australia: Dugin’s ‘Eurasian’ Geopolitical Paradigm,” pp. 188-190, India Quarterly, Vol. 66, No. 2, 2010.

[16] Yuri Gavrilechk, “Days of anger: new era of revolutions,” International Affairs, April 1, 2011; http://en.interaffairs.ru/read.php?item=200

[17]Elena Ponomareva, “A strategy aimed at ruining Libya, International Affairs, March 21, 2011, http://en.interaffairs.ru/read.php?item=196

[18] Sergei Shashkov, “The theory of ‘manageable chaos’ put into practice,” International Affairs, March 1, 2011, http://en.interaffairs.ru/read.php?item=189

[19] George H W Bush, speech before US Congress, March 6, 1991.

[20] P Gregory, “ What Paul Gregory is writing about,” December 18, 2010, http://whatpaulgregoryisthinkingabout.blogspot.com/2010/12/stalin-putin-justice-bukharin.html

[21] Jack Kemp, et al, Russia’s Wrong Direction: What the United States Can and Should do, Independent Task Force Report no. 57(New York: Council on Foreign Relations, 2006) xi. The entire publication can be downloaded at: < http://www.cfr.org/publication/9997/>

[22] “Senator McCain on Khodorkovsky and US-Russia relations,” Free Media Online, December 18, 2010, http://www.govoritamerika.us/rus/?p=17995

[23] C Gershman, “The Fourth Wave: Where the Middle East revolts fit in the history of democratization—and how we can support them,” The New Republic, March 14, 2011. NED, http://www.ned.org/about/board/meet-our-president/archived-presentations-and-articles/the-fourth-wave

[24] “The Case of the Trotskyite-Zinovievite Terrorist Centre,” Heard Before the Military Collegium of the Supreme Court of the U.S.S.R., Report of Court Proceedings, “Indictment,” Moscow, August 19-24, 1936.

[25] Sidney Hook, “Reader Letters: The Moscow Trials,” Commentary Magazine, New York, August 1984, http://www.commentarymagazine.com/article/the-moscow-trials/

[26] Joseph E. Davies, Mission to Moscow (London: Gollancz, 1942), p. 26.

[27]. Ibid., p. 34.

[28] London Observer, August 23, 1936.

[29] Walter Duranty, “Proof of a Plot Expected,” New York Times, August 17, 1936, p. 2.

[30] Davies, op. cit., p. 35.

[31] Cited by A Vaksberg, Stalin’s Prosecutor: The Life of Andrei Vyshinsky (New York: Grove Weidenfeld, 1991), p. 123.

[32] D N Pritt, “The Moscow Trial was Fair,” Russia Today, 1936-1937. Sloanhttp://www.marxists.org/history/international/comintern/
sections/britain/pamphlets/1936/moscow-trial-fair.htm

[33] Ibid.

[34] Ibid.

[35] Tomsky had committed suicide.

[36] Pritt, op. cit.

[37] Jeremy Murray-Brown, “The Moscow Trials,” Commentary, August 1984, http://www.commentarymagazine.com/article/the-moscow-trials/

[38] Ibid.

[39] Sidney Hook, Commentary, ibid.

[40] K R Bolton, “Origins of the Cold War,” op. cit.

[41] Central Intelligence Agency, “Cultural Cold War: Origins of the Congress for Cultural Freedom, 1949-50,” https://www.cia.gov/library/center-for-the-study-of-intelligence/kent-csi/docs/v38i5a10p.htm#rft1

[42] For example, a position supported by leading US Trotskyite Max Shachtman, Shachtmanism metamorphosing into a virulent anti-Sovietism, and providing the impetus for the formation of the National Endowment for Democracy. Trotsky’s widow Natalya as early into the Cold War as 1951 wrote a letter to the Executive Committee of the Fourth International and to the US Socialist Workers Party (May 9) stating that her late husband would not have supported North Korea against the USA, and that it was Stalin who was the major obstacle to world socialism. “Out of the Shadows,” Time, June 18, 1951. “Natalya Trotsky breaks with the Fourth International,” http://www.marxists.de/trotism/sedova/english.htm

Given the many Trotskyites and Trotsky sympathizers such as Sidney Hook, who became apologists for US foreign policy against the USSR, it might be asked whether Stalin’s contention that Trotskyites would act as agents of foreign powers was prescient?

[43] George Novack, “‘Introduction,’ The Case of Leon Trotsky,” International Socialist Review, Vol. 29, No.4, July-August 1968, pp.21-26.

[44] Ibid.

[45] “Russia: Trotsky and Woe,” Time, January 11, 1937. http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,757254,00.html

[46] Novack, op. cit.

[47] Descriptions by Novack.

See also: John Dewey, Jo Ann Boydston, John J McDermot, John Dewey: The Later Works, (Southern Illinois University, 2008) p. 640.

[48] Carleton Beals, “The Fewer Outsiders the Better: The Master Comes to Judgement,” Saturday Evening Post, 12 June 1937. http://www.revleft.com/vb/fewer-outsiders-better-t124508/index.html?s=37316b1a8beb93cba88ad37731a4779c&amp.

[49] Ibid.

[50] John Chamberlain, A Life with the Printed Word, (Chicago: Regnery, 1982), p. 65.

[51] Veteran British Trotskyite Tony Cliff laments of this phenomena: “The list of former Trotskyists who in their Stalinophobia turned into hard-line Cold War liberals is much longer.” Tony Cliff, “The Darker the Night the Brighter the Star, 1927-1940,” http://www.marxists.org/archive/cliff/works/1993/trotsky4/15-ww2.html

[52] The Freeman, August 13, 1951, http://mises.org/journals/oldfreeman/Freeman51-8.pdf

La Follette served as “managing editor,” (p. 2).

[53] K R Bolton, “America’s ‘World Revolution’: Neo-Trotskyist Foundations of U.S. Foreign Policy,” Foreign Policy Journal, May 3, 2010,
http://www.foreignpolicyjournal.com/
2010/05/03/americas-world-revolution-neo-trotskyist-foundations-of-u-s-foreign-policy/

[54] Ibid.

[55] In 1950 Goldman declared himself to be a “right-wing socialist.” In 1952 he admitted collaborating with the FBI, and stated, “if I were younger I would gladly offer my services in Korea, or especially in Europe where I could do some good fighting the Communists.” A M Wald, The New York Intellectuals, (New York 1987), p. 287.

[56] “British Trotskyism in 1931,” Encyclopaedia of Trotskyism Online: Revolutionary History, http://www.marxists.org/history/etol/revhist/backiss/vol1/no1/glotzer.html Glotzer was another of the Trotskyite veterans who became an ardent defender of the USA as the bulwark against Stalinism. He was prominent in the Social Democrats USA, whose honorary president was Sidney Hook.

[57] Gershman gave an eulogy at the “Albert Glotzer Memorial Service” in 1999. http://www.ned.org/about/board/meet-our-president/archived-presentations-and-articles/albert-glotzer-memorial-service

[58] John Dewey, Jo Ann Boydston, John J McDermot, op. cit., p. 641. Dewey is also shown here to have been in communication with American Trotskyite luminary Max Eastman.

[59] “Trotsky’s Trial,” Time, International Section, May 17, 1937.

[60] It would be a mistake nonetheless to see Time as an amiable pro-Soviet mouthpiece. Several months previously a lengthy Time article was scathing in its condemnation of the 1937 Moscow Trial and the confessions. “Old and New Bolsheviks,” Foreign News Section, Time, February 1, 1937. See also: “Russia: Lined With Despair,” Time, March 14, 1938.

[61] J Dewey, et al., The Case of Leon Trotsky:  Report of Hearings on the Charges Made Against Him in the Moscow Trials by the Preliminary Commission of Inquiry into the Charges Made Against Trotsky in the Moscow Trials, “Point 6: The Resignation of Carleton Beals,” 1937. http://www.marxists.org/archive/
trotsky/1937/dewey/report.htm

[62] Carleton Beals, op. cit.

[63] Ibid.

[64] J Arch Getty, “Trotsky in Exile: The Founding of the Fourth International,” Soviet Studies, Vol.38, No. 1, January 1986, pp. 24-35.

[65] Getty, ibid., Footnote 18, Trotsky Papers, 15821.

[66] As will be shown below, Prof. Rogovin, a Trotskyite who has studied the Soviet archives, quite recently sought to show that the Trotskyites were the focus of an important Opposition bloc since 1932.

[67] Beals, op. cit.

[68] Ibid.

[69] K R Bolton, personal observations and experiences with academics.

[70] Leon Trotsky, My Life (New York: Charles Scribner’s Sons, 1930), Chapter 42, “The Last Period of Struggle within the Party,” http://www.marxists.org/archive/trotsky/1930/mylife/ch42.htm

[71] Ibid.

[72] Verbatim Report of Central Committee, IV, p.33, cited by Trotsky at the “third session” of the Dewey Commission hearings. Trotsky alludes to this, writing: “Zinoviev and Kamenev openly avowed that the ‘Trotskyists’ had been right in the struggle against them ever since 1923.” Trotsky, ibid.

[73] Ibid.

[74] Ibid.

[75] Ibid.

[76] Ibid.

[77] The Case of Leon Trotsky, “Third Session,” April 12, 1937. http://www.marxists.org/archive/trotsky/1937/dewey/session03.htm

[78] Ibid.

[79] Vyshinsky, “Verbatim Report,” p. 464, quoted by Goldman, The Case of Leon Trotsky, op. cit.

[80] Vadim Rogovin, 1937: Stalin's Year of Terror ( Mehring Books, 1998), p. 63. Note: Mehring Books is a Trotskyite publishing house.

[81] R Sewell, “The Moscow Trials” (Part I), Socialist Appeal, March 2000, http://www.trotsky.net/trotsky_year/moscow_trials.html

[82] Social-Demokraten, September 1, 1936, p. 1.

[83] The Case of Leon Trotsky, “Fifth Session, April 13, 1937, http://www.marxists.org/archive/trotsky/1937/dewey/session05.htm

[84] Sven-Eric Holström, “New Evidence Concerning the ‘Hotel Bristol Question in the Fist Moscow Trial of 1936,” Cultural Logic, 2008, 6.2, “The Copenhagen Street Directory and Telephone Directory.”

[85] Ibid., 6.3, “Photographic evidence,” Figure 7.

[86] Getty, 1986, op. cit., p. 28.

[87] See: “Kirov Assassination” below.

[88] Trotsky, My Life, op. cit., Chapter 43.

[89] Trotsky, “A Letter to the Politburo,” March 15, 1933, Writings of Leon Trotsky (1932-33) (New York: Pathfinder Press) pp. 141-2.

[90] Ibid. “Renunciation of this programme is of course out of the question.”

[91] Ibid.

[92] “An Explanation,” May 13, 1933, Writings of Leon Trotsky (1932-33), ibid., p. 235.

[93] Trotsky, “Declaration to the Sixth Party Congress,” December 16, 1926, cited in Trotsky, My Life, op. cit., Chapter 44.

[94] Trotsky, “Nuzhno stroit' zanovo kommunistcheskie partii i International,” Bulletin of the Opposition, No. 36-37, p. 21, July 15, 1933.

[95] Trotsky, ‘Klassovaya priroda sovetskogo gosudarstava’, Bulletin of the Opposition, No. 36-37, October 1, 1933, pp. 1-12. At Moscow Vyshinsky cited this article as evidence that Trotsky advocated the violent overthrow of the Soviet state. The emphasis of the word “force” is Trotsky’s.

[96] Ibid.

[97] Trotsky, “Their Morals and Ours: In Memory of Leon Sedov,” The New International, Vol. IV, no. 6, June 1938, pp. 163-173, http://www.marxists.org/archive/trotsky/
1938/morals/morals.htm

The New International was edited by Max Shachtman, whose post-Trotskyite line laid a basis for the “neo-con” movement and support of US foreign policy during the Cold War. It was a Shachtmanite, Tom Kahn, who established the National Endowment for Democracy, which proceeds with a US version of the “world revolution.” Another New International editor was James Burnham, who became a proto-“neo-con” luminary during the Cold War. Professor Sidney Hook, one of the instigators of the Dewey Commission, and a CIA operative who was instrumental in forming the Congress for Cultural Freedom, for which he was awarded the Congressional Medal of Freedom from President Reagan, was a contributor to The New International. (December 1934, http://www.marxists.org/history/etol/writers/
hook/1934/12/hess-marx.htm
; April 1936, http://www.marxists.org/history/etol/writers/hook/
1936/04/feuerbach.htm
).

Albert Goldman, Trotsky’s lawyer at the Mexico Dewey hearings, was also a contributor.

[98] Ibid.

[99] Trotsky, “Their Morals and Ours,” op. cit.

[100] R Conquest, Stalin and the Kirov Murder (London; 1989).

[101] N S Khrushchev, “Secret Address at the Twentieth Party Congress of the Communist Party of the Soviet Union,” February 1956; Henry M Christman (ed.) Communism in Action: a documentary history (New York: Bantam Books, 1969), pp. 176-177.

[102] “Letter of an Old Bolshevik: The Key to the Moscow Trials,” New York, 1937.

[103] Anna Larina Bukharina, Nezabyvaemoe (Moscow, 1989); This I Cannot Forget (London, 1993), p. 276.

[104] A. Resis (ed.) Molotov Remembers (Chicago: Ivan R Dee, 1993), p. 353.

[105] A. Yakovlev, ‘O dekabr'skoi tragedii 1934’, Pravda, 28th January, 1991, p. 3, “The Politics of Repression Revisited,” in J. Arch Getty and Roberta T. Manning (editors), Stalinist Terror: New Perspectives (New York, 1993), p. 46.

[106] J Arch Getty, Origins of the Great Purges: The Soviet Communist Party Reconsidered: 1933-1938 (Cambridge; 1985), p. 48.

[107] Vadim Rogovin, 1937: Stalin's Year of Terror ( Mehring Books, 1988), p. 64.

[108] R Conquest, The Great Terror: Stalin’s Purge of the Thirties (London, 1973), p. 86.

[109] J Arch Getty, op. cit., p. 209.

[110] The Crime of the Zinoviev Opposition (Moscow, 1935), pp. 33-41.

[111] Report of Court Proceedings: The Case of the Trotskyite-Zinovievite Terrorist Centre (Moscow, 1936), pp. 41-42.

[112] Vadim Rogovin, “Stalin’s Great Terror: Origins and Consequences,” lecture, University of Melbourne, May 28, 1996. World Socialist Website: http://www.wsws.org/exhibits/1937/lecture1.htm

[113] http://www.wsws.org/exhibits/1937/title.htm

[114] A Hitler, Mein Kampf (London: Hurst and Blackett, 1939), Ch. 9, “Germany’s Policy in Eastern Europe,” pp. 533-541.

[115] Alvin D Coox, Nomonhan: Japan Against Russia, 1939 ( Stanford University Press, 1990), p.189.

[116] Amnon Sella, “Khalkhin-Gol: The Forgotten War,” Journal of Contemporary History, Vol. 18, no.4, October 1983, pp. 651–87.

[117] For example, those of Italian and German descent, including even German-Jewish refugees fleeing Germany, were interned on Soames Island, in Wellington Harbour, New Zealand, as potential “enemy aliens.” Conscientious Objectors, none of whom were “fascists,” but mostly Christian pacifists, were harshly treated and interned in New Zealand, in “military defaulters’ camps.” See: W J Foote, Bread and Water: the escape and ordeal of two New Zealand World War II conscientious objectors (Wellington: Philip Garside Publishing, 2000). In Britain under Regulation 18B around 800 suspected potential “fifth columnists” and pacifists were interned without charge or trial, including many ex-servicemen, some on active duty, including some prominent figures such as Admiral Sir Barry Domvile, and Capt. A H M Ramsay, Member of Parliament, for having opposed war with Germany or for campaigning for a negotiated peace. See: Barry Domville, From Admiral to Cabin Boy (London: Boswell Publishing, 1947). The USA had its own “show trial” in 1944 called the “Sedition Trial” which took over seven months and ended in a mistrial of a disparate collection of individuals who had in some manner opposed US entry into the war. See: Lawrence Dennis and Maxmillian St George, A Trial on Trial (Washington: National Civil Rights Committee, 1945).

[118] “Calls people war weary. But Leo Trotsky says they do not want separate peace,” New York Times, March 16, 1917.

[119] Lockhart said of Trotsky, whom he was seeing on a daily basis that, “He considered that war was inevitable. If the Allies would send a promise of support, he informed me that he would sway the decision of the Government in favour of war. I sent several telegrams to London requesting an official message that would enable me to strengthen Trotsky’s hands. No message was sent.” R H Bruce Lockhart, British Agent (London: G P Putnam’s Sons, 1933), Book Four, “History From the Inside,” Chapter 3. http://www.gwpda.org/wwi-www/BritAgent/BA04a.htm .

[120] K Radek, “Leo Schlageter: The Wanderer into the Void,” Speech at a plenum of the Executive Committee of the Communist International, June 1923.

 

[121] Trotsky, “The USSR in the War” (September 1939), The New International, New York, November 1939, Vol. 5, No. 11, pp. 325-332.

[122] Trotsky, “The USSR in the War: Are the Differences Political or Terminological?,” ibid.

[123] Trotsky, “The USSR in the War: We Do Not Change Our Course!”, ibid.

[124] Trotsky, The Military Writings of Leon Trotsky, “How the Revolution Armed,” Volume 1, 1918, “The Internal and External Situation of the Soviet Power in the Spring of 1918, Work, Discipline, Order;” Report to Moscow City Conference of the Russian Communist Party, March 28, 1918. http://www.marxists.org/archive/trotsky/1918/military/ch05.htm 

[125] Ibid.

[126] Alexander Rabinowitch, The Bolsheviks in Power: The First Year of Soviet Rule in Petrograd (Indiana University Press, 2007), p. 238.

[127] Ibid., p. 238.

[128] Ibid., p. 242.

[129] Ibid., p. 243.

[130] Trotsky, The Military Writings of Leon Trotsky, Vol. 1, “The First Betrayal,” http://www.marxists.org/archive/trotsky/1918/military/ch16.htm

[131] Rabinowitch, op. cit., p. 243.

[132] Ibid., p. 243.

[133] Trotsky, The Military Writings of Leon Trotsky, Vol. 1, “The First Betrayal,” op. cit.

[134] The Case of the Trotskyite-Zinovievite Terrorist Centre, Heard Before the Military Collegium of the Supreme Court of the U.S.S.R., “Last Pleas of Kamenev, Zinoviev, Smirnov, Olberg, Berman-Yurin, Holtzman, N. Lurye and M. Lurye,” August 23, 1936, (morning session). http://www.marxistsfr.org/history/ussr/government/law/1936/moscow-trials/index.htm

[135] Ibid.

[136] Matthew 27: 5.

[137] This “group therapy” and “sensitivity training” in the West has been described as an “institutional procedure of both coercive and informal persuasion.” Irving R Weschler and Edgar H Schein (ed.) Issues in Training, National Training Laboratories, National Education Association, Washington DC, 1962, Series 5, p. 47. The National Training Institute provided “sensitivity classes” for hundreds of State Department employees, including ambassadors, during the 1960s.

[138] William Fairburn, Russia – The Utopia in Chains, (New York: Nation Press Printing, 1931), p. 257.

[139] Trotsky, The Military Writings of Leon Trotsky, “How the Revolution Armed, op. cit.

[140] Robert Service, Trotsky: A Biography (London: Macmillan, 2009), p. 79.

[141] J V Stalin, “Against Vulgarising the Slogan of Self-Criticism,” Pravda, No. 146, June, 1928; J V Stalin Works (Moscow: Foreign Languages Publishing House, 1954), Vol. 11, p. 133.

[142] Ibid.

[143] N S Khrushchev, op. cit.

Source: Foreign Policy Journal

lundi, 09 janvier 2012

When Fascism Was On the Left

When Fascism Was On the Left

by Keith Preston

Ex: http://www.alternativeright.com/

mussolini-bersagliere-2d8e07d.jpgThe conventional left/right model of the political spectrum holds Fascism and Marxism to be polar opposites of one another. Marxism is regarded as an ideology of the extreme Left while Fascism supposedly represents an outlook that is about as far to the Right as one can go. A title recently translated into English by Portugal’s Finis Mundi Press, Eric Norling’s Revolutionary Fascism, does much to call the perception of Fascism, conceived of as it was by Mussolini and his cohorts, as an ideology of the extreme Right into question.

This work was originally published in 2001 and author Norling, a historian and lawyer, is a native Swede who now resides in Spain. Norling observes that throughout the entirety of his early life, from childhood until World War One, Mussolini was every bit as much as man of the Left as contemporaries such as Eugene V. Debs. He was what would later come to be known as a “red diaper baby” (meaning the child of revolutionary socialist parents). As a young man, Mussolini himself was a Marxist, fervently anticlerical, went to Switzerland to evade compulsory military service, and was arrested and imprisoned for inciting militant strikes. Eventually, he became a leader in Italy’s Socialist Party and he was imprisoned once again in 1911 for his antiwar activities related to Italy’s invasion of Libya. Mussolini was so prominent a socialist at this point in his career that he won the praise of Lenin who considered him to be the rightful head of a future Italian socialist state.

When World War One began in 1914, Mussolini initially held to the Italian Socialist Party’s antiwar position, but in the ensuing months switched to a pro-war position which earned him an expulsion from the party. He then enlisted in the Italian army and was wounded in combat. The reasons for Mussolini’s shift to a pro-war position are essential to understanding the true origins and nature of fascism and its place within the context of twentieth century political and intellectual history. Mussolini came to see the war as an anti-imperialist struggle against the Hapsburg dynasty of Austria-Hungary. Further, he regarded the war as an anti-monarchist struggle against conservative forces such as the Hapsburgs, the Ottoman Turks, and the Hohenzollern’s of Germany and attacked these regimes as reactionary enemies who had repressed socialism. Mussolini also prophetically believed that Russia’s participation in the war would weaken that nation to the point where it was susceptible to socialist revolution (which is precisely what happened). In other words, Mussolini regarded the war as an opportunity to advance leftist revolutionary struggles in Italy and elsewhere.

When the Italian Fascist movement was founded in 1919, most of its leaders and theoreticians were, like Mussolini himself, former Marxists and other radical leftists such as proponents of the revolutionary syndicalist doctrines of Georges Sorel. The official programs issued by the Fascists, translations of which are included in Norling’s book, reflected a standard mixture of republican and socialist ideas that would have been common to any European leftist group of the era. If indeed the evidence is overwhelming that Fascism has its roots on the far Left, then from where does Fascism’s reputation as a rightist ideology originate?

The answer appears to be a combination of three primary factors: Marxist propaganda that has regrettably found its way into the mainstream historiography, the revision of leftist revolutionary doctrine itself by Fascist leaders, and the inevitable compromises and accommodations made by Fascism upon the achievement of actual state power. Regarding the first these, David Ramsay Steele described the standard Marxist interpretation of Fascism in an important article on Fascism’s history:

In the 1930s, the perception of "fascism"in the English-speaking world morphed from an exotic, even chic, Italian novelty into an all-purpose symbol of evil. Under the influence of leftist writers, a view of fascism was disseminated which has remained dominant among intellectuals until today. It goes as follows:

Fascism is capitalism with the mask off. It's a tool of Big Business, which rules through democracy until it feels mortally threatened, then unleashes fascism. Mussolini and Hitler were put into power by Big Business, because Big Business was challenged by the revolutionary working class. We naturally have to explain, then, how fascism can be a mass movement, and one that is neither led nor organized by Big Business. The explanation is that Fascism does it by fiendishly clever use of ritual and symbol. Fascism as an intellectual doctrine is empty of serious content, or alternatively, its content is an incoherent hodge-podge. Fascism's appeal is a matter of emotions rather than ideas. It relies on hymn-singing, flag-waving, and other mummery, which are nothing more than irrational devices employed by the Fascist leaders who have been paid by Big Business to manipulate the masses.

This perception continues to be the standard leftist “analysis” of Fascism even in present times, and goes a long way towards explaining why, for instance, American political movements or figures that have absolutely nothing to do with historic Fascism, such as the Tea Party or the neocon mouthpieces of FOX News or “conservative” talk radio, continue to be recipients of the “fascist” label by atavistic liberals and leftists.

The reality of Fascism’s origins was quite different. Its creators were an assortment of leftist intellectuals and political figures whose common reference point was their realization that Marxism was a failed ideology. As Steele observed:

Fascism began as a revision of Marxism by Marxists, a revision which developed in successive stages, so that these Marxists gradually stopped thinking of themselves as Marxists, and eventually stopped thinking of themselves as socialists. They never stopped thinking of themselves as anti-liberal revolutionaries.

The Crisis of Marxism occurred in the 1890s. Marxist intellectuals could claim to speak for mass socialist movements across continental Europe, yet it became clear in those years that Marxism had survived into a world which Marx had believed could not possibly exist. The workers were becoming richer, the working class was fragmented into sections with different interests, technological advance was accelerating rather than meeting a roadblock, the "rate of profit" was not falling, the number of wealthy investors ("magnates of capital") was not falling but increasing, industrial concentration was not increasing, and in all countries the workers were putting their country above their class.

The early Fascists were former Marxists who had come to doubt the revolutionary potential of class struggle, but had simultaneously come to regard revolutionary nationalism as showing considerable promise. As Mussolini remarked in a speech on December 5, 1914:

The nation has not disappeared. We used to believe that the concept was totally without substance. Instead we see the nation arise as a palpitating reality before us!...Class cannot destroy the nation. Class reveals itself as a collection of interests—but the nation is a history of sentiments, traditions, language, culture, and race. Class can become an integral part of the nation, but the one cannot eclipse the other. The class struggle is a vain formula, with effect and consequence wherever one finds a people that has not integrated itself into its proper linguistic and racial confines—where the national problem has not been definitely resolved. In such circumstances the class movement finds itself impaired by an inauspicious historic climate.

Fascism subsequently abandoned class struggle for a revolutionary nationalist outlook that stood for class collaboration under the leadership of a strong state that was capable of unifying the nation and accelerating industrial development. Indeed, Steele made an interesting observation concerning the similarities between Italian and Third World Marxist “national liberation” movements of the second half of the twentieth century:

The logic underlying their shifting position was that there was unfortunately going to be no working-class revolution, either in the advanced countries, or in less developed countries like Italy. Italy was on its own, and Italy's problem was low industrial output. Italy was an exploited proletarian nation, while the richer countries were bloated bourgeois nations. The nation was the myth which could unite the productive classes behind a drive to expand output. These ideas foreshadowed the Third World propaganda of the 1950s and 1960s, in which aspiring elites in economically backward countries represented their own less than scrupulously humane rule as "progressive" because it would accelerate Third World development. From Nkrumah to Castro, Third World dictators would walk in Mussolini's footsteps. Fascism was a full dress rehearsal for post-war Third Worldism.

During its twenty-three years in power, Mussolini’s regime certainly made considerable concessions to traditionally conservative interests such as the monarchy, big business, and the Catholic Church. These pragmatic accommodations borne of political necessity are among the evidences typically offered by leftists as indications of Fascism’s rightist nature. Yet there is abundant evidence that Mussolini essentially remained a socialist throughout the entirety of his political life. By 1935, thirteen years after Mussolini seized power in the March on Rome, seventy-five percent of Italian industry had either been nationalized outright or brought under intensive state control. Indeed, it was towards the end of both his life and the life of his regime that Mussolini’s economic policies were at their most leftist.

After briefly losing power for a couple of months during the summer of 1943, Mussolini returned as Italy’s head of state with German assistance and set up what came to be called the Italian Social Republic. The regime subsequently nationalized all companies employing more than a hundred workers, redistributed housing that was formerly privately owned to its worker occupants, engaged in land redistribution, and witnessed a number of prominent Marxists joining the Mussolini government, including Nicola Bombacci, the founder of the Italian Communist Party and a personal friend of Lenin. These events are described in considerable detail in Norling’s work.

It would appear that the historic bitter rivalry between Marxists and Fascists is less a conflict between the Left and the Right, and more of a conflict between erstwhile siblings on the Left. This should come as no particular surprise given the penchant of radical leftist groupings for sectarian blood feuds. Indeed, it might be plausibly argued that leftist ”anti-fascism” is rooted in jealously of a more successful relative as much as anything else. As Steele noted:

Mussolini believed that Fascism was an international movement. He expected that both decadent bourgeois democracy and dogmatic Marxism-Leninism would everywhere give way to Fascism, that the twentieth century would be a century of Fascism. Like his leftist contemporaries, he underestimated the resilience of both democracy and free-market liberalism. But in substance Mussolini's prediction was fulfilled: most of the world's people in the second half of the twentieth century were ruled by governments which were closer in practice to Fascism than they were either to liberalism or to Marxism-Leninism. The twentieth century was indeed the Fascist century.

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samedi, 31 décembre 2011

Rébellion n°51

Rébellion n°51

Sommaire



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Edito : Le culte du cargo capitaliste. 
Evénement : Michéa à la rescousse des gens ordinaires. Par David L'Epée 
Actualité : Niveau de vie, la chute finale ! 
International : Russie ne nous déçois pas ! Par Costanzo Preve. 
Alternative Economique : Demain le Localisme ? 
Alternative Politique : Relocalisons la Révolution. 
Combat des idées : Pourquoi je suis Socialiste Révolutionnaire. 
La bibliothèque du militant. 
Culture : Death In June, parano dans un bunker - The Specials, Rudie pour la vie. 

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Numéro disponible contre 4 euros à notre adresse : 
Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 - Toulouse Cedex 2
http://rebellion.hautetfort.com/

vendredi, 18 novembre 2011

Rébellion n°50 est disponible !

Rébellion n°50 est disponible !

Lutte de classe et électoralisme
 

ÉVÉNEMENT

Limonov star de la rentrée littéraire. Un voyou Ukrainien sous la plume d’un bobo parisien

 

PHILOSOPHIE

Qu’est-ce qu’un bon stratège? Une étude comparée des mentalités Chinoises et Occidentales

 

ENTRETIEN

Maria Poumier s’entretient avec Israel Shamir

RESEAU & COMBAT DES IDÉES
Kontre Kulture. Insoumission et produits subversifs !
Scriptoblog et les éditions Retour aux sources
Cercle de l’esprit rebelle. Pour une révolution des esprits !
 
LECTURE
Revue (dis)continuité. Sylvia Pankhurst. The workers’dreadnought
 

mercredi, 14 septembre 2011

Dominique Venner: Le passé vichyste de Mitterrand

Dominique Venner:

Le passé vichyste de Mitterrand

mardi, 12 juillet 2011

La droite et le socialisme

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La droite et le socialisme

par Pierre LE VIGAN

Il est d’usage de considérer la droite comme le contraire du socialisme. La droite serait anti-socialiste pour la simple raison qu’elle serait une anti-gauche, ce qui revient à dire que la gauche, ce serait, peu ou prou, d’une manière ou d’une autre, le socialisme. Paradoxal alors que le socialisme a longtemps excédé les catégories de droite et de gauche, avant l’affaire Dreyfus.

Or l’opposition au socialisme n’est pas constante dans l’histoire de la droite, de même que la gauche est fort loin de se définir principalement par l’adhésion à l’idée socialiste – aussi variée et polymorphe que puisse être cette idée. Les choses sont en effet plus compliquées. D’une part, les courants d’idées que sont le socialisme, le nationalisme, etc., ne se situent pas sur le même plan que les catégories de droite et de gauche. D’autre part, droite et gauche elles-mêmes ne sont pas les symétriques l’une de l’autre.

Un détour est ainsi nécessaire par la gauche pour comprendre la droite. Raymond Huard défend à propos de la gauche l’hypothèse suivante :  la question ne serait pas de savoir si la gauche est une ou plurielle (« les gauches »), mais serait plutôt de se demander si la gauche est une donnée permanente de la vie politique française ou si « elle se construit dans certaines conjonctures historiques alors qu’à d’autres moments, cette notion (de gauche) n’est pas opératoire pour décrire les forces politiques, ne correspond pas à une réalité objective, ni même à l’impression subjective des individus (1) ».

Cette hypothèse est convaincante. Elle consiste à voir en la gauche un rassemblement qui ne prend forme que dans des circonstances historiques précises – et rares. On peut estimer qu’une définition de la droite relèverait d’une définition non symétrique. À savoir qu’on pourrait toujours repérer la présence d’une droite dans l’histoire française des deux derniers siècles, et que celle-ci se définirait par le souhait de maintenir l’ordre établi.

Naturellement, cet ordre changeant régulièrement, la droite change aussi, c’est-à-dire qu’elle change pour que rien ne change. En ce sens, cette droite dite « conservatrice » est aussi, et surtout, une droite moderne; elle conserve ce qui est compatible avec les mutations de la modernité : c’est-à-dire, en dehors du pouvoir de l’argent, pas grand chose. Cette droite se définit toujours  par le refus du constructivisme. Cette droite est en ce sens naturellement anti-socialiste : parce que c’est une droite « libérale », c’est-à-dire tolérante envers les évolutions qui se font sans contrôle humain conscient, alors qu’une droite conservatrice (radicalement conservatrice) peut être constructiviste, dans la mesure où la volonté de conserver, de maintenir (certains équilibres, certaines mœurs, etc.) n’équivaut pas au « laisser-faire » (comme le montre l’exemple de l’écologie). D’où la possibilité – entrevue par la « Nouvelle Droite », autour de la revue Éléments, d’un conservatisme révolutionnaire, tendance qui peut amener cette droite (radicale, ou dite « extrême » par ses ennemis ou ceux qui tout simplement ne la comprennent pas) à considérer certaine variante de socialisme comme la plus apte à restaurer certains principes qui sont les siens, par exemple l’unité de la communauté du peuple, la souveraineté nationale, la justice au sein du peuple, etc. Si la droite classique, au pouvoir ou proche du pouvoir depuis deux siècles, est anti-socialiste, paradoxalement, c’est parce qu’elle vient de la gauche, d’une certaine gauche de 1789, celle qui se définit par un principe d’opposition aux structures communautaires et une volonté de « naturaliser » le social, cette gauche de 89 qui a historiquement évolué vers la droite pour laisser la place à d’autres gauches selon un processus de sinistrisme parfaitement élucidé par Albert Thibaudet (2).

Les rapports de la droite au socialisme sont donc évolutifs pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le socialisme en France connaît des mutations idéologiques considérables, et que sous le nom de « socialistes » cœxistent parfois des conceptions totalement incompatibles, de la gauche « progressiste » à la « gauche réactionnaire » (3).

Ensuite parce que, si l’« on ne se pose qu’en s’opposant », la droite change en fonction de l’évolution de la gauche, et de la « seconde naissance » que connaît celle-ci, en 1848-49, quand la Montagne  (Ledru-Rollin, Schoelcher, et les démocrates socialistes) se rapproche des socialistes, et quand la gauche, comme l’a justement remarqué Maurice Agulhon, commence à s’identifier, non seulement à la Révolution de 89-93, à la République, et au suffrage universel, mais aussi à « l’espérance sociale ». Comme le signalait Karl Marx (Les luttes de classes en France) en 1849, l’union du parti des ouvriers, et celui de la petite bourgeoisie était considérée comme « le parti rouge ». D’où un lien entre socialisme modéré et radical-socialisme (4). En d’autres termes, le changement social et la République deviennent une espérance commune à partir du milieu du XIXe siècle.

Enfin parce qu’il existe une droite non libérale dont le rapport au socialisme oscille entre le refus de toute eschatologie « progressiste » et néanmoins la sympathie pour l’esprit communautaire et organique dont le socialisme peut être porteur.

Dès Babeuf, des convergences entre un certain socialisme et les positions d’une certaine droite apparaissent. L’opposition entre les « ventres creux » et « le million doré » évoque l’opposition du « peuple » et des « Gros » (Pierre Birnbaum) généralement repérée comme un des thèmes de la droite radicale. Il y a aussi dans le communisme de Babeuf une composante libertaire et une passion du peuple réel contre les abstractions universalistes qui le conduisent à s’insurger contre ce qu’il appelle le « populicide » vendéen.

Si l’égalitarisme de Babeuf ne rencontre pas de sympathie à droite, son populisme et son esprit libertaire trouvent un écho dans la droite radicale. Mais c’est un autre socialisme qui prend forme tout au long du XIXe siècle. Il se réclame de la transparence et de la rationalité et Karl Marx en représente la figure centrale. À la « fausse science » libérale, il oppose la « vraie science » des rapports sociaux. « L’humanité est en dehors de l’économie politique, l’inhumanité est en elle », écrit Marx. Au pessimisme d’une certaine théocratie pour qui « l’homme est un diable », Marx oppose l’idée selon laquelle rien de ce qui est diabolique ne serait humain, le mal étant seulement concentré dans la phase bourgeoise de l’évolution humaine, propos symétrique et tout aussi absurde. Le mal ne serait qu’un produit de circonstance de l’économie bourgeoise, qui dépossède l’homme de lui-même, et lui enlève sa « mienneté » (Paul  Ricoeur).

Les critiques marxiennes mettront cinquante ans à avoir un écho à droite, avec la Jeune Droite de Thierry Maulnier et les spiritualistes des années Trente, qui ne se réduisent pas à la droite anti-conformiste, mais lui sont liés de maintes façons (5). Ce délai de réaction de la droite peut paraître long. Mais les critiques de Marx sont aussi longues à influer sur le socialisme français lui-même. En effet, l’idée socialiste en France, à partir de la IIe République, et malgré Proudhon dont les points de vue originaux font le « Rousseau du socialisme »,  se confond souvent avec un « maximalisme de la République » (Ernest Labrousse). Le socialisme est dans cette perspective la République « poussée jusqu’au bout », idée que l’on trouve très présente chez Jean Jaurès et jusqu’à, toute proportion gardée, Max Gallo dans les années 1980. Avec ce socialisme-là, ni la droite libérale, ni la droite radicale ne se reconnaisse d’affinités. Pour la première, la République, pour être acceptable, ne saurait être autre chose qu’un orléanisme sans roi. Pour la seconde, la République est une imposture sous sa forme libérale, qui ne cache que la domination de l’Argent-Roi.

À la fin du XIXe siècle apparaît un autre socialisme français qui éveille des sympathies à droite. C’est un socialisme peu républicain, ou du moins critique par rapport à la tradition républicaine inaugurée en 1792, un socialisme anti-autoritaire, anti-belliciste (qui se rappelle justement le rôle funeste de la Gironde dans l’embrasement de l’Europe en 1792), et « mutuelliste » et fédéraliste (on peut être fédéraliste tout en critiquant bien entendu le rôle belliciste objectif de la Gironde en 1792). C’est le socialisme de Proudhon qui influence, outre le mouvement ouvrier, l’essentiel de l’anarchisme en France. Ce socialisme est aussi en partie celui de la C.G.T. naissante (alors que la S.F.I.O. est plus marquée par le « maximalisme de la République »). L’éclosion de ce socialisme libertaire et anti-parlementaire est suivie avec intérêt par Maurras, pour qui la royauté doit être une fédération de « libres républiques », et pour qui le socialisme uni à la monarchie comme « un gant va à une belle main ».

Le socialisme est à ce moment pris dans les contradictions que l’aventure de Boulanger, puis l’affaire Dreyfus, avait mis en évidence. Première crise : le boulangisme. Certains socialistes, comme Paul Brousse et les « possibilistes de droite » se rangent résolument  dans le camp de la légalité parlementaire, tandis que d’autres, bien qu’anti-boulangistes, dénoncent aussi les « républicains bourgeois » dont « l’amour du lucre » est, disent-ils, la cause du boulangisme. Dans ce dernier camp se situe Jean Allemane, figure centrale du socialisme de l’époque, et les « possibilistes de gauche ». Proche de cette position est le Parti ouvrier français dont le mot d’ordre est : « Ni Ferry, ni Boulanger » (6). D’autres socialistes encore, comme Benoît Malon, comme les blanquistes (et c’est aussi la tentation de Lafargue), voient en Boulanger le moyen de renverser la République anti-ouvrière de Jules Ferry.

Deuxième moment de clivage : l’affaire Dreyfus. Elle divise à nouveau le socialisme, entre hommes de gauche privilégiant les « droits de l’homme », et anti-bourgeois intransigeants. Ceux-ci rencontrent des sympathies à droite, d’autant que la droite, même dans ses composantes radicales, est, avant la naissance de l’Action française, ralliée à la République (la Ligue de la Patrie française de Jules Lemaître, futur maurrassien, se donne alors pour objectif d’instaurer une « République de tous », qui soit protectrice des ouvriers, de même que François Duprat parlera vers 1970 d’instaurer l’« État du peuple tout entier »).

Aussi s’élaborent des rapprochements entre un socialisme de la base, principalement « un syndicalisme qui, entre 1906 et 1910, avait fait craindre la révolution à la société bourgeoise » (Michel Winock)  et une certaine droite radicale, autour de la jeune Action française. C’est notamment l’expérience, en 1911, du Cercle Proudhon (7).

Cette configuration favorable à un rapprochement entre opposants de droite et de gauche est de courte durée. Dès avant 1914, c’est le socialisme comme « républicanisme de gauche » qui devient dominant. Pour autant, le caractère agonal de certaines influences perdure. Dans les années Trente, des conceptions corporatistes comme celles de François Perroux et de  Maurice Bouvier-Ajam sont imprégnées de l’esprit du socialisme fédéraliste et « auto-gestionnaire » de Proudhon. Il en sera de même pour les thèmes des gaullistes (principalement les gaullistes dits « de gauche ») concernant la participation comme troisième voie. De même, la « dérive fasciste » (Philippe Burrin) d’une certaine classe politique de la fin des années Trente et de l’Occupation concerne tout autant des hommes politiques originaires de la gauche que de la droite. Il est même assuré que ceux qui viennent de la gauche furent ceux qui mirent dans l’adhésion à un socialisme national fascisant le plus de souci de « rigueur » doctrinale et surtout de continuité idéologique (voir en ce sens les Mémoires de Marcel Déat et ses écrits politiques d’avant et pendant l’Occupation, Mémoires politiques, Denoël, 1989).

La gauche aime en effet la rigueur intellectuelle, y compris quand elle devient le contraire de la rigueur humaine. C’est ce qui la mène à professer, parfois, plus qu’un césarisme en épaulettes, ce que Péguy appelait « un césarisme en veston ». Dans le même temps, un certain nombre d’hommes classés « à droite », de Charles Péguy à Alain de Benoist, considèrent que la misère est un obstacle au développement de la vie intérieure, et qu’il n’y a pas de communauté qui vaille sans que règne l’équité entre ses membres. De ce fait, si une certaine droite, de Leroy-Beaulieu au Club de l’Horloge professe depuis cent ans un anti-socialisme viscéral, une autre droite (radicale ou révolutionnaire) n’a cessé d’avoir de profondes convictions sociales. Droite moderne et droite contre-moderne n’ont cessé de s’opposer ici d’une manière plus profonde que l’opposition dite « droite – gauche ».

Pierre Le Vigan

Notes

1 : Raymond Huard, in La Pensée, n° 291, 1993.

2 : Albert Thibaudet, Les idées politiques de la France, 1932.

3 : cf. Marc Crapez, La gauche réactionnaire, Berg, 1996, et Naissance de la gauche, Michalon, 1998.

4 : cf. Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n°1, « Le radicalisme », 1980.

5 : cf. Jean-Louis  Loubet del Bayle, Les non-conformistes des années Trente, Le Seuil, 1969, réédition en 1987.

6 : cf. Claude Mainfroy, « Sur le phénomène radical », in Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, op. cit.

7 : Les Cahiers du Cercle Proudhon furent réédités dans les années 1980 par ce qui était alors la Nouvelle Action française de Bertrand Renouvin, puis l’ont été par Avatar Éditions, « La culture sans barrières », Cahiers du Cercle Proudhon, 2007, introduction d’Alain de Benoist.

Le présent article, remanié pour Europe Maxima, est paru dans Arnaud Guyot-Jeannin (sous la direction de), Aux sources de la droite, L’Âge d’Homme, 2000.


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lundi, 16 mai 2011

Mitterrand et le mystère français

 

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Mitterrand et le mystère français

par Dominique VENNER

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Au centre de toutes les interrogations que soulève l’itinéraire sinueux et contradictoire de François Mitterrand, sujet de notre dossier, figure en première place la photo devenue fameuse de l’entrevue accordée à un jeune inconnu, futur président socialiste de la République, par le maréchal Pétain, à Vichy, le 15 octobre 1942.

Ce document était connu de quelques initiés, mais il n’a été cautionné par l’intéressé qu’en 1994, alors qu’il voyait venir la fin de sa vie. Trente ans plus tôt, à la veille de l’élection présidentielle de 1965, le ministre de l’Intérieur du moment, Roger Frey, en avait reçu un exemplaire. Il demanda une enquête qui remonta jusqu’à un ancien responsable local de l’association des prisonniers, dont faisait partie François Mitterrand. Présent lors de la fameuse entrevue, il en possédait plusieurs clichés. En accord avec le général De Gaulle, Roger Frey décida de ne pas les rendre publics.

Un autre membre du même mouvement de prisonniers, Jean-Albert Roussel, en possédait également un tirage. C’est lui qui donna à Pierre Péan le cliché qui fit la couverture de son livre, Une jeunesse française, publié par Fayard en septembre 1994 avec l’aval du président.
Pourquoi, Mitterrand a-t-il soudain décidé de rendre public son pétainisme fervent des années 1942-1943, qu’il avait nié et dissimulé jusque-là ? Ce n’est pas une question anodine.

Sous la IVe République, en décembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, Raymond Dronne, ancien capitaine de la 2e DB, devenu député gaulliste, avait interpelé François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur : « Je ne vous reproche pas d’avoir arboré successivement la fleur de lys et la francisque d’honneur… » « Tout cela est faux », répliqua Mitterrand. Mais Dronne riposta sans obtenir de réponse : « Tout cela est vrai et vous le savez bien… »

 

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Le même sujet fut abordé de nouveau à l’Assemblée nationale, le 1er février 1984, en plein débat sur la liberté de la presse. On était maintenant sous la Ve République et François Mitterrand en était le président. Trois députés de l’opposition de l’époque posèrent une question. Puisque l’on parlait du passé de M. Hersant (propriétaire du Figaro) pendant la guerre, pourquoi ne parlerait-on pas de celui de M. Mitterrand ? La question fut jugée sacrilège. La majorité socialiste s’indigna et son président, Pierre Joxe, estima que le président de la République était insulté. Les trois députés furent sanctionnés, tandis que M. Joxe rappelait haut et fort le passé de résistant de M. Mitterrand.

Ce passé n’est pas contestable et pas contesté. Mais, au regard de la légende bétonnée imposée après 1945, ce passé de résistant était incompatible avec un passé pétainiste. Et voilà donc qu’à la fin de sa vie, M. Mitterrand décida soudain de rompre avec le mensonge officiel qu’il avait fait sien. Pourquoi ?
Pour être précis, avant de devenir peu à peu résistant, M. Mitterrand avait d’abord été un pétainiste fervent comme des millions de Français. D’abord dans son camp de prisonnier, puis après son évasion, en 1942, à Vichy où il fut employé par la Légion des combattants, grand rassemblement mollasson d’anciens combattants. Comme il trouvait ce pétainisme-là beaucoup trop endormi, il se lia à quelques pétainistes « purs et durs » (et très anti-allemands), tel Gabriel Jeantet, ancien cagoulard, chargé de mission au cabinet du Maréchal, l’un de ses futurs parrains dans l’ordre de la Francisque.

Le 22 avril 1942, il écrivait à l’un de ses correspondants : « Comment arriverons-nous à remettre la France sur pied ? Pour moi, je ne crois qu’à ceci : la réunion d’hommes unis par la même foi. C’est l’erreur de la Légion que d’avoir reçu des masses dont le seul lien était le hasard : le fait d’avoir combattu ne crée pas une solidarité. Je comprends davantage les SOL (1), soigneusement choisis et qu’un serment fondé sur les mêmes convictions du cœur lie. Il faudrait qu’en France on puisse organiser des milices qui nous permettraient d’attendre la fin de la lutte germano-russe sans crainte de ses conséquences… » C’est un bon résumé du pétainisme musclé de cette époque. Tout naturellement, au fil des événements, notamment après le débarquement américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, ce pétainisme évolua vers la résistance.

La fameuse photo publiée par Péan avec l’accord du président provoqua un ouragan politique et médiatique. Le 12 septembre 1994, le président, miné par son cancer, dut s’expliquer à la télévision sous l’œil noir de Jean-Pierre Elkabbach. Mais contre toute attente, sa solitude d’accusé, doublée d’une détresse physique évidente, parut injustes, provoquant un élan de sympathie. L’interrogatoire d’Elkabbach avait suscité une réaction : « Mais pour qui se prend-il, celui-là ? » Ce fut un élément capital du rapprochement des Français avec leur président. Non que le bilan politique du personnage ait été approuvé. Mais l’homme, soudain, était devenait intéressant. Il avait acquis une épaisseur inattendue, celle d’une histoire tragique qui éveillait un écho dans le secret du mystère français.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire, mai-juin 2011)

 

Note

(1). Le SOL (Service d’ordre légionnaire) fut constitué en 1941 par Joseph Darnand, ancien cagoulard et héros des deux guerres. Cette formation nullement collaborationniste fut officialisée le 12 janvier 1942. Dans le contexte nouveau de la guerre civile qui se déploie alors, le SOL sera transformé en Milice française le 31 janvier 1943. On se reportera à La NRH n° 47, p. 30 et à mon Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2002.

lundi, 04 avril 2011

Das tragische Scheitern des "Postkommunismus" in Osteuropa

Das tragische Scheitern des »Postkommunismus« in Osteuropa

Dr. Rossen Vassilev

Im vergangenen Jahr stürzte sich kurz vor Heiligabend ein Ingenieur des öffentlich-rechtlichen Fernsehens aus Protest gegen die umstrittene Wirtschaftspolitik von einer Balustrade im rumänischen Parlament, als der Ministerpräsident des Landes dort gerade eine Rede hielt. Der Mann überlebte den Selbstmordversuch und soll vor seinem Sprung gerufen haben: »Sie nehmen unseren Kindern das Brot aus dem Mund! Sie haben uns um unsere Zukunft gebracht!« Der Demonstrant, der in ein Krankenhaus gebracht wurde, trug ein T-Shirt mit der Aufschrift »Sie haben uns um unsere Zukunft gebracht« und wurde später als der 41-jährige Adrian Sobaru identifiziert. Seiner Familie war vor Kurzem im Rahmen der letzten Haushaltskürzungen die staatliche Hilfe für seinen autistischen Sohn im Teenageralter gestrichen worden…

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/dr-...

mercredi, 19 janvier 2011

Rébellion n°45

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Sortie du numéro 45 de "REBELLION"

Sommaire: http://rebellion.hautetfort.com/

Avec un hommage à Jean PARVULESCO!

lundi, 20 décembre 2010

Bruno Wille und die Freidenkerbewegung

Bruno Wille und die Freidenkerbewegung*

von Erik Lehnert (Friedrichshagen)

Ex: http://www.friedrichshagener-dichterkreis.de/


Bruno-Wille-WDR-3.jpgDas Freidenkertum entstand im 17. Jahrhundert in England und gelangte im Laufe des 18. Jahrhunderts auf den europäischen Kontinent, v. a. nach Frankreich. Das ursprüngliche Ziel der Bewegung war die Religionsfreiheit. Das "freie Denken" sollte die Evidenz aller Gegenstände aus der Sache ableiten, nicht aus der Autorität. Erst im "eigentümlichen Freiheitsraum des 19. Jahrhunderts" (Friedrich Heer) vollzog sich innerhalb der Freidenkerbewegung ein Wandel: man organisierte sich, versuchte die ursprünglich elitäre Idee zu popularisieren und so politischen Einfluß auszuüben - man wollte das Denken allgemein von religiösen Vorstellungen befreien. Ein Resultat war, daß die Bezeichnung Freidenker, jetzt zu Recht, synonym für Atheisten gebraucht werden konnte. 1881 wurde der Deutsche Freidenker-Bund (DFB) durch Ludwig Büchner gegründet. 1905 bzw. 1908 folgten sozialdemokratische bzw. proletarische Abspaltungen, die sich 1927 vereinigten. Ihren Höhepunkt hatte die Bewegung am Anfang der 30er Jahre. Am Zweiten Weltkrieg zerbrach der Fortschrittsglaube, mit dem Einflußverlust (und der blutigen Unterdrückung) der Kirchen kam der Hauptfeind abhanden und die Naturwissenschaft stieß v. a. in der Atom- und Astrophysik an Grenzen, die einen weltanschaulichen Materialismus unglaubwürdig machen.

Nietzsche, ein ganz anders gearteter "freier Geist" (Im Nachlaß finden sich sogar "Die zehn Gebote des Freigeistes", von denen das zweite lautet: "Du sollst keine Politik treiben."), war bemüht, sich gegen die organisierten Freidenker abzugrenzen: "Sie gehören, kurz und schlimm, unter die Nivellierer, diese fälschlich genannten 'freien Geister' - als beredte und schreibfingrige Sklaven des demokratischen Geschmacks und seiner 'modernen Ideen'; allesamt Menschen ohne Einsamkeit, ohne eigne Einsamkeit, plumpe brave Burschen, welchen weder Mut noch achtbare Sitte abgesprochen werden soll, nur daß sie eben unfrei und zum Lachen oberflächlich sind, vor allem mit ihrem Grundhange, in den Formen der bisherigen alten Gesellschaft ungefähr die Ursache für alles menschliche Elend und Mißraten zu sehn: wobei die Wahrheit glücklich auf dem Kopf zu stehn kommt!" (Jenseits von Gut und Böse II, 44) Nicht die Umstände sondern die Unvollkommenheit des Menschen ist die Ursache. Ein "freier Geist" wie Nietzsche glaubt nicht einmal an die Wahrheit und demzufolge auch nicht an die Wissenschaft, die natürlich ebenfalls metaphysische Voraussetzungen hat. (Zur Genealogie der Moral III, 24)

Wille tritt erstmals im Oktober 1892 öffentlich im Zusammenhang mit dem DFB in Erscheinung. Er schreibt im Correspondenzblatt des Bundes: "was mich bisher vom Freidenker-Bunde zurückhielt, war die Meinung, hier werde das soziale Problem mit seinen bedeutsamen Konsequenzen für unsere Taktik, Moral und Pädagogik ungenügend oder unrichtig betrachtet und angefaßt." (1. Jg.,1892/93, S. 31) Bereits ein Jahr später übernimmt Wille die Redaktion des "Freidenkers" (bekommt dafür eine Aufwandsentschädigung von 300 Mark jährlich) und wird Vorstandsmitglied des DFB. Ab dem 1. März 1916 ist Wille Herausgeber der Zeitschrift und bleibt dies bis zur Einstellung des Erscheinens 1921. Rückblickend schreibt er 1920: "Zu den Geistesbewegungen, die ich mit besonderer Arbeitsamkeit fördere, gehört neben der Freireligiosität das Freidenkertum. Seit Anfang der neunziger Jahre gehöre ich zur Leitung des Deutschen Freidenkerbundes, redigiere dessen Blatt ("Der Freidenker") und habe auf vielen Kongressen des Bundes gewirkt, auch auf internationalen (Rom und München). Die anfangs im deutschen Freidenkertum vorherrschende Richtung des Materialisten Ludwig Büchner habe ich durch meine idealistische Weltanschauung ergänzt, damit das Freidenkertum sich nicht beschränke auf rationalistischen Volksaufkläricht."

Die Geschichte der Zeitschrift soll hier nicht das Thema sein. Obwohl diese sehr interessante Aufschlüsse über die Organisationstrukturen der freigeistigen Bewegungen etc. geben könnte, da der "Freidenker" im Laufe seines Bestehens zahlreiche Wandlungen vollzog, die sich u. a. in Zusammenschlüssen mit anderen Bünden und deren Zeitschriften zeigen. Die Zeitschrift erschien am 1. Juli 1892 erstmals als "Correspondenzblatt des Deutschen Freidenker-Bundes" und wurde mit der Ausgabe vom 1. Juli 1893 umbenannt in "Der Freidenker. Correspondenzblatt und Organ des Deutschen Freidenker-Bundes". Die Erscheinungsweise war bis zum 1. Juli 1894 vierwöchentlich, danach zweiwöchentlich. Die Verlagsorte wechselten oft, je nachdem welcher Ortsverband mit der Herausgabe betraut war. Von Mitte 1895 an war es für kurze Zeit Friedrichshagen (Berlin). In der Juniausgabe 1906, die rückblickend das 25jährige Jubiläum des Freidenkerbundes feiert, wird ein Ansteigen der Auflage der Bundeszeitschrift von 800 (1892) auf 3600 (1906) Exemplare verzeichnet.(14. Jg., 1906, S. 84-86).

In der September-Ausgabe des "Correspondenzblattes" erschien 1892 ein anonymer Beitrag: "Die Scheidung der Geister". (1. Jg., 1892/93, S. 19-22). Darin versucht der Autor den Idealismus vom Materialismus, der seiner Meinung nach einzig richtigen Weltanschauung, zu scheiden: "Hie Materialismus, dort Idealismus: es giebt keine Ueberbrückung." Die materialistische Position wird auf den Einzelnen und die Gesellschaft angwandt. Der bekannte Schluß lautet, daß alles Geschehen "dem Zwang äußerer und innerer Verhältnisse" unterliegt. Jede Handlung eines Menschen sei, durch seine soziale Lage oder weil ihm der freie Wille fehlt, determiniert. Dieser Beitrag löste eine interessante Debatte aus, die dem Verfasser Widersprüche in seiner Argumentation aufzeigte, insbesondere wie man politisch oder kulturell wertsetzend wirken wolle, wenn man keinen freien Willen hat. Wille beteiligt sich an dieser Diskussion und hebt lobend hervor, daß "die materialistische Geschichtsauffassung [...] den gebührenden Einzug" bei den Freidenkern gehalten hat. (1. Jg., 1892/93, S. 31f.). Wille ist der Auffassung, daß der Determinismus keinen Einschränkungen unterworfen ist und begründet das mit der Definition von Freiheit, als Möglichkeit, zu können was man will. Das Wollen ist allerdings motiviert, d. h. von einer oder mehreren auslösenden Ursachen abhängig bzw. determiniert. So artet die Diskussion in Wortklaubereien aus.
Wille stieß in einer Zeit zur Freidenkerbewegung, als diese an Einfluß verlor. Seit 1890 war den Arbeiterparteien die Versammlungsfreiheit wieder gewährt worden, so daß die Arbeiterschaft ihre eigenen Versammlungen besuchte. Der Gegensatz zwischen der Führung der Freidenker, die aus dem liberalen Bürgertum hervorging, und der Masse der Arbeiter trat jetzt deutlich zu Tage. Eine vermutlich von Wille auf dem Kölner Freidenkerkongreß 1894 eingebrachte Resolution sah zwar die Lösung der sozialen Frage als dringendes Problem, stellte die Wahl der Mittel jedoch dem Einzelnen frei. Der Gegensatz zur marxistischen Sozialdemokratie war offensichtlich. Hinzu kam der beginnende Einfluß Nietzsches und der verschiedener Ersatzreligionen, der nach und nach weite Teile der Bevölkerung erfaßte. Erst die Bestseller Haeckels, ermöglicht durch den "'pathologischen Zwischenzustand' einer philosopischen Anarchie" der Jahrhundertwende (Oswald Külpe), und die internationalen Freidenkerkongresse in Rom und Paris (1904/05) brachten einen neuen Aufschwung der Bewegung. Die Macht der Orthodoxie in der Arbeiterbewegung, die das Freidenkertum als bürgerliche Ideologie ablehnte, ging zunächst zurück. Später jedoch folgte die Auseinandersetzung mit dem 1908 in Eisenach gegründeten "Zentralverband Deutscher Freidenker", einer proletarischen Abspaltung. (Vgl. 16. Jg., 1908, S. 153-156). Wille versuchte sich insbesondere des Vorwurfs, der DFB sei unter seiner Federführung zunehmend sozialliberal und damit (in den Augen der Abspaltung) reaktionär geworden, zu erwehren. Anlaß war eine Äußerung von Wille, in der er ein Zusammengehen von Sozialdemokraten und linksliberalen Freisinnigen ("Linker Block" als sozialliberaler Übergang) in der Kulturpolitik gefordert hatte. (16. Jg., 1908, S. 21). Die Person Willes war oft Ziel solcher Art von Vorwürfen. (Vgl. 3. Jg., 1894/95, S. 3-5, 58-62). Wohl auch weil er kategorisch feststellte: "Parteifanatismus ist nicht minder wie religiöser Fanatismus ein Erbfeind des Freidenkertums." (Ebd. S. 58). Das sollte sich im Laufe der Geschichte bewahrheiten.

Was Freidenkertum seiner Meinung nach sei, schreibt Wille in einer Ausgabe der Zeitschrift "ohne Verbindlichkeit für unseren Bund". (15.Jg.,1907, S. 41f). Dem Namen nach (also bloß oberflächlich?) tritt Freidenkertum für "grundsätzlich freies Denken" und "für schrankenlose Entwicklung der höchsten Geisteskräfte in Persönlichkeit und Volksleben ein". Unterdrückung im geistigen Kampf wird abgelehnt, da die Wahrheit durch "ungehemmten Wettbewerb" (natürliche Zuchtwahl) hervortreten soll. Die Wahrheit müßte demzufolge stärker als die Lüge sein. Heißt es noch sehr frei, der Einzelne ist für die Bildung seiner Überzeugungen selbst verantwortlich, werden wenige Zeilen später letztlich dogmatisch "gewisse Weltanschauungen" abgelehnt: "Wer an ein höchstes Wesen glaubt, das als ein persönlicher Herrscher das Weltall regiert und den Menschen absolut gültige Vorschriften gegeben hat, kann kein Freidenker sein, da ihn seine Unterordnung unter die geglaubte Autorität zur Intoleranz verführt." Gemeint ist hier natürlich v.a. das Christentum, das durch eine "natürliche Weltanschauung" ersetzt werden soll. Damit meint Wille in jedem Fall einen Monismus, sei er nun "idealistisch, materialistisch oder mechanistisch". Der Freidenker kann nach Wille ruhig einer "religiösen Stimmung" nachgeben, da dies auch die alten Ägypter, Babylonier etc. getan hätten. Scheinbar fallen deren Ansichten nicht unter "gewisse" sondern unter "natürliche Weltanschauungen". Eine Unterscheidung, die Wille nicht erläutert. Religion sei nicht das "Glauben an übernatürliche Dinge" sondern: "Hingabe an das Höchste, das ein Mensch erlebt, gleichviel welche Begriffe er damit verbindet." Um den Einfluß der Bewegung zu erhöhen, schlägt Wille die Gründung eines Kartells aller mit den Freidenkern gleichgesinnten Geistesrichtungen vor. 1909 kam es dann tatsächlich zur Gründung des "Weimarer Kartells", in dem Monistenbund, "Bund freireligiöser Gemeinden" und DFB zusammenarbeiteten. Der DFB und der Bund bildeteten 1921 den "Volksbund für Geistesfreiheit" mit der monatlich erscheinenden Zeitschrift "Geistesfreiheit" statt des "Freidenkers" als Organ. Im Nachruf dieser Zeitschrift auf Willes Tod heißt es u. a., daß Wille sich "mit der Richtung des Volksbundes für Geistesfreiheit nicht befreunden" konnte. Aber: "In der Geschichte des Freidenkertums nimmt er eine hervorragende Stelle ein." (37. Jg.,1928, S. 147)
Wie oben angedeutet, sieht Wille die Entwicklung der Wahrheit (für ihn gleichbedeutend mit Wissenschaft) in Analogie zur Entwicklung der Wirtschaft. In beiden solle "freies Spiel der Kräfte" herrschen. Der positive Lauf, den die Wirtschaft seit dem Liberalismus genommen habe, zeige die Möglichkeiten, die in der Wissenschaft ruhen. Durch gleiche Bedingungen für alle soll brachliegendes geistiges Potential freigesetzt werden. (17. Jg.,1909, S. 17-19). Der Wirtschaftsliberalismus setzte tatsächlich ungeheure Energien frei, den notwendigen Konkurrenzkampf gewinnen jedoch die Stärkeren wie in der Natur auf Kosten der Schwachen (Monopolbildung). Eine andere interessante Frage schließt sich daran an: Gehören Darwinismus und Sozialismus zusammen? Bebel sagte ja, Haeckel nein. (2. Jg.,1893/94, S. 65-68) Also: Befördert die Selektionstheorie den Sozialismus oder widerspricht sie ihm? Haeckel bezog das darwinistische Prinzip auf den Einzelnen, Bebel auf die Gesellschaftsform. Auf den ersten Blick scheint eher der Liberalismus dem Darwinismus zu entsprechen, in dem sich der Tüchtigste o.ä. durch setzt. Wille führt dagegen an, daß es in der Natur Schutzbündnisse gebe. Ob aber, wie er behauptet, "gerade der Kampf ums Dasein [...] solche Solidarität" auch in der Menschheit herbeiführen wird, ist zweifelhaft, da Wille nur den Zusammenhalt innerhalb einer Klasse meint. Der Sozialismus nach seiner Definition "sucht die Existenz-Bedingungen nicht etwa durch Abtragung ihrer sonnigen Höhen, sondern durch Zuschüttung ihrer grauenvollen Schluchten zu nivellieren." Er ist davon überzeugt, daß sich die unzweckmäßigen Einrichtungen der Gesellschaft zurückbilden und sich die Volkswirtschaft den Bedürfnissen des Volkes anpaßt. Also kommt der Sozialismus zwangsläufig? Wozu braucht man dann den "Umstürzler" Wille? Die Widersprüche sind dem darwinistischen Dogmatismus geschuldet.

Mit seiner Kritik an Haeckels nationalökonomischer Einstellung zeigt Wille nur einen Teil der unterschiedlichen politischen Auffassungen, die im Freidenkertum nebeneinander existierten. Generell kann man für die Beiträge Willes im "Freidenker" sagen, daß er im wesentlichen die Themen seiner Bücher behandelt und teilweise wörtlich daraus zitiert. Weiterhin nahm er zu aktuellen Fragen in der Regel kurz Stellung und redigierte die Zeitschrift mit einem m. E. erstaunlich hohen Maß an Meinungsfreiheit - getreu dem idealistischen Motto: "Das Freidenkertum ist eine Methode, eine Art zu denken, weniger ein bestimmter Inhalt des Denkens; es betont weniger das Was, als das Wie." (3. Jg.,1894/95, S. 5)

* Anmerkung: Der Text stellt einen Auszug aus einem Vortrag dar, den der Autor am 26. März 2001 auf Einladung des Berliner Landesverbandes der Deutschen Freidenker im Rahmen der philosophisch-weltanschaulichen Gespräche zur 120jährigen Geschichte der Freidenker in Deutschland gehalten hat.

samedi, 18 décembre 2010

Actualidad de Werner Sombart

Archives- 1968

Actualidad de Werner Sombart

 

AEI/ Un gran financiero norteamerica­na, batió su propio “record” conclu­yendo en cinco minutos, por teléfo­no, cinco grandes contratos que le proporcionaron una ganancia supe­rior al millón de dolores.

(De los periódicos) 

Werner_Sombart_vor_1930.jpgLa noticia del apresurado y dichoso financiero yanqui, nos trae al re­cuerdo la figura del gran economis­ta alemán profesor Werner Sombart, que ejerció docencia, justamente sonada, como profesor de Economía Política, en la Uni­versidad de Berlín, y cuya obra es una ver­dadera pena que aun no haya sido tra­ducida —que sepamos— al castellano.

Para Werner Sombart, el alma del bur­gués capitalista moderno recuerda el alma del niño a través de un singularísimo pa­recido. El niño, dice, posee cuatro valores fundamentales, que inspiran y dominan su vida toda. 

a) El tamaño, que se manifiesta en su admiración hacia el hombre adulto y más aun hacia el gigante. El burgués moderno —nos referimos siempre a la gran burgue­sía capitalista, especie tal vez a extinguir en este mundo supersónico que ha heredado la tragedia de la economía liberal— estima asimismo el tamaño en cifras o en es­fuerzo. Tener “éxito” en su lenguaje sig­nifica sobrepasar siempre a los demás, aunque en su vida interior, si es que la tiene, no se diferencia en nada de ellos. ¿Ha visto usted en casa de mister X, el Rembrandt que vale 200.000 dólares? ¿Ha contemplado el yate del presidente, que se encuentra desde esta mañana en el puerto, y cuyo valor sobrepasa el millón?…

b) La rapidez de movimientos, tradu­cida en el niño en el juego, en el carrusel, en no saber estarse quieto. Rodar a 120 por hora, tomar el avión más rápido, con­cluir un negocio por teléfono, no reposar, batir “records” financieros de ganancia constituye para el burgués moderno ilu­sión idéntica.

c) La novedad. El niño deja un juguete por otro, comienza un trabajo y lo aban­dona también, por otro, a su vez aban­donado. El hombre de empresa moderno hace lo mismo llamando a esto “sensa­ción”. Si los bailes, en los negocios, en la moda, en los inventos, lo que hoy es “sensacional” mañana se transforma en antigualla, como sucede con los modelos de los coches. Se vive angustiosamente al día, hasta que el corazón falle…

d) El sentimiento de “su poderío”. El niño arranca las patas a las moscas, des­troza nidos, destruye todos sus juguetes… El empresario que “manda” sobre 10.000 trabajadores se encuentra orgulloso de su poder, como el niño que ve a su perro obedecerle a una señal. El especulador afortunado en bolsa o enriquecido por el estraperlo se siente orgulloso de su safio poderío mirando por encima del hombro al prójimo. No existe en él caridad, como generalmente no existe caridad en el niño. Si analizamos este sentimiento veremos que en el fondo es una confesión invo­luntaria e inconsciente de debilidad: “Om­ina crudelitas ex infrimitate”, supo decir nuestro Séneca. 

EL CAPITALISMO MODERNO

Para el genial autor de “El capitalismo moderno”, un hombre grande, natural e interiormente, no concedería nunca un particular valor al poderío externo. El poder no presenta ningún atractivo sin­gular para Sigfrido, pero resulta irresisti­ble para Mimo. Una generación verdade­ramente grande, a la que preocupan los problemas fundamentales del alma huma­na, no se sentirá “engrandecida” ante unos inventos técnicos y no les concederá más que una relativa importancia, la impor­tancia que merecen como elementos del poder externo. En nuestra época resulta tristemente sintomático el que algunos po­líticos, que sólo han sabido sumir al mun­do en el estupor y en la sangre, se deno­minen asimismo como “grandes”.

Para Sombart, el capitalismo burgués que tiene como objetivo la acumulación indefinida e ilimitada de la ganancia, se ha visto hasta nuestros días, pues hoy el concepto se halla en plena crisis aunque su derrumbamiento no sea tal vez inmediato, favorecido por las circunstancias siguien­tes:

1) Por el desenvolvimiento de la téc­nica.

2) Por la bolsa moderna, creación del espíritu sionista, por medio de la cual se rea­bra a través de sus formas exteriores la tendencia hacia el infinito, que caracteriza al capitalismo burgués en su incesante ca­rrera tras el beneficio. 

Estos procesos encuentran apoyo en los siguientes aspectos: 

a) La influencia que los sionistas comen­zaron a ejercer sobre la vida económica europea, con su tendencia hacia la ganan­cia ilimitada, animados por el resentimien­to que, como sabemos, juega tan gran pa­pel en la vida moderna, según Max Scheler nos ha magníficamente demostrado, y por las enseñanzas de su propia religión, que los hace actuar en el capitalismo mo­derno como catalizadores.

b) En el relajamiento de las restric­ciones que la moral y las costumbres im­ponían en sus comienzos al espíritu capi­talista de indudable tinte puritano en la aguda y profunda tesis de Weber. Relaja­miento consecutivo a la debilitación de los principios religiosos y a las normas de ho­nor entre tos pueblos cristianos.

c) La inmigración o expatriamiento de sujetos económicos activos y bien dotados, que en el suelo extraño no se consideran ya ligados con ninguna obligación y es­crúpulo. Nos hallamos así, de nuevo ante el interrogante que se plantea el maestro.

¿Qué nos reserva el porvenir? Los que ven que el gigante desencadenado que lla­mamos capitalismo es un destructor de la naturaleza de los hombres, esperan que llegará un día en que pueda ser de nuevo encadenado, rechazándole hasta los lími­tes franqueados. Para obtener este resul­tado se ha creído encontrar un medio en la persuasión moral. Para Sombart, las tendencias de este género se encuentran aproadas hacia un lamentable fracaso. Para el autor de “El burgués”, el capita­lismo que ha roto las cadenas de hierro de las más antiguas religiones hará saltar en un instante los hilos que le tiendan es­tos optimistas. Todo lo que se pueda hacer en tanto que las fuerzas del gigante que­den intactas, consiste en tomar medidas susceptibles de proteger a los hombres, a su vida y a sus bienes, a fin de extinguir como en un servicio de incendios las brasas que caigan sobre las chozas de nuestra civili­zación. El mismo Sombart señala como sintomático el declive del espíritu capita­lista en uno de sus feudos más intocables: Inglaterra, y esto lo decía en 1924…

El saber lo que sucederá el día en que el espíritu capitalista pierda la fuerza que todavía presenta no interesa particular­mente a Sombart. El gigante, transforma­do en ciego, será quizá condenado, y cual nuevo Sisifó arrastra el carro de la civi­lización democrática. Quizá, escribe, asis­tamos nosotros al crepúsculo de los dio­ses, y el oro sea arrojado a las aguas del Rhin, erigiéndose en trueque valores más altos.

¿Quién podrá decirlo? El mañana, esa cosa que llamamos Historia, quizá. Por ello, más que Juicios, “a priori”, preferimos aquí dar testimonios. Lo que pasa, y lo que pue­da pasar en la ex dulce Francia, funda­mentalmente burguesa y con sentido de la proporción hasta ahora, podrá ser un gran indicio histórico. 

José Mª. CASTROVIEJO

ABC, 19 de junio de 1968.

mercredi, 15 décembre 2010

Les dissidents de l'Action Française: Georges Valois

Archives 2008

Les dissidents de l’Action française : Georges Valois

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De Sorel à Maurras

valois.jpgPresque oublié aujourd’hui, Georges Valois fut l’un des écrivains politiques importants du début du siècle. Ayant dû abandonner ses études à l’âge de quinze ans, à cause de ses origines populaires, il avait été rapidement attiré par les milieux de gauche. Il commença par fréquenter différents groupes de tendance libertaire : L’Art social, de Charles-Louis Philippe, Les Temps nouveaux, de Jean Grave, L’Humanité nouvelle, de Charles Albert et Hamon. Parmi les collaborateurs de la revue qu’animait L’Humanité nouvelle figurait notamment Georges Sorel, qui devait exercer sur Valois une influence décisive. « Lorsque Sorel entrait (au comité de rédaction de la revue), écrit Valois dans D’un siècle à l’autre, il y avait un frémissement de l’intelligence chez les assistants et l’on se taisait. Nous l’écoutions. Ce n’étaient pas ses cinquante ans qui nous tenaient en respect, c’était sa parole. Sorel, forte tête de vigneron au front clair, l’œil plein de bonté malicieuse, pouvait parler pendant des heures sans que l’on songeât a l’interrompre ».

De quoi parlait ainsi Sorel ? Sans doute de ce qui lui tenait le plus à cœur : de la lutte, révolutionnaire, de l’avenir des syndicats, menacés non seulement par la ploutocratie capitaliste au pouvoir, mais aussi par le conformisme marxiste de la social-démocratie. Sans renier l’essentiel de la doctrine marxiste, Sorel reprochait notamment â l’auteur du Capital sa vision trop schématique de la lutte de classes, et sa méconnaissance des classes moyennes. Et il craignait par-dessus tout l’influence des intellectuels et des politiciens dans le mouvement ouvrier. Le mouvement ouvrier devait préserver son autonomie, et c’est à ce prix seulement qu’il pourrait donner naissance à l’aristocratie d’une société nouvelle. Son mépris de la médiocrité bourgeoise, à laquelle il opposait la vigueur populaire, triomphant dans le syndicalisme révolutionnaire, avait conduit Sorel à l’antidémocratisme. La démocratie n’était pour lui que le triomphe des démagogues, dont la justification la plus abusive. était le mythe du Progrès. C’est ainsi qu’un penseur primitivement situé à l’extrême-gauche se rapprochait sans l’avoir expressément cherché, des théoriciens réactionnaires, condamnant eux aussi, au nom de leurs principes, la démocratie capitaliste.

Influencé par Sorel, et aussi par la pensée de Proudhon et de Nietzsche, Georges Valois écrivit son premier livre : L’Homme qui vient, philosophie de l’autorité. C’était l’œuvre d’un militant syndicaliste révolté par la corruption démocratique, aspirant à un régime fort. Ce régime, Georges Valois pensait que ce devait être la monarchie : il la concevait « comme un pouvoir réalisant ce que la démocratie n’avait pu faire contre la ploutocratie ». Ayant présenté son manuscrit à Paul Bourget, celui-ci le communiqua à Charles Maurras. Telle fut l’origine des relations entre l’ancien socialiste libertaire et le directeur de L’Action française.

Relatant après sa rupture avec Maurras son premier contact avec celui-ci, Valois écrivait : « C’est sur le problème économique et social que nous nous heurtâmes immédiatement. Dans la suite, Maurras s’abstint de renouveler cette dispute. Sa décision avait été prise ; il avait compris qu’il était préférable de m’associer à son œuvre et de m’utiliser en s’efforçant de m’empêcher de produire toute la partie de mon œuvre qu’il n’acceptait pas » (1). On comprend sans peine que ce que Valois gardait d’esprit socialiste et révolutionnaire n’ait pas convenu à Maurras. Il ne faut pas oublier cependant qu’à cette époque, Maurras s’exprimait en termes fort sévères contre le capitalisme, auquel il opposait l’esprit corporatif de l’ancien régime. Tout en défendant les principes d’ordre et d’autorité, il n’hésitait pas à défendre les syndicats contre le faux ordre et l’autorité abusive des dirigeants républicains. C’est ainsi que Maurras fut le seul grand journaliste de droite à flétrir la sanglante répression organisée par Clemenceau, président du Conseil, contre les grévistes de Draveil, dans les derniers jours de juillet 1908 :

« Cuirassiers, dragons et gendarmes », écrivait Maurras dans L’Action française, se sont battus comme nos braves troupes savent se battre. À quoi bon ? Pourquoi ? Et pour qui ? « Nous le savons. C’est pour que le vieillard à peine moins sinistre que Thiers, à peine moins révolutionnaire, puisse venir crier à la tribune. qu’il est l’ordre, qu’il est la propriété, qu’il est le salut. Nous ne dirons pas à ce vieillard sanglant qu’il se trompe. Nous lui dirons qu’il ment. Car il a voulu ce carnage. Cette tuerie n’est pas le résultat de la méprise ou de l’erreur. On ne peut l’imputer à une faute de calcul. Il l’a visée... Ce fidèle ministre d’Édouard VII ne mérite pas d’être flétri en langue française. L’épithète qui lui revient, je la lui dirai en anglais, où elle prendra quelque force : Bloody ! »

Les jours suivants, Maurras écrivait encore :

« La journée de Draveil a été ce que l’on a voulu qu’elle fût. M. Clemenceau n’a pratiqué ni le système du laisser-faire ni le système des justes mesures préventives, parce que dans les deux cas, surtout dans le second, il y avait d’énormes chances d’éviter cette effusion de sang qu’il lui fallait pour motiver les arrestations de vendredi et pour aboutir à l’occupation administrative et à la pénétration officielle de la Confédération générale du travail » (2).

Il est normal que le Maurras de cette époque ait pu attirer Georges Valois. Il attira aussi, pendant quelque temps, Georges Sorel lui-même : « Je ne pense pas, écrivait ce dernier à Pierre Lasserre en juin 1909, que personne (sauf probablement Jaurès) confonde l’ardente jeunesse qui s’enrôle dans l’Action française avec les débiles abonnés du Gaulois ». Il voyait dans le mouvement de Charles Maurras la seule force nationaliste sérieuse. « Je ne suis pas prophète, disait-il à Jean Variot. Je ne sais pas si Maurras ramènera le roi en France. Et ce n’est pas ce qui m’intéresse en lui. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il se dresse devant la bourgeoisie falote et réactionnaire, en lui faisant honte d’avoir été vaincue et en essayant de lui donner une doctrine ». En 1910, Sorel écrivait à Maurras pour le remercier de lui avoir envoyé son Enquête sur la monarchie. « Je suis, disait-il notamment, depuis longtemps frappé de la folie des auteurs contemporains qui demandent à la démocratie de faire un travail que peuvent seules aborder les royautés pleines du sentiment de leur mission » (3).

Cependant, Sorel gardait ses distances vis-à-vis de l’Action française. Georges Valois avait au contraire adhéré au mouvement peu de temps après sa première rencontre avec Maurras. On trouve l’expression de ses idées à l’époque dans La révolution sociale ou le roi et dans L’Enquête sur la monarchie et la classe ouvrière. Le titre du premier de ces essais suffit à montrer la rupture de Valois avec les formations de gauche. La thèse de Valois est que la Révolution de 1789 n’a pas été le triomphe de la bourgeoisie contre le peuple, comme on le dit souvent, mais le triomphe de « déclassés de toutes les classes » aussi bien contre la bourgeoisie que contre le peuple et l’aristocratie. Sans doute les républicains surent-ils se concilier une partie de la bourgeoisie, plus spécialement celle « qui, au temps de Louis-Philippe et sous l’Empire, voit sa puissance économique s’accroître avec une rapidité extrême, c’est-à-dire la bourgeoisie industrielle, urbaine, qui fait à ce moment un effort de production énorme et se croit volontiers dominatrice » (4). Mais en fait cette bourgeoisie a été dupée par les politiciens qui gouvernaient en son nom. Après avoir séparé cette bourgeoisie urbaine des agriculteurs. les politiciens républicains ont excité le peuple contre elle. Et la bourgeoisie qui domine vraiment l’État n’est pas cette bourgeoisie dupée, c’est celle de ce que Maurras appelle « les quatre États confédérés » : les Juifs, les Métèques, les Protestants et les Maçons.

La trahison socialiste

Ce phénomène politique, remarque Valois, échappe au prolétariat, qui n’est pas représenté par les siens au Parlement. Il y a en France un parti socialiste, mais Valois pense, comme Georges Sorel et Édouard Berth, que ce parti ne vaut pas mieux que les autres partis républicains, qu’il est d’ailleurs le complice des partis dits bourgeois. Et il cite à ce sujet l’opinion de Sorel dans ses Réflexions sur la violence :

« Une agitation, savamment canalisée, est extrêmement utile aux socialistes parlementaires, qui se vantent, auprès du gouvernement et de la riche bourgeoisie, de savoir modérer la révolution ; ils peuvent ainsi faire réussir les affaires financières auxquelles ils s’intéressent, faire obtenir de menues faveurs à beaucoup d’électeurs influents, et faire voter des lois sociales pour se donner de l’importance dans l’opinion des nigauds qui s’imaginent que ces socialistes sont de grands réformateurs du droit. Il faut, pour que cela réussisse, qu’il y ait toujours un peu de mouvement et qu’on puisse faire peur aux bourgeois » (5).

Bref, les dirigeants socialistes dupent la classe ouvrière, exactement comme ceux des partis républicains libéraux dupent la classe bourgeoise ; ce ne sont pas de véritables anti-capitalistes, mais les serviteurs d’un capitalisme étranger, auquel ils sacrifient le mouvement syndical. « C’est pourquoi, écrit Valois, les républicains nourrissent une hostilité irréductible à l’égard du mouvement syndicaliste, et c’est ce qui doit montrer à nos camarades qui sont profondément pénétrés de la nécessité de l’action syndicale que l’État républicain et l’organisation syndicale ouvrière sont deux faits qui s’excluent l’un l’autre » (6). Certains militants syndicalistes en sont d’ailleurs convaincus, et ils préfèrent l’action directe à une action s’exerçant par l’intermédiaire des pouvoirs publics. Valois se déclare d’accord avec eux, mais il entend leur faire admettre que leur esprit de classe n’est nullement incompatible, bien au contraire, avec l’adhésion à la monarchie.

Ce n’est pas, précise Valois, la violence révolutionnaire qui peut effrayer les militants monarchistes, qui comptent dans leurs rangs plus de non-possédants que de possédants. Les monarchistes rejettent la révolution sociale parce qu’elle représente l’extension à la vie économique de l’erreur politique démocratique, parce qu’elle introduirait la démagogie au cœur de la production. Il y aurait sans doute une réaction contre les conséquences de cette démagogie, mais les travailleurs en seraient les premières victimes : « Il se constituerait rapidement, dans chaque groupe de producteurs, une petite aristocratie qui régnerait sur la masse par la terreur et la corruption, embrigaderait une sous-aristocratie par de menues faveurs, et imposerait ainsi à la majorité la même loi de travail qu’imposent aujourd’hui les capitalistes, et en profiterait » (7). De plus, la révolution entraînerait la disparition de l’or, lequel constitue une garantie irremplaçable. Pour en retrouver, les révolutionnaires devraient faire appel aux capitalistes soi-disant favorables à leur cause, c’est-à-dire aux capitalistes juifs. « C’est vers eux, écrit Valois, que l’on se tournera pour résoudre le problème de la circulation des produits interrompue par l’absence d’or, et si l’on ne songe pas à eux tout d’abord, leurs agents, juifs et non juifs, seront chargés de diriger les pensées vers eux. On leur demandera de l’or, et ils le prêteront ; ils le prêteront en apparence sans exiger de garanties, mais en s’assurant en fait des garanties solides ». Les travailleurs ne se libéreraient d’une exploitation nationale que pour tomber sous le joug d’une exploitation internationale, plus dangereuse parce que plus puissante. « Il est probable qu’un terrible mouvement antisémite se développerait et se manifesterait par le plus beau massacre de Juifs de l’histoire ; mais les Juifs feraient alors appel aux armes étrangères pour leur défense, et se maintiendraient avec le concours de l’étranger, avec qui ils dépouilleraient la nation toute entière » (8). N’oublions pas que ces lignes furent écrites peu après l’affaire Dreyfus, en un temps où l’antisémitisme le plus frénétique fleurissait dans de vastes secteurs de l’opinion française.

L’appel au roi, solution sociale

Pour éviter ce remplacement de l’exploitation présente par une exploitation plus dure encore, Valois ne voit qu’une solution : l’appel au roi. Le roi ne saurait être le défenseur d’une seule classe sociale ; il est l’arbitre indépendant et souverain dont toutes les classes ont besoin pour défendre leur intérêt commun. Il ne peut souhaiter que la prospérité générale de la nation, et donc la prospérité de la classe ouvrière. « Il sait que des bourgeois, ou des politiciens qui n’ont aucune profession avouable, ne peuvent en aucune manière représenter le peuple des travailleurs ; pour connaître les besoins de la classe ouvrière, il appelle donc dans ses conseils les vrais représentants de cette classe, c’est-à-dire les délégués des syndicats, des corporations, des métiers. Le roi doit donc non seulement favoriser, mais provoquer le développement intégral de l’organisation ouvrière, en faisant appel à ce qui lui donne son caractère rigoureusement ouvrier : l’esprit de classe. En effet, pour que les républiques ouvrières envoient auprès du roi leurs vrais représentants, il faut qu’elles soient impénétrables à tout élément étranger à la classe ouvrière ; il faut donc que les travailleurs aient une vive conscience de classe qui les amène à repousser instinctivement les politiciens, les intellectuels et les bourgeois fainéants qui voudraient pénétrer parmi eux pour les exploiter » (9).

L’esprit de classe ainsi envisagé ne conduit donc pas à la lutte de classe au sens marxiste du terme, il n’est pas question d’établir la dictature du prolétariat ; la bourgeoisie a un rôle nécessaire à jouer dans la société nationale, et il importe qu’elle joue ce rôle en développant au maximum l’effort industriel. Les ouvriers ont besoin de patrons, et même, dit Valois, de patrons « durs », car la classe ouvrière préfère infiniment des capitalistes ardents au travail, et sachant rémunérer les services rendus, que des patrons « philantropiques », dont l’attitude est pour elle offensante. Autrement dit, l’égoïsme vital du producteur est préférable à la bienveillance du paternaliste, à condition que cet égoïsme soit orienté dans le sens de l’intérêt national.

Telles étaient les idées que Georges Valois tentait de répandre dans les milieux ouvriers. Certaines réponses au questionnaire qu’il avait adressé à des personnalités syndicalistes sur la Monarchie et la classe ouvrière le fortifièrent dans ses convictions. Ces personnalités étaient en effet d’accord avec lui pour penser que « le régime républicain parlementaire est incompatible avec l’organisation syndicale, et que la République est essentiellement hostile aux classes ouvrières » (10). La raison de cet état de choses résidait pour Valois dans le libéralisme hérité de 89, ennemi des associations ouvrières détruites par la loi Le Chapelier. Mais il prenait soin de montrer que le socialisme n’était pas un remède aux maux du libéralisme. « Les systèmes socialistes collectivistes, écrivait-il, développent les principes républicains, transportent le principe de l’égalité politique dans l’économie, et, construits en vue d’assurer à tous les hommes des droits égaux et des jouissances égales, ils refusent aux citoyens, comme le fait l’État républicain, le droit de « se séparer de la chose publique par un esprit de corporation ». En face de la collectivité propriétaire de tous les biens, en face de l’État patron, les travailleurs sont privés du droit de coalition. Ils devront subir les conditions de travail qui seront établies par la collectivité, pratiquement par l’État, c’est-à-dire par une assemblée de députés, et ils ne pourront les modifier que par l’intermédiaire de leurs députés... » (11).

Refusant l’étatisme socialiste, Valois condamnait également l’anarchie, celle-ci refusant les disciplines syndicales aussi bien que toutes les autres, et étant « en rébellion aussi bien contre les nécessités de la production que contre les lois des gouvernements ».

Les syndicats doivent avant tout se défendre contre la pénétration d’éléments qui tentent de les politiser. Valois s’inquiète à ce propos de l’évolution de la Confédération générale du travail, victime des conséquences d’une centralisation abusive : « Mille syndicats, cinquante fédérations, réunis par leurs chefs dans un seul organisme, loin de leurs milieux naturels, installés dans des bureaux communs, où pénètre qui veut, sont sans défense contre la bande de journalistes, d’intellectuels et de politiciens sans mandat qui envahissent les bureaux, qui rendent des services personnels aux fonctionnaires syndicaux, recherchent leur amitié et leur demandent, non l’abandon de leurs principes mais une collaboration secrète. Le péril pour le syndicalisme est là » (12).

Pour rendre à la vie syndicale son vrai caractère, il faut revenir à la vie corporative : non pas ressusciter les anciennes corporations, mais fonder de nouvelles associations professionnelles répondant aux nécessités modernes. Toutefois, Valois est formel sur ce point : aucune nouvelle vie corporative ne sera possible tant que la démocratie parlementaire ne sera pas remplacée par la monarchie.

Valois à l’Action française

Les idées politiques et sociales de Georges Valois s’accordaient donc exactement avec celles de Maurras et de L’Action française. Cependant Maurras ne fit pas immédiatement appel à lui pour traiter des questions économiques et sociales dans sou journal : il préférait dans ce domaine la collaboration de disciples de La Tour du Pin, plus modérés ou plus effacés que Valois. Ce dernier chercha à s’exprimer dans des publications autonomes. La création d’une revue réunissant des syndicalistes et des nationalistes, La Cité française, fut décidée. Georges Sorel, qui avait promis sa collaboration, rédigea lui-même la déclaration de principe. « La démocratie confond les classes, y lisait-on, afin de permettre à quelques bandes de politiciens, associés à des financiers ou dominés par eux, l’exploitation des producteurs. Il faut donc organiser la cité en dehors des idées démocratiques, et il faut organiser les classes en dehors de la démocratie, malgré la démocratie et contre elle. Il faut réveiller la conscience que les classes doivent posséder d’elles-mêmes et qui est actuellement étouffée par les idées démocratiques. Il faut réveiller les vertus propres à chaque classe, et sans lesquelles aucune ne peut accomplir sa mission historique » (13).

Mais la Cité française ne fut qu’un projet. Selon Pierre Andreu, historien de Georges Sorel, c’est l’Action française, « voulant s’assurer à la faveur d’une querelle Valois-Variot une sorte de mainmise occulte sur l’avenir de la revue », qui empêcha celle-ci de voir le jour. Les jeunes « soréliens » de l’Action française ne se découragèrent pas, et en mars 1911, Valois créait avec Henri Lagrange le Cercle Proudhon. Les plus audacieux, et les plus ouverts des jeunes intellectuels de l’Action française furent attirés par ce groupe, dont Maurras approuvait les intentions. Mais Georges Sorel se montrait maintenant sceptique sur la possibilité de. défendre la pensée syndicaliste en subissant trop étroitement l’influence maurrassienne. L’éclatement de la guerre de 14 mit un terme à cette tentative de réunion des éléments monarchistes et syndicalistes.

Cette tentative portait cependant quelques fruits. Georges Valois prit la parole dans les congrès de l’Action française de 1911, 1912 et 1913, afin d’expliquer aux militants « bourgeois » du mouvement les raisons pour lesquelles ils devaient souhaiter l’alliance des syndicalistes, victimes du régime démocratique. Ses interventions obtinrent un grand succès, ce qui n’est pas surprenant, car le tempérament « révolutionnaire » des militants d’Action française leur permettait de comprendre le point de vue de Valois, même lorsqu’il faisait appel à des notions ou à des principes assez éloignés, du moins en apparence, de leurs propres convictions traditionalistes.

D’autre part, Valois fut bientôt appelé à diriger une maison d’édition, la Nouvelle librairie nationale, destinée à grouper les auteurs membres ou amis de l’Action française. Maurras, Daudet, Bainville, Bourget et aussi Maritain et Guénon, furent parmi les auteurs de cette maison, qui devait subsister jusqu’en 1927. Mobilisé en 1914, Valois put reprendre son activité en 1917. Outre la direction de la Nouvelle librairie nationale, il décida de donner une nouvelle impulsion à son action sociale. Il eut l’idée de créer des sociétés corporatives, et d’organiser des semaines - notamment du Livre et de la Monnaie - pour mieux faire comprendre la portée concrète de ses idées. « Tout cela, écrira-t-il plus tard, était pour moi la construction de nouvelles institutions. Les gens de l’Action française n’y comprenaient absolument rien. Je cherchais le type nouveau des assemblées du monde moderne. Pendant que les gens de l’Action française continuaient de faire des raisonnements, je travaillais à la construction de ces institutions ».

En parlant de la sorte des « gens d’Action française », Georges Valois vise évidemment les dirigeants et les intellectuels du mouvement, et non ses militants, auprès desquels il jouissait d’une importante audience. Il se heurtait en effet à une certaine méfiance de la part des comités directeurs de l’Action française, qui n’avaient sans doute jamais pris très au sérieux les intentions du Cercle Proudhon. Pour éclaircir la situation, Valois eut un entretien avec Maurras et Lucien Moreau. Il déclara à Maurras que, selon lui, il fallait maintenant préparer la prise du pouvoir, et ne plus se contenter de l’action intellectuelle. Il lui demanda s’il avait un plan de réalisation de ses idées. « Maurras, écrit-il, fut extrêmement embarrassé par mes questions. Il nous fit un discours d’une demi-heure pour me démontrer que, nécessairement, il avait toujours pensé à faire ce qu’il disait. Je lui demandais des ordres, il n’en donna aucun. Alors je lui indiquai un plan et lui déclarai qu’il était absolument impossible de faire adhérer les Français à la monarchie ; que la seule chose possible était de sortir du gâchis parlementaire par une formule pratique, de faire une assemblée nationale et d’y poser les questions fondamentales » (14).

Il y avait donc eu, chez Valois, une évolution assez sensible par rapport à ses positions d’avant 1914. À ce moment-là, il ne s’employait pas seulement à faire comprendre aux monarchistes traditionalistes la légitimité du syndicalisme, mais aussi à faire comprendre aux syndicalistes la nécessité de la monarchie. En 1922, l’idée de rallier les élites du monde du travail à la solution monarchiste lui semblait donc assez vaine. D’autre part, il ne s’intéressait plus seulement aux forces ouvrières, mais, semble-t-il, à l’ensemble des forces économiques du pays. Le doctrinaire élargissait son horizon, peut-être parce que les nécessités de l’action l’obligeaient à le faire.

Son idée principale était de lancer à travers toute la France une « convocation des États généraux », créant ainsi la représentation réelle des forces nationales, par opposition à la représentation artificielle du parlementarisme. Maurras pouvait difficilement être contre un principe aussi conforme à sa doctrine, et notamment à sa fameuse distinction entre le pays réel et le pays légal. Il donna donc son accord pour ce projet. Celui-ci n’eut qu’un commencement de réalisation, l’assassinat par une militante anarchiste du meilleur ami de Valois à l’Action française, Marius Plateau, ayant interrompu le travail en cours. Les autres dirigeants de l’Action française étaient plus ou moins hostiles au projet de Valois, auquel ils préféraient la préparation de leur participation aux élections de 1924. Mais à ces élections, les candidats de l’Action française furent largement battus.

C’est alors que Georges Valois songea à mener son combat en marge de l’Action française, sans rompre cependant avec celle-ci. Il prépara notamment « une action en direction des Communistes, pour extraire des milieux communistes des éléments qui n’étaient attachés à Moscou que par déception de n’avoir pas trouvé jusque-là un mouvement satisfaisant pour les intérêts ouvriers ». Naturellement, l’action comportait une large participation ouvrière à tout le mouvement, par incorporation de militants ouvriers au premier rang du mouvement (15). Pour appuyer cette action, Valois décidait de créer un hebdomadaire, Le Nouveau Siècle.

Dans le premier numéro du journal, paru le 25 février 1925, on peut lire une déclaration que vingt-huit personnalités - parmi lesquelles Jacques Arthuys, Serge André, René Benjamin, André Rousseaux, Henri Ghéon, Georges Suarez, Jérôme et Jean Tharaud, Henri Massis - ont signée aux côtés de Valois. Le Nouveau Siècle, y lit-on notamment, est fondé pour « exprimer l’esprit, les sentiments, la volonté » du siècle nouveau né le 2 août 1914. Il luttera pour les conditions de la victoire, que l’on a volée aux combattants : « Un chef national, la fraternité française, une nation organisée dans ses familles, ses métiers et ses provinces, la foi religieuse maîtresse d’elle-même et de ses œuvres ; la justice de tous et au-dessus de tous ».

« Nous travaillerons, disent encore les signataires, à former ou à reformer les légions de la victoire, légions de combattants, de chefs de familles, de producteurs, de citoyens ». On peut penser qu’il s’agit de faire la liaison entre différents mouvements nationaux tels que l’Action française, les Jeunesses patriotes et quelques autres. Mais le 11 novembre de cette même années 1925, Georges Valois annonce la fondation d’un nouveau mouvement, le Faisceau, qui sera divisé en quatre sections : Faisceau des combattants, Faisceau des producteurs, Faisceau civique et Faisceau des jeunes.

La ressemblance avec le fascisme italien est évidente. Valois a d’ailleurs salué l’expérience italienne avant de fonder son parti. Le mouvement fasciste, dit-il, est « le mouvement par lequel l’Europe contemporaine tend à la création de l’État moderne ». Ce n’est pas une simple opération de rétablissement de l’ordre : c’est la recherche d’un État nouveau qui permettra de faire concourir toutes les forces économiques au bien commun. Mais Valois souligne le caractère original du mouvement : « Le fascisme italien a sauvé l’Italie en employant des méthodes conformes au génie italien, le fascisme français emploiera des méthodes conformes au génie français ».

valois2livre.jpgMaurras se fâche

Maurras n’avait pas fait d’objections à ce que Valois entreprit un effort parallèle à celui de l’Action française. Valois fut bientôt désagréablement surpris de voir que Maurras cherchait à faire subventionner L’Action française par le principal commanditaire de son propre hebdomadaire, qu’il avait lui-même encouragé à aider l’Action française à un moment donné. D’autres difficultés surgirent. Maurras reprocha à Valois l’orientation qu’il donnait à sa maison d’édition. Mais Valois eut surtout le sentiment que les campagnes de son hebdomadaire « concernant les finances, la monnaie et la bourgeoisie », déplaisaient souverainement, sinon à L’Action française elle-même, du moins à certaines personnalités politiques ou financières avec lesquelles L’Action française ne voulait pas se mettre en mauvais termes. Un incident vint transformer ces difficultés en pure et simple rupture. Tout en animant son hebdomadaire, Valois continuait à donner des articles à L’Action française. Maurras lui écrivit à propos de l’un d’eux, regrettant de ne pas avoir pu supprimer cet article faute de temps, et se livrant à une vive critique de fond :

« Il suffit de répondre « non » à telle ou telle de vos questions pour laisser en l’air toute votre thèse. Il n’est pas vrai que « la » bourgeoisie soit l’auteur responsable du parlementarisme. Le régime est au contraire né au confluent de l’aristocratie et d’une faible fraction de la bourgeoisie (...) Les éléments protestants, juifs, maçons, métèques y ont joué un très grand rôle. L’immense, la déjà immense bourgeoisie française n’y était pour rien. Pour rien. « Maigre rectification historique ? Je veux bien. Mais voici la politique, et cela est grave. Depuis vingt-six ans, nous nous échinons à circonscrire et à limiter l’ennemi ; à dire : non, la révolution, non, le parlementarisme, non, la république, ne sont pas nés de l’effort essentiel et central du peuple français, ni de la plus grande partie de ce peuple, de sa bourgeoisie. Malgré tous mes avis, toutes mes observations et mes adjurations, vous vous obstinez au contraire, à la manœuvre inverse, qui est d’élargir, d’étendre, d’épanouir, de multiplier l’ennemi ; c’est, maintenant, le bourgeois, c’est-à-dire les neuf dixièmes de la France. Eh bien, non et non, vous vous trompez, non seulement sur la théorie, mais sur la méthode et la pratique. Vous obtenez des résultats ? Je le veux bien. On vous dirait en Provence que vous aurez une sardine en échange d’un thon. Je manquerais à tous mes devoirs si je ne vous le disais pas en toute clarté. Personne ne m’a parlé, je n’ai vu personne depuis que j’ai lu cet article et ai dû le laisser passer, et si je voyais quelqu’un, je le défendrais en l’expliquant, comme il m’est arrivé si souvent ! Mais, en conscience, j’ai le devoir de vous dire que vous vous trompez et que cette politique déraille. Je ne puis l’admettre à l’AF ».

Pour Georges Valois, l’explication de l’attitude de Maurras était claire : « Maurras et ses commanditaires avaient toléré ma politique ouvrière, tant qu’ils avaient pu la mener sur le plan de la littérature, mais du jour où je déclarais que nous passions à l’action pratique, on voulait m’arrêter net » (16).

Entre les deux hommes, une explication décisive eut lieu. Maurras reprocha notamment à Valois de détourner de l’argent de L’Action française vers son propre hebdomadaire. Valois contesta bien entendu cette affirmation, et démissionna de l’Action française et des organisations annexes de celle-ci auxquelles il appartenait.

La rupture était-elle fatale ? Y avait-il réellement incompatibilité totale entre la pensée de Maurras et celle de Valois ? Il est intéressant d’examiner à ce propos les « bonnes feuilles » d’un livre de Valois, parues dans l’Almanach de l’Action française de 1925 - c’est-à-dire un peu plus d’un an avant sa rupture avec celle-ci - livre intitulé : La révolution nationale. (Notons en passant que c’est probablement à Valois que le gouvernement du maréchal Pétain emprunta le slogan du nouveau régime de 1940).

Valois affirme d’abord que l’État français a créé une situation révolutionnaire, parce qu’il s’est révélé « totalement incapable d’imaginer et d’appliquer les solutions à tous les problèmes nés de la guerre ». Et selon Valois, cette révolution a commencé le 12 août 1914 avec ce que Maurras a appelé la monarchie de la guerre : c’est le moment où l’esprit héroïque s’est substitué à l’esprit mercantile et juridique. Mais après l’armistice, l’esprit bourgeois a repris le dessus, et cet esprit a perdu la victoire. Les patriotes le comprennent, ils se rendent compte qu’ils doivent détruire l’État libéral et ses institutions politiques, économiques et sociales, et le remplacer par un État national.

À l’échec du Bloc national - faussement national, selon Valois -, succède l’échec du Bloc des gauches. Ces deux échecs n’en font qu’un : c’est l’échec de la bourgeoisie, qu’elle soit conservatrice, libérale ou radicale. « La bourgeoisie s’est révélée impuissante, en France comme dans toute l’Europe, au gouvernement des États et des peuples ». Valois n’entend pas nier les vertus bourgeoises, qui sont grandes lorsqu’elles sont à leur place, c’est-à-dire dans la vie municipale et corporative, économique et sociale, mais il estime qu’elles ne sont pas à leur place à la tête de l’État. C’est qu’originairement, le bourgeois est l’homme qui a restauré la vie économique, dans des villes protégées par les combattants, qui tenaient les châteaux-forts et chassaient les brigands. Pour l’esprit bourgeois, de ce fait, « le droit, c’est un contrat, tandis que le droit, pour le combattant, naît dans le choc des épées. La loi bourgeoise a été celle de l’argent, tandis que la loi du combattant était celle de l’héroïsme ».

La paix ayant été restaurée, l’esprit bourgeois a voulu commander dans l’État. Or l’esprit bourgeois ne peut réellement gouverner : et le pouvoir est usurpé par les politiciens et la ploutocratie. L’illusion bourgeoise consiste à croire que la paix dépend de la solidarité économique, alors qu’elle dépend d’abord de la protection de l’épée. L’exemple de Rome le prouve : la paix romaine a disparu quand l’esprit mercantile l’a emporté sur l’esprit héroïque.

À la tête de l’État national dont rêve Valois, il y aura évidemment le roi, dont l’alliance avec le peuple sera le fruit de la révolution nationale. Et Valois veut espérer que certains Français, « qui paraissent loin de la patrie aujourd’hui », se rallieront à cette révolution, et notamment certains communistes : « Parmi les communistes, il y a beaucoup d’hommes qui ne sont communistes que parce qu’ils n’avaient pas trouvé de solution au problème bourgeois ». Le communisme leur dit qu’il faut supprimer la bourgeoisie, mais cette solution est absurde : la seule solution réaliste consiste à remettre les bourgeois à leur place, et au service de l’intérêt national. « Quand cette solution apparaît, le communiste est en état de changer ses conclusions, s’il n’a pas l’intelligence totalement fermée. Alors, il s’aperçoit qu’il n’est pas autre chose qu’un fasciste qui s’ignore ».

À l’époque où Valois écrit ces lignes, Mussolini est au pouvoir depuis deux ans. Valois n’ignore pas que son maître Georges Sorel est l’un des doctrinaires contemporains qui ont le plus fortement influencé le chef du nouvel Flat italien. Et il estime que le fascisme n’est pas un phénomène spécifiquement italien, qu’il y a dans le fascisme des vérités qui valent pour d’autres pays que l’Italie :

« Il y a une chose remarquable : le fascisme et le communisme viennent d’un même mouvement. C’est une même réaction contre la démocratie et la ploutocratie. Mais le communisme moscovite veut la révolution internationale parce qu’il veut ouvrir les portes de l’Europe à ses guerriers, qui sont le noyau des invasions toujours prêtes à partir pour les rivages de la Méditerranée. Le fasciste latin veut la révolution nationale, parce qu’il est obligé de vivre sur le pays et par conséquent d’organiser le travail sous le commandement de sa loi nationale ».

L’œuvre de la révolution nationale ne se limitera pas à la restauration de l’État ; celle-ci étant accomplie, la France prendra l’initiative d’une nouvelle politique européenne :

« Alors, sous son inspiration (la France), les peuples formeront le faisceau romain, le faisceau de la chrétienté, qui refoulera la Barbarie en Asie ; il y aura de nouveau une grande fraternité européenne, une grande paix romaine et franque, et l’Europe pourra entrer dans le grand siècle européen qu’ont annoncé les combattants, et dont les premières paroles ont été celles que Maurras a prononcées au début de ce siècle., lorsque par l’Enquête sur lu monarchie, il rendit à l’esprit ses disciplines classiques ».

Dans ce même Almanach de l’Action française, on peut lire également un reportage d’Eugène Marsan sur l’Italie de Mussolini. L’un des principaux dirigeants fascistes, Sergio Panunzio, ayant déclaré que le nouvel Etat italien devait être fondé sur les syndicats, Eugène Marsan commente :

« Une monarchie syndicale, pourquoi non ? Le danger à éviter serait un malheureux amalgame du politicien et du corporatif, qui corromprait vite ce dernier et rendrait vaine toute la rénovation. Puissent y songer tous les pays que l’on aime. Un siècle de palabre démocratique nous a tous mis dans un chaos dont il faudra bien sortir ».

Ce commentaire correspond exactement aux idées de Valois, telles que nous les avons examinées ci-dessus. Il faut noter également qu’il vient en conclusion d’un article extrêmement élogieux pour Mussolini et son régime. Or l’Almanach d’Action française était un organe officiel de celle-ci, les articles qui y paraissaient étaient évidemment approuvés par Maurras. Ce dernier avait-il changé d’avis sur l’Italie fasciste un an plus tard. en 1926 ? Rien ne permet de l’affirmer, au contraire : douze ans après, en 1937, Maurras lui-même publiait dans Mes idées politiques, un vibrant éloge du régime mussolinien. Remarquons encore que l’on peut lire dans ce même Almanach d’AF de 1925 un article d’Henri Massis figurant entre celui de Valois et celui de Marsan, sur « L’offensive germano-asiatique contre la culture occidentale », et dénonçant la conjonction du germanisme et de l’orientalisme contre la culture gréco-latine. On sait que Maurras voyait précisément dans le fascisme une renaissance latine, et qu’il comptait beaucoup sur le rôle qu’une Italie forte pourrait jouer dans une éventuelle union latine pour résister à la fois à l’influence germanique et à l’influence anglo-saxonne en Europe. La position de Georges Valois concernant le fascisme s’accordait donc avec ses propres vues.

C’est plutôt, semble-t-il, les positions de Valois en politique intérieure française qui provoquèrent son inquiétude. La lettre que nous avons citée prouve que l’« antibourgeoisisme » de Valois, admis par Maurras en 1925. lui parut inquiétant l’année suivante. Toutefois ce dissentiment d’ordre doctrinal aurait peut-être pu s’arranger, sans les malentendus qui s’accumulaient entre les dirigeants de l’Action française et Georges Valois. À tort ou à raison, certains membres des comités directeurs de l’Action française - et notamment Maurice Pujo - persuadèrent Maurras que Valois, loin de servir l’Action française, ne songeait qu’à s’en servir au profit de son action personnelle. Dans un tel climat, la rupture était inévitable.

L’heure du faisceau

Après avoir démissionné de l’Action française, Valois décida de fonder un nouveau mouvement politique : ce fut la création du Faisceau, mouvement fasciste français. La parenté du mouvement avec le fascisme italien se manifestait non seulement par sa doctrine. mais aussi par le style des militants, qui portaient des chemises bleues. Si Valois n’entraîna guère de militants d’Action française, il obtint en revanche l’adhésion d’un certain nombre de syndicalistes, heureux de sa rupture avec Maurras. À la fin de l’année 1925, le Faisceau bénéficiait de concours assez importants pour que Valois pût décider de transformer le Nouveau Siècle hebdomadaire en quotidien.

Mais, pour ses anciens compagnons de l’Action française, Georges Valois devenait ainsi un gêneur et même un traître, dont il fallait au plus vite ruiner l’influence. En décembre 1925, les camelots du roi réussirent à interrompre une réunion du Faisceau. Un peu plus tard, les militants de Valois se vengèrent en organisant une « expédition » dans les locaux de l’Action française. Le quotidien de Maurras déclencha une très violente campagne contre Valois, qu’il accusait d’être en rapport avec la police, d’avoir volé les listes d’adresses de l’Action française au profit de son mouvement, d’avoir indûment conservé la Nouvelle librairie nationale, d’émarger aux fonds secrets, et enfin d’être à la solde d’un gouvernement étranger, le gouvernement italien.

Après une année de polémiques, Valois intenta un procès à l’Action française. Ce fut l’un des plus importants procès de presse de cette époque : le compte-rendu des débats, réuni en volume, remplit plus de six cents pages. On entendit successivement les témoins de l’Action française et ceux de Valois. Rien n’est plus pénible que les querelles entre dissidents et fidèles d’un même mouvement, quel qu’il soit. De part et d’autre, les années de fraternité, de luttes communes pour un même idéal, sont oubliées : les dissentiments du présent suffisent à effacer les anciennes amitiés. Il en fut naturellement ainsi au procès Valois-Action française.

Nous n’évoquerons pas ici les discussions des débats, concernant mille et un détails de la vie du journal et du mouvement de Maurras. Nous dirons seulement que le compte-rendu du procès prouve que la querelle relevait davantage de l’affrontement des caractères que des divergences intellectuelles.

Les dirigeants de l’Action française insistèrent avant tout sur le « reniement » de Georges Valois, qui traitait Charles Maurras de « misérable » après l’avoir porté aux nues. L’un des avocats de l’Action française, Marie de Roux, donna lecture d’un hommage de Valois destiné à un ouvrage collectif, dans lequel le futur chef du Faisceau écrivait notamment :

« Maurras possède le don total du commandement. Ce n’est pas seulement ce don qui fait plier les volontés sous un ordre et les entraîne malgré ce mouvement secret de l’âme qui se rebelle toujours un peu au moment où le corps subit l’ordre d’une autre volonté. Le commandement de Maurras entraîne l’adhésion entière de l’âme ; il persuade et conquiert. L’homme qui s’y conforme n’a pas le sentiment d’être contraint, ni de subir une volonté qui le dépasse ; il se sent libre ; il adhère ; le mouvement où il est appelé est celui auquel le porte une décision de sa propre volonté. Il y a deux puissances de commandement : l’une qui courbe les volontés, l’autre qui les élève, les associe et les entraîne. C’est celle-ci que possède Maurras. Vous savez que c’est la plus rare, la plus grande et la plus heureuse » (17).

Celui qui avait écrit ces lignes avait-il vraiment commis les vilenies que lui reprochait l’Action française ? À distance, l’attitude de Valois ne semble pas justifier ce qu’en disaient ses anciens compagnons. Il avait tenté d’agir selon la ligne qui lui semblait la plus efficace ; Maurras ne l’avait pas approuvé, il avait repris sa liberté. Avait-il vraiment utilisé, pour sa nouvelle entreprise, les listes de l’Action française ? C’est assez plausible mais n’était-ce pas jusqu’à un certain point son droit, s’il estimait que Maurras ne tenait pas ses promesses et qu’il fallait le faire comprendre à ses militants ? L’affaire de la Nouvelle librairie nationale était complexe : Valois y tenait ses fonctions de l’Action française, mais il avait beaucoup fait pour la développer, et il était excusable de considérer que cette entreprise d’édition était plus ou moins devenue sienne. Quant aux accusations les plus graves - l’émargement aux fonds secrets, l’appartenance à la police et les subventions du gouvernement italien - l’Action française faisait état d’indices et de soupçons, plutôt que de preuves. On constatait que l’action de Valois devenu dissident de l’Action française divisait les forces nationalistes, on en concluait qu’elle devait avoir l’appui de la police politique ; celle-ci se réjouissait certainement de cet état de choses, mais cela ne suffisait pas à prouver qu’elle l’eût suscité. De même, les fonds relativement importants dont disposait Georges Valois pouvaient provenir aussi bien de capitalistes, désirant dans certains cas garder l’anonymat, que des fonds secrets. Les subventions du gouvernement italien étaient une autre hypothèse : Valois avait été reçu par Mussolini, il connaissait certaines personnalités du fascisme italien ; cela permettait des suppositions, et rien de plus.

Sans doute était-il gênant, pour Georges Valois, d’entendre rappeler l’éloge qu’il avait fait de l’homme qu’il traitait désormais de « misérable ». Mais on assistait, dans l’autre camp, à un phénomène analogue. Si Valois n’était plus pour Maurras, depuis la fondation du Faisceau, que « la bourrique Gressent, dit Valois » ou « Valois de la rue des Saussaies », il avait été tout autre chose peu de temps auparavant. Le 12 octobre 1925, Maurras, annonçant à ses lecteurs la fondation du Nouveau Siècle, s’exprimait en ces termes :

« Je n’ai pas la prétention d’analyser la grande œuvre de spéculation et d’étude que Valois accomplit dans les vingt ans de sa collaboration à l’Action française. Les résultats en sont vivants, brillants, et ainsi assez éloquents ! de la librairie restaurée et développée à ces livres comme Le Cheval de Troie, confirmant et commentant des actes de guerre ; des admirables entreprises de paix telles que les Semaines et les États généraux à ces pénétrantes et décisives analyses de la situation financière qui ont abouti à la Ligue du franc-or, et aux ridicules poursuites de M. Caillaux. Georges Valois, menant de front la pensée et l’action avec la même ardeur dévorante et le même bonheur, a rendu à la cause nationale et royale de tels services qu’il devient presque oiseux de les rappeler ».

La déviation mussolinienne

Valois sortit vainqueur de sa lutte judiciaire contre l’Action française. Les membres du comité directeur du mouvement qu’il avait poursuivis furent condamnés à de fortes amendes. Mais cette victoire judiciaire ne fut pas suivie d’une victoire politique.

À sa fondation, le Faisceau avait recruté un nombre important d’adhérents, et le journal Le Nouveau Siècle avait obtenu des collaborations assez brillantes. Mais ni le nouveau parti, ni le nouveau journal ne purent s’imposer de façon durable. En 1927, le Faisceau déclinait rapidement ; le Nouveau Siècle quotidien redevenait hebdomadaire, et disparut l’année suivante. Cet échec avait plusieurs causes. La violente campagne de l’Action française contre Valois impressionnait vivement les sympathisants de. celle-ci et l’ensemble des « nationaux ». Le style para-militaire, l’uniforme que Valois imposait à ses militants paraissaient ridicules à beaucoup de gens. D’autre part, l’opinion publique se méfiait d’un mouvement s’inspirant trop directement d’un régime politique étranger. Les bailleurs de fonds du mouvement et du journal s’en rendirent compte, et coupèrent les vivres à Valois. Celui-ci fut bientôt mis en accusation par certaines personnalités du mouvement : né d’une dissidence, le Faisceau eut lui-même ses dissidents, entraînés par l’un des fondateurs du mouvement, Philippe Lamour Valois restait avec quelques milliers de partisans ; ceux-ci se séparèrent finalement de lui, pour former un Parti fasciste révolutionnaire, dont l’existence ne fut pas moins éphémère que celle du Faisceau.

Valois s’était efforcé de rompre avec les schémas idéologiques de l’Action française, aussitôt après l’avoir quittée. Férocement antisémite au début de son action, il estimait en 1926 que la rénovation économique et sociale qu’il appelait de ses vœux ne pouvait aboutir sans la participation des Juifs :

« Supposez que les Juifs entrent dans ce prodigieux mouvement de rénovation de l’économie moderne, et vous vous rendrez compte qu’ils y joueront un rôle de premier ordre, et qu’ils hâteront l’avènement du monde nouveau. « À cause de leur appétit révolutionnaire. À cause également de vertus qui sont les leurs, et qui s’exercent avec le plus grand fruit dans une nation sachant les utiliser. « En premier lieu, la vertu de justice. Il est connu dans le monde entier que les Juifs ont un sentiment de la justice extraordinairement fort. « C’est ce sentiment de la justice qui les portait vers le socialisme. Faites que ce sentiment s’exerce vers le fascisme, qui, parallèlement au catholicisme, aura une action sociale intense, et vous donnerez un élément extraordinaire à la vie juive » (18).

Cet appel à la compréhension des « fascistes » envers les Juifs ne pouvait évidemment que déconcerter les anciens militants d’Action française que Valois avait groupés dans le Faisceau. D’autant plus qu’à cette ouverture envers Israël, Valois ajoutait quelques mois plus tard un renoncement à l’idéal monarchique au profit de la République :

« Nous avons tous au Faisceau le grand sentiment de 1789, la grande idée de la Révolution française et que résume le mot de la carrière ouverte aux talents. C’est-à-dire aux possibilités d’accession de tous aux charges publiques. Nous sommes ennemis de tout pouvoir qui fermerait ses propres avenues à certaines catégories de citoyens. Là-dessus nous avons tous la fibre républicaine » (19).

Regrettant de plus en plus d’avoir fait trop de concessions au capitalisme et à la bourgeoisie, Valois se montrait décidé à rompre avec la droite :

« Nous ne sommes ni à droite ni à gauche. Nous ne sommes pas pour l’autorité contre la liberté. Nous sommes pour une autorité souveraine forte et pour une liberté non moins forte. Pour un État fortement constitué et pour une représentation nouvelle régionale, syndicale, corporative. « Ni à gauche ni à droite. Et voulez-vous me laisser vous dire que nous ne voyons à droite aucun groupe, aucun homme capable de faire le salut du pays. Et que nous en voyons parmi les radicaux, les radicaux-socialistes et même chez les socialistes, mais que ceux-ci sont désaxés par des idées absurdes » (20).

Puis, non content d’avoir répudié le monde de droite, Georges Valois renoncera également à n’être « ni à droite, ni à gauche ». Il constatera en effet que ce dépassement des vieilles options classiques de la vie politique française et européenne est au-dessus de ses forces. Il avait espéré que le fascisme était précisément la solution pour un tel dépassement. Ce qu’il apprend de l’évolution italienne le déçoit profondément. Mussolini, estime-t-il, s’oriente maintenant « dans le sens réactionnaire ». Il voudrait que le fascisme français « puisse l’emporter sur un fascisme italien dévié, et que l’Europe tienne ce fascisme français pour le type du fascisme ». Mais il ne tardera pas à s’apercevoir qu’aucun avenir politique n’est possible pour ses amis et lui s’ils gardent les vocables de fascisme et de Faisceau, définitivement associés par les partis de gauche à la pire réaction.

L’échec de la République syndicale

Ce n’est donc pas pour le maintien d’une politique « ni à droite, ni à gauche » mais bien pour un retour à la gauche que Georges Valois va se décider. En mars 1928, à l’heure où Le Nouveau Siècle disparaît, Valois publie un Manifeste pour la République syndicale. Tout en affirmant que « le fascisme a accompli en France sa mission historique, qui était de disloquer les vieilles formations, de provoquer, au-delà des vieux partis, le rassemblement des équipes de l’avenir », l’ancien leader du Faisceau opte maintenant pour un État gouverné par les syndicats. En quoi il ne fait que revenir aux aspirations de sa jeunesse, d’avant la rencontre de Maurras.

La publication du Manifeste est rapidement suivi de la fondation par Valois et son fidèle ami Jacques Arthuys du Parti républicain syndicaliste. Parmi les personnalités qui donnent leur adhésion à cette nouvelle formation figure notamment René Capitant, futur ministre du général de Gaulle. Mais, de l’aveu même de Valois, ce parti ne sera en fait qu’un groupe d’études, sans influence comparable à celle du Faisceau.

Dès lors, Valois s’exprimera surtout à travers plusieurs revues, tout en continuant à publier des essais sur la conjoncture politique de son temps. Les revues qu’il suscitera s’appelleront Les Cahiers bleus, puis Les Chantiers coopératifs, et enfin Le Nouvel Âge. Parmi leurs collaborateurs, on doit citer notamment Pietro Nenni, le grand leader socialiste italien, Pierre Mendès-France, Bertrand de Jouvenel et Jean Luchaire : quatre noms qui suffisent à situer l’importance de l’action intellectuelle de Georges Valois dans les années de l’entre-deux-guerres.

Dans son étude sur Valois, M. Yves Guchet (21) remarque le caractère quasi-prophétique de certaines intuitions de ce dernier. C’est ainsi que dans Un nouvel âge de l’Humanité, Valois amorce une analyse de l’évolution du capitalisme que l’on trouvera plus tard chez des économistes américains tels que Berle et Means, et aussi Galbraith, dans Le nouvel état industriel. Mais le drame de Georges Valois est d’arriver trop tôt, dans un monde où certaines vérités ne seront finalement comprises ou reconnues qu’après de terribles orages.

Vers 1935, Valois tente de se faire réintégrer dans les formations de gauche. Il n’y parvient pas. Si l’Action française ne lui pardonne pas d’avoir renié la monarchie et d’être retourné au socialisme, les partis de gauche, eux, refusent d’oublier son passé. C’est en vain qu’il écrit à Marceau Pivert pour solliciter son admission au Parti socialiste : d’abord acceptée, sa demande sera finalement rejetée par les hautes instances de ce parti.

En fait, l’ancien fondateur du Faisceau est désormais condamné à l’hétérodoxie par rapport aux formations politiques classiques. Son anti-étatisme, notamment, le rend suspect aux animateurs du Front populaire. Valois pense comme eux que le communisme est intellectuellement et politiquement supérieur au fascisme, mais il estime que, tout comme les dirigeants italiens, les dirigeants soviétiques ont trahi leur idéal initial en construisant une société socialiste privée de liberté.

Brouillé avec la majorité de ses anciens amis - ceux de gauche comme ceux de droite - Valois épuise son énergie dans de nombreux procès contre les uns et les autres, tandis que son audience devient de plus en plus confidentielle. Qui plus est, sa pensée devient parfois contradictoire : ancien apologiste des vertus viriles suscitées par la guerre, il se proclame soudain pacifiste devant l’absurdité d’un éventuel conflit mondial, tout en reprochant à Léon Blum de ne pas soutenir militairement l’Espagne républicaine...

Georges Valois appartenait à cette catégorie d’esprits qui ne parviennent pas à trouver le système politique de leurs vœux, et dont le destin est d’être déçus par ce qui les a passionné. Mais c’était aussi, de toute évidence, un homme qui ne se résignait pas à la division de l’esprit public par les notions de droite et de gauche. Ce qui l’avait séduit avant tout, dans l’idée monarchique, c’était la possibilité de mettre un terme à cette division, d’unir les meilleurs éléments de tous les partis, de toutes les classes sociales, dans un idéal positif, à la fois national et social. Ayant constaté que l’idée monarchique se heurtait à trop d’incompréhension ou de méfiance dans certains milieux, et notamment dans le milieu ouvrier, il pensa que l’idée fasciste, étant une idée neuve et moderne, permettrait plus aisément l’union des meilleurs. Sans doute se remit-il mal de cette double déception.

Cette volonté d’unir les meilleures forces nationales existait aussi chez Charles Maurras, mais de manière plus théorique, plus abstraite. Convaincu d’avoir raison, d’avoir trouvé la doctrine la plus conforme à l’intérêt national, il se Préoccupait au fond assez peu de l’hostilité qu’il suscitait dans de très vastes secteurs de l’opinion française. Valois, au contraire, ne pouvait supporter la pensée que les meilleurs éléments populaires fussent hostiles à son propre combat politique. S’il en était ainsi, pensait-il, c’est qu’il y avait dans la doctrine elle-même quelque chose qui devait être modifié. Telle est l’explication psychologique de ses positions successives. En un mot, Valois voulait agir sur les masses, ce qui apparaissait à Maurras comme une tendance démagogique.

serant10.jpgAu moment où il fonda son mouvement, Valois était persuadé que l’Action française n’en avait plus pour bien longtemps. Ce fut le contraire : l’Action française, forte de sa doctrine et de son organisation, survécut largement au Faisceau. On peut conclure de cette erreur d’appréciation que les qualités proprement politiques de Valois étaient médiocres, et que l’Action française n’eut pas à regretter beaucoup son départ.

Et cependant, Valois voyait juste lorsqu’il se préoccupait d’accorder les idées politiques de Maurras avec les grands courants sociaux du début du siècle, et de compléter l’action politique par l’action sociale. Sans doute était-il très difficile de réunir, au sein d’un même mouvement, des éléments de l’aristocratie et de la bourgeoisie traditionaliste et des éléments du syndicalisme ouvrier et paysan : mais c’était bien dans cette direction qu’il fallait tenter d’agir. Maurras éprouvait peu d’intérêt pour les questions économiques et sociales : sa formule : « L’économique dépend du politique », lui servait d’alibi pour les ignorer. Mais un mouvement politique du vingtième siècle ne pouvait pas impunément négliger les grandes luttes sociales ; s’il les négligeait, il limitait son influence à certains milieux, consommant ainsi cette division de 1a nation qu’il réprouvait en principe.

Maurras, qui avait montré de la compréhension, de la sympathie même, pour l’action des syndicats vers 1914, semble s’y être beaucoup moins intéressé par la suite. Dans le monde ouvrier français et européen, l’influence de Marx l’avait emporté sur celle de Proudhon et de Sorel ; et la politisation du mouvement syndical se poursuivait clans le sens que l’on sait. Pour Maurras, le devoir était de combattre cette mauvaise politique à laquelle adhérait plus ou moins ardemment la classe ouvrière ; la défaite des partis de gauche permettrait la libération du syndicalisme français. Le monde ouvrier ne pouvait entendre un tel langage : il assimilait le combat contre les partis de gauche à un combat contre la classe ouvrière en elle-même. Telle était l’équivoque dont Valois, après Sorel, avait senti le danger, et qu’il avait voulu à tout prix éviter. Les succès de. ses conférences, les recherches du Cercle Proudhon, prouvaient que quelque chose dans ce sens était possible. En admettant que Maurras ait eu de bonnes raisons de prendre ses distances vis-à-vis de Valois, il commit probablement une erreur en réduisant la place des questions économiques et sociales dans son journal et dans la vie de son mouvement : le drame de l’Action française, comme des autres ligues nationalistes, fut de ne pas avoir de doctrine sociale précise à opposer aux campagnes du Front populaire.

Au lendemain de la Libération, on apprit que Georges Valois, arrêté par les Allemands pour son action dans un mouvement de résistance, était mort au camp de Bergen-Belsen. Son ami Jacques Arthuys, co-fondateur du Faisceau, ayant également choisi la Résistance, était lui aussi mort en déportation. Bientôt, l’un des premiers militants du Faisceau, fondateur en 193 ? d’un second mouvement fasciste français, Le Francisme, Marcel Bucard, tombait, lui, sous les balles de l’épuration après avoir été condamné pour collaboration. Le fascisme français dans son ensemble était assimilé à l’ « intelligence avec l’ennemi », et le mouvement de Georges Valois était oublié : Arthuys et lui-même furent de ces morts de la Résistance dont les partis politiques victorieux préféraient ne pas parler, puisqu’ils n’avaient pas été des leurs.

Paul Sérant in Les dissidents de l’Action française, Copernic, 1978, chapitre I, pp. 13-36.


Notes

1 - G. Valois, Basile ou la calomnie de la politique, Librairie Valois, 1927, introduction, p. X. 2 - C. Maurras, L’Action française, 1er et 4 août 1908. 3 - Cf. P. Andreu, Notre Maître, M. Sorel, Grasset, 1953, p. 325. 4 - G. Valois, Histoire et philosophie sociale – La révolution sociale ou le roi, Nouvelle librairie nationale, 1924, p. 288. 5 - Op. cit., p. 292. 6 - Ibid., p. 295. 7 - Ibid., p. 302. 8 - Ibid., pp. 307-308. 9 - Ibid., p. 313. 10 - Ibid., p. 356. 11 - Ibid., p. 360. 12 - Ibid., pp. 365-366. 13 - Cf. P. Andreu, Notre Maître, M. Sorel, pp. 327-328. 14 - G. Valois, Basile ou la calomnie de la politique, introduction, p. XVII-XVIII. 15 - Op. cit., p. XX. 16 - Ibid., p. XXX. 17 - Charles Maurras par ses contemporains, Nouvelle librairie nationale, 1919, pp. 43-44. 18 - Le Nouveau Siècle, 25 février 1926. 19 - Ibid., 21 juin 1926. 20 - Ibid., 28 novembre 1926. 21 - Y. Guchet, Georges Valois – L’Action française, le Faisceau, la République syndicale, éd. Albatros, 1975, pp. 206-207.

dimanche, 14 novembre 2010

Les trotskystes rouge-bruns du MNR

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2002

 

Les trotskystes rouge-bruns du MNR

 

Edouard Rix

 

JNP.gifSeptembre 1938 : le congrès fondateur de la Quatrième Internationale, regroupant les partisans de Trotsky, se tient à Paris. En France, deux groupuscules trotskystes rivaux s’agitent : d’un côté le Parti communiste internationaliste (PCI) de Raymond Molinier et Pierre Franck, qui édite le journal La Commune, de l’autre, le Parti ouvrier internationaliste (POI) de Jean Rous et Yvan Craipeau, chacun privilégiant le travail d’infiltration au sein du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) de Marcel Pivert. Juin 1940 : la France est vaincue et occupée par les Allemands. Les Trotskystes hexagonaux sont totalement désorientés : la guerre n’a pas provoqué la révolution attendue, le pacte germano-soviétique a scellé l’alliance d’Hitler et de Staline, et la Quatrième Internationale s’est révélée inutile. C’est dans un tel contexte que certains, convaincus de la victoire durable de l'Allemagne nationale-socialiste, élaborent une sorte de «trotskysme rouge-brun».

Les militants regroupés autour de La Commune décident de poursuivre leur travail d’entrisme. Les partis «ouvriers» étant tous interdits, ils jettent leur dévolu sur les mouvements collaborationnistes et créent une fraction clandestine au sein du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, qui incarne l’aile gauche de la collaboration et regroupe nombre d’anciens socialistes, notamment pivertistes. C’est ainsi que le frère de Raymond Molinier, Henri, présentera un rapport et prendra la parole dans un congrès du RNP. Autre taupe trotskyste, Roger Foirier, qui avait avant-guerre noyauté les jeunesses du PSOP au point de devenir membre de leur bureau fédéral de la Seine. Il réalisera, sous le pseudonyme de Roger Folk, les affiches des Jeunesses nationales populaires (JNP) pendant que sa femme, Mireille, donnera des cours de gymnastique aux jeunes filles du mouvement.

L’autre groupe trotskyste, le Parti ouvrier internationaliste, tente lui aussi de s’intégrer au paysage politique collaborationniste. En juillet 1940, ses membres créent le Mouvement national révolutionnaire (MNR), qui opte pour une stricte clandestinité, ses réunions se tenant sous le couvert d’une association des Amis de la Musique. Proche des thèses de Marcel Déat et des collaborateurs de gauche, le MNR édite deux journaux clandestins : La Révolution Française, puis Combat national-révolutionnaire. Dans son n°1 de septembre-octobre 1940, La Révolution Française, tout en s’affirmant «ni pro-Allemand, ni pro-Anglais, ni pro-Français», se déclare «partisan de la collaboration européenne avec l’Allemagne». Un slogan proclame d’ailleurs : «Collaborer ? Oui, mais pas sous la botte». Il est vrai que le MNR se rallie ouvertement aux orientations de l’Ordre nouveau européen voulu par les Allemands : «L’Etat et la nation doivent se défendre (...) contre les tentatives de domination occulte, qu’elles proviennent du judaïsme, de la maçonnerie ou du jésuitisme». Le n°1 de mars 1941 de Combat national-révolutionnaire précise que le MNR «souhaite un Etat fort, hiérarchisé, où la régulation entre les divers éléments de la population soit établie par des corporations». Outre son leader Jean Rous, qui a participé à la gauche du PSOP et à la direction du POI, l’on croise au MNR nombre de trotskystes. C’est le cas de Lucien Weitz, qui fut le principal animateur de la gauche révolutionnaire au sein de la SFIO socialiste, puis de l’aile gauche du PSOP, ou encore Fred Zeller, ancien proche de Trotsky et membre de la SFIO, futur grand-maître du Grand Orient de France. Ce dernier commentera son engagement au MNR dans son autobiographie Trois Points c’est tout, et, jouant de l’ambiguïté du groupe, insistera sur ses prises de position anti-allemandes.

L’expérience originale du MNR est totalement interrompue dès juin 1941 par les autorités allemandes qui ont introduit deux espions dans l’organisation. Jean Rous est condamné à six mois de prison, une peine mesurée pour l’époque. L’attaque de l’URSS par l’Allemagne, le 22 juin 1941 modifie radicalement la situation. La Commune cesse son entrisme au sein du RNP. La plupart des membres du MNR rallie la Résistance ou les partis de gauche, tandis qu’une poignée s’engage franchement dans la collaboration avec les Allemands.

Une page d’histoire à rappeler aux actuels boutiquiers trotskystes, Krivine, Laguiller et Lambert, qui font profession d’antifascisme.

Edouard Rix, Le Lansquenet, printemps 2002, n°15.

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mardi, 09 novembre 2010

SPD-Genetiker

SPD-Genetiker

Ex: http://www.zuerst.de/

SPD-Chef Sigmar Gabriel hat sich im Sarrazin-Streit weit aus dem Fenster gelehnt – er ignoriert, daß Biopolitik auch ein traditionell sozialdemokratisches Anliegen war

Die SPD-Spitze will ihn lieber heute als morgen loswerden – den ungeliebten Ex-Finanzsenator, Ex-Bundesbankvorstand und Bestsellerautor Thilo Sarrazin. Überstürzt und noch bevor das umstrittene Buch Deutschland schafft sich ab überhaupt erschienen war, leitete der SPD-Vorsitzende Sigmar Gabriel ein Ausschlußverfahren ein und begründete seinen Schritt damit, daß Sarrazins Thesen „ein Gebräu aus der Tradition der Rassenhygiene der zwanziger Jahre“ darstellten. „Der biologistische Ansatz von Sarrazins Thesen, der vermittelte Eindruck, bestimmten Gruppen sei genetisch ein Weg vorgezeichnet, stehe aber diametral zu den sozialdemokratischen Grundwerten“, heißt es auf der SPD-Seite im Internet. Auch der Vorwurf einer Nähe zu nationalsozialistischen Theorien sowie des Rassismus blieb nicht ausgespart.

 

In einem Spiegel-Interview warf Gabriel dem Delinquenten vor, er habe sich auf Forscher berufen, die für die Sterilisierung von 60.000 als „minderwertig“ angesehenen Menschen in Schweden verantwortlich seien. Entweder sei Sarrazin so wenig historisch und gesellschaftlich gebildet, daß er das nicht wisse, oder er habe es bewußt getan.

Solche Aussagen könnten allerdings schnell zum Bumerang werden. Denn „Rassenhygiene“ ist mitnichten eine Erfindung der Nationalsozialisten. Sie ist inhaltlich weitgehend identisch mit der „Eugenik“, der „Wissenschaft vom guten Erbe“. Als deren Begründer gilt der Anthropologe Francis Galton (1822–1911), ein Cousin von Charles Darwin. 1883 führte Galton den Begriff „Eugenics“ ein – ihr Ziel sollte es sein, alle Einflüsse zu erforschen, welche die angeborenen Eigenschaften einer Rasse verbessern und diese Eigenschaften zum größtmöglichen Vorteil zur Entfaltung bringen.

Wichtig dabei: Das Wort „Rasse“ hat im englischen Sprachgebrauch einen viel weiteren Bedeutungskreis als im deutschen; es bezeichnet Gruppen bis hin zum „Menschengeschlecht“ (human race). Auch Galton verstand darunter einfach nur eine durch Generationen sich fortpflanzende Gemeinschaft von Menschen. Erbliche Verbesserungen durch eine bewußte Fortpflanzungshygiene wollte er vor allem durch die Aufklärung der Bevölkerung erreichen. Er plädierte aber auch für Maßnahmen „negativer Eugenik“, so sollte die Fortpflanzung von Gewohnheitsverbrechern und Schwachsinnigen möglichst verhindert werden.

ploetz.jpgIn Deutschland führte der Nationalökonom und Mediziner Alfred Ploetz (1860–1940) im Jahre 1895 den Begriff der „Rassenhygiene“ für die Eugenik ein. Neu war jedoch nur der Begriff, die Prämissen und Inhalte lagen auf Galtons Linie. In seiner Schrift Die Tüchtigkeit unserer Rasse und der Schutz der Schwachen sprach sich Ploetz für ein wissenschaftlich angeleitetes Reproduktionsverhalten der Bevölkerung aus. Über den „Erbwert“ von Nachkommen sollten Ärzte entscheiden. „Rassenhygiene als Wissenschaft ist die Lehre von den Bedingungen der optimalen Erhaltung und Vervollkommnung der menschlichen Rasse“, definierte Ploetz. „Als Praxis ist sie die Gesamtheit der aus dieser Lehre folgenden Maßnahmen, deren Objekt die optimale Erhaltung und Vervollkommnung der Rasse ist, und deren Subjekte sowohl Individuen als auch gesellschaftliche Gebilde einschließlich des Staates sein können.“

Im deutschen Kaiserreich und später in der Weimarer Republik gelang es Wissenschaftlern, mittels Büchern, Fachzeitschriften und eigenen Institutionen die Idee der Rassenhygiene immer fester zu etablieren. Anhänger und Verfechter fanden sich in allen politischen Lagern, auch in der Sozialdemokratie. Ein Beispiel ist der Gewerkschafter und SPD-Mann Karl Valentin Müller (1896–1963), der 1927 ein Buch mit dem Titel Arbeiterbewegung und Bevölkerungsfrage veröffentlichte. Darin forderte er eine „planvolle Züchtung der sozialbiologischen Anlagen“ sowie die „rücksichtlose, wenn möglich zwangsweise Unterbindung des Nachwuchses aus dem Bevölkerungsballast, den wir allzu lange schon mit uns schleppen und der ein schlimmerer Ausbeuter der produktiven Arbeit ist als alle Industriekönige zusammengenommen“. In einem Beitrag zu Lebensraum und Geburtenregelung, der 1928 in einer Sonderausgabe der Süddeutschen Monatshefte erschien, bekräftigte er die Ansicht, daß die Ziele der Rassenhygiene mit einem wahrhaften Sozialismus vereinbar seien. Mit diesen Ansichten war er zwar in einer Minderheitenposition innerhalb seiner Partei. Doch auf die Idee, ihn aus der SPD zu entfernen, kam damals niemand. Von 1927 an arbeitete er sogar als Referent im sächsischen Kultusministerium, das zu dieser Zeit sozialdemokratisch geführt wurde.

Alfred Grotjahn (1869–1931), praktischer Arzt und erster Professor für soziale Hygiene in Deutschland an der Berliner Universität, war ein weiterer Sozialdemokrat, der für rassenhygienische Prinzipien stritt (Hygiene der menschlichen Fortpflanzung, 1926). Er betonte, „daß die sozialistischen Theoretiker sich an der jungen Wissenschaft der Eugenik zu orientieren hätten und nicht an Dogmen, die von sozialistischen Klassikern zu einer Zeit aufgestellt worden seien, als es diese Wissenschaft noch nicht gab.“ Seine Forderung, „daß die Erzeugung und Fortpflanzung von körperlich oder geistig Minderwertigen verhindert und eine solche der Rüstigen und Höherwertigen gefördert“ werden müsse, würde in der Gegenwart vermutlich einen Sturm der Entrüstung auslösen, gegen den die Sarrazin-Kampagne nur ein laues Lüftchen wäre. Grotjahn saß von 1921 bis 1924 für die SPD im Reichstag, galt als namhaftester gesundheitspolitischer Sprecher seiner Partei und formulierte das Görlitzer Programm von 1922 mit. Daß ihn die SPD jemals hätte ausschließen wollen, ist nicht bekannt.

Es ist kaum vorstellbar, daß die Existenz sozialdemokratischer Rassenhygieniker in den 1920er Jahren der heutigen SPD-Führung nicht bekannt ist. Immerhin veröffentlichte der Historiker Michael Schwartz bereits 1995 seine Studie Sozialistische Eugenik: eugenische Sozialtechnologien in Debatten und Politik der deutschen Sozialdemokratie 1890–1933, herausgegeben vom Forschungsinstitut der parteieigenen Friedrich-Ebert-Stiftung. Und in der Wochenzeitung Die Zeit erinnerte der Parteienforscher Franz Walter erst Ende August an die „sozialdemokratische Genetik“.

Eugenische Forderungen wurden in zahlreichen Staaten in praktische Politik umgesetzt. Ob in Kanada oder den USA, der Schweiz oder Skandinavien – rund um den Globus gab es Gesetze, auf deren Grundlage Tausende, teils Zehntausende von Menschen zwangssterilisiert wurden. Besonders nachhaltig ging Schweden das Thema an. Schon 1921 beschloß der schwedische Reichstag, an der Universität Uppsala ein „Staatliches Institut für Rassenbiologie“ einzurichten, angeregt durch niemand geringeren als Hjalmar Branting, der zwischen 1920 und 1923 schwedischer Ministerpräsident war – für die Sozialdemokraten. In Uppsala lehrte zeitweise als Gastdozent der deutsche Rassenforscher Hans F.K. Günther, in der NS-Zeit später als „Rassegünther“ bekannt.

1922 brachte die schwedische SAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei) einen Gesetzentwurf zur Sterilisierung geistig Behinderter ein. Schließlich trat 1935 das erste Gesetz in Kraft, das bereits die freiwillige Sterilisierung „geistig zurückgebliebener“ Menschen bei an­zunehmenden „Erbschäden“ vorsah, und Sterilisierungen ohne Einwilligung der Betroffenen, wenn sie durch zwei Ärzte befürwortet wurden. 1941 wurde mit einem deutlich erweiterten Gesetz dann die zwangsweise Unfruchtbarmachung bei „eugenischer Indikation“ eingeführt. Betroffen waren Geisteskranke, -schwache und -gestörte, psychisch Kranke und Menschen mit Mißbildungen. All diese Maßnahmen wurden unter sozialdemokratischen Regierungen beschlossen.

Mit seinen Vorwürfen gegenüber Sarrazin bewegt sich Sigmar Gabriel also auf äußerst dünnem Eis – was den Verweis auf die Zwangssterilisierten in Schweden betrifft, sind sie sogar hochgradig peinlich. Zumindest grollt es in großen Teilen der SPD-Basis, die das Vorgehen des Parteivorstands für befremdlich halten, und auch SPD-Prominenz wie Klaus von Dohnanyi, Peer Steinbrück und Helmut Schmidt favorisiert einen eher entspannten Umgang mit dem „Fall Sarrazin“. Vielleicht hat sich ja an anderen Stellen der Partei einfach auch mehr historische Bildung versammelt als bei Säuberungskommissar Gabriel.

Harald Kersten

dimanche, 10 octobre 2010

La critica alla democrazia in Henri de Man

La critica alla democrazia in Henri de Man

Ex: http://fralerovine.blogspot.com/ 

La democrazia come forma di dominio borghese

Il giovane De Man è ancora fedele al marxismo ortodosso, in linea con la Seconda Internazionale, ma già si delineano alcuni temi che saranno centrali nel suo pensiero. In particolare, in “L’era della democrazia” (1907) emergono tre punti fondamentali. In primo luogo, il suo socialismo ha una base volontaristica, secondo cui lotta di classe e istinto di sopravvivenza – “volontà di potenza” per usare un termine nietzscheano” – coincidono. In secondo luogo – e qui viene ribadita la sua linea radicale e non riformista –, il proletariato dovrà essere attento a non cedere agli inganni della borghesia, bensì mantenersi puro e intransigente per conquistare il potere. Egli, infatti, riconosce il carattere precedentemente rivoluzionario della borghesia, ma ammonisce a non confondere la rivoluzione borghese con quella proletaria.

 

1. La crescita parallela dei movimenti socialisti dei lavoratori e del movimento democratico di parte della borghesia, come abbiamo visto negli ultimi anni, in particolare da noi in Francia, Inghilterra, Olanda e Belgio, ha portato molti membri del nostro partito alla conclusione che, siccome entrambi i fenomeni sono portati avanti dalla medesima causa e per lo stesso scopo (la “democrazia” che infine diverrà “socialista”), così il progresso della democrazia e quello del movimento dei lavoratori sarà simile, combinato, inseparabile. Bene, questa conclusione è erronea, questa conclusione è falsa, questa conclusione è pericolosa.

 

In terzo luogo, però, il proletariato, man mano che acquisterà coscienza di classe, sarà in grado di vincere la borghesia con le proprie forze, sfruttando le stesse condizioni della democrazia borghese.

 

2. Sarebbe il peggior tipo di pessimismo concludere che non dobbiamo aspettarci immediati miglioramenti politici, che dobbiamo fermarci e riporre tutta la nostra speranza nel sovvertimento rivoluzionario della società capitalista. No; la democrazia politica – cioè, un minimo di diritti politici e legalità – è la condizione assolutamente indispensabile per il successo della rivoluzione sociale […]. Ma il proletariato sarà sempre più l’unica forza a sostenere tutte le battaglie per la democrazia e dovrà dipendere sulle sue risorse per la realizzazione della democrazia. Man mano che la democrazia diventa più indispensabile per il proletariato, diviene più pericolosa per la borghesia, e man mano che la lotta per ogni frammento di libertà e legalità diventa più difficile, sempre più s’avvicina a quella lotta finale in cui non ci sarà quartiere, dove la posta sarà il controllo del potere politico, la stessa esistenza dello sfruttamento capitalistico e della democrazia a uno e a un medesimo tempo.

 

Fin dall’inizio, quindi, il rapporto con la democrazia borghese, in quanto sistema politico reale e quotidiano in cui ci si trova ad operare e che occorre affrontare, risulta fondamentale nell’opera di De Man, il quale però ammonisce che la democrazia può spianare la strada al proletariato ma non è in sé una condizione sufficiente, tale da condurre automaticamente al socialismo.

 

3. Dunque, nella nostra lotta, non lasciamo che illusioni sulla misericordia della borghesia, né fiducia nella sincerità delle loro convinzioni democratiche, confondano la consapevolezza di classe del proletariato. La posta della battaglia è ben maggiore che un po’ di legalità o solo una riforma, ben più grande di quanto una rivoluzione borghese abbia mai tentato. E il proletariato ha un’arma molto più forte e formidabile di quanto la borghesia ne abbia mai usate. Non l’ha forgiata a partire dall’idea democratica – e dal fraseggio di un impotente classe in declino. Come il giovane eroe nel Sigfrido di Wagner, vede ciò con distacco […]. E forgerà la sua spada per salvare il mondo a partire dalla forte organizzazione di classe e con eroica coscienza di classe.

 

Infatti, approfondendo la sua preparazione teoretica e la sua conoscenza della democrazia liberale, De Man sarà sempre più cauto e guardingo relativamente all’attrazione del liberalismo e del riformismo sul proletariato. Particolarmente interessanti sono le sue lettere da London, pubblicate nel 1910 sul “Leipziger Vokszeitung” come “Lettere di viaggio socialiste”, laddove egli descrive come il partito laburista sia del tutto integrato in quello liberale e, perciò, funzionale agli stessi interessi borghesi, mentre invece quelli dei proletari sono ignorati o calpestati.

 

4. È del tutto ovvio che la natura della competizione elettorale tra i due grandi partiti borghesi, che almeno a Londra monopolizza quasi il campo di battaglia, è una competizione per catturare i voti del lavoratore attraverso trucchi pubblicitari da poco, così che il partito che ha meno scrupoli e più denaro vincerà. Perché alla fine, l’essenza del senso politico nel sistema elettorale inglese è questo: trasformare il potere finanziario delle classi proprietarie in potere politico in modo che il diritto di voto dei lavoratori sia reso un modo di preservare la loro dipendenza intellettuale e politica dai partiti borghesi.

 

L’analisi e la critica del sistema democratico inglese prosegue toccando altri punti fondamentali, quali la legge elettorale in sé, la quale esclude il voto femminile, riduce l’elettorato ai soli possidenti o affittuari benestanti, garantisce il voto plurale a laureati e proprietari terrieri, ed è basata su un sistema maggioritario, per cui in ogni collegio è eletto solo il singolo candidato che ottiene la maggioranza relativa. Inoltre, egli descrive la conduzione della campagna elettorale presso i lavoratori con distribuzione gratuita di alcoolici, propaganda di massa e addirittura l’organizzazione delle masse stesse al voto. Il termine che meglio descrive l’atteggiamento delle classi dominanti verso la classe operaia è “condiscendenza”.

 

5. Il movimento socialista operaio è trattato dalla classe dominante in Inghilterra in completo contrasto con il socialismo e con il movimento operaio. Mi esprimerò più chiaramente: il socialismo come teoria sociale e filosofica non appare come minaccioso per il corpo della borghesia, finché esso non trova sostenitori nei circoli intellettuali borghesi […]. In breve, il socialismo qui è ancora socialmente accettabile, come non lo è stato per lungo tempo in Germania. La borghesia inglese molto tempo fa ha fatto pace con il movimento dei lavoratori a patto che non fosse socialista, cioè, con il movimento sindacale di vecchio stampo.

 

Tuttavia, come fa notare De Man, alla “carota” viene affiancato il “bastone”: i metodi repressivi non sono meno assenti nella democrazia liberale, semplicemente essi sono usati con maggiore parsimonia e oculatezza. Questo è particolarmente evidente nel modus operandi della polizia inglese, in realtà non molto dissimile da quella prussiana, nonostante la differenza di regime, in linea teorica.

 

6. Alla fine il parallelo tra i “bobbies” e i “Bleus” riflette fondamentalmente quello tra le due forme di governo, il borghese liberale e lo Junker reazionario, in generale. Queste sono le due forme democratiche di oppressione politica del proletariato nell’era capitalista; la prima è la più ragionevole, la seconda la più brutale. Questo non significa che la polizia di Londra non possa e non si sia comportata in modo brutale. Ma questo ha luogo non regolarmente ma solo in circostanze straordinarie, cioè, quando è considerato davvero indispensabile.

 

In sintesi, il giovane De Man prende una posizione molto dura verso la democrazia borghese, liberale o autoritaria che sia. Se da una parte, infatti, riconosce che all’interno di essa è possibile trovare gli strumenti per portare avanti la lotta di classe, pure è consapevole che a un certo punto sarebbe risultata inevitabile la rivoluzione.

La democrazia come tappa intermedia

Nel 1914, con l’invasione del Belgio da parte tedesca, questa visione secondo cui non c’era differenza tra i vari regimi borghesi e imperialisti doveva cambiare radicalmente. Le democrazie occidentali parevano, infatti, garantire maggiori possibilità ai movimenti operai rispetto agli imperi centrali. Altrettanto importanti furono le sue esperienze di viaggio in Unione Sovietica e negli Stati Uniti, che lo convinsero della necessità di un ordinamento democratico come tappa intermedia tra il capitalismo e il socialismo. In quest’ottica egli arrivò a contrapporre all’URSS, che egli accusava di eccessiva furia nel tentare d’imporre le conquiste del socialismo a un proletariato ancora impreparato, gli Stati Uniti, dove invece vedeva quasi compiute le basi democratiche del socialismo.

Henri De Man, ne traccia una sintesi nell’articolo “La lezione della guerra”, comparso su “Le Peuple” nel 1919. Egli è però attento a sottolineare come la sua posizione non fosse stata immediatamente interventista come molti altri socialdemocratici e socialisti europei, bensì meditata alla luce degli eventi da lui vissuti tra il 1915 e il 1918, e frutto di una coscienza tormentata dalla consapevolezza delle contraddizioni.

 

7. Al fine di evitare ogni incomprensione, devo dichiarare che, anche se io ero un ufficiale associato all’azione del governo durante la guerra con due missioni ufficiali all’estero – in Russia nel 1917 e negli Stati Uniti nel 1918 – non sono mai stato tra quelli che hanno perso la loro autonomia morale per l’intossicazione del patriottismo ufficiale e dello sciovinismo militarista. Io ero un socialista antimilitarista e internazionalista prima della guerra. Credo di esserlo ancora di più ora. Forse lo sono in modo differente, ma certamente non in misura meno profonda o meno sentita. È precisamente perché io considero il socialismo una realtà urgente e ancora più ineluttabile che mai che esso mi appare da una prospettiva differente dalle mie opinioni del 1914. La revisione delle mie idee è dovuta soprattutto al fatto che per tre anni sono state letteralmente sottoposte alla prova del fuoco.

 

De Man propone in queste pagine però una svolta di entità non indifferente, anzi una vera e propria revisione del marxismo, dovuta ad esperienze che traspaiono come traumatiche. Egli trasvaluta tutti i valori, alla ricerca di una dottrina politica che gli consenta di comprendere davvero gli eventi.

 

8. Non penso più che possiamo capire i nuovi fatti della vita sociale con l’aiuto di una dottrina stabilita sulla base di fatti precedenti e differenti. Non penso più che la toeria che vede le guerre contemporanee unicamente come il risultato di conflitti economici tra governi imperialisti sia giusta. Non penso più che i soli fenomeni economici possano fornirci la trama di tutta l’evoluzione storica. Non penso più che il socialismo possa essere realizzato indipendentemente dallo sviluppo della democrazia politica. Non penso più che al socialismo basti fare appello agli interessi di classe del proletariato industriale, disdegnando il supporto che certi interessi e ideali comuni all’intera nazione o a tutta l’umanità possono darci. Non penso più che la lotta di classe proletaria, che rimane il mezzo principale per la realizzazione del socialismo, possa condurre ad esso senza ammettere certe forme di collaborazione di classe e di partito. Non credo più che il socialismo possa consistere semplicemente nell’esproprio dei mezzi di produzione di base da parte dello Stato, senza una profonda trasformazione dei processi amministrativi per portare allo sviluppo illimitato della produttività sociale. Non penso più che una società socialista possa essere sostenuta domani se rinuncia allo stimolante che oggi è fornito dalla competizione d’imprese private e di un ineguale frutto del lavoro, proporzionato alla sua produttività sociale. Credo in un socialismo più a portata di mano, più pragmatico, più organico – in una parola, più umano.

 

Egli spiega poi le sue motivazioni di contro al marxismo internazionalista, adducendo come tappa necessaria sul cammino verso il socialismo l’autonomia nazionale e la democrazia politica, entrambe ancora da raggiungere nelle due grandi nazioni europee dove era stata tentata la rivoluzione bolscevica, ovvero Russia e Germania, in quanto nazioni ancora rette da una monarchia di diritto divino. In quest’ottica, la guerra delle potenze dell’Intesa era giustificata anche da un punto di vista socialista proprio perché portava a termine quella rivoluzione borghese di cui parlava Marx. De Man continua a fare riferimento al filosofo di Treviri, anche se ne critica l’economicismo.

 

9. Il metodo del materialismo storico fondato da Marx ci ha abituati troppo a vedere solo il lato economico dei fatti della vita sociale. D’altra parte, il marxismo è stato represso troppo fortemente dal socialismo di Germania e Russia, due Paesi dove la mancanza d’istituzioni democratiche e, quel che è peggio, di tradizioni democratiche ha necessariamente avuto ripercussioni sul punto di vista dei lavoratori.

 

Egli ha ben presente che non è stata una guerra rivoluzionaria socialista, ma nondimeno è stata una guerra rivoluzionaria democratica. Passando poi a confrontare Stati Uniti e Russia, sottolinea le migliori condizioni del primo Paese, in confronto al secondo dove il proletariato, mancando di un’educazione democratica, non è stato in grado di gestire il potere conquistato.

 

10. In Russia, ho visto socialismo senza democrazia. In America, ho visto democrazia senza socialismo. La mia conclusione è che, per parte mia, preferirei, se dovessi scegliere, vivere in una democrazia senza socialismo che in un regime socialista senza democrazia. Questo non significa che io sia più democratico che socialista. Molto semplicemente significa che la democrazia senza socialismo è pur sempre democrazia, mentre il socialismo senza democrazia non è nemmeno socialismo. La democrazia, essendo il governo della maggioranza, può condurre al socialismo, se la maggioranza è a favore di esso; il socialismo, se non è basato sul governo della maggioranza, è un regime dispotico, il che significa o guerra civile o stagnazione.

 

Per risolvere questo problema, il proletariato dovrebbe includere non solamente gli operai, ma anche i tecnici e gli intellettuali, i quali vendono anch’essi la loro forza lavoro, sia pure più specializzata, il che fa di loro dei proletari.

 

11. Non sarei un socialista se non credessi che questa capacità si può trovare in nuce nel proletariato – a condizione che l’espressione includa oltre ai lavoratori manuali coloro, come i tecnici, i colletti bianchi, gli ingegneri, gli studiosi e gli artisti, che oggi vendono la loro forza lavoro intellettuale sul mercato del mondo capitalista. Ma poiché questo nucleo possa svilupparsi e rendere più che non solo vantaggi temporanei, un lungo periodo di adattamento della classe lavoratrice ai nuovi compiti di gestione sociale deve aver luogo.

 

Questa collaborazione tra le classi inferiori, sostiene De Man, ha già in realtà visto in parte la luce nelle trincee, laddove la maggioranza dei combattenti erano appunto proletari (in questo senso allargato). Qui sono state poste le basi sociali per un socialismo democratico, del tutto differente dal socialismo dittatoriale del bolscevismo sovietico.

Riguardo agli Stati Uniti, troviamo interesse nella “Lettera d’America” comparsa, sempre su “Le Peuple”, l’anno successivo. Ciò che l’autore sottolinea, sono le ottime condizioni materiali dei lavoratori americani, in particolare i contadini, rispetto a quelli europei. E a queste si accompagna una superiore istruzione e dunque una vera e propria coscienza di classe, che porrebbe le basi per un movimento socialista di successo.

 

12. Questo è un Paese che dimostra che non è la povertà che crea la più vigorosa coscienza di classe, e che un regime di sfruttamento capitalistico è più minacciato dove la gente comune ha acquisito il più alto grado di benessere materiale ed istruzione, come nel Far West americano. Tutto questo Paese è proprio ora lo sfondo di una grande rinascita della coscienza di classe, sia tra la popolazione rurale, sia tra i lavoratori urbani. È un fenomeno sorprendente, specialmente per un periodo immediatamente successivo a una guerra. La sua espressione più caratteristica è l’alleanza dei sindacati e delle organizzazioni agrarie per sostenere un programma esplicitamente collettivista.

 

La democrazia nel planismo

Il successivo percorso di studio di De Man lo portò a toccare e ad approfondire ben altri argomenti, in particolare relativamente alla critica e al superamento del marxismo da un punto di vista psicologico, come espresso in “Psicologia del socialismo” (1926). La sua critica del marxismo è funzionale però a una radicalizzazione del movimento socialista. Secondo l’autore, infatti, è nella dottrina di Marx che devono essere rintracciati quei tratti filosofici positivisti come il meccanicismo, il razionalismo, l’edonismo materialista, che favoriscono l’imborghesimento dei movimenti marxisti. Un altro problema è la tendenza alla divisione, specie nei partiti di stampo bolscevico, tra dirigenti attivi e masse passive (“Masse e capi”, 1932). Il lato più propriamente psicologico è poi approfondito in “La lotta per la gioia del lavoro” (1927), laddove esamina i moventi psicologici che influenzano positivamente il lavoratore, ovvero principalmente l’utilità sociale, l’interesse personale, e il senso dell’obbligazione sociale; e quelli che lo influenzano negativamente, come l’insicurezza e la precarietà delle condizioni di vita e di lavoro o l’impossibilità di promozione sociale.

Con “L’idea socialistica” (1933) viene finalmente approfondito un altro tema cruciale, quello dell’imborghesimento del proletario. De Man ricostruisce prima storicamente il passaggio da una borghesia lavoratrice a una borghesia proprietaria e sfruttatrice e poi osserva il processo analogo nel proletariato contemporaneo. Secondo lui, indubbiamente, ha un forte peso il miglioramento delle condizioni di vita, ma il fattore cruciale, che mina a suo parere il marxismo alla base, è il materialismo: la classe operaia lotta non per il bene dell’umanità, ma egoisticamente per il proprio benessere, mirando essenzialmente a rovesciare il dominio borghese e sostituirvisi. In questo senso, riprendendo il pensiero di Spengler e Sombart, il marxismo non è tanto un movimento opposto al capitalismo, quanto interno ad esso. Il socialismo invece doveva prescindere dagli interessi specifici della classe operaia, che a suo parere avrebbero potuto anche essere soddisfatti dal capitalismo, come negli Stati Uniti.

È proprio su queste premesse, che De Man scriverà il “Piano del lavoro” nel 1933, come programma pragmatico di riforma dello Stato dal punto di vista tanto sociale quanto economico.

 

13. L’obiettivo di questo piano è una trasformazione economica e politica del Paese, consistente in: 1) L’istituzione di un sistema economico misto che includa, oltre a un settore privato, un settore nazionalizzato che comprenda il controllo del credito e delle principali industrie che sono già monopolizzate di fatto; 2) La sottomissione dell’economia nazionale così riorganizzata a lle direttive del benessere comune mirante all’allargamento del mercato interno così da ridurre la disoccupazione e da creare condizioni che portino a un’accresciuta prosperità economica; 3) La realizzazione all’interno della sfera politica di una riforma dello Stato e del sistema parlamentare tale da creare le basi per una vera democrazia sociale ed economica.

 

Scendendo in maggiori dettagli riguardanti quest’ultimo punto, che delineino come sia mutata la concezione della democrazia propugnata da De Man, occorre consultare la settima e ultima parte del piano.

 

14. Per rinforzare le basi della democrazia e per preparare istituzioni parlamentari per la realizzazione delle trasformazioni economiche che sono delineate, la riforma dello Stato e del sistema parlamentare deve soddisfare le seguenti condizioni: 1) Tutti i poteri derivano dal suffragio universale non adulterato; 2) L’esercizio delle libertà costituzionali è pienamente garantito a tutti i cittadini; 3) Il sistema politico ed economico assicurerà l’indipendenza e l’autorità dello Stato e del potere pubblico rispetto al potere finanziario; 4) il potere legislativo sarà esercitato da una singola camera, di cui tutti i membri siano eletti con suffragio universale; 5) questa camera, i cui metodi di lavoro saranno semplificati e adattati alle necessità della moderna organizzazione sociale, saranno assistiti nell’elaborare leggi da consigli consultativi, i cui membri saranno scelti in parte fuori dal Parlamento, sulla base della loro riconosciuta competenza; 6) per evitare i pericoli dello statalismo, il Parlamento darà alle agenzie responsabili per legge della gestione dell’economia quei poteri d’implementazione indispensabili alla rapidità d’azione e alla focalizzazione delle responsabilità.

 

Nelle successive tesi di Pontigny del 1934, stabilirà il ruolo del partito all’interno della pianificazione qui delineata, ovvero la piena partecipazione, all’interno del sistema legale e politico democratico alla riforma dello Stato. Questo interventismo, unito alla delusione per l’inerzia del regime borghese e democratico sarà alla base della sua scelta, nel 1940, di appoggiare il fascismo, sperando che potesse compiere quella riorganizzazione dello Stato che né il socialismo né la democrazia erano stati in grado di intraprendere.

lundi, 04 octobre 2010

L'ex-Chancelier Helmut Schmidt sur l'affaire Sarrazin

L’ex-Chancelier Helmut Schmidt sur l’affaire Sarrazin

 

Extraits d’un entretien avec Helmut Schmidt à « Zeit Magazin », supplément illustré de l’hebdomadaire « Die Zeit » (Hamburg)

Propos recueillis par Giovanni di Lorenzo

 

schmidt.jpgQ. : Quel est le nerf que Sarrazin a effectivement touché ?

 

HS : Apparemment, il en a touché plusieurs en même temps. Parmi ces nerfs, il y a ceux d’un certain groupe de personnes. Par exemple, parmi nos concitoyens juifs, il y en a quelques-uns qui se sentent visés par une remarque, tout à fait en marge d’ailleurs du discours de Sarrazin, sur le « gène juif ». Toutefois, l’intérêt général pour les thèses de Sarrazin a au moins deux racines. Premièrement : la situation, qu’il décrit, sur laquelle il prend son point de départ et pour laquelle il propose une thérapie et énonce des conclusions, eh bien, cette situation est ressentie de manière identique par beaucoup de gens en Allemagne.

 

Q. : Vous voulez dire le déficit d’intégration…

 

HS : Oui. Car les autres affirmations de Sarrazin ne sont pas partagées par tous. Deuxièmement : ces autres affirmations ont provoqué beaucoup de gens, surtout ceux de la presse et de la classe politique. Ces gens-là ont commencé par prendre une attitude très prononcée de mépris à l’égard de Sarrazin et ont jugé négativement ce qu’il disait. Jusqu’au jour où ils ont remarqué, journalistes en tête, qu’une bonne part de l’opinion publique pensaient très différemment d’eux. Alors ils se sont mis à réfléchir. Il faut ensuite ajouter un troisième point : le parti de Sarrazin, auquel il appartient depuis trente ou quarante ans, je veux dire celui des sociaux-démocrates, pense aujourd’hui à le jeter hors de ses rangs. Beaucoup de gens estiment que ce n’est pas correct.

 

Q. : Et vous-même ?

 

HS : Je pense aussi que ce n’est pas correct.

 

Q. : Et pourquoi n’est-ce pas correct ?

 

HS : Il faut d’abord écouter, poser des questions, discuter. Jadis, nous avons eu toutes sortes de déviants au sein de la sociale démocratie allemande et Sarrazin n’est pas le premier qui se voit menacer d’une exclusion. Mais, dans le temps, nous les avons supportés, ces esprits rebelles. Au-delà de la cuisine interne de la SPD, ce qui est important, c’est le fait que la liberté de proclamer son opinion haut et fort pour que l’entende toute l’opinion publique, est désormais perçue comme mise en danger dans l’affaire Sarrazin. En réalité, elle n’est pas mise en danger. Mais lorsque quelqu’un dit quelque chose, qui ne me plait pas, et qu’alors je lui dis tout de go, que je ne lui serrerai plus la main, que je ne veux plus le voir, une telle attitude est perçue comme un mépris à l’endroit de l’opinion que l’autre a formulée. La constitution fédérale allemande autorise les bonnes politiques comme les fausses. La liberté d’opinion, garantie par l’article 5, est valable pour les opinions justes comme pour les opinions fausses. Alors si le social-démocrate Sarrazin, ancien sénateur de Berlin pour les finances, connaît le succès en formulant des assertions provocatrices  —et il n’y a aucun doute qu’elles sont provocatrices—  je lui aurais dit, moi, s’il me l’avait demandé, de modérer ses propos.

 

(…)

 

Q. : Considérez-vous que l’identité allemande et que l’existence même de l’Allemagne sont en danger vu le taux de naissance beaucoup plus élevé que l’on constate dans les couches les plus défavorisées de la population, surtout chez les immigrés ?

 

HS : Non, je ne perçois pas ce danger pour le moment. Mais je dois vous avouer qu’au début des années 70, j’ai demandé à ce que l’on freine l’immigration en provenance d’aires civilisationnelles trop étrangères à l’Allemagne, que j’ai considéré une telle mesure comme nécessaire et que je l’ai favorisée. Lorsque j’ai pris les fonctions de chef de gouvernement, nous avions 3,5 millions de travailleurs étrangers, ici en Allemagne ; quand j’ai quitté les affaires, nous en avions encore 3,5 millions. Aujourd’hui, nous avons à peu près 7 millions d’étrangers en Allemagne.

 

Q. : Mais, vous, vous n’avez pas réclamé un frein à l’immigration au nom de principes tirés de la génétique…

 

HS : C’est juste. Tout cela n’a rien à voir avec l’hérédité et la génétique. Si vous prenez par exemple une personne issue d’une culture ouest-européenne, comme celles de l’Espagne ou du Portugal, et que vous la transplantez à Hambourg Eimsbüttel, et que ses enfants vont là à l’école, en règle générale, tout va bien, tout se passe dans le bon ordre.  Avec ceux qui nous arrivent de Pologne, tout se passe même fort bien. Mais si vous transplantez une personne qui nous arrive d’Afghanistan ou du Kirghizistan pour s’installer au même endroit, sans que ses enfants ne comprennent le moindre mot d’allemand, alors vous récolterez tôt ou tard de sérieux problèmes à l’école.

 

Q. : Depuis peu, nous avons une jeune collègue, que vous verrez souvent assise en face de vous lors des conférences politiques du vendredi. Ses parents sont arrivés de Turquie il y a près de quarante ans. Ils étaient ouvriers d’usine ; la mère ne connaissait quasiment pas un mot d’allemand et elle devait imiter le caquètement des poules chez le boucher pour signifier qu’elle voulait du poulet. Mais leur fille est devenue journaliste à « Die Zeit »…

 

HS : Je n’ai pas dit que cela devait irrémédiablement mal se passer. Bien au contraire. Il y a beaucoup de cas où l’intégration réussit. Mais il y a aussi beaucoup d’autres cas, où elle ne réussit pas du tout. C’était la raison pour laquelle j’avais fait en sorte qu’on mette un terme au recrutement des « travailleurs-hôtes », comme on disait alors, et qu’on leur offre davantage de possibilités de retour au pays. Il est vrai que ces travailleurs avaient été recrutés dans l’idée qu’ils étaient effectivement des « hôtes » et que tout hôte, un jour ou l’autre, rentrerait chez lui. Mais beaucoup d’entre eux, de fait, ne le désiraient pas.

 

Q. : Pourquoi personne n’a envisagé, à l’époque, que ces travailleurs resteraient ?

 

HS : Parce que tous les Espagnols ne sont pas restés ; beaucoup d’Italiens et de Portugais les ont imités. Dans la plupart des cas, ne sont restés que les gens qui provenaient de pays où, sur les plans économique et social, tout allait beaucoup plus mal qu’ici en Allemagne.

 

Q. : Vous voulez dire des Musulmans issus de Turquie…

 

HS : Par exemple, mais pas seulement de Turquie, aussi des anciennes républiques de l’ex-Union Soviétique, de l’actuelle Fédération de Russie ou de pays du Proche Orient, comme le Liban notamment. De tous ceux qui sont venus de ces pays, beaucoup ont aimé demeurer en Allemagne. Or on aurait parfaitement pu prévoir que leur intégration allait s’avérer difficile. En réalité, le problème fondamental est le suivant, et il est juste que l’on en discute dorénavant sur la place publique : nous, les Allemands, n’avons pas été capables d’assimiler ou d’intégrer sept millions d’immigrés. Nous n’avons pas réussi car nous n’avons pas fait suffisamment d’efforts et nous n’avons pas entrepris les démarches qu’il fallait entreprendre. Nous avons intégré une grande partie de ces travailleurs, certes, mais une autre partie d’entre eux, et une partie considérable, nous ne l’avons pas intégrée. Malheureusement. Ce n’est pas tant la faute de ces immigrés, comme on dit aujourd’hui. La faute principale incombe aux Allemands eux-mêmes. Et cette faute vient du fait que nous n’avons pas discuté de la chose. On peut dire de Sarrazin ce que l’on veut, il a fait mouche et a osé aborder un sujet qui était quasiment tabou jusqu’ici.

 

(extrait d’un entretien paru dans « Zeit Magazin », n°38/2010).

dimanche, 13 juin 2010

Georges Sorel

Georges Sorel

Ex: http://www.oswaldmosley.com/

sorel1.jpgGeorges Sorel was born in Normandy in 1847 and, after receiving a private education there, attended the Ecole Polytechnique, where he distinguished himself in mathematics. He entered the civil service as an engineer and retired after the requisite twenty-five years, then promptly took up writing, and through innumerable books, established his place as a major social critic. The most famous and most extreme advocate of syndicalism, Georges Sorel's passion for revolutionary activity in place of rational discourse made him most influential in shaping the direction of fascism, especially in Mussolini's Italy.

Georges Sorel stated his theory of "social myths" most clearly in a letter to Daniel Halevy in 1907. .....Men who are participating in a great social movement always picture their coming action as a battle in which their cause is certain to triumph. These constructions, knowledge of which is so important for historians, I propose to call myths; the syndicalist "general strike" and Marx's catastrophic revolution are such myths. As remarkable examples of such myths, I have given those which were constructed by primitive Christianity, by the Reformation, by the Revolution and by the followers of Mazzini. I now wish to show that we should not attempt to analyze such groups of images in the way that we analyze a thing into its elements, but that they must be taken as a whole, as historical forces, and that we should be especially careful not to make any comparison between accomplished fact and the picture people had formed for themselves before action.

I could have given one more example which is perhaps still more striking: Catholics have never been discouraged even in the hardest trials, because they have always pictured the history of the Church as a series of battles between Satan and the hierarchy supported by Christ; every new difficulty which arises is only an episode in a war which must finally end in the victory of Catholicism.

In employing the term myth I believed that I had made a happy choice, because I thus put myself in a position to refuse any discussion whatever with the people who wish to submit the idea of a general strike to a detailed criticism, and who accumulate objections against its practical possibility. It appears, on the contrary, that I had made a most unfortunate choice, for while some told me that myths were only suitable to a primitive state of society, others imagined that I thought the modern world might be moved by illusions analogous in nature to those which Renan thought might usefully replace religion. But there has been a worse misunderstanding than this even, for it has been asserted that my theory of myths was only a kind of lawyer's plea, a falsification of the real opinions of the revolutionaries, the sophistry of an intellectual.

If this were true, I should not have been exactly fortunate, for I have always tried to escape the influence of that intellectual philosophy, which seems to me a great hindrance to the historian who allows himself to be dominated by it.

In can understand the fear that this myth of the general strike inspires in many worthy progressives, on account of its character of infinity, the world of today is very much inclined to return to the opinions of the ancients and to subordinate ethics to the smooth working of public affairs, which results in a definition of virtue as the golden mean; as long as socialism remains a doctrine expressed only in words, it is very easy to deflect it towards this doctrine of the golden mean; but this transformation is manifestly impossible when the myth of the "general strike" is introduced, as this implies an absolute revolution. You know as well as I do that all that is best in the modern mind is derived from this "torment of the infinite"; you are not one of those people who look upon the tricks by means of which readers can be deceived by words, as happy discoveries. That is why you will not condemn me for having attached great worth to a myth which gives to socialism such high moral value and such great sincerity. It is because the theory of myths tends to produce such fine results that so many seek to refute it....

As long as there are no myths accepted by the masses, one may go on talking of revolts indefinitely, without ever provoking any revolutionary movement; this is what gives such importance to the general strike and renders it so odious to socialists who are afraid of a revolution....

The revolutionary myths which exist at the present time are almost free from any such mixture; by means of them it is possible to understand the activity, the feelings and the ideas of the masses preparing themselves to enter on a decisive struggle: the myths are not descriptions of things, but expressions of a determination to act. A Utopia is...and intellectual product; it is the work of theorists who, after observing and discussing the known facts, seek to establish a model to which they can compare existing society in order to estimate the amount of good and evil it contains. It is a combination of imaginary institutions having sufficient analogies to real institutions for the jurist to be able to reason about them; it is a construction which can be taken to pieces, and certain parts of it have been shaped in such a way that they can...be fitted into approaching legislation. While contemporary myths lead men to prepare themselves for a combat which will destroy the existing state of things, the effect of Utopias has always been to direct men's minds towards reforms which can be brought about by patching up the existing system; it is not surprising, then, that so many makers of Utopias were able to develop into able statesmen when they had acquired a greater experience of political life.

A myth cannot be refuted, since it is, at bottom, identical with the conviction of a group, being the expression of these convictions in the language of movement; and it is, in consequence, unanalyzable into parts which could be placed on the plane of historical descriptions. A Utopia, on the other hand, can be discussed like any other social constitution; the spontaneous movements it presupposes can be compared with the movements actually observed in the course of history, and we can in this way evaluate its verisimilitude; it is possible to refute Utopias by showing that the economic system on which they have been made to rest is incompatible with the necessary conditions of modern production.

For a long time Socialism was scarcely anything but a Utopia; the Marxists were right in claiming for their master the honor of bringing about a change in this state of things; Socialism has now become the preparation of the masses employed in great industries for the suppression of the State and property; and it is no longer necessary, therefore, to discuss how men must organize themselves in order to enjoy future happiness; everything is reduced to the revolutionary apprenticeship of the proletariat. Unfortunately Marx was not acquainted with facts which have now become familiar to us; we know better than he did what strikes are, because we have been able to observe economic conflict of considerable extent and duration; the myth of the "general strike" has become popular, and is now firmly established in the minds of the workers; we possess ideas about violence that it would have been difficult for him to have formed; we can then complete his doctrine, instead of making commentaries on his text, as his unfortunate disciples have done for so long.

In this way Utopias tend to disappear completely from Socialism; Socialism has no longer any need to concern itself with the organization of industry since capitalism does that....

People who are living in this world of "myths," are secure from all refutation; this has led many to assert that Socialism is a kind of religion. For a long time people have been struck by the fact that religious convictions are unaffected by criticism, and from that they have concluded that everything which claims to be beyond science must be a religion. It has been observed also that Christianity tends at the present day to be less a system of dogmas than a Christian life, i.e., moral reform penetrating to the roots of one's being; consequently, new analogy has been discovered between religion and the revolutionary Socialism which aims at the apprenticeship, preparation, and even reconstruction of the individual -- a gigantic task....

...by the side of Utopias there have always been myths capable of urging on the workers to revolt. For a long time these myths were founded on the legends of the Revolution, and they preserved all their value as long as these legends remained unshaken. Today the confidence of the Socialists is greater than ever since the myth of the general strike dominates all the truly working-class movement. No failure proves anything against Socialism since the latter has become a work of preparation (for revolution); if they are checked, it merely proves that the apprenticeship has been insufficient; they must set to work again with more courage, persistence, and confidence than before; their experience of labor has taught workmen that it is by means of patient apprenticeship that a man may become a true comrade, and it is also the only way of becoming a true revolutionary. (July 15, 1907)

G. Sorel: Electoral Democracy and Stock Exchange

sorelrv.jpgGeorges Sorel: Electoral Democracy and Stock Exchange

"Electoral democracy greatly resembles the world of the Stock Exchange; in both cases, it is necessary to work upon the simplicity of the masses, to buy the cooperation of the most important papers, and to assist chance by an infinity of trickery; there is not a great deal of difference between a financier who puts grand-sounding concerns on the market, which come to grief in a few years, and the politician who promises his fellow citizens an infinite number of reforms, which he does not know how to bring about and which resolve themselves simply into an accumulation of parliamentary papers. Neither one nor the other knows anything about production and yet they manage to obtain control over it, to misdirect it and to exploit it shamelessly: they are dazzled by the marvels of modern industry and they each imagine that the world is so rich that they can rob it on a large scale without causing any great outcry amongst the producers; to bleed the taxpayer
without bringing him to the point of revolt, that is the whole art of the statesman and the great financier. Democrats and businessmen have a very special science for the purpose of making deliberative assemblies approve of their swindling; parliamentary regimes are as fixed as shareholders' meetings. It is probably because of the profound psychological affinities resulting from these methods of operation that they both understand each other so perfectly: democracy is the paradise of which unscrupulous financiers dream."

(Reflections on Violence, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, pp. 221-222.)