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vendredi, 26 février 2010

Plantes médicinales: le frêne et la sauge

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

Plantes médicinales: le frêne et la sauge

 

frene.jpgDans cette rubrique, que j'ouvre cette année en tant qu'animatrice de l'«Amicale Ecologique Européenne» et des ateliers “écologie” de Synergies Européennes, je veux surtout dégager l'écologie de toutes les formes de carcans idéologiques qui l'enserrent, de toutes les idéalisations niaises, en me basant exclusi­vement sur des donnés empiriques: l'homme a un besoin profond de s'immerger dans la nature et de co-participer à ses cycles. Si les temps modernes ne permettent plus une telle immersion totale, il demeure néanmoins possible, sinon impératif, de chercher à (re)faire quelques pas en direction de Mère-Nature. Par exemple, en cherchant à connaître ce monde silencieux qui a survécu au sein même ou en marge de notre civilisation et qui se renouvelle au fil des siècles: je veux parler du monde des plantes et des fleurs; c'est là un monde qui décore et enlumine notre modernité en dépit de tout, qui embellit nos maisons, nos rues, nos villes, qui fait partie de notre vie quotidienne sans que nous ne nous en rendions plus compte. Ma collaboration à cette rubrique “écologie” consistera à présenter chaque fois un arbre et une fleur (ou une herbe), par une fiche technique brève nous permettant de l'identifier et de connaître les légendes et les traditions qu'ils ou elles ont suscitées.

 

Je commence donc par un arbre, que les peuples nordiques considéraient comme magique: le Frêne. En effet, l'arbre cosmique Yggdrasill est un frêne pour l'antique paganisme scandinave; il soutient le monde et son feuillage couvre tout le territoire de la Terre. Ses branches demeurent toujours vertes et symboli­sent l'éternité, en s'étendant aux quatre coins du ciel. Ses racines plongent dans trois directions diffé­rentes: l'une vers le domaine des Ases, l'autre vers celui des Géants et la troisième vers le monde infer­nal. Le frêne Yggdrassil représente ainsi l'élévation de la Terre vers le Ciel; c'est la verticalité et, simulta­nément, l'antagonisme entre le tellurique et le céleste, entre le matériel et le spirituel.

 

Ensuite, le frêne est lié à des animaux emblématiques comme l'aigle, symbole d'élévation et de connais­sance des secrets du ciel, et au loup, incarnation des menaces obscures de l'ordre cosmique. Ce sont là des images de puissance et de vitalité par lesquelles on mesure la “vertu” (au sens romain du terme) des héros.

 

La tradition scandinave nous rappelle quelques usages médicinaux du frêne, auquel on attribue la capa­cité de guérir des fièvres, des vertus diurétiques, laxatives, cicatrisantes. On croit que son bois, sous forme de sciure, déposé sur une morsure de serpent peut contrecarrer les effets du venin.

 

De nos jours on utilise l'essence du frêne comme diurétique contre l'obésité, la cellulite et le cholestérol (dose: trois tasses par jour, dont une le matin à jeun; mettre en infusion 200 g de feuilles dans un litre d'eau bouillante pendant dix minutes). L'écorce et les graines servent à faire tomber la fièvre. La sève du frêne a des vertus laxatives, si on en prend 2 g mélangés à une petite cuiller de confiture, le matin à jeun. Contre la mauvaise haleine, il suffit d'en mastiquer une feuille frâiche ou préalablement déssechée, à la place de l'habituel bonbon à la menthe! Enfin, une curiosité: il semble que la tisane de frêne (infusion de 40 g de feuilles séchées dans un litre d'eau bouillante) soit capable de ralentir le vieillissement de l'organisme.

 

Mais où trouve-t-on cet arbre précieux? Dans les forêts et sur les terrains fertiles jusqu'à une hauteur de 1400 mètres.

IDENTIFICATION: L'arbre mesure de 20 à 30 mètres. Son tronc est droit et son écorce, grise cendrée et lisse. Son arborescence est étendue, ses branches, grises, ses bourgeons, noirs, et ses feuilles impari­pennées de 7 à 15, vertes foncées sur la face supérieure et plus pâles sur la face inférieures; elles sont dentées. Il fleurit d'avril à mai et ses fleurs sont en forme d'épi. Il n'a pas d'odeur et sa saveur est amère.

PARTIES UTILISÉES: graines, feuilles, sève, écorce des branches jeunes.

L'herboristerie alchimique classe le frêne sous l'égide de Jupiter et, en tant que tel, l'estime capable d'intervenir sur l'hypothalamus et donc de réguler depuis ce centre les diverses fonctions vitales, en les rééquilibrant.

 

La sauge

 

Toujours sous l'égide de Jupiter, nous trouvons la SAUGE, une plante pérenne connue de tous pour son utilisation en cuisine, mais qui n'est généralement pas appréciée à sa juste valeur. Je ne veux pas déni­grer l'arôme précieux qu'elle procure aux rôtis: je voudrais surtout en dire davantage sur cette plante utili­sée depuis la plus haute antiquité. De la sauge, les Romains disaient: Salvia salvatrix, naturae consiliatrix (Sauge salvatrice, conciliatrice de la nature). En fait, à l'origine, le nom de la sauge dérive du latin salus (le salut) ou salvus/salva (sain, en bonne santé; ndlr: on aperçoit directement la proximité sémantique, comme en germanique heil, “salut”, heilen, “guérir” ou heilkunde, “art de guérir”, “médecine”, en néerlan­dais), étymologie qui rappelle les propriétés médicinales de cette plante. L'antiquité nous a légué un autre proverbe, en usage d'Europe jusqu'en Chine: Cur moriatur homo, cui crescit salvia in horto? (Pourquoi meurt l'homme, qui possède un jardin où croît la sauge?), ce qui souligne le pouvoir qu'aurait cette plante de donner la longévité.

 

sauge.jpgDiverses traditions, dans différentes régions et cultures, prêtent à la sauge un pouvoir de guérison extra­ordinaire. Chez les Gaulois, la sauge était considérée comme une véritable panacée. Les druides l'utilisaient pour guérir les fièvres, les toux, les rhumatismes, ainsi que pour favoriser conception et ac­couchement. Ils n'oubliaient jamais d'ajouter à ses effets, ceux de l'hydromel. Pour les Romains, la sauge était également une plante sacrée, qu'ils récoltaient selon un rituel précis: les personnes désignées pour aller la cueillir faisaient préalablement un sacrifice de pain et de vin puis se revêtaient d'une tunique blanche, allaient pieds nus et bien lavés. Il fallait (et il faudrait toujours!) éviter d'utiliser des outils de fer parce que les composants du fer sont incompatibles avec les essences de la sauge. Au moyen-âge, on contait que la sauge avait été bénie par la Madonne parce qu'un massif de cette plante avait caché le Sainte Famille en fuite vers l'Egypte, poursuivie par les soldats de Hérode. Des chroniques antiques ra­content que durant la terrible peste qui ravagea Toulouse en 1630, quelques voleurs avaient trouvé le moyen de s'emparer des biens de ceux qui venaient de mourir de la peste sans attraper la mortelle mala­die. Ces voleurs ont été surpris et arrêtés, mais on leur a tout de suite promis la vie sauve s'ils révélaient le secret qui les préservait de la contagion. Les voleurs se sont confessés: il suffisait, dirent-ils, de s'enduir le corps d'un vinaigre dans lequel on avait préalablement fait macérer beaucoup de sauge, avec un petit peu de romarin, de thym et de lavende. Les voleurs ont sauvé deux fois leur peau: de la peste et du gibet. C'est ainsi qu'est né le “Vinaigre des Quatre Larrons”, beaucoup utilisé en France et recom­mandé en cas d'épidémie et de grippe. Enfin, au XVIIième siècle, ce “Vinaigre” était tant apprécié des Chinois que les marchands hollandais affirmaient pouvoir échanger trois corbeilles de thé contre une seule de sauge.

 

Au fil des temps, la réputation de la sauge s'est maintenue inaltérée, mais s'il est utile de rafraîchir un peu les mémoires de la plupart de nos contemporains.

UTILISATION MÉDICINALE: la sauge est efficace pour guérir les états de dépression (infusion de 20 g de feuilles séchées dans un litre d'eau pendant dix minutes, deux à trois tasses par jour), les crises d'asthme et les bronchites (feuilles de sauge séchées et découpées, fumées sous forme de cigarettes ou en pipe). Elle peut également être utilisée en cas d'affaiblissement généralisé ou pendant une convales­cence, à la suite d'une longue maladie: il faut alors prendre un pichet de vin de sauge après les repas. Ce vin s'obtient en faisant macérer 100 g de feuilles de sauge séchées dans un litre de vin rouge pendant dix jours et puis en le filtrant. Cette plante extraordinaire est également utile pour rééquilibrer les flux san­guins au cours des menstruations: il faut alors prendre deux tasses par jours d'une infusion de 15 g de sauge dans un litre d'eau bouillante pendant dix minutes, tout au long de la première semaine qui suit l'apparition des menstruations. Enfin, la sauge intervient dans les bains stimulants, notamment contre les douleurs rhumatisales: dans de tels cas, il faut préparer une infusion de 400 g de sauge à faire infuser dans quatre litres d'eau bouillante pendant quinze minutes, puis filtrer et verser dans la baignoire au mo­ment où l'on y entre.

 

USAGE COSMÉTIQUE: la sauge tonifie et revitalise la peau. On peut obtenir un tonifiant naturel en fai­sant macérer 60 g de cette plante dans un litre d'eau de Cologne pendant six semaines; on filtrera ensuite cette solution et on l'utilisera après avoir laver le visage, en se badigeonnant à l'aide d'un bout d'ouate lé­gèrement imbibé. A base de sauge, on peut également se fabriquer un dentifrice naturel, donnant un bel éclat de blancheur aux dents, en se frottant tout simplement les dents et les gencives avec une feuille de sauge. Enfin, après un shampooing, il faut rincer les cheveux avec une infusion de sauge, ce qui rend à ceux-ci leur couleur sombre.

 

Ultime curiosité: placée en sachets d'étoffe dans les armoires, la sauge protège les vêtements et les tis­sus des mites.

 

IDENTIFICATION: d'une hauteur de 30 à 70 cm, la sauge a de grandes feuilles oblongues, pétiolées, vertes-blanchâtres, assez épaisses; les fleurs apparaissent en mai-juin et sont bleues violacées; elles se présentent sous forme d'épis de trois à six fleurs; la plante possède une odeur et une saveur arôma­tique.

PARTIES UTILISÉES: les feuilles et les extrémités florales; à conserver dans des récipients se fermant hermétiquement.

 

Laura SILURI.

 

Bibliographie:

- Ouvrage collectif, Segreti e virtù delle piante medicinale, Selezione dal Reader's Digest, 1980.

- Gianna CHIESA-ISNARDI, I miti nordici, Longanesi.

- Lesley BREMNESS, Il grande libro delle erbe, De Agostini, 1994.

- Padre Atanasio DA GRAUNO, Piante ed erbe medicinale della Regione tridentia, Ardesi, 1937.

- Giovanna BELLI, Erbe e piante, Mondadori, 1993.

- Marc QUESTIN, La médecine druidique, Belfond-L'Age du Verseau, 1990.

- Alfredo CATTABIANI, Erbario, Rusconi, 1985.

mercredi, 10 février 2010

Politique environnementale

Communiqué :

Mouvement MINERVE

 

 

POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE

 

environnement.jpgMême si des erreurs d’évaluation mathématiques peuvent modifier certaines données relatives à l’effet de serre et aux perspectives climatiques, la lutte contre l’émission excessive de CO2 est indispensable non seulement sous l’aspect des changements climatiques, mais aussi pour des motifs de pollution de l’air, déjà irrespirable dans certaines parties du monde (pays « émergents »).

 

A cet égard, il convient d’évaluer comme positives les propositions maximalistes du gouvernement français, qui visent par ailleurs, notamment par le biais d’une réduction des émissions de CO2 dans une proportion de 80% de leur niveau actuel, à protéger les industries françaises et européennes contre la concurrence déloyale de la Chine et d’autres pays émergents, fondée essentiellement sur le dumping social et environnemental.

 

Mais cette lutte n’est pas suffisante pour préserver l’avenir des générations qui suivront la nôtre. Il faut aussi agir d’urgence en vue de la sauvegarde des équilibres naturels.

 

Ceux-ci sont dangereusement compromis par la déforestation, par l’épuisement des terres cultivables dû à des méthodes de culture antibiologiques et aux monocultures, par la chasse et la pêche intensives et excessives, par la pollution des mers, par des élevages industriels qui sont à l’origine de très graves pollutions des nappes aquatiques et également d’épidémies et de mutations de certains virus.

 

En outre, il est erroné de s’imaginer que les ressources de la terre sont suffisantes pour couvrir tous les besoins de l’ensemble des populations humaines de la planète en cas de poursuite de l’explosion démographique qui caractérise certaines zones déjà surpeuplées.

 

Il s’agit d’un facteur dont il s’impose de tenir compte d’une manière ou d’une autre. Le remède ne peut pas être la migration de populations exagérément prolifiques vers d’autres zones comme l’Europe, qui sont déjà largement surpeuplées et où la démographie des populations originaires est actuellement « déficitaire », un phénomène qui en soi n’est pas dramatique, mais plutôt positif à moyen et long terme si l’immigration des populations provenant d’autres continents n’aboutit pas à la substitution des populations d’origine par des populations différentes et civiquement moins évoluées.

 

Une politique environnementale et écologique fondée sur des critères maximalistes comme celle préconisée par le gouvernement français ne signifie nullement la destruction de la société industrielle et l’adoption d’un principe de base visant à une diminution du niveau de vie des pays dits « riches ».

 

Il ne faut certainement pas viser à une renonciation à la croissance et au développement économique, à condition, bien évidemment, que ce développement soit écologiquement soutenable.

 

En revanche, une croissance et un développement soutenable et durable sont parfaitement conciliables avec le maintien  de toutes les activités industrielles actuelles. Les méthodes de production doivent, certes, être perfectionnées à la lumière d’innovations technologiques qu’il convient de promouvoir.

 

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que les exigences écologiques sont en soi porteuses du développement d’industries nouvelles et de nouveaux secteurs d’activité.

 

André WOLFF,

Chef de Division linguistique (e. r.),

Comité économique et social européen,

Président d’honneur de l’Association MINERVE

 

Correspondant MINERVE-France,

Robert KEIL,

2, rue Paul Ferry,

F-57.000 Metz.

dimanche, 31 janvier 2010

Quelle philosophie politique de l'écologie?

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

Robert STEUCKERS

Quelle philosophie politique de l'écologie?

 

Les bons scores des Verts français à la suite des dernières campagnes électorales dans l'Hexagone, la per­sistance des Grünen  ouest-allemands et les sondages favorables aux listes écologistes en Belgique pour les prochaines élections (12% à Bruxelles!) obligent tous les militants politiques, de quelque horizon qu'ils soient, à développer un discours écologique cohérent. En effet, pour la décennie qui vient, pour les premières décennies du XXIième siècle, se dessine une nouvelle bipolarité entre, d'une part, les nationaux-identitaires, animés par une forte conscience historique, et, d'autre part, les Verts, soucieux de préserver le plus harmonieusement possible le cadre de vie de nos peuples. Cette bipolarisation est appelée à refouler graduellement dans la marginalité les anciennes polarisations entre partisans du laissez-faire libéral et par­tisans de l'Etat-Providence. C'est en tout cas ce qu'observe un professeur américain, Peter Drucker (1), dont la voix exprime des positions quasi officielles. Toutes les formes de libéralisme, malgré le sursaut tapageur des années Reagan, sont appelées à disparaître en ne laissant que les traces de leurs ravages mo­raux et sociaux; en effet, les impératifs de l'heure sont des impératifs globaux de préservation: préserver une conscience historique et préserver un cadre de vie concret contre les fantasmes de la «table rase» et contre le messianisme qui promet, avec un sourire vulgairement commercial, des lendemains qui chantent. Ces impératifs exigent des mobilisations collectives; dès lors, beaucoup de réflexes ne seront plus de mise, notamment l'engouement dissolvant pour l'individualisme méthodologique, propre du libéralisme, avec sa sainte horreur des obligations collectives structurantes qui, elles, parient sur le très long terme et ne veulent pas se laisser distraire par les séductions de l'instant (le «présentisme» des sociologues).

 

Le libéralisme politique et économique a engendré la mentalité marchande. C'est un fait. Même si d'aucuns, dans des clubs agités par une hayekite aigüe, croient pouvoir prouver que les choses auraient pu tourner autrement. On connaît le bon mot: avec des "si", on met Paris en bouteille. L'histoire est là qui montre l'involution lente mais sûre du libéralisme théorique d'Adam Smith à la déliquescence sociale to­tale que l'on observe chez les hooligans de Manchester ou de Liverpool, chez les consommateurs de crack du Bronx ou dans la déchéance ensoleillée et sidaïque de San Francisco. Le fantasme libéral de la perfecti­bilité infinie (2), qu'on lira à l'état pur chez un Condorcet, a induit les peuples à foncer bille en tête vers les promesses les plus fumeuses, dans une quête forcenée de plaisirs éphémères, de petits paradis d'inaction et de démobilisation. La jouissance hédoniste de l'instant est ainsi devenue le telos (le but) des masses, tandis que les gagneurs, plus puritains, tablaient sur la rentabilité immédiate de leurs investis­se­ments. Jouissance et rentabilité immédiates impliquent deux victimes: l'histoire (le temps), qui est ou­bliée et refoulée, et l'environnement (l'espace), qui est négligé et saccagé, alors que ce sont deux catégories incontournables dans toute société solidement assise, deux catégories qui résistent pied à pied aux fan­tasmes du «tout est possible - tout est permis» et qu'il sera toujours impossible de faire disparaître tota­lement.

 

Ce résultat navrant du libéralisme pratique, de cette vision du monde mécanique (qui a le simplisme ex­trême des mécaniques) et de ces suppléments d'âme moralisants (participant d'une morale auto-justifica­trice, d'une morale-masque qui cache l'envie intempérante de tout avoir et tout maîtriser), nous force à adopter

1) une philosophie qui tienne compte du long terme, tout en préservant

a) les ressources de la mémoire historique, laquelle est un réceptacle de réponses acquises et con­crètes aux défis du monde, et

b) les potentialités de l'environnement, portion d'espace à maintenir en bon état de fonctionne­ment pour les générations futures;

2) une pratique politique qui exclut les discours moralisants et manipulateurs, discours gratuits et a for­tiori désincarnés, blabla phatique qui distrait et endort les énergies vitales.

Enfin, l'état du monde actuel et la bipolarisation en train de s'installer nous obligent à déployer une stra­tégie précise qui empêchera 1) les rescapés du bourgeoisisme libéral d'investir le camp des «identitaires historicisés» et 2) les rescapés de l'égalitarisme caricatural des vieilles gauches, vectrices de ressentiments, d'investir le camp des «identitaires éco-conscients». Cette stratégie peut paraître présomptueuse: com­ment, concrètement, réaliser un double travail de ce type et, surtout, comment affermir une stratégie en apparence aussi détachée des combats quotidiens, aussi régalienne parce que non partisane et non mani­chéenne, aussi réconciliatrice de contraires apparemment irréconciliables? Les traditions gramsciennes et la métapolitique nous ont enseigné une chose: ne pas craindre les théories (surtout celles qui visent la coin­cidentia oppositorum), être attentif aux mouvements d'idées, même les plus anodins, être patient et garder à l'esprit qu'une idée nouvelle peut mettre dix, vingt, trente ans ou plus pour trouver une traduction dans la vie quotidienne. Organiser une phalange inflexible d'individus hyper-conscients, c'est la seule recette pour pouvoir offrir à son peuple, pour le long terme, un corpus cohérent qui servira de base à un droit nouveau et une constitution nouvelle, débarrassée des scories d'un passé récent (250 ans), où se sont mul­tipliés fantasmes et anomalies.

 

Une société de pensée a pour mission d'explorer minutieusement bibliothèques et corpus doctrinaux, œuvres des philosophes et des sociologues, enquêtes des historiens, pour forger, en bout de course, une idéologie cohérente, souple, prête à être comprise par de larges strates de la population et à s'inscrire dans la pratique politique quotidienne. Les idéologies qui nous ont dominés et nous dominent encore dérivent toutes d'une matrice idéologique mécaniciste, idéaliste, moralisante. Le libéralisme dérive des philoso­phies mécanicistes du XVIIIième siècle et de l'idéalisme moralisant et hédoniste des utilitaristes anglais. Ce bricolage idéologique libéral ne laissait aucune place à l'exploration féconde du passé: dans sa métho­dologie, aucune place n'était laissée au comparatisme historicisant, soit à la volonté de se référer à la geste passée de son peuple pour apprendre à faire face aux défis du présent, à la mémoire en tant que ciment des communautés (où, dans une synergie holiste, éléments économiques, psychologiques et historiques s'imbriquent étroitement), si bien qu'un Jacques Bude (3) a pu démontrer que le libéralisme était un obscu­rantisme, hostile à toute investigation sociologique, à toute investigation des agrégats sociaux (considérés comme des préjugés sans valeur).

 

Par ailleurs, la philosophie linéaire de l'histoire que s'est annexée le libéralisme dans sa volonté de parfaire infiniment l'homme et la société, a conduit à une exploitation illimitée et irréfléchie des ressources de la planète. Pratique qui nous a conduit au seuil des catastrophes que l'on énumerera facilement: pollution de la Sibérie et de la Mer du Nord, désertification croissante des régions méditerranéennes, ravage de la forêt amazonienne, développement anarchique des grandes villes, non recyclage des déchets industriels, etc.

 

Le marxisme a été un socialisme non enraciné, fondé sur les méthodes de calcul d'une école libérale, l'école anglaise des Malthus et Ricardo. Il n'a pas davantage que le libéralisme exploré les réflexes hérités des peuples ni mis des limites à l'exploitation quantitative des ressources du globe. En bout de course, c'est la faillite des pratiques mécanicistes de gauche et de droite que l'on constate aujourd'hui, avec, pour plus bel exemple, les catastrophes écologiques des pays naguère soumis à la rude férule du «socialisme réel». A ce mécanicisme global, qui n'est plus philosophiquement défendable depuis près d'un siècle, se substituera progressivement un organicisme global. Les pratiques politico-juridiques, l'idéologie domi­nante des établissements, notamment en France et en Belgique, sont demeurées ancrées solidement dans le terreau mécaniciste. L'alternative suggérée par le mouvement flamand, appuyée par les sociologues de la Politieke Akademie créée par Victor Leemans à Louvain dans les années 30 (4), a été soit éradiquée par l'épuration de 1944-51 soit récupérée et anémiée par la démocratie-chrétienne soit refoulée par une in­quisition têtue qui ne désarme toujours pas. Or cette alternative, et toute autre alternative viable, doit se déployer au départ d'une conscience solidissime de ses assises. Ces assises, quelles sont-elles? Question qu'il est légitime de poser si l'on veut prendre conscience de la généalogie de nos positions actuelles, tout comme les néo-libéraux avaient exhumé Adam Smith, Mandeville, Condorcet, Paine, Constant, etc. (5), au moment où ils se plaçaient sous les feux de la rampe, avec la complaisance béotienne de la médiacratie de droite. L'archéologie de notre pensée, qui conjugue conscience historique et conscience écologique, a ses propres chantiers:

1) Les textes de la fin du XVIIIième siècle, où on lit pour la première fois des réticences à l'endroit de la mécanicisation/détemporalisation du monde, portée par des Etats absolutistes/modernistes, conçus comme des machines entretenues par des horlogers (6). L'idéologie révolutionnaire reprendra à son compte le mé­canicisme philosophico-politique des absolutismes. L'hystérie des massacres révolutionnaires, perçue comme résultat négatif du mécanicisme idéologique, induit les philosophes à re-temporaliser et re-vitaliser leur vision du politique et de l'Etat. Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant, auparavant expo­sant des Lumières, opère une volte-face radicale: les communautés politiques ne sont pas des systèmes d'engrenages plus ou moins complexes, mais des Naturprodukte (des produits de nature) animés et mus par une force intérieure, difficilement cernable par la raison. Le poète Schiller prendra le relais du Philosophe de Königsberg, popularisant cette nouvelle attention pour les faits de monde organiques. Dans ce Kant tardif, l'organicisme que nous défendons prend son envol. Intellectuellement, certains libéraux, cosmopolites et universalistes qui battent l'estrade du petit monde parisien depuis quelques années, se re­vendiquent d'un Kant d'avant 1790; le philosophe de Königsberg s'était pourtant bien rendu compte de l'impasse du mécanicisme désincarné... Remarquons, par ailleurs, qu'un Konrad Lorenz a puisé énormé­ment de ses intuitions dans l'œuvre de Kant; or, ne l'oublions pas, il pourfend simultanément deux maux de notre temps, a) l'égalitarisme, stérilisateur des virtualités innombrables et «différenciantes» des hommes, et b) le quantitativisme, destructeur de l'écosystème. Notre axe philosophique part de la volte-face de Kant pour aboutir aux critiques organicistes très actuelles et pionnières de Konrad Lorenz et, de­puis son décès, de l'épistémologie biologique de ses successeurs (Rupert Riedl, Franz Wuketits). De cette façon, nous formulons une double réponse aux défis de notre fin de siècle: 1) la nécessité de replonger dans l'histoire concrète et charnelle de nos peuples, pour ré-orienter les masses distraites par l'hédonisme et le narcissisme de la société de consommation, et 2) la nécessité de prendre les mesures qui s'imposent pour sauvegarder l'environnement, soit la Terre, la Matrice tellurique des romantiques et des écolos...

 

2) La révolution épistémologique du romantisme constitue, pour nous, la carrière immense et féconde, où nous puisons les innombrables facettes de nos démarches, tant dans la perspective identitaire/nationale que dans la perspective éco-consciente. C'est un ancien professeur à la faculté des Lettres de Strasbourg, Georges Gusdorf (7), qui, dans son œuvre colossale, a dévoilé au public francophone les virtualités mul­tiples du romantisme scientifique. Pour lui, le romantisme, dans sa version allemande, est mobilisateur des énergies populaires, tandis que le romantisme français est démobilisateur, individuo-subjectif et nar­cissique, comme l'avaient remarqué Maurras, Lasserre et Carl Schmitt. En Allemagne, le romantisme dé­gage une vision de l'homme, où celui-ci est nécessairement incarné dans un peuple et dans une terre, vi­sion qu'il baptise, à la suite de Carus (8), anthropocosmomorphisme. Gusdorf souligne l'importance capi­tale du Totalorganizismus de Steffens, Carus, Ritter et Oken. L'homme y est imbriqué dans le cosmos et il s'agit de restaurer sa sensibilité cosmique, oblitérée par l'intellectualisme stérile du XVIIIième. Nos corps sont des membres de la Terre. Ils sont indissociables de celle-ci. Or, comme il y a priorité ontolo­gique du tout sur les parties, la Terre, en tant que socle et matrice, doit recevoir notre respect. Philosophie et biosophie (le mot est du philosophe suisse Troxler) se confondent. Le retour de la pensée à cet anthro­pocosmomorphisme, à ce nouveau plongeon dans un essentiel concret et tellurique, doit s'accompagner d'une révolution métapolitique et d'une offensive politique qui épurera le droit et les pratiques juridiques, politiques et administratives de toutes les scories stérilisantes qu'ont laissées derrière elles les idéologies schématiques du mécanicisme du XVIIIième.

 

3) Dans le sillage de la révolution conservatrice, le frère d'Ernst Jünger, Friedrich Georg Jünger (1898-1977), publie Die Perfektion der Technik  (1939-1946), une sévère critique des mécanicismes de la philo­sophie occidentale depuis Descartes. En 1970, il fonde avec Max Himmelheber la revue Scheidewege qui paraîtra jusqu'en 1982. Cette œuvre constitue, elle aussi, un arsenal considérable pour critiquer le fan­tasme occidental du progrès infini et linéaire et dénoncer ses retombées concrètes, de plus en plus percep­tibles en cette fin de siècle.

 

4) Enfin, dans les philosophies post-modernes, critiques à l'égard des «grands récits» de la modernité idéo­logique, le fantasme d'un monde meilleur au bout de l'histoire ou d'une perfectibilité infinie est définiti­vement rayé de l'ordre du jour (9).

 

Dans la sphère métapolitique, qui n'est pas «sur orbite» mais constitue l'anti-chambre de la politique, la tâche qui attend cette phalange inflexible des militants hyper-conscients, dont je viens de parler, est d'explorer systématiquement les quatre corpus énumérés ci-dessus, afin de glâner des arguments contre toutes les positions passéistes qui risqueraient de s'infiltrer dans les deux nouveaux camps politiques en formation. Traquer les reliquats de libéralisme et les schématisations d'un intégrisme religieux stupide­ment agressif  —qui relève davantage de la psychiatrie que de la politique—  traquer les idéologèmes dé­sincarnants qui affaiblissent en ultime instance le mouvement écologique, traquer l'infiltration des réflexes dérivés de la vulgate jusqu'ici dominante: voilà les tâches à parfaire, voilà des tâches qui exigent une atten­tion et une mobilisation constantes. Mais elles ne pourront être parfaites, que si l'on a réellement intério­risé une autre vision du monde, si l'on est intellectuellement armé pour être les premiers de demain.

 

Robert Steuckers,

Bruxelles, 15 août 1990.  

00:05 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, théorie politique, écologie, politique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 16 janvier 2010

Sauberes Wasser wird immer knapper

watergirlholdingpail1.jpgSauberes Wasser wird immer knapper

Michael Grandt / http://info;kopp-verlag.de/

Weltweit haben 25 Prozent der Landbevölkerung keinen Zugang zu Trinkwasser, 40 Prozent leben ohne sanitäre Infrastruktur. Es könnte bald zu größeren Konflikten um den Rohstoff Wasser kommen.

Die größten Verschwender von Wasser sind die Asiaten, gefolgt von den Nordamerikanern und Europäern. Am wenigsten verbrauchen die Menschen in Australien/Ozeanien und Lateinamerika. In Afrika ist die Lage am schlimmsten, über die Hälfte des Kontinents leidet an Wassermangel.

Derzeit wohnen eine halbe Milliarde Menschen in Ländern, die von Wasserknappheit betroffen sind. Laut UN-Angaben werden es in 40 Jahren rund 1,8 Milliarden sein und weitere fünf Milliarden werden in Gegenden wohnen, wo es schwierig ist, den Wasserbedarf zu decken.

Auf das Konto der Bewässerung landwirtschaftlicher Flächen gehen derzeit rund 70 Prozent des weltweiten Wasserverbrauchs. Doch die Verfügbarkeit des Oberflächenwassers, der Feuchtigkeitsgehalt der Böden und der Grundwasserspiegel gehen aufgrund immer häufiger auftretender Überschwemmungen, Dürren, Erdrutsche und Hurrikans zurück, was die landwirtschaftlichen Erträge mindert. Um die Weltbevölkerung auch in Zukunft ernähren zu können, muss die Landwirtschaft ihre Produktion steigern. Dafür müsste aber bis im Jahr 2030 die Bewässerung der landwirtschaftlichen Flächen um knapp 20 Prozent zunehmen.

Auch der private Verbrauch hat rasant zugenommen: Seit 1950 stieg der weltweite Wasserverbrauch mehr als doppelt so schnell wie die Bevölkerung und je höher der Lebensstandard, umso mehr Wasser wird im Haushalt verschwendet. Das lässt sich an einem Beispiel illustrieren: Ein durchschnittlicher Europäer verbraucht heute achtmal so viel Süßwasser wie seine Großeltern.

Dabei ist ein großer Teil der Verschwendung vermeidbar, denn nur 55 Prozent des Wassers werden tatsächlich verbraucht, der Rest geht durch Versickern, tropfende Hähne, Verdunsten bei der Bewässerung oder durch undichte Stellen in Verteilungsnetzen verloren.

Und auch das Abwasser ist ein Problem: In den Entwicklungsländern werden 90 Prozent des Abwassers und 70 Prozent der Industrieabfälle ungeklärt weitergeleitet und gelangen zum großen Teil ins Oberflächenwasser. Hinzu kommt, dass sich die Megacitys in den Entwicklungsländern aufgrund des starken Bevölkerungswachstums stark vergrößern. Sie werden bald in ihren Abfallproblemen versinken, die Mehrheit der dort lebenden Menschen dann in Kloaken leben.

Es gibt einige Möglichkeiten, dieses schreckliche Szenario zu verhindern: Bei der Bewässerung gezielt wassersparende Techniken einsetzen, die Produktions- und Verteilstrukturen für Trinkwasser verbessern, Kläranlagen installieren, mehr Geld in Infrastruktur und Ausbildung qualifizierter Arbeitskräfte stecken und den privaten Verbrauch einschränken.

Gelingen all diese Maßnahmen nicht, wird es bald zu internationalen Konflikten kommen, um sich den Zugang zu sauberem Wasser zu sichern.

 

__________

Quellen:

www.wordlwatercouncil.org

www.unwaterorg

www.internationalrivers.org

Le Monde diplomatique: Atlas der Globalisierung

 

Dienstag, 05.01.2010

Kategorie: Allgemeines, Wirtschaft & Finanzen, Politik

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mercredi, 06 janvier 2010

Watervervuiling resultaat van politieke vervuiling

Watervervuiling resultaat van politieke vervuiling

http://n-sa.be/

WaterwegenDe afgelopen twee weken stond de vervuiling van de Zenne en de Schelde als gevolg van het stilleggen van het grootste waterzuiveringstation van het land in het brandpunt van de actualiteit. Zoals bekend had de private uitbater Aquiris het station laten stilleggen waardoor het ongezuiverde afvalwater van meer dan een miljoen Brusselaars rechtstreeks in de Zenne en verder in de Schelde kon lopen. Aquiris wijst met beschuldigende vinger naar de overheid van het Brusselse gewest die haar waarschuwingen in de wind sloeg.

Wie ook verantwoordelijk moge zijn voor deze ecologische ramp (een jarenlang zorgvuldig heropgebouwd ecosysteem werd in enkele dagen bijna volledig vernietigd), twee zaken zijn wat het Nieuw-Solidaristisch Alternatief (N-SA) betreft alweer pijnlijk duidelijk geworden:

1. Nutsvoorzieningen en gemeenschapsdiensten worden beter door de overheid en de gemeenschap uitgebaat en beheerd, dan door de private sector. Waterzuivering dient een overheidstaak te zijn.
2. De creatie van het aparte Brussels Hoofdstedelijk Gewest was een politieke en institutionele flater zoals we dit enkel van het Belgische regime kunnen verwachten. Dit gewest moet opgedoekt worden. Er moet een instituut voor waterbeheer komen op het niveau van de Lage Landen.

Deze watervervuiling is een zoveelste gevolg van de al decennialange politieke vervuiling. Politieke vervuiling in de betekenis van een voortdurende drang naar liberaliseren door de traditionele politieke partijen en politici, met alle kwalijke gevolgen van dien. Politieke vervuiling in de betekenis van de centjes-en-percentjes mentaliteit bij politici waarbij via belangenvermenging en ons-kent-ons lucratieve overheidscontracten aan bevriende of stevig lobbyende bedrijven worden geschonken. Politieke vervuiling in de zin van creatie van overbodige en peperdure bestuursniveaus door politieke volksverraders die het Belgische regime in stand willen houden.

Private eigendom en privaat beheer zijn in tegenstelling tot wat de politieke (extreem-) rechterzijde beweert geen heilige principes. Private bedrijven denken in de eerste plaats aan winst maken, pas daarna aan dienstverlening. De gemeenschap daarentegen kan als eigenaar en uitbater optreden wanneer het privaat initiatief onvoldoende aan de eisen van het algemeen welzijn kan voldoen of omwille van de aard van de zaak zelf. Dit is bij deze het geval. Bij privaat beheer van waterzuivering kan omwille van het niet naleven van het contract de dienstverlening net als bij elke andere contractbreuk van de ene dag op de andere stilgelegd worden, met de ecologische schade als gevolg. Schadevergoedingen die nadien juridisch afgedwongen worden, bijvoorbeeld via de klachten die de steden Mechelen en Antwerpen hebben ingediend, herstellen de ecologische schade niet.  

De problematiek toont ook aan dat we nood hebben aan een politieke eenheid die het waterbeheer en-zuivering op het niveau van de Lage Landen zelf plaatst. Het Belgische federalisme is hier – alweer – een sta-in-de-weg. De waterlopen vinden hun oorsprong meestal in Wallonië of Zuid-Vlaanderen (Frans-Vlaanderen) om uit te monden in de Delta van de grote rivieren in het noorden. Ook een Vlaams politiek of beheersniveau is hierin zinloos, de waterlopen passeren enkel Vlaanderen. Ondertussen heeft de provincie Zeeland terecht protest aangetekend bij de verantwoordelijke Brusselse milieuminister.


P. Van Damme
Coördinator N-SA

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mercredi, 09 décembre 2009

Alimentation: un enjeu culturel majeur

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994

 

Alimentation: un enjeu culturel majeur

 

 

repas333.jpgC'est un fait aujourd'hui admis par la quasi-totalité de la communauté scientifique et médicale: la transformation de l'alimentation dans les pays modernes et industrialisés est une des causes principales d'une dégradation de la vitalité des populations qui y vivent.

Car en l'espace de 60 ans, notre alimentation a profondément changé.

Ces changemenls ont porté sur les proportions, la nature et la quantité de nos aliments, mais aussi sur les formes que prennent nos prises alimentaires.

Ainsi, les denrées qui étaient jadis l'objet d'une survalorisation culturelle parce qu'elles étaient, entre autres facteurs, rares et difficiles à se procurer sont aujourd'hui pour la plupart encore (comme sous l'effet d'une crispation culturelle) l'objet d'une valorisation totalement injustifiée, sans rapport avec leur “intérêt” vital, nutritif et gustatif, ni leur statut récent de produits accessibles, abondants et banalisés.

L'alimentation moderne est déséquilibrée par un apport excessif de produits d'origine animale (viandes, graisses, laitages, etc.), de sucres “visibles” (gâteaux, sucre blanc, boissons gazeuses, confiseries, etc.) et “invisibles” (sauces catégorisées comme aliments salés et contenant beaucoup de sucre: moutarde, ketchup, etc.).

Elle est aussi déséquilibrée par un manque important de produits vivants: céréales et farines fraîchements moulues, pains complets, légumes et végétaux divers, etc.

Les conséquences de ce déséquilibre sont accentuées par une dégradation sensible des qualités vitales, nutritives et gustatives de nos aliments, dues aux conséquences de l'application systématique de logiques économiques (productivité, uniformité, rentabilité...), à la production alimentaire (conservation par traitement aux gaz, congélation, lyophilisation, mises en boîte ou en sachets, etc.), parfois sous le couvert d'arguments sanitaires (pasteurisation, stérilisation (sic!)), traitements chimiques divers, avant et après récolte, (pesticides, exfoliants, engrais chimiques, hormones, colorants et autres agents de texture ou de sapidité etc.).

Nous retrouvons ces polluants dans la presque totalité de nos aliments, à l'exception des produits d'agriculture biologique ou eubiotique, préservés pour l'essentiel de ces pollutions. Les industries agro-alimentaires s'appuyant sur les progrès conjugués de la génétique et de la chimie organique parviennent à contourner, à tromper les indices de reconnaissance et d'identification traditionnels de nos aliments. Qui n'a pas déjà été désagréablement surpris par le goût insipide d'un fruit d'apparence superbe?

Comme si cela ne suffisait pas, nos méthodes de transformation et d'accommodation, ont, elles aussi considérablement changé. Nos contemporains pressés, privilégient les modes de cuisson rapides et intenses, et donc agressifs et dévitalisants (friture, micro-ondes, cocotte-minute, barbecue, etc.) aux modes de cuisson lente et douce, et ne consomment presque plus d'aliments crus et vivants.

Nous sommes suralimentés, et en même temps sous-nourris.

Le bilan de cette involution est catastrophique. Sur le plan biologique, il se traduit par une augmentation foudroyante du nombre des maladies dégénératives, de la carie dentaire et des infections à répétition (rhumes, angines, cystites etc.) aux cancers, scléroses en plaques, maladies nerveuses, cardio-vasculaires, etc.

Un certain nombre de médecins et de chercheurs ont identifié la nature des carences dont souffrent nos populations. Ils ont, en conséquence, entrepris, avec le peu de moyens mis à leur disposition un travail de redéfinition des normes alimentaires, accompagné d'un effort d'information du public, en s'appuyant sur une argumentation médicale (Les risques d'une mauvaise

alimentation pour la santé).

Ces efforts ne rencontrent qu'un succès relatif.

L'alimentation, en effet, est un acte culturel majeur, ce qui signifie que les motivations des hommes dans le choix de leurs aliments, sont culturelles, avant d'être biologiques. Ceci explique les difficultés des scientifiques, et le peu d'écho qu'ils rencontrent auprès d'un public tout entier sous l'emprise des médias (et donc de leurs annonceurs), qui n'ont, c'est l'évidence, pas intérêt (pour l'instant) à voir évoluer trop vite les habitudes alimentaires de la population.

Il reste donc à entreprendre une critique radicale des pratiques alimentaires modernes sur des bases culturelles. Il faut repenser notre alimentation pour ne plus la subir, et cela ne sera pas le fait des scientifiques.

 

Frédéric CORBIN.

 

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vendredi, 04 décembre 2009

Démographie, écologie, immigration et politiquement correct

demographie.jpg

 

Démographie, écologie, immigration

et politiquement correct

 

Ex: http://unitepopulaire.org/

« Tout d’abord, deux jeunes écologistes tentent d’établir les effets directs sur l’environnement de l’accroissement de la population suisse. Que leur discours relève de l’évidence ne l’empêcha pas de faire scandale, ce qui prouve la sévère dictature intellectuelle dans laquelle nous vivons. Les auteurs passèrent donc immédiatement pour de dangereux xénophobes, voire de futures recrues de l’UDC. Les critiques provinrent essentiellement de leur propre parti et de la gauche en général alors que la droite au contraire s’enthousiasmait de cet anticonformisme juvénile. Tous pourtant devraient réfléchir à cela qu’il n’y a que deux solutions pour résoudre le problème posé par nos héros : soit limiter l’immigration, ce qui est politiquement incorrect, soit encourager l’émigration, c’est-à-dire expulser les Suisses de leur pays, comme le disent clairement les auteurs, ce qui pourrait devenir politiquement très correct si nous n’y prenons garde… […]

C’est ainsi que l’écologie nous conduit tout droit vers un nouveau malthusianisme. A l’origine économique avec le principe de la croissance zéro, il en devient démographique, en prônant le recul des naissances. Rien n’est plus dangereux! En effet, à peine les mesures natalistes mises en place en Europe depuis plus de dix ans produisent-elles leurs effets qu’il faudrait donner le signal inverse ! Ce d’autant que les démographes affirment que le monde est entré, depuis 2005 environ, dans une phase de baisse de la fécondité : l’indicateur conjoncturel correspondant au nombre moyen d’enfants par femme est aujourd’hui inférieur à 2,2 pour plus de la moitié de la population mondiale et inférieur à 3 pour plus de 75%, entre autres en raison des politiques strictes des pays asiatiques. A l’échelle internationale, cette transition démographique devrait durer en tout cas jusqu’à 2050 et les problèmes liés au vieillissement accéléré vont devenir toujours plus importants, particulièrement en Europe et en Asie orientale. »

 

Marie-Hélène Miauton, Le Temps, 20 novembre 2009

jeudi, 05 novembre 2009

Paganisme et nature chez Hermann Löns

loensp1.jpgPaganisme et nature chez Hermann Löns

 

Recension: Martin ANGER, Hermann Löns. Schicksal und Werk aus heutiger Sicht, G.J.Holtzmeyer Verlag, Braunschweig, 1986, 190 p., 32 ill., ISBN 3-923722-20-6.

- Thomas DUPKE, Mythos Löns. Heimat, Volk und Natur im Werk von Hermann Löns, DUV/Deutscher Universitäts-Verlag, Wiesbaden, 1993, 381 p., DM 64,

ISBN 3-8244-4140-3.

- Thomas DUPKE, Hermann Löns. Mythos und Wirklichkeit, Claasen, Hildesheim, 1994, 224 p., 20 ill., DM 38, ISBN 3-546-00086-2.

 

Dans sa thèse de doctorat sur Löns, Dupke récapitule toutes les thématiques qui font de Löns un précurseur des mouvements naturalistes allemands (Wandervögel, écologistes, adeptes de l'amour libre). La thématique de l'amour libre procède d'une volonté de sensualiser la vie, d'échapper à la rationalité bureaucratique et industrielle. Amour libre et sentiment de la nature vont de paire et s'opposent à la Ville, réceptacle de toutes les laideurs. Löns fuit dans un espace sans société, où les règles de l'urbanité n'ont pas de place.

 

Le rapport paganisme/christianisme transparaît clairement: les paysans de la Lande de Lünebourg sont certes devenus de “bons chrétiens”, mais en surface seulement; dans leur intériorité, ils sont restés les mêmes, “ils secouent les liens que leur avait imposés la religion des chrétiens”. Mais, chez Löns, qui n'est pas à proprement parler un auteur néo-païen Dieu n'est pas remis en question, mais, face aux marodeurs qui écument la région, il devient, pour les paysans armés (les Wehrwölfe) un Dieu de la vengeance, comme dans l'Ancien Testament, mais aussi comme dans l'idéal païen-germanique de la Feme. Löns expose un conglomérat païen et vétéro-testamentaire, où il n'y a aucune séparation nette entre les deux héritages.

 

Pour Löns, le paysan de la Lande est un être éternel, sans histoire, inamovible face aux changements: il est l'Urtyp (le type originel) de l'“être du Volk”. Le paysan selon Löns est l'idéal d'un homme de communauté qui sélectionne sans état d'âme les plus forts, pour que survive sa communauté, matrice du peuple. L'idée dérive du projet eugéniste d'Otto Ammon, cherchant à préserver et à valoriser les classes rurales dans l'Allemagne en voie d'industrialisation et d'urbanisation. Cet idéal dérive également, constate Dupke, d'une triple lecture de Nietzsche, Lagarde et Langbehn. De Nietzsche, Löns a retenu les tirades contre les “Philistins”, imbus de leur “culture”. De Lagarde, l'idée d'une renaissance germanique, d'un retour aux valeurs originelles de la Germanie et des rites païens, capables de fortifier un christianisme régénéré et germanisé (Lagarde n'est pas païen!). De Langbehn, l'idée du paysan comme “meilleur Allemand”, par sa simplicité, sa frugalité et sa forte capacité d'intuition.

 

Le contexte dans lequel évolue Löns, qui est celui de toute la contestation allemande de 1890 à 1914, débouche sur deux perspectives pratiques: l'Heimatkunstbewegung (= le mouvement de l'art du terroir) et sur la fondation de “parcs naturels”. Le 30 mars 1898, le parlement prussien vote une mention préconisant la création de réserves naturelles sur le modèle de la loi américaine de 1872 (pour le “Yellowstone Park”). Löns a soutenu cette initiative, avec le botaniste Hugo Conwentz, mais était sceptique; les parcs ne deviendront-ils pas zones récréatives pour citadins, les dimanches ensoleillés? Pour Löns, la protection de la nature et du patrimoine rural ne devait pas se limiter à ces parcs, mais être généralisée à tout le pays, en tous domaines (Robert Steuckers).

dimanche, 01 novembre 2009

R. Steuckers: Propositions pour un renouveau politique (1997)

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Propositions pour un renouveau politique

Intervention de Robert Steuckers au Colloque

de “Synergon-Deutschland”, Sababurg, 22-23 novembre 1997

 

L'effondrement du communisme depuis la perestroïka lancée par Gorbatchev en 1985, l'insatisfaction générale et planétaire que provoque la domination sans partage du libéralisme sur le globe tout entier, donne raison à tous ceux qui ont cherché d'autres solutions, des tierces voies ou une forme organique d'humanisme. La majorité de nos concitoyens, dans tous les pays d'Europe, sont désorientés au­jour­d'hui. Nous allons tenter de leur donner des repères.

 

Dans son ouvrage Zurück zur Politik. Die archemedische Wende gegen den Zerfall der Demokratie  (1),  Hermann Scheer constate (et nous partageons son constat):

- Il existe un fondamentalisme occidental, mixte de rationalisme outrancier, de moralisme universaliste, de relativisme délétère, d'économicisme plat et d'hostilité générale et pathologique à l'égard des legs de l'histoire;

- Ce fondamentalisme occidental ne se remet pas en question, ne s'ouvre à aucune nouveauté, ne révise pas ses certitudes, ne tient nullement compte de facteurs culturels non occidentaux, ce qui nous permet de le désigner comme un fondamentalisme équivalent aux autres, exhibant une dose équivalente ou su­périeure de fanatisme;

- Ce fondamentalisme occidental est marqué d'hybris,  de folie des grandeurs;

- Ce fondamentalisme occidental est subjectiviste, écrit Scheer; nous dirions qu'il est “individualiste” ou “hy­per-individualiste”. Il réduit l'homme à sa pure individualité; le fondamentalisme occidental est dès lors un fondamentalisme qui exclut de son champ de prospection toutes les formes d'interrelations humaines. Le “sujet”, c'est-à-dire l'“individu”, n'a plus de devoirs à l'égard de la communauté au sein de laquelle il vit, car la notion même de “devoir” implique des relations réciproques, basées sur une éthique (Sittlichkeit) com­munément partagée.

 

Sans notion de “devoir”, le subjectivisme conduit au déclin moral, comme le constatent également les communautariens américains (2). De surcroît, les sociétés marquées par l'hyper-subjectivisme occiden­tal, par le fondamentalisme individualiste, souffrent également d'une “monomanie économique”. Effecti­ve­ment, le fondamentalisme occidental est obsédé par l'économie. Le double effet du subjecti­visme et de la “monomanie économique” conduit à la mort de l'Etat et à la dissolution du politique. Telles sont les con­clusions que tire Scheer. Elles sont étonnantes pour un homme qui s'inscrit dans le sillage des écolo­gistes allemands et qui a le label de “gauche”. Cependant, il faut préciser que Scheer est un écologiste pragmatique, bien formé sur le plan scientifique; depuis 1988, il est le président de l'“European Solar Energy As­so­ciation” (en abrégé: “Euro-Solar”).

 

Il a exprimé ses thèses dans deux ouvrages, avant de les reprendre dans Zurück zur Politik... (op. cit.):

- Parteien contra Bürger  (1979; = “Les partis contre les citoyens”);

- Sonnen-Strategie  (1993; = “Stratégie solaire”; cet ouvrage traite d'énergie solaire, clef pour acquérir une indépendance énergétique; à ce propos cf. Hans Rustemeyer, «Energie solaire et souveraineté», NdSE n°29, pp. 23-24).

 

sababurg_300x242.jpgLes autres constatations de Scheer sont également fort pertinentes et rejoignent nos préoccupations:

1. Dans la plupart des pays occidentaux, toute idéologie dominante ou acceptée, qu'elle soit au pouvoir ou provisoirement dans l'opposition, est influencée ou marquée par ce fondamentalisme occidental, par ce subjectivisme qui refuse de prendre acte des notions de “devoir” ou d'éthique communautaire, par cette monomanie économique qui dévalorise, marginalise et méprise toutes les autres activités humaines (les secteurs “non-marchands”, refoulés dans les sociétés occidentales).

 

2. La pratique des partis dominants ne sort pas de cette impasse. Au contraire, elle bétonne et pérennise les effets pervers de cette idéologie fondamentaliste.

 

3. Les intérêts vitaux des citoyens exigent pourtant que l'on dépasse et abandonne ces platitudes idéo­logiques. Dès 1979, Scheer constatait:

- que l'aversion des citoyens de base à l'encontre des partis ne cessait de reprendre vigueur;

- que les citoyens n'étaient plus liés à un seul parti dominant mais tentaient de se lier à diverses ins­tan­ces, soit à des instances de factures idéologiques différentes; le citoyen se dégage ainsi de l'étroi­tes­se des enfermements partisans et cherche à diversifier ses engagements sociaux; le citoyen n'abandonne pas nécessairement les valeurs de sa famille politique d'origine, mais reconnait implicitement que les fa­milles politiques d'“en face” cultivent, elles aussi, des valeurs valables et intéressantes, dans la me­su­re où elles peuvent contribuer à résoudre une partie de ses problèmes. Le citoyen, en bout de course, dé­ve­lop­pe une vision de la politique plus large que le député élu ou le militant aliéné dans la secte que de­vient son parti.

- que les mutations de valeur à l'œuvre dans nos sociétés postmodernes impliquent un relâchement des liens entre les citoyens et leurs familles politiques habituelles;

- que les partis n'étaient plus à même de réceptionner correctement, de travailler habilement et de neutra­liser efficacement les mécontentements qui se manifestaient ou pointaient à l'horizon (un chiffre: en France, aujourd'hui, plus de 25% des jeunes de moins de 25 ans sont sans travail et aucune solution à ce drame n'est en vue, dans aucun parti politique);

- qu'il est nécessaire que de “nouveaux mouvements sociaux” émergent, comme, par exemple: le mou­vement populaire anti-mafia en Sicile, les mouvements populaires hostiles à la corruption politique dans toute l'Italie (dont la “Lega Nord”), les mouvements liés à la “marche blanche” en Belgique (qui n'ont mené à rien à cause de la naïveté de la population).

Scheer écrit (p. 97): «Les partis font montre d'une attitude crispée. Ils ne savent pas s'ils doivent consi­dérer les idées nouvelles comme des menaces ou comme un enrichissement, s'ils doivent les bloquer, les intégrer ou coopérer avec elles». D'où l'indécision permanente qui conduit à la dissolution du politique et à l'évidement de l'Etat. Scheer constate, exactement comme le constatait Roberto Michels au début du siècle: «Il existe une loi d'airain de l'oligarchisation». Cette loi d'airain transforme l'Etat en instrument de castes fermées, jalouses de leurs intérêts privés et peu soucieuses du Bien commun. Quand ce pro­ces­sus atteint un certain degré, l'Etat cesse d'être le porteur du politique, le garant des libertés citoyennes et de la justice.

 

Plus loin, Scheer écrit (p. 111): «La démocratie partitocratique se trouve en plein processus d'érosion, car, comme jamais auparavant, elle connait une situation qu'Antonio Gramsci (...) aurait considéré comme la “plus aiguë et la plus dangereuse des crises”: “A un moment précis de l'évolution historique, les classes se détachent de leurs partis politiques traditionnels”. Il se constitue alors “une situation de di­vorce entre les représentés et les représentants”, qui doit immanquablement se refléter dans les struc­tures de l'Etat». C'est précisément ce qui ne se passe pas: la masse croissante des exclus et des préca­risés (même si leur statut est élevé, comme dans la médecine et dans l'enseignement) ne se reconnais­sent plus dans leurs représentants et se défient des programmes politiques qu'ils avaient eu l'habitude de suivre.

 sababurg2222.jpg

Dans tous les pays, une situation analogue s'observe:

- en Allemagne, la contestation s'exprime dans les partis d'inspiration nationaliste, chez les Verts, dans les initiatives de citoyens (toutes tendances et inspirations confondues), chez les partisans du référen­dum (comme en Bavière);

- en Belgique, elle s'exprime dans les partis (VB, VU) inspirés par le nationalisme flamand (qui a toujours rassemblé en son sein les contestataires les plus radicaux de la machine étatique belge), en marge des partis li­béraux qui prétendent défendre et refléter la révolte des indépendants et des classes moyennes spoliés (dans les années 60: le PLP/PVV; dans les années 90, le VLD de Guy Verhofstadt); ce dernier a prétendu canaliser “la révolte des citoyens contre la pillarisation de la société par les partis”; en Wallonie, cette ré­volte s'est d'abord exprimée chez les “écolos”, mouvement en lisière duquel des intellectuels comme Lambert et le Prof. Van Parijs ont développé une critique radicale et fondamentale du néo-libéra­lisme. Les travaux de Van Parijs ont acquis une notoriété internationale. Ensuite, la contestation, à partir de 1989, s'est exprimée dans le FN, scindé en deux clans depuis l'automne 1991; avec les scandales successifs (assassinat de Cools, disparition d'enfants, affaire Dutroux, scandales Agusta et Dassault), le mécontentement a débouché sur les manifestations d'octobre 1996, dont le point culminant fut la fameuse “marche blanche”, rassemblant 350.000 citoyens.

- en France, la contestation et le ras-le-bol s'expriment dans le vote FN; et, dans une moindre mesure, chez les Verts. La mouvance écologique n'est malheureusement plus dominée par une figure équilibrée comme Antoine Waechter, mais par l'aile pro-socialiste de Mme Voynet, qui s'est empressée de glâner quelques portefeuilles dans le gouvernement Jospin, condamné à l'échec face à l'ampleur de la crise en France.

- en Italie, où les formes de contestation de la partitocratie sont de loin les plus intéressantes en Europe, et les mieux étayées sur le plan théorique, la Lega Nord a cristallisé le mécontentement (nous y revien­drons lors d'un prochain séminaire).

 

Conclusion:

- Un mouvement comme le nôtre doit être attentif en permanence, afin de capter, de comprendre et de tra­vailler les effervescences à l'œuvre dans la société. De percevoir et d'éliminer anticipativement les dysfonctionnements dès qu'ils se développent.

- Le fondamentalisme occidental repose sur une conception erronée de l'homme qui est:

a. non organique et donc non adaptée à l'être vivant qu'est l'homme;

b. hyper-individualiste (dans le sens où personne n'a plus de devoir à l'égard de l'autre, y compris à l'é­gard des membres de sa propre famille); le fondamentalisme occidental ruine la notion de “lignée”, donc de continuité anthropologique. Sur le plan pratique et quotidien, cela implique notamment la disparition de tou­te soli­darité inter-générationnelle, tant à l'égard des ascendants que des descendants.

- Le fondamentalisme occidental débouche sur une pratique de la politique:

a. où les permanents des partis (les “bonzes”) sont irrémédiablement isolés de la vie réelle et inventent mesures, lois et règlements en vase clos, non pas dans la perspective de renforcer le Bien commun mais de conserver à leur profit personnel sinécures, avantages et passe-droits;

b. où le pur et simple fonctionnement des appareils des partis devient but en soi;

c. où ces appareils devenus buts en soi mènent tout droit au “malgoverno” qu'ont dénoncé les adhérents de la Ligue lombarde et le Professeur Gianfranco Miglio (cf. Vouloir  n°109/113, 1993);

d. où les permanents des partis et les fonctionnaires d'Etat nommés par les partis se hissent sans ver­gogne au-dessus de la misère quotidienne des simples gens du peuple et, souvent aussi, au-dessus des lois (c'est le cas en Italie et en Belgique, où partis et magistrature sont manifestement liés à la pègre).

 

La notion de “malgoverno” désigne l'ensemble de toutes les conséquences négatives de la partitocratie. Les observateurs et les politologues italiens ont tiré des conclusions pertinentes de ce dysfonctionne­ment général. Mais, en France, des professeurs isolés, ignorés des médias aux ordres de la politique pé­grifiée, ont également émis des constats intéressants; parmi eux, Jean-Baptiste de Foucauld et Denis Piveteau, dans Une société en quête de sens (3). Si Scheer était très dur et très critique, de Foucauld et Piveteau sont plus modérés. Ils sont en faveur de l'Etat social, de l'Etat-Providence. Celui-ci, à leurs yeux, est efficace, il peut mobiliser davantage de moyens que la solidarité spontanée et communautaire dont rêvent les réactionnaires et les idéalistes “fleur bleue”. Hélas, constatent de Foucauld et Piveteau, l'E­tat-Providence ne suffit plus:

- Il ne peut plus intégrer tous les travailleurs de la communauté nationale;

- Il ne fonctionne plus que pour ceux qui disposent déjà d'un emploi, notamment les fonctionnaires et les sa­la­riés des grandes boîtes multinationales. En pratique, l'Etat-Providence n'est plus capable de résou­dre le problème dramatique du chômage des jeunes;

- Les événements récents viennent de prouver que l'Etat-Providence peut affronter efficacement une si­tuation donnée, à la condition que cette situation soit celle d'une “haute conjoncture”. En revanche, quand cette haute conjoncture se modifie sous la pression des événements internationaux ou d'innova­tions  —bonnes ou mauvaises—  l'Etat-Providence s'avère incapable de résoudre des problèmes nou­veaux, sou­dains ou inattendus.

 

L'Etat-Providence est alors incapable de garantir la solidarité, parce qu'il ne remet pas en question des mécanismes de solidarité anciens mais devenus progressivement surannés. Les données et les faits nouveaux sont perçus comme des menaces, ce qui, dans tous les cas de figure, est une attitude erronée. A ce niveau, notre réflexion, dans ses dimensions “conservatrices-révolutionnaires”, c'est-à-dire des di­mensions qui tiennent toujours compte des si­tuations exceptionnelles, peuvent se montrer pertinentes: les pro­cessus à l'œuvre dans le monde sont multiples et complexes; ils ne nous autorisent pas à penser qu'il y aura ad vitam eternam  répétition des “bonnes conjonc­tures”.

 

L'Etat-Providence repose sur une logique de l'intégration. Tout citoyen, tout travailleur immigré qui a été dûment accepté, devrait, dans un tel Etat-Providence, dans l'appareil social qu'il met en œuvre et orga­nise, être pleinement intégré. Ce serait évidemment possible si les paramètres restaient toujours les mêmes ou si le progrès, immuablement, avançait selon une précision arithmétique ou exponentielle. Mais ce n'est jamais le cas... L'exception guette à tout moment, le pire survient à tout bout de champ. Ceux qui pensent et agissent en termes de paramètres immuables sont des utopistes et sont condamnés à l'échec politique. Ceux qui envisagent le pire font preuve de responsabilité.

 

Dans les médias, aujourd'hui, on ne cesse de parler d'intégration, mais la seule chose que l'on observe, c'est l'exclusion à grande échelle. Jadis, l'exclusion ne touchait que des gens sans revenus ou sans al­lo­cations de re­traite. Aujourd'hui, de 10 à 20% de la population totale est exclue (derniers chiffres: 16% des personnes habitant la Région de Bruxelles-Capitale). Les exclus se recroquevillent dans leur cocon, se replient sur eux-mêmes, ce qui engendre un dangereux nihilisme, le sentiment de “no future”. Les liens communau­taires disparaissent. Un isolement total menace l'exclu. Les intégrés sont immergés dans une cage de luxe, de réalité-ersatz, qui les tient éloignés du fonctionnement réel de la Cité.

 

J. B. de Foucauld et D. Piveteau analysent la situation et ne donnent pas de solutions toutes faites (per­sonne ne croit plus d'ailleurs aux solutions toutes faites). Pour eux, la société est déterminée par une dy­namique conflictuelle entre quatre pôles:

1. Le pôle de l'initiative: ceux qui prennent des initiatives n'acceptent que peu d'obstacles d'ordre con­ven­tionnel, notamment les obstacles installés par les administrations reposant sur une ergonomie obso­lète ou sur des analyses vieilles de plusieurs décennies (exemple: il a fallu trente mois d'attente à une firme de pointe en Wallonie pour obtenir de la part des fonctionnaires  —souvent socialistes, corrompus, incompétents et dépassés—  le droit de lancer son initiative génératrice de 2500 emplois, alors que la ré­gion compte des zones où le chômage atteint 39% de la population active!). Le principe d'initiative peut aussi être pensé sur un mode exclusivement individualiste et relativiser ou transgresser le principe de “coopération”.

2. Le pôle de coopération.

3. Le conflit (inhérent à toute société), vecteur de changements.

4. La contrainte, qui peut avoir la fonction d'un régulateur.

 

Piveteau et de Foucauld dressent une typologie des sociétés bipolarisées (où seuls deux pôles entrent en jeu) et une typologie des sociétés tripolaires (où trois pôles sont en jeu). Pour ces deux auteurs, il s'a­git de montrer que l'exclusion d'un ou de deux pôles conduit à de problématiques déséquilibres sociaux. Les valeurs qui se profilent derrière chaque pôle sont toutes nécessaires au bon fonctionnement de la Cité. Il est dangereux d'évacuer des éventails de valeurs et de ne pas avoir une vision holiste (ganz­heit­lich)  et synergique des sociétés qu'on est appelé à gouverner.

 

Les sociétés bipolaires:

 

- Dans une société régie par le libéralisme pur, de facture hayekienne, où règne, dit-on, une “loi de la jun­gle” (bien qu'il me paraisse difficile de réduire l'œuvre complexe de Hayek à ce seul laisser-faire exagéré), les pôles de l'initiative et du conflit sont mis en exergue au détriment de la coopération (individualisme oblige) et de la contrainte (principe de liberté).

 

- Dans une société autoritaire, d'inspiration conservatrice (Salazar) ou communiste (la Pologne de Ja­ru­zelski), les pôles de coopération et de contrainte sont privilégiés au détriment des pôles d'initiative et de conflit.

 

- Dans les sociétés où domine l'esprit civique, comme dans les nouvelles sociétés industrielles asia­ti­ques, les pôles d'initiative et de coopération sont valorisés, tandis que les pôles de conflit et de con­trainte sont mis entre parenthèses.

 

- Dans les sociétés purement conflictuelles et instables, les pôles du conflit et de la contrainte sont à l'avant-plan, ceux de l'initiative et de la coopération à l'arrière-plan ou carrément inexistants. Plus per­sonne ne lance d'initiative, car c'est sans espoir, et personne ne coopère avec personne, car il n'y a ni confiance ni consensus. Aucune initiative et aucune coopération ne sont possibles. Exemples: les zones industrielles du début du XIXième siècle, décrites par Zola dans Germinal, ont généré des sociétés con­flic­tuelles et contraignantes de ce type. Aujourd'hui, on les rencontre dans les bidonvilles brésiliens; les banlieues marginalisées des grandes villes françaises risquent à très court terme de se brasilianiser.

 

- Dans certaines sociétés sans esprit civique, l'initiative n'est possible qu'avec la contrainte. Piveteau et de Foucauld craignent que la France, leur pays, n'évolue vers ce modèle, car le dialogue social à la belge ou à l'allemande n'existe pas et que le syndicalisme y est resté embryonnaire.

 

- Au sein même des grandes sociétés industrielles, les grandes familles intactes, certaines organisations professionnelles, les minorités ethniques (y compris dans les banlieues à problèmes), développent un modèle principalement coopératif, dans un environnement fortement conflictuel, mais où l'initiative inno­vante est trop souvent absente et où la contrainte étatique est radicalement contestée. Avec, au pire, l'é­mergence de structures mafieuses.

 

Les sociétés tripolaires:

 

- Si seuls les pôles de la coopération, de l'initiative et de la contrainte entrent en jeu, le risque est d'é­vacuer tous les conflits, donc toutes les innovations, née de l'agonalité entre classes ou entre secteurs professionnels concurrents.

 

- Si le pôle de contrainte est évacué, le risque est d'assister à la contestation systématique et stérile de toute autorité féconde et/ou régulative.

 

- Si le pôle de coopération est exclu, la solidarité cesse d'exister.

 

- Si le pôle d'initiative est absent, l'immobilisme guette la société.

 

L'idéal pour de Foucauld et Piveteau est un chassé-croisé permanent et sans obstacle entre les quatre pôles. L'exclusion d'un seul ou de deux de ces pôles provoque des déséquilibres et des dysfonctionne­ments. Pour nos deux auteurs, les difficultés sont les suivantes:

1. Les partis politiques en compétition dans une société ne mettent que trop souvent l'accent sur un seul pôle ou sur deux pôles seulement. Ils n'ont pas une vision globale et synergique de la réalité sociale.

2. Les partis prennent l'habitude, parce que leur objectif majeur se réduit à leur propre auto-conservation, à ne dé­fendre que certaines valeurs en excluant toutes les autres. Cette exclusion reste un vœu pieux, car les valeurs peuvent certes s'effacer, quitter l'avant-scène, mais ne disparaissent jamais: elles de­meu­rent un impératif éthique. La vision politique des grands partis dominants est dès lors mu­ti­lée et mutilante. Elle conduit à la répétition de schémas et de routines politiques, en marge de l'évolution réelle du monde.

3. Un mouvement civil ou populaire comme le nôtre doit se donner la tâche (ardue) de réconcilier les qua­tre pôles, de les penser toujours simultanément, afin de favoriser un maximum de synergies entre eux.

4. De cette manière seulement, émergent une perception et une pratique holistes de la dynamique socia­le.

5. Les schémas que nous proposent de Foucauld et Piveteau expliquent pourquoi diverses catégories de ci­toyens finissent par se lasser de la politique et des partis. Lorsqu'un pôle n'est pas pris en compte, de larges strates de la population sont frustrées, vexées, meurtries, marginalisées voire exclues. Ou ne peu­vent plus exprimer leurs desiderata légitimes.

6. En plaidant pour une prise en compte de ces quatre pôles, Piveteau et de Foucauld visent à (re)donner du sens à la vie politique, car, s'il y a absence de sens, il y a automatiquement dissolution du politique, liquéfaction des institutions, effondrement de la justice et éparpillement des énergies.

 

La critique de Nicolas Tenzer

 

Un autre observateur français de la situation actuelle est le Prof. Nicolas Tenzer, énarque, enseignant auprès de l'Institut d'Etudes politiques de Paris. Dans Le Tombeau de Machiavel  (4), Nicolas Tenzer part du constat que les “grands récits”, c'est-à-dire selon le philosophe Jean-François Lyotard, les visions vec­to­rielles de l'histoire véhiculées par les progressistes, ne sont plus dans le grand public des objets de croyance et de vénération. L'électeur n'attend plus des partis et des hommes politiques qu'ils se mobili­sent pour réaliser des projets téléologiques aussi “sublimes”. Mais ce désintérêt pour les grands mythes téléologiques re­cèle un risque: les sociétés ne formulent plus de perspectives d'avenir et les élites deviennent des “élites sans projet”. La pire conséquence de l'“effondrement des grands récits”, c'est que les partis et les hom­mes politiques se mettent à justifier sans discernement tous les faits de monde et de société présents, même ceux qui ne recèlent plus aucune potentialité constructive, ou ceux qui repré­sen­tent un flagrant déni de justice.

 

Tenzer ne cite jamais Carl Schmitt, mais le jugement négatif qu'il pose sur cette médiocre justification des faits, indépendamment de ce qu'ils sont sur le plan des valeurs ou de l'efficacité, nous rappelle directe­ment la critique négative que Carl Schmitt et Max Weber adressaient à la légalité, cage d'acier rigide em­prisonnant la légitimité, qui, elle, est toujours souple et dynamique.

 

Pour Tenzer, la “deuxième gauche” (c'est-à-dire la gauche qui se considère comme modérée et socialiste et prétend ne pas vouloir gouverner avec les communistes) est une école politique qui légitimise, justifie et accepte les faits simplement parce qu'ils existent, sans plus déployer aucune prospective ni perspec­ti­ve, n'envisage plus au­cun pro­grès et n'a plus la volonté de réaliser des plans, visant le Bien commun ou sa restauration. A ce niveau de la démon­stration de Tenzer, nous sommes contraints d'apporter une précision sémantique. Tenzer condamne l'at­titu­de de la “deuxième gauche” pour son acceptation pure et simple de tous les faits de monde et de so­ciété, sans es­prit critique, sans volonté réelle de réforme ou d'élimination des résidus figés ou dysfonc­tion­nants. Cette “deuxième gau­che” prendrait ainsi, dit Tenzer, une attitude “naturaliste”. Pour la pensée conser­vatrice (du moins les “conservateurs axiolo­giques”) et les écologistes, il y a primat du naturel sur toutes les con­struc­tions. En règle générale, les gauches libérales et marxistes, accordent le primat aux choses construites. Mais en développant sa cri­tique de la “deuxième gauche”, en la dénonçant comme “natu­raliste”, Tenzer met les conservateurs (axio­logiques) et les écologistes en garde contre une tendance politique actuelle, celle d'accepter tous les faits accomplis trop vite, de considérer toutes les dérives comme inéluctables, comme le résultat d'une “catallexie”, c'est-à-dire, selon Hayek, d'une évolution naturelle contre laquelle les hommes ne peuvent rien. Dans ce cas, la volonté capi­tu­le. Tenzer dénonce là la timi­dité à formuler des projets et la propension à faire une confiance aveugle à la “main invisible”, chère aux libéraux. Dans le fond, Tenzer ne critique pas le réa­lis­me vitaliste de la pensée conservatrice et/ou écologiste, mais s'oppose à la notion néo-libérale de “ca­tal­lexie”, réintroduite à l'époque de Thatcher, à la suite de la réhabilitation de la pensée de Hayek.

 

Dans la vie politique concrète, dans la situation actuelle, un “naturalisme” mal compris conduirait à accep­ter et à légitimer l'exclusion de millions de citoyens au nom du progrès, de la démocratie, de l'Etat de droit, de la morale, etc. Légitimer des faits aussi négatifs est évidemment absurde.

 

Tenzer nous avertit aussi du mauvais usage de la notion de “complexité”. Pour nous, dans notre perspec­tive organique, la complexité constitue un défi, nous oblige à éviter toutes les formes de réductionnisme. En ce sens, nous avons retenu les leçons d'Arthur Koestler (Le cheval dans la locomotive),  de Konrad Lorenz et, bien entendu, du biohumanisme qu'avait formulé Lothar Penz (5). Malheureusement, aux yeux d'un grand nombre de terribles simplificateurs, la complexité est devenu un terme à la mode pour esquiver les défis, pour capituler devant toutes les difficultés. Quand un problème se pose, on le déclare “com­plexe” pour ne pas avoir à l'affronter. Le réel est donc posé a priori comme trop “complexe” pour que l'hom­me ait la volonté de mener une action politique quelconque, d'élaborer des plans et de développer des pro­jets. On accepte tout, tel quel, même si c'est erroné, injuste ou aberrant.

 

Tenzer ne rejette pas seulement le “naturalisme” (auquel il donne une définition différente de la nôtre) mais aussi

a) l'enthousiasme artificiel pour la complexité que répandent les journalistes qui se piquent de postmodernité et proposent insidieusement une idéologie de la capitulation citoyenne;

b) l'hypermoralisation; en effet, aujourd'hui, dans les médias, nous assistons à une inflation démesu­rée de discours moralisants et, en tant que tels, anesthésiants. La philosophie ne cherche plus à com­prendre le réel tel qu'il est, mais produit des flots de textes moralisants et prescriptifs d'une confondante banalité, pour aveugler, dit Tenzer, le ci­toyen, le distraire du fonctionnement réel de sa communauté politique (Tenzer adresse cette critique à André Comte-Sponville notamment). Dans les médias, c'est sur base de telles banalités que l'on manipule les masses, pour les empêcher de passer à l'action. L'objectif principal de cet hyper-moralisme, c'est de “frei­ner toute action citoyenne”. Ceux qui veulent freiner cette action citoyenne entendent main­te­nir à tout prix le statu quo (dont ils sont souvent les bénéficiai­res), se posent comme “légalistes” plutôt que comme “légitimistes”. Mais l'option légaliste (ou “légalitaire”) est foncièrement anti-politique, car elle re­fuse de considérer le politique comme une force qui chevauche et maîtrise la dynamique hi­sto­rique et sociale. Le légaliste-légalitaire est aussi celui qui con­çoit le droit comme une idée abstraite, détachée de tout continuum historique. Dans le domaine du po­litique, ce qui est le produit direct d'un continuum historique est légitime. Une légalité rigide, en revanche, conduit à une rupture (souvent trau­ma­tisante) à l'endroit d'une continuité puis à la dissolution du politique et de l'Etat, car la dynamique qui émane du peuple, porteur du poli­ti­que et acteur de l'histoire, est freinée et étouffée.

 

Dans le processus de dissolution de l'Etat, dans ses phases successives d'affaiblissement, celui-ci ces­se d'être aimé, constate Tenzer, car, en effet, sa dissolution est toujours simultanément une dé-légitimi­sation, et, par­tant, une réduction à de la pure légalité.

 

Des élites sans projet

 

Revenons au débat allemand. Il y a quelques années, j'ai été étonné de découvrir que trois figures de proue de la politique allemande avaient écrit de concert un ouvrage très critique à l'encontre des partis. Ce livre s'intitulait Die planlosen Eliten (= “Les élites sans projet”) (6). Ses auteurs étaient Rita Süssmuth (aile gauche de la CDU démocrate-chrétienne), Peter Glotz (intellectuel en vue de la SPD socialiste) et Konrad Seitz (ministre de la FDP libérale). Dans ce livre, ils expriment:

- leur nostalgie d'une élite et d'une caste dirigeante cohérentes;

- leur souhait de voir cette élite résoudre les problèmes politiques, économiques et écologiques;

- leur inquiétude de voir la classe politique allemande décliner et tomber très bas dans l'estime des mas­ses; ce déclin s'explique parce qu'il y a eu des scandales dans le financement des partis; parce que les promesses électorales n'ont jamais été tenues (p. ex.: réunification sans augmentation des impôts).

 

Nos trois auteurs écrivent (p. 181): «La fabrication en série de mythes et de grands sentiments conduit au cynisme et à l'apathie dans la population». Ensuite, ils déplorent que le procédé de recrutement de la clas­se politique reste le “travail à la base”; or celui-ci effraie les individualités créatives, imaginatives et intelligentes et les détourne de la politique. Süssmuth, Glotz et Seitz constatent à ce propos (p. 182): «C'est sans doute un paradoxe, mais on est bien obligé de constater qu'il est réel: la dé­mo­cra­tisation des partis a conduit simultané­ment à leur fermeture. A l'époque de Weimar ou dans les premiers temps de la Bundesrepublik, les appa­reils dirigeants des partis pouvaient imposer des candidats à la “base”; de cette façon, des personnalités originales, des experts, des intellectuels, des conseillers de grandes en­tre­pri­ses et des représentants d'autres groupes s'infiltraient dans le monde politique. Mais aujourd'hui, celui qui refuse de se soumettre au contrôle des faciès opéré par les pairs des partis, n'a plus aucune chan­ce». Ce constat affolant est suivi de plaidoyers:

- pour un changement dans la psychologie des hommes et des femmes politiques, où nos trois auteurs réclament plus de modestie (p. 192);

- pour une plus forte participation de la population aux décisions politiques directes (via des techniques de consultation comme le plébiscite et le referendum);

- pour une ouverture des partis politiques à la vie réelle des citoyens.

Enfin, Süssmuth, Glotz et Seitz émettent ce jugement terrible pour le personnel politique en place: «Quand on est âpre de prébendes, vulgaire et envieux, on ne doit pas s'attendre à susciter le respect des autres».

 

Les pistes que nous suggérons

 

La classe politique a failli partout en Europe. Elle n'est pas capable d'affronter les nouvelles donnes, par­ce que son personnel n'a ni l'intelligence ni la culture nécessaires pour orienter et réorienter les ins­tances politiques sous la pression des faits. Telle est la situation. Mais quelles sont les réponses, ou les pistes, qu'un mouvement comme le nôtre peut apporter?

 

1. La première piste dérive d'une prise en compte des leçons du “communautarisme” américain.

- Le communautarisme américain constate que le modèle occidental est une impasse.

- Dans cette impasse, les citoyens ont perdu tous liens avec les valeurs qui fondent les sociétés et les main­tiennent en état de fonctionner dans la cohérence. C'est ainsi qu'a disparu le sens civique. Et sans sens civique, il n'y a pas de démocratie viable. Sans sens civique, sans valeurs fondatrices, sans rejet explicite d'un relativisme omniprésent, il n'y a pas de justice.

- Nous devons coupler la réhabilitation de la notion de “communauté” que nous trouvons dans le commu­nautarisme américain actuel à la notion schmittienne d'“ordre concret” (konkrete Ordnung).  Pour Carl Schmitt, un ordre concret est un ordre produit par un continuum historique, par exemple un Etat né de l'histoire. A l'intérieur de tels Etats, nous trouvons, généralement, une façon précise et originale de dire le droit et d'appliquer une jurisprudence. Dès lors, les règles ne sont des règles réelles et légitimes que si elles sont imbriquées dans un ordre né d'une continuité historique précise.

 

En insistant sur la concrétude des ordres en place dans les sociétés traditionnelles et/ou légitimes, Carl Schmitt conteste le pur normativisme des Etats libéraux. Le normativisme libéral repose sur la norme, qui serait une idée générale propre à l'humanité toute entière, hissée au-dessus de toutes les contingences spa­tio-temporelles. La normativisation du droit conduit à un gouvernement du droit et non plus à un gou­ver­nement d'hommes au service d'autres hommes. L'Etat de droit (où le droit est conçu comme le produit d'une histoire particulière) dégénère en Etat légal(iste), ce qui nous amène à l'actuelle “political correct­ness”. Par ailleurs, le pur décisionnisme, qu'avait défendu Carl Schmitt à ses débuts, en même temps que les fas­cistes, ne permet pas à l'homme d'Etat de saisir la dynamique historique, le noyau fondamental de la Cité qu'il est appelé à régir. Raison pour laquelle, l'homme d'Etat doit simultanément se préoccuper des institutions, de la con­ti­nuité institutionnelle (selon la définition que donne Hauriou de l'institution, soit un “ordre con­cret”), et des dé­cisions, à prendre aux moments cruciaux, pour trancher des “nœuds gordiens” et sortir la Cité d'une impasse mortelle. Au sein des ordres con­crets, qui ont produit un système juridique au fil de l'histoire, les communautés humaines concrètes fon­dent du sens. Ces communautés charnelles d'hommes et de femmes de diverses lignées et générations acquièrent ainsi prio­rité sur les normes ab­straites. Les com­munautariens amé­ricains s'efforcent de contribuer, comme nous, au rétablis­sement de l'Etat de droit, contre tou­tes les tentatives entreprises pour le remplacer par l'Etat normatif, “politique­ment correct”, excluant en même temps que toutes les valeurs léguées par l'histoire, tous les possibles qui pour­raient contredire ou atténuer la rigueur abstraite de la norme.

 

Ernst Rudolf Huber et le «Kulturstaat»

 

2. Ce débat de fond suscite d'autres questions. Par exemple: quelles facettes doit présenter un Etat porté par les ordres concrets qui vivent et se déploient en son sein? De notre point de vue, un tel Etat serait celui qu'Ernst Rudolf Huber a défini comme Kulturstaat (“Etat-culture”) (7). Pour Huber, “le Kultur­staat  est le gardien de la culture populaire face à la destruction dont la menace la société” (i. e.: les in­té­rêts privés, désolidarisés du Bien commun, ndlr). La “culture” dans ce sens est à la fois constitutive de la Staatlichkeit  (de la substance de l'Etat) et la légitimise. L'action de l'E­tat est soumise aux valeurs sub­stan­tielles que véhicule cette culture. En conséquence, l'Etat n'est pas un pur instrument, car la culture n'est pas une fabrication faite à l'aide d'instruments, mais un héritage et une matrice de valeurs qui, en der­nière instance, ne sont ni rationalisables ni normalisa­bles. En ce sens, cette matrice est elle-même une valeur qu'il convient de préserver contre les intérêts matériels et fac­tieux, contre les agents de déli­quescence, intérieurs ou extérieurs. En théorisant la notion de Kulturstaat,  Huber entend étoffer la notion hégélienne de Sittlichkeit  (éthique, mœurs) en l'imbriquant dans une culture et la solidarisant d'office avec toutes les autres manifestations de cette culture. L'éthique cesse automatiquement d'être un jeu propret de concepts purs, détachés de la vie réelle et trépidante des peuples.

 

Tout Kulturstaat est nécessairement organisé selon un modèle fédéral, il est un Bundesstaat  (qui res­pecte le principe de subsidiarité), car toute communauté au sein de cet Etat est un ordre concret, qui doit être res­pecté en tant que tel, auquel il faut assurer un avenir. Pour le juriste français Stéphane Pierré-Caps, dans son ouvrage intitulé La mul­tina­tion (8), le futur Etat mitteleuropéen ne pourra pas se bâtir sur le modèle unitaire, centraliste et jacobin de l'Etat-Nation, où la norme abstraite régente, oblitère et éma­scule tous les ordres concrets et toutes les institutions et les communautés concrètes, mais devra opter pour une forme d'Etat qui respecte et orga­nise institutionnellement toutes les différences vivantes d'un territoire donné.

 

Ce principe est universellement valable, tant pour le territoire d'un Etat national classique que pour des territoires éventuellement plus vastes, comme les sphères culturelles (ex.: la Mitteleuropa, l'Europe en voie d'unification, des regroupements régionaux comme l'espace Alpes-Adriatique). Certes ces espaces con­naîtront encore des frontières, mais celles-ci délimiteront les “civilisations” dont parle Samuel Hun­ting­ton dans Le choc des civilisations  (9). Ces civilisations diviseront demain l'humanité en vastes sphè­res différenciées voire antagonistes (dans le pire des cas), sans que l'on n'ait à appliquer globalement des normes gé­né­rales, abstraites et universalistes, lesquelles ne sont en aucun cas des valeurs. Ces normes sont clo­ses sur elles-mêmes, fermées et rigides, car elles sont des produits de l'esprit de fabri­ca­tion et purement prescriptives. Les valeurs sont vivantes, ouvertes aux innovations fusant de tou­tes parts, effervescentes et dynamiques. Les valeurs ne sont jamais univoques, contrairement aux normes, elles sont “plurivoques”. Les normes ne recèlent en elles qu'un seul possible. Les valeurs sont à même de générer une pluralité de possibles.

 

Conclusion: Pour rétablir les communautés des communautariens, les ordres concrets qui fondent le droit selon Carl Schmitt, les Kulturstaaten  selon Huber, les communautés de Kulturstaaten  à l'intérieur de sphères culturelles ou de grands espaces de civilisation, nous devons renvoyer les “élites sans projet”, dénoncées par Süssmuth, Glotz et Seitz, et faire advenir des élites conscientes de leur devoir de respecter les acquis et de façonner l'avenir. De telles élites cultivent une éthique de la responsabilité. Celle-ci a été définie avec brio par des philosophes com­me Max Weber, Hans Jonas et Karl-Otto Apel (10). Elle constituera le thème d'un prochain séminaire de “Synergies européennes”. Appelé à compléter celui d'aujourd'hui.

 

Robert STEUCKERS.

Forest, novembre 1997.

 

Notes:

 

(1) Hermann SCHEER, Zurück zur Politik. Die archimedische Wende gegen den Zerfall der Demokratie, Piper, München, 238 S., DM 29,80, ISBN 3-492-03782-8.

(2) Walter REESE-SCHÄFER, Was ist Kommunautarismus?, Campus, Frankfurt a. M., 1994, 191 S., DM 26,80, ISBN 3-593-35056-4. Voir également/Siehe auch: Transit. Europäische Revue, Nr. 5 («Gute Gesellschaft»), Winter 1992/93, Verlag Neue Kritik, Frankfurt a.M., ISSN 0938-2062.

(3) Jean-Baptiste de FOUCAULD & Denis PIVETEAU, Une société en quête de sens, Odile Jacob, Paris, 1995, 301 p., 140 FF, ISBN 2-7381-0352-9.

(4) Nicolas TENZER, Le tombeau de Machiavel, Flammarion, Paris, 1997, 546 p., 140 FF, ISBN 2-08-067343-2.

(5) Lothar PENZ, siehe Hefte von Junges Forum (genaue Angaben)

(6) Peter GLOTZ, Rita SÜSSMUTH, Konrad SEITZ, Die planlosen Eliten. Versäumen wir Deutschen die Zukunft?, edition ferenczy bei Bruckmann, München, 1992, 251 S., ISBN 3-7654-2701-2.

(7) Max-Emanuel GEIS, Kulturstaat und kulturelle Freiheit. Eine Untersuchung des Kulturstaatskonzepts von Ernst Rudolf Huber aus verfassungsrechtlicher Sicht, Nomos-Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1990, 298 S., ISBN 3-7890-2194-6.

(8) Stéphane PIERRÉ-CAPS, La multination. L'avenir des minorités en Europe centrale et orientale, Odile Jacob, Paris, 1995, 341 p., 160 FF, ISBN 2-7381-0280-8.

(9) Samuel HUNTINGTON, Le choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 1997, 402 p., 150 FF, ISBN 2-7381.0499.1.

(10) Detlef HORSTER, Politik als Pflicht. Studien zur politischen Philosophie, Suhrkamp, stw 1109, Frankfurt, 1993, 281 S., DM 19,80, ISBN 3-518-28709-5.

 

samedi, 31 octobre 2009

Grüne kritik am Brüsseler Mahommedaner-Ghetto

"Verpisst euch!": Grüne Kritik am Brüsseler Mohammedaner-Ghetto

Udo Ulfkotte / http://info.kopp-verlag.de/

vandertaelensterven.jpgDie meisten Muslime wohnen in der europäischen Hauptstadt in »multikulturellen« Brüsseler Stadtteilen wie Molenbeek, ballen sich dort in Ghettos zusammen, wollen mit den ethnischen Europäern nichts zu tun haben. Ihre Aggressivität und Integrationsverweigerung führt zur kulturellen Verarmung der europäischen Hauptstadt. Das beklagen inzwischen in Belgien auch bekannte Abgeordnete der Partei Die Grünen. »Die Ghettos von Brüssel« heißt ein langer Artikel, den der Grünen-Abgeordnete Luckas Vander Taelen jetzt in der renommierten Zeitung »De Standaard« über die schlimmen Zustände veröffentlicht hat. Er hat das Tabu gebrochen – und politisch nicht korrekt die Wahrheit aufgeschrieben.

Etwa 33 Prozent der Einwohner der europäischen Hauptstadt sind derzeit Muslime. Tendenz: stark steigend. Brüssel wird in etwa 13 Jahren eine überwiegend islamische Stadt sein. Das behaupten zumindest die Fachleute belgischer Universitäten. Und diese Entwicklung kann angeblich niemand mehr aufhalten. Die meisten Mohammedaner wohnen in »multikulturellen« Brüsseler Stadtteilen wie Molenbeek, ballen sich dort in Ghettos zusammen und sorgen oft für eines: für Angst  unter den Einheimischen. Die Aggressivität und Integrationsverweigerung führt zur unglaublichen kulturellen Verarmung der europäischen Hauptstadt. 

Der Grünen-Abgeordnete Luckas Vander Taelen hat sich seinen Frust jetzt in der renommierten Zeitung De Standaard vom Leib geschrieben. Der Mann wohnt in einem solchen Mohammedaner-Stadtteil und weiß, wovon er spricht. Frauen trauen sich dort nach seinen Angaben schon lange nicht mehr allein auf die Straße, seine Tochter wird ständig als »Nutte« und »Schlampe« auf der Straße angesprochen und ethnische Europäer sind den multikulturellen Bewohnern nur für eines gut – zum Abzocken.

Wenn der grüne Abgeordnete durch die Straßen geht, dann spucken ihm junge Zuwanderer ins Gesicht und sagen ihm, er solle sich von hier verpissen. Dabei wohnt er dort, ist Grüner und setzte sich lange für die netten Mitbürger ein. Jetzt aber hat er offenkundig die Schnauze voll von der »Bereicherung«, aufhalten aber kann er sie wohl auch nicht mehr (Quelle: De Standaard, 30. September 2009).

bxemeuteh20cvg.jpgIn den Niederlanden ist die Entwicklung bei den Grünen ähnlich – dort hat unlängst Femke Halsema, die immerhin die Vorsitzende der Grünen ist, den Islam öffentlich als großes Problem angeprangert. Von der angeblichen großen kulturellen »Bereicherung« durch den Islam will auch die niederländische Grünen-Vorsitzende nichts mehr wissen. (Quelle: DePers.nl, 8. September 2009). Die deutschen Grünen verstehen das alles nicht – und fahren fort, zugewanderte Kriminelle und Integrationsunwillige aus dem islamischen Kulturkreis in Belgien und den Niederlanden zu unterstützen. Ein Beispiel dafür: Als Mitte September 2009 die Polizei in Molenbeek einen 14 Jahre alten Marokkaner verhaftete, der Polizisten zusammen geschlagen und Passanten ausgeraubt hatte, da organisierte der Vater des Jungen sofort einen gewalttätigen Protestmarsch gegen die Brüsseler Polizei und verkündete in »Presseerklärungen«, sein Sohn sei ein anständiger Moslem und würde nie Straftaten verüben. Die gewalttätige Demonstration richtete sich gegen die angebliche »Islamophobie« der Brüsseler Polizei. Es gab schwere Straßenschlachten in Brüssel, etwa 100 Polizisten wurden bei den Mohammedaner-Unruhen verletzt (Quelle: Brussel Nieuws, 18. September 2009).

Nicht ein belgischer Grünen-Abgeordneter zeigte sich in Brüssel bei diesen »Demonstrationen« gemeinsam mit den gewalttätigen Zuwanderern auf den Straßen in Molenbeek. Einzig deutsche Mitglieder der Grünen reisten an und bekundeten auf von der Polizei fotografierten Transparenten ihre »Solidarität« mit den zugewanderten Mitbürgern und forderten einen verstärkten »Kampf gegen Islamophobie«. Die Demonstranten riefen den Polizisten entgegen: »Verpisst euch!«

Man darf gespannt sein, was der belgische Grünen-Abgeordnete, dessen Familie ständig im multikulturellen Brüsseler Stadtteil Molenbeek von den jungen Zuwanderern »bereichert« wird, über seine deutschen grünen »Freunde« denkt. Da gab es doch mal so ein Sprichwort: Wer solche Freunde hat, der braucht keine Feinde mehr …

 

Donnerstag, 01.10.2009

Kategorie: Allgemeines, Akte Islam, Politik

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samedi, 24 octobre 2009

Pollution: les USA pires que la Chine

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Pollution : les USA pires que la Chine

Ex: http://unitepopulaire.org/

 

« A Bangkok, où s’achèvent les discussions préparatoires du sommet sur le climat de Copenhague qui commence dans deux mois, les Etats-Unis font figure de boulet mondial. "Ils sont de plus en plus perçus comme un obstacle sur la voie des négociations. A eux de dissiper ce sentiment" déclare le délégué mexicain Fernando Tudela à Reuters. Le délégué chinois Yu Qingtai dénonce un effort concerté des pays industriels pour "saboter le Protocole de Kyoto". Les Etats-Unis ne sont pas directement nommés, mais personne n’est dupe. Par ailleurs, des sources européennes confient au Guardian leur souci de voir les Américains miner le nouveau traité.

Etonnant changement de… climat. Il y a encore un mois, on s’acheminait vers un affrontement entre pays riches et émergents, les seconds refusant de s’engager sur des objectifs fermes en matière de réduction de leurs émissions de CO2, tandis que les premiers rechignaient à leur fournir les moyens financiers pour atteindre cet objectif. Or la Chine, le Brésil et l’Inde ont assoupli leur position de principe. Certes, aucun des trois n’a fixé une cible concrète, mais, en termes de relations publiques, leurs leaders ont magnifiquement su faire passer le message qu’ils n’étaient pas insensibles à l’enjeu climatique. Le président Hu Jintao en particulier s’est montré convaincant devant l’Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre dernier. La Chine pourrait aussi surprendre le monde par la rapidité de son adaptation, prévient mardi le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ce pays qui investit énormément dans les énergies nucléaire, éolienne et solaire limiterait ses émissions de carbone à 7,1 gigatonnes en 2030 – contre 11,6 anticipées précédemment par l’AIE et 6,1 en 2007. "Ces économies peuvent placer la Chine en tête des efforts mondiaux contre le réchauffement climatique" dit Faith Birol, chef économiste de l’AIE. La Chine est devenue le premier pollueur mondial, juste devant les Etats-Unis. A eux deux, ces pays représentent un peu plus de 40% des émissions globales de CO2.

Le président Barack Obama, qui succédait à Hu Jintao à la tribune de l’ONU, est apparu plus vague que son homologue chinois sur les engagements américains. Et pour cause. Le week-end dernier, sa conseillère sur le climat, Carol Browner, a avoué ce qui se chuchotait depuis des semaines : surchargé par des débats sur la réforme de la santé et la politique étrangère, le Sénat n’arrivera probablement pas à voter la législation sur le changement climatique avant le sommet de décembre. Ainsi, les Etats-Unis seraient le seul pays important à arriver à Copenhague les mains vides. Pourtant, le texte en discussion au Sénat est déjà faible par rapport aux objectifs fixés par l’ONU. Il vise une réduction des émissions de 7% en 2020 par rapport à leur niveau de 1990, alors que l’objectif onusien est de 25 à 40%. […] Last but not least, l’opinion a évolué. Trois Américains sur quatre interrogés par ABC News se disent dorénavant favorables à une réglementation des émissions polluantes. »

 

Le Temps, 9 octobre 2009

00:25 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, pollution, environnement, etats-unis, chine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 01 octobre 2009

La riposte de la géophilosophie

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

 

 

La riposte de la géophilosophie

 

«Restez fidèles à la Terre»: cette invitation, cette prière quasi désespérée, a traversé tout notre siècle depuis le Zarathoustra de Nietzsche. De Rilke à Heidegger, de Spengler à Jünger et à Carl Schmitt, sous des modes certes toujours différents, cet impératif résonne avec la force d'une même urgence. C'est la voix de tous ceux qui crient dans le désert du nihilisme, au milieu des dévastations quasi irrémédiables infligées à la Terre, quand ils ont perdu leur Heimat et leur enracinement. Cet arrachement peut se lire de multiples façons, se penser d'innombrables manières, mais un point nous apparaît décisif: la philosophie, si elle veut être à la hauteur des demandes que lui adresse notre époque, ne peut plus être que “géo-phi­losophie”, c'est-à-dire, être en premier lieu, une interrogation radicale sur le lieu de notre “habiter”. Cela in­terpelle non seulement les aspects les plus évidents des problèmes soulevés dans tous les domaines de la pensée, qu'elle soit scientifique ou éthique, qu'elle se penche sur l'horizon entre-ouvert de la technique moderne ou non, cela n'interpelle pas seulement les rapports à la nature, mais, plus généralement et plus fondamentalement, cette interrogation radicale sur le lieu de notre “habiter” remet en question le modèle occidental de rationalité et son mode d'amorcer et d'entendre la pensée. En ce sens, la “géo-philosophie” implique une revalorisation de l'élément spatial, au-delà de cette hyper-valorisation occidentale de l'histoire et de l'historicisme, qui a régné en maître au siècle passé. La géophilosophie implique une affirmation de la spatialité et de la localité de toute pensée, une insistance ré­vo­lutionnaire sur ses aspects topologiques. Cela veut dire que nous devrons dans l'avenir prê­ter une bien plus grande attention à cette geographia imaginalis  que nous exposait Henri Corbin dans ses études sur la mystique islamique, afin de dévoiler (mais pieusement) les correspondances secrètes entre physique et métaphysique, entre naturalité et spiritualité.

 

Si l'on s'oriente dans cette direction et en progressant sur cette longue voie, il sera forcément possible, à terme, de se rappeler et de ré-inventer cette imago terrae, sans laquelle nous ne pourrions dire que notre existence a eu lieu, et ouvrir un nouvel espace à la pensée et  organiser une “nouvelle Terre” sur laquelle habiter. Qui, quel philosophe ou quelle instance, pourra dès lors nous trouver non pas tant des solutions mais au moins nous indiquer des pistes praticables, tout en répondant aux questions pressantes de cette fin de millénaire? Notamment à la question de l'appartenance que tous se posent au beau milieu de cette confrontation planétaire entre les revendications particularistes et les aspirations à l'universel, où les dif­férences disparaissent ou se défendent violemment. Au sein de cette pan-conflictualité, on peut déceler une demande générale de religion et de spiritualité, contrastant fortement avec le matérialisme et l'économisme dominants. C'est donc dans cet espace varié et déchiré de la pensée qu'il faudra intervenir pour déboucher sur la grande décision historique qui structurera le XXIième siècle, qui optera pour un ordre mondial différent de celui voulu par Fukuyama et Bush et qui, dans cet ordre mondial différent, mo­dèlera une unité européenne.

 

La géophilosophie nous apporte encore autre chose: la conscience qu'il n'y aura à l'avenir plus de place pour la sectorialisation des problèmes mais que l'ère planétaire a d'ores et déjà commencé, parce qu'il faudra de plus en plus souvent poser des choix qui concerneront le destin de la Terre toute entière, dans toute sa complexité et pour tous ses habitants. Au cours de ces dernières décennies, on a annoncé régu­lièrement la “fin de la philosophie”, ce qui devrait tout logiquement annoncer l'émergence d'une pensée nouvelle qui aura saisi et capté la puissance de la grande mutation épocale. Cette pen­sée nouvelle est bien entendu celle qui correspondra aux paramètres de cette grande mutation épocale. Estimer qu'il est superflu de poser une réflexion de ce type signifie en fait que l'on a capitulé, que l'on pense une fois pour toute que la Terre est d'ores et déjà condamnée à la disparition. Dans ce cas, pas la peine d'imaginer, de chercher et de construire un ordre plus fondamental et plus fonctionnel. La géophilo­sophie signifie et im­plique que, dans le cadre de l'universalisation des problèmes, on conserve un regard, une attention, pour la singularité de chaque événement, que l'on prête l'oreille à l'avenir de chacun de ces événements singu­liers, que l'on résiste à toutes les séductions que pourraient offrir les ordres politiques et juridiques pure­ment formels, imposés d'en haut au départ d'une raison abstraite. La géophilosophie si­gnifie alors que l'on obéisse aux injonctions difficiles, bourrées de paradoxes, d'une logique double, d'un jeu de lois double: aux injonctions du chassé-croisé d'une logique qui veut que l'on cherche l'universel dans le particulier et d'une logique qui perçoit les différences comme des séparations qui deviendront au­tant de rapports. En bout de course, on pourra dessiner la physionomie d'un visage de la Terre, composé des singularités “irrépétables” de chacun d'entre nous.

 

C'est sur base des expériences et des réflexions entamées depuis 1990 par la revue de géophilosophie Tellus, que la rédaction de cette publication, de concert avec l'équipe italienne de «Synergies Européen­nes», a organisé à Milan un cycle de conférences qui propose à son public de prendre acte con­crètement et volontairement d'une pensée qui se forge dans l'Europe entière, qui est véhiculée en Italie par Tellus, et qui explore toutes les méandres de la philosophie de Pöggeler, Derrida, Nancy, Makowski, Cervallati, Scaramellini, Vitiello, Marcenaro, sous la rigoureuse houlette de deux philosophes de choc, à la pensée claire, limpide et tranchée, Catarina Resta et Luisa Bonesio. Ce groupe vient de sortir auprès des éditions Lyasis un ouvrage collectif, qui fait office de manifeste, et qui s'intitulé précisément Geofilosofia.

 

Marco BATTARRA.

(article tiré du quotidien L'umanità, 16 février 1996; trad. franç.: Robert Steuckers).

samedi, 19 septembre 2009

L'homme qui dévoile l'arnaque du réchauffement climatique

L’homme qui dévoile l’arnaque du réchauffement climatique

Pour que ses lecteurs aient une information complète, Novopress donne ici la parole au Professeur Ian Plimer, géologue australien, qui conteste les thèses dominantes et le politiquement correct sur l’évolution du climat.

« Si, il y a trente ans, vous aviez demandé à n’importe quel médecin ou scientifique d’où venaient les ulcères à l’estomac, ils vous auraient tous donné la même réponse : ils sont évidemment causés par l’acide gastrique consécutif à un excès de stress . Tous sauf deux scientifiques (1), qui furent cloués au pilori pour leur idée délirante selon laquelle une bactérie serait derrière tout ça. En 2005 ils ont reçu le Prix Nobel ! »

(1) Barry Marshall et Robin Warren

Ian Plimer - Heaven and Earth

James Delingpole parle au Professeur Ian Plimer, géologue australien, dont le dernier livre montre que le « réchauffement climatique d’origine humaine » est une fiction ruineuse et dangereuse, un « luxe de pays développé »  sans aucune base scientifique. Honte aux éditeurs qui n’ont pas voulu de ce livre !

Imaginez à quel point le monde serait merveilleux si le réchauffement climatique d’origine humaine n’avait été qu’une fiction dans l’imagination d’Al Gore. Plus de ces fermes éoliennes immondes étendant leur ombre sur le haut pays. Plus de factures d’électricité délirantes, augmentées artificiellement par une taxe carbone instaurée par l’Union Européenne. Plus besoin de prendre chaque jour de douceur ensoleillée comme le terrible présage d’un désastre écologique à venir Et, finalement, plus besoin du projet de loi de limitation des émissions de carbone à 7.400 milliards de dollars – la plus haute taxe de l’histoire américaine – que le président Obama et ses partisans essayent sans relâche d’imposer à l’économie des Etats-Unis.

N’imaginez plus, votre bonne fée est ici. Son nom est Ian Plimer, professeur de géologie minière à l’Université d’Adélaïde, et il a récemment publié Heaven And Earth [1] , un livre qui fera date et changera pour toujours la façon dont nous pensons au changement climatique.

« L’hypothèse comme quoi l’activité humaine pourrait créer un réchauffement global est extraordinaire parce qu’elle est contraire à tout ce que nous enseignent la physique du soleil, l’astronomie, l’histoire, l’archéologie et la géologie », explique Plimer, et bien que sa thèse ne soit pas nouvelle, il y a peu de chances que vous l’ayez entendue exprimée avec autant de vigueur, de certitude et d’autorité scientifique. Alors que d’autres sceptiques comme Bjorn Lomborg ou Lord Lawson of Blaby se préparent soigneusement à approuver les prédictions les plus modestes du Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC), Plimer ne cède pas un pouce de terrain. La théorie du réchauffement climatique d’origine humaine, explique-t-il, est la plus grande, la plus dangereuse, et la plus ruineuse manipulation de l’histoire.

Pour comprendre, allons à la rencontre du bon professeur. L’homme a le teint hâlé, les trais rudes, les cheveux blancs, la soixantaine – courtois et jovial mais combatif quand il faut l’être – et rayonne de la santé d’un homme qui a passé la moitié de sa vie dans des expéditions sur le terrain en Iran, en Turquie et dans son cher Outback australien. Et il est assis dans mon jardin à boire du thé pendant un de ces jours que George Monbiot du Guardian [2] aimerait faire interdire. Un beau jour doux et ensoleillé.

Alors, allons-y, prof. Qu’est-ce qui vous rend si sûr que ce que vous dites est vrai et que tous ces scientifiques qui disent le contraire est faux ?

« Je suis géologue. Nous autres géologues avons toujours admis que le climat change au cours du temps. Nous sommes différents de ces gens qui soutiennent le réchauffement climatique anthropocentrique par notre compréhension des échelles. Ils ne s’intéressent qu’aux 150 dernières années Notre cadre est de 4.567 millions d’années. Ce qu’ils essayent de faire équivaut à essayer de comprendre l’intrigue de Casablanca à partir d’une courte séquence de la scène d’amour. Vous ne pouvez pas. Ca ne marche pas.

La force de Heaven And Earth est de restaurer une perspective scientifique à un débat qui a été détourné par « des politiciens, des activistes de l’environnement et des opportunistes ». Il fait remarquer, par exemple, que la glace des pôles n’a été présente sur terre que pendant 20% du temps géologique; que les extinctions d’espèces sont banales ; que les changements climatiques sont cycliques et normaux ; que le CO2 dans l’atmosphère – auquel l’activité humaine contribue pour une fraction infime – ne représente que 0,001% du CO2 contenu dans les océans, les roches de surface, les terres et les espèces vivantes ; que le CO2 n’est pas un polluant mais une nourriture pour les végétaux ; que les périodes les plus chaudes de la Terre – comme lorsque les Romains faisaient pousser des vignes et des citronniers jusqu’au nord du Mur d’Hadrien en Angleterre – étaient des époques de richesse et d’abondance.

Tout ceci sont des faits scientifiques avérés – plus que ce que vous pouvez dire de ces modèles informatiques dégorgeant leur flot de scénarios de fin du monde avec des températures inexorablement croissantes, des îles submergées et des banquises qui s’effondrent. Plimer n’accorde aucune confiance à ces modèles parce qu’ils semblent n’avoir peu ou pas de prise avec la réalité observée.
« Je suis un scientifique de terrain. Je suis dehors chaque jour, enfoncé dans la m… jusqu’au cou à récolter des données brutes. Et c’est pourquoi je suis si sceptique quant à ces modèles, qui n’ont rien à voir avec la science ou l’empirisme mais se contentent de torturer les données jusqu’à ce qu’elles se confessent. Aucun d’entre eux n’a prévu la période de refroidissement global dans laquelle nous nous trouvons. Il n’y a pas de problème de réchauffement climatique. Il a cessé en 1998. Les deux dernières années de refroidissement ont effacé presque trente ans d’augmentation de température.

La position sans compromis de Plimer ne l’a pas rendu populaire. « Ils disent que je viole les vaches, que je mange les bébés, que je ne sais rien sur quoi que ce soit. Ma lettre favorite est celle qui dit: « Cher monsieur, allez vous faire foutre ». J’ai aussi eu droit à une manifestation à Sidney lors du lancement d’un de mes livres, et j’avais une mère venant vers moi en tenant son gamin de deux ans dans les bras en disant : «  Vous n’avez donc aucune moralité ? L’avenir de cet enfant est en train d’être détruit. » Typique du personnage, Plimer lui rétorqua vigoureusement: « Si vous êtes tellement inquiète, pourquoi avoir eu un enfant ? »

Cette approche pragmatique doit sans doute quelque chose à l’éducation du jeune Ian à Sydney, dans une situation financière difficile. Son père souffrait de sclérose multiple, laissant sa mère élever trois enfants sur le seul salaire d’une institutrice.

« Nous ne pouvions pas nous offrir une télévision – bien que la télé soit arrivée en Australie dès 1956. Nous utilisions le même sac en papier brun encore et encore pour nos déjeuners à l’école, nous éteignions toujours les lumières, non à cause d’un quelconque impératif moral, mais par pure nécessité. »

L’écologisme moderne l’irrite profondément, notamment parce qu’il est mené par des gens qui sont trop riches.

« Quand j’essaye d’expliquer le réchauffement climatique à des gens en Iran ou en Turquie, ils n’ont pas la moindre idée de ce dont je parle. Leur vie se résume à survivre jusqu’au lendemain, à trouver leur prochain repas. La culpabilité écologique est un luxe de pays développé. C’est la nouvelle religion de populations urbaines ayant perdu leur foi dans le Christianisme. Le rapport du GIEC est leur bible. Al Gore et Lord Stern sont leurs prophètes. »

Heaven And Earth est la suite d’un livre de vulgarisation publié par Plimer en 2001, appelé A Short History of Planet Earth. Il se basait sur dix années d’émission radio sur ABC destinées aux habitants des zones rurales. Bien que le livre soit un best-seller et gagne un prix Euréka, ABC refusa de publier la suite, de même que les autres éditeurs majeurs que l’auteur approcha.

« Il y a ici beaucoup de gens qui ont peur . Personne ne veut aller contre le paradigme à la mode. »

Puis, quelqu’un l’a mis en relation avec un minuscule éditeur perdu au milieu du bush – « Le mari, l’épouse, trois enfants, si pauvres qu’ils n’avaient même pas de rideaux ». – et ils ont dit oui.

Plimer se retint de réclamer une avance qu’ils ne pouvaient clairement pas se permettre. Mais quelque chose de remarquable est arrivé. Les 5 000 exemplaires de la première édition furent écoulés en deux jours seulement. Cinq autres éditions ont rapidement suivi. L’ouvrage a été vendu à 26 500 exemplaires rien qu’en Australie – avec des perspectives tout aussi réjouissantes pour l’Angleterre et les Etats-Unis. Il est même question d’une édition destinée à la très verte Allemagne.

Mais entre tous, les Australiens, avec leurs feux de brousse et leurs sécheresses prolongées, ne devraient-ils pas être les derniers à souscrire à son message

« Ah, mais l’homme de la rue n’est pas un imbécile. Je reçois parfois jusqu’à 1 000 lettres et emails par jour de gens qui se sentent impuissants, désabusés et carrément malades de toutes les aberrations qu’ils entendent sur le réchauffement climatique de la part de gauchistes urbains qui ne savent même pas d’où viennent leur viande ou leur lait. »

En outre, l’économie australienne est particulièrement vulnérable aux effets de l’alarmisme sur le changement climatique

« Bien que disposant de 40% des réserves mondiales d’uranium, nous n’avons pas l’énergie nucléaire. Nous nous reposons sur des tonnes de charbon à bon marché. 80% de notre électricité vient du charbon et les producteurs d’aluminium s’agglutinent autour des bassins houillers. La loi Cap and Trade proposée par Kevin Rudd est la dernière chose dont l’économie australienne a besoin. Si elle passe, le pays fera faillite.

Plimer ne croit pas une seconde qu’elle passera. Comme pour son équivalent américain du projet de loi Waxman-Markey, le projet d’Emission Trading Scheme de Kevin Rudd a réussi à se glisser jusqu’à la Chambre des représentants.

Mais comme en Amérique, le vrai défi attend à la chambre haute, le Sénat. En partie grâce à l’influence de Plimer et de son livre – « les politiciens me téléphonent sans arrêt » – le Sénat rejettera vraisemblablement le texte. S’il le refuse deux fois, alors le gouvernement australien s’effondrera et donnera lieu à une « double dissolution » et des élections anticipées. « L’Australie est un point très intéressant dans le débat sur le changement climatique », note Plimer. [NdT: l'actualité récente semble lui donner raison [3].]

Bien sûr, les répercussions potentielles hors de l’Australie sont encore plus grandes. Jusqu’à ce jour, les législations environnementales avaient la partie facile dans les parlements de l’Anglosphère et de l’Eurosphère, avec des politiciens plus verts les uns que les autres (de Dave Cameron (dit l’« Eolienne ») à Dave Miliband (du : « Les sceptiques du réchauffement sont les partisans de la  Terre Plate de notre temps. »), se bousculant pour imposer des objectifs d’émission de carbone toujours plus restrictifs et taxer leurs malheureux électorats.

Les politiciens pouvaient s’en tirer tant que duraient les jours où les gens se sentaient assez riches pour payer ces coûts supplémentaires et assez coupables pour penser qu’ils les méritaient. Mais l’effondrement économique global a changé la donne. Comme d’innombrables sondages le montrent, plus les gens se sentent pauvres, plus bas plonge la vertu écologique dans la liste de leurs priorités.

« C’est une des rares bonnes choses à sortir de cette récession, explique Plimer. Les gens commencent à se demander: Avons-nous vraiment les moyens de nous payer toute cette législation verte? »

La lecture de Heaven And Earth est une expérience à la fois enrichissante et terrifiante. Enrichissante parce que 500 pages de prose abondamment annotée, fruits de cinq ans de recherche, vous laissent sans le moindre doute. La contribution de l’homme à ce qu’ils appellent aujourd’hui le « changement climatique » était, est et sera probablement toujours négligeable. Terrifiante, parce que vous ne pouvez qu’être consterné devant tant d’argent gaspillé, tant de restrictions légales érigées en vain pour résoudre un problème qui n’existe pas. (La série South Park, comme souvent, a été probablement la première à illustrer cela dans un épisode mémorable [4] où Al Gore s’invite dans la classe pour prévenir les écoliers du danger que pose une bête terrible, l’Homme-Sanglier-Ours, qui n’existe que dans son esprit…).

Le livre est-il arrivé à temps pour éviter un désastre ? S’il y a une justice, Heaven And Earth contribuera autant au réalisme sur le changement climatique que le film d’Al Gore, une « Vérité Qui Dérange [5] »  en a fait en faveur de l’alarmisme. Mais comme Plimer le sait bien, il existe désormais un vaste corps constitué d’intérêts dressé contre lui : des gouvernements comme celui d’Obama, qui utilisent le « réchauffement climatique » pour faire passer plus de taxes, de régulation et de protectionnisme ; des producteurs d’énergie et des investisseurs qui espèrent faire fortune avec des arnaques comme le marché des droits d’émission de CO2 ; des organisations non-gouvernementales comme Greenpeace dont la levée de fonds est directement liée à l’anxiété du public ; des envoyés spéciaux sur des questions d’environnement qui doivent sans arrêt surenchérir la menace pour justifier leur job.

Pense-t-il vraiment que son message arrivera à passer? Plimer sourit.

« Si, il y a trente ans, vous aviez demandé à n’importe quel médecin ou scientifique d’où venaient les ulcères à l’estomac, ils vous auraient tous donné la même réponse : ils sont évidemment causés par l’acide gastrique consécutif à un excès de stress . Tous sauf deux scientifiques, qui furent cloués au pilori pour leur idée délirante selon laquelle une bactérie serait derrière tout ça. En 2005 ils ont reçu le Prix Nobel. Le consensus s’était trompé. »

James Delingpole
08/07/2009
SPECTATOR.co.uk
Titre original
« Meet the man who has exposed the great climate change con trick »

Traduction en  français :
http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr [6]

Correspondance Polémia [7]
31/08/2009

Ian Plimer, « Heaven and Earth: Global Warming the Missing Science [8] », Taylor Trade Publishing (langue anglaise), juillet 2009, 504 pages


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

URL to article: http://fr.novopress.info/31502/lhomme-qui-devoile-larnaque-du-rechauffement-climatique/

URLs in this post:

[1] Heaven And Earth: http://www.amazon.fr/Heaven-Earth-Warming-Missing-Science/dp/1589794729

[2] Guardian: http://www.guardian.co.uk

[3] l'actualité récente semble lui donner raison: http://www.americanthinker.com/blog/2009/08/australian_senate_defeats_cap.html

[4] dans un épisode mémorable: http://en.wikipedia.org/wiki/ManBearPig

[5] Vérité Qui Dérange: http://www.imdb.com/title/tt0497116

[6] http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr: http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr

[7] Polémia: http://www.polemia.com/index.php

[8] Heaven and Earth: Global Warming the Missing Science: http://www.amazon.fr/Heaven-Earth-Warming-Missing-Science/dp/1589794729/

mercredi, 16 septembre 2009

Entretien de L. Ozon avec Edw. Goldsmith

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Entretien de Laurent Ozon

avec Edward Goldsmith

Laurent Ozon est membre de l'Association Nouvelle Ecologie.
Propos recueillis le 25 Novembre 1994

Trouvé sur: http://teddygoldsmith.org/

Cet entretien se peut lire aussi à http://isuisse.ifrance.com/alternmaurit/projets/amisdela.htm

Laurent Ozon: Quand et pourquoi êtes-vous devenu écologiste ?

Edward Goldsmith : Nous sommes en train de détruire notre planète à une telle allure que la survie même de notre espèce est maintenant sérieusement menacée. Dans ces conditions, la question qu'il faut poser est « pourquoi est-ce que tout le monde n'est pas écologiste ? »

Mais précisément, il y a eu quand même un déclic, une prise de conscience à un moment donné chez vous. Qu'est-ce qui est à l'origine de ce déclic ?

Il s'agit bien d'une prise de conscience, et même d'une conversion; mais dans mon cas il s'agit d'une conversion graduelle. Petit à petit, je me suis rendu compte que nous détruisions le monde, et que ce n'était pas normal. Que la société traditionnelle était beaucoup moins destructrice que la nôtre. Que c'était donc notre société moderne, industrielle, qu'il fallait mettre en cause. Il ne s'agit donc pas d'une crise de l'environnement, mais d'une crise de notre société industrielle. Cette société qui a décidé de maximiser le développement économique, que nous identifions avec le progrès, ne peut mener qu'à la destruction de notre planète. Il faut donc la rejeter et revenir à une société qui a beaucoup plus en commun avec la société traditionnelle. Je me suis rendu compte de ceci en 1967, et j'ai créé The Ecologist en 1969.

Oui, avec Peter Bunyard...

Peter Bunyard était l'un des créateurs. Je faisais partie d'un petit groupe de personnes qui voulait faire quelque chose pour protéger ce qui restait des tribus indigènes d'Amazonie. Nous avons créé un organisme qui s'appelle maintenant « Survival International », et c'est lors des réunions de ce petit groupe que j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai créé The Ecologist. Nous nous sommes rendu compte qu'avec le développement économique, les tribus d'Amazonie, comme tous les peuples indigènes, la société toute entière, et l'environnement naturel étaient nécessairement condamnés. Qu'il n'y avait qu'un problème au monde, c'était le progrès.

Quel a été l'écho de cette revue ?

Je m'apprêtais à vendre 35000 exemplaires dès le premier numéro, mais les ventes se sont stabilisées très vite autour de 7-8,000. Puis elles ont baissé à 3,000, où nous sommes restés pendant longtemps. Et maintenant, après 25 ans, nous sommes à 9,000, dont 3,000 en Amérique, distribués par la MIT press, 3,000 en Angleterre et 3,000 dans le reste du monde. Donc il s'agit d'une revue à tirage très limité, et qui se vend surtout par abonnement. La moitié des revues est vendue aux universités et à d'autres institutions. Nous comptons parmi nos lecteurs pas mal de gens influents. De ce fait, The Ecologist a peut-être plus d'influence qu'on pourrait le supposer.

Quel est le bilan de The Ecologist ? Est-ce que vous avez le sentiment que les idées formulées dans The Ecologist ont trouvé des relais ?

Quand j'ai créé cette revue je constatais bien que tout ce que faisaient les autorités publiques allait à l'encontre de l'intérêt de la population, en général, mais je pensais que c'était parce que les gouvernants ignoraient les conséquences de leurs actes. J'en concluais alors qu'il s'agissait tout simplement de mettre les élites au courant pour qu'elles changent d'orientation, ce qui, vous en conviendrez, était assez naïf.

En vérité, les politiciens en général se moquent pas mal des conséquences sociales et écologiques de leurs actions. Comme l'a démontré Pierre Clastres, « l'Etat est l'ennemi de la société ». Il ne peut augmenter son pouvoir qu'en détruisant les structures sociales, donc en réduisant la société à une vaste masse anonyme d'individus incapable de se diriger elle-même.

La préoccupation principale du politicien n'est pas de résoudre les problèmes auxquels est confrontée la population. Il ne fait que semblant de s'y intéresser. Sa préoccupation réelle est de rester au pouvoir et de satisfaire ses ambitions personnelles et celles de ses amis. De plus en plus souvent, il doit défendre prioritairement les intérêts des grandes sociétés commerciales dont il dépend pour se maintenir au pouvoir. Ce n'est donc pas la peine de perdre son temps à essayer de le convaincre.

Certes, nous avons réussi jusqu'à un certain point à éveiller la conscience de certains, mais dire que nous avons changé les choses, non! Le mouvement écologiste n'a eu aucun pouvoir pour enrayer l'involution en cours. Les forces de la destruction sont beaucoup plus puissantes aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été. En 1969, le monde était encore en assez bon état, en comparaison de ce qu'il est aujourd'hui. Nous avons fait plus de dégâts en 30 ans que depuis que l'homme existe sur Terre. C'est affolant ce que l'on a fait en 30 ans.

Alors si on remonte à 40 ou 50 ans... Il n'y avait pas de centrales nucléaires et très peu de grand barrages, qui sont très destructeurs. Il n'y avait pas de pesticides de synthèse, ni de CFC qui détruisent la couche d'ozone, on utilisait à peine les engrais artificiels et pas encore les fibres artificielles. Les forêts de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud étaient presque intactes. L'Asie du Sud Ouest, les pays comme les Philippines et le Malaisie étaient à 70% boisés. Maintenant ils ne le sont plus qu'à 4 à 5%, et ce qui reste va disparaître dans les années qui viennent. Même le Kerala en Inde était boisé à presque 50%, ainsi que le Sri Lanka.

Que pensez-vous du positionnement de l'écologie sur l'échiquier politique ? Certains voient l'écologie à gauche, d'autres voient l'écologie à droite, qu'en pensez-vous ?

Aussi bien en France qu'en Angleterre et en Allemagne, les Verts ont tendance à s'allier avec la gauche, parce que la gauche est considérée comme étant moins liée avec les grandes sociétés multinationales, et donc susceptible de protéger les intérêts du peuple. Or, à mon avis, ceci va chan-ger, pour la bonne et simple raison qu'il n'y a presque plus de différence entre la gauche et la droite, et ceci aussi bien en France qu'en Angleterre et en Amérique. Les deux ont adopté comme priorité la maximisation du développement économique, ce qui, dans les conditions actuelles va conduire, tout d'abord au développement d'une économie globale basée sur le libre-échange et dominée par les grandes sociétés transnationales et en même temps à l'accélération de la nouvelle révolution industrielle basée sur l'emploi de plus en plus fréquent de l'ordinateur.

Ce programme, pour des raisons qui deviennent de plus en plus évidentes, ne peut mener qu'à l'accroissement du chômage, à la désagrégation sociale et à la poursuite de la des-truction de notre environnement.

Ce qui est important, c'est que les différents secteurs sociaux qui vont êtres marginalisés par ce programme, c'est-à-dire les paysans, les boutiquiers, les petits chefs d'entreprises, une grande partie de la classe ouvrière, et les cadres victimes du Re-Engineering et du Downsizing, ne seront plus représen-tés politiquement. Il va sans dire que c'est une question de temps, avant qu'un parti ne soit créé pour représenter tous ces différents secteurs de la société marginalisés par l'économie globale, ainsi que ceux qui sont soucieux de préserver ce qui reste de notre société, de sa culture, et de son environnement naturel. Le prochain clivage politique sera entre les partis favorables à l'économie globale, et ceux favorables à l'économie locale et communautaire. Bien évidemment j'espère que les écologistes joueront un rôle clef dans la création de ce dernier parti, qui pourra être une fédération de partis alliés.

Vous semblez souvent mettre l'économie à la tête du changement que vous souhaitez. En cela vous ne vous distinguez pas beaucoup des libéraux ou des modernes qui considèrent eux aussi l'économie comme le moteur de la société .

Dans une société normale, c'est-à-dire dans une société traditionnelle, dans laquelle 95% des hommes ont vécu au cours des siècles, il n'y avait même pas de mot pour l'économie, elle faisait partie intégrante de la société. L'objet de l'économie, ce n'était pas de maximiser de faux besoins, mais de satisfaire les véritables besoins de la communauté, et le rôle des activités économiques était de créer une société stable.

Le livre clef sur ce sujet, c'est « la Grande Transformation » de Karl Polanyi, publié je crois en 1944. Dans son livre, Polanyi explique comment aussi bien dans une société tribale que dans une société paysanne traditionnelle, l'économie était enchâssée ou imbriquée dans les rapports sociaux, les hommes et les femmes s'engageaient dans des activités économiques, non pour satisfaire des besoins strictement économiques, mais plutôt pour remplir des obligations familiales et communautaires, pour augmenter leur prestige auprès des autres membres de leur communauté.

L'accumulation des biens matériels n'avait de valeur pour eux que dans la mesure ou cela leur permettait d'atteindre ces buts prioritaires. De ce fait l'économie était soumise au contrôle social, tandis qu'aujourd'hui, c'est plutôt le contraire. M. Mitterand plutôt que d'être le symbole vivant de la société française et le gardien de ses coutumes, n'est plus qu'une sorte de président-directeur-général d'une entreprise commerciale qui s'appelle la France. Et ça , c'est tout à fait intolérable. Dans une société capable de satisfaire les vrais besoins de ses membres, et d'une façon durable, l'économie doit être systématiquement subordonnée aux impératifs sociaux, écologiques et moraux.

Alors selon vous, qu'est-ce que recherche l'homme ? C'est le bonheur peut-être, mais quel type de bonheur ? Parce que tout est parti de là finalement...

Tous les êtres vivants, y compris les hommes, sont adaptés biologiquement, et cognitivement aux conditions dans lesquelles ils ont évolué au cours des millénaires, et dans leurs milieux de développement. Tout le monde accepte l'idée qu'un tigre est mieux adapté à vivre dans une jungle que dans un hôtel particulier à Neuilly, et que les truites sont mieux adaptées à vivre dans une rivière que dans la jungle où habite le tigre. Il n'y a absolument aucune raison pour que ce principe ne s'applique pas aussi bien à l'homme.

Or, si on modifie ces conditions, il se crée des déséquilibres correspondants. C'est la thèse de Stephen Boyden, biologiste à l'Australien National University de Canberra. Pour lui, les symptômes de ce mal-ajustement biologique sont les « maladies de civilisation », c'est-à-dire le cancer, la sclérose, le diabète, les varices et les caries dentaires. Autant de maladies dont l'incidence est extrêmement faible dans les sociétés dites primitives et ne cessent d'augmenter avec le progrès scientifique, technologique et industriel.

Il ne faut pas oublier que pendant la quasi totalité de notre évolution, on a vécu dans des unités familiales et communautaires extrêmement cohésives. Or, avec ce que l'on nomme progrès, les appartenances sociales de base se sont désagrégées, et nous vivons aujourd'hui dans des sociétés parfaitement atomisées. Il en résulte forcément une autre série de «  mal ajustements sociaux  » dont les symptômes sont la délinquance, la criminalité, l'alcoolisme, la drogue, la schizophrénie et les suicides, auxquels se livrent des populations désespérées, incapables de s'adapter à un milieu social intolérable.

En somme, selon moi, le bonheur consiste à mener le genre de vie auquel nous avons été adaptés pendant l'évolution, c'est-à-dire dans une culture, dans un cadre biologique et social qui se rapproche le plus de celui dans lequel nous avons évolué. De pouvoir mener ce genre de vie, devrait être, et de très loin, le plus important des droits de l'homme.

S' il y a quelque chose qui se dégage de ce que vous dites, c'est qu'il faut en revenir à des unités de fonctionnement qui soient à dimension humaine. Mais pratiquement, aujourd'hui, comment voyez-vous ce recours à la famille et à la communauté aujourd'hui ?

Ceux qui prêchent la reconstitution de la famille et la défense de la communauté sont en effet surtout des gens de droite. Or, ces mêmes personnes sont favorables à l'économie globale, qui ne peut qu'avoir l'effet contraire. La raison en est que le développement économique entraîne l'usurpation des fonctions qui ont été remplies jusqu'ici en famille et en communauté, par des sociétés commerciales et des institutions d'Etat.

Presque tout ce qui n'était pas fait par la famille était fait au niveau de la communauté. Le commerce avec la communauté voisine, même avec les pays voisins existait naturellement, et cela jouait un rôle très souvent positif. Aujourd'hui il n'y a presque plus rien qui soit fait dans la famille, même pas la cuisine, une grande partie des plats sont achetés tout cuisinés, et de plus en plus de gens mangent dans les Fast-food.

Quant à la communauté, elle n'est plus aujourd'hui qu'une expression géographique. Dans de telles conditions il est parfaitement logique que ces deux unités sociales clés se désagrègent à vue d'oeil. Pour moi la grande priorité aujourd'hui devrait être de les reconstituer, et la première chose à faire pour cela, eh bien c'est de leur redonner des fonctions, or nous allons dans la direction inverse.

L'Etat qui a pris un temps le relais de la communauté est en train de se désagréger, et n'est plus capable de remplir les tâches qu'il assumait ces dernières décennies. Il faut donc remettre en état l'organe qui auparavant avait assumé ces tâches. Et quel est cet organe ? Il n'y en a jamais eu qu'un seul, c'est la famille, et la communauté qui est une famille de familles. C'est la seule façon de créer une vraie démocratie et d'éviter une forme de gouvernement totalitaire. Ce que je dis n'est pas nouveau, c'était la thèse principale d'Aristote dans «  La Politique  ».

Vous disiez récemment qu'une des raisons pour lesquelles il fallait permettre aux communautés de se reconstituer, était parce qu'elles sont le seul niveau à partir duquel on puisse maintenir l'ordre social ...

Oui, en effet, seule l'opinion publique reflétant les valeurs traditionnelles, alimenté par «  le potin méchant  » est capable de maintenir l'ordre publique. Ceci n'est possible que dans une communauté cohésive. Dans une grande ville, les gens sont largement à l'abri de l'opinion publique. Ils font ce qu'ils veulent.

Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas en multipliant les policiers ou en construisant de plus en plus de prisons que l'on peut maintenir l'ordre. Aux Etats-Unis, il y a maintenant un million de personnes en prison, et ce n'est pas ça qui vous permet de vous promener indemne la nuit à Detroit ou au South Bronx.

Il s'agit donc de reformer des ensembles commu-nautaire à dimension humaine. Est-ce qu'une Région, - en admettant que ce soit une bonne dimension - ne deviendrait pas ipso-facto une proie facile pour des sociétés transnationales ?

C'est absolument vrai, mais ceci dit, il est parfaitement évident que nous ne pouvons pas cohabiter sur cette planète avec les Multinationales, ce n'est pas possible. S'il y a aujourd'hui un conflit entre les intérêts des gouvernants et celui des gouvernés dans la plupart des pseudo-démocraties modernes, il y a une incompatibilité flagrante entre les intérêts des multinationales et ceux de l'humanité et de toutes les formes de vie sur la planète.

Ceci est évident puisque les Multinationales cherchent systématiquement à soumettre toute considération sociale et écologique, à leurs propres intérêts à court terme.

Ca c'est évident, nous ne pouvons pas cohabiter avec ces Multinationales, ça n'est pas possible. Ces sociétés ne sont plus contrôlables, parce qu'elles ne dépendent plus d'aucun gouvernement, d'aucune communauté. La société Pechiney dont ont prétend qu'elle est française, peut être allemande demain, américaine, ou japonaise, que sais-je ?

Regardez par exemple en Inde, L'année dernière, près de 500 000 paysans Hindous ont incendié le quartier général de la société Cargill à Bangalore, la capitale du Karnataka. Carghill est une société transnationale énorme. Une des trois ou quatre sociétés qui contrôlent le marché mondial des céréales. Elle voulait imposer aux paysans du Karnataka ses semences hybrides et brevetées.

Le brevetage des semences est un acte de criminalité monstrueux. Cela va probablement obliger les paysans des pays du Tiers-Monde à payer des dizaines de milliards de dollars par an de redevances à quelques sociétés chimiques internationales. Les paysans qui ont toujours mis de côté leurs semences ne peuvent plus le faire. Il faut qu'ils les rachètent tous les ans à des prix ahurissants. Par dessus le marché, ces semences ne donnent de bons résultats que lorsqu'ils sont utilisés avec les engrais et les pesticides, souvent produis par ces mêmes sociétés transnationales. Ce qui est encore plus dément, c'est que les paysans sont très souvent forcés par l'état de les utiliser. Ce n'est pas tolérable.

Mais si l'Etat perd son pouvoir, quelle sera la force qui pourra s'opposer à ces transnationales ?

Il y aura des réactions, et il y en a déjà. Ces réactions prendront beaucoup de formes différentes. Les gens réagiront aux urnes. Déjà aux dernières élections au Canada, le gouvernement conservateur a été presque anéanti, et ceci, parce qu'ils s'est associé à la signature du traités de libre-échange entre le Canada et l'Amérique auquel beaucoup de Canadiens ont attribué l'augmentation du chômage et l'appauvrissement accru de ces dernières années. Cela doit mener à de plus en plus d'actions directes comme celle qui a eu lieu au Karnataka, à des révoltes armées, comme au Mexique, etc.

La réaction qui sera la plus répandue, c'est l'organisation des personnes au niveau local, Ca c'est l'espoir ! ça c'est l'avenir ! La création de l'économie parallèle au niveau local. Dans un article du Monde Diplomatique de l'année dernière, on nous signalait que d'ici quelques années, l'économie formelle en Côte d'Ivoire ne fournirait plus que 6% des emplois. Il va sans dire que dans de telles conditions, très peu de gens pourront s'approvisionner dans les magasins et les centres d'achats de l'économie formelle.

Ils seront donc marginalisés, et les gens seront forcés de s'organiser entre eux pour assurer leur subsistance. Les économies locales vont donc se créer spontanément et elles fourniront une infrastructure économique à des communautés qui petit à petit se développeront. Celles ci seront de plus en plus en mesure de boycotter des produits des sociétés transnationales les plus irresponsables. Ils pourront lutter beaucoup plus efficacement contre les transnationales.

On a le sentiment à la lecture de votre livre, que l'écologie est radicalement conservatrice, au sens ou l'entendait Burke qui disait «  Le conservatisme est un rapport de partenaire entre les morts, les vivants et les non nés ». Qu'en pensez-vous ?

Burke a dit ça ?

Oui il a dit ça.

Et bien il remonte dans mon estime ! Je croix que tous les anthropologues sérieux savent que les communautés traditionnelles sont constituées par les morts, les vivants et les non-nés. Il y a une continuité totale. Tandis que dans la société moderne nous sommes autant isolés de nos ancêtres et de nos descendants que nous le sommes de nos voisins. Notre société est donc atomisée aussi bien dans le temps que dans l'espace. La société traditionnelle était au contraire structurée temporellement et spatialement.

Personnellement je suis conservateur dans le sens où je crois à la famille, à la communauté, à la tradition, et à l'importance de la religion. Ceux qui se disent conservateurs aujourd'hui, tel que le gouvernement actuel en Angleterre, sont au contraire des radicaux dans la mesure où ils favorisent le progrès scientifique, technologique et industriel. Ils favorisent ce qui nous mène aujourd'hui à une économie globale, qui par sa nature même ne peut que détruire ce qui reste de la famille, de la communauté, de la religion traditionnelle et de l'environnement. Comment peut-on être libéral et conservateur ?

C'est entendu, il y a une dimension conservatrice dans votre livre, mais il y a aussi une dimension franchement «  révolutionnaire  » au sens étymologique du terme : «  Révolution, retour à l'origine ».

Oui, mais pour moi les deux sont parfaitement compatibles. Je n'accepte pas la notion moderne du progrès. Je crois que ce progrès dont on nous rebat les oreilles est la source de nos problèmes. Même l'explosion démographique est attribuable au progrès. C'est une chose qu'on peut vérifier empiriquement. Il va sans dire que si on incrimine la société moderne comme étant la source de tous nos problèmes, une société où l'on pense qu'on ne pourra résoudre ces problèmes que par le seul développement de la science, de la technologie et de l'industrie lourde, on court forcément le risque d'être considéré comme radical ou même comme révolutionnaire.

Ne vous considérez-vous pas un peu comme passéiste?

Je suis tout ce qu'il y a de plus passéiste. Si on veut revenir à une économie locale basée sur la famille et la communauté, il faut avant tout se rendre compte que près de 95% des hommes qui ont vécu sur cette planète ont vécu dans une telle société. Leur expérience est donc capitale. On ne peut pas ignorer la pertinence de l'homme traditionnel, c'est pour moi d'une présomption intolérable . Ce qui est vrai toutefois, c'est qu'on ne pourra jamais reconstituer le passé de toutes pièces, mais on est bien forcé de regarder le passé pour comprendre le présent. Et si on le regarde, on voit que l'on ne peut pas se passer de la tradition. L'expérience de ces 150 dernières années nous a marqué indélébilement, mais nous sommes bien forcés de nous inspirer du passé.

Il s'agit de faire «  recours à  » plutôt que de faire « retour à »...

Absolument.

Vous semblez établir dans votre livre une différence entre le progrès, sous entendu moderne, exosomatique et aléatoire, et l'évolution ou processus Gaïen, orienté et endosomatique. Vous considérez que le progrès est anti-évolutif et c'est d'ailleurs le titre de l'un de vos chapitres (Ch. 64). Le silex n'est il pas une évolution exosomatique, destinée à suppléer à un manque d'arme naturelle, de griffes, de dents? Le vêtement, la peau de bête de nos ancêtres vernaculaires n'étaient-ils pas aussi une évolution exosomatique ? Les hommes organiquement dépourvus ne sont-ils pas inaptes à vivre dans des conditions véritablement naturelles, et ne sont-ils pas de par là même contrains de transformer leur milieu pour l'adapter à leurs propres fins ? Enfin, la maison, le feu, les armes, le vêtement ou le champ de blé, ne participent-ils pas eux aussi de ce que vous nommez la technosphère, que vous opposez à la Biosphère ?

D'abord ces termes ne sont pas les miens. Ils sont utilisés par des scientifiques que je critique, en particulier Sir Peter Medawar, prix Nobel anglais de médecine, et en même temps un important philosophe de la science. Dans mon chapitre sur la technologie j'essaie de démontrer que dans une société vernaculaire la technologie, comme l'économie sont soumis à un contrôle social.

De ce fait, la technologie adoptée est celle dont l'utilisation est justifiée par sa vision du monde particulière, celle aussi qui est compatible avec le maintien de sa structure sociale, de son environnement naturel, et tous les autres aspects de son comportement social. Pour cela une société vernaculaire peut continuer à exploiter des techniques que nous considérons comme primitives, tout en étant parfaitement au courant de l'existence de techniques plus évoluées chez ses voisins.

Dans les sociétés modernes la technique est adoptée en fonction de critères de productivité, d'utilité ou de maximisation du bien-être, et sans se soumettre au contrôle social et écologique. Le développement de l'automobile, du téléviseur et de l'ordinateur, ainsi que les bombes atomiques en sont des exemples frappants. Il s'agit d'un phénomène qui ne peut avoir lieu que dans une société atomisée, où il n'y a plus de contrôle social et écologique. Cela est pour moi la grande différence qu'il faut faire entre l'évolution et le progrès que je qualifie d'anti-évolution.

La distinction entre le progrès endosomatique et le progrès exosomatique est inacceptable pour deux raisons. D'abord elle essaie de nous faire croire que le progrès et l'évolution font partie du même processus, alors que le progrès est le contraire de l'évolution, puisqu'il est responsable de la destruction systématique de la biosphère qui est le produit de l'évolution. De la même façon, cela masque la différence essentielle entre un développement technologique ordonné, c'est-à-dire sous contrôle social, et d'autre part un développement technologique anarchique, hors de contrôle social.

N'y a-t-il pas une possibilité d'utiliser la technique pour lutter contre cette évolution, lorsque la technique regagne le domaine du particulier, elle n'est plus contrôlable par l'Etat ou par quelque multinationale que ce soit, elle échappe à tout contrôle. La technique ne peut-elle être une arme à la disposition d'un projet global d'organisation locale ?

C'est juste, mais n'oublions pas qu'à chaque fois que nous utilisons ces moyens techniques pour nos propres besoins, les transnationales en font une utilisation à une échelle incomparablement plus importante que nous. N'oubliez pas que sans les moyens de transport et de communications modernes, il n'y a pas d'économie globale.

Votre livre invite à remettre en cause tous les postulats théoriques fondamentaux de la science et de la philosophie de la modernité. Or, je souhaiterais revenir sur quelques notions fondamentales que vous dégagez et par ailleurs sur celles que vous remettez en cause. La principale me semble être la notion de causalité que vous rejetez en bloc, et à laquelle vous substituez la notion d'intentionnalité...

La notion de cause et d'effet, est une notion simpliste et réductionniste, dérivée des sciences physiques, et inutilisable pour comprendre réellement les comportements au niveau d'un organisme biologique, d'une société ou d'un écosystème.

Dans le domaine de la santé, on dit, ces gens là ont des symptômes, alors on va rechercher la cause de ces symptômes, on recherche en fait quelque chose contre lequel on va livrer une guerre. Il faut éliminer la cause, donc il faut trouver la cause. Si c'est un microbe, il faut mener la guerre contre le microbe, si c'est la tumeur, il faut éliminer la tumeur, si c'est un virus, il faut mener la guerre contre le virus, etc. On dit que la cause doit précéder l'effet dans le temps, mais ce faisant, on perd de vue tous les facteurs qui rendent ce microbe ou ce virus opérationnel. On oublie que si le système immunitaire était en bon état le microbe n'aurait aucun effet. On oublie que le système immunitaire a été affecté par la pollution de l'eau, de l'air, par le stress, la pollution chimique par les aliments, etc. Il y a des tas de facteurs de ce genre qui réduisent l'efficacité de notre système immunitaire et qui nous rendent vulnérables à toutes les agressions. Pasteur l'a dit, le microbe n'est rien, le terrain est tout.

Alors pourquoi continuons nous dans cette impasse ? Eh bien parce que à partir du moment où l'on met en cause le système immunitaire, il n'y a pas de solution commerciale à ce problème. Au contraire : il faut réduire la pollution chimique, réduire la pollution de l'air, trouver des rythmes de vie qui engendrent moins de stress, etc.

Il est évidemment beaucoup plus acceptable politiquement et économiquement d'inculper le microbe, puisque pour essayer de l'exterminer, l'industrie pharmaceutique fournit des armes que le corps médical a été entraîné à manier. Du reste cela exigerait une profonde réforme de notre industrie, notre agriculture et notre façon de vivre, qui a son tour nous forcerait à renoncer à nos priorités économiques.

Et pourtant, la notion de causalité est beaucoup moins utile que celle de l'intentionnalité pour expliquer le comportement biologique, social et écologique, mais là on se heurte aux dogmes de la religion scientifique.

D'autre part, cet ensemble que vous décrivez comme doté d'une intentionnalité, dans lequel l'individu s'inscrit d'après vous, comment le nomme-t-on et quel est le statut de l'individu dans cette ensemble?

Le terme utilisé par Vernadsky c'est la biosphère. Avant Vernadsky, il était appliqué à la mince pellicule composée d'êtres vivants à la surface de notre planète. Beaucoup de scientifiques continuent à utiliser ce terme de cette façon. Pour Vernadsky, la biosphère était plutôt un système naturel, c'est-à-dire une organisation qui est plus que la somme de ses parties constituantes.

Lovelock, nomme ce système naturel Gaïa, du nom de la déesse grecque de la Terre. Elle est un système naturel capable de maintenir son «  homéostase  » et donc sa stabilité, face aux changements de son environnement, comme le font d'autres systèmes naturels tels que les organismes biologiques, les écosystèmes, si on en croit Eugène Odum, et les société vernaculaires si on en croit Roy Rappoport et Gerardo Reichel-Dolmatoff.

Dans mon livre aussi, je l'appelle Gaïa , bien que j'utilise aussi le terme Ecosphère, qui a été forgé par l'écologiste Américain Lamont Cole. Dans la version an-glaise de mon livre, j'avais distingué entre biosphère avec un petit «  b  » et Biosphère avec un grand «  B  ». J'ai fini par penser que c'était maladroit, alors plutôt que d'utiliser Biosphère, je l'ai remplacé par Ecosphère. Peut-être à tort. C'est certainement l'opinion de mon ami Jacques Grinevald, qui connaît bien mieux cette question que moi .

Maintenant pour répondre à votre question, je considère que l'individu est une partie différenciée de sa famille, de sa communauté et de son écosystème et de l'Ecosphère. Je le dis, parce que je considère le développement, aussi bien ontogénétique que phylogénétique, comme étant avant tout un processus de différenciation. De ce fait, on peut dire que le tout précède ses parties constituantes, comme les généralités de son comportement précède ses détails.

Au niveau biologique, l'organisme précède les organes et les tissus différenciés. Prenez le cas de l'Amibe, elle remplit à peu près toutes les fonctions d'un organisme multicellulaire. Elle maintient son homéostase face aux changements de son environnement, elle mange, elle élimine ses déchets, elle se reproduit. Tout ça avec une cellule.

Pour mener mon développement à sa conclusion logique, l'écosphère à précédé tous les autres systèmes naturels. Les écosystèmes, les sociétés, les familles, les individus n'en sont que les parties différenciées. Ce qui est sûr, c'est que les parties différenciées d'un système n'ont aucune signification en dehors de ce système. Leur rôle est d'y remplir des fonctions spécialisées. C'est pour cette raison qu'il est impossible de comprendre un être vivant en l'examinant séparément de la hiérarchie de systèmes naturels qui constitue l'écosphère ou Gaïa, et en dehors duquel il n'a aucune signification.

Ludwig von Bertalanffy, cite un philosophe de la science nommé Ungerer qui dit que ce qui l'impressionne c'est ce qu'en anglais nous nommons the whole maintening character. C'est-à-dire que les cellules et les organes d'un tout ont un but prioritaire sur tous les autres, qui est de maintenir l'identité et l'intégrité du tout. On peut poursuivre cet argument plus loin et démontrer qu'il s'applique égale-ment à l'ensemble de la hiérarchie Gaïenne de l'écosphère. Bertalanffy et Ungerer ont même suggéré qu'on pouvait substituer à la notion de Téléologie, celle du whole mainte-ning character du comportement vivant.

Dans mon livre j'essaie de démontrer que dans une société vernaculaire, tous les différents aspects du comportement social servent avant tout, à maintenir l'intégrité de la société et même celle de l'écosystème et de l'écosphère.

C'est vrai en ce qui concerne le comportement économique, le choix des technologies, les comportements religieux, etc. Je qualifie ce type de comportement de «  homéotélique  » (du grec homéo, même, et de telos le but). Avec la désagrégation sociale, qui est l'inévitable conséquence du développement économique, le comportement devient «  hétérotélique  » (du grec hétéro, différent et telos le but) .Cela veut dire qu'il sert à satisfaire les propres besoins de l'individu, mais plus ceux des systèmes naturels dont il fait partie.. Naturellement , c'est lorsque qu'il adopte un comportement homéotélique que les besoins réels de l'homme sont les mieux satisfaits. On garantit ainsi, plus certainement son bonheur en maintenant l'intégrité de la hiérarchie Gaïenne, car de cette façon on assure la possibilité de maintenir son mode de vie dans les conditions sociales et écologiques auxquelles nous avons été adaptés par l'évolution et notre culture.

Mais quelle est la place de l'individu dans une société écologiste telle que vous la concevez ?

On essaie de nous faire croire que l'individu n'a sa place que dans une société atomisée, mais est-ce le cas ? Vous n'avez qu'à regarder les jeunes gens produits par la société de masse dans les pays anglophones, où la désagrégation sociale est encore plus avancée qu'elle ne l'est en France.

Je ne trouve pas qu'ils fassent preuve d'une très grande individualité. Ils se ressemblent plutôt comme deux gouttes d'eau. Ils parlent de la même façon, ils s'habillent de la même façon, ils écoutent la même musique, leur vision du monde est la même. Par ailleurs, on ne distingue plus entre les jeunes et les plus âgés, entre les jeunes filles et les femmes mariées, entre les femmes et les hommes, entre les habitants de différentes régions du pays. Autrefois ils s'habillaient différemment, ils parlaient un patois différent, ils mangeaient des plats différents, ils observaient des coutumes différentes. Aujourd'hui la standardisation générale entraîne de manière aussi générale la baisse de la qualité de leur vie.

La société est atomisée, c'est-à-dire que ces jeunes ne sont plus membres d'une famille et d'une communauté définie. Ils ont perdu leurs différences. Un polynésien, ou un aborigène australien peuvent vous réciter leur arbre généalogique jusqu'à la ènième génération, de cette façon, on peut dire qu'ils ont une identité. Ils sont donc de véritables individus.

Nous avons perdu le sens de ça. Comment voulez-vous préserver les individus si vous les privez de toute identité sociale ?

lundi, 14 septembre 2009

Une figure de l'écologie naturaliste et indépendante disparaît

Une figure de l’écologie naturaliste et indépendante disparaît

Nous n’avons pas relayé le décès d’une des personnalités les plus marquantes de l’écologie à la fin du mois d’août. Nous nous devions d’en parler car les hommes libres se font rares et il convient de leur rendre hommage.

Edward (dit Teddy) Goldsmith est décédé le 21 août à l’âge de 80 ans dans l’indifférence quasi générale.

Edward_Goldsmith

Ce personnage haut en couleurs, bon vivant, militant, fortuné et mécène a consacré l’essentiel de sa vie à la cause de l’écologie. Depuis le lancement en 1969 de la célèbre revue The Ecologist, dont la revue française L’Écologiste s’inspire largement, il a publié nombre d’articles et ouvrages de fond dont Changer ou disparaître (Fayard, 1973). Il s’agissait déjà de porter une critique radicale sur le processus de mondialisation, le désir de croissance sans fin et le productivisme.

Mais Edward Goldsmith fut surtout un militant peu avare de son temps et de ses moyens pour lutter contre les ravages de la globalisation, de l’organisation mondiale du commerce, des institutions financières internationales.

Très attaché à la diversité des peuples et des cultures, prônant l’autosuffisance et l’autonomie des peuples et des continents, il nous laissera le souvenir d’un homme libre.

Tant l’ensemble de son œuvre que son caractère militant et festif peuvent le faire qualifier assez précisément d’écologiste identitaire.

En dépit (ou à cause) de quelques divergences, Teddy Goldsmith restera un guide et un modèle pour un combat identitaire indissociable de sa composante profondément écologique.

[cc [1]] Novopress.info, 2009, Article libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[
http://fr.novopress.info [2]]


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[2] http://fr.novopress.info: http://fr.novopress.info

vendredi, 31 juillet 2009

Jean Giono : "La nostalgie de l'Ange"

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Pierre Emile Blairon

JEAN GIONO,

La nostalgie de l’Ange

 

Jean Giono a ses fidèles, ses amis, ses fans, ses spécialistes. Mais il suffit de n’être qu’un lecteur occasionnel de Giono, d’être tombé par hasard sur Colline, sur L’eau vive, sur Un de Baumugnes, sur Regain, ou sur son autobiographie Jean le Bleu, sur Que ma joie demeure ou Les vraies richesses, sur Un roi sans divertissement ou sur le Moulin de Pologne ou même d’avoir vu Juliette Binoche dans Le hussard sur le toit et on a déjà ce qu’il faut pour goûter ces mots d’amour viril que l’ami Pierre-Emile a dans ce beau livre tressés à Jean Giono et à sa terre provençale. Ensuite, on ne laissera plus passer un livre de Giono sans l’ouvrir. Et on verra la Provence avec des yeux d’inventeur. Car « Giono est un ange venu sur terre, sur sa terre, en apôtre de la nature, comme un Jésus dans une étable, entre la montagne de Lure et au loin la mer, dans le centre d’un monde qu’il avait pour mission de créer. » Pour Pierre-Emile Blairon, la seule façon raisonnable, sinon rationnelle, d’approcher la science, plus intuitive ou magique que savante, de Giono, c’est de le voir comme un ange. N’est-ce pas négliger le fait que Jean Giono est né d’un cordonnier et que, dans nos traditions, les savetiers sont volontiers investis à la fois de la sagesse et de la joie ? ‘Schumacher und Dichter dazu’, chante Hans Sachs.

Editions Prolégomènes 2009, 216 p. 20€, IBSN 978-2-917584-13-2, www.prolegomenes-editions.fr

dimanche, 03 mai 2009

Les véritables enjeux de la malbouffe

Les véritables enjeux de la malbouffe

La “malbouffe” est un sujet assez récurrent dans les médias, c’est un peu ce qu’on appelle un “marronnier” pour les magazines qui sortent régulièrement des “dossiers” sur ce thème. Le sujet est toujours traité de façon parcellaire, soit sous l’angle du spectaculaire, avec notamment la mise en avant des problèmes d’obésité (dans nos sociétés obsédées par la minceur, le “gros” inquiète donc fait vendre) ou avec une approche vaguement psychologisante du type “bien manger pour être bien dans sa peau ou bien dans ses fringues” (souvent dans la presse féminine).

ce traitement médiatique récurrent mais toujours partiel et souvent médiocre peut conduire à une sorte d’agacement vis-à-vis de ce sujet. On peut en effet être amené à hausser les épaules en se disant que “oui, bien sûr, c’est préférable de manger de bons produits que des mauvais mais après tout, ce sont là des problèmes de riches, de déjà trop nourris et il y a des questions autrement plus importantes et urgentes que celle-là”.

Donc, pour bien voir et comprendre de quoi il s’agit réellement, ce que recouvre concrètement ce terme de malbouffe, bref quels sont les vrais enjeux, et ils sont cruciaux, de ces problématiques de bonne alimentation, il faut se pencher non pas sur la “presse” mais sur les études scientifiques et les rapports des autorités sanitaires internationales.

On peut ainsi, par exemple, étudier un rapport de l’OMS, intitulé “Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé”, qui nous apprend notamment que les dérives de l’alimentation sont l’une des toutes premières causes de mortalité planétaire. L’OMS estime ainsi que 60 % des 56 millions de décès annuels viennent de maladies chroniques (cardio-vasculaires, diabètes, cancers) dues à l’hypertension, l’hypercholestérolémie, une trop faible consommation de fruits et légumes, l’obésité, la sédentarité et le tabagisme, tous facteurs de risque qui sont liés à l’alimentation et à l’exercice physique. Conclusion : la malbouffe tue. En Europe, on estime, chiffre totalement effroyable, à 100 000 le nombre de décès d’enfants dues à des causes “environnementales” au sein desquelles l’alimentation tient une place centrale. Et la malbouffe ne tue pas qu’en Occident, contrairement à une idée assez largement répandue.

L’évolution est la même dans les pays pauvres, y compris au sein des couches les plus défavorisées. Les maladies cardio-vasculaires font 17 millions de morts chaque année, dont 80 % dans le tiers-monde. 20 % des enfants de Pékin sont obèses. L’Inde compte désormais 52 millions de diabétiques, la Chine, 22, l’Indonésie, 6 millions. Les conséquences sanitaires d’une alimentation déséquilibrée et de mauvaise qualité sont devenues un problème planétaire et non un “problème de riches” comme on l’entend souvent. L’OMS prévoit ainsi que, dans les seize ans à venir, la mortalité provoquée par ces maladies dans les pays pauvres sera plus importante que les maladies infectieuses. Pour conclure ce rapport, l’OMS recommande, comme ébauche de solution, de limiter la consommation de sucres, de sel et de graisses, et de consommer davantage de fruits et légumes de bonne qualité. Et pour atteindre ces objectifs, l’OMS encourage les Etats à taxer les sucres et les graisses et à réglementer la pub, afin de mettre les industriels et les distributeurs sous pression. Vu les masses financières en jeu, il est bien évident que ces “recommandations” ne seront jamais suivies.

Quoi qu’il en soit, ces divers éléments montrent bien que la lutte contre la malbouffe, loin d’être accessoire, est une question cruciale de santé publique sur laquelle les scientifiques ont commencé à s’intéresser quand ils se sont rendus compte que malgré l’amélioration sans précédent du confort, de la salubrité des logements, de l’hygiène collective et individuelle, les dépenses de santé des pays occidentaux explosaient littéralement et qu’on assistait même à une multiplication de certaines maladies comme les cancers. Dans cette lutte vitale contre la malbouffe, il y a deux aspects : les habitudes alimentaires et la qualité des produits. Et c’est bien sûr sur ces deux points conjointement qu’il faut travailler car il serait absurde d’encourager les gens à manger plus de fruits et légumes s’ils ingurgitent des pommes ou des haricots bourrés de pesticides et de produits chimiques divers. Donc face au désastre sanitaire que nous venons de décrire, que faire ?

Et bien tout d’abord : véritablement se convaincre de l’importance et de l’urgence de ce combat contre la malbouffe et l’industrie agro-alimentaire qui la rend possible. Je pensais personnellement que c’était une chose acquise et partagée quasiment par tout le monde. Je me suis rendu compte que je me trompais, que ce n’était pas le cas, et que certains, au sein même de la mouvance identitaire, s’indignait de la “propagande écolo” et s’offusquaient que l’on “mette en accusation” certains agriculteurs. On peut toujours, en effet, avoir une vision complotiste du réel, penser que les études scientifiques sont truquées, que les ONG mentent et qu’il y ait une sorte de grand complot écologiste visant à établir un épouvantable “fascisme vert”, mais même dans cette optique, il apparaît tout de même difficile de penser que les écologistes, toutes tendances confondues, aient plus de moyens de pression et de lobbying que l’industrie pharmaceutique, l’industrie pétrochimique et la grande distribution réunies, superpuissances financières qui sont derrière les modes de consommation alimentaires actuels. Donc première étape de la lutte contre la malbouffe : la prise de conscience. Pour ce faire il y a bien entendu des livres mais aussi des documentaires. Et actuellement on peut en découvrir un excellent en salle, “Nos enfants nous accuseront”. C’est un “film militant”, donc porteur de toutes les imperfections et les lourdeurs des oeuvres militantes, souvent un peu trop démonstratives et didactiques, mais c’est un film qui reste néanmoins passionnant par les éléments qu’il met en lumière et les solutions alternatives qu’il présente. Encore une fois, à ceux qui hurlent à l’odieuse propagande “bobo-gauchiste”, on pourra rappeler quand même que ce documentaire n’est joué que dans une seule et unique salle à Paris, au Lucernaire, et dans quelques villes de province, ce qui est tout de même assez modeste comme imposition propagandiste, surtout au regard des centaines d’enseignes de fast-food, aux milliers d’affiches et aux centaines de spots publicitaires, etc. ventant les mérites de l’alimentation issue de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution. Une fois cette prise de conscience effectuée, comment agir concrètement ? Au niveau politique et collectif tout d’abord, une voie qui peut être suivie est celle consistant à militer, comme le fait notamment le syndicat agricole la Coordination Rurale, pour “l’exception agriculturelle”, c’est-à-dire la sortie de l’agriculture de l’Organisation Mondiale du Commerce, afin que celle-ci ne soit plus soumise aux logiques libérales et spéculatives mais tournée vers la qualité et l’autosuffisance alimentaire.

Ensuite, au niveau individuel, personnel, qui est peut-être le plus important et en tout cas le plus immédiatement possible à mettre en oeuvre, il convient tout simplement de changer ses habitudes et de renouer avec une alimentation saine au quotidien. Ainsi, dans ses achats d’alimentation, les principes de base doivent être le moins de produits transformés possible, des produits de saison et des produits de proximité. Donc produits frais, si possible issus de l’agriculture traditionnelle dite “bio”, et aliments produits au plus près du lieu de consommation. Pour ce faire, il existe différentes méthodes, la participation à une AMAP, la fréquentation des Coop Bio, l’achat direct aux producteurs, etc. Alors bien sûr, cette façon d’acheter exige de faire un minimum de cuisine. Or, l’objection que l’on entend souvent est “le fameux manque de temps” de nos générations d’hyperactifs surbookés. Pour y répondre, prenons simplement quelques chiffres : De 1900 à nos jours, le temps de travail est passé de 100 000 heures à 85 000 heures tandis que l’espérance de vie de son côté passait de 50 à 72 ans. Nous vivons donc beaucoup plus longtemps que nos ancêtres mais malgré cela nous travaillons beaucoup moins. Le travail qui représentait en 1900, 25 pour cent du temps de vie, n’en représente aujourd’hui plus que 11 pour cent. Le pourcentage du temps de vie consacré aux loisirs a suivi le chemin inverse, passant de 11 à 25 pour cent. Nous avons donc plus de deux fois plus de loisirs que nos arrières grands parents. Ces chiffres montrent bien que la fameuse excuse du “manque de temps” n’est pas tenable, pour ne pas dire qu’elle est ridicule. Ce qui donne le “sentiment” de “manque de temps” ou “d’hyperactivité”, ce ne sont nullement des obligations incontournables mais bien souvent la multiplication et la diversification des loisirs. Il s’agit donc bel et bien ici d’un choix. On fait le choix de privilégier la télé, la console de jeux ou le shopping vestimentaire au détriment de la cuisine, pourtant vecteur du plaisir gustatif et de la convivialité familiale ou amicale mais surtout, comme nous venons de le voir, vecteur de la santé. Autre objection à la consommation de produits frais et locaux : leur prix ! Encore une fois, ce n’est pas une justification mais seulement une mauvaise excuse quand on connaît le prix des plats préparés ou surgelés qui sont l’ordinaire de beaucoup de nos compatriotes. Par ailleurs la part du budget des français consacrée à l’alimentation n’a jamais été aussi basse. Elle a baissé de moitié en 45 ans, passant de 25 % à 12 % en 2006. Là encore il s’agit d’une question de choix, on privilégie d’autres postes budgétaires, parfois totalement dérisoires et inutiles du style écran plat ou troisième téléphone portable, plutôt que l’achat de produits alimentaires de qualité.

C’est donc, comme toujours, par nos actes et gestes quotidiens, par la cohérence entre nos discours et nos modes de vie et par l’incarnation concrète d’une alternative possible que nous pourrons avoir de l’influence sur cette question, comme sur beaucoup d’autres d’ailleurs. Nous sommes des militants politiques. Et qu’est-ce qu’un militant politique si ce n’est quelqu’un qui oeuvre pour la promotion de la vie, de la vie bonne ? Et c’est au nom de cette vie bonne que nous devons également être, au sens le plus noble et le complet du terme, des militants écologistes.

Pierre Chatov

Source : ID magazine


 

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samedi, 02 mai 2009

La face cachée du développement durable

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La face cachée du développement durable

 

Ex: http://unitepopulaire.com/ (article exclusif)

 

Dans un monde qui ne cesse d’exploiter des ressources non renouvelables tout en détériorant l’environnement, il est légitime de s’interroger quant aux solutions à apporter à cette crise sans précédent. En ce moment, les politiques parlent beaucoup du développement durable comme incarnant la meilleure voie à suivre. Mais que penser de ce développement durable ? Quel est son lien réel avec l’écologie ? Le présent article s’inspire de l’ouvrage Demain la Décroissance du philosophe et intellectuel français Alain de Benoist. Celui-ci s’est longuement penché sur l’étude du système économique actuel et de l’idéologie mondialiste qui le sous-tend.

 

Le développement durable et l’écologie

Tout d'abord, définissons ce qu'est l'écologie et le développement durable et faisons la distinction entre ces deux termes. Le développement durable, pour commencer, découle de la théorie classique de la croissance. Celle-ci s’est construite sur l’idée de dématérialisation des ressources naturelles. Ces ressources seraient, en fait, substituables à un certain capital financier. En d’autres termes, un apport financier suffirait à compenser la dégradation de l’environnement. Le problème est évidement lié au fait que le patrimoine naturel n’est pas entièrement substituable au capital. Il n’est, de plus, absolument pas substituable lorsqu’il s’agit de ressources non renouvelables. On voit donc dans cette théorie une sorte de financiarisation d’un environnement qui n’est pourtant pas monétisable.

Cette marchandisation de l’environnement est comparable à la marchandisation des salaires aux premières heures de la mondialisation. En effet, autrefois, pour le patron, la dépense salariale comprenait une certaine dimension humaniste qui interdisait qu’on la manipule au même titre qu’on le ferait avec les dépenses matérielles de l'entreprise. Or – et c'est la thèse du démographe français Emmanuel Todd – la dépense salariale est aujourd’hui considérée comme une dépense comme les autres qu'il faut réduire au maximum. Cette logique s’est concrétisée par la libéralisation mondiale des marchés de la production, notamment par le phénomène délocalisation qui obéit toujours à la loi du moindre coût – et donc du salaire le plus bas.

Un autre exemple qui illustre cette théorie est le marché de la pollution. Ce marché a la caractéristique de permettre la pleine substituabilité du capital à la pollution. Une industrie polluante ne considérera pas ces rejets nocifs comme un mal devant être réparé par souci de conscience environnementale mais plutôt comme de simples "externalités négatives" devant être intégrées dans les comptes alloués aux pollutions potentielles. Il est à noter que ce fonctionnement est financièrement plus intéressant que la remise en cause du système de production…

L’écologie, quant à elle, est définie comme l’étude des milieux et des conditions d'existence des êtres vivants et des rapports qui s'établissent entre eux et leur environnement. Cette définition amène à penser l’écologie comme une science soucieuse des dégradations environnementales. L’écologie, contrairement au développement durable, est donc prête à remettre en cause n’importe quel système économique qui irait à l’encontre du bien-être de l’écosystème. Ce qui constitue ces deux doctrines est donc l’ordre des priorités, l’équilibre naturel et la préservation de l’environnement n’ayant pas la même importance primordiale pour les deux. Le développement durable n’est donc qu’une échappatoire non pas au système économique mais à la réforme nécessaire de ce système économique, celui-ci étant basé sur la croissance et la dette (la seconde engendrant la première). 


Modèle économique à remettre en cause

Comme il a été dit plus haut, le développement durable ne remet nullement en cause le dogme de la croissance infinie mais se contente d’intégrer la donnée écologique à un système économique qui demeure, lui, inchangé.

Le sociologue et philosophe français Edgar Morin évoque la nécessité d’une remise en cause des principes de la logique marchande. Il voit dans le développement durable un moyen de faire croire qu’il est possible de remédier à cette crise environnementale sans remettre en question l’imaginaire économique, le système de l’argent et l’expansion illimitée du capital financier. Cette logique se condamne elle-même à terme dans la mesure où elle continue de s'inscrire à l'intérieur d'un système de production et de consommation qui est la cause essentielle des dommages auxquels elle tente (ou prétend tenter) de remédier.

Alain de Benoist pointe du doigt le fait que tout le monde parle aujourd'hui d'écologie (le marketing industriel a même créé le concept de greenwashing qui consiste à faire vendre au moyen de pseudo-arguments écologiques), mais que depuis qu'on en parle, la situation ne s'est pas globalement améliorée, bien au contraire. Ce qui montre qu'en dépit des beaux discours et des proclamations de principe, la logique du profit reste prédominante.

Kurt Gödel, un mathématicien américain, a formulé un théorème qui démontre qu’un énoncé ne peut être ni vérifié ni réfuté dans le cadre de la théorie à laquelle il appartient. En d’autres termes, le seul moyen de résoudre les problèmes environnementaux est de sortir du système économique actuel, principal producteur de ces mêmes problèmes.



La croissance "tue" tout progrès environnemental

Un des meilleurs moyens de comprendre l’influence néfaste de la croissance sur l’écologie est l’effet rebond. Celui-ci permet de comprendre que lorsque des économies d’énergie ou des avancées environnementales sont effectuées, elles sont en fait annulées, voire aggravées, par l’incitation à consommer et l’augmentation des quantités produites qui en résultent. Par exemple, un véhicule de consommation modeste incitera son conducteur à parcourir plus de kilomètres puisqu’elle permet d’aller plus loin pour le même prix... Cette augmentation de l’utilisation du véhicule (incitation à consommer) aura comme effet d’annuler le gain obtenu par la réduction de la consommation en carburant du véhicule. Les économies d’énergie ont donc souvent comme effet d’augmenter les quantités produites et, par conséquent, le volume global de consommation.

Il est important de noter que ces effets pervers d’augmentation du volume des ventes induits par le développement durable sont, en fait, un effet voulu. Ils permettent, en effet, de stimuler la consommation et de maintenir une croissance exponentielle tout en "sauvant la face" vis-à-vis d’une opinion publique toujours plus sensible aux préoccupations écologiques.



Le développement durable et la disparition des productions locales

Le développement durable est souvent associé à une volonté humanitaire de contribuer au développement des pays pauvres. Seulement, la pauvreté du tiers-monde ne serait pas, selon Alain de Benoist, le résultat d’un développement insuffisant des ces pays mais plutôt leur insertion dans une économie de marché libérale prédatrice et inadaptée aux besoins réels desdits pays. Cette insertion, voulue par les pouvoirs occidentaux, plonge bon nombre de pays dans une logique de réduction effrénée des coûts de production. Logique qui amène ces pays non pas à développer leur production locale et à avancer vers l’auto-suffisance mais plutôt, au contraire, à importer des biens produits moins cher ailleurs.

Le développement durable aurait donc un effet pervers pour les pays pauvres qu’on pousserait à s’endetter pour rattraper leur "retard" de développement. Il serait légitime de se demander si cet endettement ne serait pas là que pour faire consommer ces pays qui, jusque là, n’étaient rentables pour l’Occident qu’à travers leurs matières premières. N’est-ce pas là un moyen d’affaiblir ces pays en les rendant plus dépendants des pays riches ?

Un autre problème engendré par la doctrine du développement durable est sa volonté d’imposer des lois restrictives à des pays jugés "non-écologiques". Ces lois, sous couvert de souci environnemental, peuvent servir à freiner la croissance de certains pays concurrents, notamment en matière d’énergie.


pour Unité Populaire, Jonathan Newton
  

 

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mercredi, 29 avril 2009

L'uomo che piantava gli alberi

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L’uomo che piantava gli alberi.

Elzélard Bouffier, il solitario che amava la terra

  

Giovedì 9 Aprile 2009 – Jean Giono - Ex: http://www.rinascita.info/

  



Perché la personalità di un uomo riveli qualità veramente eccezionali, bisogna avere la fortuna di poter osservare la sua azione nel corso di lunghi anni. Se tale azione è priva di ogni egoismo, se l’idea che la dirige è di una generosità senza pari, se con assoluta certezza non ha mai ricercato alcuna ricompensa e per di più ha lasciato sul mondo tracce visibili, ci troviamo allora, senza rischio d’errore, di fronte a una personalità indimenticabile.

Una quarantina circa di anni fa, stavo facendo una lunga camminata, tra cime assolutamente sconosciute ai turisti, in quella antica regione delle Alpi che penetra in Provenza. Questa regione è delimitata a sud-est e a sud dal corso medio della Durance, tra Sisteron e Mirabeau; a nord dal corso superiore della Dràme, dalla sorgente fino a Die; a ovest dalle pianure del Comtat Venaissin e i contrafforti del Monte Ventoux. Essa comprende tutta la parte settentrionale del dipartimento delle Basse Alpi, il sud della Dràme e una piccola enclave della Valchiusa. Si trattava, quando intrapresi la mia lunga passeggiata in quel deserto, di lande nude e monotone, tra i milledue e i milletrecento metri di altitudine. L’unica vegetazione che vi cresceva era la lavanda selvatica. Attraverso la regione per la sua massima larghezza e, dopo tre giorni di marcia, mi trovavo in mezzo a una desolazione senza pari. Mi accampai di fianco allo scheletro di un villaggio abbandonato. Non avevo più acqua dal giorno prima e avevo necessità di trovarne. Quell’agglomerato di case, benché in rovina, simile a un vecchio alveare, mi fece pensare che dovevano esserci stati, una volta, una fonte o un pozzo. C’era difatti una fonte, ma secca. Le cinque o sei case senza tetto, corrose dal vento e dalla pioggia, e la piccola cappella col campanile crollato erano disposte come le case e le cappelle dei villaggi abitati, ma la vita era scomparsa. Era una bella giornata di giugno, molto assolata ma, su quelle terre senza riparo e alte nel cielo, il vento soffiava con brutalità insopportabile. I suoi ruggiti nelle carcasse delle case erano quelli d’una belva molestata durante il pasto. Dovetti riprendere la marcia. Cinque ore più tardi, non avevo ancora trovato acqua e nulla mi dava speranza di trovarne. Dappertutto la stessa aridità, le stesse erbacce legnose. Mi parve di scorgere in lontananza una piccola sagoma nera, in piedi. La presi per il tronco di un albero solitario. A ogni modo mi avvicinai. Era un pastore. Una trentina di pecore sdraiate sulla terra cocente si riposavano accanto a lui. Mi fece bere dalla sua borraccia e, poco più tardi, mi portò nel suo ovile, in una ondulazione del pianoro. Tirava su l’acqua, ottima, da un foro naturale molto profondo, al di sopra del quale aveva installato un rudimentale verricello. L’uomo parlava poco, com’è nella natura dei solitari, ma lo si sentiva sicuro di sé e confidente in quella sicurezza. Era una presenza insolita in quella regione spogliata di tutto. Non abitava in una capanna ma in una vera casa di pietra, ed era evidente come il suo lavoro personale avesse rappezzato la rovina che aveva trovato al suo arrivo. Il tetto era solido e stagno. Il vento che lo batteva faceva sulla tegole il rumore del mare sulla spiaggia. La casa era in ordine, i piatti lavati, il pavimento di legno spazzato, il fucile ingrassato; la minestra bolliva sul fuoco. Notai che anche l’uomo era rasato di fresco, che tutti i suoi bottoni erano solidamente cuciti, che i suoi vestiti erano rammendati con la cura minuziosa che rende i rammendi invisibili. Divise con me la minestra e, quando gli offrii la borsa del tabacco, mi rispose che non fumava. Il suo cane, silenzioso come lui, era affettuoso senza bassezza. Era rimasto subito inteso che avrei passato la notte da lui: il villaggio più vicino era a più di un giorno e mezzo di cammino. E, oltretutto conoscevo perfettamente il carattere dei rari villaggi di quella regione. Ce ne sono quattro o cinque sparsi lontani gli uni dagli altri sulle pendici di quelle cime, nei boschi di querce al fondo estremo delle strade carrozzabili. Sono abitati da boscaioli che producono carbone di legno. Sono posti dove si vive male. Le famiglie, serrate l’una contro l’altra in quel clima di una rudezza eccessiva, d’estate come d’inverno, esasperano il proprio egoismo sotto vuoto. L’ambizione irragionevole si sviluppa senza misura, nel desiderio di sfuggire a quei luoghi. Gli uomini portano il carbone in città con i camion, poi tornano. Le più solide qualità scricchiolano sotto questa perpetua doccia scozzese. Le donne covano rancori. C’è concorrenza su tutto. Per la vendita del carbone come per il banco di chiesa, per le virtù che lottano tra loro e per il miscuglio generale dei vizi e delle virtù senza posa. Per sovrappiù il vento altrettanto senza posa irrita i nervi. Ci sono epidemie di suicidi e numerosi casi di follia, quasi sempre assassina. Il pastore che non fumava prese un sacco e rovesciò sul tavolo un mucchio di ghiande. Si mise a esaminarle l’una dopo l’altra con grande attenzione, separando le buone dalle guaste. Io fumavo la pipa. Gli proposi di aiutarlo. Mi rispose che era affar suo. In effetti: vista la cura che metteva in quel lavoro, non insistetti. Fu tutta la nostra conversazione. Quando ebbe messo dalla parte delle buone un mucchio abbastanza grosso di ghiande, le divise in mucchietti da dieci. Così facendo, eliminò ancora i frutti piccoli o quelli leggermente screpolati, poiché li esaminava molto da vicino. Quando infine ebbe davanti a sé cento ghiande perfette, si fermò e andammo a dormire. La società di quell’uomo dava pace. Gli domandai l’indomani il permesso di riposarmi l’intera giornata da lui. Lo trovò del tutto naturale o, più esattamente, mi diede l’impressione che nulla potesse disturbarlo. Quel riposo non mi era affatto necessario, ma ero intrigato e ne volevo sapere di più. Il pastore fece uscire il suo gregge e lo portò al pascolo. Prima di uscire, bagnò in un secchio d’acqua il sacco in cui aveva messo le ghiande meticolosamente scelte e contate. Notai che in guisa di bastone portava un’asta di ferro della grossezza di un pollice e lunga un metro e mezzo. Feci mostra di voler fare una passeggiata di riposo e seguii una strada parallela alla sua. Il pascolo delle bestie era in un avvallamento. Lasciò il piccolo gregge in guardia al cane e salì verso di me. Temetti che venisse per rimproverarmi della mia indiscrezione ma niente affatto, quella era la strada che doveva fare e m’invitò ad accompagnarlo se non avevo nulla di meglio. Andava a duecento metri da là, più a monte. Arrivato dove desiderava, cominciò a piantare la sua asta di ferro in terra. Faceva così un buco nel quale depositava una ghianda, dopo di che turava di nuovo il buco. Piantava querce. Gli domandai se quella terra gli apparteneva. Mi rispose di no. Sapeva di chi era? Non lo sapeva. Supponeva che fosse una terra comunale, o forse proprietà di gente che non se ne curava? Non gli interessava conoscerne i proprietari. Piantò così le cento ghiande con estrema cura. Dopo il pranzo di mezzogiorno, ricominciò a scegliere le ghiande. Misi, credo, sufficiente insistenza nelle mie domande, perché mi rispose. Da tre anni piantava alberi in quella solitudine. Ne aveva piantati centomila. Di centomila ne erano spuntati ventimila. Di quei ventimila, contava di perderne ancora la metà, a causa dei roditori o di tutto quello che c’è di imprevedibile nei disegni della Provvidenza. Restavano diecimila querce che sarebbero cresciute in quel posto dove prima non c’era nulla. Fu a quel momento che mi interessai dell’età di quell’uomo. Aveva evidentemente più di cinquant’anni. Cinquantacinque, mi disse lui. Si chiamava Elzéard Bouffier. Aveva posseduto una fattoria in pianura. Aveva vissuto la sua vita. Aveva perso il figlio unico, poi la moglie. S’era ritirato nella solitudine dove trovava piacere a vivere lentamente, con le pecore e il cane. Aveva pensato che quel paese sarebbe morto per mancanza di alberi. Aggiunse che, non avendo altre occupazioni più importanti, s’era risolto a rimediare a quello stato di cose. Poiché conducevo anch’io in quel momento, malgrado la giovane età, una vita solitaria, sapevo toccare con delicatezza l’anima dei solitari. Tuttavia, commisi un errore. La mia giovane età, appunto, mi portava a immaginare l’avvenire in funzione di me stesso e di una qual certa ricerca di felicità. Dissi che, nel giro di trent’anni, quelle diecimila querce sarebbero state magnifiche. Mi rispose con gran semplicità che, se Dio gli avesse prestato vita, nel giro di trent’anni ne avrebbe piantate tante altre che quelle diecimila sarebbero state come una goccia nel mare. Stava già studiando, d’altra parte, la riproduzione dei faggi e aveva accanto alla casa un vivaio generato dalle faggine. I soggetti, che aveva protetto dalle pecore con una barriera di rete metallica, erano di grande bellezza. Pensava inoltre alle betulle per i terreni dove, mi diceva, una certa umidità dormiva a qualche metro dalla superficie del suolo. Ci separammo il giorno dopo.
L’anno seguente, ci fu la guerra del ‘14, che mi impegnò per cinque anni. Un soldato di fanteria non poteva pensare agli alberi. A dir la verità, la cosa non mi era nemmeno rimasta impressa; l’avevo considerata come un passatempo, una collezione di francobolli, e dimenticata. Finita la guerra, mi trovai con un’indennità di congedo minuscola ma con il grande desiderio di respirare un po’ di aria pura. Senza idee preconcette, quindi, tranne quella, ripresi la strada di quelle contrade deserte. Il paese non era cambiato. Tuttavia, oltre il villaggio abbandonato, scorsi in lontananza una specie di nebbia grigia che ricopriva le cime come un tappeto. Dalla vigilia, m’ero rimesso a pensare a quel pastore che piantava gli alberi. Diecimila querce mi dicevo, occupano davvero un grande spazio. Avevo visto morire troppa gente in cinque anni per non immaginarmi facilmente anche la morte di Elzélard Bouffier, tanto più che, quando si ha vent’anni, si considerano le persone di cinquanta come dei vecchi a cui resta soltanto da morire. Non era morto. Era anzi in ottima forma. Aveva cambiato mestiere. Gli erano rimaste solo quattro pecore ma, in cambio, possedeva un centinaio di alveari. Si era sbarazzato delle bestie che mettevano in pericolo i suoi alberi. Perché, mi disse (e lo constatai), non s’era per nulla curato della guerra.
Aveva continuato imperturbabilmente a piantarle. Le querce del 1910 avevano adesso dieci anni ed erano più alte di me e di lui. Lo spettacolo era impressionante. Ero letteralmente ammutolito e, poiché lui non parlava, passammo l’intera giornata a passeggiare in silenzio per la sua foresta. Misurava, in tre tronconi, undici chilometri nella sua lunghezza massima. Se si teneva a mente che era tutto scaturito dalle mani e dall’anima di quell’uomo, senza mezzi tecnici, si comprendeva come gli uomini potrebbero essere altrettanto efficaci di Dio in altri campi oltre alla distruzione. Aveva seguito la sua idea, e i faggi che mi arrivavano alle spalle, sparsi a perdita d’occhio, ne erano la prova. Le querce erano fitte e avevano passata l’età in cui potevano essere alla mercé dei roditori; quanto ai disegni della Provvidenza stessa per distruggere l’opera creata, avrebbe dovuto ormai ricorrere ai cicloni. Bouffier mi mostrò dei mirabili boschetti di betulle che datavano a cinque anni prima, cioè 1915, l’epoca in cui io combattevo a Verdun. Le aveva piantate in tutti i terreni in cui sospettava, a ragione, che ci fosse l’umidità quasi a fior di terra.
Erano tenere come delle adolescenti e molto decise. Il processo aveva l’aria, d’altra parte, di funzionare a catena. Lui non se ne curava; perseguiva ostinatamente il proprio compito, molto semplice. Ma, ridiscendendo al villaggio, vidi scorrere dell’acqua in ruscelli che, a memoria d’uomo, erano sempre stati secchi. Era la più straordinaria forma di reazione che abbia mai avuto modo di vedere. Quei ruscelli avevano già portato dell’acqua, in tempi molto antichi. Alcuni dei tristi villaggi di cui ho parlato all’inizio del mio racconto sorgevano su siti di antichi villaggi gallo-romani di cui restavano ancora le vestigia, nelle quali gli archeologi avevano scavato, trovando ami in posti dove nel ventesimo secolo si doveva far ricorso alle cisterne per avere un po’ d’acqua. Anche il vento disperdeva certi semi. Con l’acqua erano riapparsi anche i salici, i giunchi, i prati, i giardini, i fiori e una certa ragione di vivere. Ma la trasformazione avveniva così lentamente che entrava nell’abitudine senza provocare stupore. I cacciatori che salivano in quelle solitudini seguendo le lepri o i cinghiali s’erano accorti del rigoglio di alberelli, ma l’avevano messo in conto alle malizie naturali della terra. Perciò nessuno disturbava l’opera di quell’uomo. Se l’avessero sospettato, l’avrebbero ostacolato. Era insospettabile. Chi avrebbe potuto immaginare, nei villaggi e nelle amministrazioni, una tale ostinazione nella più magnifica generosità?
A partire dal 1920, non ho mai lasciato passare più d’un anno senza andare a trovare Elzélard Bouffier. Non l’ho mai visto cedere o dubitare. Eppure, Dio solo sa di averlo messo alla prova! Non ho fatto il conto delle sue delusioni. E’ facile immaginarsi tuttavia che, per una simile riuscita, sia stato necessario vincere le avversità; che, per assicurare la vittoria di tanta passione, sia stato necessario lottar contro lo sconforto. Bouffier aveva piantato, un anno, più di diecimila aceri. Morirono tutti. L’anno dopo, abbandonò gli aceri per riprendere i faggi che riuscirono ancora meglio delle querce. Per farsi un’idea precisa di quell’eccezionale carattere, non bisogna dimenticare che operava in una solitudine totale; al punto che, verso la fine della sua vita, aveva perso del tutto l’abitudine a parlare. O, forse, non ne vedeva la necessità. Nel 1933, ricevette la visita di una guardia forestale sbalordita. Il funzionario gli intimò l’ordine di non accendere fuochi all’aperto, per non mettere in pericolo la crescita di quella foresta naturale. Era la prima volta, gli spiegò quell’uomo ingenuo, che si vedeva una foresta spuntare da sola. A quell’epoca, Bouffier andava a piantare faggi a dodici chilometri da casa. Per evitare il viaggio di andata e ritorno, poiché aveva ormai settantacinque anni, stava considerando la possibilità di costruirsi una casupola di pietra sul luogo stesso dove piantava. Ciò che fece l’anno seguente. Nel 1935, una vera e propria delegazione governativa venne a esaminare la foresta naturale. C’erano un pezzo grosso delle Acque e Foreste, un deputato, dei tecnici. Fu deciso di fare qualcosa e, fortunatamente, non si fece nulla, tranne l’unica cosa utile: mettere la foresta sotto tutela dello Stato e proibire che si venisse a farne carbone. Perché era impossibile non restare soggiogati dalla bellezza di quei giovani alberi in piena salute. Esercitò il proprio potere di seduzione persino sul deputato. Un capitano forestale mio amico faceva parte della delegazione. Gli spiegai il mistero.
Un giorno della settimana seguente, andammo insieme a cercare Elzélard Bouffier. Lo trovammo in pieno lavoro, a venti chilometri da dove aveva avuto luogo l’ispezione. Quel capitano forestale non era mio amico per nulla. Conosceva il valore delle cose. Seppe restare in silenzio. Offrii le uova che avevo portato in regalo. Dividemmo il nostro spuntino in tre e restammo qualche ora nella muta contemplazione del paesaggio. La costa che avevamo percorso era coperta di alberi che andavano da sei a otto metri di altezza. Mi ricordavo l’aspetto di quelle terre nel 1913, il deserto. Il lavoro calmo e regolare, l’aria viva d’altura, la frugalità e soprattutto la serenità dell’anima avevano conferito a quel vecchio una salute quasi solenne. Era un atleta di dio. Mi domandavo quanti altri ettari avrebbe coperto d’alberi. Prima di partire, il mio amico azzardò soltanto qualche suggerimento a proposito di certe essenze alle quali il terreno sembrava adattarsi. Non insistette. ‘Per la semplice ragione’, mi spiegò poi, ‘che quel signore ne sa più di me. Dopo un’ora di cammino, dopo che l’idea aveva progredito in lui, aggiunse: ‘Ne sa di più di tutti. Ha trovato un bel modo di essere felice!
E’ grazie a quel capitano che, non solo la foresta, ma anche la felicità di quell’uomo furono protette. Fece nominare tre guardie forestali per quella protezione e le terrorizzò a tal punto che rimasero sempre insensibili alle mazzette offerte dai boscaioli. L’opera corse un grave rischio solo durante la guerra del 1939. Poiché le automobili andavano allora a gasogeno, non c’era mai abbastanza legna. Cominciarono a tagliare le querce del 1910, ma l’area era talmente lontana da tutte le reti stradali che l’impresa si rivelò fallimentare dal punto di vista finanziario. Fu abbandonata. Il pastore non aveva visto nulla. Era a trenta chilometri di distanza, e continuava pacificamente il proprio lavoro, ignorando la guerra del ‘39 come aveva ignorato quella del ‘14.
Ho visto Elzélard Bouffier per l’ultima volta nel giugno del 1945. Aveva ottantasette anni. Avevo ripreso la strada del deserto, ma adesso, nonostante la rovina in cui la guerra aveva lasciato il paese, c’era una corriera che faceva servizio tra la valle della Durance e la montagna. Misi sul conto di quel mezzo di trasporto relativamente rapido il fatto che non riconoscessi più i luoghi delle mie prime passeggiate. Mi parve anche che l’itinerario mi facesse passare in posti nuovi. Ebbi bisogno del nome di un villaggio per concludere che invece mi trovavo proprio in quella zona un tempo in rovina e desolata. La corriera mi depositò a Vergons. Nel 1913, quella frazione di una dozzina di case contava tre abitanti. Erano dei selvaggi, si odiavano, vivevano di caccia con le trappole; più o meno erano nello stato fisico e morale degli uomini preistorici. Le ortiche divoravano attorno a loro le case abbandonate. Ora tutto era cambiato. L’aria stessa. Invece delle bufere secche e brutali che mi avevano accolto un tempo, soffiava una brezza docile carica di odori. Un rumore simile a quello dell’acqua veniva dalla cima delle montagne: era il vento della foresta. Infine, cosa più sorprendente, udii il vero rumore dell’acqua scrosciante in una vasca. Vidi che avevano costruito una fontana; l’acqua vi era abbondante e, ciò che soprattutto mi commosse, vidi che vicino ad essa avevano piantato un tiglio di forse quattro anni, già rigoglioso, simbolo incontestabile di una resurrezione. In generale, Vergons portava i segni di un lavoro per la cui impresa era necessaria la speranza. La speranza era dunque tornata. Avevano sgomberato le rovine, abbattuto i muri crollati e ricostruito cinque case. La frazione contava ormai ventotto abitanti, tra cui quattro giovani famiglie. Le case nuove, intonacate di fresco, erano circondate da orti in cui crescevano, mescolati ma allineati, verdure e fiori, cavoli e rose, porre e bocche di leone, sedani e anemoni. Era ormai un posto dove si aveva voglia di abitare.
Da lì proseguii a piedi. La guerra da cui eravamo appena usciti non aveva consentito il rifiorire completo della vita, ma Lazzaro era ormai uscito dalla tomba. Sulle pendici più basse della montagna, vedevo i campielli di orzo e segale in erba; in fondo alle strette vallate, qualche prateria verdeggiava.
Sono bastati gli otto anni che ci separano da quell’epoca perché tutta la zona risplenda di salute e felicità. Dove nel 1913 avevo visto solo rovine, sorgono ormai fattorie pulite, ben intonacate, che denotano una vita lieta e comoda. Le vecchie fonti, alimentate dalle piogge e le nevi che la foresta ritiene, hanno ripreso a scorrere. Le acque sono state canalizzate. A lato di ogni fattoria, in mezzo a boschetti di aceri, le vasche delle fontane lasciano debordare l’acqua su tappeti di menta. I villaggi si sono ricostruiti poco a poco. Una popolazione venuta dalle pianure, dove la terra costa cara, si è stabilita qui, portando gioventù movimento, spirito d’avventura. S’incontrano per le strade uomini e donne ben nutriti, ragazzi e ragazze che sanno ridere e hanno ripreso il gusto per le feste campestri. Se si conta la vecchia popolazione, irriconoscibile da quando vive nell’armonia, e i nuovi venuti, più di diecimila persone devono la loro felicità a Elzélard Bouffier.
Quando penso che un uomo solo, ridotto alle proprie semplici risorse fisiche e morali, è bastato a far uscire dal deserto quel paese di Canaan, trovo che, malgrado tutto, la condizione umana sia ammirevole. Ma, se metto in conto quanto c’è voluto di costanza nella grandezza d’animo e d’accanimento nella generosità per ottenere questo risultato, l’anima mi si riempie d’un enorme rispetto per quel vecchio contadino senza cultura che ha saputo portare a buon fine un’opera degna di Dio. Elzélard Bouffier è morto serenamente nel 1947, all’ospizio di Banon.

Traduzione e note a cura di Harm Wulf

mardi, 28 avril 2009

Jean Giono e "Le Chant du Monde"

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Jean Giono e “Le Chant du Monde”

  

Giovedì 16 Aprile 2009 – 16:06 – Rinascita - http://www.rinascita.info/

  
 

Il paganesimo di Jean Giono (foto) è stato ben identificato da Thierry Maulnier, che scriveva nel 1943, nella sua rubrica del quotidiano “Laction française”: “Il signor Giono è uno di quei rari artisti per i quali il grande Pan non è morto e non è ancora pronto a morire”. Punto di vista rafforzato da quello di Henry Miller: “Nell’opera di Giono chiunque possiede una dose sufficiente di vitalità e di sensibilità, riconosce subito ‘le chant du monde’. Secondo me questo canto, di cui egli ci dà con ogni nuovo libro delle variazioni senza fine, è molto più prezioso, più commovente, più poetico del Cantico delle creature”. (The books in my life, 1951). Non si saprebbe spiegare meglio quale abisso separi il mondo biblico dall’universo di Giono.
Questo universo è bagnato di sole, di profumo di timo e lavanda, di canti di cicale. Figlio della Provenza, la sua patria, con la quale ha un profondo legame carnale, Jean Giono è nato a Manosque il 30 marzo 1895. Suo padre, calzolaio, era anche un po’ guaritore. Jean ne erediterà senza dubbio il gusto di guarire gli animi, e si cimenterà in ciò nel Contadour. Si ricorderà per tutta la vita del saggio consiglio paterno: “Diffida della ragione”. Quanto al nonno, era un carbonaro, come Angelo dell’ “Hussard sur le toit” (L’Ussaro sul tetto)... Bella eredità.
La sua infanzia, che egli descrive in “Jean le bleu”, è il momento di una scoperta meravigliata del mondo. Lui che diventerà, grazie ai suoi testi, un incantatore, è prima incantato, vale a dire è sensibile, intuitivamente, sensualmente, all’incanto del mondo. Il canto del mondo lo porta prima di tutto in se stesso.
C’è qualche merito: avendo deciso a sedici anni di lavorare per aiutare i genitori, entra come “sbriga-faccende” al Banco Nazionale di Sconto di Manosque, ove doveva restare per diciotto anni. Per evadere da questo grigiore divora in continuazione e in modo disordinato: “Il libro della giungla”, Omero, Virgilio, Stendhal, Dostoevskij, Shakespeare, i poeti tragici greci in edizione molto popolare a 50 centesimi il volume. Questa copiosa iniziazione alla letteratura gli apre il cammino verso l’universo magico della scrittura.
Ma il destino ha preparato per lui, come per quelli della sua generazione, la prova più tragica tra tutte: a venti anni conosce, durante quattro interminabili anni, l’inferno dei campi di battaglia, da Eparges a Verdun (solo undici sono i superstiti della sua compagnia), da Chemin des Dames alla 
Somme. Egli esorcizzerà questo bagno di sangue dipingendo in “Le grand truopeau” il quadro più terribile, tra quelli che conosco, delle carneficine del 1914-1918.
Dal suo matrimonio nel 1920 nasceranno Aline nel 1926 e Sylvie nel 1934. Saranno loro le custodi benevole ma tenaci del rifugio dello scrittore, che è la sua casa, poi, più tardi, della sua memoria. Ritrovando, dopo l’incubo, la sua Provenza, Giono si purifica camminando zaino in spalla sui sentieri degli altipiani spazzati dal vento e si siede, al crepuscolo, davanti al fuoco dei pastori, con i quali parla molto e dei quali saprà raccontare con fervore l’antica e semplice saggezza.
Nel 1924 inizia, a dire il vero modestamente, la sua carriera letteraria: il suo amico Lucine Jacques pubblica a proprie spese dei poemi in prosa intitolati “Accompagnés de la flute”, stampati in 300 esemplari dei quali solo 30 furono venduti. Tuttavia qui si ritrova tutto Giono: “Il silenzio a denti 
stretti cammina, a piedi nudi, lungo i sentieri”.
Nel 1927, Giono scrive “Nascita dell’Odissea” (decisamente questo provenzale si sente molto vicino a “nostra madre la Grecia”), testo rifiutato da Grasset. che si precipiterà a pubblicarlo nel 1930, perché nel frattempo Giono si è fatto conoscere. Grazie a Gide, che ha diffuso a Parigi tutte le opinioni positive che ha di questo sconosciuto nella rivista “Commerce” (che ha lanciato, pensate un po’, Fargue, Valéry, Joyce), egli ha pubblicato nel 1929 “Colline”, il cui tema è il ritorno del “Grande Pan”. Lo stesso paganesimo, campestre e gioioso, si esprime in “Un de Baumugnes”, pubblicato anch’esso nel 1929, poi, l’anno successivo, con “Regain”. Seguono a raffica: 
“Solitude de la pitié”, “Présentation de Pan”, “Manosque des plateaux” e “Le serpent d’étoiles” (1933), “Le chant du monde” (1934), “Que ma joie demeure” (1935). Ecco un autore inesauribile. Ma il fatto è che lui canta, in ogni libro, il suo Paese, la Haute Provence, questa terra di montagne aspre ove bruciano il sole e le erbe aromatiche.
Un Paese di grande tradizione 
pastorale e poetica, dove la montagna realizza, nel suo silenzio e nella sua nudità, l’unione dell’uomo con l’Universo. “La montagna è mia madre” dichiara Giono in “Voyage en Italie” (1953).
Lassù, sulle rocce, tra i cespugli secchi odorosi o nelle foreste e nell’erba alta, la vita è potente e semplice, il ritmo dei giorni è lo stesso ritmo della natura. I venti avvolgono tutto. Gli alti pianori sono luoghi d’esaltazione, di comunione, agitati da un fremito continuo, da un linguaggio, come le querce di Dodona. Perché la natura parla a quelli che sanno ascoltarla (gli incantatori lo sanno, e Giono è un incantatore). E questo linguaggio afferma che tutto è vita: desiderio, piacere, dolore, crescita, scambio. La natura è vita. Il contadino di “Colline” lo sa bene: “Egli pensa che uccide quando taglia un albero. Uccide quando falcia. Ogni cosa è dunque vivente? Tutto, bestie, piante, e chi lo sa? Forse anche le pietre”. Questo è, dalla Grecia antica, il messaggio panteista che, camminando attraverso il tempo, è giunto fino a noi, grazie ad una catena di messaggeri, e Giono ne è evidentemente un anello fondamentale. Perché i personaggi di Giono camminano in mezzo all’ “immensa folla degli dei”. Dove sono questi dei? “Sono nell’animo e nella bellezza degli alberi, succo e cuore brillante dei vegetali, istinto di battersi e di amare delle giovani bestie, dolcezza feconda delle donne”. Tutto è un segno. Bobi, in “Que ma joie demeure” è affascinato dalle costellazioni, che sono altrettanti messaggi nel cielo: “Guarda i segni”. E “Jean le bleu”, cominciando la sua vita di uomo, afferma: “Ogni parola mi diceva l’importanza del sangue”.
L’uomo e gli alberi appartengono allo stesso mondo: “Gli alberi avevano l’odore penetrante di quando sono in amore”. E aggiunge: “L’uomo è come il fogliame attraverso il quale bisogna che passi il vento perché questo canti”. Il panteismo è la comunione con l’Universo, consiste nel collegarsi al divino dappertutto presente nel mondo, poiché il mondo è divino, e Giono lo sa bene: “I temporali, il vento, la pioggia, non ne gioisco più come un uomo, ma sono io il temporale, il vento, la pioggia”.
Bisogna qui metter fine allo stupido controsenso operato da Claudine Chonez (Giono, 1956, Le Seuil) quando afferma perentoria: “Non c’è religione in Giono”. Due possibilità: o lei non ha letto veramente Giono o confonde (ma non è la sola, perché duemila anni di condizionamento mentale hanno avuto la stessa difficoltà a distinguerli) religione e monoteismo.
Sicuramente lo stesso Giono può aumentare la confusione quando dichiara a Jean Carrière (Giono, La Manufacture, 1985): “Ammetto di non essere adatto per Dio”. Ma è un errore precisare che il dio biblico e gli Dei non solo non sono la stessa cosa, ma che sono anche, senza possibilità d’errore, due concezioni 
perfettamente e irrimediabilmente incompatibili.
D’altronde ogni ambiguità sparisce quando Giono si prende la pena di demolire la truffa intellettuale che è la confusione tra ateismo e paganesimo. Egli spiega il suo punto di vista, ed in maniera insistente, dialogando con Christian Michelfelder (Jean Giono et les religions de la terre, 1938, Gallimard): “L’affermazione dell’uomo libero si esprimerà sempre in una sorta di paganesimo molto colorato d’umanesimo. E questo è il motivo per cui sarà un paganesimo umano a salvarci. L’ateo dice no, si accontenta di rifiutare.
Ma il pagano desidera, vuole, e quindi distrugge e ricostruisce. Il vero mondo sarà un mondo di pagani. L’umanesimo pagano è la grande affermazione dell’uomo pieno di vita. Resta nell’ateismo qualcosa dell’atmosfera triste delle religioni spiritualiste. Bisogna tuttavia mettere da parte i mistici. Ma il paganesimo libera veramente”.
Gran lettore di Omero, di Eschilo, di Sofocle, Giono afferma un paganesimo vitale e cosmico per mezzo di numerosi suoi testi. Perché là sono le vere ricchezze (Les vraies richesses, 1937): “Noi siamo degli elementi cosmici”.
Questa comunione con il cosmo è il messaggio che predica il patriarca di Contadour, in questa comunità fervente e calorosa che ha raggruppato in un luogo solitario una cinquantina di persone tra il 1935 e il 1939. Con la pubblicazione dei “Cahiers de Contadour”, ai quali ha collaborato un certo Marc Augier, sedotto dal carattere fortemente influenzato da Nietzsche di un Giono che insegna, come Zarathustra, ai suoi ascoltatori - discepoli: “La soluzione è attuabile attraverso ciascuno”.
Il divino, Giono lo percepisce nelle stelle (Le serpent d’étoiles), nell’acqua (Colline), nella terra (Que ma joie demeure), questa terra materna e dura, amara e dolce. Ma anche negli animali, questi intermediari tra l’uomo e l’inanimato (o almeno che ha l’aspetto dell’inanimato). Tutto è vita: “Tutti gli errori dell’uomo derivano dal fatto che egli immagina di camminare su una cosa morta mentre i suoi passi s’imprimono in una carne piena di grande volontà”.
Giono è un autore che scuote dal torpore (alcuni direbbero un iniziato ma è la stessa cosa). Egli ha in effetti la capacità rara di risvegliare il lettore, di farlo passare dall’altro lato dello specchio, con poche parole molto semplici.
Lo testimonia Jean Carrière: “Avevo quattordici anni quando 
ho letto il primo libro di Giono, ‘Que ma joie demeure’. La prima frase resterà per me la chiave di volta della magia, ‘Era una notte straordinaria’. Ogni volta che rileggo quella frase passa in me la stessa piccola scossa, quella di un bambino meravigliato dal respiro delle foreste. La magia funziona ancora oggi. Divento di nuovo lo stesso bambino meravigliato”.
Stupore: la capacità di stupire è una qualità rara, una ricchezza che proviene dall’infanzia e che pochi hanno la fortuna (o la volontà) di conservare e che provoca la presa in giro delle “persone serie”, vale a dire vecchie (perché l’età non centra niente, nel caso specifico molti sono vecchi a vent’anni: poveri loro). Stupore davanti al mondo, davanti alla vita, questo miracolo, perché al contrario di ciò che dice “L’Ecclesiaste” (“Vanità delle vanità, tutto è vanità” Bibbia, Libro dell’Ecclesiaste, Prologo 1,2-11), Giono afferma che “Rien n’est vanità” (inedito, presentato da Christian Michelfelder): “Guarda come tutto conta, come tutto prende posto. Perché ci si è lasciati dire che tutto è vanità? L’acqua, e il prato, e il vento, e Yvonne. Colui che è solo, in piedi nella notte, canta come un albero ed è tutto sconvolto dalla canzone della sua carne. Sono sempre gli stessi che si stupiscono di San Francesco che parla agli uccelli”.
Perché la vita è un’acqua di sorgente che cola tra le dita. Bisogna vivere ogni istante come se dovesse essere l’ultimo. In Svizzera, spellando un camoscio, Giono medita: “Qui è il mistero della vita e del mondo. E un po’ di succo verde, come una pania tra le mie dita. Ciò che sarò un giorno io stesso nel corso della mia trasformazione tra carne e pianta, tra pianta e pietra, tra pietra e cielo, tra polvere di stella e spermatozoo in cammino nelle spine dorsali”. Ecco sorto il tema dell’eterno ritorno, della ruota che gira senza fine, la ruota solare che è simbolo di ogni vita. Una vita 
che non ha bisogno di giustificazioni, che basta a se stessa come portatrice di senso in sé: “Noi abbiamo dimenticato che il nostro solo scopo è quello di vivere e che, vivere, noi lo facciamo ogni giorno e tutti i giorni e che a tutte le ore del giorno noi raggiungiamo il nostro vero scopo se viviamo”. (Rondeur des Jours, 1937).
Apollineo per molti tratti della sua opera, Giono è anche, profondamente, dionisiaco, come l’ha ben compreso Christian Michelfelder sottolineando che uno degli obiettivi dello scrittore è quello di “rimettere l’uomo nel seguito di Dioniso”.
L’eremita di Manosque, del resto, spiega lui stesso ciò 
attraverso certe immagini evocatrici. Per esempio, per descrivere nella prefazione delle “Vraies richesses” (1936) la montagna, la sua montagna di Lure, dice: “Questa montagna di Lure, che si alza nel cielo non come un picco ma come il dorso mostruoso del toro di Dioniso”. Davanti a questa montagna l’uomo si sente messo di fronte alla terra”.
Si ritrova qui l’influenza di Virgilio, già manifesta dagli “Accompagnés de la flute”: “Sia che discenda nel mezzo dei fiumi del frutteto, o che s’insinui nel canneto, questo respiro che tu credi essere il vento è esalato dal dio seduto lassù sulla collina, in mezzo alle piante di salvia del cielo”. Si pensa all’Eneide, libro VIII: “Su questa collina dalla cima verdeggiante, un dio, quale non si sa, sì, un dio risiede qui”. E, dice Giono, bisogna tendere l’orecchio: “E vedi, sotto la sua voce musicale, che goccia a goccia questa sera cola attraverso i pini, commuoversi le piccole gole bianche di questo caprifoglio, ed alzarsi l’onda silenziosa degli ulivi argentati”.
Giono il meditativo è anche un uomo impegnato civilmente. Fa parte di quelli che, avendo vissuto sulla loro pelle il 14-18, non vogliono veder tornare la carneficina stupida e fratricida. E in prima fila nella lotta dei pacifisti quando firma un telegramma intimidatorio a Daladier e Chamberlain, in data 11 settembre 1938. Per questo è arrestato e rinchiuso nel forte di Saint-Nicolas a Marsiglia, il 3 settembre 1939. Nonostante le proteste di qualche coraggioso, tra cui Gide, ci resta fino a novembre. Durante la guerra conduce una vita ritirata scrivendo poco. Ma commette un errore fatale facendo pubblicare una novella sul giornale “La Gerbe” (1). Questo lo porta ad essere arrestato nel 1944 per collaborazionismo da giustizieri improvvisati, e messo in prigione per sette mesi, nel forte di Saint-Vincent, nelle Hautes Alpes. Il comitato centrale degli scrittori, controllato dai comunisti, lo iscrive, naturalmente, nella sua lista nera, destinata ad impedire di esprimersi ormai ad un gran numero di scrittori, tra i quali figurano i più grandi nomi della letteratura contemporanea. Ciò si chiama epurazione. Il crimine di Giono? Tutta la sua opera lo dice: avrebbe potuto essere l’autore della famosa formula “maréchaliste” (del Maresciallo Petain), “la terra non mente”.
Si capisce di colpo perché egli abbia potuto essere considerato da alcuni come un elemento particolarmente perverso e pericoloso.
Disincantato, Giono si volta verso una nuova tappa della sua opera. I suoi romanzi, che conosceranno un grande successo, sono ormai sprovvisti di ogni aspetto militante. Ma lo fanno affermare definitivamente come un grandissimo scrittore, riconosciuto come tale durante la sua elezione nel 1954 all’Accademia Goncourt (e, segno degli dei, per occupare il posto di Colette). Quindi fa l’esperienza dell’avventura cinematografica, realizzando nel 1960 il suo “Crésus”, impersonato da Fernandel. Il mondo del cinema gli affida la presidenza della giuria del Festival di Cannes nel 1961. Giono non è più un maledetto, perché il suo genio ha vinto i mediocri. Dopo la sua morte a Manosque nella notte tra l’8 e il 9 ottobre 1970, la Pléiade gli rende molto in fretta un giusto riconoscimento pubblicando in sei volumi la sua opera romanzesca, tra il 1971 e il 1983.
Noi conserviamo nel cuore l’immagine di colui che ci ha risvegliato al canto del mondo. Colui che diceva: “Il poeta deve essere un professore di speranza”. E nell’ultima frase dei “Grands Chemins” ci dà la ricetta della speranza: “Il sole non è mai così bello come il giorno in cui ci si mette in cammino”.
Allora mettiamoci in cammino. Sappiamo che Jean Giono camminerà al nostro fianco.

Pierre Vial

nota
(Tratto dal libro di Pierre Vial “Anthologie payenne”, Les Editions de la Forèt, Solstizio d’estate 2757 Ab Urbe Condita (2004) 308 pagine, formato 210 x 140, ISBN: 2-9516812-3-2, 23 euro.
Richiedere a: Les Editions de la Forèt 87, Monte des Grapilleurs, F 69380 Saint Jean des Vignes
France o all’indirizzo www.terreetpeuple.com
E-mail:contact@terreetpeuple.com

A lungo si rinfaccerà a Giono la pubblicazione di Deux cavaliers de lorage nella rivista La Gerbe (1), e  Description de Marseille le 16 octobre 1939 ne La Nouvelle revue française (2) di Drieu La Rochelle, ed un reportage fotografico su di lui apparso su Signal (edizione francese del periodico tedesco). A lui sarà imputata anche una certa vicinanza alle idee del regime di Vichy (ritorno alla terra e all’artigianato, esaltazione della giovinezza), idee che Giono veicolava da molti anni. Le idee di Giono si riaffermano nella nuova edizione del 1941 del Triomphe de la vie. Il libro, assai ben accolto dalla stampa della collaborazione, sarà uno dei capi d’accusa per lo scrittore al termine della guerra. Nel 1943 Giono pubblica L’eau vive e Fragments d’un paradis.
(1) La Gerbe, fondato e diretto da Alphonse de Chàteaubriant l’11 luglio 1940 reca come sottotitolo “Settimanale della volontà francese”. Con tiratura di 140.000 copie, dopo, “Je suis partout”, è la pubblicazione collaborazionista più seguita. I suoi principali redattori sono il corrispondente di guerra Marc Augier, più prossimo al direttore e noto in seguito come Saint-loup, il cattolico monarchico Bernard Fay, l’ex comunista poi doriotista Camille Fègy, e diversi altri, tra i quali Alfred Canton, Luois-Charles Lecoc, Louis Thomas, Michèle Lapierre, Jean Passere, Maurice Morel, Aimé Cassar, André Castelot, Claude Cabry. Tra i collaboratori del giornale figura inoltre il quasi intero Gotha della Collaborazione: Jacques Benoist-Méchin, Abel Bonnard, Georges Montandon, Pierre Drieu La Rochelle, Jacques de Lesdain, Ramon Fernandez, Jean Hérold-Paquis, il nipote di Gobineau Clément Serpeille, Armand Petitjean e ancora Jean Anouilh, Henry de Montherlant, Paul Morand, Jean-Pierre Maxence, Marcel Aymé, Dominique Sordet, Pierre Mac Orlan, Maurice Rostand, Jean Giono, Jean de La Varende.Da Moreno Marchi ‘I duri di Parigi. L’ideologia, le riviste, i libri’, Ed. Settimo Sigillo, 1997, pag. 67.
“L’antesignano Giono, piuttosto prossimo al governo del Maresciallo”, (pag.13) Al di là dei suoi atteggiamenti intransigenti, o forse proprio per questo, collaborano a “Je suis partout”, molti tra i maggiori intellettuali dell’epoca, tra i quali Pierre Drieu La Rochelle, Jean Anouilh, Marcel Aymé, Jean Goino, Pierre Mac Orlan, André Fraigneau, Jean de La Varende, Abel Bonnard. Vi compaiono inoltre alcune lettere di Louis-Ferdinand Céline, secondo la sua abitudine di mantenere rapporti con i giornali solo a livello epistolare, e addirittura, 11 agosto 1941, un racconto Mort subite, dell’italiano Alberto Moravia. Ma sapeva quest’ultimo che si trattava di una pubblicazione antisemita? E, di converso, sapeva la redazione che si trattava di uno scrittore per metà ebreo?’, Moreno Marchi “I duri di Parigi. L’ideologia, le riviste, i libri”, Ed. Settimo Sigillo, 1997, pag. 65.
(2) “La Nouvelle revue française” è una prestigiosa rivista letteraria mensile fondata nel 1909 da Gaston Gallimard. Dopo aver interrotto le pubblicazioni per motivi bellici nel luglio del 1940, La Nouvelle revue française ricompare nel successivo dicembre, per volontà e sotto gli auspici dell’ambasciatore ed alto commissario tedesco a Parigi Otto Abetz. La dirige Pierre Drieu La Rochelle. (...) Lo stesso fatto di scrivere o meni sulla NRF rappresenta un termometro della popolarità alla quale è difficile rinunciare. Ecco così che tra scrittori ed intellettuali direttamente impegnati nella politica di collaborazione ed altri, che non lo sono o che vi discordano, su la Nouvelle revue française si ritrova alfine quasi l’intero l’empireo delle lettere francesi: André Gide, Paul Valere, Henry de Montherlant, Paul Léautaud, Marcel Aymé, Paul Morand, Abel Bonnard, Paul Eluard, Marcel Jouhandeau, Jean Giono, Ramon Fernandez, Alfred Fabre-Luce, Jacques Chardonne, Marcel Arland, AndrÀ© Fraigneau. Moreno Marchi “I duri di Parigi. L’ideologia, le riviste, i libri”, Ed. Settimo Sigillo, 1997, pag. 76

Bibliografia italiana:
Lettera ai contadini sulla povertà e la pace, Ed. Ponte alle grazie, 2004; Note su Machiavelli. Con uno scritto su Firenze, Medusa Edizioni, 2004; Due cavalieri nella tempesta, Ed. Guanda, 2003; L’uomo che piantava gli alberi, Edizioni Angolo Manzoni, 2003; L’affare Dominaci, Ed. Sellerio, 2002; Angelo, Ed. Tea, 2002; Il serpente di stelle, Ed. Guanda, 2002; Morte di un personaggio, Ed. Passigli, 2001; Un re senza distrazioni, Ed. Guanda, 2001; L’ussaro sul tetto, Ed. Corbaccio, 2001; Il bambino che sognava l’infinito, Ed. Salani, 2000; La menzogna di Ulisse, Ed. Robin, 2000; Una pazza felicitÀ , Ed. Tea, 200°; Il ragazzo celeste, Ed. Guanda, 1999; Collina, Ed. Guanda, 1998; Risveglio, Ed. Passigli 1997; La fine degli eroi, Ed. Sellerio, 1996; Il disertore, Ed. Guanda,

Traduzione, note, bibliografia e iconografia a cura di
Harm Wulf

lundi, 23 mars 2009

Baldur Springmann, pionnier de l'écologie allemande

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

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Baldur Springmann, pionnier de l'écologie allemande

 

Baldur Springmann, né en 1912 à Hagen en Westphalie, est le fils d'un grand industriel. Après 1945, il est expulsé de sa propriété de l'Est, achète une ferme dans le Holstein et l'exploite. En 1954, il la transforme en entreprise pionnière de l'agriculture biologique/dynamique. Il participe au vaste mouvement qui s'oppose aux centrales nucléaires. Conjointement à Herbert Gruhl, ancien porte-paroles de la CDU en matières écologiques, il contribue au lancement du mouvement vert. Il le quitte quand les groupes marxistes commencent à noyauter le mouvement et placent leurs hommes aux postes-clef. En 1982, il publie un livre, Partner Erde (= Notre partenaire, la Terre). Depuis 1991, il appartient au mouvement des écologistes indépendants en Allemagne.

 

Q.: Y a-t-il eu dans votre vie un événements crucial, qui a fait de vous un écologiste?

 

BS: Oui. Par exemple, dès l'âge de quinze ans, j'ai ressenti, dans mon fors intérieur, qu'existait bel et bien ce que C.G. Jung appelait l'“archétypal”; j'ai donc ressenti que mon vécu se branchait immédiatement sur l'essence même de la nature. Par ce contact direct, j'ai pris conscience des forces mortelles que dé­ployait l'industrialisation, avec laquelle je ne voulais ni ne pouvais vivre. Voilà pourquoi je suis devenu paysan. Mais j'ai dû constater par la suite qu'il y avait agriculture et agriculture...

 

Q.: Vous avez été l'un des co-fondateurs du parti des “Verts”. Peut-on encore considérer que ce parti est aujourd'hui encore une plate-forme pour un véritable mouvement écologique?

 

BS: Dans l'ensemble, non. Ce qui s'est passé dans les années 70 pour le mouvement anti-nucléaire, s'est passé chez les Verts. Les idéologues marxistes qui cherchaient un tremplin et qui ne se souciaient pas le moins du monde de l'écologie, se sont introduits dans le mouvement, l'ont transformé et déformé, l'ont forcé à prendre une direction qui n'a plus grand'chose à voir avec les positions véritablement écologiques du début. Quoi qu'il en soit, les Verts sont encore le seul parti qui a défendu des positions écologiques, avec des hauts et des bas.

 

Q.: Quel est le reproche principal que vous adressez aux Verts?

 

BS: Leur anti-germanisme. L'anti-germanisme est aujourd'hui une forme de racisme beaucoup plus viru­lente que l'anti-sémitisme. Pourquoi l'anti-germanisme serait-il moins raciste, moins hostile à la vie, moins dangereux que l'anti-sémitisme? C'est la présence de ce racisme qui me dégoute chez les Verts. C'est aussi la raison pour laquelle ils ont eu des difficultés avec le mouvement Bündnis 90, où ce racisme n'est pas présent. Ces hommes et ces femmes ont encore le sentiment d'appartenir à un peuple, tout naturel­lement, sans aucune crispation. Ceux qui veulent se faire valoir en répétant à satiété des slogans comme «germanité = criminalité», développent au fond une idéologie qui n'a rien à voir avec l'écologie. Les ob­sessions racistes et discriminantes sont une preuve d'incompétence en matières écologiques.

 

Q.: Cette équation entre germanité et criminalité que l'on trouve chez les Verts, qu'a-t-elle à voir avec les questions écologiques?

 

BS: On peut tout bonnement se débarrasser de l'écologie comme d'un vulgaire déchet si, d'une part, on revendique la guérison de la nature, et, d'autre part, on nie les liens qui unissent le peuple, le terroir et l'homme. L'écologie, c'est davantage que l'installation d'un biotope protégé pour les grenouilles et les crapauds, et le terroir, c'est beaucoup plus que le parking du supermarché du coin. Pour l'homme, le ter­roir c'est le fait de se sentir protégé, de se sentir à l'abri, dans une Geborgenheit dirait le philosophe Heidegger; mais à l'abri de quoi? D'une culture protectrice, englobante, maternante et poliçante. Le sen­timent du terroir touche directement ce que j'appelle l'“écologie proprement humaine”. L'écologie, en effet, est la tentative de reconnaitre scientifiquement les liens qui unissent tous les domaines de la nature. L'homme n'est pas en dehors de la nature. Il est lié à elle. Et à tout l'univers. Peut-on, sans sombrer dans l'irréalisme et la sottise, nier ces liens qui unissent l'homme à la nature et à l'univers?

 

Q.: Prochainement, vous allez faire paraître un nouveau livre. De quoi s'agit-il?

 

BS: Mon livre paraîtra bientôt aux éditions dirigées par Siegfried Bublies [l'éditeur de la revue Wir Selbst, ndlr]. L'essentiel de cet ouvrage autobriographique, c'est de contribuer à une éthique de libération écolo­gique. Faire passer dans les esprits une mutation de conscience radicalement écologique, voilà bien l'une des questions essentielles de notre époque, qui décidera de la survie des peuples. Il s'agira de susciter un véritable partenariat entre l'homme et la Terre, de proposer des alternatives réalisables, des formes actuelles, non passéistes, de vie écologique.

 

Q.: Beaucoup de militants de droite estime que l'écologie sert de cache-sexe à l'utopisme habituel des gauches. C'est ce qui explique leurs réticences.

 

BS: Ces militants-là ont encore l'esprit encombré de scories du 19ième siècle. Celui qui pense véritable­ment en termes d'écologie n'appartient ni à la gauche ni à la droite, mais est un homme en avance sur son temps. Nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle ère culturelle et nous n'avons plus à nous orienter sur des boussoles idéologiques du passé, nous devons aller de l'avant! Le clivage passera très vite entre une minorité prête à respecter la vie et à comprendre les forces de la Nature comme révélations du divin, et une majorité relative, plus puissante, composée de technocrates arrogants qui croiront tou­jours pouvoir dominer la nature selon le slogan: “Soumettez-vous la Terre”.

 

Q.: L'écologie n'est-elle pas une thématique fondamentalement conservatrice?

 

BS: Oui. Mais il ne faut pas oublier qu'il existe aussi un conservatisme négatif, qui ne songe qu'à préser­ver les vieilles formes mortes. En fait, il faut que forme, contenu et temporalité puissent être en harmonie. Aujourd'hui plus personne ne se laisse enthousiasmer par le vocable “patrie” (Vaterland), mais vu les succès des Verts et d'un certain féminisme, on pourra susciter l'intérêt en parlant de “matrie” (Mutterland). Nous n'aurons plus affaire à des “patriotes” mais à des “matriotes”, c'est-à-dire des hommes et des femmes qui aiment toujours leur peuple, la matrice de ce qu'ils sont, leur “matrie”. C'est un amour tranquille, doux, qu'on ne saurait comparer au patriotisme des tambours et des trompettes. Le “matriotisme” pourrait parfaitement être accepté par les jeunes d'aujourd'hui.

 

Q.: La CSU vient de faire quelques déclarations claires contre l'hostilité à la technique qui se répandrait dans la population. Elle a également réclamé davantage de “progrès” dans quelques secteurs-clef de l'économie. Elle a traité les socialistes et les verts de “bloqueurs du progrès”. A votre avis, la CSU est-elle la forge idéologique où l'on crée des arguments contre ceux qui veulent préserver les fondements de notre existence biologique?

 

BS: La tendance de tous les partis actuels est d'être ennemis de la vie. Les partis se perçoivent comme les protecteurs de l'économie capitaliste et non pas comme les protecteurs de la Terre. Herbert Gruhl, quand il était encore parmi nous, a dit clairement ce qu'il fallait dire à propos de la folie de ce système, qui ne peut survivre sans “croissance”.

 

Q.: Mais tous le monde parle pourtant de protection de l'environnement...

 

BS: La préservation de la nature n'est pas, en premier lieu, un problème technique. Il s'agit d'une néces­sité beaucoup plus profonde, c'est-à-dire d'une rénovation totale sur les plans spirituel et culturel. L'homme est un être de culture qui, bien entendu, influence directement ou indirectement la Nature par tout ce qu'il fait. Au départ, la relation d'échange entre l'homme et la Nature n'a pas remis en question les systèmes et les circuits écologiques existants. Mais les efforts des hommes en Occident d'échapper à l'emprise des formes socio-culturelles d'ancien régime a dégénéré, pris le mors aux dents, pour devenir une volonté d'échapper aux liens qui nous unissent biologiquement à la Nature. Les hommes en sont arri­vés à vouloir s'émanciper de notre Mère la Nature, mais cela n'a pas fonctionné.

 

Q.: Vous voulez promouvoir une volonté d'émancipation hors de la superstition techniciste...

 

BS: Nous n'avons nullement l'intention de promouvoir une hostilité généralisée à la technique, mais nous voulons installer dans les esprits une attitude critique à l'endroit de la technique. Nous disons que telle ou telle situation doit être changée. Nous raisonnons dans un cadre global écologique en matières agricoles, économiques, dans les domaines des communications, de l'urbanisme, de l'habitat, bref, dans tous les domaines de la vie. Nous souhaitons que les décisions politiques soient prises en tenant compte de notre cadre écologique global, en tenant compte des impératifs de la Nature et non le contraire.

 

Q.: Il y a une question typique que posent les partis: pendant combien de temps encore serons-nous en mesure de financer la protection de l'environnement?

 

BS: C'est une question qu'il ne faudrait pas poser. En revanche, il faudrait en poser une autre: que signi­fient les progrès que nous avons faits sur la voie techniciste et mécaniciste par rapport à l'ensemble des paramètres de la Vie sur notre Terre? Et quels sont les effets de ces “progrès” sur l'environnement, la cul­ture, les faits ethniques, qui structurent l'homme? Le question du financement de la protection de l'environnement est une question d'irresponsable, une question d'esprit libéral.

 

Q.: La question écologique est-elle simultanément une question profondément religieuse?

 

BS: Pour que nous puissions vivre un bouleversement réel, définitif, de notre pensée, marqué par la conscience écologique, il faut qu'une religiosité nouvelle se déploie. Aujourd'hui, la religion a pour ainsi dire disparu. Il ne reste plus que des structures confessionnelles. Le christianisation de l'Europe a été la première étape dans le houspillement du divin hors de la nature, hors de notre vivifiante proximité, hors du tellurique. Cette christianisation a préparé le terrain au désenchantement, puis au désenchantement technicisto-mécaniciste, qui nous a conduit à la situation désastreuse que nous connaissons aujourd'hui. Quand je parle de déployer une nouvelle religiosité, je n'évoque pas le New Age ou une autre superficialité du même acabit, mais je veux retourner aux sources mêmes de toute religiosité, c'est-à-dire au regard plein d'émerveillement que jetaient nos plus lointains ancêtres sur l'harmonie cosmique, sur les astres. Pour eux, la Nature, dans sa plus grande perfection, c'était ces étoiles qui brillaient au firmament. Il faut restaurer cette dimension cosmique et astronomique de la religion. Et se rappeler de l'année cosmique dont parlait Platon, année cosmique qui durait 2150 ans. Un cycle de cet ordre de grandeur est en train de s'achever: nous nous trouvons dans une sorte d'interrègne, dans une phase de transition, nous allons rentrer dans une nouvelle année cosmique selon Platon. Les religions révélées dualistes, qui ont dominé au cours des siècles précédents, vont s'effillocher et céder le terrain à des religiosités de l'immédiateté, des religiosités holistes. Notre tâche: trouver des formes socio-politiques adéquates, qui correspondent à cette transition, à cette nouvelle année cosmique.

 

Q.: Y a-t-il une recette patentée pour nous débarrasser de la dictature du matérialisme et des paradigmes du mécanicisme?

 

BS: Je suis opposé à toutes les “recettes patentées”. Elles ont plutôt l'art d'exciter mes critiques. Mais l'humanité doit prendre des décisions fondamentales. Le retournement des valeurs va s'opérer, en dépit de l'hostilité que lui porte le capitalisme dominant. Je ne crois pas que ce retournement va s'opérer bruta­lement, en un tourne-main, par une sorte de révolution-parousie. La lutte sera longue. Nous, les écolo­gistes, nous devons élaborer des propositions réalistes.

 

Q.: Ce sont des propositions réalistes de ce type que vous suggérez dans votre livre, notamment en for­mulant «Dix thèses pour une agriculture vraiment paysanne». En même temps, vous formulez une critique acérée contre les politiques agricoles conventionnelles...

 

BS: Pour la plupart des politiciens de l'établissement, les quelques misérables pourcents de l'agriculture dans le PNB sont une quantité négligeable. C'est pour cette raison que tout le discours sur la “promotion des entreprises agricoles familiales” n'a jamais été suivi d'effets, que ce discours n'a été que propagande et poudre aux yeux. En réalité, on a, par décrets administratifs, systématiquement exterminé le paysan­nat européen. Cette politique a commencé avec Mansholt; elle a continué avec Bochert; leur intention était claire: évacuer le fossile paysannat, le jeter définitivement au dépotoir de l'histoire. Je m'oppose avec vigueur à ce génocide, je refuse de considérer le paysannat comme une quantité négligeable. Je pose une question qui vous donne d'emblée le clivage qui s'installe: Agriculture véritablement paysanne ou industrie agro-alimentaire? Si nous luttons pour revenir à une agriculture naturelle, nous luttons pour l'avenir de tous les hommes sur la planète. Ce retour à l'agriculture s'effectuera sans doute à la fin de la période de transition que nous vivons aujourd'hui. Mais si nous ratons cette transition, nous mettrons en jeu la survie de l'humanité, nous préparerons le dépérissement misérable de nos descendants.

 

Je veux promouvoir une renaissance du mode de production originel. Seuls les produits issus d'un tel mode de production peuvent générer la vraie Vie. Une véritable agriculture, c'est le pilotage et l'accroissement naturel des processus agraires dans le cadre d'un environnement naturel, sans que ce­lui-ci ne soit artificiellement transformé. Les bio-paysans, nombreux en Allemagne aujourd'hui, pratiquent cette agriculture avec succès. Leurs produits sont meilleurs, sont demandés. Leurs méthodes scienti­fiques, écologiques au sens scientifique du terme, sont performantes. Ils pratiquent ainsi une immédia­teté avec la nature, le sol, la géologie, ils s'abstiennent d'utiliser des méthodes transformatrices dange­reuses sur le long terme; ils reviennent au mode de production originel, tout en restant concurrentiels. Voilà des exemples concrets à suivre. Dans tous les domaines de l'économie.

 

(propos recueillis par Hanno Borchert et Ulrich Behrenz, parus dans Junge Freiheit, n°16/95).

vendredi, 13 mars 2009

Archives: les "Grünen", quinze ans d'existence et où reste l'écologie?

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

 

Les Grünen: quinze ans d'existence et où reste l'écologie?

 

«Personne ne pourra plus empêcher notre succès, sauf nous-mêmes!». C'est par ces mots que le Dr. Herbert Gruhl a ouvert le congrès de fondation du parti «Die Grünen», le samedi 12 janvier 1980. Le jour de ce congrès était un jour d'effervescence, un moment de réelle euphorie, une date historique: le mou­vement écologique, semblait-il, venait de trouver son véritable instrument, un parti qui pouvait sans crainte marcher aux élections, prendre d'assaut la forteresse de la société industrielle.

 

Quinze ans plus tard, après cette fondation qui avait été fêtée dans la joie par tous les amis de l'environnement, que reste-t-il du souci central, du souci écologique? L'espoir exprimé par le Dr. Gruhl dans son discours inaugural, «que l'esprit de l'histoire souffle dans notre direction, que le grand tournant s'annonce enfin», ne s'est pas accompli. Après que les gauchistes radicaux aient bétonné le parti, im­posé leur programme et leurs cadres, lors de la diète du parti à Dortmund en juin 1980, la plupart des con­servateurs ont quitté le parti.

 

Des “conservateurs’ chez les Verts? Est-ce possible? Qui se souvient encore et sait que ce sont des forces conservatrices qui ont joué un rôle dominant dans la phase de construction du parti vert? Herbert Gruhl, qui fut pendant les années 70 le porte-paroles en matières d'environnement pour la fraction parle­mentaire CDU/CSU, était la personnalité la plus importante de cet aréopage. En 1978, il avait quitté la CDU et fondé la «Grüne Aktion Zukunft», dont le programme avait été élaboré par des esprits conservateurs comme Christa Mewes et le Prof. Bernhard Grzimek. De même, les premières «Listes Vertes», apparues en 1977 en Basse-Saxe, à Hambourg et dans le Schleswig-Holstein, avaient pour pères fondateurs des “conservateurs” plus ou moins radicaux comme Carl Beddermann et Baldur Springmann.

 

Les origines conservatrices (un conservatisme axiologique et non pas institutionnel, ndt) de l'écologie politique allemande n'étonnent que ceux qui avaient adopté, dans le cadre de la droite régimiste, les posi­tions de Franz-Joseph Strauss qui, trente ans auparavant, avait abandonné les positions originales et initiales de l'idéologie et de l'axiologie conservatrices et avait décidé de «marcher à la tête du progrès (technique)». Le mouvement écologique demeure, par ses origines et par les attitudes qu'il préconise, un mouvement conservateur bien tranché, dont les racines rejoignent celles des associations de protection de la nature et des terroirs, nées sous l'Allemagne de Guillaume II. Les hommes intelligents de la gauche ne l'ont pourtant pas oublié. Ainsi, Peter Glotz, théoricien de la social-démocratie, auteur de thèses perti­nentes sur la “neue Rechte” et homme de dialogue, a mille fois raison quand il dit que le camp conserva­teur s'est fait “chiper” le fleuron des bijoux  de son arsenal conceptuel en perdant l'écologie au profit de la gauche.

 

Le noyau conservateur de l'écologie ne peut effectivement être nié: le primat de “ce qui a eu une crois­san­ce organique” sur “ce qui a été fait ou fabriqué”, la propension à accepter l'ascèse et la vie mo­deste, la pensée en termes de générations, une vision sceptique de l'homme, la protection de la famille en tant que plus petite cellule naturelle parmi les communautés humaines, la critique à l'endroit des supersti­tions aveugles du progressisme et du technicisme, le souhait de décentralisation, le vœu de voir advenir des structures politico-administratives proches du peuple, la préférence pour les formes vitales alterna­tives, rurales et traditionnelles à la place de la civilisation urbaine caractérisée par la froideur des senti­ments: tout cela, ce sont des points de convergence où se rencontrent les idéologies conservatrices et écologiques. Enfin, ce complexe d'idées comprend également l'attachement à la petite patrie, attache­ment que les écologues n'interprètent pas dans un sens nationaliste, mais à la lettre, comme protection de l'environnement, du terroir.

 

En se revendiquant d'une «Europe des Régions», le mouvement vert, lors des élections européennes de 1979, reprenait à son compte l'héritage conservateur du fédéralisme. Aujourd'hui, ces conceptions régio­nalistes ont disparu du programme des Verts: à leur place, on trouve une profession de foi à l'endroit des structures multinationales. Plus personne, chez les “alternatifs de la gauche verte”, ne semble choqué que de telles allégeances permettent non seulement l'avénement d'un Eldorado pour les tenants d'une économie débridée visant l'expansion infinie, mais consacrent aussi la fin des exigences originelles du mouvement vert qui voulait, jadis, la décentralisation et la transparence du pouvoir. Lorsqu'on demande aux élus ou aux cadres verts d'aujourd'hui, ce qu'ils comptent mettre en œuvre pour sauver nos terroirs et notre environnement, on ne reçoit plus que des réponses condescendantes.

 

Examinons maintenant les raisons internes qui ont fait que les forces conservatrices du mouvement écologique aient été si rapidement évincées. C'est à cause de leur absence de discipline qu'elles ont été si vite démantelées au moment de la fondation des Verts; pour le dire en une formule plus lapidaire: les cadres expérimentés issus des divers groupes d'action communistes se sont avérés nettement supé­rieurs, dans le maniement des armes politiques que sont les compositions, rédactions et présentations des ordres du jour dans les diètes et les réunions d'un parti, aux masses de braves petits bourgeois qui partaient au combat sans règle. L'histoire des Verts est aussi l'histoire d'une tentative conservatrice avortée.

 

Aujourd'hui, les Verts sont un parti-mouvement situé dans le milieu des alternatifs de gauche. Dans les communes rurales, et même dans de nombreux conseils communaux, on trouve encore beaucoup de mili­tants environnementalistes parfaitement compétents et travailleurs, dont l'idéologie ne se situe pas né­cessairement à gauche, mais qui se retrouvent, peut-être un peu malgré eux, au service des Verts. Aux niveaux de la direction du parti, toutefois, on ne trouve plus que des activistes issus de groupes protesta­taires de l'extrême-gauche qui avaient jadis colonisé le milieu des sous-cultures urbaines dans les grandes villes. Ce sont eux qui déterminent les orientations fondamentales du parti.

 

Ce qui est tragique dans cette évolution, c'est que les Verts commencent à enregistrer des succès au ni­veau parlementaire, au moment où ils s'éloignent de leur noyau idéologique originel. Exiger par exemple une immigration illimitée est en contradiction flagrante avec l'idée écologique du départ qui critiquait et re­fusait l'occupation effrénée du pays, la sur-sollicitation du sol agraire et l'augmentation exponentielle de la consommation. Le philosophe Robert Spaemann constate avec pertinence: «L'idéal émancipateur (propre des “Lumières”, ndt) est incompatible avec l'assertion fondamentale de l'écologie. L'idéologie émancipatrice, que traînent les Verts à leurs basques, est tout simplement le modernisme, qui nous a conduit à l'actuelle situation de crise écologique: c'est en effet l'expansion illimitée des désirs humains sans égard pour les lois de la vie, auxquelles l'homme est irrémédiablement soumis, qui nous a conduit où nous sommes. Dans la mesure où les Verts tentent de poursuivre les objectifs de cette idéologie et veu­lent la radicaliser à l'extrême, l'idée écologique de l'origine s'effondre».

 

Si l'on tient compte de ce paradoxe philosophique et pratique, on ne s'étonne plus que la plupart des véri­tables écologues, des vrais amoureux de l'environnement, ne s'intéressent plus aux résultats électoraux des Verts et restent indifférents aux faits qu'ils mordent sur l'électorat libéral ou qu'ils soient en mesure de former de “nouvelles majorités”. De fait, que peuvent bien signifier ces résultats? Tout, sauf un succès des véritables idées écologiques! Robert Spaemann nous tient des propos sans enthousiasme, qui pour­raient bien déprimer plus d'un militant écologique. Mais son analyse autorise tout de même l'espoir: si les Verts poursuivent leur chemin dans le cul-de-sac du progressisme, ils créeront automatiquement un vide politique, où pourront s'engouffrer les partisans de l'«écologie pure». Les conservateurs parmi les défen­seurs de l'environnement doivent dès aujourd'hui se rendre compte qu'une chance s'offrira très bientôt à eux. Herbert Gruhl disait en 1988: «La droite et la gauche appartiennent au passé. Il s'agit désormais de lutter pour la sauvegarde et la perpétuation de la Vie sur cette Terre ou d'accepter son anéantissement rapide. La combat décisif entre les Préservateurs et les Destructeurs a commencé depuis longtemps. Pourquoi les Préservateurs ne s'appelaeraient-ils pas “conservateurs”?».

 

Heinz-Siegfried STRELOW.

(Article paru dans Criticón, n°145, janv.-mars 1995).

00:05 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, écologisme, politique, allemagne, histoire, conservatisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 31 janvier 2009

Mieux se nourrir, une question de vie ou de mort

Mieux se nourrir, une question de vie ou de mort

Le rapport de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) intitulé Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé est édifiant : les problèmes alimentaires représentent l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Il ne s’agit pas là d’un problème du tiers monde mais bien d’un problème mondial, touchant aussi bien pays développés (excès de l’alimentation) et sous développés (déficience de l’alimentation). Dans les seize ans à venir l’OMS prévoit ainsi que la mortalité liée aux maladies chroniques, provoquée en grande partie par les problèmes alimentaires, sera plus importante que celle provoquée par les maladies infectieuses. Des substances toxiques dangereuses qui interviennent dans la fabrication de produits de consommation courante ont d’ailleurs été trouvées dans des cordons ombilicaux.

Promouvoir une alimentation saine et équilibrée est important, non seulement pour soi-même mais aussi pour autrui : il convient de parler et d’échanger sur ces questions, de partager ce mode de vie, notamment avec les enfants par le biais de l’exemple. Pourtant, plusieurs mouvements se développent du côté de la droite libérale, réactionnaire et catholique pour combattre l’écologisme au nom du politiquement incorrect ou pour s’opposer à une divinisation de la nature qui serait annonciateur d’un retour au paganisme.

Il ne faut toutefois pas tout confondre : l’écologie dont nous parlons n’est pas ce qu’en fait par exemple un certain marché de l’automobile, c’est à dire une nouvelle propagande commerciale qui ne sert que les intérêts du marché. Il faut lire et faire lire la littérature écologiste, connaître les chiffres de l’OMS ou encore regarder des documentaires comme « nos enfants nous accuseront » qui détient quelques éléments intéressants.

Alors que faire ? Tout d’abord, surveiller nos achats. Il convient de privilégier les produits de saison, faits au plus proche du lieu de consommation et le moins transformés possible. Cela permet d’acquérir des produits de qualité qui n’ont de plus pas beaucoup d’impact sur l’environnement, au contraire des magasins biologiques qui détiennent souvent des produits qui viennent de loin : paradoxe actuel de l’alimentation biologique.

Le système des AMAP (Associations pour le Maintient d’une Agriculture Paysanne) est de ce point de vue très intéressant. Des gens s’y engagent à acheter à un producteur local un panier de produits type par semaine pendant un an. Cela permet le financement de l’agriculteur et la suppression des intermédiaires : les produits ne sont donc pas plus chers que ceux que l’on peut acheter au supermarché par exemple, à la différence des produits de magasins biologiques qui sont souvent à un prix trop élevés. Une participation active y est demandée (une journée à la ferme par exemple) et un devoir de solidarité y réside dans les difficultés que peut rencontrer un agriculteur soumis aux intempéries par exemple : il s’agit d’un réel engagement éthique.

Les produits frais ainsi obtenus nécessitent toutefois une certaine connaissance de la cuisine afin de savoir les préparer. Beaucoup opposent ainsi à ce projet un manque de temps pour cuisiner : l’on est pourtant passé de 100 000 heures disponibles par vie au XIXème siècle à 400 000 heures aujourd’hui*. Une hyper-activitée est en effet aujourd’hui auto-créée par les individus qui pensent qu’il s’agit là d’un facteur social : l’on oublie de prendre le temps. Un argument est également avancé contre les produits biologiques : leur coût. Toutefois, celui-ci serait considérablement réduit si la demande augmentait. De plus, la vente directe prônée par les AMAP permet de contourner ce problème en supprimant les intermédiaires. L’on sait également aujourd’hui qu’un supermarché est fait pour acheter toujours plus que ce qu’on était venu chercher, et que le biologique permet d’économiser sur le long terme en médicaments.

Par rapport au début du siècle, 70% des variétés de légume ne sont plus exploitées. De plus, 66 hectares de terres artificialisées s’ajoutent chaque année en France et ceci correspond à la disparition des petites fermes (200 par mois disparaissent environ). Ces petites exploitations ne sont en effet pas viables économiquement et cela conduit à la vente des bâtiments ou aux changements d’activités. Pourquoi ? En partie parce que l’on a poussé les agriculteurs à s’endetter après la guerre et à entrer ainsi dans un cercle vicieux d’obéissance aux lois du rendement. Pourtant, un agriculteur peut aujourd’hui vivre avec une dizaine d’hectares : il convient simplement de changer son mode de vie, son rapport au monde, de pratiquer la « simplicité volontaire » et non de ne penser qu’en terme de bénéfice. Les AMAP permettent d’aider ces petits agriculteurs en supprimant notamment le paiement de leur place sur le marché. Une idée serait également de créer un lien entre les AMAP et les cantines scolaires pour créer une demande plus importante et ainsi diminuer les coûts des produits. L’on pourrait également subventionner la demande plutôt que les producteurs. De plus, le système des achats direct permet aux producteurs de gérer eux-mêmes leur trésorerie et de ne plus être dépendants de la centrale d’achat qui dicte les prix.

Si les industries ont un avantage certain, notamment parce qu’ils possèdent les moyens logistiques, nous pouvons mettre en place une distribution organisée qui saura pallier à ces problèmes. Cela demande des efforts, comme tout acte politique, mais il s’agit là de projets tout à fait possibles. Le biologique n’est d’ailleurs pas une fin en soi : il s’agit de considérer les nombreux changements sociaux et sociétaux que cela implique : recréer des liens avec les agriculteurs, une communauté alternative à la marchandisation, un changement de vie personnelle.

*Jean Viard, Modes de vie et usages du temps en France. Quand l’allongement de la vie bouleverse les territoires, dans Futuribles n° 319 - mai 2006.

Source : Blog de l’Action Française

00:15 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, alimentation, diététique, santé, médecine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 15 janvier 2009

Het dogma van groen: "de aarde warmt op"

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Het dogma van groen:” de aarde warmt op”

http://klauwaert.blogspot.com

Tot voor kort had ik nog nooit gehoord van de Nederlandse klimatoloog, professor dokter Solomon Kroonenberg.
Maar dankzij een artikel in het Laatste Nieuws van afgelopen weekeinde heeft deze man mij de ogen geopend.

Er zijn nu meerdere waarnemingen die erop wijzen dat de aarde wel degelijk afkoelt.
a) Het warmste decennium van de vorige eeuw waren de jaren dertig en NIET de jaren negentig.

b) Het afsmelten van de gletsjers in het Himalayagebergte heeft weinig of niets met een opwarming te maken maar alles met een plaatselijke "atmosferische wolk" veroorzaakt door luchtverontreiniging (China?) dit volgens een recent milieurapport van de verenigde naties.

c) De middeleeuwse mens hier ten lande van ongeveer duizend jaar geleden (wat een korte tijdspanne is in de klimaatwetenschap) heeft in een tijdsbestek van enkele tientallen jaren veel hogere temperaturen gekend dan in de jaren negentig. (recent wetenschappelijk onderzoek).
d) Op het noordelijk halfrond is vorige winter de grootste hoeveelheid sneeuw gevallen sinds 1966. In de Alpen zijn nu de beste ski-omstandigheden sedert meer dan twintig jaar bekend, onder meer wat betreft de sneeuwdikte.

De stad Las Vegas in de Verenigde Staten van Amerika werd in december 2008 geteisterd door de ergste sneeuwstorm in meer dan dertig jaar. In de Alpen zijn nu de beste ski-omstandigheden sedert meer dan twintig jaar gemeld.
e) De hoeveelheid pakijs in alle oceanen is nu aangegroeid tot het niveau van 1979. Op de noordpool is de ijsksap met 500.000 vierkante meter aangegroeid in ongeveer tien maanden tijd, de aangroei in september 2008 is de grootste maandelijkse aangroei ooit opgemeten.

Volgens sommige biologen bereikt de ijsbeer alweer record aantallen.
f). Afgelopen meteorologisch jaar dat liep van december 2007 tot november 2008 was het koudste in acht jaar en dit volgens de onverdachte bron zijnde de NASA.
Goede Klauwaertvrienden, waarom horen we hier niets over in de andere media? Zou het kunnen dat deze info te veel de belangen van de groenen en andere linksen schaadt?

Die gemeenschap leeft immers van het algemeen doemdenken en van de sinistrose onder de bevolking. Men probeert de moderne mens met een schuldgevoel op te zadelen zodat hij weer maakbaar wordt en volgzaam en iedere draconische maatregel zal slikken. Een voorbeeld hiervan is de negentig km/u bij smogalarm waarvan iedere milieudeskundige weet dat het geen snars uithaalt om de luchtkwaliteit te verbeteren op korte termijn.

Laat jullie dus niet op sleeptouw nemen door deze politici informeer u en oordeel zelf.

En ja er bestaan evenzeer argumenten om aan te tonen dat de aarde zou opwarmen maar dan nog is de vraag of dit hoofdzakelijk te wijten zou zijn aan de menselijke activiteit en ook daar zijn de wetenschappers het niet over eens….

Jan zonder Land

 

mardi, 13 janvier 2009

Los supermercados y la crisis alimentario mundial

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Los supermercados y la crisis alimentaria mundial (extracto)

La crisis alimentaria ha dejado sin comida a miles de personas en todo el mundo, el Banco Mundial añade cien millones de hambrientos más fruto de la crisis actual…

Esther Vivas * (Adital 04.12.08)
El “tsunami” del hambre no tiene nada de natural, sino que es resultado de las políticas neoliberales impuestas durante décadas por las instituciones internacionales. Hoy, el problema no es la falta de alimentos sino la imposibilidad para acceder a ellos debido a sus altos precios.

Esta crisis alimentaria deja tras sí a una larga lista de perdedores y de ganadores. Entre los más afectados, se encuentran mujeres, niños y niñas,… En definitiva, aquellos que engrosan las filas de los oprimidos del sistema capitalista. Entre los ganadores, encontramos a las multinacionales de la industria agroalimentaria que controlan de origen a fin la cadena de producción, transformación y comercialización de los alimentos. De este modo, mientras la situación de crisis azota, principalmente, a los países del sur global, las multinacionales del sector ven multiplicar sus ganancias.

Monopolios

La cadena agroalimentaria está controlada en cada uno de sus tramos (semillas, fertilizantes, transformación, distribución, etc.) por multinacionales que consiguen grandes beneficios gracias a un modelo agroindustrial liberalizado y desregularizado. Un sistema que cuenta con el apoyo explícito de las élites políticas y de las instituciones internacionales que anteponen los beneficios de estas empresas a las necesidades alimenticias de las personas y el respeto al medio ambiente.

La gran distribución, al igual que otros sectores, cuenta con una alta concentración empresarial. En Europa, entre los años 1987 y 2005, la cuota de mercado de las diez mayores multinacionales de la distribución significaba un 45% del total y se pronosticaba que ésta podría llegar a un 75% en los próximos 10-15 años. En países como Suecia, tres cadenas de supermercados controlan alrededor del 95,1% de la cuota de mercado; y en países como Dinamarca, Bélgica, España, Francia, Holanda, Gran Bretaña y Argentina, unas pocas empresas dominan entre el 60% y el 45% del total. Las megafusiones son la dinámica habitual en el sector. De este modo, las grandes corporaciones, con su matriz en los países occidentales, absorben a cadenas más pequeñas en todo el planeta asegurándose su expansión a nivel internacional y, especialmente, en los países del sur global.

Este monopolio y concentración permite un fuerte control a la hora de determinar lo qué consumimos, a qué precio lo compramos, de quién procede, cómo ha sido elaborado, con qué productos, etc. En el año 2006, la segunda empresa más grande del mundo por volumen de ventas fue Wal-Mart y en el listado de las cincuenta mayores empresas mundiales se encontraban también, por orden de facturación, Carrefour, Tesco, Kroger, Royal Ahold y Costco. Nuestra alimentación depende cada día más de los intereses de estas grandes cadenas de venta al detalle y su poder se evidencia con toda crudeza en una situación de crisis.

De hecho, en abril del 2008 y frente a la situación de crisis alimentaria mundial, las dos mayores cadenas de supermercados de Estados Unidos, Sam’s Club (propiedad de Wal-Mart) y Costco (de venta a mayoristas), apostaron por racionar la venta de arroz en sus establecimientos aludiendo a una posible restricción en el suministro de este cereal. En Sam’s Club, se limitó la venta de tres variedades de arroz (basmati, jasmine y grano largo) así como la compra de sacos de arroz de nueve o más quilos a un total de cuatro por cliente; en Costco se restringió la venta de harina y de arroz frente al aumento de la demanda. En Gran Bretaña, Tilda (la principal importadora de arroz basmati a nivel mundial) también estableció restricciones a la venta de arroz en algunos establecimientos al por mayor. Con esta medida se puso en evidencia la capacidad de las grandes cadenas de distribución de incidir en la compra y venta de determinados productos, limitar su distribución e influir en la fijación de sus precios. Un hecho que ni siquiera se había producido en Estados Unidos tras la II Guerra Mundial, cuando sí se restringió el acopio de petróleo, neumáticos y bombillas, pero no de alimentos.

Cambio de hábitos

Otra dinámica que se ha puesto de relieve frente a la situación de crisis alimentaria ha sido el cambio de hábitos a la hora de hacer la compra. Ante la necesidad, por parte de los clientes, de abrocharse el cinturón y buscar aquellos establecimientos con precios más baratos, las cadenas de descuento han sido las que han salido ganando. En Italia, Gran Bretaña, España, Portugal y Francia, estos supermercados han visto aumentar sus ventas entre un 13% y un 9% el primer trimestre del 2008 respecto al año anterior.

Otro indicador del cambio de tendencia es el aumento de las ventas de marcas blancas que ya suponen, según datos del primer trimestre del 2008, en Gran Bretaña un 43,7% del volumen total de ventas, en el España un 32,8%, en Alemania un 31,6% y en Portugal y Francia alrededor del 30%. Cuando son, precisamente, las marcas blancas las que dan un mayor beneficio a las grandes cadenas de distribución y permiten una mayor fidelización de sus clientes.

Pero más allá del papel que la gran distribución pueda jugar en una situación de crisis (con restricciones a la venta de algunos de sus productos; cambios en los hábitos de compra, etc.), este modelo de distribución ejerce a nivel estructural un fuerte control e impacto negativo en los distintos actores que participan en la cadena de distribución de alimentos: campesinos/as, proveedores, consumidores/as, trabajadores/as, etc. De hecho, la aparición de los supermercados, hipermercados, cadenas de descuento, autoservicios…, en el transcurso del siglo XX, ha contribuido a la mercantilización del qué, el cómo y el dónde compramos supeditando la alimentación, la agricultura y el consumo a la lógica del capital y del mercado
*Coautora del libro Supermercados, no gracias (Icaria editorial, 2007)
Autor: Esther Vivas- Fecha: 2009-01-06