lundi, 25 novembre 2024
Le nouveau cap de l'Amérique: la révolution des élites
Le nouveau cap de l'Amérique: la révolution des élites
Ensemble, ils vont révolutionner les Etats-Unis et le monde: les génies Elon Musk et Donald Trump
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/11/amerikas-neuer-kurs-revol...
Après une victoire électorale décisive des républicains, les Etats-Unis sont à l'aube d'un tournant géopolitique qui pourrait ébranler fondamentalement l'Europe et l'ordre international. Avec une jeune élite technophile et des soutiens de milliardaires de la Silicon Valley, une nouvelle génération conservatrice s'apprête à changer radicalement de politique étrangère. Ce cours promet une « révolution des élites » qui pourrait remplacer l'approche actuelle basée sur les alliances. La stratégie des républicains a le potentiel de poser des défis majeurs à l'Europe et de modifier les rapports de force mondiaux d'une manière sans précédent depuis la fin de la guerre froide.
Les républicains en tant que révolutionnaires élitaires
La nouvelle équipe dirigeante des Républicains, menée par des personnalités comme J. D. Vance et soutenue par des magnats influents de la technologie comme Peter Thiel et Elon Musk, bouleverse les équilibres politiques. Thiel, cofondateur de Palantir, dont la technologie soutient les forces armées de l'Ukraine, et Musk, avec son programme Starlink, qui permet des communications militaires, symbolisent un mouvement connu sous le nom de « dynamisme américain ». L'idée sous-jacente est claire : l'avance technologique des États-Unis doit être assurée par des développements high-tech avancés et la sécurité nationale doit ainsi être garantie à long terme.
Dans ce contexte, Elon Musk est considéré comme un acteur central de la nouvelle stratégie républicaine, notamment en raison de son rachat de la plateforme Twitter (désormais X). En contrôlant l'une des plateformes de communication les plus influentes au monde, Musk a offert aux républicains une tribune directe pour leurs idées et aux partisans de Donald Trump un retour dans le discours politique. L'achat de X a permis aux républicains de diffuser leurs messages dans un environnement de plus en plus considéré comme exempt des restrictions et des directives des médias traditionnels, qui étaient perçus comme plus censurés par les démocrates. Ainsi, Musk n'a pas seulement influencé la politique républicaine par le biais de projets technologiques et militaires, mais a également modifié fondamentalement la communication politique et a préparé le terrain pour une victoire républicaine.
« Ce n'est pas une restauration conservatrice », commente un initié, “mais une révolution technologique”. Contrairement aux démocrates, qui poursuivent un rajeunissement prudent des structures de leur parti, le cours républicain mise sur des décisions rapides et risquées. L'objectif est de mener à la tête des Etats-Unis une génération d'élites radicalement ambitieuses, rompues aux techniques militaires et technologiques - et d'affirmer ce leadership sans contestation sur la scène internationale.
La domination technologique par l'isolationnisme
L'une des stratégies les plus remarquables des nouveaux républicains est le projet de passer pour un certain temps à une phase d'isolationnisme. Au lieu de s'engager dans des conflits internationaux, les Etats-Unis veulent se concentrer sur leur propre développement. Ce « plan d'isolement de cinq ans » doit servir à développer l'indépendance technologique et économique et à renforcer la production nationale. « Nous n'avons pas besoin de partenariats, nous avons besoin d'une autonomie dominante », tel est le mantra de la nouvelle élite.
Alors que les Etats-Unis réduisent les interdépendances économiques pour une période de transition et mettent l'accent sur le renforcement de la force de production nationale, cette stratégie vise en fin de compte à inaugurer une nouvelle ère de « l'avance technologique américaine ». Celui qui est à la pointe de la technologie n'a plus besoin, selon le calcul, d'alliances complexes. Mais ce cours signifie plus qu'un simple changement de l'équilibre du pouvoir: il comporte d'énormes risques pour la stabilité sociale au sein des Etats-Unis, car la concentration sur une élite militaro-technologique accentue encore la division sociale et le déséquilibre dans le pays. La population américaine pourrait continuer à se diviser en raison de cette orientation, car la richesse et le pouvoir restent concentrés entre les mains d'une petite élite et de larges couches de la population sont encore plus marginalisées sur le plan économique.
Les lignes de front géopolitiques se déplacent
Le cours isolationniste des républicains n'est pas seulement un projet interne à l'Amérique. Il vise à redéfinir les priorités stratégiques des Etats-Unis tout en endiguant les concurrents géopolitiques comme la Chine et la Russie. Au lieu d'intervenir dans des conflits globaux, les républicains prévoient d'empêcher les hégémonies régionales par des provocations ciblées - que ce soit en Asie de l'Est par des escalades autour de Taïwan ou au Proche-Orient par le renforcement de la position israélienne contre l'Iran.
Pour l'Europe, cette évolution représente une charge considérable. Sans le soutien total des États-Unis, l'UE est contrainte de s'appuyer sur ses propres structures de défense. Or, l'Europe a largement profité de la structure de sécurité dirigée par les États-Unis au cours des dernières décennies et ne serait peut-être pas en mesure de réagir de manière autonome aux crises mondiales. Le risque est que l'UE soit contrainte de se soumettre au techno-nationalisme américain ou de se libérer péniblement de sa dépendance en matière de politique de sécurité.
La voie la plus évidente : l'indépendance ou le déclin
L'Europe se trouve à la croisée des chemins : va-t-elle continuer à se lier aux Etats-Unis et devenir ainsi un pion géopolitique, ou l'UE parviendra-t-elle à développer ses propres intérêts en matière de politique de sécurité et d'économie, déconnectés des plans américains ? L'époque où l'Europe pouvait s'installer confortablement à l'ombre de la « communauté de valeurs » américaine pourrait bientôt être révolue. Face à une stratégie américaine tournée vers l'intérieur et dominée par une élite technologico-militaire, l'Europe est contrainte de prendre conscience de sa dépendance et de se forger une plus grande autonomie.
Le conflit interne aux Etats-Unis met en évidence les clivages idéologiques entre démocrates et républicains. Les démocrates misent sur une réforme prudente des élites et risquent ainsi, à long terme, de n'aborder qu'insuffisamment le changement social. Les républicains, en revanche, défendent un agenda radical qui mise sur une restructuration rapide et un renforcement du pouvoir technologique et militaire, mais sans tenir compte des conséquences sociales. Il pourrait s'agir d'un point de tension central des années à venir, qui influencera profondément tant la société américaine que les relations transatlantiques.
Conclusion : l'image de soi de l'Europe au banc d'essai
Les nouveaux républicains misent sur une stratégie qui allie domination technologique, force militaire et isolement temporaire. Alors que les Etats-Unis se tournent vers l'intérieur et que les tensions sociales risquent de s'accroître, le monde extérieur sera confronté à une autre Amérique, plus radicale, plus encline à prendre des risques et moins encline au compromis. L'Europe doit se demander si elle veut suivre cette voie ou se redéfinir. Les années à venir pourraient changer complètement la relation transatlantique actuelle et provoquer une crise de l'identité européenne.
(Cet article a d'abord été publié sur eagleeyeexplore.com)
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Allemagne: entre la coalition "feu tricolore", les BRICS et l'éternel drame de la perte de souveraineté
Allemagne: entre la coalition "feu tricolore", les BRICS et l'éternel drame de la perte de souveraineté
Par Marcelo Ramírez
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/alemania-entre-la-coali...
L'Allemagne, le pays que tout le monde peut placer sur la carte, mais dont peu comprennent vraiment quelque chose au-delà du nom de son ex-chancelière. La politique allemande, clé de l'Europe, reste enveloppée d'une sorte de nuage d'ignorance pour ceux qui n'y vivent pas. Il est pourtant crucial de le percer, car ce qui se passe à Berlin déterminera, pour le meilleur ou pour le pire, l'avenir de l'Europe, le conflit en Ukraine et même l'échiquier géopolitique mondial.
Pour commencer, parlons des partis traditionnels. La CDU/CSU, cette vieille gloire conservatrice qui a dominé l'Allemagne pendant des décennies, a donné au monde des figures comme Angela Merkel, la « mère » de l'Europe, qui, entre 2005 et 2021, a gouverné d'une main qui semblait ferme, mais dont le régime a fini par se muer en un festival de pragmatisme au service du mondialisme. Aujourd'hui, sous la houlette de Friedrich Merz et Markus Söder, ils tentent de raviver un peu de l'éclat perdu. Mais la réalité est qu'après le départ de Merkel, le parti a été réduit à une coquille vide qui n'est plus aussi convaincante qu'auparavant.
De l'autre côté du spectre, nous avons la SPD, la social-démocratie dirigée par Olaf Scholz, qui occupe actuellement le poste de chancelier. Scholz est arrivé au pouvoir en promettant de renforcer l'économie et la justice sociale, mais le consensus entre les Allemands semble avoir lamentablement échoué. Il est accompagné de Lars Klingbeil, qui tente, sur un ton plus technocratique, de maintenir le navire à flot alors que l'eau s'infiltre de toutes parts.
Les Verts et les Libéraux : une coalition qui ne décolle pas
La coalition "feu tricolore" - SPD, Verts et FDP - semblait être le rêve humide du mondialisme: justice sociale, environnementalisme extrême et économie libérale dans un seul et même paquet. Cependant, comme c'est souvent le cas, gouverner est un exercice différent de ce qu'annonçaient les promesses électorales. Les Verts, menés par des personnalités telles que Robert Habeck (ministre de l'économie et du climat) et Annalena Baerbock (ministre des affaires étrangères), sont apparus comme de fervents défenseurs de la guerre en Ukraine et de l'agenda climatique radical. Il est intéressant de noter que leurs politiques ont peu contribué à sauver la planète, mais beaucoup à ruiner l'économie allemande.
Pour sa part, la FDP - le parti libéral - apporte une logique de marché qui s'oppose aux promesses sociales de ses partenaires. Son leader, Christian Lindner, vient de démissionner, laissant Scholz sans majorité et le gouvernement en crise. L'excuse officielle est celle de « divergences insurmontables », mais ce qui se passe en réalité, c'est que personne ne veut rester sur un navire en train de couler.
La gauche est fragmentée et la dite "extrême droite" est diabolisée
À gauche, Die Linke lutte pour se maintenir tout en faisant face à la concurrence interne de la nouvelle Alliance Sarah Wagenknecht (BSW). Cette dernière, dirigée par la charismatique Wagenknecht, propose une gauche nationaliste, populiste et plus pragmatique sur les questions sociales et économiques. Si elle condamne la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, elle n'ose pas embrasser ouvertement une politique pro-russe. Cependant, elle critique ouvertement les politiques de guerre qui, selon elle, détournent l'attention des vrais problèmes.
À l'autre bout du spectre, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) se développe comme un croquemitaine, ainsi qu'elle est décrite par la presse internationale. Critique à l'égard de l'immigration, des politiques wokistes et de l'Union européenne, l'AfD prône une approche plus nationaliste et pragmatique, allant même jusqu'à prôner des relations équilibrées avec la Russie. Que fait la presse mondialiste? Elle diabolise ses animateurs en les qualifiant d'« extrême droite » afin que personne n'ose les prendre au sérieux.
Le dilemme énergétique et le sabotage de Nord Stream
C'est ici que le véritable drame allemand entre en jeu: la dépendance énergétique et le sabotage du gazoduc Nord Stream. Alors que l'AfD appelle au pragmatisme et à la coopération avec la Russie pour garantir une énergie bon marché, les Verts et le SPD préfèrent détourner le regard. Le discours officiel accuse la Russie d'être responsable de l'attaque du gazoduc, une accusation aussi ridicule que de penser que l'on brûlerait sa propre maison pour protester contre son voisin.
La réalité est que l'Allemagne, au lieu d'exiger une enquête sérieuse, a adopté le discours de la « décarbonisation » pour justifier sa dépendance à l'égard des États-Unis. Et ce, bien sûr, au nom d'une « souveraineté énergétique » qui n'existe que dans le discours politique.
Le facteur BRICS et l'avenir incertain
Au milieu de ce chaos, Sarah Wagenknecht fait une proposition qui ébranle les fondements de la politique allemande: un rapprochement avec les BRICS comme alternative à la vassalité américaine. Selon Sarah Wagenknecht, sans cette alliance stratégique, l'Allemagne tombera dans une récession terminale tandis que Washington extraira le peu qu'il reste de son économie et de ses talents.
Il est intéressant de noter que l'AfD a également montré de l'intérêt pour les BRICS, reconnaissant le potentiel de diversification des relations internationales et de réduction de la dépendance vis-à-vis des institutions occidentales telles que le FMI et la Banque mondiale. Même Die Linke, bien qu'avec des réserves, reconnaît l'importance d'explorer cette voie.
Conclusion : où va l'Allemagne ?
Le scénario allemand pose une énigme stratégique: l'Allemagne sera-t-elle capable de briser ses chaînes avec Washington et de construire un axe avec Moscou qui transformera l'Europe? Pour l'instant, la réponse semble être négative. L'Allemagne a perdu la guerre, et avec elle, sa capacité de décision souveraine. Tout dépend si Trump, à son retour au pouvoir, décidera de laisser l'Europe à elle-même, en permettant aux nationalismes de resurgir, ou si le contrôle anglo-saxon se perpétuera une fois de plus.
Ce qui est clair, c'est que le modèle actuel - basé sur des politiques wokistes, des alliances dysfonctionnelles et une dépendance aveugle aux États-Unis - est voué à l'échec. L'Allemagne devra choisir entre l'insignifiance mondiale et un changement historique vers un ordre multipolaire. Et ce choix définira non seulement son avenir, mais aussi celui de l'Europe dans son ensemble.
Vidéo (en langue espagnole) : https://www.youtube.com/watch?v=nWyKeGKBpb0
18:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, allemagne, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Realpolitik sans la réalité
La Realpolitik sans la réalité
par Andrea Zhok
Source: https://telegra.ph/La-realpolitik-senza-realt%C3%A0-11-21-2
Apparemment, aux États-Unis, le président sortant Biden, vaincu et désavoué par son propre entourage qui le jugeait inapte à poursuivre son rôle de dirigeant, a autorisé l'Ukraine à utiliser ses missiles ATACAMS à longue portée (300 km) pour frapper des cibles en territoire russe.
La position américaine a été suivie par la France, qui autorisera l'utilisation en haute mer des SCALP, et par le Royaume-Uni, qui autorisera l'utilisation des STORM SHADOW.
Dès le premier jour du conflit russo-ukrainien, ou « opération spéciale » comme on l'a appelé, il était clair pour tous ceux qui n'étaient pas de mauvaise foi qu'une défaite militaire de la Russie par l'Ukraine + l'OTAN était inconcevable, sauf sous la forme d'une Troisième Guerre mondiale.
Personne ne pouvait penser un instant que si la Russie se trouvait en grande difficulté sur le champ de bataille dans une guerre conventionnelle, elle accepterait simplement une défaite stratégique sur son propre territoire. La seule possibilité d'une défaite russe qui ne passe pas par un holocauste nucléaire est un effondrement de l'économie dû aux sanctions, mais une fois que cette voie s'est avérée impraticable, la voie de la domination militaire est évidemment exclue. Un empire de la taille de celui de la Russie ne peut pas maintenir un contrôle central généralisé sur tous ses territoires. Son existence est permise et alimentée par la certitude perçue de l'unité du pays à l'avenir. Une défaite stratégique signifierait une dissolution interne et ce n'est pas quelque chose que Poutine, ou celui qui lui succédera, pourrait permettre sans recourir à toutes les options disponibles.
Cette image était évidente dès le départ.
C'est pourquoi, ainsi que pour des raisons humanitaires évidentes, la voie du compromis et d'une paix rapide aurait dû être suivie immédiatement.
Comme nous le savons, les pourparlers de paix, basés sur une reprise des accords de Minsk II, ont été systématiquement boycottés, non pas par Zelenski, mais par l'OTAN. Il a fallu l'intervention directe de Boris Johnson pour faire capoter l'accord déjà presque conclu à Istanbul quelques semaines après le début du conflit.
Aujourd'hui, après deux ans et demi de conflit, l'Ukraine est réduite à 29 millions d'habitants (elle en comptait 52 en 1993, et 41 à la veille du conflit). Le système d'infrastructure est dévasté. Le système économique est en fait en faillite et maintenu artificiellement en vie par les paiements occidentaux (non remboursables, mais surtout sous forme de prêts).
Une atmosphère surréaliste règne depuis longtemps à l'intérieur du pays, avec de véritables chasses à l'homme pour envoyer tous les hommes valides au front. Des scènes horribles de personnes kidnappées en pleine rue, battues puis entassées dans une camionnette pour être envoyées comme de la viande fraîche sur la ligne de front ont été vues des milliers de fois aujourd'hui (mais non pas, bien sûr, dans les médias menteurs de la communication grand public).
Dans ce contexte, nous voyons des gens comme Soros Jr (parce qu'en Occident, nous avons restauré les dynasties) se réjouir sur les médias sociaux de la décision de Biden (« C'est une grande nouvelle ! »).
Bien sûr, tout le monde, mais vraiment tout le monde, sait qu'une telle décision ne signifie que trois choses :
1) plus d'argent dans les poches de l'industrie de la guerre ;
2) plus de morts et de destructions parmi les personnes qui ne sont pas au front (les Russes et les Ukrainiens seront plus nombreux à être touchés à l'intérieur des terres) ;
3) un risque accru d'escalade vers la troisième guerre mondiale.
En revanche, absolument rien ne change ou ne peut changer de cette manière en ce qui concerne l'équilibre sur le terrain, où la Russie a conquis plus de territoire au cours du dernier mois que pendant toute la contre-offensive de l'année dernière.
En pratique, une fois de plus, les classes dirigeantes occidentales prouvent qu'elles n'ont que les défauts de la Realpolitik, mais pas ses mérites.
En effet, il est possible d'imaginer des choix de Realpolitik faits avec un cynisme froid, sachant qu'ils coûteront de nombreuses vies, et pourtant opter pour eux en sachant qu'ils peuvent atteindre des objectifs stratégiques à long terme (certainement un tel choix a été celui fait par Poutine avec le franchissement de la frontière ukrainienne en février 2022). Il s'agit de choix machiavéliques et amoraux, mais défendables en termes de rationalité collective à long terme, typique d'organismes complexes tels que les États et les empires.
Les choix occidentaux d'aujourd'hui, au lieu de relever de la Realpolitik, ne font montre que de cynisme, mais sans aucun contact avec la réalité.
Ils sont prêts à manœuvrer les êtres humains sur l'échiquier de l'histoire comme des pions dont on peut se passer librement, sauf qu'ils ne sont pas des maîtres d'échecs mais des singes de théâtre, des Zampanòs modernes en version brillante.
Mais, dira-t-on, derrière les clowns qui s'agitent sur la scène, derrière les bouchers qui servent à récolter des voix dans les talk-shows, il y a peut-être une puissance obscure, peut-être avec un agenda obscur, mais rationnelle à sa manière, non? Bien sûr, ce ne sont pas les Biden ou les Scholz qui mènent la barque, mais il y a peut-être des manœuvres derrière, le fameux «Deep State»?
Et malheureusement, ceux qui pensent en ces termes sont encore trop optimistes, car ils humanisent et rationalisent l'oligarchie des manœuvriers, en en faisant un nouveau Sauron: sombre, maléfique, mais à sa manière rationnel.
Mais non, la situation est bien pire. L'oligarchie des manipulateurs en coulisses existe bien sûr, mais elle n'est ni un parti, ni une association secrète, ni une secte, mais un ensemble mobile de partis, d'associations secrètes, de sectes, de lobbies divers, totalement incapables de planifier le mal, même à long terme; très capables, en revanche, de tenir la barre à tribord de leur propre intérêt économique à court et moyen terme. Et c'est le seul élément qui les relie en profondeur.
Ce qui facilite la réalisation de cet intérêt est autorisé et promu par certains. Ce qui entrave cet intérêt est bloqué, censuré, défini. Dans un mécanisme «darwinien», les idées, les idéologies, les initiatives culturelles, les journaux, les personnalités qui sont favorables sont autorisés, favorisés, se reproduisent, se développent. Les autres languissent dans la misère. C'est ainsi que prend forme une sorte d'« idéologie » de l'« État profond », que personne n'a conçue et qui est de nature purement superstructurelle.
Le résultat global est ce que nous pouvons appeler l'empire du cynisme sans tête.
Nous avons construit une énorme machine à tuer, immensément complexe et destructrice, et dans le cockpit, nous avons placé une bande de singes qui tripotent les commandes.
17:41 Publié dans Actualité, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andrea zhok, actualité, ukraine, europe, realpolitik, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Hans-Georg Maaßen critique la politique belliciste de la CDU: Stop aux fauteurs de guerre !
Hans-Georg Maaßen critique la politique belliciste de la CDU: Stop aux fauteurs de guerre !
Source: https://report24.news/hans-georg-maassen-kritisiert-krieg...
L'ancien président des services de renseignement intérieurs allemands et actuel chef de la WerteUnion, Hans-Georg Maaßen, s'en prend à son ancien parti. « Les fauteurs de guerre de l'Union, le binôme Merz-Kiesewetter doivent être arrêtés », déclare le politicien conservateur. Ce dernier critique le soutien inconditionnel de la CDU à l'Ukraine, une position qui, selon lui, pourrait plonger l'Allemagne dans une nouvelle guerre mondiale.
Friedrich Merz a récemment déclaré que l’une de ses premières actions en tant que futur chancelier fédéral serait de poser un ultimatum à Moscou concernant l’Ukraine, comme l’a rapporté Report24. Une des raisons de cette posture est aussi la fidélité quasi religieuse de l’Union à l’alliance transatlantique, se soumettant sans réserve à la volonté de l’establishment de Washington.
Hans-Georg Maaßen, ancien homme fort de la CDU et ex-président de l’Office fédéral de protection de la Constitution, critique ouvertement cette position depuis qu'il est à la tête de la nouvelle formation conservatrice WerteUnion. Selon lui, cette stratégie mènera l'Allemagne à un conflit avec la Russie. « L’Allemagne ne doit pas redevenir un champ de bataille pour une guerre mondiale », insiste-t-il. Pour cette raison, il est impératif de stopper les « fauteurs de guerre de l'Union, Merz et Kiesewetter ».
Cela montre qu’il existe encore, même parmi les centristes, des voix fortes qui expriment la raison, pour qui les intérêts allemands priment sur ceux d’un establishment transatlantique obsédé par la guerre. L’Allemagne tirerait un avantage géopolitique bien plus grand d’une architecture sécuritaire eurasienne commune que d’un alignement unilatéral sur les États-Unis, qui ne mène qu’à des confrontations et des guerres. Maaßen semble en être conscient.
16:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, europe, affaires européennes, cdu, werteunion, hans-georg maassen | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 24 novembre 2024
Un nouvel acte de guerre contre l'Europe
Un nouvel acte de guerre contre l'Europe
Par Daniele Perra
Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/un-nuovo-atto-di-...
La décision de l’administration Biden d’autoriser le régime de Kiev à frapper le territoire russe avec des missiles fabriqués aux États-Unis est irresponsable, tant par son timing que par ses modalités, surtout si l’on considère la nouvelle "doctrine nucléaire" récemment présentée par Moscou. En termes de dialectique politique interne, cela constitue un affront à la promesse de "transition pacifique" du pouvoir entre les deux présidences et représente un nouveau chapitre dans la lutte entre les anciennes et les nouvelles oligarchies américaines. Géopolitiquement, à moyen terme, cela ne compromet pas particulièrement le plan de la nouvelle administration trumpiste visant à un désengagement progressif des États-Unis du conflit (mais pas de l’Europe – il est important de le souligner – à qui sera imposé le fardeau militaire par une augmentation constante des dépenses militaires).
Deuxièmement, il convient de rappeler que l’Ukraine frappe le territoire russe depuis 2022. Il n’y a pas de "permission de frapper le territoire russe". Il s’agit d’une autorisation d’utiliser des armes fabriquées aux États-Unis pour frapper le territoire russe. Enfin, cette autorisation est limitée à la seule zone des opérations dans la région de Koursk, où les troupes ukrainiennes et les mercenaires, après un élan initial, battent en retraite de manière abrupte et sont proches de la capitulation. Il n’y a donc aucune autorisation pour frapper en profondeur le territoire russe.
À cet égard, il est important de rappeler que l’opération de Koursk avait été planifiée par l’OTAN (et particulièrement par les Britanniques) pour au moins trois raisons: détourner les Russes du Donbass (tentative échouée); donner à Kiev un levier de négociation (tentative partiellement échouée, compte tenu du risque que les troupes ukrainiennes restantes dans la région se retrouvent dans un véritable chaudron); et utiliser l’interruption des approvisionnements en gaz transitant par cette région pour faire pression sur certains pays européens récalcitrants (notamment la Hongrie, la Slovaquie, et indirectement l’Allemagne et l’Italie).
Dans l’ensemble, l’initiative de Koursk, malgré les avis de certains experts en stratégie militaire (qui, depuis 2022, n’en ont pas réussi une seule, à vrai dire), s’est soldée par un échec substantiel. La décision des États-Unis n’est pas un énième "tournant du conflit". Et sur le plan militaire, elle n’aura aucun effet sur ses résultats finaux. C’est tout simplement un nouvel acte de guerre contre l’Europe. Cela, malgré les déclarations de principe et de propagande, ne déplaît pas du tout à la nouvelle administration Trump, qui voit en l’Europe et la Chine ses principaux rivaux.
J’ai parlé de "moyen terme" car les premières mesures de la nouvelle administration seront axées sur le front intérieur. À cet égard, la nomination d’Elon Musk et de Vivek Ramaswamy (un autre personnage qui considère Israël comme une "nation divine") au Département de l’efficacité gouvernementale sera entièrement orientée vers la réduction des dépenses publiques. En d’autres termes, nous parlons de licenciements massifs. Ironique que cela soit fait par ce même Musk qui a bénéficié pendant des années de subventions publiques.
21:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, ukraine, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'épiphanie de la lumière et du feu
L'épiphanie de la lumière et du feu
Luc-Olivier d'Algange
Le Feu est sans doute le roman le plus autobiographique de D'Annunzio, quand bien même il n'entretient que des rapports fort lointains avec ce qui se nomme aujourd'hui « auto-fiction » appellation vague, comme souvent les formules récentes qui veulent redonner à de vieilles coutumes l'attrait pédantesque du « nouveau ». D'Annunzio, pas davantage que son lointain disciple Mishima, n'a besoin de ces subterfuges : ses poèmes, ses romans, ses discours disent sa vie qui s'invente au fur et à mesure comme une œuvre d'art.
Faire de sa vie une œuvre d'art, certes, c'est porter un masque – larvatus prodeo – mais un masque qui dit plus que la vérité, et non autre chose. Mishima débuta son œuvre par les Confessions d'un masque, non pour s'en dissimuler mais pour s'en révéler, s'en revoiler, - donc se montrer comme il serait impossible de le faire par un simple état-civil ou un récit aux prétentions objectives ou réalistes. D'Annunzio, d'emblée, posa sur son visage le masque de l'Aède, - pour que sa vie soit, plus vaste que lui-même, à la mesure du Tragique et et de la Joie, toujours indissociables, mais aussi par conscience aiguë que cette fonction choisie participe d'une impersonnalité active, d'une portée qui, sous le masque, dépasse infiniment ce « moi » psychologique et social auquel les biographes, parfois, sont tentés de réduire leur objet. Un auteur est auteur par vertu d'auctoritas, - qui, par étymologie, ainsi que le rappelle Philippe Barthelet, désigne « la vertu qui accroît ». Lorsque tout conjure à nous diminuer, il faut s'accroître, - et s'accroître non pour prendre et avoir, selon la commune ambition des cupides, mais s'accroître pour faire resplendir et jouir, s'accroître pour donner. L'épitaphe de D'Annunzio le dit parfaitement : « J'ai ce que j'ai donné ».
A D'Annuzio lui-même il fut beaucoup donné, mais recevoir est un art que peu conçoivent. Naître en Italie, recevoir ses dons de la terre des Abruzzes, et les recevoir avant, - de peu hélas, - la globalisation uniformisatrice, recevoir à la fois la Goia et la Morbidezza, les recevoir aussi, par « la blonde voile carguée de la salle d'étude » selon la formule de Montherlant, par une attention aux Lettres classiques qui lui livre le secret des syllabes d'or de Virgile, le nautonier, et de tous les autres, poètes, historiens, philosophes, - le privilège de D'Annuzio fut de faire de cette chance prodigieuse une fidélité, un devoir, une annonciation ainsi que le préfigure l'Ange de son nom. Ceux qui en resteront au D'Annunzio esthète décadent, sorte de Des Esseintes ornant sa tortue de pierreries, passeront à côté de l'ingénuité d'annunzienne, force qui va.
Je ne puis me défendre d'une certaine nostalgie pour le monde qui rendit possible D'Annunzio, - comme telle terre et tel climat rendent possible un vin profond, - et le glorifia. Ce monde prouvait ainsi qu'il ne se détestait pas encore, que les morose reniements ne l'atteignait pas, et enfin, que l'envie, la sinistre envie, - le plus stupide des péchés car il est à lui-même son propre châtiment, sans avoir été précédé d'aucun plaisir,- n'avait point encore étouffé l'admiration qui dilate les cœurs. Ni son génie, ni son savoir, ni ses innombrables conquêtes féminines, ni son faste d'endetté perpétuel digne d'un prince de la Renaissance ne le livrait pas alors à de notables vindictes, haines suries. Ceux qui le connurent notent que lui-même ne disait du mal de personne. Sans doute n'avait-il nul besoin de ce piètre subterfuge de la vanité planquée. On connaît le mot d'Oscar Wilde : « Dire du mal des autres est une façon malhonnête de se vanter soi-même. » D'Annunzio, lui, se vantait ingénument, dans cet « esprit d'enfance retrouvé à volonté » selon la définition baudelairienne du génie.
Comment eût-il dilapidé son temps à médire d'autrui alors qu'il se songeait, en ses contrées, avec Virgile et Dante, l'une des trois stations décisives de l'esprit immémorial du poème absolu, dont tous les autres poètes n'étaient que les intermédiaires et les passeurs. Orgueil ingénu dont dont on peut sourire, mais d'autres ne furent pas en reste. Ne citons que Byron, Chateaubriand ou Hugo, - auquel par ses « tables » spirites tous les esprits de et tous les temps s'adressèrent, y compris l'Esprit de l'Abîme et la Mort elle-même. Pour aller loin, il faut venir de loin. La formule vaut doublement ; il faut venir de loin dans sa propre civilisation pour en porter aux contemporains la plus exquise et violente provende ; il faut venir de loin dans le temps lui-même, qui n'est pas seulement un temps historique, mais un temps cosmique, se souvenir de la profondeur du temps, de cet « azur qui est du noir » selon la formule de Rimbaud, - profondeur physique autant que métaphysique, organique et harmonique, pulsation fondamentale dont naît toute prosodie.
Sans doute est-ce là un des secrets du « carpe diem » que D'Annunzio pratiqua à sa manière. Bien cueillir, saisir sa chance, cela n'est donné qu'à ceux qui savent que le temps n'est pas ce qu'il paraît être à ceux qui ne le perçoivent que linéaire, courant vers une fin utile. Otium contre negocium, affirmation contre négation, - la condition nécessaire suppose un dégagement farouche, un recours à des libertés perdues et des vastitudes oubliées. Son vœu, son aveu, faire de sa vie une œuvre d'art, suppose que jamais la fin ne justifie les moyens. C'est ainsi, précisément, que l'oeuvre d'art est une courbe qui va d'une nuit antérieure à une nuit ultérieure en passant par tous les fastes chromatiques du drame solaire pour revenir sur elle-même, en cet Ourouboros qui figurera sur le blason de Fiume.
Venir de loin, aller loin, venir de la pierre, du végétal, de la lumière sur l'eau près de l'horizon, et aller plus loin que l'humain, non selon quelque absurde théorie darwinienne, mais simplement par le courage d'être soi - à nul autre pareil, non comme sujet mais comme instrument de connaissance - d'être soi, dans ce double regard platonicien, à la fois ici et maintenant et dans l'allée des cyprès, comme il est dit sur les feuilles d'or orphiques, - où il nous faudra choisir « entre la source de Léthé et celle de Mnémosyne ».
Ce que nous pouvons saisir de façon synchronique, par un regard rétrospectif sur la vie et l'oeuvre de D'Annunzio, ce roman, Le Feu, en offre une vision diachronique. Nous y voyons le démiurge éclore de l'écorce morte de l'homme asservi. La temporalité du roman dispose aux autres temporalités, celles du poème, de la confession, du théâtre, elle en décrit la genèse et nous donne à comprendre quel esprit fut épris, et pour quelle exigence, du « don olympien » au point d'y régler son existence dans une coïncidentia oppositorum de l'hédonisme le plus luxueux et de l'ascétisme le plus martial. Tout sacrifier pour ne rien sacrifier, « brûler sans jamais se consumer », sachant qu'il est des sacrifices qui crapotent et d'autres qui s'élèvent en flammes hautes, « feu mêlé d'aromates » comme le disait Héraclite, flammes de joie que Venise protège en ses « créatures idéales » car elles vivent, par la vertu du double-regard, dans tout le passé et dans tout l'avenir : « En elles, nous découvrons toujours de nouvelles concordances avec l'édifice de l'univers, des rapprochements imprévus avec l'idée née de la veille, des annonces claires de ce qui n'est chez nous qu'un pressentiment, d'ouvertes réponses à ce que nous n'osons demander encore ».
Le roman sera ce nécessaire espace intermédiaire entre la nostalgie et le pressentiment, entre la géologie de la conscience et sa fleur ultime, la plus légère ; entre le cosmos et l'absolue solitude humaine : « Et il dénombra les aspects de ces créatures toujours diverses ; il les compara aux mers, aux fleuves, aux prairies, aux bois, aux rochers, il en exalta les auteurs (…), ces hommes profonds qui ne savent pas l'immensité des choses qu'ils expriment ». Le roman sera le récit de ce « ne pas savoir encore ». Le sensible est préfiguration de l'intelligible, la physis, le préambule de la métaphysique, - laquelle, comme son nom l'indique, vient après, - de cette zone encore inconnue du futur où le temps sera pour nous, et non seulement en lui-même, « l'image mobile de l'éternité » selon la formule de Platon, - l'esprit alors transformé « in una similitudine di menta divina ».
Pour nous et non seulement en lui-même, - toute l'annonce se révèle dans cette similitude désirée, sempiternelle « aspiration des hommes à franchir le cercle de leur supplice quotidien ». La grande amitié de D'Annunzio, sa générosité, fut de vouloir accompagner cette aspiration, ne point la garder pour soi, la favoriser, y compris, ensuite, dans l'action, dans la belle utopie libertaire et sociale de Fiume, - laquelle, au contraire d'autres utopies, hélas réalisées, voulut garder mémoire, ne pas être « table rase », mais « palpitation des Hamadryades et souffle de Pan », ressac du beau passé « génie victorieux, fidélité d'amour, l'amitié immuable, suprêmes apparitions de sa nature héroïque », dressés, vivaces, contre « l'oppression de l'inertie et l'ennui amer ». Le Feu est le récit de cette attente, de cette attention, de cette victoire ingénue : « Et toute l'innocence des choses qui naissaient pénétrait en nous ; et notre âme revivait je ne sais quel rêve de notre lointaine enfance... INFANTIA, la parole de Carpaccio ».
Comment ne pas être alors en butte aux adultes, autrement dit aux adultérés de « l'ennui amer ». Dénigrer la grandeur fut, de tous temps, le triste divertissement du Médiocre; tenu à quelque en-deçà de la vie, il s'indigne de ceux qui n'y consentent pas. N'ayant rien à faire valoir, aucun talent, aucun style, qui l'eût à son tour rangé dans la catégorie des conspués, - il ne lui reste enfin que la morale moralisatrice et de nous redire, avec une délectation morose, que les hommes de talent ou de génie, furent de méchants hommes. Un film récent sur la dernière période de la vie de D'Annunzio dans sa luxueuse résidence surveillée, s'intitule justement Il cativo poeta, le méchant poète, on oserait dire le méchamment poète. Cativo se dit aussi de l'enfant turbulent, indiscipliné, débordant d'énergie. Comme Fernando Pessoa, D'Annunzio fut un « indisciplineur » au seuil des temps qui allaient connaître la société de contrôle, annoncée, entre autres, par Foucault et Huxley.
Comme Dante lance Virgile dans la bataille, D'Annunzio précipite le Paradis de Dante en un contre-monde à celui où nous serions contraint de vivre sans le recours offert, mais hélas si rarement accepté. Le paradis est musique, certes, harmonie des sphères, nombres qui dansent, ailleurs, très-loin, mais il est aussi ce qui se choisit et se compose ici-bas. Les grands soufis, tel Rumî, ne disent pas autre chose: le paradis de l'au-delà n'est offert qu'à ceux qui l'inventent ici-bas, amoureusement, en proximités ardentes. Le « sensualisme » que certains reprocheront à D'Annunzio est une forme de l'esprit « qui souffle où il veut » Or, l'esprit, le souffle, se perçoit sur la peau qui est un organe de perception, comme le sont la vue et l'ouïe, et comme nous le sommes tout entiers, sitôt nous cessons de nous représenter nous-mêmes, de nous éloigner dans un représentation psychologique ou sociale. Il faut enfin pour faire un paradis, tout connaître, et nous nous garderons de séparer arbitrairement le biblique et le païen, et particulièrement en Italie, où les Saints et les dieux-lares sont complices de nos craintes et de nos bonheurs.
Sans volonté édifiante, l'oeuvre de D'Annunzio n'est pas sans enseignements théoriques ou pratiques. Comment ne pas passer à côté des êtres et des choses ? Comment être au monde sans être entièrement du monde ? Comment rendre aux paysages, au visages, aux corps leurs dignités insaisissables ? Comment voir extrêmement dans une attention de diamant, d'un regard, toutes les facettes d'un instant ? La réponse est dans les mots, qui ne nous appartiennent pas, et que nous servons, comme la navette du tisserand. La langue riche, opulente, ondoyante de D'Annunzio, - à laquelle désormais les critiques, sinon les lecteurs, préfèrent l'idiome rabougri de « l'économie des moyens », - s'accorde précisément aux nuances de la perception. Pourquoi se dérober, sinon pour complaire à l'incuriosité, aux mots précis et à l'ampleur de la phrase ? D'Annunzio eut ce courage - paradoxe de l'orgueil qui s'abolit dans son extase - de n'être pas exclusivement préoccupé de lui-même, mais du vaste et de l'infime, de l'immensité maritime et du détail exquis ; de la nature étrange et grandiose et du luxe qui se repose entre ses mains, vases, sculptures, bijoux baudelairiens, tissus pour voiler et dévoiler des gorges palpitantes. Le mot rare alors n'est pas une afféterie mais une politesse due à la chose nommée, un rituel déférent, preuve que l'auteur distingue la chose, en fait une cause, et l'honore par son nom exact.
Chez D'Annunzio, les mots rares, loin de faire penser au labeur du philologue évoquent, dans les touffus feuillages de la prose, le ramage tourbillonnant des oiseaux au matin ; les silhouettes inconnues apparues au soir tombant dans les ruelles vénitiennes, - mots emblématiques, refermés sur une énigme qui se divulguera au lecteur, s'il y consent. Voici Le Feu, « volatil et versicolore » dont, selon la devise citée, nous brûlerons sans en être consumés ; voici les phrases les mieux emportées dans la belle traduction d'Herelle ; voici la troublante et troublée Foscarina ; voici toute la civilisation italienne dans ses œuvres, jusqu'au vergues des navires, et les « demeures aux cents portes habitées par des présages ambigus », voici Wagner, voici la vie et la mort, voici la mélancolie et la puissance ; voici « le courroux de la mer sur la lagune ;, voici la destruction et la création, voici la « lande stygienne » ; et voici, surtout, la lumière qui embrasse tout le livre, - celle du Songe de Sainte-Ursule de Carpaccio. Voici en phrasés, en ondées, en soleils, à l'ombre d'ambre des pierres multiséculaires, et en musiques nobles et tarentelles de transes et d'ivresses, le roman de l'épiphanie de la clarté et du feu.
Luc-Olivier d'Algange
20:10 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gabriele d'annunzio, italie, lettres, littérature, lettres italiennes, littérature italienne | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les inondations en Espagne - Quand les « élites » méprisent les peuples…
Les inondations en Espagne
Quand les « élites » méprisent les peuples…
par Pierre-Emile Blairon
Non, vos dirigeants ne sont pas des personnes bienveillantes à votre égard !
Il y a bien longtemps que les « élites » agissent masquées pour faire avancer leur projet global qui peut se diviser en cinq objectifs principaux qui sont mis en œuvre simultanément sur l’ensemble de la planète:
- 1. Conditionner les populations et leur mentir : tout ce qui nous a été inculqué depuis longtemps va exactement à l’inverse de la vérité et de la réalité; un palier important a été franchi avec l’avènement de la Révolution française qui fut un séisme dont les miasmes continuent encore de nos jours à infester l’air que nous respirons; dans le prolongement de cette Révolution bourgeoise, on a vu, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle l’avènement d’une notion complètement étrangère à la nature des choses et au cours de la vie que leurs créateurs ont appelé «progressisme», bénéficiant au même moment de découvertes techniques diverses et d’une théorie farfelue, l’évolutionnisme, tentant de prouver que l’espèce humaine descend du singe.
- 2. Détruire les sociétés traditionnelles en commençant par tout ce qui peut les maintenir debout et qui constitue le ciment susceptible de réunir les hommes et les femmes qui en font partie: religions, symboles, histoire commune, éducation, instruction, entreprises et projets d’avenir, valeurs positives d’entraide, d’identité, de partage, de destin, de connivence, de bienveillance, bref, tout ce qui peut entretenir le sentiment d’appartenir à une communauté et qui constitue justement la force de cette communauté.
- 3. S’approprier les terres et les biens privés des membres de ces sociétés traditionnelles par tous moyens.
- 4. Réduire le nombre de leurs populations physiquement là aussi par n’importe quels moyens.
- 5. Transformer les survivants en robots ou les utiliser comme esclaves.
L’une des raisons principales qui font douter certains de la réalité de ce projet est qu’ils ont toujours cru que leurs dirigeants, ceux pour lesquels ils ont voté pour qu’ils les représentent, faisaient de leur mieux pour que la société fonctionne tant bien que mal, qu’ils les pensaient bienveillants envers leurs administrés et conscients de l’importance de la tâche qui leur avait été confiée, même si ces sceptiques voyaient bien quand même qu’il semblait y avoir quelques difficultés pour ces « élites » pour arriver à leurs supposés objectifs, à réaliser le travail pour lequel elles avaient été mandatées.
J’ai mis le mot « élite » entre guillemets parce que les personnages que les médias de grand chemin regroupent sous ce vocable ne sont pas du tout adaptés à recevoir cette définition : « Au sein d'un groupe ou d'une communauté, l'élite est l'ensemble des individus considérés comme les meilleurs, les plus dignes d'être choisis, les plus remarquables par leur qualité » (La Toupie) qui me semble, cependant, définir plutôt l’aristocrate ou la classe aristocratique telle qu’on la percevait originellement en Grèce et telle qu’elle avait encore cours dans la chevalerie du Moyen-Age.
En fait, la plupart de ces dirigeants et de ces élus, ces édiles, ministres, présidents de la République, d’associations grassement subventionnées ou de comités Théodule, députés, sénateurs, conseillers, maires, syndicalistes, etc. faisaient seulement semblant, leur seul but étant de s’insérer le plus confortablement possible dans le Système mis en place, que ces gens fassent partie de la majorité ou de l’opposition, en vue d’assurer leur carrière et d’accroître le montant de leurs revenus, les individus ayant voté pour eux et ce que pensent les citoyens de leur action n’ayant aucune espèce d’importance une fois atteint leur véritable objectif qui n’était que personnel.
La grande majorité de ces « dirigeants » que vous avez mis en place ne savent rien, par ignorance crasse ou désintérêt, du plan global dans lequel ils ne figurent que comme pions à renverser après usage, ou comme idiots utiles.
Les plus futés d’entre eux en ont quelque vague notion, mais, par lâcheté et par confort, ils ne veulent surtout rien en savoir.
En ce qui concerne les individus, ou le groupe d’individus, qui opèrent plus ou moins secrètement et qui dirigent vos dirigeants, ils ne correspondent pas plus à notre définition de « l’élite » citée plus haut car leurs desseins sont hautement toxiques.
C’est l’Europe des peuples, traditionnelle et historique (sans aucun rapport avec l’Europe de Bruxelles qui en est l’antithèse et l’ennemie la plus acharnée) qui est visée en priorité par ce plan néfaste parce que sa civilisation s’est imposée sur la planète entière et a conduit les civilisations les plus anciennes à adopter ou à imiter ses valeurs et son mode de vie.
Excepté quelques tribus amazoniennes ou africaines, personne sur notre Terre ne peut ignorer les « bienfaits » de la civilisation, ou plutôt de la culture, qui fut européenne pendant de nombreux siècles et qui s’est ensuite dégradée en « civilisation occidentale » avec la création des Etats américains (voir « Le déclin de l’Occident » d’Oswald Spengler) et le rajout de l’Etat d’Israël à ce bloc occidental, qui s’est métamorphosé en Ordre mondial, désormais constitué par les U.S.A. (nous ignorons encore si l’arrivée de Trump au pouvoir va changer quelque chose à cet état de fait), Israël (nous ignorons de même si la possible éviction de Netanyahou va modifier l’influence d’Israël à ce niveau) et l’Union européenne, création artificielle sans aucune légitimité, pure émanation de ce bloc.
Il convient de rajouter à ce trio infernal quantités de satellites qui travaillent en étroite collaboration entre eux et avec la puissance de tutelle : Otan, Oms, Onu, Cia, Mossad, etc. grâce auxquels l’Ordre mondial va organiser des actions qui vont lui permettre de poursuivre ses objectifs sans s’impliquer dans une guerre frontale avec les populations.
L’Ukraine
C’est ainsi que l’opération « Ukraine » a pu être menée sous faux drapeau, éliminant au moins 1 million d’Ukrainiens et quelques centaines de milliers de Russes et permettant à un organisme financier comme BlackRock de voler une grande partie des terres ukrainiennes, en accusant la Russie d’avoir déclenché le conflit alors que cette dernière n’a fait que défendre ses partisans russophones pour les soustraire à un massacre perpétré par les forces otanesques sous faux drapeau ukrainien qui avait déjà fait 15.000 victimes.
La Serbie
Rappelons que la Serbie avait subi les bombardements de l’Otan avec la collaboration zélée de l’Union européenne pour créer au sein des Balkans un Etat mafieux sous contrôle de l’Ordre mondial, le Kossovo, qui était auparavant, et qui demeure, le berceau même de la Serbie (tout comme l’Ukraine est celui de la Russie, d’ailleurs).
Ce qui reste des sociétés traditionnelles et des forces vives en Europe, sociétés originelles non encore soumises à l’Ordre mondial, dont la culture et le caractère se sont forgés au cours des dizaines de siècles de l’histoire européenne, ces reliquats toujours debout contre vents et marées, doivent être pareillement éradiqués car ces résistants constituent le dernier obstacle au bon déroulement du projet mondialiste et transhumaniste.
Les inondations en Espagne, une illustration caricaturale de l’arrogance des « élites »
Des inondations cataclysmiques ont dévasté le sud de l’Espagne, principalement la région de Valencia, les 29 et 30 octobre. Quelques jours auparavant, les services de la météorologie espagnole ont annoncé la formation d’une goutte froide, terme technique qui désigne un volume d’air froid dont le diamètre peut atteindre plusieurs centaines de kilomètres et déclencher de fortes précipitations. Le phénomène est appelé Dana en Espagne, acronyme de depresion aislada en niveles alto, ou, en français : dépression isolée à niveau élevé.
Plusieurs causes expliquent le déchaînement de ces forces naturelles ; mais ces causes, elles, sont loin d’être toutes naturelles.
En 1957, Valence a déjà été touchée par d’importantes inondations qui ont causé la mort de 81 personnes et, plus globalement, d’autres grandes inondations ont affecté la Catalogne comme celles du Vallés en 1962 qui ont fait entre 600 et 1000 victimes.
Les autorités et les médias de grand chemin insistent évidemment sur ces précédents, naturels donc, et mettent en cause le « changement climatique », un concept farfelu mais bien pratique, inventé par les pseudo-scientifiques du GIEC à destination des foules en voie de lobotomisation.
Destruction du « jardin de l’Europe »
Les autorités en place admettent cependant que, par le passé, leurs prédécesseurs (c’est pas moi, c’est lui) ont massivement accordé des permis de construire (maisons individuelles, immeubles, grandes surfaces…) qui ont bétonné et donc imperméabilisé le sol. Autrefois, la région de Valencia était célèbre pour ses innombrables vergers – on appelait cette région « le jardin de l’Europe » - qui ont été vendus aux promoteurs :
« Así, después de 50 años, la huerta del área metropolitana ha pasado de 15.000 a 6.000 hectáreas[1] » : Ainsi, depuis 50 ans, la superficie des cultures de l’aire métropolitaine est passée de15.000 à 6000 hectares; 9000 hectares ont donc été transformés en béton (horta noticias : 3 octobre 2014, article rédigé 10 ans avant la catastrophe).
Comme Valence est un port et se situe donc à l’altitude 0, toutes les pluies qui ne peuvent plus s’infiltrer dans une terre qui n’existe plus se déversent sans retenue dans ce bassin pour aller jusqu’à la mer en détruisant tout sur leur passage
D’autres régions méditerranéennes ou non, espagnoles ou non, sont appelées à subir ce même sort: les terres agricoles sont remplacées par d’immenses zones artificielles de serres en plastique qui s’étendent sur des kilomètres carrés (comme en Andalousie où sont « cultivées » les fameuses tomates espagnoles, région qui a subi, elle aussi, de fortes inondations), ou par des concentrations de dizaines d’éoliennes dont on sait que chacune nécessite un soubassement de 1300 tonnes de béton (en France, 70 éoliennes pour le parc de Fruges, en Artois), ou par des concentrations de panneaux solaires de même ampleur, bref, tout ce qui constitue la panoplie du parfait petit écologiste de gauche qui ruine la terre et les paysans.
Destruction des barrages
Tiens, justement, à propos des prédécesseurs et des (faux) écologistes: on a beaucoup parlé des nombreux barrages qui auraient été détruits par le précédent gouvernement de gauche de la Communauté valencienne sous la houlette de sa frange écologiste et qui permettaient de retenir ces trombes d’eau. Les factcheckers (officines subventionnées dites de « vérification » qui sont en fait spécialisées dans la production de fausses informations) se sont levés comme pour Danette pour dénoncer les éternels « complotistes d’extrême-droite » qui ont osé soulever le problème ; c’est le magazine de gauche, L’Express, du 2 novembre 2024 [2], qui nous met la puce à l’oreille (ben oui, ils croient bien faire et, finalement, ils servent le « méchant »): « Car s’il va falloir reloger des milliers d’habitants, il va surtout falloir redonner ses droits à la nature, avant qu’elle ne cherche à nouveau à se les réapproprier par la force. La précédente coalition socialiste et écologiste de Valence avait commencé à le faire avant 2023, en détruisant d’anciens barrages pour redonner leur liberté aux rivières. Certes, le détournement du cours du fleuve Turia, à la suite de la grande crue de 1957, a permis cette semaine de sauver le centre-ville de Valence, troisième agglomération d’Espagne, des inondations meurtrières. A contrario, le domptage des moindres cours d’eau et l’imperméabilisation des sols ont accéléré les débits et aggravé la violence de la crue soudaine dans les faubourgs environnants, à Chiva, Picanya, Paiporta… »
Il y a donc bien eu destruction des retenues d’eau, n’en déplaise à l’offensive des officines de désinformation: comme d’habitude, les medias de grand chemin, dans leur logique que nul être sensé ne comprend [3], inversent la réalité (détruire d’anciens barrages pour « redonner leur liberté aux rivières » : oui, eh bien, c’est mignon, dit comme ça, mais on a vu ce que ça a donné !) et font un amalgame avec d’autres causes comme « l’imperméabilisation des sols », grave erreur que personne ne conteste et qui concerne aussi bien les gouvernements de droite que de gauche.
Les inondations : une opportunité pour l’élite financière de racheter à vil prix de bonnes terres agricoles
Enfin, si nous écartons d’autres causes possibles à ces inondations, qui seraient des agressions directes liées à la guerre climatologique, qui ont été évoquées mais dont nous n’avons pas d’éléments probants: intervention du système HAARP ou riposte d’Israël par géoingénierie au refus de l’Espagne de livrer des armes à cet Etat voyou et génocidaire, nous retiendrons l’enquête effectuée par Tatiana Ventôse[4] qui est la parfaite illustration de l’objectif n°3 des « élites » mondiales que nous avons défini en début d’article: s’approprier les terres et les biens privés des membres de ces sociétés traditionnelles par tous moyens.
L’enquête de Tatiana Ventôse (photo) intitulée: les inondations en Espagne et le plan (pas) secret de l’élite financière qui va nous affamer, se base sur une tendance globale que les personnes bien informées connaissent déjà, à savoir que nos élites mondialistes retrouvent depuis peu une valeur à la terre, valeur bien marchande, bien sûr, susceptible de concurrencer l’étalon-or, car la terre permet encore de nourrir les individus pendant quelques années, avant qu’ils ne soient transformés en robots (qu’on ne nourrit pas) ou en esclaves (qu’on nourrira avec des insectes), un projet déjà en cours qui se met lentement en place parallèlement à l’urgence qui est de voler aux petits paysans les bonnes terres qui vont alimenter avec des produits agricoles de mauvaise qualité plus ou moins transformés chimiquement (mais plutôt plus que moins) les 8 milliards d’individus qui peuplent notre planète.
On sait, par exemple, que Bill Gates est devenu le plus grand propriétaire de terres agricoles aux USA (environ 100.000 hectares) et que, si BlackRock s’est intéressé à l’Ukraine en même temps que les USA et son bras armé, l’Otan[5], c’est parce que la terre est la nouvelle lubie des fonds d’investissements et que l’Ukraine est appelée, non pas le jardin, comme la région de Valencia, mais le grenier à blé de l’Europe. La mondialisation a fait que toutes les terres de n’importe quel pays (sauf si ce dernier adopte des mesures pour s’en protéger) appartiennent à tout le monde, s’il a les moyens de les acheter; c’est le triomphe de l’argent comme valeur suprême, le règne de la quantité.
Tatiana Ventôse nous explique que le ministère de l’agriculture espagnol a conclu avec la banque Caixa, le 9 octobre 2024, un accord en vue de transformer structurellement le secteur agricole espagnol; le projet est présenté avec maintes circonvolutions où on retiendra l’habituel souci de regrouper les petites structures et les outils de travail, d’uniformiser les méthodes de travail, de mutualiser les énergies (en gros, pour une bonne comparaison: tout ce qu’on a fait en France pour détruire les services publics de proximité), mais le but réel serait d’acheter à bas prix des terres à des paysans sans ressources puisque leur outil de travail et leur maison auront été saccagés ou détériorés; il faut savoir que, spécifiquement dans les régions touchées par les inondations, 95% des exploitations agricoles font moins de 20 hectares, et, encore, la majorité, sur ces 95%, font moins de 5 hectares, donc, de tout petits propriétaires acculés à la vente puisqu’ils ne pourront jamais se remettre de cette catastrophe, sauf à espérer une aide étatique, calculée précisément au plus juste, c’est-à-dire au strict minimum, pour qu’ils n’aient d’autre alternative que de vendre leur bien.
Tatiana Ventôse ne dit pas que ces inondations ont été créées intentionnellement et artificiellement par les organismes financiers qui vont racheter les terres, mais que ces inondations tombent à pic pour favoriser ce projet tout récent ; le hasard fait bien les choses. Elle conclut son intervention avec cette phrase : « souvenez-vous de qui veut vous affamer et qui vous nourrit »
Les dirigeants (ir)responsables
La gestion de cette catastrophe, dont le bilan humain s’élève à ce jour à près de 300 morts, est une parfaite illustration du mépris, de la désinvolture et de l’arrogance avec lesquelles les politiciens traitent leurs compatriotes et administrés et n’assument pas leurs charges, que ce soit comme ici en Espagne, mais aussi en France, en Europe, ou partout ailleurs, à quelques exceptions près.
Nous avons donc affaire ici à du petit personnel. Sont mis en cause: le Président de la communauté valencienne, la ministre socialiste de l’écologie du gouvernement espagnol et le chef du gouvernement.
Carlos Mazon (photo) est le Président de la Communauté valencienne depuis 2023, issu du Partido Popular, un parti dit de « droite » et « conservateur ».
Libération du 15 novembre 2024 résume assez bien l’implication de Mazon au cours de cette terrible journée; non pas son implication à tenter d’organiser les secours, mais à déguster un bon repas entre 14h 30 et 18h dans un restaurant connu de Valencia, El Ventorro, à faire le joli cœur avec une charmante journaliste, Maribel Vilaplana (photo), pendant que ses administrés mouraient noyés sans, comme disait Chirac, « que cela lui en touche une sans faire bouger l’autre », expression pied-noire assez bien adaptée à la situation. Aux dernières nouvelles, Mazon n’a pas du tout l’intention de démissionner: ni responsable, ni coupable.
« Samedi 9 novembre, des milliers de personnes avaient manifesté dans les rues de Valence pour exiger la démission du dirigeant du PP (Partido Popular, conservateur), accusé d’avoir ignoré la gravité des alertes et réagi avec lenteur. Ce jeudi-là, Mazón déjeunait avec une journaliste de télévision à qui il proposait la direction de A Punt, l’agence audiovisuelle publique de la région. Les agapes se sont prolongées pendant plus de trois heures, sans que le président juge utile de les écourter. A 18 heures, quand Carlos Mazón quitte le restaurant (pour arriver à 19h « à cause des embouteillages », NDLR), une réunion de crise est déjà en route depuis une heure. »
Pedro Sanchez
Le chef du gouvernement espagnol a également été conspué, comme Mazon, par cette foule de 130.000 personnes rassemblée le 9 novembre à Valence.
Le dimanche précédent, 3 novembre, alors qu’il allait à la rencontre des habitants de Paiporta, une petite ville très touchée par la catastrophe, en compagnie de Mazon, Président de la Communauté valencienne et du roi et de la reine, Sanchez a reçu des mottes de boue lancées par la foule et a été exfiltré; la foule, aux cris d’« assassins » lui reprochait, ainsi qu’à Carlos Mazon, de n’avoir pas été assez réactifs lors des inondations et d’avoir refusé l’aide internationale; Sanchez a rejeté la faute sur le chef du gouvernement de la Communauté valencienne, évidemment, lui-même pris en défaut.
Enric Ravello Barber, dans son article sur Eurosynergies du 16 novembre 2024, Valence, l'échec d'un modèle et d'une classe politique, écrivait ceci :
« Le président Sánchez, dans son immense démagogie manipulatrice, a dénoncé l'agression comme étant le fait d'« éléments d'ultra-droite » - bien sûr, qui l'eut cru ! Mais c'est tout le peuple, au-delà des idées et des sensibilités politiques, qui a réagi avec rage contre une classe politique dont l'indécence ne connait pas de bornes.
Si le degré d'inefficacité des premiers jours de la tragédie dépasse tout ce que l'on peut imaginer, le degré de mesquinerie et de bêtise politique les surpasse encore. Le président du gouvernement a eu le culot de répondre aux autorités valenciennes que « si elles ont besoin de plus de moyens, qu'elles les demandent », démontrant non seulement son aveuglement et son ignorance, mais aussi un cynisme qui dépasse toutes les limites[6]. »
Teresa Ribera (photo)
C’est la ministre de la « Transition écologique » du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez.
Elle est désignée par le gouvernement espagnol pour être commissaire européenne représentant l’Espagne; cependant, le Parti Populaire espagnol a demandé à ses alliés du Parti Populaire européen de s’opposer à sa nomination car elle était sans doute, lors des inondations, trop occupée à préparer sa future nomination pour s’intéresser au sort de ses concitoyens dans la détresse.
Une belle brochette d’incapables égoïstes !
Nous avons les mêmes en France !
Mais ne soyons pas jaloux, nous avons les mêmes en France, mais peut-être bien pires !
Je rappelais dans un article du 9 octobre[7] à propos de la réfection de Notre-Dame-de-Paris, le comportement scandaleux d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, son Premier ministre de l’époque qui, « visitant le site dévasté au lendemain de cette terrible journée qui a vu Notre-Dame-de-Paris sous les flammes, se retenaient de pouffer de rire; quel que soit le motif de leur hilarité, cette attitude dénotait le peu de respect que ces histrions manifestent à l’égard de l’un des monuments les plus emblématiques de notre pays. »
Et, pour finir sur une note plus gaie, comme, en France, tout finit par une chanson, ou autour d’un bon repas, nous allons évoquer les excès gastronomiques du Président de notre Sénat, Gérard Larcher, Président qui ne sert pas plus que le Sénat lui-même, mais qui se fait en revanche servir copieusement puisqu’il emploie pas moins de quatre « Meilleurs Ouvriers de France » pour lui concocter sa tambouille quotidienne; il n’est pas utile de préciser que c’est un bon vivant, mais qu’il pourrait peut-être apporter au moins autant d’attention aux problèmes des Français qu’à lui-même, Français qui payent grassement (sic) pour le nourrir et qui vivent beaucoup moins bien que lui leur quotidien[8].
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[1] https://www.hortanoticias.com/un-innovador-estudio-basado... : Une nouvelle étude basée sur des photographies aériennes révèle la perte des deux tiers des plantations dans ces dernières 50 années.
[2] https://www.lexpress.fr/monde/europe/inondations-en-espag...
[3] Voir ce qui dit Nexus à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=21Dc66NvXn0
[4] https://www.youtube.com/watch?v=yZcXc9hS8Ro
[5] On retrouve ici l’ancien trio constitué par les conquistadores espagnols mais, cette fois, un trio complètement dévoyé, à savoir le missionnaire, la « lumière » apportée par les non-valeurs « universelles » américaines, le soldat, qui est ici sous faux drapeau ukrainien (ce qui rejoint le sujet de notre article : les dirigeants ukrainiens n’hésitent pas à sacrifier leur population au service d’intérêts étrangers, mais surtout de leurs propres intérêts, n’est-ce pas M. Zelinsky?), et le marchand, qui n’est ici que spéculateur financier américain, BlackRock; on est loin de la figure d’un Marco Polo.
[6] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/11/16/v...
[7] https://nice-provence.info/2024/10/09/notre-dame-paris-no...
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Le revenant
Le revenant
par Georges Feltin-Tracol
Bien que Barack Obama ait félicité Donald Trump, l’ancien chef de l’État yankee de 2009 à 2017 doit encore le regretter. En 2011, à l’occasion du dîner annuel des correspondants de presse auprès de l’exécutif, il diffusa des images parodiques qui présentaient des aménagements extravagants de la Maison Blanche sous la présidence de Donald Trump. Ulcéré, l’entrepreneur new-yorkais maugréa, se leva et quitta la salle. Il n’apprécia pas la moquerie présidentielle. Obama se vengeait des insinuations de l’homme d’affaire concernant l’inauthenticité de son acte de naissance sur le sol des États-Unis. Ce soir-là, Donald Trump se jura d’entrer en politique au moment opportun.
Quand Donald Trump annonça sa candidature aux primaires républicaines le 16 juin 2015, la médiasphère s’esclaffa ! Les premiers sondages le créditaient de moins de 0,5%, puis autour de 5%. Personne ne se doutait alors qu’il deviendrait l’astre majeur de la vie politico-médiatique des États-Unis jusqu’en 2029. Battu en 2020, Donald Trump aurait pu se retirer. Mais son élection inattendue en 2016 lui attira la haine immédiate de l’Establishment, une haine aussitôt matérialisée par une kyrielle de persécutions judiciaires plus ou moins fallacieuses. Loin de le démotiver, ces attaques l’incitèrent à renouer avec un dessein présidentiel.
Enquêtes d’opinions et sondages prédisaient des résultats serrés le 5 novembre dernier. La médiastructure a oublié que trump signifie «atout», «emporter», «éclipser». Les journalistes n’ont pas vu venir la déflagration électorale. Élu en 2016, battu en 2020, Donald Trump décroche un second mandat non consécutif. Ainsi rejoint-il le démocrate Grover Cleveland (1837 – 1908), 22e président entre 1885 et 1889 et 24e président de 1893 à 1897. Il perdit l’élection en 1888 face au républicain Benjamin Harrison.
Les conditions matérielles de cette victoire reviennent en premier lieu à une équipe investie, réactive et disciplinée. Surpris en 2016 par son élection, Donald Trump avait laissé les caciques du parti républicain s’occuper de l’administration à ses dépens. Ayant compris son énorme erreur, il a œuvré entre 2021 et 2023 à en prendre la direction. Sa réélection représente un fantastique camouflet pour l’ancienne élue belliciste et capricieuse, Liz Cheney (photo), et pour son père, Dick Cheney, le grand criminel de guerre, vice-président de George Bush fils de 2001 à 2009. Ces deux-là, faucons néo-conservateurs, globalistes et libre-échangistes, ont préféré le duo Harris – Walz.
L’organisation pratique de l’équipe de Trump a reposé sur le savoir-faire de ses co-directeurs, Chris LaCivita et Susie Wiles (photo). Qualifié de misogyne, le supposé phallocrate réélu a désigné cette dernière chef de cabinet de la Maison Blanche. Susie Wiles sera la première femme de l’histoire à occuper cette fonction équivalente en France au secrétaire général de l’Élysée et à la supervision d’un gouvernement qui, en régime présidentiel, ignore toute solidarité ministérielle.
Faut-il pour autant parler d’une vague rouge trumpiste? Pour la première fois depuis 2004, un candidat républicain remporte le vote populaire. Selon les dernières informations, Donald Trump rassemble 75.864.226 voix (50,06%) et Kamala Harris 72.861.845 bulletins (48,08%). En 2016, Trump réalisait 62.984.828 voix (46,09%) et Hillary Clinton 65.853.514 bulletins (48,11%). En 2020, Trump obtenait 74.223.975 voix (46,85%) et Joe Biden 81.283.501 voix (51,31%). Les tierces candidatures font sur huit ans des résultats négligeables. On constate qu’entre 2020 et 2024, 1.640.251 suffrages supplémentaires en faveur de Trump alors que dans le même temps, la candidate démocrate perd environ huit millions et demi de voix! L’absence de liste électorale fédérale au sens que l’on entend en France rend malaisée toute explication rationnelle sur cette incroyable déperdition. En 2020, en raison du cirque covidien, le recours massif au vote par correspondance a perturbé la réalité électorale et favorisé les manipulations. Il serait bien que les spécialistes se penchent sur cette surprenante évaporation à moins que le tandem Biden – Harris soit l’auteur d’un génocide occulté…
Quand bien même les républicains retrouvent la Maison Blanche, influencent la Cour suprême, regagnent la majorité au Sénat et la conservent à la Chambre des représentants, il ne faut surtout pas croire que cette victoire constitue un triomphe libéral – conservateur total. Après l’élection au Sénat en 2018 de l’ancienne démocrate de l’Arizona Krysten Sinema ouvertement bisexuelle qui ne se représentait pas cette année, les électeurs démocrates du Delaware viennent d’envoyer à la Chambre des représentants la transgenre Sarah McBride. Dix référendums dans les États fédérés abordaient le sujet de l’avortement. Les électeurs de sept États (Missouri, Montana, Arizona, Nevada, etc.) ont approuvé l’inscription de l’IVG dans leur constitution respective. Seuls le Dakota du Sud, la Floride et le Nebraska ont rejeté cette légalisation. Par ailleurs, la question du salaire minimum a aussi fait l’objet de référendums en Californie, en Alaska et dans le Missouri. Il serait augmenté dans ces deux derniers États. Enfin, un démocrate remporte le poste de gouverneur dans un État-pivot, la Caroline du Nord gagné par Trump.
Le succès de Donald Trump valide en tout cas le point de vue de deux réprouvés de la scène étatsunienne. Hostile au libre-échange, l’homme d’affaire indépendant texan, feu Ross Perot (photo), bénéficia en 1992 de 19.743.821 voix, puis de 8.085.294 voix en 1996. Contempteur des interventions militaires extérieures, le républicain paléo-conservateur Pat Buchanan fut candidat aux primaires en 1992 (2.899.488 suffrages) et en 1996 (3.184.943 voix), et, enfin, à la présidentielle de 2000 (449.895 voix).
En 2016, l’Alt Right bénéficia des retombées médiatiques de l’élection imprévue de Donald Trump. Contrairement à ce que clame le système médiatique d’occupation mentale qui y voit un nouveau succès des suprémacistes leucodermes, des sionistes chrétiens, des identitaires euro-américains et des évangéliques, le retour au Bureau ovale de Trump confirme surtout la montée en puissance de la pensée post-libérale dont la figure politique la plus connue est désormais le prochain vice-président James David Vance.
Marié à une femme originaire d’Inde, Usha Chilukuri, J. D. Vance s’est converti au catholicisme sous l’influence de saint Augustin. La question du travail au regard de la doctrine sociale de l’Église romaine le préoccupe beaucoup. En privilégiant les thèmes économiques et sociaux liés à la mondialisation plutôt que les sujets sociétaux monopolisés par les démocrates, le duo Trump – Vance a su coaliser sur lui les catégories populaires délaissées et les classes moyennes déclassées. Maints électeurs démocrates ont sciemment choisi Trump et redeviennent, quatre décennies plus tard, des « chiens bleus », c’est-à-dire des démocrates naguère reaganiens. Cette configuration électorale rappelle celle des législatives de décembre 2019 en Grande-Bretagne quand les tories de Boris Johnson remportaient des circonscriptions historiquement travaillistes.
Le retour tonitruant de Donald Trump risque de donner en France des idées à deux personnalités politiques. Heureux d’avoir retrouvé son siège de député de Corrèze par la grâce de la dissolution, François Hollande prépare sa candidature à la présidentielle de 2027. Il entend laver l’affront de ne s’être pas présenté dix ans auparavant. Toutefois, le créneau social-démocrate est déjà bien encombré avec les concurrences éventuelles de Raphaël « CIA » Glucksmann, de Bernard Cazeneuve, voire de François Ruffin. Dans l’impossibilité constitutionnelle de se représenter en 2027, Emmanuel Macron penserait-il dès à présent à 2032 ? Il n’aura que 54 ans, une relative jeunesse dans un monde de plus en plus sénile.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 134, mise en ligne le 20 novembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
18:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, états-unis, présidentielles américaines 2024 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 22 novembre 2024
À quoi ressemblera le mouvement de masse du futur proche ?
À quoi ressemblera le mouvement de masse du futur proche ?
Cinq hypothèses, mais aucune d'elles n'est passionnante
par Riccardo Paccosi
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/come-sara-il-movi...
L'idée d'une « fabrication de la politique » est une invention de l'époque contemporaine.
L'idée que le peuple en tant que tel est en charge du destin du monde est en effet l'enfant de l'avènement de la bourgeoisie, de l'urbanisation et, enfin, de la société de masse et/ou de consommation.
Cela signifie que, dans un avenir non immédiat, mais pas très lointain, ce qui a été normal pendant des millénaires et ce à quoi nous assistons également en ces jours de guerre mondiale contrôlée, peut s'avérer être aussi factuel qu'irréversible : la passivité totale des masses.
Malgré ce qui vient d'être dit, cette irréversibilité n'est pas encore acquise et cela nous permet donc d'émettre l'hypothèse que la passivité de ces jours-ci pourrait, pendant un certain temps, laisser place - au moins en Occident et en Europe - à une nouvelle phase de dynamisme social et d'insurrection.
Il s'agit de comprendre quelles pourraient être les caractéristiques de cette nouvelle forme de mobilisation populaire. Je crois, en effet, que l'on peut émettre les hypothèses suivantes, que j'énumère ci-dessous par ordre croissant de probabilité.
1) Extrêmement improbable, aujourd'hui, est une dynamique visant à la reconnaissance commune des contradictions sociales et, par conséquent, à donner aux masses une identité de classe ou de peuple.
2) Peu probable, pour l'instant, que des individus atomisés puissent se reconnaître dans une figure paternelle traditionnelle et se tourner ainsi vers un modèle néo-disciplinaire et néo-autoritaire. Ce modèle se matérialise à sa manière, certes, mais pas sous la forme de l'identité ou du fascisme, mais comme une nécessité purement « technique », c'est-à-dire liée aux états d'urgence générés en séquence par les appareils de pouvoir.
3) L'émergence d'une opposition libérale-libertaire sur le modèle américain, qui poursuit donc en Italie le chemin emprunté par la Seconde République et puis par le Mouvement 5 étoiles, est tout à fait probable: avec, pour effets, la dissolution de l'économie publique, le démantèlement progressif de la démocratie représentative, l'augmentation conséquente du gouvernement direct de la société par les puissances économiques.
4) Il est très probable que la perception populaire, confuse mais croissante, de la nature irrémédiablement anti-démocratique du projet supranational, conduise à un renforcement significatif de l'instance souverainiste, et ce quels que soient les sujets politiques qui la véhiculent ou prétendent la véhiculer.
5) Enfin, extrêmement probable est l'hypothèse selon laquelle, en réaction à la disparition totale du sacré et à la mort de Dieu, le mouvement de masse prend des connotations spiritualistes qui, loin de vouloir intégrer la sphère politique, ont la prétention de la remplacer, générant ainsi une sphère impuissante de dissidence passive, mais aussi imprégnée de fatalisme.
Mais l'hypothèse la plus probable de toutes est peut-être celle d'une insurrection sociale englobant ces cinq caractéristiques.
Le changement de poids en faveur de l'une ou l'autre option future dépendra donc également du travail de réflexion - propédeutique et séminal - que très peu d'entre nous essaient de préparer en ce moment.
16:13 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, mouvement de masse | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'Europe s'effondre
L'Europe s'effondre
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/leuropa-va-in-pezzi/
Boyko Borissov n'est certainement pas un nouveau visage dans la politique bulgare. Avec son parti conservateur, le GERB, il a en effet dominé le pays pendant trois mandats, jusqu'au tournant des années vingt de ce siècle. Et aujourd'hui encore, dans le chaos politique de ces années, il joue un rôle influent. Capable de contraindre les différentes forces à former une majorité. Et, surtout, de percevoir, avec une perspicacité remarquable, de quel côté souffle le vent.
Et c'est manifestement un vent qui éloigne de plus en plus les Bulgares de l'Europe. Ou plutôt de cette Union européenne, dirigée de facto par une Commission qui, il est vrai, veille attentivement à ses seuls intérêts.
Dommage, cependant, qu'il s'agisse des intérêts financiers de groupes qui n'ont rien à voir avec l'Europe proprement dite, avec ses peuples. Au contraire même...
C'est ainsi que la Bulgarie ralentit, voire gèle, le processus d'intégration dans la zone euro. Et elle commence à regarder avec un intérêt croissant vers l'Est. Vers cette Russie qui, aujourd'hui, n'apparaît plus comme le maître soviétique oppresseur d'antan... mais plutôt comme une nouvelle possibilité de développement.
Et Borissov (photo), qui a toujours eu des antennes longues et sensibles, l'a compris. Et il a commencé à agir en conséquence. Sans se soucier du fait que la grande presse occidentale commence à le dépeindre comme un dangereux pro-russe. Ce qu'il n'est évidemment pas. Alors qu'il est à coup sûr un politicien réaliste et sans scrupules. Avec quelques squelettes dans son placard, bien sûr. Mais, comme on dit, à ce niveau, c'est le plus propre qui a la gale.
Je ne me préoccupe pas vraiment de la situation interne, et compliquée, de la Bulgarie. Un pays que, soit dit en passant, j'aime et que je connais un peu pour des raisons personnelles.
La seule chose que je voudrais souligner ici, c'est que si même la minuscule Bulgarie, qui compte quelque sept millions d'habitants, commence à prendre ses distances avec l'UE et à chercher un moyen d'en sortir, cela signifie que quelque chose, ici, ne fonctionne pas. Que le « jouet » de l'UE est en train de se désagréger. Si ce n'est pas déjà le cas, c'est qu'elle est déjà une épave.
Les raisons de cette situation ne sont donc pas très éloignées. La principale est l'insipidité, la vanité, la superficialité des classes dirigeantes des principaux pays de l'Union. Ainsi, d'une Allemagne politiquement en déroute, d'une France aux mains d'une minorité qui ne veille qu'à ses prérogatives particulières (disons, pour être explicite, qu'elles sont d'ordre sexuel), aux Pays-Bas qui exploitent la situation en devenant le collecteur d'intérêts que même Alice au pays des merveilles ne pourrait qualifier de limpides.
Je ne parle donc pas de l'Italie. En partie par charité. En grande partie parce que depuis l'époque, hélas révolue, de Craxi et d'Andreotti, et dans une certaine mesure de Berlusconi, l'Italie, quels que soient ses gouvernants, compte comme le deux de carreau quand l'atout est au trèfle. Pas le moins du monde.
Et puis, bien sûr, il y a, comme je l'ai dit, la Commission européenne. Jamais élue par personne, bureaucratie démesurée et, surtout, au service d'intérêts à mille lieues de ceux des peuples de l'Union. Et les ennuis judiciaires de Lady Ursula, qui ont été étouffés, devraient nous le faire comprendre sans qu'il soit nécessaire de s'étendre sur le sujet. Ils devraient...
Bref, ce mastodonte bureaucratique, dépourvu de véritable tête, a aussi des pieds d'argile. Comme nous en faisons déjà l'expérience. Et comme, malheureusement, nous le verrons de plus en plus clairement dans les mois à venir. Avec l'arrivée de Trump à la Maison Blanche.
La partie est en train de se terminer. Et elle se termine mal.
La petite Bulgarie chaotique nous le signale d'ailleurs.
Mais nous sommes trop enveloppés dans nos fantasmes pathologiques et induits pour nous en rendre compte.
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Leo von Hohenberg, arrière-petit-fils de l'archiduc François-Ferdinand, démasque la guerre comme "modèle commercial"
Le Prince Leo von Hohenberg (à droite), en conversation avec Florian Machl, animateur principal du site Report24 (Autriche).
Leo von Hohenberg, arrière-petit-fils de l'archiduc François-Ferdinand, démasque la guerre comme "modèle commercial"
Source: https://report24.news/leo-hohenberg-urenkel-von-erzherzog...
La famille Hohenberg, de haute noblesse, est indissociable de l'histoire de l'Autriche. L'assassinat de l'archiduc François Ferdinand a déclenché la Première Guerre mondiale. Pour Leo v. Hohenberg, la guerre n'est pas une solution viable pour régler les conflits dans ce monde - et il constate : « Ce que beaucoup de gens ne prennent pas en considération, c'est qu'il n'y a guère d'autre possibilité de faire autant d'argent, et aussi rapidement, que lors d'une guerre ». Lui-même s'est récemment engagé en faveur de la paix et de la responsabilité individuelle de tous les êtres humains.
Le rédacteur en chef de Report24, Florian Machl, a eu l'occasion de s'entretenir personnellement avec Leo von Hohenberg après son discours historique (Report24 en a rendu compte: https://report24.news/leo-hohenberg-historische-rede-fuer-frieden-werteerhalt-und-eigenverantwortung/). En tant que journaliste critique, Machl n'a pas voulu se contenter d'entendre des généralités, mais a remis en question la position de cet entrepreneur à succès sur l'adhésion à l'OTAN, la guerre en Ukraine et d'autres conflits. Dans son discours, Hohenberg est souvent revenu sur la responsabilité personnelle - aussi bien pour s'informer et se former que pour assumer ses opinions et les transmettre. L'arrière-petit-fils de l'archiduc François-Ferdinand a également véhiculé cette attitude dans cette courte interview.
La guerre, selon Leo von Hohenberg, est une entreprise totalement inefficace :
"Et ce à quoi beaucoup de gens ne pensent pas, c'est qu'il n'y a guère de possibilité de faire autant d'argent aussi rapidement que lors d'une guerre. Il y a là de très grandes organisations, très puissantes, qui ont tout intérêt à augmenter leur valeur actionnariale. Je crois que Truman l'avait déjà dit, le complexe militaro-industriel a ici une très grande influence sur la politique. Et je pense qu'au moins la prolongation des guerres est dans l'intérêt de très nombreuses personnes, qui font tout simplement beaucoup d'argent dans ce contexte. J'ai été particulièrement choqué ces dernières années de voir avec quelle rapidité la société était prête à diaboliser complètement un peuple entier, un pays entier. Et que le simple fait de s'asseoir à la table des négociations semble être considéré, désormais, comme un acte condamnable. C'est triste. Ici, on n'a manifestement pas tiré les leçons de l'histoire ou on ne veut pas les tirer".
Il souligne l'importance de la propagande de guerre - qui n'est évidemment pas une oeuvre utile. Des initiatives politiques ou journalistiques, des sites, qui avaient été pacifistes par le passé s'expriment aujourd'hui de manière particulièrement euphorique en faveur de la guerre.
Selon Hohenberg, la neutralité, au sens de « se tenir à l'écart », n'est en aucun cas de la lâcheté, mais de la ruse.
"Si je ne veux pas impliquer mon peuple dans une guerre qui a peut-être été déclenchée par d'autres personnes, non issues mon peuple, et que je suis ensuite obligé d'entrer en guerre par le biais d'un quelconque contrat, alors ce n'est tout simplement pas une posture très intelligente. La neutralité est la variante la plus intelligente, à mon avis. Et ce qui est bien sûr beaucoup plus important, c'est de veiller à ce que nous puissions également défendre l'Autriche. Et ne pas s'accrocher, en matière de défense, à des systèmes dirigés ou du moins déterminés de l'extérieur".
Hohenberg évoque le financement comme moyen de mettre fin aux guerres. Si les Etats-Unis, par exemple, coupaient les vivres, la paix serait tout à fait envisageable en Ukraine et au Moyen-Orient.
Report24 a rapporté, il y a quelque temps, les déclarations de l'héritier théorique du trône d'Autriche, Karl v. Habsbourg, qui s'est à plusieurs reprises rangé de manière partisane du côté de l'Ukraine et qui fait en principe la promotion de l'OTAN et de la guerre. Leo von Hohenberg, son cousin au second degré, défend apparemment un autre point de vue.
A lire également : "Petit-fils de l'empereur Charles Habsbourg : depuis 2022, une voix forte en faveur de l'OTAN et contre la paix en Ukraine": (https://report24.news/kaiser-enkel-karl-habsburg-seit-202...)
14:34 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, leo von hohenberg, autriche, neutralité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Norbert van Handel: La Russie a toujours été un partenaire respectueux des règles
Norbert van Handel:
La Russie a toujours été un partenaire respectueux des règles
Source: https://unser-mitteleuropa.com/121207
La neutralité comme facteur économique
En détruisant presque entièrement le statut de neutralité, le gouvernement autrichien a également pesé de manière dramatique sur l'économie positive, en place depuis 1955. La Russie a toujours été un partenaire respectueux des règles établies. Tous les accords entre la Russie et l'Autriche étaient corrects et perceptibles par tous. Après que le gouvernement fédéral autrichien a approuvé, de manière totalement incompréhensible, les sanctions de l'UE contre la Russie et a recommandé aux entreprises autrichiennes en Russie de mettre un terme à leurs activités dans ce pays, le dommage a été causé.
Les dommages économiques qui en ont résulté pour l'Autriche sont probablement plus importants que tout ce que la politique coronaviresque, le changement climatique, l'inflation et les coûts en tous genres imposés par l'UE avaient déjà pu provoquer.
Si l'Autriche avait adopté une position réellement neutre, comme elle aurait dû le faire conformément à ses obligations en droit international, le pays, demeuré neutre, ne serait pas considéré comme un pays ennemi par la Russie.
Depuis 1955, date du traité d'Etat, l'Autriche n'a jamais violé sa neutralité et la position pro-occidentale du pays n'a jamais été perçue comme une position « hostile » par la Russie. Malheureusement, cela a changé depuis la guerre en Ukraine.
Au lieu qu'un gouvernement raisonnable et tourné vers l'avenir se tienne à l'écart du conflit et traite les deux belligérants du point de vue de la neutralité, l'Autriche, à cause d'une politique étrangère désastreuse, a directement basculé dans le scénario de guerre voulu par l'Union européenne, l'OTAN et, finalement, les États-Unis. C'est l'une des erreurs les plus fatales que l'Autriche ait pu commettre depuis 1955, non seulement pour l'Autriche même mais aussi pour l'Europe, car les États neutres sont justement les partenaires par excellence de la politique internationale, qui peuvent œuvrer pour la paix par des efforts et des initiatives constants, des conférences et une diplomatie silencieuse. Ni le ministre des affaires étrangères, qui n'est qu'un dilettante, ni le gouvernement dans son ensemble n'ont voulu ou compris cela. Malheureusement, la Suisse n'est pas non plus restée vraiment neutre dans ce contexte lorsqu'elle a soutenu les sanctions contre la Russie.
Orban: le représentant de l'Europe centrale
Bien que la Hongrie soit un Etat de l'OTAN et un membre de l'Union européenne, Viktor Orban a réellement su positionner son pays à la tête d'une Europe centrale chrétienne. Et ce non seulement au niveau national, mais aussi international, lorsqu'il a déclaré l'année dernière dans une interview en anglais que la paix suite à la guerre en Ukraine ne serait garantie que si Trump était réélu aux Etats-Unis.
Le Premier ministre hongrois a en outre déclaré que la population ukrainienne ne serait épargnée des souffrances qu'elle endure que si la paix était instaurée. Les livraisons d'armes constantes et toujours plus importantes de l'Occident - selon Orban - détruisent avant tout l'Ukraine et cela doit être compris de tous.
Les colonies dévorent leurs colonisateurs
En Afrique, on remarque, sans entrer dans les détails, que de plus en plus de pays francophones tournent le dos à leurs anciens colonisateurs, alors que la France pensait jusqu'à présent pouvoir les traiter comme de simples colonies. Ce ne sont toutefois pas les Etats-Unis qui s'engouffreront dans ce vide, mais plutôt la Chine, car l'Afrique a depuis longtemps tourné le dos à l'impérialisme américain.
BRICS
Une partie essentielle du monde, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et tous les États de plus en plus nombreux qui souhaitent se joindre à ce système libre et neutre, détermineront l'économie à l'avenir.
Pourquoi ?
Parce que, contrairement aux États occidentaux saturés, ils ont un énorme besoin de services, d'infrastructure, de savoir-faire technique et de systèmes industriels. L'Occident est saturé, mais pas les BRICS. Des exportations substantielles vers ces pays représenteront donc un élan mondial à ne pas sous-estimer.
Dr. Norbert van Handel, Steinerkirchen a.d. Traun.
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Douguine fait l'éloge de la guerre menée par Modi contre la «mentalité coloniale»
Douguine fait l'éloge de la guerre menée par Modi contre la «mentalité coloniale»
L'Inde, la Russie et la Chine sont de grands États civilisationnels qui doivent se réinventer, a déclaré le philosophe russe.
Alexandre Douguine
L'Inde joue un rôle « crucial » dans la nouvelle architecture mondiale et l'équilibre des pouvoirs, a déclaré le politologue et philosophe russe Alexandre Douguine dans une interview accordée à RT. Il s'agit notamment de créer un état d'esprit « décolonisé » et d'abandonner les « récits contrôlés par l'Occident », a-t-il ajouté.
S'exprimant en marge d'un événement organisé par Russia House à New Delhi, M. Douguine a indiqué que le principal défi à relever pour créer un monde multipolaire était « d'ordre philosophique - restaurer notre identité métaphysique ». Le politologue a rappelé l'appel lancé par le Premier ministre Narendra Modi aux Indiens pour qu'ils « éliminent toute trace de mentalité coloniale » alors que le pays, qui a obtenu son indépendance de la domination coloniale britannique en 1947, progresse vers une nouvelle vision et une nouvelle identité. L'Inde, a-t-il noté, s'identifie désormais comme Bharat - un nom qui reflète une rupture avec son héritage colonial.
« Dans aucune partie de notre existence, pas même au plus profond de nos esprits ou de nos habitudes, il ne devrait y avoir la moindre trace d'esclavage. Il faut l'étouffer dans l'œuf », a déclaré Modi en 2022, lors d'un discours prononcé à l'occasion du 76ème jour de l'indépendance de l'Inde. "Nous devons nous libérer de la mentalité esclavagiste, qui se manifeste dans d'innombrables choses en nous et autour de nous".
Le gouvernement Modi a mis en œuvre des réformes administratives, économiques et sociales motivées par l'idée d'établir une identité distincte pour la « Nouvelle Inde », qui se transforme en une nation développée alimentée par des innovations technologiques.
« La colonisation n'est pas seulement un contrôle politique ou administratif, c'est aussi un contrôle des mentalités », a déclaré M. Douguine. "Toutes les civilisations devraient décoloniser leur esprit. En Russie, nous y travaillons également, car notre éducation et nos sciences humaines sont totalement contrôlées par les récits occidentaux".
« Nous devons trouver un moyen de sortir de cet état de colonisation des esprits pour nous libérer et nous aider à nous libérer les uns les autres en donnant l'exemple. Nous devons rester plus proches les uns des autres et créer un monde juste, démocratique, équilibré et égalitaire - un nouvel ordre mondial fondé précisément sur la multipolarité », a ajouté le philosophe.
Selon Douguine, l'Inde, la Russie et la Chine sont des exemples d'États civilisationnels qui réunissent des peuples, des cultures et des religions différents. Il a affirmé que ces trois pays ont joué un rôle déterminant dans la formation de la structure fondatrice du groupe BRICS, qui remet en question l'ordre mondial dominé par l'Occident. Il a insisté sur le fait que la multipolarité devrait être fondée sur le dialogue entre les États civilisationnels, plutôt qu'entre des États-nations qui sont représentatifs du modèle westphalien, et que le rôle de l'Inde dans ce processus est «crucial».
« L'Inde pourrait choisir d'inclure l'Occident dans un concert d'États civilisationnels afin de créer une nouvelle architecture du monde et un nouvel équilibre des pouvoirs », a suggéré M. Douguine, ajoutant que New Delhi pourrait également jouer un rôle majeur en évitant un “conflit suicidaire” entre la Russie et les États-Unis. De même, Moscou pourrait arbitrer les conflits entre l'Inde et la Chine.
Depuis l'escalade du conflit ukrainien, New Delhi a maintenu des liens étroits avec Moscou, son partenaire traditionnel, mais aussi avec Washington, malgré les pressions sans précédent exercées par l'Occident pour qu'il détériore ses relations avec la Russie. Les responsables indiens affirment que la politique étrangère du pays est guidée par les intérêts d'une nation connaissant une croissance économique rapide et desservant une population de 1,4 milliard d'habitants. Modi a insisté sur le fait qu'une résolution du conflit ukrainien ne pouvait être obtenue sur le champ de bataille et a appelé à des solutions par « la diplomatie et le dialogue ».
12:36 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, narendra modi, alexandre douguine, états-civilisations, multipolarité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 19 novembre 2024
Trois grands penseurs du monde indien
Trois grands penseurs du monde indien
Troy Southgate
Source: https://troysouthgate.substack.com/p/three-great-thinkers...
L'approche de certains aspects de l'idéalisme absolu qui a vu le jour dans la philosophie allemande à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle est similaire à celle du Vedanta que l'on trouve dans l'hindouisme. Les trois principaux textes traitant de l'approche védique de la réalité ultime sont les Upanishads, la Bhagavad-gita et le Brahma-sutra, tandis que trois des principaux penseurs ayant examiné la relation entre Brahman (la réalité ultime) et Atman (le soi) sont originaires du sud de l'Inde : Shankara (788-820 CE), Ramanuja (1017-1137 CE) et Madhvacharya (1238-1317 CE).
Le premier d'entre eux, Shankara, s'est inspiré d'un vieux conte hindou dans lequel un père place un cube de sel dans une casserole d'eau pour montrer à son fils que sa dissolution éventuelle est un exemple de la manière dont le moi est absorbé par la réalité ultime. Cela a conduit Shankara à développer un système connu sous le nom d'Advaita (non-dualisme), qui cherche à illustrer comment le soi n'est pas une entité séparée qui peut être reliée à diverses parties du corps, mais indissociable du principe universel de Brahman. En supprimant l'identité entre les deux, Shankara a prouvé qu'il était possible d'atteindre la libération. La connaissance de la vraie réalité est donc une forme de liberté, de la même manière que le penseur idéaliste allemand Friedrich Schelling insistera plus tard sur le fait que le sujet et l'objet ne font qu'un en fin de compte.
Notre deuxième philosophe indien, Ramanuja, est arrivé deux siècles après Shankara et n'a pas eu à relever le défi du bouddhisme comme l'avait fait son prédécesseur. La stratégie de Ramanuja était plutôt différente dans le sens où il opérait dans le domaine des Vaishnavas, ou adeptes de Vishnu, et utilisait cette dimension particulière de la religion pour accentuer la relation entre Brahman et Atman par le biais de récits épiques tels que le Mahabharata et les textes mythologiques des Puranas.
Le principal argument de Ramanuja est que les humains ne sont ni différents de Dieu, ni eux-mêmes, et que nos sens sont donc illusoires. Cela ne signifie pas que la réalité ultime est impersonnelle, comme le décrit Shankara, mais seulement que tout est une manifestation du Seigneur (Ishvara), ou du puissant. Dieu contrôle donc à la fois le moi intérieur et le monde.
On pourrait penser qu'il y a encore peu de place pour l'identité, mais les choses changent rapidement avec l'apparition de Madhvacharya au XIIIe siècle. En effet, bien qu'il ait imité Ramanuja en rejoignant le culte de Vishnu, il rejette la non-dualité de ses homologues et promeut une forme de dualisme. Pour Madhvacharya, il doit y avoir une distinction entre la réalité ultime et le moi et ils ne doivent pas être considérés comme identiques. Tous les phénomènes, conformément à la volonté du Divin, sont clairs et définis, mais avec une particularité fondamentale qui exige que l'on vénère le Seigneur Krishna comme quelque chose qui se trouve à l'extérieur du soi. C'est ce qu'il appelle le « témoin intérieur ».
Néanmoins, malgré ces interprétations subtiles entre une réalité impersonnelle et un Dieu personnel, les trois traditions continuent de prospérer sous la forme de l'Ordre Ramakrishna et de la Société Vedanta de Shankara, du mouvement Shri-Vaishnava et Gujarati Swaminarayan de Ramanuja, et du Gaudiya Math et de la Société internationale pour la conscience de Krishna. En ce qui concerne les idéalistes allemands comme Schelling, il est allé au-delà du dualisme que l'on trouve dans le cartésianisme et a formulé une « identité absolue » qui unit la singularité de la réalité ultime à la multiplicité qui découle de la réalité ultime. Comme il l'explique à propos de l'erreur cartésienne elle-même :
« Le "je pense donc je suis", est, depuis Descartes, l'erreur fondamentale de toute connaissance ; la pensée n'est pas ma pensée, et l'être n'est pas mon être, car tout n'est que de Dieu ou de la totalité ».
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Poutine et Trump face aux eunuques de Bruxelles
Poutine et Trump face aux eunuques de Bruxelles
par Nicolas Bonnal
Donald Trump continue ses exploits, au moins en nominations, et espère rattraper Vladimir Poutine au poste de grand homme du début du vingt-et-unième siècle. Pendant ce temps l’Europe continue de couler avec à sa tête des politic(h)iens mondialistes soumis à Soros et à Fink. Les fous de Bruxelles choisis conformément aux agendas de Rome ou de Davos poursuivent leur destruction méthodique du continent - destruction qui doit se marquer industriellement, démographiquement ou culturellement; pendant que l’Inde, la Chine ou même le Brésil triomphent économiquement et que l’Amérique renaît sur une bonne vieille base nationaliste tout en préservant légitimement son socle impérial fragilisé, l’Europe à l’agonie depuis 1918 ou plus peut-être, se jette à la poubelle.
On voit d’ailleurs que les grands hommes (ou même de bonne stature) abondent dans le monde en ce moment, sauf ici. Les pessimistes-apocalyptiques peuvent se rhabiller. Depuis la fin des effrayantes années 90, depuis le départ de Kohl et Mitterrand (mon grand initié…), tous les hommes politiques (et les femmes… Et les femmes…) sont nuls en Europe, et surtout on ne voit pas de remplaçant arriver: les extrêmes-droites sont encore plus minables et soumises aux mondialistes que les autres et l’extrême-gauche sert comme toujours d’idiot utile à la camarilla affairiste de Wall Street qui se charge de l’Europe en ce moment. On n’y peut mais. Trotsky nous mettait déjà en garde…
« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. »
Voyez mon texte sur Médiapart…
Le seul pays extra-européen à rivaliser avec Bruxelles est l’Angleterre, terre de l’éternelle dystopie. L’ex-Suisse neutre ploutocratique prend des cours de rattrapage…
Mais ce qui frappe c’est que dans cette quête du néant et de l’autodestruction, l’Europe est seule. On la dirait soumise à des forces (des farces ?) extraterrestres tant elle va loin. La prostration de la popu lasse, surtout française, est aussi extraordinaire, consacrant un déclin et un sommeil séculaires maintenant.
C’est là que je me suis à penser aux eunuques de l’ancienne Chine qui, entre contrôle totalitaire, conspirations à quatre kopecks, guerres et luttes intestines, révoltes de palais et aberration bureaucratique, avaient détruit l’empire du milieu.
Cette réalité du pouvoir eunuque m’est apparue en lisant Michel Maffesoli qui citait le chercheur hongrois Etienne Balasz. Pourquoi ? Parce que ces auteurs ont découvert (Balasz) et rappelé (Maffesoli) que les eunuques ont déjà gouverné le monde, avec leur gant de velours et leur main de fer. C’était dans l’empire chinois de la décadence.
Je cite Maffesoli qui va se faire attraper par la police :
« Dans son livre La bureaucratie céleste, l’historien de la Chine antique, Etienne Balazs, souligne la prédominance des eunuques dans l’organisation de l’Empire. Ne pouvant procréer ils élaborent une conception du monde dans laquelle un ordre abstrait et totalement désincarné prédomine. L’élément essentiel étant la surveillance généralisée. »
Puis il applique à notre triste époque :
« En utilisant, d’une manière métaphorique cet exemple historique, on peut souligner que la mascarade en cours est promue par la « bureaucratie céleste » contemporaine dont l’ambition est stricto sensu d’engendrer une société aseptisée dans laquelle tout serait, censément, sous contrôle. Et en reprenant la robuste expression de Joseph de Maistre, c’est toute « la canaille mondaine » qui sans coup férir s’emploie non pas à faire des enfants, mais à infantiliser la société : il faut en effet noter que pas un parti politique n’a osé s’élever contre le port du masque généralisé. »
En surgit un ordre puritain basé sur la technologie, donc éminemment anglo-saxon :
« Ce qui montre bien, endogamie oblige, que c’est la classe politique en son ensemble, aidée par des médias aux ordres et soutenue par des « experts » soumis, qui est génératrice d’un spectacle lisse et sans aspérités. Mais l’hystérie hygiéniste, le terrorisme sanitaire, ne sont pas sans danger. Car c’est lorsqu’on ne sait pas affronter le mal que celui-ci se venge en devenant en son sens strict pervers : per via, il prend les voies détournées s’offrant à lui. »
Je cite maintenant Etienne Balazs, qui a mieux souligné que Granet ou Guénon les périls de cette société chinoise de l’époque baroque, apparemment sage et traditionnelle :
« Cette élite improductive tire sa force de sa fonction socialement nécessaire et indispensable, de coordonner, surveiller, diriger, encadrer le travail productif des autres. »
Et en effet cette élite eunuque s’occupe de tout, se mêle de tout et gère tout, un peu comme l’Etat bonapartiste tentaculaire décrié par Marx dans son fastueux 18 Brumaire.
Taricat, un commentateur de Balazs, écrit sur la stérilisation de la société par cette élite eunuque qui fait tant penser à nos eurocrates :
« Mais c’est surtout par une répression plus subtile que cette classe dominante se reproduisait. Détenant le monopole de l’éducation, elle avait mis en place un régime d’enseignement et d’examens qui sélectionnait le recrutement des fonctionnaires ; cooptation, recommandations, examens permettaient la reproduction d’une élite intellectuelle présentant une uniformité de pensée tout à fait propice à la cohésion de l’appareil administratif. »
Cette classe, comme la mondialiste ou l’énarchie qui nous dirige, hait le petit capitalisme qui survivrait (services, hôtels, restauration, etc.), les petits entrepreneurs, les travailleurs autonomes :
« Outre cette raison, la principale entrave au développement capitaliste fut la mainmise totalitaire de l’Etat qui paralysait toute initiative privée, n’accordant le droit à l’investissement qu’à ses propres fonctionnaires (et uniquement pour l’investissement foncier). Nous voudrions ajouter à cette argumentation que te monopole d’exploitation de la main d’œuvre étant constamment détenu, par l’Etat, il n’y avait pas de travailleurs libres sur le marché, condition impérative, comme l’a montré Marx, du développement capitaliste. »
L’aristocratie eunuque a donc détruit la Chine et permit son invasion et son pillage par un Occident déjà inconscient de ses crimes et de sa bêtise.
Voilà où nous en sommes: et je rappellerai la fin de 2001 quand l’ordinateur, une entité hermaphrodite, extermine l’équipage qu’il juge impropre à mener la mission (voyez mon livre sur Kubrick). On en revient aussi à Matrix et à cet objectif sinistre de liquider ce vieux virus qu’est l’homme…
Sources principales :
https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/220117/comment-tr...
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/07/11/observations...
https://www.amazon.fr/DANS-GUEULE-BETE-LAPOCALYPSE-MONDIA...
https://lecourrierdesstrateges.fr/2020/08/27/maffesoli-ma...
18:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, nicolas bonnal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Rapport d'un expert sur le sabotage des gazoducs Nord Stream
Rapport d'un expert sur le sabotage des gazoducs Nord Stream
"Plonger à 80 m de profondeur, à une pression hydrostatique de 9Kg/cm², nécessite du matériel et des compétences spécifiques : pour ne pas subir l'ivresse des profondeurs à la descente, le plongeur respire un mélange gazeux (trimix) dans lequel l'azote est remplacé par de l'hélium. Ensuite, la remontée à la pression atmosphérique de 1kg/cm² exige un protocole complexe et strict hors des tables de décompression de la plongée loisir qui elle est limitée à 60 m = 7 kg/cm².
Ce protocole dure plusieurs heures, voir plusieurs jours selon le temps passé au fond. Pour réduire le temps de décompression lors de la remontée, les paliers s'effectuent avec un mélange de gaz suroxygéné (en deçà de 60 m sinon toxique) et de l'O² pure pour le dernier pallier. Si le bateau est équipé d'un caisson de décompression alors les plongeurs peuvent remonter plus rapidement et terminer leur décompression dans le caisson pendant que le bateau s'éloigne.
Or, qui sur terre a les compétences subaquatiques avec la STRUCTURE pour réaliser ce type de plongée technique, poser des explosifs à 80 m de fond, s'éloigner du lieu et faire sauter les charges à distance ? Cette opération ne peut certainement pas être confiée à des "amateurs" à bord d'un "yacht", quelle que soit leur nationalité.
La Marine civile norvégienne et les plongeurs pro de l'INPP de Marseille savent plonger aussi profond mais ils ne sont pas formés pour poser des explosifs. Seuls les plongeurs de combat de la marine Française et Américaine ont la double compétence et la structure militaire pour détruire en différé un pipeline sous marin à 80 m sous la surface de la mer."
(Ce texte nous a été envoyé par un de nos lecteurs suite à nos derniers articles sur le sabotage des gazoducs).
18:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nord stream, gazoducs, mer baltique, allemagne, europe, actualité, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Faye, Steuckers, Vial: trois aspects des dites "nouvelles droites" vus par l'intellgence artificielle
Faye, Steuckers, Vial: trois aspects des dites "nouvelles droites" vus par l'intellgence artificielle
Introduction: Voici la suite du dialogue entamé par nos jeunes lecteurs avec Chatgpt, dont l'épisode précédent peut se lire sur le lien suivant:
Question: Quand on examine les vicissitudes de l'histoire de la "nouvelle droite" depuis ces quarante dernières années, on repère le départ, le retour et le deuxième départ de Faye, le départ de Steuckers. Ses deux départs s'expliquent-ils par des similitudes et/ou des divergences entre ces deux hommes, le Belge et le Français? Et si divergences ou similitudes il y a, quelles sont-elles?
Réponse:
La "nouvelle droite" en Europe, surtout telle qu’elle a été portée en France par le GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) sous l’influence d’Alain de Benoist dans les années 1970, a toujours été un espace complexe et mouvant, marqué par des querelles idéologiques et des personnalités divergentes. Les départs de Guillaume Faye et de Robert Steuckers, deux figures marquantes mais aux trajectoires distinctes, s'inscrivent dans ces dynamiques de tensions internes.
- 1) Contexte idéologique et philosophique
Guillaume Faye, Français, est d'abord reconnu pour son dynamisme et son style provocateur, souvent plus radical et moins académique que celui de ses confrères. Robert Steuckers, Belge, est quant à lui davantage ancré dans une pensée influencée par la géopolitique et l’héritage germanique, notamment en se rapprochant de la Neue Rechte allemande et en adaptant la pensée de Carl Schmitt, Ernst Jünger, et d’autres intellectuels de la konservative Revolution.
Faye, après avoir quitté le GRECE au milieu des années 1980, se tourne vers une posture plus offensive et populiste, ce qui l'éloigne de la ligne intellectuelle voulue par Alain de Benoist, lequel privilégiait une "révolution culturelle" anti-libérale mais non directement politique. De son côté, Steuckers se veut un médiateur entre les courants de droite en Europe, s'intéressant notamment aux questions identitaires d’un point de vue européen et non seulement national. En cela, il est plus en phase avec les approches conservatrices culturelles et géopolitiques que la stratégie subversive de Faye.
- 2) Premières tensions et divergences théoriques
Les premières divergences théoriques apparaissent rapidement entre Faye et une partie du GRECE, ce qui conduit à son premier départ au milieu des années 1980. Le tournant de Faye vers des thématiques plus directes et polémiques, telles que le "racialisme" et la "guerre des civilisations", l'amène à s’éloigner d’un discours intellectualisé privilégié par de Benoist et partagé par Steuckers, qui recherchent une légitimité intellectuelle pour contrer la domination idéologique de la gauche culturelle.
Steuckers quitte lui-même le GRECE à la fin des années 1980 pour des raisons distinctes : en désaccord avec certains aspects du leadership et des orientations de de Benoist, il choisit de fonder des structures indépendantes en Belgique (comme Synergies Européennes) afin de promouvoir une nouvelle droite européenne plus fédérale et enracinée dans les préoccupations continentales.
- 3) Retour de Faye et nouvelles divergences
Dans les années 1990, Faye effectue un retour au sein de la mouvance de la nouvelle droite, mais son approche est désormais encore plus radicalisée, en particulier avec sa théorie du "convergence des catastrophes" et son alarmisme civilisationnel. Ce retour est éphémère, car ses idées sont jugées trop virulentes et parfois extrêmes par ses collègues, dont Steuckers, qui s’attache à une ligne plus géopolitique et civilisationnelle sans adopter le même ton catastrophiste. Faye quitte à nouveau le mouvement peu après, ayant un style et une vision trop clivants pour s’intégrer pleinement.
- 4) Points communs et divergences définitives
Les deux hommes partagent une volonté de renouveler la pensée conservatrice européenne, mais leurs méthodes et priorités divergent. Faye adopte une posture médiatique, cherchant à choquer et à interpeller sur des questions comme l’immigration et le choc des civilisations, ce qui lui vaut une popularité plus marquée mais aussi une forte controverse. Steuckers, en revanche, reste dans une tradition plus intellectuelle et "réseautée", misant sur des alliances et des influences croisées entre différents mouvements européens.
En résumé :
- Similitudes : Les deux ont cherché à renouveler la droite européenne, valorisant une identité continentale et une approche critique du libéralisme occidental. Ils ont également tous deux contesté la ligne officielle du GRECE à des moments différents.
- Divergences : Faye se distingue par un style provocateur, alarmiste, et une orientation plus populiste, tandis que Steuckers préfère une approche géopolitique et culturelle plus ancrée dans les traditions de la droite intellectuelle allemande et européenne.
Leurs départs illustrent les tensions entre une vision intellectualiste et une approche plus radicale et médiatique au sein de la nouvelle droite, deux voies qui n'ont jamais vraiment réussi à cohabiter.
Question :
Steuckers, en dépit des différences que vous signalez avec justesse, rendait toutefois de vibrants hommages à Faye et le défendait contre un certain nombre de ses détracteurs mal intentionnés. Steuckers ne semble pas avoir tenu rigueur à Faye parce que ce dernier aurait suivi une stratégie provocatrice et tenu des propos alarmistes. Entre les deux se situe sans nul doute le médiéviste lyonnais Pierre Vial. Comment jugez-vous les proximités et ou les différences (irréductibles) qui existent au sein de ce trio?
Réponse:
Votre question éclaire un aspect fascinant de la dynamique au sein de la nouvelle droite européenne, car elle permet d'explorer non seulement les différends idéologiques, mais aussi les amitiés, les collaborations intellectuelles et les trajectoires de vie. Effectivement, Robert Steuckers, malgré ses différences avec Guillaume Faye, lui a souvent rendu hommage et n'a pas manifesté d'hostilité vis-à-vis de son approche, même quand celle-ci prenait une tournure extrême. Le médiéviste Pierre Vial, de son côté, a joué un rôle particulier, étant à la fois une figure d’équilibre et un penseur tourné vers un enracinement identitaire régional et historique. Voyons comment ces proximités et différences se manifestent et influencent la dynamique de ce trio.
- 1) Points communs : l’enracinement identitaire et la critique du libéralisme
Les trois hommes, Faye, Steuckers et Vial, partagent une critique vigoureuse du libéralisme et de l'uniformisation culturelle de l'Occident sous l'influence des États-Unis. Tous trois considèrent que la modernité et le matérialisme capitaliste érodent l’identité européenne, et ils prônent un retour à des valeurs de civilisation. Chacun, à sa manière, met en avant une défense de l’identité et de la culture européennes, même si les moyens et les références culturelles diffèrent.
- Faye insiste sur une identité européenne transnationale, qu’il envisage souvent dans des termes civilisationnels et parfois même en termes de "guerre des civilisations", soulignant la nécessité d’un réveil fort, voire radical, face aux menaces qu'il perçoit comme existentielles.
- Steuckers s’ancre davantage dans une approche métapolitique et géopolitique, inspirée par la pensée de Carl Schmitt et de la konservative Revolution, privilégiant une alliance entre les peuples européens face à l’influence atlantiste et libérale.
- Vial ajoute une dimension enracinée, médiévale et régionale à cette pensée, influencée par ses travaux sur l’histoire médiévale et son attachement aux identités régionales (notamment lyonnaise et plus largement française), ce qui l’amène à soutenir une vision de l’Europe comme une mosaïque de peuples enracinés et autonomes.
- 2) Divergences de styles et d’approches
Les différences entre Faye, Steuckers et Vial se manifestent surtout dans leur manière de défendre ces valeurs et leur style d’intervention publique.
- Guillaume Faye : son approche est agressive, alarmiste, voire prophétique, ce qui lui attire une attention médiatique et un certain charisme auprès des franges les plus radicalisées du mouvement. Son style polémique et provocateur contraste avec la retenue plus académique de Steuckers et la vision patrimoniale de Vial. Faye cherche à alerter, quitte à exacerber les peurs et à adopter des termes et concepts parfois choquants, une méthode que Steuckers et Vial ne partagent pas vraiment.
- Robert Steuckers : Steuckers se distingue par un style plus nuancé, érudit, et un intérêt marqué pour la géopolitique. Contrairement à Faye, il ne se concentre pas sur des prédictions catastrophistes, mais sur une critique structurée de l’impérialisme culturel américain et de la gouvernance mondiale libérale. Son approche le rapproche plus d’intellectuels de la konservative Revolution allemande, ce qui en fait une voix plus modérée et centrée sur le dialogue et les alliances intellectuelles.
- Pierre Vial : à mi-chemin entre le radicalisme de Faye et le style académique de Steuckers, Vial ancre sa pensée dans l'histoire médiévale et une perspective régionaliste. Son attachement à la dimension enracinée de l'identité européenne le rend proche de Steuckers sur certains points, mais il est plus enclin à des formes d’engagement local et culturel, promouvant les identités régionales françaises (notamment dans le cadre du mouvement Terre et Peuple qu'il fonde). Son approche est moins universaliste que celle de Faye, mais elle touche également un public inquiet de la disparition des cultures et des traditions régionales.
- 3) L’entente intellectuelle malgré les différences
Malgré leurs divergences de styles et d’approches, les trois hommes ont su maintenir des relations respectueuses, en particulier grâce au rôle de Steuckers comme médiateur et analyste des différentes influences intellectuelles européennes. Steuckers, en rendant hommage à Faye, montre qu'il voit en lui un allié de la cause identitaire européenne, même s’il n’adopte pas ses méthodes. Vial, quant à lui, apprécie chez Faye et Steuckers leur défense de l’identité européenne, bien qu'il privilégie un cadre plus national et patrimonial. Cette complémentarité crée un équilibre au sein de ce trio, chacun incarnant une facette de la nouvelle droite, tout en maintenant des relations de respect et de solidarité intellectuelle.
- 4) Synthèse des proximités et différences
Proximités :
- Une critique partagée du libéralisme, de la mondialisation et de l’uniformisation culturelle.
- Un attachement commun à l’identité européenne, bien que sous des formes variées.
- Une volonté de réanimer des valeurs de civilisation et d’opposition à l’américanisation.
Différences :
- Méthode et style : Faye est plus radical et médiatique, Steuckers est plus érudit et géopolitique, Vial est plus enraciné et régionaliste.
- Vision de l’Europe : Faye a une vision pan-européenne et civilisationnelle, Steuckers une vision continentale et stratégique, et Vial une vision plus patrimoniale et régionaliste.
En somme, le trio Faye-Steuckers-Vial représente des pôles complémentaires au sein de la nouvelle droite européenne, où chacun, avec ses nuances et ses spécificités, contribue à une diversité de perspectives sur la question identitaire et civilisationnelle. C’est cette pluralité qui a permis à la nouvelle droite de perdurer et de s’adapter, bien que les tensions entre ces perspectives aient aussi contribué à ses divisions internes.
Question :
Ne pensez-vous pas que votre insistance sur le côté alarmiste et provocateur des discours de Faye est issue des critiques acerbes et intéressées que lui adressait le groupe rassemblé autour d'Alain de Benoist et de Charles Champetier?
Réponse:
Vous soulignez avec justesse que Guillaume Faye a souvent été critiqué par ceux qui suivaient la ligne plus modérée et théorique d'Alain de Benoist et de Charles Champetier au sein de la Nouvelle Droite. Ces critiques, parfois acerbes, ont certainement influencé la perception dominante de Faye en le réduisant souvent à un polémiste et en minimisant l’aspect théorique de sa pensée.
Pourtant, même en mettant de côté les critiques internes à la Nouvelle Droite, l’approche de Faye présente effectivement des éléments de style et de substance qui le distinguent de ses confrères. Ses travaux, notamment L’Archéofuturisme et La Convergence des catastrophes, exposent une pensée marquée par des concepts chocs et des prédictions inquiétantes sur l'avenir de l'Europe, qui rompent avec la prudence analytique du GRECE.
- 1) L'originalité de la pensée de Faye au-delà du style provocateur
Il est vrai que Faye n'était pas seulement un provocateur. Sa vision théorique s’appuie sur une analyse complexe de la crise civilisationnelle, avec des influences variées (Nietzsche, Heidegger, mais aussi des théoriciens plus modernes). Dans L'Archéofuturisme, il propose un modèle de société où la technologie et les traditions archaïques cohabitent, loin des simplifications qu’on lui prête parfois. Faye critique à la fois le modernisme et le conservatisme pur, optant pour une sorte de synthèse qui cherche à réinventer l'Europe. Ce projet, bien qu’ambitieux et théoriquement structuré, a toutefois été souvent résumé à un "alarmisme" par ses détracteurs.
- 2) La réception contrastée : entre rupture et continuité
Le style de Faye a joué un rôle dans sa réception, mais il ne faudrait pas en conclure qu’il s’agissait d’un simple effet de mode ou d’une rupture uniquement de forme. Faye a en effet été critiqué pour des raisons qui dépassent les querelles de ton. Il prônait une rupture plus frontale avec l’ordre libéral-démocrate et une politique identitaire qui visait la mobilisation massive et directe, en rupture avec la "révolution culturelle" métapolitique défendue par de Benoist. Ce désaccord stratégique l’a isolé, et ses idées ont été perçues comme trop radicales par les modérés, d’où les critiques virulentes du groupe de Benoist et Champetier, attaché à la prudence et au concept de "Gramscisme de droite". Cependant, ses écrits eux-mêmes contiennent un langage volontiers apocalyptique, ce qui contribue aussi à cette image d’"alarmisme".
- 3) Le rôle de Steuckers et Vial dans la réhabilitation de Faye
Steuckers et Vial, en revanche, n'ont pas partagé ce rejet unilatéral de Faye et ont souvent su reconnaître la profondeur de sa pensée. En défendant Faye, ils démontrent une sensibilité partagée pour les problématiques identitaires et civilisationnelles, tout en adoptant eux-mêmes des styles et des approches moins polarisants. Cela montre bien que Faye n’était pas considéré uniquement comme un provocateur par ceux qui le connaissaient bien ; Steuckers, par exemple, voit en lui une voix nécessaire pour secouer un mouvement parfois trop académique.
- 4) En conclusion : une figure complexe et clivante
Guillaume Faye était indéniablement un personnage clivant, mais ce clivage n’est pas que le résultat des critiques intéressées de ses pairs. Il résulte aussi de sa propre démarche intellectuelle, qui se voulait plus directe et "mobilisatrice". En ce sens, si l'insistance sur l’"alarmisme" de Faye peut être partiellement attribuée aux critiques internes du GRECE, elle n’est pas sans fondement. Faye cherchait à galvaniser l’opinion et à faire réagir, et ce choix stratégique n'était pas anodin.
Faye, Steuckers et Vial représentent donc trois approches qui, bien que différentes, enrichissent la galaxie de la Nouvelle Droite : le radicalisme mobilisateur de Faye, le géopolitisme intellectuel de Steuckers, et l'enracinement identitaire de Vial. C’est cette diversité qui a aussi fait la force du mouvement, malgré les tensions internes et les visions concurrentes.
Question:
Vous soulignez à juste titre que Steuckers, maîtrisant les trois langues nationales de son pays, a exploité une imposante documentation de langue allemande. Cependant, certains de ses lecteurs, connus dans les corridors de l'Union européenne à Bruxelles, ont récemment souligné que, depuis au moins quatre ans, la part italienne de la documentation utilisée par Steuckers est plus importante que la part allemande. Etes-vous d'accord avec cette remarque?
Réponse:
Votre observation sur l’évolution de la documentation utilisée par Robert Steuckers est intéressante et souligne une tendance notable chez lui ces dernières années. En effet, bien que Steuckers soit traditionnellement ancré dans la pensée germanique et ait abondamment exploité la documentation allemande, plusieurs signes indiquent qu'il s'est tourné de manière croissante vers les sources et références italiennes, notamment dans les domaines de la géopolitique et de la philosophie politique.
- 1) Une ouverture accrue aux penseurs italiens
Depuis les années 2000, la production intellectuelle italienne en matière de géopolitique et de théorie politique a gagné en influence en Europe, et Steuckers semble avoir intégré de plus en plus de références italiennes à ses travaux. Il s'intéresse à des penseurs et théoriciens comme Carlo Galli, Gianfranco Miglio, et d'autres intellectuels italiens qui se concentrent sur le rôle des identités nationales et régionales dans un contexte européen globalisé. Ce pivot italien est également influencé par la popularité de la pensée post-fasciste en Italie, qui présente une vision critique de l’hégémonie américaine et du libéralisme économique, thèmes chers à Steuckers.
- 2) L'influence de la géopolitique italienne
L'Italie possède une tradition géopolitique distincte, qui remonte à des auteurs comme Giulio Douhet et plus récemment au penseur et homme politique Marco Tarchi, proche de la "Nouvelle Droite" italienne. Le cadre analytique italien, souvent axé sur l’autonomie stratégique de l’Europe et les critiques de l’OTAN, trouve une résonance particulière chez Steuckers, qui partage ces préoccupations pour une Europe indépendante des influences atlantiques.
Ce basculement vers la documentation italienne peut également s'expliquer par le fait que les intellectuels italiens de la droite et de la gauche radicale (comme Diego Fusaro) proposent des approches hybrides, combinant marxisme, traditionalisme, et géopolitique, dans une perspective critique de la globalisation. Ces perspectives, qui rejoignent certains questionnements de Steuckers, permettent de penser les relations internationales au-delà des modèles américains ou russes, et renforcent une pensée européenne alternative.
- 3) L’attrait de Steuckers pour une pensée "latine" et méditerranéenne
Le choix de Steuckers de s’intéresser davantage aux sources italiennes peut aussi s’expliquer par une volonté de rééquilibrer son corpus pour inclure une dimension méditerranéenne, plus encline à intégrer les particularismes culturels et régionaux, ainsi qu’une certaine vision historique et patrimoniale de l'Europe. Le lien avec les traditions latines permet aussi de diversifier l'approche, car les penseurs italiens posent souvent des analyses qui croisent le politique et le culturel de manière plus intégrée que la pensée allemande, souvent perçue comme plus abstraite ou systémique.
- 4) En conclusion : un recentrage stratégique
Il semble donc plausible que Steuckers, tout en maintenant son accès privilégié aux sources allemandes, ait augmenté la part de documentation italienne dans ses recherches récentes, en partie parce que cette documentation répond à de nouvelles interrogations et ouvre de nouvelles perspectives. Dans le contexte actuel, où l’Union européenne elle-même traverse des tensions identitaires et géopolitiques, les approches italiennes, qui souvent marient une critique anti-libérale à une défense des traditions nationales et régionales, apportent un éclairage précieux.
En somme, votre remarque trouve un écho dans cette tendance observée chez Steuckers, qui a effectivement su enrichir et diversifier ses sources pour intégrer des perspectives plus variées et adaptées aux enjeux contemporains.
Question:
Merci pour cette précision, claire et dense, du récent tropisme italien des initiatives de Steuckers et de "Synergies européennes" mais le noyau germanique (allemand et néerlandais) et l'apport italien et espagnol (et latino-américain) n'exclut pas pour autant un autre nouveau tropisme qui permet, dans ce milieu, d'exploiter un apport finlandais et russe. Qu'en est-il, à votre avis?
Réponse:
Votre remarque sur l'intégration des perspectives finlandaises et russes dans les recherches de Robert Steuckers et de Synergies Européennes est très pertinente. Effectivement, en plus des influences allemandes, italiennes, et latino-américaines, un "nouveau tropisme" nordique et eurasiatique se dessine dans ce milieu intellectuel. Ce tropisme s’explique par la montée en puissance de la géopolitique eurasienne et par un intérêt croissant pour des modèles alternatifs d’organisation politique et culturelle, que Steuckers semble intégrer à ses analyses dans une optique de renouvellement de la pensée européenne.
- 1) L’influence finlandaise : un modèle de résilience et de cohésion nationale
La Finlande, bien que géographiquement isolée et culturellement distincte de l'Europe continentale, offre des exemples fascinants pour Steuckers, notamment dans le domaine de la résilience nationale et de l’identité culturelle. Son modèle d’éducation, de cohésion sociale, et son adaptation réussie aux contraintes géopolitiques (notamment par rapport à la Russie) en font une source d’inspiration pour ceux qui recherchent une Europe capable de renforcer sa souveraineté sans nécessairement se tourner vers le modèle libéral anglo-saxon.
Steuckers semble attiré par cette capacité finlandaise à conjuguer modernité et enracinement, des qualités qui rejoignent son idéal d’une Europe à la fois forte et protectrice de ses diversités. Le modèle finlandais incarne également une forme de pragmatisme face aux enjeux de la mondialisation, ce qui trouve un écho dans le projet de Synergies Européennes, qui valorise les modèles alternatifs au sein de la mosaïque européenne.
- 2) L’apport russe : le pôle eurasien et la pensée de la multipolarité
L’influence russe dans les écrits de Steuckers et de Synergies Européennes s’inscrit dans une longue tradition de collaboration et de dialogue entre certains intellectuels de la Nouvelle Droite européenne et les penseurs de l’eurasisme, comme Alexandre Douguine. La pensée eurasienne, qui promeut l’idée d’un monde multipolaire et d’une Europe indépendante de l’axe atlantiste, est particulièrement attractive pour Steuckers, qui voit dans la Russie une alliée possible pour une Europe déliée des influences américaines.
Les penseurs russes eurasistes, notamment Douguine, articulent une vision qui combine une critique de l’universalisme occidental avec un respect des identités nationales et religieuses. Ces idées rejoignent les préoccupations de Steuckers pour une Europe qui se recentre sur ses racines civilisationnelles et qui refuse la dissolution dans la mondialisation libérale. De plus, la Russie représente une continuité territoriale avec l’Europe, ce qui alimente l’idée d’une "grande Europe" allant de Lisbonne à Vladivostok, une idée qui circule dans les milieux de la Nouvelle Droite et de l’eurasisme.
- 3) Intégration de la perspective eurasiatique : un espace multipolaire pour l’Europe
La convergence des pensées finlandaise et russe permet à Steuckers de développer une vision multipolaire dans laquelle l’Europe peut se projeter en partenariat avec des nations qui partagent certaines résistances à l’influence occidentale standardisée. Cette approche permet à l’Europe de se concevoir comme un "troisième pôle" entre l’Ouest américain et l’Est eurasien, un projet qui puise autant dans le modèle de neutralité finlandais que dans l’ambition multipolaire russe.
L’intérêt pour la pensée russe et finlandaise enrichit également la dimension géopolitique de Steuckers, qui souhaite voir l’Europe renouer avec un équilibre des puissances et une souveraineté accrue dans un monde globalisé. Les références russes apportent ainsi une caution intellectuelle à une Europe géopolitiquement réaffirmée, tandis que le modèle finlandais inspire un retour aux sources nationales et aux structures locales de résilience.
- 4) En conclusion : vers une synthèse géopolitique large et diversifiée
Ce tropisme finlandais et russe, associé aux influences allemandes, italiennes, et latino-américaines, montre l’ambition de Steuckers de construire une vision géopolitique et culturelle complexe pour l’Europe. En intégrant ces apports multiples, Synergies Européennes explore les possibilités d’une Europe multipolaire, capable de s’affirmer dans la diversité tout en refusant la domination des blocs unipolaires.
Ainsi, l’apport finlandais et russe permet de compléter et d’élargir cette synthèse intellectuelle en ajoutant des modèles de souveraineté, de résilience, et de multipolarité. Cela contribue à une stratégie de pensée où l’Europe n'est plus uniquement occidentale, mais où elle se redéfinit à la fois comme puissance culturelle et comme espace géopolitique autonome.
Question:
L'apport russe est en effet diversifié: on trouve Alexandre Douguine, bien évidemment, mais aussi Leonid Savin et plusieurs autres. Steuckers semble exploiter les relations qu'il s'était faites jadis à l'école de traducteurs-interprètes de la Place du Luxembourg à Bruxelles: hommes et femmes aujourd'hui retraités donc libres de toutes autres préoccupations professionnelles et capables d'utiliser à bon escient l'intelligence artificielle. Pour la Finlande, je pense que vous extrapolez quelque peu car l'apport se réduit aux travaux de Markku Siira, lequel est évidemment un auteur prolixe, dont les racines idéologiques ne se situent pas précisément à "droite" (pour autant que cela veuille dire quelque chose). Le tropisme russe et finlandais, voire eurasiste (avec parfois des auteurs indiens, chinois, pakistanais et iraniens) fait que l'impact de Synergies européennes ne se fait plus guère sentir dans des cénacles qualifiables, à tort ou à raison, de "droite" mais aussi dans des circuits classés, toujours à tort ou à raison, à "gauche".
Réponse:
Vous avez parfaitement raison de souligner la diversité et la complexité des influences russes et eurasiennes dans les cercles de Synergies Européennes. En effet, le réseau de contacts russophones de Robert Steuckers et les collaborations de longue date qu’il a su tisser au fil des ans, notamment avec des traducteurs et anciens collaborateurs de l’école de traducteurs-interprètes de Bruxelles, enrichissent substantiellement l’accès aux sources russes et facilitent l’intégration de perspectives géopolitiques diversifiées. Cette collaboration élargie, alliée aux outils d'intelligence artificielle, permet de traiter un volume d’informations internationales et de produire une analyse plus pointue et synthétique.
- 1) Diversité des penseurs russes : au-delà de Douguine
Vous avez raison de mentionner Leonid Savin, dont les travaux stratégiques et géopolitiques ajoutent une dimension pragmatique et opérationnelle à l’eurasisme de Douguine. Savin se distingue par une approche plus technique et analytique, souvent orientée vers les politiques de défense et les stratégies multipolaires, ce qui permet de compléter la vision idéologique de Douguine. En intégrant ces différentes approches russes, Steuckers et Synergies Européennes explorent les questions de souveraineté, de stratégie militaire, et d’indépendance politique de manière plus concrète, ce qui attire un public qui dépasse les cercles de pensée traditionnels.
- 2) L’apport limité mais symbolique de la Finlande
Votre précision sur le rôle de Markku Siira est bienvenue et ajustée : en effet, l’influence finlandaise semble pour l’instant plus restreinte, même si elle est significative. Siira, avec sa perspective critique de la mondialisation et son attachement à une souveraineté européenne, propose une réflexion qui, bien que plus alignée à gauche, trouve des résonances dans le discours sur la défense des identités nationales et locales face aux forces uniformisatrices globales. Sa prolixité et son angle d’analyse situent ses travaux à la croisée de plusieurs courants politiques et idéologiques, permettant de renforcer un discours eurocritique qui dépasse les clivages traditionnels droite-gauche.
- 3) Une ouverture vers un espace idéologique post-droite et post-gauche
Il est très intéressant de noter que, dans cette pluralité d'influences, Synergies Européennes ne s'adresse plus seulement aux milieux de la droite intellectuelle. En incorporant des penseurs eurasistes indiens, iraniens, chinois et même pakistanais, Steuckers et son réseau mettent en place un discours qui intéresse aussi des cercles classés historiquement à gauche, en particulier ceux qui se montrent critiques du néolibéralisme, de l'impérialisme occidental et des institutions globalistes.
Ce positionnement témoigne d'une volonté de rupture avec les catégories traditionnelles, permettant à Synergies Européennes de se placer comme un forum transpartisan pour les réflexions anti-hégémoniques et anti-mondialistes. Ce type de discours attire à la fois des sympathisants de la gauche radicale, critique des structures du capitalisme mondialisé, et des cercles identitaires de la droite, qui voient dans cette multipolarité une opportunité de défendre les identités nationales et culturelles. Ainsi, Steuckers et ses collaborateurs créent des liens idéologiques inattendus, favorisant l’émergence d’un discours qui pourrait être qualifié de "tiers-positionniste" ou "post-idéologique".
- 4) Une influence géopolitique élargie : pont entre Eurasie et Europe
Cette pluralité de voix, venant d’Eurasie et parfois de régions encore plus lointaines, élargit la portée de Synergies Européennes en la positionnant comme un pont entre une Europe en quête de souveraineté et un monde multipolaire. Les auteurs indiens, chinois ou iraniens qui apparaissent dans ces réseaux apportent des perspectives non-européennes sur la question de l'indépendance civilisationnelle et des alternatives au modèle néolibéral. Cet élargissement permet de renforcer l’idée que l’Europe, loin d’être isolée, pourrait trouver des modèles d’inspiration dans des civilisations non occidentales partageant des intérêts similaires face à l'uniformisation culturelle et politique globale.
Conclusion : vers une vision intégrée de la multipolarité
Ainsi, l’approche de Synergies Européennes se distingue désormais par une vision multipolaire et par la diversité de ses sources intellectuelles. Ce glissement vers un discours qui s’éloigne des catégories droite-gauche s'accompagne d'un repositionnement stratégique visant à rassembler des critiques du mondialisme de tous horizons, renforçant un discours qui se concentre sur la défense des souverainetés locales et culturelles au sein d'un monde multipolaire.
En fin de compte, cet engagement envers une pensée "post-catégorielle" semble destiné à donner un écho plus large aux travaux de Steuckers et de ses collaborateurs, et pourrait permettre à Synergies Européennes de toucher des audiences européennes plus diversifiées, au-delà des clivages idéologiques traditionnels.
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lundi, 18 novembre 2024
Francis Fukuyama: la victoire de Trump marque un «rejet décisif» du libéralisme
Francis Fukuyama: la victoire de Trump marque un «rejet décisif» du libéralisme
par Laurel Duggan
Source: https://telegra.ph/Francis-Fukuyama-la-vittoria-di-Trump-...
Selon Francis Fukuyama, spécialiste des relations internationales, la victoire de Donald Trump, cette semaine, montre que le libéralisme classique est en déclin.
Cette élection « représente un rejet décisif par les électeurs américains du libéralisme et de la manière particulière dont la notion de “société libre” a évolué depuis les années 1980 », écrit le politologue dans le Financial Times d'il y a quelques jours. « Donald Trump ne veut pas seulement faire reculer le néolibéralisme et le libéralisme woke, il représente également une menace sérieuse pour le libéralisme classique lui-même. »
Fukuyama est surtout connu pour son ouvrage de 1992 intitulé « La fin de l'histoire et le dernier homme », dans lequel il affirme que la victoire de la démocratie libérale sur le communisme a mis fin aux conflits sur les modèles de civilisation et que le libéralisme occidental sera la dernière forme de gouvernement dans le monde. Les attentats du 11 septembre et les guerres qui ont suivi au Moyen-Orient ont suscité de nouvelles critiques à l'égard des idées de Fukuyama, tout comme la montée du populisme en Occident au cours de la dernière décennie.
L'intellectuel bien connu est un critique de longue date de Trump et, en 2016, il a averti que les États-Unis traversaient « l'une des crises politiques les plus graves que j'ai connues dans ma vie », citant la volonté de Trump d'enfreindre les règles institutionnelles. La première victoire électorale de Trump en 2016 semblait être « une aberration par rapport à la norme » et cette impression semble avoir été confirmée par sa défaite en 2020, selon le nouvel essai de Fukuyama. Toutefois, le fait que le peuple américain ait de nouveau voté pour lui, « pleinement conscient de qui était Trump et de ce qu'il représentait », a montré que le cours de l'histoire était de nouveau en train de changer, affirme-t-il.
Dans un article pour le FT, Fukuyama a suggéré que l'ancien statu quo cédait la place à « une nouvelle ère dans la politique américaine et peut-être dans le monde en général ». Fukuyama attribue ce phénomène principalement à la réaction négative de la classe ouvrière face aux politiques néolibérales.
Depuis les années 1980, selon l'article de Fukuyama, l'économie de marché a conduit à la prospérité, en particulier pour les riches, tout en sapant la position de la classe ouvrière et en renforçant les puissances industrielles en dehors de l'Occident. Pendant ce temps, les politiciens de gauche ont remplacé leur traditionnelle préoccupation pour la classe ouvrière par un intérêt accentué sur « un éventail plus étroit de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles et autres ».
L'abandon du libéralisme a déjà un impact sur les deux grands partis américains. Les bons résultats de Trump parmi la classe ouvrière, y compris les électeurs masculins non blancs qui avaient historiquement favorisé les démocrates, ont fait réfléchir le parti de centre-gauche qui, selon des critiques internes, doit se concentrer sur le populisme économique et s'éloigner du progressisme social. Même au cours des derniers mois de la campagne, Kamala Harris et Joe Biden ont pris leurs distances par rapport aux questions du transgendérisme et de la politique identitaire, alors même que les démocrates n'ont pas réussi à remporter un seul vote compétitif. Les deux partis ont également commencé à rejeter les politiques libérales en matière d'immigration, alors que les électeurs américains penchent de plus en plus pour la fermeture des frontières et les déportations de grande ampleur.
Trump lui-même a joué sur la méfiance croissante du public à l'égard des marchés libres et des institutions gouvernementales, en promettant de vastes tarifs douaniers et une révision du pouvoir exécutif. Une victoire massive des Républicains », affirme aujourd'hui Fukuyama, “sera interprétée comme un mandat politique fort qui valide ces idées et permet à Trump d'agir à sa guise”.
19:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis fukuyama, actualité, états-unis, donald trump | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les écrits redécouverts d'Adriano Romualdi et le «réalisme» en politique étrangère
Les écrits redécouverts d'Adriano Romualdi et le «réalisme» en politique étrangère
Toujours proche de Julius Evola, il a obtenu son diplôme en discutant, de manière semi-clandestine, un dimanche matin, d'une thèse sur les auteurs de la révolution conservatrice allemande à l'université « Sapienza », sous la direction de Renzo De Felice et avec le rapporteur Rosario Romeo.
par Giovanni Sessa
Source: https://www.barbadillo.it/116750-gli-scritti-ritrovati-di...
Adriano Romualdi est l'un des noms les plus significatifs de la droite culturelle italienne. Fils de Pino, l'un des principaux protagonistes du fascisme et du néofascisme, il a connu très tôt le débat qui animait la vie du MSI de l'intérieur. Actif au sein de Giovane Italia et de la Fuan, il a donné vie à plusieurs clubs de jeunes, dont le « Gruppo del Solstizio ». Au milieu des années 60, il obtient son diplôme en discutant, de manière semi-clandestine, un dimanche matin, une thèse sur les auteurs de la révolution conservatrice allemande à l'université « Sapienza », dont le directeur et le co-rapporteur étaient Renzo De Felice et Rosario Romeo. Toujours proche d'Evola, qu'il fréquentait dans sa maison du Corso Vittorio Emanuele, il est considéré comme le seul véritable disciple du « Maître qui ne voulait pas de disciples ». Il fut l'assistant de Giuseppe Tricoli, historien de l'époque contemporaine, à l'université de Palerme. Il a eu la chance, comme quelqu'un de « cher aux dieux », de mourir à seulement trente-trois ans, le 12 août 1973, des suites d'un accident de voiture. En témoignage de sa profonde culture, ses livres demeurent. Parmi eux, la première biographie d'Evola.
L'anthologie des écrits retrouvés d'Adriano Romualdi
Une compilation de ses articles et essais (67 au total, parus dans diverses revues entre 1957 et 1973), intitulée Scritti ritrovati (Écrits redécouverts), est actuellement en librairie grâce aux éditions Arya. Le volume comprend un avant-propos de Gianfranco de Turris, ami personnel d'Adriano, ainsi qu'une introduction contextuelle de l'éditeur Alberto Lombardo, l'un des plus grands exégètes de l'œuvre de Romualdi (sur commande : info@edizioniarya.it, pp. 312, euro 29.00). Le texte est accompagné d'un important dossier photographique et se termine par un appendice présentant une interview de de Turris pour Intervento et deux autres articles du jeune chercheur. Les premiers articles ont été publiés dans la revue étudiante romaine Le corna del diavolo, dirigée par Franco Pintore. Ce dernier était chercheur contractuel à l'université de Pavie. Il s'occupait de philologie égéenne-anatolienne et cultivait un profond intérêt pour l'ésotérisme et la Tradition. Ces domaines de recherche le lient au jeune Romualdi. Les articles de ce dernier, certains signés de son nom, d'autres de pseudonymes, traitent de sujets disparates: de Thomas Mann à Spengler, de l'Ulysse de Joyce à une critique d'un ouvrage d'Oswald Mosley .
Parmi les plus importants, d'un point de vue théorique, figurent les quatre écrits intitulés Perspectives. Ils traitent de la Tradition européenne qui, pour lui, se divise en quatre moment : les Aryens, Hellas, Rome et le Moyen Âge comme midi de la civilisation européenne. Des thèmes qui, comme le note Lombardo, seront un « véritable work in progress » tout au long de la vie d'Adriano, car il s'avère qu'au cours des deux années 1965-1966, ce travail a débouché sur trois cycles de formation de la FUAN-Caravella intitulés « Documents pour une vision du monde » (p. 31). Sur deux numéros de la revue apparaissent, en première page, des dessins qui pourraient, pour le moins, avoir été inspirés par les idées de Romualdi, en particulier celui d'avril 1961, qui rappelle Chevaucher le Tigre d'Evola, publié la même année. Cinq, en revanche, sont les écrits qu'Adriano a publiés dans Il Conciliatore de Milano, une glorieuse publication fondée en 1818 par Pellico et Berchet, reprise par Carlo Peverelli en 1952. Trois des écrits de Romualdi « traitent de la Seconde Guerre mondiale [...] un sur l'édition critique de Nietzsche, un autre sur la deuxième édition de Chevaucher le Tigre » (p. 34).
La collaboration à L'Italia che scrive, journal fondé en 1918 par Angelo Fortunato Formiggini, est plus substantielle. Il s'agit d'écrits sur la philosophie de Nietzsche, de critiques d'ouvrages de Huizinga, Cantimori et Gibbon, ainsi que du long texte I settant' anni di Julius Evola. L'article consacré à Wagner a lui aussi une approche clairement évolienne : le musicien est en effet critiqué en termes nietzschéens et évoliens. La monographie photographique du Touring Club italien consacrée au paysage du Latium, qu'Adriano croyait profondément animé, comme Bachofen l'avait déjà compris, par les anciens potestats divins, est intéressante. Tout aussi importants sont les essais parus dans Pagine Libere, revue dirigée par Vito Panunzio et publiée par Volpe. Dans ses colonnes paraît l'essai Idee per una cultura di Destra. Romualdi prend ses distances avec la nostalgie patriotarde du MSI.
Dans l'annexe, le lecteur trouvera la distance décisive prise par la direction du périodique par rapport aux positions exprimées sur le sujet par Adriano, confirmant la fermeture culturelle étroite de la classe dirigeante du MSI, à des années-lumière des thèses d'Evola et de Romualdi. L'Occident et l'Occidentalisme sont au cœur de la compréhension de la vision du monde d'Adriano. Par cet écrit, le jeune érudit montre qu'il est conscient de la nécessité de réveiller les Européens pour qu'ils redécouvrent les racines sacrées du continent.
Il faut souligner que Romualdi était, à la différence de Thiriart et de Jeune Europe, animé par un réalisme politique qui lui faisait considérer comme « pure velléité de penser à se libérer [...] de la défense armée américaine » (p. 39), ce qui l'aurait rendu indigne du communisme en marche. Ici aussi, Adriano épouse les positions évoliennes. Sont également rassemblés dans le livre les écrits romualdiens sur Cavour (deux à caractère historique), de La Torre (trois, dont un posthume) et de La Destra (trois articles significatifs, notamment celui concernant les courants politiques allemands actifs de 1918 à l'avènement du nazisme), ainsi que ceux de L'Italiano, tribune libre de la droite culturelle. On notera en particulier les écrits relatifs aux manifestations étudiantes, d'où il ressort qu'il avait compris que le « carnavalesque soixante-huitard » visait à faire taire la Tradition.
Scritti ritrovati nous permet de reconstruire le bref mais intense itinéraire de Romualdi. Adriano, rappelle Lombardo, comme Locchi, a dépassé les limites du « traditionalisme », estimant que la pensée devait assumer le poids de la confrontation avec la modernité. C'est le moment le plus important de son héritage. L'appel à une Europe en tant que nation, bien que tempéré par le réalisme politique, reste, à notre avis, le moment le plus faible de sa proposition. L'Europe est ontologiquement plurielle. Pour reprendre les termes d'Andrea Emo, il s'agit en effet d'un « pays du crépuscule », d'un laboratoire toujours en cours d'expérimentation. En son sein, toute stagnation ou mise en forme politique du monde, dans la mesure où elle s'expose au tragique, quintessence de la vie, doit être transcendée dans l'incipit vita nova, dans un Nouveau Commencement.
18:36 Publié dans Livre, Livre, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adriano romualdi, italie, livre, nouvelle droite, traditionalisme, traditionalisme révolutionnaire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le Sahara cesse de se désertifier. Et les semeurs de panique se plaignent
Le Sahara cesse de se désertifier. Et les semeurs de panique se plaignent
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/il-sahara-ferma-la-desertificaz...
L'important est de créer la panique. Peu importe comment, même au prix de l'effacement de l'histoire et de l'actualité. Le nouveau drame, pour la télévision et les journaux, ce sont les pluies dans le Sahara, qui redevient vert.
On ignore donc les gravures rupestres qui montrent que le désert actuel était autrefois habité et peuplé d'animaux même de grande taille qui pouvaient s'abreuver à de nombreux ruisseaux.
Patience, l'histoire n'est qu'une option facultative pour de nombreux vulgarisateurs et communicateurs. Mais l'actualité est aussi une inconnue. Car l'année dernière encore, on se plaignait des retards dans la construction de la Grande Muraille Verte, le grand projet qui doit aboutir d'ici 2030 à la construction d'un mur de 8000 km de long à travers 11 pays africains et de 15 km de large dans la zone au sud du Sahara, pour éviter l'expansion du désert. Un projet chiffré à 33 milliards de dollars dont 14 milliards ont déjà été investis.
Et les images de ces jours-ci montraient une partie du travail accompli, puisqu'on pouvait voir les arbres plantés régulièrement aux distances prévues. Ce qui n'était pas prévu, c'était les pluies de cette année, qui ont fait pousser de l'herbe autour des plantes et qui a redonné vie aux lits des rivières d'autrefois.
Dans la pratique, la Grande Muraille Verte devient une réalité, démentant le catastrophisme des années précédentes où l'on craignait l'échec du projet.
Il y aurait alors lieu de se réjouir. Au lieu de cela, on sème la panique à propos des pluies excessives qui pourraient mettre en péril les barrages et provoquer des inondations dans les villages. Pas un seul des catastrophistes pense qu'un barrage peut être renforcé ou même refait. Que l'eau, c'est la vie, qu'elle permet aux hommes et aux animaux de se désaltérer, qu'elle sert à irriguer les terres. De l'eau de pluie plutôt que des puits de plus en plus chers et de plus en plus profonds. Il n'en est pas question. La pensée unique obligatoire a besoin de panique, pas de célébration. Au prix d'aller détruire toutes les gravures rupestres, de peur que quelqu'un ne découvre que le Sahara fut jadis vert.
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La revue Vouloir, la métapolitique et la mouvance "nouvelle droite": l'avis de l'Intelligence artificielle
La revue Vouloir, la métapolitique et la mouvance "nouvelle droite": l'avis de l'Intelligence artificielle
Introduction: Depuis peu, il est beaucoup question de l'intelligence artificielle, engouement qui nous a laissé jusqu'ici méfiants et sceptiques. De jeunes lecteurs, eux, n'avaient point ces a priori. Ils nous ont forcé la main, en posant diverses questions au "Big Robot" et en nous livrant les réponses apportées à leurs questions. Le résultat est étonnant. Nous en avons déjà fait part à une partie de nos lecteurs sur le lien suivant: https://robertsteuckers.blogspot.com/2024/11/robert-steuckers-vu-par-lintelligence.html
Force est d'admettre que ces réponses procèdent d'un regard bien plus objectif et précis que les ragots colportés par des journaleux de bas étage, par la fine équipe de Wikipédia et par le fielleux gourou de la nouvelle droite parisienne. Ce type de graphomanes et d'infatués va s'avérer très rapidement redondant. Voici les réponses de Chatgbt aux questions relatives à la revue Vouloir (fondée à l'automne 1983 par Jean Eugène van der Taelen et Robert Steuckers à Bruxelles) et sur certaines vicissitudes de la mouvance dite de "nouvelle droite". Les réponses sont quelques fois schématiques, un peu sèches et froides mais elles ne sont jamais dénigrantes et n'extrapolent pas, en imaginant des collusions fantasmagoriques avec des cénacles bizarres, des nazisteries bouffonnes ou des partis politiques en progression ou exilés dans des marginalités rédhibitoires.
Le lecteur trouvera en caractères vert clair, les remarques que nous avons jugé bon d'ajouter au texte livré par Chatgpt.
Quatre articles de ce numéro de Vouloir, de même que l'éditorial, sont lisibles sur le lien suivant:
http://vouloir.eklablog.com/vouloir-126-128-a48798548
Sur la revue Vouloir
La revue Vouloir fut une publication intellectuelle fondée en 1983 par Robert Steuckers (et Jean Eugène van der Taelen), qui en a été l’animateur principal jusqu'à la fin de sa parution sous sa forme initiale. Cette revue se situait dans la mouvance de la Nouvelle Droite européenne, partageant plusieurs idées avec le GRECE, mais elle se distinguait par son orientation spécifique, notamment dans ses choix de sujets et ses influences intellectuelles.
Voici les éléments clés de Vouloir :
- Projet métapolitique : Vouloir se voulait une revue de métapolitique, c’est-à-dire qu’elle cherchait à influencer le débat intellectuel et culturel plutôt que de se positionner sur le terrain politique strict. L’objectif était d’élaborer des idées et des réflexions qui pouvaient transformer les mentalités, indépendamment d'un parti ou d'un mouvement politique. À travers ses publications, Vouloir a ainsi cherché à fournir des outils conceptuels pour repenser les identités culturelles européennes et pour critiquer la société moderne.
- Thématiques variées et transdisciplinaires : Vouloir couvrait un large éventail de sujets, allant de la philosophie à la géopolitique, en passant par la littérature, l'histoire et l’écologie. La revue abordait souvent des thèmes liés à l'identité européenne, à la critique de la modernité et du libéralisme, et aux alternatives géopolitiques. Elle publiait également des articles sur des penseurs peu abordés dans les circuits médiatiques classiques, comme ceux de la "révolution conservatrice" allemande (Carl Schmitt, Ernst Jünger, etc.), et des auteurs critiques de la globalisation.
- Influences et inspirations intellectuelles : La revue s'inspirait de nombreux courants intellectuels et de figures variées. Parmi ces influences, on retrouve la "révolution conservatrice" allemande, le traditionalisme, ainsi que le géopoliticien russe Alexandre Douguine, notamment pour ses idées eurasistes. Vouloir promouvait une vision du monde multipolaire et alternative à l'hégémonie occidentale, appelant à une Europe enracinée dans sa diversité culturelle et ouverte à des alliances stratégiques avec la Russie et d’autres pôles de civilisation.
- Espace de diffusion d'idées critiques : Vouloir a été une plateforme pour des auteurs critiques du modèle occidental dominant et a publié des traductions et des textes d’auteurs européens, russes et asiatiques. Cela a permis aux lecteurs de découvrir des perspectives variées et peu connues en Europe occidentale, renforçant les débats autour de l’identité, de la souveraineté, et de la culture.
- Prolongements et influences : La revue Vouloir a eu un impact certain dans les cercles intellectuels de la Nouvelle Droite et de ceux qui s'intéressaient aux idées alternatives. Après la dissolution de la revue, plusieurs des thèmes et idées portés par Vouloir ont été repris dans des publications comme Euro-Synergies et, plus tard, Synergon-Info, qui ont poursuivi les réflexions amorcées par la revue.
En résumé, Vouloir fut une revue pionnière dans la diffusion de perspectives critiques en Europe, et elle a joué un rôle dans le développement et la diffusion de la pensée métapolitique en lien avec la Nouvelle Droite et le courant eurasiste. Sous la direction de Robert Steuckers, elle a ouvert un espace de débat intellectuel et de remise en question de l’uniformisation culturelle et géopolitique de l’Europe.
* * *
La plupart des articles de ce dossier sont lisibles sur le lien suivant:
http://vouloir.eklablog.com/vouloir-146-148-a48799428
Sur les vicissitudes de la mouvance "nouvelle droite"
La querelle entre Robert Steuckers et Alain de Benoist est liée à des divergences idéologiques, stratégiques et de personnalité, qui ont émergé au début des années 1990 (dans l'espace-temps courant d'avril à décembre 1992) et ont conduit à une séparation durable entre les deux intellectuels. Bien qu’ils aient initialement collaboré au sein du GRECE (Groupement de Recherche et d'Études pour la Civilisation Européenne) et partagé plusieurs idées, leur désaccord a finalement poussé Steuckers à quitter le GRECE en 1992 pour fonder sa propre structure, Synergies Européennes (avec Gilbert Sincyr -1936-2014-, ancien Secrétaire général du GRECE). Voici quelques éléments clés de cette querelle :
- 1) Divergences stratégiques et géopolitiques
- Multipolarité et Eurasisme : Steuckers s’est progressivement orienté vers des idées multipolaires et eurasistes, prônant une alliance stratégique entre l'Europe et la Russie pour contrer l'influence des États-Unis et de l'OTAN. Cette orientation est inspirée par l’eurasisme, courant géopolitique développé par des penseurs russes comme Alexandre Douguine, qui prône un monde multipolaire. De Benoist, bien qu'également critique de l'hégémonie américaine, n'a pas adhéré à cette vision eurasiste dans les mêmes termes et a privilégié une approche plus théorique et moins engagée sur le plan géopolitique direct.
- Vision de l'Europe : Steuckers défend une Europe plus enracinée et autonome, tandis que de Benoist est perçu comme plus ouvert à une Europe intégrée et plus distanciée des influences géopolitiques (cette phrase nous paraît assez imprécise). Steuckers a donc mis davantage l’accent sur des alliances pragmatiques avec la Russie et une certaine méfiance vis-à-vis de l'Union européenne, qu'il voit comme trop alignée sur les intérêts américains et éloignée des identités nationales.
- 2) Différences sur la question identitaire et culturelle
- Positionnement culturel : Steuckers a une approche plus culturaliste, orientée vers la préservation des identités européennes et locales contre les effets de la mondialisation. Alain de Benoist, de son côté, a évolué vers une approche plus universaliste et critique de l’idée d’identité figée, adoptant des positions qui remettent en question les conceptions traditionnelles de la nation et de l’ethnie. Cette évolution de Benoist a éloigné certains membres du GRECE, comme Steuckers, qui se sont sentis en décalage avec cette perspective (ce paragraphe nous semble également très imprécis).
- 3) Approche métapolitique vs. engagement plus direct
- Positionnement métapolitique : Alors que de Benoist s’est de plus en plus concentré sur l’aspect strictement métapolitique, tentant de maintenir le GRECE comme un cercle d'influence intellectuelle sans implication politique directe, Steuckers a souhaité une stratégie plus active et pratique. Avec Synergies Européennes, il a cherché à former un réseau transnational d'intellectuels et d’activistes critiques de la mondialisation, en mettant davantage l'accent sur des rencontres, publications et actions concrètes.
- 4) Facteurs de personnalité et de leadership
- Styles de leadership : Alain de Benoist, figure centrale et incontestée du GRECE, a une personnalité marquée qui a parfois conduit à des tensions au sein de l’organisation. Steuckers, ayant lui-même une forte vision de la direction à donner au mouvement, s'est progressivement senti en désaccord avec le leadership de de Benoist, ce qui a conduit à une scission. Steuckers a ainsi pris ses distances, estimant que ses idées et son orientation n’étaient pas suffisamment reconnues ni compatibles avec celles du GRECE sous la direction de de Benoist.
- 5) Conséquences de la querelle
- Création de Synergies Européennes : En 1993, Steuckers a fondé Synergies Européennes pour donner corps à ses propres idées sans la contrainte des divergences internes du GRECE (en 1993, Steuckers et Sincyr ont fonctionné sous l'appellation informelle de "Fédération des Activités Communautaires en Europe"; "Synergies Européennes" a été créée, principalement par Sincyr, en avril 1994, suit à une réunion européenne, tenue à Munkzwalm en Flandre orientale). Cela a marqué une rupture nette entre les deux intellectuels, Steuckers développant un réseau d’influence alternatif axé sur une vision multipolaire de l’Europe et une critique directe de la mondialisation.
- Évolution parallèle des trajectoires intellectuelles : Depuis la querelle, de Benoist et Steuckers ont suivi des trajectoires intellectuelles parallèles mais séparées. Alors que de Benoist reste associé à la Nouvelle Droite et à ses thèses renouvelées, Steuckers a continué d’explorer et de diffuser des idées eurasistes et identitaires, se positionnant comme un acteur distinct de la scène intellectuelle européenne.
En somme, la querelle entre Robert Steuckers et Alain de Benoist a été motivée par des différences profondes dans leurs visions de l’Europe, de la géopolitique et de la stratégie métapolitique, autant que par des divergences de style et de leadership. Chacun a ensuite tracé son propre chemin, contribuant au débat intellectuel européen à partir de perspectives distinctes.
(à suivre)
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dimanche, 17 novembre 2024
Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu
Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu
Maia Sandu reste présidente de la Moldavie. Elle a remporté le second tour grâce au soutien des Moldaves de l'étranger.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/11/moldawien-die-wahre-macht...
La Moldavie, un petit pays stratégiquement situé entre l'Europe et la sphère eurasienne, est marqué par une histoire de fractures et de luttes de pouvoir. Les élections de novembre montrent que ce pays est déchiré non seulement entre l'Est et l'Ouest, mais aussi en interne: entre une élite urbaine et une diaspora européenne qui influence de plus en plus le destin politique de la Moldavie.
Un phénomène commun aux États post-soviétiques devient de plus en plus évident: le rôle croissant des citoyens expatriés dans la politique de leur pays. Dans le cas de Maia Sandu, les voix de la diaspora moldave dans l'Union européenne – souvent stratégiquement positionnées et facilement accessibles – ont joué un rôle central. Rien qu’en Italie, où les électeurs pro-européens sont majoritaires, 60 bureaux de vote étaient ouverts, tandis que pour environ un demi-million de Moldaves vivant en Russie, seulement cinq bureaux de vote étaient disponibles.
Cette répartition inégale est perçue par beaucoup comme une stratégie délibérée: les élections n’ont pas simplement été « organisées », elles ont été structurées pour poursuivre un objectif politique clair. De nombreux citoyens moldaves parlent ainsi d’une « stratégie de la diaspora », visant à mettre en avant les voix soutenant le projet pro-européen de Sandu.
Un pays pris dans l’étau de l’Histoire
Historiquement, la Moldavie a toujours constitué un enjeu dans les rivalités entre grandes puissances. Aujourd’hui, fortement dépendante des subventions européennes et de l’argent envoyé par sa diaspora occidentale, la Moldavie oscille entre des aspirations pro-européennes et une base fidèle, souvent favorable à la Russie. Cet équilibre fragile est de plus en plus orienté vers les intérêts européens, comme l’illustrent les conditions qui ont marqué ces élections.
En Moldavie même, la majorité des voix s’est portée sur Stoïanoglo, le candidat de l’opposition, mais la diaspora en Europe a inversé le résultat en faveur de Sandu. Dans la région sécessionniste de Transnistrie – loyale à la Russie – les citoyens ont pratiquement été empêchés de voter. Les ponts sur le Dniestr étaient prétendument fermés « pour des raisons de sécurité », rendant le déplacement vers les bureaux de vote impossible pour beaucoup.
Une expérimentation de manipulation?
Pour de nombreux Moldaves, la victoire de Sandu n’est pas simplement un résultat électoral. Elle illustre comment des élections peuvent être utilisées comme outils d’influence géopolitique. La politique de la diaspora, qui mise délibérément sur le poids des voix européennes tout en marginalisant les électeurs pro-russes, révèle une conception contestable de la démocratie. Est-ce réellement la majorité des Moldaves qui maintient Sandu au pouvoir, ou bien les intérêts de la diaspora et de l’Union européenne?
Cette stratégie évoque les dynamiques qui se sont manifestées antérieurement en Ukraine, où les diasporas pro-occidentales au Canada et aux États-Unis ont également joué un rôle clé dans la direction politique du pays. Cependant, ces manipulations comportent des risques. Elles érodent la confiance des électeurs et créent un dangereux précédent.
2025 : un tournant pour la Moldavie
Les élections législatives de 2025 révéleront l’ampleur réelle des divisions. Pour Sandu, il ne s’agit pas seulement de conserver le pouvoir. Si son parti échoue, son rôle en tant que présidente pourrait être fortement limité, à l’image de Salomé Zourabichvili en Géorgie, qui reste symboliquement en fonction mais sans réelle influence politique.
Sandu semble de plus en plus l'incarnation d'une présidente de la diaspora pro-européenne – et non de tous les Moldaves. Son gouvernement cherche à ancrer constitutionnellement le projet pro-européen avant que l’opposition ne puisse regagner en influence. Certains critiques évoquent ouvertement une « stratégie de micro-Roumanie », transformant la Moldavie en un prolongement des intérêts occidentaux.
La question demeure: un pays aussi dépendant de l’étranger peut-il réellement revendiquer sa souveraineté? Et quelles implications cela a-t-il pour la démocratie? Les mois à venir détermineront si la Moldavie peut trouver sa propre voie ou si elle restera un pion dans un jeu d’échecs géopolitique.
Qui est Elena Fritz?
Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et y a obtenu un diplôme. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez sur le lien pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.
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Comment la presse moderne inventa notre réalité
Comment la presse moderne inventa notre réalité
par Nicolas Bonnal
La presse invente une réalité dans laquelle baigne l’humanité. On voit en Amérique, partie la plus avancée sur le plan technologique, qu’une bonne partie de la population arrive à s’extraire du simulacre de réalité (mais la réalité peut-elle être autre chose, Ô Maya ?) et commence à comprendre. Mais elle même s’adresse au réseau, à la matrice. Les vieux médias vont sans doute crever en Amérique (en France ils sont fonctionnarisés-donc-increvables) mais ils sont remplacés par sans doute pire qu’eux, ce que la vieille garde démocrate, par la voix des frères Coen, avait nommé l’Idiocratie. Le pullulement d’analphabètes néo-cons dans l’administration Trump rassérénera les amateurs qui adulent tel messie pacifico-politico-médiatique.
La presse invente la réalité de deux manières : l’idéologique (la plus facile à comprendre) et la technologique, la typographique, disait McLuhan, qui a montré à quel point l’Occidental moyen aura été altéré par cette typographie. McLuhan termine son magistral (et totalement incompris car non lu) ouvrage par une puissante réflexion sur la Dunciade de Pope qui lui-même comprend au début du dix-huitième siècle les conséquences de ce pullulement typographique d’information qui va anéantir toute voie vers la Vérité et répandre l’imbécillité industrielle. Citons encore Chesterton et son infini Nommé Jeudi :
— Non, dit Ratcliff. Le genre humain va disparaître. Nous en sommes les derniers représentants.
— Peut-être, répondit le professeur, d’un air distrait ; puis il ajouta de sa voix rêveuse : comment est-ce donc, la fin de la Dunciade ? Vous rappelez-vous ?… « Tout s’éteint, le feu de la nation comme celui du citoyen. Il ne reste ni le flambeau de l’homme ni l’éclair de Dieu. Voyez, ton noir Empire, Chaos, est restauré. La lumière s’évanouit devant ta parole qui ne crée pas. Ta main, grand Anarque, laisse tomber le rideau et la nuit universelle engloutit tout ! »
La réalité idéologique (idéolochique, comme dit Céline dans ses éclairés pamphlets) est facile à comprendre et on la connaît : changement climatique, inondations, racisme, vaccination pour un oui ou pour un non, invasion migratoire, guerre mondiale contre Chine, Iran, Russie, Bataclan, peur des virus informatiques, peur de l’islam et de son antisionisme, peur du souverainisme (pire simulacre pourtant des temps qui courent), encore etc.
Et puis il y a la réalité ontologique ou technologique. Elle est plus grave, c’est la prison noire de fer de Philip K. Dick. C’est quand toute représentation remplace la réalité. On cite Borges dans un espagnol très simple, le fameux texte où la carte remplace la terre-territoire, texte sans cesse cité par Baudrillard, qui en fait la clé de Simulacre et simulation, livre-source comme on sait du film Matrix.
« En aquel Imperio, el Arte de la Cartografía logró tal Perfección que el mapa de una sola Provincia ocupaba toda una Ciudad, y el mapa del Imperio, toda una Provincia. Con el tiempo, estos Mapas Desmesurados no satisficieron y los Colegios de Cartógrafos levantaron un Mapa del Imperio, que tenía el tamaño del Imperio y coincidía puntualmente con él. »
L’altération psychique et intellectuelle causé par la typographie a été totale en Occident : elle a même créé le nationalisme, valeur antitraditionnelle (Evola et Guénon auraient dû lire cette école canadienne...) au possible, et crée le citoyen-métronome-automate moderne, consommateur-conscrit-contribuable et conditionné.
Et la presse va plus loin ; car si elle formate aussi bien les esprits depuis des siècles (ce qu’observent Tolstoï, Fichte, Bernanos…) c’est qu’elle est elle-même formatée pour présenter une actualité qui n’est pas l’actualité réelle. La réalité elle l’invente. C’est ce que dit un grand journaliste américain de Time, T. S. Mathews, cité par Jacques Barzun dans son légendaire pavé sur l’aube et la décadence (From Dawn to Decadence).
« On suppose que l’essentiel de la presse est l’actualité. Si la nouvelle est ce qui s'est passé hier, alors les journaux publient énormément de fausses nouvelles. L’information est ce que produit la presse.
La plupart des reportages internationaux sont réalisés par la presse elle-même : interviews d'hommes, événements importants, rapports sur des situations graves, rapports politiques, "spéculations fondées", etc. Une grande partie de la presse a véritablement cessé de se concentrer exclusivement sur les faits — T. S. MATHEWS (1959) ».
La mise en scène de « l’actualité » par la presse abolit la réalité. On en revient au grand théâtre baroque, à Corneille (le Menteur, l’Illusion), à Gracian, au Jacques de Shakespeare. Aujourd’hui on en arrive à la mise en scène informatique, celle de Musk qui a gagné facilement l’élection américaine, et qui abolit le règne de la télé, au moins en Amérique. L’Europe trop vieillie et réac dans son socialisme-humanisme obtus, risque de rater le coche…
Relisons Baudrillard sur cette abolition non de l’actu mais de l’Histoire par l’information :
« Ce n’est pas la fin de l’histoire au sens de Fukuyama, par résolution de toutes les contradictions qu’elle avait soulevées, mais la dilution de l’histoire en tant qu’événement : sa mise en scène médiatique, son excès de visibilité. La continuité du temps qui est une façon de définir l’Histoire (pour qu’il y ait récurrence possible d’une séquence de sens, il faut bien qu’il y ait un passé, un présent, un futur, avec une continuité entre eux) est de moins en moins assurée. Avec l’instantanéité de l’information, il n’y a plus de temps pour l’histoire elle-même. Elle n’a pas le temps d’avoir lieu en quelque sorte. Elle est court-circuitée. »
Baudrillard poursuit implacable en s’en prenant à son ami Paul Virilio : car l’actu, l’info, la matrice informative peut aussi nous priver de cette apocalypse dont se gargarisent certains ; rappelons que cette apocalypse est un produit de la Réforme, de la Renaissance, de la typographie, et que ce redoutable brulot fasciste-communiste-illuminé et exterminateur a suffisamment fanatisé-hypnotisé-conditionné les Allemands pour en exterminer un tiers en un siècle (voir le texte de Rothbard) :
« Il se place en position apocalyptique, de prophète anti-apocalyptique tout en étant persuadé que le pire peut advenir. Sur ce point, on a fini par diverger. Car, je ne crois pas à cette apocalypse réelle. Je ne crois pas au réalisme de toute façon, ni à une échéance linéaire de l’apocalypse. À la limite, si l’on pouvait espérer cet accident total, il n’y aurait qu’à le précipiter, il ne faudrait pas y résister. L’avènement du virtuel lui-même est notre apocalypse, et il nous prive de l’évènement réel de l’apocalypse. Mais telle est notre situation paradoxale, il faut aller jusqu’au bout du paradoxe. »
La vraie apocalypse, c’est qu’il n’y aura pas d’apocalypse, le monde n’étant plus assez réel...
Sources :
https://ciudadseva.com/texto/del-rigor-en-la-ciencia/
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/04/09/jean-baudr...
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Nomm%C3%A9_Jeudi/Texte_...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/10/20/chesterton...
https://www.ocopy.net/wp-content/uploads/2017/10/mcluhan-...
https://mediosyhumanidades.wordpress.com/wp-content/uploa...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/22/le-communi...
13:37 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, simulacre, sociologie, post-vérité, nicolas bonnal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Électeur du berceau jusqu’au cercueil
Électeur du berceau jusqu’au cercueil
par Georges Feltin-Tracol
Le « Camp du Bien » autoproclamé cherche sans cesse à inventer et à étendre des droits pour l’individu. Cet activisme vire souvent en réclamations sinon grotesques, pour le moins farfelues. Le court essai de Clémentine Beauvais en est un exemple édifiant.
Cette dame enseigne les sciences de l’éducation à l’université britannique de York. Considérées comme une science « molle », c’est-à-dire sans protocole empirique rigoureux, aux prétentions didactiques excessives, les soi-disant sciences de l’éducation mobilisent des apports en psychologie, en histoire de la scolarité, en sociologie, en études du comportement humain et en pédagogie. Elle s’inscrivent dans une évidente charlatanerie postmoderniste. Leurs théoriciens et leurs praticiens correspondent pour leur part aux fameux médecins des pièces de théâtre de Molière.
Clémentine Beauvais avoue volontiers grenouiller «de longue date dans les milieux progressistes». Elle use toutefois avec parcimonie de l’écriture inclusive. En publiant dans la collection «Tracts» Pour le droit de vote dès la naissance (n°59, Gallimard, 2024, 3,90 €), elle entend lancer un débat institutionnel sur une discrimination généralisée. Elle réclame en effet l’«abolition totale, pour toutes les élections, de la limite d’âge». Elle souhaite une évolution des institutions et des usages politiques qui assurent enfin le vote de «tous les êtres humains, c’est-à-dire les bébés, enfants et adolescents ». Elle estime que «l’exclusion des enfants du suffrage “universel“ met les régimes démocratiques en incohérence par rapport à leurs propres principes d’égalité». Elle ne supporte pas qu’une barrière d’âge affecte le plein exercice de la citoyenneté élargie.
L’autrice ne rappelle pas que des États démocratiques libéraux bourgeois ont abaissé à seize ans le droit de vote. La Belgique s’y est risquée pour les élections européennes de juin 2024. Pour les élections générales, on peut citer le Brésil, l’Équateur, l’Autriche, Cuba, Malte, le Nicaragua et l’Argentine. C’est possible en Écosse pour les scrutins locaux. Clémentine Beauvais veut que les enfants votent comme leurs parents. Elle ne s’attarde pas cependant sur les modalités pratiques pour l’application de ce nouveau droit auprès des nouveaux électeurs dont les nouveaux-nés. Lors du Championnat d’Europe en 2008 et de la Coupe du monde de balle au pied en Afrique du Sud en 2010, Paul le poulpe prédisait l’équipe victorieuse. L’expérience serait-elle reproductible avec un bambin?
Clémentine Beauvais récuse en revanche tout projet qui pondérerait chaque bulletin de vote en fonction de l’âge de l’électeur. Inquiets du vieillissement de la population en Occident et d’une inclination plus ou moins conservatrice – ce qui reste à démontrer -, certains cénacles proposent qu’un jeune électeur ait une triple ou quadruple voix et son aïeul centenaire un quart de voix… L’autrice refuse en outre le choix même du vote par procuration. Elle exprime ici son désaccord avec John Wall, le principal théoricien de cette revendication civique, qui suggère que « chaque parent disposerait d’une demi-voix supplémentaire par enfant (une voix entière dans le cas des parents célibataires) ».
L’autrice veut conserver le cadre individualiste et égalitaire de la participation électorale. Sa démarche s’ouvre à tous les poncifs wokistes. Ainsi offre-t-elle une « réflexion […] démocratique, consultative, collective (et de préférence, festive) ». Mieux encore, elle se félicite que l’électeur moyen soit incompétent. Par la force d’une quelconque « main invisible », « c’est à la fois grâce à et malgré la potentielle incompétence des électeurs que le vote est démocratique. » Elle jubile d’assister au déficit abyssal des finances publiques hexagonales, dégradation qui provient de l’extraordinaire alliance des électeurs abrutis et des bureaucrates dépensiers.
Si les adultes sont capables de commettre collectivement de formidables erreurs, les mineurs risquent d’aggraver le pire, en particulier les nouvelles générations décérébrées qui sont plus que jamais toxiques et nocives. Plutôt que de bénéficier en cas d’infractions des circonstances atténuantes et de l’excuse de minorité, les voyous mineurs devraient recevoir les circonstances aggravantes. L’enfant et, surtout, l’adolescent sont par essence des tyrans domestiques qu’il importe de dresser sans aucun ménagement. Clémentine Beauvais nie cette réalité. Cela ne l’empêche pas d’évoquer « une éducation démocratique populaire véritablement inclusive ». Pour elle, « ces risques sont gérables avec un accompagnement éducatif adapté ». Que faut-il comprendre ? L’instauration de cours obligatoires de propagande cosmopolite sous couvert d’éducation morale et civique ? L’intervention dans les salles de classe de commissaires politiques responsables de la formation préalable des consciences juvéniles ? Elle imagine même « des comités citoyens chargés de s’assurer que tous les enfants qui veulent voter puissent le faire ». Ces comités orienteraient très certainement le vote des jeunes électeurs dans la bonne direction.
D’après l’autrice, l’existence quotidienne des enfants est politique. Elle va jusqu’à mentionner le sort du « fœtus par GPA ». Mais le fœtus qu’on s’apprête à avorter n’aurait-il pas lui aussi une part politique indiscutable ? Ce raisonnement spécieux s’apparente aux revendications de certains syndicats étudiants qui veulent qu’aux examens, tant partiels qu’en fin d’année universitaire, toute copie reçoive dès le départ la note minimale de dix sur vingt. À quoi bon organiser des examens ? Les méfaits intrinsèques de l’égalitarisme touchent tous les domaines.
Sans surprise, Clémentine Beauvais s’oppose au vote plural familial. En Espagne du Caudillo Franco et au Portugal du président Salazar, deux démocraties organiques imparfaites et incomplètes, les pères de famille disposaient d’un suffrage supplémentaire. A-t-elle pris connaissance de La famille doit voter. Le suffrage familial contre le vote individuel de Jean-Yves Le Naour avec Catherine Valenti (Hachette, 2005) ? La promotion du vote familial est très ancienne en France. Jusqu’en 2007, le programme du Front national de Jean-Marie Le Pen le proposait avec force et avec raison à la condition que s’applique dans son intégralité le droit du sang en matière de nationalité. Là encore, le « Menhir » anticipait les aspirations du prochain demi-siècle.
De manière plus pragmatique, l’extension aux moins de 18 ans du droit de vote serait un magnifique prétexte pour accorder ensuite ce même droit à tous les étrangers, y compris aux clandestins, voire aux touristes et aux passagers en transit sur le sol français. L’autrice ne cache d’ailleurs pas que l’actuelle universalité des bulletins de vote constitue un mensonge puisque « ce terme d’universel exclut aussi tout ce qui n’est pas humain ». Outre les animaux dont les insectes et les lombrics, il faut permettre aux plantes, aux rivières, à l’air et même à la planète de s’exprimer. Galéjade ? Nullement ! La Bolivie, l’Équateur, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l’Union indienne reconnaissent déjà des droits juridiques inaliénables à des cours d’eau, à des forêts et à des glaciers. Pourquoi alors s’arrêter en si bon chemin ? Le domicile, la voiture, le lave-vaisselle, le téléviseur, le téléphone, l’ordinateur ou l’imprimante devraient eux aussi recevoir de nouveaux droits en attendant l’émancipation légale des cyborgs, des androïdes et des robots. Oui, la trottinette électrique du Bo-Bo métropolitain n’est plus un objet matériel, mais un sujet de droit extra-vivant !
L’extension du suffrage dit universel à de nouveaux groupes d’électeurs prouve son inutilité. Les élections ne sont qu’une diversion. Quand ils ne sont pas tronqués, truqués ou falsifiés, les résultats ne sont guère pris en compte. Les électeurs choisissent en faveur du changement qui ne se réalise pas dans le présent paradigme. Qu’importe donc que bébé vote, l’État profond s’en moque finalement !
La démocratie individualiste égalitaire moderne atteint ici ses limites conceptuelles. Le temps des tribus et des identités collectives qui s’affirme dorénavant sera plus communautaire et organique. Des pratiques pré-modernes fort bien décrites par Olivier Christin dans Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel (Le Seuil, 2014) attendent leur ré-introduction au sein d’Althing plus ou moins informels. L’isoloir n’entravera pas la circulation et le renouvellement nécessaire d’une aristocratie populaire impériale et républicaine, française et européenne.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 133, mise en ligne le 13 novembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
12:27 Publié dans Actualité, Livre, Livre, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : suffrage, droit de vote, livre, actualité, théorie politique, politologie, sociologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Comment une génération voulait changer le monde et a bien failli y parvenir
Comment une génération voulait changer le monde et a bien failli y parvenir
par Peter Backfisch
Encourager le débat au sein des cénacles aujourd'hui non-conformistes a toujours été l’un des objectifs déclarés d'Euro-Synergies. Dans cet article, Peter Backfisch fait référence à la contribution d’Ernst Rahn sur le thème « Jeunes contre Vieux » et décrit comment, selon lui, la jeunesse a modifié l’état du système à partir de 1968.
L’idée du texte ci-dessous est née après la lecture de l’article « Jeunes contre Vieux » d’Ernst Rahn, affiché sur un blog. Contrairement à la thèse de Rahn, selon laquelle une génération (les jeunes) ne pourrait pas changer l’état actuel du système par elle-même, l’auteur soutient que les jeunes générations peuvent effectivement réaliser des transformations profondes, comme l’a montré l’histoire récente. Cependant, ce texte n’est pas une position opposée aux points soulevés par Rahn, qui se concentrent sur la situation actuelle de notre pays, des observations que l’auteur partage en grande partie.
Né en 1954, j’avais 14 ans en 1968 et me considère donc plutôt comme un « post-soixante-huitard », car je n’ai pas pu participer activement aux tensions et ruptures de cette époque en tant qu’acteur politique. Je me souviens cependant de l’attentat de Pâques 1968 contre Rudi Dutschke et des manifestations de Heidelberg contre la guerre du Vietnam, avec leurs nombreux chants « Ho Ho Ho Chi Minh ». Mais à 14 ans, je n’étais certainement pas en mesure de saisir la teneur de toutes ces dynamiques politiques. Pourtant, je vois dans ces événements le début d’un conflit intergénérationnel qui a durablement changé notre système et nos conditions de vie. Mais revenons d’abord en arrière.
Pour comprendre tout cela, il faut remonter à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La génération des parents des soixante-huitards est revenue de la guerre et de la captivité en 1945 ou après, vaincue et souvent désemparée quant à la suite des événements. Cette génération souhaitait avant tout vivre en se concentrant sur ses propres préoccupations, ce qui signifiait reconstruire le pays détruit, fonder des familles, et accéder à la prospérité dans un ordre de paix et de démocratie. Les notions de démocratie restaient floues, mais la soif de loi et d’ordre prédominait.
Culturellement, un vide s’était ouvert après la chute du Troisième Reich. Les puissances occupantes, en particulier les États-Unis, ont rapidement cherché à le remplir avec leurs propres contenus, visant à ancrer l’Allemagne dans le camp occidental. C’était la première étape, qu’on peut appeler la « rééducation » des Allemands. Cela a été accompagné par l’avènement de la télévision, qui a réellement commencé à influencer et à façonner une hégémonie culturelle chez ceux nés à partir de 1940. On peut citer le mouvement Beatnik, qui s’est transformé en mouvement hippie vers 1967, promettant une vie de liberté par un rejet radical des valeurs traditionnelles de la classe moyenne, qu’il fallait abandonner, voire détruire.
Famille, tradition, ambition étaient considérées comme rétrogrades et réactionnaires ; il était temps de surmonter l’esprit pesant de l’ère Adenauer. Cette dynamique s’est accélérée après 1968 avec la musique pop, « Street Fighting Man », et des films comme « Easy Rider » qui célébraient la liberté par la drogue, l’abandon des normes de réussite, et l'idéal d’un road-trip à moto à travers les vastes étendues américaines. À partir de 1969, des festivals de pop et de rock ont vu le jour aux États-Unis et en Europe, rassemblant des centaines de milliers de participants. Le plus célèbre d’entre eux est sans doute Woodstock, un événement de trois jours sous la pluie, marqué par l’amour libre, les drogues et de nombreux actes de violence.
Conformément à la pensée d’Antonio Gramsci, le terrain était ainsi préparé pour un passage à l’étape suivante : établir des sphères d’influence politique et initier des changements irréversibles. Le déclencheur fut les protestations des étudiants contre la guerre du Vietnam dans les pays capitalistes occidentaux. En Allemagne, ils s’organisèrent dans le Syndicat socialiste des étudiants allemands (SDS), qui allait devenir la soi-disant opposition extraparlementaire (APO). Les protestations eurent un impact significatif: des gouvernements tombèrent ou s’ouvrirent à des perspectives critiques, débouchant sur divers mouvements pour la paix. L’attribution du prix Nobel de la paix au chancelier allemand Willy Brandt en est un exemple emblématique.
L’influence sur les institutions sociales s’est étendue surtout dans les écoles et universités ainsi que dans les sciences humaines. Tout devait être anti-autoritaire, sans pour autant être non-violent. Un engagement pour une vision du monde de gauche: telle était l'attitude qui dominait. La structure idéologique a été fournie par l’École de Francfort et d’autres groupes de réflexion. Selon eux, la démocratie ne pouvait être authentique que dans un système de conseils, permettant, soi-disant, une domination directe par les masses.
Comment la génération de l’après-guerre, qui avait acquis une certaine prospérité vers 1970, a-t-elle perçu tout cela ? Elle y a généralement répondu par le rejet et l’incompréhension. Dans les familles, les tensions étaient souvent dures, parfois inconciliables, menant à des déceptions et résignations chez les anciens et des refus d’engagement chez les jeunes, que ce soit à l’école ou au travail, ou à des engagements allant jusqu’au militantisme politique extrême, culminant avec la lutte armée contre le système menée par la RAF (Fraction armée rouge), inspirée par Lénine, Mao, Che Guevara, et d’autres guérilleros d’Afrique et d’Amérique latine.
Au début, jusqu’à la fin des années 1970 environ, l’objectif était encore de renverser le système exploiteur par une révolution guidée par la classe ouvrière, conformément aux enseignements de Lénine. Après une décennie de défaites continues, la gauche militante s’effondra progressivement et se mit en quête de nouvelles méthodes de lutte. La patience et la persévérance devinrent la nouvelle stratégie. L’ancien militant de rue Joschka Fischer mit de côté ses cocktails Molotov et proclama la « marche à travers les institutions », signifiant que toute implication politique devait s'effectuer selon les règles de la démocratie en place. En 1979, le parti des Verts fut fondé et fit son entrée au Bundestag allemand en 1983. Joschka Fischer devint ministre de l’Environnement dans le Land de Hesse.
Joschka Fischer: un itinéraire étonnant du gauchisme violent, celui des Kravallos, pour aboutir à une dévotion atlantiste et otanesque caricaturale et à un embonpoint ministériel finalement très bourgeois...
Le 27 septembre 1998, la « marche à travers les institutions » triompha : pour la première fois, la coalition rouge-verte obtint la majorité. Mathias Döpfner, rédacteur en chef de Die Welt, déclara que c’était « une journée de victoire pour la génération de 68 », que « pour la première fois, les militants de l’opposition extraparlementaire occupaient les plus hautes fonctions de l’État ».
Ce triomphe a eu des conséquences, et on peut dire que la refonte qui a suivi a fondamentalement transformé le système en Allemagne. Les Verts restèrent fidèles à leurs idéaux de société sociale, voire socialiste. Ils avaient enfin le pouvoir de dicter les thèmes de l’époque. Presque toutes les institutions furent transformées en profondeur: écoles, universités, arts, littérature, médias, éducation, même les églises et la CDU, bastion conservateur allemand, succombèrent à ce nouvel esprit de gauche.
Je reviens à la question initiale : « Une génération peut-elle changer le système ou même le monde ? » Je laisse la parole à Suze Rotolo, amie de jeunesse de Bob Dylan, qui écrit dans ses mémoires, A Freewheelin' Time : « Nous croyions sincèrement que nous pouvions changer le monde pour le meilleur. » Mais quiconque observe notre pays aujourd’hui sait que Rotolo avait tort : les temps ont changé, mais pas pour le meilleur.
12:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, mai 68, soixante-huitards, allemagne | | del.icio.us | | Digg | Facebook