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dimanche, 03 mai 2009

Le Japon et les Centraux pendant la première guerre mondiale

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

Le Japon et les Centraux pendant la première guerre mondiale

Josef KREINER (Hrsg.), Japan und die Mittelmächte im Ersten Welt­krieg und in den zwanziger Jahren, Bouvier Ver­lag/Herbert Grund­­mann, Bonn, 1986, 253 S.

 

Dans cet ouvrage collectif, on lira surtout avec profit les conclusions de Rolf-Harald Wippich sur l'histoire des relations germano-japonaises avant la première guerre mondiale. Les rapports entre l'Allemagne et le Japon sont alors essen­tiel­lement déterminés par le facteur russe. Japonais et Allemands voulaient mé­nager la Russie qui se rapprochait de la France. En 1898, Ito Hirobumi déclare: «Le Japon doit tenter de s'entendre avec St. Petersbourg et de partager la gran­de sphère d'intérêts de l'Orient avec sa puissante voi­sine. L'Allemagne pourrait jouer un rôle important en tant que troisième partenaire». Le Japon n'octroyait à Berlin qu'un rôle sub­alterne. Et, en Allemagne, per­sonne n'avait un projet cohérent de politique ex­trême-orientale. Le Japon n'était pas considéré comme un facteur en soi dans les calculs allemands, mais comme une variable de la politique chinoise. Les Ja­ponais jouissaient d'une certaine bienveillance: la va­riable qu'ils constituaient agissait vaguement dans le sens des projets allemands, surtout quand ils avaient maille à partir avec la Russie, ce qui allégeait la pres­sion slave aux frontières orientales du Reich.

Le dés­intérêt pour le Japon en Allemagne vient d'un préjugé: le Japon s'est borné à imiter servilement le système prussien en amorçant l'ère Meiji. De surcroît, les Al­lemands souhaitent que les Russes jettent tout leur dé­volu en Extrême-Orient et s'emparent de la Mand­chourie et de la Corée. L'Empereur Guillaume, te­naillé par son obsession du «péril jaune», veut que la région soit sous domination «blanche», russe en l'oc­currence. De cette façon, les Russes ne seront pas disponibles pour un projet panslave de balkanisation de l'Europe centrale au détriment de l'Autriche et au bénéfice direct de la France. Le Japon, même s'il a agi dans un sens favorable à l'Allemagne en Chine et s'il a montré à la Russie que le véritable danger était à l'Est et non en Europe Centrale, reste un facteur qui peut troubler les relations germano-russes. Ce souci de conserver de bons rapports avec la Russie conduit les Allemands à négliger les approches du cabinet germanophile de Yamagata/Aoki (1898-1900) et à ne pas conclure un pacte tripartite dans le Pacifique avec l'Angleterre et le Japon. En 1902, Anglais et Japonais signent un traité d'alliance sans l'Allemagne, qui n'est plus que spectatrice dans le Pacifique Nord. Occupant la forteresse de Kiao Tchéou, avec un  hinterland  chi­nois, l'Allemagne pouvait jouer un rôle d'arbitrage dans le conflit russo-japonais, tant que celui-ci restait latent. Après les événements de 1905 et la défaite de la Russie, la Japon est maître du jeu en Extrême-Orient; l'Empire des Tsars se tourne vers l'Europe et la stra­tégie du «para-tonnerre japonais» ne joue plus en fa­veur du Reich. Conclusion: l'Allemagne, maîtresse de la Micronésie, restait la dernière puissance euro­péenne à éliminer dans la sphè­re d'influence directe du Japon. Ce sera le résultat de la première guerre mondiale dans la région.

 

Dans ce même volume, signalons également l'étude de Félix Moos (en langue anglaise) sur la Micronésie. Longtemps espagnol, l'immense archipel passe aux Allemands pour la somme de 4.500.000 dollars en 1899. Le Japon en prendra possession après Ver­sailles. Pour le géopoliti­cien Haushofer, ce transfert dans les mains japonaises est normal et naturel, puisque le Ja­pon est une puissance non étrangère à l'espace Pacifique (Robert Steuckers).

samedi, 02 mai 2009

La face cachée du développement durable

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La face cachée du développement durable

 

Ex: http://unitepopulaire.com/ (article exclusif)

 

Dans un monde qui ne cesse d’exploiter des ressources non renouvelables tout en détériorant l’environnement, il est légitime de s’interroger quant aux solutions à apporter à cette crise sans précédent. En ce moment, les politiques parlent beaucoup du développement durable comme incarnant la meilleure voie à suivre. Mais que penser de ce développement durable ? Quel est son lien réel avec l’écologie ? Le présent article s’inspire de l’ouvrage Demain la Décroissance du philosophe et intellectuel français Alain de Benoist. Celui-ci s’est longuement penché sur l’étude du système économique actuel et de l’idéologie mondialiste qui le sous-tend.

 

Le développement durable et l’écologie

Tout d'abord, définissons ce qu'est l'écologie et le développement durable et faisons la distinction entre ces deux termes. Le développement durable, pour commencer, découle de la théorie classique de la croissance. Celle-ci s’est construite sur l’idée de dématérialisation des ressources naturelles. Ces ressources seraient, en fait, substituables à un certain capital financier. En d’autres termes, un apport financier suffirait à compenser la dégradation de l’environnement. Le problème est évidement lié au fait que le patrimoine naturel n’est pas entièrement substituable au capital. Il n’est, de plus, absolument pas substituable lorsqu’il s’agit de ressources non renouvelables. On voit donc dans cette théorie une sorte de financiarisation d’un environnement qui n’est pourtant pas monétisable.

Cette marchandisation de l’environnement est comparable à la marchandisation des salaires aux premières heures de la mondialisation. En effet, autrefois, pour le patron, la dépense salariale comprenait une certaine dimension humaniste qui interdisait qu’on la manipule au même titre qu’on le ferait avec les dépenses matérielles de l'entreprise. Or – et c'est la thèse du démographe français Emmanuel Todd – la dépense salariale est aujourd’hui considérée comme une dépense comme les autres qu'il faut réduire au maximum. Cette logique s’est concrétisée par la libéralisation mondiale des marchés de la production, notamment par le phénomène délocalisation qui obéit toujours à la loi du moindre coût – et donc du salaire le plus bas.

Un autre exemple qui illustre cette théorie est le marché de la pollution. Ce marché a la caractéristique de permettre la pleine substituabilité du capital à la pollution. Une industrie polluante ne considérera pas ces rejets nocifs comme un mal devant être réparé par souci de conscience environnementale mais plutôt comme de simples "externalités négatives" devant être intégrées dans les comptes alloués aux pollutions potentielles. Il est à noter que ce fonctionnement est financièrement plus intéressant que la remise en cause du système de production…

L’écologie, quant à elle, est définie comme l’étude des milieux et des conditions d'existence des êtres vivants et des rapports qui s'établissent entre eux et leur environnement. Cette définition amène à penser l’écologie comme une science soucieuse des dégradations environnementales. L’écologie, contrairement au développement durable, est donc prête à remettre en cause n’importe quel système économique qui irait à l’encontre du bien-être de l’écosystème. Ce qui constitue ces deux doctrines est donc l’ordre des priorités, l’équilibre naturel et la préservation de l’environnement n’ayant pas la même importance primordiale pour les deux. Le développement durable n’est donc qu’une échappatoire non pas au système économique mais à la réforme nécessaire de ce système économique, celui-ci étant basé sur la croissance et la dette (la seconde engendrant la première). 


Modèle économique à remettre en cause

Comme il a été dit plus haut, le développement durable ne remet nullement en cause le dogme de la croissance infinie mais se contente d’intégrer la donnée écologique à un système économique qui demeure, lui, inchangé.

Le sociologue et philosophe français Edgar Morin évoque la nécessité d’une remise en cause des principes de la logique marchande. Il voit dans le développement durable un moyen de faire croire qu’il est possible de remédier à cette crise environnementale sans remettre en question l’imaginaire économique, le système de l’argent et l’expansion illimitée du capital financier. Cette logique se condamne elle-même à terme dans la mesure où elle continue de s'inscrire à l'intérieur d'un système de production et de consommation qui est la cause essentielle des dommages auxquels elle tente (ou prétend tenter) de remédier.

Alain de Benoist pointe du doigt le fait que tout le monde parle aujourd'hui d'écologie (le marketing industriel a même créé le concept de greenwashing qui consiste à faire vendre au moyen de pseudo-arguments écologiques), mais que depuis qu'on en parle, la situation ne s'est pas globalement améliorée, bien au contraire. Ce qui montre qu'en dépit des beaux discours et des proclamations de principe, la logique du profit reste prédominante.

Kurt Gödel, un mathématicien américain, a formulé un théorème qui démontre qu’un énoncé ne peut être ni vérifié ni réfuté dans le cadre de la théorie à laquelle il appartient. En d’autres termes, le seul moyen de résoudre les problèmes environnementaux est de sortir du système économique actuel, principal producteur de ces mêmes problèmes.



La croissance "tue" tout progrès environnemental

Un des meilleurs moyens de comprendre l’influence néfaste de la croissance sur l’écologie est l’effet rebond. Celui-ci permet de comprendre que lorsque des économies d’énergie ou des avancées environnementales sont effectuées, elles sont en fait annulées, voire aggravées, par l’incitation à consommer et l’augmentation des quantités produites qui en résultent. Par exemple, un véhicule de consommation modeste incitera son conducteur à parcourir plus de kilomètres puisqu’elle permet d’aller plus loin pour le même prix... Cette augmentation de l’utilisation du véhicule (incitation à consommer) aura comme effet d’annuler le gain obtenu par la réduction de la consommation en carburant du véhicule. Les économies d’énergie ont donc souvent comme effet d’augmenter les quantités produites et, par conséquent, le volume global de consommation.

Il est important de noter que ces effets pervers d’augmentation du volume des ventes induits par le développement durable sont, en fait, un effet voulu. Ils permettent, en effet, de stimuler la consommation et de maintenir une croissance exponentielle tout en "sauvant la face" vis-à-vis d’une opinion publique toujours plus sensible aux préoccupations écologiques.



Le développement durable et la disparition des productions locales

Le développement durable est souvent associé à une volonté humanitaire de contribuer au développement des pays pauvres. Seulement, la pauvreté du tiers-monde ne serait pas, selon Alain de Benoist, le résultat d’un développement insuffisant des ces pays mais plutôt leur insertion dans une économie de marché libérale prédatrice et inadaptée aux besoins réels desdits pays. Cette insertion, voulue par les pouvoirs occidentaux, plonge bon nombre de pays dans une logique de réduction effrénée des coûts de production. Logique qui amène ces pays non pas à développer leur production locale et à avancer vers l’auto-suffisance mais plutôt, au contraire, à importer des biens produits moins cher ailleurs.

Le développement durable aurait donc un effet pervers pour les pays pauvres qu’on pousserait à s’endetter pour rattraper leur "retard" de développement. Il serait légitime de se demander si cet endettement ne serait pas là que pour faire consommer ces pays qui, jusque là, n’étaient rentables pour l’Occident qu’à travers leurs matières premières. N’est-ce pas là un moyen d’affaiblir ces pays en les rendant plus dépendants des pays riches ?

Un autre problème engendré par la doctrine du développement durable est sa volonté d’imposer des lois restrictives à des pays jugés "non-écologiques". Ces lois, sous couvert de souci environnemental, peuvent servir à freiner la croissance de certains pays concurrents, notamment en matière d’énergie.


pour Unité Populaire, Jonathan Newton
  

 

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Portret C. S. Lewis (1898-1963)

Portret C.S. Lewis (1898-1963)

C.S. LEWIS

door Bart Jan Spruyt - http://bitterlemon.eu/

 

"Do not be scared by the word authority. Believing things on authority only means believing them because you have been told by someone you think trustworthy. Ninety-nine per cent of the things you believe are believed on authority. I believe there is such a place as New York. I have not seen it myself. I could not prove by abstract reasoning that there must be a place. I believe it because reliable people have told me so. The ordinary man believes in the Solar System, atoms, evolution, and the circulation of the blood on authoritybecause the scientists say so. (...) A man who jibbed at authority in other things as some people do in religion would have to be content to know nothing all his life."

Clive Staples Lewis werd op 29 november 1898 in Belfast geboren uit ouders die nominaal lid waren van de Anglicaanse Kerk. Zijn vader, waarmee Lewis een groot deel van zijn leven een problematische verhouding had, was advocaat en stamde uit een sociaal geëmancipeerd Engels arbeidersmilieu. Zijn moeder was van vaders kant afkomstig uit een Schots-Iers predikantengezin en van moeders kant stamde zij uit een oud Anglo-Normandisch geslacht dat zich onder Hendrik II in Ierland gevestigd had. Op dat laatste was Lewis als jongeman erg trots.

Samen met zijn drie jaar oudere broer Warren beleefde hij een gelukkige kindertijd. Centraal in hun bestaan stond een fantasiewereld, uitgedrukt in zelf geschreven sprookjes, tekeningen en sILLEtjes, al snel mede gevoed uit de omvangrijke ouderlijke boekerij waar de kinderen onbeperkte toegang toe hadden. Zo vermeldde Lewis als tienjarige in zijn dagboek: “Paradise Lost gelezen, erover nagedacht.” Daar is hij nog vele jaren mee doorgegaan, getuige het in 1942 verschenen A Preface to Paradise Lost. Aan deze gelukkige periode kwam abrupt een einde door de vroege dood van zijn moeder. Vervolgens bracht hij enkele jaren door op twee Engelse kostscholen die hem tot laat in zijn leven depressief makende herinneringen opleverden. In zijn autobiografie Surprised by Joy (1955) heeft hij maar liefst zeven hoofdstukken nodig om dit liefdeloze en intellectueel afstompende milieu te beschrijven.

In 1916 won Lewis een beurs voor University College in Oxford, maar moest al spoedig zijn studie afbreken om als negentienjarige officier zijn land te dienen in de Noord-Franse loopgraven. In april 1918 kwam er een eind aan zijn oorlogservaringen door een ernstige granaatwond die hij opliep tijdens de Slag bij Arras. Na de oorlog hervatte hij zijn studie in Oxford. Hij studeerde er cum laude af in de klassieke talen, in de klassieke filosofie en in de Engelse taal- en letterkunde. Vanaf 1925 was hij als fellow in de Engelse taal- en leterkunde verbonden aan Magdalen College. Nadat hij gedurende zijn jeugd langere tijd van het christendom vervreemd was geraakt, begon rond die tijd ook een proces van religieuze heroriëntatie. Onder andere onder invloed van de dood van zijn vader en als gevolg van gesprekken met gelovige collega's als J.R.R. Tolkien en Hugo Dyson bekeerde hij zich tot het christendom. Zoals hij later in Surprised by Joy zou beschrijven vond de eigenlijke bekering plaats op 22 september 1931 tijdens een tochtje in de zijspan van de motorfiets van zijn broer. Als eerste literaire neerslag van zijn bekering publiceerde hij The Pilgrim's Regress (1932), een geestrijke allegorie naar het model van John Bunyan's boek.

Een nationaal bekend figuur zou Lewis pas tijdens de Tweede Wereldoorlog worden. Die bekendheid kreeg hij enerzijds door een aantal druk beluisterde lezingen over filosofische en religieuze onderwerpen voor de BBC-microfoon. Een aantal van die lezingen werden later gebundeld onder de titel Mere Christianity (1952), nog steeds een van zijn meest gelezen boeken. Daarnaast verscheen in 1942 het eerste publiekssucces, The Screwtape Letters, dat in het eerste jaar negen drukken kende en een jaar later eenzelfde succes kende in de Verenigde Staten.

Tot 1954 werkte hij onafgebroken in Oxford. In dat jaar werd hij in Cambridge benoemd op een speciaal voor hem ingestelde leerstoel voor letterkunde. In 1956 trouwde hij met de Amerikaanse Joy Davidham Gresham, een gescheiden voormalige communiste die zich onder invloed van Lewis’ boeken tot het christendom bekeerd had. Vier jaar later al stierf zij. In een van zijn laatste boeken, A Grief Observed (1961), dat onder het pseudoniem N.W. Clerk verscheen, probeerde hij verslag te doen van dit verschrikkelijke verlies. C.S. Lewis stierf op 22 november 1963, de dag dat John F. Kennedy in Dallas werd neergeschoten. Hij ligt begraven op het kerkhof van de Holy Trinity Church in Headington, Oxford.

Volgens zijn levenslange vriend Owen Barfield zijn er in zekere zin drie “C.S. Lewissen” geweest. Tijdens zijn leven heeft Lewis aan drie verschillende roepingen succesvol beantwoord. Op de eerste plaats was daar de gerespecteerde Oxford-docent, literatuurgeleerde en literair criticus. Daarnaast de schrijver van romans en kinderboeken. En ten slotte was er de populaire en invloedrijke apologeet, filosoof en volkstheoloog die veel lezers (opnieuw) op een verfrissende wijze het christendom binnen leidde. Daarbij geldt echter ook dat in veel van zijn werk filosofie, theologie, literatuur en fictie niet scherp te scheiden zijn.

In 1936 publiceerde Lewis zijn baanbrekende The Allegory of Love. Lewis beschrijft in dit boek hoe in de vroege middeleeuwen de klassieke goden in allegorische vorm weer het christelijk denken binnenkomen. Streden de goden vroeger tegen elkaar, nu worden het personificaties van krachten in de mens zelf. In de loop van de eeuwen begint de kracht van de allegorie echter te verzwakken. Dit wordt veroorzaakt door het verzwakkende besef dat de stoffelijke wereld primair een afspiegeling is van de bovennatuur. Steeds meer gaan elementen als satire, alledaagsheid en liefdesperikelen overheersen en daarmee verdwijnt de kracht van de allegorie in de westerse literatuur. Een ander levenswerk op het gebied van de literatuurgeschiedenis was zijn English Literature in the Sixteenth Century (1954) dat als deel III verscheen van The Oxford History of English Literature.

In zijn zeven kinderboeken (The Chronicles of Narmia) en drie science fiction romans verwerkte Lewis ook tal van theologische en filosofische ideeën. Zo vindt men in de roman That Hideous Strength talloze ideeën in literaire vorm die men in The Abolition of Man (1943) in filosofische vorm uitgewerkt vindt. Zijn beroemdste literaire werk is ongetwijfeld het al eerder genoemde The Screwtape Letters. In dit boek schrijft een oudere duivel eenendertig brieven aan een jongere collega met talloze adviezen hoe een jonge gelovige het best verleid kan worden. Het boek weerspreekt het binnen de hedendaagse Nederlandse intelligentsia wijd verbreide vooroordeel dat christendom en humor elkaar niet verdragen.

C.S. Lewis vormde de belichaming van een natuurlijk soort conservatisme. In zijn levensstijl (zo weigerde hij pubs te betreden waar de radio aan stond), in zijn literaire opvattingen (pas heel laat kwam hij tot waardering voor het werk van T.S. Eliot) en in zijn politieke opvattingen was Lewis een conservatief pur sang. Voor wat betreft de politiek moet daarbij wel vermeld worden dat Lewis een groot scepticus was ten aanzien van politici en partijpolitiek. Winston Churchill bewonderde hij overigens zeer, maar dat verhinderde hem in 1951 niet de minister-president te laten weten dat hij afzag van een hem aangeboden titel. Lewis was bang dat zijn critici zo'n adellijke titel als bewijs zouden opvatten dat zijn religieus werk slechts verholen anti-progressieve propaganda was. Zijn onverschilligheid inzake de dagelijkse politiek weerhield hem er niet van over een breed scala aan politieke onderwerpen te schrijven: misdaad, censuur, pacifisme, doodstraf, dienstplicht, vivisectie enzovoorts. Ook over de verzorgingsstaat had hij uitgesproken opvattingen. In een artikel in The Observer schreef hij in 1958:

"The modern State exists not to protect our rights, but to do us good or make us good — anyway, to do something to us or to make us something. Hence the new name ‘leaders’ for those who were once ‘rulers’. We are less their subjects than their wards, pupils, or domestic animals. There is nothing left of which we can say to them, ‘mind your own business.’ Our whole lives are their business."

De staat kan ervoor zorgen dat mensen zich gedragen, maar uiteindelijk kan hij de mens niet goed maken. Deugd veronderstelt vrije keuze. Lewis was er vooral bang voor dat de verzorgingsstaat zich verder zou ontwikkelen tot een technocratie van het soort dat hij al in romanvorm had beschreven in That Hideous Strength.

Veel conservatieven zien in The Abolition of Man zijn belangrijkste filosofische werk. In dit werk geeft Lewis een zeer originele verdediging van de natuurrechtsleer. De meeste beschavingen, religies en denksystemen gingen in het verleden van dezelfde morele codex uit. Wanneer men die codex analyseert komt men vanzelf uit bij de bekende deugden als Rechtvaardigheid, Eerlijkheid, Bramhartigheid en Voorzichtigheid. Hij laat zien wat de consequenties zijn wanneer de moderne cultuur het idee van een objectieve morele orde verwerpt.

Lewis is in Nederland een bekend auteur. Een aantal belangrijke boeken van hem is vertaald en leverbaar.

Literatuur

Er is zoveel over Lewis geschreven dat het hier slechts mogelijk is een bescheiden selectie te geven.

Een mooie biografie werd geschreven door Roger Lancelyn Green en Walter Hooper: C.S. Lewis: A Biography (A Harvest Book).

De biografie Jack: A Life of C.S. Lewis van George Sayer werd ook in het Nederlands vertaald (Crossway Books).

In de bundel Ontijdige bespiegelingen van Robert Lemm is een korte lezenswaardige inleiding in het werk van Lewis opgenomen (Kok Agora).

Een interessante visie op het conservatieve mens- en geschiedbeeld van Lewis vindt men in het door Peter Kreeft geschreven C.S. Lewis for the Third Millennium. Six essays on the Abolition of Man (Ignatius Press).

Een kort essay over de politieke opvatingen van Lewis werd geschreven door John G. West, Jr.: Public Life in the Shadowlands. What C.S. Lewis Teach Us About Politics (Acton Institute), met een geannoteerde bibliografie van de boeken en essays van Lewis die handelen over politieke thema's.

La critique nationale-socialiste du capitalisme et de l'impérialisme américains

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - Novembre 1987

 

La critique nationale-socialiste du capitalisme et de l'impérialisme américains

par Günther MASCHKE

A l'automne 1918, les troupes fraîches et bien équipées (voire suréquipées) du général Pershing, com-mandant en chef du corps expéditionnaire américain, décidaient de l'issue de la Première Guerre mon-diale. Malgré cela, et bien que, contrairement à Foch, Pétain et Haig, Pershing fût le seul chef allié à vou-loir porter la guerre jusqu'à Berlin et occuper l'intégralité du territoire allemand, peu d'Allemands nourrirent à l'époque des sentiments anti-américains. La haine des vaincus se dirigea plutôt contre l'An-gle-terre et, plus encore, contre la France: n'était-ce pas les Anglais qui, dès la fin des combats, main-tinrent jusqu'en 1919 un blocus économique qui réduisit à la famine un million d'Allemands? N'était-ce pas les Français qui imposèrent le diktat de Versailles avant d'occuper la Ruhr? A l'inverse, l'éphémère prospérité que connut la République de Weimar entre 1925 et 1929 n'était-elle pas due aux crédits amé-ricains? Même si la crise économique mondiale frappait l'Amérique plus durement encore que l'Alle-magne, l'image positive d'une Amérique, pays vaste, libre, aux potentialités infinies, demeurait, parmi les Allemands, pratiquement intacte.

La sympathie allemande pour l'Amérique de Roosevelt

L'année 1933 n'altéra pas ce beau tableau, bien au contraire: la propagande nationale-socialiste et les au-teurs politiques sérieux étaient plutôt pro-américains pendant les premières années du régime. La politi-que de Franklin Delano Roosevelt, au pouvoir depuis mai 1933, fut même accueillie avec faveur, voire avec enthousiasme, et l'on s'enhardit, en Allemagne, à mettre en parallèle New Deal  et national-socialisme.

De fait, les deux systèmes furent perçus comme deux variantes d'une "Troisième Voie", la seule pro-metteuse, entre le capitalisme libéral et le bolchévisme. Comme le national-socialisme, faisait-on ob-server, le New Deal  essaie de résorber le chômage de masse par l'intervention de l'Etat dans le do-maine économique; d'un côté comme de l'autre, une politique sociale garantissait la sécurité matérielle de l'exis-tence. En Allemagne comme aux Etats-Unis, la libre entreprise, échec évident, était désormais contrôlée et bridée par l'Etat planificateur; ici comme là-bas, une nation en proie au désespoir et à la ré-signation était enfin mobilisée et vitalisée par un chef charismatique. La France et l'Angeterre, restées fi-dèles au libéralisme bourgeois, étaient condamnées au déclin. Quant à l'Union Soviétique, elle ne pou--vait, au mieux, que se maintenir par la terreur. Seuls, les Allemands, les Italiens et, dans une moin-dre mesure, les Américains, avaient compris que les temps avaient changé.

Parfois, les sympathies nationales-socialistes pour Roosevelt frisaient l'idôlatrie. Colin Ross (1), le jour--naliste le plus brillant du Troisième Reich, évoque, en 1935, l'impression que lui laissa une con-fé-rence de presse à la Maison Blanche: "Bien sûr, le sourire rooseveltien est, si l'on veut, le fameux keep smiling  américain. Mais le rire et le sourire du président sont bien plus que cela. C'est un rire fondé sur la souffrance. C'est l'expression d'une âme, d'une expérience du monde, qui, parce qu'elle connaît, pour les avoir éprouvées, toute la misère et toute la détresse de l'univers, sait sourire et soulager par la tendresse. La charge immense de travail et de responsabilité qui pèse sur Roosevelt a gravé dans son visage les mêmes sillons que dans celui d'Adolf Hitler".

L'attitude positive du national-socialisme à l'égard de Roosevelt et du New Deal s'infléchira en 1935-1936, mais pour faire place à un scepticisme prudent plutôt qu'à une hostilité déclarée. Plusieurs fac-teurs joueront, que les observateurs allemands ne purent tous identifier. Ainsi, les Américains finirent par remarquer les mesures antisémites prises peu après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ils s'en alarmèrent, eux qui pensaient pouvoir tourner le dos aux querelles européennes et retrouver leur ancien iso-la-tion-nisme pour mieux s'attaquer à leurs problèmes intérieurs: montée du chômage, misère de masse, éro-sion des sols, endettement de l'Etat, etc… De plus, Roosevelt passait, y compris en Allemagne, pour un ardent défenseur de l'isolationnisme. Cependant, l'immigration juive aux Etats-Unis, de plus en plus in-fluente, entra en relation avec le brain trust  de Roosevelt, comme en témoigne l'exemple du publi-ciste et sociologue Walter Lippman. A partir de 1935, médias et "instituts scientifiques" se mettront à "édu-quer" les Américains, jusque là plutôt rétifs en la matière, sur les dangers du "nazisme". Du coup, les organisations allemandes et germanophones d'Amérique devinrent suspectes, surveillées par toutes sor-tes de mouchards. Les groupements nationaux-socialistes déclarés n'étaient pas les seuls visés: les as-sociations culturelles, musicales ou folkloriques furent surveillées, en butte aux chicanes et aux tra-cas-series.

L'échec du New Deal

Cependant, le national-socialisme assista (et sur ce point, son analyse et sa critique furent très souvent pertinentes) à la déconfiture progressive et à l'échec final de la politique de New Deal.

En 1933, Roosevelt s'était lancé dans la bataille avec un élan incroyable et dès le premier trimestre, la fameuse "Révolution des 100 jours", avait mené à bien plusieurs réformes. La nouvelle aggravation de la crise économique mondiale et quelques faillites bancaires retentissantes pendant les derniers mois du gouvernement d'Herbert Hoover, adepte à 100% du libéralisme de marché, paralysèrent pour un temps toute opposition à Roosevelt. Le printemps 1933 marqua l'apogée de la crise: tout le crédit aux USA était pratiquement gelé et peut-être Roosevelt aurait-il alors pu nationaliser en un tour de main le secteur bancaire pour financer sa révolution. Une occasion pareille ne se représenterait plus…

Mais la résistance s'organisait. Les milieux d'affaires, la haute finance, bref le Big Business,  pro-tes-tè-rent contre les interventions dirigistes et planificatrices du New Deal,  jugées "contraires à l'esprit amé-ricain" et propagèrent le mythe de l'effort individuel et de l'initiative privée. Quant aux Etats de l'U-nion, ils virent, dans la tentative de Roosevelt de créer un puissant pouvoir central, une violation de leurs droits traditionnels et fondamentaux. Enfin, la Cour Suprême fit barrage à l'extension du pouvoir exécutif du président et torpilla ses projets de loi les uns après les autres.

La critique nationale-socialiste dressa un bilan difficilement contestable: Roosevelt avait échoué parce qu'il n'avait pas su  —et aussi peut-être parce qu'il ne pouvait  pas—  devenir dictateur. En fait, le pré-sident américain, naguère encore comparé à Hitler, n'était pas un Führer  et les Etats-Unis, selon Colin Ross qui voyait ainsi confirmée sa thèse de "l'échec du melting pot", n'étaient, au mieux, que "les peuples unis de l'Amérique": ils ne formaient ni un Etat au sens européen du terme ni une nation politiquement unie. La démocratie  qui s'y manifestait à travers la lutte des pouvoirs particuliers et des lobbies  avait eu raison de la dictature souhaitée. C'est pour cela que Roosevelt ne pouvait  atteindre aucun des objectifs du New Deal.  Les réformes en profondeur firent dès lors place à la propagande; mais la propagande ne pouvait réussir que si elle se cherchait (et se trouvait) un adversaire, une cible.

L'analyse critique de Giselher Wirsing à l'encontre du New Deal de Roosevelt

Sous le Troisième Reich, Giselher Wirsing fut l'un de ces journalistes qui, tout en sacrifiant aux rites obligatoires de la propagande officielle, furent également capables d'analyses de qualité. En 1938, dans une série d'articles rédigés pour les Münchner Neueste Nachrichten,  et, l'année suivante, dans des textes plus importants écrits pour la revue qu'il dirigeait, Das Zwanzigste Jahrhundert,  Wirsing décrit les cau-ses de l'échec du New Deal:  ces travaux, de haut niveau intellectuel, sont la quintessence des innom-bra-bles reportages, articles, brochures et études scientiques parus en Allemagne entre 1935 et 1939 sur le thè-me des  Etats-Unis. En 1942, Wising regroupa ses essais dans un ouvrage intitulé Der maßlose Kontinent - Roosevelts Kampf um die Weltherrschaft  (= "Le continent de la démesure; le combat de Roo-sevelt pour la domination du monde") (2). Bien que, dans cet ouvrage, Wirsing réaffirme que le New Deal,  même s'il avait réussi, n'aurait finalement eu que de maigres résultats, sa plume de jour-na-liste y est plus acérée: entretemps, les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l'Allemagne. "C'est pré-ci-sément dans le domaine de la politique agricole, écrit Wirsing, que le New Deal devait essuyer le re-vers moral le plus cuisant, bien qu'Henri Wallace, ministre de l'agriculture de Roosevelt,…eût révélé les carences du système agraire aux USA. La politique agricole du New Deal  devint une juxtaposition d'ex-pédients qui permirent certes d'alléger le poids de la crise mais n'en vinrent jamais réellement à bout. Pour Wallace, le problème-clé de l'agriculture mécanisée américaine était la surproduction alors que le marché mondial s'était rétréci par suite des mesures d'autarcie prises dans le monde entier. De sorte que le New Deal,  au lieu d'engager la bataille pour la production, fit l'inverse: il fit tout pour li-miter la production. C'est cette idée fondamentale qui inspira l'Agricultural Adjustment Act  (AAA) de 1933. Une politique agricole véritablement  constructive n'aurait jamais dû s'appuyer sur une analyse aus-si né--gative tant que les excédents enregistrés dans les campagnes contrastaient avec les carences les plus effroyables en milieu urbain".

La stabilisation des prix agricoles, couramment pratiquée aujourd'hui, fut alors anticipée par des méthodes extrêmement brutales: enfouissement de la viande porcine, déversement en mer de tonnes de fruits mûrs, incendie des champs de coton: toutes ces mesures étaient le contraire exact des Ernteschlachten (batailles pour les récoltes) nationales-socialistes. Elles furent considérées par les capitalistes comme typiques du "dirigisme d'Etat" et par les communistes comme … typiques du "capitalisme"…

Quand l'abondance devient un fléau

Anticapitaliste d'inspiration nationaliste et romantique, Wirsing a bien cerné la réalité en mettant en lu-mière une contradiction inhérente à plusieurs volets du New Deal:  le hiatus entre l'intervention de l'E-tat, propre au New Deal,  et les axiomes d'un libéralisme presque dogmatique:

"Wallace adopta une démarche mécanique  fondée sur la théorie du pouvoir d'achat. Il constata que l'a-gri-culteur américain produisait trop dans tous les domaines, que la chute des prix devenait irrépressible et que l'endettement menaçait d'étouffer l'ensemble du système agraire. Il en concluait qu'il fallait limi-ter la production jusqu'au point où l'offre, ainsi réduite, s'harmoniserait à la demande. Théorie parfai-te-ment conforme, du reste, au libéralisme classique… Or, les initiateurs de cette politique agricole, qui per-suadèrent  —par toute une série de mesures coercitives—  l'agriculteur de ne plus cultiver ses champs et de détruire ses récoltes, se prirent pour des révolutionnaires. Ils parvinrent effectivement à fai-re passer le revenu agricole net de 4,4 milliards de dollars en 1933 à 7 milliards en 1935, mais cette aug-mentation rapide des prix était due en bonne partie à la sécheresse catastrophique de 1935, aux tor-na-des de poussière et aux inondations de l'année 1936-1937. Paradoxalement, Roosevelt vit dans la séche-resse son meilleur allié: avec l'AAA, c'est elle qui avait miraculeusement augmenté le pouvoir d'achat dans l'agriculture. L'indstrie des biens de consommation, qui soutenait Roosevelt, pouvait être satisfaite des résultats".

Naturellement, ni Wirsing ni Colin Ross (qui publia, également en 1942, Die "westliche Hemisphäre" als Programm und Phantom des amerikanischen Imperialismus  [= "L'hémisphère occidental", pro-gram-me et spectre de l'impérialisme américain]) (3) ni d'ailleurs l'explorateur suédois Sven Hedin, le sym-pa-thisant d'Hitler sans doute le plus célèbre, n'ont manqué de signaler qu'en Allemagne, l'intervention de l'Etat s'inspirait de conceptions doctrinales macro-économiques éprouvées alors qu'aux Etats-Unis, elle res-tait con-fuse et contradictoire. Le fait est qu'en Allemagne, et pas seulement à cause du réarmement, les chômeurs disparurent (sur ce point, le régime a sans doute exagéré ses mérites: le plein emploi ne fut jamais réellement atteint, pas même au début de la guerre) alors qu'aux USA, les résultats demeu-rè-rent médiocres malgré l'organisation de travaux de nécessité publique et le Service du Travail. En Allemagne, la dictature, mais aussi la grande tradition allemande du socialisme d'Etat produisaient leurs effets. Ces deux éléments n'existaient pas aux Etats-Unis. Ecoutons Wirsing résumer la queston agraire aux Etats-Unis, en sachant que ses observations valent pour l'ensemble du New Deal:

"Les tendances régionalistes et particularistes ne se manifestèrent nulle part de façon plus marquée que dans la question agraire. Quand des régions entières furent subitement menacées d'un nouveau fléau, comme le Middle West par les tornades de poussière de 1934-35, ou les Etats du Mississipi par les crues dévastatrices de l'année 1937, le Congrès consentit à débloquer des fonds parfois importants. Mais le système démocratique empêcha une imbrication adroite des diverses mesures ponctuelles dans le cadre d'une planification globale qui eût brisé toute résistance. A cause de l'impéritie du Congrès, de la sot-tise des Governors  des Etats, des groupements d'intérêts, etc…, le gouvernement de Roosevelt ne put jamais franchir l'obstacle…".

Les excellents projets de Roosevelt sont torpillés par les intérêts corporatistes privés

La liste des projets gouvernementaux torpillés par la Cour Suprême, que ce soit la loi sur les pensions des cheminots ou la déclaration d'illégalité de l'Agricultural Adjustment Act,  en 1936, est, elle aussi, in-finie. Roosevelt essaya bien de désamorcer l'opposition en y introduisant des juges favorables à sa politique et en adjoignant à ses opposants des "suppléants" avec droit de décision (les Américains di-sent: "to pack the Court");  la manœuvre avorta. Son projet favori, notamment la création d'une "Tennessee Valley Authority",  resta lettre morte. Roosevelt voulait aménager la vallée du Tennessee en y construisant de grands barrages et d'imposantes centrales électriques afin d'empêcher les inon-da-tions, permettre l'irrigation et fournir aux agriculteurs l'électricité à bon marché dont ils avaient le plus grand besoin pour leur élevage de bétail laitier et de boucherie, sans compter les programmes de reboi-sement et de terrassement. Sur le terrain, tout cela réussit. Jusqu'au jour où les compagnies privées d'é-lec-tricité sabotèrent cette politique énergétique et ces plans grandioses de mise en valeur du sol américain.

Si la comparaison entre l'interventionnisme américain et l'interventionnisme germanique montra à quel point il avait été hasardeux, de parler, en tant qu'observateurs allemands, d'affinités, même écono-mi-ques, entre le na-tional-socialisme et le New Deal,  il devint peu à peu patent que Roosevelt et Hitler avaient, en matière de commerce extérieur, des conceptions diamétralement opposées.

La guerre commerciale : autarcie contre libre-échangisme

Cette opposition, qui fut un facteur décisif de l'entrée en guerre des USA, donna au national-socialisme l'occasion d'étudier de près l'impérialisme américain (en fermant bien sûr les yeux sur son impérialisme à lui). Dès 1933, les relations économiques germano-américaines se détériorèrent. L'économie dirigée allemande, qui tendait au réarmement et à l'autarcie, jugula et planifia les importations, adapta les ex-por-tations aux importations grâce à des accords de compensation et à l'institution de taux de change multiples. Le principe allemand "marchandise contre marchandise" et le monopole d'Etat en matière de com-merce extérieur débouchèrent, par le biais des accords bilatéraux de clearing et de la technique de la "répartition des devises", sur une bilatéralisation des échanges.

On conçoit, dès lors, que la politique américaine de libre-échange, la "open door policy",  ait rencontré une résistance de plus en plus vive: en développant leurs relations économiques avec l'Amérique latine, les Allemands réussirent même à évincer les Américains et les Anglais de marchés aussi importants que ceux de l'Argentine ou du Brésil. Avec le pacte germano-soviétique, et les victoires successives des for-ces de l'Axe, les Américains entrevirent le spectre d'une partition du marché mondial (4): ils redoutèrent de plus en plus d'être handicapés économiquement et commercialement dans des zones de plus en plus vastes; qui plus est, la main d'œuvre bon marché des pays de l'Axe risquait même de saper leurs posi-tions concurrentielles partout ailleurs.

En 1941, année de l'attaque allemande contre l'Union Soviétique, le géopoliticien allemand Karl Haus-ho-fer publia son étude intitulée "Le bloc continental" (5). Ce bloc continental devint le cauchemar des Etats-Unis. Dans cette optique, l'Allemagne, la Russie, le Japon et les territoires qu'ils contrôlaient, donc également l'Afrique du Nord, la Chine et la Corée, ainsi que l'ensemble balkanique, devaient for-mer un bloc militaro-économique sur lequel se briseraient les ambitions anglo-américaines d'hégémonie mondiale. Finalement, la terre l'emporterait sur la mer, l'économie d'Etat sur le libre-échange, l'auto-ri-ta-risme sur la démocratie car le grand-espace suivrait sa propre loi alors que le libéralisme, impliquant partout des normes apparemment objectives, était contraint d'intervenir tous azimuts et de postuler dans le monde entier des conditions d'action uniformes.

                                                        

Aux Etats-Unis, la réaction à l'encontre de cette perspective d'un bloc continental tourna rapidement à l'hystérie, surtout par calcul de propagande: depuis 1937, Roosevelt voulait la guerre avec le Japon. A partir de 1939-1940, il voudra la guerre avec l'Alle-magne. Et décrira comme un "îlot impuissant" (!) une nation comme les Etats-Unis dont le volume du commerce ex-té-rieur, grâce à un marché intérieur gigantesque, n'atteignait à l'époque que 5 ou 6%. Dans son discours du 10 juin 1940, prononcé en Virginie, Roosevelt proclamait:"Pour moi-même comme pour l'écrasante majorité des Américains, l'existence d'un tel îlot est un cau-che-mar affreux, celui d'un peuple sans liberté, le cauchemar d'un peuple affamé, incarcéré, ligoté, d'un peuple nourri jour après jour par les gardiens impitoyables qui régentent les autres continents et n'ont pour nous que mépris". Et Walter Lippman ajoutait le 22 juillet 1940 dans la revue Life:"Si les cartells étatisés des puissances de l'Axe cimentaient un bloc continental eurasien de l'Irlande au Japon, les conséquences pour les Etats-Unis en seraient la baisse du niveau de vie, la montée du chô-mage et une économie réglementée. La disparition des libertés de notre libéralisme nous obligerait du même coup à nous adapter aux puissances de l'Axe". Et Lippmann concluait: "Le fait est qu'une éco-no-mie libre telle que nous la connaissons, nous, citoyens Américains, ne peut survivre dans un monde sou-mis à un régime de socialisme militaire".

Un monde trop petit pour deux systèmes

Le 9 juin 1941, Henry L. Stimson, Ministre de la Guerre, déclarait à l'Académie militaire de West-Point (6): "Le monde est trop petit pour deux systèmes opposés". Il est frappant de constater que la cam--pagne de Roosevelt contre l'Allemagne avait commencé dès 1937,  c'est-à-dire avant l'Anschluß  et l'an-nexion de la Tchécoslovaquie, voire avant les crimes collectifs perpétrés par les nationaux-socia-listes. Par contre, elle coïncida avec le moment précis, où l'échec du New Deal  éclata au grand jour. Com-mentaire de Giselher Wirsing:"L'été 1937 fut le grand tournant. Pas seulement politiquement, mais économiquement. Au moment où le président essuyait une défaite face à la Cour Suprême, un nouveau déclin économique brutal s'a-mor-ça… Dans l'industrie et l'agriculture, s'annonça une chute générale des prix. L'industrie et le com-merce avaient constitué d'importantes réserves en prévision de nouvelles hausses. En même temps, sous la pression du Big Business  et du Congrès, le président avait réduit sensiblement les dépenses fé-dé-rales et fait des coupes sombres dans les budgets de relance et d'aide sociale… Ce fut la "dépression Roosevelt". Au printemps 1938, on comptait à nouveau 11 millions de chômeurs. L'arsenal de lois du New Deal,  déjà incohérent en lui-même, s'avérait impuissant face aux faiblesses structurelles… On élabora pour l'agriculture un Agricultural Adjustment Act,  nouvelle version, mais inspiré des vieux principes: une limitation draconienne des cultures… La loi sur les salaires et le travail fut vidée de sa sub-stance. Dans tous les domaines, aucun progrès par rapport à 1933…".

L'exutoire de Roosevelt: la politique étrangère

Sven Hedin (7) a fait remarquer que les salaires payés par la Works Progress Administration  (WPA) pour les travaux de secours aux chômeurs ne dépassaient pas 54,87 dollars mensuels. Même la sécurité sociale ne fut pas transformée radicalement par le New Deal.  Voici le bilan qu'en dresse Sven Hedin: "En juillet 1939, le Social Security Bulletin  révéla que les pensions de retraite versées aux USA at-teignaient, par personne et par mois, 19,47 dollars. Mais en Alabama, le montant ne dépassait pas 9,43 $, en Caroline du Sud, 8,18$ mensuels, en Géorgie 8,12$, dans le Mississipi 7,37$ et en Arkansas 6$ seulement! Quiconque découvre l'amère réalité américaine derrière les slogans officiels ne peut que me-surer l'échec de Roosevelt en politique intérieure. Beaucoup remarquèrent que ce fut là un facteur dé-ter-minant du recours à l'aventure extérieure". Ce point de vue, des millions d'Américains l'ont partagé et aujourd'hui encore, les historiens critiques envers Roosevelt y adhèrent.

Le "discours de quarantaine" du 5 octobre 1937 marqua le début d'une véritable guerre froide contre l'Allemagne et le Japon. Même si l'on tient compte du conflit sino-japonais, les propos de Roosevelt sont assez énigmatiques:"Des peuples et des Etats innocents sont cruellement sacrifiés à un appétit de puissance et de domi-na-tion ignorant le sens de la justice… Si de telles choses devaient se produire dans d'autres parties du mon-de, personne ne doit s'imaginer que l'Amérique serait épargnée, que l'Amérique obtiendrait grâce et que notre hémisphère occidental ne pût être attaqué… La paix, la liberté et la sécurité de 90% de l'hu-ma-nité sont compromises par 10% qui nous menacent de l'effondrement de tout ordre international et de tout droit… Lorsqu'un mal se répand comme une épidémie, la communauté doit mettre le malade en qua-rantaine afin de protéger la collectivité".

"Hémisphère occidental" contre bloc continental

Les nationaux-socialistes virent bien que l'idée rooseveltienne d'"hémisphère occidental" (dont les limites d'intervention ne furent jamais précisées!) était grosse d'une volonté d'hégémonie mondiale directement opposée à leurs ambitions propres, plutôt continentales. Le déclin de l'Angleterre (à l'époque, le phénomène suscita en Allemagne une multitude de commentaires dans les milieux journalistiques et scientifiques) (8) positionna les Etats-Unis dans le rôle de l'héritier, mais un héritier qui apparaissait plus agressif encore que le de cujus.  Alors que s'annonçait (ou avait déjà commencé) le choc avec les Etats-Unis, en 1942-1943, plusieurs auteurs allemands se mirent à étudier ce nouvel impérialisme et leurs con-clusions ressemblent à s'y méprendre aux analyses marxistes qui furent ultérieurement publiées sur les Etats-Unis. Dans son ouvrage Imperium Americanum  (9), paru en 1943, Otto Schäfer relate "l'extension de la sphère de puissance des Etats-Unis" depuis le refoulement de l'Angleterre, la guerre contre l'Espagne, l'acquisition du Canal de Panama, le contrôle des Caraïbes jusqu'à la péné-tra-tion du Canada et de l'Amérique latine. Et Schäfer illustrait son propos par un bilan statistique de la politique américaine d'investissements à l'étranger.

Helmut Rumpf, spécialiste de droit public, décrivait en 1942, dans son livre Die zweite Eroberung Ibero-Amerikas  (= "La deuxième conquête de l'Amérique ibérique") (10), la mise au pas et le pillage économique du Mexique et de l'Amérique centrale par les USA.

Albert Kolb (11), enfin, se pencha sur les relations avec les Philippines, Hans Römer (12) sur les in-gé-ren-ces américaines dans les guerres civiles d'Amérique centrale, et Wulf Siewert (13), dans Seemacht USA  (= "La puissance maritime des Etats-Unis") sur le développement de la marine américaine sous Roosevelt, qui suscita outre-Atlantique un enthousiasme proche de la ferveur qu'avait jadis inspirée en Al-le-magne la flotte de Guillaume II (toutes proportions gardées, car la US Navy  devait connaître des len-demains plus heureux que la flotte impériale allemande). L'idée maîtresse de cette abondante litté-ra-ture, présentant, très souvent un niveau scientifique fort honorable, c'est que la doctrine de Monroe, dé-fen-sive au moment de sa conception et de sa proclamation (1823), puisqu'elle devait défendre le con-ti-nent américain contre toute intervention européenne, était depuis longtemps devenue une doctrine offen-sive autorisant des interventions illimitées dans l'"hémisphère occidental". Il était dès lors dans la logi-que des choses que le publiciste américain Clarence K. Streit (14) finisse par réclamer (en 1939) une fu-sion entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et que Walter Lippmann envisage la création d'un super-Etat regrou-pant —sous direction américaine— tous les pays "atlantiques" régis par le capitalisme libéral.

Les Allemands ont sous-estimé les Américains

Un économiste aussi sérieux que Friedrich Lenz (15) affirmait encore en 1942, dans son livre Politik und Rüstung der Vereinigten Staaten  (= "Politique et armement des Etats-Unis"), que la production de guerre aux USA était beaucoup trop lente pour représenter à bref délai une menace pour l'Allemagne. Le capitalisme libéral, que le New Deal n'avait fait qu'égratigner, était incapable, assurait Lenz, d'assumer la directivité qu'implique une politique d'armement. Lenz allait jusqu'à soutenir qu'en 1941, "les USA ne pouvaient aligner que 425 chars lourds". Or, même si les objectifs de production annon-cés par Roosevelt le 6 janvier 1942 (60.000 avions, 35.000 chars et 20.000 tubes de DCA pour 1942, 125.000 avions, 75.000 chars et 35.000 tubes de DCA pour 1943) ne furent jamais atteints, et si le dé-veloppement rapide de l'armée entraîna outre-Atlantique de graves difficultés, les Etats-Unis, en appro-vi-sionnant massivement l'Armée Rouge, n'en apportèrent pas moins aux Allemands la preuve irréfu-table de l'efficacité de leur production guerrière.

Sven Hedin lui-même affirmait: "Aux manœuvres de l'automne 1941, l'armée américaine était équipée de fusils mitrailleurs et de blindés en bois et en carton pâte, exactement comme la Reichswehr d'après 1919". Apès les manœuvres, le général McNair déclarait que "deux divisions seulement sont en état de se battre". Et Sven Hedin ajoutait:

"En 1940, les forces armées ne comptaient que 250.000 hommes. Or, le Victory Program  américain prévoit pour l'assaut contre l'Allemagne un effectif de 6,7 millions d'hommes répartis en 215 divisions. Comment Roosevelt va-t-il les former, les entraîner, les armer pour qu'ils viennent à bout des divisions aguerries de l'Allemagne et de ses alliés?".

Bien sûr, à l'époque, la conquête des richesses russes paraissait acquise pour l'Allemagne et les Japonais allaient de succès en succès. Mais le paradoxe, c'est que cette sous-estimation des Etats-Unis était due à une analyse pertinente de l'échec du New Deal!  L'échec économique et social des Etats-Unis trouva tout simplement un exutoire dans le domaine de l'économie de guerre…

Pourtant, on débattit, sous le Troisième Reich, des conséquences d'une défaite éventuelle de l'Axe face aux Etats-Unis: Friedrich Lenz affirma qu'après l'échec du capitalisme libéral et les succès des Etats to-ta-litaires (parmi lesquels il comptait généreusement l'Union Soviétique bien que celle-ci fût entre-temps passée dans le camp adverse), l'effondrement de ces mêmes Etats entraînerait une régression sans précé-dent dans l'histoire mondiale: "Promettre le rétablissement de la civilisation libérale du XIXème siècle sur les ruines des systèmes totalitaires d'Allemagne, d'Italie et du Japon, et peut-être même de Russie soviétique est une position réactionnaire", et Lenz d'ajouter avec une ironie féroce: "Peut-être Thomas Mann sera-t-il alors le nouveau praeceptor Germaniae  de cette civiliation libérale?".

L'idéal social de "Park Avenue"

L'idée américaine accélère-t-elle ou retarde-t-elle l'histoire? Giselher Wirsing, lui, polémique contre l'entrée en guerre des USA en avançant des arguments sociaux: "Park Avenue va-t-elle diriger le monde? Dans quel but? On a a calculé qu'en 1927, les 4000 familles qui y résidaient, dépensaient un budget annuel gloabal de 280 millions de dollars. Sur ce total, 85 mil-lions ont été dépensés pour entretenir la garde-robe de ces dames et de leurs filles… Pour se nourrir, ces 4000 familles ont dépensé 32 millions de dollars et pour leurs bijoux, 20 millions par an!… Voilà la civilisation pour laquelle il faudrait se battre! Et pour laquelle devront mourir les soldats chinois, indiens, australiens, anglais, sud-africains, canadiens et égyptiens!… Pour quelle liberté? Pour celle de Park Avenue,  celle de drainer les milliards du monde entier. Pour la liberté de profiter de la guerre".

Mais quel ordre une Amérique victorieuse offrirait-elle au monde? Le pronostic le plus séduisant est ce-lui que propose Carl Schmitt dans un article (16) publié dans la revue Das Reich  du 19 avril 1942 et in-titulé Beschleuniger wider Willen oder Problematik der westlichen Hemisphäre  (= "Accélérateur de l'his--toire malgré lui, ou le problème de l'hémisphère occidental"); Schmitt y justifie son pronostic en sou-lignant la propension obligée des Etats-Unis à violer les autres grands-espaces et leur incapacité à créer pour eux-mêmes un grand-espace (Grossraum)  cohérent et circonscrit:

"En essayant de prolonger la puissance maritime et la domination mondiale britanniques, le président des Etats-Unis n'a pas seulement recueilli de cet héritage les parts les plus avantageuses; il s'est ipso facto placé sous la loi qui gouvernait au siècle dernier l'existence politique de l'Empire britannique. L'Angleterre était devenue la gardienne de tous les "hommes malades", à commencer par celui du Bos-pho-re, jusqu'aux maharadjas indiens et aux sultans de toutes sortes. L'Angleterre était un frein au dé-veloppement de l'histoire mondiale… Quand Roosevelt quitta le terrain de l'isolationnisme et de la neutralité, il entra, qu'il le voulût ou non, dans la logique retardatrice et rigidifiante qui fut celle de l'empire mondial britannique".

Carl Schmitt poursuit: "Dans la foulée, le président proclama l'avènement du "siècle américain" afin de coïncider avec la ligne idéologique américaine traditionnelle, tournée théoriquement vers l'avenir et toutes formes d'innovation comme l'avait démontré l'essor spectaculaire des Etats-Unis au XIXème sièc-le. Ici encore, comme à toutes les étapes importantes de l'histoire politique américaine ré-cen-te, on s'enlise dans les contradictions inhérentes à cet hémisphère qui a perdu toute cohésion intérieure. Si Roosevelt, en entrant en guerre, était devenu l'un des grands ralentisseurs de l'histoire mondiale, passe encore; ce serait déjà beaucoup. Mais la vacuité de la décision annihile tout effet authentique. C'est ainsi que s'accomplit le destin de tous ceux qui lancent leur barque dans le maëlström de l'histoire sans que leur intériorité ne soit assurée (ohne Bestimmtheit des inneren Sinnes).  Ce ne sont ni des hommes impulseurs de mouvement, ni de grands retardateurs: ils ne peuvent que finir… accélérateurs malgré eux…".

Les idées de "grand-espace" (17), dont les nationaux-socialistes n'ont pas la paternité mais qu'ils ont récu-pérées pour camoufler et justifier leurs propres ambitions, succombèrent, sur le champ de bataille, à la "pensée globale" des Américains, et des millions d'Allemands, aujourd'hui encore, s'en disent soulagés. Mais ce constat n'infirme en rien la critique qui fut faite jadis, sous Hitler, du capitalisme amé-ricain ni l'idée grandiose de servir la paix en créant de grands-espaces fermés aux interventions de puis-sances géopolitiquement étrangères. On peut même prévoir que les Américains vont devenir les gar-diens de l'ordre ancien, les conservateurs des formes politiques révolues. Dans la perspective d'une éman-cipation européenne qui ne pourra compter, bien évidemment, que sur ses propres forces, il fau-drait distinguer, dans les idées de cette époque, entre ce qui relevait des besoins et de la propagande et ce qui mériterait plus ample approfondissement.

Günther MASCHKE.

(trad. Jean-Louis Pesteil; texte tiré de la revue autrichienne Aula et reproduit dans Orientations avec l'aimable autorisation de l'auteur; adresse d'Aula: AULA-Verlag, Merangasse 13, A-8010 Graz, Autriche)

vendredi, 01 mai 2009

"La journée de la jupe"

“La journée de la jupe” :

fulgurante réponse à

“Entre les murs”

par Saint-Plaix

Depuis sa sortie en avant première sur Arte, qui réalisa ce soir-là son record d’audience, La journée de la jupe - film qui marque le retour d’Isabelle Adjani absente des écrans depuis plusieurs années - fait couler beaucoup d’encre et soulève des réactions indignées dans la bien-pensance de gauche notamment dans les colonnes de l’imMonde qui dénonce une « dérive raciste et xénophobe », quant aux organisations féministes, elles déclarent en réponse « ne pas avoir vu le même film » qui dénoncerait, selon elles, la condition des filles dans les banlieues soumises aux dictats islamistes…

A s’arrêter, selon les commentaires de ces diverses corporations dites zintellectuelles, à des aspects spécieux de ce film, on en oublie le message fondamental qui dérangera les tenants de la pensée unique : les conséquences de l’intégration communautaire envisagée comme refus de l’assimilation. C’est l’éternel problème qui reçoit là une magistrale démonstration que chacun ne veut surtout ni voir ni commenter. On en reste donc à insister sur l’exceptionnelle prestation de l’actrice, que l’on n’avait pas vue aussi brillante depuis son interprétation de Camille Claudel. Là le consensus s’est à juste titre tout de même imposé.

Nous n’avons donc, nous non plus, pas vu le même film !

Le cadre est simple : un collège de banlieue “difficile” où un professeur de français va faire un cours sur Molière dans la petite salle de théâtre où certains élèves doivent réciter certaines scènes. Comme on se l’imagine, parmi les élèves présents, on note une forte majorité de “jeunes issus de la diversité”, ou dit plus clairement, une majorité partagée entre des ressortissants d’origine maghrébine et des africains noirs, les autres, minoritaires, blancs, sont assez représentatifs de ces classes dites défavorisées qui tentent de sauvegarder encore leur place en banlieue… Tout ce petit monde des deux sexes se fout éperdument du cours sur Molière et des prestations forcées des camarades désignés envoyés jouer sur scène. Dans le brouhaha que le professeur ne maîtrise pas, les clans ethniques vaquent à leurs occupations préférées : le bavardage, la vantardise et la provocation. On remarque une forte tête plutôt “blonde” et une autre carrément plus “noire”, petits chefs qui mènent la vie dure à tout le monde et terrorisent leurs camarades. Et oui, c’est une constatation : il existe en banlieue des meneurs et des petits caïds, des dealers et des délinquants, qui ne sont pas forcément des blancs aux yeux bleus !

La prof a beau hurler, rien n’y fait, et elle commence à s’énerver sérieusement devant cet aréopage, jusqu’au moment où, ultime provocation, la forte tête blonde exhibe un révolver qu’elle sort de son sac, pour épater la tête noire et s’imposer au groupe arme à la main. La salle alors est bouclée à clef.

A l’extérieur, des bruits de ces menaces ayant filtré par la vertu du téléphone portable d’une élève, tout de même inquiète de la tournure des évènements, le corps enseignant est en émoi devant une situation envisagée en termes de prise d’otage : on y retrouve le principal, un pleutre geignard et des professeurs très politiquement corrects dont les femmes qui dénoncent à loisir « les provocations de cette enseignante qui s’obstine par exemple à venir au lycée en jupe dans ce quartier sensible ». Très clairement, si elle se fait prendre en otage, c’est de sa faute ! Seule, une enseignante, amie de l’héroïne de l’histoire, va prendre son parti et la soutenir, elle seule contre tous.

Et les forces de police investissent le lycée…

C’est alors qu’à l’intérieur du théâtre, un conflit éclate, une bousculade se produit, et fortuitement, le révolver tombe, est ramassé, et remis à la prof… qui va s’en servir !

Là, le film bascule dans sa dimension originale : un huis clos où vont s’affronter les élèves et la prof qui utilise la menace de l’arme qu’elle détient pour s’imposer et qu’elle n’hésite pas à brandir pour obtenir le calme… et exiger l’attention de l’auditoire à son enseignement ! A cela, se surimpose un quiproquo d’un nouveau genre. Une prise d’otage, révolver au point, d’une classe par un professeur motivé par un seul but : faire son cours ! Un scénario original et brillamment traité.

Des scènes fortes, comme celle où, à quatre reprises, la tête noire se retrouve avec le révolver sur la tempe pour finir par énoncer, conformément à la demande de son professeur et malgré toute sa mauvaise volonté, que Molière s’appelle Jean Baptiste Poquelin, ou une autre où une des élèves avertit la prof quand elle risquerait de se retrouver surprise par des meneurs… Une certaine complicité se dessine entre les élèves, notamment les filles, et cette prof qui a retrouvé son autorité, même si c’est par arme interposée.

D’autres scènes fortes où, parmi les forces de l’ordre averties de la vraie nature de la prise d’otage, il ne se trouve qu’un officier de police partisan du dialogue avec la « preneuse d’otage » face aux autres, partisans de la manière forte pour délivrer les élèves. On suit petit à petit la sympathie croissante pour l’enseignante qui entend aussi utiliser cette situation imprévue pour énoncer publiquement des revendications : dénoncer les violences faites aux filles en milieu scolaire (dont les tournantes dont elle retrouve une trace sur un téléphone portable et dont elle fera par force dénoncer les coupables à la tête noire), et faire instaurer une fois par an « la journée de la jupe » pour faire afficher aux filles leur féminité retrouvée, enfin dégagée de la tyrannie et de la perversion des garçons, et leur permettre d’évoluer comme toutes les autres filles de leur âge des autres milieux socioéducatifs.

Comme par hasard, cette dernière revendication rencontre aussitôt l’hostilité de la ministresse empantalonnée, dépêchée sur place, consternée d’une telle revendication qui provoque ce commentaire péremptoire : « On s’est battu pendant un siècle pour pouvoir porter le pantalon, ce n’est tout de même pas pour revendiquer maintenant le port de la jupe ! » Donc, c’est clair, on est féministe ou féminine, mais on ne peut pas être les deux à la fois. Tout le monde sait cela, qu’on se le dise !

Le huis clos se poursuit. La prof explique à ses élèves ses motivations pour l’enseignement du français et l’importance que cela devrait avoir pour eux, descendants d’immigrés à qui elle défend de parler arabe entre eux… jusqu’au moment où elle rétorque dans cette langue à une réflexion désobligeante !

Chacun comprend alors avec stupeur qu’elle est “des leurs” et qu’elle a choisi non seulement de devenir française mais de le vivre pleinement et de le faire partager… Elle a clairement opté pour l’assimilation.

Au bout de plusieurs heures, la police donnera l’assaut, contre l’avis du seul officier de police partisan de la négociation, pour « délivrer les élèves ».

Dans l’intervalle, à l’intérieur, la prof est devenu une héroïne, un leader qui a rallié l’immense majorité de sa classe qui la rejetait et la méprisait jusque là et à l’inverse, les meneurs traditionnels sont réprouvés voire rejetés. Cet aspect, loin du syndrome de Stockholm auxquels certains ne manqueront pas de se référer, est particulièrement bien rendu : l’ascendant et le respect primitivement conquis par la force mais ensuite accepté tacitement par tous. Lors de l’assaut, malgré le mouvement de protection qui sera effectué par ses élèves face aux forces d’intervention, la prof - alors qu’il n’y a nulle raison tactique pour tirer ni aucune menace de sa part - sera intentionnellement abattue d’une balle à bout portant…

Comme on est loin de la vision démagogique développée par nos journaleux gaucho-féministes !

Ainsi le vrai message délivré est limpide : l’immigré assimilé doit être un réprouvé surtout s’il a trouvé toute sa place et qu’il suscite des vocations. La tentation assimilatrice - face au communautarisme conséquence de l’intégration - est réprouvée politiquement, au besoin même à l’encontre des sentiments des jeunes issus de la diversité qui pourraient se laisser séduire ! La société plurielle issue de la diversité, formatée aujourd’hui par les officines et leurs dictats soit disant antiracistes, doit s’y conformer !

La journée de la jupe est un film à voir, à l’opposé des clichés et des poncifs éculés véhiculés par Entre les murs. Rassurons-nous, ce film n’aura pas de Palme d’or à Cannes : c’est un bon film original, très bien joué qui ne laisse pas indifférent.

Un film qui dépeint la jeunesse de banlieue sans complaisance, avec ses tabous raciaux et machistes, sans clichés anti-blancs, ce qui n’est pas si fréquent et ce qui a provoqué évidemment la colère de l’imMonde.

Un film qui porte un grand message d’espoir : celui d’une jeunesse dont la dérive pourrait peut être se fondre dans l’assimilation à la société pourvu que les extrémistes qui aujourd’hui l’animent en toute impunité soient réprimés réellement, et non tacitement soutenus politiquement par les tenants de la promotion de cette mixité culturelle et sociale, credo des BHL, Attali et autres “penseurs” chers à nos politiques et à nos médias.

Décidément, non, nous n’avons pas vu le même film !

Source : Le libre journal


 

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Vrijheid van meningsuiting: de puntjes op de i

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VRIJHEID VAN MENINGSUITING: DE PUNTJES OP DE i

door prof. Matthias E. Storme - http://bitterlemon.eu

 

Vrijheid van meningsuiting is vandaag de dag een belangrijk thema, zowel omwille van de reële aantastingen ervan in onze samenleving als omwille van de totaal onterechte hulpkreten erover, beiden vaak vanuit "linkse" hoek. Een van de meest groteske karikaturen van het vraagstuk is wel de tekst die geschreven werd door de "vrijzinnig-humanistische" organisatoren van de "Nacht van de censuur" (21 juni 2008), nl. Rik Pinxten en Björn Siffer [1] (zie ook al de terechte kritiek van Filip van Laenen [2]). Hoog tijd dus om even de puntjes op de i te zetten.

Wat voor iets is "vrijheid van meningsuiting"?

Vrijheid van meningsuiting is op de eerste plaats een juridisch begrip. De vrijheid van meningsuiting is een van de fundamentele vrijheden waarvan de erkenning noodzakelijk is opdat een staat een rechtsstaat zou zijn. Die vrijheid gaat aan de staat vooraf en een staat die deze niet erkent is geen rechtsstaat. Omgekeerd is het waarborgen van deze vrijheden een deel van de legitimatie van de staat tot overheid. Deze erkenning, naast andere kenmerken, legitimeert het geweldmonopolie van de overheid.

Met "waarborgen" van de vrijheid van meningsuiting bedoel ik enerzijds de afwezigheid van inperking ervan door die overheid zelf (geen overheidsgeweld), anderzijds het waarborgen dat die vrijheid ook niet door anderen met geweld wordt ingeperkt of bestreden.

Men verwart nogal vaak de "vrijheid" van meningsuiting als juridisch begrip met zoiets als een "recht op vrije meningsuiting" dat in zijn algemeenheid niet bestaat of minstens niet hoeft te bestaan om van een rechtsstaat te spreken. Zo'n grond"recht" zou betekenen dat de overheid zou moeten garanderen dat iedereen overal daadwerkelijk zijn mening zou kunnen uiten (zie punt 2).

Het geweldmonopolie van de overheid anderzijds maakt dat de overheid de burgers moet beschermen tegen geweld; dit geldt a fortiori voor burgers die geweld ondervinden omwille van het gebruik dat zij maken van de vrijheid van meningsuiting.

Waar geldt die vrijheid van meningsuiting?

De fundamentele vrijheid van meningsuiting is een vrijheid zijn mening te uiten met eigen middelen op eigen kosten en in de publieke ruimte. Vanuit het oogpunt van de rechtsstaat hoeft die vrijheid helemaal niet te gelden op privédomein. In mijn huis beslis ik in beginsel wie ik binnen laat (hierbij laat ik natuurlijk even de verplichtingen jegens gezinsleden buiten beschouwing) en beslis ik dus ook wie daar welke vrijheid van meningsuiting heeft. Hetzelfde geldt op mijn website. Zo ook heeft elk medium juridisch natuurlijk de vrijheid om te beslissen welke meningsuitingen in dat medium geduld worden of niet. Natuurlijk, wanneer ik ruimte die mij toebehoor door middel van een overeenkomst verhuur of anderszins ter beschikking stel van iemand anders, moet ik mijn overeenkomst naleven. Een huurder die zijn contract naleeft kan ik dus in beginsel niet buiten zetten omwille van enige meningsuiting vanwege die huurder.

Op wiens kosten geldt er vrijheid van meningsuiting?

Aangezien de vrijheid van meningsuiting de vrijheid is om op eigen kosten zijn mening te uiten, bestaat er geen juridische verplichting vanwege de overheid om ervoor te zorgen dat iedereen de praktische middelen heeft om overal en altijd in het publieke domein zijn mening te uiten. Wel mag een overheid omwille van de monopoliepositie waarover ze beschikt niet discrimineren, en dat heeft ook zijn weerslag op deze vraag. Wanneer er activiteiten van meningsuiting met overheidsgeld, d.i. belastinggeld, ondersteund worden, dan mag de overheid niet discrimineren, d.i. geen onderscheid maken op basis van de daarbij geuite meningen, tenzij dat onderscheid redelijk kan worden verantwoord aan de hand van een legitieme doelstelling van de overheid. Een publieke zender, die rechtstreeks gesubsidieerd wordt door de overheid, is dus verplicht om onpartijdig te zijn en de verschillende meningen evenwichtig aan bod te laten komen. Als een overheid debatten subsidieert, dan dient de overheid ervoor te zorgen dat er enig evenwicht is in de meningen die daarbij een kans krijgen (daarom niet in elk debat afzonderlijk, maar wel over het geheel genomen). Dat betekent natuurlijk niet dat alle meningen evenveel aan bod moeten komen, of precies in evenredigheid met hun aanhang in de samenleving. Ook mag de overheid enige voorkeur aan de dag leggen voor meningen die de maatschappelijke vrede, de welvaart, de goede zeden en andere legitieme maatschappelijke doeleinden die verband houden met de taak van de overheid bevorderen. De overheid is ook gerechtigd tot op zekere hoogte maatregelen te nemen die de participatie van zoveel mogelijk burgers aan het publieke leven bevorderen.

Zijn er dan geen grenzen aan de vrijheid van meningsuiting?

Natuurlijk zijn er grenzen aan de vrijheid van meningsuiting, zoals er aan alle fundamentele vrijheden grenzen zijn. Enkel kan de juridische inperking van de vrijheid van meningsuiting, ondersteund door de sterke arm van de overheid (overheidsgeweld dus) in een op vrijheden gebouwde rechtsstaat maar heel beperkt zijn, met name waar een meningsuiting een onmiddellijk gevaar betekent voor een belangrijk rechtsgoed zoals het leven, de lichamelijke integriteit en gezondheid of de eer en goede naam van personen. Daarom is het aanzetten tot geweld een mogelijke inperking van de vrijheid van meningsuiting. Een juridische beperking aan die vrijheid in geval van "aanzetten tot discriminatie" daarentegen is nonsens, omdat discriminatie per definitie elk onderscheid betreft dat niet redelijk wordt gerechtvaardigd, terwijl de essentie van een fundamentele vrijheid er juist in bestaat dat men zich jegens de overheid niét met een redelijke uitleg moet rechtvaardigen voor de onderscheidingen die men in het gebruik van die vrijheid maakt. Nog erger wordt het wanneer een overheid de vrijheid inperkt met het excuus van de bescherming van "groepen" van personen. De inperking is slechts gerechtvaardigd ter bescherming van de rechten van concrete mensen, en niet omdat men een "groep" zou beledigen, a fortiori niet wanneer men een profeet van 13 eeuwen terug (waarvan het bestaan hebben overigens erg betwistbaar is) zou beledigen.

Er kunnen nog andere beperkingen gelden op de vrijheid van meningsuiting dan een verbod op aanzetten tot geweld, maar bij nader toezien kunnen die beperkingen nooit slaan op de mening zelf, op de inhoud van de boodschap, maar slechts op de wijze waarop of omstandigheden waarin die wordt geuit, en met name omdat die een concreet gevaar opleveren voor de medemens. Zoals ten onrechte brand roepen in een volle zaal. Maar dan gaat het dus niet meer om de meningsuiting die verboden wordt. Sommigen hebben met dit argument ook geprobeerd een verbod op zgn. aanzetten tot haat te legitimeren, met daarbij nog het lege argument dat haat geen mening zou zijn. Zij dwalen. Het is niet omdat een mening hatelijk is, of als hatelijk zou worden gepercipieerd, dat het geen mening is.

Zijn er dan geen morele grenzen of verantwoordelijkheden verbonden met die vrijheid?

Vanzelfsprekend wel. Meer nog, het gebruik van de vrijheid brengt altijd een morele verantwoordelijkheid met zich mee voor de wijze waarop die vrijheid wordt gebruikt, zoals dat ook geldt voor de wijze waarop elke andere vrijheid wordt gebruikt. Maar buiten de zopas genoemde, zeer enge juridische beperkingen die kunnen gelden, gaat het dan ook om morele grenzen, grenzen die niet met geweld mogen worden opgelegd. Zoniet is er overigens geen vrijheid en dus ook geen morele verantwoordelijkheid. Over de concrete invulling van die morele maatstaven binnen het gebruik van de vrijheid van meningsuiting kan men in een democratische samenleving van mening verschillen. Ook om die reden worden die morele beperkingen in een rechtsstaat niet tot juridische verboden verheven. Maar dat ontslaat ons niet van onze morele verantwoordelijkheid. Die morele verantwoordelijkheid is veelvuldig. Zij betreft op de eerste plaats de verantwoordelijkheid voor de eigen meningsuiting, waarbij men niemand nodeloos dient te kwetsen of te benadelen. Dat heeft met respect voor elke mens te maken. Het betreft ook de verantwoordelijkheid voor de morele en maatschappelijke invloed van de eigen meningsuitingen. Zij betreft ook de deugd van de tolerantie, die respect voor de meningsuitingen van anderen vereist. Dat betekent ook dat moreel handelende personen ook op hun privéterrein een voldoende respect voor andermans meningen zullen betuigen, als een tolerante gastheer. Maar het betekent evenzeer dat iedereen de vrijheid heeft om meningsuitingen van anderen die moreel niet verantwoord zijn aan de kaak te stellen en om anderen omwille van hun onfatsoenlijke meningen desgevallend te "discrimineren". Zo heeft men niet enkel de vrijheid maar soms zelfs de morele plicht om handelingen van anderen ook al zijn ze juridisch toegelaten, als immoreel te verwerpen. Christenen moeten de caritas beoefenen tegenover personen, maar moeten zonodig hard zijn in het aanklagen van bepaalde praktijken, zelfs indien die door de heersende "paarse" moraal als belangrijke verworvenheden worden beschouwd.

Noten

[1] R. Pinxten & B. Siffer, “Censuur, een veelkoppig monster”, De Standaard 21 juni 2008, http://www.standaard.be/artikel/detail.aspx?artikelId=6C1TDTHQ

[2] zie ook al de terechte kritiek van Filip van Laenen, “Censuur, Inderdaad een Veelkoppig Monster”, Brussels Journal 22 juni 2008, http://www.brusselsjournal.com/node/3352.

Rencontre avec François Gibault

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Rencontre avec François Gibault

 

Avec son affabilité coutumière, François Gibault nous reçoit chez lui, au premier étage de ce bel hôtel particulier jouxtant le cinéma « La Pagode ». Étonnant personnage que ce libertaire de droite, catholique, colonel de réserve, amateur éclairé de peinture moderne et d’art lyrique.  Pénaliste réputé, il cumule deux passions : Céline (le biographe est devenu président de la Société des Études céliniennes) et Dubuffet (il en administre la Fondation). Il vient de terminer son troisième roman, Un nuage après l’autre, et prépare l’édition de la correspondance de Céline au pasteur Löchen.

 

Comment se porte la Société des Études céliniennes ?

 

Elle se porte bien. Comme vous le savez, l’essentiel de nos activités, ce sont les colloques qui se tiennent tous les deux ans et qui sont une grosse machine à organiser intellectuellement et matériellement. Ensuite, l’année suivante, c’est la publication des Actes. Le colloque de l’année dernière a été un beau succès, une réunion extrêmement fructueuse pour tout le monde. Nous étions, comme d’habitude, une quarantaine venus, sinon de tous les pays, du moins de tous les continents. Cela avait été remarquablement organisé par l’Institut français de Budapest, et les débats furent passionnants. Il faut dire que le thème était, je crois, très bien choisi : « Céline et la médecine ». Thème double puisque c’était à la fois « Céline médecin » et « La médecine dans l’œuvre ». Les actes viennent d’être publiés ¹. Maintenant, nous travaillons sur le prochain colloque qui aura lieu en France, dans un an, puisque l’usage est l’alternance. Ce sera sans doute Paris, et nous aurions voulu que ce soit au Val de Grâce, mais cette administration vient de refuser pour les raisons que vous imaginez. Le thème en sera « Céline et la guerre » comme cela a été décidé lors de l’assemblée de juillet dernier.

 

En tant que représentant de l’ayant droit, pouvez-vous susciter d’autres manifestations, telle une grande exposition Céline à la Bibliothèque nationale ?

 

C’est envisageable, mais il y a des réticences : les pouvoirs publics ne sont pas très chauds pour organiser quelque chose sur Céline. Ou alors il faudrait un grand événement. Il aurait fallu faire cela au moment du centenaire de la naissance de l’écrivain, mais vous savez que cet anniversaire n’a même pas été mentionné dans la brochure des commémorations éditée chaque année par le Ministère des Affaires culturelles.

 

Beaucoup de céliniens regrettent que les trois entretiens filmés de Céline ne soient pas commercialisés sous la forme de DVD.

 

Ça, c’est tout à fait envisageable, d’autant que Frémeaux vient de publier, sous la forme de disques compact, une lecture intégrale du Voyage au bout de la nuit ². C’est une idée excellente et cela pourrait être une action possible de la société. Par ailleurs, il existe un projet cinématographique d’adaptation du Voyage. Cette fois-ci, ça a l’air sérieux, le contrat est signé mais je n’ai pas encore pu rencontrer le réalisateur François Dupeyron qui est en train de travailler sur le scénario. Vu l’importance de l’œuvre, je crois qu’il envisage de faire un film en deux épisodes. Étant donné son intérêt pour la Première guerre mondiale, je crois qu’il va s’attacher surtout à la première partie du livre, nous verrons bien...  Quoiqu’il en soit, je dois le rencontrer pour veiller au respect du droit moral (vous savez qu’il y a plusieurs manières d’adapter une œuvre), et pour veiller aussi au choix des acteurs... Mais je le crois soucieux d’être très fidèle à l’esprit de l’œuvre, et je ne me fais guère de souci à ce sujet.

 

Comment se porte l’œuvre de Céline en librairie ?

 

Elle se porte admirablement. Le meilleur indicateur, c’est précisément le nombre d’exemplaires de Voyage par an vendus en poche, car vous savez qu’on ne vend plus qu’en poche pratiquement — et en Pléiade, mais ça c’est un autre public. Le grand public, lui, n’achète plus qu’en poche. On ne vend presque plus d’exemplaires en collection « Blanche ». On vend plus de 40.000 exemplaires par an, ce qui est énorme. On en a vendu un peu plus l’année où le manuscrit de Voyage s’est vendu aux enchères publiques : là, il y a eu une espèce de rebond. Il s’en est vendu plus de 50.000 exemplaires. Je pense que Voyage est une des œuvres classiques qui se vend le mieux. Plus de 70 ans après sa parution, il n’a pas pris une ride et c’est encore un best-seller. À titre de comparaison, Mort à crédit se vend à 10.000 exemplaires environ chaque année.

 

Quid d’une édition scientifique des pamphlets ?

 

C’est le serpent de mer, ça revient toujours, on en parle tout le temps, mais vous savez que Madame Destouches est opposée à cette réédition, sinon ça serait fait depuis longtemps. En tout cas, il n’y a pas de projet précis. Compte tenu du climat actuel, je crois que cela serait très mal vu et même considéré comme une sorte de provocation. Céline, de son vivant, ne voulait pas cette réédition, et Madame Destouches ne fait que respecter les intentions de son mari.

 

Avec tout de même une exception : Mea culpa.

 

Mea culpa, c’est autre chose. C’est un texte très court, très élaboré et aussi anticommuniste. Longtemps, elle s’est opposée à cette réédition. Je l’ai beaucoup incitée à accepter une nouvelle publication.

Par ailleurs, on pourrait envisager une réédition partielle des pamphlets. Je n’aime pas beaucoup cela car c’est une façon de trahir l’auteur. Cela étant, j’avais comme idée de republier la fin de Bagatelles (la partie qui concerne l’URSS) avec Mea culpa. On pouvait faire un très beau livre.

De toute façon, le livre n’est pas interdit puisqu’on peut le trouver notamment sur les quais, souvent en édition pirate. Ce livre est en circulation : les éditions originales ne sont pas interdites de vente.

 

N’y a-t-il pas  un  manque  de cohérence de la part de l’ayant droit qui  interdit  certaines  choses et en autorise d’autres (les lettres aux journaux de l’Occupation, la préface de L’École des cadavres, etc.) ?

 

J’ai toujours poussé Madame Destouches à accepter un maximum de choses, y compris les adaptations, bonnes ou mauvaises, car c’est intéressant de faire vivre une œuvre. On a laissé passer un certain nombre de choses y compris les abus de citation. Madame Céline laisse faire. On ferme un peu les yeux. Les pamphlets, cela fait partie de l’œuvre. Ce sont des textes extrêmement violents, mais ils sont intéressants du point de vue de la langue et du style. Il y a de très belles pages et puis aussi, il faut le dire, des pages beaucoup plus faibles. Mais il y a des envolées extraordinaires, ce n’est pas contestable.

 

Quand paraîtra la correspondance de Céline au Pasteur Löchen ?

 

Tout est prêt depuis longtemps, sauf la préface. Entre-temps, le pasteur Löchen est décédé, comme vous le savez ³. J’étais devenu très proche de lui, et sa disparition m’a fait beaucoup de peine. Ce fut affreux, d’autant qu’il est mort avant sa femme qui était grabataire. C’est lui qui s’en occupait. Ils n’avaient qu’un seul désir : c’était de mourir ensemble. Il est mort un mois avant sa femme. À sa demande, je suis allé le voir à Metz, une semaine exactement avant sa mort. C’est là qu’il m’a demandé de prendre la parole lors de son enterrement pour dire quel avait été son rôle dans la défense de Céline, ce que j’ai fait, bien évidemment.

Chaque fois qu’il y a des vacances judiciaires, je me dis que je vais les utiliser à rédiger cette préface. Je dois aussi classer les lettres par ordre chronologique. Au début, les lettres sont datées ou faciles à dater car elles se rapportent à des événements. Ensuite les lettres sont très difficiles à dater, car elles ne comportent aucun repère permettant de les situer dans le temps.

Il s’agit d’une correspondance très intéressante, car on y voit le changement de ton. Au début, les lettres sont respectueuses (« vous homme de Dieu, moi mécréant »), puis elles deviennent plus débridées et plus cordiales. Il est amusant de voir l’évolution de cette correspondance.

 

Y a-t-il d’autres projets ?

 

J’ai un projet personnel : j’aimerais faire quelque chose sur Céline et Dubuffet. Comme vous le savez, j’ai l’honneur de défendre deux œuvres : Céline en littérature, Dubuffet en peinture, puisque je suis Président de la Fondation Dubuffet.  Dubuffet était un homme aux talents multiples : peintre, lithographe, sculpteur, graveur, mais c’était aussi un grand écrivain, ce qu’on oublie souvent. Je ne désespère pas un jour de le faire entrer dans la Bibliothèque de la Pléiade. C’est une autre affaire. Il y a de vraies correspondances entre les deux hommes. Il y a des fils secrets entre ces deux êtres : ils étaient libres et ont travaillé seuls, ne subissant aucune influence et n’ayant pas de suiveurs. Ils sont aussi créateurs d’un style, ce qui est rare, se moquant de l’opinion qu’on avait d’eux. Ils ont aussi chacun commencé très tard avec une première vie professionnelle : l’un comme médecin, l’autre comme marchand de vins. Dubuffet a commencé son œuvre à plus de 40 ans et Céline a publié Voyage alors qu’il avait à peu près cet âge. Leurs parcours sont assez comparables. J’avais pensé intituler ma biographie « Céline, cavalier seul ». Cette appellation peut également convenir à Dubuffet. En fait, ce sont deux anarchistes très partisans de l’ordre. La seule différence, c’est que si Dubuffet avait une grande admiration pour Céline, l’inverse n’était pas vrai. Que ce soit en peinture, en littérature ou en musique, Céline avait, comme vous le savez, des goûts classiques. Cela étant, on trouve dans leur œuvre des propos comparables quant à l’aspect révolutionnaire de l’art. Dans Asphyxiante culture 4, Dubuffet affirme que l’artiste doit être un révolutionnaire, qu’il est là pour faire avancer les choses, pour chambouler ce qui existe. On trouve une idée comparable dans Voyage au bout de la nuit. Ils ont aussi en commun un côté viscéralement français et, bien entendu, le génie car Dubuffet, lui aussi, était un génie. Un jour, je ferai une communication sur Céline-Dubuffet lors d’un colloque.

 

Votre confrère Jacques Vergès a écrit : « Admirer  Céline  à une époque où règne  la  pensée unique et le  terrorisme intellectuel est  presqu’un  délit ».  Le  fait de vous  être  intéressé de  près à Céline vous a-t-il valu des inimitiés, notamment dans le monde judiciaire ?

 

Absolument pas. Cela tient au fait que je crois avoir écrit une biographie objective de Céline, ne dissimulant aucun des documents que j’ai découverts lors de mes recherches. Ainsi, l’Ordre des médecins des Yvelines m’a donné connaissance du dossier de Louis Destouches. J’y ai trouvé une lettre qui n’est pas à la gloire de Céline et que j’ai reproduite dans le deuxième tome de ma biographie, alors que personne ne la connaissait et que j’aurais pu la passer sous silence 5. On m’a souvent dit qu’il s’agissait d’une biographie à l’anglaise ou à l’américaine. Les gens qui auraient pu me reprocher de m’occuper de Céline me rendent justice. J’ai essayé de montrer Céline tel que je le voyais et, je le pense, tel qu’il était.

 

N’avez-vous pas l’impression que la condamnation morale de Céline est paradoxalement  plus  forte aujourd’hui que dans les années d’après-guerre ?

 

C’est un peu normal : pendant les années d’après-guerre, on ne n’est pas beaucoup occupé de cet aspect de la Seconde guerre mondiale. C’est ensuite que les historiens s’en sont occupés.

Nul doute que sa responsabilité est engagée : il faut reconnaître que certaines phrases de Bagatelles pour un massacre sont insoutenables. Cela étant, quand on fait un livre en ne citant que ces phrases là et en gommant tout le reste, comme l’a fait M. Rossel-Kirschen 6, on arrive à faire de Céline une espèce de monstre. Sur le plan intellectuel, la méthode est inacceptable et condamnable.

 

Dans la préface des Lettres de prison, vous écrivez : « Céline, mieux que  tout  autre, savait  qu’il  n’avait pas voulu l’holocauste  et  qu’il n’en avait pas même été l’involontaire instrument. Il savait aussi qu’il n’avait en rien collaboré ». D’autres biographes de Céline estiment, au contraire, qu’il a collaboré. Tout dépend évidemment de ce que l’on entend par « collaboration »...

 

Évidemment. Céline a « collaboré » comme d’autres écrivains français qui ont fini à l’Académie. Ceci dit, son dossier de collaboration n’est guère consistant. Outre certaines lettres aux journaux (surtout celles écrites en 1942 et 1943), ce qu’on peut surtout lui reprocher c’est d’avoir permis la republication des pamphlets sous l’Occupation. Et on ne peut pas uniquement imputer cela à son éditeur, Robert Denoël. On connaît la lettre de Céline à Karl Epting réclamant du papier pour permettre la réédition de ces textes. Ceci, à une époque où la rafle du Vel’ d’Hiv avait eu lieu. Les déportations étaient connues, même si le sort réel des déportés, lui, ne l’était pas.

 

Ainsi,  vous pouvez donc comprendre que vous choquez certaines personnes lorsque vous écrivez : « Céline apparaît fragile, sensible comme un enfant, souffrant de toutes les misères, tragique et désespéré. »

 

Oui, j’en ai pris, pardonnez-moi l’expression, plein la gueule lorsque, sur un plateau de télévision, j’ai dit que Céline était un humaniste 7. Or, Voyage au bout de la nuit est bien le livre d’un humaniste, c’est évident. Céline était un être très contradictoire :  avare et généreux, anarchiste et homme d’ordre, pour ne citer que ces deux aspects.

 

À cet égard, vous vous êtes d’ailleurs trouvé des points communs avec lui.

 

En effet, je suis bourgeois et anarchiste. Et surtout un émotif rentré, si je peux m’exprimer ainsi. Lorsque j’étais enfant, j’étais d’une extrême sensibilité. Comme Céline, j’ai compris que c’était un immense défaut et qu’il fallait rentrer tout cela, ne pas le montrer, se durcir pour ne pas être vulnérable et prendre tous les mauvais coups. Cela étant, il faut se garder, lorsqu’on est biographe, de se laisser aveugler par les points communs et éviter de faire une sorte d’autoportrait.

 

Comment voyez-vous le petit monde des céliniens ? Il est pour le moins pittoresque, non ?

En effet, mais je crois qu’il en est ainsi dans d’autres sociétés littéraires où l’on trouve également ces aspects de jalousie, de compétition, des petites chapelles, etc. En ce qui me concerne, j’ai un avantage : je suis bien avec tout le monde, que ce soit avec vous, avec Philippe Alméras, ou avec Henri Godard. Et je laisse chacun s’exprimer. Je pense que c’est une condition absolue pour être président de la Société des Études céliniennes. Je m’efforce de ne rentrer dans aucune bagarre. Je ne suis même pas arbitre :  je suis au-dessus de toutes ces querelles.

Quant à mon admiration pour Céline, je puis vous dire qu’elle va en grandissant. Chaque fois que je relis Voyage, je découvre des choses nouvelles. Ainsi, j’ai un exemplaire où je souligne les passages qui suscitent mon admiration. Tout le livre va finir par être souligné !  Vous savez que j’ai enterré récemment mon confrère Jean-Marc Varaut. Peu de temps avant sa mort, il m’avait demandé de lui faire la lecture car il ne pouvait plus tenir un livre. Au téléphone, je lui ai dit : « Je vais te lire des passages de Voyage au bout de la nuit ». Il était réticent. J’ai insisté, et je lui ai lu des passages choisis (la guerre, l’Afrique et un passage sur l’Amérique). Il écoutait, manifestement bouleversé. Et, à la fin, il m’a dit : « Comme je regrette d’être passé à côté de cette œuvre ! » C’était extrêmement émouvant pour moi.

 

Pour conclure, j’aimerais vous demander des nouvelles de Madame Destouches...

 

Vous savez qu’elle a 93 ans. Mais je puis vous assurer qu’elle est très présente, magnifique, ayant même « rajeuni » ces dernières années. Elle avait connu un passage difficile, une sorte de dépression.  Aujourd’hui, elle sort à nouveau. Elle a passé quelques jours l’été dernier dans la suite « Marcel Proust » à Cabourg. Elle va à des expositions, des spectacles de ballets, dîne au restaurant ou chez des amis. Elle fait des choses qu’elle avait vraiment cessé de faire, ce dont je me réjouis.

Propos recueillis par Marc LAUDELOUT

Notes

 

1. Actes du Quinzième colloque international Louis-Ferdinand Céline. Médecine (Budapest, 9-11 juillet 2004), Société d’études céliniennes, 2005, 270 pages, couverture illustrée. Tirage limité à 150 exemplaires. Disponible auprès du Bulletin célinien. Prix : 73 euros, frais de port inclus. Couverture reproduite en dernière page.

2. Voyage au bout de la nuit. Texte intégral interprété par Denis Podalydès, coffret de 16 CD édité par Frémeaux et Associés, 2003.

3. Voir M. Laudelout, « In memoriam François Löchen », in Le Bulletin célinien, n° 252, avril 2004, pp. 9-13.

4. Jean Dubuffet, Asphyxiante culture, Éditions de Minuit, 1986 (la première édition date de 1968).

5. Cette lettre a été reproduite, page 223, dans le deuxième tome de la biographie de Céline (Délires et persécutions, 1932-1944) par François Gibault, publiée en 1985 au Mercure de France.

6. André Rossel-Kirschen, Céline et le grand mensonge, Éd. Mille et une nuits, 2004.

7. Allusion au débat qui l’opposa à Guy Konopnicki dans l’émission Rive droite, rive gauche de Thierry Ardisson sur la chaîne Paris-Première, le 15 octobre 1997. La transcription de ce débat a paru  dans Le Bulletin célinien, n° 182, décembre 1997, pp. 11-15 ; 17 et 19.

 

 

Quelles règles géopolitiques ont joué dans le conflit du Kosovo?

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Archives de "Synergies Européennes" - 1999

 

Quelles règles géopolitiques ont joué dans le conflit du Kosovo ?

Intervention de Robert Steuckers au Colloque de « Synergon-Deutschland », 24-25 avril 1999 &  à la Conférence sur la Guerre en Yougoslavie de la « Lega Nord », Milan, 6 mai 1999

 

Avec le déclenchement du conflit en Yougoslavie, le 25 mars 1999, toute géopolitique européenne, russe, euro-russe, eura­sien­ne ou germano-russe (peu importe désormais les adjectifs !), doit :

Premièrement : être une réponse au projet de Zbigniew Brzezinski, esquissé dans son livre The Grand Chessboard.

Deuxièmement : organiser une riposte à la stratégie pratique et réelle qui découle de la lecture par les états-majors de ces thè­ses de Brzezinski. Cette stratégie s’appelle « New Silk Road Land Bridge Project », comme vient de le rappeler Michael Wies­berg dans l’éditorial de Junge Freiheit, la semaine dernière.

Le Projet « New Silk Road Land Bridge » (= Pont Terrestre sur le Nouvelle Route de la Soie) repose cependant sur des ré­fle­xions géopolitiques et géostratégiques très anciennes. Elle est une réactualisation de la stratégie du « containment » appliquée pen­dant la guerre froide. Le « containment » dérive des théories géopolitiques

1.        d’Homer Lea, dont Jean-Jacques Langendorf, expert militaire suisse, a réédité le maître-ouvrage en allemand au début des années 80. Dans The Day of the Saxons, Lea fixait la stratégie britannique du « containment » de l’Empire russe, du Bosphore à l’Indus. Lea expliquait que les Russes ne pouvaient pas s’emparer des Dardanelles ou les contrôler indi­rec­te­ment (on se souvient de la Guerre de Crimée et des clauses très dures imposées à l’Empire russe par le Traité de Paris de 1856), qu’ils ne pouvaient pas franchir le Caucase ni dépasser la ligne Téhéran-Kaboul.

2.        d’Halford John Mackinder, pour qui les puissances maritimes, dont l’Angleterre, devaient contrôler les « rimlands », pour que ceux-ci ne tombent pas sous l’hégémonie du « heartland », des puissances du milieu, des puissances continentales.

La dynamique de l’histoire russe, plus précisément de la Principauté de Moscovie, est centripète, dans la mesure où la capitale russe est idéalement située : au départ de Moscou, on peut aisément contrôler le cours de tous les fleuves russes, comme, au dé­part de Paris, on peut aisément contrôler tous les fleuves français et les régions qu’ils baignent. Moscou et Paris exercent une attraction sur leur périphérie grâce à la configuration hydrographique du pays qu’elles contrôlent.

 

La dynamique centrifuge de l’histoire allemande

 

Au contraire, la dynamique de l’histoire allemande est centrifuge parce que les bassins fluviaux qui innervent le territoire ger­ma­ni­que sont parallèles les uns aux autres et ne permettent pas une dynamique centripète comme en Russie d’Europe et en Fran­ce. Un pays dont les fleuves sont parallèles ne peut être aisément centralisé. Les bassins fluviaux restent bien séparés les uns des autres, ce qui sépare également les populations qui se fixent dans les zones très œcuméniques que sont les vallées.  L’u­ni­fi­cation politique des pays à fleuves parallèles est très difficile. Face à cet inconvénient du territoire allemand, plus spécialement de la plaine nord-européenne de l’Yser au Niémen et, plus particulièrement encore, au territoire du Royaume de Prusse (du Rhin à la Vistule), l’économiste Friedrich List préconisera la construction de chemins de fer et le creusement de canaux d’une vallée parallèle à l’autre, de façon à les désenclaver les unes par rapport aux autres.

 

Outre l’Allemagne (et la Prusse), d’autres régions du monde connaissent ce parallélisme problématique des fleuves et des val­lées.

1.        La Belgique, dont la configuration hydrographique consiste en une juxtaposition des bassins de l’Yser, de l’Escaut et de la Meuse, avec un quasi parallélisme de leurs affluents (pour l’Escaut : la Lys, la Dendre ; puis la Senne, la Dyle et le De­mer), connaît en petit ce que la grande plaine nord-européenne connaît en grand. Au début de l’histoire de la Belgique indépendante, le Roi Léopold I a fait appel à List, qui lui a conseillé une politique de chemin de fer et le creusement de canaux permettant de relier les bassins de l’Escaut et de la Meuse, puis de la Meuse et du Rhin, en connexion avec le système allemand. De ce projet, discuté très tôt entre Léopold I et F. List, sont nés le Canal Albert en 1928 seulement (d’Anvers à Liège) et le Canal du Centre (reliant la Haine, affluent de l’Escaut, à la Sambre, principal affluent de la Meuse). Ensuite, autre épine dorsale du système politico-économique belge, le Canal ABC (Anvers-Bruxelles-Charleroi). L’unité belge, pourtant très contestée politiquement, doit sa survie à ce système de canaux. Sans eux, les habitants de ces mul­ti­ples mi­cro-régions flamandes ou wallonnes, auraient continué à s’ignorer et n’auraient jamais vu ni compris l’utilité d’une cer­­taine for­me d’unité politique. L’idée belge est vivace à Charleroi parce qu’elle repose, consciemment ou inconsciem­ment, sur le Canal ABC, lien majeur de la ville avec le large (les ports de mer de Bruxelles et d’Anvers) (le Ministre-Pré­sident flamand,  Luc Van den Brande, confronté récemment à de jeunes étudiants wallons de Charleroi, dans un débat sur la con­fé­dé­ra­li­sa­tion des régions de Belgique, a entendu de vibrants plaidoyers unitaristes, que l’on n’entend plus ail­leurs en Wallonie ; dans leur subconscient, ces jeunes savent ou croient encore que leur avenir dépend de la fluidité du tra­fic sur le Canal ABC).

2.        La Sibérie, comme « Ergänzungsraum » de la Russie moscovienne, connaît également un parallélisme des grands fleuves (Ob, Iénisséï, Léna). Si la Russie semble être, par son hydrographie, une unité géographique et politique inébranlable, en dépit d’un certain particularisme ukrainien, les immenses prolongements territoriaux de Sibérie, eux, semblent avoir, sur le plan hydrographique, les mêmes difficultés que l’Allemagne et la Belgique en plus petit ou en très petit. Raison pour la­quelle le Ministre du Tsar Sergueï Witte, au début de ce siècle, a réalisé au forceps le Transsibérien, qui alarmait les An­glais car les armées russes acquéraient, grâce à cette voie ferroviaire transcontinentale, une mobilité et une vélocité iné­ga­lées. La réalisation du Trans­si­bé­rien don­ne l’occasion à Mackinder de formuler sa géopolitique, qui repose essentiellement sur la dynamique et l’opposition Ter­re/Mer. Parce que les voies ferrées et les canaux donnent aux puissances continen­tales une forte mobilité, comparable à celle des navires des thalassocraties, Mackinder théorise le containment, bien avant la guerre froide, au moment où la moindre mobilité habituelle de la puis­san­ce con­tinentale russe cesse d’être vérita­ble­ment un handicap.

3.        L’Indochine possède également une configuration hydrographique de type parallèle (avec le Hong rouge, le Mékong, le Ping, le Yom, le Salween, l’Irrawaddy). Cette configuration explique la « Kleinstaaterei » de l’ensemble indochinois, ma­ni­pu­lé par les Français à la fin du XIXième siècle, par les Américains après 1945.

4.        La Chine a aussi des fleuves parallèles, mais elle a pu y pallier en organisant des liaisons par une navigation côtière bien or­ganisée. Autre caractéristique de l’hydrographie chinoise : les sources des grands fleuves se trouvent pour une bonne part sur les hauts plateaux du Tibet, ce qui explique l’acharnement chinois à conserver ce pays conquis dans les années 50. Qui contrôle les sources tibétaines des grands fleuves chinois et indochinois risque à terme de contrôler l’alimentation en eau de la Chine.

 

Ce regard jeté sur l’hydrographie démontre surtout que la géopolitique est bien souvent une hydropolitique.

 

Le projet « New Silk Road Land Bridge »

 

Revenons au projet américain de « New Silk Road Land Bridge ». Ce projet vise à créer une barrière d’Etats et de bases con­tenant la Russie loin des mers et de l’Océan Indien. Cette barrière commence à l’Ouest sur l’Adriatique (avec l’Albanie) et se termine en Chine. Elle relie, comme la Route de la Soie du temps de Marco Polo, les deux parties les plus peuplées de la masse continentale eurasienne. En termes militaires, cette barrière serait constituée de l’Albanie réorganisée par les partisans de l’UCK, encadrés par des officiers américains et turcs, une Macédoine où l’on aura sciemment minorisé les Slaves au profit des Albanais renforcés par les réfugiés du Kosovo, une Turquie comme pièce centrale de la nouvelle OTAN, l’Azerbaïdjan qui vient de mettre à la disposition de l’OTAN la plus importante base aérienne de l’ex-Armée Rouge, l’Ouzbékistan à proximité de la Caspienne qui vient de dénoncer le pacte qui le liait à la Russie (dans le cadre de la CEI). A ce dispositif turcocentré, s’a­jou­te­ra très vite la Géorgie (qui vient aussi de se désolidariser du Pacte d’entraide de la CEI), la Tchétchénie qui a déjà perturbé l’a­cheminement par oléoduc des pétroles de la Caspienne en direction du port russe en Mer Noire, Novorossisk. Plus au nord, dans la région de l’Oural, deux républiques autonomes musulmanes de la Fédération de Russie, le Tatarstan, le Bachkortostan et, au Sud, l’Ingouchie (voisine de la Tchétchénie et également musulmane), par la bouche de leurs présidents respectifs, ont ex­primé leurs réticences face à la solidarité qu’exprimait l’immense majorité des Russes à l’égard des Serbes dans le combat qui oppose ceux-ci à l’OTAN et aux Kosovars albanais de l’UCK, manipulés par Washington et Ankara. A l’Est de Moscou mais à l’Ouest de l’Oural, sur le cours d’un affluent important de la Volga, la Kama, au sud des régions moins œcuméniques du nord de l’Oural, se trouvent donc des régions susceptibles d’entrer en rébellion ouverte contre Moscou, si le pouvoir russe cherche à dis­loquer la barrière américano-turque de l’Adriatique aux confins chinois.

 

Dans The Grand Chessboard, Zbigniew Brzezinski table clairement sur la turcophonie d’Asie centrale, appelée à être organisée par Ankara, et, par ailleurs, évoque la possibilité d’étendre la sphère d’influence chinoise jusqu’au Kazakhstan, rejoignant ainsi le pôle turcophile et turcophone s’étendant de Tirana à l’Ouz­békistan. La barrière serait ainsi soudée, le verrou serait complet. Les Russes de Sibérie et d’Asie centrale seraient « con­te­nus ». La barrière serait consolidée par un appui inconditionnel à une Turquie de 70 millions d’habitants (et bientôt 100 mil­lions !). Ankara recevrait des armes et un équipement technologique de pointe. Les Etats-Unis donneraient ainsi aux Turcs l’ac­cès à des satellites de télécommunications, leur permettant d’inonder l’Asie centrale turcophone d’émissions de télévision orien­tées. Des fondations apparemment « neutres » offrent d’ores et déjà des bourses d’étude à des étudiants turcophones d’Asie cen­trale pour étudier à Istanbul et à Ankara. Washington ferme les yeux sur le génocide que subissent les Kurdes, non turco­phones et locuteurs d’une langue indo-européenne proche du persan. Les Kurdes pourraient disloquer le verrou en proclamant leur indépendance et en s’alliant aux autres indo-européophones de la région : les Arméniens, orthodoxes et alliés traditionnels des Russes, ennemis jurés de la Turquie depuis le génocide de 1916, et l’Iran, adversaire des Etats-Unis et alliés potentiels de Moscou.

 

Carte musulmane obligatoire pour la Russie

 

Cette carte musulmane jouée par les Etats-Unis jette le désarroi à Moscou. Evguenii Primakov sait désormais qu’il doit trouver une parade mais sans brusquer les 20 millions de musulmans de la Fédération de Russie et les ressortissants des ex-ré­pu­bli­ques musulmanes et turcophones de l’URSS, constituant l’ « étranger proche ». La Russie est contrainte de forger à son tour un projet cohérent pour les peuples turcophones, sous peine de bétonner définitivement son propre encerclement, mis en œuvre par les Américains. C’est ce qui explique, notamment, l’intérêt que porte notre ami Alexandre Douguine à l’Islam, en tant que force traditionaliste que l’on pourrait opposer à l’Ouest. Douguine fonde sa théorie de l’Islam sur l’œuvre de deux auteurs : Constantin Leontiev et René Guénon. Constantin Leontiev voulait au XIXième siècle une alliance des Orthodoxes et des Mu­sulmans contre l’Ouest (catholique, protestant et libéral). Leontiev s’opposait au soutien russe apporté aux petits peuples slaves des Balkans, parce que ceux-ci, disait-il, étaient animés par des idéologies émancipatrices et libérales, téléguidées depuis Vienne, Paris et Londres. Leontiev s’opposait ainsi au théoricien du nationalisme serbe Ilia Garasanin (Garachanine), qui liait l’orthodoxie balkanique à une revendication anti-ottomane et émancipatrice des communautés paysannes slaves. Garasanin de­mandait l’aide russe, mais ne souhaitait pas introduire l’autocratisme dans les Balkans. A ce titre, il apparaissait comme sub­versif pour les traditionalistes, dont Leontiev. La référence à Guénon, qui s’est converti à l’Islam et retiré au Caire, participe essentiellement, chez Douguine, d’une critique générale du « règne de la quantité ». Diverses instances en Russie cherchent donc à justifier et à consolider intellectuellement une politique d’ouverture à l’Islam qui puisse faire pièce à celle que déploient les Etats-Unis autour de la turcophonie centre-asiatique.

 

Hydropolitique carolingienne

 

En Europe, en prenant pied dans les Balkans (en Albanie, au Kosovo et en Macédoine) et en frappant Belgrade et Novi Sad sur le Danube, les Etats-Unis tentent de barrer la nouvelle grande voie d’eau qui traverse l’Europe, de l’embouchure du Rhin à Rotterdam en passant par le Main, le nouveau canal Main-Danube et le cours du Danube lui-même jusqu’à Constantza en Rou­manie. Cette volonté d’entretenir une liaison fluviale à travers le continent est très ancienne. Déjà Charlemagne avait eu ce pro­jet, à l’aube de l’histoire européenne occidentale. On oublie très souvent que les Carolingiens raisonnaient en termes d’hy­dro­po­litique. Charlemagne, doté d’une solide santé physique, s’est rendu compte des difficultés géographiques et physiques à cen­tra­liser son empire. Pour maintenir l’édifice en place, il a été obligé, pendant toute sa vie, de voyager sans cesse d’un château pa­latin à l’autre. Les missi dominici ont pris le relais, transmettant les consignes à travers tout l’empire. Les seules voies de com­munication permanentes et faciles à l’époque étaient les fleuves. Les Francs, par exemple, pour s’emparer de ce qui allait de­venir l’Ile-de-France et en faire le centre de leur puissance politique, ont descendu le cours de l’Oise sur des radeaux. Seuls les fleuves permettaient d’acheminer d’énormes quantités de marchandises dans des temps raisonnables. Pour ceux qui ne per­çoivent pas l’importance des fleuves après la disparition des routes romaines, le partage de l’empire à Verdun en 843, entre les trois petits-fils de Charlemagne, apparaît absurde. Pourtant, ce partage est d’une logique limpide pour qui raisonne en ter­mes d’hydropolitique. Charles le Chauve, roi de la Francie occidentale (qui deviendra la France), reçoit les bassins de la Som­me, de la Seine, de la Loire et de la Garonne. Lothaire, empereur, reçoit la Lotharingie, de la Frise au Latium, ce qui apparaît il­lo­gique voire aberrant, sauf si l’on regarde bien la carte hydrographique : Lothaire reçoit les bassins du Rhin (avec la Moselle), de la Meuse, du Rhône (avec la Saône et le Doubs) et du Pô. Louis le Germanique, avec la Francie orientale (qui deviendra l’Allemagne) reçoit en héritage la dualité allemande qui repose, physiquement parlant, sur la dualité de la configuration hy­dro­gra­phique du pays : il hérite des fleuves parallèles de la plaine nord-européenne (Ems, Weser, Elbe, Oder) et, surtout, du Da­nu­be qui ouvre d’immenses perspectives en aval.

 

L’héritage de Louis le Germanique, qui s’emparera de la Lotharingie, scelle la dualité de l’histoire allemande, où, plus tard, la Prusse organisera la grande zone des fleuves parallèles, tandis que l’Autriche prendra en charge le système danubien. Cet état de choses explique pourquoi les Allemands se sont immédiatement entendus avec les Hongrois et qu’ensemble, ils ont guerroyé des siècles durant contre l’Empire ottoman qui entendait, lui aussi, s’emparer du Danube en en remontant le cours pour s’emparer de la « Pomme d’Or » (Vienne). Après les premières tentatives de Frédéric II de Prusse, au XVIIIième siècle, de doter son royaume d’un bon système de canaux raccourcissant les distances pour les marchandises à transporter, réalisations qu’il récapitule lui-même dans son « Testament politique » de 1752, l’économiste du XIXième siècle Friedrich List élabore des pro­jets pour tous les pays d’Europe et pour l’Allemagne en particulier. Il demande aux hommes d’Etat d’ « organiser le Da­nu­be » et d’accélérer le creusement du Canal joignant le Main au Danube. De là vient cette grande idée de relier Rotterdam à Con­stantza et la navigation fluviale danubienne au système de la Mer Noire et des fleuves russes qui s’y jettent. Plus tard, cette idée récurrente dans les politiques d’aménagement du territoire se retrouve chez le géopolitologue Walther Pahl, qui signale que la majeure partie des exportations russes en céréales, en pétrole et en produits sidérurgiques empruntent les voies et les ports de la Mer Noire pour se répandre dans le monde. Plus précis, le géopolitologue Arthur Dix, en 1923, quelques mois après la signature des accords germano-russes de Rapallo, entre Rathenau et Tchitchérine, dessine une carte montrant la sy­nergie po­tentielle entre les systèmes fluviaux russes, allemands et danubiens, permettant d’organiser l’Europe centrale et orien­tale, éventuellement contre les politiques anti-européennes de la France et de l’Angleterre. Max Klüver, historien con­troversé des prolégomènes de l’affrontement germano-russe de 1941-45, étudie dans son ouvrage Präventivschlag, les requêtes suc­ces­si­ves de Molotov auprès de Ribbentrop dans la période du pacte germano-soviétique de 39-41, demandant une participation so­vié­tique dans la gestion du trafic fluvial danubien. Klüver rappelle que Ribbentrop devait tenir compte de réti­cen­ces rou­mai­nes et hongroises et d’abord apaiser le conflit qui opposait ces deux petites puissances danubiennes entre elles. Ce sera l’objet des deux arbitrages de Vienne, œuvre diplomatique de Ribbentrop.

 

La maîtrise du Danube : cauchemar britannique

 

L’ouverture d’un trafic transeuropéen via le Danube a toujours été le cauchemar des Britanniques, depuis 1801.Cette année-là, le Tsar Paul I, allié de Napoléon, demande à celui-ci d’envoyer des troupes via le Danube et la Mer Noire, pour amorcer une campagne contre les possessions indiennes de l’Angleterre en passant par la Perse. Le Danube devait remplacer la Méditer­ra­née comme voie de communication rapide par eau, parce que Nelson en avait chassé les Français et anéanti les projets na­po­léoniens en Egypte. L’hostilité britannique à tout trafic danubien s’explique :

-          Parce que le Danube relativise les voies maritimes méditerranéennes contrôlées par les Britanniques ;

-          En 1942, pendant la seconde guerre mondiale, des journalistes anglais publient une carte montrant un « Très Grand Reich allemand » centré autour d’un système « Rhin-Main-Danube », lui permettant d’exercer son hégémonie sur l’Ukraine et le Caucase. Pour une certaine opinion à Londres en 1942, le danger nazi n’est donc pas incarné par une idéologie totalitaire ou raciste, ou par un dictateur arbitraire aux réactions imprévisibles, mais par un simple projet d’aménagement du territoire et des voies fluviales, vieux de mille ans. Comme quoi, selon cette « logique », Charlemagne était déjà « nazi » sans le sa­voir ! Et bien avant la fondation de la NSDAP ! Aujourd’hui, pour dénoncer le processus d’unification européen en cours, un géopolitologue français germanophobe, Paul-Marie Coûteaux, ressort la même carte dans un article récent de la revue Géopolitique (mars 1999). Coûteaux se situe ainsi dans la même logique qu’un de ses prédécesseurs, André Chéradame, géopolitologue durant la première guerre mondiale et architecte oublié du système de Versailles, notamment pour ce qui concerne ses plans d’accroissement démesuré de la Roumanie et de la Yougoslavie, et de destruction de la Hongrie et de la Bulgarie. Chéradame cherchait à morceler le cours du Danube après Vienne en autant de tronçons nationaux possibles. Sa géopolitique rencontrait davantage les intérêts anglais que les intérêts français.

-          Tout accroissement du trafic fluvial danubien limite le monopole des transports maritimes exercé par les armateurs de la Méditerranée, généralement britanniques ou financés par la City. Rappelons à ce propos qu’au moment où Soviétiques et Allemands signent le Traité de Rapallo, les Américains, par les Accords de Washington de 1922, imposent à la France et à l’Italie une réduction considérable de leur tonnage, limité à 175.000 tonnes.

 

Une succession de crises bien préparées

 

Quelle est la situation actuelle, en tenant compte de tous les facteurs historiques que nous venons de mentionner ?

A.       Depuis quelques années, le système Rhin-Main-Danube est devenu une réalité, vu le percement du Canal Main-Danube sous l’avant-dernier gouvernement Kohl en Allemagne. Notons que la postérité reconnaîtra forcément le mérite de Kohl, d’avoir réalisé après 1100 ans d’attente un projet de Charlemagne. Mais, inévitablement, en connaissant l’hostilité foncière de la Grande-Bretagne à ce projet, on pouvait s’attendre à des manœuvres de diversion, dont la guerre contre la Serbie, avec le bombardements des ponts de Novi Sad et de Belgrade, a constitué un prétexte en or.

B.       Depuis l’annonce de la fin des travaux du percement du Canal Main-Danube, bon nombre de voies de communication dans le système euro-russe du Danube, de la Mer Noire et de la Caspienne subissent des crises violentes, provoquant des instabilités de longue durée, avec

1.        le conflit de la Tchétchénie, où un oléoduc important acheminant le pétrole de la Caspienne vers un terminal russe sur la Mer Noire, a été bloqué par les troubles qui ont affecté cette république ethnique de la Fédération de Russie.

2.        Une intensification observable des liens entre la Turquie, fermement appuyée par les Etats-Unis, et les ex-républiques soviétiques turcophones, qui quitte l’orbite de la CEI et donc de la Russie.

3.        Un conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour l’enclave arménienne du Nagorno-Karabach, où l’Arménie, sans accès à la mer, est coincée entre son adversaire et l’allié de celui-ci, la Turquie.

4.        Un chaos permanent dans les Balkans, surtout depuis la crise bosniaque et la démonisation médiatique de la Serbie, décrite comme une sorte de croquemitaine politique en Europe.

5.        L’échec d’un plan complémentaire, du temps de Kohl et de Mitterrand, visant à joindre le Rhin au Rhône et donc le sy­stème Rhin-Main-Danube au bassin occidental de la Méditerranée ; ce projet « carolingien » a été torpillé par l’aile pro-socialiste du parti des Verts en France, orchestrée par une certaine Madame Voynet, aujourd’hui ministre dans le gou­ver­ne­ment Jospin.

6.        La crise financière qui secoue l’Extrême-Orient et affaiblit ainsi des alliés potentiels de la Russie et de l’Europe.

7.        L’arrestation du leader kurde Öcalan, quelques semaines avant le déclenchement des opérations de l’OTAN, afin que le mouvement de résistance kurde soit neutralisé et ne puisse organiser de diversion contre les opérations américano-tur­ques dans les Balkans, avec l'appui militaire de leurs mercenaires et de leurs vassaux européens.

8.        Le bombardement des ponts sur le Danube en Serbie et en Voïvodine, coupant la voie fluviale la plus importante d’Europe et annulant l’effort financier qu’avait consenti le gouvernement allemand du temps de Kohl pour réaliser le canal Main-Da­nu­be. Les frappes contre ces ponts sont des frappes contre l’Europe et, plus spécialement, contre l’Autriche, dont le com­mer­ce extérieur a connu un boom spectaculaire depuis la chute du Rideau de fer et l’indépendance de la Slovénie et de la Croa­tie, et contre l’Allemagne. Ainsi, selon un article du Washington Times, un armateur allemand de Passau en Bavière risque la ruine de son entreprise parce que le Danube n’est plus navigable au-delà de Belgrade ; de même, un armateur au­trichien, disposant d’une flotte plus considérable, a vu 60 de ses embarcations bloquées à l’Est de la frontière you­go­sla­ve. La Bulgarie et la Roumanie sont isolées et coupées du reste de l’Europe. Ces pays sont contraints d’accepter les con­di­tions de l’OTAN et de mettre leurs espaces aériens à la disposition de l’alliance.

9.        Fin mars, début avril 1999, trois républiques de la CEI, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan déclarent se désolidariser du pacte de défense collective qui les liait à la Russie. Ce qui conduit à l’encerclement complet de l’Arménie, enclavée en­tre trois pays ennemis, avec pour seule issue l’Iran. Les oléoducs passeront donc par la Turquie pour aboutir au terminal de Ceyhan sur la côte méditerranéenne, se soustrayant de la sorte à la dynamique Danube/Mer Noire.

 

De cette façon, le « Pont terrestre » (Land Bridge) sur la nouvelle Route de la Soie devient une réalité géopolitique, au dé­tri­ment de l’Europe et de la Russie.

 

Une riposte est-elle encore possible ?

 

Quelle stratégie opposer à ce gigantesque verrou qui coupe l’Europe et la Russie de leurs principales sources d’appro­vi­sion­ne­ment énergétique ? Il a été un moment question de forger une nouvelle alliance entre la Russie et :

1)       La Serbie

2)       La Macédoine, à condition qu’elle reste majoritairement slave et orthodoxe ;

3)       La Grèce, qui se détacherait de l’OTAN pour manifester sa solidarité avec les autres puissances orthodoxes, mais se verrait coincée entre une Albanie surarmée et appuyée par les Etats-Unis et une Turquie qui n’a jamais cessé de la me­nacer en Mer Ionienne.

4)       Chypre, qui serait libérée des Turcs qui occupent sa portion septentrionale, et deviendrait une base de missiles de la marine russe. On doit rappeler ici l’enjeu important que constitue cette île, véritable porte-avions dans la Méditerranée orientale. Chypre se situe à 200 km des côtes syriennes et libanaises, à 500 km des côtes égyptiennes. Elle est passée sous domination britannique en 1878 et quasiment annexée en 1914, année où les Cypriotes ont pu acquérir des pas­se­ports britanniques. Ce n’est qu’en 1936 que l’armée, la marine et l’aviation britanniques transforment cette île en for­te­res­se, au même moment où les Italiens font de Rhodes, qu’ils possèdent à l’époque, une forteresse et une base aé­rien­ne. Rho­­des se situe à 400 km à l’Ouest de Chypre et également à 500 km des côtes égyptiennes, à hauteur d’A­le­xan­drie. En 1974, la Turquie occupe le Nord de l’île et y constitue une république fantoche qu’elle est la seule à reconnaître. L’an pas­sé, de graves incidents ont opposé des manifestants grecs à des policiers de l’Etat fantoche turc de l’île. Un manifestant grec a été abattu froidement par cette police, devant les caméras du monde entier, sans que cela ne suscite d’in­dignation mé­diatique ni d’intervention militaire occidentale.

5)       La Syrie, dont les fleuves, le Tigre et l’Euphrate, sont asséchés par la politique des barrages turcs, installés en Anatolie du temps d’Özal. Seule la Syrie ne peut résister à la Turquie ; au sein d’une alliance avec la Russie (et si possible, avec l’Eu­ro­­pe), elle serait à nouveau en mesure de faire valoir ses droits.

6)       Le Kurdistan, de manière à dégager l’Arménie de son enclavement et, si possible, de lui donner un accès à la Mer Noire ;

7)       L’Irak, qui serait le prolongement mésopotamien de cette alliance et une ouverture sur le Golfe Persique.

8)       L’Iran qui échapperait aux sanctions américaines (mais on apprend que l’Iran soutient les positions de l’OTAN au Ko­so­vo !).

9)       L’Inde, dont le gouvernement nationaliste vient de tomber à la date du samedi 17 avril 1999, alors qu’il avait déployé une politique de défense et d’armement indépendante, pourrait donner corps à cette alliance planétaire, visant à encercler le « Land Bridge » entre l’Europe et la Russie au Nord, et une chaîne de puissances du « rimland » au Sud.

10)    L’Indonésie et le Japon, puissances extrême-orientales affaiblies par la crise financière qui les a frappées l’an passé. L’alliance éventuelle du Japon et de l’Indonésie, avec le Japon finançant la consolidation de la marine de guerre indienne (notamment les porte-avions), afin de protéger la route du pétrole du Golfe au Japon. Cette alliance avait inquiété les géo­po­litologues américain et australien Friedmann et Lebard, il y a quelques années (cf. The Coming War with Japan, St. Mar­tin’s Press, New York, 1991). Dans son éditorial du Courrier International (n°441, 15/21 avril 1999), Alexandre Adler, dont les positions sont très souvent occidentalistes, craint les hommes politiques japonais hostiles aux Etats-Unis. Il cite no­tam­ment Shintaro Ishihara, devenu gouverneur de Tokyo. Il écrit : « Si un Japon nationaliste et communautaire décide de de­ve­nir le banquier de la Russie néonationaliste, … nous aurons encore beaucoup à réfléchir sur les effets à long terme de la cri­se serbe que nous vivons pour l’instant avec autant d’intensité». 

 

Le flanc extrême-oriental de cette alliance potentielle s’opposerait au tandem Chine-Pakistan, soudé à l’ensemble albano-turco-centre-asiatique.

 

Deux stratégies face à la Chine

 

Dans ce contexte, nous devons réfléchir sur l’ambiguïté de la position chinoise. Brzezinski veut utiliser la Chine dans la constitution du barrage anti-européen et anti-russe ; il cherche à en faire l’élément le plus solide du flanc oriental de cette barrière, de ce « Land Bridge » sur la Route de la Soie, dont l’aboutissement  —on le sait depuis Marco Polo—  est le « Céleste Empire ». Une alliance sino-pakistanaise tiendrait ainsi en échec l’Inde, allié potentiel du Japon dans l’Océan Indien. D’autres observateurs américains, au contraire, voient en la Chine un adversaire potentiel des Etats-Unis, qui pourrait devenir autarcique et développer une économie fermée, inaccessible aux productions américaines, ou se transformer en « hegemon » en Indo­chine et en Mer de Chine. C’est pourquoi on reproche régulièrement à la Chine de ne pas respecter les droits de l’homme. A ce re­proche la Chine répond qu’elle entend généraliser une pratique des droits de l’homme « à la carte », chaque civilisation étant libre de les interpréter et de les appliquer selon des critères qui lui sont propres et qui dérivent de ses héritages religieux, philosophiques, mythologiques, etc.

Les Etats-Unis développent donc vis-à-vis de la Chine deux concepts stratégiques :

a) Ils veulent « contenir » la Chine avec l’aide du Japon et de l’Indonésie, voire du Vietnam.

b) ou bien ils veulent l’arrimer à la barrière anti-russe, favoriser son influence dans le Kazakhstan et renforcer l’alliance anti-indienne qui la lie au Pakistan (l’optique américaine est tout à la fois anti-européenne sur le Danube et dans les Balkans ; anti-russe dans les Balkans, en Mer Noire, dans le Caucase et en Asie centrale turcophone ; anti-indienne dans d’Himalaya et dans l’Océan Indien ; en toute logique les diplomaties européennes, russes et indiennes devraient faire bloc et afficher une politique globale du grand refus).

c) Reste la question irrésolue du Tibet. Si la Chine accepte le rôle que lui assignent les disciples de Brzezinski, l’Europe, la Russie et l’Inde doivent donner leur plein appui au Tibet, prolongement himalayen de la puissance indienne. Le Tibet offre l’avantage de pouvoir contrôler les sources de tous les grands fleuves chinois et indochinois ainsi que les réserves d’eau du massif himalayen, vu que l’eau devient de plus en plus un enjeu capital dans les confrontations entre les Etats (cf. Jacques Si­ron­neau, L’eau, nouvel enjeu stratégique mondial, Economica, Paris, 1996). La Chine tient à garder une mainmise absolue sur le Tibet pour ces motifs d’hy­dro­politique.

 

Trois pistes à suivre impérativement

 

En conclusion, ce tour d’horizon des questions stratégiques actuelles nous montre l’absence tragique de l’Europe sur l’échiquier de la planète. Politiquement et géopolitiquement, l’Europe est morte. Ses assemblées ne discutent plus que des problèmes impolitiques. Aucune école de géopolitique connue n’a pignon sur rue en Europe. Que reste-t-il à faire dans une situation aussi triste ?

A.       Développer une politique turque européenne, qui rejette tout retour de la Turquie dans les Balkans, terre d’Europe, mais, au contraire, favorise une orientation des potentialités turques vers le Proche-Orient et la Mésopotamie, en synergie avec les puissances arabo-musulmanes de la région. La Turquie ne doit plus être instrumentalisée contre l’Europe et contre la Russie. Elle doit permettre l’accès aux flottes européennes et russe à la Méditerranée via les Dardanelles. Elle doit cesser de pratiquer la désastreuse politique d’assécher la Syrie et l’Irak qu’avait amorcée Özal, en dressant des barrages haut en aval du cours de l’Euphrate et du Tigre. Elle doit renouer avec l’esprit qui l’animait au temps du grand projet de chemin de fer Berlin-Bagdad (autre hantise de l’Empire britannique).

B.       Généraliser une politique écologique et énergétique qui dégage l’Europe de la dépendance du pétrole. C’est le contrôle des sources du pétrole au Koweit, à Mossoul, dans le Caucase et le pourtour de la Mer Caspienne qui induit les Etats-Unis à développer des stratégies de containment. Un désengagement vis-à-vis du pétrole doit forcément nous conduire à adopter des énergies plus propres, comme l'énergie solaire et l'énergie éolienne. Ces énergies seraient dans un premier temps un complément, dans un deuxième temps, un moyen pour réduire la dépendance. De Gaulle avait compris que la diversification des sources d’énergies était favorable à l’indépendance nationale. Sous De Gaulle, de nouvelles techniques ont été mises en œuvre, comme les usines marémotrices de la Rance, l’énergie solaire dans les Pyrénées, une politique de construction de barrages dans tout le pays et le pari sur l’énergie nucléaire (qui n’est plus une alternative absolue de­puis la catastrophe de Tchernobyl). L’objectif de toute politique réelle est d’assurer l’indépendance alimentaire et l’in­dé­pendance énergétique, nous enseignait déjà Aristote.

C.       Vu que la supériorité militaire américaine dérive, depuis le Golfe et la guerre contre la Yougoslavie, d’une bonne maîtrise des satellites d’information, il est évident qu’une coopération spatiale plus étroite entre l’Europe et la Russie s’impose, de façon à offrir à terme une alternative aux monopoles américains dans le domaine de l’information (médias, internet, etc.). Il est évident aussi que l’utilisation militaire des satellites s’avère impérative, tant pour les Européens que pour les Russes. La minorisation de l’Europe vient de son absence de l’espace.

 

Robert STEUCKERS,

Forest/Cologne, 24 avril 1999.

 

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jeudi, 30 avril 2009

Des illusions, désillusions...

Des illusions, désillusions…

2009 1er de l'an Perros 039.jpgPetit mémento à l’usage de ceux qui voudraient (à tout prix) être élus ou réélus...

Article publié dans le n°13 (mars avril 2009) de la revue Synthèse nationale

 

par Robert Spieler

Délégué général de la

Nouvelle Droite Populaire

 

Mon expérience politique m’a permis d’observer et d’analyser, tel un entomologiste, ceux qui, un jour, furent saisis par la tentation de rejoindre le Système. Certains le faisaient par épuisement, tant il est difficile et éprouvant de combattre dans le camp des réprouvés. D’autres cherchaient à gagner ou à conserver à tout prix un mandat. Etre élu représente en effet pour certains un formidable ascenseur social qui les éblouit. C’est l’histoire du berger qui épouse une princesse. Il est difficile de résister à cette tentation si l’on ne dispose pas d’une armature idéologique de fer et si ses convictions ne sont pas ancrées dans de hautes valeurs spirituelles ou dans la longue mémoire européenne, avec, comme corollaire, un mépris sans faille pour le Système, ses ors et ses créatures. Une pensée intime et récurrente habite presque tous ceux qui sont allés à Canossa : celle qu’eux auraient bien mieux réussi que leur chef, responsable par ses propos trop radicaux, trop provocateurs, par ses dérapages, de leurs échecs électoraux. Ceux qui sont allés jusqu’au bout de cette certitude en se présentant aux élections avec comme seules étiquettes leur ego et un programme censé rassembler 80% des électeurs, ont certes fini par comprendre leur douleur. J’ai souhaité, dans ce texte, évoquer les illusions les plus courantes qui amènent certains à vouloir abandonner le combat national et identitaire pour les chimères du Système.

 

- Abandonner la thématique nationale. Se concentrer sur les problèmes de proximité. Faire le choix du « localisme ».

 

Il est de bon ton chez certains de prôner le « localisme », terme barbare qui signifie l’action politique de proximité, comme vecteur essentiel d’efficacité. Prenant pour modèle la Lega Nord qui occupe remarquablement le champ politique, culturel et social au plan local, ils en viennent à considérer que le localisme est l’alpha et l’oméga de l’action politique. Ils oublient que cette action locale de la Ligue du Nord va de pair avec une puissante influence nationale. Le contre-modèle qu’ils évoquent est le Front national, qui n’a jamais su, ni pu, ni surtout voulu consacrer son énergie à l’implantation locale, tout obnubilé qu’il était par la « reine des batailles », l’élection présidentielle. Voilà ce que répond Jean-Marie Le Pen, interrogé par l’excellente revue Réfléchir et agir  (n°31, hiver 2009, page 30) : « Un militant qui s’engage dans l’action locale est perdu. Totalement perdu. Et le maire et le conseil municipal aussi. Parce qu’à moins d’être appuyés par un parti politique extrêmement puissant dont ils vont attendre des appuis, des soutiens, des promotions, ils vont se consacrer au bien-être de leurs administrés et ils vont cesser d’agir politiquement. Ils vont essayer d’élargir leur base électorale, donc d’amoindrir leur message politique, pour essayer de gagner des voix à gauche et à droite. Ils assureront ainsi leur réélection en rasant les murs (…) ». Cette analyse me parait tout à fait juste, même si la recherche d’une implantation locale est évidemment souhaitable, dès lors que l’on n’abandonne pas pour autant les « thématiques nationales », tel le combat intransigeant contre l’invasion et pour la défense de nos identités. Toute règle a ses exceptions. C’est, je le crois, le cas de Jacques Bompard, maire d’Orange, qui s’est très solidement enraciné mais n’a jamais, à ma connaissance, trahi ses convictions ni renié ce qu’il fut. Certes, il a rejoint le MPF, mais sans doute davantage pour bénéficier d’un vague label national pour des élections nationales ou régionales que par conviction, et encore moins par admiration pour Villiers qui vient d’amarrer, pour les élections européennes, son parti à celui d’un milliardaire irlandais partisan de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, défenseur du libéralisme le plus débridé et partisan de l’ouverture des frontières européennes. Bompard ne peut être dupe. Son implantation locale est telle qu’il n’a nul besoin, localement du moins, du soutien d’une structure nationale. Empereur à Orange, roi dans son canton, duc parmi d’autres dans sa circonscription, il n’est cependant qu’un des hobereaux locaux au niveau régional. Les limites du localisme…Je ne doute pas que, demain, Jacques Bompard contribuera à nos côtés à la renaissance nationale et européenne.

 

- Chercher à plaire à l’adversaire. Rechercher la respectabilité.

 

J’ai connu certains élus de notre camp qui furent saisis d’une douce euphorie lorsque, sur un thème rassembleur et local, ils s’autorisèrent à voter avec le PS, les Verts ou l’UMP, ou, mieux encore, lorsque présentant une motion concernant par exemple le refus de construire une déchetterie à Trifouillis-les-Oies, ils furent soutenus par des élus de la majorité. Quel bonheur ! Sortir enfin du ghetto de la diabolisation ! S’entendre féliciter par l’adversaire qui, hier, n’avait pas de mots assez durs quand vous abordiez les sujets qui fâchent. Redevenir un être humain respecté ! Voir des adversaires venir vous serrer la main, vous saluer quand ils vous rencontrent... Pouvoir échanger quelques mots, au vu et au su de tout le monde, dans un cocktail… S’entendre dire que l’on a du talent, mais qu’il est bien dommage que l’image d’extrémiste vous colle à la peau… Ce n’est évidemment pas de votre faute, c’est celle de votre direction et de certains de vos amis… Il serait si facile de se défaire de cette image… Mettre de l’eau dans son vin, prendre ses distances avec certains dérapages, ne plus aborder aussi brutalement certains sujets… Approuver l’élu UMP qui vous confie : « De toute façon, ils sont là. On ne peut pas les virer, n’est-ce-pas ? Bien sûr, je suis d’accord avec vous. Il faut qu’ils respectent les lois de la République. Sur ce plan, croyez-moi (je ne peux évidemment pas le dire en public), je suis encore plus à droite que vous »…

 

J’ai connu un collègue député centriste alsacien, Marc Reymann, qui m’expliquait, en privé, qu’il était encore plus à droite que Le Pen sur le thème de l’immigration. Il fut réélu trois fois sur cette imposture. Venant à peine d’abandonner son mandat, il expliqua : « Maintenant que je suis libre de dire ce que je veux, je le dis : je suis favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ». Même la presse régionale s’en étrangla devant tant de cynisme et de mépris pour les électeurs.

 

La tentation de retrouver son siège de maire, de conseiller général ou de député est telle, au vu des avantages matériels mais aussi de la valorisation sociale qu’ils apportent à ceux, nombreux, qui en sont friands, que certains sont très vite aspirés par la tentation de la respectabilité, gage selon eux de leur réélection. Douce illusion… Les partis du Système souhaitent évidemment offrir en priorité avantages et prébendes aux leurs et ne voient aucun intérêt, dans le système électoral majoritaire qui prévaut aujourd’hui, à laisser fussent des miettes à d’anciens adversaires qui ont trahi leur camp et qui, un jour, sont susceptibles de trahir à nouveau.

 

Mais le summum de l’illusion est atteint par ceux qui veulent plaire aux lobbies. C’est l’exercice le plus difficile. Il faut, pour y réussir, être un génie de la trahison. Il y a, certes, beaucoup de traîtres, mais peu de génies parmi eux…

 

- Chercher à plaire aux journalistes. Se défaire à tout prix du qualificatif infamant « d’extrême droite ».

 

Lire un article les concernant qui, pour une fois, ne les agonit pas d’injures suscite une formidable jouissance chez certains. Vouloir plaire à des journalistes qui sont presque tous de gauche exige certes quelques contorsions sémantiques et idéologiques. L’exercice est quelque peu périlleux. A l’incompréhension de ses électeurs, risque de s’ajouter le mépris des journalistes pour ceux qui se couchent. Mais que ne feraient certains pour avoir l’illusion d’intégrer le Système ? Ils vont bien sûr fuir comme la peste les milieux et les groupes qui pourraient ternir leur image. Leur image… Et ils vont tout faire pour se défaire du qualificatif infamant d’« extrême droite ». Ils vont donner de solides gages et les renouveler régulièrement. Ils n’hésiteront pas à dénoncer avec force telle action ou tel propos de leur leader ou d’un camarade. Ils vont hurler encore plus fort que l’adversaire devant certaines provocations. Pas facile pour eux, certes, mais il leur faut y mettre du cœur et de l’enthousiasme. De la sincérité aussi : travailler d’arrache-pied leurs trémolos, mouiller leur voix, émotionner d’importance. Car ils ont un tel passif à combler… Sept générations risquent de ne pas y suffire. Car les lobbies ont la mémoire longue et la haine tenace…

 

- Recruter un adversaire dans son équipe.

 

Pas facile. Mais pouvoir annoncer le ralliement de tel conseiller général, de tel maire UMP ou centriste sous son drapeau peut apparaître comme un coup de maître. J’en parle en connaissance de cause, ayant réussi en 1998 à rallier à Alsace d’abord, dont j’étais le président, deux maires alsaciens, l’un centriste et bras droit du président du Conseil régional, l’autre RPR. Evincé pour l’un de la liste RPR/centristes aux élections régionales, l’autre n’ayant aucune chance d’y figurer, je disposais d’arguments solides pour les convaincre de me rallier, en échange, bien sûr, d’un siège. Je ne devais pas tarder à m’en repentir… La première conséquence de leur ralliement fut un changement de nom du mouvement (Alsace d’abord leur paraissant trop agressif, le nom choisi fut « Mouvement régionaliste alsacien »). Sous leur pression, les thématiques telles l’immigration, l’islamisation furent mises sous le boisseau, au profit d’un discours purement régionaliste, fade et raisonnable. Le résultat des élections régionales fut très décevant. Même si nous progressions légèrement, avec trois élus au lieu de deux, nous reculions partout en Alsace sauf dans leurs « baronnies ». Le discours tiède et le changement de nom avaient déstabilisé notre électorat.  J’ajoute que les deux ralliés s’empressèrent quelques temps après de retourner au bercail du Système.

 

De cette expérience qui fut un échec, je tire cependant les enseignements suivants : d’abord, obtenir des ralliements d’élus du Système en échange de places éligibles est une grave erreur que l’on paye tôt ou tard. Seul un mouvement aux portes du pouvoir peut s’autoriser de tels risques. Ensuite, une seule personne, faible sur le plan idéologique mais que l’on s’illusionne représenter une valeur ajoutée forte, entraîne par une sorte de chantage le groupe et le mouvement vers ses conceptions et lui interdit désormais toute radicalité. La prudence, sœur d’inefficacité et de découragement, devient de mise.

 

Pour conclure…

 

Dans ces moments difficiles que vit le mouvement national et identitaire, à l’heure où les périls mortels menacent l’Europe, la construction d’une nouvelle espérance est une ardente nécessité pour les militants patriotes et identitaires. Celle-ci passe par le rassemblement de toutes les forces nationales, régionalistes, européennes, dans le respect des sensibilités.

 

Mais elle passe aussi par une analyse lucide des erreurs que nous avons tous commises. Le combattant révolutionnaire, celui qui veut radicalement changer la société n’a pas à être un asocial violent et provocateur qui mettra en péril sa communauté. Il a à être comme un poisson dans l’eau. Vivre dans le monde tout en refusant ce monde, en ayant la volonté absolue d’en changer les règles. Il lui faut en connaître les pièges et les fausses séductions.  Il se doit surtout de se former idéologiquement et d’opposer ainsi un bouclier d’airain et une lame d’acier à nos ennemis. Quant à ceux qui seraient tentés de renoncer au combat et de rejoindre le camp de la collaboration, je leur dis, en paraphrasant Churchill : « Vous ne voulez pas la guerre, mais les honneurs. Vous aurez la guerre et le déshonneur ».

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Il North Stream sempre piu un gasdotto europeo

La Finlandia ha espresso un ‘tiepido’ sostegno per Mosca , garantendo una decisione per la risoluzione del problema ecologico entro la fine dell'anno. Il sostegno di Helsinki potrebbe aprire uno spiraglio per l'approvazione dello studio di fattibilità entro la fine dell'anno, nonostante la forte opposizione dei Paesi del Baltico, che temono per i rischi ambientali della conduttura. Intanto Nord Stream AG., il consorzio internazionale che realizzerà il progetto, potrebbe avere come nuovo partner la francese Gaz de France, affiancandosi ad azionisti olandesi e tedeschi.


La Russia potrebbe a breve chiudere la partita diplomatica con il Paesi del Baltico per la realizzazione del gasdotto Nord Stream, progetto che sta divenendo più europeo che mai. Questo rappresenta lo scopo di fondo della due giorni istituzionale del Presidente russo Dmitri Medvedev in Finlandia, discutendo con il suo omologo finlandese, Tarja Halonen, le priorità dell'accordo energetico ed economico tra i due Paesi, focalizzando i colloqui sul gasdotto del Nord. Questo che dovrebbe attraversare i fondali del Mar Baltico collegando il porto russo di Vyborg al porto tedesco di Greifswald, con una conduttura di 1200 km e una capacità produttiva annua di 27,5 miliardi di metri cubi, la cui costruzione dovrebbe cominciare nel 2010; il secondo tratto dovrebbe essere pronto entro il 2012, e consentirà di trasportare una quantità pari a 55 miliardi di metri cubi. Le trattative finali con i Paesi le cui acque territoriali saranno attraversate dalla conduttura, hanno subito un brusco arresto in relazione all'impatto ambientale dell'impianto - come il caso di Finlandia, Estonia e Svezia - o alle ricadute politiche, in particolare per la Polonia, che sarebbe nei fatti aggirata con la relativa perdita delle royalties per il transito del gasdotto.

Deboli aperture sembrano profilarsi con la Finlandia, che ha espresso un ‘tiepido’ sostegno per Mosca , garantendo una decisione per la risoluzione del problema ecologico entro la fine dell'anno, come riportano AFP/LETA. "Per noi finlandesi, questo è un problema ecologico . Se la conduttura può essere costruita nel rispetto della natura, allora sarà un'ottima cosa", afferma Halonen, anticipando che la relazione sull'impatto ambientale del progetto sarà pubblicato alla fine di giugno o all'inizio di luglio, dopodiché il consorzio Nord Stream potrebbe richiedere l'autorizzazione del Governo finlandese e il permesso delle autorità della Finlandia occidentale. Medvedev, da parte sua, ha accolto con favore l'approccio positivo della Finlandia, nell'ottica che il progetto dell'oleodotto del Nord ha come scopo essenziale quello di migliorare la sicurezza energetica dell'Unione Europea. Secondo i media russi, dietro l'arretramento della Finlandia vi potrebbe essere la proposta del Cremlino di concedere migliori condizioni per l'esportazione di legname, materia prima essenziale le l'industria finlandese di trasformazione di legno e carta. Ricordiamo che società finlandesi come Stora Enso e UPM-Kymmene per anni hanno importato legno russo a buon mercato, sino al 2006, quando la Russia ha introdotto gradualmente maggiori restrizioni, fino ad imporre dazi sulle esportazioni di legname. La decisione ha avuto un forte impatto sulla produzione e un successivo calo della domanda interna, conseguenze che potrebbero acuirsi il prossimo anno, quando le tasse sulle esportazioni di legname grezzo dalla Russia dovrebbe raddoppiare per raggiungere il 20%. Il Primo Ministro russo, Vladimir Putin, ha già concordato, tuttavia, lo scorso ottobre, con il suo omologo Matti Vanhanen il blocco della crescita dei dazi per 9-12 mesi, dando così tempo ad Helsinki di elaborare bene la questione. Dunque, un provvedimento nato per stimolare l'industria del legno russa per contrastare i concorrenti stranieri, si è inaspettatamente tradotta in una leva di negoziazione a favore del Nord Stream.

Lo sviluppo del progetto ha aperto anche un fronte dalla Lettonia che propone la possibilità di costruire una pipeline sul suo territorio, connettendosi così alla conduttura del Nord di Gazprom e dando a Riga la possibilità di trarre un vantaggio commerciale dalla cooperazione russa. Il Presidente lettone Valdis Zatlers afferma infatti che, se l'oleodotto avrà una deviazione sulla terraferma, la Lettonia era in grado di offrire un sito di stoccaggio per il gas, in alternativa alla costruzione subacquea in un tratto di mare molto critico. Zatlers ha infatti osservato che i rischi ambientali connessi ad un gasdotto sotto il Mar Baltico sono elevati, perché, a differenza del Mare del Nord, non vi è un ricambio dell'acqua, tale che nei fatti può essere considerato un lago. Allo stesso tempo avverte che la Lettonia potrebbe rifiutare il suo consenso, anche se tutti i problemi ambientali legati alla posa delle condotte verranno affrontati. La rigida posizione della Lettonia, potrebbe, in questo frangente rafforzare anche le posizioni di Svezia ed Estonia, entrambe alacri avversari del progetto russo. D'altro canto, la Germania rappresenta lo Stato maggiormente favorevole, chiedendo come alternativa la creazione di gasdotti attraverso l'Ucraina e la Bielorussia. Da questo punto di vista, il gasdotto baltico, potrebbe divenire un progetto fortemente europeo. Il gestore del progetto è la Nord Stream AG., società registrata in Svizzera, il cui 51% è controllato dalla Gazprom, insieme poi alle tedesche Wintershall e E. ON Ruhrgas (20% ciascuno) e l'olandese Gasunie (9%), mentre si fa sempre più reale un ingresso della francese Gaz de France. Infatti, la tedesca E. ON Energia intende ridurre la sua partecipazione al progetto Nord Stream, in favore dei francesi, cedendo il 4,5% della quota, mentre non è da escludere che GDF possa acquisire una quota maggiore. La sua adesione darebbe al progetto ancor più credibilità agli occhi dell'Unione Europea, principale referente della Russia nell'implementazione di progetti che implicano un rapporto di approvvigionamento di gas al mercato europeo.

La tacita rivalità tra il progetto europeo del Nabucco e il Sud Stream russo ha creato all'interno dell'Unione Europa una sorta di avversione nei confronti di opere infrastrutturali che implicano una certa dipendenza dalle fonti russe. La Germania e l'Italia sono state forti sostenitrici delle cooperazioni con la Russia, sino ad ottenere la riduzione del budget per i progetti energetici di matrice europea. L'influenza russa potrebbe essere ancora più incisiva, all'indomani della proposta di riscrivere la Carta dell'Energia, ampliando l'elenco dei partecipanti e i settori regolamentati, come riportato dai media russi. Il presidente russo ha infatti promesso, durante la sua visita in Finlandia, "che i partner del G8, del G20 e del CSI, nonché i paesi vicini" presenteranno "un documento di base con riferimento alle questioni di cooperazione internazionale nel settore energetico, comprese le proposte per gli accordi sul transito ". La novità del documento risiede, inoltre, nell'ampliamento dell'elenco delle risorse energetiche, inserendo oltre al petrolio e il gas, il combustibile nucleare, l'elettricità e il carbone. La Russia prevede inoltre di ampliare l'elenco dei paesi, che dovrebbe includere i principali attori del mercato energetico, compresi gli Stati Uniti, Canada, Cina, India e Norvegia, accentrando il regolamento sullo scambio e la ripartizione delle risorse, nonché sulla risoluzione dei conflitti e la responsabilità dei paesi di transito. La Russia infatti sottolinea proprio la necessità di implementare un meccanismo efficace di sanzioni, che possono indurre ogni Stato ad evitare ogni possibile tentativo per bloccare il transito del gas. Su tale tema l'Unione Europea sembra ancora molto divisa, perché il settore energetico resta ancora sotto la giurisdizione dei singoli Paesi e non della Commissione europea, con una parziale ingerenza solo per i progetti sovranazionali. Per il resto, l'Unione Europea ha mostrato la sua grande miopia ed inadeguatezza nel rispondere alle crisi energetiche, da mettere a rischio la stabilità economica di tutta la regione.

Fulvia Novellino

Pakistan puede perder control de su arma nuclear

Pakistán puede perder control de su arma nuclear

Pakistán puede perder el control de su arma nuclear. El movimiento Talibán que antes operaba en el vecino Afganistán toma bajo su control cada vez más comarcas del país, monta allí tribunales de shariat e ignora a los funcionarios del Gobierno central. Pero lo fundamental consiste en que sus “militantes” se encuentran a 60 km de Islamabad. Y su toma es cuestión de tiempo, de continuar la situación de hoy.

La parte de Pakistán conocida como la Zona Tribal: el valle de Svat y el Distrito de Buner, está de hecho ocupada por talibes. Las autoridades centrales se muestran complacientes con ello, esperando evitar así la violencia. La secretaria de Estado de EEUU Hillary Clinton en su entrevista del domingo al canal de TV Fox calificó lo que acaece en Pakistán de peligro mortal para el mundo. Manifestó inquietud frente a la posibilidad de que las armas nucleares vayan a parar a manos de los talibes. Aquí es oportuno recordar que Washington por enésima vez “recoge” los frutos de su política anterior. Pakistán creó su arma nuclear en connivencia con EEUU. Islamabad ha sido siempre el baluarte de la influencia estadounidense en la región y la Casa Blanca prefería hacer la vista gorda a sus ambiciones nucleares. Ahora las llaves de los arsenales nucleares pueden caer en manos de los terroristas. Y hecho curioso: terroristas pagados, armados y adiestrados en su tiempo por los servicios de inteligencia de EEUU y de Pakistán para que hicieran frente a la presencia rusa en Afganistán. ¡Vaya qué carambola ha salido! ¿Acaso tenía sentido multiplicar monstros para luego combatirlos?


Pakistán tropieza de hecho con la eventualidad de perder su estateidad. Como es lógico, esto preocupa mucho a Washington, que, en el decir de la señora Clinton, no puede admitirlo. De ahí la presión que ejerce EEUU sobre las autoridades centrales: recuperar el control en las provincias perdidas. Los expertos coinciden en que la Casa Blanca incluso cerrará los ojos ante un posible golpe militar en Pakistán. He aquí la opinión emitida a La Voz de Rusia por Vladimir Sotnikov, especialista en seguridad internacional:

EEUU no admitirán que pierdan Pakistán y me parece que EEUU posean un plan de acción al respecto junto con el ejército pakistaní, o bien independiente. Me parece que en los próximos tiempos pueda producirse la toma de Islamabad. A mi entender, las fuerzas armadas pakistaníes, al derrocar al Gobierno de Zardari, rechazarán a los talibes junto con EEUU o sin ellos tratarán de sobreponerse al Talibán.

La realidad objetiva muestra que la coalición militar internacional en el vecino Afganistán, bajo la égida de EEUU, es la única fuerza en la región capaz de hacer frente a la expansión del terrorismo. Moscú apoya a la coalición, habiendo abierto sus corredores aéreos para su abastecimiento.- En todo caso, la brega contra el extremismo islamita no tiene solución rápida, y su expansión puede ser contrarrestada tan solo por esfuerzos de la comunidad mundial.

Extraído de La Voz de Rusia.

~ por LaBanderaNegra en Abril 27, 2009.

Tegendraadse bedenkingen betreffende de invulling van de mensenrechten

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TEGENDRAADSE BEDENKINGEN BETREFFENDE DE INVULLING VAN DE MENSENRECHTEN

door prof. Matthias Storme - http://bitterlemon.eu

 

In het kader van een lezingenreeks aan de Universiteit van Antwerpen tijdens het voorbije jaar rond 60 jaar Universele Verklaring van de Rechten van de Mens (1948) werd ik gevraagd een soort repliek te geven op een lezing van prof. Eva Brems over de grondslag en de universaliteit van de mensenrechten. Beide teksten worden samen met de andere lezingen binnenkort in een boek gepubliceerd. Ik geef hieronder alvast de uitgeschreven versie van mijn "repliek". De tekst van prof. Brems is nog niet gepubliceerd, maar de meeste ideeën van prof. Brems hierover vinden we terug in haar eerdere publicaties, zoals bijvoorbeeld "Inclusieve universaliteit. Een theoretisch en methodologisch kader om inzake mensenrechten universaliteit te verzoenen met diversiteit" [1].

1. Mij is gevraagd om in deze cyclus enkele kritische bedenkingen te formuleren na de uiteenzetting van prof. Brems over de "Grondslagen" van de Universele Verklaring van de Rechten van de Mens. Mensenrechten. Aangezien onze filosofische uitgangspunten nogal verschillend zijn, is dit meteen ook een goede test om na te gaan in hoeverre er over deze vraag inderdaad een "overlapping consensus" is. Dat er een overlapping consensus is, zal allicht niemand ontkennen, de vraag is evenwel hoe groot die overlapping consensus dan wel is.

Deze vraag wordt door collega Brems evenwel in zekere zin uit de weg gegaan door te stellen dat een van de belangrijkste vragen betreffende de mensenrechten, namelijk de universaliteit ervan, geen empirisch gegeven is, maar een normatief element dat geen empirische fundering behoeft. De grondslag van de mensenrechten ligt dan evenwel niet meer in een voldoende consensus, maar in een akte van geloof. Collega Brems spreekt van een "keuze" voor de universaliteit. Maar is er dan wel een overlappende consensus over die keuze? Of is die niet meer relevant. Of anders gezegd, wie heeft het recht om die keuze te maken, en wie is aan die keuze gebonden ("normatief") zonder ze zelf te maken ? Of bedoelt collega Brems in dezelfde lijn ook te zeggen dat ook de overlapping consensus geen empirisch, maar een normatief gegeven is? Anders gezegd: maakt het eigenlijk wel iets uit in welke mate er daadwerkelijk een overlappende consensus is, of is enkel de overlappende consensus relevant van diegene die toch al dezelfde keuze maken en dus ongeveer hetzelfde denken ?

2. Ik ben het ermee eens dat de universaliteit van de mensenrechten een keuze is en dat we die keuze tot op zekere hoogte moeten maken (normatief). Maar de vraag blijft: tot waar. Uit het feit dat overal ter wereld een beroep wordt gedaan op de mensenrechten volgt volgens collega Brems dat iedereen het erover eens is dat men dezelfde rechten wil voor alle mensen. Ik betwijfel dat ten zeerste. Daaruit kan men hoogstens afleiden dat er een voldoende consensus is over eenzelfde minimum aan rechten voor alle mensen, en dat is iets heel anders dan een consensus over dezelfde rechten tout court voor alle mensen.

Tegenover de overlapping consensus en de keuze zou ik dan ook een ander begrip willen plaatsen, dat minstens zo relevant is: mensenrechten zijn een "essentially contested concept" [2], zoals bv. ook "democratie", "vrijheid" en "gelijkheid". Een "essentially contested concept" is hier een concept waar iedereen achter staat maar over de concrete invulling waarvan men wel zeer verschillende opvattingen heeft. Dit sluit niet uit dat er een overlapping consensus kan zijn, maar moet ons waarschuwen voor de retorische truc die erin bestaan iedereen die zich beroept op het concept mensenrechten ook te verplichten om een bepaalde inhoud die aan dat begrip wordt gegeven te aanvaarden.

3. Voor de inhoud die men daarbij aan de mensenrechten geeft buiten die, m.i. vrij beperkte, overlapping consensus, is de "fundering" van de mensenrechten natuurlijk wel van belang. Naargelang de fundering zal men bepaalde beweerde mensenrechten ook effectief als mensenrechten erkennen of niet, en, belangrijker nog, zal men een op een andere manier voorrang geven aan het ene mensenrecht boven het andere. Het maakt voor de daadwerkelijke betekenis van de mensenrechten een heel verschil of men de mensenrechten beschouwt als rechten die slechts binnen de grenzen van de sharia kunnen gelden, dan wel als rechten die juist zo nodig regels uit de sharia terzijde stellen…

Met andere woorden: het is niet zo dat er geen grondslag is voor de mensenrechten, dat het alles zou neerkomen op een akte van geloof en dat die akte in wezen steeds dezelfde inhoud zou hebben; het is integendeel zo dat er zeer verschillende grondslagen zijn, al kunnen die tot op zekere hoogte ook gecombineerd worden.

4. Het klopt dat de Universele Verklaring van 1948 geen uitgesproken keuze maakt tussen verschillende opvattingen; maar de tekst gaat wel degelijk uit van een opvatting over de menselijke natuur. Dit blijkt mijns inziens zeer duidelijk uit art. 1 van de U.V.R.M., dat stelt dat "[Alle mensen] zijn begiftigd met verstand en geweten, en behoren zich jegens elkander in een geest van broederschap te gedragen". Dit komt sterk overeen met beeld dat het christendom heeft van de menselijke natuur, van de mens als enerzijds een wezen begiftigd (wat ook een gever veronderstelt, God dus) met rede en anderzijds als kind van God ook een broeder of zuster van de andere kinderen van God. De menselijke natuur in de christelijke traditie heeft natuurlijk niet op de eerste plaats betrekking op hoe de mens is, maar welke bestemming hij heeft door die gift van de rede. Ik kan me voorstellen dat velen vandaag dit mensbeeld in art. 1 van de U.V.R.M. niet meer willen lezen, maar dat wil natuurlijk niet zeggen dat het er niet staat.

5. Wat nu de verschillende grondslagen voor de mensenrechten betreft, lijkt het me noodzakelijk de tegenstelling te zien tussen enerzijds een mythisch-hypothetische grondslag en anderzijds een historisch-empirische grondslag. Er is geen absolute tegenstelling in die zin dat er natuurlijk mengvormen en tussenposities bestaan, maar voor een bezinning over de mensenrechten is het onderscheid wel van groot belang.

De tweede opvatting zoekt de fundering voor de mensenrechten in de historische ervaring: door trial and error hebben mensen in concrete samenlevingen geleerd wat het belang is van een reeks fundamentele rechten en vrijheden en wat de gevolgen kunnen zijn van de miskenning ervan. De meest essentiële historische ervaringen hierin zijn de strijd tegen elke vorm van totalitarisme, de strijd tegen tirannie en allerlei vormen van machtsmisbruik. De fundamentele rechten en vrijheden zijn bevochten en vormen in hun historiciteit en beperktheid reële historische grondslagen van onze moderne democratisch-liberale samenlevingen.

Daartegenover staat een opvatting die de grondslag van de mensenrechten aan de geschiedenis wil onttrekken, dan wel in een mythische beginperiode van die geschiedenis wil plaatsen. Dit is de lijn van bv. het contrat social van Rousseau en de sluier van Rawls. Er wordt gezocht naar een nulpunt waarin er (nog) geen posities zijn, naar eerste beginselen van waaruit door middel van de "natuurlijke rede" regels kunnen worden afgeleid. Het is in die zin dat de Amerikaanse Declaration of Independence spreekt van "truths we hold to be self-evident" en de Preambule van de Franse Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen van "des principes simples et incontestables". De tegenovergestelde opvatting gaat daarentegen uit van de artificial reason van de geschoolde jurist, onder meer verwoord door sir Edward Coke: “causes which concern life, or inheritance, or goods, or fortunes of (subjects) are not to be decided by natural reason, but by the artificial reason and judgment of law, which law is an act which requires long study and experience before a man can attain to the knowledge of it” [3]. Het is in die lijn dat Coke een van de grondleggers was van de doctrine van judicial review die geleid heeft tot de grondwettigheidstoetsing in meer bepaald de Verenigde Staten.

6. In de lijn van de opvatting die mensenrechten ziet als door trial and error bevochten historische verworvenheden, wordt sterk de nadruk gelegd op de politieke gemeenschap waarin mensenrechten eerst bescherming vinden. Dat wil niet zeggen dat die rechten eerst ontstaan door de erkenning ervan in formele verklaringen of rechtsregels. Maar het betekent evenmin dat mensenrechten zouden bestaan buiten elke politieke gemeenschap om. Beiden gaan hand in hand: de mensenrechten hebben een politieke gemeenschap nodig om gerealiseerd te worden, maar omgekeerd is het slechts door de waarborging van dergelijke rechten dat een staat gelegitimeerd wordt tot rechtsstaat, dat een overheid legitimiteit verkrijgt. De eerste zijde hiervan werd onder meer door Hannah Arendt sterk gethematiseerd, vanuit de ervaringen met het totalitarisme van de 20e eeuw en de Tweede Wereldoorlog. Zij legt er sterk de nadruk op dat mensenrechten maar gelden juist wanneer mensen niet zomaar "mens" alleen zijn, maar wel degelijk leden van een concrete politieke gemeenschap veeleer dan een illusoire mensheidsgemeenschap. De mens die enkel maar mens is, tot niets anders behoort dan tot de menselijke soort, is eigenlijk geen mens meer [4]. Bij Arendt vinden we niet het vandaag modieuze pleidooi voor "inclusie", wel een pleidooi voor pluralisme en strijd tegen elke vorm van totalitarisme, gepaard met een strijd tegen het moderne nihilisme:

"Modern man has come to resent everything, even his own existence - to resent the very fact that he is not the creator of the universe and himself. In this fundamental resentment, he refuses to see rhyme or reason in the given world. (....) The alternative for this resentment, which is the psychological basis of contemporary nihilism, would be a fundamental gratitude for the few elementary things that are invariably given us, such as life itself, the existence of man and the world. (...) insight into the tremendous bliss that man was created with the power of recreation, that not a single man but Men inhabit the earth" [5].

7. De nadruk op de concrete politieke gemeenschap is geen ontkenning van de universaliteit van mensenrechten, maar wel een waarschuwing tegen verabsolutering van de concrete invulling van die mensenrechten. Het onderscheid vinden we treffende in de metafoor die de titel is van een boek van Michael Walzer: "Thick and thin. Moral argument at home and abroad" [6]. Natuurlijk zijn de mensenrechten universeel, maar het universele eraan is slechts een dun laagje; het krijgt maar "dikte", maar vlees en bloed in de niet-universele, historisch en culturele bepaalde invullingen die eraan gegeven worden in concrete samenlevingen. "Societies are necessarily particular because they have members and memories, members with memories not only of their own but also of their common life. Humanity by contrast, has members but no memory, and so it has no history and no culture, no customary practices, no familiar life-ways, no festivals, no shared understanding of social goods" [7].

8. Collega Brems gaat ook uit van een opvatting die inhoudt dat in de concretsiering mensenrechten dienen te verschillen, maar wel in een radicaal andere zin. Zij gaat niet uit van de politieke of culturele gemeenschap als context waarin mensenrechten door trial and error worden geconcretiseerd, maar van een categorisering van mensen volgens een klassiek marxistisch schema in leden van dominante groepen en leden van niet-dominante groepen. Het resultaat van zo'n redenering is dat onder het mom van "equal rights" juist allerlei "special rights" worden geschapen: het gaat dan niet meer om mensenrechten, maar om vrouwenrechten, kinderrechten, homorechten, rechten van allochtonen, enz.

De concretisering waar ik daartegenover voor pleit in de lijn van Arendt verwerpt precies die abstracte categorieën waarin mensen in "aparte" vakjes en op basis van een "universele" natuurlijke rede "aparte" rechten worden toegekend, maar gaat uit van de onherleidbare veelvuldigheid van de mens. Maar vooral wordt daarbij de fundamentele vraag niet uit de weg gegaan wie dan wel bevoegd is om de concrete inhoud van de mensenrechten dwingend te bepalen: "Qui écrit les lois non écrites des dieux?", zoals Claudio Magris het formuleerde [8]. Die vraag ontbreekt in de uiteenzetting van prof. Brems.

9. Op die vraag bestaat er al evenmin een universeel geldig antwoord. Nationale tradities en constituties vertonen belangrijke verschillen op dit punt, zonder dat men kan zeggen dat het ene model democratisch zou zijn en het andere niet. In het Verenigd Koninkrijk geldt de supremacy of Parliament en heeft het democratisch verkozen parlement het laatste woord om zelfs bij gewone meerderheid welke regel dan ook te wijzigen. In Duitsland, de Verenigde Staten en een reeks andere landen is er een suprematie van de grondwet die slechts met bijzondere meerderheden kan worden gewijzigd, en waaraan wetten kunnen worden getoetst door de rechter (of dit nu een supreme court is dan wel een apart Grondwettelijk Hof). In Zwitserland komt het laatste woord toe aan de bevolking in het kader van een volksstemming of referendum. In alle gevallen zijn er bepaalde vormen van checks and balances, van verdeling van de macht over verschillende organen, ook wanneer een daarvan op een bepaald ogenblik het laatste woord heeft. En dat laatste woord komt in een democratie uiteindelijk rechtstreeks of onrechtstreeks toe aan het volk zelf. In een democratische rechtstaat is het daarbij natuurlijk ook belangrijk dat minderheden niet zomaar worden overgeleverd aan een dictatuur van de meerderheid. Maar het is even belangrijk dat de meerderheid van de bevolking niet word overgeleverd aan een dictatuur van experten waarvan de democratische legitimiteit meestal uiterst gering is. Wanneer grondrechten worden geconsacreerd in een formele grondwet die niet bij gewone meerderheid kan worden gewijzigd, dan is dit om te vermijden dat een loutere de meerderheid van de dag die grondrechten zou kunnen wijzigen. Maar men moet goed beseffen dat een commissie van experten of zelfs een college van rechters in dat geval nog over veel minder legitimiteit beschikken om onder het mom van interpretatie die grondrechten te wijzigen dan een gewone meerderheid in een verkozen parlement of in een volksstemming.

10. Het tegendeel wordt soms verdedigd met het argument dat rechters of experten de grondrechten niet inperken, maar alleen maar uitbreiden. Dit is evenwel een drogredenering die verbergt dat het toekennen van nieuwe rechten in de meeste gevallen een inperking van andere rechten of vrijheden betekent. Een inflatie aan rechten betekent omzeggens steeds een ontwaarding van de al bestaande rechten. En vaak betekent het ook een verdringing van andere soorten waarden, die niet in het concept van subjectief recht te vatten zijn. Er zijn ook andere fundamentele normen die een gelijke rang verdienen als grondrechten en daarom in een Grondwet op gelijke voet worden opgenomen. Een mensenrechtenverklaring daarentegen ontsnapt aan de verplichting om regels uit te vaardigen om het geheel ook te doen functioneren.

De toegenomen hoeveelheid aan mensenrechten heeft ook een ander fundamenteel probleem verscherpt: dat van de conflicten tussen grondrechten en opnieuw de vraag wie uiteindelijk in de beslechting daarvan het laatste woord heeft. Nu kan men wel een zekere hiërarchie tussen grondrechten opstellen, en zijn sommige rechten en vrijheden zeker fundamenteler dan andere. Maar een perfecte hiërarchie is onmogelijk: het is bij bijna alle grondrechten zo dat zij in sommige gevallen de voorrang moeten krijgen en in andere niet. Die afweging kan evenwel niet op het niveau van de principes zelf gebeuren. Zij vereist een concretisering die al evenmin in de principes zelf besloten ligt.

11. Laat ons weerstaan aan de gedachte dat er in de geschiedenis maar één "juiste" richting is waarin moreel correcte mensen kunnen marcheren, de kitsch van de "grote Mars" zoals Milan Kundera die beschreef in zijn L'insoutenable légèreté de l'être (De ondraaglijke lichtheid van het bestaan, in de Engelse vertaling The Unbearable Lightness of Being, Part VI: “The Grand March”): "The Grand March is the splendid march on the road to brotherhood, equality, justice, happiness; it goes on and on, obstacles notwithstanding, for obstacles there must be if the march is to be the Grand March."

Michael Walzer voegde eraan toe: “There is nothing to gain from the merger, for the chief value of all this marching lies in the particular experience of the marchers. There is no reason to think that they are all heading in the same direction. The claim that they must be heading in the same direction, that there is only one direction in which good-hearted (or ideologically correct) men and women can possibly march is an example – so writes the Czech novelist Milan Kundera of leftist kitsch" [9].

Meer nog, de grondleggers van het constitutionalisme gingen van de tegenovergestelde opvatting uit: het is wel de opdracht van rechters om bestaande, doorheen de geschiedenis ontwikkelde, fundamentele rechten te beschermen tegen aantasting ervan door beslissingen van politieke organen en juist niet om bestaande rechten terzijde te stellen op basis van nieuw uitgevonden fundamentele rechten. De constitutionele bevoegdheid van de rechter bestaat er immers om de politieke macht te begrenzen binnen de perken van de grondwettelijke rechten en vrijheden, en niet om die aloude rechten en vrijheden aan te passen aan de waan van de dag.

Noten

[1] In R&R (Nederlands Tijdschrift voor Rechtsfilosofie en Rechtstheorie) 2003 nr. 2: klik hier

[2] De uitdrukking werd bij mijn weten voor het eerst gebruikt door W. B. Gallie, "Essentially Contested Concepts", Proceedings of the Aristotelian Society 1956, p.167 v.

[3] Uit Coke’s antwoord aan koning James I in de dialoog “Prohibitions del Roy”, opgenomen in Coke, Twelfth Reports (12 Co.Rep. 65), geciteerd door J.G.A. Pocock, "Burke and the Ancient Constitution - a problem in the history of ideas", The Historical Journal 1960, p. 132.

[4] Zie de bespreking van H. Arendt's visie op dit punt door A. Finkielkraut, L'ingratitude, Parijs,Gallimard, 1999, p. 120 v.

[5] H. Arendt, The burden of our time, London, Secker & Warburg,1951, p. 438.

(6) Chicago, University of Notre Dame Press, 1994.

[7] M. Walzer, Thick and thin.Moral argument at home and abroad, Notre Dame, University of Notre Dame Press, 1994, p. 8.

[8] Claudio Magris, "Qui écrit les loix non écrites des dieuxé (1996), opgenomen in Utopie et désenchantement, Gallimard Parijs 2001, p. 327.

[9] M. Walzer, Thick and thin.Moral argument at home and abroad, Notre Dame, University of Notre Dame Press, 1994, p. 8-9.

Le crépuscule des élites

Le Crépuscule des élites

Cf. : http://www.tatamis.fr 

Préface de Roland Dumas

UN OUVRAGE DECAPANT

Après une carrière riche d’écrivain, de journaliste et de chef d'entreprise, Louis Dalmas consacre son talent à la publication d'un livre intitule de façon amusante “Le crépuscule des élites”.

Mais le plus troublant n’est pas dans le titre, il est dans la lecture de chacun des chapitres. II touche à tout avec une ironie cinglante et des vérités qui sont communicatives. Le tout est bien écrit, de façon agréable, et composé de telle manière qu'on s'y retrouve toujours.

Chacun y découvrira des situations ou bien des problèmes qu'il aura connus dans sa vie, dont il a souffert et sur lesquels il n'a pas toujours conclu ; qu'il s’agisse de l’information, qu'il s’agisse de l'Amérique, qu’il s’agisse du Proche-Orient, qu’il s’agisse de la Yougoslavie dont j’ai cru compren-dre que Louis Dalmas était amoureux (en parti-culier de la Serbie), rien ne manque à cette œuvre.

Mais, le plus drô1e du livre est dans la confection de chaque chapitre. En effet, l’écriture elle-même est composée de personnages qui interviennent et qui disent les choses dans le langage de tout le monde. Madame Sorladon (?) ou Madame Méla-mois (?) dont les noms phonétiquement font déjà rire, sont chargées de nous décrire le cadre dans lequel va se dérouler le prochain chapitre et sont des comparses nécessaires à la bonne marche de cet ouvrage.

On passe de la conversation de tous les jours à quelque chose de plus sophistiqué, de plus recherché, de plus acide aussi. On y trouve des phrases de bon sens, des évidences comme on peut en entendre tous les jours. Celle-ci par exem-ple : “L’évolution des sociétés est lente et l’erreur de certains politiciens est de ne pas s’en rendre compte”. À qui le dites vous, Madame Sorladon ?

Madame Mélamois – au nom si évocateur – est en réalité Madame “Tout le Monde”.

L’information, la presse ne trouvent guère grâce aux yeux de Louis Dalmas. Je ne le lui reproche-rai pas, bien au contraire. J’ai noté ce passage : “Selon ces cuistres (les journalistes !), toute opinion, pour être crédible, doit être aussi en-nuyeuse et difficile à assimiler que possible. Il n'y a qu’à feuilleter le terne oracle de l'intelligentsia française – Le Monde – pour en être convaincu”. C’est une opinion que je partage depuis un grand nombre d’années et que le temps qui passe n’altè-re en rien...
Mais il peut être bien plus sévère encore. Quel spectacle que celui-ci : “L’équipe est sur le terrain. Les joueurs ont les yeux bandés. Comme ils ne voient ni le ballon, ni les buts, ils courent dans tous les sens et shootent dans le vide. Sur les maillots, on distingue le logo du club, un cerveau avec des trous de gruyère sur un plateau de fromages. De temps en temps, deux hommes se heurtent de plein fouet. On les évacue sur une civière marquée ‘offerte par la Banque Mondiale’ et le grand écran à un bout du stade affiche ‘c’est la faute à Milosevic’”. Comme quelqu'un d’autre avait écrit “C'est la faute à Voltaire et à Rous-seau !”...

Tout le texte est à l’avenant, les raccourcis sont saisissants, les images percutantes, mais il res-pecte un certain équilibre quand même dans la critique systématique qui correspond au titre du “Crépuscule des élites”. Le rythme respecte la même cadence tout au long du livre et à chaque chapitre. II est enjoué, équilibré et agréable.
Je recommanderai particulièrement le passage intitulé “Les deux visages de l'Amérique”.
L'ensemble est signifiant. II mérite d’être lu com-me tel. Ce livre connaîtra le succès par son originalité et par la maîtrise de la pensée de l'au-teur.

J’y retrouve à plusieurs occasions ce sentiment d’affection que nourrit l'auteur pour le peuple serbe. Dans le dialogue entre Madame Mélamois et Madame Sorladon, nos deux complices accom-pagnatrices, apparaît cette phrase :
“– Mais ces Serbes, ils ont tout de même commis des atrocités, non ?
– Qu’est ce que vous croyez Madame Mélamois, que la guerre c’est un match de football, déjà que dans les stades on se fout sur la gueule, alors sur les champs de bataille, vous imaginez...”
Et plus loin :
“– Et comme le dit Monsieur, quand on diabolise tout un peuple comme on l’a fait avec les Serbes, ça devient du racisme et c’est d'autant plus triste que ce coup-là, parmi les persécuteurs, se sont trouvés les descendants ou les proches de ceux mêmes qui avaient été persécutés.
– Les juifs ?
– Non, Madame Mélamois, pas les juifs, des juifs...”
Tout cela flaire la bonne humeur en surface. Mais en réalité, on plonge dans la profondeur des choses.
En écrivant cette préface, je ne puis m’empêcher de rapprocher ces pages écrites pour être lues de la période ou je dirigeais le ministère des Affaires étrangères et où le sentiment anti-serbe dominait. En effet, la scène politique internationale, au mé-pris de ce qu'avait été I'histoire de nos deux pays, histoire aux eaux mêlées, en était le reflet.

Roland Dumas
Avocat, ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986, ministre des Affaires étrangères de 1988 à 1993, Président du Conseil Constitutionnel de 1995 à 2000.

Prix : 19,90€

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Aux sources du droit étatique et communautaire croate

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Aux sources du droit étatique et communautaire croate

 

La révolution conservatrice que nous prônons pour chacune des nations européennes, marque avant tout la volonté de retrouver et de réhabiliter un droit historiquement ancré, que ce droit soit d'essence celtique, slave, germanique ou romaine. C'est ce travail de "défrichage" historique-analytique et de synthétisation juridique que nous nous proposons de faire à l'égard du droit croate, de tradition éminemment étatique et communautaire, et dont les fondements historiques se trouvent dans les antiques conceptions et constructions juridiques thraces-celtiques-illyriennes d'une part, romaines d'autre part, puis spécifiquement croates. L'idée de communauté était une constante ainsi qu'une dominante dans l'ancien droit croate. Toute l'histoire du droit étatique croate est pénétrée de la volonté de constituer des sociétés et des communautés ancrées dans la substance du peuple croate. La défense et l'unité naturelle historique et organique de la nation croate constituaient les premières sources et le fondement du droit étatique croate.

 

Friedrich Karl von Savigny

 

En ce sens, cette conception juridique spécifiquement croate rejoint les thèses juridiques de Friedrich Karl von Savigny qui s'oppose aux conceptions individualistes de la philosophie du droit naturel qui a fortement influencé le droit romain. Aujourd'hui, dans le cadre de la globalisation juridique et économique qui affecte le monde entier, et les réformes juridiques "d'harmonisation" en cours en Croatie, tendent à aligner le droit croate sur la conception juridique dominante, d'essence individualiste, libérale et économiciste qui génère dans le monde entier des règles et des normes qui renforcent le cinétisme généralisé, le pouvoir économique polyarchique et technocratique favorisant la propagation de l'intérêt cumulatif. Et c'est précisément afin d'éviter que ces réformes juridiques ne vident le droit croate de sa substance originelle et organique, étatique et communautaire, qu'il convient de rappeler et d'analyser les filons conceptuels de la pensée juridique croate depuis ses origines, ainsi que de souligner ses réalisations sur le plan institutionnel et historique.

 

Dès leur venue en 626 sur les bords de l'Adriatique, les Croates furent considérés comme les souverains incontestables de leur patrie, mais ils durent successivement prêter allégeance à Byzance puis aux Francs. Après que les Rois croates Petar Kresimir et Dmitar Zvonimir aient rompu définitivement les liens qui les unissaient à Byzance, la Croatie connaîtra une grave crise interne qui aboutira à la conclusion d'un accord entre la noblesse croate et le roi hongrois Arpadovic Koloman, connu sous le nom de Pacta Conventa (1102). De 1180 à 1527, la Croatie resserre ses liens avec la Hongrie. C'est au cours de cette période que Bela III détruisit la structure nobiliaire croate en lui substituant un système dit du "Donat". En conséquence, la Croatie fut partagée en plusieurs seigneuries autonomes. Entre 1527 et 1790, la Croatie sera liée à la Dynastie des Habsbourgs. Ces liens débuteront avec le diplôme inaugural de Vladislav II Jagelovic, l'accord conclu avec Maximilien I, et s 'affermiront davantage lors du parlement de Cetinje (1527), jusqu'à leur complète affirmation à travers la Pragmatique Sanction (1712).

 

Au cours de cette période, les Croates et les Hongrois lutteront ensemble contre l'absolutisme éclairé de Joseph II ( 1780-1790 ) et le centralisme viennois. En 1790, leur lutte sera couronnée par un succès puisqu'ils réussiront à faire reconnaître par l'Empereur Léopold II leur individualité étatique et juridique. Mais après 1790, après la période du centralisme habsbourgeois, la Croatie sera confrontée aux prétentions hégémonistes des Hongrois, lesquels, à l'occasion du parlement de Pozun de 1830, 1847-1849 et après la conclusion de l'accord bilatéral de 1868, multiplieront leurs efforts afin d'asservir économiquement et politiquement la Croatie. Cette politique hégémoniste incitera la Croatie à rompre en 1918 les liens juridico-étatiques qui l'unissaient à la couronne hongroise de Saint-Stéphane (Stjepan).

 

Un droit communautaire à l’usage de lignées

 

Lors de leur arrivée dans le territoire qui constitue leur patrie actuelle, les Croates importèrent avec eux un mode de vie et une structure sociale "communautaire" de type classique qui caractérise l'organisation sociale des peuples slaves. Sur les territoires conquis alors par les Croates, trois types de normes et de systèmes juridiques étaient en vigueur: les coutumes d'origine thrace, illyrienne et celte, le droit romain et le droit des gens croate. On peut ajouter à cela une très forte influence des coutumes juridiques slaves. Ces trois types de systèmes juridiques thraco-illyrien-celte, romain et croate se compénètrent mutuellement pour aboutir à une expression et une conception juridique unitaire bien spécifique. Cette alchimie juridique qui ne se fera pas sans convulsions intracommunautaires aboutira à la formation et de développement des institutions du pouvoir monarchique croate, notamment le "Ban" et le Parlement. Jusqu'au Xième siècle, le souverain croate avait successivement pour titre l'appellation de "Dux", de "Rex Chroatorum", "Rex Chroatorum et Dalmatinorum". L'institution du "Ban" (héritière de la conception juridique germanique du "Bann") était spécifique au peuple croate. Le "Ban" constituait le rôle intermédiaire entre le Parlement et le roi croate. Le pouvoir monarchique était limité par le conseil de la Cour et le Parlement, et toute son activité était sous le contrôle de la chancellerie constitué des membres du clergé devant lesquels les rois pratiquaient leurs offices de culte. Dans la mesure ou les Croates occupèrent le territoire de leur actuelle patrie partagée entre plusieurs groupes de familles, de clans, il en résulte que la première organisation administrative et judiciaire devait correspondre au principe de l'appartenance à la lignée. Chaque famille constituait une unité sociale, politique et juridique hermétique. Tout pouvoir et chaque norme juridique dérivaient de l’organisation "clanique". L'individu se définissait par sa naissance et son appartenance à la lignée, laquelle déterminait son droit spécifique. Le droit des personnes et les valeurs sociales se fondaient sur la communauté de sang à laquelle appartenait chaque individu.

 

Il existait dans la Croatie du moyen âge, autant de "comitats" territoriaux, avec à leur tête des "zupan" (chefs de comitats), que de communautés familiales "claniques". Les membres des "clans familiaux" croates habitaient soit la ville soit les villages. A l'origine de la formation des villes et des premières migrations rurales vers le milieu urbain, figure, à l'endroit de la colonie, une fortification (castrum) qui était le siège des chefs des comitats territoriaux, défenseurs des comitats. Contre la fortification, s'élevaient les "Dom" qui constituaient  la périphérie (suburbium). Entre la ville et la périphérie se trouvait la place publique le "trg" où siégeaient les tribunaux et se tenaient les réunions publiques. Parallèlement aux villes des comitats territoriaux, il existait des cours seigneuriales (curtes). A côté des châteaux patriciens se trouvaient des villages de “paysans libres” et des serfs attachés au domaine. Un groupe de ville, de châteaux et de villages (avec ses domaines) constituait un comitat territorial.

 

L’institution du « Pristav »

 

Dans le cadre de la procédure judiciaire à cette époque du haut moyen âge, une place importante était concédée à l'institution du "Pristav". Dans l’île de Pag en 1701, le "pristav" était l'organe exécutif du "Knez" local (régent local) . Cette institution particulière figure dans le code de Vinodol (1288) et le “poljicki statut” (1440). Cette institution était connue en Tchéquie et en Russie. Son appellation latine est le "Camerarius". L'institution judiciaire du "pristav" correspondait à l'institution judiciaire franque du "sacebarona" ou, en langue germanique, du "schultheisa" ou "schultza": ce dignitaire siégeait en qualité de témoin public à l'ensemble des procès à l'issue desquels il recevait l'ordre de mettre en pratique le titre de propriété de parties et de contraindre le débiteur d'honorer ses dettes à l'amiable ou par voie d'exécution du jugement. L'institution "des bons hommes" était connue à l'époque du roi Petar Kresimir et il en est fait mention dans le code de Vinodol. Cette institution était connue en Italie du Sud, dans le Péloponnèse en Grèce. Dans le Royaume franc, elle existait sous l'appellation de "Rachinburgi". Le bon homme correspondait au frère de sang, au membre de la même communauté; chacune des parties engagées dans un procès choisissait le même membre parmi les hommes de confiance. Les "bons hommes" jugeaient alors que les "porotnici" (les iuratores) garantissaient par le serment la juste défense des parties. En qualité de haut commandant militaire et chef des clans familiaux croates, le roi avait entre ses mains le pouvoir exécutif. Ses revenus provenaient des diverses amendes prononcées contre les individus et les communautés villageoises. L'exécution de ces peines d'amende était confiée au "satnik" (chef militaire à la tête d'une centaine d'hommes).

 

L'ancienne structure étatique romaine présente en Croatie au moyen âge était constituée par deux groupes sociaux: les guerriers et les non-guerriers. Ces derniers devaient payer des impôts alors que les premiers étaient libérés de tout paiement d'impôts. Plus tard, des guerriers non romains acquirent le statut de guerrier: les Ostrogoths, les Visigoths, les Francs et les Burgondes. Ce fut également le cas des Croates. Ils adoptèrent le même statut social que toutes les castes guerrières romaines et ne devaient pas en conséquence payer d'impôts. En qualité de pouvoir exécutif et comme représentants de l'Etat Romain, ils disposaient de biens meubles et immeubles de l'Etat. Les revenus de la Couronne provenaient de l’impôt des biens de la couronne (Tributum). Le paysan qui labourait la terre appartenant aux clans familiaux se devait de donner à son seigneur une partie de son revenu et n'avait pas le droit d'abandonner sa terre. Avec sa terre, le paysan disposait aussi d'une maison. Sa terre et sa maison en qualité de biens inaliénables, indivisibles et héréditaires, pouvaient changer de seigneur, mais le paysan ne pouvait en aucune façon être écarté de sa possession s'il jouissait lui-même ou son prédécesseur de sa terre depuis au moins trente ans. Malgré la soumission à l'autorité du seigneur qui lui assurait sa sécurité, le paysan ne pouvait être considéré comme un esclave (servus, ancilla). A la différence des paysans, les serfs étaient employés sur les domaines et biens publics ou appartenant au clergé. Bien qu'ils étaient dépendants de la volonté du seigneur dans les affaires matrimoniales et patrimoniales, ils se différenciaient de par leur statut des esclaves, lesquels étaient employés dans les affaires domestiques, dans les labeurs dépendants directement du seigneur ou dans des activités de pâturage. D'autre part, les membres des clans familiaux "non-privilégiés" (lesquels étaient soumis au paiement de l'impôt) étaient constitués de paysans "libres" ou de "villani", "habitatores villarum", lesquels disposaient librement de leur propriété.

 

Le déshonneur juridique

 

Le droit croate des "gens", à l'instar du droit des biens (régi par le "tripartite de Werboczyjev") au moyen âge était fortement imprégné de la notion de devoir civique, de l'idée de fraternité de sang, et de la notion d'honneur civique. En ce qui concerne la capacité à agir juridiquement des personnes, une importance majeure était accordée à la capacité corporelle (de corporis et animi integritate). La personne incapable était mise en curatelle soit en tutelle. Une place importante était concédée à la question de la "signification personnelle" (existimatio), c’est-à-dire un jugement équitable quant à sa rectitude personnelle. A l'antipode de la "probité personnelle", on trouvait la notion de "voix mauvaise" (infamia) ou celle de l'opprobre personnel (ignominia). Les personnes faisant l'objet de cette "infamia" et de cette "ignominia" ne pouvaient exercer de tutelle sur d'autres personnes et ne pouvaient pas valablement témoigner devant les tribunaux. Les tribunaux rejetaient les enfants naturels illégitimes ainsi qui les enfants de traîtres. Le droit croate des gens faisait une distinction majeure entre le "déshonneur réel" et le “déshonneur juridique" (infamia iurius) lequel est prononcé par le juge et excluait de la profession judiciaire et militaire les personnes frappées par ce type de déshonneur, et leur refusait la capacité de témoignage. Le déshonneur juridique était prononcé à l’encontre des personnes ayant été incriminées et reconnues coupables des actes suivants:

-     la trahison fraternelle, l'exclusion d'un frère de la propriété patriarcale ;

-           l'irrectitude du tuteur vis-à-vis de la personne mise sous tutelle ;

-           la falsification de documents officiels et l'emploi de documents officiels falsifiés ;

-           la participation à un faux serment de juré ;

-           la désobéissance du juge vis-à-vis des commandements royaux ;

-           la dissimulation de documents probants ;

-           l'utilisation de fausse identité et de "masqué" devant les tribunaux ;

-           l'usurpation de fausse identité ;

-           la proposition d'offices et de biens matériels aux barons, seigneurs et aux membres du parlement à l'occasion des sessions parlementaires (actes de corruption) ;                             

-           la mise en application dans le cadre des comitats territoriaux, de tribus royaux non votés et non approuvés par le Parlement ;

-           l'organisation et la tenue de réunions, d'assemblées et d'association dirigés contre les intérêts généraux de l’Etat ;

-           le non respect d'accords garantis par la parole d'honneur ;

-           l’outrage à Magistrat.

 

Le déshonneur prononcé par une décision judiciaire pouvait être effacé par la grâce royale ou par une seconde décision judiciaire.

 

Le code de la nationalité

 

La capacité juridique était indivisiblement liée à l'appartenance nationale et étatique. Dans ce contexte, aucune différence n'était faite entre les citoyens de Croatie, de Dalmatie, de Slavonie et de Hongrie (de l'Erdelj). Tous étaient considérés aux yeux de la loi comme de véritables "Ugri" (veri Hungari); Une distinction était cependant faite entre les citoyens (cives), les habitants (incolae) et les nouveaux venus (advenae). Le citoyen séjournant en permanence sur le territoire national disposait de l'ensemble des droits civiques. Ceux qui étaient limités dans ces droits civiques étaient les simples habitants (incolae). Les nouveaux venus ou des étrangers pouvaient être des immigrés, s'ils résident un peu plus longtemps sur le territoire national, ou de simple passagers (transeurte) lorsqu'ils ont des possessions sur les terres, ou bien des commerçants (forenses, les gens qui viennent sur la place publique). La nationalité s'obtenait par le sang et la naissance ou bien était accordée comme un privilège. Il était nécessaire de recueillir l'assentiment de la classe sociale correspondante lorsqu'un étranger devait entrer en possession d'un bien nobiliaire. Le nouveau citoyen devait prêter serment, et s'engageait à respecter les lois, de défendre la liberté du royaume et de ne jamais céder devant les actes de spoliation dirigés contre l’Etat. Plus tard, au XVIIième siècle, on délivrait un diplôme de nationalité (diploma indigenatus). En dehors de cette reconnaissance officielle et solennelle de la nationalité, il existait une procédure d’acceptation tacite (receptio simples vel tacita). L’étranger qui s’était établi pour une longue période ininterrompue pouvait devenir un citoyen lorsque le pouvoir royal l’inscrivait en qualité d’assujetti aux impôts. C’était le cas pour la catégorie des simples habitants (incolae). Les étrangers ne pouvaient appartenir à la noblesse et occuper des professions publiques et ne pouvaient obtenir de bénéfices du clergé. Ils ne pouvaient, sous peine de sanctions, posséder des biens immeubles et effectuer des actes de commerce. Ils ne pouvaient racheter les dettes des citoyens d’origine. La capacité juridique dépendait aussi de l’appartenance confessionnelle. Durant de longs siècles en Croatie et en Slavonie, la religion catholique était unique et exclusive (religio dominans). Les migrations des Valaques, qui débutèrent au XIIIième siècle, amenèrent en Dalmatie et en Croatie un nombre important de croyants orthodoxes qui adoptèrent rapidement la liturgie gréco-catholique. Avant la bataille de Mohacs (1526), on assiste à Budim à la venue de protestants luthériens, en majorité des Allemands. Durant tout le moyen âge, en Croatie comme en Hongrie, la religion juive fut simplement tolérée (religio tolerata). L’ancien droit des gens croate connaîtra une période de déclin au XIIIième siècle. La vengeance du sang séculaire restera intacte et toujours en vigueur dans les régions montagneuses. Les anciennes coutumes zagreboises, comme le Code de Vinodol, en font mention. On sauvegardera l’ancien rituel de la réconciliation qui rappelle l’institution du jury et qui est semblable chez les Francs, à l’institution du “compositio”, en Corse aux “parolanti”, en Sardaigne aux “razionali e savii del popolo”, dans la région de Boka-Kotorska aux “arbitri amicabiles”, à Dubrovnik aux “amicabiles compositories”.

 

Progressivement, ce droit croate des gens, d’essence organique, différencié et hiérarchique, marqué par la notion d’honneur et de fraternité charnelle, sera remplacé au fil des réformes constitutionnelles et juridiques démocratiques du XIXième siècle (réformes politiques de 1830, révolution de 1848) et sous l’influence des bouleversements économiques et sociaux et des idées illuministes de la “Révolution” française, par un droit de plus en plus libéral et individualiste de conception prédominante romaine, favorisant davantage la protection et la circulation de la propriété individuelle, l’enrichissement usurier et rentier des individus au détriment des intérêts de la communauté.

 

Me Jure VUJIC.

mercredi, 29 avril 2009

Vuelve la tension al Caucaso

Vuelve la tensión al Cáucaso

Ex: http://labanderanegra.wordpress.com/

A una veintena de kilómetros de la capital georgiana, Tiflis, se encuentra la base militar de Vaziani, que hasta mediados del año 2001 albergó unidades militares soviéticas, herencia de los años en que Georgia fue una república constitutiva de la URSS. Fue devuelta al Gobierno georgiano, que en ella instaló algunas de sus unidades de reacción rápida.

Precisamente en esa base tuvieron lugar en el verano de 2008 unos ejercicios combinados con las Fuerzas Armadas de EEUU, financiados por el Pentágono, justo un par de semanas antes de que estallara el conflicto ruso-georgiano. Éste, irreflexivamente provocado por el presidente Saakashvili en relación con los territorios independentistas de Osetia del Sur y Abjasia, elevó peligrosamente la tensión en tan crítica zona del Cáucaso y deterioró las relaciones entre Rusia, la OTAN y EEUU, como es de sobra sabido.


Tras el relevo en la Casa Blanca y los nuevos esfuerzos desplegados por Washington y Moscú para mejorar el entendimiento entre ambas potencias, la tensión internacional parecía haberse reducido en esa zona, aunque el descontento popular con el Gobierno de Saakashvili no ha dejado de manifestarse periódicamente a través de una oposición política cada vez más activa.

En estas circunstancias, la OTAN ha anunciado que no modificará sus planes para desarrollar unos ejercicios militares en colaboración con Georgia, previstos para el próximo mes de mayo. El hecho de que esos ejercicios se centrarán en la citada base de Vaziani, de claras connotaciones relacionadas con la guerra del año pasado, añade un crítico interés al asunto, al que no son ajenos los medios de comunicación georgianos.

La televisión local concede amplios espacios al acontecimiento, que las autoridades del país valoran como un claro indicativo de que Georgia tiene gran importancia estratégica para Occidente. El ministro de Defensa declaró que “los ejercicios militares sirven para situar a Georgia más cerca de las estructuras euro-atlánticas y mejorar el cumplimiento de los estándares occidentales”.

Conocedor del peculiar modo de actuar del presidente georgiano, el representante de Rusia en la OTAN sospecha que aquél “considerará la presencia de tropas y equipos militares de la OTAN en su territorio como un renovado beneplácito para atacar a las repúblicas vecinas de Abjasia y Osetia del Sur”. Y añadió: “Estos ejercicios parecen ser un apoyo moral y armado al régimen de Saakashvili”. En la misma línea, Moscú ha decidido no participar en el próximo Consejo Rusia-OTAN, previsto para el 7 de mayo, si las maniobras no son suspendidas.

La OTAN intenta quitar hierro al asunto aduciendo que tales maniobras no implican el empleo de material militar pesado y recordando que estaban planeadas con anterioridad a la guerra del Cáucaso del año pasado. Por su parte, Tiflis denuncia a su vez otras actividades militares que Rusia está llevando a cabo con ambas repúblicas independentistas. El Gobierno georgiano alega que lo que Moscú persigue con esto es que su país aparezca a los ojos del mundo como “un Estado agresivo, con el que no es aconsejable tener tratos”.

Desde Tiflis, un analista georgiano considera que no se deberían esperar “grandes dividendos” de las maniobras, pues la OTAN no quiere perjudicar sus relaciones con Rusia, dados los problemas que tiene pendientes en Afganistán: “La OTAN está más interesada en obtener la cooperación rusa que Rusia en cooperar con la Alianza”. Basa su opinión en el hecho de que Rusia no aspira a entrar en la OTAN, no depende de ésta para su seguridad y no considera prioritarias las relaciones con la organización atlántica.

En Moscú se advierte del riesgo de que se produzcan en Georgia actos de provocación contra las tropas de la OTAN, que se atribuirían a los servicios secretos rusos, para enconar la ya complicada situación. El citado representante de Rusia en la OTAN opina que Saakashvili anhela internacionalizar el conflicto como modo de reforzar su inestable posición política: “Este hombre es peligroso para el mundo”, declaró.

Por último, el ministro ruso de Asuntos Exteriores declaró a una agencia local de noticias: “La OTAN ha vuelto a la Guerra Fría y a la lógica de la confrontación. Pero la guerra tiene sus propias reglas, como todos sabemos”.

Es probable que se trate solo de un desahogo verbal, a tono con la situación, pero los términos del conflicto están ya sobre la mesa y las posturas negociadoras parecen sofocadas bajo una arriesgada dinámica militar, propia y peculiar de la organización atlántica, que habrá que vigilar muy de cerca. La oscura sombra de Afganistán se cierne también sobre el Cáucaso, para una OTAN que parece crear más problemas que los que resuelve.

Alberto Piris

La boîte de Pandore de l'American Way of Repentance

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LA BOÎTE DE PANDORE DE L'AMERICAN WAY OF REPENTANCE

La chronique de Philippe Randa

 

philipe randa.jpegVoici une vingtaine d’années, lors d’un dîner, je soutenais à l’un des invités que la puissance des États-Unis d’Amérique, alors quasiment à son apogée, connaîtrait un inévitable déclin. Comme toutes les puissances depuis la nuit des temps. Comme tous les empires, victimes de trop d’arrogance et de démesure… Il me regarda avec une réelle incompréhension qui m’amusa beaucoup. Ce soir-là, il avait rencontré l’homme qui ne croyait pas à l’éternité de l’american way of life !


Aujourd’hui, s’il n’a pas évolué avec les années, ce monsieur doit être comme les survivants d’un tremblement de terre : en quelques mois, non seulement les USA ont perdu tout à la fois l’arrogance de leur supériorité économique avec la crise financière, la confiance de leur hyperpuissance militaire avec les bourbiers afghans et irakiens, leur suprématie politique en Amérique du Sud où les gouvernements hostiles se multiplient… et désormais leur aura de zélateurs auto-proclamés de la liberté démocratique sur fond de droits de l’homme étoilés.


En rendant publiques les techniques de torture définies sous l’administration Bush dans le cadre de la lutte contre le terrorisme – véritable catalogue de méthodes toutes plus dégradantes les unes que les autres –, Barack Obama a porté le coup le plus grave à son pays, parmi tous ceux qui le frappent actuellement.


" Les États-Unis ont détruit leur image de pays "démocratique" et apparaissent pour ce qu’ils sont devenus, un empire totalitaire, méprisant le droit international et dont les méthodes sont comparables en bien des points à celles des nazis : guerres préventives, invasion et occupation illégales de pays souverains, politique de la terreur et de la domination absolue ("choc et effroi"), mépris des conventions de Genève, assassinat de journalistes, arrestations arbitraires, camps de concentration (Guantanamo) et pratique systématique de la torture… ", lit-on, par exemple et entre autres, sur syti.net.


Et le site d’informations d’ajouter que " pour retrouver leur statut de démocratie, les États-Unis doivent destituer Bush et le juger pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ainsi que les concepteurs de ces atrocités (Rumsfeld, Wolfowitz, Cheney…). "


Ce serait la moindre des obligations pour le pays qui a institué la Cour internationale de justice de La Haye, s’il n’avait toutefois pris la précaution de s’en mettre hors d’atteinte. Il ne faut donc pas trop y croire.


On rétorquera que les USA n’ont fait qu’utiliser les pratiques de leurs ennemis. Sans doute, même si c’est encore à prouver : les évidences, on apprend à s’en méfier, même s’il est souvent plus rassurant de conserver ses certitudes par une lâche obstination. Quoi qu’il en soit, ces révélations des tortures et sévices, pratiques systématiques de l’armée américaine, ont d’ores et déjà un effet dévastateur.

 

On se relève d’une défaite militaire, on se sort d’une crise économique. Plus ou moins facilement, plus ou moins rapidement. Ce sera le cas des USA comme cela a été le cas de l’Allemagne et du Japon, après leur défaite en 1945. Mais l’Allemagne, qui n’en finit pas de se repentir du IIIe Reich, reste depuis plus de soixante ans un nain politique et international. De même, le Japon.


La Russie, après l’effondrement du système soviétique, s’est gardée de toute repentance pour les millions de morts de celui-ci. Vladimir Poutine s’est contenté de tourner la page simplement, sans mea culpa, sans chasse aux sorcières, sans procès politiques et sans donner de leçons au reste du Monde… De même, la Chine, qui s’est ouverte au monde et en premier lieu à l’économie de marché, l’a fait sans renier quoi que ce soit de son sanglant passé maoïste.


En inoculant le venin de la repentance, le président Barack Obama a bel et bien ouvert la boîte de Pandore de l’American way of repentance

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Hommage à Jacques d'Arribehaude

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Hommage à Jacques d’Arribehaude

 

Le mois passé, j’évoquais le souvenir de Pierre Monnier mort à Nice le 27 mars 2006. Par une douloureuse coïncidence, peu de temps après avoir bouclé ce numéro, j’apprenais le décès de Jacques d’Arribehaude survenu le… 27 mars dans cette même ville où il s’était retiré depuis quelques années. Encore un témoin qui s’en va – et non des moindres. Au début des années soixante, il avait – lui et son complice Jean Guenot – rencontré Céline à Meudon. Ils lui posèrent des questions pertinentes auxquelles les journalistes ne l’avaient guère habitué. Témoignage d’autant plus précieux qu’il fit l’objet d’un enregistrement ¹.

Mais la figure de Jacques d’Arribehaude ne se limite pas, loin s’en faut, à cela. Il nous laisse, en outre, un récit de qualité (Adieu Néri, Prix Cazes 1978) et surtout un journal dont je ne suis pas le seul à penser qu’il restera. La dernière lettre que j’ai reçue de lui date de décembre dernier. Il me remerciait précisément pour le compte rendu du dernier opus de son journal ² : « Je suis très touché par ce magnifique et généreux article. Votre mise en parallèle avec Léautaud est un superbe hommage, non seulement à S’en fout, mais à la poignée de lecteurs pour lesquels j’existe et qui me sont attachés. Et c’est très justement que vous rappelez l’importance capitale que n’a jamais cessé d’avoir Céline dans les méandres de l’existence. J’aimerais bien connaître avant de disparaître la reconnaissance qu’a connu Léautaud in extremis, et qui en fait une captivante Mémoire littéraire du siècle dernier, mais je n’y compte guère. Si la planète tourne encore, peut-être dans un siècle ou deux, pour peu qu’il existe encore quelques chercheurs et lecteurs. Comme disait Balzac, notre Shakespeare, “ Tout a toujours été de mal en pire” »

 

Pessimiste gai, Jacques m’a toujours frappé par son élégance morale. Jamais je ne l’ai entendu se plaindre, même lorsqu’il fut hospitalisé pour une grave opération au Val de Grâce où nous allâmes, Éric Mazet et moi, lui rendre visite. Au contraire : c’est là qu’il nous lut des pages extraites de son journal,  pleines  de cette roborative alacrité qui était la sienne. Si ses livres ne connurent jamais le succès public, au moins son talent fut-il reconnu par ses pairs : Pol Vandromme, Christian Dedet, Philippe Sénart ou Jean-Louis Curtis. Engagé dans les Forces françaises libres à dix-huit ans, décoré comme il se doit de ce qu’il appelait comiquement ses « bananes patriotiques » ³, Jacques d’Arribehaude estimait  que son passé l’autorisait à commenter librement les aléas de l’histoire et de la politique. Et il ne s’en privait pas, ni dans son journal, ni dans les articles qu’il a écrits ici et là. C’était un homme d’une liberté sans faille qui ne craignait pas de tout dire, au risque de voir ses livres ne recevoir quasi aucun écho dans la grande presse, ce qui fut effectivement le cas.

 

Ce numéro entend rendre l’hommage qui lui est dû ; j’ai bien conscience qu’il est utopique d’évoquer ici toutes les facettes de cette riche personnalité. Grand diariste certes mais aussi voyageur-ethnologue, amoureux de peinture (il avait lui-même un joli talent d’aquarelliste), polémiste, fou de littérature et surtout homme attachant, fidèle en amitié et au jeune homme intrépide qu’il fut.

 

Marc LAUDELOUT

 

1. Céline à Meudon, 4 cassettes disponibles auprès de Jean Guenot, B.P. 40101, 92216 Saint-Cloud (90 € franco).

2. Marc Laudelout, « Le retour de Jacques d’Arribehaude », Le Bulletin célinien, n° 302, novembre 2008.

3. Médaille des Évadés, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Croix des services volontaires dans la France libre, Croix du combattant 39-45, Chevalier de la Légion d’honneur.

Les monnaies parallèles fleurissent aux Etats-Unis

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Les monnaies parallèles fleurissent aux Etats-Unis

Le Plenty, l’Ithaca Hours et les autres ont pour objectif de favoriser les échanges locaux

A chacun sa monnaie! A travers l’Amérique, un certain nombre de petites villes et de communautés se sont mises à imprimer leurs propres billets, visant ni plus ni moins qu’à détrôner le roi dollar. Bienvenue aux royaumes du Plenty, de l’Ithaca Hours ou des BerkShares.

L’objectif est double: alors que le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter et que l’argent se fait plus rare, il s’agit à la fois de disposer d’une nouvelle unité d’échange ainsi que de favoriser l’économie locale. Le principe? Des individus et des commerces s’engagent à former un réseau dans lequel la nouvelle monnaie sera utilisée. Puis celle-ci est échangée contre des dollars à des taux préférentiels, par exemple à 90 centimes. Dans les magasins qui l’acceptent, elle aura cependant la même valeur que 1 dollar. Le gain est immédiat pour les consommateurs ainsi que, espère-t-on, pour les vendeurs, qui profitent d’un regain de la demande.

Comme durant
la Grande Dépression

La pratique fait bien sûr penser à ce qui se faisait pendant la Grande Dépression. Face à des banques qui fermaient les unes après les autres, des centaines de nouvelles monnaies ont été créées par les villes, les Etats, les entreprises ou les unions syndicales. Depuis lors, bien que marginal, le procédé n’a jamais été totalement abandonné.

Selon le sociologue Ed Collom, qui s’est spécialisé dans les formes sociales «alternatives» à l’University of Southern Maine, «plus de 80 communautés ont tenté par le passé des expériences similaires aux Etats-Unis, surtout au début des années 1990». A l’époque, il s’agissait surtout, pour des groupes marginaux, de combattre l’avancée de la mondialisation, en promouvant la consommation locale. Seule une vingtaine d’entre elles auraient survécu bon an mal an. Mais aujourd’hui, à la faveur de la crise économique, le phénomène connaît un sursaut inattendu.

Il y a quelques jours, une banque locale s’est ainsi mise à accepter le Plenty à Pittsboro, en Caroline du Nord, donnant à cette monnaie une solidité dont ne pouvaient que rêver la poignée de militants qui l’avaient créée en 2002. Dans le Massachusetts, ce sont désormais douze banques qui acceptent les BerkShares au prix de 95 cents l’unité. Quelque 370 magasins locaux ont adhéré à ce système, qui a vu le jour il y a deux ans et qui est devenu entre-temps le plus important du pays. Au total, ce sont plus de 2,3 millions de Berk­Shares qui ont déjà circulé dans les magasins, les restaurants ou les supermarchés.

Ce regain des monnaies de singe est vu avec scepticisme par la plupart des économistes, qui mettent toutefois en avant son caractère limité. A l’heure des échanges mondiaux, il équivaut à tenter de placer des barrières autour des communautés, notent-ils, en le comparant à une forme de protectionnisme.

Signe de vitalité

Mais d’autres y voient au contraire, surtout dans les milieux de gauche, un signe de vitalité des populations locales et autant de mini- «plans de relance» économiques. En tout état de cause, la pratique est tout à fait légale aux Etats-Unis pour autant que ces billets ne ressemblent pas trop aux dollars et que les transactions soient déclarées au fisc.

«Lorsque vous stimulez l’économie locale, vous n’apportez pas de produits de l’autre bout du monde», explique Melissa Frey, l’un des promoteurs du Plenty, qui milite dans les milieux associatifs depuis des années. Selon elle, cette initiative servira à resserrer les rangs des habitants et, partant, à créer «un meilleur style de vie pour tout le monde».

Ces temps, les initiateurs du Plenty, comme ceux de l’Ithaca Hours, dans le nord de l’Etat de New York, recevraient des dizaines de coups de fil d’autres communautés qui, de La Nouvelle-Orléans à l’Alaska, veulent s’inspirer de leurs modèles. Alors que le système financier mondial donne le sentiment d’avoir perdu les pédales, cet enthousiasme traduirait l’envie des habitants de reprendre le contrôle des événements. «Notre société est devenue plus consciente des enjeux. Il y a un intérêt marqué pour la reprise en main de nos relations vis-à-vis des banques et de l’argent.»

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Louis-Ferdinand Céline - Jacques d'Arribehaude

Louis-Ferdinand Céline - Jacques D'Arribehaude

Souvenirs
J'ai connu Céline l'hiver 59-60 et je l'ai revu plusieurs fois chez lui à Meudon. Notre dernière rencontre se situe peu avant sa mort. Je voulais surtout réaliser avec lui, sur le décor où il vivait, sur son personnage, un document filmé de 16 mm, mais il se refusait farouchement à « paraître », et je n'ai jamais pu le persuader de la valeur et de l'intérêt que pouvait avoir un tel document. Cependant il me recevait avec amitié et je gardais l'espoir d'arriver un jour à mes fins. Il tournait le dos au monde mais sa curiosité restait inépuisable et rien ne lui échappait. De ses épreuves, il gardait une amertume presque résignée, et il était impossible de le voir, de l'entendre sans être ému. Je le faisais souvent parler de son enfance, des véritables sources de Mort à crédit, qui l'expliquait tout entier. Il pouvait être, dans la conversation un mime irrésistiblement cocasse, d'une férocité aiguë lorsqu'il imitait, en particulier, les gens du monde, les snobs. Tout ce qui était taux, chiqué, enflé, prétentieux, il mettait une verve fantastique et extraordinairement tonique à le démolir.

À quoi donc restait-il attaché et de quelles valeurs gardait-il la nostalgie ? je remarquais que ce monde d'avant 14 où il était né et qu'il haïssait à bien des égards, lui laissait des souvenirs très contradictoires. Après un demi-siècle, son horreur de la société et des conditions d'exploitation de la Belle époque, restait intact, mais il s'y mêlait un respect profond pour la laborieuse honnêteté, la modestie patiente, humble et discrète, des petites gens d'alors, et que sa mère représentait parfaitement à ses yeux.

L'évolution du monde lui paraissait soumise à d'impitoyables lois biologiques, et les discours, les professions de toi idéologiques, les concerts de l'O.N.U. lui faisaient hausser les épaules. Pour lui, le blanc était « un fond de teint » appelé à se modifier. Il ne prétendait pas que le monde à venir serait meilleur ou pire, simplement ce monde-là ne le concernait plus, ne l'intéressait plus.

À la fin de sa vie, assez curieusement, il rendait hommage à Proust, bien loin de lui sans doute, mais fossoyeur génial, tout comme lui, d'un monde pourri.

Jacques d'Arribehaude
(Lomé, 26 octobre 1962)

Extrait du "Cahier de l'Herne Louis-Ferdinand Céline", 1963, volume I.

Source

L'uomo che piantava gli alberi

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L’uomo che piantava gli alberi.

Elzélard Bouffier, il solitario che amava la terra

  

Giovedì 9 Aprile 2009 – Jean Giono - Ex: http://www.rinascita.info/

  



Perché la personalità di un uomo riveli qualità veramente eccezionali, bisogna avere la fortuna di poter osservare la sua azione nel corso di lunghi anni. Se tale azione è priva di ogni egoismo, se l’idea che la dirige è di una generosità senza pari, se con assoluta certezza non ha mai ricercato alcuna ricompensa e per di più ha lasciato sul mondo tracce visibili, ci troviamo allora, senza rischio d’errore, di fronte a una personalità indimenticabile.

Una quarantina circa di anni fa, stavo facendo una lunga camminata, tra cime assolutamente sconosciute ai turisti, in quella antica regione delle Alpi che penetra in Provenza. Questa regione è delimitata a sud-est e a sud dal corso medio della Durance, tra Sisteron e Mirabeau; a nord dal corso superiore della Dràme, dalla sorgente fino a Die; a ovest dalle pianure del Comtat Venaissin e i contrafforti del Monte Ventoux. Essa comprende tutta la parte settentrionale del dipartimento delle Basse Alpi, il sud della Dràme e una piccola enclave della Valchiusa. Si trattava, quando intrapresi la mia lunga passeggiata in quel deserto, di lande nude e monotone, tra i milledue e i milletrecento metri di altitudine. L’unica vegetazione che vi cresceva era la lavanda selvatica. Attraverso la regione per la sua massima larghezza e, dopo tre giorni di marcia, mi trovavo in mezzo a una desolazione senza pari. Mi accampai di fianco allo scheletro di un villaggio abbandonato. Non avevo più acqua dal giorno prima e avevo necessità di trovarne. Quell’agglomerato di case, benché in rovina, simile a un vecchio alveare, mi fece pensare che dovevano esserci stati, una volta, una fonte o un pozzo. C’era difatti una fonte, ma secca. Le cinque o sei case senza tetto, corrose dal vento e dalla pioggia, e la piccola cappella col campanile crollato erano disposte come le case e le cappelle dei villaggi abitati, ma la vita era scomparsa. Era una bella giornata di giugno, molto assolata ma, su quelle terre senza riparo e alte nel cielo, il vento soffiava con brutalità insopportabile. I suoi ruggiti nelle carcasse delle case erano quelli d’una belva molestata durante il pasto. Dovetti riprendere la marcia. Cinque ore più tardi, non avevo ancora trovato acqua e nulla mi dava speranza di trovarne. Dappertutto la stessa aridità, le stesse erbacce legnose. Mi parve di scorgere in lontananza una piccola sagoma nera, in piedi. La presi per il tronco di un albero solitario. A ogni modo mi avvicinai. Era un pastore. Una trentina di pecore sdraiate sulla terra cocente si riposavano accanto a lui. Mi fece bere dalla sua borraccia e, poco più tardi, mi portò nel suo ovile, in una ondulazione del pianoro. Tirava su l’acqua, ottima, da un foro naturale molto profondo, al di sopra del quale aveva installato un rudimentale verricello. L’uomo parlava poco, com’è nella natura dei solitari, ma lo si sentiva sicuro di sé e confidente in quella sicurezza. Era una presenza insolita in quella regione spogliata di tutto. Non abitava in una capanna ma in una vera casa di pietra, ed era evidente come il suo lavoro personale avesse rappezzato la rovina che aveva trovato al suo arrivo. Il tetto era solido e stagno. Il vento che lo batteva faceva sulla tegole il rumore del mare sulla spiaggia. La casa era in ordine, i piatti lavati, il pavimento di legno spazzato, il fucile ingrassato; la minestra bolliva sul fuoco. Notai che anche l’uomo era rasato di fresco, che tutti i suoi bottoni erano solidamente cuciti, che i suoi vestiti erano rammendati con la cura minuziosa che rende i rammendi invisibili. Divise con me la minestra e, quando gli offrii la borsa del tabacco, mi rispose che non fumava. Il suo cane, silenzioso come lui, era affettuoso senza bassezza. Era rimasto subito inteso che avrei passato la notte da lui: il villaggio più vicino era a più di un giorno e mezzo di cammino. E, oltretutto conoscevo perfettamente il carattere dei rari villaggi di quella regione. Ce ne sono quattro o cinque sparsi lontani gli uni dagli altri sulle pendici di quelle cime, nei boschi di querce al fondo estremo delle strade carrozzabili. Sono abitati da boscaioli che producono carbone di legno. Sono posti dove si vive male. Le famiglie, serrate l’una contro l’altra in quel clima di una rudezza eccessiva, d’estate come d’inverno, esasperano il proprio egoismo sotto vuoto. L’ambizione irragionevole si sviluppa senza misura, nel desiderio di sfuggire a quei luoghi. Gli uomini portano il carbone in città con i camion, poi tornano. Le più solide qualità scricchiolano sotto questa perpetua doccia scozzese. Le donne covano rancori. C’è concorrenza su tutto. Per la vendita del carbone come per il banco di chiesa, per le virtù che lottano tra loro e per il miscuglio generale dei vizi e delle virtù senza posa. Per sovrappiù il vento altrettanto senza posa irrita i nervi. Ci sono epidemie di suicidi e numerosi casi di follia, quasi sempre assassina. Il pastore che non fumava prese un sacco e rovesciò sul tavolo un mucchio di ghiande. Si mise a esaminarle l’una dopo l’altra con grande attenzione, separando le buone dalle guaste. Io fumavo la pipa. Gli proposi di aiutarlo. Mi rispose che era affar suo. In effetti: vista la cura che metteva in quel lavoro, non insistetti. Fu tutta la nostra conversazione. Quando ebbe messo dalla parte delle buone un mucchio abbastanza grosso di ghiande, le divise in mucchietti da dieci. Così facendo, eliminò ancora i frutti piccoli o quelli leggermente screpolati, poiché li esaminava molto da vicino. Quando infine ebbe davanti a sé cento ghiande perfette, si fermò e andammo a dormire. La società di quell’uomo dava pace. Gli domandai l’indomani il permesso di riposarmi l’intera giornata da lui. Lo trovò del tutto naturale o, più esattamente, mi diede l’impressione che nulla potesse disturbarlo. Quel riposo non mi era affatto necessario, ma ero intrigato e ne volevo sapere di più. Il pastore fece uscire il suo gregge e lo portò al pascolo. Prima di uscire, bagnò in un secchio d’acqua il sacco in cui aveva messo le ghiande meticolosamente scelte e contate. Notai che in guisa di bastone portava un’asta di ferro della grossezza di un pollice e lunga un metro e mezzo. Feci mostra di voler fare una passeggiata di riposo e seguii una strada parallela alla sua. Il pascolo delle bestie era in un avvallamento. Lasciò il piccolo gregge in guardia al cane e salì verso di me. Temetti che venisse per rimproverarmi della mia indiscrezione ma niente affatto, quella era la strada che doveva fare e m’invitò ad accompagnarlo se non avevo nulla di meglio. Andava a duecento metri da là, più a monte. Arrivato dove desiderava, cominciò a piantare la sua asta di ferro in terra. Faceva così un buco nel quale depositava una ghianda, dopo di che turava di nuovo il buco. Piantava querce. Gli domandai se quella terra gli apparteneva. Mi rispose di no. Sapeva di chi era? Non lo sapeva. Supponeva che fosse una terra comunale, o forse proprietà di gente che non se ne curava? Non gli interessava conoscerne i proprietari. Piantò così le cento ghiande con estrema cura. Dopo il pranzo di mezzogiorno, ricominciò a scegliere le ghiande. Misi, credo, sufficiente insistenza nelle mie domande, perché mi rispose. Da tre anni piantava alberi in quella solitudine. Ne aveva piantati centomila. Di centomila ne erano spuntati ventimila. Di quei ventimila, contava di perderne ancora la metà, a causa dei roditori o di tutto quello che c’è di imprevedibile nei disegni della Provvidenza. Restavano diecimila querce che sarebbero cresciute in quel posto dove prima non c’era nulla. Fu a quel momento che mi interessai dell’età di quell’uomo. Aveva evidentemente più di cinquant’anni. Cinquantacinque, mi disse lui. Si chiamava Elzéard Bouffier. Aveva posseduto una fattoria in pianura. Aveva vissuto la sua vita. Aveva perso il figlio unico, poi la moglie. S’era ritirato nella solitudine dove trovava piacere a vivere lentamente, con le pecore e il cane. Aveva pensato che quel paese sarebbe morto per mancanza di alberi. Aggiunse che, non avendo altre occupazioni più importanti, s’era risolto a rimediare a quello stato di cose. Poiché conducevo anch’io in quel momento, malgrado la giovane età, una vita solitaria, sapevo toccare con delicatezza l’anima dei solitari. Tuttavia, commisi un errore. La mia giovane età, appunto, mi portava a immaginare l’avvenire in funzione di me stesso e di una qual certa ricerca di felicità. Dissi che, nel giro di trent’anni, quelle diecimila querce sarebbero state magnifiche. Mi rispose con gran semplicità che, se Dio gli avesse prestato vita, nel giro di trent’anni ne avrebbe piantate tante altre che quelle diecimila sarebbero state come una goccia nel mare. Stava già studiando, d’altra parte, la riproduzione dei faggi e aveva accanto alla casa un vivaio generato dalle faggine. I soggetti, che aveva protetto dalle pecore con una barriera di rete metallica, erano di grande bellezza. Pensava inoltre alle betulle per i terreni dove, mi diceva, una certa umidità dormiva a qualche metro dalla superficie del suolo. Ci separammo il giorno dopo.
L’anno seguente, ci fu la guerra del ‘14, che mi impegnò per cinque anni. Un soldato di fanteria non poteva pensare agli alberi. A dir la verità, la cosa non mi era nemmeno rimasta impressa; l’avevo considerata come un passatempo, una collezione di francobolli, e dimenticata. Finita la guerra, mi trovai con un’indennità di congedo minuscola ma con il grande desiderio di respirare un po’ di aria pura. Senza idee preconcette, quindi, tranne quella, ripresi la strada di quelle contrade deserte. Il paese non era cambiato. Tuttavia, oltre il villaggio abbandonato, scorsi in lontananza una specie di nebbia grigia che ricopriva le cime come un tappeto. Dalla vigilia, m’ero rimesso a pensare a quel pastore che piantava gli alberi. Diecimila querce mi dicevo, occupano davvero un grande spazio. Avevo visto morire troppa gente in cinque anni per non immaginarmi facilmente anche la morte di Elzélard Bouffier, tanto più che, quando si ha vent’anni, si considerano le persone di cinquanta come dei vecchi a cui resta soltanto da morire. Non era morto. Era anzi in ottima forma. Aveva cambiato mestiere. Gli erano rimaste solo quattro pecore ma, in cambio, possedeva un centinaio di alveari. Si era sbarazzato delle bestie che mettevano in pericolo i suoi alberi. Perché, mi disse (e lo constatai), non s’era per nulla curato della guerra.
Aveva continuato imperturbabilmente a piantarle. Le querce del 1910 avevano adesso dieci anni ed erano più alte di me e di lui. Lo spettacolo era impressionante. Ero letteralmente ammutolito e, poiché lui non parlava, passammo l’intera giornata a passeggiare in silenzio per la sua foresta. Misurava, in tre tronconi, undici chilometri nella sua lunghezza massima. Se si teneva a mente che era tutto scaturito dalle mani e dall’anima di quell’uomo, senza mezzi tecnici, si comprendeva come gli uomini potrebbero essere altrettanto efficaci di Dio in altri campi oltre alla distruzione. Aveva seguito la sua idea, e i faggi che mi arrivavano alle spalle, sparsi a perdita d’occhio, ne erano la prova. Le querce erano fitte e avevano passata l’età in cui potevano essere alla mercé dei roditori; quanto ai disegni della Provvidenza stessa per distruggere l’opera creata, avrebbe dovuto ormai ricorrere ai cicloni. Bouffier mi mostrò dei mirabili boschetti di betulle che datavano a cinque anni prima, cioè 1915, l’epoca in cui io combattevo a Verdun. Le aveva piantate in tutti i terreni in cui sospettava, a ragione, che ci fosse l’umidità quasi a fior di terra.
Erano tenere come delle adolescenti e molto decise. Il processo aveva l’aria, d’altra parte, di funzionare a catena. Lui non se ne curava; perseguiva ostinatamente il proprio compito, molto semplice. Ma, ridiscendendo al villaggio, vidi scorrere dell’acqua in ruscelli che, a memoria d’uomo, erano sempre stati secchi. Era la più straordinaria forma di reazione che abbia mai avuto modo di vedere. Quei ruscelli avevano già portato dell’acqua, in tempi molto antichi. Alcuni dei tristi villaggi di cui ho parlato all’inizio del mio racconto sorgevano su siti di antichi villaggi gallo-romani di cui restavano ancora le vestigia, nelle quali gli archeologi avevano scavato, trovando ami in posti dove nel ventesimo secolo si doveva far ricorso alle cisterne per avere un po’ d’acqua. Anche il vento disperdeva certi semi. Con l’acqua erano riapparsi anche i salici, i giunchi, i prati, i giardini, i fiori e una certa ragione di vivere. Ma la trasformazione avveniva così lentamente che entrava nell’abitudine senza provocare stupore. I cacciatori che salivano in quelle solitudini seguendo le lepri o i cinghiali s’erano accorti del rigoglio di alberelli, ma l’avevano messo in conto alle malizie naturali della terra. Perciò nessuno disturbava l’opera di quell’uomo. Se l’avessero sospettato, l’avrebbero ostacolato. Era insospettabile. Chi avrebbe potuto immaginare, nei villaggi e nelle amministrazioni, una tale ostinazione nella più magnifica generosità?
A partire dal 1920, non ho mai lasciato passare più d’un anno senza andare a trovare Elzélard Bouffier. Non l’ho mai visto cedere o dubitare. Eppure, Dio solo sa di averlo messo alla prova! Non ho fatto il conto delle sue delusioni. E’ facile immaginarsi tuttavia che, per una simile riuscita, sia stato necessario vincere le avversità; che, per assicurare la vittoria di tanta passione, sia stato necessario lottar contro lo sconforto. Bouffier aveva piantato, un anno, più di diecimila aceri. Morirono tutti. L’anno dopo, abbandonò gli aceri per riprendere i faggi che riuscirono ancora meglio delle querce. Per farsi un’idea precisa di quell’eccezionale carattere, non bisogna dimenticare che operava in una solitudine totale; al punto che, verso la fine della sua vita, aveva perso del tutto l’abitudine a parlare. O, forse, non ne vedeva la necessità. Nel 1933, ricevette la visita di una guardia forestale sbalordita. Il funzionario gli intimò l’ordine di non accendere fuochi all’aperto, per non mettere in pericolo la crescita di quella foresta naturale. Era la prima volta, gli spiegò quell’uomo ingenuo, che si vedeva una foresta spuntare da sola. A quell’epoca, Bouffier andava a piantare faggi a dodici chilometri da casa. Per evitare il viaggio di andata e ritorno, poiché aveva ormai settantacinque anni, stava considerando la possibilità di costruirsi una casupola di pietra sul luogo stesso dove piantava. Ciò che fece l’anno seguente. Nel 1935, una vera e propria delegazione governativa venne a esaminare la foresta naturale. C’erano un pezzo grosso delle Acque e Foreste, un deputato, dei tecnici. Fu deciso di fare qualcosa e, fortunatamente, non si fece nulla, tranne l’unica cosa utile: mettere la foresta sotto tutela dello Stato e proibire che si venisse a farne carbone. Perché era impossibile non restare soggiogati dalla bellezza di quei giovani alberi in piena salute. Esercitò il proprio potere di seduzione persino sul deputato. Un capitano forestale mio amico faceva parte della delegazione. Gli spiegai il mistero.
Un giorno della settimana seguente, andammo insieme a cercare Elzélard Bouffier. Lo trovammo in pieno lavoro, a venti chilometri da dove aveva avuto luogo l’ispezione. Quel capitano forestale non era mio amico per nulla. Conosceva il valore delle cose. Seppe restare in silenzio. Offrii le uova che avevo portato in regalo. Dividemmo il nostro spuntino in tre e restammo qualche ora nella muta contemplazione del paesaggio. La costa che avevamo percorso era coperta di alberi che andavano da sei a otto metri di altezza. Mi ricordavo l’aspetto di quelle terre nel 1913, il deserto. Il lavoro calmo e regolare, l’aria viva d’altura, la frugalità e soprattutto la serenità dell’anima avevano conferito a quel vecchio una salute quasi solenne. Era un atleta di dio. Mi domandavo quanti altri ettari avrebbe coperto d’alberi. Prima di partire, il mio amico azzardò soltanto qualche suggerimento a proposito di certe essenze alle quali il terreno sembrava adattarsi. Non insistette. ‘Per la semplice ragione’, mi spiegò poi, ‘che quel signore ne sa più di me. Dopo un’ora di cammino, dopo che l’idea aveva progredito in lui, aggiunse: ‘Ne sa di più di tutti. Ha trovato un bel modo di essere felice!
E’ grazie a quel capitano che, non solo la foresta, ma anche la felicità di quell’uomo furono protette. Fece nominare tre guardie forestali per quella protezione e le terrorizzò a tal punto che rimasero sempre insensibili alle mazzette offerte dai boscaioli. L’opera corse un grave rischio solo durante la guerra del 1939. Poiché le automobili andavano allora a gasogeno, non c’era mai abbastanza legna. Cominciarono a tagliare le querce del 1910, ma l’area era talmente lontana da tutte le reti stradali che l’impresa si rivelò fallimentare dal punto di vista finanziario. Fu abbandonata. Il pastore non aveva visto nulla. Era a trenta chilometri di distanza, e continuava pacificamente il proprio lavoro, ignorando la guerra del ‘39 come aveva ignorato quella del ‘14.
Ho visto Elzélard Bouffier per l’ultima volta nel giugno del 1945. Aveva ottantasette anni. Avevo ripreso la strada del deserto, ma adesso, nonostante la rovina in cui la guerra aveva lasciato il paese, c’era una corriera che faceva servizio tra la valle della Durance e la montagna. Misi sul conto di quel mezzo di trasporto relativamente rapido il fatto che non riconoscessi più i luoghi delle mie prime passeggiate. Mi parve anche che l’itinerario mi facesse passare in posti nuovi. Ebbi bisogno del nome di un villaggio per concludere che invece mi trovavo proprio in quella zona un tempo in rovina e desolata. La corriera mi depositò a Vergons. Nel 1913, quella frazione di una dozzina di case contava tre abitanti. Erano dei selvaggi, si odiavano, vivevano di caccia con le trappole; più o meno erano nello stato fisico e morale degli uomini preistorici. Le ortiche divoravano attorno a loro le case abbandonate. Ora tutto era cambiato. L’aria stessa. Invece delle bufere secche e brutali che mi avevano accolto un tempo, soffiava una brezza docile carica di odori. Un rumore simile a quello dell’acqua veniva dalla cima delle montagne: era il vento della foresta. Infine, cosa più sorprendente, udii il vero rumore dell’acqua scrosciante in una vasca. Vidi che avevano costruito una fontana; l’acqua vi era abbondante e, ciò che soprattutto mi commosse, vidi che vicino ad essa avevano piantato un tiglio di forse quattro anni, già rigoglioso, simbolo incontestabile di una resurrezione. In generale, Vergons portava i segni di un lavoro per la cui impresa era necessaria la speranza. La speranza era dunque tornata. Avevano sgomberato le rovine, abbattuto i muri crollati e ricostruito cinque case. La frazione contava ormai ventotto abitanti, tra cui quattro giovani famiglie. Le case nuove, intonacate di fresco, erano circondate da orti in cui crescevano, mescolati ma allineati, verdure e fiori, cavoli e rose, porre e bocche di leone, sedani e anemoni. Era ormai un posto dove si aveva voglia di abitare.
Da lì proseguii a piedi. La guerra da cui eravamo appena usciti non aveva consentito il rifiorire completo della vita, ma Lazzaro era ormai uscito dalla tomba. Sulle pendici più basse della montagna, vedevo i campielli di orzo e segale in erba; in fondo alle strette vallate, qualche prateria verdeggiava.
Sono bastati gli otto anni che ci separano da quell’epoca perché tutta la zona risplenda di salute e felicità. Dove nel 1913 avevo visto solo rovine, sorgono ormai fattorie pulite, ben intonacate, che denotano una vita lieta e comoda. Le vecchie fonti, alimentate dalle piogge e le nevi che la foresta ritiene, hanno ripreso a scorrere. Le acque sono state canalizzate. A lato di ogni fattoria, in mezzo a boschetti di aceri, le vasche delle fontane lasciano debordare l’acqua su tappeti di menta. I villaggi si sono ricostruiti poco a poco. Una popolazione venuta dalle pianure, dove la terra costa cara, si è stabilita qui, portando gioventù movimento, spirito d’avventura. S’incontrano per le strade uomini e donne ben nutriti, ragazzi e ragazze che sanno ridere e hanno ripreso il gusto per le feste campestri. Se si conta la vecchia popolazione, irriconoscibile da quando vive nell’armonia, e i nuovi venuti, più di diecimila persone devono la loro felicità a Elzélard Bouffier.
Quando penso che un uomo solo, ridotto alle proprie semplici risorse fisiche e morali, è bastato a far uscire dal deserto quel paese di Canaan, trovo che, malgrado tutto, la condizione umana sia ammirevole. Ma, se metto in conto quanto c’è voluto di costanza nella grandezza d’animo e d’accanimento nella generosità per ottenere questo risultato, l’anima mi si riempie d’un enorme rispetto per quel vecchio contadino senza cultura che ha saputo portare a buon fine un’opera degna di Dio. Elzélard Bouffier è morto serenamente nel 1947, all’ospizio di Banon.

Traduzione e note a cura di Harm Wulf

Un ouvrage sur les Pays Baltes

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Un ouvrage sur les Pays Baltes

 

 

Le conformisme intellectuel de ces cinquante dernières années nous a empêché de juger avec sérénité une personnalité centrale du panorama culturel italien du 20ième siècle : Alessandro Pavolini. Il nous paraît injuste de limiter sa notoriété aux deux fonctions qu’il a occupées dans l’Italie de Mussolini, celle de Ministre de la Culture et celle de Secrétaire du Parti fasciste républicain. En réalité, Pavolini a d’abord été un journaliste de très grand talent et un intellectuel raffiné. Sa mort violente et prématurée est survenue le 28 avril 1945 sur la rive du Lac de Côme, où il a été abattu par les partisans communistes italiens avec le gros du dernier gouvernement fasciste. Pavolini avait voulu suivre Mussolini jusqu’au bout. Cette fin tragique oblitère sa biographie antérieure, nous empêche de comprendre l’itinéraire de cette personnalité peu commune. Dans les années qui ont immédiatement précédé l’épisode sanglant et mouvementé de la République Sociale, Pavolini avait élaboré une grandiose synthèse révolutionnaire, un existentialisme politique et révolutionnaire qui l’a conduit à chercher la « belle mort », quand s’effondrait définitivement le front germano-italien en Lombardie en avril 1945. Pavolini, avant d’être capturé, avait résisté seul ; il avait été pris prisonnier, à moitié exsangue et inconscient, blessé au visage et au bras, serrant son arme dans la ferme intention de continuer le combat. C’est dans cet état que les partisans l’ont traîné sur la rive du Lac de Côme pour le fusiller. Il est mort comme son poète préféré, l’Espagnol Garcia Lorca.

 

Alessandro Pavolini avait hérité de son père, premier traducteur italien de l’épopée du Kalevala, la passion des mondes finnois et balte. Il avait voyagé dans les Pays Baltes dans les années 20 et 30 et rapporté un volume de notes et d’impressions, intitulé Nuovo Baltico. Massimiliano Soldani, premier éditeur de ce volume, avait écrit : « Dans Nuovo Baltico, on découvre les futurs traits politiques qui, arrivés à maturité, feront de l’ancien « Fédéral » de Florence le plus pur théoricien d’un fascisme nouveau, ou mieux, d’un parti entièrement rénové (…). Après la lecture de Nuovo Baltico, j’ai pu reconstituer et mettre en exergue, avec une méthode de recherche plus précise, le rôle particulier qu’a joué Pavolini (surtout entre 1938 et 1940) et son influence sur le monde varié de la culture des jeunes de son époque et sur la vie intérieure du parti.

 

Quand Mussolini décide de l’appeler pour diriger le Ministère de la Culture Populaire en 1939, le Duce connaissait certainement les caractéristiques principales de ses projets rénovateurs. Volontairement, le chef de l’Italie fasciste l’a imposé au système ou, mieux, aux compromis que le système avait générés (…) ». Aujourd’hui, la deuxième édition de Nuovo Baltico est assurée et préfacée par Luigi De Anna, un professeur italien qui enseigne à Türkü en Finlande, une université qui dispose encore d’un « Fonds Pavolini », dans le département de philologie finnoise et concernant le père du Ministre fasciste de la Culture. En postface, nous trouvons un témoignage de Maria Vittoria Pavolini, fille d’Alessandro Pavolini. Cette nouvelle édition nous permet d’explorer plus profondément ce courant fécond de la gauche fasciste, trop longtemps oubliée et ignorée.

 

Alessandro PAVOLINI, Nuovo Baltico, a cura di Massimiliano Soldani, con una introduzione di Luigi De Anna e uno scritto di Maria Vittoria Pavolini, Società Editrice Barbarossa, Milan, 1998, Lire 18.000 (disponible auprès de notre service librairie).

 

mardi, 28 avril 2009

Trois livres pour comprendre le Japon aujourd'hui

Trois livres pour comprendre le Japon d'aujourd'hui

Ex: http://ettuttiquanti.blogspot.com/
Signe de la fascination et de la curiosité que suscite le Pays du soleil levant en Europe, plusieurs livres ayant pour objectif d'expliquer le Japon ont récemment été publiés :

Enigmatique Japon, d'Alan Macfarlane, est le fruit de la rencontre d'un anthropologue britannique réputé avec un pays qui lui est absolument étranger. "J'ignorais presque tout du Japon avant notre premier séjour. Je savais que c'était un chapelet d'îles situées à l'est de la Chine. Je me figurais plus ou moins une Chine en miniature" écrit l'auteur. La rencontre avec cet archipel oriental déboussole l'universitaire, qui a le sentiment, comme Alice aux pays des merveilles, de passer de l'autre côté du miroir. "J'étais plein de certitudes, de confiance et de présomption infondées sur mes propres catégories de perception du monde. Je ne pensais même pas que le Japon risquait de les bousculer" écrit-il. En un peu plus de 200 pages, il se fonde sur ses expériences personnelles, passées au crible de la méthode universitaire et anthropologique, pour déchiffrer l'énigme japonaise pour le lecteur.






L'Atlas du Japon de Philippe Pelletier propose plus de 120 cartes, sur l'histoire, la démographie, l'économie, l'urbanisation ou encore les relations extérieures de l'archipel. Le choix de la présentation cartographique permet de mettre en relief certains éléments caractéristiques du Japon d'aujourd'hui. Outre ses contraintes géographiques et l'héritage historique, les cartes claires, didactiques et bien documentées réalisées par Carine Fournier et Donatien Cassan mettent en avant les éléments qui font du Japon une société "post-moderne" : population vieillissante, hyper-urbanisation, forte tertiarisation de l'économie, etc... L'approche cartographique a également le mérite de faire ressortir certaines données, telles que les écarts sociaux ou la répartition géographique du vote, auxquelles le lecteur n'aurait pas nécessairement été sensible sans carte. L'ouvrage, riche en informations, satisfera quiconque est amené à étudier le Japon.






Enfin, comme son titre l'indique, Les Japonais de Karyn Poupée ne se focalise pas sur le pays mais sur ses habitants. Le livre permet de comprendre cette société, si intrigante aux yeux des étrangers et qui est devenue ce qu'elle est du fait de contraintes et d'une histoire particulière. L'auteur dit s'être lancée dans la rédaction du livre pour avoir trop lu par le passé de choses insensées, de clichés racoleurs ou, au contraire, de textes reflétant une fascination absolue sur les Japonais. Ici, les clichés ne sont pas niés, leurs fondements sont expliqués. L'auteur, qui connaît le Japon depuis 12 ans et y travaille en tant que journaliste pour l'Agence France Presse, réussit à expliquer les réalités socio-économiques du pays tout en les illustrant avec des éléments du vécu, des constats du quotidien, qui rendent le livre accessible à tous et prenant. Etoffé d'exemples concrets et parlants, l'ouvrage dense en informations revient sur l'histoire contemporaine du pays pour mieux nous expliquer son présent. L'auteur se fonde sur les spécificités, géographiques et culturelles, qui rendent le Japon si différent. Probablement parce qu'elle a pour métier de rendre accessible aux lecteurs de la presse la complexité japonaise, Karyn Poupée sait utiliser des exemples concrets et parlants pour montrer pourquoi et comment les Japonais sont comme ils sont. L'ouvrage devrait satisfaire tous ceux qui souhaitent comprendre les Japonais d'aujourd'hui. Il est enfin doté d'une qualité extrêmement rare pour un livre si riche en informations : il se lit avec le même plaisir que l'on aurait à parcourir un bon roman.

Alan Macfarlane, Enigmatique Japon, Ed. Autrement, 2009.

Philippe Pelletier, Atlas du Japon, Ed. Autrement, 2008.

Karyn Poupée, Les Japonais, Tallandier, 2008.

Terre & Peuple Magazine n°39

Terre et Peuple Magazine n°39 - Printemps 2009

 

Sommaire - TP Mag n°39

TERRE ET PEUPLE MAGAZINE - Terre et Peuple Magazine n°39 - Printemps 2009

Éditorial de Pierre Vial :

L'arme Géopolitique

Culture

- Les nouveaux musées

En Bref

- Chroniques de la décadence
- Nouvelles d'ici et d'ailleurs

Origines
- Nos racines généalogiques

Nos traditions
- Les fourneaux d'Epona

Droit de Réponse
- Courrier des lecteurs

Rencontre
- Entretien avec Gabriele Adinolfi

Darwinisme
Culture
- Scène de librairie ordinaire
- Notes de lectures

- La Science ou la Bible

DOSSIER - L'arme Géopolitique

 

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La mafia albanaise

La Mafia Albanaise

 

 

Tous les pays ont un “milieu” criminel. Peu nombreux sont cependant ceux qui ont suscité une authentique mafia, une société secrète permanente dotée de rites d’initiation, d’une loi du silence et pratiquant un recrutement clanique. La Cosa Nostra Sicilienne, les triades chinoises et les Yakuza japonais sont célèbres, mais on connaît mal en revanche la mafia albanaise, telle qu’elle opère dans ses fiefs d’Albanie, de Macédoine et du Kosovo, partout en Europe - et même en Amérique du nord. La drogue, la contrebande, l’émigration illégale, la traite des femmes - en un mot tout le répertoire des activités criminelles - sont parmi les rares industries à connaître un essor spectaculaire dans les Balkans. La mafia albanaise , crainte pour sa férocité, ses vengeances implacables, va même jusqu’à inspirer un grand respect aux puissantes familles mafieuses de Sicile. « Drogue, prostitution, cigarettes, trafic d’armes : la pègre est partout », se lamente l’ancien chef de la police de Vlora (Albanie). « La mafia contrôle à peu près un tiers de l’économie, ajoute un spécialiste de la Banque mondiale. Elle sera la grande gagnante de la crise »


Structure

Les mafieux Albanais sont soumis à un « code d’honneur », le Canon du 15ème siècle écrit par Leke Dukagjini. En plus du mariage, de la famille et de la propriété, il y est question d’honneur : il est impossible de revenir sur une parole donnée. Ce Canon a régi la vie quotidienne des clans du Nord et de l’Est du pays jusqu’au 20ème siècle et a codifié la pratique de la vendetta. Lors de la chute du communisme en 1990, les criminels dont la vie et les pratiques avaient peu changé depuis la Guerre Froide se sont convertis aux méthodes modernes. Ils ont traversé les frontières au début des années ‘90 et le mouvement migratoire s’est poursuivi même après la guerre du Kosovo. Ils ont commencé à travailler comme assistants dans des réseaux de trafic de drogue déjà existants dirigés par des Turcs et des Kurdes. D’après la police, ils sont rapidement parvenus à se tailler une place et faire valoir leurs « droits ». Les clans du crime albanais sont organisés selon les anciennes règles de la vie rurale. Le chef de chaque clan reçoit l’allégeance d’un groupe de vassaux qui ont souvent des liens de sang avec lui. Ils se réunissent en comité, nommé « Bajrak », où l’on discute de nouvelles entreprises. Par exemple, la somme nécessaire à l’ouverture d’une maison close à Soho sera fournie par les membres du comité et une partie des profits sera expédiée aux proches restés au pays.

La loi du silence est inviolable. Les Albanais ont quatre atouts dans leur manche : comme toute mafia florissante, ils bénéficient d’un lieu sûr dans leur patrie et d’une large diaspora ; leur pays se situe au carrefour des plus importantes voies du trafic de drogue ; leurs contacts avec l’Armée de Libération du Kosovo leur ont permis de se fournir en armes et, enfin, ils sont résolus à employer une violence extrême. (1)

Activités

La Mafia Albanaise contrôle plus de 70 % du marché de l’héroïne en Suisse, en Autriche, en Allemagne et dans les pays scandinaves, des milliers de prostituées “travaillant” dans des conditions horribles, de l’Italie à la Suède, des dizaines de commandos de cambrioleurs ultra-professionnels, formés d’anciens militaires ou policiers. En Angleterre, des Albanais, qu’ils soient originaires d’Albanie ou du Kosovo, sont soupçonnés par Scotland Yard de chantage, de possession d’armes et de vols qualifiés. (1) En fait, la Mafia Albanaise sévit dans six principaux secteurs d’activités : la drogue (principalement l’héroïne, dont l’acheminement passe par la « route des Balkans », à partir de la Turquie) ; la contrebande, qui a connu un essor considérable grâce à l’embargo contre la Yougoslavie depuis près de huit ans (principalement le trafic de cigarettes); la prostitution (les mineures sont enlevées dans les camps de réfugiés kossovars par leur compatriotes, en Albanie ou bien récupérées de force une fois acheminées clandestinement en Europe de l’Ouest), le trafic d’armes (stocks pillés durant l’insurrection de Tirana en 1997, approvisionnement en Allemagne de l’Est ou encore auprès des mafias russe et italiennes implantées en Suisse, en Belgique et en Italie) ; le racket (principalement au détriment des réfugiés kossovars et des diasporas albanaises de l’Ouest ; enfin, l’acheminement d’immigrants vers l’Union européenne. (2)

Prostitution

Les Albanais dirigeraient la traite des femmes pour toute la Grande-Bretagne à destination du marché de la prostitution. Scotland Yard, le service de police britannique, estime que les gangs albanais contrôlent près de 75 % de la prostitution à Soho, à Londres. Les personnes impliquées dans ces réseaux sont pour la plupart des femmes et des enfants victimes de formes modernes d’esclavage, enlevées et manipulées par leurs patrons. À leur arrivée à Soho, les Albanais ont fait main basse sur le réseau de prostitution sans crier gare. Rien que pour Soho, chaque année, plus de 18 M€ , fruits de l’exploitation de près de mille prostituées, retournent en Albanie .

Les grandes villes d’Europe occidentale sont les premières destinations du trafic de femmes, car ces villes constituent les places principales de l’industrie du sexe. Les femmes arrivent du monde entier, même si un grand nombre proviennent des pays d’Europe de l’Est » : voilà comment Interpol résume sobrement le boom du « business » de la prostitution sur le Vieux Continent. Depuis les années 90, l’arrivée de prostituées de la République tchèque, de Bulgarie ou d’Albanie n’a cessé d’augmenter. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 300 000 femmes venues de l’Est se prostituent en Europe occidentale. En France, où il y aurait entre 15 000 et 18 000 prostituées, les femmes venues des pays de l’Est en représentent environ un quart. Ces nouveaux réseaux de prostitution, notamment ceux contrôlés par la mafia albanaise, sont d’une violence inouïe. Les rares prostituées qui osent parler décrivent une nouvelle forme d’esclavage, en plein coeur de l’Europe. (1)

« Des femmes achetées et violées collectivement dans des camps »

« Les réseaux de prostitution albanais constituent la forme de “voyoucratie” la plus primaire. Il existe des camps de soumission, où les femmes sont achetées et violées collectivement avant d’être acheminées vers les grandes villes européennes »(3)

A Bruxelles, la moitié des prostituées seraient de nationalité albanaise. Pour la justice belge les « centres de formation » sont situés en Albanie : les jeunes femmes y sont vendues pour aller « travailler » à Londres, Hambourg ou Paris. « Selon leur beauté, leurs dons pour les langues étrangères et leurs aptitudes professionnelles, leur prix de vente à la fin 1999 allait de 10 000 à 15 000 francs » (4) A Milan, il existerait un véritable « marché aux femmes », où les différents réseaux passent commande. Une fois en activité en Europe de l’Ouest, les prostituées sont soumises à une forte pression de la part de leurs proxénètes. Au Kosovo les maisons closes ont « poussé comme des champignons » avec l’afflux des 50 000 soldats de la KFOR, des employés de la Mission des Nations unies au Kosovo (MNUK) et des personnels des organisations non gouvernementales. Originaires surtout de Moldavie, d’Ukraine, de Roumanie et de Bulgarie, les femmes sont vendues aux enchères entre 1 000 et 2 500 dollars (de 1 084 à 2 709 euros) aux proxénètes kosovars

Stupéfiants

Si pour Scotland Yard, c’est l’argent de la drogue qui a permis à la mafia Albanaise de prendre le contrôle de la prostitution à Soho, d’autres observateurs estiment généralement qu’elle s’est spécialisée au début dans la prostitution pour pouvoir investir ses gains dans le trafic de drogue. (5) Le criminologue Xavier Raufer estime que le Kosovo est devenu le paradis des trafiquants de drogue. Il accuse l’OTAN d’avoir ouvert la boîte de Pandore en toute connaissance de cause. (4) ” Pour lui, La guerre du Kosovo a déclenché un cataclysme criminel énorme ”

En l’année 2000, les spécialistes Italiens de la lutte antimafia traquaient les liens financiers entre les trafiquants de drogue proches d’Al Quaïda et les caïds siciliens ; ils affirmaient qu’une fois la cargaison d’héroïne arrivée en Italie « c’est la mafia albanaise alliée avec la Cosa Nostra sicilienne qui se chargeait d’alimenter les marchés européens et américains » (6)

Concernant la drogue dure, les clans Albano-kossovars semblent avoir acquis une position dominante, parfois monopolistique, dans le trafic international d’héroïne, celui de la cocaïne étant partagé avec les « leaders » mondiaux que sont les « Cartels » mexicains et surtout colombiens. Depuis le début des années 90, en effet, le système criminel en vigueur en Italie et en Europe de l’Ouest a considérablement évolué. Les Turcs ont conservé le monopole du marché en gros de l’héroïne, mais ont cédé aux Albanais, principalement kossovars, le contrôle de l’acheminement vers l’Ouest. Cette nouvelle configuration nécessite des centres de stockage, situés principalement en Hongrie, mais également en République Tchèque et en Bulgarie, principales plaques tournantes de la mafia albanaise à l’Est. D’après un rapport d’Interpol daté de novembre 1997, «les Albanais du Kosovo détiennent la plus grande part du marché de d’héroïne en Suisse, en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Tchéquie, en Norvège, en Suède, en Pologne et en Belgique », et ils représenteraient à eux seul près de 15 % des arrestations d’Interpol pour le trafic de drogue. En avril 1999, les brigades anti-mafia de Bulgarie signalaient une véritable explosion du trafic d’héroïne depuis le début de la guerre du Kossovo. Les policiers des stups et les experts d’Interpol sont-ils impresionnés des quantités phénoménales de drogue saisies auprès des réseaux albanais. Pour Xavier Raufer, c’est bien « la preuve que la mafia albano-kossovare joue désormais un rôle central dans le narco-trafic européen et que la guerre du Kossovo a bel et bien déclenché un cataclysme criminel énorme dont les Balkans souffrent déjà et dont l’Europe, occidentale comme orientale, ressent maintenant les premiers effet ».

La Suisse, qui accueille environ 200 000 réfugiés albanais (deuxième communauté immigrée du pays), est l’une des principales plaques tournantes du trafic de drogues et d’armes vers l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la République tchèque, où la police soupçonne les nombreux vendeurs et fabriquants albanais de bijoux en or de procéder au blanchiment de l’argent du trafic. Le 10 décembre 1998, le quotidien londonien The Independant révélait que les mafieux albanais contrôlaient 70 % du marché suisse de l’héroïne. Ce sont d’ailleurs près de 2000 Albanais du Kossovo qui croupissent actuellement dans les geôles helvétiques pour trafic de stupéfiants. La Scandinavie est devenue une zone de refuge pour les criminels albanais. Plusieurs trafics de drogue dirigés par de jeunes Kossovars ont été démantelés au cours de l’année 1999. Arrêté le 23 février 1999 par la police tchèque, le « parrain » kossovar Princ Dobroshi avouera, selon un rapport du BIS (service de sécurité tchèque) publié le 12 mars dans les journaux praguois, que « le trafic servait à financer des achats d’armes. livrées à l’Armée de Libération du Kossovo ». (2)

De fait, d’après un Rapport de 24 pages des services de renseignement de l’Otan révélé par le Washington Times du 5 juin 1999, les liens entre la mafia albano-kossovare, l’UCK et l’actuel boom de l’héroïne en Occident ne fait plus aucun doute. D’après ce rapport, « de nombreux membres de l’UCK sont plus ou moins impliqués dans le marché juteux de l’héroïne. La route des Balkans générerait plusieurs dizaines de millions de dollars par an »

(1)L’Europe s’inquiète de la mafia albanaise in “le Courrier des Balkans”, 3 décembre 2002

(2) Réalité sur l’UCK, Alexandre del Valle, Christian Amiard, le patron de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

(3) Selon Christian Amiard, le patron de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

(4)La Mafia albanaise. Une menace pour l’Europe, Xavier Raufer, Editions Favre, mai 2000

(5)La guerre du Kosovo a déclenché un cataclysme criminel énorme, in “L’humanité” 14/02/2000

(6) Les liaisons afghanes de la mafia sicilienne , site du gouvernement Français

Frank FURET

Source : bancpublic.be


 

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Vrijheid en/of Gelijkheid? Interview met Matthias Storme

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VRIJHEID EN/OF GELIJKHEID?

Interview door Jonas Vincken met Matthias Storme in Dwars

 

Matthias Storme schuwt de controverse niet: na de veroordeling van het Vlaams Blok wegens racisme uitte hij zijn ongenoegen met de woorden: "Ik vind het nu bijna een morele plicht om op het Vlaams Blok te stemmen." Weinig professoren ontlokken zoveel reactie als deze hoogleraar aan de UA, buitengewoon hoogleraar aan de KUL en fervent tegenstander van de Belgische antidiscriminatiewetgeving. Een gesprek.

In navolging van de Europese richtlijnen vaardigde België in 2003 een wet uit ter bestrijding van discriminatie. Discriminatie werd hierin beschreven als "een verschil in behandeling dat niet objectief en redelijkerwijze gerechtvaardigd wordt". Er werd uitdrukkelijk gespecificeerd dat deze wet zowel in verticale (tussen de overheid en de burgers) als in horizontale relaties (tussen burgers onderling) geldt. De Kamer gaf recent haar goedkeuring aan een herwerkte antidiscriminatiewet. Er zijn een heel aantal wijzigingen, maar de essentie blijft dezelfde: de overheid mag en moet optreden bij elke vorm van discriminatie in de publieke sfeer. Volgens een aantal juristen en academici is dat een stap te ver. dwars vroeg de mening van Matthias Storme.

De nieuwe wet is geen verbetering, volgens u. Kan u dat toelichten?

MATTHIAS E. STORME: Het hele principe van antidiscriminatiewetten met een horizontale werking vind ik nonsens. Deze tasten immers de fundamentele vrijheden aan, de allerbelangrijkste verworvenheden van onze Westerse beschaving. De antidiscriminatiewet legt de burger de verplichting op al zijn daden en meningsuitingen objectief en redelijk in rechte te kunnen verantwoorden. Maar de essentie van de vrijheid van meningsuiting is net dat ik niet gevraagd kan worden me voor een rechter te verantwoorden voor het uiten van een bepaalde mening! Elke keuze die je maakt, elke beweging die je doet en elk woord dat je spreekt kan een ongelijke behandeling van de ene persoon ten aanzien van de andere inhouden. De essentie van een vrije samenleving is dat je een heel domein van activiteiten hebt waar je je niet voor moet verantwoorden aan de overheid.

Is het geen kwestie van een middenweg vinden?

STORME: Neen. Sommigen beweren dat de twee combineerbaar zijn, dat je een evenwicht moet zoeken tussen de antidiscriminatiewet en de essentiële vrijheden zoals de vrijheid van meningsuiting. Onzin: volgens mij zitten zij er totaal naast. Het is het ene of het andere. Als je democratie definieert als onder meer gebaseerd op een aantal fundamentele vrijheden en rechten, dan tast de antidiscriminatiewet net de kern van de democratie aan. Een wet als deze maakt de open samenleving kapot. Ze duldt in het openbare leven enkel nog keuzes die voor een rechter redelijk verantwoord kunnen worden. De open society - opnieuw een modieuze uitdrukking dankzij onze premier - veronderstelt echter vrijheid. Een vrijheid op basis waarvan mensen in de publieke sfeer kunnen treden, en zich niet achter slot en grendel moeten verschansen om nog iets te mogen zeggen of doen.

Men heeft toch duidelijk doen blijken dat men de wet niet zal gebruiken om iedere mogelijk discriminatoire uiting van individuen in de publieke sfeer af te wegen?

STORME: Dat maakt het des te erger. Als je zegt "niet iedere uiting", dan betekent dat dat de gevestigde macht bepaalt welke uitingen wel en welke niet toegelaten zijn. De willekeur installeert zich. Niet enkel de rechter, ook de overheid krijgt te veel macht. De essentie van onze grondwet is dat de overheid zich niet mag moeien met meningsuitingen.

De antidiscriminatiewet doet dat wel door onder andere het beledigen van groepen strafbaar te stellen. Wetten tegen laster en eerroof wegens het beledigen van individuen bestaan echter al veel langer: deze zijn uiteraard ook een inperking van de vrijheid van meningsuiting. Daar kan het dan wel?

STORME: Ik vind van wel, ja. Je mag niet te ver gaan in het smoren van het publieke debat, maar laster en eerroof is een ernstige aantasting van de waardigheid van mensen. Het beledigen van groepen is dat niet. Individuen hebben waardigheid, groepen niet.

Mensen ontlenen een stuk van hun identiteit aan de groep waartoe ze behoren.

STORME: Dat zal je mij als flamingant niet horen ontkennen.

Worden ze dan niet evenzeer in hun waardigheid getroffen wanneer de groep waarvan ze deel uitmaken beledigd wordt?

STORME: Dat is de prijs die een democratische samenleving moet betalen, vind ik. Daarover kan je van mening verschillen, maar persoonlijk maak ik me ernstig zorgen over het strafbaar stellen van belediging van groepen.

U zegt dat men daarover van mening kan verschillen. Als een meerderheid van de bevolking dus meent...

STORME: (onderbreekt) Wacht, dan moet je eerst weten of een meerderheid dat inderdaad vindt. Wanneer je een fundamentele vrijheid inperkt, zou een meerderheid van de stemmen in een referendum een absolute voorwaarde moeten zijn, wat mij betreft. Nu krijgt de bevolking geen kans zich hierover uit te spreken. Mócht er effectief een meerderheid blijken te zijn, dan zou de legitimiteit van zo'n wet stukken groter zijn dan van de wetten die nu enkel door het parlement goedgekeurd worden.

Het parlementaire systeem van politieke vertegenwoordiging blijft volgens u dus in gebreke. Hoe vertekent deze vorm van democratie de stem van de Belg?

STORME: Minder en minder partijen staan voor een coherente ideologie. Vroeger koos je voor een samenlevingsmodel wanneer je op een bepaalde partij stemde. Dat is nu niet meer het geval, dus de representatieve democratie alleen is niet langer zaligmakend. Het is tijd voor een flinke scheut directe democratie.

Verliest de huidige vorm van democratie een deel van haar legitimiteit omwille van de popularisering van de politiek?

STORME: De partijen zijn commerciële machines geworden. Genuanceerde vormen van referenda zoals die er in Zwitserland zijn, zouden een hele vooruitgang voor de democratie betekenen. Daar kan het volk zélf een referendum in gang zetten en bepalen niet enkel politici het voorstel en de formulering ervan. De vraag is of we daar rijp voor zijn. Momenteel wordt de bevolking dom gehouden: je moet ze opvoeden om aan directe democratie te doen. Ik ben de laatste om te denken dat het volk altijd gelijk heeft, maar ik vrees dat we momenteel in een situatie zijn terechtgekomen waar het volk net iets meer gelijk heeft dan de politici.

Discriminatie is een reëel probleem in de hedendaagse maatschappij. Als antidiscriminatiewetten uit den boze zijn om dit te bestrijden, wat stelt u dan voor als alternatief?

STORME: Ten eerste is niet alle discriminatie fout, en ten tweede moet je niet alles wat onfatsoenlijk is met juridische dwang bestrijden. Discriminatie betekent datgene wat niet redelijk verantwoord wordt. Niet alles in het leven wat niet redelijk verantwoord wordt, is onfatsoenlijk, en zelfs als het zo is, betekent dat nog niet dat het verboden moet worden. We gaan hoe langer hoe meer naar een perverse identificatie van recht en moraal. Dat werkt in twee richtingen: alles wat men niet fatsoenlijk vindt, tracht men te verbieden, en alles wat niet verboden is, wordt tegenwoordig fatsoenlijk geacht. Daar krijg je een omgekeerde repressie: als iets wettelijk toegestaan is - ik denk bijvoorbeeld aan abortus - wordt je verplicht het niet enkel te dulden maar het ook moreel goed te vinden, anders zou je een antidemocraat zijn.

Dat is nu echter nog niet het geval.

STORME: Neen, inderdaad niet, maar daar gaan we wel naartoe. Dat is de tendens van de politieke correctheid.

Is het eigenlijk geen vals probleem, net omdat recht en moraal momenteel nog niet samenvallen? Los van elkaar mogen ze immers niet staan: het is toch de bedoeling het recht op morele grondslagen in te richten?

STORME: Het zou inderdaad fout zijn om te zeggen dat de twee niets met elkaar te maken hebben, dat de morele en de juridische visie met elkaar in de clinch liggen. Het is iets genuanceerder, in die zin dat ethiek wat mij betreft gebaseerd is op deugden, en tolerantie is een erg belangrijke deugd. Tolerantie houdt net in dat je de dingen die je onfatsoenlijk acht tolereert, omdat dat minder erg is dan ze te bestrijden. Datgene wat men moreel verkeerd vindt binnen bepaalde grenzen juridisch toelaten is dus eigenlijk een zeer morele houding.

Een van de dingen die de wet verbiedt is het oproepen tot haat. Vindt u dat dat nog getolereerd moet worden?

STORME: Het grote probleem is dat "haat" uitermate subjectief is. Als ik bijvoorbeeld het arrest van het Hof van Beroep over het Vlaams Blok las, dan was mijn indruk dat het droop van de haat: haat tegen een bepaalde politieke overtuiging. Wat is dan de legitimiteit van dat arrest, dat het Blok veroordeelde wegens het aanzetten tot haat? Anderen zullen zeggen dat ze het arrest helemaal niet haatdragend vonden. Maar dat is het probleem: iets haatdragend vinden is een subjectieve indruk. Het aanzetten tot haat verbieden is dus uiterst gevaarlijk, want dan tast je de vrijheid van meningsuiting diepgaand aan. Sommige van mijn collega's beweren dat haat geen mening is. Dat vind ik totaal misplaatst. Zo beperk je de vrijheid van meningsuiting tot enkel de meningen die je aanstaan.

Sociale rechtvaardigheid en gelijke kansen Verwerpt u het hele idee van wettelijk afdwingbare sociale rechtvaardigheid?

STORME: Sociale rechtvaardigheid kan heel wat zaken dekken. Dat er belastingen worden geheven om aan herverdeling te doen, heb ik bijvoorbeeld nooit in vraag gesteld.

U meent dat de antidiscriminatiewet de burgers de verantwoordelijkheid tot moreel handelen ontzegt. Maken verplichte belastingen voor de sociale zekerheid het dan niet evenzeer onmogelijk om solidair te zijn uit verantwoordelijkheidsbesef of uit morele overwegingen?

STORME: Verplichte belastingen zijn geen inperking: noch van de vrijheid van meningsuiting, noch van de vrijheid van vereniging, godsdienst, arbeid of noem maar op. Dat is voor mij een totaal andere context. De efficiënte organisatie van producten en diensten in onze kapitalistische maatschappij leidt tot bepaalde scheeftrekkingen, en het systeem van fiscaliteit en sociale zekerheid dient om dit te compenseren.

Gelijke rechten zijn al sinds lang afgedwongen. In recente tijden is er ook een streven naar gelijke kansen voor iedereen. Hoe staat u daar tegenover?

STORME: België heeft volgens mij een verkeerde keuze gemaakt door in zijn grondwet alles als rechten te formuleren. Neem nu arbeid: volgens de grondwet heeft iedere Belg recht op arbeid. Wat bedoelt men daarmee? Er zijn juist massaal veel wetten die je beletten om te werken! Bedoelt men dat werklozen van de staat kunnen eisen dat ze een job krijgen? Neen, dat ook niet. Zie je, zo'n formulering is nonsens. In een verstandige grondwet - zoals de Duitse - staat dat de overheid tot plicht heeft een tewerkstellingsbeleid te voeren en te betrachten dat zoveel mogelijk mensen kunnen gaan werken.

Bedoelt u dat hetzelfde geldt voor gelijke kansen: ze zijn geen absoluut recht, maar de overheid moet wel een beleid voeren dat erop gericht is de gelijke kansen voor iedereen te bevorderen?

STORME: De overheid moet een beleid voeren om gebrek aan kansen te compenseren.

Nu pleit u dus voor positieve discriminatie.

STORME: (aarzelt) Ja, goed, dat is positieve discriminatie. Maar in een zeer ruime zin van het woord, want in de courante betekenis koppelt men positieve discriminatie vaak aan het behoren tot een bepaalde groep, niet aan het individueel beantwoorden aan een aantal criteria. Dat vind ik fout.

Waarom dat onderscheid? Het gebrek aan kansen van een individu hangt heel vaak samen met het behoren tot een bepaalde groep.

STORME: Het systeem van klassering op groepskenmerken, ongeacht het individu, is bijna nooit verantwoord. Daar zijn ook studies over gemaakt: bijna overal ter wereld waar men aan affirmative action doet op basis van groepskenmerken zie je hetzelfde resultaat: het veroorzaakt een transfer van de zwakkeren uit de sterke groep naar de sterkeren uit de zwakke groep. Een verschuiving binnen de middenklasse: de zwaksten van de maatschappij worden daar nooit door geholpen.

Welke oplossingen ziet u dan?

STORME: Discriminatie is geen éénrichtingsverkeer. Sommige werkgevers nemen bijvoorbeeld liever mannen in dienst, sommige liever vrouwen. Als samenleving heb je er dan geen baat bij ze beide te verplichten evenveel mannen als vrouwen in dienst te nemen. Door het verschil in individuele voorkeuren wordt er tot op zekere hoogte een evenwicht gevonden. Soms krijg je inderdaad een achterstelling van bepaalde groepen, maar daar dient de sociale politiek voor. Subsidies voor gelijkekansenbeleid en het vangnet van de sociale zekerheid zorgen voor compensatie wanneer er geen evenwicht is. Er zit echter een grote contradictie in de huidige retoriek: we worden overspoeld door campagnes die ons ervan moeten overtuigen dat diversiteit een meerwaarde is. Als dat effectief zo is, waarom zouden alle mensen dan zo idioot zijn om te kiezen voor de minderwaarde?

Hoezo, contradictie? Keuzes zijn vaak niet gebaseerd op effectieve competenties maar op beeldvorming.

STORME: Ja, maar neem nu de arbeidsmarkt: een werkgever heeft er zelf belang bij om de persoon in dienst te nemen die het beste is voor de job. Als hij dat niet doet, doet hij dat op eigen kosten - in tegenstelling tot politici trouwens, want wanneer die aan vriendjespolitiek doen, draaien zij er zelf niet voor op. Ik kan me niet voorstellen dat er in ons land werkelijk zo'n probleem is van werkgevers die tegen hun eigenbelang in - omwille van idiote vooroordelen - systematisch minder gekwalificeerde mensen van de juiste kleur in dienst zouden nemen. Neen, er zijn problemen van kwalificatie. Dat los je niet op met een antidiscriminatiewet.

Neem nu een vrouw of een allochtoon met dezelfde opleiding en hetzelfde diploma als een autochtone man: die laatste heeft steevast meer kans de job te krijgen. Dat heeft niet met kwalificatie te maken.

STORME: Een diploma zegt niet alles, je neemt toch geen mensen in dienst enkel en alleen gebaseerd op hun diploma? Natuurlijk spelen daar ook subjectieve elementen, maar dat is altijd in een samenleving die gebaseerd is op vertrouwen, sympathie, antipathie; kortom op alle volstrekt normale menselijke gevoelens. De enige die daar afstand van moet nemen is de overheid. De antidiscriminatiewet is een chantagewet, een wet die maakt dat een burger elk van zijn medeburgers kan aanvallen. Je creëert een samenleving waarin je mensen ertoe aanzet om te procederen tegen hun medeburgers, om elkaar te verklikken en schadevergoedingen van elkaar te eisen.

Op het moment dat je een andere burger aanklaagt, moet je toch al kunnen aantonen dat er sprake zou kunnen zijn van effectieve discriminatie?

STORME: Dat is niet helemaal waar. Je moet zelfs niet eens de moed hebben zelf een proces in te spannen, met het risico te verliezen en de kosten te moeten dragen. Je moet enkel klacht indienen bij de officiële inquisitie, die door de overheid gesponsord wordt met talloze personeelsleden die al het werk voor jou doen.

U doelt op het Centrum voor Gelijkheid van Kansen en Racismebestrijding (CGKR). Zegt u dat ze momenteel op een verkeerde manier werken, of heeft u het tegen het principe dat er zoiets is tout court?

STORME: Tot op zekere hoogte allebei. Ten eerste is het zo dat het CGKR zich in zijn bestaansperiode te veel gericht heeft op meningsuitingen en te weinig op feitelijke discriminaties. Het is dus duidelijk een politiek instrument. Soms heb ik de indruk dat het een beetje keert, maar wanneer er afwijkende meningen zijn, blijft men op elke slak zout leggen. Ten tweede is het zo dat het CGKR buitensporige bevoegdheden heeft die normaal toekomen aan het openbaar ministerie of het parket. De scheiding der machten die we kennen in een democratische rechtstaat wordt niet gerespecteerd. Naast het CGKR mogen nog een aantal andere organisaties optreden wanneer iemand een klacht neerlegt wegens discriminatie, maar de overheid kent hiervoor een oligopolie toe aan een aantal verenigingen. Men schrijft wetten precies op maat van deze verenigingen, zoals het CGKR en de Liga voor de mensenrechten, zodat deze een geprivilegieerde positie krijgen. Nogmaals: antidiscriminatiewetten zijn altijd discriminerend. Ik ken er geen andere.

U zei ooit: "Europa verschilt nog nauwelijks van Iran, een seculiere theocratie: Gods majesteit is vervangen door die van gediscrimineerde groepen: vrouwen, homoseksuelen en allochtonen."

STORME: Die drie groepen waren een toespeling op het boek In de naam van de vrouw, de homo en de allochtoon van de Nederlandse anarchist Bart Croughs.

Maar waarom een theocratie? De gediscrimineerde groepen zoals vrouwen, holebi's en allochtonen maken een overgrote meerderheid van onze samenleving uit. En een theocratie van de meerderheid, heet dat geen democratie?

STORME: Waar het mij om gaat is dat men voor die groepen rechten schept die men mensenrechten noemt en die niet langer in vraag gesteld mogen worden. Men moet niet enkel die wetten respecteren, het wordt zelfs verboden ideeën te uiten met het oog op de wijziging van die wetten. Neem bijvoorbeeld de veroordeling van het Vlaams Blok: die is er ten dele gekomen omdat het Blok in haar partijprogramma wetsvoorstellen deed waarvan gezegd werd dat ze in strijd waren met de mensenrechten. So what? De regels inzake mensenrechten kunnen toch democratisch gewijzigd worden? Die nieuwe rechten zijn er toch ook gekomen door een wijziging van de grondwet? Dat is dus wat Marcuse partisan tolerance noemt: je mag blijkbaar enkel tolerant zijn in één richting, maar niet in de andere. Waarom zou de grondwet niet in de andere richting gewijzigd mogen worden?