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vendredi, 05 juin 2009

L'Afrique malade de ses hommes politiques

« L'Afrique malade de ses hommes politiques »

Ex: http://www.polemia.com/

Robert Dussey, Ddocteur en philosophie politique, propose une analyse de la situation politique et économique du continent africain qu’il voudrait dégagée de tout préjugé. Comme le titre de son ouvrage pourrait le laisser penser, l’étude entreprise devrait porter sur l’élite politique africaine et les travers de cette société qui portent une large responsabilité dans les difficultés et retards que connaît ce continent.

D’emblée l’auteur  fait preuve de lucidité en reconnaissant que la reconstruction de l’Afrique sera longue, aléatoire et difficile, résultant de l’instauration d’un Etat de droit et d’institutions démocratiques. Pour être durable, elle doit être avant tout assumée par les Africains eux-mêmes et sortir de la marginalité qui la caractérise. Les conditions déterminantes restant la paix, facteur de stabilité, et l’intégrité de dirigeants soucieux de servir. Cette approche nouvelle et courageuse ne résiste toutefois guère aux stéréotypes et glisse très vite vers la mise en accusation de l’Occident. Si l’irresponsabilité des hommes politiques y est dénoncée, le lecteur comprend également que les intellectuels, à l’instar de l’auteur, ne parviennent pas à pousser suffisamment l’analyse pour se contenter de trouver des boucs émissaires faciles et complaisants, à savoir les ex-puissances coloniales. On y revient toujours sans pour autant faire avancer la réflexion ni vraiment contribuer à sortir l’Afrique des ses retards et de sa marginalité.

A défaut de traiter un sujet de grand intérêt, cet écrit a le mérite d’illustrer les travers de la vision conformiste portée sur l’Afrique depuis plus de quarante ans.

L’Afrique : une souveraineté au rabais

Après avoir une nouvelle fois constaté que la guerre, l’instabilité et la dégradation des conditions économiques et sociales ont marqué depuis les indépendances une constante dans ces pays, on retrouve l’habituelle accusation à l’égard des anciennes puissances coloniales qui ont sauvegardé leurs intérêts stratégiques en accordant aux africains une souveraineté au rabais. Les conflits qui ont redoublés depuis la fin de la guerre froide sont bien entendu l’héritage du colonialisme et des actions agressives de l’Occident qui gênent la progression des pays africains dans la voie de l’indépendance politique et du renouveau économique et social.

L’auteur cherche les raisons de la volonté de domination de l’Occident et s’attaque à la pensée hégélienne. Pour celle-ci, la raison gouvernant le monde, « le monde de l’Esprit » domine les sociétés. Ce monde est celui de la culture qui s’oppose à l’état de nature. L’Afrique, proche de l’état de nature, ne fait pas partie du « monde de l’Esprit » et se situe de ce fait hors du champ de l’Histoire. L’auteur nous affirme même que pour les hégéliens, parce que la Grèce est la terre natale de la pensée occidentale, toute pensée qui ne viendrait pas de l’Occident serait considérée comme fausse et serait donc à l’origine de son complexe de supériorité, de son mépris pour l’Afrique et de sa méconnaissance de l’histoire africaine.

Si l’Occident, comme toute grande civilisation, a pu avoir un complexe de supériorité il est inexacte de prétendre qu’il considère toute autre pensée comme fausse. Dès le Moyen-âge celui-ci s’est penché sur les différentes pensées originaires d’Orient ou même d’Extrême-Orient ; la réciproque n’étant pas toujours vraie. Par ailleurs, ce n’est pas en prétendant que l’Afrique aurait assumé le premier rôle civilisateur du monde, et donc en cherchant stupidement à renverser ce complexe de supériorité, que l’auteur fera avancer la réflexion. Affirmer derechef que les Africains auraient perdu leur dynamisme à cause de la brutalité de la colonisation et qu’ils seraient traumatiser en raison de la domination axée sur la force des armes modernes est une excuse plus que surannée. Ce n’est pas en ayant recours à ce type de raisonnement que l’élite intellectuelle africaine va aider ses peuples. Rappelons que les peuples d’Asie ont eux aussi connu la colonisation avec les mêmes moyens et qu’ils ne manquent pas pour autant de dynamisme, ni ne passe leur temps à expliquer leurs échecs comme étant la conséquence d’une colonisation qu’une majorité d’entre eux n’a jamais connue. On peut d’ailleurs se demander à juste titre si cela ne serait pas dû au haut degré de civilisation auquel étaient parvenus les peuples d’Asie avant leur colonisation par les puissances occidentales. Et que dire de l’Occident lui-même qui a subit deux conflits successifs d’une violence sans égale par ailleurs et qui a su retrouver les ressources et le dynamisme nécessaires pour se reconstruire.

De plus, établir naïvement une différence entre ceux qui prennent sans rien donner, les Occidentaux, et ceux qui comme les Chinois et les Soviétiques concevraient la coopération en termes d’échange et d’intérêts réciproques est une preuve supplémentaire d’un acharnement contre l’Occident.

L’Afrique est certainement soumise à des influences et des tentatives de domination comme le sont tous les autres peuples. Est-il nécessaire de répéter qu’il n’y a qu’une lutte de tous contre tous et que la puissance de certaines n’est que le résultat de leur propre capacité et de leur volonté ? Les jeux d’influence ont toujours existé et existeront toujours.

L’Afrique : héritage d’autoritarisme légué par l’administration coloniale.

Affirmer encore, comme le fait Robert Dussey, que la situation dans laquelle se trouve l’Afrique est le résultat d’un appauvrissement systématique qui a été rigoureusement planifié dans le cadre de la domination capitaliste relève là encore d’un discours formaté, séquelle de la propagande des années 70.

La conjonction de l’attitude des impérialistes et de la gestion déprédatrice des élites dirigeantes africaines aurait, selon lui, une influence négative sur l’attitude des populations à l’égard du travail. Le sujet mériterait d’être approfondi et répondrait parfaitement à l’objet du livre mais encore une fois ce n’est pas ce que fait l’auteur. Il se contente de renchérir en avançant que les sources de l’autoritarisme ne tiennent pas de la tradition africaine, mais sont bien évidemment une résultante de l’intrusion européenne. Si l’Etat en Afrique fonctionne la plupart du temps sur la mode prébendier et parasitaire c’est là encore une conséquence de l’Etat colonial qui a joué un rôle par l’intermédiaire des élites mise en place. Ainsi, les relations difficiles qui existent entre l’Etat et la société devraient beaucoup à l’héritage d’autoritarisme légué par l’administration coloniale.

A ceci s’ajoute le clientélisme qui étouffe toute velléité démocratique. Ce clientélisme est essentiellement ethnique et est considéré par certains gouvernants comme une variable incontournable de l’espace politique africain. Cela ne faisant qu’amplifier les innombrables tensions sociales, la concurrence économique y est également étouffée et maintient donc un état de pauvreté ne laissant comme seule alternative de se tourner vers la communauté internationale.

Inutile de préciser que ces bailleurs de fonds sont les Etats honnis de l’Occident. Ceux-ci finissant par s’opposer à ces pratiques et à promouvoir la démocratie dans le seul but de protéger leurs intérêts.

L’auteur admet cependant qu’à tous les niveaux de la vie sociale, politique et économique le sentiment tribaliste prime sur le sentiment national. Ce caractère constitutif se retrouve pratiquement dans l’ensemble des pays africains. Il n’est pas le seul. D’un point de vue social et culturel, on y retrouve des situations désuètes, un niveau général d’instruction extrêmement faible, une sous-administration, un état sanitaire défectueux, une croissance démographique galopante et le transfert de certains profits en Occident au lieu de les réinvestir. En outre, toujours selon lui, les responsables politiques africains ayant un niveau intellectuel indispensable pour assumer la tâche du redressement sont peu nombreux. A l’échelle du continent même, les africains sont incapables de s’entendre pour former une véritable Union africaine. Pour lui, sur presque tous les points les pays africains sont en retard. l’Organisation de l’unité africaine a échoué.

Echec de l’Organisation de l’unité africaine et de l’Union africaine.

Non seulement l’OUA a échoué mais la nouvelle Union africaine déçoit déjà. Elle ne parvient pas à créer les conditions d’une véritable unité politique, économique et culturelle. Il n’existe toujours pas de véritable coopération technique, politique, économique et culturelle entre Etats. L’Union africaine reste prisonnière d’une majorité d’Etats non-démocratiques.

En l’an 2000, environ 75.1% d’entre eux vivaient en dessous du seuil de pauvreté et 60.3% dans une extrême pauvreté. Les Etats discrédités tendent à se retirer de la sphère sociale et les dépenses publiques ne cessent de diminuer. Leurs dirigeants n’ont pas eu de vision économique stratégique ou prospective. La discussion se focalise sur la variable politique comme s’il s’agissait de la seule dimension. De 1965 à 1985, puis de 1985 à 2003, la croissance annuelle du PNB africain par tête n’a été en moyenne que de 2%. La production alimentaire n’a pas suivi la croissance démographique.

Cet échec économique trouverait son origine dans l’attitude des élites africaines à l’égard du colonialisme considéré comme « mauvais » et à travers lui du libéralisme. Par rejet de ce dernier ces élites se sont tournées vers l’économie planifiée où l’Etat s’est doté d’importants pouvoirs économiques qui se sont progressivement concentrés entre les mains d’un seul. Mauvaises orientations et restrictions ont miné ces économies alors qu’en parallèle les dépenses militaires connaissaient une forte augmentation.

Une telle situation de faiblesse a mis le continent à la merci des grandes sociétés étrangères qui aujourd’hui le dominent et l’exploitent. L’auteur va même jusqu’à affirmer que les guerres étant un facteur efficace de déstabilisation, toute une politique de création de conflits permanents a été élaborée par les ennemis de l’Afrique en vue de l’affaiblir encore. L’Afrique serait devenue un champ de bataille pour les compagnies occidentales souvent soutenues par leurs états respectifs. Ce point, pertinent, mériterait d’être développé et illustré, même si cela doit être fait avec précaution. C’est d’ailleurs sur de tels points que l’auteur devrait mettre l’emphase mais malheureusement le lecteur reste sur sa fin. Plutôt que de ratiociner sur le colonialisme, une analyse claire et sans parti pris sur la situation actuelle apporterait plus et permettrait d’identifier les acteurs de ces manipulations et leurs complices locaux. Cela n’est certes pas chose facile et sans doute sans danger mais éviterait de s’égarer dans des réflexions dépassées qui détournent des vrais enjeux actuels.

Corruption et inaptitude

Reconnaissons cependant la dénonciation que fait Robert Dussey du coût économique de la corruption et de l’inaptitude de plus de la moitié des hommes politiques africains à gouverner. Ceux-ci sont incapables de fournir les biens collectifs essentiels ni d’imposer la primauté du droit ou d’assurer la sécurité. Cet abandon - ou hélas cette volonté de ne rien faire pour améliorer la situation – a généré une irresponsabilité collective qui se manifeste par la privatisation par chacun de la parcelle d’Etat dont il dispose, sans respect du bien commun. Une complicité plus ou moins mafieuse finissant par s’établir entre les dirigeants politiques et les opérateurs économiques.

La conséquence de tout cela est que l’Afrique a perdu de son importance économique. La communauté internationale, par le biais d’organismes comme la Banque mondiale ou le Front monétaire international, est devenue plus interventionniste tant sur le plan économique que budgétaire. L’endettement est chronique – sa dette extérieure a triplée de 1980 à 2000 - et l’Afrique ne parvient pas à s’adapter au marché mondial. La part de l’Afrique dans le marché mondial ne cesse d’ailleurs de décroitre, passant de 4.5% dans les années soixante à 2% actuellement. Ce qui relativise les affirmations de l’auteur sur l’obsession de domination économique de l’Occident.

Les raisons de ce recul seraient l’application des accords du cycle de l’Uruguay qui font perdre à L’Afrique noire son statue privilégié sur le marché européen et accélèrent son exclusion définitive. A la différence de la majorité des autres pays de Tiers-Monde, L’Afrique n’a pas modifié la structure de ses exportations, elle a perdu en compétitivité. La chute de ses exportations s’est accompagnée d’une baisse de 50% des importations par tête. L’Afrique représentait 2.4% des exportations mondiales en 1970, 1.7% en 1986 et seulement 1% en 2004. Elle est désormais directement concurrencée par les autres pays en voie de développement, notamment les pays asiatiques. Les investissements directs étrangers ont représenté entre 1990 et 2000 1% du total des investissements contre 40% pour l’Asie.

C’est donc plus d’un désintérêt croissant de la part de l’Occident que devraient s’inquiéter les intellectuels Africains. Et si l’Aide publique au développement (APD) apparait pour eux comme une mise sous tutelle qui déresponsabilise les africains la cause ne teint-elle pas plus à l’Afrique elle-même plutôt qu’à la volonté de domination de puissances tiers?

L’Afrique aurait, toujours selon l’auteur, une masse critique de chercheurs et de praticiens de tous niveaux qui serait détournée au profit de l’étranger. Là encore, ne renverse-t-on pas la logique des faits ? Ne serait-ce pas ces chercheurs et praticiens qui fuient l’Afrique vers des pays étrangers qui ont déjà des difficultés pour fournir des emplois décents à leurs propres élites? Ce n’est certainement pas l’Occident qui arrache les chercheurs et praticiens africains à leurs continents mais biens ceux-ci qui veulent s’y installer alors qu’il n’y a pas de véritable demande les concernant. C’est sur ces points importants que l’on était en droit d’attendre une réflexion approfondie de la part de Robert Dussey. Les élites politiques ne sont pas les seuls à porter la responsabilité du naufrage de leur continent. Les intellectuels africains portent dans leur ensemble une part de responsabilité dans la situation actuelle. Ne nions pas les influences extérieures qui s’exercent à son encontre, comme sur tous les continents, mais puisque Robert Dussey évoque les pays asiatiques à plusieurs reprises, une analyse comparative sur leur évolution depuis la fin du colonialisme serait la bienvenue. Certes, comparaison n’est pas raison, mais une telle démarche permettrait sans aucun doute d’identifier les facteurs qui ont conduit l’Afrique vers sa marginalisation.


Admettons le en toute honnêteté, ce livre est décevant et n’apporte rien de fondamentalement nouveau sur le sujet. On y trouve certes quelques chiffres utiles mais non la réflexion pertinente ni l’approche nouvelle que pouvait laisser entrevoir le titre. L’auteur, à travers sa mise en accusation répétée de l’Occident, illustre parfaitement cette irresponsabilité des intellectuels qui cherchent plus des boucs émissaires qu’à identifier froidement les raisons de leurs échecs. Dénoncer le prétendu complexe de supériorité de l’Occident n’exonère pas du comportement indigent de l’élite africaine. L’incapacité de certains hommes politiques africains à diriger leur Etat est trop souvent une incitation à l’interventionnisme. C’est l’assistanat qui est à la source de cet interventionnisme. Comment ne pas se substituer à ces acteurs ineptes alors que les moyens financiers mis à disposition ne sont pas les leurs ? Ne pas intervenir serait pire et équivaudrait à  non assistance à continent en faillite.

Bruno Odier
22/05/09
Polémia
25/05/09

Docteur en philosophie politique, Robert Dussey est universitaire : il enseigne à l'université de Lomé et à l'ENA du Togo, notamment sur les questions de paix, de gestion et de résolution des conflits. Il est actuellement conseiller diplomatique du Président de la République du Togo.

Robert Dussey, L'Afrique malade de ses hommes politiques : Inconscience, irresponsabilité, ignorance ou innocence ?, Picollec, 2008, 252p.

Oswald Mosley e l'Unione dei Fascisti inglesi

Cultura
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Oswald Mosley e l’Unione dei Fascisti inglesi

Giovedì 28 Maggio 2009 – Alberto Bertotto - http://www.rinascita.info/

Oswald Mosley e l’Unione dei Fascisti inglesi




Tra il 1922 ed il 1934 Mussolini e il Fascismo vennero considerati dai conservatori e da buona parte dell’opinione pubblica britannica come il leader ed il partito capace di “far prevalere la legalità sull’anarchia”. I conservatori affermavano che il Fascismo era “per il patriottismo, per una vita nazionale solida e sana, per lo stimolo dell’efficienza e per l’economia” e consideravano la “rivoluzione” mussoliniana come una “ricostruzione politica e sociale” al fine di “unificare e coordinare tutte le classi al servizio della nazione”. Il Fascismo in Inghilterra riscuoteva “le simpatie di tutte le parti politiche” ad “eccezione dei comunisti”. I conservatori, come Winston Churchill, descrivevano l’Italia come un Paese che dava “l’impressione di disciplina e di ordine”. Mussolini era considerato uno statista che “pensava solo al bene duraturo del suo popolo” e il governo da lui presieduto veniva visto come un esecutivo “sostenuto dal consenso attivo e pratico delle masse”. Fu in questo contesto che, nell’ottobre del 1932, maturò la scelta da parte di Oswald Mosley (foto) (Londra, 16 novembre del 1896-Orsay, 3 dicembre del 1980) di fondare un nuovo movimento denominato British Union of Fascists (BUF). Alcuni politici di destra arrivarono ad ipotizzare un’alleanza tra i conservatori e le blackshirts (camicie nere) in funzione antilaburista.
I principi e le linee guida della BUF erano: 1) politica economica basata sull’organizzazione corporativa delle Stato; socializzazione delle aziende al di sopra di una certa dimensione strutturale attraverso un’amministrazione unica comprendente i capitalisti, gli operai ed i consumatori. In caso di discordie insanabili tra le diverse componenti sociali, sarebbe dovuto intervenire d’autorità lo Stato, proponendo una revisione del suffragio basato sul lavoro corporativo: la Camera dei Comuni non doveva più essere partitica, ma bensì corporativa (ogni lavoratore votava un rappresentante della sua corporazione); 2) patriottismo, devozione assoluta al Re e all’Impero e apertura alle istanze rivendicative degli ex combattenti; 3) amicizia tra le tutte le nazioni fasciste europee. La crisi del 1929 aggravò la già precaria situazione economica inglese ed i governi, laburista prima e conservatore poi, si mostrarono incapaci di guidare il paese fuori dalla “grande depressione”. La soluzione di Mosley alle contingenti difficoltà economiche prevedeva l’adozione di una politica protezionistica (ovvero sottrarre il mercato britannico alle incertezze del sistema capitalistico e garantire alla nazione una totale autosufficienza) e l’introduzione di tecniche moderne di produzione di massa (così da consentire, con la produzione di massa, l’aumento dei salari, senza tuttavia perdere in competitività imprenditoriale). Bisognava, inoltre, limitare gli scambi economici al canale preferenziale tra la madre patria e l’Impero coloniale.
Fondamentale era il potenziamento dell’agricoltura che avrebbe dovuto permettere di ottenere una produzione interna sufficiente a soddisfare il fabbisogno della popolazione inglese senza dover far ricorso alle importazioni dall’estero. Tale organizzazione della politica economica si era resa ancor più urgente dopo la crisi del 1929. Bisognava evitare il declino della nazione britannica perché essa doveva “continuare a vivere in un modo degno della sua grandezza”. La creazione di uno Stato corporativo sul modello italiano era il prioritario obiettivo che la BUF si proponeva di realizzare non appena avesse ottenuto il suo primo successo elettorale. Fu proprio l’unione tra tradizione e rivoluzione che attirò al movimento di Mosley i consensi di “alcuni autentici, ma patriottici, rivoluzionari”. Costoro erano per la maggior parte uomini che, come lo stesso Mosley e buona parte dei dirigenti del suo partito, avevano combattuto durante la prima guerra mondiale. Essi capivano che il Fascismo italiano era una rivolta dei giovani contro la vecchia e mediocre politica, una politica timorosa e insensibile a priori all’irrinunciabile cambiamento. Comunque la condanna senza appello del vecchio sistema dei partiti fu dovuta al fatto che la British Union of Fascists rifiutò sempre di essere la guardia pretoriana della destra tradizionale.
Nel 1930 Mosley propose all’esecutivo il celebre Memorandum Mosley in cui egli illustrava le sue idee riguardo l’economia: insieme ai laburisti più radicali, Mosley pensava ad una politica di programmazione, di controllo degli investimenti e di rafforzamento dell’esecutivo “sia per un controllo dell’alta finanza sia per un progressivo svuotamento degli influssi incontrollabili dell’economia mondiale attraverso tempestive misure protezionistiche, oppure attuando un autoisolamento dell’economia nazionale” (Ernst Nolte). Per il suo estremismo antisemita Mosley perse l’appoggio di numerosi uomini influenti tra cui Lord Rothermere (Harold Sidney Harmsworth) e i Tory non solo esclusero categoricamente ogni forma di alleanza con la BUF, ma fecero altresì approvare dal parlamento inglese una legge che poneva il movimento fascista britannico sotto il controllo della Polizia.
L’atteggiamento di Mosley verso Mussolini ed il Fascismo era ambivalente: da un lato egli negava categoricamente qualsiasi intenzione di emulare il corrispettivo mussoliniano ed insisteva sull’originalità del Fascismo inglese. Dall’altro molti erano gli elogi riservati al Duce ed alle sue mirabili realizzazioni nel campo sociale. Per quanto riguarda i rapporti con il capo del Fascismo littorio, Mosley incontrò Mussolini “circa una mezza dozzina di volte tra il 1932 ed il 1936”. A rovinare il clima favorevole per il suo partito ci pensò lo stesso Mosley: il 4 ottobre del 1936 i fascisti in camicia nera da lui guidati marciarono sull’East End di Londra per intimidire e ridurre al silenzio le organizzazioni sindacali e i gruppi ebraici che soggiornavano in quei quartieri. Il tentativo di scimmiottare la marcia su Roma (28 ottobre del 1922) si risolse in un autentico disastro: 300.000 uomini eressero barricate, si scontrarono con i sostenitori del Fascismo albionico e riuscirono a scacciarli. Questo episodio, noto come la “battaglia di Cable Street”, spezzò la schiena alla BUF. Rimasto vedovo nel frattempo (la prima moglie, Cinthya Curzon, figlia del viceré d’India George Curzon , era morta di peritonite nel 1933), Mosley si risposò nel 1936 con Diana Mitford, di 14 anni più giovane di lui. Le nozze vennero effettuate a casa di Joseph Goebbels (Ministro della Propaganda del Terzo Reich) e Adolf Hitler fu uno degli invitati.
Mosley, di Benito Mussolini, ammirava “l’ottima cultura, l’affabilità, l’umorismo schietto, l’ottimismo, il realismo, la perspicacia, il coraggio e l’impegno politico costante”. I maggiori successi ottenuti dal capo fascista di palazzo Venezia erano, agli occhi dell’omologo inglese, l’organizzazione dello Stato italiano su basi corporative, la centralità della famiglia e la politica demografica, aspetti ripresi in seguito e molto apprezzati dal Mosley stesso. Mussolini, secondo l’opinione della BUF, non aveva altra intenzione se non quella di procurare al suo popolo nuove terre da coltivare: il suolo della nostra penisola, infatti, non era più sufficiente al sostentamento della popolazione italiana in esponenziale crescita numerica. Era perciò necessario rivolgere lo sguardo oltre i confini nazionali (conquistare l’Etiopia per espandere le colonie). Il governo di Roma era disponibilissimo a trattare pacificamente con la Gran Bretagna che, invece, si dimostrava perennemente ostile e diffidente verso l’Italia fascista mussoliniana perché aveva osato “sfidare l’ordine coloniale, contestando lo sfruttamento dei territori africani da parte delle grandi nazioni capitalistiche e proponendo che tali territori diventassero un’area di libero insediamento delle popolazioni mediterranee”. L’Italia del Duce, ammoniva la BUF, non si sarebbe tirata indietro di fronte ad un’eventuale minaccia di guerra e sarebbe stata per l’Inghilterra un avversario pericoloso, anche perché avrebbe potuto contare sull’aiuto incondizionato della Germania nazista e su quello del Giappone del Tenno.
La BUF è stato probabilmente l’unico movimento fascista europeo che non ha mai ceduto alle seduzioni ed alle lusinghe nazionalsocialiste, ma che al contempo è sempre rimasto fedele all’originaria impostazione italiana, un’impostazione aliena da simpatie ideologiche per il tiranno nazista Adolf Hitler, il Fuhrer dei tedeschi. L’entrata in guerra dell’Italia nel giugno del 1940 costò cara ad Oswald Mosley e alla sua BUF. Dopo aver tentato in tutti i modi di ostacolarne l’ascesa (nel 1934 le adesioni al movimento fascista londinese raggiunsero approssimativamente le 40.000 unità, di cui 5-10.000 membri attivi), il governo di Sua Maestà Britannica, il 23 maggio del 1940, varò una legge fatta su misura per i fascisti inglesi, la legge 18 B. Il capo della BUF venne arrestato ed il partito di cui lui era l’antesignano fu sciolto d’autorità. Al termine del secondo conflitto mondiale, nel 1948, Mosley fondò l’Union Movement e con esso si candidò, nel 1959, a North Kensington e, nel 1966, nel collegio di Shoreditch e Finsbury, venendo sconfitto in entrambe le circoscrizioni elettorali inglesi. Nel 1951, Mosley, dopo essersi trasferito in Irlanda, traslocò a Parigi dove trascorse gli ultimi anni di vita. Nel 1968 scrisse un’autobiografia dal titolo “My life” e nel 1977 fu candidato alla carica di Rettore Magnifico dell’Università scozzese di Glasgow. Ottenne in questa occasione un centinaio di voti a favore. In sintesi, ecco quello che diceva il Mosley credendoci per davvero: “In realtà il Fascismo è il più grande, costruttivo e rivoluzionario credo esistente al mondo. Oggettivamente esso o è rivoluzionario o non lo è per niente”.
Il retaggio di civiche, nonché di militari virtù in perfetto stile “Old England”, così come la sana educazione ricevuta dal Mosley, il suo senso della disciplina, l’sua attitudine al comando non meno che all’obbedienza, la sua raffinatezza nel portamento, la sua giovanile irruenza contro il compromesso e la fedeltà dell’ufficiale inglese a un superiore codice d’onore si aggiunsero agli umori e ai malumori della generazione mosleyana e alla avversione verso l’impotenza manifesta, verso il dilettantismo dei comportamenti politici e verso la corruzione dilagante. Mosley scriverà nel suo “My life”: “Le idee che restano astratte non mi hanno mai attratto; l’azione deve seguire il pensiero perché la vita politica non resti priva di significato”. Era l’antipatia per il laissez-faire liberale: la famosa teoria del “ci pensa direttamente il mercato”.
(Brani scelti tratti, dopo parziali modifiche lessicali e brevi integrazioni, dall’articolo di Gino Salvi intitolato: Oswald Mosley e la British Union of Fascists. Storia Verità, gennaio-febbraio 2009, n. 55).

"Spelndeur et décadence du camarade Zulo"

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«Splendeur et décadence du camarade Zulo»

par Dritëro Agolli

Note de lecture de Hugues Rondeau

 

Bien qu'assimilée par les Occidentaux à l'ex-bloc socialiste, l'Albanie est organisée selon un système diamétralement opposé à celui des Soviétiques. Alors qu'en URSS préside la bureaucratie sur fond d'in­dé­cision, de gabegie et d'irrespon­sabilité, «le pays des Aigles» s'est bâti autour des no­tions de sacrifice et d'indépendance na­tio­nale voulues par Enver Hoxha, créateur de l'Albanie mo­derne et «de Gaulle des Bal­kans». Le mythe fondateur de la Répu­blique popu­laire socialiste d'Albanie rési­de dans les combats de la Résistance, mon­tagnards farouches luttant pied à pied contre les Allemands et les Italiens pen­dant la Se­conde Guerre mondiale. En Al­banie, plus que partout à l'Est, ce sont les veilles de batailles qui ont forgé les diri­geants fu­turs, leur donnant une éthique de fierté, de courage et de souffrance. Cette union mystique d'une caste de guer­riers, jaloux de leur liberté, avec leur peu­ple, a été immortalisée pour la littérature par la plume de Ismaïl Kadaré, éternel nobelli­sable en sursis, qui, dans Le grand hiver,  illustre les raisons profondes de la rup­ture entre l'URSS et l'Albanie pendant l'hiver 1961. La scène où Enver Hoxha stig­matisant les erreurs de Khrouchtchev salue machinalement du poing les mem­bres du Comité central du Parti al­banais du Travail qui reprennent alors en chœur le vieux chant des partisans, ne ressort pas de la propagande mais de la plus grande des sensibilités.

 

Cependant pour l'Albanie, le temps où Enver Hoxha fixait avec enthousiasme les développements d'une voie originale entre Est et Ouest, entre capitalisme et com­mu­nisme, est loin. Au pouvoir depuis avril 1985, Ramiz Alia, premier secrétaire du Comité central du Parti, esquisse peu à peu des réformes qui sont autant de lé­gères entorses aux principes politiques d'autarcie érigés en dogmes par Enver Hoxha. D'où un certain flottement dans la population albanaise qui a tout lieu de se croire dans une période d'interrègne.

 

Bien que le roman de Dritëro Agolli, Splen­deur et décadence du camarade Zulo,  ait été publié en 1973, on peut croi­re qu'il est la parfaite illustration lit­té­rai­re de ce nouvel état d'esprit. Certes l'au­teur, que d'aucuns prétendent avoir re­con­nu sous les traits de Skënder Ber­mena dans les textes de Kadaré, est loin d'être un «dissident».

 

Journaliste, poète, auteur de scénarios, de pièces de théâtre, de recueils de nou­vel­les, il est depuis 1973 le président de l'U­nion des écrivains et des artistes d'Al­banie. Pourtant les aventures de Zulo, con­çues au départ comme la dénonciation talentueuse des travers de l'Albanie nou­velle, est devenue le signe prémonitoire des inquiétudes et des angoisses d'une so­ciété qui se cherche.

Le camarade Zulo, fonctionnaire imbu de lui-même, flagorneur, prêt à tout pour réussir, «ce type colle aux fesses des res­ponsables mais encore aux jupes de leurs femmes», se drape dans les slogans du ré­gime, qu'il prend au pied de la lettre, pour masquer son propre arrivisme.

 

On le voit, la charge est féroce mais, et c'est là tout le talent de Dritëro Agolli, elle se fait sur fond en demi-teinte. Zulo, odieux par sa prétention, n'est pas un de ces personnages tout de mal vêtu qu'af­fectionne une certaine littérature amé­ricaine. Notre homme est en effet pé­tri de bonne volonté, véritablement dési­reux de se rendre utile, de jouer son rôle dans la préparation d'une société plus juste. Son appétit de Rastignac aux petits pieds n'est ainsi peut-être, comme le sug­gère Agolli, que le reflet des phantasmes de pouvoir de ses concitoyens, qui en guise d'épi­lo­gue, alors que les vicissitudes des intri­gues l'ont conduit au repos, le croient, dans un déchaînement des langues, cha­que jour promis à des fonc­tions un peu plus hautes. Enfin les pér­égrinations de ce rond de cuir ont parfois d'indéniables accents comiques. La scène où les enfants de Zulo s'introduisent dans l'appartement du voisin et le saccagent est digne des sketchs de Buster Keaton.

 

Agolli excelle dans la description des sen­timents de ses personnages et lui qui écrit volontiers que «c'est par le rire qu'Aristo­phane a désarmé les Dieux» a su intro­duire sur l'ensemble de son roman un sou­rire délicieusement sarcastique. Dritëro Agolli a donc du style et il est dif­ficile de ne pas s'en apercevoir même si la tra­duction de Christian Gut ne revêt pas le caractère de génie de celle de Jusuf Vrio­ni, vieux monsieur de soixante-quinze ans, qui donne à Kadaré ses lettres de no­bles­se en français.

 

Malgré toutes les qualités de l'ouvrage, la publication dans l'hexagone deSplendeur et décadence du camarade Zulo  n'en consti­tue pas moins l'évidente manifesta­tion de la page qu'a aujourd'hui tourné la littérature albanaise.Le grand hiver, chef d'œuvre de Kadaré, était de ces peintures du Musée d'art figuratif de Tirana où le peuple salue l'avenir en des pauses hiéra­tiques et nationalistes.

 

Les tribulations de Zulo constituent le lent et indécis cheminement d'un Lucien de Rubempré que sa faiblesse de carac­tère et les méandres du socialisme main­tiennent dans un conformisme des plus gris. Les lendemains du camarade Zulo ne chantent ni ne rient, ils sont aphones. Les certitudes ne sont plus de mise et le doute galope. La littérature albanaise reste pour­tant dans notre panthéon imaginaire, par le talent de Kadaré, l'une des rares à faire flotter haut le pavillon de l'honneur, de l'indépendance nationale et de l'enra­cinement. Elle est, au delà des évo­lutions politiques, de ces bannières que l'on sou­haiterait éternellement triom­phantes. Ne voyons donc pas de funeste présage dans le présent ouvrage, Splen­deur et déca­dence du camarade Zulo  n'est qu'une infime facette du talent de Dritëro Agolli, qui s'illustre également par exemple par ses poèmes, nés de la tradi­tion immé­moriale des rhapsodes albanais. Leur at­tendue publication en France of­frira le dé­menti d'espoir et de confiance de cette phrase que traçait dans son livre de sou­venir Avec Staline  Enver Hoxha: «Ces in­famies ne tardèrent pas à appa­raître après sa mort».

 

Hugues RONDEAU.

 

Dritëro Agolli, Splendeur et décadence du camarade Zulo, Gallimard, 285 pa­ges, 116 FF.

jeudi, 04 juin 2009

El desinterés y desconocimiento auguran une altisima abstencion en los comicios europeos en el bloque del Este

El desinterés y desconocimiento auguran una altísima abstención en los comicios europeos en el bloque del Este

Europa central y oriental apenas acudirá a votar en las elecciones europeas del 7 de junio. Al menos, eso vaticinan las encuestas. La grave crisis económica y financiera internacional, que ha colocado a países como Letonia, Hungría y Rumanía al borde de la quiebra, monopoliza la preocupación de unos ciudadanos con poca cultura democrática y escasa información sobre la naturaleza de la UE y sus órganos legislativos, y que se dejan arrastrar con bastante facilidad por la demagogia populista, que tienen adeptos tanto en las filas de la derecha como de la izquierda en países como Polonia, Chequia, Bulgaria, Rumanía o Hungría.

La debilidad de una UE dividida entre países ricos y pobres, fuertes y débiles, desanima también a muchos ciudadanos. Diez de los 27 países que acuden a las elecciones europeas (Lituania, Letonia, Estonia, Eslovenia, Hungría, Polonia, Chequia, Eslovaquia, Rumanía y Bulgaria) pertenecen al antiguo bloque del socialismo real. La mayoría ingresó en la Unión en 2004 y Bucarest y Sofía lo hicieron en 2007. Es la segunda vez que participan en comicios para renovar el Parlamento Europeo. Bulgaria y la República Checa, presidenta semestral de la UE, celebrarán las elecciones el 5 y 6 de junio, respectivamente, y Eslovaquia también el sábado.


Elecciones de segunda

El primer ministro búlgaro, el socialista Serguei Stanishev, fue el encargado de dar el pistoletazo de salida para las europeas el pasado martes en el país más pobre de la UE, donde los electores confían siete veces más en los eurodiputados que en sus parlamentarios nacionales. Pero en general los países del Este consideran las europeas como unas elecciones de segunda división, y la crisis económica juega en contra del 7-J. Los analistas políticos vaticinan por ello una campaña electoral pobre en recursos y aún más escasa en movilización y entusiasmo de la ciudadanía.

Según el Eurobarómetro, Polonia y Rumanía, los dos países del Este con mayor peso político e institucional en la UE -50 y 33 eurodiputados, respectivamente- se colocan entre los estados más europeístas, pero sus poblaciones se sitúan entre los europeos que menos acudirán a votar el 7-J. Se prevé que sólo el 13% de los polacos acudirá a las urnas, En el caso de Hungría, la abstención podría ser del 70% y del 60% en Bulgaria.

Paco Soto

Extraído de Diario Vasco.

Un merveilleux outil policier

Un merveilleux outil policier

090527Ex: http://www.insolent.fr/
Quelques sordides affaires de pédopornographie récentes pourraient inciter à la réflexion. Et elles devraient conduire à plus de mesure tous ceux qui maudissent l'internet. Car on n'en finirait plus de collecte le sottisier des grincheux, des imbéciles pour qui la toile sert essentiellement aux manœuvres des méchants.

La malheureuse Nadine Morano secrétaire d'état à la famille tient peut-être le pompon des déclarations risibles à ce sujet : "On ne sait jamais qui se cache derrière l'écran", déclarait-elle le 20 novembre 2008 sur France Info. «Internet peut être un outil dangereux, celui se trouve derrière l'écran peut-être un prédateur". En mai de la même année, elle avait même trouvé une formule choc, une "formule 1", oserait-on dire : "Internet, c’est comme une magnifique voiture de course. Si vous n’avez pas votre permis de conduire et que vous ratez un virage, c’est la mort".

Mme Morano et quelques autres devraient se tenir au courant. Si elle prenait le métro, ou si, horresco referens, elle consultait le site du journal gratuit 20 minutes (1), apparemment mieux documenté que ses services, elle aurait pu prendre connaissance des propos avisés de Mme Elisabeth Rossé. Cette dernière, psychologue à l'hôpital Marmottan faisait remarquer : "Les parents ont tendance à dénigrer le Web parce qu'ils se sentent exclus." Pour éviter que cette incompréhension ne creuse un réel fossé entre parents et enfants, elle conseille aux parents de se faire expliquer par leurs enfants de quoi il s'agit. En somme, comme le souligne intelligemment 20 minutes, "avant de conseiller, il faut comprendre". Ceci permettrait aussi de mieux légiférer.

Dans un dossier récent, l'accusé se présentait comme le père d'un enfant de cinq ans, il avait attiré via le ouèbe une étudiante strasbourgeoise à son domicile de Mutzig. De manière plus sobre à son sujet l'enquêteur se bornera à constater que, techniquement : "L'Internet est un vecteur de rencontres entre victimes et pervers".

Et à partir de ce constat, la gendarmerie française a développé depuis plusieurs années une traque sur le ouèbe des comportements déviants. Rappelons quand même que ceux-ci n'ont aucunement été créés par la toile. Et, pour établir une comparaison quand la bonne vieille brigade mondaine d'autrefois se préoccupait de surveiller le milieu de la délinquance et du proxénétisme, elle se servait méthodiquement des rues chaudes et des bars de voyous.

Le 17 avril dernier par exemple, on apprenait même l'exploit suivant du STRJD, Service technique de recherche judiciaire et de documentation : "Le pédophile croyait parler à une jeune fille, c'était un policier", titrait plaisamment Le Monde (2) qui semble ainsi confondre police judiciaire et gendarmerie. Interpellé le 8 avril, un homme âgé d'une trentaine d'années, était en effet arrêté par un gendarme qui se faisait passer sur Internet pour une mineure. Le suspect pouvait être mis en examen le 10 avril par un juge du tribunal de Bobigny pour "corruption de mineur aggravée", "atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans aggravée" et "propositions sexuelles à un mineur de 15 ans ou à une personne se présentant comme tel, via un réseau de télécommunication". Il risque jusqu'à 10 ans de prison. Autrement dit, grâce à Internet les choses n'ont pas traîné.

Le 26 mai, la gendarmerie annonçait même avoir procédé à un vaste coup de filet en France, aboutissant à l'interpellation de 90 personnes, dans plueirs régions, soupçonnées d'échanges d'images pédopornographiques à partir de forums de discussion.

À vrai dire non seulement la France ne détient pas nécessairement la palme de ce genre de réussites, mais on pourrait aussi se préoccuper des limites de cette répression. Elle pourrait, de proche en proche s'étendre à des domaines tout à fait différents.

Une loi française du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance, dispose que les policiers et les gendarmes sont "autorisés, dans le but de constater certaines infractions, entre autres à caractère sexuel lorsqu'elles sont commises via des moyens électroniques, à participer à des échanges ainsi qu'à transmettre, stocker et recevoir des éléments tels que des images de pédopornographie". Mais demain, penseront certains, pourquoi s'en tenir là ?

Ainsi, en Allemagne, le 16 avril dernier, on apprenait qu'une enquête de quatre mois avait permis de transmettre des signalements dans 91 pays, 9 000 "pédophiles" dont 8 000 à l'étranger, dans des pays comme le Brésil, le Canada, la Moldavie, la Nouvelle-Zélande, l'Autriche, la Suisse et les États-Unis. Outre-Rhin même, des centaines de perquisitions ont été menées, donnant lieu à la saisie de plus de 500 ordinateurs et 43 000 supports de données. Or tout cela, si répugnant qu'on puisse l'estimer, ne vise que des délits virtuels, de l'ordre de la pornographie. Dans le réel, l'enquête a permis de mettre fin à un seul cas, où certes il s'agissait d'abus odieux commis sur des victimes de 7 et 11 ans. Mais, selon la police criminelle allemande, l'homme, âgé d'une quarantaine d'années, désormais placé en détention provisoire, n'était autre qu'un membre de leur propre famille. Autrement dit si l'outil Internet a permis son arrestation, on ne saurait considérer que les actes incriminés eux-mêmes doivent quoi que ce soit à cette technologie.

Cela va si loin que des courants contestataires ont commencé à protester et manifester à Berlin contre le danger de la censure sur le ouèbe, plus efficace à leurs yeux, et peut-être plus dangereuse affirment-ils que la cybercriminalité. Toujours en Allemagne, le ministre de la Famille, Mme Ursula Von der Leyen a salué le 17 avril un accord entre la police et les fournisseurs d'accès à Internet destiné à lutter contre la pédopornographie. La mesure est inspirée de dispositifs analogues en vigueur en Scandinavie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Royaume-Uni ou au Canada. Elle sera effective chez nos cousins germains au plus tard en octobre. Saluée par l'Unicef comme "étape importante" elle devrait par ailleurs être suivie, selon cet excellent organisme international de protection de l'enfance, d'autres dispositions pour lutter contre l'ensemble de la filière pédophile.

Pour notre part nous nous bornerons à constater que nous nous trouvons en présence d'un formidable outil policier et à souhaiter que son utilisation se limite aux activités vraiment criminelles.

 

Apostilles

  1. cf. 20 Minutes, en ligne le 20 novembre 2008
  2. cf. Le Monde, en ligne le 17 avril 2009 à 14 h36
JG Malliarakis

D. Venner: Editorial du n°42 de la "Nouvelle revue d'Histoire"

Editorial de la Nouvelle Revue d’Histoire

n°42 (mai-juin 2009)

Notre dossier décrit l’enchaînement ayant conduit l’Europe de la fausse paix de 1919 à la guerre de 1939. Guerre qui a sonné le glas de notre ancienne civilisation. Dans Le Siècle de 1914, on a montré que, si le « monde d’avant » a engendré la catastrophe de 1914, c’est qu’il était déjà malade. L’Europe d’avant 1914 était en proie au nationalisme de détestation. Elle avait également succombé aux fureurs du monde de la technique, à la voracité du « Progrès ». La violence faite à la Nature pour la piller et l’exploiter au-delà de toute raison en sera plus tard la conséquence. C’est une tragédie qui se confond avec l’histoire de l’Occident moderne. On a vu les effets de la démesure durant les deux guerres mondiales. On les voit maintenant dans la mise en danger de la planète, soumise à l’idéologie de la croissance.

Dans les temps anciens, fondateurs de notre civilisation, le génie des bâtisseurs, artistes, libres citoyens et hommes d’État inspirés par Homère, avait construit leur vie à l’image du cosmos ordonné de leurs mythes. Ils habitaient un monde dont ils respectaient les limites, vivant eux-mêmes pour la beauté, l’exploit et l’excellence. Il y eut des bouleversements tels que l’adoption du christianisme comme religion de l’Empire romain à la fin du Ive siècle, mais l’ancienne représentation avait continué d’être plus ou moins la norme vécue. La grande rupture est venue beaucoup plus tard d’événements immenses qui ont introduit une nouvelle façon de penser le monde.

La supériorité technique acquise par l’Occident européen à compter du XVIe siècle, associée à l’esprit d’aventure et à la cupidité, fit de lui pour longtemps le maître de l’univers. Les richesses affluant et le rôle du marchand s’imposant, un renversement intellectuel s’opéra dans la haute culture européenne, préparé par la révolution scientifique du XVIIe siècle. Galilée, Kepler, Newton, avaient doté les générations suivantes d’un savoir empirique indiscutable.(1). C’est là que se trouvaient les lois du monde réel. La philosophie empirique de Locke fut la contrepartie des lois empiriques de la gravitation. Des voies différentes restaient pourtant ouvertes. Hobbes et Bentham érigeaient l’utilitaire en vertu. Dans la même veine, Adam Smith désignait l’économie - jusque-là accessoire - comme l’instrument capable de changer la vie. Condorcet assurait que la science allait produire « la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine». Ainsi fut inventée l’idéologie du Progrès qui réduisait les hommes à leur matérialité et refusait leur diversité. Mais, au même moment, Buffon ou Herder s’insurgeaient contre la mécanisation du vivant et l’uniformisation humaine, postulant une autre philosophie de la vie.

Depuis, l’histoire a galopé. Les grands bouleversements du dernier siècle nous ont fait entrer dans une ère nouvelle bien analysée par un essai récent d’Hervé Juvin (1). Celle de la revanche des anciennes civilisations, jadis humiliées et soumises. Nous sommes entrés dans l’ère d’une guerre de civilisations. Toute guerre de civilisations, note pertinemment Juvin, commence avec la prétention de l’une ou l’autre à l’universel, ce que n’avait jamais prétendu la Grèce antique, qui ne parlait que pour les Grecs. « La guerre des civilisations […] prend racine au début du XVIIIe siècle, quand les philosophes de ce temps ont entrepris de justifier le désir humain illimité des biens matériels et de fonder la condition historique des hommes sur le progrès et sur le dépassement de toutes les limites. Elle s’est mise en mouvement quand les besoins des marchands européens ont ruiné les économies locales et les ont privées de leur autosuffisance, quand les fourneaux de la croissance européenne et américaine ont commencé de brûler à grands feux les ressources naturelles de la planète tout entière. Elle est devenue inéluctable quand la religion du développement a proclamé que la croissance économique et la consommation de masse étaient l’état juste et nécessaire de l’humanité, que l’un et l’autre allaient de pair avec le seul état politique légitime, la démocratie, et quand elle a mobilisé des institutions (ONG) pour universaliser [la] vérité de l’Occident. » Pour les « Occidentaux », la cause était entendue : « Le monde nous appartient. Il nous est donné pour croître, pour prospérer, pour nous enrichir, pour nourrir le progrès. […] Pour croître et nous multiplier, nous avons tous les droits »… jusqu’aux catastrophes qui se dessinent devant nous.

Il n’est pas possible ici de tout dire de la richesse de l’essai d’Hervé Juvin et des perspectives audacieuses de la deuxième partie de son essai. Perspectives qui impliquent le primat du collectif sur l’individuel et la soumission de l’économie au politique, autant dire une révolution intellectuelle majeure. Le but n’étant plus de percer les secrets de la Nature pour l’asservir, mais pour la sauver. Et nous avec.

Dominique VENNER

1. Hervé Juvin, Produire le monde. Pour une croissance écologique, Le Débat, Gallimard, 2008, 308 p., 20 €

Source : La NRH

Idéalisme et pragmatisme

 

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Idéalisme et pragmatisme

Lundi, 25 Mai 2009 - http://unitepopulaire.org 

 

« Le pragmatisme sans idéal est une folie. Lui aussi devient une idéologie : celle de la négation de l’idéalisme, relégué à l’irréalisme, celle de l’illusoire contrôle de tous les paramètres permettant de se passer de vision globale. Il ne fait que renforcer la force pour ce qu’elle est mais la laisse aveugle, au lieu de la diriger vers un but. Le pragmatisme est conservateur : il ne fonctionne que dans un cadre qu’il ne saurait remettre en question de lui même. L’idéalisme sans pragmatisme aussi est une folie, s’il est autiste, qu’il refuse de s’adapter au réel. Pragmatisme et idéalismes tous deux deviennent fous quand ils finissent par ignorer leurs limites. Mais aujourd’hui les idéaux semblent avoir déserté la politique. On s’en méfie, on les relègue aux extrêmes. Parfois cependant ils sont profanés par pragmatisme : pour se faire élire. Le pragmatisme se servant de l’idéalisme est un cynisme. Le pragmatisme a-t-il vaincu l’idéalisme ? Ce qu’il faut, c’est remettre les choses à leurs places : l’idéalisme doit se servir de pragmatisme, et non l’inverse. […] Cependant force est de constater qu’aujourd’hui l’idéalisme quel qu’il soit est catalogué comme étant forcément un extrémisme. L’explication tient sans doute dans ce que l’histoire des idéaux est pavée de totalitarismes et d’idéologies meurtrières. Mais paradoxalement le pragmatisme devient lui aussi, à son tour, une idéologie. […]

 

La vision de l’économie fondée sur la concurrence, et le fait même de donner à l’économie une place centrale en politique, fait partie du consensus de ce qu’on pourrait appeler "l’idéologie pragmatique". L’économie elle même est un moyen et non une fin. La privilégier devant le reste, c’est donc ne pas avoir d’idéaux. Pourtant ne serait-il pas possible de dépasser ce principe de concurrence ? Sommes nous à ce point incapables d’envisager que d’autres modèles, basées sur la collaboration, soient possibles ? D’essayer de les mettre en œuvre ? Est-il seulement possible d’affirmer la prépondérance de certains principes sur le principe d’optimisation économique lui même ? Est-ce "fou" à ce point ? C’est pourquoi aujourd’hui il devient urgent de réhabiliter – avec pragmatisme – un véritable idéalisme rationnel. »

 

Quentin, Agoravox, 25 juin 2008

Euro-america o Eurasia?

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Archives - 2003

 

 

Euro-america o Eurasia?

 

 

 

Intervento di Fausto Sorini svolto al seminario internazionale PCdoB di Brasilia del 25-26 Settembre 2003, dedicato all'analisi del quadro mondiale (tratto da http://www.resistenze.org)

 

1) Con l’occupazione militare dell’Iraq si è espressa in modo organico una volontà di dominio globale da parte dei settori più aggressivi dell’imperialismo americano. Controllare il Medio Oriente, maggiore riserva petrolifera mondiale, significa condizionare tutte le dinamiche economiche del pianeta, ed in particolare quelle di Unione europea e Cina, che dal petrolio di questa regione sono ancora oggi largamente dipendenti. Non a caso Russia e Cina, nel primo incontro al vertice tra Putin e Hu Jintao, hanno deciso di intensificare la cooperazione in campo energetico.

 

2) Lo scenario è quello di una competizione per l’egemonia mondiale nel 21° secolo. Gli Stati Uniti, di fronte alle proprie difficoltà economiche, a un debito estero che è il maggiore del mondo, all’emergere di nuove aree economiche, geo-politiche e valutarie che ne minacciano il primato mondiale, scelgono la guerra “permanente” e “preventiva” per tentare di vincere la competizione globale sul terreno militare, dove sono ancora i più forti. E dove si propongono di raggiungere una superiorità schiacciante sul resto del mondo, per cercare di invertire una tendenza crescente al declino del loro primato economico.

Nel 1945 gli Usa esprimevano il 50% del PIB del mondo; oggi sono al 25% (come l’Unione europea). Con le attuali tendenze dell’economia mondiale, i centri studi dei Paesi più industrializzati prevedono un ulteriore dimezzamento della % Usa nei prossimi 20 anni. Sarebbe la fine dell’egemonia mondiale dell’imperialismo americano, l’ascesa di nuovi centri di potere, capitalistici e non, un’autentica rivoluzione negli equilibri planetari. Si sono fatte guerre mondiali per molto meno.

 

3) Unione europea, Russia, Cina, India sono le principali potenze economiche e geo-politiche emergenti dotate anche di forza militare. L’Eurasia è il principale ostacolo al dominio Usa sul mondo. Chi avesse ancora dei dubbi, si rilegga Paul Wolfowitz, ideologo dell’amministrazione Bush : “Gli Stati Uniti devono appoggiarsi sulla loro schiacciante superiorità militare e utilizzarla preventivamente e unilateralmente…Il nostro primo obiettivo è di impedire l’emergere ancora una volta (dopo l’Urss - ndr) di un rivale…Ciò richiede ogni sforzo per impedire ad ogni potenza ostile di dominare una regione il cui controllo potrebbe consegnarle una potenza globale. Tali regioni comprendono l’Europa occidentale, l’Asia orientale (la Cina - ndr), il territorio dell’ex Unione Sovietica e l’Asia sud-occidentale (l’India - ndr)”. 

 

4) Non si tratta di una linea congiunturale, facilmente reversibile con un cambio di presidenza, ma di un orientamento che viene dal profondo dei settori più aggressivi e oggi dominanti dell’imperialismo americano. Un orientamento strategico che guarda alle grandi sfide del 21° secolo, non una breve parentesi. Vi sono differenze nei gruppi dominanti Usa e nell’opinione pubblica, nella stessa amministrazione Bush. Ma le posizioni meno oltranziste oggi sono minoranza e prevedibilmente lo saranno per molto tempo, fino a quando la linea attuale non andrà incontro a sconfitte economiche o militari (tipo Vietnam).

 

5) Gli Usa aspirano, come ha ben sintetizzato Fidel Castro, ad una “dittatura militare planetaria”. E’ una minaccia “diversa”, ma per certi aspetti più grande di quella rappresentata dal nazi-fascismo nel secolo scorso. Gli Usa dispongono oggi di una superiorità militare sul resto del mondo assai maggiore di quella che Germania, Giappone e Italia avevano all’inizio della seconda guerra mondiale. Nemmeno il Terzo Reich pensava al dominio globale del pianeta, così come esso viene teorizzato da alcuni esponenti dell’amministrazione Bush. Ciò spiega perché la linea della “guerra preventiva” suscita una opposizione tanto vasta, che coinvolge la grande maggioranza dei Paesi del mondo. E’ significativo che gli Usa, con la scelta di fare la guerra all’Iraq, siano rimasti in forte minoranza nell’Assemblea generale dell’Onu e nel Consiglio di Sicurezza, dove non solo hanno avuto l’opposizione dei paesi maggiori (Francia, Germania, Russia, Cina), ma dove non sono riusciti – pur esercitando pressioni fortissime – a “comprare” il voto di paesi come Messico, Cile, Angola, Camerun, da cui non si attendevano tante resistenze. Con la guerra in Iraq gli Usa hanno scontato un isolamento politico senza precedenti. Si calcola che solo il 5% dell’opinione mondiale abbia sostenuto la guerra. Una nuova generazione che, con il crollo dell’Urss e la crisi dell’ideale comunista, era cresciuta in tanta parte del mondo col mito del modello americano, oggi comincia ad aprire gli occhi e a maturare una coscienza critica potenzialmente antimperialista, come non si vedeva dai tempi del Vietnam. E’ un grande patrimonio, che peserà nel futuro del mondo.

 

6) La spinta verso un mondo multipolare è inarrestabile, anche se essa procederà con gradualità, perché nessuno oggi ha la volontà e la forza di sfidare apertamente gli Usa. Cresce in ogni continente la tendenza alla formazione di “poli regionali”, volti a rafforzare la cooperazione economica, politica, militare dei paesi dell’area per essere presenti sulla scena mondiale con maggiore potere contrattuale. Tutti ritengono di avere bisogno di tempo per rafforzarsi. Questo può spiegare la prudenza della Cina (e per altri versi della Russia) nei rapporti con gli Usa: vogliono rinviare ad altri tempi una possibile frattura, che in particolare la Cina mette nel conto. Mentre Francia e Germania, con diversa collocazione, non considerano matura la fine del legame transatlantico. Tali disponibilità al compromesso si sono espresse nel voto unanime (con la non partecipazione della Siria) a favore della risoluzione 1483 (22 maggio 2003) del CdS dell’Onu, che in qualche misura legittima a posteriori l’occupazione militare dell’Iraq e “riconosce” i vincitori. La questione si ripropone nella trattativa in corso in questi giorni, in cui si tratta di definire natura, ruolo e comando di un eventuale coinvolgimento dell’Onu in un Iraq tutt’altro che normalizzato, dove gli Usa sono impantanati, costretti a spendere cifre astronomiche, militarmente sotto il tiro di una resistenza irakena che si rivela più tenace e radicata del previsto. Le maggiori potenze che pure si sono opposte alla guerra, nella logica della più classica realpolitik - puntano anche a non farsi escludere da ogni influenza sul nuovo Iraq e dai giganteschi interessi legati alla ricostruzione del paese; e a tutelare i propri interessi in campo, dalle concessioni petrolifere al recupero dei debiti contratti dal vecchio regime di Saddam Hussein. Cercano di costringere gli Usa, oggi in difficoltà, ad accettare quei vincoli Onu ai quali nei mesi scorsi si erano sottratti. Il rischio è quello di contribuire a sostenere e legittimare l’occupazione militare e il comando degli Usa in Iraq, offrendo loro un salvagente senza significative correzioni della loro politica aggressiva. Vedremo su quali basi avverrà il compromesso.

 

7) Questa guerra ha fatto nascere un forte movimento popolare, che ha coinvolto centinaia di milioni di persone, in ogni continente. Il 15 febbraio 2003 più di cento milioni di persone hanno manifestato contemporaneamente in ogni parte del mondo. Era dalla fine degli anni ’40, dai tempi del Movimento dei partigiani della pace, che non si vedeva una mobilitazione così estesa a tutte le latitudini. Si tratta di una delle novità più importanti del quadro internazionale dopo il 1989. Anche se tale movimento non ha avuto la forza per fermare la guerra e oggi vive una fase di delusione e di riflusso, si sono poste importanti premesse per le lotte future e per la ricostruzione di un movimento mondiale contro la logica imperialista della guerra, che non si fermerà. Vi è qui un terreno fondamentale di lavoro per i comunisti e le forze rivoluzionarie di ogni parte del mondo. Purtroppo mancano forme anche minime di coordinamento internazionale di tale lavoro; e questo limite, che dura ormai da molti anni, non vede ancora in campo ipotesi di soluzione ed iniziative adeguate da parte dei maggiori partiti comunisti che avrebbero la forza e la credibilità per prenderle. Ciò rende tutto più difficile, ed espone il movimento contro la guerra, soprattutto in alcune regioni del mondo, all’influenza prevalente delle socialdemocrazie, delle Chiese o di alcuni raggruppamenti trotzkisti (come è stato finora, in buona misura, nel movimento di Porto Alegre). L’appuntamento del prossimo Forum Sociale Mondiale in India, potrebbe vedere in proposito alcune novità, ed un suo ampliamento unitario: in senso geo-politico, con il coinvolgimento dell’Asia, oltre l’asse originario imperniato su Europa occidentale, Stati Uniti e America Latina (poi si dovrà guardare all’Africa, all’Europa dell’Est, alla Russia); e in senso politico, con l’auspicabile superamento di una persistente pregiudiziale antipartitica, che si è finora risolta in sorda ostilità soprattutto nei confronti dei partiti comunisti. Se sarà così, il movimento non potrà che trarne vantaggio, consolidamento e maggiori legami coi movimenti operai dei rispettivi paesi, con generale beneficio del movimento mondiale contro la guerra e la crescita in esso di una più matura coscienza antimperialista.

 

8) L’opposizione alla “guerra preventiva” viene non solo dalle tradizionali forze di pace, ma anche da parte di potenze imperialiste come Francia e Germania, che fanno parte del nuovo ordine mondiale dominante. Potenze non “pacifiste”, come si è visto in Africa (ad es. in Congo, dove la competizione interimperialistica tra Francia e Stati Uniti, per il controllo delle immense risorse minerarie della regione è costata la vita in pochi anni a 4 milioni di persone…); o nella guerra della Nato contro la Jugoslavia, che ha visto Francia e Germania pienamente coinvolte. Questi paesi sono gli assi portanti dell’Unione europea, un progetto autonomo di costruzione di un polo imperialista (con la sua moneta : l’ euro) che vuole giocare le sue carte nella competizione globale. E che in prospettiva punta a dotarsi di una forza militare autonoma dagli Usa. Questi paesi non accettano di sottomettersi al dominio Usa, ma procedono con prudenza in questo processo di autonomizzazione : non hanno oggi la forza di sfidare apertamente gli Usa, non hanno un sufficiente consenso degli altri Paesi dell’Unione europea per mettere apertamente in discussione l’equilibrio “transatlantico”.

 

9) Le contraddizioni che oppongono la grande maggioranza dei Paesi del mondo al progetto militarista e unipolare Usa, sono di natura diversa: -vi sono contrasti tra imperialismo e Paesi in via di sviluppo, che aspirano alla pace e a un ordine mondiale più giusto nella ripartizione delle ricchezze del pianeta; - vi sono contrasti tra imperialismi, per la ripartizione delle risorse mondiali e delle rispettive sfere di influenza; - vi sono contrasti tra imperialismo e paesi di orientamento progressista (Cina, Vietnam, Laos, Corea del Nord, Cuba, Venezuela, Brasile, Libia, Siria, Palestina, Sudafrica, Bielorussia, Moldavia…) che in vario modo aspirano ad un modello di società diverso dal capitalismo dominante. Si evidenzia qui in particolare il contrasto con la Cina, grande potenza socialista (economica e nucleare), diretta dal più grande partito comunista al mondo, che sta emergendo come la grande antagonista degli Usa nel 21° secolo. Questo dichiarano apertamente vari esponenti Usa, che valutano che nei prossimi 20 anni, con gli attuali tassi di sviluppo, il PIB della Cina potrebbe eguagliare quello degli Usa, il divario di potenza militare potrebbe ridursi, e quindi “bisogna pensarci prima che sia tardi”, se non si vuole che la Cina divenga per gli Stati Uniti, nel 21° secolo, quello che l’Urss è stata nel secolo scorso; - vi sono contrasti con grandi paesi come la Russia e l’India (potenze nucleari), che pur non avendo oggi una coerente collocazione progressista in campo internazionale, non fanno parte del sistema imperialistico dominante, e hanno interessi nazionali e una collocazione geo-politica che contraddicono le aspirazioni egemoniche degli Usa. La Casa Bianca, nel suo documento sulla Sicurezza nazionale del settembre 2002, li definisce paesi dalla “transizione incerta”, che potrebbero evolvere verso una crescente omologazione agli interessi Usa e al suo modello sociale e politico (distruzione di ogni statalismo in campo economico, democrazia liberale in campo politico-istituzionale, rinuncia al potenziamento del proprio potenziale militare e nucleare e ad ogni “non allineamento” in politica estera…); ma che potrebbero evolvere in senso opposto e quindi rappresentare una “minaccia” per l’egemonia Usa e per l’attuale ordine mondiale dominante.

 

10) Vi è una spinta, nei vari continenti, alla formazione di entità regionali più autonome dagli Usa e con un proprio protagonismo sulla scena mondiale: -in Europa, con l’Ue e il rapporto Ue-Russia; -nell’area ex-sovietica, con la Csi; -in America Latina, con il Mercosur e la convergenza progressista di Brasile, Cuba, Venezuela…; -in Africa, con l’Unione africana e il Coordinamento per la cooperazione e lo sviluppo dei paesi dell’Africa australe (SADC), imperniato sul nuovo Sudafrica e sui governi progressisti della regione (Angola, Mozambico, Namibia, Zimbabwe, Congo, Tanzania…); -in Asia, con lo sviluppo del rapporto Cina-Asean/Cina-Vietnam. Nel 2010 i dieci paesi dell’Asean e la Cina formeranno il più grande mercato comune del pianeta; con le spinte verso una riunificazione della Corea su basi di neutralità, denuclearizzazione e allontanamento di tutte le basi militari straniere; con il rafforzamento del ruolo del “Gruppo di Shangai” (Russia, Cina, Kazachistan, Kirghisia, Uzbekistan, Tagikistan) : imperniato sull’asse russo-cinese, con la recente significativa richiesta di Putin all’India di entrare a farne parte. Il processo di avvicinamento tra Cina e India pesa enormemente sugli equilibri mondiali.

 

11) Gli Usa osteggiano il formarsi di questi “poli regionali” e cercano di favorirne la “disaggregazione”, oppure di sostenere all’interno di essi l’egemonia delle forze che sono sotto la loro influenza. Ne derivano contrasti di natura diversa nei principali organismi internazionali (Onu, FMI, G7, Wto, Unione Europea, nella stessa Nato). Ultimo in ordine di tempo il fallimento del vertice WTO a Cancun, dove è emerso uno schieramento “Sud-Sud”, imperniato su Cina, India, Brasile, Sudafrica (e con la significativa presenza di paesi come Cuba e Venezuela) che si è fatto interprete degli interessi dei Paesi in via di sviluppo, contro le pretese egemoniche dei maggiori centri dell’imperialismo. Le contraddizioni tendono continuamente a ripresentarsi : basti pensare alle tensioni e alle minacce che investono Iran, Siria, Arabia Saudita, crisi palestinese, Corea del Nord, Venezuela, Cuba; ad una situazione interna all’Iraq non normalizzata; alla permanente competizione economica e valutaria Usa-Ue / dollaro-euro... Ma c’è diversità di interessi in campo, di progetti politici e di modello sociale, anche tra le forze che si oppongono all’unilateralismo Usa. Ad esempio : la Cina, il Vietnam, Cuba, il Venezuela…non hanno la stessa collocazione strategica, della Germania di Schroeder o della Francia di Chirac, che invece difendono un certo modello economico e un ordine mondiale fondato sul predominio delle grandi potenze capitalistiche. Emblematica la vicenda di Cuba che è sostenuta dai Paesi socialisti e progressisti, ma osteggiata dall’Unione europea che si è vergognosamente avvicinata agli Usa nel rilancio di una campagna ostile. La lotta di classe non è scomparsa, così come non scomparve negli anni ’40 quando forze tra loro assai diverse per riferimenti sociali e politici trovarono una comune convergenza contro il nazi-fascismo, per poi tornare a dividersi negli anni della guerra fredda, perché portatori di interessi e di modelli di società tra loro alternativi.

 

12) Il fatto che l’opposizione alla guerra di grandi paesi come Russia, Cina, Francia, Germania non abbia superato una certa soglia di asprezza (oltre la quale il contrasto tende a spostarsi sul terreno dello scontro aperto, anche militare); il fatto che momenti di forti divergenze si alternino a situazioni in cui prevale la ricerca di una mediazione e di un compromesso, sorge non già – come sostengono le teorie di Toni Negri sul nuovo impero - dall’esistenza di interesse omogenei di un presunto “capitale globale” e di un presunto “direttorio mondiale” in cui esso troverebbe espressione politica organica e unitaria, ma da rapporti di forza internazionali che, sul piano militare, non consentono oggi a nessun paese o gruppo di paesi di portare una sfida aperta, oltre certi limiti, alla superpotenza Usa.

 

13) Come ricostruire internazionalmente un contrappeso capace di condizionare la politica estera degli Stati Uniti? Questo è il problema n°1 per tutte le forze che non vogliono una nuova tirannia globale. E’ necessaria la convergenza di più forze, tra loro assai diverse: -innanzitutto la resistenza del popolo irakeno e delle forze che in Medio Oriente la sostengono (Siria, Iran, resistenza palestinese…) per mantenere aperto il “fronte interno”, contro l’occupazione militare, e scoraggiare nuove avventure. E’ necessario un sostegno internazionale a questa resistenza, oggi pressochè inesistente al di fuori del mondo arabo; sostegno non separabile da quello alla causa palestinese, in grave difficoltà dentro una dinamica politico-diplomatica sempre più condizionata dagli Usa, che con Israele vogliono il controllo pieno del Medio Oriente; -la ripresa del movimento per la pace negli Usa e su scala mondiale, riorganizzando le sue componenti più dinamiche e determinate, per impedirne la dispersione e il riflusso; -il consolidamento delle più larghe convergenze politico-diplomatiche tra Stati, contro l’unilateralismo Usa, senza di che è impensabile una ripresa di ruolo dell’Onu (obiettivo che non va abbandonato, in assenza di alternative più avanzate che oggi non esistono). Si impone un maggior ruolo dell’Assemblea generale rispetto al Consiglio di Sicurezza e una composizione più rappresentativa del Consiglio stesso; -lo sviluppo, negli Stati Uniti, di una opposizione alla politica di Bush e in Gran Bretagna a quella di Blair, oggi entrambi in crisi di consenso. La difesa intransigente del diritto di Cuba, della Siria, dell’Iran, della Corea del Nord e di ogni altro paese minacciato a proteggere la propria sovranità da ogni ingerenza esterna, è parte integrante della lotta contro il sistema di guerra, indipendentemente dal giudizio che ognuno può avere sulla situazione interna di questo o quel paese.

 

14) Come evolverà l’Europa? Sono emerse divisioni non facilmente superabili tra Usa e Unione europea, all’interno dell’Unione europea e della Nato (cioè tra alleati del tradizionale blocco atlantico), come mai era accaduto nel dopoguerra. Nell’Unione europea (e nella Nato) continuerà il contrasto tra filo-americani e sostenitori di un’Europa più autonoma dagli Usa, imperniata sul rapporto preferenziale tra Francia - Germania - Russia. Anche per questo gli Usa vorrebbero l’ingresso nell’Ue di Turchia e Israele, loro alleati di fiducia (soprattutto Israele, perché anche in Turchia, come si è visto in relazione al conflitto irakeno, sta emergendo una dialettica nuova). Una sconfitta elettorale (possibile) dei governi di centro-destra in Italia e in Spagna, favorirebbe una collocazione europea più autonoma.

 

15) E’ vero che gli Usa sono oggi orientati ad agire anche militarmente in modo unilaterale, senza farsi condizionare né dall’Onu nè dalla Nato, ma essi non rinunceranno alla Nato, che continua ad essere per loro uno strumento prezioso per controllare l’Europa e le strutture politico-militari, di sicurezza, di intelligence, nonché l’industria e la tecnologia militare dei Paesi europei integrati nell’Alleanza. E per disporre di basi militari sul continente, poste sotto il loro controllo, magari spostandole o creandone di nuove nei paesi europei più fedeli e sottomessi, come alcuni paesi dell’Est. Gli Usa dispongono di una presenza militare in 140 Stati su 189 (con altri 36 vi sono accordi di cooperazione militare), con 800 basi militari e 200.000 soldati dislocati all’estero in permanenza (esclusi quelli presenti in Iraq). Ciò rende attualissima e non rituale la ripresa di una iniziativa del movimento per la pace per la chiusura delle basi militari Usa nei rispettivi Paesi. Per il ritiro di tutti i militari impegnati all’estero a supporto di azioni di guerra e di occupazione militare. Per attivare iniziative e dinamiche di disarmo in campo internazionale.

 

16) Un intellettuale britannico vicino a Tony Blair, ha scritto dopo la guerra in Iraq che in Europa il bivio è “tra euroasiatici, che vogliono creare un’alternativa agli Usa (lungo l’asse Parigi – Berlino – Mosca – Delhi – Pechino) ed euroatlantici, che vogliono mantenere un rapporto privilegiato con gli Usa”. Tony Blair ha espresso con chiarezza la sua linea euroatlantica in una intervista al Financial Times (28.05.2003), affermando: “Alcuni auspicano un mondo multipolare con diversi centri di potere che si trasformerebbero presto in poteri rivali. Altri pensano, e io sono tra questi, che abbiamo bisogno di una potenza unipolare fondata sulla partnership strategica tra Europa e America”. Dunque: “Euro-america” o “Eurasia”?

 

17) Chi vuole un’ Europa davvero autonoma dagli Usa e dal suo modello di società, deve avere un progetto alternativo, che vada oltre l’attuale Unione europea e le basi su cui essa è venuta formandosi e che comprenda tutti i paesi del continente (anche Russia, Ucraina, Bielorussia, Moldavia…). Un progetto che: -sul piano economico, contrasti la linea delle privatizzazioni e prospetti la formazione di poli pubblici sovranazionali (interessante la proposta, in altro contesto, che il presidente venezuelano Hugo Chavez ha sottoposto a Lula, per la formazione di un polo pubblico continentale per la gestione delle risorse energetiche, collegato ad una banca pubblica regionale che serva a finanziare progetti di sviluppo e con finalità sociali); -sul piano politico-istituzionale, contrasti ipotesi federaliste volte a svuotare la sovranità dei Parlamenti nazionali e sostenga un’ipotesi di Europa fondata sulla cooperazione tra Stati sovrani, non subalterna ai poteri forti delle maggiori potenze imperialistiche che dominano l’attuale Unione europea; -sul piano militare, preveda un sistema di sicurezza e di difesa pan-europeo, alternativo alla Nato, comprensivo della Russia (una sorta di Onu europea), che già oggi – considerando il potenziale nucleare di Francia e Russia – disporrebbe di una forza difensiva sufficiente a dissuadere chiunque da un’aggressione militare all’Europa. Dunque, un progetto opposto a quello di un riarmo dell’Unione europea, di una sua militarizzazione e vocazione imperialistica, volte a rincorrere gli Usa sul loro terreno. E’ vero che oggi l’imperialismo franco-tedesco è assai meno pericoloso per la pace mondiale di quello americano e può fungere a volte da contrappeso. Ma guai a trarne una linea di incoraggiamento al riarmo dell’Ue: i movimenti operai e i popoli europei, e qualsivoglia progetto di Europa sociale e democratica, verrebbe colpiti al cuore da una politica di militarizzazione del continente su basi neo-imperialistiche. Essa stimolerebbe la corsa al riarmo a livello internazionale, e il costo di una crescita esponenziale delle spese militari, in un’Europa neo-liberale dove già oggi vengono colpite duramente le spese sociali, distruggerebbe quel poco che rimane dell’Europa del Welfare.

 

18) L’Unione europea non può fare da sola. Se vuole reggere il confronto con gli Usa ed uscire dalla subalternità atlantica, deve essere aperta ad accordi di cooperazione e di sicurezza con la Russia (che è parte dell’Europa), con la Cina, l’India; e con le forze più avanzate e non allineate che si muovono in Africa, in Medio Oriente, in America Latina. Solo una rete di unioni regionali, non subalterne agli Usa (di cui l’Europa sia parte) può modificare i rapporti di forza globali e condizionare la politica Usa. Gli Usa non possono fare la guerra a tutto il mondo.

 

19) In paesi come Russia, Cina, India – potenze nucleari in cui vive la metà della popolazione del pianeta, che potrebbero esprimere tra 20 anni un terzo della ricchezza mondiale (e che la stessa amministrazione Bush definisce “paesi dalla transizione incerta”) – le forze comuniste, di sinistra, antimperialiste, non subalterne al modello neo-liberista e agli Usa, costituiscono già oggi una forza maggioritaria (in Cina) o che potrebbe diventarlo (Russia, India) nell’arco di un decennio.

Un’alleanza elettorale in India tra Congresso e Fronte delle sinistre (animato dai comunisti) potrebbe vincere le prossime elezioni (previste per il 2005), su un programma che recuperi le istanze progressive del non-allineamento. Un’avanzata dei comunisti e dei loro alleati alle prossime elezioni politiche in Russia può creare le condizioni per un compromesso con Putin (con una parte almeno delle forze che sostengono Putin) e collocare la Russia su posizioni più avanzate. Sono possibilità, non certezze. Per questo parlo di un processo che potrebbe maturare “nell'arco di un decennio”. Ma che dispone delle potenzialità per affermarsi e su cui forze importanti in questi Paesi stanno lavorando.

 

20) Come ha sintetizzato Samir Amin, “un avvicinamento autentico fra l’Europa, la Russia, la Cina, l’Asia costituirà la base sulla quale costruire un mondo pluricentrico, democratico e pacifico”. Un’ Eurasianon allineata può rappresentare un interlocutore fondamentale anche per le forze progressiste in America Latina e in Africa. Non sarebbe il socialismo mondiale, ma certamente un avanzamento strategico nella direzione giusta. E con il clima politico che caratterizza il mondo di oggi, non sarebbe poco.

 

 

 

mercredi, 03 juin 2009

Bürokratischer Wahnsinn

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Bürokratischer Wahnsinn

Acht Milliarden Euro gibt die EU allein für die Verwaltung aus

Von Andreas Mölzer

Sondersituationen wie die gegenwärtige Wirtschaftskrise erfordern Sondermaßnahmen. Alle Ausgabenposten sind auf ihre Zweckmäßigkeit hin zu überprüfen, und gegebenenfalls ist der Rotstift anzusetzen. Dabei ist das Einsparungspotential im Bereich der Beitragszahlungen Österreichs an die Europäische Union besonders groß, weshalb die Republik dringend Maßnahmen ergreifen muß, um nationale Steuerungsmaßnahmen ergreifen zu können anstatt abhängig vom Brüsseler Diktat Gelder verteilt zu bekommen. Natürlich hat Österreich als eine der reicheren Volkswirtschaften Europas einen Beitrag zur EU zu leisten – aber nicht in der Höhe und nicht in dieser Form.

In den vergangenen Jahren belief sich der österreichische Nettobeitrag auf rund 600 bis 700 Millionen Euro. Der geschätzte Nettobeitrag unseres Landes wird in der EU-Haushaltsperiode 2007 bis 2013 übrigens 6,02 Milliarden Euro betragen, was in alter Währung 83 Milliarden Schilling sind. Angesichts der gewaltigen wirtschaftlichen und finanziellen Herausforderungen, vor denen Österreich steht, wäre es mehr als sinnvoll, den heimischen Nettobeitrag auf 300 Millionen Euro zu reduzieren. Überhaupt sollte die Wirtschaftskrise – nicht nur von Österreich, sondern auch von den übrigen Mitgliedstaaten – zum Anlaß genommen werden, Zuständigkeiten und und Höhe des Haushalts der Europäischen Union auf ihre Sinnhaftigkeit hin zu überprüfen. Schließlich hat sich die EU in den vergangenen Jahrzehnten zu einem bürokratischen Monster entwickelt, das Unsummen an Steuergeldern verschlingt. So belaufen sich etwa die Verwaltungskosten auf acht Milliarden Euro, was kein Wunder ist, wenn man bedenkt, daß 40.000 Beamte im Sold Brüssels stehen. Und mit der Gier nach immer mehr Kompetenzen ist ein undurchdringlicher Dschungel an Vorschriften entstanden: Insgesamt sind es fast 130.000 Richtlinien, und das Amtsblatt der EU umfaßt 800.000 Seiten. Keine Überraschung ist, daß dieser bürokratische Wahnsinn Mißbräuchen Tür und Tor öffnet. Allein im Vorjahr entstand durch mehr als 12.000 gemeldete Unregelmäßigkeiten ein Schaden in der Höhe von 1,2 Milliarden Euro.

Die einzige Möglichkeit, um diesen Mißstand abzustellen, besteht in weitreichenden Renationalisierungen. Denn je mehr Kompetenzen die Nationalstaaten haben und je näher die Entscheidungen beim Bürger getroffen werden, desto eher werden Sparsamkeit und Zweckmäßigkeit Einzug halten.

Il Pakistan sempre più instabile

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Il Pakistan sempre più instabile

  

Giovedì 28 Maggio 2009 – Matteo Bernabei - http://www.rinascita.info

  
 



Lo scontro tra l’esercito regolare pachistano e le milizie talibane cambia fronte e modalità.
Dopo la riconquista governativa della città di Mingora, la zona di combattimento si è spostata nella parte nord orientale del Paese. Spostamento dovuto, secondo le autorità di Islamabad, alla ritirata dei talibani cacciati dalla valle dello Swat dall’avanzata dei militari pachistani. Baitullah Mehsud, leader di Tehrik i Taliban Pakistan, aveva minacciato nei giorni scorsi di colpire le più importanti città
dello Stato se gli attacchi contro i suoi uomini non fossero cessati. Tutti fattori che avrebbero dovuto fare da avvisaglia all’attacco portato ieri dagli estremisti islamici contro una stazione di polizia a Lahore, nella provincia del Pakistan nordorientale del Punjab. Una delle aree più importanti del Paese considerata, tra l’altro, la capitale culturale del Pakistan, già il 4 marzo scorso teatro dell’attentato contro l’autobus della squadra di cricket dello Sri Lanka e che poche settimane vide il sequestro di 800 allievi di una scuola di polizia. L’attacco di ieri, compiuto con un’auto bomba carica di 100 kg di esplosivo e con il supporto di uomini armati, ha causato la morte di 27 agenti e il ferimento di almeno altri 300. Ma l’attentato rischia di essere solo l’inizio di una serie di azioni che potrebbero avere conseguenze ben più gravi. La strategia improvvisata e frettolosa, incoraggiata dagli Stati Uniti, con cui Islamabad ha deciso di portare avanti l’offensiva armata, e che ha messo in pericolo la popolazione nella valle dello Swat - avvisata con solo 24 ore di anticipo e impossibilitata a fuggire a causa del coprifuoco - rischia ora di degenerare completamente. Il fronte dello scontro è stato trasferito all’interno delle città, situate in regioni dove prima la presenza talibana era praticamente assente, offrendo inoltre la possibilità alle milizie islamiche di colpire senza dare alcun punto di riferimento alle forze armate regolari. Il tutto a scapito della popolazione che ancora una volta per salvarsi dovrà abbandonare le proprie case, questa volta però senza sapere nemmeno di preciso dove fuggire.

 

Pagina stampata dal sito rinascita.info il sito di Rinascita - Quotidiano di Liberazione Nazionale.
http://www.rinascita.info/cc/RQ_Mondo/EkuFVEApZFnSrlPpat.shtml

Angleterre: reprise de la grève en faveur de la préférence nationale

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Angleterre : reprise de la grève en faveur de la préférence nationale

Lundi, 25 Mai 2009 - http://unitepopulaire.org/

 Depuis la semaine passée, les grèves ont repris dans de nombreuses usines britanniques pour protester contre la violation des accords passés il y a quelques mois avec le patronat concernant la préférence nationale à l’embauche – nous vous renvoyons à l’article purement informatif du Figaro du 20 mai consacré à cette nouvelle. Cela nous donne l’occasion de publier ce texte très judicieux de M. Philippe Marlière, maître de conférence en sciences politiques à Londres, qui avait pris la défense des ouvriers anglais avec beaucoup d’à-propos dans les colonnes de Rue 89 à l’occasion des grèves précédentes en février dernier :

 

 

« La BBC est sans aucun doute la meilleure télévision au monde. Ses programmes sont dans l'ensemble de qualité et sa ligne éditoriale est plutôt pluraliste et centriste. C'est un fait rarissime dans un monde de médias bêtifiants et de droite. Cependant, trois sujets échappent à ce modus operandi.  Sur les ondes de la BBC, il n'est guère permis de critiquer la famille royale, la politique étrangère de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis ou la marche capitaliste du monde. Des événements récents ont concerné le troisième de ces interdits majeurs.

 

Début février, des grèves sauvages ont éclaté dans les raffineries Total et dans des centrales électriques à travers le pays. Les travailleurs britanniques protestaient contre le recours à une main-d'œuvre italienne et portugaise (employée à des salaires inférieurs aux normes locales), qui entraînait leur mise au chômage, puisque les emplois étaient réservés aux travailleurs étrangers. Gordon Brown et Peter Mandelson sont montés au créneau pour dénoncer la nature "xénophobe" de ces grèves. […]

 

La BBC, confrontée à une question politiquement sensible, est devenue le porte-parole d'un gouvernement hostile aux droits des travailleurs. Car ce que craint Gordon Brown, c'est le renouveau de la combativité salariale et syndicale. Tony Blair et Gordon Brown n'ont en effet pas défait la législation du travail thatchérienne. Dans le monde occidental, la Grande-Bretagne est le pays qui restreint toujours le plus sévèrement le droit de grève.

 

Derek Simpson, le coleader du syndicat Unite, a dit les choses clairement : "Ces grèves n'ont rien à voir avec le racisme ou l'immigration. C'est une question de classe." Il est tentant de préciser le propos : ces grèves britanniques sont une question de lutte des classes. Karl Marx considérait que la lutte des classes s'organisait autour d'une classe capitaliste qui détenait le capital, dirigeait et gérait la production et, enfin, s'appropriait la plus-value correspondant à l'exploitation du labeur des travailleurs. Depuis l'époque victorienne, rien de nouveau sous le soleil de l'exploitation capitaliste !

 

En décembre 2007, la Cour européenne de justice (CEJ) avait abondé dans ce sens avec deux arrêts qui avaient fait beaucoup de bruit. L'arrêt Laval avait interdit aux syndicats d'agir contre les entreprises qui refusent d'appliquer à leurs salariés détachés dans un autre pays communautaire, les conventions collectives applicables dans ce pays. L'arrêt Viking avait estimé que le droit de recourir à des pavillons de complaisance procède de la liberté d'établissement garantie par le droit européen. La CEJ en avait conclu que la lutte des syndicats contre ces pavillons est de nature à porter atteinte à cette liberté fondamentale.

 

"Les emplois britanniques aux travailleurs britanniques" : c'est un vieux slogan du British National Party (BNP), une formation d'extrême droite. Il a récemment été repris par Gordon Brown, le très néolibéral Premier ministre, jamais à court de promesses démagogiques. Ces mots empoisonnés ont été lancés au visage du démagogue par les grévistes qui ont demandé avec ironie qu'il tienne sa promesse ! La xénophobie dénoncée par le New Labour et la BBC était imaginaire. Les grévistes n'ont exercé aucun chantage sur les travailleurs italiens et portugais non-syndiqués, sous-contractés, sous-payés, ni n'ont exigé leur rapatriement. Les cibles de leurs critiques ont été les employeurs et leur course au dumping social, ainsi que le gouvernement qui les soutient dans cette entreprise. […]

 

Gordon Brown, dont la politique économique a amené le pays au bord de la faillite, a répété le mot d'une interview à une autre : Protectionnisme ! Une majorité de Britanniques considèrera que c'est la parade désespérée d'un gouvernement incapable de raisonner en dehors des mots d'ordre des années 80 et 90 : Dérégulation ! Libre entreprise ! Flexibilité ! Le New Labour agonise, mais ces travailleurs en lutte ont décidé de prendre leur destin en main. Bien leur en a pris. »

  

Philippe Marlière, maître de conférence en sciences politiques à Londres, Rue89, 11 février 2009

Non, Merci !

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A propos des accords Reagan/Gorbatchev

 

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SYNERGIES EUROPÉENNES - Juin 1988

 

 

 

A propos des accords Reagan-Gorbatchev

 

 

par Jean-Rémy Vanderlooven

 

 

La récente signature, en décembre dernier, du traité américano-soviétique portant sur une réduction des euro-missiles a fait couler beaucoup d'encre. La ren-contre à Moscou de Reagan et de Gorbatchev prouve en tout cas que cet accord est durable. Enfin un évé-nement médiatique qui ne soit sucité ni par une catastrophe ni par un scandale?

 

 

Bien que le traité, désormais ratifié par le Congrès américain, ne concerne que 3 à 7% de la puissance de feu nucléaire des deux super-puissances, réactions et com-mentaires ont fusés en tous sens.

 

Certains en ont déduit, hâtivement sans doute, que Reagan et Gorbatchev s'étaient soudain convertis au pacifisme angélique, d'autres y ont trouvé une preu-ve supplémentaire du machiavélisme soviétique, et quelques-uns, enfin, sont partis en quête d'un para-pluie, pas trop troué, sous lequel se réfugier frileu-sement. Toutes ces gesticulations révèlent un double manque considérable: la lucidité et la dignité.

 

 

En fait, la signature de ce traité trouve sa véritable im-portance historique, en tant que signe d'une dou-ble modification d'analyse et de stratégie dans le chef des deux grands et "subsidiairement" du statut de l'Europe de l'Ouest.

 

 

USA

 

 

Depuis quelques années, la stratégie mondiale des E-tats-Unis se réoriente en fonction de deux éléments re-lativement neufs. D'une part, une résurgence de la tentation isolationniste. Celle-ci est illustrée, au plan économique, par les différentes "guerres" euro-amé-ricaines (aciers, pâtes, etc.), ou encore, par la dégringolade —voulue— du dollar sur toutes les pla-ces financières, ce qui a pour double effet de faire fi-nancer la démagogie reaganienne par le reste du mon--de et d'élever des barrières autour du marché in-térieur américain. Parallèlement, au plan militaire, l'IDS ne sanctuarise que le territoire américain.

 

 

D'autre part, la source de la vitalité américaine glisse de la côte Est vers la côte Ouest, recentrage motivé par le transfert du centre de gravité économique de l'At-lantique-Nord au Pacifique. Cette double con-train-te, à laquelle s'ajoute au relatif manque de "fia-bi-lité" des alliés de l'OTAN, conduit, dans la pensée stratégique américaine, à une marginalisation toujours plus marquée de l'Europe de l'Ouest. Un désengagement progressif des Américains en Europe est donc de plus en plus probable.

 

 

URSS

 

 

En ce qui concerne l'URSS, il serait temps d'aban-donner nos phantasmes concernant une quelconque volonté de démocratisation de type "occidentalo-libéral". La nouvelle direction du pays a relevé un dé-fi d'une toute autre nature: la modernisation d'un sys-tème économique obsolète, condition de survie de l'empire. Cette exigence détermine le choix de nou-velles priorités: la société civile et l'infrastructure économique/technologique prennent, momentané-ment (?), le pas sur la logique d'un impérialisme pu-rement militaire et sur son corrolaire, la course aux armements.

 

Cette réorientation fondamentale devra permettre à la fois le transfert de ressources financières et humai-nes à l'intérieur de l'URSS et, via une amélioration du "look" diplomatique, une meilleure collaboration avec le reste du monde. Si tout ceci peut se traduire par une moindre militarisation de la société sovié-ti-que, par une relative décentralisation du pouvoir et par un assouplissement des normes de commu-nica-tion et d'information, l'Union Soviétique restera mal-gré tout fort éloignée d'un quelconque "plura-lis-me".

 

 

Les indices de ce changement de stratégie ne man-quent pas; l'URSS s'est longtemps montrée très ac-ti-ve dans le monde par ses interventions militaires, sou-vent massives. Dans les pays d'Europe centrale, à Cuba, au Vietnam, en Angola, en Ethiopie, en Af-gha-nistan (ces entreprises ont d'ailleurs eu pour effet d'atténuer le complexe d'"assiégés" des dirigeants so-viétiques).

 

Or, plus récemment, un relatif désengagement est per-ceptible, illustré, par exemple, par une aide plus dis-crète au Nicaragua, par la non-intervention directe en Pologne, par les velléités de retrait d'Afghanistan ou encore par le traité sur les euromissiles.

 

 

Tout cela rend l'étouffement complet des satellites eu-ropéens moins impératif et diminue l'acuité de l'af-frontement avec les nations ouest-européennes.

 

 

Europe de l'Ouest

 

 

Les Européens de l'Ouest ne peuvent nullement es-pé-rer imposer une stratégie propre et volontariste dans le cadre de ces bouleversements.

 

 

En effet, du fait des conséquences de ses guerres ci-viles et des erreurs historiques qui ont jalonné les po-litiques de colonisation puis de décolonisation, l'Europe a dû renoncer à son rôle de leader mondial. Cependant, les atouts qu'elle conserve, doivent lui permettre de développer une tactique "opportuniste" en fonction du relatif espace d'autonomie qui s'offre à elle.

 

 

Cette tactique devrait s'articuler sur trois options fon-damentales: 1) le neutralisme (non-alignement idéo-logique par rapport aux deux super-puissances; ce que les Allemands nomment plus justement la Blockfreiheit);  2) le recentrage et 3) la redécouverte de ces axes naturels de collaboration internationale.

 

 

Neutralisme

 

 

"Plutôt rouge que mort?". Certainement pas: une tel-le attitude n'est qu'une façon, parmi d'autres, de sa-crifier, une fois de plus, l'essentiel: la dignité. En fait, le nouveau neutralisme dont ont besoin le centre et l'ouest de notre continent est la première condition de son indépendance: il s'agit de s'affranchir de la tu-telle exercée par les deux grands, tutelle qui n'apporte qu'une protection illusoire au prix d'une vassalisation bien réelle. Dans cette optique, tant l'iso-la-tionnisme américain que l'attitude nouvelle des Soviétiques à l'égard du glacis est-européen sont des opportunités qui ne peuvent être négligées.

 

 

Recentrage

 

 

Au-delà de cette neutralité réinventée, l'espace euro-péen ainsi créé ne pourra définir son identité et affir-mer sa vocation internationale qu'en faisant appel à un système de références et de projets se rapportant à lui-même.

 

 

Potentiels culturels et traditions politiques purement européens sont, en effet, appelés à former la base d'une vision prospective de notre devenir, par la mi-se en avant de la communauté de destin de nos peu-ples. Nous voilà bien éloigné du "grand marché" pu-rement mercantile et ouvert à tous vents que nous proposent nos technocrates...

 

 

Axes d'ouverture

 

 

Contrairement aux dires des farfelus du mondialisme militant, l'avenir international de l'Europe ne passe pas par Séoul ou Lima, lieux pour nous excentri-ques, appartenant à l'espace sud- ou nord-pacifique.

 

 

Notre histoire indique à suffisance les solidarités (et les interdépendances) naturelles qui devraient être ré-ac-tualisées: l'axe est-ouest d'une part, l'axe nord-sud d'autre part.

 

Les conditions d'émergence du premier axe ont été dé-veloppées dans le points précédent. En ce qui con-cerne le deuxième axe  —l'Afrique—  sa réalité est clairement inscrite dans les faits. Nombre de nos pro-blèmes parmi les plus concrets, comme l'immi-gration ou l'approvisionnement en énergie, par exemple, ne pourront être résolus que sur base d'un dialogue trans-méditerranéen.

 

 

Défis

 

 

Il s'agit donc, pour l'Europe, de relever un défi: re-constituer une identité européenne propre qu'il fau-dra concrétiser dans un espace autonome et inscrire dans une alternative internationale dynamique.

 

Au boulot,...

 

 

Jean-Rémy VANDERLOOVEN.

 

 

mardi, 02 juin 2009

UE: toujours plus loin de la démocratie

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Union Européenne : toujours plus loin de la démocratie...

Lundi, 25 Mai 2009 - http://unitepopulaire.org/ 

« La campagne pour le scrutin parlementaire qui se tiendra du 4 au 7 juin est lancée. La menace de l’abstention est forte, tant l’Union est accusée d’être une machine bureaucratique Rien de tel que des perspectives floues pour saboter une élection cruciale. A travers les vingt-sept pays de l’Union européenne, la campagne pour l’élection au Parlement européen lancée dimanche risque de ressembler à une opération massive de déminage.

Trois cent septante-cinq millions d’électeurs sont convoqués, du 4 au 7 juin, pour élire les 736 eurodéputés qui les représenteront pendant cinq ans à Strasbourg et Bruxelles. Or, tandis que les sondages prédisent déjà une abstention record – supérieure à 60% – la confusion attendue pour la fin d’année 2009 rend assez impossible la mission des candidats. A une exception près: celle du camp eurosceptique, emmené par le parti Libertas du magnat irlandais Declan Ganley, leader du collectif noniste à l’origine du rejet du Traité de Lisbonne dans son pays lors du référendum du 12 juin 2008. Tout découle, justement, du suspense qui entoure toujours ce fameux texte, successeur de la défunte Constitution européenne enterrée par les non français et néerlandais de mai-juin 2005. […]

La conséquence de ce flou politique est de brouiller encore plus l’image d’une Union déjà accusée d’être une machine bureaucratique éloignée des citoyens. La preuve est faite que le Parlement européen, plus puissant que les parlements nationaux dans les domaines de compétence communautaire, fonctionne sur la base de coalitions gauche-droite et d’alliances nationales éloignées des slogans de campagne. La probabilité est forte que la nomination de la future Commission, qui devra être avalisée par les eurodéputés, soit reculée à la fin 2009 pour tenir compte du référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne, ce qui augmentera d’ici là les manœuvres en coulisses entre les Etats membres. »

Le Temps, 18 mai 2009

Wer sich nicht wehrt...

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Wer sich nicht wehrt

Ellen KOSITZA - http://www.sezession.de/

… der lebt verkehrt! Gerade bin ich auf ein Buch hingewiesen worden, über das ich gewiß nicht von allein gestolpert wäre. Aufs Stichwort Schlägerei hab ich nie ein google-alert gesetzt. Seit wir so idyllisch auf dem Lande wohnen, betrifft uns dergleichen nicht mehr. Davor schon. Bis zum Backfisch-Alter war ich ein Rabauke – keine sportliche Rangelei ohne mich; das Wort „Schulhof-Gewalt“ gab’s damals noch nicht, blutige Knie waren Alltag.

Später trug ich meine Haare lang, die böseren körperlichen Auseinandersetzungen folgten erst dann. Vier Attacken (nie politisch motiviert) mußte ich im Alter zwischen 17 und 22 abwehren, zweimal bekam ich ordentlich was ab – einmal war der Grabscher das Opfer, ihn erwischte meine Wasserflasche.

Im Rhein-Main-Gebiet war und ist Straßengewalt ein Dauerthema, vor allem für junge Männer, die schon damals für zahlreiche Ziele diverse Umwege einschlugen – die zu nehmen ich mich stets weigerte. Bloß kein verkehrtes Leben! Heute sind das für mich nicht Geschichten „von gestern“, sondern „von dort“.

Das mir eben anempfohlene Buch mit dem recht martialischen Titel Die Schlägerei- Selbstverteidigung im Straßenkampf von „Selbstverteidigungscoach“ Mike Toss (Book on demand, also unlektoriert: Kein Problem, hier wird ja keine Geisteswissenschaft betrieben) verspricht glaubwürdig Abhilfe für solche (u.U. lebenswichtigen) Situationen, in denen der hehre Vorsatz, daß „Gewalt auch keine Lösung“ sei, nicht weiterhilft.

Gemäß Klappentext werden rund ums „Tabuthema“ (wer will leugnen, daß es eins ist?) Straßenschlägerei Punkte wie Angstkontrolle, Kampfpsychologie und solche Techniken vermittelt, die auch ohne jahrelanges Training in Streßsituationen abrufbar sein sollen. Und natürlich: Wie man die handfeste Auseinandersetzung vermeidet.

„Es geht um ihre Gesundheit, und niemand hat das Recht, Sie zu verletzen!“

00:25 Publié dans Psychologie/psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : défense, auto-défense, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Yann Moix: "Louis-Ferdinand Céline: le génie absolu"

Yann Moix :"Louis-Ferdinand Céline : le génie absolu"

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

Yann Moix, Le Figaro Littéraire, Mai 2009 : "Louis-Ferdinand qui ? Louis-Ferdinand Céline : le génie absolu. On pourra, jusqu'à la fin des fins, retourner la question dans tous les sens, sur sa saloperie, son ignominie, son ceci, son cela («Je suis un vivant reproche ») : le lire est toujours une déflagration. Dans la moindre de ses lettres, il explose. La moindre de ses remarques, de ses réflexions, le plus inconséquent de ses agacements embrasent tout. Avant lui, on n'imaginait tout simplement pas la puissance de feu que recelait la langue française : jusque-là, on frottait les mots entre eux toujours plus ou moins de la même façon, c'était des silex, c'était l'âge de pierre (ce qui n'a évidemment pas empêché les chefs-d'œuvre).

Ici, nous avons un Céline déchu, (en)terré à Copenhague, attendant de pouvoir rentrer chez lui, mais il n'a plus de chez lui : on lui a tout pris, confisqué, ses livres, son appartement, tout. Il s'en plaint abondamment à Albert, écrivain de quatrième zone totalement oublié aujourd'hui, auteur d'un obscur Gala des vaches et d'un Valsez saucisse ! sans grand intérêt, à ceci près que dans ses livres Paraz aimait à intégrer les lettres reçues de Céline. J'aurais pu m'appesantir sur l'incroyable, inouïe, faramineuse missive datée du 17 mars 1948 dans laquelle l'auteur de Bagatelles pour un massacre se considère, messianisme oblige, comme un... juif : « Vive les Youtres!». Mais je voudrais me concentrer sur ce qui m'a toujours rendu amoureux fou de Céline : son humour. Je veux dire : sa subversion. Ce laser qui, chez lui, comme chez Proust, dont il est évidemment si proche, perçoit l'humain comme personne.

Céline, quand il ne fait pas de politique, a raison sur tout, est génial sur tout, est puissant sur tout. Allons-y. En vrac (c'est tellement mieux). Le sexe : « Comme ils mouillent bichent y croyent les sapajous! En font-ils des pataquès avec leurs 3 misérables secondes de reproduction !» Franco : «Le dernier petit Hitler vivant... » Le succès : «J'aime mieux le succès des autres que les miens. Je suis l'anti-envieux » L'avenir : « L'espoir même, ça me fait dégueuler... » Les céliniens orthodoxes : «Je ne veux pas faire d'adeptes, de secte, de parti. Rien -Pas de martyrs pour moi -pas même d'inquiétés. » L'écriture (j'adore ce passage, monumental, fabuleux, tellement vrai, tout y est, tout est là, il a tout compris, tout!) : «Je n'aime pas et je n'ai jamais aimé écrire. Je trouve d'abord la posture grotesque - Ce type accroupi comme sur un chiotte en train de se presser le ciboulot d'en faire sortir ses "chères pensées" -! Quelle vanité! Quelle stupidité! Ignoble! Rien que le mot écrire me fait vomir, ce prétentieux vocable. "Il écrit" - à fesser! immonde! ».

Continuons : Cendrars : « Il n'arrivera jamais à faire tenir un livre debout. » Fofana (avec cinquante ans d'avance) : « J'ai fréquenté bien des assassins. D'une manière absolue ils ne regrettent rien s'ils ont leur photo dans le journal. » L'exil (attention, ce qui suit est éblouissant) : « La monstruosité impardonnable précisément est qu'on me tienne hors de la langue française. » Le délit d'opinion : « je voudrais avoir un "passeport animal" pour être bien certain qu'on ne s'inquiétera plus jamais de ce que je peux ou ne peux pas penser!» L'inspiration : « Si je vais "m'inspirer" comme on dit ce n'est certainement pas dans les lectures ! choses mortes ! mais dans des éléments vivants.» Ses livres : «ils ressemblent plutôt aux chansons de geste. Ils sont chansons nullement prose. Je me sers du langage parlé, je le recompose pour mon besoin - mais je le force en un rythme de chanson - je demeure toujours en danse. Je ne marche pas. » Péguy est le génie de la marche, Céline celui de la danse. Céline adore les ballets et sa femme, Lucette, est une danseuse.

Je continue mes citations : Edmond Rostand : « Il aurait moins fumé, moins coïté il aurait vécu son siècle. » Son testament (à mourir clé rire) : «À Aragon mes silences... À Triolet un poil de nez... » Les banlieues (pensons aux bandes, aux gangs, au rap) : «Les Banlieusards veulent de l'américain ni, bandent qu'à l'américain. » Je finirai en vous laissant méditer ceci, que je crois fondamental : « Le Diable sait ce qu'il fait, il est subtil, il s'attaque à la musique des peuples qu'il veut supprimer. "Ils n'auront plus de chanson ils périront". Voilà ce qu'il pense le Diable, il est pas bête. » Sollers et moi savons bien de quoi il retourne. Il ne s'agit pas de lire entre les lignes. Mais de lire. Qui saura lire?

Merci à M. Mouls.

G. Maschke: "Der subventionierte Amoklauf"

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Dossier "Günter Maschke"

 

Der subventionierte Amoklauf

Raphael Gross: Carl Schmitt und die Juden

Günter Maschke - http://www.jungefreiheit.de/

Nullus est liber tam malus, ut non aliqua parte prosit – Kein Buch ist so schlecht, daß es nicht in irgendeiner Beziehung nütze, pflegte Plinius d. Ä. (23–79) seinem Neffen und Adoptivsohn, dem jüngeren Plinius (61–113) tröstend zu sagen. Doch dank der nie genug zu preisenden Gnade unser aller Sterblichkeit ward es dem rastlos lesenden Gelehrten nicht vergönnt, Raphael Gross‘ "Carl Schmitt und die Juden" aufzuschlagen, und blieb es dem Admiral der Römischen Flotte versagt, vor den Untiefen dieser nicht auszulotenden Seichtigkeit zu erschaudern.

Wir sind einiges gewohnt und wissen, daß, wer sich die Füße an Carl Schmitt abstreift, gute Gesinnung beweist und es deshalb auf Kenntnisse und Genauigkeit nicht ankommt, handelt es sich doch um "ein politisch-moralisches Integrationsritual". Dem Pingeligen wird an dieser treffenden Bemerkung Vilmos Holczhausers das Wort "Ritual" stören. Denn so einig sich die zahllosen Schmitt-Verfolger waren, sind und sein werden – bisher streifte ein jeder seine Füße auf die eigene, gar zu individuelle Manier ab. Ein mächtig-weiser Ordner mußte kommen, auf daß sich das üppig geförderte, volkspädagogisch so erfreuliche Gewusel in ein wirkliches Ritual verwandele, auf daß aus dem Chaos Schöpfung werde. Nun ist er da, der große Liturgiker, der in genialer Einfachheit, mit einer einzigen Position und keinem Begriff, die Wirrnis beendet und gelassen sein Fiat lux spricht: überlebensgroß Herr Gross.

Herr Gross weiß etwas, das alle wissen, doch bringt er‘s nicht übers Herz, diese seine Sonderstellung zu verschweigen: Carl Schmitt war Antisemit. Das war er tatsächlich, wenn es auch für geraume Zeit (oder für immer) unklar bleiben wird, wie sein Antisemitismus funktionierte bzw. wie er sich zusammensetzte. Vor 1933 lassen sich keine antisemitischen Bemerkungen Schmitts finden, sieht man von dem harmlosen Spott auf Walther Rathenau in den "Schattenrissen" (1913) ab, der gleichwohl Gross erzürnt. Gross aber schließt aus dem Fehlen antisemitischer Bemerkungen auf deren "stillschweigende Allgegenwart" (so Thomas Wirtz in einer glänzenden Kritik in der FAZ vom 31.7., die ihren Gegenstand zu ernst nimmt). Sei vor 1933 ein antisemitisches Bekenntnis "einfach unklug" gewesen, so habe sich 1933 der wahre Schmitt entpuppt. Dessen Antisemitismus aber könne nicht reduziert werden auf einen mit nationalsozialistischen Girlanden umdekorierten, christlichen Anti-Judaismus. Doch gab es genug Professoren, auch Juristen, wie etwa Axel Freiherr von Freytagh-Loringhoven, die vor 1933 aus ihrem Antisemitismus keinen Hehl machten, ab 1933 es jedoch vorzogen, zu schweigen (der Vergleich fällt hier nicht zugunsten Schmitts aus). Wie es aber um Schmitts Antisemitismus auch stand, wie sehr man von Schmitts "Glossarium" aus den Jahren 1947/51 auch schockiert sein mag: die entsprechenden Textstellen und Fakten lassen sich auf wenigen Seiten ausbreiten. Wir kennen auch längere Aufsätze über die von Schmitt geleitete "Judentagung" (3. bis 4. Oktober 1936 in Berlin) und es sind auch ausführliche Studien, etwa über die Hintergründe dieser Tagung, denkbar.

Doch eine solche Arbeit leistet Gross nicht. Er will statt dessen das gesamte Werk Schmitts, das 1910 mit "Über Schuld und Schuldarten" einsetzt und erst 1983 mit dem Interview des italienischen Juristen Fulco Lanchester, "Un giurista d‘avanti a se stesso" (Quaderni costituzionali, 1/1938, Seite 5–34), endet, als bloßen Ausfluß, als getarnte Anwendung, als fachwissenschaftlich nur verbrämte Polemik wider den /die Juden verstehen. Gross möchte uns weismachen, er verfüge über den Universalschlüssel zu einem Haus, dessen Türen er noch nicht einmal von weitem gesehen hat. Denn Schmitts Werk ist in erster Linie Staatstheorie, Völkerrecht und Politikwissenschaft, es ist eng verbunden mit damaligen konkreten Problemen, und es bleibt verbunden mit weiter andauernden Fragen; was Schmitt von den Juden dachte, ist für ein Verständnis seiner Schriften nicht einmal von tertiärer Bedeutung. Selbst die beliebt gewordene Debatte um seine "Politische Theologie" führt zu nichts, verkennt man, daß sie im bloß Metaphorischen verharrt, – sie wird nur für soo wichtig erachtet, weil sie zu Spekulationen reizt, die sich inzwischen als Karikaturen fort und fort reproduzieren. Achselzuckend bemerkt Thomas Wirtz: "Der Jude als Artfremder (ist) der einzylindrige Motor, der Schmitts Werk über mehr als sechs Jahrzehnte am Laufen gehalten habe; ihn zu vernichten sei der Antrieb seiner langen und weit gestreuten Produktion gewesen." Weshalb ist noch niemand auf die Idee gekommen, das Werk Jean Bodins als eine Camouflage seines Hasses auf die Hexen und seiner Forderung, diese zu foltern und zu töten, zu deuten?

Solche Methode ist wissenschaftlich unsinnig (eigentlich sollte hier stehen "irrsinnig", aber was tue ich nicht alles für meinen Redakteur?) und nicht unverwandt der Verfahrensweise des Herrn Omnes, Napoleon aus seiner Körpergröße zu erklären. Für Gross sind alle Begriffe Schmitts, auch die so typischen Gegensatzpaare Nomos–Gesetz, Legalität–Legitimität, Land–Meer, Norm –Befehl, Macht–Recht, aber auch Beschleunigung, Katechon, Antichrist substantiell antisemitische Begriffe, die stets den Feind Schmitts, die Juden, im Visier haben. (Wie steht es mit "Verfassung-Verfassungsgesetz" oder mit "institutioneller Garantie"?). Wer der Moderne ablehnend oder auch nur skeptisch gegenübersteht (die bei Gross wenig mehr ist als die jüdische Emanzipation, ansonsten aber als schnurstrackser Weg zum Heil erscheint), der sollte sich vorsehen. Denn wenn es stimmt, daß die Juden besonders begabte Agenten der Moderne sind, sprich der Beschleunigung, Abstrahierung, Quantifizierung, Entortung, dann hat man auf derlei Hirnwebereien gefälligst zu verzichten. Da die jüdischen Juristen besonderem Wert auf die "formale" Legalität legen, ist schon jede Kritik an deren Alleinherrschaftsanspruch und jede Suche nach einer tragfähigen Legitimität verdächtig und gehört in den Orkus. Da die Vorstellungen vom Kommen des Antichrist antisemitisch getönt sein können, ist jedes Erschrecken vor dem Pax et securitas, mit dem der Mensch dem Menschen ausgeliefert wird, ist jedes Entsetzen vor einer rein quantitativen, nihilistischen Ordnung würgender Immanenz "böse" und "gefährlich".

"Gefährlich" ist übrigens ein Lieblingswort Gross‘, der sich hier gänzlich dem gouvernantenhaften Wissenschaftsbetrieb der BRD eingliedert. Und da der Nomos auch die Kritik des jüdischen Gesetzes beinhaltet (und weil es ihm um die Erhaltung der konkreten Völker als "Gedanken Gottes" zu tun ist?), ist er letztlich nichts als eine aufgetakelte antisemitische Spekulation. Wie fruchtbar und aufschließend ein Gedanke auch sei, – wenn er zu einer antisemitischen Conclusio führen kann, hat man sich seiner zu entschlagen. Am grauenvollsten ist für Gross natürlich das "Feinddenken", die Unterscheidung von Freund und Feind. Diese banalité supérieure impliziert jedoch auch zwingend, daß man nur mit einem Feind Frieden schließen kann, – solch simple Einsicht Schmitts, die auch das Urteil spricht über eine Welt, in der es keine Feinde mehr geben soll und die gleichzeitig vom Frieden schwätzt, entgeht Gross wie so vielen anderen. Über die Struktur, die Entwicklung, die lignes de force von Schmitts Werk, über deren Zusammenhang mit den Fragen, die die Menschen des 20. Jahrhunderts quälen und ängstigen (und die die des 21. Jahrhunderts noch ganz anders quälen und ängstigen werden!), erfährt man selbst bei Jürgen Fijalkowski, Mathias Schmitz oder Graf Krockow mehr.

Gross verplempert statt dessen seine Seiten mit schülerhaften Nacherzählungen, sei es der Deutung des Erbsündendogmas, einiger Thesen Kelsens, der Vorstellungen vom Nomos bei Albert Erich Günther und Wilhelm Stapel (die flugs mit denen Schmitts ineinsgesetzt werden), der Überlegungen de Maistres und Donoso Cortés‘ usw. Schwupp sind wieder 20–30 Seiten geschrieben, die das Herz des linksliberalen Bildungsspießers erfreuen (weil dieser meint, sich der Lektüre der betreffenden Autoren entschlagen zu können, da er wähnt, Gross habe diese wirklich sorgfältig gelesen: "Echo kommt vor jedem Wort"). Dieses hilflose Proseminaristen-Verfahren verwehrt es Gross, Schmitt dort zu kritisieren, wo es angebracht ist. Weil Schmitt sich lobend über de Maistres angebliche Thesen zur "Souveränität" und zur "Entscheidung" äußert, entgeht es Gross, daß der Savoyarde stets an "Wahrheit" interessiert war, daß für ihn die "Entscheidung" nur effektiv war im Dienste dieser einen, zwar bedrohten, jedoch unbezweifelbaren Wahrheit: Wichtig war, wie entschieden wurde, nicht, wie Schmitt gerne schrieb, daß. De Maistre war weder ein "Dezisionist", noch glaubte er, daß es nur auf eine "Entscheidung" ankomme, gleichgültig, wie diese beschaffen sei. (Ob mit letzterem Schmitt während seiner dezisionistischen Phase wirklich erfaßt ist, muß hier auf sich beruhen). Ähnliches gilt für Schmitts Deutung von Donoso, der nicht, wie Schmitt erklärte, die Diktatur forderte, weil er die Legitimität für erledigt hielt, sondern nur die Diktatur im Namen der Legitimität bejahte. Schmitt hat sich diese (und andere!) Autoren aufs Bedenklichste zurechtgeschnitzelt und sie gewaltsam zu seinen Vorläufern ernannt; dies zu demonstrieren (was freilich schon geschah), wäre ein sinnvolles Unterfangen gewesen.

Gross‘ in der Regel unholde Unwissenheit verrät sich auch, weist er dem Katechon eine zentrale Bedeutung für die katholische Theologie zu, – als wäre dieser in den Dogmatiken und Handbüchern nicht beinahe inexistent und als hätte nicht der schärfste katholische Kritiker Schmitts, Alvaro d‘Ors, die Entbehrlichkeit dieses Begriffes für ein christliches Geschichtsbild dargelegt: der Christ muß wollen, daß Sein Reich komme und darf gar nicht um Aufschub bitten. Gross hat keine Ahnung von Katholizismus, weiß aber, daß Schmitt "eigentlich" kein Katholik war.

Besonderes Augenmerk widmet Gross Hans Kelsen. Die Kontrapunktik Kelsen–Schmitt ist in der Sekundärliteratur beliebt und gibt ja tatsächlich einiges her. Sieht man jedoch von Schmitts "Politischer Theologie" (1922) und von Kelsens Polemik "Wer soll der Hüter der Verfassung sein?" (Die Justiz, 1930/31, Seite 576–628) gegen Schmitts "Der Hüter der Verfassung" (als Aufsatz zuerst 1929) ab, so bezieht sich Schmitt sehr selten auf Kelsen, Kelsen auf Schmitt so gut wie nie. Was Schmitt angeht, so ist die Ursache bekannt: er hielt Kelsens Werk schlicht für langweilig und banal und sprach allenfalls abfällig von den "ewigen Trivialitäten Kelsens".Laut Gross aber hat Schmitt Kelsen fanatisch verfolgt. Beklagte sich dieser 1934, im Vorwort zur "Reinen Rechtslehre", über die "schon an Haß grenzende Opposition gegen die ‚Reine Rechtslehre‘, so fingiert Gross, daß sich dies auf Schmitt beziehe, von dem in Kelsens Schrift nirgendwo die Rede ist.

Gross sieht nur Antisemiten und Antisemitisches

Viel schärfer als von Schmitt wurde Kelsen von dem Wiener Völkerrechtler Hold v. Ferneck oder von dem protestantischen Antinazi Rudolf Smend attackiert, geradezu brutal aber von Hermann Heller (vgl. dessen "Die Souveränität", 1927), der nota bene Jude, Sozialist und Emigrant war. Über diese und andere Kritiker Kelsens schweigt Gross. Jeder Zweifel jedoch, der gegenüber der "Reinen Rechtslehre" geäußert wird, die für Gross eine potenzierte Heilige Schrift ist, verrät schurkischen Antisemitismus, so daß – folgt man der Logik Gross‘ – der Jude Heller ein weitaus bösartigerer Antisemit sein muß als Schmitt. Kurz darauf erfahren wir, daß Kelsen "sich der Gefahr bewußt (war), die seiner relativistischen Weltanschauung von seiten der politisch-religiösen Theorie Schmitts" drohe und werden auf Kelsens "Staatsform und Weltanschauung" (1933, S. 29 f.) verwiesen, wo es jedoch um Jesus und Barabas geht und die "Volksabstimmung" (sich äußernd in der Forderung des jüdischen Pöbels, daß Pilatus Jesus kreuzigen lassen solle und nicht den Barabas) Kelsen nur dann als "ein gewaltiges Argument gegen die Demokratie" erscheint, "wenn die politischen Gläubigen (...) ihrer Wahrheit so gewiß sind wie der Sohn Gottes"; von Schmitt ist auch hier nirgendwo die Rede. Gross verfährt noch einmal so und macht den Leser glauben, daß Kelsen mit einer Passage aus "Der soziologische und der juristische Staatsbegriff" (Ausgabe 1928) auf eine Kritik Schmitts antworte, – doch gibt es weder diese Kritik noch einen von Kelsen auch nur erwähnten Carl Schmitt.

Eine weitere, noch üblere Methode Gross‘ darf man "assoziatives glissando" nennen: Wenn "selbst ein liberaler Theologe, wie Adolf v. Harnack" den Alten Bund mit dem Neuen für unvereinbar hält (als wenn vom Christentum aus etwas anderes möglich sei, Dialog hin, Hans Küng her!), so ist dies für Gross die Vorstufe zu Ernst Jüngers und Carl Schmitts Sorge, daß "durch die Exterminierung der Juden deren Moral nun frei und virulent" geworden sei. Von Sympathie für die Juden zeugen derlei Aussagen nicht, aber sie stehen in einem strikten Gegensatz zur Forderung, daß man sie ausrotte – Gross aber rückt sie in die Nähe dieser Forderung. Aufweis der Unvereinbarkeit von Altem und Neuem Bund und Ablehnung des Allgemeinwerdens der jüdischen Moral ist für ihn gleichbedeutend mit klammheimlicher Bejahung des Massenmordes!

So wie Antisemiten einer bestimmten Spezies nur Juden und Jüdisches sehen, so sieht Gross nur Antisemiten und Antisemitistisches. Wo Gross auch hintapert: Der Antisemitismus war schon da und hat die Landschaft vermint. Wenn aber dem der Grosschen Prosekution Unterworfenen gerade mal keine antisemitischen Gedankengänge nachzuweisen sind, so hat er sich ihnen doch hingegeben, "trotzdem" und "eigentlich": Hoch leben die Moskauer Trotzkistenprozesse! Gleichwohl schimpft Gross auf "Verschwörungsphantasien" und "-theorien" und vergißt, daß ohne Verschwörungen, die weder in Biarritzer Hotels noch auf Prager Friedhöfen stattfinden müssen, das Politische und die Politik gar nicht denkbar sind und daß "Verschwörung" seit Jahrzehnten ein seriöses Thema der Geschichtsschreibung und politischen Wissenschaft (nicht nur) in den romanischen Ländern ist.

Man mag erwarten, daß Gross etwas über die Ursachen des Antisemitismus sagt, d. h. über die Realitäten, die ihn provozierten; daß diese Realitäten verzerrt wahrgenommen werden können, kann nur bewiesen werden, wenn man sie untersucht. Doch Gross sieht nur jahrtausendealtes Vorurteil, ewigen Wahn, ein permanentes Kopfkino, eine geheimnisvolle, sich unaufhörlich aus dem Nichts erneuernde Urzeugung. Die ausgedehnte, jüdische Selbstkritik nicht nur vor und nach 1933, der Kampf der assimilierten deutschen Juden gegen die einströmenden Ostjuden zwecks Eindämmung des Antisemitismus u. a. m., – dies alles gibt es für Gross nicht. Bei Theodor Herzl lesen wir: "In den Bevölkerungen wächst der Antisemitismus täglich, stündlich und muß weiter wachsen, weil die Ursachen fortbestehen und nicht behoben werden können. – Die causa remota ist der im Mittelalter eingetretene Verlust unserer Assimilierbarkeit, die causa proxima die Überproduktion an mittleren Intelligenzen, die keinen Abfluß nach unten haben und keinen Aufstieg – nämlich keinen gesunden Abfluß und keinen gesunden Aufstieg. Wir werden nach unten hin zu Umstürzlern proletarisiert, bilden die Unteroffiziere aller revolutionären Parteien und gleichzeitig wächst nach oben unsere furchtbare Geldmacht". (Herzl, "Gesammelte zionistische Werke", Band I, 1923, Seite 39 und 41) Ein Vertreter dieser furchtbaren Macht bemerkt derweil zu einem anderen: "Was die antisemitischen Sympathien betrifft, so sind die Juden selbst hieran schuld und haben die Aufregung ihrem Dünkel, ihrer Überhebung und namenlosen Frechheit zuzuschreiben". (Meyer Carl Rothschild an Gerson von Bleichröder, 16. September 1875, zitiert nach: Fritz Stern, Kulturpessimismus als politische Gefahr, 1963, Seite 92). Friedrich Meinecke kam 1946 in "Die deutsche Katastrophe", gedruckt mit Erlaubnis der US-Besatzer, zu dem Ergebnis: "Zu denen, die den Becher der ihnen zugefallenen Macht gar zu rasch und gierig an den Mund führten, gehörten auch viele Juden. – Die Juden, die dazu neigen, eine ihnen einmal lächelnde Gunst der Konjunktur unbedacht zu genießen, hatten mancherlei Anstoß erregt seit ihrer vollen Emanzipation. Sie haben viel beigetragen zu jener allmählichen Entwertung und Diskreditierung der liberalen Gedankenwelt, die seit dem Ausgange des 19. Jahrhhunderts eingetreten ist" (Seite 53 und 29). Wer nicht von den Ursachen des Antisemitismus reden will, sollte auch von diesem schweigen, und schweigen sollte auch der, der sich weigert, dessen Realitätskern zu untersuchen, weil wahnhafte Reaktionen möglich sind. La verdad es siempre deliciosa.

Daß gerade "der assimilierte Jude der wahre Feind" sei, diese Wendung Peter F. Druckers aus seinem Buche "The end of economic man" (New York 1939) schreibt Gross Schmitt zu: Dieser hatte in seinem "Glossarium" (Seite 17/18) den Satz Druckers nicht klar genug als Zitat gekennzeichnet. Das Motiv für seinen Amoklauf findet Gross also in der sachlichen Feststellung eines jüdischen Intellektuellen! Schmitts oft verblüffende Nachlässigkeit im Umgang mit Zitaten, auch mit historischen Herleitungen, biographischen Behauptungen oder angeblichen Nachzeichnungen der Ideen anderer, die in Wirklichkeit Verzeichnungen sind, – hier wird sie rüde abgestraft, wobei sich der Abstrafer freilich selbst disqualifiziert: Gross warf keinen einzigen Blick in das von Schmitt immerhin deutlich genannte Buch Druckers.

Zweifel am Zustand der akademischen Welt

Die groben Schnitzer, die oft kleinen, dann aber Gross‘ Ignoranz und stultitia offenbarenden Irrtümer, die Nichtkenntnis selbst der Literatur, die ihm bei seinem Feldzug zupaß käme, – man findet kein Ende. Schreibt Schmitt etwa über Hitler: "Er wollte sich mit Gewalt in die weltbeherrschende Schicht und in ihr Arcanum eindrängen; er wollte es ihnen nicht entreißen, sondern nur daran beteiligt werden; er wollte aufgenommen werden in den feinen Club, endlich einmal ein ganz großer Herr sein, ein Lord. Jenes Arcanum aber lag tatsächlich in der Idee der Rasse" (Glossarium, Seite 157; bei Gross, Seite 358), so "beschrieb Schmitt sich damit selbst als einen Verführten des nationalsozialistischen Arcanums"! Gross kennt gar einen Bruder Schmitts namens "Georg", von dem selbst das schlaue Carlchen nichts wußte. Einen Aufsatz jedoch, dessen Autor Gross‘ Bösartigkeiten nicht erreicht, ihn aber wegen seiner Konfusion anregen könnte, straft er mit Nichtachtung: Jean-Luc Evrard, Les juifs de Carl Schmitt, in: Les Temps Modernes, November/Dezember 1997, Seite 53–100.

Der Text hat Gross "viele Jahre beschäftigt", – die tropisch wuchernde Fülle an Fehlern, Verschleifungen, Insinuationen, ganz zu schweigen von der grundsätzlichen Unergiebigkeit des Themas, lassen sich vielleicht auch damit erklären. Doch der Skandal liegt nicht darin, daß wieder einmal ein miserables Buch über Schmitt geschrieben wurde (unter den ca. 200 Monographien liegt die Gross‘ wohl im untersten Vierzigstel), sondern daß Gross eine ganze Heerschar von Beratern, Hinweisgebern, Helfern zur Seite stand, ganze 45, so ich richtig zählte. Hier finden sich bedeutende Gelehrte, wie Reinhart Koselleck, leidliche Kenner wie Dirk van Laak, ein Anti-Schmitt-Maniaque wie Bernd Rüthers. Einige dieser 45 Leute aus Deutschland, Österreich, Israel, Frankreich, den USA sollen sogar das Manuskript gelesen haben. Man muß also einmal mehr am intellektuellen wie am moralischen Zustand der akademischen Welt verzweifeln.

Gross wurde auch über Jahre hinweg von mehreren Stiftungen gefördert. In den deutschsprachigen Ländern fließen für jüdische Stipendiaten keineswegs Milch und Honig – sie stürzen vielmehr kataraktartig auf die Antragsteller herab. Jacob Taubes‘ Diktum, daß die jüdische Intelligenz in der BRD sich in einer Situation befinde, in der sie bis auf die Knochen korrumpiert werde, bewahrheitet sich ein weiteres Mal. Na also! Etwas kann man immer lernen, hätte der ältere Plinius gejauchzt. Ein jiddisches Sprichwort weiß es noch: Gott bewahre uns vor jüdischer Chuzpe, jüdischen Mäulern und jüdischem Köpfchen.

 

Raphael Gross: Carl Schmitt und die Juden. Suhrkamp Verlag, Frankfurt/M. 2000, 441 Seiten, geb., 54 Mark

La RAF allemande: une analyse

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SYNERGIES EUROPÉENNES - Juillet 1988

 

 

 

La RAF allemande: une analyse

 

 

par Michel FROISSARD

 

 

 

 

 

Les éditions Méridiens-Klincksieck ont sorti récemment une analyse du phénomène RAF (Rote Armee Fraktion) ou "Bande à Baader", où les chapitres sur les préoccupations idéologiques du groupe ont retenu toute notre attention. Son titre:

 

 

Anne Steiner & Loïc Debray

La Fraction Armée Rouge. Guérilla urbaine en Europe occidentale,

Méridiens-Klincksieck, Paris, 1987, 267 pages.

 

 

Pour les auteurs, l'histoire de la RAF comporte deux phases distinctes: celle de 1970-72 et celle de 1976-77. La première de ces phases est, bien sûr, la phase de maturation où la RAF acquiert son type particulier. Une quarantaine de personnes sont à la base des infrastructures de guerilla urbaine et, phénomène caractéristique, près de 50% d'entre elles sont des femmes, qui exerceront les mêmes tâches "militaires" que les hommes, en dépit de leur maternité. Pour Anne Steiner et Loïc Debray, ce renoncement au statut de femme et de mère, élément déterminant de l'"ascétisme révolutionnaire", procède d'une hiérarchie de valeurs affirmée par les militants: le "devenir général" pas-se avant le "cercle individuel". Cette intransigeance conduira les deux vagues de la RAF au terrorisme et à l'échec.

 

 

Vient ensuite la question des générations: la RAF est-elle un phénomène de génération, comme on l'a souvent dit? Est-elle le fait de ceux et celles dont les parents étaient jeunes adultes à l'apogée du nazisme? L'écrasante majorité des militants est effectivement née entre 1942 et 1949: leur petite enfance est marquée par la destruction totale de leur pays et par le désorientement des parents. En ce sens, il n'est pas faux d'affirmer que la variante terroriste de l'extrême-gauche allemande découle d'un mal-être propre à la "générations des ruines". Le terrorisme urbain a été une part essentielle dans l'après-guerre allemand, japonais et italien, c'est-à-dire dans l'après-guerre des trois pays vaincus de la seconde guerre mondiale; même si les formes du terrorisme urbain et les formes du régime dominant avant la guerre étaient fort différentes dans chacun des trois pays, il y a là plus qu'une coïncidence, contrairement à ce que semblent penser Steiner et Debray. Ce dénominateur commun de vaincu, pour nos deux auteurs, serait fortuit, puisqu'aux Etats-Unis, grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale, il existait également un terrorisme urbain, ce-lui des Weathermen et de la SLA (Symbionese Liberation Army).  C'est oublier que la masse des isolationnistes amé-ricains, qui n'avaient pas voulu la guerre et souhaité une autarcie américaine non-interventionniste, ont été également des vaincus en ce siècle et que l'hostilité d'hier à toute guerre contre l'Allemagne ou le Japon re-pose sur les mêmes principes po-li-tiques que l'hostilité à la guerre du Vietnam.

 

 

Pas d'identité historique possible pour les militants de la RAF

 

 

En revanche, Steiner et Debray signalent à très juste titre que si les Brigades Rouges (BR) italiennes, les indépendantistes basques ou l'IRA irlandaise pouvaient se référer à une identité historique (les "partisans" pour les BR) partagée par de larges strates de la population, les militants de la RAF étaient en quelque sorte orphelins sur ce chapitre: ils ne pouvaient plus se référer au combat de l'Allemagne contre les impérialismes américain et britannique, as-sorti du soutien aux indépendantistes arabes et hindous et aux justicialistes latino-américains, puisque l'extrême-gauche, dont les chefs de file idéologiques avaient trouvé refuge à l'Ouest, de Londres à la Californie, n'avaient guère cultivé de traditions anti-impérialistes à cette époque cruciale de notre siècle. Malheureusement Steiner et Debray se bornent seulement à constater l'impossiblité d'une référence à une identité historique précise. Il est juste en revanche de percevoir, chez les hommes et les femmes de la RAF comme chez un Pierre Goldmann, une aspiration existentielle/existentialiste au combat, à la lutte armée, à l'aventure révolutionnaire. Très juste aussi de dire que cette aspiration procède d'une volonté de sortir d'une situation d'apathie dans laquelle l'Allemagne s'était enlisée dans le sillage du miracle économique et de l'opulence des Golden Sixties. Les générations parentales, ex-nationales-socialistes, ont-elles dès lors été inconsciemment accusées d'avoir trahi les linéaments d'anti-impérialisme de l'ère hitlérien-ne et de n'en avoir retenu que les réflexes anti-communistes ou les calculs opportunistes, dépourvus de toute conscience politique forte? La RAF, à son insu, constitue-t-elle un retour maladroit des analyses nationales révolutionnaires anti-fascistes (Paetel, Niekisch, etc.) en matière d'impérialisme, mais un retour d'emblée condamné à l'échec à cause de son déséquilibre paroxystique patent?

 

 

Cet échec, directement prévisible, n'est-il pas dû à une absence de dimension populiste, de cœur pour le concitoyen qualunquiste, benoîtement aveuglé par les facilités du monde libéral ambiant, et à un trop-plein d'existentialisme héroïcisant et élitiste, de facture sartrienne, où le non engagé est d'office un "salaud", où le militant devient arrogant parce qu'il connaît ou croit connaître, dans son intimité personnelle, un niveau de conscience supérieur à la moyenne générale? L'idiosyncrasie des figures de proue de la RFA est à ce sujet révélatrice: la plupart de ces figures sont des intellectuel(le)s militant(e)s dont la pensée est conséquente jusqu'au bout, au point de n'accepter aucune espèce de compromission. Divers courants de gauche, dont le dénominateur commun est un refus de la société libérale et marchande, cimentée de surcroît par un conservatisme rigide, quelque peu autoritaire, conformiste et anti-intellectuel, débouchent sur la stratégie terroriste du refus absolu: ainsi, l'avocat Horst Mahler, militant du SDS (Sozialistischer Deutscher Studentenbund;  ligue des étudiants socialistes allemands) et de l'APO (Außerparlamentarische Opposition;  Opposition extra-parlementaire), laboratoire de la gauche anti-dogmatique, a estimé que seul le re-cours au terrorisme pouvait provoquer l'avènement d'une société idéale, soustraite à tous dogmes. Ulrike Meinhof est, elle, une ancienne activiste de la KPD, interdite en 1952 (1). Elle a été la rédactrice en chef du journal Konkret,  organe théorique du parti. La gauche dont elle est issue n'a pas le caractère soft  de l'anti-dogmatisme de l'APO/ SDS. Sa trajectoire est très classique: issue d'une famille socialiste qui avait refusé le compromis de Bad-Godesberg (2), elle adhère à la KPD semi-clandestine mais refuse de militer dans la DKP, le parti qui en prend le relais après la levée de l'interdiction. Le passé de Ulrike Meinhof est un passé marqué par le communisme dur.

 

 

Ne pas se laisser déterminer par les "conditions objectives"

 

 

Gudrun Ensslin, pour sa part, est issue d'un milieu pacifiste chrétien: elle a été membre de la Jeunesse évangélique et a milité dans le mouvement anti-atomique, avant de fonder les Editions Voltaire avec son camarade Vesper et d'adhérer au SDS. Jan-Carl Raspe incarne les nouvelles voies du gauchisme: vie en communauté, création de structures alternatives, pédagogie anti-autoritaire, etc. La motivation de Raspe est toute personnelle et d'ordre psychologique: il était sans cesse travaillé par une angoisse envahissante et avait besoin d'une sphère d'affectivité communautaire. Raspe a transposé ce désir d'affectivité à l'ensemble de la société: selon lui, les prolétaires accèderaient à un monde meilleur, plus satisfaisant, si on leur donnait l'occasion de vivre en dehors des structures individualistes de la société marchande. "Seules des expériences alternatives dans le combat politique, pourraient mettre en route les processus par lesquels l'idéologie bourgeoise et la structure psychique individualiste seraient surmontées de façon durable", écrira-t-il. Comme les mouvements de jeunesse du début du siècle, les quelques dizaines de militants de la RAF refusent de se laisser déterminer par les "conditions objectives" mais ne se contentent pas de leurs communautés alternatives et veulent intervenir brutalement dans l'espace bourgeois, conquérir par la violence des morceaux d'"espaces libérés" supplémentaires. Et cette violence, ultime recours de ces desperados  intellectuels, ne s'est-elle pas d'autant plus facilement installée dans leurs cerveaux parce qu'aucune tempérance de nature organique et historique, aucune mémoire vectrice de nuances, ne pouvait plus se lover dans un intellect germanique après la grande lessive de la rééducation perpétrée par les psychologues-policiers de l'US Army?

 

 

La carte terroriste a précisément été jouée par ceux qui, contrairement à Rudy Dutschke et Bernd Rabehl, n'ont pas voulu s'immerger dans le nationalisme de gauche, n'ont pas songé à recourir à l'histoire nationale, pourtant témoin de tant de luttes pour la liberté, le droit et l'égalité, pour donner à leur engagement une dimension collective concrète, même dans ses dimensions mythiques. Un langage social-révolutionnaire, propre au mouvement ouvrier, mais couplé à une mythologie nationale, aurait permis aux activistes de la RAF de conserver un lien avec les mas-ses populaires. Cela, Dutschke et Rabehl, les para-maoïstes qui dirigeaient la revue berlinoise Befreiung  (= Libération), l'avaient compris. La RAF, de son côté, gardait un langage très raide, très expurgé de toute connotation historico-romantique instrumentalisable, accessible aux masses. Pourtant son constat relatif à la RFA, nous le trouvons, sous des formes variées, dans tous les discours idéologico-politiques allemands: l'Allemagne Fédérale n'a jamais eu de souveraineté et ne constitue plus un "Etat national" proprement dit; elle est une zone privée d'autonomie au sein d'un système économico-politique dominé par les Etats-Unis; la classe politique ouest-allemande est "fantoche"; l'occupation militaire américaine ôte toute indépendance à la RFA, etc. Quel conservateur, quel nationaliste, quel socialiste, quel communiste, quel gauchiste, quel écologiste n'a pas déploré ce nanisme politique? N'est-ce pas le démocrate-chrétien Barzel qui a résumé de la façon la plus concise la situation de son pays: "L'Allemagne? Un géant économique et un nain politique". Conjugaison de toutes les "conditions objectives" jugées inadmissibles, le système, expliquaient dans leurs tracts les militants de la RAF, instaure un "nouveau fascisme" qu'il s'agit de combattre. D'où leur venait cette définition du "nouveau fascisme"? D'André Glucksmann, aujourd'hui grand défenseur de l'Occident, rénégat aux yeux d'Hocquenghem, pourfendeur de toutes les tentatives de "finlandisation" réelles ou imaginaires. Steiner et Debray ont le grand mérite de rappeler ce détail.

 

 

Le "nouveau fascisme" défini par Glucksmann

 

 

Glucksmann, en 1972, écrivait, dans Les Temps modernes,  la revue de Sartre, que le "nouveau fascisme" ne vient pas de la base comme l'ancien, mais qu'il s'est au contraire imposé d'en haut. " (...) le nouveau fascisme s'appuie, comme jamais auparavant, sur la mobilisation guerrière de l'appareil d'Etat, il recrute moins les exclus du système impérialiste que les couches autoritaires et parasites produites par le système (...). La particularité du nouveau fascisme, c'est qu'il ne peut plus organiser directement une fraction des masses". En d'autres mots et sans phraséologie militante pompeuse, l'intégration totale des individus à la machinerie politico-économique, l'homogénéisation des identités, l'arasement définitif des originalités, si bien perçus par Pier Paolo Pasolini le Corsaire (et avec quel style!), s'opère par des instances et du personnel d'idéologie officiellement "démocratique", installés au pouvoir par l'anti-fascisme (armé en France et en Italie, "psychologue" et "pédagogue" en Allemagne) et revenus dans les fourgons de l'US Army ou des troupes anglo-impérialistes de Montgomery. La contradiction, propre aux discours de la gauche militante et intellectuelle, est ici flagrante et a fini par ruiner leur crédibilité: comment peut-on baptiser "nouveau fascisme" l'ensemble des instances nées de l'anti-fascisme? Comment peut-on se réclamer à la fois de l'anti-impérialisme et de l'anti-fascisme, alors que ce dernier n'a pu vaincre qu'avec l'appui du grand capitalisme amé-ricain et de l'impérialisme colonial britannique? Comment faire accepter aux combattants du tiers-monde cette logique qui, en dernière instance, est américanophile? Comment faire accepter à l'indépendantiste indien, au militant panarabe, au justicialiste argentin, au sandiniste nicaraguayen, à l'indigéniste péruvien, au martyr malgache que la logique de Roosevelt, des banquiers de la City et de Wall Street, des compagnies pétrolières ou des marchands de fruits est certes mauvaise sous les tropiques mais qu'elle a été une bénédiction pour la vieille Europe? N'est-ce pas là le plus sûr moyen d'apparaître niais et schizophrène? Glucksmann a au moins été conséquent en pro-cédant à ses reniements successifs, quitte à se métamorphoser, aux yeux des soixante-huitards durs et purs, en un "nouveau fasciste", selon sa propre définition! Pasolini, quant à lui, a écrit que le fascisme ancien, mussolinien, était une broutille provinciale, comparable aux mésaventures cocasses de Don Camillo, à côté de la chape de plomb que faisait peser sur nos cultures la société marchande; la schizophrénie de la gauche, devenue désespérément furieuse dans le chef des combattants de la RAF, est restée en-deçà de ces brillantes analyses et c'est la raison essentielle de son échec.

 

 

Mais cet échec n'est pas seulement celui du terrorisme violent, c'est l'échec de l'ensemble des forces de gauche. Le constat posé par les disciples de Baader quant à l'involution de la gauche ouest-allemande est juste: après la guerre, la SPD a neutralisé tous les courants contestataires de la RFA qui s'opposaient à l'intégration à sens unique dans la "communauté atlantique des valeurs", autrement dit dans le réseau des flux économiques déterminé depuis Washington. Avec le congrès de Bad Godesberg, la SPD admet l'intégration occidentale, abandonne toute perspective neutraliste donc toute indépendance et souveraineté ouest-allemandes, tout projet d'apaisement centre-européen, toute fonction dialoguante à l'autrichienne, toute possibilité de "troisième voie" gaullienne. Ce refoulement énorme, cet--te mise au frigo de tant d'aspirations légitimes, ancrées dans l'histoire, anciennes comme la civilisation de notre continent, n'a pu conduire qu'à l'explosion anarchique et incohérente de la révolte étudiante et, par suite, à l'épilogue navrant du terrorisme urbain. Si la stratégie terroriste ne pouvait qu'être marginale, coupée du peuple, élitiste à mauvais escient, brutale au point d'apparaître gratuite, le constat posé est exact, bien que mal formulé, et de surcroît présent partout dans les milieux intellectuels de RFA, à degrés divers, depuis les cercles conservateurs jusqu'aux activistes nationalistes et gauchistes. Le legs majeur de la RAF, ce n'est pas une lutte victorieuse, ce n'est pas une brochette de héros auréolés de gloire et vertueux (ses protagonistes sont marqués d'angoisse, de schizophrénie, d'agressivité pathologique), c'est surtout une analyse qui dit que le "nouveau fascisme", c'est la social-démocratie, celle qui a capitulé à Bad-Godesberg. Ce slogan contradictoire, basé sur une série de faits réels, contient précisément tous les errements, tous les refoulements, toutes les distorsions que la gauche n'a pas pu surmonter, incapable qu'elle a été de poser des constats d'ordre historique cohérents et de moduler sa praxis en conséquence. On ne fait pas de vraie politique en manipulant des concepts occasionalistes à la sauce psychanalytique et en tripotant des pseudo-arguments freudo-marxistes, où transparaissent des fantasmes sexuels incapacitants. Un retour à Dutschke et à Paetel serait sans doute une meilleure thérapeutique.

 

 

Michel FROISSARD.       

 

lundi, 01 juin 2009

L'Eurabie a une capitale: Rotterdam

L'Eurabie a une capitale: Rotterdam

Ex: http://chiesa.espresso.reppublica.it

Ici, des quartiers entiers donnent une impression de Moyen Orient, les femmes circulent voilées, le maire est musulman, les tribunaux et les théâtres appliquent la charia. Un grand reportage dans la ville la plus islamisée d'Europe

par Sandro Magister


 



ROME, le 19 mai 2009 – L’un des résultats les plus incontestables du voyage de Benoît XVI en Terre Sainte est l’amélioration des rapports avec l'islam. Les trois jours passés en Jordanie, puis la visite à la Coupole du Rocher à Jérusalem ont fait passer dans le grand public musulman – pour la première fois aussi largement – l'image d’un pape ami, entouré de leaders musulmans heureux de l’accueillir et de collaborer avec lui pour le bien de la famille humaine.

Mais la distance entre cette image et la réalité crue des faits est également incontestable. Non seulement dans les pays sous domination musulmane, mais aussi là où les disciples de Mahomet sont minoritaires, par exemple en Europe.

En 2002 Bat Ye'or, une chercheuse née en Egypte et de nationalité britannique, spécialiste de l’histoire des minorités chrétiennes et juives – dites "dhimmi" – dans les pays musulmans, a créé le mot "Eurabie" pour définir le destin vers lequel elle voit se diriger l'Europe. Un destin de soumission à l'islam, de "dhimmitude".

Oriana Fallaci a repris le mot "Eurabie" dans ses écrits et lui a donné une résonance mondiale. Le 1er août 2005, Benoît XVI l’a reçue en audience privée, à Castel Gandolfo. Elle refusait le dialogue avec l'islam, lui le voulait et le veut. Mais ils sont tombés d'accord – comme elle l’a raconté ensuite – pour reconnaître "la haine de soi" dont l'Europe fait preuve, son vide spirituel, sa perte d'identité, alors même que le nombre d’immigrés de confession musulmane y augmente.

La Hollande est à cet égard un test extraordinaire. C’est le pays où le libre arbitre individuel est le plus développé – au point que l'euthanasie des enfants y est permise – où l'identité chrétienne s’est le plus effacée, où la présence musulmane devient la plus arrogante.

Le multiculturalisme y est la règle. Mais les contrecoups sont également dramatiques: de l’assassinat du leader politique anti-islamiste Pim Fortuyn à la persécution de la dissidente somalienne Ayaan Hirsi Ali et au meurtre du metteur en scène Theo Van Gogh, condamné à mort pour le film "Submission" qui dénonce les crimes de la théocratie musulmane. Le successeur de Fortuyn, Geert Wilders, vit depuis six ans sous protection policière 24 heures sur 24.

Il y a en Hollande une métropole où cette nouvelle réalité se voit à l’œil nu, plus qu’ailleurs. Où des quartiers entiers sont des morceaux de Moyen-Orient, où se dresse la plus grande mosquée d'Europe, où les tribunaux et les théâtres appliquent des éléments de la loi islamique, la charia, où beaucoup de femmes circulent voilées, où le maire est musulman et fils d’imam.

Cette métropole, c’est Rotterdam, deuxième ville de Hollande pour la population, premier port d'Europe pour le volume des échanges.

Le reportage qui suit, réalisé à Rotterdam et publié par le quotidien italien "il Foglio" le 14 mai 2009, est le deuxième d’une série de sept qui constitue une grande enquête sur la Hollande.

L'auteur, Giulio Meotti, écrit aussi pour le "Wall Street Journal". Il publiera en septembre prochain un livre-enquête sur Israël.

La photo ci-dessus, intitulée "Musulmanes à Rotterdam", a figuré dans une exposition de deux photographes hollandais, Ari Versluis et Ellie Uyttenbroek en 2008.


Dans la casbah de Rotterdam

par Giulio Meotti


A Feyenoord, on voit partout des femmes voilées filer comme l’éclair dans les rues du quartier, évitant tout contact, surtout avec les hommes, même un contact visuel. Feyenoord a la taille d’une ville, 70 nationalités y cohabitent, on y vit de subventions et d’habitat populaire. C’est là que l’on comprend le mieux que la Hollande – avec toutes ses lois anti-discrimination et toute son indignation morale – est une société à ségrégation totale. Bombardée deux fois par la Luftwaffe pendant la seconde guerre mondiale, Rotterdam est une ville neuve. Comme Amsterdam, elle est en dessous du niveau de la mer mais, contrairement à la capitale, elle n’a pas de charme libertin. A Rotterdam ce sont les vendeurs arabes d’aliments halal qui dominent l'esthétique urbaine, pas les néons des prostituées. Partout on voit des casbah-cafés, des agences de voyages qui offrent des vols pour Rabat et Casablanca, des posters de solidarité avec le Hamas et des cours de néerlandais à prix avantageux.

Deuxième ville du pays, c’est une ville pauvre mais aussi le moteur de l'économie avec son vaste port, le plus important d'Europe. Peuplée majoritairement d’immigrés, elle possède la mosquée la plus haute et la plus imposante de toute l’Europe. 60 % des étrangers qui arrivent en Hollande viennent habiter ici. Ce qui frappe le plus quand on entre dans la ville en train, ce sont les mosquées énormes, fascinantes, dans un paysage verdoyant, luxuriant, boisé, humide : on dirait des corps étrangers par rapport au reste. On l’appelle "Eurabie". Imposante, la mosquée Mevlana des Turcs a les minarets les plus hauts d'Europe, plus hauts même que le stade de l’équipe de football Feyenoord.

Beaucoup de quartiers de Rotterdam sont sous le contrôle de l'islamisme le plus sombre et le plus violent. La maison de Pim Fortuyn se détache comme une perle dans une mer de tchadors et de niqabs. Elle se trouve au 11 Burgerplein, derrière la gare. De temps à autre, quelqu’un vient poser des fleurs devant la maison de ce professeur assassiné à Amsterdam le 6 mai 2002. D’autres laissent un papier: "En Hollande on tolère tout, sauf la vérité". Un millionnaire nommé Chris Tummesen a acheté la maison de Pim Fortuyn pour qu’elle reste intacte. Le soir précédant le meurtre, Pim était nerveux, il avait dit à la télévision qu’un climat de diabolisation s’était créé contre lui et ses idées. Et puis c’est arrivé, avec ces cinq coups de feu dans la tête, tirés par Volkert van der Graaf, militant de la gauche animaliste, un jeune maigrelet, calviniste, aux cheveux rasés, aux yeux sombres, habillé comme un écologiste pur - gilet fait main, sandales, chaussettes en laine de chèvre - végétarien absolu, "un garçon impatient de changer le monde", disent ses amis.

Depuis peu, on a vu apparaître, au centre de Rotterdam des photos mortuaires de Geert Wilders, placées sous un arbre avec une bougie indiquant sa mort prochaine. Aujourd’hui l’homme politique le plus populaire de la ville est Wilders, héritier de Fortuyn, ce professeur homosexuel, catholique, ex-marxiste, qui avait lancé un parti pour sauver le pays de l'islamisation. A ses funérailles il ne manquait que la reine Béatrice pour que l'adieu au "divin Pim" devienne royal. D’abord présenté comme un monstre (un ministre hollandais l’a traité d’"untermensch", sous-homme pour les nazis), il a ensuite été idolâtré. Les prostituées d’Amsterdam ont déposé une couronne de fleurs au pied de l'obélisque des victimes sur la place Dam.

Il y a trois mois, L'Economist, un hebdomadaire éloigné des thèses anti-islamiques de Wilders, qualifiait Rotterdam de "cauchemar eurabe". Pour beaucoup de Hollandais qui y vivent, l'islamisme est aujourd’hui un danger plus grave que le Delta Plan, le système de digues compliqué qui empêche les inondations venues de la mer, comme celle de 1953 qui fit 2 000 morts. La pittoresque petite ville de Schiedam, à côté de Rotterdam, a toujours été un bijou dans l’esprit des Hollandais. Mais elle a perdu cette aura de mystère il y a trois ans, quand elle est devenue, dans les quotidiens, la ville de Farid A., l'islamiste qui menaçait de mort Wilders et la dissidente somalienne Ayaan Hirsi Ali. Depuis six ans, Wilders vit sous protection policière 24 heures sur 24.

A Rotterdam les avocats musulmans veulent aussi changer les règles de droit, demandant à pouvoir rester assis quand le juge entre. Ils ne reconnaissent qu’Allah. L'avocat Mohammed Enait a refusé de se lever quand les magistrats sont entrés dans la salle, disant que "l'islam enseigne que tous les hommes sont égaux". Le tribunal de Rotterdam lui a reconnu le droit de rester assis: "Il n’existe aucune obligation juridique imposant aux avocats musulmans de se lever devant la cour, dans la mesure où ce geste est en opposition avec les préceptes de la foi musulmane". Enait, qui dirige le cabinet d’avocats Jairam Advocaten, a expliqué qu’il "considère tous les hommes comme égaux et n’admet aucune forme de déférence envers qui que ce soit". Tous les hommes, mais pas toutes les femmes. Enait est connu pour son refus de serrer la main aux femmes, dont il a dit plusieurs fois qu’il les préférait avec la burqa. Et des burqas, on en voit beaucoup à Rotterdam.

Que l'Eurabie existe désormais à Rotterdam, cela a été démontré par une affaire survenue en avril au Zuidplein Theatre, l’un des plus prestigieux de la ville, moderniste et fier de "représenter la diversité culturelle de Rotterdam". Situé au sud de la ville, il est subventionné par la mairie que dirige Ahmed Aboutaleb, musulman et fils d’imam. Il y a trois semaines, le Zuidplein a accepté, au nom de la charia, de réserver tout un balcon aux femmes. Cela se passait non pas au Pakistan ou en Arabie saoudite, mais dans la ville d’où les Pères Fondateurs sont partis pour les Etats-Unis. Ici les pèlerins puritains débarquèrent du Speedwell qu’ils échangèrent contre le Mayflower. Ici a commencé l'aventure américaine. Ici, aujourd’hui, la charia est légalisée.

A l’occasion du spectacle du musulman Salaheddine Benchikhi, le Zuidplein Theatre a répondu favorablement à sa demande de réserver les cinq premiers rangs aux femmes. Salaheddine, éditorialiste du site Morokko.nl, est connu pour son opposition à l'intégration des musulmans. Le conseil municipal l’a approuvé: "Selon nos valeurs occidentales, la liberté de vivre sa vie en fonction de ses convictions est un bien précieux". Un porte-parole du théâtre a aussi défendu le metteur en scène: "Il est difficile de faire venir les musulmans au théâtre, alors nous sommes prêts à nous adapter".

Le metteur en scène Gerrit Timmers est également prêt à s’adapter. Ce qu’il dit est assez symptomatique de ce que Wilders appelle "auto-islamisation". Le premier cas d’autocensure est apparu justement à Rotterdam, en décembre 2000. Timmers, directeur du groupe théâtral Onafhankelijk Toneel, voulait mettre en scène la vie de la femme de Mahomet, Aïcha. Mais l'œuvre a été boycottée par les acteurs musulmans de la compagnie quand il est devenu évident qu’ils allaient être une cible pour les islamistes. "Nous aimons beaucoup la pièce, mais nous avons peur", ont-ils dit. Le compositeur, Najib Cherradi, a déclaré qu’il se retirerait "pour le bien de ma fille". Le quotidien "Handelsblad" a intitulé un article "Téhéran sur Meuse", du nom du fleuve qui arrose Rotterdam. "J’avais déjà fait trois spectacles sur les Marocains et, pour celui-là, je voulais des acteurs et des chanteurs musulmans", nous raconte Timmers. "Mais ils m’ont dit que c’était un sujet dangereux et qu’ils ne pouvaient pas y participer parce qu’ils avaient reçu des menaces de mort. A Rabat un article a dit que nous finirions comme Salman Rushdie. Pour moi, il était plus important de continuer le dialogue avec les Marocains que de les provoquer. Voilà pourquoi cela ne me pose pas de problème si les musulmans veulent séparer les hommes et les femmes dans un théâtre".

Nous rencontrons le metteur en scène qui a introduit la charia dans les théâtres hollandais, Salaheddine Benchikhi. Il est jeune, moderne, orgueilleux, parle un anglais parfait. "Je défends le choix de séparer les hommes des femmes parce qu’ici il y a la liberté d'expression et d’organisation. Si les gens ne peuvent pas s’asseoir où ils veulent, c’est de la discrimination. Il y a deux millions de musulmans en Hollande et ils veulent que notre tradition devienne publique, tout évolue. Le maire Aboutaleb m’a soutenu".

Il y a un an, la ville est entrée en ébullition quand les journaux ont rendu publique une lettre de Bouchra Ismaili, conseillère municipale de Rotterdam: "Ecoutez bien, freaks fous, nous sommes ici pour y rester. C’est vous qui êtes des étrangers ici, avec Allah de mon côté je ne crains rien ; laissez-moi vous donner un conseil: convertissez-vous à l'islam et trouvez la paix". Il suffit de faire un tour en ville pour comprendre que, dans bien des quartiers, on n’est plus en Hollande mais dans un morceau de Moyen-Orient. Certaines écoles ont une "salle du silence" où les élèves musulmans, majoritaires, peuvent prier cinq fois par jour, avec un poster de la Mecque, le Coran et des ablutions rituelles avant la prière. Un autre conseiller municipal musulman, Brahim Bourzik, veut faire dessiner en divers points de la ville des emplacements où s’agenouiller en direction de la Mecque.

Sylvain Ephimenco, journaliste franco-hollandais, vit à Rotterdam depuis 12 ans. Il a été pendant 20 ans correspondant de "Libération" en Hollande et est fier de ses références de gauche. "Même si je n’y crois plus maintenant", dit-il en nous accueillant dans sa maison qui donne sur un petit canal de Rotterdam. Non loin de là se trouve la mosquée Al-Nasr de l'imam Khalil al Moumni, qui, au moment de la légalisation du mariage gay, a dit que les homosexuels étaient des "malades pires que des porcs". De l’extérieur, on voit que la mosquée, construite par les premiers immigrés marocains, a plus de 20 ans. Moumni a écrit une brochure qui circule dans les mosquées hollandaises, "Le chemin du musulman", dans lequel il explique qu’il faut couper la tête aux homosexuels et "l’accrocher au bâtiment le plus haut de la ville". A côté de la mosquée Al-Nasr nous nous asseyons dans un café réservé aux hommes. En face, il y a un abattoir halal musulman. Ephimenco a écrit trois essais sur la Hollande et l'islam ; aujourd’hui c’est un éditorialiste connu du quotidien chrétien de gauche "Trouw". Il a la meilleure perspective pour comprendre une ville qui, peut-être plus qu’Amsterdam elle-même, incarne la tragédie hollandaise.

"Ce n’est pas vrai du tout que Wilders recueille des voix dans les banlieues ; tout le monde le sait même si on ne le dit pas", nous dit-il. "Aujourd’hui, les électeurs de Wilders sont des gens cultivés, même si au début c’était la Hollande des classes modestes, des tatoués. Beaucoup d’universitaires et de gens de gauche votent pour lui. Le problème, c’est tous ces voiles islamiques. Derrière chez moi, il y a un supermarché. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas un seul voile. Aujourd’hui, à la caisse, il n’y a que des musulmanes en tchador. Wilders n’est pas Haider. Il est de droite mais aussi de gauche, c’est un Hollandais typique. Ici, il y a des horaires réservés aux femmes musulmanes à la piscine. Voilà l'origine du vote pour Wilders. Il faut arrêter l'islamisation, la folie du théâtre. A Utrecht, il y a une mosquée où les services municipaux sont séparés pour les hommes et les femmes. Les Hollandais ont peur. Wilders s’oppose au Frankenstein du multiculturalisme. Moi qui étais de gauche et qui aujourd’hui ne suis plus rien du tout, je dis que nous avons atteint la limite. J’ai senti que les idéaux des Lumières étaient trahis par cet apartheid volontaire, je sens que, dans mon cœur, les idéaux d'égalité entre hommes et femmes et de liberté d'expression sont morts. Ici la gauche est conformiste et la droite a une meilleure réponse au multiculturalisme fou".

Tariq Ramadan, le célèbre islamiste suisse qui est aussi consultant spécial de la municipalité, enseigne à l’Erasmus University de Rotterdam. Des déclarations de Ramadan critiquant les homosexuels ont été découvertes par la plus connue des revues gay hollandaises, "Gay Krant", dirigée par un journaliste loquace, Henk Krol. Dans une cassette vidéo, Ramadan définit l'homosexualité comme "une maladie, un désordre, un déséquilibre". Dans le même film, Ramadan parle aussi des femmes, "dans la rue, elles doivent garder les yeux baissés". Le parti de Wilders a demandé que le conseil municipal soit dissous et l'islamiste genevois chassé, mais ce dernier a vu son contrat renouvelé pour deux ans. Au même moment, de l’autre côté de l'océan, l'administration Obama confirmait à Ramadan que l’accès au territoire des Etats-Unis lui restait interdit. Dans l’un des films que détient Krol, Ramadan dit aux femmes: "Allah a une règle importante: si tu cherches à attirer l'attention par du parfum, par ton aspect ou tes gestes, tu n’es pas dans la bonne direction spirituelle".

"Quand Pim Fortuyn a été tué, cela a été un choc pour tout le monde : un homme avait été assassiné à cause de ce qu’il disait", nous dit Krol. "Ce pays n’était plus le mien. Je pense encore à quitter la Hollande, mais pour aller où? Ici nous avons tout critiqué, l’Eglise catholique et la protestante. Mais quand nous avons critiqué l'islam, on nous a dit: Vous êtes en train de créer de nouveaux ennemis! ". D’après Ephimenco, le secret du succès de Wilders, c’est la rue: "A Rotterdam il y a trois mosquées énormes, dont l’une est la plus grande d'Europe. Il y a de plus en plus de voiles islamiques et un élan islamiste venu des mosquées. Je connais beaucoup de gens qui ont quitté le centre-ville pour la banlieue riche et blanche. Mon quartier est pauvre et basané. C’est une question d’identité, dans la rue on ne parle plus néerlandais, mais arabe et turc".

Nous rencontrons l'homme qui a hérité de la rubrique de Fortuyn au quotidien "Elsevier". Bart Jan Spruyt est un jeune et vigoureux intellectuel protestant, fondateur de la Edmund Burke Society mais surtout auteur de la "Déclaration d’indépendance" de Wilders, dont il est le collaborateur depuis le début. "Ici, un immigré n’a pas besoin de lutter, d’étudier, de travailler, il peut vivre aux frais de l’Etat", nous dit Spruyt. "Nous avons fini par créer une société parallèle. Les musulmans sont majoritaires dans beaucoup de quartiers et demandent la charia. Ce n’est plus la Hollande. Notre usage de la liberté a fini par se retourner contre nous, c’est un processus d’auto-islamisation".

Spruyt était un grand ami de Fortuyn. "Pim a dit ce que l’on savait depuis des décennies. Il a attaqué l’establishment et les journalistes. Il y a eu un grand soulagement populaire quand il est entré en politique, on l’appelait le ‘chevalier blanc'. La dernière fois que j’ai parlé avec lui, une semaine avant sa mort, il m’a dit qu’il avait une mission. Son assassinat n’a pas été le geste d’un fou solitaire. En février 2001, Pim a annoncé qu’il voulait que l’article premier de la constitution hollandaise sur la discrimination soit modifié parce que selon lui, et il avait raison, cet article tue la liberté d’expression. Le lendemain, dans les églises hollandaises, en général vides et utilisées pour des réunions publiques, le journal d’Anne Frank a été lu en guise de mise en garde contre Fortuyn. Pim était vraiment catholique, plus qu’on ne le croit ; dans ses livres il critiquait l'actuelle société sans père, sans valeurs, vide, nihiliste".

Chris Ripke est un artiste connu en ville. Son atelier est proche d’une mosquée dans Insuindestraat. En 2004, choqué par l’assassinat du metteur en scène Theo Van Gogh par un islamiste hollandais, Chris a décidé de peindre sur le mur de son atelier un ange et le commandement biblique "Gij zult niet doden", tu ne tueras pas. Les gens de la mosquée voisine ont trouvé le texte "offensant" et ont appelé celui qui était alors maire de Rotterdam, le libéral Ivo Opstelten, qui a ordonné à la police d’effacer la peinture, jugée "raciste". Wim Nottroth, un journaliste de télévision, s’est mis devant en signe de protestation. La police l’a arrêté et le film a été détruit. Ephimenco a fait pareil à sa fenêtre: "J’y ai placé une grande toile blanche avec le commandement biblique. Des photographes et la radio sont venus. Si on ne peut plus écrire ‘tu ne tueras pas' dans ce pays, alors cela veut dire que nous sommes tous en prison. C’est comme l'apartheid, les blancs vivent avec les blancs et les noirs avec les noirs. Il y a un grand froid. L'islamisme veut changer la structure du pays". Ephimenco pense qu’une partie du problème est la déchristianisation de la société. "Quand je suis arrivé ici, dans les années Soixante, la religion était en train de mourir, un fait unique en Europe, une déchristianisation collective. Et puis les musulmans ont remis la religion au centre de la vie sociale. Aidés par l'élite antichrétienne".

Nous sortons faire un tour dans les quartiers islamisés. A Oude Westen on ne voit que des arabes, des femmes voilées de la tête aux pieds, des magasins alimentaires ethniques, des restaurants islamiques et des shopping centers de musique arabe. "Il y a dix ans, il n’y avait pas tous ces voiles", dit Ephimenco. Derrière chez lui, dans une zone bourgeoise et verdoyante avec des maisons à deux étages, il y a un quartier islamisé. Partout des enseignes musulmanes. "Regardez tous ces drapeaux turcs. Là, il y a une église importante, mais elle est vide, plus personne n’y va". Au centre d’une place se dresse une mosquée avec des inscriptions en arabe. "Avant, c’était une église". Pas très loin, il y a le plus beau monument de Rotterdam, une petite statue en granit de Pim Fortuyn. Sous la tête en bronze brillant, la bouche ouverte pour prononcer le dernier discours en faveur de la liberté de parole, il y a une inscription en latin: "Loquendi libertatem custodiamus", gardons la liberté de parler. Chaque jour quelqu’un dépose des fleurs.

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Le quotidien qui a publié l’enquête:

> Il Foglio

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Tous les articles de www.chiesa à propos des rapports entre l’Eglise catholique et le monde musulman:

> Focus ISLAM

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Traduction française par
Charles de Pechpeyrou.

 

 

La diplomatie turque instrumentalise un Islam de faux semblants

La diplomatie turque instrumentalise un islam de faux semblants

090526Une inquiétude circule en ce moment sur la toile, à propos de l'ouverture d'un bureau de propagande islamique, pardon : d'information, à Bruxelles, par le gouvernement d'Ankara. Et, certes, on peut s'inquiéter des contrevérités que déversera cette structure en direction des gogos européens, sur la prétendue tolérance coranique et autres mythes.

Mais je crois nécessaire aussi d'attirer l'attention sur un autre aspect du marché de dupes que la diplomatie de ce pays entretient en instrumentalisant, à son profit, et toujours à sens unique, le fait religieux.

Ainsi, le chef de l'État turc M. Abdullah Gül s'est rendu en Syrie, du 15 au 17 mai en visite officielle. Sur l'étonnante photo du dîner protocolaire à Damas, on peut voir MM. Assad et Gül aux côtés de leurs deux épouses. Et bien évidemment celle qui arbore son foulard traditionnel islamique vient d'Ankara.

Ce signe, devenu totalement banal n'intéresse pas les médiats, sauf pour les plus radicaux, peut-être les moins aveuglés, à y voir une preuve supplémentaire des distances, que prend, avec la laïcité constitutionnelle de la république, le gouvernement de l'AKP.

Ce commentaire vient immédiatement à l'esprit. Il peut cependant contenir une illusion, et par conséquent un danger. De tout temps la puissance ottomane a su se servir de la religion mahométane : elle n'a jamais sacrifié à celle-ci le moindre de ses intérêts.

Et cela continua même sous un Mustapha Kemal. Si dégagé de l'influence des sultans, si méprisant de la religion ancestrale, il aurait proclamé un jour : "cette théologie putride rêvée par un Bédouin immoral est un cadavre qui empoisonne nos vies". (1) Mais il n'a pas répugné à confier à une administration, le soin d'organiser des prêches du vendredi dans toutes les mosquées, de tous les villages du pays, dans la langue de l'État, et non plus du Prophète, et en conformité avec les directives du gouvernement.

Aujourd'hui l'objectif du gouvernement de l'AKP, théorisé par l'expert Davutoglu dont on vient de faire un ministre, consiste à remettre en selle l'influence de la Turquie dans un proche orient arabe incapable de se structurer par lui-même ni de se fixer des objectifs réalistes dans son contentieux avec Israël.

En cela le passage de Abdullah Gül à la Banque islamique de développement en Arabie saoudite, de 1983 à 1991, va évidemment au-delà du symbole. Ses biographes insistent sur la rupture qui l'aurait séparé du chef historique de l'islamo-nationalisme turc, M. Necmettin Erbakan. Or celui-ci avait été évincé par l'armée en 1997 alors qu'il présidait un gouvernement de coalition. On n'a jamais trop explicité ce qui le rendait infréquentable et ce qui, à l'inverse, permet aux deux compères Gül et Erdogan, ses disciples d'alors, de passer, aujourd'hui, pour acceptables.

L'explication la plus probable me semble tenir au système d'alliance qu'impliquerait aux yeux des musulmans turcs leur appartenance solidaire à la communauté islamique.

Pour Erbakan, l'expression de celle-ci eût conduit à la rupture de l'alliance militaire avec Israël. Cela, l'État-major et le Conseil de sécurité nationale d'Ankara (MGK) ne pouvaient l'admettre.

Pour Gül et Erdogan, plus subtils, il s'agit de se présenter désormais comme les porte-parole naturels et traditionnels des peuples musulmans : les déclarations du Premier ministre en janvier à Davos puis en avril celles du chef de la diplomatie (2) allaient explicitement dans ce sens et le voyage de Damas le confirme. Et, au nom de leurs frères, les compères demanderont à l'État hébreu de faire un certain nombre de concessions, bref de se montrer plus "raisonnable" que pendant les 8 années de la présidence de GW Bush. Cette habile attitude va par ailleurs dans le sens des préoccupations actuelles du département d'État à Washington.

Je n'en retire pas cependant, bien au contraire, la conviction que, par cette démarche, la Turquie prouve son appartenance à la famille des nations européennes. Pour cette raison et pour plusieurs autres je ne crois pas sérieux de vouloir l'imposer au sein de l'Union européenne.

 

Apostilles

  1. J'avoue apprécier, de cette affirmation, la radicalité existentielle. Souvent citée, cependant, je ne lui ai jamais trouvé d'autres sources que la biographie de Kemal par Benoist-Méchin
  2. M. Ali Babakan, après un forcing qui indisposa les Européens, fut remplacé par M. Ahmet Davutoglu.
JG Malliarakis

Sopljenitsyne, le visionnaire qui exaspère

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Soljenitsyne, le visionnaire qui exaspère 

Paul François Paoli
19/03/2009 | ex:
http://www.lefigaro.fr
 

«Le Phénomène Soljenitsyne» de Georges Nivat est un essai de référence sur le message spirituel et politique du géant russe.

Soljenitsyne agace ceux qui voudraient bien se débarrasser du grand homme après l'avoir encensé. L'équation est connue : gardons le héros de L'Archipel du Go ul ag qui, par sa force d'âme, a ébranlé le mensonge soviétique, mais oublions le réactionnaire aux allures d'ayatollah slave qui annonce à l'Occident des lendemains qui déchantent. L'ennui est que le résistant au communisme et le critique du libéralisme ne font qu'un chez celui dont la rébellion fut autant spirituelle que politique. Telle est la thèse de Georges Nivat, slaviste renommé qui enseigne à l'université de Genève et dont le livre Le Phénomène Soljenitsyne a été lu et approuvé par l'intéressé avant sa mort.

Vendu à 800 000 exemplaires lors de sa publication en Russie durant la perestroïka, cet ouvrage, qui paraît aujourd'hui en France dans une version enrichie, n'est pas une biographie de plus : c'est un essai qui, non seulement, embrasse tous les aspects de l'œuvre romanesque de Soljenitsyne, mais se veut, en outre, l'expression fidèle de la pensée ultime de l'écrivain, disparu le 8 août 2008. Admirateur de Soljenitsyne, Georges Nivat n'est pas un hagiographe. Il ne minimise pas les « défauts » du grand homme : une personnalité autocratique, qui est comme l'envers de son charisme. Il n'occulte pas ce qui peut paraître choquant chez un chrétien : un pessimisme culturel à la Oswald Spengler, l'auteur du Déclin de l'Occident, l'un des livres culte de la révolution conservatrice allemande.

Dégénérescence morale des Occidentaux

Le fait est que Soljenitsyne, même s'il ne mit jamais sur le même plan le totalitarisme communiste et le libéralisme occidental, aura des mots très durs, depuis le discours de Harvard en 1977, pour ce qu'il a appelé la « dégénérescence morale des Occidentaux », leur « manque de caractère » et pour tout dire de « virilité ». « À relire toute l'œuvre de Soljenitsyne publiciste, on reste frappé par son extraordinaire cohérence  », écrit Nivat. « Tout est commandé par une vision historiographique précise : le mal vient de l'humanisme, de l'anthropocentrisme né à la Renaissance et importé en Russie depuis Pierre le Grand . » Selon Nivat, Soljenitsyne s'inscrit dans la lignée de ces Russes, d'Alexandre Herzen à Léon Tolstoï, pour lesquels il existe une « Russie éternelle » dont la vocation s'enracine moins dans la tradition grecque orthodoxe que dans une vieille Russie chrétienne du Nord et de l'Est sibérien fondée sur les communautés paysannes et l'amour mystique de la terre.

Il faudra bien s'y faire, Soljenitsyne est un fieffé «antimoderne».

Son culte de l'honneur, son amour des traditions et son sens du sacrifice, explique Nivat, est d'un autre temps. Mais qui dit que la nostalgie est par principe impuissante ? N'est-ce pas au nom d'une Russie que les marxistes considéraient comme « dépassée », que Soljenitsyne a vaincu ses persécuteurs ? « Ses grands rappels dans le domaine de l'éthique et de la politique ne font plus recette. Et pourtant, ils correspondent en grande partie aux tâtonnements des nouvelles générations : ne pas mentir, rester soi-même, créer une démocratie à la base, plutôt qu'au sommet, pratiquer l'autolimitation dans sa vie personnelle, comme dans la consommation de masse », écrit Georges Nivat, pour qui la force de Soljenitsyne est d'avoir toujours transfiguré le réel par la foi, loin du réalisme bourgeois ou socialiste. « Ce qui pèse en l'homme, c'est le rêve », écrivait Bernanos. Qui peut nier que, grâce à Soljenitsyne, le rêve d'une Russie régénérée ait pesé dans la balance de l'histoire ?

Le Phénomène Soljenitsyne de Georges Nivat Fayard, 449 p., 25 €.

70. Todestag Joseph Roth

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70. Todestag Joseph Roth

Ellen KOSITZA - http:://www.sezession.de/

Frühe achtziger Jahre: Jeden Sonntag nach der Kirche gings zum sogenannten Musikreiten. Da führten Herren und Damen in Frack und Zylinder auf weiß bandagierten Rössern mit geflochtenen Mähnen die hohe Kunst der Dressur auf. Atemberaubende Formationen wurden vorgeführt. Die Pferde an der Kandare, die Reiter kerzengerade und mit todernsten Mienen. Als musikalische Untermalung der Volten und Pirouetten erklang leichte Klaviermusik von Richard Claydermann. Zum Ende der Stunde dann der Höhepunkt: Im starken Trab wurde durch kreuz und quer durch die Bahn gewechselt, in raschemTempo ein wohlgeordnetes Durcheinander, so daß den Zuschauern der Atem stockte. Claydermann schwieg dann. Jetzt ertönte Militärmusik, Sonntag für Sonntag das gleiche Stück.

Erst viel später (ehrlich gesagt erst, als der Dosengemüsefabrikant Bondelle den Marsch verjingelte) erfuhr ich, daß es Johann Strauß‘ Radetzkymarsch war. Nichts könnte den Schauder einer oberflächlichen Herrlichkeit besser bezeichnen als diese inoffizielle Hymne von Österreich-Ungarn. Vordergründig: Schmissig, forsch, dynamisch, prunkvoll. In den Untertönen: ganz nahe der Überzeichnung, immer grad so die Kurve ins Lächerliche kratzend.

Ein Jahrhundert nach Strauß hat Joseph Roth aus eben diesem Wechselbild einen Roman gemacht, den berühmten Radetzkymarsch (1932) eben. Ich bin sicher, Kubitschek hat ihn seinerzeit nur deshalb nicht auf seine Liste der lesenswerten deutschen Romane gesetzt, weil er die Österreicher literarisch nicht anzuschließen wagte.

Seit langem lechzt das deutsche Feuilleton nach dem neuen großen Roman, nach einem der das gesellschaftliche Panoptikum der gegenwart mit grandioser Beobachtungsgabe vereint: Der Radetzkymarsch gäbe ein hervorragende Schablone dazu ab!

Heute vor 70 Jahren starb Joseph Roth (an Suff – wie’s so vielen hellsichtig-Sensiblen beschieden ist), und wer den Radetzkymarsch bereits kennt & schätzt (wie sonst?), sollte sich das eben neu erschiene Hörbuch „Das Spinnennetz“ zu Gemüte führen: Wie Leutnant Theodor Lohse aus dem ersten Weltkrieg ins Nichts fällt und sich von dort aus rechtsradikalen Geheimbünden mit Draht zu Hitler anschließt.

Wohlgemerkt, das hat Roth, Sozialist, Monachrist, Katholik und Jude in Personalunion, 1923 aufgeschrieben, es erschien drei Tage vor Hitlers Putschversuch.

Perspectives juives sur le sionisme

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

 

Perspectives juives sur le sionisme

 

 

par le Rabbi MAYER-SCHILLER

 

La tendance du discours public contempo­rain est de tout simplifier à outrance. Les idées qui, jadis, étaient sujettes à des con­tro­verses très nuancées sont présentées au­jourd'hui au public en termes mani­chéens, où tout est noir ou tout est blanc, de façon à pouvoir s'incruster dans l'esprit ap­pauvri de l'homme moderne, dont les capa­cités d'at­­tention sont désormais limitées. Nos contemporains, qui subissent sans cesse le bombardement massif des médias audio-vi­suels, ont besoin d'idées présentées selon un mode rapide, fluctuant.

 

Ce sont là des circonstances malheureuses qui frappent l'humanité en général et que l'on doit, en particulier, déplorer quand sont décrites les attitudes juives à l'encontre du sionisme politique. Si l'on croit les chaînes de communications populaires, on en vient à penser que le sionisme a toujours reçu l'ap­pui absolu, aveugle et désintéressé de tous les Juifs. Rien n'est moins vrai.

 

Les perspectives juives

 

Dans cet article, fort bref, je présenterai plu­sieurs alternatives et critiques juives à l'en­droit des principaux courants du sio­nisme politique. On s'en apercevra: les dé­fenseurs des idées que je vais présenter ne sont sou­vent pas d'accord entre eux sur toute une série de questions essentielles. Ces désac­cords, ces divergences, sont précisé­ment le thème de mon article. Le sionisme, tel qu'il se présente aujourd'hui aux yeux du mon­de, est objet d'une très grande atten­tion chez ceux auxquels il s'adresse en pre­mier lieu: les Juifs.

 

Les critiques juives de l'idéologie sioniste do­minante actuellement peuvent se répartir en trois catégories: 1) les critiques «éthiques-humanitaires»; 2) les critiques orthodoxes religieuses; et 3) les critiques «patriotiques», c'est-à-dire celles qui veulent que les Juifs s'identifient à leur nouvelle patrie dans les pays occidentaux.

 

Les critiques «éthiques-humanitaires»

 

Les fondateurs du mouvement sioniste poli­tique sont de purs produits de la culture eu­ropéenne du tournant du siècle. Distinguons d'abord le sionisme politique, qui n'a jamais cessé de défendre l'idée d'une souveraineté politique juive sur la Palestine, de l'amour naturel et de la vénération que les Juifs tra­ditionalistes ont toujours éprouvé pour la Ter­re Sainte. Ce sentiment a conduit les Juifs orthodoxes, au cours des siècles, à en­treprendre des pélérinages vers les lieux saints de la Palestine et à y établir de petites colonies vouées à la prière et à l'étude et qui ne cultivaient aucune aspiration politique. Au tournant du siècle, les sionistes d'Europe ont élaboré des plans pour que se constitue une patrie juive en Palestine, sans égards pour la population indigène. C'était typique pour l'époque colonialiste. Le destin et les droits à l'auto-détermination des peuples du tiers-monde n'étaient guère pris en consi­dé­ration dans l'Europe colonisatrice d'avant la Grande Guerre.

 

Mais quand ces sionistes de la première heu­re se sont aperçu du nombre réel d'A­rabes vivant dans le pays, ils se divisè­rent en trois tendances différentes. Je les classerai par ordre d'importance sur le plan quan­titatif.

 

Il y avait d'abord les «sionistes travail­lis­tes». C'est la faction principale du sio­nisme qui a tenu les rênes du pouvoir en Is­raël jusqu'il y a peu. Elle cherche une sorte de compromis avec les Arabes. Elle a ac­cepté le plan de partition de la Palestine en deux E­tats (1947). Elle a toujours estimé que l'ob­stination rendait impossible tout com­pro­mis. Aujourd'hui encore, quelques-uns de ses mem­bres, élus à la Mapai Knesset  sont en faveur d'une solution à deux Etats. La se­conde faction est celle dite du «sionisme révisionniste». Elle a toujours été militante. Elle a sans cesse réclamé l'ensemble de la Palestine alors sous man­dat et croyait arri­ver à ce but par le terro­risme. Ce groupe existe encore aujourd'hui au sein de la coalition qu'est le Likoud, di­rigé par Yitzhak Shamir. Il appelle de ses vœux le «Grand Israël», en refusant, par principe, de négo­cier avec les Palestiniens. Le troisième grou­­pe, que l'on a appelé tantôt les «sio­nis­tes culturels» ou les «sionistes éthiques», a sen­ti d'emblée que la politique du mouve­ment à l'égard des Arabes était mauvaise. Martin Buber, mort en 1964 et fi­gure de proue de la philosophie juive contem­po­rai­ne, chef de file du mouvement Brit Shalom  (Diète de la Paix), écrit: «Les Arabes sont le test que Dieu a envoyé au sio­nisme». Les «sio­nistes éthiques» estiment que l'immi­gra­tion juive vers la Palestine et l'instal­la­tion de colonies juives dans ce pays ne peu­vent s'effectuer que sur base d'une con­ci­liation fraternelle avec les Palesti­niens. Tou­­tes les mesures que ces derniers pour­raient ressentir comme des impositions im­morales ne devraient pas être concréti­sées.

 

Ahad Ha'Am, un intellectuel s'inscrivant dans la tradition du «sionisme culturel», se lamentait, dans les années 20, après qu'un rapport lui était parvenu, relatant les at­ta­ques vengeresses de Juifs contre des Arabes innocents en Palestine: «Les Juifs et le sang!... Notre sang a été versé au quatre coins du monde pendant des milliers d'an­nées, mais, jusqu'ici nous n'avions ja­mais fait couler le sang des autres... Qu'allons-nous dire maintenant si cette horrible nou­velle s'avère exacte?... Est-ce cela le rêve du retour à Sion: maculer son sol d'un sang in­nocent? Si c'est cela le Mes­sie, alors je ne souhaite pas assister à son arrivée!».

 

Jusqu'à présent, cette troisième perspective, celle du «sionisme éthique», s'est opposée à la politique choisie par le gouvernement is­raëlien à l'encontre des Palestiniens. Jadis, la plupart des «sionistes culturels» prô­naient un Etat uni bi-culturel mais, de nos jours, où les attitudes collectives se font plus intransigeantes de part et d'autre, ils sont généralement en faveur de la solution dite des «deux Etats». Les adeptes contempo­rains du «sionisme culturel/éthique» se re­trouvent dans des organisations comme «La Paix Maintenant», dans des partis politiques comme le Mapam, le CRM ou dans cer­tai­nes factions des Travaillistes. Le «sionisme éthique» n'est pas monolithique: on le re­trou­ve également dans une organi­sation com­me celle du Rabbi Elmer Berger, Ame­ri­can Jewish Alternatives to Zionism (Al­ternatives juives-américaines au sio­nisme), qui s'oppose globalement à l'Etat d'Israël; ou dans une revue américaine, in­titulée Tik­kum, qui réclame un plan dûment conçu, élaboré avec le souci de ne heurter personne, prévoyant une solution à deux Etats. Cette troisième perspective a son commun déno­mi­nateur dans le constat que le sionisme dominant, le sionisme réel, et les pratiques de l'Etat hébreux remettent en question les principes de base de la morale et de l'hu­ma­nisme. Répétons-le: la plupart de ces gens sont des sionistes convaincus; ils estiment que les Juifs doivent avoir une pa­trie mais tiennent compte des revendica­tions opposées des Palestiniens. Ils récla­ment la justice pour tous et veulent un com­promis qui puis­se apporter la paix et la sé­rénité.

 

Les Orthodoxes religieux

 

Dès les débuts du sionisme politique, de lar­ges factions de la Judaïté orthodoxe s'y sont opposées. L'antagonisme qu'elles nou­ris­saient était à facettes multiples, mais toutes étaient centrées autour des considéra­tions sui­vantes: 1) Etablir une sou­veraineté poli­tique juive en Terre Sainte est profondément illégitime avant la fin messianique des temps, que seul Dieu déci­dera; 2) le sionisme est un mouvement es­sentiellement séculier qui cherche à substi­tuer le «nationalisme» à la religion; 3) le sionisme, avec sa propen­sion à vouloir la guerre, provoquera une dé­gradation dange­reuse des rapports entre Juifs et Gentils.

 

Après la création de l'Etat d'Israël en 1948, les Juifs anti-sionistes se sont divisés en deux camps. Le premier, incarné principa­lement dans le parti Agudat Israël,  tant en Israël qu'ailleurs dans le monde, a conservé son absence d'enthousiasme à l'encontre du sionisme, mais a choisi de le reconnaître mal­gré tout et de participer au gouverne­ment. Son idéologie se préoccupe essentiel­lement de questions religieuses mais est en faveur de tous les compromis territoriaux afin de faire la paix avec les Palestiniens.

 

Le second camp anti-sioniste est celui que l'on nomme du nom générique de Kanaïm  (les Zélotes). Il refuse de reconnaître l'Etat d'Israël qu'il juge intrinsèquement mau­vais. Les groupes partageant cette philoso­phie sont: le groupe Satmar,  disséminé dans le monde entier, le Toldot Aron  à Je­ru­salem, le Neturei Karta  et tous ceux qui sont affiliés à l'autorité rabbinique tradi­tion­nelle d'Aidah Haredis en Israël.

 

Notons que les deux sentiments que nous venons de décrire regroupent presque la to­talité de tous les Juifs orthodoxes d'orien­tation traditionnelle. Le sionisme po­litico-re­ligieux, principalement représenté au cours de ces dernières décennies par le mou­vement Mizrahi,  a toutefois été moins engagé sur le plan religieux que ses adver­saires anti-sionistes. Au cours des deux ou trois dernières décennies, surtout depuis la guerre de 1967, une fraction du sionisme re­ligieux s'est développée en s'associant à des colons de la rive occidentale du Jourdain pour former le mouvement militant connu sous le nom de Gouch Emounim,  qui veut le «Grand Israël». Contrairement au mouve­ment Mizrahi,  déjà ancien, ils adoptent ou­vertement des attitudes religieuses. Bien évidemment, ces sionistes néo-religieux sont condamnés tant pas le mouvement Agudat Israël  que par les Kanaïm.

 

Les mouvements patriotiques

 

Bon nombre de Juifs d'Europe occidentale se sont opposés au sionisme parce qu'ils vo­yaient en lui un mouvement qui érodait le pa­triotisme et le loyalisme à l'égard de la na­­tion-hôte. Le Rabbi Samson Raphaël Hirsch, chef de file religieux en Allemagne au XIXième siècle, s'est fait l'avocat pas­sion­né du patriotisme juif à l'endroit de la nation-hôte. Sa position reflétait, de façon ty­pique, les positions de ses contemporains. Par exemple, l'American Reform Jewry  n'a mis un terme à sa dénonciation constante du sionisme que juste avant la seconde guer­re mondiale. Selon les tenants du «pa­triotisme juif», les Juifs vivant en dehors d'Is­raël, parmi les autres nations, ne pour­raient être qu'anti-sionistes ou, au moins, non sionistes. L'émigration vers Israël ne se­rait qu'une option parmi d'autres options.

 

La seconde guerre mondiale

 

Les terribles souffrances endurées par la Judaïté européenne sous le joug des Nazis et de leurs alliés, souvent acceptées passive­ment par le gros de la population non nazie, ont changé de façon significative l'attitude des Juifs à l'égard du sionisme. Depuis la guerre, beaucoup de Juifs considèrent Is­raël comme une nécessité, comme un havre potentiel sûr où fuir au cas où de nouvelles persécutions diaboliques s'enclencheraient.

 

Cette peur, profondément enracinée, n'est pas un simple fantasme. Elle est née des terribles événements d'il y a cinquante ans. Depuis 1945, le «patriotisme juif», critique à l'égard du sionisme, s'est de lui-même mis en sourdine. Les Juifs ont hésité à mettre leur destin entre les mains de peuples sus­ceptibles de se retourner contre eux. Cette peur, héritée du passé, joue également un rô­le dans le refus du gouvernement israë­lien de faire confiance aux Palestiniens, mê­me si ceux-ci ont montré beaucoup de bonne volonté récemment.

 

Quel futur?

 

Les efforts des sionistes non impérialistes pour influencer le gouvernement israëlien, pour l'amener à un compromis avec les Pa­lestiniens, ne progresseront que dans la me­­sure où les Juifs commenceront à sentir que les non Juifs ne leur veulent pas de mal. C'est là que doivent jouer les non Juifs pos­sédant un sens clair, aigu, de leur propre identité: eux seuls peuvent contribuer à dé­construire les peurs juives précisément par­ce que ce sont eux que les Juifs craignent le plus.

 

Pour leur part, les Juifs vivant au sein des nations européennes doivent garder à l'es­prit que ces nations sont des communau­tés soudées par des identités, possédant une cul­ture propre, des normes de compor­te­ments distinctes, etc. Et que toutes les ten­tatives pour préserver ces iden­tités, cul­tu­res, normes, etc., pour les pro­mouvoir et les enrichir ne doivent pas être contrecarrées ou ne doivent pas susciter la peur. Ensuite, il faudrait que les Juifs qui optent pour le sio­nisme adhèrent aux va­riantes non im­pé­rialistes de cette idéologie.

 

Respect et sympathie

 

Les «troisièmes voies» sont des voies récla­mant le respect mutuel entre les peuples et la sympathie réciproque. Tous ceux qui veulent apprendre sincèrement à connaître l'Autre, quel qu'il soit, sont appelés à élabo­rer les paramètres d'une coexistence har­monieuse, non oblitérante.

 

Rabbi MAYER SCHILLER,

New York.

(article tiré de Third Way,  Nr. 2, June 1990; adresse de la revue: P.O. Box 1243, London, SW7 3PB).

 

Suggestions de lecture

 

Pour une bonne présentation du sionisme éthique, lire Martin Buber, Un pays, Deux peuples. Ou, pour une illustration de la mê­me thématique mais plus actualisée, lire le li­vre d'Uri Avnery, My Friend the Enemy (Mon Ami, l'Ennemi). Pour comprendre la position de Naturei Karta, lire The Trans­for­mation  de Cyril Domb. Dans Horeb, le Rabbi Samson Raphaël Hirsch traite de la to­talité du judaïsme mais nous trouvons, dans son li­vre, bon nombre d'éléments per­tinants quant à notre propos. Le «sionisme cultu­rel» d'Ahad Ha'Am a été abordé par son disciple Hans Kohn dans Zion and the Jewish Natio­nal Idea,  dont on peut se pro­curer une pho­to­copie à la rédaction du ma­gazine britan­nique Third Way  (P.O. Box 1243, London, SW7 3PB).   

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dimanche, 31 mai 2009

G. Maschke: "Mit der Jugend damals wurde diskutiert"

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Dossier "Günter Maschke"

"Mit der Jugend damals wurde diskutiert"
Der Ex-68er Günter Maschke über Jugendgewalt, die Kampagne gegen Rechts und das geistige Klima in Deutschland

Morittz Schwarz/Dieter Stein - Ex: http://www.jungefreiheit.de 

Herr Maschke, Gewalt von Jugendlichen hat zahlreiche Initiativen gegen "Rechtsradikalismus" hervorgerufen. Handelt es sich bei diesen Ausschreitungen tatsächlich um Rechtsradikalismus?

Maschke: Zum Teil ist das nur ein Jugendprotest, der sich die vielversprechendste Form aussucht. Man sagt, diese Jungs seien sehr dumm. Tatsächlich aber sind sie so dumm, daß sie nicht manipuliert werden können. Die haben wenigstens eine instinktive Ahnung von der Schande ihres Vaterlandes. Sie sind für unsere ideologische Betreuungsmaschinerie nicht mehr erreichbar. Ich finde, man kann sich jetzt nicht stante pede ständig von ihnen distanzieren. Dazu kommen sicherlich auch agents provocateurs, da sind eine Menge ungeklärter Vorfälle wie jener in Düsseldorf, die ja auch immer zur richtigen Zeit losbrechen. Ich glaube, daß hier ein Vordergrund aufgebaut wird, um von der Weichenstellung in Richtung Einwanderungsland abzulenken. Dafür braucht man nicht nur Vorwände, sondern muß auch den aktivsten und aggressivsten Widerstand brechen; die anderen werden dann kuschen. Das ist nicht nur Sommerlochfüllung, das ist die totalitäre Demokratie, die wir haben.

Manche dieser Gewalttäter mögen resistent gegen den Zeitgeist sein, werden sie aber nicht in jedem Fall manipuliert, etwa von der NPD?

Maschke: Ich lehne es ab, mich innerhalb der Rechten von irgendwelchen Leuten öffentlich zu distanzieren. Den Luxus können wir uns gar nicht leisten. Das habe ich auch in der Linken kaum gemacht. Am besten schweigt man. Etwas anderes sind Gewalttaten gegen mißliebige Personen bis hin zum Mord. Das ist eine Sache des Strafrechts.

"Die Herrschenden wollen eine quasi volksgemeinschaftliche Zivilgesellschaft stiften"

Immerhin argumentiert man, auch mit Blick auf ein Parteienverbot, doch mit dem "Menschenbild" der NPD, das den Nährboden nicht nur der jüngsten Gewalttaten bilde.

Maschke: Die "Null Toleranz"-Propagandisten operieren doch genau mit dem Menschenbild, das angeblich bekämpft wird, nämlich mit einem totalitären. Eine Großgesellschaft von achtzig Millionen Menschen will nicht begreifen, daß es da soundsoviel Promille diese und jene gibt. Wie man die dann behandelt, ist eine ganz andere Frage. Aber es zeigt den totalitären Willen zur Einheit und zur Vereinheitlichung. Insofern dienen ihnen die wenigen stigmatisierten "Neonazis" ex negativo als letzter Zement für eine mittlerweile völlig atomisierte Gesellschaft. Durch sie wollen die Herrschenden ihre eigene Form einer quasi volksgemeinschaftlichen Zivilgesellschaft stiften. Also muß ich, nach Logik der Etablierten, diesen winzigen Gegner aufblasen und zu einer Macht machen, die einerseits dumm, klein und mies ist, andererseits ungeheuer gefährlich. Dieser Reflex, diese Psychomechanik, ist totalitär.

Sie meinen, die äußerste Rechte, die den Kampf explizit auf die Straße tragen möchte, vertrete tatsächlich eine legitime Gegenposition zum "System"?

Maschke: Dieses Land kämpft darum, seine eigenen Interessen nicht mehr formulieren zu dürfen. Der Widerstand dagegen könnte sich ausweiten und intelligenter werden, wobei ich allerdings mit Blick auf das verfügbare Potential skeptisch bin. Deshalb müssen schon die Ansätze rasiert werden. Und deshalb wird man denen auch ganz anders auf‘s Haupt schlagen als den 68ern. Und ich werde mich deshalb auch nicht abgrenzen. Nicht weil es keine Unterschiede gebe, sondern weil die falschen Leute dazu auffordern und man das außerdem nicht vor den Ohren des gemeinsamen Feindes tut.

Wird es zu massiver Repression kommen?

Maschke: Ja, sicher.

Wird die sogenannte "rechte Gewalt" dadurch gebändigt werden?

Maschke: Das weiß ich nicht.

Nehmen Sie denn die Herausforderung an und diskutieren mit Leuten, die den politischen Kampf mit Gewalt führen wollen?

Maschke: In Frankfurt am Main? Da gibt es doch kaum welche. Man muß im übrigen auch nicht mit jedem reden, und man muß sich nicht zu jedem und allem erklären. Ich möchte erstmal genaueres wissen und keinesfalls nur aufgrund der Dürre urteilen, die mir Ulrich Wickert allabendlich vermittelt.

Was sind denn Ihrer Meinung nach die Ursachen der teilweise als "nationaler Widerstand" deklarierten Gewalt?

Maschke: Die Motive liegen in der Misere dieses Landes. Und diese Misere zu hegen und zu pflegen ist doch die raison d’etre dieser Republik. Und nun werfen ausgerechnet Leute mit einem intellektuell tatsächlich nicht sehr beeindruckenden Niveau diese Fragen auf. Das muß die Gutmenschen ja irritieren. Denn das eigentliche Thema darf nicht zum Thema werden. Das ist typisch für Gesellschaften, die immer postulieren, sie würden über alles diskutieren. Damit verschleiern sie die Tabuisierung, daß sie nicht über den Kern der Sache diskutieren wollen.

Der proklamierte "nationale Widerstand" mitsamt seinen alles andere als politisch motivierbaren Gewaltexzessen trifft also Staat und Gesellschaft, viel mehr ins Mark, als die von Ihnen eher als intellektuell unbedarft eingeschätzten "Aktivisten" selber überhaupt vermuten?

Maschke: Wenn die Diskussion über die nationale Frage und ob wir ewig eine Schuldbekennungs- und Reparationseinheit bleiben, hochkommt, sind die etablierten Strukturen und damit die Karrieren ihrer Nutznießer gefährdet. Kämen die eigentlichen Dinge zur Sprache, würden sich diese Leute als illegitim erweisen.

Damit wären wir nun bei Ihrem bekannten Credo, wenn Sie von der Illegitimität der bundesdeutschen parlamentarischen Demokratie sprechen. Könnten Sie diese fundamentale Kritik erläutern?

Maschke: Die bundesdeutsche Demokratie leitet ihre Legimität aus den Wahlen der Lizenz-Parteien ab. Wir haben doch gar keine Demokratie, statt dessen haben wir eben eine Parteienherrschaft. Keine einzige Schicksalsentscheidung dieses Volkes, etwa Nato-Beitritt, die Einwanderung oder Euro-Einführung wurde in den letzten fünfzig Jahren auf wirklich demokratischem Wege, nämlich durch den Demos, getroffen – mit Ausnahme der Wiedervereinigung. Statt daß die Parteien, wie vom Grundgesetz gefordert, an der politischen Willensbildung mitwirken, mediatisieren sie den Volkswillen. Demokratie bei uns heißt: das Volk mit dem Knüppel des Volkes prügeln (Bakunin). Deshalb verweigere ich mich dem Konsens mit diesen Herren – selbst gegenüber Skinheads. Und besonders schändlich finde ich, daß heute genau diejenigen die Entmündigung des Souveräns fortsetzen, die vor dreißig Jahren ihr besonderes moralisches Recht gerade aus dem Kampf für "wahre Demokratie" abgeleitet haben.

Die Neigung der Berliner Parteien, mit totalitär anmutenden "Kampagnen" auf Herausforderungen zu reagieren, ist also Ausdruck eines Gefühls der Unsicherheit, ähnlich wie es die politische Klasse in der DDR empfunden hat?

Maschke: Sicher, würde das entdeckt werden, könnte daraus folgen, daß dieser Kampf um die Lebensfragen dieser Nation aufgenommen werden muß. Also darf diese Frage nie gestellt werden. Deshalb darf es keine wirkliche Kultur der öffentlichen Debatte der zentralen Fragen geben, deshalb wird der Widerpart so in die Ecke gedrängt, bis er sich nur noch auf die jetzt in Erscheinung tretende sehr deformierte und dumme Art äußern kann. Dieses Kunststück ist gelungen. Das Schlagwort "Rechts" dient der Exklusion. Und je weiter links einer steht, desto mehr Rechte sieht er. Natürlich, das gebe ich zu, funktioniert das andersherum genauso. Nur unterliegt der Rechte eben einer viel größeren Diskriminierungsmacht, denn der Linke, so die Mär, will ja letztendlich doch "das Gute". Zwar will er es mit "falschen Mitteln", aber irgendwie will er Besseres, als es das skeptischere Menschenbild des Rechten bietet. Das ist eben eine Kultur, die auf dem Narzißmus aller beruht, und den darf man nicht beleidigen, etwa mit reaktionären Wahrheiten. Wer das tut, ist draußen. Deshalb ist es falsch zu glauben, man könnte eine demokratische, akzeptierte Rechte etablieren. Dafür fehlt die pluralistische Struktur in diesem Land.

Wäre es deshalb nicht Aufgabe einer – konservativen – Opposition, für unsere Demokratie diese plurale Freiheit zurückzuerkämpfen?

Maschke: Die geistige Freiheit geht bei uns inzwischen gegen Null. Nach menschlichem Ermessen ist der Zug längst abgefahren. Wir befinden uns bereits nach Spengler. Die Sprache weiß es noch. Es heißt immer: die "ewig Unbelehrbaren". Es geht auch wieder um Belehrung, wobei immer fingiert wird, der zu Belehrende wüßte einfach noch nichts. Dabei gibt es Leute, die sind das erst geworden, durch jahrzehntelanges Lesen etwa. Ich bin zum Beispiel heute wesentlich unbelehrbarer als vor dreißig Jahren. Ich habe mir also meine Unbelehrbarkeit durch Gelehrsamkeit erkämpft. Die Gesellschaft tut immer so, als würde die Gegenmeinung nur von Ahnungslosen, Irren und Verbrechern vertreten. Wie konnte ein so großer Gelehrter wie Ernst Nolte sowas sagen? Ja, wahrscheinlich weil er ein großer Gelehrter ist! Die moderne Welt ist die Strafe für den modernen Menschen, doch der merkt es nicht einmal.

Die Aufgabe wäre doch, darüber zu wachen, daß der politische Streit in den in- stitutionalisierten Formen, also gewaltfrei ausgetragen wird. Ist deshalb das Klima des medial ausgerufenen Ausnahmezustands der letzten Wochen für eine Demokratie nicht mindestens so gefährlich wie die Atmosphäre der Gewalt?

Maschke: Sicher, und zwar eben weil wir keine nationale Kohäsion haben und deshalb auch nicht die Fähigkeit, mit den eigenen Minderheiten umzugehen, ganz im Gegensatz zu den Fremden. Bei achtzig Millionen gibt es einfach soundsoviele einer bestimmten Couleur, das müßte man eigentlich wissen und aushalten können. So wie das in anderen Ländern der Fall ist.

"Unsere Gesellschaft von Feigen und Rückgratlosen muß täglich neu Hitler besiegen"

Der rebellierenden Jugend von 68 brachte man Verständnis entgegen, weil man sie als die eigene erkannte. Warum gibt es für jene heutigen Jugendlichen, die nicht einfach nur Straftäter sind, sondern die sich ausschließlich politisch rechts artikulieren, nur Haß, warum das Bestreben, mittels einiger Straftäter eine ganze Szene zu kriminalisieren und sozial auszugrenzen?

Maschke: Verständnis darf sich gar nicht bilden. Die Bekämpfung dient ja gerade dazu, ein mögliches Verstehen zu verhindern. Ein Verstehen würde auch die Motive offenbar werden lassen.

Den eigenen Söhnen und Töchtern der 68er, soweit sie ein politisches Anliegen haben, soll nun mit einem neuen Radikalenerlaß auch sozial der Garaus gemacht werden. Warum?

Maschke: Zum ersten muß man einen Kotau vor dem Ausland machen, zum zweiten einen vor den "moralischen Instanzen" im eigenen Land. Zum dritten braucht eine Gesellschaft, die keine politischen Ziele und kein politisches Ethos mehr hat, irgend jemanden, über die sie sich einigen kann, und das sind eben diese armen Hanseln. Und viertens schüchtert man damit die anderen ein. Diese Strategie hat zwar etwas Irres und Hysterisches an sich, ist aber, wie gesagt, aus der Sicht der Etablierten gar nicht so verkehrt.

Es gab schon mal einen Radikalenerlaß gegen die APO.

Maschke: Das war wohl ein Schlag ins Wasser, denn diese Leute sind ja heute Minister.

Ist es nicht grotesk, daß die Leute, die sich damals gegen den Radikalenerlaß gegen Links gewehrt haben, nun einen solchen gegen Rechts fordern?

Maschke: Nein, denn wer im Besitz der Macht ist, der verteidigt sie, so ist das. Das Schamlose ist nur, daß Leute wie Joschka Fischer damals viel mehr recht hatten mit ihrer Opposition gegen das "System". Jetzt ist Fischer etabliert, ohne daß sich am "System" etwas geändert hätte. Das ist so typisch für die ganze Pseudo-Rebellen-Generation. Schamlos ist, daß sie sich als mittlerweile Verfolger immer noch als Verfolgte kostümieren. Dabei gehört ihnen dieser Staat.

Würden Sie unterscheiden zwischen dem Protest von 1968 und heute?

Maschke: Es gibt gewisse Überschneidungen. 68 wurde schon deshalb nicht richtig bekämpft, weil die Gesellschaft schon auf dem Wege dorthin war. Die Gesellschaft war schon durchliberalisiert und entnationalisiert. Für die APO war im Prinzip Raum in der Gesellschaft. Das zweite ist, der damalige Protest wurde von der akademischen Jugend artikuliert, und die wird natürlich mit Samthandschuhen angefaßt. Nicht wie die Sub-Proletarier, auf die kann man ja einknüppeln. Es ist wie in einer lateinamerikanischen Bananenrepublik, wo der Revoluzzer von gestern der Minister von heute ist, ohne daß er eine Revolution gemacht hätte. Mit der Jugend von damals wurde dagegen diskutiert. Und tatsächlich gab es 1968 sehr wohl nationale Motive bei einzelnen Führern der Bewegung, etwa Rudi Dutschke oder Bernd Rabehl. Die Gesellschaft befand sich aber bereits auf dem Weg zum Hedonismus, und die asketische Fraktion der 68er war nur sehr klein.

Sehen Sie heute Anknüpfungen an diese "asketische", "nationale" Position?

Maschke: Das könnte man aufgrund ästhetischer Kriterien verneinen. Wenn ich für Deutschlands Wiedergesundung bin, dann amerikanisiere ich mich nicht mit den entsprechenden Pullovern, den entsprechenden Aufschriften und dröhne mich nicht mit dieser Musik voll. Ich firmiere nicht in englisch, was ja nun wirklich die Sprache des Feindes ist. Und laufe nicht herum, wie in einem amerikanischen Slum. Unsere Gesellschaft von Feigen und Rückgratlosen muß natürlich täglich neu den toten Hitler besiegen. Das wissen wiederum jene, die deshalb gerne mal den Arm heben, um sich über die Reaktion zu freuen. So läuft das. Ein Teil dieser Leute ist doch gar nicht politisiert, sondern hofft nur auf den größten Skandal.

Es wird gern unterstellt, die schweigende Mehrheit zeige keine Zivilcourage, weil sie mit der Gewalt gegen Ausländer insgeheim übereinstimme.

Maschke: Es berührt schon sehr merkwürdig, wenn eine Meinung "Zivilcourage" genannt wird, die die Regierung, die Opposition, die Kirchen, die Arbeitnehmer- und die Arbeitgeberverbände und die Medien vertreten. Zweitens ist es eine falsche Vorstellung, übrigens auch bei vielen Rechten, daß es eine schweigende Mehrheit gibt. Die ist doch schon längst gekippt. Die Menschen sind bereits völlig verändert worden. Natürlich gibt es noch Differenzen und Unzufriedenheit in unzähligen kleinen Dingen, doch die Grundlagen sind alle akzeptiert. Heute glauben alle an die Menschheit, an die Globalisierung, an den Egalitarismus. Die schweigende Mehrheit ist ein Mythos, vor allem der Rechten.

Konservative Inhalte sind sozial einbindend und sinnstiftend und hätten der Entwurzelung der Jugend, die in den Medien pauschal als asoziale Gewalttäter präsent sind, vielleicht entgegenwirken können. Verlangt das Dilemma nicht nach einer Renaissance konservativer Politik?

Maschke: Ja, aber die ist ja inzwischen oft gar nicht mehr zu vermitteln. Die Begriffe sind völlig verfälscht, etwa "Toleranz". Das heißt eigentlich, "Was Du meinst, ist falsch, aber ich dulde es." Er bezeichnet eben mitnichten Gleichwertigkeit von Meinungen, es ist keine Indifferenz. Es unterscheidet noch etwas Richtiges von etwas Falschem. Heute hat man einen vorgefertigten gemeinsamen Schatz an harmlosen Meinungen. Und sobald ich eine andere habe, werde ich eben nicht mehr toleriert, auch nicht im alten Sinn des Wortes. Oder nehmen Sie den Begriff "Diskurs". Der muß eigentlich ergebnisoffen sein, ist er aber heutzutage nicht.

Besteht nicht die Gefahr, daß die Jugendlichen vom "Null Toleranz"-Bündnis schlicht umerzogen, statt endlich zu selbstbewußten Deutschen und damit radikalismusresistenten Menschen erzogen werden?

Maschke: Ersteres ist im Prinzip doch schon in vollem Gange. Das erfolgt durch drei Faktoren: Konsum, einen Vorrat erlaubter Meinungen und die Einigung über das absolut Böse. Das funktioniert einzig deshalb noch nicht so richtig, weil wir so eine Durchrausch-Gesellschaft haben: Zum einen Ohr rein, zum anderen wieder heraus. Auf zum nächsten "Fun". Da hat sich ja auch die Vergangenheitsbewältigung selbst ein Bein gestellt. Denn die Beschäftigung damit birgt nicht so viel "Fun" in sich. Nachdem man die Leute erst idiotisiert hat, um sie vollzudröhnen, erweist sich das jetzt auch in gewisser Weise als Hindernis.

 

Günter Maschke bei einem Kongreß der neurechten Vereinigung GRECE in Paris, 1997: 1943 in Erfurt geboren und in Trier aufgewachsen, arbeitet Günter Maschke nach seiner Lehre als Versicherungskaufmann 1964/66 zusammen mit dem späteren Terroristen Jörg Lang in der Redaktion der Tübinger Studentenzeitung "Notizen". Mitglied der illegalen KPD, flüchtet er vor dem Wehrdienst über Paris und Zürich nach Wien. 1967 organisiert er in der österreichischen Hauptstadt als "Rudi Dutschke von Wien" die außerparlamentarische Opposition und schlägt sich als Mitarbeiter der kommunistischen "Volksstimme" und des "Wiener Tagebuchs" durch. Nach einer Kundgebung gegen den Vietnamkrieg wird er verhaftet; ihm droht die Abschiebung in die Bundesrepublik, wo ihn wiederum eine Haftstrafe wegen Desertion erwartet. In dieser Situation gewährt ihm Fidel Castro politisches Asyl, Anfang 1968 geht Maschke nach Cuba, wo er zwei Jahre später wegen "konterrevolutionärer Umtriebe" ausgewiesen wird. Seither lebt und arbeitet der "einzige echte Renegat der 68er" (Jürgen Habermas) als Schriftsteller und Privatgelehrter in Frankfurt am Main. 1990 und 1992 unterrichtet er als Gastprofessor an der Hochschule der Kriegsmarine in La Punta (Peru). Günter Maschke war von 1980 bis 1982 Herausgeber der "Edition Maschke" im Hohenheim Verlag (u.a. Werke von Mircea Eliade, Pierre Drieu La Rochelle, Carl Schmitt und Bernard Willms). Er veröffentlichte zahlreiche Beiträge für Rundfunk, Zeitungen und wissenschaftliche Zeitschriften, insbesondere zum Werk von Juan Donoso Cortés und Carl Schmitt.

Les aventuriers de la contre-révolution

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Les aventuriers de la contre-Révolution 

Paul-François Paoli
09/04/2009 |
http://www.lefigaro.fr/

L'historien Jean-Paul Bertaud retrace la guerre que les royalistes ont menée contre les partisans de Napoléon, multipliant les complots, préparant un soulèvement paysan.

Nous sommes le 26 décembre 1799 dans un salon parisien où se croisent les intrigants de tous bords. Un homme jeune y entre, grand, mince, habillé comme un monsieur. Il s'appelle Jean-Guillaume Hyde de Neuville et, grâce à l'entremise de Talleyrand, s'apprête à rencontrer Bonaparte. Le premier consul, qui vient d'accéder au pouvoir après le coup d'État du 18 Brumaire, veut pacifier la Vendée et tend la main aux chouans. Le jeune aristocrate, qui, depuis la Terreur, est de tous les combats de la contre-Révolution, saisit l'occasion de parlementer. L'attente dure et l'émissaire royaliste songe à la finalité de sa mission qui va se révéler chimérique : installer Louis XVIII sur le trône avec l'aide d'un général que les jacobins considèrent désormais comme un traître à la République. Quand Bonaparte survient, Hyde de Neuville ne le reconnaît pas. « Petit, maigre, les cheveux collés sur les tempes, la démarche hésitante, il ne ressemble en rien au général qu'imagine Hyde. Sans doute, pense-t-il, est-ce là un serviteur. L'homme s'adosse à la cheminée, redresse la tête et regarde Hyde. Il le fixe avec une telle expression et une telle pénétration que celui-ci perd toute assurance, sous le feu de l'œil investigateur d'un homme qui grandit d'un coup de cent coudées. »

Racontée par l'historien Jean-Paul Bertaud dans Les Royalistes et Napoléon, cette scène digne des Chouans de Balzac donne la mesure de la tragédie qui déchire la France. Hyde de Neuville et Bonaparte se combattent, mais, d'une certaine manière, ils se ressemblent : ce sont des guerriers habités par le sens de l'honneur et l'ambition politique. D'ailleurs, ils se sont déjà affrontés. Le 5 octobre 1795, Hyde de Neuville faisait partie de la manifestation royaliste du 13 vendémiaire que le général corse a fait mitrailler pour sauver le Directoire. Depuis, Bonaparte a conquis ses galons, en Italie et en Égypte, avant de prendre le pouvoir. Il veut intégrer les aristocrates à son grand projet de refondation des élites et rêve de réussir une synthèse entre le meilleur de l'Ancien Régime, l'esprit chevaleresque, et l'acquis fondamental de la Révolution, dont il a lui-même bénéficié : la promotion par le mérite. Homme d'ordre, plutôt que jacobin, il tente de mettre un terme à la guerre civile qui déchire le pays. Malgré le ralliement de nombreux émigrés et le concordat avec le Pape qui restaure les droits de l'autel en 1801, il n'y parviendra jamais vraiment.

Un enracinement populaire

C'est l'histoire de cet échec que raconte Bertaud dans cet essai qui retrace la destinée de quelques hautes figures du royalisme français. Nul n'ignore l'existence de Cadoudal, que Bonaparte admirait pour sa bravoure, ou du duc d'Enghien dont l'exécution honteuse tache le règne napoléonien, mais qui connaît la vie haute en couleur de Jean-Guillaume Hyde de Neuville ou d'Armand Victor Le Chevalier, conspirateur qui sera fusillé après avoir multiplié les complots ? Au passage, Bertaud montre que la contre-Révolution ne peut être réduite à des groupuscules d'émigrés aigris stipendiés par les monarchies étrangères. Son enracinement populaire est patent dans le Midi et l'ouest de la France, mais aussi en Normandie. « Le Chevalier n'a jamais aimé les Anglais, leur assistance et leur influence toujours calculées lui sont insupportables. Il a décidé de ne pas les attendre et de recruter une armée parmi les paysans qu'il entretient depuis toujours dans l'esprit de révolte. » Incarcéré par Fouché, le ministre de la Police, il lui écrit : « J'ai projeté une insurrection contre Napoléon (…) mais l'idée d'un assassinat ne s'est jamais présentée à mon esprit et lorsqu'on me l'a offerte, je l'ai réprouvée avec indignation parce que je trouve indigne d'un homme d'honneur de se servir, contre ses ennemis, des moyens qu'ils trouveraient méprisables contre lui-même. »

Bertaud a raison d'affirmer que si les royalistes sont les témoins d'un monde révolu, ils sont aussi les visionnaires du monde à venir : où le pouvoir de l'État, le plus froid des monstres froids, va s'accroître aux dépens des libertés, et où l'idéologie ne fera plus très grand cas de la vie humaine. Les royalistes sont, pour beaucoup d'entre eux, des romantiques qui refusent la marche du temps. « Le retour à un âge médiéval, où le rêve l'emporte sur la réalité, est au cœur du modèle contre-révolutionnaire qui habite les royalistes depuis un quart de siècle. Pour eux la féodalité est l'âge d'or. Les hommes y vivaient selon le pacte passé entre le Ciel et la Terre et la chevalerie imposait à tous ses valeurs : courage et maîtrise de soi, respect de la parole donnée, désintéressement et protection des faibles », écrit Bertaud. Ce n'est pas pour rien que Chateaubriand, Vigny, Balzac et Barbey d'Aurevilly furent royalistes. La littérature, en somme, leur doit beaucoup. Quant à l'historiographie de la Révolution française, marquée chez nous par la prégnance de l'interprétation jacobine, elle les a trop souvent caricaturés en défenseurs d'un ordre ranci.

Les Royalistes et Napoléon de Jean-Paul Bertaud, Flammarion, 459p., 25 €.